Numéro 33, SAMEDI 18 AOUT 1883 â Ie Année,

t«ul

' TZiJ^

Vente au numéro, chez Lacaze, 8, rue du Croissant londres, agent spécial : a.. m vuli icë 13, Tavistock Row, Covenl^Garden. Se méfier des imitations & Contrefaçons Fleur du Un seul essai de ce produit convaincra toutes les JUGEMENT DU TRIBUNAL CIVIL DE LA SEINE dames de son incontestable supériorité sur toutes les DU 8 MAI 1875 bouquet eaux et toutes les poudres. Ce premier essai, qui ne demande qu'un moment, donne au visage, aux bras, au cou, et aux mains la pureté et le poli du marbre, la fraî¬ de cheur et le parfum de la Rose. Il neutralise lespropriétes Noce. irritantes du savon. Il fait disparaître le hâle, les taches LA VELOUTINE de rousseur, toutes les rugosités, tous les défauts. Beauté, éclat et fraîcheur du Teint, en un mot, est une Poudre de Riz spéciale Fontaine de Jeunesse. Impossible de rien découvrir préparée au Bismuth, d'artificiel dans la beauté qu'il produit. Par son emploi par conséquent d'une action salutaire on évité toutes rougeurs, rugosités, et gerçures. Il sur la jieau. adoucit et rafraîchit la peau. Non seulement il procure Elle est adhérente et invisible, un bien-être agréable, mais il donne â l'épiderme aussi donne-t-elle au teint une douceur et pureté, , fraîcheur naturelle. Patronisé par toutes les coursde l'Europe et par l'Elite POUR de l'Amerique. Se trouve chez tmis les Coiffeurs, EMBELLIR LE TEINT. Parfumeurs et Pharmaciens Anglais. Chaque flacon se vend dans une élegante boite en carton. G H. FAY ENTREPÔT GÉNÉRAL POUR LA FRANCE: 92, -boulevard Sébastopol, PARIS; à LONDRES et NEW T0RK. Envoi franco contre mandat ou timores-poste, uar uaci'u. INVENTEUR 4 fr. 50

PARIS, 9, rue de la Paix, 9, PARIS Demandez gratis,7, rue Guénégau f', 1 ans I ■ pi p Livres rare* N° 1 du BIBLIOPHILE PAniSILN OU curieux- MAISON TIIDI)ri f A ^ev- SUPCeP- d'ang. 30,220f. n° 85, rue I LHIliuU Mise à prix : 400.000 fr. ckMOH MUClUG/flfr, glll Aà tous ceux souffrant des erreurs ou DUD'CAZENAVE HH ^ égarements de jeunesse, de l'affaiblisse- — iW W I w ment des pré¬ MAISON,Revenupass.: 2.600Choiseul,t'r. Mise37, età prixrue : 32.0u0 fr.34. nerfs, d'un dépérissement Composé avec les principes onctueux de certaines Dalayrac, de A ADersr 1 ench., ch. desnot. dnParis. le 21 aoûtl8S3. maturé, l'impuissance, etc. Je veux envoyer gratis plantes, ce savon rend la peau bianclie, douce, fraîche le moyen de se guérir. Ce grand remède a été décou¬ S'adresser à M0 Ppai'x, not... fanb. 2. et satinée, et cela, malgré le froid, le vent, ou la Poissonnière, vert par un missiounaire dans le sud de l'Amérique. mauvaise lCuvoyer une enveloppe portant votre adresse au Révé¬ qualité de l'eau. Employé pour les épaules, rend Joseph T. INMAN, station D. New-York., U. S.A. le visage ou le bain, il assure la souplesse des tissus VILLA » SUISSE qu'il préserve des rides. Pour la barbe, il donne une S'adr. à M0 Dupraz, not., à Vevey, à M. et Kous- TT*l ry *7 A Eau Acidulé Fer- mousse épaisse, persistante, qui supprime le feu du seau, adni; 18, rue d'imm., à Paris, Montmartre. JT\ JIjaLI^UXa. rigineuse, contre rasoir et en facilite le passage. Anémie, Chlorose, Gastralgie et toutes les maladies provenant del'appauvris- o sement du sang.—Consulter MM. lesMédecins

Vosges, Alsace et Ardennes, diamant. 5^. ^

Suisse, diamant. . . 6 }) W GUIDES-JOANNE Suisse, in-16. ... 1 0 »

VINS DE CHAMPAGNE DUC DE MONTEBELLO VIANDE. ETCXUIN A S'adresser à MM. À. de Montebello et G°, au château de Markuil-sur-Ay (Marne); — l. Paris, à M. Jules Lecoq, agent, rue en agents, rL'aliment uni aux plus précieux des toniques. seuJ 30, Taitbout; province, à MM. les dans les principales villes. 'VINÂROODauQIIINA Et à tous les principes nutritifs solubles de la VIANDE CHEMINS DE FER DE L'OUEST (Gare St-Lazare) * LE FORTIFIANT PAR EXCELLENCE * des Phthisiques, Anémiques, Enfants débiles, Convalescents, Vieillard. Personnes délicates.:3. /0' •.-Dépôt Ga 1 : J.FEH RÉ.oucr de Aroud O NDRES 2, rue Richelieu, PARIS, ot toutes Phcics f Par ROUEN, DIEPPE et NEWHAVEN Départs journaliers (Dimanches exceptés) par trains rapides PATE DETERSIVE Billets Simples valables pendant 7 jours Billets d'Aller et Retour valables pour un mois lre Clasee 2° 3e Classe lrc Classe 2° DU Dr DEBAY Classe Classe 3e Classe

Enlève les TANNES ou POINTS NOIRS 41 fr. 25 I 30 fr. | fr. 25 68 fr. 75 | 48 fr. 75 fr. 50 du visage 21 | 37 Dépôt génal : EDi PINAUD, 37, Bd Strasbourg. Billets directs pour LIVERPOOL, MANCHESTER, BIRMINGHAM ET DUBLIN BILLETS SIMPLES VALABLES POUR 10 JOURS 1" CL. 2• CL. 3° CL. BILLETS D'ALLER ET RETOUR VALABLES ON MOIS 1" cl. 2» cl. 3° cl- Paris à Paris à sans ni arsenic, Liverpool 77 50 57 20 42 20 Liverpool 141 25 103 10 79 35 est le CRESSON" MAITRE Pans à Manchester 71 85 55 « 40 60 Paris à Manchester 130 » 98 75 76 10 Piiris à Paris à guérit Dartres, Boulons, Eczéma, Birmingham 62 90 46 85 33 » Birmingham 110 60 80 » 61 « Paris à Dublin Paris à Dubl n Ulcères, Virus, purifie et fortifie (Westl. Rowl..,. 116 25 86 22 » » (Westl. Row),,.. 193 75 142 25 » » Paris à Dublin (North » » « » 50 » P aris à Dublin » » » le Sang. — I.e Flacon : 3 fr 50. Wall).... (Norih Wall) 85 05 105 rue de Rennes, PARIS Pour les renseignements, s'adresser à la Gare St-Lazare et dans les bureaux de ville de la Compagnie,â Paris, 241 611. CPr une cure), franco : 20 fr.

AVIS AUX COLLECTIONNEURS En à ventePARISIENNEla VIE ÉTUDES SUR LA TOILETTE lr° série Les Chemises. 7me série Costumes de nuit. sjme Les Corsets. 8me — Les Bains. 3me _ Pantalons, Bas et Chaussures. On — Les Corsages décolletés. y a ajouté : gme Les Bas et la manière de s'en servir. gme Le Tattersall du Mariage. 10me — 6m0 — Conjectures sur les Sorties de bal. L'Heure du bain, ou les Femmes-poissons.

Un joli album tiré sur papier de luxe, couverture illustrée :

Prix, broché : Paris, 5 fr. ; Départements et Etranger, 5 fr. 50 Envoyer mandat de uoste au Directeur de la Vie Parisienne, 9, place de la Bourse, Paris.

L'Administration ne répond pas des manuscrits non iniérès. t\

Madame. — C'est bête, ce que vous dites là... A X...-sur-Mer. -Une très jolie villa. Salon tendu en cretonne à Monsieur. —Alors, laisse-moi lire mon Figaro, veux-tu?... grands oiseaux. Plantes vertes, piano, meubles bizarres, grands Madame. — Vous êtes égoïste! On croirait vraiment que vous animaux de faïence ; volière, plusieurs chiens couchés sur le êtes heureux de voir tomber cette horrible pluie ! Oui, ça vous tapis. fait plaisir, parce que ça me fait enrager... MONSIEUR, complet de molleton blanc. Monsieur. — Mais, ma chérie, tu rêves... Madame. — Pardon, je vous ferai observer que je ne vous MADAME, entrant en toilette dévoilé vert-d'eau, brodée de tutoie pas... coqs en soie de Chine; toutes les espèces connues et inconnues, Monsieur. — C'est parce qu'il pleut probablement, car habi¬ jamais le même coq ; ombrelle-canne surmontée d'un coq tuellement, lorsque nous sommes seuls... chantant les ailes déployées; chapeau de feutre gris orné d'une Madame. —C'est ça! commencez à dire des grivoiseries, ça couronne de têtes de coqs. sera complet ! Monsieur. — Mon Dieu, mon petit chat, je veux bien sortir, Madame. — Comment! vous n'êtes pas habillé?... moi, tu sais, plutôt que de te voir de mauvaise humeur... Seu¬ Monsieur. — Habillé! mais pourquoi m'habiller?... lement, tu as une toilette un peu fragile. Ces pauvres coqs ! ce Madame. — Dame ! à moins que vous comptiez sortir dans ce temps-là va rabattre leur caquet... costume-là?... Madame. — Parfaitement! critiquez ma robe, à présent!

Monsieur. — Sortir?... par le temps qu'il fait?... Monsieur. — Moi ! je critique ta robe? C'est sans le vouloir, en Madame, se précipitant à la fenêtre. — Comment!... il pleut ce cas, car je la trouve très chic!... et un petit air gaulois qui encore!... chatouille agréablement la fibre... Monsieur. — A verse, ma bonne amie... il faut attendre une Madame, faisant les cent pas clans le salon. — Vous pourriez aller embellie, comme disent les pêcheurs... divaguer dans votre chambre. Madame, énervée. — Attendre! depuis un mois que nous Monsieur. — Ma chambre ! elle est diablement triste, par la sommes ici nous n'avons pas cessé d'attendre le beau temps!... pluie surtout... et si ma fumée ne te gêne pas, je préfère diva¬ 11 pleut Sans relâche ! à torrents... (Allant à monsieur qui a repris la guer ici. lecture de son journal ) Mais remuez-vous donc!... on dirait que ça Madame. — La fumée ne me gêne pas. Vous pouvez conserver vous est égal!... Ça vous est égal, n'est-pas? votre ignoble pipe. Monsieur. — Mais pas du tout, et il est bien certain que, si monsieur, regardant avec complaisance sa pipe, qui est très bien culottée. j'avais un conseil à donner au bon Dieu, je lui conseillerais de — Pourquoi, ignoble? Elle est ti ès jolie, au contraire, ma petite nous envoyer tout de suite le beau temps... pipette!... Et hier encore, tu engageais La Balue et IN ofo listrac à 458 LA VIE PARISIENNE 18 Août 1883

I

fumer leurs pipes sans se gêner... Tu adorais la pipe. C'est une vous manquera... vous serez complet... faites semblant d'igno¬ odeur franche, disais-tu. rer vos perpétuelles tracasseries. Madame. — Oh! quant à ça, très franche 1 II est impossible de Monsieur. — Mais au contraire, je me mets en quatre pour la confondre avec le ylang-ylang. satisfaire tes caprices les plus extravagants. Monsieur."— Enfin, hier, tu affirmais aimer cette odeur-là... Madame.— Vraiment! Alors, expliquez-moi pourquoi vous Madame. — C'est ça, j'en suis folle! et hier, j'ai employé tout m'avez ensevelie dans cette maison lugubre, au lieu de me laisser le temps que vos amis ont passé ici à faire une apothéose de la habiter tout simplement le Grand-Hôtel, comme je le désirais? pipe!... C'est-à-dire que je ne comprends pas un homme sans Monsieur. — D'abord, ma chérie... pipe... c'est un être incomplet. Madame, nerveuse. — Supprimons les appellations tendres, je Monsieur. — Tu railles fort agréablement... et tu es gentille tout vous prie. plein à te voir aller et venir au milieu de tous tes petits coqs, Monsieur. — Je les supprimerai, si tu le désires... Je pensais moins en colère que toi ! que nous serions mieux dans cette maison riante et coquette, Madame, vexée. — Je suis en colère, moi? quoi que tu en dises, que dans un bazar comme le Grand- Monsieur. — Oui, mon petit coq crêté. Hôtel... J'avais pris plaisir à arranger moi-même ce nid...

