Université Lumière Lyon 2 Institut d’Etudes Politiques de Lyon

La politique culturelle internationale de la Lettonie

Monique PENHARD Sous la Direction de M. Xavier FOURNEYRON Mémoire de Master 2 professionnel Stratégie des Echanges Culturels Internationaux Année 2006/07 Date de soutenance : 22 septembre 2007

Table des matières

Remerciements . . 5 Résumé . . 6 Introduction . . 7 Portrait de la Lettonie . . 9 Rappel historique . . 10 Première partie : une politique culturelle pour s'émanciper des dominations passées et affirmer son identité . . 15 I. Une histoire récente marquée par la domination russe et l’imposition de sa culture . . 15 A. La politique de russification instaurée par Staline . . 15 B. La culture, lieu d’expression et de résistance à la fois récupérée et réprimée par le parti . . 16 C. La place de la culture après l’indépendance . . 17 II. Une politique culturelle émancipatrice ? . . 20 A. Les documents de référence : Le discours letton, entre éloge des valeurs universelles et critique de l’influence négative de la russification . . 20 B. Une politique de renforcement de l’identité nationale . . 21 C. Des relations difficiles avec la Russie . . 25 III. Paradoxes et ambiguïtés de cette politique . . 25 A. Une influence culturelle russe pourtant présente . . 25 B. Ambiguïté des politiques à l’échelle internationale . . 26 Deuxieme partie : La culture pour s’ouvrir au monde . . 28 I. Les enjeux du développement culturel international . . 28 A. La culture lettone : une richesse pour le monde ? . . 28 B. Les enjeux du développement d’une politique culturelle internationale . . 33 C. Les enjeux de la politique culturelle internationale dans les documents de référence : Obtenir la reconnaissance en s’insérant au sein des réseaux culturels internationaux . . 34 II. S’ouvrir d’abord à ses voisins : La Lettonie dans l’espace culturel nordico-balte . . 35 A. Quelle politique de coopération dans l’espace nordico-balte . . 35 B. Estonie, Lettonie Lituanie : quelle collaboration ? . . 37 III. S’ouvrir au reste du monde . . 40 A. Acquérir une visibilité internationale au sein de l’Europe . . 40 B. La recherche de la prospérité et la crainte de la marginalisation : La Lettonie face à la mondialisation . . 51 Conclusion . . 53 Annexes . . 55 Annexe 1 : Principales propositions de la politique culturelle de Lettonie, 1995 . . 55 Annexe 2 : Principales directions de la politique culturelle lettone 2006-2015 . . 73 Annexe 3 : Fonctionnement du monde culturel en Lettonie . . 75 Annexe 4 : Organigramme du Ministère de la culture letton . . 75 Annexe 5 : Quelques acteurs de la vie culturelle en Lettonie . . 75 Bibliographie . . 78 Ouvrages généralistes . . 78 Ouvrages & documents spécialisés . . 78 Mémoire . . 78 Entretiens . . 79 Articles de journaux . . 79 Sites Internet . . 80 Autres . . 80 Remerciements

Remerciements Je tiens à remercier tout d’abord Monsieur Xavier Fourneyron qui a accepté de diriger ce mémoire et m’a accompagnée tout au long de ce travail de recherche. Je remercie le Centre Culturel Français de et l’Ambassade de France en Lettonie qui m’ont accueillie en stage pendant trois mois à Riga et m’ont ainsi permis de mener à bien cette étude. Je remercie ainsi tout particulièrement SE. Monsieur André-Jean Libourel, Ambassadeur de France en Lettonie et Monsieur Luc Lévy, Directeur du Centre Culturel Français de Riga. Je remercie SE. Monsieur Roland Lappuke, Ambassadeur de Lettonie en France, et Madame Inese Baranovska, Commissaire d’exposition, chargée des collections du nouveau musée d’art contemporain de Riga, qui ont eu la gentillesse de m’accueillir en entretien. Je voudrais aussi remercier ma famille d’accueil, Janis, Inara et Agnese Logins qui m’a fait partager, découvrir et m’attacher à la culture lettone pendant ces trois mois. Je remercie aussi tous mes collègues du Centre Culturel Français de Riga qui ont eu la patience de répondre à mes questions. Je remercie Marie-Françoise Penhard et Suzon Fondeur qui ont effectué la relecture de ce mémoire. Je remercieenfin tous ceux qui m’ont accompagnée et soutenue pendant ce travail.

Penhard Monique - 2007 5 La politique culturelle internationale de la Lettonie

Résumé La politique culturelle internationale menée actuellement par la Lettonie s’ancre profondément dans son passé. La Lettonie a vécu 50 années de communisme soviétique au XXème siècle. La domination soviétique s’est accompagnée d’une russification forcée. La culture a été le lieu de la résistance lettone face à l’envahisseur. Sa politique actuelle vise d’une part à s’émanciper de toute influence russe et d’autre part à réaffirmer l’identité lettone. Elle se traduit par des lois concrètes en faveur des lettons. La population est cependant constituée d’une forte communauté russophone (30% de la population) et de ce fait la politique menée par la Lettonie est dénoncée par la Russie. Un des enjeux de la politique culturelle internationale lettone est celui de la reconnaissance internationale des crimes du communisme. Parallèlement, la Lettonie cherche à avoir une visibilité plus grande. Elle saisit chaque occasion pour être présente sur la scène culturelle internationale et s’intègre dans les réseaux culturels européens. Elle entreprend par ailleurs de construire des structures culturelles emblématiques et porteuses d’image. Sous le nom des nouveaux trois frères, en référence à aux trois plus anciennes maisons de Riga, la bibliothèque nationale, la nouvelle salle de concert et le musée d’art contemporain attireront l’attention mondiale sur l’excellence artistique lettone. La défense et la promotion de sa culture sont cependant menacée par une mondialisation outrancière qui envahit les écrans, et aussi son patrimoine. Le pays qui se développe chaque jour un peu plus reste, cependant, un modèle d’initiative et de dynamisme.

6 Penhard Monique - 2007 Introduction

Introduction

Le 11 juin dernier le journal Courrier International publiait un article sur un défi ambitieux relevé par trois entrepreneurs lettons : Celui de construire un mur destiné à relier au lieu de diviser. Sur ce « mur du monde » serait inscrit le nom de 65 millions de gens ordinaires. En cette même année 2007, avait lieu dans toute la Lettonie, le plus grand événement français jamais organisé en Europe du nord : Le Festival « Un Printemps français » faisant écho à une saison culturelle lettone organisée en France à l’automne 2005 : le festival « Etonnante Lettonie ». Le 20 octobre 2005, parallèlement à cette saison, 148 Etats, dont la Lettonie, se prononçaient pour la convention rédigée par l’UNESCO pour « la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles dans le monde ». Quatorze ans plus tôt, la Lettonie accédait à l’indépendance, mettant ainsi fin à 50 années d’hégémonie culturelle imposée par l’URSS. L’importance de la vie culturelle lettone et la vitalité de celle-ci (également pendant l’époque soviétique) ont poussé la Lettonie à asseoir une partie de sa politique internationale sur la défense et la promotion de sa culture. Les divers événements cités ci-dessus ont pour point commun d’avoir, chacun à leur niveau, une dimension culturelle et politique. Ils révèlent aussi deux mouvements initiés d’une part, par un petit Etat et visant à obtenir une certaine reconnaissance sur la scène internationale et d’autre part par une communauté internationale soucieuse de reconnaître la diversité et la richesse des cultures les moins connues et les plus fragiles. Force est de constater cependant, que la plupart des études relatives à la politique culturelle des pays se concentrent sur les nations les plus puissantes. C’est pourquoi, il nous paraît intéressant d’aborder les questions relatives à la politique culturelle internationale du point de vue d’une nation plus petite. Il n’y a aucun ouvrage, à notre connaissance, en langue française, allemande ou anglaise traitant strictement de la politique culturelle internationale de la Lettonie. Les écrits sur la Lettonie des auteurs étrangers, abordent la plupart du temps la politique internationale du pays par le biais de sa politique de défense ou de celle menée vis à vis des minorités. Les articles de journaux abordent également très souvent les relations difficiles entre la Lettonie et son ex-envahisseur russe. Il existe cependant de nombreux ouvrages étudiant les trois pays baltes. Les spécialistes français en la matière sontSuzanne Champonnois et François de Labriolle. Antoine Jacob, correspondant du journal « Le monde » pour les pays baltes a également publié un ouvrage permettant de rencontrer ces pays de l’intérieur à travers le témoignage de différentes personnes.1 Ce n’est que récemment que sont sortis des ouvrages traitant exclusivement de la Lettonie. Pascal Orcier a publié en 2005 un livre de géopolitique bilingue abordant la Lettonie sous de très nombreux angles.2 En 2007, les éditions lettones Jumava ont publié une version française de l’histoire de la Lettonie au ème 3 XX siècle qui consacre une attention à l’histoire culturelle de la Lettonie. En matière 1 Antoine Jacob, Les Pays Baltes, indépendance et intégration, ed. Alvik, 2004 2 Pascal Orcier, La Lettonie en Europe. Atlas de la Lettonie, ed. Zvaigne ABC, Riga, 2005 3 ème Daina Bleire, Ilgavars Butulis, Inesis Felmanis, Aivars Stranga, Anatolis Zunda, Histoire de la Lettonie au XX siècle, ed. Jumava, 2006 Penhard Monique - 2007 7 La politique culturelle internationale de la Lettonie

de politique culturelle, deux documents sont particulièrement précieux. Le premier a été écrit par le gouvernement letton en 1995 ; sous le nom de « Principales propositions de la politique culturelle de Lettonie ». Il établit les orientations qui fondent la politique culturelle lettone jusqu’à aujourd’hui. Ce document traite également de l’aspect international de la culture. Le deuxième document a été écrit par le Conseil de l’Europe. Il s’agit de l’étude consacrée à la Lettonie du Compendium des politiques culturelles et tendances en Europe. L’étude de la politique culturelle internationale de la Lettonie ne peut pas être envisagée de la même manière que celle de la France, de l’Italie, de l’Espagne ou de l’Allemagne. La Lettonie en est en effet aux prémices de l’élaboration d’une politique culturelle internationale qu’elle n’a pu commencer à envisager qu’à partir de 1991 et à la mesure de ses moyens. La culture étant très fortement liée en Lettonie, à l’identité nationale et à la prise de distance par rapport à un passé traumatisant, nous nous fonderons sur une définition du mot culture assez large comprenant à la fois les arts et les lettres, mais aussi les éléments liés à l’identité définie par l’Unesco comme : « l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société, ou un groupe social. » Cette définition étant également la base du dernier document de politique culturelle de la Lettonie La politique, selon la définition du petit Larousse illustré (1994) est l’« Ensemble des pratiques, faits, institutions et déterminations du gouvernement d’un Etat et d’une société. » La politique se manifeste donc dans les discours et les actions du gouvernement et se concrétise au sein des institutions d’Etat mais aussi de la société. Nous nous appuierons ainsi tout au long de cette étude sur les discours et les actions de l’Etat et de ses représentants, en matière de politique culturelle internationale, en cherchant toutefois leur actualité et leurs répercutions concrètes au sein de la société. 4 L’adjectif international fait référence à ce « Qui a lieu, qui se fait de nation à nation ; qui concerne les rapports des nations entres-elles. » Tandis que le mot nation désigne une « Grande communauté humaine, le plus souvent installée sur un même territoire et qui possède une unité historique, linguistique, culturelle, économique plus ou moins forte. » Cette définition de ce qui est international, permet de prendre en compte d’une part les relations bilatérales d’un pays et d’autre part celles ayant lieu entre les différentes nations à l’intérieur même du pays. La politique culturelle internationale de la Lettonie est donc constituée essentiellement des actions mises en place par le gouvernement letton vis à vis des nations qui l’entourent. La question devient alors celle de comprendre le moteur de ces actions. Quels enjeux sous- tendent l’action culturelle internationale de la Lettonie ? La présente étude vise à comprendre à travers l’Histoire, la situation géopolitique du pays, les actes et les discours de l’Etat, les enjeux liés à la politique culturelle internationale de la Lettonie. Elle se fonde uniquement sur des documents traduits en anglais en français ou en allemand. Deux entretiens formels, (l’un avec l’Ambassadeur de Lettonie en France M. Roland Lappuke et l’autre avec Inese Baranovska, commissaire d’exposition et chargée des collections du nouveau musée d’art contemporain de Riga) et de nombreuses discussions informelles avec des lettons et des étrangers établis à Riga ont également permis d’orienter notre réflexion. Dans la première partie nous étudierons la transition entre l’époque soviétique et l’indépendance. Quelle a été la place de la culture à ces époques ? Quelles relations les

4 Le petit Larousse illustré, 1995 8 Penhard Monique - 2007 Introduction

Lettons entretiennent-ils avec ce passé douloureux ? Quelles en sont les répercutions en matière de politique culturelle internationale ? Dans un deuxième temps nous étudierons à travers plusieurs exemples quels enjeux conduisent la Lettonie à vouloir acquérir une visibilité internationale. Nous analyserons également l’impact de sa politique ainsi que ses limites. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il nous semble important de présenter brièvement la Lettonie à travers un portrait du pays et un bref rappel historique.

Portrait de la Lettonie

Située sur les côtes de la mer Baltique, la République de Lettonie dispose d’une 2 superficie de 64 600 km (12% de la superficie française). Elle est frontalière de l’Estonie, de la Russie, de la Biélorussie et de la Lituanie. er Au 1 janvier 2006, la Lettonie comptait 2,29 millions d’habitants. Sa langue officielle est le Letton et sa monnaie le Lats. Riga, la capitale de la Lettonie, compte plus de 700 000 habitants, soit près d’un tiers de la population de Lettonie. Quatre autres villes dépassent les 50 000 habitants : Daugavpils (109 400 hab.), Liepaja (86 000), Jelgava (66 000) et Jurmala (55 500). La population du pays est composée de plusieurs minorités ethniques dont une forte communauté de Russophone. Selon les données officielles, 58,6% de la population est d’origine lettone, 28,8% est d’origine russe, 3,9% d’origine ukrainienne et 2,5% d’origine polonaise. La Lettonie est une République démocratique et parlementaire. Le pouvoir législatif est délégué au parlement (la Saima) et le pouvoir exécutif se partage entre le gouvernement et le Président de la République. L’actuel président s’appelle Monsieur Valdis Zatlers. Il a succédé en juillet 2007 au personnage charismatique de Madame Vaira Vike-Freiberga. Penhard Monique - 2007 9 La politique culturelle internationale de la Lettonie

Rappel historique

La Lettonie est un pays jeune qui a été dominé pendant la plus grande partie de son histoire. Les Allemands, les Polonais, les Suédois et les Russes ont occupé le pays tour à tour. Ainsi à partir de 1721, la Lettonie fait partie de l’Empire tsariste. C’est seulement à la fin du ème 19 siècle qu’une conscience nationale lettone se constitue. A cette époque, la Russie applique une politique stricte surtout en matière linguistique et en matière éditoriale, mais les Lettons s’expriment à travers les autres domaines artistiques et en particulier le chant choral. Le chant est présent dans chaque village letton, animé le plus souvent par l’instituteur du village. Les Dainas, ces poèmes lettons très courts dits ou chantés, forment la pierre d’angle de la culture lettone. Composés la plupart du temps de strophes de 4 vers, ils racontent la vie quotidienne des lettons. La société nationale de Riga, fondée en 1868 et composée d’intellectuels, de marchands et d’artistes, a largement contribué à l’émergence d’une culture et d’un art spécifiquement letton. Elle fut la première à organiser des festivals de chants traditionnels, tolérés par le pouvoir tsariste. Ces festivals devinrent de plus en plus populaires et, grâce à la musique la conscience nationale lettone est apparue à la fin du ème 19 siècle. Un petit groupe d’intellectuels, mené par Krisjanis Barons décida de collecter les Dainas et les publièrent dans leur intégralité.

Statue de Krisjanis Barons dans le parc central de Riga Vermanes Darzs Pendant la première guerre mondiale, la Lettonie sert de champs de bataille aux troupes russes et allemandes. A la fin de la guerre, profitant de la désorganisation de la Russie suite à la révolution bolchevique de 1917, les indépendantistes lettons, actifs dès les années 1900, déclarent l’indépendance du pays le 18 novembre 1918. Ce n’est cependant qu’à partir de 1920, et la signature du traité de paix avec la Russie soviétique le 11 août de cette année, que les Lettons sont véritablement libres. La communauté internationale reconnaît le nouvel Etat le 26 janvier 1921. Pendant cette époque, appelée la « première indépendance », la Lettonie développe des relations culturelles privilégiées avec la France. La Lettonie, à la surprise de la communauté internationale, devient un Etat prospère et stable. Cette première indépendance encore idéalisée aujourd’hui ne dura que vingt ans. 10 Penhard Monique - 2007 Introduction

En 1939, à la suite du pacte de non-agression « Molotov-Ribentropp » qui prévoyait le partage de l’Europe entre l’URSS et l’Allemagne nazie, Staline entre en Lettonie. Le gouvernement letton n’a alors aucun moyen de résister à cette nouvelle invasion. Un gouvernement pro-soviétique organise des élections truquées donnant la victoire aux communistes. Cette première occupation est marquée par la terreur exercée par la « Tchéka » (police secrète soviétique) qui frappe tous ceux suspectés d’être bourgeois ou intellectuels. Plusieurs dizaine de milliers de lettons sont déportés en Sibérie. L’invasion nazie fait suite à l’occupation stalinienne en 1941. En application de l’opération Barbarossa, prévoyant l’invasion de l’URSS par l’Allemagne, Hitler envahit la Lettonie en juin 1941. La rapidité de l’avance allemande ne laisse pas le temps aux soviétiques d’organiser une défense. L’armée allemande est accueillie dans un premier temps en libératrice du joug soviétique. C’est ainsi que plusieurs centaines de lettons s’enrôlent dans la Wehrmacht. Mais l’espoir illusoire de l’indépendance restaurée cède rapidement la place à une nouvelle oppression. Dès les premiers jours, l’extermination méthodique des juifs commence. 90% des juifs de Lettonie sont massacrés soit au total environ 75000 personnes, en seulement quelques semaines. Cependant la Russie organise en 1943 une contre-offensive connue sous le nom de « grande guerre patriotique » et la Lettonie est réoccupée par les armées soviétiques lors de l’été 1944. Entre 1945 et 1949, Staline ordonne la déportation massive des Lettons vers le goulag, en Sibérie. Leur nombre est estimé à plus de 100 000. Nombreux sont ceux qui n’en reviendront pas. Ces mouvements de population ont fait perdre à la Lettonie plus d’un tiers de sa population. L’idéologie de l’ « homo soviéticus » est mise en place et la Lettonie doit aligner son système économique, politique et culturel sur le modèle soviétique pendant les quarante années qui suivront.

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Monument soviétique situé à l’extérieur du centre historique de Riga

12 Penhard Monique - 2007 Introduction

Monument soviétique situé à l’extérieur du centre historique de Riga Dans les années 1980, les pays baltes connaissent des mouvements de dissidence et des débuts de réformes. On assiste à des manifestations populaires rappelant les grandes dates de déportations et des heures sombres du pays. Le 14 juin 1987, des dissidents se rassemblent devant le monument de la Liberté pour commémorer les déportations de 1941. Dès 1989, le Front populaire letton appelle à l’indépendance. Les « Manifestations de calendrier » à des dates anniversaires se multiplient. Ces manifestations pacifiques, appelées « révolution chantante », culminent le 23 août 1989, cinquantième anniversaire du pacte germano-soviétique « Molotov-Ribentropp », quand les habitants des pays baltes forment une immense chaîne humaine reliant à Vilnius, passant par Riga, et à laquelle participent deux millions de baltes. Le 21 août 1991, presque deux ans après la chute du mur de Berlin, la Lettonie reprend sont indépendance. Celle-ci fut reconnue par l’URSS en septembre 1991.

Penhard Monique - 2007 13 La politique culturelle internationale de la Lettonie

En 2004, elle atteint ses objectifs de politique étrangère les plus importants : son admission au sein de l’OTAN et de l’Union européenne. Le 2 avril, la Lettonie devint membre er de l’OTAN et le 1 mai, la Lettonie devint membre à part entière de l’Union Européenne.

