LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ

ÉTUDE DE CAS DU

Février 2006

Cette publication a été produit pour revue par United States Agency for International Development (USAID/EGAT). Elle a été préparée par International Resources Group (IRG).

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ ÉTUDE DE CAS DU MALI

Février 2006

Comité Inter-Etats de Lutte International Resources Group contre a Sécheresse au Sahel 1211 Connecticut Avenue, NW, Suite 700 (CILSS) Washington, DC 20036 202-289-0100 Fax 202-289-7601 www.irgltd.com

GDRN5

Near East Foundation Réseau Gestion Décentralisée des Ressources Naturelles

DÉSISTEMENT Les vues des auteurs exprimées dans cette publication ne reflètent pas obligatoirement celles de l’USAID ou le gouvernement des États-Unis.

TABLE DES MATIÈRES

Sigles et Abreviations...... iii Resume ...... 1 I. Introduction ...... 4 1.1 Etat des Ressources Naturelles au Mali ...... 4 1.2 Désertification au Mali...... 10 1.3 Plan d’Action National de Lutte Contre la Desertification ...... 10 1.4 Objectifs du Rapport...... 12 1.5 Méthodologie...... 13 II. Mesures de Lutte Contre la Desertification dans les Regions de Mopti et Tombouctou...... 14 2.1 Types d’Initiatives...... 14 2.2 Rôles et Capacités ...... 14 III. Conservation des Sols Agricoles dans le Cercle de ...... 16 3.1 Description Sommaire...... 16 3.2 Background...... 16 3.3 Description Détaillée...... 17 3.4 Résultats...... 18 3.5 Lecons Apprises ...... 20 IV. Construction et Rehabilitation de Micro Barrages dans le Cercle de Bandiagara...... 21 4.1 Description Sommaire...... 21 4.2 Background...... 21 4.3 Description Detaillee...... 23 4.4 Resultats...... 23 4.5 Leçons Apprises ...... 28 V. Regeneration de Bourgoutieres a Hondo Bomo Khoyna dans le Cercle de Tombouctou...... 29 5.1 Description Sommaire...... 29 5.2 Background...... 30 5.3 Description Détaillée...... 31 5.4 Résultats...... 32 5.5 Leçons Apprises ...... 33 VI. Plantations d’Eucalyptus a Bourem Inaly dans le Cercle de Tombouctou34

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ i 6.1 Description Sommaire...... 34 6.2 Background...... 34 6.3 Description Détaillée...... 36 6.4 Résultats...... 36 6.5 Leçons Apprises ...... 38 VII. Genre et LCD : la Mobilisation des Femmes de Kabara...... 40 VIII. Quelques Eléments Clefs ...... 43 Références ...... 45 Liste des Personnes Rencontrées ...... 46

ii LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ SIGLES ET ABRÉVIATIONS

BEAGES Bureau d’Experts en Auto Gouvernance et Gestion de l’Environnement au Sahel BIT Bureau International du Travail CAGF-K Coordination des Associations des Groupements des Femmes de Kabara CSLP Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté DED Deutscher Entwicklungsdienst DRCN Direction Régionale de la Conservation de la Nature FENU Fonds d’Equipements des Nations Unies HDS Harmonie du Développement au Sahel KFW Kreditanstalt Für Wiederaufbau LCD Lutte Contre la Désertification PIB Produit Intérieur Brut PLCE Programme de Lutte Contre l’Ensablement PNAE Programme National d’Action Environnementale PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement PNPE Politique Nationale de Protection de l’Environnement PPTE Pays Pauvres Très Endettés PRBP Projet de Réhabilitation des Barrages et Pistes VSF Vétérinaires Sans Frontières.

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ iii

RÉSUMÉ

Le présent rapport capitalisant les expériences de lutte contre la désertification au Mali a été réalisé par deux (02) consultants sur la base d’enquêtes de terrain menées du 05 novembre au 23 novembre 2005 dans les régions de Mopti et de Tombouctou et de recherche documentaire. Le choix de ces régions a été fondé sur les faits que malgré qu’elles soient les plus pauvres du Mali, et ayant des conditions climatiques qui sont des plus vicieuses et austères, on y rencontre tout de même des expériences tangibles de lutte contre la désertification et de réduction de la pauvreté. Le programme de FRAME1, à travers lequel la présente étude a été financée, est une initiative de l’Agence Américaine pour le Développement International (USAID). Il cherche à promouvoir l’échange d’informations sur les bonnes pratiques de GRN, de lutte contre la désertification et de réduction de la pauvreté entre les praticiens de GRN et les décideurs. La présente étude, objet de la capitalisation des expériences de LCD et des témoignages de plus de 78 interlocuteurs de différentes catégories socio-professionnelles (administrateurs, techniciens, pasteurs, agriculteurs, femmes, jeunes) tente de mettre en évidence, comment la désertification peut conduire à la pauvreté et ensuite quels sont les efforts qui sont en train d’être déployés par les communautés pour renverser cette tendance. Elle vise aussi à combler d’une certaine manière le déficit d’informations des impacts des actions de lutte contre la désertification sur l’amélioration des conditions de vie des populations et de leur environnement physique. Elle est le fruit d’un important partenariat entrepris depuis plus de cinq ans entre IRG et les organisations non gouvernementales qui sont la NEF et GDRN5 (Réseau des ONG intervenants dans le domaine de la Gestion décentralisée des ressources naturelles en 5ème région du Mali). Les expériences de LCD qui ont fait l’objet de cette étude ont concernées les activités de conservation de sols agricoles et l’aménagement de micro barrages de retenue d’eau dans la région de Mopti et les plantations d’Eucalyptus, la régénération des bourgoutières et l’implication des femmes à la LCD dans la région de Tombouctou La conservation et restauration des sols agricoles dans le plateau Dogon : Confrontés à de graves problèmes de dégradation des terres agricoles suite à l’érosion hydrique, les villages de Doucombo et de Songho, ont entrepris avec l’appui de l’Association ‘‘Molibemo’’ des actions visant à la restauration des terres agricoles. C’est ainsi que pendant les campagnes 2003 à 2005 les deux villages ont réalisé plus de 20 000 mètres de diguettes anti-érosives. Les impacts des actions de lutte anti-érosive constatés par les producteurs villageois sont entre autres : • le dépôt et la reconstitution des terres ; • la régénération et la croissance rapide des arbres sur les sites dégradés ;

• la réduction du ruissellement des eaux de pluies et le comblement des ravins ;

• les champs en aval ont été sécurisés par des interventions en amont ;

• la production agricole a triplé sur les parcelles traitées. La construction et réhabilitation de micro – barrages sur le plateau Dogon: Suite aux années de sécheresse successives et leurs corollaires sur le déficit chronique céréalier, la GTZ, le KFW et le DED/PRBP ont appuyé certaines communautés rurales pour la maîtrise de l’eau par la construction

1 FRAME est mis en œuvre par International Resources Group (IRG) basé à Washington.

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 1 d’ouvrages de retenue d’eau (micro - barrages) en vue de permettre le maraîchage et d’autres cultures de contre saison. C’est ainsi que 1975 à 2001, 63 micro – barrages ont été construits ou réhabilités sur le plateau Dogon où les impacts perceptibles par exemple par les communautés villageoises de Siby-Siby et de Golgou Diambi ont été entre autres : • la disponibilité permanente de l’eau pour les activités de maraîchage ; • l’augmentation des revenus des producteurs et la réduction de la pauvreté ; • la réduction de l’exode ; • l’amélioration de l’accès des femmes et des enfants aux services socio – sanitaires ; • la recharge de la nappe phréatique dans les puits. La régénération de bourgoutières à Hondo Bomo Khoyna : Les sécheresses des années 1973 et de 1984 ont été très éprouvantes pour le village qui a presque perdu son cheptel à cause de la dégradation des pâturages de bourgou. Aussi, la famine dans le village a occasionné la migration d’une grande partie de la population vers d’autres horizons à la recherche de conditions meilleures. Les premières interventions de VSF dans le village remonte aux années 1985 et s’inscrivait dans le cadre de l’aide d’urgence aux populations contre la famine. Les premières actions ont porté sur la conservation de la viande à travers le développement de techniques de séchage afin de compenser le déficit de protéines chez la population. Plus tard, en vue de garantir l’alimentation des animaux, la culture de bourgou fut introduite par la régénération de 20 hectares à Tibidi répartis entre les membres de la communauté. Pendant la première campagne, le bourgou a été fauché et une partie a été vendue pour acheter des céréales. La seconde partie a été conservée pour l’alimentation des animaux que VSF subventionnaient à la population en vue de reconstituer le cheptel. L’initiative s’est avérée très porteuse et depuis, la culture de bourgou qui n’était une tradition du village, s’est très vite développée. Des impacts de la culture de bourgou, on peut noter entre autres : • l’appropriation des nouvelles innovations : la culture de bourgou ; • l’augmentation de revenus et l’amélioration des conditions d’existence des populations • la réduction de l’exode : • la sécurité alimentaire pour les animaux ; Les plantations d’Eucalyptus à Bourem Inaly : Suite aux années consécutives de sécheresse et de famine, vers les années 1987, le FENU a appuyé le village à l’aménagement des périmètres irrigués en vue de la culture du riz. Les vents étaient si violents qu’ils ensablaient non seulement les canaux d’irrigation, mais avortaient aussi le riz. Ainsi, les premières plantations de brise-vents d’Eucalyptus ont été initiées par les populations avec l’appui du projet BIT/ACOPAM pour protéger les cultures et les canaux d’irrigation contre les vents. En première année, le village réalisa 1000 mètres de brise – vent autour des périmètres aménagés. Ces initiatives ont été poursuivies en 1996 par le PLCE auprès des producteurs individuels où au nombre des impacts, ont peut noter : • l’amélioration de la production agricole (riz, sorgho) grâce aux brise – vents

• l’amélioration des revenus grâce à la vente des produits d’Eucalyptuss (perches, perchettes, bois de chauffe, charbon) ; • la protection des berges du fleuve ; • la réduction de la pression des populations sur les formations naturelles et la reconstitution de certaines forêts et le retour de certaines espèces animales;

2 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ • l’amélioration de l’habitat : la transition de la paille au banco. • la réduction de l’exode La mobilisation des femmes de Kabara pour la LCD : L’histoire des plantations par les femmes du village sous la deuxième République. Pour la suite, les plantations d’Eucalyptus s’intensifieront vers les années 1992 sous l’égide de PLCE où 3 associations de femmes planteront chacune 5 hectares répartis en parcellaires entre ses membres. L’exploitation des premières plantations ont commencé en 2000 où d’après les femmes rencontrés, les bénéfices tirés sont : • la réduction considérable de la corvée de bois pour la cuisine, • la création d’une ceinture verte autour du village et la stabilisation des dunes et la reconstitution des forêts, • l’amélioration des conditions d’habitats, • l’augmentation des revenus et économie d’argent sur l’achat de bois. Ainsi, au regard des nombreux impacts révélés par ces études de cas sur les plans économique, social, écologique, et de gouvernance locale, on peut affirmer que les meilleurs investissements pour le développement en milieu rural au Mali, sont ceux relatifs à la LCD et la bonne gestion des ressources naturelles. En effet, peu coûteux et facilement maîtrisables et ‘‘appropriables’’ mêmes par les couches les plus pauvres et vulnérables, la LCD est un facteur de développement socio-économique et de lutte contre la pauvreté. La LCD est un véhicule pour favoriser la bonne gouvernance et pour produire de la richesse d’une manière durable, par conséquent, elle doit être inscrite comme étant la haute priorité des politiques et stratégies de développement.

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 3 I. INTRODUCTION

Pays enclavé situé au cœur de l’Afrique de l’Ouest, le Mali s’étend sur une superficie d’environ 1,2 million km². La population est estimée à 11 millions d’habitants en 2003. Cette population, avec un taux de croissance annuelle de 2,2%, est relativement jeune (plus de 45 % ont moins de 15 ans). Environ 72% de la population réside en milieu rural malgré l’existence d’une forte mobilité entre les milieux ruraux et les villes (phénomène d’exode rural). Le revenu par habitant au Mali est estimé à 240 dollars US (comparé à une moyenne de 510 dollars US pour l’Afrique Sub - Saharienne en 1998) et les indicateurs sociaux placent le Mali au 166ème rang mondial selon l’index du développement humain du PNUD. Dans le programme d’allègement de dettes de la Banque Mondiale, le Mali répond aux critères des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) et a atteint en mars 2003 le point d’achèvement de l’initiative PPTE élargie. Dominée par le secteur primaire, l’économie est tributaire des aléas climatiques et des prix des matières premières sur le marché international. L’agriculture qui constitue le moyen d’existence d’environ 80 % de la population, contribue à plus de 40% du PIB et constitue plus de deux tiers des recettes d’exportation. Les principales productions sont le coton, les céréales et les produits de l’élevage. La pêche aussi est importante, notamment dans le Delta du Niger. Le Mali est maintenant le troisième plus grand exportateur d’or en Afrique. En matière de migration, entre 1960 et 1990 plus de 2 millions de Maliens ont émigré vers les pays étrangers, en réponse aux conditions environnementales précaires. Ce phénomène constitue un facteur important dans l’analyse des moyens d’existence locaux et des stratégies de lutte contre la pauvreté.

1.1 ETAT DES RESSOURCES NATURELLES AU MALI L’économie du Mali repose essentiellement sur le secteur primaire (agriculture vivrière et industrielle, élevage, pêche et l’exploitation forestière) occupant plus de 80% de la population. Ces activités de production sont très tributaires des pluies et du point de vue des systèmes de productions et des autres activités rurales, on distingue : L’agriculture : Les données tirées du schéma directeur du développement rural version de mars 1992 indiquent que dans le domaine agricole, le potentiel de terres exploitées toutes cultures confondues se chiffrent à 4 820 000 hectares dont 2 200 000 hectares pour les céréales, 183 000 hectares pour l’arachide et 235 000 hectares pour le coton. La production agricole est dominée par celle du coton qui rapporte plus de 50% des revenus d’exportation, faisant du Mali le premier producteur de coton de l’Afrique de l’Ouest en 97/98 avec 500 000 tonnes. Par ailleurs, le coton est également la principale source de revenus fiscaux pour l’Etat (80% en 95) et de revenus de producteurs avec une distribution de 62 Milliards de CFA en 95. Les autres spéculations céréalières sont dominées par les cultures de riz, mil, sorgho, maïs dont la production est estimée environ à plus de 2 000 000 de tonnes en 96/97. Ces performances ne sont pas sans conséquences écologiques et environnementales/ C’est ainsi que pour satisfaire les demandes croissantes de terres agricoles 300 à 400.000 ha de forêts ou de vielles jachères sont défrichées annuellement au Mali dont 100.000 ha ne se reconstitueront pas sous une forme boisée. L’élevage : Le Mali est un pays d’élevage traditionnel. Son cheptel2 est estimé à 5,7 millions de bovins, 14 100 000 d’ovins - caprins dépendant pour l’essentiel des pâturages naturels particulièrement abondants dans le delta intérieur et les zones forestières du sud. En dépit des aléas climatiques (sécheresse) et physiques (maladies, pâturages), la contribution de l’élevage a toujours été de 10 à 15% dans le PIB. C’était aussi la

