cultivées dans le Parc naturel régional du Verdon, XIX Verdon, du régional naturel Parc le Réalisée par Pauline Mayer dans cultivées D’après l’étude SYNTHÈSE D’ÉTUDE

l’agrodiversité fruitière Les Préalpes fruitières - Les variétés de fruits fruits de variétés Les - fruitières Préalpes Les

PARC NATUREL RÉGIONAL DU VERDON Ethnologie et Histoire du Verdon e - XX - e

© P. Mayer Aux cultivateurs de demain,pour qu’ils réadaptent l’ancienne culture fruitière auxenjeux contemporains del’agriculture, afin decréer lesagroécosystèmes de l’avenir. Aux cultivateurs d’aujourd’hui, qui nous transmettent unpatrimoine vivant. L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON

seront naturellement conservés dansuneremise sèche, frais quis’échelonnent sur unemoitiédel’année, dont certains formes et decouleurs. C’est choisir de faire pousser des fruits c’est surtout laisser s’exprimer unediversité desaveurs, de de fruits différents deceuxachetés engrande distribution, c’est sélectionner, faire pousser et choyer desarbres porteurs S’intéresser aux variétés fruitières ancienneset «locales», s’adapter auchangement denotre climat. diffusion de variétés et de porte-greffes susceptibles de ressources génétiques déjà implantées localement, sur la agro-écologique :nousmisonsainsi sur lapréservation des développement des territoires du Verdon dansunedémarche s’agit icid’un desnombreux engagements quiinscrivent le pratiques paysannes relevant decescultures arboricoles.Il de-là dansnoscampagnes et àremettre augoût dujour, les et àrépertorier les variétés quenous trouvons encore de-ci moyens àmieuxconnaître cepatrimoine fruitier, àidentifier par simplenostalgie quenousconsacrons du temps et des la diffusiondeces variétés localesde fruits. Et cen’est pas ont décidédes’engager activement danslapréservation et Voici maintenant plus de 4 ans que les élus du Parc du Verdon participent àlarichessedenospaysages. une partie considérable du patrimoine du Verdon et Eléments remarquables dupaysage, cesarbres représentent peut-être 40ans,80ansou mêmeplusde100ans! greffés sur «dessauvageons »quiont pousséauhasard il y a des pruniers «quidonnent »encore !Ilsont été plantés là,ou Des pommiers, despoiriers, desabricotiers, descerisiers ou champs, dejardins oudechemins. Des arbres quisouvent semblent abandonnésenbordure de déguster ces fruits tendus par de vieux arbres tordus. À la fin de l’été ou à l’automne, il est agréable de cueillir et de Le Mot du Président sur l’évolution despratiques arboricolesdu territoire. apporter denouvelles connaissances et croiser lesapproches du Verdon avec l’ethnologie et l’histoire qui viennent ainsi du coin»,depassionnésd’arbres et delaculture populaire Ce document riche et illustré, c’est la rencontre des« gens transition écologique, économiqueet sociétale. recherches permettent d’engager ce territoire dans une Ces ressources qui viennent alimenter lesinitiatives et les 20 ans d’existence du Parc naturel régional du Verdon. nourrit desmultiplesconnaissancesmisesenexergue en breuses compétences pratiques et scientifiques et se C’est unprojet « très Parc »,car ils’appuie sur denom- coup depoucel’équipe technique duParc du Verdon. la détermination et l’engagement deséluslocaux,et sansle financiers, sansleséclairages descientifiques investis, sans pomologie, sanslespartenaires institutionnels techniques ou des artset traditions populaires oudanslasciencede des associations investis danslapréservation et ladiffusion amateurs ouprofessionnels, sansl’implication deséruditset sans l’implication denombreux producteurs, qu’ils soient une multitudedepersonnes. Unprojet quinepeut seréaliser qui, avec uneffet bouledeneige, entraîne danssaréalisation « C’est unprojet très Parc »pourrions-nous dire... Unprojet pourquoi pasdistillés, issusdecescultures. de qualité, desproduits frais, pressés, séchés, cuisinés et se saisissedecette diversité pour proposer desproduits l’autre moitié de l’année. C’est faire le pari que le marché local tempérée et aérée pour être consommésàmaturité optimale Président duParc naturel régional du Verdon Bernard Clap,

L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE 3 Aix-en- LE TERRITOIRE DU PARC NATUREL RÉGIONAL DU VERDON Montpellier Marseille Manosque D 952 A51 sur Ve V sur Ve V

D 23 inon inon

111 D rdon rdon

Ginasservi

Ginasservi D 4 D 554 D

les Bains Gréoux les Bains Gréoux D 69 D

D 65

s s

D 82 D D 30 D

D 55 D D 36 D

D 470 Verdon 4 8 D

4 D 6 Duranc de Brômes Saint Martin de Brômes Saint Martin Lac d’Esparro Lac e le Montagnier Saint Julien le Montagnier Saint Julien La Ve La Ve

A51

n

4 D 55 D V V

en Provenc Allemagne en Provenc Allemagne rdière 15 D rdière alensole D 8 alensole Colostre

de Ve Esparron de Ve Esparron

Grenoble Gap D 69 D

D 82 Quinson rdon rdon

e e

D 15 D

D D

D D D 56

D 13 6 du Ve Saint Laurent du Ve Saint Laurent 111 D 13 D Montpezat D 31 Montpezat D 952 rdon rdon D 11 1 Montagnac Montagnac Artignosc- sur-V sur-V Artignosc- Riez

Mauroue Quinson

erdon erdon Lac de Lac Puimoisso

D 8

9 D Régusse Régusse du Ve Sainte Croix

du Ve Sainte Croix D 95

Digne-les-Bains Baudinard- sur-V sur-V Baudinard- 11

D D 3 Roumoules 11 D 1 la Cascade Sillans la Cascade Sillans rdon rdon n erdon erdon

D 60

D 71 Auvestre

Colostre Bellevue Moissac Bellevue Moissac D 108 Sainte Croix Sainte Asse D 952

Bauduen

Bauduen Lac de Lac

D 149 D

9 D

D 22 Saint Jurs Saint Jurs

sur Ve Les Salles sur Ve Les Salles Sainte Mari Moustiers Sainte Mari Moustiers e

D 957 Maïr D 71 Draguignan Draguignan Aups Aups Aiguines rdon rdon

D 619 D 77 D

V V e e D 4085 D

illecroze illecroze Vérignon Vérignon V

Camp militairedeCanjuers along

T T e

ourtour ourtour

Majastres Baou

sur Ve La Palud D 952 sur Ve La Palud

3 12 D

Légende

D 17 D D 23 D rdon rdon

Blieux de Asse Blieux Périmètre duParc naturel régional du Verdon Ville porte Rougon

D 21 202 N Artuby 71 D Tr Tr iganc iganc

D 90 D 4085 D

e e Jabron

Verdon D 952

sur Comps sur Comps 5 95 D Artuby

Artuby de Castillon de Le Bourguet Le Bourguet Castellane

D 402 Lac

Issole D 102 D du Ve Saint Julien du Ve Saint Julien les Saint les Saint Brenon Brenon Alpes Alpes

05 D 955 D 33 D rdon rdon André André

D 955 de Chaudanne de Châteauvieux Châteauvieux Angles Angles La Garde La Garde

D 21 D D 52 Bargème

Bargème Retenue

Demandolx

Demandolx Verdon Artuby

D 4085 D D 37 D Allons Allons N La Martre La Martre

km

D 10 D

D 45 D

2 2 La Roque-Esclapon La Roque-Esclapon La Bastide La Bastide Peyroules 10 km D 221 Soleilhas

1 D 4085

N 202 Route Napoléon Route

D 91

1 Nice Grasse . II. L’arbre nourricier . I. L’arbre cultivé Introduction Variétés anciennes,quiêtes-vous ? Le mot duPrésident Sommaire Avant-propos 2. Le séchage des 2. Le séchage fruits àpépins: 1. Une pruneprovençale 5. La récolte 4. Arbres àmarier :l’art delagreffe 3. Drageons, boutures et semis 2. Avoir ounepasavoir declimat 1. Des «champsd’arbres » 5. La placedu fruit dans lesrepas 4. industrielles les 3. De lamélique auxconfiseries Aigardent partiés . .

et autres boissons ......

. .

. . . 60 20 50 38 39 24 22 52 55 31 13 12 8 6 3 . III. Dans lesbranches ducommerce . IV. Les «qualités» fruitières du Verdon 1. Les pépinières, les foires et l’entre-soi 2. Trajectoires d’hommeset de fruits : Remerciements Glossaire Bibliographie 4. Quelques fruits denégoce du au fruit sec fruit de table 3. Mutations ducommerce : entre deuxclimats . . . .

. .

. 106 104 107 68 66 63 82 62 74

L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE 5 est «d’intérêt local». intéresser unerelance culturale et culturelle. On dit alors qu’elle Cependant, toute variété, adoptée commeadaptée, peut alimentaires :ellessont dites locales. niques agricoles,auxsols,auclimat, et surtout, auxhabitudes par lescommunautés en fonction deleur adaptation aux tech- issues d’une sélection empiriquedite paysanne, ont été choisies sont alors qualifiéesde traditionnelles. Enfin, d’autres encore, pays d’adoption. Porteuses d’un attachement manifeste, elles que leurs caractères extérieurs sesont modifiés,àl’imagedeleur importées, peuvent s’être sibienintégrées parmilescultivateurs elles nesont cependant pasoriginaires delarégion. D’autres, siècles, puiscirculé dansdifférents territoires :«anciennes», Certaines variétés peuvent avoir été sélectionnées il y aquelques Le domainedes fruits offre ununivers vaste et méconnu. « locales»,ou traditionnelles »,nesont pasaiséesàdistinguer. Les variétés deplantes cultivées, qu’elles soient «anciennes», Avant-propos VARIÉTÉS ANCIENNES, QUI ÊTES-VOUS ?

marchand castellanais... « quartier »,lapoire Muraire apeut-être emprunté lenomd’un du Coulet et Garrus, désignent peut-être un patronyme ou un un village varois proche, oudelapommed’Éoulx. Les pommes l’origine de la poire Châteaudouble, qui partage son nom avec nom de famille deceluiquilesaintroduits. Onpeut supposer ment identifiés par lenomdulieuoùilsont été prélevés oule correspondre àun patronyme. Aussi les fruits sont-ils fréquem- droit d’où proviennent lesgreffons. Cependant, ilspeuvent aussi type toponymique sont fréquents, et désignent souvent l’en- désigner plusieurs variétés (homonymies). Les appellatifs de langues et desépoques(synonymies), et unmême vocable peut Ainsi, lenomattribué àun fruit varie en fonction deslieux, des donc lanomenclature fruitière et l’aire dediffusiond’un cultivar. au pays... Ces sociabilités, à un niveau très local, conditionnent un trajet quotidien, unealliance, le travail saisonnier ouleretour établies àdiverses occasions,comme desrelations de voisinage, fonction desépoques.Ilscirculent augré demicro-sociabilités hommes, desgreffons, des techniques culturales pratiquées en La répartition des cultivars est le fruit delacirculation des plus complexe àaborder. pratiquée par leshumains.Lanotion de« variété »est d’autant de «cultivar »oude« variété »,quisupposent unesélection cultivés et des fruits sauvages, contrairement aux termes sous le vocable de«qualités ».Ellerecouvre àla fois des fruits regroupées dans unecatégorie complexe, désignée oralement Les différentes sortes de fruits nommés sur le terrain sont au printemps, ilsmontaient desgreffes les gens allaient travailler dansle Var et greffaient lecerisier. Raymond Pierrisnard, Demandolx. ÀDemandolx, ;

1. Communes séparées par la frontière entre laFrance et l’Italie © J.-H. Jaume Saint-Hilaire, 1883. aujourd’hui disparu,lesarbres, eux,sont encore bien vivants. leur collecte, car silespratiques quileur étaient associéesont leur description pomologique, et poursuivre leur observation et les noms,périodesdematurité et lesusagesdes fruits avec qu’une basepour aller plusloin.Il faudra, àl’avenir, comparer d’une variété. Le tableau présenté danslapartieIV n’est donc expertise pomologique, essentielle pour trancher sur l’identité Cependant, lesdonnéesn’ont paspuêtre croisées avec une migrations. culation des fruits et desplants au travers ducommerce et des pratiques culinaires domestiques et/ou industrielles, et lacir la sélection descultivars, la transformation des fruits oules explorés :lespratiques culturales liéesàlamultiplication et à leur biais, trois aspects del’ancienne culture fruitière ont été base essentiellement sur lessources orales et historiques. Par diffusion des variétés fruitières dansle temps et l’espace, se dans cet ouvrage, quiaeupour ambitiondecomprendre la sources d’informations est essentiel. Larecherche présentée Pour arriver àunrésultat fiable, lecroisement dedifférentes représentation de J.-H. Jaume Saint-Hilaire, 1883. Elle y est décrite commeuneprunejaune, contrairement àla de gendarmerieàMenton -ouà Vintimille - revenu au pays La Baumedansl’immédiat après-guerre par unancienadjudant La prune-pêcheest connuepour avoir été apportée à 1 . -

L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE 7 : Sainte-Croix : Castellane : 9 20000 à 25000 amandiers 10000 amandiers Blieux 3500 pommiers 4000 oliviers 2000 oliviers La Palud/Verdon 750 pommiers 2500 poiriers 300 poiriers 600 muriers 10000 amandiers 500 poiriers 500 amandiers 300 muriers 150 poiriers 1700 poiriers 300 amandiers 300 pêchers Introduction 200 pommiers 100 pommiers 1500 pommiers 300 noyers 200 Noyers 200 cerisiers 40 cerisiers 250 pruniers 200 pruniers 100 cerisiers 100 figuiers 50 pruniers 70 cerisiers 50 cerisiers 100 pruniers 50 pêchers 50 pruniers A51 Verdon Gap Grenoble Digne-les-Bains D 4085 Issole D 955

Allons : Saint André

N 202 les Alpes 120000 amandiers Asse Asse de Blieux Angles 25000 oliviers D 33 N 202 1350 muriers Saint Julien 500 noyers du Verdon e Lac Saint Jurs Majastres de Castillon

D 108 D 955 Duranc D 8 D 402

D 21 Demandolx D 4085 Puimoisson Auvestre D 15 Blieux D 102 Soleilhas Moustiers 3 Retenue 4 Colostre Castellane D D 56 D 95 Sainte Marie de Chaudanne Manosque Valensole Mauroue D 952 D 6 La Garde D 17 D 952 Baou D 102 D 4085 Maïre Riez D 45 D 8 2 Peyroules Verdon D 911 D 6 Roumoules V along D 123 Rougon D 952 Allemagne D 11 e La Palud en Provence Montagnac Les Salles Le Bourguet 1 D 82 sur Verdon Châteauvieux Saint Martin D 111 D 221 Route Napoléon sur Verdon HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - VERDON DU FRUITIÈRE L’AGRODIVERSITÉ D 4 de Brômes Lac de D 71 Sainte Croix D 952 D 52 Colostre Sainte Croix Trigance La Martre D 4085 Gréoux Montpezat du Verdon Aiguines D 955 Brenon Artuby les Bains Esparron D 23 D 11 Jabron D 71 D 90 Grasse D 11 Verdon de Verdon 1 A51 Vinon Bauduen D 619 Nice D 82 Saint Laurent D Bargème sur Verdon 9 La Bastide Lac d’Esparron D 15 du Verdon D 8 D 71 Lac de D 21 1 Quinson D 149 La Roque-Esclapon D 69 D 31 Artuby D 957 Comps Quinson Baudinard- Camp militaire de Canjuers D 952 D 554 sur-Verdon sur Artuby D 37 Artignosc- Saint Julien sur-Verdon D 36 le Montagnier D 111 D 69 D 13 D 554 Moissac Ginasservis Aix-en-Provence Bellevue Vérignon Marseille La Verdière Régusse Montpellier D 9 Aups D 23 D 30 D 77 D 60 N

D 65 D 554 D 22 D 13 Tourtour D 470

Sillans Vinon/Verdon : la Cascade Villecroze 5850 vignes La Verdière : 05 km 10 km © Fonds J.L. Domenge J.L. © Fonds 4500 oliviers 18000 oliviers Aiguines : Draguignan 3100 amandiers 16500 amandiers 1460 amandiers Cabanon et pruniers, La Silve, Demandolx. 1300 pêchers 3000 vignes 470 oliviers La Bastide : 1200 muriers 560 figuiers 200 muriers Bargème : 1000 amandiers 600 pommiers 500 muriers 100 pommiers 1125 amandiers 250 poiriers 500 poiriers 280 pêchers 100 poiriers 920 poiriers 200 pommiers 500 cerisiers 220 poiriers 100 noyers 250 pommiers 200 noyers 250 figuiers 100 cerisiers 50 pêchers 120 noyers 100 Cerisiers 200 pruniers 100 noyers 50 figuiers 120 pruniers 80 pruniers 25 noyers 80 pommiers 24 vignes 25 Cerisiers 20 muriers

Éléments sur la production frutière du Verdon, 1929 - 1934 Monographie agricole du département des Basses-Alpes de 1929, 1934, archives DDAF de Digne. Enquête agricole du Var 1929 Archives DDAF de Toulon. Données issues de A. Fedensieu et N. Moulin 1999. 11

Le Fugeret ; lei brulo-castagno, Braux ; lei manjo-castagno (châtaignes) FRUITS À PÉPINS, FRUITS À NOYAUX ENTRE DEUX CLIMATS : Saint Julien, lei manjo-peluegno UNITÉ ET DIVERSITÉ (épluchures de Salignac ; lei , prunes) manjo-souorbo lei manjo- ; lei (sorbe) tatino (fruits e perussié La géographie fruitière du Verdon s’inscrit au sein de la Provence, majeure partie des Alpes du Sud, et y a fait l’objet, dès le XVIII de la viorne (poiriers qui comprend plusieurs ensembles culturels et climatiques. siècle - avec l’amandier - d’un commerce important. Les fruits mancienne) sauvages) ; Les fruits à pépins et à noyaux s’y répartissent entre la basse à pépins et les prunes, qui nous intéressent ici, se concentrent lei pico-pruno Au Touyet, lei Provence, pays méditerranéen de collines et de plateaux, et les donc dans les moyennes montagnes des Préalpes françaises (les pics-prunes) manjo-afàtou (les prunes de

A51 Verdon moyennes montagnes des Préalpes, piémonts préfigurant la du Sud, qui constituent un espace pénétré par les influences Gap Briançon) Grenoble Digne-les-Bains D 4085 zone alpine. méditerranéennes, un entre-deux climatique favorable à la Issole Ces milieux conditionnent la saisonnalité des productions : les culture fruitière. Au sein du Parc naturel régional du Verdon, les D 955 fruits d’été – plus goûteux par leur parfum et leur couleur – et les fruits à pépins se concentrent dans les vallées du Moyen Verdon, Allons primeurs abondent en partie basse, tandis que les fruits d’hiver de l’Asse de Blieux, voire de l’Artuby. Saint André N 202 les Alpes s’épanouissent tardivement et se conservent plus aisément Asse Angles Asse de Blieux D 33 dans les climats plus frais. La chaleur même, qui donne au fruit Les habitants des moyennes et hautes vallées du Verdon sont N 202 Saint Julien d’été sa saveur incomparable, lui ôte sa capacité à se conserver… fréquemment affublés de sobriquets témoignant de l’impor- du Verdon

e Lac Saint Jurs Majastres Au sud de la Haute-Provence, dans les basses vallées de la tance ancienne des cultures fruitières. Évoquant des régimes de Castillon 5 La Sagne, lei D 108 Pierrerue ; lei D 95 Duranc D 402 pito-agreno (les Durance et du Verdon, on trouve les pêches, abricots, cerises, alimentaires cocasses, ces sobriquets tournent en dérision les La MaurelièreD 8 manjo-amouro picoreurs de (hameau de ) ; D 21 Castillon, Demandolx amandes et olives, fruits à noyaux qui s’accommodent mieux mangeurs de restes et de fruits sauvages. Ainsi, les habitants de (mûres) Puimoisson D 4085 lei manjo-baconAuvestre prunelles) D 15 Blieux lei manjo- D 102 Soleilhas Moustiers HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - VERDON DU FRUITIÈRE L’AGRODIVERSITÉ d’un climat plus chaud et sec, tandis que la culture des pommes, Taloire sont-ils qualifiés demange-baculas (poire séchée), ceux (prunes sèches)3 Retenue 4 Colostre La Palud de mouchihounCastellane D D 56 D 95 Sainte Marie de Chaudanne poires et prunes semble spécifique aux parties montagneuses de La Palud de Castellane de manjo-partiés (quartiers de poire Manosque Valensole Mauroue D 952 Castellane ; (trognons de D 6 La Garde D 17 D 952 lei manjo-partiésBaou D 102 D 4085 Maïre pommes) des anciennes Basses-Alpes (aujourd’hui Alpes-de-Haute- séchée), tandis que les manjo-pero cuecho au fourt (poires cuites Riez D 45 D 8 2 Peyroules (quartiers de poires Verdon D 911 D 6 Roumoules Provence). au four) de se rient des manjo-peluegno (épluchures) de V séchées)along D 123 Rougon D 952 Allemagne D 11 e À Saint-Julien-le-Montagnier, la poire la plus tardive vient à Saint-Julien-du-Verdon. À La Maurelière, les villageois sont des La Palud en Provence Montagnac Les Salles Le Bourguet 1 D 82 Saint Martin sur Verdon Châteauvieux maturité en septembre, tandis qu’à Castellane et à Éoulx, elle se manjo-bacoun (prune sèche de qualité inférieure), à Castillon D 111 sur Verdon D 221 Route Napoléon D 4 de Brômes Lac de D 71 Sainte Croix D 952 D 52 Colostre Sainte Croix Trigance La Martre D 4085 conserve jusqu’en mai ! (village noyé par le lac) des manjo-mouchihoun (trognons de Gréoux Montpezat du Verdon Aiguines D 955 Brenon Artuby ; lei les Bains Esparron D 23 D 11 Jabron D 71 D 90 Grasse pomme). Enfin, dans le registre de la consommation de fruits D 11 Verdon de Verdon 1 manjo-grafieu A51 Vinon Bauduen D 619 Nice D 82 Saint Laurent D Bargème 9 La Bastide Le botaniste varois Michel Darluc écrit en 1734, dans son sauvages qui marquent un climat ingrat, Soleilhas héberge les sur Verdon D 15 (cerises) Lac d’Esparron du Verdon D D 71 8 Lac de D 21 Histoire naturelle de la Provence que « les fruits à pépin sont manjo-souorbo (bien que le sorbier fût autrefois jugé digne d’être 1 Quinson D 149 La Roque-Esclapon D 69 D 31 Rougon ; manjo-Artuby D 957 Comps Quinson Baudinard- Camp militaire de Canjuers D 952 D 554 excellens aux montagnes, tous les vergers & les jardins sont cultivé) ; Sauvechane (hameau de Comps), les manjo-perus (poire sur-Verdon aglan (glands) sur Artuby D 37 Artignosc- remplis de pommiers & de poiriers des plus belles espèces. » sauvage), et La Sagne (Briançonnet), lei pito agreno ou picoreurs Saint Julien sur-Verdon D 36 le Montagnier D 111 D 69 D 13 Selon le géographe Raoul Blanchard, les Préalpes de Castellane de prunelles. Plus loin encore, les habitants du Touyet (commune D 554 Moissac Ginasservis et de Digne, plus fraîches, formaient encore un « grand verger » d’, Alpes-de-Haute-Provence) sont surnommés les manjo- Aix-en-Provence Bellevue Vérignon Marseille La Verdière Régusse Les Mayons ; lei dans l’entre-deux guerres. On y trouve notamment le pommier afàtous (prune de Briançon). Montpellier D 9 Taloire,Aups lei manjo manjo-souorbo D 23 D 30 baculasD 77 (les qui, peu répandu dans les climats secs et chauds de la Provence, Sans oublier les nombreux autres sobriquets dont sont qualifiés D 60 (sorbe) prospère en altitude. Quant au prunier, il fut cultivé dans la leurs voisins… mangeurs de petites D 65 D 554 D 22 D 13 poires séchéesTourtour au Sauvechane ; D 470 four) lei manjo-perus Mons ; lei figoun Sillans (poires sauvages) la Cascade Villecroze (petites figues)

Draguignan 05 km 10 km

N

Les Mayons ; lei manjo-souorbo Petite géographie des sobriquets liés aux fruits, attribués aux habitants de la Haute-Provence. (sorbe) L’arbre cultivé Chapitre 1

Pré-verger irriguéàSenez (La Maurelière), enlimite d’un coteau sec. © Fonds J.L. Domenge

à LaSilve, Demandolx. Fruitiers plantés aubord des terrasses depierre sèche © Fonds J.L. Domenge champs cultivés... l’arbre est disposéenpleinchamp, dansdes prés, oudansdes prodigue ombre et fruits. Dansles fonds de vallée irrigables, dans lesjardins et lesenclosdestinés aupetit élevage, unarbre Dans l’espace domestique autour des fermes et des cabanons, peut marquer leslimites parcellaires, faire fonction deborne. des animaux de trait et faire l’économie de la terre arable. Il il est isolésur lesbordures, terrains exigus, comme les coteaux secs aménagés en terrasses, L’arbre fruitier se trouve aux marges del’espace cultivé. Dansles intensive. parle pas de « vergers » avant l’avènement de l’arboriculture parcelles, le fruit n’est pasuneproduction spécialisée:onne Malgré laconcentration et l’alignement desarbres danscertaines science agricole, moderneet triomphante. les cultivateurs ont longtemps ignoré lesrecommandations dela diffusion des « procédés rationnels de bonne culture fruitière », l’ancienne éruditionpaysanne. Eneffet, malgré les tentatives de différents moments delaculture fruitière, et expriment sociale et technique, permettent de faire ladescription des Les pratiques arboricoles,considérées icidansleur dimension par unmur) ou 1. DES « CHAMPS D’ARBRES ribes (déclivités, pentes), pour faciliter le travail faïsses (bandesde terre soutenues

» Arbres conduitsenplein vent dansunpré-verger deSenez. Pré-verger fauché àLaPalud deCastellane, été 2017. © P. Mayer © P. Mayer 13 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE au bord du Verdon, années1930. Cultures fruitières sur uncoteau d’Angles (Castellane), © Fonds J.L. Domenge © Mary-Ann Hird Mistral au milieuduXX Paysages depré-vergers àSaint-André-les-Alpes e siècle.

