REPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix- Travail- Patrie

MINISTERE DES FORETS ET DE LA FAUNE

PLAN D’AMENAGEMENT DE LA RESERVE DE BIOSPHERE DU DJA

Mars 2004

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Tables des matières

PREFACE...... III SIGLES ET ABREVIATIONS ...... V RESUME...... VII SUMMARY...... IX 1. INTRODUCTION...... 1

1.1. SYNTHESE DE LA POLITIQUE NATIONALE DE CONSERVATION ET DE GESTION DES AIRES PROTEGEES...... 1 1.2. SYNTHESE DE LA POLITIQUE REGIONALE DE CONSERVATION ET DE GESTION...... 3 1.4. METHODOLOGIE D’ELABORATION DU PLAN D’AMENAGEMENT ...... 6 2. DESCRIPTION DE LA RBD ET DE SA ZONE PERIPHERIQUE ...... 8 2.1. LOCALISATION DE LA RBD ...... 8 2.1.1. Localisation administrative...... 8 2.1. 2. Localisation géographique et limites ...... 8 2.2. CARACTERISTIQUES BIOPHYSIQUES DE LA RBD ET DE SA ZONE PERIPHERIQUE...... 10 2.2.1. Climat...... 10 2.2.2. Relief et topographie ...... 10 2.2.3. Hydrographie ...... 10 2.2.4. Végétation...... 11 2.2.5. Faune...... 15 2.2.6. Géologie et ressources minérales ...... 21 2.2.7. Exploitation minière...... 21 2.3. ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUES DE LA RBD ET DE SA ZONE PERIPHERIQUE ...... 21 2.3.1. Agriculture ...... 23 2.3.2. Elevage...... 23 2.3.3. Chasse et exploitation de la faune...... 24 2.3.3. Exploitation des ressources ligneuses...... 27 2.3.4. Produits forestiers non-ligneux...... 32 2.3.5. Le tourisme...... 32 2.4. INFRASTRUCTURES ET ENCADREMENT DES POPULATIONS...... 32 2.4.1. Infrastructures de communication ...... 32 2.4.2. Infrastructures sociales dans l’AP et sa périphérie...... 33 2.5. HISTORIQUE ET GESTION ANTERIEURE...... 35 2.5.1 Historique et gestion antérieure de la RBD...... 35 2.5.2 Appui et assistance antérieurs...... 35 2 .6. GESTION ACTUELLE...... 36 2.6.1. Cadre juridique ...... 36 2.6.2. Structure administrative de gestion...... 37 2.6.3. Projet d’appui en cours...... 44 2.6.4. Les organisations de la société civile...... 46 3. CONSIDERATIONS POUR L’AMENAGEMENT ...... 50 3.1. VALEURS ACTUELLES ET POTENTIELLES...... 50 3.1.1. Opportunités relatives au zonage...... 50 3.1.2. Opportunités de recherche scientifique et de conservation ...... 50

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3.1.3. Opportunités de développement touristique...... 51 3.1.4. Opportunités de gestion participative durable...... 53 3.1.5. Opportunités de coopération sous-régionale...... 53 3.2. PROBLEMATIQUE POUR L’AMENAGEMENT DE LA RBD ET SA ZONE PERIPHERIQUE...... 54 3.2.1. Contraintes liées au zonage extérieur et intérieur de la RBD ...... 54 3.2.2. Contraintes d’ordre légal et institutionnel...... 54 3.2.3. Contraintes d’ordre technique et scientifique...... 54 3.2.4. Contraintes liées à l’exploitation industrielle des forêts ...... 55 3.2.5. Contraintes d’ordre logistique et infrastructurel...... 55 3.2.6. Contraintes socio-économiques ...... 56 4. LES MESURES D’AMENAGEMENT...... 58 4.1. OBJECTIFS D’AMENAGEMENT ...... 58 4.1.1. Objectif général...... 58 4.1.2. Objectifs opérationnels et stratégies d’action...... 58 4.2. PROPOSITION DE ZONAGE GENERAL DE LA RBD...... 60 4.2.1. Le zonage périphérique de la RBD : le niveau macro ...... 60 4.2.2. Le zonage intérieur de l’aire protégée: le niveau micro...... 65 4.3. LES PROGRAMMES D’AMENAGEMENT...... 67 Programme 1 : Zonage ...... 67 Programme 2 : Protection de la Biodiversité ...... 68 Programme 3: Contribution au développement et gestion participative...... 75 Programme 4 : Initiatives sous-régionales et coopération internationale ...... 78 5. MISE EN ŒUVRE DU PLAN D’AMENAGEMENT...... 79 5.1. PLAN DE GESTION ET DE FINANCEMENT...... 79 5.1.1. Durée d’application et révision du plan d’aménagement...... 79 5.1.2. Les activités à mettre en œuvre ...... 79 5.1.3. Moyens à mettre en œuvre...... 87 5.2. SUIVI ET EVALUATION ...... 94 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES...... 96

ANNEXES ...... 99

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Préface

Depuis le sommet de la terre organisé à Rio en 1992 et pendant lequel plus de 150 pays ont signé la convention sur la diversité biologique, la communauté internationale a connu un regain de conscientisation vis-à-vis de la nécessité de gérer de manière durable les ressources de la biodiversité. Les initiatives visant à rendre opérationnel le concept de gestion durable se multiplient et les ressources financières sont mobilisées. Dans ce contexte, les écosystèmes forestiers tropicaux, les plus riches en diversité biologique, font l’objet d’une attention particulière.

Le Cameroun, en tant que membre engagé de cette communauté, ne pouvait rester en marge de ces efforts déployés actuellement pour une gestion des ressources de la biodiversité qui satisfait aux besoins des générations actuelles sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire aux leurs. En effet, le Cameroun a procédé à l’adoption d’une série de réformes dans le domaine de la gestion des Forêts et de l’Environnement. Ces reformes qui touchent aussi la gestion des aires protégées sont contenues dans la nouvelle Politique Forestière et les différentes lois y afférentes, notamment, la loi n°94/01 du 20 janvier 1994 portant Régime des Forêts de la Faune et de la Pêche, ainsi que la loi cadre n°96/12 du 05 août 1996 sur l’Environnement, le Programme National de gestion de l’Environnement, la Stratégie Nationale sur la Biodiversité, le Programme Sectoriel Forêt / Environnement (PSFE). Cet engagement s’est concrétisé par la création récente des nouvelles aires protégées (Campo Ma’an, Mbam et Djerem Lobeké, Vallée du Mbéré) augmentant l’étendue de superficie couverte à 7 512 239 ha, soit 15,8% du territoire national. Les efforts du gouvernement camerounais ne se sont pas limités à la création des nouvelles aires protégées ; le Ministère des Forêts et de la Faune (MINFOF) ayant entrepris d’évoluer vers une gestion véritablement durable de sa biodiversité à travers l’élaboration et la mise en œuvre des plans d’aménagement. Ainsi, les plans d’aménagement des parcs nationaux de Waza, Bénoué et Korup sont en cours d’application. La Réserve de Biosphère du Dja, maillon essentiel du dispositif national de conservation de la nature, ne pouvait être du reste.

L’intérêt particulier du Dja vient non seulement de sa grande étendue (526 .000 ha), mais aussi de son appartenance au Bassin du Congo, deuxième plus grand réservoir de diversité biologique du monde, qui fait actuellement l’objet d’un partenariat international en vue de sa gestion durable. Le Dja se présente comme une des régions stratégiques de conservation de la biodiversité dans la sous région d’Afrique Centrale.

Le présent plan d’aménagement constitue une illustration de l’engagement du Cameroun à rendre opérationnel le concept de gestion durable au niveau national et sous-régional. Les partenaires du Cameroun y trouveront sans nul doute, un creuset favorable à une meilleure valorisation de leurs contributions aux efforts de conservation des ressources biologiques dans le bassin du congo.

La caractéristique essentielle qui a orienté l’élaboration du plan d’aménagement de la Réserve de Biosphère du Dja est la participation, qui requiert l’inclusion de toutes les parties intéressées dans tout le processus de gestion allant de la définition des objectifs à la mise en application des options retenues. Elle a littéralement gouverné le processus d’élaboration du Plan d’Aménagement et se reflète dans les programmes d’aménagement identifiés, qui vont au delà des missions statutaires du MINFOF que sont l’élaboration et la mise en œuvre de la politique nationale en matière de conservation de la diversité biologique, pour s’impliquer dans la quête d’un développement économique et social plus large de la région du Dja et dans la lutte contre la pauvreté. Car, il ne fait aucun doute que la conservation pour être acceptée par les communautés rurales devra désormais se vêtir d’un visage plus humain.

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Je voudrais pour terminer, reconnaître la contribution combien importante de la communauté internationale dans l’ensemble des activités qui ont ponctué le processus de finalisation du Plan d’aménagement du Dja. Je remercie à ce titre et au nom du Gouvernement de la République : - L’Union Européenne à travers le Programme Ecofac ; - Le Gouvernement Nerlandais par le biais du Fonds en dépôt logé à l’UNESCO/Centre du Patrimoine Mondial ; - l’UICN/CEFDHAC. Mes remerciements vont également, à la dynamique équipe qui s’est chargée de la finalisation du présent plan d’aménagement sous la conduite du Docteur EBA’A ATYI Richard.

Il reste à souhaiter que la solidarité internationale qui s’est si bien manifestée lors de l’élaboration du Plan d’Aménagement de la Réserve de Biosphère du Dja se confirme et se renforce davantage lors de sa mise en œuvre afin de permettre au Dja de jouer pleinement son rôle. Toutes les contributions nationales et internationales y seront les bien venues.

EGBE ACHOUO Hillman Ministre des Forêts et de la Faune

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Sigles et abréviations

AFVP Association Française des Volontaires du Progrès AP Aire Protégée APFT Avenir des Peuples de la Forêt Tropicale ATIFAD Association des techniciens et Ingénieurs Forestiers de l’Arrondissement de BMZ Coopération Allemande CARPE Programme Régional de l’Afrique Centrale pour l’Environnement CED Centre d’Etude pour l’Environnement et le Développement CEDAC Centre de Développement Auto-Centré CEFDHAC Conférence sur les Ecosystèmes de Forêts Denses et Humides d’Afrique Centrale CES Collège d’Enseignement Secondaire CETIC Collège d’Enseignement Technique Industriel et Commercial CFA Communauté Française d’Afrique CITES Convention sur le Commerce International des Espèces de faune et Flore en voie d’Extinction COMIFAC Conférence des Ministres en charge des Forêts de l’Afrique Centrale DFAP Directeur de la Faune et des aires Protégées DGIS Coopération Néerlandaise DPEF Délégué Provincial de l’Environnement et des Forêts ECOFAC Ecosystèmes Forestiers d’Afrique Centrale EIE Etudes d’Impacts Environnementaux ENGREF Ecole Nationale du Génie Rural et des Eaux et Forêts FAC Fond d’Aide et de Coopération FEM Fond pour l’Environnement Mondiale GIC Groupement d’Intérêt Communautaire GPS Global Positioning System MAB Man And Biosphere MINADER Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural MINAT Ministère de l’Administration Territoriale MINEF Ministère de l’Environnement et des Forêts MINFOF Ministère des Forêts et de la Faune MINEPIA Ministère de l’Elevage, des Pêches et de l’Industrie Animale MINMEE Ministère des Mines Eau et Energie MINTOUR Ministère du Tourisme ONG Organisation Non Gouvernementale OPFCR Organisation pour la Protection de la Forêt Camerounaise et de ses Ressources PAS Programme d’Ajustement Structurel PCGBC Programme de Conservation et de Gestion de la Biodiversité au Cameroun PFC Projet Forêts Communautaires PME Petite et Moyenne Entreprise PMI Petite et Moyenne Industrie PNGE Plan National pour la Gestion de l’Environnement PNUD Programme des nations Unies pour le Développement PNVRA Programme National de Vulgarisation et de Recherche Agricole PRGIE Projet Régional de Gestion de l’Information Environnementale PSFE Programme Sectoriel Forêt Environnement RBD Réserve de la Biosphère du Dja RFA Redevance Forestière Annuelle RISF Revue Institutionnelle du Secteur Forestier

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ROLD Réseau d’ONG et Associations Locales du Dja SEDER Secrétariat d’Etat au Développement Rural SFID Société Forestière et Industrielle de SNV Organisation Néerlandaise pour le Développement TCC Territoire de Chasse Communautaire UE Union Européenne UFA Unité Forestière d’Aménagement UICN Union Mondiale pour la Nature UNESCO Organisation des Nations Unies pour la Science et la Culture UTO Unité Technique Opérationnelle WWF Fond Mondial pour la Nature ZIC Zone d’Intérêt Cynégétique ZICGC Zone d’Intérêt Cynégétique à Gestion Communautaire

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Résumé

Le plan d’aménagement de la Réserve de Biosphère du Dja (RBD) a été élaboré selon une approche participative tenant compte des études menées à travers la mise en œuvre de différents projets antérieurs, et suivant un processus itératif de consultation de toutes les parties prenantes à la gestion des ressources naturelles de la région du Dja.

Créée en 1950, la RBD fait partie intégrante des forêts denses humides qui constituent le bassin du Congo. Ce vaste ensemble constitue la 2ème grande diversité biologique du monde après l’Amazonie. D’une étendue estimée à près de 600. 000 ha, le territoire de la RBD est localisé dans les provinces de l’Est et du Sud Cameroun, et particulièrement dans les départements du Haut-Nyong (Est) et du Dja et Lobo (Sud). Le climat y est de type équatorial, avec quatre saisons peu marquées. La grande saison sèche va de novembre en mars tandis que la petite saison sèche va de juin en juillet. La grande saison des pluies va d’août en novembre, et la petite saison des pluies s’étend de mars en mai. L’hydrographie est dominée par le cours d’eau Dja et ses affluents.

La densité de la population humaine de la région du Dja est estimée à 1,5 habitants/km2. Les populations appartiennent à six groupes ethniques dont quatre groupes sédentaires : Badjoué, Boulou, Fang, Nzimé, et deux groupes semi- nomades : Baka et Kaka.

L’agriculture traditionnelle reste la principale activité économique des populations du Dja, et la chasse le principal moyen d’approvisionnement en protéines animales. Néanmoins, l’exploitation forestière industrielle et l’exploitation minière gagnent progressivement en importance. Les infrastructures de développement restent faibles et la région est très enclavée.

Sur le plan institutionnel, la RBD est gérée par les Services de la Conservation du Dja (SCD) ayant à leur tête un Conservateur. La gestion de la RBD reçoit depuis plusieurs années des appuis importants de la part des partenaires de la coopération internationale du Cameroun à travers des projets tels que IUCN, ECOFAC, PMDA, PFC.

L’analyse du contexte de gestion de la RDB fait ressortir un certain nombre d’atouts (opportunités) dont il faut tirer profit dans la quête de la conservation et de la gestion durable des ressources de la biodiversité du Dja. Ces atouts concernent : - Le zonage qui peut être facilité par la présence d’une limite naturelle constituée par le fleuve Dja, et l’existence d’un plan de zonage général conçu pour cette partie du territoire camerounais. - La conservation et la recherche scientifique qui peuvent être facilitées par la richesse des écosystèmes, la faible densité des populations et la grande étendue du massif constitué en un seul tenant. - Les potentialités touristiques peu valorisées mais sont réelles de par la présence des grands mammifères et des sites d’intérêt écologique. - Une population de plus en plus sensibilisée avec des possibilités importantes d’encadrement par un réseau d’ONG locales et internationales,

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- L’intérêt que la communauté internationale accorde à la conservation dans le Bassin du Congo en général et en particulier dans le Dja.

Néanmoins, il existe un certain nombre de contraintes qu’il faut surmonter pour aboutir à un développement durable dans la Région du Dja à travers la conservation et l’utilisation durable des ressources existantes. Au nombre de celles-ci on peut citer : - Un zonage non encore finalisé, - Un cadre institutionnel inadéquat résultant de la complexité des circonscriptions administratives et accentué par des faibles moyens budgétaires, - Des écosystèmes encore peu maîtrisés, - Une exploitation forestière industrielle florissante mais encore mal contrôlée dans la périphérie, - Des infrastructures de développement faibles laissant la périphérie de l’Aire Protégée en grande partie enclavée, - Des populations pauvres et encore habituées à une exploitation non rationnelle des ressources biologiques.

Un plan d’aménagement est proposé pour être mis en œuvre pendant une période de cinq. Pendant cette période, il est proposé de mettre en application quatre programmes d’aménagement qui sont :

1. Le zonage avec un sous-programme micro zonage qui vise à définir les limites extérieures du grand ensemble comprenant l’aire protégée et ses zones périphériques, et un sous-programme de micro zonage visant à raffiner la délimitation entre différentes zones à l’intérieur de la réserve et tenant compte des activités humaines ; 2. La protection de la biodiversité à travers les sous-programmes de lutte anti- braconnage, sensibilisation, réorganisation administrative et recherche scientifique ; 3. La contribution au développement et gestion participative qui comporte trois sous-programmes à savoir : la contribution au développement, la gestion participative et le développement de l’écotourisme ; 4. La coopération sous-régionale et internationale.

La mise en application d’un tel plan d’aménagement nécessitera un budget estimé à 3,337 milliards de FCFA pour toute la durée de cinq ans. La plus importante partie de ce budget (76%) sera orientée vers les activités relatives à la protection de la diversité biologique suivie par le programme de contribution au développement (22%).

Le système de suivi évaluation de l’aménagement de la RBD aura deux aspects : le suivi l’évaluation des impacts de l’aménagement sur l’environnement tant écologique que socio-économique ainsi que le suivi évaluation de la mise en œuvre du plan d’aménagement.

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Summary

The management plan of the Dja Biosphere reserve (RBD) has been designed following a process of a participative approach taking into consideration studies conducted through the implementation of several previous projects and in accordance with an iterative process of consultations, which involved all actors in the management of the natural resources of the Dja region.

Established in 1950, the RDB forms part of the dense rainforests that make up the Congo basin. This huge forest cover contains the world’s second largest terrestrial biological diversity after the Amazon basin. With an estimated area of 600,000 ha, the territory covered by the RBD is located in the East and South provinces of Cameroon, and more precisely in the Upper-Nyong (East) and Dja and Lobo (South) divisions. The climate is of equatorial type, with four lightly marked seasons. The longest dry season lasts from November to March, whereas the short dry season lasts from June to July. The long rainy season lasts from August to November, and the short rainy season from March to May. The hydrography is predominated by the Dja river and its tributaries.

The Dja region’s human population density is estimated at 1.5 inhabitant/km2. The populations belong to six ethnic groups, four of which are sedentary groups: Badjoué, Boulou, Nzimé, and two semi-nomadic groups: Baka and Kaka.

Traditional farming remains the main economic activity of the Dja populations, hunting being the principal source of animal proteins. However, industrial logging and mining are getting more and more important. Development facilities remain poor and the region is landlocked.

At the institutional level, the RBD is managed by the Dja Preservation Services (SCD) headed by a Conservation Officer. For several years, the RBD management has received significant backing from international cooperation partners in Cameroon through such projects as IUCN, ECOFAC, PMDA, PFC.

An analysis of the management context of the RDB features a certain number of advantages (opportunities) that may be tapped in the quest for the preservation and sustainable management of the resources of the Dja biodiversity. These assets include: - zoning, which may be easily facilitated as a result of the existence of a natural boundary constituted by the Dja river, as well as an existing general zoning plan designed for this part of Cameroon’s territory. - Preservation and scientific research which can easily be made possible due to a variety of ecosystems, the low population density as well as the large stretch of contiguous forest. - Potential for the development of tourism which, though insufficiently and inadequately exploited, is real owing to the presence therein of higher mammals and environmentally-interesting sites. - A population increasingly sensitised with significant management possibilities from a network of both local and international NGOs,

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- The importance the international community attaches to preservation in the Congo Basin, in general, and in the Dja region, in particular.

A few constraints, however, need to be overcome in order to achieve sustainable development in the Dja region through the conservation and sustainable utilization of existing resources which include: - a zoning that is not yet finalized, - an inadequate institutional framework resulting from complex administrative districts and poor budget resources, - ecosystems knowledge insufficiently mastered, - a flourishing industrial logging business still badly controlled in the periphery, - poor development infrastructures which leave the periphery of the Protected Area partially landlocked, - impoverished populations still accustomed to a non-rational exploitation of biological resources.

A management plan has been proposed for implementation over a five-year period during which it is envisaged to implement the following four management schemes:

1. Zoning with a macro-zoning sub-programme aiming at defining the outer boundaries of the whole basin including the protected area and its peripheral zones, as well as a micro-zoning sub-programme aiming at refining the limits among various zones of the reserve taking account of the human activities; 2. Biodiversity protection resulting from the anti-poaching, awareness-raising, administrative re-organization and scientific research sub-programmes; 3. Contribution to development and participative management comprising three sub-programmes which include: contribution to development, participative management and ecotourism development; 4. Sub-regional and international cooperation.

Implementing such a management scheme will require an estimated budget of 3.337 billion FCFA for the whole of the five-year period. The biggest part of this budget (76%) will be earmarked for activities linked to the protection of biological diversity followed by the contribution-to-development programme (22%).

The monitoring-evaluation system for the RBD management will have two aspects: monitoring and evaluation of the impacts of management on ecological and socio- economic environments, as well as monitoring-evaluation of the implementation of the management plan.

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1. Introduction

1.1. Synthèse de la politique nationale de conservation et de gestion des Aires Protégées

Le Cameroun présente une grande variété d’écosystèmes caractérisée par des formations sahélienne, soudanienne, forestière, montagnarde, marine et côtière. Il en résulte une diversité de la flore et de la faune qui confirme aujourd’hui sa richesse biologique et qui le classe au 2ème rang dans le Bassin du Congo après la République Démocratique du Congo et au 5ème rang africain.

Le Cameroun a opté de gérer les ressources biologiques de ses écosystèmes à travers les sites critiques et surtout un réseau d’aires protégées dont les premières furent créées vers les années 1930. Au total, le pays compte :

- 11 Parcs Nationaux - 06 Réserves de Faune dont la RBD - 01 Sanctuaire de Faune - 3 Jardins Zoologiques - 41 Zones d’intérêt Cynégétique - 16 Zones d’intérêt Cynégétique à Gestion Communautaire - 100 Réserves Forestières

La plupart des aires protégées de faune sont des anciennes réserves forestières créées pendant la période coloniale et qui sont devenues après extension et reclassement des parcs, réserves de faune ou sanctuaires. Leur gestion s’est faite alors de manière conservatoire par la seule administration des Eaux et forêts d’antan.

De longues années se sont passées avant de voir des améliorations à cette forme de gestion. C’est ainsi qu’en 1995, le Cameroun s’est doté d’une nouvelle politique forestière qui a abouti à l’adoption de la loi n°94/01 du 20 janvier 1994 (République du Cameroun, 1994) et dont les grandes orientations portent sur la gestion durable et partagée des ressources forestières (à travers la gestion participative).

Les aires protégées gérées en partenariat (cas de la RBD) sont globalement caractérisées par :

- Une double administration de l’aire protégée, celle de l’Etat représentée par le Conservateur et ses gardes-chasses qui constituent le Service de la Conservation et celle du projet représentée par des mandants du bailleur de fonds et constituée par le Responsable du Projet et le personnel d’appui. Mais de plus en plus, des efforts sont faits pour une approche de gestion collégiale ; - une définition assez précise des objectifs poursuivis tant de conservation que d’appui aux initiatives de développement rural ; - Une relative adéquation entre les ressources (humaines, logistiques, financières et matérielles) et les objectifs poursuivis ; - Une collaboration relativement bonne entre le projet et les populations riveraines ; - Une planification stratégique et opérationnelle des activités;

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- une conception plus large de l’aire protégée (notion élargie de l’UTO comprenant l’aire protégée et sa périphérie afin d’éviter que l’aire protégée ne soit une île) ; - Un taux de surveillance relativement important (1 garde équipé pour 10 000 à 15 000 ha).

A côté des types de gestion en régie et en partenariat, Il s’est développé progressivement des aires protégées gérées par des particuliers (cas des zones d’intérêt cynégétique gérées par les guides de chasse) qui présentent des avantages et des limites. Par exemple la préservation du potentiel faunique est mieux assurée dans les zones affermées qui sont de surcroît mieux aménagées. Par contre, l’association des populations riveraines à la gestion de l’AP est peu significative et se limite à la rétrocession des cotes part des droits d’affermage et de quelques emplois temporaires.

La loi forestière au Cameroun ( n°94/001 du 20 janvier 1994 portant Régime des Forêts, de la Faune et de la Pêche) distingue deux catégories d’aires protégées à savoir les aires protégées de faune (parcs nationaux, réserves de faune, zones d’intérêt cynégétique, les games ranches, les jardins zoologiques, les sanctuaires de faune, les zones tampons) et les aires protégées de flore (réserves écologiques intégrales, les forêts de production, les forêts de protection, les forêts de récréation, les forêts d’enseignement et de recherche, les sanctuaires de flore ; les jardins botaniques, les périmètres de reboisement).

Les aires protégées sont ainsi classées sous différents statuts légaux correspondant à des niveaux de protection variable et la superficie. De manière générale, seules les aires consacrées à la protection de la faune sont dénommées « aires protégées » sous la classification de l’UICN (World Conservation Monitoring Center, 1993), qui de ce fait, leur donne la plus haute sécurité à la conservation des écosystèmes et de la diversité biologique au plan réglementaire.

Aujourd’hui, c’est plus dans le contexte de partenariat que se développe la gestion des aires protégées au Cameroun avec les efforts conjugués de l’Etat qui a mis en place un réseau d’aires protégées (de faune et de flore), des bailleurs de fonds qui apportent leur appui financier, des ONG internationales et nationales par leur expertise technique et enfin les populations riveraines et les autres partenaires et acteurs de développement.

A titre d’exemple, en 1995, le Cameroun a bénéficié d’un don du FEM (Fond pour l’Environnement Mondial) qui lui a permis de mettre en place en 1996 le Projet de Conservation et de Gestion de la Biodiversité qui a connu une réorientation en Programme de Conservation et de Gestion de la Biodiversité au Cameroun (PCGBC) en 1998.

Le PCGBC piloté par le MINFOF a été mis en œuvre avec l’assistance des bailleurs de fonds (FAC, BMZ, SNV, TROPENBOS, DGIS et la Banque Mondiale) et d’autres partenaires (Sociétés Forestières, agro-industrielles, ONG locales, populations et autres administrations).

