Facteurs et contraintes de l’entreprenariat agricole dans la commune de BOPA au LAGA Kouèchivi Symphorie1*, KOUHOUNDJI Naboua**, OGOUWALE Euloge***

RÉSUME Les entreprises agricoles participent au développement de la Commune de Bopa. Néanmoins, elles sont confrontées à plusieurs difficultés. La présente recherche a pour objectif de contribuer à une meilleure connaissance des facteurs et des contraintes de l’entreprenariat agricole dans la Commune de Bopa. La démarche méthodologique utilisée a pris en compte la collecte des données qualitatives et quantitatives, le traitement des données collectées et l’analyse des résultats. 232 acteurs agricoles (producteurs, transformatrices et consommateurs) ont été questionnés; 11 personnes ressources et 9 Agents du Secteur Communal pour le Développement Agricole de Bopa ont été interviewés. Le modèle Forces-Faiblesse- Opportunités-Menaces avait servi de base à l’analyse des résultats. L’on note de l’analyse que cette Commune dispose des sols aux caractéristiques culturales variées et bénéficie d’une pluviométrie propice à la production agricole. Mais, des difficultés liées à la main-d’œuvre, au foncier, au transport y entravent l’entreprenariat agricole. Ainsi la production a connu une diminution de 13,45 % par rapport à la campagne 2011-2012, tandis que les emblavures ont augmenté de 31,38 %. À partir de ces données, cet article montre en quoi l’insuffisance de la main-d’œuvre peut constituer un frein à l’entreprenariat agricole et fait des propositions de solutions.

Mots clés : Bénin, Commune de Bopa, Contraintes, Facteurs, Entreprenariat agricole

FACTORS AND CONSTRAINTS TO THE AGRICULTURAL ENTREPRENEURSHIP IN THE MUNICIPALITY OF BOPA, BENIN ABSTRACT The objective of this research is to contribute to a better understanding of the factors and constraints of agricultural entrepreneurship in the Commune of Bopa. The methodological approach used took into account 5 steps. 232 agricultural actors have been questioned; 11 resources persons and 9 agents of SCDA of Bopa were interviewed. The FFOM model was used for the analysis of the results. It was noted from the analysis that this municipality had soils with varied agricultural characteristics and benefited a rainfall suitable for agricultural production. Nevertheless, difficulties related to land and transport hampered agricultural entrepreneurship. As a result, production decreased by 13.45 % compared to the 2011-2012 season, while plantings increased by 31.38 %. Key words: Benin, Municipality of Bopa, Factors, Constraints, Agricultural Entrepreneurship

1 * LAGA Kouèchivi Symphorien est Maître géographe de l’université d’Abomey-Calavi, [email protected]

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ٍيخص حشاسك اىَشاسٌع اىضساعٍت فً حطٌ٘ش جَاعت BOPA. ٍٗع رىل فإّٖا ح٘اجٔ عذة صع٘باث. ٌٖذف ٕزا اىبحث إىى اىَسإَت فً فٌٖ أفضو ىيع٘اٍو ٍٗع٘قاث اىَشاسٌع اىضساعٍت فً جَاعت BOPA. احخزث اىَْٖجٍت اىَسخخذٍت فً االعخباس ٍجَ٘عت ٍِ اىبٍاّاث اىنٍَت ٗاىْ٘عٍت، ٍعاىجت اىبٍاّاث اىخً حٌ جَعٖا، ٗححيٍو اىْخائج. ٗحٌ اسخج٘اب 232 فاعو صساعً )ٍْخجٍِ ٍٗصْعٍِ ٍٗسخٖينٍِ(؛ ٗأجشٌج ٍقابالث ٍع 11 شخصا ٍِ اصحاب اىَ٘اسد ٗ 9 ٗمال ء اىقطا اىبيذي هBOPA ىيخٍَْت اىضساعٍت. إُ َّ٘رج اىق٘ة، اىضعف، اىفشٗ اىخٖذٌذاث ماّج أساسا ىخحيٍو اىْخائج. ٍِ ٕزا اىخحيٍو ّسخْخج أُ ٕزٓ اىبيذٌت حخ٘فش عيى خصائص صساعٍت ٍخْ٘عت ٗ حسخفٍذ ٍِ ٕط٘ه أٍطاس ٍساعذة عيى اإلّخاج اىضساعً. ىنِ صع٘باث فً اىٍذ اىعاٍيت ٗاىعقاسٗاىْقو حعٍق اىَشاسٌع اىضساعٍت. ٗباىخاىً اّخفض اإلّخاج بْسبت 13.45٪ ٍقاسّت ٍع حَيت 2111-2112، فً حٍِ حقيصج اىَساحت اىَضسٗعت ب 31.33٪. ٍِ ٕزٓ اىبٍاّاث، حظٖش ٕزٓ اى٘سقت مٍف أُ عذً مفاٌت اىق٘ة اىعاٍيت ٌَنِ أُ حعشقو اىَشاسٌع اىضساعٍت، ٗ فً اىْٖاٌت ّقذً اقخشاحاث حي٘ه. ميَاث اىَفاحٍح : اىبٍِْ،جَاعت BOPA ، اىَع٘قاث ٗاىع٘اٍو، سٌادة األعَاه اىضساعٍت