En basàdroite, onaperçoit uncomplant de vignes et depêchers. Pont desSalles-sur-Verdon avant lamiseeneaudulacdeSainte-Croix. © Fonds D. Turc © Mary-Ann Hird Mistral d’abord destinées aux cultures annuelles. laboure, lesirrigue, les fume oulespioche, cesopérations sont luzerne, plusanciennement fromental ouray-grass). Sionles (blé, orge), pommesde terre, ouencore fourrages (betteraves, lorsque celle-ciest possible. Oncultive souslesarbres céréales complantés d’arbres depleinchamp, quiprofitent del’irrigation riches enprés de fauche et pâturages occasionnels.Ilssont sont associésàd’autres cultures. Ces espacesherbagers sont Verdon oudel’Asse des«prés »et des«champs»:lesarbres À défaut de« verger »,on trouve dansles vallées irriguéesdu 3. Armand Ferrando, LaPalud-sur-Verdon 2. Georgette Susini,Rougon

à Saint-André, début duXX Scène delabour souslespommiers © Fonds A. Martel e siècle.

Saint-André, 20août 1938. Battage dublésouslespommiers, © Fonds A. Martel

près delamaison,Robion Jardin potager àl’ombre d’un mûrier noir © P. Mayer choisir :oulesarbres, ouleschèvres. » La Palud-sur-Verdon, où«l’on devait bêtes querienne poussait » Rougon, où«il y avait tellement de fait pas toujours bonménage. Ainsi à sur l’arboriculture, et leur association ne fut possible. L’élevage primecependant s’être épanouiepartout oùl’irrigation l’arboriculture des fruits àpépinssemble position protégeait lesarbres dugel, terre arable. donc de tirer plusieurs récoltes dela pression démographique, permettent ces cultures associées, favorisées par la À Senez, dansl’Asse, les sur les Castellane. Bienqu’elle ait été présente de Castellane, ouencore àLaPalud de du-Verdon, autour deSaint-André et comme danslaplainedeSaint-Julien- à laculture légumière étaient irrigués, « tout àl’arrosant ribes et les versants secs,oùl’ex ». Les champsdestinés plans étaient 2 ouà 3 - ,

15 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE © M. Sinier 11 7 2 10 9 8 1 5 6 4 2 3 autourd’un village. Organisation schématique descultures fruitières 9 isolés tels que cerisiers et abricotiers Près du village, on trouve, danslesjardins potagers, des fruitiers plein champ Les pruniers sont àla fois conduitsenhaieset commearbres de cultures sèches céréales, aujourd’hui remplacées par lelavandin :cesont des En altitude, sur leplateau, lesamandiers sont complantés de amandiers supportées par des murs de pierre sèche, on cultive des Aux adrets, sur lescoteaux secsaménagés en terrasses noyaux des vignes complantées depêchers ditsde vigne, issusde légumineuses (pois chiches,lentilles) et descéréales, voire en espalier quis’adosse aumur delagrange mène àcelui-ci.Près des fermes aisées,c’est unpoirier conduit productifs et supportant la sécheresse (poiriers, amandiers) sont plantés près d’un habitat d’écart. Un alignement d’arbres Un mûrier noir, arbre souvent solitaire, ainsiqu’une treille, épousant lescourbesdurelief Dans le fond de vallée, unmaillagedecanauxd’irrigation d’irriguer. de l’hydrographie, quidéterminent leclimat et lapossibilité Les espèces fruitières sont réparties en fonction durelief et Quant auxnoyers, ilsprofitent dela fraîcheur desubacs au même titre quelesarbres domestiqués arbres dispersés. Certains sont fauchés, d’autres pâturés densément alignées,àcôté de vergers résiduels présentant des irrigués. Les variétés commerciales de fruits àpépins y sont poires et prunes en plein vent, dans un ensemble de prés-vergers Un sorbier ( d’autres encore labourés et complantés decultures légumières. 8 , . Sorbus domestica Sorbus 6 4 , desoliviers . 11 . ) greffé est situéenpleinchamp, 7 1 souslesquelson trouve des permet decultiver pommes, 10 . 3 5 . . 9 . 2 , 17 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE 5. Description et étude de la vigne 4. René Astoin, Senez « Blason delacommuneLambruisse, quele vocabulaire héraldique décrit ainsi: arraché aussi de sable. de aussi arraché D’or à un cep de vigne arraché de sinople, fruité de sable, accolé à un arbre sec sec arbre un à accolé sable, de fruité sinople, de arraché vigne de cep un à D’or ampélographies appelé « Grec rouge »ou« Barbaroux » dansles sur lesarbres : pruniers, poiriers… » des vignes de trois mètres delongquimontaient À Senez, auquartier dela Vignasse, «iln’y avait que parsèmentle territoire. pousse ausud»,les vignes associéesauxarbres Conduites en treille sur tout arbre fruitier «qui Des arbres mariésaux vignes Provence audébut duXX que l’on trouvait dans toutes les vignes de Corinthe », unraisin rose de table et decuve de raisin « Grec »ou«Rosé », dit aussi«de La grande majorité des treilles était composée mariée àunarbre mort. au blasondeLambruisse, ilreprésente une vigne Taloire, ellepoussemêmecontre lenoyer. Quant aussi àl’orme et auchêne, ausorbier. Nonloinde comme àBlieuxet àRougon, la vigne s’associe aussi être mariés auxarbres… pour leur rusticité à toute épreuve, pouvaient le Baco, autres variétés généralement connues mieux et sont plus faciles àcueillir. L’Alicante ou il offre desgrains moinsdenses,quimûrissent grappes augrain très resserré. Conduit en treille, » 5 , produit -lorsqu’il est taillé -des e siècle. Ce cépage, Viala & Vermorel, 1901. Raisin grec d’après 4 . À LaBaume

Vigne mariéeàunpoirier, LaPalud-sur-Verdon. © P. Mayer se délectent de vignes mariées. Dessin de Valère Bernard, lesdeuxpersonnages © Wikimedia Commons 6. Lardier, 1820 taillés, non traités, amendésoccasionnellement. paysanne était-elle peu interventionniste, lesarbres rarement s’imagine quelaProvidence fera lereste. » Ainsi, l’arboriculture on plante unarbre bienoumal,et puisonnes’en occupeplus.On Draguignan indiqueque«leplussouvent, dansnoscampagnes, la Société d’agriculture, decommerce et d’industrie du Var à complémentaire d’autoconsommation. En1891,leBulletin de On manquait de temps pour entretenir l’arbre fruitier, uneculture

© Chauzit & Chapelle, 1893

de plein vent «àdeshommes toujours pressés dejouir. » des arbres d’agrément, souvent despoiriers. Aujourd’hui, ces formes, prisesenexemple, ont fait oublier l’arbre © Mary-Ann Hird Mistral Troupeaux pâturant souslesarbres fruitiers àSaint-André-les-Alpes… et àMoustiers-Sainte-Marie. André-les-Alpes. Ces fruitiers, dont la taille nécessite plusd’attention, sont jardin d’ornement, ouencore adossés aumur delagrange, commeàSaint- situés dansl’espace domestique, devant lamaison demaître, dansun bourgeoises ou à des fermes appartenant à des paysans aisés. Ils sont Les «arbres tressés »,oubasses tiges palissées,sont réservés auxmaisons dignois «4poiriers espaliers ». propriétaire duPlandeLaPalud deCastellane commandeàunpépiniériste temps »àBarcelonnette. Plusd’un siècleplus tard, le11mars 1908, un indique queles vergers et lesespaliers se«sont multipliésil y aquelque zone alpinedès1787. L’encyclopédiste provençal, Claude-François Achard, Quant aux formes savantes, telles que l’espalier, elles existent dans la arbresLes tressés ressource enherbesur pied,et descultures souslesarbres. ravagés par les troupeaux. Elle permettait de tirer partidela principale delazone :lesarbres taillés trop basauraient été Cette conduite haute était adaptée aupastoralisme, économie remarquables. une longévité et unport monumental, et en fait desarbres de porte-greffes francs confère auxpommiers et auxpoiriers Les arbres sont conduitsenplein vent àhaute tige. L’emploi 6

© Fonds Parc naturel régional du Verdon 19 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE pas, produisaient 700à800kilosde fruits... » comme desplatanes. Certains, jene vous mens Mézel, ausiècledernier, «il y avait desarbres, arbres « énormes »et imposants. On dit qu’à cultivars sont biensouvent décritscommedes 11. Robert Fabre, Mézel 10. Domenge, 2004 8. et 9. Joseph Collomp, Saint-Julien-du-Verdon 7. Paul Camoin, Comps-sur-Artuby « ont duclimat ».Cependant, «lasaisonn’est jamaislamême » à fruits. Ondit de Villars-Brandis, Demandolx,LaBaume… qu’ils exposition privilégiée, quileur donneuneréputation de terres Certains villages et hameauxd’altitude bénéficient d’une productivité del’arbre fruitier auxaléasclimatiques. violents épisodespluvieux…Uncontexte quisubordonne la tardifs sont courants, sansoublier lasécheresse estivale, les influences climatiques méditerranéennes, lesgelsprécoces et Dans lesmontagnes deHaute Provence, pénétrées par les produisait «plusieurs tonnes de fruits » deux ans.Quant auxpoiriers Farinières, chacun de 100 tonnes depommesGarrus tous les cultivateurs ont produit de1932à1938plus deux tonnes » deux tonnes Julien-du-Verdon où « certains arbres faisaient merveilleuses circulent, delaplaineSaint- plus il fructifie. Maints récits de récoltes représentations locales:plusl’arbre est grand, de l’arbre quidéfinit celle-ci dans les taille rationnelle, c’est leport monumental cherche à augmenter laproductivité par une Contrairement àl’arboriculture savante qui échelonnement sur uncycle annuel. Ils choisissent des variétés à floraison tardive, et favorisent leur des endroits où ça gèle, des endroits où c’est mieux exposé. » relief, et enprofitant demicroclimats. «Ilen fallait unpeupartout, espaces climatiques en variant lesexpositions en fonction du la production. Pour s’en prémunir, lescultivateurs jouent sur les pluies, brouillards et grêles causent une forte alternance dans et lesépisodesclimatiques tels quelesgeléesdeprintemps, 2. AVOIR OU NE PAS AVOIR DE CLIMAT 9 , jusqu’à LaBaume, oùles 10 . Ces 11

© F.-X. Émery Poirier Farinière deLaBaumeendommagéaudébut duXIX 7 8 ,

accident survenu au début du XIX Farinière… dont le tronc inclinéserait dûàun l’histoire d’un spécimenmonumental depoirier À LaBaume, des témoignages oraux relatent arbre vénérableUn maison, rebaptisée chargé depierres aurait alors abîmél’arbre. La reconstruction d’une bâtisse proche, un traîneau une rueentière deLaBaume. Lors dela éboulement ayant eulieuen1811avait emporté de deuxsièclesauminimum. témoignage permet d’affirmer quel’arbre est vieux figure sur lecadastre dit napoléoniende1834. Ce l’oustal nòu l’oustal e siècle. (maison neuve), e siècle. Un

à la fin duXIX Châtaignier greffé sur chênepar l’ancêtre d’Aimé Rouvier © F.-X. Émery complémentaire. systèmes depolyculture-élevage et représente uneculture des logiquespropres, oùl’arbre fruitier s’insère dansdes « raisonnée »,spécialiséeet intensive. Ellesobéissent à Ces pratiques culturales sont doncloind’une arboriculture e siècle, Comps-sur-Artuby. fin duXIX historique. L’exemple dedeuxarbres greffés àla lui est liéemontre parfois une véritable profondeur pour renouveler lesarbres. Lamémoire orale qui générations quiinterviennent successivement l’assise familiale sur le territoire, le toujours pour lagénération d’après. »Ilmarque Greffé sur franc, il tarde à fructifier : « vous plantez investissement pour l’avenir, unhéritageàléguer. une vision àlong terme : l’arbre fruitier est un Le cultivateur pérennise sesplantations, dans La longévité l’emporte ainsisur laproductivité. Un capitalnourricier aujourd’hui, connue deleurs héritiers. (Comps), est éloquent. Leur histoire est, encore (La Baume), et unchâtaignier greffé sur unchêne

Collomp àla fin du XIX Sorbier greffé sur sorbier par l’ancêtre d’Yves © P. MAYER e siècle, unsorbier mariéàunsorbier e siècle, LaBaume. continuum des 21 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE même période, uncontributeur delarevue sur franc ousur cognassier. » pêcher à la fois « par semis, et en le(s) greffant obtient généralement lepoirier, l’abricotier et le 12. belge L’horticulteur que l’on trouve dans les campagnes plaindre delamauvaise qualité des fruits développement agricolenecessent dese À Draguignan, en 1830, lespromoteurs du semis. l’existence d’une dynamiquedecréation variétale àpartir de Et ailleurs en Provence, certaines sources laissent supposer « rustiques ». pour les cas delapoire Saint-Jean et dela poire MartinSec, plus locaux. On privilégie, par exemple, le prélèvement dedrageons avoir été systématiquement appliquée par lescultivateurs La greffe, reine delamultiplication végétative, nesemblepas pruniers dirigésen taillis. des arbres deplein vent àhaute tige greffés sur franc jusqu’aux déterminent leur modedereproduction commeleur conduite, reproduction naturelles desespèces, voire des variétés, elles techniques sedéploie. Basées sur les formes et les voies de des préceptes del’agriculture savante, unearborescence de instruisent sur la sélection pratiquée par les cultivateurs. Hors Les savoir-faire liésàlamultiplication descultivars nous provençaux. En1863, M.Guillon d’autres variétés jadisinconnuesdanslesjardins récente, avec l’arrivée deReinettes, Calvilleset multiplié lesespèces.»Ilnote uneamélioration mieux cultivé quelepoirier ;onn’en avait pas sans lesgreffer »,et quelepommier «n’était pas « laissait croître (le poirier) comme les chênes 14. Archives de laDrôme, C. 3 ; 13. Guillon,1863 Bulletin de la Société d’agriculture et de commerce du département du Var du département du commerce de et d’agriculture Société la de Bulletin 3. DRAGEONS, BOUTURES ET SEMIS écrit qu’en Provence, on Annuaire des Basses-Alpes des Annuaire 13 indiquequ’on 12 . À la , 1835,p. 178, citées par Blanchard, 1945

© P. Mayer Haie depruniers Pardigoune àLaPalud-sur-Verdon. , 1830, n°31. maraudeurs qu’en lesdégoûtant. » les voleurs par debonnesespèces:onnepeut sedéfendre des délicieux sionnecraignait d’augmenter larapine enalléchant un frein àl’expansion des variétés dechoix:«les fruits seraient variétés : àCastellane, le vol apparaît àcette époquecomme L’obtention par semis se fait au détriment des « bonnes » généré des«populations variétales* »diverses. rouge -par semis.Ce modedereproduction végétative aurait notamment les variétés Perdigon jauneet Perdigon violet -ou fait qu’on y emploiedes variétés issuesdenoyau. Onpropage des pruneauxdeDignepar rapport àceuxdeBrignolespar le préféré àlagreffe. En1825,onexplique lamoindre qualité directs ».Pour cette raison, leprélèvement dedrageons est Quant auprunier, ilest classédanslacatégorie des«plants 14

© P. Mayer regréu, consommés par lesgenscomme par lesbêtes. poiriers spontanés, greffés ounon,autrefois ramassés pour être Verdon, comprennent aussidesamandiers, despommiers et des Pardigone quimarquent lalimite decertainsprés àLaPalud-sur- aptitude audrageonnement. Pour preuve, leshaiesdepruniers Pourtant, lespaysans du Verdon ont choiside tirer partidecette locaux comparent auchiendent. en effet lecaractère envahissant del’arbre, quelescultivateurs préfèrent desporte-greffes issusdesemis.Elleentretiendrait peu recommandée par les traités arboricoles anciens,quilui « rejeter lesauvage » Lorsqu’il est greffé, l’une descaractéristiques duprunier est de 15. Lucien Athanase, La Lagne/La Garde qui fait office deporte-greffe. Lagreffe dudrageon est 15 et c’est undrageon, appelé Haies depruniers Pissouire destinées àla fabrication d’eau-de-vie àBlieux. sagatte ou ou sagatte

© P. Mayer Au début duXIX veut homogène, n’apparaît quedanslasecondemoitiéduXIX empruntée àlabotanique et désignant unepopulation quise baptisent d’un nomlatin. L’idée de variété, catégorie savante étudient et classent la diversité des cultivars régionaux, qu’ils à multiplier. C’est àcette époquequecertainsbotanistes avec l’émergence delanotion debon fruit, debonne variété donc probablement àpeinedécouvrir les variétés nationales, un temps long.un temps variétés au climat et dela préservation du capital nourricier sur aptitude àlaconservation et auséchage, delarésistance des Auparavant, onsélectionne les fruits en fonction deleur siècle, avec l’émergence d’un modèleagricolepré-productiviste. e siècle, leshabitants du Verdon commencent e

23 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE d’autres. » tout lemonde(sache) greffer, certainsétaient plus forts que 18. DanielManent, Blieux 17. AlbertVergelin, Éoulx 16. Joseph Collomp, Saint-Julien-du-Verdon La greffe, désignéesous le vocable provençal greffer. » « À lanaissance, dèsqu’on pouvait courir, ilsnousapprenaient à parrain…) ouunepersonne ducercle socialproche (un voisin) : oralement par un parent (un père, un grand-père, un oncle, un La greffe est unsavoir hérité, transmis laplupart du temps L’apprentissage delagreffe :savoir-faire et sociabilités surgissent dansleschamps. tire enfin partidel’enfrichement deshaies,de«buissons»qui améliore lanature dusujet tout ensereposant sur elle. Elle productivité, laprécocité des fruits, et modifieleur saveur. Elle fruits apportera une valeur àla terre. Elleaugmente et hâte la une faculté productive, oùlesujet devenu pourvoyeur debons sur lanature »,elle transforme la vigueur del’arbre sauvage en pierre angulaire de la diffusion des variétés. « Triomphe de l’art Car « ils parcourent «lacampagne»,restant ounonsur leurs terres. Var. Ces passionnés negreffent passeulement dansleur jardin, connus pour avoir été introduits par uncantonnier originaire du situés sur l’axe routier Castellane/Saint-Julien, sont par exemple une logiqued’autoconsommation. Tel figuier et telle poire Curé, bord desparcours, et les facteurs lelongdeschemins,dans greffent lesarbres situésaubord desroutes, lesbergers, au dévolus àcette pratique demultiplication :lescantonniers Par ses fonctions, chacun circule sur des espaces propres, sont trois figures dugreffeur. greffeurs expérimentés. Le berger, le facteur, et lecantonnier leurs fonctions depourvoyeurs degreffons et leurs qualités de Trois personnages itinérants sont couramment sollicités pour parents, amisou voisins peuvent faire appelàeux. variétés sur leurs parcelles. Reconnus pour leur savoir-faire, le bon arbre pour greffer, c’est celui qu’on rencontre ! rencontre qu’on celui c’est greffer, pour arbre bon le 4. ARBRES À MARIER : L’ART DE LA GREFFE 16 C’est unsavoir despécialiste, car bienque«presque 17 Quelqueshabituésassurent lamultiplication des enserta , est la » 18

qu’il est immangeable… Curieusement, ceuxquiont goûté son fruit disent est connu pour avoir été reçu à la même occasion. Palud-sur-Verdon, unpoirier assortid’une treille sa réussite àl’examen ducertificat d’études. À La été offert àungrand-oncle, enrécompense de un poirier planté devant la maison familiale avait certains decesarbres, commeàSaint-André, où L’enquête apermisderetrouver la trace de perdre de vue, eneffet, qu’ils nesont pasgreffés). » les enfants augreffage desjeunesarbres (ne pas d’agents desEauxet forêts «pour procéder devant l’année suivante, avec lamiseàdisposition soins nécessaires. »L’expérience doit sepoursuivre « engagement d’honneur de leur donner tous les en prendront laresponsabilité, sousla forme d’un les plus méritants qui les planteront chez eux et ont aussipour vocation d’être donnésaux élèves scolaires et dereverdir lescours derécréation. Ils du département, dans lebut decréer desjardins pommiers et noyers sont envoyés dans lesécoles écoles primaires. Pas moinsde3397poiriers, pédagogie liée à l’arboriculture fruitière dans les économique d’après-guerre, met enplaceune son enseignement en faveur delarenaissance régionale desBasses-Alpes, quicherche à orienter école de Taloire, indiquequ’en 1917, l’administration Un document d’archive, trouvé dansl’ancienne Les arbres ducertificat

© P. Mayer à l’examen ducertificat d’études, Saint-André-les-Alpes. Poirier connupour avoir été offert enrécompense delaréussite 19. Guillon,1863

© Baltet, 1922 plus solidepour résister auxcoupsde vents. » double, est «lesystème d’entage leplus facile, leplussûr, et le sève «monte ».Lagreffe « La majeure partiedesgreffes s’effectuaient enavril, lorsque la Les techniques degreffe

© Baltet, 1922

© Baltet, 1922 à la broco broco la à » (à la fente), simpleou 19 25 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE © Baltet, 1922 l’amandier. la technique dusifflet pour greffer À LaPalud-sur-Verdon, onpratiquait greffe encouronne. Pour lesplusgros sujets, onutilisela

© Baltet, 1922

© Baltet, 1922 « Pour faire unebonnegreffe, il faut lasaisonet le temps. » les savoir-faire locaux. « « à œildormant ».Ces types correspondent àlacirculation dessèves « montante »et les jeunesarbres. Ellepeut être effectuée enavril-mai, «àœilpoussant »,ouenaoût, Moins pratiquée, la technique delagreffe «àl’œil »(ou àl’écusson) est privilégiéepour utilisés. la technique et lelien dans un temps imparti, de greffes réalisées où l’on jugelenombre de greffe dela vigne, on organise desconcours spécialisée.Draguignan, À greffe est uneactivité Julien-le-Montagnier, la du Var, commeà Saint- au suddu Verdon, aunord Sur lesplateaux viticoles privilégiés pour lesréaliser. Vendredi saint, deuxjours chômésoùla terre n’est pas travaillée, sont deuxmoments 21. Yves Collomp, LaBaume 20. Daniel Manent, Blieux descendante », temporalités particulières qui conditionnent les sortes de greffe dans « Ça marchait toujours à Pâques. » Pâques. à toujours marchait Ça « © de greffage àDraguignan. Bulletin rempli par uncommissaire àl’occasion d’un concours à Draguignan, Muséedes Arts et traditions populaires. Fonds delaSociété d’agriculture, decommerce et d’industrie dudépartement du Var

© Baltet, 1922 20 21 Le lundidePâques et le

Greffe en fente double, Brans. © P. Mayer d’économie). plantes étant utiliséespar lespépiniéristes varois pour desraisons On appliquedelapoixou de massette et despargaine encore d’osier, demûrier (écusson), delaine, decoton, oude feuilles La greffe est attachée àl’aide d’un lien fait deraphia, d’un chiffon ou progressivement supplantée dansl’entre-deux guerres. permettaient de faire l’économie delapoix.Le mastic actuel l’a et dela terre argileuse, mélangéeparfois àunebousede vache, température pour nepasbrûler l’écorce. Unsimplechiffon humide sous forme depain,elledoit être fondue et appliquéeàlabonne 22. Sparganum ramosum Sparganum Couteau greffoir, LaGarde. et et S. simplex S. pègue 22 selonBaltet, 1882 (pour l’écusson, cesdeuxdernières autour dupoint degreffe. Employée

Greffe en fente, LaBaume. © P. Mayer Publicité pour lemastic Lhomme-Lefort, 1929. © ment du Var àDraguignan, Muséedes Arts et traditions populaires. Fonds delaSociété d’agriculture, decommerce et d’industrie dudéparte- 27 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE Geste technique depréparation dugreffon, Albert Vergelin, Éoulx. © P. Mayer retenues d’eau est courant. L’établissement de petites pépinières domestiques près des bois des sauvages. Lamontagne deDestourbes, àLaGarde, fournit le Briançonnet, pour sonabondante production depommiers conifères, est-il connuàLaGarde, àÉoulx, àPeyroules et jusqu’à Ainsi le Défends de La Batie de Peyroules, aujourd’hui envahi de On prélève lesporte-greffes dansdifférents espacesincultes. dans leschamps,boiset leshaies. « plants directs »,arbres et arbustes francs venant spontanément Les cultivateurs tirent partides«sauvageons »,«bâtards »,ou Le choix desporte-greffes escarassons commelesplants depommiers sauvages.

