Val-de-Ruz grandeur nature

Des paysages façonnés par l’homme

Une réalisation commune de Editorial Des paysans, un paysage

Des générations d’agriculteurs se sont appliquées à cultiver les terres morainiques fertiles du Val-de-Ruz pour transformer la région en gre- nier à blé du canton. Indirectement,

le labeur de milliers d’hommes et de LE PASSÉ TÉMOIGNE femmes a façonné le paysage géo- métrique qui nous est si familier.

Les faits et gestes de nos ancêtres sont consignés dans le grand livre du paysage: défrichements, valorisa- tion des terres agricoles, lutte contre les crues, aménagement des voies de communication, implantation des villages… Son déchiffrage révèle les liens intimes qu’une population a su tisser patiemment avec lui.

La diminution du nombre de lièvres batifolant dans les champs ou de papillons virevoltant au-dessus des 03 prairies traduit le degré d’intensité croissant avec lequel l’espace rural est exploité de nos jours. Forts de ce Des arbres à cidre 03 Le passé témoigne constat, les agriculteurs du Val-de- 05 Ruz se sont engagés dans une dé- pour lutter contre l’alcoolisme 06 Paysages en fête marche visant à redonner à la nature ses lettres de noblesse. 08 L’agriculture 07 se met au vert A travers cette brochure, nous nous « Etude sur les moyens à employer pour procurer à la classe « Maude » en Savoie, qui signifie cidre en patois) fera l’af- Bonjour, je suis l’azuré des paluds. proposons de vous faire voyager dans ouvrière une boisson saine, abondante et bon marché », faire. L’Etat, de concert avec la Société d’agriculture, met 10 Un réseau et le passé pour vous offrir une grille J’égaye de mes reflets bleutés c’est sous ce titre savoureux que Charles-Alfred Petitpierre- à disposition des terrains le long des routes cantonales. des hommes de lecture du paysage que vous avez Steiger signait en 1873 un article qui allait marquer dura- C’est ainsi que sont plantées les belles allées de poiriers 09 sous les yeux aujourd’hui, et pour les prairies marécageuses du Val-de-Ruz. blement le paysage du Val-de-Ruz. Cet homme, conseiller que tout un chacun a le loisir d’admirer aujourd’hui en- Le réseau, 12 jeter les bases de ce que pourrait Suivez-moi, mes virevoltes vous guideront d’Etat de 1880 à 1898, se préoccupait des ravages causés core, entre Fontaines et Chézard par exemple. c’est l’affaire de tous être le Val-de-Ruz grandeur nature tout au long de votre lecture. par l’alcoolisme dans la région, et plus particulièrement de demain. ceux liés à l’abus d’eau-de-vie. Il relevait que lors de ven- A l’époque, ces allées offraient sans compter leur om- 11 14 Escapades danges abondantes, le prix du vin s’effondrait et la con- brage aux chevaux et autres piétons. Aujourd’hui, elles sommation d’eau-de-vie diminuait sensiblement. s’effilochent inexorablement, victimes de leur grand âge ou pour des questions de sécurité routière. Saura-t-on se Partant de ce constat, Petitpierre-Steiger propose d’inon- mobiliser pour conserver ce paysage si typique de notre 13 der le marché de cidre de poire et de pomme, un moindre vallée, et restaurer les allées d’autrefois en replantant des mal à ses yeux ! La robuste variété « Wasserbirne » (appelée poiriers en lieu et place des arbres abattus ?

15 Les prairies fleuries de Léo-Paul Robert

Avez-vous remarqué

Dans une célèbre fresque allégorique ornant les escaliers du Musée d’Art et que les couleurs se font rares d’Histoire de Neuchâtel, le peintre paysagiste Léo-Paul Robert (1851-1923) a illustré en 1894 les environs d’Engollon durant la période des foins. Le tableau dans nos campagnes ? LE PASSÉ TÉMOIGNE illustre l’Abondance, répandant à profusion les fruits et les épis d’or sur la La disparition des prairies �   campagne bénie et repoussant les démons synonymes de mauvaises récoltes. multicolores entraîne dans son     sillage les papillons à reflets Tracés du Seyon (au sud) et du Ruz Peu de haies dans ce paysage, mais des prairies qui regorgent d’esparcettes, Chasseran avant leur canalisation.

