Ce disque est dédié à / This CD is dedicated to: Gérard Pesson. Frédéric Forte 2 Français

sa matière même. « Incipit » commence par une cita- Oscar Strasnoy tion de l’ouverture de la Cinquième Symphonie de L’une des caractéristiques de la culture Gustav Mahler, où vient s’ajouter celle du Sacre du argentine moderne, modelée par l’immigra- printemps, d’Igor Stravinsky, initialement réduite à tion européenne, réside dans la négation sa seule première note. Dans les deux cas – comme de la distance géographique qui la sépare dans presque tous ceux qui suivront – Strasnoy de ses références culturelles. Mais lorsque conserve la tonalité, le registre et l’orchestration ori- cette distance finit par s’imposer, elle donne ginale des œuvres citées. Les premières mesures lieu à un cosmopolitisme mâtiné d’ironie, exposent d’emblée l’un des principes de composition dont les grands représentants ont pour nom de la pièce : la conjonction d’éléments disparates Jorge Luis Borges, Oscar Masotta, Mauri- en une résultante inédite. Par la suite, d’autres prin- cio Kagel, Jorge de la Vega, Fogwill et bien cipes sont mis en relief : l’expansion et la récurrence. d’autres. La musique d’Oscar Strasnoy s’ins- D’autres ouvertures viennent s’intégrer au cours du crit pleinement dans cet esprit. Sum, cycle de développement. Ces extraits réapparaissent à diffé- quatre pièces pour orchestre, s’affiche aussi rents intervalles jusqu’à la conclusion, qui reprend cosmopolite qu’ironique. Son titre renferme les mêmes citations que l’ouverture, mais transformées et employées à contresens (puisqu’elles servent à pré- une double référence : au préfixe grec συν (« avec », « ensemble »), que l’on retrouve dans sent de finale). Ces éléments s’agencent dans la simul- le nom même du genre symphonique, mais tanéité sonore à la manière d’un contrepoint compo- aussi au substantif latin summa, qui englobe sé non pas de lignes, mais de fragments complexes les notions d’agrégation, d’essentialité et de et hétéroclites. L’auditeur aurait tort d’écouter cette point culminant. Origine et devenir : Strasnoy pièce dans la posture d’un sémiologue cherchant à présente une idée du genre traversée par identifier les citations. Car son essence même réside la relecture d’œuvres emblématiques de la dans son ensemble. La question sous-jacente est : tradition occidentale. « Comment commencer ? », mais aussi : « Comment demeurer dans le commencement ? Comment le Le tout premier mouvement répond implicitement prolonger sans le dénaturer ? ». « Incipit » émet ces à une interrogation sur la manière de commencer. interrogations sous forme musicale. « Incipit », la première pièce de Sum, ne se contente Le titre de « Y » ne renvoie pas à la lettre « i grec », pas d’y apporter sa propre réponse : elle énonce la mais au sens du son qui la désigne en anglais. C’est question même, sous forme de révision ironique là la clef qui mène à « Warum ? », le troisième des de diverses ouvertures qu’elle cite et transfigure. huit Fantasiestücke op. 12 de Robert Schumann, Strasnoy fait de ce moment inaugural de l’écoute, : Martin Felipe. pièce intimiste qui sert de prétexte (et de sous-texte) dans lequel s’inscrivent les prémisses qui vont la à ce qui constitue une sorte de mouvement lent du guider tout au long du développement de la forme, Photo Oscar Strasnoy 5 cycle Sum. Comme dans « Incipit », le début du motif extérieur les empêchait de se déployer. « Scherzo » sage conclusif, le prolonge tout en le dénaturant. rythmiques du Caprice produisent des césures dans pianistique est cité littéralement. Dans « Warum ? », est traversé par l’idée d’interruption, rendue palpable Les éléments se répètent et s’emmêlent avant de la partie de violon solo, mais aussi des modifications ce motif représente le début in media res d’un par le fait que les segments paraissent comme mu- s’estomper. L’ironie ne naît pas seulement de la dis- formelles dans l’accompagnement orchestral. processus harmonique. Dans « Y », le processus est tilés, inachevés malgré eux. Les fréquentes ruptures tance historique. Par le simple fait d’être, dans « The La deuxième pièce suit fidèlement le Caprice n° 6. timbrique : traité comme un ensemble de chambre, métriques et l’alternance entre les ensembles ins- End », placée au début du mouvement, la cadence Les trémolos qui accompagnent la mélodie avec un l’orchestre tisse un filigrane qui répète et étend ce trumentaux que Strasnoy dispose dans l’orchestre répétée de l’Allegro vivace de Beethoven perd tout délicat continuo statique baignent la palette instru- motif statique avec une légère résonance vibrante, contribuent à cette sensation de continuelle inter- son sens directionnel pour devenir mécanique, ex- mentale d’une sorte de halo, tout en se dispersant tels une ombre ou un sillage. Mais cette ombre est ruption, résultat de la technique de montage em- cessive. Dans la musique de Strasnoy, la conven- dans les multiples échos fragmentaires en une sub- dotée d’une vie propre : le principe de fragmenta- ployée. Les éléments se présentent d’abord brefs et tion n’est pas tant objet de rupture que de parodie. tile modulation de couleur. tion appliqué au début du motif se voit bientôt com- reconnaissables (figuratifs, pourrait-on dire, tant par Celle-ci n’en est pas moins critique : on ne saurait pensé par un autre principe, celui de dérivation. Il leur condition représentative que par leur caractère éluder la critique sociale formulée dans « The End » Le troisième mouvement est fondé sur le Caprice en résulte une sonorité indécidable entre l’identité musicalement effilé), davantage suggérés qu’expo- à l’égard de la circulation réifiée du répertoire tradi- n° 24 ; un thème et ses variations. La pièce conserve avec « Warum ? » et son éclatement dans le milieu sés, certains se trouvant même réduits à un simple tionnel dans la programmation d’une bonne partie cette structure tout en verticalisant le principe de orchestral. Par moments, la silhouette se détache, rôle de ponctuation. Les fragments de Schubert, des orchestres symphoniques du monde. variation : les différentes sections orchestrales offrent à d’autres elle se perd dans la résonance. Le motif par exemple, sont si fugaces que leur motif finit par un accompagnement aux rythmes hétérogènes, s’ap- Trois Caprices est un concerto pour violon conçu prochant de ceux du violon sans jamais s’y identifier réapparaît au finale, s’élevant comme s’élève l’into- se percevoir comme une couleur. Ces éléments soi- à partir de trois des 24 Caprices pour violon seul, nation d’une question. Dans Sum, la référence his- gneusement disposés dans