Université Mohammed V

Faculté de Médecine et de Pharmacie-

Centre d’Etudes Doctorales des Sciences de la Vie et de la Santé

THESE N°: 16/51 CSVS

THESE DE DOCTORAT HISTOIRE DE LA MEDECINE AU MAROC DU XVIIème AU XIXème SIECLES : ASPECTS EVOLUTIFS

Présentée et soutenue publiquement par : Fouad LABOUDI Le : 29 mars 2016

Formation doctorale : Epidémiologie clinique et sciences médico-chirurgicales

Equipe de recherche : LBRCE

JURY Pr Hassan KISRA Président Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat Université Mohammed V - Rabat Pr Jamal MEHSSANI Directeur de Thèse Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat Université Mohammed V - Rabat Pr Allal RAGOUG Co- Directeur de Thèse Institut Universitaire de Recherche Scientifique-Rabat Université Mohammed V - Rabat Pr Mohamed KADIRI Juge Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat Université Mohammed V - Rabat Pr El Bachir BENJELLOUN Juge Faculté de médecine et de pharmacie de Fès Université Sidi Mohammed Ben Abdellah - Fès Pr Karima EL RHAZI Juge Faculté de médecine et de pharmacie de Fès Université Sidi Mohammed Ben Abdellah - Fès

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Dédicaces

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Je dédie cette thèse A mes chers parents.

Aucun mot ne saurait exprimer toute ma reconnaissance et ma gratitude. Puisse Dieu, le Très Haut, vous accorder santé, bonheur et longue vie… A ma femme et mes enfants

Grâce à votre amour inconditionnel, votre présence et votre soutien incommensurable, je réalise aujourd’hui un rêve. Puisse cette thèse symboliser le fruit de vos longues années de sacrifices consentis. A mes chères sœurs, à mon frère, mes nièces, mes neveux et à tous les membres de ma famille

Je vous remercie pour votre présence, vos encouragements et votre soutien sans faille. Veuillez trouver dans ce modeste travail l’expression de mon respect le plus profond et mon affection la plus sincère.

iv

A mes amis.

Pour ce long chemin parcouru ensemble, sans doute les plus belles années de nos vies, votre amitié m’est précieuse. Nos folies, nos joies, nos « Cholestérols » et nos peines ne quitteront jamais mon esprit. A mes amis de l’hôpital universitaire psychiatrique Ar-razi de Salé

Je vous dédie ce travail, en hommage à notre Foyer … à notre « Agora », à votre inlassable soutien et ces agréables moments passés en votre compagnie. Je remercie très sincèrement mes maîtres et collègues pour leur compréhension, leur patience et leur encouragement continu à mon égard tout au long de mon cursus doctoral. A mes amis de l’hôpital militaire d’instruction Mohammed V de Rabat

Je vous dédie ce travail. Vous m'avez soutenue, accompagnée tout au long de mon travail. Merci pour tout ce que je vous dois. A Madame Khadija Harrat

Je vous remercie pour votre enthousiasme, votre capacité à toujours trouver une solution à tout.

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Je voudrais également remercier chaudement aux correcteurs courageux, qui ont eu l’audace de se plonger dans mon travail, pour en extraire une version présentable.

Pour tous ceux et toutes celles qui ont contribué de près ou de Loin à l’élaboration de ce travail, Vous trouvez ici l’expression de mon sincère estime et de mon profond respect.

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REMÉRCIMENTS

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A notre Maître le Professeur Mohamed ADNAOUI Doyen de la Faculté de Médecine et de Pharmacie Rabat

Puisse ce travail témoigner de notre gratitude, notre estime et nos remerciements les plus sincères. Nous avons été impressionnés par votre serviabilité et vos qualités humaines et professionnelles qui font de vous un grand maître. Nous espérons avoir été, tout au long de ces années passées à la faculté, à la hauteur de vos mérites. Veuillez croire en nos sentiments les plus respectueux.

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A notre Maître le Professeur Jamal TAOUFIK Directeur du Centre des Etudes Doctorales des Sciences de la Vie et de la Santé Vice Doyen de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat

Nous vous remercions pour toute l’attention, la disponibilité et la supervision constante dont vous avez fait preuve durant tout notre cursus doctoral. Nous vous remercions pour votre grande contribution à faciliter toutes les étapes de notre formation, pour votre encouragement permanent, votre disponibilité et vos précieux conseils. Veuillez croire en nos sentiments les plus respectueux.

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A notre Maître et Président de thèse Monsieur Hassan KISRA Professeur de Psychiatrie

Nous vous sommes très reconnaissants de la confiance que vous nous avez accordée en acceptant de présider le jury de cette thèse. Nous ne saurons assez-vous remercier pour votre encadrement durant les années de résidanat, pour tous les efforts accomplis pour nous apporter une formation de qualité. Vous êtes cher Maitre un exemple d’excellence à suivre, aussi bien pour vos grandes compétences professionnelles que vos qualités humaines. Veillez trouver ici, Cher Maitre, le témoignage de mes respects les plus sincères.

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A notre Maître Directeur de thèse Mr le Pr Jamal MEHSSANI Professeur de psychiatrie

Nous vous remercions du grand honneur que vous nous faites en acceptant d’encadrer cette thèse. Nous vous remercions pour votre confiance ainsi que pour votre aide précieuse tout au long du parcours du doctorat qui nous ont permis de mener à bien ce type de projet, et surtout de nous avoir fait confiance et d’être toujours rendue disponible à tout moment. Nous vous remercions pour votre soutien indéfectible, votre ouverture d’esprit, votre patient tant pour la psychiatrie que pour l’Histoire. Veuillez trouver ici le témoignage de nos remerciements et respects les plus prononcés.

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A notre Maître et co-directeur de Thèse Monsieur Allal RAGOUG Professeur d’Histoire

Vous nous avez fait honneur en acceptant d’encadrer notre humble travail. Nous vous remercions de nous avoir laissé la liberté nécessaire à l’accomplissement des travaux, tout en y gardant un œil critique et avisé. Tout au long de la réalisation de notre Travail, vous n’avez cessé de faire preuve de patience, de courtoisie et de grande serviabilité. Tous ses précieux conseils nous ont permis à chaque fois de prendre la bonne décision. Nous vous remercions pour toute l’attention, la générosité de cœur et l’amabilité. Vous trouverez dans ce travail la marque de nos profonds sentiments de respect et de reconnaissance.

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A notre Maître et juge de thèse Mr le Pr Mohamed KADIRI Professeur de Psychiatrie

Nous ne saurons assez-vous remercier pour votre encadrement, vos conseils et votre dévouement à l’enseignement, qui ont été, et qui resteront pour moi une source d’inspiration et de motivation. Nous vous remercions de vos encouragements répétés au cours de notre formation. J'apprécie toujours beaucoup nos échanges, et je suis reconnaissant pour votre écoute attentive et vos conseils. Sans vous, ce travail n’aurait pas ses valeurs. Recevez ici, Cher Maître, le témoignage de mes respects et de ma gratitude les plus profonds.

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A notre Maître et juge de thèse Mr le Pr El Bachir BENJELLOUN Professeur de chirurgie viscérale

C’est pour nous un grand honneur et un immense plaisir de vous voir siéger parmi le jury de notre thèse. Nous sommes très reconnaissants de la spontanéité avec laquelle vous avez accepté de juger notre travail. Nous sommes très reconnaissants pour avoir bien voulu consacrer Votre temps précieux pour cette thèse. Nous appréciant votre expérience et votre énergie au service de la recherche historique Vous y trouverez la marque de nos profonds sentiments de respect et de reconnaissance.

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A notre Maître et juge de thèse Mr le Pr Karima EL RHAZI Professeur d’épidémiologie

Nous sommes très sensibles à l’honneur que vous nous faites en acceptant avec spontanéité de juger notre modeste travail. Votre bonté, votre modestie et votre compréhension ne peuvent inspirer que l’estime et le respect de tous. Veuillez trouver ici, cher maître, le témoignage de nos sentiments respectueux et de notre grande admiration pour vos précieuses qualités humaines et professionnelles.

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TABLE DES MATIERES

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DEDICACES ...... iii REMÉRCIMENTS ...... vii TABLE DES MATIERES ...... xvi INTRODUCTION ...... 1 I- INTRODUCTION ...... 2 II- LES MOTIFS DU TRAVAIL ...... 3 1. Motifs subjectifs ...... 3 2. Motifs objectifs...... 3 III- LES ÉTUDES ANTÉRIEURES ...... 4 IV- LA PROBLEMATIQUE ...... 6 V- LA METHODOLOGIE ...... 6 VI- PLAN DU TRAVAIL ...... 7 VII- LES SUPPORTS MOBILISES : LES SOURCES HISTORIQUES ...... 8 1. Les œuvres et les études sur la santé et la médecine au Maroc...... 8

1.1. Les Sources spécialisées dans l'Histoire des Sages (Hukamâ) et des

Oulémas ...... 8

1.2. Les sources spécialisées dans l’Histoire ou les biographies ...... 9 2. Les œuvres consacrées à l’Histoire de la médecine ...... 9 3. Les sources arabes (en arabe) ...... 10 4. Les manuscrits marocains ...... 11 5. Les études et les archives du Protectorat français au Maroc ...... 11 6. Les revues spécialisées ...... 11 CHAPITRE 1 : APERÇU HISTORIQUE SUR LA MEDECINE AU MAROC : LES ORIGINES ...... 13 CHAPITRE 2 : SITUATION POLITIQUE, ÉCONOMIQUE ET ETAT DE MEDECINE AU MAROC ENTRE LE XVIIEME ET LE XIXEME SIECLES ...... 20 I- LA SITUATION POLITIQUE AU MAROC ENTRE LE XVIIème ET LE XIXème SIÈCLES ...... 21 1. La 1èrephase (allant jusqu'à 1727) ...... 22

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2. La 2ème phase (1727- 1844) ...... 23 3. La 3ème phase (de 1844 jusqu’au début du Protectorat) ...... 24 4. Sur le plan extérieur: la pénétration étrangère au Maroc au XIXème siècle ..... 26

4.1. Le traité de 1856 avec la Grande-Bretagne ...... 26

4.2. Les traités de 1860-1861 contractés avec l’Espagne ...... 26

4.3. Les conventions de 1863/ 1865 pactisées avec la France ...... 26 4.3.1. La convention de 1863 ...... 26 4.3.2. La convention de 1865 ...... 27

4.4. La conférence internationale de Madrid ...... 27

4.5. Le traité contracté avec l’Allemagne en 1890 ...... 27

4.6. Le traité de 1892 avec la France ...... 27

4.7. La conférence d’Algésiras tenue entre le 7 Janvier et le 6 Avril 1906 .. 27 5. Sur le plan intérieur : Les difficultés ...... 28

5.1. La révolution de Bou H’mara ...... 28

5.2. La révolution de Raïssouni ...... 28

5.3. Les révoltes des tribus ...... 28 II- LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC ENTRE LE XVIIème ET XIXème siècles ...... 29 1. L’agriculture ...... 29 2. L’élevage ...... 30 3. L’artisanat (l’industrie) ...... 31 4. Le commerce ...... 32

4.1. Le traité de 1856 avec la Grande-Bretagne ...... 33

4.2. Les traités de 1860-1861 avec l’Espagne ...... 34

4.3. Les conventions de 1863/ 1865 avec la France ...... 35 4.3.1. La convention 1863 ...... 35 4.3.2. la convention de 1865 ...... 35

4.4. Le traité avec l’Allemagne : 1890 ...... 35

4.5. Le traité avec la France (1892) ...... 36

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III- LA MÉDECINE AU MAROC ENTRE LE XVIIEME ET XIXEME SIÈCLES ...... 36 CHAPITRE 3: LA MEDECINE AU MAROC ...... 41 I- L’HÉRITAGE : ETAT DES LIEUX, LA MEDÉCINE A L’EPOQUE DES SAÂDIENS ...... 43 1. Les infrastructures sanitaires de l’ère des Saâdiens ...... 43

1.1. L’hôpital de Marrakech ...... 43

1.2. La quarantaine ...... 43 2. Les médecins marocains de l’époque des Saâdiens ...... 44 3. Les médecins étrangers au Maroc pendant l’ère Saâdienne ...... 46 II- L’APOGÉE ...... 47 1. Les facteurs de l’apogée à la première ère Alaouite ...... 47 2. Les aspects de l’apogée ...... 48

2.1. L’enseignement de la médecine ...... 48

2.2. Les médecins célèbres...... 50 2.2.1. Les médecins marocains ...... 50 2.2.2. Les médecins étrangers ...... 55

2.3. Les structures sanitaires ...... 56 2.3.1. L’hôpital de Meknès ...... 56 2.3.2. L’hôpital de Marrakech ...... 57 3. Les maladies, les épidémie et les conduites thérapeutiques ...... 57 ème 3.1. La syphilis au XVIII siècle et Abdelouahab Aderraq ...... 57 3.1.1. La syphilis aux origines ...... 57 3.1.2. La syphilis au Maroc aux XVII-XVIIIème siecle ...... 58 3.1.3. Abdelouahab Aderraq et le traitement de la syphilis au XVIIIème siècle ...... 58

3.2. La peste ...... 61 3.2.1. La peste au Maroc ...... 61 3.2.2. La peste au Maroc à travers l’œuvre Mohamed Ben Yahya Soussi ..... 61

3.3. Autres épidémies moins connues ...... 62

xix

4. L’hygiène : exemple de l’approvisionnement en eau potable de la ville de Fès au temps du Moulay Ismail ...... 62 5. La prévention ...... 64 III- LA DÉCADENCE ...... 65 1. Les facteurs de la décadence ...... 65

1.1. Les facteurs politiques ...... 65

1.2. Les facteurs sociaux ...... 66 1.2.1. Les famines ...... 66 1.2.2. Les pestes ...... 68

1.3. Les facteurs culturels : les résistances au développement ...... 68 2. Les aspects de la décadence ...... 70 ème 2.1. L’enseignement de la médecine au XIX siècle ...... 70

2.2. Les infrastructures sanitaires : exemples des mâristâns de Salé, Rabat et

Fès ...... 79 2.2.1. Le Mâristân de Sidi Ben Achir ...... 79 2.2.1.1. La fondation ...... 79 2.2.1.2. L’architecture ...... 79 2.2.2. Le Mâristân de Sidi L’ghazi ...... 80 2.2.2.1. La fondation ...... 80 2.2.2.2. Le financement ...... 80 2.2.3. Le mâristân de sidi Fredj ...... 80 2.2.4. L’évolution des mâristâns ...... 81 2.2.4.1. Evolution dans le temps et le lieu ...... 81 2.2.4.2. Evolution dans la signification ...... 81 3. Les types de maladies ...... 81

3.1. Les types de maladies générales ...... 81

3.2. Les épidémies ...... 82 3.2.1. La peste ...... 82 3.2.1.1. La peste de 1742- 1741 ...... 82 3.2.1.2. La peste de 1749 ...... 82 3.2.1.3. La peste de 1752 ...... 82

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3.2.1.4. La peste de 1786 ...... 83 3.2.1.5. La peste de 1799 ...... 83 3.2.1.6. La peste de 1818 ...... 84 3.2.1.6.1. Le début ...... 84 3.2.1.6.2. Les phases de la peste ...... 85 3.2.1.6.3. Attitude sanitaire ...... 86 3.2.1.6.4. Les oulémas ...... 87 3.2.1.6.5. La population ...... 90 3.2.2. Le Choléra ...... 90 3.2.3. Autres épidémies ...... 91 4. Les moyens thérapeutiques ...... 91

4.1. La pathologie médicale ...... 91

4.2. La pathologie chirurgicale ...... 92

4.3. Les maladies psychiatriques ...... 93 5. Les médecins ...... 93

5.1. Les médecins marocains ...... 93

5.2. Les médecins étrangers ...... 94 6. La prévention ...... 96 IV- LES RÉFORMES ...... 97 1. La formation des médecins en Egypte : expérience de l’école de médecine du Caire ...... 98 2. La formation des médecins marocains ...... 102

2.1. La formation des médecins au Maroc ...... 102 2.1.1. La formation classique des médecins : état des lieux ...... 102 2.1.1.1. La formation à l’université Al-Quaraouyine ...... 102 2.1.1.2. La formation des médecins aux zaouias ...... 107 2.1.2. La formation moderne des médecins : expérience de l’école de médecine de Tanger...... 107

2.2. La formation des médecins à l’étranger : les missions ...... 115 3. Les infrastructures ...... 115

3.1. L’assistance publique ...... 115

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3.1.1. L’hôpital Sidi Fredj ...... 116 3.1.2. Le mâristân de Sidi Ben Achir ...... 117 3.1.3. L’hôpital de Marrakech ...... 117 3.1.4. Le mâristân de Sidi L’gahzi ...... 117 3.1.5. Les structures pour lépreux ...... 117 3.1.6. Hôpital Benchimol de Tanger ...... 118 3.1.7. Le Lazaret d’ ...... 118 3.1.8. Les hôpitaux psychiatriques (D’après Salmon Lwoff et Paul Sérieux) ...... 119

3.2. Le service de santé militaire ...... 120

3.3. L’assistance étrangère ...... 122 3.3.1. La mission protestante anglaise ou Memorial Hospital Tulloch (1887) ...... 122 3.3.2. L'hôpital espagnol à Tanger ...... 123 3.3.3. L'hôpital français Tanger ...... 124

3.4. L’hygiène publique ...... 124 4. Les épidémies ...... 125 5. Les moyens thérapeutiques ...... 128

5.1. Les moyens thérapeutiques dans les pathologies médicales ...... 129

5.2. Les moyens thérapeutiques en psychiatries ...... 131

5.3. Les moyens thérapeutiques en chirurgie ...... 132

5.4. Autres ...... 137 6. La prévention ...... 141 7. Les résultats des réformes dans le secteur sanitaire ...... 142 8. Les médecins ...... 143

8.1. Les médecins marocains ...... 143

8.2. Les guérisseurs ...... 146

8.3. Les dentistes ...... 147

8.4. Les médecins étrangers ...... 149 8.4.1. Les médecins espagnols ...... 149 8.4.2. Les médecins français ...... 151

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8.4.3. Les médecins anglais ...... 154 CHAPITRE 4 : LA MEDECINE AU SERVICE DE L’INFILTRATION...... 157 I- LE CONSEIL SANITAIRE INTERNATIONAL ...... 158 II- LE LAZARET D’ESSAOUIRA ...... 162 III- LES CONSEILS D’HYGIÈNE ...... 165 IV- LES MÉDECINS AU SERVICE DE L’INFILTRATION ...... 166 V- CAS PARTICULIERS ...... 167 1. Le docteur Fernand Jean Linarès ...... 167 2. Le docteur Mauchamp ...... 170 CONCLUSION ...... 176 ANNEXES ...... 180 ANNEXE I ...... 181 ANNEXE II ...... 189 ANNEXE III ...... 195 ANNEXE IV ...... 196 ANNEXE V ...... 201 ANNEXE VI ...... 219 RESUME ...... 220 BIBLIOGRAPHIE ...... 227

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INTRODUCTION

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I- INTRODUCTION

Notre connaissance du passé se base sur plusieurs critères : le sujet, les questions soulevées et les ressources bibliographiques. Les historiens se sont accordés sur le fait que la meilleure approche de l’étude historique est d’utiliser le maximum d’archives et de ressources1. La recherche historique médicale s’inscrit, comme celle des sciences dans l’Histoire générale. Elle permet de redécouvrir la pensée des anciennes civilisations par une étude sociologique, psychologique et souvent, pathologique. 2 Pour le médecin, la recherche constitue un élément de la culture qui enrichit l’observation clinique des maladies et des thérapeutiques. Le Maroc se positionne, géographiquement, dans un emplacement important, entre la Méditerranée et l'Atlantique, jouant ainsi un rôle crucial dans les rapports internationaux. Cette situation n'a pas manqué d'influer sur les destinées historiques du Maroc qui a assumé précocement le rôle de médiateur, voire même de synchronisateur entre plusieurs mondes, tout en gardant sa spécificité culturelle. La quadruple vocation, tout à la fois africaine, orientale, méditerranéenne et atlantique, a fait du Maroc le point de contact de plusieurs civilisations qui n'ont cessé d'agir, les unes sur les autres, pendant plusieurs siècles. Un des sujets les plus préoccupants au Maroc est depuis toujours son Histoire, sous ses différentes formes, politique, économique, culturelle et scientifique. L’Histoire de la médecine et des médecins fait, en effet, partie intégrante de son Histoire. Rien de plus remarquable que le début de l’Occupation française du Maroc moderne a été déclenché par le décès du docteur Mauchamp à Marrakech en 1907. L’Occupation d‘Oujda a débuté dans la même année et a continué jusqu’à l’instauration du Protectorat en 1912. Nous avons choisi pour notre travail, de prendre la période entre 1666 et 1912 dont les ouvrages de références sont visiblement rares; ce qui va nous permettre d’analyser les conditions politiques, économiques et sociales qui ont hébergés notre médecine , et qui ont facilité par la suite la pénétration française au Maroc avant la signature des pactes du Protectorat Français et du Protectorat espagnol en 1912 et le rôle primordial de la médecine durant cette période qui va se poursuivre suivant une vitesse supérieure.

1 Sebti A, L’influence et les conflits dans la société Fès, , 1ere Ed Toubkal, 2007, p.11. 2 Bouchet A, Charlier P, L’enseignement de l’Histoire de la médecine dans les institutions universitaires françaises, Histoire des sciences médicales, Tome XLII, N° 2, 2008, pp. 145-148

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Nous nous sommes ainsi intéressés aux phases de cette période allant de 1666 à 1912, qui renferment des transformations majeures pour le niveau de la médecine et des médecins au Maroc.

II- LES MOTIFS DU TRAVAIL 1. Motifs subjectifs : - En tant que médecin et chercheur en Histoire de la médecine, on ne peut bien comprendre les innovations et les actualités thérapeutiques au Maroc et dans le monde sans une connaissance approfondie de l’évolution des idées dans le monde en général et au Maroc en particulier. - C’est une contribution dans la recherche de l’Histoire de la médecine marocaine qui permet un retour aux origines, une redécouverte de soi et un hommage à nos ancêtres. - Le sujet de l’Histoire de la médecine au Maroc est un sujet qui n’a pas suscité l’intérêt des historiens et encore moins des médecins. - C’est un sujet qui nécessite plusieurs approches : historique, anthropologique, politique, médicale, philosophique et sociologique. - Il est certain que la recherche historique au Maroc se consacrait aux sujets à caractère urgent notamment après l’Indépendance. Malgré la richesse de la bibliothèque marocaine en manuscrits médicaux, les études marocaines fiables restent rares. - Ces travaux se sont focalisés sur la médecine, les maladies et leurs traitements, surtout avant le Protectorat français au Maroc. Ils ont essayé de chercher l’attitude de l’Etat, des populations et des oulémas vis-à-vis des maladies et des épidémies et ils ont jeté l’éclairage sur la dualité médecine/religion. 2. Motifs objectifs : - Le choix de notre sujet de thèse, portant sur l’Histoire de la médecine au Maroc entre le XVIIème siècle et le XIXème siècle, est motivé principalement par la rareté des travaux disponibles pour ce faire. - La recherche est une réhabilitation des anciens travaux sur le sujet - L’étude des relations entre la politique de santé et l’instauration du régime du Protectorat (signalant que l’étincelle de la colonisation du Maroc était la disparition du docteur « Mauchamp »).

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- Le choix du sujet, portant sur l’Histoire de la médecine au Maroc, connote insigne la présence d’une Histoire écrite de la médecine au Maroc. Cependant, les thèses universitaires, au sein des facultés des lettres et des sciences humaines marocaines, sont rares, et celles effectuées dans les facultés de médecine elles sont quasiment inexistantes.

III- LES ÉTUDES ANTÉRIEURES :

Une des grandes difficultés qu’on a eue pour réaliser ce travail était le manque de sources historiques sur la médecine au Maroc, du fait que l’Histoire de la médecine n’était pas au centre des intérêts des historiens, malgré le rôle important qu’elle a joué dans l’Histoire de la médecine moderne. On remarque un silence presque absolu des sources marocaines. Dans les sources étrangères, on met surtout l’accent sur le rôle du médecin dans une mission européenne civilisatrice au Maroc. On a dû parcourir un grand nombre de sources pour obtenir des informations sur les médecins, d'autant plus que l'activité religieuse de certains médecins débordait sur leur côté médical. Les travaux réalisés quant au sujet de l’Histoire de la médecine au Maroc sont rares. On peut en citer essentiellement : تاريخ الطب العربي يف » ,« La médecine arabe à l'époque des pays du Maghreb Al-Aqsa » .

de Mohamed Ben Ahmed Al-Kanouni, datant de 1938 et « عصور دول املغرب األقصى

annotée par Allal Ragoug et Mohamed Balouze. Ce livre est l’un des plus éminents livres monographiques de l’Histoire de la médecine au Maroc. Les thèmes du livre sont les suivants : la médecine des Almoravides, la médecine des Almohades, la médecine des Mérinides, la médecine des Saadiens et la médecine des Alaouites. Ce livre offre un aperçu panoramique sur la médecine, à travers les hôpitaux et les médecins de chaque époque, depuis la dynastie Idrisside jusqu’au Protectorat français au Maroc. . Le travail de Mustapha Akhmisse sur « L’Histoire de la médecine au Maroc, des origines au Protectorat », a la particularité de donner un aperçu d’ensemble sur la médecine et les épidémies depuis ses débuts jusqu’à nos jours. Il comprend plusieurs parties qui correspondent aux grandes périodes de l'Histoire du Maroc. La période des origines sous le règne des Idrissides, la dynastie des Almoravides, la dynastie des Almohades, la dynastie des Mérinides, la dynastie des Saadiens et la dynastie des Alaouites pour

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s’arrêter à l'avènement du Protectorat français. Ce livre nous propose également quelques aperçus sur certains manuscrits et certains œuvres médicaux. d’Abdelaziz « الطب واألطباء باملغرب » ,« Les médecins et la médecine au Maroc » .

Ben Abdellah, souligne le statut scientifique des médecins marocains qui ont peiné et travaillé dur dans les industries de la médecine, en plus de mentionner quelques noms d’éminents médecins pendant les différentes qui ont gouvernés le Maroc. . Le livre : « Le millénaire de la médecine au Maroc », d’Abdelaziz Benabdellah. . Le travail de Louis Raynaud « Étude sur l'hygiène et la médecine au Maroc » datant de 1902 décrit l’état de l’hygiène au Maroc précolonial dans certaines régions. . Le livre de Mohamed Amine Bezzaz « Histoire des épidémies et des famines au examine « تاريخ األوبئة والمجاعات بالمغرب في القرنين 51 و Maroc au XVIIIème et au XIXème », « 51 l’Histoire des épidémies et des fléaux au Maroc au XVIIIème et au XIXème siècle. . Le travail d’Henri-Paul-Joseph Renaud : « Etat des connaissances sur la médecine ancienne au Maroc ». . Les travaux de Bernard Rosenberger et de Hamid Triki sont consacrés aux XVIème et XVIIème siècles, et publiés dans la revue Hesperis Tamuda en 1973 « Famines et épidémies au Maroc aux XVIème et XVIIème siècles ». . Le travail de Jean-Louis Miège : « Le Maroc et l'Europe, 1830-1894 ». À travers ses cinq tomes, il a retracé les relations maroco-françaises au XIXème siècle dont les relations médicales. . Le livre intitulé : « Enquête sur les évènements des États du Maroc » (Kitab Al- est « كتاب اإلستقصا ألخبار دول املغرب األقصى» ,(Istiqsa Li-Akhbar Duwal Al-Maghrib Al-Aqsa l’une des principales œuvres de l'historien marocain Ahmed Ibn Khalid Al-Nasiri, consacrée à la recherche approfondie des événements des différentes dynasties du Maroc. On y retrouve des informations sur quelques épidémies, sur l’Histoire des grands médecins du Maroc, et sur des médecins étrangers qui ont sillonné le Maroc tout au long de son Histoire. الطب » « Le livre intitulé : « La médecine coloniale française au Maroc 1912- 1945 . de Boujemaa Raoyane est axé sur l'étude et l'analyse de la « الكولونيالي بالمغرب -5151 5191 question de la santé, de sa relation avec la médecine coloniale marocaine et le projet colonial français au Maroc. L'auteur consacre une section de l’ouvrage à l'hygiène des marocains, en scrutant l’évolution anthropologique sous les diverses formes des rituels de la vie sociale et les types de pratiques quotidiennes en matière de nutrition, de logement et de salles de bain.

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Cela se traduit par l'apparition de maladies et d'épidémies, mais aussi par les médicaments et les méthodes de traitement adoptées dans l’ensemble de la médecine traditionnelle et du patrimoine folklorique. «املغرب عرب التاريخ » ,« L’ouvrage intitulé : « Le Maroc à travers l’Histoire . d’Ibrahim Harakate, dont le IIIème tome et l’annexe sont consacrés à l’ère alaouite avec ses différents problèmes politiques, économiques et sanitaires. . Le livre intitulé « L’Histoire de la médecine au Maroc et les pays arabes et musulmans » sous la direction de Driss Moussaoui et Michel Roux-Dessarps. . Les travaux de Francisco Javier Martinez Antonio qui sont essentiellement consacrés aux relations médicales entre l’Espagne et le Maroc. . Les travaux de « La société française d'Histoire de la médecine » qui sont consacrés à l'Histoire de la Médecine au Maroc. . Les travaux de « L'association marocaine d'Histoire de la médecine ». Plusieurs points fondamentaux de l’Histoire de la médecine marocaine n’ont pas été soulevés dans les travaux précédents, d’où l’intérêt de notre travail qui se doit de mettre l’accent sur la problématique suivante.

IV- LA PROBLEMATIQUE

Vu l’intérêt de cette étude, on va aborder ce sujet à travers une problématique interrogeant l’état de la médecine au Maroc entre le XVIIème siècle et le XIXème siècle. On pourrait émettre les hypothèses suivantes : . Existait-t-il une médecine développée au XVIIème siècle qui devrait être un héritage de la médecine du XIIème siècle ? . Quel était le rôle de l’État dans l’établissement d’une politique de santé, de médecine, d’hygiène et de lutte anti-infectieuse en tant que service public ? . Quelle était la politique de la formation assignée aux médecins ? . Quelles étaient les maladies les plus répandues et l’apport des compétences marocaines dans le domaine médical ?

V- LA METHODOLOGIE

Nous avons choisi d'analyser la problématique et de vérifier les hypothèses en adoptant une démarche descriptive, analytique, critique, comparative, interdisciplinaire et explicative

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en donnant à la fois des exemples concrets et en présentant des avis différents quand il s’agissait de quelques points de vue divergents. Notre recherche a connu ainsi plusieurs étapes que nous pouvons résumer comme suit : - Dans un premier temps, nous avons procédé à la lecture des manuscrits remontant à cette période. - Dans un deuxième temps, nous avons fait une lecture rigoureuse des sources oculaires nationales et étrangères. - Dans un troisième temps, nous avons étudié les états des lieux de la situation sanitaire au Maroc effectuée par les français avant le Protectorat, - Et dans un quatrième temps, nous avons procédé à une comparaison et à une confrontation des différents documents, évènements et citations pour déceler les problématiques, les axes fondamentaux des structures et de la politique sanitaire au Maroc pour en tirer des conclusions.

VI- PLAN DU TRAVAIL

Nous ne prétendons pas à une nouvelle lecture, mais plutôt à mettre en relief d’autres aspects de la médecine au Maroc jusqu'à l’avènement du Protectorat. Ce faisant, nous avons élaboré le plan suivant : L’étude commence, tout d’abord, par un premier chapitre consacré à un aperçu historique sur la médecine au Maroc aux origines. Dans le deuxième chapitre nous avons fait un aperçu sur l’état général du Maroc, politique, économique et social entre les XVIIème et XIXème siècles. Dans un troisième chapitre, nous avons essayé de décrire l’état de la médecine au Maroc à travers ses trois périodes : l’héritage, l’apogée et la décadence tout en s’attardant sur les facteurs prépondérant ainsi que sur les aspects de ses périodes. Ensuite nous avons abordé les réformes réalisées au XIXème siècle et les résultats de la nouvelle politique sanitaire. Le quatrième chapitre, a été consacré à la médecine au service de l’infiltration à la veille du Protectorat. Tandis que la dernière partie a été réservée aux conclusions. Les apports de ce travail seraient: - d’étudier une période assez longue allant du XVIIème siècle au début du Protectorat. - d’exploiter une multitude de sources historiques marocaines et étrangères. - d’avoir fait une analyse des travaux déjà réalisés.

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L’objectif principal de la recherche est de remédier à un vide dans les publications concernant l’Histoire de la médecine au Maroc. Une des grandes difficultés que nous avons rencontrées pour mener à bien ce sujet est le manque de sources historiques spécialisées. On a dû explorer un grand nombre de livres d'Histoire pour avoir quelques faits simples sur la médecine et les médecins. De plus, la médecine était toujours considérée comme un accessoire aux yeux des biographes marocains.

VII- LES SUPPORTS MOBILISES : LES SOURCES HISTORIQUES

Le problème rencontré dans la réalisation de ce travail était la documentation limitée, voire même rare en ce qui concerne les archives. Ce manque de sources historiques a été d’ores et déjà reproché par d’autres chercheurs. Mais cette difficulté a été plus au moins surmontée en faisant un travail de recoupement de données, réunis dans différentes œuvres françaises et arabes. Nous étions amenés à effectuer un travail de reconstruction de l’Histoire de la médecine au Maroc dans son ordre chronologique malgré les vides flagrants ou les citations éparpillées dans des sources qui ne sont pas toujours historiques. Vu les questions soulevées dans la méthodologie, on pourrait citer quelques sources historiques indispensables : 1. Les œuvres et les études sur la santé et la médecine au Maroc: Nous avons remarqué que les historiens ne s’intéressaient qu’à l’histoire politique et ne procuraient quand il s’agissait d’évoquer l’état de la médecine et des médecins que des informations furtives, voire esquissées, sans en donner les détails. Dans ce sens les titres de leurs ouvrages en étaient une parfaite illusion :

1.1. Les Sources spécialisées dans l'Histoire des Sages (Hukamâ) et des Oulémas : d’Ibn Al Qifti « تاريخ احلكماء » ,(L’Histoire des Sages » (Tâ'rîkh Al-Hukamâ » -

(1172-1248).

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d’Ibn Al-Nadim ,« كتاب الفهرست » ,(Le livre du sommaire » (Kitab Al-Fihrist » -

(décédé en 995 ou 998). - «Sources de renseignements sur les classes des médecins » (Uyūn Al-Anbā Fī d’Ibn Abi Usaybi'a (né à Damas ,« عيون األبناء ي بااء األباء » ,(Tabaqāt Al-Aibbā entre 1194 et 1203, mort en 1269 ou en 1270).

1.2. Les sources spécialisées dans l’Histoire ou les biographies: - « Histoire des Souverains du Maghreb et Annales de la Ville de Fès » (Kitāb al-ānīs al-mutrib bi-rawd al-qirās fī ākhbār mulūk al-maghrab wa tārīkh madīnah Fās), -d’Abū Al ,« األنيس املطرب بروض القرطاس يف أخبار ملوك املغرب وتاريخ مدينة فاس »

Hassan ‘Alī Ibn Abī Zar‘ Al-Fāsī (décédé en 1326). - «Exhalation de la douce odeur du rameau vert d'Al-Andalus » (Nafh Al-Tib Min d’Al Maqqari (né ,«نفح الطيب من غصن األندلس الرطيب» ,(Ghusn Al-Andalus Al-Ratib

à Tlemcen vers 1591 et mort au Caire en 1632) - « Les vertus des cheikhs au Xème siècle» (Dawhat Al-Nâchir Fi Mahassen Man Kan

دوحة الناشر حملاسن من كان باملغرب » ,(Bel Maghreb Min Machayekh Al Qarn Al Acher

.(de Mohamed Ben Askar El Hassani Chefchaouni (1577 « من مشايخ القرن العاشر

- « Les gens eminents de Meknès» (Ithaf Aâlam An-Nass Bi Jamal Akhbar Hadirat d’Abderrahmane Ben Zaydane ,«إتحءف أعالم النءس بجمءل أخاءر حءضرة مكنءس» ,(Meknès (1878–1946). - « Les feu savants et saints de la ville de fès »( Solwat Al-Anfas Wa-Muadatha Al- سلوة األنفاس وحمادثة » (akiyas Mi-man Uqbira Min Al-Ulama Wa Al-Sulaa Bi-Fas

de Mohamed Ibn Jaâfar Al-Kettani (né ,«األكياس مبن أقرب من العلماء والصلحاء بفاس

en 1858 à Fès et décédé en 1927). اإلعالم بمن حل » ,«Al Iâlam Bi man Hala Morakkocha Mina wa Aghmat Al Aalam» - .(d’Al Abbass Ben Brahim Assamlali (1877- 1959 ,«مراكش وأغمء من األعالم 2. Les œuvres consacrées à l’Histoire de la médecine: De ces œuvres, nous pouvons citer, entre autres :

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- « L’Histoire de la médecine arabe » de Lucien Leclerc (1816-1893) 1876. Il traite la médecine du XIIème au XVIIIème siècle en Perse, en Irak, en Syrie, en Égypte, au Maghreb et en Espagne. - « L’Histoire de la médecine au Maroc, des origines au Protectorat » de Mustapha Akhmisse (1992). - « Le millénaire de la médecine au Maroc », d’Abdelaziz Benabdellah. - « Étude sur l'hygiène et la médecine au Maroc » de Louis Raynaud (1902). - « Etat des connaissances sur la médecine ancienne au Maroc » d’Henri-Paul- Joseph Renaud (1922). 3. Les sources arabes (en arabe) Quant aux principales sources rédigées en arabe, nous pouvons citer : - حممد األمني البزاز , تاريخ األوبئة واجملاعات باملغرب يف القرنني 51 و 51.

- حممد داوود، تاريخ تطوان

- برنار روزنربجي ومحيد الرتيكي، اجملاعات واألوبئة يف مغرب القرنني 51و 51.

- آسية بنعدادة ، املعرفة الطبية وتاريخ األمراض يف املغارب,

- بومجعة رويان، الطب الكولونيالي الفرنسي باملغرب 5151 5191-.

- عبد العزيز بن عبد اهلل ، الطب واألطباء باملغرب.

- عبد السالم بن سيدي حممد العلمي احلسين، ضياء النرباس يف حل مفردات األنطاكي بلغة فاس

- أمحد بن خالد الناصري ، االستقصا ألخبار دول املغرب األقصى,

- احلسن الوزان، وصف أفريقيا,

- ابن أبي زرع علي الفاسي، األنيس املطرب بروض القرطاس يف أخبار ملك املغرب وتاريخ مدينة

فاس,

- ابن زيدان عبد الرمحان، احتاف أعالم الناس جبمال حاضرة مكناس.

- القادري حممد بن الطيب ، نشر املثاني ألهل القرن احلادي عشر والثاني,

- حممد بن أمحد أكنسوس ، اجليش العرمرم اخلماسي يف دولة أوالد موالنا علي السجلماسي,

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- حممد بن علي الدكالي، اإلحتاف الوجيز يف تاريخ العدوتني,

- بوجندار أبو عبد اهلل حممد ، مقدمة الفتح من تاريخ رباط الفتح,

- بوجندار أبو عبد اهلل حممد ، االغتباط برتاجم أعالم الرباط.

- ابن خلدون عبد الرمحن، مقدمة ابن خلدون.

- الضعيف الرباطي ، تاريخ الضعيف –تاريخ الدولة السعيدة.

- عبد العزيز اخلمليشي، مدينة الرباط يف القرن التاسع عشر )5151 -5151(، جوانب من

احلياة اإلجتماعية واإلقتصادية,

- عبد العزيز بنعبداهلل، الطب و األطباء يف املغرب.

4. Les manuscrits marocains : Ils sont disponibles à la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc et aux bibliothèques nationales et privées consacrés à la médecine. Les manuscrits se liaient principalement à la médecine, où l’on détaillait les traitements de l’époque, mais on n’y trouve jamais l’état de santé des marocains ou la politique sanitaire étatique. 5. Les études et les archives du Protectorat français au Maroc : Les sources étrangères étaient des documents et des livres de la période précoloniale ou coloniale avec toute l’idéologie impérialiste. Ces sources étaient disponibles et nous étaient bénéfiques tout au long de notre recherche. A travers les travaux français, transparaissait presque toujours l’influence de la pensée civilisatrice coloniale. De ce fait, leur objectivité est susceptible d’être remise en cause. 6. Les revues spécialisées : Nous avons élaboré de près un bon nombre de revues spécialisés dont : - Maroc Médical. - Hesperis. - Histoire des sciences médicales. - Journal of the international society for the history of islamic medicine.

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- Revue de psychiatrie et de psychologie expérimentale. - Revista Aldaba. - Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée. - Bulletin de l‘Institut d’Hygiène du Maroc. - Revue de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines.

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Chapitre 1 : Aperçu historique sur la mÉdecine au Maroc : les origines

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Le développement de la médecine au Maroc a varié selon les époques. La médecine a commencé au Maroc en même temps que dans tous les autres pays. Nous ne saurions énumérer exactement toutes les périodes, car nous n’avons que peu d’informations sur la naissance de la médecine au Maroc antique3, mais elle était probablement liée aux croyances mythologiques, à la sorcellerie et la guérison spirituelle. Pour la médecine de la phase préhistorique, les rares restes des temps paléolithiques marocains ne nous permettent pas d'avancer des hypothèses décisives sur l'état sanitaire de la société marocaine à cette époque4. Les Anciens utilisaient des remèdes à base de plantes pour traiter les maladies inflammatoires, les maladies ophtalmiques et les maladies rhumatismales. On retrouvait des pratiques magico-médicinales à cette époque, mais il y avait aussi des opérations chirurgicales effectuées et bel et bien réussies5. En effet les fouilles dans le gisement épipaléolithique de Tafilalt, dans le Maroc Oriental datant de 12 000 avant notre ère6 ont livré des détails pathologiques importants tels que: deux trépanations crâniennes, l'une complète et l'autre incomplète, et un squelette de femme polytraumatisée7. Les hommes de Tafogralt savaient opérer un crâne au lieu d'élection et avec assez de technicité pour que le sujet survive avec consolidation des bords de l'orifice. En plus la trépanation crânienne suppose une réflexion déjà élaborée et un rapport de consentement ou de subordination entre l'opérateur et le patient8. Pour les buts de la trépanation, les hypothèses sont multiples : les unes à caractère mystique, les autres thérapeutiques ou le cas échéant les deux à la fois9. Pour la phase préromaine et romaine, l’historien Hérodote (né vers 484 ou 482 av. J.- C. et décédé vers 420 av. J.-C) assure que les libyens sont les plus sains des hommes qui lui soient connus: "...d'ailleurs après les Libyens, il n'y a point d'hommes si sains et d'un tempérament que les Égyptiens . . . "10 . Le terme " Libyens " s'appliquait à tous les peuples de l'Afrique du Nord11. Hérodote décrivait quelques thérapeutiques. Mais nous ne pouvons pas conclure si ces pratiques se limitaient uniquement aux Libyens nomades, ou à tous les Libyens. Si ces thérapeutiques étaient « animales », il y aurait d’autres à base végétales. Il y avait même une

3 Belkamel.B, Histoire de la médecine au Maroc antique , Histoire des sciences médicales, Tome XXVI, № 4, 1992, pp 271- 279 4 Ibid. 5 Ibid. 6 Kenesi. C, Les trépanations dans les civilisations disparues, Histoire des sciences médicales, Tome XXXV, № 1, 2001, pp. 51- 56 7 Belkamel.B,…, Op cit. 8 Ibid. 9 Ibid. 10 Hérodote, Histoire d'Hérodote, Tome II, Paris, 1802, p. 62 11 Belkamel.B,…, Op cit.

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plante médicinale appelée « Euphorbe » par un médecin grec de Juba II (né vers 52 av. J.-C. et décédé vers 23 ap. J.-C)12. Il semble que la médecine au Maroc pendant la période antique était similaire à ce qui existait autour du bassin méditerranéen, en particulier sous l’ère phénicienne, romaine et byzantine13. Après la conquête musulmane du Maroc au début du VIIIe siècle, et pendant l’époque des Idrissides (789-985), Moulay Idriss Ier (789-791) avait fait appel à des médecins de l'Orient pour prendre soin de la santé des Marocains. Moulay Idriss II (791-828) a ramené de Bagdad un groupe de médecins. Après la fondation de Fès, les Idrissides ont mis à la disposition des médecins nouvellement arrivés tous les moyens pour être au même niveau que ceux de Damas et de Bagdad. Les origines des connaissances médicales, au cours de cette époque, remontent aux écoles de l’Orient liées à Hippocrate et Galien en plus de la médecine dite prophétique. Sous l’ère des Almoravides (1040 – 1147) il y a eu l’apparition de l'école de médecine qui a prospéré au Maroc avec des médecins célèbres tels que: - Abu Alaâ Ibn Zohr Al Ichbili, décédé en l’an 1094. - Abou Ishaq Ibrahim Ibn Abi Fadl Ibn Sawaf El Hajri Chattibi Abou Ishaq, décédé à Fès en 1113. - Abou Bakr Mohamed Ben Yahya Ben Saigh Ben Beja Alsergsti Altiji, décédé en 1139. Les Almoravides, quant à eux ont construit des établissements hospitaliers spécialisés en médecine dentaire et ophtalmologique. L'utilisation de l'anesthésie et l’évolution de la chirurgie ont tiré profit des travaux d’Ezzahraoui (Abulcassis décédé en 1013). La période des Al Mohades (1147– 1269) a constitué le tournant historique de la médecine au Maroc14, surtout au XIIème siècle, qui était le siècle scientifique15 de l’Espagne Musulmane16. Durant cette période, les médecins prêtaient une grande attention à l’examen clinique du malade. Certaines maladies infectieuses telles que la rougeole, la varicelle et la variole ont été amplement analysées et définies17.

12 Ali M.S, Spirowallichiione: A Rearranged Multiflorane from Euphorbia wallichii Hook F. (Euphorbiaceae), Molecules, 2008, 13, 405-411 13 Belkamel.B,…, Op cit. 14 Akhmisse. M, Histoire de la médecine au Maroc, des origines à l'avènement du Protectorat, Histoire des sciences médicales, Tome XXVI - №4, 1992, pp. 263- 270. 15 Leclerc L, Histoire de la médecine arabe, Ed Ministère des Habous et des affaires islamiques, Maroc, 1980, T : II, p.71 16 Benabdallah A, Le Millénaire de la Médecine au Maroc et les perspectives d’avenir, 2006, p.4. 17 Akhmisse. M, Histoire de la médecine au Maroc…, Op cit.

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La chirurgie, sous l'influence d'Ezzahraoui (Abulcassis), a connu un grand essor. L'enseignement de la médecine a vu le jour à Marrakech, Tanger et Fès18, aux professeurs de Séville et de Cordoue. Des réunions scientifiques, que dirigeaient les Califes eux-mêmes, étaient animées par des médecins aussi célèbres qu'Ibn Rochd, Ibn Tofail19 et pour la première fois, on assistait à la création d'une bibliothèque consacrée entièrement aux œuvres médicales20. Ils ont créé une équipe de médecins-femmes pour les harems du Sultan, particulièrement à l'époque de Yâacoub Al-Mansour (1184 - 5511). Il y a eu également la création de maison spécialisée dans les produits pharmaceutiques (sirops et pommades)21. On remarque qu’au cours du XIIème siècle que :  Nous ne pouvons pas séparer l'étude de l'Histoire de la médecine au Maroc, de celui de son homologue en Andalousie, avec des médecins très célèbres tels que : Ibn Zohr (Avenzoar), Ibn Baja (Avenpasse), Ibn Rochd (Averroès) et Ibn Tofail(Abubacer)22.  Les savants et les scientifiques ont obtenu leurs diplômes des écoles de Cordoue ou Séville.  Les médecins pratiquaient la médecine dans les villes d’Andalousie, mais ils étaient tout de même installés à Marrakech et Fès. À l’époque de la dynastie Mérinide (1269 – 1465), les ont pu instaurer une infrastructure hospitalière adéquate. Ils ont encouragé la création et l’innovation en copiant un certain nombre de livres scientifiques, en organisant et supervisant des débats scientifiques dirigés par des médecins bel et bien compétents. Cette période est connue particulièrement par :  La création des bibliothèques publiques telles que celle de Marrakech et celle de Ceuta à l’époque d'Abou Al-Hassan Al Marini.  L’enseignement de la médecine dans les «Médersas» à Fès, Salé et d'autres villes. L’université d’Al Quaraouiyine a abouti à la formation d’étudiants en sciences et plusieurs d’entre eux ont obtenus l’Ijaza (Licence), mais cela ne s'appliquait pas à la médecine.

18 Ibid. 19 Ibid. 20 Ibid. 21 Ibid. 22 Ibid.

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Les établissements de santé, les mâristâns et les médecins ont augmenté en nombre. Les médecins célèbres de l’époque Mérinide étaient, entre autres : - Ghalib Ben Ali Ben Mohamed Lakhmi Achqouri Abou Tammam, né à Fès qui est décédé à Ceuta en 1340. - Mohamed Ben Qassim Ben Abi Al-Qurashi Almalagy qui résidait à Fès où il est né en 1393. Il était médecin chef du Mâristân de Fès. - Ahmed Ben Mohamed Ben Chouaib Aljaznai Al Fassi. - Ali Ben Abi Ghalib Alidrissi Al Hassani Al Arbawi Abou Al Hassan. - Mohamed Ben Abdallah ben Saïd Soulaimani Lissan Eddin Ibn Al-Khatib. - Omar Ben Ghiyat Slaoui. A partir du XIIIème siècle, on peut noter la disparition du médecin généraliste et l’apparition du médecin Fqih. Sous l’ère des Saâdiens, l’influence de la médecine andalouse était encore visible sur la médecine marocaine grâce aux migrations des médecins de l’Andalousie. Un certain nombre de scientifiques et de médecins originaires de l’Orient sont venus s'installer au Maroc à l’époque des conquêtes des Ottomans. Un groupe de scientifiques et de médecins originaires du Soudan se sont installés au Maroc après la conquête d’Al-Mansour Addahbi ; ce qui été une plus-value pour les écoles de Médecine marocaines. La dynastie Saâdienne a accordé une attention particulière à la médecine. Elle a édifié un hôpital énorme à Marrakech délivré par les Habous à la «Talâa». D’ailleurs des médecins venaient au Maroc pour faire une formation continue, en raison de la présence de grands spécialistes, comme El-Ghassani, auteur de l’ouvrage : Jardin des fleurs pour l’essence des .« حديقة األزهار يف ماهية العشب والعقار » ,herbes et des drogues végétales

Le mâristân saâdien avait des spécialistes qui consistaient à enseigner les œuvres de Galien, d’Arrazi, et d’Ibn Sina. Al kanouni a cité plusieurs médecins célèbres au cours de l'ère saâdienne, on évoque parmi eux : - Mohamed Ben Brahim El Wazzir EL Ghassani. - Abou El Qassim Ben Mohamed El Wazir El Ghassani. Il était le médecin d’Al Mansour. - Abdelghani Ben Massoud Ben El Hassan Ezzhouri. - Caïd Abou El Hassan Ali Ben Brahim Al Andaloussi Al Morrakochi.

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- Abou Zayd Abderrahmane Ben Abdel Kader El Fassi. Mais vers la fin du XVIème et le début du XVIIème siècle, le Maroc a atteint un degré de décadence flagrant. Le désordre politique et économique était extrêmement grand et même général. Le pouvoir central était affaibli et un grand nombre de villes côtières étaient occupées au moment où l'Occident chrétien vivait une renaissance artistique, scientifique, politique et économique et connaissait le début de l’expansion impériale européenne. C'est dans ces conditions que les Alaouites ont unifié le pays. Leur règne s’est construit sur les ruines de celui des Saâdiens. La victoire de Moulay Errachid sur ses partisans en 1666 a annoncé ainsi la genèse de la dynastie Alaouite du Maroc. A cette époque, les sciences se sont développées d'autant plus qu'il y a eu un Sultan médecin, Moulay Errachid, qui assistait à des cours à l'université Al Quaraouiyine et encourageait la recherche en accordant aux étudiants des bourses d’études. Elle fut marquée aussi par le long règne de Moulay Ismail, qui a réorganisé l'université Al Quaraouiyine en titularisant les professeurs et en légalisant les diplômes dont celui de la médecine. Les œuvres étudiées étaient en particulier le Hawi de Razès, et le Canon d'Avicenne. Par ailleurs Moulay Ismail, s'est intéressé à l'hygiène. C'est ainsi qu'il a édifié un réseau d'égoûts dans la capitale de l’époque, à savoir Meknès23. Cette période a été marquée également par des noms célèbres comme : Abdelkader Ben El Arâbi et Ibn Chekroune Al Meknassi. Ce dernier effectué de fréquents séjours au Caire. Son œuvre maîtresse reste le poème médical ou la Urjuza écrite en 672 vers. Mais dès le début du XIXème siècle, le Maroc a connu quand même une période perturbée. Les souverains marocains, voyant le niveau scientifique du pays péricliter envoyaient alors des étudiants à l'étranger. C'est ainsi que Moulay Hassan Ier envoyait en Europe et en Orient une pléiade de jeunes afin de s'initier à la science moderne. C'est dans cet esprit que le Cherif Abdeslam El Alami a été envoyé à la « jeune » Faculté de Médecine du Caire. A son retour, il devient le médecin personnel du Sultan Moulay Hassan Ier. La médecine au Maroc a aussitôt sombrée dans le déclin total. Elle perdu toute sa valeur scientifique, pour céder la place à la thérapeutique religieuse et " magico - sorcellaire". L’université Al Quaraouiyine cesse d'enseigner la médecine et le dernier diplôme qui a été délivré par cette université était en 189324.

23 Ibid. 24 Ibid.

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Les hôpitaux périclitèrent aussi dont la plupart se transformèrent en asiles pour aliénés. Les patients se sont alors retournés vers le charlatanisme. Cette situation a duré jusqu'au Protectorat, soit l’an 1912. En général, le développement de la médecine au Maroc a connu plusieurs métamorphoses selon les époques. La médecine a commencé au Maroc en même temps que la venue de l'Humanité sur terre. La médecine au Maroc antique se reposait sur des remèdes à base de plantes pour traiter les maladies inflammatoires, les maladies ophtalmiques et les maladies rhumatismales. Après la « conquête islamique » du Maroc au début du VIIIème siècle, et sous l’ère des Almoravides, des Almohades et des Mérinides, il y a eu l’influence de la médecine de l’Espagne musulmane et l’apparition des hôpitaux et des écoles de médecine avec des médecins de grande renommée. Sous l’ère des Saadiens, l’influence de la médecine andalouse a été encore visible sur la médecine marocaine à cause des migrations des médecins de l’Andalousie, après une période de troubles à la fin du XVIème et au début du XVIIème siècle. La victoire de Moulay Errachid sur ses partisans, en 1666, marque ainsi le début de la dynastie Alaouite du Maroc. A cette époque, les sciences se sont développées d'autant plus qu'il y eut un roi médecin, Moulay Errachid qui assistait à des cours à l'université Al Quaraouiyine et encourageait la recherche en accordant aux étudiants des bourses d’études. Elle fut marquée aussi par le long règne de Moulay Ismail, lequel a réorganisé l'université Al Quaraouiyine en titularisant les professeurs et en légalisant les diplômes dont celui de la médecine. Malgré tous ces efforts, la médecine au Maroc a aussitôt sombrée dans le déclin. Cette situation a duré jusqu'au Protectorat en 1912.

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Chapitre 2 : Situation politique, Économique et état de médecine au Maroc entre le XVIIème et le XIXème siècles

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On ne peut pas saisir l’Histoire de la médecine au Maroc indépendamment de l’état politique, culturel et social de l’époque qui représente la base de tout changement. Nous ne pouvons prétendre donner un récit exhaustif de son état, mais nous avons tâché de comprendre quel était l'état, quelle en était la condition interne au Maroc depuis le début de la dynastie des Alaouites jusqu'à la période précoloniale. On évoque dans ce sens les situations politique et économique relatives à l’état de lieux de la médecine au Maroc entre le XVIIème et le XIXème siècles.

I- LA SITUATION POLITIQUE AU MAROC ENTRE LE XVIIème ET LE XIXème SIÈCLES

Le territoire qui constitue aujourd'hui le Maroc a été unifié depuis l’arrivée de l’Islam au Maroc à la fin du VIIème siècle25, par plusieurs dynasties qui se sont succédée et dominé le Maghreb et l'Espagne musulmane depuis les Idrissides jusqu’aux Alaouites. Sous la dynastie des Saâdiens, le Maroc consolide la puissance et combat les envahisseurs portugais, comme ce fut le cas lors la bataille d’Oued Al-Makhzen en 157826. Lors du règne d’Ahmed Al-Mansour (1578-1603), une invasion de l'Empire Songhaï a été lancée27 en 1890 et le Maroc a acquis en conséquence plus de prestige. Cependant, la gestion des territoires à travers le Sahara s'est avérée difficile. Une suite d'événements a conduit à d'énormes changements politiques marocains durant le XVIIème siècle. En effet, après le décès du Sultan Ahmed Al-Mansour Dahbi en 160328, le royaume des Saâdiens a commencé à plonger dans l’anarchie et connu une longue période de troubles à cause, d’une part, de la rivalité entre ses fils29, et d’une autre part, entre les zaouïas30, et parallèlement à cause de l’invasion des ibériques31.

25 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome I, Dar Arrachad Alhaditha, 1994, p.77. 26 Al-Nasiri A, Kitab al-Istiqsa li-Akhbar duwwal Al-Maghrib al-Aqsa, Ed ministère de la communication, 2001, Tome: 5, p.84 27 Al-Nasiri A,…, Op cit, Tome: 5, p.126 28 Al-Nasiri A,…, Op cit, Tome: 5, p.201 29 Al-Nasiri A,…, Op cit, Tome: 5, p.223 30 Al-Nasiri A,…, Op cit, Tome: 5, p.284 31 Al-Nasiri A,…, Op cit, Tome: 5, p.261

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Cette période a connu l’émergence de l’ère de la dynastie Alaouite que l’on peut diviser en trois phases distinctes : 1. La 1èrephase (allant jusqu'à 1727) : C’est dans l’ombre des Saâdiens qu’une nouvelle dynastie commence son essor dans le Sud du Maroc. En effet, dès que les menaces des zaouïas ont atteint la région de Tafilalt 32 vers 1633, Moulay Chérif s’est révolté contre la dynastie des Saâdiens, et quelques années plus tard, son fils Moulay M’hammed lui succède33. Il écarte ses concurrents, renforce son pouvoir à Tafilalt, et réussit ainsi à accroître son expansion vers le Maroc Oriental à Oujda.34 Son frère et successeur Moulay Errachid (1664-1672) a complété son entreprise. En effet, il est le vrai fondateur de la dynastie Alaouite. De 1664 à 1672, Moulay Errachid a réussi à imposer son pouvoir sur tout le Maroc en commençant par le contrôle de toute la voie commerciale de Sijelmassa jusqu'à la basse vallée d’oued Melouya. En 1668, il combat la zaouïa de Dilaâ et le cœur même de la confrérie, la capitale de Dilaâ, tombe entre ses mains. L’année suivante, il s’empare de la ville de Marrakech et met fin à la dynastie des Saâdiens et à la zaouïa d’Iligh. Grâce à son triomphe, Moulay Errachid réussit à mettre fin à une longue période de troubles. A l’âge de quarante-deux ans, il meurt suite à un accident de cheval. Il laisse à son successeur et frère cadet, Moulay Ismail, un État reconstitué mais loin d’être totalement pacifié. Moulay Ismail (1672-1727) fut proclamé Sultan du Maroc alors qu’il résidait à Meknès. Il a connu un début de règne très difficile. Il lui a fallu plus de vingt ans pour maitriser l’anarchie qui régnait au Maroc et affaiblir la puissance menaçante des zaouïas. Il a réussi à unifier le Maroc et à établir même son pouvoir jusqu’au Touat. Durant son long règne, Moulay Ismail a donné l’image d’un monarque puissant. En effet, toutes les colonies portugaises ou anglaises furent effectivement récupérées: Mehdia en 168135 ; Tanger 36en 1684 ; Larache37 en 1689 et Asila38 en 1691 à l’exception de Mazagan qui demeurait portugaise jusqu’au 1769. Face au danger des Ottomans, il réussit à bâtir une frontière orientale du Maroc derrière

32 Ribati D, L’Histoire du Doaif Ribati, Annoté par Mohamed Bouzidi Chikhi, Dar Athaqafa,Tome I, 2007, p.94 33 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III, Dar Arrachad Alhaditha, 1994, p..20 34 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III, …, Op cit, p.22 35 Akansūs M, Al-Jaych Al-Aramram Al-khoumasī Fi Dawlat Awlad Mawlana Ali Al-Sajilmasi, 1994, Tome I, p.129 36 Akansūs M,…, Op cit, Tome I, p.131 37 Akansūs M,…, Op cit, Tome I, p.134 38 Akansūs M,…, Op cit, Tome I, p.135

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des kasbahs protectrices constituant un dispositif militaire centré sur Taza. Moulay Ismail a créé une armée permanente, les Boukhari39, qu’il répartit en camps et forteresses à travers le pays. Il a réorganisé également le . Sur le plan extérieur, sous le règne de Moulay Ismail, le Maroc était pour l’Europe un partenaire commercial important. Des ambassadeurs furent échangés avec la France et l’Angleterre. Les principales nations européennes étaient représentées au Maroc par des consuls. Dans le Sud, Moulay Ismail réussit aussi à établir son régime en Mauritanie et au Touat. Tout au long de l’axe commercial transsaharien reliant le Maroc à la vallée du fleuve Sénégal et du fleuve Niger, les transactions reposaient désormais sur la monnaie et sur les unités de poids et de mesures marocaines. Moulay Ismail est décédé en 1727 après 57 ans de pouvoir. Il a laissé derrière lui un Maroc unifié et puissant. 2. La 2ème phase (1727- 1844) : Aussitôt que le Sultan disparu, la période qui suit son décès voit le retour de l’anarchie et des troubles dus à la succession. Le Maroc entre alors dans une période de troubles provoqués par l’armée Boukhari qui commençait à faire et défaire les Sultans du Maroc choisis au sein de la famille Alaouite. Durant trente années (1727-1757), l’armée Boukhari, provoquait la ruine faisant rentrer le pays dans une crise financière sans précédent. Ce qui a entrainé, par conséquent, à une grave crise alimentaire. En 1757, à la mort du Sultan Moulay Abdallah, son fils Sidi Mohammed ben Abdallah fut proclamé nouveau Sultan du Maroc, un pays ravagé par les conflits et les famines. Il adopte alors une politique de rétablissement de l’ordre et de restauration de l’autorité dans tout le pays en s’imposant autant aux Boukharis et qu’aux tribus. Il équipe l’artillerie dans les côtes marocaines pour les protéger contre les européens puis il reconquiert Mazagan en 1769. Il fonde et reconstruit plusieurs villes et ports sur la côte atlantique comme la ville de Mogador en 1765 et celle d’Anfa, véritables témoins de sa politique d’ouverture extérieure. La renaissance de la ville de Fès, sous son règne, était l’image de la renaissance de tout le Maroc et ce malgré les famines et les épidémies qui se succédaient sans arrêt. Durant son règne, le pays a connu des sécheresses entre 1776 et 1782. Le Sultan Sidi Mohammed Ben Abdallah meurt en 1790, laissant un pays uni mais avec

39 Akansūs M,…, Op cit, Tome I, pp.125-126

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un pouvoir grandissant des zaouïas. Le Sultan Moulay Slimane prend la relève en 1792 sous le signe des conflits politiques avec ses frères Moulay Yazid, Moulay Hicham et Moulay Abderrahmane, causées par le problème de la succession au trône. Sur le plan international, sa politique se caractérisait par l’isolement et le repli. En 1799, et dans un climat de conflits, une très grave épidémie de peste provoquant des famines et des catastrophes démographiques sans précédents, entraine la recrudescence des zaouïas. Toutefois, il n’hésite pas à utiliser certaines confréries afin de faire face à ces problèmes, notamment la zaouïa Derkaouya et la zaouïa Tijanya. La fin du règne du Sultan Moulay Slimane se caractérisait par l’affaiblissement du pouvoir central et surtout une grande défaite contre les tribus de l’Atlas sous l’égide de leur chef Boubker Amhaouech à Deyane en 182240. Cette défaite conduit le Sultan à renoncer au pouvoir et à le céder à son neveu, Moulay Abderrahmane Ben Hicham. Dès son intronisation, Moulay Abderrahmane a été tenté par l’ouverture du Maroc sur les partenaires commerciaux européens comme c’était le cas avec l’Angleterre41. Durant son règne, durant trente-sept ans, Moulay Abderrahmane (1822-1859) a subi plus que jamais les pressions des puissances coloniales européennes. En effet, il fut contraint de sortir le Maroc de son repli et de son isolement, sans toutefois succomber aux puissances européennes. Cette période a été marquée par l’Occupation française de l’Algérie en 1830 ; ce qui a déclenché une série d’évènements graves sur l’avenir de l’intégrité territoriale du Maroc.

