Dossier 2011 – 271 (affaire 107047435.02) PPR La - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques RAPPORT

Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques

Table des matières 1. Contexte du PPR et organisation des études d'aléas...... 9 1.1. Contexte réglementaire...... 9 1.2. Motivation du PPR d'Eu/Mers-les-Bains/Le Tréport ...... 10 1.3. Organisation des études d'aléas...... 10 2. Contexte physiographique du secteur d'étude...... 10 2.1. Contexte physique...... 10 2.1.1. Localisation...... 10 2.1.2. Cadre géomorphologique...... 11 a) La vallée de la Bresle...... 11 b) Les vallées sèches (thalwegs)...... 11 c) Le trait de côte...... 11 d) Morphologie de l'estran...... 12 2.1.3. Géologie...... 13 2.1.4. Hydrogéologie...... 13 a) La nappe des alluvions de la Bresle...... 13 b) La nappe de la craie...... 13 2.1.5. Hydrologie...... 14 a) Stations de mesure et données hydrométriques...... 14 b) Régime hydrologique de la Bresle...... 14 c) Fonctionnement hydraulique de la Bresle...... 15 2.1.6. Cadre hydrosédimentaire et dynamique sédimentaire...... 16 a) La production de galets...... 16 b) La répartition des sédiments...... 16 c) La dynamique sédimentaire...... 17 2.2. Contexte climatique et forçages météo-marin...... 19 2.2.1. Températures (Tmax, Tmoy, Tmin, Nbre j de gel)...... 19 2.2.2. Précipitations (moy annuelle, nbre j par an, pluies extrêmes)...... 19 2.2.3. Vents (rose, évolution saisonnière, directions, vents extrêmes)...... 20 2.2.4. Niveaux marins...... 20 a) la marée astronomique ou théorique...... 21 b) les phénomènes de surcote dus aux évènements météorologiques...... 21 c) les niveaux marins extrêmes...... 21 2.2.5. Houles...... 21 2.2.6. Courants...... 22 2.3. Impacts anthropiques sur le milieu...... 22 2.3.1. Le développement de l'urbanisation du littoral...... 22 2.3.2. L'évolution des structures de protection du littoral...... 23 2.3.3. L'historique des aménagements hydrauliques du cours de la Bresle...... 25 2.3.4. Occupation du sol actuelle...... 25 a) Les données Corine Land Cover®...... 26

2 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques b) Les données IGN bd Topo®...... 26 3. Recueil, analyse et synthèse des informations concernant les évènements historiques...... 26 3.1. Phénomènes de ruissellement...... 26 3.1.1. Nature et origine des phénomènes...... 26 3.1.2. Caractérisation des évènements historiques...... 27 a) Analyse des sources des données disponibles...... 27 b) Descriptions des principaux événements historiques...... 27 c) Localisation des évènements historiques sur l'aire d'étude (carte informative)...... 28 3.1.3. Analyse préliminaire des phénomènes sur l'aire d'étude...... 30 a) Caractéristiques générales des évènements historiques...... 30 b) Évolution des phénomènes en lien avec l'évolution historique du site...... 31 3.2. Phénomènes de submersion...... 32 3.2.1. Nature et origine des phénomènes...... 32 3.2.2. Caractérisation des évènements historiques...... 33 a) Analyse des sources des données disponibles...... 33 b) Descriptions des principaux événements historiques...... 33 c) Localisation des évènements historiques sur l'aire d'étude (carte informative)...... 34 3.2.3. Analyse préliminaire des phénomènes sur l'aire d'étude...... 34 a) Caractéristiques générales des évènements historiques...... 34 b) Évolution des phénomènes en lien avec l'évolution historique du site...... 35 3.3. Phénomènes de débordement de cours d'eau...... 36 3.3.1. Nature et origine des phénomènes...... 36 3.3.2. Caractérisation des évènements historiques...... 36 a) Analyse des sources des données disponibles...... 36 b) Descriptions des principaux événements historiques...... 37 c) Localisation des évènements historiques sur l'aire d'étude (carte informative)...... 38 3.3.3. Analyse préliminaire des phénomènes sur l'aire d'étude...... 38 3.4. Phénomènes de remontée de nappe...... 39 3.4.1. Nature et origine des phénomènes...... 39 3.4.2. Caractérisation des évènements historiques...... 39 3.4.3. Analyse préliminaire des phénomènes sur l'aire d'étude...... 40 a) Sources des données disponibles...... 40 b) Caractéristiques générales du comportement de la nappe de la craie...... 41 c) La sensibilité du périmètre d'étude au phénomène de remontée de nappe...... 41 3.5. Phénomènes de recul du trait de côte...... 42 3.5.1. Nature et origine des phénomènes...... 42 3.5.2. Caractérisation des évènements historiques...... 42 a) Analyse des sources des données disponibles...... 42 b) Description des principaux événements historiques...... 43 c) Localisation des évènements historiques sur l'aire d'étude (carte informative)...... 44 3.5.3. Analyse préliminaire des phénomènes sur l'aire d'étude...... 44 a) Caractéristiques générales des évènements historiques...... 44 b) Évolution des phénomènes en lien avec l'évolution historique du site...... 45 4. Conclusions...... 46

3 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques Table des figures

Figure 2.1.1.1 : Localisation du secteur d'étude Figure 2.1.1.2 : Cartographie du secteur d'étude Figure 2.1.1.3 : Panoramas de la vallée de la Bresle (planche photographique) Figure 2.1.2.1 : Cadre géomorphologique du secteur d'étude Figure 2.1.2.2 : Les différents types de trait de cote sur le secteur d'étude Figure 2.1.3.1 : Cadre géologique du secteur d'étude Figure 2.1.3.2 : Coupe géologique du secteur d'étude Figure 2.1.4.1 : Contexte hydrogéologique régional Figure 2.1.5.1 : Sous-secteurs hydrographiques de la Bresle Figure 2.1.5.2 : Hydrogramme de la Bresle à la station de Ponts et Marais Figure 2.1.5.3 : Plan et réseau hydrographique de la ville d'Eu Figure 2.1.5.4 : La Bresle en aval d'Eu Figure 2.1.5.5 : Le plan du port du Tréport Figure 2.1.5.6 : Ruisseau des Teinturiers Figure 2.1.5.7 : Barrage d'Eu Figure 2.1.5.8 : Pont de la RD 925 Figure 2.1.5.9 : Maquette du clapet et de l'écluse Figure 2.1.5.10 : La porte "Est" du bassin à flot

Figure 2.2.1.1 : Précipitations et températures moyennes annuelles à la station de (1961-1990) Figure 2.2.1.2 : Nombre de jour de gel à la station de Dieppe (1961-1990) Figure 2.2.2.1 : Types de précipitations et jours d'orage à la station de Dieppe (1961-1990) Figure 2.2.3.1 : Répartition annuelle de la direction des vents au large de Dieppe (d'après Ascensio et al., 1985) Figure 2.2.4.1 : Illustration des composantes du niveau marin à la côte

Figure 2.3.1.1 : Cartes historiques du secteur d'étude Figure 2.3.1.2 : Les différents quartiers historiques à l'embouchure de La Bresle Figure 2.3.2.1 : Cartographie historique des aménagements côtiers jusqu'à la fin du XXème siècle Figure 2.3.2.2 : Les aménagements côtiers actuels (2011) Figure 2.3.3.1 : Plan du port du Tréport avant 1991 Figure 2.3.3.2 : Réseau hydrographique de la ville d'Eu en 1852 Figure 2.3.3.3 : Réseau hydrographique de la ville d'Eu en 1906 Figure 2.3.3.4 : La rue des Teinturiers avant la seconde guerre mondiale Figure 2.3.4.1 : Occupation du sol sur le secteur d'étude (données Corine Land Cover 2006) Figure 2.3.4.2 : Occupation du sol (données BdTopo IGN)

Figure 3.1.1.1 : Illustrations de phénomènes de ruissellement concentré en amont de bassin Figure 3.1.2.1 : Carte informative générale des évènements historiques "ruissellement" sur le secteur d'étude Figure 3.1.2.2 : carte informative des évènements historiques sur la commune de Mers-les- Bains Figure 3.1.2.3 : carte informatives des évènements historiques "ruissellement" sur la commune de EU

4 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques Figure 3.1.2.4 : carte informative des évènements historiques "ruissellement" sur la commune du Tréport Figure 3.1.3.1 : Bassin de stockage des eaux de ruissellement dans la cavée d'Ault Figure 3.1.3.2 : Ravin de l'Avalasse Figure 3.1.3.3 : Bassin de Saint-Quentin-la-Motte

Figure 3.2.1.1 : les mécanismes d'inondation par la submersion marine Figure 3.2.2.1 : Carte informative sur les évènements de submersion marine Figure 3.2.2.2 : Cartographie des évènements historiques majeurs de submersion Figure 3.2.2.3 : Cheminement des écoulements dans Mers-les-Bains

Figure 3.3.2.1 : Extension des zones inondées lors de la crue de Février 1995 Figure 3.3.3.1 : Hydrogramme de la crue de 2001

Figure 3.4.1.1 : Illustration des phénomènes de remontées de nappe Figure 3.4.3.1 : Données hydrogéologiques Figure 3.4.3.2 : Chronique piézométrique - Point de mesure 00441X0007 P Figure 3.4.3.3 : Chronique piézométrique - Point de mesure 00442X0050 P4 Figure 3.4.3.4 : Chronique piézométrique - Point de mesure : 00326X0018 P Figure 3.4.3.5 : Chronique piézométrique - Point de mesure 00443X0042 S1 Figure 3.4.3.6 : Chronique piézométrique au point de mesure de référence de la nappe de la craie Figure 3.4.3.7 : Carte de susceptibilité aux remontées de nappe établie par le BRGM

Figure 3.5.2.1 : Répartition des évènements historiques localisés affectant les falaises Figure 3.5.3.1 : Les types de mouvements de terrain observés sur le secteur d'étude

5 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques Table des tableaux

° Tableau 2.2.3.1 : Fréquence moyenne (en /°°)des directions du vent sur la période 1951-1980 Tableau 2.2.3.2 : Répartitions mensuelles de la direction du vent en fréquence pour mille Tableau 2.2.4.1 : Les marées au Tréport (SHOM, 2010) Tableau 2.2.4.2 : Estimation des surcotes et de leur occurrence d'après l'étude statistique des mesures prises à Dieppe (EDF/LNH, 1994) Tableau 2.2.4.3 : Niveaux extrêmes calculés au Tréport (EDF/LNH, 1996) Tableau 2.2.5.1 : Caractérisation de l'agitation devant Mers-les-Bains/Le Tréport (LNH, 1996)

Tableau 2.3.2.1 : Chronologie et caractéristiques des aménagements côtiers Tableau 2.3.2.2 : Caractéristiques des ouvrages côtiers en 2011

Tableau 3.1.2.1 : Caractéristiques des évènements historiques de ruissellement recensés Tableau 3.1.2.2 : Évènements historiques majeurs de ruissellement et/ou coulées de boue Tableau 3.2.2.1 : Caractéristiques des évènements de submersion marine recensés Tableau 3.4.3.1 : Statistiques piézométriques – Point de mesure 00441X0007 P Tableau 3.4.3.2 : Statistiques piézométriques – Point de mesure 00442X0050 P4 Tableau 3.4.3.3 : Statistiques piézométriques – Point de mesure 00326X0018 P Tableau 3.4.3.4 : Statistiques piézométriques – Point de mesure 00443X0042 S1 Tableau 3.5.2.1 : Liste des évènements historiques

6 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques Table des annexes

Annexe A : Fiches de laisses de crues

Annexes B : CD Rom de données SIG

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INTRODUCTION

Le CETE Nord Picardie associé au Laboratoire Régional des Ponts et Chaussées de Blois (CETE Normandie Centre) a été missionné par la DDTM de la pour la réalisation des études d'aléa dans le cadre de l'instruction du Plan de Prévention des Risques (PPR) de la Bresle sur les communes d'Eu – Mers-les-Bains – Le Tréport. Celui-ci porte sur les aléas ruissellement, submersion, débordement du cours de la rivière « la Bresle », remontée de nappe et recul du trait de côte.

Ce document constitue le rapport d'étude de la première phase d'analyse nécessaire à la définition des aléas (Livrable 1). Il vise à présenter le contexte physiographique ainsi que le recueil et l'analyse les données historiques disponibles concernant les phénomènes à étudier sur le périmètre d'étude du PPR.

Il comprend 3 parties :

1) le rappel du contexte du PPR et la présentation du livrable Cette partie rappelle brièvement le contexte du PPR, les motivations de la prescription sur l'aire d'étude et présente le phasage retenu pour les études d'aléas.

2) la description du contexte physiographique et historique du secteur d'étude Cette partie présente les conditions actuelles et l'évolution du site à travers son contexte physique et l'évolution historique des impacts anthropiques sur le milieu.

3) Le recueil, l'analyse et la synthèse des informations sur les évènements historiques ayant trait aux 5 phénomènes naturels à étudier. Cette partie détaille la nature des phénomènes à considérer, les caractéristiques des évènements historiques recensés, l'analyse et la caractérisation des phénomènes naturels pouvant en être déduites sur l'aire d'étude.

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1. Contexte du PPR et organisation des études d'aléas

1.1. Contexte réglementaire La politique française de prévention des risques naturels majeurs comprend un volet de maîtrise de l'urbanisation par l'élaboration de Plans de Prévention des Risques Naturels (PPRN).

L'article L. 562-1-II, du code de l'environnement définit les objectifs de ces plans de prévention qui sont notamment :

• « de délimiter les zones exposées aux risques en tenant compte de la nature et de l'intensité du risque encouru (...) »

• « d'y interdire tout type de construction (…) ou, dans le cas où des constructions, ouvrages, aménagements ou exploitations (…) pourraient y être autorisés, prescrire les conditions dans lesquelles ils doivent être réalisés, utilisés ou exploités »

• « de définir les mesures de prévention, de protection ou de sauvegarde » qui doivent être prises dans les zones ainsi délimitées.

Le PPRN vaut servitude d'utilité public et doit être annexé aux PLU par l'autorité responsable de ces derniers.

Le contenu du PPR est défini par l'article R. 562-3 du code de l'environnement qui précise :

« Le dossier de projet de plan comprend :

1) Une note de présentation indiquant le secteur géographique concerné, la nature des phénomènes naturels pris en compte et leurs conséquences possibles, compte tenu de l'état des connaissances ;

2) Un ou plusieurs documents graphiques délimitant les zones mentionnées aux 1° et 2° du II de l'article L. 562-1 ;

3) Un règlement précisant, en tant que de besoin :

a) Les mesures d'interdiction et les prescriptions applicables dans chacune de ces zones en vertu des 1° et 2° du II de l'article L. 562-1 ;

b) Les mesures de prévention, de protection et de sauvegarde mentionnées au 3° du II de l'article L. 562-1 et les mesures relatives à l'aménagement, l'utilisation ou l'exploitation des constructions, des ouvrages, des espaces mis en culture ou plantés existant à la date de l'approbation du plan, mentionnées au 4° de ce même II. Le règlement mentionne, le cas échéant, celles de ces mesures dont la mise en œuvre est obligatoire et le délai fixé pour celle-ci. »

9 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques 1.2. Motivation du PPR d'Eu/Mers-les-Bains/Le Tréport Les villes d'Eu, Le Tréport et Mers-les-Bains s'étendent sur une superficie d'environ 30 km² et abritent environ 17 500 habitants. Elles sont régulièrement affectées par des phénomènes naturels mettant en péril les personnes et les biens de ces communes.

