numéro 138 avril 2012 www.cst.fr

La 6e Journée des Techniques de l’Exploitation et de la Distribution

Lettre 138 sommaire

6e Journée des Techniques de l’Exploitation et de la Distribution page 4 Micro Salon page 15 Parole d’adhérent : Jean-Jacques Bouhon page 17 Les états généraux de la Ficam page 19 Partenaire CST : Angénieux page 22 L’oeil était dans la salle et regardait l’écran page 24 Hommage à Claude Miller page 26 Droit de réponse page 27

agenda Du 16 au 27 mai - CANNES e Commission Supérieure 65 Festival de Cannes Technique de l’Image et Palais des Festivals - www.festival-cannes.com du Son Du 16 au 25 mai - CANNES 22-24, avenue de Saint-Ouen 75018 Marché du Téléphone : 01 53 04 44 00 Palais des Festivals - www.marchedufilm.com Fax : 01 53 04 44 10 Mail : [email protected] Du 4 au 9 juin - ANNECY Internet : www.cst.fr 52e Festival International du Film Directeur de la publication Laurent Hébert d’Animation www.annecy.org Secrétaire de rédaction Valérie Seine Du 6 au 16 juin - SEINE SAINT DENIS / PANTIN Comité de rédaction Laurent Hébert 21e Côté Court Ce numéro a été coordonné www.cotecourt.org par Myriam Guedjali avec la collaboration de : Du 13 au 15 juin - LA PLAINE SAINT-DENIS Dominique Bloch Alain Coiffier Dimension 3 Expo Vincent Jeannot Forum International de l’Image Jean-Pierre Beauviala Jean-Jacques Bouhon 3D relief Edith Bertrand www.dimension3-expo.com Stéphane Landfried Alain Besse Du 13 au 17 juin - CABOURG Pierre-William Glenn 25e Festival du Film La Lettre Numéro 138 www.festivalcabourg.com Maquette, impression : agence C3 Le 26 juin - PARIS Siret 38474155900056 Dépôt légal avril 2012 Assemblée générale de la CST Photo de couverture : Espace Pierre Cardin - www.cst.fr La 6e Journée des Techniques de l’Exploitation et de la Du 19 juin au 8 juillet - LA ROCHELLE Distribution - © Photo : CST 39e Festival International du Film www.festivallarochelle.org

La Lettre N°139 paraîtra en mai 2012 L’hommage à Alain Derobe dans la lettre d’avril de l’AFC est le plus juste et le plus complet ‘’in mémoriam’’ que la profession puisse rendre au véritable génie qui l’habitait. Je dois ajouter à mon témoignage que je reproduis ici que Derobe a été un des fondateurs de l’AFC en 1989. Alain Derobe était le fils de Jeander, critique très sérieux et réputé de Libération et j’ai eu la chance de le rencontrer à l’IDHEC en 1964. J’y étais élève en Image et Alain – Pilou pour les intimes – était un intervenant professionnel du département. La sympathie s’est créée immédiatement puisqu’Alain achetait des lots de motos aux Domaines pour en reconstruire une en bon état de marche et que j’allais à l’Ecole avec une Triumph 6T… Je lui ai connu, depuis cette période, un amour sans borne de la mécanique, une curiosité technique sans limite et un savoir-faire prodigieux. Assistant de François Lauliac dans l’équipe vedette de Henri Decae il a commencé à m’apprendre à “faire trempette” – c’est à dire développer des bouts d’essais film en Noir et Blanc, puis en couleurs pour les tirer sur papier photo et les présenter au Chef-Opérateur sur le plateau. Je pense qu’il a – à partir de son labo de deuxième assistant – inventé le surdévelop- pement en augmentant la température du révélateur (et en y ajoutant quelques fois un dosage de cyanure), je sais qu’il a été le premier à monter des objectifs Canon sur le CAMEFLEX puisqu’il m’a chargé d’en assurer – avec Colin Mounier et Jean-Paul Cornu, ses deux fidèles assistants – la réalisation pratique. Alain possédait son propre matériel, caméras, batteries et très vite son éclairage. Les longues focales à grande ouverture l’ont amené à faire un télémètre couplé à la bague de point où il fallait – tâche ardue – superposer une image rouge et une image verte… Après s’être mis à piloter (il échappa par miracle à un grave accident d’avion) il trouva une manière d’accoupler les champs de vision de neuf9 caméras pour les fixer sous un hélicoptère et filmer le Tour de à 360° ; il s’est intéressé à la lumière du théâtre, à bricolé des jeux d’orgues etc. etc. puis… vint la 3D. Alain était très exigeant sur la technique, trop pourraient dire certains, à l’époque où l’à-peu-près est la règle et où les “amateurs” incultes prétendent donner le ton à la profession. A la CST, il nous avait demandé de venir voir ses découvertes chez lui et nous l’avons aidé dans ses communications, toutes passionnantes. Son perfectionnisme nous manque déjà, la rigueur de l’artisan génial qu’il fût, doit rester notre référence. Sa fille Joséphine qui l’a accompagné tout au long de ses démarches et recherches sera la bienvenue à la tête d’un département 3D à la CST pour perpétuer sa présence. Pilou a tout réussi, même son départ. Son enterrement, avec les témoignages d’une famille aussi digne qu’intelligente et ceux de ses amis – tous très émus – fût un magnifique au revoir… C’était du jamais vu que la salle comble du funérarium des Batignolles se lève– à la demande de sa femme – pour applaudir à tout rompre “l’Artiste-Technicien” qu’Alain fût toute sa vie. Adieu l’Artiste. Pierre-William Glenn, président