3. La 3ème phase (de 1844 jusqu’au début du Protectorat) : L’un des faits marquants du règne de Moulay Abderrahmane Ben Hicham fut la bataille d’Isly, à l’ouest d’Oujda, le 14 Août 1844, contre les forces françaises qui occupaient déjà l’Algérie et qui s’est soldée par la défaite désastreuse des troupes marocaines. Le 18 mars 1845, les Français et Marocains signent la Convention de Lalla Maghniyya qui fixe la frontière entre l’Algérie et le Maroc. Dès lors, le Maroc ne pourra résister totalement aux sollicitations européennes et cela provoque de graves conséquences sur l’intégrité territoriale du pays. Loin des pressions colonialistes européennes, Moulay Abderrahmane a su réprimer les révoltes internes et maîtriser la situation politique marocaine.42

40 Akansūs M,…, Op cit, Tome I,p.304 41Harakate I, Le Maroc a travers l’Histoire, Tome III, …, Op cit, p.225 42Mechrafi M, Al-Hulal Al-Bahya Fi Moulouk Addawla Alaalaouya, Annoté par Driss Bouhlila, Ed Ministère des Habous, 2005, Tome II, p.75

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Le Sultan Mohammed Ben Abderrahmane accède au pouvoir en 1859. Durant son règne, il continue à faire face aux pressions européennes économiques et politiques. En effet, dès le début de son règne, il mène une guerre contre l’Espagne. Ce conflit militaire qui a causé l’Occupation de Tétouan, s’achève par le Traité de Tétouan43 , en 1860, dont l’une des clauses fut la condamnation du Maroc à verser une indemnité écrasante de guerre, soit 20 millions de Douros. Incapable de payer cette somme, le Maroc accepte l’argent avancé par les banques anglaises avec une lourde garantie des droits de douane, ce qui avait aggravé encore une fois la crise monétaire. Cette situation, ayant amplifié la crise politique et économique du Maroc, déstabilise profondément le pays dans la deuxième moitié du XIXème siècle provoquant de ce fait de nombreuses révoltes auxquelles Mohammed Ben Abderrahmane a dû faire face44 jusqu’à sa mort en 1873. Moulay Hassan Ier, sous le règne de son père, Mohammed Ben Abderrahmane, était le calife du Sultan dans le Sud. Sa succession fut marquée par de profonds troubles et révoltes45 qu’il ne tarda pas à réprimer, et parvenir ainsi à pacifier le Maroc. Malgré le contexte colonial en Afrique étant défavorable pour Maroc, le roi réussit à préserver l’Indépendance du pays en préservant son intégrité territoriale. En outre, le Sultan Hassan Ier envoie plusieurs étudiants à l’étranger pour poursuivre leurs études. Mais en dépit de tous ses efforts, son œuvre de réformes s’achève à cause de la crise financière qui rend les prêts venant indubitablement de l’Europe inévitables. Après le décès du Sultan Moulay Hassan Ier, et suite aux pressions du puissant « Hajib », Ahmed Ben Moussa, dit « Bahmad», Moulay Abdelaziz, âgé à peine de quatorze ans, fut proclamé Sultan du Maroc en 1894. Au début de son règne, le vrai pouvoir politique fut exercé par Bahmad. Il a fait régner l’ordre dans le pays et profitait des rivalités des puissances politiques étrangères, en particulier la France et l’Angleterre, pour retarder la colonisation du Maroc. Après le décès de Bahmad en 1900, Moulay Abdelaziz, âgé de vingt ans, arrive effectivement au trône. Avec son intronisation, il entame certaines réformes financières, comme le « Tertib » ou impôt sur les biens agricoles. Cette décision a soulevé la colère des populations. C’est ainsi que le début du XXème siècle a commencé par une longue période de troubles et de révoltes pendant laquelle la crise financière du Maroc s’est aggravée entraînant conséquemment la perte de l’Indépendance du Maroc.

43 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III…, Op cit, p.243 44Harakate I, Le Maroc è travers l’Histoire, Tome III…, Op cit, p.253-256 45 Mechrafi M, Al-Hulal Al-Bahya …, Op cit, pp.110-112

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Cette phase a été marqué surtout par : 4. Sur le plan extérieur: la pénétration étrangère au Maroc au XIXème siècle Cette période a connu, sur le plan extérieur, plusieurs traités et conférences qui ont accentué l’infiltration européenne au Maroc, dont on peut citer : 4.1. Le traité de 1856 avec la Grande-Bretagne : Le climat politique européen du XIXème siècle fut marqué par la guerre de Crimée entre 1853 et 1856 entre l’Empire Russe d’un côté, et le Royaume-Uni, l’Empire Ottoman, l’Empire Française et le Royaume de Sardaigne de l’autre côté. C’est dans ce climat conflictuel que l’Angleterre a réclamé au Maroc une nouvelle convention commerciale. Les représentants européens à Tanger se réunissent dans une conférence tenue chez le représentant du Sultan : « Naïb du Sultan » et lui ont obligé à accepter le traité46. Le traité comprenait trente-six articles doublés d’une convention de commerce et de navigation se composant de quinze articles mettant fin à tous les accords antérieurs. Le traité avait en effet pour objet de régler la situation des consuls et des conditions des britanniques au Maroc47. C’est un traité qui a permis aux européens d’importer des matières premières, des produits alimentaires et d’élargir leurs marchés. 4.2. Les traités de 1860-1861 contractés avec l’Espagne : A l’issue de la guerre hispano-marocaine (Octobre 1859 - Avril 1860), un traité de paix est signé à Tétouan le 26 avril 1860. Le Maroc devait s'acquitter d'une lourde indemnité financière, concéder des territoires et s'engager à signer un traité de commerce avec l’Espagne. 4.3. Les conventions de 1863/ 1865 pactisées avec la France : Après la bataille d’Isly en 1844 qui marque l’Histoire du Maroc du XIXème siècle48 et pendant les années soixante du XIXème siècle, le Maroc a conclu deux conventions avec la France : 4.3.1. La convention de 1863 : Elle a été signée en Août 1863 et a concerné l’exercice du droit de protection49.

46 Ragoug A, Le commerce maritime franco-anglais avec le Maroc, 1890-1912 : étude comparée [Texte imprimé], Thèse de doctorat en Histoire, Université Bordeaux Montaigne, 1992, p.24 47 Ragoug A,…, Op cit, p.25 48 Julien C-A, Le Maroc face aux impérialismes, 1415-1956, Les editions du jaguar, 2011, p29

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4.3.2. La convention de 1865 : Cette convention a été signée le 3 mai 1865, elle a concerné l’administration et l’entretien du phare de Cap Spartel50. 4.4. La conférence internationale de Madrid : En 1880, s’est tenu la conférence internationale de Madrid qui accorde à presque tous les pays européens les privilèges dont bénéficiaient jusque-là les Français et les Anglais. 4.5. Le traité contracté avec l’Allemagne en 1890 : Un traité de commerce entre l’Allemagne et le Maroc a été conclu à Fès le 1er juin 189051. Il a établi les mesures générales du contrôle du commerce extérieur. Ainsi, les commerçants allemands ont eu le droit d’introduire au territoire marocain les marchandises et les produits de toute espèce, quelle que soit leur origine ou la nationalité des navires ayant servi à leur transport52. 4.6. Le traité de 1892 avec la France : L’objectif de ce traité était de procurer aux sujets et aux bâtiments français la liberté et la sûreté de la navigation et du commerce53. En effet, après la conquête de l’Algérie, plusieurs incidents se sont produits à la frontière maroco-algérienne et contribué à restructurer les relations franco-marocaines.54 4.7. La conférence d’Algésiras tenue entre le 7 Janvier et le 6 Avril 190655 : A la demande du Sultan, la conférence internationale a réuni, l’Allemagne, la Grande- Bretagne, la France, les Etats Unies d’Amérique, l’Espagne, le Maroc, la Suède, les Pays-Bas, l’Italie, la Russie, le Portugal, la Belgique et l’Autriche. La France en sort vainqueur. En effet, les principaux ports tombent sous le contrôle de la France et de l'Espagne. La France devient majoritaire dans la Banque d'Etat du Maroc. En fait, les douanes et le monopole du commerce ont été enlevés au Makhzen ; ce qui a aggravé la crise financière et politique du Maroc.

49 Brignon.J, Amine.A , Boutaleb.B, Martinet.G, Rosenberger.B, Histoire du Maroc, Hatier paris, 1967, p.291 50 Azzou E, Les Etats-Unis et le statut international du Maroc (1906-1956), in Guerres mondiales et conflits contemporains, 2005/3 , n° 219, pp. 103 - 112 51 Rapport fait au nom de la Commission chargée d'examiner le projet de loi, adopté par la Chambre des députés, portant approbation de la convention conclue entre la France et l'Allemagne, le 4 novembre 1911, pour la délimitation de leurs possessions respectives dans l'Afrique Équatoriale, 1912. p. 306 52 Ibid. 53 Ragoug A,…, Op cit, p.29 54 Ragoug A,…, Op cit, p.31 55 Brignon.J, …, Op cit, p.329

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5. Sur le plan intérieur : Les difficultés Ces difficultés se caractérisaient par moults incidents : 5.1. La révolution de Bou H’mara56 : Depuis 1902, El-Roghi Bou H’mara se fait proclamer chérif de Taza. Sous couvert de pieux sentiments, il a conduit la région à s’insurger contre le Sultan. El-Roghi Bou H’mara est resté maître de la ville pendant sept ans jusqu'à son arrestation en 190957. 5.2. La révolution de Raïssouni : L'une des figures les plus éminentes et controversées du début du XXème siècle, il y avait Ahmed Raïssouni. Chérif descendant du prophète Mohammed, il fut nommé pacha de Tanger et gouverneur de la province de la Djebala. Il a été démis en 1906 de ses charges. En 1907, il formule une demande de rançon au lendemain de la capture du célèbre instructeur militaire Harry Mac Lean58 , symbole de l’influence des étrangers sur le Makhzen, et celui de son compatriote le journaliste Walter Harris. Ces enlèvements ont eu une dimension autre que celle de simples actes de brigandage59. Raissouni persistera dans son opposition au gouvernement marocain, même après l'abdication du Sultan Moulay Abdelaziz. Il revint en peu de temps, en se plaçant aux côtés de son successeur Moulay Abdelhafid, et fut rétabli comme pacha de Tanger avant que le Sultan l'écarte en fin de compte de son poste en 1912. 5.3. Les révoltes des tribus : Le traité d’Algesiras est accueilli par indignation par la population marocaine, il y a eu une accentuation des heurts entre la population et la communauté européenne, conduisant à l’assistanat du docteur Muachamp à Marrakech en mars 1907, donnant le signal à l’Occupation française d’Oujda60, puis celle de Casablanca. Les tribus se sont ralliées pour résister à l’Occupation française.61

56 Hamet I , Histoire du Maghreb , Paris, 1923, p.432 57 Hamet I,…, Op cit, p.440 58 Forbes.R, El Raisuni. The Sultan of the Mountains, Londres, 1924, pp. 82-99, 59 Kenbib M, Protégés et brigands dans le Maroc du XIXe siècle et début du XXe, Hesperis Tamuda, Vol. XXIX, Fasc. 2 (1991), pp. 227-248. 60 Brignon.J,…, Op cit, p.330 61 Brignon.J,…, Op cit, p .331

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II- LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC ENTRE LE XVIIème ET XIXème siècles :

Dès le XVIIème siècle, le Maroc a subi plusieurs changements économiques concomitants avec les changements de l’économie mondiale. En effet, plusieurs courants économiques se sont développés à cette époque, à savoir le mercantilisme, le capitalisme, et plusieurs grandes sociétés ont été créées en France, en Angleterre et en Hollande sous le signe d’une concurrence intense pour la conquête de l’espace vital. Vers le XVIIIème siècle, l’Europe a connu un grand moment d’industrialisation, avec le besoin énorme des matières premières ; ce qui a poussé les pays européens à se diriger vers les colonies à la recherche de nouvelles ressources. Les banques jouaient un rôle crucial dans cette politique. Au début du XIXème siècle, les besoins concernât les matières premières, la recherche de nouvelles issues pour les produits industriels et la politique de bases navales, constituaient les bases de l’impérialisme européen, en plus du développement de l’agriculture motivé par avec les grandes découvertes. De ce fait, les richesses du Maroc ont attiré les pays européens. Cependant, contrairement à l’Europe, le Maroc a connu une période de décadence économique, de repli sur soi dès le XVIIème siècle. L’organisation économique reposait sur des modèles hérités du Moyen-Age. L’agriculture, l’élevage et l’artisanat constituaient le socle solide de l’activité économique. 1. L’agriculture : La terre avait un rôle primordial dans la vie et dans l’esprit des marocains. En effet, l’économie était principalement basée sur l’agriculture, en plus de la valeur morale que donnait la terre à son propriétaire, surtout que les zones rurales constituaient la majorité du territoire su Maroc62, et la plupart de la population marocaine travaillaient comme des agriculteurs. Le Maroc avait plusieurs types de propriétés : - Les terres collectives : terres des tribus. - La propriété privée « Le Melk ». - Les terres du Guich.

62 Colin G-S, Provençal L, Initiation au Maroc, Institut des hautes études marocaines, Les éditions d’art et d’Histoire, deuxième Edition, paris 1937, p.149

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- Les terres des Habous, - Et les terres du Domaine : public, privé et forestier. Les produits agricoles marocains n’ont pas connu de grands changements depuis le XVIème siècle. Les marocains cultivaient des céréales, des légumes et parfois des arbres fruitiers. Mais les exploitations étaient encore primitives.63 Les céréales, localisées dans les plaines atlantiques étaient soumises aux aléas climatiques. A partir de la deuxième moitié du XVIIIème siècle, les exportations des céréales commençaient à s’opérer à travers le port de Fedala64. Il y avait, également, les exportations des olives et des amandes65. Les cultures industrielles étaient représentées par le lin le chanvre, le coton, le safran, le tabac, avec une culture de canne à sucre dans la région de Souss.66 La production se composait essentiellement de céréales, de légumes, de fruits et d’oliviers67. L’agriculture marocaine du XVIIIème siècle était surtout lésée par les sècheresses, les famines et aussi par les épidémies qui empêchaient un réel développement68, concomitantes avec des moyens d’exploitations archaïques. L’eau jouait également une grande importance dans l’Histoire de cette période surtout avec les sècheresses consécutives qu’a connu le pays durant les XVIIIème et XIXème siècles et leurs retentissements politiques sur le pouvoir central69. L’État marocain a essayé d’avoir une bonne gestion de la distribution de l’eau entre les tribus, mais cela n’avait pas empêché des crises entre le makhzen et la population.70 2. L’élevage : Il était une activité parallèle à l’agriculture et la dépassait même dans certaines régions.71 Il y avait au Maroc plusieurs méthodes de pâturage de bétail qui pouvait engendrer plusieurs problèmes comme en témoignent les livres des « Nawaziles »72, et l’intervention du

63 Ibid. 64 Brignon.J, …, Op cit, p.271 65 Ibid. 66 Ibid. ème 67 Benbousselham K, Le Makhzen et la société a la II moitié du XIXème siècle, 2013, Ed Haut-Commissariat aux Résistants et aux membres de l’armée de libération, p.141 68 Brignon.J, …, Op cit, p.271 69 Benbousselham K,…, Op cit, p.144 70 Pascon P, Le Haouz de Marrakech, CURS Rabat, CNRS Paris, INAV Rabat, 1977, Tome I, p.154 71 Benbousselham K,…, Op cit, p.150 72 Ibid.

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makhzen pour régler et du coup éviter les conflits entre les tribus.73 L’exportation des produits de l’élevage s’orientait essentiellement vers les Antilles, la Jamaïque, le sud des Etats-Unis (les chevaux et les mules), et Gibraltar (Les bœufs et la laine des moutons)74. 3. L’artisanat (l’industrie) : L’activité industrielle rurale était particulièrement rudimentaire. Elle était consacrée aux instruments indispensables à la culture.75 Dans les villes, chaque corps de métier était regroupé dans une même rue portant son nom.76 C’est là où se déroulaient la fabrication et la vente des marchandises. Mais cette industrie était toutefois primitive. Les villes industrielles étaient celles qui disposaient des ports proches de l’Europe comme Tétouan, Tanger, Larache et Rabat-Salé.77 Les principales industries de Rabat et de Salé étaient vouées la fabrication des tapis, des pantoufles et des tanneries78. Safi était une ville à vocation commerciale et industrielle où l’on fabriquait spécifiquement la poterie et les haïks.79 Fès et Marrakech demeurait des centres de fabrication des articles de l’artisanat. C’est ce dernier qui a souffert de l’instabilité politique et de la concurrence de l’arrivée des marchandises européennes.80 Il y avait une exploitation minière d’argent à Jbel Aouam jusqu'à l’époque de Moulay Ismail81. Le cuivre était retiré du Haut-Atlas occidental et surtout de l’Anti-Atlas. L’étain était exploité à Oulmès et le fer à la proximité de Ben Slimane. Le plomb et l’antimoine provenant du Maroc oriental, à la proximité de la vallée de l’oued Guir82. L’exploitation était traditionnelle et surtout destinée à la vie quotidienne des marocains.83 Par ailleurs, il y avait une industrie traditionnelle faite essentiellement de textile.

73 Benbousselham K,…, Op cit, p.151 74 Brignon.J, …, Op cité, p. 271 75 Benbousselham K,…, Op cit, p.149 76 Benbousselham K,…, Op cit, p.150 77 Benbousselham K,…, Op cit, p.179 78 Campou. L, Un Empire qui croule, le Maroc contemporain, 1886, p.235 79 Campou. L,…, Op cit, p. 347 80 Brignon.J,…, Op cit, p.272 81 Ibid. 82 Ibid. 83 Benbousselham K,…, Op cit, p.167

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4. Le commerce : Sous le règne du Sultan Moulay Errachid en 1666, les relations commerciales du Maroc avec l’extérieur ont repris après une longue période de ruine. Le trafic caravanier était en phase de déclin concurrencé par le commerce maritime84. Vers la fin du XVIIème siècle, les ports de Salé et de Tétouan étaient des plus actifs85 au Maroc. Les types de marchandises importées étaient en particulier : la soie, le coton, les épices et l’argent en provenance d’Italie, l’alun et le soufre d’Espagne, la cochenille et les graines de vermillon, les toiles, les fils d’or, la quincaillerie de France et les draps86 d’Angleterre. Les exportations marocaines étaient composées de la cire, de la laine, du cuivre, des dattes, des amandes, des minerais de plomb et de l’étain87. Après 1890, le commerce du Maroc s’effectuait par les ports ouverts depuis le XVIIIème siècle. Avec quelques opérations qui se faisaient par Melilla et Meghnyya et le commerce des caravanes avec le Soudan. Les importations marocaines se composaient de cotonnades, de thés, de sucre, de bougies, de quincaillerie, d’allumettes et de draps88. Les exportations comprenaient des laines pour la France et l'Angleterre, des peaux de chèvre, des bœufs, du maïs, des fèves, des pois chiches, de l'huile d'olive, des amandes, des cires et des gommes89. Le commerce avec le Sénégal et l'Algérie se faisait avec les principaux articles d'exportation qui étaient les tapis de Rabat et de Casablanca, les haïks et les pantoufles de Fès et les chevaux90. Mogador (Essaouira), était un port important au Maroc et une place incontournable du commerce maritime. Elle a été bâtie par le Sultan Sidi Mohammed Ben Abdellah91. La création de Mogador a fait péricliter le commerce de Safi92. Anfa était l’un des ports du commerce européen93.

84 Brignon.J, …, Op cit, p. 273 85Brignon.J, …, Op cit, p.248 86 Ibid. 87 Ibid. 88 Campou. L,…., Op cit, p.121 89 Campou .L,…, Op cit, p.122 90 Campou, L,…, Op cit, p.123 91 Godard, L, Le Maroc : notes d'un voyageur, 1859, p. 48 92 Godard L,…, Op cit, p. 49 93 Ibid.

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Dans l’ensemble, les échanges commerciaux étaient peu importants avec les autres pays du monde. En effet, Ludovic Campou affirme en 1886 que « le commerce total du Maroc s'élève à près de quarante millions de francs. Ce chiffre, qui représente la somme des échanges de ce pays avec les autres contrées du monde, n'est pas le dixième du commerce de l'Algérie »94 Selon Allal Ragoug, l’emplacement géographique du Maroc présentait plusieurs avantages : la proximité de l’Europe, le climat, la façade maritime et le vaste marché. L’ensemble de ses éléments bien entendu favorables attirait les puissances industrielles et commerciales du XIXème siècle95 ; ce qui a créé une grande compétition entre ces puissances européennes qui voulaient toutes avoir le pays sous leur tutelle par l’intermédiaire des traités de paix et d’amitié96. Ces traités étaient peu explicites et se contentaient des clauses relatives aux opérations commerciales et à l’organisation des consulats97. Les principaux traités étaient en l’occurrence : 4.1. Le traité de 1856 avec la Grande-Bretagne : Avec l’expansion du capitalisme européen, les différentes règles protectrices imposées par l’État marocain au commerce international empêchaient tout accroissement du commerce maroco-européen98. Avec le développement économique de la Grande Bretagne, au milieu du XIXème siècle, l’année 1846 a été considérée comme un moment marquant le début de l’ère « libre- échangiste » et de l’abrogation de plusieurs actes de navigation. L’objectif de la Grande- Bretagne était d’acquérir de nouveaux marchés et d’élargir les anciens99. Le climat politique européen du XIXème siècle fut marqué par la guerre de Crimée entre 1853 et 1856 entre l’Empire Russe d’un côté, et le Royaume-Uni, l’Empire Ottoman, l’Empire Française et le Royaume de Sardaigne de l’autre côté. C’est dans ce climat conflictuel que l’Angleterre a réclamé au Maroc une nouvelle convention commerciale. Les représentants européens à Tanger se réunissaient dans une conférence tenue chez le représentant du Sultan « Naïb du Sultan » auquel ils ont imposé d’accepter un traité qui avait pour objet de régler la situation des consules et les conditions des britanniques au Maroc100 et

94 Campou. L,…, Op cit, p.121. 95 Ragoug A,…, Op cit, p.16 96 Ibid. 97 Ragoug A,…, Op cit, p.22 98 Ragoug A,…, Op cit, p.23 99 Ragoug A,…, Op cit, p.22 100 Ragoug A,…, Op cit, p.24

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une convention de commerce et de navigation mettant fin à tous les accords antérieurs101. Après ce traité, le Maroc a perdu son droit de justice à l’égard des européens et des nationaux qui collaboraient avec les européens, les courtiers, les censaux et les protégés102. D’un point de vue commercial, la fixation à 10% ad-valorem les droits d’importations a produit une baisse moyenne de 10 à 20% des revenus en comparaison avec les tarifs antérieurs103. Les exportations subissaient le même sort pénalisé par des droits de sortie élevés104. Ce traité a permis également aux européens l’importation des matières premières, produits alimentaires et l’élargissement de leurs marchés105. 4.2. Les traités de 1860-1861 avec l’Espagne : A l’issue de la guerre hispano-marocaine perdue par le Maroc (entre Octobre 1859 et Avril 1860), un traité de paix est signé à Tétouan, le 26 avril 1860. Le Maroc devait s'acquitter d'une lourde indemnité financière. Le Maroc s’est, en effet, engagé à payer à l’Espagne, comme indemnité pour les frais de guerre, la somme de 20 millions de Douros , concéder des territoires et s'engager à signer un traité de commerce avec le Royaume Ibérique. Dans le même contexte, le Maroc s’est engagé à accorder une protection efficace et spécifique aux missionnaires espagnols et à autoriser l’établissement, dans la ville de Fès, d’une maison de missionnaires espagnols et confirme en leur faveur tous les privilèges et exemptions que les précédents souverains du Maroc leur avaient accordés. L’Espagne avait eu la promesse d'un traité de commerce « … par lequel tous les avantages déjà accordés ou qui seraient accordés à l'avenir à la nation la plus favorisée seront concédés aux sujets espagnols… »106. Un traité dit de commerce pour le rétablissement des relations commerciales entre l'Espagne et le Maroc, fut signé, le 20 novembre 1861, bien qu'il contînt de nombreux articles relatifs à d'autres questions107. Au commerce, les garanties et les avantages sont accordés aux commerçants qui bénéficient déjà de la clause de la nation la plus favorisée, des conditions d'importation et d'exportation et du régime commercial spécial de Ceuta et Melilla108

101 Ragoug A,…, Op cit, p.25 102 Ragoug A,…, Op cit, p.27 103 Ibid. 104 Ragoug A,…, Op cit, p.28 105 Ragoug A,…, Op cit, p.29 106 Goulven.J, Traité d'économie et de législation marocaine, Tome I, 1921, p.24 107 Goulven J,…, Op cit, p.25

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4.3. Les conventions de 1863/ 1865 avec la France : La bataille d’Isly en 1844 a imprégné l’Histoire du Maroc du XIXème siècle et eu pour conséquences la conclusion du traité de Lalla Maghniyya qui avait pour objectif la délimitation des frontières entre l’Algérie et le Maroc109. Vers 1860, le Maroc a conclu deux autres conventions avec la France, à savoir :

4.3.1. La convention 1863 : La première a été signée le 19 août 1863, elle concernait l’exercice du droit de protection110.

4.3.2. la convention de 1865 : Cette convention a été signée le 3 mai 1865, elle concernait l’administration et l’entretien du phare de Cap Spartel111. Bien que la France bénéficiait du traitement de la nation la plus favorisée en vertu des accords réalisés, ses liens commerciaux avec le Maroc se trouvaient gênés par les droits élevés et des prohibitions nombreuses112. 4.4. Le traité avec l’Allemagne : 1890 Un traité de commerce entre l’Allemagne et le Maroc a été conclu à Fès par l’ambassadeur Tattenbach le 1er juin 1890113. La particularité de ce traité résidait dans le fait que ses cosignataires étaient des « Oumanas » chargés notamment de la gestion des ports et des douanes ; ce qui confirmait le caractère douanier des dispositions ainsi que le rôle primordial des cadres de la douane dans les pourparlers commerciaux avec les puissances étrangères114. Le traité établissait les mesures générales du contrôle du commerce extérieur. Ainsi, les commerçants allemands ont eu le droit d’introduire dans le territoire marocain les marchandises et les produits de toute espèce, quelles que soient leur origine ou la nationalité des navires ayant servi à leur transport. Les droits d’importation seraient identiques à ceux reconnus par le traité contracté avec la grande Bretagne de 1856115.

108 Ibid. 109 Ragoug A,…, Op cit, p.31 110 Ibid. 111 Ibid. 112 Ragoug A,…, Op cit, 32 113 Rapport fait au nom de la Commission chargée d'examiner le projet de loi,…, Op cit. p. 306-310 114 Ibid. 115 Ibid.

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4.5. Le traité avec la France (1892)116 : Après la conquête de l’Algérie plusieurs, incidents se sont produits à la frontière maroco-algérienne et ont contribué à restructurer les relations franco-marocaines117. Le Makhzen ayant renoncé à entrer en guerre, les deux parties ont conclu un traité commercial. Le Traité de Commerce du 4 octobre 1892 avec la France, a eu pour effet d'abaisser à 5 p. 1 00 les droits de douane118 perçus sur certains produits de luxe (soie, or, pierres précieuses), sur les vins et sur les pâtes alimentaires.

III- LA MÉDECINE AU MAROC ENTRE LE XVIIEME ET XIXEME SIÈCLES :

Le Maroc a commencé sa participation au développement scientifique de l’occident musulman au XIème siècle lorsque les souverains Almoravides et Almohades ont ramené d’Andalousie des savants qui étaient en même temps leurs propres médecins et dans certains cas leurs vizirs119. Pendant la période de la dynastie Saâdienne au XVIème siècle, on trouve, par exemple, le nom du médecin et vizir du Sultan Ahmed Al-Mansour Dahbi, le grand Mohamed Al-Qasim Al-Ghassani120 surnommé « Al-Wazir Al-Fassi ». Sous le règne des Sultans de la dynastie Alaouite il y a lieu de citer : . Le médecin polygraphe Abderrahmane ibn Abdelkader Al-Fassi (1631-1685) auteur de son chef-d’œuvre « Kitàb Al-Ouqnoum Fi Mabàadi L’ouloum », .« األقنوم يف مبادئ العلوم »

. Abdelkader Ben Larbi Mnebhi connu sous le nom d’Ibn Chakroune Meknassi qui vivait sous le règne de Moulay Ismail et auteur du fameux poème « Al- .« األرجوزة الشقرونية » ,« Urjuza Chakrouniya

. La famille des Aderraq, originaire de Sousse et praticiens à Fès, de père en fils, exerçait pendant la plus grande partie du XVIIIème siècle. Le plus célèbre

116 Lasserre-Bigorry J.-H. Le mythe d'Algésiras [Etude sur le statut international du Maroc en matière économique]. In: Politique étrangère, n°3 - 1950 - 15 annéeᵉ. pp. 317-341. 117 Jolly J, Histoire du continent africain : de la préHistoire à 1600, vol. 1, Éditions L’Harmattan, 1996. 118 Lasserre-Bigorry J.-H.…, Op cit, pp. 317-341. 119 Renaud. H-P-J, État de nos connaissances sur la médecine ancienne au Maroc, Exposition coloniale de Marseille, 1922. 120 Al Kanouni M, Histoire de la Médicine Arabe au Maroc, annoté par Allal Ragoug et Mohamed Balouze, 2013, p.180

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d’entre eux était Abdelwahab Adarraq121 qui a laissé un poème sur la syphilis .122« األرجوزة يف احلب االفرجني » « ou « le mal franc

. Ahmed Ben Salih Adarii, auteur du poème thérapeutique « Al-Hadiyat Al- اهلدية املقبولة يف حلل الطب » ,« Maqbula Fi Holal Attib Al-Machmoula

123.« املشمولة

Après eux, la décadence se précipitait, avec le recours à l’écriture (la kitabà) et à la magie talismanique des lettres, des nombres et des noms. Jusqu'à l’aube de l’Occupation Européenne, on ne peut relever que le nom du polygraphe Ahmed Ben Haj qui était percepteur du Sultan Hassan Ier et qui a composé un manuel de médecine en trois livres « Les (Voir photo 1) .« الدرر الطبية » perles médicinales » (Al-Durar A-Tibbiya) 124

121 Al Kanouni. M,…, Op cit, p. 202 122 Akhmisse. M, Histoire de la médecine au Maroc des origines au Protectorat, Rabat, p. 151 123 Akhmisse. M, Histoire de la médecine au Maroc …, Op cit, p. 116 124 Akhmisse. M, Histoire de la médecine au Maroc …, Op cit, p. 15

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Photo 1 : Manuscrit d’Al-Durar A-Tibbiya125

Au XIXème siècle, le plus moderne des médecins marocains de l’époque était chérif Abdeslam ben Mohamed Alami à l’époque de Moulay Hassan I er. Il a fait ses études à l’école de médecine du Caire. La plupart des médecins manquaient d’indiquer auprès de quels maîtres ils ont effectué

125Ben Haj A, Les perles médecinales , Al-Durar A-Tibbiya, Manuscrit à Fondation du Roi Abdul-Aziz Al- ,ق Saoud pour les Etudes Islamiques et les Sciences Humaines, Casablanca, scannedA-188

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leurs études, et dans quelles écoles, ils ont subi leur enseignement126. Louis Raynaud affirme que « le nom de Fez évoque les splendeurs dont au moyen âge s’enorgueillissait le Maroc. Les historiens, les poètes arabes ont représenté Fez comme le foyer de civilisation attirant les savants et les étudiants du monde entier, comme l’Athènes musulmane, où toutes les sciences, les arts, les belles étaient cultivés. La médecine, fort en honneur chez les Maures d’Espagne qui possédaient au Xème siècle des jardins botaniques à grenade et à Cordoue, était aussi enseigné dans la grande université maghrébine… »127 . Mais il semble que la réalité était toute différente. Vers la fin du XIXème siècle, l’université Al-Quaraouine vivait une grande décadence du point de vue de l’enseignement des sciences et de l’état lamentable de sa bibliothèque128. Elle n’avait aucun système d’instruction; ce qui a conduit à l’intensification du courant d’émigration des étudiants. Laquelle émigration a été favorisée par le pèlerinage à la Mecque, vers l’Egypte, la Syrie et l’Iraq. Depuis des siècles, Ibn khaldoun avait mis le point sur la part excessive réservée à la mémoire dans l’acquisition des connaissances scientifiques129. Quelle que soit la valeur réelle des travaux des médecins marocains, à cette période, l’Occident a connu un grand progrès en médecine grâce à plusieurs découvertes130, dont le Maroc n’a pas su profiter malgré sa proximité géographique. La médecine au Maroc était souvent une médecine spirituelle, où il n’y avait quasiment pas de place pour la dissection ni pour histopathologie131 . En somme, l’’Histoire de la médecine au Maroc ne peut pas être lue indépendamment de l’état politique, culturel et social de l’époque qui représentait bien entendu la base de tout changement. L’ère de la dynastie Alaouite peut être divisée ainsi en trois différentes phases distinctes : - La 1ère phase : jusqu'à 1727. - La 2ème phase : de 1727-1844. - La 3ème phase : de 1844 jusqu’au Protectorat.

126 Renaud. H.-P.-J., Etat des connaissances sur la médecine ancienne au Maroc, exposition colonial de Marseille, 1922 127Raynaud. Lucien, Etude sur l’hygiène et la médecine au Maroc, Alger, 1902, p.116 128 Renaud, H.P.J. État de nos connaissances …, Op cit. 129 Ibn Khaldoun A, Prolégomènes, Moqadimat Ibn Khaldoun, Annoté par Mohamed Iskandarani, Dar Alkitab Alaarabi, Beyrouth 2012, pp. 488-492 130 Harakate I, Les courant politiques et intellectuelles au Maroc pendant deux siècles et demi avant le Protectorat, Dar Arrachad Alhaditha, Casablanca 2ème Edition 1995, p.286 131 Harakate. I, Les courant politiques et intellectuelles …, Op cit, p.18

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Apres une période de stabilité politique, économique et scientifique jusqu’au 1727 où les madrasas au Maroc occupaient la fonction d’école /université et d’hôtel pour les étudiants. Avec une librairie comme celle d’Al-Quaraouyine, le Maroc a connu une longue période de troubles. D’après les sources historiques, le Maroc connaissait un marasme politique et économique dû entre autres à la politique de pénétration étrangère qui a manifestement influencé la situation la santé et la médecine à cette époque. A cette période, le Maroc n’a pas fourni d’institution médicale comparable à ce qui existait en Orient ou en Europe à la même époque. Les souverains marocains, remarquant le niveau scientifique du pays périclité, ils ont décidé d’envoyer des étudiants à l'étranger.

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Chapitre 3: la médecine au Maroc

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Nous avons proposé dans les chapitres précédents, quelques rappels généraux sur la situation interne du Maroc entre le XVIIème siècle et le XIXème siècle. La période allant de 1666 au 1912 s’est caractérisée par deux évènements majeurs:  Le premier : c’est le décès du Sultan Moulay Ismail en 1727 et la crise de trente ans qui en résulte.  Le deuxième : c’est la bataille d'Isly qui présentait le premier affrontement entre le Maroc et la civilisation occidentale moderne. Elle a eu lieu le 14 août 1844 à la frontière algéro-marocaine. Résultat : la victoire des troupes du Maréchal Bugeaud au détriment de l’armée chérifienne de Moulay Abderrahmane Ben Hicham, Sultan du Maroc. Tenant compte de ces deux évènements, on peut subdiviser cette période elle-même en trois parties : . la première : c’est la période de l’apogée. Elle s’étalait de 1666 jusqu’au 1727 ; elle englobe le règne des deux Sultans Moulay Errachid et Moulay Ismail. . La deuxième : c’est le temps de la décadence, de 1727 à 1844. Elle a été marquée, au début, par une crise politique sans précédent due à la lutte causée par la succession du Sultan Moulay Ismail. Le Maroc rentre dans une phase d'anarchie, dite "La crise de trente ans (1727-1757), provoquée par l’armée Boukhari, en dépit des efforts réformateurs du Sultan Sidi Mohammed Ben Abdellah (1757 -1792)132 dans le domaine de la justice et de l’éducation. Après son décès en 1792, les troubles entres ses héritiers se sont installés133. Malgré la victoire du Sultan Moulay Slimane sur ses frères, cette situation a duré jusqu'à la 2ème moitié du XIXème siècle. . La troisième : on peut l’appeler la période des réformes. Cette phase a connu les réformes accomplies par le Sultan Sidi Abderrahmane Ben Hicham et le Sultan Hassan Ier, à partir de 1844, date correspondant à la bataille d’Isly et de l’infiltration pacifique et militaire du Maroc, ce qui avait incité l’État marocain à la réflexion sur les facteurs de la décadence.134 Dans un premier temps, nous allons voir l’héritage de la médecine à l’époque des saâdiens, avant d’entamer l’état de la médecine au Maroc entre le XVIIème et le XIXème siècles.

132Al-Nasiri A,…, Op cit, Tome 8, p. 70 133Al-Nasiri A,…, Op cit, Tome: 8, p.86 134 Brignon.J, …, Op cit, pp.314-318

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I- L’HÉRITAGE : ETAT DES LIEUX, LA MEDÉCINE A L’EPOQUE DES SAÂDIENS :

La dynastie des Saâdiens a gouverné le Maroc la 1ère moitié du XVIème, faisant suite à la dynastie des Wattassides, pendant une période de déclin total caractérisée par les troubles internes entre les différents partisans et surtout par l’Occupation Portugaise des principaux ports marocains. Les Saâdiens ont réussi à unifier tout le Maroc, surtout après la bataille d’Oued El- Makhzen. Pendant le règne du Sultan Ahmed Al-Mansour Dahbi, il y a eu une grande ouverture sur le monde135, à travers des relations diplomatiques le liant aux grandes puissances européennes de l’époque, en plus des relations avec l’Afrique noire. Les Saâdiens avaient une certaine politique sanitaire dont témoignent les différentes infrastructures présentes à l’époque.

1. Les infrastructures sanitaires de l’ère des Saâdiens: Les principales structures étaient, en l’occurrence :

1.1. L’hôpital de Marrakech : Il a été fondé par le Sultan Abdellah Al-Ghâlib (décédé en 1573). Son financement se faisait entièrement par les Habous qui subvenaient à tous ses besoins, y compris les patients, les pharmaciens et les médecins.136 Al Kanouni rapporte qu‘il a été transformé en asile pour malades mentaux137 vers le début du XXème siècle et en prison pour femmes.138

1.2. La quarantaine : L’apparition de la peste à cette époque a contraint le Sultan Ahmed Al-Mansour Dahbi de Fès à adresser une lettre à son fils Abou Farès à Marrakech139, en lui demandant d’instaurer la quarantaine pour arrêter la propagation de la maladie et d’user des thérapeutiques connue de l’époque.

135 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc…, Op cit, Tome XXVI, No 4, 1992, p.266 136 Al Kanouni M,…, Op cit, p.168. 137 Al Kanouni M,…, Op cit, p.111. 138 Erckmann J, Le Maroc moderne, Ed Dar Al Aman, 2012, p. 143. 139 Al-Nasiri A,…, Op cit, Tome 5, p.193.

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2. Les médecins marocains de l’époque des Saâdiens: Les médecins célèbres de l’époque des Saadiens étaient : . Abou Abdellah Mohammed Ben Ibrahim Al Wazir Al-Ghassani : d’origine andalouse, né à Fès, grand médecin et grand connaisseur des plantes.140 Il était médecin du Sultan Ahmed Al-Mansour Dahbi. . Abou Al-Kacem Ben Mohammed Al Wazir Al-Ghassani, médecin propre du Sultan Ahmed Al-Mansour Dahbi. Il nous a laissé plusieurs œuvres : - « Le jardin des fleurs pour l'essence des herbes et des drogues végétales» , L'intérêt141 de ce livre réside dans le .« حديقة األزهار يف ماهية العشب والعقار »

fait qu’il fournit des descriptions claires avec une classification selon trois critères :  Le genre  L'espèce  et la catégorie. .« شرح على نظم ابن عزرون » ,« Charh Ala Nadm Ibn Azroune » -

. Abderrahmane Ben Massoûd Ben Houçine Zemmouri . Son fils Abdelghani Ben Massoûd : originaire des doukkala, il a étudié la médecine chez son père et chez Abou Al-Kacem Ben Mohammed Al Wazir Al-Ghassani. Ce médecin a conçu un compendium médical sous le titre « La loi utile » (Al Qanun Al- Le compendium, divisé en 15 chapitres, traite des calculs .« القانون املفيد » ,(Moufid

rénaux selon les méthodes des anciens médecins grecs et persans142. . Abou Zaid Abderrahmane Ben Abdelkader Al-Fassi : son chef-d’œuvre est en voir) .« األقنوم يف مبادئ العلوم » ,« particulier « Al-Ouqnoum Fi Mabadii Al-Ouloum

photo 2)

140 Al Kanouni M,…, Op cit, p.51 141 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc …., Op cit, Tome XXVI, p.266 142 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc…. , Op cit, Tome XXVI, p. 48

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Photo 2 : manuscrit Al-Ouqnoum Fi Mabadii 143

143 Al-Fassi A, Al-Ouqnoum Fi Mabadii Al-Ouloum, Manuscrit Bibliotheque Royale Hassania, N° 6585

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3. Les médecins étrangers au Maroc pendant l’ère Saâdienne: Sous la dynastie des Saâdiens, le Maroc a pu accueillir l’héritage de l’Espagne musulmane144, et s’ouvrir à des influences venues de l’extérieur. Plusieurs médecins européens, les français en particulier ont fait des visites exploratrices au Maroc. On pourrait évoquer en l’occurrence: . Guillaume Bebard : à qui on avait fait appel afin de soigner le Sultan Abdelmalek Saadi lorsqu’il était atteint de la peste. Il est devenu médecin personnel du Sultan et consul de France à Fès en 1578145. . Arnoult De Lisle : il était un médecin français qui a pris la place de Guillaume Bebard dans son poste de médecin du Sultan Ahmed Al-Mansour Dahbi de 1588 jusqu'à 1599. . Etienne Hubert146 : après avoir poursuivi des études en médecine à la faculté de Paris, il a effectué son voyage au Maroc en 1598 où il avait passé une année à Marrakech pratiquant la médecine. Durant son séjour marocain, il a appris la langue arabe qu’il enseignait à l’université de Paris dès son retour en France147. . Jean Mocquet148 : il fit des études de botanique et de pharmacie. Il a voyagé à plusieurs reprises au Maroc entre 1601 et 1607 afin d’étudier la flore marocaine149. Il a été appelé pendant son voyage en 1606 à Safi afin de soigner un proche du Sultan Abou Farés : « …jeter par bas comme de petits serpenteaux. . . . Tels qu'on ne pourrait presque s'imaginer que si vilaine et horrible chose peut être dans le corps d'un homme…» 150. Ce traitement lui a accordé une bonne réputation et on lui a même proposé d'accompagner le Sultan à Marrakech. A cause de la situation politique instable de l’époque, il rentre à Safi pour recueillir des plantes et de belles fleurs et les rapporter au Roi Louis XIII à son retour en France à l’époque de la chute du Sultan Abou Farés151. Ce qui caractérisait cette époque était en somme :

144 Institut des hautes études marocaines, Initiation au Maroc, Les éditions d’art et d’Histoire, Paris, 3ème édition, 1946, p.110 145De La Croix H, Les sources inédites de l'Histoire du Maroc, Première série, Dynastie Saadienne. Tome III, Archives et bibliothèques de France, paris 1911, p. VII-VIII 146 Ibid. 147 De La Croix H…, Op cit, p. XXIII 148 De La Croix H…, Op cit, p. XXX 149 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc…, Op cit, Tome XXVI, p. 266 150 De La Croix H…, Op cit, p. XXIX 151 De La Croix H…, Op cit, p.XXXII

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- La décadence de la médecine dite expérimentale par rapport à la dynastie Mérinide152 et la politique sanitaire de l’État concernant en particulier, la construction des hôpitaux. - Le développement des pharmacies, comme en témoigne Léon l'Africain qui a vu « fleurir un grand nombre de boutiques de droguistes où l’on préparait des sirops, des cérats et des électuaires ».153 II- L’APOGÉE :

1. Les facteurs de l’apogée à la première ère Alaouite : Cette apogée était le résultat de plusieurs facteurs : . L’un des facteurs les plus importants, qu’a connu le Maroc dans son essor depuis 1666 jusqu’au 1727 est la stabilité politique relative. En effet, après plusieurs années de décadence régnant depuis la fin de l’ère du Sultan Saâdien Ahmed Al-Mansour Dahbi154, et vers le milieu du XVIIème siècle, la dynastie Alaouite a pu unifier le Maroc. De surcroît, Moulay Errachid (1664-1672) a été considéré comme le vrai fondateur de cette dynastie. En 1666, il prend le contrôle des itinéraires commerciaux transsahariens155 pour s’emparer, ensuite, de Marrakech en 1669156 avant de rendre l’âme dans un accident de cheval en 1672157. Son successeur Moulay Ismaïl, qui a restauré et organisé Oujda à partir de 1673, a tenté entre 1678 et 1679 une expédition au-delà du Djebel Amour avant que l'artillerie turque ne chasse l'armée marocaine, obligeant ainsi le Sultan à reconnaître la limite de Tafna comme frontière séparant l'Empire Ottoman du Maroc. Moulay Ismaïl s’est mis à réorganiser le Sud de l'Empire après un voyage accompli en 1678, des oasis du Touat jusqu'aux provinces de Chenguit, soit l'actuelle Mauritanie. Dans son périple, il nommait caïds et pachas puis faisait construire des forts et des ribats. Après avoir achevé l'unification du Maroc, Moulay Ismaïl a décidé de mettre un terme à la présence chrétienne dans le pays. Il a lancé tout d'abord une campagne pour récupérer les villes de Tanger et d'El-Maâmoura. Fier de ses victoires, Moulay Ismaïl a décidé de créer le corps des Abid al-Boukhari, puisque l'armée chérifienne n'est composée majoritairement que de soldats issus de Tafilalt, de renégats européens ou de soldats qui provenait des tribus qui

152 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome II,1985 ; Edition Dar Arrachad Alhadita, p.414 153 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc…, Op cit, Tome XXVI, p.266 154 Brignon.J…, Op cit, p.216 155 Brignon.J…, Op cit, p.247 156 Brignon.J…, Op cit, p.239 157 Ribati D, …, Op cit p. 145

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devaient être souvent récompensées et qui se voyaient octroyer des terres. Au moment où Moulay Ismaïl était occupé à combattre les Européens et les tribus insoumises de l'Atlas, Ahmed Ben Mehrez profitait de la situation et s'alliait avec Moulay El Harrane pour déstabiliser l'Empire chérifien de Moulay Ismaïl. Cette rébellion a pris fin en 1687. À partir de cette date, plus personne ne contestait le pouvoir du souverain. Moulay Ismaïl s'est emparé, ensuite, de la ville de Larache le 11 novembre 1689 puis d’Asilah, en 1691, toutes les deux étaient sous contrôle espagnol. La fin du règne de Moulay Ismaïl était imprégnée est marquée par des problèmes familiaux et des conflits de succession. Moulay Ismaïl est décédé le 22 mars 1727 à l’âge de 81 ans. Moulay Ahmed lui a succédé. À sa mort, l'Empire se déchirait en raison d'une rébellion causée par les Boukharis, plus de sept prétendants au trône se succédaient entre 1727 et 1757. . Le deuxième facteur de cette apogée est que les souverains de cette dynastie manifestaient beaucoup d’intérêts pour scientifiques, en général, et les médecins en particulier. Ces derniers les accompagnaient partout, jour et nuit. En effet, cette époque avait le sceau du Sultan Moulay Errachid158 qui assistait à des cours à l'université Al Quaraouiyine et encourageait la recherche en accordant aux étudiants des bourses d'études, et Moulay Ismail, qui, lui, a réorganisé l'université Al Quaraouiyine en titularisant les professeurs et en légalisant les diplômes dont celui de la médecine.

2. Les aspects de l’apogée:

2.1. L’enseignement de la médecine: Après la décadence médicale de la fin de l’ère des Saâdiens, la renaissance scientifique a commencé dès le début de la dynastie des alaouites, d'autant plus qu'il y a eu - comme nous l’avons rapporté précédemment- un Sultan médecin, Moulay Errachid.159 160 L’historien Mohamed Ben Ahmed Akansūs dans son œuvre : « l’Armée » ( Al-Jaych

161 اجليش العرمرم » , (Al-Aramram Al-khoumasi Fi Dawlat Awlad Mawlana Ali Al-Sajilmasi

rapporte que les Sultans de cette dynastie avaient « اخلماسي يف دولة أوالد موالنا علي السجلماسي

158 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc…, Op cit, Tome XXVI, pp 263-270 159 Ben Zaydane A, Addorar Al-Fakhira, 1937, p.12 160 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc…, Op cit, Tome XXVI, pp.263-270 161 Akansūs M, , ….,Op cit, Tome I, p.115

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beaucoup d’intérêt et d’attention pour les scientifiques et les médecins qui les accompagnaient dans leurs voyages.162 Pour l’université Al-Quaraouyine, un "Qadi", ayant été le responsable de l’université, répartissait les modules d’enseignement, faisait des inspections et assistait de temps à autre aux cours pour s’assurer de la qualité de l’enseignement. Il jouait le rôle du « recteur » de l'université163. Malgré les efforts de réorganisation des cours de l’université Al Quaraouiyine les méthodes d’enseignement restaient pourtant classiques. En effet, un professeur demandait à un « Taleb », étudiant appelé également « Quari », de lire une phrase d'une œuvre médicale. Cette lecture était suivie d’une explication du maître qui prononçait le mot « zide » qui veut dire « continue » à l'étudiant et ainsi de suite jusqu'à la fin du cours164. Les œuvres médicales enseignées étaient principalement : le Hawi de Razès, le Canon d'Avicenne, et Zoubdate At-Tib de Djordjani et lorsqu'un professeur décédait, le deuil durait sept jours.165 La stagnation des méthodes d’enseignement et des œuvres étudiées depuis plusieurs siècles a eu de graves conséquences sur l’enseignement en général et celui des sciences médicales en particulier. En effet, depuis l’ère Mérinide, Ibn khaldoun dans « Prolégoménes » (Moaquadima), critiquait déjà les faiblesses du système éducatif marocain basé sur la mémorisation et sans recherche166. La règle était les résumés avec une tendance à l'inertie et à la tradition. A titre d’exemple le Hawi de Razès, et le Canon d'Avicenne, sont enseignés aux étudiants jusqu’à la fin du XIXème siècle à Al Quaraouiyine. Le Maroc durant cette période abritait quelques manifestations médicales, une sorte de congrès médical au Maroc. En effet, Abou Ali Hassan Lyoussi167 rapporte l’existence d’un congrès scientifique à Tanger auquel avait assisté le célèbre médecin Abou Abdellah Mohamed Aderraq Al-Fassi qui affirme : « je suis rentré à Tanger avec l’intention de rencontrer les médecins et voir la personne … pour apprendre l'anatomie… , il y avait certains chrétiens qui étaient surpris que nous mangeons du couscous, ils disaient que nous mangeons la pâte….un jour je suis rentré, et je l’ai trouvé sévèrement malade, fiévreux, et on lui donne du vin. Quand j’ai demandé qu’es ce que tu fais ? Et quel rapport

162 Ibid. 163 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc…, Op cit, Tome XXVI, pp.263-270 164 Ibid. 165 Ibid. 166 Ibn Khaldoun A, …., Op cit, pp. 489 167 Lyoussi. H.A.A, AL-Mohadarate Fi Al-Adab Wa Al-Lougha, Annoté par Mohamed Hajji et Ahmed Cherkaoui Iqbal, Dar Al-Gharb Al-Islami, Tome I, 2006, p.201.

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avec la fièvre ? Il a dit qu'il ne va pas lui faire de mal par ce qu’il est habitué à ça. Il l’avait dans l’allaitement du sein de sa mère lorsqu’il était petit enfant, je l'ai dit et nous aussi on a eu de couscous dans le lait de nos mamans lorsqu’on était enfant, donc ça sera pas nocif pour nous »168. A cette époque à Tanger, il y avait des délibérations médicales dont chacun profitait pour l’échange de connaissances169.

2.2. Les médecins célèbres:

2.2.1. Les médecins marocains : Il y avait plusieurs familles de médecins ; l’une des plus connues était la famille Aderraq qui a brillé entre le XVIème et le XVIIIème siècles. C’est une famille Soussie qui a résidé Fès. Elle est devenue célèbre grâce à ses nombreux médecins. On peut en citer, à titre d’exemple:170 . Abou Abdellah Mohamed Aderraq : grand médecin, grand savant de son époque, et très cultivé171. Il était l’un des médecins personnels du Sultan Moulay Ismail. Il est décédé à Fès en 1679172. Abderrahmane Ben Zaydane en fait à juste titre une description détaillée: « On raconte que le médecin habile Aboù 'Abdallah Aderraq As-Soussi Al-Fassi se consacra à la médecine parce qu'il avait soigné quelques malades étrangers, sans avoir auparavant étudié cette science. C'est Dieu qui la lui avait enseignée et beaucoup de gens en profitèrent. J'ajoute que ses parents sont maintenant célèbres comme médecins à Fès où ils prescrivent les traitements avec habileté; d'après ce que nous avons pu saisir par ceux d'entre eux qui sont encore en vie, leur caractère les porte à ne pas être avares de remèdes avec ceux qui ont recours à eux; ils ne demandent aucune somme d'argent en retour et sans connaître les gens, ils leur distribuent également des remèdes. Ils sont d'un caractère bienveillant, humble et généreux surtout pour ceux qui sont renommés par leur bonne conduite, et à plus forte raison ils savent que ce sont des gens d'un rang élevé. Ils se méfient des remèdes dangereux ou violents, et je n'ai jamais entendu dire que quelqu'un se

168 Al Kanouni M,…, Op cit, p. 184 169 Al Kanouni M,…, Op cit, p.195 170 Hajji M, Aderraq, Maâlamat Al-Maghreb, Tome 1, 1991, p.265-257 171 Al Qadiri M, Nachr AL-Mathânî ,Mission scientifique du Maroc, Archives marocaines , Publication de la Mission scientifique du Maroc, 1917, Tome II, p.306 172 Ben Zaydane A, Almanzaâ Al-Latif fi Mafakhir Moulay Ismail Ben Chrif, Annoté par Abdelhadi Tazi, Casablanca, 1993, p.279

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fût trouvé mal de leurs remèdes, à moins qu'il ne fût atteint d'une maladie inguérissable, de telle »173. . Abdelwahab Ben Ahmed Aderraq, il faisait partie de cette grande famille ayant une tradition médicale. Il est né en 1666 et décédé en 1746. Il a pris des cours en médecine de son père qui était lui aussi médecin. Abderrahmane Ben Zaydane en fit le fils spirituel d’Hippocrate et d’Avicenne174. Il était poète et composait des poèmes médicaux sur les plantes et les thérapeutiques médicales. 175 Abdelwahab Aderraq, était aussi un médecin personnel du Sultan Moulay Ismaïl176. Il a laissé plusieurs œuvres : - Commentaire des poèmes d’Avicenne - Poème didactique sur la variole - Poème sur la menthe - Et son fameux poème sur « Le mal franc » appelé « Al-Urjuza Fi L’habb Al’Afranji » que nous allons voir en détails ci-dessous. A travers cette Urjuza, 177 on relève une description minutieuse de la syphilis qu’Aderraq la considère comme la plus difficile des maladies. . Abou Al Abbas Ahmed Aderraq. 178. Il est le père d’Abdelwahab Aderraq. Ce grand médecin de la famille Aderraq était très connu et très compétant doté de grandes connaissances des thérapeutiques. Il est décédé en 1704179. Parallèlement à la médecine, certains membres de cette famille ont travaillé comme des pharmaciens, en vendant les médicaments et des plantes médicinales à Fès, où il avait des boutiques dédiées aux plantes dans le marché des « Attarin »180. On cite surtout : . Larbi Aderraq El-Fassi qui était contemporain du Sultan Moulay Ismail181. Il y avait une autre famille célèbre de médecins, à savoir la famille « Gharit ». Elle avait plusieurs médecins dont les plus célèbres étaient: . Le Médecin Haj Abdelouahed Ben Mohamed Gharit Andalousi: Il était un grand médecin de l’époque de Moulay Ismail dont il était très proche182 et qui le récompensait de ses travaux en 1690183.

173 Al-Qadiri M , …, Op cit, Tome II, p.1O3 174 Ben Zaydane A, Ithaf Aâlam Annass, Tome VI, 2008, p. 470. 175 Al Kanouni M,…, Op cit, p.192 176 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III ; 1985 ; Edition Dar Arrachad Alhaditha, p.482. 177 Akhmisse. M, Histoire de la médecine au Maroc …, Op cit, p.151 178 Al Kanouni M,…, Op cit, p.205. 179 Armani M, Le Maroc au temps des premiers alaouites, Rabat, 2013, p. 193. 180 Armani M,…, Op cit, p. 195. 181 Armani M,…, Op cit, p. 195.