Ce vaste programme constitué de six composantes de terrain et de trois composantes nationales est arrivé à terme en fin mars 2003 au moment où le

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Cameroun s’est engagé dans la reforme du secteur forestier intitulée « Revue Institutionnelle du Secteur Forestier (RISF) et dont l’un des principaux volets est la réorganisation du Ministère des Forêts et de la Faune. Cette restructuration qui arrive à terme s’est faite à travers le Programme sectoriel Forêt Environnement (PSFE) qui propose aujourd’hui une vision globale du secteur forestier et particulièrement celles des aires protégées à l’horizon 2012. Il s’agit là d’avoir une vision plus réaliste de la conservation de la biodiversité à travers une projection dans le temps du réseau souhaité d’aires protégées et un cadre d’intervention bien précis, de mieux valoriser la Faune et de tenir compte de toute la dynamique de développement socio économique autour des aires protégées créées par les (UFA, Forêt communautaire) sociétés agro-industrielles et les autres initiatives (APNV, PNDP).

1.2. Synthèse de la politique régionale de conservation et de gestion

La RBD fait partie intégrante des forêts denses humides qui constituent le bassin du Congo. Ce vaste ensemble constitue la 2ème grande diversité biologique du monde après l’Amazonie. Il renferme 60% de la diversité biologique d’Afrique et se classe au premier rang des régions africaines par sa richesse en espèces pour plusieurs groupes taxonomiques. Bien que la conservation et l’utilisation durable des ressources de la diversité biologique des écosystèmes du bassin du Congo dépendent des activités menées dans chaque pays, les écosystèmes et les menaces auxquelles ils sont exposés dépassent les frontières nationales.

En effet les Etats de la sous région se sont jusqu’ici caractérisés par une gestion individuelle des aires protégées qui a montré ses limites à travers les plans d’actions forestiers nationaux non respectés, du fait des menaces de l’exploitation forestière et du braconnage qui persistent encore aujourd’hui et à cause de l’inexistence des mécanismes de coopération transfrontalière entre les services compétents de la conservation. Cette situation rend interdépendantes les actions nationales qui ne peuvent être opérantes et efficaces qu’à condition d’être mises en oeuvre dans le cadre d’une coopération sous-régionale, à travers une stratégie commune. Cette prise de conscience a fait naître les initiatives suivantes :

La Conférence sur les Ecosystèmes de Forêts Denses et Humides d’Afrique Centrale (CEFDHAC)

La CEFDHAC encore appelée processus de Brazzaville et créée en 1996 est un cadre de concertation des pays qui ont reconnu dans sa déclaration liminaire, la volonté politique d’unir les efforts pour une utilisation durable des ressources que recèlent leurs écosystèmes et l’impérieuse nécessité d’harmoniser les politiques sous-régionales en matière de gestion des écosystèmes. Sous l’égide de l’UICN, la CEFDHAC a produit à l’intention des Etats de la sous région le Plan d’Action Stratégique pour la gestion des écosystèmes forestiers et organisé plusieurs conférences des ministres de la sous région en charge de la gestion des forêts.

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La déclaration de Yaoundé de 1999

Le Sommet de Yaoundé sur la Conservation et la Gestion Durable des forêts du bassin du Congo a marqué la volonté des chefs d’Etat d’Afrique Centrale de développer leur secteur forestier. Ainsi, des signaux forts ont été donnés au niveau des plus hautes hiérarchies pour renforcer la collaboration dans la gestion concertée des ressources.

La Conférence des Ministres en charge des Forêts de l’Afrique Centrale (COMIFAC), chargée du suivi de la déclaration de Yaoundé a défini des axes prioritaires de convergence parmi lesquels l’harmonisation des politiques et la valorisation des ressources forestières. La COMIFAC a ainsi permis de déterminer les aires protégées transfrontalières et les actions à mener par chaque Etat pour leur mise en œuvre effective. C’est dans cette optique que le complexe tri national DJA-ODZALA- MINKEBE (TRIDOM) va voir le jour pour faire suite au processus déjà enclenché par la tri nationale Nouabali-NDoki-Dzanga sangha- Lobéké (TNS).

Au-delà de ces projets communs, la vision biologique du réseau d’aires protégées propose la mise en place des corridors pour sécuriser les mouvements migratoires des animaux.

Les programmes transnationaux de conservation existants

Du fait que ce sont les mêmes bailleurs de fonds qui interviennent dans les mêmes pays, la tendance est à la faible dispersion des efforts (financier et technique), ainsi les vastes programmes régionaux plus durables et plus perceptibles sont davantage privilégiés face aux limites actuelles des projets nationaux. On peut donc dire que la gestion concertée des aires protégées transfrontalières est un cadre approprié pour les bailleurs de fonds.

Parmi les programmes de conservation transnationaux on peut citer : le programme GEF, le programme ECOFAC, le programme avenir des peuples des forêts tropicales (APFT), le projet régional pour l’Environnement en Afrique Centrale (CARPE), le programme de formation et de dialogue sur les politiques forestières dans le bassin du Congo, le projet régional de gestion de l’information environnementale (PRGIE), le PAS et les sites critiques, le projet d’utilisation des ressources naturelles, le réseau de cogestion des ressources naturelles développé par l’UICN, le WWF avec son vaste programme orienté vers les écorégions et enfin le WCS qui développe dans la sous région des études en vue de mieux réglementer la chasse pour mieux valoriser la faune en plus des autres activités de conservation qu’il mène à travers les aires protégées. Enfin des réseaux sont mis en place pour des échanges d’informations et partage d’expérience (le RAPAC, le RIFFEAC, REPOFBAC etc.…)

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1.3. Importance du plan d’aménagement

Les efforts pour une gestion rationnelle des ressources biologiques naturelles sont consentis depuis des millénaires. Les initiatives documentées datent de plusieurs siècles avant JC (MacKinon et al. 1990, Davis et Johnson, 1897). Le défi de l’humanité est de continuer à jouir des avantages procurés par l’utilisation des ressources de la biodiversité sans les détruire.

Les premiers efforts des administrations publiques étaient surtout orientés vers la surveillance et le contrôle (la police forestière). De nos jours les efforts consentis visent la pérennisation ou le maintien des ressources biologiques en même temps que leur utilisation rationnelle en vue de leur contribution à l’effort général pour atteindre un développement durable. Une aire protégée gérée de manière appropriée peut apporter une contribution multidimensionnelle au bien être social et économique tant aux habitants des zones rurales qu’à ceux des milieux urbains.

La gestion rationnelle d’une aire protégée tient en grande partie au processus de planification. Le processus de planification consiste en la préparation d’un certain nombre de décisions qui guideront les actions à mener dans l’aire protégée pendant un temps en vue d’atteindre des objectifs de gestion définis de manière consensuelle par toutes les parties intéressées et en tenant compte des caractéristiques intrinsèques de l’ensemble des ressources biologiques disponibles. Le processus de planification aboutit à l’élaboration d’un plan d’aménagement dont la mise en œuvre devrait concourir à la gestion rationnelle des ressources de l’aire protégée à travers une satisfaction optimale des besoins économiques, sociaux et culturels des populations, et une protection de ces ressources pour les générations futures.

Au Cameroun, bien que l’importance de gérer les ressources des aires protégées selon les plans d’aménagement soit reconnue depuis de longues dates parmi les techniciens, l’élaboration et la mise en œuvre effective de tels plans sont plutôt récentes, et les premiers et rares exemples existants (Waza-Logone, Bénoué, Korup) ont moins de 10 ans d’âge. De manière spécifique, le Dja n’a jamais été doté d’un plan d’aménagement depuis la création de la réserve en 1950. L’absence de plan d’aménagement pour la RBD constitue un frein à la gestion rationnelle de cette aire protégée et engendre des frustrations de certaines parties prenantes de la gestion des ressources naturelles de ce milieu. Ainsi par exemple, les populations riveraines de la RBD voient la presque totalité de leurs initiatives d’exploitation de la faune taxées d’illégalité.

Le plan d’aménagement devra non seulement établir un programme d’activités de gestion à mener dans le temps et dans l’espace pendant sa durée d’application, mais il devra surtout constituer un creuset où tous les acteurs de la gestion de la réserve agissent en synergie pour la satisfaction de tous. Son élaboration veille à un équilibre entre les besoins de développement durable et la nécessité de préservation des ressources biologiques de la RBD.

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1.4. Méthodologie d’élaboration du plan d’aménagement

Le plan d’aménagement de la RBD a été élaboré en grande partie sur la base de nombreuses études réalisées dans le cadre de la mise en œuvre du projet ECOFAC, UICN, APFT, PFC et SDDL. Ces études ont concernées non seulement les ressources biologiques (fauniques et floristiques) du Dja, mais aussi les caractéristiques socio-économiques de la périphérie de la Réserve (voir liste des références). Les études ont permis de proposer une première mouture du plan en 1999, puis une deuxième en 2000, mais ces moutures n’ont pas été finalisées faute d’une participation jugée insuffisante des différentes parties prenantes.

La finalisation du plan a été conduite entre novembre 2002 et février 2004 par une équipe pluridisciplinaire composée de : un consultant, le chef de service d'aménagement des Aires Protégées de l’ex Ministère de l’Environnement et des Forêts (MINEF), des cadres des services de conservation de la RBD et du projet ECOFAC, et deux assistants au consultant. Le processus de finalisation s’est fait en cinq étapes :

1. Une revue de la littérature disponible sur le Dja par le consultant. Cette revue a abouti à la proposition d’un canevas du plan d’aménagement adopté de manière consensuelle dans le cadre d’une concertation pilotée par le Directeur de la Faune et des Aires Protégées (DFAP). Les parties prenantes de cette concertation étaient particulièrement les responsables des services de conservation du Dja et du projet ECOFAC, et les représentants des organismes spécialisés intéressés tels le Fond Mondial pour la Nature (WWF), l’Union Mondiale pour la Nature (UICN), l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) et Le Ministère du Tourisme (MINTOUR). Cette revue de la littérature a aussi permis d’identifier les besoins de collecte de compléments d’informations.

2. Des missions conjointes sur le terrain pendant lesquelles les discussions ont eu lieu avec les responsables provinciaux, départementaux et locaux de l’ex MINEF, les autorités administratives et municipales, les chefs traditionnels, les responsables locaux des autres administrations intéressées par le développement rural et les Organisations Non Gouvernementales (ONG) locales. Ces missions avaient pour objectifs d’informer les différents acteurs de la gestion des ressources du Dja sur le processus d’élaboration du plan d’aménagement, solliciter les contributions des uns et des autres concernant la définition des objectifs d’aménagement de la RBD, et de donner une perception réelle de la problématique de gestion du Dja à l’équipe chargée d’élaborer le plan. A la fin de la mission un rapport a été rédigé par le consultant, rapport qui a servi de document de base pour des consultations ultérieures. Ces missions ont aussi été associées à une collecte de compléments d’informations menées par les assistants sur la base des résultats de l’étape précédente.

3. L’organisation des ateliers régionaux de consultation des populations, qui ont eu lieu à Somalomo, , Djoum et Lomié. A ces ateliers étaient invités les autorités administratives locales, les élus locaux, les ONG locales, les Ministres du Culte, les responsables d’associations, les chefs traditionnels

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et toutes autres personnes identifiées pour leur influence au niveau villageois. Pendant ces ateliers, l’occasion était donnée aux populations de faire des propositions sur des sujets tels que: l’utilisation des terres (zonage) et autres ressources de la RBD, leur implication dans la mise en œuvre du plan d’aménagement et la structure de gestion de la RBD.

4. L’organisation d’un atelier de restitution. Les étapes précédentes ont permis à l’équipe d’élaborer une mouture provisoire du plan d’aménagement qui a été présentée pendant cet atelier. Les représentants des participants aux ateliers régionaux de consultation ont été invités à cet d’atelier de restitution afin de s’assurer que les opinions exprimées étaient effectivement prises en compte lors de l’élaboration du plan. Chaque fois que cela était nécessaire, des amendements étaient proposés et retenus de manière consensuelle. A ces acteurs des sites, se sont ajoutés les responsables des structures techniques départementales et provinciales ainsi que des représentants des services centraux de l’ex MINEF. L’atelier de restitution s’est tenu le 22 juillet 2003 à Sangmelima

5. Un atelier final de validation a été organisé à Yaoundé le 9 janvier 2004. Les amendements ayant été retenus pendant l’atelier de restitution ont été incorporés au plan d’aménagement permettant ainsi de l’affiner et de le compléter. Cette mouture a été présentée lors de l’atelier de validation, dernière étape avant la procédure d’approbation par le Ministre en charge de la gestion de la Faune. Les invités à l’atelier de validation comprenaient les représentants des administrations centrales intéressées (ex MINEF, ex MINAGRI, ex MINATD, MINEPIA, MINTOUR, MINMEE), les élus locaux, des ONG nationales et internationales et, les partenaires du Cameroun à la Coopération.

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2. Description de la RBD

2.1. Localisation de la RBD

2.1.1. Localisation administrative

La Réserve de Biosphère du Dja comprend la Réserve de Faune du Dja (RFD) et sa zone périphérique. Sur le plan du découpage administratif, la RFD est à cheval sur deux provinces (Est et Sud) dans un rapport de couverture équivalent à 4/5 et 1/5 respectivement, et deux départements (Haut-Nyong et Dja et Lobo). Lorsqu’on considère également sa zone périphérique, la RBD touche trois arrondissements dans le département du Haut-Nyong (Est) : Messamena au Nord (essentiellement le District de Somalomo), Abong-Mbang au Nord-Est (essentiellement le District de ) et Lomié à l’Est. Dans le département du Dja et Lobo (Sud), la réserve touche quatre arrondissements : au Nord- Ouest, Meyomessala à l’Ouest, Djoum au Sud et au Sud-Est (voir carte 1).

2.1. 2. Localisation géographique et limites

La superficie administrative de la RFD est de 526 000 ha et ses coordonnées géographiques sont les suivantes (Salle et Monfort, 1999):

Latitude : 2°40’ et 3°23’ Nord Longitude : 12°25’ et 13°35’ Est

La RFD est délimitée au Nord, à l’Ouest et au Sud, sur environ les ¾ de son périmètre, par le fleuve Dja qui lui a donné son nom. En ajoutant à sa surface administrative la zone périphérique, la superficie globale concernée par la RBD avoisine 800 000 ha.

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Carte 1 : Localisation de la Réserve du Dja sur le plan administratif

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2.2. Caractéristiques biophysiques de la RBD

2.2.1. Climat

Letouzey (1968) présente le climat de la RBD comme de type équatorial, avec quatre saisons peu marquées. La grande saison sèche va de novembre à mars tandis que la petite saison sèche va de juin à juillet. La grande saison des pluies va d’août à novembre alors que la petite saison des pluies s’étend de mars à mai.

Les moyennes mensuelles des températures dans la période qui va de 1961 à 1994, relevées dans les stations météorologiques de Sangmélima, Akonolinga, Lomié, Djoum et Messamena, montrent que les températures varient entre 23,5°C et 24,5°C avec un maximum en février et un minimum au mois de juillet (SEME, 1997).

Les moyennes annuelles des précipitations pendant la même période, dépassent toujours les 1500 mm, avec un maximum au mois d’Octobre et un minimum au mois de janvier (SEME, 1997).

Dans l’ensemble, les données climatiques des différentes stations météorologiques sus visées, et relativement bien réparties tout autour de la RBD montrent que le climat y est relativement homogène.

2.2.2. Relief et topographie

La RBD appartient au plateau sud camerounais avec une altitude moyenne de 600 m. Cependant, plusieurs affleurements rocheux culminent à 800 m au milieu de la réserve (Schouam, Bouamir, Mbassako). D’une manière générale, la topographie de la RBD présente une alternance de vallées peu profondes de part et d’autre d’une ligne de crête qui traverse la réserve d’Est en Ouest. Les profils topographiques des transects utilisés pour l’étude floristique de la RBD, attestent que dans l’ensemble le relief est peu accidenté (SONKE, 1998).

2.2.3. Hydrographie

Le réseau hydrographique de la RBD est très influencé par le fleuve Dja. Celui-ci constitue une limite naturelle au Nord, à l’Ouest et au Sud de la réserve et forme ainsi la « boucle du Dja ». il prend sa source au Nord-ouest de Djaposten, il suit d’abord une orientation Est-Ouest en direction de Bengbis, puis à Assôk (Bengbis), il prend la direction Nord-Sud dans laquelle il capte ses principaux affluents la Lobo et la Libi sur sa rive droite, il reprend vers Bityé (Meyomessala), la direction Ouest-Est jusqu’à Bi (Mintom) où il se détache de la réserve et bascule au Sud-est du Cameroun où il se jette à la Sangha dans la cuvette congolaise, après avoir pris le nom de la Ngoko.

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Le Dja draine la partie médiane du plateau central camerounais et fait partie du bassin fluvial du Congo. Le fleuve Dja est entrecoupé de chutes et de rapides qui rendent son cours difficilement navigable. Les autres cours d’eau qui irriguent la RBD constituent des affluents du Dja. Il s’agit du côté Nord de la réserve de : Lou, Koung, Edjiné, Mien, Sabe et Ndoumé, et dans la partie Sud : Mpeup, Mpam, Ndjia, Nlong, Mintomo, Bisa, Djablé, Makoum, Bobo, Djomé. Ces deux groupes d’affluents situent assez bien la ligne de crête Est-Ouest qui traverse la réserve. La diversité de cours d’eau sus illustrée explique également la présence d’une multitude de marécages comprenant des raphiales dans l’ensemble de la réserve.

2.2.4. Végétation

La végétation de la RBD appartient au domaine camerouno-congolais, forêt toujours verte, constituée de grands arbres atteignant parfois 50 à 60 m de hauteur, à dominance de Moabi (Baillonella toxisperma).

Letouzey (1968) pense que la position de la réserve à l’Est de la forêt atlantique biafréenne et au Sud de la forêt semi-décidue lui confère une forte diversité, qui subit plus ou moins profondément diverses influences.

La typologie de la végétation, proposée sur la base des transects de Djolimpoum, Djomedjo, 2004 et Mekas et des travaux de cartographie (Lejoly, 1995 ; Sonké, 1994 et 1998), est constituée par les forêts sur rocher (5%), les forêts sur sols hydromorphes (20%) et les forêts sur terres fermes (75%).

2.2.4.1. Les forêts sur terres fermes

Elles se subdivisent en forêts primaires sur terres fermes et en forêts secondaires sur terres fermes. a) - Les forêts primaires sur terres fermes sont caractérisées par une hétérogénéité structurale relative à l’action et à l’importance des chablis. On y rencontre prioritairement les Meliaceae, les Cesalpiniaceae et les Mimosaceae. Installées sur sols profonds, elles sont structurées ainsi qu’il suit : - Forêt adulte semi caducifoliée typique à Mimosaceae et Cesalpiniaceae ; - Forêt adulte semi caducifoliée à Uapaca sp ; - Forêt adulte semi caducifoliée avec Raphia regalis ; - Forêt déstructurée avec Alstonia boonei et rotangs ; - Forêt adulte de fond de vallée, sempervirente à Gilbertiodendron dewevrei ; - Forêts adultes de fonds de vallée sans Gilbertiodendron dewevrei.

La distribution de Gilbertiodendron dewevrei est telle qu’au nord de la réserve, de grandes forêts à Gilbertiodendron dewevrei sont de part et d’autres des pistes qui mènent au Dja méridional dans le bassin supérieur de Mpeup principalement. Ces forêts se caractérisent par une absence de sous-bois. Au sud de la réserve, les populations de Gilbertiodendron dewevrei sont au cours supérieur de la rivière Djablé. La forêt à Gilbertiodendron dewevrei du point de vue écologique se localise toujours dans les bas fonds caractérisés par une nappe phréatique peu profonde à sol non marécageux. Ces forêts sont le plus souvent inondées en saison des pluies. La colonisation sous forme de peuplement de la forêt à Gilbertiodendron dewevrei

11 12 s’expliquerait par une synthèse entre des mycorhizes et des rhizobiums, et l’exudation des substances allélopathiques. Sur sol rocheux superficiel par contre, on note la présence de la forêt à Markhania tomentosa.

b) – Les forêts secondaires de terre ferme (Musanga, Terminalia), elles se composent principalement de groupes végétaux suivants : - La forêt secondaire âgée Fagara macrophylla ; - La forêt secondaire à Terminalia superba et rotangs ; - La forêt secondaire jeune à Musanga cecropioïdes ; - Les recrus pré forestiers à Caloncoba et Trema orientale.

2.2.4.2. La forêt sur sol hydromorphe (Mitragynetea).

Le plus souvent localisée au fond de chaque dépression, elle regroupe les types suivants : - La forêt ripicole périodiquement inondée à Alchornea cordifolia et Uapaca heudelotii. - La forêt marécageuse élevée à Uapaca paludosa et Mitragyna stipulosa sans Raphia mombuttorum. - La forêt marécageuse mixte à Uapaca paludosa et Raphia mombuttorum. - Les raphiales à Raphia mombuttorum. - Les raphiales à Raphia regalis. - La forêt inondable avec ou sans Uapaca paludosa. Aux types de forêts sur sols hydromorphes, il faut également ajouter la prairie marécageuse et la forêt adulte de fond de vallée avec ou sans Gilbertiodendron.

2.2.4.3. La forêt saxicole ou forêt sur rocher

Elle regroupe les formations végétales sur les rochers. Plusieurs affleurements rocheux sont disséminés à travers la réserve. Ils portent des formations végétales typiques avec des espèces particulières totalement absentes partout ailleurs dans la réserve. On y trouve également une végétation herbacée apparemment palustre où les grands mammifères se concentrent souvent en saison sèche. Un transect au niveau d’un affleurement rocheux de la RBD illustre la typologie végétale suivante : - forêt basse sur rocher à Markhamia tomentosa ; - groupement arbustif pionnier à Mallatus oppositifolius et Lycopodiella ; - prairie à Afrotrilepis pilosa ; - pelouse rase à Bacopa (Scrophulariaceae) et Dissotis decumbens ; - pelouse rase humide à Utricularia (Lentibulariaceae) ; - groupement à Sansevera trifasciata et 2004 sur certains rochers Euparium odoratum (ou Chromoleana odorata) à travers sa colonisation menace de disparition rapide, plusieurs espèces moins agressives.

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2.2.4.4. Autres milieux.

Ils regroupent essentiellement : - La prairie marécageuse à Cyclosorus gongylodes et Phynchospora corymbosa ; - Les fonds de ravins forestiers ; - Les fonds de ravins forestiers à Begonia.

Aux informations de Lejoly (1995), il convient d’adjoindre celles concernant : • Des peuplements purs de Cola edulis et autres espèces à importance particulière. Ils sont localisés dans le sud-ouest de la RBD aux environs de Bissombo, hors de l’aire présentée par Vivien et Faure (1987). L’espèce est largement sollicitée pour ses fruits (noisettes) et pour la construction par les populations locales. En période de fructification, une faune variée est attirée par ses fruits : Chimpanzé (Pan troglotydes) et rongeurs (Bekolo, 1997). Irvingia gabonensis, Garcinia cola, les rotangs sont également parmi les espèces présentes et dont l’intérêt économique, sociale, écologique et culturel est reconnu. • La forêt dense à Baillonella toxisperma (Moabi) et Entandrophragma sp sans Uapaca. Il s’agit d’un type de forêt hétérogène présentant une courte période de défoliation au cours de l’année. Les fruits du Maobi sont hautement recherchés aussi bien par les populations Baka et Bantou que par les éléphants. Son écorce renferme des vertus pharmaceutiques notables.

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Carte 1: Les influences phytogéographiques autour de la Réserve du Dja

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2.2.5. Faune

Les informations portent essentiellement sur les mammifères, les oiseaux et les poissons. Les études (Colyn et Perpete, 1994 ; Williamson et Usongo, 1995) effectuées à ce jour ont permis d’identifier 109 mammifères répartis dans 10 ordres et 34 familles, 360 espèces d’oiseaux et 62 espèces de poissons.

2.2.5.1 Les mammifères

Selon leur niveau de protection, les mammifères les plus gros et les plus caractéristiques de la RBD sont les suivants : • Classe A (Protection absolue) : la Panthère (Panthera pardus), le Gorille (Gorilla gorilla), le Chimpanzé (Pan troglotydes), le Magistrat (Colobus guereza). • Classe B (protection partielle) : l’Eléphant (Loxodonta africana cyclotis), le Buffle (Syncerus caffer narrus), le Sitatunga (Tragelaphus spekei), le Pangolin géant (Manis gigantea), le Potamochère (Potamochoerus porcus), le Céphalophe à bande dorsale noire (C. dorsalis), le Bongo (Boocerus sp) a été observé dans la réserve en fin juin 1997. • Classe C (Protection réglementée) : le Hocheur (Cercopithecus nictitans), le Moustac (Cercopithus cephus), le Cercocèbe à joues blanches (Cercocebus albigena), le Cercocèbe agile (Cercocebus galeritus), le Mone (Cercopithecus pogonias), le singe de brazza (Cercopithecus neglectus), le Cephalophe bleu (Cephaloplus sp) … Les études sur l’abondance de ces mammifères indiquent que la densité des éléphants est de 0.56 individus/km2, 1.71 individu/km2 pour le Gorille, 0.79 individu/km2 pour le Chimpanzé (Williamson et Usongo, 1995). Les renseignements sur la distribution de quelques primates, fournis par les mêmes auteurs que ci- dessus sont résumés par Gauthier-Hion (1996) dans le tableau ci-dessous.

Tableau 1: Quelques indications sur la distribution des primates de la RBD

Espèces de primates Nombre de groupes / km2 Densité (Nombre d’individus / km2 ) Colobus guereza 0.02 - Cercocebus albizena 0.12 6.2 à 13.2 Cercocebus galerites 0.004 - Cercopithecus cephus 0.17 8.6 à 37.8 Cercopithecus nictitans 0.22 17.3 à 44.0 Cercopithecus pogonias 0.14 15.8 à 24.8 Miopithecus talapion 0.004 - Le signe (-) indique que les données sont manquantes.

Les espèces les plus rencontrées sont Cercocebus albigena, Cercopithecus nictitans et Cercopithecus cephus, elles forment le plus souvent des troupes communes. Les compositions des troupes poly spécifiques les plus fréquentes sont : Cercocebus albigena et Cercopithecus cephus, Cercopithecus nictitans et Cercopithecus cephus,

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Cercopithecus nictitans et Cercobus albigena. Le plus fort taux d’association revient à Cercocebus albigena.

La richesse spécifique des petits mammifères atteint 12 espèces sur 100 m (Ngnegneu, 1997). Selon Colyn (1994), les petits mammifères constituent plus de 20% des espèces mammaliennes à l’intérieur de la RBD. Sur la base de la synthèse des observations sur la faune et la chasse en zone périphérique nord de la RBD, il apparaît que le Dja ne constituerait pas vraisemblablement une barrière pour les déplacements de la grande faune. De ce fait, il n’existe pas des espèces spécifiques à l’intérieur ou à l’extérieur. Cependant dans le cours inférieur du Dja, au-delà du confluent de la Lobo (sud de Bengbis), le Mandrill présent sur la rive droite du Dja n’a pas été rencontré dans la RBD (Ngnegneu, 1997).