Madame. — « » Madame. — Puisqu'on ne sort pas, je vais me déshabiller. Nid est idéal ! Monsieur. — Oh! c'est dommage! cette petite toilette te va à Monsieur, continuant. — Pensant que peut-être tu t'y plairais. merveille... Madame. — Dans les douceurs d'un délicieux tête-à-tête... que Madame. —Et vous croyez que je vais rester ainsi pour vous? j'ai le loisir de savourer depuis cinq ans !!!... faner ma robe? Ah bien! non, par exemple! ce serait trop go¬ Monsieur. — Je reconnais que j'ai eu tort; il te faut la vie diche ! bruyante et mouvementée des hôtels ; les compliments des ado¬ rateurs cour Elle entre dans sa chambre. empressé?, la active des désœuvrés et des imbéciles qui encombrent les plages et les eaux. Monsieur, résigné. — Quand nous sommes seuls, elle est presque Madame, gouailleuse. — Ah ! c'est charmant ! Vous devenez ja¬ toujours comme ça! J'aimerais autant sortir, malgré la pluie... loux ! Au moins, je n'attraperais pas de choses désagréables... Monsieur, tranquillement. — Non. Je ne suis pas jaloux; je te crois coquette jusqu'à l'enfantillage; je sais que tu as un impé¬ Il se replonge dans son journal. rieux besoin d'admiration, que tu tiens aux hommages, de si Madame, rentrant. Peignoir de mousseline de soie rosée, cou¬ bas qu'ils partent ; mais je te sais aussi incapable de mal faire, vert de froufrous de dentelle et de nœuds roses; elle va et vient et dans l'appartement. je ne redoute pas autre chose. Madame, rageuse. —Non?... Eh bien ! vous avez tort d'être si Monsieur, sans se retourner. — Tu sais, ma chérie, que, si malgré confiant; tout ça, c'est très joli, mais peut-être un peu bien ou¬ ce temps, tu désires sortir, je suis à tes ordres. trecuidant ?

Madame, regardant son peignoir. — Sortir comme ça? Pourquoi Monsieur. — Comment!...

pas en chemise ? Madame. — Ah! vous croyez qu'on embête impunément une Monsieur, levant le nez. — Ah! Pardon, je ne voyais pas que tu femme pendant des années... de longues années!... et puis qu'on étais déshabillée. vient lui dire : « Tu as besoin d'admiration, d'hommages, mais Madame. — Parbleu, \otre]Figaro vous absorbe à tel point... « c'est dans ton tempérament ; ça ne me tracasse pas, je sais

Monsieur, aimable. — Moins « que toi... si tu le voulais? que tu t'en tiens là, et j'ai confiance. » Madame. — Merci. Je ne le veux pa;. (un temps.) Quelle exis¬ Monsieur. — Mais... en vérité...

tence, mon Dieu ! Encore si vous aviez consenti à habiter leOrand- Madame, riant narquoisement. — Alors, comme ça, sérieusement, Hôtel! vous pensez que je m'en suis tenue là?... Monsieur. — Ça empêcherait de pleuvoir, tu crois? Monsieur, de plus en plus saisi. — Mais sans doute, je le pense... Madame, haussant 1rs épaules. — Là, au moins, il y a un salon... Madame. — Dans ce cas, mon ami, vous êtes un rude serin.,. des journaux, un piano... Monsieur, bondissant. — Qu'est-ce que vous dites?...

Monsieur. — Tuas le Figaro, le Gaulois, la Vie Parisienne, la Madame. — Je dis... je ne méritais pas cette confiance illi¬ Caricature, le Journal Amusant... En veux-tu d'autres?... Quant mitée... au piano, il me semble que celui-ci est meilleur que... Monsieur, trépignant. — Expliquez-vous?... Madame. — Alors, vous vous imaginez que ça m'amuse de madame, très souriante. — Je le veux bien... (regardaut au dehors.) jouer du piano pour vous ?... Vous êtes jeune ! Puisqu'il n'y a pas moyen de sortir...

Monsieur gracieux. — Tu trouves? tant mieux, ma chérie, tant Monsieur. — Oh!... mieux !... Madame, s'asseyant. — Asseyez-vous donc... Ce mouvement Madame, énervée. — Vous êtes plein d'esprit !... (Avec explosion). Et d'ours en cage m'agace... dire que depuis cinq ans, c'est toujours la même chose! Vous Monsieur, s'asseyant docilement. — Mais vous ne voyez donc pas dites blanc quand je dis noir; noir quand je dis blanc. J'aime que vous me faites mourir... le quartier Monceau, vous aimez les Champs-Elysées... Madame. — J'en serais désolée, je vous assure. Je vous dirai Monsieur. — Dame ! pour les chevaux, c'est encore ce qu'il y donc que, vexée de me voir continuellement contrarier... a de plus pratique. Monsieur, se levant. — Contrarier! Mais depuis notre mariage, Madame. —C'est ça ! les chevaux! toujours les chevaux!... j'ai été votre esclave, votre chose ! obéissant passivement, sans Et moi, je ne passe qu'après les chevaux, moi ? jamais discuter... (n se rassoit.)

Monsieur. — Mais c'est précisément pour toi que... Madame. — Si vous m'interrompez tout le temps?... Enfin, je Madame. — Pour moi ! Ne mentez donc pas. vous avoue que, pour un motif ou pour un autre, j'ai quelque¬ Monsieur, agacé. — Ah ! mais... fois... accueilli les adorateurs qui se sont présentés...

Madame. — Comme si jamais vous aviez rien fait pour moi... Monsieur. — Accueilli ! Et vous osez... Vous m'avez toujours sacrifiée à vos goûts, vous êtes un égoïste. Madame. —Je suis franche, moi?... Préférez-vous que je me Monsieur, saisi. — Moi !... taise?... Pour ma part, j'aime autant cela...

madame, tambourinant sur les carreaux où l'eau ruisselle. — Oui, vous ! Monsieur, s'essuyant le front. — Je suis anéanti!... Ah ! mais, je vous revaudrai tout ça un jour ou l'autre, allez ! Madame. —Dois-je continuer? Monsieur. — Tout quoi ! sapristi ! Monsieur. — Parbleu!... Je ne sais rien encore!... Madame. — Vous savez fort bien ce que je veux dire. Madame. — Pour commencer, je reconnais avoir été en co¬ Monsieur. — Moi ! je veux être pendu si... quetterie réglée avec M. d'IIorty... Il m'écrivait des lettres très Madame. — Très bien! soyez hypocrite, à présent ! rien ne tendres... je lui répondais... 18 Août 1883. LA VIE PARISIENNE 459

Monsieur. — Sacrrr... Madame. — C'était son devoir... j'étais, du reste assez froide... Madame. — Ah! si vous vous fâchez déjà... lorsqu'il y a trois jours... Monsieur. — Je ne me fâche pas... (a part.) Ce déjà est plein Monsieur, angoissé. — Il y a trois jours... de promesses !... Madame. — En nous baignant... je me baignais avec lui... Madame. — C'était une correspondance adorable... à la pu¬ Monsieur. — Et moi ?... où étais-je, moi?...

blier. Madame. — Vous étiez allé voir votre oncle à Deauville, mon

Monsieur. — Oh! ami... pendant qu'il me soutenait, m'apprenant à faire la plan¬

Madame, riant. — Plus tard... dans très longtemps d'ici... che...

Monsieur, à part. — C'est un monstre, celte femme-là ! Monsieur. — Vous n'avez pas voulu apprendre, quand j'ai

Madame. — Enfin, un beau jour, ou plutôt un beau soir... je essayé de vous expliquer les mouvements... me souviens que vous essayiez une paire de chevaux pour voir Madame. — Non... mais avec lui je voulais bien... Donc, il me si le gaz ne leur faisait pas peur, M. d'Horty se précipita à mes soutenait, et je fermais les yeux... à cause du soleil... Déjà sa pieds, sur le coussin classique, et me déclara, dans un langage main, qu'il appuyait sous mon dos, me causait un chatouille¬ presque aussi fleuri que son , que notre correspondance ne ment délicieux... lui suffisait plus. MONSIEUR, se cramponnant à son fauteuil. — Oh !!!

Monsieur, haletant. — Et alors? Madame. — Tout à coup, je sens sur ma bouche une pression

Madame. — Alors, comme à moi, la correspondance me suffi¬ chaude... ah ! mais chaude, à croire que le soleil lui-même des¬ sait parfaitement; je cherchai à le mettre à la raison d'abord, et cendait en mer pour m'embrasser... puis, comme il devenait entreprenant ensuite, je pris le parti de Monsieur. — Et c'était?... le mettre à la porte. Madame. — Noblistrac, tout prosaïquement... Mais quel bai¬ Monsieur. — C'est vrai... il ne vient plus depuis quelque ser !... Ah ! il embrasse bien !... c'est d'un pénétrant, d'un temps... Mais il a été entreprenant, disiez-vous? Racontez-moi étrange... Ah ! ce n'était pas un baiser poncif... Ça me changeait ce que... tellement des autres!... Enfin, ça m'a fait une impression qui Madame. — Non... ça ne vous amuserait pas... Le second... m'a donné le désir de... Monsieur. — Comment! il y en a un autre qui s'est permis... Monsieur. — De?... Madame. — Ah! je crois bien ! c'est votre ami La Balue... Madame. — D'aller plus loin... Monsieur. — La Balue! qu'a-t-il fait? Monsieur, congestionné. — Et vous avez été jusqu'où?... Madame. — line m'a pas écrit, celui-là, et pour cause. Je crois Madame. — Jusqu'... Ah bien, par exemple !... Je serais trop que ça l'embarrasserait fortement d'exprimer ainsi ce qu'il bête si je vous le disais !... Un mari doit se rendre compte de ces ressent... très vivement, du reste. choses-là lui-même, mon cher ; s'il ne voit rien, tant pis pour Monsieur. — Et La Balue a... lui!... il mérite son sort... (Riant.) Et vous avez bien mérité le

Madame. — La Balue, à tous les dîners où nous étions l'un vôtre...