Afin de prendre en compte les risques naturels dans le développement de ces communes, le PPR de La Bresle a été prescrit sur l'ensemble de leur territoire par un arrêté conjoint des préfets de la Somme (préfet de la région Picardie) et de la Seine maritime (préfet de la région Haute Normandie), en date du 4 septembre 2006. Il porte sur les aléas « submersion marine, érosion littorale et inondations issues de ruissellements, débordements et remontées de nappes ».

1.3. Organisation des études d'aléas La réalisation des études d'aléas du PPR de la basse vallée de la Bresle a été divisée en deux phases : • La première phase d'étude (livrable 1) a pour objectif de caractériser le secteur d'étude et d'analyser les évènements historiques survenus sur celui-ci. Elle comprend deux étapes : • l'étude et la caractérisation du secteur d'étude (contextes naturel et anthropique), • l'étude des évènements historiques des phénomènes à considérer (carte informative, caractérisation des phénomènes naturels). • La deuxième phase d'étude (livrable 2) a pour objectif la réalisation des cartes d'aléas et comprend deux étapes : • la définition des méthodologies d'analyse et de cartographie à employer pour chacun des aléas • l'application des méthodologies et la réalisation des cartes d'aléas Le présent rapport (livrable 1) traite uniquement de la première phase. Il porte ainsi sur la présentation des contextes naturel et anthropique du secteur d'étude, l'analyse des évènements historiques et la caractérisation des phénomènes naturels observés.

2. Contexte physiographique du secteur d'étude

2.1. Contexte physique

2.1.1. Localisation Le secteur d'étude comprend les communes d'Eu, de Mers-les-Bains et du Tréport qui sont situées au débouché de la basse vallée de la Bresle sur la Manche. Ce territoire est situé à la fois sur le département de la Somme (Mers-les-Bains) et sur le département de la Seine- Maritime (Eu et Le Tréport), la limite entre les deux départements étant principalement marquée par le cours de la Bresle (figure 2.1.1.1). La superficie totale du secteur d'étude est d'environ 30 km² et se décompose ainsi (figure 2.1.1.2): • Mers les Bains : 5,39 km²; • Eu : 17,93 km²; • Le Tréport : 6,91 km²

La figure 2.1.1.3 illustre une partie du secteur d'étude (panoramas A, B et C).

10 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques 2.1.2. Cadre géomorphologique Le cadre régional (contenant le secteur d'étude) est marqué par la présence d'un plateau topographique de nature crayeuse (cf paragraphe 2.1.4) entaillé par des rivières et des fleuves côtiers. Ce plateau, dont l'altitude moyenne est d'environ 100 m est notamment fortement entaillé par la vallée de la Bresle. D'une manière générale, trois grandes entités marquent plus particulièrement le secteur d'étude : a) La vallée de la Bresle D'orientation ESE-ONO, la vallée de la Bresle présente une morphologie assez jeune avec des flancs relativement raides. Symétrique et à fond plat (environ 1 km de largeur), la vallée est raccordée à un chevelu dense de vallées sèches remontant très haut sur le plateau et dont les thalwegs s'accusent profondément vers l'aval (figure 2.1.2.1). b) Les vallées sèches (thalwegs) Perpendiculairement à la vallée de la Bresle, de nombreuses vallées sèches (thalwegs) découpent également nettement le plateau topographique régional. Ces thalwegs ne présentent pas d'écoulements pérennes mais sont très marqués; en aval, à leur jonction avec la vallée de la Bresle, leur encaissement est d'environ 80 m. Parmi les thalwegs les plus importants, on notera par exemple le Fond de Froideville, le Fond de Cumont ou encore la ravine de l'Avalasse.

Par ailleurs, les versants des thalwegs, comme ceux de la vallée de la Bresle, sont constitués de craie blanche légèrement argileuse surmontée de craie blanche turonienne (cf § 2.1.4). Cette stratigraphie tend à donner aux versants une topographie particulière directement liée à la lithologie des formations géologiques. Sont en effet distingués : • des versants pentus sur leur partie haute • des versants moins pentus sur leur partie basse

Cette particularité topographique est par ailleurs amplifiée par la présence de colluvions de bas de pente qui atténuent la pente des bas de versants. c) Le trait de côte La façade maritime du secteur d'étude représente un linéaire de 7 kilomètres environ dont la morphologie se caractérise par la présence de falaises vives, de falaises mortes et d'une zone basse située au débouché de la vallée de la Bresle et protégée des submersions marines par un cordon de galets sur lequel de nombreux aménagements anthropiques sont implantés.

La figure 2.1.2.2 illustre la répartition des types de côtes rencontrés sur le secteur d'étude. Les types de morphologie suivants sont observés :

• Les falaises vives

Les falaises vives sont des morphologies en constante évolution directement soumises aux phénomènes d'érosion. Les falaises maritimes ne sont protégées des assauts de la mer que par un platier et les plages se trouvant devant elles. Sur le secteur, elles se trouvent au sud-ouest du Tréport et au nord-est de Mers-les-Bains.

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• Les falaises mortes

Ce sont des falaises protégées de la mer par des terres le plus souvent urbanisées comme au Tréport.

• La zone basse

Il s’agit d’une zone de basses altitudes située au débouché de la vallée de la Bresle. Dans ce secteur se développait historiquement un environnement de dunes et de cordons de galets, sur lequel se sont implantés puis développés les quartiers balnéaires de la ville de Mers-les-Bains.

Sur le secteur d'étude, des ouvrages de protection fixent une partie de la côte :

• Au Tréport, la jetée protégeant le port retient une grande partie des galets provenant du transit sédimentaire. Il en résulte un élargissement de la plage devant les falaises du Tréport (qui deviennent alors des falaises mortes) et une diminution du stock de galets devant les falaises de Mers-les-Bains.

• Entre Le Tréport et Mers-les-Bains, plusieurs ouvrages protègent la zone basse du littoral (talus amortisseur, perré, mur parabolique, et épis perpendiculaires à la côte). d) Morphologie de l'estran La vallée de la Bresle se poursuit en mer par un large chenal sableux (environ 2 km) entre les platiers rocheux prolongeant les falaises du Tréport au sud-ouest et de Mers-les-Bains au nord-est.

L'isobathe 5 m (Cotes Marines) est parallèle à la côte ; elle se situe à environ 1,3 km de la côte devant la plage et à environ 800 m devant les falaises. L'isobathe 10 m (Cotes Marines) est plus irrégulière et s'éloigne progressivement de la côte vers la baie de Somme. Elle se situe à plus de 2 km devant les falaises du Tréport et à près de 4 km devant les falaises de Mers-les- Bains.

La pente moyenne des petits-fonds entre 0 et 20 m (Cotes Marines) est voisine de 0,1 %.

A environ 2 miles nautiques (3,5 km) au Nord des jetées du port du Tréport, la bathymétrie est marquée par la présence d'un haut-fond sableux, le Banc Franc-Marqué, culminant à environ 1 m au dessus des fonds.

A environ 3 miles nautiques au Nord-Ouest des falaises entre Mesnil-Val et Le Tréport, les fonds de 10 à 12 m (Cotes Marines) sont surmontés par des structures parallèles de 2 à 7 m de hauteur, orientées Nord-Ouest/Sud-Est, c'est-à-dire perpendiculairement à la côte et correspondant aux ridens1 du Tréport.

1 Hauts fonds rocheux isolés

12 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques 2.1.3. Géologie Le secteur des communes d'Eu, Mers-les-Bains et Le Tréport est situé à la terminaison nord occidentale du bassin de Paris. Il se caractérise par la présence d'un substratum crayeux dont l'épaisseur atteint la centaine de mètres et qui forme l'ossature du plateau topographique et des falaises maritimes (figures 2.1.3.1 et 2.1.3.2).

Les falaises entre le Tréport et Mers-les-Bains sont ainsi formées de bancs continus ou noduleux de craies blanches à silex datées du Crétacé supérieur (80 à 65 millions d'années). Ce substratum crayeux forme un anticlinal orienté ESE-ONO parallèlement à la vallée de la Bresle. Les formations d'âge crétacées s'approfondissent ainsi progressivement vers le NE en direction de la vallée de la Somme et vers le SO en direction de la vallée de la Seine.

Sur les plateaux, ce substratum est drapé de formations quaternaires loessiques d'origine éolienne connues sous l'appellation de limons des plateaux. Ces dépôts présentent une épaisseur variable, de l'ordre de quelques mètres. Leur transition avec le substratum crayeux est parfois marquée par la présence d'un niveau discontinu de limons ou d'argiles à silex d'épaisseur décimétrique à métrique.

En fond de la vallée de la Bresle, des dépôts alluvionnaires sablo-graveleux, directement liés à l'activité hydrodynamique et érosive du fleuve, recouvrent les formations d'âge Crétacé.

2.1.4. Hydrogéologie L'hydrogéologie se caractérise par la présence de deux nappes aquifères (cf figure 2.1.3.2) : l'aquifère régional majeur que constitue la nappe de la Craie et l'aquifère des alluvions de la vallée de la Bresle qui constitue la nappe d'accompagnement de la rivière. Ces deux aquifères sont très probablement en relation directe, la nappe de la craie alimentant et soutenant la nappe des alluvions et les débits de la rivière en période d'étiage. a) La nappe des alluvions de la Bresle Le réservoir de cette nappe correspond aux dépôts alluvionnaires sablo-graveleux formant le lit du fleuve « La Bresle ». Cette nappe constituant la nappe d'accompagnement du fleuve, son activité hydraulique est directement liée aux conditions hydrologiques de ce dernier. Les phénomènes de remontées de nappe susceptibles de se produire dans cet aquifère sont ainsi concomitants des phénomènes d'inondation par débordement du fleuve, lesquels sont étudiés par ailleurs. La prise en compte de ces phénomènes n'est donc pas nécessaire car les aléas résultants seront négligeables devant ceux du phénomène dominant de l'inondation par débordement de cours d'eau. b) La nappe de la craie Le réservoir de l'aquifère de la craie est constitué par les dépôts crayeux crétacés formant l'ossature des plateaux topographiques de l'aire d'étude. Le mur imperméable de la nappe se situerait au sein de la craie argileuse du Turonien ou de la craie compacte du Sénonien. La porosité du réservoir est essentiellement une porosité de fissures conditionnée par l'évolution structurale du massif crayeux et agrandie par des phénomènes de dissolution générés par la circulation des eaux. La perméabilité est ainsi plus importante dans les fonds de vallées et dans les vallons secs que sur les hauteurs des plateaux.

13 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques La nappe est libre sous les plateaux et devient semi-captive sous les alluvions dans la vallée de la Bresle. Celle-ci constitue un axe de drainage majeur comme l'atteste la concavité orientée vers l'amont des courbes piézométriques (figure 2.1.4.1).

L'écoulement régional de la nappe de la craie est ainsi orienté vers la vallée de la Bresle et vers la côte. La nappe se déverse ainsi dans la mer en pied de falaise, où son altitude est proche du niveau marin, par une succession de sources et de griffons. En revanche, l'absence de sources en bordure de la vallée de la Bresle traduit l'alimentation diffuse de la nappe des alluvions par la nappe de la craie.

L'alimentation de la nappe s'effectue par infiltration directe des pluies efficaces sur l'aire d'étude. Dans les vallées humides, la nappe est proche de la surface et l'épaisseur de recouvrement est faible. L'infiltration est très rapide et les fluctuations de la nappe interviennent en quelques jours ou quelques heures après les pluies. Sous les plateaux, l'épaisseur de recouvrement et l'épaisseur de la zone non saturée de la craie sont très importantes. Elles peuvent atteindre au total près de 80 mètres. En l'absence de phénomènes karstiques (bétoires, cheminées de dissolution et d'effondrement), l'infiltration s'effectue très lentement et les fluctuations de la nappe peuvent intervenir en décalage de plusieurs mois après les épisodes pluvieux. La recharge de la nappe se produit ainsi suivant deux rythmes temporels : dans les quelques jours suivants les épisodes pluvieux et dans les quelques semaines ou mois suivants. Cet étalement de la recharge sous les plateaux conduit a une régularisation des niveaux et débits de la nappe entre périodes sèches et périodes humides.

2.1.5. Hydrologie La Bresle est un fleuve côtier de 72 km de long qui prend sa source à Abancourt (département de l') et se jette dans la Manche au niveau de la ville du Tréport (département de la Seine- Maritime). La superficie totale du bassin versant de la Bresle est de 748 km². La Bresle dispose de plusieurs affluents dont le Liger (17km - Sous-BV=122 km²) et la Vimeuse (15 km - Sous-BV=95km²) (figure 2.1.5.1). a) Stations de mesure et données hydrométriques Actuellement, la Bresle n'est équipée que d'une station hydrométrique, installée à Pont et Marais (figure 2.1.5.1). Cette station, située à l'amont immédiat de la commune d'Eu, fournit des données en continu depuis 1999. A cet endroit, la Bresle draine un bassin versant de 693 km² ce qui représente 93% du bassin versant global. Auparavant, une station avait été installée en 1965 à , mais celle-ci a été abandonnée en 2002 et ne faisait l'objet que de relevés ponctuels. b) Régime hydrologique de la Bresle Les mesures effectuées depuis 1999 par la station hydrométrique de Ponts et Marais permettent d'établir l'histogramme des moyennes mensuelles inter-annuelles calculées sur la période 1999 – 2010 (figure 2.1.5.2).

L'hydrologie de la Bresle correspond à un régime pluvial, avec des débits élevés en mars/avril et un étiage en août-septembre-octobre. Néanmoins, le régime de la Bresle est profondément marqué par la nappe de la craie dont elle constitue un axe de drainage. Celle-ci lui confère par son rôle régulateur, un régime relativement régulier avec des étiages soutenus et des crues peu marquées. Le module interannuel s'élève à 7,30 m3/s (donnée issue de la Banque Hydro).

14 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques Depuis 1999, la plus forte crue enregistrée à cette station est celle du 10 avril 2001, avec un débit de pointe mesuré de 17,70 m3/s. c) Fonctionnement hydraulique de la Bresle Du fait de sa position "frontière" entre deux départements et deux régions historiques, le cours de la Bresle a subi de nombreuses modifications au cours des siècles derniers (cf § 2.3). Du fait de ces modifications et de l'anthropisation du secteur d'étude, il est apparu important de présenter brièvement les différentes configurations hydrographiques (et fonctionnements hydrauliques) de la Bresle sur l'ensemble du secteur d'étude.

L'analyse réalisée a ainsi permis de distinguer trois secteurs distincts caractérisés par des fonctionnements hydrauliques spécifiques : (i) la commune d'Eu (figure 2.1.5.3), (ii) le secteur situé entre les villes d'Eu et du Tréport (figure 2.1.5.4 )et (iii) le secteur comprenant les villes de Mers-les-Bains et du Tréport (figure 2.1.5.5). Les points suivants peuvent être évoqués :

• Secteur de la commune d'Eu (figure 2.1.5.3) : Sur ce secteur, le cours de la Bresle est divisé en trois bras. A l'amont immédiat d'Eu, une partie des eaux quitte, sans seuil de dérivation, le cours principal de la Bresle et forme le ruisseau « la Busine ». Ce dernier contourne la commune par le nord et rejoint la Bresle à l'aval immédiat du barrage d'Eu (figure 2.1.5.7). C'est à cette confluence qu'était installé l'ancien port d'Eu. Au niveau de la station d'épuration, une petite partie des eaux est dérivée vers le ruisseau des Teinturiers (figure 2.1.5.6). Autrefois à ciel ouvert, ce ruisseau est aujourd'hui couvert et busé sur une grande partie de son linéaire par une conduite de diamètre 800 mm puis par une conduite de 900 mm et enfin par un ouvrage voûte (1400 x 1200 mm). Il est à ciel ouvert sur quelques mètres à proximité du bâtiment de l'Hôtel Dieu. Comme la Busine, le ruisseau des Teinturiers rejoint la Bresle à l'aval immédiat du barrage d'Eu, au niveau de la rue des Fontaines. D'autre part, il est intéressant de noter que dans la traversée d'Eu, le cours principal de la Bresle semble « perché » ; en effet, il ne passe pas par les secteurs topographiques les plus bas de la commune.

