Rubus En Franche-Comté, Résultats Des Premières Investigations
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Les Nouvelles Archives de la Flore jurassienne et du nord-est de la France, 8, 2010 – S.B.F.C., C.B.N.F.C. Le genre Rubus en Franche-Comté, résultats des premières investigations par Yorick Ferrez et Jean-Marie Royer Yorick Ferrez, Conservatoire botanique national de Franche-Comté, 7 rue Voirin 25000 Besançon. Courriel : [email protected] Jean-Marie Royer, 42 bis rue Mareschal, 52000 Chaumont. Courriel : [email protected] Résumé – Dans le cadre de sa mission d'amélioration de la connaissance de la Åore, le Conservatoire botanique national de Franche-Comté a entrepris l'étude botanique des ronces de son territoire d'agré- ment. Après le rappel de quelques éléments de contexte, l'énumération des quarante-quatre espèces de Rubus dont la présence a été mise en évidence en Franche-Comté depuis 2009 est proposée sous forme de notules précisant les stations actuelles et historiques, le cas échéant. Mots-clés : Rubus, Franche-Comté. e genre Rubus est considéré sance de la flore dévolue aux CBN. tés rencontrées pour la détermi- comme l’un des plus diffi- Outre son intérêt intrinsèque, elle nation des taxons et y rappelle les L ciles de la flore de France. s’avère nécessaire au moins pour ouvrages et les méthodes préconi- À cause de cette réputation, son deux raisons : sés pour leurs études ainsi que la étude a été quasiment abandaon- biologie de la reproduction parti- – évaluer la sensibilité et les mena- née depuis un siècle dans notre pays culière des Rubus. Nous renvoyons ces éventuelles pesant sur certaines (Royer, 2009). Pendant le même le lecteur intéressé à cet article pour espèces et prévenir, le cas échéant, temps, les botanistes allemands plus de détails. Un certain nombre leur disparition, notamment pour ont persévéré et disposent actuelle- de documents, concernant ces dif- les espèces endémiques. De telles ment d’un niveau de connaissance férents thèmes, sont également mis démarches ont été entreprises comparable à celui constaté pour à disposition via Internet à l’adresse ailleurs dans le monde, par exem- le reste de leur flore, démystifiant suivante : http://fr.groups.yahoo. ple au Royaume-Uni (Randall par là même le mythe d’un genre com/group/rubus (inscription & Rich, ; Randall & Rich, impossible à appréhender. obligatoire). La clef de détermina- ) ; tion des Rubus d’Europe centrale, Un regain d’intérêt pour ces plantes – permettre l’étude des commu- écrite par Weber (1995), a égale- semble émerger en France depuis nautés végétales structurées par ment fait l’objet d’une traduction une petite dizaine d’années, notam- les Rubus. Ces groupements végé- en français par la Société botani- ment sous l’impulsion de D. Mercier taux sont en effet très importants que de Franche-Comté avec l’aide et de J.-M. Royer, soutenus par le en termes de biomasse et de surfa- de J. Rovéa. batologue allemand H.E. Weber. ces colonisées et présentent un rôle C’est dans le contexte de cette fonctionnel, sans doute sous-estimé, renaissance de la batologie fran- dans la régénération forestière. Brève histoire çaise que le Conservatoire botani- batologique franc- que national de Franche-Comté Dans un article récent, Royer (2009) comtoise (CBNFC) a entrepris l’étude des fait le point sur les avancées bato- Ronces de son territoire d’agrément, logiques récentes en France et plus Contrairement à d’autres régions, la cette démarche s’inscrivant parfai- particulièrement dans le Nord-Est. Franche-Comté et le massif du Jura tement dans la mission de connais- Il y expose également les difficul- en particulier n’ont historiquement 57 Le genre Rubus en Franche-Comté, résultats des premières investigations. pas fait l’objet d’inventaires ou d’étu- publié à ce jour (Cardot, 1908 ; Énumération des taxons franc- des spécifiques concernant ce genre. Maire, - ; Herbelin, comtois Grenier (1865-1875), par exem- -, , ; Humnicki, ple, dans sa Flore jurassique, signa- 1876 ; Parisot & Pourchot, 1882 ; Cette énumération est basée sur des lait seulement sept taxons de Rubus, Renauld & Laloy, ) ne traite récoltes récentes dont la plupart ont alors que, dans le même temps, il ce genre de manière un peu appro- été déterminées par J.-M. Royer, mentionnait plus de 45 espèces de fondie. Seuls J. Paillot et X. Vendrely D. Mercier et H. E. Weber. Les 1 Rosa ! Ce même auteur a donné semblent s’être intéressés plus parti- observations directes (non basées une liste un peu plus étoffée de 24 culièrement aux Rubus en publiant sur la récolte de spécimens) ont espèces dans « Histoire Naturelle du une liste de presque 50 espèces été prises en compte pour certains Jura et des départements voisins » (Renauld, Flagey, Vendrely & taxons dont la détermination ne pose (Michalet, 1864) basée sur les Paillot, 1882) concernant essen- pas de problème majeur, comme échantillons de son herbier détermi- tiellement les environs de Besançon R. canescens, R. ulmifolius et R. nes- nés par L.