La Maison D'alphonse Du Même Auteur
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LA MAISON D'ALPHONSE DU MÊME AUTEUR A LA MÊME LIBRAIRIE LES BALCONS DE TULLE. DIX MARCHES VERS L'ESPOIR. LA DERNIÈRE CARTE. LA LIGNE DE DÉMARCATION (Tomes I à XI). RÉSEAU COMÈTE (Tomes I et II). ON M'APPELAIT RÉMY (Tomes I et II). aux PRESSES DE LA CITÉ DE SANG ET DE CHAIR. LE JOUEUR DE FLUTE. aux Éditions Raoul SOLAR LE PONT SUR LA LIGNE. aux Éditions PRESSES-POCKET MÉMOIRES D'UN AGENT SECRET DE LA FRANCE LIBRE (en 6 tomes). RÉMY « LA LIGNE DE DÉMARCATION » LA MAISON D'ALPHONSE LIBRAIRIE ACADÉMIQUE PERRIN PARIS IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE 50 EXEMPLAIRES DE LUXE NUMÉROTÉS DE 1 A 50, CONSTITUANT L'ÉDITION ORIGINALE © LIBRAIRIE ACADEMIQUE PERRIN, 1968 L'OPÉRATION OAKTREE L'OPERATION OAKTREE L'OPÉRATION OAKTREE 1 ux temps déjà lointains qui précédaient la pre- mière guerre mondiale, une Anglaise nommée A Williams épousa un M. Bouryschkine, de citoyen- neté russe. Le 17 août 1913, à Moscou, naquit de leur union un solide garçon auquel son père choisit pour patron Vladimir Sviatoslavitch le Saint, dont l'Eglise orthodoxe célèbre la fête le 15 juin. De Vladimir, sa mère fit affectueusement « Val ». La guerre vint, puis la révolution d'octobre dont le cinquantenaire résonne dans le monde entier cependant que j'écris ces lignes. Val grandit aux Etats-Unis, mon- trant pour le jeu de basket-ball de telles dispositions qu'il se vit attribuer une bourse par la fondation Carne- gie. L'équipe nationale roumaine lui demanda d'assurer son entraînement en vue des Jeux Olympiques de 1940. — Cela, me dit-il, me valut une bonne carte de visite auprès des clubs de basket du sud de la France, et 1. Ou « Opération Chêne ». Le récit de Val Wiliams a figuré sous le même titre dans le tome VII de la Ligne de démarcation, de même que celui de la comtesse de Mauduit qui va suivre, et qui fut également publié dans le tome III de la même série sous le titre de « la châtelaine de Bourblanc ». Etant l'un et l'autre étroi- tement liés à la Maison d'Alphonse, il était indispensable de les reproduire ici. plus particulièrement chez celui de Monaco. Je ne me doutais guère, alors, à quoi elle me servirait en une certaine circonstance, mais Dieu le savait à ma place. Allongé sur le lit où il relevait à peine d'une grave maladie contractée peu auparavant à Malte, et dont il faillit mourir, Val Williams me sourit. Inquiète, et atten- tive, sa femme vint s'assurer que notre conversation ne le fatiguait pas. Il protesta qu'au contraire ma visite lui faisait du bien. — Au mois de septembre 1939, reprit-il, je me trouvais dans le cabinet de travail du professeur Paul Dwight Moody, président du collège de Middlebury. Jadis, les étudiants étaient nombreux que les chemins enneigés empêchaient de rejoindre en hiver l'université de Yale, si bien qu'ils s'arrêtaient à mi-route, dans l'Etat du Vermont, d'où le nom de « Middle » donné à ce collège. « Bury », cela signifie, vous le savez, enterrer, ensevelir, enfouir. Peut-être le nom de Middlebury vient-il de ce que le collège se trouve enfoui en pleine campagne, à moins qu'il ne se rattache à la ville anglaise de Bury, dans le Lancashire ? Je n'ai pas cherché à percer le mystère. « Paul Dwight Moody, qui appartenait à une famille profondément religieuse, avait l'ambition de faire de son collège le centre d'un grand mouvement pour la paix. Le sort voulut que ce fut chez lui que j'apprenne la déclaration de guerre faite à l'Allemagne hitlérienne par la Grande-Bretagne et la France. « Fini pour le basket, lui dis-je. Je pars pour la France, où je vais m'engager dans l'armée. » « Je réussis à attraper une place sur le Manhattan, qui allait partir de New York et, quelques jours plus tard, après des péripéties d'ordre secondaire, je débarquais au Verdon. Je suis parvenu à Paris par petites étapes, car tout le monde allait en sens inverse du mien, ce qui faisait que la ligne de chemin de fer était très encombrée. A Paris, j'allai tout de suite au centre de recrutement de la rue Saint-Dominique, et dis que je voulais m'engager. J'eus la surprise de me voir rire au nez : « — Et c'est pour ça que tu es venu d'Amérique ? Mais, mon pauvre vieux, les soldats il en pleut à ne savoir qu'en faire ! Et les armes aussi ! Tu ne sais donc pas que la guerre ne va durer que deux mois ? « Comme je n'avais pas l'air très convaincu, et que je m'obstinais, on finit par me dire que je serais incor- poré avec la classe 1940. De celle-ci, vous savez ce