14 Penhard Monique - 2007 Première partie : une politique culturelle pour s'émanciper des dominations passées et affirmer son identité

Première partie : une politique culturelle pour s'émanciper des dominations passées et affirmer son identité

I. Une histoire récente marquée par la domination russe et l’imposition de sa culture

A. La politique de russification instaurée par Staline En 1945, Staline tire les leçons de la guerre et notamment de la collaboration de nombreuses nations non-russes avec l’Allemagne. La politique culturelle entreprise jusqu’alors visait à faire de l’URSS le patrimoine commun de tous les peuples. Désormais ce sera le patrimoine russe la référence suprême. Staline établit une sorte de pyramide des cultures au sommet de laquelle siège la culture russe. La nation russe devient l’exemple à suivre. Elle joue le rôle de guide et de grand frère de tous les autres peuples. La culture et l’histoire russes sont érigées en modèle à suivre. Toutes les manifestations culturelles nationales sont interdites. C’est cette politique culturelle qui est appliquée en Lettonie dès 1943 et qui perdura de manière violente jusqu’à la mort de Staline en 1953. Les postes à responsabilités sont confiés à des Russes, tandis que la langue lettone perd son statut de langue officielle. Le Comité central du parti communiste dénonce, en 1946, la revue Zvezda (Etoile). Les peintres et représentants d’autres professions artistiques sont soumis à une rééducation. Beaucoup d’intellectuels créateurs subissent des répressions. On peut citer par exemple ce groupe d’intellectuels appelé le « groupe français », déporté au Goulag pour avoir lu des poèmes de Verlaine et de Baudelaire. Les contacts avec les hommes de culture et de science en exil sont rompus. La culture lettone ne se développe plus, mais lutte désormais pour sa survie sur les terres de Lettonie. Des unions d’intellectuels créateurs se créent à l’intérieur desquelles l’art pouvait être entièrement contrôlé. En dehors de ces organisations, les pratiques artistiques sont interdites. A côté de cette politique culturelle particulièrement répressive à l’encontre des cultures nationales, l’URSS n’hésite pas à utiliser les déportations dans les régions jugées trop nationalistes. Les peuples baltes sont les premiers à être traités en suspects. Une première vague d’arrestation a lieu dès l’hiver 1944-45. Une deuxième vague en 1946 mène vers le goulag 50 000 lettons aux côtés de 145 000 lituaniens et de 20 000 estoniens. Une nouvelle vague de déportations s’abat sur ces trois pays en 1949 : 60 000 lettons, 40 000 estoniens et 60 000 lituaniens sont déportés en Sibérie et en Asie centrale. Ils furent remplacés par des russes, des ukrainiens et des biélorusses. La population lettone diminua d’un tiers au profit de ce nouveau peuplement entre 1939 et 1959. Au début des années cinquante, le pouvoir soviétique multiplie les attaques contre la résurgence du nationalisme dans les régions périphériques. Toute l’élite intellectuelle des peuples non russes est critiquée pour sa responsabilité dans la perduration des tendances nationalistes. D’importantes purges sont opérées dans la direction des partis communistes Penhard Monique - 2007 15 La politique culturelle internationale de la Lettonie

notamment dans les Républiques baltes en 1951-52. Tout au long de l’année 1952, les dirigeants locaux suspectés de complaisance à l’égard du nationalisme, sont éliminés et remplacés par des russes ou par des autochtones politiquement irréprochables.

B. La culture, lieu d’expression et de résistance à la fois récupérée et réprimée par le parti Cependant, alors que la politique de russification tente d’effacer tout sentiment national, la culture acquiert une importance sans précédent en Lettonie, car elle est l’expression de la résistance collective. Elle se développe par toutes les ouvertures offertes par le régime. L'élite intellectuelle disparue en exil se renouvelle au sein de la Lettonie. La tradition du chant choral perdure, car la politique de russification reposait en grande partie sur l’imposition de contenus soviétiques à des éléments culturels déjà existants. Les festivals de chants continuent à être organisés, avec toutefois l’obligation de chanter des chants à la gloire de la Russie. Toute forme d’expression artistique n’est pas entièrement prohibée. Par exemple, en 1947 et 1949, les tournées du théâtre Daile et du théâtre Dramatique de Riga sont organisées à l’intérieur de l’URSS. A la mort de Staline, Nikita Khroutchev, entame une politique de déstalinisation qu’il ème annonce lors du XX Congrès du parti communiste le 14 février 1956. Cette nouvelle politique ouvre un espace de liberté plus large, dont les contours sont toutefois mal définis. Une partie des œuvres de la période pré-soviétique est remise en circulation. Il est permis, du moins de façon prudente, d’aborder des sujets auparavant interdits. Les journées lettones de la poésie sont organisées pour la première fois en 1965. Les livres de poésies, moins suspectés que les livres en prose pouvaient être tirés jusqu’à 30 000 exemplaires, sans répondre toutefois à la forte demande. Lorsque les artistes lettons s’expriment de manière critique envers le parti ou exploitent des thèmes directement liés à la culture nationale, le parti réagit : les limites sont rapidement rétablies avec l’emprisonnement du poète Knuts Skujenieks, des interdictions de publier et d’exposer. Les années 1970/80 sont des années de compromis artistiques. L’expression culturelle se manifeste non plus par confrontation, mais en s’adaptant aux canons du réalisme socialiste. Des mouvements artistiques comme le rock, connaissent des tentatives pour être adapté politiquement. Par ailleurs, certains artistes lettons sont devenus extrêmement populaire sous le Régime soviétique comme par exemple le compositeur Raimond Pauls ou encore l’actrice Vija Artmane. Des mouvements non conformistes s’amorcent cependant et sont durement réprimés. En 1970, 600 hippies venues assister au concert du groupe « Natural Product » sont arrêtés. La résistance se manifeste également au sein même des unions d’artistes sensés être des outils de propagande de l’idéologie soviétique. Dès 1965, l’Union des Ecrivains est une forteresse de non-conformistes. Une nouvelle génération d’artistes apparaît dans ces années, et développe des courants internationaux comme le surréalisme, l’hyperréalisme et le conceptualisme dans le domaine des beaux-arts. Une exposition d’art contemporain est organisée en 1984 sous le titre de « Nature. Environnement. Homme. 1984 », mais est rapidement interdite par le parti. Les artistes sont soumis en permanence aux sautes d’humeur du parti, qui peut soudainement interdire leur œuvre et saper leur travail. Dans la deuxième moitié des années 1980, comme nous l’avons évoqué précédemment, les manifestations audacieuses et nationalistes se multiplient. 16 Penhard Monique - 2007 Première partie : une politique culturelle pour s'émanciper des dominations passées et affirmer son identité

L’intelligentsia lettone se prononce désormais ouvertement pour la liberté de création et le développement de la culture nationale. Le Président de l’Union des écrivains, le poète letton Janis Peter, est ainsi très actif dans le mouvement du « front populaire letton » qui s’est fixé pour objectif de libérer le pays. La culture est le fer de lance de la révolution lettone appelée « révolution chantante ». Les Lettons organisent des manifestations pacifiques à des dates anniversaires, mais ayant un impact fort sur le plan symbolique comme le dépôt de fleurs du 14 juin 1987 devant la statue de la Liberté érigée dans le centre ville de Riga, lors de la première indépendance. Lors du festival folklorique Baltica en juillet 1988, les Lettons osent même chanter en chœur leur hymne nationale « Dieu bénisse la Lettonie ». L’année 1989 est celle de la chaîne humaine qui reliera Tallinn à Vilnius en passant par Riga. Pendant ces années d’occupation soviétique, la culture est le lieu de la résistance des Lettons. Bien que réprimée et russifiée, elle a su exister et se développer. Elle a été coupée, cependant, pendant 50 ans de toute influence internationale contemporaine. Les Lettons prenaient connaissance des mouvements artistiques avec cinquante ans de retard. Ses productions et ses chanteurs n’étaient diffusés qu’à l’intérieur du Bloc soviétique. Il lui était impossible de s’exporter à l’Ouest. Par ailleurs, les réseaux culturels ne se développaient qu’à l’intérieur de l’Union soviétique. A la libération, le chantier est immense. Le dernier ouvrage du musée de l’occupation de Riga fait un état des lieux des séquelles de l’occupation5 : ∙ Le tissu de la population a changé. La proportion de lettons est passé de 75% au dernier recensement de l’avant guerre à 52%, tandis que la minorité russe atteint 34% contre 10% avant la guerre. ∙ La politique linguistique et culturelle soviétique a relégué la langue lettone à un rôle subalterne. ∙ Les séquelles spirituelles et morales demeurent un obstacle sérieux à la formation d’une société saine. ∙ La politique d’occupation a fait de la Lettonie un appendice de l’économie de l’Union soviétique, et de son complexe militaire. ∙ L’agriculture de la Lettonie, à quelques exceptions près, a été amenée au bord de la faillite. Les nouveaux défis pour la reconstruction du pays, dans un environnement nouveau ouvert à l’Ouest, auquel la Lettonie doit s’adapter, sont donc immenses. La culture aurait pu être reléguée au second plan étant donnée l’étendue des réformes à entreprendre, et pourtant, quelques actes forts montrent que l’importance de la culture n’a pas décrue avec l’indépendance.

C. La place de la culture après l’indépendance Dès 1990, la Lettonie décide de consacrer 5 Millions de Deutsch Mark de l’époque à la rénovation de son opéra national. L’opéra est en effet un des symboles nationaux et un des lieux de l’excellence lettone. L’opéra rénové ouvre de nouveau ses portes en 1995, après cinq ans de fermeture.

5 Musée de l’occupation de la Lettonie, La Lettonie sous la domination de l’Union soviétique et de l’Allemagne nationale- socialiste 1940-1991, ed. Association du Musée de l’occupation de la Lettonie, 2007 Penhard Monique - 2007 17 La politique culturelle internationale de la Lettonie

Le 29 décembre 1990, l’Académie de la Culture est créée sur une décision du Cabinet des Ministres de la République de Lettonie. Sa vocation est de former des professionnels de la culture aussi bien dans les champs artistiques qu’administratifs. Ce geste plus discret, témoigne de l’importance accordée à la culture et de la volonté de s’émanciper de la Russie qui était la seule jusqu’alors, à proposer des formations dans le domaine culturel. En cette même année 1991, le Centre National du Cinéma letton est créé pour promouvoir le cinéma national letton. Parallèlement à cette mise en place d’institutions nationales lettones, il est intéressant de noter qu’il n’y a pas eu de rejet fort des personnalités culturelles lettones qui étaient appréciées sous le Régime. Un des exemples le plus élogieux est celui du compositeur Raimonds Pauls. Il accéda au poste de Ministre de la Culture de la République socialiste soviétique de Lettonie en 1988 et resta à cette fonction jusqu’en 1993, malgré les changements politiques. De même les Unions artistiques créées sous le régime communiste perdurèrent comme le montre le schéma ci-dessous. Elles existent toujours actuellement.

18 Penhard Monique - 2007 Première partie : une politique culturelle pour s'émanciper des dominations passées et affirmer son identité

Union des écrivains 281 membres Union des artistes 1110 membres Union des compositeurs 85 membres Union des comédiens 1373 membres Union des architectes 524 membres Union des cinéastes 209 membres Union des photographes d’art 245 membres Union des journalistes 1200 membres Union des plasticiens 216 membres

6 Nombre d’adhérents aux union d’artistes en 1995 Cependant, le monde artistique est déroutée. Les créateurs découvrent subitement cinquante années d’histoire de l’art contemporaine qu’ils doivent assimiler. Les louvoiement, la recherche du compromis, l’art de lire entre les lignes et au second degré qui étaient nécessaires pour travailler dans le système soviétique n’ont plus de raison d’être et les créateurs doivent trouver de nouvelles formes d’expressions artistiques. Le public lui aussi est dérouté et les structures perdent après l’indépendance de 20 à 60% de leur audience, comme l’illustre le graphique ci-dessous en ce qui concerne le théâtre.7

Nombre de visiteurs de 1990 à 2003 Les stars lettones du régime soviétique continuent cependant à être populaires. Le monde culturel passé qui est associé à la résistance et à la préservation de l’identité nationale ne subit pas de procès et de reniement, par contre, des mesures sans équivoques sont prises à l’encontre de la culture russe. Le nouvel objectif vital de la Lettonie est désormais de chercher de nouveaux partenariats vers l’Ouest. Ce n’est qu’en 1995 qu’un document d’Etat jette les bases de la politique culturelle lettone qui prévaut encore aujourd’hui. Cette politique prend le contre-pied du passé et réaffirme que la culture est l’expression des valeurs d’une société et de son humanité. Elle organise le renforcement de

6 Conseil de l’Europe, Les politiques de développement culturel des Etats Membres, la politique culturelle en Lettonie, 1998 7 Source : Ministère de la culture, Bureau central des statistiques, 2005 - Council of Europe/Ericarts, Compendium of cultural policies an trends in Europe, Latvia, 8th edition, 2007 Penhard Monique - 2007 19 La politique culturelle internationale de la Lettonie

la culture et de la langue lettone au détriment de la culture et de la langue russe jusqu’alors prépondérante.

II. Une politique culturelle émancipatrice ?

A. Les documents de référence : Le discours letton, entre éloge des valeurs universelles et critique de l’influence négative de la russification Depuis l’indépendance, trois documents ont défini puis réévalué les priorités du Ministère de la culture letton. Le premier document sous le titre de « Principales propositions de la politique culturelle de Lettonie »8 a été établi en 1995. (cf. Annexe 1) Le deuxième document, intitulé « Programme national pour la culture », a été développé en 2000 par le Ministère de la culture et un comité d’experts indépendants. Ce programme donne une vision du champ à entreprendre jusqu’en 2010, dans 10 secteurs différents. Le dernier document a été adopté le 18 avril 2006 par le gouvernement letton sous le nom de « Lignes directrices de la politique culturelle (2006-2015). » (cf. Annexe 2) 4 Sous le titre de Principales propositions de la politique culturelle de Lettonie , le document de 1995 brosse les priorités du ministère de la culture letton en matière d’éducation, de patrimoine artistique, d’infrastructures culturelles, d’environnement et de coopération culturelle. La définition du mot culture, donnée en prélude du document, souligne à plusieurs reprises que celle-ci est source de valeurs, qu’elle se manifeste dans chaque action humaine et qu’elle a pour mission d’augmenter l’humanité de la société et de la nation. Ce document met en avant l’importance de la liberté pour le développement de toute expression culturelle. Il appuie la contribution des petites nations au patrimoine de l’humanité et l’importance de la diversité culturelle. Il souligne donc en premier lieu les valeurs dénigrées lors de l’époque soviétique et en second lieu l’importance de la contribution lettone dans le réseau culturel international. S’il est erroné de voir en ce document le fondement d’une politique culturelle anti- russe, plusieurs passages mentionnant l’influence négative de la russification subie lors de l’époque soviétique peuvent attirer l’attention : […] l’histoire de la Lettonie, doit aussi compter des interférences politiques dans son processus culturel. (germanisation, russification, expansion culturelle soviétique), qui ont laissé une influence négative en ce qui concerne la langue lettone, et la culture lettone. La politique culturelle soviétique, en détruisant les racines ethniques de la personne et son identité nationale, en transférant les hommes dans un environnement culturel différent, a déraciné une part du peuple letton. […]. Les principales propositions de la politique culturelle de Lettonie font ainsi référence aux valeurs humaines, à la liberté et à la légitimité de chaque culture, pour mieux affirmer ce qui a été nié pendant trop longtemps en Lettonie. La politique culturelle de la Lettonie est dès l’indépendance une affirmation de l’identité lettone, de la langue lettone parallèlement à une réaffirmation de l’humanité et des valeurs humaines. 8 The Main cultural policy proposals of Latvia, 1995 20 Penhard Monique - 2007 Première partie : une politique culturelle pour s'émanciper des dominations passées et affirmer son identité

Le deuxième document, dans la lignée du premier, définit la culture et la politique culturelle selon les principes de l’identité, de la défense et la promotion de la langue et de la vie culturelle lettone, du rôle de la culture pour créer et renforcer la cohésion de la société.9 Quinze ans après la libération du pays, les nouvelles orientations de la politique culturelle dans le troisième document réaffirment à nouveau la nécessité de promouvoir et renforcer l’identité nationale, le rôle des valeurs humaines comme fondement pour l’unité de la société, l’importance de la diversité culturelle à laquelle la Lettonie apporte sa contribution dans le monde. Ce nouveau document se fonde sur une déclaration des ministres promouvant le « développement de la Lettonie en tant qu’Etat nation moderne au sein de l’hétérogénéité culturelle de l’Europe et du monde ». On peut donc en conclure que les deux grandes lignes directrices qui sous-tendent l’action culturelle du gouvernement letton jusqu’à aujourd’hui sont : ∙ d’une part le renforcement de l’identité nationale ∙ d’autre part l’ouverture à l’international

B. Une politique de renforcement de l’identité nationale

a. Les lois en faveur de la culture lettone

1. Citoyens et non-citoyens La nouvelle République de Lettonie se pose la question de la citoyenneté lettone dès l’indépendance. Elle refuse une politique d’attribution automatique de la citoyenneté aux personnes résidents sur le sol de Lettonie depuis longtemps. En effet, la politique de russification a considérablement réduit le nombre de letton tandis que la population russe s’est accrue. Les Lettons sont quasiment minoritaires dans leur propre pays. En 1991, la composition de la population de Lettonie pouvait se partager comme suit :

Pour un total de 2 294 590 personnes Au regard de cette situation, le gouvernement décida d’attribuer la citoyenneté aux personnes déjà citoyennes avant 1940 ainsi qu’à leurs descendants. Les autres eurent droit 9 Council of Europe/Ericarts, Compendium of cultural policies an trends in Europe, Latvia, 8th edition, 2007 Penhard Monique - 2007 21 La politique culturelle internationale de la Lettonie

à un statut de « non-citoyen ». Il s’agit de près de 640 000 personnes, soit 27,8% de la population. Sous la pression de l’Union Européenne, du Conseil de l’Europe et de l’OSCE, une loi plus souple est entrée en vigueur en 1995. La loi sur « l’attribution et l’acquisition de la citoyenneté lettone », adoptée en 1995 et révisée en 1998, prévoit plusieurs conditions pour l’obtention de la nationalité lettone : ∙ résider depuis cinq ans dans le pays ∙ avoir un niveau suffisant en letton ∙ connaître l’histoire, la culture et la constitution lettone ∙ prêter serment et renoncer à son ancienne nationalité Cette procédure de naturalisation est regardée par le gouvernement letton comme un aspect très important de l’intégration des minorités, d’autant plus que l’examen est facile et que 90% des personnes qui s’y présentent l’obtiennent. Cependant, beaucoup de non- citoyens ne veulent pas passer cet examen soit par opposition à cette mesure qu’ils jugent discriminatoire, soit par intérêt. Le statut de non-citoyen exempt par exemple de tout service militaire ou facilite la circulation en Russie, par un régime de visa préférentiel. Le gouvernement soutient ce processus d’intégration par d’importante campagne publicitaire. Le nombre de personne demandant la naturalisation a considérablement augmenté avec l’entrée de la Lettonie dans l’Union Européenne. Cependant aujourd’hui, plus de 20% de personnes ont encore un statut de « non citoyen » en Lettonie soit environ 500 000 habitants (dont 52% de russophone).

Personnes naturalisées par la décision du Cabinet des Ministres

2. La politique linguistique La langue lettone a perdu, pendant l’époque soviétique, la priorité dans les administrations et l’enseignement et, de part le nouveau tissu démographique, le nombre de personnes parlant le Letton a aussi diminué. Dès 1992, une première loi linguistique datant de 1989 a fait l’objet d’ajouts et d’amendements érigeant ainsi la langue lettone comme seule langue nationale.