À droite, onaperçoit leruisseau. greffé avec despoires «Longues »subsiste ausecondplan. par uncanal ayant irriguélapépinière par gravité. Unporte-greffe pente d’un ravin. Ondistingue aupremier planunbassin,prolongé Restes d’une pépinière domestique àLaBaume, situéedansla © P. Mayer On greffe «pépinsur pépin»et «noyau sur noyau ». La distinction entre fruit àpépinset fruit ànoyau oriente lechoixdesporte-greffes. Poirier Pêcher Néflier Cerisier Azérolier Abricotier Espèce Prunier Pommier Sorbier Tableau desaffinités mentionnées par lessources orales et les traités arboricolesprovençaux (XIX Cerisier greffé audébut duXX La Palud-sur-Verdon. © P. Mayer Pêcher, prunier, amandier Néflier, aubépine Cerisier, prunellier («mélisier »ou« Aubépine Abricotier, prunier, amandier Porte-greffe Prunier franc, prunier Sumianeet Reine-Claude (racines pivotantes), prunier Pommier, cognassier, aubépine, poirier, pommier doucin,pommier paradis néflier du Japon,pommier Perussié prunier deSaint-Julien et Myrobolan, amandier Sorbier (poirier sauvage), aubépine, cognassier commun,cognassier duPortugal, sorbier, e siècleavec deux variétés, agrena »),cerisier deSainte-Lucie (« Néflier greffé sur aubépine, Brans.

Néflier d’Allemagne. © Fonds P.arc naturel régional du Verdon © P. Mayer poueis Pete de Saumo de Pete e -XX »ou« e siècles). pouis ») , 29 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE Variété greffée. © P. Mayer 23. Éditrice d’un ouvrage sur lecormier danslaSarthe. Moinet, 2009 doute ! de greffe assez conséquent pour nelaisser aucun à LaBaume, dont certainspossèdent unbourrelet de Castellane (dont deux encore visibles), et quatre Castellane… Trois d’entre euxsont situésàLaPalud sorbiers connuspour avoir été greffés autour de de comptabiliser, au total, pasmoinsdesept fut l’occasion d’approfondir l’enquête orale et père desonpropriétaire, àla fin duXIX d’un sorbier greffé àLaBaume, par l’arrière-grand- L’enquête menée en 2017 a fait émerger le souvenir Les sorbiers greffés de l’environnement Nord et Est Sarthe visite delaSociété d’étude et deprotection retournée sur le terrain, àl’occasion d’une En avril 2018, unedélégation decurieuxest du sorbier est aussiconnueàÉoulx. avoir été greffés, dont unencore visible. Lagreffe de Castellane, deuxsorbiers sont connuspour dont uneserait issueduporte-greffe. À LaPalud greffé en tête et présente deux types desorbes, L’arbre en question, remarquable, semble avoir été e siècle. 23 . Ce

clair dela variété greffée, La Baume. porte-greffe ; sur lapartie haute, fruits rougeâtres et feuilles vert Sur la partie basse de la photo, fruits et feuilles vert foncé du © P. Mayer jusqu’en été. épanouissement dansleschambres destockage, parfois La plupart possèdent unematuration différée et finiront leur plupart despommessont cueilliesavant lesgelées,enoctobre. saison. Les poires sont récoltées dèsl’été (juin), tandis quela fruitière sont jalonnésd’arbres oude vergers fructifiant à toute consommation. Dansle Verdon, lessouvenirs delaculture des périodesdematurité sur uncycle annuel,pour l’auto- Les cultivateurs ont généralement recherché l’étalement technique quisedéploieautour del’arbre. Lorsque vient lemoment delarécolte, c’est tout unsystème 5. LA RÉCOLTE

naissance desbranches charpentières. Sorbier greffé àLaBaume:onaperçoit lepoint degreffe sousla © P. Mayer

Victor Artaud cueillant despommes,LaBastide. © F.-X. Émery 31 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE 27. Marcel et Léa Collomp, nés en1906et 1916. J.-L. Domenge, collectage 1980-1990. Traduction duprovençal J.-L. Domenge. 26. Collier, 1973 25. DamienCollomp, néen1907. J.-L. Domenge, collectage 1980-1990. Traduction duprovençal J.-L. Domenge. 24. Tartanson,1996 tuteurs ou associé àlarécolte. À Senez, peuavant lacueillette, onplacedes Tout un outillage, adapté aumodedeconduite desarbres, est quand ilétait debout sur une branche. » par jour (…), il était dans le pommier et il cueillait des deux mains embauche unhabitant deCastellane, «quiencueillait 20sacs années très productives. En 1924, un cultivateur de La Baume Dans lemoyen Verdon, on fait appelàdelamaind’œuvre lors des le jour. doit être cueillielorsqu’elle est mûre et serécolte doncaujour qu’on secouait l’arbre pour lesramasser. Quant àlaprune, elle et lespoires Long-pécou (novembre), fruits àcuire sirobustes derniers fruits àêtre cueillissont lapommeChampGaillard Vert, cueillie avant maturité et consommée jusqu’à Noël. À Mézel, les La poire «Curé »,marqueur desdernières récoltes depoires, était idéal du fruit, entre sonmûrissement naturel, et l’arrivée desgels. Tout l’art de la récolte consiste à choisir le moment de maturité qu’elles necassent souslepoidsdes fruits. pounchiés souslesbranches depruniers pour éviter

© P. Mayer Panier, La-Croix-sur-Roudoule 27

Tuteur ou © P. Mayer se conservaient jusqu’à lasuivante. » « continuellement aucours delabonnesaisonet issus des vergers duchâteau, quisesuccédaient chanoine vante la longue conservation des fruits fruits àcontre-saison. Autour de Barrême,Autourde A.Tartanson Fruits de tous lesmois continuum des des prunesmûres àpoint ». À LaBaume, « àpartir il ajoute : « je trouvais toujours une branche portant avec desqualités différentes deprunesd’été »,et de songrand-père «greffé branches par branches toutes lesqualités. » plus précoces auxplus tardives, onenavait de des variétés est doncaxé sur larecherche d’un pounchié fariniero deproduction et laconservation des àLaGarde. , ebè y’en avait toute l’année. Des 25 Au XVIII Au e siècle, àÉoulx, un 24 parleduprunier 26 Le choix

Pruniers auxbranches soutenues par des © Fonds J.L. Domenge c’est fragile, il faut lemettre biendroit et ne pasmonter encadence. pounchiés Simon Repon, Castellane L’escarasson, .

appelées De grandes échellesconstituées d’un tronc fiché debarreaux, sont principalement récoltés àlamain. pruniers sont secouésoucueillis, tandis queles fruits àpépins acanouiro l’arbre, nonsansdanger. Elles permettaient d’aller chercher les fruits jusqu’à lacimede l’arbre et attachées à leur sommet pour une meilleure stabilité. Pour récolter lesamandeset lesnoix,onutiliselagauleou Escarasson , enprenant soinde ne pasabîmer le escarassons et et enboisdegenévrier oxycèdre, oucadeà Aiguines, escarasson , étaient poséesdansla aumontant enboisdepin àLaGarde. fourcolo © P. Mayer gréu . Les de 33 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE des cueille-fruits en fer. La pédoncule du fruit prisdansceréceptacle. Certains achetaient d’osier. Unmouvement rotatif permettait dedécrocher le mais léger. Onmaintenait l’ouverture par uncoinet une vannerie 28. MichelGastaldi, LaPalud-sur-Verdon On peut aussiutiliser uncrochet ( arboriculteurs amateurs, quil’ont moderniséeavec ingéniosité. vouliez lesconserver, il fallait lescueillir avec délicatesse. » principalement cueilliesàl’aide d’un cueille-fruit. « Si vous d’amener lesbranches àsoi.Les poires, plus fragiles, étaient Cet instrument, appelé Rose Collomp poseavec une hauteur descimes.Brans. © P. Mayer Types de du Portugal. LaPalud deCastellane. glouò glouò glouò , était réalisé àpartir d’un bois fort , dont est toujours utiliséepar des crouchet glouò enmétal amenée glouò ou àla cròc ) quipermet 28

canne àpêche, dansune version télescopique. un sécateur, àLaBaume. Quant à Alain Martel, ill’a intégrée àune Yves Collomp poseavec sa © P. Mayer La Batie dePeyroules. Le cueille-fruit pouvait aussiservir àcueillir lespommes. © P. Mayer glouò améliorée, interchangeable avec

une amplitudeauniveau du torse. LaBaume. La chemises’attache demanière àgarder © P. Mayer l’estomac » ramasser une vingtaine dekilospommes,lepoidsest sur de cueillir plusde fruits àla fois :« ton panier tombe. » ça àlaportée, tu mets là-dedans,sinon tu as toujours peur que bonne ceinture et tu enmets 20kiloslà-dedans… Au moins tu as La tomber, salarge encolure permet deles y introduire facilement. On l’attache àla taille par uneceinture quiempêcheles fruits de conservée pour lacueillette. Onluiaparfois ôté lesmanches. plus portée depuislaPremière Guerre mondiale mais qu’on a Il s’agit d’une chemised’hommeen toile dechanvre, quin’est cime del’arbre, onpréférait cependant ramasser «àlachemise ». de boisou de fer, était descenduàl’aide d’une corde. Parvenu à la Une fois rempli, le panier, suspendu à une branche par un crochet 30. DamienCollomp, néen1907. J.-L. Domenge, collectage 1980-1990. Traduction duprovençal J.-L. Domenge. 29. Yves Collomp, LaBaume blodo , enconcentrant lepoidssur l’axe del’échelle, permet 29 . « Lachemise, tu te l’attaches bien, tu te mets une 30

Avec lachemise, onpeut

Damien Collomp décharge lespommesdela chemise. Cueillette despommesàLaBaume, années1940. © Fonds Damien Collomp

© P. Mayer 35 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE 37

Petit lexique arboricole • À l’œil : à l’écusson. • À la broco : à la fente. • Acanouiro : gaule. • Blodo : chemise permettant de mieux répartir le poids des fruits accumulés lors de la récolte. • Crouchet ou cròc : crochet permettant d’amener la branche à soi lors de la récolte. • Enserta : greffer. • Enter (français) : greffer. • Escarassoun : échelle à un montant. • Fourcolo : ramification entre deux branches. • Glouò : cueille-fruit. • Gréu : jeune rameau. L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - VERDON DU FRUITIÈRE L’AGRODIVERSITÉ • Pounchié : tuteur. • Regréu : drageon à Éoulx, tandis que sagato y désigne la souche d’un arbre après abattage. • Sagato : drageon du prunier. © Fonds Damien Collomp © Fonds © P. Mayer © P.

Damien Collomp et sa belle-sœur cueillent les pommes Poirier Farinière, La Baume. « à la chemise » sur l’escarasson. La Baume, années 1940. © Fonds J.L. Domenge L’arbre nourricier Chapitre 2 Pommes, poires BonneLouise et potagers, LaBaume.

© Fonds J.L. Domenge flétrissement fruitier. techniques destockage qui retardent lescycles naturels du froides, onagit sur lamaturation des fruits àl’aide demodestes se consommer jusqu’en été. Avant l’arrivée des chambres Castellane et Mézel, ouBénédiction àMajastres, quipeuvent les pommes du Coulet àDemandolx, Jean Gaillard àSenez, conservation est détenu par plusieurs pommes,comme dans despiècesdédiées jusqu’au printemps. Le record de complétés par les fruits àcouteau et àcuire, emmagasinés chaque cultivar. Les fruits d’été àconsommer rapidement sont confits, distillés… La gamme des usages culinaires s’adapte à objectif desopérations de transformation. Frais, cuits,séchés, la conservation des fruits sur despériodeslongues,principal production est assurée àla fois par ladiversité des variétés et s’insère danslecycle alimentaire annuel.Lacontinuité dela de complément, le fruit, par sasaveur douceet sucrée, de la culture culinaire des montagnes provençales. Nourriture Les variétés fruitières nouspermettent d’explorer unaspect

tobre Novemb Oc re

M AT I O O M N N S D re O é b C D ce em E m t S b © M.Sinier et deconsommation des fruits Cycle annuelderécolte, de transformation ep E M AT I O re S T O M N L S N D O E O E C T C S L ISTILLAT É D IO R O N P P C E O O É G TILLA A IS TI I R H D O M J C N R a S NT É E E n t E S D M R v û C T E A C S i o O e O E A E G r C I T uto N m A S L É n A e S

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également leséchage. Pour conserver les fruits sur delonguespériodes,onemploie nullement endommagépar leur contact. » pommes «dansun tas deblé»enprécisant que«celui-cin’est éditée à Marseille en 1835 préconise déjà de conserver les Les fruits ont aussipuêtre conservés dansleblé. Unerevue petites resserres quirecevaient les fruits. » angles de toutes lespiècesdelamaison, formant «autant de témoignages décrivent des planches barrant les coins des fruits seront recouverts pour être protégés du gel. Certains toute l’Europe, et jusqu’aux Amériques. entreprises, oualimentant lecommerce des négociants dans cultivent et la transforment, formant parfois de véritables un complément financier non négligeable aux familles qui la parmi lespluslucratifs, vaut 30 frs les100kg. Elle fournit vaut 10 à 35 frs le kilo, tandis que la pêche, fruit nouveau et une mannepour l’économie locale:àDigneen1857, laprune rémunératrices quelespommes et poires de table, elles offrent pistoles oupruneaux fleuris, sont degrande renommée. Plus que lepruneaud’Agen, les prunes sèchesprovençales, véritable économiedanslesBasses-Alpes. Réputées meilleures Au XIX cave, par ungrenier ou dégage unebonneodeur. Ellepeut être remplacée par une aérée possible, et sonorientation est préférée aunord. Elle fruits. Elle n’est pas chauffée, abritée de la lumière, la moins Chaque habitation possèdeune«chambre »oùl’on stocke les quatre coins. J’en aiencore le frisson sur la fruitées. Les réveils n’étaient pas moins pleines dents aux diverses variétés des e siècle, le commerce delaprunesèche forme une dans ceschambres baignées d’odeurs 1. UNE PRUNE PROVENÇALE savoureux :ausautdulit,jegoûtais à Marcel Scipion, Enfant, jem’endormais avec délice des Alpes-de-Haute-Provence, Seghers coll. secan Le clos du Roi, du clos Le , et mêmepar unegrange, oùles Mémoire vive, Paris, 1978. mémoires d’un berger langue !

39 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE 41 La pistole 2 1 Pelage des plus grosses prunes à l’aide d’un couteau ou de l’ongle ; 2 Séchage sur un « buisson » constitué d’un faisceau de paille de seigle lié autour d’une branche formant un crochet. Des baguettes d’osier pointues à leurs extrémités sont fixées autour ; 3 Dénoyautage par légère pression des doigts ; © Fonds Parc naturel régional du Verdon du régional naturel Parc © Fonds 4 Pistoles à différents stades de leur fabrication, Aplatissement et arrondissement de la prune par pression de droite à gauche : entières, pelées, et séchées. des doigts ou à l’aide d’un tabassoun pour lui donner l’aspect de la monnaie d’or d’où elle tire son nom ; 1 5 Séchage sur des claies dans le séchoir ou secan ; Pistole, pruneau fleuri, bacon… Il existe 6 La pistole est vendue dans des boîtes recouvertes d’un plusieurs techniques de séchage de papier découpé en dentelle. la prune Perdigone, célèbre prune 3 provençale. Echaudées ou non avant d’être pelées, avec ou sans peau et noyau, dénoyautées après ou avant 5 d’être « piquées » sur le « buisson »,

séchées selon différentes techniques… HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - VERDON DU FRUITIÈRE L’AGRODIVERSITÉ 4 depuis le XVIIIe siècle, les textes décrivant le processus de fabrication présentent de multiples variations. La description schématique donnée ici aura donc une visée didactique.

« 400 à 500 kg de fruits frais donnent 100 kg de pistoles. » © Fonds Musée du Moyen Verdon. Musée du Moyen © Fonds Niquet & Telliez, 1938 Buissons

LES TECHNIQUES DE FABRICATION © P. Mayer © Fonds R. Zérubia © Fonds © Jaulme Saint-Hilaire, 1830 Jaulme Saint-Hilaire, © DU PRUNEAU PROVENÇAL : LA PISTOLE Pistole fabriquée à Trescléoux, Hautes-Alpes. Prune Perdrigon rouge. Prune Perdrigon rouge. 43 © Collection Chrétien, Mézel. Chrétien, © Collection © Fonds C. Polo-Chiapolini. C. © Fonds Scène de fabrication des pistoles à Mézel, atelier Renoux. HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - VERDON DU FRUITIÈRE L’AGRODIVERSITÉ Marie-Thérèse Rouvier (Hugues) et sa fille Blanche. Séchage des prunes à Senez. © Fonds C. Polo-Chiapolini. C. © Fonds © Fonds C. Polo-Chiapolini. C. © Fonds

Pelage des prunes devant le château de Senez en 1926. Pelage des prunes devant le château de Senez en 1927. 45

Le pruneau fleuri Cette dernière façon de les accomoder a été introduite à Castellane par la nécessité. Dans les récoltes abondantes 1 Échaudage des prunes de petite taille et à la peau intacte dans un panier d’osier non pelé et tressé large. on manquoit quelquefois de monde pour vaquer à tant On les arrose avec de l’eau frémissante à laquelle on de besogne à la fois. Quelqu’un essaya de faire sécher, peut ajouter une solution de 750 grammes d’alun pour 2 100 litres, en maintenant le panier au-dessus de la sur des claies d’osier, les prunes un peu trop mûres, qui marmite ; commençoient à se rider : elles se sèchèrent en effet, & 2 Ventilation du panier accroché à une poutre ou un furent trouvées fort bonnes ; mais le soleil fit disparoître chevalet (type balançoire) par un crochet de bois ; toute leur blancheur, & la vue n’y trouvait par autant de 3 La fleur du fruit, glucose de couleur blanchâtre, satisfaction que le goût. On s’avisa de les passer à l’eau apparaît à la surface du fruit ; bouillante, & de les faire sécher à l’ombre ; & on trouva le 4 Le pruneau fleuri termine son séchage sur des claies. moyen d’avoir de ces beaux pruneaux qui conservent toute Le pruneau fleuri était fabriqué des Alpes-de-Haute- Provence jusqu’aux Hautes-Alpes. leur blancheur, & qui donnent toute l’année un dessert bien 1 délicat, surtout quand on sait leur faire reprendre, pour ainsi dire, leur état naturel, en les faisant passer par le feu. « Il faut 300 à 350 kg de prunes fraîches pour 4 J. Laurensi (1774) Histoire de Castellane. obtenir 100 kg de pruneaux secs. » A. Gauthier, imprimeur-éditeur HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - VERDON DU FRUITIÈRE L’AGRODIVERSITÉ (1898), Castellane. Niquet & Telliez, 1938 © M. Sinier

TECHNIQUE DE FABRICATION DU PRUNEAU PROVENÇAL : LE PRUNEAU FLEURI © Bulliard, 1776-1781. © Bulliard,

© Fonds Musée du Moyen Verdon. Verdon. Musée du Moyen © Fonds Autour de Digne, la prune Reine-Claude a également été employée dans la fabrication du pruneau fleuri. Panier à échauder les prunes. Claie de séchage. 47 Bacons et tourteaux Les séchoirs à prunes

Le pruneau Bacon était réservé à l’autoconsommation. Les habitants du hameau de La Maurelière étaient surnommés les mange-bacons ou bacouniers. D’autres variétés que la perdigone pouvaient être employées, comme la Pète de saumo ou la Sumiane. 1 Sélection des prunes les plus petites et abîmées ; © P. Mayer 2 La prune est partagée en deux par un côté. Elle peut aussi Prune partagée dite Partane, Daluis (Alpes-Maritimes). être échaudée et/ou dénoyautée au préalable ; Il semblerait que l’on retrouve ce mode de séchage 3 Séchage sur les claies. dans toutes les Alpes du Sud.

À Senez, une dernière catégorie de prune sèche formait les tourteaux, prunes de toutes variétés dénoyautées et séchées, consommées dans les bouillons ou employées pour l’alimentation des animaux domestiques. © Fonds Musée du Moyen Verdon. Fonds Henri Bélisaire. Fonds Verdon. Musée du Moyen © Fonds Les noyaux étaient vendus aux négociants qui achetaient les prunes. La peau des pistoles était consommée par le petit Séchoir dans l’environnement villageois, à Castillon, village noyé à la mise en eau du lac du même nom. Années 1940. élevage. HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - VERDON DU FRUITIÈRE L’AGRODIVERSITÉ © Fonds J.L. Domenge J.L. © Fonds

Séchoir à prunes de la maison Reboul, Plan de La Palud, Castellane. © Photo R. Zérubia. R. Zérubia. © Photo

Pistoles et pruneaux. 49 Types de séchoirs autour de Castellane. L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - VERDON DU FRUITIÈRE L’AGRODIVERSITÉ © Fonds J.L. Domenge J.L. © Fonds Domenge J.L. © Fonds © P. Mayer © P.