2 DNE, 1996

4 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ deuxième source de devises après le coton et l’or. En 1995, l’élevage représentait 11,3% du PIB et 46,5% des recettes à l’exportation. Les ressources en eau sont dominées par les fleuves Niger et Sénégal qui arrosent une grande partie du pays. Au Mali, le Niger couvre 1700 km sur une longueur de 4200 km, ses affluents couvrent 300 km² et 25 000 km² de bassin versant3. Quant au fleuve Sénégal long de 1700 km, il couvre plus de 800 km dans sa partie malienne. De nombreux lacs et cours d’eau secondaires complètent le réseau hydraulique. La pêche : grâce à un réseau fluvial long de 3.100 km, la pêche est un secteur important de l’économie du Mali. La production varie en fonction de la pluviométrie : elle est ainsi passée de 63.000 tonnes en 1993 à plus de 140.000 tonnes en 1994, plaçant le Mali parmi le premier producteur de poissons d’eau douce d’Afrique de l’Ouest. On estime à plus de 33 milliards de FCFA la valeur de production de la pêche en 1996. Les ressources ligneuses et l’exploitation forestière : Les ressources ligneuses du domaine national sont estimées par le PIRL à 32,4 millions d’hectares. Les forêts classées occupent 1,3 millions d’hectares, les forêts du domaine protégé 11,4 millions d’hectares, les aires protégées 3,9 millions hectares4. Elles contribuent avec les autres formations végétales agricoles ou anthropiques estimées à 15 millions d’hectares par la DNRFFH en 1995 à la satisfaction des besoins des villes évalués à 7 millions de m³ de bois énergie par an. Du point de vue de la répartition des formations végétales sur le territoire du Mali, on constate que : • 51% du territoire du Mali est occupé par le désert ou des formations désertiques ; • 24% du territoire national est situé en zone sahélienne ou dominent l’élevage de transhumance et l’agriculture de subsistance ; cette zone , très fragile , est en outre gravement menacée de désertification ; • 25% du territoire du Mali se situe dans une zone agro-écologique favorable pour les cultures mais dont une large proportion n’a jamais été mise en valeur pour des raisons d’insalubrité (territoire du sud et sud ouest du Mali des zones soudano-guinéennes anciennement infestées par l’onchocercose) ou de manque d’infrastructures (zones enclavées). Même dans ces zones les plus arrosées, le potentiel cultivable demeure faible (25 à 30% des surfaces). Le volume de bois sur pied selon le PIRL est estimé globalement à 520 millions m³, avec de fortes variations du Nord au Sud et par zones éco-climatique avec moins de 10 m³/ha pour les savanes arbustives du Nord, 20 à 40 m³/ha pour la brousse tigrée de 50 à 80 m³/ha pour les forêts de la zone soudano-guinéenne, plus de 100 m³ pour certaines forêts galeries et forêts du Sud –Ouest du pays. La productivité moyenne est de 0,86m³/ha/an. Elle varie de 1 à 1,5 m³/ha/an en zone Soudano-guinéenne à 0,3 et 0,05 m³/ha/an en zone Saharienne et en zone sahélienne. Dans nombreuses zones, on peut déjà observer une surexploitation du potentiel ligneux sur pied (DNRFFH- 1995). Plus de 90% de l’énergie consommée au Mali est tirée des produits ligneux (SED, 1996). Les besoins en bois sont estimés à 0,9 m³/habitant/an. La consommation globale suit l’évolution démographique. Elle est estimée aujourd’hui à 5 millions de tonnes et passera vers 2010 à 7 millions de tonnes. A cette date, la consommation atteindra le niveau de la production annuelle totale des formations boisées du Mali. Dans les centres urbains, la consommation de charbon est en constante augmentation et accentue la dégradation des zones de coupes si aucune mesure de gestion durable n’est prise à court terme. Dans les régions du Nord, on enregistre de gros déficits de bois aux alentours des agglomérations (ex : Mopti, Tombouctou, etc.). Au niveau économique, l’exploitation du bois énergie se chiffre à plus de 10 milliards de FCFA. En plus des ressources ligneuses, il existe dans les forêts d’autres produits tels ceux de la pharmacopée, les fruits et diverses matières premières pour l’artisanat. Parmi eux :

3 Le Fleuve Niger Supérieur : reconnaissance environnementale, Page 5, Août 1996 4 PIRL : Projet d’inventaire des ressources ligneuses cité par le document DNCN « Former pour une gestion durable des ressources naturelles, Etude sur l’état des lieux », juillet 2000

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 5 • le karité avec une production de 80.000 tonnes /an ; • la gomme arabique avec une production de 21.000 tonnes /an ; • le miel avec une production traditionnelle de 1.900 tonnes/an ; • les fruits de Néré ; • les feuilles de palmiers doum et des rôniers ; • Les fourrages herbacés et aériens. En dépit de ces grandes potentialités, plusieurs menaces pèsent sur les ressources naturelles. Il s’agit essentiellement: • des facteurs naturels : déficit pluviométrique, sécheresse ; • des facteurs humains : démographie et mauvaises pratiques de gestion des terres, des forêts, des pâturages, de l’eau et des pêcheries, de la faune, etc. Ceci étant exacerbée par l’insuffisance d’un dispositif politique et législatif peu adapté aux réalités locales. C’est ainsi qu’au nombre des conséquences de telles menaces, on peut citer entre autres : • la dégradation croissante des ressources ; • la baisse croissante de la production agro-sylvopastorale et halieutique ; • l’aggravation de l’insécurité foncière ; • la recrudescence des conflits communautaires ;

• l’insécurité alimentaire et la famine ; • l’aggravation de pauvreté et des inégalités sociales

• la réduction de la diversité biologique voire la disparition de certaines espèces animales et végétales

1.2.1 APERÇU SUR LA REGION DE MOPTI La région de Mopti s’étend du 13’45’’ au 15’45’’ de latitude nord et du 5’30’’ au 6’45’’ de longitude Ouest. Elle couvre une superficie de 79.017 Km² soit 6,34% du territoire national. Son découpage administratif correspond à 8 cercles ; 108 communes et 2.036 villages

ETAT DES RESSOURCES ET LES SYSTEMES DE PRODUCTION Du point de vue climatique, elle s’étend du Nord au Sud entre les zones sahéliennes (150 à 550 mm) et soudanienne – nord (550 à 1.150 mm) caractérisée par un régime aride à semi-aride. La région de Mopti compte quatre (4) espaces homogènes de potentialités différentes qui sont Les plaines du séno-gondo­ (fossé d’effondrement entre le plateau Mossi et le plateau de Bandiagara-) ; le Gourma (vaste pénéplaine située entre 200 et 350 m d’altitude) ; le plateau de Bandiagara (plate-forme gréseuse du précambrien avec le point culminant du Mont Hombori: 1.115 m) ; Le Delta central du Niger (zone de subsidence continentale occupant le sud du bassin de Taoudenni). La situation des ressources naturelles est caractéristique des rapports à la terre, aux pâturages, aux eaux, aux ressources halieutiques. Ce qui lui a valu la réputation de région des conflits du fait de la compétitivité entretenue entre protagonistes, de la diminution du potentiel, et des divergences d’intérêts.

6 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ • Du point de vue des ressources en eau, la région de Mopti est caractérisée par un réseau hydrographique de surface assez riche. La quasi-totalité de la région appartient au bassin versant du fleuve Niger et dans une moindre proportion au bassin de la Volta Noire. Sur le territoire de la région coulent le fleuve Niger, son affluent le Bani, son défluent le Diaka, le Sourou, les Yamés ou marigots alimentés par les eaux de pluies. Il existe une multitude de mares et de lacs qui se révèlent très importants pour leur exploitation agricole, piscicole et pastorale. On distingue : le lac Oualado (120 Km²), le lac Débo (100 Km²), le lac Korientzé (55 Km²), le lac Korarou (170 Km²), le lac Aougoundou (130 Km²) et le lac Niangaye (400 Km²). Les ressources en eau de surface de la région sont utilisées pour satisfaire les besoins divers (la riziculture, le maraîchage, la pisciculture etc…) avec la maîtrise de l’eau qui se développe de plus en plus. Les ressources en eau souterraine ne sont pas non plus négligeables. • Sur le plan agricole, les ressources en terre de la région sont caractérisées par une grande variabilité de la nature des sols et de leur fertilité. Selon les études menées par le PIRT, le potentiel cultivable représente 1 500 000 hectares soit 19 % du total. Les superficies actuellement cultivées font moins de 400 000 hectares en sec. Le niveau d’exploitation des terres cultivables est de 60 % à 80 % à Bandiagara contre 75 à 80 % sur le Gondo Mondoro (analyse du secteur agricole 1987). Le potentiel de terres irrigables est estimé à 910 000 hectares (PIRT 1983). • Par rapport aux ressources pastorales, la région de Mopti dispose de riches pâturages naturels repartis entre plusieurs aires dont le Delta, le Méma, le Gourma et le Séno qui en font une région très favorable à l’élevage. Les caractéristiques naturelles des zones de pâturage impliquent leur exploitation par la transhumance, selon l’alternance des saisons (parcours exondés et inondés). L’essentiel des pâturages de la région est localisé dans le Delta Central du Niger avec une superficie de 680 000 hectares pour les zones de pâturages identifiés. La superficie des bourgoutières et pâturages d’hivernage en zone exondée est d’environ 23 000 Km². Selon les données de la DRAMR de Mopti (avril 2002), l’effectif du cheptel pour la région est le suivant : – Bovins = 1 420 000 – Ovins = 1 500 000 – Caprins = 2 100 000 – Equins = 24 000 – Asins = 133 000 – Camélins = 5 300 – Porcins = 8 600 – Volailles = 3 800 000 sujets La production moyenne de lait par vache est estimée entre 0,5 à 1,5 litre par jour pour une durée de lactation de 210 jours (Djénépo, 1988). • En ce qui concerne les ressources forestières, le potentiel des ressources de la région est fonction de la diversité des zones agro-écologiques. Ainsi : – La zone lacustre renferme sept (7) forêts classées d’une superficie totale de 8.000 hectares ; – Les plaines alluviales du Sourou dans le Séno comportent deux paysages caractéristiques :

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 7 • le paysage associé aux plaines alluviales limoneuses ou argileuses où les volumes ligneux varient de 10 à 35 m³/ha dans les meilleures conditions et, • le paysage associé aux glacis de dénudation avec un volume de ligneux d’environ 6 m³/ha. A l’échelle de la région de Mopti, la superficie boisée est estimée à environ 4 300 000 hectares avec un capital ligneux de 34 000 000 m³ et une productivité de 0,36m³/ha. • Quant à la pêche, elle est un secteur clé de l’économie de la région. Le potentiel halieutique est presque confondu à celui du Delta Central du Niger qui produit plus de 80 % de la production nationale de poissons. La pêche s’effectue sur toutes les collections d’eau de la région : le fleuve Niger, le Bani, le Diaka, le Sourou, les lacs, les mares et plaines inondées qui servent de frayères aux différentes espèces de poissons qui peuplent les cours d’eau. On y dénombre 137 espèces de poissons dont 38 ont une importance économique indéniable. Les estimations de capture dans le Delta Central montrent des variations annuelles importantes pouvant aller du simple au triple en fonction des conditions climatiques (87 000 tonnes en 1969-70, 37 000 tonnes en 1984-85). La production halieutique mobilise chaque année près de 300 000 acteurs intervenants à différents niveaux de la filière sur lesquels l’on dénombre 62 000 pêcheurs actifs. • Les contraintes à la gestion des ressources naturelles de la région sont de plusieurs ordres et constituent en ce moment l’objet de réelles inquiétudes sur l’avenir de celles – ci. – Au cours de ces dernières années, la région de Mopti a connu des changements climatiques importants. Ainsi par rapport à la moyenne inter annuelle qui était de 538,2 mm (1956-79), les pluviométries annuelles étaient en régression constante pour atteindre les niveaux critiques soit 321 mm en 1976, 305 mm en 1982 et 321 mm en 1984 (source ODEM/DRE 1994). Pendant cette période les crues du Niger et du Bani ont accusé également les niveaux les plus faibles jamais enregistrés. La cote maximale atteinte par les eaux était en moyenne 5,68 m à Mopti de 1950 à 1965, celle-ci avait atteint des seuils critiques avec 4,65 m en 1982, 3,49 en 1984 (communication sur l’évolution du Delta 1994). Par ailleurs on note l’évolution de la température qui a pour conséquence d’augmenter l’intensité de l’évaporation. La persistance de la sécheresse et la dégradation de l’environnement ont eu des conséquences négatives sur les secteurs de la production. – Sur le plan agricole, on peut noter le sous-équipement des producteurs, le faible taux d’adoption des technologies nouvelles, la présence de plusieurs ennemis des cultures, la colonisation des rizières par le riz sauvage, la faible organisation des circuits de commercialisation et des filières d’approvisionnement en intrants, le faible niveau d’épargne et condition d’accès difficile au crédit, l’insuffisance des unités agro-industrielles de transformation, les conflits liés à la gestion foncière, l’ensablement. – En matière d’élevage, ce sont le rétrécissement des espaces pastoraux entraînant une compétition entre agriculteurs et éleveurs, les difficultés d’abreuvement et d’alimentation du cheptel en certaines périodes de l’année, l’absence du décret d’application de la charte pastorale, l’insuffisance des infrastructures pastorales, l’insuffisance des unités de transformation de produits d’origine animales, la faible dynamisme des organisations d’éleveurs, l’insuffisance de l’organisation des circuits de commercialisation du bétail, la persistance des maladies animales, le sous-équipement des éleveurs. – Dans le domaine de la pêche, les contraintes majeures rencontrées sont : la faiblesse de la crue, la faible productivité des pêcheries, la superposition du droit positif et coutumier dans la gestion de l’activité, la difficulté d’accès au crédit, la faible promotion de la pisciculture. – Les contraintes qui pèsent sur les ressources forestières et fauniques sont : la faiblesse et l’irrégularité des pluies, le déboisement et le surpâturage, le défrichement anarchique, la mutilation, les feux de brousse, l’assèchement des mares, le braconnage, la baisse de la nappe phréatique. – Sur le plan institutionnel, les contraintes majeures sont :

8 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ • L’insuffisance d’articulation entre les projets régionaux et nationaux ; • Le faible niveau d’harmonisation des actions de développement social et économique menées par les divers intervenants (administration, services techniques, structures de la recherche, ONG) ; • La superposition du droit coutumier et du droit positif qui caractérise la gestion du foncier ; • L’absence de décrets d’application des lois telles que la charte pastorale, la loi sur les principes de constitution du domaine des collectivités, le code de l’eau.

1.2.2 APERÇU SUR LA REGION DE TOMBOUCTOU La région de Tombouctou est comprise entre le 15ème et le 25ème degré de latitude Nord et les 2ème et 4ème degré de longitude Ouest. Sa superficie est de 497.926 Km2 (soit 40% du territoire du Mali) pour une population d’environ 515.000 habitants5 pratiquant essentiellement l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’artisanat et le commerce.

ETAT DES RESSOURCES ET SYSTEME DE PRODUCTION Le relief de la région est dunaire à 90%. C’est ainsi que du point de vue de la végétation, on distingue les steppes arbustives et herbacées et le désert où les surfaces forestières ne couvrent que seulement 18% du territoire régional. Les maigres formations forestières sont essentiellement dominées par les épineux à dominance d’acacia spp. dont les hauteurs moyennes sont de 2 mètres. Il existe de nombreuses forêts régénérées soit par plantation, semis, régénérations naturelles ou par des mises en défens, avec un taux de couverture de près de 60% de la superficie des parties jadis boisées du territoire régional qui était de 18%. Du point de vue des ressources en eau, la région dispose d’énormes potentialités d’eau de surface grâce à ses nombreux lacs : Faguibine, Télé, Fati, Horo, etc. alimentés par le fleuve Niger. C’est ainsi qu’à la faveur de son réseau hydrographique important se sont développés les activités de pêche destinées à la commercialisation et à l’autoconsommation. Le sous secteur de l’agriculture est dominé par les cultures de sorgho de décrue, la riziculture sur les périmètres irrigués dont les productions sont toujours déficitaires en raison des aléas climatiques et la ‘‘rusticité’’ des moyens de production. Quant à l’élevage, il est loin le sous secteur le plus important de l’économie régionale et représenterait 9% de bovins, 24% d’ovins/caprins et 34% de caméliens, du cheptel national. La faune est assez pauvre et peu variée est réduite à la présence spontanée d’espèces comme la gazelle au front roux (Gazella rufifron), la gazelle dorcas (Gazella dorca), l’Outarde (Neotis denhami) et la pintade (Numida meleafris) à côté des petits rongeurs (lièvres, écureuils, etc.). Par contre, dans sa partie sud-est (cercle de Rharous) la région est fréquentée par un important troupeau d’éléphants (Loxodonta africana)

LA PROBLEMATIQUE DE LA DESERTIFICATION Malgré sa situation géographique, la Région de Tombouctou étant jadis une zone agrosylvo pastorale à cause de ses ressources en eau de surface, l’étendue de ses ressources fauniques et halieutiques, elle est devenue aujourd’hui l’une des parties du pays les plus touchées par la désertification voire la désertisation. Le phénomène qui a commencé depuis longtemps a été aggravé par la grande sécheresse des années 1970 et celles qui ont suivi. Il se poursuit toujours avec des conséquences fâcheuses sur le développement socio économique des Régions Nord du pays. Il se manifeste par un déficit pluviométrique chronique dont la moyenne inter annuelle dépasse rarement les 180 mm il y a 20 ans. Des températures élevées avec un maxima de 46ºC en juin et un minima de 11ºC en janvier. Des vents chauds et violents pouvant atteindre une vitesse de 2,5 à 3m/s avec une prédominance de l’harmattan. Une évapotranspiration moyenne allant à 2300 mm/an.