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. Son fils Abou Mohamed Abdessalam Ben Haj Abdelouahed Gharit: Il était lui aussi médecin du Sultan Moulay Ismail.184 . Abdelkader Ben Larbi Ben Chekroune Meknassi: Ce fut le génie de son époque, et la sauge de son temps, comme le décrivait Al Kanouni 185un médecin subtil, habile et sage, un bon connaisseur du vocabulaire médical et des produits pharmaceutiques. Il était non seulement médecin, mais aussi un homme de lettres, poète et juriste. Il y avait parmi ses enseignants Abou Ishaq Ibrahim Ben Ali Morrakechi Meknèssi, et le célèbre Abou Alabbass Ahmed Ben Mohamed Aderraq. 186 Lorsqu’il est parti au pèlerinage à la Mecque, il a profité de son séjour spirituel pour prendre des cours en Egypte, d’où sa grande connaissance de la médecine et sa grande expérience.187 En Egypte, Sheikh Ahmed Zaid était aussi parmi ses enseignants, chez qui il a étudié le livre d’Ibn Al-Nafis résumant le Canon d’ Ibn Sina. Parmi ses œuvres, on cite : 1- Sa poésie médicale188, Urjuza, datant de 1701 répond aux questions de son élève Mohamed Saleh Chekaoui. Elle est composée de 672 vers, bien connue sous le nom de « Chekrounya » débutant par : احلــمـــد هلل احلكــيم الـمرشد الـملهم الرشد لكل مهـتدي

puis encore189 : وبــعـد فـالقــصــد بـهـذي اجلـمـل ذكر مـــزاج قـــوتـــــنا املـستـعــمل

طبع احلــبوب ومركـــب الـــندا ومــــــالـــــــه نـــــفـــــع ومـــالــــــه أذى

وكل قـوت يف إصالح الـمغـرب لــــدى احلواضـــر وعـــند العـــرب

وكـذلك اخلــضــر والـمـقـــاتـي ومــا يـــــرى مـــنهــن فـي األوقــــات

وبـقــلــــهـا البـــري والــبسـتانـــــي وغـالـب املأكــــول مــن لــحـــمـان

182 Al Kanouni M,…, Op cit, p.209 183 Ben Zaydane A, Al-Manzaâ…, Op cit, p.119-120 184 Al Kanouni M,…, Op cit, p.209. 185 Al Kanouni M,…, Op cit, p.195. 186 Armani M,…, Op cit, p. 195. 187 Armani M,…, Op cit, p. 196. 188 Al Kanouni M,…, Op cit, p.196 189 Ibid.

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ومـن فــواكـه عـــلى العـــمـــــــوم مـن طـيــب يـرضــي ومــن مـذمـوم

ومـا يـخـص اللـحـم مـن تـوابــــــل ومـــا يـجــــيـد طــعــــمـــه لألكــــل

وربــمـا تـــذكــــــــر مـن مــــيــــاه أمـرا كــثيــرا أناس عـنـه ساهــي

تـــتـــبــعـــــه أدويـــة نــفـــيــســـــــــة تــذهب أمـــراضا بـــدت خسـيــسة

Il a y fourni le vocabulaire technique de la diététique et de la matière médicale de l'époque. Dans ce travail, il a indiqué l'utilisation et la nocivité de divers aliments en fonction de leur maîtrise190. 2- « An-Nafha Al Wardya Fi L’ochba Al Hindya »191, .en 11 chapitres « النفحة الوردية يف العشبة اهلندية»

منافع األطعمة » ,« Les bienfaits des nourritures des boissons et des drogues » 3-

.192«واألشربة والعقاقري

. 193« شرح البسط والتعريف » : Son ouvrage sur les bases de la langue arabe 4-

. Abou Abbas Ahmed Ben Ibrahim Al-Attar Al-Andaloussi Al-Morrakkochi : Il a grandi à Marrakech. Il avait une connaissance particulière de la médecine, il était un specialiste de la poésie d’Ibn Sina. Il est décédé en 1693194. . Abou Al Abbas Ahmed Al Massihi ( Le chrétien) Al-Islami Meknessi : il était chrétien de confession et espagnol de nationalité. Son nom était « Loriano », puis il s’est converti à l’islam et il s’est donné le nom d’Ahmed. Il était un grand chirurgien195 au service du Sultan Moulay Ismail en tant que médecin personnel et interprète196. . Abou Marwan Abdelmalek, fils du médecin commandant Ali de Marrakochi: il a poursuivi des études de médecine chez son père, jusqu’à ce qu’il atteigne un très haut niveau. Il avait une grande renommée qui a poussé le Sultan Moulay Ismail à l’intégrer comme médecin du palais. Malgré cela il a gardé son propre cabinet à Meknès .Il était à la fois médecin et pharmacien. Il a émigré en Tunisie où il s’est

190 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc…, Op cit, Tome XXVI, pp 263-270. 191Al Kanouni M,…, Op cit, p.197. 192 Armani M,…, Op cit, p. 197. 193 Ibid. 194 Al Hodaiqi M, Tbaqate Al Hodaiqi, Annoté par Ahmed Boumezgou , Casablanca, 2006, Tome I, p.118 195 Ben Zaydane A, Al-Manzaâ…, Op cit, p.279 196 Al Kanouni M,…, Op cit, p.199

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ouvert un cabinet privé selon les dires de son élève Abdelkader Ben Chekroune Meknèssi. Il est décédé197 vers la deuxième moitié du XVIIIème siècle198. . Ahmed Ben Saleh ben Brahim Ben Abdelmoumen Darii Kattaoui : Il était un grand médecin, écrivain et religieux. Il est décédé en 1734199. Ses principales œuvres médicinales sont : - « Le cadeau accepté des traitements et des médicaments », : dont le début est ,« اهلدية املقبولة الطبية يف العالجات واألدوية »

محدا ملن بيده الشفاء بعد البالء كيف ما يشاء

- « Les perles couvertes sur le cadeau accepté », c’est une explication de ,« الدرر املشمولة على اهلدية املقبولة »

De son œuvre précédant . . Mohamed Ben Yahya Ben Al Hassan Ben Mohamed Achebbi As-Soussi Al Hamidi200 : Il était un grand médecin de son époque. Un de ses disciples était Mohamed Ben Ahmed Al-Houdaiqi. Il est probablement décédé lors de l’épidémie de la peste en 1690. Parmi ses œuvres : qu’il a ,« مجلة الفوائد الطبية » « Le livre intitulé « L’ensemble des intérêts médicaux débuté par le sens de la médecine, pour expliquer le vocabulaire des plantes, des animaux et des minéraux. Ensuite, il a traité des maladies, de leurs causes, des symptômes, des traitements, des épidémies, des mesures préventives et de leurs thérapeutiques. . Abou Mohamed Abdelmadjid Ben Ali Al-fassi Al-Manali Z’badi: descendant de la dynastie Idrisside et fils de Beni Issa Ben Idriss, originaire de Manala a Souss. Il était non seulement un grand médecin, et un très bon connaisseur des maladies et des thérapeutiques, mais aussi poète, linguiste, prédicateur et un grand savant des sciences de la « Chariâa »( La loi religieuse) . Il est décédé de peste en 1749201 . . Abou Abdellah Mohamed Ben Kacem ben Zakour Al-Fassi202:

197 Ben Zaydane A, Al-Manzaâ…, Op cit, p.111. 198 Al Kanouni M,…, Op cit, p.200 199 Al Kanouni M,…, Op cit, pp.201-202 200 Al-Nasiri A,…, Op cit, Tome: 7, p.16 201 Al Kanouni M,…, Op cit, p.208 202 Ibid.

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Il étaità la fois à la fois un linguiste, historien, et un médecin avec un grand intérêt pour l'Urjuza d’Ibn Sina. Son œuvre est nommée « La perle stocké dans l'annexe de l'Urjuza », .Il est décédé en 1708 et fut enterré à Fès .”الدرة املكنوزة يف تذييل األرجوزة"

. Fatima Al-Hajia Al-Fassia : Elle était médecin, compétente, disposant d’une large connaissance des plantes, des accouchements, et des hémorroïdes. Elle est décédée vers 1737203. Mokhtar Soussi rapporte que l’étude de la médecine était présente seulement dans les villes ou ses alentours. Il l’explique par le fait que dans les zones rurales, comme Souss, il y’avait un bon climat et un air de bonne qualité et que les corps sont bien portants, c’est pour cette raison que l’étude et la production des livres médicaux étaient rares.204 Il énumère également quelques médecins de l’époque tels que : . Ahmed Ben Abdellah Ben Yaacoub Semlalli . . Mohamed Ben Ali Al-Baaquili avec son livre célèbre : « La médecine d’Al- .« طب البعقيلي » ,(Baaquili » (Tib Al-Baaquili

2.2.2. Les médecins étrangers : Les historiens nous rapportent la présence du Docteur Busnot à partir de 1671 à Taroudant205, et celle du docteur Castel à Fès à la même période. Ce dernier avait travaillé chez le Sultan Moulay Errachid et a même suivi le traitement de son secrétaire206. Au début de la première ère Alaouite un médecin anglais aux cotés de l’ambassadeur Britannique Henri Howard 1669, a traité Moulay Errachid207. John Windus décrivant le XVIIIème siècle marocain dans le récit de l'ambassade Charles Stewart, envoyé du roi de Grande-Bretagne, George Ier au Maroc entre 1720-1721, rapporte que plusieurs patients ont bénéficié des services du médecin accompagnant l’ambassadeur208. Cependant d’autres patients ont refusé ses traitements.209

203 Al Kanouni M,…, Op cit, p.151 204 Sousssi M, Souss Alaâima, 2ème Edition, Casablanca 1984, p. 53 205 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc…, Op cit, p.135 206 El Mekkaoui A, Le Rôle de pénétration colonial et des services médicaux au Maroc, Ed Azzaman, 2009, p.26 207 Rogers.P. G, A history of Anglo-Moroccan relations to 1900, Traduit par Younan Labib Rezq, Ed Dar Attakafa, 1981, p.86 208 Windus J, A journey to Mequinez, the residence of the present emperor of Fez and , on the occasion of Commodore Stewart's embassy thither from the redemption of the British captives in the year 1721, p. 5 209 Daoud M, Histoire de Tétouan, Tome 4, 1959,p.561

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Plusieurs années après, un chirurgien anglais, nomé Knight210 , est arrivé au Maroc et a travaillé à l’hôpital de Meknès, puis il est parti travailler à Fès et à Tanger. Il faut noter qu’à cette époque, si un des médecins étrangers était pris en otage et du fait du besoin de l’État marocain de son expérience, il aurait été très difficile de le libérer, comme c’était le cas du médecin Castel211 qui est resté au Maroc de 1671 jusqu’à sa fuite en 1676. Dans le même cadre, l’otage Thomas Pellow, rapporte l’existence d’un médecin allemand s’occupant des otages chrétiens pendant l’époque de Moulay Ismail212.

2.3. Les structures sanitaires : Sous l’ère Alaouite, les institutions hospitalières continuaient à exister grâce aux Habous et aux dons des bienfaiteurs213. Les historiens ne rapportent que de rares structures, dont on peut citer, en l’occurence :

2.3.1. L’hôpital de Meknès : C’est un hôpital datant de l’ère mérinide, fondé par Abou Inan, au quartier « Alhammam Aljadid ». Il était encore fonctionnel à l’époque de Moulay Ismail214 . Cet hôpital comptait parmi son personnel le chirurgien britannique Knight qui a exerçé, par la suite, à Fès et à Tanger215. Il se composait, en effet, de deux parties, l’une résérvée à la médecine générale, et l’autre aux malades psychiatriques216.

210 El Mekkaoui A,…, Op cit, p.27 ,رحلة األسير مويط ,Mouette G, Relation de la captivité du Sr. Mouette dans les royaumes de Fez et de Maroc 211 Traduction Mohamed Hajji, et Mohamed Lakhder, Ministère de la culture, 1990, pp.64-66 212 Pellow T, The Adventures of Thomas Pellow 1890, p.181 213 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc …, Op cit, p.84 214Al Kanouni M, …, Op cit, p.155. 215 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc…, Op cit, p.135 216 Al Kanouni M,…, Op cit, pp.519-155

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2.3.2. L’hôpital de Marrakech: Il a été fondé par le Sultan Abdellah Alghaleb Assaadi (décédé en 1573) et resté fonctionnel jusqu’au début du Protectorat, mais transformé ultérieurement, en asile pour aliénés217 et en prison pour femmes.

3. Les maladies, les épidémie et les conduites thérapeutiques : On a choisi deux exemples, l’un concernant la syphilis dont l’auteur est Abdelouahab

le deuxième est le ,« األرجوزة في احلب االفرجني» « Aderraq « Al Urjuza Fi Al-Habb Al Afranji manuscrit de Mohamed ben Yahya Soussi concernant la peste « Le repos de l’être humain 218 qui nous donnent une idée claire , « راحة االنسان يف طب االبدان » « dans la médecine des corps sur la médecine infectieuse de l’époque. En effet, le Maroc entre le la deuxième moitié du XVIIème siècle et la première moitié du XVIIIème siècle a connu plusieurs épidémies et dont les conduites thérapeutiques sont présente dans plusieurs manuscrits.

3.1. La syphilis au XVIIIème siècle et Abdelouahab Aderraq:

3.1.1. La syphilis aux origines : La syphilis est une maladie qui aurait été décrite, pour la première fois, en 1495 en Espagne où elle aurait été introduite par les hommes de Christophe Colomb en 1493 au retour du Nouveau Monde. La syphilis aurait fait sa grande apparition en 1495, après la prise de Naples par les armées françaises, puis aurait été disséminée rapidement dans toute l’Europe au gré de la dispersion des mercenaires des armées françaises et espagnoles. Ainsi, la syphilis était dénommée « Mal de Naples » par les français et « Mal français » par les italiens219. Même si cette maladie n’a pas provoqué de mortalité effroyable comme la peste bubonique220. Aux XVème et XVIIème siècles, la syphilis est dénommée « Grande virole ».

217 Al Kanouni M, …, Op cit, p. 168 Manuscrit a la , راحة االنسان في طب االبدان Soussi M, Le repos de l’être humain dans la médecine du corps 218 دBibliothèque Nationale de Rabat, N° 1644 219 Benoit R, La syphilis à la fin du XVIe siècle, d'après les cours du professeur Jean Riolan, de la Faculté de Médecine de Paris ; Histoire des sciences médicales, Tome XXXII, N° : 1, 1998, p.40. 220 C’est une pandémie de peste noire qui a touché la population européenne entre 1347 et 1352.

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Mais la réalité historique est peut-être différente. En effet, Hippocrate décrivait déjà avec précision des lésions génitales qui sembleraient ressembler à un chancre syphilitique.221 Le mode vénérien de la transmission est admis dès 1498. En 1530, Fracastoro, médecin italien, publie à Vérone un poème intitulé “Syphilus sive morbus gallicus” 222 où l’on raconte l’Histoire d’un berger nommé Syphilie qui se retrouve affligé de la terrible maladie pour avoir négligé les autels d’Apollon.223 C’est là l’origine du nom qui fut donné à la maladie en 1563 par Thomas Gale.224

3.1.2. La syphilis au Maroc aux XVII-XVIIIème siecle: Les sources historiques de la maladie sont véritablement rares. La première occurrence de la syphilis au Maroc, date du début du XVIème siècle, avec Léon l’Africain dans son ouvrage « Description de l’Afrique ». Il note que cette maladie était inconnue au Maroc jusqu'à sa propagation par les juifs expulsés d’Espagne en 1492. 225 « Cette espèce de maladie n’avait point couru auparavant par l’Afrique, mais elle avait pris son commencement du temps que Ferdinand roi des Espagnes expulsa les juifs hors les limites de son royaume lesquelles s’en vinrent de la habiter en barbarie ». Il rapporte aussi que les premiers patients atteints de cette maladie étaient considérés comme les patients atteints du vitiligo 226. Ils étaient expulsés de leurs maisons, jusqu'à ce que le nombre d’atteints s’avère élevé et que la maladie se banalise, progréssivement. Mohamed Al-Qadiri, dans son livre « Nachr Mathani », note que le « Hammam d’Al- Qalà » à Fès, qui était à cette époque l’un des habous en faveur de la grande mosquée Al Quaraouiyine, était surtout fréquenté par les personnes atteintes du «L’Habb Al-Afranji », une des maladies des plus graves. Il rapporte que les gens qui s’y lavaient avec la conviction qu’ils en seraient guéris, guérissaient réellement.227

3.1.3. Abdelouahab Aderraq et le traitement de la syphilis au XVIIIème siècle: Parmi les éminents spécialistes de cette période d’apogée dans le domaine médical, on signale le médecin célèbre: Abdelouahab Aderraq.

221Hippocrate, Œuvres complètes d'Hippocrate : traduction nouvelle par Littré, Tome III, Ballière 1841, Epidémies livre III, p.10. 222- Syphilis H.F, Sive Morbus Gallicus, Basileae, 1536. 223 Buret F, La Syphilis à travers les âges, Société d'éditions scientifiques, Paris, 1894, pp.249-250. 224 Oudma T, A Synopsis of the Disease Syphilis and Its Causative Agent, Treponema Pallidum, Subspecies pallidum. Univ. Scholar Project, Univ. of Tennessee at Martin. 2003, p.2 225 Léon l’Africain J, (Al- Hassan Al- Wazzan), Description de l’Afrique, Trad. en arabe par Mohamed Hajji, .Mohamed Lakhdar, Dar Al-Ggharb Al-Islami, p.39. 226 Léon l’Africain, …, Op cit, p 39. 227 Al-Qadiri M, …, Op cit, Tome XXIV, p 286

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Il faisait partie d’une grande famille ayant une tradition éminemment médicale. Il est né en 1666 et décédé en 1746. D’après Abderrahmane Ben Zaydane – comme nous l’avons précédemment signalé- il était le fils spirituel d’Hippocrate et d’Avicenne228. Il était poète, composait des poèmes médicaux sur les plantes et les traitements, 229 230 dont son fameux poème sur « Le mal .«األرجوزة يف احلب االفرجني » ,« franc » appelé « Al-Urjuza Fi L’habb Al-Afranji

À travers cette Urjuza, 231 on peut mettre l’accent sur une description minutieuse de la syphilis qu’Abdelwahab Aderraq considèrait comme la plus pénible des maladies. احلب معدود من البثور وأمره من أصعب األمور

Il rapporte que c’était une maladie des Francs, mais qui était également présente en Egypte et en Orient. Il souligne que sa transmission est particulièrement sexuelle, وأسرع العدوى لدى اجلماع وليس يف ذا األمر من نزاع

et qu’elle apparait sous forme d’érythème, de prurit, d’hémorragie ou d’infection de couleur blanche. Il décrit bien les lésions génitales. ونازف بالدم والرطوبة مع هلب وحكة صعيبة

Il rapporte que son traitement est difficile et qu’il revendique un médecin expérimenté. Il décrit plusieurs étapes de la maladie avec la primo-infection faite de lésions locales, jusqu’à ce quelle atteigne les lésions articulaires Comme remède, il propose des traitements variés adaptés à chaque étape d’évolution de la maladie. Il conseille en particulier la pratique de la saignée أول ما يبد اقصد الباسيليق به لذي حرارة على الطريق

ثم بعيد ذاك فصد املشرتك ان روعيت شروطه اوال هلك

et recommande les plantes suivantes : le séné, la farance, le roseau persan, le jujube, la caroube, la violette, la guimauve et l’oxymel. Il propose également un régime hygiéno-diététique, avec des bains spéciaux avec des adjuvants. Il s’attarde sur la salsepareille ou « Al-Ochba », utilisé jusqu’au début du siècle.

228 - Ben Zaydane A, Ithaf …, Op cit,, Tome V, p 470. 229- Al Kanouni M,…, Op cit, p.192. 230 - Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III, …, Op cit, p.482. 231- Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc…, Op cit, p.151

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قد جربوا غريها يف أمراض صعيبة شديدة االعراض

فلم يروا لنفعها مماثال ملا رأوا هلا وبرا عاجال

Il recourait aussi par des frictions mercurielles datant des époques anciennes. أن يأخدوا الزيبق و الكندر مع راتينج حل بزيت ومشع

وتدهن األطراف يف األسبوع ثالث مرات بذا الصنيع

Il décrit ensuite l’évolution de la maladie vers la guérison ou les complications articulaires et cardiaques ou même vers le décès. Plusieurs années plus tard, on décrit les mêmes conduites thérapeutiques en Europe. On identifie l’origine de la principale porte d’entrée de la syphilis « la syphilis a été contractée par le coït ou les baisers »232. Le diagnostic est surtout clinique avec les manifestations dermatologiques de la syphilis, qui se diffusent dans les organes génitaux, la peau et la bouche. Després rapporte que les médecins de son époque au XIXème siècle utilisaient encore les mêmes conduites thérapeutiques, à savoir:  La saignée locale ou générale,  Les bains émollients,  Les purgatifs de la peau,  Et contre la douleur, ils utilisaient les huiles de camomille et de laurier. Plusieurs médecins de l’époque rapportent l’utilisation de frictions mercurielles pour le traitement local, certains l’attribuent aux médecins de la renaissance européenne, les autres à la médecine arabe médiévale. Cette pratique est restée courante jusqu’au XIXème siècle dans le monde entier jusqu'à la découverte de la pénicilline. Certes, la médecine marocaine de l'époque était au même niveau que la médecine occidentale de l'époque, mais cela n’a pas duré longtemps. La médecine au Maroc a aussitôt sombré dans le déclin total. Elle a perdu toute sa dimenssion scientifique et a cédé la place à la thérapeutique religieuse, magique, voire à la sorcellerie. Le texte intégral du poème d’Abdelouaheb Aderraq : Voir Annexe I.

232 Després A, Traité théorique et pratique de la syphilis ou infection purulente syphilitique, Paris, Librairie Germer Baillière, 1873 p.199.

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3.2. La peste :

3.2.1. La peste au Maroc: L’une des plus importantes épidémies de cette époque était celle de 1676, elle qui a duré trois ans. Elle a apparu dans la région de Tétouan.233 Vers 1678-1679, l’épidémie s’est propagée dans tout le nord du Maroc, et y est restée jusqu’à 1684234. Durant la même période, une vague de toux s’est propagée également dans la ville Fès235 .

3.2.2. La peste au Maroc à travers l’œuvre Mohamed Ben Yahya Soussi: Certes Mohamed Ben Yahya Soussi n’était pas médecin, mais il était un savant religieux. Dans son document « Le repos de l’être humain dans la médecine des corps » il fait une synthèse complète de la clinique, de la ,236« راحة االنسان في طب االبدان » physiopathologie, des mesures préventives et thérapeutiques contre la peste durant le XVIIème siècle. Il rapporte que la maladie a frappé le Maroc à la manière d’une épidémie qui a duré environ 10 ans avec une propagation au bout de quelques jours. Elle était familière aux gens des villes contrairement aux populations des compagnes auxquelles elle faisait peur, car inhabitués à cette maladie. Ses conséquences étaient néfastes sur tous les plans de la vie, agricol, commercial et éducatif ; ce qui a poussé les populations à émigrer par crainte de contamination. Soussi leur conseillait de sortir dans le désert pour pouvoir changer d’air et fuir les odeurs et pour lutter contre leur peur, ce qui était conforme aux habitudes de nos ancêtres musulmans et aux instructions de la religion. Il critiquait en même temps, les avis qui disaient qu’il fallait sortir des zones d’épidémies. L’étiologie de la peste, à cette époque-là, était encore méconnue, dans la mesure où les médecins annonçaient que la maladie était véhiculée par l’air et la dissémination, et par voie hématogène. Certains médecins la décrivaient comme une maladie fatale, avec une infection sanguine, la fièvre, une hémorragie, du pus. La maladie est abritée dans les eaux salées, les matières fécales et les poubelles. L’évolution est très rapide surtout chez l’enfant.

233 Daoud M,…, Op cit, p. 345. 234 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III …, Op cit,, p.478. 235 Ibid. 236 Soussi. M, Le repos…, Op cit.

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Les traitements proposés par les médecins de l’époque étaient sous forme de mélanges à base de vinaigre dès le début de la maladie, de safran à jeun, tout en gardant les mesures hygiéno-diététiques à la base de tout traitement. L’une des mesures hygièno- diététiques prescrites était de manger les citronnées avec la sauce piquante et d’éviter les viandes au moment de l’épidémie. Il a donné, ensuite, quelques mesures d’hygiène pour laver à l’eau froide les vêtements des patients décédés et des patients guéris. Il faut utiliser les mesures préventives comme l’isolement des malades et l’interdiction d’entré des malades aux zones saines, sans oublier que tout est entre les mains du Bon Dieu. Malgré tout, il restait certains doutes sur la nature divine de la maladie (Les djinns). Il fallait se tenir à distance des personnes malades. Il a donné quelques éléments essentiels pour la prévention de la peste : la confiance, le retrait, l’isolement dans le désert à l'air libre, la remise en état des maisons, surtout après un décès causé par la peste, la charité et la supplication du Bon Dieu et l'utilisation des antidotes médicaux sur un estomac vide, sans oublier que le Bon Dieu en est le vrai guérisseur. Des mesures pour l’enterrement des patients décédés ont été également prescrites ( Voir Annexe II).

3.3. Autres épidémies moins connues: Raynaud rapporte qu’en 1688, une fièvre grave, contagieuse couramment appelée « Tabardillo » (fièvre pourprée) a atteint le Maroc. Cette terrible maladie se manifestait par des douleurs atroces, asthénie, anorexie et fièvre. Cette épidémie a fait plusieurs victimes à Fès237 « Tous les religieux de Fez et Méquinès tombèrent malades à leur tour et trois moururent. Cette calamité dura jusqu’en 1690.»

4. L’hygiène : exemple de l’approvisionnement en eau potable de la ville de Fès au temps du Sultan Moulay Ismail Bien que la ville de Fès fût une ville fortunée en sources hydrauliques, ses habitants ont constamment éprouvé de la peur d’une pénurie d’eau 238 à cause des années de

237 Raynaud L, …, Op cit, p. 99. 238 Allouche.S, Un plan des canalisations de Fès au temps de Mawlày Isma’il d'après un texte inédit, avec une étude succincte sur la corporation des «kwadsya », Hesperis, Tome XVIII, 1er trimestre 1934. Fascicule I, pp 49-63

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sécheresses consécutives sur plusieurs années239 et du fait de la nécessité de l’eau pour la boisson et l’assainissement. Dans un texte écrit en arabe rapporté par S.Allouche, daté de 1715, le rédacteur, Mohammed Al-Arabi Ben Abdessalam Ben Brahim, fait une description précise des canalisations parcourant la ville de Fès et des droits des différents quartiers, à l’époque du Sultan Moulay Ismail pour éviter les concurrences concernant la répartition d'eau entre les habitants de Fès 240. Il écrit : « Toute l'eau de la rivière pénètre dans Fès la haute par quatre voûtes, en forme d'arches de pont, au-dessous du passage qui se trouve entre Bab as-Sab' et la porte qui lui fait vis-à-vis, en face de la fontaine d'Ibn Ribl, et sort au-dessous de cette dernière par quatre voûtes également, vers le vaste espace libre qui est à proximité du mausolée du saint Sidi Magbar. L'eau des deux voûtes, qui font face à la muraille de la ville, coule vers l’Adwat Al- Andalus et vers Adwat Al-Qaraouine. Les deux premières sont séparées des deux secondes par un mur qui pénètre jusqu'au fond du lit de la rivière »241. A travers ce document, on trouve qu’il s’agit d’une description détaillée d'un système de barrage en bois, très ancien, qui servait à la fois de dispositif d'accumulation, de répartition et de trop-plein242« Barrage fait, sur toute sa longueur, qui est de plus de soixante coudées, de pierres superposées, de piquets surmontés de jujubiers sauvages, d'herbes folles, de morceaux de bois et de plantes. Il en résulte des infiltrations et des pertes d'eau …. La rivière est d'ailleurs, à cet endroit, resserrée et son cours embarrassé, si bien que si l'on ôtait deux ou trois pierres, toute l'eau irait à la Adwat al-Andalus et la Adwat Al Quaraouine en serait entièrement privée »243, il ajoute, ensuite, que « Ce barrage était autrefois constitué par un large mur en maçonnerie qui allait jusqu'au fond de la rivière et avait, il, son extrémité supérieure, un dispositif de trop-plein en maçonnerie ayant deux ouvertures dont le diamètre était de cinq empans et séparées par un autre mur perpendiculaire au premier. Ce mur servait de séparation entre les parts d'eau revenant à chacune des deux rives. C'est pour cette raison qu'on lui a donné le nom de minbar (nez), à cause des deux ouvertures et du mur de séparation qui rappellent le nez de l'homme. Ce dispositif servait à dégager la rivière en temps de crue, après des pluies persistantes. Le trop-plein s'écoulait alors du côté de la Adwat al-Andalus et pouvait sans danger s'ajouter

239 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III …, Op cit, p. 498 240 Allouche.S,…, Op cit, pp 49-63 241 Ibid. 242 Ibid. 243 Ibid.

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il, la part qui revient aux habitants de cette rive et qui coule dans un espace libre, dispose de nombreuses vannes et aboutit au grand canal d'Abu-Toba. Ses conduites sont, d'autre part, en bon état. L'eau de la Adwat Al Quaraouine, par contre, coule sous des maisons, des moulins, des ateliers de tissage, des établissements de bains, dans des conduites étroites qui ne peuvent contenir plus que leur mesure. Si l'eau y arrive en trop grande quantité, elle met en danger les maisons et les mosquées et ceux qui s'y trouvent »244. L'eau parvenait dans la ville haute de Fès par le biais de quatre passages voûtés. Les orifices de ces passages entre Bâb Dekâken et Bâb al-Mauzen étaient des demi-cercles juxtaposés qui formaient quatre voûtes en plein centre. Ils étaient semblables en tous points à des arches de pont. Il semble, d'après le plan des canalisations décrit par l'auteur, qu'il existait déjà, à l'époque où il vivait, un réseau complet qui, à l'origine bien étudié et bien établi, était à ce moment-là en mauvais état et souffrait de la mauvaise disposition des ouvrages de répartition. Il s'élève en termes véhéments contre l'incurie des préposés à l'entretien des canalisations, qu'il accuse non seulement de fermer les yeux sur les agissements de certains chefs de l'armée, « dont on ne pouvait contrecarrer les desseins », mais aussi de laisser à l'abandon un service indispensable à la vie même de la ville. « Il appartient, dit-il, à ceux qui ont le souci de l'intérêt général et dont l'influence est grande de s'occuper de la réfection du réseau des canalisations et d'en faire l'objet le plus important de leur sollicitude, dans l'espoir d'une belle récompense au jour du jugement dernier. ». Pour la détermination de la quantité d’eau on utilisait les pivots de moulins « Il n'y a d'autre base, pour la détermination de la quantité d'eau qui revient à chacun, que le nombre de pivots de moulins installés sur les canalisations »245. L'entretien du réseau des canalisations dépendait probablement de l'administration des habous.

5. La prévention : La prévention a toujours été présente dans l’Histoire du Maroc. Le Sultan Moulay Ismail accordait une attention particulière à la santé publique et la lutte contre les épidémies et les maladies infectieuses. En effet, l’historien Ezzyani246 a indiqué qu’en 1678, la peste s’est accentuée à Fès et à Meknès. Le Sultan Moulay Ismail a lancé une garde sur la vallée de Sebou et d'autres routes menant aux deux villes afin d’empêcher les visiteurs sains d’y accéder, par crainte de la propagation de la maladie en prenant les mesures préventifs,

244 Ibid. 245 Ibid. 246 Ezzyani A, Maroc 1631 à 1812, Extrait de l’ouvrage : Ettordjman Elmo’arib ‘An Douel Elmachriq Ou’lmaghrib, Traduit par O.Houdas, Paris, p.34.

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conformément aux recommandations religieuses. Il a ordonné de brûler tous les objets présents au marché « Souk Lakhmisse » susceptibles de contenir les microbes. Soussi, dans son manuscrit précédemment vu, donne des mesures hygièno- diététiques qu’on appliquait au moment de l’épidémie telles que le lavage à l’eau froide des vêtements des patients décédés et des patients guéris.

III- LA DÉCADENCE :

Comme nous l’avons signalé ci-dessus, le Maroc, après le décès du Sultan Moulay Ismail, a connu une période de troubles qui a duré plus des trente ans, à partir de 1727 jusqu’à 1757, période connue dans les sources historiques sous le nom de « La crise des trente ans ». Une courte période de stabilité sous le règne du Sultan sidi Mohamed Ben Abdellah, a précédé une période de décadence jusqu’à la période des réformes. Il est certain que l’instabilité politique est le facteur majeur de cette décadence en même temps qu’il était l’aspect le plus marquant, mais elle avait d’autres facteurs et d’autres aspects comme on le verra dans ce chapitre. Malgré les efforts de réforme du Sultan sidi Mohamed Ben Abdellah (1757-1792), sur le plan politique et dans le domaine de l’enseignement, ses réformes ont seulement touché l’enseignement des sciences religieuses.

1. Les facteurs de la décadence : La décadence au Maroc durant cette période était le résultat de plusieurs facteurs complexes politiques, culturels et sociaux.

1.1. Les facteurs politiques : L’instabilité qui avait régné au Maroc après le décès du puissant Sultan Moulay Ismaïl, avait beaucoup retenti sur l’état général du pays. En effet, la période qui a suivi son décès a vu le retour à l’anarchie et aux troubles dus à la succession des Sultans provoqués par l’armée Boukhari qui, durant ces trente années (1727-1757), a causé la ruine faisant rentrer le pays dans une crise financière et alimentaire grave. En 1757, dès la mort du Sultan Moulay Abdallah, son fils Sidi Mohammed Ben Abdallah fut proclamé nouveau Sultan dans un pays ravagé par les conflits et les famines. Il a commencé alors une politique de rétablissement de l’ordre et de restauration de l’autorité dans tout le pays en s’imposant aux Boukharis et aux tribus. Il a équipé l’artillerie sur les côtes marocaines pour les protéger contre les européens puis il reconquiert Mazagan en 1769.

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Il fonde et reconstruit plusieurs villes et ports sur la côte atlantique comme la ville de Mogador en 1765 et celle d’Anfa. La ville de Fès, sous son règne a connu une véritable renaissance. Le Sultan Sidi Mohammed Ben Abdallah meurt en 1790, laissant un pays plus au moins stable mais avec un pouvoir grandissant des zaouïas. Le Sultan Moulay Slimane (1792-1822) entame son règne par des conflits politiques avec ses frères Moulay Yazid, Moulay Hicham et Moulay Abderrahmane à cause du problème de la succession au trône. En 1799, dans ce climat tendu, le Maroc a connu de graves épidémies247 provoquant des famines et des catastrophes démographiques sans précédents, en plus des problèmes politiques. Il n’a pas hésité à instrumentaliser certaines zaouïas pour faire face à ces problèmes surtout les Derkaouya et Tijanya. La fin de son règne se caractérise par l’affaiblissement du pouvoir central et surtout par une très grande défaite contre les tribus de l’atlas sous l’égide de leur chef Boubker Amhaouech en 1822 conduisant cette même année le Sultan à céder le pouvoir à son neveu, Moulay Abderrahmane Ben Hicham. Dès son accession au trône, et contrairement à son prédécesseur Moulay Slimane, il est tenté d’ouvrir le Maroc à des partenaires commerciaux européens248. Son règne de trente-sept ans Moulay Abderrahmane (1822-1859) a subi plus que jamais les pressions des puissances coloniales européennes. L’un des faits marquant de cette période était l’Occupation française de l’Algérie en 1830, ce qui a déclenché une série d’évènements graves sur l’avenir de l’intégrité territoriale du Maroc prenant une grande ampleur lors de la bataille d’Isly. En effet, cette bataille n’a duré selon certaines sources que six heures249 et constitué un véritable choc dans les relations entre l’Europe et le Maroc du XIXème siècle250.

1.2. Les facteurs sociaux: Les facteurs sociaux étaient surtout incarnés par les épidémies et les famines, ou peut en citer les famines et épidémies majeures:

1.2.1. Les famines : . La famine de 1721 – 1724 :

247 Renaud.H, La peste de 1799 d'après des documents inédits, Hespéris, Tome 1, 2ème Trimestre, 1921, p. 160- 182. 248Brignon.J, …, Op cit, pp.288-289 249Al-Nasiri A,…, Op cit, Tome 8, p.61. 250 Brignon.J, …, Op cit, p.285.

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Avant le décès du Sultan Moulay Ismail, le Maroc a connu une grande sécheresse qui a duré quatre ans, doublée d’une famine et d’une hausse des prix remarquable251. . La famine de 1738 -1737252 : Cette famine est liée essentiellement aux troubles des trente ans et au manque des pluies. Les prix ont augmenté surtout en matière des céréales et de la viande qui a disparu des marchés. Le Maroc a connu de graves conséquences dermographiques253. . La famine de 1742 : L’historien Doaif Ribati rapporte que les habitants de Fès ont été obligés à vendre leurs maisons et de déménager vers d’autres villes à cause de cette famine254. . La famine de 1749 : La sécheresse et le manque de pluie, ont entraîné effectivement une grande crise économique255. . La famine de 1776 – 1782 : C’était des années de sècheresse pénible où les gens ont mangé les cadavres et les cochons. Elle a débuté avec la grande famine en 1776256. Après deux ans de baisse de prix257 et de redressement, la famine a repris en 1779 en coïncidant avec une vague de criquet en 1779. Il a duré jusqu’au 1782258. Les marchés ne trouvaient plus d’approvisionnement. Les autorités du makhzen ont fait beaucoup d’efforts au temps du Sultan sidi Mohamed Ben Abdellah pour aider financièrement la population marocaine afin de surpasser cette crise259, . La famine de 1810- 1818 : C’était une famine du temps du Sultan Moulay Slimane, coïncidant encore une fois avec la sècheresse et l’invasion de criquets. Cette famine a pris plus d’ampleur avec l’épidémie de la peste et du choléra de 1818260. . La famine de 1825 – 1826 : C’était la famine du début de l’ère du Sultan Moulay Abderrahmane Ben Hicham261. C’était une grave famine mais moins importante que celle de 1850262.

251 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies et des famines au Maroc, Faculté des lettres et des sciences humaines Rabat N: 18, 1992, p. 35. 252 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p. 41. 253 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III, …, Op cit, p. 499. 254 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III, …, Op cit, p. 500. 255 Ibid. 256 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p. 71. 257 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p. 72. 258 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p. 75. 259Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III, …, Op cit, p. 500. 260 Ibid. 261 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p.119.

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1.2.2. Les pestes: On cite les épidémies de pestes les plus importantes pour détailler, par la suite, celle de 1818. . La peste de 1742- 1741 : Cette peste a été dévastatrice à Meknès, Fès, Zerhoun et Ksar El Kébir. Elle a fait par conséquent environ quatorze mille victimes.263 . La peste de 1749 : Elle était accompagnée d’une sècheresse qui a frappé le Maroc en entier.264 . La peste de 1752 : L’historien Ezzyani rapporte qu’en 1752 le Maroc a connu cette terrible maladie. Elle a touché toute l’Afrique du Nord, ce sont les pèlerins en provenance d’Istanbul par bateau qui l’avait propagée265. . La peste de 1799 : Elle s’est propagée dans tout le Maroc rural et urbain, mais surtout dans les villes de Fès et Meknès, elle a été introduite au Maroc par les pèlerins venus de la Mecque266. . La peste de 1818 : Cette peste a été introduite, elle aussi, au Maroc par les pèlerins venus de la Mecque. Les chiffres des victimes diffèrent selon les historiens, mais ce qui demeure certain est que cette peste était une peste dévastatrice comme les fléaux précédents.

1.3. Les facteurs culturels : les résistances au développement Les résistances étaient surtout religieuses et se résumaient en l’avis des oulémas du Maroc sur les épidémies, surtout les épidémies de peste: . la peste est une miséricorde pour les croyants et un tourment pour les non croyants. . Il n’y a pas de contagion267. L’exemple de la peste et de la quartenaire représente un aspect important des résistances culturelles ou même religieuses et de la décadence médicale au Maroc à tel point que s’est développée au Maroc une forme de littérature appelée « La littérature de la quarantaine ». En effet, chaque auteur fait référence à la religion pour renforcer sa position.

262 Ibid. 263 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III, …, Op cit, p. 479. 264 Ibid. 265 Ibid. 266 Ibid. 267 El Mansour M, La position des oulémas du Maroc des épidémies et des mesures de précaution, In La connaissance médicale et l’Histoire des maladies aux Maghreb, direction d’Assia Benadada, Faculté des lettres et des sciences humaines, Rabat, , 2011, p. 101-102.

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رسالة يف أحكام » « Mohamed Bennani dans « Une lettre sur les règles de la peste

rédigée durant la peste de 1744 à Fès, dit que la fuite d’une région où il y’a la peste «الطاعون ne sert à rien puisque la mort est un destin du bon Dieu. Le grand soufi Ahmed Ben Ajiba dans « Salk Dorar Fi Dikri Al Qadaa Wa Al écrit pendant la peste de 1798- 1800, après 268« سلك الدرر يف ذكر القضاء و القدر » « Qadar le décès de tous ses enfants par la peste, qu’étant esclave du bon Dieu on doit vivre sous son destin, et attendre ce que le bon Dieu tout puissant décide. Certains ont même on prétendu que les épidémies sont en rapport avec les Djens, que la science ne peut pas les comprendre ou les déchiffrer269. Mohamed Ben Othman Meknassi lors de son voyage en Espagne, a découvert la quarantaine il l’a critiqué en la décrivant comme trop stricte.270 Même l’élite marocaine de l’époque ainsi que le makhzen ont refusé la quarantaine pour les bateaux revenant des régions épidémiques.271 Abou Qasem Ezzyani qui a découvert la quarantaine en Tunisie, lors de son retour du pèlerinage à la Mecque en 1794, dans le sens où il l’a décrite comme prohibée par la religion et les mœurs.272 Al-Nasiri à quant à lui, refusé la quarantaine, étant donné qu’elle était mal acquis.273 Malgré ces résistances, il y avait certaines voix de la raison comme celle de Mohamed El Filali, décédé en 1818, qui plaidait pour la quarantaine et les mesures de précaution. Il affirmait que ce n’était pas un péché de fuir les zones épidémiques,274 au contraire il fallait combattre les épidémies et les maladies infectieuses en général, en appliquant les règles de la prévention275 notamment dans son œuvre « Lettre de celui qui vient en terre de peste » « .« رسالة فيمن حل بأرض الطاعون

a affiché la ,« تأليف يف الطب» « Mohamed Ben Yahya Soussi dans « De la médecine même attitude, en affirmant que c’était une maladie contagieuse, dont on devait faire la

268 Benajiba A, Salk Dorar Fi Dikri Al Qadaa Wa Al Qadar, Annoté par Abdelhafid Bekkali, 2015. 269 Hassani A, Le changement handicapé : l’état et la société au Maroc moderne, 2000, p. 202. 270 Ibid. 271 Ibid. 272 Ezzyani A, Tordjmana Al-kobra, Annoté par Abdelkrim Filali, Dar Annachr Al-maarifa, 1991 p.363. 273 Al-Nasiri A,…, Op cit, Tome 5, p.183. 274 El Mansour M, La position…, Op cit, p. 107. رسالة فيمن حل بأرض (El Filali M, Lettre de celui qui vient en terre de peste (Risala Fiman Hala Bi Ardi Taoun 275 دManuscrit a la Bibliothèque Nationale de Rabat, N° 1115 ,.الطاعون

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prévention par le biais de la quartenaire276.

2. Les aspects de la décadence : L’un des aspects marquants de la décadence médicale au Maroc de cette époque c’était le manque des ressources humaines. A titre d’exemple, le Sultan Moulay Slimane a demandé au roi Georges III de lui envoyer le Docteur Humbuffy à Gibraltar pour qu’il fût proche de lui lorsqu’il en aurait besoin. Sous le règne du Sultan Mohammed IV, les médecins et les pharmaciens européens venaient au Maroc six mois par an pour donner des soins. Ces médecins européens donnaient des médicaments gratuitement aux gens277. Certains s’installaient à Marrakech, d’autres à Fès, à Meknès, et dans des villes côtières. Le Sultan finançait toute leur expédition que ce soit en médicaments ou en matériels. Cela montre le degré de décadence de la médecine marocaine et le début de la pénétration coloniale au Maroc278 Mohamed El Mannoni dans son livre « L’Histoire de la papeterie marocaine », rapporte rarement la réalisation de copies d’ouvrages médicaux279, et quand il y a des copies c’était pour des livres très anciens datant de l’époque des Almohades comme celle de « Chrah d’Ibn Rochd, et ceci en faveurs des « شرح ألفية الطب البن سينا » « Oulfiyate Attib d’Ibn Sina livres de religieux ou de soufis. La thérapeutique variait du médicament usuel employé seul à la formule magique compliquée ou à l’écriture (Kitaba) religieuse pure.

2.1. L’enseignement de la médecine au XIXème siècle : La fin du Moyen-Âge dans le nord de la Méditerranée a été celle de la «révolution culturelle», de la Renaissance alors qu’au sud c’était la décadence. La médecine au Maroc aux XVIIIème et XIXème siècles a connu le même sort. Auparavant, Ibn Khaldoun, un des plus grands esprits de son temps, indique que la médecine était toujours associée à la philosophie et que cette association était due à la médecine qui a été utilisée par les minorités dans les sociétés arabo-musulmanes pour avoir un bon statut au sein de la pyramide sociale280.

276 Hassani A, Le changement handicapé…, Op cit, p. 202. 277 Akansūs M,…, Op cit, Tome II, p. 97. 278 Al Kanouni M,…, Op cit, p. 183. 279 El Manouni M, Histoire de la papeterie marocaine, Edition faculté des lettres et des sciences humaine de Rabat, Série recherches et études N : 2, 1991, p.119. 280 Aziouiz R, Les médecins étrangers au Maroc du XIXème siècle, Thèse imprimé, Faculté des lettres et des sciences humaines, Université Mohammed V, Rabat, 2004-2005, p. 26.

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Au XIXème siècle, les œuvres de la médecine ont beaucoup diminué281 et les livres étudiés étaient soit des anciens manuscrits soit des imprimés en Orient surtout en Égypte,282 l’enseignement concernait surtout la mémorisation, les résumés et les explications des abrégés avec une focalisation sur les sciences religieuses au détriment de la médecine, et des sciences exactes283. Contrairement à l’Europe, les écoles de médecine marocaines sont restées liées à de vieilles méthodes d’apprentissage et d’éducation héritées de l’époque d’Or des Saâdiens. On travaillait encore sur des livres anciens d’Ibn Sina et de Razès qui dataient de plusieurs siècles. En revanche, l’université Al Quaraouiyine a gardé sa place rayonnante comme une université pour tout le Maroc284. La population avait un grand respect pour les médecins et les oulémas285. L’enseignement était oral286 et concernait seulement les soins de santé primaire, enseigné parmi les sciences religieuses et littéraires. Il y avait une absence totale d’observation des patients, de l’examen clinique et de la dissection287. Le médecin est décrit comme un connaisseur de la nature de l’être humain, de la chirurgie, et des sutures, des plâtres, des fractures, de la nature des urines des prélèvements, .( الحجامة(des vaisseaux et des ventouses 288 Les autres œuvres médicales étudiées à l’époque à Al Quaraouiyine nous procurent une idée sur le degré de décadence de cette époque. Les études n’avaient pas de limites de temps et les examens n’existaient pas289. Mais les étudiants « Tolbas » suivaient des cours au choix pendant plusieurs années et lorsqu’ils se jugeaient suffisamment formés, ils recevaient de leurs maîtres un certificat ou un diplôme290. II était de tradition dans les études médicales et dans d’autres disciplines d’établir des attestations certifiant le degré de connaissances médicales du médecin. Ce certificat de capacités était appelé "Ijaza" signifiant "licence", en médecine était la licence de soigner291. C’est l’exemple à cette époque de la 'Ijaza" d’exercice de la médecine )Voir annexe III) de

281 Ibid. 282 Aziouiz R,…, Op cit, p. 27. 283 Aziouiz R,…, Op cit, p. 28. 284 Ibid. 285 Ibid. 286 Aziouiz R,…, Op cit, p. 30 287 Ibid. 288 Aziouiz R,…, Op cit, p.65 289 Raynaud L,…, Op cit, p. 107. 290 Ibid. 291 Kahhak A. Un diplôme de médecin marocain à Fès en 1832. In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°7, 1970. pp. 195-210.

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Mohamed Ben Ahmed Al Kahhak 292 le 17 Aout 1832 qui décrit ce médecin comme un connaisseur de la médecine, un connaisseur des natures de médicaments, des plantes, des céréales, des arbres et des minéraux293. Cas de « la Ijaza du médecin Mohammed El Kahhak » : Cette « Ijaza » datant de l’ère du Sultan Moulay Abderrahmane Ben Hicham (1822- 1859), a été délivrée à Fès, au médecin Hadj Mohammed, fils de Hadj Ahmed El Kahhak. Cette "Ijaza" était sous forme d'un acte notarié réalisé devant des témoins composés de Chorfas, de notables, de guérisseurs et de médecins294. Le préambule de l’Ijaza est consacré à l'importance de la médecine, des médicaments, de la guérison étant entre les mains du Bon Dieu tout en faisant référence aux hadiths. Ensuite, vient la présentation du médecin Mohammed El Kahhak et son habilité en matière de médecine suivi des noms de soixante-deux témoins sur cette Ijaza. Il est à souligner que les noms des témoins sont cités selon l'ordre qui suivant295: 1/ Les Chorfas 2/ Les négociants et les notabilités. 3/ Les scarificateurs. 4/ Les médecins de Fès. Nous citons en l’occurrence la traduction de la « Ijaza » de Mohammed El Kahhak296 . (Voir le texte intégral dans l’annexe IV):

292 Aziouiz R,…, Op cit, p. 30. 293 Aziouiz R,…, Op cit, p. 31. 294 Kahhak A,…, Op cit, pp. 195-210. 295 Ibid. 296 Ibid.

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La « Ijaza » de Mohammed El Kahhak

« Louange à Dieu, qui confie la guérison de celui qu'il veut guérir, par les moyens qui lui plaisent, à celui que lui-même désigne parmi ses créatures ; qui, par un effet de sa miséricorde, fait descendre des nuages une eau claire qui donne naissance aux graines, aux plantes et aux jardins touffus, conformément aux lois de sa sagesse ; qui fait sortir de nombreuses plantes, des troupeaux qui paissent, et des bêtes qui cherchent leur nourriture à la surface de la terre, un grand nombre d'éléments utiles, de breuvages précieux, et de remèdes nouveaux ; qui, par un effet de sa bonté et de sa générosité, fait de l'eau le principe de vie de tout être vivant. Que sa puissance est grande, que sa miséricorde est immense, que sa science est infinie, que sa générosité est sans bornes ! Il a créé l'homme et lui a appris le langage. Il lui a montré, parmi les choses qu'il ne savait pas réaliser, par l'entremise des grands savants, les merveilles les plus extraordinaires et les plus rares, en tout temps et en tous lieux ; parmi les remèdes efficaces et les médicaments bienfaisants, merveilles que ne peuvent saisir que les esprits supérieurs, grâce au secours de sa sagesse. Qu'une louange digne de son rang et de sa majesté lui soit adressée pour tous les biens dont il nous comble et pour l'immense miséricorde dont il nous fait bénéficier. Il est le Sage, le Savant, le Clément, le Miséricordieux. La louange que nous lui devons n'égalera jamais celle que mérite sa perfection, que lui-même nous a décrite. Nous témoignons qu'il n'y a d'autres dieux que Dieu et qu'il n'a pas d'associé, témoignage exprimé du fond du cœur et qui nous rapproche de lui. Nous témoignons que notre seigneur Mohammed est son esclave et son envoyé, qu'il est le Prophète éminent, dont les paroles sont l'expression de la sagesse, et dont le jugement est infaillible. Que Dieu répande ses bénédictions sur lui, sur sa famille et sur ses compagnons, bénédictions qui nous font mieux sentir son existence, et nous rapprochent de lui. Que le salut soit sur tous les Prophètes et les Envoyés. Louange à Dieu, maître des mondes ! Attendu que la médecine est une des sciences les plus importantes, et qu'elle est indispensable aux Musulmans, dont, par exemple, la foi se mesure à la santé du corps, Attendu qu'elle est une science noble dont la pratique est conforme à la loi canonique, et qu'elle a fait l'objet de nombreux hadiths, tel le suivant - : "Le Prophète a dit : Dieu qui a fait descendre sur terre la maladie a fait descendre en même temps le remède à cette maladie".

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Attendu que le Prophète a autorisé les pointes de feu et la saignée, dont lui-même faisait usage, Attendu que de nombreux auteurs ont composé des ouvrages dans lesquels ils ont longuement exposé les questions médicales, multipliant à leur sujet chapitres et paragraphes, et ouvrant toutes grandes les portes à la pratique médicale, dans le but de mériter, dans l'Au-delà, la récompense divine, Attendu qu’Al Ahnaf a dit - : "II y a trois choses dont l'homme sage ne doit pas se désintéresser : 1/ L'acquisition de bonnes œuvres qui lui serviront de viatique pour son voyage dans l'Au-Delà. 2/ La recherche d'une profession qui lui permette de s'acquitter de ses devoirs religieux et de subvenir à ses besoins matériels. 3/ La connaissance de la médecine, pour lutter contre les maladies. Attendu qu'on dit également qu'un homme sage doit éviter d'habiter une ville où manquent cinq choses : un cadi intègre, un marché actif, une rivière d'eau courante, une autorité agissante, et un médecin habile. Attendu que le Prophète - que Dieu répande sur Lui ses bénédictions - a dit: - "Soignez-vous, car Dieu n'a créé la maladie qu'en créant en même temps le remède à cette maladie". - II a dit également : - "Pratiquez la saignée pour éviter l'apoplexie". - et : "Soignez-vous, car chaque maladie à son remède, sauf une seule : la décrépitude. Si le remède convient au mal, la guérison, s'il plaît à Dieu, s'ensuit". Attendu qu'on trouve également (cette assertion) dans le hadith qui suit. - "L'origine de toute maladie est la boulimie, c'est-à-dire l'ingestion sans mesure de grandes quantités d'aliments". Attendu, donc, que la médecine revêt une telle importance, Attendu que l'honorable médecin, le respectable chercheur Sid el Hadj Mohammed, fils de feu Sid el Hadj Ahmed al Kahhak, consacre son temps à soigner les habitants de cette capitale Idrisside (Fès), Attendu qu'il possède l'aptitude nécessaire à la compréhension de la terminologie des ouvrages de médecine, Attendu qu'il a sollicité, de personnes qui l'ont fréquenté, et ont mis, à plusieurs reprises, ses connaissances à l'épreuve, de témoigner de sa compétence dans l'art médical,

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conformément à l'usage des anciens médecins, qui ont toujours requis de leurs contemporains pareille licence, Attendu que, pour recueillir ces déclarations, l'autorisation du Cadi est indispensable, Ce dernier a, par le truchement de son huissier, Abd el Rahman el Hmyani - dûment habilité pour ce faire - intimé aux témoins instrumentaires , rédacteurs des présentes, l'ordre de consigner, ci-dessous, les déclarations à eux faites par les témoins dont les noms suivent : Ledit huissier, se trouvant dans le parfait état de capacité légalement requis, a transmis l'ordonnance de qui de droit aux Adoul soussignés, dûment habilités eux aussi pour ce faire. Dont le lafif ci-dessous dressé le 20 rabiâ I 1248 de l'Hégire (correspondant au 17 août 1832). (Suivent deux paraphes d'Adoul). Teneur de l'Acte lafif constituant licence : Louange à Dieu. Les témoins dont les noms figurent au bas de la date du présent, déclarent connaître d'une manière parfaite et légalement suffisante le chercheur honorable, le médecin habile Sid el Hadj Mohammed, fils de feu Sid el Hadj Ahmed el Kahhak. Ils attestent, en outre, qu'ils soient chérifs, notables, ou qu'ils appartiennent à d'autres classes du même rang, dans l'ordre de leur désignation ci-dessous, qu'ils ont mis à l'épreuve, à plusieurs reprises, son aptitude à donner des soins aux malades, et qu'ils ont constaté que ses connaissances sont comparables à un océan, au bord duquel les meilleurs des médecins se sont arrêtés, et sont demeurés incapables de se mesurer avec lui dans l'art médical, et dans les diagnostics ; Qu'il est expert, ingénieux, perspicace, plein de bon sens, pondéré, habile à préparer les remèdes, de bon conseil pour ses semblables. Qu'il est vertueux, au-dessus de tout soupçon, incapable de la moindre tromperie ; qu'il surpasse tous les autres (médecins) dans l'accomplissement ses devoirs, qu'il est généreux et plein de sollicitude pour les humbles, qu'il soigne à titre bénévole ; Qu'il accomplit régulièrement les cinq prières en commun, qu'il multiplie les oraisons, qu'il visite les tombeaux des saints et s'adonne à toute sorte d'actes de piété. Que, d'ailleurs, les médecins (ses confrères) et les scarificateurs reconnaissent qu'il est expert dans l'art médical et dans la connaissance des humeurs dont l'équilibre est la source du bon fonctionnement des corps humains, et dont dépendent la vertu et le vice, ainsi que les différents tempéraments qui sont à la base des maladies.

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Que ce sont des hommes tels que lui qui doivent proposer leurs services à leurs semblables pour les soins médicaux dont ils ont besoin, du fait qu'il remplit pleinement les conditions requises par les ouvrages de médecine, à savoir : la connaissance de la nature des médicaments, des plantes, des graines, des arbres, 'des minéraux, etc. . . (Il va, en effet, de soi, que celui qui ignore la nature de l'homme, celle de ses maladies et de leurs remèdes, ne peut prétendre à s'établir comme pour soigner ses semblables, ni par la parole, ni par l'action). Que le requérant présente toutes les garanties du savoir dans tout ce qui précède, ainsi que dans l'art de soigner les blessures, de recoudre les tissus déchirés, de rebouter les os brisés, Qu'il sait identifier les différentes variétés, d’urines recueillies dans des fioles de cristal, suivant la couleur de ces urines, Qu'il sait la quantité de sang qu'il convient de prélever, soit dans les veines, soit à la nuque pour pratiquer une saignée, et qu'il connaît les veines qu'il faut couper à cet effet, Qu'il sait également dans quels cas il convient d'administrer une purge, ou au contraire, un astringent, Pour lesquels soins et cas d'espèces, les déclarants donnent leur totale approbation à l'intéressé, dont ils attestent l'entière et totale compétence en la matière. Attestation qui fait foi et constitue 'Licence" en sa faveur. D'où, licence parfaite et totale à lui ainsi attribuée, lui conférant le droit d'exercer la profession de médecin, de la manière la plus étendue, tel qu'approuvé totalement et entièrement, à tout jamais, par les déclarants qui ne sauraient plus en aucune façon revenir sur ce qu'ils ont ci-dessus affirmé, ni dans le présent, ni dans un avenir, proche ou lointain. Ce qu'ils savent en égard à la fréquentation, à la discussion en la matière avec l'intéressé et à la parfaite connaissance des circonstances. Dont acte, dressé sur ordonnance de qui de droit - que Dieu l'assiste et le soutienne ! - communiquée par le truchement de son huissier à la date ci-dessus. Suivent les noms des (62) témoins, qui "ont dûment déposé devant le préposé à cet effet, validé" (ceci de la main du Cadi). . Les éminents et distingués Chérifs : - Moulay Abdelmalek Skalli El Houssaini, - Moulay Taib Skalli, - Sidi Mohamed Skalli,

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- Moulay Abdelmalek El Idrissi, - Moulay Cherif Ben Brahim El Moumnani El Hassani, - Sidi Mohamed Ben Tayaa El Idrissi, - Moulay Omar Debbagh El Hassani, - Sidi Mohamed Laraki el Hassani, - Moulay Cherif Ben Ali El Jamal, - Moulay El Ghali Boutaleb, - Moulay Abdelmalek Boutaleb, - Moulay Ahmed Ben Lahcen, - Moulay Driss Tahiri El Jouti El Hassani, - Sidi Abdelmalek Ben Tassadanet El Amrani, - Sidi Abdeslam Skalli El Houssaini, - Sidi Abdeslam El-Ghmouri, - Sidi Mohamed El Hmoudi El Hassani, - Moulay El Mehdi Chefchaouni El Hassani, - Moulay Tayaa El Kettani El Hassani, - Le Marabout Moulay El Mehdi Laraki, - Sidi Abdeljabbar El Idrissi, - Le Cherif Sidi Hammad El Hassani, - Sidi Mohamed Ben Tayaa El Fijiji, - Moulay Thami Ben Tahar Chbani, . Les négoçiants: - Hadj Mfedel Ben Hadj Ahmed Guennoun, - Hadj Mohamed El Maadani, - Hadj El Kebir El Maadani, - Hadj Bouziane el Berdai, - Hadj Mohamed Ben Hadj Abderrahmane El Hbabi, - Hadj Mohamed Ben Abdenbi Bennis, - Hadj Taib Ben Hadj Mohamed Berrada, - Hadj Thami Ben Abdenbi Benkirane, - Abderrahmane Ben Abdeslam Bennouna, - Hadj Hammad Ben Hadj Thami Benkirane, - Hadj El Mekki Ben Ahmed Ben Abdellah, - Hadj Abdeslam Ben Hadj Abdelghini Berrada,

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- Mfedel Benzekri, - Hadj Larbi Berrada, - Hadj Mohamed Ben Azzouz Ben Yahia, - Taib Ben Azzouz Ben Yahia, - Hammad Ben Hadj Thami Benkirane, . Les barbiers: - Maalem Allai Ben Bouchta, barbier, - Maalem Hadj Boujida Laraichi, barbier, - Le barbier maalem El Mekki, - Le barbier maalem Driss, - Maalem Abdeslam Tebbal, barbier, - Maalem Brahim Miara, barbier, - Le barbier maalem Abdellatif, - Le barbier Hadj Mfeddel, - Hadj Mohamed Laghrissi, barbier, - Hadj Ahmed El Khsassi, barbier, - Hadj Ahmed Laraichi, barbier, - Maalem Omar Ben Larbi El Ouazzani, barbier, - Hadj Kaddour El Goumi, barbier, . Les medecins - Le distingué Hadj Abdellouahab Ben Lahmar, Médecin; - Hadj Abdellah Adrane, medicine, - Hadj Ahmed Ben Boughaleb Ben Hammou, médecin, - SI Mohamed Zirari, médecin, - Si Mohamed Ben Abdeslam Lazrak, médecin, - Maalem Hadj Youssef Ouasa Arras, médecin - Hadj Ahmed Sentissi, médecin, - Suit de la main du Cadi "ont dûment déposé par devant le préposé à cet effet, validé". Mention d'homologation : - Louange à Dieu, le Jurisconsulte, fin lettré, distingué Professeur Éloquent orateur et vaillant Cadi-principal de la Capitale Idrisside Ville de Fès - puisse Dieu la protéger - (ici son paraphe) siégeant dûment es-qualité, puisse Dieu le traiter

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avec clémence, a requis acte de ce que l'acte ci-dessus est régulièrement établi et qu'il l'homologue à la même date que ci-dessus. L'esclave de son Maître - signé. . . . » 297.

