142 La concentration de l'emploi dans le Sillon mosellan

Dans un contexte lorrain de faible dynamique de l’emploi, les taux de croissance plus forts polarisés dans les grandes agglomérations, contribuentàrenforcerencorelerôleoccupéparleSillonmosellan. Combinés au phénomène de périurbanisation, l’augmentation et l’allongement des flux quotidiens domicile-travail soulignent l’interdépendance accrue des territoires urbains avec les zones rurales proches des villes, mais amplifient les disparités de développement pour ceux qui en sont géographiquement éloignés. Les implantations ou extensions, en cours ou annoncées, de grands établissements porteurs de créations de nouveaux emplois ne semblent pas à court terme corriger ce mode de développement. L’élévation du coût des carburants et les nouvelles attentes environnementales sont des facteurs dont il faudra suivre les impacts sur l’organisation du territoire. Le nord de la région, et de fait, l’ensemble du territoire régional, se remodèlent sous l’effet de la dynamique luxembourgeoise, mais ils se doivent de faire émerger un projet stratégique d’aménagement concerté pour saisir les nouvelles opportunités qui s’y présentent.

Près des trois quarts des actifs lorrains plois*, soit respectivement 19% et 18% de quittent chaque jour leur commune de résidence l’emploi lorrain (contre 18% et 16% en 1999), pour aller travailler dans une autre (contre 67% en et constituent toujours les deux pôles d’em- 1999 et 58% en 1990). L’analyse de leurs déplace- ploi majeurs de la région. ments domicile-travail permet de déterminer Ils sont secondés par (47 000 em- quels sont les principaux pôles d’emploi vers les- plois), Épinal (36 000), (25 000)et quels ils se dirigent ainsi que les zones de recru- quatorze autres pôles comptant de 5 000 à tement qui leur sont associées. Chaque 20 000 emplois (par ordre décroissant : Sarre- ensemble “pôle d'emploi” et “zone de recrute- guemines, Saint-Avold, Saint-Dié-des-Vosges, ment” constitue autant de “bassins d’emploi”. Bar-le-Duc, Verdun, Longwy, Remiremont, Sarre- bourg, Toul, Pont-à-Mousson, Lunéville, Nancy et , Ay-sur-**, et Gérardmer). pôles d’emploi majeurs

En 2004, les agglomérations de Nancy et * emploi salarié et non salarié, hors militaires Metz regroupent 158 000 et 146 000 em- ** communes d’Ay-sur-Moselle, Ennery et Trémery Vingt-cinq agglomérations de taille Comté, autre région voisine de la de la construction où en cinq ans, inférieure et trois communes de Lorraine, n’en attire que 1 500. ils ont trusté à eux trois seule- la région proposent également de ment, près du tiers des 2 000 à 5 000 emplois. Ces pô- Effets taille, tertiaire, 640 000 m² de locaux neufs bâtis les d’emploi secondaires sont no- Sillons mosellan et sarrois à destination commerciale et près tamment nombreux dans les de la moitié des 266 000 m² de Vosges,lecentredelaMoselle La situation dominante de Nancy, ceux à usage de bureaux. et le sud meusien où ils partici- Metz, et à un degré moindre Des pôles d’emploi de taille plus pent à la structuration des d’Épinal, s’est renforcée entre modeste, situés en milieu rural et espaces ruraux. 