1967 1984 1991 La dernière exécution par Le Messin Francis Heaulme Après 6 années d’enquête, guillotine, pour la Lorraine, a connu une vie d’errance Simone Weber est condam- a eu lieu en 1967. Gunther faite de rencontres tou- née à 20 ans de réclusion Volz a été condamné à jours néfastes pour ceux criminelle pour le meurtre mort pour meurtre et viol. qui croisaient son chemin. de son amant. G. Voltz : la dernière exécution F. Heaulme : le tueur en série Simone Weber : 31 jours de procès

numéro 3 100 ANS DE MÉMOIRE

La justice URUFFE décembre 1956 Le curé Guy Desnoyers tue sa maîtresse et son enfant en appel Un prêtre qui tue sa maîtresse et l’enfant qu’elle porte et échappe à la guillotine tandis que des doubles meurtriers sont exécutés. Deux poids, deux mesures ? Vite dit, car la justice répond d’abord à des lois humaines. On pense au mot de Le crime inconfessable Bernanos : « La justice des hommes intervient toujours trop tard… » Le célèbre chroniqueur judiciaire Lorrain, Frédéric Pottecher, grand témoin de ce numéro, explique que les actes de justice sont avant tout de grandes leçons de morale, des enseignements que l’on oublie trop souvent et trop vite. Signes des temps auxquels doit faire face l’institution judiciaire. En première ligne, hier comme aujourd’hui, la justice poursuit inlassablement son combat dans un pays qui a bien changé en trente ans. La violence, davantage contenue autrefois à quelques franges de la population, est désormais une marque distinctive de nos sociétés modernes. Personne n’échappe à ses effets. On était choqué en 1946 qu’un grand adolescent de 18 ans, Michel Watrin, puisse tuer deux chauffeurs de taxi. Aujourd’hui des « sauvageons » de 14 et 16 ans braquent une épicerie, mettent le feu à un bus ou tirent sur des policiers sans que leurs actes n’étonnent outre mesure. Et pourtant. Malgré des conditions d’exercice difficile, malgré la lenteur des procédures, c’est toujours vers la justice que les Français se tournent pour exorciser leur peur, demander protection et assurer la pérennité des Institutions. A la veille de l’an 2000 et face aux évolutions de notre société, la Justice a une double obligation : demeurer à la fois sereine et humaine. G.Sch. Témoignage Un village qui veut… oublier

En 1978, lorsque Guy Desnoyers a été libéré, après 22 ans de détention, le village d’Uruffe et ses 300 habitants, n’avaient pas pardonné. Aujourd’hui, le bourg ramassé autour de son église, entre deux collines basses, prend le parti de l’oubli. Même si l’"affaire" est toujours jugée « malheu- reuse, moins on on en parle mieux on se porte » dit une personne de la famille de l’ancien maire, Gabriel Arnould. Et de ses souvenir « qu’on a tellement souffert de cette image largement médiatisée. D’ailleurs les gens venaient à la belle saison au cimetière voir les inscriptions sur la tombe de la victime». "Ici reposent Régine âgée de 19 ans et sa fille Marie-Line, tuées le 3 décembre 1956 par le curé G.D". Depuis le décès du père, les inscriptions ont été enlevées. « Elles ont été effacées. Toute la population du village, croyez-moi, veut oublier. » grand témoin Fréderic Pottecher a rendu compte pendant soixante ans des grandes affaires criminelles . Les procès sont des leçons de morale Impossible de se tromper. LE RÉPUBLICAIN LORRAIN. - Com- lèbres dont je partage le casse-croûte de R.L. - Vous ne cachez pas votre pro- judiciaire pratiquée il y a une vingtaine Cette belle voix grave, qui ment êtes-vous devenu chroniqueur judi- midi dans un petit bistrot parisien. fond respect pour le monde judiciaire. d’années ? prend vite une somptueuse ciaire ? R.L. - Durant tout votre longue carrière Est-il pour autant exempt de critique ? F.P. - Paradoxalement, tout allait plus vite FRÉDÉRIC POTTECHER. - En 1936, un de chroniqueur judiciaire, vous avez ré- F.P.-Ç Pas touche à la justice ! Même si qu’aujourd’hui. Le procès durait 2 à 4 jours ampleur dramatique, ne peut crime horrible défraye la chronique, celui fléchi longuement sur la vérité, le men- les lois changent Ð par exemple une fai- et durant cette période c’est la vie qui défilait appartenir qu’à Frédéric d’un fils de bonne famille qui a tué un oncle songe, la bonté et le crime. Quelles sont seuse d’ange, une avorteuse était condam- devant les yeux du public. C’était aux chroni- Pottecher, ce Vosgien qui, bijoutier pour pouvoir acheter de la drogue à les affaires qui vous ont le plus marqué ? née lourdement jadis alors que maintenant queurs d’en traduire les vertus, d’en extirper sa maîtresse. Et voilà qu’on me lance : F.P. - Ç Difficile de choisir. Si le procès la pilule et l’avortement légalisé ont totale- à la radio ou à la télévision, les défauts, le mal. C’était une vraie leçon de Ç Mon petit Pottecher, vous qui aimez le Eichmann à Jérusalem, celui de Gaston Do- ment dépénalisé ce délit – la justice reste. morale qui se déroulait