Les données d’inventaire de la faune ci-dessus présentées ne tiennent pas compte des céphalophes, des petits carnivores et des rongeurs pourtant présents dans la RBD. Ces animaux sont d’une importance capitale en ce sens qu’ils constituent les espèces les plus prélevées. La comparaison des prélèvements à travers la chasse de part et d’autres du fleuve Dja dans la partie nord et ouest de la réserve montre que la proportion d’espèces d’ongulés prélevées est plus importante à l’intérieur de la RBD qu’à l’extérieur. Ce résultat illustre nettement l’influence anthropique sur la taille de la population faunique. En effet, la périphérie de la réserve est parsemée de villages et subit plus l’action humaine que l’intérieur qui est inhabité. En d’autres termes, la richesse faunique de la RBD a plus été préservée grâce à sa limite naturelle constituée par le fleuve Dja que par une quelconque protection de la part de l’administration chargée de la faune.

2.2.5.2 Les oiseaux

Christy (1996) affirme qu’il existe plus de 360 espèces d’oiseaux dans la réserve du Dja dont quelques 80 espèces migrateurs plus ou moins venus d’Europe et d’Afrique (principalement des contrées sahéliennes durant la saison sèche de ses zones). Le perroquet gris à queue rouge, Psitthacus erithacus, le grand Calao à casque noir Ceratogymna atrata, le Calao à joues brunes, Ceratogymna cylindricus, le Calao à joues grises Ceratogymna subcylindricus sont les plus remarquables. Les calaos, toutes espèces confondues atteindraient une densité de 13 individus par km2. La RBD abrite une des plus importantes colonies au monde de Picatharte chauve Picathartes oreas, avec une cinquantaine de nids actifs sur une même falaise rocheuse. Aucune espèce endémique n’a encore été identifiée dans la RBD et surtout du fait que les difficultés d’observation dans ce milieu dense d’espèces discrètes et silencieuses et de l’existence probable de biotopes particuliers non encore couverts par les études ne permettent pas de conclure sur la richesse de l’avifaune dans le Dja.

2.2.5.3 Poissons, reptiles et amphibiens

Les espèces de poissons rencontrées dans le fleuve Dja sont communément celles rencontrées dans le bassin congolais. Comme partout ailleurs dans la forêt congolaise, les reptiles et les amphibiens sont largement représentés. La pression de

16 17 la chasse exercée sur certaines espèces protégées (crocodiles en particulier) nécessite leur inventaire à brève échéance.

2.2.5.4 Autre faune

Malgré l’absence des données d’inventaires, la mini faune constituée par les insectes, les arthropodes, les mollusques est riche et diversifiée.

2.2.5.5 Relation faune-flore

2.2.5.5.1 Population et type d’habitat

La synthèse des résultats d’études réalisées sur les sites ECOFAC par Gauthier- Hion (1996) montre qu’il n’existe pas d’indice au sujet des quatre singes les plus représentés dans le Dja (Cercopithecus nictitans, C. pogonia, Cercocebus albigena). Toutefois, le comportement de ces espèces est ubiquiste et les plus fortes densités se retrouvent en forêt primaire. En ce qui concerne le Gorille et le Chimpanzé, il apparaît que la distribution du Gorille est plus hétérogène que celle du Chimpanzé Ils sont régulièrement en forêt secondaire, les plus fortes densités de Gorilles seraient observées dans la forêt rupicole ou marécageuses (de Wacher, 1996). Williamson (1995) signale de très fortes densités de Gorilles dans les marécages à raphia, avec une densité moyenne de 5.01 Gorilles/ km2. Les Chimpanzés par contre sont présents dans tous les milieux mais les plus fortes densités s’observent en forêt primaire. La forêt primaire hétérogène sur terre ferme abriterait la majorité des ongulés. Pour l’éléphant, le milieu préférentiel semble être la forêt marécageuse (De Wacher, 1996, Williamson et Usongo, 1996). Toutefois, l’espèce semble relativement dispersée à travers la réserve. Les auteurs sus- visés pensent globalement au déplacement de cette espèce suivant quatre voies (couloirs de migration) entre l’intérieur et l’extérieur de la réserve au nord-ouest, au nord au nord-est et au sud- est. Chez les petits rongeurs, les espèces telles que Hybonys univattatis, Praomys, Hylomyscus sp sont bien représentées en forêts secondaires et primaires, tandis que les genres Stochonys ongicaudatus et Malacony longipes préfèrent les milieux ripicoles (Ngnegueu, 1997). En ce qui concerne les Calaos, il est observé que les Calaos à joues grises sont plus fréquents en forêt secondaire tandis que les calaos à casque noir abondent en forêt primaire. Toutefois, la combinaison de ces deux espèces est semblable dans les deux types d’habitat. Les densités spécifiques en fonction de l’habitat constituent des données importantes pour la gestion de la réserve. Le tableau ci-dessous résume les informations sur l’habitat et certaines espèces de la RBD.

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Tableau 2 : Habitats spécifiques de quelques espèces animales dans la Réserve de la Biosphère du Dja

Animaux sauvages Habitat Cercocebus albigena, Cercopithecus Rencontrés dans tous les types de forêts nictitans, C. cephus, C. pogonia (ubiquistes) Chimpanzés Présents dans tous les types de forêts (ubiquistes) Densité plus élevée en forêt primaire Gorilles Forte densité en forêts ripicoles ou marécageuses Eléphants Milieu préférentiel, forêts marécageuses Ongulés Préférentiellement les forêts primaires hétérogène Sur terre ferme Petits rongeurs : Hybonys univattatis, Forêts primaires et forêts secondaires. Praomys sp, Hylomyscus sp. Les genres Stochomys ongicaudatus et Malaconys longipes occupent les milieux ripicoles. Calaos à joues grises Forêts secondaires Calaos à casque noir Forêts naturelles, la combinaison est semblable dans les 2 types d’habitat.

2.2.5.5.2 Impact de la faune sur la forêt

• Les Calaos Whitney (1996) confirme que les Calaos jouent un rôle essentiel dans la dissémination des graines en forêt tropicales. Les observations sur Ceratogymna atrata (calao à casque noir) et sur C. albotibalis (Calaos à joues grises) indiquent que plus de 50 espèces de fruits consommés en majorité de la famille des Myristicaceae sont disséminées par ces Calaos. A Bouamir, site de 25 km2, la dissémination d’au moins 19% des espèces inventoriées est assurée par ces oiseaux, soit 260 espèces végétales.

• Les éléphants De Wacher (1996) a constaté que 4% de 100 crottins fouillés contenaient des graines de Moabi et que le reste des graines appartenaient à au moins 6 genres de Sapotaceae. L’éléphant intervient par conséquent dans la dissémination des graines de Moabi (Baillonella toxisperma), de Irvingia gabonensis et sans doute d’autres espèces ligneuses dans la RBD.

• Les chimpanzés. Attirés par bon nombre de fruits : (Cola edulis, Baillonella toxisperma…), les Chimpanzés joueraient un rôle important dans la dispersion de ces espèces. D’autres espèces (Potamochères et rongeurs) sont également impliqués dans la dissémination des espèces. D’un autre côté, les graines de bon nombre d’espèces végétales sont appréciées par les espèces fauniques de manière à affecter négativement la régénération naturelle des espèces végétales.

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Il est possible que la disparition des espèces animales impliquées dans la dissémination des espèces ligneuses dans la RBD, par le biais d’une pression de la chasse trop élevée, pourrait modifier la composition floristique de cette réserve.

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Carte 2: Zone de concentration des grands mammifères dans la Réserve du Dja

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2.2.6. Géologie et ressources minérales

Les formations géologiques de la région du Dja sont constituées de formations sédimentaires et de formations du socle. On distingue : • Les schistes de la série du Dja ; • Les grès quartzites ; • Les micaschistes ; • Les calcaires ; • Les gneiss.

Au cours de l’inventaire minéral, il a été mis en évidence les substances ci- après : • Le nickel et cobalt à Lomié ; • Le calcaire à Mintom ; • Le fer à Balam.

2.2.7. Exploitation minière L’activité minière a longtemps été absente dans la RBD et sa périphérie. Cependant avec l’installation de GEOVIC aux environs de Lomié, il faudrait désormais compter avec cette activité.

Celle-ci aura un grand impact environnemental sur la RBD en ce sens que la pression démographique résultant de la main d’œuvre et d’autres commerçants affectera non seulement l’habitat (pour la construction et le bois de chauffe) mais également la faune sauvage (pour les protéines animales).

Une étude d’impact environnemental de cette exploitation minière est très indispensable de manière à limiter les effets induits.

2.3. Environnement socio-économiques de la RBD et de sa zone périphérique

D’après Gartlan (1989), la densité de la population humaine de la région du Dja est estimée à 1.5 habitants/ km2. Les agglomérations les plus importantes en dehors de Lomié (3 km de la RBD) et Somalomo (500 m), sont assez éloignées de la réserve :Sangmelima 70 km environ, Meyomessala 20 km, Djoum 30 Km, Bengbis 15 km. Cependant, de nombreux villages (tableau ci-dessous) entourent la réserve et y exercent une pression plus ou moins importante sur le plan agricole, de la chasse et de la collecte d’autres produits forestiers non ligneux.

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Tableau 3 : Répartition des villages à l’intérieur et à la périphérie de la RBD par taille de population.

Classe de village / Nombre d’habitants Total Petits villages < 120 habitants 54 121 < village moyen < 160 13 Grands villages > 160 38

Outre ces populations sédentaires, il existe une forte population semi-nomade constituée par les familles pygmées Baka et les groupes de chasseurs-pêcheurs Kaka. Il ressort que 6 ethnies peuplent la réserve et sa périphérie directe dont quatre groupes sédentaires : Badjoué, Boulou, Fang, Nzimé, et deux groupes semi- nomades : Baka et Kaka (voir carte 3).

La population vivant dans cet espace est estimée à environ 23 500 habitants (MINEF et al, 1999). Les communautés humaines de la RBD présentent des caractéristiques communes qu’il est nécessaire de rappeler compte tenu de leur importance dans la gestion de la RBD.

• La société est plutôt acéphale qu’hiérarchique, les décisions résultent beaucoup plus d’un consensus et non d’un pouvoir particulier ; • Il existe une grande méfiance et parfois du ressentiment vis-à-vis des populations allogènes ; • La société est fortement influencée par les élites locales, celles-ci pèsent énormément lorsqu’il faut prendre des décisions touchant les questions et les orientations collectives.

La connaissance du milieu forestier est variable au sein de la population des groupes humains installés dans et à la périphérie de la RBD et obéit à quatre fronts essentiels selon le tableau ci-dessous.

Tableau 4 : Principaux fronts d’occupation humaine autour de la Réserve de la Biosphère du Dja

Position géographique du Nombre approximatif Groupes humains front d’occupation humaine d’habitants Front nord 6000 Badjoué – Baka Front ouest 4000 Boulou – Baka Front Est 11000 Nzimé – Baka - Njem Front Sud-Est 1500 Boulou – Fang – Kaka – Baka Front Sud 1000 Fang – Boulou – Kaka – Baka

La pression démographique vis-à-vis de la RBD se manifeste à travers l’agriculture, la chasse, la pêche, l’exploitation forestière et l’exploitation minière.

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2.3.1. Agriculture

Elle est l’œuvre des groupes humains sédentaires (Badjoué, Boulou, Nzimé, Fang), et est essentiellement destinée à l’alimentation de ces populations. Il s’agit de l’agriculture vivrière itinérante sur brûlis. Le manioc, l’arachide et le plantain et le maïs sont les principales cultures complétées par le concombre, le macabo, le piment. C’est toujours dans ce groupe humain que se fait la culture du cacao et ou du café à vocation commerciale depuis l’époque coloniale, la taille des plantations est relativement faible (2 hectares en moyenne) par planteur. L’agriculture est en nette régression à cause du vieillissement des planteurs et le manque d’intérêt des jeunes face à la fluctuation des prix des produits de base. Parallèlement à cette population sédentaire, les groupes semi-nomades de pygmées Baka restent fortement dépendant des bantous sédentaires, ils ne pratiquent pas réellement l’agriculture pour leur propre compte, mais constituent une main d’œuvre agricole aux groupes sédentaires. Ils sont par ailleurs peu intégrés dans la vie économique et politique. Leur type de société fortement communautaire, indispensable à la survie dans un milieu forestier fermé, les handicape dans un monde fortement individualisé contrairement aux groupes Kaka qui ont effectué une entrée volontaire et individualisée dans la forêt.

D’une façon générale, bien que l’agriculture soit itinérante sur brûlis, la faible densité de la population et surtout l’agriculture vivrière de subsistance en vigueur minimisent la pression de cette agriculture sur la RBD.

Cependant, ces cinq dernières années, on assiste à la mise en place de grandes parcelles de palmiers à huile par certaines élites. Il existe également une agro- industrie à l’ouest de la réserve à Nlobesse. Ce type d’agriculture est une menace pour la réserve en ce sens qu’elle diminue les surfaces cultivables destinées à l’agriculture vivrière à la périphérie, et constitue une menace imminente (potentielle) pour l’intégrité de la réserve.

2.3.2. Elevage

1) Activités traditionnelles d’élevage

Le système d’élevage rencontré à la périphérie de la RBD est de type traditionnel. Ici, c’est le domaine de la divagation des animaux domestiques en quête de nourriture. Cet élevage n’est pas destiné à la commercialisation, ni même à la couverture des besoins des propriétaires en protéines animales. La taille du troupeau est symbole de richesse en sorte que cette forme d’élevage destine les produits à l’organisation des cérémonies (dot, mariage, réception d’hôtes de marques). Les espèces concernées regroupent : la volaille (poules et canards essentiellement), les ovins, caprins et porcins. Les chiens et les chats sont essentiellement des animaux de compagnie (les chiens sont le plus souvent utilisés dans la chasse).

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2) Modernisation de l’élevage

Il n’existe pas de ferme d’élevage à la périphérie immédiate de la RBD en dehors de la Ferme du Sud localisée à Bidjong (banlieue de Meyomessala), la volaille et les bovins sont concernés. Il faut noter que bien que l’élevage constitue une alternative plausible au braconnage, le coût moyen des produits d’élevage est plus élevé et ne peut résister à la compétition avec celui de la viande de brousse, malgré l’existence de grands pôles d’absorption (Lomié, Messamena, Mindourou, Djoum, et Mintom).

2.3.3. Chasse et exploitation de la faune

Il s’agit dans ce paragraphe de faire un bref aperçu de l’exploitation de la faune sous toutes ses formes et principalement telle qu’elle s’effectue dans ou en périphérie de la réserve.

2.3.2.1 Activités cynégétiques organisées

La chasse sportive est embryonnaire à la périphérie de la RBD du fait de l’absence jusqu’à ce jour des zones d’intérêt cynégétique (ZIC) et des territoires de chasse communautaires (TCC). Cependant quelques chasseurs professionnels viennent épisodiquement pratiquer la grande et moyenne chasse sur l’axe Lomié-Ngoyla et dans les arrondissements de Djoum et Mintom. Les espèces recherchées sont le plus souvent : Eléphants (Loxodonta africana cyelotis), Buffles (Syncerus caffer nanus), Sitatungas (Tragelaphus spekei), Potamochères (Potamochoerus porus), Céphalophes à bande dorsale noire (Cephalophus dorsalis), Céphalophes à dos jaune (Cephalophus. sylvicultor).

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Carte 3 : Distribution des groupes ethniques dans la périphérie de la Réserve du Dja 25 26

2.3.2.2. Chasse traditionnelle

La chasse est la principale activité à travers laquelle les populations riveraines de la RBD couvrent leurs besoins en protéine. En dehors des groupes semi-nomades Baka et kaka où la chasse est une activité principale, les autres groupes humains sédentaires, pratiquent tous la chasse de manière accessoire, c’est-à-dire après l’agriculture qui est l’activité principale. La chasse traditionnelle n’est pas celle effectuée à base du matériel végétale (cfr Loi nº 94/01 du 20/1/1994), il s’agit en fait de toutes les formes de chasse pratiquées par les villageois tant par les pygmées Baka et les Kaka que les populations Bantous. On distingue :

- les pièges ou collets à câble d’acier, ils peuvent parfois être à fibres végétales tissées. Il s’agit en fait d’une méthode de chasse passive où l’efficacité du mécanisme mis en place ne nécessite pas la présence de l’homme (Nkomo, 1989). Trois types de pièges ont été inventoriés : les pièges à patte où l’animal est surtout pris à la patte, les pièges à cou où l’animal est surtout arrêté au cou et enfin les pièges à appât (qui est, soit un piège à cou, soit un piège à assommoir) (MINEF et Al, 1999) ; Nkomo, 1989). Le piégeage capture toutes les espèces des petits rongeurs aux artiodactyles de la taille du Sitatunga voire le Buffle en passant par les Potamochères et les Panthères (Nkomo, 1989)

- La chasse à l’arc et à l’arbalète, elle est surtout effectuée par les groupes Baka et Kaka. Elle s’attaque beaucoup plus aux singes, aux oiseaux et aux petits rongeurs.

- La chasse à courre, à lance et aux chiens. Il s’agit également d’une chasse active qui s’attaque aux rongeurs (athérures et aulacodes), aux céphalophes et Sitatunga et même aux mangoustes.

2.3.2.3. La chasse au fusil.

La chasse au fusil se fait essentiellement avec des fusils à canons lisses (calibre 12 surtout) et les fusils à canons rayés (carabines), il est possible de rencontrer des fusils de fabrication artisanale. La chasse au fusils recrute outre certains propriétaires de fusils, mais le plus souvent des individus à qui les propriétaires de l’arme louent le fusil ou l’acte de chasse soit à prix d’argent soit à prix de gibier. Cette deuxième option est fréquemment pratiquée lorsque l’arme est confiée à un Pygmée Baka. La chasse au fusil se pratique aussi bien de jour que de nuit. Les singes (Gorilla gorilla et Pantroglodytes) en particulier, les éléphants (Loxondota africana cyclotis), les buffles (Syncerus caffer nanus), les potamochères (Potamochoerus procus) et les oiseaux sont les principales espèces concernées par la chasse diurne. On note aussi quelques cas de céphalophes abattus à la chasse à l’appel (l’animal est attiré par imitation de son). Contrairement à la chasse diurne qui permet au chasseur de sélectionner son gibier, la chasse nocturne est non sélective, les espèces prélevées par cette chasse sont tous les Céphalophinae, les Buffles (Syncerus caffernanus), les Sitatunga (Tragelaphus spekei), les Viverridae (Viverra civetta, nandinio binotota…), la Panthère (Panthera pardus) et les Manidae (Manis gingantea, M. Tetradactyla).

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2.3.2.4. Braconnage et commercialisation du gibier

Sur la base de la loi nº 94/01 du 20 Janvier 1994, portant régime des Forêts, de la Faune et de la Pêche, les différents types de chasse rencontrés dans ou à la périphérie de la RBD sont en marge de la légalité du fait soit de l’utilisation d’armes ou des méthodes de chasse prohibées, soit du fait du manque d’autorisation préalable de l’administration (chasse avec fusils), soit du fait de la chasse à l’intérieur de l’aire protégée.

D’une façon générale, bien qu’il n’y ait pas de différence nette parmi les chasseurs, selon la destination des produits de chasse, on distingue la chasse de subsistance de la chasse à but commercial. Pour la première, la viande chassée est destinée à la consommation locale pour la satisfaction des besoins des populations autochtones en protéines animales. Quant à la chasse commerciale, elle est une source de revenus pour les populations locales. Les produis de cette chasse sont vendus soit aux autres membres de la communauté villageoise, soit au niveau des points fixes aux différentes entrées de la réserve (Bissombo, Nkolembembe, Nlobesse, Schwam…)

Tchappi et al, 1997 et van der Linden, 1994 révèlent dans l’ensemble, trois niveaux de vente du gibier en fonction de la distance entre le village du chasseur et le client : - la vente directe au village - l’écoulement du gibier dans un village important ou une ville proche, - la vente à un revendeur (Bayam sellam) à l’un des deux points suscités.

Globalement, la chasse à but commercial est dévastatrice parce qu’elle est à la base de grands réseaux de commercialisation dans les établissements de restauration et des marchés des grandes villes du Cameroun. Le gibier est vendu à l’état frais ou boucané.

2.3.3. Exploitation des ressources ligneuses

2.3.3.1. Exploitation traditionnelle et gestion des forêts communautaires

Les populations riveraines de la RBD ont une grande tradition dans l’utilisation des ressources ligneuses. Ces ressources sont utilisées pour les constructions (poteaux et perches), l’alimentation (graines, feuilles, racines), les médicaments et l’artisanat (masque et outils divers). Traditionnellement, les bois d’œuvre n’étaient pas utilisés par les populations locales, mais avec l’avènement de la scie à chaîne (tronçonneuse) et de la tôle pour toitures, toutes les essences commerciales (Iroko, Movingui, Sapelli…) font l’objet de sciages artisanaux.

Avec l’application de la loi nº 94/001 du 20/01/1994 portant Régime des Forêts, de la Faune et de la Pêche, les communautés des zones forestières en général et celles de la périphérie de la réserve du Dja en particulier, se sont lancées à l’acquisition des forêts communautaires comme l’indique le tableau ci-après.

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Tableau 5 : Principales forêts communautaires autour de la Réserve de la Biosphère du Dja en janvier 2003

Nº Entité juridique Superficie (ha) Décision Province 1 Communauté banane de Medjoh 5 000 En cours de traitement Est 2 Communauté Zienga Mileme 1 600 Attribuée Est 3 GIC Fourmis de Kabilone I 2 550 Attribuée Est 4 Beyo Beyo de Doumo Pierre 1 000 Attribuée Est 5 Amical de Djolepoum-Ekoh 2 300 Attribuée Est 6 Association Esehiambor 4 490 Attribuée Est 7 Association Koungoulou 3 180 Attribuée Est 8 Association de la communaté Kongo 3 000 Attribuée Est 9 Association Monague de Bosquet 1 662 Attribuée Est 10 Association COFAYET-Bengbis 5 000 Attribuée Sud

Source : informations recueillies à la Cellule de Foresterie Communautaire

Plusieurs autres initiatives sont prises de part et d’autres, les dossiers déposés au niveau de la Cellule de la Foresterie Communautaire sont répartis ainsi qu’il suit :

- Au Nord-Est de la réserve : Djaposten, Mintoum, Bingogol, Sere/Messassea ; - A l’Est de la réserve : les GICs CODEVIR et CODERIV, Biba I, Biba II, Pohempoum. - Au Sud de la réserve : Zouameyong,-Nkolemboula, Zoulabot, Mintom I, Zouatou, Zoébefam, Ze, Mintom II, Mekoto-Koungoulou. Au nord-ouest de la réserve : Doumo-Malen I, Kompia-mepodjeela.

2.3.3.2. Exploitation forestière industrielle

La périphérie de la RBD comporte neuf Unités Forestières d’Aménagement (UFA) qui jouxtent la réserve. Six de ces UFA appartiennent à la province du Sud et sont situées le long de l’axe Djoum – Mintom (09-002, 09-006, 09-007, 09-008, 09,-009) et à l’ouest de la réserve (09-014). Les trois autres UFA sont localisées dans la province de l’Est en périphérie nord de la réserve (10-048, 10-047) et au sud-est de la réserve (10-036). Toutefois, des procédures sont en cours pour changer la vocation des l’UFA 09-002 et 10-036 afin d’en faire plutôt des zone de protection de la biodiversité. Sans être limitrophes directes de la réserve, trois autres UFA sont séparées de la RBD par des franges de zones agroforestières de largeur inférieure à 10 km, il s’agit des UFA 10-037 et 10-041 localisées au nord-est de la réserve dans la province de l’est et la 10-050 au nord-ouest.

Selon la législation forestière camerounaise, les UFA sont orientées vers la production de grumes, mais sont des forêts permanentes qui ne peuvent pas être converties en des formes d’utilisation des terres autres que la forêts. Ces UFA doivent être gérées suivant des plans d’aménagement durable élaborés à cet effet. Si les UFA limitrophes sont des Aires Protégées comme dans le cas du Dja, il est obligatoire de mener une étude préalable d’évaluation des impacts environnementaux et de proposer des mesures d’atténuation des impacts négatifs. En fin 2002 quatre UFA de la périphérie du Dja avaient déjà été attribuées tel que le montre le tableau 6.

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Tableau 6 : Situation des Unités Forestières d’Aménagement dans la Périphérie du Dja

N° UFA Superficie (ha) Statut d’attribution Concessionnaire Arrondissement 09 002 76 840 Transformation en zone de Aucun Mintom protection de la biodiversité proposée 09 006 74 092 Attribuée 1997 SFF Djoum 09 007 41 144 Non attribuée Aucun Djoum 09 008 38 278 Non attribuée Aucun Djoum 09 009 48 327 Non attribuée Aucun Djoum 09 014 28 931 Non attribuée Aucun Bengbis 10 036 65 055 Transformée en zone de Aucun Lomié protection de la biodiversité 10 037 51 685 Attribuée en 2000 Kieffer Lomié 10 041 64 961 Attribuée en 1997 Pallisco Lomié/Mindourou 10 047 125 700 Attribuée en 1997 mais FIPCAM Lomié/Mindourou renoncement du concessionnaire 10 048 68 030 Non Attribuée Aucun Messamena 10 050 38 013 Non Attribuée Aucun Messamena

Toutes les UFA attribuées sont déjà en cours d’exploitation dans le cadre des conventions provisoires bien qu’aucun plan d’aménagement ne soit encore approuvé. Des scieries ont aussi été installées à Djoum par la SFID qui gère une UFA (09-004b) en association avec COFA sur l’axe Djoum – Mintom mais qui ne jouxte pas directement la réserve (cette UFA se trouve du coté droit de l’axe), et à Lomié par la SFH.

En général l’exploitation des UFA augmente la pression sur les ressources fauniques car elle facilite la pénétration des massifs forestiers par les chasseurs/braconniers et augmente la population par des travailleurs venus d’autres régions du pays. Toutefois, les sociétés d’exploitation forestière essaient de limiter l’impact négatif sur la faune en adoptant des règlements intérieurs qui prohibent le transport de la viande de brousse et en surveillant les entrées et sorties des chantiers d’exploitations. De plus, les sociétés d’exploitation forestière essaient d’améliorer l’approvisionnement de leurs personnels en protéines de sources autres que la faune sauvage.