1874-75 la carte Siegfried, de Extrait de marguerites et de sauges. Si la physionomie générale du paysage a peu orangés, bleutés, argentés… évolué en un siècle, ce tableau met le doigt sur un phénomène moins visible : la disparition des prairies fleuries sous la pression de la productivité. Seules les piérides aux ailes

blanchâtres s’accoutument à

Plan Wahlen, accroissement de l’utilisation des engrais du commerce, rem- nos prés et pâturages amendés. placement des prairies naturelles par des prairies artificielles ou des cultures Histoire d’eau fourragères (maïs, betterave, etc.) : seules les fleurs amatrices d’azote et de phosphore, à l’instar du pissenlit, ont su tirer leur épingle du jeu. Les autres, appréciant les sols pauvres ou modérément amendés, tapissent aujourd’hui Les Sagnes (terres marécageuses), Les Terres Noires (tourbeuses), Les Prés Maréchaux, Les Vernets 02 les murs des musées… Le duo vert-jaune a remplacé le panachage multicolore (lieu humide où poussent des vernes = aunes), Prés de Sauge (sauge = saule), Le Rosel (de ro- dans nos prairies. seau)… autant de noms de lieux-dits qui évoquent avec charme le passé marécageux du Val-de- Ruz (ruz = ruisseau). Mais à la fin du XIXe siècle, les marais ont mauvaise presse. Terres incultes, accusés d’entretenir un climat froid et humide et de véhiculer d’innombrables maladies, leurs jours 03 04 sont comptés. La construction de la route du Seyon, entre La Rincieure et , va offrir l’opportunité d’assainir les zo- nes humides et corriger la rivière tumultueuse (Seyon, du 05 06 Mes milieux de prédilection sont les prairies humides. celtique seg-us-ia = riche en eau). Après moult tergiver- e sations, la route est inaugurée en 1894. Pour se prémunir Au XIX siècle, j’occupais les prés à litière, des crues qui pourraient entraver son utilisation, l’Etat que vos ancêtres fauchaient une fois l’an mandate Léon Chandora, de Moissy-Cramayel (Seine-et- 07 pour tapisser le sol de leurs étables. 08 Marne) pour établir un projet de drainage. L’abandon de cette pratique, On entreprend dès lors de réunir dans un seul canal rec- associé au drainage des zones humides, me vaut tiligne le Ruz Chasseran et le Seyon, encore visibles sur 09 10 la carte Siegfried établie en 1874-75. Le lit empierré de le triste privilège d’être menacé sur le plan européen. l’impétueux Torrent, trop-plein du bassin de la Serrières qui s’épanche quelques jours par année, est également aménagé à cette époque, de même que le canal longeant 11 12 la route cantonale en amont de La Rincieure. Les derniers lambeaux de prés humides disparaissent suite à la cons- truction d’un imposant système de drainage des terres agricoles, aménagé au tournant du siècle. 13 14

15 Musée d’Art et d’Histoire, Neuchâtel (Suisse) Neuchâtel et d’Histoire, d’Art Musée Les pompons rouges de la pimprenelle officinale, plante préférée de l’azuré Dernier témoin du passé marécageux du Val-de-Ruz, le Bois des paluds, coiffent les prairies humides du Clos flamboie dans son écrin de grands arbres. des Prés Royers. PAYSAGES EN FÊTE

Dans l’aulnaie de Bayerel, le Seyon dénude les racines tor- Le jaune flamboyant des populages tueuses des vernes, créant ainsi des caches fort appréciées illumine le Seyon en aval de sa source 02 des truites. à Villiers. Ah ! l’attrait irrésistible du rouge pourpre de la pimprenelle officinale. C’est 03 04 sur cette plante, et elle seule, que je dépose mes œufs, en juillet ou en août. Le Seyon Ma chenille s’en nourrit quelques temps puis 05 06 se laisse tomber au sol, et se fait adopter par comme trait d’union une fourmi rouge qui la prend pour sa propre progéniture! Ramenée dans la fourmilière, Le Seyon n’est pas rancunier. Canalisé et souillé des décennies 07 08 elle se met alors à dévorer avidement durant, il tend peu à peu à retrouver son rôle de colonne ver- tébrale du Val-de-Ruz. Les progrès considérables consentis en le couvain de ses hôtes obligés. terme d’épuration des eaux usées et une gestion moins brutale L’été suivant, un azuré de ses berges ont redoré le blason terni du cours d’eau. 09 10 flambant neuf quitte Des trésors délicats émaillent le cours du Seyon et de ses af- discrètement son repaire fluents. Discrètement cachés dans leur écrin, ces joyaux se d’emprunt, à la barbe laissent apprivoiser à qui sait se ménager le temps de la dé- 11 12 des fourmis grugées. couverte.