5 Recensement administratif, 1996

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 9 Une baisse de la crue du fleuve Niger qui rend difficile l’alimentation de nombreux lacs et mares, réduit les superficies cultivables et les pâturages avec comme conséquences une forte pression et dégradation des ressources renouvelables. De façon générale les écosystèmes sont dégradés, la couverture végétale disparaît au fur et à mesure que l’on remonte vers le Nord et le relief de la région est dunaire à 90%. La Région est confrontée à un ensablement généralisé qui affecte les habitations, les terres agricoles, les pâturages, les cours d’eau et points d’eau ainsi que les voies de communication routières et fluviales. Avec l’assèchement de plusieurs lacs et mares, la dégradation des pâturages ; éleveurs, agriculteurs et pécheurs se livrent à une compétition dans la vallée du fleuve et aux abords des lacs et mares existants pour l’exploitation des ressources à ces niveaux. La situation a créée un sentiment de désespoir chez les communautés au sein desquelles des conflits sont nés et le plus grave a été l’instabilité généralisée maintenant apaisée qu’ont connu les région du Nord au cours de la dernière décennie. Face aux nombreux problèmes, le Gouvernement avec l’aide de ses partenaires a enclenché de vastes programmes de développement visant à améliorer les conditions d’existence dans la Région.

1.2 DESERTIFICATION AU MALI Le Mali a connu depuis les années ‘70’ des années de sécheresse successives qui ont contribué à rompre le fragile équilibre écologique du nord et de l’est du pays. L’Homme par ses actions ne fait qu’accentuer les effets de la nature. La zone du fleuve ainsi que la zone lacustre sont devenus les lieux de repli pour les populations. Cette concentration a été augmentée par l’exode des nomades du nord en quête de pâturages et de points d’eau. Cela a entraîné la surexploitation des forêts et des pâturages et un déséquilibre entre leur potentialité de production et de régénération. Ce qui a favorisé la disparition de la couverture végétale. Les terres ainsi mises à nu, l’érosion éolienne et hydrique a déclenché le phénomène d’ensablement. La dégradation de l’environnement a perturbé de plus en plus le cadre de vie des populations urbaines et rurales : vents de sable, ensablement des fleuves, des mares, des routes, des terres de culture et des habitations, disparition de la végétation herbacées, arbustives et arborées autour des villes et villages, allongement des déplacements pour l’approvisionnement en eau et en bois etc… Face à cette situation, le Gouvernement du Mali a entrepris avec l’appui de ses partenaires dès les années ‘80’, plusieurs actions pour lutter contre ce phénomène à travers différents programmes de développement. Il s’agissait de contrôler l’ensablement des terres agricoles et des voies de communication et d’arrêter la dégradation des ressources forestières, pastorales, fauniques et halieutiques et donc la dégradation des conditions d’existence des populations.

1.3 PLAN D’ACTION NATIONAL DE LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION Le Gouvernement malien a conduit très tôt des actions de gestion des ressources naturelles et de lutte contre la désertification. Un plan national de lutte a été élaboré en 1985 mais les faibles implications et participation des populations aux actions n’ont pas permis d’inverser ni même freiner le phénomène. En s’engageant à Rio en 1992, sur l’Agenda 21 et en signant puis ratifiant en 1995 la convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CCD), le Mali a placé cette lutte parmi ses préoccupations majeures et a clairement manifesté sa volonté d’intégrer la dimension environnementale dans toutes ses politiques macro­ économiques, transversales et sectorielles. Pour concrétiser cette volonté, le Gouvernement malien a adopté en 1998 le Plan National d’Action Environnementale (PNAE) ainsi que neuf programmes d’actions nationaux conformément à la convention contre la désertification (PAN-CID). Cet ensemble qui constitue la politique nationale de protection de l’Environnement (PNPE), est le fruit d’une large concertation des partenaires (y compris

10 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ les bailleurs de fonds) aux différents niveaux national, régional et local. Il concerne à la fois l’environnement rural, le milieu urbain et les institutions chargées de la gestion des problèmes environnementaux. Sa mise en œuvre doit s’effectuer à travers les collectivités décentralisées qui sont appelées désormais à prendre en charge leur patrimoine, notamment dans le domaine des ressources naturelles. Le but de la politique de protection de l’environnement vise précisément à garantir un environnement sain et un développement durable par la prise en compte de la dimension environnementale dans toute décision qui touche la conception, la planification et la mise en œuvre des politiques, programmes et activités de développement par la responsabilisation de tous les acteurs et actrices. La politique de l’environnement au Mali est sous-tendue par les principes suivants : • équité et égalité entre tous • implication / responsabilisation et la participation de tous les acteurs ; • prévention et précaution ; • internationalisation des coûts de l’environnement et application du principe du « pollueur payeur ». Les objectifs globaux de cette politique visent à assurer la sécurité alimentaire et la fourniture d’autres produits en quantité et qualité suffisante, à préserver et améliorer la cadre de vie de la population (hommes et femmes), à développer les capacités nationales de prise en charge des activités de protection de l’environnement aux différents échelons, à promouvoir la création d’emplois et à contribuer de manière active aux efforts entrepris aux niveaux sous-régional, et international en matière de protection, restauration et de gestion de l’environnement. Les objectifs spécifiques sont : • Dans le domaine de la gestion des ressources naturelles et de la protection de l’environnement en milieu rural – développer et appuyer la mise en œuvre d’une gestion décentralisée et participative des ressources naturelles renouvelables ; – appuyer les différentes collectivités territoriales, les organisations et association de producteurs et productrices (OP, Organisations socioprofessionnelles, GIE) et d’autres partenaires de la société civile, comme les ONG, afin qu’ils jouent pleinement leur rôle dans la gestion des RN et la protection de l’environnement; – promouvoir des systèmes de production agricoles durables et des méthodes d’exploitation minière respectueuses de l’environnement ; – élaborer et appuyer la mise en œuvre de programmes participatifs de gestion des RN à travers les schémas régionaux d’aménagement du territoire et les schémas d’aménagement et de gestion des terroirs villageois, en vue de réduire les effets de la dégradation, de la désertification et /ou de la sécheresses. • Dans le domaine de la protection de l’environnement en milieu urbain : – lutter contre toute forme de nuisance et de pollution ; – encourager les initiatives locales dans la collecte et le traitement des déchets domestiques et d’assainissement ; – élaborer et/ou renforcer la mise en œuvre d’une politique d’assainissement ; – maîtriser les interactions entre milieu rural et milieu urbain.

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 11 • Dans le domaine des mesures institutionnelles et législatives : – Mettre en place un cadre institutionnel approprié en vue d’assurer la coordination, le contrôle et le suivi de la mise en œuvre de la politique nationale de protection de l’environnement ; – Renforcer les capacités des différentes catégories d’acteurs et actrices ; – Harmoniser les lois et règlements en vigueur et élaborer les textes juridiques et réglementaires ; – Rendre obligatoire les études d’impacts environnementaux, comme prévu dans le code des investissements. • Dans le domaine de la coopération internationale – Veiller au respect et à la mise en œuvre des divers Conventions, Accords et Traités internationaux signés et ratifiés par le Mali ; – Développer des programmes de coopération sous-régionale et internationale en matière de protection de l’environnement, et plus particulièrement autour des ressources partagées (fleuves, parcs trans­ frontaliers).

STRATEGIE DE MISE EN ŒUVRE : Les axes stratégiques de la politique nationale de protection de l’environnement comportent : • Préserver et renforcer les acquis techniques et méthodologiques ; • Promouvoir une approche globale et multisectorielle ; • Prévenir toute nouvelle dégradation des ressources ; • Promouvoir la restauration et la récupération des zones et sites dégradés ; • Mettre en place un cadre de coordination ; • Renforcer les capacités nationales ; • Mettre en place un système de contrôle, de suivi et de surveillance continue de l’environnement.

1.4 OBJECTIFS DU RAPPORT Base fondamentale pour le développement économique et social de la population sahélienne en majorité rurale, l’exploitation des ressources naturelles contribuent essentiellement à leur survie et à leur épanouissement. La gestion de ressources naturelles et les actions de lutte contre la désertification ont été identifiées comme axes prioritaires d’intervention au lendemain des épisodes de sécheresse des années 1970 qui ont décimé le cheptel et éprouvé la population. De nos jours, l’intérêt accordé aux questions environnementales par les différents plans de développement s’est accru. C’est ainsi que depuis environ trois (03) décennies, les mutations écologiques et environnementales induites suite aux grandes sécheresses se sont traduites par un intérêt croissant accordé aux questions environnementales et surtout à la lutte contre la désertification. De nouvelles approches fondées sur la participation ont été introduites dans les programmes d’actions. Des efforts immenses ont été faits par les populations (grâce à l’assistance des institutions diverses) pour lutter contre la désertification et certaines tendances de dégradation des ressources naturelles ont pu être atténuées voire renversées dans bien de cas. Des situations de précarités et de pauvreté absolue de la population, beaucoup de communautés ont survécu et ont vu leurs conditions d’existence améliorées grâce aux initiatives de lutte contre la désertification. Mais, il demeure que les expériences, les succès rencontrés et

12 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ les impacts écologiques et socio – économiques des actions de lutte contre la désertification sont très peu documentés. Ce qui fait que les questions environnementales et de lutte contre la désertification ont de plus en plus tendance à émousser l’enthousiasme et l’engouement des donateurs extérieurs au profit des investissements vers les secteurs de la santé et de l’éducation. La présente étude financée par FRAME rentre dans ce cadre afin de faire ressortir les impacts des investissements en matière de GRN sur l’environnement écologique, économique et social des populations dans deux régions (Mopti et Tombouctou) du Mali. En outre, la présente étude, capitalisant certaines expériences de LCD, vise à informer et à influencer les décideurs nationaux (parlementaires, gouvernement) et les bailleurs de fonds sur la pertinence d’accroître les investissements dans les actions de LCD et de gestion des ressources naturelles, facteurs de développement socio - économique durable et de lutte contre la pauvreté en milieu rural. En effet, en milieu rural, les économies locales reposent essentiellement sur l’exploitation des ressources naturelles ; leur dégradation conduira infailliblement à la détérioration des conditions de vie des communautés et de leur environnement.

1.5 METHODOLOGIE Suite à une prospection sur le terrain par une équipe conjointe IRG/GDRN5/NEF en février 2005, il a été retenu 3 sites dont Bandiagara (cercle de Bandiagara, Région de Mopti) et Hondo Bomo Koyna et Bourem Inaly (cercle de Tombouctou, Région de Tombouctou). Après le choix des sites, la NEF et la GDRN5 ont été chargés d’entreprendre le travail de terrain et la revue de la documentation nécessaire pour réaliser l’étude. Le processus s’est poursuivi par la recherche documentaire et l’élaboration des outils de collectes d’informations (guide d’entretien, questionnaires) basée sur le cadre d’analyse Nature, Richesse et Pouvoir proposé par FRAME. Pendant trois semaines courant novembre 2005, l’équipe chargée de conduire l’étude s’est rendue d’abord sur le terrain à Doucombo, Songho, Siby-Siby et Golougo-Diambi (cercle de Bandiagara), et à Bourem Inaly, Hondo Bomo Koyna et Kabara (cercle de Tombouctou), pour collecter des informations tant au niveau des populations qu’au niveau des structures d’appui. Ensuite elle a procédé au traitement des données recueillies sur terrain, à leur analyse et à la rédaction du rapport d’étude.

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 13 II. MESURES DE LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION DANS LES REGIONS DE MOPTI ET TOMBOUCTOU

2.1 TYPES D’INITIATIVES Par rapport à sa situation à la porte du Sahara, le phénomène de la désertification a été et demeure une donnée permanente dans la région de Tombouctou. Malgré l’ampleur et l’immensité du problème, les actions pour y faire face n’ont commencé qu’après la catastrophe des années 1970 qui a créé une émotion tant sur le plan national qu’international. Tombouctou à l’instar des autres régions du Nord a été confronté depuis les années 1973 à des sécheresses successives qui ont entraînés d’importants changements écologiques avec comme conséquences la déflation éolienne, la dégradation des sols, de la végétation et des infrastructures existantes. De ces multiples problèmes environnementaux, l’ensablement est de par ses facteurs le phénomène le plus crucial. C’est en vue de freiner ce fléau que les communautés ont demandé l’intervention du Gouvernement malien. Ainsi dans le cadre de la lutte contre la désertification et l’avancée du désert, les autorités du pays et le Fonds Européen de Développement (FED) ont manifesté cette impérieuse nécessité de freiner l’ensablement. C’est dans ce cadre que le programme de lutte contre l’ensablement et développement des ressources naturelles dans les régions Nord du Mali a été mis en œuvre. Il fait suite à un projet pilote qui visait à protéger la ville de Tombouctou contre l’enfouissement des dunes de sable. Quant au plateau dogon dans la région de Mopti défavorisé par son milieu physique et les aléas de la nature, la dégradation des sols agricoles était un phénomène ressentie au niveau de toute la communauté. Ceci les a poussé à réaliser selon leur degré de capacité beaucoup de mesures traditionnelles de conservation des sols et d’utilisation rationnelle des eaux de ruissellement notamment à travers des digues et diguettes filtrantes et de petites retenues en banco et des puisards pour l’exploitation de périmètres maraîchers. C’est au regard des initiatives propres des communautés que « Molibemo », une association traditionnelle des producteurs ruraux et la coopération allemande avec le projet de réhabilitation de barrages et pistes rurales (PRBP) ont appuyé la réalisation des mesures anti-érosives afin de récupérer les terres dégradées et aussi d’éviter la dégradation de nouvelles terres et ensuite la construction de barrages pour prolonger la durée de la présence de l’eau dans la retenue en vue d’aider les communautés à mener en toute sécurité diverses activités agricoles et maraîchères.

2.2 ROLES ET CAPACITES Depuis très longtemps, les politiques de gestion des ressources naturelles ont été basées sur la conservation des ressources renouvelables avec comme seuls acteurs les services de l’Etat. C’est après les longues années de sécheresse que des réflexions allant dans le sens d’une gestion concertée avec les populations ont été menées. Les projets et programmes mis en œuvre à l’époque ont donné la priorité à l’aspect écologique sans trop se préoccuper des besoins essentiels et immédiats des populations. Les résultats sont restés mitigés car il manquait une volonté réelle de participation. C’est par rapport à ces faiblesses et à des vrais problèmes de survie posés aux populations que des réajustements ont été faits à la faveur de la décentralisation pour prendre en compte certains besoins

14 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ prioritaires après une discussion franche avec les communautés et une implication de tous les acteurs à tous les niveaux de prise de décision selon les domaines de compétences de tout un chacun. Ainsi le Chef de village, de fraction et de quartier participe à l’élaboration et à la mise en œuvre des actions de développement en direction de leur communauté. A cet effet ils expriment auprès du maire les besoins de leur communauté, les solutions et les objectifs préconisés par celle-ci et les modalités de sa participation aux actions projetées. (Art.64 Code des Collectivités Territoriales) Les conseillers du village mettent tout en œuvre pour éveiller, susciter, encourager et soutenir l’initiative des populations et pour favoriser l’action conjuguée de ces dernières et des pouvoirs publics (Art 71.Code des Collectivités Territoriales) Les conseillers de village, de fraction et de quartier peuvent formuler des recommandations sur toutes mesures qu’ils jugent utiles de voir mettre en œuvre par le Maire. Dans la gestion de leurs domaines les organes délibérants des collectivités territoriales peuvent procéder à des délégation de pouvoir aux autorités villageoises de fraction et quartier (Art 14 Loi 96 -050) L’organisation des activités des différents domaines des collectivités territoriales est réglementée par les organes délibérants en collaboration avec les organisations socio -professionnelles et les services techniques conformément aux lois et aux conventions locales (Art.16 , 22, 27, 31, 36, 37, 39,Loi 96-050 du 16 Oct.1996.) L’Assemblée permanente de la chambre d’agriculture, les organisations socioprofessionnelles, les ONG participent aux commissions de gestion des ressources naturelles prévues par les textes législatifs et réglementaires.

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 15 III. CONSERVATION DES SOLS AGRICOLES DANS LE CERCLE DE BANDIAGARA

3.1 DESCRIPTION SOMMAIRE Conscients du phénomène de dégradation des terres agricoles avec son corollaire de déficit de production et de rendements, les villages partenaires de l’Association traditionnelle « Molibemo » ont entrepris des actions visant à la restauration des terres agricoles. Il s’agit de la construction des diguettes en pierres libres perpendiculairement au sens d’écoulement des eaux de ruissellement des pluies en vue de réduire la vitesse de l’eau tout en favorisant sa couverture sur une grande superficie et son infiltration. C’est dans ce souci que les villages de et Songho de 2003 à 2005 ont réalisé plus de 20 000 mètres de diguettes en organisation communautaire et/ou familiale.