3 Lettre 138 actualité CST

6e Journée des Techniques de l’Exploitation et de la Distribution

DEUXIÈME MUTATION : le 4K, le 8K, les prochaines modifications de la chaîne sonore... et après ? Le numérique une évolution permanente ?

La sixième édition de la industrie et ce 7e art. Je rappelle , se réjouissant d’avoir Journée des Techniques de toujours que le cinéma est un appliqué la recommandation l’Exploitation et de la Distri- art car c’est ce qui fonde notre Ficam - CST concernant le bution s’est tenue le 7 mars légitimité, la légitimité de la format de numérisation 2K. La dernier, à l’Espace Pierre régulation, des aides d’Etat et numérisation des salles de Cardin. Cet événement, pour c’est ce qui fonde l’existence cinéma est un enjeu majeur lequel nous avons eu le plaisir même du CNC. On s’en rend et c’est pourquoi il félicite d’accueillir plus de 400 partici- compte à chaque fois que l’on l’ensemble de la profession pants, était consacré, cette va discuter de nos aides avec pour avoir opéré ce change- année, à l’évolution du numéri- la Commission Européenne. ment avec rapidité et avoir su que et ses conséquences sur Cette dimension artistique, parfaitement relever le défi. la diffusion en salle. dont on rappelle à chaque fois Aujourd’hui, plus de 70 % des Pour ce rendez-vous annuel, la qu’elle est totalement imbri- salles ont basculé dans le CST a souhaité aborder toute quée de façon inextricable à la numérique et cela va bien sûr la problématique de l’exploita- dimension technique, fait partie amener des interrogations tion numérique et l’impact de des messages parfois difficiles concernant l’influence du l’utilisation de nouvelles tech- à faire passer. nologies. Plusieurs tables Pourtant, c’est telle- rondes ont réuni un large panel ment évident lorsque de professionnels du cinéma et l’on voit les films et la de l’audiovisuel pour dresser façon dont ils sont un constat actuel de la situation réalisés, imaginés. À et améliorer encore la projection chaque fois que l’on en salle. lit les biographies de En ouverture, Pierre-William grands auteurs on Glenn et Laurent Hébert ont se rend compte à souhaité rappeler le caractère quel point ils ont fait positif et instructif de la jour- avancer la technique née. Ils ont également tenu à en même temps qu’ils remercier tous les participants faisaient avancer leurs et le public qui contribuent cha- œuvres. Pour nous, il que année à la qualité des était important de débats. marquer de notre Ils ont ensuite donné la parole présence ces journées à Eric Garandeau, président du et de réaffirmer devant CNC : « CST-CNC mêmes tous l’étroitesse de combats, nous sommes très notre partenariat. » heureux de travailler ensemble Il a continué son presque quotidiennement et je discours en abordant pense que nos relations sont à quelques dossiers la fois efficaces, étroites et d’actualités comme chaleureuses car c’est une la numérisation des passion commune qui nous œuvres et plus parti- habite ; une passion pour le culièrement la norme cinéma, pour cette grande de numérisation des