« À Cheiron, il y en avait... À la ferme de C., il y avait des pruniers… D’abord, il y a encore les séchoirs… En haut de la maison, avec ces portes rectangulaires ouvertes. Cela était à l’air, et à l’abri de la pluie pour faire sécher les prunes. » Léon Collomp, La Baume. © Fonds J.L. Domenge J.L. © Fonds Domenge J.L. © Fonds © Fonds J.L. Domenge J.L. © Fonds Domenge J.L. © Fonds La poire séchéeest appelée«partie», francisation de environs deDigne. et deCramoisine (synonyme deCrémesine), en1820, dansles trouve trace duséchageau four depoires BonChrétien d’été Bonne d’hiver. LaCrémesine seprêtait malàl’opération, maison (La Baume). Une seule poire plus tardive est mentionnée, la Brute Bargème, Comps), Cuisses-de-Dame (Rougon), Tétons de Vénus Rougon), Farinières (La Baume), Estouffe-Belle-Mère (La Baume, à sécher, àl’instar desMissounenques(La Palud-sur-Verdon, plupart despoires d’été ont-elles été employées commepoires et àlasaveur moinsmarquée, n’étaient passéchées. Ainsi la prêtaient mieuxqued’autres. Les variétés d’hiver, plusaqueuses le séchage. Certaines variétés, reconnues pour leur parfum, s’y sont lespoires, desaveur plussucrée, quiétaient privilégiéespour Bien quecertains témoignages fassent mention depommes,ce 32. Yves Collomp, LaBaume 31. Lucien Chailan, Senez paraît que c’était un délice, à l’étouffée, au four. » selon une vieille habitude, par unpassageau four àpain.«Il le processus dedessiccation naturelle soit souvent complété, séchées ausoleil,selonlamajorité des témoignages, quoique d’en ôter lespépinsoupartiesabîmées.Ellessont ensuite Les petites poires d’été sont épluchéeset coupéesendeuxafin pommes quisont ainsiconservées. dans lesPréalpes deCastellane et deDigne, cesont poires et Tandis qu’aux bassesaltitudes,on fait sécher figues et raisins, allait manger là-haut depetits bouts.» placées sur desplanchesàrebord :«Quandonétait petits, on à ce village, aservid’abri pour le séchagedespoires Farinières, collectif. Lacavité rocheuse deLaBaume, quiadonnésonnom à partir del’entre-deux guerres, delacuissondespoires au four courante dansles Alpes duSud,s’est raréfiée avec l’abandon, “bouillons” ou tisanes del’hiver. Cette pratique des tisanes, on les conserve dans un panier accroché au plafond pour les sauvages sont privilégiéespour cette opération. À Majastres, aux habitants deLaPalud deCastellane, les depuis l’Artuby jusqu’au moyen Verdon. Elleadonné leur surnom Taloire, lapoire séchéeest désignée par le terme habitants étant affublés dusobriquet de 2.  LE SÉCHAGE DES FRUITS À PÉPINS : LES LES PARTIÉS 32

manjo-baculas. manjo-baculas. manjo-partiés 31 baculas Les poires partié , ses

. À . , également lenomde À Trigance commeàCastellane, lespommesséchéesprennent Castellane, oùonlesajoute aussiàlapitanceducochon. de tisane depommesséchées à usage médicinal est attestée à Le séchagedespommesest moinscourant. Laconsommation puis séchée, été 2017. Poire Missounenquecollectée àLaPalud-sur-Verdon © P. Mayer partiés . greffés, plusgrosses. de Castellane, onprivilégiait pour celalessorbesdessorbiers blettir augrenier, pour en faire despignesdesorbes. Autour Enfin, oncueillait lessorbesengrappe, et onlesmettait à ménages après ledéclindumarché. ancien, àl’imagedelaprunesèchequireste fabriquée dansles domestique delapoire constitue lasurvivance d’un commerce séchées provenant deDigne, onpeut supposer queleséchage sucré. » Ça te faisait unbouillonsucré, monami!Çaremplaçait lecafé le café ! (…) Tu allaisenchercher, tu les faisais cuire, et pétard ! trempait des une fois revenus. On les mangeait le soir... Dans le bouillon, on les faisait tremper dansl’eau la veille ausoir, et cuire lelendemain est comparé aucafé :«Les - là où le climat le permet - de figues. À La Baume, ce bouillon lors des veillées. Ilssont agrémentés decoques d’amandes, et en tisane ouen«bouillon»associés à dupain,durant l’hiver, trouve la trace, auXIX secs pour le commerce, au lieu-dit de l’Abreuvage. Et puisqu’on À Blieux,unesource orale signaleuneproduction de fruits Ces fruits secs, Ces fruits en soupe. » oui ! Ohp…, dubouillonde 34. Domenge, 2004 33. Marcel et Léa Collomp, nésen1906 et 1916. J.-L. Domenge, collectage 1980-1990. Traduction duprovençal J.-L. Domenge. 33 Les 34

partiés lesco de pan de lesco partiés étaient aussiconsommésen« fricot » :«On , baconset tourteaux, étaient consommés e (tranches depain), et onlemangeait siècle, d’un commerce depoires partiés partiés … Nousmangionsçacomme … Sinousenmangions?Oh

bourgeon pour préserver laprochaine récolte. LaBaume. Pour faire lespignesdesorbe, couper lagrappe de fruits après le © P. Mayer 51 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE confiserie desfruits. confiserie la diffusiondusucre àbasprix,lemielétait privilégiépour la tome 2(1784), chez J.-J. Niel,imprimeur-libraire, Avignon. 35. Lardier, 1820 M. Darluc(1782-1784) et oùilestd’un grand secours. En Provence, audébut duXIX longtemps aux montagnes adoucis par cemielquel’on garde acerbes, austères, sont merveilleusement aigrelets,les fruits cornouilles, tous Les poires, lesazéroles, lescoins, confiseurs préparent avec lesucre. fruits, quiéquivalent àcellesqueles sucre, aumout,miel,et onlesmet dansl’eau-de-vie. » contenant ce qu’il y a de plus remarquable dans les règnes règnes les dans remarquable plus de a y qu’il ce contenant végétal, minéral, animal & la partie géoponique, partie la & animal minéral, végétal, Poire Long-Pécou, Beynes. © P. Mayer Onen fait desconfitures avec les 3.  DE LA DE INDUSTRIELLES MÉLIQUE Histoire naturelle de la Provence, Provence, la de naturelle Histoire e siècle, onconfit lespoires «au AUXCONFISERIES

tome 1(1782), 35

Avant Avant Dans le Verdon, ondonnelenomde La Alpes-Maritimes (sous lenomde au Poil, à Venascle, àLaPalud-sur-Verdon et jusquedansles mémoire orale sont rares. Lapratique est attestée àMajastres, grès ouen verre. et unesaveur très douce. Elleétait conservée dansdespots en Majastres, onsesouvient quela Long-pécou (La Palud-sur-Verdon), et mêmedespommes. À Sec (Le Poil), Brignoles,synonyme deLong-pécou (Mézel), ou et àconfire, coupésenmorceaux, tels quelespoires Martin à la veillée. Les variétés employées étaient des fruits à cuire confectionnée àl’occasion del’extraction dumieldela coings. Abandonnée au début du XX (rayon), oùl’on apu faire confire despommes,poires et des

Poire MartinSecd’après Loiseleur-Deslongchamps, 1815. © Loiseleur-Deslongchamps, 1815. mélique sepréparait aumoisd’octobre et était consommée mélique melicagno e mélique siècle, ses traces dans la avait unecouleur noire, ). àunepréparation bresque

Seghers, coll.Mémoire vive, Paris. Marcel Scipion(1980) fabrication debougies. La cire extraite par ceprocédé était vendue pour la bresque de kilos dix apiculteur un à achetez Vous « de fabrication dela M. Scipiondécrit demanière très précise leprocédé Recette des fruits confits dansla (gâteau de cire construit par les abeilles et rempli rempli et abeilles les par construit cire de (gâteau de leur miel) qui a déjà servi au moins depuis trois trois depuis moins au servi déjà a qui miel) leur de ans à l’élevage des jeunes abeilles et qui, de ce fait, fait, ce de qui, et abeilles jeunes des l’élevage à ans doit être très noire. Cette bresque doit contenir contenir doit bresque Cette noire. très être doit aussi un peu de rouget (pollen de labiées ou de de ou labiées de (pollen rouget de peu un aussi composées de préférence). Broyez-la avec les les avec Broyez-la préférence). de composées doigts en petits morceaux que vous jetez dans dans jetez vous que morceaux petits en doigts un panier d’osier. Posez ce panier sur deux lattes, lattes, deux sur panier ce Posez d’osier. panier un elles-mêmes posées sur un tian (bassine en terre terre en (bassine tian un sur posées elles-mêmes cuite émaillée). En quarante-huit heures, une une heures, quarante-huit En émaillée). cuite grosse quantité de miel va s’égoutter. Vous logerez logerez Vous s’égoutter. va miel de quantité grosse ce miel en verrines. Le miel ainsi obtenu a un un a obtenu ainsi miel Le verrines. en miel ce bouquet inégalable. Faites alors bouillir trois litres litres trois bouillir alors Faites inégalable. bouquet d’eau de source ultra-pure ; jetez-la bouillante, par par bouillante, jetez-la ; ultra-pure source de d’eau petits jets, et très doucement sur les débris de cire cire de débris les sur doucement très et jets, petits restés dans le panier qui, point très important que que important très point qui, panier le dans restés j’allais omettre, doit être en osier entier non pelé. pelé. non entier osier en être doit omettre, j’allais Le tian vide par-dessous va recueillir cette eau, eau, cette recueillir va par-dessous vide tian Le laquelle sera remise à chauffer, mais sans bouillir bouillir sans mais chauffer, à remise sera laquelle cette fois et repassée de nouveau très chaude sur sur chaude très nouveau de repassée et fois cette la bresque cireuse. Laissez bien égoutter pendant pendant égoutter bien Laissez cireuse. bresque la quarante-huit heures encore. (…) Les poires cuites cuites poires Les (…) encore. heures quarante-huit dans la mélique, à feu très très doux en absorbant absorbant en doux très très feu à mélique, la dans le maximum de liquide, prennent un moelleux et un un et moelleux un prennent liquide, de maximum le goût incomparables. » » incomparables. goût mélique L’arbre du mensonge, mensonge, du L’arbre : mélique désoperculée. LaCroix-sur-Roudoule. « Conque »ou tian danslequelonrecueille lemieldelabresque Chaudron pour faire cuire lamélique, LaCroix-sur-Roudoule. © P. Mayer © P. Mayer 53 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE liquide restant durant deuxheures. en surface, àl’aide d’une écumoire. On fait cuire lespoires dansle les boules dans le chaudron, puis on les retire, avec la cire restée près dupoêle, sesrainures recueillent lemiel.On fait ensuite frémir l’on poseausommet d’une plancherainurée et inclinée. Placée la chaleur dupoêle, onécrase lerayon pour former unebouleque Dans uneautre version, après lapremière opération d’égouttage à © P. Mayer plus importants sont alors Apt, Carpentras et Aix. sera transformé enconfiture, industrie annexe. Sescentres les choix, emploiele fruit entier, tandis quele fruit trop petit ouabîmé La confiserie, industrie deluxe quidemandedes fruitsdepremier raffineries marseillaises, assurant l’approvisionnement ensucre. Provence. Cet essor s’explique par laproximité desgrandes industrie de transformation du fruit confit sedéveloppe en Au XIX © Fonds Musée du moyen Verdon. Fonds André Robion. de l’hôtel des Alpes àCastellane. une facture émise le 27 avril 1936, suite à une commande En-tête d’une fabrique de fruits confits de Carpentras, sur ou lesstériliser dansdesbocaux. deviennent rousses. Les consommer directement près d’une heure à feu doux, jusqu’à ce qu’elles un sirop danslequelondéposelespoires. Les cuire poids desucre que celuides fruits, confectionner gardant entières avec leur pédoncule. Avec lemême Peler despoires Crémesine ouSatin vert enles Recette delapoire confite ausucre e siècle, outre laconfiserie d’autoconsommation, une que ça.» c’était ramassé, c’était parti.Certains expéditeurs ne faisaient délicatement, c’était tout uncirque. Ellesnesegardaient pas, On lespayait plusd’ailleurs, presque, ramassées avec laqueue la queue, et pasmûres, juste quandellesavaient unpeu tourné. encore à Apt lapruneReine-Claude. «Il fallait lesramasser avec expédiée par le train vers Apt, et jusqu’à Marseille. L’Asse fournit ou l’alcool, enplusduclassiquemarc deraisin (la pommes, poires et cerises,prunelleset sorbespour obtenir de recours àd’autres fruits, sauvages oucultivés, tels queprunes, gré du relief et des microclimats. On a ainsi couramment eu Dans lesmoyennes vallées du Verdon, la vigne ne pousse qu’au 4. Au tout début duXX des Basses-Alpes. procurer, sont fournies par lescentres deproduction spécialisés pêches et les figues. Les poires d’été et lesprunes,difficilesàse remarquables et hâtifs, tels quelescerises,abricots, les L’économie du fruit confit emploieprincipalement les fruits « unepetite poire quiseprête bienàlaconfiserie » États-Unis. La vallée del’Asse fournit alors auxconfiseries d’Apt rosé produits auxMées,qu’elles exportent ensuite jusqu’aux celles d’Apt achètent despêchesDuran et desabricots Poman À la fin duXIX poires «donnent lesmeilleurs résultats dansleMidi» probablement delaCrémesine, poire àconfire de renom. Ses tout est bon. » bon. est tout existent aussiàSaint-André-les-Alpes et àSisteron. urbaine et aisée. Dansl’entre-deux guerres, desconfiseries luxe présentés encoffrets de vannerie destinés àuneclientèle 39. Lucien Chailan,Senez 38. Robert Fabre, Mézel 37. Sauvaigo, 1929 36. Ardouin-Dumazet,1912 râche 38 auPoil)… Et pour cause,

AIGARDENT  39 e siècle, Apt produit desarticlesdeconfiserie de

e siècle, lesconfiseries desMéescomme ET AUTRES BOISSONS « pour faire de l’eau-de-vie, l’eau-de-vie, de faire pour « raque à Venascle, 37 36 .Elleest . Ils’agit la l’indique, possède unbon«rendement ». À Senez s’y ajoutent l’eau-de-vie est laPichouire ouPisseuse, qui,commesonnom À Senez comme àBlieux, la prune de prédilection utilisée pour a de«rendement ». Distillée àl’automne, pluslaprune est douceet mûre, pluselle à fermenter durant trois mois dans une barrique en châtaignier. Claude lui est préférée. Lorsqu’elle est bienmûre, elle est mise celle-ci est réputée lameilleure. À Mézel, lapruneReine- de l’eau-de-vie uniquement à partir de prunelles. À Rougon, employée. À Senez, àl’occasion d’un défrichement, onaobtenu prune dite semi-sauvage, issued’un plant nongreffé, est aussi Reine-Claude. À Rougon, onutilisait laprune Brouille. Toute Pète de Saumo, de Pète

Poire Crémesine, communedeMajastres. © Fonds Parc naturel régional du Verdon laSumiane(aussi appréciée àBlieux) et la 55 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE poires Cougourdanes. Onaaussipudistiller les beaucoup depoires Saint-Germain. À Trigance, onemploieles Blieux, àla fin delasaisondistillation, enjanvier, onutilise sur-Verdon, on distille les poires Missounenque abîmées. À la poire sembleavoir été fréquemment distillée. À LaPalud- reste d’un rendement moyen, leraisin et laprune. Cependant, Lorsqu’on peut endisposer, onpréfère, biensûr, àlapoire, qui son activité est réduite. proche sesitueàEntrevaux, danslamoyenne vallée du Var, et abandonnent ladistillation. Aujourd’hui, ledistillateur leplus plus transmis par héritage. Progressivement, lescultivateurs de taxes sur les 1000 premiers degrés d’alcool pur obtenus, n’est Depuis 1959, le privilège de bouilleur decru,à savoir l’exonération Brans à La Baume. De Trigance, on amène les prunelles à Soleils. De nombreux distillateurs parsèment aussilemoyen Verdon, de de l’Asse distille àSenez et àBlieuxjusqu’aux années1970-80. années 1960 pour s’approvisionner eneau-de-vie. Lahaute vallée habitants deLaPalud-sur-Verdon s’y rendent jusqu’à la fin des guerres. LaplainedesSallesest connuepour ses vignes et les Les distillateurs sont encore nombreux dans l’entre-deux sauvages. Enfin, ladistillation descerisesest courante. souvenirs Causeries àSenez). Collectif, Senez auXX plus debulles.» fruits sedécante au fond durécipient et qu’il n’y a et la fermentation est terminée quandlapulpedes tranquillement. Le sucre se transforme enalcool le moût commenceàbouillir, lelaisser fermenter tous lesjours pour éviter qu’elles aigrissent. Quand pour faire démarrer la fermentation ;les tourner jarre ; ajouter un demi sachet de levure alsacienne plus degoût,dansun tonneau, unebarriqueou et après avoir cassé les noyaux si l’on veut donner « Mettre lesprunes,bienmûres, unpeuécrasées La fabrication del’eau-de-vie àSenez , dactylographié, 2014 (travail issu des e siècle, Anecdotes et et Anecdotes perus oupoires

Verdon ? Aucune n’a puêtre observée. 1815. Est-ce lapoire Saint-Germain connue dans le Poire Saint-Germain d’après Loiseleur-Deslongchamps, © Loiseleur-Deslongchamps, 1815. Alambic et sonserpentin, LaCroix-sur-Roudoule. © Fonds J.L. Domenge blé (Senez, Éoulx, ), uneplante appelée les fruits. On fait bouillir del’eau avec, auchoix,delapaille on arecours àune« repasse » intermédiaire, entre lalavande et Pour éviter quel’odeur delalavande nese transmette àlagnôle, portait en vitesse dansunechambre obscure dela ferme. » après. L’eau-de-vie était couléedansdesdamesjeannesqu’on ustensiles decuisine et le verre. utilise du fumier (La Baume, Blieux). Ailleurs (Entrevaux, Nice), on (La Palud-sur-Verdon), du thym (La Palud-sur-Verdon), et même l’alambic, quechez nousonappelle l’alcoomètre descendait au-dessousdesoixante, onbasculait compte une eau-de-vie de plus de soixante degrés. Dès que la repasse, onredistille lepremier juset on obtient en fin de deux fois lamêmeopération :dansladeuxième, quis’appelle Avec notre alambicàlavandes, nousétions obligésde faire qu’il jugeait inutiles;ilpréférait enprofiter pour faire sa de tranchées -s’abstenait departiciper àces fanfaronnades père, en bon poilu de Verdun qu’il était - il avait fait quatre ans ils sont tous cejour-là devant lesmonuments auxmorts.Mon plus tranquille ducôté desgendarmes,car brigadier compris, ce jour-là quepréférait monpère :ildisait qu’il avait l’esprit trempant notre bois,onattendait le11novembre. C’était même le ciel se mette en harmonie avec la tristesse du jour, lapluie avec les fleurs ducimetière. Maiscommeilarrive souvent que ne songent pasàcourir lacampagne, bienoccupésqu’ils sont à distiller leslavandes. Eneffet, cesont deuxjours oùles vivants pour distiller avec le vieil alambicdecuivre quinousservait aussi « choisissait toujours lejour dela Toussaint oule11novembre de l’aigardènt. Son père, quipassait outre l’interdiction, M. Scipion fait lerécit del’une decesdistillations illicites Moustiers et àBlieux. à Rougon, LaPalud-sur-Verdon, Robion, Venascle, autour de les fruits dansl’alambic àessence. Cette pratique est attestée Dans les fermes isolées,onn’hésite pasàdistiller officieusement De l’essence àl’eau-de-vie terre la 41. Rolland, 1912 40. M.-H. R.,LaPalud-sur-Verdon l’esparge raque quisent de fort loinl’alcool, mêmedessemaines oupariétaire, aussiemployée pour nettoyer les lou peirò lou , onenfouissait en menuguette goutte .

produire de l’alcool àMirabeau, près deDigne. les collections duMuséedépartemental deSalagon,aservià alambic plus tardif, datant desannées1930et conservé dans à pipe, serait adapté àlaproduction d’alcool. Cependant, un Selon unehypothèse, seull’alambic àessenceportatif, dit une J.-T. Avril et deS.-J. Honnorat, le terme désignerait de Cataire) et à Aix-en-Provence de chats (aujourd’hui connuesouslenom français D’après la plantes odorantes dela famille desLamiacées. Manughéto les mouches.» nettoie :«ons’en frottait lesbras pour éloigner peu rondes, très fragile »Inodore, ondit qu’elle avec des fleurs mauves, des feuilles petites un Elle est décrite comme une «petite plante, Menuguette, quies-tu ? à Apt de à Apt Appelée ailleurs vulgaire. le calament, ouencore, àMontpellier, l’origan Calament Calamintha « espèce de mélisse ou de thym » thym de ou mélisse de espèce « 41 Nepeta Cataria Nepeta Flore populaire Flore . Selonlesdictionnaires provençaux de (Linné) et , ellepourrait désigner plusieurs 40

Maniguette, Manugueta, Maniguette, Melissa nepeta Melissa d’E.Rolland, ils’agirait (Linné) ouHerbeaux (Linné) ou ainsique Melissa Melissa ou 57 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE sauvages, existent àLaBaumeet àComps. petites quantités, principalement àpartir depoires, y compris De rares mentions de«jus»,aussiappelé vin », fabriqué en « espagnoles», dont le fruit mûr tombe aussitôt. d’un « excellent ratafia » fabriqué avec descerisesdites À Castellane, leprieur Laurensi signaleen1774 l’existence le vin :jeunesnoix, feuilles decerisier, depêcher, prunesèche… coing… Toute unegammedeplantes peut être macérée dans cultivés, sont employés danslesliqueurs, commelaprunelle, le Outre l’eau-de-vie, denombreux fruits, sauvages comme Valentin Boyer et sonalambicenaoût 1937àRobion, lors d’une distillation delavande. Sonneveu rapporte qu’il remplaçait et marc deraisin pour lesdifférents propriétaires possédant leprivilègedebouilleurs decru.L’activité de V. Boyer aurait cessé autour de1952. classique par un double serpentin en cuivre plus performant » performant plus cuivre en serpentin double un par classique © Fonds G. Pons. , afin dese rendre àCastellane en tant quebouilleur ambulant depommes,poires particulier pour la fabrication du« vin »depoires. de Castellane, onseservait d’un Poirier sauvage ou © P. Mayer perussié remarquable àComps. À LaPalud spécimen depoirier sauvage « le serpentin serpentin le « en 2017. Bouteille decidre fabriqué en1943et exhumée àBlaron © P. Mayer une boissonaugoût «légèrement acidulé». 2017 unebouteille de73ansd’âge, apugoûter de planchettes debois. Son fils, ayant retrouvé en réemploya la vis desonétabli, qu’il cercla àl’aide pressoir (30/40 cm), pour la fabrication duquelil pila. Ilavait extrait ensuite lejusdansunpetit une pierre taillée servant d’abreuvoir, oùilles les pommesabîmées,non fermentées, dans eut l’idéede fabriquer ducidre. Ilavait disposé pleine SecondeGuerre mondiale, M.Collomp À Blaron, en1943, annéedebonnerécolte en Le cidre deBlaron

