LES GRANDES HEURES DE BEAUMONT-SUR-OISE Du même auteur : Les Grandes Heures de Montmorency et ses environs Événements mémorables du Val-d'Oise Histoire illustrée de à travers ses rues, ses places et monuments La vie des bords de Seine Seine-Saint-Denis autrefois aux Éditions Horvath

La Grande Histoire du Val-d'Oise aux Éditions Édijac et de nombreuses plaquettes de poésie, monographies d'art sur plusieurs artistes contemporains, livres pour enfants, etc.

@ Éditions du Valhermeil 14, rue du Huit-Mai 1945, 75010 Paris ISBN 2-905684-15-1 Jean Aubert

LES GRANDES HEURES DE BEAUMONT-SUR-OISE

1VaLhermeu 7 11 ÉDITIONS DU .1 Crédit photographique : Philippe Lhomel : 10, 44, 54, 93, 97, 112, 114, 129, 140. Philippe Lhomel, Archives du Val-d'Oise : 26, 48. Pré-Inventaire du Val-d'Oise : 40,41,46,47,53,55,56,57,58,65,68,69,71,72,83,84. Archives départementales du Val-d'Oise : 105, 112, 118, 124, 138. Documents Thierry Storme - Club des Cartophiles : 78, 90, 92, 98,105,117,128,138. Collection Syndicat d'Initiative de Beaumont-sur-Oise : 112, 117, 128. Fondation Royaumont : 53, 124. Archives nationales : 26, 30, 48. Claude-Jacques Dammé : 68. Jean Aubert : 73, 76, 82. Chaque ville a son passé. Chaque ville a son Histoire. Entre forêt et Oise, dominant la vallée, Beaumont, son château, son église, ses rues au tracé médiéval, en demeurent un vivant témoignage. Nous sommes reconnaissants envers Jean Aubert d'avoir su faire revivre pour nous la longue continuité de ce riche passé. Jacques Laridan Maire de Beaumont-sur-Oise

PRÉFACE

Les Beaumontois qui, comme moi, se sont assis sur les bancs de l'école communale Louis Roussel, dans les années 50, se souviennent certainement de notre vieux directeur, Henri Bardot. Homme fin et cultivé, ami des poètes tels que Paul Fort, c'est lui qui, le premier, me fit découvrir les charmes du livre et la féérie d'une œuvre littéraire. S'il n'hésitait pas à mettre en péril quelques touffes de nos cheveux temporaux, habilement tirés d'un geste preste, pour nous rappeler les règles élémentaires de la grammaire et de la conjugaison, il avait ce don merveilleux du narrateur et du lecteur qui arrive à captiver un public d'enfants. Il savait nous donner l'envie et le goût du livre et de la lecture. Et un livre n'est-il pas la meilleure façon de faire découvrir et appré- cier notre ville ? Beaumont-sur-Oise... Un siècle après l'histoire de la ville que Monsieur Simon avait écrite, plus en homme de cœur qu'en historien rigoureux, et trente ans après le livre de Monsieur Bisson de Barthélémy, rédigé à la suite d'un gigantesque travail de recherche en bibliothèques et en archives, il fallait à Beaumont-sur-Oise un ouvrage alliant l'érudition et la sim- plicité, un ouvrage accessible au grand public, mais sérieux et docu- menté, un roman vrai de la vie de Beaumont-sur-Oise qu'enfants et adultes aimeraient lire et consulter. Pari tenu, voilà qui est fait ! La réalisation de ce recueil nécessitait la rencontre d'un auteur con- naissant bien la région, chercheur et historien à la plume alerte, avec un éditeur amoureux du travail soigné, consciencieux et qui traiterait une histoire locale comme un livre d'art. Ce furent Jean Aubert et les Éditions du Valhermeil. Les Grandes Heures de Beaumont-sur-Oise retrancent l'histoire mou- vementée de cette ville. Ce livre, chronique quotidienne de la vie des Beaumontois au fil des siècles, nous permet de découvrir et de com- prendre le Beaumont d'aujourd'hui, ses monuments, ses traditions... ses habitants. Mieux, il montre au lecteur qu'une ville ne naît pas de génération spontanée, mais évolue, se transforme, change au gré des hommes et des éléments. On peut s'étonner qu'un tel ouvrage n'eût pas été tenté depuis long- temps, tant il était nécessaire ! Nécessaire aux citoyens de Beaumont- sur-Oise, parfois venus d'ailleurs, pour se mettre en accord avec les racines profondes de leur ville. Nécessaire aussi au touriste, séduit par les attraits de ce coin d'Ile-de-, niché, à flanc de coteau, entre l'Oise et la forêt de Carnelle, dont le charme est souvent méconnu, mais qui sait si bien se faire aimer de celui qui prend le temps de la promenade et de la flânerie. Depuis deux ans, Beaumont-sur-Oise est le siège du Salon et du Prix du Livre régional Ile-de-France. Par ces journées littéraires, Beaumont-sur-Oise se veut un pionnier du livre en cette région. Puisse cet ouvrage aider notre ville à être à la hauteur de ses ambi- tions culturelles... Fabrice Millereau Président du Syndicat d'Initiative de Beaumont-sur-Oise et de sa région AVERTISSEMENT