qu'il est advenu : les jeunes conscrits ont été appelés juste au moment où la défaite s'abattait sur la France, et ont misérablement erré sur les routes pendant que les Allemands entraient à Paris avant de continuer leur avance vers l'ouest et vers le sud 2 « Ne sachant trop quoi faire, j'ai commencé à travail- ler avec un Américain qui s'appelait Jack Beauvais, extraordinaire personnage qui pesait au moins cent quatre-vingt kilos et qui marchait comme un canard. Cela ne l'empêchait pas d'être clairon de l' American Legion à Paris, et de faire entendre des sonneries guer- rières — ou mélancoliques — lors des cérémonies qui se déroulaient dans les églises américaines, dans les cimetières américains, ou à l'Arc de Triomphe. Il avait formé de son propre chef un petit corps d'ambulanciers qui, dès après la défaite, s'occupèrent surtout d'aller ramasser un peu partout du pain pour le distribuer aux prisonniers de guerre, qui étaient nombreux. Mais, très vite, nous avons eu à venir en aide à des officiers et des soldats anglais qui n'avaient pu rembarquer à Dunker- que, et que nous avons essayé de rapatrier en les faisant partir avec l'aide de l'ambassade américaine. C'est ainsi que j'ai vu se former une première chaîne d'évasion, sous une forme très primitive et très rudimentaire 3 « Il faut vous dire que je connaissais d'avant la guerre 2. Ce sont ces quelque quatre-vingt-dix mille jeunes gens désem- parés, souvent poussés par la nécessité à constituer des bandes de pillards, que le général de La Porte du Theil reçut mission de regrouper, dès le mois de juin 1940. Il en fit les premiers éléments de ce qui allait devenir les magnifiques Chantiers de la Jeunesse. 3. Dans le tome III de la Ligne de Démarcation est contée, sous le titre de « Une fille d'Albion », l'épopée de Mrs Mary Lindell, qui accomplissait parallèlement le même travail. une Canadienne nommée Marjorie Dunton, qui avait épousé un Français nommé Georges de Poncel, et qui tenait avec son mari une maison de couture au 3 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré. Dès le début des hosti- lités, Georges et Marjorie avaient transformé cette maison en club de la Royal Air Force, vraie open house 4 pour tous les aviateurs de passage à Paris, qui pouvaient s'y désaltérer à titre entièrement gratuit. C'était en même temps le siège social du Squadron n° 1 5 qui était allé s'installer dans les Ardennes, et comptait dans ses rangs beaucoup de pilotes devenus célèbres, tels le Flight Lieutenant Walker, aujourd'hui Group Captain avec la D.S.O., l'O.B.E. et la D.F.C.6 après avoir été abattu dans le nord de la France pendant les derniers jours de la campagne de 1940. Pris en charge par notre amie June Bowman, de l'hôpital américain, il fut conduit par elle à Tours, d'où on le rapatria en Angleterre. Il y avait aussi le Flight Officer Drake, D.S.O., D.F.C. qui sortait beaucoup avec notre amie Mine Charles Ahren- feldt — dont je vous parlerai tout à l'heure — et qui est aujourd'hui Wing Commander. Bien que n'étant pas aviateur, je fus admis au Club en ma qualité d'ami de Marjorie Dunton, et c'est là que j'eus mon premier contact avec les hommes de la Royal Air Force. « Donc, la défaite était venue. Je m'ennuyais, et pen- sais qu'il devait y avoir quelque chose de plus utile à faire pour la guerre que de rester ambulancier. Je cher- chai le moyen de passer en Angleterre, et l'on me parla du Padre Donald Caskie 8 chef de la Sailor's Mission 9 4. Maison à « entrée libre ». 5. « Escadrille n° 1 ». 6. Flight Lieutenant : capitaine de la R.A.F. — Group Captain. colonel. — D.S.O. : Distinguished Service Order, ou « ordre du Service distingué », l'une des plus hautes décorations britanniques. — O.B.E. : « Ordre de l'Empire britannique ». — D.F.C. : Distin- guished Flying Cross, décoration réservée à l'aviation. 7. Flight Officer : lieutenant. — Wing Commander : lieutenant colonel. 8. Padre signifie « aumônier ». 9. « La mission du marin ». Le colonel Val W illiams (photo Harcourt, Paris). « Pat O'Leary » (aujourd'hui Général Major Médecin Albert Guerisse). Le colonel James Langley, chef de l'Escaping section à laquelle était relié le réseau Shelburn (photo Vandyk, Londres). à Marseille, comme d'un prêtre écossais qui pourrait peut-être m'aider. Je partis pour la zone libre en com- pagnie d'une ambulancière américaine, plus un chien. Aux Allemands qui montaient la garde sur la ligne de démarcation, nous présentâmes des papiers bien en règle qui nous permirent de passer sans la moindre difficulté.