1999 et 2004 : le pôle d’emploi conservant une spécificité indus- Toutefois, ils se classent après deux de Nancy a gagné 13 000 em- trielle ou militaire, illustrent a con- pôlesd’emploisituéshorsdeslimi- plois (+9%), celui de Metz 12 000 trario les difficultés à se tes régionales, dans un étranger (+9% également) et celui d’Épinal développer hors de ce schéma : proche, le Luxembourg et l’Alle- 2 700 (+8%). Commercy et Ligny-en-Barrois magne, où se rendent chaque jour La taille des pôles, leur spécificité dans la Meuse ; Bouzonville, Bou- 55 000 et 23 000 travailleurs fron- économique et leur situation géo- lay-Moselle, et talierslorrains(les frontaliers vers le graphique ont des effets discrimi- en Moselle ; Saint-Dié-des-Vos- Luxembourg sont 64 000 en 2007). nants sur l’évolution de l’emploi ges, Moyenmoutier, Raon-l’Étape, Enfin, l’Alsace voit converger vers expliquant que ce sont bien les Baccarat et Lunéville le long de la elle 11 900 actifs lorrains (dont plus grandes agglomérations du Meurthe ; Forbach et Creutzwald 3 800 vers Strasbourg***), la région Sillon mosellan et les plus tour- dans le Bassin Houiller. nées vers le tertiaire qui, en ter- parisienne en attire 11 700, la Seuls ou presque à voir leur mesdecroissancedel’emploi, Champagne-Ardenne 6 000 (dont nombre d’emplois progresser, les sortent grands vainqueurs de la 2 100 à Saint-Dizier***) et la Belgique pôles de , et période observée. 3 800. À noter que la Franche- semblent bénéfi- La suprématie des pôles d’emploi cier d’un second “effet Sillon” po- de Nancy, Metz et Épinal s’est éga- sitif : le Sillon sarrois. *** agglomération lement exercée dans le domaine Le Luxembourg : Nancy, Metz, Thionville, Épinal et le Luxembourg ème regroupent la moitié des emplois 3 pôle d’emploi... lorrain Pôles d'emploi en 2004 (agglomérations de 2 000 emplois ou plus. Hors Lorraine, emplois occupés Le développement le plus specta- par des actifs lorrains) culaire et caractéristique en ter- Luxembourg Belgique mes d’évolution récente d’emplois 55 000 Longwy Villerupt occupés par des actifs lorrains est Villers-la-Montagne toutefois dû à un phénomène exo- Thionville gèneàlarégion:ledynamisme 47 000 Allemagne Bouzonville 23 000 économique du Luxembourg, et Ay-sur-Moselle Creutzwald Forbach son corollaire, le développement du 25 000 Batilly travail frontalier. Jarny Boulay Saint-Avold Sarreguemines Verdun Metz -Moselle 20 000 146 000 Entre 1999 et 2004, le nombre Sarralbe de Lorrains ayant un emploi au