Ingénieux, non ? Connaissez-vous les prairies humides des Prés Royers, l’aulnaie sauvage de Bayerel, le vallon enchanteur de Bussy ? Véritable 13 14 trait d’union entre ces sites, le Seyon vous livre par l’image Pour de plus amples informations, lire La Salamandre no 120 : L’azuré et la fourmi. quelques-uns de ses secrets. Le ruisseau intermittent qui dévale La fragile fritillaire trouve aux Prés le Vallon de Bussy a entaillé la Maréchaux les terrains détrempés et 15 moraine glaciaire. peu engraissés qui lui conviennent. Tapis d’orchidées dans un pâturage sans engrais, Bas de Ruz, . Les prestations écologiques, mode d’emploi

Conditions de garde du bétail res- L’AGRICULTURE SE MET AU VERT pectueuses, utilisation équilibrée des engrais, rotation des cultures, emploi ciblé et modéré des produits phytosanitaires sont quelques-unes Un petit billet orange signale la présence des exigences auxquelles l’agricul- d’une surface de compensation écologique teur doit s’astreindre pour bénéfi- ou de céréales produites extensivement. 02 En route cier des paiements directs. Il va de soi que ces modes d’exploita- vers une agriculture durable Il se doit également de réserver tion extensive s’accompagnent d’une au moins 7 % de son domaine en baisse de rendement. D’où l’introduc- 03 04 surfaces de compensation écolo- tion de rémunérations compensatoi- Vaste damier de cultures géométriques, le Val-de-Ruz revêt L’heure est venue de reconnaître le caractère multifonc- gique. Par exemple sous la forme res par l’intermédiaire des paiements l’apparence d’un paysage immuable. Mais l’image est trom- tionnel de l’agriculture, produisant certes des denrées ali- d’une prairie sans engrais fauchée directs. Le coquelicot et l’azuré des peuse. La douce harmonie des vertes prairies et des champs mentaires, mais également garante de la beauté de nos Ouf, j’ai eu chaud ! à partir du 15 juin, d’une jachère paluds n’ont pas de prix, mais leur 05 06 de blé cache une révolution de velours : l’entrée en vigueur paysages. Le soutien financier à l’agriculture rémunère dé- florale semée pour 6 ans sur une présence, outre le fait d’enrichir nos des paiements directs. sormais les prestations d’intérêt général qu’elle fournit à Les prairies humides fondaient surface labourable, d’un verger à paysages, assure désormais une par- la population, notamment d’ordre environnemental. Libre comme neige au soleil, mais une hautes tiges, d’une haie… tie du revenu des agriculteurs. Pour comprendre cette évolution, il faut remonter à la aux paysans de s’organiser pour vendre leurs produits aux 07 utilisation coordonnée des outils de 08 Deuxième Guerre mondiale. L’instauration d’une politique meilleurs prix. On entre de plein pied dans l’ère dite des fédérale des prix garantis à la production (l’Etat assure la paiements directs. la protection de la nature et de la

prise en charge des produits agricoles) a alors pour objectif politique agricole a permis de d’améliorer la sécurité alimentaire de la population suisse. Le Encourager les agriculteurs à produire « de meilleure qua- freiner l’hémorragie. 09 10 succès de cette politique dépassera toutes les espérances. lité » plutôt qu’à produire « plus », tel est le nouveau mot d’ordre. Mais cette politique a un coût. Plébiscitée par plus Aujourd’hui, vous pouvez encore Mais à l’aube des années 1990, des nuages s’amoncèlent de 75 % de la population suisse en 1996, elle n’en alimente m’admirer dans plusieurs prairies sur le modèle agricole helvétique : surproduction, problè- pas moins régulièrement la polémique. Soutenir l’agricul- 11 situées sur les zones de captage 12 mes environnementaux (pollution des nappes phréatiques ture de proximité via les paiements directs est un choix de et des cours d’eau, baisse de fertilité des sols, diminution société. Mais en définitive, c’est au citoyen-consommateur de source, à Fontaines de la biodiversité, etc.) et pressions du commerce mondial que nous sommes tous de décider de la durabilité d’un tel et notamment. visant à démanteler le soutien des prix, jugé non conforme système en privilégiant les produits locaux. 13 14 aux lois de la libre concurrence, vont obliger notre agricul- La fauche y est reportée à fin août