3.2 BACKGROUND

3.2.1 LOCALISATION DU CAS Le village de Doucombo est le chef lieu de la Commune Rurale de Docoumbo (situé à 5 km à l’Ouest de Bandiagara chef lieu de cercle). Sa population est de 1 462 habitants pratiquant essentiellement la monoculture de petit mil sur des sols rocheux accidentés et très dégradés par l’érosion hydrique. Quant au village de Songho, peuplé de 2 310 habitants, il est rattaché à la commune rurale de Doucombo. Essentiellement peuplé d’ethnie Dogon, l’activité principale est l’agriculture. Villages situés sur des dalles rocheuses, Doucombo et Songho sont tous confrontés à des problèmes de disponibilité en terres de culture, d’érosion hydrique, de fertilité des sols et de baisse de production d’année en année d’où la nécessité d’entreprendre des actions de restauration de leurs terres agricoles.

3.2.2 ASPECTS GÉOGRAPHIQUES ET ENVIRONNEMENTAUX Caractérisé dans son ensemble par une succession de chaînes de collines gréseuses séparés par de vallées généralement sillonnés par des cours d’eau temporaires. L’ensemble des structures est incliné vers l’ouest ; ce qui accentue aussi l’érosion pluviale provoquant le départ d’environ 10 tonnes de terres par an et par hectare (Développement régional du plateau dogon ; Schéma directeur)6. De nos jours, il ne reste qu’environ 10 à 15% des terres cultivables7. La couverture végétale ligneuse est arbustive et/ou arborée avec une densité variable. Le climat est sahélien avec une pluviométrie moyenne de 400 mm/an, très souvent mal repartie entraînant un déficit quasi cyclique de la production agricole.

3.2.3 SOURCES DE VIE ET ASPECTS SOCIAUX ET ECONOMIQUES IMPORTANTS L’économie à vocation agro-pastorale occupe plus de 80% de la population. Elle se caractérise par une faible disponibilité de terres. Les effets de la sécheresse et la pauvreté ont provoqué une exploitation plus accrue des ressources et la dégradation de celles-ci.

6 HDS : Rapport final, 1996 7 Les techniques traditionnelles de conservation des eaux et du sol sur le plateau dogon ; Dossier nº 25 IIED

16 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ Les principales cultures pratiquées généralement par les populations sont le mil et le sorgho. Les cultures de tubercules comme la patate ont tendance à disparaître par manque de pluies. Avec l’appui des partenaires au développement ces dernières années, d’autres cultures comme les produits maraîchers (oignon, aubergine, tabac, ail, tomate, etc…), le riz dans les micro bassins aménagés sont de plus en plus pratiqués comme mode d’exploitation sûrs pour la sécurité alimentaire et l’augmentation des revenus. Dans le domaine social, les infrastructures sont insuffisantes et manquent de matériels et de personnel pour assurer les services de base, à toute la population. L’analphabétisme frappe encore la majorité de la population.

3.2.4 RESSOURCES UTILISEES OU GEREES Les terres agricoles sont de loin les ressources stratégiques qui sont gérées coutumièrement par des individus ou des familles ou souvent par le chef de village. Il en est de même des arbres champêtres utilitaires (tamarinier, rônier, baobab, raisin sauvage, etc.) qui sont gérés et contrôlés par les propriétaires de champs. Quant aux forêts naturelles, elles sont considérées comme des biens collectifs et leur accès est réglementé aux membres de la communauté pour satisfaire leurs besoins. Des structures locales8 ont été souvent crées dans le village pour assurer la surveillance des forêts contre la coupe de bois vert, la cueillette de fruits non – mûrs, les feux de brousse, etc. La persistance de la sécheresse et des mauvaises pratiques conjuguées à la démographie et à l’augmentation des besoins en terre ont eu des conséquences négatives sur la production agricole et la régénération des forêts.

3.2.5 AUTORITES QUI UTILISENT OU OCTROIENT LES RESSOURCES Au plateau Dogon, la terre est gérée suivant des règles coutumières. Ainsi, elle s’obtient dans la plupart des cas par héritage et dans une moindre mesure par prêt. Elle ne s’achète pas et n’est non plus vendue. Quand elle est prêtée, l’emprunteur est libre de l’exploiter sans autre forme de redevance ou récompense à l’endroit du propriétaire. Par contre, les ressources trouvées par l’emprunteur avant la date du prêt appartiennent au propriétaire terrien. De façon générale, la durée du prêt est indéterminée. L’emprunteur est ainsi tenu de céder la terre prêtée chaque fois que le propriétaire en a besoin. En outre, l’emprunteur ne doit entreprendre aucun investissement durable (creusement de puit, plantation d’arbre) sur la terre en question sans l’autorisation du propriétaire terrien.

3.2.6 FINANCEMENT ET ORGANISATION DES ACTIVITES DECRITES Face à la crise de terres fertiles, les initiatives d’intensification des actions de lutte contre la dégradation de terres ont commencé avec l’appui de l’Association Molibèmo dont les objectifs étaient de récupérer les terres dégradées pour des fins agricoles. L’appui de l’Association Molibèmo consistait à organiser et à former les groupements villageois en techniques de lutte anti–érosifs et de mettre à leur disposition, le matériel nécessaire (marteaux, barres à mine, brouettes, etc.). La participation villageoise consistait en la fourniture de la main-d’œuvre pour le transport des pierres et la construction des cordons. A cet effet, les absences non – motivées aux travaux étaient sanctionnées par un comité villageois chargé de l’organisation et de la gestion des activités.

3.3 DESCRIPTION DETAILLEE Le relief du terroir villageois de Doucombo est très accidenté. Les sols sont rocheux et très dégradés par les formes d’érosion hydrique (lessivage, ruissellement, ravinement) et éoliennes et très accidentés. C’est ainsi que jadis, pour atténuer le transport des terres par les eaux de pluies et garantir la production, les agriculteurs pratiquaient empiriquement la lutte anti – érosive par des cordons pierreux et la protection des régénérations naturelles dans leurs parcelles individuelles. A l’époque, il existait des règles locales pour contrôler l’accès et

8 Les ‘‘Sana – kouré’’, les ‘‘adi – kaï’’, etc.

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 17 réglementer l’exploitation des ressources naturelles (terres, forêts, faune). Ces règles étaient légitimes et respectées des membres de la communauté de Doucombo et de ceux des communautés riveraines. Depuis l’Indépendance du Mali, ces règles ont été très affaiblies par la mainmise de l’Etat sur la gestion de toutes les ressources. Les défrichements, la coupe des arbres, la chasse, etc. seront désormais sous le contrôle du Service forestier qui délivraient les autorisations. Dès lors l’anarchie débuta : face à la satisfaction de leurs besoins en terres de cultures et en bois de chauffe et de construction, les populations de la ville de Bandiagara et de celles de certaines communautés riveraines envahirent le territoire villageois de Doucombo. Le service forestier délivrait sans discernement les autorisations de coupe de bois et de défrichements des forêts. Les nouveaux occupants pratiquaient surtout la culture extensive et adoptaient peu les mesures de lutte anti – érosives dans les champs; les champs étaient abandonnés pour de nouvelles friches chaque fois qu’ils devenaient pauvres. Ainsi, au fil du temps, il s’en est suivi comme conséquences socio – économiques et écologiques : • l’aggravation de l’érosion des terres par le ruissellement des eaux de pluies; • l’augmentation des superficies des terres dégradées et l’apparition de grandes plages de glacis ; • la baisse des rendements des terres agricoles ; • la disparition des forêts naturelles, des pâturages et de la faune; • la présence des conflits fonciers ; • l’exode rural. Songho a aussi un relief est très accidentés, les sols sont rocheux et très dégradés par l’érosion hydrique. Traditionnellement, les agriculteurs pratiquaient empiriquement la lutte anti – érosive par des cordons pierreux et la protection des régénérations naturelles dans leurs parcelles individuelles. A la faveur des années de sécheresses successives et de la faiblesse des pluies et de l’augmentation des besoins nouveaux en terres, conséquence de la croissance démographique et du déboisement, certaines manifestations redoubleront d’intensité tels : • l’aggravation de l’érosion des terres par le ruissellement des eaux de pluies ; • le ravinement ; • l’augmentation des superficies des terres dégradées et l’apparition de grandes plages de glacis ; • la baisse des rendements des terres agricoles ; • la disparition des forêts naturelles, des pâturages et de la faune; Vu l’ampleur de ces problèmes, les villages approchèrent Molibèmo et les premières interventions commencèrent en 2000 à Songho par le traitement du principal ravin long de plus de 5 km qui constituait un danger non seulement pour le village mais aussi pour les champs de culture et en 2003 à Doucoumbo par le traitement collective d’une grande superficie totalement dégradée.

3.4 RESULTATS Les principales actions ont porté sur : • la construction de cordons pierreux en vue de récupérer les glacis : à cet effet, les réalisations ont porté sur 13 000 mètres de cordons dont 10 000 mètres en 2003 et 3 000 mètres en 2004 (en cas de 400 m par ha...la superficie aménagée serait 325 ha);

18 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ • la mise en défens des terres dégradées. La restriction portait sur l’interdiction de mise en culture et de coupe de bois sur certaines parcelles sous quelque forme que ce soit pendant une période donnée. Les actions menées sont sous la responsabilité des groupements villageois qui ont mis en place des comités de gestion et de surveillance des sites. Des règles des ressources naturelles ont été instituées dans les villages et portent sur : • les absences non – justifiées aux travaux collectifs de lutte anti – érosives ; • l’interdiction de coupe des arbres sur les sites traités ; • la fauche de foins pour des fins commerciales ; Une brigade de surveillance a été mise en place à cet effet pour veiller au respect strict des règles. Figure 1 : Effets des actions de restauration des sols agricoles à Doucoumbo

Les impacts des actions de lutte anti-érosive constatées par les producteurs villageois sont entre autres :

IMPACTS ÉCOLOGIQUES • le dépôt et la reconstitution des terres notamment aux amonts des ouvrages anti – érosifs ; • la reprise de la végétation herbacée. Le dépôt de sable le long des cordons permet avec les premières pluies, la repousse rapide de l’herbe pour les animaux du village. Cette nouvelle situation a beaucoup contribué à assurer l’alimentation des animaux pendant la période critique ; • la régénération et la croissance rapide des arbres sur les sites dégradés ; la régénération naturelle est passée de 41 pieds/ha à 604 pieds/ha. Il a été constaté que les diguettes le long de la piste Bandiagara – ont permis de multiplier par 14,73 la régénération naturelle en 6 ans ;

• la réduction considérable du ruissellement des eaux de pluies ; • le comblement des ravins ; • les champs en aval ont été sécurisés par des interventions en amont ;

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 19 • les mesures de fixation de dune ont permis d’augmenter la densité de 0 à 11 pieds/ha en 2 ans ; • les diguettes sur la piste Bandiagara – Bankass ont permis de retenir environ 26 000, 000 m³ de terres en 6 ans (sans compter les effets induits en aval et les sédiments éoliens) ;

IMPACTS ÉCONOMIQUES • les diguettes (cordons pierreux) ont permis de créer des réservoirs d’eau pour l’abreuvement des animaux et la recharge de la nappe phréatique (remontée du niveau d’eau dans les puits) . • les diguettes ont multiplié par 3 le rendement agricole des parcelles fortement dégradées au cours des 6 dernières années ; la production de mil est passée de 0,277T/ha à 0,857T/ha dans les parcelles traitées9

Figure 2 : Développement de la régénération naturelle des rôniers dans les champs sous l’effet de la lutte anti-érosive à Doucoumbo

Grâce à ces succès, les groupements villageois comptent poursuivre ces activités et vendre leurs prestations sans l’appui de Molibèmo.

3.5 LECONS APPRISES La désertification n’est pas une fatalité. On peut bien la vaincre. Les tendances de dégradation des ressources naturelles et de l’environnement ont été renversées où des terres fertiles ont remplacées des dalles rocheuses incultes et des dunes ; des glacis ont laissé place aux forêts et pâturages herbacés.

9 Etudes d’impacts des mesures anti érosives, PRBP/HDS, 2004

20 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ IV. CONSTRUCTION ET REHABILITATION DE MICRO BARRAGES DANS LE CERCLE DE BANDIAGARA

4.1 DESCRIPTION SOMMAIRE Les micro barrages sont des retenues d’eau aménagées qui ont pour objectif d’augmenter et de sécuriser la production alimentaire notamment en contre saison. Ils sont généralement construits sur des dalles rocheuses dépourvues de terre. Pour l’exploitation du micro barrage, les exploitants doivent transporter et épandre de la terre sur les surfaces rocheuses qu’ils aménagent sous forme de damiers ou de terrasses en cascade, créant ainsi des superficies cultivables additionnelles. La superficie exploitée en amont et en aval s’agrandit donc dans la mesure où les paysans progressent avec cette technique de récupération des dalles rocheuses. La plupart des bas fonds a déjà été exploité avant l’installation du barrage à l’aide de puisards. Les barrages augmentent généralement une production déjà existante sur le lieu mais très aléatoire.

4.2 BACKGROUND

4.2.1 LOCALISATION DU CAS Siby Siby et Golgou Diambi sont deux villages relevant tous administrativement de la commune rurale de Dandoly dans le cercle de Bandiagara. Ils sont situés respectivement sur l’axe routier Bandiagara–Tirely à 18 km à l’Est de la ville de Bandiagara et sur l’axe Bandiagara–Sangha à 15 km au Nord de Bandiagara.

4.2.2 ASPECTS GÉOGRAPHIQUES ET ENVIRONNEMENTAUX En général, la configuration du plateau Dogon de Bandiagara consiste en une plate forme gréseuse du précambrien supérieur qui s’élève à l’Est en pente douce au-dessus des plaines d’inondation du Delta. Au Nord, il forme de grandes buttes tabulaires souvent uniformes. Son altitude dépasse souvent 1 150 m. Le plateau occupe environ 11 300 Km², à cheval sur les cercles de Bandiagara et de . Du point de vue vocation, le plateau est constitué de 75 % de pâturages dont les capacités sont faibles. Les 25 % de la zone agro-écologique sous cultures pluviales, de contre-saison ou irriguées (cultures maraîchères) sont reparties entre les failles rocheuses remplies de terres et les surfaces aménagées (terrasses construites et micro- barrages). Les terres de cultures occupent les sols limono-argileux de capacité agricole allant de bonne à excellente selon les conditions physiques.

4.2.3 SOURCES DE VIE ET ASPECTS SOCIAUX ET ECONOMIQUES IMPORTANTS Le circuit économique est constitué de marchés et foires hebdomadaires pour les échanges de produits multiples de l’agriculture (céréales), l’élevage, de l’artisanat, de la forêt (feuilles, fruits, fibres, etc.). Le réseau routier en dehors de la route du poisson est constitué de pistes quasi impraticables en saison des pluies, rendant l’accès aux marchés, et aux communes intérieures. Cet enclavement constitue souvent un frein à l’exportation des productions locales. Les infrastructures sont insuffisantes et les villages manquent de matériels et de personnel pour assurer les services de base, à toute la population. L’analphabétisme frappe encore la majorité de la population.

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 21 Dans ce contexte difficile, Bandiagara demeure un pôle d’échange important pour le bétail exporté au Burkina, en Côte d’Ivoire et à Bamako, les produits de l’artisanat et du maraîchage (à destination des villes comme Bamako, Mopti), les produits maraîchers etc. Ces échanges sont stimulés par ailleurs par le tourisme assez développé du fait du patrimoine culturel riche du pays dogon. Ayant encore conservé sa culture et sa tradition, le pays dogon demeure encore le haut lieu des cultes, des rites et des mythes que les civilisations étrangères (islam, christianisme) n’ont pas pu encore influencé. Il en est de même de son architecture et de son organisation sociale qui sont restées authentiques. Sur les escarpements des falaises ou sur les plateaux, on distingue les villages perchés et disposés en chapelets où les plus célèbres sont :Sangha, Banani, Ireli, Tireli, Guimini, Endé Walia, Kani – Komolé, etc. L’intervention de l’Etat, des ONG et projets depuis plus d’une décennie a eu pour conséquences la création d’emplois, la réalisation d’infrastructures et ouvrages collectifs, l’amélioration du niveau de formation et des revenus.