• Secteur situé entre les communes d'Eu et du Tréport (figure 2.1.5.4) : A l'aval du barrage d'Eu et jusqu'au Tréport, la Bresle est totalement canalisée. L'ancien cours de la Bresle ("la rivière morte") est toujours visible par endroits, bien que déconnecté du tracé actuel. Un ouvrage largement dimensionné permet le franchissement du canal par la RD 925 (figure 2.1.5.8). Par ailleurs, un ancien canal, le canal de Penthièvre, est situé à environ 200 à 300 mètres au sud de l'actuel canal. Il est bordé en rive droite et en rive gauche par un talus d'environ 2 mètres de hauteur et est hydrauliquement déconnecté des bassins du port et de l'ancien lit de la Bresle.

• Secteur comprenant les communes de Mers-les-Mains et Le Tréport (figure 2.1.5.5) :

Ce secteur correspond à une zone portuaire. Le port du Tréport est composé de 3 grands ensembles : (i) l'avant-port, (ii) le bassin de commerce ou bassin à flot, dans l'axe du canal de la Bresle et (iii) le bassin de pêche, lequel accueille les bateaux de pêche et de plaisance. Une écluse permet de maintenir un niveau d'eau constant dans le bassin de commerce (figure 2.1.5.9). Le bassin de pêche constitue le seul exutoire de la Bresle vers la mer car la porte située à l'amont du bassin de commerce (figure 2.1.5.10)

15 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques reste constamment fermée. La régulation du niveau dans le bassin de pêche est assurée par un clapet mobile. Cet ouvrage est commandé par des capteurs de niveau installés dans l'avant-port et dans le bassin de pêche. Sa cote de consigne, c'est à dire le niveau d'eau à maintenir dans le bassin, est fixé à 7,50 mètres Cote Marine (CM). Lorsque le niveau dans l'avant-port est inférieur à cette cote, le clapet s'abaisse pour maintenir la cote de consigne. Son degré d'ouverture dépend du niveau amont (bassin de pêche) et donc du débit de la Bresle. A marée haute, le clapet est totalement relevé (cote d'arase à 11 m CM), la Bresle n'a alors plus d'exutoire vers la mer et remplit le bassin de pêche et le canal. Les riverains interrogés évoquent un marnage maximal dans le canal de l'ordre de 1 mètre à 1,10 mètre, ce qui pose apparemment problème pour certains exutoires pluviaux de Mers-les-Bains et du Tréport. Par fort coefficient, les flots passent préférentiellement au dessus de la porte amont du bassin de commerce car sa cote d'arase est 0,50 mètre en dessous de celle du clapet.

2.1.6. Cadre hydrosédimentaire et dynamique sédimentaire Les plages de Mers-les-Bains et du Tréport sont des plages de galets, typiques du littoral des falaises de la Haute-Normandie et de la Somme.

L'évolution de ces plages (alimentation, érosion ... ) est directement liée à la production et aux déplacements des galets, ces derniers provenant de l'érosion actuelle de la falaise de craie à lits de silex (et en moindre proportion de l'érosion du platier). Ainsi, pour comprendre le fonctionnement de la plage, il est indispensable d'élargir le cadre sédimentaire du site à l'échelle de la cellule hydrosédimentaire. Le long du littoral à falaises normano-picard qui constitue une unité sédimentaire, les ouvrages portuaires et de protection des plages délimitent respectivement des cellules et des sous-cellules hydrosédimentaires.

Les jetées portuaires du Tréport forment la limite entre deux cellules hydrosédimentaires majeures (secteur 5 de Dieppe au Tréport et secteur 6 du Tréport à la Pointe du Hourdel). a) La production de galets Les galets proviennent de l'érosion des falaises et du platier. Globalement, le recul de l'ensemble des falaises normano-picardes est estimé à une vingtaine de centimètres par an (Costa et al., 2000). Toutefois, ce résultat ne met pas en évidence les fortes variations spatiales du recul ; aussi, en aval d'un ouvrage bloquant le transit sédimentaire, ces vitesses peuvent- elles rapidement doubler.

Les teneurs en silex de la craie sont également variables et sont respectivement de 1,45% et de 1,10% pour les falaises entre Dieppe et Le Tréport et entre Mers-les-Bains et Ault. Ainsi, entre Dieppe et le Tréport (cellule hydrosédimentaire 5), la production de galets a été estimée à environ 2800 m3/an et entre Mers-les-Bains et le Hourdel (cellule hydrosédimentaire 6), elle a été estimée à 500 m3/an (Costa, 1997 ; Costa et al., 2000). b) La répartition des sédiments • Sur les plages

16 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques D'après Costa (2000) et CREOCEAN (2002), les sédiments sur les plages du secteur se répartissent de la manière suivante : – Chenal de la Bresle : comblé de sable et encadré par les platiers rocheux – Haut estran : cordon de galets relativement homogène avec quelques larges placages sableux plus ou moins grossiers ; le tout reposant soit sur l'estran sableux, soit sur le platier rocheux. – Mi-estran : poulier fossile de galets devant la plage du Tréport-Est, et large platier rocheux plus ou moins recouvert de sables devant les falaises vives. – Globalement, le cordon de galets s'amincit nettement autour des zones protégées

• Sur la zone subtidale La carte morphosédimentaire réalisée par l'IFREMER (Augris et al., 1993) entre Dieppe et le Tréport montre que : – Le platier rocheux (crayeux) affleure largement dans la zone découvrante et se poursuit sous la forme de pointements rocheux ou à la faveur d'escarpements sous la couverture meuble. – La couverture meuble comprend une unité inférieure composée de sédiments grossiers (cailloutis, graviers et sables graveleux) et une unité supérieure constituée de sables moyens (diamètre de 0,2 à 0,5 mm) à fins (diamètre de 0,063 à 0,2 mm). – De Mesnil-Val au Tréport, la couche sableuse est plus continue que sur le reste du domaine étudié. Elle est interrompue par de petites zones de sédiments grossiers et de nombreux affleurements rocheux de taille limitée (20 à 400 m). – Au large, la couverture sableuse est épaisse, en particulier pour former les Ridins du Tréport. Ces derniers correspondent à des formes transversales de courant, au nombre de 4. Leur crête orientée Nord-Ouest - Sud-Est, et leur asymétrie indiquent un transit résultant vers le Nord-Est, c'est-à-dire vers la baie de Somme.

Devant les falaises de Mers-les-Bains, ces informations sont complétées par les indications portées sur la carte géologique à 1/50 000 (St Valéry-sur-Somme/Eu) : – les sédiments caillouteux au large de Mesnil-Val (devant les falaises plus indurées du Sénonien) laissent place à une couverture sableuse homogène qui recouvre l'ensemble des petits-fonds (sables fins litho-bioclastiques), – une bande de sédiments plus fins (sablons lithoclastiques) longe la côte en suivant l'isobathe 5 m C.M. (zone de moindre énergie des houles), – une tache sablo-vaseuse se dessine au large de la vallée de la Bresle et s'étire vers le Nord-Est, parallèlement à la côte : il s'agit probablement de la trace des dépôts de dragage du port du Tréport. c) La dynamique sédimentaire La dynamique sédimentaire est présentée à partir des éléments établis en 2002 par la société CREOCEAN dans le cadre de l'étude d'impact des aménagements côtiers actuels de la plage de Mers-les-bains (rapport CREOCEAN 101447, 2002).

• Évolution de la plage de Mers-les-Bains/Le Tréport-Est

L'évolution passée et récente (après la Seconde Guerre Mondiale) de la plage de Mers-les- Bains est retracée par le LNH (1996).

17 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques Les terrains bas de l'estuaire de la Bresle étaient protégés par un cordon de galets, formant une digue naturelle. Pour lutter contre les inondations par franchissement du cordon, un perré maçonné a été réalisé dès la fin du XIXe siècle, puis des épis (d'abord en bois puis en maçonnerie et béton armé) ont été rajoutés (cf paragraphe 2.3). La plage était alors bloquée par l'épi n° 1 et l'épi majeur.

Entre 1912 et 1940, Dallery (1955) estime que le cordon de galets s'est abaissé de 3 m.

Après la guerre, de nouveaux épis ont été construits (1956-57, 1972-73 et 1988-89) complétés par des rechargements de galets (1990 et 1994-95). Suite à la réalisation de tous ces ouvrages, la plage de Mers-les-Bains a montré : – une évolution irrégulière du haut-estran et une érosion significative du bas-estran (baisse de 1 m des fonds par endroit) – un fort départ de matériaux en aval du transit sédimentaire immédiatement après les ouvrages qui se traduit par l’inexistence du cordon de galets sur la plage au Tréport- Est (en face de la gare), par un amaigrissement de la plage au Nord-Est et devant les falaises vives de Mers-les-Bains. Entre 1955 et 1995, la plage de Mers-les-Bains/Le Tréport-Est était ainsi déficitaire (entre 1 500 et 2 500 m3/an pour un volume total de 260.000 m3 de matériaux entre les épis 1 et majeur) sachant que le Nord-Est de la plage est la partie la plus érodée (perte d'environ 2 200 m3/an).

Depuis, un certain nombre d'aménagements a été réalisé, il est cependant difficile d'en estimer l'impact à long terme sur l'évolution de la plage.

• Déplacements sédimentaires L'agitation (mers de vents et houles) provoque des transports perpendiculairement à la côte (mouvement dans le profil) et parallèlement au rivage (transit littoral) : – lorsque les houles parviennent obliquement à la côte, il se forme un courant de dérive littorale, qui entraîne les matériaux en suspension (sables et vases) ou par charriage (galets) parallèlement à la côte, dans la zone de déferlement et sur l'estran. Ce transit littoral s'ajoute fréquemment aux mouvements de sédiments saisonniers du profil de plage, – lorsque la houle est frontale, les mouvements dans le profil ont pour conséquence des modifications du profil de la plage qui évolue de deux façons : ➔ durant les périodes de haute énergie, les houles auront tendance à entraîner le sable ou les galets de l'estran (profil concave) vers les petits fonds (pente assez douce), ➔ pendant les périodes de beau temps (été), les houles de faible énergie remonteront les matériaux sableux ou les galets vers la plage (profil convexe, pente raide).

Les houles dominantes arrivent obliquement au rivage, ce qui engendre un transit des galets vers le Nord-Est entre Antifer et Le Hourdel. Les déplacements des galets se font essentiellement sur le haut estran sous l'action du déferlement des houles incidentes : ces mouvements se font en dent de scie avec une avancée oblique des galets par le jet de rive (swash) et une descente selon la plus grande pente lors du retrait (backswash).

Les mouvements longitudinaux et transversaux du cordon de galets affectent le haut estran et ne dépassent pas le niveau des basses mers exceptionnelles (d'après des observations par plongeurs et des lâchés de galets).

18 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques

Sous l'effet des houles frontales, le profil du cordon est soumis à des variations saisonnières lors des modifications de l'hydrodynamisme (notamment les houles de secteur Ouest et Nord) et des forts coups de vent, provoquant un basculement du profil (érosion du haut du cordon vers la zone médiane pour amortir les vagues). Les houles courtes de fin de tempête ont tendance à reconstruire la plage de galets.

Le bas du profil de la plage évolue peu tandis que l'adaptation de la crête du cordon est conditionnée par la présence du perré : si la houle atteint le perré et s'y réfléchit, elle empêche la formation du bourrelet sommital et favorise le départ des galets vers le milieu du cordon (par effet des courants de retour).

2.2. Contexte climatique et forçages météo-marin Le secteur d'Eu, Mers-Les-bains et Le Tréport est affecté par un climat océanique tempéré caractérisé par des hivers chauds et des étés doux.

Les données climatologiques présentées dans les paragraphes ci-dessous sont celles issues de la station météorologique de Dieppe (38 m d'altitude, distante d'environ 30 km de secteur d'étude) sur la période 1961-1990.

2.2.1. Températures (Tmax, Tmoy, Tmin, Nbre j de gel) La température moyenne annuelle à la station de Dieppe est de 10,2 °C. Les écarts de température saisonniers sont relativement faibles (figure 2.2.1.1), notamment en raison de l'inertie thermique générée par la mer qui atténue les contrastes thermiques aussi bien quotidiens que journaliers.

Les températures les plus basses (4,4 °C en janvier) sont généralement associées aux vents d'est et les températures les plus chaudes (16,4 °C en aout) aux vents de sud à ouest.

A noter qu'à Dieppe, 36 jours de gel sont en moyenne comptabilisés chaque année. La répartition du nombre de jour de gel est quant à elle donnée par la figure 2.2.1.2.

2.2.2. Précipitations (moy annuelle, nbre j par an, pluies extrêmes) Les enregistrements climatologiques réalisés à la station de Dieppe indiquent des précipitations annuelles de l'ordre de 800 mm. Les mois les plus pluvieux sont les mois de septembre à janvier avec un maximum en novembre (environ 100 mm) (figure 2.2.1.1). Concernant la répartition annuelle des jours de fortes pluies (figure 2.2.2.1), il est intéressant de noter que : • les mois au cours desquels le nombre de jours de "pluie supérieures à 10 mm" est le plus important sont les mois d'hiver (septembre à janvier); • les mois au cours desquels le nombre de jour d'orage est le plus important sont les mois d'été (mai à septembre).

En ce qui concerne les évènements pluvieux "extrêmes", les deux plus marquants à Dieppe , sur la période 1961-1990, sont les suivants : • 100,8 mm le 06/08/1968 • 77,5 mm le 08/10/1980

19 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques Plus récemment, lors de la nuit du 6 au 7 juillet 2001, la station d'Eu a enregistré un cumul de 91 mm (48 mm le 06/07/2001 et 43 mm le 07/07/2001) soit des précipitations dont la période de retour est supérieure à 10 ans. Lors de ce même orage, les services techniques de Criel-sur- Mer ont enregistré un cumul de 110 mm le 07/07/2001.

Lors de l'étude d'aménagement hydraulique et de restauration des milieux aquatiques de la Bresle (1997), une analyse des pluies maximales à été réalisée à la station d'Abbeville (1949- 1996). Cette analyse a permis de mettre en évidence les points suivants : • le mois de septembre est le mois le plus propice aux averses intenses (23 % des phénomènes). Il est suivi des mois d'août et de décembre. • environ 70 % des pluies maximales se produisent entre le 1er mai et le 31 octobre.

Par ailleurs, une étude traitant de la relation entre les événements pluvieux (orage principalement) et les inondations catastrophiques a été réalisée sur le Pays de Caux (« Influence des états de surface du territoire agricole sur le déclenchement des inondations catastrophiques » F. Papy et C. Douyer Agronomy for Sustainable Development 11 (3) 201 (1991) DOI: 10.1051/agro:19910307) . Les résultats de cette étude seront discutés lors des phases d'analyse et de qualification de l'aléa ruissellement.

2.2.3. Vents (rose, évolution saisonnière, directions, vents extrêmes) En Manche, les vents dominants soufflent principalement, sur l'année, du secteur sud à ouest. En hiver, sous l'influence du système dépressionnaire d'Islande, la provenance majoritaire est ouest à sud-ouest. En été, l'extension septentrionale de l’anticyclone des Acores conduit à l'établissement plus fréquent de vents du secteur ouest à nord-ouest (SHOM 1996).

