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700 fc / 4 euros kashkazi numéro 65 / juillet-août 2007 les vents n’ont pas de frontière, l’information non plus

coup de force à ndzuani chronique d’une mascarade électorale bacar : portrait d’un caïd devenu président enquête sur ses réseaux mafieux

LÉGISLATIVES / MAORE Pourquoi Kamardine a perdu

PRÉSIDENTIELLES / UNION Dans les rouages de la machine à frauder

bamana qui était-il NOTRE DOSSIER Plus que les créoles Marcel Henry et Adrien Giraud, Younoussa Bamana symbolisait le combat des Mahorais pour “Mayotte française”. Son décès a éclipsé celui de l’un de ses illustres opposants, Saïd Toumbou, qui représentait une autre facette du destin de Maore. Retour sur les parcours pas si différents de deux amoureux de leur île.

JEUX DES ÎLES Maore revient sur le tapis

PALESTINE Un Etat divisé en mille morceaux par la colonisation israélienne Comment fait-on la fête dans l’archipel ?

Ndzuani, Ngazidja, Mwali : 700 fc / Maore : 4 euros / Réunion, France : 5 euros / Madagascar : 2.500 ariary Kenya Airways vous offre trois fois par semaine de très bonnes correspondances vers Dubaï, Johannesburg, Bujumbura, Cairo,Addis Abeba, Mumbai, Bangkok et Guangzhou en transitant par Nairobi. Pour plus de détails, contactez Ario Comores ou votre agence de voyage. EN PRÉAMBULE sommaire (65) Union africaine : 4 ENTRE NOUS LE JOURNAL DES LECTEURS DES NOUVELLES DE... bob denard HORIZONS DIVERS lina joly, chrétienne interdite PORTRAIT TYPE yasser et allaoui, à caltex de l’utopie au fantasme 8 FAUT QU’ÇA SORTE ENQUÊTE le directeur de la Paf provoque un par Lisa Giachino et Kamal’Eddine Saindou accident en toute impunité DIPLOMATIK’ il faut tuer le président chavez POLITIQUE estrosi, un ministre sauce piquante "LA MISSION DEMANDE AUX AUTORITÉS d' d'or- est toujours en vigueur. De temps en temps, d'autres rencontres réunissant des LA QUESTION pourquoi caambi soutient bacar ? ganiser une élection libre et équitable en conformité avec le plan de sécurisa- responsables de divers secteurs de la vie économique, sociale, énergétique ou TRANSPORTS le maria galanta souverain ! tion de l'Union africaine [et] s'engage à poursuivre ses efforts avec l'ensemble environnementale ont lieu. Seulement, les résultats auxquels ils aboutissent ne des parties comoriennes afin de surmonter les obstacles qui continuent d'entra- correspondent pas aux attentes des peuples des pays membres". 15 RUE DES INCONGRUS ver le processus de réconciliation aux Comores, en conformité avec les accords Sur le plan de la sécurité, souligne Scotty Makiese, "les Etats africains font plus quand les “grand quelqu’un” informent de de 2001, de Beit Salam de 2003 et la Constitution de l'Union." confiance à l'ONU qu'à l'UA. Le Rwanda, le Burundi, la RD Congo, la “grand n’importe comment” Aucune menace contre Mohamed Bacar, pourtant clairement hors du champ Somalie, l'Angola et aujourd'hui le Darfour ont fait et continuent à faire les frais de la légalité, et des promesses de négociation. Dix ans après le début de son de l'incapacité de l'UA à assurer la protection de leurs populations en cas de 16 NOUVELLES DU FRONT implication dans le dossier comorien, l'un des derniers communiqués de conflit. Des troupes sous-équipées, mal coordonnées et mal entraînées, avec l'Union africaine, publié le 24 juin après la visite d'une délégation de ministres des mandats mal définis, toujours placées sous les ordres des pays occidentaux, 20 GROS PLAN du continent dans l'archipel, sonne comme un aveu d'impuissance. ne rassurent pas les populations. Dans ces conditions, doit-on continuer à croi- la diaspora en france : l’envers du décor Le lendemain de ce communiqué, une conférence internationale se tenait à re en l'Union Africaine ?" Paris, à l'initiative du président français Nicolas Sarkozy, pour tenter de trouver 24 DÉCRYPTAGE des solutions à la crise du Darfour, au Soudan. Sans les autorités soudanaises, 24 NDZUANI chronique d’une mascarade électorale mais également sans l'Union africaine, qui est pourtant le principal interlocu- LA QUESTION TARAUDE EN EFFET les opinions nationales bacar, un caïd devenu président teur du régime de Karthoum. N'ayant pas été consultée en amont de cette réuni- africaines, et traverse l'actualité politique de l'archipel comorien. S'il ne les réseaux mafieux du pouvoir on, l'UA a en effet préféré s'abstenir d'y participer. Après avoir vu des "forces connaît pas l'ampleur des conflits qui font rage dans d'autres régions, celui- 30 PRÉSIDENTIELLES dans les rouages de la fraude hybrides" associer ses propres troupes, déjà présentes sur le terrain soudanais, ci n'en représente pas moins un foyer de tension, lié à une décolonisation que portraits des deux élus à celles de l'Organisation des Nations Unies, verrait-elle le premier "gros dos- l’UA et l’ONU n'ont pas réussi à parachever depuis 32 ans. 32 LÉGISLATIVES pourquoi kamardine a perdu sier" qui lui avait été confié lui échapper ? Dans bien des domaines pourtant, la transformation de l'Organisation de l'Unité abdoulatifu, version césaire ? Africaine en Union Africaine est présentée comme une avancée qui prépare 34 FOOTBALL stades : au bonheur des hooligans 35 SPORTS l’imbroglio des jeux des îles l'Afrique à affronter les enjeux à venir. Elle "offre des opportunités sans précé- SI LES CRISES COMORIENNE ET SOUDANAISE n'ont rien de dent pour commencer à aborder les raisons pour lesquelles l'Afrique a été un 36 comparable quant à la gravité du conflit, le nombre de personnes concernées, continent aussi perturbé depuis (…) quarante ans environ" écrit Binaifer RÉGION 1 les nouvelles donnes de la constitution malgache les pertes humaines et les enjeux géopolitiques, elles n'en représentent pas Nowrojee . Certes, la réaffirmation par l'UA du principe de "non ingérence" moins deux exemples révélateurs des difficultés de l'UA à affronter l'un de ses d'un Etat membre dans les affaires intérieures d'un autre Etat membre, a fait 38 GÉOPO premiers objectifs historiques : lutter contre la balkanisation du continent afri- réagir ceux qui y décèlent une manière de taire les critiques sur des violations PALESTINE un état divisé en mille morceaux cain. "Préconiser l'unité africaine et détruire les bases mêmes de cette unité, des droits de l'Homme. En revanche, le droit d'intervention de l'Union dans un n'est pas souhaiter l'unité [africaine]" avait déclaré Patrice Lumumba lors d'un Etat membre est explicite, de même que la condamnation des changements de discours prémonitoire à l'occasion de l'indépendance de son pays, le 30 juin régime anticonstitutionnels. Le "principe de non-indifférence" est présenté 40 DOSSIER 1960. Le leader de la lutte pour l'indépendance du Congo, un des chantres du comme une innovation : "En cas de prises de pouvoir non constitutionnelles, panafricanisme développé par le ghanéen Kwame Nkrumah, pointait ainsi du d'actes de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, les diri- bamana-toumbou, doigt les divisions auxquelles pouvaient aboutir les manœuvres de balkanisa- geants africains (...) peuvent prendre les mesures qui s'imposent". deux destins tion menées par les puissances coloniales. "Tous nos compatriotes doivent 40 BAMANA-TOUMBOU destins croisés savoir qu'ils ne serviront pas l'intérêt général Malgré ces avancées, l'UA ne dispose pas de tous les moyens poli- 43 maore au coeur de leurs combats du pays dans (…) la balkanisation de nos tiques et militaires pour exécuter ses décisions. S'il faut lui reconnaître la réso- 44 poroani 1973 : la bataille bamana-abdallah pays en de petits Etats faibles", prévenait-il. lution de certains conflits comme en Sierra Léone ou en République démocra- La crise comorien- La création d'une organisation panafricaine tique du Congo, l'ONU reste le principal pourvoyeur de troupes. Les priorités 45 acoua 1973 : le siège des serré-la-main devait constituer la parade contre ce morcel- des interventions ne sont pas toujours celles relevées par l'organisation africai- 46 la fin des vieux baobabs ne comme celle du lement programmé du continent. ne : ne disposant pas d'une autonomie suffisante pour financer ses opérations, 47 bamana vu depuis moroni Darfour montrent l'UA reste dépendante des bailleurs occidentaux. L'Union européenne s'est que (...) la prise de Celle-ci voit le jour en 1963 sous récemment engagée à verser 250 millions d'euros au Fonds pour la paix de 48 HORS-PISTE le nom d'Organisation de l'unité africaine l'UA. Or, pour "amener les Occidentaux à utiliser leurs capacités, ils doivent y comment fait-on la fête dans l’archipel responsabilité à (OUA). Ses textes fondateurs consacrent la reconnaître leurs propres intérêts", souligne Kevin Chaput 2. enquête sur l’évolution des loisirs l'intérieur du pays "validité" et la "pérennité" du principe de En outre, l'UA s'est elle-même liée les mains dans la mise en application de ses l'intangibilité des frontières issues de la dispositions. Le droit d'intervention "ne peut être mis en œuvre que dans des 52 HUMEUR VAGABONDE est aussi impor- colonisation, qui constituent alors le fonde- circonstances très limitatives, où le désespoir se fait urgent (…) s'il y a eu crime la complainte des vaincus tante que toutes ment de son action, en vue de parvenir à la de guerre, génocide ou crime contre l'humanité", relève Binaifer Nowrojee. Par libération politique du continent. Autre ailleurs, souligne-t-il, le pouvoir de sanction que s'est donné l'UA à l'encontre 54 LES MAUX DE LA FIN les médiations objectif : la promotion de l'unité et de la soli- des Etats membres de l'Union ne concerne que la "privation de la parole aux conte du pays des aveugles dansants internationales. darité. En 40 ans d'existence, l'OUA a atteint réunions, privation du droit de vote, l'interdiction d'un ressortissant d'un Etat et du borgne louche son premier but, décoloniser politiquement membre d'occuper un poste ou une fonction au sein de l'Union." L'organisation l'Afrique, même s'il subsiste encore des ava- panafricaine est encore loin des ambitions affichées. "Pour l'Afrique profonde, tars de la décolonisation. Il n'en est pas de l'UA ne fait pas partie de son horizon immédiat" conclut Scotty Makiese. "Elle même pour la préservation de l'unité du continent et de la solidarité entre les est plutôt un lointain fantasme." Africains. Sur ces deux points, le bilan est très controversé. Bien que de vieux conflits qui ont embrasé durant des années le continent aient été réglés, l'Afrique demeure secouée par de nombreux foyers de tensions. Mensuel indépendant de l’archipel des Comores édité par la FANTASME EN PASSE D'ÊTRE DÉÇU aux Comores, où la SARL BANGWE PRODUCTION Cet échec tient selon Scotty Makiese, auteur d'une réflexion consacrée à l'his- population -à commencer par les Anjouanais- pensait qu'il suffirait d'un peu de Deuxième année - numéro 65 toire de l'organisation panafricaine, à un mal originel lié à la fois à "l'inexpé- fermeté de la part de l'organisation “toute-puissante” pour remettre Mohamed BP 53 11, Moroni, Ngazidja, Union des Comores Tel. Moroni : (00 269) 76 17 97 - (00 269) 36 17 97 rience de ses dirigeants", à des "fissures dans ses structures organisationnel- Bacar, fort d’une force d’à peine 500 à 600 hommes, dans le rang. Or la crise Tel. Mamoudzou : 06 39 21 93 39 les" et surtout à une division entre "modérés d'une part et progressistes de comorienne comme celle du Darfour montrent que dans les processus de bal- e-mail : [email protected] / www.kashkazi.com l'autre". Cette dernière étant la conséquence des conflits entre les deux blocs kanisation, la prise de responsabilité à l'intérieur du pays est au moins aussi Directeur de la publication : Kamal’Eddine Saindou Est et Ouest qui selon Makiese, "[ont influencé] d'une manière excessive le importante que toutes les médiations internationales. Rédactrice en chef : Lisa Giachino Rédaction : Rémi Carayol, Naouerdinne Papamwegne, comportement de l'organisation africaine". Daan-Ouni Msoili En 2002, l'Union africaine remplace l'OUA. Simple changement de nom ? 1 Collaborateurs : Ahmed Abdallah, Nassuf Djaïlani, Soeuf Elbadawi, Pour Scotty Makiese, bien que le mur de Berlin soit tombé, "le fonctionnement Binaifer Nowrojee, "L'Afrique seule face à elle-même : intervention régionale Le Quotidien de la Réunion, Syfia International, Eric Tranois et droits humains”, Rapport mondial 2004. Impression : Graphica Imprimerie, Moroni - (00 269) 73 59 65 est resté pratiquement le même. Le système de sommets de chefs d'Etat précé- 2 Kevin Chaput, analyste en formation en Études en politiques appliquées, dés des réunions, souvent improductives, des ministres des Affaires étrangères Université de Sherbrooke (Canada).

kashkazi 65 juillet 2007 3 entre nous le journal des lecteurs

“La langue de Voltaire permet d’apprécier la modernité” LE FRANÇAIS LANGUE D’EXCLUSION ? NON, DE PROGRÈS !

YOANNE TILLIER S’INSURGE CONTRE L’ARTICLE DU MOIS DERNIER CONSACRÉ À L’APPRENTISSAGE DU FRANÇAIS À MAORE.

JE CONTINUE DE LIRE KASHKAZI, Cette thèse est de bon sens. Si une langue A ce sujet, permettez-moi un exemple prétend votre expert ? Quel étrange argu- idiome de Voltaire et de Rousseau, je lui UNE VOIX ORIGINALE, DANS LE s'impose par rapport à une autre, ce n'est simple, et qui, je l'espère, n'aura pas à ment que celui-là ! Nous-mêmes, français, conseille aussi d'en changer rapidement et PAYSAGE MÉDIATIQUE MAHORAIS, pas par une grâce génétique ! Ce n'est pas souffrir les foudres des bien-pensants ou avons-nous oublié que nous parlons une d'apprendre, par exemple, à parler la langue mais je m'étonne d'une chose : que vous parce qu'elle serait bien née, élue par je ne des stroumphs à lunettes de tous poils : langue créole ? Aujourd'hui encore, ne de l'honnêteté intellectuelle, qui ne laisse vous exprimiez en français ! Car, à en lire sais quelle divinité, comme les seigneurs comment le shimaoré ou le kibushi pour- nous laissons nous pas actuellement créo- pas d'être utile et dont visiblement il ignore votre article "Le français : plus parlé, moins de l'ancien régime affirmaient l'être pour raient "parler" de l'Électricité, puisque liser par des mots anglo-saxons, qui nous jusqu'à l'alphabet. maîtrisé", cette langue serait non seulement conserver leur pouvoir ! Si une langue aucun savant mahorais ou malgache n'a apportent des connaissances que nous ne mal apprise, mais intrinsèquement malfai- s'impose c'est simplement parce qu'elle a jamais participé à la maîtrise et à la cons- possédons pas, en informatique par exem- YOANNE TILLIER, PAMANDZI sante, structurellement impérialiste et pour su bénéficier du "génie", patient et sécu- cience de cette énergie ? Alors, oui, un ple ou en "marketing" ? Et qui s'inquiète, tout dire méchante. A l'appui de cette thèse laire, de ceux qui la pratiquent et qui la mahorais qui va s'intéresser à ce domaine, qui s'offusque de savoir que notre lexique pour le moins bizarre, vous citez d'ailleurs travaillent, c'est-à-dire de ceux qui ont su va être obligé d'employer des mots euro- quotidien comporte des mots d'origines NOTE DE LA RÉDACTION une espèce d'expert, un certain M. Pablo et savent encore l'enrichir de leurs péens, il va apprendre ce qu'est un étrangères, que nous avons pris, de-ci, de- Guevara, qui l'affirme : "Contrairement à connaissances, renouvelées, de leurs Ampère, un Joule, un Volt, un Watt et là, au fur et à mesure de notre histoire, Puisque l’auteur de ce courrier nous cite, l'arabe ou à l'espagnol, qui sont des lan- découvertes, de leurs témoignages, et toute une foule de termes concernant l'ins- pour parler de choses que nous ignorions ? nous prenons la liberté d’apporter une préci- gues nées (je souligne) pour intégrer diffé- aussi, il ne faut pas négliger cet aspect, de tallation d'un réseau électrique ; sa langue Nous avons pris, par exemple, les mots sion : en aucun cas l’article incriminé n’a- rentes populations, le français a été fixé à leurs passions, telle que -par exemple- va se "créoliser" d'autant ; et j'ajoute : "démocratie" et "politique" du grec ancien vait pour but de dénoncer la langue françai- une époque où l'on avait besoin d'une l'esprit de conquête, le goût pour les scien- comment faire pour traduire en mots shi- et voilà que les mahorais -et d'autres bien se, dont nous n’avons jamais écrit qu’il s’a- élite." Et ce docte linguiste (une année ou ces ou pour le commerce. maorés ou kibushis équivalents ce savoir sûr- les reprennent à leur tour. Ou est le git d’une langue malfaisante, comme semble deux en FLE, pensez, quelle référence !) électrique puisqu'il n'y aucune référence mal ? Nous avons pris le mot algèbre de l’avoir compris Y. Tillier. Il s’agit d’une d'ajouter : "…le français c'est la langue de SI DONC LE FRANÇAIS est devenu une autochtone à ce savoir ? l'arabe repris à son tour par les mahorais extrapolation infondée qui ne correspond pas la réussite. Donc (je souligne) un peu une langue de "réussite", pour reprendre ce Alors, certes, on peut décliner cet exemple qui apprennent désormais les mathéma- à notre vision des choses. Malheureusement, affirmer que le français est une langue diffi- langue qui exclut." mot de Monsieur Guevara, en France tout sur une infinité de domaines et, que cela tiques à l'école des wazungu, où est le cile à apprendre et qu’il serait peut-être bon J'ai d'abord hésité à réagir, tant j'ai eu du d'abord, puis ici, à Mayotte, c'est d'abord plaise ou pas, voilà la raison principale mal ? Et l'on pourrait citer encore des pour le vice-rectorat de changer sa méthode mal à croire que votre journal puisse don- pour la raison que le français permet d'ap- pour laquelle le français, dans cette région milliers d'autres exemples. semble être assimilé par certains à une ner du crédit à de telles élucubrations, précier la modernité et le progrès, à tous du monde, est la langue qui s'impose, c'est Bref, si vraiment le français est une langue, attaque contre la culture française. Il faut mais finalement je vais y répondre, si vous points de vues, et qu'il est perçu par tous parce qu'elle véhicule, mieux qu'une autre, originellement, intrinsèquement, ontologi- dire que dès qu’on ose poser des questions me le permettez, moi qui ne suis pas un ceux qui sont curieux du savoir et avides les sciences, la modernité et la réussite. quement, horriblement malfaisante, il faut sur la culture ou la politique de la France, ce savant, mais juste un professeur de lettres de conscience comme un médium pra- Mais où est le mal ? Où est l'exclusion ? que Kashkazi, permettez-moi de le répéter, que Kashkazi fait souvent, on est immédiate- dont les diplômes, titres et autres référen- tique et efficace. Cette réalité peut déplai- Pourquoi le goût de la connaissance, le change vite de support linguistique. Quant à ment taxé dans cet archipel de francophobie. ces valent certainement ceux de cet émi- re à l'idéologue, mais ne peut choquer désir de conscience et l'ambition d'une votre expert, lui qui malheureusement sem- D’où peut bien provenir une telle réaction ? nent spécialiste. l'honnête homme. réussite serait-elle une exclusion comme le ble également contraint d'utiliser l'ignoble Nous nous le demandons sans cesse. Permettez moi de rappeler d'abord que l'espagnol, la belle langue de Don Quichotte, fut aussi celle des conquista- dors. Et quelle sympathique intégration “Il faut remonter à loin pour expliquer l’échec de l’Education nationale” que le massacre de millions d'amérindiens par les Espagnols et l'imposition du seul castillan sur les territoire conquis ! Monsieur Guevara semble avoir oublié DUR, L’APPRENTISSAGE DU FRANÇAIS ? cette histoire ! Quant à l'arabe, il suffit de prendre l'exemple actuel de l'arabisation POUR UN LECTEUR DE MAORE, LES RAISONS DES DIFFICULTÉS DE L’APPRENTISSAGE DU FRANÇAIS SONT MULTIPLES. forcée des Berbères d'Algérie pour douter que, dans ce contexte précis, cette langue SELON LE KASHKAZI DE JUIN LE langue (avec, bien sûr, des différences d'une de leur langue maternelle. pas, ne maîtrisent parfois encore pas com- apparaisse plus "intégrante" qu'une autre. "FRANÇAIS (EST) PLUS PARLÉ, (mais) île à l'autre, d'un coin à l'autre d'une même Et ce n'est pas l'actuelle expérience archi- plètement la langue française. Il s'agit sim- Ici même, à Mayotte, quand on se rend moins maîtrisé" et la question de l'appren- île). De là à présenter le français comme minoritaire d'une poignée de classes mater- plement d'expliquer les insuffisances du compte que l'arabe, pourtant enseigné tissage du français "en tant que langue langue véhiculaire, usitée, naturelle... il faut nelles bilingues qui redressera la barre. A système mis en place par la métropole. depuis des siècles dans les écoles cora- étrangère ou langue seconde est de moins un sacré culot ! noter qu'une tentative identique avait été Comment pourraient-ils, dès lors, trans- niques, n'est toujours pas compris par la en moins taboue au sein de l'éducation Dans la même logique, des linguistes lancée il y a moins de dix ans, à grands ren- mettre un savoir non maîtrisé ? Et ils sont population et que cette idiome n'a pas su nationale". Cette seconde affirmation me locaux sont payés pour faire semblant de forts de pub, d'avis d'experts universitaires, encore nombreux dans les classes. dépasser le statut de langue sacrée, paraît bien optimiste. travailler à une transcription du mahorais à de semaines de formation pour les person- - la France, puissance colonisatrice, ne s'est magique et énigmatique, à l'instar de notre Un exemple ? Il y a trois ans, des ensei- l'écrit... alors que cette transcription a été nels enseignants. Cette entreprise très décidée à mettre le paquet en matière de antique latin, on pourrait douter de sa force gnants en formation se voyaient fermement réalisée depuis des décennies aux Comores médiatisée avait avorté, suite à une "insuffi- crédits pour l'enseignement que depuis d'intégration native… déconseiller, par des membres de leur hié- indépendantes, sous le régime Soihili. sance de volonté politique". environ quinze, vingt ans. Le retard sur la Alors, bien sûr, ces observations ne sont rarchie, la rédaction d'un mémoire sur les Dans un paysage idéologique aussi brouillé, Peut on rêver mieux pour installer la confu- métropole est énorme. Par exemple, ce qui pas là pour incriminer l'espagnol ou l'a- "Difficultés des élèves à apprendre le fran- comment des enfants pourraient apprendre sion dans nos chères têtes...pas blondes ? se produisait au début des années soixante - rabe ou je ne sais quelle autre langue, çais, langue étrangère". facilement une langue non maternelle, Autres éléments de la complexité : toute une classe d'âge au collège- est encore Ces grands chefs précisaient ne pas vouloir enjeu de pouvoir ? - la France colonisatrice avait laissé s'ins- loin d'être atteint ici. mais pour montrer au contraire combien froisser les responsables politiques locaux. Surtout qu'en même temps, il est réclamé taurer un déséquilibre entre les îles. La - enfin, comment s'étonner que la langue le racisme linguistique dont semble faire Ils se font donc complices de l'entreprise de des apprenants qu'ils se coltinent avec quat- grande majorité des instituteurs de française pose problème à une population preuve M. Guevara est tout simplement destruction de l'unité du peuple comorien. re, cinq, six langues : shibushi et shimaore Mayotte venait du reste des Comores. qui, à la fois aspire au bien-être matériel grotesque. L'espagnol n'est, par nature, Complices de l'entreprise de la minorité (au moins dans certains villages), arabe à Massivement partisans de l'indépendance, (illusoire ? aliénant ?) promis et introduit ni meilleur ni pire que le français ou le dirigeante de Maore qui depuis des années l'école coranique, français, une puis deux vers 1974, ils furent pourchassés, malme- déjà par la métropole et, en même temps, chinois ou le serbo-croate ou le turc ou manipule la population, cherche à accrédi- langues au collège (et parfois même dès le nés, expulsés. Il fallut donc recruter des rechigne à tout ce que la domination colo- je ne sais quel autre langage. Par nature, ter l'idée que les quatre îles ne constituent primaire !)... enseignants d'un niveau de formation niale implique d'abandon de son identité il n'y a pas de langue née pour exclure pas un seul et même peuple. Ils cherchent Surtout qu'en même temps rien n'est fait initiale très faible (du CM à la troisième !). profonde. ou pour inclure, pour soumettre ou pour donc aussi à faire croire que nous ne som- pour que jeunes et adultes puissent se pen- Ce n'est pas faire injure à ces personnels être soumise ! mes pas en présence d'une seule et même cher sur la grammaire, le fonctionnement mal formés de dire qu'ils ne maîtrisaient MAX UFIKIRI, MAORE

4 kashkazi 65 juillet 2007 le journal des lecteurs entre nous

“Où était l’Etat comorien !?” “Quelle différence entre les deux ?” PROCÈS DENARD, MAYOTTE - GIBRALTAR UN PETIT SLAM POUR ÉVOQUER L’IMMIGRATION “CLANDESTINE”

L’ABSENCE DE TROP MAYOTTE - GIBRALTAR Tu coules au hasard - Si tu n' prends pas gare L’AUTEUR DE CET ARTICLE A ASSISTÉ AU JUGEMENT EN APPEL MAYOTTE - GIBRALTAR DU MERCENAIRE. ILS ÉTAIENT TROIS COMORIENS... Gare à la frontière - Si tu veux r'voir ton frère MAYOTTE - GIBRALTAR JOURNÉE FUNESTE, S'IL EN EST POUR Denard et ses hommes agissaient en terrain Frère d'histoire - Homme de mémoire LES COMORES ET LES COMORIENS. Ce 8 conquis. Aussi bien les responsables de l'armée MAYOTTE - GIBRALTAR juin 2007 à Paris, tout au long de ce procès en et la classe politique les ont reçu à bras ouvert, appel du mercenaire français Bob Denard, flan- selon maître Elie Hatem. Mémoire connais pas - Frangin mets ton visa qué de ses acolytes, encadrés par une flopée d'a- 3. Elie Hatem va jusqu'à dire, que même la MAYOTTE - GIBRALTAR vocats 1. Face à eux, personne pour réfuter leurs diaspora comorienne lui apporte son soutien, s'il thèses erronées, ou à tout le moins, faire valoir en juge par la lettre du [prétendu NDLR] prési- Visa Eldorado - Visa hi sé ho ! le bon droit du peuple comorien, sans cesse dent des Comoriens de l'extérieur M. Bacar MAYOTTE - GIBRALTAR bafoué et humilié. C'est un procès bizarre, à Islam [Bacar Giscard NDLR]. sens unique, entaché selon la défense de "la Hi sé ho la grand voile - Ici-bas mets ton voile défection indécente et irrespectueuse de la par- PROFITANT de l'absence criante de la partie MAYOTTE - GIBRALTAR tie civile"."C'est un manque de respect manifes- civile, Maître Elie Hatem, dans sa plaidoirie, te", renchérit-elle, "qui en dit long sur les inco- essaie de démontrer l'irrecevabilité des préten- Voile et vapeur - Hissez les couleurs ! hérences et le manque de sérieux, maintes fois tions comoriennes dans la mesure où, selon lui, MAYOTTE - GIBRALTAR dénoncés dans ce dossier". Bref, cette providen- en dehors du fait que la partie civile est physi- tielle défaillance des Comoriens qui ne se sont quement inexistante, l'existence de l'entité plai- Couleurs de l'espoir - Crever ou y croire même pas donné la peine d'envoyer le moindre gnante est loin d'être démontrée. S'agit-il de MAYOTTE - GIBRALTAR représentant (ni conseil, ni avocat, ni représen- l'Etat ? Si oui, de quel Etat ? Du gouvernement Croire au lendemain - A un monde sans faim tant de l'ambassade... ni partie civile) lors de ? Si oui, de quel gouvernement ? Celui de cette dernière journée du procès en appel que l'Union ? De la ? De Mohéli ? MAYOTTE - GIBRALTAR l'on disait décisif, a fait le chou gras du tir grou- D'Anjouan, "dont je fus un moment désigné Faim qui dévore - Du pain, pas d' l'or ! pé aussi bien des prévenus que des avocats des pour en être le représentant" 2 ? annonce-il en mercenaires (un peu moins d'une dizaine), qui souriant. Et maître Elie Hatem enfonce le clou MAYOTTE - GIBRALTAR n'en demandaient pas autant. Pour tout dire, on en clamant : "Même SOS Démocratie parle de Or à vos portes - Le diable l'emporte ! était en tout et pour tout, trois Comoriens dans l'île autonome d'Anjouan". Union, fédération, le public. confédération ? A qui a-t-on affaire ? MAYOTTE - GIBRALTAR S'ensuit une attaque en règle contre SOS Portes du Paradis - Pour le prix d'une vie MAÎTRE ELIE HATEM, l'avocat de Bob Démocratie et son président Abdourahmane, Denard, déroule tranquillement sa plaidoirie en auteur du communiqué versé au dossier, dont MAYOTTE - GIBRALTAR commençant par récuser le terme d'"association Elie Hatem a relevé les prétendues incohérences Vie loin des siens - S'ach'ter un destin de malfaiteurs" pour la bonne raison, selon lui, dans sa plaidoirie que : - Cette association s'arroge le droit de gérer l'a- MAYOTTE - GIBRALTAR 1. Bob Denard et ses amis, ont toujours agi en genda de la cour d'appel en fixant la fin des tra- Destin d' Tonton Cristobal …… Ou d'une vie à cent balles… bonne intelligence avec les autorités françaises, vaux au 16 juin même si cela s'est toujours fait dans l'opacité de - Cette association se contente de déplorer le MAYOTTE - GIBRALTAAAARGH !!! la Françafrique. Sinon, soutien des Comoriens, des autorités comorien- - comment se fait-il que Bob Denard condamné nes, des avocats comoriens, dont un qui préfère FRED DHARMA, MAORE (14 mars 2007) en avril 1993 (soit deux ans avant le coup d'Etat se consacrer aux élections présidentielles de ces aux Comores) à une peine de cinq ans de prison micro états ANNONCE avec sursis pour une tentative de coup d'Etat au - etc... Bénin en janvier 1977, ait pu trouver les En terminant sa plaidoirie, Elie Hatem demande moyens de fomenter un coup d'Etat depuis la la relaxe pure et simple, dans la mesure où Bob Vous quittez l’archipel ? France, sans éveiller le moindre soupçon. Denard, très malade, est complètement ruiné. - comment se fait-il, qu'à leur débarquement aux "Jugement le 6 juillet", clame le président. Gardez un lien avec la région Comores, les mercenaires soient accueillis sur "C'est le jour de la fête nationale aux place, avec tant de bienveillance par un officier Comores", reprend un mercenaire, bien au cou- Abonnez-vous français du GIGN, chargé de la protection rap- rant. "Ce sera alors fête pour tout le monde", prochée du président comorien Djohar. Un offi- plaisante un autre, content de son effet… cier qui a su neutraliser ses subordonnés como- Je pense qu'il est fort dommage qu'un tel événe- à Kashkazi riens et négocier la reddition du président ment soit passé inaperçu dans nos associations. Djohar, avant de disparaître, sans jamais être Et plus particulièrement à la Commission VERSION PAPIER entendu par la justice française. TPI/CPI. Tarif France et DOM-TOM : 75 euros - qu'est ce qui a fait dire au premier ministre Tarif autre : nous contacter français de l'époque, M. Alain Juppé, à la télévi- SAÏD HASSANE JAFFAR, PARIS Pour payer : sion (avant de se rétracter sous la pression de la envoyez adresse + n° de téléphone + chèque Communauté internationale), "qu'il était hors de - en euros (à l’ordre de RÉMI CARAYOL) à : Nicole Gellot, BP 366, 97615 Pamandzi question que la France intervienne" [alors que NOTES DE LA RÉDACTION - en francs comoriens (à l’ordre de BANGWE l'accord de défense qui lie la France aux PRODUCTION), à : KASHKAZI, BP 5311 Moroni, Comores toujours en vigueur devait jouer. 1 Lire en page 7 le compte-rendu d’audience. Union des Comores NDLR] si ce n'est le soutien des autorités fran- 2 Elie Hatem a joué un rôle important dans le sépara- çaises qui a toujours prévalu, pour couvrir les tisme anjouanais en 1997. Après avoir “supervisé” le VERSION ÉLECTRONIQUE crimes et forfaitures que Bob Denard et ses référendum d’octobre 1997, il avait été nommé ambas- Tarif unique : 40 euros (paiement en ligne hommes, perpétuent de façon récurrente aux sadeur “plénipotentiaire” de l’île “indépendante”. ou par chèque, dans ce cas lire ci-dessus) Comores en leur nom… Dans les colonnes du journal d’extrême-droite Action S’abonner directement sur : 2. Il n'y a pas eu une goutte de sang versé, dans Française Hebdo, il avait à plusieurs reprises soutenu www.kashkazi.com la mesure où sur place aux Comores, Bob cette rébellion. Lire Kashkazi n°64.

kashkazi 65 juillet 2007 5 PUBLI-REPORTAGE MSS organise une fête populaire pour ses 3 ans Pour financer la mise en place d’une mutuelle au profit de ses 118 agents, Moroni Sécurité Services propose trois jours d’activités sportives, musicales, festives et commerciales du 6 au 8 juillet.

ent dix-huit agents, six gros contrats réguliers, et de nombreuse interven- C tions ponctuelles : il n’aura fallu que trois ans à Moroni Sécurité Services (MSS) Une fête au profit de pour devenir une référence parmi les sociétés la mutuelle des agents de sécurité comoriennes. Installée à Badjanani, l’un des vieux quartiers de la capi- Du 6 au 8 juillet MSS fête son 3e anni- tale, l’entreprise s’est fait une place de choix versaire à Moroni. L’argent collecté auprès des organismes et sociétés internatio- sera entièrement reversé à la mutuelle naux. On aperçoit ses agents, chemise blan- de santé, d’entraide et de solidarité qui che et foulard rouge ou bleu sur l’épaule, sur vient d’être fondée au profit des agents l’ensemble du site des Nations Unies -dont de l’entreprise. Pour le directeur, c’est elle assure également la sécurité des diploma- aussi l’occasion de renouer avec tes-, à l’Agence pour la sécurité et la naviga- l’esprit des fêtes populaires qui fait tion aérienne Afrique et Madagascar aujourd’hui défaut à la célébration de (Asecna), auprès de la société Al Marwane l’Indépendance des Comores, le 6 Golf-Com, du Croissant Rouge, du projet juillet 1975. “Pendant l’époque colo- AMIES de la Francophonie... Des sociétés et niale, la fête pour le 14 juillet durait 15 organismes comoriens commencent par jours, avec des kermesses, etc.”, se ailleurs à accorder leur confiance à MSS : c’est le cas de la Meck Moroni et de l’entreprise de souvient-il. “Maintenant, il n’y a rien construction Abdallah Wadaane. à part la cérémonie officielle et le défi- “Nous assurons aussi la sécurité d’évène- lé militaire. Nous voulons rendre un ments ponctuels comme les grands concerts, peu aux jeunes, au peuple, leur fête !” la Fête de la Musique ou celle de la Poste”, précise le directeur, Mohamed Soilih Ahmed. Quel est le programme Ces dernières années, MSS s’est d’autre part de la fête ? vu confier la sécurisation des centres de saisie des résultats des élections de l’Union des - 6 juillet à partir de 21h : retraite aux Comores et des îles autonomes. flambeaux, départ : Badjanani - 7 juillet à 9h : ouverture officielle, Il faut dire que le parcours de ce retraité stade Bohmer, d’une foire-expo artisa- de l’armée française, et l’attention qu’il porte nale et commerciale. à la formation de ses agents, sont autant de - 7 juillet à partir de 17h30 : concert au garanties quant au professionnalisme de l’en- stade Bohmer avec les DJ du moment, treprise. Militaire dans l’artillerie de 1972 à puis Salim Ali Amir, Ngaya, 1995, Mohamed Soilih Ahmed a voyagé pen- Wanamah et des surprises MSS... dant plus de vingt ans en Europe où il a inté- gré les forces françaises en Allemagne avant - 8 juillet à 7h30 : cross de masse d’enseigner à l’Ecole d’application d’artillerie sur 8 km, départ place Ajao puis de devenir chef de l’atelier armement à - 8 juillet à partir de 9h : foire-expo Douai. “Je me suis ensuite reconverti dans le - 8 juillet à 15h : match de foot civil, dans le domaine de la sûreté et la sécu- MSS/Al Marwane Golf-Com au stade rité d’entreprise”, indique-t-il. Une formation Bohmer au Centre national de prévention et de protec- - 8 juillet à 17h : wadaha au stade tion de Vernon lui permet d’obtenir un certi- Bohmer ficat technique de l’Institut supérieur de sécu- - 8 juillet à 19h : bal des jeunes au rité des entreprises, ainsi qu’une maîtrise Club des amis, avec projection d’un film d’organisation de la sécurité et de la sûreté Agents MSS à leur poste, devant l’enceinte des Nations Unies. contre le Sida d’entreprise. De retour aux Comores en 1999, Entrée au stade Bohmer et aux il travaille pendant trois ans comme supervi- corporelle et vestimentaire, et ponctualité.” plans d’évacuation dans le cadre de son différentes activités : 1.000 fc seur chez Securicom avant de créer sa propre Le staff d’agents de sécurité MSS ne compte département de lutte contre les incendies, entreprise, “uniquement grâce à ma pension aucune femme pour l’instant. “Il y en aura dirigé par un spécialiste du domaine. militaire et mes petites économies”. MSS quand on travaillera avec les hôtels”, Comment fonctionne démarre en juillet 2004 avec quinze agents et annonce le directeur qui espère bien élargir De mieux en mieux implanté sur le cette mutuelle ? un premier contrat signé avec l’Asecna. son champ d’activité aux secteurs touristique marché comorien et à la tête d’une impor- Plutôt que de répondre aux sollicita- “Ce que ma carrière militaire m’a apporté ? et bancaire. tante masse salariale, Mohamed Soilih tions individuelles de ses agents en cas La rigueur, la discipline, l’art et la manière Ahmed se penche à présent sur les aspects de pépin ou d’évènement familial, la de commander, et la pédagogie pour ma for- sociaux de la gestion de son personnel. C’est mation”, énumère le directeur. “Je forme tout “Ma carrière m’a apporté ce qui l’a poussé à fêter “en grande pompe” le direction de MSS a décidé d’encoura- mon personnel.” la rigueur, l’art de commander troisième anniversaire de son entreprise. ger le personnel à s’organiser en et la pédagogie” “Cet anniversaire est dédié à la mutuelle de mutuelle. Chaque salarié versera 1.000 Retenus en prévision des contrats en santé, de solidarité et d’entraide que j’ai fait fc par mois, complétés par un apport passe d’aboutir, les candidats à l’embauche créer pour le personnel”, explique-t-il. régulier de la part de l’entreprise. Les passent un à deux mois en formation, le temps Outre le gardiennage, MSS compte deux aut- “L’argent collecté lors de la fête sera versé prestations fournies par la mutuelle de faire leurs preuves et d’apprendre les bases res secteurs d’intervention. Le service de sur le compte de cette mutuelle pour lui per- ont été votées par les agents, qui ont de leur futur métier. “Ils apprennent ce que transport de fonds, doté d’un véhicule sécuri- mettre de démarrer. Un bureau a été voté également élu leur bureau. Les cadres c’est que la menace, comment empêcher un sé, est pour l’instant uniquement utilisé par par les agents, et ils ont ouvert un compte à de l’entreprise n’interviendront pas agresseur de réaliser ses objectifs, comment la Banque centrale pour ses mouvements la Meck. Ainsi ils bénéficieront d’un soutien dans le fonctionnement de la structu- agir face aux différents combustibles”, vers l’aéroport. En revanche, la société réali- en cas de problème de santé en dehors du re. “J’ai uniquement un droit de explique Mohamed Soilih Ahmed. “Enfin, je se de nombreux audits, conseils, démarches travail ou d’évènement familial, et pourront regard puisque je verserai une somme me bats avec eux sur ce que j’appelle le triangle pour l’équipement, contrats de prévention, emprunter de l’argent jusqu’à hauteur de chaque mois”, précise Mohamed Soilih de la rigeur, ou les trois P : politesse, propreté formation des personnels d’entreprises et leur salaire.” Ahmed.

6 kashkazi 65 juillet 2007 les gens entre nous des nouvelles de... BOB DENARD Le mercenaire à la retraite pourrait être condamné à 5 ans de prison dont 4 avec sursis, pour le coup d’Etat organisé aux Comores en 1995.

Bob Denard va-t-il faire de la demandait la relaxe. ment établie" pour cette opération. prison pour son coup d'Etat organi- Bob Denard avait été condamné La magistrate a soutenu que Bob sé en 1995 aux Comores, qui avait en première instance le 20 juin Denard, 78 ans, absent de l'audien- permis d'évincer du pouvoir le pré- 2006 à cinq ans de prison avec sur- ce pour “raisons de santé” depuis le sident Djohar ? Condamné en sis pour cette tentative de prise de début du procès, a “mené une opé- 2006 à cinq ans de prison avec sur- pouvoir, mais le parquet avait fait ration strictement personnelle de sis pour “avoir organisé et préparé appel, estimant que "le tribunal n'a- nature lucrative” et a refusé de depuis le territoire français” ce coup vait pas fait une exacte apprécia- “conclure que celui-ci ait eu l'autori- d'Etat, il attend le verdict de son tion de la loi pénale" -déjà condam- sation d'agir des services secrets fran- procès en appel, qui s'est déroulé fin né en 1993 à du sursis, il ne peut, en çais”. Elle a demandé que les quat- mai-début juin. Cinq ans de prison tant que récidiviste, échapper à une re ans de sursis soient assortis d'une dont quatre avec sursis ont été peine de prison ferme. Devant la période de mise à l'épreuve de trois requis par l'avocate générale fran- 10ème chambre de la cour d'appel, ans et 10.000 euros d'amende. çaise le 8 juin, tandis que l'avocat l'avocate générale a estimé que l'as- De son côté, Me Elie Hatem a du mercenaire, Elie Hatem, sociation de malfaiteurs "était claire- demandé la relaxe de son client “qui ne se serait pas engagé dans cette opération sans avoir eu le feu vert des autorités françaises”. Pour Me Hatem, “il y a bien eu un feu vert des services secrets français pour cette opération à laquelle a partici- portrait type pé la Direction générale de la sécu- rité extérieure”. Cette opération, a ajouté l'avocat, avait pour but de destituer le président Djohar qui a Yasser et Allaoui “été ensuite séquestré pendant quatre mois sur l'Ile de la Réunion par la France” 1. L'avocat des l’espoir est dans la bricole Comores, partie civile, a quant à lui demandé un euro symbolique de dommages et intérêts. Verdict C'est une piaule de gar- la nouvelle génération, on fait "carte dédicace" attendu début juillet. tous les dimanches -les filles adorent- et il y a (avec Reuters) çons en tôle, qui sent un des gens qui viennent parler de la politique, de 1 la vie du quartier… Mais là, on a arrêté parce AFP Lire kashkazi n°13 peu les pieds, avec leurs qu'on a beaucoup de devoirs. On reprendra pendant les vacances…" Avec son micro-lunet- baskets et leur sac de cours tes rouge en forme de gadget, Allaoui a un air horizons divers de clown. "Quand les gens viennent ici, ils ne sagement accrochés au dessus croient pas que notre studio c'est ça, qu'on émet du lit et de vieilles affiches de avec ces petits bouts de trucs", s'amuse-t-il. "Ils nous prennent pour des fous ! Ils ont l'habitude Lina Joy a tout perdu théâtre qui tapissent les murs. de voir des ordinateurs dans les radios." Allaoui et Yasser, les inséparables cou- Quelques habitants du quartier ont quand même sins, s'y assoient sur le sol avec tous leurs décidé d'encourager les deux bricoleurs, comme pour sa nouvelle religion trésors devant eux, et ils "bossent". Ils ont 16 et ce voisin qui leur a cédé sa mini chaîne. En 17 ans et sont en 6ème au collège public de échange, Yasser lui fournira un poste radiocas- ne connaît Lina Joy indienne, et a voulu se marier. Elle a donc décidé d'a- Mboueni (Moroni), autant dire que leur avenir sette remis en état… PERSONNE et pourtant Lina Joy dopter la foi chrétienne et a entamé une procédure pour scolaire est loin d'être garanti. Mais dans leur Il y a quelques mois, le truc de Yasser, c'était de est, ces jours-ci, l'une des femmes les plus célèbres de changer de nom. L'état civil ne lui a fait aucune difficul- quartier, tout le monde le dit : "Ces deux là ont dessiner des fleurs. De belles fleurs colorées, au Malaisie. Son nom s'étalait à la "une" de tous les jour- té pour enregistrer sa nouvelle identité, Lina Joy, en un don." Allaoui bidouille des émetteurs radio ; crayon, sur des feuilles A4. Ça plaisait aux jeu- naux de Kuala Lumpur, jeudi 31 mai, mais son visage 1999 ; mais lorsqu'elle a voulu faire retirer la mention Yasser manie la pince à épiler comme pas deux nes filles, mais ça ne lui laissait pas espérer reste un mystère. Musulmane convertie au christianis- "musulmane" de sa carte d'identité, l'Etat a exigé un pour refaire tourner les radiocassettes. Ils ont grand-chose d'autre. C'est alors qu'il s'est lancé me, Lina Joy se cache, en Australie si l'on en croit les certificat de renonciation délivré par un tribunal isla- appris tout seuls et partagent le même fer à dans la réparation du petit matériel électronique. familiers du dossier. Par l'intermédiaire de son avocat, mique. Pas question, s'est insurgée la jeune femme : je souder… Bricoler, se montrer assez malin pour "Avant, j'étais avec mon père", explique-t-il. Benjamin Dawson, elle a répondu, jeudi, à ceux qui se suis chrétienne donc je n'ai plus rien à voir avec les tri- faire marcher des vieux "Mon père il fait tout : cultivateur, mécanicien, demandent si elle va s'exiler pour de bon : "Il me serait bunaux islamiques, d'autant plus que l'islam n'admet trucs dont plus personne chauffeur… Il me disait que je n'avais pas extrêmement difficile d'exercer ma liberté de conscien- pas l'apostasie. Elle s'est alors tournée vers la justice ne voulait, c'est leur besoin d'attendre qu'on m'apprenne des choses. ce (en Malaisie) dans le climat actuel." La Cour fédé- civile qui, en première instance, puis en appel, et enfin “Quand les gens manière d'être autre Partout où j'allais, je voyais des radios qui rale de Malaisie, a-t-elle ajouté, "m'a refusé un droit le 30 mai en cassation, l'a déboutée. Pendant toutes ces viennent ici, chose que des collégiens étaient laissées, en panne. Ça me faisait mal au individuel fondamental : celui de croire en la religion années, Lina Joy n'a pas pu se marier, a dû quitter son ils ne croient en galère. Leur complici- cœur de voir ces objets fabriqués par l'énergie de son choix, d'épouser la personne de son choix et d'é- travail de vendeuse et vivre dans la quasi-clandestinité pas que notre té d'ados pas nés de la humaine, et qui étaient rejetés comme ça." lever une famille dans le contexte malaisien". Un peu pour ne pas affronter l'hostilité de certains groupes dernière pluie a même Dans un quartier sans foyer des jeunes, Yasser comme le pseudonyme Jane Roe symbolise, aux Etats- musulmans et a vraisemblablement laissé passer, vu studio c'est ça, débouché sur une radio et Allaoui ont inventé leurs loisirs. "C'est nos Unis, le combat qui a abouti à la légalisation de l'avor- son âge, la chance d'avoir des enfants. qu'on émet avec qui émet à Caltex grâce à jouets, on n'a pas de choses à faire à part ça", tement (…) en 1973, le nom de Lina Joy passera sans (...) De cet arrêt, qui devrait faire jurisprudence, dépen- ces petits bouts l'improbable assemblage avoue Allaoui. "Ce qui m'empêche de fumer, doute à la postérité en Malaisie pour avoir demandé à dent plusieurs autres procédures suscitées par une de quelques compo- c'est l'électricité, l'électronique, la radio", pour- la justice de lui reconnaître le droit de changer de reli- application de plus en plus rigoureuse de la loi isla- de trucs.” sants… suit Yasser. Mais leur réflexion va plus loin. Ces gion. Elle testait ainsi les limites de la liberté individuel- mique s'agissant des relations entre les religions. (…) "J'ai commencé en 2002- grands élèves de 6ème savent qu'à part eux le dans un pays dont la religion officielle est l'islam, Cette montée du conservatisme divise la communau- 2003", raconte Allaoui. mêmes, pas grand monde ne pense à leur ave- mais qui se veut une nation multiconfessionnelle, té musulmane. Brillant avocat de 37 ans formé à "J'avais entendu qu'on pouvait fabriquer un stu- nir. Et voudraient bien que des voies existent puisque les musulmans n'y sont majoritaires que de peu Kuala Lumpur, à Hongkong et à Oxford, musulman dio avec un micro radio… Plus tard en 2006, pour les gens comme eux. "Ici aux Comores”, (60 %). Dans son verdict (…), la Cour fédérale, plus d'ethnie indienne, Malik Imtiaz Sarwar était présent à après l'école avec Yasser, on avait faim et on admet Yasser, “si je suis faible en math et en haute juridiction de Malaisie, a réservé aux tribunaux l'audience, où il représentait les intérêts du barreau de n’avait rien à faire. Un jour, Yasser a amené ce français mais que je suis fort en physique, je islamiques le droit exclusif de décider si un musulman Malaisie. "J'étais vraiment en colère hier”, raconte-t- truc qu'il avait trouvé chez un ami. C'était un pourrais gagner ma vie grâce à l'électricité. pouvait quitter l'islam pour une autre religion. il au lendemain du verdict. “J'ai dit à mes collègues petit émetteur. Il a dit : "Ça va nous aider à Mais si on me fait sortir de l'école, qu'est-ce que Lina Joy est née Azlina Jailani, d'ethnie malaise, dans qu'en tant que musulman, je n'étais pas fier. Ils m'ont faire quelque chose." J'ai réfléchi et en le met- je dois faire de ma vie ? Moi, ce que je fais là, une famille musulmane, il y a quarante-deux ans. En répondu qu'elle n'avait qu'à vivre à l'étranger." tant en haut, beaucoup de gens ont pu nous ça m'aide à réfléchir. Peut-être qu'un jour je 1990, elle a commencé à fréquenter une église puis, écouter." La RCM, pour Radio Caltex trouverai quelqu'un qui va m'engager.” plus tard, a rencontré un catholique malaisien, d'origine SYLVIE KAUFFMANN (Le Monde) Mhumbre, était née. "On met de la musique de LG

kashkazi 65 juillet 2007 7 fqs faut qu’ça sorte keskidi le psdt sambi ? LE QUI TUE DEPUIS LE CONFLIT QUI L'OP- ne ait été chassée de Ndzuani par négociations, élections d'abord à CHIFFRE POSE AU RÉGIME de Bacar, la les forces insulaires le 2 mai, le pré- Anjouan". Le gouvernement s'y est présidence de l'Union a inauguré la sident a manifesté par SMS son mis lui aussi, pour informer "la communication de masse par SMS. soutien "à la population d'Anjouan population, que des mesures pro- % Il fallait y penser : il suffit de passer meurtrie et terrassée par Mohamed gressives seront prises contre les 10 une consigne à Comores Telecom, Bacar et ses troupes. Que Dieu rebelles. Ces mesures seront prises Soit le taux des promesses tenues par les membres du G8, dans le cadre de et tous les usagers de téléphones vous garde". Près de deux mois tout en épargnant la population l’aide au développement de l’Afrique. La promesse initiale faite à Gleneagles, au portables reçoivent le texto de plus tard, il transmettait son mot civile". Adaptation au monde Royaume-Uni, en août 2005, était de 50 milliards de dollars par an pour l'Afrique. Aha… Après que l'armée comorien- d'ordre, toujours par SMS : "Pas de moderne ou aveu d'impuissance ? Trop belle pour être vraie : deux ans après le sommet présidé par Tony Blair, l'objectif de doubler l'aide au développement du continent d'ici 2010 n'est rempli qu'à 10%, affirme l'Africa Progress Panel (APP), le comité de suivi des engagements du G8. la mairie frier s’en va “Voilà la réalité”, titrait au lendemain de ce constat le quotidien The Guardian. LE PREMIER CONSEILLER de l'ambassade de France, à tout prix ? M. Frier, quitte les Comores, non sans avoir marqué de son L’ANCIEN DÉPUTÉ DE MAORE, Jean-François empreinte les sempiternelles embrouilles franco-comorien- Hory, se verrait bien maire de Mamoudzou. Le memb- nes entre personnel diplomatique et hommes politiques en re du Mouvement radical de gauche (qui vire de plus mal de protection. M. Frier est notamment connu pour sa Il faut tuer le président en plus à droite), après sa défaite aux dernières élec- complicité avec Caambi El-Yachourtu, ancien vice-prési- tions sénatoriales (2004) et l’échec de son poulain dent des Comores et candidat à la présidentielle de l'Union, Mansour Kamardine aux législatives, envisage donc qui vient de rallier Mohamed Bacar (lire son interview p.11). Hugo Chávez une nouvelle fois de tester sa faible popularité auprès de l’électorat mahorais. Mais peut-être compte-t-il sur l’UMP et notamment sur Michel Taillefer, patron du Nous annoncions dans cette même ment élu, qui se rend ensuite complice d'un Medef qui aurait lui aussi des vues sur la capitale, pour à votre santé ! rubrique le mois dernier la fermeture sabotage économique du pays par les l’aider à conquérir cette place forte. On comprendrait SELON UN DOCUMENT de la Direction générale de la ordonnée par le président vénézuélien, Etats-Unis, qui appelle chaque jour à la vio- ainsi mieux son ralliement à Kamardine... police nationale dévoilé par la Lettre de l'océan Indien Hugo Chávez, de la chaîne de télévision lence et au renversement des institutions (n°1217), les éloignements d'étrangers en situation irrégu- DIPLOMATIK’ privée RCTV. Comme de simples lecteurs du démocratiques, (…) eh bien ces Messieurs lière dans les départements et collectivités françaises d'out- journal français dit de référence, à savoir Le de Reporters sans Frontières, du Monde, re-mer (DOM-COM) "ont connu au mois de mai une Monde, nous avons cru en la bonne foi de Libé et autres TF1, ne seraient-ils pas les pre- chacun son journal hausse très nette, de près de 20%, avec 2.254 mesures L’ANCIEN DÉPUTÉ DE MAORE, Mansour Kamardine, effectives, contre 1.879 en 2006". Ce rapport daté du 7 juin son journaliste qui dénonçait cette atteinte miers à réclamer son interdiction après cinq a très vite compris l’intérêt de posséder un organe de propa- explique cette "évolution favorable" par la situation de à la liberté de la presse, sans prendre la minutes ? Mais comme cela se passe au gande : cela a abouti en 2004 à la création du Mahorais, qui Maore, où les "difficultés matérielles pour exécuter ces peine de vérifier ses allégations. Comme la Venezuela, ils baptisent tout cela “liberté n’a pas failli à sa tâche depuis trois ans. Son successeur, mesures ont été aplanies" et "l'apaisement du climat social grande majorité des médias du monde d'expression”. Rappelons aussi que RCTV Abdoulatifou Aly, semble avoir retenu la leçon et abonder a permis d'employer à nouveau les forces de l'ordre pour la capitaliste, nous avons repris cette informa- n'est pas “fermée”. En fait, elle continue à dans ce sens -c’est un des rares points d’accord entre les lutte contre l'immigration clandestine". Ainsi, sur les 9.969 tion. A tort. Non seulement RCTV n'a pas émettre sans problèmes sur le câble et par deux. Il se murmure en effet qu’il souhaiterait reprendre le reconduites à la frontière depuis le début de l'année opé- contrôle du Mawana, journal créé il y a un an et demi... par rées dans les DOM-COM français, plus de la moitié (5.036 été fermée comme a pu l'être l'ORTC à satellite. Qu'elle n'était pas “la dernière Saïd Omar Oili, président du CG. Mais que ferait la presse personnes) étaient des Comoriens. La morale : quand les Ndzuani -par la force des armes-, mais en chaîne d'opposition” (il en reste beaucoup). sans les hommes politiques !? Mahorais sont calmes, les sans-papiers trinquent. plus, voilà plusieurs mois que cette chaîne Que les monopoles privés (étroitement liés qui voue en Chávez une haine égale à celle aux USA) continuent à dominer de façon de Georges W. Bush, aurait dû être interdi- écrasante l'audiovisuel et la presse écrite. 2 ” comme quoi, bacar peut être docile... te. En effet, RCTV ne disparaît pas : elle peut Reprenons les faits : le 27 mai dernier, la continuer à émettre sur le câble, par SI MOHAMED BACAR N'EN FAIT QU'À SA TÊTE, en bon leader séparatiste, il tend toujours l'oreille quand concession de 20 ans à la chaîne de télévi- Internet et sur le satellite. On est loin de l'in- l'ambassade de France lui parle… C'est ce qu'à laissé entendre, d'après un témoin, l'ambassadeur Christian sion privée Radio Caracas Television arrivait terdiction ! Et même si elle était fermée, ce Job au beau milieu d'une réunion de la communauté internationale : "Si l'Union des Comores et l'Union afri- caine me le demandent, j'envoie mon premier secrétaire et on règle ça !" Toujours d'après ce témoin, lors des à son terme. Le gouvernement a décidé de ne serait pas la première fois : elle l'a déjà négociations du mois de mai, Sambi aurait fini par demander à ce que l'ambassade tente d'imposer ne pas renouveler sa concession, afin d'ins- été en 1976, 1980, 1981, 1989 et 1991 -avant Doihirou, jugé modéré, comme président par intérim. "Pas de problème", répond Frier… Aussitôt dit, aussitôt taller sur sa fréquence hertzienne une chaî- que Chávez n'arrive au pouvoir- pour ne fait : Doihirou est devenu président… Mais surtout, ne parlez pas à M. Job d’ingérence. Il pourrait se vexer. ne de service public. La réponse ne s'est pas pas avoir respecté les règles de l'audiovisuel faite attendre : atteinte aux droits de l'hom- national. me, à la liberté d'expression, censure, dérive autoritaire, voilà ce qui se tramait au pays Comme le rapporte B. Cassen, “depuis Un mandat d’arrêt pré-établi, du président rebelle. sa première élection à la présidence de la Ainsi, le 24 mai, le Sénat américain votait (à République en 1998, M. Chávez n'a fermé l'unanimité) une résolution contre la “fer- aucune station de radio ou de télévision ni c’est quand même plus rapide ! meture” de RCTV -l'ORTC n'a pas eu de poursuivi aucun journaliste.” Le pluralisme soutien aussi prestigieux. De même, l'Union est d'ailleurs de mise dans ce pays : en 2006, Le document ci-contre est un européenne “a noté avec inquiétude la on comptait au Venezuela 20 chaînes hert- mandat d’arrêt établi au nom de l’île autonome d’Anjouan. Comme décision du gouvernement de la ziennes VHF privées et 1 publique ; 28 chaî- tout mandat d’arrêt, il est signé et République bolivarienne du Venezuela de nes hertziennes UHF privées, 6 publiques et tamponné par le substitut du procu- laisser expirer la licence d'émission de Radio 44 communautaires. Le président Chávez reur, qui est celui qui accorde ou pas Caracas Télévision (RCTV) sans appel d'off- n'est d’autre part pas épargné par les cri- ce droit à la gendarmerie. Seul hic : res ouvert pour la licence qui lui succède”. tiques dans ces médias. Selon B. Cassen, des celui-là ne comporte pas l’identité Comme le rapporte Bernard Cassen sur le études de contenu effectuées sur le mois de de la personne à arrêter. Il s’agit en site du Monde diplomatique 1, “on ne sache janvier 2007 montrent que, dans ses pro- fait d’un document signé -en toute pas que l'Union ait fait semblable déclara- grammes, RCTV a invité 21 personnalités illégalité- avant même la désigna- tion et ait exigé un nouvel appel d'offres hostiles au gouvernement, et aucune qui lui tion de la personne à interpeller : plus simple pour les gendarmes, qui lorsque la licence d'émission de TF1 [la pre- soit favorable. Le même mois, une des qua- n’ont qu’à le remplir quand ils le mière chaîne française], accordée en 1987 tre autres grandes chaînes privées, souhaitent, sans en référer à leur pour 15 ans, a été reconduite par le gouver- Globovisión, a invité 59 opposants à Chávez hiérarchie. Une source anjouanaise nement français en 2002 dans la plus totale contre 7 de ses partisans. Du côté de la pres- nous affirme que ce type de docu- opacité”. Les médias occidentaux ont eux se écrite, la situation est encore plus tran- ment circule en masse dans l’île, ce aussi dénoncé cette “dérive”. chée : sur 10 quotidiens nationaux, 9 sont qui permet aux forces de l’ordre La vérité est pourtant loin d'être celle dis- des opposants déclarés au gouvernement, d’arrêter qui elles veulent à n’impor- tillée à tout-va. Michel Collon, journaliste rapporte Bernard Cassen, qui conclut ainsi te quel moment sur n’importe quel lieu, sans prendre la peine de belge, était au Venezuela durant ces évé- que “prétendre que la liberté d'expression demander l’autorisation à un magis- nements. Il raconte : “Une fois encore, j'ai pu est menacée au Venezuela relève de la plus trat, donc de suivre les voies légales mesurer l'écart entre les médias internatio- insigne mauvaise foi. (…)” de la justice. C’est pas beau, cette naux et la réalité... Imaginez, en France, RC recherche d’efficacité du gouverne- une chaîne qui participe activement à un 1 www.monde-diplomatique.fr ment Bacar ?! coup d'Etat militaire contre le gouverne- 2 www.michelcollon.info

8 kashkazi 65 juillet 2007 faut qu’ça sorte fqs

ENQUÊTE le directeur de la PAF impliqué dans un accident de la route, mais pas poursuivi Maore : un haut-fonctionnaire coupable d’un délit de fuite, en toute impunité

C'EST UNE HISTOIRE PEU BANALE QUI, MALGRÉ LES INCESSANTES rumeurs qui en faisaient état en Petite Terre depuis plusieurs mois, était restée secrète. Les autorités, dont on ne peut croire qu'elles n'étaient pas au courant, l'ont discrètement ignorée, tandis que le seul journaliste qui s'y était intéressé a été licencié 1. Selon un témoin de l'accident, il ne s'agit rien de moins qu'une affaire d'Etat. Si l'appellation paraît exagérée, elle n'en recèle pas moins un fond de vérité : car de quoi s'agit-il lorsqu'un haut- fonctionnaire qui a maquillé un accident en usant de ses pouvoirs n'est pas pour- suivi par la justice ni même sanctionné par sa hiérarchie ?