2.2. Les infrastructures sanitaires : exemples des mâristâns de Salé, Rabat et Fès Les villes de Rabat, de Salé et de Fès ont eu, durant leurs périodes d’apogée médicale, soit entre le XIIIème et le XIVème siècles leurs mâristâns. Cette institution de grande renommée à l’époque fut destinée à l'étude des sciences de la médecine, pour abriter un petit centre hospitalier. L’évolution des mâristâns a été affiliée dans son progrès à la régularité de l'État, quand l'État mérinide a dégénéré vers la fin du XIVème siècle, ses institutions ont été inondées par le chaos et le déséquilibre. Plus tard, les mâristâns serviront presque exclusivement comme asiles pour les malades mentaux et pour les marginaux.

2.2.1. Le Mâristân de Sidi Ben Achir:

2.2.1.1. La fondation : Sa fondation se s’est faite sous la dynastie Alaouite et c’était le Sultan Moulay Abdellah Ibn Moulay Ismail (1728- 1757) qui avait ordonné à son gouverneur à Salé de construire, en 1733, une immense salle sur la tombe de Sidi Ben Achir, saint d'origine andalouse, décédé en 1365 et enterré à Salé. Moulay Abderrahmane Ben Hicham (1822- 1859) a ajouté autour du sanctuaire une trentaine de chambres pour servir d'asile aux aliénés, aux nerveux et aux déprimés et donné en 1831, l'ordre d’amener de l’eau Marabout298. Au mâristân de Sidi Ben Achir, Moulay Abderrahmane a adjoint une dizaine de chambres afin d’héberger les malades et notamment les aliénés299.

2.2.1.2. L’architecture: Il y avait une trentaine de chambres de superficies taille différentes autour du dôme du tombeau avec une mosquée carrée et les salles d’eaux: une pour les hommes, et une pour les femmes. On a fait parvenir l’eau pour au mâristân de l’intérieur de la médina de Salé. Avec le temps, des mécènes slaouis ont bâti d'autres chambres pour abriter les visiteurs venant de loin300.

297 Ibid. 298 Belkamel B, Raouyane B, Les bimaristanes au Maroc, Histoire des sciences médicales - Tome XXVIII - №2 - 1994 p. 157. 299 Belkamel B, Raouyane B, Les bimaristanes …, Op cit, p.159-160.

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2.2.2. Le Mâristân de Sidi L’ghazi :

2.2.2.1. La fondation : Ce mâristân est une des constructions du Sultan Moulay Abderrahmane Ben Hicham (1822-1859). Il est destiné aux malades mentaux et a été construit autour du tombeau de sidi M’hmed L’ghazi qui avait vécu au temps de Moulay Ahmed Dahbi au début du XVIIIème siècle301.

2.2.2.2. Le financement: Financé par les habous et les dons, mais à cause de la famine de 1868, qui était dévastatrice, le mâristân sidi L’ghazi a eu une fonction sociale, consistant à abriter des affamés pour pouvoir survivre.

2.2.3. Le mâristân de sidi Fredj302 C’est un mâristân construit par le Sultan Abou Youssouf Yacoub, vers 1286, au cœur de la plus vieille partie de la médina de Fès sous le modèle architectural mérinide. A son époque d’or, ce mâristân se composait d’un rez-de-chaussée de chambrettes, conçu pour l'hospitalisation des hommes et l'étage au-dessus pour celle des femmes, un jardin attenant pour la promenade des malades et les concerts de musique andalouse qu’on leur offrait chaque semaine.303 La gestion du mâristân était assurée par un administrateur assisté par des secrétaires et contrôlé par un responsable des Habous : « Nadir des Habous ». L’équipe médicale était dirigée par un médecin chef et composée de médecins, de pharmaciens, d'infirmiers et d'aides-soignants. Le personnel paramédical était composé de gardiens, cuisiniers et de musiciens qui donnaient des concerts aux malades tous les vendredis. Au temps de sa splendeur, le mâristân Sidi Fredj a probablement servi de modèle pour la construction du premier hôpital psychiatrique dans le monde occidental304.

300 Doukkali M, Al-Ithaf Al-Wajiz, Annoté par Mustapha Bouchaara, 2ème Ed, Publication de la bibliothèque Sbihia, 1996, p. 75. 301 Boujendar M , Al Ightibate Bi Tarajem Aalam Ribat, p .111. 302 Chakib. A, Omar Battas.O, Moussaoui.D, Le Maristane Sidi-Frej à Fès, Histoire des sciences médicales, Tome XXVIII, № 2 , 1994, p.170-174. 303 Ibid. 304 Chakib. A, Omar Battas.O, Moussaoui.D, Le Maristane…., Op cit, p.170-174

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2.2.4. L’évolution des mâristâns Les mâristâns ont évolué doublement :

2.2.4.1. Evolution dans le temps et le lieu: - Le déplacement du Mâristân de Salé du XIVème siècle, à celui de Sidi Ben Achir au XIXème siècle. - Du mâristân de Rabat du XIIIème-XIVème siècle au mâristân de Sidi L’ghazi du XIXème siècle.

2.2.4.2. Evolution dans la signification: Avec le changement des lieux des mâristâns de Salé et de Rabat, il y a eu une évolution de moyens thérapeutiques, du traitement intégré, médicale, social, psychologique et institutionnel, aux thérapeutiques magico-sorcellerie. Mais avec la décadence qu’a connue le Maroc vers les XVIIIème et XIXème siècles, le mâristân de Sidi Fredj a par conséquent été transformé progressivement en asile pour aliénés. La situation a continué à se dégrader au fil des siècles avec le recours à la magie. Les moyens utilisés relevaient alors de la "thérapeutique religieuse" (fqih), de l'astrologie, des pratiques d'exorcisme et de l'utilisation de quelques préparations d'herbes médicinales.

3. Les types de maladies : Rares sont les historiens qui se sont intéressés aux maladies. On ne trouve que de rares indications aux différents types de maladies.

3.1. Les types de maladies générales : Les maladies les plus répandus étaient en l’occurrence : - Les maladies oculaires - les maladies infectieuses. - la syphilis - les douleurs rhumatismales.305 - les problèmes gyneco-obstetriques. - l’hypertension artérielle - l’Ictère - la sciatique

305 Bouchaara M, Immigrations et protections au Maroc, Imp Royale, Rabat, 1984, Tome : I, p.18.

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- les hémorragies. - Le cholera - « Le mauvais œil » - La paralysie - Les intoxications306. - la dysfonction érectile307. - La chirurgie extraction dentaires - les circoncisions - les fractures - les amputations.

3.2. Les épidémies : Les épidémies étaient plus documentées que toutes les maladies, en égard de ses conséquences désastreuses. Les marocains désignaient par le mot « Wabaâ » la peste, mais aussi toutes les épidémies.

3.2.1. La peste : A part quelques épidémies dont l’origine était inconnue, presque toutes les autres sont arrivées d’Orient. Nous allons en citer les principales en détaillant la plus importante, à savoir celle de 1818 avec les attitudes à son égard.

3.2.1.1. La peste de 1742- 1741 : Cette peste a été dévastatrice surtout à Meknès, Fès, Zerhoun et Ksar El Kébir. Elle a fait 14 mille victimes308. En 1744, la peste a encore fait de grands ravages à Ceuta déjà occupée par l’Espagne.

3.2.1.2. La peste de 1749 : La peste de 1749 a été accompagnée de sècheresses ayant frappé tout le Maroc309.

3.2.1.3. La peste de 1752 : En 1752, des bateaux provenant d’Orient, ont introduit la peste en Tunisie, en Algérie et puis au Maroc en entraînant par conséquent plusieurs victimes dans la population

306 Bouchaara M,…, Op cit, Tome : I, p.184 307 Ibid. 308 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III …, Op cit, p. 479 309 Ibid.

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marocaine310.

3.2.1.4. La peste de 1786 : L’épidémie de 1786 était encore venue d’Orient. La peste, en arrivant au Maroc, a aggravé le désastre qui a été préparé par la famine de 1782. Un peu avant, c’est-à-dire en 1784, Tanger a failli être contaminée par le bateau « Assomption » ramenant des pèlerins contaminés. Néanmoins, la peste ne semblait pas cependant s’installer au Maroc avec le débarquement des pèlerins, à moins que le germe de la peste fût maintenu sous un état latent, pour ne se manifester que deux ans plus tard311.

3.2.1.5. La peste de 1799 : En 1799, la peste a été introduite à Tanger par des pèlerins revenant de la Mecque. Elle s’est propagée dans les compagnes et les villes surtout à Fès et à Meknès. Cette épidémie a duré deux ans, faisant beaucoup ainsi de victimes. C’était la fuite générale des européens, les consuls étrangers ont quitté Tanger et des missionnaires franciscains ont rejoint Mazagan pour soigner les chrétiens312. Les villes étaient désertes et les campagnes abandonnées. Il n y avait plus que des animaux dans les villages. Fès était vide. En octobre 1804, la Junta Consulaire de Tanger a appliqué des mesures préventives à Tétouan contre le danger de la peste. Le Rif a été mis en quarantaine.313 Les biographes marocains n’ont mentionné aucun décès causé par la peste de personnages célèbres après 1802 dans les grandes villes314, à part le fkih Mohamed Ben Ahmed Benâjiba qui a rendu l’âme à Tétouan en 1812. Le Maroc, depuis la peste de 1799, a instauré un système de prévention interne comme le cas de 1804 où la Junta Consulaire de Tanger avait appliqué des mesures préventives contre la peste à Tétouan, le Rif a été mis en quarantaine315, et externe au niveau des ports, en refoulant par exemple, un bateau arrivé d’Orient avec à son bord un homme infecté316.

310 Raynaud L, …, Op cit, p..81. 311 Raynaud L,…, Op cit, p..82. 312 Raynaud L,…, Op cit, p. 83. 313 Raynaud L,…, Op cit, p. 84. 314 Renaud. H. P. J, La peste de 1818 d’après des documents inédits, Hespéris, Volume 3, 1923 p.15. 315 Raynaud L,…, Op cit, p. 84. 316 Raynaud L,…, Op cit, p..81.

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3.2.1.6. La peste de 1818 : C’est la peste la plus importante et la plus documenté de par ses conséquences, politiques, démographiques et sociales. Elle a suscité plus d’intérêt de la part des historiens marocains et étrangers.

3.2.1.6.1. Le début: La peste de 1818 a eu un chroniqueur représenté par la personne de Graberg de Hemsö317 qui était vice-consul de la Suède et du Norvège. En réalité, la peste de 1818 était le résultat d’une réinfection due à une importation par voie maritime venant d’Orient, alors que les épidémies antérieures provenaient particulièrement d’Alger.318 En 1806, la peste apparaît en Egypte puis réapparait en 1813. Elle regagne ensuite Malte pour réapparaitre une nouvelle fois en Égypte en 1816-1817 pour regagner par la suite l’Algérie. En 1817, la peste est apparue en Algérie, les consuls à Tanger se sont réunis et ont émis plusieurs recommandations dont la nomination d’un médecin français inspecteur au port de Tanger pour renforcer le contrôle sanitaire319. Le 22 mai 1818, la frégate française « Le Tage », en provenance d’Alexandrie320, arrive à Tanger, à son bord les deux fils du Sultan, Moulay Omar et Moulay Ali ainsi que 60 pèlerins et 17 femmes arrivant de la Mecque321. Deux officiers marocains se sont rendus sur « Le Tage » à bord d’une chaloupe pour la réception des deux princes.322 Un crocheteur juif qui avait porté les affaires des deux officiers fut atteint de la peste, puis sa sœur de 13 ans qui a succombé le 25 mai de la même année.323 Mais ces décès sont passés inaperçus.324 Les consuls de Tanger, ayant subi beaucoup de pressions, ont cédé et la frégate est arrivée le 23 mai. Les pèlerins ont débarqué sans quarantaine.325 C’était la principale cause de l’entrée de la peste au Maroc.326

317 Renaud.H. P. J, La peste de 1818 …, Op cit, p.13 318Renaud.H. P. J, La peste de 1818 …, Op cit, p.14. 319 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p.105. 320Al-Nasiri A,…, Op cit, Tome: 7 p.172. 321Renaud.H. P. J, La peste de 1818 …, Op cit, p.15. 322 Ibid. 323Ibid. 324 Renaud. H. P. J, La peste de 1818 …, Op cit, p.17. 325 Renaud H. P. J, La peste de 1818 …, Op cit, p.16. 326Ezzyani A.Q, Ar-Rawda Soulaimaniya, Manuscrit à la Fondation du Roi Abdul-Aziz Al Saoud pour les Etudes Islamiques et les Sciences Humaines, Casablanca, p .259.

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Ensuite, il y a eu le cas du trois-mâts anglais, « L’Avon » qui a débarqué en mois de juin 327avec à son bord 430 pèlerins. Les consuls avisés, dès le 19 mai, ont demandé au Sultan Moulay Slimane d’imposer la quarantaine328 aux passagers, mais sous la pression du Makhzen, le bateau a débarqué à Tanger. Les pèlerins ont circulé librement au Maroc.329 Le 1er er juin « Le Chebec Maure » venant directement d’Algérie ayant été une zone pestiférée a pu entrer au Maroc sans aucune précaution330. Les pèlerins se sont rendus à Tanger et par conséquent à tout le Maroc331.

3.2.1.6.2. Les phases de la peste: L’épidémie de la peste a été officiellement déclarée le 18 juin par le consul d’Espagne à Tanger.332 Un mois a suffi pour que la peste se propage dans la ville333. Graberg de Hemsö334 a divisé l'épidémie de peste de Tanger en quatre périodes335 : . 1ère période était celle de l’invasion. Elle s’étalait jusqu'au début du mois de septembre 1818. Du 25 mai au 30 juin, 31 personnes ont succombé. En Juillet, ils en meurent 4 à 7 par jour, ce qui a fait en tout 113 pour ce mois, mais la mortalité reste, en général assez faible. Les femmes, les vieillards et les enfants ont été particulièrement frappés. En Août, le chiffre quotidien des décès a atteint 9 à 11 personnes par jour, soit 186 morts par mois. Le total pour la première période était de 312 décès. . 2ème période est celle de l’acmé. A partir du 8 septembre : Un bulletin de M. Sourdeau donne le relevé journalier des décès constatés à Tanger: entre les 11et 27 Septembre, on comptait 15 décès. Le 26 septembre 18 décès. Au total, 267 décès pour le mois de Septembre. On a eu la même progression en Octobre, où l'on a relève 479 décès. Mais le summum de l'épidémie a été atteint en Novembre, pendant la première décade. Le 9 Novembre, le nombre de morts s'est élevé à 42. Le bilan du mois de novembre était de 576 décès et celui de cette deuxième période de 1322 décès336.

327Renaud H. P. J, La peste de 1818 …, Op cit, p.17. 328Ibid. 329 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, pp.109-110. 330Renaud H. P. J, La peste de 1818 …, Op cit, p.17. 331Renaud H. P. J, La peste de 1818 …, Op cit, p.18. 332 Ibid. 333 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p.110. 334 Renaud.H. P. J, La peste de 1818 …, Op cit, p.18. 335 Renaud.H. P. J, La peste de 1818 …, Op cit, pp.18-20. 336 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p.111.

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. La troisième période était celle du déclin La première quinzaine de décembre est encore marquée par environ 200 décès, mais, à partir de ce moment, la courbe de la mortalité est descendue progressivement. Le 24, on n’a signalé que deux décès et un seul le 28, soit un total de 328 pour l'ensemble du mois. En janvier, la décroissance du mal s'accentuait, le chiffre des décès est tombé à 6, puis à 4 en février, soit en tout 408 décès pendant la troisième période. . La quatrième période était celle de l’extinction Le nombre de victimes baissait chaque jour davantage et les personnes infectées parvenaient à guérir avec un minimum de soins. Durant le mois de mars, on a compté 42 morts337. En avril, le chiffre des décès est descendu à 17. L’épidémie ne persistait qu'au Mellah, là où elle avait commencé un an auparavant. Pendant la première quinzaine de mai, on n'en a enregistré que 3 morts et une semaine entière est passé sans qu’aucun décès ne soit enregistré dans la ville de Tanger. Mais, le 22 mai, anniversaire du début de l'épidémie, de nouveaux cas ont apparu, importés de Tétouan, aux dires de Graberg de Hemsô, par des groupes de pestiférés vendus au souk338 et la peste a regagné tout le Maroc339. C’était une propagation qui allait du Nord jusqu’au sud. Après Tanger et sa région, elle a envahi toutes les villes et toutes les compagnes340. Elle a regagné également la région de Tétouan et Fès, en juin 1818, Marrakech, Rabat, Meknès, Ksar El kébir, Larache en janvier 1819 et puis Salé341. En août 1819, la peste a été déclarée à Mogador et dans le Souss se propageait ainsi jusqu'à Tazeroualt.

3.2.1.6.3. Attitude sanitaire : Rares étaient les mesures prises contre la peste de 1818, on peut en citer : • Au niveau étatique : En réalité, il n’a y avait aucune politique étatique concernant la lutte contre la peste, hormis la mise en quarantaine qui n’était appliquée que partiellement.

337 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p.112. 338Renaud.H. P. J, La peste de 1818 …, Op cit, pp : 18-20. 339 Akansūs M,…, Op cit, Tome I, p.303. 340 Ibid. 341Renaud.H. P. J, La peste de 1818 …, Op cit, p.21.

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Par contre, le rôle des consuls étrangers à Tanger était de plus en plus important. En effet, les consuls avaient demandé à Gibraltar et à Cadix un médecin. Mais celui-ci n’a pas pu venir suite à la suppression du trafic maritime avec la péninsule342 En août 1818, le docteur Sola, médecin espagnol exerçant à Cadix, ayant opéré une femme de Moulay Ali, fils du Sultan, a affirmé qu’il s’agissait bien de la peste343 . • Au niveau des médecins Les médecins marocains de l’époque n’ignoraient pas que l’isolement était le meilleur moyen pour éviter ce fléau. Ils recommandaient l’exposition des objets au soleil, ce qui a permis la destruction des germes, pratique confirmée par la suite. En effet, le bacille de Yersin, responsable de la peste, est sensible à la chaleur. Renaud expliquait que la contagion était prouvée par les médecins, mais la nature de la maladie était encore inconnue, d’autant plus que Tanger ne disposait d’aucun médecin marocain344. Le docteur Sola 345recommandait l’huile d’olive et les saignées ainsi que plusieurs mesures préventives telles que: - Arrêter les relations avec l’extérieur - Laver tous les objets avec de l’eau et du vinaigre. - Il a même expérimenté l’inoculation du virus pestilentiel mélangé à l’huile. C’était une pratique ancienne connue chez les européens et même chez les marocains.

3.2.1.6.4. Les oulémas: La conduite des oulémas au Maroc était similaire à celle des oulémas des pays musulmans. Ainsi, les patients décédés par la peste ont été toujours considérés comme des martyrs chez les musulmans.346 Il fallait toujours être patient et attendre347 ce que les sorts leurs réservent348. En plus, la religion interdit en cas de fléau ou Wabaâ d’entrer ou de quitter la région infestée.349

342Renaud.H. P. J, La peste de 1818 …, Op cit, p.25. 343Ibid. 344Ibid. 345 Ibid. 346 Ibn Hajar A, Fathul Bari Fi Sharhi Sahih Al Bukhari, Tome 10, Ed Dar Al-kotob Al-ilmiya, Liban, 1989, p .221. 347 Ibn Hajar A,…, Op cit, p.236. 348 Rosenberger.B, Triki.H, Famines et épidémies au Maroc aux XVIème et XVIIème siècles, 2011, Ed Dar- Elamane, p.198. 349 Ibn Hajar A,…, Op cit, pp. 220-221.

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Cette rigidité des oulémas marocains étaient probablement due à l’absence de diversités des rituels contrairement à ceux de l’empire Ottoman qui était ouvert sur toute la méditerranée, alors qu’au Maroc seul le rite malikite régnait. Etant confronté à la quarantaine lors de leurs visite à certains pays européens, l’une des premières mentions de la peste durant cette période était dans le livre « Elixir Fi Fikak

de l’ambassadeur Ben Othman Meknassi, après son arrivée « اإلكسري يف فكاك األسري ,Al Assir à Ceuta en 1799. Il a déclaré: « la quarantaine est impératif… dans un lieu connue qu'ils ont préparé pour cela pendant quarante jours…»350

" وذكروا لنا قبل أن ال بد من أن جنعل الكرنتينة ، ومعناها أن يقيم الذي يرد عليهم يف موضع معروف

عندهم معد لذلك أربعني يوما ال خيرج منه وال يدخل عليه أحد ...وهلم يف ذلك تشديد كثري حتى إن

الذي يأتي إىل صاحب الكرنتينة بطعام يطرحه له من بعد وحيمله اآلخر وال يتماسان، وإذا ورد عليهم

بكتاب ذكروا أنه يغمسونه يف اخلل بعد أن يقبضوه منه بقصبة ".

L’historien Ezzyani confirme la même description dans son livre «Torjmana Al Kobra » des mesures préventives en Tunisie, lors de son retour vers 1794 avec un nombre de pèlerins. Il rapporte qu’ils n’étaient autorisés à rentrer au port de Tunis, qu’après avoir passé une quarantaine de 20 jours351. Larbi Almecharfi a également inspecté cette procédure en Egypte en 1841 sur le chemin de pèlerinage et exprimé son opinion franche d’opposition à cette mesure dans son

352 Nous cherchons refuge auprès " : « أقوال املطاعني» «livre « Les mots des pesteux d'Allah ". Mais la position la plus importante de la quarantaine nous vient de la seconde moitié du XIXème siècle, période au cours de laquelle la question de la quarantaine est devenue d'un intérêt croissant pour les Marocains qui se sont trouvés contraints à affronter sa légitimité, après qu'elle est devenue prescrite par la force de la loi. En effet Ahmed, Ben Khaled An- Nasiri, un des éminents oulémas du XIXème siècle, a émis une fatwa interdisant la quarantaine :

350 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p. 404. 351 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p. 404 ,Manuscrit à la Bibliothèque Royale Hassanya de Rabat , أقوال المطاعين Almechrafi .L, Les mots des pesteux 352 N° 2054

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"فجرت املذاكرة فيما يستعمله النصارى يف أمر الكرنتينة من حبس املسافرين ، وشداد اآلفاق عن

املرور بالسبل، والدخول إىل األمصار والقرى، ومنع الناس من مرافقهم وأسباب معاشهم ، وحصل التوقف

تلك الساعة يف حكمها الشرعي ، ماذا يكون لو أجريت على قواعد الفقه ، ثم بعد ذلك وقفت على رحلة

العالمة الشيخ رفاعة الطهطاوي املصري يف أخبار باريز فرأيته ذكر يف صدرها ،أنه وقعت احملاورة بني

العالمة الشيخ أبي عبد اهلل حممد املناعي التونسي املالكي املدرس جبامع الزيتون ، ومفيت احلنفية بها

العالمة الشيخ أبي عبد اهلل حممد البريم يف إباحة الكرنتينة وحضرها ، فقال املالكي حبرمتها وألف يف

ذلك رسالة ، واستدالله فيها على أن الكرنتينة من مجلة الفرار من القضاء، وقال احلنفي بإباحتها،

واستدل على ذلك من الكتاب والسنة أيضا ، فلما وقفت على هذا الكالم جتدد لي النظر يف حكم هذه

الكرنتينة ، وظهر لي أن القول بإباحتها أو حرمتها منظور فيه إىل ما اشتملت عليه من مصلحة ومفسدة،

ولو مرسلة على ما هو املعروف من مذهب مالك رمحه اهلل ، ثم يوازن بينهما وأيتهما رجحت على األخرى

عمل عليها، فان استوتا كان درء املفسدة مقدما على جلب املصلحة كما هو معلوم يف أصول الفقه، …

وحنن إذا أمعنا النظر يف هذه الكرنتينة وجدناها تشتمل على مصلحة وعلى مفسدة ، فأما املصلحة ففي

سالمة أهل البلد املستعملني هلا من ضرر الوباء، وهذه املصلحة كما ترى غري حمققة بل وال مظنونة ، ألنه

ليست السالمة مقرونة بها كما يزعمون، وانه مهما استعملها أهل قطر أو بلد إال يسلمون ال دائما وال

غالبا، بل األكثر أو األكثر أنهم يستعملونها ويبالغون يف إقامة قوانينها ثم يصيبهم مما فروا منه كما

هو مشاهد، ومن زعم أن السالمة مقرونة بهذا دائما أو غالبا فعليه البيان، إذ البينة على املدعي فنتج عن

هذا أن مصلحة الكرنتينة مشكوكة أو معدومة، وإذا كانت كذلك فال يلتفت هلا شرعا وال طبعا ألنها

حينئذ من قبيل العبث "353

353 Al-Nasiri A,…, Op cit, Tome 5, p.183.

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Malgré cette attitude, il y avait toujours au Maroc des voix qui s’élevaient chez les oulémas pour chercher des solutions à la peste.354En effet, certains optaient pour la prévention de la contagion et ont même conseillé de fuir les zones infestées355. Parmi eux figure Mohamed Ben Abi Kacem El Filali qui insistait sur les mesures préventives contre la peste356. Il y avait une opposition des oulémas marocains contre les mesures préventives comme la quarantaine avec une augmentation du durcissement surtout avec les pressions des forces impériales pendant le XIXème siècle, avec une intervention européenne de plus en plus croissante dans le domaine sanitaire et l’utilisation de la santé comme moyen d’infiltration pacifique au Maroc comme on le verra par la suite et c’est le cas du conseil santé de Tanger.357

3.2.1.6.5. La population : Certains marocains pensaient que c’était un châtiment358 du Ciel à cause des relations qu’entretenait le Sultan avec les pays européens359. Les musulmans contaminés ont été considérés comme des martyrs360. Une partie de la population ne tenait plus compte des explications religieuses en préférant avoir recours à la sorcellerie et à la superstition.

3.2.2. Le Choléra : Il est appelé « Bouguélib » par la population. Sa première apparition au Maroc remonte à 1834. Auparavant, les mesures de prévention et de précaution ont probablement empêché son apparition malgré l’existence de l’épidémie à Gibraltar en 1828, en Algérie en 1831et en Espagne vers 1832. Le 19 novembre 1834, une forte mortalité à Fès a été signalée aux consuls à Tanger. Vers la fin de novembre, les docteurs Guation et Matéo ont rapporté quelques cas de choléra avec une symptomatologie digestive suspecte à Tanger361 , avant que le choléra ne soit déclaré clairement le 1er décembre. Malgré les mesures d’hygiène prises à Tanger, le choléra s’est étendu à Rabat, à Larache et dans d’autres villes côtières comme362 Casablanca,

354 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p. 395. 355 Ibid. 356Al Mansour M, La position…, Op cit, p. 107. 357Al Mansour M, La position…, Op cit, p.108. 358 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p.133. 359Renaud.H. P. J, La peste de 1818 …, Op cit, p .22. 360 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p.394. 361 Raynaud L,…, Op cit, p. 88. 362 Raynaud L,…, Op cit, p.89.

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Mazagan, Safi, Mogador , Tétouan puis dans le reste du Maroc. L’épidémie était considérée comme éradiquée dans tous les ports en novembre 1835. Cependant, en février 1837, des cas de choléra ont été diagnostiqués à Fès, puis le 5 décembre 1837 à Tanger et à Tétouan, d’où la mise en quarantaine qui a été levée en février 1838363.

3.2.3. Autres épidémies364 : En plus des pestes et des choléras, le Maroc de cette époque a connu d’autres épidémies. En effet, en septembre 1841 et en novembre 1842, on a signalé à la fois au Rif et à Marrakech une infection attribuée tout d’abord à l’abus de fruits et qui aurait été une fièvre typhoïde ou même un typhus 365.

4. Les moyens thérapeutiques : Les moyens thérapeutiques utilisés par les médecins marocains de l’époque étaient archaïques et ne correspondaient pas aux innombrables innovations qu’a connues le monde depuis la Renaissance européenne. En effet, le médecin anglais Lamperière rapporte que le savoir des médecins marocains de cette époque se réduisait aux anciens manuscrits, avec des traitements les plus simples possibles. « Leur science se borne à choisir dans de vieux manuscrits quelques remèdes très simples qu’ils appliquent sans aucun discernement »366. Il cite, à titre d’exemples, la saignée pour traiter presque toutes les maladies. Il a même trouvé des difficultés à leur faire comprendre comment, à travers un traitement par voie orale qui passe par l’estomac, elle il peut être efficace pour remédier aux maladies somatiques. Comme exemple de moyens thérapeutiques de l’époque, Mustapha Bouchaara dans son livre «Immigrations et protections au Maroc » énumère quelques rares exemples :

4.1. La pathologie médicale : Le diagnostic se basait sur la prise de pouls, la fièvre, certains symptômes respiratoires, le facies et le teint.367 . Les maladies infectieuses : les traitements étaient : les plantes, les infusions et l’encens.

363 Ibid. 364 Raynaud L,…, Op cit, p. 98. 365 Ibid. 366 Savine A, Le Maroc il ya cent ans, souvenir du chirurgien W.Lemprière, Ed Dar Alamane, 2013, p.25. 367 Bouchaara M, Immigrations …., Op cit, Tome : I, p. 183.

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. On utilisait également le « Khôl » pour les maladies ophtalmiques. Le jeûne et les régimes diététiques étaient des thérapeutiques parallèles extrêmement répandues. : on peut évoquer, entre autres ,(العشبة) Pour ce qui est des plantes . - la grande Ochba, la salsepareille368 : elle était consacrée à la syphilis avec un régime sans viande bovine, des épices avec évitement des facteurs stressants. - La petite Ochba : on l’utilisait pour les douleurs rhumatismales369, avec ou sans massages. . Pour la pathologie gynéco-obstétrique, on avait recourait aux services des « Qâblas » : les accoucheuses traditionnelles à domicile. . La saignée pour l’hypertension artérielle. . La cautérisation était utilisée pour l’ictère et la sciatique. 370 . L’analyse des urines était une pratique bien répandue chez les médecins marocains depuis des siècles371. . Il y avait des traitements par l’eau minérale naturelle, soit en le buvant soit en prenant des douches. Apparemment, les patients cherchaient la « baraka » plus que les effets thérapeutiques.372 . Pour les maladies neurologiques comme la paralysie : les gens pensaient plus aux .)التوكال) djinns, à Satan, et à l’intoxication de la sorcellerie373 . Les Hémorragies, dont l’épistaxis et la fièvre, se traitaient par l’eau froide et par la glace. . Le choléra avait par contre des traitements spéciaux374. . Il y avait même des traitements contre la dysfonction érectile375.

4.2. La pathologie chirurgicale: . La chirurgie était simple, avec une anesthésie basique et se limitait aux extractions dentaires, aux circoncisions et aux amputations. Celles-ci était très difficile et posait beaucoup de problèmes pour arrêter l’hémorragie.376

368 Salsepareille 369 Bouchaara M, Immigrations…., Op cit, Tome : I, p.183 370 Ibid. 371 Bouchaara M, Immigrations…, Op cit, Tome : I, p.184 372 Ibid 373 Ibid. 374 Ibid. 375 Ibid. 376 Ibid.

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. Pour la stérilisation : elle se faisait par le vinaigre. . La désinfection se faisait par l’encens. . Les fractures étaient traitées par les attelles.377

4.3. Les maladies psychiatriques Les marocains estimaient que l’origine des maladies mentales était les djinns et le mauvais œil378; le traitement était par le goudron, le sel, les amulettes, les .de la sorcellerie379 (الجداول) poussières des sanctuaires et les tableaux On utilisait de surcroît des anneaux d'acier autour des membres et du cou fixé au toit des chambres. Par conséquent, ces institutions ont été transformées en lieux d'emprisonnement et non des institutions thérapeutiques.

5. Les médecins: L’Histoire n’a retenu pour cette deuxième période que de rares médecins marocains ou des herboristes qui traitaient les maladies aigües ou les épidémies380. Certains pratiquaient une « thérapie » en préparant à leurs clients des amulettes381. Il n’y avait pas de spécialistes en pharmacologie et la prévention était quasi inexistante.382 Les livres utilisés par les médecins marocains étaient des livres de la médecine arabo- musulmane et andalouse ancienne. La médecine n’avait pas une place indispensable dans le domaine de l’enseignement. Le médecin anglais Lamperière, comme nous l’avons précédemment avancé, signale que le savoir des médecins marocains se limitait aux anciens manuscrits, avec des traitements oserons nous-dire simples 383. Pendant cette même période, le Maroc a connu des vagues de médecins explorateurs étrangers au début de l’infiltration et de la pénétration pacifique du pays.

5.1. Les médecins marocains : Les sources historiques ne citent pas beaucoup de médecins. Les historiens de l’époque étaient plutôt concentrés sur les problèmes politiques que sur la médecine. Néanmoins, Al Kanouni rapporte certains noms tels que :

377 Bouchaara M, Immigrations et protections au Maroc, Tome : I …, Op cit, p .183. 378 Bouchaara M, Immigrations …., Op cit, Tome : I, p.184. 379 Ibid. 380 Bouchaara M, Immigrations…., Op cit, Tome : I, p.174. 381 Bouchaara M, Immigrations…, Op cit, Tome : I, p. 175. 382 Ibid. 383 Savine A,…, Op cit, p .25.

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. Abou Al-Abbas Ahmed Aderraq: il n’est pas descendant de la fameuse famille Aderraq du temps du Sultan Moulay Ismail, mais il était de la même tribu. On le décrivait comme un bon médecin, écrivain, religieux et juriste en même temps. Il était le médecin personnel du Sultan Sidi Mohammed Ben Abdellah surtout qu’il l’a efficacement traité lors de sa maladie à Tadla. Il est décédé vers 1822. . Abou Ar-Rabii Soulaim Ben Ahmed AL-Fachtali AL-Fassi : il était parmi les savants éminents dans les sciences islamiques, philosophiques et médicales. Il était l’élève du médecin Abdelmadjid Al-Manali. Il est décédé en 1793384. . Mohammed El Kahhak : Il est le médecin El Hadj Mohammed, fils de feu Sid El Hadj Ahmed El Kahhak. L’Ijaza datant de 1832, qui peut être considérée comme unique en son genre, nous permet de connaître l'existence de noms de sept autres praticiens marocains contemporains à ce médecin385. . Abdellouahab Ben Lahmar, . Mohamed Zirari, . Ahmed Sentissi, . Abdellah Adrane, . Mohamed Ben Abdessalam Lazrak . Ahmed Ben Boughaleb Ben Hammou, . Youssef Ouasa Arras On ignore tout de même tout sur leurs biographies, ce qui est probable c’est qu’ils ont eu la même Ijaza puisqu’ils étaient des médecins témoins de la Ijaza de Mohammed Al Kahhak.

5.2. Les médecins étrangers : En septembre 1789, le consul britannique à Tanger s’est adressé au commandant de Gibraltar pour lui demander de lui envoyer un chirurgien expérimenté, pour Moulay Abdessalam, fils du Sultan Moulay Slimane, souffrant d’un problème ophtalmique. Il espérait une amélioration de son état386 plutôt que les « mauvaises Esculapes de l’empire du Maroc »387, ce qui montre l’image des médecins marocains aux yeux des européens de l’époque.

384 3Kettani M, Soulwate Al-Anfass, Tome III, Ed Dar Attaqafa. 2004, p.141 385 Kahhak A,…, Op cit, pp. 195-210. 386 Savine A,…, Op cit, p.13 387 Savine A,…, Op cit, p. 14

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Ce médecin rapporte pendant son voyage à Asilah, qu’il a été l’objet de plusieurs sollicitations des malades marocains souffrant surtout de maladies chroniques, qui le « suppliaient » de les traiter , tout en sachant que la médecine ne pouvait pas guérir toutes les maladies.388 - Le médecin espagnol Don Josef Antonio Coll est venu au Maroc pendant la peste de 1799 avec des recommandations claires de s’occuper des intérêts commerciaux de l’Espagne au Maroc, et de favoriser l’utilisation du comprimé « Quina » produit en Espagne à l’époque.389 Après son arrivée en 1800, il a rendu visite au Sultan à Meknès puis à Fès. Il a fait plusieurs recommandations thérapeutiques. Il a rédigé un rapport détaillé sur l’épidémie de 1798-1800, en niant qu’elle soit une peste, 390 bien que les études plus tard aient confirmé que c’était une vraie peste qui a continué à faire des victimes jusqu’au 1800. Il est rentré en Espagne après la fin de sa mission.391 - Le médecin espagnol M. Sola est venu au Maroc en 1817 pour traiter un problème ophtalmique de la belle sœur du Sultan Moulay Slimane. Après la déclaration de la peste de 1818, il s’est vu obliger de rester au Maroc à cause de la rupture des rapports maritimes avec Gibraltar. Le Docteur Sola 392recommandait l’huile d’olive et les saignées ainsi que plusieurs mesures préventives telles que : o Stopper les relations avec l’extérieur o Laver tout avec de l’eau et du vinaigre. Il a même expérimenté l’inoculation du virus pestilentiel mélangé à l’huile. - Le médecin Broquet était, quant à lui, inspecteur sanitaire à Tanger en 1817. - Le médecin Ségur-Dupeyron est venu au Maroc en 1836 et rédigé un rapport détaillé sur la règlementation sanitaire au Maroc393. Sur la base de ce rapport, les consuls étrangers au Maroc ont adressé une demande au Sultan Moulay Abderrahmane Ben Hicham dans le but de créer un conseil sanitaire international au Maroc en 1840.394

388 Savine A, …, Op cit, p.23 389 Aziouiz R, …, Op cit, p. 116 390 Aziouiz R, …, Op cit, p. 119 391 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, pp.85-99 392 Renaud. H. P. J, La peste de 1818 …, Op cit, p.25. 393 Ségur-Dupeyron M, Rapport adressé à Mr le ministre de l’agriculture et du commerce sur les modifications à apporter aux règlements sanitaires, Annales maritimes, Tome 70, 1839, pp.743-867. 394 Bezzaz M.A, Le conseil sanitaire international au Maroc, Ed Faculté des lettres et des sciences humaines de Rabat, 2000, pp. 46-47.

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- Le médecin anglais Brown est venu au Maroc pour traiter le Sultan Moulay Abderrahmane Ben Hicham. Après la guérison du Sultan, il a eu une autorisation d’exercer la médecine au Maroc.395

6. La prévention : La prévention était toujours en vigueur au Maroc pendant les épidémies. Depuis le début du XIXème siècle, la prévention était émise surtout par le conseil sanitaire international. Les consuls européens au Maroc avaient beaucoup d’influence sur les autorités marocaines dans l’application des mesures de prévention en cas d’épidémie.396 En effet, Mohamed Amine Bezzaz rapporte une note du registre du conseil sanitaire de Tanger montrant que le Sultan sidi Mohammed Ben Abdellah a fait une sorte de ceinture sanitaire sur les frontières orientales pour juguler la propagation de la peste qui avait envahi l’Algérie à l’époque.397 En 1792, les consuls des nations représentés à Tanger ont commencé à se réunir à des dates fixes pour discuter de la question d’hygiène au Maroc. Leur assemblée avait le nom de « Junta de los Consules » à l’ origine du conseil sanitaire maritime. Dès sa création, le Junta s’est occupée des quarantaines à prendre dans les régions épidémiques398 . En juin et octobre 1793, des mesures de précautions approuvées par le Maroc ont été prises contre la peste provenant d’Algérie, en procédant même la suspension, en juillet 1797, des liens terrestres avec Oran. En 1799 il y a eu la formation d’un cordon sanitaire autour des villes de Melilla et Tétouan. 399 Au début du XIXème siècle, les consuls ont exercé une pression sur le makhzen pour avoir le droit de s’occuper seuls des affaires sanitaires. Un conflit a éclaté, en 1818, entre le Sultan d’une part, qui a laissé débarquer librement les pèlerins venus de la Mecque sur le « Tage », et le conseil d’une autre part qui avait refusé ce débarquement, et la peste s’est infiltrée au Maghreb400. Malgré d’autres difficultés soulevées par les gouverneurs de Tanger ou le makhzen, les consuls acquéraient, d’année en année, l’autorité en matières sanitaires sur le Maroc. C’était au 18 avril 1840 que le règlement formant la base du conseil international de Tanger a été adopté, et s’est inspiré du rapport sur l’hygiène sanitaire de 1839 du médecin M. Ségur-Dupeyron : « Rapport adressé

395 Aziouiz R,…, Op cit, p. 200. 396 Raynaud L, …, Op cit, p.62. 397 Bezzaz M.A, Le conseil…, Op cit, p. 23. 398 Bezzaz M.A, Le conseil…, Op cit, p. 278. 399 Raynaud L, …, Op cit, p.63. 400 Renaud H. P. J, La peste de 1818 …, Op cit, pp. 13-35.

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à Mr le ministre de l’agriculture et du commerce sur les modifications à apporter aux règlements sanitaires ».401 En 1844, le Sultan Moulay Abderrahmane Ben Hicham a chargé officiellement les consuls étrangers au Maroc de bienvieillir au maintien des mesures de prévention et de surveillance sur les côtes du Maroc , de faire tous les règlements nécessaires et de prendre toutes les mesures indispensables pour atteindre ce but. Â vrai dire, les conflits entre le makhzen et le conseil sanitaire international au Maroc ne se posaient pas lors des décisions de repousser des bateaux étrangers, mais lorsque ces derniers ramenaient des pèlerins de la Mecque ; c’était dans ce cas que le makhzen exprimait une opposition402. La question d’un lazaret où pourraient être isolés les bateaux et les passagers suspects étaient d’actualité à cette époque. Cela s’est réalisé en 1865, quand le conseil a obtenu du Sultan un dahir spécial désignant l’île de Mogador comme lieu d’isolement réservé aux les pèlerins 403. IV- LES RÉFORMES :

La décadence au Maroc – comme nous l’avons vu ci-dessus – était le résultat de plusieurs facteurs complexes, politiques, culturelles et sociaux, conduisant ainsi à un état de faiblesse le plus total. Mais au milieu du XIXème siècle, alerté par la bataille d’Isly, la guerre de Tétouan, les voyages du pèlerinage, les ambassades vers l’Europe, les commerçants et le makhzen lui-même, est apparu au Maroc un mouvement réformateur. En effet, après la bataille d’Isly et le traité de Lalla Maghnya 1844/1845, le traité maroco- anglais de 1856 et la guerre de Tétouan 1860, les réformes se sont proliférées:  Les réformes militaires : surtout sous l’ère du Sultan Mohammed Ben Abderrahmane et du Sultan Hassan I avec les missions à l’étranger.  Les réformes financières : surtout la taxe du « Tertib » sous le règne du Sultan Hassan Ier et celui du Sultan Moulay Abdelaziz. Les réformes, dans le contexte marocain du XIXème siècle avaient une connotation religieuse et surtout influencées par celles conçues à la même période en Orient comme celles de Mohamed Ali Pacha en Egypte. En effet, Mohamed Ali a lancé un certain nombre de réformes économiques et sociales importantes dont la mise en place des structures sanitaires (hôpitaux, écoles de médecine et de pharmacie, services des épidémies, d'hygiène

401 Ségur-Dupeyron M, Rapport …, Op cit, Tome 70, 1839, pp.743-867. 402 Raynaud L,…, Op cit, p.63. 403 Raynaud L,…, Op cit, p.64.

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publique, laboratoires, service de santé des provinces)404. Nous proposant donc de retracer l’Histoire les reformes marocaines au XIXème siècle et de faire un regard croisé sur des reformes de l’Egypte à travers l’école de médecine du Caire.

1. La formation des médecins en Egypte : expérience de l’école de médecine du Caire Durant la moitié du XIXème siècle, l’Egypte de Mohamed Ali Pacha a vécu un processus réformateur caractérisé particulièrement par une forte industrialisation qui présentait des analogies avec celle de certaines régions de l’Europe occidentale405. Ce processus d’industrialisation était accompagné, entre autres par la fondation de l'École de médecine du Caire par Clot " Bey "406. En effet, en 1825, Mohamed Ali a chargé le célèbre chirurgien grenoblois « Antoine Clot » d'établir un service de santé pour son armée. Aussitôt en Égypte, il se mit à organiser un service sanitaire pour l'armée et la marine égyptiennes407. Il a créé un hôpital militaire à Abou-Zaâbal, au Caire et en reconnaissance des services rendus, Mohamed Ali lui a confié le titre honorifique de « Bey ». (Voir photo 3) En 1827, encouragé par les succès de ses premiers efforts, Clot Bey a fondé la première école de médecine en Egypte408. Clot-Bey a dû faire face à plusieurs difficultés au début de la fondation de l’école : . La première difficulté était le choix de la langue d’éducation : « La première difficulté était de décider en quelle langue aurait lieu l'enseignement. L'impossibilité de trouver des élèves connaissant le français, (…) et plusieurs autres motifs me démontrèrent la nécessité de leur transmettre la science médicale dans leur propre idiome. Il s'agissait donc de fournir à des professeurs tout à fait étrangers à la connaissance de la langue arabe les moyens d'opérer cette transmission, je crus possible de surmonter cette difficulté à l'aide de traducteurs possédant également bien la langue des élèves et celle des professeurs, traducteurs qui devraient être eux-mêmes les premiers élèves et à qui l'on enseignerait la Science afin qu'ils puissent la communiquer »409. . La deuxième difficulté était les croyances religieuses sur l’étude de l’anatomie et de la dissection, vu le grand respect de la religion musulmane vis-à-vis des morts : « …

404Jagailloux S, La médicalisation de l'Egypte au XIXe siècle 1798 – 1918, Communication présentée à la séance du 21 février 1987 de la Société française d'Histoire de la Médecine. 405 Zaki A, La fondation de l'École de médecine du Caire par Clot " Bey " de Grenoble (1793-1868), Communication présentée à la séance du 23 février 1985 de la Société française d'Histoire de la médecine. 406 Ibid. 407 Ibid. 408 Clot-Bey A.B, Aperçu général sur l'Égypte, Fortin, Masson et Cie, Paris, Tome II, 1840, p. 409. 409 Clot-Bey A.B, …, Op cit, p. 410

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j'employai toutes les ressources pour obtenir la permission de disséquer. Elle me fut constamment refusée par l’autorité ; mais je parvins, à force de raisonnements, à avoir un consentement secret de la part des ulémas sous la condition expresse d’en user avec réserve et toutes les précautions possibles. Aussi, dans le commencement, fîmes-nous les autopsies à l’insu du public et en entourant l’amphithéâtre de gardes …. Peu à peu, les élèves surmontèrent tout préjugé, toute répugnance, et se sont convaincus de l'indispensable nécessité de l'étude de l'anatomie. Ils ont porté ensuite cette conviction chez leurs parents, la leur ont fait partager et, aujourd'hui, le public est complètement accoutumé à l'idée de la dissection des cadavres »410. L'école a été mise en place à l'hôpital d'Abou-Zaâbal avec une centaine d’étudiants répartis en dix sections. Ceux-ci ont eu chacun un chef des plus instruits. Ces étudiants, logés, nourris, vêtus et payés même par l'Etat, formaient un collège411. L’hôpital universitaire comportait un millier de lits et des médecins de garde étaient assignés au service nocturne412.

410 Clot-Bey A.B,…, Op cit, p. 411 411 Ibid. 412 Gédéon E. L’enseignement médical au XIXe siècle au Moyen-Orient. À travers un des pionniers de la médecine libanaise. J Med Liban 2012 ; 60 (1) : 61-62.

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Photo 3 :Clot-Bey413

413 Le docteur Clot-Bey, Journal universel, 3 octobre 1868

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Les livres étaient gratuits pour les Egyptiens et vendus à prix réduit aux Libano-Syriens. Les étudiants égyptiens décrochaient une bourse d’études. Ces études duraient six ans414. Le mode d’enseignement était conçu de la manière suivante : - La leçon était traduite en présence du professeur qui donnait toutes les explications nécessaires aux traducteurs, afin de leur faciliter la compréhension et de s’assurer de l’exactitude de la traduction en en faisant faire le thème415, puis le dicter aux étudiants416. - L’explication détaillée se faisait par le professeur et les chefs de sections étaient autorisés à faire des demandes sur tout ce qu’ils ne comprenaient pas et chargés de reproduire après la fin des cours les leçons à leur section respective417. - Chaque mois, les élèves ont été évalués sur ce qui leur avait été enseigné, et les places de chef de section ouvertes aux concours418. Les premières années d’études étaient limitées aux sciences de base et durant les dernières années, les cours se rapportaient à l’histologie et à l’anatomie419. Les matières enseignées étaient420 : - Les éléments de physique, de chimie et de botanique ; - L’anatomie générale, descriptive et pathologique ; - La pathologie et la clinique chirurgicale, et les opérations ; - La pathologie et la clinique internes ; - La matière médicale, la thérapeutique ; - L’hygiène, la médecine légale - La pharmacie. Des cours de soins primaires, de médecine interne, de chirurgie, de gynécologie, d’ophtalmologie étaient dispensés durant les dernières années421. Les examens étaient annuels422, en présence du jury, dont les membres étaient présents, de hauts dignitaires de l’État comme les officiers, les cheikhs et les évêques423. Les certificats délivrés contenaient une description spécialement littéraire de l’étudiant. Par

414 Gédéon E,.…, Op cit. 415 Clot-Bey A.B,…, Op cit, p. 412 416 Ibid. 417 Ibid. 418 Ibid. 419 Gédéon E,.…, Op cit. 420 Clot- A.B, …, Op cit, p. 412. 421 Gédéon E,…, Op cit. 422 Clot-Bey A.B, Aperçu …, Op cit, p. 413. 423 Gédéon E, …, Op cit.

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exemple, un candidat qui avait «émerveillé les présents et rempli de satisfaction les yeux des spectateurs », ou un autre candidat a donné « des réponses justes, avec calme et sérénité…»424 A cette école de médecine du Caire était annexée une école de pharmacie et une autre de sages-femmes425. En l'espace de dix ans, 420 médecins ont étés diplômés426. Certains ont été affectés dans les hôpitaux égyptiens ou bien ils ont été retenus à l’école comme des répétiteurs. En 1832, Clot Bey a choisi 12 étudiants égyptiens parmi les nouveaux diplômés pour partir en expédition pour la France afin de perfectionner leur apprentissage427. Ils ont subi officiellement, en novembre 1832, un examen devant d'illustres professeurs de médecine français. Ils ont effectivement réussi brillamment l'examen428. En 1837, l'école de médecine et l'hôpital ont été transférés de son ancien emplacement à Abou Zaâbal à un autre lieu à Kasr El-Aini429. La durée d'études, à cette époque, était de cinq ans et le nombre des étudiants atteignait 300430. Cette école avait connu un grand succès et une grande renommée en Afrique du Nord et en Orient431. En effet, plusieurs jeunes venant de la Syrie, du Liban432 et du Maroc433 ont fait leurs études à l’école de médecine du Caire.

2. La formation des médecins marocains :

2.1. La formation des médecins au Maroc :

2.1.1. La formation classique des médecins : état des lieux

2.1.1.1. La formation à l’université Al-Quaraouyine : Au Maroc, les « madrasas » avaient la fonction d’école, d’université et d’hôtel pour les étudiants. Elles abritaient une bibliothèque. C’était le cas de l’université d’Al Quaraouiyine434 durant ses années d’or. Cependant, vers la fin du XIXème siècle elle était en

424 Gédéon E, …, Op cit. 425 Clot-Bey A.B, …, Op cit, p. 413. 426 Zaki A,…, Op cit. 427 Clot-Bey A.B,…, Op cit, p. 414. 428 Zaki A, …, Op cit. 429 Ibid. 430 Ibid. 431 Ibid. 432 Gédéon E,…, Op cit. ème 433 Jadour M, La médecine marocaine à la fin du XIX siècle : exemple Abdessalam Alami, In la connaissance médicale et l’Histoire des maladies au Maghreb, 2011, pp.49-83. 434 Renaud, H.P.J. État de nos connaissances …, Op cit, p.325.

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pleine décadence du point de vue de l’enseignement des sciences, en plus d’une situation lamentable dont souffrait sa bibliothèque435. Mais elle gardait encore sa renommée dans le monde islamique, à tel point que beaucoup d’étudiants ne cessaient d’accourir à Fès chercher la science et surtout l’honneur de se dire élève de ses écoles436. L’enseignement de la médecine au Maroc se résumait aux notions des soins de santé primaire437 et les étudiants étaient libres d’étudier, sans aucun devoir à l’État.438. A cette époque, les oulémas prêtaient beaucoup d’attention à l’étude de la médecine, mais ces études étaient superficielles. Elles étaient concentrées sur les livres classiques, sans expérimentations ou pratique clinique439. Les livres étudiés étaient les suivants: .de Djordjani « زبدة الطب » (Le nectar de la médecine » (Zoubdate At-Tib » -

.d’As-Soueidi « التذكرة » (Le rappel » (At-tadkira » -

-de Daoud Al « تذكرة األنطاكي » (Le rappel d’Antioche » (Tadkirate Al-Antaki » -

Antaki.

.d’Ibn Rochd « الكليات» (Les intégrales » (Al-Koullyates» -

مفردات األدوية و » (Les termes médicaux » (Mofradate Al-Adwya Wa Al-Aghdya » -

.d’ Ibn Al-Baitar « األغذية

d’Ibn H’madouch «كشف الرموز » (L’herméneutique » (Kachf Arroumouz » -

Aljazairi. Apres 1904 les œuvres étudiées étaient de plus en plus rares : مقالة حفظ » ( « Discours sur la préservation de la santé » (Maqualat Hifd Assiha

.d’Ibn Rochd « الصحة

d’Ibn Al-Hassan « تدبر الصحة » ( « Reflexion sur la santé» (Tadabbor As-Siha

Alqodaii.

435 Ibid. 436 Raynaud L, …, Op cit, p. 104. 437 Benabdellah A, Développement des Sciences au Maroc pendant un Millier d’Années, Dar Al Maarifa, Rabat, 2000, p. 121. 438 Raynaud L,…, Op cit, p. 104. 439Benabdellah A,…, Op cit, p. 22.

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أرجوزة يف » ( « Épîtres sur la santé publique» (Urjuza Fi Hifd Assiha Al-Amma

.d’Abdelkarim Ben Moumen Laâlaj « حفظ الصحة العامة

Depuis plusieurs décennies, Ibn Khaldoun critiquaient les méthodes d’enseignements jugées figées et stériles. En effet, il avait montré la part excessive réservée à la mémorisation dans l’acquisition des connaissances scientifiques440, l’exemple-type en était la Urjuza, poème didactique avec des explications, ou on y trouve de si nombreux exemples, comme ceux d’Abdelouaheb Aderraq ou celui de Benchekroune Meknassi. Une fois apprises, ils étaient gravés dans la mémoire des étudiants.441 Renan décrivait les étudiants comme « rien que des compilateurs …. Ils dévorent les documents antérieurs, ils ne les digèrent pas »442. Au début du XXème siècle, l'enseignement médical n'existait plus au Maroc. Les études étaient surtout relatives aux étiologies des maladies, aux traitements traditionnels des plaies avec quelques notions des soins primaires. Le traitement des maladies de tout genre se réduisait à des applications de talismans, invocations, prières et emploi empirique de quelques drogues443 avec quelques thérapeutiques ophtalmiques. En revanche, l’ophtalmologie et la chirurgie dentaire étaient présentes. L’espagnol José Boada y Romeo lors de sa visite au Maroc à la fin du XIXème siècle, s’est étonné à propos de l’université d’Al Quaraouiyine, « …qu’es ce qui reste de cette époque glorieuse ? Rien, les bibliothèques ont disparu, les grands savants ont été remplacés par des tricheurs et des sorciers ….».444 Une grande partie des livres, qui formaient les bibliothèques si renommées de la ville, avaient disparu445. Les médecins marocains avaient des connaissances médicales géné- rales446 qui se réduisaient à des notions sur les étiologies des maladies, les soins de santé primaires et à la petite chirurgie. Ils se contentaient d’appliquer quelques remèdes et des pansements.447 La notion classique des quatre tempéraments en rapport avec les 4 éléments; le feu et la terre (tempéraments chauds) et l’eau et l’air (tempéraments froids)448 remontant à

440 Ibn Khaldoun A,…, Op cit, pp. 489 441 Renaud, H.P.J, État de nos connaissances …, Op cit, p.326. 442 Renaud, H.P.J, État de nos connaissances …, Op cit, p.327. 443 Lwoff.S et Sérieux.P, Sur quelques moyens de contrainte appliqués aux aliénés au Maroc. Revue de psychiatrie et de psychologie expérimentale, 7e série, 15e Année Tome XV, Mai 1911, N° 5, pp.185-189 444 José Boada y Romeo, Allende El Estrecho Viajes por Marruecos (1889- 1894), Traduit en arabe et annoté par Mohamed Abdeslam Morabet, 2015, Ed Litograf, p.178. 445 Raynaud L,…, Op cit, p. 103. 446 Raynaud L,…, Op cit, p. 118. 447Ibid. 448 Raynaud L,…, Op cit, p. 119.

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l’époque d’Hippocrate était toujours en vogue. L’étude de l’anatomie était également réduite449, et par l’examen du pouls radial, se reconnaissaient les maladies450. Les années d’études n’avaient pas de limites dans le temps et les examens n’existaient pas451. Mais les étudiants, dits « Tolbas », suivaient des cours de leurs choix pendant plusieurs années et quand les étudiants se jugeaient suffisamment formés, ils recevaient de leurs maîtres un diplôme, appelé « Ijaza » qui était un certificat d’études452. Raynaud réédite la Ijaza d’un médecin marocain à Fès en 1893453, probablement la dernière de cette époque454 (Voir ci-dessous):

Diplôme délivré par des savants de Fez à un Toubib marocain « Louange à Dieu seul ! I-l n’y a do durable que son Empire. Les vertueux jurisconsultes témoignent ce dont Dieu a complet le porteur dans l’art de guérir les maux, et qui lui a valu la; popularité dans certains pays. Appelé à se présenter devant eux il s’est montré soumis et digne. Il a été questionné sur la science de la médecine, et sur ce que Dieu lui a appris dans cet art, la séance ayant été ouverte par des vœux de bénédiction à l’adresse du prophète Hachmi et Koraïchi dont le rang est le plus haut. Cette assemblée était composée de, notamment, le savant directeur Sid El Hadj Moussa ben Abdesselam, chérif d’origine natif de Fez; le très savant Sid Elliassine ben Driss, natif de Fez, chérif d’origine; le distingué docteur, le pieux Sid El Hadj Ali ben Mohammed, natif de Salé, chérif d’origine ; l’honorable Sid Selimane ben Amar, originaire de Doukala chacun de ce savants chargé spécialement de l’instruction dans la ville de Fez; (la protégée de Dieu suprême). Lesquels certifient parfaitement connaître nominalement originairement et personnellement le porteur du présent le jurisconsulte, le distingué Si El Hadj Mohammed ben Abd Errhamane ben Ahmed ben Mohammed ben Elhassen natif d’Ouazzan, chérif d’origine. Ils l’ont examiné sur diverses sciences, aux lieux ordinaires de leurs cours dans la ville de Fez (la protégée de Dieu suprême)

449 Raynaud L,…, Op cit, p. 120. 450 Ibid. 451 Ibid. 452 Ibid. 453 Raynaud L,…, Op cit, pp. 107-109. 454 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc…., Op cit, Tome XXVI, pp.263-270.

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Ils ont constaté que le candidat a une connaissance réelle des sciences certaines, telles que l’art de la médecine, reconnue par la loi, et ses applications, aussi la science fondamentale et l’étude fies quatre éléments, d’où découlent les connaissances physiques ; qu’il sait composer les médicaments entre eux pour en obtenir des effets violents ou modérés. Il sait classer les veines du corps, connaît leurs fonctions et .leur nombre, ainsi que le nombre des os. Il distingue les nerfs fléchisseurs et extenseurs du corps parmi 'les tendons et les muscles. Il connaît aussi les plantes, les herbes médicinales et les fleurs ; leurs vertus actives ou négatives, leurs noms, leurs genres, leurs espèces. Il sait les distiller à l’époque utile de leur force ou de leur innocuité et les administrer aux heures convenables. Il a enfin la connaissance d’autres branches qu’il serait trop long d’énumérer ici. Il a été reconnu capable, instruit et maître de la noble science, qui le distingue de ses contemporains. En conséquence, après en avoir délibéré entre eux, les examinateurs lui ont conféré ce diplôme, qui lui fait honneur dans l’art pour lequel il a été examiné. Après quoi ils l’ont congédié ; pour se rendre où bon lui semblera. De tout quoi les susnommés l’ont investi. Puisse Dieu les faire participer à sa bénédiction. Fait le 8 choual 1310 (25 avril 1893). Ecrit avec l’autorisation des susnommés ainsi qu’il a été dit et expliqué455.