1. Introduction et justification du sujet

La terre agricole, le marché et la main-d’œuvre sont trois (3) éléments indispensables pour le développement de l’agriculture1.Ce développement passe par l’accroissement de la production et le rendement de l’activité agricole2. Cette dernière est conditionnée par plusieurs paramètres à savoir : les facteurs climatiques et pédologiques d’une part, les techniques de culture et les facteurs de distribution d’autre part3.En Afrique, le secteur agricole occupe près de 60 % de la population active, représente 20% des exportations totales et contribue à hauteur de 17 % au Produit Intérieur Brut [PIB]4. Comme explique le pont/CRISTO5 en 2010, l’agriculture constitue vraisemblablement le secteur le plus à même de créer rapidement des emplois dans le contexte Ouest-Africain. En Afrique de l’Ouest, plus de 65% de la population est rurale et dépend directement des ressources agricoles comme moyen de subsistance6. Au bénin, l’agriculture contribue pour près de 35% à la constitution du PIB et parvient à satisfaire les besoins alimentaires de la population du pays2. Le Bénin dispose d’assez de terres cultivables pour accroitre sa production agricole3. Cependant, l’exploitation

**KOUHOUNDJI Naboua est Spécialiste en SIG et aménagement agricole, Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, Email : [email protected], ***OGOUWALE Euloge est Professeur Titulaire des Universités du CAMES en Géographie, Université d’Abomey-Calavi, Email : [email protected] 1C. Goudjon, Caractérisation et analyse des coûts de formation des dispositifs de formation agricole et rurale implantés sur le plateau d’Allada, Thèse d’ingénieur à l’Université de Toulouse 1 Capitole, France, 2010, 121 p. 2N. Kouhoundji, A. M.Igue, E. W. Vissin et A.G.Mensah (2011) : « Maîtrise de l’eau agricole : une question multi-dimensionnelle à Sô-ava (Bénin, Afrique de l’ouest) »,Climat et développement, N°12, pp.50-63. 3F. Towou, Contraintes climatiques et activités agricoles en pays Tchi, Mémoire de maitrise de géographie, DGAT/FLASH/UAC, 2007, 77 p. 4FAO (Food and Agriculture Organization), Nutrition dans les pays en voie de développement, collection FAO, Alimentation et nutrition ISSN, n° 23, 2000, 425 p. 5 CRISTO (Centre de Recherche et d’Ingénieries Sociale de Togo) 6FAO (Food and Agriculture Organization), Nutrition dans les pays en voie de développement, collection FAO, Alimentation et nutrition ISSN, n° 23, 2000, 425 p. 2 CIPB (Conseil des Investisseurs Privés au Bénin), L’agriculture Béninoise : atouts, contraintes et enjeux pour investisseurs, 2007, 56 p. 3 C. Dossou, L’insécurité foncière : entrave des investissements dans l’agriculture au Bénin, Rapport, Cotonou, 2012, 61p.

152 de ces ressources agricoles est confrontée à des contraintes matérielles et financières impactant les rendements des cultures. Il en résulte une rupture de l’équilibre alimentaire4.

La Commune de Bopa est peuplée majoritairement d’une population agricole. L’agriculture de subsistance demeure la base de son économie5. Mais elle peine à assurer son développement agricole par le manque de main-d’œuvre. On note une faible production agricole dans les localités du sud-Bénin en général et dans la commune de Bopa en particulier6. Il y a une apparente pénurie de main-d’œuvre agricole alors que règne un fort taux de chômage7. Ceci n’est que l’une des difficultés qui entravent l’essor de l’entreprenariat agricole de cette commune, gage d’un développement à la base.

Au regard de tout ce qui précède et, compte tenu des problèmes cruciaux auxquels est contraint l’entreprenariat agricole, cette question principale se pose : quels sont les fondements et les contraintes au développement de l’entreprenariat agricole dans la Commune de Bopa?

C’est dans le but de répondre à cette question que le sujet intitulé «Facteurs et contraintes de l’entreprenariat agricole dans la Commune de Bopa» a été choisi.

Pour y arriver, il est formulé d’hypothèse de travail et d’objectif de recherche. La principale hypothèse est que les problèmes d’accès aux terres agricoles, l’insuffisance de la main- d’œuvre et d’encadrement, l’absence de marché d’écoulement entravent l’entreprenariat agricole dans la Commune de Bopa. À cette hypothèse, l’objectif est de contribuer à une meilleure connaissance des facteurs et des contraintes de l’entreprenariat agricole dans la Commune de Bopa.

La connaissance des situations géographique et administratives du secteur d’étude est capitale. 2. Situations géographique et administrative de la Commune de Bopa

Située entre 1°49’ et 2°01’ de longitude est et entre 6°30’ et 6°47’ de latitude nord, la Commune de Bopa est située au sud-est du département du Mono (Bénin). Elle est limitée au nord par les Communes de Dogbo et de Lalo, au sud par les Communes de Comè et de Houéyogbé, à l’est par le fleuve Couffo et le Lac Ahémé qu’elle partage respectivement avec les Communes d’Allada et de Kpomassè, et à l’ouest par les Communes de et de Houéyogbé. Elle se présente comme un quadrilatère allongé vers le sud et couvre une superficie de 365 km² soit 22,74 % de la superficie du Mono et environ 0,32 % de la superficie totale du Bénin 8(figure 1).