L'AFFAIRE remonte au vendredi 28 février 2007. Il est bientôt 19h30 lorsque le directeur de la Police aux frontières (PAF), M.Adami, quitte le Centre de rétention administrative (CRA) de Pamandzi, dont il a la responsabilité. Au volant de sa voiture, une Renault Mégane grise, il sort du parking du CRA et s'enga- ge sur la route nationale sans voir qu'un scooter, qui avait la priorité, arrive dans sa direction (de Labattoir vers Pamandzi). La victime, D. 2, raconte : "Je venais de Dzaoudzi, je conduisais le scooter d'un ami, de marque MBK. Il faisait presque nuit, j'avais les phares allumés. Soudain j'ai vu une voiture sortir au niveau de la Le lieu de l’accident, au carrefour qui permet, à gauche, d’accéder au Centre de rétention administrative. La caserne des pompiers est juste en face, à droite. PAF et je n'ai pas eu le temps de l'éviter. Elle m'a percuté et je suis tombé." Selon un témoin oculaire, le scooter est tombé me voir une seule fois pour savoir si j’é- sommes proches d'un accident, nous D. affirme que les gendarmes notaient sa sujet provenant du Parquet. La Justice, sur la route, tandis que D. était éjecté sur tais blessé". Alors sonné, il se rappelle pouvons intervenir au début, mais c'est déposition au stylo, sur un papier sans en- qui a montré sa vitesse de réaction dans le côté, à quelques mètres, à deux pas de juste que "les pompiers m'ont demandé la gendarmerie qui s'occupe de tout. tête (sic). Il dit également n'avoir rien l'affaire du viol de la juge au début du la caserne des pompiers de Petite terre qui qui m'avait percuté, mais je n'ai pas vu. Même si nous sommes là, elle doit signé, aucun constat ni PV pouvant prou- mois (lire par ailleurs), semble avoir le se trouve en face du CRA. "Le choc a été Je sais juste que c'était un mzungu au venir." Selon cet agent de la PAF qui a ver son passage et enregistrer sa plainte… temps quand il s'agit de simples sans- violent", affirme le témoin, qui assure que volant." Blessé au bras et à la jambe, le tenu à garder l'anonymat, après avoir Le lendemain, vendredi 2 mars, le pro- papiers victimes de haut-fonctionnaires. le conducteur était M. Adami -il le jeune homme se fait poser une atèle par rangé le scooter, "Adami a été dans son priétaire du scooter s'est rendu à la gen- Car D., qui travaillait avant cet accident connaît. Un autre témoin, un pompier qui les pompiers qui, selon la main courante bureau certainement pour appeler la darmerie, où on lui a dit d'aller récupérer dans un garage, est en situation irrégulière a souhaité rester anonyme, confirme. dont nous avons pris connaissance, crai- gendarmerie et leur dire de ne pas venir. son scooter sans autre forme de procédure à Maore. Ce ne pourrait être qu'un détail "C'était lui. Je le vois tous les jours. Je gnaient une fracture. A 19h50, 22 minu- Puis il a demandé à l'agent présent sur -en toute illégalité donc. si, le 14 mars -quatre jours après l'envoi connais bien sa tête." Les jours suivants, tes après l'accident, D. sera amené aux place de ne rien noter sur la main cou- du courrier au procureur-, il n'avait pas la voiture du directeur de la PAF portait urgences de l'hôpital de Dzaoudzi, où il rante de la PAF, ce qui n'est pas normal. L'AFFAIRE ne s'arrête pas là, prouvant été arrêté et reconduit à la frontière dans encore les stigmates de cet accident : son se fera soigner par le docteur Reynaud (il Normalement nous devons tout noter". l'implication des autorités. Le 10 mars, des conditions surprenantes. "Je sortais côté droit était abîmé, la peinture écaillée. possède un certificat), et d'où il sortira le Et de s'interroger : "Pourquoi les gen- D. envoie un courrier au procureur de la de chez moi, j'ai attendu un taxi. Et dès Seulement voilà : au lieu de s'arrêter et de soir même. darmes n'ont pas agi ? Ils se sont ren- République avec accusé de réception 4. que je suis monté dedans, des agents de porter secours à la victime, M. Adami a dus complices du délit alors qu'ils n'ont Le 14, il envoie une lettre au préfet, tou- la PAF m'ont arrêté", raconte-t-il, persua- filé -il s'agit d'un délit de fuite 3. Selon les ENTRE TEMPS, les pompiers ont pas d'ordre à recevoir d'un policier." jours avec accusé de réception 5. Il n'a dé qu'ils l'espionnaient. "Ils m'ont deman- témoins, il est revenu quelques secondes contacté la gendarmerie, qui se trouve reçu aucune réponse. Le procureur, Guy dé les papiers à moi seul, pas aux autres après -"il a dû faire demi-tour au rond- 100 mètres plus haut. "C'est la règle : DU CÔTÉ de la gendarmerie, on joue les Jean, assure ne pas se souvenir d'une telle passagers. Ils m'ont demandé de sortir de point de RFO", à environ 200 mètres-, a quand il y a un accident et un blessé, vierges effarouchées. "En principe, quand histoire. Il est cependant permis d’en la voiture et m'ont menotté. Puis ils m’ont garé sa voiture sur le parking de la PAF, nous devons appeler la gendarmerie", il y a un accident, nous nous déplaçons douter : comment une telle affaire dont amené au Silec." Le lendemain, il était et est venu cherché le scooter. "Jamais il confirme le pompier. A fortiori lorsqu'il toujours et nous faisons le constat", affir- parle toute la Petite Terre et au sujet de reconduit à la frontière via Comores n'a dit être à l'origine de l'accident", dit y a délit de fuite. Mais ceux-ci ne sont me le colonel, qui ne se souvient pas de laquelle il a reçu une plainte pourrait lui Aviation… un des témoins. "Il a ramassé le scooter jamais venus. La main courante des cette histoire. "Il n'y a pas de raison qu'il être inconnue ? RC qui était sur la route et l'a amené à l'inté- pompiers, signée à 19h50, est en cela en soit autrement." Or D. n'a vu les gen- Toutefois, jure-t-il, "si on m'a envoyé une rieur du Centre de rétention", assure un édifiante : "Nous avons contacté la gen- darmes pour la première fois que lorsqu'il plainte, il y aura forcément une enquête troisième témoin qui a lui aussi tenu à darmerie pour qu'elle soit présente mais se trouvait à l'hôpital. "Ils ont constaté menée par la gendarmerie." 1 Il a souhaité garder l'anonymat et estime qu'il est prématuré de lier cette affaire à son rester anonyme, du fait de sa profession. l'interlocuteur a répondu qu'elle a été mes blessures et m'ont dit de passer le - Est-elle lancée ? demandons-nous. licenciement, même s’il y croit fortement. contactée par le commandant de la PAF, lendemain à la gendarmerie. J'y suis allé - Je ne sais pas : est ou sera. On a 14.000 Il se serait ensuite dirigé vers son bureau. 2 Se sentant menacé, il a souhaité conserver D. dit avoir demandé où il amenait le qu'il n'y avait pas lieu qu'ils se déplacent vers 9 heures. Les gendarmes m'ont dit procédures annuelles et nous sommes en l'anonymat. scooter et pourquoi ils ne faisaient pas un car la PAF effectue les mêmes fonctions d'aller prendre des photos du scooter. J'y sous-effectifs. Mais l'affaire sera traitée. 3 M. Adami n'a pas donné suite à notre constat. "On m'a répondu que les gendar- qu'eux (…)". Ce qui est faux : la PAF suis allé et je suis revenu. Puis ils m'ont Pour moi, l'égalité n'est pas un vain mot. sollicitation et au message laissé à sa secrétaire. mes s'en occuperaient." n'a pas de compétence en matière d'acci- dit d'aller le récupérer, sans qu'on fasse Le colonel de gendarmerie affirme de son 4 Accusé de réception n°6295 2253 0FR D. affirme que M. Adami "n'est pas venu dent. Selon un de ses cadres, "si nous un PV. J'ai refusé." côté n'avoir reçu aucune demande à ce 5 Accusé de réception n°2880 4137 9FR

kashkazi 65 juillet 2007 9 fqs faut qu’ça sorte Ce qui compte, c’est de le faire croire...

Le mois dernier, nous nous nent Kamardine”. L'illustration -un depuis longtemps oublié par les Le directeur : Les sages soutiennent Le monteur : Il le soutient lui aussi? notre étonnement et notre profon- insurgions dans cette même photo-montage- montre Mansour Mahorais et un médecin certes Kamardine Le directeur : Non mais on s'en fout. de indignation au sujet de cette insi- rubrique de la Une scandaleuse du Kamardine -deux fois plus grand que respecté, mais sans réel poids poli- Le monteur : Qui on a en photo ? Ce qui compte, c'est de le faire croire." nuation sans aucun fondement. La Mahorais faisant croire que des les autres- accompagné de Martial tique. Autant dire des sages tout Le directeur : Ben c'est là le problème, famille Bamana dénonce vigoureu- enfants se battaient dans les rangs Henry et Younoussa Bamana. relatifs, et surtout guère prestigieux. les sages c'est M'colo, Sabili… Ce mensonge qui s'inscrit dans une sement ce procédé déloyal et mal- des forces de l'ordre anjouanaises . Seulement voilà : jamais durant cette C'est que les “vrais sages” -compren- Le monteur : Qui ???! liste très longue d'articles de propa- honnête qui consiste à induire déli- Nous pensions que ce qu'il convient campagne, le M'ze décédé depuis dre : les anciens du combat pour Le directeur : Hory et Henry. gande en faveur de l'UMP, n'a bérément les lecteurs en erreur. Elle d'appeler depuis quelques mois un (lire par ailleurs) n'a apporté son sou- “Mayotte française”- ont soutenu Le monteur : Marcel Henry ? guère plu à la famille Bamana, qui condamne fermement toute organe de désinformation avait ainsi tien au candidat de l'UMP, contraire- Abdoulatifou Aly. C'était le cas Le directeur : Non, Martial. s'est empressée d'apporter un manœuvre visant à récupérer le atteint les limites de l'acceptable. Il a ment à ce qu'il avait fait en 2002. notamment de Marcel Henry et Le monteur (un peu déçu) : Ah… démenti dont voici un extrait : “Le nom du patriarche à des fins électo- pourtant fait pire depuis, en men- D'ailleurs, l'article lié à cette Une ne Zoubert Adinane. On imagine -et on Alors qui on met ? montage photographique effectué ralistes et partisanes. (…)” tant délibérément à ses lecteurs et en fait en aucun cas référence à se permet de l'inventer- le dialogue Le directeur : Martial… en illustration de la première page Deux semaines plus tard, le même salissant l'image d'un homme qui Bamana. Les sages en questions sont qui s'est installé au sein de la rédac- Le monteur : Et puis ?... On titre "Les de l'édition du journal Le Mahorais journal titrait “Mayotte en deuil” mourra quelques jours après. Aïda Boura M'colo, Sabili Moina tion lorsqu'il s'est agi de “fabriquer” sages", donc il en faut plusieurs. On va (…) suggère que M. Younoussa après le décès de Y. Bamana. Et le Dans son édition n°150 du 5 juin, Le Echat, Jean-François Hory et Martial cette Une (dialogue fictif). pas mettre Hory ! Bamana soutient la candidature de journalisme avec. Mahorais titre en Une : “Elections Henry. Autrement dit : deux élues Le directeur : Ouais… ben t'as qu'à Mansour Kamardine pour le scrutin législatives 2007 : Les sages soutien- quasi-inconnues, un ancien député Le monteur : Qu'est-ce qu'on titre? mettre Bamana. législatif. Nous tenons à exprimer RC

Estrosi, un ministre de l’Outremer sauce piquante

QUI EST LE NOUVEAU MINISTRE Guigou en 1998, il interpelle la ministre en ferroutage et du transport fluvial. FRANÇAIS de l'Outremer ? La biographie ces termes : "Quand vous supprimez Cependant, “son passage par le ministère officielle le présente comme un autodidacte, l'AGED [Allocation de Garde d'Enfant à de l'Aménagement du territoire lui aura les mauvaises langues parlent de "motodi- Domicile] pour certaines familles, [...] ne permis de jouer les propagandistes de dacte". C'est que Christian Estrosi, avant s'agit-il pas de faire des réserves contre les choc, en faveur de la candidature de d'entamer une carrière politique déjà bien familles françaises au bénéfice des futures Nicolas Sarkozy auprès des élus locaux", remplie, a été pilote de moto. "Il fut pilote familles immigrées ?" Ou lorsqu'il déclare affirme le quotidien français Libération. de Grand Prix motocycliste, plusieurs fois en 2000 au journal d'extrême-droite Minute Conscient de son dévouement, le nouveau champion de France", précise son site que "la tolérance zéro est aujourd'hui la président français l'avait d'ailleurs nommé, Internet 1. Cinq en tout. "Il parcourut la terre seule voie possible". Ou bien lorsqu'il rem- en décembre 2004, secrétaire national entière pour disputer des courses et repré- plaça Sarkozy à une réunion de ministres chargé des fédérations, un poste clé per- senter la France. Et, même sur les circuits, européens et lança que les citoyens seraient mettant de verrouiller l'appareil. au-delà des efforts et de l'abnégation que mieux protégés si leurs données ADN requiert le sport de haut niveau, son intérêt étaient recueillies dès leur naissance… Ou POURTANT, cette nomination à pour le bien-être commun et pour l'avenir encore lors de la dernière campagne, devant l'Outremer n'est pas ce qu'il espérait : de sa région et de son pays n'a jamais faibli. un parterre de retraités du Loiret : "On vient Christian Estrosi briguait la présidence du L'énergie et la combativité dont il devait à chez nous, on profite de tout et ensuite, jack- groupe UMP à l'Assemblée nationale. Sa chaque instant faire preuve sur les circuits, il pot, bingo, on est régularisé." nomination au gouvernement laisse le a voulu les mettre au service de la commu- L'hebdomadaire de gauche Politis était pré- champ libre à un autre sarkozyste qui visait nauté." Pilote donc, mais ouvert au monde sent à cette réunion ; sa journaliste nous ce poste, Jean-François Copé. et sensible aux personnes, même à 200 compte la suite, hallucinante : "Désignant Estrosi pourra se consoler en voyageant et km/h sur le bitume ! Ajoutez une gueule de par-dessus son épaule le camp des gens du en découvrant d'autres cultures. Peut-être minet coiffé à la gomina -quelque peu voyage installés dans un champ derrière la alors sa vision des choses changera. Peut- défraîchit certes- et vous obtenez le gendre salle municipale dans l'attente de leur pèleri- être méditera-t-il sur ces propos tenus en idéal. D'ailleurs, affirme sa biographie offi- nage chrétien et annuel dans un village voi- décembre 2006 devant une association cielle, "dès son enfance" (il est né à Nice en sin, il précise : "Ces gens-là doivent rendre juive : "(…) Nous [les Français] sommes au 1955 d'un émigrant italien), il rêvait "de des comptes, expliquer d'où viennent leurs cœur de cet Occident dont l'histoire est s'investir dans la politique, et plus exacte- DR caravanes et leurs grosses voitures. Nicolas indissociable de l'héritage judéo-chrétien, ment depuis le jour où il vit, sur la Sarkozy au pouvoir les fera tous contrôler un Occident qui s'est affranchi de sa reli- Promenade des Anglais, une foule immense et expulser."" giosité. (...) Aux yeux de [beaucoup venue saluer le Général de Gaulle." Côte-d'Azur. Débute une traversée du désert judiciaire aux logs de connexions qui enre- Fidèle parmi les fidèles, l'ancien motard a d’Occidentaux, ndlr], nous sommes coupa- Avant de devenir un proche de Sarkozy, liée à la fuite de celui qu'il suivait fidèle- gistrent l'ensemble de l'activité de tous les été récompensé en effectuant sa première bles d'être ce que nous sommes. Et c'est Estrosi apprendra la politique avec un autre ment, M. Médecin, et à son inéligibilité citoyens français sur internet. entrée au gouvernement en 2005, en tant pourquoi une certaine forme de "bien-pen- prestidigitateur, mais de la vieille école (peine de 1 an) due à des frais de campagne que ministre de l'Aménagement du terri- sance" pousse notre société à l'accueil sans celui-là - un fundi exceptionnel ès petits trop élevés en 1993. Désert dont le sauve- GRAND DÉFENSEUR de son "patron" toire auprès de Sarkozy, où il s’évertua à condition, à la compréhension de "l'autre" arrangements entre amis : l'ancien maire de ront ses amis Jean-Claude Gaudin, maire de dans les médias, Estrosi s'est fait remarquer faire couvrir la totalité du territoire hexa- qui va jusqu'à l'oubli de soi." Nice, Jacques Médecin, condamné à plu- Marseille, et Nicolas Sarkozy, avec qui il à plusieurs reprises par ses prises de posi- gonal par les réseaux de téléphonie porta- RC sieurs reprises par la justice française - 1 an aime faire du vélo. En 1997, il est réélu tion pour le moins franches, surtout sur l'im- ble, de haut-débit et de la télévision numé- 1 www.estrosi.fr de prison ferme et 300.000 francs d'amende député -reconduit en 2002 et 2007. En migration. Ainsi, lors de l'examen de la loi rique, et où il pris position en faveur du 2 éditions du Rocher, 2001 pour délit d'ingérence en 1992 ; 2 ans de 2003, il est élu Président du Conseil général prison ferme, 200.000 francs d'amende et 5 des Alpes-Maritimes… ans de privation de droits civiques pour Gaulliste, Médeciniste, il s'est du coup rapi- "détournement de fonds" en 1995 ; 3 ans et dement converti -comme tant d'autres- au demi de prison ferme et un million de francs sarkozysme. Auteur de l'ouvrage Bockel, un “socialiste” à la Coopération d'amende pour "abus de bien sociaux" et "Insécurité : sauver la République" 2, celui "corruption" la même année ; 2 ans de pri- qui avait envisagé une alliance avec le PARMI LES CINQ "TRAÎTRES" recen- teur, avait pourtant entamé sa carrière à C'est donc tout naturellement qu'il s'est son pour fraude fiscale en 1998… Autant de Front national aux régionales de 1998 joue sés par la gauche qui ont accepté de tra- l'aile gauche du PS il y a 34 ans. Depuis dans un premier temps rapproché de peines qu'il ne purgera pas : il a fui en 1992 le rôle du "Monsieur Sécurité" de Nicolas vailler avec Sarkozy, Jean-Marie Bockel, plusieurs années, il se bat pour une nouvel- Bayrou, puis de Sarkozy. "Nous avons une en Uruguay. Sarkozy. Il sera d'ailleurs rapporteur en qui appartenait avant sa nomination au le gauche, "un socialisme libéral". "Oui", capacité à nous comprendre", dit-il de lui. 2002 et 2003 à l'Assemblée Nationale des Parti socialiste, a hérité du secrétariat d'Etat disait-il en 2003, "nous sommes des socia- Elu pour la première fois député en 1981, NEUF ANS auparavant, c'est sur sa liste lois sur la sécurité intérieure fomentées par à la Coopération et la Francophonie -qui a listes libéraux. Socialistes, car nous devons secrétaire d'Etat du Commerce en 1984, qu'Estrosi, qui découvre alors la politique, Sarkozy. A ce titre, il est l’auteur d'un pour habitude de gérer les questions liées opposer aux rapports de force et à l'injusti- maire de Mulhouse depuis 1989, cet avo- est élu au Conseil municipal de Nice, où il amendement quasi liberticide qui pérennise aux anciennes colonies parmi lesquelles les ce, la nécessité d'une émancipation parta- cat de formation ne s'est guère fait connaît- est chargé des sports. Deux ans plus tard, le les dispositions de la loi dite Loi sur la Comores. Cet admirateur de Tony Blair gée. Car nous travaillons au partage des re pour ses prises de positions quant à des plus célèbre des “bébés Médecin” est élu Sécurité Quotidienne adoptée à la suite des âgé de 57 ans "était à la droite du PS", biens et des droits à l'échelle du continent sujets internationaux. En tant que sénateur, conseiller général des Alpes-Maritimes. En attentats du 11 septembre 2001. Ces dispo- affirmait récemment le secrétaire général et du monde. (…) Libéraux, car nous com- il présidait toutefois le groupe France- 1988, il est élu député, toujours des Alpes- sitions destinées à la lutte anti-terroriste du parti, F. Hollande. Aujourd'hui, "il est à prenons l'émancipation comme accès à la Afrique de l'Ouest et appartenait à de nom- Maritimes. En 1992, il devient premier (qui devaient prendre fin initialement le 31 la droite tout court". liberté. Nous défendons la liberté et la breux groupes d'information sur l'Algérie, vice-président de la région Provence-Alpes- décembre 2003) donnent accès à l'autorité Jean-Marie Bockel, actuel maire et séna- responsabilité individuelle (…)" l'Egypte, les pays du Golfe, la Jordanie...

10 kashkazi 65 juillet 2007 faut qu’ça sorte fqs Hydrocarbures : Quand le Maria Galanta passe en attendant les procès… outre les autorités comoriennes

LEUR ARRESTATION A FAIT GRAND jugée puisque le dossier, qui concerne au final LE TON MONTE À MORONI BRUIT MAIS, DEPUIS LE TEMPS, on les a onze personnes, vient d'être transmis au procu- CONTRE LA DIRECTION DU un peu oubliés… Abdou Soefo et Salim Ben reur par le juge d'instruction. Reste au procureur MARIA GALANTA, le navire basé à Ali, principaux prévenus de deux affaires diffé- à l'éplucher et à en faire une synthèse avant que Maore qui assure seul le transport de rentes touchant à la Société comorienne des le tribunal ne s'en saisisse. De source proche du passagers -et les reconduites à la fron- Hydrocarbures (SCH), dorment toujours à la Parquet, "la complexité et la technicité de l'affai- tière par l'Etat français- entre maison d'arrêt de Moroni en attendant une re où l'on parle de plusieurs centaines de Dzaoudzi et . La compa- éventuelle mise en liberté provisoire, et surtout millions de fc" expliquent les délais de traite- gnie de M. Labourdère est accusée par la transmission de leur dossier au Tribunal. ment, qui pourraient encore s'allonger si des les autorités de l'Union des Comores Ironie du sort, Salim Ben Ali n'est autre que auditions supplémentaires sont demandées par le de braver une mesure l'interdisant de l'un des responsables de la commission d'audit procureur dans le cadre de l'enquête. toucher le port de Mutsamudu. dont le rapport a débouché sur l'arrestation L'affaire remonte à la fin du mois de d'Abdou Soefo… QUANT AU SECOND volet de l'épopée des mai dernier. Le directeur des C'était il y a un an. Le tout nouveau pouvoir Hydrocarbures, il est lié aux accords signés Transport maritime de l'Union des comorien avait monté une série de commissions par le gouvernement avec la société malgache Comores informe alors l'armateur pour auditer les sociétés d'Etat. Après une plain- Nestair 3. Accusés eux aussi de détournement français que toute desserte vers te du ministre des Finances, Abdou Soefo, de fonds, Salim Ben Ali, président de la com- Ndzuani doit passer par Moroni, eu ancien directeur de la SCH, était le 3 juillet mission qui dirigeait la SCH, Yassian égard à la situation politique et à la 2006 placé en garde à vue. Au cours de sa pre- Houmadi, son plus proche collaborateur, et mainmise de Bacar sur l’île. Mais l'ar- Le Maria Galanta au port de Mutsamudu, en 2006. mière journée à la gendarmerie, l'homme d'af- Raveloson Solo, directeur de Nestair, étaient mateur, en bons termes avec les auto- faires Ahmed Barwane, le patron du Dauphin placés en détention le 19 mars. Comme nous rités anjouanaises, fait fi de cette déci- Mourad Bazi, Abdérémane Koudra, cadre du l'écrivions en avril, "rien n'est bien clair" dans sion et appareille tout de même vers suffisamment de gasoil pour toucher française aux Comores demande régime Azali, ainsi que le directeur administra- cette affaire. Ni la gestion de Salim Ben Ali, ni Mutsamudu. Suite à une protestation Moroni, il a changé de cap pour rega- cependant aux autorités de l'Union de tif et financier et le comptable de la SCH les faits qui lui sont reprochés par la justice, ni verbale des responsables comoriens gner Mutsamudu. Une fois touché "bien vouloir envisager de faciliter les étaient à leur tour convoqués à la gendarmerie, même l'attitude du gouvernement, dont deux des transports maritimes, le représen- Mutsamudu, la présidence de l'île reconduites à la frontière à partir de soupçonnés de complicité et d'avoir profité de ministres devaient être entendus. tant du Maria Galanta à Mutsamudu, d'Anjouan a réquisitionné le navire Mayotte, via Moroni". détournements de fonds orchestrés par Abdou L'instruction touche semble-t-il à sa fin. La l'agence AGS, s'en excuse le 26 mai avec des menaces d'intimidation pour Le mardi 26 juin et le samedi 30, le Soefo. "L'instruction risque d'être longue", transmission de l'affaire au procureur est cepen- dans un improbable courrier adressé à retourner à Mayotte afin de récupérer Maria Galanta jette une nouvelle fois avertissait le substitut du procureur 1. dant retardée puisque le dossier est actuellement la Vice-présidence de l'Union chargée des passagers attendus à Anjouan". Le l'ancre à Mutsamudu, en dépit de tou- Si les six hommes ont quitté la maison d'arrêt devant la Chambre d'accusation. Les prévenus des Transports : "Nous avons appris représentant de l'armateur à Ndzuani tes les interdictions. L'arrivée du fin 2006 après quatre mois de détention provi- ont en effet fait appel de la décision du juge qui aux heures de départ pour affirme "se soumettre à toute déci- bateau à Ndzuani ouvre le journal soire, l'ancien ministre des Affaires étrangères avait ordonné leur libération provisoire sous Mutsamudu que tout navire désirant sion" dorénavant. télévisé de RFO Mayotte du même y est retourné le 8 janvier pour ne pas s'être condition de paiement d'une caution de 16 se rendre aux Comores doit d'abord jour, qui parle de "soulagement des présenté aux autorités dans le cadre du millions de fc (32.000 euros) répartis en trois transiter par Moroni avant toute desti- LES RESPONSABLES maritimes passagers pris en otage par les auto- contrôle judiciaire. Arguant des raisons médi- échéances. nation. Pour être sincère, la capitaine- comoriens refusent cette excuse il est rités de l'Union des Comores". cales, Abdou Soefo avait alors estimé être vic- LG rie de Mayotte nous a délivré un bon vrai peu convaincante de l'incident "Une personne à Mayotte m'a informé time "d'acharnement" et annoncé par la voix de partance pour Moroni (…). En technique avancée par le représentant que la desserte devait se poursuivre", 1 Kashkazi n°47, 6/07/2006 2 de son avocat renoncer à sa défense . 2 Kashkazi n°61, mars 2007 cours de route, le commandant s'étant du Maria Galanta, et décident de faire fait remarquer le SG de la Vice-prési- L'affaire ne devrait cependant pas tarder à être 3 Kashkazi n°62, avril 2007 rendu compte que le navire n'a pas intervenir directement la Vice-prési- dence de l'Union chargée des dence. Son secrétaire général, Transports. "Je voudrais insister sur le Abdillah Mouigni, s'empare du dos- fait que la mesure n'est pas levée et sier et signe le 7 juin, une "note circu- que les autorités de Mayotte ont déci- laire" avec copie au préfet de Maore, dé de bafouer notre souveraineté. Le LA QUESTION QUI NOUS TARAUDE pourquoi Caambi soutient-il Bacar ? signifiant à toutes les autorités mariti- contrôle des frontières maritimes et mes et portuaires des îles "qu'à comp- aériennes relève des compétences de ter de ce jour, le navire Maria Galanta l'Union. Mohamed Bacar n'a pas à sous pavillon Saint-Vincent et autoriser la circulation de ce bateau. Caambi : “Bacar est incontournable” Grenade, ne peut en aucun cas toucher Tout cela, je le mets dans le cadre les ports de l'Union des Comores et d'une déstabilisation. Aux Comores, Caambi el-Yachourtu, vous avez tou- pas ouvrir les vannes. Il y a une réalité qu'il gulières : intimidations, bourrages tout particulièrement le port de un capitaine de port peut interdire à jours défendu l'unité des Comores, vous faut connaître, et pour cela il faut vivre sur d’urnes... Est-ce acceptable ? Mutsamudu jusqu'à nouvel ordre". un bateau d'appareiller. On ne va pas possédez une image de politicien place. A partir de là, on doit pouvoir aller Il est certain que cela ne me met pas à l'aise. Seulement voilà, le navire continue me dire que le préfet de Mayotte ne d’assurer la liaison -et le renvoi des peut pas le faire. Si j'avais les moyens modéré, respectueux des règles démo- progressivement vers une bonne gouvernan- Il ne faut pas non plus penser que personne sans-papiers- entre Maore et Ndzuani. d'arraisonner ce bateau, je l'aurais cratiques, soucieux du dialogue, et ce. Le système Bacar ne doit pas perdurer. Il n'a voté : moi, Nassuf Abdallah, Ibrahim Face au refus d'obtempérer de la fait", s'emporte Abdillah Mouigni. doit changer. Mais vu la situation, nous Halidi avons su mobiliser. Il est vrai que cer- aujourd'hui vous soutenez Mohamed direction du Maria Galanta qui a Bacar, dernier espoir des séparatistes devions passer par là. On aurait pu avoir une tains barons locaux ont voulu se faire bien continué à desservir Ndzuani -de IL FAUT RAPPELER que ces mesu- qui gère Ndzuani de main de fer. révolution islamique, ou une situation sépa- voir et ont bourré les urnes, mais le débat n'est façon irrégulière certes-, Abdillah res d'interdiction concernent égale- Pourquoi ? ratiste à la somalienne. Parce qu'on n'a pas su pas là. La faute en revient à Sambi, qui a Mouigni proteste auprès du préfet de ment les transports aériens. Certains ne comprennent pas que je me gérer les causes du séparatisme, cela peut voulu faire d'Anjouan une exception. Maore dans un courrier du 15 juin L'entêtement des autorités françaises range aux côtés de Bacar. Pour ces gens, exploser à tout moment. C'est Bacar qui l'a empêché d'atterrir à remis à l'ambassade de France à à braver cette interdiction répond Bacar est un obstacle. Toutefois, le problème Ces derniers temps, des journalistes ont Ndzuani ! Moroni. "Nous prenons acte de cette sans doute à un impératif de politique est selon moi plus général. On peut lui trouver été frappés, des opposants placés en C'est vrai qu'il aurait dû pouvoir venir. C'est attitude de non respect de la décision intérieure à Maore, celui de la recon- des autorités comoriennes de votre duite à la frontière des sans-papiers, des circonstances atténuantes. Anjouan est garde à vue… Vous cautionnez cela ? notre président tout de même. Mais le pro- part, et manifestons notre indignation comme le laisse entendre l'ambassa- l'île qui connaît le plus de problèmes écono- Ce n'est pas une bonne chose. Il faut laisser les blème venait de ses partisans. S'il était venu, face à cette volonté de bafouer la sou- de dans son courrier du 22 juin. miques, le plus de pauvreté, qui possède une gens s'exprimer. Mais nous avons vécu une c'était fini. Il y aurait eu des débordements et veraineté de notre pays", écrit-il. L'administration française ne peut en situation sociale très fragile qui peut exploser. période de grandes tenions. Dans ces pério- des violences. Il ne venait pas en président, il L'affaire prend une tournure diploma- effet garder les sans-papiers au centre Le mérite de Bacar, selon moi, est qu’il a des, il peut arriver de prendre des décisions venait en campagne. Ce n'est pas bon. tique le 18 juin avec l'entrée en scène de rétention au-delà de 5 jours et au maintenu la situation et évité le chaos. arbitraires. Certaines méthodes issues du Vous semblez penser que Bacar est le du ministère des Relations extérieures nom de la proximité, évite d'achemi- D'autre part, Bacar a l'avantage d'être un séparatisme n'ont pas disparu : les “embar- seul à pouvoir sortir l’île de cette situa- de l'Union des Comores, qui saisit de ner ces Comoriens à Moroni. pur produit du processus de réconciliation gos” qui servent Bacar les emploient encore. tion. Mais cela fait six ans qu'il est au son côté l'ambassade de France aux Il est toutefois permis de s’étonner nationale. On veut dialoguer avec lui pour Mais si Bacar n'était pas là, ils auraient tout pouvoir… Comores, lui demandant de "bien d’un tel déni de la souveraineté natio- qu'il comprenne la nécessité de développer cassé ! Cela n'excuse pas ce qu'il s'est passé ces Il a l'expérience. Bacar n'est pas le meilleur vouloir ordonner à la capitainerie de nale des Comores de la part des auto- une nouvelle politique dans l'île. Ceux qui dernières semaines. Mais cela va changer… candidat. Mais c'est le moins mauvais. Pour Mayotte d'interdire le départ de ce rités françaises de Maore, alors que le bateau pour Anjouan". pays traverse une grave crise touchant nous critiquent aujourd'hui comprendront Soutenez-vous Bacar dans le but de l'instant, il est incontournable. Nous l'avons La réponse des autorités françaises à son intégrité. Il est vrai qu’il ne s’a- plus tard. Nous allons vers lui car il incarne rejoint dans une démarche constructive et déstabiliser Sambi ? de Moroni datée du 22 juin est laco- git pas de la première fois... quelque chose vis-à-vis des Anjouanais, Il est sûr que nous ne sommes pas en odeur de non opportuniste. Nous pensons pouvoir le nique : "Contrairement au contenu de KES même s'il commence à devenir impopulaire. sainteté avec Sambi, mais il n'est pas normal faire évoluer. cette note verbale [celle du 18 juin, Il a mis en place un système dictato- de lui mettre des bâtons dans les roues. Mais si PS : M. Labourdère, directeur de la ndlr], le Maria Galanta n'a pas quitté compagnie maritime qui exploite le rial… on en est arrivé là, c'est de sa faute. RECUEILLI PAR RC Mayotte le lundi 18 juin 2007 à desti- Maria Galanta, n’a pas souhaité donner La situation est telle à Anjouan qu'il fallait ne Bacar a été élu après des élections irré- Entretien réalisé le 12 juin 2007 nation d'Anjouan". La représentation suite à notre sollicitation.

kashkazi 65 juillet 2007 11 fqs faut qu’ça sorte Le colonel Hamza répond à Kashkazi Suite à notre article sur les évènements du 2 mai à Ndzuani et son limogeage, publié le mois dernier (n°64), l'ancien chef d'état-major dénonce des “propos injurieux et mensongers” de notre part… en nous insultant ! Nous publions sa réponse.

“CE DROIT DE RÉPONSE S'ADRESSE pétente. Abdallah, je me suis rendu chez bureau et de sauter par-dessus les garde-fous constate que l'instigateur de l'article en ques- PLUS PARTICULIÈREMENT au rédac- Brutalement, le mercredi 02 mai 2007, aux l'Ambassadeur de l'Union Africaine, pour du balcon pour parvenir à la Place d'Arme où tion joue l'avocat du diable pour légitimer ce teur de l'article intitulé "Crise anjouanaise du environs de 12 heures, des renseignements l'informer de la situation à Anjouan et lui se trouvaient des militaires loyalistes. qui est banni par l'Etat de droit et condamna- 02 mai 2007 : les scénarios d'un coup four- nous sont parvenus par un circuit parallèle demander d'intervenir pour faire revenir l'ex- Immédiatement, ces militaires ont pu prend- ble par la loi. Ainsi, les fées et les fables ré", paru dans le journal Kashkazi N°64 - qu'à Anjouan la FGAs'est mobilisée, environ Président Mohamed Bacar à la raison. De re les dispositions nécessaires pour sécuriser racontées ne peuvent en rien lui servir. Ces juin 2007. Avant d'aborder les propos inju- un bataillon, équipé d'armes lourdes et de plus, j'ai suggéré à l'Ambassadeur de l'Union le bâtiment de l'Etat-major à l'égard des mensonges ne constituent pas, en aucun cas, rieux et mensongers recueillis par le rédac- fusils d'assaut, avec l'intention d'attaquer le Africaine aux Comores que soit tenue en mutins.Monsieur le rédacteur dudit article, un fait justificatif ou une cause de non culpa- teur, laissant croire qu'il s'agit d'un officier Palais Présidentiel de Hombo à partir de 14 urgence, par la Communauté Internationale, ayez le courage de vous affranchir du syn- bilité dans le cadre d'un tel acte, aussi prémé- qui a gardé l'anonymat, j'ai retenu l'hypothè- heures. une réunion spéciale à propos de la situation crétisme auquel vous triomphez indéfini- dité. se suivante : Le Chef du Commandement Opérationnel à Anjouan. ment. Pour cela, je voudrais vous faire savoir Je précise avant tout que je ne suis pas telle- responsable du dossier d'Anjouan est avisé A partir de 14 heures, la FGA a lancé une que toute armée régulière fonctionne confor- COLONEL HAMZA, ancien chef d'état-major ment convaincu qu'il s'agit d'un officier de de la situation et il s'en est chargé conformé- offensive en s'appuyant par des tirs aux mément à des structures bien hiérarchisées de l'armée comorienne l'Armée présent sur les lieux à Kandani au ment aux instructions données et aux attribu- armes lourdes contre le détachement de soumises à un règlement militaire. Ainsi moment des faits étant entendu que les pro- tions qui lui sont dévolues. l'AND qui assurait la garde du Palais donc, l'Armée Nationale de Développement, NOTE DE LA RÉDACTION pos recueillis sont utopiques par rapport à la en tant qu'armée républicaine, fonctionne réalité vécue à Kandani. aussi selon ces principes à caractère univer- L'auteur de l'article indexé use de son Mais si cela s'avère qu'il s'agit de quelqu'un sel. C'est pour vous dire que dans une armée, devoir d'informer pour rectifier les pro- qui a parlé sous couvert de l'anonymat, une “Je fus victime d'un complot avec les militaires d'une compagnie quelconque pos excessifs du colonel. telle attitude serait préjudiciable et ambiguë à relèvent, en fait, directement de leur Chef son égard. Un individu dont la conscience des allégations cruelles relayées hiérarchique. En effet, tout militaire est tenu Le colonel Saïd Hamza, qui a reçu l'aval du n'est pas tranquille et qui essaie à tout prix, par des détracteurs haineux et sans scrupule.” d'observer strictement ces règles. A défaut, cabinet militaire pour s'exprimer au sujet par un tissu de mensonges, de tromper l'opi- ça serait un manquement dont la qualifica- de notre article en dépit de l'enquête en nion publique pour une affaire pour laquelle tion dépend de la nature et de la gravité de la cours sur les événements du 2 mai à l'origi- il fut l'auteur ou le complice. faute. ne de son limogeage, nous a exprimé au Contrairement aux informations erronées et En fait, l'AND est une institution militaire Présidentiel de l'Union à Hombo. Par conséquent, le Chef d'Etat-major assure cours d'une rencontre, son souci de rectifier calomnieuses citées sur quelques passages uniquement à vocation terrestre qui ne dispo- A 16 heures 30, la réunion a eu lieu en pré- le Commandement Supérieur de l'AND et certaines "contrevérités" -selon lui- sur ces de l'article, voici en guise de réponse un se d'aucun moyen logistique aérien ou mari- sence de tous les représentants de la n'entretient pas des rapports directs avec ses événements. Nous devons cependant cons- exposé sommaire sur la version réelle des time pour le déploiement de ses unités d'une Communauté Internationale et des Autorités subordonnés, sur le plan professionnel et hié- tater que non seulement, la réaction du faits, avant et après le déclenchement de la île à une autre. C'est un handicap majeur comoriennes, notamment les deux Vice-pré- rarchique, que seulement avec les Chefs de colonel ne dément pas ce que nous avons crise à Anjouan. pour la sécurité et la défense opérationnelle sidents, certains membres du Gouvernement corps ou ses proches collaborateurs. écrit, mais il se livre à des propos injurieux La constitution du commandement opéra- de notre pays, à caractère insulaire. Ce pro- et du Chef d'Etat-major de l'AND assisté du à notre endroit, sous prétexte nous a-t-il dit, tionnel militaire spécialement chargé du dos- blème date depuis des décennies et reste éter- Commandant GAMIL. Les conclusions L'AUTEUR DE L'ARTICLE a voulu créer "qu'un officier n'ayant pas le droit de parler sier Anjouan relatif à la mise en place du nel. Les Autorités comoriennes successives retenues au terme de la réunion sont les sui- une confusion par des propos diffamatoires à sous l'anonymat, un journaliste ne devait Président intérimaire de l'île Autonome ne l'ont jamais intégré dans leurs priorités vantes : un cessez-le-feu immédiat à l'égard de certains responsables militaires pas rapporter ses propos". L'ancien chef d'Anjouan après expiration du mandat du nationales, en prévision de la paix et de l'in- Anjouan par la FGA ; un communiqué de la étrangers, qui sont nos partenaires. Pire, j'ai d'état-major nous accuse de nous livrer à la Président Mohamed Bacar, a été approuvée tégrité territoriale. Communauté Internationale condamnant pu constater que même les fonctions exer- calomnie, mais ne cite aucun extrait précis par les Autorités compétentes de l'Union. Parallèlement à la mission relative au fermement les tirs aux armes de guerre par la cées par ces derniers lui sont méconnues. de l'article qu'il pourrait démentir. C'est une option courante au niveau des Commandement Opérationnel, en ma quali- FGA contre l'AND. Pour cela, je tiens à lui donner les précisions Sans revenir sur ces accusations vagues, armées dont le but recherché est l'efficacité. té de Chef d'Etat-major, j'ai pris l'initiative suivantes : le colonel Dominique Meyer précisons trois choses : Les membres constituant ce d'informer rapidement les représentants de la POUR LES CIRCONSTANCES, ce même Bish occupe le poste d'Attaché de Sécurité 1) Le colonel Hamza affirme qu'il n'est pas Commandement Opérationnel et leur Chef Communauté Internationale présents à mercredi 02 mai 2007, en début de soirée, j'ai Intérieure en Union des Comores et le "tellement convaincu qu'il [la source de nos se sont mis au travail aussitôt, dès l'annonce Moroni. Le mercredi 02 mai 2007 à 13 heu- rencontré séparément l'Ambassadeur de Capitaine de Frégate Eric Mignot est informations] s'agit d'un officier de l'Armée de cette décision par l'Autorité Civile com- res, accompagné du Commandant GAMIL France, ainsi que celui de l'Union Africaine l'Attaché de Défense Non Résident, près présent sur les lieux à Kandani au moment pour le suivi des conclusions. l'Ambassade de France à Moroni dans le des faits". C'est bien le cas, pourtant. Les Vers 20 h à l'hôtel "LE MORONI", j'ai eu cadre de la coopération militaire avec la propos tenus dans cet article ne sont pas PUBLICITÉ une séance de travail spécialement pour la France. Systématiquement, le Chef d'Etat- donc pas "une série de mensonges délibéré- crise à Anjouan avec un officier supérieur major en tant qu'interlocuteur a le devoir ment montée par un conteur de fables igno- Sud-Africain, en mission dans notre pays d'entretenir des relations professionnelles- bles" comme le soutient le colonel, mais dans le cadre de la préparation du déploie- avec ces partenaires. bien des versions, contradictoires certes, de ment des forces internationales pour la sécu- L'article en question paru dans le journal faits recueillis d'une part auprès d'un offi- risation des élections. Le soir, avant de rega- Kashkazi N°64 du mois de juin 2007, auquel cier qui n'a pas voulu révéler son identité, gner le camp militaire de Kandani, j'ai rendu j'ai passé en revue quelques passages, ne d'autre part auprès du lieutenant-colonel visite à ma famille que j'ai quittée très tôt le peut être qu'une série de mensonges délibé- Salimou, l'actuel chef de l'état major qui matin. rément montés par un conteur de fables assume en revanche ses propos. Le salon Karanfu est dØdiØ aux passagers au dØpart ou en transit, Ce jour là, pour les circonstances j'ai passé la ignobles. Cependant, je fus victime d'un 2) Si l'ancien chef d'état-major apporte des Espace de dØtente et de fra cheur ou lieu de rendez-vous pour affaire nuit du 02 au 03 mai 2007 dans mon bureau complot avec des allégations cruelles informations que nous n'avions pas sur sa en attendant confortablement votre dØpart. à l'Etat-major sis à Kandani. Très tôt le matin relayées par des détracteurs haineux et sans journée du 2 mai, aucune ne dément le Un personnel professionnel et disponible, parlant anglais, du 03 mai, j'ai quitté mon bureau pour aller scrupule. Ces opportunistes dangereux ten- contenu de notre article. est la disposition des passagers. dans un autre en face abritant le tent de se réfugier derrière les malheurs des 3) M. Hamza nous accuse de "créer une Commandement Opérationnel chargé du autres afin de leurrer l'opinion publique, confusion par des propos diffamatoires à Vente de carte daccŁs au guichet ARIO Comores de Moroni et de laØroport. dossier d'Anjouan. Juste quelques instants après avoir commis l'irréparable. L'objectif l'égard de certains responsables militaires après, des coups de feu d'armes automa- principal d'une mutinerie, autrement dit étrangers qui sont nos partenaires", sans tiques sont déclenchés à l'intérieur du camp rébellion armée, n'est autre qu'une évidence. démentir les relations "complices" avec ces de Kandani par un groupe des insurgés qui Notre pays est victime de plusieurs tentatives responsables qui lui sont prêtées. ont tenté de prendre d'assaut le bâtiment de de rébellion armée et de coups d'Etat perpé- KES l'Etat-major en tirant des coups de feu. trés sans cesse par certains anarchistes, Instinctivement, j'ai eu le réflexe de sortir du depuis des décennies. Paradoxalement, je lire kashkazi n°64, juin 2007

12 kashkazi 65 juillet 2007 DJNUarizamHbe pvwAatsina matswandzi (LA PAGE OÙ LES JEUNES PARLENT AUX JEUNES) Filles / garçons : Evitons que l’amour ne dérape !

Amour, grossesses nière, son chouchou lui a conseillé de rapports sexuels prendre du Citotec, un médicament avant l’âge”, précoces : notre dangereux qui n’est pas fait pour ça : nous dit un pro- reportage... des jeunes filles meurent ou sont très fesseur de malades à cause de lui. Sciences. Heureusement, Salitouna s’en est sor- Pour ce prof, les tie. Ses parents ne se sont rendu adolescents “doi- Fatima a 14 ans, et déjà un compte de rien. “Je suis habillée à la vent avoir des bébé. Elle était en 6e quand elle a ren- mode, Ahmed fait tout pour que je relations connues contré Moussa. “A chaque fois qu’on frissonne, mais je cours un risque par les parents et sortait en récréation, on allait à un avec lui”, avoue-t-elle. organisées en limi- endroit libre, et il me racontait des Un autre garçon a conseillé à sa copi- tant l’amour”. histoires d’amour. Un jour, il m’a ne de boire des cendres et de l’eau de donné rendez-vous dans sa cabane. javel pour avorter. Elle est allée direc- Les parents... souvent, ils J’ai dit oui.” Pour la première fois, tement à l’hôpital... ne se rendent pas compte Fatima a eu des relations sexuelles. Tu l’auras compris, les filles ont tout le de ce qui nous arrive, ou bien “Ce qui est bizarre, c’est qu’on ne poids des grossesses précoces sur ils font semblant de ne pas le savait pas ce qu’on faisait. J’ai vu du leurs épaules. Nassabia et Fatima ont savoir ! Nous avons par exemple sang mais j’étais bête, je croyais que toutes les deux arrêté l’école à cause de rencontré une maman qui ne s’est pas c’était mes règles. Quelques semaines leur bébé. Leur copain, lui, continue rendu compte que sa fille de 13 ans plus tard je me sentais mal et triste. tranquillement d’aller au collège ou au était enceinte depuis cinq mois... Mes amies me demandaient ce que lycée. Mal vue par sa famille, Fatou se “Tous les jours, Fatou va à l’école et j’avais, et je répondais : “Je ne sais sent marginalisée. Sa famille a essayé elle revient à la maison”, explique-t- Mrati et Abdallah, du Club pas.”” l’avortement, mais ça n’a pas marché. elle. “Je me suis rendu compte qu’il y Le cinquième mois, Fatima a com- Mrati et Abdallah, membres du Club avait quatre mois qu’elle ne m’avait anti-Sida du collège de mencé à vomir. Sa mère l’a conduite à anti-Sida du collège de Mboueni, pas demandé de serviette, mais elle Mboueni, nous informent l’hôpital. “Quand le médecin m’a fait confirment : “Les premières victimes m’a dit qu’elle les prenait auprès de une radio, il a dit : de cela, ce sont les filles !” ses amies, et j’ai été tranquille. Elle - Subuhana Allah, c’est pas vrai ! était un peu malade, mais son copain - Qu’est-ce qu’il y a, a demandé ma Il faut dire que souvent, les filles sont de 21 ans lui a dit que c’était le palu- Comment éviter les penser à son chouchou... mère. beaucoup plus jeunes que leur copain. disme. Un grand garçon comme ça, grossesses non désirées ? Quelles sont les rapports - Viens Madame, tu sais, Dieu a dit Parfois, elles ne savent pas ce qu’elles coucher avec une petite fille de 13 ans Nous les jeunes, nous sans risque ? Mrunadochoukouriya no suburiya font, elles obéissent pour ne pas perd- ! Je suis allée le voir, et il m’a dit que devons appliquer l’absti- Les bisous, les étreintes, nizo mgu ya renda. Ta fille est encein- re le garçon, et en cas de grossesse, depuis deux ans ils étaient ensemble. nence sexuelle, mais en les massages, les caresses, te depuis cinq mois. elles sont tellement désespérées qu’el- Je ne savais pas du tout que Fatou cas d’imprévu, utilisons le le simple toucher... Par Ma mère a tout fait pour être forte, les font tout ce qu’il leur dit. Le viol avait commencé à sortir avec des préservatif au lieu des contre, dès qu’il y a un mais sa tension est montée...” n’est pas la seule forme d’abus sexuel : garçons...” autres moyens de contra- rapport sexuel, il y a un un garçon de 24 ans, s’il est beau et ception, car il protège risque. Fatima n’est pas la seule dans ce cas. charmant, peut en profiter pour abu- Lycéenne à Ntsaweni, Chaharzade veut aussi contre le Sida ! Les jeunes ont des histoires d’amour ser d’une fille de 14 ans... lancer un appel aux parents pour et des relations sexuelles de plus en Mais pourquoi sommes nous si jeunes qu’ils discutent avec leurs enfants. Quand doit-on accepter A quoi servent les Clubs plus tôt : “Parfois à 9 ans pour les préoccupés par l’amour ? C’est l’évolu- “On ne peut pas éviter cet amour”, d’avoir des rapports anti-Sida ? garçons et 12 ans pour les filles”, nous tion de la société : on voit à la télé les dit-elle. “On est de cette génération, sexuels ? Ils sont composés d’ado- Quand on est prêt... et dit Amina Hachim, responsable de la gens en train de lover, et on a envie de de ce siècle. Mais le problème vient si lescents qui ont pour surtout pas si on ne se Cellule d’écoute de Moroni. Les gros- faire comme eux sans toujours savoir je dois cacher mon copain. Comment objectif d’avertir leurs sent pas capable d’assu- sesses précoces sont nombreuses ce qu’il y a derrière. “Ces relations ma mère saura ce qui s’est passé en camarades que le Sida parce que les filles, surtout quand elles précoces ont tendance à se banaliser, cas d’accident ? Les parents n’appel- mer les conséquences. Si existe, et leur donner des sont très jeunes, ne savent pas ou n’o- on se dit que c’est normal sous l’in- lent pas leurs enfants pour voir ce on précipite l’amour, l’in- conseils sur l’amour pré- sent pas utiliser une contraception. fluence des médias étrangers”, nous qu’il y a dans leur tête, on ne nous dit telligence diminue car on “Quand on distribue des préservatifs, dit Amina, de la Cellule d’écoute. pas la vérité. Il y a un manque de consacre son temps à coce. il n’y a que les garçons qui viennent”, débat entre les mamans et leurs filles. témoigne Amina Hachim. Du coup, la Comment réagir pour que l’amour ne On peut leur demander : “Maman, Defends tes droits fille est obligée de compter sur la pru- finisse pas en catastrophe ? D’abord, comment je suis venue au monde ?”, dence du garçon. Nassabia, 17 ans, est prendre son temps. “L’adolescence est et elles nous répondront : “Par la bou- Il existe à Ngazidja, Ndzuani et Mwali un service appelé Cellule d’é- tombée dans ce piège : “Ce jour là, une étape dans la vie”, avertit Amina che !” Il faut que les parents nous coute qui est là pour t’écouter et t’aider à défendre tes droits. Si tu es victime de violence, d’abus ou de maltraitance, ses responsables mon copain n’avait pas de préserva- Hachim. “Il ne faut pas la prendre à donnent des conseils.” peuvent te recevoir seul ou avec tes parents et t’aider à porter plain- tif. Il pleuvait, il a voulu faire le coït la légère.” L’adolescence, c’est cette te auprès de la justice. “Il faut encourager les enfants victimes d’a- interrompu, mais il s’est mal période qui dure de 12 à 18 ans envi- bus et de maltraitance à parler de leur souffrance et à dénoncer les débrouillé”, confie-t-elle. ron, où on n’est plus vraiment des Page réalisée par ALLAOUIYA auteurs de ces délits”, dit Amina Hachim, de la Cellule d’écoute de Souvent, quand une fille sait qu’elle enfants, mais pas encore des adultes. MOHAMED, HAYRIA FARID, Moroni. “Il faut sensibiliser la population à utiliser le service d’é- est enceinte, elle n’ose pas le dire à ses A cet âge là, on commence souvent à NASSURDINE MOUGNIMALI coute et de prise en charge des enfants abusés et maltraités.” (lycée communautaire du Mboude) parents et elle essaie d’avorter. C’est ce s’intéresser à l’amour. Mais ce n’est Contact. Moroni : en face de l’école Abdulhamid, (financement : UNICEF) qu’a fait Salitouna, 17 ans, amoureuse pas pour ça qu’il faut aller trop vite ! tel. : 76.12.11, 33.79.79, 35.33.01 - Mutsamudu : Hombo, (encadrement : Kashkazi) d’un jeune homme de 24 ans. Quand “C’est bon d’avoir un ou une copine, près des buildings, 71.15.43- Fomboni : 72.40.71 elle est tombée enceinte l’année der- mais à condition de ne pas avoir de

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14 kashkazi 60 février 2007 RUE DES INCONGRUS Ces “grand quelqu’un” no comment “Bacar ne pourra pas voler les élections si les forces de sécurité sont présentes.” qui informent “grand DINI NASSUR, secrétaire général du gouvernement sortant de Mgazidja, moins d’un mois avant que Bacar ne s’autoproclame président... n’importe comment” “Avant, Mayotte était une île théocratique. Les gens du MPM étaient considérés comme des dieux. Après, la bande à Kamardine est par Lisa Giachino arrivée. Ils ont fait de Mayotte une ploutocratie. Maintenant c’est la course à l’argent.” VOUS PASSEZ UNE SEMAINE À NDZUANI à entendre la tente devant un bureau de vote, quand bien même au cours de leur tour- AHAMADA SALIM, candidat malheureux à majorité de la population ressasser son ras-le-bol du président de l'île, qui née respective sur l'île, les journalistes des trois autres médias présents - la députation de Maore (pour Les Verts), dans vient de se maintenir au pouvoir par le truchement d'une mascarade élec- Al-watwan, RFI et Kashkazi- n'ont vu que des bureaux vides et quelques Mayotte Hebdo. torale des plus grossières (lire par ailleurs). A peine posé le pied sur le sol très rares électeurs. de Ngazidja, vous entendez de tous les côtés : "Les Anjouanais soutien- Quatre jours plus tard, lors de l'investiture de Bacar au palais de Dar- “A l’école primaire, on nous donne nent Bacar." Forcément, vous vous demandez ce qui cloche… Non ? Nadja, le journal télévisé consiste presque uniquement en la diffusion des des cours d’éducation civique... discours. Pas un mot, bien sûr, de ces nombreux habitants qui, en ville, On nous apprend les couleurs du C'est en tous cas ce qui m'est arrivé. Mercredi 20 juin à hors du champ de la caméra, disent leur colère ou leur mépris à l'image drapeau -comme si on les voyait Moroni, je croise Ali, un lycéen de ma connaissance. "Les Anjouanais de cette dame de Mutsamudu : "Ils ont volé les pas- et que nous sommes un soutiennent Bacar, on va les mettre dehors" jette-t-il, le sourire aux lèv- élections et maintenant ils se félicitent comme res. Il est loin d'être le premier à le dire, mais comme il ne veut pas en s'ils avaient gagné !" Pas un mot non plus sur les archipel de quatre îles -formidable ! démordre alors que je viens de lui décrire la situation sur place, je perds réactions des autorités de l’Union des Comores Et après, on s’étonne que nous ne patience et je le plante là. L'après-midi du même jour, je revois le garçon et de l’Union africaine, qui ne reconnaissent pas Les images ont sachions pas ce que c’est que le dans son quartier, Caltex. Un peu gêné, il appelle un ami à lui, cette élection. Résultat : quand RTA met en été balancées à patriotisme !” Abdourahim, grand partisan de la "chasse aux Anjouanais". Je répète ce scène le "raïs" Bacar et communique les résultats l'antenne sans MARIAMA OMAR, lycéenne à Ntsaweni que j'ai vu à Ndzuani : le vide des bureaux de vote et des urnes qui d'une élection truquée, personne n'est dupe, les (Ngazidja) dément les résultats proclamés à l'issue du scrutin, l'inscription "Tous unit partisans comme les opposants. le moindre contre Bacar" sur un mur de Mutsamudu, la colère qui couvait le jour de commentaire qui “Entre les cotisations et les tenues, l'investiture du président "réélu", l'attente d'une intervention de l'Union… une femme a besoin d’un capital Bref, tout ce que les rares images qui parviennent en ce moment à aurait permis aux de 500.000 fc [1.000 euros] pour Moroni ne montrent pas. Aussi vite qu'ils se sont mués en farouches ON NE PEUT PAS EN DIRE téléspectateurs de assurer la saison des mariages. détracteurs des Anjouanais, les jeunes avouent que, faute d'informations, AUTANT DE DJABAL TV, la station associati- ils se contentent de gober ce qu'on veut bien leur raconter. ve d', au sud de Moroni, qui entretient des les remettre dans Le capital minimum d’un SARL, - Ce sont les grand-quelqu'un de ce quartier qui amènent beaucoup de relations cordiales avec le pouvoir anjouanais 1. leur contexte. Si c’est 750.000 fc [1.500 euros] !” nouvelles politiques ici, souffle Ali. Ils viennent nous dire : "Demain, il N'étant pas sur place, les Grand-comoriens HISSANE GUY, voyagiste à Moroni. faut construire des barricades." Il y a plein de choses dont on sait que c'est croient non seulement ce qu'on leur raconte, le message ne des mensonges, mais on peut pas dire que ça en est. Et puis si on nous mais aussi ce qu'ils voient, c'est-à-dire ce que correspond pas à “Mon mari est d’Anjouan et je suis donne de l'argent, on peut faire n'importe quoi, comme chasser les Djabal leur donne à voir 2. Les images diffusées de Grande Comore. Franchement, Anjouanais. par la chaîne reviennent sans cesse dans les dis- la réalité, il n'en est si on parle de politique on se - C'est pas vrai ! réplique Abdourahim. cours "anti-anjouanais" : "On a bien vu à la télé pas moins clair : dispute et au bout d’un moment - Si ! qu'il y avait beaucoup de monde et qu'ils étaient Justement, un "grand-quelqu'un" du quartier s'est approché. Il était contents !" "Pendant le journal, ils ont montré la population on se regarde : mais qu’est-ce que conseiller sous le gouvernement Azali et reste militant du parti de l'an- des images des Anjouanais en 1997, quand il y a anjouanaise, nous sommes en train de raconter ? cien président de l'Union, la CRC. eu la coupure 3, puis ils ont enchaîné sur les ima- On en arrive à dire des choses - Alors, les Anjouanais soutiennent Bacar ? demande innocemment Ali. ges de l'investiture", me raconte un téléspecta- toujours favorable séparatistes alors que nous ne le - Pas du tout, répond l'autre d'un ton de professeur, en français et visible- teur. "L'impression que ça donnait, c'est que ça au séparatisme, sommes pas. Personne n’arrive à ment à mon intention, devant le petit attroupement qui s'est formé. Les continue aujourd'hui comme en 1997, et qu'il y passer par-dessus ça.” Anjouanais se taisent parce que le régime ne les laisse pas s'exprimer, avait beaucoup de monde à l'investiture." Les soutient Bacar… UNE HABITANTE DE NGAZIDJA. mais ils en ont assez de Bacar. D'ailleurs, je dis toujours aux jeunes de ne images ont été balancées à l'antenne sans le pas emmerder les Anjouanais. N'est-ce pas ? moindre commentaire qui aurait permis aux télé- Les jeunes opinent du chef en regardant ailleurs et le laissent poursuivre spectateurs de les remettre dans leur contexte -à “Anjouan is the autonomous sa diatribe sur le patriotisme de la CRC. Dès qu'il tourne le dos et entre savoir celui d'une propagande quasi militaire. Si le message ne cor- Republic of the Union of Comores.” dans la mosquée voisine, ils commentent : respond pas à la réalité, il n'en est pas moins clair : la population anjoua- MOHAMED BACAR, président illégitime de - Il parle comme ça tout haut, mais après, il peut venir nous manipuler… naise, toujours favorable au séparatisme, soutient Bacar… l’île autonome de Ndzuani, sur le site officiel Les grand-quelqu'un viennent et disent : "Tiens, Bacar a téléphoné www.anjouan.gouv.km. aujourd'hui et il a dit ci et ça… On sait que sur 10 mots, il y en a 7 de Le directeur de la station se défend d'avoir "jamais désinformé faux…" ou menti". "La question n'est pas de faire des commentaires", affirme-t-il. “Le problème avec l’Afrique consiste Avant de se quitter, Ali me confie : "Il y a eu une cérémonie, on la montre, c'est tout. On n'a pas fait de com- dans un manque d’importation. - Je crois que tu nous as fait un peu changer d'avis… mais bon, il y a sûre- mentaire parce que les gendarmes nous avaient demandé de ne pas mont- La politique restrictive sur ment quelqu'un qui va venir pour dire : "Au fait, j'ai appris que la m'zun- rer ces images, mais ont avait promis de les diffuser. Djabal est une petite l’obtention des visas par la France gu a été envoyée par Sambi pour vous manipuler !" Franchement, avec télé. On n'y peut rien si l'opinion à Ngazidja est contre les Anjouanais." est en partie responsable de ce tout ces gens qui viennent et nous racontent des choses… On ne sait plus Djabal collabore-t-elle avec RTA ? "On a notre propre caméraman qui manque d’attractivité.” où est la vérité ! nous envoie des images" assure Moindje, oubliant de préciser que ce camé- GÉRARD ETHÈVE, président du directoire de raman n'est autre que celui de la présidence anjouanaise… la compagnie Air Austral, lors d’une conférence de presse à Maore.

EN QUITTANT CALTEX, JE RUMINE et je finis par me 1 “Ce n’est pas seulement une ques- dire qu'en matière de désinformation, la bonne vieille propagande de Plusieurs témoignages l'attestent, comme celui d'un journaliste qui, invité à une conférence de presse, s'est entendu dire par Djaanfar Salim, numéro 2 du régime tion de droit, mais aussi de morale : Radio Télévision Anjouan (RTA) qui sévit sur l'île de Ndzuani est peut- anjouanais : "Tu n'as pas de billet ? C'est bête, j'aurais pu t'intégrer à la liste de être moins dangereuse que cet échafaudage de rumeurs qui tournent en Djabal !" Ou cet autre journaliste qui explique : "Souvent, quand ils ont besoin il faut arrêter que Mayotte soit diri- d'images, ils disent : "On va appeler Bacar pour lui demander !"" boucle à Moroni. RTA a l'avantage de ne tromper personne à Ndzuani, gée par des voleurs.” 2 Le journaliste de la télévision nationale qui devait couvrir les évènements s'est hormis peut-être les enfants de moins de cinq ans ! Il faut dire que la sta- fait refouler par les autorités anjouanaises. L'ORTC ne diffusait aucune image de ABDOULATIFOU ALY, nouveau député tion anjouanaise ne fait pas dans la dentelle. Le soir du scrutin, l'équipe Ndzuani pendant les élections. (MDM) de Maore, à propos du milieu patronal de propagande de Bacar n'a pas hésité à diffuser l'image d'une file d'at- 3 Sécession anjouanaise qui règne sur l’île.

kashkazi 60 février 2007 15 nouvelles du front en juin 2007 on parle d’élections encore, d’avions et de coopération

RIEN N'EST JAMAIS SIMPLE AUX COMORES. A ligués et menacent de descendre dans la rue pour contester "la priment pas, les ressortissants de Ndzuani résidant à Ndzuani, le colonel Bacar s'entête à ne pas organiser de nou- légitimité du président Sambi" qu'ils accusent "d'avoir isolé Ngazidja se sont fait entendre le 18 juin. Ils étaient près de velles élections comme le lui demandent l'Union des les Comores de la Communauté internationale" et de n'avoir 400 à manifester leur opposition au régime Bacar sur la Comores et la Communauté internationale, qui contestent pas réussi à résoudre la crise anjouanaise. "Nous avons vécu place de l'indépendance, à Moroni. Toutes les catégories toutes les deux la légalité de son maintien au pouvoir après la une élection fraudée jusqu'au bout et qui n'était pas du tout socioprofessionnelles avaient répondu à l'appel. "Vous êtes mascarade électorale du 10 démocratique. L'élection, elle-même est invalide. La constitu- chez vous à Ngazidja. C'est ici que se trouvent les institu- juin (lire page 24). A tion stipule que le vote doit avoir lieu le même jour alors que tions de l'Union et soyez rassurés. Comme dit l'hymne natio- LE JOURNAL DU MOIS Ngazidja et à Mwali, les ce n'était pas le cas. On a vu des élections seulement à Mwali nal, nous avons le même sang et la même religion", a lancé partisans de Mohamed et à Ngazidja", ont-ils déclaré lors d'une conférence de presse l'ex-ambassadeur des Comores à Paris, Ali Mlahaili, qui Abdouloihabi et de le 27 juin à Moroni. Pour cette nouvelle coalition, "Sambi s'est solidarisé de cette lutte contre le séparatisme. "Il faut Mohamed Ali Saïd, ont fêté la victoire de leur candidat élus n'est pas président de l'Union. Aujourd'hui, Ngazidja a deux que le ministère de la Justice trouve une solution par rapport au second tour de l'élection et investis dans leurs nouvelles présidents. Avec l'aggravation de la situation à Ndzuani, à l'attitude de certain politiciens qui mutent comme des fonctions le 30 juin pour le premier, et le 1 er juillet pour le Sambi devient illégitime. Etant anjouanais alors que cette île joueurs de football. Hier, ils ont prétendu défendre l'Union et second, mais des voix s'élèvent pour dénoncer des "fraudes" n'est pas dans l'Union, il perd automatiquement sa légitimité. aujourd'hui parce que ils ne sont plus au pouvoir, ils sont (lire page 30). Alors qu'à Ndzuani, le régime "illégal" de Ensuite, il est incompétent dans la gestion de la crise anjoua- partis diviser le pays. Si le droit n'a pas de réponse face à Bacar durcit le ton contre l'Union qui n'exclut pas l'option naise", a martelé le secrétaire général de la CRC, Ali Msaïdié. ces comportements, voyons du côté de la religion pour trou- d'une opération militaire pour déloger le président rebelle, à ver la solution", a demandé l'un des orateurs, le Moroni, des perdants des 10 et 24 juin, Saïd Larifou, Mtara A FORCE DE S'ENTENDRE DIRE qu'ils sont "complices" nommé Andoudou. Les manifestants se sont montrés Maécha, Saïd Mohamed Mchangama, Ali Msaïdié, se sont avec les séparatistes à la tête de leur île parce qu'ils ne s'ex- favorables à l'intervention militaire à Ndzuani. "Il y ...