Sur une période d'observation comprise entre 1951 et 1980 à Dieppe, les caractéristiques majeures des vents sont les suivantes : • les vents provenant du secteur océanique (de nord-ouest à sud-ouest) sont dominants en fréquence et en intensité (cf. tableau 2.2.3.1 et figure 2.2.3.1) ; les vents du sud-est sont également fréquents mais d'intensité modérée, • la répartition saisonnière montre une prédominance des vents venant du SE de septembre à mars. En avril/mai, les vents provenant du NE deviennent majoritaires et laissent progressivement la place à des vents venant globalement de l'Ouest. Ceux-ci perdurent alors jusqu'à la fin de l'été (cf. tableau 2.2.3.2). • les vents de tempête (vitesse > 20 m/s) proviennent du secteur océanique (cf. tableau 2.2.3.1) • pour une année moyenne, les épisodes de calme (vent < 1 nœud) représentent 4,5 % du temps de l'année; 73 % des vents ont une vitesse inférieure à 7 m/s; les vents forts (vitesse > 10m/s) représentent 22 % des observations sur l'année dont moins de 1 % dépasse 20m/s. (cf. tableau 2.2.3.1)

2.2.4. Niveaux marins Les variations du niveau de la mer sur le court terme résultent de deux composantes : – la marée astronomique – les évènements météorologiques entrainant une surcote ou une décote (la variation de la pression atmosphérique, les vents)

La figure 2.2.4.1 illustre les différentes composantes du niveau marin.

20 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques a) la marée astronomique ou théorique La marée astronomique est prévisible car elle ne dépend que des positions de la lune et du soleil. Elle découle dans ce secteur de la propagation et de la réflexion d'une onde qui provient de l'Atlantique et qui se propage à travers la Manche. Elle est de type semi-diurne et a une période de 12h24. Le marnage moyen en vive-eau est de 8,55 m ce qui définit un environnement de type mégatidal. L'amplitude des vives-eaux exceptionnelles dépasse même 10 m au Tréport.

Le tableau 2.2.4.1 montre les hauteurs d'eau induites par la marée astronomique au Tréport. b) les phénomènes de surcote dus aux évènements météorologiques Les surcotes sont des élévations ponctuelles du niveau de la mer induites par des conditions atmosphériques particulières : • une basse pression atmosphérique. Selon la règle du « baromètre inversé », une chute barométrique se répercute sur un plan d'eau à raison d'une hausse d'un centimètre pour une baisse d'un hectopascal (Caspar et al, 2007) • un vent venu du large (wind set up). Dans le secteur de la Manche, les vents d'ouest à nord-ouest sont appelés vents d'afflux. Leur frottement sur la surface de l'eau, l'entraine dans le même sens et il apparaît que plus le vent est fort et la profondeur faible (cas de la Manche orientale, < 100m), plus la surcote résultante est élevée. (Caspar et al, 2007)

L'étude statistique des surcotes à Dieppe a été réalisée par le LNH sur la période 1953-1994. Le tableau 2.2.4.2 reprend les hauteurs estimées et les bornes de l'intervalle de confiance à 70%. c) les niveaux marins extrêmes La combinaison des niveaux de pleine mer avec les surcotes entraine des niveaux extrêmes susceptibles d'engendrer l'inondation de zones basses (marée de tempête). Au Tréport, ces niveaux extrêmes ont été calculés selon la méthode globale par EDF/LNH en 1996 pour effectuer des tests en modèles réduits des aménagements de la plage de Mers-les-Bains.

Les niveaux calculés sont présentés dans le tableau 2.2.4.3.

2.2.5. Houles La houle est un mouvement ondulatoire de la surface de la mer généré par un champ de vents venant du large. Selon les caractéristiques de ces vents (force, direction, longueur du fetch), elle a une énergie plus ou moins importante mais qui reste constante jusqu'à son arrivée à la côte. Le déferlement des vagues peut alors dans certain cas entrainer une surcote de plusieurs dizaines de centimètres (wave set up).

Dans le secteur d'étude, l'amplitude des vagues est généralement inférieure au mètre et la période de la houle est courte (moins de 10 secondes) ; les hauteurs supérieures à 5 m sont exceptionnelles. Elles proviennent en majorité des directions Ouest-Sud-Ouest et Ouest. Le tableau 2.2.5.1 montre les amplitudes extrêmes de la houle au large en fonction de la direction. (EDF/LNH, 1996)

21 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques 2.2.6. Courants Les courants de marée contrôlent la circulation des masses d'eau entre la baie de Seine et la baie de Somme et donc, devant le littoral cauchois. Les courants généraux du système Nord Atlantique du Gulf Stream, générés par les vents et les différences de densité entre les masses d'eau, deviennent alors négligeables.

Au large du Tréport, les courants de marée sont de type alternatif et parallèles à la côte au moment de leur intensité maximum (entre 1,6 et 1,8 nœuds). A marée montante (flot), ils portent vers la Mer du Nord et à marée descendante (jusant), vers la Manche occidentale. Les vitesses maximales en vive-eau sont de l'ordre de 0,8 m/s au flot (PleineMer-2 à PM) et au jusant (PM+5) ; en morte-eau, en revanche, celles-ci sont deux fois plus faibles (SHOM, 1968).

2.3. Impacts anthropiques sur le milieu

2.3.1. Le développement de l'urbanisation du littoral L'urbanisation du littoral sur les communes du Tréport et de Mers-les-Bains s'est principalement effectuée au cours de la seconde moitié du XIXème siècle. La carte de Cassini de Dieppe (n° 23 - Feuille 15), établie par l'ingénieur Calon en 1756 et gravée en 1758, et la carte d'état -major établie au XIXème siècle (figure 2.3.1), fournissent ainsi un aperçu de la configuration du site avant cette urbanisation du milieu naturel.

Au XVIIIème siècle, l'embouchure de la rivière La Bresle était située en rive gauche de la vallée et marquait la limite du développement urbain de la ville du Tréport. Le village de Mers s'adossait à la falaise de craie en rive droite de l'embouchure de la vallée. Le secteur compris entre la rive droite de la rivière et la bordure septentrionale de la vallée au sud de Mers, était occupé par un vaste espace marécageux et désert. Cet espace, nommé "Les mailleuls" se développait en arrière et en contre-bas d'un cordon naturel de galets marquant la position du trait de côte. Il servait de zone de pâturage pour les animaux des habitants de Mers et accueillait des parcs à huitres et des chantiers de construction de bateaux.

Entre 1809 et 1850, le village de Mers s'étend le long de la falaise bordière septentrionale de la vallée.

En 1844, une première demande d'implantation d'une habitation sur le cordon naturel de galets est déposée afin d'y implanter une auberge à proximité de l'actuelle gare.

En 1858, les premiers établissements de bains sont implantés à proximité immédiate de la plage.

L'arrivée du chemin de fer au Tréport en 1873 permet le véritable développement des villégiatures et bains de mer sur la commune de Mers-les-Bains. Le quartier balnéaire commence ainsi son essor à partir de 1874 par la construction du premier lotissement communal sous la falaise marquant la bordure nord de la vallée, entre le bourg historique et la mer. Les constructions se développent ensuite en direction du Tréport vers le sud. Cette période de construction du quartier balnéaire et du front de mer s'étale sur une durée de 22 ans, jusqu'à l'achèvement du dernier lotissement en 1896.

22 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques Parallèlement, l'arrivée du chemin de fer conduit au développement du quartier du Dépôt dans un secteur bordé par la route nationale, la ligne de chemin de fer et un espace resté libre dénommé "la prairie". Ce quartier est construit à l'emplacement d'une zone déserte dénommée "Le petit marais" sur le plan cadastral de 1825. La figure 2.3.1.2 illustre la localisation des "anciens quartiers" de l'embouchure de la Bresle.

2.3.2. L'évolution des structures de protection du littoral L'aménagement du littoral à l’exutoire de la vallée de la Bresle a débuté par des aménagements portuaires liés au développement de l'activité maritime du Tréport. Les premiers travaux se sont ainsi consacrés à l'extension des infrastructures et à la lutte contre l'ensablement des chenaux d'accès maritimes. Ils se sont ensuite poursuivis pour accompagner le développement des villégiatures balnéaires sur le front de mer de Mers-les-Bains, puis pour en assurer la pérennité face aux problématiques récurrentes d'érosion de la plage et de submersion de la ville basse de Mers-les-bains, lors de tempêtes majeures.

La chronologie détaillée de ces aménagements côtiers est présentée dans le tableau 2.3.2.1 et la figure 2.3.2.1. Les grandes évolutions sont détaillées ci-après en quatre grandes phases des origines à aujourd'hui :

• De la fondation du Tréport au Moyen Age, jusqu'au XVIIIème siècle dominent les aménagements portuaires.

En 1770, devant l'envahissement du port par les galets, la construction de l'écluse de chasse est ordonnée par le Duc de Penthièvre. Elle est achevée en 1776 par l'ingénieur Lamblardie. En 1882, la récurrence de l'ensablement du chenal d'accès conduit à prolonger vers la mer les digues d'accès au port. Le blocage du transit naturel des galets naturellement orienté de l'Ouest vers l'Est, conduit rapidement à l'apparition de phénomènes d'érosion de la plage de Mers-les- bains, signalés par le syndicat des propriétaires de Mers.

• A la fin du XIXème siècle, le développement du quartier balnéaire incite à la réalisation de nouvelles infrastructures côtières.

En 1895 le développement du quartier balnéaire conduit à la construction d'une première portion de digue (ou perré maçonné) implantée au centre de la plage sur une longueur de 130 mètres. Ce perré est prolongé vers le sud-ouest en 1898 et vers le nord-est en 1902 afin d'accompagner le développement des villégiatures du front de mer.

• Le début du XXème siècle voit l'achèvement de l'urbanisation de la partie basse du littoral au débouché de la Bresle et l'apparition des premiers ouvrages de défense contre l'érosion.

En 1906, la réalisation de l'épi majeur n° 8 en extrémité nord-est de la plage de Mers-les- bains, marque le début des travaux de lutte contre l'érosion face au quartier balnéaire. Il s'accompagne en 1911 de la construction des premiers épis en maçonnerie. Dans les premières décennies du XXème siècle, des épis en charpente sont également mis en œuvre en pied de perré, mais ils sont régulièrement arrachés par les tempêtes. Dans le même temps, la longueur du perré maçonné et de son esplanade est étendue à 1500 mètres.

En 1937, l'épi n° 1 est réalisé en face de la gare du Tréport.

23 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques

En 1941 le perré subit une importante réfection, tandis que le port du Tréport est le siège d'une intense activité des troupes d'occupation allemandes. A la libération, en septembre 1944, le front de mer du Tréport est intégralement détruit.

• De la fin du XXème siècle à aujourd'hui se succèdent à un rythme soutenu des aménagements de défenses côtières de plus en plus lourds et conséquents.

Après guerre, lors des travaux de reconstruction, 6 épis en charpentes d'une quarantaine de mètres sont implantés sur la plage de Mers-les-bains pour lutter contre l'érosion. Ces ouvrages s'avérant rapidement défectueux, la fin du XXème siècle est alors marquée par des travaux de protection contre l'érosion de plus en plus importants. Des réfections d'ouvrages existants et la construction d'ouvrages complémentaires sont alors entrepris pratiquement tous les dix ans.

En 1956-1957, l'épi n° 3 est implanté à la frontière administrative entre les communes de Mers-les-bains et du Tréport et l'épi n° 7 est construit.

En 1965, un brise lame est adossé à l'épi majeur n° 8 pour lutter contre l'érosion du pied de la falaise de Mers-les-bains.

Les années 1970 vont voir se succéder une série de travaux comprenant la construction de l'épi n° 6 (1972-73) et celle des épis n° 10 et 9 (respectivement en 1976 et 1978), qui sont implantés aux pieds de la falaise située au nord est de la plage de Mers, afin de lutter contre son érosion. Dans le même temps une réfection du perré est effectuée en 1977.

Au début des années 80, le perré subit de nouvelles réfections (1982-1984). Puis des travaux conséquents d'aménagement de la plage sont entrepris en 1988-1989 et conduisent à la réalisation des épis n° 2, 4 et 5 et au rehaussement de l'épi n° 3.

Au début des années 1990, un rechargement de la plage par un volume de 10 000m3 de galets est effectué. Après un nouvel épisode de submersion particulièrement critique pour la ville de Mers-les-bains, des études de l'aménagement global de la plage sont entreprises.

En 1991-1992, un épi de blocage est construit sur la plage du Tréport, en amont de l'entrée du port, afin d'empêcher l'accumulation de galets au droit des passes. En parallèle, un système de by-pass des galets est mis en œuvre annuellement à partir de 1994, de l'Ouest du Tréport vers la plage de Mers-les-bains, afin de limiter l'érosion de cette dernière. Le perré subit une nouvelle rénovation en 1992, de même que l'épi majeur n° 8 en 1998.

Finalement, les études d'aménagement entreprises se concrétisent entre 2004 et 2008 avec un programme de travaux conduisant à restructurer, compléter et rénover l'ensemble des défenses côtières comprises entre la passe Nord-Est du port du Tréport et les falaises de Mers-les-bains (Tableau 2.3.2.2 ; Figure 2.3.2.2). Ces travaux bénéficient de l'appui de fonds européens (FEDER). Ils voient ainsi : • la réalisation d'un talus amortisseur en enrochement de 360 mètres de longueur entre la digue nord-est du chenal d'accès au port et l'épi n° 1 ; • le réaménagement du système des épis par la reconstruction des épis existants où la création de nouveaux épis ; • le rechargement de la plage en galets ; • la rénovation de l'esplanade du front de mer et de son parapet.

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2.3.3. L'historique des aménagements hydrauliques du cours de la Bresle 1101 : Henri 1er comte d'Eu détourne le bras nord de la rivière La Bresle pour favoriser les chasses et désensabler le port du Tréport.

1460 : Charles d'Artois, Comte d'Eu fait creuser un canal entre Eu et Le Tréport, appelé canal de Penthièvre. Les restes de cet ancien canal, aujourd'hui déconnecté hydrauliquement de la Bresle et des installations portuaires, sont toujours visibles.

1770-1776 : Le Duc de Penthièvre fait construire, à l'amont immédiat du port, une retenue de chasse sur le cours de la Bresle. Comme évoqué dans le chapitre 2.3.2, cette retenue avait pour objectif de limiter l'ensablement du port (actuel avant-port). Un jeu de vannes placé en aval permettait de remplir la retenue puis de la vidanger rapidement.

1843 : Avec la construction du « canal de Eu à la mer », la Bresle adopte définitivement un tracé rectiligne entre Eu et le Tréport. Un port est construit à Eu à la confluence de la Bresle et de la Busine. Le canal de Penthièvre est abandonné.

Après 1843, un déversoir à clapets fut construit à l'extrémité du canal d'Eu à la mer pour y limiter l'entrée des marées.

En 1991, la retenue de chasse est élargie et transformée en bassin de pêche et de plaisance. Un nouveau sas et un nouveau clapet de régulation sont construits en aval du bassin. Figure 2.3.3.1

Dans la traversée de la ville d'Eu, la Bresle a également connu de nombreuses modifications au cours des siècles. Les plans de 1852 et 1906 présentés ci dessous (figures 2.3.3.2 et 2.3.3.3) montrent combien le réseau hydrographique de la ville était dense au début du 20ème siècle. Le long du boulevard Faidherbe et du boulevard Hélène, il existait des bras secondaires, parallèles au cours de la Bresle. Ces bras n'existent plus aujourd'hui. Un petit canal longeait la rue Abert (devenue rue de Clèves aujourd'hui) et reliait la Bresle au ruisseau de la Teinturerie. Ce canal a été comblé aux alentours de 1910. Le ruisseau de la Teinturerie était à ciel ouvert comme en témoigne la figure 2.3.3.4; il a été canalisé après la seconde guerre mondiale. Le barrage d'Eu a vraisemblablement été construit lors de l'installation des moulins Packham en 1838.