455 Raynaud L,…, Op cit, pp. 107-109.

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2.1.1.2. La formation des médecins aux zaouias Parallèlement à l’université Al Quaraouiyine, il y avait un enseignement dispensé dans les zaouïas où l’étudiant pouvait s’instruire auprès d’un maître 456 qui se limitait à des connaissances théoriques, sans examen, sans anatomie et les leçons étaient apprises par cœur457. Les ouvrages de médecine458 les plus répandus étaient imprimés en Egypte. C’était des compilations de toutes sortes de recettes. À côté de ces ouvrages, il y avait des manuscrits marocains459 Pour les diplômes, les étudiants, dits « Tolbas », étaient reçus par les habitants, ou dans les zaouïas, sinon ils louaient, ensemble, une chambre dans les Medersas de la ville. Les étudiants recevaient une subvention de l’État, un morceau de pain par jour460 et quand les étudiants se jugeaient suffisamment formés, ils recevaient de leurs maîtres un diplôme, appelé « Ijaza » qui était une sorte de certificat d’études461.

2.1.2. La formation moderne des médecins : expérience de l’école de médecine de Tanger : Nous présentons ici l’exemple d’une expérience peu connue. Il s’agit de l’école de médecine de Tanger qui était un mélange d’enseignement, de pénétration étrangère, pacifique et militaire, et d’infiltration religieuse franciscaine espagnole. Cette expérience a vu le jour avec la nomination du médecin militaire espagnol Felipe Ovilo Canales462 en Juin 1886 à Tanger pour démarrer ce qui a été désigné comme une «école de médecine"463. Elle a été financée par le gouvernement espagnol afin de procurer aux étudiants un enseignement élémentaire et pratique en médecine occidentale464, dans le cadre général des réformes incitées par le Sultan Moulay Hassan Ier au Maroc465. Cependant, à partir de 1890, l'école est devenue une institution principalement consacrée à la formation des

456 Raynaud L,…, Op cit, p. 105. 457 Ibid. 458 Ibid. 459 Raynaud L,…, Op cit, p. 106. 460 Raynaud L,…, Op cit, p. 107. 461 Ibid. 462 Boada J.R, Allende El Estrecho Viajes por Marruecos…, Op cit, p.58. 463 Martínez-Antonio F.J, The Tangiers School of Medicine and its Physicians: A Forgotten Initiative of Medical Education Reform in Morocco (1886-1904), Journal of the international society for the history of islamic medicine ( ISHIM), 2011-2012, pp.80-87. 464 Ibid. 465 Ibid.

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médecins militaires à l’instar des écoles militaires de Médecine du Caire, d’Istanbul et de Téhéran466. (Voir photo 4)

Photo 4 : Felipe Ovilo Canales467

466 Ibid. 467 https://es.wikipedia.org/wiki/Felipe_Ovilo_Canales

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C’était en Septembre 1886 que le docteur Ovilo a reçu les meubles et le matériel pédagogique nécessaire à l’école. Depuis la fin d’octobre 1886, il s’est installé durant deux ans dans les locaux d’une ancienne école de filles, sous la direction des missionnaires franciscains espagnols. L'école a été inaugurée officiellement le 23 Novembre et Dr Ovilo a démarré les cours avec deux Franciscains et une civile espagnole comme étudiants468. Aussitôt, quelques marocains ont montré leur intérêt pour les études médicales de l’école et six d'entre eux ont été recrutés entre décembre 1886 et Juin 1887469. Ces étudiants étaient originaires de familles tangéroises prestigieuses470. La formation à l’école de médecine de Tanger donnait une grande importance au volet pratique de la médecine. (voir photo 5) Un cahier d'étudiant qui a été préservé montre comment Dr Ovilo a dispensé des leçons théoriques condensés en utilisant une méthode de questions/ réponses. Par exemple, la leçon sur le rachis commençait par:  Qu’est-ce qu’une colonne vertébrale? C’est une tige osseuse composée de 24 os.  Comment appelle-t-on ces os? Les vertèbres.  La colonne vertébrale est-elle composée de combien de pièces ? Trois parties. Le rachis cervical avec sept vertèbres, la colonne vertébrale dorsale avec douze vertèbres et la colonne vertébrale lombaire avec cinq vertèbres"471.

468 Martínez-Antonio F.J, The Tangiers…, Op cit. 469 Ibid. 470 Boada J.R, Allende El Estrecho Viajes por Marruecos…, Op cit, p. 58. 471 Martínez-Antonio F.J, The Tangiers …, Op cit.

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Phot 5 : Une salle de l’école de médecine de Tanger472

472 Martinez-Antonio F.J , Vísperas de menos: la producción científica de los médicos españoles en Marruecos antes del Protectorado (1884-1906), Revista Aldaba nº 39, 2014, pp. 141-174.

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Les matières enseignées étaient des sciences de base comme l’anatomie, la physiologie et de la thérapeutique avec l'utilisation de matériels pédagogique moderne, des squelettes, des plantes, des minéraux, des animaux, un microscope, des instruments d'autopsie et des équipements de laboratoire. Néanmoins, les étudiants ont été rapidement intégrés en pratique clinique " ses disciples (Dr Ovilo) apprennent des patients, tandis que les cours théoriques sont inévitables soutenu par des affiches, les modèles, les instruments, etc... Cette méthode, qui a été suivie dans les écoles arabes du Xème siècle, mais avec en plus la connaissance moderne de la science »473. Mais l’historien de cette école, Martínez-Antonio Francisco Javier, dans « The Tangiers School of Médicine and its Physicians: A Forgotten Initiative of Medical Education Reform in Morocco (1886-1904) », n’a pas pu délimiter fixer la durée de cette formation, d’autant plus qu’autour de 1890 ses premiers étudiants étaient déjà désignés comme médecins par la presse474. Parallèlement, le 25 Novembre 1888, un nouvel hôpital espagnol à Tanger a été ouvert, conçu, administré par les missionnaires franciscains et doté de plusieurs médecins militaires475. Les marocains de tout le pays le fréquentaient476.L'École a déménagé et a bénéficié de plus de ressources477. En 1889, Dr Ovilo a eu une audience avec le Sultan Moulay Hassan Ier à Tanger, lors de sa visite à la ville, et lui a exprimé son souhait pour que l'institution devienne un lieu de formation des médecins militaires marocains. Quelques mois plus tard, en mai 1890, Dr Ovilo s’est rendu à Fès pour rappeler au Sultan sa promesse. Le Sultan Moulay Hassan Ier a décidé d’envoyer six nouveaux étudiants à l'école pour être formés comme médecins militaires478. Pendant les années suivantes et jusqu'à la fermeture de l’école, la plupart des étudiants était marocains musulmans prévus pour servir dans l’armée moderne marocaine479 recevaient un costume du makhzen pendant leurs études et ont été hébergés à ses frais.. Les dernières années d'existence de l'école, c’est-à-dire entre 1896 et 1904, étaient incertaines. Son fondateur et directeur, le médecin Ovilo, a été envoyé à Cuba le 14 Décembre 1896 pour participer à la guerre d'Indépendance cubaine après la défaite de l'Espagne contre

473 Martínez-Antonio F. J, The Tangiers…, Op cit. 474 Ibid. 475 Ibid. 476 Boada J.R, Allende El Estrecho Viajes por Marruecos…, Op cit, p.58. 477 Martínez-Antonio F.J, The Tangiers…, Op cit. 478 Ibid. 479 Ibid.

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les États-Unis en 1898480. Immédiatement après son retour en Espagne, en raison d'une maladie, il a démissionné de l'armée et n'a plus repris son poste à Tanger481. Après son départ, l'école a été dirigée successivement par ses anciens collègues Ramón Jiménez Fiol, Severo Cenarro Cubero et restée ouverte jusqu'au 1904482. Les jeunes marocains qui ont étudié la médecine à l'école de Tanger ne sont pas encore tous identifiés483, mais apparemment il existait deux groupes :  La promotion de 1886-1887,  La promotion de 1890-1891. Chaque promotion était composée de six étudiants484, Ovilo lui-même écrit les noms des six premiers dans un rapport485: . Mustapha Al-Zaudi, . Mohammed Doukkali, . Hamed Romani, . Hamed Ibn Al-Hasmi, . Mohammed Al- Awami, . Et Hamed Ahardan. Cependant, ils n’ont pas tous terminé leurs études. En effet, Al-Awami est décédé en Octobre 1887, au grand désespoir du Dr Ovilo parce qu'il pensait qu’en raison de son esprit et de sa persévérance, il aurait honoré l'institution. Ahardan « n'a pas montré suffisamment de compétences » et a quitté l’école très tôt, tandis qu’Al-Hasmi ne pouvait pas assister régulièrement aux cours à certaines périodes, en raison d'affaires commerciales de la famille, bien qu’il ait probablement repris ses études ultérieurement486. Zaudi et Doukkali Romani étaient les élèves les plus assidus et ont été qualifiés de "disciples" d’Ovilo487. Ces six étudiants appartenaient à une classe aisée originaire du nord du Maroc et en particulier de Tanger. Par exemple, les Ahardan faisaient partie de l’«Aristocratie musulmane de Tanger » et représentaient une des plus riches familles de la ville, où il y avait même un quartier portant leur nom488. Mohammed était le fils d’Abdesselam Ahardan, l’«Amine » du Sultan Moulay Hassan Ier sur les douanes portuaires de la ville de Tanger et étroitement allié

480 Ibid. 481 Ibid. 482 Ibid. 483 Ibid. 484 Ibid. 485 Ibid. 486 Ibid. 487 Ibid. 488 Ibid.

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à la famille Abdessadaq qui occupait le poste de Pacha de Tanger489. Les Doukkalis étaient également une famille Tangéroise. Le grand-père, Mustapha Ben Jilali Doukkali, avait obtenu par le Sultan Moulay Abderrahman Ben Hicham (1822-1859) le monopole des peaux d'animaux et leur commerce dans le pays ainsi que le droit de l'exploitation d'une mine d'antimoine importante située dans la tribu d’Anejera490. Son fils, Mohammed Dukkali est devenu un haut fonctionnaire du makhzen et, par la suite, protégé italien, étroitement associé aux activités espagnoles à Tanger, en tant que membre du conseil d'administration de la chambre espagnole de commerce (1887)491. Le Zaudi n’était pas d’une famille aussi riche et puissante que les deux premières. Mustapha Al Zaudi était le fils du F’kih Abdesselam Zaudi et son frère aîné était devenu l’ « Amine » de Sidi Mohammed Torres, « Naib », soit représentant du Sultan à Tanger.492 Nous n’avons pas pu obtenir d’autres d’informations quant aux familles Al-Hasmi et Al-Awami493. Les trois étudiants du Dr Ovilo, à savoir Zaudi, Dukkali et Romani et suite à sa demande au début de 1888, ont reçu l'autorisation du ministère des Affaires étrangères à continuer leur formation en Espagne494. Entre mars et avril, ils ont voyagé via Cadix et de Séville à Madrid, où ils ont visité certaines des plus importantes institutions médicales, avec lesquelles Ovilo lui-même avait été étroitement associé avant d'être nommé au Maroc495. Ils ont visité l'hôpital provincial, l’hôpital militaire et la société espagnole d’hygiène de Madrid496. Les étudiants ont réussi des examens à la faculté de médecine de Madrid avec brio et montré leurs compétences cliniques à l'hôpital militaire497. Ils ont même été reçus par la Reine d’Espagne, María Cristina de Habsbourg, au palais royal498. À partir de 1890, ces trois étudiants ont probablement commencé à exercer comme médecins au Maroc. Romani aurait été autorisé à travailler sur un bateau de pèlerins marocains se rendant à La Mecque. En 1892, les trois médecins ont été impliqués dans leur première mission militaire médicale en travaillant en dehors de Tanger499. En effet, un conflit

489 Ibid. 490 Ibid. 491 Ibid. 492 Ibid. 493 Ibid. 494 Ibid. 495 Ibid. 496 Ibid. 497 Ibid. 498 Ibid. 499 Ibid.

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a surgi à cette époque, entre la tribu d’Anejra et l’armée marocaine. Le dispensaire espagnol a fourni les soins médicaux à tous les patients et blessés des belligérants. Le Dr Ovilo et ses disciples se sont également rendus au camp de l'armée marocaine pour évaluer sa situation sanitaire et aider les nécessiteux500. L'année suivante, deux des trois médecins marocains auraient probablement rejoint le médecin Severo Cenarro au lazaret de l’île de Mogador, pour superviser l'organisation de la quarantaine pour les pèlerins revenant de La Mecque soupçonnés d'être affectés par le choléra501. Les trois médecins marocains auraient probablement aidé à l'assistance des patients colériques et dans les mesures sanitaires de lutte contre l'épidémie du choléra qui a frappé Tanger en 1895. Dr Cenarro, en tant que chef de la commission l'Hygiène de Tanger et consultant médical du conseil sanitaire, ainsi que le Dr Ovilo, commissaire désigné par le gouvernement espagnol, ont conduit la lutte contre le choléra, probablement les médecins marocains auraient participé également dans cette action502. À ce jour, les données sont limitées sur les médecins marocains, à savoir Zaudi, Dukkali et le Romani503. En 1899, le médecin français Lucien Raynaud, avait une mission du conseil sanitaire de Tanger pour évaluer l'état du lazaret de l’île de Mogador, et rencontré dans cette ville un des médecins marocains. Il rapporte qu'il n’a pas pu évaluer ses connaissances médicales504. Cependant, Raynaud a entendu parler de trois de ses collègues "très fiables" qui travaillaient comme médecins militaires à Tanger ou à Marrakech505. En 1902, un guide de Tanger signalait l’existence de trois médecins arabes, anciens élèves du Dr Ovilo506. La faiblesse croissante du gouvernement marocain, la désorientation des initiatives espagnoles au Maroc après la perte de Cuba et les Philippines en 1898, le pouvoir Français ascendant sur le Maroc après la conférence d'Algésiras de 1906 et l'incertitude entourant la situation de Tanger, ont provoqué une incertitude quant à l’avenir de la première promotion de médecins modernes formés à l'École de médecine de Tanger507.

500 Ibid. 501 Ibid. 502 Ibid. 503 Ibid. 504 Raynaud L,…, Op cit, p.60. 505 Ibid. 506 Martínez-Antonio F.J, The Tangiers…, Op cit. 507 Ibid.

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2.2. La formation des médecins à l’étranger : les missions Dans le cadre des réformes entamées par le Sultan Moulay Abderrahmane Ben Hicham, et poursuivies par le Sultan Moulay Hassan Ier, le Makhzen a procédé à l’envoi de plusieurs missions marocaines d ' études à l’étranger. . En Égypte : Le Maroc a adressé en Egypte plusieurs missions selon Abderrahmane Ben Zaydane 508 , où il y avait des étudiants militaires et des étudiants en industrie. Dans la 5ème expédition, il y avait le médecin Cherif Abdessalam Alami, au début de l’époque du Sultan Moulay Hassan Ier 509 au temps du khedive Mohamed Saïd pacha. . En Europe : Les missions comprenaient surtout des étudiants en ingénierie vers l’Angleterre510, l’Italie511, l’Espagne512, la France513 et Gibraltar514. On ne trouve pas dans les documents le nom de médecins destinés à l’Europe, sauf le fait que le Sultan Moulay Hassan Ier en a adressé quelques-uns pour étudier la médecine515 (ils appartenaient à l’école de médecine de Tanger comme nous l’avons précédemment dit).

3. Les infrastructures:

3.1. L’assistance publique : Le médecin français Lucien Raynaud rapporte que vers la fin du XIXème début du XXème siècle, l’assistance publique n’existait pas encore au Maroc et que l’Etat se désintéressait au sujet des progrès réalisés par la médecine européenne. Le Maroc ne possédait pour secourir les malades d’aucun établissement comparable aux établissements européens516, et sans aucun rapport avec le passé glorieux des mâristâns marocains, ni avec le système des habous et que la décadence des hôpitaux était corrélée à la décadence de l’Etat en général517. En réalité, les hôpitaux au Maroc ne se sont pas développés comme c’était le cas en Europe à la même époque, au contraire ils se sont détériorés. A la fin du XIXème siècle,

508 Ben Zaydane A, Addorar …, Op cit, p.95. 509 Alami A, Diaâ Nibrass Fi Hal Mofradate Antaki Bi Loghate Ahl Fes, Lib Dar Attourate, 1986, p.59. 510 Benabdellah A, Développement…, Op cit, p. 173. 511 Ibid. 512 Ibid. 513 Benabdellah A, Développement …, Op cit, p. 174. 514 Ibid. 515 Benabdellah A, Développement …, Op cit, p. 175. 516 Raynaud L,…, Op cit, p.53. 517 Khamlichi A, La ville de Rabat au XIXèmesiècle, Faculté des lettres et des sciences humaine, Un Mohammed V, Rabat, Thèse N° 66, 2012, pp.127-128.

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certains établissements religieux, comme les zaouïas et les tombes, se sont transformés en refuges pour malades, pour aliénés et indigents, mais il n’y avait aucune prise en charge médicale ou une présence de médecins ou d’infirmiers. C’était toujours les biens habous qui subvenaient à leurs besoins. 518. Les infrastructures de cette troisième période étaient de deux types, soit des anciens mâristâns qui étaient transformés en asiles ou centres sociaux pour les handicapées et les mendiants, soit des hôpitaux modernes installés par les forces coloniales dans le cadre de l’infiltration sanitaire du Maroc. Cette situation subsistera même après la signature du traité du Protectorat en mars 1912 dans le cadre de la pacification519. On présente ici les principaux hôpitaux marocains présents à la fin du XIXème siècle.

3.1.1. L’hôpital Sidi Fredj : Après des années de renom, le mâristân de sidi Fredj s’est transformé en un asile ou plutôt une prison d'aliénés musulmans. Ces derniers étaient chargés de lourds carcans de féret et enchaînés à la muraille de loges étroite520. Les deux psychiatres français, Salomon Lwoff et Paul Sérieux au début du XXème siècle, ont fait une description des patients dans ce mâristân. En effet, ils rapportent que les malades qui y étaient hospitalisés portaient jour et nuit, au cou, un lourd collier en fer. Il était formé de deux bandes semi circulaires retenues par une sorte de charnière grossière. Les bouts libres recourbés à angle droit étaient percés de trous qui permettaient les réunir par un anneau au maillon terminal d'une lourde chaîne fixée par l'autre bout au mur. Elle était assez longue pour permettre au malade d'atteindre la porte de son cabanon521. Ces traitements étaient favorisés par l’ignorance, l’inertie, à la tendance et à la paresse. Ce type de contention constituait un moyen qui remplaçait à la fois les murs, la porte et la camisole522. Des patients du mâristân attendaient que la « Baraka » leur rende la raison et la liberté, ou que la mort libératrice leur donne au paradis la place réservée aux êtres quasi sacrés523.

518 Raynaud L,…, Op cit, p.55. 519 Moussaoui.D, Battas.O, Chakib.A, Histoire de la médecine au Maroc pendant le Protectorat, Histoire des sciences médicales, Tome XXVI - № 4 – 1992, pp. 291-299. 520 De Mazel, Visite au mâristân de Sidi Fredj à Fez, Exposition coloniale de Marseille, 1922. 521 Lwoff.S et Sérieux.P, Sur quelques moyens de contrainte appliqués aux aliénés au Maroc. Revue de psychiatrie et de psychologie expérimentale, 7e série, 15e Année Tome XV, Mai 1911, N° 5, pp.185-189. 522 De Mazel,…, Op cit. 523 Ibid.

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Des religieux jouaient les rôles de surveillant et d’administrateur au sein de l’établissement composé de cellules qui s'ouvraient sur le couloir étroit, où se dispersaient une série lamentable de misérables enchaînées par des chaînes qui montaient jusqu'au toit524.

3.1.2. Le mâristân de Sidi Ben Achir : Comme nous l’avons vu précédemment était Moulay Abdellah Ben Moulay Ismail (1728- 1757) qui aurait ordonné à son gouverneur à Salé de construire, en 1733, une immense salle sur la tombe de Sidi Ben Achir. Moulay Abderrahmane (1822-1859) a bâti autour du sanctuaire une trentaine de chambres pour servir d'asile aux aliénés525. Les sources historiques ne font état d’aucun médecin au mâristân Sidi Ben Achir, ce qui correspond à la médecine magico-sorcellerie qui régnait au Maroc à l’époque.

3.1.3. L’hôpital de Marrakech : Cet hôpital a été fondé par le Sultan Abdellah Al-Ghaleb Assaâdi526 (décédé en 1573). Il a été financé par les habous. L’état de l’hôpital s’est détérioré vers la fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle et est devenu un refuge pour les malades mentaux. Un de ses pavillons a été transformé en prison pour femmes.527

3.1.4. Le mâristân de Sidi L’gahzi : Après la famine de 1868, le mâristân de sidi L’ghazi s’est transformé en un centre social, prenant en charge les pauvres et les mendiants, dans le but préserver leur vie528. Le financement de ce mâristân provenait du habous. Le responsable du mâristân a travaillait pendant des années dans le cadre du bénévolat, comme le montrait une de ses lettres adressées au Hajib Ba H’mad en 1895.529

3.1.5. Les structures pour lépreux : Les lépreux étaient isolés dans des quartiers spéciaux comme c’était le cas à Marrakech près de Bab Doukkala. Le quartier était appelé « Hara »530. Les lépreux portaient des uniformes spéciaux afin d’être distingué. Ils portaient également des voiles recouverts de chapeaux, à tel point on ne pouvait plus distinguer les hommes des femmes. Les patients n’avaient aucune prise en charge médicale. Ils ne vivaient que de donations des passants ou de

524 Ibid. 525 Doukkali M,…., Op cit, p.75 526 Al Kanouni M,…, Op cit, p. 176. 527 Erckmann J, Le Maroc moderne, Paris, 1885, p.143. 528 Khamlichi A,…, Op cit, pp.127-128. 529 Khamlichi A,…, Op cit, pp.128-129. 530 Raynaud L,…, Op cit, p.146.

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leur famille et des revenus des habous. Raynaud rapporte que, vers 1899, il y avait près de Mazagan un village de 200 lépreux, désigné sous le nom de « Douar El Medjdâma »531.

3.1.6. Hôpital Benchimol de Tanger : La création de cet hôpital, situé dans l'une des meilleures maisons de Marshan, s’est faite en plusieurs étapes. D’abord, l’hôpital a ouvert ses portes en 1889 et 1891, mais il a dû s’arrêter à cause des problèmes financiers. Le dernier hôpital Benchimol de Tanger a été créé en 1903532 par Haïm Benchimol, qui était protégé français et interprète de la légation de France. L'hôpital avait pour mission principale de fournir une assistance médicale533 pour les Juifs qui n’avaient pas de ressources mais aussi pour les musulmans pauvres. Lors de l'épidémie du choléra de Tanger en 1895, cet hôpital a participé à la prise en charge des patients. L’hôpital s’est équipé de matériel médical moderne et d’un personnel médical et paramédical compétent. L’une des personnes éminentes de cet hôpital était le médecin Spivakoff, qui était originaire de Russie, et qui avait émigré en France où il avait obtenu son diplôme de l'université de Paris pour devenir ensuite le premier directeur de l'hôpital Benchimol en 1891 occupant le poste jusqu'au 1915.

3.1.7. Le Lazaret d’Essaouira : La question d’un lazaret, où pourraient être isolés les bateaux et les passagers suspects, était toujours d’actualité depuis la fin du XVIIIème siècle534. En 1865, un navire, le « Christina » s’est présenté à Tanger avec 412 pèlerins dont un certain nombre fut atteint du choléra. Le « Christina » n’a pas obtenu l’accord pour débarquer ses passagers, mais les pèlerins empêchèrent le capitaine de lever l’ancre, et menacèrent de descendre à terre ; le capitaine est parti à Mogador, où il a opéré sa quarantaine le 30 juin535. Le 1er septembre de la même année, un autre bateau, qui avait perdu 520 personnes entre Alexandrie et Mahon, arriva à Tanger, fut lui aussi repoussé et envoyée à Mogador536. C’était à ce moment-là que le conseil a obtenu du Sultan un dahir désignant l’île de Mogador comme lieu d’isolement pour les pèlerins. Par la suite, en 1893, deux médecins marocains formés à l’école

531 Ibid. 532 Kenbib M, Juifs et musulmans au Maroc, 1859-1948 . Trad Driss Bensaid, Université Mohammed V, Rabat, 1998 , 1994, p.86. 533 Ibid. 534 Raynaud L,…, Op cit, p.63. 535 Raynaud L,…, Op cit, p.64. 536 Ibid.

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de médecine de Tanger ont rejoint le médecin Severo Cenarro au lazaret de l’île de Mogador, pour surveiller l'organisation d'une quarantaine pour les pèlerins marocains de retour de La Mecque suspectés d’avoir a été atteints du choléra537. Le Conseil sanitaire de Tanger, opérationnel depuis 1840 et similaire à ceux d'Istanbul, Alexandrie ou à Tunis538, a préconisé que les pèlerins soient envoyés à deux médecins civils espagnols, à savoir Gustavo Prieto et Sotero García de Mayoral539. Mais après l’épidémie du choléra, le Conseil a décidé d'envoyer le médecin Cenarro, afin d'éviter la propagation de l'épidémie dans tout le pays, comme l’était arrivé en 1878.540

3.1.8. Les hôpitaux psychiatriques (D’après Salmon Lwoff et Paul Sérieux): La prise en charge moderne des maladies psychiatriques était inexistante au Maroc à la fin du XIXème siècle et au début XXème siècle, à cause de l'état de décadence profond dans laquel se trouvait le Maroc depuis longtemps541. Comme nous l’avons précédemment vu, d’après les visites qu’avaient faite les psychiatres français, Salomon Lwoff et Paul Sérieux, au début du XXème siècle, dans le cadre de leur mission exploratrice du Maroc, ils rapportaient qu’à cette époque, les aliénés qui paraissaient inoffensifs erraient en liberté, mendiaient dans les marchés et dormaient en plein air542. Ils étaient nus, incuriques, délirants et pouvaient soit susciter le respect dans le cadre des délires mystiques soit entraîner l’agressivité des populations543. Les deux psychiatres ont fait une description des conditions catastrophiques dans le un des plus célèbres mâristân au Maroc, le mâristân de sidi Fredj : « Les malades qui y sont hospitalisés portent jour et nuit, au cou, un lourd collier en fer … Il est formé de deux bandes semi circulaires par une sorte de charnière grossière. Les bouts libres recourbés … sont percés de trous qui permettent les réunir par un anneau au maillon terminal d'une lourde chaîne fixée par l'autre bout au mur… assez longue pour permettre au malade d'atteindre la porte ... Pénétrant dans ce moristan, on voit apparaître

537 Martínez-Antonio F.J, The Tangiers…, Op cit. 538 Stoeva P, Globalization and Gouvernance, In Globalization and Health, Edited by Johanna Hanefeld, 2015, p.55 539 Martinez-Antonio F.J, The Tangiers…, Op cit. 540 Ibid. 541 Lwoff.S, Sérieux.P, …, Op cit, pp.185-189. 542 Ibid. 543 Ibid.

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une quinzaine de malades l'entrée de leurs cellules avec des colliers en fer au cou, tirant avec force et bruit sur les chaînes … »544. La quasi-totalité des villes possédait leurs asiles où se réfugiaient les infirmes et les mendiants, et ces asiles étaient financés par les habous545. Quelques années auparavant, lors de sa visite à un mâristân à Tanger, Raynaud le décrit comme « C’est une maison comprenant un rez-de-chaussée et un premier étage, on y accède par un couloir obscur conduisant dans une cour de 3 mètres de long sur 1m50 de large, ou donnent toutes les chambres. Ces pièces sont en réalité des cachots fermés avec des cadenas et aérés seulement par une petite lucarne ménagée au-dessus de la porte ; on y enferme les fous, les malades, les indigènes ; vingt individus en moyenne sont entassé dans cet espace restreint ; on se demande comment ils peuvent y vivre. La malpropreté la plus grande règne dans la cour et les cellules ; l’odeur des loques sales, des aliments corrompus jetés dans tous les coins, des cabinets jamais nettoyés ou lavés vous poursuit longtemps encore après qu’on est parti »546. Il ajoute que « Les pensionnaires ne sont là que la nuit ; le jour, ils se placent dans la rue, devant la porte de l’asile, tendant la main au passants, ou bien vont en ville demander l’aumône »547. Il n y avait aucune prise en charge des patients : « Le gardien est chargé de donner la nourriture aux malades et de veiller sur l’immeuble, mais il ne semble pas se préoccuper beaucoup de sa propreté »548. On retrouve la même description concernant Mogador : « À Mogador, dans le quartier de Beni-Antar, il y’a aussi un Moristan, composé de dix-huit chambres donnant sur une cours, une soixante de malades ou d’infirmes y sont logés, parmi lesquels beaucoup de femmes et d’enfants presque tous aveugles par suite de kératite, staphylome, etc. la mendicité est l’unique ressource de ces gens, qui sont logés seulement »549, ou à Marrakech « À Marrakech, en outre des asiles des mosquées, existe un moristan, ou hospice pour les fous, qui sert en même temps de prison pour femmes ».

3.2. Le service de santé militaire: A la fin du XIXème siècle, l’armée marocaine n’avait pas de service de santé. Quand le Sultan se déplaçait, accompagné d’un médecin de la mission française. Les malades ou blessés recevaient quelques soins. Au temps du Sultan Moulay Hassan Ier, Erckman rapporte à propos de la prise en charge des troupes marocaines: « Il n'y a ni médecins ni

544 Ibid. 545 Raynaud Lucien,…, Op cit, p.54. 546 Ibid. 547 Ibid. 548 Ibid. 549 Raynaud L,…, Op cit, p. 55.

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interprètes sérieux à la cour du Sultan. La médecine est exercée par de vieilles régresses, par des barbiers qui savent faire une saignée et remettre les jambes cassées, ou enfin par des tolba qui ont passé quelques mois à peine en Europe et en ont rapporté des remèdes qu'ils appliquent à tort et à travers, sans connaitre exactement les doses »550 . Il écrit encore que « La situation d'un soldat qui tombe malade dans le camp est la plus pénible le qu'on puisse imaginer : plus souvent le pays n'est pas assez sur pour qu'on puisse le laisser dans une localité où il trouve des secours. Il est donc obligé de suivre le mouvement général; n'ayant aucun soin à espérer puis- qu'il n'existe pas de médecin ni d'ambulance .dans l'armée. Au moment du départ, on le hisse sur une mule ou sur un chameau; à l'arrivée, on le dépose dans une tente; tous les jours le supplice recommence jusqu'à ce que la maladie se termine d'une manière quelconque. Quand un grand personnage est malade en route, la situation n'est guère plus agréable que celle d'un simple soldat »551. C’était pour cela que le Sultan Moulay Hassan Ier, dans le cadre de ses réformes administratives, a fondé une équipe de soins de secours dans l’armée, laquelle équipe était dirigée par deux médecins français, Dr Jaffary et Dr Linarès552. Selon l’historien Abdelhak Lamrini, en 1889, une expédition médicale espagnole est venue au Maroc, mais n’avait pas obtenu de réels résultats à part certains soins fournis par son directeur553. Vers la fin du XIXème siècle, il n’existait aucune hygiène dans les camps militaires, et cette absence d’hygiène était un terrain favorable aux épidémies554. En effet Erckman rapporte que : « Les épidémies sont assez communes, par suite de la malpropreté des camps, où il n'y a pas de feuillées, et où les animaux morts ne sont pas enlevés. En pareil cas les musulmans s'émeuvent peu; ils disent que la maladie vient de Dieu et que nul ne peut y échapper »555, et rajoute qu’ « En juin 1879, au camp de Mequinez, les hommes tombaient comme des mouches ; on les enterrait sous une mince couche de terre à côté des tentes. Dans le camp de l'infanterie, moins surveillé que celui du Sultan, les émanations les plus atroces pénétraient partout »556.

550 Erckmann J,…, Op cit, p.97. 551 Erckmann J,…, Op cit, p.296. 552 Lamrini A, L’armée marocaine à travers l’Histoire, 5ème édition, Dar Annachr Almaarifa, 1977, p.151. 553 Ibid 554 Raynaud L,…, Op cit, p.56. 555 Erckmann J,…, Op cit, Paris, 1885, p.297. 556 Ibid.

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3.3. L’assistance étrangère : Dans le cadre de la pénétration pacifique, les pays européens ont inauguré, dans tout le Maroc, mais surtout dans la ville de Tanger, plusieurs hôpitaux. On a eu recours aux médecins étrangers soit pour travailler dans ces hôpitaux comme le Memorial Hospital Tulloch, l'Hôpital français de Tanger, ou l'hôpital espagnol à Tanger, soit pour s’installer indépendamment surtout après l'Acte d'Algésiras (signé le 7 avril 1906) et la création des premiers dispensaires557. Les principales structures françaises au Maroc se situaient essentiellement le long de la côte atlantique : celle du Dr Brau à Larache, du Dr Mauran à Rabat, du Dr Guichard à Mazagan, du Dr Marie à Safi, du Dr Murât à Fès, du Dr Bouveret à Mogador et du Dr Mauchamp à Marrakech. Ce dernier a été assassiné en mars 1907558. Après les émeutes de Casablanca en juillet 1907, le Dr Epaulard a mis en place la première infirmerie à Settat, tandis que le Dr Cristiani fondait l'infirmerie de Ben Ahmed. Ces deux installations marquent la naissance de la santé publique coloniale au Maroc moderne559. Les principales structures sont :

3.3.1. La mission protestante anglaise ou Memorial Hospital Tulloch (1887): Elle a été fondée à la mémoire de Madame Tulloch, une des premières missionnaires, décédée du choléra en décembre 1886. L’hôpital a démarré en 1888 et fut dirigé par le médecin Churcher560. Le « Memorial Hospital Tulloch de Tanger » était situé dans un endroit stratégique, sur la colline herbeuse de Marsham. Il se dressait sur le bord de la falaise qui descendait en pente raide vers le bleu de la Méditerranée561. Les principaux motifs de consultation à l'hôpital étaient les bronchites et les problèmes dermatologiques. Parfois, il y avait des cas de typhoïde. Il y avait aussi les accidents d’armes à feu qui étaient traités chirurgicalement. L'Hôpital était un bâtiment long et bas, à l'origine c’était des écuries qui ont été transformées en hôpital, avec un jardin plein de fleurs et d'arbres d'eucalyptus562. D’après le Dr Terry qui était un médecin qui faisait la consultation dans cet hôpital vers 1894, la principale difficulté qui se posait avec les patients était leur ignorance des règles

557 Moussaoui.D, Battas.O, Chakib.A, Histoire de la médecine …, Op cit, pp. 291-299 558 Ibid. 559 Ibid. 560 Miège J.Ls, Les missions protestantes au Maroc 1875-1905, Hespéris, Tome XLII, 1er et 2ème trimestre, 1955, p.173. 561 Memorial Hospital Tulloch, The nursing record and hospital world, volume12, 6th january, 1894, p.17. 562 Ibid.

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sanitaires et leur méfiance presque invincible de la mission chrétienne. La consultation se faisait pour 25 à 30 patients externes par jour, quatre jours par semaine. Pour les hospitalisations, il y avait une salle réservée aux hommes contenant 12 lits. Contrairement à un service hospitalier anglais, les textes sur les murs étaient en arabe563. Le service d’hospitalisation pour femmes était plus étroit car, il n’abritait que quatre lits. Les femmes étaient dans l'ensemble plus difficiles à traiter que les hommes, plus soupçonneuses et moins dociles. Il y avait une autre petite pièce contenant deux lits, qui était réservée pour aux graves et aux opérations, soit un total de 24 lits564. Le repas principal de la journée se composait principalement de couscous. Cet hôpital avait plusieurs annexes, à Tétouan, à Fès et à Casablanca565.

3.3.2. L'hôpital espagnol à Tanger : Les activités du ministère des Affaires étrangères espagnole au Maroc ont conduit à la création d'un nouvel hôpital espagnol à Tanger en novembre 1888, après un 1er hôpital crée en 1881. Cet hôpital était sous la direction des missionnaires franciscains, mais doté de quelques médecins militaires566. Mohammed Dukkali dont le fils faisait partie de la première promotion des étudiants à l’école de médecine de Tanger, était un grand fonctionnaire du makhzen, un protégé italien et bien lié aux espagnoles à Tanger. En tant que membre du conseil d'administration de la Chambre de l'espagnol Commerce, il a donné au gouvernement espagnol le terrain pour construire un nouvel hôpital en 1888. Il était même parfois appelé l'hôpital de Doukkali. 567 L’hôpital avait un service d’hospitalisation pour hommes et un service pour femmes avec une capacité pour une trentaine de patients568, espagnols et marocains, avec un personnel diversifié composé de médecins militaires, d’infirmiers et de Sœurs. Raynaud a rencontré l’un des étudiants marocains ayant déjà travaillé dans cet hôpital, lors de sa visite au Lazaret de Mogador, mais il dit qu’il n’a jamais pu évaluer ses connaissances médicales.569.

563 Ibid. 564 Ibid. 565 Ibid. 566 Martínez-Antonio F.J, The Tangiers …, Op cit. 567 Ibid. 568 Raynaud L,…, Op cit, p.60. 569 Ibid.

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3.3.3. L'hôpital français Tanger : Cet hôpital a été construit en plusieurs étapes. En effet, au début, il a été fondé au milieu du XIXème siècle570, et en 1893, la France a construit un nouvel hôpital avec de meilleures conditions hygiéniques que celles du précédent. Le Sultan et les autorités de l’Algérie française ont contribué au financement de l’établissement pour prendre en charge les indigents gratuitement571. Cet hôpital était très bien équipé avec des appareils sophistiqués.572 Il accueillait aussi bien les étrangers que les marocains573 avec un service pour homme, et un autre pour femme574. La consultation était gratuite575 et assurée par des médecins français576 .

3.4. L’hygiène publique : Pour des raisons religieuses, surtout à cause de la prière, les marocains prenaient depuis toujours soin de leur hygiène. Dans les villes, il y avait un grand nombre de toilettes, de fontaines et de bains publics577. Pour la collecte des ordures, l’état nettoyait certaines rues la nuit. On avait même fait venir des balayeuses et des arroseuses automatiques de l’étranger578. Les ordures étaient jetées dans des terrains vagues non loin des villes579. En ce qui concerne les égouts, l’assainissement était présent dans la majorité des grandes villes580. L’approvisionnement en eau potable était également présent dans les grandes villes, et l’eau provenait des cours d’eau ou des sources, des puits, des citernes581, avec la présence parfois de canalisation qui pouvaient être défectueuses et même un facteur d’infections582. Dans le sud du Maroc, après la fogartisation des nappes phréatiques dans les oasis, l’eau était répartie dans les maisons selon la quantité qui leur a été réservée583.Cependant, le problème d’approvisionnement en eau potable à Tanger était posé depuis le début du XIXème

570 Raynaud L,…, Op cit, p.59. 571 Ibid. 572 Ibid. 573 Raynaud L,…, Op cit, p.58. 574 Raynaud L,…, Op cit, p.59. 575 Raynaud L,…, Op cit, p.58. 576 Raynaud L,…, Op cit, p.59. 577 Raynaud L,…, Op cit, p.35. 578 Raynaud L,…, Op cit, p.37. 579 Ibid. 580 Raynaud L,…, Op cit, p.39. 581 Ibid. 582 Ibid. 583 Raynaud L,…, Op cit, p. 40.

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siècle, car l’eau qui provenait de Oued Hasnouna ne subvenait plus aux besoins accrus d’une population en perpétuelle croissance584. Durant l’été, l’eau devenait rare pollué, l’eau des puits était souillées et pleines de dépôts et de sédiments585, parce que les sources et les puits étaient souillés par toutes sortes de déchets586, ce qui conduisait à la propagation des infections. C’était le cas du choléra à Tétouan, en 1895, où les eaux devenaient de plus en plus polluées à leur arrivée dans la ville basse587.

4. Les épidémies : Pendant cette période, le Maroc a connu plusieurs épidémies, qui avaient des séquelles graves sur l’état politique, les populations et l’économie. Les autorités n’avaient pas les moyens pour les traiter et recouraient aux moyens préventifs.588 Nous citons les principales épidémies : . Les choléras de 1854 - 1855 et ceux 1859 - 1860 : Ces deux épidémies étaient secondaires à la vague mondiale du choléra de 1840 – 1860589. . Le choléra de 1854 – 1855 : Cette épidémie a été importée d’Algérie590. Déjà en septembre 1851 le choléra existait au Maroc. Il a été importé encore d’Algérie vers tout le Maroc. Elle a fait 6000 victimes à Rabat et 3000 à Tétouan591. Elle avait durée jusqu’à 1855592. . Le choléra de 1859 -1860 tenait son origine d’une part de l’armée française lors de ses attaques sur l’Algérie et sur Beniznassen au Maroc oriental, et d’une autre part de l’armée espagnole pendant la guerre de Tétouan de 1859593. Au début de 1860, l’épidémie avait gagné Tanger Rabat et Casablanca, puis et Mazagan. Mais ce choléra s’éteignit aussitôt594. . Le choléra de de 1867 – 1869 : Menacé en 1865 par le choléra qui sévissait presque toutes les côtes de la Méditerranée (Tunisie, Algérie, Italie, Marseille), le Maroc a pris des mesures préventives au moyen du

584 Résidence générale de la République française eu Maroc, Tanger et sa zone, Paris, 1921, pp.301-302. 585 Miège J.L, Le Maroc et l’Europe 1830-1894, Presses universitaires de France, Paris 1961, Tome VI, p.351 586 Raynaud L,…, Op cit, p.40. 587 Ibid. 588 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III …, Op cit, p.481 589 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p. 186 590 Ibid. 591 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III …, Op cit, p. 480 592 Raynaud L, …, Op cit, p. 90 593 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies…, Op cit, p. 189 594 Raynaud L, …, Op cit, p.91

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conseil Sanitaire. En effet, ont décidé d’organiser un Lazaret à Mogador et de repousser tous les navires venant des régions contaminées. La surveillance s’exerçait pendant plusieurs années sur les ports de la Méditerranée595. Le choléra de 1867 est apparue à Oran en octobre, puis à Tétouan en décembre 1867, puis il a atteint à Tanger, faisant jusqu’à 17 morts par jour, puis Larache et Asilah596. L’épidémie de 1868 atteint Tanger à partir de Tétouan et de là il s’est propagé dans le sud au Maroc597, de Tanger à Larache, à Ksar El kébir598, puis à Fès, à Rabat et à Salé. C’était un véritable désastre. Le Sultan Mohamed Ben Abderrahmane avait perdu de plus de 10.000 hommes de son armée599 venue camper près de Rabat. L’épidémie s’est propagée dans tout le Maroc600, Casablanca, Mazagan, Marrakech, Mogador, toutes les villes ont été frappées. De Mogador, le choléra s’étendit au Souss jusqu’au Sénégal en suivant la route des caravanes et le long de la mer601. Ce n’était qu’au 5 avril 1870 que les ports du Maroc furent admis à la libre pratique. . Le choléra de 1878 : Il est apparu à Fès et à Meknès602 vers la fin du mois juillet 1878. Le conseil sanitaire a envoyé le docteur Tadéo Martinez étudier la maladie pendant quelques jours603. Le Conseil sanitaire, en guise de mesure préventive a établi un cordon sanitaire autour de la région de Tanger et a demandé au Sultan Moulay Hassan I d’interdire le pèlerinage à la Mecque cette année-là, le Sultan accepta de prendre cette mesure604. Malheureusement, ces mesures n’étaient pas suffisantes puisque le choléra s’est propagé à Rabat puis à Casablanca où le nombre total des victimes dépassait les 1000. L’épidémie s’est propagée à Mazagan, Marrakech et à Safi605 où « Les morts sont si peu enterrés, écrivait le délégué consulaire, que les chiens les dévorent»606. L’épidémie du choléra de 1878 avait frappé tout le Maroc surtout dans les campagnes607, malgré l’intervention de l’Etat pour aider les populations atteintes.

595Ibid. 596 Raynaud L, …, Op cit, p. 92 597 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p. 215 598 Raynaud L,…, Op cit, p. 92 599 Raynaud L,…, Op cit, p. 93 600 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III …, Op cit, p. 480 601 Raynaud L, …, Op cit, p. 93 602 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p. 262. 603 Raynaud L, …, Op cit, p. 93. 604Raynaud L, …, Op cit, p. 94. 605 Ibid. 606 Raynaud L,…, Op cit, p. 95. 607 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III …, Op cit, p. 480.

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Ce cholera était accompagné de sécheresse, de criquets608, de hausse des prix, de baisse de la monnaie marocaine609 et de diminution de la production agricole610. . Le choléra de 1895 - 1896611 : En 1895, quelques cas du choléra ont été signalés à Tanger. Les mesures préventives ont étés prises612. Il tenait son origine aux pèlerins de la Mecque613. C’était bien le choléra asiatique avec ses symptômes et sa mortalité-élevée614. Cette épidémie a durée jusqu’au 1896, en emportant avec elle plusieurs membres de l’armée qui était en route vers R’hamna615. A côté des pestes et des choléras, les historiens ont énuméré un certain nombre de maladies contagieuses moins importantes au Maroc, dont on peut citer : . La variole de 1873 : Elle a fait plusieurs victimes à Rabat surtout les enfants616 et en 1891 à partir d'Essaouira617. . La typhoïde : entre 1878 – 1879618 . L’épidémie de l’influenza de 1890619 . Les typhus à Tanger en 1855 et 1868 : Des mesures prophylactiques ont été prises par le Conseil sanitaire620. C’était un typhus exanthématique d’une grande intensité621. . La Scarlatine622 et la diphtérie623 étaient rares. . La rougeole624 et la coqueluche étaient répandues dans toutes les villes. . la tuberculose était aussi présente625.

608 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p. 238. 609 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III …, Op cit, p. 501. 610 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p.137. 611 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p. 322. 612 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies…, Op cit, p. 324. 613 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III …, Op cit, p. 480. 614 Raynaud L,…, Op cit, p. 95. 615 Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III …, Op cit, p. 480. 616 Ibid. 617 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p. 320. 618 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies…, Op cit, p. 274. 619 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p. 318. 620 Raynaud L,…, Op cit, p. 100. 621 Ibid. 622 Raynaud L,..., Op cit, p.137 623 Raynaud L,…, Op cit, p.137 624 Ibid. 625 Ibid.

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5. Les moyens thérapeutiques : Ces moyens résumaient la détérioration médicale totale de cette époque. José Boada y Romeo lors de sa visite à Tanger décrit l’état d’un guérisseur en écrivant : « au milieu du souk, il y avait un guérisseur qui utilisait la sorcellerie et des amulettes parfois même les coups de feu pour traiter ses patients»626. Cependant, il ne restait rien du passé glorieux de la médecine marocaine, on utilisait plusieurs moyens thérapeutiques médicaux comme le recours aux plantes et aux talismans en passant par les pierres précieuses. (Voir photo 6)

Phot 6 : Droguiste marocain dans un marché627

626 Boada J.R, Allende El Estrecho Viajes por Marruecos…, Op cit, p : 46. 627 Raynaud L,…, Op cit, p 122

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Des moyens thérapeutiques on peut citer en l’occurrence :

5.1. Les moyens thérapeutiques dans les pathologies médicales : Les moyens utilisés étaient traditionnels, Linarès rapporte l’utilisation du « Halfa » comme moyen thérapeutique lors de son voyage avec le Sultan Moulay Hassan I er en 1893: « Dimanche 29 Octobre. Du point sans nom à Oued Tarda. Nous marchons 4 heures en direction Est Nord-Est, sur un sol mamelonné coupé de lits de torrents desséchés, tantôt caillouteux tantôt sablonneux. Encore quelques touffes d'alfa et ces masses verdâtres, mousse de hamada, combustibles et médicamenteuses, au dire des indigènes »628. On peut répertorier les moyens thérapeutiques selon les maladies : - Les atteintes ophtalmologiques629 : La variole, la syphilis et les ophtalmies blennorragiques étaient fréquentes. En l’absence de prévention, de manque d’hygiène et de manque de traitement adéquat, la contagion était de règle630, ce qui pouvait conduire à la cécité. Le point commun des thérapeutiques des atteintes ophtalmiques était le sulfure d’antimoine « khoûl »631. Les conjonctivites632 étaient traitées par des mélanges de poudres, et les granulations par le sulfate de cuivre et de zinc en solution dans du vinaigre ; de l’alun et du fiel de bœuf; de la poudre de safran, de jacinthe et de sucre633. - les maladies infectieuses634 nécessitaient une diète hydrique et une exposition à l’air, mais sans aucun traitement spécifique. - La variole635 : La vaccination existait par le biais des extraits de lésions depuis longtemps au Maroc. Elle se traitait par le soufre, le sel et le repos dans l’obscurité, afin d’avoir des cicatrices moins apparentes. - La rage était une pathologie rare au Maroc de l’époque. Elle était traitée par un mélangé de thapsia cuit avec du couscous. Au nord du Maroc, elle était traitée par les poils de l’animal tué, réduits en cendres et mis sur la plaie, le mordu mange ensuite de l’ail cru pendant 10 jours. Au sud du Maroc, le patient mordu subissait des brûlures au vertex, avec

628 Linarès F. Voyage au Tafilalt avec S. M. le Sultan Moulay Hassan en 1893, Extrait du « Bulletin de l‘Institut d’Hygiène du Maroc », N° III et IV 1932, p. 42 629 Raynaud L,…, Op cit, p 126. 630 Raynaud L,…, Op cit, p 130. 631 Ibid. 632 Ibid. 633 Raynaud L,…, Op cit, p 131. 634 Raynaud L,…, Op cit, p 138. 635 Ibid.

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du soufre, puis placé dans une chambre sombre loin des excitations. A Mogador, il existait une zaouïa spécialisée dans le traitement de la rage, en frottant les morsures avec un bloc de sel. Le blessé devait prendre un bain de mer ou un bain salé en restant dans l’obscurité pendant sept jours. Certains traitements consistaient à donner au blessé un gramme de foie canin après l’avoir égorgé. - La fièvre intermittente636 était peu répandue. - Le paludisme était traité par plusieurs produits : la quinine connue sous le nom de « Quina », la centaurée, le marrube, par des applications sur le front pendant l’accès, et par des fumigations d’œil d’épervier, de coup de coq blanc, de soie de sanglier, de tête de serpent et de l’os de l’aile d’un coq en amulette637. Les bains froids638 étaient utilisés pour lutter contre la fièvre, ou du moins pour y résister. - Les maladies gastro-intestinales639 : le régime alimentaire était de règle. Il était composé de pain, d’huile et de miel en plus de la prescription du repos. Les traitements adjuvants se faisaient de purifiants doux, de soufre et de fumigations. L’oreille de cochon en infusion et l’ipéca étaient utilisés comme vomitif. - Les parasitoses intestinales640 étaient fréquentes, et traitées par les feuilles d’ivette, l’absinthe et l’écorce de grenade. - Les maladies dermatologiques et vénérologies : elles étaient très fréquentes641, faute d’hygiène. La plus connue des maladies était la syphilis, dite « La grande maladie »(Mard l’kbir) et « Nouar ». Les traitements étaient essentiellement à base de mercure. Les traitements naturels642 , comme les eaux sulfureuses de la « Hama » de Moulay Yaâcoub étaient également utilisés dans le traitement de la syphilis. - Les addictions : les addictions à l’alcool, au cannabis et à l’opium, étaient très fréquentes643. - Le vitiligo : il était fréquent au Maroc. Le traitement consistait à laver à l’eau chaude, la zone atteinte, puis à la frictionner avec un mélange de poudres d’écorce de noyer et de

636 Ibid. 637 Raynaud L,…, Op cit, pp. 138-139. 638 Ibid. 639Ibid. 640 Raynaud L,…, Op cit, p 140. 641 Raynaud L,…, Op cit, p 142. 642 Raouyane B, La médecine coloniale française au Maroc 1912-1945, 2013, pp.84-91. 643 Raynaud L,…, Op cit, p 143.

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racine de jujubier, de chaux et de savon644 . - La lèpre645 : les traitements utilisés étaient les pierres précieuses comme le jade, la topaze, le corail, ainsi que des cantharides, des sauterelles, de la peau de serpent, de la chair de grenouille, de la chair d’âne, des os humains, l’ail, ou par le recours à l’absorption de soufre pendant 40 jours. Les applications externes étaient sous forme de mélanges à base de miel ou une pommade composée de goudron, ou des préparations avec de la farine d’orge fermentée, du goudron et de la fiente de chameau ou de pigeon. - L’éléphantiasis était traité par des frictions à l’aide d’un mélange d’ail, de céleri, et d’huile d’olives cuits par voie orale.

5.2. Les moyens thérapeutiques en psychiatries: En réalité, aucun traitement psychiatrique moderne n’existait encore. On laissait les malades libres à la maison ou dans la cité, et c’était au moment où ils devenaient excités ou dangereux qu’on décidait de les enfermer dans les asiles646. Comme nous l’avons vu ci-dessus, au début du XX ème siècle, les deux psychiatres Salomn Lwoff et Paul Sérieux, ont fait une description des conditions du mâristân de sidi Fredj : « Les malades qui y sont hospitalisés portent jour et nuit, au cou, un lourd collier en fer semblable à celui que nous vous présentons ici. Il est formé de deux bandes semi circulaires par une sorte de charnière grossière. Les bouts libres recourbés à angle droit sont percés de trous qui permettent les réunir par un anneau au maillon terminal d'une lourde chaîne fixée par l'autre bout au mur. Elle est assez longue pour permettre au malade d'atteindre la porte de son cabanon….. Pénétrant dans ce moristan, on voit apparaître une quinzaine de malades l'entrée de leurs cellules avec des colliers en fer au cou, tirant avec force et bruit sur les chaînes pour pouvoir s'approcher plus possible des visiteurs inaccoutumés »647. Quand ces patients commençaient à constituer un danger, les familles recouraient conséquemment à la séquestration à domicile dans la mesure où les malades étaient le plus souvent attachés et maltraités648. Les patients que les familles refusaient de garder ou ceux qui étaient dangereux étaient placés dans les mâristâns et dans les prisons649, confondus avec les criminels de droit

644 Raynaud L,…, Op cit, p 145. 645 Ibid. 646 Raynaud L,…, Op cit, p.141. 647 Lwoff. S et Sérieux.P,…, Op cit. 648 Ibid. 649 Ibid.

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commun. Ceux qui les gardaient savaient toutefois qu'ils avaient affaire à des aliénés, mais souvent leurs maladies demeuraient méconnues650. À l’intérieur des mâristâns, se trouvaient entassés mêlés des mendiants, des fiévreux, des contagieux, et des aliénés. Aucun médecin ne se rendait à ces établissements651. Ceci résume la situation des malades mentaux et les moyens de prises en charge disponibles à cette époque.

5.3. Les moyens thérapeutiques en chirurgie : La prise en charge était néanmoins complexe, car elle était composée d’actes chirurgicaux et d’anesthésie, tout en insistant bien entendu sur mesures hygiéno-diététiques pour presque toutes les maladies.652.  L’anesthésie653 : L’anesthésie était connue au Maroc depuis longtemps. Vers la fin du XIXème siècle les produits utilisés étaient en l’occurrence : - La préparation traditionnelle faite d’un mélange de foie d’âne, de souffre, de l’Asa fætida et de la Jusquiame mis sur le feu, pour obtenir une vapeur respirée aux malades; pour obtenir un engourdissement pouvant durer 24 heures654. - Parfois l’anesthésie se faisait par hypnose, cela permettait d’obtenir tous les degrés du sommeil nécessaire aux interventions chirurgicales655. - L’opium et le kif auraient été sans doute utilisés.  Les instruments de chirurgie656 Parmi les instruments de chirurgie employés au Maroc à la fin du XIXème siècle, on a pu identifier : - Le couteau qui servait à toutes les sections et les amputations. - Le rasoir. - La lancette pour pratiquer les saignées. - Les ventouses. - Les daviers - Les ciseaux.

650Ibid. 651 Ibid. 652 Benabdellah A, Développement …, Op cit, p. 24. 653 Raynaud L,…, Op cit, pp. 131-132. 654 Raynaud L,…, Op cit, p. 131. 655 Benabdellah A, Développement …, Op cit, p. 23. 656 Raynaud L,…, Op cit, pp. 129-130.

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- Les pinces. - Les aiguilles. - Le couteau ou la faucille. - Les seringues. (Voir photo 7)

Phot 7 : Instruments de chirurgie au Maroc657

657 Raynaud L,…, Op cit, p.130.

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. Les Pansements658 : L’asepsie était défectueuse. Les pansements étaient de plusieurs types selon la localisation de la plaie bel et bien lavée659 et couvertes de plantes, de pommades ou de poudres. On en cite à titre d’illustration 660 : 1° Un mélange de poudre de noix de galle et de benjoin. 2° Une pommade avec du beurre frais et du thym sauvage, 3° Pommades avec beurre, henné, pelures d’oignon et de résine. 4° Une pommade de henné et de miel, 5° Du henné mélangé à de l’huile chaude.  Les exemples des pathologies chirurgicales et leurs traitements : - Les abcès661 : ils étaient traités par le feu, les onguents et les emplâtres, mais rarement par drainage. - Les brûlures662 : Elles étaient traitées par de l’huile, du henné et des feuilles de laurier rose distillées, de l’eau camphrée, de la poudre de charbon, du laurier rose et du camphre. - Hémorragies663 : On utilisait des poudres absorbantes, des pansements compressifs et parfois le traitement se faisait même par des sutures ou une cautérisation du vaisseau saignant. Le pansement était alors couvert avec du benjoin. - La saignée664 : Elle était pratiquée par un couteau au niveau du bras gauche, dans la région temporale ou à la langue, mais jamais aux jambes. Ses indications étaient larges pour toutes les maladies. - La chirurgie générale : Elle était présente même dans les cas des maladies lourdes, avec parfois une certaine proportion de succès665. Il existait une chirurgie tumorale666, mais en cas d’abstention thérapeutique, les tumeurs étaient traitées par des frictions ou des compresses de chaux pilées, mélangée à du savon et de la cire.

658 Raynaud L,…, Op cit, p.132. 659 Ibid. 660 Ibid. 661 Ibid. 662 Raynaud L,…, Op cit, p.133. 663 Ibid. 664 Raynaud L,…, Op cit, p.134. 665 Raynaud L,…, Op cit, p 131. 666 Ibid.

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- Les hernies Elles étaient traitées par contention au moyen un dispositif en cuir et le bandage herniaire. (Voir photo 8)

Photo 8 : Le bandage Herniaire667

667 Raynaud L,…, Op cit, p 134.

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- La traumato-orthopédie 668 On faisait usage des tractions, des attelles nécessaires pour les fractures, des entorses, et des luxations avec des massages à l’huile ou au henné. Le traitement des fractures se faisait par le massage, étant très développé au Maroc. Les amputations étaient rares à cause des convictions religieuses669. Aussi, on utilisait « Ilan » dans le but d’une bonne consolidation des fractures.670 - La chirurgie dentaire : Les bains de bouche671 étaient à base de lentisque, qui servait en même temps pour traiter les maux de dents. L’extraction dentaire restait notamment un traitement courant. - Les maladies de l'oreille672 étaient traitées, quant à elles, par le benjoin, le safran, l’huile ou par du jus d’ « Anab Eddib ». - Les venins des scorpions et des araignées ou les morsures de vipères Le docteur Linarès, lors de son Voyage au Tafilalt accompagnant le Sultan Moulay Hassan Ier en 1893, fait une description du traitement de morsure d’une araignée toxique en affirmant que: « Le Bou Ciha est une araignée dont il m'a été impossible d'avoir un exemplaire; dès lors je n'ai pu vérifier le degré de toxicité de son venin. Mais il m'a été donné de précieux renseignements sur le traitement imposé par les empiriques berbères aux personnes mordues par celte arachnide. On n'a pu les guérir qu'en les faisant transpirer. Voici le sudorifique employé : on creuse un fossé dans lequel on étend le patient qui est alors recouvert jusqu'au menton d'une couche de terre provenant du creusement du fossé. Sur cette carapace terreuse, on allume un bon feu qu'on entretient avec soin durant le temps fixé par les augures, puis on procède au dégagement du sujet qui presque toujours a cessé de vivre. Ce qui prouve, disent les berbères, combien est toxique le venin du Bou Ciha. Je crois plutôt à la toxicité de la crémation thérapeutique. »673. Dans certains cas, ils étaient traités de manière traditionnelle en procédant à une ligature du membre et une aspiration du sang par la bouche ou par une ventouse, par la suite

668 Raynaud L,…, Op cit, p 133. 669 Raynaud L,…, Op cit, p 134. 670 Benabdellah A, Développement …, Op cit, p. 98. 671 Raynaud L,…, Op cit, p 135. 672 Raynaud L,…, Op cit, p 135. 673Linarès. F,…, Op cit, p.13.

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on appliquait soit une rondelle d’aubergine, soit un pansement composé d’un mélange d’absinthe, de soufre et de lavande674. - L’obstétrique675 : Les médecins de l’époque induisaient les conceptions avec des drogues spéciales, et comme pour la chirurgie générale, l’asepsie était défectueuse. Les accouchements et les avortements étaient, en effet, pratiqués par les sages-femmes. A la fin de l’accouchement, un pansement était appliqué sur la région vulvaire. En cas de dystocie, la parturiente changeait de position (en marche, position debout ou autres)676. Mais, malheureusement, on ne pratiquait pas des manœuvres dans les cas difficiles ; ce qui pouvait conduire à la mort de la mère et de l’enfant677. Les déchirures étaient traitées par une application de sucre et de benjoin; pour les hémorragies, on plaçait, sur le ventre, un emplâtre, formé d’une plante appelée « Belsem »( L’embaume).678 L’asepsie était rarement respectée679, d’où la fréquence d’infections. Pour la contraception, on utilisait particulièrement de la poudre d’or, de la poudre à canon et des raclures de cornes de rhinocéros en infusion680. L’allaitement durait environ deux ans et après on commence à alimenter les enfants par des potages farineux.