Pressoir à fruits, maisonReboul, Castellane. © Fonds J.L. Domenge pétillant commeunmousseux. la vallée de la Roya, on a longtemps fait un vin de sorbes, consommation domestique, et réputé excellent. Enfin, dans de l’Estéron, on a fabriqué un vin de sorbes réservé à la que lasorbe«rend » trop bien.Nonloindelà,dansla vallée de distiller lessorbes…D’aucuns affirment que c’est parce Dans le Verdon, larumeur circule àpropos del’interdiction 59 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE partie montagneuse, et figues, nougat, croquante autres, amandes,noix,pommes,poires, et pâte decoingpour la varie selon lesépoqueset lesespaces climatiques. Citons, entre fraîches et desséchéesausoleil,quisont expédiées depuisDigne la circulation des fruits entre ceszones. Dès1833 au grenier sur lesplateaux et collinesplusausud,sansexclure parmi les« treize desserts» des fêtes liturgiques chrétiennes, commeàNoël,oùils figurent ils rassemblent lacommunauté àla veillée. Ils sont apprêtés lors fréquemment consommés crus avec du pain. Cuits en bouillon, la composition des plats de résistance, les fricots, et sont d’un dessert,maisaussid’un mets festif. Ilsentrent dans des fruits. Leur placedanslerepas est essentiellement celle De nombreuses pratiques socialesmarquent laconsommation 44. DesMichels, 1833 43. Dessert àbased’amandes, desucre et de miel confectionné àNoël(Saint-Julien-le-Montagnier). 42. familial, Bargème. Coll. particulière. Recette de tarte auxpommesReinette dansuncarnet derecette Terrain Fixés aunombre de treize danslapremière moitiéduXX © P. Mayer , n°24,pp. 145-152. 5. LA PLACE DU FRUIT DANS LES REPAS 42 . Dansle Verdon, leur composition e siècle, selonBrégeon-Poli B. (1995), 43 , raisin séché 44 , lespoires prune Reine-Claude. fruit secuisineencore encompote et enconfiture, commela à cuire. LaBouque-Preuve est unebonnepommeàbouillir. Le voire dubeurre. Lareinette est réputée être lameilleure pomme centre pour enôter lespépins,et on y déposedumiel,sucre, sont également très appréciées. On les épluche, on en creuse le les réemployer dansles tartes enhiver. Les pommesau four On peut aussilesmettre enconserve, avec du vin, pour pouvoir cela lespoires «Longues »(Curé ouCuisse-de-Dame). vin enhiver, qu’elles soient fraîches ousèches.Onprivilégiepour dessert decarême ».Les poires sont couramment cuites dansle vers Toulon et Marseille, « formaient avec lespruneauxunbon « “Va pour treize !” La “tradition” des desserts de Noël en Provence », », Provence en Noël de desserts des “tradition” La !” treize pour “Va « chambre danslebut delaparfumer. Hors du registre médicinal, quelques coings sont laissés dans la rhume desenfants et lesoranges sont réservées auxmalades. Enfin, les tisanes de pommes séchées sont employées contre le Brignoles est connuecommenourriture deconvalescence. n’est bon que pour la pharmacie. » Au XVIII desséché et qu’il a perdu sa fleur, M.Darluc indique qu’ « il « salutaires ».Lorsque lepruneau fleuri n’a pas été proprement considère quelesprunesperdigones sont «pectorales »et adoucissantes et laxatives. À Castellane, leprieur Laurensi de vue médicinal,lapruneest réputée pour sespropriétés L’emploi du fruit dépasselasphère alimentaire. Dupoint

Livre derecettes, Bargème. Coll. particulière. © P. Mayer e siècle, la prune de

Coing © Société d’horticulture pratique du Rhône, 1875 61 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE du commerce Dans lesbranches Chapitre 3

Grainetier Vilmorin-Andrieux, foire deCastellane, années1970. © Robert Curzy Dans lapremière moitiéduXIX comme Digneet Draguignan. ci semultiplient nonloindu Verdon, autour decentres urbains bassin dignois,c’est véritablement àpartir duXIX utilité despropriétaires s’y ajoutent. mûriers. Depetites pépinières privées formées pour lapropre occupant environ 50 hectares ; la majorité produit oliviers et département du Var huit àdixpépinières d’arbres fruitiers dans tout le Var, et àBrignoles.En1846,oncompte dansle production d’arbres fruitiers existe à Trans, quienexpédie botanique denaturalisation et une société d’agriculture. La d’établissements àDraguignan, oùse trouvent déjàunjardin les rives dela Durance. Ducôté varois, on trouve la trace arboricole se traduit par l’implantation depépinières sur dès la fin duXVIII circuits commerciaux. Silebotaniste MichelDarluc mentionne Les variétés localesont longtemps été reproduites hors des les variétés commercialisées et leur répartition. temps long. Elledonneaussideprécieux renseignements sur la production, et des tendances quiont régi cemarché sur le complément, quel’on peut saisir au travers desdébouchésde et des fruits montre l’existence d’une économie fruitière de Dans lazone du Verdon, ladiffusioncommerciale des cultivars 1.  © Fonds Musée des Arts et traditions populaires, Draguignan. Tampons delasociété d’agriculture, decommerce et d’industrie dudépartement du Var, situéeà Draguignan, au cours duXIX LES PÉPINIÈRES, LES FOIRES ET L’ENTRE-SOI e sièclel’existence depépinières dansle

e siècle, l’essor del’activité e quecelles-

Foire deCastellane danslesannées1970. © Robert Curzy e siècle. 63 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE ont probablement jouéunrôle dansla diffusionde variétés très des cheminsmultiples.Les marchés desmicro-centres urbains Il semblerait quelacirculation desplants sesoit faite en suivant des petits négociants. correspondance sembleainsiréservé àla frange desnotables et de sonpère, à Mézel. Dansle Verdon, l’achat deplants par témoigne cet ancienarboriculteur, quiavait repris l’activité quand on plantait lesarbres, des fois, on se faisait les plants de la vente desplants. «Iln’y avait pas tellement de variétés. Et l’Asse et delaDurance, lespépinières n’y ont paslemonopole de production fruitière spécialisésdes vallées delaBléone, de Cependant, bien qu’elles trouvent une clientèle dans les bassins Alexandre àLaBaume. À lamêmepériode, onconnaît l’achat d’un pommier Grand Cuisse-de-dame, aussisynonyme deCuré oudeBelle Adrienne. franc et laproduction principaleétait constituée depoiriers (Digne) dansl’entre-deux guerres, lesarbres étaient greffés sur commerciale liée aux plants. Chez unpépiniériste deGaubert Rares sont les témoignages oraux quiinforment sur uneactivité les plusproches sont doncspécialiséesdansle fruit àpépins. pépiniériste desBouches-du-Rhône (Cabanes). Les pépinières Bonochet, Grand noir, Clairette-Aubum blanc) commandés à un En 1910, il y ajoute 10pêchers et 550plants de vigne (Alicante missive. abricotiers et cerisiers figurent également danscette première Les arbres sont greffés sur francs. Unmûrier, unsorbier, des Doyenné («Dayonnet »),Duchessed’Angoulême, et MartinSec. Clergeau (« Burret Clezau »), Beurré (« Burret »), Belle Adrienne, du Canadaet ChampGaillard, et les variétés depoires Beurré il commandeauxpépiniéristes dignoisdespommiers Reinette les faisait acheminer àCastellane par des voituriers. En1909, commandait ses plants à distance. Arrivés à Saint-André, il plusieurs horticulteurs et pépiniéristes, montre queF. Chauvin « entrepreneur »et « cultivateur propriétaire »castellanais, et s’organise qu’à la fin duXIX À cette époque, la raréfaction des bois – le reboisement ne XIX détriment duprélèvement deporte-greffes sauvages. À la fin du établie audébut duXX éloignés desmontagnes du Verdon. Unecorrespondance Cependant, les centres horticoles restent relativement certain engouement pour laculture fruitière. développement économique des vallées enclavées, montre un du XX Durance, et se poursuit àManosque et àSisteron au tout début dans la vallée del’Asse (Mézel), àDigne, et dansla vallée dela e siècle, le développement de l’activité horticole commence e siècle. Lacréation depépinières publiquesdestinées au e siècleentre François Chauvin,un e –incite às’y approvisionner au », un poirier Louise Bonneet unpommier BelleFille. Brandis ont-ils acheté àl’occasion d’une foire trois poiriers Curé, fruits. Ainsi, dans les années 1950, des agriculteurs de Villars- achètent lesplants, qu’ils multiplient pour encommercialiser les polyvalentes auXX

Pomme BelleFille, Villars-Brandis. © Fonds PNRV. Poire Curé, LaPalud-sur-Verdon, septembre 2017. © P. Mayer e siècle. Ce sont lespetits cultivateurs qui y

Poire Louise Bonned’après DuhamelduMonceau,1768. © Duhamel du Monceau, 1768. travail saisonnier. celle des migrations faisant jouer la parenté, le commerce, le de lacommune, puiscelledescommunes proches, et enfin Marcel Mauss.Lacirculation s’opère àplusieurs échelles,celle théorie dudon/contre-don, rendue célèbre par l’ethnologue réciprocité dudonauseindesrelations sociales,aussiappelé de famille. Leur diffusionest étroitement liéeauprincipede l’entre-soi desbonnesrelations de voisinage, d’affaires, et La principale voie decirculation des variétés reste cependant la diffusionet delaconservation modernes sont désormaislesnouvelles chevilles ouvrières de objectif d’autoconsommation et d’appoint. Les pépinières agronomes et pratiquée par l’arboriculture paysanne dansun de la diversité locale– appelée « sélection massale* » par les réglementée, et créatrice –celle-là mêmequi fut àl’origine diffère delareproduction àplusieurs visages, nonnormée, non émerge alors, avec sespropres normesprofessionnelles. Elle nouvelle dynamiquedestandardisation oud’homogénéisation référentes, offrant unegarantie d’authenticité variétale. Une progressivement la mémoire orale pour prendre le rôle de comme lapoire Garrus. Aussi lespépinières supplantent-elles de son enfance réhabilitées dans les circuits commerciaux, amateur deCastellane achète-t-il par cemoyen les variétés d’un réservoir degreffons bienidentifiés. Ainsi,unarboriculteur transmission, et ons’adresse désormaisàellespour s’assurer Les pépinières prennent ainsilerelais desautres modesde essor dansladiffusionde variétés locales en voie dedisparition. démocratise. Aujourd’hui, elleest habituelleet trouve unnouvel À partir desannées1980, la fréquentation despépinières se Joseph Collomp, Saint-Julien-du-Verdon. commerce. moment que tu n’en faisais pasun aux gens, y’avait 5ou6 familles, du On prenait lesgreffons sansdemander il y avait beaucoupdesGaru. entre Castellane, Saint-Julien, Blaron,

On sechangeait lesgreffons in situ in * descultivars.

65 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE 10 000 kilosdepommesaudébut delasaisonproduction. bonne production àLaBaume, unmarchand fait l’achat de Le marché est lucratif. Au début des années 1920, année de de février.mois commercialisées dela fin dumoisdenovembre jusqu’à la findu mieux, et seconservait unpeuplus.» maturité delapoire Curé :«LaCuré était plusgrosse, présentait (Tarde), et lesautres variétés jusqu’avant Noël,périodede Baume, étaient commercialisées d’octobre audébut dejanvier cher quelespoires d’été et d’automne. Certaines poires, à La -Provence vers lelittoral, oùles fruits d’hiver se vendent plus de transactions marchandes decontre-saison delaHaute différente danscesdeux zones, aconditionnéledéveloppement Basse Provence jusqu’au printemps. Lasaisonnalité des fruits, Les fruits delamontagne assurent l’approvisionnement dela 46. Damien Collomp, néen1907. J.-L. Domenge, collectage 1980-1990. Traduction duprovençal J.-L. Domenge. 45. Yves Collomp, LaBaume. 2.

Poire Tarde,Eoulx © P. Mayer TRAJECTOIRES D’HOMMES ET DE FRUITS : ENTRE DEUX CLIMATS 45 Les pommes y étaient réalisant ainsi uneplus-value de4,65 francs qui demeurent enbonétat et les vend 5 francs lekiloàNice, il revient pour charger lesquelques3000kilosdepommes Il demandequ’elles soient stockées par le vendeur. Le 29avril, À la fin du XIX migrations. et lesPréalpes duSudselit aussidansleséchangesliésaux La complémentarité géographique entre labasseProvence qui permettra le transport des fruits encharrette. conclut àl’époque del’ouverture delaroute menant àLaBaume, circulent leshommeset les fruits. jusqu’à , oùilrencontre alors sa future épouse. Ainsi de pommesdansle Var et revend àsonretour figues et vin commerçant deSaint-Julien-du-Verdon écouleuneproduction Saint-Julien-du-Verdon du vin, du raisin et des figues. Unautre pommes et poires jusqu’à Puget-Ville et revend àsonretour à marchand deL’iscle de , originaire du Var, achemine ceux quisont restés aupays peuvent enassurer larevente. Un par exemple, lorsque lesparents ayant migré produisent du vin, Les migrations génèrent aussides transactions commerciales, d’olive produits par uncousin. pour y échanger despommesGarrus contre le vin et l’huile cultivateur, deLaBaume, serend àChâteaudouble dansle Var en échangedepoires, d’amandes, denoixet demiel.Unautre à Saint-Tropez, à la faveur d’un voyage effectué en charrette, annuelle de vin, de figues, d’huiled’olive et de raisins produits Une fratrie deRougon seprocure delasorte toute uneprovision un revenu, ilnes’achète pas:ils’échange contre d’autres fruits. climatiques complémentaires. Dansle Verdon, sile fruit constitue circulation, auseindes familles, dedenrées issuesd’ensembles migrent par le mariage. Ces déplacements vont structurer la préalpin, abesoindemain-d’œuvre. Les filles, quant àelles, qui se fournit déjàenplantes aromatiques danslehaut pays Alpes-Maritimes, à Grasse, oùl’industrie desplantes àparfum, bâtiment. Le mouvement migratoire s’étend jusque dans les de commerces, dedomaines agricoles, ou encore ouvriers du D’autres s’y établissent durablement endevenant propriétaires agricole (viticulture, oléiculture, céréaliculture) ou fermiers. Tropez…) commecolporteurs, travailleurs saisonniers dusecteur à migrer dansle Var (Fayence, Draguignan, Toulon, Saint- les bas-Alpins. Jusque dansl’entre-deux guerres, ilscontinuent de populations traduisent lapression démographique subiepar e siècle, l’exode rural bat son plein. Les déplacements 46 . L’affaire se Échanges deproduits alimentaires entre basseet haute-Provence, illustrant lacomplémentarité des climats. transactions liéesaux fruits. à l’exode rural et auxalliancesmatrimoniales, structurent les avec laProvence, ainsiquelesmouvements migratoires dus une meilleure conservation des fruits d’hiver, saproximité l’environnement montagnard des Alpes duSudquipermettent plus chaudset secs. Ainsi, lescontraintes physiques de les produits dela vigne, del’olivier et les figues desclimats Les fruits àpépinsdelamontagne s’échangent ainsiavec 67 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE Mées ! siècle contre unpanier d’abricots apportés des au XVI religion catholique durant lesguerres dereligion prince lorrain chef delaLigue, défenseur dela rôle dans le récit de l’assassinat du duc deGuise, de luxe. Elle tient même a posteriori le premier notables et auxcours royales, fait office demets Pistole, réservée auxpersonnages aisés,aux présents et commemonnaied’échange. La L’arbre fruitier et son fruit sont employés comme Le fruit commeprésent et monnaied’échange a passésonpermisdeconduire audébut duXX Enfin, lenégociant castellanais, Lucien Mandrille, d’adresser leurs vœux pour la nouvelle année. lorsqu’ils passaient danschaquemaisonafin enfants recevaient unepoignéede figues sèches Plus prosaïquement, dans le nord du Var, les ville deGapen1515. fut servieàla table deFrançois I où il fut poignardé. Lapoire Gloute (Crémesine) e siècle, quil’aurait eu enboucheaumoment er en visite dansla e

richesse dela ville varoise deBrignoles,oùlaproduction aatteint Au XIX sociales. évolutions notables augré de transformations économiqueset Au cours desdeuxderniers siècles,leur commerce asubides circulent au travers ducommerce et desmigrations humaines. petite économielors desannées debonneproduction :les fruits La production fruitière, d’ordinaire avant tout vivrière, y forme une l’arboriculture revêt uneimportancespéciale, «pour lerapport ». d’un village, oùleclimat est assez favorable pour faire récolte. Là, des arbres. On trouve ainsides«pays à fruits »,parfois àl’échelle En montagne, l’altitude et l’exposition conditionnent laréussite vallées provençales àpartir dela fin duXVIII En effet, avant dedevenir quasi-emblématique deshautes (Digne et Castellane). provençaux :le Var (Brignoles) et les Alpes-de-Haute-Provence prune sèchea fait lagloire dedeuxgrands centres deproduction Au cours desderniers siècles,la variété Perdigone transformée en Le marché delaprune:les deux bastions delapistole avec lepruneaud’Agen et trouve undébouchéinternational. prune sècheprovençale, produit deluxe emblématique, rivalise pistoles. Spécifique auxPréalpes deDigne et deCastellane, la C’est aussilesiècledelaprune transformée enpruneauxet littoraux tels que Toulon et Marseille. transport plus facile. Ilssont expédiés vers lescentres urbains amandes, voire châtaignes et figues, moinspérissables et de de fruits secset àcoque, tels quepruneset poires séchées,noix, Les hautes vallées provençales privilégient encore lecommerce le prixdes fruits nepourra augmenter : que, tant quele transport nepourra être assuré qu’en charrette, du fruit frais. En1857, lasociété d’agriculture deDignesouligne charrette ouavec les animauxdebât nepermet pasl’exportation fruitière dans les Basses-Alpes. En effet, l’acheminement en de transports est leprincipal frein àlacroissance del’arboriculture locomotion exige l’achat des fruits avant leur maturité et de de et maturité leur avant fruits des l’achat exige locomotion grands frais ; les fruits sont ainsi vendus, et perdent de leur leur de perdent et vendus, ainsi sont fruits les ; frais grands saveur et de leurs poids. » poids. leurs de et saveur e siècle, l’état des voies decommunication et desmoyens 3.  MUTATIONS DU COMMERCE : DU FRUIT SEC AU FRUIT DE TABLE « Ce mode lent de de lent mode Ce « e siècle, ellea fait la

(1899-1932). Comptes d’une épicerie compsoisedansl’entre-deux guerres © Fonds Paul Camoin d’Amérique »oùils sont servisenhiver et lapéninsuleitalienne, laHollandeet jusqu’aux «colonies (« Brignoles »)et pruneauxdanslereste delaFrance, lePiémont Castellane, alors connuepour ses fruits secs,envoie pistoles privée deses vergers, neproduit plusassez deprunes. sèches souslesarmesdela ville deBrignoles,alors quecelle-ci, Digne, Mézel et Castellane que leprunier «Perdrigon violet ». plusieurs variétés nongreffées, tandis queBrignolesn’emploie de cesdernières. Cette différence s’explique par l’utilisation de plus depistoles qu’à Brignoles, vendues pour lamoitiéduprix et leurs fruits desséchés » desséchés fruits leurs et tables, arrangées en de petits paquets, dans du papier, ou dans dans ou papier, du dans paquets, petits de en arrangées tables, Au XIX réputées quecellesdeDigne. la concurrence dèsleXVII son apogée à la fin du XVI Dès leXVIII vendues souslenomde«Brignolles». recherchent alors autour deDigne les Perdigones, quiseront des boîtes. » boîtes. des 49. Ardouin-Dumazet,1912 48. Darluc, 1882-1784 47. cad 1787 Achard,

(1899-1932). Vente depruneauxà Toulon par l’entreprise Tripoul & fils, Comps © Fonds Paul Camoin e siècle, on produit, autour de Digne et dans l’Asse, dix fois e siècle, lescentres deproduction bas-alpins de 48 Les pistoles deCastellane sont d’ailleurs plus e siècle. Toutefois, la Haute Provence 47 e siècle. Les marchands brignolais . Digneemballealors sesprunes « sont connus par leurs prunes prunes leurs par connus sont « « sur les meilleures meilleures les sur « Revue agricole varoise en1930. © Fonds Muséedesartset traditions populaires, Draguignan. coque. développe-t-il audétriment del’exportation du fruit secet à aux terrains arrosés. » Les fruits frais, lesprimeurs donnent une valeur considérable cultures plusrémunératrices ont été entreprises, avec succès. irrigués. En1912,«partout oùl’amandier a disparu,d’autres de l’Asse auprofit dupoirier, dansles terrains nouvellement travail. »Ilen va demêmepour l’amandier, quidisparaît dela vallée le fruit àpépins:«çarapportait pluset çademandait moinsde de table. À Mézel, la famille Fabre remplace laprunesèchepar pruneaux et pistoles sont progressivement détrônés par le fruit et poires à couteau s’établit danslesanciennespruneraies, et Dans toutes lesPréalpes duSud,laproduction depommes pistoles jusquedanslesannées1950. du Rhône. À Trescléoux (Hautes-Alpes), onaurait fabriqué des (Tartonne, Saint-Jacques), et à la vallée de l’Eygues, affluent ), et du Verdon (Castellane), au val deBarrême Bléone, , Digne), del’Asse supérieure (Senez, Barrême, se déplacent alors desPréalpes de Digne (, moyenne géographe R.Blanchard, lesderniers centres deproduction l’autoconsommation et vendues comme fruits frais. Selonle d’être transformées enpruneaux fleuris et baconspour prune sèchepériclite totalement. Les prunescontinuent Après laPremière Guerre mondiale, l’industrie localedela 49 Ainsi lecommerce du fruit de table se 69 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE 50.  primes àceuxquinenégligent pascette culture, propriétaire-cultivateur deRougon réclame qu’on verse des agricoles et àl’augmentation de laproduction fruitière. Un des propriétaires, qu’il perçoit commeun frein auxaméliorations 1857, uninstituteur deSoleilhasdéplore lemanqued’instruction améliorer l’économie du pays. Dans une enquête agricole de notables des moyen et haut Verdon comme une solution pour 800 kg. » « Celui qui venait avec lacamionnette enportait 700ou transportent jusqu’à Cannes…encamion.Le trafic s’intensifie : « chambres »avant deles fournir àdes«intermédiaires »quiles aménagée, pour acheter des fruits. Ilslesstockent dansdes empruntent encharrette laroute deLaBaume, récemment Au début desannées1920, les«grossistes »castellanais augmentant leur prixd’achat àlapropriété. diminuant leur durée de transport et, par la même occasion, de venir chercher les fruits sur placeavec moinsdecontraintes, Le développement del’automobile permet bientôt auxacheteurs littorales par train oupar camion. s’explique par lapossibilité d’exporter le fruit frais vers les villes fruits d’été enBasseProvence –abricots, pêcheset cerises– fruits frais enHaute Provence –prunes,poires, pommes –et des de voûte del’expansion arboricole. À cette période, l’essor des montagnes. Les voies decommunication deviennent alors laclé renaissance agricolepermisepar ledésenclavement des À la fin duXIX L’avènementde table du fruit Au début du XX d’arbres fruitiers. encore d’augmenter lesrevenus dusolpar lesplantations rapport excellent » excellent rapport Damien Collomp, néen1907. J.-L. Domenge, collectage 1980-1990. Traduction duprovençal J.-L. Domenge. André fut ouverte en1911. Pont-de-Gueydan - en1908. Enfin, lajonction Annot –Saint- 1905, celledePuget-Théniers - Pont-de-Gueydan en1907, et cellede exploitation entre 1894 et 1905.Laligne Toulon-Hyères fut ouverte en Lignes delaCompagnie deschemins de fer duSud delaFrance en 50

e siècle, l’arboriculture fruitière apparaît pour les e siècle, toutes les Préalpes bénéficient d’une . Unnotaire de Thorame-Haute préconise « qui serait d’un d’un serait qui « XIX Non loindu Verdon, le transport ferroviaire existe dèsla fin du Marseille, ainsique Toulon, Saint-Tropez, et Saint-Raphaël... Draguignan vers toutes les villes dusud:Grasse, Nice, Aix et aussi s’intensifier autour de Comps, quipeut expédier depuis être expédiés sur lesmarchés niçois.Le trafic ferroviaire va De Blieux,les fruits sont apportés àlagare deBarrême pour ont désormaisaccèsàlaproduction fruitière deshautes vallées. niçois, autrefois contraints dese fournir dansle Piémont italien, Castellane par lecommerce des fruits :leshôtels cannoiset le désenclavement économiquedesPréalpes deDigneet de André. Le journaliste V.-E. Ardouin-Dumazet annoncedèslors Digne par lerattachement delasection Puget-Théniers -Saint- fer duSuddelaFrance necomplète qu’en 1911laligneNice- André-de-Méouilles. Cependant, laCompagnie descheminsde à Dignelajonction avec Saint-André, alors nomméeSaint- entre Aix et Gap. Le train circule jusqu’à Marseille, enassurant de fer deParis àLyon et àlaMéditerranée ouvre lasection e siècle. Dans les années 1870, la Compagnie des chemins

© Commentaire et fonds GECP.