près de l'autre, et, cet hiver, c'était comme un fait exprès, nous Monsieur, bondissant sur elle. — Ah! vous me narguez!.., vous nous retrouvions toujours, La Balue, dis-je, me faisait une cour... osez me narguer !... pressante, et appuyait ses déclarations brûlantes par une pan¬ Il saisit le parasol surmonté d'un coq, qui est posé sur la table, tomime vive et animée... coups de genou, pressions du pied, et frappe madame à tour de bras. Elle reste stupéfaite, sans poignées de main... vigoureuses, je vous en réponds. bouger... Monsieur, exaspéré.— Et vous ne lui défendiez pas d'agir ainsi? Vous ne lui faisiez pas comprendre que ces façons de corps de Monsieur, jetant enfin l'ombrelle. — Je vous demande pardon... je garde vous étaient odieuses? me sui? laissé emporter honteusement... Je ne sais plus ce que Madame. — Mais, mon ami, elles ne m'étaient pas odieuses du je fais... je deviens fou !... tout. Je m'ennuyais périr, et voulais à je m'amuser à tout prix. Madame. — Comment!... c'est possible !... vous êtes capable Monsieur, sautaut sur elle. — Comment, malheureuse! vous d'énergie... vous!!!... Ah! mais, c'est très bien, ça!... Vous habi¬ avouez que... (il se rassoit avec découragement.) Est-ce tout? tuellement si comme il faut... si correct... Non, vrai ! le comte Madame. — Non. Puisque j'ai commencé, je serai franche jus¬ de Chambord lui-même m'aurait administré cette pile que je la ne qu'à fin... (Le regardant.) Faut-il être fi anche, jusqu'à la fin? serais pas plus surprise... (Avec admiration, en se frictionnant.) Quelle Monsieur, secoué par un tremblement nerveux.) — Oui, je serai calme. poigne ! quelle poigne !... Madame, méprisante. — Oh! je sais bien! (Elle reprend.) Après Madame se quelques petites aventures à peine ébauchées et qui ne valent rapproche de monsieur. pas un récit, ce'fut M. de Noblistrac qui me fit la cour... Monsieur, la repoussant. — Laissez-moi ! je sens que je recom¬ — mon MoNsiEua, atterré. Noblistrac! meilleur ami? mencerais... Madame. — C'est toujours comme ça... Vous vous souvenez Madame. — Alors, vraiment, tu as cru ce que je te racontais ? comment vous me l'avez présenté? Tu n'as pas compris que c'était pour te faire enrager un peu ?... Monsieur, la tète dans ses mains. — Non...Je ne me souviens de Mais il n'y a pas un mot de vrai... et tu le sais bien, grand rien. nigaud... Madame. — C'était au Cirque, un mercredi. Je m'aperçus bien Monsieur, ahuri. — Comment !... vous avez inventé... tout de suite que pas une écuyère ni une demoiselle ne lui pro¬ Madame. — Tout !... C'est un peu ta faute... mais c'est surtout duisait le même effet que moi. 11 rougissait ou pâlissait chaque celle de la pluie... il fallait bien passer le temps... fois que je lui parlais... Monsieur. — Noblistrac ! Mais il n'a jamais ; ni rougi ni pâli Elle lui saute au cou. il a un teint d'orange de Portugal qui ne connaît pas ces nuan¬ ces-là! S. Madame. — Je les lui ai fait connaître. Toujours est-il qu'à partir de ce soir-là ce fut une grande passion... Monsieur. — De sa part... Madame, indifférente. — De sa part... de nos parts... eu im¬ porte!...

Monsieur, suffoqué. — Comment, peu importe!... Madame, sans répondre. — Quand il sut que je venais ici, il m'y suivit...

Monsieur. — Le misérable!... 460 LA YIE PARISIENNE 18 Août 1883.

^ QUINZE JOURS D'EXIL

NOTES D'UN PARISIEN EN VOYAGE

Princesse, homonyme de Versailles, le désavantage d'être située à 6/jO kilo¬ mètres de Paris. C'est le seul reproche que je trouve à lui faire. D'ordinaire, vous quittez Paris la dernière, et moi je ne le Pour être véridique, j'ajouterai même que la rade est dotée quitte jamais. d'une véritable flotte à vapeur, dont l'importance justifie plei¬ Grande a donc été votre stupéfaction quand je suis venu nement la création de l'amiral suisse, emploi vacant auquel il a prendre congé de vous, il y a une quinzaine de jours, en vous été pourvu jadis par un décret signé Henri Meilhac et Ludovic annonçant mon bannissement par ordre de la Faculté, et ma Halévy. condamnation à aller expier, sur des hauteurs insolites, les Pour la description des alentours, consulter le Guide du voya¬ nombreux ravages causés à mon frêle organisme par l'air em¬ geur, ouvrage que je me suis privé d'acheter, redoutant la mo¬ pesté des clubs et le gaz délétère de la rampe de l'Opéra. notonie de ses exagérations. Néanmoins, il ne m'en coûte rien Ma première idée avait bien éié de demander à M. le prési¬ d'avouer que la vue est belle, l'air léger, l'eau limpide, ni de dent de la République de commuer ma peine en une détention reconnaître que la verdure offre au paysagiste les tons les plus équivalente, au fort du Mont-Valérien, altitude d'où j'aurais variés, depuis l'émeraude jusqu'à l'olive, depuis le velours encoie pu, de-ci de-là, braquer ma lorgnette sur l'ailée des d'Utrecht jusqu'au velouté des épinards. Acacias? Mais il paraît que mon dossier exige la déportation Cette nomenclature de couleurs me rappelle même la vieille dans une enceinte moins fortifiée et plus fortifiante, sur quelque plaisanterie du capitaine d'habillement d'un régiment de chas¬ pâté de montagnes à mon choix, savoir : Superbes Pyrénées ou seurs, dont le magasin était p >urvu de drap vert de différentes Vallons de VHélvétie. J'avais donc le droit, d'opter soit pour nuances (l), et à qui l'inspecteur demandait : Roland à Roncevaux, soit pour Guillaume Tell. Comme il n'y a — Et vous, capitaine, quel est le vert que vous préférez?... pas à hésiter entre la musique de M. Mermet et celle de Rossini, — Le verre d'absimhe, mon général! c'est donc du lac des Quatre-Cantons que je vous envoie ces Eh bien, le vert d'absinthe y figure aussi! Noies de voyage d'un touriste malgré lui, dont le reportage En somme, temps convenable. Au bas du tableau, le lac bleu; n'aura d'autre mérite que celui de rester fidèle, même de loin, pour ceinture, une haute terrasse de rochers dont la teinte rap¬ aux saines traditions de la Vie parisienne. pelle assez les abords de la gare de Charleroy; aux gradins su¬ périeurs, la verdure en question; au sommet, les neiges éter¬ nelles dont la blancheur n'a de comparable, princesse, que celle de vos mains; car, par un hasard exceptionnel on aperçoit en 17 juillet. — Paris-Bâle-Lucerne. Un bon point à la douane ce moment toutes les crêtes environnantes excepté, bien eu- suisse : aucune malle à ouvrir. Tous les peuples vraiment tendu, celle du se un libres connaissent celte maxime de La Rochefoucauld : « La Rigi, qui croirait déshonorée si elle sortait instant de sa chemise de brouillards. C'est Schiller lui-même non-visite de leurs bagages engage d'autant mieux la visite des qui l'affirme : étrangers ». Recommandé au gouvernement de la R. F. En Suisse, on peut dire que les administrations de chemins de « Dans l'Océan brumeux qui fait son apanage, fer n'y vont pas par quatre chemins, attendu qu'il n'y a jamais Les cités des vivants échappent à nos yeux ; qu'une seule voie. Celle-ci suit toujours le tracé d'une route, A peine quelque trou, percé dans un nuage, Laisse-t-il voir laquelle suit généralement elle-même le thalweg d'un cours parfois l'immensité des cieux !... d'eau. La voie ferrée traverse tantôt l'un, tantôt l'autre, au gré Ce n'est pas d'une folle gaieté, mais il paraît que c'est de son caprice, et il en résulte une sorte de jeu chat làcequi du coupé constitue surtout la salubrité de ce bienfaisant et ténébreux b⬠qui ne s'interrompt que sous les tunnels, dont les débuchers pré¬ ton de perroquet! J aime mieux le croire que d'y aller voir... sentent souvent l'aspect d'un agréable panorama. Un tunnel, en Suisse, est donc ce qu'on pourrait appeler le passage des 19 juillet. — Va te promener, princesse, j'y suis allé tout de Panoramas. Recommandé à Christian, des Variétés. même !... pas tout à fait au Kulm, mais à peu de chose près. A Bàle, agglomérations de wagons allemands : je les compte, Que voulez-vous que je vous dise? Il pleuvait, je ne savais que et, vu leur numération classique, je constate qu'il y tiendrait faire, et je me souvins tout à coup que j'étais chargé de quel¬ bien la valeur d'une division; que le double compléterait volon¬ ques commissions pour deux amis à moi, deux inséparables, ju¬ tiers les moyens de transport d'un corps d'année, et, étant chés sur ce perchoir. donné que Bâle est devenu la tête de ligne duSaint-Gothard.il y a C'était d'ailleurs l'occasion, ou jamais, d'expérimenter l'ingé¬ là de quoi se frotter vigoureusement l'œil pour en chasser les nieux chemin de fer ascenseur, dit Rigi-bahn, auquel M110 Monti points noirs... que le charbon du voyage y fait miroiter. oublie tous les soirs de faire un petit bout de réclame dans le A Bâle vitesse et également, adieu la grande le coupé-lit à la ballet Excels or! Grâce à l'obscurantisme — pardon, je veux française. Le transbordement a lieu au profit de cette espèce de dire, grâce à l'obscurité des brouillards — on ne tarde pas à se tramway—tout juste à vapeur—que les indigènes appellent pom¬ demander si l'on est en wagon ou en ballon. Sous soi, quelque peusement le train de Luzernet qui me rappelle, à moi, l'annexe chose comme le va-et-vient d un tourne-broche; dans le ne/., la pour enfants du Jardin d'acclimatation. A l'égard des dames fumée nauséabonde d'une locomotive difforme, qui pousse par seules, la grande difficulté est de lpur faire trouver place dans derrière, mais qui n'en franchit pas moins régulièrement son l'unique compartiment réservé où l'on ne fume pas, car, tabagie raidillon à pic, en vertu d'une progression mathématique dont ou non, les sexes sont impitoyablement mélangés. C'est pour¬ la raison m'échappe. quoi, avant chaque tunnel, le chef de train se croit obligé Après une heure de ce mouvement d'horlogerie digne de l'in¬ d'allumer pudiquement une lampe au pétrole, destinée à sauve¬ dustrie nationale, arrivé à la station Kaltbab et marché à t⬠garder les bonnes mœurs. Hors de là, pas de frais inutiles : dès tons jusqu'à l'établissement de ce nom. Aspect sombre et désolé: qu'on sort de dessous terre, la vestale reparaît et éteint économi¬ c'est le purgatoire. Rencontré quelques ombres qui battaient la quement son flambeau. semelle sou» une véranda... Un peu plus loin

18 juillet. — Arrivé à Lucerne et débarqué au Grand-Hôtel (1)Du temps où les chasseurs portaient le dolman vert. Noie de la national, au bord du lac. Cette pièce d'eau des Suisses a, sur son rédaction. 18 Août 1883. LA VIE PARISIENNE 461

Entrevu l'ombre d'un valet Entrée de quatre musiciens napolitains chantants, comme dit Qui, tenant l'ombre d'une brosse, Molière. Répertoire connu. Mm6 Krauss est au premier rang du Nettoyait l'ombre d'nn complet, public. La grande artiste — section du chant — encourage ces lazzaroni en cravates blanches, et daigne, à plusieurs reprises, et reconnu John Styx, le Adèle serviteur commun âmes deux amis. donner le signal des applaudissements. — Comment vont ces messieurs ? demandai-je. Dehors, le temps s'est remis au beau. Une fois n'est pas cou¬ — Bien et mal, monsieur le comte: M. Floridor s'amuse et en¬ tume. graisse à vue d'œïl ; M. Célestin s'embête et dépérit d'heure en heure. Et c'est dans la nuit brune, — Pourquoi persiste-t-il, alors? Au-dessus du Rigi, La lune — D'abord, pour ne pas dépareiller M. Floridor, et ensuite, Comme un point sur un i... parce que plus il reviendra en piteux état, plus il espère que les médecins n'oseront pas le renvoyer ici l'année prochaine ; je Un certain nombre de becs de gaz se reflètent dans l'eau. Avec vais annoncer la visite de monsieur le comte.