Abdou Bacar à Maore, “on n’en veut pas !” Arrivé dimanche 1er juillet à Maore par la mer, le commandant des Forces de gendarmerie d’Anjouan a été refoulé du sol mahorais le 3 juillet en direction de Ndzuani. Les autorités comoriennes et des manifestants sur place réclamaient son renvoi vers Moroni.

Bacar, com- Dimanche, Abdou Bacar est ainsi d'Abdou Bacar à Maore. La rumeur ABDOU mandant des retenu dans les locaux de la PAF, à en évoque deux. La première : le gen- Forces de gendarmerie d'Anjouan Dzaoudzi. Le soir même, la commu- darme serait venu recruter des merce- (FGA) et frère du président autopro- nauté anjouanaise de M'tsapere qui a naires dans la prévision d'une attaque clamé de Ndzuani Mohamed Bacar appris la nouvelle se réunit et décide des forces armées comoriennes sur (lire par ailleurs) a été au centre d'un de mener une action afin de réclamer Ndzuani. Une thèse jugée "ubuesque imbroglio diplomatico-administratif l'expulsion d'Abdou Bacar. Le lende- et folle" par M. Faure, qui "ne tient début juillet, qui a vu la crise anjoua- main matin, plusieurs dizaines de per- pas". Selon lui, "il ne possédait aucu- naise s'exporter à Maore. sonnes se massent devant le bâtiment ne valise d'argent pour cela [faut-il Dimanche 1er juillet, celui que l'on de la PAF pour réclamer son extradi- forcément une valise comme dans les qualifie également de "chef de cabinet tion vers Moroni. "On ne veut pas films pour embaucher des mercenai- militaire" de Ndzuani, responsable qu'il reste ici. Il a du sang sur les res au XXIème siècle ? ndlr]. Mais je des actes de torture et de répression mains avec tout ce qu'il se passe à comprends que les Comoriens puis- commis dans l'île depuis plus de deux Anjouan en ce moment. La répression sent supposer de tels actes ; ils ont mois, débarque sur le sol mahorais en de son frère est aussi la sienne", disait toute une histoire derrière eux." La même temps que les autres passagers un des portes-parole du collectif qui deuxième rumeur évoque une fuite du du Maria Galanta - le navire continue s'est créé de manière spontanée. "On frère du dictateur. Une hypothèse qui de desservir Ndzuani malgré l'inter- veut qu'il soit envoyé à Moroni, et non confirmerait les informations non diction qui lui a été faite par les auto- à Anjouan, pour qu'il soit jugé de ses encore validées selon lesquelles des rités comoriennes (lire p.11). Mais à actes", poursuivait-il. divergences seraient apparues au sein son arrivée, Abdou Bacar est interpel- du régime anjouanais entre les parti- lé par la Police aux frontières : ses LES ANJOUANAIS DE MAORE sans de la modération et les faucons, papiers ne sont pas en règle. "Il possé- ne sont pas les seuls à avoir réagi. En Lundi matin devant la préfecture et le bâtiment de la PAF. Des manifestants réclament l’extraition de Bacar. qui veulent aller jusqu'au bout de la dait un visa d'entrée mais l'ambassa- apprenant cette arrestation, le gouver- logique d'affrontement engagée cont- de de France l'a annulé à la demande nement de l'Union a demandé aux re le pouvoir de l'Union. Toutefois, de l'Union des Comores", indiquait autorités françaises que le chef mili- et le domicile du président Sambi à devant la PAF afin de montrer leur LE LENDEMAIN, mardi 3 juillet, Abdou Bacar n'a pas demandé l'asile Patrice Faure dans Flash infos du taire anjouanais soit remis aux autori- Ndzuani. L'exposé des motifs établi abnégation, une délégation du col- Abdou Bacar était effectivement aux autorités françaises. mercredi 4 juillet. "Nous avons une tés judiciaires comoriennes. Le minis- par le juge Abdou retient contre le lectif était reçue par la préfecture. expulsé vers Ndzuani, à bord du liste de membres du gouvernement tère des Affaires étrangères de l'Union "chef des forces de la gendarmerie Selon un des membres de la déléga- Maria Galanta. Selon Patrice Faure, POUR PATRICE FAURE, la raison d'Anjouan et de hauts dignitaires qui a adressé en date du 2 juillet une note d'Anjouan" le chef d'inculpation tion, "on nous a dit qu'il serait ren- s'il n'a pas été envoyé à Moroni, c'est de sa venue est plus simple : ne peuvent pas quitter leur île par à l'Ambassadeur de France à Moroni d'"atteinte à la sûreté de l'Etat, viola- voyé dans les 48 heures, mais pas parce qu’"aucune demande n'a "Monsieur Abdou Bacar était simple- mesures conservatoires." dans ce sens, accompagnée du man- tion du secret défense, entrave à la cir- sur Moroni car on nous a dit qu'il émané de Moroni donc nous avons ment venu faire des courses. Il avait dat d'arrêt international lancé le même culation militaire, homicide volontai- n'existe pas de convention d'extradi- appliqué la règle internationale une paire de lunettes à récupérer ALORS QUE DES MEMBRES de jour par le juge d'instruction re, atteinte à l'intégrité territoriale, tion entre les deux pays. On nous a usuelle qui veut que la personne en entre autres. D'ailleurs, il est reparti sa famille -dont le président-dictateur Mohamed Abdou, chargé de "la pro- coups et blessures volontaires en également affirmé que la France situation irrégulière soit reconduite avec." Elle laisse toutefois perplexe. et un frère qui travaille à Maore- cédure pénale suivie contre Saïd réunion, rébellion, association de s'engageait à respecter la volonté de vers la frontière la plus proche du lieu A-t-on idée de changer de paire de disposent de la nationalité française, Hamza et consorts". Cette procédure malfaiteurs et complicité". l'Union des Comores d'interdire à où elle a été prise." Cette mesure a lunettes à la veille d'un débarquement lui n'en a visiblement pas fait la a été engagée par le Parquet de certaines personnes, dont Abdou contenté à moitié les manifestants, qui quand on dirige les forces armées de demande. "C'est un choix effectué à Moroni à la suite de l'attaque armée LUNDI SOIR, alors que des dizai- Bacar mais aussi, nous a-t-on dit, espéraient qu'il serait envoyé à l'un des belligérants ? l'époque qu'il doit assumer", affirme du 2 mai par les forces anjouanaises nes de ressortissants comoriens d'ori- Djaanfar Salim, de sortir du territoi- Moroni "pour être jugé". Patrice Faure. contre le palais présidentiel de l'Union gine anjouanaise se sont réunis re national." Reste à savoir les raisons de la venue RC et KES

16 kashkazi 65 juillet 2007 nouvelles du front Coup de folie sur Ntsaweni Une grenade L’armée est intervenue dans ce village de Ngazidja dont deux clans ne cessent de s’affronter. explose à

poursuite, mouve- Domoni COURSE ments de foule, fuites et arrestations : le bourg de Ntsaweni situé au des compteurs à carte, à nord de Ngazidja, entre Hahaya et Mitsamihuli, a L'AFFAIRE Domoni, a connu un connu trois jours de folie le week-end dernier. nouveau rebondissement. Depuis quelques mois, la Samedi 30 juin après-midi, des dizaines de jeunes deuxième ville de Ndzuani est le théâtre d'affrontements convergent à toute allure vers le vieux centre. et de tensions entre une partie de la population et les Objectif : capturer ceux qui selon eux, ont volé la autorités, tensions qui se sont cristallisées autour de communauté et ne respectent pas ses règles. l'installation contestée de nouveaux compteurs élec- Après avoir arpenté la ville au pas de course, les triques. L'affaire remonte au mois de février, lorsque des poursuivants s’emparent de quelques hommes habitants de la ville, opposés à ce nouveau mode de qu’ils ligotent et posent sur le sol où ils sont expo- paiement, avaient interdit toute entrée dans l'enceinte de sés à la risée des spectateurs. Sur la place la cité. Un gendarme avait été blessé, provoquant l'inter- publique, l’ambiance est survoltée et les rancunes vention musclée des forces de l'ordre. libérées à grands cris. Les plus calmes commen- Mardi 27 juin vers 11 heures du matin, des gendarmes tent simplement : “Après tout ce qu’ils nous ont fait, ils sont partis dans le centre ville à la recherche de l’ont mérité !” Les prisonniers sont ensuite portés Tchukuni, l'un des leaders de la lutte contre les comp- par le groupe jusqu’à la gendarmerie. teurs à cartes, qui avait, au cours de la répression des En fin d’après-midi, l’atmosphère se tend et il suf- protestataires en février, tranché la main d'un garde de fit de crier “escadron” pour que tout le monde pren- Mohamed Bacar, Djaffar Chamouène, d'un coup de coupe-coupe. Quand nous l'avions rencontré au mois de ne ses jambes à son cou en craignant de voir arri- La Meck de Ntsaweni, construite par le village.s ver l’armée. La gendarmerie finit par venir, por- mai, Tchukuni, qui se savait recherché suite à son acte et teuse d’une convocation pour les responsables si on avançait en levant les mains. A la gendarmerie, on de la mairie. Désigné par les villageois pour diriger se cachait dans la medina, nous avait dit vouloir se des émeutes de la journée. Les jeunes refusent de était sommés de s’allonger à plat ventre dans une chambre la commune, le député Youssouf Said demande défendre jusqu'au bout. "C'est devenu une guerre sain- se présenter. où il y avait de l’urine et on nous versait de l’eau dessus. On depuis le début de son mandat aux responsables te", avait-il prétendu. Il gardait ainsi toujours une grena- A 4 heures du matin selon une habitante, les mili- a été entassés dans des bennes et emmenés à la gendarmerie de l’Association de développement de Ntsaweni de offensive dans sa poche. taires prennent position et encerclent le village. de Moroni. Là-bas, tout allait bien.” de présenter le bilan de ses recettes et activités. C'est dans le quartier de Momoni qu'il s'est trouvé encer- “Nous avons regroupé les jeunes au niveau de la mer et de Chose à laquelle Hassani Ahamada, président de clé par les militaires. Acculé, il a dégoupillé la grenade là, nous avons procédé à une intervention”, indique le PENDANT QUE CERTAINS étaient arrêtés, l’association, se refuse, arguant que “la mairie n’a en lisant le Chahada, la principale prière des musul- lieutenant Ramadani. “Quand les jeunes se sont intro- tous ceux qui l’ont pu ont fui vers Moroni ou les pas à demander des comptes aux associations et veut s’ac- mans, avant de la jeter à terre, mais l'un des militaires a duits dans les ruelles, on a commencé à arrêter tout le villages alentours, laissant le village aux person- caparer leurs activités”. Y. Said dénonce la dispari- eu le réflexe de la pousser du pied jusqu'à la porte d'une monde, et après on a fait le tri.” Le lieutenant affirme nes âgées. “Les militaires entrent dans les maisons et ils tion de 130 millions de fc (260.000 euros) ; H. maison. L'explosion a fait une victime, un jeune homme qu’une soixantaine de personnes ont été arrêtées. sont brutaux”, témoignait une lycéenne qui s’est Ahamada dément, tous deux entrainent chacun de 19 ans qui tentait de fermer une fenêtre, touché gra- Les villageois parlent de plus de 150 personnes. cachée toute la matinée avant de partir passer la une partie des villageois dans leur sillage. La vement au bras gauche. Les militaires se sont précipités “Chaque personne qui voulait sortir était envoyée à la gen- nuit à Moroni. Les villageois d’un certain âge sont diaspora de Ntsaweni elle même se retrouve divi- pour embarquer Tchukuni tandis que la victime était darmerie”, témoigne un enseignant, Bachirou restés à la gendarmerie de 10 ou 11 heures du sée : c’est une querelle à propos de pompes à eau transportée par ses proches à l'hôpital de Hombo. Mohamed. “Même les vieux et les femmes. Les jeunes matin jusqu’à 16 heures, affirme Bachirou. Les jeu- financées par les émigrés en France qui a cette fois Cependant, de source sûre, cette arrestation ne répondait recherchés, eux, n’étaient plus dans le village. Chez moi, ils nes ne sont sortis que le lendemain à 21 heures - mis le feu aux poudres. Un élément de plus à ajou- pas à des instructions officielles mais cherchait plutôt à ont frappé à la porte : “Ouvrez sinon on casse.” Ils nous ont ”tout chauves !” Entre temps, une “réconciliation” ter dans l’enquête sur ces “divergences villageoises à venger la blessure du garde. Une enquête pourrait donc pris avec ma femme et ma fille de 17ans, mais elles ont été avait été amorcée au village. propos des stratégies de développement, qui provoquent être menée par la justice anjouanaise afin de définir les libérées à Ntsaweni. Sur le trajet, ils nous frappaient avec Ce épisode constitue le énième rebondissement sans cesse des coups d’éclat”, annonce le procureur. responsabilités exactes de ce nouvel incident. une matraque et nous donnaient des coups de pieds, même d’un conflit qui divise le village depuis la création LG NEP et LG

... aura certes des morts mais ils ne seront pas plus lement l'acte -quoique de plus en plus souvent répété- est plus tard -selon les affaires maritimes de Maore, elle aurait été nombreux que les gens qui perdent leur vie chaque grave -un viol au cours d'un cambriolage-, mais surtout il a reçue lundi soir-, tandis que le bateau ne disposait visiblement jour en tentant de rallier Mayotte", a expliqué touché une personnalité de l'île, à savoir une juge arrivée il y pas des moyens de secours adéquats. Mercredi, les Affaires Andoudou, qui a électrisé la foule hostile à des négociations a peu. Le crime a été commis dans la soirée de samedi à maritimes réussissaient à entrer en contact avec le bateau ; son avec l'exécutif anjouanais. "Nous ne voulons pas de négocia- dimanche 10 juin. Ce soir-là, le mari de la victime et deux de commandant indiquait une position très proche de la barrière tions. On veut qu'il [le colonel Bacar] soit attrapé et jugé. leurs trois enfants sortent pour voir un spectacle. Vers 20 h, de corail, laissant craindre un éventuel naufrage. Finalement, Nous ne voulons pas qu'on nous dise qu'il s'est échappé", a tandis que le troisième enfant est dans sa chambre, la juge le navire sera retrouvé un peu plus tard. Les passagers seront lancé la seule oratrice de la journée. entend du bruit dans la maison située dans un quartier de débarqués le jeudi matin en rade de Dzaoudzi, avant d'être wazungu à Mamoudzou : elle descend de l'étage et trouve envoyés vers Moroni, non sans avoir lutté. "Ils voulaient nous UN TEL CONTEXTE N'EST PAS TRÈS PROPICE aux trois cambrioleurs en plein travail. Face aux menaces des envoyer sur Anjouan comme ils font avec les sans-papiers", vacances, même si les Comoriens de la diaspora commen- hommes, elle obtempère et observe le vol jusqu'à ce que l'un indique l'un des passagers. "Mais nous ne sommes pas des cent à affluer dans le pays. C'est justement le moment qu'ont des trois hommes la viole. Selon une source médicale, elle clandestins ! Vu la situation politique à Anjouan, nous avons choisi les responsables du Programme de co-développement aurait alors perdu connaissance : les analyses devraient déter- refusé de partir en bateau. Finalement, le vendredi, on est entre les Comores et la France, pour tenir la première réunion miner le nombre de personnes ayant abusé d'elle. rentrés en avion". Nombre de rescapés se sont plaints de l'atti- du comité de pilotage, le 12 juin à Moroni, et annoncer les Rapidement, la police a mis en place tous les moyens pour tude des autorités qui "[les] ont traités comme des voleurs". 984 millions de francs comoriens (2 millions d'euros) posés retrouver les coupables. L'analyse des fichiers recensant les Dans les colonnes de Mayotte Hebdo, l'armateur de l'Antaly 2 sur la table pour financer des initiatives de développement anciens détenus de la prison de Majicavo a permis à la juge s'est déclaré soulagé par cette fin heureuse. "Je remercie le portées par les Comoriens vivant dans l'Hexagone. La condi- de reconnaître ses agresseurs, qui ont été interpellés mardi 12 gouvernement français de Mayotte et le capitaine du port tion annoncée est que leurs projets doivent être viables et juin à M'tsapere, alors qu'ils s'apprêtaient selon toute vrai- pour l'aide qu'ils nous ont apportée. Ce qu'ils ont fait pour les bénéfiques pour les populations. Avec trois autres pays afri- semblance à quitter l'île. Confondus par leur victime, ils ont passagers de l'Antaly 2, les gouvernements comorien et mal- cains, les Comores servent de champ d'expérimentation à été placés en détention provisoire. L'instruction en cours gache ne l'ont pas fait." cette nouvelle stratégie de développement très controversée. déterminera la responsabilité exacte des trois hommes dans cette histoire. Ils encourent la prison à vie. EN MARGE DES AGITATIONS électorales dans les A MAORE, OUTRE LES ÉLECTIONS et la défaite de AUTRE FAIT DIVERS QUI AURAIT pu endeuiller l'archi- Comores indépendantes, le choléra continue sa tranquille Kamardine (lire par ailleurs), c'est d'un fait divers sordide pel : la perdition en mer du bateau malgache Antaly 2. Parti recrudescence. Le 5 juin, le Centre médico-chirurgical de dont tout le monde ou presque a parlé ce mois-ci (à commen- samedi 2 juin du port de Moroni en direction de Mahajanga, Mitsamihuli enregistrait trente huit cas depuis la première cer par le Journal de l'île de la Réunion qui, non content de le navire chargé de 53 personnes (42 passagers dont 33 alerte donnée le 27 mai dernier. A l'hôpital El Maarouf, on mettre en une la photo de la victime, a tenté d'établir un Comoriens, 8 Malgaches et 1 Français ; et 11 membres de l'é- parle de 286 cas. Depuis l'installation en février du camp parallèle plus que foireux entre la victime, sa fonction et l'af- quipage) et d'un poids important de marchandises est tombé cholérique à El Maarouf, deux morts liés à la mal- faire Mohamed Aly qu'elle avait eue à traiter, avant, quatre en panne le lendemain, non loin des côtes mahoraises. adie ont été constatés à l'hôpital, alors que deux aut- jours plus tard, de s'excuser benoîtement). C'est que non seu- Comme souvent dans ce cas, l'alerte ne sera donnée que bien res personnes sont décédées à l'extérieur. "Ces der- ...

kashkazi 65 juillet 2007 17 nouvelles du front

... niers temps, on enregistre plus d'enfants que d'adul- pays et [servant] à sensibiliser le public à l'entreprenariat", rapporte le Journal de l'île de la Réunion, nous sommes début tes" parmi les malades, a alerté le docteur Mouniba, a indiqué à Al-Watwan Kanizat Ibrahim, directrice de la 1977 lorsque "Bernard Landouzy, préfet de La Réunion, télé- responsable du camp cholérique. Le pays serait tou- commission d'organisation du Salon. La JCI espère réunir phone à Gérard Éthéve, à l'époque P-DG de Réunion Air ché dans l'ensemble, même si le seuil épidémiologique n'est une quarantaine d'exposants et nourrit l'espoir de faire de ce Service (RAS). Pas content du tout, le représentant de l'État pas atteint. A Moroni, "Oasis et Caltex sont les quartiers les Salon "un moment privilégié pour canaliser les énergies en vient de subir les remontrances de Raymond Barre, alors plus affectés", souligne le médecin qui met le doigt sur l'insa- vue de donner un coup de pouce à la croissance, à la Premier ministre. L'objet de ce courroux : l'isolement de lubrité, responsable de cette recrudescence. Depuis fin juin, confiance et à la stabilité", écrit le président Sambi qui a Mayotte (…) "Voilà, m'a-t-il dit", raconte Gérard Éthéve. "Le de nouveaux cas ont été enregistrés à Mwali. parrainé cette initiative. chef du gouvernement souhaite voir ouvrir une ligne aérien- ne sur Mayotte. En clair, il faut faire vite, Raymond Barre a LA JEUNE CHAMBRE INTERNATIONALE (JCI) a donné trois mois à l'aviation civile pour boucler le dossier." quant à elle présenté son projet d'organiser le Salon ALORS QUE CORSAIRFLY S'EST POSÉ pour la première Sitôt dit, sitôt fait, Gérard Éthéve, à l'initiative de RAS trois "Entreprendre 2007". L'annonce en a été faite la semaine fois sur le tarmac de l'aéroport de Pamandzi vendredi 29 juin ans plus tôt, rédige aussitôt une étude préconisant l'acquisi- dernière à la presse. Prévu pour se dérouler du 15 au 17 -la compagnie française propose une ligne directe Paris- tion d'un Fokker 27. Les fonds sont alors prélevés sur une août prochains au Palais du peuple de Moroni, ce forum se Maore et une courte escale via Antananarivo dans le sens enveloppe de l'aviation civile destinée à financer un veut être "une plateforme d'échanges qui regroupera les inverse-, Air Austral a fêté le trentième anniversaire de sa tunnel sous la piste... de Tahiti ! Mais, "preuve du acteurs oeuvrant pour le développement économique du présence dans l'île sous administration française. Comme le peu de confiance qu'inspiraient alors les ... A Mihandani, il y a eu zéro vote 32 ans à attendre que l'Etat fasse quelque chose pour eux… Désespérés, les électeurs de Mihandani ont tout simplement boudé les urnes, les 10 et 24 juin à Ngazidja.

votant. Une première 2002 que nous disposons d'une école pri- figure d'élite locale. ZÉRO en matière électorale, maire. Nos enfants étaient dispersés dans Les villageois ne comprennent pas les rai- du moins dans notre archipel où l'on a plu- les villages avoisinants. Certains se dépla- sons de cette "discrimination". Ce n'est tôt tendance à bourrer les urnes. Ce vote çaient jusqu'à Moroni", explique Tito. Il pas faute d'avoir tenté de rencontrer des inédit s'est passé à Mihandani, petit s'agit d'une salle construite par les habi- responsables pour leur parler de leurs pro- hameau de près de 250 électeurs, enclavé tants eux-mêmes. La deuxième classe blèmes, assurent-ils. Mais personne ne entre Vounabandani à l'ouest, et n'est pas achevée. Pourtant en 2005, le leur accorde le moindre intérêt. Pourquoi Vanadjuwu à l'est, dans la région village avait déposé un dossier auprès du ? "Posez la question aux ministres de d'Itsandra. Au premier tour de la récente Programme pluriannuel de micro déve- l'Itsandra", rétorque H.Abdallah. "Même présidentielle de Ngazidja, comme au loppement sur conseil d'un responsable de en période électorale où l'on donne du second, les électeurs ont décidé de bouder l'Education de Ngazidja, et obtenu la cons- boulot aux jeunes des villages voisins, on les urnes. Une abstention collective, truction de deux salles de classe. nous oublie", s'étonne-t-il, faisant remar- concertée et destinée à exprimer le ras-le En l’absence de l'eau courante, il n'y a que quer que "pas un candidat à une élection bol des habitants de ce village oublié. "J'ai deux citernes publiques. Les villageois ont présidentielle depuis l'indépendance n'est 35 ans, je suis né ici et j'ai toujours vu ce eu accès au téléphone en 2004 avec l'ins- passé nous voir". village comme il est aujourd'hui” tallation d'une cabine. "Elle ne fonctionne Cette fois, c'en était trop. A la veille de la explique Tito. Comme il est aujourd'hui, c'est-à-dire sans route, sans électricité, sans eau, coupé du monde. On y accède à “Mais personne n'est venu nous demander pieds. Aucun véhicule ne dépasse le carre- pourquoi nous avons fait ça !” four de Vounabandani. Les habitants doi- TITO, UN HABITANT DU VILLAGE vent continuer le chemin sur un kilomètre de sentier que même un conducteur de 4X4 hésiterait à emprunter. "Il n'y a qu'un pas depuis 2005 et personne n'est passé la présidentielle, unanimes, les villageois ont Berliet pour venir jusqu'au village", fait réparer" souligne Houmadi Abdallah.. Le pris leur décision : "Ça fait des années, remarquer Tito. Même ces gros camions soir, le village tombe dans l'épaisse obscu- depuis nos grands-pères, que nous votons. évitent ce sentier et entrent par l'est, rité de cette région forestière. "Il y a l'élec- Nous n'avons jamais eu un gouvernement empruntant le chemin de Vanadjwu, non tricité dans le village d'en bas (à un kilo- pour nous aider. Cette année, nous avons goudronné, mais moins périlleux. "Depuis mètre, ndlr) et dans celui d'en haut (à 900 décidé de ne pas voter. Il n'y aucun intérêt. l'indépendance, nous attendons qu'un mètres, ndlr), comment pouvez-vous expli- On ne nous aime pas, ce n'est pas la peine gouvernement goudronne cet accès au quer que nous ne l'ayons pas ?" se deman- de perdre du temps." village, nous attendons encore", se lamen- de Tito. Pire, ajoute le chef du village, "le Mais décidément, entre Mihandani et les te le chef du village. "Nous avons été le réseau qui alimente la région de Hahaya, politiques, il y a un mystère. "On pensait 1er village à déposer un dossier à la créa- traverse nos champs". qu'il y aurait une réaction d'un responsa- tion du FADC [Fonds appui au développe- ble politique, d'un candidat et pourquoi ment communautaire, ndlr], pour faire TOUT CELA EXPLIQUE sans doute pas du président de l'Union qui s'est enga- cette route et on nous a négligés. Notre que Mihandani n'a que cinq lycéens, un gé à défendre les petits. Mais personne dossier a fait l'objet de 3 appels d'offre res- étudiant aux Comores, 5 à 7 étudiants à l'é- n'est venu nous demander pourquoi nous tés sans suite. On nous a informés que la tranger. Les premiers fonctionnaires ont avons fait ça !" regrette Tito, amer. dernière offre vient d'être attribuée. On été recrutés cette année. Trois filles dont Combien d'années encore le jeune homme attend", explique Houmadi Abdallah. une à l'Aviation civile, une à l'Equipement verra-t-il son village identique à ce qu'il a La route n'est pas l'unique sujet qui fâche et une au poste de santé de Vanadjuwu. connu depuis trente-cinq ans ? à Mihandani. "C'est seulement depuis Seul le directeur de l'école primaire fait KES Dimanche 24 juin. On a voté à Ngazidja, sauf à Mihandani.

18 kashkazi 65 juillet 2007 nouvelles du front

... Réunionnais à l'État”, précise Gérard Éthéve, “l'appareil est d'abord confié à Air France, à RÉSULTATS DES ÉLECTIONS charge pour le patron de RAS d'exploiter commer- cialement l'avion. J'ai alors joué le rôle d'un mercenaire élections présidentielles des îles autonomes de l’Union des Comores 10 et 24 juin pragmatique". En 1978, RAS avait transporté 4.500 passa- er er gers. Trente ans après, Air Austral en comptait 163.900. 1 tour 1 tour Alors que pour l'heure, la ligne Maore-Réunion (sans conti- nuité) est proche des 20.000 passagers, la compagnie parie NGAZIDJA MWALI sur 120.000 sièges vendus d'ici 2015, auxquels viendront Inscrits 180.139 Inscrits 19.391 s'ajouter avec la piste longue -M. Ethève est optimiste- Votants 110.591 Votants 12.787 132.000 sièges annuels de Maore vers la France. Nuls 5.970 Nuls 203 Fier de cette évolution, le patron d'Air Austral lorgne désor- Suffrages exprimés 104.621 Suffrages exprimés 12.584 mais vers d'autres investissements destinés à poursuivre le Taux de participation 61.15% Taux de participation 65,94% développement de sa compagnie à l'international, par exem- ple en reliant Sydney et Nouméa. Toutefois, il n'a pas caché Mohamed Abdouloihab 17.640 (16,94%) Mohamed Ali Saïd 4.117 (33,72%) son inquiétude quant à l'arrivée de compagnies concurrentes Larifou Saïd 15.249 (14,55%) Mohamed Saïd Fazul 3.731 (29,65%) (pour l'heure Kenya Airways et CorsairFly). "Nous devrions Mzé Soulé Elbak 13.618 (12,98%) Abdou Djabir Madi 3.174 (25,22%) perdre des parts de marché, voire des passagers", a reconnu Kamar Ezamane Mohamed 8.798 ( ) Abdallah Saïd Sarouma 808 ( ) le patron de la compagnie de l'océan Indien. 8,37% 6,42% Houmed Msaïdié 7.496 (7.01%) Fouad Mohadji 754 (5,99%) Abdou Raouf Ahamada 6.118 (5,99%) Fahmi Saïd Ibrahim 5.569 ( ) , avec un "machin" 5,39% nd L'OCÉAN INDIEN JUSTEMENT Ibrahim Ali Mzimba 5.548 ( ) 2 tour bizarre dénommé COI. La capitale comorienne accueille à 5,46% Mtara Maécha 4.316 ( ) partir de ce 5 juillet, les journées portes ouvertes de la 4,12% MWALI Commission de l'océan Indien (COI). Cette initiative qui fait Dahalani Saïd Abbasse 3.971 (3,91%) partie de la nouvelle stratégie de communication de l'organi- Saïd Ali Kemal 3.773 (3,59%) Inscrits 19.680 sation régionale, vise "à mieux faire connaître les activités Mchangama MS Abdallah 3.616 (3,45%) Votants 12.544 de la COI au public des Etats membres, parce qu'on s'est Mohamed Elkabir Abdoulaziz 3.060 (2,91%) Nuls 625 rendu compte qu'il y a un déficit", a expliqué Fatoumia Saïd Soilih Youssouf 1.930 (1,83%) Suffrages exprimés 11.919 Abdoulkarim Bazi, chargée de mission de l'organisation Maoulida Mabrouk 1.250 (1,19%) Taux de participation 63,73% auprès du bureau à Maurice. C'est la deuxième édition de Idriss Mohamed Chanfi 1.224 (1,16%) cette manifestation lancée en 2006 à Maurice. La Secrétaire Ahmed Mohamed Elhad 887 (0,76%) Mohamed Ali Saïd 6.816 (57,95%) générale de la COI, la Malgache Monique Andréas Assany Mfoungoulié 730 (0,30%) Mohamed Saïd Fazul 5.105 (42,85%) Esoavelomandroso, fera le déplacement pour le lancement nd de cette manifestation qui débute ce jeudi 5 juillet au Palais 2 tour du peuple de Moroni. NGAZIDJA AUTRE TYPE DE COOPÉRATION RÉGIONALE, à Inscrits 187.004 Maore cette fois : le comité de gestion du Fonds de coopéra- Votants 109.362 tion régionale -composé de quatre représentants de l'Etat et Nuls 7.273 quatre représentants de la collectivité départementale- a dévoilé début juin les douze dossiers retenus au titre de l'an- Suffrages exprimés 102.089 née 2007. Une enveloppe globale de 230.000 euros a été Taux de participation 58,48% accordée à des projets destinés aux Comores indépendantes (80% des projets), à Madagascar, au Mozambique et à Mohamed Abdouloihab 58.244 (57,05%) Zanzibar (pour la première fois). Les domaines visés par les Larifou Saïd 43.845 (42,95%) porteurs de projets sont essentiellement la santé, la formation et l'insertion. Comme l'a rappelé Anne Mayaud, chargée de élections législatives de Maore 10 et 17 juin mission pour la coopération régionale à la préfecture (dans les colonnes du Mahorais), "nous ne sommes pas là pour expor- 1er tour 2nd tour ter notre savoir-faire, ce dispositif doit avant tout servir à aller vers les autres. Les projets doivent impliquer la popula- Inscrits 64.775 Inscrits 64.666 tion des pays concernés, comme un travail à quatre mains." Votants 31.797 Votants 34.647 Nuls 1.467 Nuls 1.268 Suffrages exprimés 30.330 Suffrages exprimés 33.379 POUR FINIR AVANT LES VACANCES (du moins pour Taux de participation 49,09% Taux de participation 53,58% la rédaction de Kashkazi, qui s’arrête un mois et vous donne rendez-vous le jeudi 30 août prochain), une nouvelle Mansour Kamardine 8.468 (27,92%) Abdoulatifou Aly 18.789 (56,29%) réjouissante pour les Mohéliens. Ce n’est pas que le prési- Abdoulatifou Aly 6.489 (21,39%) Mansour Kamardine 14.590 (43,71%) dent sortant de Mwali Mohamed Fazul ait préféré ne pas Zainadini Daroussi 2.628 (8,66%) assister à la cérémonie d'investiture de son successeur, Bacar Ali Boto 2.533 (8,35%) dimanche 1er juillet - selon lui pour éviter des tensions entre Ali Hadhuri Hamada 2.180 (7,19%) militants-, mais bien que Mohamed Ali Said, le nouveau Ahamadi Saïd (Raos) 2.045 (6,74%) président, a dès sa prise officielle de fonction confirmé ses Chihabouddine Ben Youssouf 1.989 (6,56%) promesses de campagne. "Dès le 1er juillet, la consultation Ahmed Attoumani D. 1.237 (4,08%) au Centre hospitalier de Fomboni est gratuite, à partir du Kamal Ibrahim 710 (2,34%) 1er août, pour l'enfant de 0 à 7 ans, les soins médicaux Miradji Abdou 622 (2,05%) seront gratuits, d'ici mi-juillet, je recruterai 100 jeunes non Maurice Toumbou 422 (1,39%) diplômés, le riz à Mwali aura le même prix qu'à Moroni et Mohamed Nassur 288 (0,95%) la justice sera pour tout le monde", a-t-il annoncé. Reste à Salime Ahamada 205 (0,68%) savoir comment il financera ces mesures... Ousseni Ahamada 200 (0,66%) Said Halifa 192 (0,63%) LA RÉDACTION Salim Abdouldjabar 122 (0,40%) Electricité Maintenance Climatisation OWER Energie et conversion d’énergie LECTRIC, SGTE P CHNEIDER E Energies nouvelles et renouvelables AGENT SDMO, S Formation professionnelle et technique

MINI ZONE MAVOUNA, BP 1331 MORONI, COMORES - TEL : (269) 73 09 51 /13 84 - FAX : 73 51 15 - e.mail : [email protected]

kashkazi 65 juillet 2007 19 gros plan la diaspora comorienne en france

pour la circoncision du petit Yazid, un samedi après-midi C'EST UNE FÊTE dans un foyer culturel de la banlieue de Bordeaux. On a préparé des plats traditionnels comoriens, les femmes chantent Comoriens dans la salle principale pendant que les hommes discutent par petits groupes à la porte, sous les arbres, interrompus de temps en temps par les enfants qui jouent. L'association Ouanienne de Floirac-France- Comores (Aoffrac) a été créée il y a presque dix ans. "Pour promouvoir la culture et le folklore de France comoriens", explique son secrétaire Moktar

Tardive et longtemps très discrète, la diaspora comorienne de France détient sans doute le record du nombre d'associations par nombre d'immigrés. "Présumés étrangers", les Comoriens tentent de se construire une existence sur la terre d'exil où ils sont nés, eux ou leurs enfants. Reportage.

Mohamed. "La communauté comorienne est très discrète", assure-t-il. Selon lui, elle représente environ deux cents familles dans Bordeaux et ses environs. Aujourd'hui, de Poitiers ou de Paris, cer- une diaspora tains invités ont fait un long voyage pour partici- per à la fête. "Nous sommes fiers d'être como- riens" martèle Moktar Mohamed, "c'est un petit bout de terre qui mériterait d'être mieux connu". Fils d'un Anjouanais engagé dans l'armée françai- se, il n'a passé qu'un an dans sa ville d'origine atypique alors qu'il était tout jeune. Il se souvient davantage des années à Nancy, cité lorraine de garnison où,

Ci-dessous : une fête de Comoriens de France à Bordeaux, mi-juin. A droite, Halidi Allaoui, qui vit en France depuis plusieurs années. (photos : Vincent Tridon)

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"même s'il n'y avait pas de famille noire, nos le cas. Ici, même si je veux être français à part parents nous ont toujours transmis notre culture entière, je suis présumé étranger", rappelle-t-il. comorienne, elle nous a toujours accompagnés". Halidi Allaoui revendique la nationalité qu'il a D'ailleurs, il revendique sa double culture et il acquise il y a sept ans. "A la maison, on parle le retourne régulièrement à , "la communauté français avec nos enfants et c'est parce que nous des expatriés est solidaire de ceux qui sont là- nous considérons comme français. Mes enfants bas". Même si le regard des "Je reste" est parfois feront leur propre choix mais il est fort possible un peu lourd à porter. "C'est délicat, ils nous qu'ils restent en France puisqu'aux Comores, ils considèrent comme des Français, ils nous appel- ne sont pas vus comme des Comoriens." lent 'le m'zungu'." Le jeune homme en tailleur beige estime que les habitants de son île d'origine TARDIVE MAIS très nombreuse proportion- sont "parfois complexés parce que nous avons un nellement à la taille du pays d'origine, la diaspo- pouvoir d'achat qui leur semble important." Il ne ra comorienne est atypique dans le paysage de les condamne pas pour autant. "Nous sommes les l'immigration africaine en France. "Les seuls touristes à aller sur place et c'est vrai que Comoriens occupent une place particulière", nous avons les moyens de payer le billet d'avion." observaient en 2002 Karima Direche-Slimani et Pourtant en France, la vie des expatriés como- Fabienne Le Houérou dans un ouvrage sur la riens n'est pas forcément simple. "On prend le diaspora comorienne de Marseille 1. "Derniers boulot qu'on trouve" explique Moktar émigrés arrivés en France, leur présence très dis- Mohamed. "Ici, nous sommes considérés crète a suscité jusqu'ici peu d'intérêt. comme des étrangers. C'est notre couleur de Massivement installés à Marseille, ils apparais- peau que les gens voient et ils pensent que nous venons des Antilles, de la Réunion, ou de “Ici, même si je veux être français à part entière, Madagascar." A l'entendre, ce je suis présumé étranger.” sont les premiers expatriés qui ont le plus souffert en exil. HALIDI ALLAOUI "Aujourd'hui, les franco-como- riens qui ont une trentaine d'années accèdent à sent sur la scène nationale à l'occasion d'un la propriété." Lui-même, après avoir travaillé drame raciste qui a touché l'un des leurs. En avril comme commercial pendant huit ans, a décro- 1995, un jeune Comorien, Ibrahim Ali, âgé de ché un emploi de fonctionnaire à la Caisse d'al- dix-sept ans, est assassiné par des colleurs d'affi- locations familiales. "En général, le Comorien ches du Front national. Pour la première fois est assez discret sur son salaire" répond-il depuis leur arrivée en France, les Comoriens se quand on lui demande comment il vit. Il recon- mobilisent publiquement pour montrer leur naît tout de même qu'il est privilégié par rapport émotion et leur colère lors d'une manifestation à ses compatriotes installés en France. qui regroupe plusieurs milliers de personnes. L'opinion publique découvre alors une commu- HALIDI ALLAOUI LUI, a pris la route à l'aube nauté émigrée peu connue, très organisée et pour être de la fête. Il habite la région parisienne importante quantitativement puisque les médias mais l'événement est de taille : non seulement parlent de 50.000 personnes dans les Bouches- c'est son neveu qui est circoncit aujourd'hui, du-Rhône [le département de Marseille, ndlr]." mais il est l'un des fondateurs de l'Aoffrac. Le 16 L'immigration comorienne en France intervient juillet, il s'envolera pour trois semaines de au moment où les communautés maghrébines vacances aux Comores à l'occasion du mariage sont déjà présentes et où "les flux migratoires de sa sœur. Il part seul faute d'avoir économisé sont officiellement bloquées par la France depuis suffisamment pour offrir le voyage à sa femme 1973", soulignent les auteurs. Le passé colonial et à leurs deux enfants. Né à Ouani, il est arrivé très proche est un élément d'explication de cette à Rouen après avoir passé son bac aux Comores, "immigration incongrue". Les premiers pour mener des études de droit. Aujourd'hui "je Comoriens installés en France sont des hommes suis juriste" annonce-t-il fièrement. "Quand j'ai jeunes et célibataires, souvent des marins. Au quitté Moroni, je comptais revenir aux Comores début des années 50, ils sont 400 à Marseille sur pour participer à la création d'une université. Je une population africaine de 4.000 à voulais être professeur de français ou journalis- 5.000 individus. Occupant les métiers te quand j'étais petit." Halidi Allaoui a changé les moins qualifiés, ils se retrouvent au ... d'avis en 1997, au moment de la crise séparatis- te. Il avait une vingtaine d'années et il s'est réso- lu à rester en France et à changer de voie. "Cela n'a pas été simple de trouver du travail, un DEA de droit international privé, ce n'est pas très demandé en France." Sans compter qu'Halidi a dû affronter le racisme des employeurs. Alors “Le mythe de la cinquième île” qu'il cherchait un travail à Bordeaux, il a tenté le test du CV anonyme. Résultat : beaucoup plus INTERROGATIONS SUR UNE DIASPORA DE gissait d'un film à inscrire dans la nouvelle postmo- de l'errance à l'heure des identités globalisantes. de réponses pour son CV anonyme que pour le PLUS EN PLUS MARQUÉE PAR SON VÉCU EN dernité des peuples en exil. Je lui ai dit que non. Je Présenté en avant-première à l'Alliance Franco- CV qui révèle ses origines. Aujourd'hui, il tra- TERRE FRANÇAISE. Essai filmique sur une réali- ne me reconnais pas dans ces théories, qui disent Comorienne de Moroni grâce à une opération montée vaille en banlieue parisienne. Dans son bureau té souvent présentée comme disparate. Mohamed que nous sommes en perpétuel mouvement et que par l'Université des Comores, le film de Mohamed du service contentieux d'une société d'HLM Said-Ouma, un jeune réalisateur comorien, né à la nous reconstruisons notre territoire à chaque escale Said-Ouma vient nourrir le complexe débat sur le (habitation à loyer modéré), "je vois la misère de Réunion de parents venus de Madagascar exhibe de notre exil. Non ! Moi, j'ai besoin d'ancrer mon poids de la diaspora dans l'imaginaire de ces îles. près, le surendettement, les problèmes finan- "[ses] tripes de fils d'immigré", planté derrière sa imaginaire dans un territoire précis. Il m'a alors ciers, les problèmes familiaux, qui existent en caméra. Des images déroutantes où les valeurs de l' ramené à Nurrudin Farah, écrivain somalien, qui A L'OCCASION, on se souviendra peut-être des France". Alors quand il rentre aux Comores, il ida y vuelta (aller-retour) sont célébrées avec le définit le concept de "My Country is in my mind", paroles du poète Saïndoune Ben Ali, que l'on retro- essaie de "sensibiliser". souci d'une esthétique de la déconstruction. "Le autrement dit "mon pays est dans mon esprit". D'une uve au mieux de sa lucidité dans ce film : "Esprit A défaut de pouvoir décourager ceux qui rêvent mythe de la cinquième île" est un de ces films qu'on certaine manière, les Comoriens de la diaspora qui des Lunes”, écrivait-il dans Testaments de transhu- de la France, il tente de les préparer. "Quelqu'un ne montre que trop rarement sous nos Tropiques, pensent que leur pays est dans leur imaginaire com- mance (éd. Komedit), “tu verras / tes enfants parti- qui arrive ici doit être prêt à se battre du matin habitués que nous sommes aux ersatz de bonheur prendront mieux mon film. Pour les autres, j'ai lais- ront / vers des lendemains d'abondance et d'illusion". au soir, tous les jours. Surtout s'il n'est pas qua- hollywoodien ou aux mirages bien colorées du sé des "balises formelles" ou "sonores" . Le film se Cet esprit des lunes n'est-il pas cette part de nous- lifié. Et le logement est un gros problème." Pour royaume de Bollywood. "Ce film appartient à ceux lit comme un manifeste dédié aux enfants de même qui reste, lorsque nous partons tous vers l'in- sa part et alors qu'il travaille dans ce secteur, qui auront le désir ou la volonté de le voir”, l'"entre-deux". Il suggère une série de questionne- connu ? Y a-t-il encore quelqu'un de vivant sur cette Halidi Allaoui a dû patienter près de six mois explique tranquillement son auteur. “Il ne m'appar- ments. "Quel rapport entretenir avec les Comores terre ? Sont-ce des fantômes qui courent dans nos entre Bordeaux et le Val d'Oise, entre sa famille tient plus. J'ai travaillé pour montrer mon expérien- par exemple, nous qui sommes assimilés à la migra- rues ? La diaspora serait-elle la seule réalité d'exis- et son travail, avant d'obtenir un appartement. ce personnelle. Je suis un enfant de cette diaspora tion, nous qui sommes vus comme des "Jeviens" sur tence promise au Comorien dans les jours qui vien- Pour lui, les Comoriens ne mesurent pas bien ce comorienne mais pas seulement. Je suis un enfant le retour, lorsqu'on y va ? Et comment vit-on la nent ? La culture est une réponse possible à nos des- qui les attend dans l’ancienne Métropole. de ces diasporas noires éparpillées un peu partout perte d'une partie de son identité lorsqu'on est tins fragilisés par temps de crise. Le cinéma en est "Quand la famille qui se sacrifie ne reçoit pas sur le globe." enfant d'exilés ?" l'une des armes les plus audacieuses. d'aide d'un fils parti en France, elle n'en déduit Un film qui répond à une notion de citoyenneté écla- Tourné entre Le Havre, La Réunion et les Comores, pas qu'il a des problèmes alors que c'est souvent tée. "Pas plus tard qu'hier, un ami m'a dit qu'il s'a- “Le mythe de la cinquième île” raconte le sentiment SOEUF ELBADAWI

kashkazi 65 juillet 2007 21 gros plan la diaspora comorienne en france

... chômage dans ces années-là, lorsque les ans. Si une élite comorienne existe, elle est de constat est d'ailleurs souvent utilisé comme un suspendues à des aides", nous disait-il en bateaux adoptent le diesel comme car- nature intellectuelle et artistique, composée d'étu- argument politique pour justifier la non-représen- 2005 3. "Les Comores en France ont l'image burant. Beaucoup deviennent alors doc- diants, de jeunes écrivains, de journalistes et de tation des Comoriens dans les instances dédiées d'une politique de mendicité. Le nombre d'as- kers. Outre Marseille, ils sont présents dans les musiciens." aux communautés étrangères de la ville." sociations comoriennes en France est aussi principales villes portuaires de l’Hexagone, L'autre particularité qui déroute ceux qui se pen- Des associations plus globales et plus modernes important que le nombre d'entreprises magh- notamment Le Havre et Dunkerque. "Ceux qui chent sur la diaspora comorienne en France est comme la Fecom à Marseille et la Diascom basée rébines. Les Comoriens veulent se faire aider décident de prolonger la parenthèse migratoire son tissu associatif. "On avance le chiffre de 300 à Lyon, qui affiche une vocation nationale, mais n'acceptent pas le côté risque de l'entre- ont du mal à quitter les métiers de la mer. Le port associations comoriennes à Marseille. Ce chiffre essaient de contrebalancer cet émiettement. Les prise." Pour lui, "les associations par village demeure le point d'ancrage et le repère fonda- pléthorique pour une communauté estimée au organisations créées par des jeunes "se démar- seront amenées à mourir : les jeunes ne s'asso- mental des migrants. Chassés progressivement cient pas par village". de la navigation, ils (…) investissent les métiers Nés en France dont ils ont adopté la culture en qui s'y rattachent : dockers, manutentionnaires, “Le nombre d’associations comoriennes en France est au moins plus de celle de leur pays d'origine, ces immigrés serveurs et cuisiniers dans les troquets des aussi important que le nombre d’entreprises maghrébines.” de la seconde génération bousculent les vieux marins." A l'époque la communauté comorienne schémas. Mohamed Saïd-Ouma, jeune réalisa- "était pareille à la communauté clandestine, BEN AMI SAANDI teur installé à La Réunion qui présentera prochai- parce que la majorité des Comoriens naviguaient nement un film sur l'exil (lire page précédente), et ceux qui étaient à terre travaillaient dans un maximum à 50.000 habitants ne peut s'expliquer quent radicalement des associations traditionnel- n'hésite pas à se démarquer de ce que l'on attend magasin, dans un restaurant, main d'œuvre que par l'attachement très fort à des formes de les en proposant une réflexion nouvelle sur l'i- traditionnellement de la diaspora. "Le rôle des comme tout le monde quoi ! Ils ne cherchaient sociabilité et de contrôle social dont le plus struc- dentité comorienne en France. Elles critiquent les nouvelles générations nées hors des Comores est NOTES pas à comprendre la politique", raconte Ali Mzé, turant est celui de la communauté villageoise, le attitudes figées, remettent en cause les traditions en train de changer, qu'on le veuille ou non", dis- 1 Les Comoriens à un Comorien de Marseille, dans le livre “De mdji", écrivent Karima Direche-Slimani et archaïques et interpellent les anciens sur leurs ait-il en 2005. "Beaucoup me ressemblent dans le Marseille, d'une 2 mémoire à l'autre, Grande Comore” . Ce n'est que dans les années Fabienne Le Houérou. responsabilités familiales et politiques (…) Elles fait que l'argent, on le distille au compte-goutte. K.Direche-Slimani et 80 qu'elle "se structure comme une véritable soulèvent les sujets tabous, notamment les On est issus de parents immigrés et de ce fait F.Le Houérou, 2002, communauté migratoire avec la multiplication LES ASSOCIATIONS VILLAGEOISES du défaillances des rôles des tuteurs dans l'encadre- notre niveau économique et social, sauf quelques éditions Autrement, 1 Paris des regroupements familiaux" . "Aujourd'hui, les même type que l'Aoffrac à Bordeaux sont légion ment des jeunes ou le harcèlement sexuel par cer- notables réussites, n'est pas super confortable ; Comoriens travaillent en majorité dans la restau- à Marseille et se disputent souvent le titre de tains proches (oncles ou cousins) subi par les jeu- donc l'argent sert à vivre là on l'on est, tout sim- 2 De Grande Comore, 6 histoires de vie à ration : plongeurs, cuisiniers, serveurs. Les plus représentant de la communauté. "Cette course au nes étudiantes arrivées des Comores. Elles refor- plement. Voire pour certains jeunes à survivre. Il Marseille, C.Fontana, jeunes investissent les domaines associatifs et l'a- leadership déconcerte les élus et les gestionnaires mulent également le débat sur le soutien financier est grand temps de briser ce tabou qui consiste à M.Osmont et nimation sociale des quartiers. On ne voit pas politiques, qui surévaluent l'aspect insaisissable aux Comores (pour mettre fin à l'assistanat éco- revenir au bled et à ne pas dire aux habitants la Ol.Marboeuf, 3 Khiasma Editions, encore se dégager de catégories socioprofession- de la communauté : "Il n'y a pas de véritable nomique)." véritable vie que mènent les exilés." 2004 nelles plus stables et plus valorisantes, même si représentativité ; j'ai déjà eu l'occasion d'avoir Ben Amir Saandi est l'un des principaux ani- 3 Kashkazi n°2, une réelle dynamique novatrice est en train de affaire à trois ou quatre interlocuteurs qui se dis- mateurs de ce courant à Marseille. "Sans les BÉNÉDICTE COURRET (Bordeaux) 11/08/2005 voir le jour parmi les jeunes de moins de trente ent tous les représentants de la communauté." Ce dénigrer, les associations sont éternellement et LISA GIACHINO Les “Jeviens” sont à nouveau dans la place Le temps est venu de saigner les poches remplies d'euros. Les vacances au bled ne sont pas toujours des retrouvailles réussies.

Kom Kom de France sont enfin Marseille, on les fait culpabiliser sur leur de génie dans les cuisines pour satisfaire à désirs. Et les factures passent du simple au etc." En retour, certains "Jeviens" se vengent LES parmi nous. L'aéroport Said bien-être, et on les interroge sur la politique leur bon goût, on organise des banquets qui double. "Au marché, les vendeuses ne se à coup de fausses promesses. Auprès des jeu- Ibrahim connaît ses grandes heures d'affluen- immigrée de Sarkozy, sur le couple éclaté des coûtent la peau des os pour les rassurer. "On disputent plus le client. Elles sont sûres que nes filles "en quête de visa", des parents "trop ce. Youyou, milele, foule en liesse, regards Royal-Hollande, et sur les mésaventures de dépense pour justifier de ce qui va suivre. les euros coulent tellement à flots et nous, qui gourmands" , des fonctionnaires "véreux"… émerveillés. L'accueil en lui-même est un pur Chirac au poste. "Les gens ont des analyses Pour rassurer le client avant de le dépouiller. ne partons pas, n'avons pas le choix. Nous La liste de ceux qui se font avoir, en cher- moment de délire. Même les douaniers sont plus que pointues du gotha politique français Avant, les gens prenaient plaisir à faire la sommes obligés de nous aligner sur les prix chant à bluffer le "client" fraîchement débar- aux petits soins pour les compatriotes sur le ici. Ce qui surprend les Jeviens, qui, eux, fête aux Jeviens. Aujourd'hui, les choses ont pratiqués. Alors qu'ils sont spécialement qué, est énorme. Ahmed A. est de ceux qui retour. "Il ne faut pas s'y tromper. Il y a une n'ont pas toujours le temps de s'intéresser à changé. La crise a mis fin à toutes les envies. taillés pour le costard de "Jeviens".” Cela s'en vantent. "Tu peux me croire. 'Suffit de histoire de fric là-dedans. C'est la saison des la politique française. Ils ont tellement à s'oc- Et puis les Jeviens eux-mêmes ont scié la achève de provoquer quelques aigreurs. "Non retourner la situation. Tu files quelques euros récoltes. Les Je viens sont des cadeaux tout cuper avec leur petite vie là-bas qu'ils ne se branche sur laquelle ils viennent s'asseoir. seulement, ils s'arrogent tous les droits. Mais à l'un ou à l'autre au début et ils baissent droit venus du Ciel. Ils représentent un prennent jamais la tête avec des histoires de Dans le temps, ceux qui étaient bien il faut en plus qu'ils bousculent nos habitu- tous la garde. Du coup, la maman te laisse moyen de remonter la machine à sourire politique politicienne", analyse un petit com- accueillis ne donnaient pas signe de vie une des. Nous subissons des hausses incroyables ‘baiser’sa fille, le douanier te fait passer tes dans le bon sens", relativise l'un d'eux. Dès merçant de Moroni. Au pays de l'ancêtre fois rentré dans leur trou en France. Cela a de prix que nos petites économies ne peuvent affaires sans rien débourser. Et à la fin, tu leur descente d'avion, on leur sort le grand commun, ils viennent justement pour s'aérer. fini par décourager les gens. Promesses de assumer. C'est normal que les gens s'éner- pourras toujours tous les confondre. En fait, jeu. Synonyme de dépaysements et de Pas pour spéculer sur le politique. "C'est pas Jeviens n'égalent que ceux qui les écoutent, vent. Les prix augmentent au marché, alors c'est de bonne guerre. Tu ne fais que leur contrastes en tous genres, leur retour au pays simple de vivre dans un pays où l'on vous c'est-à-dire les idiots." Avec le temps, on a que tout le monde ne dispose pas d'un rendre la monnaie de leur pièce. Lors de mes est une occasion de fêtes ininterrompues. La ramène tout le temps à vos origines étrangè- changé de méthode. On les saigne à blanc "Jeviens" chez lui pour payer." Les vendeurs premiers voyages retours, on a bien abusé de plupart reviennent pour se ressourcer mais res, alors que vous avez le "sésame" qui sans sourciller. Une fois le temps d'adaptation au grand marché de Volo Volo, eux, jubilent. mon incrédulité. Maintenant, je me venge." finissent par repartir déçus et amers. "Le pays ouvre les portes de l'administration." En écoulé, on les invite à prendre leur part dans "C'est une période de fête pour nous. Nous change trop vite pour eux. La tradition, la France, ils ont un papier, quel qu'il soit, qui les dépenses. Mieux ! On les pousse à payer pouvons nous autoriser un "plus" de profit AHMED est de ceux qui trahissent la solidarité, la convivialité sont des valeurs qui légitime leur présence. Cela n'empêche pas ce que l'entourage déguste en leur nom. On sans aucun scrupule. Leurs problèmes en confiance du "Jereste" avec un zeste de fierté résistent paradoxalement beaucoup chez eux les situations de tension. Le rejet de l'immi- leur raconte le pays et ses difficultés. On les France ne les empêchent pas d'être généreux dans la voix. De ceux qui font dire que les en France mais qui sont de moins en moins ici. Ils donnent un coup de fouet au commer- "Jeviens" sont des "marchands d'illusions", prisés ici". Le pays vit sa première vague ce et on ne crache pas dessus." qui "ne respectent rien", qui sont "arrogants" d'individualisme forcené. "Chacun s'occupe “Lors de mes premiers voyages retours, on a bien abusé et "sans éducation". "Ils salissent les plages, de sa merde. C'est ce qui les trouble à l'arri- de mon incrédulité. Maintenant, je me venge.” LES "JERESTE" savent combien dépense ils conduisent comme des idiots, draguent vée. Ils apprennent l'hypocrisie, la petitesse, un "Jeviens" sur le retour. En moyenne, un comme des chiens, nous font passer pour des UN “JEVIENS” l'égoïsme, la méchanceté et le manque de budget minimum de 1.500 euros est mis à attardés. Qui peut aimer une telle commu- délicatesse du Comorien. Quand on vit dans contribution pour un mois de séjour, même nauté ? Si les gens acceptent de jouer leur la crise en permanence, on ne prend pas de gré est encore d'actualité dans l'Hexagone. oblige à trinquer avec le sourire. "Il ne faut chez les plus jeunes. "Cela n'est rien à côté jeu, c'est parce qu'ils ont l'euro avec eux. Nos gants pour dire "débourse" à celui qui possè- Leur passage au pays est donc "l'endroit" pas mal le prendre. S'ils allaient en vacances de ce qu'ils dépensent lorsqu'ils viennent riches font à peine attention à eux quand ils de. C'est nouveau pour eux. Ils n'imaginent d'une revanche sur leur destin de migrant. dans un pays étranger, ils paieraient trois ou pour célébrer un mariage ou pour construire arrivent. Ce qui veut tout dire. Nous vivons pas que le pays puisse aller mal à ce point." "Pouvoir se sentir vraiment chez soi. Cela quatre fois plus cher le service rendu." une maison. Nous en profitons autant que dans un pays où l'argent a raison de tout. Il s'accompagne d'un tas de fantasmes sur le possible. Les temps sont durs par ici." Un ne faut donc pas s'étonner lorsqu'on se DANS LA RUE, on les assimile à des touris- bled. Beaucoup espèrent troquer leur cas- EXIGEANT, le "Jeviens" a aussi tendance à avis qui ferait tiquer plus d'un "Jeviens". confond en applaudissement pour un tes trop friqués. "Ils se la pètent beaucoup. quette d'immigré contre une toge de sultan devenir très vite dépensier. Histoire de mar- Abdou Saïd, débarqué il y a une semaine "Jeviens". Parfois, cela cache beaucoup de Cela s'entend à des milliers de kilomètres de dès leur descente d'avion." quer son territoire d'importance, probable- environ, en est à son troisième voyage depuis perfidie." Certains "Jereste" à leur tour four- là où ils sont." On les reconnaît au passage. ment. "Il faut le voir comme un échange de dix ans : "Ils nous dépouillent de tout ce que bissent les armes : "Il faut leur prendre le Allure décomplexée. "Il faut reconnaître MAIS LES PROBLÈMES commencent dès bons procédés. Le "Jeviens" a besoin de l'on possède à l'arrivée. Le calcul se fait en maximum. Cela apaise nos rancoeurs et finit qu'ils ont de la présence. Ils en imposent." Ils qu'on leur présente la facture. "Au début, ils souffler et de revivre. Il se donne en moyenne fonction de notre argent de poche. Ils par nous ôter tout sentiment de jalousie. Car ont beau vouloir s'effacer dans le décor, paient sans rechigner. Car ils apprécient d'êt- un mois ou deux pour jouer aux roitelets de oublient que nous dépensons avant même ils finissent par nous avouer qu'ils ne sont épouser les accents locaux, imiter les gestuel- re fêtés partout où ils passent. Les parents saison. Le "Jereste" s'arme de patience et d'embarquer dans l'avion, puisqu'il y a le pas aussi riches que cela, qu'ils galèrent là- les du moment, en essayant de se faire passer mettent tout ce qu'ils ont pour célébrer leur prend ce qu'il peut dans la valise de son hôte billet qui coûte cher, les cadeaux à acheter bas autant que nous ici, même s'il est vrai pour de malheureux Jereste, l'opinion les rat- venue", témoigne un jeune de Sanfil. On tue de passage. Il vide son portefeuille", observe pour toute la famille, sachant que la vie ne qu'ils vivent dans un pays qui est puissant." trape toujours au coin de la rue. On leur le dernier cabri de la famille, on loue le car un enseignant de Moroni. On raisonne donc s'arrête pas là. Il faut régler ses factures du cause en français, on leur parle du cousin de du village pour la sortie de plage, on rivalise en euros pour satisfaire à leurs moindres mois avant de partir. Le loyer, le téléphone, SOEUF ELBADAWI