entre 1912et 1914. Lignes delaCompagnie des cheminsde fer duSuddelaFrance © Fonds GECP © Fonds GECP compagnie PLMaudébut duXX Brochure publicitaire sur le transport des primeurs assuré par la e siècle. 71 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE © Fonds R. Fabre et Musée du moyen Verdon. Fonds André Robion. il enpartait àSaint-Tropez, à Toulon, àDraguignan… » vendu 7 000kg… 2000c’est avant, c’est en1924,maisaumoment delaguerre, Guerre, c’était encore uneépoqueoùonenramassait bien...j’en avais encore un peudumarchand, certainsallaient àCannes! Aux alentours delaSeconde « Ilsallaient les vendre àDraguignan, ilsallaient mêmeà Toulon, celadépendait Les transactions avec le littoral se poursuivent jusque dans l’entre-deux guerres : Verdon et del’Asse. lesquels correspondent lescultivateurs et lesnégociants du Cannes et Nice, par l’intermédiaire decommissionnaires avec l’ensemble desBasses-Alpes, s’écoule ainsià Marseille, Toulon, Au début duXX l’hivernant adisparu. sont assez abondants pour lapopulation permanente lorsque pas, et les fruits d’été tels quepêches,abricots, pruneset cerises, XIX La Riviera française bénéficie, dans laseconde moitiédu production fruitière desBasses-Alpes. du littoral méditerranéen, constituent undébouchéanciendela Les centres urbains de la Basse Provence, et particulièrement et sont lenombre » Raphaël jusqu’à l’Italie, lesétrangers n’y «regardent pasauprix profiter dusoleilazuréen, demandele fruit d’hiver. DeSaint- hivernants. Le tourisme deluxe, quiafflue àlasaison froide pour 52. Léon Collomp, néen1900. J.-L. Domenge, collectage 1980-1990. Traduction duprovençal J.-L. Domenge. 51. roi-uae, 1912 Ardouin-Dumazet, e siècle, d’une forte attractivité auprès deriches touristes e siècle, lapoire d’hiver, très cultivée dans 51 . À cette époque, le tourisme estival n’existe 52 Fonds Muséedumoyen Verdon. François Chauvin,correspondance, 1908-1911. à quelqu’un d’autre. Chauvin.» pouvons les vendre tout aussibienà vous comme lorsque nousdescendrons àCannes,nous sommes dansl’intention de vous lesporter, et quenousn’en faisons paslecommerce, nous comme nousavons leschevaux et lacharrette […] Nousavons bienramassé quelques fruits, mais Messieurs Passone et Giaume(Cannes) « Castellane le19octobre 1910 Correspondance de François Chauvin, Castellane correspondances avec descultivateurs du Verdon. En-têtes descommissionnaires issusde ouvrières. En1926,lepremier congrès delapomme table la demande s’accroît ailleurs en , parmilespopulations Verdon. Onleur opposeles«produits plusordinaires »dont les villégiatures delaCôte d’Azur, et concurrencent ceuxdu fruits ».Eneffet, les fruits dechoixétrangers s’écoulent dans Bas-Alpins àsoigner assez leur culture pour obtenir de« beaux Durance et lebassindu Var diminue. Onaccusel’incapacité des À l’aube delaGrande Guerre, leprixdes fruits produits entre la de tavelure.meurtrissures,ou traces sans taches, demande le fruit «dechoix»,c’est-à-dire calibré, non véreux, de longues durées et endurent les transports. Le consommateur Le débouchéurbainexige des fruits quiseconservent frais sur début duXX transport et de conditionnement performant, laisse place au La culture des fruits àcuire et des fruits secs,enl’absence de Champ Gaillard... telles quelapoire Curé, lespommesReinette duCanadaet nouvelles variétés depommeset depoires degarde àcouteau, Reinette Grise. Dèslors, lescultivateurs du Verdon adoptent de cher sont, par ordre décroissant, laReinette, laCalville, et la Ainsi, en1921-1925, lespommesquise vendent leplus la Calvilleet laReinette griseest très importante. du littoral, oùlaconsommation de fruits ditsdechoix tels que Maritimes et desBouches-du-Rhône, ainsiquesur l’ensemble indique qu’elle s’écoule dans les départements des Alpes- tourisme hivernal deluxe. littoraux delaRiviera jusqu’à Toulon, quisedéveloppent avec le saison conditionnépar lademandedesgrands centres urbains Castellane se trouve ainsibaséesur uncommerce decontre- Toute l’économie fruitière desPréalpes de Digneet de privilégiant lesprimeurs et les fruits frais debelleapparence. 53.  Poher &Chavard, 1927 e siècleàunmarché régional aux flux accélérés, 53

les 26-27 juin1926,Bourges. commercial de la pomme de table, de pomme la de commercial E. Poher, A. Chavard (1927) celle deNice. (…)» consommation sur tout lelittoral est ledoublede Vésubie et dela Tinée. Onpeut admettre que la les hautes vallées dudépartement, celles de la Alpes, desPyrénées-Orientales, del’Isère et les départements desBasses-Alpes, desHautes- 600 000 sont fournis par l’Italieet lereste par un total de1500000kilos,dont 500 000à pour laseule ville deNice, enannéemoyenne, La consommation delapomme table «atteint La consommation delapomme table en1926 Premier congrès congrès Premier tenu àBourges, 73 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE Glacée et Jean Gaillard y sont moinsreprésentées. Preuve, pommed’Aubagne, ainsiqu’une Api Rouge. Les pommes à luilespommesReinette duCanadaet Reinette Grise, Bouque- marchands, de l’Asse à l’Artuby. Le verger varois comprend quant Reinette duCanada.Ces fruits figurent danslescomptes des pommes Jean Gaillard, Bouque-Preuve, Calville, Reinette, et cultive alors lespoires Curé, Doyenné et Louise Bonne, les méditerranéen et desconfiseries. DanslesBasses-Alpes, on besoins croissants en fruits frais descentres urbainsdulittoral de quelques variétés représentatives, pour répondre aux Le commerce du fruit de table sestructure désormaisautour contenter. au climat, au transport et augoût desconsommateurs, et s’en que lecultivateur devrait choisir trois ouquatre variétés adaptées Vers 1933, ledirecteur desservicesagricolesdeDigneaffirme du XIX de l’ère industrielle. Unedynamiquenouvelle s’amorce àla fin semblent avoir eulaprimauté danslenégoce, jusqu’à l’aube fruits secset àcoque tels quepistole, pruneau,amande et noix, long, les variétés depoires et depommesàcuire, ainsiqueles des «races fruitières »est uneentreprise ancienne. Sur le temps variétés en fonction des tendances du commerce : l’amélioration cours desderniers siècles. Onapar exemple adopté denouvelles des dynamiquesd’adoption et d’abandon quis’y sont succédéau cultivées dans le Verdon à différentes époques. Elles témoignent témoignages oraux qu’on retrouve la trace des variétés fruitières les correspondances, lesbulletins et revues agricoleset les C’est danslescomptes des marchands et descultivateurs, « méritantes » s’amplifie danslapremière moitiéduXX de rénovation arboricole par l’implantation de variétés Favorisé par deslogiqueséconomiques,un vaste mouvement poires d’été commelaGuyot. variétés depommesaméricaines, telles quelaGolden,et sur des des années 1960, l’arboriculture productiviste repose sur des très productives et polyvalentes* de fruits àcouteau. À partir et ferroviaires, marquée par l’essor de variétés decommerce e siècleavec ledéveloppement des transports routiers 4.  QUELQUES FRUITS DE NÉGOCE e siècle. Au début duXIX la confiserie. (synonyme deCuré), GrisePoule, Crémesine et MartinSecpour poires lespluspriséespar lesmarchands sont lesBelle Adrienne deux guerres pour larevente, tandis qu’à Mézel, les variétés de (syn. fréquent deCuré), et Verte sont achetées dansl’entre- À Comps, lespoires MartinSec,Royale, Virgouleuse, Longue nombre. Baume, avec lespommes,Blancheet Garrus,inférieures en vert, Doyenné, Muraire, et Verte sont commercialisées àLa Reinette et Calville. À la toute fin duXIX

Pomme “Bouquet-Preuve” d’après Loiseleur-Deslongchamps, 1816. © Loiseleur-Deslongchamps, 1816. e siècle, on cultive déjàen Provence lespommes e siècle, les poires Satin

Crémesine, Saint-Jean, Vert Sucré, Brute Bonne, Curé, Louise de l’époque. Parmi les poires expérimentées, on trouve les les fruits choisis commeunpanelreprésentatif descultures Pont, haut-lieu varois de laculture fruitière. Onpeut considérer centre d’expérimentations fruitières danslarégion deSolliès- À lamême période, l’office régional agricoleduMidi établit un d’Aragon se vendent sur lesmarchés marseillais. Virgouleuse, Beurré, Belle Adrienne, MartinSecet poires dite (synonyme deBrignoles ouLong-pécou), Royale «extra », Dans lesannées1920, lespoires Curé, Duchesse, Cicerette © Fonds Paul Camoin. © Loiseleur-Deslongchamps, 1815. En-tête del’entreprise Tripoul & fils à Comps. n’a puêtre observé. un spécimende Virgouleuse est connuàLaBaume, aucun fruit Poire Virgouleuse d’après Loiseleur-Deslongchamps, 1815.Seul

comparatif, aucuneRoyale n’a puêtre observée dansle Verdon. Poire Royale d’hiver d’après Loiseleur-Deslongchamps, 1815. À titre © Duhamel du Monceau, 1768. © Loiseleur-Deslongchamps, 1815. Monceau, 1768. Poire Sucré vert, synonyme deSatin vert, d’après Duhameldu gris, Bouque-Preuve, Cusset et Doublerose. blanche et Calvillerouge, Api rose, Api rouge d’hiver, Fenouillet d’Angleterre, Reinette deCaux,Reinette du Vigan, Calville pommes Reinette duMans, Reinette duCanada,Reinette d’Angoulême, Guyot, Hardy, et William. On teste aussiles Bonne d’hiver, Bergamote Espéren, Royale d’hiver, Duchesse 75 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE caractère inédit. du nom des variétés, donnant à ce feuillet d’archive privée un 14 décembre 1929. Rares sont lesdocuments faisant mention Extrait de lacomptabilité del’entreprise compsoise Tripoul & fils,

© Fonds Paul Camoin. Tableau. «Compte des fruits expédiés »1929, Livres decompte Tripoul et fils. Fonds Camoin. 55. Léon Collomp, néen1900. J.-L. Domenge, collectage 1980-1990. Traduction duprovençal J.-L. Domenge. 54. Marcel et Léa Collomp, LaBaume. J.-L. Domenge, collectage 1980-1990. Traduction duprovençal J.-L. Domenge. Moyen Poire verte Belle (Fille ?) Fruit dans l’enquête orale) de Trigancemarchand Poire Sicardi (nom d’un Pomme deComps Pomme Montferrat Pomme Longue Virgouleuse Reinette Royale Martin Sec Nature Seconde Guerre mondialesur lesmarchés deDraguignan. Les pommes Garrus étaient vendues à Toulon, Cannes, Saint-Tropez… et connurent un essor pendant la se vendaient, maintenant, si vous enaviez, çanepaierait pasleramassage. » 12 000 kg depommes(ça quand même, ça a été lerecord) à Imbert… Tout des Garrus... parce qu’autrefois elles Léon Collomp témoigne d’une autre récolte fabuleuse en 1924 dans la même commune : « Une année, j’ai vendu - - L :Quipourrait ledire aujourd’hui ? Hein !Unpeuchacun bien, cesquatre années-là, onasortiplus de100 tonnes depommesd’ici(La Baume) !Plusdecent tonnes…. « Les Garrus… pauvre demoi!C’étaient desarbres énormes! Je te dis en32,34,36,38 tous lesdeuxans…eh majoritairement en février. Marcel et Léa Collomp racontent : à LaBaume, lesmarchands sedéplacèrent jusqu’à elles,inspectant les caves oùellesreposaient, lesachetant “Garrus” désigne un cultivar de pommier autour de Castellane, et jusqu’à Senez. Principale pomme de commerce Pomme “Garrus” année, onlesamêmedépassées... rienquedesGarrus.» M :Cent tonnes par an, tu te rends compte ! Va, sionn’y arrivait pasà100 tonnes onn’en était pasloin…Une Colis àDraguignan Cannes, ToulonDraguignan, Toulon Cannes, Toulon,Draguignan Toulon, Cannes Cannes, Toulon Cannes, Toulon Cannes ?, Toulon Cannes Expédié à 54 28 février 25 février 31 janvier, 28 février 23 janvier 16 janvier 19 déc.(?),7, 13janvier Du 22déc. Au 28 février 14, 27, 30décembre, 3, 7, 16janvier 14, 19, 22,30décembre, 3, 7, 13janvier 14, 22,27décembre, 13janvier (Reinette L duBourguet) 14, 19, 22?décembre, 13, 24,31janvier, 25,28 février 14, 19, 22décembre Date 55 77 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE 58. Marcel et Léa Collomp, nés 1906et 1916. J.-L. Domenge, collectage 1980-1990. Traduction duprovençal J.-L. Domenge. 57. Léon Collomp, né 1900. J.-L. Domenge, collectage 1980-1990. Traduction duprovençal J.-L. Domenge. 56. Yves Collomp et Jean-Pierre Domenge, LaBaume des poires «Longues », «parce que c’était vendable » Les arbres encore jeuneset vigoureux sont alors surgreffés avec plantés ici.» fortune avec cette poire… et cesont lesderniers arbres qu’on a comme unemanne financière :«Illeur semblait qu’ils allaient faire d’une demandecommerciale. qu’elle avait beaucoupde rendement on trouve lapoire Cuissededame(synonyme deCuré), «parce Parmi les variétés adoptées àMézel dansl’entre-deux guerres, probablement adoptée pour lecommerce audébut duXX décrite commeune variété très productive. À LaBaume, elle fut Partout, lapoire decommerce par excellence est laCuré, La poire Curé la Société pomologiquedeFrance en1869. pommes maintenues pour être encore étudiées par tonnes expédiées àl’année). Il figure au tableaudes appelé «pommedelamontagne »àMarseille (200 que Thoard développe le commerce de ce fruit, prunes. En1945,legéographe R.Blanchard relate l’entre-deux guerres enremplacement decelledes précoce, septembre) sedéveloppe àMézel dans conservation) et deChampGaillard jaune(plus Alpes. Laculture deChampGaillard vert (longue Champ-Gaillard, bien connuedanslesBasses- en ellelapomme Jean-Gaillard, aussiappelée aux habitants deCastellane, ilsreconnaissent spécimens deGarruscesdeuxidentités. Quant Le centre depomologied’Alès aattribué àdifférents Garrus est-elle Jean-Gaillard, ouBouque-preuve ? La pommeGarrus (suite) jeunes, iln’y enavait pasdecelles-là. » Longue, iln’y enavait pas.Moi,jemerappelle quandnousétions nous avions d’autres variétés depoires : des Tardes… maisla 58 » et qu’elle faisait l’objet 57 Ce fruit apparaît alors 56 . «D’abord, e

Pommes Garrus,LaBaume. © P. Mayer siècle.

Poire Curé. © Fonds Centre de pomologie d’Alès. moitié duXX V.-E. Ardouin-Dumazet en1912nes’installe quedanslaseconde La «culture raisonnée dupommier »prônée par lejournaliste choix. pari d’une arboriculture intensive spécialisée dans le fruit de desservies par les voies decommunication, et ne font pasle de polyculture-élevage, ilsdemeurent dansdesrégions mal les foires et lesmarchés. Néanmoins,prisdansdessystèmes variétés recommandées pour lecommerce et propagées sur Verdon ont tenté des’adapter enadoptant denouvelles Dans l’entre-deux guerres, lespetits cultivateurs dumoyen Le déclin laissent àl’agriculteur jusqu’à lacueillette » faveur accordée auxarbres fruitiers «par laliberté relative qu’ils « aller unpeuàl’aventure. »N’explique-t-on pasjustement la déplore qu’on laisse, partout danslesBasses-Alpes, les arbres 61. 60. Molina,1953 1923-192459. Aubin, 62. Le lac deCastillon est misen eauen1948. Ibid « Cultivée partout en France, la pomme Reinette Reinette pomme la France, en partout Cultivée « les marchés niçoiset marseillais. Castellane, laReinette duCanadaest vendue sur Cultivée deComps àMézel enpassant par le commerce des fruits jusqu’aux années 1960. pommes Reinette du Canada, fut exploité pour la poire Curé) plantées enalternance avec des des poires «Longues »(synonyme fréquent de d’arbres espacésd’une trentaine demètres, au lieu-dit La Coulete, un verger d’une centaine répandue et adoptée pour lecommerce. À Senez, Reinette duCanadaest unepommede table très La pommeReinette duCanada revue éditée en1923-1924. du Canada est universellement appréciée ; en en ; appréciée universellement est Canada du Provence, dans les prairies irrigables, elle donne, donne, elle irrigables, prairies les dans Provence, en fruits moins gros cependant, des récoltes récoltes des cependant, gros moins fruits en aussi abondantes qu’en Thiérache, en Normandie Normandie en Thiérache, qu’en abondantes aussi ou dans le Massif central. » central. Massif le dans ou e siècle, dans laDurance. En attendant, luiaussi 59 , lit-on dansune 60 ?

Reinette duCanada,LaBaume. © P. Mayer Selon R.Molina En 1950, lebilanest doncloinduproductivisme triomphant. signification. » commune dechantiers propriétaires) oudecommunessipeu agricoles (Saint-Julien est mais ils’agit desipetits organismes (Castillon n’a plusque trois fruit est laressource suprême deCastillon et Saint-Julien ; prunes àChasteuil, Villars-Brandis, Demandolxet, àl’amont, le négligé sesplantations ;on vend pourtant despoires et des ne sont «plus guère qu’une ombre, depuis que Castellane a affirme à lamêmepériodequelesarbres fruitiers du Verdon R. Blanchard, malgré sonemphasesur les vergers desPréalpes, d’agneaux, maissurtout 450kg d’essence fine. » vendant quelquespruneset poires, unpeude foin, très peu qui n’a presque plusde vignes, pasassez deblé, vivote en 61 , «Castellane, quinégligelesarbres fruitiers, 62 ) quecette préférence n’a pasgrande 79 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE de pommes de terre. » « pour uncageot depommes vendu, on vendait 10ou20sacs vente n’ayant lieu que lors des années de surplus. À Peyroules, Villars-Brandis, on ne parle pas de « commerce » de fruits, la Julien-du-Verdon, Demandolx, La Baume, Castellane, Éoulx ou de « culture ». En dehors de certaines localités comme Saint- échelle qu’on hésite àleur donner lenomde«commerce »ou D’ailleurs, les transactions liées au fruit sont d’une si petite les hommesquiont fait deschoix.» humain :«les virtualités étaient partout intéressantes, ce sont R. Blanchard, larépartition delaproduction fruitière est un fait possède lesmêmespotentialités climatiques. Comme l’écrit explique la résilience des vergers de Digne alors que Castellane l’influence durancienne (vergers de Vinon-sur-Verdon). Cela débouché sur unegrande vallée, et seullebas Verdon subit la situation géographique dumoyen Verdon n’implique pasde n’a aboutique partiellement :l’exode abattu sonplein.Enoutre, L’espoir d’un développement économiquepar laculture fruitière rural signent la fin del’arboriculture decomplément. 1960, où le productivisme agricole et l’achèvement de l’exode Le commerce du fruit de contre-saison perdure jusqu’aux années que celuidelaplante aromatique. certaines régions, cedernier suivant uncours moinscapricieux comparer leprofit tiré delalavande avec le revenu du fruit pour de richessequis’écoule dansles vergers. »Il va mêmejusqu’à des annéescreuses. Maisauxbonnesannées,c’est un vrai flot capricieux ; mêmeavec des arbres traités, on ne peut éviter le fruit ont fait une bonne affaire. À coup sûr, le rendement est Cependant, R.Blanchard conclut que«ceuxquiont misésur la première catégorie. choix. La production fruitière du Verdon appartient assurément à produisent deuxcatégories de fruits :le fruit courant et le fruit de excédents, del’autre, par lesarboriculteurs spécialisés,qui d’une part par lespetits cultivateurs quicommercialisent leurs familles vendaient «juste lesurplus » En 1923-1924 années. 67. Sujette au feu bactérien, lalégislation française interdit aujourd’hui sareproduction. 66. Robert Fabre, Mézel 1924 65. Vidault, 64. Francine et SimonRepon, LaPalud deCastellane 63. M.Pelissier &M.Giraud, LaBatie dePeyroules 65 , lecommerce des fruits français est alimenté 63 À Blaron et même à La Baume, certaines 64 , et seulement lesbonnes

comme ça.» détrôné danslesannées1950-60, laDelicious,des variétés de poiriers, autrefois majoritaires. À Mézel, «laGoldena tout de laculture delapommeaméricaine, audétriment du verger productivisme d’après-guerre. La tendance va àl’augmentation où lerenouvellement des variétés marque l’entrée dans le s’intensifient danslesgrands centres deproduction (Durance), L’agriculture poursuit sa modernisation et les cultures évolué, et les fruits nesont plusprésentables. pomme decommerce. Les exigences desconsommateurs ont maintenant lesagneauxavec lespommesGarrus,jadisprincipale qu’on abandonnelesanciennes variétés. À LaBaume, onnourrit période queles fruits du Verdon ne trouvent plusdedébouchéet avec l’arrivée de variétés américaines.C’est précisément àcette Les pratiques intensives apparaissent dès les années 1960, Le productivisme d’après-guerre :denouvelles variétés Williams s’y adjoignent. elles deviennent majoritaires. Louise Bonne, Passe Crassane années 1950. Diffuséespour lecommerce auniveau national, Les poires Guyot et Alexandrine prennent leur essor àpartir des exemple, ehbien,elleestbonne,cette poire d’autrefois… Tu avais les“Crémésines” par tout soit beau,enveloppé dansdupapier, eh… et personne nelaregarde plus… il faut du“tape-à-l’œil”, alors quecequi ne présente pas vaut rien…Il faut que bien présenté… Pourtant les variétés C’est malheureux mais,aujourd’hui, 66

Damien Collomp, LaBaume. 67 ,

à laconservation enchambres frigorifiques polyvalence, par l’apparence du fruit, et par sabonnerésistance est guidéepar laproductivité constante ducultivar, par sa au climat, l’adoption denouvelles variétés pour lecommerce ravageurs et maladies,salongévité et sonadaptation ausolet séchage et àlaconservation, sarésistance auxmeurtrissures, Ainsi, làoùlecritère desélection ducultivar était sonaptitude au ça jusqu’au mois d’avril, c’est pasbon,maisquand tu le fais cuire, révélant àlacuissonunesaveur parfumée. Et «les Tardes… (…) la poire Châteaudouble, peuremarquable aucouteau, mais au détriment des fruits de garde à manger blets ou cuits, telle urbain sedémocratisent :les fruits àcouteau sont privilégiés participent à la perte des arbres. Les goûts du consommateur adaptés aux techniques agricoles. La monoculture et le tracteur Enfin, l’arbre deplein champ et lecomplant nesont plus 69. Catoire & Villeneuve, 1990 68. Damien Collomp, néen1907. J.-L. Domenge, collectage 1980-1990. Traduction du provençal J.-L. Domenge. es estra es la GoldenDelicious? d’autres pays !S’agit-il delaRed Deliciousoude est encouragé àseprocurer desgreffons dans d’Amérique est interdite. Cependant, lelecteur de végétaux en provenance desÉtats-Unis l’article. À cette période, l’importation en France vers 1900, l’arbre mère a60ansàl’époque de le commerce par unepépinière duMissouri pomme américaineDelicious.Introduite dans Dès ledébut desannées1920, larevue La pommeDelicious fruitières !» 68 promeut laculture dela variété de

69 . Cultures Cultures

Poire Casteùdouble, Demandolx. P. Mayer Pomme Red Delicious. © Wikimedia. commons

Pomme Golden © Wikimedia. commons 81 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE du Verdon Les “qualités“ fruitières Chapitre 4

© P. Mayer Roger Féraud et René Astoin devant unpoirier Roussoulet, LaMaurelière (Senez).

