A propos d' A. Rich, et de Cephalanthus chinensis Lam. ()

Jean BOSSER IRD (ex ORSTOM), Laboratoire de Phanérogamie, Muséum national d'Histoire naturelle, 16 rue Buffon, 75005 Paris, France.

RÉSUMÉ L'identité de Cephalanthus chinensis Lam. (Rubiaceae) est une nouvelle fois établie. Il s'agit d'un de Madagascat qui doit s'appelet Breonia chi­ MOTS CLES Rubiaceae, nensis (Lam.) Capuron. A. RICHARD ayant basé son gente Anthocephalus sut Cephalanthus chinensis, Cephalanthus chinensis, Anthocephalus A. Rich, devient synonyme de Breonia Breonia chinensis, Anthocephalus, A. Rich, ex DC. ce qui a enttaîné la ctéation d'un nouveau nom, . Neolamarckia Bosset, pout Anthocephalus auct.

ABSTRACT Concerning Anthocephalus A. Rich, and Cephalanthus chinensis Lam: (Rubiaceae). The identity of Cephalanthus chinensis Lam. (Rubiaceae) is once mote esta­ KEYWORDS blished. This name refets to a species of Breonia from Madagascar, which Rubiaceae, must thetefore be called Breonia chinensis (Lam.) Capuron. The Cephalanthus chinensis, Anthocephalus A. Rich, based on Cephalanthus chinensis becomes a synonym Breonia chinensis, Anthocephalus, of Breonia A. Rich, ex DC. and a new name, Neolamarckia Bosser, was pre­ Neolamarckia. viously proposed for Anthocephalus auct.

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En 1984, je publiai dans la revue Adansonia de Chine donnée par SONNERAT, R.C. une note où je proposai, dans la famille des BACKHUIZEN VAN DEN BRINK Jr. (1970) et par la Rubiaceae, le nom nouveau Neolamarckia pour suite CE. RIDSDALE ont été conduits à recher­ Anthocephalus auct. non A. Rich., Anthocephalus cher pour type un échantillon de SONNERAT A. Rich. devenant un synonyme de Breonia A. récolté en Chine et détetminé par LAMARCK Rich. ex DC. Ma démonstration ne fut sans Cephalanthus chinensis. Un tel échantillon n'a pu doute pas assez convaincante puisque CE. être trouvé mais ces auteurs ont conclu que RIDSDALE in Flora of Ceylan XII, Rubiaceae : l'échantillon de la plante malgache dans l'herbier 158 (1998) reprend, pour des plantes asiatiques, Lamarck, bien que déterminé par LAMARCK ne le nom & Anthocephalus A. Rich., considérant pouvait être le type de Cephalanthus chinensis. Neolamarckia comme un nom superflu. Je suis RIDSDALE (1975) lectotypifie même l'espèce donc conduit à tentet d'exposer plus clairement indiquant « SONNERAT s.n. not traced » ce qui est ce problème afin de lever tout doute à son sujet. surprenant . La lectotypification étant le choix Quand il décrivit son genre Anthocephalus d'un échantillon pour type d'une espèce, peut-on RICHARD l'a basé sur le Cephalanthus chinensis de « choisir » un échantillon qu'on ne trouve pas ? LAMARCK ; ceci n'est contesté par personne. Le Une telle lectotypification ne peut être retenue. désaccord vient de l'interprétation qui est faite de En réalité, un échantillon portant ces indications l'identité du Cephalanthus chinensis. Il était n'existe pas car LAMARCK a commis une erreur en nécessaire de typifier cette espèce et de rechercher attribuant la récolte à SONNERAT et en supposant l'échantillon ayant été utilisé par LAMARCK pour qu'elle venait de Chine. sa description. Il en existe un dans l'herbier LAMARCK à Paris qui porte un determinavit de sa main « Cephatanthus chinensis encycl. n° 2 » (sic). On peut se souvenir que LAMARCK a fait plu­ Or cet échantillon est un rameau fleuri d'un sieurs fois ce genre d'erreur quand les échan­ Breonia de Madagascar. Tout découle de l'accep­ tillons en sa possession ne portaient pas tation ou non de cet échantillon comme type de d'indications. Un cas typique est donné par l'espèce. Phylica nitida Lam. (Rhamnaceae) décrit Que peut-on apprendre de l'échantillon lui- d'Afrique du Sud et supposé récolté par même ? SONNERAT (encore lui !) alors que, comme l'a — C'est un rameau fleuri d'un Breonia malgache ; démontré J. GuÉHO (1976), il s'agit d'une espèce — Il n'y a aucune mention de récolteur ; endémique de la Réunion récoltée par — Une annotation, vraisemblablement de COMMERSON (toujours lui!). Nous nous trouvons SONNERAT, stipule « c'est le Morinda de Chine »; devant un cas semblable. La seule façon de réta­ ceci ne peut être interprété comme une indica­ blir la vérité est de prouver que le protologue tion de lieu de récolte mais simplement comme correspond bien à l'échantillon de Breonia de une attribution, en l'occurrence erronée ; l'herbier Lamarck et que, de plus, il ne corres­ — Une étiquette de la main de COMMERSON pond pas aux plantes asiatiques placées par porte, en latin, une courte description de BAKHUIZEN et RIDSDALE dans Anthocephalus. l'échantillon et en indique l'origine : « in horto Dans ma note publiée en 1984, je montre que insula françia ». Or on trouve dans l'herbier tous les caractères mentionnés par LAMARCK dans général à P des échantillons qui sont manifeste­ le protologue concordent point par point avec ment des doubles du spécimen de l'herbier l'échantillon de l'herbier Lamarck portant son Lamarck dont certains portent la mention determinavit « Cephalanthus chinensis », jusqu'à « COMMERSON, isle de France ». On peut donc un détail tout de même assez particulier (« les considéter comme certain que ces échantillons corolles varient de 4 à 5 divisions et portent 4 à 5 ont été faits par COMMERSON à l'île Maurice, à étamines dont les anthères paraissent à leur ori­ partir d'une plante d'origine malgache cultivée fice ») qui est bien visible sur l'échantillon. Par au Jardin botanique. contre, les plantes asiatiques rangées sous Mais comme LAMARCK dit que c'est une plante Anthocephalus chinensis, qui devraient corres-