la texture orchestrale, totalement, créant ainsi une sorte d’hétérophonie opus 1 de Niccolò Paganini. Ce concerto naît d’une abstraite. torique ne se limite pas à des morceaux particuliers la composition les traite comme des figures cristal- métonymie complémentaire : d’une part, il est enca- comme cette œuvre de Schumann : elle s’étend lisées pour se concentrer sur leur enchaînement et dré par le premier et le dernier Caprice, entre les- Les Capices réinventent la technique médiévale de également aux gestes, aux modes employés au fil le rythme de leurs alternances et récurrences. quels s’intercale le sixième en guise de mouvement la paraphrase sur une base nominaliste : ici, foin de de l’histoire pour représenter en musique l’analogie « The End » établit un parallèle complémentaire lent. D’autre part, tout en conservant la partie ori- règles générales, la dérivation naît au contraire des avec le langage. avec « Incipit ». L’interrogation sur la forme se porte ginale du soliste, l’orchestre crée un accompagne- particularités de la musique citée. « Scherzo » s’inspire davantage de l’esprit léger de à présent sur le finale. La pièce commence par les ment inexistant dans la composition de Paganini. Pablo Fessel la forme éponyme que de son histoire, qui y trouve dernières mesures de la Huitième Symphonie de Le Caprice n° 1 déploie des arpèges qui naviguent néanmoins sa place avec des citations du scherzo Beethoven. Contrairement à « Incipit », où les cita- entre les extrémités du registre en une figuration de la Sonate pour piano en si bémol majeur D 960 tions font office de réponses historiquement singu- si uniforme que les changements de rythme en de Franz Schubert. La légèreté repose autant sur lières au problème de l’ouverture, ici, ces mesures deviennent de véritables événements. À son tour, l’origine et l’agencement hétéroclites des éléments constituent plutôt une représentation emblématique la technique du ricochet produit, pour des oreilles – un rythme de cha-cha-cha, un autre de tarentelle, de la cadence orchestrale. « The End » travaille sur contemporaines, d’intéressantes aspérités sonores. le scherzo de Schubert, extraits d’une musique la convention. Prenant comme point de départ les Strasnoy étend ces éléments jusqu’à de nouvelles que Strasnoy a composée pour le film muet formules de conclusion du poème symphonique, dimensions : ils s’épanouissent dans l’ample espa- Underground, d’Anthony Asquith – que sur leur la pièce se présente comme une relecture ironique ce de la palette orchestrale. La figuration explose en traitement. Les éléments sont soumis à une telle de l’un des moments du genre les plus imprégnés une multiplicité de valeurs irrégulières qui estompent fragmentation qu’ils sonnent comme si un obstacle de conventions, elle s’étend à l’intérieur de ce pas- les subdivisions temporelles. Ici, les changements

6 7 Perspectives personnelle, artistique rejoint celle d’Oscar (lequel qu’il n’a guère d’indulgence pour le Schoenberg, de l’Opéra de Hambourg ; Un retour, opéra de chambre notera : « Kagel est le Gombrowicz de la musique »). inventeur d’un nouveau langage : « La musique du créé au Festival d’Aix-en-Provence ; enfin, Cachafaz, Il fut un temps, et même un temps proche de nous, Ironie partagée... Marqué par son enfance argentine Schoenberg dodécaphonique est infiniment plus tragédie barbare de Copi, créé dans la mise en scène où les compositeurs entraient dans des cadres très (premières études de piano, de composition et de vieillotte que sa musique atonale libre ». Il ne sup- de l’iconoclaste Benjamin Lazar au Théâtre de répertoriés : parcours, prédilections, choix esthétiques direction d’orchestre au Conservatoire de Buenos portera pas davantage les règles de l’Ircam : « J’ai Cornouaille de Quimper, repris à l’Opéra Comique, à répondaient à des normes clairement identifiables Aires), Oscar Strasnoy, lui qui refusera bientôt autant pris la fuite au bout de quinze jours. La musique à Paris. Appartenant à la même famille, s’inscrit aussi, comme si les trajectoires étaient par avance tracées. d’écrire des tangos que d’entrer dans le moule de la standardiser les compositeurs m’a horrifié ». Il opé- puisqu’également monté en scène, les Préparatifs de Mais les changements de notre société, les interro- musique « européenne standard », expliquera que sa rera donc ses propres choix. Et les affinera au cours Noce (avec B et K) – titre original : Hochzeitsvorbe- gations stylistiques successives ont modifié la donne ; situation était « un peu compliquée »… Et c’est donc le de différentes « résidences » : à la Villa Médicis hors reitungen (mit B und K), démarche surprenante (et situation sans doute inconfortable pour les suiveurs choix de l’Europe : le premier mouvement le porte les murs en 1999, à l’Akademie Schloss Solitude de convaincante) où le texte de la nouvelle de Kafka est timorés, hautement stimulante pour les esprits intré- vers Vienne où il espère travailler avec le composi- Stuttgart (2001-2002), à la Villa Kujoyama de Kyoto confronté à la Cantate de mariage de Bach. Au-delà pides dont Oscar Strasnoy est un représentant inso- teur et chef d’orchestre Michel Gielen, mais c’est en 2003, à New York en 2007, grâce à une bourse d’une construction, une réflexion : « Si l’on peut exhu- lite, parfois déconcertant, finalement très fascinant. , qu’il retrouvera quelques années plus de la Fondation Guggenheim. Quant à la direction mer une urne et, en l’étudiant, reconstruire une civilisa- Ecoutons-le décrypter le parcours : « Je suis né au tard à la Musikhochschule de Francfort, notamment d’orchestre, il la pratique de temps en temps, ayant tion, l’on peut d’autant plus décrire l’évolution du sein d’une famille de Juifs agnostiques fuyant la pour se livrer à l’analyse de Pli selon pli de Pierre été de 1996 à 1998, chef de l’Orchestre du CROUS monde en déterrant les rituels du mariage ». Ce dia- barbarie et la misère européennes. Elle cherchait le Boulez ; entre-temps, il s’installe à Paris, et est admis de Paris, ayant également dirigé l’Orchestre National logue Bach-Kafka est très révélateur du travail opéré salut dans un pays riche et moderne comme l’Ar- au Conservatoire national supérieur de musique où d’Ile-de-France, l’Ensemble 2e2m, l’Orchestre Phil- par Oscar Strasnoy : une construction — et, plus préci- gentine de la première moitié du XXe siècle. A la fin il va bénéficier des conseils avisés de , harmonique de Nice. Et même si, en sa qualité de sément, le compositeur parle de « scénario », de mon- de mon adolescence, j’ai dû prendre la décision titulaire d’une classe de composition