Pont-à-Mousson Morhange Grand-Duché est en effet passé Saint-Mihiel de 39 000 à 55 000, soit une Dieuze hausse de 42%, correspondant à Sarrebourg Bar-le-Duc Commercy Nancy 3 200 emplois supplémentaires Toul 158 000 chaque année. Le Luxembourg Ligny-en-Barrois Strasbourg Lunéville s’est hissé ainsi au rang de troi- Saint-Dizier Baccarat sième pôle d’emploi pour les ac- Raon-l'Étape tifs lorrains. Charmes Moyenmoutier Rambervillers Neufchâteau Dans le même temps, les fronta- Saint-Dié-des-Vosges Mirecourt liers à destination de l’Allemagne Bruyères

Vittel Épinal IGN-Insee 2008 ont vu leur nombre ramené de Contrexéville 36 000 23 300 à 23 000 (-1%)etceux Gérardmer vers la Belgique augmenter de La Bresse Vagney +14% Remiremont 3 300 à 3 800 ( ).

Le Thillot Depuis 2004, la forte attractivité exercée par le Luxembourg s’est Sources : Insee, DADS et estimations d'emploi poursuivie : on observait 64 000

2 mouvements pendulaires quoti- dans les espaces ruraux. Ces der- s’effectuent par la route est de diens vers ce pays en 2007, soit niers constituant parallèlement un 21 minutes en heure creuse et encore 3 000 actifs lorrains sup- bassinderecrutement,voireun de 24 minutes en heure pleine plémentaires par an. Quant aux réservoir de main-d’œuvre indis- (contre 19 et 23 en 1999). flux vers l’Allemagne, ils se sont pensable aux entreprises situées Toutefois, pour la moitié des actifs, contractés pour se situer à en zone urbaine. la distance est inférieure à 7 kilo- 22 500, alors même que ceux mètres et le temps de trajet prend vers la Belgique atteignaient Allongement 11 minutes en heure creuse et 13 4 500. En 2007, le cap des minutes en heure pleine. 90 000 frontaliers lorrains a été des distances et franchi, ce qui représente un sa- des temps de trajet En ne considérant que les actifs qui larié sur dix. Cette hausse de changent de commune pour aller l’emploi au Luxembourg contraste La dissociation croissante entre travailler, la distance domicile-travail avec le repli observé dans les la localisation des emplois et le moyenne passe à 31 kilomètres et deux autres pôles de Nancy et lieu de résidence des actifs qui la moitié d’entre eux parcourent Metz (-0,9% et -1,6% d’emplois sala- s’accompagne d’une progression moins de 12 kilomètres. Quant au riés entre 2004 et 2006). concomitante du nombre de dé- temps de trajet, il passe à 31 minu- placements domicile-travail voit tes en heure creuse et à 34 minu- aussi s’allonger les distances. tes en heure pleine. Interdépendance économique croissante Ainsi, en 2004, la distance moyenne que parcourt un actif Nancy, une troisième urbain-rural lorrain pour se rendre à son tra- couronne dans le Toulois vail est de 21 kilomètres, contre La concentration des activités et surtout le Lunévillois 15 en 1999 (en incluant les 28% économiques dans les grandes d’actifs qui résident et travaillent dans Le pôle d’emploi de Nancy cons- agglomérations s’est accom- la même commune et pour lesquels la titué par l’agglomération nan- pagnée ces dernières années distance est considérée comme nulle, céienne polarise très fortement d’unecroissancecontinuede mais en excluant les 9% de travail- l’emploi dans le sud meurthe-et- l’habitat en zone périurbaine ré- leurs frontaliers)etladurée mosellan : deux actifs sur trois sultant de la stratégie résiden- moyenne des navettes si elles résidant dans l’ensemble consti- tielle des ménages à la recherche de meilleures condi- tions de vie et de logement, Une croissance de l'emploi concentrée surtout dans le Sillon mosellan sous contrainte de revenu. Belgique Luxembourg Évolution de l'emploi entre 1999 et 2004 En 2004, les 53 plus grands pô- + 16 000 dans les pôles d'emploi (hors Lorraine, Longwy les d’emploi où travaillent les ac- emplois occupés par des actifs lorrains) tifs lorrains regroupent 82% des Villers-la-Montagne Cattenom Esch-sur-Alzette- Allemagne emplois, mais n’y habitent que Villerupt Thionville Bouzonville 62% des actifs. Dans les agglo- Ay-sur-Moselle Creutzwald Forbach mérations de Nancy et Metz où Batilly Boulay- viennent travailler chaque jour Verdun Moselle Sarreguemines 46 000 et 50 000 actifs qui n’y Jarny Metz Saint-Avold Bitche +12000 Faulquemont résident pas, la main-d’œuvre ex- Sarralbe térieure occupe respectivement Morhange Saint-Mihiel 29% et 34% des emplois. Pont-à-Mousson Dieuze Phalsbourg Autre indicateur, la part des ac- Bar-le-Duc Sarrebourg tifs travaillant dans l’aggloméra- Commercy Toul Nancy Strasbourg +13000 tion de Nancy et habitant à plus Lunéville de 20 kilomètres de leur lieu de Ligny-en-Barrois Saint-Dizier travail est passée de 12% en Baccarat 1999 à 20% en 2004. Dans l’ag- Raon-l'Étape glomération de Metz, cette part a Neufchâteau Charmes Moyenmoutier Rambervillers progressé dans le même temps Mirecourt de 14% à 21%. Taux d'évolution de l'emploi Saint-Dié-des-Vosges entre 1999 et 2004 (%) Vittel Bruyères 20 et plus Épinal De manière plus générale, cette si- de 10 à 20 Contrexéville + 2 700 Gérardmer tuation traduit l’interdépendance de5à10 Vagney IGN-Insee 2008 croissante (économie-emploi)des de0à5 Remiremont de -5 à 0 La Bresse territoires urbains et ruraux pro- Le Thillot de -10 à -5 ches des villes. Les pôles économi- de -20 à -10 ques urbains fournissant les plus de -20 Sources : Insee, DADS et estimations d'emploi emplois qui n’existent pas (ou plus)