en direct et que les a relaté avec talent les grands théâtre, pourquoi n’allez-vous pas aux as- minici à Digne et Marie Besnard à Bordeaux La violence, elle, ne changera jamais. Il y médias retransmettaient, par les ondes, à procès d’assises de ces sises. Allez voir cette tragédie. On passera m’ont passionné, je reste encore profondé- aura toujours des crimes. Les magistrats votre papier ». Tout a commencé ainsi. ment troublé par le crime du curé d’Uruffe. dont j’ai le plus grand respect sont une né- des millions d’auditeurs et téléspectateurs soixante dernières années. C’est le hasard de la vie car je me voyais Eichmann, c’était une tragédie terrible, Do- cessité pour les démocraties. Il faut leur fascinés mais aussi, croyez-moi, édifiés. A l’aube du XXIe siècle, à 94 plutôt comédien. Je débute en effet comme minici un mystère qui relève de l’intelligence donner les pouvoirs qu’ils réclament car ce Alors dommage que les procès soient au- ans, le célèbre chroniqueur journaliste en proposant une enquête sur d’un patriarche et de la lâcheté de ses fils, sont "des gens bien". Des hommes et des jourd’hui banalisés, retardés ou simplement judiciaire porte sur des accidents dans les mines de charbon de Marie Besnard, un vrai roman de Balzac. femmes vraiment utiles à la société comme trop longs… Souvent aussi le verdict n’est Lorraine à la fin des années 20. A l’"Oeuvre" Mais Uruffe c’est vraiment abominable. Il a l’étaient les grands procès et la "mise en pas connu immédiatement ou la condamna- l’institution judiciaire le puis à "Paris Soir", j’apprends mon métier, eu de la veine le gars, car il a échappé à la scène" qui les accompagnait naguère È. tion finale est reportée par le jeu de procé- regard d’un sage. interviewant Matisse et d’autres artistes cé- condamnation à mort È. RL. - Vous semblez regretter la forme dures interminables. Oui, dommage ! È. 2 Les grandes affaires criminelles numéro 3

ULTIME décembre 1967 Me Michel Hellenbrand, avocat du dernier condamné à mort GUILLOTINE novembre 1930 Jusqu’en 1930 pour la Moselle, les et exécuté en Moselle, témoigne. exécutions ont encore lieu devant la prison à Metz. Exécution publique «En cinq secondes, tout était fini» Roman DASKOWSKI a eu le triste privilège d’être le dernier, en Moselle, a être guillotiné en public. « Le pire souvenir de ma vie professionnelle ». C’est ainsi que Me Michel Hellenbrand présente l’exécution de Gunther Volz, L’histoire du sujet Ernest Vesque. Il le trouve poursuite, il est bientôt re- polonais Roman Das- à son bureau et tire sur lui joint par les gendarmes le 16 décembre 1967, à 5 h. La dernière fois où la peine capitale kowski commence en à plusieurs reprises. At- qui arrivent finalement à le a été appliquée en Moselle. 1929 quand ce tourneur teint de quatre balles, le maîtriser non sans que est embauché dans celui-ci ait encore « L’instruction a été déjà l’expérience des as- fille. » Comme le redoutait était doux comme un une entreprise à Knu- réussi à blesser l’un rapide, le procès a eu lieu sises. « J’étais contre la l’avocat, la peine capitale a agneau. Il s’est lavé, ha- tange. Il fait alors par- de ses poursuivants trois mois à peine après les peine de mort, qu’on appli- été prononcée. billé, rasé, malgré ce que tie d’une équipe tra- d’un coup de feu à la faits » se souvient Michel quait toujours dans des cas Moins de six mois plus pouvaient avoir de gro- vaillant sous les cuisse. Hellenbrand, commis d’of- où l’exemplarité ne jouait tard arrive l’exécution. Un tesque ces préparatifs. Il a ordres du contre- Ayant reconnu les fice à la défense de Gunther pas. J’ai dit aussi aux jurés pourvoi en cassation a été demandé une messe à l’au- maître Ernest Vesque, faits qui lui sont re- Volz violeur et meurtrier qu’ils devraient assumer la rejeté, puis Me Hellenbrand mônier, il a communié. On pour le compte des prochés et dit avoir d’une fillette de 9 ans en mort de Volz : il était im- est allé demander la grâce lui a proposé la cigarette et usines de Wendel. assassiné Vesque mars 1967, à Basse-Yutz. A pensable que de Gaulle gra- présidentielle à l’Elysée, en le verre de rhum du Le lundi 13 mars 1967, Congédié puis réem- par vengeance, Das- l’époque, il avait à peine cie un déserteur de la Lé- jouant « la seule carte pos- condamné, il a refusé. Les Gunther Volz, 29 ans, se bauché, Roman a vite kowski, reconnu « en- cinq ans de barreau, mais gion, meurtrier d’une petite sible : une lettre de l’abbé aides du bourreau ont dé- rend chez des montré une vive ani- tièrement respon- Mourer, l’aumônier de la coupé en rond le col de sa connaissances à Basse- mosité envers le sable de ses actes » prison, favorable à cette chemise, lui ont ligoté les Yutz, la famille de Jean contremaître par passe devant la cour grâce. » Mais dix jours mains et les pieds. Cela se Kintzinger, un maçon de ailleurs très éner- d’assises de la