électro-acous- pianiste, il a créé le Quintette Ego Armand, le piano tage. Démarche illustrée par la série des « Bloc-notes », d’abandonner le provincialisme argentin pour la tique et de recherche musicale, de Michaël Lévinas n’est plus dans son actualité. C’est sur la composi- pièces concertantes qui prolongent d’autres parti- modernité et la richesse européenne ». Précisons : et de Gérard Grisey, dont le souvenir, parmi ses an- tion qu’il concentre tous ses efforts, la composition tions, sous forme d’esquisses ou de dérivés. Plus Oscar Strasnoy est né à le 12 novem- ciens élèves reste toujours aussi vif. « Grisey aimait et la réflexion sur le comment et le pourquoi… Au encore : la série des Sum, quatre pièces indépendan- bre 1970 ; ascendance russe revendiquée ; héritage bien ma musique, notera Strasnoy, mais il l’aimait centre de cette activité, l’opéra mais, si l’on peut tes pour orchestre : « Incipit » [Sum 1], « Y » [Sum 2], musical reconnu (son père « biologique » altiste, un parce que je n’essayais pas d’écrire sa musique ». Il dire, un opéra hors normes dans la relation texte- « Scherzo » [Sum 3], « The End » [Sum 4]. Et le montage oncle et une tante compositeurs) ; et reconnaissance dresse alors l’oreille et fait ses choix : Edgar Varèse, action-musique. Formations réduites, texte explosé, est ici spécialement raffiné puisqu’il consiste, pour envers ce pays d’adoption qui traverse (mais c’était Karlheinz Stockhausen (le Stockhausen de Kontakte, cheminements imprévus. Déjà huit titres inscrits à chaque partition, à évoquer de façon plus ou moins avant la dictature) une période où la vie culturelle du Klavierstück X, de Stimmung), György Ligeti, son catalogue : Midea, opéra de chambre, créé à identifiable des références, tels les derniers accords est particulièrement intense. On y a fréquenté le . Dans les prédilections, il cite aussi Spoleto en 2000, repris à Rome, couronné par le de la Huitième Symphonie de Beethoven dans « The polonais Gombrowicz, cet ami de la famille que György Kurtág et Salvatore Sciarrino. Ce sont des Prix Orpheus grâce au jugement de Berio ; puis End », références et hommages imbriqués – et c’est Strasnoy n’a pu connaître mais dont il mettra à deux repères, mais Strasnoy veut tracer son propre che- L’instant (ex-Ephemera), entrepris en 2000, créé à ainsi que Strasnoy dans Sum 2 « rend hommage » au reprises des textes en musique : Opérette en 2002, min. « Je n’ai aucune intention de faire partie d’un Créteil en 2008 ; ensuite, les deux Gombrowicz déjà mouvement lent, en citant « Warum ? », la troisième Geschichte l’année suivante. Et il y eut aussi sur club »… Le dogmatisme n’entre pas dans son champ cités : Opérette et Geschichte ; la suite est un opéra pièce des Phantasiestücke op. 12 de Schumann. En place de fortes personnalités musicales : Martha d’action. « L’idée d’école m’a toujours révolté. L’artiste de poche pour contre-ténor et viole d’amour sur un ce qui concerne la forme, il ne s’agit pas d’une Argerich et Daniel Barenboim par exemple, et Mauricio est et doit être un individu. L’histoire de l’art est faite texte d’Alejandro Tantanian, dont Buenos Aires ac- mosaïque musicale, mais d’un urbanisme musical, Kagel dont, à bien des égards, la trajectoire familiale, d’exceptions, pas de règles ». On peut imaginer cueillit la création. En 2010 : Le Bal, une commande comme le souligne le compositeur dans son dialogue 8 9 avec Dorota Zorawska (Les stratifications de la Orchestre Philharmonique Radio France en résidence pour un minimum de Latica Honda-Rosenberg mémoire, Ed. A la ligne) : « Je préfère l’idée de penser de Radio France 20 programmes par saison. Par ailleurs, en atten- une œuvre comme on penserait une ville. L’œuvre-ville dant la création d’un nouvel auditorium de 1.500 Latica Honda-Rosenberg fait partie d’une généra- propose une œuvre composée de plusieurs œuvres Héritier du premier Orchestre Philharmonique créé places à Radio France à l’horizon 2013, l’Orchestre tion de jeunes violonistes maintenant établie dans (une hyper-œuvre), une constellation ayant comme dans les années 1930 par la radio française, l’or- Philharmonique participe aussi à la programmation une vie de concerts. Sa médaille d’argent rempor- centre une pièce originale autour de laquelle tournent chestre avait été refondé au milieu des années 1970 thématique de la Cité de la musique comme aux tée à la Compétition Tchaikovsky de Moscou en une ou plusieurs œuvres ou morceaux d’œuvres sous l’inspiration des critiques formulées par Pierre productions du Théâtre du Châtelet et de l’Opéra 1998 lui a ouvert les portes d’une carrière interna- préexistantes, dessinant un sujet depuis plusieurs Boulez à l’encontre des formations symphoniques Comique. L’ensemble des concerts sont diffusés tionale. Le magazine musical « The Strad » écrivit perspectives ». Question, à propos de la conjonction traditionnelles ; Gilbert Amy puis Marek Janowski sur France-Musique et peuvent être réécoutés sur le alors : « Son assurance et sa forte volonté font im- Bach-Kafka ? « Comment peut-on rapprocher deux en ont été les premiers directeurs musicaux. L’Or- site internet de Radio France. Son activité discogra- médiatement penser à Heifetz. Son style musical œuvres distantes de deux cent cinquante ans ? » « A la chestre Philharmonique peut ainsi aborder tous phique reste très soutenue sur les meilleurs labels. est éloquent, expressif, sensible, pour faire court : e façon d’un immeuble moderne qui peut jouxter, dans les répertoires du XVIII siècle à nos jours, que Plus de 300 références sont actuellement disponibles magnifique. » une ville contemporaine, une construction du XVIIIe les œuvres soient écrites pour petit ensemble ou en téléchargement sur iTunes. Chaque saison, l’Or- Fille d’un violoncelliste croate et d’une chanteuse siècle ». Enfin, ces voisinages, ces allusions, ces réfé- pour grand orchestre, chaque groupe, composé en chestre Philharmonique propose une quinzaine japonaise, Latica Honda-Rosenberg grandit en Al- rences mettent en jeu une dimension essentielle pour fonction de l’écriture des oeuvres, pouvant travailler d’œuvres nouvelles en création, et participe aux lemagne et commença le violon à l’âge de 4 ans. Oscar Strasnoy : la mémoire, cette mémoire qu’éveille simultanément. Myung-Whun Chung, qui vient de grands festivals de musique contemporaine (Pré- A 9 ans elle devint l’élève de Tibor Varga à la « la musique, qui stimule l’imagination, nourrit la créa- fêter ses 10 ans à la tête de l’Orchestre Philharmo- sences, Musica, Agora, Festival d’Automne à Paris). Musikhochschule de Detmold ». Elle continua ses