22 Penhard Monique - 2007 Première partie : une politique culturelle pour s'émanciper des dominations passées et affirmer son identité

Cette loi prévoit que : 10 ∙ le Letton, est désormais la seule langue du gouvernement et de l’Administration ∙ les titulaires de certains postes sont tenus de maîtriser la langue du pays et qu’un système de certification des aptitudes linguistiques soit mis en place ∙ la langue du pays est prioritaire dans l’enseignement supérieur ∙ la langue du pays doit avoir priorité dans les émissions de la radio et de la télévision publiques ∙ la langue du pays doit avoir priorité dans le domaine de l’information publique En mars 1992, le Centre de la langue d’État est fondé en Lettonie pour vérifier l’application de la politique linguistique. La révision de cette loi en février 2004 a provoqué un tollé dans tout le pays. La proposition était de faire passer à 60% l’enseignement obligatoire en langue lettone dans les écoles bilingues. Cette mesure a été très mal accueillie par la communauté russophone et taxée de campagne de lettonisation. La politique linguistique et celle concernant la citoyenneté sont analysées de manières différentes selon les communautés. L’Etat letton y voit une politique d’intégration favorable aux minorités de son pays, tandis que la communauté russe y voit une politique de lettonisation et se sent victime de crimes qu’elle n’a pas commis.

b. La reconnaissance internationale des crimes du communisme L’histoire courte et tragique de la Lettonie a un impact très fort sur la politique actuelle du petit Etat. Son interprétation prête encore à conflit. La Lettonie a tendance à se présenter comme victime du totalitarisme tandis que la Russie a plutôt tendance à minimiser l’ampleur de ses crimes. La Lettonie souhaite que les méfaits du Régime communiste soit reconnus en Europe et une partie de sa politique culturelle pèse dans ce sens. La Ministre de la Culture lettone, Helena Demakova se bat pour cette reconnaissance. Elle a souvent dénoncé l’idéalisation du communisme par les pays de l’Ouest européen, notamment lors des discussions concernant le financement du programme culture 2007 et la prise en compte des lieux de commémoration des victimes du stalinisme.

10 Ina Druviete, La charte de la langue française et les lois linguistiques dans les Pays-Baltes, Revue d’Aménagement linguistique – hors séris –automne 2002 Penhard Monique - 2007 23 La politique culturelle internationale de la Lettonie

Cependant, le fantôme du communisme circule toujours en Europe. L’attitude à l’égard du communisme est toujours romantisée et idéalisée dans les pays européens, par exemple, parmi les intellectuels de gauche français, a déclaré Mme Demakova.11 Lors du Festival Etonnante Lettonie qui a eu lieu en France en 2005, elle a également déclaré : Il était très important pour moi qu’une exposition ait lieu au Musée de l’Occupation à Caen, en Normandie. Chaque année le musée accueille 500 000 visiteurs. Je suis d’autant plus heureuse que la présidente lettone s’y rendra. Les choses, que beaucoup de personnes ignorent et ne veulent pas connaître, notamment, l’occupation de la Lettonie, paraîtront dans les médias et grâce à la présidente, ne disparaîtront pas immédiatement. 12 11 Revue de presse de l’Ambassade de France en Lettonie. « Le fantôme du communisme circule toujours… » , Latvijas Avīze, journaliste : Aija Cālīte (27.05.2005) - Traduit du letton par l’Ambassade de France en Lettonie 12 Revue de presse de l’Ambassade de France en Lettonie., Entretien avec la ministre lettone de la Culture : les manifestations culturelles en France dans le cadre du festival « Etonnante Lettonie », Neatkariga Rita Avize, 20.10.2005 - Traduit du letton par l’Ambassade de France en Lettonie 24 Penhard Monique - 2007 Première partie : une politique culturelle pour s'émanciper des dominations passées et affirmer son identité

Cette volonté de reconnaissance est accueillie avec prudence par la communauté européenne qui ne souhaite pas voir en ce combat un débat sur l’égalité ou non des régimes criminels nazis et staliniens.

C. Des relations difficiles avec la Russie De cette politique menée par l’Etat letton en résulte des relations conflictuelles avec la Russie. La culture est un des lieux où ces relations complexes se cristallisent. Par exemple, la volonté de l’Ambassade de Russie en Lettonie de financer la rénovation du mémorial de Salaspils13 a été très mal acceptée par le ministère letton de la Culture qui ne veut pas que la Russie soit la seule à œuvrer pour la mémoire des victimes de la Shoah. De même, l’organisation des Journées de la culture russe en Lettonie a été plusieurs fois repoussée, provoquant les commentaires de la presse russe de Lettonie, sur la mauvaise volonté du gouvernement. Ces journées vont finalement avoir lieu à l’automne 2008. Ainsi on peut dire que la politique de renforcement de l’identité nationale et de la culture lettone a pour pendant la volonté de s’émanciper de l’influence russe perçue comme négative pour le développement de la culture lettone. Cette perception négative s’encre dans une histoire récente tragique au cours de laquelle la Lettonie a été traumatisée par une russification forcée. Elle recherche par conséquent, parallèlement à cette prise de distance avec son voisin, la reconnaissance des souffrances qu’elle a subies. Cependant, la population russe habitant en Lettonie malmenée par une politique restrictive est bien présente en Lettonie et chaque jour, les Lettons sont en contacts avec les Russes de Lettonie et s’influencent mutuellement comme s’est permis de l’analyser François Bacharach.

III. Paradoxes et ambiguïtés de cette politique

A. Une influence culturelle russe pourtant présente Dans un article paru en 2006 au Courrier des pays de l’Est, François Bacharach analyse les relations culturelles qui existent entre la Lettonie et le monde russe.14 Ces relations qui sont niées et mises sous silence par les élites lettones, les chercheurs et les médias existent bien cependant : La composante russe influence indéniablement les Lettons alors que, parallèlement, la communauté russophone, la plus nombreuse des trois Etats baltes, se transforme, devenant "balte" jusque dans ses expressions linguistiques et certains aspects de son mode de vie.

13 A Salaspils (15 km de Riga) se trouvait le plus grand camp de concentration de la région balte, entre 1941 et 1944. Derrière une double clôture de barbelés et de miradors, les détenus (le nombre variant entre 14000 et 25000) y effectuaient différents travaux tels que l’exploitation des tourbières de Salaspils, la construction de routes ou étaient employés à l’usine de chaux. 53000 civils furent tués dans ce camps. Sur environ 4000 tsiganes, 2000 furent éliminés. Depuis 1967 se dresse à Salaspils un mémorial de 40 hectares sur le site du camp, où plusieurs sculptures en béton ont été érigées en mémoire des victimes. 14 Le Courrier des pays de l’Est, Itinéraires culturels à l’Est. L’empreinte politique, Article : La Lettonie et le monde russe. Un creuset spécifique dans l’espace européen, nov – dec 2006. Penhard Monique - 2007 25 La politique culturelle internationale de la Lettonie

L’empreinte de la culture russe est visible tout d’abord dans la presse et les médias qui puisent leurs références dans l’actualité culturelle russe. Par ailleurs, toutes les productions étrangères, contraintes par les lois économiques, sont diffusées en russe et en letton. Bons nombres d’artistes font une double carrière en Lettonie et en Russie en s’appuyant sur les liens qui existent déjà entre les programmateurs lettons et russes. Les artistes russes sont également programmés en Lettonie. Le compositeur Raimonds Pauls, gloire nationale déjà sous l’empire soviétique, a toujours une forte influence dans le milieu artistique letton. Il programme par exemple des chanteurs de variété russe au festival « nouvelles vagues » de Jurmala. Par ailleurs, le répertoire russe est largement repris aussi bien dans les salles de concert, qu’à l’opéra national ou au théâtre. Le jeune metteur en scène Alvis Hermanis qui a obtenu une reconnaissance internationale a choisi de revisiter Gogol ou Gorki, tandis que l’Opéra national programme régulièrement Tchaïkovski, Chostakovitch, Prokofiev etc. Beaucoup de coutumes témoignent de la prégnance russe comme par exemple, la manière de fêter un anniversaire, les goûts vestimentaires et musicaux, la façon d’organiser la rentrée scolaire etc. Le tourisme joue également un rôle important, dans la mesure où beaucoup de russes viennent prendre leurs vacances en Lettonie, particulièrement dans la station balnéaire de Jurmala. Là-bas, la plupart des restaurants sont russes et les cartes sont bilingues. Cette influence de la culture russe sur les Lettons vaut aussi dans le sens inverse. Beaucoup de russes de Lettonie ont peu à peu adopté les coutumes baltes. Les pays baltes, depuis l’empire tsariste étaient des lieux de refuge pour les Russes qui fuyaient l’intolérance de leur pays et cherchaient un lieu où la liberté individuelle pouvait s’exprimer. La Lettonie et sa capitale Riga qualifiée de « petit Paris », ont ainsi longtemps été considérées comme des fenêtres ouvertes sur l’Europe. Cette spécificité a perduré pendant la période soviétique où le régime était beaucoup moins strict à Riga qu’à Moscou. Ainsi sans le savoir de nombreux russes de Lettonie se sont éloignés de la réalité de la Russie et se sentent désormais étranger lorsqu’ils retournent dans leur pays d’origine. Les mauvaises relations politiques entre les deux Etats n’empêchent pas les relations culturelles de se développer. Il existe donc un paradoxe certain entre la vision politique d’un Etat homogène que la Lettonie souhaite mener à bien et la réalité d’une société où les échanges interculturels sont quotidiens.

B. Ambiguïté des politiques à l’échelle internationale Cette complexité des relations avec le monde russe à l’intérieur du pays se répercute au niveau international.

a. L’argument des russes de Lettonie Le statut des non-citoyens par exemple, assoupli par la Lettonie sous la pression du Conseil de l’Europe et de l’OSCE, a fait l’objet de pétitions de la communauté russe, qui n’ont pas été jugées recevables par l’Union Européenne. L’Union Européenne souligne à juste titre que la Russie refuse elle-même d’attribuer la citoyenneté russe aux ressortissants russes de Lettonie et considère la politique lettone comme acceptable. Cependant, cette communauté russe de Lettonie reste un objet de tension entre l’Union européenne et la Russie. Un article du monde du 9 mai 2007, relatif au « froid Russie-Europe » analysait les sujets de tensions entre les deux entités et relevait qu’il ne s’agissait pas :15

15 Edito du Monde, Le froid Russie-Europe, 09.05.07 26 Penhard Monique - 2007 Première partie : une politique culturelle pour s'émanciper des dominations passées et affirmer son identité

[…] de simples escarmouches, mais de la conséquence de l'entrée dans l'Union européenne, en 2004, des pays d'Europe centrale et orientale, en particulier des Etats baltes. […] Quoi qu'ils en disent, les Russes ne l'ont jamais vraiment acceptée.

b. La difficulté de l’Union européenne à appuyer les Républiques baltes. L’Union Européenne, pour qui les relations avec la Russie sont importantes en matière d’énergie et de sécurité, hésite à appuyer entièrement le petit pays balte dans ses revendications nationalistes. L’Union est soucieuse de préserver de bonnes relations avec la Russie, comme le souligne un article du monde à propos du conflit qui a eu lieu récemment à propos du soldat de bronze en Estonie, où les relations avec la Russie sont à peu près similaires à celles de la Lettonie : Le conflit de ces derniers jours entre l'Estonie et la Russie, à propos du transfert d'une statue de soldat soviétique du centre de la capitale estonienne, Tallinn, vers un cimetière de la périphérie, a encore envenimé les relations avec l'ensemble de l'Union européenne, malgré la réaction modérée de Bruxelles.16 Alors que les pays baltes cherchent l’appui de l’Union Européenne dans leur construction nationale, l’UE réagit sans prendre vraiment position, pour préserver ses relations diplomatiques elles aussi difficiles avec la Russie.

c. L’ambiguïté du discours letton D’autre part la Lettonie qui érige les valeurs humaines comme le cœur de ce que la culture doit développer semble l’oublier dès qu’il s’agit de la communauté russe. Des aspects culturels comme la langue, l’identité, l’histoire d’un pays sont profondément politique en terre balte et en particulier en Lettonie. L’Union Européenne peine à avoir une position claire par rapport à cette politique menée désormais chez elle. Au regard de son passé, le moteur principal qui pousse la Lettonie à développer ses relations culturelles internationales est le désir de s’émanciper d’une hégémonie russe en réaffirmant son appartenance à l’Europe. Cette politique se manifeste par des lois favorisant la culture lettone parallèlement à une quête de reconnaissance auprès des autres nations européennes. Dans cette première partie, nous avons surtout analysé les conséquences actuelles de l’histoire lettone dans ses relations culturelles internationales. Dans une deuxième partie, il nous paraît intéressant de prendre du recul par rapport à ce passé et d’analyser la politique culturelle internationale dans une perspective plus large. Mais avant tout, il nous semble également important d’expliquer de quoi est constituée la culture lettone.

16 Edito du Monde , Le froid Russie-Europe, 09.05.07 Penhard Monique - 2007 27 La politique culturelle internationale de la Lettonie

Deuxieme partie : La culture pour s’ouvrir au monde

I. Les enjeux du développement culturel international

A. La culture lettone : une richesse pour le monde ? La culture lettone a été reconnue sur la scène internationale en 2001, lorsque les Daïnas ont été classées dans le registre « Mémoire du Monde » de l’Unesco et lorsqu’en 2003 les chants et danses de Lettonie ont été classés au titre de « patrimoine immatériel » de l’Unesco. Cette reconnaissance révèle la vitalité d’une culture fondée avant tout sur le chant et la poésie et malheureusement encore très peu connue. Le chant est ce par quoi les lettons définissent en premier lieu leur culture. Les chœurs

lettons font partis des meilleurs chœurs au monde comme le Chœur académique Latvija ci-contre ou le Chœur de la radio de Lettonie. Le chant trouve son apogée au sein de la population, lors des festivals de chant rassemblant tous les 5 ans jusqu’à 300 chœurs différents, 500 groupes de danses folkloriques, plus de 57 groupes de musiques actuelles, 3 orchestres symphoniques et 30 000 personnes. La slogan touristique du pays est d’ailleurs « La Lettonie, le pays qui chante ».

28 Penhard Monique - 2007 Deuxieme partie : La culture pour s’ouvrir au monde

La musique est le lieu artistique où les lettons excellent et de nombreux artistes sont désormais reconnus sur la scène mondiale.

La cantatrice, Elina Garanca, s’est par exemple produite sur les scènes les plus connues telles que l’opéra national de Vienne, le Metropolitan Opera de New-York, le Teatro alla Scala de Milan, l’Opéra de Paris, le Bayerische Staatsoper de Munich, le Deutsche Staatsoper à Berlin et l’Opéra de Los Angeles.

Penhard Monique - 2007 29 La politique culturelle internationale de la Lettonie

Le violoniste Guidon Kremer fondateur de l’orchestre Kremerate Baltica, compte parmi les plus grands violonistes mondiaux. Le chef d’orchestre Mariss Jansons est également applaudi par les spécialistes. Le magazine « Le monde de la musique » lui consacrait en juin dernier un dossier dont le titre était « le plus discret des grands chefs d’orchestre » soulignant parmi les moments importants de sa carrière la direction en 2006 du concert du nouvel an à Vienne.

30 Penhard Monique - 2007 Deuxieme partie : La culture pour s’ouvrir au monde

Aux côtés de ces personnalités la Lettonie compte de grands ensembles comme l’Orchestre symphonique national de Lettonie et le tout récent mais brillant orchestre Sinfonietta Riga. Plus de 40 festivals dédiés à la musique se déroulent dans toute la Lettonie au cours de l’année dont les plus prestigieux sont le festival de musique sacrée, le festival de musique ancienne, le festival de l’opéra, le festival de musiques actuelles. La deuxième forme artistique particulièrement représentative de la sensibilité artistique lettone est la poésie. La poésie et les formes littéraires courtes sont très prisées en Lettonie. La langue lettone utilise beaucoup d’images et de métaphores. Imants Ziedonis est l’écrivain letton le plus connu et l’auteur des célèbres « contes de couleurs ». Ces œuvres ont été traduites et éditées en anglais, en allemand, en français, en russe, en suédois, en slovaque et en lituanien.

Penhard Monique - 2007 31 La politique culturelle internationale de la Lettonie

ème Le théâtre, en Lettonie, possède une tradition remontant au XIX siècle, mais trouve sa reconnaissance internationale contemporaine à travers le metteur en scène génial Alvis ème Hermanis, directeur artistique du nouveau théâtre de Riga depuis 1997. La 11 édition du prix Europe pour le Théâtre a consacré sa reconnaissance internationale, en mai 2007, en lui accordant le prix « Nouvelles Réalités théâtrales ». Avec son Nouveau Théâtre, il a participé à des festivals dans plus de vingt pays différents d’Europe et d’Amérique (Russie, Pologne, Lituanie, Estonie, Slovaquie, République Tchèque, Finlande, Allemagne, Autriche, France, Belgique, Suisse, Hongrie, Italie, Serbie et Monténégro, Pays-Bas, Etats-Unis et Canada). ème La peinture lettone se démarque en tant que telle à la fin du XIX siècle. Elle est, entre les deux guerres, influencées par les courants européens comme le fauvisme ou l’impressionnisme. Pendant l’époque soviétique, elle a su se développer malgré le joug communiste. L’art contemporain letton est très vivant. Il se développe grâce au centre letton d’art contemporain et sera fortement promu au sein du futur musée d’art contemporain de Riga dont nous parlerons plus loin. Le monde de la danse en Lettonie reste très classique. Formés dans la tradition du Bolchoï russe, les ballets représentés à l’opéra national de Lettonie sont d’excellent niveau. Des formes artistique nouvelles se développent comme le spectacle de marionnettes ou de nouveaux cirques. Les musiques actuelles trouvent leur public essentiellement en Lettonie ou dans les pays voisins. Seul le groupe Brainstorm (Prata Vetra) a élargi son audience vers l’ouest européen et obtient notamment la reconnaissance du groupe américain R.E.M qu’ils accompagneront lors de 9 concerts en 2005.

32 Penhard Monique - 2007 Deuxieme partie : La culture pour s’ouvrir au monde

Les artistes lettons atteignent les plus hauts niveaux et peuvent être des ambassadeurs de la Lettonie à L’étranger. On peut alors se demander, quelle importance l’Etat letton accorde à ce potentiel. Quels sont les enjeux qui peuvent pousser la Lettonie à développer une politique culturelle internationale ?

B. Les enjeux du développement d’une politique culturelle internationale

Dans son ouvrage sur la politique culturelle internationale de la France, Alain Lombard17 définit quatre enjeux fondamentaux qui ont poussé les Etats à mettre en place une politique culturelle internationale : ∙ La recherche de l’influence et la méfiance vis à vis de l’impérialisme culturel ∙ La recherche de la prospérité et la crainte de la marginalisation ∙ La recherche de la paix et la crainte du choc des civilisations ∙ La recherche de la diversité et la crainte de l’uniformisation Ces enjeux qui tendent à définir les objectifs que ce sont fixées les nations puissantes ne sauraient être totalement valides pour des nations telles que la Lettonie dans la mesure où elles ont peu de moyens pour pouvoir contribuer à la mise en place d’un véritable réseau culturel comme celui des centres culturels français ou des instituts goethe. Cependant, ils restent valides à la mesure des moyens dont disposent les pays. Pour certains Etats, la recherche d’influence est hors de portée et il s’agit plus, comme le souligne Alain Lombard, « d’une recherche de reconnaissance ou même de survie. » Cette recherche de 17 Alain Lombard, Politique culturelle internationale, Le modèle français face à la mondialisation, ed. Maison des Cultures du Monde/ Actes-Sud, coll. International de l’imaginaire n°16, 2003 Penhard Monique - 2007 33 La politique culturelle internationale de la Lettonie

reconnaissance qui est légitime se justifie en général par un discours sur la richesse de la diversitéculturelle que nous avons évoqué plus haut. Parmi les quatre enjeux fondamentaux qui ont poussé les Etats à mettre en place une politique culturelle internationale, nous retenons en ce qui concerne la Lettonie comme moteur principal : la recherche de reconnaissance, mais également la crainte de la marginalisation. Nous analyserons le premier enjeu au cours de cette partie tout d’abord à partir des textes officiels et des discours tenus par les décideurs lettons puis en analysant la place de la Lettonie au sein de l’espace nordico-balte. A travers des exemples concrets, nous verrons comment la Lettonie essaye d’obtenir une visibilité plus lointaine. Nous nous demanderons enfin comment sa politique peut s’envisager au sein d’une mondialisation prédatrice des cultures les moins fortes.