Mo- après, le recours en grâce passait dans une petite 39 ans père de cinq gique envers les ou- selle en juin 1930. est rejeté. pièce communiquant par enfants. Il déclare vouloir vriers placés sous Ce fils d’un tailleur de « Le parquet m’a avisé une porte avec la cour. Et, rencontrer l’institutrice ses ordres. Début no- Varsovie, qui a beau- que l’exécution aurait lieu alors que tout ce cérémo- de l’école mais ne pas en vembre 1929, la caté- coup erré en Europe le lendemain, en me de- nial avait été interminable, connaître l’adresse. gorie à laquelle appar- dans les années 10 mandant de tenir la nou- en cinq secondes le sort de Il arrive à convaincre la tient Daskowski doit et 20, est condamné velle secrète… On s’est Volz a été réglé : un aide mère de Solange que subir une diminution à mort le 27 juin. Le donc retrouvé à 4 h, au du bourreau l’empoigne, un l’aînée de 9 ans de salaire. Malgré 25 novembre 1930, greffe de la maison d’arrêt. autre ouvre la porte der- l’accompagne sur son une proposition de vers 6 h, rue Maurice- Il y avait le président de la rière laquelle se dresse la cyclomoteur pour lui changer de poste Barrès à Metz, devant cour, Félix Lévy, l’avocat guillotine, on le projette sur montrer le chemin. Le soir pour bénéficier d’un la prison départemen- général Alphonse Fiegel, une planche, la planche venu, la fillette n’est pas travail plus rémunéra- tale, il est guillotiné. l’abbé Mourer, le directeur bascule, on entend la lame rentrée et le père teur, Roman envisage C’est la septième fois de la prison, le bourreau et tomber. Et c’est fini. Je n’ai s’inquiète, retrouve Volz de quitter son entre- que la guillotine vient ses aides. Nous étions pas- pas eu l’envie de voir la dans une taverne. Ce prise mais seule- dans la cité pour des sés par l’entrée principale, tête dans le panier, merci dernier lui assure qu’il a ment, dit-il, après exécutions capitales. rue Maurice-Barrès, alors bien ! » déposé Solange devant le s’être vengé de son an- contremaître s’effondre. Après les criminels Béna, que la guillotine – les bois Quel impact a eu sur lui domicile et disparaît. Il cien contremaître. Le 12 Le meurtrier recharge Fleisch, Schneider, Labes- de justice, comme on disait cette exécution ? « Quand est retrouvé le mercredi novembre, il se lève à 5 h alors son arme et prend la cheska, Marcel Sinn et – avait été amenée dans la on assiste à un tel événe- alors qu’il tente de et met dans sa poche un direction de Thionville où Herbivo, de Conthil, cour de la prison par la ment, on n’a pas un poil de pénétrer au Grand Duché pistolet automatique deux gendarmes le pis- l’heure de l’expiation a porte de la rue Saint-Gen- sec et on est blême… » de Luxembourg. Il avoue acheté quelques jours au- tent. Se voyant découvert, sonné pour Daskowski. Ce alors avoir assassiné la paravant et se dirige vers Daskowski tire sur les sera aussi la dernière fois Me Michel Hellenbrand (au 1er plan), goulf. Nous sommes allés Trente deux ans plus tard, au procès de la « bande à Zep È ; réveiller le gars dans sa Michel Hellenbrand fillette après l’avoir l’usine Saint-Jacques à forces de l’ordre qui ripos- qu’une exécution publique violentée. Nilvange où il sait trouver tent. Après une course aura lieu à Metz. au second plan, face à face, cellule, avec des gen- conserve intact le souvenir Me René Floriot et le bâtonnier darmes prêts à le maîtriser de cette fin de nuit pathé- Jamais il ne manifestera Paul Hamann. s’il se révoltait. Mais Volz tique. regret ou remords.

témoignage bourreaux Quel singulier métier que celui de bourreau où l’on retrouve des Lorrains. faits et chiffres

Dernier Lorrain exécuté Le dernier Une affaire de familles publiquement : - Camille Marcel CHARBONNIER, Le 17 juin 1939, la dernière exécution publique pour la a lieu à Paris. condamné à mort le 16 mars 1938 pour voyage du meurtre et vol qualifié, exécuté le 15 juin Le bourreau, ou plutôt l’exécuteur en chef des arrêts criminels, s’appelle 1938 dans les Vosges. camarade Henri Desfourneaux. Derniers exécutés Le 1er janvier 1833, un ancêtre, Pierre Emma- Le 22 juillet 1952, André Obrecht vient exécuter à publiquement pour chaque d’école nuel Desfourneaux, est nommé à Metz. Et c’est Metz Eugénio Cocchi, condamné pour avoir assassiné département : ainsi que les Desfourneaux viennent s’installer en deux femmes dans la cité. La Moselle n’est pas un - Meurthe-et-Moselle : François SALVA- Le 30 Lorraine. Cette région ne leur était pas étrangère. La département inconnu pour André Obrecht. La famille DOR condamné à mort le 25 octobre 1924 octobre mère de Pierre Emmanuel est en effet la fille du de sa mère, née Juliette Rogis, est en effet originaire pour assassinats. 