ture à se remettre en question. pour permettre à mes chenilles de boucler leur cycle. Festival de coquelicots dans une jachère florale. 15 Des prairies hautes en couleurs Un réseau écologique EcoRéseaux Val-de-Ruz s’efforce de retrouver les prairies fleuries chères à Léo-Paul Robert. La solution : utiliser la fleur de foin. Souve- pour le Val-de-Ruz nez-vous, on récoltait autrefois les fonds de grange pour ressemer des prairies. Par ana- logie, on s’approvisionne désormais en fau- Un coup de chapeau aux agriculteurs du Val-de-Ruz, chant des prés riches en fleurs et en étalant qui me ménagent des bandes de prairies fleuries les plantes en graine sur les parcelles à réen- facilitant mes déplacements entre semencer. Mode d’emploi en quatre actes : mes habitats préférés ! UN RÉSEAU ET DES HOMMES

Dès lors que les fleurs sont à maturité, la prairie « donneuse » est fauchée et l’herbe directement chargée pour limiter les pertes de graines.

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< Une large bande de prairie cultivée sans engrais renforce l’intérêt écologique d’un collecteur de drainage, . 03 04 La parcelle « receveuse » est prête à être ensemen- cée; ici, en bordure du Seyon, à Dombresson. Les espèces animales et végétales ont la bougeotte. Mais (voir encadré en page 9). Le réseau hydrographique joue mouiller les pieds, vous jetez dans l’eau quelques gros pourquoi se déplacent-elles ? Pour gagner leurs quartiers désormais le rôle de réseau écologique. cailloux qui vous permettront de franchir l’obstacle sans d’hiver (la grenouille regagnant la forêt après avoir pondu encombre. Ainsi, grâce à vous, les deux rives du cours 05 06 dans l’étang), pour se nourrir (la chauve-souris quittant Vous avez dit réseau écologique ? Imaginez-vous devant d’eau sont en réseau ! son clocher pour se rendre sur ses terrains de chasse), un ruisseau à traverser. Comme vous n’aimez pas vous pour coloniser de nouveaux habitats (la libellule atter- Aménager un réseau écologique au Val-de-Ruz, c’est rissant par hasard dans votre étang de jardin) ou encore avec cet objectif novateur qu’est né le projet EcoRéseaux 07 08 pour féconder un congénère et assurer ainsi le brassage Val-de-Ruz. Une fois n’est pas coutume, agriculteurs, agro- génétique (le grain de pollen emporté par le vent). nomes et biologistes se sont mis autour d’une table pour L’herbe est étendue de façon à recouvrir la parcelle de manière homogène; les graines se déposent au sol. dessiner d’un commun accord les contours de ce réseau, Pourtant, se déplacer au sein des paysages cultivés du Val- de manière à jeter des ponts entre les habitats par trop 09 10 de-Ruz n’est pas une mince affaire, surtout lorsqu’on n’a fragmentés de l’hermine * ou de l’azuré. que deux ailes ou quatre pattes. Les obstacles sont légion : ici une route très fréquentée, là un village infranchissable Encouragée financièrement par la Confédération et le Can- qui s’étend aux dépens des prairies, sans oublier les gran- ton, la démarche a su convaincre la majorité des paysans 11 12 des étendues agricoles pauvres en milieux naturels. vaudruziens. Et les résultats de ce fertile dialogue ne se sont pas fait attendre : papillons, sauterelles, sauges et Au sein de ce décor, le Seyon et ses nombreux affluents marguerites regagnent peu à peu le terrain perdu. Le tapis végétal en décomposition procure ombrage et humidité aux graines, qui vont ainsi reconstituer fait office d’autoroute pour les déplacements de la faune. 13 une prairie analogue à la prairie « donneuse ». 14 D’où l’idée de renforcer son ossature en y adossant de La recherche des emplacements préférentiels pour les surfaces * Pour en savoir plus sur ce mammifère attachant, lire La Salamandre part et d’autre des surfaces de compensation écologique de compensation écologique passe par le dialogue. no 155 : Elle court, elle court, l’hermine. Un bon moyen de conserver la diversité génétique régionale ! 15 Talus à l’honneur