4.2.4 RESSOURCES UTILISÉES OU GÉRÉES Cette étude de cas concerne l’aménagement de retenue d’eau pour des besoins d’exploitation hydro agricole des terres. Compte tenu des aléas liés à la nature du plateau dogon, ces infrastructures nécessitent une bonne organisation autour de sa gestion puisque la terre n’est pas extensible à souhait et la réserve d’eau est aussi limitée dans le temps.

4.2.5 AUTORITES QUI UTILISENT OU OCTROIENT LES RESSOURCES La terre, principale ressource du milieu dogon, s’obtient par héritage ou par prêt. Elle ne s’achète pas et n’est non plus vendue. La terre est généralement une propriété familiale. Si l’exploitant est membre de la famille, il peut jouir de la terre par simple information du chef de la famille, Si l’exploitant n’est pas de la famille propriétaire terrienne, ou est un étranger, la règle générale pour l’accès à la terre est le prêt à durée indéterminée. Toutes les terres sont détenues par des propriétaires coutumiers. L’exploitant désirant aménager une parcelle maraîchère demande l’autorisation du propriétaire terrien. Si l’autorisation est accordée, il aménage la parcelle et installe les cultures maraîchères. Les droits de l’exploitant sont strictement limités à la mise en culture de produits maraîchers pendant la saison sèche seulement. En hivernage, le propriétaire terrien occupe sa parcelle pour cultiver le mil et la rétrocède à l’exploitant maraîcher et ainsi de suite. Mais pendant toute la durée de l’exploitation de la parcelle, il est interdit à l’exploitant non propriétaire de la terre ou l’étranger de planter des arbres sans autorisation du propriétaire terrien. De même, sans autorisation du propriétaire terrien, l’exploitant non propriétaire de la terre ou l’étranger ne peut en aucun cas jouir des arbres trouvés avant son occupation. Il lui est seulement demandé chaque année pendant le jour de fête, de se rendre chez le propriétaire pour le saluer et lui confirmer ses intentions d’exploiter la même parcelle l’année suivante. Il s’adresse ainsi au propriétaire en ces termes : « Merci pour hier et je me confie à vous encore l’année prochaine ». Ceci a un double avantage d’abord de reconnaître que la terre appartient toujours au propriétaire afin d’éviter des actes litigieux avec les générations futures et ensuite rassurer l’exploitant par rapport à la campagne à venir.

4.2.6 FINANCEMENT ET ORGANISATION DES ACTIVITES DECRITES Les barrages ont été construits avec l’appui financier de KFW-DED (Coopération Allemande) et l’appui technique du PRBP à hauteur de 18 000 000 FCFA en moyenne par barrage et avec une participation villageoise de 20 à 30% au coût de construction. Pour la durabilité et l’appropriation des infrastructures, les bénéficiaires mettent en place un comité de gestion du micro barrage (en moyenne 10 personnes dont 4 femmes) qui s’occupe non seulement de la récupération des redevances au près des membres (1000 F par homme et 500 F par femme) mais aussi des questions techniques liées à la gestion de l’eau et aux réparations en cas de défaillance des ouvrages.

22 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 4.3 DESCRIPTION DETAILLEE Les micro barrages construits ou réhabilités ont pour objectif une augmentation et une sécurisation de la production alimentaire notamment en contre saison. Ils se trouvent souvent dans des terrains rocheux avec parfois peu de superficies de terres exploitables à l’immédiat. Apres la finition des travaux de construction, les paysans par endroit sont obligés d’amener la terre pour couvrir les roches ainsi créant des superficies cultivables additionnelles. La superficie en amont et en aval s’agrandit donc dans la mesure où les paysans poursuivent les aménagements et en même temps, ils gagnent de l’expérience avec la gestion de l’eau de leur barrage et les techniques culturales sous irrigation.

4.4 RESULTATS Parmi 63 micro barrages construits et réhabilités jusqu’en fin 2001 par le PRBP, il y a 8 barrages principalement à vocation rizicole, 14 barrages permettant de cultiver un cycle d’oignon et 24 barrages permettent un deuxième cycle d’oignon. Un troisième cycle servant à produire des bulbes à repiquer et/ou la culture du tabac est possible pour 9 barrages. Pour l’ensemble des barrages, une superficie hydro-agricole d’environ 337 ha est réellement exploitée par an et par environ 6 300 exploitants dont 41% de femmes. Figure3 : Retenue d’eau à travers un micro barrage réhabilité à Siby Siby

Les travaux de construction et de réhabilitation auraient causé une perte de 68 ha de superficie de mil/sorgho situés dans la zone inondée des barrages. Cette perte aurait été vite compensée en amont par le gain de 69 ha de surface irriguée permettant des rendements élevés dont 38 ha cultivé en riz, 31 ha en oignon. Il s’y ajoute 62 ha cultivés pendant un 2ème cycle avec des oignons. On constate en plus que le mil/sorgho est cultivé en hivernage avec un double rendement sur des parcelles d’oignon qui reçoivent une quantité élevée de fumier.

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 23 Figure 4 : Rencontre avec les producteurs maraîchers de Golgou Diamby

Cette extension de surface pour l’ensemble des 63 barrages permet une production supplémentaire annuel de l’ordre de 1 744 tonnes d’oignons (15 t/ha), 33 tonnes de riz (0,8 t/ha) et de 11 tonnes de mil/sorgho (1 t/ha) équivalant à une valeur ajoutée de 248 millions de F CFA pour l’oignon, 7,8 millions pour le riz et un million pour le mil/sorgho. Autrement dit, 96,5% de cette valeur ajoutée sont générés par la culture d’oignons. Figure 5 : Culture d’oignons sur un périmètre maraîcher à Siby Siby

24 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ Selon les villages visités, les micro barrages ont induit des effets dont : • l’augmentation des superficies irriguées à l’intérieur des retenues et en aval ; • la durée des campagnes maraîchères a vu une nette prolongation due à la quantité et la disponibilité prolongée d’eau d’arrosage dans les retenues et à l’augmentation de la nappe phréatique dans les puits et puisards. Bien que la superficie emblavée en mil/sorgho dans la retenue ait diminuée en faveur de la production du riz et d’oignon, cette perte est généralement compensée par le rendement du mil/sorgho cultivé en hivernage dans les parcelles d’oignons bien fertilisées et par le gain de production du riz et d’oignon. Le riz ne se vend pas, il est autoconsommé ;

• le nombre de cycles d’oignon a augmenté et pour la majorité des barrages, un 2ème cycle d’oignon est devenu possible en toute sécurité avec l’eau de la retenue ; • de nouvelles spéculations sont en plus introduites comme la pomme de terre, le chou, la patate, la laitue, le concombre, le tabac et parfois la carotte et le maїs. En général, ces cultures secondaires ne sont produites qu’en petites quantités et utilisées pour la consommation familiale. Quelques producteurs affirment qu’avec le gain de revenu lié à l’augmentation de la production d’oignon, ils ne sont plus obligés de vendre les produits maraîchers habituellement cultivés tels que la tomate, l’aubergine, le piment et le gombo (ceci étant moins rentable que la vente d’oignons). Ils préfèrent alors utiliser ces légumes pour diversifier leur propre alimentation. Cependant, la vente des légumes frais comme la tomate, le chou et le piment peuvent représenter une source de revenus importante pour les producteurs autour des barrages bien accessibles et proches des marchés. Attirés par la production d’oignons croissante, on constate une arrivée progressive des commerçants dans les villages ; ce qui constitue non seulement une nette diminution des peines, des risques et des frais d’écoulement des oignons pour les producteurs et aussi un véritable gain de temps qui est essentiellement ressenti par les femmes. L’arrivée des commerçants dans le village crée la concurrence qui fait hausser les prix d’oignon jusqu’à 200 – 250 FCFA/kg (alors que le prix oscillait entre 100 et 150 FCFA/kg). Grâce à l’extension des superficies, l’accroissement de la production d’oignon, la double culture d’oignon par campagne et simultanément à l’évolution de son prix de vente de 50 F en 1994 est passé actuellement de 150 à 200 FCFA/kg, les revenus ont considérablement augmenté : pour les cas de Golgou Diamby et Siby Siby, les hommes gagnent aujourd’hui jusqu’à 250 000 FCFA par campagne. Les revenus tirés des produits de maraîchage sont utilisés par les hommes pour l’achat de mil et de riz en année déficitaire, payer les impôts, investir dans l’habillement, la santé de la famille, l’éducation des enfants, «Auparavant la population avait des difficultés à payer des médicaments pour les malades et varier l’alimentation, aujourd’hui Dieu merci, elle parvient à le faire. N. A Kelepily, Chef de village de Golgou» investir dans les moyens de transport (ânes, vélos, motos dont le nombre a triplé avec les aménagements dans certains villages), acheter des intrants agricoles, investir dans la production maraîchère (achat d’engrais minéraux, de pesticides, de motopompes, etc…). Bien que les femmes n’accèdent qu’à des parcelles plus petites et que leurs revenus soient inférieurs à ceux des hommes, elles ont fortement apprécié les barrages pour avoir permis pour la première fois à beaucoup d’entre elles de générer un revenu substantiel de l’ordre de 150 000 F CFA en moyenne par femme par campagne. Les femmes investissent leurs revenus dans l’alimentation supplémentaire, l’épargne dans le petit bétail, l’habillement de la famille, les soins de santé des enfants, les cérémonies, les trousseaux de mariages de leurs filles et les bijoux.

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 25 De l’intensification de la production hydro agricole, découle la facilité d’accès au crédit collectifs et individuels compte tenu du fait que la production maraîchère est considérée comme garantie de crédit. Il a été aussi noté que les mariages dans les villages sont devenus plus faciles et les divorces sont devenus rares car les femmes des villages voisins acceptent facilement de venir si l’eau est disponible. Cependant, il est à signaler que les revenus tirés de l’oignon ont causé l’abandon de certaines activités artisanales moins rentables telles que le tissage et confection de nattes, le filage du coton et la poterie au profit du maraîchage intensifié, Aussi, le stockage prolongé de l’eau dans les micro barrages a occasionné la prolifération des moustiques. Ce qui pose souvent des problèmes de santé que la population minimise à cause des bénéfices qu’elle tire du maraîchage. En résumé, il ressort que les impacts perçus par la population sont de plusieurs ordres et portent sur :

SUR LE PLAN SOCIAL • la réduction considérable de l’exode où avec le développement du maraîchage, le calendrier agricole est passé de 3 à 10 mois par an ; • l’amélioration de l’accès des femmes et des enfants aux services socio – sanitaires. Les femmes ont déclaré lors des entretiens qu’avant les aménagements, elles n’osaient même pas partir vers les centres de santé en cas de maladie par crainte de ne pas pouvoir acheter les médicaments pour se soigner. Aujourd’hui avec les revenus qu’elles ont, elles disent qu’elles sont plus à l’aise de fréquenter les centres de santé et d’inscrire aussi les enfants à l’école car elles peuvent assurer en partie les dépenses qui y seront issues de ces services. • l’amélioration des conditions de travail : jadis, les paysans arrosaient leurs cultures maraîchères avec les gourdes qu’ils remplissaient sur le plan d’eau du barrage et les transportaient sur des parcelles situées souvent à 50 mètres. Les efforts et le temps de travail limitaient leurs productions. Mais de nos jours, les paysans sont tournés vers l’achat de moto – pompe pour remplacer la gourde. C’est ainsi que les exploitants disposent aujourd’hui de 30 moto – pompes achetées sur fonds propres générés à partir du maraîchage ; • la réduction de la pauvreté : les revenus tirés du maraîchage ont permis d’améliorer l’accès des femmes et des enfants aux services socio – sanitaires, d’améliorer l’alimentation, d’acheter des biens et équipements. D’autre part, autour de 3 micro – barrages réhabilités10, le niveau d’équipements des paysans entre 1995 – 2002 a évolué de la manière suivante :

Equipement Nombre avant réhabilitation Après réhabilitation Différence % Motos 27 70 43 159 Vélos 38 77 39 103 Charrettes 7 15 8 114 Total 72 162 90 125

Selon des paysans interrogés : ‘‘le maraîchage autour des barrages a permis de générer des revenus et d’améliorer le niveau d’équipements. L’amélioration des moyens d’équipements a permis, l’évacuation rapide des femmes et des enfants malades vers les centres de santé qui sont souvent éloignés des villages. Aussi, il faut noter une croissance sensible du taux de scolarisation des enfants grâce au développement des moyens rapides de transport (motos, vélos)’’. . De nouvelles spéculations comme la pomme de terre, le maïs, la laitue, la tomate, la carotte, le chou ont été introduites mais dont la production est faible. Vendus pour la plupart il y a quelques années, ces légumes commencent de plus en plus à rentrer dans les habitudes alimentaires des populations. Ce qui est d’un apport

10 Rapport de suivi permanent du PRBP, 06/2004. P 24

26 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ nutritionnel extrêmement important dans la santé et l’équilibre alimentaire des jeunes et des femmes notamment. Par ailleurs attirés par la production croissante d’oignon, on constate une forte affluence des commerçants dans les villages. Ce qui constitue une diminution des peines et des risques de transport et un gain important de temps pour les producteurs d’oignons, notamment pour les femmes qui auparavant devraient marcher des dizaines de kilomètres pour joindre les marchés.

LE GENRE • à Golgou par exemple, 56% des exploitants du barrage sont des femmes. Un comité de gestion du barrage a été mis place avec un bureau de 10 membres dont 7 femmes. Après chaque campagne maraîchère, une redevance est versée par les exploitants. Par exemple au cours de la campagne 2004, le taux de redevance était de 750 FCFA pour les hommes et de 400 FCFA pour les femmes à cause de leurs occupations pour d’autres obligations (allaitement des enfants, cuisine, corvées eau et de bois, etc.) • les villages disposent sur le plan organisationnel d’associations et de systèmes efficaces de mobilisation des ressources financières. Le fonds constitué par les redevances sont domiciliées dans une banque locale pour : – les éventuelles réparations du barrage ; – des prêts remboursables avec intérêt aux membres de l’association et la communauté villageoise. En outre, les associations ont institué des règles qui sont entre autres : – l’interdiction de faire la lessive et la vaisselle dans le plan d’eau du barrage après la fermeture des vannes dans la mesure où le savon contient des détergents polluant les eaux ; – la divagation nocturne des animaux dans les périmètres maraîchers.

LE PLAN ÉCONOMIQUE • les exploitants achètent des biens et équipements grâce aux revenus tirés de la culture d’oignons ; • l’amélioration des conditions d’abreuvement des animaux ;

LE PLAN ÉCOLOGIQUE • la recharge de la nappe phréatique dans les puits des villages est perceptible (près de trois mètres ces cinq dernières années) • les superficies aménagées ont triplé voire quadruplé : en effet, grâce à la disponibilité permanente de l’eau, les sols d’antan rocheux ont été remblayés avec de la terre.

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 27 Figure 6 : Utilisation des moto pompes dans le système d’exploitation des périmètres maraîchers à Siby Siby

4.5 LECONS APPRISES • La rentabilité d’un ouvrage peut créer beaucoup d’engouements et libérer les initiatives chez les populations. De nos jours, les micro - barrages intéressent les populations au point qu’elles sont disposées à participer financièrement à leur réalisation. • La rentabilité des barrages nécessite des cultures avec une marge bénéficiaire élevée. Dans la région c’est l’oignon qui assure ce niveau de bénéfice. Sa conservation facile la rend aussi spécifiquement appropriée pour des zones enclavées. • La création des zones de production intensives par la construction et la réhabilitation des barrages a permis de redynamiser la vie économique et sociale de tout le plateau. L’investissement a permis à une partie importante de la population d’améliorer ses revenus et par conséquent son alimentation et ses conditions de vie. Le bilan très positif atteint requiert la pérennisation des ouvrages à travers le renforcement de la capacité de gestion des infrastructures par les acteurs concernées et les comités de gestion. En plus, la zone est actuellement ouverte pour d’autres interventions et se prêterait parfaitement à une approche de programme intégré.

• L’on peut créer des cadres de vie meilleure même dans les conditions climatiques hostiles. En effet, dans certaines localités du plateau Dogon, grâce aux micro barrages, la vulnérabilité de la population face à la sécheresse, la famine et la pauvreté, a beaucoup diminué.