© P. Mayer Rose Collomp et sonpoirier Garamagne, Taloire. 83 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE 85

Le tableau suivant énumère chacune des variétés nommées Ce tableau a pour but de servir de base pour l’étude de l’origine Nom Synonymes Localisation Description Pratiques culturales Période maturité Usage sur le territoire d’enquête. Il donne des indications sur leurs et de la diffusion des cultivars, afin de mettre en lumière les synonymes, leur aire de culture au sein et autour du Verdon, leur particularités d’un fonds pomologique local et de faciliter description vernaculaire, les pratiques culturales qui leur sont l’identification ultérieure des fruits. associées, leurs périodes de maturité ainsi que leurs emplois. Certains fruits n’ont pu être photographiés à cause des gels Grosse poire, jaune, Ces indications sont issues de sources orales comme de sources tardifs de 2017, ou simplement parce que le cultivar n’a pas été ronde, très dure, Poire à cuire de Cougourdano, devient molle à garde. Distillation, écrites. Pour plus d’informations sur celles-ci, on se reportera retrouvé... Les illustrations anciennes ont été choisies vis-à-vis Cougourdane Trigance, Comps Septembre cogordana maturité, et peut parfois avec prunes Une poire dite au rapport conservé au Parc naturel régional du Verdon (voir d’une homonymie avec le nom de la variété, ou ses synonymes. être consommée et poires sauvages Calebasse, bibliographie). En l’absence d’identification du spécimen, ils ne correspondent blette. d’après pas toujours à une réalité pomologique. Loiseleur- Deslongchamps, 1816. Cramoisin (1741), Cramoisie, Greffe sur Cramoisine, cognassier du Poires Fruit petit, jaune Cremosine, Portugal franc et rouge du côté Poire de courte Nom Synonymes Localisation Description Pratiques culturales Période maturité Usage Cramousino, poire (1820) ou surgreffe où il reçoit le soleil, conservation, à perle (Marseille), avec variété de forme allongée, couteau, séchée Poires d’autoconsommation d’importance présumée locale ou provençale Brisarelle (Toulon), intermédiaire Moustiers, Castellane, à courte queue, entière ou coupée Crémesine, Archiduc d’été, vigoureuse Juillet-août selon “Grosse poire La Baume, Senez, sa chair est molle (partiés), confiseries Cremesino Ognonet Amiré, comme Curé ou altitude Bec d’oiseau Blieux recourbée comme Basses-Alpes à maturité, très domestique et Blanquet, Beurré Hardy et un bec d’oiseau” sucrée et juteuse, industrielle. Vendue Blanquette, d’Hardenpont Bessoun Perier Bessoun, Péru parfumée. Son autrefois à Marseille, La Maurelière (Senez) Blanquet long, Gros sur cognassier (Peru(s) de) de Besson parfum est musqué Apt et Nice Blanquet, Camougin et perussié, pour anisé. Poires d’été à sécher (Gênes), Gloute accélérer la mise à La Palud-sur-Verdon, (Gap), Purpureus fruit très tardive. Blanchoune, Peau verte virant au Blanche Demandolx, Comps, Fin août Séchage (partiés) (Alpes-Maritimes) HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - VERDON DU FRUITIÈRE L’AGRODIVERSITÉ Estouffe-belle-mère jaune Petit, vert, son Bargème Ramassage à la fruit devient sucré Aiguines, La Palud-sur- Garamagne Taloire Toussaint pour Fruit à cuire lorsqu’il est cuit, Verdon, Rougon (gorges Variété à peau conservation longue chair très ferme Missounenca, du Verdon), Senez épaisse qui résiste Séchage (partiés), Missounenque Garrette, Castellane, Basses- Fruit à cuire et à Août Grisette Missounenco (Asse), et vallées de la aux piqûres des distillation Garoune Alpes confiture Roudoule, de la Vaïre, du ravageurs Poire de décembre Coulomp et de l’Estéron qui peut se Manosque, , Multiplication par conserver jusqu’au Poire à couteau, elle Oustenco Artuby Séchage (partiés) Grise-Poule Poire fragile. Grise, Grise-Poule Majastres, Mézel, prélèvement de mois de mars, fut très demandée Fariniero, d’Estoublon ronde. La Baume, Blieux, La Basses-Alpes drageons devient rose et par le commerce Farinière Missounenque, Juin-juillet-août Séchage (partiés) Palud de Castellane fondante lorsqu’elle Estouffe-belle-mère est mûre Poire à cuire et à Basses-Alpes, massif Poire de très longue Poire à cuire ou “à Campanette Campaneto confiture, confiserie des Maures Petits fruits, conservation, qui bouillir”, confiture, industrielle Asse, Artuby, Moustiers, Siserotte, d’aspect rond, à long se ramasse à partir mélique, nourriture Ramassée verte en Aiguines, La Palud- Long-pécou Cicerettes, Brignolle, pédoncule, souvent de la fin du mois de du cochon, séchage octobre, souvent sur-Verdon, Majastres, Chapelan comparés à des novembre et peut au four à pain, au pied de l’arbre, Vénascle Fruit rond et vert, œufs de poule être conservée autrefois vendue à et consommée à la Catherine Taulane peu sensible aux jusqu’en avril Marseille Toussaint, lorsqu’elle meurtrissures Moulane, Norante, Castellane, Poire à chair molle, Poire à couteau, à “devient marron” Moulane D’août à septembre Moulano Aiguines fragile cuire et développe une Poire d’hiver saveur sucrée ramassée à Poire marron, à la l’automne. Mention Cueillie en Muraire La Baume, Demandolx Pero de saveur appréciée de vente le novembre, Châteaudouble Castèudouble, Demandolx Poire à cuire 2 décembre 1894 consommée en Royale (?) (poire de garde) mars. Musqueto, Bonne Louise. Muscato, Sous-catégorie de Trigance, Aiguines, Muscado, Jaune et rouge Septembre Séchage, confiture certaines variétés : Senez Péru(s) Moulane, Longue Muscatèu 87

Nom Synonymes Localisation Description Pratiques culturales Période maturité Usage Nom Synonymes Localisation Description Pratiques culturales Période maturité Usage Fruit consommé Deux types de sur l’arbre, séché perussiés sont au four à pain Bon Chrétien Verdale Saint-Julien-du-Verdon distingués dans les puis employé en panachée ? Perus, Perié, Periero, savoirs naturalistes tisanes ou bouillons, Perussié Poire d’angoisse, Ensemble du territoire locaux, l’un au fruit fermentation et Troumpo-Pastre mangeable lorsqu’il pressage (vin), est blet, l’autre distillation (eau- Poires de diffusion antérieure au XIXe siècle épineux, au fruit de-vie) confiture, âpre et acerbe. nourriture du cochon Poire d’aspect rugueux, d’un Ramassée à marron foncé, très Rascoua Aiguines l’automne et mûrit appréciée. Devient Désigne plusieurs Castellane, Basses- en mars ou avril Bergamote Été, automne, hiver blette et juteuse cultivars Alpes, Embrunais Un type de lorsqu’elle mûrit. Bergamote Asse (Beynes, Mézel, d’après Citron des Carmes, Norante), embouchure Loiseleur- Trompe-chasseur, du Verdon (La Verdière, Poire de petite taille, Deslongchamps, Saint-Jean vert, Multiplication par Saint-Julien, Vinon), juteuse, d’un vert 1816. Saint-Jean Trompe Valet, prélèvement de Juin-juillet moyen Verdon virant au jaune à Amirette, Madeleine, drageons Bouon cristian, (Castellane, La Baume), maturité Petit muscat, Sept Bouon crestian, Haut Var (Tavernes), en gueule Christiane. Bon Grosse poire, douce, Estéron (La Penne) chrétien d’été. La Palud de Castellane, belle mais souvent Petite poire, Treize desserts, fruit Bon Chrétien Williams. Bon La Baume, Mézel, tachée, ce qui parfumée, texture à couteau Tabacouo Août-septembre Confiture chrétien d’hiver, l’empêchait d’être

graveleuse, saveur HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - VERDON DU FRUITIÈRE L’AGRODIVERSITÉ Royale d’hiver. commercialisée Bon Chrétien bonne et douce. Désigne plusieurs d’hiver d’après Grosse, légèrement Récolte avant cultivars. Duhamel du aplatie, verte, à chair les gels, maturité À cuire dans le vin Monceau, 1768. dure et granuleuse, décembre-mars ou ou l’eau, excellente peut devenir plus mars-mai. Ne peut au four. Sa chair Castellane, Éoulx, La Tarde, Tardo grosse que le poing. être consommée devient rose à la Baume Bon-Chrétien Poire grosse comme au couteau qu’à cuisson. Confiture, Asse Septembre À valeur marchande William une pomme, à la partir de mars, et se cidre ou vin de peau “piquetée de conserve jusqu’au poires marron”. mois de mai. D’aspect très Brute Bonne d’été “présentable”, est décrite comme grosse, allongée, une variété hâtive, “à la joue rouge”, petite, ronde, jaune elle ne mûrit Son fruit a remplacé et très parfumée, Trompe- Digne, La Javie cependant jamais la Sarteau blanche qui ne se conserve couillon et est qualifiée en confiserie pas et blettit Bruto–Bouono, rapidement. Brute d’immangeable. À couteau, à Brette Bonne, Brute- Bonne d’hiver est Qualité gustative confiture, séchage, Bonne d’été (Grise- La Baume, Digne, La une poire que l’on Septembre, octobre, très bonne selon Brute Bonne vendue autrefois Bonne), Brute- Maurelière, Blaron ramassait verte juin-juillet d’autres travaux. dans les villes Bonne d’automne et qui finissait de Se dit d’une poire côtières qui demeure verte (Caillot Rosat) mûrir en hiver. Brute bonne Trompo-Pastre, lorsqu’elle est mûre, Brute Bonne des Plaine des Salles, Peau épaisse d’été trompo- et trompe alors le Provençaux est moyennes et hautes résistant aux piqûres cassaire (voir Saint-Jean vert berger (pastre), ou le Août-septembre Confiture décrite en 1820 vallées du Verdon, d’insectes (Saint- aussi Saint- chasseur (cassaire), comme petite et Alpes-Maritimes, Var Jean vert) Jean) ou d’une poire “à pierreuse, qui blettit demi-sauvage” très si elle est cueillie astringente. trop tard. 89

Nom Synonymes Localisation Description Pratiques culturales Période maturité Usage Nom Synonymes Localisation Description Pratiques culturales Période maturité Usage

Curé, Longue, Pero Cueisso de Damo, Cuisse de demoiselle, Royale, Moustiers, Villars- À cuire dans un Automne, Verlonda, Saint- Royale d’hiver, Pero Brandis, La Palud de “Aplatie, verte et un vin sucré. Poire Royale conservation Cuisse-de- Jean, Belle Adrienne Castellane, Peyroules, De mai-juin à juillet- de Castèudouble (?) Castellane, Basses- peu marron” ayant eu une valeur Dame (Curé), Sarteau, Forcalquier, Estéron août jusqu’en mars Alpes marchande Royale d’hiver Cuisse de done, Grosse cuisse d’après Cuisse-Madame, madame d’après Loiseleur- Épargne, Grosse Loiseleur- Deslongchamps, Madeleine. Désigne Deslongchamps, 1816. plusieurs cultivars. 1816. Pero longo, Pero Variété Poire d’hiver à cura(t), Pero extrêmement couteau et à cuire. longo d’iver, Belle Peau épaisse À couteau, productive et Autrefois réservée Début septembre- Curé Adrienne, Verte Ensemble de la France résistant aux piqûres à confiture. polyvalente, qui au commerce et Porte-greffe de la début octobre, Longue, Longue, d’insectes Saint-Germain Curé, Martin Sec Blieux, Nice Jaune Distillation. Poire réussit bien en adoptée pour lui. À poire Farinière conservation poire de Bon Curé, d’hiver ayant eu une montagne cuire dans le vin. jusqu’en avril Saint-Germain Cuisse-de-Dame valeur marchande d’après Doyoné, Loiseleur- Dayonné, Daionè, Saint-Julien-du- Deslongchamps, Fragile. Ce n’est Daillennettes, Verdon, Castellane, Août et octobre- 1816. Doyenné pas la Doyenné du Daillonnette, Blieux, Majastres, novembre Poire ayant eu une Comice. Doijonai. Désigne Barcelonnette valeur marchande. Attrape-Voleur, Fin août, peut se À cuire, à couteau, plusieurs cultivars. Un arbre situé à La Troumpo-Cassaire, Vert foncé, petite et récolter jusqu’en en confiture comme De forme Satin-vert, Baume comporte Sucré vert, Satin La Baume, La Maurelière brillante, “comme si octobre, reste verte la Crémesine, pelée,

légèrement allongée, Pero Satin verd Louise Bonne et HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - VERDON DU FRUITIÈRE L’AGRODIVERSITÉ Melonne, virant au jaune vert d’automne, elle était lavée” et se conserve débarrassée de ses Norante Été Poire à couteau Satin vert Melon (de) Épine d’été jusqu’à Noël pépins, coupée en lorsqu’elle mûrit, voire au orange sur quatre et cuite au un côté. sirop. Roussoulente (Valdeblore), Rousselet : rouge Roussoulet (La Valdeblore (Alpes- Fin août (Rousselet), De forme allongée, Poires et verte sans teinte Maurelière), Maritimes), La estivale pour la elle est jaune-vert, Rousses brune comme la Téton de Vénus, Catillac, Bellissime Se conserve jusqu’à Roussane Maurelière plupart La Baume de taille moyenne, Séchage (partiés) Martin Sec Titon de Vanu d’hiver, Chambrette Noël (Saint-Julien-le- fondante sans être Montagnier) juteuse Catillac d’après Multiplication par Alphonse Mas, prélèvement de 1865. drageons, greffe Poire de commerce France, Suisse, Asse Saint-Martin, sur aubépine et De la Saint-Martin autrefois (La Maurelière, Mézel), Martin Sec Rousselet d’hiver, franc, résistance (11 novembre) à importante. Poire moyen Verdon, Martin à la tavelure, peau janvier à cuire et à confire “Ronde, jaune près Champsaur de la queue, vert épaisse résistant dans la mélique Virgouleuse, Basses-Alpes, La clair en bas”, sa À partir de Poire ayant eu une aux piqûres Virgouluso, Baume, La Motte-du- chair est “presque novembre valeur marchande d’insectes Vergouluso Caire, Comps fondante à maturité, Virgouleuse juteuse.” d’après Loiseleur- Deslongchamps, Couleur “presque Moustiers, Aiguines, À confiture, à cuire 1816. comme les Les Salles, La Palud- Greffée sur dans le sirop pour Orange (d’) Pero d’Arange mandarines”, peau Été sur-Verdon, Comps, cognassier une conservation en grenue comme une Norante, Hautes-Alpes bocal orange Orange musquée d’après Duhamel du Monceau, 1768. 91

Nom Synonymes Localisation Description Pratiques culturales Période maturité Usage Nom Synonymes Localisation Description Pratiques culturales Période maturité Usage

Autres variétés Beurré, Beurrée, Beurré Burret Clezau, Clergeau, Burret, Beurrées Castellane, Digne, La Poires ayant eu une Poire à valeur Beurré grise, (les), Beurré blanc, Baume, Mézel, Alpes- Conférence Toute la zone valeur marchande marchande Beurré Beurré Gris. Désigne Maritimes, Beynes d’Amanlis, plusieurs cultivars. Beurré Clairgeau Beurré Hardy d’après Wilhelm Été à Norante, hiver Lauche, 1882. Norante, Blieux, Basses- Poire à cuire et à Épine De Piné (?), d’Épine dans les Basses- Alpes confire (Blieux) Plus fertile Alpes lorsqu’elle est Récolte de fin Grise Basses-Alpes Doyenné du greffée sur Poire à valeur Dayonné La Baume, Digne septembre, jusqu’en Comice cognassier. Adaptée marchande novembre Grosse Verte Vénascle Hiver à la conduite en espalier. Guignolet Basses-Alpes

Longue Rousse De la Rasclaujo Castellane Réputée pour Duchesse, des La Palud-sur-Verdon, la culture en Duchesse Éparonnais. Désigne Lambruisse, Basses- montagne. Son Noël (de) Aups, Comps Mi-septembre Octobre à décembre d’Angoulême peut-être plusieurs Alpes, Blieux ?, Digne, fruit ne souffre pas cultivars. Castellane l’emballage. Très Duchesse fertile. d’Angoulême Juteuse. Elle d’après Wilhelm Reine La Palud de Castellane ressemble à la Curé Automne Poire à couteau Lauche, 1882. mais est plus petite L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - VERDON DU FRUITIÈRE L’AGRODIVERSITÉ Cultivée en Poire à valeur Basses-Alpes, Var, La terrain chaud, Basses-Alpes, marchande encore Certeau d’automne, Poire à confire de Jules Guyot Bâtie de Peyroules, peut remplacer la Sarteau Hautes-Alpes, La Javie, commercialisée Cuisse-de-Dame valeur marchande (Docteur) Puget-Théniers, Williams du fait de Tartonne, Mézel dans les commerces Briançonnet (La Sagne) sa résistance à la locaux tavelure Dr Jules Guyot d’après Wilhelm Valence Basses-Alpes Lauche, 1882. Poires obtenues et diffusées au XIXe siècle Fruit d’hiver, récolte Louise Bonne en novembre, Castellane, La Baume, Louise Bonne Désigne plusieurs d’Avranches est une conservation Peyroules, Villars, Saint- d’Avranches est Adaptée aux Louise Bonne, cultivars, dont poire d’été rouge et jusqu’à janvier ; ou Poire à valeur cultures intensives, Julien, Blaron, Majastres, aussi productive Alexandrine Bonne Louise Louise Bonne verte, virant au jaune fruit d’été, récolte marchande Basses-Alpes ses fruits supportent Hiver Poire de commerce Blieux, Mézel, Basses- sur franc que sur Douillard d’Avranches lorsqu’elle mûrit. Se mi-septembre à les transports et ne Alpes, Alpes-Maritimes cognassier. conserve mal. mi-octobre, selon la blettissent pas variété désignée

Culture interdite Passe- depuis 1994 à cause Poire ayant eu une Janvier à mars Bergamote Bonne à cultiver Hiver, se conserve Crassane de sa sensibilité au valeur marchande Digne, Solliès-Pont Poire de commerce Espéren dans le Midi jusqu’en avril feu bactérien Crassane d’après Bergamote Alphonse Mas, Espéren d’après 1865. Alphonse Mas, 1865. 93 Avis de recherche de poires

Poires précoces d’été rencontrées, non identifiées :

Le Poil La Garde La Garde La Garde La Palud-sur-Verdon Artignosc Artignosc Montmeyan Robion St-Julien-le-Montagnier Les Subis L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - VERDON DU FRUITIÈRE L’AGRODIVERSITÉ

Saint-Julien-du-Verdon Majastres Puimoisson Aiguines Quinson Aiguines Aiguines Régusse Saint-Julien-du-Verdon Aups Moustiers-Saint-Marie

Poires début et fin d’automne rencontrées et non identifiées :

La Palud-sur-Verdon La Palud-sur-Verdon Esparron-de-Verdon Comps

Moustiers-Saint-Marie Moustiers-Saint-Marie Moustiers-Saint-Marie Moustiers-Saint-Marie Moustiers-Saint-Marie 95 Pommes Nom Synonymes Localisation Description Pratiques culturales Période maturité Usage

Nom Synonymes Localisation Description Pratiques culturales Période maturité Usage Pomme d’hiver, Rougon, La Palud-sur- se conserve bien À couteau. Tarte de Gove dure Pommes d’autoconsommation de diffusion inconnue Verdon (les Chauvets) (encore sur l’arbre Noël Se conserve jusqu’en à Noël) Barbaret Aiguines mars Fruit “gros”, aplati, Blanche, très fragile, non bosselé, au Récoltée à sa caractéristique “pécou” (pédoncule) l’automne, elle Hâtive, s’épanouit en À couteau, pour Léonard Blieux principale est À couteau Majastres, Norante, plutôt court. De commence à septembre Bénédiction le commerce et d’être sensible aux Le Poil couleur rouge et mûrir en mai, et se l’autoconsommation meurtrissures verte, sa saveur consomme jusqu’en serait “un peu juillet aigrelette” Fruit de taille Reinette d’Italie Blieux, Italie Traces écrites d’une conséquente Blanchon, Blanc, Peut désigner Saint-Julien-du-Verdon, commercialisation Blanquette, plusieurs cultivars, La Baume, Blaron, les 9 novembre Blanche dont glacée ? Estéron 1893, et 7 décembre Roujoun Saint-Julien-du-Verdon “Un peu rouge” 1899 Grosse, “un peu Spécimen “aussi Mûrit en novembre, allongée”, de couleur Bosseron Blieux Récolte à l’automne Verjas Lambruisse haut que le clocher ne se conserve pas Pomme à cuire rouge et jaune et de De couleur jaune et Récolte à l’automne, de Saint-André” et devient farineuse Réservée à saveur acidulée Boudousan Majastres rouge, plutôt petite, conservation l’autoconsommation Jamais consommée saveur douce jusqu’en décembre ni ramassée de Se cueille à la mémoire d’homme, Toussaint avant Connue pour exemple de semis

d’arriver à maturité. HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - VERDON DU FRUITIÈRE L’AGRODIVERSITÉ Fruit petit, jaune être une variété Commercialisée Ne mûrit jamais et de hasard ou de Stockée sur la paille Verte Peyroules Spécimen âgé Coulet (du) Demandolx, Comps “avec une tache productive : un arbre dans l’entre-deux reste âpre fruit réservé à dans une cave, peut rouge” en aurait donné guerres à Comps d’autres modes se manger jusqu’à 200 kilos de consommation Pâques, voire jusqu’à comme la distillation juin ou le séchage ? Désigne e fréquemment un Pommes de diffusion antérieure au XIX siècle Demandolx, La Palud- Pommier doux, fruit issu de semis “Douces comme du Pomme issue d’un Douce sur-Verdon, La Croix-sur- pomme douce dénué de l’âpreté miel” semis de hasard Roudoule des pommes sauvages Calville blanc, Basses-Alpes, Digne, Résistante aux Calville rouge Senez, La Mure, Blanche ou rouge, Couleur orange et Consommée Fruit ayant eu une Pomme à couteau Dure Norante meurtrissures, apte d’hiver, Calvillos, Forcalquier, Estéron, rouge et jaune et Maturité d’octobre verte jusqu’en mars valeur marchande Calville ayant eu une valeur au transport Calvi, Calviro, Peut Barcelonnette, Alpes- très acide selon les à décembre marchande Résistante aux Fruit ayant eu une désigner plusieurs Maritimes, Var, Hautes- spécimen Calville rouge Éoulx (d’) Demandolx, Éoulx meurtrissures valeur marchande cultivars Alpes, Provence d’après De forme plate et Loiseleur- Gauto roujo, Mûrit à la mi- Aiguines de couleur rouge et Deslongchamps, Joue rouge novembre jaune 1815. Rouge, saveur rappelant la banane, Excellente pomme ses pépins ont une Se conserve jusqu’à Garron Lambruisse, Castellane de table, réservée à Petite Rouge de couleur particulière Noël l’autoconsommation Castellane, Court- rappelant celle de Court-Pendu, Pendu doux ?, Pommes à Digne, Estéron, Suisse l’épiderme Carpendu Courpandu, Court- pédoncule court Germoine Robion Pendu plat. Désigne Court-Pendu plusieurs cultivars plat d’après Alphonse Mas, Désigne plusieurs 1865. Gibeline, Gibelin cultivars, dont Rave La Palud-sur-Verdon du Champsaur ? 97