4 actualité CST Lettre 138

numérique sur la programma- pas d’un niveau de qualité tout soit plus de 72% des salles tion. Le CNC restera vigilant aussi exceptionnel que tout le françaises. Un rythme de quant à la diversité et la reste de la chaîne. Après une déploiement extrêmement richesse de programmation. longue concertation, il était rapide puisqu’il a représenté Pour ce qui concerne le plan important de prendre en consi- 500 nouvelles installations d’aide, le président du CNC a dération le travail des auteurs, par trimestre en 2011 et la annoncé que l’essentiel de ces les investissements réalisés perspective d’avoir terminé le déploiement de l’ensemble des salles à la fin de l’année 2012 ou au tout début de l’année 2013. Notre vœu a été parfaitement exaucé ! » Il explique que cet exploit a, bien entendu, été rendu possible grâce à la loi sur l’équipement numérique des salles du 30 septembre 2010 mais aussi grâce à l’efficacité des différents dispositifs de collecte et de mutualisation mis en place dans le secteur, qu’ils soient d’initiatives privées, constitués de regroupements d’exploitants, ou sous l’égide du CNC comme pour Cinénum. « Ce taux de numérisation exceptionnel nous place ainsi parmi les pays au monde les De gauche à droite : Eric Garandeau, Richard Patry, Victor Hadida, Pierre-William Glenn, plus avancés en la matière et et Laurent Hébert ouvrent cette journée je peux vous assurer que nos collègues européens ou aides seront apportées en par les exploitants, le taux de américains, que nous rencontrons 2012 après une instruction rotation des équipements et le régulièrement, aimeraient tous minutieuse de l’ensemble des souhait de ne pas faire de être dans la même situation ! » dossiers. compromis sur la qualité Cela ne l’empêche pas d’aborder Parmi ceux à bénéficier de ces artistique, nous avons décidé avec réalisme les nombreux aides ; les circuits itinérants, d’accorder une période de problèmes liés au maintien des qui pourront dès l’été prochain transition de 5 ans, au terme deux technologies dans les – si la technique est au point – de laquelle, la norme NFS 27- salles : obligation d’agrandir les jouir des mêmes conditions de 001 et la norme Afnor NFS 27- cabines, d’avoir deux contrats diffusion numérique que les 100 seraient totalement d’entretien, difficultés de suivi salles fixes. Rappelons qu’ils applicables. » des films à l’intérieur d’un permettent de doubler les La FNCF et la FNDF ont même établissement non points de rencontre avec le ensuite été invitées à ouvrir numérisé à 100%, surcoûts public cinéphile. notre rencontre. Richard Patry, importants supportés par les Enfin, il a conclu en évoquant la président adjoint de la FNCF, distributeurs pour diffuser leurs problématique de la luminance commence par faire le point œuvres sur les deux supports, des écrans. Celle-ci concerne sur l’évolution de la projection disparition progressive et les écrans métallisés pour les- numérique en France : « Comme beaucoup plus rapide que quels le CNC a du prendre une vous le savez, sur ce sujet, la prévue, des films en 35 mm. Je décision au regard de la norme Fédération Nationale des cite : « Bien entendu, partir tard de diffusion dans les salles. Cinémas Français a toujours pour arriver tôt ne doit pas Citons : « Il aurait été para- été convaincue qu’il fallait partir nous amener à confondre doxal que l’écran qui est l’ul- tard pour arriver tôt. Avec vitesse et précipitation. S’il est time point de rencontre entre le 3943 écrans aujourd’hui indéniable que le numérique a film et le public ne bénéficie équipés en cinéma numérique, considérablement amélioré la