28 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ V. REGENERATION DE BOURGOUTIERES A HONDO BOMO KHOYNA DANS LE CERCLE DE TOMBOUCTOU

5.1 DESCRIPTION SOMMAIRE Les premiers efforts internationaux de lutte contre la désertification remontent aux années de grandes sécheresses de 1973 et de 1984 où la famine a tué plus de 200 000 personnes et des millions d’animaux domestiques. La Communauté Internationale prendra conscience et accordera ainsi une attention particulière aux graves problèmes socio-économiques et environnementaux que pose la désertification en Afrique. Sur le plan pastoral, le manque de fourrage a été identifié comme une des causes de l’hécatombe animale survenue pendant la sécheresse de 1984 Le souci de trouver une solution au manque de pâturage parallèlement aux sollicitations de différentes communautés ayant manifesté leur intérêt pour l’action de régénération du bourgou au sortir de la dure sécheresse a amené l’ONG Vétérinaires Sans Frontières (VSF) de passer de la logique d’aide d’urgence à une logique de développement. La première demande émane du chef de village de Hondo Bomo Khoyna qui à titre privé entreprend sur un petit périmètre un essai de régénération par repiquage de bouture d’une plante fourragère communément appelée bourgou (Echinochloa stagnina), caractérisée par sa localisation en zones humides inondables. Il a ensuite souhaité étendre cette action au niveau du village et pour cela a sollicité l’aide de VSF. Figure 7 : Rencontre avec les producteurs de bourgou à Hondo Bomo Khoyna

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 29 5.2 BACKGROUND

5.2.1 LOCALISATION DU CAS Situé dans la commune rurale de Alafia, le village de Hondo Bomo Khoyna est situé à 15 km à l’Est de la ville de Tombouctou où les principales activités s’articulaient autour de l’agriculture, de l’élevage et la pêche. Mais les sécheresses des années 1973 et de 1984 ont été très éprouvantes pour le village qui a presque perdu son cheptel à cause de la dégradation des pâturages de bourgou, principales sources d’alimentation des animaux. C’était le désastre, la famine dans le village et une grande partie de la population a du migrer vers d’autres horizons à la recherche de conditions meilleures.

5.2.2 ASPECTS GÉOGRAPHIQUES ET ENVIRONNEMENTAUX Zone inondée, le village de Hondo Bomo Khoyna regorge d’importantes plaines inondables. Hormis la présence des nouvelles plantations d’Eucalyptus, la végétation reste très dégradée et reste essentiellement constitué d’arbres épineux dont le genre Acacia prédomine. On y rencontre également Balanites aegyptiaca, Leptadania pyrotechnica, Commiphora africa, Boscia senegalensis, ziziphus sp. Le climat est de type sahélien avec une moyenne pluviométrique qui dépasse rarement 200 mm /an et qui est très souvent mal repartie dans le temps.

5.2.3 SOURCES DE VIE ET ASPECTS SOCIAUX ET ECONOMIQUES IMPORTANTS Les principales activités de développement sont l’agriculture, l’élevage, la pêche et l’artisanat. L’agriculture concerne la production céréalière dominée par la culture du sorgho de décrue ainsi que la culture du riz au niveau des plaines et petits périmètre irrigués. Quant à l’élevage, il est sans doute d’une extrême importance dans la vie des communautés. Après les pertes énormes du cheptel enregistrées lors des sécheresses des années 70-84, le bétail s’est peu à peu reconstitué et gagne de plus en plus de la valeur. Pour ce qui est de la pêche, elle est tributaire de la crue du fleuve, elle-même fortement influencée par les quantités de pluie tombée. L’acquisition des moyens de pêche (filets, embarcations….) qui deviennent de plus en plus chers, demeure une contrainte majeure pour cette activité. Sur le plan de l’artisanat, il faut noter que les artisans oeuvrent dans la bijouterie, la maçonnerie la poterie et la vannerie mais le développement de l’activité se heurte aux conséquences négatives du manque d’organisation et de la faiblesse de leur encadrement.

5.2.4 RESSOURCES UTILISÉES OU GÉRÉES La baisse de la pluviométrie moyenne depuis les crises des années 73-74 et 83-84, a eu un impact négatif sur l’ensemble de la biomasse. La baisse de la nappe phréatique en a détruit un grand nombre d’arbres particulièrement les espèces fragiles. L’élevage en a été aussi une victime directe de cette dégradation de l’environnement. La régénération des bourgoutières est incontestablement prioritaire par l’importance qu’elle revêt par la qualité, la quantité potentielle de ce fourrage et la source de revenu que représente le bourgou grâce à l’important marché offert par la ville de Tombouctou.

5.2.5 AUTORITES QUI UTILISENT OU OCTROIENT LES RESSOURCES L’accès à la terre est encore régi par la coutume et le mode d’accès le plus courant est le prêt. L’accès à la terre pour la culture de bourgou est simple aussi bien pour les autochtones du village que pour les étrangers. La procédure consiste à adresser une demande (écrite ou orale) au propriétaire coutumier de la terre ou au chef de village, qui après vérification de l’inexistence d’autres droits de tiers sur la dite parcelle autorise l’exploitation pour une durée bien déterminée (5 ans) et renouvelable. Un document signé du propriétaire terrien, du bénéficiaire, du chef de village et visé par le Maire de la Commune est établi à cet effet. Il n’existe généralement pas de contre partie entre le propriétaire terrien et le bénéficiaire.

30 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 5.2.6 FINANCEMENT ET ORGANISATION DES ACTIVITES DECRITES Suite à la sollicitation des communautés durement touchées par les effets négatifs des sécheresses successives, ayant manifesté leurs intérêts pour la régénération du bourgou, VSF a financé un vaste programme qui passe d’une logique d’urgence à une logique de développement.

5.3 DESCRIPTION DETAILLEE Les sécheresses des années 1973 et de 1984 ont été très éprouvantes pour le village qui a presque perdu son cheptel à cause de la dégradation des pâturages de bourgou, principales sources d’alimentation des animaux. C’était le désastre, la famine dans le village et une grande partie de la population a dû migrer vers d’autres horizons à la recherche de conditions meilleures. Ainsi la première intervention de VSF dans le village remonte à 1985 et s’inscrivait dans le cadre de l’aide d’urgence aux populations contre la sécheresse et la famine. Les premières actions ont porté sur la conservation de la viande à travers le développement de techniques de séchage afin de compenser le déficit de protéines chez la population. Par la suite afin de soutenir l’alimentation des animaux, la culture de bourgou fut introduite par la régénération de 20 hectares sur une parcelle collective de Tibidi répartie entre les membres de la communauté. Pendant la première campagne, le bourgou a été fauché et une partie a été vendue pour acheter des céréales. La seconde partie a été conservée pour l’alimentation des animaux que VSF subventionnaient à la population en vue de reconstituer son cheptel. Mises sous la gestion du chef de village, les repousses du bourgou de la parcelle furent mise en défens contre la libre pâture afin de permettre sa reconstitution la prochaine campagne. De la fauche du bourgou aux nouvelles crues, des surveillants salariés de la parcelle étaient désignés à cet effet contre la divagation des animaux. L’initiative de VSF s’est avérée très positive. Depuis, la bourgouculture qui n’était une tradition du village, s’est très vite répandue. Ainsi de la parcelle collective de 20 hectares, le village dispose de 13 associations exploitant plus de 100 hectares de bourgou que VSF appuie en intrants: • 50% de la valeur d’une moto – pompe ; • 200 l de gasoil ; • 12 l d’huile moteur • et la formation de l’association en réparation de la moto – pompe Après la fauche du bourgou sur les parcelles individuelles, la pâture est libre aussi bien pour les troupeaux autochtones et étrangers. Mais à l’approche de l’hivernage, c’est-à-dire avant les crues, le chef de village interdit la pâture dans les parcelles de bourgou. De 1985 à 1989, 43 communautés (dont 24 fractions nomades, 19 villages sédentaires) ont bénéficié d’appui de VSF. Cette intervention de VSF a permis le suivi des près de 2 300 hectares de bourgoutières dont 1200 ont bénéficié d’un appui. Vers les années 1990, dans le cadre de la régénération des pâturages, VSF diversifia ses activités en introduisant : les bosquets villageois, la régénération de pâturages exondés, la régénération de pâturages faiblement inondés (vétiver). C’est ainsi que de 1990 – 199411 :

• environ 35 000 arbres ont été plantés par 44 communautés ;

• 34 hectares ont été ensemencés en cram-cram (Cenchrus biflorus), en Tribulus terrestris et en Pannicum turgidum ; • 25 hectares de vétiver (Vetiveria nigricans) ont été régénérés sur 22 sites.

11 Bilan de 10 ans d’intervention de VSF, VSF Janvier 1997.

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 31 5.4 RESULTATS La régénération du bougou a été réalisée surtout de 1985 à 1988. Durant cette période 1.200 ha de plaine ont été régénérés pour 45 communautés du cercle de Tombouctou. Les activités de régénération des bourgoutières ont eu des impacts particulièrement importants sur différents domaines de développement de la zone : Figure 8 : Régénération du bourgou à Hondo Bomo Koyna

SUR LE PLAN SOCIO - CULTUREL • la réduction de l’exode : ‘‘l’année dernière, mon grand frère résident au Sénégal m’avait fait appel pour l’aider dans ses affaires. Je l’ai répondu que je ne pourrai venir qu’après le fauchage du bourgou. C’est pour dire que le bourgou est plus important que ce que je vais gagner à l’extérieur. Un jeune du village de Hondo Bomo Khoyna’’ ; • les changement de modes de vie, de comportements et de mentalités, de la mise en confiance et des pratiques de gestion des ressources naturelles : selon les croyances anciennes, les RN sont considérées comme ‘Don de Dieu’ et n’étaient épuisables que par sa volonté. De nos jours, la sécheresse n’est pas une fatalité et peut être vaincue : jadis le bourgou poussait naturellement et sa culture n’était pas connue du village. De 0 bourgouculteurs avant 1985, le village compte de nos jours plus de 150 exploitants. Par ailleurs des communautés de touaregs qui avaient une longue tradition de nomadisme à la recherche de pâturages se sont sédentarisées et cultivent le bourgou pour leurs animaux;

• l’appropriation des nouvelles innovations de «bourgouculture» : la bourgouculture dans le village s’est poursuivie même après la suspension de l’appui de VSF lors de la rébellion. Beaucoup de familles ou d’individus ont poursuivi sans appui extérieur parce que le travail est relativement facile et ne nécessite pas de grands investissements; • la réduction de la pauvreté et l’amélioration des conditions d’existence grâce aux revenus procurés par la culture de bourgou

SUR LE PLAN ÉCONOMIQUE : • l’apport très important de revenus : ‘‘ la culture de bourgou est plus intéressante que celle du riz, elle ne demande pas d’engrais, ni de redevance eau qui du reste est de 90 000 FCFA par an pour 1 hectare de riz ; nous préférons la culture du bourgou car nous avons souvent utilisées nos économies sur le bourgou pour payer la redevance eau pour le riz. Chef de village

32 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ de Hondo Bomo Khoyna’’. Une campagne de bourgouculture peut rapporter en moyenne 400 000 CFA par an et par hectare. Les revenus ainsi tirés sont destinés à : acheter les céréales, les médicaments, les frais scolaires des enfants, les condiments, payer les impôts, reconstituer le cheptel, épargner de l’argent ; • l’économie de temps : le cycle du bourgou est de 3 mois et ne demande pas de grands efforts pour sa culture ; • la permanence du fourrage de bourgou, évitant ainsi aux éleveurs, l’achat des tourteaux (aliments bétail) qui du reste coûte extrêmement cher. • les graines et les tiges de bourgou servent à faire des menus et de la boisson qui contribuent à l’amélioration de l’alimentation des populations.

SUR LA PLAN ECOLOGIQUE ET ENVIRONNEMENTAL : • les systèmes racinaires en rhizomes retiennent la terre contre les formes d’érosion éolienne et hydrique ; • les parcelles de bourgou attirent les poissons et servent de frayères pour leur reproduction ; • le bourgou attire également des mammifères aquatiques (lamantins, hippopotames) pour leur alimentation et certains oiseaux d’eau, notamment les canards etc… Enfin, il faut noter que les succès enregistrés dans la mise en œuvre des actions de régénération des bourgoutières ont contribué fortement à attirer l’attention d’assez de bailleurs partenaires et d’organismes de développement dont ACORD, PLCE.

5.5 LECONS APPRISES Outre ses impacts très positifs sur les plans écologiques, socio culturel et organisationnel, le bourgou est une ressource nourricière pour les éleveurs de par sa capacité d’amélioration de la production animale et laitière et de constitution de sources de revenus solides pour les populations. Bref la régénération du bourgou demeure sans doute un moyen très efficace de lutte contre la désertification et de réduction de la pauvreté des zones inondées au Sahel.

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 33 VI. PLANTATIONS D’EUCALYPTUS A BOUREM INALY DANS LE CERCLE DE TOMBOUCTOU

6.1 DESCRIPTION SOMMAIRE L’aridité de la zone et une situation de dégradation très avancée fait de la région de Tombouctou une région très austère où une large part de l’espace vital se réduit à la vallée du fleuve qui elle-même subit de fortes pression (conflits fonciers, implantation inconsidéré de périmètre irrigué, d’aménagement de crue, conflits agriculteurs/éleveurs pour l’accès au fleuve, transhumance……). Ainsi, il s’agit de protéger le patrimoine naturel par la lutte contre la désertification et par sa gestion sur des bases durables. Les plantations de production de bois étaient prévues pour répondre à la satisfaction des besoins en bois de construction et bois de chauffe d’une part ; d’autre part trouver un produit de substitution au palmier Doum qui avait tendance à disparaître à cause de la forte pression qui s’exerçait sur les maigres peuplements restants. En effet, tous les besoins en bois de construction provenaient des doumeraies du seul cercle de Niafunké. Les populations devraient parcourir 200 à 500 km pour satisfaire leurs besoins. C’est ainsi que des essais ont été menés sur quelques essences à croissance rapide pouvant fournir à coût et moyen terme le bois nécessaire aux différents usages. Par rapport aux exigences climatiques et édaphiques, l’Eucalyptus camaldulensis a été l’espèce la plus adaptée et la plus vulgarisée. Sous l’égide du PLCE (Projet de Lutte Contre l’Ensablement) en 1995, les premières réalisations ont été exécutées en régie sous forme de parcelle de démonstration mais par la suite cette forme d’intervention a été abandonnée pour des difficultés foncières d’une part mais aussi à cause d’une forte demande de la population qui n’avait pas suffisamment de moyens pour faire face à toutes les charges. Par rapport à cette situation, les collectivités et individus qui s’étaient engagés à contribuer dans la réalisation des objectifs du projet ont sous une forme contractuelle bénéficié des appuis en points d’eau, équipement en matériel de pompage, petits matériels de production et de plantation.

6.2 BACKGROUND

6.2.1 LOCALISATION DU CAS Bourem Inaly est le chef lieu de la commune et est situé à environ 35 km au Nord de la ville de Tombouctou. A majorité sonrhai, le village est presque entouré par les eaux du fleuve Niger pendant la crue rendant ainsi obligatoire le transport par pinasse sur une distance d’au moins 5 km pour s’y rendre pendant cette période de l’année.

34 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ Figure 9 : Rencontre avec les planteurs dans la salle de réunion de la Mairie de Bourem Inaly

6.2.2 ASPECTS GÉOGRAPHIQUES ET ENVIRONNEMENTAUX Le relief de la zone est dunaire avec des sols sableux, argileux, limoneux et latéritiques. Hormis les plantations d’Eucalyptus le long du fleuve, la végétation est caractérisée par une steppe arbustive avec dominance des épineux. Les problèmes environnementaux demeurent la fragilité de l’écosystème par des sols dunaires, un climat aride et la faiblesse des crues, le déficit pluviométrique, les pratiques néfastes d’exploitation des ressources naturelles, l’ensablement des cours d’eau, des agglomérations et des terres de cultures, la dégradation des formations ligneuses et des pâturages etc….

6.2.3 SOURCES DE VIE ET ASPECTS SOCIAUX ET ECONOMIQUES IMPORTANTS L’économie repose essentiellement sur l’agriculture, l’élevage, l’exploitation du bois issu des plantations d’Eucalyptus, la pêche et l’artisanat. Les plantations d’Eucalyptus constituent un apport considérable dans l’amélioration des conditions de vie des populations. Au delà de la protections des cours et points d’eau, des terres agricoles, de l’amélioration du niveau d’équipement, le gain monétaire est actuellement l’aspect le plus important. La principale contrainte du village reste son enclavement.