Ouvrage présent n'a pas l'ambition d'être l'Histoire de m Beaumont-sur-Oise. Celle-ci fut écrite voilà trente ans par Paul Bisson de Barthélémy, lauréat de l'Académie Fran- s çaise : un gros ouvrage de cinq cent soixante-quatre pages, avec près de mille neuf cents notes en rappel. Les Grandes Heu- res de Beaumont sur-Oise ne veulent pas être un ouvrage savant, mais seulement une incitation à connaître quelques éléments du passé de la ville d'aujourd'hui, faisant naître en l'esprit de certains lecteurs le désir d'en savoir plus, et, par conséquent, de découvrir l'histoire com- plète de celle-ci.

L'oeuvre de Paul Bisson de Barthélémy était constamment à portée de main durant la rédaction des Grandes Heures qui, sans cette source d'enseignements, n'aurait pu aboutir. Je rends ici hommage à cet his- torien, docteur en droit, docteur ès-lettres, pour tout ce que Les Gran- des Heures de Beaumont-sur-Oise lui doivent. Paul Bisson de Barthé- lémy illustra relativement peu son ouvrage. Au contraire, ici, nous avons souhaité, auteur et éditeur réunis, privilégier l'image, tant celle d'hier que celle d'aujourd'hui.

Que dire, à ce propos, de la compréhension rencontrée auprès des res- ponsables des services départementaux des Archives, du Pré- inventaire ou de la Fondation Royaumont ? Sans leur collaboration, nous n'aurions pu réussir notre pari. Merci, du fond du cœur, à eux tous.

Que soient aussi remerciés toutes les Beaumontoises, tous les Beau- montois, et leur Syndicat d'Initiatives, qui ont bien voulu évoquer avec nous le passé de Beaumont et nous confier des documents. Que soit particulièrement remerciée la commune de Beaumont-sur-Oise, à travers son maire et son conseil municipal, pour le soutien apporté à la rédaction et à la réalisation de cet ouvrage. Ainsi, Les Grandes Heures de Beaumont-sur-Oise sont un peu leur œuvre et sûrement un peu de leur vie. Jean Aubert Au premier plan un vieux mur sur la place du château où se trouve le chantier des fouilles. Au fond, sur l'autre colline, l'église Saint-Laurent. Au centre, les toits de la ville qui ser- pente entre vallon et coteaux. Dans le lointain, la vallée de l'Oise. Soudain, le passé de Beaumont semble plus présent. I DANS LA FORÊT GAULOISE