4E. Ogouwale, Changement climatique et sécurité alimentaire dans le Benin méridional, Mémoire de DEA, gestion de l´environnement, UAC/FLASH/DGAT, 2004, 103 p. 5W. Abdoulaye, Production agricole et développement local dans la Commune de Kouandé, Mémoire de maîtrise, DGAT/FLASH/UAC, 2013, 95 p. 6Le Pont/CRISTO, Etude sur la main-d’œuvre agricole au Togo et au Bénin, 2010, 47 p. 7Le Pont/CRISTO, Etude sur la main-d’œuvre agricole au Togo et au Bénin, 2010, 47 p. 8Mission de la Décentralisation, Atlas des Communes du Bénin, Rapport, 2003, 135 p.

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Figure 1: Situation géographique du secteur d’étude 3. Démarche méthodologique Dans le cadre de cette recherche, l’approche méthodologique adoptée comporte trois étapes : la collecte des données qualitatives et quantitatives, le traitement des données collectées et l’analyse des résultats grâce aux techniques, outils et méthodes appropriés. Pour recueillir les données sur le terrain, plusieurs techniques d’enquêtes ont été utilisées : l’observation directe, la documentation, les entretiens et la Méthode Active pour la Recherche Participative. Quant aux observations directes, elles ont consisté à identifier sur le terrain les différents acteurs de activités agricoles et leur mécanisme de mobilisation des fonds. Elles ont facilité les prises de contact avec les acteurs. En fonction des spécificités des informations recherchées, certains outils de collecte sont utilisés tels que : le questionnaire et le guide d’entretien.

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La taille de l’échantillon à l’échelle communale (N1) a été déterminée par la méthode probabiliste de Schwartz9, dont la formule est :

- N1= ; où T (écart réduit critique) est un coefficient dépendant du seuil de confiance, E la marge d’erreur en pourcentage, P(en pourcentage) la proportion de ménages agricoles dans la Commune. Dans la présente étude, le seuil de confiance retenu est de 95 % et permet d’atteindre un grand nombre de ménages agricoles. T est égal à 1,96 et la marge d’erreur est égale à 5 %. Au total, 252 acteurs composés de 232 producteurs agricoles, 11 personnes ressources (chefs de village) et 9 agents de SCDA/Bopa ont étéapprochés. Les données recueillies sur le terrain ont été dépouillées, ordonnées, saisies et représentées sous forme de figures ou tableaux de manière à ce qu’elles traduisent au mieux la réalité et permettent d’en tirer des conclusions. Ce traitement statistique a été effectué avec MS Excel 2010. Le logiciel ArcView 3.2 a été utilisé pour reproduire les cartes de situation géographique de la Commune de Bopa, des infrastructures marchandes, des formations pédologiques et la carte topographique. A travers ces étapes de la démarche méthodologique, des résultats sont obtenus.

4. Résultats et discussion

Cette partie prend en compte des facteurs favorables à l’entreprenariat agricole, des contraintes à l’entreprenariat agricole et des stratégies d’adaptation aux contraintes dans la Commune de Bopa.

4.1. Facteurs favorables à l’entreprenariat agricole dans la Commune de Bopa

Il s’agit des facteurs biophysiques, humains et socio-économiques.

4.1.1 Caractéristiques topographiques

La Commune de Bopa un relief moyennement accidenté présentant un ensemble d’ondulations tectoniques constituées de plateaux et de dépressions (figure 2).

9 D.Schwartz, Méthode statistique à l’usage des médecins et des biologistes, 4è édition, éditions médicinales, Flammarion, Paris, 1995, 214 p.

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Figure 2 : Carte topographique de la Commune de Bopa

L’altitude la plus élevée est de 90 m. Elle se trouve à l’ouest de Bopa centre. La plus faible se situe au sud-est de la Commune près du lac Ahémé avec moins de 20 m. Les valeurs des pentes oscillent autour de 5 %. Les zones les plus pentues sont et Bopa où les courbes de niveau sont serrées. La mise en valeur des terres agricoles à ces endroits demande plus de précautions d’aménagement pour éviter l’érosion du sol et des eaux. Ceci est beaucoup plus important au regard de la proximité du lac Ahémé qui constitue une source de revenus des populations riveraines à travers la pêche.Les zones les moins pentues sont situées à , Yégodoé et Badazouin. Les pentes y sont lâches et les valeurs sont inférieures à 2 %. Ces endroits sont sur des lignes de partage des eaux. Les terres y sont ressuyées et

156 constituent une opportunité pour les cultures vivrières n’aimant pas les sols lourds10. Cette opportunité s’additionne à celles offertes par le climat.

4.1.2. Caractéristiques climatiques

De par sa position géographique, la Commune de Bopa bénéficie d’un climat subéquatorial de type Guinéen caractérisé par quatre (04) saisons : une grande saison sèche de novembre à mi- mars, une grande saison de pluies de mi-mars à juillet, une petite saison sèche de juillet à septembre et une petite saison de pluies de septembre à novembre11. Cette présentation est corroborée par la figure 3 qui présente le régime pluviométrique moyen de la Commune allant de 1981 à 2011.