tion : « …la mémoire est la seule chose qui appartienne nique de Radio France, peut se réjouir de le voir Les 141 musiciens ont eu la joie d’accueillir de nom- études musicales avec Zakhar Bron, à Madrid à la individuellement et exclusivement aux êtres uniques aujourd’hui reconnu comme l’une des plus remar- breux compositeurs pour diriger leurs œuvres comme « Escuela Superior de Música Reina Sofia », ainsi que nous sommes ». Et aussi, belle formule, « La mé- quables phalanges européennes. Avec les cycles Pierre Boulez, Peter Eötvös, George Benjamin, ou qu’à la « Musikhochschule » à Lübeck. moire est la vue du musicien »… L’élaboration d’une consacrés à Brahms, Mahler, Strauss, Dvorak et à Esa-Pekka Salonen venu trois semaines en résidence Elle fit ses débuts en tant que soliste avec l’Orches- œuvre est en route. Déjà saluée par des distinctions : la musique française, ainsi qu’aux opéras Fidelio, à l’occasion du festival Présences 2011 au Théâtre tre philarmonique de Berlin en 1989. Dès lors, elle Prix de l’Académie du Disque Lyrique pour l’enregis- Otello, Tannhauser et Carmen, ces dix années ont du Châtelet. Particulièrement désireux de transmettre est apparue en soliste avec de nombreux orches- trement de Hochzeitsvorbereitungen (mit B und K), d’ailleurs été marquées par de nombreuses tour- leur passion aux plus jeunes, les musiciens de l’Or- tres en Europe et à l’étranger. Grand Prix de la Sacem 2010, invitations prestigieuses : nées internationales sur tous les continents. Les chestre Philharmonique interviennent tout au long Outre ses activités de soliste internationale, depuis Centre Acanthes à Metz en juillet 2011, « compositeur plus grands musiciens sont venus enrichir le travail de l’année en milieu scolaire, ainsi que dans les 2003, Latica Honda-Rosenberg a tenu la classe invité » à Paris, au Festival Présences 2012. Enfin, pour de l’orchestre aux côtés de Myung-Whun Chung, hôpitaux de Paris et de région parisienne auprès de violon de la Musikhochschule de Freiburg. Elle l’anecdote, indiquons que Strasnoy, large dans ses qu’il s’agisse de personnalités aussi exceptionnelles des enfants malades. Avec Myung-Whun Chung, ils a également dispensé de nombreuses classes de horizons (mais sans goût particulier pour l’improvisa- que Pierre Boulez, Esa-Pekka Salonen, Valery Gergiev sont tous Ambassadeurs de l’Unicef depuis 2007. maître en Allemagne, France, Croatie, Slovénie, tion et les œuvres « ouvertes »), s’intéresse aux chan- ou Ton Koopman, que des meilleurs chefs de la Ils ont développé une Académie Philharmonique Portugal, Israël et au Liechtenstein, où elle ensei- sons de cabaret, et en a fourni la preuve en collabo- jeune génération Gustavo Dudamel, qui dirige cette pour les jeunes musiciens en collaboration avec le gne régulièrement. Depuis avril 2009, elle a reçu rant avec Ingrid Caven. saison l’intégrale des symphonies de Brahms mais . un poste de professeur invité à l’Université des Arts aussi Mikko Franck, Alan Gilbert ou Lionel Bringuier. de Berlin. Claude Samuel Depuis sa réouverture en septembre 2006, la Salle www.hondarosenberg.de www.oscarstrasnoy.info Pleyel accueille l’Orchestre Philharmonique de

11 Susanna Mälkki Dima Slobodeniouk Susanna Mälkki a rapidement obtenu une reconnaissan- Dima Slobodeniouk combine ses racines russes ce internationale pour son talent de direction d’orchestre, avec ses années d’études musicales en Finlande, manifestant autant d’aisance dans le répertoire sympho- son pays d’adoption depuis plus de deux décen- nique et lyrique que dans celui des formations de cham- nies. Fort de ce double enracinement, Slobode- bre ou des ensembles de musique contemporaine. niouk est devenu l’un des leaders incontestés de Parmi ses récentes apparitions, on peut noter ses dé- sa génération sur la scène internationale. Il a fait la buts avec les orchestres symphoniques de Chicago démonstration de son talent dans un large réper- et San Francisco. Elle collabore avec de nombreuses toire, allant de Schumann et Schostakovitch à Berio et prestigieuses formations internationales : orchestres et Lutoslawski, en passant par des collaborations philharmoniques de Berlin, de Los Angeles, de Munich, avec des compositeurs tels que Sebastian Fagerlund de Radio France, orchestres symphoniques de Chicago, et Lotta Wennäkoski. A l’international, il travaille de Boston, de San Francisco, Pittsburgh, et de Seattle, régulièrement avec le Philharmonia Orchestra de Philharmonia Orchestra, Royal Concertgebouw Or- Londres, le Royal Scottish National Orchestra, les chestra, Wiener Symphoniker, Bayerischen Rundfunks, orchestres philharmoniques d’Oslo et de Bergen, orchestres symphoniques de la radio suédoise et de la l’Orchestre National de Belgique, le Philharmo- radio finlandaise, etc. Elle est retourné en 2012 aux BBC nique de Brème, l’Orchestre philharmonique de Proms à la tête de l’Orchestre Philharmonia avec lequel la Radio Néerlandaise, l’Orchestre Philharmoni- elle travaille régulièrement. que de Monte-Carlo et celui de Strasbourg, de la Susanna Mälkki est aussi très active dans le domaine de Beethovenhalle de Bonn, la RAI de Turin, l’Orches- l’opéra. Au cours des saisons précédentes elle a notam- tre symphonique de Lucerne, l’Ulster Orchestra et ment dirigé Powder Her Face de Thomas Ades, Neither l’Orchestre de St-Gall. Slobodeniouk est invité régu- de Morton Feldman, L’Amour de loin, de Kaija Saariaho lièrement aux Etats-Unis et va faire ses début avec dont elle crée, à Vienne, La Passion de Simone, en 2006, l’Orchestre de Baltimore. œuvre dont elle assure la première américaine en 2008 Né à Moscou, Slobodeniouk a étudié le violon au Lincoln Center de New York. En mars 2010 elle as- auprès de Zinaida Gilels et de J. Chugajev entre sure la direction musicale du ballet Siddharta, d’Angelin 1980-1989. Il a ensuite intégré l’Académie Sibelius Preljocaj et Bruno Mantovani, créé à l’Opéra de Paris, en Finlande dans la classe de Olga Parhomenko. qu’elle retrouvera en 2013-2014 pour deux productions. En 1994, Slobedeniouk a commencé ses études En avril 2011 elle fait ses débuts à la Scala de Milan, dans de direction avec Atso Almila, puis a poursuivi ses Quartett un opéra de Luca Francesconi. En 2012 elle di- études à l’Académie Sibelius sous la direction de rige la première de Re Orso, opéra de Marco Stroppa, à Leif Segerstam et Jorma Panula. Il a également étu- l’Opéra comique avec l’Ensemble intercontemporain. dié avec Ilja Musinin et Esa-Pekka Salonen. Mirschel. : Markus

www.dimaslobodeniouk.com Photo 12 Latica Honda-Rosenberg English