3 tué par les zones d’emploi de Lu- Toutefois, pour les actifs du Tou- gny-lès-Metz, Verny et Ars-sur-Mo- néville, Nancy et Toul y lois et du Lunévillois, entre 1999 selle au sud et à l’ouest ; Homé- travaillent également. et 2004, la proximité du pôle court et Briey au nord-ouest bien d’emploi de Nancy ne revêt pas la que situés en Meurthe-et-Moselle Il se déploie selon trois axes en di- même importance. Les premiers mais qui ont été intégrés en son rection de Lunéville, Pont-à-Mous- bénéficient encore d’un emploi lo- sein en 1999. Dans tous ces can- son et Toul, suivant les grandes cal (salarié et non salarié)orientéà tons, de 55% à 75% des actifs voies de communication routiè- la hausse (+6,4% en cinq ans)et travaillent dans le pôle messin. res : l’autoroute A31, les nationa- affichent un des taux de chômage les4,57et59quiluiservent les plus faibles de la région. Entre 1999 et 2004, le rayonne- d’axes de rabattement, offrant fa- ment de celui-ci s’est développé cilité et gain de temps pour les En revanche, les seconds doivent dans trois directions : vers le déplacements. fairefaceàuneérosiondel’em- Bassin Houiller, dont tous les can- ploi local (-4,1% en cinq ans)etla Depuis 1999, il a vu le nombre tons lui envoient davantage d’ac- zone d’emploi de Nancy est, avec de ses emplois augmenter mais a tifs, principalement ceux de celle d’Épinal, la seule zone lor- également étendu son influence Faulquemont (+40%)etBou- raine voisine où l’emploi croît (les sur des secteurs périurbains de lay-Moselle (+70%), mais aussi zones de Sarrebourg et Saint-Dié- plus en plus éloignés. Saint-Avold et des-Vosges affichant également des (+100%) ; vers le Saulnois, avec pertes d’emploi). Le pôle nancéien exerce ainsi une les cantons de Delme et Châ- attraction forte qui s’étend au-delà Au final, les 2 300 navettes sup- teau-Salins (+20% et +100%);et de son périmètre urbain dans les plémentaires observées en cinq enfin à un degré moindre vers les communes rurales des cantons de ans au départ de la zone d’emploi cantons meurthe-et-mosellans de Jarville-la-Malgrange, Malzéville, de Lunéville vers celle de Nancy, Conflans-en-Jarnisy (+10%), Neuves-Maisons, Pompey, Saint-Ni- ont donc permis de compenser Chambley-Bussières, Dieulouard colas-de-Port et Seichamps où plus les 950 pertes d’emploi locales. et Pont-à-Mousson (+20%)et de 75% des actifs qui y résident Thiaucourt-Regniéville (+40%). viennent travailler chaque jour dans L’attraction de Nancy déborde éga- lement de plus en plus hors des l’agglomération. Pour les actifs du Bassin Houiller, frontières départementales et se après la fin de l’extraction char- Mais il attire également entre 50% ressent jusqu’aux marges de la bonnièrequiavudisparaître et 60% des actifs habitant dans Meuse, de la Moselle et des Vos- 4 300 emplois en cinq ans et les cantons de Bayon, Do- ges. Elle s’exerce en effet sur 10% pour ceux qui n’ont pas été mis mèvre-en-Haye, Haroué, Luné- à 20% des actifs de certains can- en dispense d’activité, la proximi- ville-Nord, Nomeny et Vézelise pour tons de la Meuse (Vaucouleurs, té de la zone d’emploi de Metz et lesquels il est le premier pôle d’em- Void-Vacon), de la Moselle (Châ- de son pôle d’emploi en crois- ploi et qui constituent sa seconde teau-Salins surtout, mais aussi Delme sanceaétélabienvenue.Pour couronne, les transformant peu à et Vic-sur-Seille) et des Vosges (Char- preuve, entre 1999 et 2004, le peu en cantons dortoirs. mes et Coussey)oùlenombrede nombre de navettes quotidiennes navettes vers Nancy augmente par Ce mouvement progressif dans le partant de la zone d’emploi du ailleurs d’au moins 30%. temps s’opère également de fa- Bassin Houiller à destination de çon concentrique, au profit désor- Quant aux échanges d’actifs avec celle de Metz est passée de mais d’une troisième couronne l’agglomération messine, ils sont 4 000 à 7 000. composée de cantons du Toulois légèrement déficitaires (2 500 dé- (Colombey-les-Belles, Toul-Nord et parts pour 2 000 arrivées), alors Le Luxembourg étend Toul-Sud) et surtout du Lunévillois qu’ils sont équilibrés avec l’agglo- (Arracourt, Gerbéviller, Lunéville et mération spinalienne (650 flux son influence et entame Lunéville-Sud). Ici, “seulement” dans les deux sens). l’attractivité de Metz 25% à 35% des actifs travaillent Un des éléments les plus structu- à Nancy qui ne vient qu’en second Metz, de plus en plus rantsdumarchédutravaildeces rang derrière l’emploi dans le can- dernières années dans la région a ton lui-même, à Lunéville ou à attractif pour les actifs été la poursuite du développement Toul, mais entre 1999 et 2004, du Bassin Houiller du travail frontalier, notamment à la progression des navettes vers Le pôle d’emploi de Metz constitué destination du Luxembourg. De le pôle nancéien y a été de l’ordre par l’agglomération messine, se- 65 000 emplois hors des frontières de 30% à 50%. cond pôle d’emploi lorrain, com- occupés par des Lorrains en 1999, L’attraction de Nancy est plus porte une couronne qui englobe on est passé à 82 000 en 2004 et faible dans les cantons de l’ex- autour de la capitale régionale, les 87 000 en 2006, et parmi eux, le trême est du Lunévillois (Badonvil- cantons de , Marange-Sil- nombre d’emplois au Luxembourg ler, Blâmont et Cirey-sur-Vezouze) vange, Maizières-lès-Metz, , est passé de 39 000 en 1999 à mais la progression du nombre et Moyeuvre-Grande au 55 000 en 2004 (puis 60 000 en de navettes y est identique. nord;Pangeàl’est;Monti- 2006 et 64 000 en 2007).