C. Les enjeux de la politique culturelle internationale dans les documents de référence : Obtenir la reconnaissance en s’insérant au sein des réseaux culturels internationaux Dès 1995, l’importance de la coopération culturelle internationale apparaît dans les Principales propositions de la politique culturelle de Lettonie. Elle est soulignée dans chaque domaine de la politique culturelle. Il est aussi important de soutenir les jeunes qui souhaitent se former à l’étranger, les tournées des musiciens lettons, l’organisation d’expositions dans d’autres pays, ou l’échanges d’expertise entre professionnels de l’art. Parallèlement, le document souligne le rôle du Ministère de la culture, du Ministère des affaires étrangères, des services diplomatiques et des institutions d’Etat dans la mise en place de projets de coopération dans le secteur culturel. Leurs actions se concrétisent par la signature d’actes de coopération entre gouvernements et ministères, par le soutien à la participation des professionnels de la culture dans les réseaux internationaux et par l’organisation de manifestations culturelles sur le principe de l’échange. Dès son indépendance, la principale orientation de la politique culturelle internationale de la Lettonie a été celle de multiplier les échanges artistiques avec l’étranger et d’assurer la présence lettone dans les réseaux professionnels internationaux. Lors du séminaire de coopération culturelle nordico-baltes tenu à Riga18 le 2 et 3 novembre 2005, Dace Neiburga, Secrétaire générale de la Lettonie à l’UNESCO, confirmait cette priorité. En matière de politique culturelle internationale, il s’agissait de : Faciliter la participation de la Lettonie dans le processus culturel international et dans les réseaux de coopération afin de créer une image positive de la Lettonie dans le monde, et de contribuer au dialogue et à la compréhension mutuelle des cultures et des civilisations. De même les Orientations de la Politique Culturelle d’État pour la période 2006-2015 définit la priorité en matière de politique culturelle internationale comme étant celle de : Promouvoir le dialogue des cultures et la connaissance mutuelle entre les Nations, et d’enrichir la vie culturelle lettone par une participation et collaboration active aux processus et réseaux culturels internationaux.19

18 Dace Neiburga, Power point de présentation à l’occasion du Nordic Baltic meeting on cultural cooperation 02. -03. November, 2005, Riga 19 www.kultura.lv : Résumé de la nouvelle politique culturelle du gouvernement 34 Penhard Monique - 2007 Deuxieme partie : La culture pour s’ouvrir au monde

Ainsi, depuis plus d’une dizaine d’année, l’objectif majeur de la Lettonie est de s’insérer dans les réseaux culturels internationaux pour acquérir une visibilité à l’étranger. Cette visibilité, la Lettonie l’a d’abord recherchée auprès de ses voisins naturels.

II. S’ouvrir d’abord à ses voisins : La Lettonie dans l’espace culturel nordico-balte

A. Quelle politique de coopération dans l’espace nordico-balte

a. Une coopération ancrée dans des relations commerciales historiques Dans le document de 1995, la coopération culturelle avec les Etats riverains de la mer Baltique est explicitement mentionnée comme faisant part de la politique culturelle internationale de la Lettonie. La Lettonie appartient en effet à cette sous-région européenne appelée l’espace baltique, que la fin de l’Union soviétique a permis de revitaliser. Cette région comprends les 10 pays riverains de la mer baltique : la Finlande, la Suède, la Norvège, le Danemark, l’Allemagne, la Pologne, la Russie et les trois états baltes. L’ensemble nordico-balte a pour point commun une culture marquée par le luthéranisme, une place prépondérante accordée aux femmes et une prédisposition particulière aux échanges internationaux […].20 Les échanges culturelles entre les pays baltes et leurs voisins de l’autre côté de la mer baltique sont ainsi historiquement marqués par une vitalité des échanges commerciaux qui ont bien souvent été les moteurs des échanges culturels. La Suède, qui fait face à la Lettonie de l’autre côté de la mer baltique, est par exemple l’un des principaux partenaires commerciaux et le premier investisseur dans le pays (273 millions de $ en 2003). Elle a concrétisé sa présence dans le domaine culturel par des manifestations théâtrales, cinématographiques, des expositions et des échanges étudiants. Le suédois est par ailleurs enseigné dans plusieurs institutions universitaires de Lettonie. En réponse, un Centre culturel balte a été créé à en 1998, pour promouvoir une coopération culturelle plus intense entre les trois pays baltes et la Suède. Il coordonnait les actions culturelles entre la Suède et les pays baltes, mais n’a malheureusement fonctionné que jusqu’en 2005. 70% du budget était couvert par l’Institut suédois. A l’instar de la Suède, le Danemark a couplé sa présence commerciale (troisième investisseur) par une présence culturelle à travers le Centre culturel Danois de Riga facilitant les échanges culturels et estudiantins entre les deux pays. Les relations avec l’Allemagne, forgées par huit siècles d’histoire commune et revitalisées dès 1991, ont fait de l’Allemagne, le premier partenaire commercial et le premier investisseur de Lettonie. Sa présence culturelle est assurée par l’Institut Goethe tandis que 23 jumelages unissent les villes lettones aux villes allemandes et que de nombreux échanges artistiques existent chaque jour entre les deux pays. (Par exemple, la chanteuse d’opéra lettone Elina Garanca se produit régulièrement en Allemagne, l’exposition « l’art moderne de Lettonie » a lieu du 20 juin au 14 septembre 2007 à Francfort sur Main.) La Finlande a surtout développé des relations commerciales et culturelles avec son ème ème plus proche voisin estonien. Elle est cependant le 7 partenaire économique et le 6 20 Pascal Orcier, La Lettonie en Europe. Atlas de la Lettonie, ed. Zvaigne ABC, Riga, 2005 Penhard Monique - 2007 35 La politique culturelle internationale de la Lettonie

investisseur en Lettonie. Sa présence se remarque surtout par l’immense centre commercial « Stockmann » du quartier de la gare centrale de Riga. La vitalité des échanges se retrouve également à l’échelle des villes. Selon l’association des gouvernements locaux lettons, les principaux liens de coopérations des villes lettones ont été conclus avec 46 communes suédoises, 40 allemandes, 24 danoises et lituaniennes et 15 estoniennes et finlandaises. Les premiers partenaires économiques de la Lettonie sont donc également des partenaires privilégiés dans le domaine culturel. Cette vitalité des échanges existant dans l’espace baltique s’est formalisée dès 1991, par la création de plusieurs réseaux ayant pour but de renforcer les liens politiques et économiques entre les pays, mais aussi culturels.

b. La Lettonie, membre actif des réseaux nordico-baltes ? La Lettonie fait ainsi partie de plusieurs réseaux baltes dont les trois plus importants sont le Conseil des Etats riverains de la mer baltique, le réseau Ars Baltica et l’Union des Villes de la Baltique (Union of Baltic Cities : UBC). Le Conseil des Etats de la mer Baltique a délégué son action dans le domaine de la culture au réseau Ars Baltica tandis que l’Union des Villes de la Baltique se préoccupe des enjeux culturels du développement des villes à travers sa commission culture. A noter que le dernier bulletin (jan 2007) de l’UBC est consacré à la culture au sein des villes. « La culture, comme moteur du développement municipal »

1. Ars Baltica Ars Baltica a été créé en 1991, sur l’initiative des Ministres de la Culture des différents Etats de la mer Baltique pour collaborer dans le domaine culturel. Il regroupe la Lettonie, L’Estonie, la Lituanie, la Finlande, la Suède, la Norvège, le Danemark, l’Allemagne, la Pologne et la Russie. Ce réseau collabore étroitement avec le Conseil des Etats de la mer Baltique pour une plus forte coopération culturelle dans la région. Cependant force est de constater que peu de projets développés par Ars Baltica se sont jusqu’alors déroulés en Lettonie. Les artistes lettons sont en revanche présents dans les projets développés par le réseau, comme le festival de la mer baltique se déroulant à Helsinki, Turku, Tallinn et Stockholm ou le festival européen des premières nouvelles à Kiel en Allemagne.

2. L’Union des villes de la Baltique (UBC) Le réseau UBC a également été créé en 1991 et comprend maintenant 100 villes adhérentes dont 8 villes lettones (Riga, Cesis, Jekabpils, Jelgava, Jurmala, Liepaja, Rezneke, et Tukums) contre 15 villes estoniennes et 9 villes lituaniennes. La commission culture de l’UBC a pour mission d’enrichir la vie culturelle des citoyens en incitant à la coopération et la compréhension mutuelle ainsi que de diffuser l’information des activités culturelles de la région. La Lettonie est relativement active au sein de ce réseau : La ville de Riga a accueilli ème la 6 session du réseau en 2002, Madame Agrita Ozola, directrice du musée de Tukums (Lettonie) fait partie des membres actuels de la commission, tandis que la ville de Riga publie conjointement avec les villes de Brême et de Rostock un calendrier des événements culturelles et expositions de la région distribué dans les villes sœurs.

36 Penhard Monique - 2007 Deuxieme partie : La culture pour s’ouvrir au monde

Schéma de la Coopération nordico balte L’apport de ces réseaux est sans aucun doute positif, mais la visibilité qu’ils permettent d’apporter à la vie culturelle lettone au sein de l’espace nordico-balte reste difficile à évaluer. La volonté politique de créer une zone culturelle nordico-balte est cependant présente et les contacts entre les pays existent assurément. Dans un même souci de coopération et de visibilité plus forte, la Lettonie, l’Estonie et la Lituanie ont mis en place, également dès 1990, des instances de coopération communes.

B. Estonie, Lettonie Lituanie : quelle collaboration ?

a. Les organisations de coopération culturelle ème La coopération entre estoniens, lettons et lituaniens remontent au début du XX siècle. En février 1934, les trois pays baltes signaient à Genève un Traité d’amitié et de coopération. Les domaines couverts par l’Entente balte étaient la politique étrangère, les sciences,

Penhard Monique - 2007 37 La politique culturelle internationale de la Lettonie

l’éducation et la culture. Reprenant cette initiative mise entre parenthèses pendant l’époque soviétique, les trois pays ont créé, en 1990, un organe de coopération intergouvernementale et parlementaire entre les pays baltes : le Conseil balte. Il sert de point de départ à la création de l’Assemblée parlementaire balte en 1991, du Conseil des Ministres baltes en 1994 et du Conseil des présidents baltes en 1993 rassemblant les chefs d’Etat. Le Conseil balte se réunit en une assemblée annuelle associant l’Assemblée et le Conseil des ministres ; elle se tient dans le pays assurant la présidence, à la fin de l’automne. L’Assemblée balte comprend une commission culture qui décerne chaque année des prix littéraires, artistiques et de recherche.

Schéma de la coopération balte (Estonie, Lettonie, Lituanie) La multiplication des échanges entre les responsables culturels des pays à travers la commission culture du Conseil des ministres des Etats baltes, le Conseil des ministres baltes et les conférences des ministres des pays riverains de la mer baltique, facilitent la coopération entre les trois pays. L’un des exemples le plus concret de coopération culturelle est l’ensemble « Kremerata Baltica », créé par Gidon Kremer en 1997 et constitué de jeunes

38 Penhard Monique - 2007 Deuxieme partie : La culture pour s’ouvrir au monde

musiciens venant des trois Etats. L’ensemble reçoit le soutien des trois ministères de la culture letton, estonien et lituanien. C’est dans ce même soucis de visibilité que les chants traditionnels des pays baltes ont été classés communément au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco en 2003. Cette même année, les ministères de la culture d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie signèrent un programme de coopération culturelle pour les années 2003 – 2005. Il nous a été malheureusement impossible d’en savoir plus à ce sujet. Un autre exemple de coopération inter-balte est la société des films de la baltique. Elle a pour mission de promouvoir à l’international les films estoniens, lettons et lituaniens et représente leur travail dans la plupart des festivals de cinéma et des marchés du films. Les projets menés en communs par les trois Républiques baltes leurs permettent d’avoir plus de poids sur la scène internationale.

b. La coopération balte pour le tourisme culturel Les trois pays ont également une visibilité commune dans le domaine touristique. Ils sont la plupart du temps proposés ensembles dans les circuits touristiques. Sous l’impulsion de l’UNESCO, les trois pays ont mis en place une politique de tourisme culturel commune. A cette fin a eu lieu en 2003, la conférence sur le tourisme culturel de la Baltique à Tallinn et un document détaillant les objectifs de La politique balte dans le domaine du tourisme culturel a été publié communément en 2001.21 Les évaluations de cette politique commune ne sont cependant pas encore disponibles. Cependant, la coopération des « tigres baltes » comme les journaux les dénomment régulièrement, s’est souvent arrêtée au cours de l’histoire là où commençait l’intérêt national. Les trois pays ont pris conscience des enjeux liés à la culture en terme de promotion et d’image et c’est ainsi que l’on peut observer des projets culturels ambitieux dans chacune des capitales baltes. Riga, entame la construction de trois entités culturelles de grande ampleur (voir supra) et fait la promotion de Riga comme « capitale culturelle de la Baltique » à travers ces projets.22 Vilnius se prépare à être capitale européenne de la culture en 2009 et souhaite développer l’image du pays à travers cet événement comme l’a souligné Le Président de la République de Lituanie lors de son discours annuel : Je m'aperçois de l'absence d'efforts de l'État pour attirer les investissements étrangers en Lituanie et les flux touristiques ainsi que pour faire connaître au monde la culture lituanienne. Apprenons de nos voisins à créer une image de l'État. Une application courageuse des nouveautés stimulant le progrès du pays peut non seulement donner un profit matériel, mais aussi faire connaître le pays dans le monde, encourager à s'y intéresser.[…] Il faut aussi […] renforcer l'image de l'État. Comme nous le savons, en 2009 la Lituanie célèbrera son millénaire, et Vilnius deviendra capitale européenne de la culture.23

21 Commission lettone, estonienne et lituanienne de l’Unesco, La politique balte dans le domaine du tourisme culturel 2001 - 2003 22 voir site : www.j3b.gov.lv 23 http://www.president.lt/fr/news.full/605 - Communication annuelle du Président de la République de Lituanie Valdas Adamkus. 19.04.2007© Chancellerie du Président de la République de Lituanie Penhard Monique - 2007 39 La politique culturelle internationale de la Lettonie

L’Estonie a investi, quant à elle, 55 millions de kroons (soit un peu plus de 3,5 millions d’euros) dans un programme de développement touristique de l’Estonie qui prévoit la construction de plusieurs hôtels, golf, centre de conférence et de divertissement. L’idée est d’utiliser les techniques marketings pour faire la promotion du pays. L’action est menée par le bureau « Enterprise Estonia » créé pour l’occasion par le gouvernement letton. Les trois pays ont donc à cœur de se démarquer les uns des autres. Cependant cette volonté agit plus de manière positive et stimulante. L’implication de la Lettonie dans ces réseaux démontre l’importance qu’elle accorde à l’ouverture internationale dès son indépendance. Elle a rétabli dans un premier temps les liens historiques existant avec les pays riverains de la mer baltique et renforcé dans un second temps ceux existant avec l’Estonie et la Lituanie. Les contacts existent aussi bien au niveau des gouvernements que des institutions et des responsables culturels. Cependant, la Lettonie ne s’est pas arrêtée à ses voisins et elle cherche à être présente et reconnue également au-delà de l’espace nordico-balte.

III. S’ouvrir au reste du monde

A. Acquérir une visibilité internationale au sein de l’Europe

a. Une politique événementielle

1. Etre présent lors des grands événements internationaux. Pour s’ouvrir plus largement au reste du monde, la stratégie du ministère de la Culture est celle d’assurer la présence lettone lors des grands rassemblements internationaux comme la Biennale de Venise ou le Festival de . Le quotidien letton Diena (équivalent du Monde) rappelait à ce sujet la position de la Ministre de la culture lettone, Madame Helena Demakova. On ne peut pas répéter l’expérience de l’année précédente où toutes les manifestations importantes se sont déroulées à Moscou. Il faut changer cette proportion en faveur de l’Union Européenne ». a souligné Madame Demakova.24 (20 mars 2004) De même elle a exprimé à Diena son indignation du fait que la Lettonie n’ait pas été représentée au marché du film qui a lieu en marge du festival de Cannes25 : C’est inadmissible de ne participer que de temps en temps sous prétexte de manque d’argent. Il faut élaborer un registre des événements culturels auxquels la Lettonie doit être présente sans aucun débat. La présence de la Lettonie est également d’importance lors des événements populaires comme l’. La Lettonie y a présenté ses meilleurs artistes de musiques actuelles :

24 Diena, Entretien avec la Ministre de la culture lettone, Madame Helena Demakova, à propos des projets du ministère de la Culture, 20.03.2004 – Revue de presse de l’Ambassade de France en Lettonie, traduction : ambassade 25 Diena rietuma, Madame Demakova participe à une réunion des ministres de l Culture de l’UE, en marge du festival de Cannes, 19.05.2004 - Revue de presse de l’Ambassade de France en Lettonie, traduction : ambassade 40 Penhard Monique - 2007 Deuxieme partie : La culture pour s’ouvrir au monde

le groupe Brainstorm qui est le seul groupe letton a avoir une audience à l’ouest de l’Europe, le groupe vocal cosmos en 2006 et la chanteuse Maria Naumova qui avec sa victoire a amené l’organisation de l’événement à Riga en 2004.

2. Créer et saisir l’opportunité d’une saison culturelle lettone en France : le festival Etonnante Lettonie Cette politique événementielle a trouvé son apogée en 2005, lors de la saison culturelle « Etonnante Lettonie ». C’est à l’occasion de la visite officielle du Président Jacques Chirac à Riga en juillet 2001 que la Présidente lettone Vaira Vike-Freiberga a fait la proposition d’une saison culturelle lettone en France en 2004. La convention a été signée en octobre 2002 et la saison a finalement eu lieu à l’automne 2005. Une centaine d’événements dans des domaines artistiques aussi diversifiés que les arts plastiques, l’opéra, la danse, les nouveaux médias, le chant et la musique ont pris place dans les villes de Paris, Strasbourg, Bordeaux et Lyon, partenaires privilégiés de la manifestation.

Le festival Etonnante Lettonie a été l’occasion de reconstruire des liens qui existaient entre les deux guerres et avaient été rompus par une cinquantaine d’années de communisme. Il a non seulement permis de faire découvrir la Lettonie aux français, mais aussi aux responsables des différentes structures de se rencontrer. Les relations économiques et politiques n’ont pas été mises de côté. Le festival a été doublé de séminaires et table-rondes entre les chefs d’entreprises lettons et Français. La Présidente de la Lettonie ainsi que plusieurs ministres lettons se sont également rendus en France à cette occasion. Pendant le Festival, Le Président français et la Présidente lettone ont décidé qu’une saison culturelle française ferait pendant à l’événement, en Lettonie au printemps 2007. Cette événement décidé au plus haut niveau politique entre donc entièrement dans la politique culturelle internationale du pays et participe de sa visibilité comme le souligne Sandra Kalniete,26 dans un entretien pour la revue Rézo international.27 La France célèbre La Lettonie cet automne avec un festival étalé sur trois mois. Qu’en attendez-vous ? « Je suis très heureuse car c’est un projet que j’ai vu naître et je me suis montrée insistante pour qu’il aboutisse. La Lettonie est peu connue en France car, ayant été sous domination soviétique, nous nous sommes longtemps retrouvés absents de la carte mentale des Européens. Ni politique, ni économique, ce rendez-vous culturel reflète l’identité de toute une nation ; c’est par la culture que la communication et la connaissance avancent. C’est la culture également qui nous a permis de résister et de garder notre identité pendant l’occupation soviétique. » Sandra Kalniete donnait également son sentiment sur la perception des Français de la Lettonie dans ce même interview. Selon vous, comment a évolué la perception de la Lettonie par les Français depuis 1997, lorsque vous êtes arrivée en poste à Paris ?

