ROSENAU FILLE DU RHIN @ Editions Coprur, 1992 1, rue Paul Muller-Simonis — 67000 Strasbourg Tous droits réservé, textes et illustrations ISBN 2-903297-74-6 Couverture d'après une aquarelle de Forlen Coordination et mise en forme : Pierre-Yves Fabre Maquette : Société d'Histoire de Montage : Corinne Siffermann Imprimé en par "L' SAP", Dépot légal n° 3903 — novembre 1992 Société d'histoire de Bartenheim

ROSENAU FILLE DU RHIN

EDITIONS COPRUR

PRÉFACES M. PIERRE PFLIMLIN ANCIEN PRÉSIDENT DU PARLEMENT EUROPÉEN 1792 ! Cette date de naissance évoque des événements qui ont marqué profondément le destin de la France et plus tard celui de l'Europe. La fondation en cette année de la commune de Rosenau montre qu'en pleine tourmente révolutionnaire l'esprit créateur restait vivant en Alsace. Peut-être même était-il favorisé par les idées nouvelles. Pendant les deux siècles écoulés depuis lors, l'Alsace a connu bien des épreuves. Elle a participé, souvent avec enthousiasme, à l'épopée napoléonienne. Le XIX" siècle a été marqué par la désas- treuse guerre de 1870 qui a abouti à l'annexion de l'Alsace au Reich allemand. Au prix d'un immense effort, l'économie alsa- cienne, privée de ses débouchés, a réussi sa reconversion et a même connu un nouvel essor. La création, dans les deux der- nières décennies, des premières caisses Raiffeisen, a ouvert de nouvelles possibilités en introduisant dans notre région la Mutualité sociale. Au XXe siècle, deux guerres mondiales ont marqué l'Alsace par des destructions, des deuils, des déchirements qui sont ins- crits dans nos mémoires. On pouvait craindre au lendemain de la Deuxième Guerre, après la joie de la Libération, que le développement de l'Alsace fût définitivement compromis. L'Alsace était considérée en France et dans le monde comme une région dangereusement exposée, le long d'une frontière longtemps contestée. De fait, pendant les premières années de l'après-guerre, aucune implan- tation industrielle n'est opérée entre Rhin et Vosges. Mais voilà que se produit ce qui aujourd'hui encore m'apparaît comme une sorte de miracle : le 9 mai 1950, Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères, propose la création d'une première Commu- nauté européenne, celle du Charbon et de l'Acier, à laquelle la République Fédérale d'Allemagne, constituée l'année précéden- te, est invitée à participer comme partenaire de plein droit. Ainsi est inaugurée la réconciliation franco-allemande, qui sera consa- crée solennellement le 22 janvier 1963 par le traité conclu entre le général de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer. Ces événements ouvrent des perspectives entièrement nou- velles. L'Alsace n'est plus une région marginale. Elle est située au centre du Marché commun européen. Elle devient attractive pour les investisseurs. Les étrangers (Suisses, Allemands, Américains, Canadiens, etc.) s'en rendent compte avant même les Français. Plus encore, dans la grande entreprise d'unification de l'Europe, l'Alsace est appelée à assumer une mission impor- tante. Elle peut, elle doit jouer entre la France et l'Allemagne le rôle de trait d'union qu'impose la Géographie et qui a été trop longtemps contrarié par l'Histoire. Etablir de bons rapports de voisinage entre régions frontières revêt à cet égard une grande importance. L'accord conclu en 1975 entre la France, la République Fédérale d'Allemagne et la Suisse a jeté les bases d'une coopération transfrontalière qui s'est avérée efficace. Je pense notamment à la Commission tripartite où se réunissent représentants administratifs et élus de l'Alsace, du pays de Bade et de la région bâloise et qui étudie tous les pro- blèmes d'intérêt commun (voies de communication, plans d'amé- nagement, etc.). La construction européenne a été plusieurs fois contrariée et reste une entreprise difficile. L'Acte unique européen, conclu en 1986, lui a assigné un objectif important : la création avant le 1er janvier 1993 d'un grand marché sans frontières intérieures de près de 350 millions d'habitants. En décembre 1991, la Confé- rence de Maastricht a franchi une nouvelle étape : l'institution d'une Union économique et monétaire qui doit être couronnée, en 1999 au plus tard, par la création d'une Union politique. En même temps les bouleversements survenus au Centre et à l'Est de l'Europe permettent d'espérer, malgré les inquiétudes suscitées par le surgissement de nationalismes exacerbés, qu'il sera possible d'organiser la grande Europe Il de l'Atlantique à l'Oural" dont rêvait le général de Gaulle. A toutes ces perspec- tives, l'Alsace doit faire face. Sans méconnaître les difficultés et les risques, je suis convaincu qu'elle saura prendre la place qui lui revient dans l'Europe nouvelle en train de naître et que le Crédit Mutuel y contribuera grandement. M DOMINIQUE GISSINGER MAIRE DE ROSENAU [ Découvrir, au fil des pages l'histoire de notre village... Pour certains, retrouver les anecdotes que racontaient leurs aînés. Pour d'autres, apprendre les origines de la terre qu'ils ont choi- sie... Quel plaisir ! Mais quel travail pour réaliser ce document ! Ayant un peu — si peu ! — participé à sa rédaction, j'ai pu constater l'enthousias- me et la minutie apportés aux recherches de renseignements et à la rédaction des textes... La passion qui unissait toute l'équipe autour de ce projet... D'Istein à , d'archives communales ou paroissiales en bibliothèques, ce sont de vrais enquêteurs qui n'ont pas mesuré leur temps pour vous livrer ici le fruit de leur labeur. Qu'ils en soient tous profondément remerciés. Tout comme le Crédit Mutuel dont le concours a permis la réalisation et l'aboutissement de tout ce travail. Pour l'avoir vécue depuis 1975 et y avoir participé activement, d'abord dans la paroisse depuis 1978, puis ensuite à la mairie depuis 1989, je connais une part de l'histoire de ces dernières années... Pour en avoir beaucoup entendu parler, pour m'y être sérieusement intéressée, je devine une partie des épisodes des années précédentes... depuis les origines de Rosenau. Il n'em- pêche que presque tout dans ce livre sera pour moi une décou- verte. Je n'en ai vu que peu de chapitres... et les autres me réser- vent la surprise !... Comme pour la plupart de ceux qui liront ces pages. Alors, laissons-nous, laissez-vous aller à la joie de savourer ces lignes ! Plongez-vous dans les origines de votre village, de vos parents, de vos voisins. Retrouvez — ou créez à cette occasion — des racines qui vous feront aimer de plus en plus, et de mieux en mieux, votre commune : terre de vos ancêtres ou terre d'élection, Rosenau vous offre là une bien belle chance de vous implanter - ou de vous réimplanter - dans son sol. Deux cents ans, c'est beaucoup et c'est très peu... Quelques générations. Et malgré tout beaucoup de changements. C'est un village, c'est vivant ! A l'image des habitants qui, au fil des années, le créent, le façonnent, le transforment. Qui cultivent ses j terres et bâtissent ses maisons. Qui élèvent ses enfants et accueillent ses amis. En fait, à l'image de tous ceux qui en ont été l'âme. Habitants actuels de Rosenau, nous en sommes, à divers titres, les héritiers. Alors, à eux tous, merci d'avoir été à l'origine de Rosenau, merci de l'avoir fait vivre. Aujourd'hui, Rosenau est fier de son histoire. La connaître, lorsqu'on y est né ou qu'on y a élu domicile, c'est pouvoir s'y sen- tir vraiment "chez soi". Pour un village, savoir s'enraciner dans son passé, c'est s'ouvrir harmonieusement vers l'avenir. C'est pouvoir s'élargir de façon équilibrée... Alors les anciens et les nouveaux auront matière à parler ensemble de leur village. De ces "nouveaux", j'en suis... Les chemins de la vie m'ont conduite dans ce village où je m'enracine chaque jour un peu plus. Avec mon époux, nous avons eu la joie d'y voir naître la dernière de nos filles... Et Rosenau m'a fait l'honneur et la joie de me choisir pour maire, il y a trois ans. Quelle belle façon d'expri- mer son ouverture ! Et de faire de la place à ceux qui l'aiment. Rosenau, merci pour ton passé, merci pour ton accueil ! Depuis deux cents ans, tu t'es fait le sol de ceux qui sont nés là et de ceux qui s'y sont arrêtés. Aujourd'hui ton histoire continue de s'écrire, au jour le jour, faite de la vie de tous tes habitants. Ces belles pages permettront aux uns et aux autres de partager, tout simplement, l'amour de leur village. JOSEPH KRIEG ORTSVORSTEHER ISTEIN My Geld un my Guet My Lebe, my Bluet My alles für di Du Heimet am Rhy. Dieses Wort von Paul Sättele, dem Heimatdichter und Isteiner Ehrenbürger, kommt fast einem Vermächtnis gleich. Wer könnte es wohl für sich beanspruchen ? Istein etwa, die Heimat der Ahnen des Dichters und seine Seelenheimat ? Rosenau etwa, zum Greifen nah vor Paul Sättele liegend, wenn er in den Zwanziger Jahren oben beim "Bammerthüsli" seinen Träumen nachhing? Zum Greifen nahe liegen die beiden Orte beieinander. Unen- dlich weit entfernt lagen sie. Getrennt äußerlich von dem Strom, der gar zu oft vor seiner Bändigung Richtung und Ausmaß veränderte, den Menschen die Früchte ihrer harten Arbeit wie- der entriß. Doch die Menschen nahmen sie hin, diese "gewaltige Urmelodie von Wind und Wellen", wie der Dichter sie hörte. Grausamer aber als von den Gewalten des Stromes wurden die Menschen von den politischen Strömungen der Vergangenheit bedrängt. Nun liegen Rosenau und Istein wieder zum Greifen nahe beieinander. Ungezwungen und frei können wir uns begegnen wie ehemals unsere Vorfahren ihre Vettern und Basen — ihre Cousins und Cousinen - äne am Rhy begrüßt haben. So ungezwungen wollen wir Isteiner, aus deren Wiege die Rosenau vor bald drei Jahrhunderten entstanden ist, der jüng- sten Gemeinde der Region zu ihrem Jubiläum gratulieren und übermitteln.ihr unsere guten Wünsche zu einem gedeihlichen Fortbestand Istein und Rosenau dürfen gemeinsam das Vermächtnis Paul Sätteles in Anspruch nehmen, "Heimet am Rhy" zu sein. Gemeinsam haben wir die Aufgabe, dieses Vermächtnis zu be- wahren und an die nächsten Generationen zu überliefern. In diesem Sinn wünschen wir unseren Verwandten Gottes Beistand auch im 3. Jahrhundert zum Wohl und Gedeihen von Dorf und Heimat. M. ETIENNE PFIMLIN PRÉSIDENT DU CRÉDIT MUTUEL 80e anniversaire Caisse de Crédit Mutuel Rosenau La commémoration du 200e anniversaire de la fondation de Rosenau est aussi l'occasion de rappeler les 80 années d'existence de la Caisse de Crédit Mutuel et son étroite participation depuis le 25 juin 1911, date de sa création, à la vie de la cité. En relisant son histoire, on mesure combien, à chaque étape, elle était présente et active. A Rosenau, la Caisse de Crédit Mutuel est bien au cœur de la vie locale. Elle est même au centre de la localité, puisque ses nouveaux locaux s'intègrent dans le nouveau centre des Bateliers, et ras- semble autour d'elle des hommes et des femmes animés d'un même désir d'entraide et de solidarité et d'une même volonté d'entreprendre. Il en est ainsi partout en Alsace, dans chaque village, dans chaque quartier des villes. Le Crédit Mutuel est étroitement lié à l'Alsace et en partage l'histoire depuis plus d'un siècle puisque la première Caisse a été créée à la Wantzenau en 1882. Le Crédit Mutuel est aujourd'hui présent sur tout le territoire national. Avec ses 4 000 Caisses et guichets regroupés en 21 Fédé- rations régionales, 8 millions de sociétaires et clients, 233 mil- liards de dépôts et 190 milliards de crédits, il est le cinquième groupe bancaire français. Son succès, il le doit à la qualité de ses produits et services, à son organisation originale, à la maîtrise des technologies les plus performantes. La grande autonomie des Caisses, la participation des socié- taires à leur animation, le rôle essentiel des administrateurs — ils sont 36 000 en France, élus démocratiquement par eux et respon- sables de la stratégie de développement et du respect des valeurs du mutualisme —, la compétence et la motivation des 22 000 salariés permettent au Crédit Mutuel d'être à l'écoute permanen- te des besoins de la communauté et d'y apporter rapidement et efficacement une réponse adaptée. Ce besoin était hier le financement de l'agriculture, puis du logement et de son équipement. Aujourd'hui, les nouvelles attentes concernent les services, les moyens de paiement, la maî- trise du crédit, le conseil, notamment pour l'épargne, et la forma- tion au meilleur usage des produits mis à la disposition des sociétaires. Le Crédit Mutuel y répond ; il a toujours eu le souci non seulement de favoriser l'accès du plus grand nombre aux services de la banque mais aussi de leur apprendre à en tirer le meilleur parti par une information honnête et claire. Son ambition est en effet d'être un partenaire loyal, efficace et entreprenant, et de permettre à ceux qui lui font confiance de réa- liser leurs projets. Il a fait la preuve de sa capacité à innover, il a été la première banque à développer l'assurance et la Caisse de Rosenau a mon- tré l'exemple, à maîtriser les technologies, l'informatique, les nouvelles techniques financières, et à s'adapter aux exigences de son temps en diversifiant ses activités. Au moment où la concur- rence se durcit à l'approche du grand marché européen, il restructure son réseau et le renforce autour de centres de décision et de gestion. Ainsi, le sociétaire peut trouver à chaque point de contact un conseil personnalisé, le meilleur service et la gamme complète des produits. C'est là le sens de sa signature : la banque à qui parler. En resserrant les liens entre les Fédérations régionales autour d'outils et de produits communs, il crée un réseau national soli- daire et cohérent tandis que les nombreux accords de partenariat avec des banques étrangères donnent accès à ses sociétaires aux marchés internationaux. Notre Fédération de Strasbourg a conclu ainsi six accords avec les banques Raiffeisen des Lânder voisins, a créé une banque au Luxembourg, la Mutuel Bank, et des bureaux de représentation à Francfort et Madrid. La Caisse de Rosenau elle-même est jumelée depuis de nombreuses années avec la Raiffeisenbank Efringen, Kirchen et Maulburg. Dans l'Europe des régions qui se met en place, le Crédit Mutuel, la Caisse de Rosenau, seront les partenaires de l'Alsace et, avec ses sociétaires, bâtiront son avenir, avec courage et conviction. MAÎTRE MICHEL BOKARIUS PRÉSIDENT DU DISTRICT DU CRÉDIT MUTUEL Il n'est pas meilleur moyen pour comprendre