4 Rayonnement de Nancy et Metz

Bassins d’emploi en 2004 (base cantonale)

BELGIQUE LUXEMBOURG

LONGWY VILLERS-LA- MONTAGNE Esch- CATTENOM Villerupt THIONVILLE ALLEMAGNE Bouzonville

AY-SUR-MOSELLE CREUTZWALD BATILLY Boulay-Moselle FORBACH Jarny SAINT-AVOLD VERDUN METZ SARREGUEMINES Bitche Faulquemont Sarralbe

Morhange PONT-A-MOUSSON Saint-Mihiel Dieuze Phalsbourg SARREBOURG BAS-RHIN BAR-LE-DUC Commercy NANCY TOUL Ligny-en-Barrois LUNÉVILLE

HAUTE-MARNE Baccarat Moyenmoutier

Raon-l'Étape IGN-Insee 2008 Charmes Rambervillers Neufchâteau Mirecourt SAINT-DIÉ-DES-VOSGES

Bruyères Vittel ÉPINAL Contrexéville

GÉRARDMER Vagney REMIREMONT La Bresse

Le Thillot

Pôle d’emploi urbain (Agglomération de 5 000 emplois ou plus)

Couronne périurbaine (40% ou plus des actifs travaillent dans le pôle d’emploi urbain)

Pôle d’emploi rural (Agglomération de 2 000 à 5 000 emplois)

Couronne Cantons dont 40% ou plus des actifs (40% ou plus des actifs travaillent dans le pôle d’emploi rural) travaillent dans un pôle d'emploi situé hors de la région Cantons multipolarisés par des pôles urbains ou ruraux

Cantons ruraux «autonomes» Contour des bassins d'emploi (40% ou plus des actifs travaillent dans leur canton de résidence) d'Épinal, Metz, Nancy et Thionville

Sources : Insee, DADS et estimations d'emploi

5 La zone d’emploi de Thionville, de C’est qu’entre 1999 et 2005, de Metz et de Briey, et touche par sa situation géographique privi- l’emploi salarié total au Luxem- même la Meuse du Nord. Entre légiée, fournit toujours le plus gros bourg est passé de 231 000 à 1999 et 2006, dans tous les can- contingent de frontaliers à destina- 287 000, soit une hausse de tons situés entre Thionville et Metz, tion du Grand-Duché (32 000 tra- 24%, alors qu’en Lorraine, sur la le nombre de frontaliers à destina- vailleurs en 2004, 35 200 en 2006), même période, il n’a progressé tion du Luxembourg a doublé. devant la zone d’emploi de Longwy que d’à peine 1% et a même bais- Conséquence, l’attraction de l’agglo- (12 100 en 2004, 12 800 en 2006). sé de 4,1% dans la zone d’emploi mération de Metz sur les actifs de Mais c’est cette dernière, égale- de Longwy. Demande de main- sa partie nord (cantons de Briey, Ho- ment limitrophe, qui est la plus dé- d’œuvre d’un côté de la frontière, mécourt, Maizières-les-Metz, Ma- pendante du Luxembourg : près de raréfaction des emplois de l’autre range-Silvange, Moyeuvre-Grande, 38% de ses actifs occupés y tra- ont fait le reste. Rombas et Woippy) a baissé. vaillent. Le phénomène du travail fronta- Cette envolée du travail au lier au Luxembourg a pris une Luxembourg où les Lorrains ont Hors du Sillon mosellan, telle importance qu’il est devenu réussi à occuper un nouvel emploi peu de grands projets aujourd’hui le premier pourvoyeur créé sur trois, est en tout cas porteurs de nouveaux tombée au moment propice et d’emplois dans quatre cantons du emplois nord lorrain avant même le mar- elle est venue réellement porter secours à un emploi local défi- ché local. Les actifs des cantons La concentration de l’emploi dans cient, tout particulièrement à de Villerupt, Cattenom et le Sillon mosellan et la périurbani- Longwy. sont ainsi de 52% à 55% à tra- sation autour des grandes agglo- vailler au Grand-Duché, ceux du Parallèlement, l’attraction du Luxem- mérations observées entre 1999 canton d’Herserange 43%. bourg s’est étendue jusqu’aux portes et 2004 ont accentué les dépla- cements domicile-travail, mais Influence du Luxembourg jusqu'aux portes de Metz aussi les disparités de développe- ment au sein de la région. Les Part des actifs travaillant au Luxembourg dans la population active occupée en 2006 (%) territoires éloignés de cet axe central peinant à maintenir leur niveau d’emploi et donc d’attracti- Belgique Luxembourg vité, alors même qu’augmentent les conséquences environnemen- Allemagne tales dues à l’accroissement des flux automobiles en résultant. Les évolutions d’emploi sur la période 2004-2006 risquent Bassin d'emploi par ailleurs de prolonger, voire de