200

100 (mm)

0 Hauteurdespluies

Mois

Figure 3 : Régime pluviométrique de la Commune de Bopa Source des données : ASECNA12, 2014

Cette figure montre que le climat du secteur d’étude est bimodal avec 2 pics, l’un en juin et l’autre en octobre. Il y a de pluie dans chaque mois de l’année. Le mois le plus pluvieux enregistre 183mm en moyenne et celui le moins pluvieux n’enregistre que 8 mm (en moyenne). Les cultures vivrières nécessitant une précipitation mensuelle de plus de 50mm bien répartie suivant leurs cycles végétatifs, la pratique agricole n’est pas possible toute l’année. Toutefois, une irrigation de complément peut être effectuée en contre-saison durant la période de novembre à début mars où les hauteurs de pluie sont inférieures à 50mm.

4.1.3. Facteurs hydrologiques

Les plans et cours d’eau de la Commune de Bopa sont caractérisés par un complexe fluvio- lacustre dominé par le lac Ahémé de par son étendue. Il reçoit les eaux du fleuve Couffo dans la partie nord de la Commune. Il existe d’autres cours d’eau d’une importance non négligeable qui drainent les espaces culturaux. Ce sont entre autres : le ‘’hasso’’ à Tanvè dans Lobogo et le kpatoè à Mèdétogbo dans .Il existe aussi de nombreux plans d’eau saisonniers (sodou, houantoè, etc.). Par ailleurs, on y trouve les bas-fonds humides ou collecteurs naturels d’eau de Sèhougbato, Houègbo, Hassonou, Agbô, Agbodji, Bolimey, Kpindji (Bopa) et de Tohonou.

10 MAE (Ministère des Affaires Etrangères du Bénin), Mémento de l’agronome, CIRAD, GRET. Paris, France, 2009, pp 773-1109. 11K. S. Adam et M. Boko, Le Bénin. Éditions du Flamboyant, 1993, 95 p. 12 ASECNA (Agence de Sécurité pour la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar), Statistiques pluviométriques du poste pluviométrique de Bohicon de 1981 à 2011, Direction de météorologie Nationale, Cotonou, 2014, 32 p.

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L’existence des cours d’eau offre des possibilités d’aménagement à des fins rizicoles et piscicoles et maraîchères. En outre, la présence des ouvrages hydrauliques constitue un atout considérable pour le sous-secteur transformation.

4.1.4. Facteurs pédologiques

La Commune de Bopa est très propice à l’agriculture13. Elle se situe dans un environnement composé majoritairement de terres inondables et de marécages.

Figure 4 : Formations pédologiques de la Commune de Bopa

Elle est constituée d’une diversité de sols que l’on peut regrouper en trois (3) grands ensembles :

13M. Viennotet P. Faure, Notice explicative de la carte pédologique de reconnaissance de la République du Bénin : feuille de Lokossa, Service cartographique de l’ORSTOM, Paris, 1976, 39 p.

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 les vertisolshydromorphes ou terres noires encore appelés « kodji » sont des sols très riches. Elles présentent une mauvaise structure et représentent les 2/5 de la superficie totale de la Commune. Ils couvrent les arrondissements de Badazouin, de Yêgodoé, de Gbakpodji, d’Agbodji et une partie de Lobogo ;

 les sols ferralitiques ou terres de barre sur sédiment meuble caractérisent les arrondissements de Possotomè, Bopa et la zone sud de Lobogo ;

 les sols hydromorphes constitués d’un ensemble de bas-fonds couvrent une partie des arrondissements de Bopa et Agbodji. Ce sont des terres à texture sablo-argileuse.

Avec son potentiel pédologique, Bopa reste une Commune propice à l’agriculture notamment du fait de ses terres noires très riches. Malheureusement, les populations n’en tirent pas grand profit. Au contraire, ce potentiel constitue, pour elles, un facteur limitant du fait de l’état d’engorgement20 certains endroits. C’est donc une opportunité pour l’entreprenariat agricole si on s’y met avec des moyens techniques appropriés. La majorité des populations de quatre (4) voire cinq (5) arrondissements sur les sept (7) [Agbodji, Badazouin, Gbakpodji, Yègodoé et une partie de Lobogo] vont voir leurs revenus agricoles améliorés.

4.1.5. Facteurs humains

L’effectif de la population constitue un atout pour la réduction du coût de la main-d’œuvre. La Commune de Bopa connaît une évolution croissante de 1979 à 2013 (figure 5).

150000 Population 100000 50000 Tendance 0 d'évolution

1979 1992 2002 2013 Population Années Figure5 : Évolution de la population de la Commune de Bopa de 1979 à 2013 Source desdonnées : INSAE14, 2013.

L’analyse de la figure 5 montre que la population de la Commune de Bopa est en croissance. Elle est passée de 40543 habitants en 1979 à 96598 habitants en 2013. Il ressort des résultats des quatre recensements (1979,1992, 2002 et 2013) que la population de Bopa a connu un accroissement à dent de scie de 1979-2013. Elle est donc un élément important pour l’activité agricole par la fourniture de main-d’œuvre.