la "différence" du Crédit Mutuel, qu'en se replongeant dans ses origines et en retraçant son évolution jusqu'à nos jours. Le 80e anniversaire de la Caisse de Crédit Mutuel de Rosenau, conjugué au 200e anniversaire de la commune, nous en offrent une merveilleuse occasion L'ardent besoin d'apporter réellement des solutions concrètes, quelle que soit l'époque, aux problèmes rencontrés par nos conci- toyens, la volonté farouche des hommes et des femmes de "se prendre par la main" et de "se donner la main", dans un extraor- dinaire engagement de solidarité au quotidien, ceci par l'épargne, le crédit et le service, et plus près de nous, la volonté de participer "au mieux être de ses sociétaires, de nos communes et de notre région", voilà la trame de son développement. Voilà aussi la force de sa conviction. L'histoire de la Caisse de Crédit Mutuel de Rosenau montre bien sûr que les obstacles furent multiples et variés. Mais chaque fois, la conviction et la volonté ont été les plus fortes. Aujourd'hui les difficultés rencontrées par nos sociétaires et l'ensemble de notre société sont sans doute différentes, mais tou- jours aussi nombreuses et importantes : la retraite, la prévoyan- ce, le logement, l'emploi, l'individualisme et l'isolement, et peut- être surtout, un projet de société qui rassemble par-delà l'éclatement des frontières traditionnelles politiques, écono- miques, financières et culturelles. Le Crédit Mutuel et la Caisse de Crédit Mutuel de Rosenau entendent y apporter des réponses et participer à la construction de notre avenir et celui de nos enfants. Forts de nos valeurs humanistes de responsabilité, d'indépen- dance et de solidarité, prenant appui sur le témoignage de nos prédécesseurs et le formidable mouvement populaire que consti- tue le Crédit Mutuel, et résolus à agir, et non pas à subir, nous relèverons ensemble le défi du futur grâce à la confiance et la fidélité de notre population. Vive la Caisse de Crédit Mutuel de Rosenau ! Vive le Crédit Mutuel ! Vive l'Avenir ! M. JOSEPH BERNHARD PRÉSIDENT DU CRÉDIT MUTUEL DE ROSENAU Fidélité à l'idéal que nous ont légué ceux qui nous ont précé- dés, volonté de poursuivre dans la voie qu'ils nous ont tracée et fierté de pouvoir le faire dans des conditions avantageuses, tels sont les mots d'ordre qui ont guidé les responsables du Crédit Mutuel dans leur démarche. Une démarche ressemblant plutôt à une aventure quand, il y a quelques années, le groupe des res- ponsables rajeuni caressa l'ambition de remodeler le centre du village, une entreprise qui se poursuit sous nos yeux. Dans un temps rapproché, quand Rosenau sera entré dans son troisième siècle d'existence, le cœur du village sera irrigué de sang neuf et sur un espace harmonieusement occupé, ses habi- tants trouveront l'essentiel : mairie, école, petits commerces, agence postale, bibliothèque, locaux d'habitation. Au centre de transformation.cet ensemble, la banque du village qui a été le moteur de cette Celle-ci coïncidera peu ou prou avec la commémoration de l'accession de Rosenau au statut de commune indépendante : en 1992, Rosenau, la plus jeune des communes du canton, a 200 ans d'existence, un anniversaire qui mérite d'être fêté. Avec d'autres partenaires, le Crédit Mutuel sera bien sûr associé à cette commé- moration. Mais sa collaboration la plus originale et plus impor- tante aura été la publication de ce "livre du bicentenaire". Sous l'égide de la Société d'histoire de Bartenheim, du Pré- sident Albert Meister, des personnes compétentes et enthou- siastes se sont attelées à la tâche pour sonder le passé de cette modeste et turbulente annexe, née d'un caprice du grand fleuve. Elles ont fouillé archives et grimoires jaunis, comparé plans et croquis des lieux, se sont usé les yeux sur de vénérables manus- crits... Peu à peu, des brumes du passé, d'informations souvent incomplètes ou contradictoires, s'est précisée l'image de notre village, s'est dégagée l'histoire de Rosenau, telle que les auteurs du livre ont essaye de la rendre, aussi fidèlement que possible. Mais leurs efforts auraient été aléatoires s'ils n'avaient pu bénéficier de la collaboration précieuse de beaucoup de béné- voles : pour celui qui est à la recherche du passé, pour qui veut relater des événements marquants, raconter des faits d'autrefois, rien ne vaut le souvenir de nos grands-mères, le récit, souvent embelli, de ceux qui restent parmi nous... Ce livre du bicentenaire, que le Crédit Mutuel publie pour le 200" anniversaire de notre commune, n'a été possible que grâce à la collaboration de beaucoup d'anonymes. Il est dédie aux habi- tants et à tous les amis de Rosenau, à tous ceux qui se sentent enracinés dans ce sol. Il est surtout dédié à notre jeunesse. Afin que le souvenir ne s'estompe pas... M. ALFRED SPINDLER MAIRE HONORAIRE DE ROSENAU Rosenau, Village que j'aime, voilà l'expression d'un ancien pre- mier magistrat à l'occasion de la célébration du bicentenaire de la localité et de la parution du livre d'histoire édité par la Société d'histoire de Bartenheim et financé par le Crédit Mutuel local. La commune de Rosenau, ancien bourg maraîcher de la bande rhénane, enchâssée dans un cadre de verdure unique dans la région des Trois - Frontières, s'étend le long du C.D. 21 III sur plus de trois kilomètres entre le canal de et le Grand Canal d'Alsace au milieu de terres et jardins maraîchers. Une poussée démographique, engendrée par un solde migratoire important entre les années 1970 et 1980, et surtout l'implantation d'un gros lotissement dénommé "Cambrai", avec ses 140 loge- ments sociaux construits dans le cadre d'une zone d'aménage- ment concertée sur un terrain de sept hectares, ont contribué à tripler la population et ont nécessité la réalisation d'importants travaux d'équipements culturels et scolaires. La commune de Rosenau a commencé à perdre sa vocation de bourg maraîcher, avec asperges et oignons de Mulhouse, lors de l'expropriation des terres maraîchères pour la construction du Grand Canal d'Alsace en 1928. L'amputation du ban communal de 400 hectares de terrains agricoles est à l'origine de la reconver- sion des maraîchers rosenauviens et c'est ainsi que les emplois du secteur secondaire occupent à présent près des 4/5e de l'en- semble des emplois. Rosenau, village jeune et dynamique, avec son environnement agréable, s'est efforcé d'appliquer une politique du mieux-vivre. Appelée aussi fille de la Révolution française, la localité est entrée une deuxième fois dans l'histoire de la France grâce au fait héroïque du lieutenant de Loisy de la lre Armée française qui a été, parmi les armées alliées, la première à atteindre les eaux du Rhin à Rosenau. C'était le 18 novembre 1944. Aujourd'hui, à l'occasion du bicentenaire et de la parution de ce livre, je relève avec satisfaction que l'équipe municipale en place pendant un quart de siècle a écrit une belle page de l'histoi- re du village et a mené un long combat pour donner à Rosenau un développement moderne et l'épanouissement physique, moral et social de la jeunesse. Cette page d'histoire de notre village serait incomplète si je ne relevais dans le livre du bicentenaire le jumelage intervenu avec Bougue, commune landaise d'accueil en 1939, dont le maire Jean Fondeviole, ami de longue date, a signé le 1er septembre 1979 la charte et le livre d'or de Rosenau. De même, il nous faut marquer d'une pierre angulaire l'enten- te cordiale scellée, peu de temps après la libération, avec Istein, commune située sur l'autre rive du Rhin et dont le "Bürger- meister" de l'époque, Pius Schwanz, était l'initiateur et l'élément moteur de la réconciliation de la mère avec sa fille révolutionnaire. PIUS SCHWANZ ALTBÜRGERMEISTER ISTEIN GESCHICHTSGANG : EINE PILGER-WALLFAHRT? Jedes echte Jubiläum hat eine eigene Würde und einen prägen- den Wert, unabhängig davon, ob es von einem Einzelmenschen, einem Dorf oder Volk gefeiert wird. Würde und Wert offenbaren sich sowohl im "jubelnden Halleluja" als auch im "besinnlichen Memento". Im vorliegenden Fall ist das "Memento" absichtlich zielgerichtet auf die historische Geburt Rosenaus, des "Benjamin" unter den elsässischen Gemeinden. Denn abwei- chend von den bisherigen Veröffentlichungen, die oft überdeut- lich die Parteinahme entweder nur für Istein oder Rosenau je nach dem Standort und der damit verbundenen verengten Perspektive verraten, soll erstmalig aus objektiver Überschau, die sich nur der Wahrheit verpflichet fühlt, das geschichtliche "Geburtsbild" Rosenaus vorgestellt und der Nachwelt überlie- fert werden. Objektivität und Wahrheit fordern von beiden Gemeinden, sich nicht nur mit der Erfassung und tabellarischen Wiedergabe der historischen Fakten zu begnügen. Vielmehr legt diese hohe Zielsetzung Istein und Rosenau die Verpflichtung auf, die eigenen "Meßlatten, Fluchtstäbe und Visierkreuze "bei- seite zu legen, gleichsam sich der eigenen Kleider zu entledigen und in die "Kleider und Schuhe ihrer Vorfahren" zu schlüpfen. Dabei kann es vorkommen, daß sie jene "Erbsen" zu spüren bekommen, die sich die früheren Generationen bei Wallfahrten zur Busse in die Schuhe gelegt haben. So gleicht dann dieser Geschichtsgang keiner Vergnügungsreise, sondern einer "Pilger- fahrt", die aber jene Wurzeln der Vergangenheit freilegt, die Rosenaus Gegenwart auch heute noch speisen und ohne deren Lebenssäfte jegliche Zukunftsgestaltung fragwürdig bleibt. Möge so das Jubiläum endgüldig das "Zeitalter der Schuld- zuweisungen und Rechtsansprüche" beenden und Rosenau und Istein wahren, ehrlichen und inneren Frieden sowie "verwandt- schaftliche Freundschaft" schenken. Vor. allem aber möge es Rosenaus "Neu und Altbürger" zusammenklammern, damit sie gemeinsam Verantwortung übernehmen für einen gesegneten "Erdenfleck", der beiden "Heimat" werden und bleiben soll. Istein am Tag des "Heiligen Vitus", den 15. Juni 1991. M. L'ABBÉ GERMAIN MUNSCH CURÉ DE ROSENAU " Dies ist das Haus Gottes " " Ceci est la maison de Dieu " Telle est l'inscription qui se trouve au-dessus du portail d'entrée de notre église. Depuis 1881, l'année de son inaugura- tion, notre église a été l'objet des soins et de l'attention particuliè- re de la part des croyants. Mais les habitants de l'époque vivaient dans une commune modeste aux moyens modestes et, au fil des années, le bâtiment s'en ressentait. Il fallait songer à entre- prendre de sérieux travaux de rénovation. C'est à partir de 1960, puis au fil des années et jusqu'à ce jour que, grâce à l'entente et à l'harmonie avec la commune, toute une série de grands travaux extérieurs et intérieurs furent réalisés : travaux de couverture, d'électrification, bancs, revêtement du sol, parquet, transformation du chœur, autel face au peuple, sacristie. Ces travaux qui se sont étalés sur plusieurs années ont coûté beaucoup d'argent, notamment à la commune. C'est sur- tout durant les mandats successifs du maire Spindler que des cré- dits substantiels ont été affectés à ces différents travaux de notre église. Il restait néanmoins d'autres projets à réaliser pour les- quels on pouvait uniquement faire appel à la générosité des fidè- les. Ainsi la rénovation complète du système de chauffage, la res- tauration profonde de l'orgue et d'autres... Ainsi depuis une dizaine d'années environ, le conseil de fabrique avec son prési- dent Albert Desserich a constitué un groupe paroissial qui comp- te dans ses rangs des hommes et des femmes compétents, riches d'expérience et qui se mettent au service de la communauté, organisant des fêtes et participant aux manifestations du village avec comme but : trouver des fonds pour aider et financer des projets onéreux. Mais il y a l'autre "Eglise". Et le Concile Vatican II a été à l'ori- gine de cette dimension. L'église est aussi et surtout le peuple de Dieu, le peuple de l'Evangile entraîné par le souffle de Dieu et qui doit songer à faire de ses fidèles "les pierres vivantes" qui construisent aujourd'hui l'Eglise de Jésus-Christ et le monde qui est le nôtre. C'est ainsi qu'on le comprend aujourd'hui dans notre paroisse où, depuis quelques années déjà, des laïcs se mettent à î'œuvre et prennent la relève. Des mamans préparent régulière- ment les enfants aux sacrements, une équipe liturgique anime les messes, l'engagement des laïcs est devenu une réalité féconde de rencontres nouvelles et enrichissantes. En cette année du bicentenaire, votre curé Germain Munsch, nourrit l'espoir de voir le gros bourg qu'est devenu Rosenau, se transformer en une paroisse vivante où les fidèles aiment à se retrouver dans leur église belle et accueillante. M. ALBERT DESSERICH PRÉSIDENT DU CONSEIL DE FABRIQUE Tout événement important cristallise toujours sur lui une attention particulière. Pour la paroisse de Rosenau, ce bicentenaire et le centenaire de l'église est une célébration qui se doit d'être fêtée avec joie et fier- té. Alors, en ma qualité de président du conseil de fabrique et au nom de tous les membres qui le composent, je tiens à rendre hommage à tous ceux qui de loin ou de près apportent leur géné- reuse contribution à l'épanouissement de notre vie paroissiale. Ma première pensée s'adresse ici à monsieur le curé Germain Munsch qui, au-delà de sa charge d'accompagnement spirituel de ses paroissiens, œuvre inlassablement depuis près de 35 ans pour que soient préservés et embellis nos édifices religieux. En cette occasion toute particulière, je tiens également à vous remer- cier, vous tous qui, à travers de nombreux dons, avez permis la réalisation des travaux de rénovation de l'église. Une contribu- tion financière est certes nécessaire au regard des lourdes charges qui sont liées à toute gestion. Une autre source de satisfaction est la certitude de la constante présence de bénévoles pour l'instruc- tion religieuse, la chorale, l'encadrement des enfants lors des fêtes, le groupe paroissial, le nettoyage de notre église et son fleu- rissement. Comment ne pas songer aussi avec reconnaissance au maire et à son conseil municipal. Les excellentes relations qui ont de tout temps existé entre nous ont permis d'engager des actions conjointes pour le bien de la paroisse de Rosenau. Alors, s'il m'est permis de formuler un vœu, je souhaite que toutes ces bonnes dispositions se perpétuent dans le futur et que nos prochaines générations se sachent enrichies de votre dévoue- ment pour œuvrer à leur tour dans cette église catholique dans laquelle nous sommes unis.