quelle date faire remonter le « premier Beaumontois » ? Question délicate, à laquelle nul ne pourra répondre A péremptoirement. Les traces de l'homme préhistorique trouvées à feraient remonter un habitat à quelques cent mille années. Mais Cergy n'est pas Beaumont, et rien de tel n'a été trouvé ici. Sur les plateaux, il est aujourd'hui incontestable que des peuplements occupèrent quelques points précis entre 10.000 et 4000 ans avant notre ère. Ce qui est, avouons-le, fort vague. Par contre, nous serions moins dubitatifs pour l'âge de bronze, dont, à moins de douze kilomètres, on trouve des traces. Mais pas affirmatifs pour autant. Il faudra la longue migration celte, venue des zones danu- biennes, et dévalant par l'axe de l'Oise (d'où des traces aujourd'hui confirmées sur la rive droite de la rivière : , Parmain, Vauréal, Jouy-le-Moutier, bien plus que sur la rive gauche : Mériel) pour deve- nir plus fermes dans notre propos. Oui, on peut admettre sans gros ris- que d'erreur — et compte-tenu de nos connaissances actuelles, la découverte d'un site nouveau peut tout changer — que la côte de Beaumont-sur-Oise, immédiatement au-dessus de la rivière, a pu ten- ter l'homme voilà deux mille cinq cents ou deux mille six cents ans. Un environnement simple : l'eau du cours d'eau et la forêt. Une immense forêt, étendue au moins depuis Beauvais jusqu'à la Seine, allant de part et d'autre de l'Oise pour gagner la Champagne actuelle... Une forêt dense, hostile... Peuplée d'animaux redoutables pour l'homme, elle sera donc très peu explorée durant quelques siè- cles. Les groupements humains sont comme des points sur une page verte, et déterminés par les facilités de la subsistance. La présence d'une rivière comme l'Oise (que l'on peut imaginer peu profonde mais beaucoup plus large qu'aujourd'hui dans les zones de plaine) s'avère prépondérante. En se laissant aller à son courant, l'homme peut se déplacer. En faisant appel à sa faune, il peut se nour- rir. Sur les berges humides croissent facilement les végétaux qui com- plèteront son alimentation ; sur le plateau immédiat pousseront les graminées. Puis, au-delà, la faune de la forêt apportera le reste. Un village gaulois a été situé sur les bords de l'Oise, à un ou deux kilo- mètres au nord du pont routier actuel qui relie Beaumont-sur-Oise à Persan. Un oppidum, découvert en notre actuelle forêt de Carnelle, permettait un repli stratégique en cas d'attaque, et, selon Paul Bisson de Barthélémy, celui-ci était contrôlé par les Bellovaques, soucieux de protéger leur territoire contre une éventuelle tentative d'incursion des Parisii, établis sur les bords de la Seine.

Combien d'habitants en ce village ? L'opinion commune des spécialis- tes est que la densité de la population était forte sur les bords de l'Oise. Mais aucun chiffre n'est avancé. On peut supposer une centaine d'êtres humains, vivant dans des habitations de pierre sèche ou d'argile, aux murs rugueux, sans clôture, où hommes et animaux se toléraient mutuellement, tandis que la pluie pénétrait par le trou du toit ménagé pour l'échappement de la fumée. Pêcheurs et chasseurs, ces Beaumontois d'autrefois défrichèrent sans doute quelques espa- ces pour s'adonner à la culture. Le tissage était courant. La vie, par rapport à celle des ancêtres, était plus facile...

Tous les spécialistes de l'époque gauloise sont d'accord : quelles qu'aient été les traditions des peuples qui occupaient le territoire de la Gaule avant l'arrivée des Romains, une grande unité culturelle les ras- semblait. Nos ancêtres beaumontois d'il y a plus de deux mille ans savaient fumer et saler la viande, donc la conserver pour les périodes précaires. Peu portés sur le pain, ils étaient au contraire très friands de lait caillé et fermenté. Ils buvaient un « jus fétide d'orge pourrie » nommé cervoise, et le vin, ou jus de raisin fermenté, était l'occasion de beuveries non maîtrisées qui dégénéraient bien vite en corps à corps parfois mortels. Les à deux roues étaient devenus coutu- miers depuis quatre siècles, et ce sont les Gaulois de la Belgique — pays beaucoup plus étendu qu'aujourd'hui, ayant sans doute atteint Pontoise (allusion au Mont Belgien) et débordant un peu sur la rive gauche de l'Oise — qui auraient conçu les premiers une moissonneuse poussée par des animaux. Blé, orge, seigle, millet sont obtenus à des rendements de taux très bas — deux pour un au maximum — mais déjà l'apport de la chaux ou de la marne est pratiqué pour l'amélioration des sols. Côté légumes, on est très limité : les oignons, le panais sont courants, mais c'est à peu près tout... Et partout, surtout, dominante et omniprésente : la forêt. L'Oise vient en lécher les dernières pentes et s'insinue entre ses frondaisons dès que le cours d'eau se rétrécit. On a dit que les porcs y venaient se désaltérer. Nourris de glands, de faines (chênes et hêtres sont nom- breux) et autres fruits secs, ils sont partout, plus proches du sanglier que nous connaissons que du porc domestiqué de nos élevages du XXe siècle. Leur viande est à la base de la nourriture gauloise, fournissant aussi la graisse, sans oublier la peau qui, séchée, aura de nombreux usages. Tous ces éléments nous permettent d'imaginer la vie locale d'alors, entre la rivière et le plateau, dans la couronne de la sylve, à l'écart — ou presque — des autres... Ce sont ces petites unités humaines que l'armée romaine va conqué- rir. Les élèves de l'école de garçons, sur l'ancienne place Gambetta.

Une classe de l'école de garçons. AâÈi