22 kashkazi 65 juillet 2007 Parce que chaque PERSONNE compte La page d’information et de sensibilisation du Fonds des Nations Unies pour la population aux Comores

la phrase Santé de la reproduction : à méditer “Nous considérons c’est aussi l’affaire des hommes les hommes et les femmes comme “Qui a dit que la planification familiale des femmes, ils s'en foutent !" Leur collabo- était réservée aux femmes ? Sûrement ration est pourtant précieuse, souligne l'in- des partenaires dans pas le personnel du centre de Prévention firmière : "S'ils comprennent, ils vont aider maternelle et infantile (PMI) de Mboueni, leur femme. Ils vérifieront dans le carnet une relation fondée à Moroni. Ce matin là, les infirmières du pour ne pas rater les rendez-vous…" sur le respect mutuel, planning familial reçoivent une jeune C'est justement le constat dressé par le femme venue écouter leurs conseils en Fonds des Nations Unies pour la popula- la confiance et matière de contraception. Son ami assiste tion (UNFPA), qui a choisi pour la Journée l’engagement. au début de l'entretien… Plus loin, dans le mondiale de la population 2007 le thème : couloir, un père berce son bébé en atten- "Les hommes, partenaires pour la santé Le partenariat avec dant de consulter le médecin... maternelle". "Plus d'un demi-million de les hommes promeut Les mentalités auraient-elles changé ? C'est femmes meurent chaque année de causes ce que pensent Tchakila Soihili et Zohora liées à la grossesse, dont 99% dans les pays le droit de chaque Abdoudou, sages-femmes au centre hospi- en voie de développement", précise talier El-Maarouf, en observant un com- l'UNFPA. "Pour atteindre les objectifs femme, de chaque portement inédit chez les futurs papas mondiaux concernant la santé maternelle, homme et de chaque comoriens. "Il y a maintenant des maris nous devons inciter activement les hom- qui assistent aux accouchements", témoi- mes à prendre un engagement personnel et enfant à jouir gnent-elles. "C'est un phénomène nou- politique d'user de leur pouvoir en faveur d’une vie saine veau." Certes, le changement se fait très d'un changement positif. La participation progressivement. "Pour l'instant c'est assez des hommes est fondamentale s'agissant et de chances égales.” rare", notent Tchakila et Zohora. "Ce sont de (…) transformer les rôles sociaux qui surtout les intellectuels qui viennent. La limitent la santé procréative et les droits en Thoraya Ahmed Obaid, plupart des maris restent encore à la mai- matière de procréation." directrice exécutive de l’UNFPA son et c'est la maman, les sœurs qui s'occu- pent de la femme." Cependant, "ce n'est L'influence des hommes sur la santé de plus tout à fait comme avant". Les hom- la reproduction s'exerce au niveau des pri- mes ne sont plus les lointains spectateurs ses de décision politiques, mais également zoom sur... de la naissance, et cela modifie leur percep- à l'intérieur des familles. "Les maris pren- tion du rôle que joue leur épouse. "Les nent souvent des décisions concernant la La journée mondiale maris qui viennent sont très inquiets ! planification familiale, les activités écono- de la population Nous les encourageons à venir, ça va leur miques de leur épouse et l'utilisation des faire prendre conscience que nous souf- ressources du ménage, y compris pour Mercredi 11 juillet aura lieu la frons beaucoup, nous les femmes !" payer les honoraires des médecins et les Journée mondiale de la population redevances scolaires", note l'UNFPA. "Ces 2007. “Un moment où il convient A la PMI également, les sages-femmes décisions influent sur le bien-être et les per- particulièrement de s’engager et d’a- et infirmières tentent d'impliquer les hom- spectives de la famille entière. Les soins et gir pour faire en sorte que chaque mes dans la contraception, le suivi de la le soutien d'un mari informé améliorent grossesse soit désirée, chaque accou- grossesse et celui du jeune enfant. l'issue de la grossesse et de l'accouchement chement sans danger, chaque jeune Cette démarche est obligatoire quand et peuvent faire la différence entre la vie et non contaminé par le VIH/Sida, une femme souhaite utiliser le Norplant, Un homme attend avec son bébé au centre de PMI de Mboueni, à Moroni. la mort en cas de complications, quand les chaque fille et chaque femme traitée une méthode de contraception efficace femmes ont besoin de soins médicaux avec dignité et respect”, affirme pendant cinq ans. "Contrairement aux enfants, on dit au mari que sa femme est enfants, mais il faut les espacer !"" immédiats." Or, "s'ils ont quelque appui, de Thoraya Ahmed Obaid, Directrice autres méthodes de contraception, nous jeune et qu'elle risque de vieillir. On dit La partie n'est cependant pas encore nombreux hommes sont tout à fait dispo- exécutive de l’UNFPA. Cette année, le demandons la présence et l'accord du aussi que la vie coûte cher, que ce n'est pas gagnée pour faire comprendre aux hom- sés à remettre en question les coutumes et thème retenu est “Les hommes, par- mari", indique Nassimaba Ahamada, infir- comme avant, on ne peut plus se contenter mes que la planification des naissances les pratiques qui mettent en danger la santé tenaires pour la santé maternelle”. “Il mière au planning familial. "En général, les de dire que c'est Dieu qui a fait cet enfant : concerne. "La plupart des maris ne vien- des femmes, disposés aussi à participer à la est temps pour les hommes -en tant maris disent oui quand on leur explique. il faut l'habiller, l'envoyer à l'école… On nent pas sauf si on l'exige", témoigne prise de décisions servant la santé sexuelle que pères, frères, maris, dirigeants Devant une femme de 25 ans qui a déjà 5 ajoute : "Vous n'arrêterez pas de faire des Nassimaba. "Ils pensent que c'est l'affaire et procréative". Petit à petit… communautaires et religieux et repré- sentants du gouvernement- de deve- nir des partenaires pour la santé maternelle”, poursuit la Directrice. Croissance urbaine : un défi majeur du développement Aux Comores, le rapport sur l’état de la population mondiale 2007 sera En 2008, pour la première fois de l’histoire mentaux, mais elles peuvent aussi appor- partie non dans les mégalopoles, mais lancé le 10 juillet, suivi le lendemain de l’humanité, plus de la moitié de la ter des solutions. La concentration de la dans les villes petites et moyennes. de la célébration officielle de la population mondiale, soit 3,3 milliards population dans les centres urbains peut Journée mondiale de la population et d’habitants, vivra en milieu urbain. D’ici contribuer à la durabilité de ces centres à Les Comores n’échappent pas à cette de la diffusion du rapport des activités 2030, ce chiffre devrait avoisinner les long terme...” problématique. Des “quartiers périphé- de l’UNFPA aux Comores pour la 5 milliards. La population urbaine du Cependant, pour que le potentiel positif de riques” de plus en plus étendus entourent période 2003-2007. monde en développement est appelée à la croissance urbaine puisse être exploité, désormais Moroni et Mutsamudu. Des activités sont également prévues doubler en l’espace d’une génération. Or, il faut que les pouvoirs publics changent Beaucoup abritent des habitations en dans les trois îles : émissions radio beaucoup des nouveaux citadins seront leur politique vis à vis des citadins pauv- matériaux végétaux ou en tôle, souvent (Radio Comores, Radio Ngazidja, pauvres. Leur avenir, celui des villes et res. Dans la plupart des pays en dévelop- mal raccordées aux réseaux de voirie, Radio Ndzuani, Radio Mwali) et télé- celui de l’humanité dépendent donc de ce pement, les autorités nationales, régiona- d’eau courante et d’électricité. La popula- visées (RTA et TNC) ; opération “por- qui sera fait dès maintenant pour gérer les ou municipales essaient en effet de tion de ces quartiers ne dispose en général tes ouvertes” des maternités et struc- cette croissance. décourager l’exode rural en refusant aux ni de place publique, ni de foyer des jeu- tures de santé ; conférences débats sur C’est à cet enjeu essentiel que l’UNFPA a quartiers pauvres les équipements qui leur nes, ni de terrain de sport, car les proprié- “Les hommes, partenaires pour la consacré son dernier “état de la popula- permetttraient de vivre dans de bonnes taires des parcelles ne souhaitent pas voir santé maternelle” dans les différentes tion mondiale”, intitulé Libérer le poten- conditions. Une stratégie inefficace -les les habitants s’installer de façon définitive chefs lieux de districts ou les zones à tiel de la croissance urbaine. Un titre réso- gens continuent de quitter la campagne- et les autorités ne se soucient pas de ces fort taux de mortalité maternelle ; ani- lument optimiste qui tente de battre en négative : “Lesvilles, foyers de concentra- qui ne fait que retarder la recherche de gens qui restent assimilés à leur village mations par l’association des sages brêche de nombreux préjugés liés à ce tion de la pauvreté, offrent aussi aux pauv- solutions rendant la ville plus vivable. d’origine. Le devenir de cette population femmes et infirmiers et les ONG par- phénomène planétaire, le premier étant res le meilleur espoir d’échapper à celle-ci. Autre idée reçue corrigée par ce rapport : et notamment des jeunes, est pourtant un tenaires, etc. que la croissance urbaine est forcément Elles créent des problèmes environne- la croissance urbaine aura lieu en majeure enjeu social essentiel pour les Comores.

kashkazi 65 juillet 2007 23 décryptage bacarland Ndzuani : chronique d’une Les Anjouanais ont vécu un scrutin présidentiel surréaliste : très peu ont voté le 10 juin, mais le pouvoir affirme

8 juin. est, après quelques atermoiements dus à VENDREDI Fin de la médiation africaine et à l'accord signé campagne électorale à Mutsamudu, du entre les gouvernements de Ndzuani et moins pour le colonel Mohamed Bacar. de l'Union suite aux échanges de tirs du Autour du stade de Missiri, en plein 2 mai 1, redevenu le maître à bord d'un centre ville, des jeunes hommes mon- bateau dont il n'a cessé d'assurer, durant tent la garde à tous les coins de rue. Sur la campagne, qu'il prendrait le large leur poitrine, un badge : "Sécurité de après sa victoire. Le 8 juin, les quelques campagne". Ce sont les mêmes qui ont forces de l'Union africaine qui étaient molesté ou menacé les protestataires déployées dans l'île l'ont quitté "pour ne qui criaient leur colère, dans les villages pas cautionner l'élection" jugée illégale, où le président sortant a tenu des mee- "nulle et non avenue" par la commu- tings. La veille, les autorités comorien- nauté internationale. L'espoir suscité nes ont publié un décret reportant le par leur arrivée quelques jours plus tôt scrutin présidentiel de Ndzuani, mais est retombé. Personne ne sait à quoi s'en qu'importe : Bacar tient sa dernière tenir. Le lendemain, sur les ondes de réunion publique et compte bien l'em- Radio Télévision Anjouan (RTA), le porter dimanche, après avoir maintenu média de propagande du régime, le pré- le premier tour envers et contre le prési- sident par intérim Doihirou Halidi s'a- dent Sambi et la communauté interna- dresse à la population pour lui annoncer tionale. Ses partisans remplissent le que le vote est maintenu. stade pour l'ultime rencontre pendant qu'à l'extérieur, les passants affichent DIMANCHE 10 juin. La mascarade l'indifférence la plus totale ou ravalent commence. Tôt le matin, Radio France leur colère… International (RFI) a indiqué que ni les Trois jours plus tôt, les forces anjouanai- autorités comoriennes, ni la commu- ses ont empêché l'avion de Sambi d'at- nauté internationale ne reconnaîtront le terrir et ont en direction de la foule scrutin organisé par le régime anjoua- venue l'accueillir, qui manifestait son nais. Partout, la réponse à la question : mécontentement en envahissant la piste "Vous votez ?" est la même : "Non, on -bilan non officiel : une morte, suite à attend le premier tour de la semaine une chûte, et deux blessés. Le début, en prochaine, on ne veut pas de cette élec- quelque sorte, du coup d'Etat électoral tion de Bacar." Seuls les partisans du orchestré par Bacar. Ce jour-là, Abdou président sortant se rendent dans les Saïd, un candidat qui s'était finalement bureaux de vote, où la grande majorité des assesseurs des autres can- didats sont absents. Le princi- “Les élections montreront qu’il pal rival de Bacar, Mohamed ne représente plus rien.” Djaanfari, est retiré chez lui, à Sima. "Les élections sont pré- MOHAMED DJAANFARI vues le 17 juin par le décret présidentiel, avec l'accord de désisté en faveur de Moussa Toybou, l'Union africaine. Tout ce qui se passe tente une médiation entre la population aujourd'hui est illégal, c'est une élec- et les gendarmes quand ceux-ci s'empa- tion sauvage organisée par quelqu'un rent de lui. "Ils m'ont traîné par le bou- qui est aux abois et qui essaie à tout bou sur 50 à 60 mètres et m'ont tabassé prix de se maintenir", dit-il. Arrivé troi- à coups de crosse dans les reins", affir- sième au premier tour de l'élection pré- me-t-il. "Ils m'ont ensuite interrogé en sidentielle de l'Union en 2006, ce me giflant, m'ont déshabillé et m'ont mis retraité de l'armée française veut se ras- jusqu'au matin dans les toilettes qui leur surer : "Bacar partira. Les élections servent de cellule à l'aéroport. Le lende- montreront qu'il ne représente plus main, j'ai dû signer une déclaration rien. Il n'a pas sa place ici." m'attribuant la responsabilité des dégâts Dans les bureaux de vote de la ville, les causés par la foule. A midi, une déléga- urnes sont aux trois quarts vides. Pour tion de mon village est venue. Ce n'est qui avait assisté à la ferveur du vote de qu'à minuit que je suis sorti. Mohamed 2006, qui avait vu des dizaines d'élec- Abdou Madi [qui soutient Bacar, ndlr] teurs faire la queue toute la journée pour m'a dit de quitter la prison car Bacar exercer leur droit, c'est un spectacle inso- voulait aller faire campagne à Jamawe, lite. Les bureaux sont vides d'électeurs, mon village, et les jeunes refusaient qu'il parfois même d'assesseurs. Il faut patien- y aille tant que j'étais prisonnier." ter longtemps pour voir une personne voter. A 11 heures, les urnes recueillent LES EXEMPLES de pressions du régi- 20 à 30 bulletins, pas plus, alors que les me sur les opposants politiques sont listes comptent 500 inscrits. "Ils vont innombrables. "Quand nos partisans venir toute à l'heure, à partir de midi", sont arrivés de Moroni, on leur a confis- veulent faire croire à la presse les mem- qué leur argent", prétend un autre candi- bres de la commission électorale et les dat, Abdou Saïd. "Il y en a un qui avait assesseurs du candidat Bacar. 1,7 millions de fc [3.400 euros ndlr], Le spectacle est identique dans toute l'autre 650.000 fc [1.300 euros, ndlr]. Ils l'île : le nombre de votants noté par les venaient en campagne. Comment pou- journalistes des différents médias -hors vions nous circuler et faire campagne RTA- ne dépasse pas quelques dizaines sans argent pour payer les transports ?" dans chaque bureau de vote. Certains Depuis ce mardi 5 juin, la population reporters ont assisté à des scènes éton- Dimanche 10 juin, dans un bureau de vote de Sima. L’affluence est faible... est dans l'incertitude. Mohamed Bacar nantes : "Quand je suis arrivé dans un

24 kashkazi 65 juillet 2007 bacarland décryptage mascarade électorale que 54% d'entre eux se sont déplacés pour élire Mohamed Bacar. Retour sur un coup d’Etat électoral. bureau, un homme, en me voyant, à 89% des suffrages exprimés lui revien- "Comme le 31 mars 2001, vous avez règles. Il n'y a pas eu de bourrage mais au troisième acte : celui d'une fait le tour des salles en criant comme nent. Le lendemain, lundi 11 juin, été élu dès le premier tour avec le d'urnes, et s'il y en eu, qu'on m'ap- dictature dans laquelle la contesta- pour avertir les autres", raconte l'un Mohamed Bacar, ses hommes et ses même nombre de candidats. Mais porte les preuves et j'en tiendrai tion est impossible ; où les femmes deux. "Dans un autre bureau, l'urne nouveaux alliés se retrouvent au stade vous venez de battre votre propre compte personnelle- était presque vide quand je suis passé. de Missiri pour se congratuler. "Ils ont record qui était de 42%" le félicite ment." Ne craignant déci- Quelques temps plus tard, le nombre volé l'élection et ils se félicitent comme sans la moindre ironie le président de dément pas le décalage “Je suis disposé à travailler avec tout le monde, de votants avait augmenté de façon s'ils avaient gagné", commente, amère la Cour d'appel de l'île, également entre ses paroles et la incroyable ! Je pense qu'ils ont bourré et méprisante, une commerçante du président de la commission d'homo- réalité, il avait annoncé y compris ceux qui n’ont pas voté pour moi.” les urnes." Ainsi ce bureau de Ouani quartier. Eux s'en fichent. Comme si de logation des résultats mise en place à au cours de son discours MOHAMED BACAR qui, à 17h15, comptabilisait 30 rien n'était, ils se félicitent de cette la va-vite pour valider l'élection en d'investiture : "Je suis votants et, trois-quarts d'heures plus bataille chèrement acquise. lieu et place de la Cour ouvert au dialogue. Je suis disposé à de candidats se font frapper comme tard, au moment de la fermeture des Constitutionnelle. Ce n'est cependant travailler avec tout le monde, y com- celle de Mohamed Djaanfari ; où les bureaux, 300… "Quand je suis arrivé LA CONSÉCRATION a lieu jeudi pas la répartition des voix qui surp- pris ceux qui n'ont pas voté pour manifestants qui souhaitent montrer au bureau, ils m'ont dit : "Vous êtes en au palais de Dar-Nadja, à Patsy. rend, puisque seuls les partisans de moi. Seules les compétences, le leur mécontentement à la délégation retard, on a déjà voté votre nom !"" Devant plusieurs centaines de parti- Bacar ont voté. En revanche, le taux sérieux dans le travail, l'amour de des ministres africains sont dispersés témoigne un commerçant de sans, Bacar prête serment sur le de participation affiché -54,73% des l'île comptent pour moi." par des tirs de kalachnikov en l'air ; Mutsamudu. Coran et endosse à nouveau l'échar- inscrits, soit 64.974 votants- est Le rideau pouvait se baisser : l'acte II où les journalistes sont arrêtés et bat- La suite des évènements ne fera que pe rouge frappée de l'emblème du improbable au regard de ce qu'il s'est du coup d'Etat électoral (le premier tus, comme celui de Radio Ngazidja, confirmer ces soupçons. Le soir, RTA sultan Mawana. Son score a été revu passé sur le terrain. acte s'est déroulé le 2 mai quand la le 24 juin (lire ci-dessous). montre l'image improbable d'une file à la baisse, sans doute pour paraître Interrogé par la presse après son gendarmerie anjouanaise a délogé Bienvenue à Bacarland, le temple de d'attente d'électeurs allant voter -image plus raisonnable aux yeux de la com- investiture sur les conditions dans par les armes les soldats de l'AND) la kalach'… qu'à notre connaissance, personne n'a munauté internationale : 73,22%, lesquelles s'est déroulé le vote, finissait dans la liesse d'une minorité LG (avec RC) vu nulle part ce jour-là- et annonce le contre 6,62% pour Moussa Toybou Mohamed Bacar a nié tout irrégula- d'Anjouanais pour lesquels Bacar est score-plébiscite du colonel : plus de et 6,23% pour Mohamed Djaanfari. rité. "Le scrutin s'est passé dans les bien le président élu. Place désor- 1 Lire Kashkazi n°64 le jour le plus long

de ministres des Affaires étrangères Une déstabilisation Dimanche 24 juin. Une délégation des Etats de la proche région se rend à Ndzuani. Ils sont missionnés par l'Union africaine pour tenter de trouver une solution à la crise. L'arrivée de la délégation est annoncée à 10 heures à l'aéroport de Ouani. Un groupe important d'habitants de Sima, localité du candidat Mohamed Djaanfari, programmée opposant à Bacar, tente alors de se rendre à l'aéroport pour accueillir la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Mme Zuma, qui conduit la délégation. Mais la voiture dans laquelle se trouve Anrafa Djaanfari, l'épou- Malgré la victoire de proches de Sambi aux élections de Mwali et se de Mohamed Djaanfari, ainsi que des amis, est arrêtée à Mirontsy par les gendarmes. Selon elle, les militaires les ont fait descendre de la voiture afin Ngazidja, Bacar a réussi le tour de force d'isoler le président de l'Union. de leur interdire de poursuivre leur route. Le petit groupe décide alors de continuer à pied expliquant le motif de leur déplacement. Les militaires leur El Yachourtu, tenir Bacar, le plus farouche opposant à timer sa façon cavalière de faire les choses", donnent l'ordre de ne pas poursuivre leur route. Face à leur résistance, ils Ibrahim Halidi, Sambi, et les autres candidats, ils se sont rués observe notre homme d'affaires. Cette propen- s'emportent. Anrafa Djaanfari a affirmé à nos confrères de RFO Mayotte qui CAAMBI Nassuf Abdallah, Mohamed Abdou Madi… sur Bacar qui a les moyens de les acheter. Ils sion à citer le droit était caricaturale lors de ont recueilli son témoignage qu'elle a été poussée par terre puis traînée sur le Tous étaient au premier rang des personnali- savent que si Sambi reprend la main ici, ils son investiture, le 14 juin. Chef de la commis- goudron. Un militaire l'aurait menacée de lui “pisser dessus” et l'aurait inti- tés soutenant Mohamed Bacar, le jour de son sont hors jeu pour au moins cinq ans. A leur sion électorale, président de la Cour d'appel, mée de se taire si elle ne voulait pas être giflée. D'autres personnes qui l'ac- investiture, le 14 juin à Patsy. Anciens oppo- âge, cela équivaut à la mort politique." cadi… tout le monde y est passé pour procla- compagnaient ont subi le même sort. Certaines ont été frappées avec des sants et personnalités politiques de niveau mer la conformité avec le droit de cette élec- matraques : le cousin d'Anrafa Djaanfari a dû être hospitalisé ; il porte des national, leur ralliement donne de l'eau au DÉBUT JUIN, cette stratégie paraissait sui- tion truquée. "Vu le décret… vu le procès ver- traces violacées sur le ventre et au cou. Une autre femme de Sima a affirmé moulin des manipulateurs d'opinion à cidaire. Bacar semblait aux abois, rejeté par bal… vue la Constitution…" jusqu'au nombre qu'un militaire l'aurait menacé de la tuer avec son arme. Ngazidja : "Puisqu'ils étaient dans l'Union l'opinion dans son île et désavoué par la d'enveloppes dépouillées qui a été passé au La répression ne s'est pas arrêtée à Mirontsy. A Ouani, les habitants qui puis deviennent séparatistes, qui nous dit que communauté internationale. Mais au vu des crible d'un prétendu respect de la légalité. avaient ouvert leur porte aux gens de Sima ont vu les militaires pénétrer Sambi ne fera pas pareil ?" répète la rue. Au- derniers rebondissements, des hésitations de Dans ce discours juridique du clan Bacar, dans les maisons pour les chasser, les frapper et les menacer. A 13 h 30, sur la delà des raccourcis démagogiques, la ques- l'Union africaine et de l'impasse dans laquel- deux éléments sont essentiels : la contestation place de Ouani, les gendarmes ont tiré des coups de feu en l'air pour disper- tion obsède tous les observateurs : comment le est acculé le gouvernement comorien, de la nomination d'un président par intérim ser un groupe de personnes qui se trouvaient au bord de la route principale le très politiquement correct Caambi El force est de constater que les alliés du colo- par Sambi, et le report par celui-ci du scrutin à -images filmées par l'équipe de RFO Mayotte. A Mutsamudu dans l'après- Yachourtu, par exemple, peut-il rallier un nel savaient très bien ce qu'ils faisaient et qui Ndzuani. Or, ces deux arguments sont étroite- midi, 100 à 200 personnes ont manifesté et ont pris le chemin de Ouani. rebelle aux penchants tyranniques visible- les soutiendrait. La machine de déstabilisa- ment liés à des manœuvres politiques menées Mais elles aussi ont été arrêtées par les militaires à la sortie de la capitale. Des ment en fin de course ? 1 tion lancée à Ngazidja par une partie de l'op- depuis Ngazidja. coups de feu ont été tirés. Le bruit d'une roquette a été entendu. Un journa- Selon un homme d'affaires anjouanais qui position est un signe clair de l'alliance entre La nomination par Sambi d'un président par liste de Radio Ngazidja, Elarifou Minihadji, a été arrêté. Il raconte qu'il a été connaît bien le régime de son île, il faut repla- Bacar et des forces politiques de Moroni. intérim découle directement d'une décision “emprisonné avec deux enseignants soupçonnés d'être les instigateurs des cer la tactique de ces hommes rompus à la Isolé malgré l'élection de deux hommes qui ambiguë de la Cour constitutionnelle, qui lui a manifestations”, rapporte l’hebdomadaire Al-watwan 1. “Les armes braquées politique dans les stratégies de pouvoir impo- lui sont favorables à la tête de Ngazidja et demandé de jouer le rôle d'arbitre dans la sur nous, ils nous ont ordonné à nous torturer à tour de rôle, à coup de cein- sées par la Constitution de 2001. Caambi, Mwali, Sambi est coincé. vacance de pouvoir survenue après la fin du ture, tout en chantant”, affirme-t-il. Halidi et les autres auraient finalement choisi Le coup d'Etat électoral monté par Bacar ne mandat de Bacar. La Cour a-t-elle exécuté un de jouer sur la fibre insulaire au même titre peut donc se lire de façon isolée. Si les enjeux deal avec l'Union ou au contraire, a-t-elle Autant d'images d'un régime totalitaire que la délégation n'a pas vues : à son arrivée à l'aéroport, il n'y avait plus personne à part les militaires et les que Kemal ou Mzimba le font à Ngazidja. n'étaient pas beaucoup plus larges que son tendu un piège au pouvoir central ? "La Cour autorités anjouanaises. Pas de banderoles, pas de manifestants. Les autorités "Leur problème aujourd'hui, c'est de conti- simple maintien au pouvoir, il n'aurait jamais avait les moyens juridiques et même de nuer à exister politiquement", affirme cet obs- réussi. Le pari était sans doute risqué, mais il jurisprudence, de dire le droit sur cette ques- ont avancé l'argument qu'elles avaient interdit toute manifestation pour ervateur. "Il faut être fort dans son île pour n'en était pas moins réfléchi. Car pour l'heure, tion. Elle s'est défilée. A qui profite le crime ?" éviter les affrontements entre partisans et opposants de Mohamed Bacar. espérer faire carrière à présent. Ces hommes la stratégie de Bacar, basée sur une utilisation se demandait Djaanfar Salim Allaoui, le Tout le long de la route, entre Ouani et le palais présidentiel où avait lieu la n'ont pas leur place dans le schéma de Sambi, du droit à sens unique -il le cite quand cela le ministre de l'Intérieur du gouvernement rencontre, des petits groupes de villageois, muets, se hasardaient à l'extérieur, ni à la Grande Comore. Ils se sont rendus sert et l'ignore s'il lui est défavorable- s'est anjouanais, après les événements du mais les militaires en armes étaient postés le long du trajet. Big Brother veille. compte qu'ils sont obligés maintenant d'exis- révélée payante. "La loi, la loi, rien que la 2 mai. Le moins que l'on puisse dire, 1 Al-watwan n°998, 29/06/2007 ter ici et de se battre, et entre le choix de sou- loi… Il a un argumentaire juridique pour légi- c'est que le crime ne profite pas à ...

kashkazi 65 juillet 2007 25 décryptage bacarland

... Sambi, qui s'est flanqué d'un talon fréquents contacts entre les sbires de Patsy et pressentir une attaque. Réuni le 19 juin en et Sambi, ce sont les institutions des Comores NOTES d'Achille en n'étant pas inattaquable l'opposition de Moroni… Sans parlers des liens Afrique du Sud, le comité ministériel des pays qui sont en jeu, celles-là mêmes que l'Union afri- 1 Lire ses explications p.11 sur le plan juridique. entre tout ce "beau" monde et l'ambassade de de la région avait réitéré son rejet de l'élection du caine a contribué à mettre sur pied. L'alternative 2 Al-watwan n°995, Le second argument consiste à dire que les élec- France. Rien d'étonnant donc à ce que cette clas- 10 juin et précisé que "l'installation du colonel paraît claire : si Sambi gagne, la Constitution 8/06/2007 tions présidentielles des trois îles devaient se se politique opportuniste adopte le point de vue Bacar comme président d'Anjouan et tous les risque d'être modifiée dans le sens d'un Etat cen- 3 "Le spectaculaire volte- tenir le même jour, conformément à la loi élec- du contrepoids le plus explosif au pouvoir de actes subséquents des autorités anjouanaises tral plus fort. S'il perd, le pays pourrait se trans- face de l'UA", titre Al-wat- wan n°998 du 29 juin 2007 torale de 2007. Cette idée est défendue non seu- Sambi. sont nuls et non avenus". L'Union africaine avait former en confédération. lement par Bacar, mais également par une partie Tout le pari de Mohamed Bacar portait en revan- assorti sa condamnation d'exigences "incondi- de l'opposition à Ngazidja, quand bien même le che sur l'attitude de la communauté internationa- tionnelles" auxquelles devait se soumettre l'auto- "LA COMMUNAUTÉ internationale pensait gouvernement a consulté la communauté inter- le. "Je ne crois pas que dans ce 3ème millénaire où rité anjouanaise. Dans son communiqué, l'orga- que la tenue de ces élections allait parachever nationale, la Cour constitutionnelle et les candi- le monde parle de paix, les gens vont intervenir nisation faisait savoir qu'elle se réservait la pos- les institutions. Nous sommes entrés dans une dats avant de prendre cette décision. Secrétaire simplement parce que les Anjouanais ont voté. sibilité de procéder à la "révision du mandat de élection contestée" note Mohamed Abdou Madi, général et candidat de la CRC, le parti de l'ancien Je ne pense pas que l'Union africaine va impor- la MAES [la force de sécurisation des élections, ancien baron de la CRC, qui a mené les derniè- président Azali, Houmed Msaidie reprend ainsi ter la guerre dans un pays où il y a la paix", lan- ndlr] et l'accroissement des effectifs" si le pou- res négociations du côté anjouanais. Pour lui, "la à son compte les propos de Mohamed Bacar : "Il çait-il, sûr de lui, le jour de son investiture. Pour voir anjouanais ne permettait pas l'organisation communauté internationale a ficelé quelque est prévu par la loi que les élections se tiennent notre homme d'affaires, il était alors "persuadé d'une nouveau scrutin sécurisé. chose pour sortir de l'instabilité. En réalité, on que le chemin qui mène à une inter- Pourtant, moins d'une semaine plus tard, une n'a fait que reporter la crise. Toutes les questions vention militaire est long et compli- délégation conduite par la ministre sud-africaine sur la gestion de la crise ont été repoussées par “Je ne pense pas que l'Union africaine va importer qué. Il n'a pas oublié l'expérience de des Affaires étrangères, Dlamini-Zuma, fait la Constitution. Or, ce déficit fait que la la guerre dans un pays où il y a la paix.” 1997 où les séparatistes étaient "volte-face" 3. Chargée de "signifier à la rébellion Constitution n'est plus cette charpente qui per- sous la menace d'un embargo anjouanaise les recommandations" de l'UA, la met à chaque partie d'avoir la même lecture". MOHAMED BACAR contourné, et où l'on a beaucoup délégation ministérielle qui a rencontré le "prési- Si ce constat semble partagé par certains memb- parlé d'une intervention qui n'a dent" Bacar, a finalement proposé aux autorités res de la communauté internationale, qui recon- le même jour sur l'ensemble du territoire. Si, jamais eu lieu". Al'heure où nous bouclions cette de l'Union de "rouvrir des négociations" et invi- naissent la lourdeur et l'inefficacité de cette aujourd'hui, cela n'est pas possible, la faute est page, les faits lui donnaient raison… te "les deux parties à se rencontrer à Prétoria", en architecture, les divergences portent sur la au gouvernement de l'Union." 2 Une proximité Afrique du Sud. Accueillie favorablement par le manière de la corriger, entre les partisans d'une Ci-dessous, de vue entre le régime anjouanais et la CRC qui A NDZUANI, la population était pourtant per- pouvoir anjouanais qui parle de "victoire" à la "dynamique de changement qui passe par les Mohamed Bacar s'ajoute aux nombreux éléments attestant d'une suadée d'être rapidement "libérée" par une inter- radio de l'île, la proposition a été immédiatement présidents des îles et des Assemblées", et ceux prête serment stratégie commune : ralliements à Bacar de vention. "Qu'ils viennent, même s'il y a des désapprouvée par l'Union. "Le gouvernement qui prônent un retour à un Etat fort. "Quand on sur le Coran, le Caambi, Ibrahim Halidi et Madi Abdou, tous liés morts, on est d'accord, on veut en finir", lan- s'oppose catégoriquement à toute démarche s'approchait des élections, on a proposé de pro- 14 juin, jour de son investiture, à la CRC ; propagation d'un discours démago- çaient des habitants de Mutsamudu. Une certai- visant à ramener autour d'une même table les roger les mandats des présidents des îles pour à Dar-Nadjah. gique anti-Sambi et anti-anjouanais à Ngazidja ; ne fermeté de l'Union africaine laissait en effet autorités comoriennes et une équipe de rebelles faire la révision de la Constitution. Ce qui aurait qui s'est accaparée le pouvoir par les armes (…)" crée une sérénité" révèle Abdou Madi. Pour lui indique un communiqué publié le 25 juin. "Sambi avait les moyens de remplir ce déficit, il Selon nos informations, la délégation a signifié ne l'a pas fait. A son arrivée au pouvoir, il s'est au gouvernement comorien que les problèmes engagé sur tout. Quand il a compris le blocage, juridiques soulevés par Bacar imposaient de rou- il est revenu sur la logique Azali en essayant de vrir la discussion. "Ils ont dit qu'il leur faut bien faire élire des présidents favorables à sa vision. se renseigner avant, car si jamais il y a des ratés Il n'a pas compris qu'il ne peut avoir d'amis que dans l'intervention, nous devons être dans notre des candidats et non des présidents élus". droit", rapporte un témoin. "They were coach to Mais contrairement à Azali qui n'avait pas réus- reply ("ils étaient préparés à nous répondre")", si à faire élire ses partisans, Sambi dispose d'al- aurait dit l’ambassadeur sud-africain Mabeta liés à Ngazidja et à Mwali. Pour lui éviter un car- pour expliquer le retour bredouille des Africains. ton plein, Bacar a anticipé son échec à Ndzuani. D'où la difficulté pour la communauté interna- APRÈS LE COMMUNIQUÉ sans détour tionale de trancher. Certains pays craignent qu'u- publié par l'Union africaine, cette déroute des ne mainmise de Sambi sur l'ensemble du pays ne ministres africains face au président d'une petite lui donne carte blanche pour changer la île paraît effarante… Se sentant "lâché", le gou- Constitution selon sa volonté. Or, Bacar ne peut vernement ne sait plus sur quel pied danser. pas tenir longtemps dans cette situation d'illéga- "Nous ne comprenons pas", avoue le vice-prési- lité, pris en étau entre les condamnations interna- dent Idi Nadhoim. "Ces ministres accepteraient- tionales et l'hostilité de l'Union. Ses deux alliés ils que dans leur propre pays, un président Elbak et Fazul éjectés du pouvoir, il ne peut s'ap- incontestablement élu aille négocier à l'extérieur puyer que sur l'opposition à Ngazidja et à Mwali avec un chef de région rebelle ? Nous sommes pour déstabiliser Sambi. Quatre partis rassem- bloqués. Nous n'avons pas les moyens d'interve- blés dans le cadre d'une "Alliance pour la réfor- nir seuls à Ndzuani. La Tanzanie est prête à nous me" veulent saisir cette opportunité. En campa- aider, mais il lui faut un mandat de l'UA." gne depuis la semaine dernière dans les régions Pourquoi cette réticence à soutenir pleinement de Ngazidja, ils reprochent au président de Sambi ? Déjà après les évènements du 2 mai, l'Union d'avoir "isolé le pays de la Communauté l'envoyé spécial de l'UA, Fransisco Madeira, internationale" et affirment que "la situation tempérait son propos contre Bacar. "On n'est pas actuelle enlève toute légitimité au président venu ici pour renforcer l'un ou affaiblir l'autre, Sambi". Un remake de 1997 en quelque sorte, on n'a pas cherché à déterminer qui a tort ou qui lorsque l'opposition s’était dressée contre Taki en a raison, mais à revenir à la situation d'avant le pleine crise séparatiste. 2 mai", disait-il. Au-delà du conflit entre Bacar KES et LG deux mois de crise

26 avril. La Cour constitutionnelle rend un arrêt l'UA et des forces anjouanaises. controversé qui donne raison au gouvernement de 5 juin. Les forces anjouanaises empêchent l'avion l'Union, auteur d'une requête demandant à la haute transportant Sambi d'atterrir et repoussent violement juridiction de constater l'expiration du mandat du la foule venue l'accueillir. président Bacar en même temps que l'incompétence 7 juin. Sambi signe un décret reportant d'une semaine de la Cour d'appel de Ndzuani à désigner celui qui l'élection à Ndzuani. assumerait la vacance du pouvoir, conformément à 8 juin. Les forces de l'UA présentes à Ndzuani se retirent. l'article 21 de la Loi fondamentale de l'île. 10 juin. Le gouvernement anjouanais organise l'élection 29 avril. Sambi signe un décret nommant Kambi en dépit de la désapprobation de la communauté Houmadi président par intérim de Ndzuani. internationale. 2 mai. Les Forces de gendarmerie anjouanaise ouvrent 19 juin. Le comité ministériel des pays de la région se le feu sur les éléments de l'Armée nationale de réunit au Cap, en Afrique du sud, réitère son rejet de développement qui ont investi certains bâtiments cette élection et menace le gouvernement de Ndzuani officiels pour installer le président par intérim. de sanctions si des élections sécurisées ne peuvent être 11 mai. Un accord est signé entre Sambi et Bacar sous organisées sur l'île. l'égide de l'Union africaine. Bacar quitte le pouvoir mais 24 juin. Une délégation ministérielle conduite par la un membre de son gouvernement jugé modéré, ministre sud-africaine Dlamini-Zuma rencontre Sambi Doihirou Halidi, est nommé président par intérim. puis Bacar ; elle propose d'ouvrir de nouvelles L'élection doit se tenir sous sécurisation conjointe de négociations à Pretoria.

26 kashkazi 65 juillet 2007 bacarland décryptage L'homme qui n’aimait pas la politique Intelligent mais taciturne et méfiant, militaire sans engagement idéologique, le président autoproclamé de Ndzuani, Mohamed Bacar, s'est radicalisé ces derniers mois. Portrait d’un caïd devenu président.

stratège ou jusqu'au-boutis- SUPER te forcené ? Le culot avec lequel le président autoproclamé de Ndzuani tient tête à l'Union des Comores comme à la communauté internationale, oblige à s'interroger sur la personnalité de cet homme au destin parti- culier et à l'image trouble. Mohamed Bacar naît en 1962 à Barakani, non loin de Mutsamudu, dans une famille relative- ment privilégiée : son père est un ancien militai- re de l’armée française. Il en gardera un goût pour ce qui était à l'époque du luxe, affirme un enseignant qui le fréquentait durant son enfance. "Il avait accès au mode de vie d'une petite famille bourgeoise : la radio, un électrophone, une pièce en dur. Sa famille était plus riche que la plupart des familles de Ouani 1. J'ai remarqué qu'il tenait à garder ce standing quand on était jeunes." La position sociale de son père permet- tra à tous les enfants Bacar de faire des études : parmi la fratrie, Fatima dirige aujourd'hui l'Université d'Anjouan, Abdou (lire par ailleurs) les forces de gendarmerie. L'un de leurs frères, responsable à la Caisse de sécurité sociale de Mayotte, s'est attiré l'année dernière les foudres du mouvement des femmes “leaders de la vi publique”, hostiles aux cadres franco-comoriens. Devenu chef de famille après la mort du patriar- che, Mohamed Bacar est décrit comme un très bon élève par tous ses camarades de l'époque.

INTELLIGENT, mais réservé voire taciturne : l'image d'un jeune homme peu sociable, d'hu- meur égale, sans passion et sans histoire, ressort des souvenirs des membres de sa promotion, qui ne peuvent s'empêcher d'y lire la préfiguration de ce qu'il est aujourd'hui. "Je l'ai connu comme quelqu'un qui n'était pas tellement ouvert", raconte son ami d’enfance. "Quelqu'un de l'om- son ami d’enfance. "Il ne s'opposait pas à nous, hui au pouvoir. Son bac en poche, le jeune homme ments liés à la mise en place des nouvelles insti- Ci-dessus, bre, qui avait une retenue sur soi même. Ce que mais c'est l'engagement qui lui manquait." Cette quitte Ndzuani en 1984, et poursuit des études tutions. Pis, Bacar ne sépare pas la chose militai- Mohamed Bacar lors j'appréciais chez lui, c'est que c'était un bosseur. absence de conviction politique rend quelque supérieures à l'Université navale de Brest re de la gestion de l'île, fait d'autant plus gênant de son Il travaillait, il ne s'énervait pas. Mais il était un peu incongrue, pour ces militants de jeunesse, (France). En 1987, il intègre les forces de police que son armée rassemble d'anciens miliciens dif- investiture peu marginal… Il jouait juste un peu de guitare." son accession à la tête de l'île. "Je ne sais pas sur son île, où il devient chef de la brigade du port. ficilement contrôlables. Ses sorties sous haute le 14 juin "Il s'intéressait aux sciences, maths et physique", comment il a pu arriver au pouvoir", avoue son Durant cette période, il noue des relations avec la surveillance, encadrées d'hommes qui pointent 2007, à Dar-Nadjah. se souvient un camarade de lycée. "C'est tout." camarade de lycée. "Il était tellement silen- plupart des hommes qui portent à bras le corps son leur arme à l'arrière des véhicules ; l'impunité Timide, répugnant à s'exprimer en public, le cieux… il y a des gens actifs politiquement, on système, parmi lesquels Djaanfar Salim et Le Roi dont bénéficient les soldats prompts à commett- jeune Bacar se tient ostensiblement à l'écart du sent qu'ils peuvent être politiciens. Lui, non." "Il Fort (lire page suivante). Quatre ans plus tard, il re toutes sortes d'excès ; la brutalité du régime et mouvement contestataire des années 70. n'a pas travaillé pour devenir un homme public", poursuit aux Etats-Unis une formation de langue le bâillonnement de l'opposition politique et du "J'animais toujours des grèves au lycée", renchérit l’autre. "D'ailleurs maintenant, si on anglaise avant de continuer ses études dans le syndicalisme ternissent son image. Au fil des explique son camarade. "Lui était seul, il restait regarde comment il réplique, on voit qu'il a peur domaine de la police maritime, toujours derrière." "En 1979, j'ai essayé de lui de la dialectique." puis intègre l'École de faire connaître les idées de Msomo wa nyume- C'est donc hors du champ politique que le futur Gendarmerie de Melun, en France, “Il aime dire qu’il est avant tout un gendarme, qu’il peut faire ni 2, mais il n'était pas tellement tenté", raconte colonel va tisser la toile qui le maintient aujourd'- indique sa biographie officielle. De une enquête pour connaître beaucoup de choses.” retour en pleine crise séparatiste, il dirige les combats contre l'armée UN DE SES ANCIENS CONSEILLERS nationale en 1997, puis s'impose peu à peu comme un acteur des négociations. années se révèle un homme méfiant, sans parole, "Dans l'armée, il a réussi à avoir son clan. Il s'est aux abois. "Il ne fait pas confiance à n'importe “sarko”, le mal nécessaire fait des amitiés solides", observe un homme d'af- qui", affirme l'un de ses anciens conseillers qui a Les deux font la paire, et chacun tient l'autre par ses petits secrets. Complices faires qui connaît bien les rouages du régime tenu à rester anonyme. "Il peut vous donner ren- depuis l'époque où ils travaillaient tous deux au port (lire page suivante), Mohamed anjouanais. dez-vous et puis finalement, non. Il dit qu'on n'a Bacar et Djaanfar Salim se sont retrouvés quand le militaire s'est emparé du pouvoir. jamais eu rendez-vous. Il aime dire qu'il est L'évènement tombait à pic pour Djaanfar, qui avait été expulsé vers Maore après EN 2000, il renverse le colonel Abeid qui diri- avant tout gendarme, qu'il peut faire une enquê- avoir fomenté des troubles contre Abeid. "Il est rentré quand celui-ci a été déposé", geait l'île. "De la basse-cour il était le seul coq", te pour connaître beaucoup de choses. Il place raconte un proche qui l'a plus ou moins perdu de vue depuis. Après son élection en ironise son ancien ami pour justifier cette acces- des gens pour les avoir avec lui et ne les écoute 2002, Bacar nomme celui qu'on appelle aujourd'hui “Sarkozy” ministre des Affaires sion au pouvoir. En 2002, il est élu démocrati- pas, ne leur donne même pas de bureau pour NOTES étrangères, puis de l'Intérieur. Il devient rapidement le numéro 2 du régime : c'est bien quement, fort de la confiance suscitée par le s'asseoir. En tant que conseiller, je faisais mes 1 Ouani est une ville simple, rien ne se passe sans qu’il n’en soit prévenu. Adepte de la manière forte pour rétablissement de l'ordre. "Il a été élu car durant rapports chaque semaine, mais il n'a jamais réservoir de l'élite trois mois il a payé les fonctionnaires", affirme donné suite. Un jour, j'ai essayé de lui serrer la anjouanaise ; régler les conflits sociaux, il est aussi le beau parleur du gouvernement. Son engage- Barakani, un ment dans le sport et sa générosité envers les équipes de foot lui assurent une assise notre homme d'affaires. "Les gens se sont dit : main le matin… ses hommes m'ont bousculé ! Il modeste village parmi les jeunes de la capitale. Lui-même nous affirmait en mai dernier qu’il disposait c'est le meilleur ! Ça a suffi. C'est pour ça sait qu'il est là par la force des armes et il se voisin. d’“escadrons de la mort” qu’il pouvait activer “à tout moment”... qu'aujourd'hui, il se dit que tout est possible." méfie de tout. Il est vachement intelligent. Il sait 2 Mouvement "Quand Bacar est venu, on cherchait des piliers et des gens qui osent défendre le chef Mais les Anjouanais vont déchanter. Si le militai- ce qu'il fait." culturel de jeunes dans la capitale", explique un ancien camarade de Bacar. "Djaanfar s'impose. Il aime re mène d'une main de fer les négociations statu- L'une des principales caractéristiques de son lié aux courants indépendantistes défendre ses idées." "Mohamed a maintes fois dit que Djaanfar est un fusible", révèle taires et ne lâche rien quant à l'autonomie de l'île, régime est son absence totale de ligne politique, et marxistes l'ancien ami de "Sarko". "Il n'a pas quelqu'un d'autre pour faire le sale boulot." Mais la population ne voit pas la couleur des avan- exceptés le bras de fer avec les autorités 3 République "si Djaanfar voit que ses intérêts sont en jeu, il est capable de mettre le feu. C'est pour tages tirés de celle-ci, hormis des facilités pour nationales et un désir de relations privi- fédérale islamique ça que Bacar lui a toujours tenu la main. Il est le mal nécessaire." les démarches administratives, et les recrute- légiées avec Maore et la France. C'est ce ... des Comores

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... qui explique, pour notre homme d'affai- enjeux économiques du pouvoir (lire ci-dessous). se, il habite seul, comme un étudiant", indique-t- élections présidentielles des îles. "Est-ce que c'est res, le ralliement de personnalités aussi "Djanffar [Salim], c'est un bouclier, voire un il. "Bacar fait la tournée des popotes, il ne dort un bon président ? La question n'est pas là. Nous hétéroclites que Caambi El Yachourtu, glaive. Il ne conçoit rien politiquement. A pas chez lui à Barakani. Il est entré lui-même avons fait une lutte de dix ans, et maintenant le Abdou Madi, Ibrahim Abdallah et Nassuf Anjouan, les politiques font de la figuration. dans une forme de clandestinité. La radicalisation président de l'Union exige que l'île d'Anjouan Abdallah. "Ce n'est pas un chef de clan politique. Quand Djaanfar monte au front, c'est pour a eu lieu à ce moment-là, on a vu un basculement retourne avec les autres. S'il y avait un candidat Il n'a jamais eu d'idéologie. Ça a toujours été un menacer. Ces gens n'ont jamais eu de prédispo- de sa personnalité. Quand tu n'as pas la douceur qui osait dire qu'Anjouan ne retournera pas là- sition à gouverner, ça n'a du foyer, tes enfants, ta femme qui te demande : bas, je le suivrais. Mais il n'y a que Bacar." jamais fait partie de leurs ‘Où tu nous mènes ?’, tu développes une autre Interrogé après son investiture, le 12 juin, le colo- “Quand tu n'as pas la douceur du foyer, ta femme qui te ambitions de départ." logique. Une fois qu'ils ont coupé tout ça, ça a nel se présentait lui-même comme le dernier demande : ‘Où tu nous mènes ?’, tu développes une autre logique.” L'absence de contrepoids commencé à déraper. Quand ils sont entre mecs, garant des institutions de l'Union. "Ce qui a clo- modéré à l'intérieur du régi- c'est à celui qui grogne le plus fort !" ché avec le président Azali c'est qu'on était dans UN HOMME D’AFFAIRES ANJOUANAIS me explique sa radicalisa- un processus auquel il ne croyait pas", a-t-il tion. "Le problème, c'est BACAR POURRA-T-IL entretenir cette pression lancé. "Lui il pensait : ‘je fais ça pour retrouver ventre mou de personnes autour de lui. Quand il que Bacar ne connaît que le rapport de force", qui maintient les Anjouanais dans le mécontente- la RFIC’ 3. Sambi, c'est pareil. Je suis le seul en est arrivé après Abeid, il n'a fait que reprendre estime notre homme d'affaires. ment passif ? Longtemps, son statut de rempart exercice qui ait suivi ce processus. Ceux qui sont ceux qui étaient là. Il ne s'est jamais préparé à Pour cet observateur du régime, des données d'or- protégeant l'autonomie de l'île a tempéré les excès dans l'Union ne croient pas à cette union d'enti- régner politiquement sur Anjouan." A la différen- dre intime sont aussi à prendre en ligne de comp- de son régime. Aujourd'hui encore, les derniers tés insulaires." Des entités qui ont chacune une ce du colonel Azali qui avait su s'entourer politi- te pour comprendre la stratégie risquée voire sui- séparatistes le considèrent comme leur chance ulti- part très grande de liberté. Histoire de diriger la quement pour diriger le pays, Bacar a géré l'île cidaire du président. Lui et son numéro 2, me. "Les gens n'ont plus envie de lui, mais nous les sienne comme bon lui semble. seul, environné uniquement d'amis presque aussi Djaanfar Salim, ont envoyé en France femmes et guerriers, sommes avec lui parce que nous som- tête brûlée que lui, intéressés surtout par les enfants. "Djaanfar est séparé de sa seconde épou- mes séparatistes", nous disait un milicien avant les LISA GIACHINO Des réseaux mafieux en guise de tirelire Le port de Mutsa est le poumon du système Bacar. Quant aux banques offshore, elles suscitent bien des interrogations.

ceux qui suivent de près la né son maintien à Mutsamudu. J'ai interpellé viennent chez moi et me disent : ‘Il ne faut d'argent, bien entendu. Des sociétés se sont qu'elle n'a jamais agréés, a ainsi porté plain- POUR bande à Bacar, la question Bacar et lui ai présenté les arguments qui pas déclarer les marchandises, on va les ren- elles-mêmes spécialisées dans la délivrance te au Parquet de Moroni contre les créateurs de savoir pourquoi elle est prête à tout tenter avaient motivé ma décision. Il s'est emporté. trer directement.’Et la somme à payer est d'immatriculations et les démarches à effec- ou propriétaires de plusieurs sites Internet 7. pour se maintenir à la tête de Ndzuani ne se J'ai saisi le commandant de la gendarmerie divisée par deux !" tuer dans le "pays d'accueil". La poursuite des activités offshore met les pose même pas. A les entendre, les enjeux à Moroni, qui a envisagé de le relever de ses Dans ce système illégal mais intégré aux Comores dans une situation délicate, notam- financiers valent bien que l'on risque sa peau. fonctions. Cela ne s'est pas fait, sans doute rouages de l'Etat, les "mauvais payeurs" ne INAUGURÉ à Ndzuani en 1999 -un an ment vis-à-vis des Etats-Unis, qui condition- La bataille menée par le pouvoir de l'île afin parce qu'il y a eu des pressions. Je sais qu'à manquent pas d'être punis. "Un jour, j'ai avant l'arrivée de Bacar au pouvoir-, le sec- nent certaines de leurs aides à leur cessation. de garder le port sous son contrôle n'est pas l'époque, Bacar avait le soutien du gouver- embarqué neuf conteneurs. Trois ont été teur va connaître sous sa présidence des Le secteur offshore, quasiment incontrôlable, un hasard. Celui-ci est en effet le poumon qui neur d'Anjouan, Mahamoud Attoumane, qui déclarés, trois ont été payés en cash, et pour rebondissements invraisemblables. Fabien est en effet mis à l'index dans le cadre de la alimente Bacar et ses proches, le cœur d'un était membre de l'Opia 1." "A ce moment là, payer les trois derniers, j'attendais un vire- Leclerc, un Réunionnais, est le premier sur le lutte contre le blanchiment d'argent. La Wall système mafieux où plus on est de corrom- Barakani était surnommé Dubaï", rappelle ment. Et bien, ils sont venus fermer mon coup en assurant la gestion du Bureau des Street Bank, immatriculée à Chitsangani, pus, plus on gagne. Bacar et Djaanfar Salim un ancien ami de Bacar. Le vol à Maore de magasin ! Sans aucun papier…" Quand ils compagnies internationales (BCI), officielle- Mutsamudu, fait ainsi l'objet d'une enquête n'ont fait en l'instaurant qu'institutionnaliser vedettes et de moteurs hors bord expédiés à sont à cours de liquidités, les hommes du ment autorisé -par l'île- à délivrer des licen- au Parquet de Lyon pour "escroquerie en les entourloupes expérimentées lorsqu'ils y Ndzuani était alors florissant. Peu d'affaires régime fournissent des "avoirs sur douane" : travaillaient dans les années 90, le premier remontaient jusqu'au tribunal, suggérant une "C'est un papier sur lequel il est écrit que tu comme chef de brigade, le second comme complicité de la part des gendarmes. peux faire rentrer pour 4 ou 6 millions de Inauguré en 1999, le secteur des banques offshore douanier. C'est aussi à cette époque que les sardines et autres marchandises…" Les rares va connaître des rebondissements invraissemblables deux compères se sont liés avec celui que DJAANFAR SALIM non plus n'est pas un commerçants qui paient normalement leurs l'on nomme Le Roi Fort, l'un des principaux ange. Dans les années 90, "il a été pincé une taxes font grise mine. "Il y a une concurrence importateurs de l'île. "L'argent passe par le fois à la douane de Moroni, quand il était au contre laquelle on ne peut rien" fulmine l'un ces offshore. Après la mise en place de bande organisée". Selon un communiqué des port. C'est là que tout peut se partager", service des exonérations", affirme l'une de d'eux, refusant d'en dire plus. "Il a créé une l'Union, Leclerc tentera de régulariser la institutions financières françaises, cette socié- confie un habitant de Mutsamudu qui connaît ses vieilles connaissances. Il poussera égale- forme de racket où tout le monde est de situation des établissements immatriculés à té, "dont le siège social serait situé en bien le milieu économique. "Bacar s'y est fait ment son épouse, comptable chez Air connivence", lance un connaisseur du milieu Ndzuani. Mais selon lui, le torchon commen- République d'Anjouan, [le] siège administra- des amitiés solides basées sur des complici- Comores, à imiter la signature de son direc- économique. ce à brûler en avril 2003 quand un conseiller tif en Grèce, les services financiers au tés de canailles. Djaanfar était receveur des teur -"Djaanfar monnayait les chèques signés Le système a le double avantage de permett- de Bacar, Amirdine Mohamed, décide unila- Royaume Uni et les services techniques en douanes… C'étaient des copains/coquins ! à la caisse de la douane". Sa femme sera re de détourner de l'argent à des fins person- téralement de faire passer de 10 à 10.000 dol- France (…) se présente en tant que banque On ne peut pas comprendre leur amitié si on arrêtée. Pas lui... nelles, et de soustraire des recettes au budget lars par mois le tarif des royalties dues aux d'affaires privée à vocation internationale, et ne connaît pas cette période." Mais ces magouilles ne sont que broutilles à national, puisque toutes les sommes décla- autorités anjouanaises par la Bank of déclare être agréée par les plus grandes insti- La rumeur parle de trafic de cigarettes com- côté du système mis sur pieds après l'arrivée rées aux douanes des îles sont versées à la Anjouan, une institution offshore créée par tutions mondiales (…)” Or, la société "Wall mercialisées par le fameux Le Roi Fort, qui au pouvoir des deux hommes. De nombreux Banque centrale des Comores avant d'être BCI. Bacar révoque ensuite le contrat qui lie Street Bank ne dispose pas de l'agrément aurait bénéficié de ses amitiés en ne payant témoignages rapportent que les importateurs redistribuées. Quelle est l'ampleur des som- Ndzuani au BCI au profit d'un Britannique, (…) nécessaire à l'exercice d'opérations de mes détournées ? Difficile de le savoir. La Johnny Sei-Hoe Hon. Patron de la Global banque en France". Dans les forums de dis- directrice des douanes de Ndzuani, une inti- Bank Ltd, enregistrée dans l'offshore à cussion virtuelle, des informations circulent Le système a l’avantage de détourner de l'argent à des fins me de Mohamed Bacar, a refusé de nous Ndzuani, cet homme d'affaires est devenu l'a- sur des investissements et transactions bidon, personnelles, et de soustraire des recettes au budget national recevoir alors que nous demandions de sim- gent à l'étranger de l'Offshore Financial portant notamment sur de l'or, que propose- ples statistiques. A Moroni, un inspecteur des Authority créée par les autorités anjouanai- rait cette société. douanes soutient que "les conteneurs débar- ses, rapporte La Lettre de l'Océan Indien 3. Combien ce filon a-t-il rapporté aux autorités pas les taxes prévues. "Il fut un temps où on sont contactés pour qu'ils paient directement qués en provenance de Dubaï ne correspon- Mais le BCI continuera ses activités et les anjouanaises ? Sur le site officiel de l'île 5, le achetait les cigarettes à Anjouan parce qu'el- en espèces les frais de douane, en échange de dent pas aux recettes déclarées". deux businessmen se livreront une guerre prix des licences proposées varie de 10.000 à les étaient moins chères", confirme un quoi leurs taxes sont allégées. "J'ai un ami Cependant, la douane anjouanaise n'est pas la acharnée via leurs sites Internet respectifs et 200.000 euros. On ignore toutefois le nombre inspecteur de la douane basé à Moroni. "On qui avait un conteneur de 40 pieds venant de seule à souffrir de corruption. "A partir de les forums de discussion spécialisés (jusqu'à de licences délivrées et les modalités de l'ac- était obligés de les saisir quand elles arri- Dubaï", raconte un commerçant. "40 pieds, 1999 2 et jusqu'à un an de la fin du mandat ce que Johnny Sei-Hoe Hon gagne le 2 cord avec Johnny Sei-Hoe Hon. "En tant que vaient ici." Le Roi Fort, auprès duquel nous ça fait 2 millions de fc [4.000 euros, ndlr] de d'Azali, j'ai été mis à l'écart et je ne pouvais février dernier le procès en diffamation centre financier offshore, Anjouan va conti- souhaitions vérifier cette information, n’est taxe. Dans ce conteneur, il y avait aussi la pas faire les vérifications sur les déclarations devant la Haute Cour de Justice de Londres, nuer à se développer et à prospérer", promet pas venu à nos rendez-vous. voiture commandée par un directeur du régi- et exonérations au port de Moroni", révèle face à Fabien Leclerc qui a dû cesser ses acti- Bacar sur le même site à l'intention des Une affaire de vedette volée à Maore met me. Ça fait au moins 500.000 fc de taxe l'inspecteur. vités). Entre temps, l'Organisation mondiale investisseurs potentiels. Au profit de qui ? également en cause Mohamed Bacar à l'é- [1.000 euros, ndlr], plus une amende de de la propriété intellectuelle avait débouté le poque où il dirige la brigade de gendarmerie 500.000 fc car le volant était à droite. Quand EN PLUS DE LA MACHINE bien huilée gouvernement de Ndzuani, qui demandait le LG (avec KES) du port, en 1994. Connaissant la propriétaire le conteneur est arrivé, le directeur a dit : du port, Bacar et sa bande ont géré un filon retrait des noms de domaines possédés par de l'embarcation, un magistrat s'occupe de la ‘Moi je sors ma voiture. Il n'a payé que beaucoup plus mystérieux : les banques et Fabien Leclerc. 4 lui réexpédier dès qu'il apprend qu'elle a été 40.000 fc [80 euros, ndlr]. Mon ami a vu son sociétés offshore. Le principe est simple : Les activités offshore se déroulent à 1 Organisation pour l'indépendance d'Anjouan retrouvée. Il contacte les autorités judiciaires beau-frère, un militant de Bacar, à qui il s'est dotées d'une immatriculation, d'un siège Ndzuani en toute illégalité : non seulement 2 Année du coup d'Etat d'Azali 3 mahoraises, s'occupe des formalités et suit plaint. Son beau-frère a pris son document. Il social et éventuellement d'un secrétariat l'Union des Comores ne les autorise pas, LOI n°1096 4 personnellement l'embarquement de la vedet- n'a finalement payé que 800.000 fc [1.600 dans un pays où elles n'exercent aucune mais ses promoteurs utilisent l'emblème de www.anjouan.net, principalement 5 te sur un bateau qui s'apprête à appareiller euros,ndlr]…" Le système fonctionne aussi activité, les sociétés offshore bénéficient l'île et la qualifient de République comme http://www.anjouan.gouv.km 6 pour Dzaoudzi. "Je suis passé au port après pour les exportateurs. "A chaque fois que je d'une fiscalité dérisoire et échappent à cer- s'il s'agissait d'un pays indépendant 5. La Malgré nos nombreuses sollicitations auprès des gouverneur et vice-gouverneur, nous n'avons pas 6 le départ du navire et surprise, j’ai retrouvé prépare un embarquement, je vois arriver taines contraintes des pays où elles tra- Banque centrale , qui doit régulièrement été reçus à la Banque centrale la vedette rangée au magasin. J'ai appris que soit un douanier, soit un grand ami de Bacar, vaillent réellement. Tout peut se faire à dis- répondre à des demandes de renseignement 7 www.anjouan.net , www.mwali.org, c'était le commandant Bacar qui avait ordon- soit le frère du receveur des douanes. Ils tance, grâce à Internet, moyennant un peu ou des plaintes à propos d'établissements www.insad.com

28 kashkazi 65 juillet 2007 AVIS D'APPEL PUBLIC À LA CONCURRENCE UNION des COMORES - Ile de Ngazidja Projet de réseau d'eau potable. 1) Financement : Union Européenne 75 %- Président du Comité de Gestion, tel. 34 27 Komoros Gouvernement Comorien 20%-ACKE 12 ; [email protected] L’agenda d’Histoire des Comores - HSF-France - tel. 04 79 69 35 08 ; hydrau- 2) Pouvoir adjudicataire : Hydraulique [email protected] Sans Frontières (HSF)-France (maître Les dossiers seront remis sous forme remercie ses partenaires d'œuvre) - Assoc. DIASCOM et ACKE. électronique (CD) après paiement de : Lot et prépare sa nouvelle édition... N° 1 : 150 € / lot N°3 : 75 €. Règlement 3) Procédure de passation des marchés : auprès de la Mairie de ou par vire- appel d'offres ouvert. ment bancaire (demande par mail) auprès de HSF. 4) Objet : région de OICHILI, réalisation L’année dernière, le Groupe Sodeco, d'un réseau d'eau potable pour les villages 10) Justifications à produire quant aux la Cour constitutionnelle, la Maison côtiers. capacités du candidat : lettre de candidatu- re ; tous renseignements permettant d'éva- Makas, CBE, le Syndicat national des 5) Caractéristiques : alimentation des villa- luer les capacités professionnelles, tech- agriculteurs comoriens, Air austral, Mam-we, la mairie de La ges côtiers à partir du puits ONU40. niques et financières du candidat ; liste des - Lot N°1 : canalisations. Conduite PEHD réalisations effectuées au cours des 5 der- Possession, Comores Automobiles Services, Ario Comores, la région PN10 D.140 (850ml) ; D.125 (3500ml) ; D.75 nières années dans le type de travail Réunion, l’Université des Comores, Vitogaz, ADC, la Maison des (3600m) ; PN 16 et 10, D63 (2700ml) ; D40 demandé ; déclaration du candidat signée ou moins (2400ml) ; Robinetterie diverse ; justifiant que l'entreprise est en règle avec épices des Comores, l’Union européenne et le CA-ON du FED, regards et branchements vers bornes fontai- toutes les obligations fiscales et sociales de ne (25 U). son pays d'origine, et qu'elle n'a pas été EGT, La Piscine, la Banque de la Réunion (agence de Mayotte), - Lot N°3 : génie civil. Construction de 3 condamnée depuis ces dernières années la Maison Doudou Tainamor, l’Union des Meck, Nicom, Sécuricom, réservoirs circulaires en Béton Armé ; 2 x par un tribunal, soit Comorien soit de son 120 M3 / 1 x 60M3 ; regards et bornes fon- pays d'origine. Horizons Conseils, la Douane comorienne, la Société comorienne taines dans les villages. des Hydrocarbures et 2 VM Consulting nous ont accompagnés 11) Modalité de paiement : situations men- 6) Variantes : non autorisées. suelles de travaux payées en EUROS après pour la première édition del’agenda Komoros. Océan Editions les accord par virement bancaire-45 j maxi. 7) Tranches : une tranche ferme est prévue remercie de leur confiance et donne rendez-vous à ses annonceurs + des tranches conditionnelles en fonction 12) Date limite de remise des offres : avant le 15 septembre pour préparer la sortie de Komoros 2008, des résultats d'essais. 03/09/2007 à 16h par courrier recommandé ou pli spécial adressé à HSF-France. prévue pour décembre prochain. 8) Calendrier : passation marchés : nov. 2007 - travaux : 2008. 13) Renseignements administratifs et techniques : HSF-France ou HSF-Koimbani Pour réserver votre espace, contactez dès maintenant Graphica 9) Retrait des dossiers : (du 16/07/07 au 10/08/2007). au (00269) 73.59.65 ou 33.29.59. - Mairie de Koimbani : Abdallah Said, Maire Date d'envoi de l'avis à la publication : de Koimbani : tel. 33 60 17 ; Mbae Oumari, 22/06/2007.

kashkazi 65 juillet 2007 29 décryptage présidentielles Fraudes électorales : une réalité Comme chaque année, le scrutin présidentiel des îles n'a pas échappé aux irrégularités. Mais depuis que les Comoriens

d'un reportage à Ndzuani, l'opprobre sur les conditions d'élection de son avant le second tour. "Nous sommes prêts à tuer si Sur la forme, elle a jugé irrecevables celles qui lors du scrutin non reconnu rival : "On soupçonne mes militants de toutes les l'on tente de nous voler les élections. On a tout disposaient de preuves et sur le fond, elle a exigé AU HASARD du 10 mai, l'envoyé spécial tentatives de fraude, on oublie ceux qui distri- donné pour gagner loyalement et nous n'allons pas des preuves pour justifier les autres... de RFI demande à un président de bureau si tout se buaient l'argent illégalement comme la poussière permettre des magouilles", alertait Mahé, le vice- "Nous avons constaté par un huissier des irrégula- passe bien. "Oui oui, on manipule les votes", sur l'ensemble de l'île pour tromper l'opinion des président du parti. L'écart creusé par Abdouloihabi rités notoires. Plusieurs enveloppes n'étaient pas répond celui-ci le plus naturellement du monde. Un électeurs. S'il y a eu des irrégularités ce n'est pas a cependant dissuadé les partisans de Larifou de scellées au moment d'arriver à la Commission lapsus certes, mais révélateur de la culture électora- moi qui les ai commanditées puisqu'elles ne sont mettre leurs menaces à exécution. électorale. Nous accusons les résultats d'avoir été le dans l'archipel : la fraude pour gagner des élec- pas en ma faveur. J'en suis victime, ce n'est pas le Y a-t-il eu réellement des fraudes ? A Ngazidja, changés en cours de route et les militaires qui tions passe pour une pratique quasiment endogène, verdict des urnes qui m'a vaincu", dit-il avant Saïd Larifou n'est pas le seul à le dire : plusieurs acheminaient les résultats d'être complices. Mais qui a ses spécialistes et ses codes bien établis. Une d'appeler ses partisans à accepter la défaite pour candidats ont introduit, avant la proclamation offi- nous avons constaté une mauvaise foi de la part de faute que l'on commet pour obtenir un gain ou blo- la Cour constitutionnelle. Elle m'a attribué la quer l'adversaire, mais contre laquelle on est le pre- requête introduite par le président Elbak alors que mier à crier dès lors qu'on en est la victime. “Nous sommes prêts à tuer si l’on tente de nous voler je n'ai fait que la déposer", se plaint Dini Nassur, Le scrutin présidentiel des îles n'a pas échappé à la les élections. On a tout donné pour gagner loyalement.” conseiller du président sortant de Ngazidja. règle. Les duels du second tour se sont soldés le 24 Ces accusations sont rejetées en bloc par le prési- juin par la victoire des deux candidats se réclamant UN PARTISAN DE LARIFOU, À LA VEILLE DU SECOND TOUR dent de la Commission électorale nationale indé- de la mouvance de Sambi. A Ngazidja, Mohamed pendante, qui assure qu’"aucune enveloppe n'est Abdouloihabi (56,55%) a confirmé son avance au "préserver la paix sociale". Entre les deux tours, cielle des résultats du 1er tour, des requêtes auprès arrivée non scellée à la commission, les risques premier tour face à Saïd Larifou du parti Ridja un rapport du ministère de l’Intérieur de l’île a par de la Cour constitutionnelle. Parmi eux, Kamar qu'une enveloppe soit ouverte en route sont nuls et (43,45%). A Mwali, les 12.534 votants ont choisi ailleurs accusé des éléments de l’armée nationale Ezzamane s'est plaint que "ses assesseurs au cours surtout les acheminements étaient assurés par une Mohamed Ali Saïd (56,59%) qui affrontait le pré- d’avoir “renvoyé des électeurs soupçonnés de ne du décompte des bureaux de vote ont observé des force conjointe de l'Union africaine et de l'armée sident sortant Mohamed Saïd Fazul. Deux victoires pas être en faveur du candidat Mohamed Ali Saïd”, incohérences entre le nombre des bulletins conte- nationale". Toutefois, après plusieurs réclamations contestées par les challengers qui attribuent leur et le Procureur de la République de procéder “à des nus dans l'urne et le suffrage exprimé, compte tenu du Ridja, certaines procédures ont été revues durant défaite à une fraude organisée par le pouvoir. A intimidations et arrestations arbitraires à l'égard des des émargements", et a demandé à la Cour de véri- le second tour. Pour éviter que des bulletins exter- Mwali, où un assesseur a été interpellé en pleine militants et sympathisants” de Fazul. fier les empreintes digitales. En tout, quatre requê- nes soient introduits dans l'urne, tous étaient signés tentative de manipulation des bulletins, Fazul jette A Ngazidja, le parti Ridja s'était montré agressif tes ont été déposées. La Cour les a toutes rejetées. au dos par le président du bureau de vote.