Rite of Spring, initially reduced to its first note alone. that repeats and extends this static motif with a light, continual interruption, the result of the editing tech- Oscar Strasnoy In both cases – as in almost all those that will follow vibrant resonance, like a shadow or a boat’s wake. nique of montage used. The elements are first pre- One of the characteristics of modern Argen- –, Strasnoy maintains the key, the register and the But this shadow is endowed with its own life: the sented brief and recognizable (figurative, one might tine culture, modelled by European immigra- original orchestration of the works quoted. Straight- principle of fragmentation applied to the beginning say, as much by their representative condition as by tion, lies in the negation of the geographical away, the opening bars expose one of the compo- of the motif is soon compensated by another principle, their musically slender character), more suggested distance which separates it from its cultural sitional principles of the piece: the conjunction of that of derivation. From this results a sonority that than exposed, some of them even being reduced to references. But this distance ends up im- disparate elements in an original outcome. Subse- is undecidable between the identity with ‘Warum?’ a simple punctuation role. The Schubert fragments, posing itself, giving rise to a cosmopolitism quently, other principles are brought out: expan- and its fragmentation in the orchestral milieu. At for example, are so fleeting that their motif ends up crossed with irony, of which the great sion and recurrence. Other overtures come to be times, the silhouette detaches itself; at others, it be- being perceived as a colour. The composition treats representatives are named Jorge Luis Borges, integrated into the course of the development, with comes lost in the resonance. The motif reappears these elements, carefully arranged in the orchestral Oscar Masotta, Mauricio Kagel, Jorge de la these excerpts reappearing at different intervals up in the finale, rising like the intonation of a question. texture, as crystallized figures in order to concen- Vega, and Fogwill, in addition to many others. to the conclusion, which repeats the same quota- In Sum, the historic reference is not limited to par- trate on their progression and the rhythm of their Oscar Strasnoy’s music lies fully in this spirit, tions as the overture, but transformed and used the ticular pieces like this work by Schumann: it also alternations and recurrences. with Sum, a cycle of four pieces for orchestra, other way (since they now serve as a finale). These extends to the gestures and modes used in the ‘The End’ establishes a complementary parallel as cosmopolitan as ironic. Its title includes elements combine in sound simultaneity in the way course of history to represent musically the analogy with ‘Incipit’. At present, the questioning of form of a counterpoint made up not of lines but of com- with language. a double reference: to the Greek prefix συν comes to bear on the finale. The movement begins (‘with’ or ‘together’), which we find in the very plex, heteroclite fragments. The listener would be ‘Scherzo’ takes inspiration more from the light spirit with the final bars of Beethoven’sEighth Symphony. name of the symphonic genre, and to the Latin mistaken if he were to listen to this piece as a semi- of the eponymous form than from its history, which Contrary to ‘Incipit’, in which the quotations serve substantive summa, which encompasses the ologist seeking to identify the quotations, for its very nonetheless finds its place with quotations of the as historically singular responses to the problem notions of aggregation, essentiality and peak. essence lies in the whole. The underlying question scherzo from Franz Schubert’s Piano Sonata in B of the overture, here, these bars instead constitute Origin and evolution: Strasnoy presents an is: ‘How to begin?’ but also: ‘How to remain in the flat major D 960. The lightness relies as much on the an emblematic representation of the orchestral idea of the genre crossed by the rereading of beginning? How to prolong it without distorting it?’ heteroclite origin and organization of elements – a cha- cadence. ‘The End’ works on convention. Taking emblematic works of western tradition. ‘Incipit’ voices these questions in musical form. cha rhythm, a tarantella rhythm, the Schubert scherzo, the conclusion formulas of the symphonic poem The title ‘Y’ does not refer to the letter y but to the excerpts from music that Strasnoy composed for as a point of departure, the piece is presented as The very first movement responds implicitly to a meaning of the sound that designates it in English. It Anthony Asquith’s silent film Underground – as on an ironic rereading of one of the moments of the question regarding the way to begin. ‘Incipit’, the is the key that leads to ‘Warum?’, the third of Robert their treatment. The elements are subjected to such genre most steeped in conventions; it extends to the first piece ofSum , does not settle for contributing its Schumann’s eight Fantasiestücke, Op. 12, an intimist a fragmentation that they sound as if an external interior of this concluding passage and prolongs it own answer: it states the question itself in the form piece that serves as a pretext (and subtext) to what obstacle were preventing them from deploying. whilst distorting it. Elements are repeated and mingle of an ironic review of various overtures that it quotes constitutes a sort of slow movement in the cycle ‘Scherzo’ is run through by the idea of interruption, before dying out. Irony is born not only of historical and transfigures. Strasnoy makes this inaugural mo- Sum. As in ‘Incipit’, the beginning of the piano motif made palpable by the fact that the segments appear distance. By the simple fact of being, in ‘The End’, ment of listening, in which are heard the beginnings is quoted literally. This motif represents in ‘Warum?’ mutilated or unfinished in spite of themselves. The placed at the beginning of the movement, the that are going to guide it throughout the develop- the beginning in media res of a harmonic process. frequent breaks in meter and the alternation between repeated cadence of Beethoven’s Allegro vivace ment of the form, its very matter. ‘Incipit’ opens with In ‘Y’, the process concerns timbre: treated as a the instrumental ensembles that Strasnoy arranges loses all its directional sense to become mechanical a quotation from the beginning of Mahler’s Fifth chamber ensemble, the orchestra weaves a filigree within the orchestra contribute to this sensation of and excessive. In Strasnoy’s music, convention is Symphony, to which is added that of Stravinsky’s 14 15 not so much the object of breaking off as of parody. The third movement is based on Caprice no. 24, Perspectives personal, familial, and artistic career is, in many re- This is no less critical: we would be unable to elude a theme with variations. The piece preserves this spects, closely akin to Oscar’s (who would note: There was a time – and not all that long ago – when the social criticism formulated in ‘The End’ in regard structure whilst verticalizing the variation principle: ‘Kagel is the Gombrowicz of music’). Shared irony... composers fell into highly categorised frameworks: to the reified circulation of the traditional repertoire the different orchestral sections provide an accom- Marked by his Argentinian childhood (first piano, career, predilections, and aesthetic choices met in the programming of a good part of the world’s paniment with heterogeneous rhythms, coming composition and conducting studies at the Buenos clearly identifiable norms as if the trajectories were symphony orchestras. close to those of the violin without ever totally iden- Aires Conservatory), Oscar Strasnoy, who would marked out in advance. But changes in our society tifying with it and thereby creating a sort of abstract soon refuse to write tangos as he would refuse to Three Caprices is a violin concerto conceived start- and successive stylistic questions have modified heterophony. enter the ‘standard European’ music mould, would ing from three of Niccolò Paganini’s 24 Caprices for the order, resulting in a situation that is doubtless solo violin, Op. 1. This concerto is born of a comple- The Caprices reinvent the mediaeval technique of explain that his situation was ‘a bit complicated…’ uncomfortable for timorous followers but highly And so it was the choice of Europe: the first move- mentary metonymy: on the one hand, it is framed by paraphrase on a nominalist basis: here, instead of stimulating for intrepid minds of which Oscar Stras- the first and last Caprices, between which the sixth general rules, derivation is born, of the particulari- ment carried him to Vienna where he hoped to work noy is an unusual representative, sometimes dis- with composer-conductor Michel Gielen, but it was is inserted as a slow movement. On the other hand, ties of the music quoted. concerting and, in the final analysis, quite fascinat- whilst preserving the original soloist’s part, the or- Hans Zender, whom he would meet up with again a Pablo Fessel ing. Let us listen to him decipher the path: ‘I was few years later at the Musikhochschule in Frankfurt, in chestra creates an accompaniment not existing in born into a family of agnostic Jews fleeing Europe- Paganini’s composition. particular to give himself over to the analysis of Pierre an barbarity and misery. They were seeking salva- Boulez’s Pli selon pli. In the meantime, he settled in Caprice no. 1 displays arpeggios that navigate tion in a rich, modern country like the Argentina of Paris and was accepted at the Conservatoire where th century. At the end of my between the extremities of the register in a figura- the first half of the 20 he was going to benefit from the wise advice of Guy adolescence, I had to make the decision to abandon tion so uniform that the rhythmic changes become Reibel, a tenured professor of electro-acoustic com- Argentinian provincialism for the modernity and rich- veritable events. In turn, the ricochet technique pro- position and musical research, Michaël Lévinas and ness of Europe’. Let us clarify: Oscar Strasnoy was duces sound asperities that are interesting for con- Gérard Grisey, whose memory still remains so vivid born in Buenos Aires on 12th November 1970; his temporary ears. Strasnoy extends these elements amongst his former students. ‘Grisey quite liked my Russian lineage proclaimed; an acknowledged to new dimensions, and they blossom in the ample music,’ Strasnoy would say, ‘but he liked it because I musical heritage (his ‘biological’ father a violist, an space of the orchestral palette. The figuration ex- was not trying to write his music.’ He then pricked uncle and an aunt who were composers); and grati- plodes in a myriad of irregular values that blur the up his ears and made his choices: Edgar Varèse, tude towards the adoptive country going through a temporal subdivisions. Here, the rhythmic changes Karlheinz Stockhausen (the Stockhausen of period in which cultural life was particularly intense of the Caprice produce caesuras in the solo violin Kontakte, Klavierstück X, and Stimmung), György (but this was before the dictatorship). There, they part as well as formal modifications in the orchestral Ligeti, and Luciano Berio; among his favourites, he frequented the Polish writer Witold Gombrowicz, accompaniment. also mentions György Kurtág and Salvatore Sciarrino. this friend of the family whom Strasnoy was unable The second movement faithfully follows Caprice These were references, but Strasnoy wanted to to know but whose texts he would twice set to music: no. 6. The tremolos that accompany the melody map out his own path. ‘I have no intention of be- Opérette in 2002, Geschichte the following year. with a delicate, static continuo bathe the instru- longing to a club’… Dogmatism does not enter his And there were also some powerful musical per- mental palette in a sort of halo whilst dispersing the sphere of activity. ‘The idea of school always revolt- sonalities present: Martha Argerich and Daniel myriad fragmentary echoes in a subtle modulation ed me. The artist is and must be an individual. The Barenboim, for example, and Mauricio Kagel whose of colour. history of art is made up of exceptions, not rules.’ 16 17 One can well imagine that he had little indulgence missioned by the Hamburg Opera; Un retour, a de la mémoire, Editions A la ligne): ‘I prefer the idea Orchestre Philharmonique for the Schoenberg inventor of a new language: chamber opera premiered at the Aix-en-Provence of thinking out a work as one would think out a city. de Radio France ‘Schoenberg’s dodecaphonic music is infinitely Festival; and finally, Cachafaz, Copi’s barbaric trage- The city-work proposes a work made up of several more antiquated than his free atonal music.’ Nor dy, premiered at the Théâtre de Cornouaille in Quim- works (a hyper-work), a constellation having as a Taking over the legacy of the first philharmonic would he tolerate the rules of IRCAM: ‘I fled after a per, directed by the iconoclast Benjamin Lazar, and centre an original piece round which one or several orchestra to be created in the 1930s by French fortnight. Music for standardising composers horrified revived at the Opéra Comique in Paris. Belonging to works or pieces of pre-existing works turn, forming radio, the Orchestre Philharmonique de Radio me.’ He would thus make his own choices – and the same family, since it was also staged, is the a subject from several perspectives.’ Question re- France was remodelled in the mid 1970s under refine them in the course of different ‘residencies’: Préparatifs de Noce (avec B et K) – original title: garding the Bach-Kafka conjunction: ‘How can one the inspiration of the criticisms formulated by Pierre at the Villa Médicis Outside the Walls in 1999, the Hochzeitsvorbereitungen (mit B und K) –, a surpris- bring together two works written 250 years apart?’ Boulez against the rigidity of traditional symphonic Akademie Schloss Solitude in Stuttgart (2001-02), ing (and convincing) approach in which the text of – ‘In the same way a modern building in a contem- formations. On the contrary, the orchestra can si- the Villa Kujoyama in Kyoto in 2003, and New York Kafka’s novella is confronted with Bach’s ‘Wedding’ porary city can adjoin a construction from the 18th multaneously break down into several formations in 2007, thanks to a grant from the Guggenheim Cantata. Beyond a construction, reflection: ‘If one can century.’ Finally, these proximities, these allusions ranging from a small ensemble to a full orchestra, Foundation. As for conducting, he practised it from exhume an urn and, by studying it, reconstruct a civili- and references, bring into play an essential dimen- adapting to all the configurations of the repertory th time to time, having been conductor of the Orches- sation, even more can one describe the evolution of sion for Oscar Strasnoy: memory, this memory that going from the 18 century to our time. Gilbert Amy tre du CROUS de Paris from 1996 to 1998, and hav- the world by unearthing the rituals of marriage’. This is awakened by music, stimulating the imagination and Marek Janowski were its first Music Directors. ing also conducted the Orchestre National d’Ile-de- Bach-Kafka dialogue is quite revealing about the and nurturing creation. ‘…memory is the only thing Myung-Whun Chung, who celebrated his tenth an- France, Ensemble 2e2m, and the Nice Philharmonic work carried out by Oscar Strasnoy: a construction that belongs individually and exclusively to the niversary at the head of the orchestra in 2010, can Orchestra. And even though, as a pianist, he found- – and, more precisely, the composer speaks of ‘sce- unique beings that we are.’ And also, a fine phrase: appreciate the recognition it has gained as one of ed the Quintet Ego Armand, the piano is no longer nario’ and montage. An approach illustrated by the ‘Memory is the musician’s sight’… The elaboration the most remarkable European phalanxes. Some of topical. He now concentrates all his energy on com- series of ‘Bloc-notes’, concertante pieces that ex- of an œuvre is underway, already hailed by distinc- the world’s greatest musicians have come to con- position – composition and thinking about How tend other scores in the form of sketches or deriva- tions – Prize of the Académie du Disque Lyrique for tribute their part to the work of the orchestra along- and Why… At the centre of this activity is opera but, tives. Even more is the series, four independent the recording of Hochzeitsvorbereitungen (mit B side Myung-Whun Chung, such as Pierre Boulez, dare we say, an unconventional opera in the text- pieces for orchestra: ‘Incipit’ [Sum 1], ‘Y’ [Sum 2], und K), SACEM Grand Prize in 2010 –, and prestig- Esa-Pekka Salonen, Valery Gergiev, Ton Koopman, action-music relationship. Reduced forces, explod- ‘Scherzo’ [Sum 3], and ‘The End’ [Sum 4]. And here, ious invitations: Centre Acanthes in Metz (July as well as the best conductors of the younger gen- ed text, unexpected progressions. His catalogue al- the montage is especially refined since, for each 2011), guest composer at the Festival Présences in eration such as Gustavo Dudamel, Alan Gilbert and ready boasts eight titles: Midea, a chamber opera score, it consists of evoking, in a more or less iden- Paris (2012)... Finally, as a matter of interest, let us Lionel Bringuier. The Orchestre Philharmonique premiered at Spoleto in 2000, revived in Rome, and tifiable way, references such as the final chords of point out that Strasnoy, broad in his horizons (but de Radio France is in residence at the Salle Pleyel crowned by the Orpheus Prize, thanks to Berio’s Beethoven’s Eighth Symphony in ‘The End’, inter- with no particular taste for improvisation or ‘open’ concert hall. In addition, while awaiting the opening judgement; then L’instant (ex-Ephemera), begun in woven references and homages – and it is thus that works), is interested in cabaret songs and has pro- of a new 1500-seat auditorium at the Radio France 2000 and premiered in Créteil (France) in 2008. Strasnoy, in Sum 2, pays tribute to the slow move- vided proof of this by collaborating with Ingrid premises in 2013, the orchestra is also taking part Next, were the two aforementioned Gombrowicz ment, quoting ‘Warum?’, the third piece from Schu- Caven. in the programme of the Cité de la musique, the works, Opérette and Geschichte, which were fol- mann’s Phantasiestücke, Op. 12. As concerns form, Claude Samuel Châtelet Theatre and the Opéra Comique. All these lowed by a pocket opera for countertenor and viola it is not a matter of a musical mosaic but of musical Translated by John Tyler Tuttle concerts are broadcast on France Musique and d’amore on a text by Alejandro Tantanian, pre- urban planning, as the composer emphasises in his www.oscarstrasnoy.info can be replayed on the Radio France website. Eve- miered in Buenos Aires. In 2010 came Le Bal, com- dialogue with Dorota Zorawska (Les stratifications ry month, some of these are also available through 18 19 video streaming on the ArteLiveWeb, RadioFrance Latica Honda-Rosenberg Susanna Mälkki Dima Slobodeniouk and Citedelamusiquelive.tv websites. The orchestra is also regularly screened on the France Télévisions, Latica Honda-Rosenberg is among the foremost A much sought-after artist on the international Dima Slobodeniouk combines his native Russian Arte and Mezzo TV channels. Its recording activity representatives of the generation of young violin- conducting circuit, Susanna Mälkki’s versatility roots with his years of musical study in Finland, now remains very intense and more than 300 items are ists that is now established in concert life. Winning and broad repertoire have