Dans cette commune, trois types de main-d’œuvre sont utilisés par les producteurs. Il s’agit de : la main-d’œuvre familiale, l’aide mutuelle, et la main-d’œuvre salariale. Parmi ces trois, la main-d’œuvre familiale domine. Car la majorité des grands producteurs sont des polygames. Ces gens de producteurs n’ont pas besoin de la main-d’œuvre salariale. Mais, ils font des aides mutuelles avec leurs enfants.

20Saturation temporaire ou permanente du sol 14 INSAE (Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique),Résultats provisoires du quatrième Recensement Général de la Population et de l’Habitation (RGPH 4), 2013, 8 p.

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 Main-d’œuvre familiale

La main-d’œuvre familiale est constituée de tout actif agricole travaillant pour son propre compte ou pour le compte commun d’un ménage, sans aucun contrat ni salaire. Dans presque toute la Commune, pour cette forme de main-d’œuvre, les hommes travaillent à plein temps durant la campagne agricole, et les femmes interviennent au cours de la période de semailles et de récolte. Comme une exception, les femmes de l’arrondissement de Possotomè s’adonnent plus aux activités agricoles15 que les hommes. Car les hommes s’occupent de la pêche et ou voyage sur Nigeria pour chercher de ressources financières pour subvenir aux besoins de la famille. Ce type de main-d’œuvre est utilisé par 52 % des producteurs enquêtés de la Commune.

 Aide mutuelle

C’est une forme de prestation de service rencontrée dans la Commune. En effet l’aide mutuelle est un accompagnement de main-d’œuvre, soit entre les ménages, les voisins ou les membres d’une même famille. Elle se fait en groupe. L’aide mutuelle est utilisée par 30 % des producteurs enquêtés.

Par ailleurs, tout le monde doit travailler de la même façon à chaque séance, et celui pour qui on travaille est tenu de nourrir le groupe dans la journée. C’est une pratique qui est appréciée par les producteurs agricoles.

 Main-d’œuvre salariale

La main-d’œuvre salariale est utilisée par un petit nombre de producteur à cause de sa cherté. Celui qui choisit cette forme de main-d’œuvre nourrit (manger et boisson « alcool ») l’ouvrier pendant l’activité. A défaut, le travail n’est pas exécuté avec soin. Le producteur fait recours à cette main-d’œuvre en cas d’insuffisance de celles familiale et mutuelle. La main-d'œuvre salariale est employée par 18 % des ménages enquêtés. Les ouvriers « salariés » sont de deux types : les autochtones et les étrangers. Ils se font employer par les grands exploitants et propriétaires terriens. Ces formes de main-d’œuvre sont une force pour l’entreprenariat agricole. La transformation des produits agricole est capitale pour l’entreprenariat agricole. Ces transformations sont en grande partie menées avec des outils rudimentaires. Mais, elles sont de plus en plus soutenues par des ONG (s) qui viennent en appui au secteur avec des outils et technologies appropriées.

4.1.6. Facteurs infrastructurels, d’équipement et de transformation

La Commune de Bopa dispose de 26 puits artésiens dont seulement 3 ne sont pas fonctionnels. Il y a donc une forte possibilité d'irrigation. En ce qui concerne les bas-fonds, leurs exploitations favoriseraient des cultures de contre saison. Tout ceci pourrait être une opportunité pour l’entreprenariat agricole de la Commune. En outre, les équipements comme les tracteurs et accessoires16 et les décortiqueuses dénotent de l’existence des offres de prestation de services tels que la préparation du sol et le décorticage de riz. Les puits artésiens aménagés, les ateliers de transformation, les magasins de stockage et les marchés témoignent

15Pour les productions végétales. 16Il s’agit des charrues, des semoirs et des faucheuses.

160 de la disponibilité des facilités qui peuvent accompagner les activités entrepreneuriales. Certains projets et programmes accompagnent la réalisation d’infrastructures au profit des producteurs comme, Programme intégré d’Adaptation pour la lutte contre les effets Néfastes des changements climatiques sur la production Agricole et la sécurité alimentaire au Bénin(PANA 1), Projet d’Appui à la Croissance Économique Rurale (PACER), Projet de Sécurité Alimentaire pour l’Aménagement de Bas-fonds et le renforcement de capacités de stockage au Bénin(PSAAB), et Projet d’Appui à la Diversification Agricole(PADA). Les activités de transformation des produits qui occupent une place de choix dans les activités génératrices de revenus constituent des activités principales pour certains et secondaires pour d’autres. Ces activités de transformations sont en grande partie menées avec des outils rudimentaires. Mais, elles sont de plus en plus soutenues par des ONG (s) comme Caisse Mutuelle d’Épargne et de Crédit (CMEC) Centre d’Études et de Recherches des Initiatives pour le Développement Agricole et Artisanal (CERIDAA), Organisation Néerlandaise pour le Développement (SNV) et qui viennent en appui au secteur avec des outils et technologies appropriées.