26 Sandra Kalniete a été ambassadrice de Lettonie en France de 1997 à 2002, Ministre des Affaires étrangères, puis commissaire européenne jusqu’en 2004 à Bruxelles. Elle est depuis ambassadrice et conseillère spéciale auprès du commissaire à l’Energie. Elle a publié un roman autobiographique, En escarpins dans les neiges de Sibérie, en 2003. 27 REZO International. Etonnante Lettonie. Numéro 18, Publication de l’association française d’action artistique, septembre/ octobre 2005. Penhard Monique - 2007 41 La politique culturelle internationale de la Lettonie

« Il y a une meilleure connaissance maintenant, c’est évident, liée aux intérêts nouveaux créés par l’élargissement de l’Europe. Cependant, il reste beaucoup à faire pour éveiller la curiosité et l’intérêt des Français. Malgré tout, vous êtes de plus en plus nombreux à faire le voyage afin de voir, sur place, à quoi ressemble le pays et comment il évolue.[…] » Daniel Schlosser, commissaire français de la saison Etonnante Lettonie, témoigne de la surprise agréable de l’équipe de Cultures France face à l’intérêt et au succès suscité par le festival. La presse a accueilli par ailleurs positivement le pays qui désirait étonner ! SE M. Lappuke, Ambassadeur de Lettonie en France jusqu’en août 2007, déclarait également que par rapport à un plafond de 100, la réussite de la manifestation devait être évaluée à 180%. Ce premier événement letton d’une telle importance en dehors de Lettonie a incontestablement aidé la Lettonie à renforcer sa visibilité à l’étranger, même si beaucoup de français et d’européens restent encore incapables de la situer précisément sur la carte de l’Europe, les objectifs ont été atteints au niveau des décideurs. A l’issu du festival, lors de la réunion du comité mixte pour la préparation du printemps français, 107 projets étaient déjà validés, témoins de l’implication et de la motivation des partenaires français.

42 Penhard Monique - 2007 Deuxieme partie : La culture pour s’ouvrir au monde

Le festival Un Printemps français a continué à renforcer ces liens entre les deux pays. La Lettonie a maintenant des relations culturelles privilégiées avec la France puisqu’à l’issue du festival Un Printemps français, de nouveaux jumelages entre villes sont nés ainsi que de nouvelles idées de projets de coopération. Les relations culturelles précèdent ème cette fois-ci les relations économiques car la France n’est que le 12 fournisseur de la Lettonie. On peut se demander cependant pourquoi la Lettonie a développé des relations culturelles privilégiées avec la France alors que par exemple la langue allemande et anglaise précèdent largement le français en Lettonie. A cette question l’Ambassadeur de Lettonie me répondait qu’il y avait un certain prestige à travailler avec la France dans le domaine culturel, mais que le vrai moteur avait été Madame Vaira Vike Freiberga, alors Présidente de la République de Lettonie. Cette action de politique culturelle est donc ici le fait d’une personnalité charismatique capable de convaincre et de motiver un gouvernement et un pays. Ce qui est en revanche indéniablement l’œuvre de tout un gouvernement sont les trois projets de constructions actuellement en cours en Lettonie. b. Une politique de construction Penhard Monique - 2007 43 La politique culturelle internationale de la Lettonie

Les Trois Frères, Riga

44 Penhard Monique - 2007 Deuxieme partie : La culture pour s’ouvrir au monde

En avril 2005, l’agence des nouveaux trois frères (j3b) a vu le jour, en référence à l’ensemble des trois plus vielles maisons de Riga appelées les trois frères. Cette agence, supervisée par le Ministère de la Culture, a pour mission de piloter trois projets de construction ambitieux : ∙ la bibliothèque nationale de Lettonie, ∙ un complexe de salles de concerts ∙ le musée d’art contemporain La construction de ces trois « frères » représente le plus grand investissement culturel jamais entrepris par le gouvernement. La Lettonie a fait appel aux meilleurs architectes pour la réalisation de ces bâtiments. Le cabinet de l’architecte letton mondialement connu, Gunars Birkerts, travaille depuis 15 ans à la réalisation d’un « château de lumière » que sera la nouvelle Bibliothèque nationale de Lettonie, tandis que le bureau des architectes lettons SZK – Silis, Zabers, Klava, vient de recevoir l’aval du jury international pour son projet de nouvelle salle de concert. Le musée d’art contemporain sera lui pris en charge par

Penhard Monique - 2007 45 La politique culturelle internationale de la Lettonie

un bureau d’architecte néerlandais : O.M.A Stedebouw B.V. mené par l’architecte mondial Rem Koolhaas. Comme le souligne l’Ambassadeur de Lettonie en France, SE M. Lappuke, ces projets sont indispensables pour la visibilité d’un pays. Pour moi ces projets sont indispensables pour acquérir une visibilité. La bibliothèque nationale est en premier lieu indispensable. L’exemple français est marquant : l’Arche de la défense, le Centre Pompidou etc. Paris est fait de contraste. A chaque fois ces projets ont suscité des scandales et pourtant c’est ce qu’on retient du pays. L’image de marque d’un pays est liée à quelques monuments forts phares, symboliques. […] Il y a des choses qui coûtent chers et que l’on peut regretter et des choses qui coûtent cher et que l’on doit faire.28 Ces trois projets sont perçus en Lettonie comme vecteur d’image, de fierté et de reconnaissance internationale. Le spot vidéo de présentation du projet de la bibliothèque nationale se termine par : « Dans peu de temps, le « château de lumière » sera une source visible de la fierté nationale. »29

28 Entretien avec SE M. Lappuke, juillet 2007, par Monique Penhard 29 Spot de promotion sur le site www.kultura.lv 46 Penhard Monique - 2007 Deuxieme partie : La culture pour s’ouvrir au monde

Maquette de la bibliothèque nationale et panneau d’annonce que l’on peut trouver dans la ville de Riga De même la salle de concerts est présentée comme étant d’importance « […] non seulement parce qu’elle sera un centre culturel et artistique des pays baltes, mais aussi en tant qu’objet architectural de classe européenne et mondiale »30 Pour Inese Baranovska, qui est actuellement dans l’équipe chargée des collections au sein de l’agence des nouveaux trois frères, la promotion internationale doit commencer dès maintenant : « Si nous voulons être internationaux, il est très important de commencer la promotion dès à présent. […] C’est pour cette raison que nous avons un architecte de renommée international comme Rem Koolhaas. Parce que le plus grand intérêt se focalise désormais sur ce que nous sommes en train de faire et ce que nous allons faire. »31

30 www.kultura.lv 31 Entretien avec Inese Baranovska, juin 2007, par Monique Penhard Penhard Monique - 2007 47 La politique culturelle internationale de la Lettonie

Maquette du musée d’art contemporain, Riga La Lettonie ne se contente donc pas d’être présente à l’étranger, mais elle renforce son attractivité pour devenir un lieu fort de l’actualité culturelle internationale. La revitalisation de l’image lettone à travers ces nouveaux trois frères vient essentiellement de la capitale sur les terres de laquelle ces bâtiments seront érigés. La ville elle-même est dans une optique internationale. Plus d’une vingtaine de personne travaillent pour les relations internationales de la ville. Riga peut compter plus de trente jumelages sur les 5 continents.

48 Penhard Monique - 2007 Deuxieme partie : La culture pour s’ouvrir au monde

Il devient alors légitime de se demander si la coopération culturelle internationale est mise en scène uniquement à partir de la ville de Riga. Quelle est le rôle des villes régionales de Lettonie dans le processus international ? c. L’apport de la coopération culturelle décentralisée : les relations culturelles internationales des villes régionales de Lettonie

1. Les relations culturelles internationales des principales villes régionales de Lettonie La ville de Daugavpils (109 400 habitants), est la deuxième ville de Lettonie par sa population. La constitution de sa population et sa situation auprès de lafrontière russe ne lui permettent pas de mettre en pratique une politique tournée entièrement vers les Lettons. Le site Internet de la ville se décline en letton et en russe. La version anglaise étant très incomplète. La majorité des institutions culturelles de la ville adopte également un programme bilingue. Cependant, la ville est dans une optique internationale plus large

Penhard Monique - 2007 49 La politique culturelle internationale de la Lettonie

avec l’ambitieux projet Mark Rothko. Le célèbre peintre américain, à l’origine du concept du sublime en art contemporain est originaire de Daugavpils. Ce lien de parenté est l’occasion pour la ville de lancer la construction du Centre d’art Mark Rothko, à l’Arsenal de la forteresse de Daugavpils. En attendant la construction du Centre, l’ « international plein air Mark Rothko » a lieu tous les ans. Pendant deux semaines, les artistes professionnels des arts visuels se rencontrent et présentent au final une exposition des travaux exécutés pendant le séjour. Ces événements permettent d’attirer l’attention internationale sur la ville de Daugavpils. La ville de Daugavpils est jumelée avec 10 villes : danoise, polonaise, russe, italienne, suédoise, biélorusse, israélienne, et lituanienne.

La ville de Liepaja (86 000 habitants) prévoit pour 2010 la construction d’une salle de concert qui sera patronnée par l’ancienne Présidente de Lettonie Madame Vaira Vike Freiberaga. Ce projet est réalisé dans la lignée de la nouvelle salle de concert de Riga et permettra à Liepaja d’obtenir une place conséquente dans les circuits artistiques internationaux. La ville organise par ailleurs 4 festivals internationaux : ∙ Piano star en mars ∙ La Caines Beach Party en juillet ∙ Ambre de Lettonie en juillet (Liepajas Dzintars) ∙ Le festival de musique d’orgue en septembre. L’aéroport international de la ville lui confère une ouverture à l’étranger comme le souligne le site Internet de la ville en letton, russe, anglais et allemand. La politique internationale de la ville de Jurmala (55 500 habitants) est essentiellement tournée vers le tourisme puisque la ville est une station balnéaire. Elle se destine aux touristes lettons, russes, anglais, finlandais, allemand, français, lituaniens et estoniens. La ville balnéaire de Ventspils (44 000 habitants) développe également les activités touristiques, mais son ancienne réputation de port de transit pétrolier freine ce développement. La plupart des touristes viennent pour la mer comme le confirme un sondage présent sur le site de la ville. Le développement culturel international n’est cependant pas abandonné comme en témoigne la création de la Maison internationale des Écrivains et des Traducteurs de Ventspils par le Ministère de la Culture, la ville de Ventspils et le Centre de littérature lettone. La ville est jumelée avec trois autres villes en Suède (Västervik), en Allemagne (Stralsund) et en France (Lorient).

50 Penhard Monique - 2007 Deuxieme partie : La culture pour s’ouvrir au monde

La ville de Jelgava (66 000) a noué 11 jumelages, mais ne développe son site Internet qu’en letton.

2. Villes et états : une politique commune ? En observant ce qui se passe dans les principales villes de Lettonie, il est d’abord possible de remarquer que dans la réalité, les villes et les institutions sont obligées de tenir compte de leur population et de leur clientèle. La langue russe devient de ce fait fortement présente dans une ville comme Daugavpils ou Jurmala où une grande partie de la population est d’origine russe. Le discours national pro-letton devient également difficile à mettre en pratique lorsque la majorité des touristes sont d’origines russes comme à Jurmala. Il devient alors possible d’avancer qu’il existe un certain décalage entre le discours des politiques et la réalité quotidienne à laquelle les maires et les institutions ont à faire face. Cependant, les villes lettones et le gouvernement letton, ont pour point commun une grande ouverture internationale qui se traduit par des efforts linguistiques de traductions en plusieurs langues, la construction de complexes culturels et le développement du tourisme international.

B. La recherche de la prospérité et la crainte de la marginalisation : La Lettonie face à la mondialisation Parallèlement à la recherche de reconnaissance, le deuxième enjeu majeur identifié par Alain Lombard et valable pour la Lettonie est « la recherche de la prospérité et la crainte de la marginalisation ». La recherche de la prospérité renvoie au poids économique de la culture, et plus précisément au poids et à l’impact des industries culturelles. La crainte de la marginalisation fait référence d’une part, au risque de pillage si les échanges se font dans le sens de l’exportation et d’autre part au risque d’étouffement si les échanges se font dans le sens de l’importation. La Lettonie est bien consciente des enjeux concernant la recherche de la prospérité et la crainte de la marginalisation. C’est pour cela qu’elle soutient son cinéma national, sa littérature et sa musique.

a. Les institutions de promotions de la culture nationale

Penhard Monique - 2007 51 La politique culturelle internationale de la Lettonie

Dès 1991, le Centre national du cinéma letton, a été créé avec notamment pour missions de préserver le patrimoine audiovisuel national et de promouvoir les films lettons à l’étranger. Le Centre letton d’information sur la musique a été créé plus tard, en juillet 2002. Comme le Centre national du cinéma letton, il est un organisme délégué du Ministère de la culture. Le Centre letton d’information sur la musique a pour mission de promouvoir la musique lettone, de faciliter l’implication de la Lettonie sur la scène internationale, ainsi que de promouvoir la production et la publication de musique lettone. Le Centre letton de littérature est également missionné par le Ministère pour établir et maintenir des liens de coopération avec les organisations étrangères, coordonner des résidences d’écrivains et de traducteurs internationaux et lettons ainsi que promouvoir les traductions des œuvres lettones.

b. Un rapport positif à la culture américaine Les Lettons sont bien conscients de la nécessité de préserver leur culture, comme en témoigne les institutions décrites ci-dessus, mais cette nécessité ne se cristallise pas dans la peur de l’impérialisme culturel américain. Les intellectuels lettons n’ont pas peur d’affirmer face à leurs homologue notamment français qu’ils aiment la culture américaine. Lors du colloque Regards Croisé Franco Letton sur l’Europe 32 , Nils Muiznieks, Directeur de l’Institut d’études en sciences sociales et politiques de l’Université de Lettonie, a affirmé d’un ton légèrement provocateur qu’il aimait la culture américaine. De même la Ministre de la culture lettone, Mme Demakova déclarait dans un entretien au journal Télégraphe « Je voudrais dire honnêtement que contrairement aux Européens, j’aime beaucoup les Etats-Unis, je considère que la culture américaine est très intéressante. »33 C’est pourtant le cinéma américain, qui domine la production lettone. Les parts de marchés se partagent comme suit :

34 Part de marché Nationalité des films Américains 89,73% Lettons 5,05% Français 2,95% Films européens 1,46%

C’est ainsi dans les domaines artistiques obéissant aux règles des industries culturelles que la présence étrangère et notamment américaine est la plus prégnante. Cette prédominance du cinéma américain est un exemple des effets de la mondialisation. Cependant, les lettons accueillent cette mondialisation de manière positive, car elle reste une manière de s’ouvrir au monde !

32 Regards Croisé Franco-lettons sur L’Europe, Les représentations des identités européennes et le défi de l’élargissement, Riga, Lettonie, 25 & 26 mai 2007 33 * Entretien avec la ministre de la Culture Mme Demakova : festival « Etonnante Lettonie » en France (« Telegraf ») (10.10.05) 52 Penhard Monique - 2007 Conclusion

Conclusion

Cette étude nous a permis de comprendre la place de la culture dans l’histoire de la Lettonie et d’apporter une analyse des relations russo-lettones sous l’angle culturel. La complexité des relations russo-lettones se manifeste d’autant plus au sein des enjeux culturels que la culture a été l’élément fondateur de l’identité lettone (Daïnas et chant) et le lieu de résistance de cette nation face à l’oppresseur russe. La culture lettone, qui a cohabité pendant plus de deux siècles avec la culture russe, est cependant influencée par celle-ci, mais la politique culturelle de la Lettonie vise clairement à promouvoir la seule identité nationale lettone. La politique culturelle lettone entre donc dans la politique générale du pays. Il est intéressant de remarquer à quel point les enjeux culturels, qui peuvent être considérés comme neutres, sont en fait profondément politiques. Ce premier volet de politique culturelle étrangère par rapport à la Russie se double d’un deuxième volet en direction de l’Europe. Un premier objectif de la politique culturelle internationale de la Lettonie, porté notamment par la ministre de la culture est d’acquérir la reconnaissance internationale des crimes du communisme. Le second objectif est d’obtenir une visibilité culturelle internationale. La stratégie mise en place par la Lettonie est d’une part celle de s’intégrer aux réseaux culturels internationaux baltiques et européens et d’autre part d’entreprendre des projets de construction permettant de construire l’image de la Lettonie. A la question : « Quels enjeux sous-tendent l’action culturelle internationale de la Lettonie ? » il est possible de répondre que l’enjeu principal est celui de la reconnaissance. La reconnaissance de leurs souffrances passées et la reconnaissance ou plutôt la connaissance de l’Etat nation Letton. Il est intéressant de remarquer à ce sujet que la visibilité de la Lettonie dépend de son dynamisme. Beaucoup d’européens ayant voyagé là-bas m’ont témoignée qu’ils avaient été impressionnés par le dynamisme des gens, leur volonté d’entreprendre malgré les difficultés liées à des conditions de vie difficiles. La volonté d’ouverture internationale n’est pas uniquement quelque chose portée par l’Etat, on la retrouve au niveau des villes et des personnes. Les gens parlent souvent plusieurs langues et connaissent l’actualité des autres nations européennes. Beaucoup de jeunes lettons vont faire des séjours à l’étranger. Le problème des relations russo-lettones reste le point épineux de la politique culturelle internationale lettone. Les journées de la culture russe qui vont avoir lieu à l’automne 2008 vont dans le sens d’une ouverture vers la Russie, cependant ces relations resteront, à notre avis, compliquées tant que la Russie n’aura pas reconnue ses crimes. Agnese Logina, une lettone de 17 ans me partageait qu’en Russie la télévision avait interrogé des gens dans la rue en leur demandant quel était pour eux l’ennemi numéro 1 de leur pays et qu’à cette question beaucoup de russes avaient répondu la Lettonie ! Ce témoignage reflète d’une certaine mesure le discours russe en Russie. Les historiens lettons ne peuvent toujours pas avoir accès aux archives russes concernant notamment l’occupation de la Lettonie, qui est également l’un des point de tension majeur pour l’élaboration d’un manuel d’Histoire commun.

Penhard Monique - 2007 53 La politique culturelle internationale de la Lettonie

L’évolution de la politique culturelle internationale de la Lettonie reste donc à observer avec attention. Il sera intéressant d’être attentif au cours des prochaines années à l’évolution, d’une part, des projets de construction du pays, mais aussi de celle du tourisme culturel, puis de faire une étude d’image de la Lettonie en Europe pour comprendre l’impact de sa politique internationale actuelle. Il se pourrait bien que la Lettonie devienne une destination majeure et un partenaire culturel de plus en plus précieux.