5 Lettre 138 actualité CST

qualité des projections dans de peut-être des hommes de La gestion du numérique nombreuses salles, il est l’ombre mais dans un cinéma par les projectionnistes certain que la vitesse à laquelle quoi de plus naturel. ». Thierry Tabaraud, ouvre les se font les installations débats avec l’implication – en aujourd’hui ne permet pas une TABLE RONDE : terme d’organisation profes- optimisation maximale des Le quotidien du numérique sionnelle du passage au capacités de cette nouvelle numérique que ce soit au technologie. dans les cabines de niveau des investissements, de De nombreuses installations projection la gestion du personnel doivent encore être ajustées, Intervenants : Stéphane Gadroy technique ou des relations réglées plus finement afin (projectionniste), Gérard Labrosse avec les différents intervenants d’améliorer la qualité des (Tacc), Hans-Nikolas Locher (installateurs, tiers-investis- projections. Les installateurs (CST), Laurent Rieupeyrout seurs…). Pour lui, il s’agit tout doivent absolument revenir d’abord d’une mutation qui dans les salles pour terminer (UGC), Matthieu Sintas leur travail et nous permettre (SmartJog), ainsi de continuer à offrir les Alain Surmulet plus belles projections au (Noe Cinéma - monde. Dans ce cadre, nous CST), Thierry prenons acte et nous nous Tabaraud (exploi- félicitons de l’arbitrage qui a tant indépendant été rendu et annoncé à l’instant - FNCF), Laurent par Monsieur le Président du Vieillard (Digimage CNC sur la question des Cinéma), Jean- écrans métallisés, un arbitrage Pierre Villa (Cinélia). qui allie pragmatisme et Modérateur : Alain exigence de qualité technique. » Besse (CST). Richard Patry annonce, par Alain Besse ailleurs, la création d’un comité rappelle que le technique interprofessionnel 7 avril 2007, la réunissant des responsables CST organisait la techniques de l’exploitation première journée et de la distribution afin de de l’exploitation “mettre sur la table” les questions et de la distribu- quotidiennes qui se posent aux tion afin de Alain Surmulet et Alain Besse uns et aux autres et qui doivent présenter le se régler rapidement pour numérique aux exploitants. demande un certain effort travailler ensemble de manière Cinq années plus tard le d’adaptation supposant un plus efficace. La FNCF restera numérique est devenu concret changement d’habitude très attentive à la mise en pour nous tous et la nécessité considérable. L’un des place du groupe de suivi d’évoquer ensemble les changements le plus important, qui sera chargé d’étudier les difficultés rencontrées s’impose se situe au niveau de la évolutions des technologies en telle une évidence. Nous sommes maintenance. Pour un chef de matière de cinéma en relief. face à des évolutions de cabinepar exemple, les Victor Hadida, président de la comportement et de métier compétences nécessaires et le FNCF, a souhaité rendre hommage qui impliquent forcément vocabulaire employé seront aux techniciens, à leur énergie des problèmes de jeunesse différents. Il insiste sur cette et leur professionnalisme. et d’apprentissage. C’est notion d’adaptation : « Il est L’accompagnement sur la numé- pourquoi cette journée permettra clair que des séances ont dû risation des œuvres ne peut se d’établir un bilan actuel de la être annulées mais nous faire sans leur légitimité : « L’art situation en vue d’apporter des sommes encore en période de du cinéma nécessite aussi une améliorations à ces nouvelles “rodage”. Il n’est pas possible, imbrication, encore plus étroite, méthodes de travail. aujourd’hui, de se retrouver avec la technique pour que avec un niveau d’exploitation l’émotion soit transmise dans similaire au 35 mm, que l’on a les salles de cinéma. Ce sont

6 actualité CST Lettre 138

chiffres concernant l’utilisation par les exploitants, des contenus dématérialisés. « Pour ce qui est de notre système, la déma- térialisation représente entre 20 et jusqu’à 45 % de la programmation d’un cinéma. » Dans le fonctionnement de la plateforme de livraison SmartJog, toute librairie est un point de livraison et permet au distributeur d’envoyer un contenu, comme il ferait appel à chronopost pour faire parvenir un disque dur. SmartJog travaille à l’amélioration des Hans-Nikolas outils relatifs à la gestion de Locher l’espace des serveurs, de et Laurent Hébert lors du bilan sur manière à en faciliter l’utilisation. la sécurité Laurent Rieupeyrout, directeur technique d’UGC, évoque avec nous la nouveauté des mises à jour dans les cabines de projection. En effet, l’impor- tance du matériel numérique présent en cabine laisse supposer la mise à jour de l’ensemble de ces outils. Il insiste donc, sur la nécessité pour les exploitants, d’être prévenu en amont afin d’être réactif et de pouvoir anticiper un minimum ces mises à jour. Stéphane Gadroy, nous fait

