Blitz Wolf (Der Gross méchant loup en français)

Blitz Wolf (parfois titré Der Gross méchant loup en français) est un court-métrage d' américain produit par la Metro-Goldwin-Mayer en 1942. C’est un film de propagande antinazi qui dure 9 minutes et 13 secondes. Il parodie et est sorti en pleine Seconde guerre mondiale, plus précisément lors de l’entrée en guerre des Etats-Unis. Il s’adresse tant aux enfants qu’aux adultes à qui il est demandé de prêté de l’argent au gouvernement américain. Il fut réalisé par et produit par Fred Quimbly. Il fut nommé dans la catégorie Oscar du meilleur court-métrage d’animation.

Analyse

Ce dessin animé est une parodie de l'histoire bien connue des Trois Petits Cochons. Le titre original Blitz Wolf fait référence à la stratégie militaire utilisée par Hitler, appelée la guerre-éclair ou Biltz Krieg en allemand. Elle reposait en une concentration d'armements offensifs (chars, avions et artillerie) sur un front réduit.

Dans ce dessin animé, les cochons partent en guerre contre Adolf le Loup (sous les traits d’Adolf Hitler), qui menace d'envahir Cochonland (Pigmania dans la version américaine). Les deux cochons qui construisent leurs maisons en paille et en bois déclarent qu'ils n'ont pas besoin de prendre des précautions contre le loup puisqu'ils ont signé un Pacte de non-agression avec lui. C’est une référence directe au Pacte de non-agression germano-soviétique signé en août 1939.

Le cochon qui construit sa maison en pierre, le Sergent Pur Porc (Sergeant Pork dans la version américaine), prend ses précautions et renforce sa maison avec un puissant dispositif de défense composés de barbelés, de bunkers, d'obusiers et de tranchées.

Adolf le Loup envahit Cochonland, malgré les deux cochons lui rappelant qu'il a signé un traité avec eux. Il détruit leurs maisons jusqu'à ce que les cochons se replient sur la maison du Sergent Pur Porc. C'est alors que débute la bataille entre le Loup et les cochons.

Le passage est ici une allusion à la violation du pacte de non-agression germano-soviétique, rompu brutalement par Hitler lorsque ce dernier envahit l’URSS sans déclaration de guerre le 22 juin 1941. Le message est clair : on ne peut faire confiance en un homme qui n’a cessé de mentir sur ses intentions pacifiques. C’est bien Hitler le responsable du déclenchement du conflit, les Américains, à l’image de Sergent Pork et de sa base fortifiée, devenant alors le dernier rempart de la démocratie dans le monde, l’arsenal de la liberté face au totalitarisme hitlérien. Il représente donc l’armée américaine qui aide les Alliés, symbolisés par les deux cochons dont les maisons ont été détruites.

L’ennemi est par ailleurs totalement dévalorisé. Les Américains n’ont jamais eu le sentiment d’avoir un compte à régler avec les Allemands.

Ce n’est donc pas le peuple allemand qui est visé par la propagande américaine, mais bien plutôt son Führer. Dès sa première apparition, lorsqu’il reçoit une tomate bien mûre dans la figure, Adolf Wolf, alias Adolf Hitler, est désigné comme l’ennemi à abattre, celui qui conduit son peuple et le monde à la catastrophe.

Le dessin animé cherche à montrer la véritable personnalité d’Hitler : l’ordre et la discipline totalitaire ne sont là que pour assouvir la soif de conquêtes du Führer, qui salive déjà à l’idée de ses futures victoires. En réalité, le chef nazi ne fait que se bercer d’illusions, puisque c’est l’enfer qui l’attend.

Pour vaincre Hitler, une solution efficace s’impose : participer à l’effort de guerre. Le générique de fin encourage ainsi fortement les spectateurs américains à acheter des bons de la défense.

L’efficacité de ceux-ci est prouvée dans le dessin animé, puisque ce sont des obus portant mention « Bon de la défense » qui ont descendu en vol l’avion d’Adolf Wolf, l’expédiant directement dans les abysses de l’enfer. Les gens sont ainsi incités à verser leur argent pour la victoire. On retrouve là un lieu commun de la propagande, lorsque le conflit devient total : l’argent étant le nerf de la guerre, l’État demande aux citoyens leur participation pour financer l’effort gigantesque réclamé par la guerre totale. Grâce à cela, les Américains peuvent construire des armements et du matériel destinés à leur propre armée, mais également, ce que le dessin animé ne montre pas, aux armées alliées en échange d’or.

Ce dessin animé peut être considéré comme emblématique de la propagande américaine pendant la Seconde Guerre mondiale, car il recense à peu près tous les thèmes mobilisés pendant le conflit. De plus, le dessin animé parce qu’il touche tous les publics, enfants comme adultes, est accessible à tout le monde, à la fois distrayant et sérieux. Les gens se sentent alors davantage concernés par les attentes du gouvernement.

Les références du film

 Il s'agit du premier cartoon de Tex Avery pour la MGM

 Le rugissement du Lion de la MGM est sur la musique de "Hold That Tiger".

 Dans la version américaine du court-métrage, la voix d'Adolf le Loup fut doublée par Bill Thompson, qui fera par la suite la voix de .

 La plupart des scènes ne ressemblent pas toutes à celles de la Seconde Guerre mondiale. Les tranchées, par exemple, rappellent la Première Guerre mondiale.

 Alors qu'un groupe de chars d'assaut équipés de lance-flamme avance, l'un lançant une toute petite flamme ouvre son écoutille pour laisser sortir une pancarte avec écrit: I don’t want to set the world on fire dans la version française par un narrateur imitant l'accent allemand et disant:"Je ne veux pas mettre le monde à feu et à sang".

 Quand la maison de paille est soufflée, une pancarte apparaît avec écrit Gone with the wind (ce qui fut prononcé « Autant en emporte le vent » dans la version française) suivi par une autre pancarte en forme de flèche pointée vers la première avec écrit "Corny gag, isn't it?" (ce qui fut prononcé "Ringard le gag, non?" par le narrateur dans la version française).

 Lorsque les deux petits cochons se réfugient chez le Sergent Pur Porc on peut lire sur la plaque à gauche de la porte "No dogs allowed" où le mot dog fut rayé et remplacé par Japs, allusion très claire à la Guerre du Pacifique. Dans la version française la plaque fut floutée, de sorte que l’on ne voit pas la rectification, et prononcée par le narrateur "Interdit aux chiens gammés".

 Vers le milieu du cartoon, le Sergent Porky parvient à empêcher un obus de s'abattre sur sa position en lui montrant le contenu (non visible par les spectateurs) d'un exemplaire du magazine Esquire avec en couverture une Pin-Up.