IGN-Insee 2008 d’amplifier le phénomène : seu- Thionville les quatre zones d’emploi sur les 17 que compte la région voient en effet leur emploi (sala- rié et non salarié) progresser : Metz (+0,7%)etÉpinal(+1,0%) Bassin d'emploi dans le Sillon mosellan, Saint- Dié-des-Vosges (+0,3%)etSar- de Metz reguemines (+1,9%). Quant aux événements les plus récents et aux projets d’implanta- tions futures concernant de grands établissements industriels Part des actifs travaillant ou commerciaux, ils sont eux aus- au Luxembourg (%) si peu encourageants pour les 50 et plus territoires en marge de l’axe Épi- Zone d'emploi de Longwy : 38% de 40 à 50 Zone d'emploi de Thionville : 27% nal-Nancy-Metz-Luxembourg. de 30 à 40 Bassin d'emploi de Thionville : 29% de 20 à 30 Bassin d'emploi de Metz : 6% Les fermetures, déjà effectives ou de 10 à 20 Meurthe-et-Moselle : 6% annoncées, de KLÉBER à Toul (825 de5à10 Moselle : 10% ARCELOR-MITTAL moins de 5 Lorraine : 7% salariés)et àGan- drange (575 salariés) vont forte- ment affecter les secteurs de Sources : Statec, Insee Toul et Thionville. Celles de plu-