5.4. Autres : . Les traitements par les « Hamas » : Exemple de la Hama de Moulay Yaâcoub Le traitement des maladies par les Hamas était une tradition ancienne au Maroc, et l’exemple de le Hama de Moulay Yaâcoub était connu au Maroc depuis des siècles grâce à des richesses hydrominérales que recelait son sous-sol681, mais également grâce à sa dimension mystico-religieuse qui dominait le site682. Weissberger a publié, en 1902, dans « les Annales de Géographie de Paris », le compte rendu de son voyage à Moulay Yaâcoub à la fin du XIXème siècle683. Il décrivait le Hama

674 Raynaud L,…, Op cit, p 135. 675 Raynaud L,…, Op cit, p 131. 676 Raynaud L,…, Op cit, p 138. 677 Ibid. 678 Ibid. 679 Ibid. 680 Raynaud L,…, Op cit, p 139 681 Pouponneau. A, Moulay Yacoub, Ville d'eaux marocaine. Maroc Médical, Avril 1923, N°16, pp.124-126 682 Boussagol C, Moulay Yacoub légende, tradition, médicalisation, Histoire des sciences médicales, Tome XXVIII, № 2, 1994, pp.137-146. 683 Ibid.

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formé de deux bassins creusés dans l'argile, mesurant environ 5 sur 8 mètres. Le premier était réservé aux hommes et le second, plus petit, aux femmes684. Jules Erckmann a résidé au Maroc, de 1877 à 1883, et fut le chef de la mission militaire française, chargé de la réorganisation de l’armée du Sultan Moulay Hassan Ier. Il a réussi à entrer dans l’intimité du makhzen. Dans son livre « Le Maroc moderne»685 paru en 1885, il a rapporté que Moulay Yaâcoub avec sa source d'eau sulfureuse chaude, était d'une réelle efficacité. Il rapportait qu’on y envoyait d'office les soldats atteints de la grande maladie c’est à dire la syphilis « Il y a deux piscines; l'eau, après être entrée dans celle des hommes, va dans celle des femmes. Pour ne pas y être brulé en y entrant, il faut prononcer constamment les mots Berd ou Skoun (froid et chaud) »686. Il affirmait également que les marocains se fiaient à ces miracles687. Il n’a cité que Moulay Yaâcoub pour le traitement de la syphilis, sans évoquer aucun nom de médecin marocain de l’époque. Vers la fin du XIXème siècle Al-Nasiri, a mentionné les propriétés thérapeutiques de Moulay Yaâcoub mais se révolte contre l'explication magique et l'attribution des guérisons à la baraka du Saint. Il ramenait les propriétés curatives à l'action de la chaleur et du soufre. Il semble ainsi avoir été le premier à avoir ouvert la voie de l'analyse tout à la fois critique et scientifique688. Les travaux et les études consacrés aux eaux thermales, en 1917 (la première analyse remontait à 1898)689, ont permis de préciser la composition de l'eau et de ses propriétés690. Pouponneau, dans une étude publiée dans Maroc médical de 1923, décrit les propriétés thérapeutiques des eaux de Moulay Yaâcoub de la manière suivante: « Dans la syphilis qui est incontestablement le triomphe de Moulay-Yacoub. Les syphilides ulcéro-crouteuses, si fréquentes dans ce pays-ci semblent bien être influencées par le traitement sulfureux, mais nous ne croyons pas que ce traitement suffise à lui seul, à faire rétrocéder des gommes cutanées et surtout osseuses en évolution. Les arthralgies syphilitiques bénéficient également du traitement sulfureux. Il n’est pas douteux qu’une cure hydrominérale a Moulay-Yacoub bien réglée, serait un adjuvant précieux pour un traitement mercuriel, en favorisant l’élimination du médicament permettant ainsi de l’employer à des doses plus élevées. »691.

684 Ibid. 685 Erckmann J, Le Maroc moderne, Paris, 1885 686 Erckmann J , …., Op cit, p : 111. 687 Ibid. 688 Boussagol C,…, Op cit. 689 Ibid. 690 Pouponneau. A,…, Op cit. 691 Ibid.

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. Le traitement par les talismans : Il était très demandé. Les « Tolbas » donnaient au malade un bout de papier, « un talisman » rangé dans un petit sac de cuir692, à porter sur la poitrine, ou à attacher sur le front, afin de se protéger contre les mauvais sorts693. Ci-dessous un exemple de talisman utilisé contre l’ophtalmie à la fin du XIXème siècle. (Voir photo 9)

Photo 9 :Talismans employés au Maroc contre les ophtalmies694

692 Raynaud L,…, Op cit, p. 114. 693 Ibid. 694 Raynaud L,…, Op cit, p 124.

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. Les pierres précieuses : Les pierres précieuses avaient plusieurs utilisations comme la protection contre le mauvais sort et la guérison de toutes les affections, à savoir la gale, la lèpre, la peste et la fièvre695. Raynaud en fait une description détaillée surtout celles utilisées à la fin du XIXème siècle au Maroc telles que: - La Topaze employée contre l’ictère et les affections biliaires, - La Cornaline contre les hémorragies. - La Turquoise contre les maux de dents. - Les bagues avec chaton de turquoise étaient recherchées par les nourrices. - Les bracelets de turquoises, placés au bras des enfants, susceptibles de les préserver des maléfices696. - L’Émeraude, pour les piqûres de serpents et les bêtes venimeuses. - Le diamant, contre l’apoplexie et l’ophtalmie - Le Rubis, étanche la soif et préserve de la peste. - L’Hématite pour guérir la goutte et rendre les accouchements plus faciles. - Le Jade, prévient les mauvais rêves et la lèpre. - Le Lapis Lazuli utilisé contre l’asthme. - Corail préserve de la lèpre et de l’épilepsie. - Le Mail: guérit l’ictère697. - L’Onyx utilisé pour la prévention de l’anxiété. . L’organothérapie 698 : Parallèlement aux traitements médicaux classiques , il en existait d’autres à base des organes animaux ou une partie d’un animal pour traiter les affections de ces mêmes organes par analogie de forme ou de fonction, ou plus généralement, sans raison apparente. On peut énumérer quelques exemples de ce type de traitement : - Le foie : était fréquemment utilisé dans les hépatites (foie de rat), l’épilepsie (foie d’âne) ou même le foie de chien dans certains cas. - La bile pour le traitement des crises hépatiques, ainsi que les varices et certaines affections cutanées. - Le fiel de lièvre et de gerboise, permettent de faire disparaître les taches de

695 Raynaud L,…, Op cit, .p.126. 696 Raynaud L,…, Op cit, p.127. 697 Ibid. 698 Raynaud L,…, Op cit, p.155-164

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rousseur. - La chair de lion a comme le cœur, pour avoir du courage, et celle de l’âne pour faire disparaître les lésions tuberculeuses de la lèpre. - La moelle des os du mouton et du chameau, ainsi que la moelle épinière, mangées crues étaient utilisées pour traiter l’anémie ainsi que les douleurs articulaires. - Le tissu osseux du porc était un des nombreux remèdes du vitiligo ; l’os de baleine était un antimalarique. - La peau de hérisson, on la fumait pour traiter les troubles urinaires, celle de serpent, en application externe pour détruire les verrues et faire disparaître les hémorroïdes, ou bien en fumigations pour expulser le placenta. - L’urine de vache pour enlever les taches de rousseur, et l’ingestion d’urine humaine était un traitement de l’énurésie des enfants. - Les excréments du hérisson étaient utilisés comme remède externe contre la gale et les hémorroïdes. - La fiente d’oiseau était utilisée pour le lentigo et les verrues. - Les testicules de mouton, avec des œufs étaient utilisés comme aphrodisiaque de courte durée; ceux du coq après dessiccation et enrobage dans du miel, pour un effet plus durable. - Les testicules de souris ou de rat étaient recommandés aux femmes stériles, ou atteintes d’affection utérine.

6. La prévention : La prévention était très efficace contre les maladies comme le choléra et la variole699. La religion jouait un rôle important du point de vue de l’hygiène. De ce fait, le Maroc n’a pas connu de grosses épidémies ou de famines pendant presque trois siècles, c’est-à-dire depuis le début du XVIème siècle.700 La vaccination contre la variole se faisait par injection des extraits des lésions701. Mohamed Ben Hamedoune Belhaj, dans son manuscrit «Les perles médicales », insistait sur les quarantaines. La prévention contre les épidémies était institutionnalisée depuis 1865, par un dahir pour la création de la quarantaine de Mogador. 702.

699 Benabdellah A, Développement …, Op cit, p. 26. 700 Ibid. 701 Benabdellah A, Développement …, Op cit, p. 81. 702 Ibid.

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7. Les résultats des réformes dans le secteur sanitaire: Depuis le règne de Moulay Abderrahmane Ben Hicham, il y avait eu un mouvement réformateur dont le but était l’amélioration de l’enseignement surtout des sciences mathématiques et militaires. Moulay Abderrahmane Ben Hicham avait créé l’école d’ingénieurs à Fès703, mais aucune réforme ne fut apportée dans le domaine sanitaire. Si on analyse les missions faites au temps du Sultan Hassan Ier, on trouverait que des missions militaires et techniques704. Les missions médicales étaient très rares. Mohammad Al- Mannouni 705 rapporte que les missions étaient plus actives au temps de Mohammed Ben Abderrahmane et les classe ainsi en six missions vers l’Egypte. Elles étaient purement militaires ou techniques et la seule exception en était celle du médecin Abdessalam Alami en Egypte. Pour les missions en Europe, l’objectif était l’étude des sciences d’ingénieur, celle des sciences militaires ou celles des langues. Ceci montre le désintérêt du makhzen quant aux réformes civiles. Pendant cette période, il y a eu l’introduction de l’imprimerie au Maroc en 1864. Après une simple vérification des livres imprimés jusqu’au Protectorat, on remarque que presque la totalité des livres était des livres religieux ou de soufisme, rarement des copies de livres de médecine du Maroc et de l’Egypte. 706 Le Maroc du XIXème siècle était « conscient » de la crise, dans la mesure où il essayait de résister au maximum aux pressions coloniales en procédant aux réformes. Toutefois, ces réformes étaient seulement des simulations des techniques européennes dans les domaines militaires, commerciaux, financiers, mais sans être de véritables réformes. Elles n’ont pas touché l’éducation par peur de la perte de l’Indépendance et de l’intégrité territoriale du pays et elles été considérées, par les marocains, comme un moyen de la pénétration coloniale européenne. Ce qui expliquait la résistance énorme de l’élite à ces reformes était le refus de l’Occident. En effet, Al-Nasiri rapporte que les signes de la civilisation occidentale se .708«والحت على الناس مسة احلضارة األعجمية » manifestaient au sein de la population 707

703 Al-Mannouni M, Mazahir…, Op cit, p.143. 704 Al-Mannouni M, Mazahir…, Op cit, pp.156-178. 705 Al-Mannouni M, Mazahir…, Op cit, p.156. 706 Al-Mannouni M, Histoire de la papeterie marocaine, Ed Faculté des lettres et des sciences humaines, Université Mohamed V, Rabat, N : 2 1991, pp.234-235. 707 Al-Nasiri A,…, Op cit, Tome: 8, p.221 708 Al-Nasiri A,…, Op cit, Tome: 8, p.596

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Le Maroc a opté pour les missions, mais sans qu’aucun résultat sérieux ne soit obtenu709 car les personnes expédiées sont restées oisives surtout à la période de troubles coïncidant avec le décès du Sultan Hassan Ier. Le pouvoir grandissant du hajib Ba H’mad sur le Sultan Moulay Abdelaziz jusqu’au début du XXème siècle, la faiblesse croissante du makhzen marocain, et le pouvoir croissant des Français au Maroc après la conférence d'Algésiras de 1906710, ont contribué en quelque sorte à un avenir incertain pour les premiers médecins marocains modernes formés soit à l’étranger soit à l'école de médecine de Tanger711. Les médecins espagnols, qui avaient dirigé l’école de Tanger après Dr Ovilo, ne semblaient pas compter sur la médecine et médecins comme moyens de pénétration du pays712. De plus, après la signature du Protectorat, les autorités françaises ont promulgué un dahir, le 12 Avril 1916 qui limitait l'exercice de la médecine moderne au Maroc Français, aux médecins français ou à ceux formés dans les universités européennes, tout en admettant la possibilité d’exercer la médecine traditionnelle713. De ce fait, le diplôme de l’école de médecine de Tanger était l’équivalent d'un certificat délivré à une infirmière !. Les six premiers médecins marocains modernes, formés à l'École de Tanger, n’ont donc pas pu continuer de pratiquer en tant que médecins714. Hamed Ibn Al- Hasmi a travaillé comme informateur local du pharmacien de l'armée espagnole Joaquín Mas-Guindal à Larache à la fin des années 1920715. Mohammed Doukkali à l’instar de son père, est devenu ressortissant italien. Enfin, Mustafa Al-Zaudi, n'a jamais pratiqué, quant à lui.716

8. Les médecins :

8.1. Les médecins marocains : C’était un mélange de médecins de formation moderne et de formation traditionnelle. Ils étaient en même temps des pharmaciens qui vendaient les drogues quelques traitements qu’ils prescrivaient ; et certains d’entre eux avaient des spécialités, l’un deux traitait à Mogador les simples douleurs, les problèmes oculaires et les fièvres.717 On cite parmi eux : . Mohamed Ben Azzouz Marrakchi Sayed Bella

709 Renaud, H.P.J. État de nos connaissances …, Op cit, p.331 710 Martínez-Antonio F. J, The Tangiers …, Op cit. 711 Ibid. 712 Ibid. 713 Ibid. 714 Ibid. 715 Ibid. 716 Ibid. 717 Raynaud L,…, Op cit, p.110.

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C’était un médecin et philosophe soufi, bon connaisseur des sciences médicales. Il a eu plusieurs œuvres dans le soufisme et la médecine, « La disparition de l’éclipse ذهاب » « et le déni de l'injustice dans les sciences médicales, les caractères et la sagesse

.datant de 1880 « الكسوف ونفي الظلم يف علم الطب والطبائع واحلكمة

. Mohamed Ben Abdelhadi Gharit Andalousi Ichbili: Il était médecin du Sultan Moulay Abderrahmane, et avait une grande connaissance de la médecine, des herbes, des plantes et de leurs propriétés. Il était en même temps un homme de lettres impliqué dans la science. Il est décédé à Marrakech en 1884718. . Al-Hakim Kaddour Laâlaj. Il était de confession chrétienne et de nationalité espagnole, puis il s’est converti à l’islam au temps du Sultan Moulay Abderrahmane Ben Hicham. Il était un médecin compétent, et est décédé en 1863. . Moulay Abdellah Ben Hachim Alaoui Belghiti: Il a étudié la médecine chez son oncle à Tafilalt, puis est parti à Fès pour exercer. Il avait un succès dans sa pratique. Il était un fin connaisseur des plantes et des traitements. Il recommandait les régimes alimentaires. Il a écrit un livre, sous forme de résumé de « Tadkirat Al-Antaki », appelé la «Sauvetage Il est décédé à . « نقد الغريق بإذن اخلليق » « du noyé après la permission du créateur

Fès à la fin du XIXème siècle. . Al Hakim Cherif Abdessalam Ben Mohamed Ben Ahmed Ben Larbi Alami : Médecin du XIXème siècle, né à Fès en 1830, il faisait partie de l’expédition du Sultan Moulay Al Hassan Ier à l’école de médecine du Caire. Quand il est rentré d'Egypte, il a été reçu par le Sultan Moulay Hassan Ier avec beaucoup de respect et d’admiration. Le Sultan l’a nommé comme son médecin personnel pour l’accompagner dans ses déplacements de Souss. Il a ouvert un cabinet médical à Fès719, il est décédé en 1904. Son œuvre maîtresse est « Lumière décryptant les aphorismes d’Al-Antaki par le qui est la « ضياء النرباس يف حل مفردات األنطاكي بلغة أهل فاس » « langage des gens de Fès traduction des termes médicaux de Daoud Al-Antaki en dialecte fassi publié en 1900 où figurent les termes berbères avec des explications sur la physiologie du cœur et de la

718 Ben Zaydane A, Ithaf…., Op, Cit, Tome VI , p.242. 719 Benabdellah A, La médecine et les médeicns au Maroc, Rabat, 1960 , p.86

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circulation sanguine720. Cet ouvrage, d’une profonde analyse, est un élément de transition dans l’Histoire de la médecine marocaine, basé sur des expériences personnelles et sur celles recueillies au Caire où le nombre de ses maîtres avait atteint une cinquantaine721. البدر املنري يف عالج » « A côté de cette œuvre, il y a un traité sur « Les hémorroïdes

األسرار احملكمة يف حل رموز الكتب » « et « Les secrets des œuvres traduites ,« البواسري

où il a tenté de donner un aperçu sur la médecine moderne du XIXème siècle.722 ,« املرتمجة

.« مفتاح التشريح » « Il a rédigé ensuite son ouvrage « La clef de l’anatomie

Extrait de son Lumière décryptant les aphorismes d’Al-Antaki par le langage des gens de Fès » annoté par le Docteur Mustapha Akhmisse723 : Voir Annexe V. . Abou Abbas Ahmed Ben Mohamed Ben Abdelkader Alkerdoudi: Né vers 1824, il avait un grand intérêt pour l’Histoire, la littérature et la médecine. Il est décédé à Fès en 1900724. . Abou Abbas Ahmed Altamtamani Tanji Fassi Il était un médecin diplômé compétent. Il faisait partie de l’expédition du Sultan Moulay Hassan Ier pour étudier en Europe725. Il est décédé à Fès, au début du XXème siècle. . Abou Al-Hassan Allal Ben Abdellah Ben Majdoub Fassi. Il était un grand connaisseur des sciences religieuses ainsi que de la médecine, des herbes, des plantes et de leurs propriétés. Il a étudié la médecine chez Al-Hakim Kaddour Laâlaj. La plus célèbre de ses œuvres est le résumé du Canon d’Ibn Sina. Il est décédé à la fin du XIXème siècle. . Abou Mohamed Abdessalam Bennani Fassi Il fut un connaisseur virtuose de la médecine. Il a étudié chez le médecin Abou Bakr l’égyptien. . Le médecin égyptien Abou Bakr

720 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc …, Op cit, p.77 721 Benabdellah A, Enseignement comparé de la médecine au Maroc et au monde Arabo-musulman au moyen âge, Conférence prononcé a la faculté de médecine de rabat au cours du 25ème anniversaire de la création de l’université Mohammed V. 722 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc …, Op cit , p.77. 723 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc…, Op cit, p.175. 724 Ben Zaydane A, Ithaf …,Op cit, Tome II, p 317. 725 Al Kanouni. M,…, Op cit, p.214

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Il était un médecin et un sage. Ses connaissances médicales étaient basées sur le livre de « Tadkirat Al-Antaki ». Il est décédé à Fès au début du XIXème. . Le médecin Mustapha Zaudi Tanji R’bati Il a étudié la médecine à l’école de médecine de Tanger, et faisait partie de la mission Hassania envoyé à Europe. Il a continué ses études en Espagne où il a obtenu son diplôme. Il s’est installé plus tard à Rabat. . Le médecin Abdessalam Al-Fassi Daraâoui : Il était médecin botanique. Il est décédé vers la fin du XIXème siècle. . Mohamed Ben Mohamed Ben Mustapha Doukkali Faraji R’bati: Il a étudié la médecine à Naples sous pendant l’ère du Sultan Moulay Hassan Ier où il a décroché son diplôme. Cependant, il n’a pas exercé, mais il donnait seulement des conseils médicaux à ses amis de Rabat. . Abou Ishaq Ibrahim Ben Al-Houssain Sbai Assafi: Il avait une bonne connaissance de la médecine. Il traitait quelques pathologies ophtalmologiques. Il est décédé à la fin du XIXème siècle. . Abou Abbas Ahmed Ben Mohmed Ben Hamdoun Ben Lhaj Soulami Fassi: Il est né au début du XIXème siècle. Il a grandi dans une famille de scientifiques. Il a étudié chez sa famille, puis à l’université Al Quaraouiyine. Il était proche du Sultan Moulay Hassan Ier. Parmi ses plus grandes œuvres, on peut citer : - Les perles médicales - Un petit livre sur le traitement des enfants. Il est décédé à la fin du XIXème siècle à Fès, où il a été enterré au mausolée de Sidi Ahmed Ben Ali Ouazzani.  Abou Ali Al-Haj Al-Hassan Al-Mesfioui Al-Oughatimi Il était un médecin compétant, très doué en chirurgie. Il s’est installé à Marrakech où il jouissait d’une bonne réputation. Il est décédé vers le début du XXème siècle. . Mohamed Ben Ibrahim Al-Fassi Slaoui Tamili : il avait une grande connaissance de la médecine. Il est décédé en 1884726.

8.2. Les guérisseurs: A côté de ces médecins, ayant une certaine instruction au Maroc de l’époque, il y avait des guérisseurs qui pratiquaient généralement sous une tente où s’étalait toute leur

726 Al Kanouni. M, …, Op cit, p.151.

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pharmacopée et leurs instruments de chirurgie, et puis ils faisaient leurs consultations en public727. José Boada y Romeo, lors de sa visite à Tanger, entre 1884 et 1889, a fait une description de ces guérisseurs : « au milieu du souk, il y avait un guérisseur qui utilisait la sorcellerie et des amulettes, parfois même les coups de feu pour traiter ses patients, et qui laissait ses consultants satisfaits ».728 Un petit entretien suffisait pour savoir le motif de consultation et connaître quelle était la partie malade. Ils délivraient soit un remède curateur soit un talisman précieux. Les honoraires n’étaient pas élevés729. (Voir photo 10)

8.3. Les dentistes : Les marchés étaient aussi fréquentés par des dentistes, qui étaient en même temps et surtout barbiers exerçant leur métier. Ils utilisaient des pinces et pratiquaient la saignée et appliquaient des ventouses730.

727 Raynaud L, …, Op cit, p.110. 728 Boada J.R, Allende El Estrecho Viajes por Marruecos…, Op cit, p. 46. 729 Raynaud L,…, Op cit, p.110. 730 Raynaud L,…, Op cit, p. 111.

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Photo 10 : Guérisseur marocain en consultation

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8.4. Les médecins étrangers: Tous les pays intéressés par l’infiltration politique, militaire et économique, ont encouragé leurs médecins à s’installer au Maroc, dont en l’occurrence:

8.4.1. Les médecins espagnols : L’église franciscaine espagnole a mis en place depuis le XVIIème siècle plusieurs hôpitaux à Fès, à Meknès, a Salé et à Tétouan en vue de prendre en charge les prisonniers espagnols au Maroc731. Au début du XIXème siècle, le nombre de médecins a augmenté. Certains venaient à la demande du Makhzen, d’autres venaient de Gibraltar surtout pendant la période des épidémies (exemple du Dr Sola en 1818), et certains venaient pour travailler à l’hôpital espagnol de Tanger ou à l’école de médecine de Tanger732. Ces médecins ont été employés à des fins politiques pures. En effet, ils augmentaient l’influence politique de l’Espagne sur le Maroc. On en cite les plus importants de cette période, c’est-à-dire à partir de la deuxième moitié du XIXème siècle : - Le médecin Romero Robledo, qui s’est installé à Fès à la fin du XIXème siècle, était parmi les médecins du Sultan Hassan Ier. Il est devenu, plus tard, responsable du lazaret d’Essaouira en 1896733. - Le médecin Manuel Tomas Rodriguez734, installé dans à Rabat vers 1861, il entretenait des relations politiques avec l’Etat espagnol735. Il a eu beaucoup de succès comme médecin à Rabat, à Salé, et même au sein du makhzen736. Il a quitté le Maroc en 1876737. - Le médecin José Jiminez, installé à Ksar El Kébir vers la fin du XIXème siècle, a été assassiné en 1893738. - Le médecin Samuel Guitta était un espagnol de confession juive et s’est installé au début à Rabat, puis à Tanger en 1885. - Son frère le médecin Jacob Guitta s’est installé au Maroc en 1887 à Ksar El Kébir puis à Fès739. Pendant le Protectorat, il est devenu médecin à Tétouan.

731 Aziouz R,…, Op cit, p. 113. 732 Ibid. 733 Bouchaara M, Immigrations…, Op cit, Tome I, p.172. 734 Aziouz R, …, Op cit, p. 123. 735 Aziouz R,…, Op cit, p. 124. 736 Aziouz R,…, Op cit, p. 123. 737 Miège J-L, Le Maroc et l’Europe 1830-1894, presses universitaires de France, Paris 1961, Tome II, p.470. 738 Bouchaara M, Immigrations…, Op cit, Tome : II, p.723. 739 Aziouz R,…, Op cit, p. 126.

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- Le médecin militaire Ovilo y Canales qui était au début médecin militaire, attaché au consulat d’Espagne à Tanger en 1878, exerçait parallèlement une activité d’espionnage740 pour le compte du du gouvernement espagnol. Il a été nommé directeur de l’école de médecine de Tanger en 1886, et de l’hôpital espagnol de Tanger en 1888.741 En 1891, il a été désigné par le Sultan pour former les infirmiers militaires marocains742. L’année suivante, il a participé à la « Mehla » du Sultan contre les tribus d’Anejra743. Dans le but de marquer sa présence sanitaire dans le cadre de l’infiltration pacifique, l’Espagne a nommé des médecins dans ses consulats au Maroc. On en cite en l’occurrence: - Le médecin Jordan à Casablanca en 1889.744 - Le médecin Guevara à Essaouira.745 - Le médecin Trivino Valduvia à Larache en 1896, qui est devenu l’attaché médical de la mission espagnole au Maroc746. Il a rédigé un livre sur son séjour au Maroc « Cinco anios en Marruecos, apuntes de un médico »747 encourageant l’Occupation espagnole des côtes nordiques du Maroc. - Le médecin militaire Alcaide en 1899, a fait une étude sur la nature des maladies de l’époque à Essaouira.748 - Le médecin militaire Joaquin Cortès y Bayona a été nommé à Fès en 1891 dans le cadre de la mission militaire espagnole pour concurrencer le Dr Linarès proche du Sultan à l’époque749. - Le médecin militaire Alfonso Cerdeira s’est installé à Tanger en1898 comme médecin chef de la flotte espagnole et médecin attaché au consulat espagnol de Tanger750, pour aller ensuite à Marrakech comme médecin personnel du Hajib Ba Hmad et espion du gouvernement espagnol751.

740 Aziouz R,…, Op cit, p. 128. 741Aziouz R,…, Op cit, p. 129. 742Aziouz R,…, Op cit, p.131. 743 Ibid. 744 Bouchaara M, Immigrations…, Op cit, Tome I, p.172. 745 Aziouz R,…, Op cit, p. 131. 746 Aziouz R,…, Op cit, p. 132. 747 Ibid. 748 Aziouz R,…, Op cit, p. 133. 749 Simou B, Les reformes militaires au Maroc, de 1844-1912, Publications de la faculté des lettres et des sciences humaines, Rabat, 1995, p.373 750 Aziouz R, …, Op cit, p.138. 751 Aziouz R,…, Op cit, p. 139.

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En plus de ces médecins civils et militaires, il y’avait des médecins espagnols qui avaient travaillé avec le conseil sanitaire international de Tanger tels que : - le médecin Tadéo Martinez qui a travaillé sur le choléra de 1878752 - Le médecin Migueres résidant à Tanger lui aussi - Le médecin Cenarro Severo qui s’est installé à Tanger comme directeur de l’hôpital espagnol travaillait pour le compte du conseil sanitaire de Tanger.753

8.4.2. Les médecins français : A partir de 1847, le poste de médecin attaché à la mission française au Maroc a été créé. Il a été nommé par le gouverneur général d’Algérie auprès du consul général à Tanger754. A partir de 1865, il y a eu la création de l’hôpital français à Tanger, qui sera par la suite un outil important de la propagande coloniale au Maroc755, en prenant en charge tout à la fois les musulmans et les juifs. Ces médecins français faisaient des études politiques, géographiques, sanitaires et historiques sur le Maroc en parallèle de leur activité d’espionnage et ce dans le cadre de la pénétration pacifique et en vue de l’instauration du régime du Protectorat. Les principaux médecins étaient : - Le médecin Guien, lauréat de la faculté de médecine de Montpellier, est arrivé à Rabat en octobre 1856, pendant la deuxième vague du choléra qui avait « touché » le Maroc à partir de 1854756. Il a pu procurer des soins aux populations avant de revenir à Rabat pour la deuxième fois en décembre. Son succès auprès des populations était énorme surtout pour le consul général de France au Maroc, M.Beaumier, qui l’a utilisé pour influencer la population. Il est rentré en France vers 1857757. - Le médecin Ranquet, nommé directeur de l’hôpital français de Tanger, était lui aussi un outil de propagande coloniale au Maroc758. - Le médecin Joseph Edouard Allard avait déjà travaillé à Suez en Egypte, avant d’être nommé à El-Jadida lors du choléra de 1878759. Il a nié l’existence du choléra à El- Jadida pour éviter la quarantaine ainsi que toutes ses conséquences sur le commerce européen. Il a essayé de nier également la responsabilité du choléra de l’épidémie et

752Aziouz R,…, Op cit, p.141. 753 Miège J-L, Le Maroc et l’Europe 1830-1894, Presses universitaires de France, Paris 1961, Tome IV, p.354 754 Aziouz R,…, Op cit, p. 145 755 Ibid. 756 Aziouz R,…, Op cit, p. 148. 757 Aziouz R,…, Op cit, p. 149. 758 Aziouz R,…, Op cit, p. 150. 759 Ibid.

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l’attribuer par conséquent à d’autres facteurs760. Il a visité Marrakech, vers la fin de 1878, et mis le point sur la typhoïde et la variole qui régnaient dans la ville761, avant de s’installer à Safi en 1879 où il a eu beaucoup de problèmes avec le système de protection. 762 En 1895, le conseil sanitaire international de Tanger a autorisé à un bateau de 750 pèlerins de débarquer sur la base d’un rapport du médecin Allard, ce qui a entraîné une épidémie de choléra à l’époque763. - Le médecin Decugis a accompagné la mission française au Maroc entre mars et Avril 1877764. - Le médecin Marcet a accompagné l’ambassadeur Français Ordega au Maroc 1882 auprès du Sultan Hassan Ier 765. - Le médecin Henri Duveryrier a accompagné la mission française au Maroc en 1885766. Il a joué un rôle important dans l’espionnage français au Maroc767. - Le Docteur Soulie, arrivé en octobre 1895 à Tanger à cause du choléra, pour en identifier les causes et les mesures à prendre pour éviter la propagation768. - Le médecin Lucien Raynaud a été nommé par le conseil sanitaire international de Tanger pour diriger le Lazaret d’Essaouira en 1900769, Il a profité de l’occasion pour faire une étude bien détaillée sur l’hygiène et la médecine au Maroc770, intitulée « Étude sur l'hygiène et la médecine au Maroc: suivie d'une notice sur la climatologie des principales villes de l'empire » en 1902. - Le médecin Frederic Weisgerber est venu à Casablanca à l’âge de 28 ans pour exercer la médecine pendant quelques mois avant de rejoindre le makhzen en 1897 afin de traiter le Hajib Ba Hmad771. Ensuite, il a rejoint la « Mehla » du Sultan à la Chaouia. Après sa guérison du typhus en 1901, il est revenu en France, pour ne revenir au Maroc qu’en 1909 comme correspondant du journal Le Temps en parallèle de plusieurs missions politique comme c’était le cas à Safi avec le Caïd Issa Ben Omar en 1912, ou médicale et

760 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p. 270. 761 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p. 274. 762 Aziouz R,…, Op cit, pp. 152-153. 763 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies…, Op cit, pp. 324 – 328. 764 Aziouz R,…, Op cit, p. 154. 765Aziouz R,…, Op cit, p. 155. 766 Aziouz R, …, Op cit, p. 156. 767Aziouz R,…, Op cit, p. 157. 768 Bezzaz M.A, Histoire des épidémies …, Op cit, p. 327. 769 Augustion B, Les médecins, Renseignements coloniaux, N° 10, 1904, pp. 242-243. 770 Raynaud L,…, Op cit, 1902. 771 Weisgerber F, Au seuil du Maroc moderne, Ed la porte, 1947, p. 47.

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géographique en Atlas avec le général Moinier en 1911772 ou civile à Settat et El-Jadida773. L’un de ses livres célèbres était « Au seuil du Maroc moderne ». - Le médecin Dulac774 : il était médecin militaire de la mission française à Tanger depuis sa création en 1847 jusqu’au 1849. - Le médecin Strauss775 : médecin militaire de la mission française à Tanger de 1849 à 1852. Il a été remplacé par : - Le médecin militaire Rolinger776 qui a pris en charge le choléra au Maroc en 1855. Il est décédé en 1856. - Le médecin militaire De Corbiere n’a passé qu’un an dans son poste pour être remplacé par : - Le médecin militaire Castex777 qui a rejoint la mission française en 1858, pour une durée de 6 ans pendant lesquels il a été très actif contre le choléra. - Le médecin Guillemain - Le médecin Bleicher était en plus de la médecine géographe, il a publié, en 1875, un livre intitulé « Voyage au Maroc ». - Le médecin militaire Fernand Jean Linarès : Il était à la fois médecin et diplomate (1850- 1938). Il a joué un rôle remarquable au Maroc sur le plan politique en faveur de la France. A la demande du Sultan Moulay Hassan Ier, la France a envoyé une mission militaire pour former les troupes marocaines qui est arrivé au Maroc vers la fin de 1877 et comprenait parmi ses membres, le docteur Fernand Linarès. Rapidement il a eu à faire face au choléra à Oujda. Linarès n’a pas tardé à obtenir la confiance du Sultan Moulay Hassan Ier. Il l’a accompagné lors dans son voyage de Fès à Marrakech, en passant par le Tafilalt, (29 juin au 18 décembre 1893). Il nous a laissés une narration intéressante de ce voyage « Voyage au Tafilalt avec S.M Moulay Hassan ». L'action du docteur Linarès s'est donc déroulée suivant deux axes :

772 Aziouz R,…, Op cit, p.172. 773 Aziouz R,…, Op cit, p.173. 774 Aziouz R,…, Op cit, p.176. 775Aziouz R,…, Op cit, p.177. 776 Ibid. 777 Aziouz R,…, Op cit, p. 179.

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1) Médical 2) Diplomatique auprès du Sultan en tenant compte des intérêts de la France. A côté des médecins militaires, il y avait un certain nombre de médecins indépendants. Les plus célèbres en étaient : - Le docteur Thévenin : de retour d’Algérie, il s’est installé à Essaouira en 1862 où il a connu un grand succès auprès des populations et des autorités aussi bien musulmanes que juives. Il a pris en charge les épidémies du choléra de 1868 et 1878.778 - Le docteur Guiol : il est passé par Essaouira pendant l’épidémie du choléra de 1868, avant de s’installer à Casablanca suite à la forte demande des résidents étrangers. - Le médecin Olive : il s’est installé à Essaouira de 1873 à 1881779. Il a rédigé plusieurs rapports sur les maladies et l’hygiène à Essaouira en 1878, et une étude intitulée : « Commerce entre Tombouktou et Mogador »780.

8.4.3. Les médecins anglais : L’arrivé des médecins anglais au Maroc remonte au début du XIXème siècle, lorsque le Sultan Moulay Abderrahmane Ben Hicham a fait appel au le médecin anglais Brown pour lui traiter d’un problème ophtalmologique à Marrakech. Les plus célèbres d’entre eux étaient: - Le médecin Théodore Lucas Godet781 : il s’est installé à Rabat de 1863 à 1865. - Le médecin Migers : il s’est installé à Tanger en 1871. A leurs côtés, il y avait des médecins explorateurs comme - Le médecin Hoker a visité l’Atlas782. - Le médecin Arthur leared : il a surtout exploré les villes côtières à partir de septembre 1872783, il a laissé un livre : « Morocco and the Moors, being an account of travels, with general description of the country and its people ». Il y avait aussi les médecins des missions religieuses, les principaux étaient : - Le médecin Baldwin : il est arrivé au Maroc en 1870 et a ouvert un petit dispensaire à Tanger qui est devenu à partir de 1887 un hôpital sous le nom de

778 Aziouz R,…, Op cit, p.193. 779 Aziouz R,…, Op cit, p.195. 780 Olive.C.M, Commerce entre Tombouktou et Mogador, Bulletin de la société de géographie de Marseille, 1880, N° 1, pp. 5-8. 781 Miège J-L, Le Maroc et l’Europe …, Op cit, Tome II, p.470. 782 Aziouz R,…, Op cit, p. 204 783 Miège J-L, Le Maroc et l’Europe…, Op cit, Tome I, p.130.

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« Tulloch Memorial Hospital ». Il est parti ensuite s’installer à Essaouira, avant de quitter le Maroc définitivement vers l’Orient784. - le médecin Churcher785 : il a dirigé « Tulloch Memorial Hospital », depuis sa création en 1888. Il est parti, ensuite, à Fès en octobre 1892 où la mission protestante a ouvert un dispensaire. Il est resté à Fès au dispensaire jusqu’au 1894786. - Le médecin Robert Kerr : il a été choisi par la mission « England Pesbyterian Church Mission » pour diriger sa mission au Maroc en 1885.787 Il s’est installé à Rabat où il a créé un petit hôpital concentré surtout sur la vaccination788, jusqu’à 1894 ou il a créé une nouvelle mission « Central Morocco Mission » avec des activités qui se sont étendues jusqu’à la région du Gharb789. Il a laissé des livres: « Health in Africa » et « Pioneering in Morocco, a record of seven years medical mission work in the palace and the hut ». En somme, le Maroc a connu, durant cette époque, plusieurs types de maladies et d’épidémies, avec différentes modalités thérapeutiques. L’étude de cette période révèle que : • Le Maroc, sous la première période de la dynastie Alaouite, avait d’éminents médecins, tels qu’Abdelouahab Aderraq qui a pratiqué diverses thérapies pour venir à bout de différentes maladies, avec des mesures d’hygiène et de prévention efficaces. • On peut cependant se demander: pourquoi ce niveau et ces pratiques des médecins marocains n’ont pas duré longtemps ? L’enseignement de la médecine au Maroc se résumait aux notions des soins de santé primaire et à l’exercice de la mémorisation des connaissances. Les étudiants étaient libres d’étudier, sans aucun devoir à l’Etat. A cette époque, les oulémas prêtaient beaucoup d’attention à l’étude de la médecine, mais ces études étaient très superficielles. Celles-ci étaient également focalisées sur les livres classiques, sans expérimentations ni pratique clinique. Les réformes dans le contexte marocain du XIXème siècle étaient des réformes avec une connotation religieuse et surtout influencées par les réformes à la même période en Orient comme celles de Mohamed Ali Pacha en Egypte. Cependant, ces réformes n’ont pas abouti, car les conditions du changement n’existaient pas encore :

784 Miège J-L, Les missions …, Op cit, p.157. 785 Miège J-L, Les missions …, Op cit, p.173. 786 Miège J-L, Le Maroc et l’Europe …, Op cit, Tome I, p.89. 787 Miège J-L, Le Maroc et l’Europe …, Op cit, Tome I, p.160. 788 Miège J-L, Le Maroc et l’Europe …, Op cit, Tome IV, p.393. 789 Miège J-L, Les missions …, Op cit, pp.160-161.

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• L’instabilité politique, • L’incompétence du Makhzen face à la pénétration étrangère, • L’inconscience de la population pour les réformes, • Les pressions étrangères espagnoles, françaises et anglaises sur l’état marocain. Les réformes ont été achevées avec le décès du Sultan Hassan Ier.

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Chapitre 4 : La médecine au service de l’infiltration

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Depuis le XIXème siècle, la concurrence entre les forces impérialistes pour l’Occupation du Maroc était à son top niveau. Les consuls des pays européens au Maroc, depuis le XVIIIème siècle, ont utilisé leur influence sur le makhzen pour appliquer des mesures d’hygiène lors de la survenue des épidémies.790 Selon Jean-Louis Miège791 , le Maroc avait besoin d’attiser les rivalités entre les puissances européennes, pour maintenir intacte sa stature politique ainsi que son Indépendance. L’intervention européenne au Maroc s’est manifestée également à travers le conseil international, les conseils d’hygiènes, le Lazaret d’Essaouira et les médecins étrangers que nous évoquons respectivement:

I- LE CONSEIL SANITAIRE INTERNATIONAL :

En 1792, les consuls de Tanger ont décidé de se réunir à des dates précises afin de discuter des questions sanitaires du Maroc. Cette réunion qui a été intitulée « Junta de los Consules » était à l’ origine du conseil sanitaire maritime. Dès sa création, la Junta avait à s’occuper des mesures quarantenaires à l’égard des provenances suspectes792 . En juin et octobre 1793, la Junta a pris des précautions contre la peste en provenance d’Alger, puis pour la peste en juillet 1797 il a y a eu les suppressions des liaisons terrestres avec Oran. En 1799, pour la peste encore, il y a eu la formation d’un cordon sanitaire autour de Melilla et Tétouan.793. D’autres mesures préventives ont été prises lors des poussées de fièvre jaune qui se succédaient en Espagne et à Gibraltar entre 1800 et 1828 ou lors de la première phase de l’épidémie du choléra qui a affecté l’Europe depuis 1832794. A deux reprises en 1805 puis en 1810, les consuls de Tanger ont demandé auprès du makhzen le droit de s’occuper exclusivement des affaires sanitaires au Maroc. En effet, ces demandes ont été approuvées795. En 1818, un conflit s‘est déclenché entre les consuls de Tanger et le Sultan qui a laissé débarquer librement le navire le « Tage », avec à son bord des pèlerins revenant de la Mecque et la peste fut introduite au Maghreb796.

790 Raynaud L,…, Op cit, p.62. 791 Miège J-L, Le Maroc et l’Europe …, Op cit, Tome II, p.69-79 792 Raynaud L,…, Op cit, p.63. 793 Ibid. 794 Raynaud L,…, Op cit, p.84. 795 Raynaud L,…, Op cit, p.63 796 Ibid.

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Malgré les décisions quant à l’Indépendance sanitaire du Maroc, les consuls acquéraient, année après année, le pouvoir sanitaire au le Maroc. Le Makhzen constituait encore un obstacle à l’infiltration sanitaire européenne797 et les Sultans Moulay Slimane et Moulay Abderrahmane Ben Hicham conservaient leur pouvoir de décision.798. Le règlement formant la base même de toute l’organisation du conseil sanitaire, datant du 18 avril 1840, s’est inspiré d’un rapport datant de 1839 sur l’hygiène sanitaire : « Rapport adressé à Mr le ministre de l’agriculture et du commerce sur les modifications à apporter aux règlements sanitaires » de Ségur Dupeyron qui était chef des établissements sanitaires en France799. Le conseil sanitaire de Tanger était composé des représentants de toutes les puissances accréditées auprès du Sultan. A tour de rôle, chacun des ministres étrangers nommé président du conseil, gérait les affaires pendant trois mois ; en temps d’épidémie, le président est renouvelé tous les mois, assisté par un archiviste. Il apportait des solutions aux questions urgentes, mais dès qu’un fait grave survenait, il réunissait le conseil pour statuer définitivement800. Le Sultan Moulay Abderrahmane Ben Hicham, avait chargé officiellement les représentants des puissances étrangères au Maroc de veiller au maintien de la santé publique sur les côtes du Maroc, d’appliquer tous les règlements et de prendre toutes les mesures pour atteindre ce but en 1844. 801 Cependant, les décisions sanitaires du conseil n’étaient approuvées par le Maroc que lorsqu’il s’agissait de repousser les bateaux étrangers suspects. Le makhzen s’opposait à ses décisions quand les bateaux ramenaient des pèlerins de la Mecque et qu’il s’agissait de leur faire subir des quarantaines802, bien que cela représente parfois un dommage pour le Maroc comme ce fut le cas lors de l’épidémie de la peste en 1818. En effet, le Maroc pouvait encore à cette époque courir le risque des épidémies afin de maintenir une relation privilégiée à la fois religieuse, commerciale, diplomatique et sanitaire avec le monde musulman, plutôt que de souffrir d’une épidémie qui serait le résultat d’une ouverture sur les pays européens803.

797 Martínez Antonio F. J, Une liaison c(h)olérique ? Esquisses sur l’interprétation des relations (sanitaires) franco-marocaines au milieu du XIXe siècle, in Chantiers et défis de la recherche sur le Maghreb contemporain publié sous la diréction de Pierre-Robert Badue, IRMC-KARTHALA 2009, pp. 49-76. 798 Raynaud L,…, Op cit, 1902, p.82. 799 Raynaud L,…, Op cit, p.63. 800 Raynaud L,…, Op cit, p.66. 801 Raynaud L,…, Op cit, p.63. 802Ibid. 803 Martínez Antonio F.J, Une liaison c(h)olérique ? …, Op cit.

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Mais le dahir du Sultan réglant les attributions du conseil de Sanitaire n’a été édité qu’en 1879. Nous donnons ici la traduction du dahir du Sultan, réglant les attributions du conseil de Sanitaire. (Voir la version arabe du Dahir en annexe VI)

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EDIT DU SULTAN MOULAY HASSAN Autorisant les représentants étrangers à agir comme conseil sanitaire dans les affaires maritimes (1er mars 1879)804. Louange à Dieu l’Unique ! Il n’y a de force ni de puissance si ce n’est Dieu le haut et le puissant ! (Cachet de Moulay Hassan). Par le présent rescrit nous rendons de notoriété publique que, par la grâce de Dieu, nous avons confirmé en faveur des représentants des puissances étrangères amies, résidant à Tanger, tous les pouvoirs qui leur avaient été conférés par feu notre Auguste Grand Père805 (que Dieu étende sur lui les ailes de sa miséricorde), les autorisant à exercer, en notre nom, les fonctions ayant trait au service sanitaire, à savoir : admettre en libre pratique en quarantaine et en fixer la durée, d’après les règlements sur les affaires sanitaires. L’exercice de ces fonctions par les représentants des puissances étrangères, lesquelles connaissent mieux que personne les règlements sur les affaires sanitaires, est exclusivement limité à la mer et non à la terre ferme. La délégation de ces pouvoirs, faite par nos ancêtres en faveur des représentants étrangers, est une preuve évidente de l’amitié de ces derniers envers notre Majesté et du vif intérêt qu’ils prennent au bien-être de nos sujets. Nos gouverneurs et toutes nos autorités auront à se conformer strictement aux ordres contenus dans le présent rescrit impérial. 7 Rabia 1296 (1er mars 1879).

804 Raynaud L,…, Op cit, p.66 805 Allusion à un édit de Moulay Abderrahmane 1844.

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II- LE LAZARET D’ESSAOUIRA :

La question d’un Lazaret, où pourraient être isolés les bateaux et les passagers suspects, avait souvent attiré la réflexion du conseil sanitaire de Tanger806, ayant demandé sa création au Maroc à plusieurs reprises. Depuis avril 1799, des ports ont été utilisés comme lieu d’observation des navires suspects, surtout dans les années 1813, 1814 et 1828. Le pacha de Tétouan a proposé, en 1809, d’envoyer, à l’ilot de Pérégil, un bateau venant de Salonique, infecté par la peste807. Il fallait, pour créer le lazaret de Mogador, attendre 1865, un bateau, le « Christina » en destination de Tanger, ayant à bord 12 pèlerins dont eux un certain nombre de personnes atteintes du choléra. Le « Christina » a eu le refus de débarquer ses pèlerins. Le capitaine a opéré la quarantaine à Mogador (30 juin)808. Le 1er septembre de la même année, un autre bateau provenant d’Alexandrie, ayant déjà perdu 520 personnes, a été refusé à débarquer à Tanger. Il a tenté de purger sa quarantaine à Gibraltar, mais en vain résultats. Les passagers commençaient à mourir de faim, se révoltaient et le bateau finit par être envoyé à Mogador809. C’était le Sultan qui désigna en 1866 par un dahir spécial l’ile de Mogador comme lieu d’isolement pour les pèlerins marocains810. Toutefois, la question du Lazaret n’a pas été réglée définitivement par ce dahir. En effet, depuis 1865, le Lazaret de Mogador n’a été utilisé qu’à quelques reprises, soit parce que les capitaines des navires ne consentaient pas à se rendre au Lazaret de Mogador d’ailleurs trop éloigné et débarquaient leurs passagers sur la côte, soit par les pèlerins eux- mêmes qui descendaient à Tanger. Parfois encore, le makhzen refusait de livrer l'île de Mogador, transformée en prison d’Etat depuis 1897. Mais, sous la pression811 des puissances européennes le makhzen se décidaient enfin à faire observer les mesures de quarantaines prescrites par le conseil812. En 1899, le conseil a délégué comme médecin du Lazaret le chef de santé de Tanger qui a encontré des difficultés considérables pour exécuter sa mission. En 1900, le Sultan a décidé de confier l’organisation de la quarantaine à un médecin étranger au Maroc813. Le

806 Raynaud L,…, Op cit, p. 63. 807 Raynaud L,…, Op cit, p.64. 808 Ibid. 809 Ibid. 810 Ibid. 811 Ibid. 812 Raynaud L,…, Op cit, p.65. 813 Ibid.

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conseil sanitaire a été prié de désigner ce praticien ; c’était dans ces circonstances que le docteur Lucien Raynaud a été appelé à se rendre au Maroc814 pour organiser le lazaret. Ensuite, le docteur Gagé, médecin adjoint de la santé d’Alger, accompagné d’un agent du service sanitaire, s’est installé à Mogador pendant la période du retour des pèlerins, pour les recevoir et procéder aux désinfections.815 Les ressources du service sanitaire provenaient des droits perçus sur les navires par les délégués sanitaires816. Nous donnons ici la traduction du dahir du Sultan réglant Concession de l’île de Mogador comme lieu de quarantaine des pèlerins.

814 Ibid. 815 Raynaud L,…, Op cit, p.67. 816 Raynaud L,…, Op cit, p.66.

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Edit du Sultan Mohamed Concession de l’île de Mogador comme lieu de quarantaine des pèlerins817.

Louange à Dieu l’Unique ! Il n’y a de force et de pouvoir qu’en Dieu le haut et tout Puissant ! De la part du serviteur de Dieu, dont la confiance n’est qu’en Dieu, ainsi que tout son pouvoir ; Prince des croyants, fils du Prince des croyants, fils du Prince des croyants, etc. (Cachet de Mohamed, fils de Abderrahman, etc). Que Dieu prolonge son royaume et comble de bien son existence. A ceux qui aiment notre royaume, élevé par Dieu, Sages représentants des grandes puissances à Tanger la défendue : Nous avons reçu votre lettre concernant la quarantaine que les Hadji, venant avec maladie contagieuse auraient à faire dans l’île de Mogador, et vous avez demandé notre assentiment dans ce but. Or, nous avons donné des instructions sur cela à notre représentant, le thaleb Mohamed Bargash, et nous sommes convaincus que l’air du dit endroit est très sain, bon et proche. 10 Rajeb el fard et haram 1283 (18 novembre 1866).

817 Raynaud L,…, Op cit, p.65.

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III- LES CONSEILS D’HYGIÈNE :

Le conseil sanitaire n’avait dans ses fonctions que la règlementation des mesures préventives contre les bateaux provenant des régions épidémiques ; il ne pouvait pas intervenir dans les questions d’hygiène intérieure du pays818. A plusieurs reprises, les pays européens se sont réunis pour assurer l’hygiène de la ville de Tanger en temps d’épidémie, notamment en 1833, 1856, 1860 ; et ont pu « paver la rue centrale où l’on ne pouvait marcher sans risquer de se casser les jambes »819. Dès 1890, certains résidents étrangers à Tanger avaient organisé un service de nettoyage, jusqu’au1892 où le Sultan Moulay Hassan Ier a chargé le conseil sanitaire de veiller à l’entretien et à la construction des égouts, l’autorisant même à prélever des taxes sur les habitants européens et indigènes de la ville pour financer leurs projets820. Le conseil sanitaire a délégué ces nouvelles responsabilités à un certain nombre de membres du corps diplomatique assistés de quelques négociants. C’est à cette période-là que le conseil d’hygiène a été créé, mais avec une action purement locale et non dans le reste du pays821. A Tanger, il a pu obtenir bien des améliorations : l’installation d’un réseau électrique, d’un réseau de téléphone, la construction d’un abattoir, des canalisations d’assainissement, le pavage de quelques rues, du grand marché, l’organisation d’un service de nettoyage et de ramassage des ordures822. Il s’est occupé aussi de la question d’approvisionnement en eau potable et a émis la nécessité de l’installation d’un aqueduc823. Dans les autres villes, il n y avait pas de conseil d’hygiène. Lorsqu’une épidémie se déclarait, les négociants étrangers et les consuls se réunissaient pour prendre des mesures préventives. Les dépenses occasionnées par les travaux étaient régies par une souscription des ressortissants européens824.

818 Raynaud L,…, Op cit, p.69. 819 Ibid. 820 Ibid. 821 Ibid. 822 Ibid. 823 Ibid. 824 Ibid.

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IV- LES MÉDECINS AU SERVICE DE L’INFILTRATION :

Comme nous l’avons déjà signalé, depuis le XVIIIème siècle, plusieurs médecins ont profité de leurs visites au Maroc pour soutenir les intérêts économiques, militaires et surtout politiques de leurs pays. C’était l’exemple du médecin espagnol Don Josef Antonio Coll qui est venu au Maroc pendant la peste de 1799 avec comme recommandation de s’occuper des intérêts commerciaux de l’Espagne au Maroc, et de favoriser l’utilisation du comprimé dit « Quina » produite en Espagne à l’époque.825 Le médecin Arthur leared, en visitant les villes côtières du Maroc à partir de septembre 1872826, a prédit que le jour où le Maroc ouvrirait les portes aux forces étrangères était proche827. C’était dans ce contexte perturbé de la fin du XIX ème siècle qu’a eu lieu la plus forte concurrence entre l'officier anglais Mac Lean et le médecin Verdon, d’un côté, et les médecins Weisgerber et Linarès de l’autre côté828. De plus, il y avait le rôle prépondérant du médecin militaire espagnol Felipe Ovilo Canales829 et ses rapports avec le ministère de l’extérieur espagnol830. Les médecins étrangers, parallèlement à leur rôle diagnostic et thérapeutique au Maroc, avaient un travail colonial en parallèle et ont participé fortement à l’infiltration831. En effet, ils étaient un moyen fort de pénétration politique832 , agricole833, commerciale834 et culturelle. Certains ont ressui à accéder à des postes sensibles au sein même du makhzen comme c’était le cas du docteur Linarès. La politique de pénétration pacifique avant l’instauration du Protectorat et la politique de pacification par la suite, à travers les médecins et la médecine, étaient claires : « Dans chaque poste voisin, des infirmeries indigènes avaient été créées, où les médecins, mes camarades, recevaient tous les jours de nombreux indigènes venus spontanément demander un soulagement à leurs souffrances. C'était là un rôle tout nouveau qui nous était dévolu, un rôle dont en Europe nous n'avions soupçonné ni l'existence ni surtout l'utilité. Nos chefs militaires, chargés de maintenir l'Occupation armée et d'administrer les populations indigènes, favorisaient notre action médicale et utilisaient notre influence

825 Aziouiz R,…, Op cit, p. 116. 826 Miège J-L, Le Maroc et l’Europe …, Op cit, Tome I, p. 130. 827 Aziouiz R,…, Op cit, p.208. 828 Aziouiz R,…, Op cit, p.209. 829 Boada J. R, Allende El Estrecho Viajes por Marruecos …, Op cit, p.58. 830 Miège J-L, Le Maroc et l’Europe, …, Op cit, Tome IV, p.202. 831 Aziouiz R,…, Op cit, p.209. 832 Aziouiz R,…, Op cit, pp.333-346. 833 Aziouiz R,…, Op cit, pp.379-386. 834 Aziouiz R,…, Op cit, pp.368-378.

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morale pour consolider l'autorité française. Le médecin était devenu un agent de pénétration pacifique. Dans toutes nos colonies et plus particulièrement au sein des populations musulmanes de l'Afrique du Nord, le médecin contribuait ainsi à affermir la conquête et à rapprocher les indigènes soumis de leur vainqueur. Au Maroc, l'assistance médicale indigène, réorganisée et généralisée dès l'établissement du Protectorat français, parvint à atténuer par son action bienfaisante les rigueurs du joug imposé et maintenu par la force ; et les médecins réussirent à prévenir mainte rébellion et à calmer ces populations toujours prêtes à la révolte.»835 Cette politique a été déjà expérimentée dans d’autres régions coloniales avec succès : « Il en fit un agent de pénétration pacifique, comme il l'avait déjà fait avec succès à Madagascar, puis dans le Sud-Oranais, dans les oasis sahariennes, chez les Béni Snassen et à Oudjda »836 Les principales structures françaises au Maroc se situaient essentiellement le long de la côte atlantique : Dr Brau à Larache, Dr Mauran à Rabat, Dr Guichard à Mazagan, Dr Marie à Safi, Dr Murât à Fès, Dr Bouveret à Mogador et le Dr Mauchamp assassiné à Marrakech en mars 1907837. Après les émeutes de Casablanca de juillet 1907, le Dr Epaulard a mis en place la première infirmerie à Settat, tandis que le Dr Cristiani fondait l'infirmerie de Ben Ahmed. Ces deux installations ont marqué la naissance de la santé publique au Maroc moderne838.

V- CAS PARTICULIERS :

Les cas particuliers des médecins que nous présentons concernent des médecins qui ont joués un rôle primordial dans l’infiltration française au Maroc, l’un à la fin du XIX ème siècle, l’autre au début du XX ème siècle : 1. Le docteur Fernand Jean Linarès : Il était médecin et diplomate (1850- 1938), a joué un rôle remarquable au Maroc sur le plan politique en faveur de la France. (Voir photo 11) En 1876, le Sultan Moulay Hassan Ier a demandé au général français Osmont qui commandait la division d'Oran, de lui envoyer une mission militaire pour former les troupes marocaines. Cette mission est arrivée au Maroc vers la fin de 1877 et comptait parmi ses

835 Chatinières P, Dans le Grand Atlas marocain, extraits du carnet de route d'un médecin d'assistance médicale indigène, 1912-1916, 1919, pp. II-III. 836 Chatinières P, Dans le Grand Atlas …, Op cit, pp.VII. 837 Moussaoui.D, Battas.O, Chakib.A, Histoire de la médecine…, Op cit, pp. 291-299. 838 Ibid.

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membres, le docteur Fernand Linarès qui a rapidement eu à faire face au choléra à Oujda. Après le transfert de la mission française à Rabat en 1879, Linarès n’a pas tardé à se construire une bonne réputation et même à obtenir la confiance du Sultan Moulay Hassan I er. En 1888 il est devenu détaché auprès des affaires étrangères françaises. Il a joué un important rôle sur le plan diplomatique.

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Photo 11 : Le docteur Fernand Jean Linarès dans son uniforme marocain en 1901839

839 Bélanger J, Le Docteur Linares, médecin diplomate au Maroc, 1937

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Malgré la concurrence de la mission espagnole et son médecin le docteur Ovilo y Canales auprès du Sultan, Linarès restait proche de celui-ci, il l’a l’accompagnée lors de son voyage de Fès à Marrakech en passant par le Tafilalt (29 juin au 18 décembre 1893). Il nous a légué une très intéressante narration de ce voyage « Voyage au Tafilalt avec S.M Moulay Hassan ». Le docteur Linarès lors de ce voyage, rapporte quelques moyens thérapeutiques de l’époque. Comme une description du traitement de morsure d’une araignée très toxique : « Le Bou Ciha est une araignée dont il m'a été impossible d'avoir un exemplaire; dès lors je n'ai pu vérifier le degré de toxicité de son venin. Mais il m'a été donné de précieux renseignements sur le traitement imposé par les empiriques berbères aux personnes mordues par celte arachnide»840. Linares rapporte aussi l’utilisation du « Halfa » comme moyen thérapeutique : « Dimanche 29 Octobre. Du point sans nom à Oued Tarda. Nous marchons 4 heures en direction Est Nord-Est, sur un sol mamelonné coupé de lits de torrents desséchés, tantôt caillouteux tantôt sablonneux. Encore quelques touffes d'alfa et ces masses verdâtres, mousse de hamada, combustibles et médicamenteuses, au dire des indigènes »841. Après le décès du Sultan Moulay Hassan Ier, il n’a plus la confiance de ses successeurs. Il est revenu en France et décédé en 1938. L'action du docteur Linarès s'est donc déroulée suivant deux axes : Un médical L'autre diplomatique, car ayant la confiance du Sultan, il a pu souvent donner conseil en tenant compte des intérêts de la France.

2. Le docteur Mauchamp : L’Histoire du Maroc moderne, l’Histoire de la médecine moderne et des médecins au Maroc, a commencé à Marrakech et ce bien avant le Protectorat en 1912. (Voir photo 12) Elle est étroitement liée à celle d’un homme, le docteur Émile Mauchamp né le 3 mars 1870 à Chalons sur Saône, médecin diplômé de Paris en 1898 où il a soutenu sa thèse sur l’allaitement artificiel du nourrisson. Il a obtenu deux prix de la Faculté de médecine. Il a été nommé médecin-aide major de réserve en 1899. Il s’était spécialisé dans l’étude des maladies des enfants.

840Linarès F,…, Op cit, p.13. 841 Linarès F,…, Op cit, p. 42.