EDITORIAL L'historique de Rosenau a été conçu et rédigé sous l'égide de la Société d'histoire de Bartenheim et environs, présidée par M. Albert Meister. La Société avait été retenue par la Caisse de Crédit Mutuel de Rosenau et son gérant Gérard Bingler pour réa- liser un livre sur l'histoire de la localité à l'occasion du bicente- naire de sa naissance et du 80e anniversaire de la Caisse. La coordination et la responsabilité générales ont été assurées par M. Gabriel Arnold. Le travail d'écriture du livre a été confié aux rédacteurs de la Société d'histoire : Gabriel Arnold, Jacques Ginther, Paul-Bernard Munch, Odile Spiegel, dont le temps passé à la recherche, aux archives, à l'élaboration des textes, à la relecture, à la correction dans le respect et la rigueur de la vérité historique ne se compte pas. Le livre lentement, patiemment a pris forme grâce aussi à la précieuse collaboration : - de M. Antoine Itty, la mémoire vivante de Rosenau, à qui ont été confiées les parties sur l'enseignement au XIXe siècle, la vie communale et économique au XXe siècle, deux ou trois chro- niques de sociétés et l'historique de la CMDP, ce dernier en colla- boration avec M. Gérard Bingler, gérant; - de Mme Sylviane Liégeon-Spindler, dont l'aide pour la partie usages d'autrefois, certaines recherches historiques, les conseils et les corrections tout au long de l'élaboration des textes ont été précieux; - du Dr Pierre Haegele pour la partie démographie et qui, avec le concours de M. Pierre Schneider, a établi les tableaux généalo- giques de nombreuses familles de Rosenau; - de M. Pius Schwanz pour l'historique en allemand à la fin de l'ouvrage. - de l'une ou l'autre personne qui ont aidé à la rédaction de cer- tains textes, dont Mme Dominique Gissinger, maire, pour l'anima- tion religieuse de 1978 à 1992 et l'action communale depuis 1989. membreLes photographies de la Société d'histoire. ont été réalisées par M. Eugène Groellin, Munch.Les plans sont l'œuvre de MM. Eugène Schoch et Claude Le livre, fruit de plus d'une année de travail, est le résultat de l'entente de toute une équipe. Si la Société d'Histoire a apporté son expérience technique à l'aboutissement de cet ouvrage, toutes les personnes qui ont collaboré à sa réalisation ont apporté chacune une pierre à l'édifice. Nous tenons donc à remercier : - tous ceux qui ont bien voulu mener les recherches sur le ter- rain ou enquêter auprès des anciens du village pour recueillir leurs témoignages du passé. Il s'agit de MM. Albert Meister, Albert Desserich, Lucien Baumlin, Jean-Marie Wurtlin, Gérard Bingler, Paul Hellstern, Roland Candeago, Bernhard Joseph ; - les personnes enquêtées qui se sont prêtées aimablement à notre questionnaire : MM. Alfred Spindler, Auguste Wild, René Ritter, anciens maires de Rosenau ; M. Pius Schwanz, ancien maire d'Istein ; Mmes Alphonsine Gœtschy, Marguerite Haegelé- Kielwasser, Erna Roos, Marthe Sibold, Anne Tochtermann, Hélène Waechter, Hélène Hellstern, Marguerite Rogez ; M. et Mme Eugène Turkauf ; MM. Fernand Wurtlin, Alice Bingler et Othon Biry; - les personnes qui ont spontanément prêté documents et pho- tos, en particulier MM. les curés Munsch et Onimus, Mmes Erna Roos, Marguerite Baumlin et la municipalité d'Istein. L'équipe de rédaction

Le groupe de travail presque au complet. INTRODUCTION Notre village va entrer dans son troisième siècle d'existence : au cœur de l'été, Rosenau va commémorer le 200e anniversaire de sa fondation en tant que commune indépendante. Ce sera une grande fête, une occasion unique de rassembler dans une même ferveur festive tous ceux qui se disent de Rosenau : le groupe, qui s'amenuise, de ceux qui sont nés à l'ombre de Saint-Fridolin, et l'imposant bataillon de ceux, venus d'ailleurs, qui ont choisi de vivre dans cette commune. Mais les événements les plus attendus, les fêtes les plus dési- rées ou celles qui ont le mieux réussi, sont inscrites dans le temps qui passe. Tristes ou joyeuses, émouvantes ou débridées, ces étapes de la vie sont, par nature, éphémères et finissent par meu- bler nos souvenirs. Pour que ces étapes restent inscrites dans la mémoire, afin qu'elles portent témoignage à ceux qui viendront après nous, il n'existe qu'un seul moyen : les fixer par écrit, une vérité que les Anciens avaient énoncée en ces termes : "Verba volant, scripta manent", les paroles s'envolent, les écrits restent. Le "livre du bicentenaire", qui a pu voir le jour grâce à l'initiative du Crédit Mutuel, répond à cette volonté. C'est la Société d'histoire de Bartenheim et environs, ayant la chance de compter dans ses rangs des hommes jeunes, enthou- siastes, amoureux des choses du passé et capables de présenter sous une forme claire et agréable les événements d'antan, qui a été chargée de mettre en œuvre cet ouvrage. Elle s'est entourée de gens du terroir, véritables mémoires vivantes qui, grâce à leur connaissance du village, ont contribué à la rédaction des textes et apporté au livre une touche locale originale. Enseignants pour la plupart, les rédacteurs connaissent le poids des mots, savent habiller leur développement d'une touche d'élégance, attiser la curiosité du lecteur et entretenir le suspense, allier la rigueur de l'historien à l'imagination du chro- niqueur mondain. Tout cela donne un cocktail vivifiant, un ouvrage agréable à lire, un livre instructif abondamment illustré de photos d'archives et de souvenirs qu'on feuillette avec grand plaisir. Depuis l'histoire du grand fleuve qui a façonné notre région jusqu'à l'image de Rosenau à l'orée du deuxième millénaire, le lecteur pourra suivre pas à pas le laborieux développement du village, ses démêlés avec la commune-mère, son désir d'émanci- pation éveillé par le grand souffle de la Révolution. Le XIXe siècle, avec les grandes mutations rendues possibles grâce à l'évolution des mœurs et aux progrès techniques, occupe bien sûr une place importante. Les grands bouleversements engendrés par les diffé- rentes guerres qui ont déferlé sur notre région au cours de deux siècles sont analysés avec l'impartialité de rigueur. Les auteurs se sont efforcés de donner une image aussi nette, aussi honnête et fidèle que possible de ce qu'a été et de ce qu'est Rosenau. Si le lecteur aime feuilleter ce "livre du bicentenaire" avec plai- sir, si cet ouvrage est appelé à devenir un témoignage pour la jeu- nesse, alors les rédacteurs auront réussi dans leur entreprise...

