Pastels À la mémoire de Stefanie Maison (1918-2008) Pastels

présentés par

Etienne Bréton & Pascal Zuber

Paris 3 au 25 novembre 2011 1st to 8th december 2011

Saint-Honoré Art Consulting Hazlitt, Gooden & Fox 346, rue Saint-Honoré 38, Bury street, St James 75001 London SW1Y 6BB tél. : +33 1 44 77 98 90 tel. : +44 20 7930 6422 Nous remercions Julia Balduini, Patrice Barbé, Selina Baring Mclennan, Luca Baroni, Jean-Marc Baroni, Antoine Béchet, Guillaume Benoit, Cécile Bouleau, Antoine Cahen, Caroline Corrigan, Clémence Dollier, Robert Doré, Bernard Escher, Jean-François Heim, Anne Jean-Richard, Caroline Léonardi, Jacques Roussel, Alan Salz, Nicolas Schwed, Domini- que Serre (Maison Grosvallet), Agnès Sevestre-Barbé, Sylvie Taillandier, Emmanuel Thiriot, Virginia et Rollo Whately, Annie Yacob pour leur aide apportée à la réalistation de ce catalogue.

Nous voulons également adresser toute notre gratitude à John Morton-Morris, qui nous fait l’honneur d’accueillir ces pastels à Londres, à la galerie Hazlitt, Gooden & Fox.

Expositions

Paris London 3 au 25 novembre 2011 1st to 8th december 2011 du lundi au vendredi : 10h à 18h30 du lundi au vendredi : 10h à 18h samedi 5 novembre : 14h à 18h30

ou sur rendez-vous :

Etienne Bréton : +33 6 07 49 35 13 ou [email protected] Pascal Zuber : +33 6 08 97 04 31 ou [email protected]

couverture avant : no. 28 (Lévy-Dhurmer) - arrière de couverture : no. 30 (Szafran) - page précédente : no. 25 (Bussy, détail) - ci-contre : no. 12 (Point, détail)

1 Adolph Friedrich Erdmann von Menzel (Breslau 1815 - 1905 Berlin)

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Craie noire, pastel, sur papier brun 275 x 245 mm. Monogrammé et daté en bas à gauche : A.M./ 1853.

Provenance : Gustav Engelbrecht, Hamburg Ingrid Brebeeck, Berlin Collection particulière jusqu’en 1958, Dublin

Bibliographie : H. von Tschudi, Adolph v. Menzel. Abbildungen seiner Gemälde und Studien, Munich, 1905, p. 222, no. 317, reproduit.

Adolph von Menzel se consacre, dans un premier temps, à la gravure, à la lithographie et au dessin. Au début des années 1840, la commande du roi de Prusse, Frédéric-Guillaume IV, de 400 dessins, destinés à être gravés pour illustrer l’histoire de son arrière grand-père le roi Frédéric II, lui permet d’être reconnu comme l’un des plus importants illustrateurs de son époque. Il s’adonne ensuite à la peinture, traitant aussi bien les sujets d’histoire, L¼IK\]ITQ\uTM[XIa[IOM[Y]MTM[[KvVM[LMOMVZM)TIÅVL][QvKTM5MVbMTM[\T¼IZ\Q[\MTM plus célébré d’Allemagne, le premier à recevoir l’ordre de l’Aigle Noir, lui permettant d’accéder à la noblesse en ajoutant à son nom l’épithète « von ».

Préférant l’immédiateté de la technique du dessin, à celle plus lente de la peinture, Adolph von Menzel ne sortait jamais sans un carnet et un graphite de charpentier dans sa poche1. Il dessinait presque de manière obsessionnelle le monde environnant. La technique du XI[\MTM[\]VUuLQ]UY]MT¼IZ\Q[\MIXM]]\QTQ[u[M]TMUMV\oTIÅVLM[IVVuM[ M\ durant les années 1850. Il a dessiné de nombreux portraits2 de sa famille, surtout de ses sœurs, de ses amis proches, et parfois même des scènes de rue.

Ayant fait partie de la collection d’Ingrid Berbeeck, petite nièce de Menzel, ce pastel représente probablement un proche de la famille.

1 Naturellement gaucher, Menzel se force à être droitier quand il peint, alors qu’il reste gaucher pour le dessin. 2 Cf. Hamburg, Kunsthalle, Menzel - des Beobachter, 1992, nos. 44-45, 48, 51-53, 59, 64 et Paris, Musée d’Orsay, Menzel (1815-1905) « la névrose du vrai », 1996, nos. 40, 50-51, 66, 78, 87.

2 (Paris 1834 - 1917 Paris)

8TIOMoUIZuMJI[[M Elle se distingue par des compositions très simples où la surface du papier est divisée horizontalement Pastel entre ciel et sable, et dont les éléments extérieurs 250 x 310 mm. sont réduits au minimum. Cette série de paysages Signé et daté à la mine de plomb en bas à gauche : est presque unique dans l’œuvre de Degas, comme Degas 69, porte au verso le cachet ovale de l’atelier : le reconnaissent très tôt les collectionneurs de Atelier Ed. Degas (Lugt 657) et numéroté : Ph 2073 l’artiste. Lors de la quatrième vente Degas en 1919, les pastels suscitent un enthousiasme Provenance : important, que soulignent Joseph Durand-Ruel, Atelier Edgar Degas, quatrième vente, Paris, expert de la vente, avec Vollard et Bernheim-Jeune Galerie Georges Petit, 2-4 juillet 1919, lot 36b, « le succès de la vente a été pour les petits pastels reproduit, probablement directement à : représentant des paysages, que nous estimions à Galerie Nunès et Fiquet, Paris environ 1000 F l’un dans l’autre, à cause de la Collection particulière, Paris plus-value de Degas, et qui à notre étonnement se Roger Gompel, Paris sont vendus entre 3000 et 20 000 F. Ces prix sont une simple folie… »1. Bibliographie : P.A. Lemoisne, Degas et son œuvre, Paris, 1946, vol. D’autres marines, de même technique et II, pp. 114-115, no. 227, reproduit. exécutées probablement pendant le même voyage de 1869, sont conservées aux cabinets Ce pastel et le suivant, d’une grande rareté dans des dessins du musée d’Orsay2 (fig.1), du musée l’œuvre de Degas, ont été exécutés sur la côte du Louvre3 (fig. 2) et du musée des Beaux-Arts normande pendant l’été 1869. En citadin endurci, de Nancy4. son attirance pour le paysage n’est pas immédiate. Ce sont ses promenades à Etretat, à Villers-sur- 1 Lettre de Joseph Durand-Ruel à la Galerie Durand-Ruel de New Mer, où il rend visite à Manet, et à Saint-Valéry- York datée du 5 juillet 1919. 2 Inv. RF 31202 ; Marine, pastel, 314 x 469 mm., vers 1869. sur-Somme, qui lui inspirent une série d’une 3 Inv. RF 31201 ; Maisons au bord de la mer, pastel, 314 x 465 mm., quarantaine de paysages au pastel. vers 1869. 4 Inv. RF 52596 ; Marine, pastel, vers 1869.

ÅOMarine, Musée d’Orsay, Inv. RF 31202 ÅOMaisons au bord de la mer, Musée du Louvre, Inv. RF 31201

3 Edgar Degas (Paris 1834 - 1917 Paris)

Au bord de la mer

Pastel 160 x 310 mm. Porte en bas à gauche le cachet de l’atelier : Degas (Lugt 658), porte au verso le cachet ovale de l’atelier : Atelier Ed. Degas (Lugt 657) et numéroté : Ph 2074 Circa 1869

Provenance : Atelier Edgar Degas, quatrième vente, Paris, Galerie Georges Petit, 2-4 juillet 1919, lot 36a, reproduit, probablement directement à : Galerie Nunès et Fiquet, Paris Collection particulière, Paris Roger Gompel, Paris

Bibliographie : P.A. Lemoisne, Degas et son œuvre, Paris, 1946, vol. II, pp. 114-115, no. 233, reproduit.

4 Ernest-Ange Duez (Paris 1843 - 1896 Bougival)

Paysage de bord de mer en Normandie

Pastel 490 x 605 mm. Signé et dédicacé en bas à droite : o,IOVIV-,]Mb Circa 1880

Provenance : Pascal-Adolphe-Jean Dagnan-Bouveret (1852-1929)

Fils d’un marchand-tailleur, Ernest-Ange Duez est d’abord contraint de travailler dans le commerce de la soie pendant trois ans, avant de pouvoir s’inscrire à l’Ecole des Beaux- Arts de Paris en 1870. Il reçoit les cours du peintre orientaliste Isidore Pils (1813-1875), puis intègre l’atelier du célèbre portraitiste Carolus-Duran (1837-1917). Connu comme peintre d’histoire1 et portraitiste, Duez s’intéresse aussi au paysage et particulièrement aux marines normandes. En 1877, il s’installe à Villerville, près de Trouville, avec plusieurs de ses condisciples des Beaux-Arts, comme Edouard-Joseph Dantan (1848-1897) ou Ulysse Butin (1838-1883), pour travailler en plein air. Durant les mois d’hiver, il peint avec ses camarades dans l’atelier, entièrement vitré, qu’il a fait construire juste au bord de la mer.