6.2.4 RESSOURCES UTILISÉES OU GÉRÉES Les plantations d’Eucalyptus dont le principal usage est le bois de construction, constituent un investissement économiquement rentable pour les communautés d’où la nécessite d’une gestion assez dynamique autour d’elles.

6.2.5 AUTORITES QUI UTILISENT OU OCTROIENT LES RESSOURCES Toutes les terres le long du fleuve appartiennent à des familles détentrices de droit de propriété coutumière. Un membre de la famille propriétaire de la terre peut faire la demande à son chef de famille pour faire des plantations sur une portion de leur terre familiale; par contre un étranger ou un autochtone à qui la terre choisie n’appartient pas, doit faire la demande au propriétaire qui dicte les conditions de prêt avec témoignage à l’appui mais généralement limité dans le temps.

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 35 6.2.6 FINANCEMENT ET ORGANISATION DES ACTIVITES DECRITES Suite à un engagement contractuel avec le projet financé en grande partie par l’Union Européenne, les promoteurs bénéficient des appuis en points d’eau, équipement en matériel de pompage, petits matériels de production et de plantation. Chaque promoteur assure la production de ses besoins en plants, prend en charge les opérations de préparation du sol, la mise en place et l’entretien des plants ainsi que l’entretien et le fonctionnement de l’équipement reçus.

6.3 DESCRIPTION DETAILLEE La commune rurale de Bourem Inaly a une population de 8 727 habitants dont les activités sont essentiellement basées sur l’agriculture, l’élevage et la pêche. Vers les années 1987, le FENU a appuyé le village dans l’aménagement des périmètres irrigués villageois pour la culture du riz. Les vents étaient si violents qu’ils ensablaient non seulement les canaux d’irrigation, mais avortaient aussi le riz au stade d’épiaison. Ainsi, les premières plantations d’Eucalyptus ont été conduites par les populations avec l’appui du projet BIT/ACOPAM pour protéger les cultures et les ouvrages (canaux d’irrigation) contre les vents. Ainsi en première année, le village réalisa collectivement 1000 mètres de brise – vent autour des périmètres aménagés avec peu de succès. En deuxième année BIT/ACOPAM changea de stratégie en formant individuellement les exploitants des périmètres en techniques de conduite de pépinière et de plantation. C’est ainsi que suite aux résultats de ces appuis, l’Union Européenne à travers le 6ème FED a financé de 1990 – 1994 un ‘‘projet pilote de protection de la ville de Tombouctou contre l’ensablement’’. Le PLCE s’est exécuté de 1994-2001 grâce au financement de l’Union Européenne dans le cadre du 8ème FED axé sur la lutte contre la désertification. Les principaux bénéficiaires du projet sont les planteurs et les pépiniéristes organisés en associations ou en groupements et les particuliers. C’est ainsi que dans la région de Tombouctou, le PLCE compte 178 partenaires dont 124 associations et groupements et 54 promoteurs particuliers

6.4 RESULTATS De l’objectif de protection des plaines rizicoles contre l’ensablement et les vents, les plantations se sont avérées économiquement rentables surtout avec l’approche plantation privée.

IMPACTS ÉCONOMIQUES ‘‘L’Eucalyptus nous rapporte beaucoup plus que le riz. Il a une valeur inestimable dans notre milieu. Depuis, nous n’achetons plus de bois pour la cuisine ou pour construire nos maisons. Avec la vente de bois d’eucalyptus, nous pouvons tout acheter: céréales, condiments, bétail, vêtements, moto, etc.). C’est avec cela que nous payons les impôts, les médicaments, les fournitures scolaires pour nos enfants, etc. nous épargnons même de l’argent. Les gens continuent à faire la culture de riz parce que c’est une tradition. Mais tout le monde ici a une parcelle d’eucalyptus ; moi – même je suis l’un des plus grand planteur du village’’. Aguissa B Touré, Maire de la commune de Bourem - Inaly Du point de vue économique, une étude réalisée en 1995 sur une plantation de la 1ère phase a donné un coût moyen d’investissement à l’hectare de 455.000 FCFA y compris les puits, les plants, et les frais d’encadrement. Après quatre années de plantations, la même étude a trouvé un volume de bois à l’hectare de 42,338 m³ soit une production d’environ 11 m³/ha/an. L’étude a également donné le potentiel par hectare en bois de construction et le profit monétaire qui est de :

34 perches de 5 m à 5 000 FCFA/perche = 170 000 FCFA 135 perches de 4,5 m à 4 500 FCFA/perche = 607 500 FCFA 464 perches de 4 m à 4 000 FCFA/perche = 1 856 000 FCFA 300 perches de 3,5 m à 3 500 FCFA/perche = 1 050 000 FCFA

36 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 56 perches de 3 m à 3 000 FCFA = 168 000 FCFA 580 perchettes à 350 FCFA/unité = 203 000 FCFA Total = 4 054 500 FCFA

En faisant le bilan, il se dégage une marge bénéficiaire de 3 599 500 FCFA pour la 1ère exploitation seulement. La plantation a l’avantage d’être exploité trois fois avec possibilité d’augmentation sur le potentiel en bois. Cependant, il y a une tendance à la baisse du prix de la perche qui est passé de 1000 FCFA le mètre linéaire en 1995 à 750 FCFA le mètre en 1999. Ainsi il est permis d’affirmer que les plantations ont contribué à : • l’amélioration de la production agricole (riz, sorgho) dans la mesure où les cultures sont protégées contre les vents ; • l’essence des feuilles d’Eucalyptus est répulsive pour les oiseaux granivores (kelea–kelea), ce qui sécurise les cultures de riz. • l’amélioration des revenus : le bois d’Eucalyptus fournit à la fois des perches et poteaux rectilignes et de qualité, des perchettes, du bois de chauffe et du charbon que les exploitants utilisent et vendent sur les marchés potentiels. L’eucalyptus est une espèce qui se régénère très facilement ; ainsi, après une coupe, les rejets peuvent produire autant de bois pour divers usages (construction, cuisine) sur plusieurs années. Ce qui permet de garantir la régénération de revenus aux planteurs pendant de longues années, • l’expansion des cultures maraîchères (oignons, tomates, choux, salades etc.) grâce à la tolérance de l’Eucalyptus. Ainsi, les cultures maraîchères se sont beaucoup développées sur les périmètres

IMPACTS ÉCOLOGIQUES Sur le plan écologique, les plantations ont fortement contribué à : • la protection des berges du fleuve ; • la réduction de l’intensité des vents à l’intérieur des périmètres aménagés ; • l’atténuation de l’ensablement des ouvrages et du fleuve ; • la réduction de la pression des populations sur les formations naturelles : avant les plantations, les forêts naturelles étaient les seuls recours pour se procurer du bois pour la cuisine et la construction. Par ailleurs en raison de la rareté de bois, les localités voisines recouraient aussi à leurs forêts naturelles. Ainsi, par effet d’entraînement, la pression humaine sur les formations naturelles des communautés voisines a considérablement diminué grâce à la disponibilité permanente de bois provenant des plantations; • la reconstitution de certaines forêts grâce à la réduction de la pression humaine et le retour de certaines espèces animales (lièvres, porc– épics, gazelles, chats sauvages) qui avaient disparues depuis un moment ;

• la réhabilitation du milieu physique.

IMPACTS SOCIAUX ET CULTURELS Sur le plan socio culturel et du genre, il est à noter entre autres :

• des changements de comportement et de mentalité : avant l’intervention du Projet, l’agriculture, l’élevage et la pêche étaient les principales activités. Les plantations n’étaient pas une tradition du village. De nos jours, la plantation d’arbre est devenue l’apanage de toutes les couches socio–professionnelles, notamment des femmes qui disposent tout comme les hommes de leurs propres plantations ;

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 37 • l’amélioration de l’habitat: de la paille au banco. En raison de la rareté de bois de service, les cases construites avec des matériaux fragiles et périssables (pailles, perchettes) étaient les habitations les plus répandues dans la zone notamment pour certaines couches qui ne pouvaient pas achetées les lattes de doumier et des perchettes pour couvrir les maisons. Les risques des incendies et le pourrissement par les termites et autres insectes (puces, vers) des cases étaient très élevés et ces couches vulnérables étaient très exposés aux incendies et aux maladies de la peau (gale, teigne). Depuis l’avènement des plantations d’Eucalyptus dans la zone, les populations y compris les couches vulnérables construisent de plus en plus leurs habitats en banco et les couvrent avec du bois durable et peu attaquable par les insectes. • l’amélioration de l’hygiène et de l’assainissement ; pour les mêmes causes liées à la rareté de bois de construction, la grande majorité de la population ne construisait pas de latrines. • la protection des biens et des personnes : ‘‘auparavant, mêmes nous les piroguiers, nous étions obligés d’attendre lors des orages, mais aujourd’hui, nous pouvons naviguer à n’importe quel moment pourvu que nous naviguons perpendiculairement au vent. Ce qui réduit les risques de chavirages des embarcations pour le transport des personnes et des biens’’ M Djiré, 28 ans conducteur de pinasse de la commune • la réduction de la pauvreté et de la famine : malgré les aménagements des périmètres, les incertitudes des pluies et des crues du fleuve font que la production agricole est très aléatoire et déficitaire. Les couches pauvres, les femmes et les enfants étaient plus vulnérables à cette situation. Mais de nos jours, l’eucalyptus n’ayant pas de grande exigence par rapport aux régimes des pluies et des crues du fleuve, permet à la population, notamment les pauvres et les femmes de se procurer des revenus pour acheter les céréales, les médicaments, les habits, etc. et d’épargner ; • la promotion de la plantation d’Eucalyptus a considérablement réduit l’exode dans le village : auparavant, avec un déficit céréalier dû aux aléas climatiques, les bras valides du village étaient obligés d’aller à l’exode pour travailler et se procurer des revenus afin d’acheter des céréales pour les parents restés au village, alors que maintenant avec les plantations, les villageois vont de moins en moins à l’exode. Figure 10 : Plantations d’Eucalyptus à Bourem Inaly

6.5 LECONS APPRISES « Les plantations doivent être multipliées et mieux gérées car le jour où les arbres n’existeront plus, nous cesserons aussi d’exister. Si nous ne souffrons pas de beaucoup de choses actuellement c’est véritablement à cause de la présence des plantations sinon il

38 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ suffit de jeter un coup d’œil chez les voisins pour se rendre compte de la façon dont ils sont embarrassés pou payer leurs impôts, pour faire la cuisine et pour construire leurs maisons. Planteurs de Bourem Inaly» La principale leçon tirée de cette expérience considérée comme une réussite est la faisabilité de la lutte contre l’ensablement qui n’est plus perçu comme une fatalité par les populations. Au delà de l’aspect écologique, les plantations ont favorisé l’organisation des populations, la mise en culture des terres incultes, l’équipement des populations et le développement des activités économiques dont le commerce du bois et tout récemment des feuilles d’Eucalyptus constituent un élément fondamental de la politique gouvernementale relative à la lutte contre la pauvreté. La pression sur les forêts naturelles pour la satisfaction des besoins en bois a aussi baissé progressivement à cause des nombreuses plantations qui surgissent dans la vallée du fleuve.

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 39 VII. GENRE ET LCD : LA MOBILISATION DES FEMMES DE KABARA

Kabara est un des villages de la commune urbaine de Tombouctou situé à environ une dizaine de kilomètres de la ville. L’histoire du reboisement dans le village commença avec une des visites de l’ex-président déchu, le Général Moussa Traoré qui lors d’une de ses visites dans la région de Tombouctou, invita les femmes de Kabara érigée depuis 1989 en Association ‘‘Amitié’’ à planter des arbres. C’est ainsi qu’à l’occasion de la ‘‘Journée Sahel Vert’’, les femmes ont reboisé la place publique. Deux (02) autres associations de femmes vont être crées par la suite et le seul village de Kabara comptera 3 associations de femmes (APROFEKA, KALIBER et LAFIA), qui en 1992 appuyées par le PLCE planteront chacune 5 hectares d’Eucalyptus à raison de 625 pieds par hectare associés au maraîchage. Les appuis de PLCE ont consisté en : • la formation des femmes aux techniques de plantations et de conduite des pépinières ; • la fourniture de petits matériels (pelles, pioches, brouettes, etc.) ; • les semences maraîchères ;

• la réalisation de 3 puits à grand diamètre. Les plantations ont été ensuite divisées en bandes et reparties entre les membres de l’association. Chaque femme versait 250 F CFA à la caisse. Les premières exploitations des plantations ont commencé en 2000. En 1996, les 3 associations de femmes constituèrent une fédération appelée Coordination des Associations et Groupements des Femmes de Kabara (CAGF-K) avec 67 membres. Un fonds d’adhésion a été institué à raison de 2 500 FCFA par membre destiné à des petits prêts avec intérêts entre les membres. C’est ainsi que le CAGF-K bénéficiera d’un appui de l’ONG ACORD pour le maraîchage où chaque association a bénéficié d’une parcelle d’un hectare et les recettes générées ont servi à alimenter la caisse à raison de 500 FCFA par membre. De nos jours l’association compte 193 membres dont 36 hommes.

40 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ Figure 11 : Rencontre avec le groupement des femmes de Kabara

Les impacts de cette expérience sont entre autres :

IMPACTS SOCIAUX • la réduction considérable de la corvée de bois pour la cuisine. Auparavant, elles faisaient de longues distances pour se procurer des brindilles de bois de Calotropis, de Leptadenia ou d’Acacia pour faire la cuisine. De nos jours, les plantations d’Eucalyptus qui du reste sont très proches du village leur fournissent à la fois du bois de cuisine et du charbon de qualité ;

IMPACTS ÉCOLOGIQUES • la création d’une ceinture verte autour du village ; • la stabilisation des dunes et la reconstitution des forêts: ‘‘auparavant, l’espace était entre Kabara et Tombouctou. Mais avec la réduction de pression humaine sur les formations naturelles grâce aux plantations, les forêts sont en train de se reconstituer et on peut même voir des animaux sauvages qui avaient commencé à disparaître’’. • l’amélioration des conditions d’habitats : ‘‘Auparavant on habitait dans les cases et exposé aux intempéries (pluies, vents, froid). Il fallait réparer ou renouveler la case après chaque saison d’hivernage. De nos jours c’en est fini de tout cela car nous arrivons à construire des bâtiments durables avec terrasse grâce à la disponibilité de bois. Un autre aspect non moins important est que les parents passaient la nuit avec les enfants dans la même maison faute de moyens et de matériaux de construction, mais actuellement ils ne sont plus obligés d’être avec les enfants dans la même maison car la disponibilité en bois de construction et moyens rend facile la construction des bâtiments’’.

IMPACTS ÉCONOMIQUES • l’augmentation des revenus et économie d’argent sur l’achat de bois : L’Eucalyptus est une épargne sûre et un recours pour les situations financières : ‘‘il était une fois j’avais urgemment besoin d’argent pour acheter de l’engrais pour mon champ de riz. Après plusieurs tentatives de prêt sans succès auprès de mes connaissances, j’ai dû faire recours à un exploitant de bois en lui vendant 36 sujets d’eucalyptus sur pied à raison de 1 500 FCFA par unité. Ce qui m’a permis d’avoir suffisamment d’argent pour acheter de l’engrais et de même épargner le reliquat. Je n’en croyais pas que cette plantation allait m’aider un jour à résoudre un problème d’une façon très urgente. Je connais aussi le cas d’une de mes voisines qui a dû faire la même chose que moi pour acheter des médicaments pour son enfant malade à l’hôpital’’.

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 41 • l’amélioration du statut de la femme dans le foyer. La contribution de la femme dans les dépenses du ménage améliore son niveau de considération dans le foyer.