CELA N'A PAS SUFFI. Des témoignages confir- ment des tentatives de corruption des agents électo- raux. "Un baron de la candidature d’Abdouloihabi dans le quartier est venu me demander de quitter le bureau pour les laisser remplir les urnes. J'ai demandé comment cela serait possible alors qu'il y Abdouloihabi : l'expérience discrète avait un président et d'autres membres du bureau. Ils m'ont expliqué qu'il n'y avait pas de problème. J'ai compris que les autres étaient déjà corrom- Le nouveau président de Ngazidja est élu au terme d'une carrière politique longue mais restée dans l’ombre. pus", affirme un assesseur du bureau 1 de Moroni Irougoudjani. Près de Bacha, un autre assesseur du ras-le- confirme "qu'on [lui] a proposé 75.000 fc [150 BÉNÉFICIAIRE bol des euros, ndlr] et un téléphone portable pour [qu'il] électeurs quant au conflit de compétences entre les îles abandonne un moment [son] poste". Seule la véri- et l'Union, le nouveau président de Ngazidja semble fication des empreintes digitales des votants pour- avoir les idées claires à ce sujet. "Ma détermination à rait infirmer ou confirmer cette thèse, mais la Cour m'engager dans ce combat tient de la volonté de rom- se déclare incompétente en la matière. pre ces conflits. Il faut créer des collaborations et des complémentarités, qu'au niveau des îles, il y ait une AUTRE MOTIF de polémique, le jour du premier équipe qui parle le même langage que celui de tour, dimanche 10 juin, un agent du Trésor public a l'Union." Pourra-t-il mettre en pratique cette philoso- été interpellé par la police. "On a eu un appel ano- phie ? La question passionne la presse, qui s'interroge nyme nous indiquant qu'un groupe de gens du pou- sur le mystère de la fulgurante ascension de Mohamed voir se trouvait au Trésor pour corrompre les élec- Abdouloihabi, passé en un peu plus d'un an de l'ombre teurs. On a trouvé un agent. La voiture du directeur des couloirs de Beit Salam aux projecteurs de la prési- de cabinet du président de la République était aussi dence de Ngazidja. Un parcours que l'intéressé analy- sur place. Après 15 minutes d'interpellation et un se simplement comme "la suite logique d'une carrière ordre venant de nos supérieurs, nous avons libéré marquée par une volonté de faire fonctionner la l'agent. Le ministère des Finances est intervenu République". pour nous dire qu'il s'agissait d'un décaissement Ce magistrat âgé de 50 ans n'est pas un novice de la normal", indique le commissaire central de politique. Fils d'un notable de Singani, maître cora- Moroni, Attoumane Ali Mroumé. Si aucune preu- nique et enseignant d'arabe, Mohamed Abdouloihabi ve ne l'atteste, un témoin de l'arrestation soupçonne est l'avant dernier garçon d'une famille bien installée à le pouvoir d'avoir destiné cet argent "à donner à l'é- Mdjoiezi, le village de sa mère, dans le , au retrouve le palais de justice de Moroni en tant que parti unique. Nommé Procureur de la République, il lecteur un bulletin pré coché. Une fois voté, l'élec- sud de Moroni. "Il doit à son père sa connaissance de juge d'instruction. En 1991, c'est lui qui instruit le dos- est remercié quatre mois après pour avoir poursuivi le teur revient avec un bulletin vierge, ce qui signifie la science religieuse et son assiduité pour la mosquée sier des magistrats de la Cour suprême poursuivis directeur de cabinet du président. Auteur de la Charte qu'il a utilisé le bulletin pré coché. C'est à ce qui l'éloigne des espaces coutumiers, contrairement pour atteinte à la sécurité de l'Etat, après une tentative constitutionnelle du régime militaire issu du coup moment qu'il obtient son cachet". aux gens de sa génération", raconte Issa Mfoungoulié, de destitution du président Saïd Mohamed Djohar. d'Etat mené par Azali en 1999, Mohamed Abdouloihabi n'est cependant pas le seul à avoir un fonctionnaire du village qui l'a vu naître. Abdouloihabi est alors accusé d'avoir légitimé le régi- bénéficié de ces pratiques. D'autres témoignages Au village, il est l'un des fondateurs de Azhar El SA NOMINATION en 1992 comme secrétaire géné- me putschiste. "Si je ne l'avais pas fait, on aurait indiquent que Ridja n'a pas été en reste, comme Mounawar, une association culturelle - il se passionne ral du ministère de la Fonction publique et de la marché dans l'anarchie", dit-il pour sa défense. Il celui de ce jeune homme de Sanfil à qui le parti a pour le saxophone. Au lendemain de son élection, Justice marque le début d'une longue carrière politique marque ensuite sa distance avec ce régime et part proposé de l'argent pour être assesseur et contribuer c'est dans le foyer construit par son association que les qui le propulse à la tête de plusieurs ministères sous retrouver ses deux enfants à Marseille, où il ouvre un à la triche. C'est là tout le paradoxe : les mêmes qui villageois ont reçu leur “héros”. Comme beaucoup de Djohar. Mais c'est surtout lorsqu'il hérite du porte- cabinet de conseil juridique. Puis il revient soutenir la se livrent à cet exercice sont les premiers à crier au jeunes de sa génération, il a connu le militantisme feuille des Affaires étrangères qu'il se fait remarquer, candidature de Sambi, "un ami qu'il a connu sur le scandale lorsqu'ils en sont les victimes. Comme si "révolutionnaire" des années 70 dans le "Msomo wa en continuant à défendre la cause du président como- terrain religieux depuis 1986", affirme Issa le seul coupable était le pouvoir qui les brime, et nyumeni", avant de rejoindre l'un de ses oncles à rien déporté par la France à la Réunion en 1995. Mfoungoulié, bien qu'il ait décliné son offre de deve- non un système auquel ils participent. Paris. C'est à Epinay qu'il passe son bac en 1979, Membre du Front pour l'action républicaine (Fare), il nir son vice-président à Ngazidja. Elle n'est pourtant pas nouvelle, la fraude. Déjà avant d'entamer une licence de Droit suivie d'une spé- soutient la candidature de Taki et devient son ministre C'est donc un homme d'expérience qui remplace Mze dans les années 60, les électeurs s'étaient faits à cialisation en Relations internationales européennes. de la Justice chargé des Affaires islamiques et du Soulé Elbak. Ses proches lui reconnaissent une l'idée que battre un parti au pouvoir était peine En 1985, il rentre au pays et se fait recruter une année monde arabo-musulman, en 1996. Il suit cependant rigueur et surtout une honnêteté qu'il devra prouver au perdue. "Il y a eu des moments où la victoire sem- plus tard au ministère de l'Education. Reparti en son parti lorsque celui-ci décide de quitter le gouver- cours d'un mandat qui s'annonce mouvementé. blait inévitable tellement l'écart des voix était France pour une spécialisation en magistrature, il nement pour s'opposer au choix de Taki de former un KES fort. Mais c'est justement à ce moment décisif,

30 kashkazi 65 juillet 2007 présidentielles décryptage soumises aux fantasmes votent, ceux qui se livrent à la fraude sont les premiers à crier au scandale lorsqu'ils en sont les victimes. qu'arrivaient les résultats du Nyumakele qui dentiel, elle n'a pas réintégré l'instance alors que allaient changer le cours du scrutin", se rappelle les personnes dénoncées continuent d'officier. un opposant au président Abdallah dont les parti- Jusqu'où les politiques pousseront ces pratiques ? sans se livraient dans cette région reculée de L'affiche placardée en juin sur les murs de la capi- Ndzuani, à un bourrage des urnes à volonté. tale comorienne entre les deux tours de l'élection Après l'indépendance, la fraude a adopté les de Ngazidja -"Contre la fraude électorale"-, aurait contours de la nouvelle organisation de l'Etat. A la pu représenter un début de travail civique auprès tête du dispositif électoral, le ministre de l'Intérieur des électeurs, si son message n'avait pas servi de avait la charge de faire élire les siens. Pendant des slogan à Saïd Larifou. Accompagnée d'une autre années, le puissant Omar Tamou en a fait sa spé- affiche,"Larifou président", son message était cialité. Il le reconnaîtra d'ailleurs au cours d'un clair : "Si je perds, c'est que l'autre a triché." meeting à Badjanani (Moroni), après être passé dans l'opposition. "Avant 1990, la pratique consis- CETTE STRATÉGIE révèle l'autre face de la tait à changer les procès verbaux des bureaux de fraude, vécue comme un fantasme qui permet vote", explique un connaisseur. Cela se passait de délégitimer systématiquement le vain- dans les préfectures, avant que les PV n'atterrissent queur... même quand elle n’a pas changé grand au ministère de l'Intérieur. chose aux résultats. "S'étant laissé persuadé

“L’avocat [Saïd Larifou] avait axé toute sa campagne sur comment éviter qu’on ne me vole la victoire.” MADJUWANI HASSANI

De contestation en contestation, la communauté que la victoire lui était acquise et qu'on se pré- internationale a fini par importer les commis- parait à la lui voler, l'avocat avait axé toute sa sions nationales électorales. Dans le nouveau campagne sur comment éviter qu'on ne me vole dispositif, la présence des représentants des can- la victoire", analyse Madjuwani Hassani dans didats dans chaque organe, la multiplication de Al-watwan. Anticiper sur la fraude pour nourrir ceux-ci, la désignation par les candidats d'asses- une stratégie de victimisation, voilà qui réédite seurs dans chaque bureau de vote et surtout la la vieille équation "tsi shindwa mana tsihibi- suppression de l'intervention du ministère de wa". Or tant que ce réflexe perdurera, les l'Intérieur, ont rendu quasi impossibles les mani- Comores continuerons à dilapider les millions pulations des procès-verbaux en aval. de francs quémandés aux pays “amis” pour Des failles continuent pourtant d'exister. payer les commissions électorales, déplacer les L’élection de l’Union l’a rappelé en 2006. observateurs, voter sous le contrôle des armes L'Observatoire des élections, un organe indépen- et se féliciter ensuite d’avoir organisé une élec- dant représenté sur les trois îles, avait alors consta- tion "répondant aux critères d'un scrutin libre, té que "le 19 avril 2006, la Cour constitutionnelle transparent et acceptable". s'est prononcée sur les procès verbaux de 213 bureaux de vote sur 221". Autrement dit, huit PV KAMAL'EDDINE SAINDOU et de bureau de vote se sont volatilisés durant les pri- AHMED ABDALLAH (avec LG et DOM) maires de la présidentielle de l'Union. Ainsi, c’est désormais en amont que se joue la fraude depuis la mise en place des commissions électorales.

L'OBSERVATOIRE des élections constate que "la prolifération des procurations" est devenue sa première forme. Cette pratique qui permet aux candidats d'acheter les voix adverses est la plus Ali Saïd : le novice inattendu discrète puisqu'elle se joue à l'extérieur des bureaux de vote. La corruption des assesseurs a quant à elle a été flagrante lors des primaires de la Des six candidats en course à Mwali, Mohamed Ali Saïd était le moins en vue... et le moins politique. présidentielle de l'Union. Les présidents des bureaux de vote avaient été triés "parmi les parti- pronostics ne le donnaient Mohamed Ali Saïd a réussi à concentrer sans du candidat Caambi El Yachourtu à 90%", LES pas favori. Les candidats en l'attention des électeurs sur son princi- avait révélé à l'époque l'envoyé spécial de l'Union course pour la présidentielle mohélien- pal adversaire et n'a pas eu besoin de africaine, qui avait exigé un rééquilibrage. ne, qui redoutaient d'avantage développer un programme qu'il n'avait Certaines fraudes moins courantes sont imaginées Mohamed Saïd Fazul, le président sor- sans doute pas. Cette stratégie de per- suivant les enjeux des scrutins. A la veille du tant, n'avaient cure de ce nouveau venu sonnalisation de sa campagne lui a éga- second tour de la présidentielle de l'Union du 14 auquel l'élite locale avait donné le sobri- lement permis d'épargner les autres pré- mai, un membre de la Commission nationale élec- quet de "petit poucet", se moquant ainsi tendants qu'il a ainsi parvenu à rallier au torale avait été arrêté en flagrant délit de détention d'un cursus scolaire qui se limite à un 2nd tour, isolant Fazul. frauduleuse de cartes d'électeurs et inculpé pour brevet de collège et à un certificat d'étu- Si sa victoire constitue une revanche fraude électorale. Une première qui a révélé la pro- des. "Intellectuellement", le candidat personnelle sur le président sortant, fondeur du mal qui touche le cœur même du soutenu par la mouvance présidentielle dont "la brouille" qui les a séparés après dispositif électoral, les commissions : c'est ici que ne pesait évidemment pas lourd en face l'élection de 2001 relève de "la haine", s'élaborent les listes qui varient d'une élection à d'un détenteur de doctorat universitaire, comme le constate Antufati Soidri dans l'autre, que l'on confectionne les cartes électorales d'un ancien journaliste et d'un fonction- Al-watwan, le fils de l'ancien gouver- portant des numéros qui ne correspondent pas aux naire de douanes. Mais en sous-esti- re de Niumachua, marié et père de six terrain engagé bien avant la campagne neur Ali Said Msa devra maintenant listes. Si les observateurs reconnaissent des amé- mant leur adversaire, les prétendants à enfants- devient donc le deuxième électorale grâce à un mécénat qui l'a composer avec les ralliés du 2nd tour liorations grâce au système des commissions, cel- la présidence mohélienne ont frayé le homme fort de Mwali, succédant à rendu populaire dans plusieurs villages, afin de parvenir à gouverner et à gérer les-ci sont techniques et non éthiques. Devenues chemin de la victoire à Mohamed Ali celui qu'il avait lui-même contribué à et à un réseau familial présent sur l'en- des affaires publiques pour lesquelles il de vraies administrations, elles restent sous le Saïd, qui a pris la tête de la course dès élire en 2001. Ce commerçant classé semble de l’île. On lui doit la construc- n'a aucune maîtrise. Il devra aussi résis- contrôle des gouvernements. le premier tour et a confirmé son avan- parmi les plus grandes fortunes de l'île, tion de plusieurs mosquées et la fourni- ter aux pressions d'une base électorale Pour avoir dénoncé les pratiques de ses collègues ce le 24 juin par le score sans appel de est un novice en politique et ne dispose ture d'antennes paraboliques dans cer- clientéliste s'il veut éviter le sort de son de la Commission nationale lors des primaires d'a- 57,15% des suffrages, loin devant le de l'administration qu'une connaissance tains villages qui n'avaient pas accès à prédécesseur, très critiqué pour avoir vril 2006, Chouhoura Abdallah avait été rempla- président sortant, qui n'a recueilli que éphémère tirée de sa brève expérience la télévision. En ciblant sa campagne puisé dans les finances publiques afin cée par le président Azali. Malgré un arrêt de la 42,85% des voix. d'enseignant. Il doit cependant son élec- électorale sur une critique tous azimut d'entretenir sa cour. Cour constitutionnelle annulant ce décret prési- A 46 ans, Mohamed Ali Saïd -originai- tion à un long travail de conquête du de la politique du président sortant, KES et DOM

kashkazi 65 juillet 2007 31 décryptage législatives Pourquoi Mansour Kamardine, “le Élu en 2002 sur le thème : “Les Mahorais doivent envoyer l’un des leurs à l’Assemblée”, le député sortant est devenu

au soir du premier tour, Hory, qui a activement soutenu Kamardine lors de me Ahmed Attoumane Douchina, ancien secrétai- 1991 3. "Quand on allait à partir de 1979 prêcher le 10 juin, à M'tsapere. la campagne, la transcrira dans les colonnes de re départemental du parti dont il s'est éloigné en notre parole RPR dans les villages, on nous pre- NOUS SOMMES Devant le QG du dépu- Mayotte Hebdo cinq jours après le 1er tour. Dans 2006. Un gouvernement quasi entièrement formé nait et on nous jetait comme des détritus sur les té sortant, militants de base et hommes de pouvoir son humeur (“L'humeur de Bacar Sésé”), il n'hé- de ministres estampillés UMP, comme lui, parmi dépotoirs !" poursuivait-il. Il le clamait lui-même se réunissent pour analyser les résultats. Plutôt site pas à affirmer, sur le ton de la fable, que "le roi lesquels la ministre de l'Outremer, Brigitte en 1988 : "Je dérange et bouscule des habitudes confiants. Pour n'importe quel observateur poli- Simba [Kamardine] mit une énorme gifle / Au Girardin, elle aussi très proche de Chirac. Une pré-établies qui ne servent forcément pas les inté- tique, il ne fait aucun doute qu'Abdoulatifou Aly lapin [Aly] qui tomba sur son petit derrière / En Assemblée très majoritairement composée par des rêts de Mayotte.4" Plus jeune maire de France -à est en ballottage très favorable. Les six points de pleurant pour avoir reçu cette morfle / Et vu s'éva- élus de son parti. Et une aura certaine au sein de la 23 ans il est élu premier magistrat de Sada-, rapi- retard qu'il compte sur Mansour Kamardine ne porer ses rêves de carrière. 1" Dans cette même population mahoraise, gagnée au fil de ses années dement élevé au rang de leader de l'opposition au sont rien en comparaison des 50% de voix qui rédaction dont la direction était acquise à la cause de lutte face à l'hégémonie de l'ex-parti unique… tout-puissant MPM, Kamardine a su se forger une sont allées aux autres candidats, dont on sait qu'ils du candidat UMP, on affirmait encore quelques Durant son mandat, cette "puissance de feu" n'a réputation de dur au mal. Face à l'intransigeance et appelleront à voter pour l'ancien suppléant de heures avant le scrutin que les abstentionnistes du fait que s'accroître. Dans l'administration, où nom- aux multiples coups bas de l'ex-parti unique, il a Marcel Henry. Mais au QG de Kamardine, on ne 1er tour feraient la victoire de celui qu'ils ne pou- bre de haut-fonctionnaires arrivés dans l'île depuis su résister en employant les mêmes méthodes. Le voit pas les choses ainsi. "On va gagner" dit un vaient se résoudre à voir perdre. Un tel acharne- cinq ans sont sur la même longueur d'onde que MPM possédait son organe de propagande -Le militant. "Il a suffisamment d'avance et ceux qui se ment ne pouvait provenir que d'un aveuglement : l'UMP. Dans les médias, surtout : en 2004, ses Journal de Mayotte ? Lui-même lançait Le celui d'une classe dirigeante amis ont fondé l'hebdomadaire Le Mahorais, qui Mahorais en 1993 -sans succès. Le MPM para- complètement dépassée par n'a cessé de faire la propagande du député ; chutait ses leaders pour les faire élire aux cantona- “Ils nous disaient très sérieusement que ces élections ne l'évolution d'une société en depuis 2005, Mayotte Hebdo s'est également les ? Il était prêt à toutes les manœuvres, y com- seraient qu’une formalité. Que Kamardine gagnerait sans souci.” pleines mutations. Deux inféodé à l’élu, allant jusqu'à appeler à l'élire au pris juridiques, pour les battre. En 1991, le RPR jours plus tard en effet, second tour ; la direction de RFO a également soutient Zaïnadini Daroussi, alors inconnu, pour UNE SECRÉTAIRE DU CONSEIL GÉNÉRAL "Simba" se prenait une rous- montré des signes de préférence à l'égard de son défaire Younoussa Bamana chez lui à Kani-Kély. te plus forte encore que celle parti -le directeur régional et le rédacteur en chef En 1993, Mansour tente de faire annuler l'élection sont abstenus au 1er tour voteront au 2nd. On n'a qu'il avait infligée à son adversaire en 2002 : Aly ont participé à un meeting de l'UMP durant la au poste de député d'Henry Jean-Baptiste en pré- même pas besoin d'aller sur le terrain", ironise-t- l'emportait avec 56,29% des suffrages exprimés. campagne présidentielle… Une telle force ne peut textant une fausse lettre qui n'y aurait rien changé. il… le plus sérieusement du monde. Dans son ton, que se transformer en faiblesse lorsque l'on n'y Al'époque, le journaliste Zaïdou Bamana le fusille il ne s'agit en aucun cas de ferveur ni même de LORSQU'IL AVAIT BATTU Siadi Vita (MDM) prête pas attention. C'est ce qui a causé la perte de sur la place publique : "Décidément, la faim est passion, mais d'une réelle certitude. cette année-là, recueillant 55,08% des suffrages, Kamardine qui, en cinq ans, s'est métamorphosé. mauvaise conseillère. Et la soif de pouvoir une Une attitude qui rappelle celle des élus UMP au Mansour Kamardine avait tout pour entamer un pure folie furieuse", écrit-il en octobre 1993 5. Il ne Conseil général, ainsi que des cadres de la collec- long règne, à l'image de celui de son prédécesseur, DURANT VINGT ANS, Kamardine, c'était ce croyait pas si bien dire. Ci-dessous, tivité proches du parti de droite : depuis plusieurs Henry Jean-Baptiste, député de Maore durant 16 trublion de la politique mahoraise qui osait dire Au fil des ans, alors qu'il agace un MPM décli- Mansour Kamardine dans mois, ils ne cessaient d'affirmer à leurs collègues ans. Celui qui se présentait depuis une dizaine "merde" aux vieux baobabs. Qualifié d'indépen- nant, Kamardine gagne en sympathie dans la les années 80, qu'ils gagneraient les doigts dans le nez. "Ils nous d'années comme "le candidat des Mahorais" face dantiste d'abord, puis de subversif 2, il reconnais- population. Le RPR n'est plus le parti des lorsqu’il n’était disaient très sérieusement que ces élections ne à un MPM dirigé par le Martiniquais Jean- sait s'être lancé dans la politique par révolte : "La anciens indépendantistes, et ses prises de posi- qu’un trublion subversif pour seraient qu'une formalité. Que ce n'était même Baptiste et les créoles Henry et Giraud, avait tous sauvagerie de la répression contre la minorité tion séduisent. Il se fait le chantre de la liberté ses adversaires pas la peine de les organiser. Que Kamardine les atouts en main. Un président de la République "serrez-la-main" (…) m'ont fait voir qu'il y avait d'expression ; défend la préférence locale -"il faut du MPM. gagnerait sans souci", dit une secrétaire. à son écoute, avec qui les liens d'amitiés sont réels menace à la démocratie. C'est ainsi que je me suis voir dans ma démarche le refus de se plier à une (photo Jana na Leo) Cette assurance, l'ancien député Jean-François -"Chirac et Kamardine sont des vrais amis", affir- trouvé dans la politique mahoraise", révélait-il en décision assez éloignée des réalités et des spécifi- cités locales mais surtout des intérêts légitimes et supérieurs de Mayotte et des Mahorais autochto- nes", écrit-il en 1993 6- ; il soutient les instituteurs dans leurs revendications, notamment concernant la DSI -selon lui, l'absence de DSI à Maore révè- le "le peu de considérations que le pays a pour ses enfants et notamment pour ses valeureux institu- teurs qui se battent pour prendre toute leur part dans les affaires de Mayotte" 7 ; il affirme son atta- chement aux coutumes mahoraises, à commencer par la polygamie -"je ne suis évidemment pas favorable au renoncement [de la culture, de la coutume et des mœurs mahorais]. Par contre, je considère qu'il faut laisser au temps tout le temps de bâtir son œuvre" dit-il en 1988 4.

UNE FOIS AU POUVOIR, ce même Kamardine jouera les censeurs -il n'a jamais accepté de répon- dre à Kashkazi-, pourfendra la préférence locale et tout discours sur la mahorité, négligera le combat des instituteurs et interdira la polygamie, oubliant de laisser le temps au temps. Celui qui, depuis 1993, se faisait passer pour "le candidat des Mahorais" et revendiquait le droit des Mahorais à se faire représenter à l'Assemblée nationale par l'un des leurs -"la dynamique créée autour de ma candidature traduit la prise de conscience des Mahorais qui veulent être représentés à l'Assemblée nationale par un enfant du terroir" écrit-il en 1993 6- deviendra, aux yeux de la popu- lation, le candidat des wazungu. Son acharnement, durant cinq ans, à défendre les positions du gouvernement, ses textes de lois interdisant la polygamie et réduisant à néant le rôle officiel des cadi, son incapacité à entendre les revendications des instituteurs, ont détruit l'image qu'il s'était forgée durant vingt années de militan- tisme. Pour Ahmed Attoumane Douchina, ancien secrétaire départemental de l'UMP qui a présenté une candidature dissidente, la faute en revient à lui et à lui seul. "Le pouvoir l'a complètement chan- gé. A partir du moment où il a été élu, il ne nous a plus écoutés. On ne pouvait plus dire quoi que ce

32 kashkazi 65 juillet 2007 législatives décryptage candidat des Mahorais”, a perdu en cinq ans le porte-parole du gouvernement - une erreur qui lui a coûté sa réélection. Enquête sur une métamorphose... soit au sein du parti." Selon un autre militant la présidence… Depuis, l'UMP joue les mauvais Mahorais en porte-parole des patrons, puis du la campagne, contrairement à ses adversaires. écoeuré de ces dernières années (qui a souhaité perdants et ne cesse de jouer la carte de la polé- gouvernement. "Il est devenu le défenseur du gou- En fait, il n'a réussi qu'à faire plaisir à son entou- reser anonyme), "Kamardine a pensé, après tant mique souvent stérile. vernement, oubliant qu'un député est avant tout le rage métropolitain, devenant, dans l'imaginaire d'années de lutte, qu'il avait été élu pour sa per- défenseur de son peuple", se désole Ahmed collectif, "le petit nègre" de ces messieurs. Trop tôt sonne. Il a donc personnalisé son mandat et a PARALLÈLEMENT, Kamardine a déserté le ter- Attoumane. "Quand il revenait d'une réunion à assimilé, il a cru, en employant des armes qui oublié les militants qui l'avaient aidé". rain. Quand il n'était pas à Paris, il côtoyait ses Paris, il nous demandait de défendre la position fonctionnent en France, tuer ses adversaires : un Progressivement, les fondateurs du RPR ont été amis de la zone industrielle de Kaweni, à com- du gouvernement sans qu'il soit permis d'en discu- journal puis deux à sa botte, un livre de propagan- écartés, parmi lesquels Moustoifa Mohamed, pre- mencer par son plus proche soutien, le président ter en interne." de, une biographie 9 sortie deux semaines avant le mier secrétaire du RPR à Maore, qui parlait en du Medef Michel Taillefer, qui n'a pas hésité à Ainsi, non seulement il n'a pas répondu à l'espoir scrutin. Bref, un matraquage stérile dans cet archi- septembre 2006 d'"humiliation" et de "mise à l'é- prendre la plume avant le 1er tour pour soutenir placé en lui, en n'obtenant ni minima sociaux ni pel. Car qui lit ? Les wazungu. Qui élit ? Les NOTES cart sans motif sérieux" avec "des méthodes dans Le Mahorais et Mayotte Hebdo -journaux département, mais en plus il a été à l'origine de lois Mahorais. "Il a complètement perdu le sens des 1 Mayotte Hebdo n°338 mécaniques et floues indignes d'un parti républi- dont il est actionnaire- celui qu'il s'évertue à façon- en totale contradiction avec la volonté populaire. réalités locales", soutient un militant socialiste. "Il 2 Lire à ce sujet Le cain" 8. De fait, Kamardine "s'est éloigné de sa ner depuis 20 ans. "Il a un pouvoir considérable Ayant perdu le fil de la société mahoraise, il a cru, a pensé que comme lui, tous les Mahorais s'é- Journal de Mayotte des base, de ses proches" selon le militant. Il est deve- sur lui", pense notre militant anonyme. Ahmed en interdisant la polygamie, qu'il entérinait une taient occidentalisés". années 91, 92, 93 nu "arrogant". Attoumane confirme : "M. Taillefer possède un volonté générale et une évolution naturelle, alors Mais cette erreur, Kamardine, empêtré dans un 3 Jana na Leo n°22, 1991 Preuve de cette suffisance : la déplorable gestion ascendant incontestable sur Mansour. C'est lui que même certaines femmes n’approuvent pas ego surdimensionné conforté par des médias à sa 4 Jana na Leo n°4, 1988 des cantonales en 2004. Alors que l'UMP comp- qui lui a apporté la connaissance du monde occi- cette mesure. Pensant que la religion n’était plus le botte et des fonctionnaires séduits par sa capacité 5 JDM, 29/10/1993 6 tait neuf élus, il ne leur manquait qu'une voix pour dental. C'est lui aussi qui lui donne des renseigne- ciment de la société, il s’est attaqué à un domaine d’écoute, ne l'a pas perçue. Parce qu'il s'est égaré JDM, 26/02/1993 7 conserver la majorité, donc la présidence. Mais au ments, en tant qu'ancien responsable des sensible que ses prédecesseurs avaient laissé intact dans les affres du pouvoir, il a perdu. En 1988, il JDM, 5/07/1991 8 lieu de proposer à Saïd Omar Oili ce qu'il deman- Renseignements généraux. Or les renseigne- alors que les fundi ont encore un poids considéra- déclarait : "Le RPR doit être plus près des gens, à Le Mawana n°36, 28/09/2006 dait -un simple poste de vice-président-, ments, c'est le pouvoir. Mansour s'est petit à petit ble dans les villages. Croyant que le porte-à-porte l'écoute. 4" Il n'était alors qu'un simple trublion. 9 T. Watelet, Le hussard Kamardine, sûr de sa force, ne lui a rien donné. laissé amadouer". Taillefer, Castel et d'autres est moins efficace que la propagande médiatique, noir de la Républlique, Oili est allé voir ses adversaires, qui lui ont offert patrons ont réussi à transformer le candidat des il a cru bon de ne pas mouiller la chemise durant RÉMI CARAYOL Orphie, 2007 Abdoulatifou Aly, député version Césaire ? Départementaliste convaincu, l’élu MDM n’a cependant pas la même conception de ce statut que son prédécesseur.

-ils en commun ? plus juste. Sans tomber dans le piège du l'Assemblée nationale : appliquez intégrale- chose 1". Après tout, ne reprend-il pas l'antien- Car le discours d'Aly oscille entre amour du QU'ONT Pas grand-chose à calque dom-tomien -inapproprié-, et sans aller ment la loi. Le grand projet d’Abdoulatifou ne que le poète tenait en 1949 : "L'Etat, vio- pays "des droits de l'Homme" et antipathie vrai dire. Seule leur profession - avocat-, et jusqu'à confronter les deux hommes, force est Aly : "Nous voulons être département pour lant tous les engagements, nous prend tout et envers son administration sclérosée et hautai- leur parcours -tous deux quadragénaires, ils de rapprocher le discours d'Abdoulatifou Aly que l'Etat respecte la loi ! Notre combat, c'est ne nous donne rien 1", quand Aly réclame le ne, de même que Césaire ne cessait de vilipen- ont gravi les échelons politiques depuis une de celui d'Aimé Césaire. plus un combat contre la France que contre RMI, le SMIC, les allocations sociales, et der l'attitude de ses concitoyens, à commencer vingtaine d'années- semblent rapprocher l'an- les Comores. Quand je lis que le préfet dit dénonce le mise en place de lois essentielle- par leurs élus. Ainsi était-il capable de dénon- cien, Mansour Kamardine, et le nouveau A PREMIÈRE VUE, les deux hommes n'ont que Mayotte ne peut pas être département ment répressives sans les avantages ? Ne dit- cer avec une rage extraordinaire dans son député, Abdoulatifou Aly. "Le premier, c'est pas grand-chose à voir. D'un côté, un poète à Discours sur le colonialisme les méandres du la version caldoches ; le second, la version l'âme rebelle, homme de lettres et de diatribes racisme français et les perditions de la coloni- kanaks", s'amuse à imager le syndicaliste qui s'est fait tout seul ; de l'autre, un homme de “Je ne veux pas que Mayotte soit la fille indigne de sation, et de voter, dans le même temps, la Boinali Saïd. S'il est curieux de transposer la droit et de dossiers -il a été attaché territorial la France, patrie des Droits de l’Homme.” départementalisation de son île. Aly, lui, n'a de situation néo-calédonienne à Maore, le paral- du département de la Moselle en 1986, chef de cesse, depuis trois ans, de vilipender l'action lèle, certes troublant, n'en reste pas moins bureau des finances de l'État à la préfecture de ABDOULATIFOU ALY EN 2006, ÀLARÉUNION du gouvernement -"La méfiance n'est pas significatif. Tout aussi déconcertant, cet amal- Maore en 1988, secrétaire général du Conseil envers la France", nous disait-il il y a game avancé par Boinali Saïd : "Kamardine général en 1992 et attaché parlementaire de car elle n'est pas assez développée ! Il a vu il pas la même chose quand il clame : "Les quelques mois, "mais envers les gouverne- se rapprochait, dans sa conception politique, 1996 à 2004-, qui a grandi dans les pas du ça où, lui, qu'il fallait être bien développé responsables français qui tolèrent cette situa- ments français, qui font sans cesse des recula- de celle de Marcel Henry. Il s'agit avant tout "maître", Marcel Henry. Et pourtant... pour être département ? Qui n'a pas dévelop- tion sont indignes de la France (…) Comment des"- et de s’en prendre aux nouveaux colons, de conserver certains privilèges acquis par Le Martiniquais l'a toujours clamé : le départe- pé, c'est moi ou c'est lui ? 2" voulez-vous qu'avec 200 euros on puisse dire ces “patrons-voleurs” qui pensaient avoir la les colons à l'époque, les patrons métropoli- ment était pour lui le seul moyen d'accéder à : "Ah, continuez à chanter la République, à mainmise sur l’île. En 2005, il avait milité au tains aujourd'hui, tout en assurant un statut l'égalité avec les autres citoyens français, et PLUTÔT QUE l'indépendance sans filet de chanter l'égalité, la fraternité !"" 3 sein du Comité de soutien aux expulsés de dans la République. Aly, lui, est plus proche ainsi d'en finir avec le statut colonial. "Croyez- sécurité, Aimé Césaire avait choisi la voie de Mayotte et avait tenu une conférence de pres- dans sa philosophie, de Bamana : Français moi messieurs", disait-il à l'Assemblée en l'assimilation totale. Comme Bamana, MAIS COMMENT, dans ce cadre, conserver se pour dénoncer "le traitement réservé aux oui, mais aussi Mahorais, une identité qu'il 1946, "ce n'est pas l'octroi de la liberté qui comme Aly. Sans pourtant accepter de renier ses spécificités ? Aly y est très attaché, on le ressortissants comoriens résidant sans- faut défendre coûte que coûte." Paradoxale pousse les peuples coloniaux à la sécession, leurs spécificités propres. Difficile pari dans sait. Lui qui n’aime pas qu’on évoque son papiers à Mayotte". "Je ne peux pas être d'ac- cette analyse, alors que Bamana avait soutenu c'est le refus de la liberté, le racisme, c'est la cette France qui n'accepte aucune différence. voyage au Pakistan en 2005 afin d’y suivre cord avec cela. Je ne veux pas que Mayotte Kamardine en 2002, et qu’Henry a toujours brimade, c'est l'humiliation systématique, c'est C'est pourquoi la frontière entre les deux - une formation religieuse se battra pour les soit la fille indigne de la France patrie des appuyé son poulain et ancien attaché parle- la fin de non recevoir opposée aux revendica- indépendance et assimilation-, contrairement défendre. Car selon lui, le département n'en- Droits de l'Homme", disait-il.4 mentaire, Aly ? Pas vraiment. tions les plus légitimes : toutes choses conte- à ce que l'on peut penser, est infime. Césaire traînera pas forcément la perte de l'identité nues dans le système colonialiste1”. Aujourd'hui, le disait dès 1946 : "Si un jour le régime issu mahoraise : "Les gens font la confusion entre COMME IL NOUS L'AFFIRMAIT récem- DÉPARTEMENTALISTE plus que convain- Aly dit : "Seul le département nous permettra de la départementalisation à son tour appa- ce que dit la loi et ce qui est la culture", pense- ment, "le département, ce n'est pas une fin en cu, Abdoulatifou Aly l'est avant tout pour une d'avancer avec les mêmes droits que les autres raît comme un obstacle, rien, je veux dire t-il. Aly est un assimilationniste comme soi, c'est le début du progrès, de tous les droits raison majeure : l'égalité républicaine, territoires français. Nous réclamons juste l'é- aucun fétichisme, n'empêchera qu'il soit Césaire l'était : optimiste et schizophrène -la à l'égalité et à la solidarité. Vous n'aurez droit comme l'indiquait son slogan de campagne. galité. (…) Nous devons être traités de la remis en cause pour faire place à un régime souhaitant mais la rejetant. Le père de la aux droits que si vous êtes dans la même situa- Ainsi sa philosophie politique se base essen- même façon que les autres, c'est une question qui ne sera pas seulement la négation des Négritude ne cessait de répéter que son cou- tion que les autres.” Pour Kamardine, le tiellement sur la primauté de l'Homme et les de dignité, ça a toujours été ça, depuis Georges deux régimes précédents mais leur somme rant littéraire ne décriait pas "l'assimilation en département était l’accomplissement d’une principes de la Révolution de 1789, principes Nahouda, ce qui comptait pour lui, ce n'est pas surmontée et enrichie.1" Bien entendu, Aly ne soi, mais une certaine conception de l'assimi- lente évolution. En cela, il avait opté pour une souvent avancés de son vivant par le Mzé. d'être Français, c'est d'être Français dans un dit pas cela, mais est-il si loin de le penser ? lation reposant sur la discrimination et les stratégie d’accompagnement du gouverne- Comme ce dernier, Aly ne renie en rien sa département français ! Ces gens qui connais- Bamana lui-même n'avait-il pas menacé, en inégalités sociales". En même temps, il ment. Stratégie fatale... Aly, lui, perçoit ce sta- comorianité et sa religion, tout en assumant saient bien l'histoire de la France connais- 1998, de proclamer l'indépendance ? Qui dit dénonçait l'assimilationnisme "invétéré" de tut comme “un objectif de départ". C’est pour pleinement la séparation. Il n'est d’ailleurs pas saient aussi celle de l'Algérie et de ce départe- qu'Aly, s'il est toujours député dans 10 ans, ne son parti, le PCF. Il croyait en une issue posi- cela qu’il devrait adopter une posture agressi- tendre avec les hommes politiques des ment au rabais. Il est fondamental de deman- reprendra pas à son compte les propos de tive, avant, petit à petit de se rendre compte de ve vis-à-vis de Paris, pour arriver le plus vite Comores indépendantes et leurs pratiques : der la dignité d'être des Français comme tous Césaire tenus à l'Assemblée nationale en son échec -devenant au fil des ans autonomis- possible au but qu’il s’est fixé. "On est en France, en démocratie, on n'est les autres. Aujourd'hui, cette dignité, les 1960 : "L'application des lois sociales est le te. Aly n'en est pas encore là, mais qui sait, un RC pas aux Comores ici !" a-t-il coutume de dire, Mahorais fuient à la Réunion ou en Métropole test de l'assimilation, c'est la pierre de touche. jour… Lui qui lance à la France ce défi : 1 un rien méprisant. pour la trouver, car là-bas ils jouissent totale- Or vous n'appliquez pas les lois sociales. "Nous sommes africains, musulmans, animis- D. Delas, Aimé Césaire, Hachette, 1991 2 Kashkazi n°59, janvier 2006 2 Mais au jeu des comparaisons, il en est une, ment de la citoyenneté française. " Alors si vous n'êtes pas pour l'assimilation, tes, et nous sommes français !" pourrait, s'il 3 Mayotte Hebdo n°334, 18/05/2007 certes moins actuelle, qui pourrait s'avérer être Chaque année, Césaire répétait à tournons la page et cherchons ensemble autre juge sa réussite impossible, changer de vues. 4 Témoignages, janvier 2006

kashkazi 65 juillet 2007 33 décryptage violences dans les stades Football : au bonheur des hooligans Dans l'enclos des stades comoriens se noue une violence crescendo, où se mêlent passions sportives, sorcelleries et conflits inter-villageois dans une atmosphère sans foi ni loi.

voluer dans d'autres formations. La fermeté de la Fédération n'aura cependant pas d'effets : les clubs se solidarisent avec Ngaya et montent un comité de soutien qui obtient la levée de la sanction. La Commission d'appel se contentera d'interdire de stade le public de Mde, privé de match à domicile. Cette violence autour des stades ne date pas d'hier. "Depuis 1996, une équipe de Moroni, Avenir des Comores, ne s'est pas déplacée dans le nord-est après la malencontreuse rencontre avec Espoir de Djomani où un handicapé sur chaise roulante a été la cible des supporters d'Avenir des Comores. La présence de cette personne derrière le portier de l'adversaire avait fait dire aux supporters moro- niens qu'il était porteur d'un grigri les empêchant de trouver le chemin des buts", se rappelle Tony.

LE TABLEAU N'EST pas plus reluisant à Ndzuani, où la saison sportive a enregistré de violents accro- chages entre supporters de différentes équipes. Ngazi de Barakani, Etoile d'or de Mirontsy, Komorzine de Domoni et Etoile filante de Tsembehu "sont sur la liste rouge au niveau des supporters" affirme Guirou, chroniqueur sportif à l'antenne anjouanaise de l'ORTC. Ici aussi, la Fédération affiche une fermeté dans ses sanctions : Ngazi de Barakani rétrogradé en D3, Etoile filante privée de match à domicile durant toute la saison 2006, Etoile d'or suspendue 7 matchs… A Ndzuani comme à Ngazidja, l'arbitrage est la cause première des violences dans les stades. "Il n'y a jamais eu de sanctions contre les arbitres qui pourtant ont des partis pris. L'arbitrage était exé- crable tout le long de la saison 2006", souligne Tony. Pour Guirou, "c'est la méconnaissance des textes par les dirigeants qui est en cause. Au lieu d'adresser leur plainte au quatrième arbitre présent sur le terrain, les gens s'attaquent directement à l'arbitre central". Les joueurs ne sont pas non plus épargnés. "Ils ignorent les règlements", poursuit Guirou. En 2006 au Mozambique, Elan Club a commis un abandon de terrain pour contester un Ci-dessus, au lycée de Moroni, Aladin les stades comoriens. Il se rappelle la mémorable Mais ce coup de poing sur la table n'a pas eu l'effet but. En 2007, Coin Nord, qui représentait les un match ELÈVE rêve de carrière sportive. En rencontre entre Coin Nord (Mitsamihuli) et Elan escompté. Quelques semaines plus tard, le 21 mars, Comores à la Champion's League à Maurice, igno- de football 2001, ce jeune footballeur mohélien a pour la pre- Club (Mitsudje) le 28 février 2007. "A la fin du la 11ème journée de la phase aller du championnat rait qu'à partir de sept cartons jaunes, l'équipe est à Moroni, au stade mière fois joué pour les couleurs comoriennes aux match, alors que Coin Nord l'avait emporté, les sup- des Comores enregistrait une violence d'une autre soumise à une grosse amende de 1.500.000 fc (un Baumer. Jeux des Iles à Madagascar. Installé depuis cette porters du Nord ont monté une embuscade pour nature. Un supporter de JACM, de Mitsudje, a été peu plus de 3.000 euros). Autant de distorsions qui (archives) période à Ngazidja, il fait partie des espoirs attaquer les joueurs d'Elan Club sur leur chemin du admis 5 jours en réanimation à l'hôpital après avoir attestent du laxisme de la Fédération, montrée du d'Angelus, une formation de Moindzaza, petit villa- retour." Le bilan est lourd : 14 blessés dont 5 dans le été agressé non pas au cours d'un match, mais la doigt par la Fédération internationale de football ge situé au sud de Moroni. Le 27 juin dernier, coma. L'enquête diligentée par la Fédération como- veille au soir, pour avoir été vu rôder autour du stade (FIFA) pour son manque de rigueur dans la prise des Angelus a fait le déplacement à pour rienne de football a établi que des supporters d'Elan de Séléya, où devait se dérouler la rencontre. Ses sanctions et dans leur exécution. affronter les Black stars de Bangwa en match retour Club munis de gourdins et autres objets, s'étaient agresseurs, des habitants du village, ne sont pourtant Mais les passions poussant à la violence dans les comptant pour le championnat des Comores. La préparés à transformer la rencontre sportive en pugi- pas concernés par les deux équipes à l'affiche. stades ne sont pas toutes liées au sport. "Des rivali- prestation offerte par ces deux équipes était de pièt- lat. C'est d'ailleurs l'un d'eux qui aurait été la cause tés villageoises sont également responsables de re qualité. "On n'a pas fait notre jeu", reconnaît de cette réaction agressive des supporters du Nord. LE 31 MARS, LA VIOLENCE embrasait le stade comportements déviants. Les rencontres entre Aladin. Les raisons de cette contre-performance Au-delà de cet élément déclencheur, la violence est d'une autre région de l'île, suite à une rencontre entre Séléya et Mitsudjz, Etoile du sud et Volcan [un club n'ont rien de sportives. "Quand nous nous sommes à fleur de peau des supporters de ces deux équipes deux équipes de villages voisins, Enfants des de Moroni, ndlr] ou encore de Nioumadzah et aperçus de l'agressivité des supporters de l'équipe ennemies, en tête du football comorien. Comores de Vouvouni et Ngaya de Mde. La rencon- Séléya, se terminent systématiquement en pugilat", en face, nous avons décidé de la laisser gagner. Le match retour entre les deux clubs, prévu le 17 tre s'est terminée sur un score nul et n'a été émaillée fait remarquer Tony. Des équipes, notamment au L'arbitre a d'ailleurs senti que le climat était mal- juin, a été reporté à une date pour l'heure inconnue. d'aucun incident sur le terrain pouvant justifier une sud de Ngazidja, manquent d'esprit sportif au point sain et a sifflé la fin de la partie avant la fin du temps "Le Comité directeur de la Fédération n'a pas les hostilité entre les deux camps. Cela n'a pas empêché de ne pas supporter la défaite. réglementaire." Le jeune footballeur est à la fois moyens d'assurer la sécurité d'une telle rencontre à les supporters de Ngaya de se remémorer leurs riva- déçu et soulagé, comme s'il venait d'échapper à un haut risque", explique Tony. Et tant qu'il n'aura pas lités ancestrales avec leurs voisins et de mettre à sac AUTRE PHÉNOMÈNE annexe qui parasite les la garantie de faire jouer Vouvouni, qui se trouve sur leur chemin. Bilan : rencontres, à Ngazidja particulièrement : le recours ce match en toute sécu- deux blessés graves, deux innocents qui ont eu le au fétichisme. "Dans la majeure partie des cas, c'est “Quand nous nous sommes aperçus de l’agressivité rité, il ne l'organisera malheur de croiser ces hooligans. Un des blessés une histoire de grigri qui déclenche la violence du des supporters de l’équipe en face, nous [l’avons] laissé gagner.” pas. Le milieu sportif ne souffrant d'un enfoncement du crâne a été évacué côté des supporters", affirme Tony. Les sportifs se se fait aucun doute sur d'urgence en Afrique de l'Est. Les dégâts matériels méfient des sorts lancés par leurs rivaux et leur attri- ALADIN, JOUEUR D’ANGELUS la réaction d'Elan Club. sont importants : une menuiserie, une école privée buent tout mauvais résultat… "Les supporters d'Elan et des habitations saccagées. Les causes de cette violence sont donc multiples, supplice. Les supporters de Bangwa, armés de gour- sont prêts à faire perdre le titre à leur club pour se Cette fois, la violence a débordé du stade et les sup- mais le remède réside dans le respect des lois du dins et de machettes à leur entrée au stade, étaient en venger de ce qui s'est passé le 28 février à porters se sont attaqués à des citoyens ordinaires. sport. Or, souligne Guirou, "il y a trop de corruption effet venus avec la ferme intention de remporter ce Mitsamihuli", soutient un habitué des stades. Pour la première fois, un habitant de Vouvouni a et de malhonnêteté au sein des instances dirigean- match par des buts ou à coups de poing. C'est donc La Fédération a pourtant frappé fort en prenant des porté plainte au pénal contre des supporters d'une tes, à commencer par la Fédération. Comment pour éviter l'affrontement que les joueurs d'Angelus sanctions exemplaires à l'encontre des deux équipes équipe sportive pour dégradation de biens. De son comprendre qu'un responsable de la Fédé soit aussi ont boudé le ballon. : une suspension de six matches pour Coin Nord et côté, la Commission d'homologation sort de nou- responsable ou entraîneur d'un club ? Ou qu'un Izdine Ben Mohamed Ali alias Tony, directeur du une amende de 200.000 fc (400 euros) de frais de veau le carton rouge et fait rétrograder l'équipe de arbitre accepte de diriger une rencontre impliquant sport civil de Ngazidja et commissaire de matchs, dégâts sur les véhicules ; Elan Club est de son côté Ngaya en troisième division. Une sanction doublée son équipe ?" est un témoin privilégié de la violence qui sévit dans privé de son public pour les prochains matches. d'une amende et d'une interdiction des joueurs d'é- KAMAL'EDDINE SAINDOU

34 kashkazi 60 février 2007 sports décryptage Jeux des îles : la diplomatie s’en mêle à nouveau Entre l'inconsistance et le manque de cohérence des hommes politiques, les sportifs comoriens qui se préparent à participer aux 7èmes Jeux des îles de l’océan Indien ne savent plus sur quel pied jouer.

ou n’iront pas ? A un mois ment de la Réunion (qui représente la France Réunionnais aux Jeux des Iles à Maurice, en accusées de boycotter les Jeux à cause de ces IRONT du coup d'envoi des 7èmes dans la région) et des Comores. Jugée "unilaté- 2003, mais seulement dans les disciplines indi- tergiversations" avertit le directeur national de la Jeux des Iles de l'océan Indien qui se dérouleront rale" par la classe politique qui accuse le viduelles, les Réunionnais s'étant opposés à les Jeunesse et des Sports. Un risque préjudiciable du 9 au 19 août à Antananarivo (Madagascar), manque de concertation sur une question tou- intégrer dans leurs équipes collectives. L'option pour deux raisons. La première est que les les athlètes comoriens ne savent toujours pas chant à l'intégrité nationale, la position d'Azali de contourner l'obstacle comorien par une parti- Comores ne peuvent pas modifier leur participa- s'ils seront de la partie. "Le Conseil [des minist- n'a pas fait l'unanimité. Paris a en revanche bien cipation mahoraise dans les équipes réunionnai- tion sans avertir le pays organisateur et le comi- res, ndlr] donne son accord à la participation reçu cette ouverture et en signe de reconnaissan- ses a été formulée dès 1998 par les instances té des Jeux, qui ont déjà pris leurs dispositions et des Comores aux jeux de Madagascar", a indi- ce, a financé l'organisation aux Comores en sportives françaises, mais La Réunion s'y est établi le programme des compétitions. La secon- qué mercredi 27 juin le porte-parole du gouver- février 2006, du "Tournoi de la Concorde". Cette toujours opposée, officiellement pour ne pas de, c'est que la position comorienne ne suscite nement de l'Union. Si le feu vert est donc donné, compétition avait permis pour la première fois prendre le risque de subir le boycott des pays plus le même élan de solidarité diplomatique de le gouvernement comorien a toutefois demandé depuis l'indépendance, le déplacement d'une membres de la COI. En réalité, ni les responsa- la part des pays de la région comme ce fut le cas "une révision plus réaliste de la participation". délégation sportive officielle de Maore à bles mahorais ni leurs collègues du département les années passées, remarque Hassane Madi. Autrement dit, une délégation à la mesure de ses Moroni. voisin n'ont accepté l'idée d'une participation “HUMILIANT” possibilités financières. La première proposition Mais les nouvelles autorités comoriennes ne commune. C'est donc seulement en 2006 que LE DÉSACCORD du président Sambi avec une Mansour établie par le Comité olympique sportif des îles sont pas les seules à contester une décision jugée Maore est entrée de plein pied dans l'arène des décision prise il y a un peu plus d'un an par son Alors que Kamardine avait Comores (Cosic) portant sur une délégation de prédécesseur, dénote d'une incohérence de la approuvé l’accord 216 personnes pour un budget de 260 millions fc part des autorités comoriennes sur ce dossier. Ce conclu afin que les (520.000 euros) a été jugée trop élevée. Le qui ne fait pas très sérieux vu de l'extérieur, athlètes mahorais Cosic, qui tient à être présent dans toutes les dis- “Je pense qu'il n'est plus question de revenir sur cette affaire. comme le laisse entendre Mamy Rakotoarivelo, L’organisation des Jeux n’est pas une mince affaire.” participent aux Jeux ciplines programmées dans cette compétition président du Comité olympique malgache et des Îles -accord qui régionale, a accepté de revoir ses ambitions à la MAMY RAKOTOARIVELO, PRÉSIDENT DU COMITÉ OLYMPIQUE MALGACHE vice-président de l'Assemblée nationale de la leur interdit d’arbo- baisse en réduisant les participants à chacune de grande île : "Les représentants des îles partici- rer le drapeau et ces disciplines. Ce qui a fait chuté la délégation pantes aux Jeux, y compris les Comores, se sont d’entonner l’hymne initiale à 185 personnes. Cette deuxième liste personnelle du président Azali (lire ci-dessous). jeux régionaux, dans les conditions prévues par mis d'accord sur la participation de Mayotte" a- français-, son succes- remise au pays organisateur des Jeux vient d'êt- Le milieu sportif est lui aussi partagé. "Quand il le Cij. Seulement, l'absence des Comores à cette t-il déclaré fin juin. "Je pense qu'il n'est plus seur a une position re de nouveau mise en cause par le gouverne- a concerté le mouvement sportif sur son inten- compétition n'a pas permis de juger les résultats question de revenir sur cette affaire. diamétralement ment qui a demandé au Cosic d'être plus réalis- tion de permettre à Mayotte de participer aux de ce premier test. Les risques de débordement L'organisation des Jeux n'est pas une mince opposée. Si A. Aly dit te encore. "Nous avons expliqué aux autorités tournois régionaux (toutes les fédérations como- sont toujours là. affaire. Nous sommes tous responsables… “comprendre que les que nous ne pouvons pas indéfiniment réviser le riennes ont été informées), nous avions émis une Quant à la participation ou non des athlètes Comoriens n’accep- nombre de la délégation. Cela risque d'une part opposition. Mais il avait déjà pris sa décision. RESTE À SAVOIR si cette fois, les Comores comoriens, c'est à eux de voir ce qui leur tent pas qu’on porte de perturber le pays organisateur qui a besoin Nous avons cependant réussi à lui faire admett- seront présentes ou pas, alors que la délégation convient. L'Etat malgache, en tant qu'organisa- le drapeau français d'être fixé sur le nombre d'athlètes qui seront re la prise en compte de certaines conditions", mahoraise devrait comporter entre 240 et 250 teur des Jeux, ne reviendra pas sur les décisions et qu’on chante la présents ; d'autre part, en matière sportive, il y se rappelle Hassane Madi. En effet, le compro- personnes. "Jusqu'au 26 juin, on ne savait pas si prises ensemble. C'est à l'autorité comorienne Marseillaise”, il “ne a des limites que nous ne pouvons pas dépasser. mis entre les Comores et le Comité international nous allions participer", fait remarquer Ahmed de négocier avec les athlètes, en respectant la peux admettre En judo par exemple, nous ne présenterons des Jeux (Cij) prévoit que Maore participe à tou- Mahamoud, le directeur national de la Jeunesse continuité de l'Etat." qu’un député fran- qu'un athlète. Nous avons aussi réduit les foot- tes les instances du Cij "sans droit de vote et et des Sports. Si le gouvernement vient de don- Jean-François Beaulieu, président du Comité çais accepte cela, car balleurs à 18 au lieu de 22 et limité l'encadre- avec voix consultative". Par ailleurs, en toute ner son accord de principe, rien ne semble en régional olympique et sportif de la Réunion, ne il s’agit d’une insulte ment technique au minimum. Le gouvernement cérémonie nécessitant l'utilisation d'un drapeau, revanche arrêté sur la conduite à suivre sur dit pas autre chose lorsqu'il se déclare surpris par non seulement à l’é- doit nous dire exactement ce qu'il compte mettre Maore "utilisera celui des Jeux et n'arborera place. "Le Cosic proposait d'y participer mais l'ampleur donnée à la menace de boycott des gard des Mahorais, sur la table pour qu'on sache à quoi nous en aucun symbole de l'Etat français (hymne et dra- de ne pas rencontrer les Mahorais en compéti- Comores. "Il y a beaucoup de bruit pour rien. mais aussi des tenir", lance Hassane Madi, membre du Cosic. peau)", précise le texte -des conditions quali- tion" révèle Ahmed Mahamoud. Le mouvement C'est tout de même curieux qu'à chaque édition, Réunionnais et sur- Finalement, ce sont 165 athlètes qui devraient se fiées d’humiliantes par de nombreux responsa- sportif est divisé. Si certains approuvent la pro- certaines personnes prennent un malin plaisir à tout de la France”. déplacer pour un budget de 170 millions fc bles politiques et sportifs mahorais, parmi les- position du Cosic, d'autres ont une position jeter de l'huile sur le feu." Il s’agit selon lui d’un (340.000 euros), si le gouvernement donne son quels le nouveau député (lire ci-contre). Le Cij, extrême et ne souhaitent pas participer. Dans les “traitement dégra- accord. Le problème est qu'un "Oui" des autori- qui a longtemps soutenu le refus de l'Etat como- deux cas, "il y a risque que les Comores soient KAMAL'EDDINE SAINDOU (avec RC) dant” et “humiliant”. tés n'est pas forcément une garantie... En 2006, rien de laisser Maore faire partie de ces jeux en les Comores étaient absentes aux Jeux des tant qu'entité à part, a cependant pris la précau- Jeunes à Maurice parce que les moyens annon- tion de restreindre cette dérogation à ce seul cas. cés n'avaient pas été débloqués à temps. "Ce mode d'adhésion au Cij, par résolution spé- ciale, ne saurait constituer un précédent pour un marché entre Azali et la France MAIS SI L'ARGENT est avancé comme étant toute autre demande", ajoute la résolution. Sur la raison de l'absence possible des athlètes les aspects techniques, les athlètes sont soumis comoriens à cette compétition, les considéra- "aux mêmes obligations que les athlètes réuni- L'ancien président de l'Union, Assoumani Azali, a accepté la participation de Maore aux Jeux des îles tions politiques pèsent encore plus lourdement onnais, notamment sur leur statut". de l’océan Indien en échange d'une aide budgétaire exceptionnelle de la France, comme l'atteste un rap- dans l'attitude des autorités. "Je pense qu'en La nouvelle position comorienne -celle d’Azali, port à diffusion restreinte de l'ambassade de France à Moroni, que nous avions dévoilé dans ces mêmes 2006, la nouvelle équipe arrivée au pouvoir au approuvée à l'unanimité par les membres du colonnes en décembre 2005. “Le département vous confirme l'attribution d'une aide budgétaire excep- mois de mai, n'avait pas approuvé les modifica- Comité des jeux, marquait ainsi l'aboutissement tionnelle d'un million d'euros au bénéfice de l'Union des Comores”, indique ce rapport du 25 octobre 2005. tions décidées par le gouvernement Azali sur la de longues et périlleuses négociations pour sor- participation de Mayotte à cette compétition", tir les athlètes mahorais de l'isolement. La parti- “Cette convention devrait être signée dès réception de la copie de la lettre officielle demandant la convo- indique Hassane Madi. Le président Sambi n'a cipation de l'île sous administration française en cation d'une réunion extraordinaire du Comité international des Jeux des îles de l'océan Indien.” Le 2 jamais caché son hostilité à une participation tant qu'entité est en effet jugée aux Comores novembre, un autre rapport signé de l'ambassadeur, Christian Job, annonce : “L'objet unique de cette ses- mahoraise en tant qu'entité propre aux Jeux des indépendantes comme une atteinte à l'intégrité sion est d'examiner la participation de Mayotte aux prochains Jeux (…) Après tant d'atermoiements, il y a Iles en l'absence d'un accord politique sur ce dif- territoriale du pays. lieu d'être satisfait de cette avancée, même si tous les aspects techniques ne sont pas résolus.” Ce marché a férend. Récemment, son gouvernement a traduit semble-t-il été conclu en moins de deux mois : le 9 septembre, un compte-rendu signé Jean-François Frier cette position en mettant en cause officiellement, AUX JEUX DES ILES de 2001 à Madagascar, dans un courrier adressé à la Commission de l'o- les athlètes mahorais se trouvaient pour la pre- indique en effet qu'Azali a laissé entendre qu'il était prêt à monnayer un compromis. “Il veut être perçu céan Indien (COI), la démarche initiée par mière fois sur le terrain en tant qu'invités du pays comme un ami de la France au moment où il dit s'apprêter à quitter le pouvoir, qu'il espère retrouver Assoumani Azali en 2005. L'ancien président fut organisateur. Cette participation qui avait valeur après une présidence anjouanaise. Il nous demande de l'aider à gérer au mieux la fin de son mandat (…) le premier chef d'Etat comorien à oser briser le de test, avait cependant provoqué l'ire des athlè- en lui donnant les moyens nécessaires au paiement des salaires avant le Ramadan.” “A-t-il cédé par mur de glace sur l'approche comorienne du liti- tes comoriens qui avaient mal accueilli cette instinct de survie ou doit-on conclure à une vraie volonté, mais maladroitement engagée, de tourner la ge qui l'oppose à la France au sujet de Maore, en décision des responsables sportifs malgaches. page mahoraise ?” nous interrogions-nous à l’époque. Nous ne connaissons toujours pas la réponse. se prononçant en faveur d'une participation des Pour éviter ce type d'incident, c'est sous la ban- athlètes de cette île aux compétitions de la COI, nière de "France de l'océan Indien" que les ath- en tant qu'entité distincte à la fois du départe- lètes mahorais avaient pris part aux côtés des lire kashkazi n°20, décembre 2005 (en vente sur www.kashkazi.com)

kashkazi 60 février 2007 35 océan indien madagascar Les nouvelles donnes de la Le 4 avril 2007, les électeurs malgaches étaient appelés à se prononcer par oui ou par non sur la question : afin d'améliorer le niveau de vie des Malgaches ?” Si moins de la moitié des électeurs a voté -ce référendum était

La petite révolution anglaise La langue de Shakespeare “menace”

une petite révolution dans le phones comme la SADC (Communauté des (Agence pour l'enseignement français à l'étran- sur les moyens qui vont être consacrés à l'an- C’EST monde de la francophonie Etats d'Afrique Australe), il y a donc un certain ger) et 10 établissements malgaches homolo- glais, alors qu'"on a déjà du mal à former tous qui, si elle est passée inaperçue aux yeux du nombre de correspondances qui vont être éta- gués, scolarisant près de 12.000 élèves ; quant les instituteurs à un français correct". grand public, ne manque pas d'interroger dans blies en anglais" 2. "Comme on a l'intention aux 30 Alliances françaises présentes dans l'île, D'ailleurs, la volonté du gouvernement de déve- les milieux diplomatiques français -c'est que d'attirer les investisseurs, il est important que la elles ont accueilli en 2006 plus de 27.000 élè- lopper l'anglais s'est traduite par le récent lance- Madagascar représente un pays phare de la loi sur les investissements soit publiée en ves, les plaçant au troisième rang des Alliances ment par le ministère de l'Education d'un francophonie, donc de la diplomatie française 1. anglais pour que les anglophones s'intéressent françaises dans le monde. Cependant, la langue bimensuel dans cette langue, financé par la Dans le texte de révision de la Constitution de au marché" de Madagascar", ajoutait-il. Chef la République de Madagascar soumis à référen- d'entreprise malgache, Gabriel Harison estime dum et voté le 4 avril dernier par la population pour sa part que ce changement va "favoriser “L'avènement du régime Ravalomanana a inauguré malgache, outre la modification des compéten- les échanges commerciaux" 2. Comme l'affir- une nouvelle ère en matière de politique de langues.” ces entre les régions et l'Etat central (lire page mait une dépêche de l'AFP 2 après le scrutin, MADAGASCAR TRIBUNE suivante), un article a priori anodin marque un "cette réforme est ainsi motivée par la volonté M.Ravalomanana changement de perspectives radical pour les d'ouvrir le pays aux investisseurs étrangers", et J.Chirac, en deux pays : aux deux langues officielles "tradi- sans toutefois "remettre en question la place du française -et par conséquent l'influence de compagnie pétrolière Exxon-Mobile. Tiré à juillet 2005, à Madagascar. tionnelles" -le malgache et le français- est venue français". Voire… Paris- est en perte de vitesse. Si les rédacteurs de 3.000 exemplaires, il est principalement distri- Malgré une s'ajouter une troisième : l'anglais. cette Constitution assurent qu'il ne s'agit en bué dans les établissements scolaires. "C'est amélioration des Cette élévation de la langue du business mon- CETTE ÉVOLUTION recèle en effet un enjeu aucun cas de reléguer le français au rang de lan- pour faire la promotion de l'anglais, pas pour relations entre les dial au rang de troisième langue officielle politique difficilement contestable. Ancienne gue troisième, il est toutefois permis de s'inter- remplacer le français. C'est juste pour s'ouvrir deux pays, le répond à une évolution économique du pays. colonie française, Madagascar, où sont enregis- roger sur son avenir dans la Grande Île. "On ne au monde", tente de rassurer Vohangy Lalao président malgache se sent "On commence à travailler de plus en plus avec trés plus de 25.000 Français, est un des fleurons peut pas gommer comme ça 100 ans de présen- Ratsimba-Razafimahefa, coordinatrice nationa- plus proche des l'anglais", relevait à l'époque Jean-Eric de la francophonie : il dispose du deuxième ce française", essaye de se persuader Alain le de l'anglais dans l'enseignement primaire. anglo-saxons. Rakotoarisoa, l'un des neufs rédacteurs du pro- réseau le plus important du monde d'écoles Villechalane, délégué général de l'Alliance fran- Mais l'inclination anglo-saxonne de Marc (photo AFP) jet : "Madagascar a intégré des entités anglo- françaises avec 16 établissements de l'AEFE çaise à Madagascar 2, qui s'interroge toutefois Ravalomanana n’échappe à personne. Depuis son accession à la présidence en 2002, ce der- nier n'a jamais caché sa volonté de se tourner vers les pays anglophones pour développer le pays, et de se démarquer de l'ancienne puissan- ce coloniale, comme l'ont fait d'autres prési- dents africains libérés des fantôme du passé colonial -parmi lesquels Abdoulaye Wade au Sénégal et Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire. Lors de ses premières années au pouvoir, il pré- férait s'exprimer en anglais ou en allemand plu- tôt qu'en français. On reprochait même au nou- veau président son indifférence vis-à-vis de la culture française - à un journaliste lui deman- dant son avis sur le fait que certains le considé- raient comme un "anti-français", il avait répon- du : "Oh yes, j'adore la France".