Proche des impressionnistes, Duez est, en 1890, l’un des rares souscripteurs de l’Olympia de Manet, destinée à entrer dans les collections du Louvre. Il est aussi, la même année, avec Dagnan-Bouveret, à qui ce pastel est dédicacé, un des membres fondateurs de la Société Nationale des Beaux-Arts, créée en opposition à la Société des Artistes Français, jugée trop conservatrice.

1 Il expose à son premier Salon, en 1868, une Mater Dolora et, en 1879, un Tryptique de Saint Cuthbert qui a un succès im- mense et est acheté par l’état pour le Musée du Luxembourg.

Ker-Xavier Roussel (1867 - 1944)

Originaire de l’est de la France, la famille de Ker-Xavier Roussel quitte la Moselle après son annexion par l’Allemagne, en 1870. Il entre au lycée Condorcet à Paris, en 1882, où il côtoie Maurice Denis (1870-1943), l’écrivain Aurélien Lugné-Poe (1869-1940) et surtout Edouard Vuillard (1868-1940). Avec ce dernier, il entame, à partir de 1885, une formation de peintre, graveur et dessinateur, dans l’atelier de Diogène Maillart (1840- 1926). Roussel et Vuillard poursuivent leur apprentissage à l’Ecole des Beaux-Arts, puis, en 1888, à l’Académie Julian. L’année suivante, dans cette même académie, naît le groupe des Nabis, dont Roussel est co-fondateur aux côtés de Paul Sérusier (1864-1927), Edouard Vuillard et Pierre Bonnard (1867-1947).

De tous les peintres Nabis, c’est à Maurice Denis que Roussel s’apparente le plus. Les ÅO]ZM[NuUQVQVM[LM:W][[MTWV\LM[[QV]W[Q\u[XZM[Y]MIZKPI|Y]M[XZWKPM[LMKMTTM[LM Denis, ainsi que du symboliste Puvis de Chavannes, comme l’illustre le pastel Faune et deux nymphes étendus dans un paysage (cat. no. 6). Son imagination se nourrit de la mythologie M\LMT¼P]UIVQ[UMUuLQ\MZZIVuMV:W][[MTKWV[MZ^MKM\\MNI[KQVI\QWVR][Y]¼oTIÅVLM sa vie et le pastel Faune et deux nymphes, réalisé en 1941, en est un parfait exemple. Les coloris de Roussel, rarement poussés à l’extrême, sont puisés sur ses lieux familiers tel L’Étang-la-Ville, où il s’installe, en 1903, avec sa femme, Marie Vuillard, sœur du peintre. En 1906, à Aix-en-Provence, il rencontre Paul Cézanne (1839-1906), dont le style va changer sa manière de peindre. En effet, si ses premières œuvres sont empreintes d’une touche inspirée des Nabis, comme l’atteste le pastel Fleurs dans un vase (cat. no. 7 et ci- contre), l’artiste reste peu de temps associé au mouvement, il évolue vers d’autres horizons, explorant de nouvelles techniques.

La 8TIOMo4WK\]La (cat. no. 5), quoique d’un genre différent, est tout aussi caractéristique de son œuvre. Ce paysage a été dessiné à l’époque où Roussel et Vuillard entreprennent une série de voyages en Bretagne, à Loctudy, pour visiter la famille de Jos Hessel, grand collectionneur et directeur associé de la galerie Bernheim-Jeune à Paris, qui y possède une maison.

De gauche à droite : Ker-Xavier Roussel, Edouard Vuillard, Romain Coolus et Félix Vallotton en 1899 5 François-Xavier Roussel, dit Ker-Xavier Roussel (Lorry-lès-Metz 1867 - 1944 L’Etang la Ville)

8TIOMo4WK\]La

Pastel 450 x 590 mm. Signé et situé en bas à droite : 3@:W][[MT4WK\]La Circa 1905

Provenance : Fonds familial Roussel

6 François-Xavier Roussel, dit Ker-Xavier Roussel (Lorry-lès-Metz 1867 - 1944 L’Etang la Ville)

Faune et deux nymphes étendus dans un paysage

Pastel, sur papier collé sur carton 260 x 430 mm. Signé et daté en bas à droite : K.X Roussel 41

Provenance : Fonds familial Roussel

Exposition : Saint-Germain-en-Laye, musée Maurice Denis, Roussel, 3 mars-22 mai 1994, hors catalogue.

7 François-Xavier Roussel, dit Ker-Xavier Roussel (Lorry-lès-Metz 1867 - 1944 L’Etang la Ville)

Fleurs dans un vase

Pastel 420 x 610 mm. Signé en bas à droite : Roussel Circa 1904

Provenance : Fonds familial Roussel Vente, Versailles, Hôtel Rameau, 19 mai 1960, lot 34

8 Odilon Redon (Bordeaux 1840 - 1916 Paris)

Azalée et daphné C’est uniquement par l’inscription se trouvant au dos du montage que le lien a pu être établi entre ce Pastel pastel et l’exposition de 1907. 518 x 370 mm. Signé en bas à droite : 7,1476:-,76 :MLWV[¼QV\uZM[[M\Zv[\€\I]`JW]Y]M\[LMÆM]Z[ Au dos du montage cachet de la galerie Bernheim- avant même de passer des « noirs » à la couleur. Jeune - 1907, et avec une inscription à la craie Dès le mois de mai 1891, Camille Mauclair, lors bleue : Exp. Nature Morte de sa visite chez Stéphane Malarmé les remarque : Circa 1907 « … quelques très belles choses : un paysage de rivière de , […] une aquarelle de Provenance : *MZ\PM 5WZQ[W\ M\ ]V XI[\MT LM ÆM]Z[ L¼7LQTWV Paris, Galerie Bernheim-Jeune, juin 1907 Redon »2. Passionné de botanique3, l’artiste 8ZWJIJTMUMV\IKY]Q[XIZ2W[MXP:MQVIKPo[IÅTTM rencontre l’écrivain et botaniste Armand Clavaud Julie Goujon-Reinach, Paris, ensuite par descendance également bordelais. Les pastels deviennent pour Redon un élément de joie et d’inspiration, les Exposition : bouquets de géraniums, de roses, de pensées, de Paris, Galerie Bernheim-Jeune, Fleurs et Natures ÆM]Z[LM[KPIUX[MV^IPQ[[MV\[WVQUIOQVIQZMXW]Z Mortes, 14-30 novembre 1907, no. 63. son plaisir4.

Bibliographie : Un papier mat industriel sert de support à ses com- Fleurs et Natures Mortes, Catalogue d’exposition, positions. Redon choisit avec soin ses papiers, qui Paris, Galerie Bernheim-Jeune, 1907, p. 7 (non sont toujours teintés gris, chamois, ou brun. La illustré, sous le titre Azalée et daphné) KWUXW[Q\QWV VM UWV\ZM I]K]V IZ\QÅKM XW]Z []O- gérer le fond du décor, aucune ombre portée. Le En 1907, la galerie Bernheim-Jeune organise une bouquet s’intègre dans une autre dimension qui est importante exposition, intitulée Fleurs et Natures propre à l’artiste. Mortes. Ce sera la seule exposition sur ce thème à laquelle Redon participera de son vivant1. Parmi Le présent pastel sera inclus dans le supplément TM[ ¶]^ZM[ M`XW[uM[ ÅO]ZMV\ MV\ZM I]\ZM[ [Q` au Catalogue critique de l’œuvre peint et dessiné d’Odilon tableaux de Cézanne, trois de Gauguin, neuf de Redon, actuellement en préparation par l’Institut Van Gogh et sept de Manet. Malgré les liens étroits Wildenstein. Une attestation d’inclusion de l’Institut établis avec la galerie Bernheim-Jeune, Redon y Wildenstein sera remise à l’acquéreur. envoie seulement trois œuvres dont Azalée et Daphné. 2 L’absence d’illustrations dans le catalogue n’a pas C. Mauclair, Mallarmé chez lui, Paris, 1935, p. 19. 3 En 1907, Francis Jammes publie même un article intitulé « Redon XMZUQ[L¼QLMV\QÅMZTM[LM]`I]\ZM[VI\]ZM[UWZ\M[ botaniste », Vers et prose, décembre 1906-février 1907, XIII, p 29. 1 A.Wildenstein, Odilon Redon, catalogue raisonné de l’œuvre peint et dessiné, 4®.TM]Z[^MV]M[I]KWVÆ]MV\LMLM]`ZQ^IOM[KMT]QLMTIZMXZu[MV\I- Paris, 1996, vol. III, pp. 359-361. tion, celui du souvenir » (O. Redon, A soi-même, Paris, 1922, p.115).