MI DÄRFLE Chänsch dü mi Därfle s'legt am Rhi As chennt bigott net schener si Vo witem cha mä s'Chelchle säih Mets en da Hiser esch's wia nei Un's Bächle tüät dur d'Fälder ziäh 0 Därfle de vergess ech niä Denn dü besch mi, der blib ech treu 0, Rosänäu. Vor ebb mi Därfle esch entstandä Sen grossi Bäim un Herscht do gstandä Mets drenn ä wunderbarä See Grad wiä em Paradis eschs gseh Vel Wasserrosä het's do gha Dia hän mim Dorf d'r Namä gä Denn en dar Au Hän Fescher bäuä d'Rosänäu. En Uniform bi fremder Macht Ben ech einscht gstandä en d'r Nacht Bi Läuterburg eschs gseh am Rhi Un ha dert glüägt en s'Wasser dri Ha dänkt mi Därfle esch befräit Do han i alles anäkäit Do ben i los zu Chend un Fräu Uff Rosänäu. 0 Herrgott geb uns s'täglig Brot Un bschetz uns doch vor Chriäg un Not Bhiät unser Därfle emmer Güät Bhalt's emmer güät en diner Hüät un unser Elsass o drbi Do wän mer der rächt dankbar si Do wan mer lobä de uff's näi Mer z'Rosänäu. Arthur Hellstern

Carte du XIXe siede. ROSENAU, VILLAGE RHENAN ituee sur la plus basse terrasse du Rhin, dans le lit principal du fleuve, ä 241 metres au-dessus du s niveau de la mer, Rosenau, plus jeune commune de la region frontaliere, que l'histoire ä peine bicentenai- re tendrait plutöt ä classer parmi les villages modestes d'Alsace, est en realite un gros bourg qui, au cours de ces trente dernieres annees, a pris un essor considerable. Coincee entre le Grand Canal d'Alsace ä Fest et celui de Huningue ä l'ouest, entouree de deux Au SUD DE villages, et Village-Neuf, aux L' ALS ACE noms fortement em- preints d'histoire, Rosenau vivait, en- core au debut de ce siede, ä l'ecart de tout trafic et n'etait connue que des habitants des villages proches la traver- sant pour se rendre ä Bäle et ä Saint-Louis, ou de ceux qui, au hasard d'une consultation de carte routiere, res- taient sous le charme de ce nom evocateur de paysages marecageux. En l'espace de quatre decennies, gräce ä l'amenagement des deux voies de communication (route EDF et CD n° 21 110 qui le desservent et ä sa situation geographique proche du grand pole industriel des "Trois - Frontieres", ce village s'est considerable- ment agrandi, passant de 639 habitants en 1962 ä 1501 habitants en 1990. Village de pecheurs, de bateliers et d'agriculteurs au XIXe siede, ä vocation principalement maraichere au debut de ce siècle, Rosenau a acquis, depuis quelques annees, une vocation industrielle et residentielle qui explique son fort accroissement demographique. Retracer l'histoire d'un village, d'une communaute d'habi- tants, meme si celle-ci s'est constituee il y a ä peine deux siecles, implique qu'on prenne en compte les contextes historique, geo- graphique et politique qui Font vu naitre. Ceci est d'autant plus vrai pour Rosenau qui se trouve d'une part, dans un bassin long- temps livre au temperament capricieux et imprevisible du Rhin et, d'autre part, sur la limite de deux Etats souverains qui, durant des siecles, se sont conteste chaque parcelle du sol fertile du bas- sin rhenan. D'ailleurs, le ban de la commune a connu, durant sa courte histoire, des bouleversements constants lies ä ces deux phenomenes, gagnant par-ci, par-lä, quelques arpents de sol aux depens des riverains "d'en face" de par la volonte politique fran- gaise concretisee par les victoires militaires sur l'adversaire alle- mand, mais en perdant d'autres tout aussi rapidement du fait de la force dominatrice et devastatrice du fleuve qui imposait son bon vouloir aux hommes les plus puissants. DONNEES TOPOGRAPHIQUES En aval de Bäle, le Rhin coule dans une plaine alluviale, appe- lee basse terrasse, large de 4 ä 6 kilometres, reduite ä 1,5 kilo- metre en face du seuil d'Istein ä Kembs. Autrefois, le fleuve ser- pentait dans ce lit majeur que ses flots inondaient regulierement ä l'epoque des hautes eaux. Cette plaine est limitee, sur la rive gauche par un talus abrupt dont la hauteur est de 6 ä 7 metres entre Saint-Louis et Samt-Louis-la-Chaussee, et qui atteint 10 ä 15 metres entre Bartenheim-la-Chaussee et Kembs. Ce talus est forme d'alluvions anciennes sur lesquelles sont etablies la route Bäle-Strasbourg et une ligne de villages : Saint-Louis, Bartenheim-la-Chaussee, Kembs, , , etc (1).

Les terrasses rhenanes. Rosenau, Village-Neuf et Huningue sont bätis sur la basse ter- rasse composee d'alluvions modernes, c'est-ä-dire amenees lä par les eaux du Rhin bien apres celles des terrasses hautes. Entre le fleuve et la premiere terrasse, le terrain est parfaitement plat. Les rares creux ou fosses encore visibles sont d'anciens bras du Rhin que les regularisations successives ont transformes en etangs et en marais grouillant de poissons, de batraciens ou d'autres betes aquatiques. Tout autour, dans quelque direction que se porte notre regard, preuve que nous nous trouvons ä l'endroit le plus bas du bassin, sauf au nord vers oü coule le Rhin, nous pouvons apercevoir des collines et des montagnes qui convergent vers la vallee du Rhin: ä l'ouest, les collines du Sundgau tres faiblement elevees qui nous abritent mal des vents, nous amenant l'humidité et la tie- deur oceane; au sud, le Jura suisse et la colline du Wartenberg; ä l'est, les sommets de la Foret-Noire qui s'etirent vers le nord et forment le pendant de ceux des Vosges. Il y a quelques siecles, avant que l'homme n'arrive ä dompter l'ardeur du fleuve et ses velleites devastatrices, cette basse terras- se etait encore exposee ä de frequentes inondations et formait une contree marecageuse et malsaine, un peu ä l'image de ce qui sub- siste entre Rosenau et Village-Neuf, toutes proportions gardees. Le sol est forme de gravier, de sable et d'argile apportes par le Rhin. Ces alluvions representent une epaisseur d'environ 7 ä 8 metres et reposent sur une epaisse couche d'argile de 300 metres qui empeche l"eau souterraine de s'infiltrer trop profondement, la gardant ainsi accessible ä l'homme (2). A la surface du sol, une fine couche de terre arable, pauvre et siliceuse, n'excedant pas 40 centimetres, ne permet pas de grosses cultures cerealieres, mais fait le bonheur des maraichers qui trouvent lä un terrain de choix pour leurs legumes : oignons, haricots, petits pois, salades, tomates, pommes de terre, choux, poireaux... A certains endroits, les gravières et les sablieres, quoique delaissees, nous rappellent le travail acharne du fleuve qui a charrie, roule, broye et meme trie des masses colossales de materiaux arraches ä la montagne et dont les riverains du fleuve se sont de tous temps servis pour la construction de leurs habita- tions. Le ban de Rosenau est remarquable par la diversite de son pay- sage vegetal. Les terres labourables (194 hectares) y alternent avec les bois (192 hectares), les landes et les zones humides (65 hec- tares), les jardins (7 hectares) et les sols divers (109 hectares). 11 est ä remarquer qu'une grande partie de ces terres (358 hectares) sont actuellement propriete d'EDF, notamment en ce qui concerne les lies du Rhin, ou classees reserve naturelle, pour la partie de la Petite Camargue appelee " Kirchenerkopf. Au sud, le long de la route EDF aujourd'hui amenagee en route ä grande circulation, nous trouvons donc les bras morts du "Kirchenerkopf", l'un des ultimes temoins d'une epoque ou. le fleuve modelait le paysage ä sa guise. Les zones humides y alter- nent avec les zones seches. Une promenade ä travers cette partie du ban nous fait passer des landes seches oü fleurissent l'armoise des champs, l' euphorbe de Gerard, le superbe thym, et oü abon- dent les rourres d'argousiers, le peuplier noir, le saule blanc, l'aulne blanchätre et l'aulne pepiteux, aux pres humides, rose- lieres et bas-fonds abritant une Vegetation aquatique composee d'elements flottants et submerges, ou conservant les derniers specimens de fleurs disparues de notre paysage (3). Une grande partie de cet espace a ete classee reserve Naturelle en 1982.

Rosenau, village rhenan : un bras mort du Rhin.