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Annexes

Annexe 1 : Principales propositions de la politique culturelle de Lettonie, 1995

Main Cultural Policy Postulates of Latvia RIGA, 1995 The main postulates of the cultural policy are a joint agreement between the State and society, confirmed by the Saeim which defines the main principles, aims and tasks of the national cultural programme and works out a package of legal draft project as well as puts into practice the State cultural policy. I. CULTURE AND STATE POLICY II. THE MOST IMPORTANT TASKS OF STATE CULTURAL POLICY III. THE MECHANISM OF PUTTING CULTURAL POLICY INTO PRACTICE ∙ LAWS, GOVERNMENT DECISIONS, NORMATIVE ACTS ∙ FINANCING ∙ THE ORGANIZATIONAL STRUCTURE OF CULTURAL ADMINISTRATION ∙ INFORMATION, RESEARCH, FORMATION OF PUBLIC OPINION AND ACTIVITIES IV. EDUCATION AS THE BASIS AND FUTURE OF CULTURE ∙ GENERAL EDUCATION ∙ CULTURAL EDUCATION ∙ SUPPLEMENTARY EDUCATION ∙ SPECIAL EDUCATION ∙ SCIENCE V. THE PROCESS OF CULTURE. TRADITIONS AND CREATIVE WORK ∙ CULTURAL HERITAGE ∙ PRESENT DAY ARTISTIC CULTURE. CREATIVE ACTIVITIES Professional creative art Folk art, craftmanship, amateur activities VI. THE INFRACTRUCTURE OF CULTURE. PROPAGATION OF CULTURE AND ITS ACCESSIBILITY ∙ DRAMATIC ART. ACTIVITIES OF THEATRES ∙ PERFORMING MUSIC ∙ VISUAL ART ∙ MUSEUMS ∙ LIBRARIES ∙ ARCHIVES ∙ CULTURAL INDUSTRY – Book publishing – Recording industry

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– Cinematography – Electronic mass media. The press VII. CULTURAL ENVIRONMENT AND CULTURAL CO-OPERATION ∙ AN ORGANIZED ENVIRONMENT ∙ REGIONAL CULTURE ∙ CULTURE OF LATVIANS RESIDING ABROAD ∙ CULTURAL ACTIVITIES OF NON-LATVIANS RESIDING IN LATVIA ∙ INTERNATIONAL CULTURAL CO-OPERATION The postulates of state cultural policy witness to the presence of culture on all levels of National existance and determines the main tasks of cultural supervision in the interests of society. The State regularly looks through and renews the requirements of this document corresponding to the interests and necessities of the cultural process in the interests of the Latvian people. The document was prepared by Ministry of Culture Republic of Latvia Work group: I.Ziedonis (leader of the work group), R. Čaupova, R. Muiżniece, J. Treile Minister of Culture J. Dripe I. Culture and State Policy In a wider sense culture is not a separate part of life; it embraces everything that man has created and is still creating, including himself and society. Culture exists and displays itself as a definite value in every action of man. It forms and determines the attitude of the nation and the individual towards the world, other individuals and himself. The mission of culture is to increase the humane traits in man, society and nation, to create understanding about values and perceptivity of man's existence. Each nation has accumulated a vast cultural inheritance in its historical experience which forms and supports national self - confidence and dignity. Being ethnically historically, religiously, politically etc. restricted, culture in its essence is the keeper and generator of values common to all mankind. It is this quality that makes it possible unite all humanity and create understanding among individuals and nations throughout centuries, above ethnic, religions, social and other differences. The general and universal cultural heritage of mankind developed from contributions form the cultural donations of various nations. That is why development and cultivation of a nation's culture is the right and duty of each nation determing its right of existance. Culture being the essence of perception of values of each nation, works on creating values and keeps up the spirit of independence free from dictations of the state or some other power. The essential condition for the existance and development of culture ( just like that of any nation and individual ) is freedom, and because of that the relationship between culture and state power in Latvia has developed historically in a conflicting and antagonistic way. Even, after restoration of an independent democratic state notirished a suspicious and distrustful attitude to the necessities of state policy in culture. The states who have stable democratic traditions testify by their experience: joint work of the state and people in creating spiritual values bears fruit only if it is based on a common understanding of values. The essence of this document is the coordination of cultural values between the people and the State and coming to an understanding as to its aims, tasks and principles for further development of Latvia as a nation of culture. The essential principle of the cultural policy of the Latvian nation is not to interfere with the regulation of creative process, simultaneously ensuring favourable conditions and necessary resources for the development of cultural process and cultivating creative initiative both of the individual and the people for the functioning of cultural infrastructures. Democracy in cultural policy means responsibility of the State for guaranteeing each member of society free access to Values already created ( cultural heritage ) as well as to those being actually

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created. The main task of state cultural policy is to secure a process of continuity in Latvia, not to admit discuption in Latvia's cultural development and to protect its national uniqueness. The aim of Latvia's state cultural policy is to create a personality who is free, creative, spiritually enriched, humane and self confident in a national democratic state with a cultivated society. Main cultural policy postulates of Latvia are based on internationally acknowledged principles and works. The State effectuates a balanced cultural policy which unites and coordinates social activities, sustains the model of the European type where state supervised cultural activities are balanced and united with multiform self - governed cultural policies and manifestations of public and private initiatives. II. The Most Important Tasks of State Cultural Policy ∙ Guaranteeing legal, economic and social conditions for freedom; ensuring a material and financial support enabling each individual to participate in the acquisition of cultural values and their creation. ∙ Protecting the heritage of national culture, research and its present day inclusion in cultural activities. ∙ Protecting Latvia as a small territory with its culture and language from the expansion of the language and culture of larger areas; strengthening national consciousness of identity and self-esteem of Latvians and Liivs who live within an accessible space of world culture. ∙ Promoting decentralization in the administration of cultural policy, in financing cultural institutions and in taking upon itself the responsibility of cultural development on all levels - the state, municipal, social and individual. ∙ Furthering regional cultural development, establishing culture centres outside Riga; securing full-bodied cultural life in the whole of Latvia. ∙ Limitting the harmful influence of free market economics and the commercialization on culture. ∙ Strengthening integration between culture and education; favouring orientation of value formation in children and teenagers; involving them in the creative process of culture. ∙ Encouraging enrichment of culture between Latvians and other nations, by promoting interchange of fruitful ideas and experiences. ∙ Garantir les conditions légales, économiques et sociales pour la liberté, assurer un soutien matériel et financier permettant à chaque individu de participer à l’acquisition de biens culturels et à leur création. ∙ Protéger le patrimoine nationale, la recherche et son intégration dans des activités culturelles. ∙ Protéger le petit territoire de Lettonie, sa culture et sa langue de l’expansion de la culture et de la langue de territoires plus grands. Renforcer la conscience et l’identité nationale, l’estime de soi des lettons et des lives qui vivent au sein d’une culture mondiale accessible. ∙ Promouvoir la décentralisation des administrations de la politique culturelle, en finançant des institutions et en leur donnant la responsabilité du développement culturel a tout les niveaux : national, municipal, social et individuel. ∙ Approfondir le développement culturel régional, en établissant des centres culturels en dehors de Riga. ∙ Limiter l’influence appauvrissante d’une économie libérale et celle de la commercialisation de la culture. Penhard Monique - 2007 57 La politique culturelle internationale de la Lettonie

∙ Renforcer l’intégration entre la culture et l’éducation. Favoriser la formation des enfants et adolescents basées sur des valeurs. Les impliquer dans le processus de la création. ∙ Encourager l’enrichissement de la culture entre les lettons et d’autres nations en promouvant les échanges et les idées et expériences fructueuses. III. The Mechanism of Putting Cultural Policy into Practice The main implements of putting cultural policy into practice are: ∙ legislation ( laws, rules, decrees, legislative acts ); ∙ financing; ∙ organizational structures of cultural policy management; ∙ information, research, formation of public opinion. 1. LAWS, GOVERNMENT DECISIONS, NORMATIVE ACTS The postulates of Latvia's cultural policy foresees a comparatively large number of laws and regulations concerning culture in comparison to those in other countries. This is necessary at present because of the changes in economy and social life when the place of culture has to be strengthened in society. 1.1. In order to solve the complex tasks concerning culture, the State foresees a package of laws ( The Law on National Cultural Heritage, The Law on Copyright and Additional Rights, The Law on Folk Art, rules for various branches of culture, tax laws stimulating cultural policy etc.). 1.2. Legislative acts concerning culture in the stage of its development are co-ordinated with State policy concerning cultural evolution. 1.3. The State foresees that the association of creative professions, social organizations of cultural branches and national committees of international cultural organizations should participate in making up legislative acts. 1.4. Municipalities have the right according to legislative acts to adopt local decisions and rules, to introduce local taxes in order to finance cultural needs. 2. FINANCING In financing culture the State policy tries to create an optimal state to balance cultural heritage by financial upkeep of new creative experiments and gives financial support for new non-state cultural displays. 2.1. In realizing the cultural policy by the State, the main financial source is the State budget. The State guarantees annual means from the budget for advancing culture which makes up 5% from the whole State budget. At present this is the optimal amount the State budget can afford, but not less than 2,5%. 2.2. The overall financing for cultural needs provided for by the State and municipal resources - with the addition of means sponsored by businessmen and private persons. The State ensures legal basis for these combined financial schemes. 2.3. For maintenance and development of cultural infrastructures the State budget resources are distributed by a council of specialists from the Ministry of Culture according to the requirements of cultural establishments, by an analysis of work of the preceding year and the amount of the allotted means. 2.4. For support of talented personalities and creative achievements of ensembles, part of the resources of the State budget is allotted on the basis of competition to cultural projects, for prizes, grants and stipends. 2.5. Supplementary sources for obtaining necessary means for culture are: special taxes and duties from lotteries and games of hazard; income from lotteries, devoted to a definite purpose ( lottery "Dziesma" - Song ); 2.6. Income obtained from lotteries and games of hazard is entered into a special budget and it is allotted by a council of public experts appointed by the Cabinet of Ministers. 2.7. To ensure the participation of private persons and businessmen in sponsoring culture and obtaining more means for it, the State conducts a special policy of taxes which favours subsidizing culture. 2.8. The State foresees lower taxes for the money obtained by cultural and art establishments in their commercial activities ( museums, libraries, picture galleries ) which enables to invest them into their infrastructures and develop their programmes. 2.9. 58 Penhard Monique - 2007 Annexes

The State supports the development of international funds, societies and other institutions in Latvia, approves international credits and investments thus implementing international credits and foreign investments into the national culture used for financing important objects and enterprises. In special cases the State guarantees these investments. 3. THE ORGANIZATIONAL STRUCTURE OF CULTURAL ADMINISTRATION Responsibility for the formation and execution of the State cultural policy is distributed among various institutions of state legislation and execution on various levels. 3.1. On a state level the institutions involved in securing the process of culture are: the Saeim, the Cabinet of Ministers, the Ministry of Culture and other ministries to help with the solution of special questions as well as non-state public organizations. 3.2. Based on preliminary work conducted by the State administrative structures and parliamentary commissions, the Saeim adopts legislative acts thus protecting the State cultural policy by legislation. 3.3. The Cabinet of Ministers is responsible for the precepts of cultural policy and their implementation into state structures. 3.4. The Ministry of Culture moulds and co-ordinates the cultural policy of the state and cultural education by means of institutions subordinate to it and by co-operation with municipalities, also with non-state structures, such as consultative councils, creative unions, funds etc. 3.5. The Ministry of Culture and municipalities share the guidance of co-operation programme and financing. Considering the principle of decentralization, the State entrusts responsibility to municipalities for the adaption of decisions in realizing the cultural infrastructures, local cultural programmes on village, town, regional levels. 3.6. In realizing State cultural policy the State cultural inspectors maintain and co-ordinate ties between the State and municipalities. 3.7. By offering a wide range of specialists a possibility to take part in realizing cultural policy and influencing its direction, attaining control of society over these activities and ensuring finances and putting them to effective use, the state favours activities and responsibility ( elected or formed after the principle of representatives ) in the activities of Councils. These are: the National Council of Culture, the Council of Latvian Libraries, the Council of Museums, boards of funds, boards of various cultural establishments, groups of counselling friends etc. Municipalities may form their own cultural councils. 4. INFORMATION, RESEARCH, FORMATION OF PUBLIC OPINION AND ACTIVITIES Cultural policy is able to influence the process of culture favourably only if it is based on objective information analysis. Only by evaluating objective knowledge it is possible to shape an effective cultural policy, to distribute finances rationally and purposefully, to plan the structure of cultural management and the infrastructure itself. Public opinion is the most important condition for the existence of culture; even if culture does not possess its own laws, if there is lack of money and there are no institutions for its management, it is still alive because people need culture and the spirit it carries within itself. In a democratic state where the interests of people and those of the elected institutions coincide, formation of public opinion does not take place under ideologic pressure, dictates by the power, but is state support, a testimony of the spiritual values of culture for the public. The principal means in the formation of public opinion which the state makes use of is its cultural policy, objective analysis of information as well as an exchange of public opinion and search for solutions of problems. 4.1. So that the formation of cultural policy, its correction, determination of priorities should rest on real, objective evolution of the cultural situation and not "myths" reigning in society; the State ensures systematic investigation of cultural processes; a date basis of information about cultural processes is formed and analyzed; sociologic research projects in the field of culture are ordered. 4.2. To show State interest and concern for the cultural situation and to discuss burning questions of cultural policy, to agree over priorities, regularly once a year: the Saeim examines and discusses urgent questions of the cultural policy at its sessions; representatives of creative society meet deputies of the Saeim, government officials and the State President; municipality Penhard Monique - 2007 59 La politique culturelle internationale de la Lettonie

leaders meet specialists of the Ministry of Culture. 4.3. In an attempt at finding solutions for problems of cultural policy the State encourages participation of public opinion in the press and electronic mass media so that a wide part of society should be included in joining responsibility for the continuity of the process of culture. IV. Education as the Basis and Future of Culture The State devises a harmonic policy of culture and education because of their common aim - creating a spiritually free, humane and creative personality. The necessity for perfectioning is not given to man from nature; his personality is moulded by culture and education, art and science, philosophy and religion. Education is of a special, fundamental significance among all these factors: ∙ It is the only one which includes all members of society. ∙ It moulds the individual during the most responsible periods - in childhood, in youth when personality is shaped. ∙ It is a purposeful consciously directed effort by the older generation to deliver values and experience to the younger one. There is a close connection between the educational policy managed by the State and the orientation of dominating values in society, the spiritual quality of society. In a large part of Latvia's society the spiritual values have not been cultivated, the national and world heritage of culture is obscure, the role of culture in the humanization of society underestimated, permeated by ideology as a consequence of soviet policy of education. That is why the humanization of the system of education, the increasing role of culture in the educational process and contents is an essential task of State cultural policy, which is able to accelerate spiritual recuperation of society and its prospering, to strengthen cultural consciousness of society in future. Only an educated nation can create and enjoy culture. Even experience of developed countries show that by neglecting the role of education in the formation of spiritual needs, when realizing a cultural policy separated from the cultural policy one may reach such a condition that when the State offers each individual free access to culture, only a small number makes use of this chance. By supporting education as a process all-around cultural education, the State envisages the future. Education is the most productive investment which leads to a society of higher quality. Priority of education is also important because the educational policy of the former period provoked a lowering of the general level of culture. The basic task of cultural policy in the sphere of education is to create in each person an inner necessity for spiritual perfection. Based on the educational conception of Latvia's state as well as on all other postulates of State cultural policy, a special cultural programme for education has been worked out. 1. GENERAL EDUCATION 1.1. The main goals of cultural policy are: to encourage learning the arts, trade skills and cultural science in the cycle of general education beginning from pre - school age; ∙ to render a general survey about world culture and art values; ∙ to form a good, correct and rich Latvian language; to form national self-confidence and self-respect; ∙ to develop a cultural way of thinking, a faculty to reason, compare and appreciate independently; ∙ to mould the ethical basis and work out skills in every day contacts; ∙ to discover in each pupil his creative abilities and inclinations; ∙ to develop the ability to capture art in all its manifold expressions. To educate a knowledgeable, interested, informed public and society able to judge. 1.2. The main conditions of bringing this about are: 60 Penhard Monique - 2007 Annexes

1. combined work of State and municipal institutions which secures the rights for free education to every inhabitant of Latvia; 2. to include into teaching plans subjects which form cultural education and national identity; 3. to include into the teaching process contacts with live art and process of culture. To bring about this task - to give pupils and students the opportunity to visit institutions of culture and art, either with minimum pay or gratis; 4. to assign grants for informative means of cultural education (text books, special literature, cultural educational films, radio broadcasts and TV transmissions ). 2. CULTURAL EDUCATION Cultural education is the branch of professional education, the main task of which is to educate professional artists, specialists in various branches of culture, pedagogues, criticists and research workers. 2.1. The State gives legal, financial and organizational support, improves education in culture and art securing this by a three stage specialized system of educational establishments: ∙ elementary schools with professional trends ( music, art etc. ); ∙ secondary specialized educational institutions ( music and art colleges, choreographic and culture schools ); ∙ art, culture and other humanitarian higher schools ( Culture, Art, Music Academies, Latvian University etc. ). ∙ The functioning of the system of cultural education and its legal rights are guaranteed by the Decree on Cultural Education. The organizational work is co-ordinated by the State Cultural Education centre, which takes care of the professional qualification of the teaching staff. In cultural educational institutions the necessary financing ( for premises, equipment ) is done by the state budget. 2.2. The State furthers the increase of the network of culture and art establishments on municipal and private school account, partly financing the both in a direct way and through taxes ). 2.3. The state supports ( by interstate treaties, conditions foreseen in treaties, special grants, inclusion of international funds ), studies of art and cultural education abroad in specialities not existing in Latvia. 2.4. The state foresees the possibility for specialists in art and culture to qualify in Latvia and abroad ( post diploma studies, qualification etc. ). 3. SUPPLEMENTARY EDUCATION Supplementary education runs parallel to the general and professional one or following education of interests and professional qualifications. 3.1. Supplementary education enables all people in Latvia irrespective of age to develop their artistic interests and abilities during their spare time. To ensure these possibilities, the State, municipal and social organizations and private persons form: 1. art, music and culture schools throughout Latvia; 2. a network of cultural centres and interest groups of pupils outside schools; 3. a network of people's high schools, various courses, studios ( democratic and elitaire), a network of public and private structures for supplementary education. 3.2. To ensure information for supplementary education, the State radio committee and TV transmissions regularly include cultural education programmes. 4. SPECIAL EDUCATION By stressing the role of art and creative work for spiritual and social rehabilitation of personality in creative self-expression, the State includes in its cultural policy the education of persons who have mental and physical disabilities as well as social deviations, offering them special programmes. 5. SCIENCE Science directly continues and deepers Penhard Monique - 2007 61 La politique culturelle internationale de la Lettonie

education. The prestige of science and its place in the state budget characterizes the general level of culture and education in the State. The main tasks of science in the aspect of cultural policy are: to guarantee financial support for scientific awareness of the national cultural heritage, for its analysis and popularization; to promote financially, organizationally and informatively overcoming of backwardness of humanitarian and social sciences and their integration into European and world sciences; ∙ to secure the integration of science and education, by promoting the development of higher schools in their co-operation with the Latvian Academy of Sciences and its associated institutes; ∙ to guarantee by means from the state budget and by foreign investments the necessary material - technical equipment and the ensurance of information; ∙ financial support for Compiling national encyclopaedias, writing and publishing; by means of information mass media to further implementing scientific thoughts in public opinion; ∙ besides the traditional system of financing and awarding grants, to order important research programmes for national culture. V. The Process of Culture. Traditions and Creative Work The cultural process unites in common activities cultural heritage and creation, binds the present with the past thus ensuring continuity of culture and its development in the future. During post - war years in Latvia the unified cultural process was broken into two parallel streams - the one in Latvia and the other one in exile. By restoring an independent state, the unity of both cultural processes should also be restored. The Latvian cultural heritage should be integrated with the one developing in exile as well as the one which was forbidden during the years of Soviet power and which was at that time excluded from cultural activities: destroyed and sylected objects of cultural values - sacral buildings, historical monuments, old mansions should be renewed. Trying to remedy mistakes of the past, the State in its cultural policy observes balance, supporting simultaneously the cultural heritage and also creative work liberation of the creative potential. 1. CULTURAL HERITAGE The national cultural heritage of Latvia processes spiritual and material values which are important for the Latvian people, for its cultural identity regardless of the time and place of its creation and its present owner. The cultural heritage is formed by: ∙ folk art, buildings, craftsmanship; ∙ traditional cultural values - folklore, traditions, rites etc.; ∙ the richness of the Latvian language - toponyms, dialects and other language memorials; ∙ culture values of Liivs; ∙ values created by professional artists, writers and those designed in other fields of creative art; ∙ cultural values created by non - Latvians; ∙ cultural historical documents and their evidences; ∙ archaeological, architectonic and scenery designs. The cultural heritage is continuously supplemented by new works of art, objects of culture and documentary testimonies. 1.1. Important objects of art and culture, environmental objects and cultural memorials are taken under its protection by the State. They are assigned a status and a name of "national value". A data bank is set up for apprehension of national 62 Penhard Monique - 2007 Annexes

cultural values. 1.2. The State simultaneously ensures the apprehension, preservation of the cultural heritage and its inclusion into life process. Responsibility for it is defined by the Law on Heritage of National Culture. Responsibility determined by law about the preservation of the cultural heritage refers to state property and the one under control, as well as to the cultural heritage which is private or public property. 1.3. The apprehension, classification, research, preservation and actualization of its conceptual and organizational problems are managed by the Ministry of Culture in co-operation with a collegiate consulting institution - the cultural heritage board. State administration, registration, systematization and preservation of cultural monuments, State cultural inspectors etc. ). The law foresees strict measures from harm done to values of cultural heritage. 1.4. The State encourages return of cultural values belonging to the national heritage back to Latvia and controls also their export abroad. 1.5. When making private important objects of culture, the interests of the State and society are taken into consideration first. 2. PRESENT DAY ARTISTIC CULTURE. CREATIVE ACTIVITIES Present day artistic culture is a contemporary process involving not only the creators of cultural values, but also their receptors and appreciators. Artistic creative art is the sphere of human activity where his creative ability and cultural mission are manifested in the most striking way. The main task of education is passing knowledge about cultural values, while their humane meaning is revealed to the individual by art enabling him to master experience of former generations as his own. Live contact with a really great work of art, the creative energy accumulated in it will pass to the receiver, increasing his own and the spiritual potential of society. Art and its creators have had a specific role in society at all times and in all places, therefore in a narrower sense the notion culture is often identified by art. By supporting artistic creativity, on professional and amateur levels, the State encourages the increase of the spiritual of society. In professional art the State supports the genius, the talent and the artistic quality of his work, while in amateur art the State encourages inclusion of large parts of society in the creative process, their spiritual self-expression. 2.1. Professional creative art A genius, a talent, a creative individual belongs to a uniquely valuable national wealth; he has to be protected in the same way as the cultural heritage in general. The fundamental principle for creative work is freedom. By giving the artist rights of freedom, the state thereby refuses to influence his creative process. At the same time, however, it undertakes responsibility to guarantee protection of this right. The state guarantees consideration for the specific character of the creative profession in legislative measures, tax paying, their involvement in politics, their social maintenance and relations to state institutions. 2.1.1. For legal and social protection of the representatives of creative professions, state legislation envisages the following laws: 1. Law on Creative ( Free ) Professions; 2. Law on Copyright and Additional Laws; 3. normative acts, which foresee privileges in tax paying, hiring studious etc. 2.1.2. For financial support of artists and creative groups the State and municipal institutions: ∙ fully or partly subsidize target programmes; ∙ arrange competitions for cultural projects by fully or partly financing the best projects; ∙ confer prizes and grants; ∙ support young talents, giving them possibilities to qualify in Latvia or abroad; ∙ foresee pensions and benefits for representatives of the creative professions for their life contribution to Latvian culture; ∙ buy and order works of art in all spheres of creative work.