D’AUTRES IMPACTS TRANSVERSAUX DES ACTIONS DE LCD • L’accès accru des femmes à la terre : à la faveur de leur participation dans les actions de LCD, les femmes ont un meilleur accès à la terre que d’antan. Des parcelles ont été gratuitement affectées ou concédées aux associations de femmes par les maires, chefs de villages voire chefs traditionnels, pour les plantations (cas de Tombouctou) et les activités de maraîchage (cas de Bandiagara). De telles initiatives encourageantes sont de nature à réhabiliter le statut de la femme dans la société. Par ailleurs grâce aux plantations et aux activités de maraîchage, les femmes parviennent à générer des revenus substantiels qu’elles investissent dans l’achat des produits alimentaires, dans les soins et l’éducation de leurs enfants dans le ménage. Ainsi, les rapports de force entre hommes et femmes ont nettement évolué dans certains villages. Les femmes jouissent de plus en plus d’un statut social élevé dans la société ; • des changements induits sur le plan institutionnel et organisationnel des communautés rural : le niveau d’organisation des communautés s’est beaucoup amélioré. En effet, les actions de LCD ont inspiré et impulsé beaucoup de communautés à s’organiser en associations d’entraides, de prestataires ou de producteurs où des initiatives ont été anticipées pour mobiliser des ressources financières et épargner à travers des cotisations ou des redevances internes. Du statut ‘‘d’assistées’’, ces associations sont devenus de véritables partenaires de développement et jouissent de plus en plus de légitimité auprès des organismes d’appui (ONG, Services techniques, etc.) où avec lesquels ils contractent des projets. Par ailleurs, sur le plan interne, les femmes sont de plus en plus représentatives dans les associations et les comités de gestion. Par exemple au Plateau Dogon, milieu encore attaché à la tradition, sur les 6 300 exploitants maraîchers, 41% sont des femmes.12 • les capacités des communautés rurales sont renforcées : ‘‘au lieu de donner tous les jours du poisson à quelqu’un, apprends lui à pêcher’’. ‘‘Nous avons beaucoup appris sur les pépinières, les plantations et la gestion et nous pouvons nous débrouiller tout seul, même sans appui de projet’’. A. B. Touré, Maire de Bourem Inaly. D’un statut ‘‘d’assisté’’, les capacités des communautés rurales ont été beaucoup renforcées par les structures d’appui en termes de maîtrise : - de techniques de LCD, - d’organisation et de gestion. C’est ainsi que dans la plupart des cas (cordons pierreux sur le Plateau Dogon, culture de bourgou et plantation d’eucalyptus à Tombouctou), les communautés se sont appropriées les actions de LCD qui se sont poursuivies même après le retrait des projets. En outre, les actions de LCD ont fait ‘‘tâches d’huile’’, dans la mesure où des individus et des communautés ont délibérément ‘‘reproduit’’ des actions sans intervention externe. • la tendance encourageante à la bonne gouvernance dans la gestion des ressources naturelles : dans un passé récent, les rapports entre l’Etat et les populations étaient rigides et ‘‘verticaux’’: le pouvoir décidait, la population exécutait ou subissait. De nos jours grâce à l’effectivité de la décentralisation, les collectivités locales et les communautés rurales ne sont plus des sujets ; devenus de véritables partenaires, elles participent aux différentes prises de décision en matière de planification, de mise en œuvre et de suivi – évaluation des actions de développement, notamment celles portant sur la gestion de leurs ressources. Des reformes politiques et juridiques sont en cours par le Gouvernement pour le transfert de compétences en matière de gestion des ressources naturelles aux collectivités locales et communautés rurales.

12 Effets des interventions du PRBP : Rapport final, Nov. 02

42 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ VIII. QUELQUES ELEMENTS CLES

LA DESERTIFICATION N’EST PAS UNE FATALITE, ON PEUT BIEN LA VAINCRE. Les tendances de dégradation des ressources naturelles et de l’environnement ont été renversées où des terres fertiles ont remplacées les dalles rocheuses incultes et des dunes et des glacis ont laissé place aux forêts. Les populations sont désormais convaincues qu’il est possible de lutter contre la désertification. Cependant, on ne pourra pas assurer durablement la LCD et la gestion des ressources forestières sans que les collectivités territoriales décentralisées et les populations locales ne puissent prendre leur part de responsabilité.

LA LCD, FACTEUR DE DEVELOPPEMENT SOCIO-ECONOMIQUE ET DE REDUCTION DE LA PAUVRETE ‘‘La pauvreté se manifeste en termes d’absence de capacités dans les domaines majeurs du bien être : analphabétisme, malnutrition, longévité réduite, mauvaise santé, faible fréquentation scolaire, habitat insalubre, participation réduite à la vie économique et sociale’’13 Les actions de lutte contre la désertification ont considérablement contribué à la réduction de la pauvreté dans les régions concernées. Les structures et personnes rencontrées lors des enquêtes ont témoigné avec conviction la manière dont les actions de LCD ont permis la diversification des revenus, la lutte contre les effets de la sécheresse, la gouvernance et le développement local. L’effet induit par les actions de LCD a été le renforcement des capacités financières, l’éveil de conscience, l’amélioration de l’alimentation, l’amélioration du statut social et du cadre de vie des populations et l’acquisition de droits sur les ressources naturelles. De ce qui précède, il convient de relever l’existence de relations étroites entre les performances biophysiques des mesures de gestion des ressources naturelles (la LCD) ; les retombées de ces investissements sur les moyens d’existence des populations ; et la façon dont celles-ci ont été responsabilisées dans la mise en œuvre et la gestion des investissements. En milieu rural au Mali, la LCD est un véhicule pour favoriser la bonne gouvernance et pour produire de la richesse d’une manière durable. Ainsi, ces cas étudies seraient des bons supports pour alimenter les débats et les réflexions sur la trilogie Nature – Richesse – Pouvoir ‘‘NRP’’ dans la mobilisation des ressources financières et la lutte contre la pauvreté.

LA LCD, FACTEUR DE PROMOTION DES FEMMES Avant le développement des mesures de LCD, les femmes étaient en général réduites aux travaux ménagers (cuisine, corvées de bois et d’eau, etc.) et n’avaient presque pas de source de revenus. De nos jours grâce au développement du maraîchage et des plantations, elles parviennent à générer de plus en plus de revenus qui leur permettent d’accéder au bien être matériels et aux services socio sanitaires et voire d’épargner. Il est vrai que dans le domaine foncier, les terres sont accaparées par de grandes familles qui se sont appropriées les meilleures et qu’à coté d’elles, subsistent les tenanciers de droit d’usage sur de petites parcelles. Les femmes pour leur part sont exclues du système foncier traditionnel. A la faveur des actions de LCD, les femmes ont eu un meilleur accès à des terres concédées par les maires, chefs de villages ou chefs de familles pour la réalisation des parcelles maraîchères, de plantations d’arbres, des actions de restauration des sols agricoles etc.

LA LCD, FACTEURS D’INNOVATIONS, DE CHANGEMENT DE CULTURE ET MENTALITE ET MISE EN CONFIANCE EN SOI Beaucoup de communautés rurales n’avaient de tradition de lutter contre la désertification. Grâce aux actions de LCD, des communautés ont fait évoluer leurs systèmes de production. Par exemple, au Nord des communautés touaregs qui avaient une tradition de nomadisme pastoral, se sont sédentarisées et cultivent le bourgou pour leurs animaux ; aussi grâce aux bois des plantations, des communautés ont évolué des cases vers des bâtiments durables. Il en est de même au pays dogon où les moto pompes ont tendance à remplacer les gourdes pour arroser les cultures.

13 CSLP,cite N’Djim, p.7

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 43 LA LCD EST LE MEILLEUR INVESTISSEMENT POUR PREVENIR ET GERER LE MANQUE DE RESSOURCES FINANCIERES, LES DEFICITS ALIMENTAIRES. Au pays dogon par exemple, ce sont les produits maraîchers qui servent désormais à acheter les céréales, à payer les impôts et les biens d’équipements. Il en est de même au Nord où ce sont les plantations et la culture du bourgou qui procurent le plus de revenus aux populations. La LCD à travers ces études de cas a entraîné un accroissement de revenus des familles généralement les plus défavorisées. Les populations ont ainsi bénéficié des actions mises en œuvre par la protection du patrimoine naturel commun, par l’amélioration de leur cadre de vie du fait de la reconstitution du couvert végétal et de la limitation de l’érosion éolienne, par la protection du potentiel de production et des infrastructures qui sont fondamentaux pour le développement économique, la stabilité sociale et la bonne gouvernance locale. Si les actions de LCD permettent le développement socio – économique des communautés, elles requièrent cependant des conditions essentielles : • la sécurité foncière : elle est l’enjeu fondamentale et la première source de motivation des paysans dans les actions de LCD. En effet, sans une garantie que le paysan jouisse des bénéfices de son investissement, il y a peu de chance qu’il adhère. Bien au contraire, l’insécurité foncière peut être un facteur de conflit et de dégradation des ressources naturelles où dans bien de cas, certains paysans se comportent en déprédateurs vis-à-vis des ressources qui sont sensées ne pas leur appartenir. • le coût/bénéfices et rentabilité économique: les actions de LCD ont très souvent des objectifs économiques et des objectifs sociaux et écologiques dans une moindre mesure. Ainsi, si l’action de LCD ne fournit pas de bénéfices économiques (ex : augmentation production, revenus financiers), il y a peu de chance qu’elle soit pérenne. Les expériences visitées dans les régions de Mopti et de Tombouctou attestent beaucoup que les premières initiatives de LCD sont en train de se poursuivre (même après le retrait des projets), parce qu’elles ont procuré assez de revenus aux paysans qui leur ont permis d’acheter des céréales et bien d’équipements. • le facteur temps : pour des raisons économiques, les actions de LCD doivent être limitées dans le temps. Ainsi, en matière de LCD, les organismes d’appui (projets, projets, ONG) doivent opter pour les activités dont les effets/impacts sont à court et moyen termes (1 – 3 ans). Vis -à -vis des couches pauvres confrontées quotidiennement à la lutte pour la survie, si les effets d’une activité doivent attendre plus de 3 ans, il y a des risques que son adhésion soit faible. • la technologie appropriée: en matière de LCD, il est nécessaire que la technologie introduite soit assez simple et adaptée aux réalités locales pour qu’elle soit appropriée par les paysans. Si la technologie introduite est coûteuse et complexe, son appropriation pourrait être difficile dans le milieu.

44 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ REFERENCES

Bureau d’Experts en Auto Gouvernance et Gestion de l’Environnement au Sahel (BEAGES) : Etude participative d’impact environnemental du projet de Lutte Contre l’Ensablement de la Ville de Tombouctou ; Janvier 1996. Projet de Lutte Contre l’Ensablement : Rapport Bilan sur l’exécution technique et financière du Programme de Lutte contre l’Ensablement ; de Mai 1994 à Août 1999. AGRER Belgique (Belgique), en collaboration avec le GID-SA Bamako (Mali) : Rapport définitif Mission d’évaluation finale, Lutte coontre l’Ensablement et Développement des Ressources Forestières dans les Régions Nord du Mali (PLCE) ; Octobre 2001. Niarga Keita : Participation des populations aux travaux de stabilisation des dunes et reforestation des espaces dégradés dans le cadre de la mise en œuvre du PLCE ; Atelier sur la Foreterie Communautaire du 11 au 12 Avril 2000 à Bamako. Vétérinaires Sans Frontières : Bilan des 10 ans d’intervention de VSF à Tombouctou ; Janvier 1997. Justin Sagara HDS : Rapport de l’etude d’umpact des mesures anti érosives ; Octobre 2002. MOLIBEMO : Rapports d’activités 2002, 2003, 2004. Dieter N. et Helmut K. : Effets des interventions du Projet de Réhabilitation des Barrages et Pistes ; Rapport final ; Novembre 2002. PRBP : Rapport de suivi d’impact permanent du PRBP ; Janvier – Décembre 2003. NEF-IIED : Lutte contre la Pauvreté dans la Région de Mopti ; Contribution de la NEF en partenariat avec l’Ambassade des Pays Bas au Mali de 1999 à 2004.

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 45 LISTE DES PERSONNES RENCONTREES

Bandiagara N° Prénom & Nom Structure Fonction Localité 1 André Kananbaye Association Molibèmo Coordinateur Bandiagara 2 Zakarie Banou Association Molibèmo Animateur Bandiagara 3 Babadian Diakité PRBP Chef Projet Bandiagara 4 Oumar Ongoïba PRBP Chef Volet An. Bandiagara 5 Justin Sagara ONG HDS Coordinateur Bandiagara

Doucombo N° Prénom & Nom Structure Fonction Localité 6 Adou Guindo Groupement Villageois Président Doucomno 7 Malick Guindo Groupement Villageois Trésorier Doucombo 8 Hassim Guindo Groupement Villageois S. Organisation Doucombo 9 Seydou Guindo Groupement Villageois Membre Doucombo

Songho N° Prénom & Nom Structure Fonction Localité 10 Amadou Karambé Rep. Chef Village Songho 11 Aly Yanogué Adjt Pdt jeunes Songho 12 Lata Karambé GV Pdt Comité Songho 13 Bourema Guindo Pdt Songho 14 Iba Yanogué Conseiller village Songho 15 Seydou Karambé GV Secrétaire GV Songho 16 Youssouf Seïba GV Membre Songho 17 Allaye Yanogué GV Membre Songho 18 Youssouf Yanogué GV Trésorier Comité Songho 19 Baba Karambé GV Membre Songho

Siby Siby N° Prénom & Nom Structure Fonction Localité 20 Bourema Karambé GV Président GV Siby – Siby 21 Amadou karambé Comité Gestion Comité Gestion Siby – Siby 22 Sidy Karambé Comiyé de gestion Chargé des recouvrement Siby – Siby

46 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ Golgou – Diambi N° Prénom & Nom Structure Fonction Localité 23 Naou A. Kelepili Chefferie Chef de village Golgou 24 Salf Kelepili Chefferie Conseiller Golgou 25 Ousmane Kelepili Comité Gestion Pdt Golgou 26 Seydou Nantoumé GV Membre Comité Golgou 27 Barema Kelepili GV Membre Comité Golgou 28 Garibou Nantoumé GV Collecteur Golgou 29 Amadi Djiguiba GV Idem Golgou 30 Yaya Kelepili GV Idem Golgou 31 Oumar Kelepili GV Membre Comité Golgou 32 Laya Nantoumé GV Membre Comité Golgou 33 Ambousso Kelepili GV Membre Comité Golgou

Tombouctou N° Prénom & Nom Structure Fonction Localité 34 A. Tamboura DRCN Directeur Tombouctou 35 Zoumana Fofana PLCE Responsable Tombouctou

Bourem – Inaly N° Prénom & Nom Structure Fonction Localité 36 Mahamane Kô Samaké Sous - Préfecture Sous - Préfet Bourem – Inaly 37 Aguissa B. Touré Commune Maire Bourem –Inaly 38 Alhousseyni M Haïdara Chef village Bourem – Inaly 39 Mohamed Abdrahamane Planteur Bourem – Inaly 40 Ousmane I Maïga Idem Bourem – Inaly 41 Mahamadoun Haïdara Idem Bourem – Inaly 42 Baba Souley Maïga Idem Bourem – Inaly 43 Abdou Zorono Idem Bourem – Inaly 44 Tiembou Aboubacrine Idem Bourem – Inaly 45 Hadizatou Younoussou Association LAFIA Présidente Bourem – Inaly 46 Fati Zeda Ass. Toussak Présidente Bourem – Inaly 47 Taga Alhassane Membre Bourem – Inaly

Hondo Bomo Khoyna N° Prénom & Nom Structure Fonction Localité 48 Amadou Mahamane Chefferie Chef village Hondo Bomo 49 Ousmane Ibrahim Ass. des éleveurs Président Hondo Bomo 50 Mahamane Ousmane Exploitant bourgou Hondo Bomo 51 Abdoulaye Boncano Idem Hondo Bomo

LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 47 N° Prénom & Nom Structure Fonction Localité 52 Ibrahim Ousmane Idem Hondo Bomo 53 Abdoulaye Mahamadoun Idem Hondo Bomo 54 Idrissa Abdoulaye Idem Hondo Bomo

Kabara N° Prénom et nom Structure Fonction 55 Zeinabou Cisse Association NAFAGOUMO Présidente 56 Halima Maiga CA Animatrice 57 Tohona Maiga Association NAFAGOUMO Membre 58 Salimata Touré Association NAFAGOUMO Membre 59 Agaichatou Aghissa APROFEK 60 Awoi Alkaididré Ass. LAFIA 61 Bolo Maiga APROFEK Présidente 62 Nana Touré Idem Membre 63 Agaichatou Ibrahim Membre 64 Fati Allaye Maiga Ass. KALIBER 65 Fadimata Mahamane Membre 66 Adane Andedeou Membre 67 Fadi Mahamane Membre 68 Fita Ahamane Membre 69 Fatalmadane Andedeou APROFEK Membre 70 Moudouwoye Aibaber Ass KALIBER 71 Siré Touré Idem Membre 72 Fadimata Alkalifa LAFIA Présidente 73 Fata Maiga APROFEK Membre 74 Oumou Maiga Idem Secrétaire 75 Rahama Maiga Idem Membre 76 Tabari Hama Idem Membre 77 Aissa Alkaidijé Ass KALIBER Membre 78 Fatoumata Dicko APROFEK Membre

48 LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION, RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