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pondre avec le protologue de LAMARCK de cité pat RICHARD. La seule référence est à Cephalanthus chinensis ne lui correspondent pas Cephalanthus chinensis. Ceci m'a entraîné à pro­ car LAMARCK précise : « les inflorescences sont poser un autre nom de genre pour les plantes asia­ solitaires dans les aisselles des dernières feuilles et tiques et j'ai choisi Neolamarckia car LAMARCK se point terminales ». Or les plantes asiatiques ont trouve au centre de cette controverse. des inflorescences strictement terminales. Force est donc de conclure que tout prouve que le type NEOLAMARCKIA Bosser de Cephalanthus chinensis est bien l'échantillon se trouvant dans l'herbier Lamarck et déterminé par Bull. Mus. Natl. Hist. Nat., B, Adansonia 6 : 247 lui sous ce nom et que, à cause du caractère des (1984). Anthocephalus auct. non A. Rich. : G.D. Haviland, inflorescences, il ne décrit pas les plantes asia­ Journ. Linn. Soc. Bot. 33 : 22 (1897) ; R.C. tiques tangées par les auteurs sous Anthocephalus Bakhuizen van den Brink Jt., Taxon 19 : 469 chinensis. Le nom correct de la plante malgache (1970) ; CE. Ridsdale, Blumea 24 : 333 (1978) ; est donc bien Breonia chinensis (Lam.) Capuron. Flora of Ceylon XII : 158 (1998). — Type : (Roxb.) Bosser.

Breonia chinensis (Lam.) Capuron Remarquons pour tetminer que si Antho­ cephalus avait pu être considéré comme valide, le Adansonia, sér. 2, 13 : 472 (1973). nom de l'espèce asiatique ne pouvait être Cephalanthus chinensis Lam., Encycl. Méth. 1 : 678 (1783), excl. syn. — Anthocephalus chinensis (Lam.) Anthocephalus chinensis (Lam.) A. Rich, ex Walp., A. Rich, ex Walp., Rep. 2 : 491 (1843). — Type : retenu pat RlDSDALE in Flora of Ceylon (1998), Sans técolteut (vraisemblablement Commerson s.n.), mais A. cadamba (Roxb.) Miq. Ile Maurice « Isle de France » (holo-, P-LA!) ; photo et synonymie complète in BOSSER (1984). RÉFÉRENCES

Qu'en est-il alors $ Anthocephalus A. Rich. ? BAKHUIZEN VAN DEN BRINK R.C. 1970. — RICHARD dit « nous avons établi ce genre sur le Nomenclatute and typification of the geneta of Cephalanthus chinensis de LAMARCK », ce faisant Rubiaceae- and a proposal to conserve il désigne implicitement l'espèce-type du genre. the generic name L. Taxon 19 : 468-480. Je viens de démontrer, qu'il s'agit d'un Breonia BOSSER J. 1984. — Sur le type de Cephalanthus chi­ nensis Lam. Neolamarckia, nouveau nom pout malgache ce qui conduit à mettre en synonymie Anthocephalus auct. non A. Rich. (Rubiaceae). Bull. Anthocephalus A. Rich, avec Breonia A. Rich, ex Mus. Natl. Hist. Nat, B, Adansonia 6 : 243-248. DC. CAPURON R. 1973. — Sut l'identité du Cephalanthus Il faut cependant remarquer que le protologue chinensis Lam. Adansonia, sét. 2, 13 : 471-473. GUÉHO J. 1976. — Sut l'identité du Phylica de RICHARD comprend la description de fleurs (Rhamnaceae) des Mascateignes. Adansonia, sét. 2, qui correspondent à Cephalanthus chinensis Lam. 15 : 509-513. et d'un ftuit. Cette description de fruit n'existe LAMARCK J.B. 1785. — Encyclopédie méthodique 1 : pas dans le protologue de LAMARCK de 678. Cephalanthus chinensis, or il s'agit manifestement RICHARD A. 1830. — Mémoire sur la famille des du fruit des plantes asiatiques rangées initiale­ Rubiacées : 157-158. RIDSDALE CE. 1975. — A synopsis of the African ment dans Nauclea cadamba Roxb. and Madagascan Rubiaceae-Naucleeae. Blumea 22 : Anthocephalus aurait concerné les plantes asia­ 541-553. tiques et aurait été valide s'il avait été basé sur la RIDSDALE CE. 1978. — A Revision of the Tribe description du fruit, mais le choix évident de Naucleeae s.s. Blumea 24 : 307-366. RIDSDALE CE. 1998. — Rubiaceae : 158-159, in RICHARD nous oblige à le baser sur la partie du DASSANAYAKE M.D. & CLAYTON W.D. (eds.). protologue décrivant la fleur de Cephalanthus chi­ Flora of Ceylon XII. Amerind Publishing Co. Pvt. nensis. D'autant plus qu'aucun échantillon n'est Ltd., New Delhi.

Manuscrit reçu le 4janvier 1999 ; version révisée acceptée le 6 avril 1999.

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