UN TEMPS EN FROID avec Paris qui avait tardé à reconnaître sa victoire à l'élection prési- dentielle de 2002, Marc Ravalomanana a fini par renouer avec la France en 20043. Sans tou- tefois soutenir la machine francophone. Il a ainsi introduit l'anglais un peu partout. Quand il était maire d'Antananarivo, les "Arrêts Bus" étaient devenus des "Bus stop". Sa chaîne de télévision, Malagasy Broadcasting System, est la seule à diffuser des émissions en anglais. Lui- même a lancé une certaine mode linguistique en employant à tout-va des expressions anglaises telles que "take of", "chief of staff", "public, pri- vate, partenarship"… "L'avènement du régime Ravalomanana a inauguré une nouvelle ère en matière de politique de langues", confirme le quotidien Madagascar Tribune. "Plus d'un ont remarqué que le président préfère de loin utili- ser la langue de Shakespeare plutôt que celle de Molière. Il n'y a rien d'étonnant au fait que, sur les étiquettes des produits vita malagasy [fabri- qué à Madagascar] de TIKO, l'empire agro-ali- mentaire de Ravalomanana, ne figurent que des notices en… anglais."

36 kashkazi 65 juillet 2007 madagascar océan indien Constitution malgache “Acceptez-vous ce projet de révision de la Constitution pour le développement rapide et durable de chaque région boudé par l’opposition-, 75,38 % des votants ont approuvé la nouvelle Constitution, qui ressemble au président. la place du français. Une décentralisation

Désormais partie prenante du système écono- mique mondialisé -notamment avec les zones de façade Les 6 provinces autonomes sont remplacées par 22 régions. franches où se sont installées un certain nom- bre d'entreprises étrangères- la société malga- che n'échappe pas à cette évolution. Les off- ne sont provinces autonomes, dont le concept repose sur un vateurs symptomatique de cet état d'esprit. "Le pou- res d'emploi exigent de plus en plus souvent LES COMORES pas le fort non dit de considérations ethniques". voir ne s'est pas privé de les instrumentaliser, donnant la maîtrise de l'anglais, à l'oral et à l'écrit. La seul pays de la région à tâtonner à la recherche d'une Pour les remplacer, le pouvoir malgache a choisi de ainsi le flanc à toutes les critiques souvent fondées", présidence de la République fait elle-même forme adaptée de gestion politique et administrative quadriller l'île beaucoup plus étroitement en adoptant commentait l'année dernière Midi Madagascar 4. "A paraître ses offres d'emploi en anglais. du territoire. Le respect des "spécificités" passe-t-il 22 régions comme premières subdivisions. Ces deux mois de la fin de leur mandat, les 22 chefs de forcément par le morcellement de l'Etat en plusieurs régions existaient auparavant, mais n'avaient jamais région ne pourront pourtant présenter autre chose que PARALLÈLEMENT, le français est "mena- entités autonomes ? Comment appliquer la "décen- été dotées de réels moyens et pouvoirs. La ce qui a été attendu d'eux. A savoir, plaire aux diri- cé" par un autre phénomène : le retour en tralisation" ? Ces questions se posent aussi à Constitution amendée par Ravalomanana leur donne geants ! En tout cas, ils ont été particulièrement force du malgache. Si le français reste une Madagascar, qui échappe à la problématique insulai- une importance nouvelle : "La République de choyés depuis leur nomination. Présents à toutes les langue de l'élite, et notamment celle du Web - re mais est confrontée aux difficultés de gestion d'un Madagascar est organisée en collectivités territoriales cérémonies d'envergure, ils ont éclipsé les présidents la quasi-totalité des sites institutionnels et vaste territoire. décentralisées, dont l'autonomie administrative et de délégations spéciales des six Faritany Mizakatena d'information l'utilisent- et des médias -la plu- En faisant approuver par referendum, le 4 avril der- financière est garantie par la Constitution. Ces collec- [les Provinces autonomes, ndlr]. Les "meilleurs" part des journaux sont en français-, elle est de nier, des modifications apportées à la Constitution tivités territoriales concourent avec l'Etat au dévelop- d'entre eux ont pu bénéficier de "stages" en Europe plus en plus fragilisée par le renouveau de la malgache, le président Marc Ravalomanana a opté langue nationale. L'utilisation du malgache pour un retour vers un "régime présidentiel fort", dans une cérémonie où il y a de nombreux comme l'annonçait le journal L'Hebdomada en mars “Le Président de la République ne procède pas à la étrangers ne choque plus, rapporte le site de dernier 1. Il supprime ainsi l'une des principales carac- décentralisation mais confirme la centralisation entre ses mains.” l'Alliance française de Tana 4. L'hypothèse téristiques de la Constitution votée par l'Assemblée UN OPPOSANT DE MARC RAVALOMANANA d'un retour à la malgachisation de l'enseigne- nationale en 1998, qui consistait à accorder une large ment refait surface. On projette même de sup- autonomie aux six provinces de la grande île - pement de la Nation", indique-t-elle désormais. tandis que d'autres ont fait partie des voyages prési- primer le français des épreuves obligatoires Antananarivo, Antsiranana, Fianarantsoa, Selon Les Nouvelles 2, "Marc Ravalomanana prône dentiels à l'extérieur. La plupart du temps, ils sautent au baccalauréat. Mahajanga, Toamasina et Toliara. Dotées chacune de un développement de proximité en renforçant les d'un séminaire à un autre. (...) Le Chef de l'Etat leur Parlée et maîtrisée par 10% des Malgaches, le leur loi statutaire, les provinces autonomes ne pour- moyens des différentes structures décentralisées a rendu visite dans leur fief respectif. Autant de français n'est plus indispensable. "On a ten- ront jamais véritablement fonctionner sous le régime actuelles, depuis les fokontany jusqu'aux régions en signes de son attachement aux régions sur lesquelles, dance à croire que les gens qui occupent une de Didier Ratsiraka, qui "s'empêtrera dans l'impossi- passant par les communes et les districts. Un tel pour beaucoup, Marc Ravalomanana s'appuiera lors fonction importante maîtrisent le français", bilité matérielle et financière [de les] instaurer. (...) développement de proximité semble plus facile à des prochaines consultations électorales." peut-on lire sur ce site. "A l'écrit évidemment, Elles se limiteront aux apparences, les gouverneurs et gérer et à contrôler." à l'oral, c'est moins sûr. A titre d'exemple, les les mini-ministères des commissariats généraux ou Cette stratégie s'inscrit dans une politique de décen- DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES, des voix s'élèvent journalistes font les interviews en malgache et les ersatz d'assemblée, les conseils provinciaux. 1" tralisation entamée avant la modification de la pour critiquer cette conception de la décentralisation. les traduisent en français. Pour les journaux Pour justifier leur suppression moins de dix ans après Constitution, et largement encouragée par les "Comment faire de la décentralisation sans décentra- télévisés, on ne s'étonne plus de voir une leur autonomie, "plusieurs arguments ont été avancés bailleurs de fonds étrangers. Le concept de décentra- lisation, faire la démocratie avec un bâillon sur la interview en malgache dans l'édition françai- par les sénateurs, entre autres leur trop grande super- lisation est en effet à la mode, porté par les organisa- voix de la population comme si celle-ci puait de la se. Ils sont traduits en voix off, et peuvent ficie qui rend leur gestion plus ou moins difficile", tions internationales et de coopération qui en ont fait gueule ?" interrogeaient en 2005 Les Nouvelles5., qui même passer en "V.O"." indique le journal Les Nouvelles 2. Les difficultés de l'un de leurs credo partout où ils interviennent -aux poursuivaient : "Apparue sous des auspices de démo- Les médias eux-mêmes soutiennent l'utilisa- mise en place de ces provinces rappellent le scénario Comores, le Programme de coopération décentrali- cratie chétive et muette, la région mérite un dévelop- tion du malagasy… et de l'anglais. "Il est actuel des îles autonomes comoriennes : "Le co-pré- sée géré par l'Union européenne vient de démarrer. A pement rapide de ses organes en rendant la parole à évident que l'Etat malgache doit promouvoir sident du comité préparatoire, Honoré Madagascar, les différentes agences des Nations la population." Un an plus tôt, un opposant au régime l'étude de la langue anglaise qui reste la pre- Rakotomanana qui à l'époque, a siégé au sein du Unies sont impliquées dans un large programme s'insurgeait : "Le Président de la République ne pro- mière langue internationale. Elle est néces- comité pour la révision constitutionnelle de 1999 d'appui au processus de décentralisation. "En vue cède pas à la décentralisation mais confirme la cen- saire pour affermir les relations du pays avec visant l'institution des provinces autonomes, n'a pas d'atteindre un développement rapide et durable, le tralisation entre ses mains à lui du pouvoir !" 6 l'étranger dans le cadre de la mondialisation. caché que le fiasco de ces dernières tient au niveau gouvernement malgache a adopté le système de Ironie du sort, ce renforcement du pouvoir central sur Mais cela ne doit pas masquer le fait que des transferts de compétences, des moyens et des res- décentralisation caractérisé par une administration de l'ensemble du territoire devrait permettre au président plus de 80 % des Malgaches utilisent uni- sources", analysent ainsi Les Nouvelles. "Ces trans- base de proximité", pouvait-on lire en 2006 dans le de mieux contrôler… les bénéfices liés à la coopéra- quement leur langue maternelle aussi bien ferts auraient dû être effectués concomitamment, Madagascar Tribune 3. tion décentralisée. Dans le cadre de l'Union euro- au quotidien que dans leur milieu profes- mais les choses se sont passées autrement. (...) Il n'y péenne, de la coopération régionale avec Maore ou sionnel", écrit Madagascar Tribune. "N'est-il a jamais eu de transfert des ressources des provinces "DÉCENTRALISATION" n'est cependant pas for- La Réunion, ou encore de partenariats avec des col- pas temps de penser, en ce temps de disette autonomes, et c'est ce qui a abouti à leur échec…" cément synonyme de plus de démocratie et de lectivités territoriales françaises, les transferts finan- économique, à promouvoir d'abord notre responsabilité à l'échelon local. La décentralisation ciers et techniques se font de plus en plus au niveau langue pour qu'elle soit aussi celle du busi- MAIS LE PROBLÈME posé par ces provinces n'é- version Ravalomanana semble plutôt s'apparenter à local, entre deux villes ou deux régions -comme ness et celle du développement ?" s'interro- tait pas seulement économique. Liée à des revendica- un développement et un redéploiement des ramifica- Maore avec Boeny. En présence de collectivités loca- ge le quotidien, qui ignore du même coup la tions identitaires, leur autonomie sera suffisamment tions du pouvoir central. En effet, l'élection des auto- les fortes et dotées d'une certaine autonomie, cette langue française. affirmée pour permettre des velléités sécessionnistes. rités régionales n'est pas d'actualité. "Pendant une manne échapperait au pouvoir central. En renforçant RC Ainsi en avril 2002, la Haute Cour constitutionnelle longue période transitoire de trois années, le pays sa maîtrise sur les structures "décentralisées", l'hom- accorde la victoire de l'élection présidentielle à Marc sera sous haute surveillance de chefs de région dési- me d'affaires devenu président veille au grain… 1 Ravalomanana. Tandis que son rival, le président sor- gnés", annonce L'Hebdomada . Or au vu de l'atta- LG 1 La francophonie est née au lendemain de la décolo- tant Didier Ratsiraka, rejette la décision, deux de ces chement du président à les contrôler, il n'est pas évi- nisation des anciennes possessions françaises, et a été l'instrument de la diplomatie de Paris en Afrique. provinces proclament leur indépendance… Ce fut dent qu'il se résoudra à lâcher prise sur ces maillons 1 L'Hebdomada, 08/03/2007 2 AFP, 05/05/2007 sans doute, aux yeux du président actuel, un argu- essentiels à la maîtrise du vaste territoire qu'est la 2 Les Nouvelles, 08/03/2007 3 3 Madagascar Tribune, 03/06/2006 Jacques Chirac s'est depuis rendu deux fois à ment de plus en faveur de leur suppression. Pour Grande île. Le traitement réservé aux chefs de région, 4 Madagascar, en 2004 et 2005. Midi Madagascar, 19/04/2006 L'Hebdomada, il "a donc choisi la solution la plus dont les "meilleurs" sont chouchoutés et les "non- 5 Les Nouvelles, 03/01/2005 4 www.alliancefr.mg simple et soumettra à référendum la disparition des performants" limogés, est pour de nombreux obser- 6 L'express de Madagascar, 18/05/2004

kashkazi 65 juillet 2007 37 géopo ligne de mire Palestine : un Etat divisé en mille Au mépris des résolutions de l’ONU, Israël poursuit la colonisation de la Cisjordanie et Jérusalem, 40 ans après leur

qu'on appelle la politique du fait relles, 45,47% des 5.600 km2 que compte la dre ce à quoi ils aspirent", déplore David de ses obligations". accompli. Quarante ans après la Cisjordanie sont soit interdits d'accès, soit soumis Shearer, directeur de l'OCHA 3. Dans son enquête, Amnesty International passe C’EST CE guerre des Six-Jours, qui avait vu à un régime de permis pour les Palestiniens. Le constat d'Amnesty International est tout aussi en revue toutes les atteintes aux droits de l'hom- en juin 1967 1 l'armée israélienne investir la bande Toujours selon ce rapport, le taux de croissance accablant. Dans un rapport de 45 pages intitulé me et le non-respect des conventions internatio- de Gaza, la Cisjordanie, Jerusalem-Est et le pla- des colonies israéliennes est de 5,5 % par an, "soit "Supporter l'occupation", l'organisation interna- nales. La liste des interdictions permanentes fai- teau du Golan 2, un article du quotidien français Le l'équivalent de deux bus entiers qui, chaque jour, tionale dénonce "les violations répétées pendant tes au peuple palestinien est impressionnante : les Monde 3 débutait par ces interrogations : "Peut-on s'ajoutent aux 450.000 personnes déjà installées, presque quarante ans des lois internationales que Palestiniens de la bande de Gaza ne peuvent encore parler de la création d'un Etat palestinien c'est-à-dire trois fois la croissance naturelle de les légitimes préoccupations d'Israël en matière demeurer en Cisjordanie ; les Palestiniens n'ont viable à côté de celui d'Israël alors que tout l'Etat juif". Les chances d'une inversion de ten- de sécurité ne justifient pas" 4. Pour Malcolm pas le droit d'entrer dans Jérusalem-Est ; ceux de indique qu'elle n'est plus possible ? Faut-il encore dance ou d'un démantèlement des implantations Smart, directeur du programme sur le Moyen- Cisjordanie ne peuvent pas entrer dans Gaza par évoquer la "feuille de route", le plan de paix inter- apparaissent illusoires, soutient Le Monde. Orient d'Amnesty International, "le niveau de le point de contrôle d'Erez ; ils ne peuvent pas se national, alors que tout démontre qu'elle est désor- rendre dans la vallée du Jourdain ; ils ont l'inter- mais inapplicable ?" diction d'aller dans les villages, les terres, les Jusqu'alors taboues dans l'un des pays non-arabes “La réalité s’oriente dans une direction qui ne va pas leur villes et les alentours de la zone située entre le les plus à l'écoute des revendications de Gaza, ces permettre d’atteindre ce à quoi [les Palestiniens] aspirent.” mur de séparation et la "ligne verte" ; ils n'ont pas questions ne choquent plus que les militants actifs le droit d'entrer dans les colonies (même si leurs de la cause palestinienne. Et pour cause : à l'occa- DAVID SHEARER, DIRECTEUR DE L’OCHA terres sont à l'intérieur de la zone colonisée) ; ils sion du 40ème anniversaire de la guerre des Six- n'ont pas le droit d'entrer en voiture à Naplouse ; Jours, deux rapports, le premier d'Amnesty En effet, comme le révèle l'OCHA, l'Etat juif a désespoir, de pauvreté et d'insécurité alimentai- les Palestiniens résidant à Jérusalem ne peuvent International et le second de l'office de coordina- mis en place un véritable programme d'accapara- re dans les territoires occupés a atteint un niveau pas aller en zone A (dans les villes palestiniennes tion de l'ONU pour les affaires humanitaires tion des dernières terres vierges de la Cisjordanie, jamais atteint jusqu'à présent". "Les restrictions de Cisjordanie) ; ceux de la bande de Gaza ont (OCHA), illustrent, faits à l'appui, que l'emprise tronçonnée en une quinzaine de cantons desquels imposées sont disproportionnées et discrimina- l'interdiction d'entrer en Cisjordanie par le check- d'Israël sur la Cisjordanie est telle que la création il est pratiquement impossible de sortir pour les toires. Elles sont imposées aux Palestiniens point d'Allenby (frontière jordanienne) ; ils ne d'un Etat viable et continu s'apparente de plus en 2,5 millions d'habitants non israéliens qui vivent parce qu'ils sont palestiniens dans le seul bénéfi- sont pas autorisés à partir à l'étranger par l'aéro- plus à une fiction, affirme Le Monde 3. Selon le sur ce territoire. "La réalité s'oriente dans une ce des colons dont la présence en Cisjordanie est port Ben-Gourion ; les enfants de moins de 16 rapport de l'OCHA, parce qu'ils sont occupés par direction qui va rendre la vie des Palestiniens illégale", souligne le rapport, pour qui "la chari- ans n'ont pas le droit de quitter Naplouse sans un des colons, par l'armée ou décrétés réserves natu- plus difficile et ne va pas leur permettre d'attein- té et l'aide internationale n'absolvent pas Israël certificat de naissance et sans être accompagnés par leurs parents ; les résidents de Gaza ne peu- vent pas s'installer en Cisjordanie ; les résidents de Cisjordanie n'ont pas le droit de s'établir dans la vallée du Jourdain ; les Palestiniens ne sont pas autorisés à transporter des marchandises entre les différents check-points de Cisjordanie… Jérusalem, de plus en plus juive LA VIE EST AINSI devenue impossible dans les Territoires. En janvier, l'OCHA comptait 75 points de contrôle gardés en Cisjordanie, La ville sainte est colonisée selon une politique ethnique, dénonce Le Monde diplomatique. Extraits. quelque 150 check-points mobiles, 446 obsta- cles placés entre les routes et les villages et 74 de partage onusien de 1947 dra à l'Est quelque 164 km2. En revanche, à Jérusalem- Répression très inégale : selon Betselem, l'organisation km de barrières le long des routes principales. La LE PLAN avait doté la ville d'un "régime Ouest, le plan d'extension, dit Safdie, a provoqué une israélienne de défense des droits humains, en 2005, les Cisjordanie s'est transformée depuis 40 ans en international particulier", qui demeure, en 2007, son seul levée de boucliers écologiques." (…) La colonisation 5.653 infractions constatées à l'Ouest [côté israélien] ont un immense emmental, dont les trous innombra- statut mondialement reconnu. Mais la guerre de 1948 constitue le deuxième instrument de la stratégie israé- donné lieu à 26 démolitions partielles ou totales, tandis bles ne peuvent laisser que difficilement espérer déboucha sur sa division entre la Jordanie et Israël, lienne. Architecte et dirigeant de l'association Bimkom, que les 1.529 enregistrées à l'Est [côté palestinien] en qu'ils soient un jour comblés. Cette situation lequel installa sa capitale dans la partie occidentale avant qui se bat pour le droit de tous à planifier la ville, ont entraîné 76 ! (…) L'"illégalité" de 40 % des maisons n'est cependant pas due au hasard, loin de là. Dès de s'emparer, en 1967 [après sa victoire dans la guerre Shmuel Groag récapitule : "Le premier anneau se com- de Jérusalem-Est - 15.000 sur 40.600 - tient à ce que la la fin de la guerre des Six-Jours, une politique des Six-Jours], de la partie orientale et de l'annexer. En posait de 7 grandes colonies (..) Le second en compre- mairie n'accorde qu'au compte-gouttes les permis aux d'occupation de terres pourtant protégées par une 1980, une loi fondamentale proclama "Jérusalem entière nait 2 (...) Le troisième en a rajouté 9 (...) Au total, elles Palestiniens : de 2000 à 2004, 481 sur 5.300 immeubles résolution de l'ONU 5 a été mise en place par les et réunifiée capitale éternelle d'Israël". A défaut d'éterni- regroupent la moitié des 500.000 colons que compte la bâtis. (...) Discriminatoire, le budget de la ville ne l'est gouvernements israéliens -de droite comme de té, la politique de tous les gouvernements israéliens, Cisjordanie." (…) Le tout forme un impressionnant pas moins : Jérusalem-Est, avec 33 % de la population, gauche- qui se sont succédé depuis. depuis, a consisté à préserver l'hégémonie juive sur la réseau de routes à quatre voies, éclairées la nuit, au long ne s'en voit allouer que 8,48 %. Chaque Juif obtient en Comme l'indique Michel Bôle-Richard, cor- ville et à empêcher sa division ainsi que, ce faisant, la desquelles les arbres ont été coupés, des maisons dites moyenne 1 190 euros, et chaque Arabe 260. respondant du Monde à Jerusalem, "les frontières naissance d'un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour "dangereuses" détruites et des murs de protection érigés. [Quant au "mur", il a lui aussi un rôle dans cette judaï- d'Israël telles que définies par les Nations unies en capitale. (…) "La clé", précise M. Khalil Toufakji, direc- Reliant les colonies entre elles, ces "routes de contourne- sation de Jérusalem.] "Le mur est un outil que le gou- 1947 ne sont, pour une majorité des Israéliens, teur du département de cartographie de la Société des ment" sont interdites à la circulation palestinienne, reje- vernement utilise pour contrôler Jérusalem et non pour qu'une partie d'Eretz Israël, le Grand Israël. Dès études arabes, conseiller de la délégation palestinienne tée sur un réseau secondaire de mauvaise qualité, peu ou assurer la sécurité des Israéliens", tranche Menahem juillet 1967, Igal Allon, alors vice-premier minis- jusqu'aux négociations de Camp David, "c'est la démo- pas entretenu, et verrouillé par de nombreux check- Klein. De fait, il représente la quintessence de tous les tre travailliste, conçoit un plan prévoyant la mise graphie. Imposer une large majorité juive a toujours été points, fixes ou volants. outils de domination évoqués jusqu'ici. Il multiplie la en place d'une "frontière sécuritaire" qui permet la la priorité absolue des Israéliens. Mais les Palestiniens, surface de Jérusalem-Est par 2,3 en dessinant une sorte construction de colonies dans toutes les zones de 20 % de la population en 1967, sont devenus 35 % et (…) LA JUDAÏSATION PASSE AUSSI par la remise de trèfle qui inclut les nouvelles colonies avec leurs conquises. Et il étend la législation civile à tous les pourraient être majoritaires en 2030." Cette poussée en cause du libre accès aux Lieux saints, pourtant princi- zones de développement (…) "Chacun sait que les pro- nouveaux territoires. Jérusalem-Est est d'ores et résulte du différentiel de natalité, mais aussi du départ de pe commun à tous les textes internationaux depuis le chaines négociations partiront des "paramètres de déjà annexé de facto. Le tout, au nom de la défen- Juifs chassés par le chômage, la crise du logement et... le traité de Berlin (1885). "Voici des années que les musul- Clinton", et notamment la partition de la ville pour faire se d'Israël et de la sécurité (...). Le général Moshé climat intolérant créé par les religieux ultraorthodoxes. mans et les chrétiens de Cisjordanie n'ont plus accès à place à deux capitales", résume Menahem Klein. "Voilà Dayan, ministre de la Défense, met en pratique sa [Une évolution que l'administration israélienne tente de Al-Aqsa ou au Saint-Sépulcre", proteste le directeur du ce que le mur cherche à éviter, en cassant Al-Qods politique des "faits accomplis".3 " freiner.] M. Menahem Klein - lui aussi ex-conseiller à Waqf Adnan Al-Husseini. "Quant aux résidents de comme centre métropolitain, en la déconnectant de son Comme le rapporte Arieh Dayan dans le quoti- Camp David, mais côté israélien - ajoute : "Nous assis- Jérusalem, ils doivent avoir 45 ans pour venir y prier. hinterland économique, social et culturel palestinien." dien israélien Ha’aretz, “le 3 octobre 1967, cinq tons au plus grand effort israélien depuis 1967 pour Sans parler des humiliations infligées par les quelque (…) D'autres interlocuteurs relient l'escalade israélienne mois après la guerre des Six-Jours, le ministre du annexer Jérusalem." 4.000 soldats déployés lors des grandes fêtes." et l'état du processus de paix. Ainsi l'ambassadeur Travail fit parvenir des instructions écrites à son (…) Historiquement, le premier instrument de cet effort [Autre arme utilisée par Israël : les destructions de mai- Sanbar, selon qui les choses se sont accélérées "à partir département de la Statistique. Rédigées sur du fut l'extension illégale des frontières municipales. sons.] On a beau savoir l'incroyable violence dont tout du moment où Jérusalem a été officiellement inscrite à papier sans en-tête officiel, elles n’en représen- Résumé d'Amos Gil, directeur de l'association Ir Amim occupant - juif, chrétien ou musulman - est capable, la l'ordre du jour de la négociation. Afin qu'à force de faits taient pas moins un acte politique d’importance (La Ville des peuples) : "La vieille ville ne fait que 1 km2 destruction au bulldozer d'une maison, sous les yeux de accomplis il ne reste rien à négocier". (...) historique. (...) Selon les instructions [du minist- ; avec les quartiers arabes l'entourant, elle atteignait du ses habitants, est un spectacle insupportable. Que, re], “les frontières du mandat [britannique, de temps de la Jordanie 6 km2. Israël a annexé, en 1967, 64 depuis l'an 2000, la municipalité et le ministère de l'inté- Ph.REKACEWICZ et D.VIDAL 1922 à 1948] et les lignes d’armistice [de 1949] km2 de terres cisjordaniennes - dont 28 villages - pour rieur ont répété 529 fois - sans parler des amendes (Le Monde diplomatique, février 2007) ne [devaient] plus être tracées sur les nouvelles atteindre 70 km2. Lorsque le mur sera terminé, il cein- imposées aux propriétaires, 22,5 millions d'euros ! www.monde-diplomatique.fr cartes israéliennes.” ” 6

38 kashkazi 65 juillet 2007 ligne de mire géopo morceaux par la colonisation annexion. Cette politique du fait accompli risque de rendre impossible la création d’un Etat palestinien viable.

Si selon l’historien Gershom Gorenberg 6 “les Tel-Aviv à Jérusalem. Des souterrains sont creu- dirigeants travaillistes n’avaient peut-être pas de sés pour que les routes des colons et celles des programme établi” de la colonisation, “les déci- Arabes ne se rencontrent pas. La ville de sions qu’ils ont prises ont fait le système et fini Jérusalem est petit à petit interdite aux Arabes par édifier ‘l’empire israélien’ dans les (lire page précédente). Le "mur" également appe- Territoires.” Ainsi, plus de quarante aggloméra- lé "clôture de sécurité", qui devrait séparer les tions juives furent créées en sept ans en deux peuples sur une distance de 180 km dont Cisjordanie, à Gaza, sur le Golan et dans le Sinaï. seulement 5 respectant la ligne verte 7, et dont la "C'est la réalité qui se concrétise jour après jour construction a débuté en 2002, annexe d'ores et qui dictera les prochaines frontières définitives déjà 10% du territoire palestinien et isole encore d'Israël. Les points sur lesquels nous sommes un peu plus la population. "Il est impossible de déjà implantés ne seront pas restitués aux décrire par le détail une situation que beaucoup Arabes", déclare, dès mars 1973, le général comparent à un système de ségrégation et qui a Dayan. A l'époque, le gouvernement israélien fait de la "ligne verte", la frontière d'avant la guer- achète ou confisque des terres. La loi des absents re des Six-Jours, un tracé totalement bafoué par - un texte de 1950 permettant de saisir les biens la volonté expansionniste israélienne", continue

“L'analogie est souvent faite entre l'apartheid et l'occupation de la Palestine par Israël. L'occupation est bien pire.” RONNIE KASRILS, MINISTRE SUD-AFRICAIN DES SERVICES DE RENSEIGNEMENTS de tous les Palestiniens qui ont fui en 1948, lors le journaliste du Monde. "A Naplouse, par exem- de la guerre dite d'indépendance - est utilisée à ple, tous les habitants des bourgs et des villages grande échelle, selon un processus totalement environnants doivent faire un détour de plus de arbitraire : l'armée israélienne interdit l'accès à 20 km pour se rendre dans cette ville, alors que, certaines terres pour des raisons de sécurité -le avec la route directe, ils y seraient très rapide- long des routes notamment- ; ces terres sont donc ment." De même, les habitants de Ramallah, la inexploitées ; au bout de dix ans, l'autorité les ville la plus importante de Cisjordanie, ne peu- déclare israélienne selon cette loi des absents, et vent aller ni à Naplouse, ni à Jéricho, ni à Hébron. procède à l'installation de colonies… Des familles entières ne se sont pas vues depuis plusieurs années. "L'IMPORTANT EST DE créer une situation Une étude de l'organisation Bimkom, qui réunit irréversible sur le terrain", affirme Michel Bôle- des géomètres et des architectes, a établi que Richard. En 1977, quelque 11.000 colons sont 250.000 Palestiniens, coincés entre la "ligne déjà installés dans les territoires, dans près de 80 verte" et la "clôture de sécurité" étaient dans l'in- colonies. Le phénomène, caché au reste du capacité de se rendre en Cisjordanie. Ceux qui le monde -selon Goremberg, les autorités israélien- peuvent encore doivent endurer les pires humi- nes faisaient croire qu’il s’agissait d’implanta- liations. Voici le récit que font pour Le Monde tions uniquement militaires à but sécuritaire- ne diplomatique Ph.Rekacewicz et D.Vidal 8 d'une va faire que croître. Dès le début des années de ces excursions en territoire "voisin" : "De Tel- 1980, la carte de la colonisation est dessinée et le Aviv, la route principale file à peu près droit, processus est en marche. A la veille des accords puis, passé l'aéroport Ben-Gourion, elle com- d'Oslo, en septembre 1993, le chiffre de 100.000 mence à onduler en grimpant vers Jérusalem colons, objectif fixé par Menahem Begin au (...). Les Israéliens comme les étrangers n'ont en début des années 1980, est largement dépassé en fait que l'embarras du choix : ils peuvent attein- Cisjordanie. "Aujourd'hui, 268.000 colons vivent dre le centre-ville par bien d'autres routes, au en Cisjordanie dans 121 implantations, qui ne nord comme au sud. Pour les Palestiniens de cessent de s'agrandir au fil des mois. On dénom- Cisjordanie, gagner la ville trois fois sainte est bre, de plus, 102 colonies sauvages, autant de une autre histoire. S'ils ont franchi les check- points de fixation destinés à ancrer la population points intérieurs, ils buteront sur le plus brutal juive selon un maillage parfaitement maîtrisé qui des obstacles jamais inventés pour contrôler et permet peu à peu de prendre le contrôle total de limiter les déplacements dans les territoires la Cisjordanie", indique Michel Bôle-Richard. occupés : un mur d'une dizaine de mètres de hau- Qui poursuit : "Il suffit de voyager dans les terri- teur, qui enveloppera bientôt entièrement la par- toires occupés pour se rendre compte que, colline tie orientale de la cité, effaçant le paysage et janvier 2007, un ordre militaire devait interdire à ministre sud-africain des services de renseigne- Ci-dessus, Moshe après colline, la colonisation tisse implacable- interdisant les accès traditionnels. Il coupe tout Israélien ou Palestinien "résident" de ment. Il faut dire qu’à l’époque de l’apartheid, Dayan dans les ment sa toile pour quadriller toute la Cisjordanie, même net les deux grands axes historiques - transporter un habitant non juif de Cisjordanie. Il l’Afrique du Sud était mise au ban des nations. années 1970. encerclant les villes et les villages palestiniens. Jérusalem-Amman et Jénine-Hébron. Le mons- a suscité des protestations telles que son applica- C’est loin d’être le cas d’Israël. Général de l’armée israélienne, il mena (…) Il y a d'abord le sectionnement longitudinal trueux serpent ne s'interrompt plus -pour les tion a été "gelée"... RC la guerre des par les blocs de colonies : Gush Etzion au sud de Cisjordaniens- qu'en quatre points : Qalandiya Ainsi "enserrées dans ce carcan, les villes pales- Six-Jours, et défendit Jérusalem, Maalé Adoumim à l'est et Ariel au au nord, Shuafat au nord-est, Ras Abou Sbeitan tiniennes meurent à petit feu, que ce soit 1 La guerre des Six-Jours a opposé, du 5 au 10 juin la colonisation nord, puis Kedoumim dans la partie supérieure à l'est et Gilo au sud. Encore devront-ils, pour y Naplouse, Bethléem, Hébron ou Jéricho", 1967, Israël à l'Egypte, la Syrie et la Jordanie. en Cisjordanie. de la Cisjordanie. Ces ensembles permettent de parvenir, se livrer à maints détours, laisser leur conclut Le Monde. "Les entraves au commerce, 2 Le désert du Sinaï avait également été occupé, avant (photo DR) fractionner complètement le territoire, qui, en voiture et traverser à pied, les véhicules palesti- les atteintes à la liberté d'aller et venir, les boucla- d’être rendu à l'Egypte en 1978. plus, est divisé -de par les implantations et le niens étant strictement interdits à Jérusalem...” ges incessants, notamment à l'occasion de toutes 3 Le Monde, 06/06/2007 réseau de routes réservées aux colons- en une les fêtes juives, étouffent et paralysent toute pos- 4 http://web.amnesty.org/library/index/fram- multitude de petits cantons séparés les uns des “PARTOUT LES PANNEAUX sermonnent : sibilité de développement économique." Dans un de150332007 autres, comme les taches d'une peau de léopard. "Entrez un par un", "Attendez patiemment votre rapport publié en mai, la Banque mondiale esti- 5 Résolution 242 du Conseil de sécurité de l'ONU Tout cela ressemble à certains bantoustans en tour", "Laissez cet endroit propre", "Retirez me que toutes ces limitations rendent totalement 6 Ha’aretz, juin 2007 (traduction : Courrier international) Afrique du Sud du temps de l'apartheid. Pris dans votre manteau", "Obéissez aux instructions". impossibles une sortie de crise pour l'économie 7 La construction d'un mur séparant Israël de la une sorte de filet, les Palestiniens ne peuvent plus Quant aux couloirs grillagés en haut comme sur palestinienne et une réduction du chômage. Cisjordanie a débuté en 2002. Ce mur, trois fois plus haut et deux fois plus large que le mur de Berlin, sortir de ce qui apparaît de plus en plus comme les côtés, ils ressemblent aux tunnels conduisant "L'analogie est souvent faite entre l'apartheid s'enfonce en Cisjordanie en annexant de nombreuses des réserves." les fauves jusqu'à la piste du cirque..." Mais en et l'occupation de la Palestine par Israël. Ce colonies. La Cour internationale de justice de La Haye La vallée du Jourdain est interdite aux non-rési- matière de ségrégation, il y a plus infâme, rap- n'est pas la même chose. L'occupation est bien l’a déclaré illégal en 2004. dents palestiniens, comme la route 443 qui relie porte Le Monde diplomatique : à compter du 19 pire", a déclaré, le 10 mai, Ronnie Kasrils, 8 Le Monde diplomatique, février 2007

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bat pour "Mayotte française" voudrait que ces deux des- Plus que les créoles Marcel tins ne soient pas liés. Que ces deux hommes n'aient rien à voir ensemble. Et pourtant, à bien étudier leurs vies Henry et Adrien Giraud, respectives, à bien analyser leurs discours, force est de constater qu'ils ont tout ou presque en commun. Certes, Toumbou gardait une rancune tenace vis-à-vis de Younoussa Bamana symbolisait Bamana -plus encore de Marcel Henry. Lui qui avait été à l'origine de la séparation (avec Souffou Sabili) avant de le combat des Mahorais pour créer le parti serré-la-main en réaction à la "prise de pou- d'un mois, c'est voir" de Marcel Henry au sein du Mouvement populaire EN L'ESPACE tout un pan de mahorais (MPM), était perçu comme un indépendantiste “Mayotte française”. Son décès a l'histoire contemporaine de l'archipel qui s'en est allé. prêt à tout pour ramener l'île dans le giron comorien. Après Saïd Mohamed Djohar en février 2006, deux vieux Certes, Bamana n'évoquait jamais le nom de Toumbou. éclipsé celui d’un de ses illustres baobabs de la politique comorienne sont partis en l'espace Lui qui avait lutté pendant 40 ans pour faire en sorte que d'un mois. Et pas n'importe lesquels : à eux deux, Maore reste à jamais française symbolisait, plus que tout Bamana et Toumbou résument toutes les ambiguïtés, autre, la volonté des Mahorais d'en finir avec cette "unité opposants, Saïd Toumbou, qui toute la complexité résultant du combat des Mahorais contre-nature". pour "Mayotte française". Mais tous deux se faisaient finalement une idée assez représentait une autre facette du Le 18 mai, Saïd Toumbou s'est éteint dans son village similaire de la vie, basée sur les mêmes principes - natal d'Acoua. Il avait 82 ans. Personne ou presque n'en a respect, travail et honnêteté- et surtout sur la même pas- parlé. Le 22 juin, Younoussa Bamana l'a suivi. Après une sion : Maore. destin de Maore. Retour sur les hospitalisation en mai, il a succombé à l'âge de 72 ans, dans le foyer de sa femme à Mamoudzou, loin de son LEUR DESTIN se croise avant même leur naissance : le parcours pas si différents de domaine "privé" d'Ouroveni. Des obsèques quasi nationa- grand-père de la future femme de Saïd Toumbou (Mama les lui ont été réservées. Boinali) est aussi le père de la mère de Bamana. Il débute deux amoureux de leur île. L'Histoire officielle imposée par les vainqueurs du com- dans les champs : Toumbou comme Bamana sont des fils Bamana, Toumbou,

Y. Bamana entre L. Le Pensec et A. Giraud, dans les années 1990. (photo : Jana na Leo)

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de cultivateurs, l'un au nord, à Acoua, l'autre au sud, à tous deux agriculteurs-, ils avaient assimilé les valeurs ble comorien", dit de lui M.Hassanaly, ancien député. incontestablement passer par une adaptation du régime Kani-Be. Puis il se poursuit selon la même logique : tous républicaines de la France et ne cessaient de les transmet- "Ses interventions à l'Assemblée portaient presque toutes législatif et d'une organisation administrative résultant de deux se sont faits seuls, à force de caractère. Le premier tre. Quitte à être incompris, comme lorsque Toumbou sur la représentation de Mayotte, l'équilibre des pou- mesures spécifiques nécessitées par notre situation parti- dans l'armée, le second à l'école. Ils se croiseront par la tentait d'organiser son village de manière rationnelle. "Il voirs…" Ce n'est que lorsqu'ils se sont rendus compte que culière (…) 2". A la fin de ses jours, il ne cachait pas qu'il suite, au fil des congrès de l'UDIM, futur MPM, et des nous disait que l'esprit villageois n'était pas bon", affirme personne ne les écoutait, à Moroni, qu'ils en sont arrivés à faudrait encore attendre. "On a du chemin à parcourir", élections. Toumbou succède à Bamana en 1962 au poste son fils Boinali. Pour eux, l'oisiveté était la pire des tares. l'idée extrême de séparation. répétait-il en octobre 2006. Avant d'ajouter : "La vraie de député, qui lui succèdera à son tour en 1967. C'est à ce Leur chemin s'est séparé pour de vulgaires enjeux politi- question qu'il faut se poser est la suivante : quels change- moment-là que se joue leur destin, que l'Histoire choisit ON POURRAIT également faire le rapprochement entre ciens qui ont opposé Marcel Henry à Souffou Sabili. Puis ment nous apportera le département par rapport au sta- son vainqueur -provisoire. Bamana adopte le bon camp. leur caractère : grandes gueules, ils disaient ce qu'ils pen- Toumbou s'est rallié à Abdallah -quand Bamana se rap- tut de Collectivité départementale actuel ? Que l'on ne se Pour autant, leur conception de l'avenir n'est pas si diffé- saient de manière crue parfois, n'hésitaient pas à aller au prochait de Soilihi. Mais finalement, à la fin de leurs trompe pas. Le département de La Réunion fait tant rêver rente. Pour Bamana comme pour Toumbou, l'émancipa- charbon, quitte à en subir les conséquences -tous deux ont jours, leur idée de Maore était sensiblement la même. alors que la pauvreté qui sévit là-bas est sans pareille" 3. tion des Mahorais passe par l'école et le travail. Tous deux fait de la prison. Ils aimaient parler, raconter, transmettre à "Mayotte n'est pas en mesure de devenir département Qu'ils se soient trompés ou pas, les deux hommes sont pousseront leurs enfants à la réussite : les deux familles leurs convives qu'ils accueillaient en toute simplicité dans avant 20 ans" disait l'homme d'Acoua. "Les Mahorais ne restés en accord avec eux-même. Mahorais avant tout, sont désormais célèbres dans l'île. "Moi, j'ai envoyé tous leur maison somme toute modeste. connaissent pas les inconvénients du département." Pour donc quelque part Comoriens. mes enfants à l'école, le plus tôt possible" disait Surtout, les deux hommes aimaient Maore et ont lutté Boinali Saïd, "il n'était pas indépendantiste. Mais il ne RC Toumbou. "Quand ils étaient trop petits pour être inscrits, toute leur vie pour ce qu'ils croyaient bon pour ses habi- croyait pas que la France donnerait le département." j'allais voir l'instituteur et je lui disais : 'écoute, il m'em- tants. Ainsi Toumbou n'était pas cet indépendantiste que Lui-même citait Jacques Chirac pour conforter sa thèse : merde trop lui, prends-le'." Quant à Bamana, malgré un l'Histoire pour l'heure retient. Au contraire, au crépuscule "Il a toujours repoussé le département parce qu'il a com- emploi du temps chargé et une multitude d'enfants, il a de sa vie, il affirmait avoir sans cesse lutté pour la recon- pris que ce statut n'est pas le bon." Même Ali Saïd, qui sans cesse suivi leur scolarité, quitte à les faire venir en naissance de Maore "Quand j'étais député", racontait-il, lui l'est (indépendantiste) et dont Toumbou l'a aidé à créer France lorsqu'il s'y trouvait, afin de leur offrir une éduca- "je leur disais aux autres députés : 'il faut se partager la son parti dans les années 80, doute des convictions de tion synonyme de réussite. "J'ai 20 enfants et je les suis part du gâteau'. Déjà que la France donnait peu, quand l'ancien combattant : "Je ne sais pas vraiment. Je sais de près. Pas question que l'un d'eux reste en arrière sans il y avait 100 francs à se partager entre les îles, nous on juste qu'il a toujours lutté pour les intérêts de Mayotte". 1 études, sans travail" affirmait-il dans Jana na Leo . avait 1 franc, et les Mohéliens 1 franc." Bamana avait la 1 Jana na Leo (n° inconnu) C'est que les deux hommes avaient finalement une philo- même ambition : "C'était quelqu'un qui se sentait investi BAMANA de son côté, s'interrogeait sur ce statut. En 2 Durant la campagne sur l’Accord sur l’avenir de Maore sophie assez proche. Amoureux de la terre - ils se disaient du devoir de préserver la place de Mayotte dans l'ensem- 1999, il déclarait : "Nos attentes d'un changement doivent 3 Le Mawana n°38, 12/10/2006 deux destins... Bamana, un Mahorais, un vrai

de coutume d'entamer la bio- de son île ? Qui mieux que lui est susceptible de Mahorais ont choisi la poursuite de la colonisation, blissements plus ou moins cotés. Le Galliéni for- IL EST graphie d'un homme qui vient symboliser le Mahorais ? Virulent envers les de conclure : "Il va laisser un grand vide." Les mait l'élite". Ils sont deux Mahorais à partir en de disparaître par une anecdote ou une phrase qui, Anjouanais : "Ce sont des roublards, des hommages les plus forts sont ceux laissés par ses 1947-48 : lui et Abdourazaq, bientôt rejoints par à elles seules, résumeraient ce qu'il a été. Pour cer- voleurs, ils ne pensent qu'à l'argent", nous dis- adversaires… Blaise, Boina… et le Grand-comorien Ali Soilihi 4. tains, c'est très loin qu'il faut chercher, quitte à ait-il en octobre 20052. Moqueur vis-à-vis des Bamana et ces deux derniers formeront un trio d'a- romancer, pour en trouver une. Avec Bamana, per- Grand-comoriens : "Quand ils ont pris leur YOUNOUSSA BAMANA est né en 1935. Le 10 mis quasi inséparables, affirme l'ancien combat- sonnage entier qui ne peut laisser insensible, il y en indépendance, j'étais là-bas, je leur ai dit : février ou le 1er avril, on ne sait pas vraiment. A tant. "On a passé six ans ensemble. Il était mon a tellement qu'on ne sait par laquelle commencer. 'Vous viendrez mendier chez nous' 2". Mais telle- Kani-Bé, ça c'est sûr. Fils parmi d'autres de cultiva- parrain quand je suis arrivé, car il était là depuis Un terme peut-être, est le mieux approprié. Un mot. ment conscient de sa comorianité. Français cer- teurs modestes, il les rejoint rapidement aux un an et il y avait peu de Mahorais. A l'époque, je Un seul. "Mahorais". tes, sur le papier. Mais Comorien dans l'âme. champs. Puis son père l'envoie en Petite Terre, chez commettais beaucoup de bêtises ; il n'arrêtait pas L'un des chefs d'œuvre de l'écrivain américain Tom "Nous sommes quatre frères" osait-il dire. sa grand-tante, "Dadi madame", qui habite le quar- de me surveiller. Il me foutait des coups de pieds au Wolfe s'intitule "Un homme. Un vrai". Difficile de "Mais doit-on habiter dans la même maison ? tier malgachophone de ne pas transposer ce titre au Mze. Car avant d'être Les quatre frères avec leurs femmes, leurs Sandravangue. Est-ce parce qu'il a un Comorien, avant d'être un Français, avant d'être enfants doivent-ils rester dans la même maison décelé chez Younoussa un réel “C’était un bon camarade, sérieux mais prêt à s’amuser. un homme politique intègre, un footballeur pas- ? Non ! Moi, je choisis d'être chez moi et ensui- potentiel intellectuel qu'il veut lui On allait souvent pêcher ensemble.” sionné, un bacoco à la fois ouvert et irritable, géné- te je compose. Je peux inviter mes frères et permettre d'aller à l'école - l'île COMMANDANT BOINA reux et injurieux, un "séparatiste" méprisé ou un sœurs un jour si le père est là pour un conseil de compte alors quatre écoles primai- "héros" adulé, avant même d'être un père de famille famille. Voilà comment je conçois les choses. res de la République, dont celle de chéri par ses enfants, Younoussa Bamana se consi- Mais que les Comores réclament systématique- Pamandzi ? Ou simplement parce qu'il ne pouvait cul et me disait sans cesse : ‘Tu vas arrêter de faire dérait comme un Mahorais ("Je suis Mahorais ment Mayotte comorienne... Là, on ne se comp- plus élever tous ses enfants ? En guise de piste, le con !’ Un jour, j'étais sur le point de frapper le avant d'être français", disait-il). Un vrai. L'un des rend plus. Nous avons choisis une grande Martial Henry, qui l'a connu à cette époque et l'a surveillant en chef. Il m'a vu depuis l'étage et a seuls peut-être, avec Saïd Toumbou, à aimer son île nation, la France. Nous voulons être départe- côtoyé toute sa vie durant, affirme que dans ces crié : ‘Ne fais pas le con !’ Il est descendu et m'a plus que lui-même… ment français pour être libre. 3" Le rejet des temps-là, "quand on n'avait pas les moyens, on foutu une baffe…" Toujours prêt à s'occuper des A la fin de sa vie, entre une sieste dans sa Comoriens n'était pas celui du peuple, mais des envoyait certains des enfants se faire élever chez autres : Ali Saïd peut en témoigner. Après l'avoir modeste bicoque d'Ouroveni et une balade dans élites. Celles qui l'ont poussé à se révolter dans des femmes de la famille qui n'en avaient pas". côtoyé à l'école primaire de Pamandzi, il le revoit sa vieille Citroën utilitaire, Bamana ne cessait les années 60 et à choisir la voie de l'assimila- Rapidement cependant, Bamana démontre un réel pour la deuxième fois en 1958 à Moroni. Bamana de répéter que "Mayotte française, c'est moi ! tion plutôt que de l'indépendance - "on ne veut potentiel. "Il était très brillant" rapportent ses alors instituteur vient passer son brevet élémentai- C'est pas Giraud, c'est pas Henry. Ils ne traver- pas de votre indépendance à la con" avait-il anciens camarades de classe, Martial et Blaise re, un diplôme qu'il n'a pas et dont il a besoin pour sent jamais eux [de Petite Terre à Grande Terre, lancé aux députés comoriens en 1975. Henry, ainsi que commandant Boina. "C'était un enseigner en CM2. Ali Saïd est lui en 3ème. "A l'é- ndlr]. Moi, je vis avec le peuple". Déjà en 1993, "C'était mon instituteur en 1960", affirme le mili- bon camarade. Sérieux, mais prêt à s'amuser. On preuve orale de chimie, je suis passé juste après il affirmait être "le seul Mahorais à assurer les tant indépendantiste du Front démocratique allait souvent pêcher ensemble", dit ce dernier. lui", raconte-t-il. "On s'est un peu parlé ; il a su que réalités du pouvoir à Mayotte 1". Celui que Youssouf Saïd 3. "Bien que politiquement, je ne Brillant donc. A tel point qu'il est l'un des seuls à j'étais mahorais. Quand il partait, il a vu que je fai- l'Union de défense des intérêts de Mayotte partageais pas ses positions et que nous étions pouvoir tenter le concours d'entrée au prestigieux sais une erreur. Devant le professeur, un mzungu, il (UDIM) des créoles Georges Nahouda et adversaires, nous avions un respect réciproque. lycée Galliéni d'Antananarivo. "A l'époque, seuls m'a dit en shimaore : ‘T'as oublié une équation Marcel Henry avait été cherché en 1958 pour Malgré ce que disait l'homme politique, il est resté les meilleurs avaient cette chance", affirme com- dans ta réaction’. Il a pris le risque de se faire représenter les Mahorais parce qu'il était maho- profondément comorien." Et celui que le combat mandant Boina. "Dans les quatre îles, il n'y avait pénaliser pour m'aider !" rais, a bien rempli son rôle. Car qui mieux que idéologique a opposé au Mze, celui qui jamais n'a pas de collège ni de lycée. Il fallait aller à Retour au lycée Galliéni. Le jeune lui est capable de personnifier le choix politique accepté l'idée que Bamana assumait -celle que les Madagascar. Et à Madagascar il y avait des éta- Younoussa est studieux. "Il disait que si on ...