9 Amand-Edmond Jean, dit Edmond Aman-Jean (Chevry-Cossigny 1858 - 1936 Paris)

Portrait de femme au collier de corail

Pastel 655 x 545 mm. Signé en haut à droite : Aman Jean Circa 1895

Provenance : Eve Imbach, Paris Galerie Tanagra, Paris Vente, Sotheby’s, Londres, 23 juin 1981, lot 107 Galerie Barry Friedman, New-York, vers 1990

Exposition : Paris, mairie du 9ème arrondissement; Toulon, musée des Beaux-Arts; Pau, musée des Beaux-Arts; et Lille, Fondation Septentrion, 4M[aUJWTQ[UMM\TINMUUM, 1986, no. 2.

Bibliographie : B. de Andia, 4M[aUJWTQ[UMM\TINMUUM, Paris, 1986, p. 17, no. 2, reproduit. P.G Persin, Aman-Jean, Paris, 1993, p. 40, n° 45, reproduit, (sous le titre : 2M]VMNMUUMoT¼uKPIZXM).

Aman-Jean étudie d’abord auprès du sculpteur Justin Lequien (1826-1882). Dans son atelier, il fait une rencontre décisive, celle de Georges Seurat (1859-1891). Les deux jeunes artistes se lient d’amitié et, en 1878, rejoignent ensemble l’atelier d’Henri Lehmann (1814-1882) à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Ils partagent ensuite un atelier rue de l’Arbalète, mais en 1879, Seurat fonde le mouvement pointilliste, pendant qu’Aman-Jean se rapproche du peintre Pierre Puvis de Chavanne (1824-1898) et du mouvement [aUJWTQ[\M1T[]JQ\ITWZ[T¼QVÆ]MVKMLM[M[IUQ[XMQV\ZM[)TXPWV[M7[JMZ\  !!)TM`IVLZM;uWV (1855-1917) et Albert Besnard (1849-1934), de même que celle du poète Paul Verlaine (1844-1896) dont il est très proche. Sur l’invitation de son fondateur Joséphin Péladan (1858-1918), Aman-Jean participe en 1892, et, en 1893, aux Salons de la Rose+Croix, qui lancent le mouvement symboliste, et dont Fernand Khnopff (1858-1921) est l’un des fers de lance. La revue 4¼IZ\M\TI^QM lui consacre un article, en novembre 1893, dans la série « Les peintres de l’âme »1.

8W]ZLM[ZIQ[WV[LM[IV\u)UIV2MIV[uRW]ZVMY]MTY]M[\MUX[o)UITÅMV !W„QTLuKW]^ZM\W]\M[ TM[XW[[QJQTQ\u[L]XI[\MT+M[uRW]ZT]QQV[XQZMLM[XWZ\ZIQ\[LMNMUUM[QV\QUQ[\M[M\ZINÅVu[MUXZMQV\[ de symbolisme. Son épouse Caroline2 lui sert probablement de modèle pour ce mystérieux pastel, représentant une femme rousse enroulant sa main dans un long collier de perles de corail, tout en regardant le spectateur de manière pensive.

1 J.-D. Jumeau-Lafond, 4M[XMQV\ZM[LMT¼pUM4M[aUJWTQ[UMQLuITQ[\MMV.ZIVKM, catalogue d’exposition, Bruxelles, Musée d’Ixelles, 1999, p. 28. 2 Deux autres portraits au pastel probablement du même modèle ont été exposés à Paris, Grand Palais, )]\W]ZLM4u^aDhurmer : vision- naires et intimistes en 1900, nos. 9-10.

10 Henry de Groux (Saint-Josse-Ten-Noode 1866 - 1930 Marseille)

Portrait de femme au chapeau, tournée vers la droite

Pastel, sur papier préparé vert 650 x 490 mm. Signé et daté en bas à droite : Henry de Groux/ 1905

Exposition : Probablement Bruxelles, ;ITWVLM4I4QJZM-[\Pu\QY]M, 7 mars-12 avril 1909. Probablement Paris, Galerie Berthe Weill, 8MQV\]ZM[XIZ55/ZW]`0MVZaLMM\4MPUIVV 4uWV, 8 novembre-4 décembre 1909 (sans catalogue). Probablement Paris, Grand Palais, Salon d’Automne, 1 octobre-8 novembre 1911.

Henry de Groux est considéré comme un membre de l’école belge, malgré son transfert LuÅVQ\QN MV.ZIVKMo8IZQ[MV !M\MV8ZW^MVKMMV!.QT[L]XMQV\ZM+PIZTM[ de Groux (1825-1870), il suit l’enseignement de Jean-François Portaels (1818-1895) à l’Académie de Bruxelles. A partir de 1887, il fait partie du Groupe des XX, mais trois ans plus tard, il en est exclu, ne supportant pas d’exposer non loin de « l’exécrable pot de soleils de Monsieur Vincent »1. Avec l’exposition de son Christ aux outrages, à Paris, en 1892, de Groux étonne et déconcerte la scène artistique parisienne par l’originalité de son travail et de sa personnalité. Ses sujets, inspirés par des thèmes visionnaires, sont souvent très tourmentés. Le caractère hautement symboliste de l’œuvre d’Henry de Groux en fait l’un des peintres les plus intéressants de sa génération. Il est proche du milieu littéraire parisien, particulièrement des poètes Paul Verlaine (1844-1896) et José-Maria de Hérédia (1842-1905), ainsi que de Léon Bloy (1846-1917).

1 J.-D. Jumeau-Lafond, 4M[ XMQV\ZM[ LM T¼pUM 4M [aUJWTQ[UM QLuITQ[\M MV .ZIVKM, catalogue d’exposition, Bruxelles, Musée d’Ixelles, 1999, p. 71.

11 Paul-César Helleu (Vannes 1859 - 1927 Paris)

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Pastel, sur toile de lin 730 x 600 mm. Signé au centre à droite : P. Helleu Circa 1890

A partir de 1876, Helleu suit une formation à l’Ecole des Beaux-Arts dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme (1824-1909). A la seconde exposition des impressionnistes à la Galerie Durand-Ruel en 1876, il rencontre le paysagiste James Abbot McNeill Whistler (1834-1903) et le portraitiste (1856-1925). Les deux artistes auront sur le jeune 0MTTM]]VMQVÆ]MVKMXZQUWZLQITMMVT¼uTWQOVIV\L][\aTMKTI[[QY]MLM/uZ€UM+¼M[\I][[Q à cette époque qu’il fait la connaissance du portraitiste mondain Giovanni Boldini (1842- 1931) qui aura également un grand ascendant sur lui. Dès 1879, Helleu dessine des portraits au pastel qui suscitent l’admiration de Sargent. C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’Helleu rencontre, en 1884, sa future femme, en répondant à une commande de Madame Guérin XW]ZZuITQ[MZTMXWZ\ZIQ\LM[IÅTTM)TQKMITWZ[pOuMLMIV[1TT¼uXW][MZILM]`IV[XT][ tard, à son retour de Londres. En 1885, il voyage en Angleterre avec Jacques-Emile Blanche (1861-1942). De retour à Paris, (1836-1902) l’initie à la gravure.

Dessinateur surdoué, maîtrisant la sanguine comme les plus grands artistes du XVIIIème siècle, Helleu se spécialise dans le portrait mondain et le dessin d’après le modèle, posé W][IQ[QLIV[T¼QV[\IV\;INIUQTTMM[\[WVXZQVKQXITUWLvTM/ZpKMo[M[LM]`ÅLvTM[IUQ[ Marcel Proust (1871-1922) et le collectionneur Robert de Montesquiou (1855-1921), Helleu s’introduit dans la société parisienne, puis londonienne. Il rencontre un grand []KKv[NWVLu[]Z[WV[\aTMoTINWQ[uTuOIV\M\ZINÅVu

Frédérique de Watrigant, de la Société des Amis de Paul-César Helleu, nous précise, dans une lettre datée du 23 mars 2009, que cette œuvre date du début de la carrière de l’artiste.