Rosenau, village maraicher. Au nord-ouest du village, pres de la route qui mene ä Barten- heim ainsi qu'au sud-ouest, entre Rosenau et Village-Neuf, c'est un paysage tres different qui s'offre ä nos yeux. Cette bande de terre propice ä la culture maraichere conserve quelques trous d'eau ou roselieres, derniers vestiges du Grand Marais et des bras du Rhin qui recouvraient encore toute cette zone au milieu du XVIIIe siècle. La Vegetation y est rare si ce ne sont des buissons ou quelques groupes d'arbres filiformes que l'homme a cru devoir planter lä pour egayer un paysage sürement trop monoto- ne ä son gre. Plus ä l'ouest, le long du talus de la premiere terras- se et pres de l' Augraben, subsistent des zones humides non culti- vees oü prolifèrent les roseaux. 11 nous parait important de mentionner l'Ile du Rhin qui, bien qu'etant coupee du ban proprement dit, n'en participe pas moins ä son paysage. Cette denomination "Ile du Rhin" n'existait pas avant le creusement du Grand Canal d'Alsace, en 1932; elle designe l'espace situe entre le Grand Canal d'Alsace et le Rhin, propriete d'EDF, compose de sols fertiles non inondes, autrefois les meilleures terres de culture du ban, de cailloutis rhenan for- mant des terrasses seches ä Vegetation clairsemee et de zones humides ä Petat originel. Cette ile constitue actuellement une reserve naturelle et de chasse de premier ordre oü cohabitent une multitude d'especes vegetales et animales. L'argousier y est roi. Dans les sites les plus anciens, poussent saules, peupliers, bou- leaux, trembles et meme des arbres fruitiers, derniers vestiges des vergers d'antan. DONNEES TOPONYMIQUES L'appellation "Rosenau" apparait pour la premiere fois en 1241 sous la forme de "Rosenof (4). Pour qui connait les tableaux de Birmann, de Gutsch ou meme de Jean Mieg, il n'est pas eton- nant de trouver un nom evocateur de marais et de pres humides ä cet endroit. Encore au XVIne siècle, comme nous l'avons dejä dit plus haut, la basse terrasse du Rhin n'etait qu'un vaste mare- cage parseme d'iles innombrables entre lesquelles serpentaient les bras du fleuve, qui, lors des crues, tels de puissants tentacules, façonnaient le paysage ä leur guise, arrachant des pans de terre ä certains endroits pour en recreer ailleurs. La Rosenau, dont l'existence semble ancienne, ä en croire les premiers documents qui la mentionnent, etait une de ces lies iso- lees de la terre ferme, d'un cöte par le fleuve lui-meme, de l'autre par un bras ou un marais. Les noms de plusieurs villages fondes aux premiers siecles du Moyen Age portent ainsi des noms germaniques, qui attestent de l'alternance de forets (Holtz) et de marais (Feld : champ, Au : pre) dans certaines contrees d'Alsace, notamment sur les rives de Till et du Rhin. Ils indiquent la nature des sols, humides et tourbeux: Rhinau, Wantzenau, Robertsau, Riedwihr, Muttersholtz, Holtz- wihr... Le besoin de savoir ä tout moment oü etaient situes leurs champs ou leurs pres amenait par ailleurs les paysans et les sei- gneurs de cette epoque ä diviser les bans communaux en cantons ruraux dont les noms etaient empruntes ä la nature, ä des acci- dents du terrain, ä des paysages particuliers, ou simplement ä l'usage auquel ils etaient destines (5). C'est ainsi que l'etymologie du nom "Rosenau" est double. Elle repose sur l'association des termes "rose" et "au" tous deux attes- tes des le vieux-haut-allemand. Le mot "Au" qui s'ecrivait "Ow" ou "Owe" au Moyen Äge correspond ä la forme moyen-haut-alle- mand "Ouwe" issue de la forme vieux-haut-allemand "ouw[iJa", Land im oder am Wasser, Insel, Halbinsel — terre dans ou au bord de l'eau, ile, presqu'ile. Aujourd'hui, la forme "Au" designe un pay- sage fluvial (Flußlandschaft) une prairie (Wiese), mais egalement une ile (Insel) par reference aux formes etymologiques. Dans la realite, le mot "Au" designe la partie de la plaine d'inondation du Rhin, entre Huningue et Kembs, oü le fleuve s'est repandu en bras multiples pour creer un paysage typique de marais, de pres humides, d'ilots taxes d'impenetrables sur la carte de Naudin (1726). Les explications divergent quant au sens ä donner ä "rose"; Certains y voient une allusion ä la Vegetation luxuriante qui poussait sur ces lies, notamment sur les pres humides parsemes de nympheas, fleurs aux corolles blanches, communement appe- lees nenuphars "Wasserrosen", qui s'ouvrent au soleil de juin ä aoüt. D'autres, en prononçant Roßenau — forme attestee au XVIne siede et encore courante de l'autre cöte du Rhin — laissent en- tendre qu'il s'agit d'un renvoi au terme "roß", parce que les gens d'Istein, alors proprietaires de l'ile, autorisaient les paysans de Bartenheim, dont le ban jouxtait le leur, ä y faire paitre les che- vaux (rößer). Un röle (rouleau de parchemin sur lequel sont ins- crites les lois qui regissent une communaute d'habitants) d'Istein date de 1489 dit en effet qu'ä cöte des betes d'Istein et de Blansin- gen, les chevaux de "Bartene" (Bartenheim) avaient le droit de paitre de la Saint-Gall (16 octobre) jusqu'ä la Saint-Georges (23 avril) et les autres betes jusqu'au lever du soleil, le 1er mai (6). 11 existe, en outre, sur le ban de Bartenheim, un chemin appele "Viehweg" (chemin des betes) qui mene vers Rosenau et qui pour- rait accrediter cette version. Nous trouvons le meme cas de figu- re dans le Bas-Rhin oü les colons d'Ittenheim envoyaient leurs chevaux dans la Wantzenau contre une retribution de 2 deniers par tete. A cause du nombre d'änes et de chevaux qu'on elevait au Moyen Age, pour porter soit le ble au moulin, soit les fruits et les légumes au marche, soit le fumier dans les vignes, on avait pour eux des pacages particuliers (6). Et dans ce cas, même une recherche étymologique poussee ne permet pas de resoudre le probleme. En effet "rose" et "roß" ont une étymologie qui remonte dans les deux cas ä une origine asia- tique. "rose" peut se décomposer ainsi: vha rosa repris du latin "rosa", mha rose au sens de "Edelrose". Quant ä "roß", edles Pferd, vieuxmha ros. mot germanique, il atteste les formes suivantes: vha [hjros, Seul un examen des formes composées permet d'avancer qu'il serait peut-etre plus judicieux de s'en tenir ä l'etymologie rose, rosa, car dans la plupart des formes composees dans lesquelles mha rose a parait comme premier membre, on retrouve la termi- naison [en], alors que dans des compositions avec roß, cette attes- tation fait defaut. D'autres retorqueront alors que "rose" serait une forme de pluriel de roß, attestee il est vrai et que Rosenau serait ä com- prendre ainsi: [für] die Rosse n'au — ce qui reviendrait ä dire que les ambulants passant par le Stutz, voyant cette etendue her- beuse et boisee se seraient dit: "ce qui est bon pour nous, Test aussi pour les chevaux, "fer d'Rosse n' au". On pourrait epiloguer sans fin, avançant que "rose" pourrait tres bien evoquer la "Heidenrose", l'eglantine ou encore la "Weiß- dornrose" c'est-ä-dire l'aubepine dont la representation par six petales entourant un bouton d'or central pourrait également convenir. Au cours des siecles, la graphie de "Rosenau" s'est modifiée, au gre des "habitudes orthographiques ou phonetiques" de l'époque et du pays d'appartenance de File : Rosenowe, Rose- nauw, Rosenouve, Rosenof, Roßenau, Rossenau, La Rosenau, Rosenau (7). LES ARMOIRIES DE ROSENAU Les armoiries de la commune de Rosenau ont ete elaborees en 1966 par le Service des Archives Departementales du Haut-Rhin en collaboration avec la municipalite qui les a adoptees dans sa seance du 2 juillet 1966. "D'azur ä la fleur de nenuphar d'argent boutonnee d'or, un chef d'argent ä la barque de gueules garnie de deux rames de meme." Rosenau signifiant la "prairie humide des nenuphars", l'azur symbolise les eaux du Rhin et des barques de ce modele (Weidlig) servaient jadis aux habitants du village pour la peche, le trans- port de galets et de gravier et le franchissement du fleuve lors- qu'ils se rendaient ä Istein (8). SOBRIQUET Jadis, chaque village etait gratifie d'un sobriquet raillant les singularites physiques et héréditaires ou les usages de ses habi- tants. Rosenau, malgre son origine récente, n'a pas failli ä cette coutume et son surnom " Wiedlehauer"' (coupeur d'osier) rappel- le, de maniere cocasse, les paniers et les corbeilles en osier que tressaient les maraichers pour le transport et la presentation de leurs legumes sur les marches de la region. A l'aide de leurs serpettes, "Räbmässer", ils coupaient les jeunes pousses des saules — communement appelees osier — abondant sur les bords du fleuve, les pelaient et les trempaient quelque temps dans l'eau pour les rendre plus souples. En hiver, quand le froid et la neige empechaient tout travail de la terre, ils s'occupaient, dans leurs cuisines transformees pour l'occasion en atelier, ä confectionner des objets en osier utiles ä la vie courante ou necessaires dans l'exercice de leur metier.