4.1.7. Facteurs commerciaux Les principaux produits commercialisés dans la Commune de Bopa sont les vivriers (maïs, haricot, riz, manioc, arachide et soja) et maraîchers (tomate, piment, gombo, légumes feuilles). La planche 1 présente un hangar et quelques produits commercialisés.

1.1 1.2

Planche 1 : Hangar pour les cultures maraîchères (photo 1.1) et quelques produits en vente dans le marché de Lobogo (photo 1.2) Prise de vue : Laga, décembre 2014 Il s’agit d’un hangar à 6 places (1.1) pour accueillir les produits agricoles exposés sur la photo de droite (1.2) au marché de Lobogo. Ce sont essentiellement les cultures maraîchères et vivrières qui y sont échangées. D’autres marchés locaux, régionaux et internationaux reçoivent aussi ces produits. L’existence des marchés dans la commune constitue un atout pour l’entreprenariat agricole. Les produits sont directement échangés entre producteurs et commerçants. Dans la réalité, les commerçants deviennent des « routiers » c'est-à-dire choisissent une place sur la route entre leurs lieux de résidence et celui des producteurs. C’est sur cette place que s’effectueront les premières opérations d’achat et de vente. Lorsque le système se révèle défaillant, les commerçants se rendent eux-mêmes chez les producteurs pour exprimer leur demande. Le sens inverse s’observe lorsqu’un producteur se trouve dans une situation pressante où il a besoin d’argent.

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4.1.8. Facteurs sociaux Un sondage avait été fait par le SCDA de Bopa17 pour recueillir l’appréciation des producteurs agricoles sur la rentabilité de leurs investissements dans les activités agricoles. Il ressortait que 75 % des enquêtés affirmaient que leurs investissements étaient rentables à plus de 50 %. Nos investigations dans le milieu ont permis de savoir que les producteurs utilisaient ces revenus dans les dépenses familiales et/ou pour le développement personnel. Les résultats sont présentés sur la figure 6.

L’achat d’autres Le mariage parcelles 7% La scolarité 2% des enfants 63% La maison 28%

Figure 6 : Principales destinations des revenus agricoles dans la commune de Bopa Source des données : Travaux de recherche, décembre 2014 D’après cette figure, près des 2/3 des producteurs utilisaient leurs revenus pour la scolarisation de leurs enfants. 28 % utilisaient leurs revenus pour la construction de leurs maisons, tandis que 7 % célébraient des mariages avec leurs sous. Le reste des producteurs enquêtés achètent d’autres parcelles pour étendre leurs exploitations. Ces investissements constituent des sources de motivation pour eux.

4.2. Contraintes à l’entreprenariat agricole dans la commune de Bopa

Dans cette partie, sont développés les contraintes relatives à la main-d’œuvre, les contraintes de crédit agricole, l’insuffisance du personnel d’encadrement technique, les contraintes foncières de la Commune de Bopa.

4.2.1. Contraintes relatives à la main-d’œuvre agricole

L’appauvrissement des sols amenait les producteurs à emblaver une grande superficie des cultures pour compenser la baisse de productivité ; ce qui demandait plus de main-d’œuvre. La demande en main-d’œuvre était plus importante dans les périodes de préparation de sol, d’entretien des cultures et de récolte. Cette forte demande entraînait une augmentation du coût. Par exemple, pour le labour d’un carré (un carré = 400 m2 d’après la mesure locale), le prix variait entre 1000 F et 1500 F selon l’état d’enherbement du champ, la culture et la saison. Ce qui revenait à 37500 – 50000 F par hectare (non compris les repas). Ce montant était élevé au regard du pouvoir d’achat des producteurs18.

Dans ces conditions, la main-d’œuvre familiale se trouvait fortement sollicitée dans les ménages. Mais, compte tenu du fait que le nombre d’actifs agricoles au niveau des ménages

17SCDA, Rapport annuel de la campagne 2012-2013, 2013, 39 p. 18INSAE, Cahier de village et quartier de ville (département du Mono), 2004, 23 p.

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était limité, les enfants de moins de 10 ans étaient sollicités. Parfois, les ménages étaient contraints de réduire les superficies au strict minimum. Il arrivait que le producteur disposât de moyens financiers, mais ne trouvait pas d’ouvriers.

4.2.2. Contraintes de crédit agricole

Dans les villages enquêtés, la contrainte de crédit était une préoccupation majeure des ménages agricoles. A peine 5 % environ des populations enquêtées bénéficiaient des crédits agricoles. Soixante-dix (70 %) des ménages affirmaient qu’ils n’avaient pas accès au crédit. Ceci serait dû à leur méconnaissance des mécanismes d’obtention de crédit. Des conditions contraignantes leur étaient posées. Il s’agissait essentiellement des gages et de la mise en association formelle. Ces conditions constituaient un frein à l’entreprenariat agricole.

4.2.3. Insuffisance du personnel d’encadrement technique

L’insuffisance numérique des encadreurs était palpable. Dans la Commune de Bopa, il y avait quatre (04) agents techniques et cinq spécialistes. Ces chiffres étaient très faibles au regard du nombre de producteurs agricoles dans la Commune, soit 913 ménages agricoles pour un encadreur. Les agents étaient surchargés. Cette situation expliquait le plus souvent les mauvais résultats agronomiques enregistrés par certains paysans qui n’avaient pas été suffisamment encadrés. L’entreprenariat agricole prenait donc un coût.