6 sieurs sites vosgiens de FAURÉCIA plois), FESTO à , BOSCH toires lorrains limitrophes que SIÈGES AUTOMOBILES (100 salariés), à Forbach et un centre pour poly- sont les cantons de Fontoy et Vil- de GANTOIS à Saint-Dié-des-Vosges handicapés à Freyming-Merlebach lerupt et au-delà, les zones d’em- (91 salariés)etdesPAPETERIES DU (100 emplois chacun), VIESSMANN à ploi de Longwy et Thionville. Ici, le SOUCHE à Anould (61 salariés)vont Faulquemont (70 emplois), ATRYA Luxembourg a décidé de transfor- pénaliser la Déodatie, tout (60 emplois) à La Bresse. mer les 500 hectares de friches comme NOVACARE à Laval-sur-Vo- industrielles d’Esch-sur-Alzette en logne (189 salariés) le secteur de Opportunités poumon économique. Objectifs : Bruyères. La fin des TISSAGES KO- luxembourgeoises décentraliser une partie des ser- HLER àFerdrupt(41 salariés), des vices et activités installés à FILATURES DE RAMONCHAMP (37 sa- Luxembourg-ville pour lutter La situation géographique limi- lariés), des TANNERIES GROSJEAN au contre l’hyperconcentration dans trophe d’un des pays européens Thillot (65 salariés) marquent la la capitale. les plus riches et connaissant une désindustrialisation de la Haute desplusfortescroissances, Ce projet gigantesque d’un mil- Moselle. Enfin, 243 postes se- constitue un levier indéniable d’ac- liard d’euros d’investissements ront supprimés d’ici 2011 chez tion et de mutation territoriale publics et autant d’investisse- TOTAL PETROCHEMICALS àCarling, pour la Lorraine, à l’heure où son mentsprivésetquidoitcréer où la pérennité du site pétrochi- emploi total, salarié et non sala- 20 000 emplois et accueillir de mique n’est pas assurée, et 220 rié, stagne (+1% entre 1999 et 5 000 à 7 000 résidents à hori- emplois sont en jeu chez INEOS et 2006), et où son emploi industriel zon 2015, rapprochera l’agglo- ARKEMA à Sarralbe. salarié s’érode fortement (-16% mération luxembourgeoise de la Lorraine, et devrait conforter La refonte du plan de stationne- entre 1999 et 2006, soit 29 200 encore une forme d’intégration de ment des Armées menace égale- postes perdus). territoires de vie en partie ment près de 8 000 emplois en Après avoir enregistré une partagés. Lorraine, notamment à Metz hausse de l’emploi de 24% entre (Châtel-Saint-Germain et Frescaty)et 1999 et 2005, le Grand-Duché Une évolution qui exige indéniable- Lunéville, mais aussi dans les pe- prévoit de garder un rythme sou- ment la construction d’une stra- tites villes de garnison de Bitche, tenu pour la décennie à venir, tégie d’aménagement et de Commercy et Dieuze, où elle pose soit selon le scénario central de développement concertée, à com- une inconnue sur leur devenir. projection établi par le Statec mencer par la réorganisation in- (Service central de la statistique et dispensable de l’offre de Lesplusgrossesimplantationsou des études économiques du Luxem- transport (route de contournement extensions d’établissements, en bourg), 80 000 emplois nou- d’Audun-le-Tiche et liaison ferroviaire cours ou en projet, vont au con- veaux d’ici 2020. Le ratio des Thionville-Belval-Longwy pour une meil- traire continuer de bénéficier au années passées où les actifs lor- leuredessertedusited’Esch-Belval Sillon mosellan. Citons notam- rains ont réussi à occuper un par exemple)entrelaRégionLor- ment, du sud au nord : OSSABOIS emploi sur trois parmi les nou- raine, l’État français et les instan- au Syndicat (127 emplois), la zone veaux emplois créés au Grand- ces du Grand-Duché. commerciale des Terres Saint- Duché, conduirait à voir le C’est le but que s’est fixé le nou- Jean à Épinal (400 emplois), le nombre de frontaliers lorrains veau Groupement Européen de scieur POLLMEIER àNomexy(150 vers le Luxembourg passer de Coopération Territoriale (GECT)qui emplois), ÉLÉVATEUR àFlavi- 64 000 en 2007 à 90 000 en va voir le jour pour accompagner gny-sur-Moselle (83 emplois), NOR- 2020. le développement de la ville nou- DON àNancy(130 emplois), velle de Belval et dont le péri- ECOREVIA,lepôlederechercheet Toutefois, la progression de mètre comprendra 8 communes de production de nouvelles matiè- l’emploi frontalier peut se ralen- lorraines et 4 luxembourgeoises, res premières issues du recy- tir en raison de la volonté de pri- soit environ 85 000 habitants sur clage, à Toul (150 emplois), une vilégier un accroissement de la cette terre où les frontières cultu- zone multi-activité à Atton (1 000 population active de résidence. relles, géographiques et histori- emplois), une unité de conception La limitation du développement ques s’effacent. et d’assemblage de bimoteurs des infrastructures ou la satura- SKYLANDER à Chambley-Bussières tion de celles existant, notam- (300 emplois), un centre commer- ment de transports publics, cial à Longwy (300 emplois). peuvent également être un frein n Philippe DEBARD conduisant à retenir un scénario Seuls quelques grands projets plus bas pour l’évolution future connus se situent géographique- de la main-d’oeuvre frontalière. ment en dehors du Sillon mosel- lan : CENTER PARCS qui ouvrira en Parmi les projets de développe- 2010 à (670 emplois, pour ment luxembourgeois, celui un équivalent temps plein de 450), d’Esch-Belval représente une for- PARISOT à Mattaincourt (150 em- midable opportunité pour les terri-