HISTOIRE DU RHIN out comme les grands hommes, les religions, les nations, les fleuves possedent leur histoire, pas T necessairement identique ä la "Grande Histoire", mais faite de bouleversements, de ruptures, d'evolu- tions qui leur sont propres et qui ont marque les gens ayant vecu sur leurs bords et ä leur rythme. Le Rhin a son histoire, aux facettes multiples et variees, celle qui emerge des contes et des legendes et celle UN VIEUX realitequi s'appuie : c'est lesur Rhin la BOUGRE immortalise par les ecrivains ou les pein- tres, chante par les poetes, mesure, evalue, mis en carte par les Inge- nieurs ; c'est aussi le Rhin de la "limite" pour les Romains, celui du passage incessant des armees, un lieu de rencontre entre nations et cultures, un moteur de l'economie regionale et locale... Rosenau comme tous les villages situes sur les berges de ce fleuve impetueux et inconstant, a ete associee, durant quelques siecles tout au moins, ä l'ecriture de son histoire. Façonnée par lui, resistant par la suite ä ses charges brutales, cette ile situee dans un environnement sauvage mais idyllique oü l'homme ne s'aventurait que rarement, a peu ä peu suscite l'interet des com- munautes proches ä cause de sa terre fertile et de ses prairies humides, vertes et opulentes. Elle s'est impregnee du rythme du fleuve, faisant le dos rond quand il manifestait sa colere, profi- tant de sa generosite sans limites et s'abritant derriere lui des qu'un danger la guettait. 11 est donc tout naturel, qu'avant de parlerRhin. de l'histoire de Rosenau, nous nous interessions ä celle du IMPORTANCE DU RHIN DANS L'ANTIQUITE ET AU MOYEN ÂGE Le mot Rhin, dans sa forme la plus ancienne est celtique : "hren", et signifie eau, fleuve. Les Romains ont garde le radical puis y ont ajoute leur terminaison "us", "Rhenus". Les Germains, ä leur tour, Font transforme en "hrfn", c'est-ä-dire fleuve mugis- sant, puis "rin", "rhein". Les systemes religieux de l'Antiquite attribuent ä l'eau une puissance merveilleuse avec des vertus purifiantes et salutaires, parfois meme, ils vont jusqu'ä la diviniser. La prosperite du Nil a porte les Egyptiens ä l'adorer comme un dieu. Les Grecs et les Romains personnifiaient leurs fleuves ; ils leur donnaient tres souvent l'apparence de vieillards ä longue barbe, le front ceint d'une couronne de roseaux, s'appuyant sur une urne d'ou. l'eau s'ecoule. L'Hindou se prosterne toujours aux bords du Gange et y recite ses prieres. Des inscriptions dedicatoires, conservees de nos jours encore, attestent que les Helvetes et les Romains etablis sur les bords du Rhin adoraient ce fleuve comme divinite locale. Les textes an- ciens font allusion a un fleuve d'Occident, "Eridanos", fils des dieux premiers de la mythologie grecque. Une majorite d'auteurs pensent qu'il s'agit du Rhin, dont l'importance dans les voies nord-sud europeennes etait dejä etablie. Chez les Gaulois, il fai- sait l'objet d'un culte superstitieux. Les maris eprouvaient par exemple la fidelite de leurs epouses et la legitimite de leurs enfants ä la naissance en exposant ces derniers au courant du fleuve. Tacite nous apprend que la vue seule du Rhin produisait sur les Germains un effet magique et ranimait leur courage au cours des combats. Les Celtes, avant eux, l'auraient considere comme le pere mythique de leur race. Le souvenir de ce culte rendu au Rhin par les ancetres existe encore de nos jours dans les traditions populaires. Ainsi Ton raconte de multiples legendes sur le genie du Rhin comme celle oü, deguise en vieillard, il entra dans un des nombreux moulins etablis sur le fleuve pour demander la permission d'y passer la nuit. Le garçon meunier allait la lui accorder quand le maitre arri- va et ordonna ä l'etranger de quitter les lieux. Le genie disparut et, aussitöt, les flots ecumants du fleuve engloutirent le moulin avec son maitre tandis que le garçon fut ramene ä la rive sur une nacelle guidee par des bras invisibles. Dejä avant l'ere chretienne, les marchands phoceens remon- taient la vallee du Rhone, puis celle du Rhin pour aller chercher l'ambre dans les pays nordiques. A l' époque romaine, le fleuve devint la frontiere de l'Empire, "limes imperi", toute une serie de fortins defensifs protegeant sa rive gauche contre les invasions. Drusus y crea une puissante flotte marchande et une impression- nante flotte militaire. Apres la ruine de l'Empire, au Ve siècle, il fallut attendre le Moyen Age pour voir un nouvel essor de la navigation commerciale et, surtout, une forte croissance des villes rhenanes telles que Bäle, Strasbourg, Spire... Pourtant, durant des siecles, le fleuve conserva le meme aspect sauvage et la consultation des quelques cartes ou peintures anciennes qui subsistent, engendre parfois la nostalgie des paysages perdus. LE BASSIN RHENAN Le bassin du Rhin est le troisieme bassin fluvial d'Europe par sa superficie (185 000 kilometres) apres ceux de la Volga (1 580 000 kilometres) et du Danube (817 000 kilometres). Plus long fleuve d'Europe occidentale, ses 1 325 kilometres de par- cours traversent les principales regions naturelles du vieux continent: domaine alpin, Europe hercynienne, Europe du Nord. MISE EN PLACE DU BASSIN ACTUEL Le Rhin actuel resulte de l'histoire geologique complexe du continent europeen. Au commencement, il se jetait dans le Rhone et ses eaux etaient evacuees vers le bassin mediterraneen. Ce n'est qu'il y a environ 400 000 ans qu'il a pris possession de la plaine d'Alsace dans son trace actuel ä la suite de mouvements survenus dans la zone du lac de Constance. Au cours de l'ere quaternaire, le Rhin connut quatre phases d'activite debordante resultant des réchauffements qui suivi- rent les quatre glaciations. 11 arracha aux Alpes des masses colossales de roches qu'il charria jusque dans le fosse rhenan. La, s'accumula un enorme matelas d'alluvions fait de galets, de gravier et de sable dans lequel circule actuellement la nappe phreatique. C'est donc, au regard de l'histoire, un fleuve recent dont l' alimentation en eau est equilibree et harmonieuse. DESCRIPTION DU COURS DU RHIN Les geographes ont divise le cours du Rhin en cinq grandes parties: - des sources jusqu'au lac de Constance: le Rhin Alpestre, - du lac de Constance ä Bäle, - de Bäle ä Bingen: le Haut Rhin, - de Bingen ä Bonn: le Rhin Moyen, - de Bonn ä l'embouchure : le Rhin Inférieur. Nous nous contenterons d'en etudier le parcours des sources jusqu'a sa sortie de la plaine d'Alsace et plus particulierement son aspect original entre Bäle et Strasbourg. Le Rhin Alpin et le Haut Rhin En Suisse, le Rhin est subdivise en deux branches principales : le Vorderrhein, ou Rhin anterieur, et le Hinterrhein, ou Rhin poste- rieur. Le Rhin anterieur, le bras le plus long, vient du lac de Toma, dans le massif du Saint-Gothard, ä 2 344 metres d'altitude. Le Rhin posterieur prend sa source dans le massif de l' Ardula au pied du Rheinwaldhorn, ä 2 216 metres. Les deux cours d'eau se rejoignent ä Reichenau d'oü ils se dirigent, en un seul lit, vers le lac de Constance ä Bregenz situe ä 394 metres. La, les eaux se cla- rifient et s'apaisent avant de devaler, non loin du Bodensee, sur les calcaires jurassiques oü ils constituent les fameuses chutes du Rhin de Schaffhouse. Sur son parcours jusqu'ä Bäle, le Rhin est grossi, sur sa rive gauche, par plusieurs affluents tumultueux provenant des Alpes comme l'Aar avec ses affluents, la Reuss et la Limatt. Les debits eleves sont attenues par plusieurs lacs (de Thoune, de Brienz, des 4 Cantons...) et des ouvrages artificiels. A Bäle, le fleuve est devenu paisible surtout depuis l'amenagement du Canal d'Alsace qui le corsete jusqu'ä sa sortie de la plaine d'Alsace. Le Rhin superieur A Bäle, le Rhin fait une vaste courbe et s'oriente vers le nord ä travers le fosse rhenan long de plus de 300 kilometres et large ä certains endroits d'environ 40 kilometres. Dans la plaine d'Alsace, il coule sur une epaisse couche d'alluvions (parfois superieure ä 200 metres) qu'il a deposee au quaternaire et qui constitue certainement un des reservoirs d'eau les plus impor- tants d'Europe. Entre Bäle et Lauterbourg, la pente du lit passe d'un metre par kilometre ä 0,5 metre par kilometre. Les affluents sont peu nombreux dans cette partie du parcours : l'Ill et de petites rivieres issues des Vosges et de la Foret Noire : Lauter, Moder, Kinzig, Murg. Dans notre contree, il est rejoint sur la rive gauche par l'Ergolz et le Birsig qui emprunte la pittoresque val- lee de la Birse jusqu'ä Bäle, et, sur la rive droite, par La Wiese, descendant de la Foret Noire jusqu'ä Bäle, et la Kander. Quand il fait son entree en Alsace, le Rhin, en raison des importants travaux de regularisation menes au debut du siècle, est un fleuve d'apparence calme, mais les differences de debit entre les periodes de crue et d'etiage peuvent etre considerables: de 1 000 m3 par seconde en ete, au plus fort de la crue, le debit peut chuter jusqu'ä 380 m3 en hiver, ce qui explique les fre- quentes inondations auxquelles les villages situes sur sa rive avaient ä faire face jusqu'au milieu du XIXC siede (9) LE RHIN SUPERIEUR AVANT LA CORRECTION Encore au XIXe siècle, de Bäle ä Strasbourg, le Rhin se propa- geait en de nombreux meandres, en de multiples bras et faux bras, engendrant des lies et des presqu'iles, alimentant des marais insalubres, avec une topographie changeant ä chaque crue. Ces bras lateraux, les "Giessen", n'etaient alimentes par le fleuve que pendant les hautes eaux. En periode d'etiage, on y voyait sourdre l'eau claire de la nappe phreatique. La largeur du fleuve variait de 300 metres dans le sud ä 3 000 metres plus au nord — voir carte de Naudin. C'etait le Rhin naturel, celui des castors, des saumons et des coqs de bruyere, un fleuve dont les crues remodelaient sans cesse le cours seme de bancs de gravier instables et d'iles colonisees par une foret variee et puissante (9) Deux temoignages decrivent cet environnement en mettant l'accent sur l'hostilité du paysage. Au XIIIe siècle, l'eveque de Bäle expliquait en ces termes la decision qui l'avait amene ä transferer le couvent des religieuses cisterciennes de Michelfelden, fonde en 1259, ä Blotzheim : "Etant donne que l'abbesse et les soeurs de Michelfelden ont ä supporter tant de grands malheurs, de maladies et de souf- frances, qu'elles ne peuvent jouir de la sante, une seule heure, ni assurer le service divin ä l'endroit oü elles sont etablies ä present qui, place entre plusieurs marecages, est souille continuellement par d'epaisses vapeurs et des emanations qui empestent l'air, nous leur avons indique un autre endroit plus convenable situe dans notre diocese et appele Blazen. (10)" Lucien Febvre, historien du debut de ce siècle, a reussi ä mettre en evidence l'hostilite du fleuve et du paysage ambiant: "Dans la plaine d'entre Vosges et Foret-Noire, j'imagine derriere un rideau d'arbres et de roseaux, des marais et des bras divagants, hantes par les castors et les oiseaux migrateurs, refuge d'une faune, er une flore speciales et cachant entierement aux regards un fleuve moins profond, moins rapide, au lit tout encombre de sables mouvants et de troncs entraines." "Seuls quelques petits groupes amphibies de pecheurs, de chasseurs ou d'orpailleurs lavant les sables de quartz, s'aventu- raient derriere cet epais massif de fourres, satures de miasmes, infestes de moustiques, qui isolait le Rhin des terres habitables, des champs cultives, des fermes et des villages.(1)" Charles Grad, dans sa monographie sur l' Alsace de 1889, decrit un paysage moins hostile alors que la correction du Rhin est terminee. 11 met l'accent sur la richesse de la flore aquatique qui dispute la place aux grandes essences terrestres : "Ah ! l'agreable promenade en bateau, sous bois. Point n'est besoin de ramer sur cet ancien bras du Rhin... Figurez-vous un large bras d'eau, toujours une ramification du Rhin d'autrefois, tres pro- fond en certains endroits, et assez bas par places pour etre traver- se ä pied avec de grosses bottes. Tantöt l'eau est envahie par des roseaux et des hautes herbes, d'autres fois elle coule avec un leger murmure, ä peine perceptible, sur du gravier menu, tandis que, derriere les arbres des lies voisines, le fleuve fait entendre un mugissement sonore... Des bancs de graviers allonges tranchent sur le fond vert du rideau d'arbres... Ces arbres qui occupent les surfaces emergees se composent d'essences tendres : des aulnes, des ormes, des saules de toute espece, formant d'inextricables fourres, avec des buissons epineux... Du cöte de la rive se dessi- nent des bouquets de peupliers, accompagnes de chenes et d'erables, mais en quantite moindre au milieu des broussailles de troene, de bourdaine et de fusain. Dans les parties basses, les roseaux et les joncs disputent la terre au bois. Autour des arbres les plus hauts montent et s'enroulent le houblon sauvage et d'autres plantes grimpantes qui suspendent leurs capricieuses volutes aux branchages. (12)" 11 n'est point besoin de faire appel ä d'autres ecrits pour avoir une idee du paysage de la basse terrasse du Rhin, entre Bäle et Strasbourg. Tout juste peut-on jeter un coup d'oeil sur les fameuses peintures de P. Birmann, de Trombleson ou de Jean Mieg qui confirment cette description. LE RHIN ET L'ACTIVITÉ HUMAINE JADIS Malgre le danger qui le guettait, l'homme a fini par convoiter les terres de la basse terrasse fertilisee par les inondations. Les premieres installations furent placees sur des zones surelevees, ä l'ecart des crues. Mais le besoin de terres amena les paysans ä se rapprocher du fleuve et ä defricher la foret rhenane aux endroits les plus favorables. D'autres metiers lies au fleuve furent attires par ces "premiers colons" et vinrent grossir le nombre d'habi- tants des hameaux: les pecheurs, les bateliers, les orpailleurs, les metiers du bois ou de la construction ä cause des galets qui constituaient un tres bon materiau pour 1/ edification des mai- sons. Certains villages, comme Vogelgrün ou , sem- blent ainsi avoir ete fondes par les pecheurs. LES PECHEURS Les bras du Rhin etaient, durant la majeure partie de l'annee, des endroits reves pour les pecheurs. Ces eaux peu profondes regorgeaient de poissons de nombreuses especes : perches, bro- chets, gardons, lottes, mulets, ecrevisses, barbeaux, nases, ombres et truites. Le saumon venait y frayer en decembre-janvier sur les bancs de gravier submerges en eau vive. sationLes techniquesde nasses et de de peche filets etaientetait restreinte tres variees. dans Alorsles rivieres que l'utili- et les petits cours d'eau, les pecheurs du Rhin, eux, beneficiaient d'un regime de faveur. L'emploi de filets traines par deux barques (Weidlinge) pour les bras larges, de filets lestes de plomb pour fer- mer les bras etroits, de filets carres ou "carrelets" et de nasses dans les petits affluents etait autorise (12). dansUne l'arrondissement statistique datant d': de 1840 donne un apergu de la peche Paysans des iles du Rhin. - Elle se pratiquait sur le Rhin, Till, la Doller, la Largue, La Lucelle, Le Canal Vauban, Le Canal du Rhone au Rhin... Les etangs et les rivieres etaient au nombre de 155 et representaient une superficie d'environ 318 hectares. - Les poissons peches etaient le saumon, la truite, la carpe, le barbeau, l'anguille, le brochet, la tanche, le poisson blanc, l'ecre- visse dans le Rhin et rill, la Largue et la Doller. - A cette epoque, il n'y avait plus que des pecheurs profession- nels sur le Rhin, dont 35 dans l'arrondissement d'Altkirch. Leur revenu journalier ne depassait pas 1,50 franc. - Les instruments de peche se nommaient semi, carrelet, trouble, nasse, ligne de fond sans oublier l'appareil pour la peche au saumon. - En 1840, les quantites de poissons pechees dans 1/ arrondisse- ment denotent dejä une nette regression de la peche par rapport aux periodes les plus prosperes, oü la productivite atteignait par- fois 2 tonnes par an et par kilometre de fleuve : 200 kg de sau- mon ; 700 kg d'anguille ; 700 kg de truite ; 960 kg de barbeau ; 2 890 kg de brochet; 1 600 kg de tanche; 5 120 kg de carpe; 930 kg de perche; 195 kg d'ecrevisse; 4 100 kg de poisson blanc. Les pro- duits de la peche etaient consommes sur place ou dans les gros bourgs voisins. LES METIERS DU BOIS Peu d'ouvrages parlent de cette activite tres repandue sur les bords du fleuve. La diversite des bois poussant sur les rives ou dans les zones humides et la presence d'alluvions ont procure de la matiere premiere ä de nombreux metiers, ä commencer par le flottage qui eut cours sur le Rhin depuis le Moyen Age, avec les flotteurs du "Hotzenwald" qui abordaient au rivage de Kleinbasel debout sur leurs grumes, jusqu'au debut de ce siede. Durant la seule annee 1850, pres de 4 251 unites de flottage traverserent ainsi la ville de Bäle. Les documents evoquent regulierement le travail du garde- forestier charge de surveiller les forets et les bois afin de prevenir toute coupe sauvage mais mentionnent peu celui de bücheron pourtant lie ä l'exploitation systematique de la foret rhenane. Le chene et l/orme fournissaient le bois d'oeuvre pour la construction des maisons ; le saule, plus tendre et facile ä tra- vailler, servait au sabotier, qu'on rencontrait couramment dans nos villages jusqu'ä la fin du XIXe siede. Les taillis et les rejets de souche etaient utilises pour la confection de fascines destinees ä consolider les berges du Rhin et ä eriger des levees contre les hautes eaux. Le bois de chauffage etait tres important. EXTRACTION DE GALETS ET DE GRAVIER Durant la periode d'etiage du Rhin, c'est-ä-dire ä la fin de l'automne et surtout en hiver, les paysans s'affairaient ä la repa- ration des digues ou ramassaient, ä l'aide de leurs Weidlige, les pierres que le fleuve avait charriees durant la saison des crues. Ils les taillaient sur place puis les amenaient vers les lieux d'utilisa- tion pour servir ä la reparation des rues, des sentiers de chäteaux, des places, ou ä la construction d'habitations diverses. Ce travail ardu n'etait pas sans danger car il arrivait frequemment que les barques surchargees de galets ou de rochers basculassent et que les rameurs disparussent dans les flots. A une certaine epoque, les marchands juifs exportaient ces materiaux de construction jusque dans le Nord de la France. LES ORPAILLEURS Cette activite a entierement disparu de nos jours. Pourtant, au XIXe siedet on recensait encore 500 personnes extrayant Tor du Rhin. Le gravier etait verse sur une table de lavage recouverte d'un drap qui retenait le sable aurifere. Des experts avaient eva- lue la quantite d'or ä 1 kg pour 4 000 m3 de sable, ce qui consti- tuait un travail äpre pour un gain modeste. Jadis, les orpailleurs operaient sur les deux rives; on en a recense pres d'Efringen, de Kirchen, de Niffer, de Kembs, etc.(6) LES BATELIERS La batellerie a toujours constitue une activite importante sur le Rhin, meme apres l'effondrement de l'Empire romain. Les bate- cementsliers possedaient etaient lointains differents ou types non. de bateaux selon que les depla- Pour aller dune rive ä l'autre, se deplacer au milieu des bras ou des faux bras, les Giessen, pecher ou chasser dans les iles, la barque la plus couramment utilisee etait le Weidlig, ä avant-bec releve, fond plat, propulsee ä la rame ou ä la gaffe et assurant une meilleure stabilite sur l'eau que les pirogues. Pour les deplace- ments plus longs, de ville en ville, les bateaux etaient hales par plusieurs hommes — jusqu'ä 20 —, en general des riverains du fleuve, qui se relayaient regulierement. Ces embarcations trans- portaient toutes sortes de marchandises ainsi que des voyageurs et leur dimension augmentait au für et ä mesure qu'on descen- dait le fleuve. A Bäle, ä une certaine epoque, on avait construit un bateau de 12 ä 15 metres de longueur, appele "Lordanne", qui n'effectua qu'un voyage vers la Hollande oü il fut ensuite vendu pour fournir du bois d'oeuvre. La navigation sur le fleuve etait rendue perilleuse par la pre- sence de bancs de sable et de gravier, d'obstacles flottants, de tourbillons violents et d'innombrables iles qui empechaient une progression rapide. Avant la premiere correction du Rhin, il fal- lait plus d'une heure pour aller en bateau de la rive alsacienne ä la rive badoise, ä la hauteur de Vieux-Brisach. Chaque Etat, chaque souverain local etendait ses droits sur le trongon du fleuve qui traversait son territoire. Le droit de navi- guer, de transporter des marchandises et des voyageurs etait ainsi reserve ä des corporations locales de bateliers, sur des sec- teurs bien determines. Strasbourg allait par exemple jusqu'ä imposer un droit d'etape qui contraignait les bateliers a debar- quer la marchandise et ä la mettre en vente pendant quelques jours. Cet etat de choses changea apres la Revolution rrangaise gräce ä la "Convention de l'octroi de la navigation du Rhin", signee en 1804, qui declara libre la navigation sur le Rhin. Le XIXe siede vit apparaitre les premiers bateaux ä vapeur, mais la navigation sur le Rhin resta toujours chose ardue. Deux compagnies, le "Service General des Navigations" et les "Aigles du Haut-Rhin", mirent en place un service regulier a partir de Bäle.Le trajet durait 6 ä 7 heures pour la descente du fleuve et 16 heures pour sa remontee. Mais l'adversite et surtout l'installation du chemin de fer en Alsace et dans le pays de Bade firent comple- tement periditer ce mode de transport.. Ce n'est qu'en 1904, que les bateaux ä vapeur reprirent vraiment du service, d'ailleurs sous de mauvais auspices, puisqu'en juin 1904, le chaland "Christine", empörte par le courant, percuta un brise-glace du pont de bateaux de Huningue. Depuis le creusement du Canal d'Alsace, le trafic a pris un essor important. Les bateaux que nous pouvons observer sur le Rhin sont tres divers : des remorqueurs, des automoteurs, des chalands, des chalands-citernes, des automoteurs-citernes, des peniches, des messageries et des bateaux de promenade. Les com- pagnies sont en general de nationalites riveraines du fleuve (9).