1953, la bourreau de Verdun. de la Moselle. Au cours de sa carrière, durant laquelle - Meuse : Lucien Charles LOUIS Pierre Emmanuel Desfourneaux épouse, lui, tradi- il participe à 322 exécutions, André Obrecht vient condamné à mort le 14 avril 1932 pour as- dernière tion oblige, une fille de bourreau dont le père exerce trois fois à Metz comme « chef ». Le 22 juillet 1952, sassinat et vol qualifié. exécution à Epernay. Sa femme meurt à Metz en 1834. Il se puis le 17 février 1953 pour exécuter Ameur Mes- - Moselle : Romain DASKOWSKI capitale remarie avec la fille de l’exécuteur de Saint-Mihiel. saoud, condamné pour un double assassinat et enfin condamné à mort le 27 juin 1930 pour as- a eu lieu De ce mariage naît un fils, Nicolas, qui quitte la pro- le 16 décembre 1967. Ce jour-là est exécuté le der- sassinat, coups et blessures. à Nancy. fession et se fait tailleur. C’est ce dernier le père nier condamné à mort de la Moselle. Il s’agissait de - Vosges : Camille Marcel CHARBONNIER d’Henri Desfourneaux, né à Bar-le-Duc le 17 dé- Gunther Voltz, condamné pour avoir assassiné une condamné à mort le 16 mars 1938 pour L’avocat cembre 1877, est nommé exécuteur en chef en fillette de 9 ans à Basse-Yutz, dans d’horrible cir- meurtre et vol qualifié. Roger 1939. constances. Souchal La dernière exécution publique de France est Lorsqu’en 1976, après l’exécution de Christian Ra- 29 juin 1939 : le public n’a plus se aussi la première du nouveau bourreau en chef qui nucci, André Obrecht cesse ses fonctions, c’est son le droit d’assister aux exécutions rappelle. allait poursuivre sa carrière jusqu’à sa mort en neveu et aide qui lui succède. Imprimeur de métier, 1951. Une nouvelle fois, le problème de la succes- Marcel Chevalier ne fait fonctionner le couperet que Le nombre de condamnations sion se pose. C’est alors que se présente André Marcel Chevalier deux fois avant que la peine capitale soit supprimée Si les exécutions en public Obrecht, cousin d’Henri. du Code pénal français. à mort prononcées de 1923 ont cessé depuis 1939 à Nancy, à 1981 en Lorraine : 114. celle du 30 octobre 1953, dans l’enceinte de la maison d’arrêt Charles III, est la dernière qui a eu lieu pour la Meurthe-et-Moselle. Ce WATRIN décembre 1946 Un jeune verdunois tue deux chauffeurs de taxi matin-là, Me Souchal, jeune avo- à Metz et à Mâcon. cat, s’est retrouvé à 5 heures de- vant la prison nancéenne. 46 ans après, le vice-président du conseil général des Vosges se souvient. Deux fois assassin à 18 ans Dans les couloirs menant à la cellule du condamné un homme de 29 ans, marié et père de deux en- L’affaire Watrin évoque tout à la fois le crime fants, jugé deux ans auparavant odieuxl’assassinat d’un homme sans défense, par la cour d’assises des Vosges pour voir tué à coups de pistolet un d’un chauffeur de taxi immobilisé à son volant, enseignant et son épouse, Me Sou- Me Paul Wiltzer chal ne peut s’empêcher de penser et l’enfance désastreuse d’un adolescent qui tombe au premier plan au destin de cet homme qui avait dans les écueils d’une vie trop facile. et sa fille Irène été son voisin et de sa victime, un à gauche directeur d’école qu’il a aussi connu. En 1946, Michel Watrin, 18 fait une embardée, et le jeune as- A signaler que M. Becker, la « Je connaissais bien mon client. ans, domicilié à Verdun, veut se sassin va chercher de l’aide, en victime de l’assassinat, était Irène Taron-Wiltzer : « Bouleversant » Nous avons fréquenté la même procurer de l’argent et l’idée lui l’occurrence deux soldats qui, âgé de 56 ans et demeurait à école. On se tutoyait. La victime, vient de s’emparer d’un taxi. Quit- sans méfiance, sortent le véhi- Metz-Queuleu. Son fils et l’as- « La salle d’audience s’agitait, le public donné beaucoup de mal. Il a axé sa plaidoi- M. Joseph Joly, a été mon direc- tant cette ville le 4 décembre par cule du champ où il est allé atter- sassin ont été, à l’époque, ca- insultait l’accusé. Le président a fait mo- rie sur le jeune âge de l’accusé, et sur le teur, un enseignant qui a formé de le car, il descend au café Driant, à rir. marades de collège sur les mentanément évacuer la salle pour rame- fait qu’il était un enfant de la guerre, gâté sacrées générations ». Gravelotte, prend un cognac en re- Le taxi piloté par Watrin dé- bancs de Saint-Joseph. ner le calme… Pour mon premier procès par sa mère et à qui l’autorité du père, pri- Me Souchal se rappelle encore gardant par la fenêtre. Peut-être marre, mais peu après, un acci- Ajoutons que M. Watrin père, criminel, c’était une réussite ! » Irène sonnier en Allemagne, avait manqué… Wa- que le condamné a refusé le verre guettait-il déjà une victime ! Il dent l’oblige à l’abandonner dans armurier à Verdun, a été Taron-Wiltzer, alors avocate stagiaire au- trin s’était extraordinairement rédimé pen- de rhum et la cigarette. Sa dernière gagne Metz en faisant de l’auto- un fossé, aux portes de Verdun. condamné en correctionnelle près de son père Paul Wiltzer, faisait ses dant ses deux années de prison préventive. volonté : lui parler. « Un temps qui stop. En