Depuis quelques années « fleuris- sent » sur certains talus routiers Faites une fleur Le charme de la campagne attire du Val-de-Ruz de petits panneaux des utilisateurs de plus en plus blancs, informant l’automobiliste à votre jardin nombreux. Et les conflits d’inté- ou le cycliste intrigué que la rêt ne cessent de s’accroître entre fauche est retardée pour ména- citadins en mal de grands espaces ger la faune et la flore. Question Collecteur de drainage fauché en fin d’automne pour ménager Pour que les villages du Val-de-Ruz ne se transforment pas en barrières in- et agriculteurs désireux d’exercer l’azuré des paluds, Bois du Clos, Coffrane. d’équité : comment contraindre franchissables pour la faune et la flore, pourquoi ne pas laisser la végétation leur métier en toute sérénité. les agriculteurs à patienter jus- Encore faut-il que ce type d’entretien extensif s’accorde se développer sur les talus, dans un coin de votre jardin… Par exemple en ne Deux règles d’or à méditer : qu’au 15 juin pour faucher leurs avec les exigences des automobilistes. Le compromis tondant régulièrement que les passages obligés et en laissant par-ci par-là à surfaces de compensation éco- trouvé par les services de l’Etat est exemplaire : seuls les la nature le loisir de vous surprendre. • Difficile de retenir son cheval logique si les talus voisins sont accotements sont fauchés dans un premier temps afin devant un champ dépourvu de systématiquement rasés dès que d’assurer la visibilité; le solde du talus est entretenu en Vous pourrez mettre à profit le temps épargné à pousser la tondeuse vrombis- végétation. Mais apprenez à les premières marguerites poin- septembre seulement, pour le plus grand plaisir de la flore sante pour savourer le vol zigzaguant des papillons, la crécelle endiablée des distinguer un champ fraîche- LE RÉSEAU, C’EST L’AFFAIRE DE TOUS 02 tent le bout de leur nez ? et la faune. criquets, la chorégraphie subtile de l’araignée tissant sa toile. Sans parler du ment semé en automne ou au confort pour les oreilles de vos voisins ! printemps (sillons bien visi- Mais surtout, les nombreux espaces gérés par les collec- bles, jeunes pousses en lignes) tivités publiques, qu’il s’agisse de talus routiers ou de Laissez votre imagination s’exprimer au moment de choisir les essences arbo- d’un champ moissonné (jonché 03 04 voies ferrées, ou encore de collecteurs de drainage à ciel rescentes qui orneront vos plates-bandes. La flore suisse compte pas moins de d’un tapis de chaumes jaunâ- ouvert, offrent l’opportunité de resserrer les mailles du 50 variétés de buissons indigènes, de quoi remplacer sans peine les sempiter- tres). Les plantules de colza ou réseau écologique agricole. nels thuyas, lauriers-cerise et autres cotonéasters. de maïs ont déjà fort à faire avec l’appétit vorace des lima- 05 06 Engrais et richesse en fleurs ne font pas bon ménage. Sommes-nous prêts à seconder les paysans dans leurs efforts, en mettant à la ces sans devoir encore subir Seules les plantes boulimiques savent en tirer profit. Les disposition de la nature quelques pour-cents de nos jardins ? Mettre en place l’assaut des sabots. talus sont donc une aubaine pour les fleurs des prairies un réseau écologique, c’est aussi bâtir des ponts entre des mondes qui trop maigres, comme les orchidées, peu à l’aise dans les par- souvent s’ignorent. • Quoi de plus normal que de 07 08 celles agricoles amendées. Et tout un cortège d’insectes, promener son chien dans la

d’escargots ou de lézards ne demande qu’à s’y prélasser. Seuls les accotements sont fauchés en début de saison, route campagne ? Et pourtant, sa- Dombresson-Chézard. vez-vous que près de 30 % des avortements de bovins sont im- 09 10 putables à un parasite du chien Au feu ! Je croyais que la législation (Neospora caninum), transmis empêchait la pratique du brûlis sur de grandes surfaces. par ingestion d’excréments mé- langés au foin ! Pour limiter les 11 D’autant plus que les feux de printemps 12 risques, restez sur les chemins ont la fâcheuse tendance de rôtir et évitez que votre toutou ne

mes hôtes les fourmis. fasse ses besoins dans l’herbe haute prête à être fauchée ou 13 Si j’en avais la force, j’empoignerais ma débroussailleuse 14 fraîchement coupée ainsi que tous les deux ans l’automne venu pour faucher dans les pâturages.