Passage d'un train de bateaux vers 1930. LES CRUES DU RHIN Nombre de legendes ou de contes celebres decrivent les dan- gers qu'encouraient les pecheurs ou les bateliers durant leurs sorties sur le Rhin. D'autres rappellent, sous forme imagee, les drames survenus lors d'inondations, teile cette legende rappor- tee par P. Stintzi: "Sur un groupe d'iles, entre Kembs et Niffer, oü ne poussent que des roseaux, des broussailles et des eglantines, apparait, vers minuit, durant le temps de l'Avent, une petite eglise avec des tours et des coupoles que les autochtones nomment eglise-fantö- me ou eglise-brouillard. Celle-ci semble ne pas avoir d'assises car ses tours se deplacent silencieusement de-ci, de-Ia, semblables ä des voiles transparents. Par moments, on per<;oit le tintement etouffe de ses cloches comme si des fantömes se parlaient ä voix basse. La rumeur rapporte que cette eglise a ete engloutie par les flots du Rhin alors que de nombreux fideles y avaient trouve refuge. A la suite d'un pari, deux jeunes hommes deciderent d'aller la visiter ä la faveur d'une nuit de pleine lune. A peine eurent-ils debarque sur File, qu'un brusque coup de vent dislo- brouillard."qua l'edifice telles les formes evanescentes que modele parfois le Cette legende parait dictee par les nombreuses devastations que le fleuve a provoquees durant ses debordements ; en huit siecles, on en a comptabilise 56. En 1296, Vieux-Brisach passa de la rive gauche ä la rive droite. En 1398, la ville de Rhinau fut presque entierement detruite par les inondations; deux siecles plus tard, son territoire se trouva agrandi de 1 000 hectares sous l'effet des memes eaux. Seltz et son abbaye connurent un sort analogue. En l'an 1480, vers la Saint-Jean, les riverains de Bäle ä Cologne subirent une terrible inondation qu'on nomma "le delu- ge du Rhin". En decembre 1740, apres une annee exceptionnelle- ment pluvieuse, le pays d'Alsace-Bade ne fut plus qu'un immen- se lac; le Rhin atteignit la cote de six metres ä Bäle. En 1801-1802, une crue submergea tous les villages le long du fleuve et causa des degäts terribles. Le froid intense fit geler l'eau "comme en Siberie ou au milieu de la mer glaciale" (12). En 1852, alors meme que les travaux de correction etaient amorces, eut lieu la derniere grande inondation qui atteignit 33 villages. Les crues se produisaient souvent au moment des recoltes, de juin ä aoüt; la population etait alors reduite ä la famine et expo- see aux maladies et aux epidemies. 11 arrivait aussi que les basses eaux, par suite de la liaison tres etroite entre la nappe phreatique et le niveau du fleuve, amenent un manque d'eau et des recoltes maigres. LES TRAVAUX DE CORRECTION Si rien ne fut veritablement entrepris pour empecher les ravages du fleuve, c'est en partie ä cause d'une vieille loi feodale donnant la propriete des lies emergees du Rhin aux seigneurs locaux. Ceux-ci s'empressaient de les consolider par des planta- tions des qu'elles apparaissaient, obligeant ainsi le fleuve ä se frayer de nouveaux chemins. A partir du XVIII0 siede, les com- munes riveraines commencerent ä se proteger en elevant des digues aux endroits les plus exposes, hormis aux confluents, ce qui reduisit sensiblement l'efficacite du systeme. Parfois meme, l'endiguement avait des consequences inattendues, deviant le cours des eaux vers la rive opposee et causant des degäts au voi- sin d'en face (11). C'est ce qu'on appelait la "guerre des fascines" Les fascines etaient des fagots de 4 metres de long et de 30 centi- metres de diametre confectionnes ä l'aide de taillis et rejets de souches, qu'on plagait horizontalement entre des pieux pour consolider les berges et en principe empecher les eaux montantes de deborder des rives. Cette technique s'averait inoperante. Les autorites prirent peu a peu conscience qu'il fallait un pro- gramme global de renforcement des digues. Outre le souci de prevention des crues et de la preservation des cultures et des habitations, il etait dans l'interet des pays riverains d'amenager un lit et des berges stables pour permettre le transport des mar- chandises et des voyageurs. Or jusque-lä, la navigation etait tres difficile ä la remonte, dans l'impossibilite pratique oü l'on se trouvait d'etablir des chemins de halage continus sur une berge interrompue par une multitude de faux bras. A partir de 1765, differents projets d'amenagement furent pre- sentes du cöte frangais, ils n'aboutirent pas a cause de la Revolution franqaise. 11 fallut attendre 1804 et la "Convention de l'octroi du Rhin" pour que s'amorcent des pourparlers entre Etats riverains. Des 1817, la discussion porta sur le projet d'ame- nagement presente par un ingenieur badois, Johann-Gottfried Tulla qui se proposait d'enserrer les eaux du Rhin dans un lit mineur unique entre des rives fixes, distantes de 200 ä 250 metres. Les villages riverains seraient ainsi proteges des inonda- tions, les marais assainis, de nouveaux terrains recuperes pour l'agriculture et la navigation facilitee avec la creation de chemins de halage. Ce projet fut adopte en 1840 malgre les fortes resis- tances des ingenieurs francais qui preferaient un trace moins rec- tiligne.