12 Armand Point (Paris 1861 - 1932 Paris)

Âme d’Automne Né à Alger en 1861 d’un père français et d’une mère espagnole, Armand Point est envoyé au lycée à Pastel Paris. Le jeune artiste développe alors une véritable 490 x 650 mm. passion pour le dessin qui le pousse, étant retourné à Signé en bas à droite : APoint Alger à l’âge de dix-sept ans, à étudier avec le peintre Circa 1893 Hippolyte Lazergues (1817-1887). Dès 1882, il participe aux Salons en envoyant depuis l’Algérie des Provenance : tableaux à Paris. A son retour en France en 1888, il Monsieur de Saverny continue à peindre des tableaux orientalistes, mais il se tourne lentement vers le mouvement symboliste. Exposition : Les Salons de 1890 et 1891 lui permettent d’attirer Paris, Champs de Mars, Salon de la Société Nationale l’attention du célèbre critique et fondateur du Salon des Beaux-Arts, mai 1893, no. 1349. de la Rose+Croix, Joséphin Péladan (1858-1918). Après cette date, l’artiste ne tarde pas à adhérer à Bibliographie : l’esthétique éthérée du Symbolisme. R. Doré, Armand Point et son œuvre, Thèse soutenue le 17 octobre 2007 (sous la direction d’Eric Darragon), Ce pastel a été exposé, en 1893, au Salon de la vol. II, pp. 202 et 204. Société Nationale des Beaux-Arts, avec neuf autres R. Doré, Armand Point de l’orientalisme au symbolisme portraits1, exclusivement des jeunes femmes, 1861-1932, Paris, 2010, pp. 48-51. comme en témoigne la photographie (ÅO ) prise lors de l’exposition par G. Michelez. Ces œuvres représentent pour la plupart le même type de personnage féminin, jeune et frêle, avec des cheveux longs et un visage vaporeux. Dans ce portrait, représentant une jeune femme en contre-plongée avec de grands yeux bleus, Point a probablement dessiné Hélène Linder, sa compagne et source d’inspiration pour de nombreux portraits. La photographie de Michelez montre le présent pastel surmonté d’un petit cartouche doré indiquant que ce portrait a valu à l’artiste une bourse de voyage donnée par le ministère2.

Nous remercions Robert Doré pour les renseignements qu’il nous a communiqués ÅO, Salon de la Société Nationale des Beaux- concernant cette œuvre. Arts, mai 1893, dix œuvres d’Armand Point (tirage photographique sur papier 1 Nos. 1346 à 1355. albuminé par G. Michelez). 2 Point fait le voyage en Italie, en 1894, avec sa compagne Hélène Linder.

13 Emile-René Ménard (Paris 1862 - 1930 Paris)

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Pastel, sur toile préparée 997 x 470 mm. Signé en bas à gauche : E.R.MÉNARD Circa 1890

Emile-René Ménard est issu d’une famille aisée, sensible aux arts. Le père est directeur de la Gazette des Beaux Arts, tandis que l’oncle, Louis Ménard (1822-1901), philosophe et helléniste distingué, auteur du fameux Polythéisme hellénique paru en 1863, qui donnera à Emile-René le goût pour l’Antiquité. Louis Ménard fréquente les artistes de l’école de Barbizon, en particulier Jean-François Millet (1814-1875) et Théodore Rousseau (1812-1867).

En 1880, Ménard rejoint l’Académie Julian à Paris après avoir étudié la peinture classique avec William Bouguereau (1825-1905), Paul Baudry (1828-1886) et Henri Lehmann (1814-1882) à l’Ecole des Beaux Arts. En tant que membre de la Société des Pastellistes Français, fondée en 1885, Ménard contribue aux expositions organisées à la Galerie Georges Petit à Paris, en même temps qu’il participe aux Salons classiques. Cette société regroupe un grand nombre d’artistes tels qu’Albert Besnard (1849-1934), Pascal Dagnan-Bouveret (1852- 1929), Lucien Lévy-Dhurmer (1865-1953), ou encore Gaston La Touche (1854-1913). Il expose également au ;ITWVLMTI4QJZM-[\Pu\QY]M à Bruxelles, en 1897, et au Salon des Douze à Paris, en 1921, avec Henri Martin  !M\)UIV2MIV  !5uVIZLJuVuÅKMLM\ZWQ[M`XW[Q\QWV[UWVWOZIXPQY]M[oTI/ITMZQM Georges Petit en 1914, 1925 et 1928. A partir de 1900, il reçoit de nombreuses commandes de l’état, parmi lesquelles la décoration de deux salles de la Sorbonne et une fresque intitulée 4M[I\WUM[pour la Maison de la Chimie à Paris.

Le thème de la femme au bain a souvent été traité au pastel par Ménard1. A l’époque de l’exécution de celui- KQT¼IZ\Q[\MILuRoIJIVLWVVuLIV[[M[¶]^ZM[\W]\MZuNuZMVKMXZuKQ[Mo]V[]RM\[XuKQÅY]M1TZMXZu[MV\MTI RM]VMNMUUMV]MLIV[]VXIa[IOMQV\MUXWZMTM\ÅLvTMo[WVOW \XW]ZT¼IV\QY]Q\uKTI[[QY]MPuZQ\uMLM[WV oncle, il la décrit dans une attitude semblable à celle de la fameuse statue grecque antique, la Vénus Pudica. Dans une communion avec la nature, Ménard a dessiné les herbes poussant sur les berges de la rivière d’une couleur rouge, proche de celle de la chevelure de la jeune femme. Cette vision de la nature a déjà été observée par Gaston Migeon dans l’article qu’il a écrit sur l’artiste dans Art et DécorationMV!"¹[Q\]MZ]VMÅO]ZMV]M dans un paysage c’est chercher les relations de valeurs d’une carnation avec l’enveloppe atmosphérique”2. La jeune femme se baigne à l’aube3, observant pensivement la surface de l’eau. Dans la préface de l’exposition sur Ménard qui a lieu à la Galerie Georges Petit, Achille Segard a souligné le goût de l’artiste pour certains moments particuliers de la journée : “pour les heures où il semble que tout se spiritualise : les aubes pendant lesquelles peu à peu, tout ce qui existe sort des ténèbres primitives... les crépuscules pendant lesquels il semble que chaque objet perde son existence propre pour se perdre à nouveau dans le chaos. Une sorte de panthéisme, peut-être inconscient, l’attirait vers ces nativités et ces destructions quotidiennes”4.

1 cf. Paris, Grand Palais, )]\W]ZLM4u^a,P]ZUMZ"^Q[QWVVIQZM[M\QV\QUQ[\M[MV!, nos. 108, 109 et 115... 2 G. Migeon, «René Ménard», Art et Décoration, 1er semestre 1914, I, p. 103. 3 Ménard, en dessinant son ciel zébré de rose, ne pouvait pas ne pas penser à la fameuse formule d’Homère. 4 A. Segard, «Préface», Exposition René Ménard, Paris, Galerie Georges Petit, 1914, p. 7.

14 Gaston La Touche (Saint-Cloud 1854 - 1913 Paris)

4M[)UW]ZM]`

8I[\MT[]ZXIXQMZUIZW]Æu[]Z\WQTM 800 x 480 mm. Signé et daté en bas à gauche : /);<764)<7=+0-!

Dès son plus jeune âge, La Touche est attiré par la peinture. A dix ans, il intègre les cours de dessin de Monsieur Paul, à Saint-Cloud. Cet enseignement est interrompu par la guerre franco-prussienne, de 1870, qui oblige sa famille à fuir en Normandie. La Touche est admis très tôt au Salon, en 1875, il y expose le portrait de l’acteur François-Jules-Edmond Got (1822-1901) et quelques eaux-fortes. Autodidacte, son style est VuIVUWQV[QVÆ]MVKuXIZLM]`XMQV\ZM["-LW]IZL5IVM\  M\.uTQ`*ZIKY]MUWVL !4I Touche fréquente alors le quartier de la Nouvelle Athènes et se lie d’amitié avec de nombreux artistes comme Edgar Degas (1834-1917), Marcellin Desbouttin (1823-1902), ou encore l’écrivain Émile Zola (1840-1902), LWV\QTQTT][\ZMKMZ\IQV[W]^ZIOM[)XIZ\QZLM[IVVuM[ !QTZMtWQ\LMVWUJZM][M[KWUUIVLM[WNÅKQMTTM[ pour décorer des mairies, des ministères ou des gares comme le plafond du restaurant Le Train Bleu, à la gare de Lyon, à Paris.

4MKW]XTML¼IUW]ZM]`ÅO]ZuLIV[TMXI[\MT[MZM\ZW]^MLIV[]VOZIVL\IJTMI]LM4I

Le présent pastel sera inclus dans le catalogue raisonné actuellement en préparation par Madame Selina Baring Maclennan.