ville, il attend le soir et Le meurtre avait rapporté fort pour avoir tenté de faire évader débuts aux assises. Elle était tombée sur L’aumônier de la prison de Nancy, le père m’a paru durer une éternité tant s’adresse à un taxi stationné de- peu de chose. Watrin disparait son fils, en plaçant un revolver « un procès à sensation ». « Watrin n’avait Brandicourt, avait été son aumônier scout. ce moment a été dense ». Et puis, vant la gare qui refuse. Un peu alors de la cité meusienne pour se dans une oie destinée à un ca- que 18 ans et 3 mois, et c’était le fils d’un Il a maintenu le contact avec lui et a été le l’ultime signe de croix, la chemise plus tard, Watrin demande à M. rendre dans la région lyonnaise, à marade de cellule du jeune dé- commerçant aisé de Verdun, explique-t- témoin de sa rédemption. D’ailleurs, il a cé- échancrée, l’avancée rapide vers la Becker, un autre chauffeur de taxi Mâcon où, opérant de la même voyé. La tentative a avorté. elle. Des deux chauffeurs de taxi qu’il lébré la dernière messe avant l’exécution, guillotine, le couperet qui tombe. messin, de le conduire à Verdun. façon, il assassine un autre chauf- Michel Watrin, jugé à Metz avait tués, celui de Metz, un nommé Bec- avec Watrin lui-même comme enfant de Le courage, le calme du Il est près de 19 heures lorsque feur de taxi. Il peut conserver la pour le crime de Gravelotte, a ker, avait un fils que je connaissais bien chœur. Le condamné a fait don de ses yeux condamné, un client qui « par cette le taxi aborde une montée au-delà voiture et l’amène à Paris pour la été condamné le 9 mars 1949 à car il était étudiant à Nancy en même à la science, cela aussi a frappé l’opinion. dignité, de Gravelotte. Watrin dit alors au vendre. C’est dans la capitale mort. L’assassin a accueilli le temps que moi. A cause de la mort de son Le professeur Thomas est venu de Nancy s’est racheté de ses chauffeur : « Ralentissez… fautes ». qu’il se fait arrêter. Interrogé par verdict avec calme. Il a été père, il a du arrêter ses études de méde- prélever ses yeux aussitôt après l’exécu- klaxonnez. J’attends un ami !… » la police, il reconnaît non seule- guillotiné le 12 juillet 1950 en cine pour reprendre le taxi. » tion… Pour l’autre meurtre, Watrin avait été A ce moment, Watrin tire sur ment le crime de Mâcon, mais ayant légué ses yeux à la Irène Taron-Wiltzer se souvient d’un pro- jugé à Châlons-sur-Marne, et une seconde M. Becker qui s’écroule. Le taxi aussi celui de Gravelotte. science. cès « bouleversant ». « Mon père s’est fois condamné à mort. » numéro 3 Les grandes affaires criminelles 3

CURE D’URUFFE décembre 1956 Guy Desnoyer tue sa maîtresse et l’enfant qu’elle porte. MARSAL novembre 1968 Deux enfants disparaissent. Gravé dans les mémoires Un soldat est étranglé avec sa fourragère près de Enigmatique Un drame retentissant Biding (57). Les coupables : le caporal BEN AISSA et le A Marsal, 1939 soldat BOUAITA. Ils sont près de condamnés à mort. Château- Marcel Wagner, le sadique Salins, Une jeune femme et son enfant tués par un curé. Tel est le "terrible" messin, est condamné à 5 drame qui a secoué l’opinion publique des années cinquante. ans de réclusion et 20 ans vit d’interdiction de séjour, pour agressions sexuelles. 1951 Maurice Uruffe, à quelques kilomètres de crime, retrouvent l’arme, un 22 LR, au Gérard, Vaucouleurs et de Vannes-le-Châtel, presbytère. Exécution capitale pour «un mage» est niché au fond de la vallée de Arrêté, Guy Desnoyers passe aux Eugenio Cocchi, alias Miglia- l’Aroffe, au pied des Côtes de Meuse. aveux. Ayant séduit Régine au cours rini. En 1950, à Metz, il a qui, il y a Le 3 décembre 1956, Régine Fays, des répétitions de la troupe de 1952 assassiné à coups de ci- trente ans, une jeune fille de 19 ans, annonce à théâtre qu’il a créée, il ne peut sup- seaux deux femmes. sa mère qu’elle va faire une course. Il porter l’idée d’être le père de l’enfant faisait la fait déjà sombre et la maman émet le qu’elle attend. Ni celle que cela Marcel Legrand, le bour- "une" de souhait qu’elle se fasse accompagner puisse se savoir. Il pense au suicide reau d’enfant de , est tous les par sa sœur, en raison de son "état". mais n’en a pas le courage, veut tout condamné par la cour d’as- journaux. Elle attend en effet un enfant dont le révéler à sa hiérarchie religieuse mais sises de Meurthe-et-Mo- 1971 village ignore qui est le père. Un ne demande finalement qu’une muta- selle, à 20 ans de réclusion. Des fouilles qui se sont révélées infructueuses. homme « qui ne peut pas m’épouser » tion. a dit Régine. Le 3 décembre, il prend pourtant Le Président de la Répu- L’histoire dite du "mage de En janvier 1969, Maurice Gé- Après être passée chez l’épicier, Ré- une décision. Funeste. Donnant ren- blique Georges Pompidou Marsal" est de celles dont on se rard et son épouse sont arrêtés gine laisse sa sœur chez sa grand- dez-vous à Régine, à la sortie du vil- annonce le rétablissement souvient. Il est vrai qu’elle a de pour défaut de soins à enfants. mère, avant de s’éloigner, seule sur la lage, il l’emmène dans sa voiture. 