L’exploitation forestière est perçue localement comme un facteur de développement économique non seulement parce qu’elle procure quelques emplois aux jeunes mais aussi parce que les sociétés forestières sont obligées d’améliorer le réseau routier afin d’évacuer les grumes. Par ailleurs, depuis l’adoption de la nouvelle grille de répartition de la Redevance Forestière Annuelle (RFA), les communes rurales sur les territoires desquelles se trouvent les UFA attribuées, reçoivent des sommes importantes de la fiscalité forestière. En effet, la grille de répartition actuelle réserve 40% de la RFA communes rurales touchées par l’exploitation forestière et 10% au développement des communautés villageoises concernées par l’exploitation forestière. Ces sommes, qui s’élèvent à des centaines de millions de FCFA pour les communes rurales de Djoum et Lomié, constituent un potentiel économique important pour le développement local de la région du Dja, ceci d’autant plus que toutes les UFA ne sont pas encore attribuées. Ainsi, les autorités municipales des arrondissements disposant d’UFA sollicitent que les attributions soient complétées. Néanmoins l’impact réel de ces revenues de la fiscalité forestière sur le développement local reste faible soit à cause des difficultés de gestion soit à cause

29 30 des faibles capacités des populations à mettre en œuvre des projets communautaires. De même, les bénéfices reçus par les populations de l’exploitation forestière semblent développer dans certains cas une mentalité rentière où les populations attendent le partage de la rente forestière et deviennent moins entreprenantes dans leurs activités propres de développement.

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de la Réserve du Dja en Janvier 2000 Réserve du Dja en Janvier de la Carte 4 : Situation des UFA autour : Situation Carte 4 Source(2000) : CEW

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2.3.4. Produits forestiers non-ligneux . Parmi les produits forestiers non ligneux les plus utilisés à la périphérie de la RBD figurent les produits non ligneux à des fins alimentaires : graines de Moabi (Baillonella toxisperma) qui servent à l’extraction d’une huile très prisée, les graines d’Andok (Irvingia gabonensis) servent à la confection des sauces, les graines de Cola edulis. Les produits de la pharmacopée : écorces, feuilles, sève et racines d’une grande diversité d’essences forestières sont utilisées dans la pharmacopée locale.

On distingue également des produits non ligneux utilisés dans la construction : par exemple, les feuilles de Marantacées pour les habitations des Baka et feuilles de raphia pour la confection des nattes chez les Bantous. Les rotangs et les bambous divers sont utilisés aussi bien en construction qu’en artisanat.

2.3.5. Le tourisme

Les activités touristiques sont encore à l’état embryonnaire, beaucoup plus par le manque d’initiatives locales que par l’absence de potentialités touristiques. Les atouts touristiques de la RBD sont multiples : le fleuve Dja lui-même, la forêt dense toujours verte, la faune abondante et diversifiée, la présence des rochers dans la RBD et l’alternance culturelle entre Baka-Bantou sont autant d’atout à développer par les populations riveraines de la RBD pour l’expansion et l’économie locale.

2.4. Infrastructures et encadrement des populations

2.4.1. Infrastructures de communication

La route est le principal moyen d’accès à la RBD. La route bitumée la plus proche de la RBD est localisée dans l’arrondissement de Meyomessala à l’ouest de la réserve, elle relie cet arrondissement à la capitale Yaoundé. En dehors de cette exception, la périphérie de la réserve est en grande partie enclavée. Les pistes provinciales ou départementales équipées d’ouvrages d’art non définitifs, sont le plus souvent mal entretenus. Ces pistes sont très peu praticables en saisons des pluies (carte 5). Cependant, il existe des pistes plus ou moins entretenues dans des zones d’exploitation forestière ou dans des zones où des projets de développement sont actifs. Pour cette raison, l’exploitation forestière est considérée par une bonne frange de la population comme facteur de développement.

Le fleuve Dja à cause des rapides par endroits est partiellement navigable par pirogue. Ce mode de transport relie des deux rives du Dja à Nlobesse (Ouest de la réserve) et est surtout utilisé par les populations Kaka (excellents pêcheurs)

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2.4.2. Infrastructures sociales dans l’AP et sa périphérie

a) – L’éducation.

Tous les chefs lieux d’arrondissement de la périphérie de la RBD possèdent des lycées d’enseignement secondaire et des collèges d’enseignement technique industriel et commercial (CETIC). Il vient d’être créé un Collège d’Enseignement Secondaire (CES) à Nkolenyeng village périphérique ouest de la réserve. De nombreux villages disposent d’écoles primaires à cycle complet. Cependant, dans des zones à faible densité, les distances entre les écoles sont parfois importantes (10 Km). Le problème majeur ici est le déficit d’enseignants, il n’est pas rare de rencontrer un à deux enseignants pour tout le cycle. b) La santé publique

Les infrastructures sanitaires sont nettement plus faibles que celles de l’éducation, bien que tous les chefs lieux d’arrondissement et de district aient des hôpitaux à la périphérie de la réserve, quatre villages seulement disposent des centres de santé : Nkolenyeng (ouest), Melen (sud), Essiengbot et Ekom (nord). Comme à l’éducation, il se pose un problème d’insuffisance de personnel dans les structures existantes. Le difficile accès aux produits pharmaceutiques suite à l’enclavement rend encore plus dérisoire la couverture sanitaire à la périphérie de la RBD. De ce fait, les populations n’ont d’autres voies que la pharmacopée traditionnelle.

c) – L’encadrement des activités agricoles

Tous les arrondissements périphériques de la RBD ont des délégations du MINADER et même du MINEPIA. Toutefois, bien qu’il existe dans certains cas un personnel suffisamment qualifié, l’encadrement des populations n’est pas à la dimension des attentes du fait du manque d’équipements.

d) – Les autres infrastructures

La distribution de l’électricité a fait des progrès dans l’arrondissement de Meyomessala (périphérie ouest de la réserve), la majeure partie des villages est reliée au réseau électrique national par des branchements monophasés (pannes multiples). Ailleurs, seuls les chefs lieux d’arrondissement bénéficient des installations électriques.

Concernant l’accès à l’eau potable, les problèmes sont plus sérieux. Les villages périphériques ont partiellement bénéficié des installations SCANWATER, mais faute d’entretien, ces installations sont non fonctionnelles. Néanmoins, de nombreux forages à pompes manuelles sont disséminés çà et là.

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Carte 3: Distribution des villages et programmation des interventions pistes (désenclavement)

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2.5. Historique et gestion antérieure

2.5.1 Historique et gestion antérieure de la RBD

Créée par Arrêté du Haut-Commissaire français au Cameroun Nº 075/50 du 25 juin 1950, comme réserve de faune et de chasse, cette réserve était gérée par l’Inspection des eaux et Forêts de l’Est à . Elle a gardé ce statut jusqu’à l’indépendance en 1960, date à laquelle elle est confiée au Secrétariat d’Etat au Développement Rural (SEDER).

En 1968, avec la création des premiers parcs nationaux, sous la tutelle du Commissariat au tourisme , rattaché à la Présidence, le Dja reste sous contrôle du SEDER, il est rattaché au Ministère de l’Agriculture en 1972.

En 1981, sous l’impulsion de la section camerounaise du programme « Man and Biosphère » (MAB), et de la Délégation Générale à la Recherche Scientifique et Technique (DGRST)1, le Dja est inscrit sur la liste des réserves de biosphère de l’UNESCO.

En 1982, la RBD est sous la gestion de la Direction de la Faune et des Parcs Nationaux, nouvellement créée au sein de la Délégation Générale au Tourisme.

La réserve de Faune du Dja est classée en 1987 comme Aire Protégée de 2ème catégorie par le Secrétariat d’Etat au tourisme et inscrite comme site du Patrimoine Mondial par l’UNESCO.

En 1989, le Secrétariat d’Etat au Tourisme devient le Ministère du Tourisme et la structure chargée de la gestion de la RBD est la Direction de la Faune et des Parcs Nationaux (DFPN).

En 1992, la DFPN devenue entre temps DFAP (Direction de la Faune et des Aires Protégées) est transférée au Ministère de l’Environnement et des Forêts.

En 1994 la réserve de Faune du Dja est érigée en Unité Technique Opérationnelle de première catégorie (UTO – I).

En décembre 2005, après un court passage au MINEP, la gestion des Aires Protégée est revenue au MINFOF à la faveur d’un amendement des organigrammes des deux ministères (MINFOF et MINEP).

2.5.2 Appui et assistance antérieurs

En appui à la mise en œuvre de la politique camerounaise en matière de conservation de la diversité biologique dans la réserve du Dja, plusieurs programmes ont été identifiés avec des succès divers :

1 Structure qui a existé avant la création du Ministère de la Recherche Scientifique et Technique

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- Le projet UNESCO-Dja, identifié en 1990, n’a pas pu débuter faute de financement ; - Le programme MAB et PNUD sous le volet « stratégies d’urgence pour la protection de la biodiversité », est resté au stade conceptuel ; D’autres programmes ont pris corps effectivement : - Les phases antérieures de la composante Cameroun du Programme Régional de Conservation et Utilisation Rationnelle des Ecosystèmes Forestiers d’Afrique Centrale (ECOFAC), soutenue par l’Union Européenne, opérationnelle depuis octobre 1992. - Le Projet de Conservation de la Biodiversité et du Développement Durable UICN-Dja, installé depuis décembre 1995 dans la partie est de la réserve et financé par les Pays-Bas ; - Le projet d’Appui au Développement Durable de Lomié de la SNV, sur financement des Pays-Bas ; - Le Projet APFT (Avenir des Peuples de la Forêt Tropicales), programme de recherche dont une partie a été exécutée en zone périphérique nord de la réserve faune du Dja sous financement de l’Union Européenne depuis 1995 a pris fin en 2000.

Aux projets sus mentionnés, il convient d’ajouter des programmes d’études plus spécifiques, parmi lesquels le Projet Calao de l’Université de San Francisco (Californie). Il faut noter que si les objectifs et les bases conceptuelles des Projets exécutés sont clairement définis, la difficulté à l’échelle de la réserve réside essentiellement dans la coordination des actions de conservation de l’ensemble de ces structures.

2 .6. Gestion actuelle

Les objectifs principaux poursuivis par la gestion actuelle de la RBD consistent à: valoriser les statuts internationaux (Réserve de la biosphère et Site du Patrimoine Mondial), accroître les connaissances sur l’écosystème du Dja et les interrelations entre ses composantes, renforcer les capacités de gestion de la structure d’intervention dans et autour de la réserve et impliquer la population dans la gestion de la RBD.

2.6.1. Cadre juridique

Compte tenu du fait que la RBD a une dimension internationale, les textes qui régissent sa gestion doivent être à la fois à caractère national et à caractère international.

a) – Sur le plan national.

- La loi nº 94/01 du 20/01/1994 portant régime des Forêts, de la Faune et de la Pêche et ses décrets d’application ; - Le décret nº 96/224/PM portant organisation du Ministère de l’Environnement et des Forêts ;

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- Le décret nº 037/CAB/PM du 19/4/1994 portant classement des Unités Techniques Opérationnelles ; - Le décret nº 95/678/PM instituant un cadre indicatif d’utilisation des terres en zone forestière méridionale.

b) – Sur le plan international - La convention sur le commerce international des espèces de faune et Flore en voie d’extinction (CITES), adoptée à Washington en 1973 ratifiée par le Cameroun en 1983 ; - La convention sur la protection du patrimoine culturel et naturel (Patrimoine mondial), adoptée à Paris en 1972 et ratifiée le 7/12/1982 ; - La convention de Bonn sur la protection des espèces migratrices ratifiée en 1983. - La convention sur la diversité biologique ratifiée le 29/08/1994. - La convention d’Alger adoptée en 1968 sur la conservation de la faune en Afrique. - L’adhésion du Cameroun à l’OCFSA en 1984. - La convention de financement nº 4346/REG du 24/1/91 entre l’Union Européenne et sept pays d’Afrique centrale dont le Cameroun, dans le programme de conservation et d’utilisation rationnelle des Ecosystèmes Forestiers d’Afrique Centrale (ECOFAC) qui découle des accords de Lomé IV, relayée par la convention 5627/REG signée le 29/6/96 pour la phase II du programme ECOFAC. Le protocole d’accord du 23/6/95 entre le Cameroun et l’Union Mondiale pour la Nature (UICN) pour la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique du Dja dans la région de Lomé.

2.6.2. Structure administrative de gestion

2.6.2.1. Organisation administrative

La Réserve de Faune du Dja couvre une impressionnante superficie de 526 000 ha s’étendant dans deux provinces (Est et Sud), un département dans chaque province (Haut-Nyong à l’Est et Dja et Lobo dans le Sud), quatre arrondissements dans le Dja et Lobo (Bengbis, Meyomessala, Djoum et Mintom), et trois arrondissements dans le Haut-Nyong dont Messamena (particulièrement district de Somalomo), Abong-Mbang (particulièrement le district de Mindourou), et Lomié.

La complexité résultant de la multiplicité des circonscriptions administratives (voir carte 1) dont les territoires touchent la réserve se reflète aussi sur la structure de gestion actuelle du Dja (voir figure 1). Ainsi, le conservateur de la réserve du Dja rapporte à deux délégués provinciaux, alors que les liens entre les services de conservation de la RBD et les chefs de services provinciaux en charge de la faune ne sont pas formellement définis. Tout aussi peu définis sont les liens entre les services de conservation et les services départementaux du MINEF.

Pour faire face à la grande étendue de la réserve et sa zone périphérique (l’ensemble couvrirait au total plus de 800.000 ha), quatre antennes régionales ont

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été créées autour de la RBD, il s’agit : de l’antenne de Djoum (Antenne sud) qui couvre les territoires des arrondissements de Djoum et Mintom, de l’Antenne de Meyomessala (Antenne ouest) pour les arrondissements de Bengbis et meyomessala, de l’Antenne de Somalomo (Antenne Nord) pour l’arrondissement de Messaména et l’Antenne de Lomié (Antenne Est) pour l’arrondissement de Lomié et le district de Mindourou. Les antennes, qui sont toutes actuellement fonctionnelles, n’ont pas encore été formalisées dans les structures organiques du MINEF. Leur caractère fonctionnel tient en grande partie de l’appui apporté aux services de conservation du Dja par le projet ECOFAC.

En plus des antennes, les services de la conservation du Dja travaillent avec 10 postes forestiers et de chasse formellement créés par le MINEF sur proposition des Services de la Conservation du Dja dont cinq dans le Dja et Lobo (Bi, Mbouma, Fessolo, Mekin, Bissombo) et cinq dans le Haut-Nyong (Ndjibot, Somalomo, Djaposten, Malen V, Djomedjo). Les postes créés à l’initiative du Service de la Conservation du Dja sont dits mobiles. Les postes de Mekin et Fessolo ne sont pas encore fonctionnels. De même il existe au niveau de chaque arrondissement/district (Mintom, Djoum, Meyomessala, Bengbis, Messamena, Somalomo, Mindourou, Lomié) un poste forestier et de chasse dit fixe.

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MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT ET DES FORÊTS

Direction de la Faune et des Aires Protégées

Délégation Délégation Provinciale de l’Est Provinciale du Sud

Délégation Départementale Services de Conservation du Délégation Départementale du Dja et Lobo DJA du Haut Nyong

Antenne de Antenne de Antenne de Antenne de Djoum Meyomessala Somalomo Lomié Projets d’appui

Postes de contrôle Postes de contrôle forestier et de chasse forestier et de chasse

Lien fonctionnel non formalisé Structure non officialisées Liens fonctionnels non formalisé

Figure 2 : La réserve du Dja dans l’Organigramme du Ministère de l’Environnement et des Forêts (adapté de MINEF et al. 1999)

Dans l’organigramme actuel, il n’existe pas de liens formalisés entre les postes forestiers et les services de conservation de la RBD. Les chefs des postes fixes ou mobiles sont nommés par le MINEF et rendent compte hiérarchiquement aux Délégués Départementaux du MINEF. Cependant il existe des liens fonctionnels entre les chefs de postes (surtout les postes dits mobiles) et les Services de la Conservation, et ce sont les Services de la Conservation qui ont mis en place et gèrent les infrastructures et équipements dans ces postes.

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Les Services de la Conservation sont placés sous l’autorité d’un conservateur qui est assisté de trois chefs de volets : le chef volet animation et sensibilisation, le chef de volet suivi écologique et le chef de volet infrastructure. Le volet lutte anti-braconnage est pris en charge directement sur le terrain par les chefs d’antennes.

Conservateur de la RBD

Régisseur des Chef de volet suivi Chef de volet Chef de volet animation recettes écologique infrastructure et sensibilisation

Figure 2: Organigramme des services de la conservation

2.6.2.2. Etat des ressources disponibles

Le tableau 7 ci-dessous montre les nombres et types d’infrastructures actuellement disponibles dans les services de la conservation du Dja. Ces infrastructures qui ont été mis en place en grande partie grâce à l’appui de différents projets tel que IUCN et ECOFAC. Ces infrastructures sont encore importantes quoique non encore suffisants. Le problème majeur concerne la distribution de ces équipements tout autour de la RBD.

Tableau 7: Infrastructures disponibles aux services de conservation du Dja

Type d’équipement Nombre Bâtiment / 2 logements 9 Bâtiment/1 logement/1 bureau 8 Guérite 5 Campement 2 Bâtiment/bureau 3 Bâtiment/bureau/gîte d’étape 1 Puit 8 Bâtiment/Garage/Magasin 2 Latrines publiques 1

En général les antennes nord (Somalomo) et Est Lomié sont mieux lotis que les antennes ouest (Meyomessala) et Sud (Djoum) de création récente. La carte 6 donne une distribution spatiale de ces infrastructures. Des efforts ont commencé mais devront continuer à être faits pendant toute la durée d’application du présent plan d’aménagement en vue de rendre la répartition de ces infrastructures plus équilibrée.

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Le tableau 8 ci-dessous rend aussi compte des différents équipements actuellement à la disposition des services de la conservation du Dja. La distribution de ces équipements est comparable à celle des bâtiments. Il faut néanmoins signaler que nombre de ces équipements se trouvent aussi à Yaoundé dans les bureaux du projet ECOFAC. De même, le programme ECOFAC a mis en place un centre de formation à Somalomo, au départ il était géré dans l’intérêt de l’ensemble du programme Afrique Centrale, mais a été rétrocédé aux Services de la Conservation du Dja. Ce Centre de formation est équipé de salle de formation, cuisine, réfectoire, dortoirs et autres équipements didactiques utilisables par les Services de la Conservation du Dja.

Tableau 8: Liste des équipements à la disposition des services de conservation du Dja

MATERIEL NBRE Appareil bureautique Mobilier de bureau Machine à écrire 03 Armoire en bois 15 Photocopieur 02 Armoire métallique 02 Machine à Calculer 04 Bureau en bois 46 Relieuse 01 Classeur en bois 48 Téléviseur 01 Coffre fort 02 Magnétoscope 02 Tableau de conférence 02 Appareil électroménager Matériel roulant Groupe électrogène 03 Pick up double cabines 06 Réfrigérateur 06 Moto 18 Matériel de communication Matériel aéronautique et maritime Radio émettrice 09 Hors bord 02 Téléphone fixe 09 Gillet de sauvetage 07 Plaques solaires 10 Matériel informatique Matériel technique Ordinateur fixe 10 GPS / Visor 08 Ordinateurs portables 11 Boussole 08 Onduleur 05 Jumelles 04 Imprimantes 11 Construction Scanner 02 Bureau 22 Graveur externe 01 Résidence 32 Lecteur zip 03 Matériel de camping Tentes 18 Matelas de camping 16

2.6.2.3. Les ressources humaines

Le tableau 9 ci-dessous donne l’état du personnel disponible dans les services de la conservation par catégories et origine. Il est à remarquer que ce personnel reste insuffisant compte tenu de l’étendue de la zone à couvrir. De plus, la majeure partie de ce personnel a été recrutée dans le cadre du projet ECOFAC, quoique faisant partie intégrante des services de la conservation, ce personnel reçoit sa rémunération du projet et il faudra prévoir son intégration au sein de l’administration publique dans la perspective réaliste de la fin de programme.

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Tableau 9: Personnel disponible dans les services de la conservation du Dja

Catégories de personnel Recrutés par Mis à disposition par Total ECOFAC/PMdA le MINEF Ingénieurs des Eaux et Forêts 3 3 Ingénieurs du Génie Civil 1 1 Ingénieur Agronome 1 1 Assistant Technique 2 2 Technicien d’Agriculture 1 1 ATAEF 1 1 Gardes Chasse 2 2 Ecogardes 50 50 Comptables 2 2 Autre agents d’appui 18 2 20 Total 74 11 85

Source : ECOFAC (2003)

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Carte 4 : Localisation des Antennes et des postes forestiers mobiles du service de la conservation de la Réserve du Dja

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2.6.3. Projet d’appui en cours

2.6.3.1. La composante Cameroun du Programme ECOFAC

Le projet d’appui le plus important qui assiste le MINEF dans la gestion de la RBD est la composante Cameroun du programme de Conservation et Utilisation rationnelle des Ecosystèmes Forestiers en Afrique Centrale (ECOFAC). Le programme ECOFAC en vigueur depuis 1992 couvre six pays d’Afrique Centrale (Cameroun, Gabon, République du Congo, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, Guinée Equatoriale). Le programme ECOFAC est financé par l’Union Européenne et son objectif global est « de contribuer à conserver rationnellement et de façon durable les écosystèmes forestiers (forêts denses et humides) ayant une biodiversité remarquable et dont la situation est critique » (Salle et Monfort, 1999). Cet objectif global peut être subdivisé en sous objectifs qui sont : - La conservation de la biodiversité : ECOFAC appuie la création et la gestion d’aires protégées, sanctuaires de la biodiversité ; - Le développement durable à travers une rationalisation de l’exploitation des ressources forestières ; - La promotion d’une dynamique régionale : ECOFAC renforce les échanges et la concertation entre les pays impliqués, favorisant ainsi la conception et la mise en œuvre des solutions régionales.

Au Cameroun la première phase du programme ECOFAC a démarré en 1992 pour se terminer en fin 1996. Cette première phase a été suivie d’une deuxième phase (début 1997 à fin 2000) et d’une troisième phase qui a toujours cours. Au départ, et bien que les aspects de développement étaient pris en compte, l’objectif fondamental de la composante Cameroun était la protection et la conservation des écosystèmes forestiers. Par la suite le programme ECOFAC a évolué vers un plus grand appui au développement économique des zones rurale périphériques en s’appuyant sur l’utilisation diversifiée et soutenue des ressources de la forêts associée à la protection, la gestion et l’amélioration du statut légal de la RBD et de ses zones adjacentes.

Le programme ECOFAC contribue particulièrement au renforcement organisationnel et institutionnel des Services de la Conservation du Dja. Ces aspects de renforcement ont concerné non seulement l’équipement des Services de la Conservation du Dja sur le plan matériel (mise en place des infrastructures, moyens de locomotion, matériels de fonctionnement…), mais aussi sur le plan du renforcement du personnel en qualité et en quantité. La majeure partie des ressources actuellement disponibles pour la gestion de la RBD (voir section 2.6.2 ci- dessus) provient du financement de l’UE.

La tendance actuelle est de nouveau de séparer les aspects liés à l’appui au développement durable des zones adjacentes du Dja de l’appui du programme ECOFAC (qui appuiera plus spécifiquement les activités de conservation et de protection) pour les confier à un nouveau projet destiné spécifiquement aux mesures d’accompagnement et bénéficiant toujours des financements de l’Union Européenne.

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2.6.3.2. Le projet mesures d’accompagnement

Baptisé « Projet Mesures d’Accompagnement », ce projet qui va se déployer dans toute la ceinture périphérique de la réserve du Dja vient à peine de démarrer et se donne deux objectifs globaux : assurer la conservation de la biodiversité présente dans la réserve de biosphère du Dja (objectif général de la composante ECOFAC- Cameroun) et réduire la pression sur les ressources naturelles de la biosphère du Dja. Le Projet a entre autres objectifs spécifiques : - désenclaver la périphérie de la réserve du Dja afin d’assurer la libre circulation des produits de base et productions et de relancer les activités socio-économiques; - améliorer les conditions de vie des populations riveraines par la valorisation des terroirs villageois, la génération des emplois, l’amélioration du bien-être communautaire ; - renforcer les capacités des populations riveraines par l’aide à la structuration (GIC, Associations…), à l’autogestion et à l’amélioration des moyens de production (élaboration de diagnostic, usage de la technologie appropriée).

En projection, il est attendu au terme du projet, les résultats suivants : - un meilleur accès des populations locales aux infrastructures sociales et commerciales en toutes saisons ; - un développement d’activités rémunératrices alternatives à celles actuellement pratiquées par la création d’emplois et les prestations de services communautaires, économiques et sociales accessibles ou opérationnelles ; - une émergence d’organisations structurantes est observée par la création de GIC, d’associations, de comités, d’unions avec une prise croissante de responsabilités et un fort niveau d’activités dans les processus et l’implication physique et financière des communautés dans les activités.

Sans présager des résultats attendus de ce projet on est en droit de se dire qu’il vient pallier aux attentes des populations riveraines qui ont toujours souhaité que la conservation participe réellement à leur développement local.

2.6.3.3. Le Projet Forêts Communautaires

Le Projet Forêts Communautaires (PFC) est un Projet de recherche / Développement dont l’objectif est la lutte contre la pauvreté par la gestion des massifs forestiers basée sur des aménagements intégrés et le développement d’une exploitation des ressources forestières rationnelles et durables. Les principales institutions intervenant dans le projet sont : (Avenir des Peuples de la Forêt Tropicale) APFT / DGVIII, le DFID, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) / Forest Monitor, l’Union Européenne (UE / Stabex) ainsi que le MINREST, le MINPAT et le MINEF.

Le projet a démarré en 1996 par une phase de recherche (1996-2000) pendant laquelle le projet a mené un inventaire de faune et une estimation du niveau de prélèvement, parallèlement un inventaire des produits forestiers non ligneux et les principales utilisation de ces produits a été mené auprès de certaines communautés pilotes de son site. La phase développement qui va de 2001 au 15 juillet 2003 est

45 46 axée sur l’information, la sensibilisation et l’animation. Le projet s’est doté de deux cellules techniques principales (la cellule d’aménagement forestier et la cellule d’appui organisationnel). Le PFC contribue principalement à accompagner les communautés villageoises dans le processus de l’obtention et de l’auto exploitation de leur forêt communautaire en collaboration avec l’Association Française des Volontaire du Progrès (AFVP) et certaines ONGs locales dont (Papel et Oapide). La zone d’intervention du projet c’est la périphérie Nord de la réserve principalement dans les arrondissements de Messamena et de Mindourou. (40 villages ciblés dont 4 villages pilotes).

Pour la phase actuelle, les principales activités sont : - Les visites d’échange avec les communautés ; - Les constitutions des Groupements d’Intérêt communautaire (GIC) ; - La facilitation pour la délimitation ; - Les réunions de concertation ; - Les réservations des forêts communautaires ; - La réalisation des inventaires forestiers ; - La confection des plans simples de gestion ; - La signature de la convention de gestion.

La majorité de ces activités est financée par les redevances forestières et dans d’autres communautés par les revenus de l’auto exploitation rationnelle. A ce jour, 38 villages ont déjà été sensibilisés, 21 GICs légalisés, 13 forêts communautaires en cours de réservation, 7 forêts communautaires réservées, 8 plans simples de gestion en cours d’approbation et 2 forêts communautaires en exploitation.