ÅO Gaston La Touche, 4M[ )UW]ZM]`, Madrid, collection particulière

1 4M[)UW]ZM]` huile sur toile, 121 x 114 cm., signé et daté 1890-93, Madrid, collection particulière (S. Baring Maclennan, /I[\WV4I

15 Léon-Augustin Lhermitte (Mont-Saint-Père 1844 - 1925 Paris)

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Pastel, sur papier contrecollé sur toile 554 x 410 mm. Signé en bas à droite : 44PMZUQ\\M, au dos sur le montage à la craie bleue : n° 21 246 Fin 1907 - début 1908

Provenance : Galerie Boussod, Valadon & Cie, Paris, no. 21246 Vente, Paris, Hôtel Drouot, 24 novembre 1948, lot 25

Issu d’un milieu modeste, Léon-Augustin Lhermitte intègre l’Ecole Impériale de Dessin à Paris, où il se forme auprès du dessinateur Horace Lecoq de Boisbaudran (1838- 1912). Concurrente de l’Ecole des Beaux-Arts, la «Petite Ecole» privilégie les techniques du dessin et de la peinture de plein air. Lhermitte se lie d’amitié avec Jean-Charles Cazin (1840-1901) et côtoie, entre autres, Auguste Rodin (1840-1917) et Henri Fantin- Latour (1836-1904). Dès 1874, il participe aux Salons des Artistes Français. Son succès se KWVÅZUMMV I^MKTIXZu[MV\I\QWVLM[WV\IJTMI]4IXIaMLM[UWQ[[WVVM]Z[1, inspiré des personnages de sa ville natale, et acquis par l’Etat pour le musée du Luxembourg. Lhermitte se pose alors comme peintre réaliste, illustrant presque exclusivement la vie paysanne. Ami de Degas, il refuse toutefois de participer à la quatrième exposition impressionniste, en 1879.

Le numéro d’inventaire de la galerie Boussod, Valadon & Cie, qui a signé un contrat L¼M`KT][Q^Q\uI^MKT¼IZ\Q[\MMV XMZUM\LMLI\MZTMXI[\MTLMTIÅVLMT¼IVVuM! W] du début 1908.

1 Inv. RF333; huile sur toile, 215 x 272 cm., Paris, musée d’Orsay.

16 Edmond-Charles-Joseph Yon (Paris 1836 - 1897 Paris)

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8I[\MT[]ZXIXQMZUIZW]Æu[]Z\WQTM 494 x 654 mm. Signé en bas à droite : Edmond Yon Circa 1887

Exposition : Bordeaux, Société des Amis des Arts, 35vUM exposition, 1887 no. 575.

Bibliographie : Catalogue de l’exposition de la Société des Arts, Bordeaux, 1887, p. 83, no. 575.

Après un premier succès au Salon de 1865, en tant que graveur sur bois d’après les peintres de Barbizon, Edmond Yon se consacre essentiellement à la peinture de paysage. Ses thèmes privilégiés sont les bords de la Seine ou de la Marne, ainsi que les paysages de Normandie. Il représente souvent des moulins, qu’il exécute au cours de ses voyages en province ou à l’étranger. Il réalise ainsi plusieurs versions du moulin situé dans la Plaine d’Enfer à Cayeux (ÅO) 1, en baie de Somme, et d’un autre moulin situé à Zwijndrecht2, en Hollande, LWV\TIZM[[MUJTIVKMI^MKKMT]QLM+IaM]`IRM\uTIKWVN][QWVLIV[TM[KI\ITWO]M[LM^MV\M[LMTIÅVL] XIXème siècle.

ÅO, illustration de la vente de l’atelier Yon, 18-20 avril 1898, 4MUW]TQVLM+IaM]`(lot 73) en bas à gauche

1 Cf. gravure d’après la composition d’Edmond Yon, Moulin de Cayeux, huile sur toile, 36 x 56 cm., signé en bas à gauche. Vente de l’atelier d’Ed- mond Yon, Paris, 18-20 avril 1898, lot 73. 2 Cf. gravure d’après la composition d’Edmond Yon décrite comme d’après le moulin de Zwijndrecht mais ne comportant presque aucune différence avec la composition décrite sous la note 1.4I5M][MoB_QRVLZMKP\0WTTIVLM36 x 46 cm. Vente des tableaux, aquarelles et pastels par Edmond Yon, 18-20 avril 1898, lot 58.

17 Claude-Emile Schuffenecker (Fresne-Saint-Mamès 1851 - 1934 Paris)

Falaise en Normandie

Pastel 211 x 285 mm. Porte le cachet de l’atelier en bas à gauche (pas dans Lugt)

A peine âgé de quinze ans, Claude-Emile Schuffenecker débute sa formation auprès de Paul Baudry (1828-1886). Quelques années plus tard, en 1872, il fréquente l’atelier L] XWZ\ZIQ\Q[\M UWVLIQV +IZWT][,]ZIV   !  8W]Z IZZWVLQZ [M[ ÅV[ LM UWQ[ Schuffenecker décide de travailler dans la bourse et se fait engager chez l’agent de change Bertin. Il y rencontre Paul Gauguin (1848-1903). En 1880, Gauguin et Schuffenecker décident de quitter Bertin pour se consacrer à la peinture, le premier de façon indépendante tout en investissant en bourse, et le second en enseignant au lycée Michelet1. Ils suivent les cours de l’Académie Colarossi à Paris, une école d’art indépendante. Les deux artistes ZM[\MV\XZWKPM[R][Y]¼oTM]ZJZW]QTTMLuÅVQ\Q^MMV !-V ;KP]NNMVMKSMZXIZ\QKQXM à la huitième et dernière exposition impressionniste. Comme Claude Monet (1840-1926), il réalise de nombreuses vues de falaises normandes.

+TI]LM-UQTM;KP]NNMVMKSMZM[\LM[WV^Q^IV\]VMXMZ[WVVITQ\u\Zv[QVÆ]MV\M[]ZTI[KvVM artistique. Il est successivement co-fondateur du Salon des Indépendants, organisateur de l’Exposition Volpini de 18892 INÅTQu I] OZW]XM LM 8WV\)^MV M\ NMZ^MV\ LuNMV[M]Z L] symbolisme. Il est aussi un collectionneur important de tableaux contemporains, avec, entre autres, des œuvres de Gauguin, Cézanne et Van Gogh.

1 Il prend sa retraite du Lycée Michelet en 1914. 2 L’exposition s’intitule Groupe Impressionniste et synthétiste et a lieu pendant l’-`XW[Q\QWV=VQ^MZ[MTTM. S’il n’y a aucune vente, l’exposition a donné toutefois une chance à des artistes tels que Schuffenecker, Gauguin et Emile Bernard.

18 Baron Léon Frédéric (Bruxelles 1856 - 1940 Schaerbeek)

Vue de la vallée de Nafraiture

Pastel 175 x 230 mm. Monogrammé au crayon en bas à droite : 4. et annoté ultérieurement au feutre : n° W8/ Nafraiture, I]^MZ[WKIKPM\LMT¼I\MTQMZ4uWV.ZuLuZQKM\KIKPM\LM[WVÅT[/MWZOM[.ZuLuZQKI^MKT¼QV[KZQX\QWV à l’encre :2M[W][[QOVu/MWZOM[.ZuLuZQKLuKTIZMI^WQZ[QOVuKM\\Mu\]LMI^MK]VKIKPM\M\KMZ\QÅMY]¼MTTMM[\LM4uWV Frédéric. Circa 1884-1895

Provenance : /MWZOM[.ZuLuZQKÅT[LMT¼IZ\Q[\M Fonds privé familial

Portraitiste, paysagiste et peintre d’histoire, le style et les sujets de Léon Frédéric oscillent tout au long de sa carrière entre le monde réel et le monde onirique. Elève du peintre-décorateur Albert Charles (1821-1889), vers 1871, Léon Frédéric suit en parallèle les cours du soir de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, comme élève de Jules van Keirsbilck (1833-1896). Pour compléter sa formation, il fréquente aussi, à partir de 1874, l’atelier du peintre académique Jean-François Portaels (1818-1895). Dans les années 1890, il devient l’un des peintres les plus appréciés en Belgique. Il réalise LM[[]RM\[[WKQI]`^WQZM[aUJWTQ[\M[I^MK]VMUIVQvZM\Zv[ÅVQMXZM[Y]MTuKPuMM\I^MK]V\aXMLM ÅO]ZML¼]VZuITQ[UMXZM[Y]M^QWTMV\

Ce pastel, provenant directement de la famille du peintre, représente la vallée de Nafraiture, une petite commune belge dans la province de Namur. Frédéric découvre cette région en 1883, lors d’un voyage qu’il fait pour accompagner une de ses nièces. Fasciné par le site et la nature environnante, il décide de s’y installer une semaine plus tard. Ce voyage marque un tournant décisif dans son art. L’artiste ne se lassera pas de peindre les habitants et les paysages de sa ville adoptive. Le musée des Beaux-Arts de Bruxelles conserve deux albums respectivement de 32 et 36 paysages au pastel de Nafraiture, dessinés dans les années 1884-18951.