1972 de la Cour d’Appel de Metz. quoi interloquer, étonner ne se- L’instruction cependant tourne rait-ce que par l’ambiance de dans le vide : malgré d’impor- route, à pied. Il est 20 heures quand Quand celle-ci, effrayée à la vue du mystère, de magie, qui a en- tantes recherches et des les parents s’inquiètent de ne pas la pistolet dans la boîte à gant, s’enfuit, Jean Flauder, 51 ans, no- touré cette affaire qui met en fouilles sur une vaste échelle, voir revenir. Le maire est alerté et les il la rattrape pour lui tirer une balle taire de Cons-la-Grandville scène un homme, Maurice Gé- aucune trace des enfants, au- recherches commencent avec les gen- dans la nuque. Ne s’en tenant pas là, (54), est tué de six balles de rard, le "swami Matkormano" et cune revendication des ravis- darmes, les pompiers et le curé. Ce il éventre sa victime à l’aide d’un révolver. En 1989 est arrêté une femme, son épouse, la seurs. On décide alors de dernier, Guy Desnoyers, natif de Ger- canif pour en extraire un fœtus de Arnaud Thomas-Chevallier, grande "prêtresse Alféola". confier le couple aux psy- bécourt, 37 ans, met sa 4 CV à dispo- sexe féminin, vivant. Il le baptise puis notaire à . Le 29 1980 Un rappel des faits est édi- chiatres. Dans un premier exa- sition, battant les routes de campagne il plante la lame dans son cœur, zé- mars 1995, il est condamné fiant sur le sujet. men, ils sont décrits comme pour retrouver la disparue. Vers deux brant encore le visage pour le défigu- à 18 ans de réclusion crimi- Dans la nuit du 23 novembre « déments dangereux » mais heures du matin, sur la route de rer. nelle pour meurtre "sans 1968, Maurice Gérard sonne à une contre-expertise atténue for- Pagny-la-Blanche-Côte, la 4 CV roule Guy Desnoyer lors Jugé deux ans plus tard, en janvier préméditation". sur 3 à 4 km avant que le curé ne de la reconstitution 1958, Guy Desnoyers a été la porte de la gendarmerie de tement le diagnostic. En janvier fasse demi-tour, persuadé, dit-il aux condamné à la réclusion à perpétuité Deux enfants de 8 ans, Vic-sur-Seille et explique aux fac- 1970, le juge d’instruction autres occupants du véhicule, qu’il ne alors que la foule, nombreuse et hou- Cyril et Alexandre, partis tionnaires que deux de ses en- remet en liberté provisoire Mau- trouvera rien. Mais bientôt, dans les Son enfant gît entre ses jambes, tué leuse au Palais de Justice de Nancy, jouer sur le talus de la voie fants ont disparu. Enlevés. Il rice Gérard, alors assisté du cé- phares, se dessine un corps. Au bord lui aussi à coups de lame et défiguré. réclamait la peine de mort. ferrée à Montigny-lès-Metz, s’agit de Pascal, 3 ans et de Ga- lèbre avocat Me Floriot, après de la route, le spectacle est horrible. L’enquête est rapide. Les gen- Après 22 ans de détention, il a ob- 1986 sont assassinés. Le cou- briel,6 ans. « Mes ravisseurs 53 semaines de prison. En pable, Patrick D., 16 ans, vont certainement se servir 1974 le mage bénéficie d’un Régine a été tuée d’une balle dans la darmes, en possession d’une douille tenu une libération conditionnelle et vi- est condamné à la réclusion d’eux pour faire pression sur non-lieu. nuque mais elle est aussi éventrée. de balle, ramassée sur les lieux du vrait depuis dans une abbaye. criminelle à perpétuité. moi et m’obliger à livrer mes Après avoir réclamé sa réhabi- secrets permettant d’entrer en litation d’un procès qui n’a pas Vincenzo Aiutino, avoue le contact avec l’invisible, » dit eu lieu, Maurice Gérard, qui a HEAULME 1984-1992 La saga d’un tueur en série messin meurtre de trois femmes encore Maurice Gérard. vécu à Paris tout en revenant ré- disparues dans les environs C’est bien vrai. Les gen- gulièrement à Marsal, a conti- de Longwy depuis 1991. darmes constatent que Pascal, nué à écrire des ouvrages "éso- Jugé en 1998, il est 1992 3 ans et Gabriel, 6 ans, ne sont tériques" comme celui Crédit ouvert à la banque du crime condamné à la réclusion cri- plus au domicile, un ancien hô- d’octobre 1982, au titre évoca- minelle à perpétuité. pital militaire des troupes de teur : "Faites jaillir votre puis- Malgré ses mâchoires de grenouille édentée, quand il mord, Le 1er janvier, "Le Palla- Louis XIV transformé en un sance magique de santé, de lon- il tue. C’est un tueur en série. dium" est mitraillé à la ka- « ashram » et consacré aux gévité, de prospérité, de lachnikov. Trois morts : le cultes né-orientaux. spiritualité". Francis Heaulme, né à Metz il Brest pour celui de l’infirmière, per- gérant, un barmaid et un y a 40 ans, n’a jamais eu un par- pétuité à Metz pour avoir poignardé 1998 client. L’auteur présumé est cours « créneau ». Alcoolique dès à mort la jeune Laurence Guillaume, arrêté