2.6.4. Les organisations de la société civile

Dans le cadre de l’appui de la société civile à la conservation de la Réserve de Biosphère du Dja, plusieurs initiatives ont été menées. Dans la partie Est de la Réserve, l’avènement des projets UICN/Dja (1995-1999) et SDDL/SNV (1997- 2002) a fait naître bon nombre d’organisations non gouvernementales locales. Celles-ci servent aujourd’hui d’interface entre le projet ECOFAC et les populations locales ou en d’autres termes entre deux modes de gestion que sont le système local basé sur l’exploitation des ressources à court terme à travers la chasse et l’exploitation forestière, et le système national lié au pouvoir central, prônant la conservation à long terme au nom de l’intérêt général. Elles participent aussi à l’encadrement des populations à travers les diverses associations pour leur développement local.

Conscientes de leur nombre et de leur diversité d’action et du fait qu’elles ont les mêmes partenaires, ces ONG locales se sont organisées en un réseau avec pour objectif principal de s’offrir un cadre d’intervention et de concertation plus cohérent. Ainsi est né le Réseau d’ONG et Associations locales du Dja (ROLD) qui regroupe aujourd’hui une quinzaine de membres (voir tableau 10). Plus spécifiquement le ROLD permet de :

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- Partager les expériences et de développer des stratégies communes de développement et de conservation entre les organisations membres ; - harmoniser les approches et les stratégies d’intervention ; - Faciliter la communication entre les membres pour éviter la concurrence et les duplications des activités sur le terrain ; - Couvrir au mieux les besoins, préoccupations et intérêts des populations ; - Organiser des campagnes de sensibilisation contre l’exploitation illicite des ressources naturelles ; - Donner un appui au MINEF dans l’information sur les pratiques illégales observées dans l’exploitation des ressources naturelles.

Par rapport aux rôles qu’elles sont appelées à jouer, l’impact des résultats déjà obtenus reste encore mitigé.

Mis à part le collectif d’ONG locales regroupées au sein du ROLD, il existe de nombreux autres acteurs dans et à la périphérie de la RBD. Ce sont les populations, les opérateurs économiques, les administrations locales, les collectivités décentralisées et les partenaires du développement.

Avec la multiplicité et la diversité des acteurs autour de la réserve de faune du Dja, la nécessité de renforcer la concertation entre ces derniers pour une meilleure cohérence des interventions se fait de plus en plus sentir. Ce besoin a été exprimé par les uns et les autres et sous la facilitation de l’UICN et le secrétariat de la CEFDHAC un atelier a été organisé à Lomié les 23 et 24 Octobre 2001 pour définir les contours de ce cadre de concertation aujourd’hui dénommé Forum des acteurs impliqués dans la conservation et de développement Dans et en périphérie de la RBD.

L’objectif global du forum est de promouvoir la conservation de la réserve du DJA et le développement durable dans la zone périphérique. Plus spécifiquement, le Forum veillera à : • Amener les divers acteurs dans le développement et la conservation à travailler d’une manière cohérente ; • Soutenir des efforts de l’administration, des populations locales, des ONG et autres partenaires dans la mise en place des projets destinés à l’amélioration des conditions de vie des populations ; • Encourager l’émergence des recherches dans l’utilisation durable des ressources naturelles autres que les bois ; • Mobiliser les financements de soutien des institutions de développement et de conservation et ; • Soutenir des actions en vue d’atténuer le braconnage.

Les ONG regroupées dans le ROLD et les autres acteurs qui se trouvent actuellement dans la forum agissent surtout dans les zones nord et Est de la RBD. Les organisations de la société civile sont un peu moins actives dans les parties Sud et Ouest (département du Dja et Lobo). Cependant autour de Djoum on a quelques ONG actives telles que le Centre de Développement Auto-Centré (CEDAC), le Centre d’Etudes et de l’Environnement (CED), l’Organisation pour la Protection de la Forêt Camerounaise et de ses Ressources (OPFCR), l’Association des Techniciens et Ingénieurs Forestiers de l’Arrondissement de Djoum (ATIFAD) et le MIPELDA.

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Peut-être, sera-t-il important que le forum puisse inclure aussi ces acteurs du Sud pendant la mise en œuvre du plan d’aménagement de la RBD comme cela a été recommandé lors de l’atelier d’identification des éléments du plan d’action auprès des administrations, le 12 juin 2003 à Lomié.

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Tableau 10 : Membres du ROLD et domaine d’intervention

ONG membres du Zone d’intervention Activités menées ROLD Conservation Développement Recherche Lobbying CIAD Arrondissement de : - Développement des initiatives - Activités liées aux forêts - Etudes socio- - Participation missions OCBB - Lomié communautaires de recherche et communautaires économiques d’enquête sur fraudes liées à PERAD - Messamena d’observation des gorilles (Karangoua) l’exploitation forestière CADEF - Ngoïla - Agriculture durable - Participation étude CEFDJA - Territoire de chasse (Djaposten) d’impact environnemental - Information de GECEC District de l’administration sur les ASBAK - Mindourou - Organisation insuffisances des textes sur AJDUR - Somalomo - Sensibilisation sur la conservation communautaire - Parrainage étudiant la gestion et le contrôle des OAPIDE - de la biodiversité stagiaire ressources forestières. CEDPE - Epargne et crédits ruraux PRE-VERT - Education environnementale en - Participation aux missions PAPEL milieu scolaire - Formation des de recherche sur les Association des FCT communautés sur les primates et les grands techniques forestières de mammifères. base

- Montage micro-projets - Gestion redevances forestières

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3. Considérations pour l’aménagement

3.1. Valeurs actuelles et potentielles

3.1.1. Opportunités relatives au zonage

Une délimitation basée en grande partie sur le cours d’eau Dja. Ce cours d’eau qui forme une boucle représente non seulement une limite facilement discernable par tous les acteurs, mais aussi un obstacle important qui rend difficile l’envahissement de la RBD et réduit la pression que les activités agricoles peuvent exercer sur elle. Particulièrement la limite sud (zone Djoum Mintom), est claire et difficile à violer par les populations qui seraient tenter de convertir la réserve en terres agricoles.

L’existence du plan de zonage du Cameroun forestier méridional. Ce plan de zonage permet d’identifier les UFA dans la périphérie du Dja. Bien que les UFA ont pour objectif la production du bois d’œuvre, leur avantage est qu’elles font partie du domaine forestier permanent et représentent des superficies forestières qui ne pourront pas être converties en d’autres formes d’utilisation des terres. De plus Chacune des UFA après attribution devra être gérée aussi de manière durable selon un plan d’aménagement réaliste mais dynamique. Etant limitrophes d’une AP, les gestionnaires de ces UFA devront mener des études d’impacts environnementaux et proposer des mesures d’atténuation des impacts négatifs et de bonification des impacts positifs. Les gestionnaires de la RBD auront ainsi une possibilité de suivre la gestion des UFA.

3.1.2. Opportunités de recherche scientifique et de conservation

La richesse de l’écosystème tant en ressources floristiques qu’en ressources fauniques. En effet, il n’y a jamais eu d’exploitation industrielle des ressources forestières à l’intérieur du Dja avant ou après son classement et l’exploitation artisanale est restée très légère. De même l’exploitation de la faune ne semble pas aller dans les profondeurs de la réserve. La RBD peut être perçue comme l’une des plus bonnes représentations des écosystèmes de forêts denses au Cameroun et Afrique centrale.

La grande étendue de la RBD. Selon son acte de création, la RFD couvre une superficie de 526 000 ha, mais en faisant une planimétrie plus fine avec des nouvelles technologies, on découvre qu’elle approche en fait 600 000 ha. Cette importante superficie permet de grouper une variété de conditions caractérisant au mieux l’écosystème forestier.

La RBD est constituée d’un massif forestier continu et d’un seul tenant. Cette continuité du massif permet de mettre la réserve en liaison avec d’autres zones de conservation de la sous-région et de faire des simulations de gestions sur des

50 51 grandes étendues. En effet, des populations de grands mammifères tels que les éléphants peuvent être suivis et leurs mouvements migratoires étudiés de manière compréhensive.

La faible densité des populations dans la région du Dja réduit la compétition pour les terres agricoles et constitue un autre facteur de réduction de la pression des activités agricoles sur la RBD. Par exemple à partir des zones périphériques Est, Sud, et Nord, il n’existe presque aucun risque d’envahissement de la réserve car la faible pression démographique permet d’avoir des réserves foncières suffisantes loin des limites de la RBD.

3.1.3. Opportunités de développement touristique

La présence importante des grands mammifères (ex. éléphants et primates) confère à la réserve du Dja des qualités intéressantes pour l’écotourisme. Surtout que le cours d’eau qui entoure la réserve peut faciliter la circulation des touristes à partir d’embarcations légères. Au fur et à mesure que les connaissances sur la réserve s’améliorent on découvre des sites intéressants tels que des salines à l’intérieur de la réserve. De plus, en tenant compte des distances, la RBD peut être jointe plus facilement à partir de Yaoundé que la plupart d’autres Aires Protégées des zones forestières du Cameroun. (Voir carte 6). Un plan directeur de développement touristique de la RBD existe et permettra aux opérateurs touristiques de bien gérer les différentes opportunités.

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Carte 5 : Situation de quelques sites d’intérêt touristique de la Réserve du Dja

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3.1.4. Opportunités de gestion participative durable

La sensibilisation des populations. La réserve de faune du Dja est suffisamment ancienne puisqu’elle a été créée en 1950 et les populations de sa périphérie semblent toutes connaître ses limites et son statut. Ceci d’autant plus que l’Etat appuyé par ses partenaires de la coopération, a maintenu une présence effective autour de la réserve à travers une surveillance continue et diverses activités des projets. De plus en plus les populations autour du Dja perçoivent la présence de la réserve non plus comme une contrainte au développement mais comme une opportunité de développement à travers l’attention que l’Etat et la communauté internationale accordent à cette AP.

L’existence d’une société civile engagée et active. Autour du Dja de nombreuses ONG et associations internationales, nationales et locales veulent s’impliquer dans la gestion de la RBD. Ceci est particulièrement illustré par l’existence du forum des acteurs impliqués dans la conservation et le développement de la RBD facilité par l’Union Mondiale pour la Nature (IUCN). Ce forum vise l’échange d’expériences et la concertation entre membres.

3.1.5. Opportunités de coopération sous-régionale

Les initiatives sous-régionales de conservation de la biodiversité. De concert avec d’autres pays du Bassin du Congo, le Cameroun s’engage progressivement à mettre en œuvre des initiatives bilatérales et multilatérales de conservation de la biodiversité au niveau des frontières. Particulièrement dans le Dja, il est envisagé de créer des couloirs de migration pour les éléphants et les autres animaux incluant les aires protégées des territoires Gabonais, Congolais et Camerounais notamment la tri-nationale de Dja-Odzala-Minkébé (TRIDOM). La réalisation de telles initiatives pourrait rehausser la valeur du Dja.

L’intérêt de la communauté internationale sur la RBD. Cet intérêt s’est déjà manifesté à travers de nombreux projets financés par l’Union Européenne (UE) concernant la RBD (ex. projet ECOFAC) ou sa périphérie (ex. Projet Forêts Communautaires dans la périphérie Nord ou projet pôle de développement dans le Dja et Lobo et le Projet Mesures d’Accompagnement), les appuis de l’UNESCO et les projets de la coopération Néerlandaise (IUCN et SDDL). Le plan d’aménagement pourrait constituer un cadre général de mise en cohérence de ces appuis en même temps qu’un instrument attractif pour d’autres initiatives.

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3.2. Problématique pour l’aménagement de la RBD et sa zone périphérique

3.2.1. Contraintes liées au zonage extérieur et intérieur de la RBD

A l’Ouest, au Nord-Ouest et en partie à l’Est, la réserve de faune est limitée par des pistes. Or des populations habitent le long de ces pistes et mènent certaines activités agricoles des deux cotés de la piste. Ces pistes sont : Nlobesse-Mekas-Nkolbembe- Bissombo dans l’arrondissement de Bengbis, Somalomo-Malen I-Ekom dans le district de Somalomo et Ekom-Zoulabot-Nemeyong II, Elat-Makay dans l’arrondissement de Lomié. Ainsi, le long des ces pistes qui servent de limites à la RBD, l’intégrité même de la réserve est menacée si ces activités se développent. Il s’agit donc de trouver une solution pour stabiliser ces activités agricoles.

3.2.2. Contraintes d’ordre légal et institutionnel

Les insuffisances liées au cadre institutionnel. En effet, la structure administrative de gestion de la RBD est complexe et non clairement définie comme évoqué plus haut. Ceci peut entraîner des effets négatifs dans la prise de décisions concernant la gestion de la RBD. De plus cette structure ne prévoit pas encore une instance de concertation en vue de la participation active de tous les acteurs (et particulièrement des populations locales) dans la prise de décision concernant la gestion des ressources du Dja. Il en résulte un manque d’appropriation des approches de gestion de la réserve par les populations et/ou leurs représentants.

Enfin, et malgré des efforts appréciables faits ces dernières années par les pouvoirs publics avec l’appui des projets ECOFAC et IUCN, les besoins en ressources humaines restent importants. Les projets ont par exemple permis la formation et le recrutement d’écogardes qui non seulement sont en nombre insuffisant, mais pour qui les principes et procédures de prise en charge par l’administration chargée de la faune (MINEF) restent imprécises d’où la précarité de leur emploi.

Les faibles moyens budgétaires de l’état. Ceux-ci rendent difficile la mise en œuvre des programmes d’aménagement. En effet, la plupart des activités actuellement visibles dépendent de l’appui des projets de coopération et de quelques ONG locales.

3.2.3. Contraintes d’ordre technique et scientifique

De nombreuses études ont été effectuées dans la RBD concernant les ressources naturelles, particulièrement les inventaires biologiques (mammifères, poissons, espèces ligneuses). D’autres études ont concerné les aspects socio-économiques (utilisation des produits forestiers ligneux et non ligneux, chasse villageoise, systèmes agraires…).

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Mais il est à remarquer que compte tenu de la grande étendue de la RBD, ces études ont été détaillées surtout pour des zones restreintes. La partie nord de la RBD a fait l’objet de plus d’investigations que la partie sud. De même les recherches menées et dont les résultats sont disponibles concernent des analyses de la situation actuelle sans investigations approfondies sur l’évolution des attributs de l’écosystème sous l’influence des différents facteurs qui eux-mêmes évoluent. Les interrelations entre les différentes composantes de l’écosystème et les aspects liés à la dynamique sous l’influence anthropique doivent encore faire l’objet d’investigations plus approfondies.

3.2.4. Contraintes liées à l’exploitation industrielle des forêts

Une plus grande attention est accordée par les pouvoirs publics et les communautés locales à la gestion des UFA au détriment de la RBD. Cette situation est compréhensible car l’exploitation des bois d’œuvre a actuellement un intérêt économique plus important tant pour les finances publiques que pour les communes rurales surtout depuis l’instauration de nouveaux mécanismes de répartition des revenus fiscaux issus de la gestion des UFA. Ainsi les communes sur les territoires desquels se trouvent des UFA souhaitent leur attribution rapide et surveillent le payement de la RFA.

L’exploitation de ces UFA ne représenterait pas une grande menace pour la gestion de la RBD si toutes les garanties relatives à la gestion durable de ces UFA sont respectées. Il s’agit par exemple de l’élaboration des plans d’aménagement durable ou des études d’impacts environnementaux (EIE) avec identification des impacts potentiellement négatifs sur la RBD et adoption des mesures d’atténuation de ces impacts. Ces UFA constitueraient ainsi une garantie de conserver un couvert forestier permanent autour de l’aire centrale orientée vers la conservation. Or, il est constaté que certaines de ces UFA sont déjà mises en exploitation sans que les EIE, qui devraient pourtant être un préalable à une telle exploitation soient menées.

3.2.5. Contraintes d’ordre logistique et infrastructurel

Comme il a été décrit plus haut, grâce à l’appui appréciable des projets de coopération, la RBD s’est équipée de manière croissante au cours des dernières années, mais les infrastructures et équipements disponibles ne permettent pas encore une surveillance et une gestion suivie de la RBD dans sa totalité. Les zones Sud et Ouest de la RBD nécessitent une amélioration des infrastructures et équipements afin de les porter au même niveau que le Nord et l’Est.

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3.2.6. Contraintes socio-économiques

L’enclavement est de l’avis des représentants des populations locales la contrainte la plus importante au développement économique de la région du Dja. Cette contrainte est évoquée dans tous les arrondissements. L’enclavement engendre auprès des populations un sentiment d’abandon par les pouvoirs publics. Ainsi, les populations deviennent favorables à l’exploitation des ressources forestières même si elle est faite sur des bases non durables. Le sentiment d’abandon est encore plus manifesté par les populations qui habitent au-delà du cours d’eau Dja (pistes Mekas – Bissombo, Somalomo - Bissombo et Somalomo - Ekom), où les populations ont évoqué à plusieurs reprises la possibilité d’être déplacées.

Le rôle important de la chasse/braconnage dans l’économie locale. Pour une grande partie des populations locales, l’exploitation illégale de la faune sauvage représente non seulement une source de protéines (car l’élevage et la pisciculture sont peu développés), mais aussi une source de revenus difficilement remplaçable. Si l’exploitation de la faune pour l’autoconsommation peut avoir un impact négatif limité sur les ressources, il n’en est pas de même pour l’exploitation à des fins commerciales qui peut entraîner des ravages. Car dans certains villages (e.g Bityé et Mbouma), les acheteurs sont des commerçants venant des grandes métropoles du pays.

Le niveau élevé de pauvreté des populations riveraines. De façon générale, les populations du Dja ont des aspirations de développement de base semblables aux aspirations des populations rurales des autres parties du pays concernant par exemple l’éducation de leurs enfants, l’accès aux soins de santé à travers une médecine moderne ou un habitat confortable. Or, le niveau de pauvreté actuel ne permet pas à la grande majorité de ces populations de subvenir à leurs besoins. En conséquence, les populations favorisent les solutions à court terme axées sur l’exploitation des ressources naturelles directement par elles mêmes ou par des industriels et commerçants sans souci de légalité, ce qui est souvent contraire à l’idéal de gestion durable.

Le faible niveau d’organisation des populations. Traditionnellement, il s’agit des sociétés dites acéphales faiblement organisées ce qui rend difficile la mise en application d’une gestion participative des ressources naturelles. La chefferie traditionnelle est très faible et les associations de type moderne ont des difficultés à rendre leurs activités permanentes. La faible capacité des ONG locales ne permet pas non plus de faciliter l’organisation et l’encadrement de ces populations

Une communauté internationale qui accorde une plus grande priorité à la conservation au détriment du développement dans la périphérie du Dja. Ceci pourrait résulter de l’action de certaines ONG environnementalistes qui ont une grande influence sur l’opinion des bailleurs de fonds. Une telle situation encouragerait les populations locales qui ont des besoins certains de développement à se poser comme obstacles à la mise en œuvre du plan d’aménagement de la RBD

56 57 de même l’appropriation des orientations et des actions de l’aménagement deviendrait difficile au niveau des services gouvernementaux.

La prédominance des actions de répression menée par les services de conservation au détriment de la concertation et de la sensibilisation. Une telle approche si elle persiste, résulterait au rejet par les populations des activités d’aménagement durable de la RBD et à leur non participation qui s’oppose au principe de gestion durable.

Une mentalité de rentier se développe chez les populations locales. En recevant des retombées de l’exploitation des ressources naturelles telles que les parts de la Redevance Forestière Annuelle (RFA) qui reviennent aux communautés locales et aux communes, les populations de la périphérie du Dja pourraient avoir tendance à devenir moins entreprenantes et moins dynamiques en ce qui concerne les activités liées à leur développement, et attendre tout de l’exploitation des ressources forestières. Une telle attitude compromettrait les impacts des appuis extérieurs et la réussite des mesures d’accompagnement en vue d’un développement durable.

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4. Les mesures d’aménagement

4.1. Objectifs d’aménagement

4.1.1. Objectif général

L’objectif général poursuivi à travers l’aménagement de la RBD est de promouvoir un développement durable dans la région du Dja à travers l’utilisation rationnelle des ressources de la biodiversité, et la préservation de ces ressources pour des générations actuelles et futures.

4.1.2. Objectifs opérationnels et stratégies d’action

Les objectifs opérationnels et stratégies d’action qui seront poursuivis et/ou adoptés pendant les cinq années de durée d’application du présent plan d’aménagement corollaires des objectifs stratégiques ci-dessus identifiés, sont :

I. Sécuriser l’espace réservé à la RBD dans sa totalité ainsi que les affectations relatives aux différentes zones définies dans cet espace.

Il faudra pour cela :

¾ Contribuer à la définition du statut permanent des différentes zones à la périphérie de l’AP à travers un suivi des actions de classement dans cette périphérie (macro-zonage) ¾ Définir les limites des différentes zones à l’intérieur de l’AP ainsi que leurs vocations (micro-zonage).

II. Conserver un ensemble représentatif de la biodiversité de la région du Dja peu affecté par l’action anthropique, afin d’y préserver les ressources génétiques, les espèces, les écosystèmes et les paysages originels,

Il faudra pour cela : ¾ Sensibiliser tous les acteurs sur la nécessité de conserver les ressources naturelles du Dja ainsi que sur le statut légal de la RBD et le rôle des services de conservation du Dja ¾ Matérialiser les limites de la RBD par une démarcation et des signalisations nettes. ¾ Mettre en œuvre des actions coordonnées de surveillance de l’aire protégée et de lutte anti-braconnage en tenant compte de la stratégie nationale de LCB dans ses différentes composantes. ¾ Améliorer la connaissance des ressources naturelles de la RBD à travers des recherches ¾ Renforcer les capacités institutionnelles et administratives de gestion des services de conservation de la RBD

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III. Promouvoir un développement économique et social durable à travers une participation de tous les acteurs et parties prenantes intéressées à la gestion de la RBD,

Il faudra pour cela :

¾ Contribuer au désenclavement de la région du Dja, ¾ Valoriser les ressources fauniques au profit des économies locales et nationales en tirant profit des dispositions légales et réglementaires existantes, ¾ Promouvoir l’écotourisme ¾ Appuyer la structuration des populations afin de les organiser en entités pouvant agir comme interlocuteurs valables face aux autres acteurs de la gestion durable des ressources naturelles de la RBD, ¾ Développer des mécanismes de participation, concertation et d’échanges entre différents acteurs intéressés à la gestion de la RBD, ¾ Renforcer les capacités d’intervention des ONG locales

IV. et valoriser le statut sous-régional et international de la RBD

Il faudra pour cela :

¾ Capitaliser et diffuser les acquis techniques et scientifiques, et faire la publicité des potentialités, ¾ Intensifier les relations avec d’autres aires protégées de la sous région et intégrer les réseaux qui appuient la gestion de ces aires protégées. ¾ Etablir une source de financement internationale durable pour l’activité de la RBD.

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4.2. Proposition de zonage général de la RBD

Le Zonage de la RBD doit être perçu à deux niveaux : Le niveau macro qui concerne l’aire protégée (AP) délimitée par l’acte de classement, mais aussi la périphérie (ou les zones adjacentes), et le niveau micro qui concerne le zonage à l’intérieur de l’aire protégée. Avant la rédaction du présent plan d’aménagement, les limites extérieures de la RBD n’étaient pas précisées il est donc important de les proposer à ce niveau.

4.2.1. Le zonage périphérique de la RBD : le niveau macro

De par son statut de Réserve de la Biosphère, le zonage du Dja doit concerner non seulement l’AP qui a actuellement le statut de réserve de faune, mais aussi la périphérie et pour ce faire, il faut d’abord définir les limites de la périphérie étant données que celles de l’aire protégée sont contenues dans l’acte de classement. Par la suite, pour l’ensemble constituée par la Réserve de la Biosphère (aire protégée et zone périphérique), il faudra distinguer une aire centrale, une zone tampon et une zone de transition (voir carte ci-dessous).

4.2.1.1. Délimitation extérieure de la RBD : définition de la zone périphérique

Les limites extérieures de la RBD qui définissent aussi la zone périphérique sont proposées comme suit:

Au sud : entre Sangmelima et Djoum à partir du village de Akom presque à la limite entre les arrondissements de Sangmelima et Djoum et plus précisément à partir du ponceau sur la rivière Ndou. A partir de ce ponceau, la limite de la zone périphérique suit d’ouest vers l’est la route Sangmelima – Djoum – Mbouma – Mintom et se prolonge par la piste Mintom – Zoebefam – Bi et se prolonge par la suite en suivant le cours d’eau Dja qui sert de limite à l’UFA 10-036 jusqu’à Zoulabot II entre Lomié et Ngoyla dans la province de l’Est.

A l’ouest : Au départ du ponceau sur Ndou à Akom entre Sangmelima et Djoum, la limite est naturelle et constituée par le cours d’eau Ndou jusqu’au village Menvaé qui se trouve dans son cours inférieur dans l’arrondissement de Meyomessala. Du pont sur Ndou au niveau de Menvaé-Mintima, la limite de la zone périphérique est constituée par la route qui prend une direction sud-nord passant par Bityé – Ndjikôm jusqu’au carrefour du village Nkô. Du carrefour Nkô elle remonte à droite (nord-est) jusqu’au village Minkô (axe Nkô-Nlobesse) où se trouve un autre carrefour non visible sur l’actuelle carte au 1 :200000. De là, la limite remonte sur la gauche (direction nord-ouest) jusqu’au carrefour Bidjong (à proximité de Meyomessala). Du carrefour de Bidjong la limite de la zone périphérique remonte à droite suivant la direction sud-nord vers Andôm – Nye’ele – Zoumeyôô jusqu’au carrefour Akokele. Du carrefour Akokele (Zoumeyôô) la limite prend une direction est-ouest passant par le carrefour Bibas jusqu’au I. Du carrefour Efoulan I la limite prend de nouveau la direction sud-nord (à droite) jusqu’au carrefour Assôk, arrondissement de Bengbis, et continue dans cette direction jusqu’au carrefour Melan. De Melan, la limite suit la route en direction ouest – est (à droite) jusqu’à Bengbis. De Bengbis, la

60 61 limite continue en direction de l’est vers Ngounayos – Assok – Akam et prend par la suite une direction sud – nord – sur Njibot – Alouma jusqu’au carrefour de Londjap.

Au nord : Partant du carrefour de Londjap, la limite de la zone périphérique prend la direction Ouest-Est (vers la droite) passant par Biba – Zoulabot – Messia jusqu’à Essianbot (carrefour), la limite continue en direction de l’Est sur Kompia et Nemeyong II (carrefour). Du carrefour de Nemeyong II, la limite remonte avec une direction Nord-Est sur Madjui vers Madjui II puis Malen II et Madjui I. De Madjui I, la limite de la zone périphérique prend une direction Sud-Nord sur une piste conduisant à Zoébefam – Doumo et Assia d’où elle prend une direction Ouest-Est suivant une piste jusqu’au village Bédoumo sur la route Abong-Mbang – Mindourou. De Bédoumo, la limite suit la route jusqu’à Mindourou.