1 Inv. 7079 et inv. 7080.

19 Federico Zandomeneghi (Venise 1841 - 1917 Paris)

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Pastel 415 x 330 mm. Signé en haut à gauche : N BIVLWUMVMOPQ Circa 1880

Originaire de Venise, Federico Zandomeneghi débute sa formation à Florence auprès des Macchiaioli, un mouvement pictural créé autour de 1855 en opposition au romantisme et à la peinture académique. Dès 1874, Zandomeneghi s’installe à Paris. A son arrivée, l’artiste fréquente le café de la Nouvelle-Athènes, où il rencontre rapidement Edgar Degas (1834-1917), avec lequel il se lie. Leur amitié durera jusqu’à leur mort en 1917. En 1879, Degas réussit à convaincre Zandomeneghi de se présenter à la quatrième exposition impressionniste qui se tient alors à Paris. L’artiste italien participe également aux expositions de 1880, 1881 et 1886. Représenté par le célèbre galeriste Durand-Ruel, le succès de Zandomeneghi n’égalera pourtant jamais celui de Degas ou de Renoir. Quand le critique d’art italien Diego Martelli se rend à Paris en 1878, il écrit au peintre Giovanni Fattori (1825-1908) que « le travail de Zandomeneghi appartient à un nouveau type de peinture dont le concept et le but échappent à ceux qui ne s’y intéressent pas de plus près ». Il doit ainsi attendre 1914 pour dévoiler à la Biennale de Venise sa première exposition personnelle.

Zandomeneghi utilise le pastel pour réaliser principalement des portraits de femmes ou d’enfants, souvent représentés en buste comme ici. L’originalité du présent portrait tient probablement au fait que l’artiste a fait poser son modèle de façon simple, sans affectation comme cela aurait pu être chez Helleu ou Boldini. La pose informelle du modèle, presque penché en avant, et la mise en page ressemblent à Degas. La simplicité du motif de la robe et du papier peint rappellent le travail des artistes Nabis comme Vuillard (1868-1940), alors que le chignon noir fermement maintenu par une grande épingle de bois évoque le Japonisme, et plus largement le goût pour l’Orient qui se développe à Paris dans les années 1880.

20 Louis Valtat (Dieppe 1869 - 1952 Paris)

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Pastel, sur papier gris-brun 640 x 470 mm. Porte le cachet en bas à gauche : +MZ\QÅKI\QWV;>IT\I\ Circa 1896

Animé très tôt d’une vocation artistique, Valtat est issu d’une riche famille d’armateurs. A dix-sept ans, il entre dans l’atelier de (1826-1898) à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et poursuit sa formation en suivant les cours de Jean-Joseph Benjamin-Constant (1845-1902) à l’Académie Julian. Il y côtoie Pierre Bonnard (1867-1947) et Albert André  !!LWV\QTLM^QMV\]VIUQÅLvTM;IXZMUQvZMM`XW[Q\QWVX]JTQY]MITQM]o8IZQ[ au Salon des Indépendants en 1889. Atteint d’une grave maladie, il doit rapidement quitter Paris pour le sud-ouest de la France, notamment à Banuyls, où il rencontre le sculpteur Aristide Maillol (1861-1944). En 1895-1896,Valtat s’installe à Arcachon. Il y peint des KWUXW[Q\QWV[ I]` KW]TM]Z[ uKTI\IV\M[ M\ I]` NWZUM[ [QUXTQÅuM[ Y]Q IVVWVKMV\ LuRo l’effervescence du Salon d’Automne,LM!Y]M4W]Q[LM>I]`KMTTM[Y]ITQÅMLM®NI]^M¯ Parallèlement, Valtat se rapproche du néo-impressionnisme de Georges Seurat (1859- 1891) ou du style Nabi de son ami Bonnard.

Ce pastel est dessiné au milieu des années 1890, période pendant laquelle Valtat fréquente Toulouse-Lautrec (1864-1901). En collaboration avec Albert André et Lautrec, il conçoit les décors de la pièce Chariot de terre cuite, jouée au théâtre de l’Œuvre à Paris, en 1895. Valtat est alors fasciné par la technique et les thèmes de Toulouse-Lautrec. ;WVQVÆ]MVKM[MUIVQNM[\M[]Z\W]\L]ZIV\TM[IVVuM[ ! !KWUUMLIV[TMXZu[MV\ pastel, représentant une scène de café parisien.

4¼I]\PMV\QKQ\uL]XI[\MTIu\uKWVÅZUuMTM!UIQXIZTMKWUQ\u>IT\I\4MKI\ITWO]M ZIQ[WVVu LM T¼¶]^ZM XMQV\ LM T¼IZ\Q[\M KWUUMVKu XIZ 2MIV >IT\I\ ÅT[ LM T¼IZ\Q[\M M[\ UIQV\MVIV\XW]Z[]Q^Q\XIZ4W]Q[)VLZu>IT\I\XM\Q\ÅT[L]XMQV\ZM

21 Charles-Amable Lenoir (Châtelaillon 1860 - 1926 Fouras)

8WZ\ZIQ\L¼)VLZuM4MVWQZ

8I[\MT[]ZXIXQMZUIZW]Æu[]Z\WQTM 335 x 245 mm. Inscrit, daté et signé au dos : )VLZuM4MVWQZ[W]^MVQZ+MR]QTTM\!)4MVWQZ

Fils d’un douanier de Charente-Maritime, Charles-Amable Lenoir embrasse tout d’abord la carrière d’instituteur et s’installe à Rochefort. Attiré par l’art, dès son plus jeune âge, il quitte la carrière scolaire pour entrer à l’Ecole des Beaux-Arts à Paris en 1883. Il suit l’enseignement de William Bouguereau (1825-1905), charentais comme lui. Les deux hommes resteront liés toute leur vie et Lenoir gardera l’empreinte de son maître dans son œuvre, autant dans le choix des sujets, des scènes mythologiques ou de genre, que dans TM]Z\ZIQ\MUMV\MVaQV[]NÆIV\]VM[MV\QUMV\ITQ\u]VXM]UQv^ZM)XIZ\QZLM QT expose régulièrement au Salon des artistes français et connaît rapidement un succès honorable, gagnant le Second Prix de Rome, en 1889.

A propos de sa passion pour le pastel, son petit-neveu et biographe, Jean-Charles Trebbi rapporte une anecdote. Dans sa jeunesse alors qu’il aspirait déjà à être peintre, Lenoir admirait un artiste (non nommé) spécialisé dans le paysage au pastel. Le jeune Lenoir, tout en le regardant travailler, se mit à ramasser les bouts de bâtons de pastel qu’il jetait. Avec KM]`KQQT[¼M`MZtIoTI\MKPVQY]M4MXIa[IOQ[\MIaIV\ÅVQXIZLuKW]^ZQZ[WVUIVvOMT]Q en offrit plusieurs, qu’il utilisa jusqu’à leur usure complète1.

4MUWLvTM)VLZuMLM[[QVuXIZ4MVWQZV¼M[\XI[QLMV\QÅuQTXW]ZZIQ\KMXMVLIV\[¼IOQZLMTI ÅTTMLMT¼IZ\Q[\M2, ou de l’une de ses nièces ou cousines.

1 J.-C. Trebbi4MXMQV\ZM+PIZTM[)UIJTM4MVWQZ, Pessac, 2003, p. 5. 2 Il se maria avec Eugenie Lucchesi en 1900.

Simon Bussy (1870 - 1954)

Peintre de paysages, de portraits et d’animaux, Simon Bussy est un artiste indépendant, travaillant dans ]V[\aTMWZQOQVIT\QZIQTTuMV\ZM[M[WZQOQVM[NZIVtIQ[M[M\[WVINÅTQI\QWVI]`XMQV\ZM[IVOTIQ[KWV\MUXWZIQV[ Elève à l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Paris, à l’âge de 16 ans, Bussy entre à l’Ecole des Beaux- Arts, trois ans plus tard, en 1889. Il étudie avec le peintre ingresque Jules-Elie Delaunay (1828-1891), puis avec le symboliste Gustave Moreau (1826-1898). Il participe alors à la formation du groupe Nabi, mais sa collaboration s’arrête rapidement. De cette période, à l’Ecole des Beaux-Arts, Bussy retient un enseignement à la fois spirituel et académique. Les rencontres et les échanges avec ses professeurs et avec les peintres (1871-1958), Albert Marquet (1875-1947), ou (1869- 1954), tout comme les voyages qu’il va entreprendre, vont lui permettre de s’exercer à différents styles et techniques, démontrant une grande liberté d’expression et une certaine ouverture d’esprit.

