Atlas Comicscomics Le Titan Au Souffle Court Tlas Comics Le Titan Au Souffle Court
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ATLASATLAS COMICSCOMICS LE TITAN AU SOUFFLE COURT TLAS COMICS LE TITAN AU SOUFFLE COURT — Tristan Lapoussière — Atlas / Seaboard Periodicals, ou plus commu- Marvel Comics en 1939, Martin Goodman nément Atlas Comics en couverture de ses s'était retiré des affaires en 1971, après avoir publications, apparaît sous bien des aspects revendu ses parts de Marvel à Cadence In- comme l'éditeur le plus singulier des années dustries en 1968, laissant ainsi à son petit- 70. Entré sur le marché comme concurrent cousin, Stan Lee, les rênes de la compagnie. direct de Marvel et DC, il réussit à produire De source officieuse, la décision de fonder At- jusqu'à 72 comics et magazines durant sa las aurait été prise en représailles contre Mar- brève existence d'à peine un an dans les vel, qui avait engagé le fils de Martin Good- kiosques. Il fut le premier parmi les éditeurs man, Charles 'Chip' Goodman, pour lui succé- mainstream, peu avant Star* Reach ou Eclip- der comme éditeur en 1972 mais ne l'a vait se et bien avant Pacific, à accorder aux créa- pas reconduit dans ses fonctions. Atlas serait teurs la propriété de leurs personnages. Les donc en quel que sorte un cadeau fait par le créateurs en question, dont certains allaient père à son fils, le Marvel qu'il n'avait pu diri- devenir célèbres s'ils ne l'étaient déjà, prove- ger. naient d'ailleurs d'horizons assez divers. Atlas En 1974, le nombre d'éditeurs de comic- a déjà fait l'objet d'étu des sérieuses, aussi books s'était réduit à un point tel qu'on n'en bien en France qu'aux Etats-Unis,1 mais nous comptait plus que six : Marvel, DC, Archie, avons jugé utile de faire un petit retour sur Charlton, Gold Key et Harvey. Du côté des cet éditeur, ne serait-ce que pour satisfaire les magazines, Skywald était sur le point de lecteurs qui nous l'ont demandé et pour corri- s'éteindre, et seuls Warren et Marvel se par- ger quel ques erreurs qui continuent d'être re- tageaient le secteur. Sentant peut-être le mo- produites d'une bibliographie à l'autre. ment propice, Goodman entreprit de lancer sa nouvelle compagnie. A sa tête, il plaça son fils Chip, qui prit pour rédacteurs en chef Jeff Une affaire de famille Rovin et son propre cousin et petit frère de Stan Lee, Larry Lieber. Le choix du nom de la Atlas / Seaboard fut créé en juin 1974 par compagnie, quant à lui, renvoyait directement Martin Goodman. Editeur de pulps dès 1932 à l'une des phases de l'évolution de Marvel, la (il avait fondé Red Circle avec Louis Silberk- période Atlas des années 50, du nom de l'At- leit, futur pilier de Archie / MLJ), fondateur de las News Company fondée par Goodman pour assurer à la place de Kable News la distribu- 1 Francis Saint-Martin lui a consacré un ouvrage, tion de ses propres comics. Tous les comics Atlas (Ed. de l'Hydre, 1993), et un Après avoir décliné l'offre de travailler chez dossier est paru plus récemment dans Comic Book Skywald en 1971, Jeff Rovin avait débuté Marketplace 77 (avril 2000). A titre plus anecdo- chez DC en 1972, où il était passé d'assistant- tique, des index ont également été publiés dans rédacteur à rédacteur-adjoint en 1974. Il Amazing Heroes 81 et SWOF 7 (mars 1992). avait ensuite briè vement officié comme scé- Rappelons également que deux séries Atlas ont Publicité interne d'Ernie Colon pour Seaboard / Atlas, qui n'hésite pas à s'arroger le titre de "Nouvelle Maison déjà fait l'objet d'articles dans Back-Up : Planet of nariste, rédacteur-adjoint et directeur du des Idées" en référence à Marvel. Après des débuts assez discrets, Atlas lance donc l'offensive. On reconnaît marketing sur les magazines Warren avant Vampires dans le 1 (article revu et réédité dans ce sur cette page les personnages de Morlock, Cpt. Galland, Devilina, Iron Jaw, Wulf, Kid Cody, Comanche Kid, numéro), et Iron Jaw dans le 4. d'être débauché par Atlas. Larry Lieber, pour et Phoenix. Une seconde illustration promotionnelle de Colon, présentée en ouverture de ce dossier, rassemble Grim Ghost, Sgt. Hawk, Tarentula, Destructor, John Targitt, Tiger-Man, Brute et Scorpion. parvint, en échange de salaires très attractifs Illustration de Howard Chaykin pour Gothic Romances, un et de la promesse de liberté créatrice, à réunir magazine de lecture pour femmes avec lequel Seaboard Periodicals fit son entrée dans l'édition. La couverture pein- une équipe d'artistes variée, composée aussi te (en insert) est apparemment de la main d'Ernie Colon. bien de vétérans que de petits jeunes. Si l'on y regarde de plus près, on peut les classer en cinq catégories : • Des artistes internationaux sud-américains et espagnols. Ces artistes, habitués à tra- vailler pour de nombreux marchés