7 Savoir plus : Les années 2000 ont marqué mique et scientifique de Belval un décrochage assez net de la sur les territoires lorrains limi- - Les espaces urbains lorrains : Lorraine comparativement aux trophes ou sur les bassins de entre agglomération et dispersion, évolutions nationales (indica- Longwy et de Thionville. Ces Économie Lorraine n°121-122 - teursdecroissanceetd’em- évolutions exigent indéniable- mars 2008 ploi notamment). Ainsi, les ment la construction d’une - Le travail frontalier : l’âge de la ma- turité, Économie Lorraine n°99 - résultats 2007 non encore stratégie d’aménagement et septembre 2007 consolidés font à peine espé- de développement concertée. - L’enjeu transfrontalier, au cœur du rer un retour au niveau d’em- Mais nos grandes villes ont développement de la Lorraine - Une ploi de l’année 2000 (donc en aussi à se positionner en- urgence : le Luxembourg, CES de croissance nulle). Un constat semble dans cette nouvelle Lorraine - juin 2007 à mettre en parallèle avec les géographie économique du - Potentiel de croissance écono- taux de croissance de l’emploi territoire lorrain. Car l’on voit mique et démographique, projection 2005-2055, Bulletin du Statec, national (supérieur à 4%) ou bien en parallèle que les effets n°4-2005. encore du voisin luxembour- structurant l’organisation ter- geois (+26%). ritoriale de notre région se Site internet : concentrent aussi massive- ment sur les dynamiques des www.insee.fr Les perspectives à court terme deux grandes agglomérations (projets de créations, annonces de Nancy et de Metz. de suppressions ou dynamique grand-ducale même contenue) L’équilibre, fragile et sans ne sont pas de nature à re- doute non satisfaisant, des mettreencauseleprofildedé- fonctions - résidentielles/rura- veloppement du territoire les/centres économiques ur- lorrain : un développement bains - qui caractérisent les mené par le Sillon lorrain, polari- différents types de territoires sé, au sud, sur l’agglomération lorrains et participent encore nancéienne et redessiné, au à une forme d’harmonie régio- nord, de façon peut-être plus dif- nale, devra surmonter pour fuse et nuancée, sur un espace l’avenir de nouvelles tensions. élargi entre Metz et Luxem- On le sait du point de vue de bourg. mutations économiques tou- jours en œuvre. On le pres- sent au regard de l’actualité Dans ce contexte, de façon récente du dossier de restruc- Ministère de l’Économie, très nette, la présente publi- turation des forces armées... de l’Industrie et de l’Emploi cation confirme, par l’éclai- Il paraît sans doute beaucoup Insee rage de données concrètes et Institut National de la Statistique plus aléatoire de définir l’im- très objectives, un phénomène et des Études Économiques pact possible des contraintes Direction Régionale de Lorraine structurant et devenu majeur environnementales sur les 15, rue du Général Hulot pour le territoire lorrain : les normes de vie et schémas de CS 54229 interactions qu’il nourrit avec 54042 NANCY CEDEX développement de ce début de l’État voisin du Luxembourg. Tél :03 83 91 85 85 XXIème siècle et de mesurer Fax :03 83 40 45 61 Cette situation géographique leurs effets possibles sur les www.insee.fr/lorraine frontalière d’un des pays euro- territoires. Pour autant, cet DIRECTEUR DE LA PUBLICATION péens les plus riches et enjeu qui lie développement Jean-Paul FRANÇOIS connaissant une des plus for- durable, conditions de vie et Directeur régional de l’Insee tes croissances, constitue un de ressources des familles, COORDINATION RÉDACTIONNELLE atout considérable et un levier nous impose de nouvelles ré- Christian CALZADA indéniable d’action et de muta- flexions.Faceàcesquestions, Gérard MOREAU tion territoriale pour la Lor- tous les types de territoires RESPONSABLE ÉDITORIAL ET raine. Parallèlement aux auront à appréhender leur RELATIONS MÉDIAS évolutions quantitatives et nouveau futur possible... Brigitte VIENNEAUX qualitatives de l’emploi fronta- RÉDACTRICE EN CHEF lier lorrain qui sont liées à la Agnès VERDIN mutation de l’économie luxem- SECRÉTARIAT DE FABRICATION bourgeoise, pour l’avenir il est n Véronique CERUTTI, MISE EN PAGE - COMPOSITION impératif de prendre en consi- Directrice des Études Marie-Thérèse CAMPISTROUS dération les importants effets Conseil Économique Marie-Odile LAFONTAINE d’entraînement du projet d’a- et Social de Lorraine ISSN : 0293-9657 ménagement du pôle écono- © INSEE 2008

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