2.3.4. Occupation du sol actuelle Plusieurs sources de données géographiques concernant l'occupation du sol sont disponibles : • les données Corine Land Cover® (2006) • les données IGN Bd Topo® (2009)

25 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques a) Les données Corine Land Cover® Sur le secteur d'étude la répartition de l'occupation du sol est donnée par la figure 2.3.4.1 et le tableau 2.3.4.1. D'une manière générale, trois grands ensembles peuvent être identifiés :

• environ la moitié du secteur d'étude est occupée par des terres arables et des prairies, principalement situées sur les versants de la vallée et sur le plateau topographique, • environ un quart du secteur d'étude est occupée par des surfaces agricoles et des forets réparties sur l'ensemble de la zone, • environ un quart du secteur d'étude est occupé par du tissu urbain et des zones industrielles et commerciales, presque exclusivement localisées en fond de vallée. b) Les données IGN bd Topo® Au regard des trois cartographies présentées sur la figure 2.3.4.2, les points suivants peuvent être soulignés :

• Les zones habitées (couche BATIMENTS) sont majoritairement situées aux pieds des versants nord et sud de la vallée de la Bresle, à l'exception du centre de la commune d'Eu située en fond de vallée. • Environ 25 % du secteur d'étude est occupé par des surfaces arborées (couche VEGTATION). Les plus grandes surfaces sont principalement localisées dans les thalwegs secs perpendiculaires à la vallée de la Bresle et au sud -est du secteur d'étude (versant sud de la vallée de la bresle). • Le réseau routier est particulièrement dense sur le secteur d'étude. En dehors du réseau constituant les centre-villes, le réseau est particulièrement présent sur les bas de versants de la vallée de la Bresle et en fond de thalweg.

3. Recueil, analyse et synthèse des informations concernant les évènements historiques

3.1. Phénomènes de ruissellement

3.1.1. Nature et origine des phénomènes Le ruissellement est la circulation de l'eau qui se produit sur les versants en dehors du réseau hydrographique lors d'un événement pluvieux. Il apparaît lorsque les eaux de pluie ne peuvent pas ou plus s'infiltrer dans le sol. Ce refus d'absorber les eaux apparaît soit lorsque l'intensité des pluies est supérieure à l'infiltrabilité de la surface du sol (ruissellement « hortonien »), soit lorsque la pluie tombe sur une surface partiellement ou totalement saturée par une nappe (ruissellement par saturation).

La genèse du ruissellement est conditionnée par des facteurs dits de prédisposition : la nature des sols et du couvert végétal, la nature des couches géologiques, l'imperméabilisation du sol liée à l'urbanisation, la topographie...; ou déclenchant comme l'intensité des pluies. En d'autres termes, le ruissellement correspond à la part de l'eau qui n'a pas été interceptée par le feuillage, ni restituée à l'atmosphère par évaporation, et qui n'a pu s'infiltrer, ou qui resurgit très rapidement après infiltration et écoulement hypodermique ou souterrain.

26 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques Trois types de ruissellement sont distingués : • le ruissellement diffus dont l'épaisseur est faible et dont les filets d'eau buttent et se divisent sur le moindre obstacle, • le ruissellement concentré organisé en rigoles ou ravines parallèles le long de la ligne de plus grande pente. Ce phénomène initie l'érosion du sol et peut marquer temporairement sa trace sur le versant, • le ruissellement en nappe, plutôt fréquent sur les pentes faibles, occupe toute la surface du versant.

Parmi ces trois phénomènes, le ruissellement concentré (figure 3.1.1.1) est celui qui est le plus facilement identifiable, prévisible mais aussi le plus dommageable. Fortement dépendant des conditions topographiques, de l'occupation du sol et de l'intensité des pluies, ce type de ruissellement est caractérisé par des axes d'écoulement localisés pouvant être à l'origine d'inondations soudaines.

3.1.2. Caractérisation des évènements historiques a) Analyse des sources des données disponibles Les données relatives aux évènements historiques ayant affectés le secteur d'étude sont des informations extraites, pour partie : • de l'étude du ruissellement historique de l'AZI de la Bresle (BCEOM, 2005), notamment la définition des orages exceptionnels et le référencement des orages historiques, • de l'étude des phénomènes naturels rencontrés, (phase 1 du PPRN de la Bresle - GINGER, 2007), • des bilans hydrologiques réalisés sur les communes d'Eu et du Tréport, par AREAS (2004). • Schéma de gestion des Eaux Pluviales de la commune d'Eu, par Guigues Environnement (octobre 2010).

En complément, une revue de presse a été spécifiquement réalisée par le CETE Nord- Picardie, afin de valider et compléter les données citées ci-dessus. b) Descriptions des principaux événements historiques Afin de comprendre les caractéristiques et la dynamique des phénomènes de ruissellement sur le secteur d'étude, un inventaire de ces phénomènes a été réalisé. Leur descriptif est donné dans le tableau des évènements (tableau 3.1.2.1). Ce dernier contient pour chaque évènement : • la référence aux sources des données • la description de l'évènement (extraits de journaux) • la localisation des désordres • les informations concernant la représentation cartographique • les hyperliens vers les données « source » (articles de journaux)

Dans un souci de clarté, un tableau synthétique présentant la date des principaux évènements survenus sur les villes-soeurs est disponible (tableau 3.1.2.2).

27 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques Depuis le début des années 1980, dix arrêtés de déclaration de catastrophe naturelle ont été dressés. Ils correspondent chacun à un évènement significatif affectant au moins une des trois communes. Néanmoins, cinq de ces arrêtés font référence au phénomène de coulées de boue sans qu'il ait été possible de retrouver des traces ou des témoignages de ce phénomène aux dates correspondantes. Ces arrêtés semblent donc plus particulièrement concerner des évènements de débordement par submersion marine.

Quoi qu'il en soit, la récurrence des phénomènes de ruissellement semble relativement élevée sur chacune des communes du secteur d'étude : quatre évènements marquants par exemple en moins de dix ans, entre décembre 1999 et mai 2008.

Les deux évènements les plus marquants, en terme de dégâts occasionnés et d'ampleur du phénomène, sont ceux du 03 juillet 1926 (figure 3.1.2.3) et du 07 juillet 2001 (figure 3.1.2.4). Pour chacun de ces évènements, au moins une dizaine de rues et plusieurs dizaines d'habitations ont été sinistrées. Le détail des désordres occasionnés pour chaque évènement est présenté dans le tableau complet des évènements historiques (tableau 3.1.2.1). c) Localisation des évènements historiques sur l'aire d'étude (carte informative) A partir du recensement des évènements historiques et des désordres associés, une carte informative générale a été constituée (figure 3.1.2.1). Elle permet de localiser et visualiser les secteurs ayant déjà été affectés par le phénomène de ruissellement/coulée de boue.

Le recensement ayant été principalement réalisé à partir d'une revue de presse des journaux locaux, la précision sur la localisation des désordres n'est pas toujours suffisante; en effet, bien souvent, seul le nom des rues est indiqué dans les récits journalistiques. En conséquence, la cartographie présente trois types d'informations, correspondant à trois types d'objet cartographique (Tableau 3.1.2.3).

Sur cette carte informative (figure 3.1.2.1), ont été également positionnées les laisses de crue de l'évènement de juillet 2001 qui ont été relevées dans les zones d'accumulation lors de la présente étude.

Au final, environ soixante objets cartographiques ont ainsi pu être représentés. Cela correspond à environ cinquante secteurs identifiés comme ayant déjà été affectés par des phénomènes de ruissellement/coulées de boue (un même secteur peut avoir été affecté plusieurs fois au cours des différents évènements).

Les lignes qui suivent présentent succinctement les principaux secteurs affectés sur chacune des trois communes (pour plus de précision, le lecteur est renvoyé vers le tableau 3.1.2.1). Il est important de signaler à ce stade de l'analyse des évènements historiques, que les secteurs sinistrés sont ceux présentant un enjeu identifié au moment où le phénomène est survenu. En effet, certains secteurs ont pu être affectés par des phénomènes de ruissellement et/ou coulées de boue sans avoir été historiquement identifiés. La présence actuelle ou future d'enjeux sur ces secteurs pourrait désormais augmenter le risque d'inondation par ruissellement (l'aléa restant inchangé).

28 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques • Mers-les-Bains (figure 3.1.2.2) La commune de Mers-les-Bains est située sur le versant nord de la vallée de la Bresle. Ce versant est entaillé par deux vallons : la Cavée d'Ault, parfois appelée côte de Blengues ou encore thalweg de la Facette et le fond de Froideville. Les principaux secteurs affectés par le phénomène de ruissellement sont situés au débouché de la Cavée d'Ault : rue André Dumont, Place de la Mairie, la Prairie, Avenue Pierre et Marie Curie... Lors de l'évènement de 1926 par exemple, plus de 2 mètres d'eau ont été localement observés au 43 de la rue Dumont (source : "L'Echo d'Eu-Tréport-Mers", édition du 11 juillet 1926).

• Eu (figure 3.1.2.3) La commune d'Eu est située en fond de vallée de la Bresle. Trois thalwegs principaux d'orientation nord/sud débouchent sur la commune d'Eu et peuvent alimenter le fond de vallée en eaux de ruissellement.

En rive gauche de la Bresle sont distingués : • le ravin de l'Avalasse, issu de la confluence du Fond de Saint-Pierre et du Fond de Cumont • le Fond du Bois du Parc

En rive droite, c'est le bassin de Saint-Quentin-La-Motte, caractérisé par un thalweg bien marqué qui débouche au nord de la commune.

En conséquence, les secteurs les plus touchés par les phénomènes de ruissellement sont ceux situés au débouché de ces trois vallons et plus particulièrement de ceux situés au pied du ravin de l'Avalasse : en effet, les eaux de surface empruntent les routes de Neufchâtel et de Dieppe pour atteindre le centre ville et affecter l'ensemble des rues situées entre la place Albert 1er et la rue de la Teinturerie. Cette dernière est par ailleurs un secteur particulièrement sensible car il a été affecté à plusieurs reprises par des inondations (zone d'accumulation).

Lors de l'évènement de 1926 par exemple, les hauteurs d'eau ont atteint localement plus de 3 mètres dans certaines de ces rues du centre-ville (source : "L'Echo d'Eu-Tréport-Mers", édition du 11 juillet 1926). Lors de l'évènement de 2001 (orage du 07 juillet), la commune d'Eu a recensé 42 habitations touchées par les désordres situées principalement dans les rues Edouard Branly, rue des Canadiens, rue des Canadiens bis, rue de Dieppe, rue de la Teinturerie ou encore carrefour Albert 1er.

En 2008, près de 80 cm d'eau recouvraient la rue de la Teinturerie (source : "Informations dieppoises", édition du 30 mai 2008).

• Le Tréport (figure 3.1.2.4) La commune du Tréport est située sur le versant sud de la vallée de la Bresle. Deux secteurs distincts semblent particulièrement sensibles au risque de ruissellement : ◦ le secteur du Vieux Tréport (entre le haut de la rue Suzanne et le Quai François 1er), ◦ le secteur situé entre le Tréport Moderne et le port de plaisance

29 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques Concernant le secteur du Vieux Tréport, les phénomènes de ruissellement semblent prendre naissance sur le plateau surplombant le Tréport puis se propager vers le Vieux Tréport via la RD 940. Il s'agit donc d'un ruissellement localisé empruntant un vallon assez marqué produisant des écoulements rapides de surface et des coulées de boue jusqu'au Quai François 1er.

Au niveau du Tréport Moderne, et au regard du contexte topographique local, le type de phénomène à l'origine des inondations semble être le ruissellement diffus. En effet, à l'inverse des autres secteurs touchés par le ruissellement, ce secteur n'est pas situé au débouché d'un vallon encaissé mais au pied du versant sud de la vallée qui alimente néanmoins en eau de façon conséquente le quartier du Tréport Moderne, l'avenue Edouard Branly, le carrefour Debeaurain, l'avenue des Canadiens, le camping des Boucaniers... Lors de l'évènement de 2001 par exemple, le carrefour Debeaurain a été transformé en un étang boueux de 1,20 mètre de profondeur (source : "Courrier Picard", édition du 09 juillet 2001). En fond de vallée, la saturation du réseau d'assainissement lors des grandes marées semble par ailleurs accentuer les inondations en empêchant une évacuation efficace des eaux ruisselées.

3.1.3. Analyse préliminaire des phénomènes sur l'aire d'étude a) Caractéristiques générales des évènements historiques Les phénomènes de ruissellement observés sur le secteur d'étude semblent étroitement liés à la morphologie particulièrement marquée du site. Les écoulements superficiels semblent prendre naissance sur le haut des versants de la vallée et se propager en aval, principalement au fond des vallons découpant les versants. Néanmoins, deux points peuvent être soulevés :

• certains vallons (Fond de Froideville par exemple) ne semblent pas être affectés par des écoulements concentrés,

• certaines zones sinistrées ne sont pas situées au sein ni même au débouché de vallons (Tréport Moderne par exemple)

En conséquence, il apparait que les phénomènes de ruissellement ne semblent pas exclusivement liés à la topographie du site. Dans cette optique, la nature et l'occupation des sols devront probablement être considérées.

D'autre part, les points suivant peuvent d'ores-et-déjà être signalés :

• une distinction semble pouvoir être faite entre les zones d'écoulement (axes de thalwegs au sein desquels des flux peuvent s'écouler à forte vitesse) et les zones d'accumulation des eaux de ruissellement (points topographiquement bas où l'eau peut atteindre plusieurs dizaines de cm de hauteur),

• les phénomènes de ruissellement semblent assez fréquemment associés à des phénomènes de coulées de boue ou dans une moindre mesure à des écoulements de flux hyper-concentrés. Quoi qu'il en soit, des processus d'érosion du sol s'initient presque systématiquement ce qui alimente en particules fines les écoulements de surface lors des fortes pluies.

30 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques b) Évolution des phénomènes en lien avec l'évolution historique du site Les lignes qui suivent présentent succinctement et de manière non exhaustive à ce stade d'analyse, les ouvrages hydrauliques et modifications anthropiques apportées aux systèmes naturels d'écoulement des eaux. Ainsi, une première analyse du rôle et de l'influence de certaines de ces modifications humaines est proposée. L'ensemble de ces points pourra être développé et complété lors de l'analyse ultérieure de l'aléa ruissellement.

• Mers-les-Bains A Mers-les-Bains, un des principaux sujets de questionnement pourrait être la localisation du réseau d'assainissement. En effet, la partie basse des réseaux est située topographiquement en- dessous du niveau du canal d'Eu à la mer. Il y aurait ainsi régulièrement un ennoyage d'une majeure partie des réseaux pluviaux. L'étude d'aménagement hydraulique et de restauration des milieux aquatiques de la Bresle (1997) précise par ailleurs les points suivants, concernant l'aménagement anthropique et ses conséquences : • le phénomène de saturation du réseau serait accentué depuis la réalisation des travaux du port du Tréport (clapet et sas) qui fait remonter le niveau moyen dans le canal (informations de la mairie de Mers et de l'usine SGD). Lors des orages, les ruissellements en provenance de la cavée d'Ault saturent le réseau qui reçoit en plus les apports du parking de l'usine SGD.

• la ville de Mers a procédé en 1995 au curage de la rivière morte (partiellement ensablée) et a remis en service en 1994 une pompe (240 m3/h) installée dans les années 1980 pour accentuer la vidange vers la Rivière-Morte.