— beaucoup de bonne volonté, on pourrait se croire sur les bords Inutile, mon ami, ces messieurs voudraient sans doute me de la Seine, au milieu de ce peuple parisien que j'ai tant aimé, retenir, et quelques lettres à écrire me rappellent sur ten-e... et si vous me demandiez à quoi je pense en me Redescendu immédiatement à Vitznau, et salué la lumière du allant coucher? A vous d'abord, princesse, et puis à la retraite, à la retraite jour avec le soulagement d'un aveugle à qui M. de Wecker au¬ militaire que sonner en ce sur place rait l'endu la vue. doit moment, la Vendôme, le vieux clairon français.

De retour à Lucerne, flâné sur la pi*omenade en attendant l'heure du dîner. A pied, beaucoup de clergymen en vacances, 20 juillet. — Levé de bonne heure et parcouru la ville dans le la Bible sous le bras droit, leur clame sous le bras gnuche, les quartier des affaires. Assez de mouvement. En arrivant de Paris, enfants suivant par derrière. Ça et là quelques calèches anté¬ au lendemain d'un 1A juillet, on est étonné de rencontrer un si diluviennes, où se pavanent bourgeoisement d'honorables châte¬ grand nombre de passants sans qu'aucun d'eux soit décoré. Une laines des environs, empruntées au répertoire de Paul de Kock. autre remarque non moins étrange, c'est de voir que pas un Rien qui rappelle les Champ-Elysées ni le wurst aristocratique, édifice public ne porte la marque de fabrique R. F., ou R. S., ou les deux grands steppeurs et la grâce olympienne de la vicom¬ R. H. (fédérale, suisse ou helvétique.) tesse P... Au bout du cours, examiné le kiosque/d'une mar¬ Les gens d'ici se sentent si naturellement être en république chande cosmopolite qui vend des journaux et des livres, et qu'ils n'éprouvent pas le besoin de le proclamer sur les toits. causé avec elle. L'ouvrage le plus demandé traduit est Nana, Ils poussent même l'indépendance politique jusqu'à honorer clans toutes les langues, même en anglais ! En revanche, la pru¬ ceux de leurs compatriotes qui se sont loyalement fait tuer au derie britannique condamne absolument de Païenne; service des tyrans dont ils recevaient régulièrement le paye¬ elle trouve le héros et l'héroïne trop sensuels. Si, au lieu de ment de leur solde. Témoin le Monument du Lion, qui n'a pas s'être inspirée de Laure et Pétrarque. Juliette Lambert avait été précisément fondé pour célébrer la prise delà Bastille! Mon coupé son idylle dans le vif d'Héloïse et d'Abeilard, il est cer¬ Dieu, non! ce symbole réactionnaire a été érigé à la mémoire tain que Mélissandre aurait eu moins d'agrément, mais au des 800 gardes-suisses et de leurs 26 officiers morts en 1792, en moins on aurait pu abandonner impunément Tiburce aux défendant les Tuileries: « Ilelvetiorium virtuti ac FIDEI. » En mains des jeunes misses. Recommandé à Mme Adam pour- effet, le lion étend encore sa une autre fois. mourant patte protectrice sur la fleur de lis qui terre, comme pour rester Le soir, dîné à table d'hôte. Avez-vous jamais dîné à table gît à fidèle jusqu'au bout à la parole d'honneur qu'il a engagée. Recommandé à... d'hôte, princesse? Cela vous changerait un peu. Là, pas de pré¬ qui de droit! séances. Aux hommes, pas de maître de maison qui vienne dire : En rentrant, trouvé un télégramme delà Faculté ainsi conçu «Vous donnerez le bras à Mmo une telle, et vous la placerez : £à la gauche ou à la droite de M. un tel. » Là, personne « Si persistez à rester dans les bas-fonds du lac, cure inutile; qui murmure si l'on ne le fait pas passer à son rang, ou qui fasse « gagnez les hauteurs, ou sinon, rien de fait. X. d. m. p. » une sortie indignée si on lui assigne un bout de table. Le bout de Je me renseigne aussitôt auprès du portier de l'hôtel... car si, table d'hôte, au contraire, est presque toujours uu poste hono¬ à Paris, votre concierge, princesse, prend pompeusement le rifique : c'est la place attitrée du commis-voyageur de distinc¬ nom de suisse, à Lucerne, ou il pleut cependant des hallebardes, tion ou du major de la Vie parisienne. le suisse de l'Hôtel national s'intitule modestement portier. Du coin modeste que j'ai j'observe les choisi, convives. Beau¬ Ce fonctionnaire m'indique avec bienveillance l'établissement coup d'Allemands, tout disp isés à revendiquer l'annexion d'un d'Axenstein, situé à 318"1 au-dessus de la barque de Guillaume pays où l'on parle généralement leur langue. Amagauche, deux Tell et à 755 au-dessus de celles des pêcheurs de Trouville. ma une Belges; à droite, deux Anglais. En face de moi, jeune et Comme on se rend à Axenstein en bateau à vapeur, par piquante Italienne qui ressemble prodigieusement à Léonide Brunnen, je m'empresse d'embarquer à bord du Victoria Leblanc, quand celle-ci était... brune! J'ai remarqué que pour dont le capitaine, un vieux loup de lac, sorti avec le n° 1 de dîner un agréablement, il est essentiel d'avoir joli visage devant l'Ecole navale de Lausanne, passe pour les être aujourd'hui le yeux. Cela n'empêche ni de manger ni d'écouter les conver¬ meilleur marin de l'escadre des Quatre-Cantons. sations voisines. Sur tout le parcours relevé à mi-côte, un assez grand nombre Premier Anglais. — Un patriotique officier, que le commodore de pensions de famille, généralement surmontées du drapeau de Johnstone, n'est-il pas vrai? la Croix de Genève, pour bien indiquer que les médecins d'Eu¬ Deuxième Anglais. — Pour sûr! sa conduite à Madagascar rope vous envoient, là rtomme à l'ambulance. vaut mieux que celle de M. Gladstone dans l'affaire du canal... A cela se borne l'analogie chirurgicale avec les douloureux Premier Anglais. — Croyez-vous? souvenirs de la dernière guerre: je constate volontiers que ni Deuxième Angl aïs. — Je pense ! surtout si lord Lyons obtient les conducteurs d'omnibus, ni les brancardiers de chaises à de Challemel-Lacour la révocation du French admirai! porteurs, chargés de hisser les anémiques presque à destination, ne se croient obligés de A mon oreille gauche : porterie brassard d'infirmiers.

Premier Belge. — Ça est tout de même un drôle d'événement, que la punition infligé//e au général Brialmont, savez-vous? Deuxième Belge. — Le ministèie a bien été obligéî/e, 21 juillet. — Comme il a tout de même fallu consulter un monsieur! guide des voyageurs, j'ai acheté celui de la ligne de Saint- Premier Belge. — Vous badine?/e? Ça est pourtant flatteur Gothard par M. Koch de Bcrneck, et j'en extrais ce qui suit, sous pour l'arméT/e qu'on ait cherché|/e un militaire de chez nous contrôle de mes appréciations personnelles: Page 53. Hôtel et pour fortifier la Roumanie... pension Axenstein ; le point le plus beau du lac des Quatre-Can¬ tons... très Deuxième Belge, offrant à boire. — Voulez-vous profite'^? C'est possible, surtout quand il fait du soleil. Premier — Belge. Avec plaisir, pour boire à la santé du gé¬ Un dorado néral Brialmont ! (sic.)... Toujours des exagérations!... Logements pour 300 personnes... Juste l'effectif d'un régiment D'où ce proverbe : Qui dîne à table d'hôte en voyage s'épargne d'infanterie à la dernière revue de Longchamps ! Air fortifiant la peine de lire les journaux. Recommandé à Sancho Pança. des Alphes... Parbleu! il est clair que ce n'est pas celui des Py¬ En sortant de tabie, aperçu Mme Krauss, de l'Opéra, et sa suite rénées... Gaz, orchestres, sociétés amicales... Pas pour les Fran¬ attablées dans un cabinet particulier... Pris ma tasse de café çais, c'est plein d'Allemands ! dans le bar situé au fond du vaste hall où confinent tous les En effet, il suffit de jeter un coup d'œil sur la liste des étran¬ services de l'hôtel. Le garçon qui me sert est une fille, dont le gers pour s'assurer que l'Anglais n'y figure qu'en infime mino¬ costume et les cheveux rappellent assez ceux de M110 Reichen- rité ; de parcourir les allées du jardin pour y trouver à chaque berg dans l'Ami Fritz; à peu près le même sourire, mais l'arcent pas la large empreinte du talon germanique ; d'entrer dans la diffère et, se prêterait difficilement au récit de la fable du Lapin salle de restauration pour y voir lancer, au nez d^-s femmes, et la Sarcelle. d'épaisses bouffées de cigares de Hambourg, et pour juger du A DEAIJYILLE. - DES COURSES

jr

le vicomte

N'a qu'un désir, c'est que la

Eetiteoise sebaronneflanquent une Fram- tkop beau pour rien faire et Loulou solide tripotée à son sujît; cette fois Un rêve 1 Fait volontiers valser il n'aura plus rien à envier au les femmes mûres et calées. Dame ! petit prince son émule; un pu¬ quand on a perdu aux courses et au gilat au bal des Courses, c est jeu ^tout son petit saint>-frusquin, ça qui vous sacre homme à ln on se rattrape comme on peut, fut- la petite baronne mode ! ce à la nage I!! Vient au bal en toi¬ lette éblouissante. Elle restera très tard, mal¬ gré l'envahissement; le . ,, vicomte Crème de Chic ^ 7 ( f\k lui fait la cour, et elle )il \\l^v ' curieuse veut se donner le plai- NW/) \ . V r-Cv^î sir de le garder près M Vient uniquement d'elle lorsque la belle Ml \j ^ parce qu'elle tient à voir Loulou Framboise sera »• / / de près les cocottes que là; le vicomte est le tout le monde connaît Protecteur patente de ( excepté elle. Accapare -iOulou; quel triomphe ,'\ 1 > v. u . / w ri un malheureux petit pour la droite ! cousin qui voudraitbien /-VjAVjjJyy être ailleurs pour se les faire nommer toutes, veut tout savoir: sné- cialités, capacités, cotes etc.