A l’Est : La limite de la zone périphérique suit la route Mindourou – Djaposten – Lomié. De Lomié, la limite de la zone périphérique continue sur la route de Ngoyla passant par Echiambor et Koungoulou pour se fermer à Zoulabot II sur le cours d’eau Dja.

4.2.1.2. L’Aire Centrale

De façon générale, l’aire centrale est constituée par l’aire protégée dont les limites sont définies par l’acte de classement (arrêté n° 75/50 du 26 juin 1950). Mais, de façon plus spécifique, et compte tenu des règles de gestion d’une aire centrale dans le cas d’une réserve de la biosphère (une aire centrale doit être soustraite à toute influence humaine et destinée principalement à la conservation et aux activités peu perturbatrices telles que l’écotourisme et la recherche), l’aire centrale ne couvrira qu’une grande proportion de l’aire protégée. Ceci pour reconnaître l’existence d’une activité agricole traditionnelle sur une certaine profondeur, le long des pistes sur lesquelles sont localisés les villages et qui servent de limite à l’aire protégée. C’est le cas de la piste Nlobesse-Mekas-Bissombo et de la piste Somalomo-Malen I–Ekom et à partir de Lomié, la piste Ekom Nemeyong II – Alat Makay. L’aire centrale sera plus précisément délimitée dans le micro-zonage, mais de l’aire protégée actuelle on diminuera d’une zone de stabilisation des activités agricoles. De toute façon, l’aire centrale devra couvrir une superficie supérieure à 450 000 hectares.

Dans l’aire centrale, les activités à proscrire sont les défrichements à des fins agricoles ou toute autre forme de conversion des terres forestières en d’autres formes d’utilisation des terres, l’exploitation forestière industrielle et l’exploitation minière.

Dans la partie restante de l’aire protégée, selon le statut qu’on donnera à cette aire protégée et en dehors des zones de stabilisation de l’agriculture, des zones à aménager pour une valorisation des ressources fauniques par responsabilisation des populations seront définies (zones d’extension contractuelle des droits d’usage).

4.2.1.3. La zone tampon

Dans le concept de réserve de biosphère, la zone tampon devrait en théorie entourer l’aire centrale ou la jouxter. Les activités permises devraient être compatibles avec des pratiques écologiquement viables (éducation environnementale, tourisme,

61 62 recherche appliquée et fondamentale). Devraient être aussi évitées, les activités fortement perturbatrices de l’écosystème tel que la conversion des forêts à travers les exploitations agro-industrielles et l’exploitation industrielle du bois.

Dans le cas de la RBD ce principe est suivi de manière générale, toutefois, des modifications sont à porter pour tenir compte des réalités pratiques. Ainsi, la zone tampon comprendra :

• Toutes les UFA qui forment une véritable ceinture autour de la RFD. Bien que les UFA puissent faire l’objet d’une exploitation forestière industrielle, elles ont l’avantage d’être des forêts permanentes où par conséquent, l’agriculture industrielle et toute autre opération de déforestation sont interdite. Dans les UFA, le couvert forestier doit rester permanent et l’exploitation se fait selon des plans d’aménagement durable. De plus, dans le cas des UFA à proximité d’une aire protégée (ce qui est le cas ici) l’exploitation est conditionnée par une étude d’impact environnemental comportant une identification des impacts négatifs et positifs potentiels et des mesures d’atténuation des impacts négatifs et de bonification des impacts positifs (arrêté n° 0222 / MINEF du 25 mai 2001). Les numéros de ces UFA sont : 09 009, 09 008, 09 006 au sud, 10 047, 10 050 au nord. L’UFA 10 036 est en cours d’être transformée en forêt de protection, ce qui améliore son statut vis à vis de la conservation. Dans les UFA, les populations ne pourront pas effectuer des défrichements à des fins agricoles ou autres, mais exerceront leurs droits d’usage concernant la collecte de produits forestiers non ligneux (PFNL), la chasse traditionnelle de subsistance, et la collecte des bois de feux, de service et de construction.

• Les forêts communautaires qui sont actuellement en cours de réservation, d’attribution ou sous convention de gestion. Ces initiatives de forêts communautaires se retrouvent le long de l’axe Djoum–Mintom (en cours de réservation), sur l’axe Mindourou-Lomié-Zoulabot II (un certain nombre a déjà des conventions de gestion). Et plus au nord, autour de l’UFA 10 048 (en générale en cours de gestion). A ces initiatives de forêts communautaires, on ajoutera aussi l’UFA 09 014 qui devra être orientée vers une gestion communautaire au lieu de l’orientation initiale pour une exploitation industrielle. Dans ce type de forêts l’exploitation industrielle n’est pas permise, mais une exploitation artisanale peut se faire en application des dispositions contenues dans le plan simple de gestion (PSG). L’agriculture est réglementée selon le PSG, la collecte des PFNL est pratiquée librement (à moins que ce soit un objectif majeur de gestion, dans ce cas l’exploitation des PFNL sera également réglementée) ainsi que la chasse traditionnelle de subsistance.

- Les zones d’intérêt cynégétique (ZIC). Une seule ZIC est actuellement en cours de création à proximité de Djaposten. Mais, il est à prévoir la création d’autres ZIC selon les demandes des populations. Etant donné que les ZIC sont susceptibles de chevaucher avec les UFA de telles initiatives pourraient être envisagées au sud tout aussi bien qu’à l’est et au nord.

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4.2.1.4. La zone de transition

La zone de transition est une zone d’utilisation multiple située entre la zone tampon et les routes et pistes qui constituent la limite de la zone périphérique (limites extérieures de la RBD, voir section 4.2.1.1). Elle correspond à la zone identifiée dans le plan de zonage du Cameroun forestier méridional comme zone agroforestière. Elle comprend, les exploitations agricoles actuelles, les jachères plus ou moins anciennes et une réserve foncière pour le développement de l’agriculture locale. L’exploitation forestière y est parfois pratiquée de manière industrielle à travers les ventes de coupe. C’est dans cette zone que les populations doivent être appuyées dans leurs efforts de pratiquer des activités agricoles durables.

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Carte 6: Proposition des limites de l’Unité Technique Opérationnelle de première catégorie du Dja

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4.2.2. Le zonage intérieur de l’aire protégée: le niveau micro

La RBD comprend deux grandes parties : l’aire protégée qui a actuellement le statut de réserve de faune2, et la zone périphérique qui se subdivise en zone tampon et zone de transition (voir la section 4.2.1 ci-dessus).

L’aire protégée ne doit pas être assimilée dans sa totalité à l’aire centrale selon le concept de réserve de la biosphère, car les populations qui habitent le long de certaines pistes qui constituent la limite de l’AP exercent déjà une influence sur elle à travers leurs activités agricoles. Ces activités agricoles existaient déjà certainement avant que le Dja soit érigé en réserve de faune en 1950. La profondeur de la bande sur laquelle se pratique cette agriculture dépend de la densité des populations dans différentes agglomérations, mais va rarement au delà de trois kilomètres à vol d’oiseau. Il paraît donc raisonnable et réaliste de reconnaître cette occupation agricole de certaines franges de la réserve, et de définir des zones de stabilisation de l’agriculture dans des franges, sans une telle définition, un déguerpissement devrait être envisagé.

De plus, les populations vivant le long de ces pistes sont celles dont les vies dépendent le plus de l’exploitation des ressources naturelles (faunique et floristique) de la RBD. Il sera donc proposer de définir à l’intérieur de l’AP des zones où les ressources naturelles seront gérées de manière durable par la responsabilisation des populations selon des règles bien définies. Ainsi, le micro-zonage du Dja permettra de distinguer les trois zones suivantes:

4.2.2.1. La zone de protection intensive : aire centrale au sens strict

C’est la partie de l’aire protégée la moins influencée par l’activité humaine et la moins susceptible de subir la pression anthropique à court et moyen terme. On peut y programmer des actions de conservation avec une vision à long terme. Selon les propositions de Mnet et al. (1999), dans la partie ouest, cette zone de protection intensive peut être un bloc continu reliant le cours moyen et supérieur de Mpeup avec les cours supérieurs de Nja et Nlong puis le versant sud-ouest de Li. Dans la partie est, des observations plus fines permettront d’indiquer les limites possibles, mais elle pourra se préciser autour des cours d’eau Djomé, Mampalé et Makoug. Ces zones ont un réseau relativement dense des pistes d’éléphants (De Wachter, 1996). Et les travaux de Williamson et Usongo (1995) sur les gorilles atteste la prépondérance de l’espèce dans la zone centrale de cette aire, loin des villages. Cette aire serait limitée au sud directement par le cours d’eau Dja (limite de l’AP), puisqu’une bonne frange de forêt sépare le Dja de la route Djoum Mintom.

Seules les activités de recherche et d’écotourisme seront admises dans cette zone de protection intensive qui correspondent aux utilisations prévues de manière stricte dans l’aire centrale pour les réserves de la biosphère.

2 Pendant les consultations pour la finalisation de ce plan d’aménagement, plusieurs acteurs ont souhaité voir ce statut évolué vers celui de parc national.

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4.2.2.2. La zone d’extension contractuelle des droits d’usages

A l’ouest, au nord et à l’est sera créée une zone dite d’extension contractuelle des droits d’usages. Dans cette zone, qui fait toujours partie de l’aire protégée, des espaces seront aménagés en collaboration avec les populations qui pourront, sur la base de conventions établies entre elles et les services de la conservation du Dja, faire une exploitation légère et durable des ressources de la biodiversité. Une telle exploitation est compatible avec les lois et règlements en vigueur, particulièrement le décret d’application de la loi sur la chasse qui autorise dans les réserves de faune et les parcs nationaux des activités telles que la chasse et la pêche à condition que celles-ci soient menées dans le cadre d’un aménagement. L’identification de telles zones est proposée en reconnaissance du fait que, actuellement les populations pratiquent ces activités au-delà des zones de stabilisation des activités agricoles. . Dans la zone de gestion concertée des ressources naturelles, l’exploitation forestière à des fins industrielles ne sera pas permise, de même les défrichements à des fins agricoles et l’exploitation minière. La collecte des PFNL sera autorisée. La chasse et la pêche traditionnelles ou sous toute une autre forme seront réglementées et pratiquées selon les modalités contractuelles contenues dans différents documents de planification. Les conventions de ce type seront soumises à une évaluation régulière et pourront être résiliées si les modalités contractuelles ne sont pas respectées. Etant donné que la loi en vigueur autorise l’exercice du droit de chasse dans ce type d’aires protégées à condition que celle-ci se fasse dans le cadre d’un plan d’aménagement, les modalités contractuelles pourront porter sur le droit de chasse traditionnelle et sur la collecte des PFNL.

4.2.2.3. La zone actuelle d’occupation agricole

En reconnaissance de la réalité de l’existence des activités agricoles à l’intérieur de l’AP dans des franges le long des pistes et routes qui servent de limites à la réserve, il sera identifié une zone actuelle d’occupation agricole aux bordures ouest, nord et est de l’AP. Il est à noter que pendant les consultations relatives à l’élaboration du plan d’aménagement, la question de cette zone est restée très sensible et la solution du déguerpissement s’est avérée inenvisageable pour la durée d’application du présent plan d’aménagement. Cette zone sera constituée de franges ainsi qu’il suit :

- Une frange nord aux abords des villages de la piste Somalomo, Schwam, Nkolekoul, Ekom… - Une frange ouest aux abords des villages de la piste Akom-ndong, Mekas, Nkolembembe, Bissombo … - Une frange est aux abords des villages de la piste Ekom, Néméyong II, Alat Makay…

La largeur exacte de chaque frange sera déterminée de manière conjointe avec les populations en fonction de la profondeur des activités agricoles au niveau de chaque village. Dans la zone de stabilisation des activités agricoles, les populations exerceront leurs droits d’usage sur les ressources naturelles. Ainsi, la chasse traditionnelle de subsistance, la collecte des PFNL et la collecte des matériaux de construction seront autorisées. De même l’agriculture paysanne non industrielle sera permise. Toutefois, l’extension des activités agricoles par colonisation de nouvelles

66 67 terres au delà ce cette zone sera interdite. L’exploitation forestière industrielle, l’exploitation minière et les installations agro-industrielles seront interdites. Une des mesures susceptibles d’éviter l’extension des activités agricoles sera de stabiliser les villages en sensibilisant les populations contre toute nouvelle immigration.

4.3. Les programmes d’aménagement

Programme 1 : Zonage

Le programme de zonage comporte un certain nombre d’activités à mener pendant la durée d’application du présent plan d’aménagement visant à : - Sécuriser les limites des différentes zones identifiées dans l’espace et dans le temps, - Mettre la délimitation des différentes zones en cohérence avec les critères MAB/UNESCO pour la réserve de la biosphère, - Intégrer les préoccupations des populations concernant l’utilisation de l’espace et compte tenu de leurs droits traditionnels, - Aboutir à terme à la création d’une Unité Technique Opérationnelle (UTO).

Sous-programme 1.1 : Macro-zonage

Pour plusieurs raisons, le zonage de la RBD n’a pas encore un caractère définitif. Au niveau macro, si les limites extérieures de la RBD constituées par les routes et pistes sont quasi-définitives, il n’en est pas de même des autres limites. Les limites des UFA ne deviendront définitives qu’après la procédure de classement qui est entamée mais ne pourra être achevée qu’après un certain nombre d’années. Le classement des UFA permettra ainsi de déterminer les limites exactes entre la zone tampon et la zone de transition. Mais le rôle des services de conservation dans le classement est secondaire car la procédure de classement est conduite par le Préfet avec en premier lieu l’appui de la Direction des Forêts (DF). Les Services de Conservation du Dja (SCD) sont surtout consultés dans ce processus. Ils devront néanmoins restés vigilants pour que toutes les exigences de la conservation soient prises en compte.

De plus, le changement de statut de certaines UFA comme les UFA 09-014, 10-050, 09-001, 09-002, 10-034, 10-035 et 10-036 devra être soutenu ou suivi par les services de conservation du Dja. Les UFA 09-014 et 10-050 non encore attribuées devront être orientées vers une gestion communautaire afin de donner d’autres alternatives foncières aux populations et réduire éventuellement leur pression sur l’AP. Les UFA 09-001, 09-002, 10-034, 10-35 et 10-036 en bordure verraient leur vocation changée de la production de bois d’œuvre pour devenir une zone de protection et un couloir de passage d’éléphants reliant le Cameroun au Gabon.

Toutes ces évolutions sont susceptibles d’affecter la gestion de la RBD et devront être suivies par les Services de Conservation du Dja.

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Sous-programme 1.2 : Micro-zonage

Comme l’indique le sous-chapitre 4.2.2 ci-dessus, les limites des différentes zones à l’intérieur de l’AP protégée ne peuvent pas encore être déterminées de manière précise et définitive, cela nécessitera un certain nombre pour aboutir à une délimitation précise des différentes zones à l’intérieur de l’AP. L’objectif spécifique de ce sous-programme sera donc de finaliser le micro-zonage à l’intérieur. Pour cela, les activités seront relatives à :

La délimitation de la zone actuelle d’occupation agricole : les services de conservation du Dja formeront une équipe capable à la fois d’effectuer de la sensibilisation et de la négociation, tout comme de mener des opérations techniques de délimitation (utilisation du GPS et du SIG). Cette équipe devra parcourir tous les villages des axes cités dans la section 4.2.2.3 afin de déterminer, conjointement avec les populations, les limites des zones où les activités agricoles devront être contenues à l’intérieur de l’AP.

La délimitation de La zone de protection intensive (aire centrale au sens strict) : cette délimitation nécessitera des études complémentaires pour déterminer de manière plus exacte le niveau de l’influence des activités humaines et la répartition des ressources fauniques en quantité et en qualité (une importance sera toujours accordée aux grands mammifères). Ces études permettront de proposer des limites de la zone de protection intensive, qui seront finalisées avec les populations. Ce travail sera effectué par des techniciens de cartographie en collaboration avec les scientifiques et en concertation avec les populations.

La zone d’extension contractuelle des droits d’usages sera comprise entre les deux précédentes, et la détermination de ses limites fera intervenir les procédures administratives en vigueur.

Programme 2 : Protection de la Biodiversité

Le programme de protection vise la conservation des ressources de la RBD, cette conservation se fera par tous les acteurs (SCD, organisations de la société civile, populations locales, opérateurs économiques…) et aura plusieurs dimensions. La conservation va inclure à la fois des activités de sensibilisation et d’éducation environnementale, tout aussi bien des activités de surveillance avec une approche parfois coercitive.

Sous-programme 2.1 : Sensibilisation et éducation environnementale

Les actions des SCD et du programme ECOFAC qui appuie le MINEF ne sont souvent pas comprises ou sont mal interprétées. Les SCD sont encore perçus à plusieurs endroits comme « une machine répressive », ce qui est aggravé par une mauvaise connaissance des lois et règlements en vigueur par les populations.

A certains endroits, les populations ne connaissent pas exactement les limites de l’AP. C’est par exemple le cas pour certaines populations qui habitent le long des pistes qui constituent la limite de la Réserve de Faune et qui croient habiter l’intérieur

68 69 de l’aire protégée. Il est à remarquer cependant que la sensibilisation semble plus poussée dans la partie nord de la réserve.

Pendant la durée d’application du présent plan d’aménagement il faudra intensifier les actions de sensibilisation d’abord à travers l’amélioration de la connaissance par les populations riveraines des limites de l’AP. Ceci implique une bonne signalisation sur toute la zone périphérique. Cette signalisation est actuellement discrète au niveau de la périphérie ouest. Les actions de sensibilisation sur les limites sont à lier avec le zonage car, pendant et après la définition des différentes zones, particulièrement la zone de stabilisation des activités agricoles et la zone de protection intensive, il faudra informer les populations sur les limites retenues ainsi que les activités permises et interdites dans chacune des zones. Les limites des zones de stabilisation des activités agricoles devront ainsi être démarquées et signalisées.

La sensibilisation concernera aussi la vulgarisation des dispositions réglementaires sur la gestion de la faune et des forêts. Particulièrement, il faudra veiller à ce que les populations aient connaissance de la classification des animaux selon le degré de protection. Dans la mesure du possible, cette sensibilisation se fera dans des langues locales. La sensibilisation concernera aussi de manière plus générale la nécessité de gérer de façon durable les ressources naturelles et de les conserver. Les jeunes (ceux des villages et ceux des établissements scolaires) et les femmes devront recevoir une attention particulière.

Une autre catégorie qui nécessite une attention particulière est celle des élites et autres leaders d’opinion. En effet, pendant la mise en application du plan d’aménagement, l’adhésion des élites et l’appropriation du processus par ceux-ci devra être recherchée, et cela nécessite une bonne sensibilisation. Les SCD mèneront cette sensibilisation, mais ils travailleront en étroite collaboration avec les ONG locales.

Sous-programme 2.2 : Surveillance et lutte anti-braconnage

Actuellement les SCD ont mis en place un dispositif important de surveillance et de lutte anti-braconnage particulièrement à travers les postes forestiers dits mobiles. Mais ce dispositif reste à améliorer car il ne couvre pas de manière équilibrée toute la périphérie. L’objectif de ce dispositif devrait être de lutter contre le commerce interrégional de la viande de brousse qui amplifie le braconnage. Et tous les points actifs de ce commerce devraient être l’objet de mesures particulières de surveillance. A cet effet, certains axes actifs tels que la zone de Bityé à l’Ouest, ou l’axe Djoum- Akom (sur la route Djoum-Sangmelima) dans la périphérie sud devraient voir la surveillance s’intensifier par l’installation fréquente de barrières de contrôle. La périphérie Est devrait aussi faire l’objet d’une plus grande attention.

La surveillance et la lutte anti-braconnage nécessitent aussi la participation des populations. Ainsi les populations sensibilisées pourront être organisées en comités de vigilance pour appuyer les actions de surveillance des SCD. Cette organisation des populations aura une importance particulière à proximité des zones de stabilisation des activités agricoles, autour des ZIC et ZICGC à mettre en place. De même la contribution des populations à la lutte anti-braconnage sera à inclure dans

69 70 les modalités contractuelles de gestion des zones d’extension contractuelles des droits d’usage.

Sous-programme 2.3: Recherche et suivi écologique

La recherche dans la RBD aura à la fois une orientation recherche développement et une orientation recherche fondamentale. La recherche développement vise à améliorer la qualité des outils de gestion de la RBD et les résultats obtenus contribueront à une meilleure qualité des aménagements successifs (cours et moyen terme).

Etant donné le statut de la RBD dans le cadre du patrimoine mondial, la recherche fondamentale contribuera à accroître les connaissances sur les écosystèmes de forêt dense, leur fonctionnement et les relations entre les composantes d’un écosystème. Les résultats d’une telle recherche pourront être exploités au-delà des frontières du Dja et du Cameroun ce qui rehaussera le statut international de la RBD. Toutefois, la structure de gestion de la RBD ne saurait à elle seule déterminer les priorités de recherche et conduire toutes les opérations de recherche identifiées. Les responsabilités liées à la recherche qui devront être assurées par les services de conservation du Dja seront principalement :

• La mise en place d’un comité scientifique consultatif :

Afin de déterminer les priorités et d’évaluer périodiquement les activités de recherche, le MINEF en concertation avec des institutions de recherche spécialisées, devra constituer un comité scientifique avec un caractère consultatif.

• La mise en place d’une unité de suivi écologique et de recherche

Dans la RBD, il est nécessaire de suivre la dynamique des ressources biologiques sous l’influence des facteurs socio-économiques et à travers des indicateurs clés ayant une corrélation directe avec ces ressources. A travers les activités de cette unité, on suivra l’évolution des populations d’espèces animales et celles des espèces végétales sous l’influence des facteurs climatiques, biologiques, socio-économiques et des différentes actions de gestion mises en œuvre. Un système de monitoring écologique basé sur l’utilisation des principes, critères et indicateurs a déjà été conçu dans le cadre de la mise en œuvre du programme ECOFAC. Ainsi le monitoring écologique permettra de développer une base de données qui servira à évaluer la mise en œuvre des aménagements et à améliorer les plans d’aménagement futurs en qualité. Le monitoring écologique dans la RBD pourra être axé sur : - Le suivi des populations animales avec un accent particulier sur les grands mammifères dont les mouvements migratoires et la fréquentation des sites spécifiques (salines, clairières, …) pourront être décelés, - La poursuite et l’actualisation des inventaires fauniques, - Le suivi du cycle de régénération des espèces végétales clés à travers des observations sur la phénologie, et - Le suivi météorologique.

En plus des différents aspects de suivi qui précède, l’unité de suivi écologique et de recherche constituera le principal point de contact au sein des services de

70 71 conservation du Dja pour les instituts spécialisés dans différents domaines de la recherche et qui travailleront en partenariat avec les gestionnaires du Dja. Elle pourra s’occuper de l’approvisionnement et de la maintenance des bases de données à mettre en place en collaboration avec des spécialistes.

• Le suivi de l’exploitation des ressources naturelles dans les zones tampon et de transition

Tout au tour de l’aire protégée, il existe des activités d’exploitations industrielles des ressources forestières ou minières. Ces activités peuvent avoir des impacts négatifs sur la conservation. Pour cette raison, l’obligation a été faite pour chacun de ces opérateurs industriels de mener des études d’impacts environnementaux (EIE) afin d’identifier les impacts potentiels et de proposer des mesures d’atténuation des impacts négatifs. Les SCD devront faire un suivi particulier de la mise en œuvre de ces mesures d’atténuation des impacts négatifs. Pour ce faire, la DFAP et le MIFOF devront être prêts à entreprendre toutes les démarches nécessaires pour que toutes les dispositions légales et réglementaires soient respectées par ces opérateurs sur lesquels le Conservateur n’a souvent pas d’emprise.

• La détermination des priorités et la conduite des recherche

Au début de la période de mise en application du présent plan d’aménagement, une équipe de scientifiques Camerounais et internationaux pourra effectuer une mission dans la RBD de façon à identifier les besoins de recherche et formuler des projets qui serviront à la recherche de financements. L’UNESCO pourrait appuyer le MINFOF (DFAP) et les SCD à la fois pour l’organisation d’une mission scientifique et la recherche de financement. Le programme de recherche devra être mis en œuvre en collaboration avec des institutions spécialisées (universités et instituts de recherche) nationales et internationales. En dépit des nombreuses recherches qui ont été conduites dans la RBD, beaucoup de lacunes subsistent concernant tant les ressources fauniques que les ressources floristiques.

Pour les animaux la connaissance du statut des grands mammifères reste à améliorer. Les études sur les prédateurs n’existent presque pas (MINEF et al., 1999) et il en est de même pour les reptiles. Concernant les espèces d’intérêt cynégétique (ex. céphalophes), écologique (calao, petits mammifères) et touristique (éléphant, buffle), les études existantes doivent être approfondies. Les études plus approfondies permettront d’acquérir des connaissances sur la dynamique des populations en tenant compte des prélèvements, ainsi on établira une base scientifique de gestion des ressources fauniques.

Les études disponibles sur les formations végétales restent éparses et ne permettent pas de caractériser toutes les formations végétales de la RBD de façon à établir un état de départ dont la dynamique sera suivie sous l’influence de divers facteurs. Il sera donc important de mener une étude de délimitation et de caractérisation des différentes formations végétales de la RBD. Une telle étude aboutira à une stratification phytogéographique de l’AP. Des recherches devront aussi concerner des relations sols-plantes. En effet, dans le Dja on remarque des groupements végétaux sans qu’on soit en mesure d’apporter des explications sur les raisons de

71 72 tels regroupements. Les résultats de telles études sont aussi importants dans le suivi de la dynamique de ces formations.

De plus, la périphérie de l’AP dans le Dja fait l’objet d’une grande exploitation des ressources ligneuses. De ce fait, il est important de déterminer les espèces clés qui serviront d’indicateurs d’évolution des différentes ressources. La régénération de ces espèces clés sera suivie et leurs relations avec les populations animales devront être précisées.

De nombreuses études sociologiques ont été conduites dans la périphérie nord de la réserve (Joiris et Binot, 2001). Il s’agira pendant la durée d’application du présent aménagement de compléter ces études par des investigations dans les zones ouest et sud de la RBD. Des études précises sur les circuits de commercialisation des produits du braconnage allant de la RBD aux grands centres de consommation sont nécessaires afin de mieux bâtir une stratégie de surveillance intégrant les populations.