4.2.4. Contraintes foncières de la Commune de Bopa

L’accès à la ressource terre constituait une contrainte majeure au développement et à l’épanouissement des activités agricoles des ménages. Les populations agricoles étaient confrontées à la forte pression démographique. Le mode de transmission des terres par héritage a conduit à l’émiettement des champs. Ainsi, très souvent les petits héritiers issus des familles à dotation foncière limitée étaient amenés à vendre leurs terres. Ceci contribuait à la thésaurisation des terres par les riches, et accentuait la différenciation sociale. La plupart des contraintes pouvaient s’énumérer comme : contestation de propriété de vente sur les limites d’une parcelle, vente des terres, conflit entre le bailleur de terre et le métayer, émiettement des terres, augmentation de la population.

L’accroissement démographique avait entraîné une forte pression foncière. Ce qui avait émietté les terres et freiné des initiatives sur de grandes étendues.

4.3. Stratégies d’adaptation aux contraintes

Il est présenté dans cette partie quelques stratégies d’adaptation aux contraintes décrites à la partie précédente.

4.3.1. Mécanisation agricole et aménagement hydro-agricole

La mécanisation est un élément important qui permet de lever en grande partie les contraintes relatives à la main-d’œuvre. La Commune de Bopa dispose de tracteurs et accessoires. Ces outils doivent être utilisés pour accélérer le développement agricole de cette Commune dans le respect des normes environnementales. Les aménagements hydro-agricoles constituent des options qu’il faut privilégier. Certains sites déjà aménagés pour le riz et le maraîchage doivent être réhabilités. Pendant les sécheresses, les producteurs peuvent pratiquer l’irrigation

163 manuelle ou mettre en place un système d'irrigation adéquat. Tenant compte des difficultés liées au calendrier agricole, il est important de le réajuster. 4.3.2. Réajustement du calendrier cultural Le calendrier cultural pratiqué jusqu’ici peut être revu pour l’adapter aux nouvelles conditions physiques du milieu. A ce titre, il est proposé, suite aux travaux de Kiki19, un nouveau calendrier tel qu’il suit (tableau I). Tableau I : Calendrier agricole proposé pour la Commune de Bopa Préparation Entretie Cultures Sols Saisons Récoltes du sol etsemis n 1ère saison mai – Mars-mi-mai juillet – août des pluies juin Terres sèches octobre Fin août – décembre – 2ème saison novembr septembre janvier Maïs : e Terres humides culture de décembre – février – (abords des avril- mai décrue février mars cours d’eau) : 7 à 18 mois après la mise 1ère saison en place, Fin mars – mai Mai fractionné suivant les Terres besoins sèches : 7 à 18 mois Manioc : après la mise 2ème saison septembre – Novembr en place, octobre e fractionné suivant les besoins novembr Terres octobre- début e – juin - juillet humides : décembre décembre 1ère saison Fin avril- mai mai- juin juillet –août Terres 2ème saison octobre – Septembre-mi- décembre – sèches : (peu novembr Niébé : octobre janvier pratiquée) e Terres octobre – décembre mars – avril Humides décembre – janvier Cultures 1ère saison Fin avril- mai mai- juin juillet –août maraîchères Terres 2ème saison septembre - décembre : sèches : (peu février – juin octobre - mars Pratiquée)

19A. Kiki, Terroirs ruraux et problèmes de développement à Dogbo, 2006, 86 p.

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Terres novembre – Novembr décembre humides : mars e Septembr juillet – décembre – Riz e- octobre début mars décembre Les cultures Au bord des mi-décembre Janvier- de contre Mars- mi-mai cours d’eaux février mars saison Sources des données : Adapté de Kiki (2008), travaux de recherche (janvier 2015) Le tableau II présente le calendrier agricole proposé compte tenu des mutations. Avec ce nouveau calendrier, les producteurs pourront identifier les moments opportuns pour maximiser son profit. C’est-à-dire produire à l’aide de la technologie quand les autres ne pourront pas le faire en aménageant le site comme proposé à la figure 7. 4.3.3. Stratégies de mobilisation de ressources financières L’association des groupements de chaque catégorie de producteurs de la Commune doit mettre en place une société de coopérative avec cotisation (comme une tontine) susceptible de représenter leur source de financement au niveau communal. De même, l’organisation des producteurs agricoles est le moyen le plus efficace pour remédier aux problèmes de crédit car ils peuvent constituer des fonds de crédit ou attirer des financements extérieurs. Il est donc important de promouvoir l’existence d’une stricte collaboration entre les producteurs et les institutions de micro finance pour une harmonisation des systèmes d’octroi des crédits.

4.3.4. Stratégies de production Pour une bonne production, l’État doit faire appliquer le code foncier rural pour enclencher la sécurisation des terres agricoles. En outre, des stratégies suivantes sont proposées. Il s’agit de: - développer un mécanisme efficace d’approvisionnement en semences de qualité tenant compte des spécificités agro-écologiques ; - renforcer le dispositif opérationnel d’approvisionnement en intrants chimiques ; - renforcer les connaissances professionnelles des producteurs agricoles de façon continue ; - renforcer les dynamiques organisationnelles des producteurs agricoles ; - promouvoir les aménagements durables et accessibles des bas-fonds et des espaces cultivables comme le montre la figure 7.