~^

A

amoroso Se promènent penchés l'un vers l'autre, à travers les salles désertes, sous le fal¬ lacieux prétexte de prendre le frais.

le commissaire central voir pour si le printemps s'avance I des mots! Veut absolument aller faire un tour sur . „ Ornement indispensable Un provincial fourvoyé avec une du bal; obligé de louvoyer la plage. Il résiste d'abord ; elle va s'en¬ respectable parente, fait doucement, entre la gauche et la rhumer, déchirer sa robe; elle finit par l'en¬ â voix basse, la réflexion que, dan¬ droite avec un tactexcjuis. traîner, et alors... C'est lui qui ne regrette sant avec une dame du meilleur Ce i poste devrait servir de pas d'avoir cédé! monde, etc., etc..., est entendu de stage à tous les ministres la - Petite Chaloupe », et rattra¬ modernes ; il est vrai quo page commence : « Oli! là, là!... pas un seul ne serait ca¬ Mossieu, danse avec la comtesse pable de l'occuper avec ■le Chambord !... etc., etc. succès.

ro du Une heure la. nobles I française Tins ' autorises du d ^jureSt^^dans ]eq îSe dirait

, avec bonheur tW1 Croiie J Ulf_u.s belles

défi, que peuvent porter à la sécheresse, des gosiers dont la bière blances approximatives. Ainsi, tenez, cette svelte Américaine, de Bavière entretient patriotiquement les canaux d'irrigation. moulée dans sa robe de drap comme dans un habit de cheval, Au reste, l'invasion a porté ses fruits. Sur toute la ligne du Lewis Brown serait le premier à trouver qu'elle a un faux air Gothard et ses environs, le tir fédéral des aubergistes sur les de Mme Bisch... Cette jolie Anglaise, fine, distinguée, gra¬ voyageurs a été forcé de baisser sa hausse ; les prix sont deve¬ cieuse, qui porte à son cou de cygne un large ruban de velours nus modérés, le service est militairement ponctuel et, par un noir, on dirait volontiers qu'elle cherche à copierMme Saint- ..., été normal, l'hôtel Axenstein, entre autres, a tout ce qu'il faut ou S. A. R. la princesse de G... Cette autre Américaine, vive et pour être une bonne et agréable résidence de garnison prus¬ fluette, avec ses grands yeux bleus étonnés et sa haute fraise sienne. Henri II, Jacquet jurerait certainement qu'elle ressemble à l'a¬ Entre deux averses, visité le parc, très vaste, pittoresquement quarelle qu'il vient de faire de la vicomtesse de C... Cette brune taillé dans une forêt de sapins accidentée, pourvu de quelques et souriante Autrichienne, aussi correcte dans sa mise que dans remarquables points de vue, mais gâté par une fatigante agglo¬ son langage, impossible de ne pas lui trouver un je ne sais mération de pierres soi-disant druidiques. Un poète de la localité quoi de Mmo 0. de B .. Vous voyez combien il est facile à un Pa¬ a cru devoir les couvrir d'innombrables inscriptions destinées à risien dépaysé de se tapisser une sallede bal avec quelques por¬ célébrer les charmes de ce lieu de repos, de telie sorte qu'on a traits de connaissances! Bien entendu, je n'ai cité que le dessus absolument l'air de se promener dans un cimetière. La versifi¬ du panier, et j'ai passé sous silence les nombreuses Frauenma¬ cation de l'auteur est exclusivement vouée au culte de la nature jor de Cologne, Stuttgard ou Darmstadt, dont les maris ou les sur le beau sol helvétique, dont les rochers cyclopéens sem lent fils sont restés aux grandes manœuvres, mais dont les blondes défier, dit-il, par leurs formes majestueuses, les périssables mo¬ demoiselles exécutent ici la valse nationale à trois temps, avec numents de l'art humain. une précision automatique quil serait injuste de méconnaître. Autrement dit : Vu la grande disette des danseurs, le beau sexe est obligé de s'accoupler entre lui, et, je le déclare à la honte du mien, le ... Cologne, Strasbourg, Notre-Dame et Saint-Pierre coup d'œil général y gagne. En somme, pas de chic, mais S'agenouillant au loin dans leurs robes de pierre. quelque chose d'honnête, de réservé, de virginal... Une berqui- nade, quoi ! A tout prendre, c'est encore une soirée passée ! Le Parthénon, l'Acropole et le temple de Diane à Ephèseontune valeur archéologique inférieure à celles de ces quelques blocs de fromage de Gruyère pétrifiés ! 25 juillet. — Même réclusion. — Passé la journée à lire la Toujours des exagérations. Revue des Deux-Mondes. Si c'est pour ça que je suis venu en Suisse!... Le soir, pas de bal. En revanche, tin mot moins magique a retenti : celui de concert d'amateurs. Tout le monde se méfie. Une dame qui n'est pas jeune, qui n'est pas Roumaine 22 juillet, dimanche.— Pris mon imperméable et été entendre et qui n'a pas le talent de la princesse Br... prend place au la messe au village voisin, dans la petite paroisse de Morschach. piano. Un monsieur qui n'est pas châtain, qui n'est pas Français Réapparition du sens commun. L'église est bondée de paysans, et qui n'a pas la réputation de J. Sauz... exhume du cercu"il hommes et femmes. Le maire et son conseil municipal figurent un stradivarius de famille. La dame officiellement au b ne d'œuvre. L'instituteur et l'instituti ice prélude; le monsieur prend le la. — Qu'est-ce qu'ils vont jouer, mon Dieu! qu'est-ce qu'ils laïques pénètrent, sans crainte d'être révoqués, en tête des en¬ espère fants des deux sexes auxquels le catéchisme de M. Paul Bert n'est vontjouer? Mm0Saint-... duChopin; MmeBisch...,du Verdi; moi, de 1 Offenbach. Naïfs que nous sommes! Le couple fatai pas encore enseigné. Toutes mes idées sont de nouveau confon¬ attaque quoi? L'ouverture des Niebelungen! Il y en a pour dues en songeant qu'il puisse exister un gouvernement républi¬ quatre jours! C'est le coup du lapin; je partirai demain... cain pour qui le cléricalisme ne soit pas l'ennemi, et qui se sente assez sûr du lendemain pour tolérer ainsi la plus dangereuse des libertés, la liberté de conscience. Tout ce petit monde écoute avec recueillement, avecémotion même, le prêche que son curé Et en route pour Andermatt, point beaucoup plus élevé, plus lui adresse en allemand, et qui attire quelques larmes jusque froid, mais pourvu de chaufferettes en toute saison. D'ailleurs, dans les yeux du garde champêtre. « Un Suisse pleurer », disait sous l'influence de la musique wagnérienne, le baromètre a Arnal dans je ne sais plus quelle pièce, « Un Suisse pleurer monté toute la nuit, et la pluie a presque cessé au moment où « ça ne s'était pas vu depuis les obsèques de Guillaume Tell! » je prends mon billet pour Gœschenen, â la station de Brunnen. Le soir, au lieu du maigre feu d'artifice annoncé aux pension¬ Trois ou quatre élégantes diligences, de forme extra-moderne, naires, orage au grand complet avec ses flammes de Bengale y attendent le train ; de véritab es mails, que le prince de Sagan au naturel et ses classiques détonations d'artillerie de monta¬ lui-même ne jugerait pas indignes de transporter à Marly les gne. Recommandé à M. Perrin pour le perfectionnement de membres du Coaching-Club .. Un ecclésiastique s'approche du sa mise en scène à la reprise du-Roi s'amuse. guichet; tous les voyageurs indigènes lui font place et saluem; à Belleville-Ceinture, il recevrait des pommes cuites... 23 juillet. — Profité d'une éclaircie pour troquer mon para¬ pluie contre le bâton ferré et tenter l'ascension du Fronalpstock. En voyage les premières impressions peuvent quelquefois se modifier. Amende honorable aux L'objectif de cette escalade est de cueillir moi-même à v^tre in¬ wagons de première du modèle suisse. C'est le dernier mot du confor¬ tention, princesse, la fleur nommée edelu/eis, qu'il me serait Gothard-Bahn, table : les coussins d'ailleurs infiniment plus commode d'acheter, moyennant trente peuvent se rapprocher et faire lit; une galerie latérale centimes, prix courant, au premier gamin des environs. Celles permet de s'accouder au balcon pendant le trajet. Aucune commodité que portent, si fièrement à leur chapeau les trois quarts des n'y manque... En passant à Altdorf, les chemins sont et touristes allemands n'ont pas d'autre provenance. C'est le seul ouverts, cinq minutes d'arrêt suffisent pour aller saluer la statue parallèle que je me permettrai d'établir entre les he- boristes des légendaire de Faure, par Franceschi. Le bords de la Sprée et les chasseurs de la plaine Saint-Denis qui grand baryton est représenté l'arbalète au côté, la flèche libé¬ ratrice à la main, dans le du où nous l'avons se fournissent de gibier chez Potel et Chabot... Excellent début, costume rôle tant de fois jarrets d'acier, poumons en soufflet de forge, lorsque tout à applaudi. La ressemblance est frappante : on dirait qu'il va chanter. coup, à moitié chemin, et comme si M. Beni Barde en dirigeait Dès lui-même le jet, les douches du ciel se mettent à cingler si vi¬ qu'on approche d'Amsteg, on commence à comprendre et à goureusement mon enthousiasme, qu^ je suis obligé de me réfu¬ apprécier le mécanisme d'un travail dont la conception n'a gier, dans le dernier chalet accessible au pied humain, pour y pas été moins hardie que celle des projets de l'ingénieur Frey- cinet. La voie ferrée s'élève troquer inversement, le bâton ferré contre un parapluie d'em¬ progressivement, tantôt en lacets prunt et redescendre bredouille! extérieurs, tantôt en spirales intérieures, en forme de tire- bouchon. Le moindre chasseur se pâmerait d'aise devant cette 2A succession de juillet. — Impossible de mettre le nez dehors. La nuit der¬ terriers, dont les jouettes tournent en rond sur nière, c'était la Sibérie; le jour, c'est la vie du bord, lorsque elles-mêmes, où le train se précipite et d'où il déboule tour à tous les hublots sont fermés et que les passagers ne peuvent tour, comme un lapin traqué par un furet invi-ible. plus se risquer sur le pont. Toute la colonie est concentrée dans Descendu de wagon juste d vant l'orifice béant du grand le carré, prise d'un découragement profond, quand soudain un tunnel. Cet objet d'art porte en chiffres romains le millésime mot magique vieut rasséréner les plus jeunes fronts : «Bal ! il y 1882. On voit d'ici la scène du dernier coup de pioche : d'un aurabaïce soir !... » En effet, aussitôt après diner, les deux Wald- côté, la marche sarde; de l'autre, le ranz des Vaches; les ingé¬ teufel de Briinnen ont installé leurs pupitres, et la fête com¬ nieurs s'embrassent comme du pain, et M110 Monti, déjà nom¬ mence. Certes, je ne prétends pas avoir assisté à une élégante mée, les inonde d'un jet de lumière électrique. sauterie improvisée comme à la rue Tronchet, chez la comtesse Traversé à pied le pont, du Diable, et arrivé à Andermatt, lieu de P..., mais enfin tout ce qui porte ici autre chose que des cu¬ situé sur la ligne de partage des os de l'Europe. Ne pas con¬ lottes a fait un brin de toilette, et il y a par-ci par-là quelques fondre avec l'épine dorsale de Sarah Bernhardt. relevages de jupes qui ne sont vraiment pas trop mal troussés. Couchéhôtel Bellevue et, de grand matin, frété Victoria à trois A l'instar de certaines gens qui ont la manie des calembours, chevaux pour visiter la passe de la Furka. Traversé les villages par à peu près, j'ai, moi, celle de chercher partout des ressem¬ d'Hospenthal et de Realp fréquentés par un grand nombre de 18 Août 1883, LA VIE PARISIENNE 465