kashkazi 65 juillet 2007 41 dossier bamana-toumbou, deux destins

... veut réussir, ça doit passer par le travail". de pousser ses concitoyens à poursuivre leurs étu- tion de l'archipel : "Les Anjouanais sont partout", timent d'injustice né au lycée. "Quand je voyais "Il était brillant, surtout en français", se des. "C'est lui qui m'a mis le pied aux fesses pour disait-il souvent, "en Grande-Comore, à Mohéli, à comment se passaient les élections, je me disais que souvient Martial. "Lorsque plus tard, on que je passe mes diplômes", indique Ali Saïd. "Il Mayotte, mais avez-vous vu des étrangers à ce n'était pas possible, qu'il fallait que cela cesse." lui écrivait ses discours en tant qu'élu, il commen- me disait : 'Vous les gens de la brousse, vous ne fai- Anjouan vous ? Non. Pas un seul !" Il affirmait "En tant qu'instituteurs, on travaillait dans les çait à les lire, puis il improvisait. Et c'était plus tes rien pour réussir !'" aussi avoir été marqué par la "démographie galo- bureaux les jours d'élection", confirme Blaise remarquable que le texte écrit." Intelligent, tra- pante" dans l'île. "Je voyais des banga sortir tous Henry. "Les notables des villages se présentaient vailleur, Bamana n'en reste pas moins un bon MAIS DÉJÀ À L'ÉPOQUE, il ressent un malaise les jours comme des souris. Je leur disais : 'Qu'est alors et disaient qu'ils votaient pour l'ensemble du camarade. "Il était ami avec tout le monde", se sou- quant aux inégalités insulaires. S'il reconnaît que ce que vous faites ? Anjouan ne va pas s'étendre !' village, ou de la famille. On se disait que ce n'était vient Blaise Henry. "Avec Soilihi, on formait un trio les dirigeants comoriens de l'époque les gâtaient, Ils me répondaient que c'est le Coran qui dit qu'il pas normal." inséparable. On discutait beaucoup ensemble", eux leurs futurs successeurs -"Saïd Ibrahim et Saïd faut faire des enfants. Je leur disais : 'Mais le En 1958, Marcel Henry lui propose de devenir Mohamed Cheick venaient souvent Coran n'a jamais dit ça !' Aujourd'hui, ils sont trop conseiller général de l'Assemblée territoriale. nous voir et nous aidaient beaucoup, nombreux, et ils viennent chez nous". "C'était un des Mahorais les plus brillants. D'autre “Avec Soilihi, on formait un trio inséparable. On n’était pas quand il y avait besoin ils nous prê- part, son niveau d'étude, le Bac, était rarissime à des révolutionnaires. Nous étions très francophiles.” taient de l'argent, ils nous amenaient IL RÉPÉTAIT À L'ENVI que les Anjouanais Mayotte", dit Blaise Henry. Et Marcel le créole au cinéma aussi" se souvient Boina-, étaient "des voleurs", que les notables anjouanais avait besoin de Mahorais natifs. De son côté, COMMANDANT BOINA Bamana est choqué par les avantages avaient colonisé Maore. "Il y a plein de Malgaches Bamana voulait rentrer chez lui… et était curieux. dont bénéficient selon lui les Grand- qui rentrent ici irrégulièrement. Pourquoi on se "On était des sportifs. La politique, c'était pas notre affirme Boina. De sport, d'avenir, d'ambitions. comoriens et les Anjouanais. "Ils avaient tout", focalise sur les Anjouanais et pas les Malgaches ?" truc. Mais il s'est dit : 'je vais aller voir'" rapporte Mais peu de politique. "C'était avant tout un amou- affirmait-il au crépuscule de sa vie. "On était deux questionnait-il en 2005, avant de répondre : Blaise. Qui poursuit : "Et puis il se disait : 'si c'est reux du football", dit Martial, avec qui il a joué des Mahorais, il y avait un Mohélien, et le reste, c'é- "L'histoire… A Mayotte, il y a eu deux sortes de pour le bien de Mayotte ça vaut la peine'. Il aimait années durant. "On n'était pas des révolutionnai- taient des Anjouanais et des Grand-comoriens. Il y colons, ceux de la Réunion, les blancs comme profondément son île." res", assure Boina. "Même Ali Soilihi. Je pense que avait des quotas. Déjà, j'avais alors 16 ans, je me Avice, Henry… et ceux d'Anjouan : Ahmed D'abord affecté à Bandrele, puis à Sada où il la révolution comorienne est surtout née au lycée suis dit que ce n'était pas normal." Abdallah, qui possédait Mirereni, Mohamed devient directeur d'école, Bamana se fait un nom. de Moroni. Nous à Madagascar, nous étions très Lorsqu'il rentre au pays en 1956, il s'engage dans Ahmed, qui possédait Longoni, Ahmed Abdou, qui Non pas pour son action politique -il est encore francophiles : on nous payait des études, on n'allait l'enseignement. Un peu par défaut : "Il voulait tra- possédait Kaweni… La liste est longue… Mayotte assez effacé-, mais pour ses qualités d'enseignants. tout de même pas cracher dans la soupe." Ainsi, vailler et instit', ça payait bien. Moi-même qui a été colonisée par deux peuples." De tels propos "Il a été le premier Comorien à posséder le certifi- "les événements de Madagascar en 1947, la volon- était enseignant à Domoni, je l'ai poussé à s'enga- ont été assimilés à du racisme. Pourtant, Bamana cat d'aptitude pédagogique, qui était un diplôme té d'indépendance des Malgaches, nous en parlions ger dans cette voie", dit Blaise Henry. Beaucoup peu, car on était bien surveillés à Galliéni. On sor- par passion : "Il a toujours aimé s'occuper des jeu- tait une fois par semaine, et encore c'était sous sur- nes. Pour lui, l'enseignement était essentiel. Il “Je voyais des banga sortir tous les jours comme des souris. Je leur veillance. La promenade dominicale, on appelait nous disait toujours : ‘Si vous voulez faire quelque disais : 'Qu'est ce que vous faites ? Anjouan ne va pas s'étendre !'” ça." Pour Bamana comme pour Soilihi à l'époque, chose de votre vie, cela passe par l'école’" se sou- YOUNOUSSA BAMANA l'enjeu est avant tout humain : "On se fichait de vient un de ses fils 5. savoir s'il nous fallait l'indépendance. Mais on pen- Bamana est affecté à Ndzuani. A Moya la premiè- sait qu'il faudrait bien qu'on arrive à se prendre en re année. "C'était très difficile pour lui car il était s'en est toujours défendu. "J'aime les Anjouanais métropolitain", rappelle Martial Henry. "C'était un charge un jour. Bamana se disait qu'il faudrait que loin de tout", dit Blaise. "Heureusement, tous les comme j'aime les Mahorais", disait-il, lui dont la excellent pédagogue", renchérit Ali Saïd. "C'était le demain, nous soyions capables de conduire le pays week-ends il venait chez moi à Domoni, soit à pied première femme fut une Anjouanaise. Lui qui meilleur enseignant des Comores. Il avait la capa- nous-mêmes." Cette philosophie, jamais le Mze ne soit avec le camion de la société coloniale Ajao. On vivait très mal les innombrables disparitions dans le cité de motiver les jeunes sans les blesser. A l'é- l'a perdue de vue. Même lorsqu'il cautionnait la discutait, on mangeait. L'année suivante il a été bras de mer qui sépare son île de Ndzuani. "Mais poque c'était quelqu'un de posé." poursuite de la colonisation, il a toujours affirmé affecté à Mremani [dans le Nyumakele]". De cette nous avons deux conceptions différentes de la vie. Posé, mais déjà fort en gueule. Lorsqu'un inspec- qu'il était du devoir des Mahorais de se prendre en époque, Bamana gardait un souvenir aiguisé. Le Alors vivons-les chacun chez nous", pensait-il. teur pédagogique entre dans sa salle de classe sans charge. Tout au long de sa vie, il n'aura eu de cesse contact avec les Anjouanais a façonné sa concep- C'est aussi à Ndzuani que s'est développé son sen- frapper, à une époque où le simple fait de croiser un mzungu oblige aux courbettes, il l'envoie balader. "Ressortez de cette salle et frappez si vous souhai- tez y entrer !", lui lance-t-il. "Il est parti très en colè- re", s'amusait-il à se remémorer, avant de lâcher : "Mais il est revenu et au final a fait un très bon rap- port sur moi. Il m'a dit que j'étais le meilleur ensei- ARCHIVES gnant de l'île !" Tout Bamana pourrait se résumer dans cette anecdote : capable d'envoyer bouler n'importe qui, mais finalement de se réconcilier, de se faire accepter, puis apprécier. Une autre anecdo- te : "Une fois, une mzungu qui était enseignante 6 juillet 1975 : Bamana dit “non” est venue me voir chez moi. Elle m'a dit qu'on était trop durs avec les Anjouanais. Je lui ai dit : 'Si tu En juillet 2006, Younoussa Bamana nous racontait la journée de la proclamation penses ça, sors de chez moi tout de suite, petite conne !' Elle est partie en colère. Mais elle est de l’indépendance à Moroni. Nous publions à nouveau cet article paru dans le numéro 46. revenue. On a bien discuté." Toute sa vie, Bamana sera resté un enseignant. CETTE JOURNÉE, IL L'AVAIT VUE VENIR pendance, il a paniqué, et a décidé que ce serait vais pas peur. On était hués, mais on n'a pas été "Qui n'a pas souvenir du pédagogue sur le per- DEPUIS BIEN LONGTEMPS, Younoussa ce jour-là. Il avait peur des jeunes, surtout les molestés. On n'entendait plus rien tellement ça choir de la présidence du Conseil général distillant Bamana. "Tout le monde l'aurait anticipée. Même Grand-comoriens, qu'ils ne le devancent", dit-il, chahutait. Il y avait vraiment beaucoup de monde. quelques cours magistraux improvisés aux vous, vous auriez pu le deviner. Dès les années avant de rejouer la scène : "On entre dans la Arrivés au bout de la place, j'ai dit aux autres : conseillers généraux et autres cadres mahorais 60. On savait que tous les pays africains bou- salle difficilement car il y a foule. On était 5 à ‘Prenez la voiture, moi je rentre chez moi." Je dor- présents dans l'hémicycle, afin de les préparer à geaient. Dans la région, tous ont pris leur indé- être contre, les 5 de Mayotte. Les Mohéliens mais chez mon beau-frère qui habitait Moroni, pas une autonomie de gestion future ?", rappelait 3 pendance. Et puis à Moroni, ils avaient une autre avaient deux députés, mais ils étaient muselés. Je loin de la place. Je suis rentré à pieds, sans pro- après sa mort RFO . perception qu'à Mayotte. Les Grands-comoriens me souviens d'un jour, j'avais demandé la parole blème. Quand je suis arrivé, il était dehors, il m'a LE DÉBUT de la décennie 1960 est d'ailleurs mar- étaient plus influencés par l'Afrique, par la au président. Puis 5 minutes après, je l'avais à dit : ‘Tu es fou.’Je lui ai répondu : ‘Tu sais, je suis qué par son engagement dans l'enseignement plus Tanzanie, d'où est venu le Molinaco [Mouvement nouveau demandée. Mon voisin, un des deux déjà mort.’" que dans la politique. Alors qu'il n'est pas réélu en de libération nationale des Comores, ndlr]. Ils Mohéliens, m'avait dit : ‘Tu es bavard toi.’ Je 1962, battu par la liste de Souffou Sabili et Saïd n'arrivaient pas non plus à se faire aux colons. m'étais retourné et j'avais dit : ‘Celui-là est bien AU LOIN, SE SOUVIENT-IL, les "colonialistes" Toumbou, il continue à se battre pour que les Nous, nous étions habitués à eux depuis plus con. Il est élu par les Mohéliens pour bavarder et s'enfuyaient déjà en bateaux. "Ils n'ont pas attendu parents envoient leurs enfants à l'école. "A Sada, les longtemps à Mayotte. Mais moi, je savais que c'é- il se tait.’ Tout le monde avait ri…" longtemps.Tout le monde avait la frousse. Moi, je parents étaient réticents. Mais il s'était marié avec tait trop tôt. On était 200 dans l'archipel à savoir Ce 6 juillet donc, les Mahorais sont seuls face à 26 suis resté plusieurs jours à Moroni. On m'a traité une femme du village. Il s'est intégré à la commu- lire ! Je leur ai dit dès le début : ‘Je ne veux pas autres députés, et une foule immense. "On n'en- de colonialiste noir. Mais je leur disais : ‘Vous nauté et il entrait dans les familles pour les enjoin- de votre indépendance à la con !’" tendait rien. Les gens se bousculaient pour entrer verrez, dans vingt ans, vous viendrez mendier chez dre de scolariser leurs enfants, les filles comme les Depuis sa paisible retraite dans les hauts de dans la salle pour entendre. On étouffait à l'inté- moi.’Et j'avais raison." Le soir du 6 juillet, garçons. Il leur disait : 'L'avenir de Mayotte, c'est Maore, entre Combani et Kahani, où il soigne ses rieur. Chacun des députés devait se prononcer Younoussa Bamana retrouve des Mahorais qui eux'. Il leur expliquait que l'école française n'était fleurs et ses canards, le "Vieux", comme on l'ap- pour ou contre l'indépendance. Moi j'ai dit ‘Con… vivaient alors à Moroni. "C'étaient des lycéens pas incompatible avec la religion. Il leur citait des pelle affectueusement dans l'île rebelle, n'a aucun tre’. J'ai bien fait exprès d'appuyer sur le ‘Con’. et des bijoutiers. Beaucoup de bijoutiers de versets du Coran pour argumenter" se souvient mal à se souvenir de cette journée historique. Puis on est sortis sous les huées de la foule. Sada y travaillaient à l'époque. On entend Blaise Henry. Enseignant exemplaire -"pendant les Nous sommes le 6 juillet 1975 au matin. Marcel Henry [le leader du Mouvement populaire klaxonner. Je me retourne. C'était Mouzawar vacances il donnait des cours de rattrapage gra- Bamana, comme les quatre autres députés de mahorais, ndlr] avait peur [dit-il en souriant, ndlr], dans la voiture. Il me fait signe de venir. Et là il tuits"- avec des résultats reconnus même à Moroni, Maore -il l'est depuis 1958-, est invité à se rendre tous avaient peur. Pas moi. On était escortés par me dit : ‘Félicitation frère. Quel courage !’" devenu un second père pour ses élèves -"le soir, vers 21 h, 22 h, il faisait un tour dans le village et à la Chambre des députés du Territoire encore un commissaire de police armé de deux pistolets. Quelques semaines plus tard, le jadis plus jeune quand il voyait ses élèves, il les grondait pour français des Comores, à Moroni. "Nous savions Je me suis dit : ‘Et s'il se retournait ? Et s'il tirait député des Comores sera nommé par la population qu'ils aillent se coucher"-, Bamana devient délèb- que c'était pour proclamer l'indépendance. sur nous ? Vont-ils nous achever ?’J'ai bien cru de son île préfet de "Mayotte française". re. Ahmed Abdallah voulait être le père de l'indé- que le moment de mourir était venu. Mais je n'a- RC Il n'a toutefois pas perdu de vue la politique. La pénurie de riz, les " humiliations " et finalement les

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Ci-dessus : Y. Bamana aux côtés de Martial Henry, lors de la visite de L. Le Pensec, alors ministre français de l’Outremer. (photo : Jana na Leo) conséquences du transfert de la capitale de jours où les indépendantistes se sont appuyés sur sujet" dit de lui Ali Mlahaïli, un autre député. inculpés (lire p.46). Il passe alors pour un martyr. Dzaoudzi vers Moroni achèvent de le convaincre le gouvernement comorien commençant à brimer A la fin des années 60, il est l'un des quatre presta- La manifestation silencieuse du 19 août 1973 cont- que la séparation est la solution. "Les hommes ont les Mahorais... Les autres "Soroda" se sont formés taires du serment de Sada, dans lequel ils jurent re son arrestation le propulse à la tête du mouve- commencé à être envoyés à Moroni après le chan- en bloc monolithique. Ce n'est pas un parti poli- toujours lutter pour la départementalisation de ment, dont il sera désormais la figure -tandis que gement de capitale. A Pamandzi, il y avait beau- tique au départ. C'est un mouvement de foule de Maore. Ali Saïd se souvient : "Je devais moi aussi Giraud et Henry joueront les négociateurs de l'om- coup de boys qui devaient suivre leur patron. personnes qui se sont mises ensemble." monter sur la chaire et jurer de soutenir l'action bre à Paris. Le jour de la proclamation d'indépen- Beaucoup de fonctionnaires mahorais ont dû par- Réélu en 1967 député aux côtés de Marcel, des Mahorais, mais j'ai refusé car j'ai dit : "En dance, le 6 juillet 1975, Bamana se fait encore tir aussi. Du coup, Petite Terre s'est vidée de ses Zoubert Adinani et Abdallah Houmadi, "il était politique on ment, or je ne peux pas jurer sur le remarquer en lançant à la face des députés et du hommes. Les femmes se sont retrouvées seules ; assez discret aux côtés de Marcel", affirme Ali Coran. C'est sacré." Lui est monté." Et il a tenu public venu nombreux : "Nous ne voulons pas de elles étaient prises à la gorge, c'était le marasme Saïd, ancien suppléant de Henry avant de passer bon. Peut-être n'était-il plus un départementaliste si votre indépendance à la con !" (lire ci-contre). "A économique. Je me souviens du cas d'Omar dans le camp adverse. "Je crois qu'il sentait que convaincu à la fin de ses jours (lire p.40), mais l'époque, nous avions 200 personnes dans l'archi- Bastoi, qui avait été envoyé à Moroni, et de sa Marcel menait assez bien la barque, qu'il se perce- jamais il n'a renié ouvertement son ser- femme, Kamaria, qui était sage-femme à vait comme étant son second à l'époque." Mais son ment. Selon lui, l'intérêt de Maore primait Mamoudzou et avait été envoyée à Mohéli. tempérament le met en avant. Il veut se battre pour avant toute considération personnelle. “Laissez faire vos enfants. C’est eux qui feront ça. Ce Pendant un an, ils n'avaient pas eu le droit de se son île, et pour cela emploie ses armes : la parole, Ainsi ses relations avec Marcel Henry ou n’est pas à nous. Nous ne sommes pas prêts.” voir. Il n'y avait pas à manger et quand j'ai com- la provocation, la franchise. "Il n'était pas provo- Adrien Giraud ne seront pas toujours cor- YOUNOUSSA BAMANA, EN 1975 ÀL’ASSEMBLÉE TERRITORIALE mencé à dire ce que je pensais, on m'a supprimé cateur. Il disait simplement ce qu'il pensait, spon- diales, mais "on réglait nos différends mon salaire", expliquait-il. "Mais j'ai continué à tanément", confesse Martial Henry. A Moroni, il dans la discrétion6". "C'était un homme de enseigner. La nuit, pour manger, je partais pêcher. ne cesse de faire remarquer aux élus des autres îles devoir", dit de lui Martial Henry. "Il avait un sens pel qui savaient lire", nous disait-il l'année derniè- Le matin je vendais le poisson puis j'allais à l'éco- leurs défauts. Perçu comme un merdeux, il se lie très développé de l'intérêt général. En 16 ans de re. "Je leur ai dit : 'Attendez. Laissez faire vos le. Il n'étais pas question que je me taise." cependant d'amitié avec certains élus comme vice-présidence du Conseil général à ses côtés, enfants. C'est eux qui feront ça. Ce n'est pas à Mouzawar Abdallah ou Abasse Djoussouf, avec jamais je ne l'ai vu hésité quand il s'agissait de l'in- nous. Nous ne sommes pas prêts.' On les [les IL S'ENGAGE PLUS encore dans le Mouvement lesquels il gardera contact jusqu'à sa retraite (lire térêt de Mayotte, jamais je ne l'ai vu prendre des enfants, ndlr] envoyait déjà au collège, à populaire mahorais. Après le siège de l'ORTF et ci-dessous). "C'était un tribun. Il avait un discours dessous de table. Et Dieu sait qu'il a eu des propo- Dzaoudzi, à Moroni, à Madagascar. Mais non. Ils l'emprisonnement de Sabili et Toumbou en 1967, très saisissant, cohérent dans sa structure, qui sitions !" ont voulu leur indépendance. Tout le monde savait Marcel Henry reprend les rênes du mouvement à reflétait une intimité réelle avec ce qu'il pensait au que c'était trop tôt. Je me souviens qu'à l'époque, la demande de Zena Mdere et avec l'accord de fond de lui", pense le premier. "Son discours était MAIS AUPARAVANT, il se sera battu, au propre quand j'étais député, en trois mois, un jeune étu- Sabili. Il s'évertuera alors à décrédibiliser le clan de très terre à terre, souvent cru - c'était un homme du comme au figuré, pour ne pas suivre les autres îles. diant de retour à Moroni était devenu administra- son prédécesseur en les faisant passer pour des col- terroir. Ce n'était pas un homme attiré par l'exécu- Lorsque vient le temps de l'indépendance, Bamana teur de l'assemblée. C'était le neveu de Said laborateurs du pouvoir central. Younoussa tif, pas un homme d'appareil, mais un leader. Il ne se révèle. Dans l'ombre jusqu'à présent de Marcel Mohamed Cheick. Je l'appelais 'mon cher admi- Bamana ne participe pas vraiment à ces jeux poli- rêvait pas d'intégrer un ministère ou d'être un Henry et Zena Mdere, il va au charbon. Il agace les nistré accéléré'." ticiens qu'affectionnent Henry et Giraud. Lui se directeur. Son discours était uniquement focalisé autorités centrales. En 1969, il est poursuivi pour Lorsque Maore se sépare des autres îles, quand les perçoit avant tout comme un combattant, à l'image sur la responsabilité des îles." "C'était un homme insulte à agent de la force publique -il sera relaxé. fonctionnaires comoriens et les partisans serré-la- des chatouilleuses. "En 1958" disait-il sur RFO il très simple, très modeste, affable, très sociable, Puis il est suspendu de son titre de directeur d'éco- main se font expulser, quand Adrien Giraud et y a 10 ans 3, “on ne disait pas MPM, mais "Sorada" mais qui avait son franc parler, qui ne cachait pas le. Dans chaque village où passe Ahmed Abdallah papa Joe jouent les miliciens, Bamana ne perd pas pour ceux qui militaient pour Mayotte française et ses pensées. Il s'exprimait assez souvent à en 1973, il va faire sa propagande, provoquant en pour autant de vue ses amis. Ali Saïd se "Serré-la-main" pour ceux qui étaient pro-como- l'Assemblée. Moi, j'étais tout jeune, à peine 25 ans. juillet les troubles de Poroani qui lui vaudront d'ê- rappellera toujours de ce jour où "il m'a riens. On est partis de cette façon-là. Jusqu'aux Lui, en 1967, était déjà un élu qui maîtrisait son tre emprisonné 40 jours -19 autres soroda seront fait envoyer une note pour me dire de ...

kashkazi 65 juillet 2007 43 dossier bamana-toumbou, deux destins

... prendre l'avion le lendemain. 'Sinon vous Mayotte française. Mais s'il avait été seul, s'il n'y n'avez rien à exiger. Vous n'avez qu'à prendre la un agitateur, il a fait en sorte que des clans se bat- NOTES allez vous faire expulser' avait-il écrit. Il avait pas eu le serment, peut-être aurait-il réfléchi." main qu'on vous tend lorsqu'on vous la tend. Il faut tent à Poroani il y a 20 ans, c'est pourquoi il est allé 1 Journal de Mayotte, 26/02/1993 m'avait dit plus tard qu'il ne voulait pas Les premières années de sa présidence marquent la que ce soit clair'. Pour les Mahorais en tout cas, la quelques temps en prison !" Pas rancunier pour que je sois blessé. Il n'a jamais tenu compte de mes suite de la lutte pour l'intégration de Maore dans la chose est claire : nous ne nous placerons pas en deux sous, le même Bamana soutiendra le même 2 Kashkazi n°11, octobre 2005 positions politiques." République française. "Rien n'était gagné" rappe- situation telle qu'on puisse nous dire la même Kamardine en 2002… 3 www.rfo.fr De même, lorsque son ancien camarade Ali Soilihi, lait-il souvent. Ainsi n'hésite-t-il pas à dénoncer les chose. Je le répète, les Mahorais n'exigent rien. Ils Cette première blessure en appellera d'autres. Alors après son coup d'Etat en août 75, lui demande de le déficits financiers et le peu d'ambition de Paris n'ont pas choisi de rester français pour être riches, qu'il met un point d’honneur à gérer "son" île en 4 Président des Comores indépen- recevoir à Maore, il accepte. "Il est venu. On a dis- envers Maore. Combien de préfets ne se sont pas ils ont voulu la liberté et la sécurité (…)" bon paysan, par petites touches, comme il avait fait dantes (1975-78) cuté. Du passé, du présent. Puis il est reparti", dis- laissé dire par le Mze, au cours des sessions : "Je Mais personne n'est à l'abri, surtout en politique. Et à Mremani en 57 quand il avait encouragé les habi- 5 Il a tenu à rester ait-il simplement en montrant fièrement la photo suis obligé d'insister sur ce qu'on ne trouve pas anonyme qui éternise ce moment. Commandant Boina était dans l'ordre du jour de cette session" comme en 6 Le Mawana n°38, là : "Leur rencontre fut très amicale. Soilihi a janvier 1979 ? Combien n'ont pas en tête ces mots “Je le répète, les Mahorais n'exigent rien. 12/10/2006 essayé de le convaincre. Mais Bamana ne parlait très durs tenus dans l'hémicycle en 1980 : "Je vais Ils n'ont pas choisi de rester français pour être riches” pas beaucoup. Il n'était ni agressif ni arrogant. Il vous dire très sincèrement, monsieur le Préfet, non disait simplement : 'Jai prêté serment à Sada. Si les seulement ce texte est stupide mais il est aussi mal- YOUNOUSSA BAMANA autres ne sont pas d'accord, alors moi non plus.' Il veillant à l'égard de Mayotte dont on veut compro- ne voulait pas prendre seul la décision." mettre les équilibres" ? Combien se sont arrêtés sur même chez soi. Malgré ces années de lutte et de tants à planter du riz de montagne -"ça avait mar- ce discours tenu en 1980 : "Il y a presque deux ans, gestion sans tâche affairiste, Bamana perd les élec- ché, il en était fier", dit Blaise-, Bamana ne s'entend APRÈS CETTE RENCONTRE, lorsque Boina vous nous disiez M. le Préfet, de votre bureau pari- tions cantonales en 1991 face à un inconnu, plus avec Henry. En 1999, les deux hommes se reverra Bamana à Paris, celui-ci aura pris du sien, qu'un train complet d'ordonnances était sur le Zaïnadini Daroussi. "L'onde de choc" titre le fâchent, en désaccord quant au statut à adopter. Le galon : "élu" préfet de l'île jusqu'en 1976 -"un tra- point de paraître ; question de jours et de semaines Journal de Mayotte. L'île perd son père. Mais le premier est pour une collectivité départementale, vail harassant pour lequel je n'étais pas formé" pré- disiez-vous. Après avoir pensé au fil des mois que MPM réagit. "On ne pouvait pas continuer sans sentant qu'il est trop tôt pour appliquer les règles cisa-t-il en 1978-, puis président du conseil général ce train prévu comme un rapide était en fait un lui", se souvient Martial Henry. "On m'a proposé la d'un département ; le second prône ce statut tout de le 6 juillet 1977, il est alors député. "On se voyait omnibus, nous avons dû reconnaître, deux ans présidence, mais j'ai dit que je ne pouvais pas. On suite. Cette guerre fratricide laissera des marques. souvent à Paris. Il avait amené ses enfants pour après, qu'il s'agissait d'un train fantôme" ? formait une paire. Lui était l'homme de parole, moi Si Bamana en sort vainqueur et renverse la tendan- qu'ils étudient. C'était important pour lui. Une Bamana n'hésitait pas à vilipender les fonctionnai- l'homme des dossiers. Il disait : 'C'est comme ça, ce qui l'avait vu décliner depuis une dizaine d'an- anecdote me revient, qui prouve à quel point l'ami- res qu'il croyait favorables à un retour au sein des c'est l'usure du pouvoir.' Il acceptait le verdict des nées, il en sera considérablement marqué. "C'est tié était importante pour lui. C'était la veille de la Comores, "ces personnes qui croient servir la urnes. Pas nous." Alors le parti départementaliste une grande blessure dans sa vie", confirme le com- mort de Soilihi. Je lui avais dit que je m'inquiétais France en desservant l'idée que les Mahorais s'en fait démissionner l'un des siens, l'élu de Chiconi, mandant Boina. "Il a été très déçu par cette ruptu- pour lui, sans en savoir plus. Le lendemain, quand font". Il ne flanchait pas quand il s'agissait de s'op- pour permettre à Bamana de se faire réélire. Il le re. Très déçu aussi par sa défaite aux sénatoriales il a appris sa mort, il m'a appelé et m'a traité de poser à un ministre, comme en 1978 à l'Assemblée sera, après un imbroglio juridique, et retrouvera son en 2004." Lui qui avait abandonné son mandat de salaud. 'Tu savais qu'ils le tueraient et tu n'as rien nationale : "Nous avons noté -avec un peu d'éton- poste. Mais l'image du Mze est ébranlée. Le RPR conseiller général quelques mois auparavant, lais- dit !' Il était très choqué par sa disparition. Il s'est nement, je dois le dire- les propos tenus au conseil ose s'y attaquer. Son chef de fil Mansour sant la décentralisation aux mains de la nouvelle occupé de son fils après." A cette époque, "on par- général de St Pierre et Miquelon par M. Digard Kamardine déclare alors : "Bamana n'a jamais été génération, pensait rendre une dernière fois service lait souvent politique. Il croyait fermement à [alors ministre de l'Outremer, ndlr] qui disait : 'Vous un martyr, un héros, une 'figure historique'. Il a été à son île en devenant sénateur. "Mais il a été battu. J'étais à ses côtés ce jour-là. Au début il gagnait. Puis au fil des résultats qui tombaient, il a compris qu'il allait perdre. Ça l'a bouleversé." Ci-contre, ses obsèques, à Kani-bé, DEPUIS, BAMANA s'était retiré dans son exploi- le 22 juin. tation d'Ouroveni. Amoureux de la nature, il disait Plusieurs être en paix dans ce petit paradis. "J'ai assez donné. centaines de personnes, dont Je ne peux plus rien donner aujourd'hui", affirmait- les autorités il, tout en continuant de recevoir les jeunes pour administratives leur raconter l'histoire de Maore. Seul, il vivait loin et poilitiques, de ses quatre femmes. Au crépuscule de sa vie, il se sont réunies dans son petit conservait cette faculté à captiver les attentions, par village natal, son regard acéré, son sourire coquin, ses paroles au sud de Maore, crues -parfois blessantes. pour dire un dernier adieu Les personnes qui l'ont visité se sont étonnées de la au Mze. Marcel modestie de sa situation : vieux tee-shirts, shorts Henry, Zoubert délavés, voiture passée de mode, maison de trois Adinani, Adrien pièces. "Il n'a jamais été attiré par l'argent" dit un Giraud étaient présents. de ses fils. Paradoxalement, lui qui croyait dur L’hommage qui comme fer que le bonheur passait par l'aisance lui a été rendu matérielle était un idéaliste. Il croyait en certaines a été simple et valeurs telles que l'éducation, le travail, l'honnêteté. mesuré. Lui que l'on présentait comme bourru et simple était un homme d'ouverture. "Il lisait beaucoup" dit Nassur Attoumani, son beau-fils. Lui que certains pensaient xénophobe ne l’était “absolument pas”, assure Martial. L'homme dont tout le monde loue la fidélité, l'hon- nêteté, l'humour et l'intelligence s'en est allé aigri. Miné par la maladie provoquée par une consom- mation d'alcool démesurée ; déçu par ses succes- seurs en politique, ces "jeunes qui ne pensent qu'au “il n'avait pas insulté l'avenir” pouvoir" ; dépité par l'évolution d'une société qu'il aurait aimé plus studieuse, plus consciente ; désap- pointé par l'isolement de Maore dans la région ("on "Il n'avait pas insulté l'avenir." En dépit de classe politique comorienne a été élevée à la chose : "On ne l'a jamais perçu comme quelqu'un ce qui les a séparés et des prises de position radica- même école et a partagé tant de moments, inter- de séparatiste, ou anti-comorien, comme cela ne peut pas vivre seul, on ne peut pas vivre dans l'o- les de Younoussa Bamana à l'endroit des Comores roge Mouzawar Abdallah. L'actuel président de la peut se concevoir aujourd'hui." "Il savait faire la céan Indien, éloigné de Madagascar, éloigné des indépendantes, les hommes qui ont siégé avec lui Cour constitutionnelle, qui a fait le déplacement part des choses entre le contexte politique et insti- Comores ou de l'Afrique" disait-il sur RFO) ; à l'Assemblée territoriale, sous l'autonomie interne, avec son collègue Hassanali pour présenter ses tutionnel, et ce qui restait de constant en lui", contrarié par le peu de reconnaissance à son égard. ne veulent se souvenir que de cet homme franc, condoléances à la famille, insiste sur le "concours ajoute Mouzawar. Il avait fini par en vouloir à Henry et à Giraud, de ce "pionnier de la politique aux Comores", qui n'a de circonstances, la succession d'incidents qui ont lui avoir volé la vedette alors qu'il savait que "sans selon eux jamais renié son identité. S'il n'est pas amené tout le monde à se radicaliser et Mayotte Sous les clivages politiques, les vieilles amitiés [lui], ils n'auraient jamais réussi." Peut-être même retourné à Moroni après l'indépendance, ses rela- à se séparer des Comores". "C'était quelqu'un qui sont donc restées, entretenues de loin en loin par la s'en voulait-il, même s'il ne l'a jamais avoué, d'avoir tions avec ses anciens collègues restaient cordiales - se sentait investi du devoir de préserver la place visite d'un proche qui ranimait la nostalgie de cette laissé les autres îles dans cette situation. souvent par enfants ou connaissances interposés. "Il de Mayotte dans l'ensemble comorien. Ses inter- époque où les tout jeunes députés des quatre îles "Aujourd'hui, ils viennent tous à Mayotte. Avant ici, savait que nous avions de la considération pour ventions à l'Assemblée portaient presque toutes s'éveillaient à la politique. "Je ne l'ai revu qu'à l'ex- il y avait les riches Anjouanais, qui s'accaparaient lui, et vice-versa", assure Ali Mlahaïli, ancien dépu- sur la représentation de Mayotte, l'équilibre des térieur des Comores", avoue Mouzawar. "Mais nos terres. Aujourd'hui, ce sont les gens de peu qui té et ambassadeur des Comores. "Si des amis pouvoirs… Il ne menait pas un combat unique- quand ses enfants voyageaient à Moroni, il leur dis- viennent, poussés par la misère. Ils réclament ce députés allaient là-bas, il les recevait dans son ment pour les intérêts de Mayotte mais cherchait ait : "Ne revenez pas sans avoir salué Mouzawar. qu'ils n'ont pas voulu avant-hier. Ils viennent ici et champ, puisque c'était un homme du terroir. Bien aussi des alliances et des amitiés. C'est ainsi que le C'est une amitié qui a su se préserver par l'intermé- réclament les lois de la République !" regrettait-il. sûr, il avait ses convictions sur Mayotte française et MPM s'est rallié au Front national uni d'Ali Soilihi, diaire des familles. Pour moi, c'est important sur le Younoussa Bamana est mort le 22 juin au matin. des déclarations intempestives, mais je pense que dans le cadre de l'opposition à Abdallah. Mais la plan sentimental et intime. Ce que les uns et les Il disait : "Ici à Mayotte, les gens disent que c'était surtout électoraliste. Au fond, il faisait très succession de circonstances défavorables a fait qu'il autres laisseront à leurs enfants, c'est le meilleur Monsieur Bamana est l'homme qui dit vrai. Je bien la part des choses." n'y a plus eu de place pour le dialogue." Ali passeport pour une réconciliation future." dis toujours vrai !" Comment en serait-il autrement, quand la vieille Mlahaïli et Mouzawar Abdallah disent la même LG RÉMI CARAYOL

44 kashkazi 65 juillet 2007 bamana-toumbou, deux destins dossier Toumbou, le soldat incompris

des personnes dont on se dit, après troubles à l’ordre public : six mois de prison pour Sabili, IL EST leur mort, qu'il aurait été dommage de quatre pour les deux autres. "Alors qu'on a essayé de cal- ne pas les rencontrer. Pourtant, il faut bien le reconnaître : mer les femmes, c'est nous qui avons été jugés coupa- le hasard a été à l'origine de notre rencontre, au détour d'un bles." Selon lui, il s'agit d'un coup monté par Marcel travail de recueil de témoignages. C'est que l'homme avait Henry : "Il savait très bien qu'on serait députés à vie, or beau être aussi robuste qu'un vieux chêne et aussi bavard le fait d'être en prison nous empêchait de nous présenter, qu'une coiffeuse, il passait depuis de nombreuses années on devait être remplacés, Marcel en a profité." Il a inaperçu dans le paysage mahorais. Seul Acoua, le village "exploité [le transfert de la capitale, ndlr] pour faire croire qui a fait sa légende, semble se souvenir de son rôle dans à la population que nous étions d'accord avec les déci- l'histoire de l'île qui, parce qu'il a été rangé du côté des per- sions prises à l'encontre de Mayotte. C'est lui qui a pous- dants, l'a jeté aux oubliettes. sé les femmes à se révolter ! Quand Souffou a voulu s'ex- "Je suis né en un seul jour, je crèverai en un seul jour" pliquer devant la population, on l'en a empêché. Nos suc- disait-il avec ce ton de vieux militaire en colère. De cesseurs avaient profité de notre détention pour nous méchant homme, disent certains habitants d’Acoua. “Il calomnier et s'attirer la confiance des Mahorais." n’était pas méchant, il aimait les gens” répondent ses fils. “Quand on habitait Hamjago, il disait aux gens de ne pas APRÈS SA LIBÉRATION, Toumbou rentre au village. laisser leurs chèvres venir saccager ses champs. Au bout "Souffou m'a fait comprendre que chacun devait suivre sa d’un moment, alors que personne ne le prenait au sérieux, route car nous étions déchus de nos droits .1" Il retrouve il a tiré sur les chèvres. Il amenait alors leur dépouille alors la vie familiale telle qu'il l'avait laissée. "Il avait chez leur propriétaire et leur disait : ‘voilà, c’est votre organisé le village de sorte que tout le monde travaille", faute’. Il était comme ça. Il fonctionnait selon des règles affirme Boinali. "C'était devenu un grand cultivateur. Il strictes que ne comprenaient pas les Mahorais”, analyse avait une trentaine d'ouvriers dans les champs d'ylang. Boinali, son fils. “C’était un militaire.” Nous vivions dans le tobe [aux champs, ndlr]. Il aimait Saïd Toumbou est décédé le vendredi 18 mai, dans l'ano- commander. Même s'il produisait peu, donner des ordres nymat médiatique général. A lui seul, il résumait pourtant comme à l'armée lui permettait d'exister." S'il n'était pas trois-quart de siècle de l'histoire de Maore : un condensé un notable "de type villageois", il faisait figure de "chef captivant. Il est né en 1925 à Acoua, village kibushi dont politique" à Acoua. "C'était lui qui prenait les décisions les fondateurs sont des ancêtres du "Toumbou". "Quand politiques", affirment Madi Mari Ousseine et Maoulana j'étais petit", racontait-il, "il n'y avait qu'une école dans Charan, ses compagnons. "Je lui reprochais d'être villa- l'île, celle de Pamandzi. Il n'y avait que les riches qui geois alors qu'il nous avait dit d'être modernes", confesse pouvaient payer l'école aux enfants." Ses parents n'en fai- Boinali. "Il avait une vraie aura dans le village, mais il saient pas partie. "Guidé d'une main de fer par son père", avait un problème : il voulait changer les gens, alors que écrivait Jana na Leo en 1988 1, "ce fils de cultivateur s'est les gens ne voulaient pas." Gaulliste convaincu, Toumbou d'abord frotté pendant son enfance aux travaux des ne supportait pas l'oisiveté. champs avant d'être recruté à l'âge de 17 ans [en fait 16, A cette époque, Toumbou et Sabili font toujours équipe. ndlr] comme bourzane (porteur de chaise). Le chef du Le premier est le "corps", le second "la tête”. S'ils ont pris village qui l'avait repéré depuis longtemps et catalogué du recul, ils continuent à lutter contre la bande à Marcel. comme étant un fauteur de troubles (…) l'avait recom- "Mon père ne croyait pas au département. Il voulait la mandé au chef de district lequel cherchait à embaucher séparation, mais il disait : 'le département, jamais la des hommes pour satisfaire aux besoins d'un colon." France ne vous le donnera'" affirme Boinali. Mais le Pendant trois ans, de 1941 à 1943, Saïd Toumbou sillon- congrès de Ouangani en 1969 sonne leur glas : Marcel photo : Jana na Leo ne l'île le fitako sur les épaules. "On prenait huit hommes Henry demande à la population de choisir. "On a présen- -on était par équipes de 2 x 4. Moi on ne m'aimait pas, té de faux témoins qui ont contribué à salir la réputation donc on me prenait tout le temps. Souvent, le vaza [mzun- de Souffou. En l'accusant, notamment, de comploter avec gu en malgache, ndlr] venait de Dzaoudzi, on l'attendait à les autorités comoriennes", dénonçait Toumbou dans la jetée actuelle, on allait de Momoju à Bandrele, on Jana na Leo. "Après notre éviction de la scène politique mangeait, on repartait, on couchait à Chirongui ou à “Avant ou après, Mayotte est mal guidée, mal développée, mahoraise, nous avons adopté une attitude de stricte neu- Boueni… Tout ça sous le soleil, parfois pendant le tralité. Mais les nouveaux tenants du pouvoir nous déni- Ramadan." Toumbou se rappelle avoir porté monsieur Mayotte est oubliée par la France” graient toujours. Ils nous taxaient 'd'anti-mahorais'. J'ai Boquet -"Il était lourd celui-là ! Quand ça secouait trop, SAÏD TOUMBOU décidé alors de lutter contre leurs allégations en créant le il tirait les gens par le coup avec son manche de para- mouvement des serré-la-main, partisans du rapproche- pluie"- le père d'Ibrahim Ramadan qui fut gouverneur, ou ment avec les Comores." encore cet administrateur dont il ne se souvenait pas le et gagner un repos mérité : début des années 60, il obtient sé d'être serré-la-main, mais si on n'avait pas été là, Au début des années 60, il se rapproche d'Abdallah. nom -"lui il était énorme. On devait se mettre à huit !" le droit de rentrer au pays. "La France lui avait donné la avec Issouf Sabili, rien ne serait arrivé peut-être." "Ahmed Abdallah est venu me dire : 'je ne suis pas permission car on lui proposait un poste politique", dit responsable de la politique de Cheick'. Je l'ai cru, de EN 1945, À L'ÂGE de vingt ans, Toumbou est appelé son fils, Boinali. La liste de Sabili était en effet soutenue "QUAND J'ÉTAIS DÉPUTÉ", racontait-il, "je leur disais Gaulle n'était pas responsable de la politique du maré- sous les drapeaux. Après avoir reçu une convocation du par la préfecture. Or à l'époque, "personne dans le nord aux autres députés : 'il faut se partager la part du chal Pétain. Moi je voulais juste qu'on soit considérés chef de district, il embarque en mai 1946 pour de Mayotte n'avait atteint une telle promotion sociale. gâteau'. Déjà que la France donnait peu, quand il y avait comme des personnes, ni français, ni malgaches, je suis Mahajanga. Il y fera ses premiers pas en tant qu'engagé C'est pour ça qu'Issouf Sabili est venu le chercher." 100 francs à se partager entre les îles, nous on avait 1 un homme comme vous. Avec Ahmed Abdallah, ce n'était militaire. Vite remarqué grâce à son dévouement et sa Comme Bamana, Toumbou entre en politique malgré lui. franc, et les Mohéliens 1 franc. Le but était donc de se pas pareil, il entendait les Mahorais, il m'a dit : 'je vais bravoure, l'homme aussi rond d'aspect que droit dans ses "Issouf Sabili n'est pas tombé d'accord avec Marcel dégager de la Grande Comore. En 1966, quand [Saïd essayer de vous aider à Mayotte'." Et puis, avouait-il, "si bottes monte en grade jusqu'à devenir caporal au sein du Henry, il a dit : 'je ne ferai jamais de liste commune avec Mohamed] Cheick est venu à Mayotte, je lui ai dit : 'vous je me suis engagé dans ce mouvement, c'était pour dire à bataillon comorien mixte de Madagascar. Madi Mari lui pour les élections en 1962', c'est pour ça qu'il y a eu auriez dû nous consulter avant de venir sur place'. Il y Bamana et Henry que je n'avais pas peur d'eux, c'était Ousseine, autre enfant d'Acoua engagé dans l'armée, se trois listes. Je ne le connaissais pas, juste de nom. Lui avait des remous à l'époque [il a dû fuir devant la colère une provocation". Le chef de canton avait vu juste : souvient de lui comme d'un exemple. "Il était très respec- avait entendu parler de moi. Quand j'étais à l'armée j'a- des chatouilleuses, ndlr], et je lui ai dit : 'les événements Toumbou était une forte tête… té dans l'armée. Tous les soldats l'aimaient car il était vais donné avec mes compagnons 25.000 francs pour que nous dépassent, les Mahorais ne sont pas contents'. Mais Ce rapprochement avec Moroni irrite les soroda, qui courageux et juste." En pleine insurrection malgache, en Nahouda parte à Paris plaider la cause de Mayotte [en il a ignoré mes paroles. Le lendemain, j'ai fait une confé- organisent une descente dans le village, qui aboutira à la 1947, il se fait remarquer dans la bataille de 1959, ndlr]. Il m'a écrit me disant qu'il souhaitait me ren- rence à Mtsahara, j'ai dit : 'puisque le président ne croit mort d'un homme, tué par Toumbou (lire p.47). La fin Martandranou, dans laquelle la moitié de ces compa- contrer. Il m'a proposé d'être le député du canton de pas que je suis voté par vous, je n'irai plus à la Grande pour l'ancien combattant. "J'ai été emprisonné à Moroni. gnons tombera. "Brûlé dans l'incendie, Saïd Toumbou Chingoni." Comore, je ne suis plus votre député'." "Il avait appelé les Quand je suis revenu, je suis resté au village." s'en tirera avec les honneurs dus à ses blessures. Détaché gens à ne plus payer l'impôt", se souvient Ali Saïd, alors Sur la fin, Toumbou maugréait. Sur la situation présen- du bataillon des tirailleurs sénégalais où on l'avait intégré "A L'ÉPOQUE", disait-il dans Jana na Leo, "les gens dans la camp Henry. te : "Avant ou après, Mayotte est mal guidée, mal entre-temps, il partira le 18 octobre 1950 à la Réunion n'étaient pas très évolués. Donc, il n'était pas néces- Saïd Toumbou disait : "Quand on veut prendre Toumbou, développée, Mayotte est oubliée par la France". Sur le avec le grade de sergent 1". Cette épreuve le marquera saire d'avoir un programme. La propagande consis- c'est avec du miel, pas de la nivaquine". Il disait aussi : MPM : "Quand il parlait du MPM, il pleurait", durablement, lui dont la mère était malgache (“toumbou” tait seulement à appeler les Mahorais à plébisciter "De la politique, on gagne rien, que la prison." En février indique Ali Saïd. "Il avait été très déçu par Marcel." en malgache signifie : "cet enfant sera vivant"). "Dans notre liste car nous voulions défendre leurs intérêts. 1967 en effet, la roue tourne. Le siège de l'ORTF par les Sur l'image qui restait de lui : "On a voulu me présen- les combats contre les Malgaches, il n'était pas question La population a été sensible à ce discours puisque chatouilleuses, qui protestaient contre le manque de ter comme un indépendantiste alors que j'ai été au de fraternité, nous sommes militaires, on fait la guerre. nous avons largement gagné les élections. (…) A la mesures sociales, dégénère : "Je me suis rendu sur place début de la séparation !" Il disait : "Marcel a tout fait Mais ça posait des problèmes quand même, car nos Chambre des Députés nous avons évoqué au tout pour essayer, avec l'aide de Souffou, de raisonner les pour nous tenir à l'écart, car nous, on parlait le langa- ancêtres étaient des sakalava." début la départementalisation mais par la suite, notre manifestantes mais l'adversaire politique [le MPM de ge du peuple. On était le peuple". Les épreuves ne s'arrêtent pas là : après un séjour à la action était surtout basée sur la séparation. 1" Marcel Henry, ndlr] poussait toujours celles-ci à adopter RC Réunion, Toumbou fera les guerres de décolonisation Comme il le rappelait à la fin de sa vie, "c'est nous les une attitude intransigeante envers nous.1" Les deux hom- d'Indochine et d'Algérie. De quoi écrire un livre d'histoire premiers à avoir réclamé la séparation. On m'a accu- mes ainsi que Silahi Mtruma seront arrêtés et jugés pour 1 Jana na Leo n°6, 1988

kashkazi 65 juillet 2007 45 dossier bamana-toumbou, deux destins Poroani-Acoua : deux batailles Outre leur bagou et leur amour de Maore, Younoussa Bamana et Saïd Toumbou ont en serré-la-main dans les années 70. En 1973, alors que le premier mettait le feu à Poroani, des soroda. Tous deux seront emprisonnés pour ces faits. Retour sur deux événements

Younoussa Bamana, photo non datée. (photo Jana na Leo)

Poroani 73 : le “pio pio” de Bamana

année chaude, très chaude à qui avait alors 32 ans. "Il passait dans les dans Jana na Leo 2. "On avait abattu sept jours." Plus tard, Bamana expliquera qu'il se arrive en barque depuis Sada. "Il était envi- 1973, Maore. Alors que le mouve- villages et nous l'avions invité pour lui cabris pour la circonstance et convié les trouvait confronté dans ses fiefs (Kani-Kély ron 21 heures", se rappelle Oussein Saïd (22 ment soroda prend de l'ampleur et s'évertue à demander de construire une école et une habitant de Mbalamanga, Calafouba et et Poroani) à l'action d'un gendarme, Saïd heures selon Amina Darmi). Accompagné de annihiler toute revendication indépendantiste digue." A l'époque, Poroani se trouve sur son Mtsapere Mtsangani 3 à participer aux festi- Islam, "qui avait pour mission de renforcer sept personnes d’après Colo Digo, "il avait sur l'île -lire ci-contre l'histoire du siège site originel, dans la mangrove. Lorsque la vités. Dès jeudi matin, tous les invités étaient son parti [serré-la-main, ndlr] dans le secteur réuni ses partisans pour leur demander de d'Acoua-, Ahmed Abdallah, le président de marée était haute, le village était entouré des présents. Ce n'est qu'en fin d'après-midi avec [sud] (…) naturellement j'étais amené à faire détruire les préparatifs". Une autre version l'Assemblée territoriale sous l'autonomie eaux et inondé -il ne reste plus aujourd'hui l'arrivée de Younoussa Bamana que les trou- en sorte que les habitants n'aillent pas gon- affirme qu'il aurait simplement provoqué les interne -il a succédé au Prince Saïd Ibrahim fler les rangs des serrez-la-main.2" C'est dans serré-la-main, en répétant à l'envie "PIO- le 22 décembre 1972- organise une tournée ce contexte de lutte d'influence qu'intervient PIO", qui signifie "Vous tous, vous tous". dans l'île "rebelle". Une île où il n'est pas le “C'est Abdallah qui disait souvent ça : wanu pio. la visite d'Abdallah. "C'est Abdallah qui disait souvent ça : wanu bienvenu, lui qui est accusé par le MPM d'a- Ceux qui se moquaient de lui disaient Pio Pio…” pio. Ceux qui se moquaient de lui disaient voir volontairement provoqué la pénurie de DEPUIS LE MERCREDI, Amina Darmi s'é- Pio Pio…" indique Oussein Saïd. "Il disait à denrées alimentaires, dont le riz, dans les OUSSEIN SAÏD, ANCIEN SERRÉ-LA-MAIN DE POROANI tait faite discrète devant les préparatifs de la qui voulait l'entendre qu'il n'avait aucune années 60 -les années silgom 1. Les villages visite officielle : "Me sentant menacée, j'ai intention de quitter le village : "Vous pouvez dans lesquels se trouve une forte communau- que l'ancienne mosquée pour témoigner de bles ont débuté." Bamana n'est pas un demandé à Madi Tsibouka d'aller prévenir me tuer moi et ma famille" a-t-il dit (…) Il té serré-la-main l'invitent tout de même. cette localisation. inconnu au village : quelques années plus tôt, mon mari", racontait-elle à Jana na Leo 2. "Je était décidé à affronter les serrez-la-main Ainsi est-il prévu qu'il se rende à Poroani le La veille, Ahmed Abdallah se trouvait à il a épousé une fille de Poroani, Amina voulais qu'il envoie une pirogue nous cher- mais j'ai pu le raisonner", raconte sa femme2. vendredi 25 juillet. Le village antalaote est Combani. "Nous l'attendions le lendemain Darmi, avec laquelle il aura plusieurs cher afin de nous éloigner." "Je me trouvais sur la plage lorsqu'il a pro- majoritairement départementaliste, mais matin au village où il devait assister avec le enfants. "Il venait régulièrement", dit Alors que les femmes préparent à manger et noncé ces paroles", affirmait Colo Digo 2. deux grandes familles sont indépendantistes. chef de district Abdourraquib à un deba Oussein Saïd. "Il avait trois femmes à l'é- que les jeunes montent le podium sur lequel "D'ailleurs, remarquant ma présence, il s'est "Nous étions environ 150 à 160 indépendan- organisé en l'honneur de sa visite", racontait poque, une à Mamoudzou, une à Sada et une s'exprimera Abdallah, celui qui est à l'époque mis à proférer des insultes à mon égard. Je me tistes à l'époque", se souvient Oussein Saïd, voici 20 ans Colo Digo, un serré-la-main, ici. Il faisait quatre jours-quatre jours-quatre député de Maore à l'Assemblée territoriale suis alors jeté sur lui. Il a essayé de se débatt-

46 kashkazi 65 juillet 2007 bamana-toumbou, deux destins dossier qui ont fait leur légende commun d'avoir impliqué leur village dans la bataille que se livraient soroda et le village de sa 3ème femme, le second organisait la défense d’Acoua face à l’offensive qui ont façonné leur légende en marquant durablement ces deux villages.

re mais d'un coup de poing, je l'ai projeté sur silencieuse du 19 août 1973, en soutien au le sable (…) Kamardine Saïd était là aussi, député. "J'ai été personnellement tenu pour tenu en respect par Colo Be, un partisan de responsable des troubles (…) Il est vrai qu'on Younoussa. Colo Be menaçait Kamardine avait eu l'idée d'empêcher le pique-nique de Acoua 73 : le coup avec une hache alors ce dernier s'est défendu Poroani (…) mais personne n'avait donné en assénant un coup de bâton à la tête de son des instructions dans ce sens", affirmait-il adversaire." Selon Colo Be, un soroda, "je me dans Jana na Leo 2. "On pouvait certes me trouvais chez moi lorsque j'ai entendu des considérer comme coupable mais indirecte- bruits qui venaient du côté de la plage. ment. (…) Puisque j'entravais l'action de feu de Toumbou Intrigué je m'y suis rendu immédiatement. Là, d'Ahmed Abdallah, j'étais considéré comme j'ai reconnu le député Younoussa qui se débat- un "rebelle". On ne m'a même pas accordé d'Acoua, le Boinali Saïd Toumbou, l'un de ses fils affirme Boinali. "Pour lui, cette attaque tait contre un homme. Je me suis retourné en le bénéfice du doute. En fait ma culpabilité DU SIÈGE 13 février connu pour son rôle syndical, "il avait de Marcel Henry, c'était un affront qu'il criant : "On veut tuer notre député"…" était fondée uniquement sur des suppositions 1973, on ne sait pas grand-chose. En compris que le but de Marcel Henry était ne pouvait pas supporter. Il voulait que sa Immédiatement, une bagarre générale éclate. (…) J'étais en tout présumé coupable." oubliant Saïd Toumbou, l'histoire offi- de l'éliminer de la vie politique, mais il résistance serve d'exemple et pousse à la Le 13 septembre, il était condamné à cielle a tout englobé, même ce qui aurait n'acceptait pas que lui qui avait servi la réflexion. Mais il y a eu cette mort. Un TANDIS QUE Bamana emmène sa famille Moroni à 40 jours d'emprisonnement et pu être le jour le plus long et sanglant de France ne soit pas protégé par les forces membre de la famille en plus. Il l'a beau- et quitte le village en pirogue -direction 50.000 francs d'amende pour "complicité de l'histoire contemporaine de l'archipel. de l'ordre." A son retour, il met en place coup regretté et a assez payé le prix. Sada-, les deux camps s'affrontent. "De 23 délits de coups et blessures volontaires et Seuls quelques témoins et une bonne un système de défense, réunit les anciens Depuis ce jour-là, ses cousins de heures à 4 heures du matin, les gens se sont voies de faits "pour avoir incité" par des dis- dose de rancœur restent de cette journée de l'armée française et organise des Mtsangadoua lui en veulent." où le sort de nombre de Mahorais a failli conseils de guerre. "A l'époque, on était Saïd Toumbou sera condamné à de la pri- basculer. trois anciens à avoir un fusil", se souvient son ferme pour ce meurtre. Aucun des “Il fallait me condamner, me mettre hors d’état de nuire.” 1973 est une année charnière. La revendi- Madi Mari Ousseine, qui avait officié commanditaires de l’offensive parmi les YOUNOUSSA BAMANA cation indépendantiste de plus en plus avec Toumbou à Madagascar. "On a dirigeants du MPM ne seront inquiétés. pressante à Moroni pousse les soroda à attendu près de deux semaines, et puis ils "Quand le gendarme à qui il avait battus à coups de pierres et de bâtons", affir- cours violents à démolir les cabanes des mettre la pression sur les serré-la-main, sont arrivés", dit Charan. "Ils venaient de annoncé l'attaque est venu", raconte me Oussein Saïd. Sur la plage, sur la place adversaires politiques (...) à molester ces aidés financièrement par Ahmed 14 villages dont tous les villages voisins. Charan, "il lui a dit : "De quel droit publique… Plusieurs personnes ont été bles- derniers et détruire les préparatifs (…)". Un Abdallah et ses proches pour gagner des Nous nous n'étions que 12 combattants viens-tu m'arrêter alors que je t'avais sées. Sept ont été hospitalisées du côté serré- jugement que Bamana a toujours qualifié partisans. Acoua, dont le chef politique aguerris", dit Madi Mari Ousseine. prévenu et que tu n'a rien fait. Ça s'est la-main, affirme Oussein Saïd, dont lui et d'injuste : "Il fallait me condamner, me met- est Saïd Toumbou, ancien militant de passé et aujourd'hui tu viens me deman- Colo Digo -"j'avais la hanche déboitée, de tre hors d'état de nuire". l'UDIM tombé en disgrâce depuis quatre "DANS LA NUIT, je me souviens avoir der pourquoi !?" Le gendarme est repar- sorte que je suis resté alité pendant vingt ans (lire pages précédentes), est alors par- été réveillé", poursuit Charan. "On nous a ti. Quelques jours plus tard, c'est le com- jours", disait-il dans Jana na Leo. Côté soro- PENDANT CE TEMPS à Poroani, la vie rep- tagé en deux camps. Comme dans nomb- dit que toute la population de Mayotte mandant qui est venu. Saïd Toumbou, en da, Colo Be a lui aussi été estropié : rend doucement son cours. Bamana n'y re de villages du nord de l'île, les indépen- allait entrer. C'est un homme d'Acoua bon officier, lui a dit : "J'accepte de vous "[Kamardine Saïd] s'est présenté devant moi reviendra que trois mois après, affirme dantistes sont plus nombreux qu'ailleurs. avec un couteau. Je lui ai demandé s'il avait Oussein Saïd. "Ils sont restés à l'écart." A l'é- De là à être majoritaires, ce n'est pas sûr. vraiment l'intention de me poignarder mais poque, le village était coupé en deux : d'un C'est alors qu'intervient un incident a “On ne pouvait pas sortir. Si on allait dans il n'a pas hésité à me porter le coup sur le côté les serré-la-main, de l'autre les soroda, au priori banal, à Malamani. "Ce jour-là", un village voisin on se faisait insulter.” visage. J'ai été étourdi pendant un bon milieu, la mosquée. De sorte que la proximité raconte Maoulana Assoumani Charan, un MADI MARI OUSSEINE, ANCIEN COMBATTANT COMME SAÏD TOUMBOU moment car ce n'est qu'au dispensaire de n'était pas trop problématique. Quant aux fidèle ami de Saïd Toumbou, "le grand Sada que j'ai retrouvé mes esprits.2" serré-la-main, certains sont restés comme Cheick de Mayotte -la plus haute person- Après une légère accalmie, et alors que les Oussein Saïd, d'autres sont partis un temps. nalité religieuse dans l'île à l'époque- marié à une femme de Mliha qui est venu suivre à condition que vous laissiez un préparatifs de la venue d'Abdallah avaient été "Ils s'étaient réfugiés à Mtsapere pendant dirigeait un daïra. Or ce Cheick qui s'ap- nous prévenir : "Toute la population de gendarme pour protéger le village"." Un saccagés, la bataille a repris au petit matin. plus de quatre mois", soutenait voici plusieurs pelait Saïd Ali Cheick, était d'Acoua. Au Mayotte est là. Ils vont vous chatouiller !" gendarme est resté et Toumbou est parti. Selon Oussein Saïd, à l'aube le lendemain, années Colo Digo. "Ceux qui voulaient y moment de se reposer, Zena M'dere est Tout le monde était debout ; les femmes En héros pour les villageois : "S'il n'avait plusieurs centaines de soroda des villages voi- retourner étaient obligés de payer une amen- arrivée pour parler de politique. Mais le aussi. On a envoyé les vieux prier à la pas été là, nous aurions été battus" pense sins, prévenus de la bagarre, se seraient donné de. Mon beau-frère a du sacrifier un bœuf Cheick a refusé. Il lui a dit : "Ici on ne fait mosquée, et les jeunes ont été placés à Madi Mari Ousseine. "Ce jour-là, il a rendez-vous au village. "Vers 5 heures, ils pour obtenir des soroda le pardon." pas de politique, on prie !" Tout le monde chaque sentier, chaque entrée du village sauvé le peuple d'Acoua." sont venus de partout : Kani, Moinatrindri, Trente-quatre ans après ces événements, le était en colère. Comment a-t-il osé répon- pour donner l'alerte en cas d'attaque. On Hagnoundrou, Dapani, Chirongui… Ils sont village de Poroani s'est agrandi. Les anciens dre à la Présidente !? se disaient les gens. a gardé la plage aussi. Puis on les a vus PENDANT plusieurs mois, les habitants arrivés à pieds. Pendant trois heures, ils nous habitants ont été décasés vers l’intérieur que On l'a tout de suite qualifié de serré-la- venir de Mtsangamouji. Ils ont allumé d'Acoua paieront le prix de cette résistan- ont battus." "Le village comptait plus de 500 leurs ancêtres redoutaient ; la politique ne se main. En réaction, le village a dit que si une torche. C'était un signal pour préve- ce. "On ne pouvait pas sortir. Si on allait soroda mais il en est venu d'autres (…) pour cantonne plus à un dyptique soroda-serré-la- notre Cheick était un serré-la-main, alors nir les autres qui venaient de l'autre côté dans un village voisin on se faisait insul- saccager nos maisons", indiquait Colo Digo. main -quoique cette séparation se retrouve nous étions tous des serré-la-main." [depuis Hamjago, ndlr]. Ils ont commen- ter. On était en danger", affirme Madi "Ils ont pillé les biens de ceux qui avaient été selon que l’on vote UMP ou MDM-MPM. cé à descendre. Saïd Toumbou a dit : "J'ai Mari Ousseine. "Ça a duré deux mois. hospitalisés", se souvient Oussein Saïd. Mais la famille Bamana et les acteurs de CETTE SOLIDARITÉ villageoise, besoin de quelqu'un pour aller leur dire Comme j'étais infirmier dans l'armée, cette bataille rangée vivent toujours les uns à ajoutée au fait que la plus illustre person- de discuter avec nous et de s'arrêter. c'est moi qui soignais les gens quand il y CE N'EST QU'EN fin de matinée -"la côté des autres. Une coexistence pas tou- nalité du village était Saïd Toumbou, va Boina Ali a dit : "J'y vais". Il est allé à avait besoin. Les gendarmes nous ame- bagarre était déjà finie" affirme O. Saïd- que jours aisée. "Les rancoeurs restent", affirme provoquer une réaction en chaîne inat- leur rencontre et leur a dit d'envoyer un naient des denrées de temps en temps." les gendarmes sont arrivés sur les lieux, un jeune du village. "Moi-même qui suis issu tendue. "Les soroda ont décidé de tous émissaire pour parler. Il leur a dit : "Nous Aujourd'hui encore, les traces de cette quelques heures avant Ahmed Abdallah, qui d'une famille soroda, j'ai eu toutes les peines se rendre à Acoua", affirme Zoubert avons des armes !" Mais ils ont continué. journée sont visibles. La rancœur des n'a du coup été accueilli par personne et qui du monde à obtenir le droit de me marier Adinani, à l'époque député aux côtés de Jusque là, Saïd Toumbou se cachait. "cousins" de Mtsangadoua perdure, tan- a accusé Bamana d'être à l'origine des trou- avec ma femme qui est d'une famille serré- Bamana et Henry. "Les gens ne compre- J'étais à ses côtés. Puis il est sorti, il a tiré dis qu'au sein du village, ceux qui étaient bles. Les serré-la-main ont alors porté plain- la-main. Il a fallu qu’elle menace de se sui- naient pas pourquoi ils se conduisaient un coup de feu en l'air, puis deux, puis départementalistes à l'époque ne cachent te et trois soroda ont été arrêtés, parmi les- cider pour obtenir le droit de m’épouser. comme ça à Acoua. Ils ne comprenaient trois. Ils ont fui. Mais il a dit : "Il faut que pas leur haine du personnage. "C'est à quels Oussein Balahach. S'il reconnaît que Aujourd'hui encore, ma famille et la sienne pas non plus la position de Saïd j'en blesse un, sinon ils reviendront." Il les cause de lui si on a failli se faire lyncher. "ce sont les sorodas qui étaient à l'origine de ne se côtoient pas." Toumbou." "Ils se sont dit : "Nous allons a suivis et en a blessé deux, à la cuisse." Nous, à cette époque, on n'osait pas par- la bagarre", il assure aujourd'hui qu'il "n'y RC les corriger"" affirme Charan. Immédiatement après, les sentinelles ler. On avait peur de lui. Il était méchant était pour rien". "Mais ils m'ont pris avec Lorsque Toumbou apprend qu'une des- situées de l'autre côté donnaient l'alerte. et il l’est resté. S’il n’avait pas été pour deux autres gars, dont un qui était blessé à la cente sur son village se prépare, il part "On y est allés. Il a fait la même chose. Abdallah, rien ne serait arrivé" dit un 1 Durant ces années, les Mahorais mangeaient mâchoire. On a été jugés et emprisonnés du fruit à pain pas mûr, aussi mastic que du prévenir la gendarmerie. "Il est allé les Sauf que là, il a tué un jeune de ancien. "Pendant longtemps, le village a pour avoir fomenté la bagarre. On est restés chewing-gum -d'où silgom- faute de riz. voir pour leur dire ce qui allait se passer, Mtsangadoua. C'était le fils de son oncle. été coupé en deux" confirme Boinali Saïd deux mois en prison." 2 Jana na Leo (n° inconnu), fin des années 80 mais ils n'ont pas réagi. Alors il leur a Après, les gens sont partis. Ils ne sont Toumbou. "Mais Acoua reste un village Younoussa Bamana sera lui aussi arrêté le 15 3 Mbalamanga et Poroani sont deux villages dit : "Je ferai tout pour sauver les habi- jamais revenus." serré-la-main." août -ce qui provoquera la manifestation antalaotes. tants d'Acoua. Je me défendrai". Selon Cette nuit-là, son père "n'a pas dormi", RC

kashkazi 65 juillet 2007 47 hors-piste la fête dans l’archipel

on danse, on bouffe." La trilogie festive -à laquelle il faut souvent “ON CHANTE, ajouter la boisson- paraît universel- le, mais pour l'historien Moussa Said, elle est omniprésente aux Comores : "Chaque évène- Dis-moi ment social est marqué par une fête particuliè- re. A chaque fois, on chante, on danse et on bouffe." A Ngazidja, "ça a commencé dans le sud du Mbadjini, aux VIIIème-IXème siècle, à l'é- poque des principautés guerrières", explique l'enseignant qui a travaillé sur les poèmes et chansons de la tradition comorienne. "Les chefs guerriers étaient désignés à l'issue d'une comment série de festivités. On réunissait les gens sur le masadaka juhu ya djumbe (la maison des prin- cesses), et parmi tous les guerriers de la prin- cipauté, on désignait le chef par élimination. Pour être sélectionné, il fallait être fort et gour- mand. Il y avait un grand repas, avec des grillades de chèvre grillée et des tubercules. Après avoir mangé, on creusait un trou de 50 cm que l'on remplissait de jus de coco. On met- tait la tête dedans et on le vidait, puis il y avait … des démonstrations de force sur place." Selon tu Moussa Saïd, ces anciennes pratiques expli- fêtes quent l'omniprésence de la nourriture dans la tradition du Grand mariage. "Pendant deux

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Des festins collectifs aux boums en passant par le twarab, les manières de se réjouir ont évolué en fonction des influences étrangères aux Comores. Blasée par les cérémonies du mariage, la génération qui dansait le rock dans les années 70 est à la recherche de nouvelles formes de loisirs. Alors, comment fait-on la fête dans l’archipel ?...