En 1896, Bussy entame un voyage à pied, sillonnant l’Allemagne, la Suisse, les Alpes et l’est de la France. Il ZM^QMV\TM[JZI[KPIZOu[LMXI[\MT[M\[I^Q[QWVLMT¼IZ\\ZIVKPMLuÅVQ\Q^MUMV\I^MK[M[\ZI^I]`XZuKuLMV\[ Si jusqu’à cette période, Bussy réalise des portraits, parfois académiques, ses œuvres deviennent plus colorées et adoptent des formes simples. En 1897, il commence à signer ses œuvres Simon Bussy, alors qu’auparavant il les signait de son prénom. Sa première exposition de pastels est organisée à la galerie Durand-Ruel, à Paris, en 1897. Il y expose notamment des vues de Haute-Provence, souvent dans un format panoramique, comme ici >]ML]8ITIQ[LM[8IXM[o)^QOVWVXZQ[ML]XWV\LM

Bussy s’installe à Londres en 1901, prenant un atelier voisin de celui de William Rothenstein (1872-1945). Ce dernier joue un rôle important dans l’intégration de Bussy en Angleterre. Ses premières expositions à la Leicester Gallery rencontrent un vif succès auprès du public et sa notoriété s’accentue. En 1903, il épouse Dorothy Strachey (1866-1960), la sœur du célèbre critique et écrivain (1880- 1932). Bussy se rapproche alors du groupe de Bloomsbury à Londres. Il participe à plusieurs « actions » aux côtés de , , ou Virgina Woolf. Parallèlement, il continue d’exposer en France et se lie avec les fondateurs de la Nouvelle Revue Française, que sont André Gide, Roger Martin du Gard ou Paul Valéry.

A partir de 1912, Bussy manifeste un vif intérêt pour les animaux. Reptiles, singes, poissons, félins et oiseaux en tout genre et même les insectes commencent à abonder dans ses œuvres. Bussy les observe de longues heures en arpentant les zoos de Londres, Vincennes ou Berlin. Pour ces études, l’artiste utilise exclusivement le pastel, en suivant toujours la même technique. Le fond est uni, avec une réserve de papier blanc qui entoure le support. Les animaux sont traités en aplats de couleurs, dessinés au centre LMTINM]QTTM[IV[\ZWXL¼M[[IQLMXMZ[XMK\Q^M4MXI[\MTXW[uI^MK]VMOZIVLMÅVM[[MUWV\ZM]VMXITM\\M chromatique vive et variée. Le Papillon Citron (Gonepteryx cleopatra) (cat. no. 25) illustre parfaitement cette période et ce style. Communément appelé Citron de Provence, ce petit papillon se retrouve dans tout le bassin méditerranéen, du nord de l’Afrique à l’Italie en passant par le sud de la France. Bussy a probablement

1 F. Fosca, Peintres Nouveaux, Simon Bussy, Paris, 1930, p. 18. réalisé ce pastel en France, lors d’un séjour avec sa femme, à la villa 4I;W]KW2 à Roquebrune, près de Menton.

Parmi toutes ses représentations d’animaux, les oiseaux tropicaux constituent, par leurs couleurs vives le sujet de prédilection de Bussy. Trois de ces oiseaux sont présentés dans cette exposition : le Shama d’Inde (cat. no. 22), reconnaissable à sa petite taille, sa longue queue et ses ailes teintées de brun, le Tisserin Baya (cat. no. 24) et l’Oiseau de paradis (cat. no. 23). Ce dernier a souvent été dessiné par l’artiste, six d’entre eux ont été présentés dans les expositions de la Galerie Eugène Druet en 1931-19323. Le catalogue de l’exposition de 1996, consacrée à Simon Bussy de 1996 au musée départemental de l’Oise à Beauvais comporte aussi un Oiseau de paradis4, numéroté N° 2, alors que celui exposé ici porte le numéro N° 3.

Souvent considéré par ses pairs comme un artiste marginal, Pierre Rosenberg dit, à juste titre dans sa préface du catalogue de l’exposition ;QUWV*][[aT¼-[XZQ\L]

ÅO , Henri Matisse, Bussy dessinant dans l’atelier de Matisse, huile sur toile, 29 x 37 cm, collection particulière, circa 1897

2 La souche en provençal. Maison dans laquelle le couple Bussy s’installe en 1903. 3 En 1930 les numéros 8, 9, 10 et 11, en 1932 les numéro 49 et 51 et même en 1936 le numéro 49. 4 P. L o i s e l , ;QUWV*][[a4¼-[XZQ\L]

Shama, Inde

Pastel, sur papier collé sur carton 257 x 221 mm. Monogrammé en bas à droite : SB, annoté en bas à droite sous le montage : Shama/ Inde et au dos du carton : N° 48 Circa 1930

Provenance : Patrice Barbé, Paris

Exposition : (Probablement) Paris, Galerie Eugène Druet, Pastels de Simon Bussy. Oiseaux exotiques, paysages, juin 1934, no. 21.

Ce pastel est une étude pour une huile sur toile titrée 4M;PIUI, reproduite sur la couverture (ÅO) et sur la page 63 du livre de François Fosca intitulé Peintres Nouveaux, Simon Bussy et édité à Paris en 1930 par la Nouvelle Revue Française.

ÅO, F. Fo s c a , Peintres Nouveaux, Simon Bussy, Paris, 1930

23 Albert Bussy, dit Simon Bussy (Dôle 1870 - 1954 Londres)

Oiseau de paradis, Nouvelle Guinée

Pastel, sur papier collé sur carton 322 x 251 mm. Signé en bas à droite : Simon Bussy, annoté en haut à gauche sous le montage : Oiseau/ de/ Paradis/ Nelle Guinée et en haut à droite : N° 3 Circa 1930

24 Albert Bussy, dit Simon Bussy (Dôle 1870 - 1954 Londres)

Tisserin Baya, Inde (Ploceus philippinus)

Pastel, sur papier collé sur carton 180 x 150 mm. Signé en bas à droite : Simon/ Bussy et inscrit au dos sur le carton : Weaver. P Circa 1934

25 Albert Bussy, dit Simon Bussy (Dôle 1870 - 1954 Londres)

Papillon Citron (Gonepteryx cleopatra)

Pastel 175 x 150 mm. Circa 1938

Provenance : Pauline Rumbold (1927-2008), Wiltshire

Exposition : Paris, Galerie Eugène Druet, Pastels de Simon Bussy, papillons, poissons, oiseaux, 16-27 mai 1938, no. 7 (Citrus) ou no. 14 (Papillon citron).

26 Albert Bussy, dit Simon Bussy (Dôle 1870 - 1954 Londres)

Vue du Palais des Papes en Avignon depuis le pont de Trinquetaille

Pastel 225 x 642 mm. Porte au dos du cadre une étiquette de la Galerie Georges Petit avec l’inscription à l’encre : Gustave Moreau/ 1926/ Madame Isaac Koechlin/ 1 avenue Camoëns/ 1 tableau par Bussy - Avignon Circa 1900

Provenance : Madame Isaac Koechlin

Exposition : Paris, galerie Georges Petit, /][\I^M5WZMI]M\Y]MTY]M[]V[LM[M[uTv^M[, avril 1926, no. 34. (Probablement) Paris, galerie Eugène Druet, Pastels de Simon Bussy. Paysages et animaux, mai 1927, no. 4 (sous le titre : Palais des papes (Avignon)).

(no. 26, détail)

27 Albert Bussy, dit Simon Bussy (Dôle 1870 - 1954 Londres)

Nuit étoilée

Pastel 350 x 310 mm. Signé deux fois en bas à gauche : Simon Bussy (sur la première signature, effacée) Circa 1900

Provenance : Pierre Le Tan, Paris

28 Lucien Lévy, dit Lévy-Dhurmer (Alger 1865 - 1953 Le Vésinet)

Rue d’une ville d’Afrique du Nord

Pastel 750 x 515 mm. Circa 1901-1906

Après avoir étudié à l’école communale supérieure de dessin rue Bréguet à Paris, Lévy- Dhurmer achève sa formation dans l’atelier de Raphaël Collin (1850-1916) en 1886. Il \ZI^IQTTMTM[[MX\IVVuM[[]Q^IV\M[LIV[]VMUIV]NIK\]ZMLMNI|MVKM[o/WTNM2]IVMV\IV\ qu’ornemaniste, avant d’en devenir le directeur artistique. Aux Salons de 1895 et 1896, il XZu[MV\MLM[NI|MVKM[Y]QTMKTI[[MV\XIZUQTM[KZuI\M]Z[LMT¼)Z\6W]^MI]8IZITTvTMUMV\ il ne cesse de s’intéresser au pastel, sa technique de prédilection.