peintres que l'onglée ne décourage pas : leurs croûtes sont les les restes mortels de saint Charles Borromée. Mon cicerone miettes naturelles des pâtés de montagnes. Longue route con¬ m'apprend que les riches pierreries et objets d'art qui couvrent tournante, dont les raccourcis, dits passe-lacets, sont jalonnés le corps du défun sont autant d'hommages publics rendus à son d'un foule de piétons du Club-Alpin humant, autour des sorbets dévouement pendant la peste. Recommandé au conseil muni¬ de neige, l'apéritif profitable aux hôteliers : tout va bien, comme cipal de Marseille, dans l'intérêt des cendres de l'évêque Bel- dit l'acteur Blondelet dans le Voyage en Suisse... Au fond du sunce... précipice, quelques vaches lilliputiennes; tout là-haut, la sil¬ En remontant dans la nef, revu avec un nouveau plaisir la cé¬ houette d'une chèvre, un instant découpée sur le ciel par un lèbre statue de san Bartholomeo, étude anatomique d'un furtif rayon de soleil, me fait penser à MUe Van Zandt : vigoureux martyr qui, après avoir été écorché vif, porte crâne¬ ment sa peau sur l'épaule, comme sa pelisse un hussard... Ombre légère Enfin, gravi les 158 marches qui conduisent à la plate-forme, Qui m'est si chère et là?... Là, princesse, salué aù loin d-ms la campagne le clocher Ne t'en va pas... non, non, non! Magenta et la tour Solferino ! Rajeuni un instant du poids de vingt-quatre années, et cru voir briller encore au soleil les baïon¬ nettes des Le soleil se cache... et c'est comme fi elle chantait!... grenadiers de la Garde, avec leurs bonnets à poils et leurs buffleteries croisées ; voir défiler, sous l'arc de Franchi la passe, et au bout de quelques tours de roues, fait triomphe de la halte à l'hôtel Be véder, bord à bord avec le glacier du Rhône. place d'Armes, les cent-gardes aux crinières blanches et les Eprouvé l'extase de rigueur en présence de nette contrefaçon guides aux plumets panachés ; voir agiter aux fenêtres les des mers polaires, mais aucune envie de partir à la recherche écharpes multicolores, et éclater de toutes parts des applaudis¬ sements sans fin! Tandis du capitaine Franklin. E'onnement profond de ne pas rencon¬ qu'aujourd'hui... Bast ! A quoi bon récriminer contre le trer le moindre ours blanc, pas même celui du dompteur Bidel, présent? Une dame en bonnet rouge trône, il est vrai, sur la et regretté que la municipalité de Berne n'ait p is pris lhabitude place du Château-d'Eau, mais mon exil finit d'envoyer de temps en temps sa ménagerie ici, pour corser un après-demain, et les caprices de Marianne ne m'empêcheront peu le paysage. Dans l'après-midi, redescendu à Gœschenen et pas de -etoumer à Paris. A Paris, la ville pratique, où les mon¬ traversé leSaint-Gothardenchemindefer.« En vingt-cinq minutes, tagnes s'appellent buttes Montmartre ou Chaumont ; les casca¬ dit M. Koch de Berneck, le tunnel joint le rude Nord au doux des, fontaines Molière ou Wallace; les glaciers, Tortoni ou Imoda! A Paris, la Midi », et c'est bénédiction, croyez-moi, après avoir fraîche¬ pairie du monde où l'on s'amuse; en politi • ment déjeuné sur la glace, d'aller chaudement souper a i bord que, la ville où l'on s'exècre le plus; en amour, celle où l'on sait du lac Majeur, à Locarno. aimer le mieux !

Un Vieux Parisien.

Paris, ler_août 1883.

28 Juillet. — Réveil à surprises : soleil à discrétion, végéta¬ tion variée. Par to s les sentiers, des paysannes, de moins en moins Suissesses, descendent en corps de ballet sur la place, chargées de fleurs et de fruits. Décor d'opéra, musique d'Auber :

Au marché qui vient de s'ouvrir, NOTES Il faut nous hâter d'accourir !

On ne danse point encore la tarentelle, mais on sent que l'Italie est à deux pas... Embarqué sur l'Eridano qui chauffe en par¬ tance pour Arona. A bâbord et tribord, abondance de villas, de Il y a des moments dans la vie où l'on s'ennuie si profondé¬ clochers et d'ilôts, d'où émergent, çàet, là, quelques châteaux d'If ment qu'on donnerait la tête de sa maîtresse pour un bon gros en miniature. Nombreuses escales. Aux cheveux filasse ont chagrin. succédé les bandeaux aile-de-corbeau; aux regards langoureux, Roger Bontemps. l'œillade assassine; au dur accent germanique, la langue har¬ monieuse du Dante et de la Patti. Le bateau se mire complai- samment sur le vernis du lac, où son village sans écume soulève un long bourrelet huileux. A chaque coup de sifflet du machi¬ Une femme est comme une idée de niste, nouveau tableau de féerie; pour clou final, la toile de pièce. Bien malin qui peut fond représente les plaines luxuriantes de la Lombardie. Et savoir à qui elle appartient. Mario U. l'Ericlano continue de filer tranquillement ses huit nœuds, sans avoir besoin de jeler le loch pour calculer sa marche, tant il est sûr de ne pas manquer à quatre heures la correspondance du train de Milan ! La preuve que je n'ai pas chipé la Fiammine, c'est que j'ai payé sept francs cinquante à Calmann Lévy pour les Pommes du voisin. Victorien S.

29 juillet. Milan. — Descendu au grand Hôtel-Continental, frère jumeau de celui de Pa' is, et dont le propriétaire est en pourparlers avec M. Henry Blount pour fonder un bal annuel de l'Hospitalité de nuit milanaise. Admiré les embellissements La théorie du ressemalage est le dernier mot de l'art drama¬ de la ville et reconnu tout de suite les galeries Saint-Hubert de tique. Id. Ibid. Bruxelles, transplantées, depuis peu, entre la place du Dôme et celle de la Scala. Dans cet élégant passage, croisé beaucoup de volontaires d'un an en permission du dimanche, engagés con li- tionnels de toutes armes, bien ficelés, et, pour marque distinc- tive, port >nt tous, en laine rouge, le nœud hongrois sur la manche Entendu même Chagrins d'amour ne durent qu'un moment; quelques-uns d'entre eux, attablés au Plaisirs d'amour durent toute la vie. café Biffi, faire le plus grand éloge du livre d un de leurs con¬ Werther. frères : Lettres d'un dragon... Entré ensuite dans la cathédrale, moins pour assister à l'office que pour rendre visite à un ancien monument de connaissance. Après un coup d'œil général, tombé en arrêt, sur une délicieuse personne qui prie, de profil, à côté de moi Est-elle dame ou demoiselle? Le monsieur qui l'accompa¬ Les digestions et l'amour, voilà ce qui fait le caractère des gne est-il père ou mari ? Les deux jolis garçons qui sont là pour hommes. elle, la dévorant des yeux, chacun derrière un pilier, sont-ils u. de Sedlitz. amants ou prétendams? Peu importe ! Ce qu'il s'agit de démon¬ trer, c'est que la me-se d'une heure, à la Madeleine, n'a pas le monopole des distractions mondaines. Pour expier les miennes, descendu dans la crypte, et, moyennant cinq francs, fait tourner au sacristain la manivelle qui met à jour, derrière une vitrine,

* 466 LA VIE PARISIENNE 18 Août 1883.

MATÉRIEL ROULANT DBS PLAGES

III. ~ GOMME, CRÈME ET GRATIN

'ancienne Gomme est, sans contredit, appareille merveilleu¬ ce qu'il y a de plus meublant ; elle sement le Gommeux. — Elle est encore seule sait remuer, donner du mouve¬ très jolie et enfonce presque toujours la ment, organiser des parties ; la jeune génération, que ce persistant succès fait génération, qui compose principalement rager à blanc. Elle sait s'habiller à ra¬ la crème et le gratin, semble redouter vir; prendre aux modes d'aujourd'hui le plaisir, et surtout ignorer moyen le tout ce ont de joli, et de. s'amuser. L'ancien Gommeux de la qu'elles garder de celles d'autrefois tout ce qu'elles ont fin de l'Empire peut, lorsqu'il est bien de seyant. Elle se peint, mais adroite¬ conservé, être très présentable encore, ment, histoire de donner un peu plus et, le tailleur aidant, faire plus de conquê¬ de séduction à l'œil et de veloufé au tes queles jeunes phalanges. Le Gommeux teint; rien du hideux maquillage. encore avoir de et même pousse daigne l'esprit, quelquefois il Une grande 'gaieté ; un entrain qui la complaisance jusqu'à paraître en trouver aux autres. sait profiter de toutes les occasions, se disant bien qu'il faut se hâter de jouir des derniers jours de beau temps. Une certaine bonté ; elle sait pardonner, parce qu'elle a beaucoup aime ; elle voit que les Gratineuses et les Crémeuses la détestent, et elle ne leur en veut pas ; elle a conscience de sa très grande supériorité physique. Quand au côté« esprit », elle l'abandonne complètement à la con¬ currence; son expérience lui a clairement démontré que, dans sa partie, l'esprit ne sert à rien. Elle juge très sûrement et avec une grande impartialité, les jeunes produits qui font leur ap¬ parition sur la plage; elle sait qu'il vaut mieux signaler le dan¬ ger que le laisser signaler aux autres.

IJ ne porte pas ses cheveux coupés en brosse ou à la malcon¬ tent; il a conservé la raie traditionnelle, et la voit s'élargir avec désespoir. Son plus grand travers est même de pratiquer l'affreux « ramenage », au lieu démontrer franchement et hardiment une belle bille luisante, qui a bien son charme, et donne souvent à la physionomie la plus commune une apparence de distinction, ou à un imbécile l'air d'un profond penseur... Le col du gom¬ meux est cassé; les épaules sont à l'aise dans des vêtements coupés à leur taille; la cravate à plastron est de nuance un peu trop tendre parfois. Le pantalon beaucoup plus large du bas que celui adopté par les Crémeux. La Gommeuse nage mal, et monte] à cheval médiocrement, Les bottines moins pointues que mais est excessivement agréable à regarder lorsqu'elle se livre celles d'aujourd'hui; souvent des à ces deux exercices : elle a la grâce. En revanche, elle patine à guêtres claires de forme irrépro¬ merveille, joue la comédie comme les chable, toujours une ombrelle Brohan et ne touche jamais une raquette blanche; un petit chapeau mou, de lawn-tennis.

agrémenté d'un ornement fantai¬ Gommeux et Gommeuses vivant sur¬ siste; des ganis, et beaucoup de tout entre eux, organisant force parties laisser aller et de bonhomie dans et s'amusant haut et ferme, en ayant le langage et les allures. grand soin de ne pas élargir leur cer¬ cle, ils attirent sur la plage : 18 Août 1883. LA VIE PA RISIENNE 467

il canote, fait des tours de force mieux que les gens du Cirque, des barres fixes, du tra¬ pèze \ olant, passe sa vie à parier, organiser des matchs, des drags, etc., etc. Déteste le théâtre, méprise le ballet et est à peu près incapable de causer de quoi que ce soit, mais quel biceps possède même le plus frêle ! on peut tâter ! Les Gratineux se montrent peu sur la plage dans la journée et affectent de ne pas dire où ils étaient pendant ce temps; il faut bien faire supposer un tas de choses. En réalité, ils demandaient à un sommeil régénérateur de leur rendre les forces absorbées par les exercices violents.

Les jeunes qui, sans l'avouer sont très désireux d'étudier de près cette célèbre Gomme qui a fait parler d'elle ; LaGratineuseaimelamer ; là, ellepeut vrai¬ ment se livrer à ses passe-temps favoris : elle nage comme le capitaine Boyton, monte à cheval comme la duchesse de Fitz-James et joue au lawn-tennis mieux que la plupart de ces messieurs. Beaucoup moins femme que la Gommeuse d'antan, elle est aussi instruite que l'autre est ignorante ; il y a peu de Crémeuses qui n'aient passé de brillants examens et ne soient capables de devenir institutrices laï¬ ques, si le cœur leur en dit. L'intelligence et l'esprit sont très dévelop¬ pées au détriment des charmes. Le côté chif¬ fon tient une place relativement moindre dans l'existence de la Gratineuse moderne, non qu'elle soit mal habillée, il s'en faut ; mais elle donne sim¬ plement au couturier qui a « compris » sa frimousse et sa taille, des indications rapides ou un dessin précis, au lieu de consacrer, comme la cocodette, cinq ou six heures par jour à des essais et à des combinaisons nouvelles. Les amoureux timides des belles cocodettes qui, à la mer, es¬ La Crémeuse vit beaucoup plus au dehors que la Gommeuse. pèrent ramasser quelques miettes de leur temps perdu à Paris; Elle se maquille rarement et ne redoute nullement le hâle de la il n'y faut pas songer, il y a-plus de ramasseurs que de miettes; mer pour son teint. Elle pêche des crevettes, va en canot sans La vieille garde, où ces messieurs ont conservé des attaches ombrelle et néglige même de mettre de la poudre de riz. Si, par sérieuses, et de franches camaraderies; hasard, elle veut « s'arranger un peu », le maquillage est criard Quelques belles petites, jalouses de souffler aux anciennes, un et maladroit. La ligne qui souligne l'œil est trop dure, la bouche beau monsieur qui a 35 ans d'exercice, qui n'est pas à la Bourse, trop rouge, le teint trop blanc... et qui même quelquefois a été diplomate!!! Faire ça, et puis En somme, femme incomplète, maîtresse insupportable, char¬ mourir ; on a un nom !!! mant petit compagnon à la mer.