différents (en particulier l'Angleterre, mais aussi la Fran- ce, l'Allemagne et la Scandinavie), n'avaient bien souvent aucune atta che particulière aux Etats-Unis, et ne pouvaient crain dre de repré- sailles sous prétexte qu'ils travaillaient pour Atlas, même si certains d'entre eux tra- vaillaient ou avaient déjà travaillé pour War- ren et Skywald. Parmi les sud-Américains fi- gurent le Péruvien Boris Vallejo et l'Argentin Leopoldo Durañona. Nous n'avons aucun ren- seignement biographique sur Juez Xirinius et Pujolar, mais nous supposons qu'ils sont d'ori- gine sud-américaine. Au rang des Espagnols, représentés par l'agence barcelonaise Selec - cio nes Illustradás de Josep Toutain, on trouve Ramon Torrents, Enric Badia Romero, Vilano- Larry Lieber, frère de Stan Lee et cousin par allian- va, et Suso (Jesús Manuel Peña Re go). On ce de Martin Goodman, le fondateur d'Atlas. Nommé rédacteur en chef par ce dernier, il allait trouve également Jordi Bernet, mais indirec- être le principal maître d'œuvre de la politique de tement, à travers la réédition dans Barbarians la compagnie et son porte-parole privilégié auprès des lecteurs. 1 des neuf premières plan ches de Andrax, bande réalisée en 1973 sur un scénario de Mi- sa part, était scénariste et dessinateur chez quel Cussó pour l'Allemand Rolf Kauka, par Marvel depuis le début des années 60, mais l'intermédiaire de l'agence hispano-britanni - on ne lui offrait plus assez de travail, au point que Bardon Art. qu'il avait dû proposer ses services chez DC Atlas réserva principalement les talents de ces qui, par méfiance, n'avait pas voulu de lui. Il artistes à sa ligne de magazines noir et blanc. accepta donc l'offre de Goodman de venir tra- Il n'était en effet pas dans l'intérêt de l'éditeur vailler pour Atlas par manque de travail chez de faire trop grand usage d'artistes espa- Marvel. Dans son interview par Roy Thomas gnols, ce que l'on reprochait déjà à Warren et publiée dans Alter Ego 3 (automne 99), Lieber qui a pu entraîner en partie la perte de Sky- reste excessivement discret sur sa période At- wald. las, comme si toute l'affaire était encore un • Les artistes liés au studio Continuity Asso- sujet tabou dans la famille. Roy Thomas si- ciates de Neal Adams et Dick Giordano. Ces gnale d'ailleurs dans la même interview qu'il artistes, soit qu'ils étaient totalement free- avait lui-même été contacté pour passer chez lance, soit qu'ils trouvaient par cet intermé- Atlas, mais qu'il avait préféré éviter les pro- diaire des travaux d'appoint (comme Jack blèmes… Abel ou Wallace Wood), n'avaient eux non plus guère de représailles à craindre, et leur Une écurie très variée statut d'artistes de studio en faisait pratique- ment des dessinateurs-mercenaires dont on Tout le monde n'eut pas les mêmes scrupules pouvait louer les talents. On trouve dans leurs que Roy Thomas. En dépit de son statut d'édi- rangs Neal Adams, Dick Giordano, Howard teur qui devait encore faire ses preu ves, Atlas Chaykin, Pat Bro derick, Jeff Jones, Berni Wright son, Rich Buckler, Russ Heath, Larry coia, Jerry Grandenetti, John Severin, Pablo Hama, Klaus Janson, Ralph Reese, Alan Marcos, Mike Ploog, Mike Sekowsky, Frank Weiss, Al Milgrom, Ed Davis, Bob McLeod, Sal Springer, Tom Sutton, Frank Thorne, et Mike Amendola, Vicente Alcázar (qui pourrait aussi Vosburg. entrer dans la première catégorie), Terry Aus- De tous ces artistes, ceux travaillant pour tin, Paul Kirchner, Jack Abel, Greg Theakston, Marvel auraient pu craindre davantage d'être Walt Simonson, et Wallace Wood (sur ce der- mis sur liste noire. Pourtant, on constate que nier, cf. anecdote dans Back-Up 8, page 16). certains (Adkins, Ploog, Marcos, Sutton), loin L'utilisation du studio Continuity permit à At- d'être ostracisés, livrèrent des travaux pour las de disposer assez vite de renforts en nom - Marvel durant leur période Atlas ou y firent bre, et d'ajouter quelques grands noms à son carrière par la suite. Les choses auraient palmarès. Cela a pu décider d'autres artistes peut-être été différentes si Atlas avait duré à se joindre à l'aventure Atlas, d'autant que au-delà d'un an, mais il semble que le fait certains se virent d'emblée accorder leur d'être passé chez Atlas n'ait pas eu d'effet propre titre, comme Sal Amendola sur Phoe- préjudiciable sur la carrière de ces artistes. Il nix ou Howard Chaykin sur The Scorpion. se peut même (ce n'est qu'une hypothèse • Des artistes recrutés chez des éditeurs qu'il faudrait pouvoir confirmer) que leur pas- autres que Marvel ou DC (surtout Charlton, sage chez Atlas ait servi aux plus jeunes de qui payait de maigres salaires), ou qui ne tra- tremplin pour la suite, soit que Marvel ait prê- vaillaient pour les deux majors qu'occasion- té plus d'attention à leurs travaux, soit que nellement.