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2.1.3. In the organizational field the State cultural policy foresees: ∙ the existence of professional art unions and organizations as well as State participation in their activities; ∙ plein - air festivals and similar gatherings; ∙ favouring activities of funds which are devised for the support of creative work; ∙ inclusion of representatives of creative professions into councils of various levels and expert commissions where burning questions are discussed, priorities evaluated and money matters for the needs of culture considered. ∙ 2.1.4. In the sphere of information and shaping of public opinion the State: ∙ stimulates art criticism and development of a scientific approach to art and its development; ∙ by means of the radio, the TV and the press the State popularizes art and culture in society and discussions about matters of interest concerning creative art. 2.1.5. The State foresees legislative and economic measures to protect professional national art and its circulation from negative manifestations of free market economy and negative display of commercialization. 2.2. Folk art, craftsmanship, amateur activities In order to enable each inhabitant of the state to take part in creative work, the State foresees development of traditional art, craftsmanship as well as other forms of amateur activities in Latvia. These cultural activities are essential for the formation of a cultivated way of life for the people. The main task of Emil Melngailis Folk Art Centre is to oversee coordination and methodological management of the people's creative processes in the whole of Latvia. 2.2.1. The state cultural policy foresees: ∙ close co-operation of all kinds of creative work with the environment and cultural heritage; ∙ special status for culture clubs and local culture centres with combined financing (state, municipal, fund); ∙ methodical survey of folk art and amateur activity groups (choirs, dance ensembles, folklore groups and amateur theatricals), as well as formation of new up-to-date forms of amateur activities; ∙ organization and financing from the State budget and other sources Song and Dance festivals, wide-scale exhibitions, international festivals; ∙ intensified development of children's and youth's amateur interest group activities, school and amateur extramural activities which link them with the local cultural centres; ∙ special programmes for involving special groups of people (the handicapped, pensioners, the unemployed, the socially unfavourable elements of society) in amateur activities and learning crafts. 2.2.2. The state encourages co-operation between Latvian folk art, amateur art groups and similar groups abroad. VI. The Infrastructure of Culture. Propagation of Culture and Its Accessibility The State supports the traditional branches of culture in Latvia (book publishing, the theatre, the cinema, photography, museums etc.), their sound activities, by creating the necessary conditions for their existence, development and access. Being responsible for continuous development of various branches of culture with municipalities and non-state institutions. The State authorities must: 64 Penhard Monique - 2007 Annexes

∙ support optimal cultural infrastructures on the whole territory of State thereby ensuring each inhabitant of Latvia the rights of access to culture at the place of his residence; ∙ ensure diversity of cultural life, supporting those branches and manifestations of culture, which cannot be ensured by the free market, but without which sound spiritual life of society is impossible; ∙ ensure branches of culture with qualified professionals; ∙ take care of cultural infrastructures on a State level, their functioning, necessary premises, their reconstruction, restauration and construction (the National Opera, the Latvian National library, contemporary art galleries etc.). ∙ Considering access to culture the State (in its cultural policy): ∙ is seeking possibilities to determine ways of payment for cultural enterprises commensurably with the income of population; ∙ makes it possible for the impecunious part of society to attend cultural enterprises regularly, without pay; ∙ pays particular attention to involving children and youth in cultural activities, anticipating facilities for their access to culture; but limiting such distribution of a production of cultural industry which might harm the mental development of children and youth and hinders their orientation in humane values; ∙ promotes cultural activities in health establishments, old age homes, asylums, reformatories - places where people particularly need mental support and who cannot gain access to public cultural infrastructure; ∙ ensures conditions which would make it possible for disabled persons to make full use of infrastructures of public culture (special stairs, elevators, seats in the halls etc.). 1. DRAMATIC ART. ACTIVITIES OF THEATRES Historically the theatre in Latvia has developed as a democratic art which has enjoyed special love and loyalty of the people therefore it requires special care from the State for continuation of these traditions. 1.1. The State cultural policy foresees support for the development of theatre art: ∙ in creation of dramatic works; ∙ in training actors and directors, stage designers, critics and theatre scientists; ∙ in creating production; ∙ in securing access to theatrical performances; ∙ by offering subsidies for publishing journals and other theatrical editions. 1.2. The perspective reorientation from financing the theatre as a structural unit to that of a creative process, the State policy in this period of transition maintains: ∙ full financing of the theatres of State importance; ∙ partial subsidies from the State budget for municipal-run theatre sharing responsibilities for the sound operation of these theatres with local self-governments; ∙ subsidies for independent theatre groups on a competition basis, festivals, creative laboratories and other artistic projects; ∙ support to children and youth theatres; ∙ special subsidies for regional performances by theatres of national importance. ∙ 1.3. For supporting the development of dramatic art the state cultural policy foresees: ∙ subsidies for staging Latvian and classic plays; ∙ grants and stipends to writers, poets, playwrights for creating new plays. Penhard Monique - 2007 65 La politique culturelle internationale de la Lettonie

2. PERFORMING MUSIC As there exists strong commercial industry in music the development of which is ensured by free market economics, the State keeps under its care the nationally significant non-commercial music and its performance. 2.1. The State finances performing collectives of national significance (the National opera, the National Ballet troupe, the National Symphony orchestra, the State Academic choir and others) as well as ensures partial subsidies to: municipal and non-state groups for realizing artistic projects in the way of competition; ∙ for guest performances of collectives of state importance and their concert activities in the provinces of Latvia and abroad. ∙ 2.2. Development of national music is of special State care. The cultural policy of the State takes care of: ∙ orders and subsidies to composers for the creation of new musical works; ∙ subsidies for concert activities and performances; ∙ support for recording non-commercial, serious Latvian music; ∙ popularizing Latvian music and musicians abroad. 2.3. By promoting the creative growth of Latvian music and musicians the State foresees: ∙ their participation in international competitions and music festivals; ∙ annual presentation of prizes for the best achievements in musical life. 2.4. The State cultural policy supports regional musical performer collectives for creating centres of musical life in the larger towns of Latvia. 3. VISUAL ART Visual art has strong traditions in Latvian culture; it is also important as an offer of new, modern ways of expression to society. Some branches of visual art (e.g. photography, ceramics, textiles, posters) have enchanced Latvia's popularity abroad. 3.1. The State supports varied, decentralized exhibition activities in Riga, other towns of Latvia, rural museums and cultural centres. Regarding activities of exhibitions as being very important in their distribution and accessibility the State provides: ∙ grants and subsidies by the way of competition to local and international exhibition projects; ∙ partial grants for joint exhibitions, branch and thematic exhibitions, shows of young artists; ∙ subsidies for documentation of exhibitions, for making up catalogues and their publishing; ∙ for the formation of data banks of exhibition activities in Latvia and participation of Latvian artists in exhibitions abroad; ∙ for ensurance of international exchange of exhibitions, tax discount and favourable terms for importing and exporting works of art and completed exhibitions. 3.2. In the activities of cultural life in Latvia and decentralization process of their propagation, creative oraganizations and private galleries perform important functions. Art galleries are unprofitable cultural institutions which invest the means obtained in the activities of exhibitions needed by society and promotion of creative process by: ∙ regularly arranging exhibitions of Latvian and foreign artists, competitions and other undertakings encouraging art activities; ∙ sharing complex cultural projects; 66 Penhard Monique - 2007 Annexes

∙ taking part in moving up and publishing art and cultural exhibitions (catalogues, books on art). By appraising the contribution of art galleries in their carrying out socially important functions the State anticipates: ∙ facilities in paying taxes and commercial services; ∙ conferring partial grants to some galleries of creative oraganizations. 3.3. The State encourages the formation of inner and outer markets for selling objects of art and original paintings. It envisages: ∙ special training for art trade; ∙ specially worked out tax packages (income tax, social tax, custom dues, turnover tax) for original works while the work is passing from the artist's studio to the buyer; ∙ support in the participation of Latvia's representatives in annual international fairs and other enterprises. 4. MUSEUMS All the valuables of national museums comprise the national museum fund which is a nationally protected treasure. The law on museums regulates their activities. 4.1. The State is responsible for: ∙ elaboration of the policy of museum development, putting it into effect and coordinating the museum network; ∙ stock taking of all museum values, obtaining them, studying them and including them into cultural activities. 4.2. Working out strategic principles for the development of museums and coordination of their work. This is done by the Ministry of Culture and the National Council of Museums - a collegiate advisory institution. Supervision of the exhibits of national museums is done by the State service of Latvia's museums (still in project) under whose authority are: ∙ museums supervised by the Ministry of Culture, municipal museums, ∙ other specialized museums, which are supervised by different other ministries. 4.3. The State ensures multifunctional activities of research and educational establishments by financing them as repositories of art and cultural values. Under the State are: ∙ collecting and preserving of museum valuables; ∙ their proper restoration; ∙ scientific research, publishing catalogues and research material; ∙ organizing exhibitions, popularization of cultural values; ∙ training activities (museum pedagogics); ∙ the building of museums and store houses for collections. The State sees to it that museum activities receive financing from state and municipal budgets; these are combined financing schemes and possibilities to obtain surplus means for commercial activities. The State museums initiate joint programmes with regional museums ( expert consultations, travelling exhibitions etc.). The State envisages the creation of museum support associations, foundations and sets favourable conditions for the participation of sponsors, patrons, donators for promoting museum activities. 4.4. The State foresees a coordinated programme for the survey of movable property which is not existant in State repositories. Within the framework of this programme the following is defined: Penhard Monique - 2007 67 La politique culturelle internationale de la Lettonie

∙ the principles of registering cultural property which is outside the State repositories; ∙ principles of overseeing the market of antiquities. The State provides the training of museum experts, development of museum science and incorporation of Latvia's museums into international professional organizations. 5. LIBRARIES 5.1. The development and activities of libraries are regulated by the Law on Libraries. All State libraries regardless of their subordination do their work under one system which includes scientific, specialized and public libraries. The centre of theoretic research and analysis of the practical work of libraries is at the Latvian National library. 5.2. The State policy of library work is elaborated by the Ministry of Culture together with a consultative body - the Board of National libraries. State policy in library work is carried out by the State Library Service (in project). 5.3. Latvia's inhabitants have the right guaranteed by the State to make use of state and municipal financed libraries - gratis; special paid services are regulated by library statutes and rules. 5.4. Libraries as versatile centres of education, culture and information ensure: ∙ the rights for Latvia's inhabitants to obtain free information in local libraries and through their mediation also from libraries abroad; ∙ preservation, scientific research work and accessibility of cultural heritage concentrated in libraries. 5.5. The State and the municipalities support the development of national libraries and their functioning in the territory of each municipality. 6. ARCHIVES All valuable material related to culture is a part of Latvia's national archive fund. The material is accumulated and stored according to the Law on Archives and conditions set by general directions. Archives and repositories (repository of Latvia's archives, the archeological and Ethnographic repository of Latvia's institute of History etc.) are repositories of national wealth and are taken under state protection and financed by the State budget. The State promotes research of archive information, documental testimonies and study of other material and includes them into social processes. 7. CULTURAL INDUSTRY All main branches of cultural industry are represented in Latvia: ∙ book publishing, ∙ cinematography, ∙ production of recordings, ∙ electronic mass media and the press. In states with free market economy, development of cultural industry is mostly regulated by the market itself. Unfortunately a small country with a comparatively small number of inhabitants public demand cannot fully guarantee the existance of branches of national cultural industry; they will always need state support. Pressure of the Great Powers on cultural industry is felt throughout the world; a small country has great difficulties in protecting its own national culture. Support of the development of cultural industry is not only the task of national culture protection, but also a matter of the nations existence because the influence of foreign mass production on culture, on the cultural environment, mentality, mode of life is so significant that it may threaten the originality of the national culture, its language, taste, criteria of values. That is why an important task of Latvia's state cultural policy is to support the national cultural industry in its competition with foreign mass cultural production, ensuring grants and a differentiated tax policy foreseeing favourable legislation for national culture industry, granting priorities to mass media. 7.1. Book publishing Books are an inherent part of Latvian culture, and reading is one of the most common cultural activity. From the 68 Penhard Monique - 2007 Annexes

organizational point of view book publishing is under supervision of publishers and non-state associations. 7.1.1 State responsibility manifests itself by conferring priorities (dotations, tax relief) to: ∙ text books, ∙ first editions of Latvian original literature, ∙ Latvian children's literature and classical world literature for children, ∙ encyclopedias and encyclopedic editions about Latvia, its history, culture etc.; 7.1.2. By way of competition the State allots subsidies to editions valuable to national culture, however unprofitable they are; 7.1.3. The State protects the national book market by means of differentiated taxes; 7.1.4. The State allots the necessary means for creating the foundation for publishing books in Latvia, the paper industry; it also determines facilities for custom taxes for imported polygraphic materials and printing technology which is not produced in Latvia; 7.1.5. The Sate secures optimal conditions for the functioning of the book trade which foresees a wide network of book rendor activities for book distribution; 7.1.6. The State renders financial support for buying up the most valuable works for library funds; 7.1.7. The State encourages such movements as the "Friendly call" and similar ones in order to keep up the prestige of books in public opinion, particularly in that of children and youth. 7.2. Recording industry The State encourages financially by way of competition: ∙ non-commercial recordings of Latvian composers' and musicians' works; ∙ recordings of Latvian prose and poetry, as well as recordings of staged plays; ∙ cultural educational programmes for children and youth. 7.3. Cinematography National cinema art is a branch of cultural industry, which fixes visual expressions of the nation, and present day period, makes it accessible to the general public and future generations. The existance of cinema industry is regulated by the Law on Cinema. The State takes care that actor, animator and documentaries should continue to exist in Latvia. The State ensures regular shooting of chronicles, thus guaranteeing the visual documentation of the epoch. 7.3.1. While assessing the importance of film art, its synthesizing nature and wide audience, the State supports development of this branch foreseeing: ∙ grants to film projects, individual authors and creative groups, studios, scripts for competitions etc., ∙ coordinated support for manufacturing and distribution of films, ∙ tax privileges, subsidies, credits with no interests to producers of Latvian films, their distributors and presenters, ∙ support for shooting and presenting Latvian children films, ∙ income from taxes on film and video demonstrations, film distribution, rental and sales income are to be used for further promotion of cinematography in Latvia. 7.3.2. The main centre of film production is the Riga Film studio. Its technological potential is being improved and maintained thus ensuring Latvian cinematography's conformity to world standards. The Riga Film studio guarantees possibilities to produce a full technological cycle of film production in Latvia. 7.3.3. The legal order in film production and presentation is organized by the State institution "The National Film Centre" with a public consultative institution "The National Cinema Council". 7.3.4. According to sociologic research data and public councelling the State determines the possibilities and means of making cinema productions accessible, The State forms a network of cinemas and videohalls for society and their inclusion into multifunctional centres. 7.3.5. The State secures the storage of audio - Penhard Monique - 2007 69 La politique culturelle internationale de la Lettonie

visual heritage, accessibility and continuous supplementation in state protected repositories: at the Film Phono Photo Archives, the Latvian TV Film and Video Library. 7.3.6. The State ensures the possibility to get qualified higher education in cinema speciality at the Academy of Culture; it also foresees possibilities to grant stipends for studies abroad. 7.4. Electronic mass media. The press Electronic mass media - the radio and TV - are all encompassing and most influential distributes of culture in society. Their activities are regulated by a special law. They have of late become the sole partners in the dialogue with culture for a large part of society and the most powerful molders of their orientation in cultural values Mass media have an immense influence on language culture in society. 7.4.1. By subsidizing State TV an radio, the State makes them responsible for putting into practice cultural policy stating the necessity to form their own, on the postulates of State culture policy based cultural programme. The State does not dictate the contents of this programme, but only determines the main directions and tasks. The State is aware of the necessity: ∙ to create an organizing and financed basis for a high language culture in the State electronic mass media; ∙ to set aside certain percentage (not less than 25% from transmission time) for programmes made up in Latvia, and not less than 5% of time for cultural educational programmes; ∙ widely reflect Latvian concerts, theatres, exhibitions, book publishing presentations, thus making cultural achievements accessible in far off regions; ∙ by direct transmission to make accessible to all Latvian inhabitants the most important events in cultural life ( the Festival of Song, Music and Folklore festivals etc.); ∙ to collect audio-visual documentary material about cultural events in Latvia and culture workers (video, cinema, archives, record library). 7.4.2. The activities of the press in Latvia are regulated by law. The State protects freedom of the press although it pays attention that the manifold issues of the press should not lack cultural editions. By putting the postulates of cultural policy into practice the State foresees: ∙ grants and subsidies, tax relief to certain press publications (newspapers and magazines on art and culture, publications for children, science periodicals) which are not profitable in a small country: ∙ by normative acts to upkeep the quality of the Latvian language in press issues; ∙ by normative acts to protect society, particularly children and the youth from degradation, which might be caused by low level advertisements, pornography, examples of violence and vulgar behaviour. VII. Cultural Environment and Cultural Co-operation 1. AN ORGANIZED ENVIRONMENT A tidy well-organized living space and environment is an important long-term cultural task. Tidy cultural landscape and scenaries belong to the natural heritage and are protected by law. Landscapes have the same significance to man as an architectural environment created by man. 1.1. The postulates of state cultural policy foresee keeping and developing the originality of Latvia's environment (nature scenaries, homesteads, fishing villages, the scenary of Latvia's small towns), Therefore only those architects or designers with Latvian licences are allowed to work; foreign architects may work only together with architects, designers or environmental artists with Latvian licences. 1.2. In their territories municipalities supervise the environment and architectural activities. Riga municipal governments as well as regional municipalities in co-operation with environmental protection and regional development and Ministry of Culture adopt regulations at various levels and degrees of details for limiting construction, advertising rules for protecting 70 Penhard Monique - 2007 Annexes

landscapes supplementary to regulations adopted by the State concerning architectural monuments, protective zones, restricted areas. 1.3. Large building projects or building objects are ordered by the State in the way of competition, so as to avoid environmental pollution. 1.4. The State determines that from all buildings under construction 2% of the total estimate is to be used to commission works of art which are to be incorporated into the building. The order is to be made in Latvia. 1.5. The State promotes inclusion of landscape artists, designers, architects and other specialists in the formation of any environmental item - from objects to urban and rural landscapes. 1.6. The State supports social and private initiative in tidying up the environment, in some cases foreseeing financial help and favourable conditions. 1.7. Considering increased interest of tourists for Latvian cultural activities and objects, the State anticipates development of tourism, which is considerate to nature and the environment. The programme of developing tourism in Latvia is to be promoted according to the principles of the cultural policy and norms of responsibility. 1.8. Municipalities have the right to impose local duties for using up a cultural territory and object for tourism, by investing means for keeping the territory and object tidy and in order. 2. REGIONAL CULTURE Peculiarities of Latvia's regions are national riches and values in the general European context. Regional peculiarities are still reservoirs for ideas and suggestions for professional people's art craftsmanship. The directions of regional development are closely connected with State decentralization policy in culture. 2.1. The State determines regional self-determination, municipal rights and competence in cultural work and encourages the formation of optimal formation of the infrastructure of local culture in regions and villages. The project of national cultural development is the responsibility of the region, though it has to be moulded after the postulates of state cultural policy and in co-operation with State inspectors of culture. Regional cultural development in rural districts and inhabited centres takes place in palaces of culture and a network of cultural establishments - folk houses, clubs, association premises become cultural centres. 2.2. By encouraging the preservation of regional pecultiarities the State supports efforts to restore the culture of Liivs and cultural consolidation programmes for Latgale and foresees the formation of cultural centres in other regions of Latvia. 2.3. The State pays attention to tidying up Riga as the capital of Latvia, particularly in preparation of its 800 anniversary. 2.4. The concept of cultural development in regions foresees intensified attention to the cultivation of the language, its dialects and enrichment of toponyms. 2.5. The State supports ethnological research on the level of both scientific professional as well as the regional one. 3. CULTURE OF LATVIANS RESIDING ABROAD The Latvian diaspora who, because of historical conditions, has cultivated its Latvian culture abroad residing all over the world, is to be regarded as a democratically significant supporting force for Latvia now and in the future. It is essentially widening people's intellectual space. Latvia's state builds up her cultural potentials with those, which the Latvia's intelligentsia has amassed by integrating itself in world culture. The cultural activities of Latvian expatriates are developing in programmed co-operation with Latvia's culture. The State: ∙ encourages learning the Latvian language by Latvians living outside Latvia; ∙ takes care of apprehending the cultural heritage of Latvians living abroad and its inclusion into Latvia's cultural heritage; the State foresees special programmes for supporting and mastering Latvia's culture; special attention is paid to cultural - historical materials, which may help foreign researchers to form an idea of Latvia; ∙ co-operates with those Latvian institutions, which promote opportunities for Latvia's students to study abroad; ∙ supports the co-operation among all world professionals of Latvian culture with State, public and cultural institutions in Latvia.