• le bassin versant principal drainé par un réseau de diamètre 2 000 mm, aurait plusieurs exutoires dans le canal (dont certains non localisés) et un exutoire dans l'ancien cours de la Bresle dit "Rivière-Morte", lui même relié au canal par une buse de diamètre 1000 mm munie d'un clapet.

Par ailleurs, un bassin de collecte des eaux pluviales a été réalisé le long de la route de la cavée d'Ault (figure 3.1.3.1) afin de stocker une partie des eaux "dévalant" sur le réseau routier et d’écrêter ainsi le volume d'eau arrivant dans le centre de la ville.

• Le Tréport Au Tréport comme à Mers-les-Bains, des difficultés d'évacuation des débits en provenance des bassins versants sont rapportées. En aval de ces bassins et notamment de celui "des Cordeliers", un envahissement du réseau pluvial lors des grandes marées et des tempêtes est observé.

• Eu Sur la commune d'Eu, plusieurs aménagements ont été réalisés notamment aux débouchés du ravin de l'Avalasse et du bassin de Saint-Quentin-la-Motte.

• Ravin de l'Avalasse : sur le bassin du Fond de St Pierre (situé en amont), certaines parties amont sont busées. Le fossé venant de Monchy débouche quant à lui à l'amont de St Pierre-en-Val dans un petit bassin-tampon. La traversée du village s'effectue ensuite dans une cunette bétonnée. A l'aval du village, le ravin s'encaisse et devient pentu, avant sa "confluence" avec le Fond de Cumont. L'ensemble débouche dans le ravin de l'Avalasse proprement-dit, relativement

31 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques pentu et complètement canalisé dans sa traversée d'Eu (figure 3.1.3.2). Le ravin est muni, à l'extrémité de son trajet aérien, d'un déssableur et d'une grille. Enfin, son rejet s'effectue dans la Bresle à environ 100 mètres en amont du pont de la Chaussée de Picardie.

• Bassin de Saint-Quentin-la-Motte : situé sur la rive droite de la Bresle, il reçoit en amont les apports pluviaux de la commune de Saint-Quentin-la-Motte (figure 3.1.3.3) combinés à ceux de la RD 925 (et dans une moindre mesure ceux de la RD 940) sans pour autant posséder de réseau hydrographique distinct. A l'aval de deux petits bassins d'orage, tous les écoulements du bassin sont donc souterrains (deux conduites parallèles débouchant dans la Busine).

Suite aux évènements dommageables de 2001, des aménagements ont été entrepris sur le bassin versant pour lutter contre les problèmes de ruissellement (d'après le schéma de gestion des eaux pluviales de la commune d'Eu) : • un système couplé de bandes enherbée, de fossés à redents, de parcelles en jachère et de haies (sur le plateau en amont du Parc Sainte Croix et du quartier de Branly); • le reboisement des zones contribuant au ruissellement (près du Lotissement de la rue des Canadiens); • la mise en place d’une grande bande enherbée dans le fond du vallon (dans le Fond de Cumont).

Au niveau de la rue des Teinturiers, le busage du ruisseau de la Teinturerie semble en effet être à l'origine de problèmes récurrents d'évacuation des eaux de ruissellement.

3.2. Phénomènes de submersion

3.2.1. Nature et origine des phénomènes La submersion marine est définie par le guide méthodologique d'élaboration des Plans de Prévention des Risques Littoraux comme une « inondation épisodique des terres basses situées au dessous du niveau des plus hautes mers ». Ces inondations se produisent dans « des conditions météorologiques (forte dépression et vent de mer) et marégraphiques sévères provoquant des ondes de tempête ».

Les mécanismes d'inondations par submersion comprennent (figure 3.2.1.1) : – le franchissement de paquets de mer par dessus le cordon dunaire ou les ouvrages de protection ; – le débordement du plan d'eau maritime par dessus le cordon dunaire ou les ouvrages de protection ; – la rupture ou la destruction de cordons dunaires ou d'ouvrages de protection.

Ces trois mécanismes peuvent se produire de manière conjointe ou indépendante. Les volumes d'eau apportés par le franchissement des paquets de mer, sont généralement inférieurs à ceux générés par le débordement ou la rupture d'un ouvrage. Ils peuvent cependant être conséquents lorsqu'un linéaire important est affecté par ce phénomène. Ce mécanisme est souvent négligé dans les études lorsque l'inondation par débordement est présente. Par ailleurs, il peut induire également des projections de sables et de galets aux effets dommageables sur les structures du front de mer.

32 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques

La durée des inondations par submersion est directement liée à celle des conditions hydro- météorologiques auxquelles elles sont associées. Elle s'étend habituellement sur une période de quelques heures à quelques dizaines d'heures, et exceptionnellement de quelques jours. Dans ce dernier cas, la durée d'inondation est généralement liée à des difficultés de drainage des zones submergées et inondées, associées à l'absence ou à la faiblesse des dispositifs d'évacuation des eaux vers la mer.

3.2.2. Caractérisation des évènements historiques a) Analyse des sources des données disponibles Les données relatives aux évènements de submersion proviennent principalement de la documentation suivante : • l'étude du bureau d'étude GINGER de mars 2007 intitulée "Plan de prévention des risques naturels de la Bresle - Phase 1 - Étude des phénomènes naturels" ; • une revue de la presse réalisée par le CETE Nord Picardie aux Archives Départementales de la Somme et portant sur la période 1945-2011 ; • le film réalisé par Michel Parre et René Tessier sur les évènements de 1990 et intitulé : "Les deux villes soeurs les pieds dans l'eau" ; • les relevés topographiques de laisses de crue réalisés par le CETE Normandie Centre en 2011, sur le site d'étude, en s'appuyant notamment sur des photographies d'époques et des témoignages de riverains. b) Descriptions des principaux événements historiques La zone côtière de Mers-les-Bains et du Tréport a subi de nombreux épisodes de submersions marines au cours de l'histoire récente. Une quarantaine d'évènements ont ainsi pu être recensés depuis 1662. Leurs caractéristiques détaillées sont présentées dans le tableau 3.2.2.1.

Parmi ces évènements recensés, ceux qui sont survenus durant ces quarante dernières années apparaissent comme les plus significatifs en terme d'impacts et de dégâts directement liés à la submersion. Leur importance est directement liée à l'accroissement des enjeux présents sur le littoral. Ils convient ainsi de retenir particulièrement les évènements des dates suivantes : – les 12, 13, 14 et 15 novembre 1977 avec au moins une victime décédée et près de 450 habitations touchées à Mers-les-Bains ; – les 23 et 24 novembre 1984 avec près de 500 habitations touchées à Mers-les-Bains ; – le 22 janvier 1988 avec une inondation de 4h affectant les quartiers bas de la ville de Mers-les-Bains ; – les 12, 14 et surtout les 26, 27 et 28 février 1990 avec des inondations répétées des quartiers bas de la ville de Mers-les-Bains ; – le 14 novembre 1993 avec une inondation durant 2 heures des quartiers bas de la ville de Mers-les-Bains ; – le 19 février 1996 avec une inondation durant 4 heures des quartiers bas de la ville de Mers-les-Bains.

Les submersions de 1977, 1984 et 1990 constituent ainsi les évènements les plus importants en terme de durée de l'inondation, de hauteurs d'eau constatées et de dégâts occasionnés.

33 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques c) Localisation des évènements historiques sur l'aire d'étude (carte informative) A partir du recensement des évènements historiques et des désordres associés, une carte informative a été constituée (figure 3.2.2.1). Elle permet de localiser et visualiser les secteurs ayant déjà été affectés par les phénomènes de submersion.

Sur cette cartographie sont représentées : • des informations issues de la revue de presse des journaux locaux, pour lesquelles la précision sur la localisation des désordres est faible car souvent identifiée par le seul nom des rues ou quartiers affectés ; • des informations issues de laisses de crues et faisant l'objet de fiches de laisse (Annexe A).

Sur la quarantaine d'évènements recensés c'est environ une centaine d'objets cartographiques qui ont ainsi pu être représentés en dehors des points de laisses de crues.

Pour une meilleure lisibilité, des cartographies par évènements ont été établies (figure 3.2.2.2) et permettent d'illustrer la récurrence des phénomènes sur certains secteurs géographiques. Une typologie des secteurs impactés peut ainsi être établie : • l'esplanade et le front de Mers-les-Bains de la rue Faidherbe à la rue Duquesne sont soumis à des franchissements par paquets de mer et à des jets de galets • les rues perpendiculaires au front de mer, de la rue Faidherbe à la rue Duquesne constituent des axes de ruissellement des franchissements vers les zones basses situées en arrière du quartier balnéaire ; • l'esplanade du Tréport face à la Gare et jusqu'à la Fée des Mers est sujette aux franchissements et probablement à des phénomènes de surverse au plus fort des épisodes de submersion ; • l'avenue Foch constitue un axe de pénétration majeur des écoulements en provenance de l'esplanade du Tréport (de la gare jusqu'à la Fée des Mers) et en direction des zones basses situées en arrière du front de mer ; • les quais de l'avant-port du Tréport sont également fréquemment submergés par des débordements ; • les quartiers de la prairie, du stade et du Dépôt constituent des zones basses d'accumulation et de stagnation des eaux.

3.2.3. Analyse préliminaire des phénomènes sur l'aire d'étude a) Caractéristiques générales des évènements historiques L'analyse des phénomènes historiques permet de mettre en évidence certains facteurs hydrodynamiques préférentiels et majorants dans le développement des inondations par submersion marine sur l'aire d'étude.

Il s'agit notamment : • des forts vents d'ouest à prédominance nord-ouest, soufflant en rafales supérieures à 100 km/h ; • des coefficients de marée proches ou nettement supérieurs à 100.

34 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques Pour les évènements majeurs récents, la dynamique de la submersion telle qu'elle peut être reconstituée à partir des informations historiques disponibles montre par ailleurs des similitudes d'un événement à l'autre. Le scénario de l'inondation et la localisation des phénomènes peuvent être schématisés de la manière suivante : – le déferlement d'importants paquets de mer charriant des galets sur l'esplanade menant de Mers-les-Bains au Tréport et sur la plage et les jetées du port du Tréport ; – l'initiation d'une surverse, sur le front de mer face à la gare ferroviaire, lors de la marée montante ; – un écoulement des eaux surversées le long de l'avenue Foch, en direction du centre ville et de la mairie de Mers-les-Bains, dans les secteurs topographiquement bas ; – des franchissements générant des écoulements rapides rejoignant les eaux surversées par les rues perpendiculaires au front de mer de l'esplanade de Mers-les-Bains (rue Faidherbe à rue Duquesne); – des débordements de l'avant port du Tréport sur le quai François 1er.

A la fin de l'épisode, les secteurs inondés à Mers-les-Bains sont le stade, la place de la prairie et le quartier du Dépôt. Dans ces zones de stockage, les hauteurs d'eau sont importantes mais les vitesses d'écoulement sont faibles.

Entre chaque épisode de submersion, les zones inondées de Mers les Bains se vidangent par le réseau d'eaux pluviales, lequel possède plusieurs exutoires dans le canal de la Bresle, dont certains ne sont pas localisés. Ainsi, dans le quartier du Dépôt, les eaux transitent d'abord par la « rivière morte », un ancien bras de la Bresle situé derrière la verrerie Saint Gobain. Une conduite de diamètre 1000 mm relie ensuite la « rivière morte » au canal de la Bresle ; son exutoire se trouve en face de l'usine de la Société Française des Bentonites et Dérivés.

Dans ce scénario répétitif, la hauteur et la durée de l'inondation et les impacts qu'elle engendre dépendent d'une part des facteurs hydrodynamiques précédemment identifiés et d'autre part de la vitesse de vidange des zones inondées par le réseau d'eaux pluviales. Or cette vitesse dépend directement du niveau dans le canal de Bresle, lui-même asservi au débit dans la Bresle et à l’état du clapet de régulation en sortie du bassin de pêche.

Concernant les évènements les plus importants de 1977, 1984 et 1990, les facteurs hydrodynamiques conjuguent ainsi des marées de coefficients nettement supérieurs à 100 et des vents dépassant les 140 km/h.

La figure 3.2.2.3 illustre, de manière schématique, la progression des écoulements dans les villes de Mers les Bains et du Tréport. b) Évolution des phénomènes en lien avec l'évolution historique du site Les phénomènes historiques dont la mémoire conserve la trace sont liés aux dégâts occasionnés et donc à la présence d'enjeux dans les zones impactées. Ce sont ainsi les évènements récents, postérieurs à la phase d'urbanisation de la frange littorale qui apparaissent les plus marquants, car ils ont occasionnés des désordres non négligeables sur les habitats et infrastructures du front de mer et du secteur topographiquement bas situé en arrière de ce dernier. Les évènements recensés d'âge plus anciens se réfèrent majoritairement aux désordres supportés par les infrastructures portuaires. Dans ce contexte l'évènement de 1662 apparaît ainsi remarquable par l'extension qui lui est attribuée et qui rappelle la vulnérabilité aux phénomènes de submersion marine de la basse vallée de la Bresle dans son ensemble.

35 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques

3.3. Phénomènes de débordement de cours d'eau

3.3.1. Nature et origine des phénomènes Une inondation est définie par le guide méthodologique d'élaboration des Plans de Prévention des Risques d'inondations comme un recouvrement d'eau qui déborde du lit mineur ou qui afflue dans les talwegs et les dépressions. Concernant l'inondation par débordement de cours d'eau, il s'agit d'un phénomène conduisant à un recouvrement partiel ou total du fond de vallée (lit majeur) suite à la propagation d'un débit supérieur à celui que peut évacuer le lit mineur, dont la capacité est généralement limitée à des débits de crue de période de retour compris entre 1 et 5 ans.

L'augmentation rapide et temporaire du débit d'un cours d'eau au-delà d'un certain seuil correspond au phénomène de crue qui est par ailleurs décrit à partir de trois paramètres : le débit, la hauteur d'eau et la vitesse du courant.

Au final, c'est l'importance des débits qui détermine si la crue est contenue dans le lit mineur (absence de débordement donc d'inondation) ou si la crue déborde dans son lit moyen ou majeur (inondation par débordement).

Plusieurs facteurs peuvent-être à l'origine des crues et des inondations. Néanmoins, le plus influant concerne l'eau mobilisable issue principalement : • des pluies répétées et prolongées de régime océanique, qui affectent un grand bassin versant, • ou des pluies relativement courtes mais intenses qui touchent la totalité de la superficie de petits bassins versants.

Dans le cas de la Bresle, le niveau de remplissage de la nappe, et son influence sur la saturation des sols et le débit de base de la rivière, sont également des facteurs non négligeables dans le mécanisme de formation des crues.

3.3.2. Caractérisation des évènements historiques a) Analyse des sources des données disponibles Les données relatives aux évènements historiques ayant affecté le secteur d'étude sont des informations extraites, pour partie :

• de l'AZI de la Bresle (BCEOM, 2005), notamment la description des inondations de mars 1995, • de l'étude des phénomènes naturels rencontrés, (phase 1 du PPRN de la Bresle - GINGER, 2007), • du Schéma de gestion des Eaux Pluviales de la commune d'Eu, par Guigues Environnement (octobre 2010). • de l’Étude d'aménagement hydraulique et de restauration des milieux aquatiques de la Bresle, par Compagnie d'aménagement des coteaux de Gascogne (novembre 1997) • de documents consultés dans le cadre de cette étude, aux archives départementales de la Somme et de la Seine maritime.

36 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques b) Descriptions des principaux événements historiques Plusieurs évènements historiques liés à des inondations par débordement de la Bresle ont été référencés sur le secteur d'étude et leurs caractéristiques principales sont décrites ci-après.