quelques jours plus témoignage dix-sept ans, orphelin de mère à acquittement à Périgueux où il était tard à Nice. vingt-quatre, il commence alors une accusé du meurtre d’un jeune mili- vie d’errance sur les routes de taire. Les autres affaires sont en Ont collaboré à ce numéro préparé par Un Marsalais tranquille France. Mais son itinéraire est aussi cours, à Pont-à-, Reims, Jean MARZIOU et Gaston SCHWINN : Isa- fait de rencontres. Néfastes pour Boulogne-sur-Mer, etc. : un compte belle FERET, Jean-Claude HAUCK, Monique « Ça fait plus de vingt ans qu’il est revenu à Marsal, dans sa maison ceux et celles qui croisent son che- ouvert au guichet du crime RAUX, Richard SOURGNES. de la rue du Gouvernement », témoigne un habitant du village, surpris min de hasard. L’assassinat d’une Me Gonzalès de Gaspard, son fi- Nos remerciements aux Archives Départe- que l’on s’étonne. Maurice Gérard et Sylvie, sa femme, n’ont jamais infirmière sur une plage bretonne dèle avocat, chemine au côté de mentales de la Moselle, au Musée de la changé d’adresse, et mènent une vie tranquille, loin des tumultes de amène les gendarmes à s’intéres- son vagabond de client, sans trop Cour d’Or à Metz, à Mlle JOURDAN du Ser- la ville. « Un Marsalais pure souche, témoigne un passant, ses pa- ser à son passé récent. Le routard savoir s’il défend un dément ou un vice Archives du Ministère de la Justice à rents avaient une exploitation agricole, reprise depuis par son frère ». paumé a quelques cadavres dans démon. Il a mis le doigt sur la mala- Paris, à M. DUROCHE Substitut du Procu- Lui a hérité d’une demeure. Ici, tout le monde le connaît. Lorsque le son sac à dos. Dix selon les uns, die de Klinefelter, une anomalie reur Général près de la Cour d’Appel de temps le permet, il aime se promener autour des remparts de la cité huit selon les autres. De 1984 à chromosomique qui afflige Heaulme Metz, à M. SCHWINDENHAMMER Directeur et sur les chemins environnants. Père de plusieurs enfants, il est par- 1992, cet homme à face de murène et pourrait, pense-t-il, atténuer la du Centre Pénitentiaire de Metz. fois accompagné dans ses balades par deux de ses petits-enfants ; est passé entre les mailles de tous responsabilité de ce « serial killer » Photos du Musée de la Cour d’Or de selon un riverain, « les petits habitent en région parisienne et viennent les filets. à la psychologie qui défie les ex- Metz, de l’AFP, de l’agence Sygma et du régulièrement passer les vacances à Marsal ». A 70 ans, Maurice Gé- Son parcours le mène enfin de- perts. Fonds Documentation du REPUBLICAIN rard reste un grand-père comme les autres, poli, discret, bien intégré vant diverses juridictions d’assises. La société voudrait le vomir. Sa LORRAIN. au voisinage. Aux beaux jours, quand les fenêtres sont ouvertes, on Réclusion criminelle à perpétuité sœur Christine le défend sans faillir. Documentation : Véronique PRETRE. entend sa machine à écrire crépiter dans le silence de la campagne : dans le Var pour le meurtre du petit Rappelons-nous qu’il s’agit d’un hu- « Il doit écrire ». Il s’agirait de ses mémoires selon une personne à Joris Viville, 20 ans de réclusion à main. Prochain thème : qui il a confié ce "secret". La Charbon

GRÉGORY OCTOBRE 1984 La mort tragique d’un garçon de 4 ans. LAURENCE mai 1991 WEBER JUIN 1985 Elle empoisonne puis dépèce son amant. Qui a fait quoi ? La guerre de Simone Feuilleton judiciaire Laurence Six années d’enquête, de rebondissements, Guillaume, un destin de recherches, de crises de nerfs. Le 16 octobre, le corps d’un enfant de quatre ans, Grégory Villemin, tragique sur le A Nancy, le 28 février 1991, après un Le poison pour le neutraliser, puis la est découvert sans vie dérivant au fil d’une petite rivière : la Vologne. chemin procès qui avait duré 31 jours, exactement mort et l’horrible scène de dépeçage à la du «serial le temps de la guerre du Golfe, Simone meuleuse à béton, pendant toute une nuit, Une vallée typique darmes en cours d’en- killer» Wéber était condamnée par la cour d’as- avant de disperser les morceaux du corps vosgienne va se trouver au quête, au profit de la police sises à 20 ans de réclusion criminelle pour dans des sacs poubelle et le tronc noirci centre d’un feuilleton judi- judiciaire. le meurtre de Bernard Hettier son amant. dans une valise tachée de peinture bleue ciaire qui, pendant près de Jean-Marie Villemin se Une jeune fille de Elle était relaxée de l’assassinat par empoi- du côté de Poissy près de Paris. Car c’était 10 ans, tiendra le monde venge de la mort de son fils 14 ans, Laurence- sonnement à la digitaline de Marcel Fixard, pour Bernard Hettier une histoire d’amour entier en haleine. en abattant Bernard La- Guillaume, domiciliée à l’octogénaire. trahi sans Grégory a été enlevé de- roche d’un coup de fusil le Servigny-lès-Sainte-Barbe, On raconte doute, de vant le pavillon de ses pa- 29 mars 