-V. Lefèvre, G. Genevier (Doubs), de Rougemont (Doubs), de sensis. Les quelques données histo- et l’abbé Questier, batologues répu- Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône) et riques disponibles (cf. supra) sont tés à cette époque. Contejean de Champagney (Haute-Saône). X. rappelées lorsqu’elles sont cohéren- (1853-1854) est encore plus laco- Vendrely contribua, avec N.-J. Boulay, tes avec nos propres observations. nique et ne signale que R. caesius, à décrire un nouveau taxon, Rubus Certaines espèces mentionnées his- R. saxatilis, R. idaeus et R. fruticosus toriquement dans la dition, mais dans le Pays de Montbéliard. Plus indutus Boulay & Vendr., encore reconnu actuellement (Kurto et al., non encore revues, figurent dans récemment, Prost (2000) indi- cette énumération lorsque leur pré- que vingt taxons pour le massif du 2010) et toujours présent dans le sec- teur qu’indiquait alors X. Vendrely, sence semble plausible et est cohé- Jura franco-suisse et Litzler (1998, rente avec les données modernes 2000, 2001a, 2001b, 2002) publie comme nous avons pu le vérifier (Kurto et al., 2010). les résultats de ses inventaires dans sur le terrain en 2010. le Jura. Cependant, les listes pro- posées par ces deux auteurs sont Les travaux de Müller (1861, basées sur les travaux de Sudre 1863-1866) et de Boulay (1864- Sous-genre Rubus (1908-1913), popularisés dans le 1866), concernant plus spécifique- Section Rubus second supplément de la flore de ment le massif des Vosges, sont Sous-section Rubus l’abbé Coste par Jovet & Vilmorin essentiellement descriptifs et n’ap- (= section Suberecti) (1974), et ne sont malheureusement portent pas d’information particu- Rubus bertramii G. Braun ex pas utilisables à cause de problèmes • lière sur la flore batologique de la Focke de nomenclature majeurs condui- dition. En revanche, ils constituent Cette espèce subatlantique acidiphile sant à des déterminations erronées. des références incontournables car Le traitement du genre Rubus par a été récoltée une fois dans le bois de de nombreuses espèces décrites par l’Arsot à Valdoie (90) le 20/08/2010 H. Sudre est surtout très contesta- ces deux botanistes sont connues ble par son approche taxonomique (Y. Ferrez et C. Hennequin, conf. ou potentiellement présentes en det. J.M. Royer). qui propose le regroupement d’es- Franche-Comté. pèces différentes sous un seul nom à partir d’un ou deux caractères. De Rubus canaliculatus Ceux de Favrat (1881, 1885) • plus, les clefs proposées sont trop P. J. Müll. concernant le canton de Vaud et le sommaires pour être réellement Sa distribution actuellement connue sud-ouest de la Suisse ne contien- exploitables (Royer, 2009). en Europe s’étend en Allemagne nent pas non plus d’informations le long d’une bande étroite gros- directes sur les ronces de Franche- Concernant la Haute-Saône et le sièrement située nord-sud entre Territoire de Belfort, le constat est Comté, mais donnent de précieux Francfort-sur-le-Main et la fron- assez semblable : aucun catalogue renseignements sur les taxons poten- tière avec la Suisse aux environs de tiellement présents dans sa partie Fribourg-en-Brisgau. Une station 1. E. Michalet (1829 - 1862) disparu prématurément avant la conclusion du tome II de son histoire jurassienne. est également pointée en France, naturelle du Jura consacré à la botanique, c’est donc en Franche-Comté. Deux récol- C. Grenier qui acheva et fit publier l’ouvrage en 1864. tes attestent de sa présence dans 58 Les Nouvelles Archives de la Flore jurassienne et du nord-est de la France, 8, 2010 – S.B.F.C., C.B.N.F.C. la région : forêt de Chaux à la reprises (J.-M. Royer, Y. Ferrez) à de la Fraisse à Ecuelle (Y. Ferrez et Vieille-Loye (39) le 28/07/2009 Malbouhans (12/08/2010), la Suisse J.-M. Royer, 03/08/2010). (Y. Ferrez, det. : D. Mercier) et à Mélisey (12/08/2010), le Mont bois de la Piroulette à Torpes (25) de Vanne à Fresse (12/08/2010), à • Rubus plicatus Weihe & Nees le 18/07/2010 (Y. Ferrez). Haut-du-Them-Château-Lambert Ce taxon strictement acidiphile est (11/08/2010). Dans le Territoire répandu en Europe centrale et du • Rubus divaricatus P. J. Müll. de Belfort, nous l’avons récoltée nord, ainsi que dans le Royaume- Cette espèce présente une répar- à Malvaux sur la commune de Uni. Il est indiqué en France, où il tition assez large depuis l’ouest Lepuix le 20/08/2010 (Y. Ferrez, n’est pas rare dans le massif Vosgien. de la Pologne jusque dans le sud C. Hennequin). Il a été récolté en Haute-Saône au du Royaume-Uni. Elle était déjà lieu-dit Champ Sevrey à Corbenay connue historiquement en Franche- • Rubus nessensis Hall le 11/08/09 (Y. Ferrez, conf. det. : Comté à Chassey-lès-Montbozon Espèce largement répartie en Europe J.-M.