taken her to symphony his home for over two decades. Drawing together available for download on iTunes. The orchestra’s the silver medal at the Tchaikovsky Competition in orchestras, chamber orchestras, contemporary the powerful musical strengths of these countries musicians also work with schools and children’s Moscow in 1998 paved the way for an international music ensembles and opera houses throughout has placed Slobodeniouk as one of today’s younger wards in hospitals. Together with Myung-Whun career for her. The music magazine ‘The Strad’ the world. Recent highlights have included debuts generation of deeply informed and intelligent artis- Chung, they have been UNICEF Ambassadors wrote at the time: “Her assurance and strength of with the Chicago and San Francisco symphony or- tic leaders on the podium. He demonstrates a skill since 2007. They established a ‘PhilharmonicAcad- will immediately brought Heifetz to mind. Her musi- chestras, as well as returns to the Royal Concert- across a wide range of repertoire from Schumann emy’ for young musicians in cooperation with the cal idiom and her playing are eloquent, expressive, gebouw Orchestra, Orchestre Philharmonique de and Shostakovich, through Berio, Lutoslawski, to col- ParisConservatoire.The Orchestre Philharmonique sensitive and variegated, or in short: wonderful, Radio France, and appearances with the Berliner laborations with peer composers including Sebastian de Radio France has set up a dedicated website uplifting.”Born the child of a Croatian cellist and Philharmoniker, Symphonieorchester des Bayer- Fagerlund and Lotta Wennäkoski. Guest engage- for young listeners (www.zikphil.fr). It receives the Japanese singer, Latica Honda-Rosenberg grew up ischen Rundfunks, Gulbenkian Orchestra and ments see him performing internationally with major support of its main patron, Amundi, and of other in Germany and commenced playing the violin at the Indianapolis, Pittsburgh, Seattle, Detroit, New orchestras including London’s Philharmonia Or- partners who together have formed the ProPhil as- the age of four. She became a young pupil of Tibor Jersey, Gothenburg, Swedish Radio and Finnish chestra, the Oslo, Bergen and Helsinki Philharmonic sociation. Varga at the Detmold School of Music when she Radio symphony orchestras and the Los Angeles orchestras, Orchestre National de Radio France, was nine. She continued her training with Zakhar Philharmonic. She returned to the 2012 BBC Proms Orchestre National de Belgique, the Finnish, RAI Bron in Madrid at the Escuela Superior de Música to conduct the Philharmonia Orchestra, with whom Turin, Stuttgart and Netherlands Radio Orchestras, Reina Sofia and at the Musikhochschule Lübeck. she works regularly. In April 2011 she made her de- Orchestre Philharmonique de Monte Carlo, Lucerne Performing in the series ‘Debut on Deutschland-Ra- but at La Scala, Milan – the first woman to do so and Orquesta Sinfonica de Galicia. Slobodeniouk dio’ and accompanied by the Deutsches Sinfonie- in the opera house’s prestigious history – and has also conducts regularly in the USA and will make his Orchester Berlin, she made her debut as a soloist already been invited to return. In spring 2010 she next debut there with Baltimore Symphony. at the Philharmonie Berlin in 1989. She has since conducted the world premiere of a ballet by Bruno Slobodeniouk, Moscow-born, studied violin at the appeared as a soloist with noumbreus orchestras Mantovani at Opéra national de Paris. Other opera Central Music School under Zinaida Gilels and J. in Europe and abroad. Apart from her worldwide commitments have included Der Rosenkavalier Chugajev between 1980-1989. He continued at the activities on the concert platform, since 2003 Latica and Saariaho’s L’Amour de Loin at Finnish National Conservatory’s Music Institute, Moscow in 1989 and Honda-Rosenberg has held a professorship for Opera and the world premiere of Marco Stroppa’s at the Middle Finland’s Conservatory and the Sibelius violin at the Musikhochschule Freiburg. She also Re Orso at the Opéra Comique in Paris. A former Academy under Olga Parhomenko. In1994, Slobod- gives master classes in Germany, France, Croatia, student at the Sibelius Academy, Susanna Mälkki eniouk started his conducting studies participating Slovenia, Portugal, Israel and Liechtenstein, where studied with Jorma Panula and Leif Segerstam. Pri- in the class of Atso Almila. He continued his studies she teaches on a regular bases. Since April 2009 or to her conducting studies, she had a successful at the Sibelius Academy under the guidance of Leif she received a professorship at the University of the career as a cellist and from 1995 to 1998 she was Segerstam and Jorma Panula. He has also studied Arts in Berlin. one of the principals of the Gothenburg Symphony under Ilja Musinin and Esa-Pekka Salonen. www.hondarosenberg.de Orchestra in Sweden. www.dimaslobodeniouk.com 20 21

Oscar Strasnoy Nouveautés . Last releases Œuvres pour orchestre . Orchestral Works

1 « The End » (Sum N° 4) (2006) 9’44 pour orchestre 2 « Y » (Sum N° 2) (2008, rév. 2011) 10’03 pour orchestre « Trois Caprices » de Paganini (2011) 14’13 pour violon et orchestre 3 Caprice N° 1 2’43 4 Caprice N° 6 4’47 5 Caprice N° 24 6’43 Corigliano . Carter John Cage 6 « Incipit » (Sum N° 1) (2008, rév. 2011) 8’46 American Clarinet Concertos Sonatas & Interludes pour orchestre Eddy Vanoosthuyse Cédric Pescia 7 « Scherzo » (Sum N° 3) (2005, rév. 2011) 7’51 Brussels Philharmonic . Paul Meyer pour orchestre

Orchestre Philharmonique de Radio France Latica Honda-Rosenberg, violon (3-5) Susanna Mälkki, direction (1-2) Dima Slobodeniouk, direction (3-7)

Remerciements à / Thanks to: Radio France. Avec l’aimable collaboration de/with special support of: Gérard Billaudot Editeur & Les Editions Le Chant du Monde.

Direction artistique/artistic supervision: Oscar Strasnoy. Paul Malinovski (1-2), Daniel Zalay (3-7). Prise de son/sound recording: Christian Lahondes (1-2), Joel Soupiron (3-7). Roberto Gerhard Giovanni Verrando Montage/editing & mixage/balance: Oscar Strasnoy, Dimitri Scapolan. Complete String Quartets . Chaconne Dulle Griet Enregistrement/recording: 14 et 20/01/2012, concerts de Radio France, Théâtre du Châtelet, Paris. Arditti Quartet Mdi Ensemble . RepertorioZero Direction artistique æon/æon artistic supervision : Kaisa & Damien Pousset. Photo : Dolorès Marat. Editeurs/publishers : Gérard Billaudot Editeur (2-6). Editions Le Chant du Monde (1, 7). Pierre-André Valade æon (Outhere-France) 16, rue du Faubourg Montmartre, 75009 Paris. C 2013. Imprimé en Autriche. 23 AECD 1331