1985. Il se rend quitte la Foire de mai à qu’elle en vou- vengeance, rents, assassiné et jeté à aussitôt aux autorités et le Metz en scooter. Peu lait beaucoup aussi de l’eau avec les pieds et les juge l’emprisonne fort logi- avant l’entrée de la loca- à Saddam de dépit amou- poignets entravés. Cette quement. Ensuite, Jean-Mi- lité, un véhicule la rat- lui avoir volé le reux. Fixard, mort indigne fascine instan- chel Lambert met en exa- trappe, piloté par son devant de la c’était diffé- tanément les médias qui men Christine Villemin qu’il cousin Michel Guillaume scène média- rent. Marcel débarquent dans les incarcère pour homicide vo- et où se trouve Francis tique… Epi- Fixard, l’aler- Vosges en masse, cer- lontaire. Les avocats de la Reconstitution Heaulme. logue d’une te officier de taines équipes de télévi- jeune femme obtiennent sa devant la Vologne. Les deux hommes for- longue, très la coloniale sion arrivant des Etats- libération au bout de dix cent la fille à monter dans longue affaire en retraite, Unis, du Japon et même jours. d’appel de Dijon ordonne ment. Un procès de 6 se- la voiture. Dix kilomètres judiciaire, avait été d’Australie ! 17 mars 1987, la cour de un non-lieu en faveur de maines qui a repris minu- plus loin, ils la jettent menée par subjugué par On apprend bientôt que cassation casse l’arrêt de Christine Villemin le 3 fé- tieusement l’affaire pour dans un champ de maïs et deux protago- cette Mo- la famille Villemin était, de- renvoi devant les assises vrier 1993. Il s’agit d’une exorciser les errements de lui imposent leurs volon- nistes de ca- nique, qui puis des années, la cible prononcé par la Chambre mesure d’exception car le l’institution judiciaire. tés avant de la tuer de plu- ractère, le juge se disait d’un corbeau malfaisant d’accusation de la Cour non-lieu n’utilise pas la for- Condamné à 5 ans d’empri- sieurs coups de couteau. Gilbert Thiel, prof de philo multipliant les lettres et les d’appel de Nancy et fait mulation traditionnelle « il sonnement dont un avec Plusieurs années après et … Simone, l’inflexible. Six années d’en- en retraite, s’était vieillie de 15 ans, et appels téléphoniques ano- transférer le dossier devant n’existe pas de charge suf- sursis, Jean-Marie Villemin, le crime, alors que l’en- quête, de rebondissements, d’exploration savait si bien s’occuper de lui. Elle s’était nymes. Le juge Lambert, gi- les magistrats dijonnais qui fisante » pour lui préférer qui avait effectué 33 mois quête piétinait, Francis de cimetières, de crises de nerf entre le surtout occupée de ses propres intérêts. rouette judiciaire, mène ordonnent un supplément une affirmation moins am- de détention provisoire, a Heaulme lâche une infor- juge et l’accusée ont précédé ce verdict. Six Et le vieux militaire s’était retrouvé marié l’instruction au gré de ses d’information. Le juge Mau- biguë : « Il n’existe pas de été libéré le 30 décembre mation et vend son com- années au cours desquelles Simone, tour à à son insu. Un faux testament avait légué très versatiles états d’âme. rice Simon se penche sur la charge contre Christine Vil- de la même année. plice. En septembre tour enjôleuse, ou inquiétante, et qui a usé tous ses biens à Simone, et, en mai Il inculpe Bernard Laroche, copie de son jeune collègue lemin ». Depuis, Christine, Jean- 1995, il sont traduits de- une quinzaine d’avocats, a lutté pied à 1980, il devait être terrassé par une crise un cousin du père de l’en- vosgien et rectifie, une à Sur ces base nouvelles, Marie et leurs trois enfants, vant la Cour d’assises de pied, protestant toujours de son innocence. cardiaque. Mais à quatre-vingts ans pas- fant dénoncé par sa nièce une, les erreurs de procé- le procès de Jean-Marie Vil- vivent discrètement dans la la Moselle. Une peine de L’accusation a établi que le 22 juin 1985, perpétuité vient assombrir sés, on n’a plus le cœur très solide… Aux Muriel, puis le remet en li- dure, comble les immenses lemin qui a, sans conteste, banlieue parisienne où ils Simone Wéber, 55 ans, avait tué son dernières nouvelles Simone, qui a purgé berté quelques semaines lacunes de l’instruction et abattu son cousin en le te- tentent d’oublier la Vologne l’avenir bégayant de Fran- amant Bernard Hettier, un séduisant quin- plus de la moitié de sa peine, pourrait bé- plus tard sans que rien ne reprend l’affaire à zéro. nant pour l’assassin de et tous les maléfices cis Heaulme :le cousin vio- quagénaire, un gars gentil, qui s’était lassé néficier d’une libération conditionnelle. soit venu enrichir le dossier A la suite de ces investi- son fils, s’ouvre le 3 no- qu’elle a charriés pendant leur écope, lui, de 18 ans de cette femme vieillissante et surtout, en- Elle a aujourd’hui 70 ans. Elle est très fa- initial. Il dessaisit les gen- gations nouvelles, la Cour vembre 1993 à Dijon égale- une décennie. de réclusion. vahissante. tiguée.