• évènement de janvier 1841 En janvier 1841, les inondations ont touché de nombreux secteurs du département de la Somme. Le phénomène est lié à des pluies abondantes et à une hausse rapide des températures après une période de fortes précipitations neigeuses. Sur la Bresle, de nombreux dégâts sont à déplorer. A Boutencourt, un pont et plusieurs bâtiments sont emportés (source : archives départementales de la Somme – liasse 99M79964). A Eu, « les grandes eaux sauvages (…) ont passé à travers les maisons, ont culbuté plusieurs murs et cloisons de jardin. Il y avait sur la rue de la basse chaussée 3 et 4 pieds d'hauteur. » (source : Bulletin annuel 1940-1941 des Amys du Vieil Eu), soit 0,97 à 1,30 mètres dans l'actuelle Chaussée de Picardie.

• évènement de 1954-55 Concernant l'évènement de 1954-55, seul Monsieur Longuent, maire du Tréport, interrogé par GINGER en 2007, se souvenait d'une inondation généralisée de la Bresle, sans toutefois fournir plus de précisions sur les localités touchées. Néanmoins, parmi les documents consultés aux archives départementales de la Somme et de la Seine-Maritime (presse locale, rapports des services d'hydraulique de l'Etat), aucun n'évoque cet événement.

• évènement de février 1988 et de décembre 1993 Les événements de 1988 et 1993 sont mentionnés dans l'étude d'aménagement hydraulique et de restauration des milieux aquatiques de la Bresle, établie en 1997 par la Compagnie d'aménagement des coteaux de Gascogne. Des témoignages recueillis auprès des municipalités au cours de cette étude font état de débordements sur la commune de Ponts-et- Marais, située en amont d'Eu. Les débits étaient toutefois plus faibles que lors de la crue de mars 1995.

• évènement de mars 1995 Concernant la crue de 1995, le bureau d'étude GINGER précise que la vallée de la Bresle a connu une légère crue, probablement liée à la vidange de la nappe de la craie. Une cartographie représentant l'extension des zones inondées (au 6 mars 1995) de la vallée de la Bresle est disponible entre la commune de Nesle-Normandeuse et la mer. Cette cartographie a été établie à partir de photographies aériennes (campagne réalisée par la DDAF). Néanmoins, au cours de l'établissement de l'atlas des zones inondables, BCEOM, à travers ses entretiens avec les élus locaux, a émis certaines réserves concernant les enveloppes cartographiées. En effet, les photos aériennes permettent difficilement de distinguer les zones inondées par débordement de la Bresle des zones engorgées par remontée de nappe. En outre, aucune photo aérienne ne concerne le centre ville d'Eu. D'après la DDAF, cela signifie qu'aucun problème n'y était visible.

• évènement de décembre 1999

Concernant l'événement de décembre 1999, il existe un enregistrement VHS réalisé par la DIREN Hte Normandie "Crue du 27/12/99 : Seine-Maritime SDIS. ...(Bresle) : Blangy, Eu, Tréport…", en possession du centre de documentation de l'Agence Régionale de l'Environnement Haute Normandie, à .

37 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques

• évènement d'avril 2001

Concernant l'évènement d'avril 2001, il apparait que la crue est issue d'une alimentation massive de la nappe de la craie. Il ressort des entretiens et enquêtes de terrain réalisés par les bureaux d'études BCEOM et GINGER que cet événement semble constituer, pour le secteur étudié, la plus forte crue connue de mémoire d'homme. La station de Ponts et Marais était déjà en service ; un débit instantané de 17,70 m3/s a été mesuré le 10 avril 2001. C'est le plus fort débit enregistré sur cette station.

• évènement de mars 2002

Concernant l'évènement de mars 2002, quelques témoignages imprécis recueillis lors d'une mission de terrain en novembre 2010 ont révélé quelques phénomènes de débordement. Néanmoins, le débit maximum, mesuré à la station de Ponts et Marais pendant cet événement, est inférieur à celui d'avril 2001.

Pour les événements de 1995, 1999, avril 2001 et mars 2002, les témoignages recueillis et les documents d'archives consultés (vidéo, journaux, photos aériennes) ne font état d'aucun débordement de la Bresle dans les centre-villes d'Eu et du Tréport. c) Localisation des évènements historiques sur l'aire d'étude (carte informative) La représentation cartographique des phénomènes historiques concerne uniquement l'enveloppe des zones inondées lors de la crue de 1995, donnée à titre indicatif en dépit des incertitudes évoquées précédemment (Figure 3.3.2.1). Dans le secteur compris entre Ponts -et-Marais et Eu, le fond de la vallée est largement inondé. Entre Eu et le Tréport, les anciens bras morts, les pièces d'eau du parc du château et la zone située en amont de l'usine d'incinération sont plus ou moins saturées mais il n'y a pas de véritable débordement du canal.

3.3.3. Analyse préliminaire des phénomènes sur l'aire d'étude

Les crues de 1995 et 2001 constituent les deux plus fortes crues connues de mémoire d'homme sur le secteur d'étude . Les données sur la crue de janvier 1841 sont insuffisantes et ne permettent pas d'avoir un ordre de grandeur des débits écoulés dans la Bresle. En mars 1995, la station de Ponts et Marais n'était pas encore en service. Toutefois, l'événement peut être analysé à partir des mesures effectuées sur l'Yères, rivière drainant un bassin versant limitrophe de celui de la Bresle. En effet, les comportements hydrologiques des deux cours d'eau étant fortement corrélés, les débits de la Bresle antérieurs à 1999 ont pu être reconstitués à partir de ceux de l'Yères (cf. étude d'aménagement hydraulique et de restauration des milieux aquatiques de la Bresle). L'Yères est équipée d'une station hydrométrique à Touffreville/Eu depuis 1978.

Dans les deux cas, il s'agit de crues de longue durée (plusieurs semaines), avec des temps de montée de plusieurs dizaines de jours, et caractérisées par plusieurs pics successifs (Figure 3.3.3.1). Ces deux crues se sont produites à la sortie de l'hiver, dans un contexte associant de forts cumuls pluviométriques et un niveau de nappe très élevé (cf. chapitre 3.4).

38 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques 3.4. Phénomènes de remontée de nappe

3.4.1. Nature et origine des phénomènes Les nappes phréatiques sont des nappes libres : les couches géologiques qui les renferment ne présentent pas d'horizons imperméables susceptibles de les isoler du niveau topographique du sol. Au contact de celui-ci, une partie des précipitations peut ainsi s'infiltrer dans les terrains constituant le sous-sol et venir alimenter la nappe. Cette recharge de la nappe se produit essentiellement en période hivernale lorsque les précipitations sont abondantes, l'évaporation la plus faible et la végétation peu active. Elle est très faible voire nulle durant la période estivale.

Le niveau des nappes phréatiques présente ainsi un cycle annuel. Au printemps et en été, la diminution des précipitations et la sollicitation croissante de la végétation conduisent à un abaissement progressif de la nappe dont le niveau minimal ou « étiage » est atteint en automne. Durant l’hiver, les précipitations abondantes et l'absence de végétation conduisent à une remontée rapide du niveau de la nappe qui culmine vers le milieu du printemps. La différence entre les niveaux minimal et maximal de la nappe détermine l'amplitude du « battement de la nappe ».

Lorsque plusieurs années pluvieuses se succèdent, le niveau d'étiage de la nappe peut augmenter. Ainsi, lorsque l'infiltration de pluies abondantes permet une alimentation soutenue de la nappe phréatique, le niveau de celle-ci augmente progressivement et peut conduire à des débordements dans les points bas topographiques. Les inondations par remontée de nappe se produisent alors lorsque le niveau de la nappe phréatique dépasse le niveau topographique des terrains qui la renferment (Figure 3.4.1.1).

La vitesse de transfert étant lente dans le milieu poreux du sous-sol, un décalage temporel important peut être constaté entre la série de précipitations abondantes et le moment d'apparition du phénomène d'inondation. La durée de l'inondation peut être très importante car elle ne dépend que de l'abaissement du niveau de la nappe et donc des conditions d'écoulement au sein des matériaux du sous-sol et des conditions de vidange vers les exutoires naturels que sont les sources et les cours d'eau.

3.4.2. Caractérisation des évènements historiques Si aucun événement historique n'a pu être formellement identifié et caractérisé sur la zone d'étude concernée par le PPR, des phénomènes ont pu être observés à l'échelle régionale dans d'autres secteurs du bassin hydrogéologique de la nappe de la craie.

L'étude d'aménagement hydraulique de la Bresle réalisée en 1997 signale ainsi plusieurs phénomènes de remontées de nappes sur la période 1994-1995. Deux types d'évènements correspondant à deux types de localisation géographique y sont identifiés : • une première série d'évènements affecte les thalwegs et dépressions des coteaux des parties haute et moyenne du bassin versant de la Bresle (sur les communes de Haudricourt, Rétonval, Rieux, , Martainneville). Ces évènements se caractérisent par l'apparition de sources temporaires en pieds de talus ou de rupture de pente.

39 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques • une seconde série d'évènements concerne des secteurs situés en bordure de la vallée de la Bresle (sur les communes de Beauchamp, , Longroy, Nesle L'Hopital et Pierrecourt). Ces évènements se traduisent par des inondations de caves, de sous-sol ou de zones basses. Pour ces secteurs, il apparait cependant difficile de faire la part de l'origine des inondations entre le débordement de la rivière et la remontée de la nappe.

Au premier semestre 2001, un phénomène de remontée de nappe d'ampleur exceptionnelle est également observé sur l'ensemble de la nappe de la craie. Les niveaux piézométriques atteints sont ainsi les plus élevés enregistrés sur les chroniques du bassin Artois Picardie, sur une durée totale d'enregistrements de 35 ans. Ces niveaux exceptionnellement élevés provoquèrent des inondations importantes et de longue durée dans le bassin de la Somme. Aucun signalement d'évènement n'a pu être retrouvé sur le périmètre d'étude du PPR. 3.4.3. Analyse préliminaire des phénomènes sur l'aire d'étude En l'absence de phénomènes historiques parfaitement identifiés sur l'aire d'étude, l'analyse des phénomènes est concentrée sur l'analyse du fonctionnement de la nappe de la craie qui est à l'origine des phénomènes de remontée de nappe reconnus à l'échelle régionale. a) Sources des données disponibles Les données hydrogéologiques disponibles concernant la nappe de la craie, sur ou à proximité du périmètre d'étude, comprennent (figure 3.4.3.1) : 1) L'atlas hydrogéologique de la Seine Maritime établi en 1992 par le BRGM, pour le compte du Conseil Général de la Seine Maritime, le Ministère de l'industrie et de l'aménagement du territoire et l'agence de l'eau Seine Normandie. Ce document comprend une carte hydrogéologique datée de 1990. Il couvre la rive gauche de la vallée de la Bresle à l'échelle 1/100 000. 2) L'atlas hydrogéologique de la Somme établi en 1978 par le BRGM pour le compte du Conseil Général de la Somme et le Ministère de l'industrie. Il comprend une carte hydrogéologique datée de 1976. Il couvre la rive droite de la vallée de la Bresle à l'échelle 1/100 000. 3) De rares chroniques piézométriques de points d'eau référencées et accessibles via la base de données sur l'eau ADES (Figures 3.4.3.2 ; 3.4.3.3 ; 3.4.3.4 ; 3.4.3.5 et tableaux 3.4.3.1 ; 3.4.3.2 ; 3.4.3.3 ; 3.4.3.4). La dénomination et l'indice de référence des 4 piézomètres ainsi disponibles à proximité du secteur d'étude sont présentés sur la figure 3.4.3.1. 4) Plusieurs rapports publics du BRGM portant sur l'analyse des conditions de la nappe de la craie sur le bassin de la Somme lors de l'épisode 2000-2001 : 1. Rapport BRGM RP-51048-FR : réseau patrimonial de surveillance piézomètrique du Bassin Artois-Picardie - Analyse et synthèse des données pluviométriques et piézométriques du 1er semestre 2001 - Juillet 2001 2. Rapport BRGM RP 51150-FR : Bassin Seine Normandie Picardie - nappe de la Craie - Carte piézométrique "haute eaux " 2001 - décembre 2001

5) L'étude d'aménagement hydraulique et de restauration des milieux aquatiques de la Bresle réalisée en novembre 1997 pour le compte de l'Institution Interdépartementale Seine-Maritime/Somme pour la Gestion et la Valorisation de la Bresle.

40 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques b) Caractéristiques générales du comportement de la nappe de la craie Le régime de la nappe de la craie est marqué par une succession de cycles pluriannuels observés sur les chroniques de mesures des piézomètres de référence de la nappe (Figure 3.4.3.6). Les principaux cycles observés depuis 1945 pour la Haute Normandie sont les suivants : • de 1945 à 1965, un cycle de basses eaux présentant des phases de recharge inter- annuelles d'une durée de 3 ans en moyenne • de 1964 à 1970 un cycle de hautes eaux • de 1970 à 1977 un cycle de basses eaux interrompu par une recharge exceptionnelle en 1975 • de 1978 à 1988 un cycle de hautes eaux • de 1989 à 1992 un cycle de basses eaux • de 1993 à 1995 une forte recharge de courte durée • de 1996 à 1998 un cycle de tarissement • de 1999 à 2001 un cycle de hautes eaux ayant conduit à d'importants phénomènes de remontée de nappe dans le bassin de la Somme • de 2002 à 2005 un cycle de basses eaux • de 2005 à 2008 un cycle de recharge • de 2008 à aujourd'hui un cycle de tarissement en cours.

A proximité du secteur d'étude, les niveaux piézométriques les plus élevés enregistrés sur les chroniques coïncident avec les évènements paroxysmiques des hivers 1994-1995 et 2000- 2001. Ces évènements peuvent donc être considérés comme des évènements de référence pour l'aire d'étude. La rareté des phénomènes observés rend impossible une détermination de la fréquence et de la période de retour de ces évènements.

Par ailleurs, les amplitudes de battement entre les périodes d'étiage de la nappe et les niveaux maximums déterminés sur les rares chroniques disponibles à proximité du secteur d'étude, sont comprises entre quelques mètres et quelques dizaines de mètres pour les piézomètres situés sur les plateaux (piézomètres 00441X0007 P et 00443X0042 S1) , et oscillent autour du mètre pour le piézomètre situé en bordure immédiate de la vallée de la Bresle (00442X0050 P4). c) La sensibilité du périmètre d'étude au phénomène de remontée de nappe Compte tenu de la morphologie du secteur d'étude, caractérisée par une vallée encaissée d'une centaine de mètre dans le substratum crayeux constituant le réservoir de la nappe de la craie, de l'amplitude observée des battements de la nappe, et des observations effectuées sur les phénomènes survenus dans d'autres secteurs du bassin hydrogéologique régional, il apparaît que les secteurs les plus sensibles aux phénomènes de remontée de nappe devraient se localiser, sur l'aire d'étude, principalement en bordure de la vallée de la Bresle et dans les vallons secs et dépressions adjacentes, en pied de talus ou de rupture de pente.

Les résultats de l'étude de sensibilité du territoire national au phénomène de remontée de nappe, réalisée par le BRGM en 2002-2005 à l'échelle des départements, montrent également qu'à l'échelle de la vallée de la Bresle, la susceptibilité aux remontées de nappe est prédominante dans la vallée et sur ses bordures, ainsi que dans les vallons qui y débouchent (figure 3.4.3.7).

41 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques 3.5. Phénomènes de recul du trait de côte

3.5.1. Nature et origine des phénomènes Le recul du trait de côte correspond à « un déplacement de la limite entre le domaine marin et le domaine continental vers l'intérieur des terres » (guide méthodologique des Plans de Prévention des Risques Littoraux, 1997). Il se traduit par une perte de matériaux induite d'une part, par une érosion naturelle d'origine marine et continentale, et d'autre part, par des actions anthropiques qui agissent indirectement sur l'érosion.