Sous-programme 2.4 : réorganisation administrative et gestion

• Réorganisation administrative

Une nouvelle organisation spécifique du service de la conservation s’impose pour une meilleure gestion de la RBD. Cette organisation devrait permettre de satisfaire les préoccupations suivantes :

- Renforcer et formaliser par des liens hiérarchiques les liens entre le Conservateurs et les postes forestiers et de chasse localisés dans la RBD (à la périphérie de la réserve de faune actuelle); - Préserver les relations hiérarchiques ; - Privilégier la coordination interne avec les structures d’exécution en place ; - Dynamiser les niveaux provinciaux, leurs fonctions de coordination, de planification et de suivi, - Faciliter le fonctionnement du Comité de gestion de la RBD, et restituer au DFAP son rôle de responsable en chef de la RBD, - Promouvoir efficacement la concertation des intervenants dans et autour de la RBD. - Intensifier la gestion de la RBD à travers un suivi des activités et un encadrement de proximité des structures locales impliquées dans la gestion de la RBD.

La mise en œuvre d’une organisation plus efficiente va nécessiter la prise d’un certain nombre de mesures administratives et réglementaires par le MINFOF dont les quatre principales sont :

1. Le rattachement des postes forestiers localisés dans la RBD (zone périphérique de l’actuel réserve de faune) à l’autorité du Conservateur par un acte réglementaire officiel signé du MINFOF. La signature d’un tel acte est particulièrement urgente pour les postes dits mobiles.

2. La création d’un comité de pilotage et de suivi de la RBD doté de moyen de fonctionnement effectif et placé sous une autorité située au niveau des

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services centraux du MINFOF et qui transcende les deux délégations provinciales, le DFAP par exemple.

3. La création d’un comité scientifique à caractère consultatif dont le rôle sera d’établir les priorités en matière de recherche. Afin de tenir compte à la fois des aspects relatifs à la recherche développement et ceux relatifs à la recherche fondamentale, le comité devra être composé d’institutions spécialisées en matière de recherche aux niveaux national et international (universités et instituts de recherche), des organisations gestionnaires des ressources naturelles (particulièrement le MINFOF et les projets de développement en cours) et des organisations de la société civile (ONG nationales et internationales).

4. La création de quatre antennes selon le schéma qui fonctionne actuellement de manière informelle et qui permet une gestion administrative décentralisée et rapprochée de la RBD malgré sa grande étendue et la complexité de sa localisation géographique et administrative.

Les SCD seront divisés en trois unités techniques et un service administratif et financier ce qui est en conformité avec les propositions du PSFE adaptées aux caractéristiques spécifiques de la RBD. Les quatre responsables concernés sont :

- Un chef de service administratif et financier, - Un chef d’unité de la lutte anti-braconnage, - Un chef d’unité recherche et du suivi écologique, - Un chef d’unité formation, - Un Chef d’unité sensibilisation et développement

Ces différents responsables seront aux mêmes niveaux hiérarchiques que les chefs d’antennes. Les liaisons hiérarchiques entre différents organes et postes sont données par la figure 3 alors qu’une description sommaire des Termes de Référence de chaque poste ou organe sont donnés en annexe 6.

• Renforcement des moyens de gestion

La présence des SCD est actuellement effective sur presque toute le RBD et les actions de surveillance se sont accrues ces dernières années. Ceci est dû en grande partie à l’appui des projets de coopération dont le projet ECOFAC est le principal. Or, il est envisageable que se projet ne soit pas présent pendant toute la durée d’application du présent plan d’aménagement ou voit ses activités réduites. Il sera donc important pour le MINFOF d’augmenter les moyens budgétaires des SCD pour au moins assurer la maintenance et le renouvellement des équipements et infrastructures acquis par le projet ECOFAC.

De même, de nombreux personnels d’appui dont les écogardes sont encore pris en charge par le projet. Il faudra prévoir leur titularisation par le MINFOF.

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Figure 3 : Organigramme des Services de Conservation du Dja

Comité de pilotage

Forum des Comité Scientifique Acteurs Consultatif

Projets d’appui Conservateur

Chef du service Chef unité Chef unité lutte Chefs d’Antennes Chef du service Chef unité Administration et Sensibilisation et Anti- braconnage (Est, Ouest, Nord, Sud) formation Suivi et Finance Développement Recherche

Postes Est Postes Ouest Postes Nord Postes Sud Djaposten Bissombo Somalomo Bii Djomedjo Akom-Ndong Ekom Fessolo Ndjibot Mbouma Malen V

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Sous-programme 2.5 : Formation

Les SCD dispose à Somalomo d’un centre de formation qui accueille plusieurs fois par an des stagiaires venant de plusieurs institutions nationales et internationales. La gestion de ce centre était assurée au niveau régional par le programme ECOFAC, mais elle est actuellement rétrocédée aux SCD. Les SCD devront donc disposer d’un cadre et des personnels d’appui pour gérer ce centre de formation.

Pendant la durée d’application du présent aménagement, il faudra prévoir la formation de nouveaux écogardes qui seront recrutés (une vingtaine au total) et le recyclage des techniciens et personnels techniques d’appui déjà en service. On organisera une session de recyclage par an par groupe de 15 à 20 personnes de manière à ce que pendant la durée d’application du plan, tout le personnel technique puisse être recyclé.

La gestion du Dja appuiera aussi les phases pratiques des stagiaires issus des institutions nationales de formation spécialisées dans la gestion des ressources de la biodiversité (Université de Dschang, Université de Yaoundé I, Ecole de Faune de Garoua, Ecole des Eaux et Forêts de Mbalmayo).

Programme 3: Contribution au développement et gestion participative

Sous-programme 3.1 : Contribution au développement

Pendant la durée d’application du présent plan d’aménagement, La contribution au développement de la RBD sera mis en œuvre principalement en cohérence avec le PMdA (Coopération Cameroun-Union Européenne, 2003). «La finalité du PMdA est de « garantir un système durable de conservation de la réserve du Dja en intégrant de façon participative les populations riveraines et acteurs locaux à s’impliquer pleinement dans la gestion durable de leurs terroirs situés en périphérie de la réserve tout en leur assurant un surcroît de bien-être ». De façon spécifique ce programme visera à : 1. Désenclaver les zones les plus reculées connexes à la réserve afin d’assurer la libre circulation des intrants, produits de base et des productions agricoles ou celles issues des activités de foresterie communautaire. 2. Par des billets des alternatives respectueuses de l’environnement et en partenariat avec les populations riveraines, valoriser les terroirs villageois en périphérie du Dja afin de générer emploi et bien être. 3. Renforcer les capacités des communautés à se structurer, à s’auto gérer et à améliorer leurs moyens de production.

Les principales activités du projet seront regroupées en trois volets : a. Un volet infrastructures qui procédera à l’amélioration des infrastructures routières (pistes et ponts et leurs entretiens), au développement et à la réalisation des microprojets d’infrastructures sociales (construction de salles de classes, centre de santé et puits) b. Un volet développement rural qui donnera des appuis directs visant à : relancer le développement agricole ; promouvoir et appuyer la foresterie communautaire ; organiser la chasse villageoise selon la réglementation

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établie par les services du MINFOF ; réaliser des études et assurer des formations. c. Un volet foresterie communautaire/faune qui veillera à la création des zones d’intérêt cynégétique à gestion communautaire et à la mise en place des forêts communautaires selon les initiatives des communautés. Le détail des opérations sur le terrain est donné par le document du PMdA (Coopération Cameroun/Union Européenne, 2003).

Sous-programme 3.2 : Gestion participative des ressources naturelles

La gestion de la RDB fait intervenir un nombre diversifié d’acteurs qui peuvent être regroupés de la façon suivante :

• les populations locales comprenant les Bantou, sédentaires et en majorité agriculteurs, les Kaka et Baka semi-nomades et en majorité chasseurs et cueilleurs. Toutes ces composantes de la population ont d’importantes connaissances utilisables dans la gestion des ressources naturelles de la RBD. Les populations autour du Dja subsistent en utilisant les ressources naturelles du Dja. Elles sont peu organisées et vivent dans une ambiance de pauvreté, et de ce fait, elles privilégient souvent les solutions vitales à court terme. Elles seraient particulièrement intéressées aux retombées économiques que la réserve du Dja peut apporter. • Les administrations publiques incluant les administrations techniques telles que le MINFOF, MINEPN, le MINAGRI, le MINEPIA ou le MINMEE et l’administration territoriale dont allusion est souvent faite comme autorité administrative. Les administrations publiques sont structurées de manière hiérarchisée et formelle et recèlent d’importantes compétences techniques relatives à la gestion des ressources naturelles. Néanmoins, leurs aptitudes à l’encadrement des populations sont limitées et elles ne disposent pas toujours de tous les moyens nécessaires à l’accomplissement de leurs missions statutaires. • Les organisations de la société civile qui sont composées d’ONG, d’associations et tout autre type d’organisations visant l’appui, la sensibilisation et l’encadrement des populations. Ces organisations sont souvent très enthousiastes, mais manquent de moyens (surtout pour les organisations locales) financiers et sont limitées techniquement.

Tous ces acteurs doivent agir en synergie pour une gestion durable des ressources du Dja. Le programme de gestion participative visera particulièrement à promouvoir des échanges d’expérience et élaborer des stratégies communes de gestion durable et à structurer les populations pour qu’elles prennent une part active à la gestion de la RBD. Pour y parvenir, les axes/stratégies à développer sont :

• La promotion des échanges entre acteurs et l’élaboration des stratégies communes de gestion durable

Ce volet se fera à travers le forum des acteurs faciliter actuellement par l’IUCN. Toutefois, le forum qui est actif uniquement dans le Département du Haut-Nyong devra étendre ses activités dans le Dja et Lobo pour couvrir toutes la RDB. Pour cela, il faudra identifier tous les interlocuteurs leaders d’opinion dans les parties sud

76 77 et est de la RBD. Selon les capacités budgétaires, le forum pourrait avoir deux sous composantes : une sous composante pour les acteurs du Haut-Nyong, et une sous composante pour les acteurs du Dja et Lobo. Chaque sous composante pourrait se réunir deux fois par an et les deux sous composantes se réuniraient une fois l’an en assemblée générale. Les modalités de représentation des sous-composantes dans l’assemblée générale sont à définir en concertation avec tous les acteurs.

• La structuration/organisation des populations

Contrairement à d’autres AP situées par exemple dans la partie septentrionale du pays les populations autour du Dja n’ont pas d’expérience de gestion des ressources fauniques de manière communautaire. Par contre, nombre de communautés dans les parties nord et est ont acquis de l’expérience dans la gestion des FC. Il s’agira donc de : - Sensibiliser les populations sur les dispositions légales et réglementaires relatives à la création et à la gestion des ZICGC et TCC. - Créer des entités juridiques nécessaires à la gestion des ZICGC à l’instar des Comité de Valorisation des Ressources Fauniques (COVAREF) déjà fonctionnel dans le Sud-Est du Cameroun (ils pourraient probablement être adaptés). Toutefois, il faudra dans la mesure du possible exploiter l’expérience des GIC et associations légalisés existants impliqués dans la gestion des FC et des comités de gestion de la RFA là où elles existent. L’action des ONG locales est particulièrement importante dans cette structuration/organisation des populations.

La création des ZICGC et des structures de gestion appropriées incluant les processus de délimitation et de légalisation pourra s’étendre sur toute la durée d’application du présent plan d’aménagement (cinq ans). Toutefois dans les communautés où le processus aura aboutit, les structures de gestion locales se chargeront de la gestion des ressources financières issues de la gestion des ZIGC. Plus tard, les structures de gestion locales (COVAREF ?) formeront un réseau par Département avec une fonction consultative.

Sous-programme 3.3 : Développement de écotourisme

Une approche à mettre en œuvre pour améliorer la contribution de la RBD aux économies locales et nationales est la promotion du tourisme. Les activités touristiques peuvent concerner à la fois la chasse sportive et l’écotourisme à travers le tourisme cynégétique et de vision particulièrement. Actuellement, les activités touristiques sont presque inexistantes dans là RBD malgré les potentialités qui existent. Ceci en grande partie à cause du manque d’infrastructure et de l’enclavement. Ainsi la promotion du tourisme se fera :

- A travers les activités de désenclavement ci-dessus mentionnées, - Par le biais du développement de la chasse sportive qui reste tributaire de la mise en place des ZICGC, - Par l’identification des potentialités et la publicité sur les atouts touristiques, et

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- L’amélioration des infrastructures d’accueil qui sont presque inexistantes actuellement. Ce qui nécessite la sensibilisation des investisseurs potentiels.

Programme 4 : Initiatives sous-régionales et coopération internationale

Beaucoup des acquis scientifiques, techniques et de développement socio- économique à la fois des projets UICN, SDDL et surtout ECOFAC méritent d’être capitalisés et vulgarisés auprès des populations notamment les techniques d’amélioration de l’habitat, les plants améliorés, les capacités organisationnelles etc. Toutes ces expériences et leçons apprises doivent aussi être diffusées au niveau du réseau des aires protégées d’Afrique centrale (RAPAC) et d’autres pour rendre effectif le partage d’expérience tant souhaité. A ce sujet, des plaquettes sur les acquis et dépliants d’informations sur la RBD constamment actualisés devraient être disponibles et distribués dans tous les fora organisés sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité.

Par ailleurs, la COMIFAC devrait s’atteler à rendre effectif la mise en oeuvre du projet tri national Dja-Minkébé-Odzala en vue d’une gestion intégrée des ressources transfrontalières des trois pays que sont le Cameroun, le Gabon et le Congo.

Jusqu’à présent, la RBD n’a pas bénéficié suffisamment d’aura et de promotion que devraient lui conférer ses différents statuts. En effet l’UNESCO devrait d’avantage s’engager dans la promotion de la RBD pour toutes les valeurs (écologique, biologique et touristique) dont celle-ci regorge pour susciter, faciliter et coordonner les interventions extérieures et les jumelages avec d’autres aires protégées de part le monde.

Les associations du genre Club des amis du Dja devrait aussi faire tache d’huile au niveau des institutions universitaires et scolaires tant dans le pays que dans la sous région et au niveau international. Enfin, le Cameroun qui est membre de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), pourrait utilisé la RBD comme rampe de lancement de l’écotourisme camerounais.

Compte tenu de la vocation universelle de la RBD, il est important que les activités relatives à sa gestion ne connaissent pas d’arrêt dû à d’éventuelles limites budgétaires que connaîtrait le gouvernement du Cameroun. Par ailleurs, la gestion du Dja devrait être à même de profiter de toutes les opportunités de financement qui existent à travers le monde. Pour ce faire, une étude de faisabilité devrait être entreprise pour la mise en place d’un fond fiduciaire pour le Dja. L’UNESCO pourrait assurer le leadership d’une telle étude. Si l’étude s’avère concluante les premières actions de mise en place d’un tel fond devrait être entreprises pendant la durée d’exécution du présent plan d’aménagement.

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5. Mise en œuvre du plan d’aménagement

5.1. Plan de gestion et de financement

5.1.1. Durée d’application et révision du plan d’aménagement

Les activités contenues dans le présent plan d’aménagement seront mises en œuvre pendant cinq ans à compter de sa date d’approbation. Au bout de cette période, un plan d’aménagement révisé sur la base des informations collectées pendant l’application du présent plan et de l’expérience acquise entrera en vigueur. Cette mise en application devra être précédée par une période d’approbation dûment sanctionnée par un arrêté du MINEF.

Pendant la période d’approbation, le MINFOF devra sortir des textes officiels portant sur : 1. L’approbation du plan d’aménagement (arrêté rendant le plan d’aménagement exécutoire), 2. L’adoption d’un nouvel organigramme pour les SCD 3. La création du comité de pilotage et de suivi, 4. La création d’un comité scientifique consultatif, 5. Le rattachement des postes forestiers et de chasses dits mobiles de la périphérie de l’AP aux services de conservation du Dja.

5.1.2. Les activités à mettre en œuvre

Les activités à mettre en œuvre pour la réalisation des différents programmes d’aménagement sont énumérées ci-dessous, par ailleurs le tableau 11 donne une programmation de ces activités alors que le tableau 12 donne un cadre logique simplifié pour tout le processus d’aménagement.

Programme 1 : Zonage

Sous-programme 1.1 : Macro-zonage

Activité 1.1.1. Suivre le classement des UFA et actualiser les limites des zones tampons et zones périphériques Activité 1.1.2. Suivre le changement de statut des UFA 09 014 et 10 036

Sous-programme 1.2 : Micro-zonage

Activité 1.2.1. Délimiter la zone actuelle d’occupation agricole. Activité 1.2.2. Délimiter la zone de protection intensive. Activité 1.2.3. Délimiter la zone d’extension contractuelle des droits d’usages.

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Programme 2 : Protection de la biodiversité

Sous-programme 2.1: sensibilisation

Activité 2.1.1 - Matérialiser les limites (panneaux de signalisation layons, bornes) Activité 2.1.2 - Identifier les acteurs Activité 2.1.3- Produire les instruments didactiques (dépliants prospectus) sur la loi te la réglementation en langue locale Activité 2.1.4 - Organiser les campagnes de sensibilisation (Séminaires et réunions)

Sous-programme 2.2: lutte anti-braconnage

Activité 2.2.1- Compléter le dispositif de surveillance autour de la réserve Activité 2.2.2 - Organiser les patrouilles Activité 2.2.3 - Installer les barrières de contrôle sur les axes routiers Activité 2.2.4 - Organiser les comités de surveillance dans les villages Activité 2.2.5 - Etablir un système de transmission d’information entre les comités et la RBD

Sous-programme 2.3 : Recherche et suivi écologique

Activité 2.3.1 - Mettre en place un conseil scientifique de la RBD Activité 2.3.2. Mettre en œuvre un dispositif de suivi écologique et de gestion des ressources biologiques Activité 2.3.3 – Elaborer des propositions de recherche Activité 2.3.4– Rechercher des financements pour les propositions de recherche Activité 2.3.5 – Analyser les données du suivi écologique et de gestion Activité 2.3.6 - Finaliser la stratification phytogéographique Activité 2.3.7 - Approfondir les inventaires sur la faune

Sous-programme 2.4 : Réorganisation administrative et gestion

Activité 2.4.1 : Adopter un nouvel organigramme pour les SCD (lors de l’approbation du plan d’aménagement) Activité 2.4.2 : Rattacher tous les postes forestiers et de chasse de la périphérie de l’AP aux services de la conservation (Décision ministérielle) Activité 2.4.3 : Créer des antennes régionales à Lomié, Somalomo, Bengbis, Djoum, Meyomessala (Décision ministérielle) Activité 2.4.4 : Créer un comité de pilotage pour la RBD Activité 2.4.5 : Créer un comité scientifique consultatif pour la RBD Activité 2.4.6. Affecter des personnels aux Dja Activité 2.4.7. Recruter/ou titulariser les écogardes Activité 2.4.8. Allouer des budgets annuels

Sous-programme 2.5 : Formation Activité 2.5.1 : Formation des nouveaux recrutés Activité 2.5.2 : Recyclage des personnels techniques Activités 2.5.3 : Appui aux stagiaires des institutions spécialisées

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Programme 3 : Contribution au développement et gestion participative

Sous-programme 3.1 : Contribution au développement

Activité 3.1.1. Appuyer la mise en place les infrastructures Activité 3.1.2. Appuyer la relance du développement rural Activité 3.1.3. Faciliter l’élaboration d’un guide touristique pour le Dja Activité 3.1.4. Participer à la promotion et à la recherche de l’investissement pour la promotion du tourisme dans le Dja

Sous-Programme 3.2 : Gestion participative des ressources naturelles

Activité 3.2.1 : Faciliter la mise en place des les FC autour de l’AP Activité 3.2.2 : Faciliter la mise en place des TCC et ZICGC Activité 3.2.3 : Etendre le forum dans le département du Dja et Lobo3 Activité 3.2.4 : Faciliter le fonctionnement d’un forum des acteurs

Sous-programme 3.3 : Développement de l’écotourisme

Activité 3.3.1 : Faire la publicité sur les atouts du Dja Activité 3.3.2 : Sensibiliser les investisseurs sur l’établissement des infrastructures

Programme 4 : Coopération sous-régionale et internationale

Activité 4.2.1 - Mettre en réseau la RBD avec les initiatives sous-régionales et internationales Activité 4.2.2 - Promouvoir et vulgariser les résultats de la recherche Activité 4.2.3 – Etudier la faisabilité d’un fond fiduciaire pour le Dja Activité 4.2.4 – Mise en place du fond fiduciaire

3 Le Forum des acteurs est déjà fonctionnel dans le Haut Nyong

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Tableau 11 : Planification de la mise en œuvre du plan d’aménagement

Programme Activités Sous-activités 2004 2005 2006 2007 2008 Responsable Trimestre 1 2341234123412 341234 Programme 1 : Zonage S-Programme 1.1 : Macro-zonage 1.1.1. Suivre le classement des UFA DF, DFAP, SCD 1.1.2. Suivre le changement de statut des UFA 09 014 et 10 036 S-Programme 1.2 : Micro-zonage 1.2.1. Définir et matérialiser les limites de la SCD, populations zone actuelle d’occupation agricole 1.2.2. Délimiter la zone de protection intensive SCD, populations 1.2.3. Délimiter la zone d’extension SCD, population contractuelle des droits d’usage Programme 2 : Protection de la biodiversité S-Programme 2.1: Sensibilisation 2.1.1 : Matérialiser les limites SCD, ONG 2.1.2. Identifier les acteurs SCD, ONG 2.1.3 : Produire du matériel didactique SCD, ONG 2.1.4 : Organiser les campagnes de SCD, ONG sensibilisation S-Programme 2.2: lutte anti-braconnage 2.2.1. Compléter le dispositif de surveillance autour de la réserve 2.2.2. Organiser les patrouilles SCD 2.2.3. Installer les barrières de contrôle sur les SCD axes routiers

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2.2.4. Organiser les comités de surveillance SCD, Populations dans les villages 2.2.5. Etablir un système de transmission SCD, Populations d’information entre les comités et la RBD S-Programme 2.3: Recherche et suivi 2.3.1 - Mettre en place un conseil scientifique DFAP, SCD de la RBD 2.3.2. Mettre en œuvre un dispositif de suivi SCD écologique et de gestion des ressources biologiques 2.3.3 – Elaborer des propositions de recherche SCD, institutions spécialisées 2.3.4– Rechercher des financements pour les DFAP, SCD, propositions de recherche Projets d’appui, institutions spécialisées 2.3.5 – Analyser les données du suivi SCD, institutions écologique et de gestion spécialisées 2.3.6 - Finaliser la stratification SCD, institutions phytogéographique spécialisées 2.3.7 - Approfondir les inventaires sur la faune SCD, institutions spécialisées S-programme 2.4 : Réorganisation administrative et gestion 2.4.1. Adopter un nouvel organigramme MINFOF, DFAP 2.4.2. Rattacher tous les postes forestiers et MINFOF, DFAP de chasse de la périphérie de l’AP aux services de la conservation 2.4.3. Créer des antennes régionales MINFOF, DFAP 2.4.4. Créer un comité de pilotage pour la RBD MINFOF, DFAP 3.1.5. Créer un comité scientifique consultatif MINFOF, DFAP pour la RBD 2.4.6. Affecter des personnels aux Dja MINFOF, DFAP 2.4.7. Recruter/ou titulariser les écogardes MINFOF, DFAP 2.4.8. Allouer des budgets annuels MINFOF, DFAP

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S-Programme 2.5 : Formation 2.5.1. Former les nouveaux recrutés 2.5.2. Recycler les personnels techniques 2.5.3. Appuyer les stagiaires des institutions spécialisées Programme 3: Contribution au développement et gestion participative S-Programme 3.1 : Contribution au Développement 3.1.1. Appuyer la maintenance des SCD, PMdA infrastructures routière 3.1.2. Appuyer la relance du développement SCD, PMdA rural S-Programme 3.2 : Gestion participative des ressources naturelles 3.2.1. Faciliter la mise en place des les FC SCD, PMdA autour de l’AP 3.2.2. Faciliter la mise en place des TCC et SCD, PMdA ZICGC autour de l’AP 3.2.3. Etendre le forum dans le département SCD, IUCN du Dja et Lobo4 3.2.4 : Faciliter le fonctionnement d’un forum SCD, IUCN des acteurs S-Programme 3.3 : Développement de l’écotourisme 3.3.1. Faire la publicité SCD, Projets d’appui 3.3.2. Sensibiliser les investisseurs SCD, Projets d’appui

4 Le Forum des acteurs est déjà fonctionnel dans le Haut Nyong

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3.3.3. Faciliter l’élaboration d’un guide SCD, Projets touristique d’appui Programme 4 : Coopération sous- régionale et internationale 4.2.1 - Mettre en réseau la RBD avec les SCD, DFAP, initiatives sous-régionales et internationales Projets d’appui, institutions spécialisées 4.2.2. Promouvoir et vulgariser les résultats de SCD, DFAP, la recherche Projets d’appui, institutions spécialisées 4.2.3 – Etudier la faisabilité d’un fond fiduciaire SCD, DFAP, pour le Dja Projets d’appui, institutions spécialisées 4.2.4 – Mise en place du fond fiduciaire SCD, DFAP, Projets d’appui, institutions spécialisées

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Tableau 12 : Cadre logique simplifié de l’aménagement de la RBD

Eléments du projet Indicateurs Moyens de vérification Risques Objectif Général : Le plan d’aménagement de la RBD est Promouvoir un développement durable dans la région approuvé et mis en œuvre pendant les du Dja à travers l’utilisation rationnelle des ressources cinq années de Janvier 2004 à de la biodiversité, et la préservation de ces ressources Décembre 2008 pour des générations actuelles et futures Objectif Opérationnel 1 : Programme 1 : Zonage Procès verbaux de concertations, Blocage du classement dû aux Sécuriser l’espace réservé à la RBD dans sa totalité • Macro-zonage réalisé Rapports de missions, lenteurs administratives, ainsi que les affectations relatives aux différentes • Micro-zonage réalisé Cartes Rejets par les populations zones définies dans cet espace locales des restrictions

envisagées Objectif Opérationnel 2 Programme 2 : Protection de la Pancartes, rapports d’ateliers et Certains média ne sont pas Conserver un ensemble représentatif de la biodiversité biodiversité séminaires, émissions radio et télé. .. accessibles à tous les acteurs, de la région du Dja • Tous les acteurs sensibilisés Nombres de patrouilles, barrières sur Les moyens nécessaires à une • Campagne de lutte anti- les routes, nombre de comités lutte soutenue ne sont pas villageois, Textes ministériels relatifs à braconnage rendus disponibles, Lenteurs la réorganisation des services de la • Nouvelle organisation des administratives du MINEF, services de conservation de la conservation, Personnels MINEF RDB affectés aux SCD, nombre Contexte économique national • Moyens en personnels, d’écogardes pris en charge par le difficile, équipements et financiers MINEF, Rapports et publications de Retrait des appuis extérieurs, • Activités de recherches menées recherche, Moyens financiers insuffisants, Budgets alloués aux SCD Objectif opérationnel 3 : Programme 4 : Contribution au Nombre de kilomètres de routes Faible degré de priorité assigné Promouvoir un développement économique et social développement et gestion participative entretenues, ponts reconstruits, par les autres administrations au durable à travers une participation de tous les acteurs • Contribution au développement Nombre de dossiers de FC montés, développement économique économique autour de l’AP nombre de dossiers de TCC et ZICGC autour du Dja, montés, • Participation des populations Lassitude des populations locales à la gestion de la RBD Textes de légalisation du Forum, réunions du Forum Objectif opérationnel 4 : Programme 5 : Coopération sous- Faible intérêt des donateurs Améliorer la connaissance des ressources naturelles régionale et internationale Rapport de participation à des forums internationaux pour le Dja de la RBD • Rayonnement de la RBD aux sous-régionaux et internationaux, niveaux sous-régional et Rapport d’étude sur la faisabilité d’un international fond fiduciaire

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5.1.3. Moyens à mettre en œuvre

Les moyens à mettre en œuvre peuvent être estimés par programme. Toutefois, il faudra noter que au niveau des structures de base sur le terrain (antennes et postes), les moyens disponibles pourraient être utilisés sans distinction nette entre les programmes d’aménagement.