Penhard Monique - 2007 71 La politique culturelle internationale de la Lettonie

4. CULTURAL ACTIVITIES OF NON-LATVIANS RESIDING IN LATVIA The Latvian diaspora's culture has its historical roots in Latvia, in its cultural environment and in Latvia's culture. Their culture enters the national heritage and unites the effects of nations to create a more just and humane society and live next to each other in peace and spiritual enrichment. Non-Latvians who have long historical roots with Latvia have a peculiar culture grown out of Latvia's cultural environment ( the German-Baltic culture, Latvian-Russian, Gypsy, Jewish, Polish, Lithuanian, Estonian cultures). However, next to the process of cultural interaction, Latvia's history is also acquainted with political interference in the cultural processes (Germanization, Russification, Soviet cultural expansion), which has left a negative influence on the Latvian language and Latvia's culture. In its cultural policy the State of Latvia maintains a natural culture based on tolerance and respect, a culture which exists side by side with other cultures which influence each other. The State guarantees free cultural conditions for a free choice by non-Latvians integrated into Latvian culture. In its policy the State realizes the principle of cultural autonomy. Soviet cultural policy, by destroying the ethnic roots of man, his national identity, by transferring men into another cultural environment, has created a peculiar rootless, cultureless section of people in Latvia. Latvia's state cultural policy supports efforts of national cultural associations to help these people to regain feeling for their cultural roots; it promotes creation of national cultural societies, national schools and their functioning in Latvia, freedom of religion. The State supports cultural ties of non-Latvians with the land of their ancestors, but is against national societies indulging in politics i.e. under protection of cultural activities carrying out the political aims of another country which may harm the independence of Latvia. Les activités culturelles des non lettons résidant en Lettonie. […] Les non-letttons qui sont historiquement enracinés en Lettonie depuis longtemps, ont une culture particulière en dehors de l’environnement culturel letton ( la culture germano- balte, russo-lettonne, Gypsy, juive, polonaise, lituanienne, estonienne,) Cependant, parallèlement à ce processus d’interaction culturelle, l’histoire de la Lettonie, doit aussi compter des interférence politiques dans son processus culturel. (germanisation, russification, expansion culturelle soviétique), qui ont laissé une influence négative en ce qui concerne la langue lettonne, et la culture lettonne. […] Dans sa politique culturelle, l’Etat de Lettonie, maintient des cultures qui existent côte à côte et s’influencent mutuellement sur la base de la tolérance et du respect.. L’Etat garanti les conditions culturelles libre pour un choix libre des non lettons intégrés au sein de la culture lettonne. Dans sa politique l’Etat réalise le principe de l’autonomie culturelle. La politique culturelle soviétique, en détruisant les racines ethniques de la personne, son identité nationale, en transférant les hommes dans un environnement culturel différent, a créé une part du peuple letton sans culture et sans racine. La politique national de l’Etat de Lettonie, soutient les efforts, des associations culturelles nationales pour aider ces personnes à retrouver leurs racines culturelles ; il promeut la création de société culturelle nationale, d’écoles nationales […]. L’Etat soutient les liens des non lettons avec l’Etat de leurs ancêtres, mais est contre les sociétés nationales qui s’ingèrent en politique sous couvert d’activités culturelles représentant les but politiques d’autres pays, qui pourraientt nuire à l’indépendance de la Lettonie.

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5. INTERNATIONAL CULTURAL CO-OPERATION The Ministry of Culture together with the Ministry of Foreign Affairs, Diplomatic services and State and public institutions of various levels carry out manifold international co-operation in the field of culture. They: ∙ sign and implement agreements on cultural exchange and co-operation; ∙ concluded between governments; ∙ concluded between ministries; ∙ are being prepared; ∙ assists in the exchange of representatives of culture, science and art; the State sees to it that professional and goal-orientated persons be involved in cultural exchange programmes; ∙ organizes the exchange of exhibitions, concerts, performances etc.; ∙ ensures co-operation of Latvia's state, cultural institutions and representatives of creative professions in defence of intellectual properties and other public organizations; ∙ co-operates in the field of cultural education and improvement of artistic mastership. 5.1. The State foresees financial support for the participation of Latvia's representatives in important enterprises of cultural foreign policy and international co-operation (congresses, conferences, seminars, symposia, festivals, competitions). 5.2. The State supports both non-commercial international cooperative enterprises and the integration of professional and amateur art into the world cultural market (concert tours, travelling exhibitions, theatre guest performances). 5.3. The State encourages informal international cultural contacts between individuals, families, groups. 5.4. The State encourages favourable visa, customs and tax conditions through interstate agreements. 5.5. At a State level in the context of international contacts the issue of protecting Latvian culture and identity from cultural production from the West and the East and inflex of mass commercial culture is being discussed. 5.6. The State protects the national cultural market foreseeing grants for the development of national cultural industry, joint production and important projects (film, video, sound recording, books etc.). 5.7. The State foresees (prévoir) goal oriented participation in the cultural co-operation of the countries around the Baltic Sea. 5.8. Latvia co-operates with UNESCO, W.P.O., NEMO, IFLA, the Cultural structure of the European Council and other international organizations.

Annexe 2 : Principales directions de la politique culturelle lettone 2006-2015

Principales directions de la politique culturelle lettone 2006-2015 Le 18 avril de 2006 le Cabinet des ministres a accepté le nouveau document principal de la politique de longue durée dans le domaine de la culture – “Orientations de la Politique Culturelle d’État pour la période 2006-2015”. La principale orientation consiste à la création de la Lettonie comme un état moderne national dans toute l’hétérogénéité culturelle de l’Europe et du monde. Ce document indique les principes durables et le point tournant dans le développement culturel national pour 10 ans futurs et en même temps présente la vision de l’évolution de l’état et de la société lettonne à travers le prisme de la politique culturelle. Penhard Monique - 2007 73 La politique culturelle internationale de la Lettonie

La culture dans son sens large signifie la totalité des caractéristiques à la fois spirituelles, matérielles, intellectuelles et émotionnelles propres à chaque société ou groupe social, et paralellement à la littérature et l’art celle-la contient les modes de vie, les systèmes des valeurs, les traditions et les opinions. Dans les Orientations de la politique culturelle d’état pour la période 2006-2015 nous offrons la vision nouvelle intersectorielle de la politique qui doit prouver que l’existence de la culture influence la qualité de la vie de chaque personne et au final le développement de l’état et de la société dans des secteurs aussi différents que l’économie nationale, la formation, l’environnement, le développement territorial, les affaires étrangères, l’emploi et la diminution de l’inégalité sociale. Les Orientations établissent sept buts stratégiques pour le développement de la politique culturelle de la Lettonie au cours des dix prochaines années : 1) Consolider l’identité nationale et l’unité de la société civile lettonne en créant et soutenant des valeurs culturelles communs. 2) Améliorer la coopération entre les domaines culturels et économiques pour encourager la diversité culturelle et le développement durable d’une économie de la création. 3) Créer un environnement favorable à la diversité des processus de création et soutenir l’aspiration à l’excellence. 4) Garantir un développement culturel équilibré et un accès à la culture sur tout le territoire de la Lettonie, garantir le droit à des conditions de vie de qualité pour tous les habitants de l’Etat. 5) Développer et utiliser dans l’éducation un potentiel culturel apte à promouvoir l’avènement d’une société de la connaissance basée sur les valeurs humaines. 6) Promouvoir le dialogue des cultures et la connaissance mutuelle entre les Nations, enrichissement de la vie culturelle lettonne par une participation et collaboration active aux processus et réseaux culturels internationaux. 7) Créer la gestion culturelle reposant sur les techniques de l’informatique et des télécommunications et orientée vers les résultats, promouvoir la décentralisation culturelle. Ministère de la Culture ( http://www.km.gov.lv/ ) est la principale institution intervenant dans la définition et la coordination de la politique culturelle de l’Etat. Elle couvre les domaines de la propriété littéraire, de la protection des monuments culturels, des archives, de l’architecture, de l’art populaire, du théâtre, de la musique, des musées et des bibliothèques, de l’art visuel, de l’édition, de la littérature, de la cinématographie et de la formation culturelle. Le Ministère de la culture construit la politique culturelle, organise et coordonne sa réalisation. Le financement des projets culturels est assuré par la Fondation d’Etat du Capital Culturel (FCC) ( http://www.kkf.lv/ ). Le but de la fondation est de promouvoir le développement équilibré dans tous les champs culturels et artistiques et de préserver l’héritage culturel conformément aux lignes principales de la politique culturelle d’état. La fondation doit attirer, accumuler, administrer et partager les ressources pour la réalisation des projets culturels et des bourses perpétuelles destinées aux personnalités éminentes de la culture et de l’art pour son apport dans le développement culturel.

74 Penhard Monique - 2007 Annexes

Annexe 3 : Fonctionnement du monde culturel en Lettonie

Fonctionnement du monde culturel en Lettonie Le financement des projets culturels est assuré par la Fondation d’Etat du Capital Culturel (FCC) ( http://www.kkf.lv/ ). Sa mission est de promouvoir le développement équilibré des champs culturels et artistiques et de préserver l’héritage culturel conformément aux orientations de la politique culturelle de l’Etat. La fondation doit attirer, accumuler, administrer et partager les ressources pour la réalisation de projets culturels. Elle accorde par ailleurs, des bourses perpétuelles, aux personnalités du monde artistique et culturel ayant fortement contribuées au développement culturel de l’art. En Lettonie, les acteurs sont salariés de leurs théâtres. Le système de l’intermittence n’existe pas. Les artistes n’ont pas de régime spécifique. Le département des politiques culturelles a été créé au sein du Ministère de la Culture autour de 2001/02

Annexe 4 : Organigramme du Ministère de la culture letton

Organigramme du ministère de la culture : (sour ce : www.km.gov.lv ) Document illisible

Annexe 5 : Quelques acteurs de la vie culturelle en Lettonie

Principales structures culturelles d’Etat ∙ Opéra National de la Lettonie

Penhard Monique - 2007 75 La politique culturelle internationale de la Lettonie

∙ Théâtre de la chambre de Riga ∙ Théâtre Daile ∙ Nouveau Théâtre ∙ Bibliothèque nationale de Lettonie ∙ Orchestre Sinfonietta Riga ∙ Orchestre symphonique National de Lettonie ∙ Centre d’information de la Musique lettonne ∙ Centre letton pour la Littérature ∙ National film centre of Latvia ∙ Musée national des beaux-arts Quelques Structures culturelles organisationnelles ∙ Fonds de Herman Braun ∙ Agence de concert "First Baltic International" ∙ "Dirty Deal". ∙ Positivus Music ∙ Le hall des concerts «Dzintaru» ∙ Salle de concert "Ave Sol" ∙ la salle de concert "Osmoderma eremita" ∙ Maison d'édition de musique "Platforma Records" ∙ Organisation de concert "Ave Sol" ∙ choeur de chambre "Ave Sol" ∙ Agence de production « Latvijas Koncerti Quelques Festivals internationaux de Lettonie ∙ 7me festival de la musique mondiale "PORTA'2006" ∙ festival international de la musique "Laba daba" (Bonne nature) ∙ Concours international des jeunes pianistes "Jūrmala 2007" ∙ Festival international de la musique de jazz "Aile Jazz" ∙ Festival «Un printemps français». ∙ Festival international de musique de saxophone ∙ Fête du chant et de la danse des étudiants des pays Baltes "Gaudeamus" ∙ Foire de la musique mondiale ∙ Festival « La Perle balte » ∙ festival de la musique chrétienne "Padod uguni" (Donne du feu) ∙ festival de la musique spirituelle ∙ Musique de baroque ∙ Festival de la musique nouvelle "Arēna" ∙ Festival culturel "TehnoKarnevāls" ∙ Festival international de musique « rigas ritmi » 76 Penhard Monique - 2007 Annexes

∙ Festival d’opéra de Riga (juin) ∙ Festival of early music ∙ Autumn chamber music festival ∙ Christmans of Europe festival ∙ Festival of young music arena ∙ Festival of restart bach ∙ The classics of Quelques Groupe/Chœurs/Artistes lettons ∙ Groupe "Jumprava" ∙ "Quattro Differente" ∙ Groupe "Autobuss Debesīs" ∙ Ensemble "Buccca" ∙ Choeur de la Radio Lettonne ∙ Choeur de jeunes "Balsis" ∙ Romualds Kalsons ∙ Quatuor à cordes "Diference". ∙ Comédie musicale "Mamma mia!" ∙ Compositeur Pēteris Plakidis ∙ Orchestre de chambre Kremerata Baltica ∙ Projet multimédia "On the Road" ∙ La base des dates des chœurs lettons du monde ∙ Le site officielle du groupe "Iļģi" ∙ Le portail de la musique populaire lettonne ∙ Guidon Kremer ∙ Compositeur Raimonds Pauls ∙ Choeur académique d'Etat "Latvija"

Penhard Monique - 2007 77 La politique culturelle internationale de la Lettonie

Bibliographie

Ouvrages généralistes Alain Lombard, Politique culturelle internationale, Le modèle français face à la mondialisation, ed. Maison des Cultures du Monde/Actes-Sud, coll. International de l’imaginaire n°16, 2003 Daina Bleire, Ilgavars Butulis, Inesis Felmanis, Aivars Stranga, Anatolis Zunda, Histoire ème de la Lettonie au XX siècle, ed. Jumava, 2006 Pascal Orcier, La Lettonie en Europe. Atlas de la Lettonie, ed. Zvaigne ABC, Riga, 2005 Antoine Jacob, Les Pays Baltes, indépendance et intégration, ed. Alvik, 2004 Suzanne Champonnois, François de Labriolle, Estoniens, Lettons, ituaniens, histoire et destins, ed. Armeline, 2004 Dictionnaire, Le petit Larousse illustré, 1995

Ouvrages & documents spécialisés The Main cultural policy proposals of Latvia, 1995 Council of Europe/Ericarts, Compendium of cultural policies an trends in Europe, Latvia, 8th edition, 2007 Council of Europe/Ericarts, Compendium of cultural policies an trends in Europe, Estonia, 8th edition, 2007 Council of Europe/Ericarts, Compendium of cultural policies an trends in Europe, Lithuania, 8th edition, 2007 Council of Europe/Ericarts, Compendium of cultural policies an trends in Europe, Sweden, 8th edition, 2007 Musée de l’occupation de la Lettonie, La Lettonie sous la domination de l’Union soviétique et de l’Allemagne nationale-socialiste 1940-1991, ed. Association du Musée de l’occupation de la Lettonie, 2007 Commission lettone, estonienne et lituanienne de l’Unesco, La politique balte dans le domaine du tourisme culturel 2001 – 2003 Etude réalisée par Florian Givord, Sous la direction de Yannick Lechevallier,Coopération décentralisée avec les États baltes : une opportunité ?,décembre 2005

Mémoire 78 Penhard Monique - 2007 Bibliographie

Sylvia Rault, sous la direction de Mme Dominique Malieski, Le patriotisme soviétique (1934-53): La question nationale en URSS sous Staline, Année 1999-2000, Section économique et financière Revues Le Courrier des pays de l’Est, Itinéraires culturels à l’Est. L’empreinte politique, Article : La Lettonie et le monde russe. Un creuset spécifique dans l’espace européen, nov – dec 2006. Les carnets du CAP, Nationalismes, Luc Lévy, Les évolutions du discours identitaire en Russie, 2005/2006 Regard sur l’est, Céline Bayou le 01/10/2003, Lettonie : la loi sur l’éducation inquiète les russophones. Compte rendu de la mission effectuée en Lettonie du 16 au 18 mai 2000 par M. Jacques Myard, député chargé par la délégation pour l’Union Européenne de suivre le processus d’adéhsion de la Lettonie. Ina Druviete, La charte de la langue française et les lois linguistiques dans les Pays- Baltes, Revue d’Aménagement linguistique – hors séris –automne 2002

Entretiens

Entretien avec SE. Monsieur Lappuke, Ambassadeur de Lettonie en France Entretien avec Inese Baranovska, Commissaire d’exposition, chargée des collections du nouveau musée d’art contemporain de Riga Entretiens non communiqués par l'auteur

Articles de journaux

Revue de presse de l’Ambassade de France en Lettonie : « Le fantôme du communisme circule toujours… » , Latvijas Av#ze, journaliste : Aija C#l#te (27.05.2005) - Traduit du letton par l’Ambassade de France en Lettonie Entretien avec la ministre lettone de la Culture : les manifestations culturelles en France dans le cadre du festival « Etonnante Lettonie », Neatkariga Rita Avize, 20.10.2005 - Traduit du letton par l’Ambassade de France en Lettonie Diena, Entretien avec la Ministre de la culture lettone, Madame Helena Demakova, à propos des projets du ministère de la Culture, 20.03.2004 – Revue de presse de l’Ambassade de France en Lettonie, traduction : ambassade Diena rietuma, Madame Demakova participe à une réunion des ministres de l Culture de l’UE, en marge du festival de Cannes, 19.05.2004 Penhard Monique - 2007 79 La politique culturelle internationale de la Lettonie

Edito du Monde, Le froid Russie-Europe , 09.05.07 REZO International. Etonnante Lettonie. Numéro 18, Publication de l’association française d’action artistique, septembre/octobre 2005. Entretien avec Sandra Kalniete.

Sites Internet www.kultura.lv http://www.president.lt/fr/news.full/605 - Valdas Adamkus, Président de la République de Lituanie © 2006 Chancellerie du Président de la République de Lituanie www.assemblee-nationale.fr www.am.gov.lv Attribution et acquisition de la citoyenneté lettone, 31.01.2007 www.arsbaltica.com www.ubc.net www.pays-baltes.com www.j3b.gov.lv www.riga .lv www.daugavpils.lv www.liepaja.lv www.jelgava.lv www.jurmala.lv www.ventspils.lv

Autres

Dace Neiburga, Power point de présentation à l’occasion du Nordic Baltic meeting on cultural cooperation 02. -03. November, 2005, Riga

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