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Figure 7 : (a) Système d’irrigation d’un périmètre aménagé de Dékandji à Dogbo équipé d’asperseur plastique à batteur; (b) Asperseur monté sur IrriStand 52 Source : Travaux de recherche, décembre 2015 La figure 7 montre un système d’irrigation d’un périmètre aménagé Dékandji à Dogbo équipé d’asperseur plastique à batteur monté sur IrriStand. Avec un tel système, la production de la contre saison qui sort dans la soudure où la demande est forte et que l’offre est quasi inexistante sur les périmètres non aménagés. Ceci est recommandé aux entrepreneurs agricoles. 4.3.5. Stratégies commercialisation et de vision systémique Il s’avère nécessaire que l’État trouve des ouvertures extérieures pour l’écoulement des produits agricoles. Il est aussi nécessaire de mettre en place une structure d’organisation de la commercialisation des produits en entretenant les pistes de dessertes rurales, en luttant contre la concurrence déloyale et en menant des actions promotionnelles (foires) dans le secteur agricole. Il faut faciliter l’accès aux marchés d’écoulement. De plus, pour une étude entrepreneuriale surtout dans le domaine agricole, le modèle illustré par la figure 8 serait nécessaire

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La main-d’œuvre L’effet sociologique et La terre agricole

psychologique Entreprenariat agricole

Le financement Le marché

L’insécurité alimentaire La pauvreté Le chômage Le sous-emploi

La sécurité alimentaire L’emploi

Développement durable Figure 8: Modèle ENTREPO-AGRICODE Réalisation : Laga K.S., mars 2015 La figure 8 présente le modèle ENTREPO-AGRICODE qui résume les processus de fonctionnement d’une entreprise agricole dans la société. C’est un modèle systémique intégrant les différents compartiments de l’agriculture. Sur cette figure, les éléments comme la main-d’œuvre, la terre agricole, l’effet sociologique et psychologique, le financement et le marché sont les fondements de l’entreprenariat agricole. Ces derniers agissent sur l’insécurité alimentaire et la pauvreté pour instaurer une sécurité alimentaire. Ils créent aussi l’emploi en agissant sur le chômage et le sous-emploi. La sécurité alimentaire et l’emploi vont garantir un développement durable, le quel développement va changer la société et ainsi les populations vont avoir une nouvelle compréhension (psychologie) de l’agriculture. Ce qui rendra disponible la main-d’œuvre. Avec ce développement, le financement et le marché seront disponible et le phénomène reprend ainsi de suite.

Conclusion

La commune de Bopa qui avait des facteurs de développement pour son agriculture, était aussi confrontée à des difficultés notamment l’insuffisance de la main-d’œuvre pour son développement agricole. Au terme de cette étude sur l’entreprenariat agricole dans la commune de Bopa à travers sa densité et sa rentabilité, l’entreprenariat agricole était la principale activité et bénéficiait d’importants atouts biophysiques et humains. En effet, cette Commune disposait de sols ayant des caractéristiques culturales variées, d’une pluviométrie relativement propice à la production agricole.

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Les principales cultures produites dans cette Commune étaient le maïs(Zeamays), le manioc (Manihotesculenta), le riz (Orizaglaberrima), le niébé (Vignaunguiculata), les feuilles légumineuses surtout la laitue (Lactuca taraxacifolia), le bananier plantain (Musa pardisiaca), le gombo (Hibiscus esculentus), la tomate (Salanumlycopersicum), la canne à sucre (Saccharrumofficinarum) et le palmier à huile (Elaeis guineensis). Ils avaient une importance socio-économique considérable dans le milieu d’étude et constituaient la principale source de revenus des populations.

Néanmoins, l’agriculture était confrontée à d’énormes difficultés qui étaient d’ordre naturel, humain et organisationnel. Les plus importantes étaient : l’inondation, l’accès à la terre cultivable, la main-d’œuvre, le financement aux activités agricoles, les voies de transport des produits et le marché d’écoulement des produits.

Ainsi l’hypothèse de travail était confirmée. L’objectif de recherche était atteint. Mais, d’autres recherches approfondies compléteraient ces données (résultats).

Face à ces difficultés, l’on proposait un modèle systémique intégrant les différents compartiments de l’agriculture pour asseoir un développement dural. Bien qu’elle n’était pas assise et bien maîtrisée, l’agriculture constituait la principale source d’autosuffisance alimentaire et contribue à l’amélioration du cadre de vie des ruraux. De plus, l’on notait que les bénéfices réalisés à partir des activités agricoles avaient permis à la population d’assurer la scolarité de leur enfants, de construire, d’accéder à d’autres terres et de faire des cérémonies culturelles. Toutefois, il s’avérait indispensable de comprendre les facteurs sociologiques des regroupements en coopérative agricole pour asseoir une base favorable au décollage de l’entreprenariat agricole dans cette Commune.

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