5.1.3.1. Zonage

Le macro-zonage, à savoir la finalisation des opérations de classement à la périphérie de l’AP, sera conduit en premier chef par la Direction des Forêts, le rôle de la DFAP et des services de la conservation sera juste de suivre cette activité afin de s’assurer que les préoccupations liées à la gestion de la RBD sont prises en compte lors de ce classement. Par conséquent, le macro-zonage aura un coût symbolique pour le plan d’aménagement.

Par contre les activités de micro-zonage auront un coût pour les SCD. Il s’agira d’effectuer des missions de terrain avec des équipes comprenant : - Un cartographe (un cartographe devra faire partie de l’équipe permanente de gestion de la RBD), - Un ingénieur ou autre cadre spécialisé en forêt/faune (un des cadres permanents des SCD) - Le chef de l’antenne considérée capable de bien dialoguer avec les populations locales, - Cinq manœuvres recrutés dans les localités pour des travaux d’ouverture des layons.

Une telle équipe effectuera 100 jours de missions par an pendant les deux premières années et va parcourir en moyenne 300 km par jour. L’équipe effectuera la collecte des données sur le terrain alors que la finalisation des cartes se fera dans le cadre des services de base des SCD. Le tableau 13 ci-dessous donne une estimation des coûts pour les travaux de zonage. Il est à remarquer que les salaires des personnels permanents sont pris en compte par ailleurs.

Tableau 13. Estimation des coûts annuels (en FCFA) du zonage

Coût Nombre Désignation Unité unitaire d'unités Coût total Mission cartographe Jour 40.000 100 4.000.000 Mission ingénieur ou cadre spécialisé Jour 40.000 100 4.000.000 Mission chauffeur Jour 15.000 100 1.500.000 Entretien véhicule km 250 30.000 7.500.000 Achat matériels divers Forfait 500.000 1 500.000 Réunions de concertation réunion 500.000 10 5.000.000 Total 22.500.000

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Pour les deux années les activités de zonage devront coûter 45.000.000 FCFA. La principale source budgétaire devra être constituées par les subventions octroyées par l’Etat Camerounais qui pourrait néanmoins chercher des appuis auprès de ses partenaires.

5.1.3.2. Protection de la diversité biologique

Ce programme est celui mobilise le plus de moyens permanents en termes d’effectifs des personnels, équipements et infrastructures. Le tableau 14a fait ressortir que, pour un fonctionnement optimal, les SCD devront avoir un total de 130 employés dont 11 cadres, 26 agents de maîtrise (techniciens) et 93 agents d’appui. Chaque chef d’unité technique aura à sa disposition deux techniciens, de même il y’aura dans chaque antenne deux techniciens. Les Chefs de potes devront aussi être des techniciens. A chacun des dix postes qui dépendront du Conservateurs, il sera affecté 5 gardes forestiers et de chasse, et chaque antenne aura au niveau central 7 agents dont un chauffeur et un agent administratif, les autres étant des gardes.

Tableau 14a: Personnels nécessaires au fonctionnement des services de conservation du Dja

Qualification effectif Salaire annuel Salaire annuel Total par employé (FCFA) par catégorie quinquennal (FCFA) (FCFA) Cadres Conservateur du Dja 1 6.000.000 6.000.000 30.000.000 Chefs d’unités et de 5 4.800.000 24.000.000 120.000.000 service Chef d’antennes 4 4.800.000 19.200.000 96.000.000 Cartographe 1 4.800.000 4.800.000 24.000.000 Total cadres 11 270.000.000 Techniciens Techniciens rattachés 8 3.600.000 28.800.000 144.000.000 aux chefs d’unités techniques Techniciens (Chefs de 10 3.600.000 36.000.000 180.000.000 postes) Techniciens rattachés 8 3.600.000 28.800.000 144.000.000 aux chefs d’antennes Total Techniciens 26 468.000.000 Agents d’appui Agents d’appui SCD 15 2.500.000 37.500.000 187.500.000 Agents d’appui antennes 28 1.800.000 50.400.000 252.000.000 Agents d’appui postes 50 1.800.000 90.000.000 450.000.000 (gardes) Total agents d’appui 93 889.500.000 Total Personnel 1.627.500.000

Quant aux infrastructures, de manière générale, celles mises en place dans le cadre de la mise en œuvre du projet ECOFAC devront être suffisants pour la durée d’application du présent plan d’aménagement surtout en ce qui concerne les bâtiments techniques. Néanmoins, il faudra prévoir un minimum d’infrastructures sociales pour le personnel des SCD. Particulièrement, les localités où sont

88 89 implantées les antennes étant petites l’offre en logements par les hommes d’affaires locaux est aussi étroite. Il faut donc prévoir la construction de trois logement pour les chefs d’antennes de Lomié, Meyomessala et Djoum. Somalomo dispose déjà de telles infrastructures. Il faudra aussi prévoir la construction des camps pour les agents d’appui dans ces localités.

En ce qui concerne les équipements, Il faudra prévoir le remplacement de toutes les motos de manière progressive pendant la durée d’application de l’aménagement. De même on prévoira le renouvellement de trois véhicules tout terrain. Enfin il faudra faire une prévision budgétaire pour les petits équipements techniques qui pourront présenter des défectuosités pendant la durée d’application de l’aménagement. Le tableau 14b donne un récapitulatifs des estimations des coûts pour la durée de mise en œuvre de l’aménagement. Au total, il faudra prévoir environ 366 millions de FCFA en cinq ans.

Tableau 14b : Coûts (FCFA) des équipements et infrastructures

Désignation Coût unitaire Coût annuel Nombre Coût total d’unités (cinq ans) Nouvelles Infrastructures Logement chefs d’antenne 20.000.000 3 60.000.000 Camps personnel d’appui 35.000.000 3 105.000.000 Total nouvelles 165.000.000 infrastructures Equipements neufs Motos 2.000.000 18 36.000.000 Véhicules 4X4 15.000.000 3 45.000.000 Equipements techniques 2.000.000 10.000.000 Total Equipements neufs 91.000.000 Entretien et maintenance Bâtiments et autres 5.000.000 25.000.000 infrastructures Equipements roulants (18 15.000.000 75.000.000 motos, 6 véhicules) Autres équipements 2.000.000 10.000.000 Total entretien et 110.000.000 maintenance Total général Equipements 366.000.000 et Infrastructures

Les activités de recherches en tant que telles ont des coûts estimés ici de manière beaucoup plus indicative, car des estimations plus précises devront se faire par la mission qui rédigera des propositions de recherche. Un minimum de financement pourra provenir du budget du fonds spécial d’équipement d’aires protégées du MINFOF (surtout pour les activités de suivi), toutefois il s’agira beaucoup plus de recherche des financements extérieurs qui sont octroyés à travers des processus compétitifs.

La grande partie du budget de ce programme devrait être obtenue du gouvernement Camerounais qui paiera par exemple les salaires des personnels affectés ou recrutés. Cependant, des compléments de financement devront être recherchés auprès des partenaires du Cameroun.

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En plus des personnels et équipements il faudra faire des provisions budgétaires pour rendre effectivement opérationnels des sous-programmes de sensibilisation, lutte anti-braconnage, recherche et suivi, et formation comme indiqué dans le tableau 14c ci-dessous. Pour la formation, il faudra prévoir de recruter 20 jeunes pendant la durée de cinq ans et les former à des coûts avoisinant un million de FCFA par personne. De même, il faudra recycler au moins une fois chacun des anciens agents et techniciens. On pourra organiser une session par an pour 15 à 20 personnes à raison de 450.000 FCFA par personne.

La gestion de la RBD appuiera aussi la formation des jeunes dans des institutions spécialisées telles que les Universités de Dschang et Yaoundé I, l’Ecole de Faune de Garoua et l’Ecole des Eaux et Forêt de Mbalmayo. Ces jeunes viendront pour leurs stages pratiques qui durent quelques mois. En moyenne, il est prévu que les SCD accueilliront 10 stagiaires de ce type par an pour un coût de un million de FCFA par stagiaire.

Tableau 14c : Coûts (FCFA) de l’exécution des sous-programmes sensibilisation, lutte anti- braconnage et formation

Sous-programme Coûts annuels Coût total (cinq ans) Sensibilisation Matérialisation des limites (1) 25.000.000 Production du matériel de sensibilisation 5.000.000 25.000.000 Organisation des campagnes 10.000.000 50.000.000 Total sensibilisation 100.000.000 Lutte anti-braconnage Patrouilles, missions, contrôle et suivis divers 15.000.000 75.000.000 Comités de vigilance villageois 10.000.000 50.000.000 Total lutte anti-Braconnage 125.000.000 Recherche et suivi Mise en place du dispositif de suivi (1) 25.000.000 Elaboration des propositions de recherche 11.000.000 Carte phytogéographique 25.000.000 Inventaires faune 50.000.000 Total Recherche et suivi 111.000.000 Formation Formation des nouveaux recrutés 20.000.000 Recyclage des techniciens et anciens agents 9.000.000 45.000.000 Appui aux stagiaires des institutions nationales 10.000.000 50.000.000 spécialisées Total formation 115.000.000 Total général 451.000.000

5.1.3.3. Fonctionnement de l’administration et des nouvelles institutions

L grande partie du fonctionnement lié aux équipements et infrastructures est déjà prise en compte dans 5.1.3.2, il reste cependant des consommables divers et surtout l’organisation des réunions du comité de pilotage (deux fois par an) et du comité scientifique consultatifs (une fois par an). Les tableaux 15a ci-dessous donne une estimation des coûts de fonctionnement de l’administration des SCD.

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Tableau 15a : Estimation des coûts (FCFA) de fonctionnement de l’administration des SCD

Désignation Coût annuel Coûts cinq ans Services du conservateur 6.000.000 30.000.000 Antenne 2.000.000 10.000.000 Postes 1.000.000 5.000.000 Réunions du comité de pilotage 6.000.000 30.000.000 Réunions du comité scientifique 2.000.000 10.000.000 Total administration 17.000.000 85.000.000

Ainsi, le budget total pour le programme de protection est récapitulé dans le tableau 15b ci-dessous.

Tableau 15b: Récapitulatif des coûts pour le programme de protection

Rubrique Montant (FCFA) Personnel 1.627.500.000 Nouvelles infrastructures 165.000.000 Equipements neufs 91.000.000 Entretien et maintenance 110.000.000 Sensibilisation 100.000.000 Lutte anti-braconnage 125.000.000 Recherche et suivi 111.000.000 Formation 115.000.000 Administration 85.000.000 Total du programme 2.529.500.000

5.1.3.4. Contribution au développement économique et social durable et gestion participative

Etant donné que la mission primaire du MINFOF n’est pas la réalisation des infrastructures publiques, le budget octroyé par le Gouvernement du Cameroun au MINFOF ne pourra pas être principalement orienté vers la réhabilitation des infrastructures routières ou le développement agricole. Cependant, les réalisations prévues dans ce sens s’effectueront surtout à travers le PMdA dont l’objectif général est « d’atteindre un système durable de conservation de la réserve avec la pleine participation des populations en périphérie » (Scalia, 2001). Le PMdA fait ainsi partie intégrante de la problématique de l’aménagement de la RBD.

D’autres intervenants comme l’IUCN ont manifesté leur disponibilité pour un appui à la gestion participative. Le tableau 16 ci-après donne une estimation des moyens budgétaires nécessaires pour la mise en œuvre du programme concerné.

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Tableau 16 : Estimation des coût de la contribution au développement et gestion participative

Désignation Coût annuel Coût duré de l'aménagement Réhabilitation des ponts Forfait 80 000 000 Réhabilitation des pistes Forfait 170 000 000 Appui développement agricole 70 000 000 210 000 000 Appui Forêts communautaires 30 000 000 90 000 000 Appui gestion chasse 15 000 000 45 000 000 autres activités économiques 10 000 000 30 000 000 Fonctionnement des structures locales 3 000 000 9 000 000 Renforcement des capacités 4 500 000 13 500 000 Animation du forum des acteurs 15 000 000 75 000 000 Elaboration et dissémination d’un guide touristique 15 000 000 Total 737 500 000

Il est à noter que en dehors de l’animation du forum, toutes les autres activités sont prévues pour trois ans selon la durée du PMdA.

5.1.3.5. Recherche et Coopération internationale

L’appui de l’UNESCO sera particulièrement demandé pour financer et organiser la mission initiale de chercheurs et pour l’étude de faisabilité d’un fonds fiduciaire. Le tableau 17 ci-après donne une estimation des coûts de la recherche et coopération internationale.

Tableau 17 : Estimation des coûts des de la coopération internationale.

Désignation Coûts Etude de faisabilité d'un fonds fiduciaire 15 000 000 Missions internationales 10 000 000 Total 25 000 000

5.1.3.6. Synthèse des coûts estimés de la mise en œuvre du plan d’aménagement

Le tableau 18 ci-dessous montre que la mise en œuvre du présent plan d’aménagement nécessitera un financement estimé à environ 3,0285 milliards de FCFA en cinq ans. Le programme qui nécessitera le plus de fonds sera le programme de protection de la biodiversité (74% de tout le budget). Cela est normal dans la mesure où ce programme concerne la mission primordiale du MINEF en tant que institution publique.

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Tableau 18 : Synthèse des coûts (FCFA) de mise en œuvre du plan d’aménagement du Dja par programme d’aménagement

Programme Montant total Zonage 45 000 000 Protection de la biodiversité 2 529 500 000 Développement et participation 737 500 000 Coopération internationale 25 000 000 Total 3 337 000 000

5.1.3.7 Sources de financements

La plus importante source de financement sera le gouvernement du Cameroun à travers le budget de fonctionnement du MINFOF, le budget d’investissement et le fonds pour la Faune. Toutefois, les fonds provenant du gouvernement du Cameroun ne seront pas suffisants pour couvrir tout le montant nécessaire à la mise en œuvre du plan d’aménagement pour une durée de cinq ans. Il faudra donc que les partenaires en coopération du Cameroun puissent appuyer les efforts du gouvernement pour une bonne mise en œuvre du plan d’aménagement. Déjà, on pourra compter sur l’accord existant entre le Cameroun et l’Union européenne pour la mise en œuvre du PMdA qui s’implique dans le programme de contribution au développement économique et social. Il faudra, dans la recherche de financements impliqués tous les partenaires du MINFOF qui se sont déjà intéressés (IUCN, UNESCO, Living Earth, ...) à l’élaboration du plan et à bien d’autres. Le Tableau 19 présente les financements attendus du gouvernement du Cameroun par rapport à ceux qui sont à rechercher.

Tableau 19 : Financements attendus (FCFA) du Gouvernement Camerounais par rubrique

Rubrique Montant total Attendus du Gouvernement Montant à du Cameroun rechercher Zonage 45.000.000 45.000.000 0 Personnel 1.627.500.000 1.122.000.000 505.500.000 Nouvelles infrastructures 165.000.000 33.000.000 132.000.000 Equipements neufs 91.000.000 18.200.000 72.800.000 Entretien et maintenance des 110.000000 55.000.000 55.000.000 infrastructures et équipements Sensibilisation 100.000.000 20.000.000 80.000.000 Lutte anti-braconnage 125.000.000 65.000.000 60.000.000 Recherche et suivi 111.000.000 22.200.000 88.800.000 Formation 115.000.000 23.000.000 92.000.000 Fonctionnement de l’administration 85.000.000 85.000.000 0 Contribution au développement 737.500.000 647.500.000* 90.000.000 Coopération internationale 25.000.000 5.000.000 20.000.000 Total 3.337.000.000 2.140.900.000 1.196.100.000

(*) Ce montant est en grande parti inclus dans l’accord de projet déjà signé entre le Cameroun et l’Union Européenne concernant le PMdA

Le gouvernement du Cameroun devra fournir au moins 64% du financement total. Le financement du Cameroun ira en majeure partie au paiement des salaires des

93 94 personnels. Cependant, on devra rechercher des financements extérieurs pour les salaires des nouveaux recrutés (180 millions de FCFA) qui ne pourront éventuellement être pris en charge par le gouvernement que lors de la mise en œuvre du plan d’aménagement de la période suivante. De même 20% de la masse salariale représentant les diverses primes d’incitation pour des tâches à risque sur le terrain seront à rechercher. Le gouvernement devra aussi s’occuper entièrement du zonage (à travers le fonds faune) et du fonctionnement de l’administration grâce au budget de fonctionnement de l’Etat.

En ce qui concerne les nouvelles infrastructures et l’acquisition des équipements neufs, le budget d’investissement de l’Etat pourra procurer 20% des ressources nécessaires, mais on s’efforcera surtout à rechercher des financements extérieurs. Il en est de même des activités liées à la sensibilisation, la recherche et le suivi, la formation et la coopération internationale. Enfin, les efforts de financements seront relativement équilibrés entre le gouvernement du Cameroun et les sources extérieures en ce qui concerne la maintenance des équipements et la lutte anti- braconnage. Déjà bien des espoirs repose sur la quatrième phase du projet ECOFAC à venir.

5.2. Suivi et évaluation

Le système de suivi-évaluation de l’aménagement de la RBD aura deux aspects : le suivi et l’évaluation des impacts de l’aménagement sur l’environnement tant écologique que socio-économique, et le suivi-évaluation de la mise en œuvre du plan d’aménagement.

En ce qui concerne le suivi et l’évaluation des impacts sur l’environnement, le système de monitoring mis en place à travers le projet ECOFAC devra être appliqué. Ce système qui a été conçu dans le cadre du Réseau des Aires Protégées d’Afrique Centrale (RAPAC) et vise à servir de repère pour les gestionnaires/responsables afin de prévenir toute dégradation excessive des systèmes naturels et/ou des systèmes socio-économiques sur lesquels repose la conservation de la biodiversité (Pabanel et Pedrono, 2003).

Le suivi de la mise en œuvre du plan d’aménagement se fera en plus lors de la rédaction des plans d’opérations annuels ainsi que à travers les réunions du comité de pilotage. Il sera organisé deux autres missions d’évaluation dont une à mi- parcours (2006) et une lors de la révision du plan d’aménagement (2008).

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ANNEXES

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Annexe 1: Termes de Référence des personnels et Organes de Gestion de la Réserve de la Biosphère du Dja

La description des fonctions et tâches présentée dans le tableau ci-dessous est en grande partie inspirée du travail préalable qui a été fait dans le cadre de la planification de la troisième phase du projet ECOFAC (Scalia 2001). Cependant des adaptations importantes ont été faites pour tenir compte de toutes les consultations menées lors du processus d’élaboration du plan d’aménagement.

Organe/Poste Composition/Description des tâches Comité de pilotage (CP) Présidé par le Directeur de la Faune et des Aires Protégées (DFAP) le CP comprend en outre : le Chef de Service des Aménagements de la DFAP, les Délégués Provinciaux MINEF de l’Est et du Sud, deux représentants des populations (un du Haut-Nyong et un du Dja et Lobo), les Directeurs des projets en cours d’exécution et le Conservateur de la RBD qui assure le secrétariat. Pourront être invités à participer au CP les représentants des bailleurs de fonds des projets en cours ou toute autre personne dont la présence serait jugée nécessaire pour la mise en œuvre du plan d’aménagement. Le CP : - Adopte le programme annuel d’activités de la RBD - Adopte les avant-projets de budgets annuels de gestion de la RBD - Evalue la mise en œuvre du plan d’aménagement de la RBD notamment à travers les rapports d’activités et les missions commanditées - Adopte les propositions présentées par les organes consultatifs - Propose au Ministre de l’Environnement et des Forêts des actions à entreprendre pour le respect des dispositions du plan d’aménagement par les autres organes du MINEF et les autres administrations publiques et des opérateurs privés d’autres secteurs.

Comité scientifique Présidé par le Conservateur de la RBD, il comprend en outre : les consultatif responsables des projets d’appui en cours d’exécution, un représentant de l’Université de Dschang, un représentant de l’université de Yaoundé I, un représentant de l’Institut de Recherches Agronomiques pour le Développement (IRAD), des représentants des instituts de cherches et universités étrangères manifestant un intérêt pour le Dja. Un chef d’unité des services de conservation du Dja en assure le secrétariat. Son rôle est de : - Proposer des grandes orientations pour la recherche et la dissémination des résultats des recherches menées dans le Dja, - Donner un avis motiver sur les propositions de recherche à mener dans la RBD - Aider à la recherche de financements pour des activités de recherche dans le Dja. Le Forum des acteurs C’est une instance consultative d’échanges entre différents acteurs de la gestion de la RBD. Il dispose d’un statut légal formalisé par des arrêtés pris par les autorités administratives compétentes. Il comprend, des représentants des administrations publiques des arrondissements dont les territoires touchent ou sont limitrophes de la RBD, les ONG environnementales exerçant dans la RBD, des représentants de société civile concernés, et toute autre personne physique ou morale représentant un intérêt majeur dans la gestion des ressources de la biodiversité dans et autour de la RBD. Le rôle du forum des acteurs est de: - Favoriser les échanges d’expériences entre acteurs des gestions des ressources de la biodiversité du Dja,

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- Sensibiliser les acteurs sur la nécessiter d’une gestion durable des ressources - Formuler des propositions à soumettre au CP sur la résolution des problèmes qui se posent à la gestion durable des ressources de la RBD. Conservateur Responsable du dispositif de conservation et de surveillance d la Réserve (en accord au Plan Aménagement et de Gestion), le Conservateur sera en charge de : - Participation à l’élaboration, la révision et la mise en œuvre du plan d’aménagement (en s’appuyant sur les prestataires privés ou communautaires) - Secrétariat du comité de pilotage - Gestion des budgets et coordination les activités des équipes internes de la RBD - Définition des stratégies de surveillance - Supervision des écogardes, postes et antennes - Coordination de travaux de suivi environnementale et recherche appliquée à la conservation. - Coordination avec autres activités (internes et externes) pour vérifier compatibilité aux objectifs de conservation et harmonisation des activités projets et programmes avec la gestion de la Réserve. - Concertation des stratégies de conservation avec les autres AP du réseau RAPAC Chef d’unité lutte anti- Responsable de la mise en œuvre de la stratégie locale de lutte anti- braconnage braconnage sont rôle est : - Participer à définition des stratégies de surveillance avec le conservateur - Développement du dispositif de participation des populations à la gestion de la RFD et à la lutte anti-braconnage (Comités de Surveillance, Comités Villageois, information et consultation. - Assure la surveillance et la lutte contre le braconnage dans et hors de la RBD (les GF et les écogardes peuvent aller dans les zones périphériques pour travailler avec les chefs de poste forestier) - Concertation avec autorités de police, judiciaires et forestières pour concerter la surveillance, la lutte anti-braconnage et l’application des sanctions.

Chef d’unité de Responsable de la mise en place, gestion et développement du recherche et suivi système de suivi environnemental : environnemental - Contact avec les organisations de recherche - Secrétariat du comité scientifique consultatif - Définition, en concertation avec les gestionnaires et le conservateur, des stratégies de suivi, des indicateurs et des méthodologies - Supervision, formation et suivi de la prise de données des écogardes - Gestion de la base des données et élaboration des cartes sur SIG - Information pour les cadres - Concertation des méthodologies de suivi au niveau du RAPAC - Appui (élaboration des donnée et cartographie) au suivi des autres activités du programme Chef d’unité Sous la directe supervision du Conservateur, le chef d’unité sensibilisation et sensibilisation et développement seront responsables de la participation des populations à la gestion de la RBD. développement - Structuration des comités de surveillance - Diffusion d’information près des populations - Interfaces entre les cadres du programme et communautés - Identification, gestion et résolution des conflits avec les populations - Dialogue avec élites, chefs, comités - Diagnostiques participatifs

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- Insertion – sans fracture avec le passé – du dispositif de développement prévu par le PMDA (animateurs, ONG) - Appui à la coordination, à niveau des villages, des écogardes et des animateurs - Education environnementale (formation des écogardes) Chef du service - Suivi administratif du personnel administration et - Comptabilité des ressources - Appui au conservateur dans la gestion des ressources financières Finance Chef du service - Gestion du centre de formation de Somalomo formation - Organisation de la session de recyclage - Organisation de la formation des nouveaux recruter - Accueil des stagiaires des institutions de formation Chef d’Antenne Coordination, suivi et supervision des activités de surveillance dans la zone de compétence. Responsables hiérarchiques des postes de surveillance, est en charge des activités suivantes : - Suivi des contentieux avec les administrations locales. - Coordination, harmonisation, suivi et appui aux activités de pertinence à l’UTO, dont développement socio-économique et suivi environnementale. Appui logistique et coordination des interventions des projets et programme. - Coordination des intervenants autours de la Réserve : populations, administrations et institutions, projets, UFA, ONG, autres - Animation des relations administratives locales - Gestion du Personnel et des activités de l'Antenne - Information du public et des autres usagers - Surveillance des facteurs de dégradation du potentiel de ressources naturelles - Planifications des activités et des besoins d’approvisionnement pour l’antenne - Initiation des études techniques locales - Liaison avec les collectivités locales dans le cadre du suivi du processus de décentralisation - - Suivi des relations avec les projets et les opérateurs économiques travaillant sur l'exploitation des ressources naturelles Chef de Poste Responsables des Postes, sous la directe supervision des Chefs d’Antenne et la coordination du Conservateur et de son Adjoint, auront les responsabilités suivantes : - Contrôle de la circulation et de l'exploitation des produits forestiers (bois, gibiers, PFNL) - Répression des infractions - Encadrement du personnel du poste - Liaison avec les autorités locales - Coordination avec les villages - Concertation avec les animateurs des projets et programmes - Programmes d'éducation environnementale - Préparation des rapports des postes - Planifications des activités de postes et des besoins d’approvisionnement

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