les berges de mon collecteur. 15 Balade des azurés (6 h) paluds en juillet-août, puis rejoignez le che- fleuries abritant l’azuré des paluds . Pre- min agricole en terre. nez garde de ne pas piétiner la flore de ces Depuis , prenez le passage sous Dans le cas contraire (merci de respecter joyaux. La balade vous mène ensuite aux A la découverte l’autoroute  et montez en direction du le travail du paysan !), remontez le chemin Bois du Milieu et Bois des Aigles, où se plateau de Bussy. Le point de vue  vous forestier , puis traversez les gravières de mêlent étang  et prairies à azuré . Le permet d’embrasser l’ensemble du bourg Coffrane , traduisant la présence d’une site est propice pour un pique-nique (merci du réseau médiéval et son château. A vos pieds se moraine glaciaire. L’excavation des graviers de le quitter plus propre qu’en arrivant !). déroule le tapis fleuri d’une prairie maigre. est également à l’origine de la réserve na- En remontant le collecteur de drainage ,

Une vénérable allée de chênes en reconsti- turelle de la Paulière , où vous saurez ouvrez l’œil pour déceler les azurés posés ESCAPADES tution  guide le regard vers le hameau de vous faire discret pour observer canards, sur les pimprenelles en été. Les abords du Bussy. Avant de quitter le plateau agricole , foulques et poules d’eau. Après avoir longé collecteur de Sagnetanna , fauchés fin Un réseau écologique dans le Val-de-Ruz ? Vous avez beau arpenter régulièrement la région, retournez-vous pour jeter un coup d’œil à l’en- le terrain de football , regagnez la route août, vous offrent également le loisir d’ob- vous cherchez désespérément une forêt de panneaux didactiques ? Détrompez-vous, le réseau filade de villages de la Côtière, chapeautée par cantonale, qu’il faut suivre prudemment sur server ce charmant papillon. Si vous êtes le Chasseral. Sur votre droite, prenez le chemin 250 m (absence de trottoirs). Un monu- pressé, vous pouvez court-circuiter cette écologique se dévoile en toute discrétion, car il fait partie inté- forestier et suivez-le toujours tout droit jus- ment  commémore la bataille de Coffra- boucle . grante du paysage. qu’au vallon de Bussy . De là, remontez le ne, gagnée en 1296 par le comte Rollin de Après avoir traversé le village de Boude- vallon de Bas de Ruz  et ses prairies fleuries. Neuchâtel contre les seigneurs de Valangin, villiers et emprunté la route menant vers Si la végétation est rase (début du printemps alliés à l’évêque de Bâle. la STEP, vous débouchez sur le plateau de Nous vous proposons deux itinéraires de balade pour ou après une fauche), longez la haie  qui De là, vous longez la réserve cantonale du Bioley 21 , surplombant Valangin que vous faire connaissance avec l’azuré des paluds et découvrir vous mènera vers une prairie maigre légère- Bois du Clos , dernier marais digne de rejoindrez en suivant le sentier pédestre ment humide  où volètent les azurés des ce nom au Val-de-Ruz, ceinturé de prairies dans la côte boisée . 22 les beautés paysagères et architecturales que recèle le Val-de-Ruz. Reproduit avec l’autorisation de Swisstopo (BA046183) � �

� �

02 � � � � �

� 03 04 � � Balade des vieilles pierres (3 h) � Après avoir laissé derrière vous le Site de cherchez les azurés des paluds sur les détruite en 1301 par le comte Rollin de 05 � 06 , ne manquez pas d’admirer l’al- pompons rouges des pimprenelles le long Neuchâtel qui lança l’assaut contre la sei- � lée de poiriers centenaires  bordant la du collecteur de drainage . gneurie de Valangin afin d’éviter qu’elle � � route Fontaines-Chézard. Sur votre gauche A vous de décider si vous optez pour la ne passe aux mains de l’évêque de Bâle.  pousse une jeune haie bordée d’une variante « Seyon ». Dans ce cas, descendez Seules subsistent deux bornes moussues prairie fleurie : un bon exemple de surface jusqu’au Moulin de Bayerel , en admi- , derniers vestiges de l’ancienne cité. 07 de compensation écologique intégrée au rant sur votre gauche une jachère florale Une petite place aménagée sur les berges � 08 paysage cultivé. Des andains de compost  inondée de coquelicots et bleuets. Bâti du Morguenet  vous invite à tirer le pi- mûrissent de part et d’autre du chemin : vers 1416, puis reconstruit sous sa forme que-nique du sac. Ensuite, prenez à gau- � ce sont vos déchets ménagers en décom- actuelle en 1642, ce vénérable édifice est che après le pont et faufilez-vous entre � position, bientôt prêts à être épandus sur appelé à devenir un centre d’interpréta- haies et prairies fleuries intégrées au ré- � � 09 les champs ! tion de la rivière. seau. Vous débouchez sur une piste cycla- � � 10 A la hauteur de la piscine d’Engollon , En aval, découvrez les étangs et l’aulnaie ble, que vous suivez jusqu’à La Borcarderie � � engouffrez-vous dans un petit sentier à de Bayerel  en suivant le sentier en . Sur votre gauche, une allée de grands travers le Bois d’Yé. Observez les draina- rive droite du Seyon, avant de remonter à arbres longe un fossé, ancienne amenée ��� ges creusés pour augmenter le rendement Engollon en empruntant le passage sous- d’eau des moulins de la Borcarderie . Ce ��� de la forêt. Le chemin débouche en lisière voie. Ne manquez sous aucun prétexte de hameau est célèbre pour sa fabrique d’in- 11 e � � 12 ; longez-là sur une centaine de mètres, visiter le temple et ses fresques du 14 diennes (toiles peintes), qui occupait le � avant de retraverser le bois peu avant les siècle . long bâtiment en contrebas de la route. � Mais encore… cabanons de jardin. Entre les deux bois Mettez ensuite le cap sur la forêt de Bon- Il ne vous reste qu’à traverser le Seyon Munissez-vous de bonnes chaussu-    , vous surprendrez peut-être un lièvre neville , en jetant au passage un coup , longer la lisière et prendre à travers � � � res de marche et de la carte 1:25’000 � grignotant les trèfles dans la vaste prairie d’œil à une fontaine circulaire connue bois un sentier qui vous mènera au bourg n° 1144. Soyez conscient que les sur- 13 fleurie semée dans le cadre du réseau. Le pour ne jamais tarir . Les monticules de médiéval de Valangin. De là, vous pouvez 14 � faces de compensation (les jachères sentier pédestre vous plonge ensuite dans terre traduisent l’existence d’une bourgade regagner votre point de départ en trans- � florales notamment) peuvent changer le Bois devant Vernet . En juillet-août, médiévale ayant abrité jadis 1’100 âmes, port public. � d’emplacement au cours du temps. � � 15 � � EcoRéseaux Val-de-Ruz Champs-Travers 2, CP 87 2054 Chézard 078 608 34 28 [email protected]

La Salamandre Rue du Musée 4 2000 Neuchâtel 032 710 08 25 [email protected] www.salamandre.ch

Conception et rédaction : Alain Lugon, Yves Bilat Relecture : Katia Chardon, Jean Fahrni, Yves Gonseth, Philippe Jacot-Descombes, Cléa Liniger, Pascal Olivier, Julien Perrot Dessins : Alexis Nouailhat, Cléa Liniger (fond pages 6-7) Photos : Yves Bilat (p. 7 azuré des paluds, p. 9 milieu, p. 11 bas), Alain Lugon (p. 2- 3, 6 Bayerel, Vallon de Bussy et Prés Maréchaux, p. 7 Prés Royers et source du Seyon, p. 9 Bas de Ruz, p. 10 fleur de foin et Savagnier, p. 12, p. 13), Jean-Lou Zimmermann (couverture, p. 6 Bois du Clos et fritillaire, p. 8, p. 9 coquelicots, p. 14) Graphisme : Sophie Rupp Imprimerie : Corbaz SA, Montreux

Imprimé sur du papier recyclé

Tirage : 8’500 exemplaires

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EcoRéseaux Val-de-Ruz © Juin 2004

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