Pour le traitement de l'aléa, seul le recul des falaises est ici considéré. Le cordon sédimentaire étant urbanisé depuis plus de 100 ans et entouré de falaises, il est très difficile d'estimer le recul de celui-ci si aucune protection n'avait été réalisée.

Dans le cas de côtes à falaises rocheuses, cette érosion prend principalement la forme de mouvements de terrains caractéristiques affectant les versants exposés, tels que des chutes de blocs, des éboulements, des glissements et des écroulements. La typologie de ces mouvements de terrain est généralement conditionnée par les paramètres du massif dans lequel sont taillées les falaises (nature, caractéristiques mécaniques, fracturation, discontinuités ponctuelles, topographie, etc.). Différents agents conduisent à leur déclenchement ou à leur aggravation, notamment : • les agents météoriques (pluie, vent, température) • les agents marins (houle, courant, dérive et transport des sédiments) • des agents anthropiques (piétinement de la corniche, rejet et infiltration d'eau en tête de falaise, ouvrages de protection du littoral).

3.5.2. Caractérisation des évènements historiques a) Analyse des sources des données disponibles Afin d'obtenir un recensement des évènements marquants ayant affecté les falaises du Tréport et de Mers-les-Bains, plusieurs sources ont été consultées : – Base de Données de Mouvements de Terrain du BRGM (BDMVT) – Archives Départementales de la Somme – Rapports techniques

Un certain nombre de ces évènements provient également du travail effectué par le bureau d'études GINGER, en particulier, il a été jugé utile de conserver les évènements décrits lors des entretiens avec les habitants.

• Base de Données de Mouvements de Terrain

Ce site (www.bdmvt.net) est géré par le BRGM. Il recense les mouvements de terrain ayant affecté le territoire français. Il est possible de faire des recherches par commune. Pour les communes du Tréport et de Mers-les-Bains, 15 évènements y sont recensés : – 3 sont localisés : 2 sur la falaise côtière et 1 dans les terres (donc pas pris en compte). – Le reste des évènements est daté. Les dates ont donc été relevées et cela a permis d'orienter les recherches en particulier aux Archives Départementales.

42 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques • Les Archives Départementales de la Somme

Concernant les évènements historiques sur les falaises du Tréport et de Mers-les-Bains, la consultation des périodiques est l'essentielle source d'information (séries PER). – le Courrier Picard (de 1944 à aujourd'hui) – le Journal de la Somme (fin XIXe) – le Littoral de la Somme (1884-1944) – l'écho d'Eu, Mers-les-Bains, Le Tréport (1924-1940) – les bulletins municipaux de Mers-les-Bains et le Tréport

Très peu d'articles ont été retrouvés. Ceci étant, 4 articles permettent de confirmer les évènements et décrivent très succinctement le phénomène. Trois proviennent du Courrier Picard et un du Journal de la Somme.

• Les rapports techniques

Quelques rapports techniques ont été consultés mais la plupart du temps concernent les falaises à Ault et Criel-sur-Mer. Ils n'ont donc pas permis de recenser effectivement des évènements mais la similitude entre ces falaises et celles concernées est suffisamment importante pour que ces rapports apportent des précisions sur la caractérisation des évènements. b) Description des principaux événements historiques Le recul des côtes à falaise est le plus souvent un processus discontinu et peu identifié, résultant d'une succession de petits éboulements, de chutes de blocs et de pierres. Ces phénomènes ne laissent que peu de traces dans la mémoire collective où seuls sont conservés les évènements de grande importance ou affectant des enjeux importants. Ces allégations sont confirmées par la très faible quantité d'informations retrouvées sur les évènements historiques.

Toutefois, une liste d'évènements a pu être réalisée et est présentée dans le tableau 3.5.2.1.

Les principaux évènements survenus sur les falaises sont décrits ci-après :

• Éboulements survenus les 23 et 24 mars 1895 au Tréport Ces éboulements, d'environ 400 m3 et 100 m3, ont affecté la falaise morte dans le quartier du Casino au Tréport. L'origine du phénomène provient de l'érosion continentale de la falaise et en particulier de l'infiltration des eaux de pluies.

• Éboulement de fin décembre 1902, près du Sémaphore au Tréport

D'après la page historique du Bulletin d'Information de la commune du Tréport (n°86, 2009), « les falaises sont soumises aux pluies, gels et dégels ; fin décembre, à 50 mètres du poste, un éboulement d’un volume de 1000 m3 imprime au sémaphore une secousse très appréciable faisant trembler murailles et planchers et osciller les lampes suspendues, alors qu’un nouvel éboulement menace à 250 mètres. » Cet éboulement a entrainé la fermeture du Sémaphore du Tréport au début du XXe siècle. Son origine semble être également d'origine continentale.

43 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques • Écroulement du 16 novembre 1977 à Mers-les-Bains Après 3 jours de tempête, un éboulement de plusieurs milliers de m3 a affecté la falaise de Mers immédiatement après l'épi en palplanche. Le Courrier Picard fait mention du pied de la falaise « buriné et attaqué avec une rare violence par la mer déchainée ». Des fissures sont apparues au bas de la falaise avant que celle-ci ne s'écroule.

• Écroulement du 26 novembre 2000 au Tréport Un pan de la falaise s'est écroulé. Quelques jours auparavant, le même phénomène avait été observé deux fois. Il semblerait que ce soit « l'action incessante et impitoyable de la mer » qui ait affecté la stabilité de la falaise. • Éboulements du 21 juin 2001 au Tréport

D'après la Base de Données de Mouvements de terrain, deux éboulements très importants sont survenus à cette date, alors qu'aucune trace n'en a été trouvé dans les archives du Courrier Picard. Ces éboulements de près de 38 000 m3 pour l'un et 7700 m3 pour l'autre ont affecté les 90 m de la falaise, libérant des blocs moyens à gros. • Éboulements survenus les 30 et 31 mars 2002 au Tréport

Deux éboulements de quelques milliers de m3 ont affecté la falaise suite à des infiltrations d'eau. • Écroulement du 11 avril 2002 à Mers-les-Bains

Un écroulement de 400 m3 a affecté la falaise du sommet jusqu'à la moitié. c) Localisation des évènements historiques sur l'aire d'étude (carte informative) Sept évènements ont pu être localisés et sont représentés sur la figure 3.5.2.1. Six se trouvent sur la commune du Tréport et un sur la commune de Mers-les-Bains.

La répartition géographique des évènements montre que sur les 7 évènements localisés : – 5 affectent la falaise vive – 2 affectent la falaise morte

Les évènements affectant la falaise vive sont d'importants écroulements (plusieurs milliers de mètres cubes). Ils ont lieu aux endroits où la falaise est moins protégée des actions de la mer.

3.5.3. Analyse préliminaire des phénomènes sur l'aire d'étude a) Caractéristiques générales des évènements historiques Dans le cas des falaises de Mers-les-bains et du Tréport, l'analyse des évènements historiques met en évidence l'existence de deux types de mouvements de terrain : • des éboulements et des chutes de blocs, • des écroulements

Ces types de mouvements de terrain se trouvent sur l'ensemble du linéaire côtier.

La figure 3.5.3.1 illustre les mécanismes de ces mouvements de terrain.

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• Les éboulements et chutes de blocs

Ces phénomènes sont généralement observés sur des falaises subverticales et fracturées. Les facteurs d'érosion météoriques (pluies, gel) sont prédominants dans le déclenchement de l'évènement. Des chutes de blocs ponctuelles sont fréquentes et peu remarquables. Les éboulements, généralement plus importants, laissent une butée, constituée des éboulis produits, jouant un rôle stabilisateur et protecteur de la falaise. Cependant, dans le cas d'une falaise côtière, cette butée est entièrement balayée par l'arrivée de la mer rendant l'érosion de la falaise à nouveau active.

• Les écroulements

Ce type de mouvement de terrain peut être dû soit à un phénomène de sape en pied des falaises côtières induit par la houle et les vagues, soit au départ de matériaux fragilisé par les discontinuité de la roche et les agents météoriques, facteurs déclenchants. Dans le premier cas, les vagues qui s'écrasent sur le platier et le bas de la falaise entrainent des surpressions dans les diaclases et les interstices de la roche ce qui conduit à son éclatement. Il se creuse alors une cavité en pied de falaise et les terrains en surplomb finissent par basculer vers l'avant. Dans le deuxième cas, la prédominance de l'érosion continentale est effective mais le rôle de la mer n'est pas négligeable ; celle-ci va en effet balayer les éboulis et rendre à nouveau l'équilibre de la falaise précaire. b) Évolution des phénomènes en lien avec l'évolution historique du site Au vu du peu d'informations historiques acquises, il est très difficile de relier les évènements à l'aménagement du site.

La protection et l'aménagement du littoral (jetées des ports, épis, enrochements, etc.) a entrainé un déficit en matériaux et en particulier en galets au-devant des falaises. Pour palier à ce problème, des aménagements et notamment au-devant de la falaise de Mers-les-Bains, ont cherché à retenir les galets en pieds de falaise. Ces aménagements sont récents et leur impact est difficile à estimer.

L'évolution historique du site a donc probablement eu un impact sur l'érosion des falaises mais elle n'apparait pas quantifiable.

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4. Conclusions Dans le cadre de l'étude des aléas du PPR de la basse vallée de la Bresle sur le secteur de Eu – Mers-les-Bains – Le Tréport, le CETE Nord Picardie (Département Maîtrise des Risques et Géotechnique – Unité Géologie et Risques) assisté du Laboratoire Régional des Ponts et Chaussées de Blois (CETE Normandie Centre) a mené, d'une part, une analyse du contexte physiographique de l'aire d'étude, et d'autre part, un recensement et une analyse des phénomènes naturels historiques concernés par le PPR.

Il ressort de ces travaux les éléments suivants :

1) Géographie du secteur d'étude La géographie du secteur d'étude se caractérise par la présence d'un plateau topographique de nature crayeuse d'une altitude moyenne de 100 mètre environ et fortement entaillé par la vallée de la Bresle. Cette vallée orientée ESE-ONO est symétrique et à fond plat. Elle présente une morphologie assez jeune avec des flancs relativement raides. Elle se prolonge latéralement sur ses flancs par un chevelu dense de vallées sèches remontant très haut sur le plateau et dont les thalwegs s'accusent profondément vers l'aval. La façade maritime du secteur d'étude représente un linéaire de 7 kilomètres environ dont la morphologie se caractérise par la présence de falaises vives, de falaises mortes et d'une zone basse située au débouché de la vallée de la Bresle. Celle-ci est protégée des submersions marines par un cordon de galets sur lequel de nombreux aménagements anthropiques sont implantés.

2) Phénomènes de ruissellement Les phénomènes de ruissellement relevés sur l'aire d'étude présentent une récurrence élevée (4 évènements en 9 années). Ils sont fréquemment associés à des phénomènes de coulées de boues. Les deux évènements les plus marquants se sont produits en 1926 et 2001. Les phénomènes de ruissellement se répartissent sur l'ensemble du secteur d'étude. Leur localisation est cependant gouvernée d'une part par la morphologie du territoire et d'autre part par l'occupation du sol qui peut expliquer l'absence d'évènements sur certains vallons.

3) Phénomènes de débordement Les crues de la rivière « La Bresle » sont généralement de longue durée et apparaissent en sortie de l'hiver après un fort cumul de précipitations et dans une situation de niveau élevé de la nappe de la craie. Lors des crues, la vallée est principalement inondée en amont de Eu. Entre Eu et Le Tréport, si certaines zones apparaissent saturées (ancien bras de La Bresle,...), la rivière ne présente pas de véritable débordement. Sur le plan historique, les crues de 1995 et 2001 apparaissent comme les évènements les plus importants connus.

4) Phénomènes de remontée de nappe Les phénomènes de remontée de nappe sont directement liés à l'effet cumulatif inter- annuel des cycles annuels de recharge et de vidange de la nappe de la craie. Cette

46 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques nappe alimente et soutient par ailleurs le débit de la rivière « La Bresle » et joue ainsi un rôle dans l'apparition des phénomènes de débordement de cette dernière. Les niveaux les plus hauts de la nappe de la craie ont été mesuré durant les hivers 1994-1995 et surtout 2000-2001. Toutefois, si quelques phénomènes d'apparition de sources et de zones inondées ont pu être identifiés sur les parties hautes de la Bresle, aucun phénomène de remontée de nappe n'a pu être véritablement caractérisé globalement sur le secteur d'étude. Le contexte et les évènements observés au niveau régional, notamment en 2001, montrent que les secteurs les plus sensibles devraient cependant se localiser en bordure de la vallée de la rivière de « La Bresle » et dans les vallons secs adjacents qui y débouchent.

5) Les phénomènes de submersion Les phénomènes de submersion sont fréquents sur l'aire d'étude, particulièrement au cours des 40 dernières années où pas moins de 6 submersions ont pu être observées. Leur importance est directement liée à l'accroissement des enjeux présents sur le littoral. Les submersions de novembre 1977, novembre 1984 et février 1990 constituent les évènements les plus importants en terme de durée de l'inondation, de hauteurs d'eau constatées et de dégâts occasionnés. Le déroulement de ces submersions apparaît relativement similaire. Elles débutent par le déferlement d'importants paquets de mer charriant des galets sur l'esplanade menant de Mers-les-Bains au Tréport et sur la plage et les jetées du port du Tréport. Elles se poursuivent par l'initiation d'une surverse, sur le front de mer face à la gare ferroviaire, lors de la marée montante, et l'apparition d'un écoulement des eaux surversées le long de l'avenue Foch, en direction des secteurs topographiquement bas de Mers-les-Bains. Parallèlement, des franchissements génèrent des écoulements rapides rejoignant les eaux surversées par les rues perpendiculaires au front de mer de l'esplanade de Mers- les-Bains. Des débordements se produisent également en bordure de l'avant port du Tréport. L'intensité des phénomènes apparaît directement liée à la hauteur de la marée et des surcotes météorologiques associées à la vitesse des vents.

6) Les phénomènes de recul du trait de côte Les phénomènes de recul du trait de cote se localisent sur les secteurs de falaise de la zone littorale de l'aire d'étude. Ils se caractérisent par des mouvements de terrain dont la fréquence est inversement proportionnelle aux volumes de matériaux mis en mouvement lors des évènements. Les phénomènes observés peuvent ainsi être regroupés en deux catégories principales : 1. des éboulements et chutes de blocs où les facteurs météoriques sont prédominants (vents, pluies, gel, etc.). Les chutes de blocs ont une fréquence élevée et un faible volume de matériaux est mis en mouvement. En revanche, les éboulements sont généralement de plus grande ampleur et affectent une grande partie du pan de la falaise. Leur survenue est plus rare ; 2. des écroulements où l'action de la mer et les agents météoriques jouent un rôle important. Les agents météoriques et/ou la houle creusent la falaise et les terrains en surplomb finissent par basculer vers l'avant. Leur fréquence est plus rare et les volumes mis en mouvements plus importants.

47 Dossier 2011 - 271 (affaire 107047435.02) PPR La Bresle - Contexte de l'aire d'étude et analyse des évènements historiques Dans les deux cas, les agents météoriques (vent, gel, pluies...) ont une influence considérable sur l'évolution des phénomènes. Les évènements recensés majeurs sont les éboulements du 21 juin 2001 où 38 000 m3 et 7 700 m3 de matériaux sont tombés de la falaise du Tréport et le 16 novembre 1977 où plusieurs milliers de m3 de craie sont tombés sur la grève de Mers-les-Bains, immédiatement après l'épi majeur en palplanches.

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