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Photo 12 : Le docteur Emile Mauchamp842

842 http://www.delcampe.net/page/item/id,150211017,var,Le-Docteur-Emile-MAUCHAMP--assassine-a- Marrakech-Maroc-le-19-mars-1907--non-voyagee--pliure-sup-gauche-scans,language,E.html

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Aimant voyager, il entre dans le cadre des " médecins sanitaires maritimes ". À ce titre, il étudie diverses épidémies telles celles de la peste à Porto et au Brésil (1899), celle du typhus, en Grèce. Il s’était particulièrement distingué au cours des épidémies de 1901 et de 1902. Ses rapports personnels avec les autorités turques avaient toujours été excellents et il avait été l’hôte du pacha d’Alep. Il était médecin à l’hôpital français de Jérusalem, où il avait organisé des consultations infantiles843. Il a été médecin de l’hôpital Saint Louis de Jérusalem avant d’arriver au Maroc en 1905 où il sera nommé par le ministère des affaires étrangères françaises à Marrakech. En 1905, la France a créé le service médical d’assistance au Maroc pour établir dans les ports et dans quelques villes de l’intérieur des dispensaires, inaugurant ainsi la politique dite de pénétration pacifique. C’est dans ce cadre qu’Emile Mauchamp arrive le 28 octobre 1905 à Marrakech, il logeait alors dans la maison du Dr Linarès. Il n’avait pas tardé à gagner toute la confiance du frère du Sultan, qui réside au palais de Marrakech. Il avait installé, grâce à l’appui du gouvernement français, qui lui avait alloué une subvention, un petit hôpital de douze lits pour les indigènes844. Dès 1906, il a demandé aux autorités françaises l’octroi d’un médecin adjoint ophtalmologiste. Durant l’été 1906, la famine s’est installée et le typhus a fait près de 5000 morts. Le docteur Mauchamp a distribué personnellement lui-même la soupe et gagné alors rapidement le statut de serviteur des pauvres et de bienfaiteur. Il se plaignait de la sorcellerie toujours très vivace, et l’a étudié de façon très détaillée, laissant un livre de référence dans ce domaine845. Il traitait la sorcellerie dans le mariage, le divorce, l’accouchement, dans la circoncision, dans la mort et les funérailles. Il rapportait les coutumes de différentes circonstances de la vie sociale et de l’existence des individus. Il parlait de la religion, des sectes, des saints, des diables et des sorciers, pour en finir avec la sorcellerie défensive et la sorcellerie agressive. Le 19 mars 1907, Il a été lapidé et poignardé par la foule après avoir été soupçonné par la population d'être un agent à la solde de la France. Le dispensaire est pillé. (Voir photo 13)

843Le Petit Journal, 7 Avril 1907. 844 Ibid. 845 Mauchamp É, La sorcellerie au Maroc, œuvre posthume Précédée d'une Étude documentaire sur l'auteur et l'œuvre par Jules Bois, Paris sans date.

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Photo 13 : Porte du docteur Emile Mauchamp devant laquelle il fut assassiné à Marrakech846

846 http://mangin2marrakech.canalblog.com/archives/2011/09/21/21098082.html

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Son assassinat a eu de graves répercussions sur les relations entre le Maroc et la France, justifiant l’Occupation d’Oujda en avril 1907 par le Général Lyautey. En commémoration, le Protectorat français a créé un hôpital à Marrakech à portant son nom. Les premiers bâtiments de l’hôpital Mauchamp ont été construits sous forme de dispensaire en 1913 dans les jardins de la Mamounia au sud-ouest de la ville au fond du quartier sidi Mimoun avec une capacité litière de 20 lits. Il a été agrandi en 1915 pour se transformer en véritable hôpital qui s’étend sur une superficie de 3,07 hectares, cependant « En réalité, l’œuvre de ces médecins était essentiellement une œuvre de propagande. Désignés par le ministère des affaires étrangères, ces médecins avaient un but plutôt politique que médical d’où leur appellation des médecins missionnaires. Leurs rôle primordial consistait à établir un contact avec la population en vue de favoriser un courant pro-français afin de faciliter la pénétration militaire envisagée depuis bien longtemps »847. Après l’Occupation française d’Oujda en 1907, la progression de la médecine française au Maroc s'est faite derrière les troupes après les émeutes de Casablanca de juillet 1907, durant lesquelles il y a eu des décès parmi les ouvriers d'une société française de construction du port. L'armée française a du coup débarqué pour envahir rapidement Casablanca et la région de la Chaouia. Le Dr Epaulard a mis en place la première infirmerie à Settat, tandis que le Dr Cristiani fondait l'infirmerie de Ben Ahmed. Ces deux installations ont marqué la naissance de la santé publique au Maroc848. Lesquelles installations et la progression des troupes françaises se sont renforcé encore avec la signature de la convention franco- marocaine du 30 mars 1912 qui ancré le Protectorat français au Maroc, et le traité hispano- français du 27 novembre 1912 qui met en place une zone espagnole de Protectorat. En somme, depuis le XIXème siècle, la concurrence entre les forces impérialistes pour l’Occupation du Maroc a atteint son paroxysme, qui a eu comme moyen l’application des mesures d’hygiène lors de la survenue des épidémies. L’intervention européenne au Maroc s’est manifestée également à travers le conseil international, les conseils d’hygiènes, le Lazaret d’Essaouira et les médecins étrangers. Néanmoins le Maroc a choisi de rester à la marge de tout progrès ou modernisme849 même s’il a eu plusieurs critiques comme celle du médecin Raynaud qui écrit que « Les décisions

847 Aissa A, La sante publique au Maroc à l'époque coloniale : 1907-1956, Thèse de doctorat, 1997 Univ Paris 1, p.27. 848 Moussaoui.D, Battas.O, Chakib.A, Histoire de la médecine …, Op cit, pp.291-299. 849 Bezzaz M.A, Le conseil sanitaire international …, Op cit, p.19.

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prises étant sans cesse mises en échec par la mauvaise volonté ou l’inertie musulmane»850, mais lui-même il se contredit après en disant « les améliorations d’ordre sanitaires sont à peu près les seules que le maghzen soit déposé à accepter ». Le Maroc avait besoin de faire jouer les rivalités entre puissances européennes, pour maintenir intacte sa stature politique et son Indépendance et essayait de montrer que la prévention était un pur produit de l’infiltration européenne.

850 Raynaud L,…, Op cit, p.67.

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CONCLUSION

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Dans notre travail de recherche, nous avons étudié l’Histoire de la médecine au Maroc depuis 1666 jusqu’à la veille du Protectorat. Le problème majeur qui s’est posé était que la médecine se présentait comme secondaire aux yeux des historiens marocains qui considérait le savant avant tout comme un religieux, un poète, un juge, ou même un philosophe. La période étudiée commençait en 1666, quand un progrès scientifique va s’est développé avec les Sultans Moulay Errachid qui assistait à des cours à l'université Al Quaraouiyine et encourageait la recherche, et le Sultan Moulay Ismaël, qui a réorganisé cette université en titularisant les professeurs et en légalisant les diplômes dont celui de la médecine et qui s’intéressait à la santé publique dans sa globalité en accordant plus d’importance à l'hygiène. C'est ainsi qu'il a édifié un réseau d'égouts dans la Capitale du Maroc de l’époque, à savoir Meknès. Les noms célèbres de cette période étaient Abdelkader Ben El Arabi, Ibn Chekroune Al Meknessi avec son poème médical dit la Urjuza de 672 vers, et Abdelouahab Aderraq et son Urjuza sur la syphilis où il recommandait la salsepareille comme traitement de la syphilis. En revanche après le décès du Sultan Moulay Ismail, durant une longue période, le pays connut une phase de troubles. Les Sultans du Maroc, voyants le niveau scientifique du pays se détériorer, ont fait appel à l'étranger. C'était ainsi que le Sultan Moulay Hassan Ier a envoyé des missions scientifiques en Europe et en Orient. L’une des personnes marquant cette période était le Chérif Abdeslam El Alami, envoyé à l’école de Médecine du Caire. A son retour, il devenu le médecin personnel du Sultan Moulay Hassan Ier . Ses œuvres majeures sont : « Lumière décryptant les aphorismes d’Al-Antaki par le langage des gens de Fès » et « Les secrets des œuvres traduites » où il a offert un aperçu sur la médecine et la thérapeutique moderne du début du XIXème siècle. La médecine au Maroc allait aussitôt se noyer dans la décadence totale. Elle a perdu toute sa dimension scientifique et sombré dans les traitements magico-sorcellaires. L’université Al Quaraouiyine a perdu son rôle de phare de l’enseignement, en général, et de la médecine, en particulier. En effet, elle cessé d'enseigner la médecine et le dernier diplôme a été délivré par cette université en 1893. L’état des hôpitaux s’est détérioré et la plupart d'entre eux se transformèrent du coup en asiles pour aliénés jusqu’à l’avènement du Protectorat en 1912. La France, dans le cadre de son idéologie impérialiste justifiait la colonisation du Maroc par les pays européens par la suite, et plusieurs médecins européens décrivaient le Maroc comme un pays où régnait le chaos. Le côté sanitaire tenait beaucoup d’importance, dans la

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pénétration. Le médecin Linarès en 1878 rapportait que même les simples règles d’hygiène étaient absentes au Maroc. Le cheminement chronologique a permis de dégager quelques aspects essentiels de la médecine au Maroc depuis 1666. De cette étude, on peut tirer quelques conclusions : . La médecine au Maroc était extrêmement dépendante de la situation politique et des conditions climatiques qui influençaient la production économique. . La médecine au Maroc de point de vue évolutif est passée par une période d’apogée vers la fin du XVIIème et le début du XVIIIème siècle puis une période de décadence après. . La santé des marocains était constamment menacée entre le XVIIème siècle et le XXème siècle par les épidémies, les graves maladies, le déficit d’hygiène et la crise économique. . Plusieurs épidémies arrivaient au Maroc de l’extérieur du pays. . L’un des apports forts du Protectorat était l’organisation des systèmes de santé et la lutte contre les maladies et les épidémies. . on ne trouve pas la documentation nécessaire décrivant l’état de la médecine et les médecins dans les compagnes, ce qui peut supposer que : - La compagne manquait d’infrastructure médicale - Et la médecine à cette époque fonctionnait à double vitesse : celle des villes et celle des compagnes. Au sein des villes, on pouvait également distinguer la médecine des notables de celle du peuple et celle des marocains de celle des européens. Le grand savant Mokhtar Soussi rapportait que l’étude de cet art à savoir la médecine, était présente seulement dans les villes ou ses alentours. Il l’expliquait par le fait que dans les zones rurales comme le Souss où il y’a un bon climat, un air de bonne qualité et que les corps sont bien portants, c’est pour cela que l’étude et la production des livres médicaux était rare.851 . Le rôle des médecins étrangers au Maroc était plus la pénétration et l’infiltration que la santé publique des marocains. . L’occident a su exploiter la décadence au niveau de la médecine et de la santé au Maroc pour activer l’infiltration. Quelques questions restent ainsi ouvertes :

851 Sousssi M, Souss Alaâlima …, Op cit, p.53.

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. Es-ce que la décadence de la médecine était due à l’Etat marocain qui n’était pas en mesure d’assurer l’infrastructure et la formation entre le XVIIème et le XIXème siècle ? Où c’est la société marocaine qui n’était pas apte à accepter la médecine moderne et les « habitudes sanitaires » ? . Es-ce que les Protectorats français et espagnol ont apporté vraiment une amélioration au niveau de la santé des marocains? . Le but des thérapeutiques « infligés » aux marocains pendant la période du Protectorat, était la santé des marocains ou la protection des troupes coloniales contre les maladies et les épidémies ?

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annexes

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Annexe I

Abdelwahab Adderaq Poème sur le Mal Franc852

عبد الوهاب ادراق األرجوزة يف احلب االفرجني

قــــــــــــــــال الفقــــــــــــــــري عابــــــــــــــــد الوهــــــــــــــــاب املرجتــــــــــــي احلســــــــــــين مــــــــــــن الوهــــــــــــاب احلمـــــــــــــــــــــــــد هلل ولـــــــــــــــــــــــــي احلمـــــــــــــــــــــــــد ذي الظـــــــــول عظـــــــــيم الفضـــــــــل واجملـــــــــد اخلــــــــــــالق البــــــــــــاري معطــــــــــــي الصــــــــــــحة مربئنـــــــــــــــــا مـــــــــــــــــن علـــــــــــــــــل ملحـــــــــــــــــة حنمــــــــــــــــده محــــــــــــــــدا بكــــــــــــــــل جارحــــــــــــــــة علـــــــــى ســـــــــلوكنا الطريـــــــــق الواضـــــــــحة ثـــــــــــــــــم صـــــــــــــــــالته علـــــــــــــــــى الرســـــــــــــــــول اهلـــــــــــــــــــــــامشي والـــــــــــــــــــــــد البتـــــــــــــــــــــــول والـــــــــــــــــــــــه وصـــــــــــــــــــــــحبه والتـــــــــــــــــــــــابعني وتـــــــــــــابعهم مـــــــــــــن مجيـــــــــــــع العــــــــــــــاملني وبعـــــــــــــــد فالقصـــــــــــــــد بهـــــــــــــــذ ا الرجـــــــــــــــز ابانـــــــــــــة احلـــــــــــــب857 يلفـــــــــــــظ مـــــــــــــوجز نـــــــــــــــدبين لـــــــــــــــذاك بعـــــــــــــــ الر ســـــــــــــــا مــــــــــــن يف الــــــــــــدياجي بنهــــــــــــاه ي تســــــــــــا فيســـــــــــــــــــــــــر اهلل علـــــــــــــــــــــــــى نظمـــــــــــــــــــــــــا مــــــــــــــــــــــــــــن فضــــــــــــــــــــــــــــله وفــــــــــــــــــــــــــــتح فقلـــــــــــــــــــــت يف ذلـــــــــــــــــــــك حبمـــــــــــــــــــــد اهلل املعــــــــــــاو حســــــــــــن عونــــــــــــه بــــــــــــال تنــــــــــــاه احلــــــــــــــب معـــــــــــــــدود مـــــــــــــــن البثـــــــــــــــور 853 وأمــــــــــــــــره مــــــــــــــــن أصــــــــــــــــعب ا ألمــــــــــــــــور يدعونـــــــــــــــــــــــه مبصــــــــــــــــــــــــر باملبــــــــــــــــــــــــارك تفــــــــــــــا ال جــــــــــــــربا لقلــــــــــــــب املشــــــــــــــتكي وعنــــــــــــــد بعــــــــــــــ العــــــــــــــرب واحلجــــــــــــــاز بشـــــــــــــــجر يــــــــــــــــدعى علــــــــــــــــى اجملــــــــــــــــاز وهـــــــــــــــو مـــــــــــــــن اشـــــــــــــــكية االفـــــــــــــــرنج 854 نســـــــــــــئل رب العـــــــــــــر منـــــــــــــه ينجـــــــــــــي ثـــــــــــــــــــــــــم تناقـــــــــــــــــــــــــل إىل اجلزيـــــــــــــــــــــــــرة ســــــــــــــــــــــــــنة يبــــــــــــــــــــــــــع و ا ائــــــــــــــــــــــــــة جزيـــــــــــــــــرة العـــــــــــــــــرب ثـــــــــــــــــم انتشـــــــــــــــــرا وعمـــــــــــــــت البلـــــــــــــــوى لـــــــــــــــه وكثـــــــــــــــرا ومل يكــــــــــــــــــــــن تــــــــــــــــــــــذكره األوائــــــــــــــــــــــل يف كتـــــــــــــــــــــــــــــــبهم وال رواه ناقـــــــــــــــــــــــــــــــل

852 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc …, Op cit, Tome XXVI, pp.151-161 853 Papule 854 Les Francs 857 Bouton

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والتـــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــأخرون احلقـــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــوه بنــــــــــــــــــــــــار فــــــــــــــــــــــــارس فــــــــــــــــــــــــاحمقوه وبســــــــــــط الشــــــــــــيخ الضــــــــــــ رير855 امــــــــــــره يف النزهــــــــــــــــــــــة املزيلــــــــــــــــــــــة املعــــــــــــــــــــــرة تربعـــــــــــــــــــــــــــــا هلل عـــــــــــــــــــــــــــــز وعـــــــــــــــــــــــــــــال وذاك شــــــــــــــــــأن الفضــــــــــــــــــالء النــــــــــــــــــبال وهـــــــــــو مـــــــــــن املعـــــــــــدي مـــــــــــن االمـــــــــــراض عنـــــــــــد اثـــــــــــالف الـــــــــــبع باالبعـــــــــــاض واســــــــــــــرع العــــــــــــــدوى لــــــــــــــدى اجلمــــــــــــــاع ولـــــــــــــيس يف ذا األمـــــــــــــر مـــــــــــــن نـــــــــــــزاع اذ عــــــــــــــــــــــادة اهلل جــــــــــــــــــــــرت بــــــــــــــــــــــذلك ســــــــــــبحانه الــــــــــــرب القــــــــــــدير املالــــــــــــك وكونـــــــــــــــه مـــــــــــــــن ســـــــــــــــائر االخـــــــــــــــالط ميتـــــــــــــد حــــــــــــــق دون مــــــــــــــا اشــــــــــــــتطاط يظهـــــــــــــــــر ذلـــــــــــــــــك لـــــــــــــــــوالة الـــــــــــــــــذوق احلــــــــــــــــــــائزين قصــــــــــــــــــــبات الســــــــــــــــــــبق غـــــــــــــذ كـــــــــــــل خلـــــــــــــط فلـــــــــــــه لوامـــــــــــــع تشــــــــــــــهد عنــــــــــــــد عــــــــــــــار يف الطبــــــــــــــائع ان كــــــــــــان عــــــــــــن دم فحجمــــــــــــه كــــــــــــبري وشـــــــــــــكله مـــــــــــــع امحـــــــــــــرار مســـــــــــــتدير ونــــــــــــــــــــــــازف بالــــــــــــــــــــــــدم والرطوبــــــــــــــــــــــــة مــــــــــــع هلــــــــــــب858 وحكــــــــــــة859 صــــــــــــعيبة ثــــــــــــم إذا كــــــــــــان عــــــــــــن الصــــــــــــفراى 856 فصـــــــــــــــــــــــغر وقـــــــــــــــــــــــوة الرمضـــــــــــــــــــــــاء وعــــــــــــــــدم اللــــــــــــــــني وفــــــــــــــــرط اليــــــــــــــــبس حســـــــــــــــبما هـــــــــــــــو مـــــــــــــــزاج اجلـــــــــــــــنني وذا مبصــــــــــــر يــــــــــــدعى بالضــــــــــــمان ومــــــــــــا عــــــــــــــن بلغــــــــــــــم مفــــــــــــــرت فلتعلمــــــــــــــا وعـــــــــــــــــــــــــدم احلكـــــــــــــــــــــــــة وانتزافـــــــــــــــــــــــــه بعفـــــــــــــــــــــــن أبـــــــــــــــــــــــي ال خالفـــــــــــــــــــــــه ومـــــــــــــــا عـــــــــــــــن الســـــــــــــــوداء فاجلفـــــــــــــــاف إىل صــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــالبة تضــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــاف مــــــــــــع كمــــــــــــودة وقــــــــــــد يظهــــــــــــر مــــــــــــن أكثـــــــــر مـــــــــن خلـــــــــط بســـــــــيط ويعـــــــــني دليلــــــــــــــــه اجتمــــــــــــــــاع مــــــــــــــــا يف املفــــــــــــــــرد مـــــــــــــــــن العالمـــــــــــــــــات بـــــــــــــــــال تـــــــــــــــــردد أول مـــــــــــــــــا يـــــــــــــــــرى مـــــــــــــــــن الفســـــــــــــــــاد بــــــــــــــه علــــــــــــــى االبــــــــــــــدان واالجســــــــــــــاد مــــــــــن خلــــــــــط مــــــــــا يــــــــــدخل يف العــــــــــروق فيحــــــــــــــــــــدث الكســــــــــــــــــــل يف طــــــــــــــــــــروق وثقــــــــــــــــــــــــال يف جســــــــــــــــــــــــد ومحــــــــــــــــــــــــى ومــــــــــــــــــــــــا حياكيهــــــــــــــــــــــــا إذا املــــــــــــــــــــــــا ومـــــــــــــــــا حلـــــــــــــــــر احـــــــــــــــــدث املفاصـــــــــــــــــل قـــــــــــــد انتمـــــــــــــى والضـــــــــــــربان اهلائـــــــــــــل حتــــــــــــــــى إذا انفــــــــــــــــتح مــــــــــــــــن حمــــــــــــــــل متحــــــــــــــــــــــد يدعونــــــــــــــــــــــه باألصــــــــــــــــــــــل كــــــــــــــــذاك بــــــــــــــــاالم علــــــــــــــــى املشــــــــــــــــهود وهــــــــــــــــي الكــــــــــــــــبرية مــــــــــــــــن البتــــــــــــــــور أخبثــــــــــــــــــــــــه مــــــــــــــــــــــــاالح باملــــــــــــــــــــــــذاكر وباملغـــــــــــــــــــــــابن لـــــــــــــــــــــــدى املشـــــــــــــــــــــــاهر

ou par euphémisme « Albassir » le ,الضرير Il s’agit de Daoud Alantaki appelé « Addarir » l’aveugle 855 clairvoyant ; il vivait au XVIèmesiècle en Egypte et fut célèbre par son œuvre restée encore vivante dans le Maghreb «Attadkira ». 856 La bile 858 Inflammation 859 Prurit

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فلــــــــــــــيعظم االمــــــــــــــر اذا مــــــــــــــا ختمــــــــــــــت أمـــــــــــــــه باملـــــــــــــــدمل حيـــــــــــــــث علمـــــــــــــــت وال يداويـــــــــــــــــــــــــه بـــــــــــــــــــــــــذا طبيـــــــــــــــــــــــــب جمــــــــــــــــــــــــرب ورأيــــــــــــــــــــــــه مصــــــــــــــــــــــــيب وا ـــــــــــــــــــــــــا يفعـــــــــــــــــــــــــل ذا اجلهـــــــــــــــــــــــــال مــــــــــــــــن االطبــــــــــــــــاء كمــــــــــــــــا يقــــــــــــــــال ثـــــــــــــــــــــــــــم اذا دعيـــــــــــــــــــــــــــت للعـــــــــــــــــــــــــــالج فـــــــــــــــــــــانظر إىل القـــــــــــــــــــــوة واملـــــــــــــــــــــزاج والســـــــــــــــــــــــن والبلـــــــــــــــــــــــد والفصـــــــــــــــــــــــول مـــــــــــــــع اهلـــــــــــــــواء وســـــــــــــــخنة العليـــــــــــــــل وانظـــــــــــــــــــــر إىل تـــــــــــــــــــــدبريه والعـــــــــــــــــــــادة فيمــــــــــــا مضــــــــــــى والصــــــــــــنعة املرتــــــــــــادة ثـــــــــــــــــــــــم اذا اعتـــــــــــــــــــــــربت الشـــــــــــــــــــــــروط فــــــــــــــــــــاخلري باعتبارهــــــــــــــــــــا منــــــــــــــــــــوط فاقــــــــــــــدم علــــــــــــــى العــــــــــــــالج والتــــــــــــــدبري واطلـــــــــــــــب اعانـــــــــــــــة مـــــــــــــــن القـــــــــــــــدير اول مــــــــــــا يبــــــــــــد اقصــــــــــــد الباســــــــــــليق 860 بـــــــــــه لـــــــــــذي حـــــــــــرارة علـــــــــــى الطريـــــــــــق ثــــــــــــم ينقـــــــــــــي اجلســـــــــــــم ممـــــــــــــا غلبـــــــــــــا عليـــــــــــه مـــــــــــن خلـــــــــــط اذا مـــــــــــا رجبـــــــــــا ثـــــــــــم بعيـــــــــــد ذاك فصـــــــــــد املشـــــــــــرتك 861 ان روعيــــــــــــــــت شــــــــــــــــروطه اوال هلــــــــــــــــك ثــــــــــــــم مبــــــــــــــا يبقــــــــــــــى مــــــــــــــن العــــــــــــــالج ممـــــــــــــــــا يـــــــــــــــــرى موافـــــــــــــــــق املــــــــــــــــــزاح وال اخـــــــــــــــــــــــال ان هـــــــــــــــــــــــذا يوجـــــــــــــــــــــــد بغربنـــــــــــــــا لفقـــــــــــــــد مـــــــــــــــن تهـــــــــــــــد واجـــــــــــــــــــود العـــــــــــــــــــالج يف ذوي الـــــــــــــــــــدما بعيــــــــــد فصــــــــــد ســــــــــقيهم مــــــــــا احكمــــــــــا ثـــــــــــــــــالث مـــــــــــــــــرات علـــــــــــــــــى التـــــــــــــــــوالي مــــــــــــــن غــــــــــــــري اجحــــــــــــــاف وال تغــــــــــــــالي متخـــــــــــــــدا مـــــــــــــــن الســـــــــــــــنا املكـــــــــــــــي 862 اجليـــــــــــــــــــــــد املنتخـــــــــــــــــــــــب النقـــــــــــــــــــــــي بـــــــــــــه لكـــــــــــــل واحـــــــــــــد بـــــــــــــال ارتيـــــــــــــاب وقــــــــوة الصــــــــب 863 وغاســــــــول الثيــــــــاب 864 يــــــــــــــــــاء ومثلــــــــــــــــــه مــــــــــــــــــن العنــــــــــــــــــاب ثـــــــــــــم اصـــــــــــــول فـــــــــــــارس االقصـــــــــــــاب 865 حتـــــــى يضـــــــاهي الـــــــبع منـــــــه الـــــــبع والـــــــــــــــــــــــــــورد واخلـــــــــــــــــــــــــــل تـــــــــــــــــــــــــــرض بنـــــــــــــــــار فحـــــــــــــــــم وقـــــــــــــــــواه تســـــــــــــــــلخ بســـــــــــــــتة االمثـــــــــــــــال مـــــــــــــــاء ويطـــــــــــــــبخ فصــــــــــــــف واســــــــــــــقه حلســــــــــــــم الــــــــــــــداء حتــــــــــــــــــى اذا بقــــــــــــــــــي ثلــــــــــــــــــث املــــــــــــــــــاء * 866 كــــــــــــــاف بنفســــــــــــــج فــــــــــــــزد يف املــــــــــــــاء بــــــــــــــــــرب خرنــــــــــــــــــوب يف الصــــــــــــــــــفراء * ايضــــــــــا وعــــــــــن ســــــــــكنجبني وال حتــــــــــد

860 La saignée de la veine basilique 861 Du coude la basilique et la céphalique 862 Séné de Mecke 863 La garance des teinturiers 864 Terre à foulard 865 Les racines de roseau persan 866 Caroube

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واصـــــــل خطمـــــــي 867 مخســـــــة عشـــــــر فـــــــزد حــــــــــــــــال مبــــــــــــــــاء جــــــــــــــــ منزوعــــــــــــــــا مــــــــــع اشــــــــــراب الــــــــــورد اســــــــــق االســــــــــبوعا إىل ثالثـــــــــــــــــــــني فلـــــــــــــــــــــيس ـــــــــــــــــــــط * ثــــــــــــــــــم خيــــــــــــــــــار شــــــــــــــــــنرب فلــــــــــــــــــتعط مجـــــــــــــع مـــــــــــــن حمـــــــــــــودة ان حكمـــــــــــــا ثـــــــــــــــــم مبعجـــــــــــــــــون اللـــــــــــــــــوز أو مبـــــــــــــــــا عليـــــــــــــــــــــه او ال مـــــــــــــــــــــل اىل تكـــــــــــــــــــــرار مـــــــــــــــع ل لـــــــــــــــ ان كـــــــــــــــان ذا اقتـــــــــــــــدار ثـــــــــــــــم اذا فاغســـــــــــــــل بـــــــــــــــال خـــــــــــــــالف * مطبوخـــــــــــــــــك املـــــــــــــــــذكور للجفـــــــــــــــــاف وبرمــــــــــــاد البنــــــــــــدق اجلســــــــــــم اطلــــــــــــي * باخلــــــــــــل والصــــــــــــابون حتــــــــــــى ينجلــــــــــــي فقـــــــــيء بالفجـــــــــل ومطبـــــــــو الشـــــــــبت ثـــــــــــم اذا عـــــــــــن بلغـــــــــــم868 حـــــــــــب نبـــــــــــت بلـــــــــــــــــــــــــــ وبـــــــــــــــــــــــــــورق تـــــــــــــــــــــــــــداوي مــــــــــــع بــــــــــــورق869 حــــــــــــل ويف الســــــــــــوداوي فلـــــــــــيس غـــــــــــريه كمـــــــــــا هـــــــــــو أمـــــــــــني * ضـــــــــــما اىل الســـــــــــمن مـــــــــــع الســـــــــــكنجبني وشــــــــــــحم حنظــــــــــــل ادا مــــــــــــا يعقــــــــــــل 870 والغـــــــــــــــــــارقون زد هلـــــــــــــــــــذا املطلـــــــــــــــــــب وبلغـــــــــــــــــــــــم برتبـــــــــــــــــــــــد يســـــــــــــــــــــــهل * والفيثــــــــــــــــــــون ان تشــــــــــــــــــــاء نقــــــــــــــــــــاء بكـــــــــــــــــــالكثري871 وبصـــــــــــــــــــم عربـــــــــــــــــــي اكـــــــــال وتلطيخـــــــــا علـــــــــى مـــــــــا حققـــــــــا بــــــــــــــــــــاالزورد872 اســــــــــــــــــــهل الســــــــــــــــــــوداء ان كـــــــــــــــان عـــــــــــــــن حـــــــــــــــرارة املـــــــــــــــزاح ول لـــــــــــــــــ ينفـــــــــــــــــد منـــــــــــــــــه مطلقـــــــــــــــــا نفعــــــــــــا عظيمــــــــــــا مــــــــــــا لــــــــــــه مــــــــــــدافع وقـــــــــــــد مضـــــــــــــى التـــــــــــــدبري يف العــــــــــــــالج مـــــــــــــــــــن االطبـــــــــــــــــــاء باالســـــــــــــــــــتحقاق ومــــــــــــــــــــــــــا جتــــــــــــــــــــــــــدد وذاك نــــــــــــــــــــــــــافع احلــــــــــــائز اخلصــــــــــــل بعجــــــــــــم وعـــــــــــــرب يف هــــــــــــــــــــــــذه العــــــــــــــــــــــــامل باتفــــــــــــــــــــــــاق بكــــــــــــل مــــــــــــا صــــــــــــقع وكــــــــــــل بلــــــــــــدة لشوبشـــــــــــــــيين873 الشـــــــــــــــهري باخلشـــــــــــــــب باهلنــــــــــــــدي معنــــــــــــــه عليــــــــــــــق عشــــــــــــــبه 874 وهـــــــــــو الـــــــــــذي يدعونـــــــــــه بالعشـــــــــــبة علـــــــــــــى املضـــــــــــــاف قـــــــــــــد رواه لنقلـــــــــــــه وبعضــــــــــــهم يدعونــــــــــــه صرصــــــــــــا يربــــــــــــه والنـــــــــــــــــــاس يف ذاك علـــــــــــــــــــى فـــــــــــــــــــروق يقـــــــــــدمون مـــــــــــا أضـــــــــــيف االســـــــــــم لـــــــــــه ور يـــــــــــــــــــــــرى بأخـــــــــــــــــــــــذها بـــــــــــــــــــــــديال والنفـــــــــــــــــــع يف األصـــــــــــــــــــول والعـــــــــــــــــــروق علــــــــــــــــى اصــــــــــــــــوهلا فلــــــــــــــــن تعوقــــــــــــــــا ومــــــــــــــــنهم مــــــــــــــــن ثــــــــــــــــوثر االصــــــــــــــــوال متويــــــــا النفــــــــع لــــــــدى مــــــــن قــــــــد وعــــــــا

867 Guimauve 868 Phlegme 869 Nitre 870 Turbath 871 Adragante 872 Lapis Lazui 873 Squine 874 Salsepareille

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ومـــــــــــــــــنهم مـــــــــــــــــن يـــــــــــــــــ ثر العروقـــــــــــــــــا وال يـــــــــــــــــــــرى يف نفســـــــــــــــــــــها تغـــــــــــــــــــــري والـــــــــــــرأي ان االصـــــــــــــل والعـــــــــــــرق معـــــــــــــا صـــــــــــــــلبا رزينـــــــــــــــا ســـــــــــــــامل االغيـــــــــــــــار الكنهـــــــــــــــا العـــــــــــــــ روق قـــــــــــــــد تـــــــــــــــذخر حــــــــــــــــــــــــالوة دائمــــــــــــــــــــــــة الرســــــــــــــــــــــــو اجودهـــــــــــــــا مـــــــــــــــا كـــــــــــــــان ذا امحـــــــــــــــرار عنــــــد امتحانهــــــا مــــــع الكيــــــف الرطيــــــب ومـــــــــــــــا بـــــــــــــــدت يف مائهـــــــــــــــا املطبـــــــــــــــو بهــــــــــــــــا بعيــــــــــــــــد ســــــــــــــــالف التــــــــــــــــدبري وطبعهـــــــــــــــــــــا اىل احلـــــــــــــــــــــرارة نســـــــــــــــــــــب يف وســـــــــــــــــطيهما وذلـــــــــــــــــك البـــــــــــــــــديع ثــــــــــــــــــم عــــــــــــــــــالج احلــــــــــــــــــب والبثــــــــــــــــــور حــــــــــــب فــــــــــــرنج عــــــــــــن شــــــــــــيو نقــــــــــــال ووقـــــــــــت شــــــــــــربهما اخلريـــــــــــف والربيــــــــــــع احلــــــــــــــــــــــاذق اجملــــــــــــــــــــــرب املصــــــــــــــــــــــيب ونفعهـــــــــــــــا اىل يـــــــــــــــدي قصـــــــــــــــر علـــــــــــــــى صـــــــــــــــــــعيبة شـــــــــــــــــــديدة االعـــــــــــــــــــراض وذاك موكـــــــــــــــــــــــــــــول اىل الطبيـــــــــــــــــــــــــــــب ملـــــــــــــــــا رأوا هلـــــــــــــــــا وبـــــــــــــــــرا عـــــــــــــــــاجال قــــــــــــــد جربــــــــــــــوا غريهــــــــــــــا يف امــــــــــــــراض ومــــــــــــــــــــرض االبريــــــــــــــــــــه892 املــــــــــــــــــــالزم فلـــــــــــــــــم يـــــــــــــــــروا لنفعهـــــــــــــــــا ممـــــــــــــــــاثال وســـــــــــــــــــــرطان وبثـــــــــــــــــــــور موجســـــــــــــــــــــة 876 875 يف كـــــــــــالقروح واحلـــــــــــزاز الـــــــــــدائم بالغـــــــــــــــم893 مـــــــــــــــع صـــــــــــــــداع بـــــــــــــــال 877 وســــــــــــــــــــعفه وقــــــــــــــــــــرع وفرطمــــــــــــــــــــة وبهــــــــــــــــق 894 وبــــــــــــــــر 895 وحصـــــــــــــــــف نواصــــــــــــــــــــــر بواســــــــــــــــــــــري نغــــــــــــــــــــــان 878 مفاصــــــــــــــــل اىل اجلميــــــــــــــــع ينضــــــــــــــــاف شـــــــــــــــــــــقيقة و ـــــــــــــــــــــش وكلـــــــــــــــــــــف 879 ومـــــــــــــــــال للـــــــــــــــــربد هـــــــــــــــــي العـــــــــــــــــالج ووجــــــــــــــــــــــــــع الصــــــــــــــــــــــــــدر اطــــــــــــــــــــــــــراف حـــــــي اذا ابطـــــــأ ويف احلـــــــوض اجتمـــــــع ثــــــــــــــــــــم اذا مــــــــــــــــــــا فســــــــــــــــــــد املــــــــــــــــــــزاج قاطعـــــــــــــــــــة للنـــــــــــــــــــزف ان دم هطـــــــــــــــــــل مـــــــــــــــــدرة للبـــــــــــــــــول والعـــــــــــــــــرق مـــــــــــــــــع تشــــــــــرب والطيحــــــــــال يلقــــــــــى املغنمــــــــــا

875 Les ulcères 876 Eczéma 877 Teigne 878 Phlegme 879 Tâche de rousseur 892 Verrue 893 Pituite 894 Dartre farineux 895 Vitiligo

185

معينــــــــــــــة ان شــــــــــــــربت علــــــــــــــى احلمــــــــــــــل وذا مـــــــــــــــــــــن االســـــــــــــــــــــرار فلرتاعـــــــــــــــــــــه وقـــــــــــــــوة الكبـــــــــــــــد تزكـــــــــــــــوا عنـــــــــــــــدما وســــــــــــكتة وفاجلـــــــــــــا 896 قــــــــــــد ادهشـــــــــــــا 880 تنفــــــــــــع االســــــــــــتقاء علــــــــــــى انواعــــــــــــه وكـــــــــــــــــــل عـــــــــــــــــــرق آل للكهابـــــــــــــــــــة 897 881 وخـــــــــــــدر العضـــــــــــــو كـــــــــــــزازا رعشـــــــــــــا واهلتـــــــــك898 والـــــــــرض899 بغـــــــــري مـــــــــني وثقـــــــــــــــــــــــل االبـــــــــــــــــــــــدان والصـــــــــــــــــــــــالبه ممـــــــــا تبقـــــــــى مـــــــــن عـــــــــوارض النســـــــــاء 882 والـــــــــــــــنن يف االنـــــــــــــــف ويف االذنـــــــــــــــني ومنظــــــــــــــــــــــرا وبهجــــــــــــــــــــــة ورونقــــــــــــــــــــــا مـــــــــــــــع العيــــــــــــــــاء وتنقــــــــــــــــي النفســــــــــــــــاء ملـــــــــــــــــن زكـــــــــــــــــى رخـــــــــــــــــاوة وفشـــــــــــــــــال وتكســــــــــــــــب اللــــــــــــــــون صــــــــــــــــفاء ونقــــــــــــــــا وال لضــــــــــــــــــــيق نفــــــــــــــــــــس 900 اثــــــــــــــــــــاره وال تقاربهــــــــــــــــــــــــــــــــــــا حملمــــــــــــــــــــــــــــــــــــوم وال للحـــــــــــــــر ينتمـــــــــــــــي وال يف برســـــــــــــــام 901 883 وال لــــــــــذي رمــــــــــدى عــــــــــن حــــــــــرارة فلتســـــــــــــــــــــقها يف بـــــــــــــــــــــردة انتهـــــــــــــــــــــى 885 884 بـــــــــيس وال يف خفقـــــــــان شـــــــــر ســـــــــام مــــــــال إلــــــــي احلــــــــر كــــــــثريا يف العــــــــالج وغايـــــــــــــــــــــــة األمـــــــــــــــــــــــر إذا ســـــــــــــــــــــــقيتها جيـــــــــــــــــــــــدها اوقيـــــــــــــــــــــــة واملـــــــــــــــــــــــاء زن وال اطــــــــــــــــب ابــــــــــــــــدا بهــــــــــــــــا مــــــــــــــــزاج أوقيــــــــــــــة وقــــــــــــــد عليهــــــــــــــا يف احلــــــــــــــني وصـــــــــــــــفة العمـــــــــــــــل أن تأخـــــــــــــــذ مـــــــــــــــن ثلثــــــــــــــه وصــــــــــــــف واســــــــــــــبق اخللقــــــــــــــا أربعــــــــــــــــــــــــــة متبوعــــــــــــــــــــــــــة بســــــــــــــــــــــــــتني واذب عليــــــــــــــــــه حتــــــــــــــــــظ بالصــــــــــــــــــواب وذاك بعــــــــــــــد الــــــــــــــرض حتــــــــــــــى يبقــــــــــــــى منهـــــــــــا بعيـــــــــــد الطـــــــــــبخ وهـــــــــــو حـــــــــــار واجعلـــــــــــــــــــه يف الطعـــــــــــــــــــام و الشـــــــــــــــــــراب يف بيــــــــــــــــــت محــــــــــــــــــام وداك اكمــــــــــــــــــل ورمبــــــــــــــــــــــــــــا تلقــــــــــــــــــــــــــــي البخــــــــــــــــــــــــــــار نصــــــــــــــفه والنثــــــــــــــف لــــــــــــــدى الــــــــــــــرواح ورمبـــــــــــــــــــــا اســـــــــــــــــــــتعملها املســـــــــــــــــــــتعمل واغلــــــــــــــــــــــــه واســــــــــــــــــــــــقه لــــــــــــــــــــــــه والء ورمبــا شــرب يف الصبـــاح أو جـــــــــــــــــــاءه يف وســـــــــــــــــــط االســـــــــــــــــــحار وثقلـــــــــــــــها البـــــــــــــــاقي اغمرنـــــــــــــــه مـــــــــــــــاء حــــــــــــــال مــــــــــــــن الزبيــــــــــــــب فلزمنهمــــــــــــــا ان جــــــــــــــــــــاءه العطــــــــــــــــــــش يف النهــــــــــــــــــــار فعـــــــــــن ســـــــــــواهما فـــــــــــال تكـــــــــــن تســـــــــــل

880 Hydropisie 881 Tétanie 882 Fétidité 883 Ophtalmie 884 Palpitation 885 Frénésie 896Hémiplégie 897Durcissement des veines 898 Déchirure 899Meurtrissure 900Dyspnée 901 Délire

186

واكلــــــــــــــــه تمــــــــــــــــر اخلبــــــــــــــــز ومــــــــــــــــا احـــــــــــــــدى وعشـــــــــــــــرون فـــــــــــــــال تبـــــــــــــــالي وان تكــــــــــــــن اعطيــــــــــــــت زيتــــــــــــــا وعســــــــــــــل بنــــــــــــــــار جــــــــــــــــزل أو بشــــــــــــــــحم قليــــــــــــــــا ثــــــــــــــــم اذا مضـــــــــــــــــت مــــــــــــــــن الليـــــــــــــــــالي ال ســـــــيما ان كـــــــان مـــــــن جنـــــــب الـــــــيمني بأكلــــــــــــــــــــــــه حلمافتيــــــــــــــــــــــــا شــــــــــــــــــــــــويا كــــــــــــــان ضــــــــــــــعيفا غــــــــــــــذ بالــــــــــــــدجاج ولــــــــيكن اللحــــــــم مــــــــن ال ضــــــــان الســــــــمني مـــــــــــــن أصـــــــــــــفر البـــــــــــــي ونيمرشـــــــــــــه أمـــــــــــــــــــــــــا اذا مـــــــــــــــــــــــــن أول العـــــــــــــــــــــــــالج مبثلـــــــــــــــــها دقـــــــــــــــــا بفـــــــــــــــــود وقلـــــــــــــــــق وليـــــــــــــــــــــــك مشـــــــــــــــــــــــويا وال تدعـــــــــــــــــــــــه مــــــن الــــــذي خــــــالف مــــــا حــــــوى النظــــــام وبــــــــــــــــدل الثيــــــــــــــــاب ان فيهــــــــــــــــا عــــــــــــــــرق لكــــــــــــــــن هلــــــــــــــــا تنفعــــــــــــــــل االجســــــــــــــــام وال تصــــــــــــــــ ملــــــــــــــــا يقولــــــــــــــــه العــــــــــــــــوام مــــــــــع بــــــــــزور اخرجــــــــــت مــــــــــن منخـــــــــــل فا ـــــــــــــــــــــــــــا مرجعـــــــــــــــــــــــــــه اوهـــــــــــــــــــــــــــام ومـــــــــــــــن ابـــــــــــــــي مـــــــــــــــا رام اال جهـــــــــــــــال وبعضـــــــــــــــــــــــهم يلثهـــــــــــــــــــــــا بالعســـــــــــــــــــــــل يف غربنـــــــــــــــــــــا موافقـــــــــــــــــــــا نرضـــــــــــــــــــــاه واهـــــــــــل مصـــــــــــر قـــــــــــد ابـــــــــــوا دا الفعـــــــــــال يف وقتنــــــــــــــا فلــــــــــــــيس عنــــــــــــــه يعــــــــــــــدل اد قــــــــــــــــــــــــد ســــــــــــــــــــــــربناه فالقينــــــــــــــــــــــــاه للمــــــــــــاء مثــــــــــــل جمــــــــــــوزو البضــــــــــــاعه وهـــــــــــــــــو الشـــــــــــــــــاع وعليـــــــــــــــــه العمـــــــــــــــــل ترجعـــــــــــــــــــــه للمـــــــــــــــــــــاهر الطبيـــــــــــــــــــــب ملــــــــــــــن يكــــــــــــــون غــــــــــــــري ذي اســــــــــــــتطاعه اميــــــــــــــة منــــــــــــــه طبــــــــــــــيخ العذبــــــــــــــه 902 وكـــــــــــــــــل مـــــــــــــــــا كـــــــــــــــــر للتجريـــــــــــــــــب وعــــــــــاد نفعــــــــــه علــــــــــى بعــــــــــ العبــــــــــاد وكـــــــــان مـــــــــن مجلـــــــــة مـــــــــا قـــــــــد جربـــــــــه فمـــــــــــــا لـــــــــــــه بعـــــــــــــد العـــــــــــــروق ثـــــــــــــان مــــــــــــع الســــــــــــنا املكــــــــــــي شــــــــــــربا فأفــــــــــــاد قـــــــــــام مقـــــــــــام اصـــــــــــلها كمـــــــــــا ـــــــــــب ومنـــــــــــــــــــه أيضـــــــــــــــــــا دار شيشـــــــــــــــــــعان 886 ممــــــــــــــا خربنــــــــــــــاه طبــــــــــــــيح الســــــــــــــنبل كــــــــــذلك أصــــــــــل عوســــــــــج887 اذا شــــــــــرب ان عـــــــــــــزت العشـــــــــــــبة بـــــــــــــالنفع حـــــــــــــر ومنـــــــــــه مـــــــــــا ســـــــــــره يف القـــــــــــروح جلـــــــــــي تــــــــــــذكرة الشــــــــــــيخ الضــــــــــــرير فوغــــــــــــا ومنـــــــــــــه ايضـــــــــــــا شـــــــــــــجر الصـــــــــــــنوبر 888 حمتســـــــــــــــــــــــــــــــــــبا هلل يف قولتـــــــــــــــــــــــــــــــــــه ومــــــــــــــــــــن اراد االســــــــــــــــــــتيعاب طالعــــــــــــــــــــا فانهــــــــــــــــا مــــــــــــــــن عظــــــــــــــــم اخلطــــــــــــــــار 903 مـــــــــــــــــا قالـــــــــــــــــه فيهـــــــــــــــــا ويف نزهتـــــــــــــــــه مـــــــــــع دقيـــــــــــق احلنطـــــــــــة املنخـــــــــــول

886 Asphalathe 887 Lyciet 888 Pin 902 Tamaris 903 Farine de froment tamisé

187

أمــــــــــــــــــــا املرائــــــــــــــــــــر مــــــــــــــــــــن البقــــــــــــــــــــار والســـــــــــــــليماني الشـــــــــــــــيء املقيـــــــــــــــت 904 كــــــــــذلك اكــــــــــل الزيبــــــــــق املقتــــــــــول 889 حبـــــــــــا كقـــــــــــدر احلمـــــــــــص يف العيـــــــــــان وعــــــــــــرق كــــــــــــركم890 مــــــــــــع الكربيــــــــــــت وهــــــــــــــو كمــــــــــــــا الــــــــــــــول يف ذا االثــــــــــــــر والفربيــــــــــــــــــــــــون وحصــــــــــــــــــــــــا لبــــــــــــــــــــــــان مســــــــــكا ونصــــــــــف اجلــــــــــزء زيبــــــــــق لــــــــــه ومثلـــــــــــــه يـــــــــــــدعى حبـــــــــــــب العنـــــــــــــرب 891 ولــــــــــــــــــــــيس ذا آثــــــــــــــــــــــاره حممــــــــــــــــــــــوده ربـــــــــــــــــــع جـــــــــــــــــــزء عنـــــــــــــــــــربا ومثلـــــــــــــــــــه ومــــــــــــا علــــــــــــيهم لــــــــــــو اثــــــــــــار ضــــــــــــرارا جـــــــــزء ونصـــــــــف اجلـــــــــزء مـــــــــن حممـــــــــوده راتيــــــــــــــــنج حــــــــــــــــل بزيــــــــــــــــت ومشــــــــــــــــع ومــــــــــــــا مبارســــــــــــــتان مصــــــــــــــر اشــــــــــــــتهرا ثــــــــــــــــالث مــــــــــــــــرات بــــــــــــــــذا الصــــــــــــــــنيع ان يأخـــــــــــــذوا الزيبـــــــــــــق والكنـــــــــــــدر مـــــــــــــع حتـــــــــــــى يكـــــــــــــون يف املقـــــــــــــيم املقعــــــــــــــد وتــــــــــــــــــدهن األطــــــــــــــــــراف يف االســــــــــــــــــبوع مــــــــــــــــع فســــــــــــــــاد الفــــــــــــــــم واالنيــــــــــــــــا ب فــــــــــــــــــــــدثر العليــــــــــــــــــــــل يف ذا العــــــــــــــــــــــدد مـــــــــــــــــن قـــــــــــــــــوة وشـــــــــــــــــدة االوجـــــــــــــــــاع وفمــــــــــــــــــــــــــه يســــــــــــــــــــــــــيل باللعــــــــــــــــــــــــــاب يكـــــــــــــــون مـــــــــــــــن هالكـــــــــــــــه يف أمـــــــــــــــن وورم احللـــــــــــــــــــــــــــــــــــــق واالمتنـــــــــــــــــــــــــــــــــــــاع وقــــــــــــــــــــــت ادهانــــــــــــــــــــــه إىل انتهــــــــــــــــــــــاء ثـــــــــــــــــــــــــم اذا جـــــــــــــــــــــــــاوز اســـــــــــــــــــــــــبوعني فـــــــــــــــــــــــــــــــــــربده اذ ذاك شــــــــــــــــــــــــــــــــــــردان وحيفظونـــــــــــــــــــــــــه مـــــــــــــــــــــــــن اهلـــــــــــــــــــــــــواء يف جســـــــــــــــمه والضـــــــــــــــربان الواصـــــــــــــــل اســـــــــــــــــــــبوعه األول بـــــــــــــــــــــل والثـــــــــــــــــــــاني ومــــــــــــــــــا هــــــــــــــــــو مغــــــــــــــــــرد بــــــــــــــــــاخللق ان مل ميتـــــــــــــــــــــــــــــــه اورث املفاصـــــــــــــــــــــــــــــــل فـــــــــــــال تكـــــــــــــن مبـــــــــــــا اتـــــــــــــى مغـــــــــــــرورا فهـــــــــــــــــــــــــــو عـــــــــــــــــــــــــــالج ذي محـــــــــــــــــــــــــــق وراع حــــــــــــــــــــــــــــــــــق اهلل يف املقــــــــــــــــــــــــــــــــــيم وبعضـــــــــــــــــهم يـــــــــــــــــأتي بـــــــــــــــــه ـــــــــــــــــورا بلـــــــــــــــى ألن خيـــــــــــــــذر منـــــــــــــــه فانتبـــــــــــــــه والــــــــــــــــتمس العمــــــــــــــــل مــــــــــــــــن علــــــــــــــــيم مــــــــــــن مجــــــــــــع مــــــــــــا يــــــــــــدخر للعبــــــــــــاد ومــــــــــــــــا ذكرتــــــــــــــــه ألن يعمــــــــــــــــل بــــــــــــــــه يف أول الــــــــــــنظم الــــــــــــذي قــــــــــــد ر ــــــــــــا هـــــــــــــــــذا ـــــــــــــــــام القصـــــــــــــــــد واملـــــــــــــــــراد جنـــــــل الطبيـــــــب ابـــــــن الطبيـــــــب الراقـــــــي نظمــــــــــــــــــه مــــــــــــــــــن ا ــــــــــــــــــه تقــــــــــــــــــدما برســــــــــــــــم مجــــــــــــــــل وبيــــــــــــــــت مفــــــــــــــــرد عبيـــــــــــــــد وهـــــــــــــــاب الشـــــــــــــــفا الـــــــــــــــدراقي نصــــــــف ربيــــــــع الثــــــــاني بــــــــدءا واختتــــــــام ابياتــــــــــــــــــــــه حمصــــــــــــــــــــــورة يف عــــــــــــــــــــــدد مصـــــــــــــــــليا علـــــــــــــــــى الـــــــــــــــــن وآلـــــــــــــــــه وذاك يف موقش نقــــــــــــش النظـــــــــــــــــام فنحمد اهلل علــــــــى كمــــــــالــــــــــــــــــه

889 Mercure éteint 890 Curcuma 891 Pilule d’ambre 904 Arsenic sublime

188

Annexe II

905 « راحة االنسان يف طب االبدان »

أبو حممد سيدي حممد بن حيي بن احلسن الش احلامدي األزراقي السوسي

« واعلم أن هذا املرض يأتي يف املغرب بعد زمان حنو سبعني عاما ، وميكث أعواما ومدة كثرية ،

عشرة أعوام وأكثر أو أقل الف البالد الشرقية فإنه اليبطئ عنه، لكن يرتفع يف مدة أيام ولذلك

استنسوا به وال خيافون منه جدا كأهل املغرب ، ولكونه غري مألوف يف البالد املغربية السيما يف البوادي،

منه خياف الناس جدا أو حيصل هلم فزع كثري من قربه وقرب موضعه، ويثقل مباشرة املرضى به

عندهم ويصعب عليهم معاملة أهله حتى بالبيع وتناول متاعهم وأكل طعامهم فيحصل هلم بسببه فتنة

عظيمة يقعون بها، فتضيع ما شرع من حفظاملرضى ودفن املوتى واصالح األموال وترك اجلماعة

واجلمعة وتعليم العلم وصلة الرحم وعيادة أهل األمراض والقيام على األوالد واليتامى والصغار وسقي

البهائم وعلفها كل ذلك بسبب شدة اخلوف من هذا املرض، وغالبهم خيرجون من القرى واملساكن

عند وقوعه ملا يدركهم فيها من الفزع والوحشة واخلوف والسيما يف الليل ، وعند خروج الكثري من القرية

أو يف حال كثرة املوتى بها وألجل هذا كنت أرخص له يف اخلروج إىل الصحراء حيث تزول عنهم

الوحشة ويرتفع عنهم الفزع مع مراعات من جور ذلك القصد التداوي باخلروج إىل أرض نزهة قد

طال هوا ها وسلم من تغيري الروائح الكريهة ،وقد فعل هذا وأمر به مجاعة الصحابة رضي اهلل عنهم

منهم فقيه الصحابي ابو موسى األشعري رضي اهلل عنه وغريه من السلف الصاحل، والنهي عن اخلروج

مبين على األمر بالتوكل وعدم التوغل يف االسباب والنهي عن الدخول من أثر احلكمة واستعمال سبب

الرمحة ، و وز من القرية قبل نزول الوباء بها إذا خيف منه لكونه يف القرية قريبة منها جدا.

وقال األطباء هو غليان يف الدم حيدث بسبب فساد اهلواء ، قال الشيخ زروق وقد مع بأن يقال هو

فساد يف اهلواء تأخذ اجلو فتطعن به األجسام فيحدث بذلك غليان يف الدم فتنشأ بذلك غدة البعري

905 Soussi. M, Le repos…, Op cit.

189

وقال زروق أيضا هو مرض من األمراض يف حكم املداوات وغريها ، وشرب اخلل عند االحساس به له أثر

كبري يف حله ،وكذا معجون أخالطه صربه مره زعفران يسحق الكل ويضاف بشراب رحيان و ر

يشرب منه على الريق قدر يسري، وقد حتصل أن سبب هذا املرض مركب من فساد باأل رة الردية

وعفونة الدم مبادة ية وطعنة اجلان من باطن البدن إىل ظاهره ، وخالف طعن االنسان الذي يكون

يف ظاهر البدن وهذه الطعنة هي اليت تهيج املرض السمي املذكور وتقويه فوجب مراعات هذه األسباب

يف احلمية والعالج ،فيوكب فعل احلمية والعالج املري من أشياء تصلح لتلك األسباب وهذه قاعدة

الطب وهل يراعي مع ذلك سبب العدوى يف هذا املرض كما قالت به األطباء فيبعد من املرضى به

ومن دخول ارضه أوال يعترب ذلك بناء على إبطال العدوى وحقيقة وشرعا وعادة يف ذلك خالف بني

العلماء ثبوت العدوى يف ذلك بالعادة املرتددة ، ال بالعادة املطردة ، وال بالعادة النادرة واملشاهدة تذل

على ذلك ولعل وجه ذلك كون ضرره إ ا يوجد عادة حبسب قبول األبدان له لوجود العفونة فيها

مع حتليل املرض وغلبة اخلوف منه على الصحيح ، وطول مالبسته املرضى ، ولتوقف الضرر على هذه

الشروط مل تطرد فيه العادة ، وحيتمل أنه ملا كان من طعن اجملان تارة يوجد وتارة مل يوجد إذا حفظ

اهلل منه من شاء تأمل ذلك واعلم أن كل شيئ بقضاء وقدر ، وقد قال بع العرفني .... التقدير من

التدبري .

فصل قال بع االطباء ، الطاعون ورم حار قتال مادته الدم املتعفن يعين الشمي وفاعله

احلرارة النارية وصورته ورم ينزف الدم الصديد وغايته ارتفاع النفس وشره حبسب العضو اإلبطي

الشمالي فالفخد األمين فاإلبط فالفخد األيسر فالعنق على األصح وحبسب املساكن حل املياه املاحلة

واالزبال والربوز وقرب املقابر وموضع املرضى واملوتى وحمل الوخم وحبسب الزمان الربيع وحبسب

اللوناألسود فاألخضر فاألصفر فاألمحر، وما قارنه محى واختالط عقل آشر ويسرع لألطفال

واألعزاب والزجني والدموي والصفرا وي ، وندر يف السوداوي وقل يقل أيضا يف بع إنسان الناس ملا

خصوا به من خاصية مزاجهم أو خاصية مسكنهم باملشاهدة ثبت ذلك باخلاصية والتجربة، وقد يقل

190

حبسب الغذاء كمن يأكل الرتياقات فإنه يقل فيه الف غريه، فعليك بتزوير احلوام بالرتياقات

احلارة كالفلفل الرومي قال ويهجر اللحم يف وقت الوباء أو يأكله بالرتياقات.

قد قال األاطباء والعامة بالعدوى عادة ال حقيقة وشرعا يف أمراض منها الوباء واجلدرى واحلصبة

واجلرب واجلذام واحلمى احلارة النيت خيرج معها بتور يف ظاهر البدن كالعدس بلون أسود أو أمحر أو

أبي وكل هذا من جنس الوباء والطاعون الذي يسببه وخز اجلن على ما يظهر من املراء املنامية وهي

تعمر يف البالد ويف كثري من الناس، وغلب اخللف السيما بالنسبة للطاعون الذي ينتفخ ويتساقط اللحم

به ... و ف صولته يف الصيف عند طيب العنب ... وعالج اجلميع باحلمية والدواء متقارب واهلل أعلم.

فصل يف توجيه دخول أرض الوباء واخلروج منه، عند نزوله به أو عند قربه منه بأن يكون بقرية

قريبة إليه أو ظهر بكشف أو عالمات أنه يقع به وعالمة نزول الطاعون مرض الذباب وموته على القرب

واحليطان وضعف حركته ، وثقل طريانه فيخرج من املكان عند ظهور العالمات وقد علمت أن أسباب

الطاعون باعتبار مجع العبارات من األطباء وأهل التجربة ومخر اهلواء بسبب اوي أو فساد هواء

القرية واملوضع مبجاورة أمور أرضية كاملياه والكهوف واألزبال والعدوى مبقاربة املرضى ومباشرة املوتى

وأنفاس من تكيفوا باملرض وأن مل يظهر فيهم ممن طال مقامه يف بلد الوباء أو خزجلان املثيج لفساد

األبدان مبا ذكر من األسباب أو ما يهيجه من األطعمة كاحلالوات واللحوم وكل ذات سم كالعني

ولدغة حنلة وحنو ذلك والعالج بالضد واحلذر من السبب وال تهرب كل اهلروب وال الط كل

املخالطة وهو الصواب االعدل ... الدخول فهو معلل بإلقاء النفس للتهلكة خذوا حذركم ومثل ذلك

من عدوى املرض أ و ألن الدخول مظنة أصابته الداخل خالف وأما اخلروج منه قبل نزول املرض بالقرية

مطلقا فهو جائز مل يتناوله نص النهي وأفتى به بع الفقهاء وال تلزم فيه العلة من اخلوف على املرضى

واألموات واألموال نص عليه اخلطاب.

فصل إعلم أن عالج الوباء بضروب احلمية والدواء، قبل نزوله باإلنسان يكون مسة أنواع، التوكل

والتفوي وعدم اخلوف منه بالكية واخللوة ولزوم البيت واإلنقطاع عن الناس واخلروج إىل الصحراء

191

واخلالء وتبديل املنازل الستصالح اهلواء عند حدوث املرض واملوت باملنزل وكثرة األزبال والفضالت

وينتقل وراء الريح بقدره عن خطورة والتحصن بالذكر قراءة ومحال وشيئ من الصدقة سرا وجهرا

والتضرع على اهلل بأ ائه دائما يف خلوة واستعمال معجون مركب من الرتياقات الطبية على الريق

حتىخيالط الدواء البدن باستعمال أسباب الصحة يف العادات واحلمية عن املذوبات واستفراغ املواد

الفاسدة فيحذر من أكل الفواكه الفاسدة وحلوم املرضى من احليوان وشرب املاء الفاسد ألن الوباء

يصيب ذلك يف زمنه فيورث أكله العلة وأفضل األنواع إن شاء اهلل، وأما عالجه بالدواء بعد نزوله باإلنسان

فهو الرجاء والطعم ونذكر منه إن شاء اهلل ما حيتاج ملن أراده على سبيل الرجاء واهلل هو الشايف.