Barres d'Istein. Les travaux, entre Strasbourg et Bäle, furent en majeure partie realises entre 1842 et 1876. Ils eurent comme consequence de rac- courcir le fleuve d'environ 14 %, donc d'en augmenter la pente et la vitesse, ce qui engendra un creusement rapide du lit et le trans- port de materiaux vers l'aval creant des hauts fonds. Cette ero- sion fut particulierement visible ä certains endroits : vers 1900, elle etait de l' ordre de 4 metres ä la hauteur d'Istein, faisant appa- raitre une barre rocheuse ä travers le lit du fleuve et rendant toute navigation impossible. Cet etat des choses fit naitre dans les esprits le principe du creusement d'un canal lateral, projet qui vit le jour en 1932 avec la realisation du Grand Canal d'Alsace. LE RHIN, FLEUVE FRONTIERE Au temps des Romains, le Rhin etait limite d'Empire et consti- tuait un obstacle naturel ä l'invasion des peuplades venant de 1/ est. Au Moyen Age, il servit de frontiere aux nombreuses sei- gneuries des deux rives. En 1648, dans le traite de Westphalie, le thalweg, lit principal du fleuve, fut designe comme limite de sou- verainete entre le royaume de France et le Saint Empire romain germanique, mais les limites de propriete et des bans commu- naux resterent en l'etat, ce qui tut source de complications ä cause des nouvelles lies et presqu'iles que le Rhin faisait naitre dans son lit et du deplacement constant de celui-ci. Les proces lies ä des disputes de proprietes et les changements de nationali- te des proprietaires furent legion ä cette epoque. En 1769, les Etats s'accorderent en vue de la mise sur pied d'une reglementation sur les frontieres. Une commission se reunit, avec ä sa tete le sieur Noblat qui donna son nom ä la nou- velle frontiere, independante du thalweg mais extraordinaire- ment difficile ä etablir. En 1790, les travaux furent arretes a cause de la Revolution franqaise. En 1801, dans le cadre du traite de Luneville, le thalweg fut retabli comme limite de souverainete et meme comme limite de propriete et de commune, ce qui causa encore de nombreux diffe- rends entre communes et proprietaires des deux rives. A la Paix de Paris de 1814-1815, il fut decide de conserver le thalweg comme limite de souverainete et de retablir la limite des proprietes et des communes teile qu'elle existait avant 1801, mais seulement pour les lies. En 1817, une commission se reunit ä Bäle, qui decida de revenir ä la frontiere Noblat, la deviant toutefois sur le bras le plus proche quand elle passait sur la terre ferme, mais la laissant traverser les lies. La commission precisa en outre que les terres que les communes avaient possedees sur la rive opposee avant 1801 n'etaient plus recuperables. Les nouvelles limites des proprietes furent marquees par des bornes, Rheinmark, entourees de peupliers. Des reperes secondaires furent places sur la terre ferme pour qu'en cas de disparition des bornes, on puisse facilement retrouver leur emplacement. En avril 1840, un traite entre la France et le pays de Bade trans- forma les decisions de la commission en lois. Desormais, la limite de souverainete devait etre parcourue tous les deux ans par une commission mixte pour la verifier et l'ajuster. Toutes les surfaces de terres nees de depöts d'alluvions sur les lies appartiendraient aux proprietaires de celles-ci et celles nees sur terre ferme revien- draient ä la commune dont le ban serait le plus proche. Le 25 fevrier 1857, les deux pays fixerent definitivement la limite de souverainete et les limites communales au milieu du lit. Les proprietaires prives, qui avaient des terres sur la rive oppo- see etaient invites ä s'en defaire par vente ou par echange.

NAISSANCE DE ROSENAU La carte de Naudin, 1726. osenau constitua de tous temps un enjeu econo- mique et politique pour les villages et les etats R.riverains du Rhin, d'abord en tant qu'ile, puis, plus tard, quand ses habitants se rassemblerent en com- munaute villageoise et lutterent pour obtenir leur inde- pendance. Ceci explique l'existence de nombreux docu- ments, missives, decrets, reglements, laisses par ceux qui LES ORIGINES jadis eurent son des- tin entre leurs mains. Gräce ä l'abondance de ces ecrits, il est possible de suivre pas ä pas son lent cheminement vers l'autonomie en le resituant dans le contexte geopoli- tique de l'epoque. LA CARTE DE NAUDIN 11 existe bon nombre de cartes du Rhin, allant de la simple esquisse de son parcours au plan oü figurent tous les details d'une topographie caracteristique du paysage rhenan. Avant le rattachement du Sundgau a la France, en 1648, le Rhin n'avait pas vraiment suscite Fintieret des geometres et des inge- nieurs. 11 delimitait certes de multiples seigneuries et, ä ce titre, figurait sur toutes les cartes de la region ainsi que les affluents qui l'alimentaient, mais ses paysages et son bassin d'inondation n'etaient reproduits sur aucun plan de maniere rigoureuse. La carte d'Alsace de Specklin, datant de 1576, en donne les grands contours sans faire apparaitre le relief et la Vegetation dense. Apres le traite de Westphalie, en 1648, puis definitivement apres la paix de Ryswick en 1697, le Rhin devint frontiere entre la France et le Saint Empire romain germanique. La limite de sou- verainete entre les deux Etats n'etait pas etablie de maniere claire et suscitait constamment des disputes et des contestations entre communautes des deux rives. Des le debut du XVIIle siedet les autorites firent donc lever des plans detailles du cours du fleuve, depuis son entree en Alsace, pres de Bäle, jusqu'ä sa sortie de la plaine, au nord de Strasbourg. La carte de Naudin (1726), du nom du geometre ayant travaille ä sa conception, donne une vision tres circonstanciee de tout le Rhin superieur dans sa partie alsacienne. Entre Bäle et Kembs, y figurent les deux dernieres terrasses du fleuve, ä savoir les terres se trouvant actuellement entre la Hardt et le Rhin, et, sur la rive droite, les villages faisant partie soit de la seigneurie de Rötteln ou de ses descendants, les margraves de Sausenberg, soit de la Principaute de Bäle. La topographie teile qu'elle nous apparait sur ce plan n'est pas du tout en harmonie avec le decoupage poli- tique que les guerres et les decisions politiques du siede prece- dent avaient opere. LA PLAINE ALLUVIALE Limitee sur sa droite par le fleuve lui-meme et sur sa gauche par un talus que longe F' Augraben, la plaine alluviale couram- ment appelee "basse terrasse" s'etendait sur une largeur de quatre ä six kilometres en aval de Bäle, limitee ä 1,5 kilometre au seuil d'Istein. La carte de Naudin fait parfaitement apparaitre la configuration du fleuve apres la forteresse de Huningue. Les eaux s'etaient fraye un passage sur le cöte est de cette terrasse laissant, sur leur gauche, une multitude d'lles et, le long du talus, un immense marais, appele "Auw", qui n'etait alimente en eau que par les bras serpentant entre les lies et la nappe phreatique. Au nord de Huningue, ä la hauteur du Village-Neuf, le lit mineur etait obstrue par d'autres lies qu'il contournait des deux cötes, puis prenait la direction d'Istein en se courbant legerement vers la droite. Les indices graphiques depeignent un paysage impregne d'eau oü les iles, legerement surelevees, constituaient des en- droits secs recouverts d'une Vegetation dense, comme l'indique l'annotation portee sur la carte : "Tous les bois de ces Isles sont impenetrables." Seule la bordure sud de ce territoire, en gros le ban actuel de Huningue, etait propice ä la culture et accueillait des groupes d'habitations. Dans l' Antiquite et au Moyen Age, l'Au n'avait pas de valeur agricole et n'etait revendiquee par aucun seigneur. Plus tard, les bourgeois de Blotzheim 1/ erigerent en comte, independant de toute juridiction exterieure, avec haute, moyenne et basse justice, les amendes, la glandee, le pätu- rage, toutes les dimes, rentes foncieres, etc. Bartenheim egale- ment jouissait librement de la partie de ce marais situee sur son ban. Un chemin venant de la forteresse de Huningue et passant par le Village-Neuf, longeait les lies puis rejoignait deux moulins dont le plus au sud semble etre le moulin Jourdain, et le plus au nord le moulin des Dames, erige sur l'ile de La Rosenau. On peut se demander s'il s'agit du meme chemin qui actuellement sert de voie de communication (CD n° 21 III) entre Rosenau et Village- Neuf. Contrairement ä la plupart des iles, celle de La Rosenau etait exploitee par l'homme; son sol fertile servait de jardin pota- ger aux paysans d'Istein et ses päturages accueillaient les trou- peaux des alentours. Toute cette partie basse etait encore un desert demographique, exception faite du Village-Neuf et de la forteresse de Huningue. LA TERRASSE HAUTE Le talus limitant la plaine alluviale portait le chemin de Bäle ä Strasbourg et un ensemble de localites constituant aujourd'hui Saint-Louis : Michelfelden, Saint-Louis, Ketterhausen, Alleman- hausen, Septerhausen... La Hardt s'etendait sur des surfaces considerables, laissant peu de place aux terres cultivables, si ce n'est une bande etroite le long de ce meme talus. Plus ä l'ouest, sur les bans de Hesingue et de Blotzheim, la foret avait cede la place ä des surfaces agricoles plus importantes. Les chemins de traverse, de Huningue vers Hesingue, de l'Au vers Blotzheim, des hameaux dominant la basse terrasse vers les villages situes sur les premieres collines sundgauviennes foisonnaient. LA RIVE DROITE A cause de sa topographie plus nuan- cee — une plaine d'inondation moins large sans doute que sur l'autre rive et des col- lines presque abruptes en certains en- droits — la rive droite a vu s'etablir, il y a quelques siecles dejä, des communautes villageoises qui ont profite ä la fois des eaux poissonneuses du fleuve et du sol genereux des collines. Du sud vers le nord, se dressent ainsi Märkt, Kirchen, Efringen et Istein. Deux affluents, la Wiese et la Kander, se jettent dans le Rhin ä cet endroit, le premier ä la hauteur de Huningue, le second pres de Kirchen. Temoin de l'histoire geologique et de la colonisation de la plaine rhenane par les hommes, le rocher d'Istein — situe non loin du village du meme nom, lä oü le lit du Rhin, avant son reamenagement au XIXe siedet passait encore ä travers une sorte de goulot d'etranglement —offre sa facade blanche ciselee par le temps et l'erosion au regard des habitants de toute la region. Au XIXe siedet ce nom etait synonyme de dan- ger pour les navigateurs ä cause du fond rocheux, appele "barres d'Istein", que 1/ ero- Saint Jean sion avait fait apparaitre dans le lit du Rhin. Nepomucene (33). i le village de Rosenau compte aujourd'hui deux cents ans d'existence à peine, l'histoire et le sort ne l'ont certes pas s épargné. Au contraire. Sa naissance à elle seule fit l'objet d une lutte âpre et opiniâtre d une infime communauté contre des forces naturelles et politiques pour le moins hostiles. Grâce à l'imposant travail de la Société d'histoire de Bartenheim et envi- rons, au fil des pages et des décennies, nous voyons ces hommes, ces femmes arracher la petite île fertile aux flots anarchiques du Rhin pour l'amarrer à la rive française sans rompre pour autant les liens séculaires avec Istein, la commune-mère sise sur la rive allemande. Nous apprécions les efforts de leurs descendants pour développer l'insignifiant bourg maraîcher, le mener à tra- vers crises et cataclysmes de toute sorte vers le progrès et sa pros- périté actuelle. Avec eux, nous vivons au rythme des différentes cloches appelant les élèves à l'école, les fidèles à l'église, les élus aux séances du conseil municipal, les paysans dans leurs champs et les ouvriers sur les chantiers successifs du Grand canal d'Alsace et du canal de Huningue. Nous comprenons aussi que l'un des facteurs essentiels de ces mutations capitales est, comme pour nombre d'autres localités alsaciennes, la Caisse de Crédit Mutuel. Fondée à Rosenau voici tout juste quatre-vingts ans, son quotidien semble se lier chaque jour davantage à celui de la com- mune dont elle devient peu à peu l'âme économique, sociale... et géographique. Forte de ses valeurs humanistes de responsabili- té, d'indépendance et de solidarité, elle reste le partenaire idéal pour accompagner Rosenau à son prochain rendez-vous avec l'Europe des régions. La publication de ce livre du bicentenaire en est la meilleure preuve.

Couverture : Aquarelle de Forlen

Prix : 350 francs ISBN 2-903297-74-6

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