Dès 1895, il parcourt la France, l’Italie, l’Espagne et la Hollande. Après la lecture de l’ouvrage de Pierre Loti1, Au Maroc, publié en 1890, il effectue l’année suivante un voyage au Maroc et, cinq ans plus tard, un périple en Turquie. Son inspiration se nourrit de ces voyages durant lesquels il remplit de dessins ses carnets de croquis, qu’il réutilise dans ses compositions au pastel ou à l’huile. Ses tableaux orientalistes, appréciés par ses contemporains, sont présentés lors de ses nombreuses expositions monographiques, et notamment celle de 1937, à la Galerie Charpentier à Paris2W„ÅO]ZMV\]VM^QVO\IQVM de ses œuvres marocaines. Le pastel Rue d’une ville d’Afrique du Nord s’inscrit dans la série de sujets qu’il exécute à son retour d’Afrique du Nord, probablement d’après des dessins exécutés à Marrakech, entre 1901 et 1906. Par ses coloris, cette œuvre se rapproche d’un pastel exposé au Salon de la Société des Pastellistes Français3, en 1903, et d’une autre feuille provenant du fonds de la famille Zagorowsky incluse dans la grande rétrospective que lui dédie le Grand Palais, en 19734.

1 Dont il réalise le portrait au pastel, aujourd’hui conservé au musée Basque à Bayonne, Inv. AM1241. 2 Paris, Galerie Charpentier, 44u^a,P]ZUMZ#8MQV\]ZM[M\-\]LM[L¼uXWY]M[LQNNuZMV\M[25 janvier-17 juillet 1937. 3 Paris, Galerie Georges Petit, Exposition annuelle de la Société des Pastellistes Français, 1903, no. 83. 4 Paris, Grand Palais, )]\W]ZLM4u^a,P]ZUMZ"^Q[QWVVIQZM[M\QV\QUQ[\M[MV!1973, no. 80.

29 Edmond Hoyois (Paris, actif au début du XXème siècle)

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Pastel, sur carton 400 x 320 mm. Signé en haut à droite : Hoyois Ed. Porte au dos une ancienne étiquette partiellement déchirée : Edmond Hoy[ois]/ Artiste/ Sculpture - Peinture/ Pastel/ 45 rue des Poisson[niers]/ Paris [18], avec sur l’étiquette l’inscription « Rossi » et un tampon au dos du cadre : Ed. Hoyois sc. Circa 1925

Félix Juven, directeur du journal 4M:QZM, crée, en 1907, le Salon des Humoristes auquel Edmond Hoyois participe. Ce Salon regroupe alors les peintres attachés à la vie montmartroise qui choisissent d’exprimer leur art par l’humour. Forain (1852-1931), Willette (1857-1926), Faivre (1867-1945), Poulbot (1879-1946) et bien d’autres y présentent leurs œuvres. Ce Salon s’impose très vite comme l’une des manifestations artistiques les plus suivies de la Belle Époque. Les humoristes fondent également une société d’entraide, présidée par Forain, appelée 4I;WKQu\uLM[0]UWZQ[\M[. Le Salon des Humoristes perdura jusqu’au début des années 1930 ; année où Hoyois expose aussi ses travaux au Salon de l’Ecole Française à Paris.

Le chat, représenté ici, est un croisement de deux races : le chartreux, caractérisé par un XMTIOMLMV[MI]`ZMÆM\[JTM]\u[M\I]`aM]`RI]VMK]Q^Zu[M\TMXMZ[IVZMKWVVIQ[[IJTMo[I silhouette toute en rondeur et à son poil long.

30 Sam Szafran (Paris 1934)

4¼M[KITQMZI^MK]VPWUUMMVKW[\]UMJTM] Sam Szafran dessine sa première série d’Escaliers en 1974, inspiré peut-être de la cage d’escalier Pastel parisienne de son ami le poète libanais Fouad El- 210 x 140 mm. Etr2. Les escaliers sont tantôt comme un puits sans Signé et dédicacé en bas à droite : Szafran/ pour lumière, tantôt vus comme à travers une lentille Marguerite convexe proche du Å[PMaM3, et zébrés presque de Circa 1974 façon géométrique par les lignes de la rambarde. Cette sensation d’abîme est accentuée par une Provenance : T]UQvZM[W]^MV\Y]I[QIZ\QÅKQMTTM[QUQTIQZMoKMZ\IQV[ Jacques Kerchache (1942-2001), Paris. tableaux de Magritte, semblant venir de l’intérieur de l’escalier, comme si celui-ci avait sa vie propre. “Un soir, je travaillais dans cet escalier – j’ai Les effets de lumière, comme dans le présent dessin, toujours vécu dans les escaliers – et je m’étais produisent un phénomène de diffraction, en divisant endormi. Il faisait nuit. Et j’ai eu un cauchemar. Je TM[UIZKPM[MVÅV[Z]JIV[LMKW]TM]Z[TuOvZMUMV\ me suis réveillé. C’était la pleine lune, et il y avait différentes, un résultat que Szafran obtient grâce à une ombre portée de la fenêtre sur les marches des dégradés de pastel placés côte à côte. de l’escalier. J’ai vu d’un seul coup. J’étais passé mille fois sans la voir, et subitement je l’ai vue. Ses Escaliers sont presque toujours animés d’une Alors j’ai décidé de la dessiner. Mais ça bougeait XM\Q\M ÅO]ZM [W]^MV\ ZM^w\]M LM JTM] LM[KMVLIV\ toutes les trois minutes… La Terre tourne… Il y l’escalier4. On la retrouve dans de nombreux pastels avait la lumière, ici, découpée, et tout le reste était exécutés en 1974, comme celui d’une collection dans le noir. Je dessinais jusqu’à ce que tout tombe privée5, très proche de celui exposé ici, ainsi que dans le noir, en m’aidant d’une lampe de poche. dans une autre série d’Escaliers dessinée par Szafran, A un moment donné, tout ce qui était très sombre en 19816, représentant cette fois un escalier de la rue devenait très clair, et tout ce qui était très clair de Seine à Paris. devenait très sombre. Alors, pour pouvoir faire l’ensemble, je me suis mis à bouger. J’étais obligé de Ce pastel a appartenu à Jacques Kerchache, le U¼QLMV\QÅMZo]VMIZIQOVuMY]QUWV\MM\LM[KMVL[ premier galeriste qui a consacré à Szafran, dont il I]JW]\LM[WVÅTº1. C’est ainsi que Sam Szafran a été un des amis les plus proches, une exposition décrit son obsession des escaliers, métaphore de personnelle, dans sa galerie de la rue des Beaux-Arts sa peur du vide, comme il l’explique dans une en 1965. interview donnée au magazine Connaissance des Arts 2 “L’impression du vide, du vertige, est la plus forte « As-tu remarqué, pendant tout le temps que tu as dessiné ou sensation que j’ai jamais éprouvée. Cela explique peint mes escaliers, que nous étions au cinquième, et même au sixième étage si on compte l’entresol, et que tu es resté là-haut des peut-être pourquoi mes dessins ont toujours trait semaines entières à plonger ton regard dans le vide ? », lettre datée au vertige, et que souvent, devant mon sujet, je suis du 15 octobre 1974, citée dans le catalogue de l’exposition Sam Sza- \MZZQÅuXIZT¼IXXMTL]^QLMº fran de la Fondation Gianadda, p. 26. 3 Ou Œil de poisson, objectif à angle de 180° produisant une dis- torsion de l’image. 4 Martigny, op. cit., nos. 65 et 66. 1 J. Clair, « Entretien avec Sam Szafran », dans Sam Szafran, Marti- 5 Escalier, pastel, 780 x 585 mm.(Martigny, op. cit., no. 66). gny, Fondation Gianadda, 1999, p. 19. 6 Martigny, op. cit., nos. 67-71.

56 Index

Aman-Jean, E...... 9 Bussy, S...... 22 à 27 Degas, E...... 2 et 3 Duez, E.-A...... 4 Frédéric, L...... 18 Groux, H. de ...... 10 Helleu, P.-C...... 11 Hoyois, E...... 29 La Touche, G...... 14 Lenoir, C.-A...... 21 Lévy-Dhurmer, L...... 28 Lhermitte, L...... 15 Ménard, E.-R...... 13 Menzel, A. von ...... 1 Point, A...... 12 Redon, O...... 8 Roussel, K.-X...... 5 à 7 Schuffenecker, C.-E...... 17 Szafran, S...... 30 Valtat, L...... 20 Yon, E...... 16 Zandomeneghi, F...... 19