semaines quand quelqu'un se mariait, on ne fai- radio, ils écoutent à longueur de journée les mente Moussa Said. "Les notables étaient par- sait que manger et danser", rappelle-t-il. chants de Johnny Halliday, Enrico Macias, et tagés : ils avaient du mal à les accepter car ils Aux fêtes traditionnelles se sont incorporées et vule surtout les succès des chanteurs africains tels buvaient, fumaient, avaient un comportement superposées une multitude d'influences exté- Sam Mangwana et Prince Nico. Mieux encore, je-m'enfoutiste. Mais ils ne pouvaient pas les Vule à Maore, uhoha à Ngazidja, le rieures véhiculées par la colonisation et surtout repas de grillade en plein air s'est tou- on se bat pour faire venir de l'étranger les instru- rejeter : ils en avaient besoin pour montrer que par les diasporas comoriennes de l'Afrique de jours pratiqué, que l'on se retrouve au ments de musique dont ils se servent afin de dans le village, il y avait quelqu'un qui savait l’Est, de Madagascar et de France. L'un des champ pour manger ensemble ou pouvoir imiter leurs œuvres.” jouer de la batterie ! Ils ont cassé la tradition plus anciens apports étrangers est sans doute le qu'il s'agisse d'une invitation de maria- musicale. Maintenant, le rythme sur lequel on twarab. Ce chant langoureux introduit dans l'ar- ge. Sous la colonisation, les jeunes imi- ON JOUE alors de la musique pop, danse provient du mshago, ce rythme inspiré du chipel par les Comoriens de Zanzibar, a été tent les pique-niques sur la plage des du twist, du disco, du cha cha cha. “Cela a com- djerk qui s'accélère avec la batterie." intégré aux cérémonies de mariage jusqu'à colons et, dans les années 80, est lancée mencé comme pour le cas du twarab par gagner devenir un élément incontournable des coutu- la mode de cotiser entre amis pour les grandes villes." Les orchestres de musique C'EST LA période des "surprises mes comoriennes. "Son succès est en partie dû organiser une grillade collective. A moderne concurrencent ceux de twarab. "Ils parties". "La seule et unique radio, c'était au fait que le violon et le ud, instruments de Maore, pouvoir d'achat et importation jouent le rôle d'école musicale car ils recrutent l'ORTF qui passait tous les tubes français, de mabawa aidant, les vule se multi- base du twarab, conviennent parfaitement à les jeunes campagnards qui désirent s'initier même s'il y avait aussi l'influence de la musique plient et ont été repris à leur compte l'esprit dans lequel se conçoivent le chant et la par les wazungu : quel fonctionnaire aux nouveaux rythmes. Ces derniers viennent du Congo Kinshasa”, rappelait l'année dernière 2 danse aux Comores : rigueur et simplicité", n'organise pas son vule de départ s'installer à Moroni et ne retourneront chez eux Ahmed Ouledi . “Les Moody Blues, les écrit Moussa Saïd dans son mémoire sur la poé- avant de rentrer en France ? Dans les que lorsqu'ils auront appris à manier les nou- Poussins, les Karts jouaient du rythm'n blues et sie chantée de Ngazidja 1. "Rigueur, car les îles indépendantes, ils se font rares, veaux instruments. Au village ils se substituent de la variété française. Il y avait des gens qui Comoriens exigent beaucoup de raffinement faute de moyens, mais sont exploités petit à petit au mbandzi [chanteur populaire tra- dansaient très bien le rock'n roll ! Les gens ont dans les gestes tout en restant le plus simple par les hommes politiques qui offrent ditionnel, ndlr], car les gens éprouvent un grand dansé sur "Poupée de cire, poupée de son", sur possible pour que toute la population puisse des agapes à leurs jeunes partisans. plaisir à les voir jouer de leur nouvel instru- "Retiens la nuit"…" "C'était des années de prendre part aux fêtes." ment." Dans les années 70, sur les ondes de liberté", nous confiait aussi Gaby, fêtard éméri- l'ORTF, Abdallah Mansoib anime une émission te de ces années là. 2 "On s'amusait tout simple- LE TWARAB avait lieu dans la qui fait le tour des villages de Ngazidja pour ment. On était avec les filles de la promo. On maison nuptiale en présence du marié, de ses prochaines cérémonies. La fête durait ainsi enregistrer ces orchestres. "Pour les jeunes, c'é- buvait un peu pour s'amuser avec nos amis et de ses proches. "La soirée débute après toute la nuit et les repas se succédaient alterna- tait l'occasion de montrer qu'ils avaient une bat- pattes d'éléphant, nos chemises cin- la prière du soir pour se terminer à l'aube", tivement jusqu'à six ou sept heures du matin, terie et de rivaliser d'exploits musicaux", com- trées et nos cheveux longs. On était ... indique Moussa Said dans son mémoire. "Les moment où les invités et le marié prenaient une gens venaient le vendredi soir, habillés de leur dernière tasse de thé et des gâteaux avant de costume de fête. Parmi eux, les chanteurs de s'en aller." talent qui ont, auparavant, écouté puis enregis- tré les chansons des grands auteurs arabes et A PARTIR des années 1960, l'arri- swahili. Trois chansons sur quatre étaient en vée de la guitare, de la batterie, et le phénomè- arabe ou en swahili, jusqu'à ce que Said ne des boto (mot qui désigne à Madagascar un jeune homme élégant) bouleverse les habitudes La défoule version mineurs Mohamed Cheikh demandât aux chanteurs de privilégier celles émanant des auteurs como- du twarab. Il devient "une grande compétition au cours de laquelle villages et quartiers rivali- Le bal des jeunes est le dernier endroit tes dans ces bals où l'individualisme affiché libère de riens. Un animateur se tenait au milieu des toute inhibition et s'immiscent dans ces fêtes de jeunes musiciens, muni d'un sabre, et accompagnait sent d'éclat. Lors d'un twarab, on applaudit les où l'on se lâche, si l'on n'a pas l'âge d'aller associations qui ont acquis de nouveaux instru- célibataires à la recherche d'inattendu, prêts à s'embar- les gestes de tous les participants. Ces derniers en boîte. quer dans des états seconds pour forcer le destin. Des "chantaient en balançant la tête de droite à gau- ments et on se moque de ceux qui n'ont pas pu se les procurer". Quant aux boto, ces jeunes fêtes qui ne rassurent pas à la manière des fêtes tradi- che successivement à l'unisson et en cadence" : AMBIANCE ÉLECTRIQUE SUR FOND de coupé tionnelles, où l'on baille. "Le twarab et compagnie, on c'est le fameux laza kitshwa (bouge la tête). En Comoriens vêtus "de la chemise cintrée, des colliers autour du cou, des vêtements délavés" décalé. Le Comorien a toujours apprécié de pouvoir a tous une canne et on est en rang", résume Yasser, 17 outre l'animateur désignait du sabre les person- danser. Les corps en nage qui s'entrechoquent. Les ans, l'air blasé. "Le bal des jeunes, c'est chacun pour nes désireuses de chanter. Les plus âgés, eux, qui contestent les bonnes manières de la coutu- me, ils lancent à la fin des années 60 le phéno- battements de mains. Les "caméra chinois" et les soi." Chacun pour soi, et tous pour les nanas : "On y restaient dans la cour, en dehors. Ils passaient jeux de hanches. Une jupette bleue en jean s'excite va pour chercher les filles", explique Ali. "Pour s'affo- tout leur temps à jouer aux cartes et à parler des mène du mshago. "Le mshago a lieu tous les samedis lors du twarab dans les villages de la sur la cuisse droite d'un jeune bodybuildé au sourire ler un peu. Y en a plein qui tchatchent là-bas…" Grande Comore", écrit Moussa Said. "Les jeu- de maquereau. Nous sommes au club house du A l'instar de leurs aînés, les lycéens ont appris à faire nes boto venus assister à la cérémonie font un Tennis Club de Moroni pour un bal de jeunes, ce sonner la monnaie pour attirer ces demoiselles. A en cercle autour des musiciens. Ils se tiennent dimanche 2 juillet. Le dernier endroit dans la capitale croire Ali, l'argent est indispensable pour séduire une ziara ensuite les hanches et dansent, ce que l'on a pris comorienne où l'on se lâche sans complexe, si l'on jeune danseuse. "Avec les filles des bals, on négocie l'habitude d'appeler le mbili-mbili (deux à n'a pas encore l'âge d'aller traîner ses basques en directement : "On peut se connaître ? J'ai 2000 fc [4 boîte de nuit. Entre la discothèque pour public et les euros, ndlr]…" Et elle va te répondre : "Oh, ce serait A Mwali, deux fêtes animistes deux). C'est l'animateur qui donne le ton, que le drainaient autrefois du monde twarab s'accélère et tout le monde est entraîné mandari des années 80, ce type de bal propose un mieux 5.000 fc [10 euros, ndlr] !" On va dans les voi- autour des lieux d'offrande -les dans des mouvements d'ensemble qui consis- cocktail de sensations chaudes aux amateurs, à prix tures, et on fait des relations." ziara- à Bunduni (le lac d'Itsamia), tent, comme le nom l'indique, à faire deux pas pas cher. Accessible aux couches les plus populaires, et à Moidjiyo (Niumachua), à à droite et deux pas à gauche. Ils accompagnent le bal de jeunes s'arrête théoriquement vers minuit, L'INVENTION DES BALS de jeunes date des années chaque fin d'année. Les djinns de ainsi les musiciens dans leurs œuvres tout en deux heures pour les plus courageux. 80 dans la capitale. Le Club des Amis, sous la direc- Datchimroni animaient alors des reprenant en chœur les refrains des chants." tion d'Elamine Tourqui, est la première boîte de nuit à festins longs d'une semaine durant Moroni traverse alors ce qui est resté dans les FORTEMENT CRITIQUÉ par les gardiens de la ouvrir ses portes aux ados. A l'époque, on craint d'en- le mois qui précède le Ramadan. morale, devenu commercial pour pouvoir continuer, le courager la jeunesse à la débauche. Mais les promo- Les déplacements étaient organisés têtes comme l'insouciance de ses "années fol- les". On est à la fin de la période coloniale et bal des jeunes est une machine à sous dédiée à une teurs répondent aux parents scandalisés qu'ils n'ont par village ; tout était transporté à jeunesse décomplexée. Des jeunes qui se refusent aux qu'à bien tenir leurs enfants. La boîte ne faisait que pied -il n'y avait pas des voitures. l'influence culturelle occidentale commence à marques du temps passé. Des jeunes qui voient en la répondre à une demande de la part de milieux aisés. Au cours de ces transhumances, des se faire sentir. La radio, les disques et le cinéma danse une manière d'exister. Qui ont besoin de plaisirs amitiés se nouaient et on assistait font irruption dans la vie des citadins. "Las d'é- L'opinion était loin d'imaginer que la tendance aller chaque année à des retrouvailles… couter les mêmes rythmes et de voir se profiler faciles, de flirt, d'un coup à boire, d'amitiés viriles, hors évoluer jusqu'à devenir un phénomène de société. Ces pratiques ont duré jusqu'aux devant eux les mêmes images et les mêmes scè- du périmètre social de naissance. Des plus vieux en années 80. nes, les gens se tournent vers d'autres moyens profitent pour venir cueillir l'innocence des adolescen- SE et LG de divertissement", écrit Moussa Said. "A la

49 hors-piste la fête dans l’archipel bal poussière A Maore, le type de fête le plus répandu, outre le mariage, est le bal poussière. NOTES ... branchés à la mode que ceux qui voya- comportent bien avec leur mari, et elles font Apparues dans les années 80, ces soirées organisées au sein du village -le plus souvent sur 1 Contribution geaient nous faisaient découvrir. Ici on très attention à leur manière de parler…" le stade de foot ou dans le foyer des jeunes- et animées par un orchestre qui joue en live à l'étude de la était coupé du monde, sans télé, avec Mais si les couples de Moroni mettent encore des rythmes locaux (mgodro essentiellement), ont vite gagné leur galon d'événement poésie chantée de juste des tourne-disques et le goût de la fête." un point d'honneur à sortir le réveillon du jour numéro 1 le week-end, supplantant des fêtes traditionnelles délaissées par les jeunes, sur- Ngazidja, M.Said, Mémoire de maîtri- Après l'indépendance, l'influence française se de l'an, l'engouement pour ces moments entre tout depuis une dizaine d'années. Tandis que la sortie en boîte de nuit reste l'apanage se à l'Université prolonge par l'intermédiaire des étudiants qui amis est tombé depuis une dizaine d'années. des citadins, le bal poussière permet aux villages de brousse de ne pas tomber dans la de Nice, 1984 reviennent pendant les vacances. Les boums se Morosité, repli sur soi… les Comoriens font torpeur du samedi soir, et aux jeunes filles qui n'ont pas l'autorisation de quitter le villa- 2 Kashkazi n°24, poursuivent pendant les années 80. Des boums grise mine. D'où la nostalgie pour les années ge de sortir sans s'éloigner du cocon familial. janvier 2006 sages, souvent sous le contrôle des parents. "Ça 70-80. "Il n'y avait pas que la politique", nous Et qui dit bal poussière à Maore dit Les Vikings de Labattoir. Né en 1975 parce que Papa se passait dans une maison familiale" se sou- disait Ahmed Ouledi. "C'est l'un des problèmes Joe -alors l'animateur principal de l'île- avait insulté les mamans du village, ce groupe n'a vient le chanteur Salim Ali Amir. "On était obli- majeurs de la morosité ambiante : aujourd'hui, cessé de gagner en importance depuis, devenant le plus populaire de l'île. "Nous avons d'abord animé des mariages de Petite Terre, ce pour quoi nous avons vu le jour", racon- gés d'inviter le frère pour qu'une fille vienne, et en dehors des échanges politiques ou des célé- te Abdou Anchidine, chanteur et porte-parole de l'association. "Puis dans les années 80, quand on dansait il y avait les mamans brations de mariages, il n'y a pas d'autres espa- nous avons été en Grande Terre, puis nous avons fait des bals poussières, des concerts. autour… On dansait sur la musique africaine, ces." Pour Gaby, ces années étaient "incompa- Aujourd'hui, nous animons environ 100 spectacles par an.” antillaise ou occidentale." rables avec la tristesse contemporaine. Le bal poussière se construit toujours sur la même base : “On début vers 21h30, on joue 1h30, Aujourd'hui même quand on est au chômage on puis un prend une heure de pause où on met la sono, puis on rejoue 1h30, puis une nouvel- C'EST À CETTE période que se se sent occupé par je ne sais quoi. Et quand le pause de une heure, et on rejoue… En moyenne on joue 4 heures par soirée, et ça se ter- développe l'habitude de cotiser pour manger et bien même on toucherait un bon salaire, on ne mine vers 2 heures. Parfois, on peut jouer toute la nuit.” Pour les villages, la venue des s'amuser en groupe (mandari). On organise des saurait pas où aller. La vie a tellement changé". Vikings, qui ont leur rythme bien à eux, est souvent jour de fête. Les habitants des localités pique-niques, des boums, des bals pour se retro- La première explication à cette sinistrose est voisines y viennent. “C'est l'occasion de retrouver des gens qu'on ne voit pas souvent”, affir- uver, particulièrement durant le mois qui précè- celle du contexte économique. "Avant il y avait me Abdou Anchidine. “C'est un bon moment de convivialité.” Mais depuis quelques années, de le Ramadan, selon la tradition qui veut que une insouciance, on n'avait pas les mêmes l'ambiance se dégrade autour de la scène. “Depuis dix ans, avec l'arrivée de l'alcool, c'est l'on profite de la vie en prévision des privations contraintes qu'aujourd'hui", se souvient moins festif. Il y a toujours des embrouilles et du coup, les anciens qui venaient avant ne viennent plus. Il n'y a plus que les jeunes.” Ce qui n'est pas pour leur déplaire : draguer, c'est du mois de jeûne. Des bandes d'amis passent Hissane Guy. "Les salaires tombaient tous les toujours mieux sans les parents... RC leur temps libre à concocter un programme de mois, les allocations familiales existaient." distraction : "On organisait un circuit où on Aujourd'hui, difficile de cotiser pour s'amuser mangeait le début du repas dans un endroit, le quand chacun peine à joindre les deux bouts, tout", estime Moussa Said. "Aux mariages, on fossé s'est creusé entre la génération de ma reste dans un autre, et où on finissait en dansant quand il faut payer les frais de santé et, si l'on ne s'amuse pas", avoue Hissane Guy. "On est mère et la mienne. La rupture est due au fait encore ailleurs, histoire de ne pas s'ennuyer", peut, l'écolage des enfants… en train de penser à quel argent on dépense, à que les deux cultures ont cohabité, mais nous, se souvient un adepte de ces soirées. qui on en doit… Les mariages, ce n'est pas une on n'a pas fait avec les jeunes ce que faisaient L'autre grand moment consacré à la fête est le MAIS LES RAISONS ne sont pas partie de plaisir. Les gens n'affichent pas un nos parents avec nous. Pour moi m'amuser, 31 décembre, ignoré seulement s'il tombe pen- seulement financières. Il a suffi d'une généra- sourire, ils sont coincés parce qu'ils n'ont pas c'est ce qui ne rentre pas dans le devoir social. dant le Ramadan. "Les gens de 30-40 ans coti- tion pour que la conception des loisirs change l'habitude de sortir." C'est sortir, me donner du bon temps. Avant, ce sent entre couples et louent un endroit", indique complètement. Les jeunes qui organisaient des Les moments de chants et de danse délivrés du qui était traditionnel constituait un loisir. On Salim Ali Amir. "Certains sont devenus des boums dans les années 70-80 ont adopté les poids du mariage se font rares. "Quand on était pouvait s'amuser sans parler d'argent. Mais spécialistes. Le groupe Mbonda existe à nouvelles formes de fête tout en continuant à se petits, une fois par semaine, les mamans et maintenant, ce n'est plus le cas." rendre dans les manifesta- grand-mères nous initiaient aux danses", se tions traditionnelles. Les “Avant, il y avait une insouciance, on n’avait pas les mêmes souvient Hissane Guy. "On passait un bon ALORS QUE LES VIEILLES deux systèmes ont existé moment avec la génération plus âgée. Les hom- dames n'ont toujours pas d'autre sortie que les contraintes qu’aujourd’hui. Les salaires tombaient tous les mois.” parallèlement mais, puisque mes, eux, dansaient un ngoma avant la prière mariages, leurs filles cherchent à "s'évader du HISSANE GUY l'on s'amusait ailleurs, la de trois heures, une fois qu'ils étaient revenus quotidien". "Nous maintenant, comment on s'a- fête traditionnelle est deve- du champ et lavés… Et le vendredi après-midi, muse ? On s'invente des loisirs, parce qu'il n'y nue un devoir bien plus on avait une petite fête du quartier." Ce plaisir a pas grand-chose. En ce moment, la seule dis- Moroni depuis vingt ans. Mbonda signifie qu'une occasion de réjouissances, d'autant plus là n'est pas complètement oublié. A Maore par traction pour notre génération un peu plus canne, il s'est appelé comme ça en référence à que sa monétarisation la rend pesante économi- exemple, les jeunes filles sont toujours enthou- ouverte, je dirais que c'est le karaoke… On celle qu'il y a sur la bouteille de Johnny Walker. quement. On y mange moins, on y fait souvent siastes de se glisser dans les "body" bordés de essaie de s'occuper autrement. On est en train Chaque année, ils font cotiser leurs proches et acte de présence. A l'âge mûr, les anciens "bou- dentelle et les saluva achetés collectivement et de construire une autre forme d'utilisation du organisent un bal." Hérité de la colonisation, le meurs" se rendent compte que non seulement d'emprunter les bijoux de leur mère pour parti- temps libre, entre parents et enfants. On les réveillon est devenu pour la bourgeoisie citadi- ils n'ont pas les moyens de se distraire comme ciper à un tarei ou un mbiwi. Mais dans les occupe, on les sort, on les promène… Mais on ne un moment d'apparat à la sauce occidentale ils en ont envie, mais ils sont obligés de dépen- villes, il a tendance à disparaître. "Avec les n'a toujours pas rompu avec le mariage. C'est : "Il n'y a qu'à voir la manière de se comporter ser de l'argent dans des cérémonies qui ne les constructions hors du quartier natal, ma géné- un vrai paradoxe. Le paradoxe comorien va dans les fêtes de Moroni", commente Ahmed amusent plus. "Maintenant dans un mariage, il ration ne fait plus ça", témoigne Hissane Guy, jusqu'aux loisirs !" Ali Amir. "C'est classe, chacun veut montrer y a de moins en moins de bouffe. A Moroni, il la cinquantaine. "Sur un temps très court, le LISA GIACHINO qu'il est bien habillé, les femmes qu'elles se n'y a presque que le djaliko qui reste. Ça casse Trois jours de fête pour sceller le pacte avec les djinns

Encore vivant dans le Nyumakele, le famille et lui ont dit de laver et parfumer l'enfant. Ils cession dure trois jours. Trois jours à danser et à entrer Mais le timba décline. Les moyens lui manquent. l'ont emmené dans la forêt, mais ils ne l'ont pas mangé : en transe en progressant selon un itinéraire bien précis, "Quand il y avait la société coloniale de sisal, elle timba fait partie de ces fêtes saisonnières ils l'ont élevé." Des années plus tard, les djinns propo- jusqu'au lieu où sera jetée à la mer l'offrande aux djinns. octroyait des bœufs pour le timba", se souvient qui mobilisaient autrefois des adeptes de sent aux hommes de vivre en bonne intelligence avec Une fois la viande prélevée, la peau, la tête et la queue Manrouf. "Ensuite, l'Etat participait, mais au fil des tout l'archipel. eux. A la demande de Waziri, ils acceptent de rendre de la bête sont cousues ensemble et bourrées de feuilles années, il a lâché." Les organisateurs essaient bien d'atti- l'enfant -une fille- en échange d'un bœuf blanc. "Les pour leur redonner la forme de l'animal, puis lestées rer les "touristes" à qui ils demandent une participation, UN PACTE ENTRE LES DJINNS ET LES HOM- hommes ont trouvé l'enfant sous un arbre en train de d'une pierre. Aujourd'hui, un cabri remplace générale- mais ils sont rares… Sans compter que les chefs musul- MES. Comme beaucoup de fêtes saisonnières de l'archi- jouer. Elle a accepté de les suivre à condition de garder ment le bœuf. "Si on n'a pas non plus de cabri, les mans semblent avoir obtenu gain de cause. pel, le timba est né d'un arrangement qu'une poignée de son jouet. C'était un petit tam tam -une noix de coco djinns nous ont autorisé à le remplacer par un coq d'au "Auparavant, les chefs du timba étaient de grands nota- fidèles refuse encore de trahir, de peur de déclencher les vide- et un petit bois avec des feuilles de bananier, des moins trois ans", précise Manrouf. "Mais ça n'a jamais bles", indique notre enseignant. "Personne ne pouvait foudres des "premiers habitants des Comores". Manrouf cornes et une queue. C'était le timba." Manrouf raconte été le cas pour l'instant." Si l'offrande n'est pas réappa- rien faire ici sans demander leur avis. Mais leur statut a Abdallah est de ceux-là. Ce vieil agriculteur de Mramani que l'enfant a imposé aux hommes d'avancer et de s'arrê- rue au bout de quelques semaines, c'est que les djinns perdu son sens depuis qu'on s'est rendu compte que le qui se dit petit-fils de Waziri Djina, l'homme qui a négo- ter au rythme de son timba sur tout le chemin du retour. l'ont acceptée. Sinon, il faut recommencer. timba était considéré comme une doctrine religieuse." cié avec les djinns, ne se laisse pas impressionner par les Arrivée au village, elle était redevenue complètement Engagé dans une association culturelle, ce professeur de religieux qui voudraient voir cette fête "païenne" rayée humaine. Mais un djinn Fanahali s'est présenté à Waziri IL N'Y A PAS SI LONGTEMPS assure Manrouf, collège verrait bien le timba se réduire à une manifesta- de la carte du Nyumakele. "C'est contre la religion pour -"le premier diable à entrer dans la tête d'un humain". "toute la région bougeait pour le timba" -il en existait tion folklorique. vous qui ne savez pas la signification du timba", mau- C'est lui qui dictera le déroulement du timba… trois dans le Nyumakele, associant chacun plusieurs Du coup, les jeunes sont peu nombreux à prendre la gréé-t-il. "Mais nous qui savons, nous savons que sans villages. Des gens de tout l'archipel affluaient. "Pendant relève. Si à Mramani deux chefs au moins sont toujours le timba, il y aurait beaucoup de problèmes. Cette DEPUIS, CHAQUE ANNÉE à la saison des ambreva- trois jours, chaque étranger pouvait entrer dans n'im- actifs, dans le village de , "la plupart des grands année, il y a eu une pénurie de poisson sur toute l'île car des, entre juillet et septembre, un sacrifice est offert aux porte quelle maison du village où se trouvait le timba et sont morts", confie une vieille dame, Fatima Houmadi, le timba a été organisé tardivement." djinns au terme du long parcours choisi par eux. Menée demander à manger", raconte un enseignant de qui a pris la relève en dépit de l'hostilité de son fils à ces L'histoire remonte à l'époque où les djinns enlevaient par le timba lui-même, matérialisé par un costume de Mramani. "On préparait des ambrevades, tout le pratiques. "On a hérité ça avec nos pères et si on arrête des humains pour les manger. "Ils venaient trouver les feuilles de bananier flanqué de cornes et d'une queue, à monde pouvait cueillir des cocos à boire. Les gens se de travailler ensemble avec les djinns, on aura beau- hommes et leur disaient : nous voulons tel enfant", l'intérieur duquel se dissimule complètement un homme préparaient pour l'accueil des danseurs. C'était trois coup de problèmes", avertit-elle. raconte Manrouf. "Un jour, ils se sont adressés à une dont seuls les chefs du rite connaissent l'identité, la pro- jours sans arrêt, jour et nuit !" LG

50 kashkazi 60 février 2007 la fête dans l’archipel hors-piste La fête, le corps et l’égotisme Du groupe aux individus, la fête a changé d'état d'esprit dans nos îles. On ne croit plus aux solidarités collectives.

un temps où faire la fête mépris des chefs, les fins de mois difficiles, IL FUT dans cette société se les écolages des enfants à régler. On se livre résumait à manger en compagnie du groupe au Dieu des fêtards dans l'espoir de tourner le auquel on vous assimilait. Vule, mandari ou dos aux petits malheurs de sa vie. Les petits réveillon : l'essentiel était de ripailler ensem- soucis mis dans les grands, on est en quête de ble avec ses semblables. Une époque bénie sensations fortes et immédiates. C'est cela où la fête servait avant tout de prétexte pour aussi qui a changé dans les habitudes. Ne rassembler et renforcer les liens de proximité. plus avoir à contenter le groupe ne suffit plus. A moins d'un événement bien singulier, on On veut surtout vivre quelque chose de nou- ne traînait théoriquement qu'avec les siens. veau, d'inédit, de transcendant. Plaisir de la Les cousins avec d'autres cousins, les nota- découverte. Plaisir des sens. Besoin de voya- bles avec leurs pairs, les cadres ou les ger dans des paradis où la jouissance de l'in- lycéens dans leurs retranchements corporatis- dividu est reine. On se fabrique sa fête sans tes. Par ailleurs, on ne se retrouvait jamais les autres. L'exemple le plus parlant : ces par amour du festif mais plutôt pour se corps qui se tordent en boîte. "Je danse, je conforter dans ses rêves d'outre-monde. Voir m'éclate, je me défonce, et ceux qui m'entou- l'autre dans une nouba quelconque et se rent sont comme s'ils n'étaient point là." A convaincre de ne pas démériter avait plus de chacun sa joie. A chacun son bonheur. sens que le fait de venir écouter un artiste bien précis à la fête de la musique. La fête, LE RAPPORT AU CORPS a d'ailleurs donc, pour se confronter à l'autre, se renifler, changé à cause ou grâce à cette nouvelle savoir qui est qui dans le quotidien partagé. dynamique festive, qui se cultive à moitié en La fête également vue comme liant social. solitaire. Au-delà de sa seule apparence, le Sentir la présence du voisin à ses côtés, se corps veut être palpé, chéri ou choyé. Le retrouver dans les regards des uns, partager plaisir d'une caresse participe de l'état festif. les mêmes envies que les autres. S'encanailler Du temps où le groupe imposait sa loi, le à l'époque était synonyme d'un temps des corps était plus au naturel, moins taraudé par retrouvailles. On allait au concert pour ren- la quête d'un improbable bien-être. Seules contrer les siens et non pour mieux apprécier les filles et quelques vieux beaux s'interro- le génie de tel ou tel interprète. On dépensait geaient sur leur seuil de vieillesse. Et à peine des sommes folles pour créer du faste et de si l'on forçait sur le litron de déodorant et sur l'envie dans les moments de communion. le prix d'une nouvelle robe. On pouvait mett- "Shuhuli wandru" affirment les anciens. Plus re le même pantalon trois fois de suite chez on était de fous, mieux on se portait. Et on les garçons, et les filles pouvaient tailler travaillait dur pour y arriver, on empruntait, leurs vêtements dans le même tissu, sans on volait et on détournait pour en être, de la problèmes. Aujourd'hui, c'est chose impossi- dite fête. Péter le compte-chèque pour des ble ! Le corps devient objet de désir. On agapes sans fin était certes stressant pour les s'habille chic et cher, on se vautre dans des moins aisés, mais se détendre auprès des pro- parfums capiteux, on fréquente les salons de ches (et des lointains proches) ôtait toutes coiffure en nombre, on se prête au jeu des angoisses. Un jeu qui en valait la peine dans esthéticiennes, on se refile conseils et mode la mesure où la fête n'était que ce simple alibi d'emploi pour fanatiques de pandalau. On se pour se fondre dans l'autre, le principal étant fait belle ou mignon pour séduire. La fête ailleurs. C'était aussi l'époque des solidarités s'accompagne d'un érotisme des corps. villageoises, des croyances en une forme Même les hommes s'y mettent. Au-delà d'êt- d'intérêt général, des rêves d'élargissement re les lieux d'une certaine élégance, les fêtes communautaire. On était heureux de présen- sont devenus un outil d'exhibition aux vertus ter ses hôtes de marque à tous les membres presque aphrodisiaques. La conscience de du clan. En même temps, il y avait de quoi soi s'en ressent fortement. voir venir sur un plan matériel. Nous n'étions pas encore en cette période de crise inextrica- DANS LE TEMPS, on y allait pour se mirer ble. Les familles possédaient souvent un bout dans le regard des autres et pour les égaler de terre, un cabri à sacrifier le jour venu, un dans l'allure. Aujourd'hui, on s'y rend pour se principe d'honneur à défendre. Toutes choses sentir revivre intérieurement. Exit les regards qui se confondaient avec notre capacité à fes- désapprobateurs de la vieille école. La nou- toyer avec l'autre sous le manguier de la velle génération porte le miroir dans sa tête plantation familiale. Se fondre dans le groupe n'est plus un idéal. Ci-dessus, la danse du djaliko, lors d’un grand mariage, à Ntsudjini, en 2005. ou dans sa culotte. L'hédonisme renvoie d'a- bord au moi profond. Le string qui remonte AUJOURD'HUI, “al awal bahindru ya un peu au-dessus de la fesse droite, le visage hula”, comme le professe une chanson de ches. Car plus personne ne croit aux solidari- savoir comment les uns et les autres analy- être laissée sous le contrôle du clan. qui a pris des couleurs à force de soins et de Maalesh, mais seul ! Manger a toujours cette tés collectives. Ripailles et gaudrioles revien- sent l'avenir, ils vous crieront tous qu'à l'im- Désormais, l'individu la ramène à son seul maquillages, les Westons ou la veste Smalto importance dans les rendez-vous festifs. nent dans les cases mais sans le groupe, possible nul n'est tenu et que Dieu dans sa plaisir. On recherche d'ailleurs des espaces renvoient d'abord à une volonté d'autosatis- Cependant, les festoyeurs sont de moins en considéré comme parasite, suceur, bouffeur mansuétude saura reconnaître les siens. En qui garantissent l'anonymat pour s'éclater en faction. On passe plus de temps à préparer moins nombreux à vouloir évoluer comme d'intérêts. La grimace s'invite au débat dès attendant, ils se satisfont de petits péchés force. On évite autant que possible les lieux son samedi soir qu'à traîner dans le lieu du bétail. Contre le groupe, on choisit plutôt que vous tapez l'incruste chez vos amis. On mignons sans trop de conséquence. Place à la où l'on risque d'être jugé, jaugé, condamné même où se déroule le bal. On dépense des fête des pauvres ! Le comorien, d'habitude si par les siens. On se lâche volontiers hors de sommes folles pour entretenir sa bidoche ou dépensier en matière de fête, réfléchit avant son périmètre de vie. Dans les boîtes de nuit, son joli minois. Pour se sentir exister. Dans On fuit le village, la famille, le clan (...) d'engager ses sous. les bals de jeunes, sur les plages en couple, cette société où l'on était bridé de tous côtés, Car plus personne ne croit aux solidarités collectives. dans des pensions pour jeunes filles fausse- constamment surveillé, le corps devient le EN MÊME TEMPS, et c'est le paradoxe de ment prudes, en week-end à deux sous la dernier rempart de la liberté. On s'affranchit cette histoire, nul n'a renoncé à la fête en elle- pleine lune. On refuse de trinquer pour tous des valeurs du communautarisme de village, son épouse, lorsqu'elle est là, ou on préfère ne doit y venir que si l'on y est convié. Hena même. Elle s'est juste "privatisée" pour et on ne dépense que par rapport à ses seules en étant maître de ses formes et de ses encore se faire plaisir seul. A un moment de mndru na tsole mna nkuh'wa hahe. Que cha- mieux se prolonger dans le temps. Le prétex- envies. On choisit précisément avec qui on désirs, à défaut de maîtriser le cours de sa notre histoire où la proximité devient source cun se contente de ce qu'il possède. La vie te du groupe ne tient plus. C'est vrai. Il arrive boit sa bière pour ne pas avoir à payer des vie. Il y a une forme d'égotisme des corps d'hypocrisie et où les autres passent pour des est tellement rude pour le Comorien qui s'en que les plus aisés entretiennent encore leur tournées aux faux amis. L'alcool coule juste- qui se met en branle. Cela résonne comme profiteurs, nombreux sont ceux qui se cou- sort. Ne parlons pas de ceux qui ne voient position sociale, en invitant le grand nombre. ment à flot durant cette période. Non pas une manière de dire non à la morosité pent de leur milieu social, de leur groupe d'o- pas du tout le bout du tunnel. Certes, sourire Les hommes politiques pour faire passer les comme moteur à plaisir mais comme accélé- ambiante. Une sorte de pied de nez de jouis- rigine, de leur clan d'appartenance, pour se n'est pas encore tarifé mais cela ne saurait slogans de campagne. Mawlid, mariages, aïd rateur des sensations d'oubli. Car il s'agit bien seur. Car on jouit égoïstement pour mieux se consacrer à leur jouissance personnelle. On tarder. Les amitiés ont pris la tangente. La el fitr. Mais dans l'ensemble, la fête est per- d'oublier les lendemains difficiles, les secrets jouer de la vie… fuit le village. Le clan, la famille, les très pro- méfiance règne. Vous posez la question de çue comme une chose trop personnelle pour de familles, les querelles de voisinages, le SOEUF ELBADAWI

kashkazi 65 juillet 2007 51 HUMEUR VAGABONDE La complainte des vaincus

par Soeuf Elbadawi

la tradition comorienne ment. Les petites oligarchies se succèdent et les vaches du président Abdallah seront bien identité. Les vies sont précarisées, les destins navigue entre ces îles, au nom du commerce, DANS existe un genre musical sans cesse se ressemblent. Pieds et poings gardées sous tutelle… fragilisés, les horizons bouchés. Voilà ce que le fait pratiquement incognito, en s'établissant que l'on appelle idumbio. Il s'agit d'un chant liés, elles renoncent à toute ambition nationa- nous vivons au quotidien. Ajoutez à cela la dans l'informel. Il n'existe que dans la marge. de deuil dédié aux morts. Une forme de dés- le pour continuer à régner sur un bout d'ar- DOIT-ON LE RAPPELER ? Un Etat balka- bêtise de ceux qui confondent les aspirations Et vive la mondialisation, puisque c'est tou- illusion verbale scandée par une personne chipel. On parle décentralisation, départe- nisé n'a aucune espèce de poids au sein de profondes d'un peuple aux aguets avec la jours nous qui payons la note… proche du défunt. Le genre faisait parfois mentalisation, autonomie, co-développement. cette communauté internationale, si hypocrite promesse d'un mieux-vivre sans conviction écho aux pages les plus noires de l'histoire On feint de ne pas brader le patrimoine com- dès lors qu'il s'agit de faire face à un ni conscience. D'aucuns vous diront qu'ils QUE RAJOUTER DE PLUS ? Que ce pays comorienne. Certains fragments parmi les mun. Mais on voit bien qu'il n'en reste rien Mohamed Bacar. A qui la faute ? Notre mangent mieux qu'avant, qu'ils dorment ne nous appartient presque plus ? Ou qu'on plus illustres étaient censés annoncer l'avène- ou pas grand-chose. Toute notion d'intérêt mémoire est tellement courte que nul ne se mieux qu'avant, et qu'ils peuvent même ral- ne se sent plus chez nous dans ces îles ? Quoi ment de temps nouveaux, tout en marquant général ayant disparu des programmes de souvient de ce ministre des affaires étrangè- lier le monde alentour via Paris. Quelle chan- de plus normal ! diriez-vous ! Le "citoyen bien l'importance du disparu dans la société conquête du pouvoir, ils sont beaucoup res qui a mis fin à l'existence de la fâcheuse ce ! Rares sont ceux qui vous diront qu'en comorien", dont on se réclame, est bel et bien des vivants. Imaginons à présent qu'un auteur aujourd'hui à oublier que seul un Etat fort et question de Maore aux Nations Unies. Et trente années d'embrouilles et de magouilles mort de sa plus belle mort. Et tant pis pour inspiré par cette poésie de funérailles de nos indépendant est capable de porter l'espoir de pourtant Dieu sait que les questions que l'on villageoises, et ce, depuis ce fameux référen- nos discours sur la souveraineté nationale. jours décide de dédier un chant de deuil à la nos concitoyens dans le concert des nations. évite de se poser d'habitude traînent encore dum de 1974, nous n'avons fait qu'inscrire un Nous ne l'avons jamais connu ! Le contrôle mort du "citoyen comorien". Que de batailles Pendant ce temps, nos dirigeants s'excitent dans les QG des partis récemment en campa- peu plus nos pas dans un scénario sans de la monnaie comorienne nous échappe. menées en son nom ! dirions-nous. Que de sur des rêves sans issue. La plupart ont gne. Sans réponse, bien évidemment. Car qui retour. Un scénario qui condamne le "citoyen L'histoire commune se réduit à peau de cha- défaites accusées par son pauvre dos ! Ce même renoncé à l'idée de défendre une se soucie (encore un autre exemple) des comorien" à survivre uniquement dans les grin. Le voisin de l'île d'à côté instaure citoyen, tel que beaucoup d'entre nous l'ont patrie. L'adversaire français quant à lui reste dizaines de milliers de morts qui pourrissent livres d'histoires dans des jours prochains. Un chaque jour de nouvelles frontières dans les rêvé, vient justement d'entamer son dernier malin jusqu'au bout. Ces jours derniers, il n'a sous le lagon à cause d'un putain de visa ? scénario qui nous condamne à mourir sim- imaginaires soumis pour mieux se distinguer baroud d'honneur. Survivra-t-il à la crise ? De eu de cesse de mettre à mal nos illusions d'a- Nos leaders d'opinion ne rêvent que de com- plement, d'où l'intérêt de nous dédier un vrai du lot ! La culture n'autorise même plus à tous ceux qui ont subi les contrecoups de la venir. Incapables de proposer une alternative bat de communes et de réussite clanique. Les chant de deuil. Nde She idumbio sha he croire en un destin commun, sauf lorsqu'il dérive séparatiste, il est celui qui en paie le conséquente au délitement de l'Archipel, nos enjeux y sont autrement plus simples. Au Mkomori. La complainte des vaincus… s'agit de parler de consumérisme à l'occiden- prix le plus fort, puisqu'il disparaît de la carte. hommes politiques se sont repliés, eux, sur passage, le citoyen vote, plébiscite, danse sur tale et de prostitution des corps et des esprits. des positions plus confortables à une échelle les places au nom d'une victoire sans lende- NOTRE CAPACITÉ de réflexion n'étant pas Comorien ! Le mot signifie-t-il encore A MAORE aussi bien qu'à Mwali, Ndzuani moindre. On parle d'île et de région plus faci- mains, mais perd tout ce qui fonde son inté- complètement annihilée, il ne nous est pas quelque chose ? Les civilisations sont faites ou Ngazidja, le schéma se répète inlassable- lement. Que chacun soit chef dans son fief et grité au quotidien. Ses rêves. Sa dignité. Son interdit (loin de là) d'échafauder quelques pour naître et disparaître un jour. Il en a tou- scénarios catastrophes en supplément. Le jours été ainsi dans l'histoire des hommes. Comorien a vécu et sans doute qu'il ne vivra Néanmoins, et nous le savons tous, les pas assez longtemps encore pour qu'on le citoyens ont toujours le dernier mot partout prenne au sérieux. Profitons-en pour noircir dans le monde. Or, le nôtre, de "citoyen", a le tableau ! L'heure est à la "comorosité" ! accepté de s'effacer de la carte. Se battre Maore se destine désormais à vivoter entre contre l'inadmissible lui paraissait tellement les mailles du filet de la grande Europe. difficile… Ndzuani s'invente des légendes à dormir debout sur fond de terreur et de frustration CESSONS donc de nous raconter des histoi- partagée. Mwali ne sait plus à quel saint se res. Les excuses, certes, ne manquent pas vouer, tellement l'horizon se brouille, y com- pour nous dédouaner. Mais qui accepte qu'on pris depuis les îlots (menacés) de lui injecte le sérum de l'endormissement / Niumashua. Car vive le marché ! Dans le doit "manger sa honte entièrement", comme le disent nos frères du Continent. Nous devons assumer nos échecs. La mise à mort Pendant ce temps, nos dirigeants sans fanfare a commencé il y a plus de trente ans. Le pire, c'est qu'on nous demande de s'excitent sur des rêves sans issue. répéter aux enfants qui partent en migration La plupart ont même renoncé ou qui rêvent de partir que "la faute revient seulement aux autres". A la France ! Ce qui à l'idée de défendre une patrie. est en partie vrai. A nos hommes politiques ! Ce qui est encore plus vrai ! A nos stratèges ! Il y en a tellement peu que l'on évite d'en dis- monde qui nous attend, rien n'est à préserver, cuter. Une chose, cependant. Etre citoyen tout est à vendre ! Un marché dominé par d'un pays, c'est d'abord se prendre en charge des loosers venus de "Métropole" pour se et croire en l'utopie d'un peuple debout. refaire une santé financière sous les Comment voulez-vous que l'on se maintien- Tropiques à coup de boniments ! Même nos ne dans l'Histoire sans en payer le prix ? Il Indiens, qui, d'habitude, sont aguerris au est plus simple de laisser la communauté commerce de proximité, s'en méfient. Sans internationale agir en notre nom. Mais évi- doute avez-vous remarqué ces gens qui achè- tons de nous plaindre dans ce cas. Sinon, tent des bouts d'îles à tour de bras, un peu armons-nous de courage et construisons l'al- comme on se partagerait un gâteau, sur fond ternative sans faux-semblants. L'envie de de clientélisme et en s'appuyant sur des poursuivre ce rêve d'archipel, qui fut le nôtre méthodes de grand banditisme. L'économie par le passé, exige un effort plus conséquent. de ces îles est classée "domaine privé" et Sinon, contentons-nous de la complainte des n'appartient plus vraiment aux enfants de vaincus. Nde She idumbio. Certains s'apprê- cette terre. Mais qui peut le dire sans tomber tent à quitter le boutre, d'autres à se noyer dans les travers d'un discours taxé d'extrémis- avec. La fin du drame vécu depuis des lustres me ? Nos hommes d'affaires locaux ressem- s'annonce donc sur l'écran brouillon de nos blent à des gagne-petits, persuadés qu'ils sont illusions. Elle se retrouve surtout dans cette de pouvoir se suffire d'une clientèle d'île ou manière que nous avons de baisser les bras. de village. Vous remarquerez que les seules Même le fait de péter le "rocher" une derniè- compagnies qui arrivent à traverser les eaux re fois pour voir ne réveillerait pas nos pour dépouiller toutes les bourses de esprits. A moins que cet ultime baroud pour l'Archipel, et ce, malgré la crise, battent l'honneur soit le miracle attendu… pavillon "étranger". Girardin 1 avait probable- ment raison d'insister sur les intérêts français 1 Brigitte Girardin : ministre française de la menacés lors de son passage. C'est de bonne Coopération du gouvernement de Villepin guerre ! Pendant ce temps, le Comorien qui (2005-07), en visite aux Comores fin 2006.

52 kashkazi 65 juillet 2007 CENTRE INTERNATIONAL DE DEVELOPPEMENT ET DE RECHERCHE -CIDR COMORES / dpt SSPS-

Le CIDR est une Organisation Non Gouvernementale 6.000 bénéficiaires à l'heure actuelle). Vous serez en kashkazi (ONG) française, qui appuie les sociétés et leurs insti- relation directe avec le Chargé de Programme. Vous tutions dans leur développement organisationnel. Son travaillerez en étroite collaboration avec la responsable Participez à l’indépendance de votre journal département SSPS (systèmes de santé et prévoyance du développement du réseau à Ngazidja d'une part et sociale) met notamment en œuvre des programmes le bureau de l'AMSN d'autre part. Vous serez en d'assurance santé volontaire à gestion communautaire contact permanent avec les prestataires de service par- au Bénin, en Guinée, au Mali, en Ouganda, au Kenya, tenaires et les gestionnaires d'organisations mutualis- ABONNEZ-VOUS en Tanzanie et aux Comores. tes. Vous travaillerez avec une assistante expérimen- tée. Dans le cadre de la poursuite de son programme d'ap- LES TARIFS (pour 1 an, 12 numéros) pui intitulé " Réseau de mutuelles de santé et de sécu- Le SCG est le service technique du réseau, qui est Mwali, Ndzuani, Ngazidja / rités sociales villageoises ", le CIDR aux Comores composé d'associations de personnes ou villageoises, particuliers : 8.000 fc / administrations, entreprises : 12.000 fc cherche un GESTIONNAIRE DU RISQUE. d'écoles, d'institutions et d'entreprises. Le SCG propo- se les produits d'assurance, assure le suivi administra- Maore / Votre pré requis : particuliers : 40 euros / tif des recours des mutualistes, la facturation aux orga- administrations, entreprises : 60 euros - Nationalité comorienne nisations mutualistes, le monitoring, la gestion du - Bac + 3 minimum risque et le suivi des conventions avec les prestataires COMMENT S’ABONNER - Expérience de travail significative en considération de service (hôpitaux, centres de santé, pharmacies, cli- du poste décrit. (renseignements au 76 17 97 / 36 17 97 -Moroni- niques…). ou au 02 69 21 93 39 -Maore-) - Maîtrise de l'outil informatique, notamment des tableurs. Au sein du SCG vous aurez en charge la partie FINAN- Mwali, Ndzuani, Ngazidja / CIERE et CONTRACTUELLE des activités. envoyez vos nom, prénom, adresse et n° Profil : de téléphone + le paiement à l’ordre de - Potentiel de développement professionnel important Les travaux associés seront fondamentalement : BANGWE PRODUCTION - Rigoureux, travailleur et engagé a) L'actuariat, à l’adresse suivante : KASHKAZI, BP 5311 - Qualités relationnelles b) La réalisation des rapports sur le service d'assuran- Moroni, Union des Comores - Maîtrise des chiffres (finances) et des lettres (dans la ce maladie des mutuelles de santé, logique contractuelle) c) L'organisation des audits médicaux, Maore, La Réunion / d) Le suivi des conventions avec les prestataires de envoyez nom, prénom, adresse et n° Poste : service partenaires de téléphone + le paiement à l’ordre de Vous serez en charge de l'actuel " Service Commun de Contrat : RÉMI CARAYOL Gestion " des mutuelles de santé et sécurités sociales CDD de 2 ans renouvelable assorti d'une période d'es- à l’adresse suivante : Nicole Gellot, villageoises du réseau AMSN à Ngazidja (environ sai de 3 à 6 mois. BP 366, 97615 Pamandzi

Les candidatures (lettre de motivation accompagnée d'un CV) seront écrites à l'attention de : " Chargé de L’abonnement est un Programme CIDR-SSPS Comores ". Elles devront être déposées au secrétariat du CIDR à Hamramba, Moroni, immeuble " D.K. ", route de l'hôtel " Le Moroni " (Tél : 73-91-94), ou reçues dans la BP 1946 Moroni soutien indispensable du CIDR avant le 15 Juillet 2007. Seuls les candidats retenus pour un premier entretien obtiendront une répon- à la presse se. Toute personne qui n'aura pas reçu de réponse au 15 Juillet 2007 devra considérer que sa candidature n'a indépendante. pas été retenue.

- Assurer un contact permanent avec les agences résidentes Bureau du Coordonnateur Résident pour les activités opérationnelles du Système des Nations Unies en Union des Comores et non-résidentes en vue de l'actualisation et d'alimentation du centre en matériel didactique. AVIS DE RECRUTEMENT - DESCRIPTION DE POSTE - Organiser des activités diverses (conférences, débats, expo- sitions,…) en collaboration étroite avec le CINU-UC. A. Information Générale : graphique d'un certain isolement médiatique et il est très rare - Assister le CR dans la préparation de documents écrits (dis- - Elaborer et superviser un plan de travail du centre. Titre du poste : Chargé(e) de la Communication SNU d'entendre parler des événements politiques, culturels ou cours, talking points, articles, communiqués de presses,..) Lieu d'affectation : Bureau du Coordonnateur Résident sociales comoriens dans la presse internationale. Le/la 2. Assurer un plaidoyer efficace des activités des Nations E. Qualifications et Expériences : Durée : Initialement pour 6 mois (avec possibilité de renou- Chargé(e) de Communication aura comme une de ses tâches Unies; en étroite collaboration avec les points focaux " infor- - Etre diplômé(e) de l'enseignement supérieur (minimum vellement) de proposer et de mettre en place des outils et instruments mation et communication " des agences. niveau maîtrise) dans les domaines : Communication, Pays : Comores permettant de rendre les Comores, et le rôle que le SNU y - Appuyer l'équipe-pays dans la prise de conscience de " One Journalisme, Politiques Internationales, Droit, Sciences Ville : Moroni joue, plus visible dans les médias internationales et auprès de UN " à travers la communication et la sensibilisation autour Humaines Agence : PNUD (agence exécutive pour la Coordination) la Communauté internationale, en vue d'intéresser de nou- de projets et initiatives conjointes et de la réforme des NU. - Avoir au moins 3 années d'expériences dans le domaine de veaux partenaires à accompagner les Comores dans leurs la communication et l'information ou du journalisme B. Supervision : - Assurer le partage et la divulgation au sein de l'équipe-pays défis d'atteindre les OMD en 2015. - Avoir une bonne compréhension du rôle de la communica- Nom du Superviseur : M. Opia Mensah Kumah des informations émanant de DGO et concernant la Sous la supervision directe du Coordonnateur Résident, le/la tion dans le domaine de la coopération internationale Titre du Superviseur : Coordonnateur Résident des activités Coordination. Chargé(e) de Communication SNU renforce les capacités de - Jouir d'une bonne capacité d'analyse, être organisé(e), métho- opérationnelles du Système des Nations Unies en Union des - Assurer la présidence et une participation active aux travaux l'équipe-pays en matière de communication et d'information dique et attentif (ve) dans ses contacts avec les partenaires Comores du sous-comité "Communication et Information" déjà en et travaillera en collaboration avec les chargés de communica- - Connaissance du Système des Nations Unies, de la réforme Méthodologie de supervision : Le/la Chargé(e) de place et faire le suivi de la mise en œuvre du Plan de commu- tion des agences résidentes à Moroni (OMS, UNDP, UNFPA onusiennes et des stratégies de communications et de plai- Communication SNU travaille sous la supervision directe et nication annuel de l'équipe-pays. et UNICEF) et établira un contact permanent avec les agences doyer autour des OMD quotidienne du Coordonnateur Résident - Organiser des rencontres avec la presse et les autres parte- non-résidentes, mais néanmoins membre de l'équipe-pays naires, en vue de permettre un partage des informations - Avoir une expérience dans le domaine de la coopération C. Contexte : élargie ; notamment dans la communication et information concernant les activités des Nations Unies en général et de l'é- internationale sur le terrain, en particulier avec les institu- La fonction de Coordonnateur Résident des activités opéra- autour de la mise en œuvre du cadre de programmation quipe-pays en particulier. tions des Nations Unies, sera un atout tionnelles du Système des Nations Unies est exercée en UNDAF (2008-2010) et de la stratégie nationale d'atteinte - Assister les agences avec des activités de plaidoyer (cérémo- - Avoir d'excellentes connaissances rédactionnelles en Union des Comores par le Représentant Résident du PNUD. des Objectifs du Millénaire et des Conférences Globales. nies de lancement, ateliers, visites de terrains, célébrations Français et bonne maîtrise de l'Anglais. Cette mission est particulièrement importante au regard des La collaboration se fait dans un bon esprit d'équipe en des Journées internationales,….) - Avoir une très bonne connaissance de l'outil informatique réformes en cours au sein du système des Nations Unies et du responsabilisant chaque membre du Bureau du - Préparer des talking points et des notes de dossiers pour les - Connaissance en gestion de site internet nombre important d'agences non-résidentes à Moroni. Coordonnateur Résident. grandes manifestations de plaidoyer annuel (Journées F. Dépôts des candidatures Dans ce contexte, le Coordonnateur Résident (CR) doit, au- Ce bureau est composé présentement d'une équipe de trois Nations-Unies) Les dossiers de candidatures devront inclure : une lettre de delà de ses missions traditionnelles d'animation et d'impul- personnes : le Coordonnateur Résident, un consultant 'chargé -Faire le suivi et l'actualisation du site internet de l'équipe-pays motivation pour l'intérêt porté à ce poste, le curriculum vitae, sion de la coordination en ce qui concerne les activités opéra- de la Coordination' et d'une assistante au Coordonnateur 3. Permettre une meilleure visibilité des Comores et du rôle les copies des diplômes. Ils doivent parvenir au PNUD à l'at- tionnelles du Système des Nations Unies, superviser le pro- Résident. qu'y joue le SNU sur la scène internationale. tention du Coordonnateur Résident du Système des Nations cessus de préparation et de mise en œuvre d'un certain nom- D. Responsabilités et Tâches : - Elaborer une stratégie permettant de rendre les Comores et Unies sous pli fermé avec la mention du poste, à l'adresse ci- bre d'outils stratégiques en appui à la coordination. Il s'agit Sous la supervision du Coordonnateur Résident, le/la le rôle que le SNU y joue plus visibles dans les médias inter- après, au plus tard le 20 juillet 2007 à 15H30 notamment de l'Evaluation Commune de la Situation du Chargé(e) de Communication SNU sera chargé(e) des tâches nationaux. M. le Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies Pays (CCA), du Plan Cadre d'Action des Nations Unies pour ci-après : - Mettre en place des outils et instruments pour établir et ren- B.P. 648 - Moroni, Hamramba le Développement (UNDAF), du suivi des recommandations forcer des contacts durables avec des agences de presses et 1. Assister le Coordonnateur Résident dans la gestion quoti- G. Contact du Sommet du Millénaire et de l'atteinte des Objectifs du autres " leaders d'opinions médiatiques " dienne de communication, partage d'information et plai- Mme Hairat Chamsouddine, Assistante aux Ressources Millénaire pour le Développement (OMD), ainsi que la pré- - Proposer des instruments pour permettre d'aborder la doyer. Humaines - email: [email protected] paration et le suivi des autres conférences des Nations Unies. Communauté internationales en vue de mobiliser de nou- - assister le CR dans le travail quotidien du bureau, en matiè- Ces différentes responsabilités et nouveaux programmes et veaux partenaires potentiels pour les Comores. H. Remarques re de partage d'information initiatives conjointes, nécessitent une communication com- 4. Coordonner la mise en place et le bon fonctionnement d'un - Les procédures qui régissent les recrutements du PNUD ne - Proposer des stratégies de communication inter-agence de mune, qui n'est plus orientée vers les aspects et mandats spé- Centre d'information des Nations Unies en Union des permettent pas d'octroyer des contrats d'Experts à des fonc- l'équipe-pays élargie (agences résidentes et non-résidentes). cifiques des différentes agences, mais qui met en valeur Comores (CINU-UC). tionnaires du Gouvernement, hormis ceux qui sont mis en - Elaborer un plan de travail budgétisé pour la stratégie de l'aspect 'One UN' et le côté 'conjoint' des activités. C'est dans - Participer à l'élaboration et/ou la finalisation d'un projet de disponibilité depuis au moins 6 mois. communication inter-agence. cette optique que l'équipe-pays des Nations Unies en Union Centre d'Information des Nations Unies en Union des - Seule les candidat(e)s présélectionné(e)s seront - Appuyer le CR et l'équipe-pays dans ses relations avec les des Comores a décidé le recrutement d'un(e) Chargé(e) de la Comores. contacté(e)s pour les interviews. médias, à travers des contacts formel et informel, en organi- Communication SNU. - Assurer le suivi de sa mise en place et accompagner son lan- - A compétences égales, les candidatures féminines sont privi- sant des séances d'interviews, encourageant la participation Les Comores souffrent à cause de leur positionnement géo- cement. légiées. des médias aux activités onusiennes, etc…

kashkazi 65 juillet 2007 53 LES MAUX DE LA FIN Conte du pays des aveugles dansants et du borgne louche

par Aboubacar Saïd Salim

IL ÉTAIT UNE FOIS UN PAYS PEUPLÉ d'aveugles dan- vacances et s'en servir de temps en temps de "dangourou", où encore de lieu sants comme l'écrivait si bien un homme surnommé "l'ambassadeur". de passage de son trop plein de rancune et de revanche contre le pays des Malgré son nom de "Pays des Aveugles Dansants" qu'on appelait aussi aveugles dansants qui a eu l'indélicatesse de "prendre son indépendance" PAD, il y existait quand même quelques borgnes qui n'avaient pas besoin comme on prenait un morceau de viande ntibe, au dessus du plat de riz sans qu'on leur marchât sur les pieds pour voir que quelqu'un les faisait dan- l'autorisation du patriarche ! ser ou mieux encore, chanter. Je vais vous conter donc l'histoire d'un de ces borgnes qui avait en plus le mal- heur de loucher. Comment, me direz vous, un borgne peut-il loucher ? Est-ce dans deux mois possible de loucher avec un seul œil ? Eh bien sachez que tout dépend de quel (la rédaction de kashkazi part côté on louche ! Si le borgne possède son œil gauche, il ne peut pas loucher CE QUE VOUS DEVEZ SAVOIR CHERS LECTEURS, c'est en vacances, il n’y aura donc vers la droite et s'il ne possède que son œil droit, il ne peut que loucher vers que le pays des aveugles dansants n'a pas toujours été peuplé d'aveugles nés. pas de journal en août) la droite, l'œil gauche lui manquant. En effet pour bien loucher il faut faire Ils le sont devenus par le stratagème du mât de cocagne politique ,qui consis- converger les deux yeux vers le centre en regardant le bout de son nez. tait à accrocher aux indépendances africaines nouvelles, tous les privilèges et les plaisirs des anciens colonisateurs , notamment le pouvoir politique, et de dossier dresser ce mât sous le soleil exactement, de telle sorte que tous ceux qui nou- vellement indépendants tentaient d'y monter étaient aveuglés par le soleil et l'éclat des cadeaux accrochés tout en haut de ce mât de cocagne politique. où va OR DONC, NOTRE BORGNE N'AVAIT QUE L'ŒIL Comme dans ce pays tout le monde aspirait au pouvoir politique, au point d'a- DROIT et ne louchait que vers la droite côté du paradis en s'efforçant voir transformé la tournante des banlieues parisiennes en une tournante poli- toujours de fixer le bout de son nez. En effet d'après les traditions musul- tique, tout le monde devint donc aveugle. l’afrique manes du PAD "on dit que les gens de la gauche et les gauchers sont maudits et iront en enfer car ce sont les gauchers qui ont lapidé le pro- Et le borgne me demanderez-vous ? C'est très simple à comprend- société phète Muhammad, et Dieu les a punis en les créant gauchers !" re. Comme il avait appris à l'école qu'au pays des aveugles les borgnes sont Notre borgne louchait donc toujours vers la droite côté paradis et bonheur. Il rois, il s'est gardé de monter directement au mât, se contentant de se mettre maore : pourquoi s'avérait que quelques fois au PAD, la gauche arrivait au pouvoir, donc jouait sous l'ombre protectrice de ceux qui y montaient. Ainsi il n'a jamais voulu se le le rôle du gardien du paradis et notre borgne qui ne louchait que vers la droi- présenter à une quelconque élection, ni législative, ni présidentielle insulaires, tourisme te était obligé de faire des contorsions acrobatiques qui consistaient à marcher ni présidentielle fédérale, ni même à la cooptation des maires -sauf s'il était ne décolle pas ? sur la tête afin d'avoir l'œil droit tourné vers la gauche, cependant que sa posi- seul- qui était le mode d'élection des maires au pays des aveugles dansants. tion faisait que son œil était toujours tourné vers la droite ! Mais alors comment notre borgne a fait pour perdre son œil gauche, lui qui Comme tous les habitant du PAD étaient aveugles et dansaient à longueur de ne s'exposait jamais au soleil du pouvoir ? Eh bien ! c'est tout simplement à politique journée, personne ne remarquait que notre borgne marchait sur la tête et cause de sa curiosité intellectuelle. Un jour il a eu le culot de demander à ceux comme il était le seul à voir, il faisait croire qu'il marchait toujours sur ces deux qui avaient mis au point le stratagème du mât de cocagne politique : comment retour sur la pieds ; en affirmant des vérités qu'il a toujours connues telles que le ciel qui se se faisait-il que tous ceux qui y montaient devenaient aveugles ? Comme il situation trouvait au dessus des têtes et la terre qui était toujours sous les pieds, sauf pour avait les faveurs des inventeurs du mât, on lui accorda le privilège de lui ceux quiétaient couchés dans leur lit, ou dans leurs tombes. Mais un évène- dévoiler le secret sans pour autant qu'il eut à monter au mât aveuglant. De l'ar- à ment imprévu advint au pays des aveugles dansants et du borgne louche : les rière chambre d'une ambassade, on lui donna une lorgnette et l'invita à obser- ndzuani élections présidentielles mirent au pouvoir un président issu du centre. ver le mât par la fenêtre en ayant bien soin de lui demander de choisir l'œil qu'il voulait garder intact car malgré la distance et la lorgnette, l'effet aveu- musique Notre borgne ne sut plus quoi faire pour loucher vers le paradis glant du mât jouait toujours. enquête autour du pouvoir ; il eut beau faire des contorsions dignes d'un fakir, il ne par- vint toujours pas à loucher vers le centre. Il changea de tactique et essaya Se rappelant son fond de culture musulmane, celle qui lui restait du phénomène de convaincre ses concitoyens que finalement le président était de gauche, après son passage à un poste de responsabilité dans la république révolution- de la gauche destructrice des traditionnels équilibres diplomatiques, et naire des imberbes, il choisit de mettre la lorgnette sur l'œil gauche afin d'é- mettait le pays en danger en osant sortir du pré carré d'un certain pays pas- pargner le droit pour bien distinguer le jour du jugement dernier la droite- djobane djo teur des âmes anciennement colonisées. Rien n'y fit au grand dam de notre paradis de la gauche-enfer, lorsqu'il passera avec tous les autres ressuscités borgne, qui finalement inventa la théorie de la maison sans toit qu'on ne sur la lame tranchante du pont du "Surate" qui passait au dessus de l'enfer et histoire pouvait donc pas prétendre meubler, ni embellir. Bien sûr la solution pré- du paradis. Notre courageux borgne par simple curiosité intellectuelle, sacri- conisée était à la hauteur de la profonde intelligence et de l'étendue de la fia ainsi son œil gauche, ce qui lui permit tout de même d'être le roi des lou- cratère d’iconi, culture de notre Docte Docteur. Il proposait avec quelques uns des chantres ches aux pays des aveugles dansants. des razzias de sa solution, de faire des toits sur mesure aux trois chambres sur les quatre que comportait la maison, la quatrième chambre servant d'anti-chambre à un ABOUBACAR SAID SALIM malgaches ancien seigneur et "ami" de la famille qui avait gardé la clef pour y passer ses écrivain à la léproserie portrait lasbadias : le “baron”anjouanais

dans les kiosques le jeudi 30 août 2007

Toutes les archives de Kashkazi sont disponibles sur www.kashkazi.com

54 kashkazi 65 juillet 2007 Restauration “sur le pouce”, déjeuner ou dîner à la carte Tourisme d’affaires Bureau, location VL Séminaires Vidéo projecteur et sonorisation VOIDJOU 73 10 09 ouvert du MARDI au SAMEDI à partir de 18 heures Soirées privées [email protected] sur demande Bar s’ouvrant sur L’OCÉAN Bungalows équipés (coin cuisine - TV SAT)

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