Le Crémeux est, en appa¬ rence, beaucoup mieux élevé que la génération pré¬ cédente ; au fond, infini¬ ment moins bien. Il affecte un grand respect pour le sexe auquel il doit sa mère; baise la main aux douai¬ rières et affirme préférer la société de ces dames au cigare le plus exquis. Dès qu'elles ont le dos tourné, il parle d'elles en termes grossiers; se vante carré- Vtî-Vï, mentde ses succès, et parie, si on le pousse un peu, que, ce soir, on pourra venir le surprendre avec la petite La Crème et le Gratin attirent à leur suite : duchesse, dans la cabine La foule compacte d'adorateurs, ou plutôt de « suivants » de n° 3. ces dames. Elles acceptent tout, pourvu que ce soit à peu près Le Crémeux, gras ou mai¬ présentable, et tiennent à la quantité beaucoup plus qu'à la gre, est prodigieusement serré de la poitrine et du dos ; moins on a de carrure d'épaules, plus on est fier ; ce rétrécissement forcé, fait saillir beaucoup plus le reste. Ces messieurs semblent avoir des hanches d'Àlsac.enne et des ventres de Polichinelle. Les coupes les plus anglaises et les nuances les plus invrai¬ semblables qu'on peut trouver sont adoptées pour les vêtements de plage. Les favoris en patte de lièvre, les allées de parc tra¬ cées dans la barbe, les moustaches très ébouriffées et les che¬ veux ras,ou du moins, sans aucune raie. Beaucoup sont chauves et ne s'en cachent pas ; c'est la seule preuve d'esprit qu'ils don¬ nent. Le Crémeux cultive infiniment plus les choses du sport que le Gommeux du bon vieux temps, qui se contentait de monter très bien à cheval, de nager proprement, de faire de temps à autre une partie de paume et de valser à ravir. Aujourd'hui, le Crémeux nage merveilleusement, est de pre¬ qualité. Au contraire de la Cocodette, elles cherchent à élargir mière force à la paume, au lawn-tehnis, au criket, au polo, etc. ; leur cercle autant que faire se peut, et emploient, dans ce but, 468 LA VIE PARISIENNE 18 Août 1883.

tous les moyens honnêtes. Promettent tout ce qu'on veut et n'accordent rien les trois quarts du temps; Une nuée de vieil¬ A LA GRENOUILLÈRE les-gardes, éprises du chic tout nouveau des estomacs de pou¬ let et des pantalons à la Jean-Jean de ces messieurs ; savent qu'elles feront pro¬ bablement leurs frais, la Crémeuse étant beaucoup plus ver¬ tueuse qu'on ne le croît généralement,et la belle-petite étant compromettante, par¬ ce qu'elle aime à montrer ses conquê¬ tes pour se poser; Quelques belles-petites sans importance, appartenant aux Crémeux, qui ne savent pas encore modérer leurs pa?sions,ou qui veulent, allumer une Gratineuse rebelle, ou vaincre sa rési¬ stance par la jalousie. [A suivre.) S. Un jour de chaleur (rare). Le rond-point qu'ombrage l'unique saule; à droite, l'établissement des bains, où l'on braille en dansant la polka cles Volontaires; à gauche, canots et batelefs. Baigneurs s'ébat tant au sein cles ondes et crevant de leurs têtes, de leurs torses et de leurs bras la surface du fleuve. Les plus hardis, montés sur la toiture de l'établissement, plongent et font subitemint jaillir des gerb- s d'eau qui écument et s'iri¬ sent aux rayons du soleil, au grand désespoir des possesseurs de canots « chics », qui voient leurs coussins de peluche et de satin complètement arrosés.

I Dans l'eau.

De BROSSARDLUIRE, à Valbray qui nage pvès de lui. — Elle est bonne... pas vrai? Valbray. — Fut! fut!... très... fut! fut! bonne... fut... De Brossardluire. — Vous avez la respiration courte? Valbray. — Oui... oui... fut... fut... vais... fut... fut... prendre pieds... De Brossardluire. — Suivez-moi, nous allons prendre la corde. Tiens!... Lucie... déjà dans l'eau. Lucie, à la corde, près de Camille. — Espèce de type... si tu te dés¬ habillais aussi souvent que moi, tu ne serais pas aussi CHIFFONS lambin. Valbray, à Lucie. Venez... fais traverser. Lucie. — Des plis ! j'irai bien toute seule. Vai bray. — Laissez faire... soutiendrai... d'une main.

bouquets assortis Il veut la prendre par le bras.

Lucie. — Touchez pas! pas les peloteurs. Pour attacher au corsage et à la jupe d'une robe blanche : une je n'aime De Brossardluire, à Valbray. — N'est-ce pas a branche de cerisier coupée à l'arbre, et seulement vernie, avec qu'elle de jolis bras... et les mains, admirez la finesse des mains. de petite bouquets de cerises de distance en distance. La fleur Lucie. — Gros malins... vous vous voudriez me du cerisier en touffe sur la poitrine, car les fruits ne se mettent je vois venir; faire lâcher la corde... ça ne pas. (Apercevant, Gigolo, d'Escri- pas là, et mêmes fleurs dans les cheveux, mais avec quelques prend mard, Cas-e-œur et Larime se diriger à la nage de son fruits. Les cerises venant au printemps, la femme qui les porte côté.) Ah! Zllt ! est-ce qu'ils vont venir tous ici... Formez l'cercle alors... Ca¬ ne doit compter que des printemps. mille... fais comme moi. (aux messieurs. ) Fichez-moi le camp ou j'asperge vos gueulettes... Vous ne voulez pas partir?... En marche ! Toutes deux battent l'eau de leurs mains et leur éclaboussent Sur une jupe rose : boules de neige, feuilles de réglisse qui le visage. Ils un et, sur un ressemble à l'acacia et bruyère blanche, ou bien touffes de ripostent instant mot de Brossard¬ luire, cessent et gagnent pensées de tous les tons, relevées par une rose du Bengale par¬ le large. tant du milieu de la touffe. Lucie.— Enfin, c'est heureux, quel débarras !... Crois-tu, ils se figurent que nous venons prendre un bain pour leur faire plaisir ; sont-ils assez naïfs !... sans la galerie, on ne viendrait Sur une robe couleur soufre : de longues branches de genêts, pas. Camille. — Est-ce assez laid tout de même des hommes nus... avec des œillets d'Inde jaune-d'or, noués par un grand nœud de gaze jaune-d'or. Avec une chemise de soie, passe encore, mais tout mouillés... Lucie. — Tout mouillés, c'est visqueux... As-tu vu Cassecœur? il a des mamelles à rendre Judic jalouse. Camille. — Et Larime Sur une jupe de denielle noire : tournesol en satin pointillé qui a l'air si bien fait à la ville, il est d'un et entouré de corsetilles d'or. Si l'on préfère, des pois de senteur déjeté, et tout son poil... ce n'est pas une poitrine qu'il a, c'est un « dessus de malle ». roses et rouges. Lucie. — C'qui m'épate, c'est que Gigolo soit affligé d'un « dos rond », lui qui se tient si droit. Camille. —Et Val'bray... ce qu'il est gros... Si l'on avait le temps, on ferait un écriteau pour le pendre à son caleçon. On Sur une robe bleu-pâle : des bruyères violacées et des touffes mettrait dessus : >< Primé à tous les concours. » de fleurs de pommes de comme en Marie- terre, portait la reine Lucie. — Celui qui la souffle le mieux, c'est d'Escrimard, Antoinette. « l'homme du monde », avec s*, s coups de boulons bleuis sur le corps. On le croira t truffé. Camille. — Et Brossardluire avec ses moustaches qui pleu¬ rent, il a l'air d'un Tartare. 18 Août 1883. LA yie PARISIENNE 469

Lucie. — Ils sont tous bien vannés... Le plus chic des hommes Elles continuent leurs recherches dans les poches. que j'ai vus comme ça, c'est encore mon larbin... Camille. — Edouard ? Camille. — Un paquet de cartes... rien que des « neufs » et Lucie. — Parfaitement... Je commence à geler, viens-tu à des rois... elles sont très chics, ces cartes; elles ont des initiales l'autre bord? derrière : C. A. Camille. — Oui, mais ne vas pas trop vite, que je puisse te

suivre. Lucie. — C. A. Cercle Athénien... c'est une série de « neufs » Lucie. — Regarde donc fous ces « godanchets » qui attendent de campagne... Ah! un pot de pommade hongroise... c'est pour que nous partions .. Pauvres petits, vous voulez voir quelque les moustaches de Brossard... des dessous de bras parfumés ! oh chose... je vais vous montrer mes jambes. qu'ça sent bon... c'est un comble ! quel est l'« aminci » qui se fourre ça sous les aiselles ? Elles partent à la nage. Camille. — C'en est un se « »... Lucie qui veut donner du montant frappe l'eau des pieds et des mains, l'agite avec la force des étuis à fleurets... c'est à d'Escrimard. d'une hélice. Tout à coup, au milieu de l'écume qu'elle a formée, Lucie. — Où ça, des étuis à fleurets?... C'est la paire de chaus¬ par un mouvement, rapide, elle se retourne, fait la « planche », settes à Gigolo. sur élève ses puis, les bras croisés la poitrine, jambes alternati¬ Camille. — Il est crevant, ce Gigolo. Comme boudiné, on de¬ vement au-dessus de les avec l'eau, laisse retomber force, et vrait lui décerner une médaille. projette ainsi un bouquet de fusées hydrauliques qui retombent Lucie. — Ça serait plus facile que de lui les yeux.... en décerner pluie autour d'elle, au grand déplaisir des nageurs, et pour Enlevons tout. la plus grande satisfaction des « voyistes ». Camille. — Partons maintenant... En langue « natatoire », cette manière de nager s'exprime Elles sortent. par « faire sa baleine ».