Nom Synonymes Localisation Description Pratiques culturales Période maturité Usage Nom Synonymes Localisation Description Pratiques culturales Période maturité Usage Elle connaît tous les Fruit rouge, ou emplois : à couteau, rouge et jaune. confite dans le miel Castellane, Villars- Reste ferme après Ramassée à Pomme ayant eu une Aire de répartition (mélique), nourriture Brandis, Saint-Julien-du- la récolte et ne Reinette de pays, l’automne, se valeur marchande. très vaste. Castellane, du cochon, distillée. Garrus Garru Verdon, Blaron, hautes craint pas les Bonne productivité Reinette, Rainette, Reinette Maturité à partir de conserve jusqu’en Vendue à La Baume Vénascle, Puimoisson, Considérée comme vallées du Verdon et de meurtrissures, ce qui Reineto grise. Désigne décembre juin. le 11 décembre 1899. Basses-Alpes, Alpes- la meilleure pomme l’Asse (La Maurelière) en fait un fruit apte plusieurs cultivars Maritimes. à cuire, figure dans au transport et au plusieurs recettes commerce. de tarte et pommes Pomme ayant eu une au four. valeur marchande, Pomme “très adoptée en 1874 Devient vite propre à la culture par le Congrès farineuse. Striée de Basses-Alpes, “Fruit moyen, Rouge de Court-Pendu, Court- Se récolte en méridionale et pomologique de Castellane rouge. Ressemblerait Garrus > Bouque- Castellane, environs de arrondi, déprimé ; à Se conserve jusqu’en Castellane Pendu doux ? octobre Bouco-Prèvo méditerranéenne”. France, présidé à la Rouge de la Preuve Marseille, Var, Hautes- peau d’un jaune frais, mai Sa floraison tardive cette année-là Javie. Alpes rose à l’insolation” “Bouquet- lui permet d’éviter par la Société Preuve” d’après Une “pommeis” ou le gel. d’horticulture de Loiseleur- “mauvaise pomme Marseille. Pomme à Deslongchamps, de la Saint-Jean” couteau. 1816. Saint-Jean Comps, Alpes-Maritimes fournit à Toulon des Pomme de bonne drageons et rejets réputation haut- que l’on transplante provençale. On lui en pépinière (1839) attribue plusieurs descriptions : À Pommes adoptées et diffusées à partir du XIXe siècle Norante, c’est un fruit jaune, ou jaune Renommée au Basses-Alpes,

aux taches rosées HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - VERDON DU FRUITIÈRE L’AGRODIVERSITÉ Castellane, à La Baume, Castellane, Senez, Pomme de table Forme aplatie. Mûrit à partir niveau national Garrus > Jean- Champ-Gaillard, à Beynes, un petit Belle Fille, Belle Femme, Bonne La Garde, Éoulx, Villars- Lambruisse, Norante, ayant eu une valeur Couleur verte à d’octobre, se garde comme fruit à Gaillard pomme de Thoard fruit vert et rose Belo Fiho fille, pomme Vincent Brandis, Peyroules, Digne, vallées des marchande. jaune. jusqu’à Pâques couteau, dont on devenant jaune à Comps Duyes, Bléone, Thoard peut faire du cidre. maturité autour de Castellane, un fruit Cœur de Bœuf, rouge à chair ferme à Caillot Rosat, Lambruisse, à Digne confondue avec la un fruit jaune et vert, Calville rouge d’hiver. lavé de rouge au Conchine de Cailot- Pomme à l’épiderme soleil. Rosat, Couchine de clair tacheté de gris La Baume, Basses-Alpes, Couchine, Provence, Claudine (La Baume). Décrite Marseille, Provence, Couchin, Cuchin, de Provence, Cœur- dans les catalogues Fruit d’hiver La Garde, Alpes- Luberon, Alpes- Counchine Bœuf. Paradis d’août, de pomologie Gelas, glacée Djalacca ? Maritimes, Var, Maritimes Grosse Couchine, comme une pomme Champsaur ? Gros paradis d’hiver, rouge. Petite couchine d’hiver, Couchine de Deymier, Couchine rouge. La Baume, Annot, Aups, Fruit de taille Convient à la culture Pomme ayant eu une Grand Alexandre Champsaur conséquente. en montagne valeur marchande. La Garde, Peyroules, Cox orange Castellane, Moustiers Kaiser Alexander, d’après Deutsche Pomologie, 1882. Jaune, “à la joue Récolte en Gros Api, Rose de Un arbre aurait Jean Gaillard rouge”, de qualité septembre, se Provence. Api rose. La Palud-sur-Verdon De couleur rouge sur Pomme ayant Mézel, Norante produit entre 700 et jaune moyenne, à chair conserve moins que Api rouge. Api double. (= Gibeline ?), Alpes une face, et vert- eu une valeur 800 kg. Pomme d’Api, Poum- du Sud, Basses-Alpes, jaune sur l’autre. Elle marchande. Adoptée très ferme Jean Gaillard vert Double Rose paradis, Poumo roso. Var, Marseille, Vaucluse, n’est pas grosse, par le Congrès Récolte à la Très résistante au Toussaint, se Classe des pommes Valréas, Forcalquier, acidulée, et très pomologique de Jean Gaillard vert Mézel d’Api, désigne Nice, Suisse productive France en 1873. transport conserve jusqu’en plusieurs cultivars juin 99 Nom Synonymes Localisation Description Pratiques culturales Période maturité Usage Avis de recherche de pommes Résistante à la Linnoeus Pippin Aups tavelure, très rustique Pommes observées mais non identifiées

Pomme rayée La Garde d’hiver

Réussit bien en montagne, à haute Reine des La Mure, Saint-André, tige, variété de choix reinettes Digne pour les plantations “sur routes” en 1929.

Canada gris, Canada De Comps à Vinon, blanc, Reinette grise Senez, Castellane, Très répandue en Fruit de commerce Reinette du royale. Reinette grise Villars-Brandis, Mézel, Blanche ou grise, montagne. Cultivar Se conserve jusqu’en par excellence dans Peyroules Reinette de Peyroules Robion Saint-André-les-Alpes Canada du Canada. Pomme Aups, Solliès-Pont, voire verte. sujet au chancre et avril l’entre-deux guerres. Canada. Désigne Vidauban, Champsaur, de fertilité variable. Pomme à couteau. plusieurs cultivars. Estéron Reinette grise Esparron, Basses-Alpes, Reinette grise ? du Mans Var

Cerveau, Cerval, Pointue, Pointue Basses-Alpes, Saint- Serveau, Pointue des Alpes, Pointu, Julien-du-Verdon, Digne Pointue de

Trescléoux HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - VERDON DU FRUITIÈRE L’AGRODIVERSITÉ

e Pommes américaines du second XX siècle Allons Angle Angle Aups Brayal Adoptée après la Seconde Guerre mondiale. En Basses-Alpes, Mézel, montagne, on a Golden Grany smith À couteau Vinon, France essayé sa culture pour l’autoconsommation sans succès (arbres achetés en pépinière)

Melrose La Garde

Comps Les Subis Le Bourguet Le Bourguet

Red delicious Delicious Castellane, La Baume

Starking Castellane

Starking d’après Majastres Rougon Saint-Julien-du-Verdon J.-M. Shull, 1935. 101 Prunes

Nom Synonymes Localisation Description Pratiques culturales Période maturité Usage Nom Synonymes Localisation Description Pratiques culturales Période maturité Usage À couteau lorsqu’elle Prunes est bien mûre, ou en confiture. Plus Afatou, Prunier de Argens (Haut-Verdon), Prune sauvage qui Faton anciennement Briançon Le Touyet, Estéron croît en altitude fabrication d’une huile à partir de l’amande du noyau. Prune de taille Désigne l’ensemble conséquente, Impériale, La Palud-sur-Verdon, des prunes à Prune d’Agen Impériole violette à bordeaux Confiture, séchage Impuriale Trigance sécher et à distiller. d’après ou rouge foncé, à La prune de Damas Robe de Sergent, Alphonse Mas, chair ferme Agen (d’), est couramment Prune rouge, 1865. Burbankes D’introduction Ente (d’), La Palud-sur-Verdon, employée comme Japonaise, Reine- Mézel, La Mure ?, Bacon, Damasque, japonaises, Prunus tardive. Peu Damas (de), Senez, Alpes-Maritimes. porte-greffe à effet Claude du Japon Estéron Damasca, Damas triflora Roxburgh valorisée Beruge nanisant, pour les noir (= Sumiano sols lourds. à Forcalquier), Dalmassines (Alpes- Maritimes, Piémont). Senez, Artuby, Mirabelle Peu répandue Confiture Prune de Peyroules Damas d’après Petite Mirabelle Loiseleur- d’après Deslongchamps, Alphonse Mas, 1812. 1865. Prune d’introduction

Saint-Julien-le- récente, achetée à HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - VERDON DU FRUITIÈRE L’AGRODIVERSITÉ Allo Farineuse Montagnier Saint-Andiol vers 1970 La Baume, Saint-Julien- Parfois teintées de Jaune, de grande Nectarine rouge, Castellane, Mézel, taille, “belle”, “jaune Blanche, blanco du-Verdon, Senez, jaune, d’autres fois Séchage Pêche Trigance de vert Monsieur Menton ou Vintimille pâle, verte un peu Perdigon violet, Brignoles, connue jaune” Prune pêche Brignoles (de) prune de Damas, jusqu’en Suisse Séchage d’après Bregnole romande Alphonse Mas, Cultivée en haies, 1865. considérée comme Confiture, Brouille Rougon un buisson et non distillation un arbre Prune rouge, hâtive, Cagarelle, Trigance, massif des à chair molle (massif Cagarello Maures des Maures) “Assez grosse”, fruit Perdigon blanc, Fréquemment jaune et de forme Perdigono, multipliée par Perdrigon Violette ou rouge. allongée. De forme Perdigouna, Provence, Basses- drageons, Forme sèche : violet d’après De taille plus ou ronde, elle devient Perdrigon rouge, Alpes, Hautes-Alpes. considérée comme pistoles, pruneaux, Loiseleur- Lieu-dit de la Clume moins petite, sa violette “avec des Perdrigone, Perdrigon violet, Demandolx, Majastres, une prune “directe” bacons, tourteaux. Deslongchamps, (Canjuers). Connue À sécher et à chair est jaune, Clumance, flammes vertes et Perdigone, Perdrigon hâtif. Beynes, Saint-Julien- ou “sauvage”. Mi-août Conservée 1812. des usagers actuels Début septembre distiller (très bon ferme et peu Clumiane jaunes” lorsqu’elle Pardigouno Souvent confondue du-Verdon, Castellane, Variété dite de dans l’eau-de- de Canjuers (Aiguines, “rendement”) juteuse, sa forme mûrit. Sa chair avec Prunus insititia La Palud-sur-Verdon, population. Parfois vie, distillée, en Comps). ovale ou allongée. n’adhère pas au et Damas. Désigne Rougon, Senez, etc. greffée, notamment confiture Facile à dénoyauter noyau. Elle possède plusieurs cultivars, sur Pete de Saumo une saveur très population variétale à Senez sucrée

Perdigon rouge d’après Alphonse Mas, 1865. 103

Nom Synonymes Localisation Description Pratiques culturales Période maturité Usage Nom Synonymes Localisation Description Pratiques culturales Période maturité Usage Aiguines, La Palud-sur- Pernole Verdon Fruit très gros, Cultivar employé Séchage. Parfois d’un violet sombre, Se récolte en Peto de Saumo Saumo (ânesse) Blieux, Senez comme porte-greffe pelée. Bacons. Sert à la confection bleuâtre à presque septembre Arbre spontané de la Perdigone Distillation du pruneau d’Agen noir, sans saveur Sainte-Catherine La Garde, Éoulx présent dans les dans le sud-ouest De couleur noire, haies un peu plus grosse de la France Sainte- que la prunelle, et de Catherine Pishouiro, forme ronde, elle est Conduite en haies. d’après Pessouire, Distillation (bon Blieux, Senez considérée comme Considérée comme Alphonse Mas, Pichou, Petite “rendement”) une mauvaise prune “semi-sauvage” 1865. bleue de table, âpre, mais Satin rouge La Baume “championne pour Grosse prune vert- l’eau-de-vie” mauve (vallée du Pruneau Canjuers Prune très brune Greffée Séchage Jabron). De qualité inférieure, rouge, chair peu juteuse et forme oblongue. Ressemblerait à la Pète de Saumo. Son Arbre spontané, Prune de bouche. Prune de forme Quetsche Peyroules, Senez noyau se détache qui se reproduit à Séchage, bacons, allongée facilement, c’est l’identique, assez tourteaux. Sumiane, Damas Quetsche bleue à cela qu’on la productif (un arbre Consommée en noir (Forcalquier), Blieux, Senez, La- Fin août, plus d’Italie d’après Sumiano, reconnaît à Senez. a donné 80 kg à tisane une fois Prune d’Ente Motte-du-Caire, vallée tardive que les Alphonse Mas, Simiano Emploi malaisé Senez). Employé séchée. Confiture, (Senez), Simiana, de du Jabron autres prunes 1865. dans la fabrication comme porte-greffe tartes. Distillation. Prune Suisse Suisse du pruneau : bien de la Perdigone du Employée à des d’après que son fruit soit fait de sa racine fins médicinales (La Loiseleur- HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - VERDON DU FRUITIÈRE L’AGRODIVERSITÉ Deslongchamps, Pruneau fleuri. plus gros, pouvant pivotante Motte-du-Caire) 1812 Pistole ? À atteindre 5 cm et Prune ronde de Perdrigone confiture. Autrefois peser jusqu’à 18,5 g, Vallées du Verdon, de couleur blanche ou son noyau est très Reine-Claude blanche ? Reine- commercialisée l’Asse, de l’Estéron verte, au fruit très long et pointu, Claude verte comme prune à Reine-Claude charnu presque deux fois confire, écoulée à d’après aussi long que celui Apt. Distillée Loiseleur- de la Perdigonne Deslongchamps, Confitures, plus tard 1812. Basses-Alpes, Alpes- remplacée par la Trompe Chasseur Maritimes Reine-Claude à cet usage “La Reine-Claude dorée arrivait à se Reine-Claude Fausse Reine- La Palud-sur-Verdon, reproduire toute dorée, Reine- Claude Peyroules, Estéron seule le long des Claude d’Oullins vallons et gardait la Reine-Claude même qualité.” d’Oullins d’après Alphonse Mas, 1865. moderne (...) (...) moderne et Hameaux de la Provence anciennes et et anciennes Provence la de Hameaux et topographique des Villes, Bourgs, Villages Villages Bourgs, Villes, des topographique d’un Vocabulaire français-provençal... Vocabulaire d’un Description historique, géographique et et géographique historique, Description réunies, réunies, provençaux publiés à ce jour... ; suivi suivi ; jour... ce à publiés provençaux du Comté de Nice, etc. Tome premier. premier. Tome etc. Nice, de Comté du etc. etc. annexes. Revues générales d’horticulture d’horticulture générales Revues annexes. insérés et ceux omis dans les dictionnaires dictionnaires les dans omis ceux et insérés Comté Venaissin, de la principauté d’Orange, d’Orange, principauté la de Venaissin, Comté arbrisseaux et arbustes fruitiers, forestiers, forestiers, fruitiers, arbustes et arbrisseaux commerce du département du Var, Var, du département du commerce BLANCHARD R., bnf.fr/ark:/12148/bpt6k165921v édition), Paris. Disponiblesur :http://gallica. populaires deDraguignan. 1830. 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Fonds Muséedes Arts , Géographie de la Provence, du du Provence, la de Géographie , Pierre-JosephCalmen, Aix-en- L’art de greffer les arbres, arbres, les greffer de L’art Dictionnaire provençal- Dictionnaire Les Alpes occidentales, occidentales, Alpes Les , t. 1,n°7, 2,Librairie Cultures fruitières, fruitières, Cultures e siècle, Paris, B. Arthaud Journal Journal n° e

au Jardin du roy roy du Jardin au demonstrations de botanique qui se font font se qui botanique de demonstrations et doses d’usage en médecine, suivant les les suivant médecine, en d’usage doses et caractéristiques, parts, propriétés, vertus vertus propriétés, parts, caractéristiques, méthode sexuelle de M. Linné, leurs parties parties leurs Linné, M. de sexuelle méthode qui leur conviennent, rangés suivant la la suivant rangés conviennent, leur qui différens noms, classes, ordres et genres genres et ordres classes, noms, différens animaux, économie rurale. rurale. économie animaux, croissent aux environs de Paris; avec les les avec Paris; de environs aux croissent minéral, animal & la partie géoponique, géoponique, partie la & animal minéral, viticulture, cultures arbustives, Étude des des Étude arbustives, cultures viticulture, descriptions et figures des plantes qui qui plantes des figures et descriptions remarquable dans les regnes végétal, végétal, regnes les dans remarquable CATOIRE C., VILLENEUVE F., Strasbourg. 1776-1781, Bibliothèque del’Université de COLLECTIF, Camille Coulet, Paris, Masson,1893. et souvenirs, souvenirs, et CHAUZIT B., CHAPELLE J.-B., Hippolyte duFort, 1990. COLLIER R., issu desCauseriesàSenez). 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Didot, Paris, Flora Parisiensis : ou, ou, : Parisiensis Flora Société scientifique et Espaces-écrits, Saint- e siècle, Anecdotes Anecdotes siècle, À la recherche recherche la À Montpellier, Traité Traité d’étude et de recherche ethnologique, ethnologique, recherche de et d’étude Pratique vaut théorie, théorie, vaut Pratique français-provençal. français-provençal. le Parc naturel régional du Verdon : rapport rapport : Verdon du régional naturel Parc le de l’arboriculture ou Le jardinier provençal. provençal. jardinier Le ou l’arboriculture de ancienne et moderne ; suivi d’un Vocabulaire Vocabulaire d’un suivi ; moderne et ancienne d’une route de l’arbre et du paysage dans dans paysage du et l’arbre de route d’une en haute Vienne, France, Vienne, haute en HONNORAT S.-J., scolaire deLaBastide. Draguignan, 1863. Fonds Bibliothèque provençale, Volume III. De l’horticulture et et l’horticulture De III. 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Revues générales d’horticulture réunies. réunies. d’horticulture générales Revues Parc naturel régional du Verdon, XIX Verdon, du régional naturel Parc régénérer l’agriculture en France, et plus plus et France, en l’agriculture régénérer MENDEL M., Moustiers Sainte-Marie, 2018. gavotte ;Parc naturel régional du Verdon, et arbustes que l’on cultive en France. en cultive l’on que arbustes et plus généralement connus, connus, généralement plus particulièrement dans les départements départements les dans particulièrement du Midi. du e . Roudoule, écomusée en terre Tome III,chez Antoine Ricard, Le Verger et son Histoire, culture culture Histoire, son et Verger Le Cultures fruitières, potagères potagères fruitières, Cultures Essai sur les moyens de de moyens les sur Essai Histoire de Castellane. Castellane. de Histoire Les Préalpes fruitières. fruitières. Préalpes Les Deutsche Pomologie Deutsche 1833, Vol. 6, t. 536. 8 vol., Édition 8 vol., La flore et la la et flore La e édition. 6 e - . 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Description de tous les Fruits cultivés cultivés Fruits les tous de Description cultivés Fruits les tous de Description répartition dans le Sarthe alentour et plus plus et alentour Sarthe le dans répartition à Bourges, à en France et admis par le Congrès Congrès le par admis et France en Congrès le par admis et France en loin encore, encore, loin pomologique, Institué par la Société Société la par Institué pomologique, Société la par Institué pomologique, Impériale d’Horticulture pratique du du pratique d’Horticulture Impériale du pratique d’Horticulture Impériale Rhône Rhône. . Tome VIII. Nigonet Gallet, Lyon, Tome III., J. Nigon,Lyon, 1865. les26-27 juin1926,Bourges, SEPENES, LaFerté-Bernard, Les chemins de fer de de fer de chemins Les Le traité du cormier. cormier. du traité Le Bulletin des engrais, des Bulletin Premier congrès congrès Premier Thèse

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105 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE Conservation Glossaire multiplier (Larousse.fr). des caractéristiques intéressantes et à les dans une population des individus présentant végétaux et desanimauxconsistant àchoisir Sélection massale:méthode desélection des certaine diversité génétique (Inra.fr). proches en apparence mais présentant une les agriculteurs dans leurs champs.Individus d’individus sélectionnés principalement par Variété hétérogène formée demélanges Population: ou variétale variété de population. la plusgrande possible. Polyvalence :adaptation àuneaire deculture issue d’un processus desélection. cultivée. Population ou variété deplante Cultivar : unité declassification d’une plante ou dansleur milieunaturel. d’espèces animaleset végétales àla ferme par exemple. Technique deconservation ou «hors site »,dans desbanquesdegènes par oppositionàlaconservation « in situ in :conservation «sur site » ex situ ex »

© P. Mayer Henri Belisaire et Lucien Athanase, LaGarde. et surtout, àNicolasBlanc. (Patrimages), Robert Fournier, Mathilde et Patrick, Irène, Saloméet Zoé, DominiqueMolle, Paul Corbier, Fédensieu, Françoise Dumas, Graglia (La-Croix-sur-Goudoule) ainsiqu’à Irène Magnaudeix,Bernadette Lizet, à ClaudePolo-Chiapolini (Senez), Alain Martel (Saint-André-les-Alpes), Didier Turc (Aiguines), Philippe À Roger Zérubia et à Robert Fabre (Mézel), à Paul Camoin (Comps-sur-Artuby), à M. et Mme Astoin et Montagnier, Aux municipalités deCastellane, LaPalud-sur-Verdon, Demandolx,Peyroules, Beynes et Saint-Julien-le- du Var, Aux Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence ainsiqu’aux Archives départementales de pomologied’Alès (Sabine Rauzier), auxéditionsC’est-à-dire (Pierre Coste), Aux Muséesdumoyen Verdon, des Arts et traditions populaires deDraguignan, deSalagon,auCentre pommes des Alpes latines (Daniel Bohn) et àl’association La PrunedeBrignoles(Marc Richard), archives départementales et àPatrice Deméocqpour sesqualités derelecteur, auxCroqueurs de À l’écomusée duPays delaRoudoule, plusparticulièrement àPhilippe Thomassin pour son travail aux Domenge &Catherine Leroy (Petra Castellana), Marc Doussière (Parc naturel régional du Verdon), Au comité depilotage del’étude :DanielleMusset (ancienne directrice duMuséedeSalagon), Jean-Luc documents et accompagnél’ethnologue, Pauline Mayer, sur le terrain, À toutes lespersonnes quiont contribué àl’enquête, prisle temps dusouvenir et dupartage, fourni des Remerciements Publication du Parc naturel régional du Verdon réalisée danslecadre duprojet d’inventaire Nous avons choisiuneentreprise soucieusederéduire sonimpact sur l’environnement et deconservation de variétés fruitières anciennesd’intérêt local. Imprimé enFrance enaoût 2018par l’imprimerie JF Impression Mise enpage et graphisme :Autrement dit communication Coordination :Marc Doussière, MarlèneÉconomidès pour imprimer cedocument sur papier recyclé. Directeur depublication :Bernard Clap Christian Reboul (Verdon-Info), José Banaudo(GECP), M.Pauvarel Annie RobertSuivi et corrections :Annie Illustrations :MichelSinier Rédaction :Pauline Mayer Davide Fabbri, Annick

107 L’AGRODIVERSITÉ FRUITIÈRE DU VERDON - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE De la culture de l’arbre aux usages culinaires des fruits et à leur commerce, l’arboriculture autrefois pratiquée dans les montagnes du Verdon participe de la richesse du paysage. Les arbres s’observent, s’écoutent, se lisent et se goûtent… Pommes, poires et prunes se mêlent aux trajectoires des hommes qui les ont cultivées, multipliées et transformées dans la diversité des systèmes de culture.

Bien que les faits décrits dans cet ouvrage relèvent de pratiques pour la plupart disparues, le récit s’écrit au présent. C’est que les fruits, figures végétales à part entière de notre histoire, nous donnent des idées pour habiter l’espace et le temps.

Ce livre, issu d’une enquête ethnologique et historique, fait le pari d’une réappropriation de la biodiversité domestique créée et entretenue par l’homme, pourvoyeuse de nourritures comme de ressources génétiques. Là où l’arborescence des savoirs recueillis apparaît comme une perspective pour le renouvellement de la culture fruitière, cette synthèse pourra utilement inspirer les agroécosystèmes de demain.

PARC NATUREL RÉGIONAL DU VERDON Domaine de Valx 04360 Moustiers-Sainte-Marie Tél. 04 92 74 68 00 • Fax. 04 92 74 68 01 www.parcduverdon.fr [email protected]