األحكام الشرعية لعدم اطراد ذلك يف الناس وقاعدة الطب جتري على مثل هذه العادة املرتددة

واملوهومة النادرة ويتحفظ املرضى وبفردهم موضعا يليق بهم بعيدا يسري عن ... بغري بنحو قدر رمح وال

يكون يف جهة الريح هلل صحاء ويغسل ثيابهم بعد الرباء واملوت مباء بارد بعد مضي مدة 56 يوما وترتك

الكسوة خارج البيوت يف تلك املدة للرياح وينبغي غسل ثياب االموات يف جمرى املاء على حجر صلد ومستو

حبيث يذهب املاء مبا انفصل من الوسخ بسرعة وكذا غسل االموات إ ا يكون باملاء البارد يف موضع

مكشوف ويقف الغاسل واملعني وراء الريح وميسح أنفه بالقطرأن او الصبار أو الورد عند الطة املرضى

واألموات والصبار مع اخلل أوماء الليمون أو املاء وحيذر عند دفن امليت ذكرا أو أنثى أن ي مر الناس

بالبعد عن القرب جدا أو يقف من ينزله وراء الريح وبفعل ذلك بسرعة مشمرا ثيابه ماسحا أنفه بالصرب

واخلل وقشر النارنج املدقوق مع املاء وهو جيد ويكرر باسم اهلل الذي ال إله إال هو الرمحن الرحيم ويلزم

سكنى اخلالء حتى يرتفع املرض وخيف و ضي مدة كثرية بعد ارتفاعه وخفته بنحو أريعني يوما ثم

يرجع للبلدان متى شاء، وكثريا ما يرجع املرض بعد الرجوع يف فصله وهو الربيع والشتاء الف

الصيف فإنه يرتفع فيه أو خيف وينبغي اخلروج أيضا عند رجوعه فورا وال يضجر من ذلك قالوا مما

ينفعه جعل بصل االشقياء يف الكانون ليال وتغطيه املواعن به ووضع أنسل قرب املاء والطعام قلت كذا

لزوم الذكر وهو أنفع لكن سرا يف خلوة فاعرف ذلك وأما االجتماع عليه جهرا فهو خالف عمل السلف

192

وفيه ما فيه وهذا الدواء ينفع من شاء اهلل إال أنه صعب أيضا السيما يف زمان الفتنة ويف بالد السرفة

وحيث تطول املدة باملرض كاملغرب إذا احلمية الطويلة تتعذر واألمر بيد اهلل وهو يقوم مقام الدواء

احلضري الذي هو تنظيف البيوت باملاء البارد املطيب بالورد واخلل والرحيان ونكس األزبال وغسل

املراحي وحنو ذلك مما ينزه البيوت ويصلح هواءها وميكن ذلك يف األمصار املبنية باجلري على ماء

كثري كفاس وهذا الدواء هو املوافق ألهل املدائن عن احلذر بالتنظيف والتبخري وعزل املرضى عن

األصحاء وشم النارنج واستعمال الرتياق والبعد من املراح وإفراغ فضالت املرضى حيث يذهب به املاء

إىل خارج فإن قلت ويف كتب الطب اهلواء املكشوف أضر يف زمان الوباء قلت ذلك فيما ذلك فيما تغري

بأمر اوي كأشعة النجوم وأما ما يتغري باأل رة الرديئة وروائح األزبال واملرضى فاملكشوف أفضل

وأصح فأفهمه وباهلل التوفيق.

فصل يف عالجه بالدواء الرتياقي, الذي يزيل العفونات ويقاوم السميات ... وحرارة الدم وهذا

املعجون من أفضل األدوية له وأسهلها حق من ابتلى بالناس وعدم الفراغ للعزلة والذكر ويناسب أهل

املناصب والرياسات مع محل حجاب من األيات واأل اء ومحل اجلواهر النافعة باخلصية كالياقوت

األمحر واملرجان وحنوهما وهو الطب العجمي ملن وجد الوباء وكذا املعجون املتقدم من كالم زروق

وكذا القطران مشا وأكال ودهنا و ورا وهو أسهل الوجود عند كل أحد وكذا احلذر من كثرة أكل

اللحم والعسل واحلالوات والفواكه الفاسدة وأما مس الذباب أو ما بات من الطعام واجللوس يف الشمس

ويف الكهوف وقرب املراح والنجاسات وامليضات وشرب املاء الراكد الفاسد وشرب األلبان إال إن أصلحت

بصعرت أو حلحال أو عرعار، ويقلل من شرب املاء إال العطش صادق فيمزجه بفودنج أو صعرت و مما يهيج

الوباء التعب امل مل لألعضاء واملفاصل كركوب اخليل واحلفر بالفأس وكذلك احلالوات كالعسل

والثمر وكذلك احلوام والفواكه، كل ذلك بالتجربة وال بأس بأكل التني الصحيح والعنب

الصحيح مع صعرت أو فودنج والتفاح ...ذلك السيما التفاح فهو جيد إذا دق وعصر ثم تشرب عصارته

بصعرت أو شونيز وشراب الرحيان وماء الورد جيدا نافعا، وكذا تنظيف الثياب من القمل والبيوت من

193

الربغوت والبق جيدا، وحيذر التخمة فإنه شديد الضرر، وال يتعب وال حيزن وال يدخل احلمام وال يقرب

من الشمس والنار وال يأكل البي وال حلم الدجاج ويلني الطبيعة وبدواء ليس بقوي والسمن البقري

املزود بالرتياقات مثل تكوت اوتيمجة جيد مينع الطاعون وكل ما ذكرنا من الرتياقات إ ا مينع الطاعون

إذا خالط البدن بدوام أكله حنو أربعني يوما فبيد الذي ينفع بفضل اهلل وقدرته وأهلل أعلم.

فصليف ذكر عالج ما حيدثه يف األعضاء الباطنة, باختصار باألدوية املفردة اخلردل بعطس إذا دق

وشم وكذا الزجنيل والفلفل لكن يف املرض احلار يضاف باخلل عنب الثعلب ينفع من ورم احللق ووجعه

ضماد أو كذا مرارة الطور طالء احلجامة حتت الدقن بشرط فصد عرق اجلرب، والقطران طالء ينفع

الدحبة وكذا البصل إذا دق طالء، وعصارة ورق الكرم ينفع من نفث الدم وماء الورد ينفع الغشي شربا

وكذاماء اخلالف وهو صفصاف مشا، وعنب الشوصة مسحا وكذا الزعفران مشا واحلناء يوافقها

اسرغنت إذا طبخ يف املاء وشرب يدر البول ويطيب العرق واخلارج ويقوي األعضاء الباطنة ويزيد يف الباءة

ودخانه يقوي الدماغ وينفع من الزكام ماء الفودنج ينفع من الوباء شربا جمرب وكذا ماء الصعرت

جمرب يف عالج قروح الطاعون وعقده » .

194

ANNEXE III Diplôme de Mohammed El Kahhak906

906 Kahhak A. , Un diplôme …, Op cit, pp. 195-210.

195

ANNEXE IV

نص أجازة الطبيب حممد الكحاك907

" احلمد هلل الذي جعل الشفاء ملن شاء على يد من شاء من بريته، وانزل من املعصرات ماء جتاجا

برمحته، فأخرج به حبا ونباتا وجنات الفافا حبكمته، اخرج من نبات شتى وأنعام ترعى ودواب تسمى منافع

كثرية ومشارب عديدة ومصاحل جديدة، وجعل من املاء كل شيء حي بلطيف صنعه ونعمته سبحانه جلت

قدرته ما أوسعه برمحته وما أحكمه حبكمته وما أوفره بنعمته خلق اإلنسان وعلمه البيان، وأبرز له معامل

تعمل يداه؟ عجائب وغرائب يف كل زمان وكمان، من أدوية شافية، وأغذية نافعة صافية، بواسطة من شاء

من احلكماء األعيان األعالم، مما ال تدركه إال مبادة حكمته غاية العقول واإلفهام، محدا يليق ملقامه؟

ويتصل جبالله، على اسباغ نعمته، واتساع رمحته، فهو احلكيم العليم واللطيف احلليم، ال حنصي ثناء عليه

هوكما اثين على نفسه، ونشكره شكرا نستحق به من فضله املزيد، والرفد اجلديد ونشهد أن ال إله إال اهلل

وحده ال شريك له شهادة من أخلصها بقلبه، وجعلها أفضل قربه وكسبه ونشهد أن سيدنا حممدا عبده

ورسوله الن األواب، الناطق باحلكمة وفصل اخلطاب اللهم صلي عليه وآله وصحبه صالة تدلنا بها عليك

وتقربنا بها إليك وسالم على األنبياء واملرسلني واحلمد هلل رب العاملني.

وبعد فإنه ملا كان علم الطب من أفضل مهمات العلوم، ونفع املسلمني به عند احلاجة من جلة لباب

املنوال املعلوم كوزن صحة استقامة األديان، من صحة قوام بنية األبدان وأن علم الطب من أفضل مهمات

العلوم بل علم شريف شرعي واألحاديث فيه كثرية كقوله صلى اهلل عليه وسلم أن الذي أنزل الداء هو

الذي أنزل الدواء وأمر الن صلى اهلل عليه وسلم بالكي واحلجامة واحتجم هو صلى اهلل عليه وسلم وقد

ألف فيه مجاعة من الفحول وبسطوا فيه الكالم واألبواب والفصول، وفتحوا إىل احلكمة األبواب رغبة فيما

عند اهلل سبحانه من الثواب، وقد قال اال حنف ثالثة ال ينبغي للعاقل أن يرتكها عمل يتزود به ملعاده

وصنعة يستعني بها على أمر دينه ودنياه وطب يذب به الداء عن نفسه وقيل ال ينبغي لعاقل أن يسكن بلدة

ليس فيها مخسة قاض عادل وسوق قائم ونهر جار وسلطان قاهر وطبيب ماهر وقال عليه الصالة والسالم يا

907 Ibid.

196

عباد اهلل تداووا فإن اهلل مل يضع داء إال وضع له دواء. وقال عليه الصالة والسالم احتجموا ليال تصابوا بالدم

أو كما قال وورد أن لكل داء دواء اال داء واحد وهو اهلرم فإذا أصاب الدواء الداء برئ بإذن اهلل ويف احلديث

أصل كل داء الربدة وفسرت بإدخال الطعام على الطعام وحيث كان هذا العلم بهذه املنزلة وكان الطبيب

األرضى الطالب املرتضى سيدي احلاج حممد بن املرحوم السيد احلاج أمحد الكحال قد تصدر ملداواة الناس

ومعاجلتهم بهذه احلضرة االدريسية وكانت فيه أهلية لفهم كالم الناس يف دواوينهم الطبية وطلب من

أناس خالطوه وجربوه غري ما مرة أن يشهدوا له باإلجازة يف علم صناعة الطب على عادة األطباء اال قدمني

يفأخذ اإلجازة من املعاصرين هلم واحتاج يف ذلك لإلذن ملن له األحكام الشرعية حبضرة فاس االدريسية

ورفع أمره إليه فإذن له سدده اهلل وأرشده يف ذلك على لسان عون الشرع عبد الرمحان احلمياني واعرتافه أن

من ب إذن يف تلقي الشهادة من اللفيف املذكور اسفله إذنا تاما مبحضره وموافقته. عرفا قدره وشهد به

عليهما بأكمله وعرفها وانتصاب العون لذلك يف العشرين من ربيع األول النبوي األنور عام انية وأربعني

ومأتني وألف.

إمضاء العدلني:

احلمد هلل شهوده املوضوعة أ ا هم عقب تارخيه يعرفون الطالب اال رضى الطبيب املاهر السيد

احلاج حممد بن املرحوم بعثة اهلل عز وجل السيد احلاج أمحد الكحاك املعرفة التامة الكافية شرعا بها

ومعهايشهدون وشهادتهم على تفصيل فاإلشراف والتجار وإضرابهم يشهدون بأنهم جربوه يف معاجلة

املرضى واملبتلني غري ما مرة واختربوا حاله وأمره، فوجدوه حبرا وقفت فحول األطباء بساحله وعجزوا عن

جماراته يف ميادين صناعة الطب ودالئله عارفا مهندسا، وحاذقا كيسا، له عقل راجح، مقداما على معاجلة

االدواء ولعباد اهلل ناصح، وأنه رجل صاحل ال يهتم بريبة وال خيانة وفيه ما ليس يف غريه من فعل املعروف

وبسط الكف ومواساة الضعفاء، ومعاجلتهم بغري أجرة ومالزمة الصلوات اخلمس باجلماعة وكثرة األذكار

وزيارةاألولياء وغري ذلك من أفعال الرب، واألطباء واحلجامني يشهدون بأنه عارف بالطب وباألخالط

املهلكات اليت بها قوام األبدان اإلنسانية ومنها الصالح والفساد وباإلخرجة اليت هي أصول األمراض املدنية

197

على وفق املراد وأن مثله من ينتصب ملعاجلة الناس لتوفر الشروط املنصو عليها يف كتب الطب فيه

مجلة وتفصيال وهي معرفة طبائع األدوية والنبات واحلبوب واألشجار واملعادن وشبه ذلك فإن من جهل

طبع اإلنسان وطبع األمراض واألدوية فال حيل له االنتصاب إىل معاجلة الناس بقول أو فعل واملشهود له

عارف بذلك كله وباجلراحات البدنية وغرز اللحم وشد جهائر الكسري وأصناف البول بالقوارير واختالف

ألوانها وقدر ما ي خذ من الدم بالفصد واحلجامة والعروق اليت ينبغي قصدها واألجسام املفتقرة لإلسهال

واحملتاجة للقب وغري ذلك وأشهدوا كلهم أنهم أجازوه يف ذلك كله اجازة تامة شاملة عامة وسلموا له

التصدير ملعاجلة الناس بالتسليم التام الشامل املطلق العام الذي ال يعقبه رجوع و قيام طال الزمن أم قصر

كليف علمهم وصحة يقينهم باملخالطة واجملالسة واملذاكر معه واالطالع على أحواله وأدوا بذلك

شهاداتهم مسئولة منهم عن إذن من ب سدده اهلل وأرشده على لسان عونه املذكور أعاله يف تاريخ أعاله.

الشريف االرضى موالي الشريف االرضى موالي الشريف الوجيه موالي

عبد املالك الصقلي احلسيين الطيب النسب عبد املالك االدريسي

الشريف العفيف سيدي الشريف الربكة سيدي حممد الشريف الربكة موالي عمر

حممد الصقلي ابن الطائع االدريسي الدباغ احلسنى

الشريف موالي الشريف بن الشريف االرضى سيدي حممد الشريف االرضى موالي

ابراهيم البومناني احلسنى العراقي احلسين الشريف ابن علي اجلمل

الشريف االرضى موالي أخوه الشريف االرضى موالي عبد الشريف االرضى موالي

الغالي بوطالب املالك أمحد بن احلسن

الشريف العفيف موالي ادريس الشريف سيدي عبد املالك ابن الشريف االرضى سيدي عبد السالم

الطاهر اجلوطى احلسنى تسعد انت العمراني الصقلي احلسين

الشريف األجل سيدي عبد الشريف سيدي حممد الشريف العفيف موالي املهدي

198

السالم الغموري احلمودي احلسن الشفشاوني احلسن

الشريف موالي الطابع الشريف املرابط موالي الشريف العفيف سيدي عيد

الكتاني احلسنى املهدي العراقي اجلبار االدريسي

أخوه الشريف األجل الشريف سيدي حممد بن الشريف سيدي التهامي بن سيدي

سيدي محاد الطايع الفجيجي طاهر الشباني

التاجر االرضى احلاج املفضل التاجر الطالب السيد التاجر حممد بن

ابن احلاج امحد كنون احلاج الكبري النسب احلاج عبد الرمحان احلبابي

التاجر االرضى احلاج حممد املعداني التاجر السيد احلاج بوزيان التاجر احلاج حممد بن عبد الن

التاجر احلاج الطيب بن احلاج الربدعي بنيس

حممد برادة التاجر الطالب احلاج املكي ابن التاجر احلاج عبد السالم ابن احلاج

التاجر احلاج التهامي بن عبد الن الطالب أمحد بن عبد اهلل عبد الغين برادة

ابن كريان التاجر السيد املفضل التاجر االرضى احلاج العربي برادة

التاجر السيد عبد الرمحان ابن زكري التاجر احلاج الطيب

ابن عبد السالم بنونة التاجر احلاج حممد ابن عزوز ابن حييى

التاجر احلاج محاد بن احلاج ابن عزوز ابن حييى املعلم احلاج حممد الغريسي

التهامي بن كريان املعلم عبد السالم الطبال احلجام

املعلم عالل بن بوشتة املعلم عبد الرمحان املعلم احلاج أمحد اخلا احلجام

احلجام احلجام املعلم احلاج أمحد العرايشي

املعلم احلاج بوجيدة املعلم ابراهيم ميارة احلجام

العرايشي احلجام احلجام املعلم عمر العربي الوزاني احلجام

املعلم الطاهر احلجام املعلم احلاج قدور املعلم احلاج قدور الكومي

199

املعلم املكي احلجام احلجام احلجام

املعلم ادريس احلجام املعلم عبد اللطيف املعلم السيد امحد بن

املكرم احلاج عبد الوهاب احلجام بوغالب ابن حم الطيب

ابن االمحر الطيب املعلم احلاج املفضل احلجام املعلم احلاج يوسف واسع

املعلم السيد حممد الزراري املعلم احلاج عبد اهلل الرأس الطيب

الطيب ادران الطيب

الطالب الشيد حممد بن عبد

السالم االزرق الطيب

املعلم احلاج أمحد السنتيسي الطيب

شهدوا لدى من قدم لذلك مبوجبه

احلمدهلل اشهد الفقيه األجل العامل العالمة األفضل الدراكة الفهامة االحفل املدرس اخلطيب البلي

األمثل قاضي اجلماعة بهذه احلضرة االدريسية احملفوظ باهلل عز وجل وهو )إمضاء قاضي اجلماعة( أعزه

اهلل تعاىل وحرسها بثبوت الرسم أعاله عنده الثبوت التام مبوجبه وهو حفظه اهلل تعاىل حبيث ب له ذلك

من حيث ذكر ويف التاريخ أعاله عبيد ربه تعاىل."

200

ANNEXE V عبد السالم العلمي

ضياء النرباس يف حل مفردات

االنطاكي بلغة أهل فاس

حرف الباء

* 5( بادزهر : هو الباذور وعند العامة ابن زهريا وبازهر وبي املهور.

* 1( باذر جنوية :هو الذي يعمل مع اتـاي ويقال له يف مصر املرتجنا ويعرف عند االفرنج باملليصة.

* 6( باذاورد : قال التلمساني ويقال له بالبورية بزر كرستا وذكر سيدي عبد الرمحان الفاسي أنه

يسمى امساكرسا وقال بقالو هو العصفور الربي وذكر االنطاكي أنه يعرف بالشوكة البيضاء وأنه

شوكة يشبه شوك الشكاعي يعين شوكة مغيال. قاله يف شكاعي، قال ويسمى يف مصر باللحالح، قال

كاتبه عفى اهلل وهذا النبات معروف عند املت خرين و وه بالشوكة املباركة وهو نبات سنوي من القسم

الشوكي ويسمى اللسان النباتي مبا معناه بالعربية القنطريون املبارك وصفاته طبيعية ه الء أنه يكاد

يكون عديم الرائحة ومرارته قوية لكن غري دائمة ويقال أنه انواع منه الزرنيج وتاورة الكرنني وعند ابن احلشا

انه صنف من الشوك قال حتقق عن قريب بعد اختالف كثري انه من اجناس العصفور الربي.

* 9( بدروج : كذا يف علم املنادة الطبية وذكره االنطاكي أنه يقلة تسنبشها النساء يف البيوت قال

وتعرف عندنا بالرحيان األمحر وعند بقلو هو حلبق القرنفلي املعروف بالفرجنمشك. عند ابن عدا هو

حبق السطوح الذي تغرسه يف الشقوق وجتهله على سطوح الدور... احلبق القرنفلي عند عامة فا ن

نباتات الصيف واخلريف يغرسه النساء يف اشقاق االواني على سطوح الدور. وقال احلكيم امحد بن احلسني

الرشيدي املصري يف تأليفه املسمى )عمدة احملتاج يف علمي االدوية والعالج( املوسوم باملادة الطبية حني أرى

* باذزهر Bezoard * باذرنجوية Mélisse * باذاورد Chardon véni * بادروج Basilic

201

هذه االختالفات وغرابة يف ذلك فإن اسم الرحيان اطلقوه على احباق كثرية ليست من البد روح يف شيء

واحلاصل على احباق كثرية ليست من البدروج يف شيء.

واحلاصل ان البدروج والفرجنمشك والشاه صفرم كلها انواع للحبق القرنفلي وكلها متقاربة يف

الصنف الرائحة القرنفلية وكل منها صنف من االخر

* 1(بان :شجر معروف مبصر منه ما يقارب االثل ومنه صغري دون شجر الرمان ورقه يقارب

الصفصاف قال فيما ال يسع الطبيب جهله وهو باحلجاز واحلبشة واملغرب.

* 1(باننجان معروف

* 1(بارود املراد : به مفردات ملحة وتسمى باللغة الكيماوية الطبية نرتات البوتاس

1(بازى: طائر معروف

1( باشق: طائر دون الباز يقال انه بوعمرية لتشبهه بالباز

* 56( بابون : اه صاحب لعمدة بالبابونج الرومي

* 55( بارزد : هو القتة

* 51( بارنج : هو النارجيل

* 56( باقلي املصري : هو الرتمس والنبطي الفول

* 59( باذامك : نوع من الصفصاف

* 51( بابادى : هو الفلفل

* 51( بارسطاريون : هو رعي احلمام

* بان Guilandina Morynga * باذنجان Aubergine * بارود Nitrate de potasse * بابنوج Camomille * بازد Concombre * بارنج Nargell * بافلي المصري Lupin sauvage * باذمك Saule d’egypte * بابادى Poivre de Guinée * ابارسصاريون Verveine

202

51( باسلفون: كحل يوناني معناه جالب السعادة )انظره يف األصل(

51( بابغاك هو الطائر املعروف عندنا ببابغي لسانه كليان االنسان يف مقاطع احلروف لب من

الصني.

51( بتع: نوع نبيد التمر

* 16( جبم : هو ر االثل

* 15( بح : قاتل ابيه وهو القطلب ويسمى اجلثا االمحر وسيأتي يف حرفه

* 11( ور مريم : هو ر العرطنيثا قاله االنطاكي وابن النفيس ويعرف عند أهل الشام بالركفة

والريجع وخبز املشايخ والقرود. الذي عليه اطباء املغرب ان اصله هو الفرد املعروف بسرغينة وسيلية وسيأتي

يف عوطنيث.

16( ور االكراد: نبات يسمى بعجيية االندلس بطودة جمهول

19( برجناسفك هو الشيخ اخلرساني قاله يف علم النبات وهو ضرب من القيصوم ويسمى يف الطب

اجلديد االزوراز أو االزمواس ومنه نوع آخر مل يذكر وله قوة على استخراج الديدان بل خواصه الدوائية

قليلة الوضوح ذكره صاحب العمدة يف املنبهات

* 11( بوشاوشان : هو قصيبة البري وذكر يف الدر اال مع أنه أنه يزيد االفراز اجللدي ويسكن تهيج

املسالك اهلوائية وينقي الصدر ويقويه.

كيفية االستعمال املقدار يعطي منقوعا من درهمني إىل اربعة يف رطل من املاء وشرابا من واقية إىل

ثالثة يف مطبو صدري

* بجم Tamaris * بخور مريم Cyclamène * بخور االكرار Fenouil * برنجاسف Armoise * بوشاوشان Adéantum Capillus

203

11( بردي: معروف عندنا ومنه يصمنع اسفط وبصمر القرطاس املصري وبع العرب يطلقون عليه

اسم احللفاء. وقد يستعمله االطباء اذا اراد وافتح افواه النواصري فاذا ارادوا استعماله بوله اوال باملاء ثم لفوا

عليه وهو رطب كتانا وتركوه حتى ف يف النواصري فاذا دخل فيها اونتفخ فتحها.

* 11( بوطانيقي : نبت كاملا البوي إال أنه اشد سوادا منه وعليه زغب ويقب اللسن وله ساق بها

نور إلال احلمرة وأصل يشبه لون احلشا وقوته مركبة والقب ظاهر يف اجزائها قاله فيما ال يسع.

* 11( برنج : نوع من الكابسون قاله يف منهاج الدكان حيث تكلم على حب يسهل الدودن قلت

والكابسون هو الشاوانشجشي مبصر وبه رج اطباء االفرنج الدودة الوحيدة اليت طوهلا حنو االربعني درعا

وقد اشرتيته من مصر.

* 11( بربا مصر : بقلة الكرفس كانت معروفة مبصر

* 66( برنوف : موجود مبصر ورايته بها له اوراق املرميية املعروفة عندنا بالساملية ويف راسه حبة ذات

بزرة

65( برادي: حجر لب من العراق يشارك الكهرباء والسندروس يف جذب الت وهو خفيف اصفر اذا

حك ضربت حكاكته إىل البياض جمهوا بفاس

61( بروانيك نبات فروعه مع كثرثها معوجة كالقسي وزهرة ابي خيلف ر كالزيتون لكنه

جريف وينقشر اصله االبي عن صفرة لطيفة.

* (66 بوتقش: هو االشق

* 69( بوابوان: هو السطاريون

* 61( بوسنبدار هو عصى الراعي

* بردي Papyrus du Nil * ابرطانيقي Pourpier * برنح Ribelus * بوب مصر Herbe de la Sainte Barbe * برنوف Baton royal * برواني Asphodèle * برنقش Gomme ammoniaque * سطاريون Centaurée

204

* 61( بونامجشك: هو الفرجنمشك

61( بوهيليا: هو الرازيانج

* (61 برد وسالم هو لسان احلمل

(61 بوبري: ر اراك

* 96( بوغشت هو القنابوي

* 95( بوغوت : هو البزرقطونا

* 91( برقوق : معروف وبلسان الطب االجا

* 96( بوهنانج : املراء واملرماخور

* 99( بوسوم : القصب بالعراق

* 91( بوام : حجز معروف وهو من الرخام

* 91( برواق : وهو اخلنشى

* 91( برسيم : وهو الرطبة بلسان املصريني وبلسان فاس الفصة

91( برشعت: مركب كاملعجون )نظره يف األصل( وقد ذكر له يف ترمجة املعاجني مضار كثرية.

* 91( برود ك هو كالكحل من حيث أنه ال يستعمل اال مسحوقا ولذل كثريا ما يرتجم كل بالخر

وسبب تسميته بذلكان ما صنع منه الكافوري وتطلق الربود على ما تداوى به العني ويقطع به الدم وتقوى به

االسنان غري أن ما يتعلق بالفم يسمة السنون

* بومندار Renouée aquatique * بوناجشمك Basilic * بوهيليا Rose Marie * برد وسالم Fenouil * بربير Salvadora persila * برغشت Dentaire sauvage * برغوت Hebex aux puces * برهنانج Marum * البرسوم Roseau d’irak * برام Marbre * برواق Asphodèle * برسيم Trèfle * ابرود Antimoine

205

16( برز: البزر يف األصل ما حجب يف بطن الثمار واحلب ما برز يف اكمال البطيخ والسمسم ومتى

ذكر شيء منهما على خالف هذا كان تبعا للعرق الذي فشى

* 15( بزر قطونا : نبات موجود عندنا بفاس ورأيته اسفل كاف االشارة بباب عجيسة أحد

ابواب فاس وقد جلبت بزره معي من مصر وقد يسمونه الربالسية وذكر يف األصل ان الصواب اجثاب

استعمال االسود منه من داخل واذا استعمل االمحر لعزة االبي كما يف مصر فليقلل اىل ان قال.

15( البزر قطونا: اذا دق كان ا يغشى ويكرب وعشرة منه تقتل

* 11( بزر كتان : معروف

* 16( بسفانج : هو البسبيج لب الينا من جبل زرهون ويدعى مبصر وتطوان اشتيوان

* 19( بسباس : هي البسبسة

* 11( بسلد : هو املرجان

* 11( بستان ابروز قيل لي أن اهل مكناسة الزيتون يسمونه ورد اجلبل اما حنن فال نعرفه

* 11( بسر : هي املرتبة الرابعة من ر النخل

* 11( بستنج: هو الكندر

* (11 بستيين : هو اذان الفار

15( بساريا: هو السمك الصغار بلغة اهل مصر

11( بلسة: بلغة اهل مصر نوع ما اجللبان

* بزر Graine * بزر قطونا Psyllium * بزر كتا Graine de lin * بسفانج Marum * بسباس Miacis * بسلد Corail * بسر Dattequi commence à mûrir * بساتن ابروز Crête de coq * كندر Encens * بستيني Poids vert * بشام Balsamine de judée * بشنين Liane à réglisse * بشمة Médicament ophtalmique * بشبش Feuille de coloquinte

206

16( بشام: حبة يباع االن مبكة مسمى باسم حب البلسان، وعند اطباء املغرب هو الشجر الذي يوخد

منه الصم املعروف بان الناس

19( بشنني: يدعى مبصر عرائس النيل وهو الربي من اللينوفر واعلم أنه ال فرق عند حكماء الطب

اجلديد بني اليشنني واللينوفر وسيأتي اللينوفر يف حرف النون الن بعضهم كالء نطاكي قدم فيه النون

على االم خالف ما عليه اجلمهور، وا ا ته اهل مصر بعرائس النيل ألنه ينبت فيما خيلفه النيل من املاء

عند رجوعه ويقوم على ساق تطول حبسب عمق املاء فإذا ياواه فر وراقا خضر تنظمه افلكة مستديرة

كوسط الكف وزهره إىل البياض والزرقة، واحلمرة، والصفرة، يظهر يف الشمس وخيفى اذا غربت، وداخل

الفلكة إىل صفرة واصله حنو السلجم لكنه اصفر يسميه املصريون بيارون.

11( بشمة: هو الشمشم واجلشمة انظره يف اجليم

11( بشبش: هو ورق احلنضل

* 11( بصل العنصل : معروف واملفردة منه يف ارضها قتالة قاله االنطاكي وذكر يف الدر الالمع يف

النبات وما فيه من اخلوا واملنافع ان بصلة العنصل مكونة من ثالث طبقات متميزة اوىل مكونة من

طبقات رفيعة جافة حممرة وهذه ال تستعمل يف الطب، ثانيها مكونة من طبقات يكة حلمية وردية لزجية

يتصاعد منها ار حريف يهيج العني تهييجا جديدا واذا وضعت على اجللد حتمره وأن استمرت موضوعه

تنفطه مع انها ضعيفة الرائحة وطعمها مر مغشي حريفا اكال حال رطوبتها وان جفت تزول رائحتها

بالكلية وهذه الطبقة هي املستعملة يف الطب الثالثة رقيقة لز ة غروية ال لون هلا ومائها مل يستحل إىل

عصارة خاصة ولذلك مل تستعمل كاليت قبلها، اخلوا منبهة قليال مدرة للبول مقيئة هلا تأثري خا

يف اعضاء افراز البول منبهة للغشاء املخاطي الشع والرثوي يف السعال املزمن، ولذلك تستعمل مبنزلة

السيمايف الشيو فاذا اعطى منها مقدار عظيم كان مضر للبول ومقيئا نافعا ألمراض الصدر

واالستسقاء الرقي وال ينبغي استعماهلا عند ظهور اعراض االلتهاب فان متعاطيها يكون اذاك على خطر

كيفية االستعمال واملقدار تعطي مسحوقة من قمحتني إىل انية حبوب يف اليوم ويصنع منها خل اشقية

* ابصل العنصل Oigno

207

ويعطى منهما من نصف اقيتالي، واعلم ان هذا املفرد يقوم مقام الذ تال عند حكماء الطب اجلديد

فاعلمه وتستعرفه يف اخلا ة

11( بصل الزير: شبيه بالعنصل لكنه ال يكبو كثريا، الزهراوي وبقالو هو يف شكل القسطال ينبت

يف الربيع يف الكرم وله ورق كورق البيضل حتق سريعا

11( بصل احلن: فيقال بصل احلية يليه

16( بطم: شجر معروف ومن علكة تعمل الرتمشينا قاله يف العمدة وحبه هو احلبة اخلضراء

قاله االنطاكي وعند بقالو احلبة اخلضراء هي حب الدر وألنه عنده هو البطن الربي

15( بطيخ: جنسان اصفر وهو املعروف عندنا بهذا االسم واخضر يعرف عندنا بالدالح.

ويقال الدالع

11( بط: هو دجاج املاء

16( بطار : اوالد احلوت اليت يف جوفه

* 19( بطباط : هو عصى الراعي

* 11( بطرا ساليون : هو الكرافص اجلبلي

* 11( بطارس : هو السرخس

11( بطر االون : هو دهن النفط

11( بعر: هو ما خيرج من ورث احليوان مندقا

11( بغل: معروف

16( بغرة: طعام فارسي

* (15 بقلة محقاء : ه الرجلة

* 11( بقلة الرمل : نبات جمهول

* بطباط Centinode * بطراساليون Persil * بطارس Grande Fougère * ابقلة حمقاء Pourpier

208

* 16( بقلة ميانية : الرببوز قاله الزهراوي جمهول عندنا

* 19( بقلة خراسا نية : هي احلماض

11( بقلة العدس: هي الفوتنج

* 11( بقلة يهودية : هي حبق التمساح وعند بقالو هي القرصعنة ما ال يسع ويقال على التفاس

الذي هو نوع من اهلند بالربي

11( يقلة مباركة : هي احلمقاء

* 11( بقلة االنصار : هي الكرنب

* 11( بقلة باردة : هي اللبالب

16( بقلة ذهبية : هي القطف

15( بقلة الضب : هي الباذرجنوية

* 11( بقلة عائشة : هي اجلرجري

16( بقل : باالطالق اهلندبا

19(بقر: حيوان معروف قال يف األصل ويضر اصحاب املفاصيل والنساء ضرا بينا ورمبا قطع

احلي والوالدة قبل وقتها واحداث احلك واجلرب وموت الفجاءة بالسدة والنجار النن

11( بكا : ابن البطاراء بو العباس النباتي، البكا هو شجر معروف عند اهل احلجاز جمهول بفاس

11( بلسان : هو الشجر الذي هز منه دهن البلسان املكي ويسمى يف علم املادة الطبية باسم مكة،

قد يسمى بالبلسم االسرائيلي وعند االوروبيني ببلسم مصر والقاهرة والقسطنطينة نسبة للمحال اليت

لب منها اليهم ومل نره يف رياض النباتات الطبية الذي حول االسبطالية املصرية

* بقلة الرمل Diltame de crête * بقلة يمانه Blette * بقلة خرسانية Oseille * بقلة العدس Menthe aquatique * بقلة يهودية Légume juif * بقلة االنصار Chou * بقلة باردة Dolique d’egypte * بقلة ذهبية Arroche

209

* 11( بليلج معروف عند اهل مصر بهذا االسم لب من اهلند كاالهليلجات وقد جلبته معي من

مصر

* 11( بلوط : معروف عندنا ويسمى مبصر ر الف اد

* 11( بلج : اسم لثمر النخيل اذا كان يف الرابعة فاذا انضج فهو البسر

* 566( بل : هو الفقوس اهلندي

* 565( بالذر : ر يشبه قلوب العصافري معروف موجود عند صيادلة مصر ومن عندهم اشرتيته وقد

ذكر صاحب العمدة يف ترمجة فول ستنياس من اجلزء الثالث وقال فيه التلمساني ومن كان حمرر املزاج

ال يقر به وال ارى له شرب هذا البلدور اصال ورأيت بيت حمرورا قط استعمله وجنى منه، وال من هو يابس

املزاج والدماغ. قلت وقد رأيت من استعمله االفرنج لكي الزوائد اللحمية الزهرية وحنوها واحياء القوابي

وشريح القروح وتسكني اوجاع االسنان املتوسة كالكريوزوط أي روح القطران ويصنعون من هذا السائل

والكلس لونا ال ميحي يوضع على األقمشة ليكون عالمة هلا.

561( بلبل : طائر معروف بأم احلسن

566( بلختا: مغربي جمهوا عندنا

569( بلسن : هو العدس

(561 بلنبس: هو التني

* 561( بلمون : من انواع البتوع

* 561( بلبو : من البصل

561( بلنجازف : من العبيثران

* بقلة الضب Citronelle * بقلة عائشة Roquette * ابليلج Belleric * بلوط Chêne vert * بلح Datte non mûre * بالدر Noix de marais * بلمون Euphorbe * بلبوس Sorte d’oignon * بنفسج Violette

210

* 561( بنفسج : معروف بهذا االسم

* 556( بنجنكشت : جمهول بفاس وعند صاحب العمدة ان البنجنكشت هو كف مريم، وكف مريم

هو البنطافلني فاذا ال فرق عنده بني البنجمشك والبنطافلن

* 555( البنطافلن ك نبات جمهول بفاس معروف عند املت خرين تسميه االفرنج كونطيفول

املستعمل منه عندهم جذر وقد تلخص من كالم صاحب العمدة ان ال فرق عنده بني النبطافلن

والبنجنكشت

* 551( بنج : هو املعروف عندنا بكنكط بثالث نقط على كل كاف واملستعمل عندهم النبات كله

حتى البذور

* 556( بندق : ر معروف يباع بأسواق مصر يسمى بالعربية اجللوز يوكل كاللوز

559( بنك : فيه خالف كثري

* 551( بتوم : هو االجنبار عند بقالو ، وعند اطباء مكناسة الزيتون هو عاشق جاره

* 551( بنات للشيخ : الصحيح انها هي حومري جدة تصغري محار ويسمى محار قبان ويقال عتار

قبان، ومحار البيت واهلادنة قاله غري واحد االنطاكي بنات الشيخ حيوان رطب املس إىل البياض اذا ملس

باليد استدار كالبندق وتسمى شحمة االرض

* 551( بنات وردان : ويسمى دود اجرار حيوان امحر له اجنحة شعرية رقيقة يطري بها وغلط من

جعلها محري جدة ألنه ال اجنحة له، وبنات وردان ال تستدير كالبندق الف بنات الشيخ

* 551( بن : هو حب القهوة

* 551( بنات النار ك هي االجنزة

* بنجنكشت Arbre au poivre * البنطافلن Quintefeuille * بنج Jusquiame blanche * البندق Avelinier * بتنوم Chevrefeuille * بنات الشيخ Mille pieds * بنات وردان Blatte * بن Café

211

* 516( بنات الرعد : هي الكماة

515( بناشت: هو صم البطن

* 511( بنجشكزوان :هو لسان العصفور

* 516( بهمن : ومن العمدة يعرف بهذا االسم جذران االسم ران كانا مستعملني كثريا واالن قل

وجود هما يف املتجر ويف بيوت االدوية لقلة استعماهلا اخدهما يسمى البهمن االبي وثانيهما يسمى باملهن

االمحر ودكر فيهما ايضا حيث تكلم على القيصر ان منه ذكرا وانثى ومن انواع االنثى ما يسمى عند

العرب بهمن.

* 519( بهمي : نبات يكون يف االسطحة والظالل غب االمطار هيئته كالشعري لكنه قصري وسنبله

كالشيلم.

* 511( بهار : هو عني البقر من االقحوان والبابونج

* 511( بهرامج : هو البلحيتا واخلالق البلخي

511( بهرم: ويقال بهرمان هو العصفر

511( بهيش : من البلوط واملقل

* 511( بهق احلجز : وحزاز احلجر وقيل زوج جندم

* 566( بهمط : هو املهلبية

* 565( بوزيدان : قطع خشبية كانت جتلب من اهلندن قد اختلفت االدباء يف ماهيته وهو مفقود بل

جمهول االن وعند بقالو وصاحب الدكان أنه من اقسام خصني ثعلب

* بنات النار Ortie * ابنات الرعد Truffe * بنجشكزوان Fruit de frêne * بهمن Cerinthe * بهمى Ivraie * بهار Narcisse * بهرامج Resede * بهق الحجز Crin de cheval

*بزيدان Orchis

212

* (561 بواصري : هو مصلح االندار وتصفحه العامة وتسميه مصلح االنظار مكنسة االندر

561( بونينك يقال انه هو بوزفون بوالمربون يسمى حشيشة العقر والعراق املخلص اجملهول بفاس

* 566( بوارق : هذا االسم سطلق على اليطرون والشكار وعند املغربيني وحكماء مصر يطلق على

الشكار خاصة ويسمونه بورات الصود وحتت بوارت الصود حبسب االصطالح الكيماوي وأما اليطرون فيعرف

عنده بالنظرون بالنون ال بالبوق ويسمونه سيسكاوي كربونات الصود، والبورق منه معدني وهو ملح يتولد

من االحجار السبحة وقد يرتكب منها ومن املاء كامللح وهذا االسم يطلق على سائر انواعه لكن املتعارف

االنان البورق هو االبي اخلالص اللون اهلش الناعم وحال االطالق ص هذا االرميين لتولده بها، أوال

ويسمى بورق الصاغة ألنه لو الف وبرق اخلبازين هو الغرب والنظرون هو النطرون هو االمحر ويسمى

نيظرون ومنه ماله دهنية ومنه قطع رقاق زبدية وهذا ان كانت خفيفة صلبة فهو االفريقي واال فالرومي

واملتولد يف مصر اجوده ومن البورق ما يصنع من شجر الغرب بالطبخ حتى يغل ويقر ويعرف هذا

لفته وقلة ملوحته ومنه يصنع من الزجاج والرصا بالسوراء يسحقان حملول القي ثم يغمران به

ويطبخان إىل االحرتاق ويعرف هذا برزانته انظر ما ياتي بقطف وذكر يف االصل ان الباورق املصنوع من

الرصا الستعماله بول االبل: اسم القرا صوصة قيل من نبات صو جببال احلجاز يقر

ببول االبل وهو مشهور بصن الوبر وسيأتي

561( بيش: نبات مشهور عن املتقدمني واملت خرين مفقود باملغرب ويسمى باالفرجنية اقويطر او

يقال اقوينط وهو سم قتال وكان املتقدمون من العلوانيني الذين هم أصل الفرنساويني يسقون حديد

سهامهم بعصارة جدورهم ليتحققوا موت من رح بها قاله يف العمدة

* 561( بشمو وبيشميش : يقال نبات يوجد عند البيش وال يقرب منه شجر اال منع ا اره

561( بيسم : هو ما ركب من الكمثري والتفاح يف البلوط والصفصاف أو القصطل

* وبواصير Bouillon blanc à base de Piscidre * بونين Buniou * بوارق Borax * بيش Aconit d’inde * شموش Aconit napel

213

هي املسماة عندنا بفاس بالساملية حررتها وقت قرائتنا علم النبات لالسبطالية الكربى املعروفة بقصر

العيين على شيخنا معلم علم املولدات الثالث املعروف بالتاريخ الطبيعي امحد بيكندا املصري وقد تقل

صاحب العمدة يف الرتمجة املرنية كلما صطره ابن البيطار والرازي واالنطاكي واالسرائيليودسفوريدوس

يفاجلعدة مه مظنته فيها وتردد وقد رأيت بعضهم اطلق اجلعدة على اخلياطة ولواق رمبا كان اسم

اخلياطة يطلق ايضا على املرينية املعروفة بالساملية لقول صاحب العمدة وخاصة تلحيم اجلروح يف املرينية

الشكفيه والتحقيق ان اجلعدة ال زالت جمهولة وانها غري الساملية وان الساملية هي املفرد املعروف عند

االنطاكي بلسان االبل وعند صاحب ما ال يسع وتسمى الناعمة واشقاقش والنافس والتغامة فشد يدك

على هذا التحرير فرمبا ال جتده مع كثرة الشقري

* 56( مجيز :هو تني بري رأيت شجره مبصر و ره على شكل التني املتعارف اال أن ر اجلميز اصغر

وجبنبه ثقب صناعي مسود ألنه ال ينضج حتى يقطع من رأسه وليس هو تني الروم كما ظن بل تني الروم

هو الرقع كما سيأتي

55(مجشت: حجر لب من اعمال احلجاز رزين شفاف ابي وامحر وا ا جنوني ومشهور

مبراكش من ذلك االمحر يسمونه اخلجازي منه القاني واملفتوح

* 51( مجار : قلب النخل وهو ابي كاجل رايته يوكل مبراكش

56( مججم: ابن البيطار هي عروق فيها مشابهة يف شكلها ومقدار العرق اجلزر الربي الذي يسميه

اهل الشام بالشقاقل يف طعمها حرافه ويسر مرارة وحالوة أيضا وفيها ما يشبه يف خلقته ايضا عروق

زجنبيل.

* 59( جنطينا : مفرد مشهور عند اطباء االفرنج من أشهر املقويات واشرتيته من االجزخانات مبصر

واطباء املغرب هذا االسم على جذور النبات املعروف عند صيادلتها بالوضمي

* احميز Sycomore * جمشق Médicament ophtalmique * جمار Cœur de palmier * جنطينا Gentiane

214

* 51( جند ابيدسرت : ويقال جند باستسر ويسمى باالفرجنية واالطينية قسطوريون وهو مادة

حيوانية منفرزة من غدة حتت جلد بطن احليوان املسمى قسطوريني اصل الذنب واجلزء اخللفي يف

الفخدين وتفرغها تلك الغدة يف جيبني كمثانتني موضوعني بني اعضاء التناسل والشرج وهو غري

اخلصية خالف ما كانوا يظنون سابقا ويوجدان يف الذكر واالنثى ومن هذا تعلم انهوا ليسا خصي كلب

املاء كما اشتهروقامة هذا احليوان كقامة كلب الصيد وهو حيوان حبري ينذر وجوده بأوربا ويسكن

باالكثر االجزاء الشمالية اخلالية من الزرع بأسيا وأمريكا وهناك ب ان يقرب من املياه العذبة وهذه

املادة موجودة يف بيوت االدوية من االجزخانات والبطيقات ورمبا يت عندهم مانيسرت وذكر يف االصل ان

الشديد السواد من اجلند بيسرت سم قاتل.

51( جوزماتل: هو شدق اجلمر ويعرف يف بيوت االدوية مبصر بالداتورة ويسمى باالفرينيجة

اسرتامون واالطنية اسرتامنيوم وذكر يف االصل ان اكله يثبت وينوم ثالثة ايام فإن حصل معه قيء اورثي

البهثة واجلنون واالعراض عن االكل والشرب ورمبا قتل واصالحه القيء بالعسل واليورق ودهن اجلوز وأخذ

االشربة بنحو اجلندابيسرت والفربيوثون

* 51( جوز اخلبز : ر كالبندق االسود وفيه نكث وداخله بزر كالقرطم اهلندي جمهول

* 51( جوز الشرك : هو اجلوزة الصحراوية

51( جوز رضم: جمهول

16( جوز جلدم: ويقال خدم وهو شيء من النبات والرتبة حمبب كاحلمص االبي قال االنطاكي

وأظنها رطوبات خاهلا تراب خفيف وغلب ما يوجد باالدوية والنحل نقصد فتنفخ فيه العسل فيصري اشد

اسكارا من اخلمر

15(جوار : بالفارسية معناه املسخن امللطف واجلوارشات هنا عبارة عن الدواء الذي مل حيكم

صمقه ومل يطرح على النار بشرط طيفه رقاق ويستعمل غاليا الصالح املعدة واالطعمة وحتليل الرياح

* جندا بيد ستر Castor * اجوز ماتل Metel * جوز الشرك Cardamone

215

11( جيدار: ابن البيطار هو نبات شعريله ورق كالبلوط سواء لكنه ال يثمر كالبلوط وهذا يقع

عليه املن فيعقد فوقه خب امحر ويسمى هذا العقد قرمزا وهو الذي يصب به.

* 561( بيل : شجر هندي يكون يرى كاالبار يقارب التفاح واملستعمل منه ره وهو كالتفاح حجما

ويف طعمه عفوصة ورائحة كرائحة اخلمر اجملهول عندنا وعند بع اطباء املغرب انه نبات اطيش قالوا

والتعريف ي يده والطبع يساعده وقيل حيتمل انه شجر معروف باملزاح اذ له شبه يف الطعم والطبع وال يبعد

ذكر الشجر يف التعريف ألن الشجر ما قام على ساق وقيل ما يسمى بنفسه دق، أو جل قاوم الشتاء وعجز

عنه كما اجملود الدين رمحه اهلل، وعندي أنه غريهما ألن ابيل ليس بداخله بزر وال عروق صلبة كما صرح

به الشيخ داوود وغريه والتحقيق انه جمهول كما قدمنا وأما نبات تومطش فمن اقسام الكاكنج واما

اجملزاح فقد علمت ان داخله مملوء بزرا واهلل اعلم.

حرف اجليم:

* 5( جاوشري :ليس هو اجلاوي كما ظن بل هو صم آخر معروف عند املتقدمني املت خرين

بهذا االسم كثري مبصر وقد اشرتيته منها وصححته على خكهائها ويسمى باالفرجنية أو بوبنكس

واما املعروف عندنا بفاس باجلاوي فهو معروف يف كتب اليونان باجلاوي ويف غريها باحلصى لزبان اجلاوي

وبالكمكام، ويف كتب االفرنج بينجوان واجلاوشري عند أطباء املغرب يسمى بافريقر البقرية والكليخة بهما

معروف عند أهل باديثا التلمساني هو تفريفر بالرببرية وقلت وقد تقدمت افريفر الغزالية يف الوسن.

* 1( جار النهر : ابن البيطار صلق املاء هو جار النهر

* 6( جيلهنج : ويقال جيلهنك الفرق بينه وبني اخلشحا املقرن إال بصفرة هذا، ويقال هو السمسم

الربي كما يف القاموس

* 9( جثجان : هو نوع من الربجنارف

* دبيل Concombre serpent * جاوشير Opopanax * جار النهر Epi d’eau * جيلهنج Chanvre de crête * جثحان Sorte d’armoise

216

* جدوار هندي : معناه قامع السموم معروف االن عند اطباء االفرنج يسمونه زيدوير منه نوع يسمى

عند اهلنديني هاران كما مشهور عندهم بان الدواء العام لألمراض اليت يئس من شفائها فاعلمه قاله

صاحب املادة وهو مفقود عندنا واجلدوار عند االقدمني مخسة اصناف خامسها مرمان صنفي االمثلة

املذكورة انفا.

1( جرى: يقال هو السمك املسمى عند أهل مصر بالقرموط

* 1( جرجري : هو النبات املعروف عند أهل مصر بالقرموط

1( جرجري: هو النبات املعروف عند أهل البادية ببومحو وبالكركاز قال صاحب العمدة وبزوره فيها

بع مرارة وحرافة كبزور اخلردل تقريبا، ولذلك تستعمل للشفيط اذا تعذرت بزور اخلردل وكان فعلها

ضعيفا وأما اخلردل فهو حب نبات اصناب قاله ابن املهين والفشتالي

1( جزع: حجر مشطب معدني يوجد بأقصى اليمن

1( جشمة: ويقال جشهازك هو الشم معروف عند املتقدمني واملت خرين ويسمى ايضا بشما

وبهاه صاحب ما ال يسع قال ويسمى جشميزك وهو ايم حلب سد اناقع من امراض العني،

الرشيدي يف العمدة هو نبات صغري سنوي ينبت يف اهلند وباطن أمريكا وسنار بذوره إىل مصر مع اجلالبة

وهي سوداء مفرطحة قلبية الشكل وحافتاها ر بارزة وطعمها مر وتستعمل من زمان طويل يف االملاد ومن

الدر االمع وما فيه من اخلوا واملنافع حب العني املسماة بالشمشم هذا النبات ال ينبت طبيعة يف أرض

مصر بل لب بزره من بالد السودان كدارفور وغريها وهو بزر اسود املس المع يقارب العدس وي خذ قليال

من املسحوق فيذر يف العني أما وحده أو مع الكسر النباتي أو غريه. اخلوا يقب بالعني فرتة الدموع

وتتأمل أملا شديدا يزول شيئا فشيئا أكثر من نصف ساعة فان كان يف العني احتقان ودود على استعماله

ضد يزول شيئا حتى ترجع حلالتها االصلية وغالب استعماله يف االلتهابات احلادة ألنه خطري وهو مفقود

عندنا.

* احد ورهند Zédoaire * جرجير Sorte de fève

217

* ك ومن عمدة املختار تكلم على املرينية املعروفة عندنا بفاس بالساملية واشتهر هذا النبات عند جعدة

عطاري بلدنا باملرميية وباجلعدة قال وعندي بع تردد يف االسم الثاني ثم قال بعد ذلك ان املرينية هي

املرتجم عندها يف كتب العرب باجلعدة وذكر أنها انواع منها كبرية وصغرية انظر كيف اضطرب كالمه

و اعلم أن املرينية هي الساملية

* جعدق Ivette musquée

218

ANNEXE VI

ظهري املوىل احلسن الذي أذن فيه للهيئة الدبلوماسية بطنجة مبمارسة دور الدركي

الصحي يف املوانئ املغربية نيابة عن املخزن908.

احلمد هلل وال حول وال قوة إال باهلل العلي العظيم

)الطابع السلطاني الكبري بداخله احلسن بن حممد ابن عبد الرمحن اهلل وليه(.

يعلممن هذا الكتاب الكريم املقابل أمره السامي باهلل باإلجالل والتعظيم أننا حبول اهلل وقوته أقررنا

مجاعة نواب األجناس احملبة الذين بثغر طنجة احملروس باهلل تعاىل على ما كان أقرهم عليه سيدنا اجلد

املقدس باهلل من اإلذن هلم يف التصرف نيابة عن اجلانب العالي باهلل يف أمور السنداد الذي هو النظر يف

قبول املراكب اليت ترد على املراسي ودفعها وجعلها يف الكرنطيلة وتسرحيها وعلى مقتضى قوانينها وذلك

يفالبحر فقط دون الرب لكونهم أعرف بتلك القوانني وتكليف أسالفنا الكرام هلم بذلك دليل على

حمبتهم جلانبنا العالي باهلل وحرصهم على نفع الرعايا وضبط مصاحلهم إقرارا تاما نامر الواقف عليه من

عمالنا ووالة أمرنا أن يعمل مبقتضاه وال يتعداه صدر به أمرنا املعتز باهلل يف 1 ربيع النبوي األنور عام

.5111

908 Bezzaz M.A, Lecture du Dahir de Moulay Hassan I er, Revue de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines, 1982, p. 309.

219

Resumé

220

Resumé

Le choix de notre sujet est motivé par la rareté des travaux disponibles qui mettent l’accent sur les ce sujet.

On peut relater à travers les hypothèses/ questions suivantes:

- Existait-t-il une médecine développé au XVIIème siècle qui devrait être un héritage de la médecine du XIIème siècle ? - Quel était le rôle de l’état dans l’établissement d’une politique de santé, de médecine d’hygiène et de lutte anti-infectieuse autant que service publique ? - Quelle était la politique de formation des cadres de santé ? - Quelles était les maladies les plus répondues et l’apport des compétences marocaines dans le domaine médical ?

Pour aboutir à nos objectifs, on a fait appel à : - Des œuvres et des études sur la santé et la médecine au Maroc. - Des manuscrits et les documents du XVIIème, XVIIIème, XIXème et XXème siècle, - Les études et archives des Protectorats français et espagnol au Maroc. - On a adopté une méthodologie descriptive analytique, critique, et comparative, interdisciplinaire.

Le cheminement chronologique a permis de dégager quelques aspects essentiels de la médecine au Maroc depuis 1666:

. La médecine au Maroc était extrêmement dépendante de la situation politique. . La santé des marocains était constamment menacée entre le XVIème siècle et le XXème siècle, par les épidémies, les grandes maladies, le déficit d’hygiène, et la crise économique. . Plusieurs épidémies arrivaient au Maroc de l’extérieur du pays. . L’un des apports forts du Protectorat c’est l’organisation des systèmes de santé, et la lutte contre les maladies et les épidémies.

221

. La compagne manquait d’infrastructure médicale et que la médecine à cette époque fonctionnait à deux vitesses : ville /compagne.

Mots clés : Médecine, Maroc, santé, mâristân, Al Quaraouiyine, épidémies.

222

Abstract

Our choice of topic is motivated by the scarcity of available works that focus on the subject. We can tell through the hypotheses / questions:

. Was he a medicine developed in the seventeenth century should be a legacy of the twelfth century medicine? . What was the role of the state in establishing a health policy, medicine and hygiene infection control as a public service? . What was the training of health policy frameworks? . What was the most answered diseases and the contribution of Moroccan expertise in the medical field? . To achieve our goals, appeal was made to: . Works and Health Studies and medicine in Morocco. . Of manuscripts and documents of the seventeenth, eighteenth, nineteenth and twentieth century, . Studies and archives of the French and Spanish protectorates in Morocco. . A descriptive analytical methodology was adopted, critical, comparative and interdisciplinary. . The time path has identified some key aspects of medicine in Morocco since 1666:

. Medicine in Morocco was extremely dependent on the political situation. . The Moroccan health was constantly threatened from the sixteenth century and the twentieth century, by epidemics, major diseases, the health deficit, and the economic crisis. . Several outbreaks in Morocco came from outside the country. . One of the strong contribution of the Protectorate is the organization of health systems and the fight against diseases and epidemics.

223

. The companion lacked medical infrastructure and medicine at that time was working two speeds: city / companion .

Keywords: Medicine, Morocco, health, maristan Al Quaraouiyine, epidemic.

224

ملخص

اعتبارا ألهمية العمل، ت مقاربة االشكالية حول تاريخ الطب فب املغرب بني القرن السابع عشر و

التاسع عشر عن طريق جمموعة من االفرتاضات/ األسئلة التالية :

. هل وجد طب متطور يف مغرب القرن السابع عشر و الذي هو رمبا مرياث لطب القرن الثاني

عشر باملغرب ؟

. ماهو دور الدولة يف اقرار سياسة صحية، حفظ الصحة و حماربة األمراض املعدية كمرفق

عمومي ؟

. كيف كانت سياسة تكوين األطر الصحية ؟

. ماهي األمراض األكثر انتشارا و مساهمة الكفاءات املغربية يف امليدان الط ؟

للوصول اىل أهدافنا مت االرتكاز على :

. الدراسات حول تاريخ الطب و الصحة يف املغرب

. املخطوطات و الوثائق يف مغرب القرون 51، 51، 51 و 16.

. دراسات و أرشيف احلمايتني الفرنسية و اإلسبانية باملغرب.

اعتمدنا وسيلة وصفية، حتليلية، نقذية، مع مقارنة متعددة اجملاالت.

من خالل عملنا هذا قمنا بدراسة تاريخ الطب يف املغرب ابتداء من 5111 حتى مشارف احلماية.

العائق األساسي الذي واجهنا هوأن الطب اعترب ثانويا لدى االخباريني و امل رخني املغاربة لكون العامل

كان يف نظرهم فقيها، شاعرا، قاضيا و حتى فيلسوفا.

تسلسل األحداث مكننا من استيقاء بع املظاهر األساسية للطب املغربي ابتداء من 5111:

 كان الطب باملغرب مرتبطا جدا بالوضعية السياسية.

225

 صحة املغاربة كانت دائما مهددة بني القرنني السابع عشر و العشرين باألوبئة، باألمراض

الكبرية ، بنقص النظافة و األزمة االقتصادية.

 األوبئة يف املغرب كانت دائما قادمة من اخلارج.

 أحد أهم مكتسبات احلماية هو تنظيم األجهزة و الصحية و حماربة األوبئة.

 الوثائق اخلاصة بالطب يف البوادي غائبة، مما قد يعين أن هذه املناطق كانت تفتقر مل سسات

صحية و أن الطب يف تلك الفرتة كان يعمل بسرعتني: املدينة / البادية.

الكلمات األساسية : طب، املغرب، صحة، مارستان، القرويني، األوبئة.

226

Bibliographie

227

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. Renaud. H.-P.-J., Etat des connaissances sur la médecine ancienne au Maroc, exposition colonial de Marseille, 1922.

. Zaki A, La fondation de l'École de médecine du Caire par Clot " Bey " de Grenoble (1793-1868), Communication présentée à la séance du 23 février 1985 de la Société française d'Histoire de la médecine.

Les Manuscrits

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راحة االنسان في طب Soussi M, Le repos de l’être humain dans la médecine du corps . . دManuscrit à la Bibliothèque Nationale de Rabat, N° 1644 ,االبدان

Les Rapports

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. Ségur-Dupeyron M, Rapport adressé à Mr le ministre de l’agriculture et du commerce sur les modifications à apporter aux règlements sanitaires, Annales maritimes, Tome 70, 1839.

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جامعة حممد اخلامس – الرباط كلية الطب والصيدلة مركز دراسات الدكتوراه يف علوم احلياة والصحة

أطروحة رقم: CSVS61/61

أطروحة دكتوراه تءريخ الطب ي المغرب من الارن السءبع عشر إلى الارن التءسع عشر: مظءهر التطور قدمت ونوقشت عالنية من:

ف اد العبودي

بتاريخ: 92 مارس 9102

شعبة الدكتوراه: علم األوبئة السريرية والعلوم الطبية واجلراحية

فريق البحث: LBRCE

جلنة املناقشة

األستاذ حسن كسرى جامعة محمد الخامس، كلية الطب والصيدلة – الرباط رئيسا ألاستاذ جمال محساني جامعة محمد الخامس، كلية الطب والصيدلة – الرباط مشرفا ألاستاذ عالل ركوك جامعة محمد الخامس، املعهد الجامعي للبحث العلمي – الرباط مشرفا ألاستاذ محمد قادري جامعة محمد الخامس، كلية الطب والصيدلة- الرباط عضوا

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ألاستاذ البشير بنجلون جامعة محمد بنعبد هللا، كلية الطب والصيدلة – فاس عضوا ألاستاذة كريمة الغازي جامعة محمد بنعبد هللا، كلية الطب والصيدلة – فاس عضوا

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