Camille, à Lu-ie. — Tu devrais m'apprendre ça... C'est drôle, je ne peux pas me retourner. III LUCIE, enchantée de l'effet qu'elle a produit. — Oh! ma chère, C'n'est rien du tout... c'est une habitude à prendre. La même cabine, occupée maintenant par ces messieurs. Camille. — Prends garde derrière toi, tu vas donner un coup de tête cà Valbray qui fait la planche. De Brossardluire. — Comprenez-vous ce sans-gêne... elles LUCIE, se retournant et reprenant la « brasse ». — Ail ! ce paquet. partent en laissant la clef sur la porte. « » ou Valbray ! cachez votre bedon je tape dessus. Larime. — C'est une attention. Valbray. — Pas... je la fais longtemps ? De Brossardluire. — Vruis appelez ça une attention... Je n'ai Lucie. — Oui, très bien. plus de culotte. Valbray. — M'avez pas vu faire la culbute? Gigolo. — Par exemple! voilà un sale coup... Je ne trouve Lucie. — Jamais. plus mes « gluantes »..., et mes bretelles? Non, mais qu'est-ce Valbray. — Vais vous montrer. qui a retiré mes « tirantes » de mon « falzar »? je ne les ôte ja¬ mais. Il plonge la tête dans l'eau, le corps suit, et l'onde laisse De Brossardluire. — Pardi!... on sera entré et on aura fait émerger une large circonférence encaleçonnée, sur laquelle main basse sur nos effets. Vous Lucie donne une forte claque. Cette intelligente pantomime ex¬ manque-t-il quelque chose d'Escrimard ? cite l'admiration de tous les curieux. La secousse que Lucie lui D'Escrimard. — On a fouillé dans mes a imprimée a lait, disparaître complètement Va bray. L'eau bouil¬ poches... je n'ai plus de bottines. lonne, un petit mamelon s'élève à la surface, crève et laisse Cassecoeur. — Moi non enfin passer la tête congestionnée de Valbray. plus. Valbray. — Ah! c'est excessif! moi aussi. Valbray, pouffant et crachant. — Hap ! hap ! pouah ! pouah ! tutu- Larime.—Je ne retrouve plus mon gros gilet... ça ne peut tutlltu. (il secoue la tête, crache et reprend pied.) At ! at ! at ! pouah! servir à personne... c'est une plaisanterie. A-t-on pris les mon¬ pouah ! tres ? Camille et Lucie s'esclaffent de rire. Tous. — Non, non, j'ai la mienne. Larime. — Eh bien, vous voyez... nous ne sommes pas les — mes Ça, c'est fumiste... Oh! petits enfants, fut! lut! j'ai victimes d'un vol ; c'est une farce de Lucie, (on cogne à la porte.) tout dans le nez !... C'est bête... qui a tapé? Qu'est-ce que vous voulez? Les rires de Camille et de Lucie redoublent. Lucie, au dehors. — Je viens chercher Brossardluire ? De Brossardluire. — Je ne peux pas sortir, je n'ai pas de — C'est toi, Lucie... Tu vas payer ça, petite. culotte. Lucie. — Nous l'avons. Lucie, se sauvant à la nage. — Si tu me piges, j'te paye des gui¬ gnes. De Brossardluire. — Comment, vous l'avez? De Brossardluire. — Rattrapons-la ! Lucie. — Et puis bien autre chose... des accessoires d'un mais Camille. — Non, laissez-la; elle remonte... je vais m'habiller drôle... ah! d'un drôle. Il y aura tombola, ce soir, au bal avec elle. des Canotiers; on les fera tirer. Dii Brossardluire. — Au fait... elle a la clef... nous voilà de¬ De Brossardluire, vivement intéressé. — Pas de gaffes ! s'il vous hors j squ'à la sortie de ces dames. Assez de baignade... voulez- plaît; rendez les bibelots. vous? Montons au restaurant. Lucie. — A une condition ; vous viendrez les réclamer chacun à votre tour? De Brossardluire. — Nous n'avons pas de souliers. II Tous. — Non, non, nous n'irons pas; c'est d'un ridicule! Valbray. — Ah! c'est excessif! Quel aplomb, cette petite Lucie; je rachète tout en bloc. Dans l'intérieur du chalet-cabine. Des vêtements sont placés Lucie, toujours au dehors. — Ça va, combien? sur la table et les chaises, parquet jonché de bottines. Ces clames Valbray. — Cent douze sous. sont rajustées. Lucie.— Des nèfles! Il y a quarante « souvenirs d'Ams¬ terdam » à 5 fr. UO. Lucie. — Sont-ils a^sez cramponnants? Oh I dis-donc, une Valbray. — Vrai! il bonne blague... si nous leur cachions leurs habits ? y a quelqu'un qui a des « souvenirs ». Oh ! c'est excessif !

Elles remuent les effets de ces messieurs. Lucie. — Nous avons aussi un bracelet avec chaîne et devise amoureuse... Dépêchez-vous, ou je dis tout! —Ah ! un « ouatage » ! C'est au moins à Larime... Tiens ! un bra¬ Valbray, à ses amis consternés. — Voyons, voyons, mes celet avec une chaîne ! petits enfants, c'est grave, sortons de là. Vous aviez donc des choses Lucie, prenant le bracelet. — C'est un esclavage,.. il y a quelque compromettantes sur vous. Suis-je donc avec des anarchistes? chose de gravé dessus : « Je maintiendrai 17-8-75. » Qu'est-ce que Oh, oh, oh! vous ne répondez pas. Alors, mes petits enfants, ça veutdiro, ces chiffres. fendons-nous ; je fais la quête ; nous payerons tous pour le ra¬ Camille. — Ça veut dire 17 août 75. chat des captifs, (il prend un chapeau et quête.) Lucie il y a 27 fr. 50; Lucie. — ! Depuis ce temps-là !.,. est-ce assez? Camille. — Des bretelles!... ah! ce système ! Lucie. — Tas de Lucie. pannés! Ah! vous avez voulu me «cham¬ —Pas besoin de demander à qui ; c'est du Gigolo. (Fouil¬ barder ». A mon tour ! Ce n'est pas assez ; faites la pièce roude. lant dans une poche.) Voilà une trouvaille.;, un paquet de bagues Valbray. — Petite, à moi tout seul, d'or avec des je donne 12 fr. 50. Est-tu perles... c'est épatant... il y en à au moins qua¬ contente? rante. Camille. — Fais voir... ah!.., c'est du Sl.JWJ... là bague-« sou¬ Il ouvre la fenêtre de la cabine. venir d'Amsterdam » ça doit être à l'homme du monde. 470 LA VIE PARISIENNE 18 Août 1883.

Le grand air, le soleil, la poussière hâlent et noircissent les plus frais Lucie. — Ça va; passez d'abord la somme ? Merci. visages qui se couvrent de liâle, d'éphélideâ, de rides précoces. Ces souil¬ Elle envoie le paquet d'effets à Valbray. lures forment un véritable masque de laideur. Comment s'en débarrasser? Par l'emploi journalier du lait antéplièlique Cauclès, qui rafraîchit délicieu¬ De BrosSardluirè. — Tu me payeras ça, Lucie. sement l'épiderme. Cette eau de toilette, souveraine, sert de type aux Lucie. — Pignouf 1 tu viendrais frotter ton « lard » contre diverses préparations pour faire disparaître les petits points noirs du nez. mon « satin » et tu ne voudrais rien donner ? Je dirai partout (26, boulevard_Saint-Denis.) que tu portes des... De Brossardluire. — Tais-toi.

Lucie. — Si je veux !... Quand vous serez prêts, vous viendrez La véritable eau de Ninon, de la Parfumerie Ninon, 31, rue du Quatre- tous chez moi!... J'offre à dîner! Qu'on se le dise! Septembre, efface la ride naturellement et pour toujours, sans avoir re¬ cours au maquillage. Kamousiika

Les cheveux gris ou blancs ne peuvent plus exister, grâce à leur recolo¬ ration naturelle, par la Bismukrozine au bismuth, nouvelle découverte scientifique de la Parfumerie exotique, rue du Quatre-Septembre, 35.

PETITE CHRONIQUE RUEIL-CASINO. — Gare Saint-Lazare, 20 minutes de Paris. Res¬ taurant à la carte. Dîner. Concert. Vaste parc, service de premier ordre. 60 chambres meublées. Voitures à volonté. Demain dimanche : Grand concert de 3 à 5 et de 8 à 10 heures. Illumination à Giorno. Embra¬ sement du parc. Fête de nuit. Tir à la carabine. Sanglier mobile. Une originalité piquante, un particularisme spirituel régnent dans les créations de Mmos Brunhes et Hunt. Ce n'est rien, que leur chapeau capitan posé sur l'oreille, mais un rien d'une crâne coquetterie, d'une délicatesse intense. Le chapeau capitan se Les cheveux poussent abondants, longs, souples, brillants, par l'emploi fait en paille calaisienne vert-forestier, avec bordure bouillonnée velours de la pommade Alberta. 5 fr. le pot. (21, boulevard Montmartre.) vert-d'eau, plissé en rayons de nimbe autour du front. Un ruban de ve¬ lours vert foncé et une draperie vert-d'eau cerclent la calotte. Deux ailes blanches ombrées vert se pavannent sur le front, iïères comme le plumet A la d'Artaban. Une longue plume mousquetaire taquine la nuque. Le capitan plage! Suivez nos conseils ; débarassez vos bras et vos jambes de vos va-t-il trouver place dans une vaillante page d'histoire contemporaine ? poils disgracieux qui altèrent à la fois la finesse de la peau et la pu¬ reté des formes. Un flacon de Pilivore ne coûte Des habiles modistes également, pour voyage, une ravissante toque que 10 fr. Est-ce donc impériale en plumes de coq et faisan doré, avec bord de peluche mor¬ trop pour le service gu'il vous rendra! (Parfumerie Dusser, 1, rue J.-J. dorée. La tête naturalisée du volatile s'épanouit devant, surmontée d'une Rousseau.) aigrette vieil-or. On peut dire que ces chapeaux et toutes les créations de Mmes Brunhes et Hunt sont la quintescence du goût féminin. (43, rue Caumartin.)

STOMLINE, eau dentifrice souveraine, fl., 6f. r. de l'Échiquier, 22

Employez donc un linitif dans le but de raffermir votre poitrine ! Tous les émollients, quels qu'ils soient, déterminent fatalement une ROSÉE des INDES, de CHALMIN, parfum exquis, 7, r. d'Enghien. gorge de gélatine. Il faut le siècle de Robert Macaire boursier, médecin, industriel pour essayer sérieusement de faire gober au public qu'un lénitif peut tonifier le tissu essentiellement dilaté et spongieux des glandes A. mammaires. DELION, passage Jouffroy, CHAPELLERIE ÉLÉGANTE.

Règle. — Pour développer les seins, leur donner une fière et superbe plastique, il est besoin d'un stimulant, et même d'un stimulant énergique, cela saute aux yeux. Il n'en existe qu'un seul, la Mamelliane. La formule de la Mamelliane est due à Tronchin, et mit le célèbre mé¬ Chemins de fer de l'Ouest et de Paris à Orléans. decin en grand honneur à la cour de Louis XV. Mais quels magnifiques dans la résultats, prompts et palpables ! Mme d'Epinay aimait à servir de preuve. Excursion Loire-Inférieure, la Vendée et sur les bords de la Non seulement la Mamelliane développe harmonieusement les seins, Loire. mais encore elle les conserve ronds et fermes, et transforme la gorge Train de plaisir de Paris à Nantes et aux gares intermédiaires suivantes: veule en gorge rigide. (A la Juventa, 3, rue de la Banque, lor étage.) Angers, La Possonnière etAncenis, du mercredi 22 août, au samedi 1er sep¬ tembre 1883.

Aller et retour; 2e classe 26 fr.; 3° classe 18 fr. Nous ne sommes redevables ni à la chimie ni à la thérapeutique de Aller. Départ de Paris-Montparnasse, le mercredi 22 août 1883 (nuit du l'application du cresson à un dentifrice. L'idée en revient à Martial, qui mercredi au jeudi), à minuit; arrivée à Nantes, le jeudi 23 août vers s'honore d'être parfumeur autant qu'il fait honneur à son industrie. midi 50. En ce temps de contagion et d'épidémies, les médecins recommandent Retour. Départ de Nantes le vendredi 31 août, à 8 h. 5 du soir. Départ expressément le Dentifrice au cresson de Martial. Puissant dépuratif et d'Ancenis le vendredi 31 août à 9 h. 5 du soir. Départ de la Possonnière antiscorbutique, cette préparation hygiénique guérit les affections des gen¬ le vendredi 31 août, à 10 h. 24 soir. Départ d'Angers (transit) le vendredi cives, combat la carie, conserve l'émail. Par une action rafraîchissante, 31 août, à 11 h. 15 du soir. Arrivée à Paris (Montparnasse) le samedi 1" sep¬ l'haleine embaumée s'exhale en un souffle suave. (119, rueM ontmartre.) tembre vers 9 h. 35 du matin.

SOMMIERS et LITS TUCKER, 19, rue da RASOIR DIAMANT (Breveté). Un aveugle i LEFANT-DOUMBIOS, 86, boul. Haussmann 4-Septembre. Meubles en 1er et en bois. s'en sert sans se} couper. — Envoi poste contre | Meubles anciens et objets d'art. DEUIL. A la Religieuse, 2, r. Tronchet, m»" conf°e 5 fr- 50. — Clavëme : 12, rue Villehardouin. i CORSETS. Mm° Billard, 4, rue Tronchet.

- i — —

Le Gérant : A Baudohm GRANDE IMPRIMERIE, 16, rue du Crwissant, Paris. — J. Cossbt, imp,