De gauche à droite : Hans-Nikolas Locher, Laurent Vieillard, Stéphane Gadroy, Thierry Tabaraud, part de son expérience de Alain Surmulet, Alain Besse, Laurent Rieupeyrout, Gérard Labrosse, Jean-Pierre Villa et Matthieu Sintas projectionniste à propos du lors de la première table ronde nommage des DCP et se veut confiant. Selon lui, la grande manipulé pendant un siècle. nous informe des changements majorité des DCP qu’il reçoit Une autre des difficultés en matière de maintenance. peuvent d’emblée être lancés rencontrées, est le suivi du Selon lui, la proximité de la dans le bon format image. disque dur qui inquiète parfois relation avec les exploitants doit Laurent Vieillard, pour et crée une tension qui ne êtregrandissante. Son entreprise Digimage, constate que depuis devrait pas exister. Je pense met au service des exploitants, le numérique, les laboratoires que l’on essaye tous d’optimiser une maintenance préventive en sont contraints à diversifier leur notre manière des’organiser. » ligne permettant d’assurer un métier notamment lors de la Alain Surmulet rebondi sur les suivi quasi-permanent. « Les livraison des DCP, qui les propos de Thierry Tabaraud technologies utilisées aujourd’hui obligent à organiser un circuit concernant les DCP, et ajoute induisent des compétences de distribution assez compliqué. que l’une des solutions serait différentes, de ce fait notre De plus, il nous confie son de disposer de contenu rôle est de gérer cet outil et sentiment quant à l’avenir du dématérialisé, qui réduirait le de prévoir les éventuels disque dur, en prévoyant sa nombred’intermédiaires et problèmes. » disparation d’ici à cinq ans, au faciliterait la procédure. Matthieu Sintas, responsable profit de la dématérialisation. Gérard Labrosse, équipementier produits cinéma numérique pour TACC Kinoton France, chez SmartJog, nous livre les

7 Lettre 138 actualité CST

RENCONTRE la base de données avec les Pouvoirs Publics de répondre aux objectifs. Il rappelle Intervenants : Lionel Bertinet qu’il s’agit d’un outil (CNC), Thierry Tabaraud mit à la disposition (exploitant indépendant - des exploitants et FNCF). qu’il est temps de se Modérateurs : Laurent Hébert, mettre d’accord sur Hans-Nikolas Locher. la bonne méthode de La matinée s’est poursuivie fonctionnement. avec l’intervention de Lionel Laurent Hébert ajoute, Bertinet pour le CNC et Thierry que le problème de la Tabaraud, pour la FNCF, venus course aux KDM ne nous fournir de précieuses pourra être résolu que informations. Il était question grâce à l’existence d’aborder trois sujets en d’une base de particulier ; la commission données unique et Cinenum, les circuits itinérants exhaustive des et la base de données certificats. ARCENe. En sa qualité de Hans-Nikolas responsable cinéma numérique, Locher, responsable Lionel Bertinet a souhaité du développement à parler de manière franche du la CST, précise que dossier ARCENe. Cette base la masse critique de données, a été financée à d’utilisateurs n’étant la demande des professionnels pas atteinte, suppose afin d’assurer la plus grande que chacun utilise fiabilité possible de l’information son propre système – et donc de l’envoi des KDM – empêchant une Les intervenants de la table ronde dédiée au son et éviter ainsi tous les certaine proactivité problèmes énoncés précédem- d’une part et parasitant priorité. Pour 2012, le CNC ment. La création de la base fut l’information d’autre part. souhaite ouvrir le dispositif à longue mais elle fonctionne Lionel Bertinet fait ensuite deux catégories d’exploitants aujourd’hui, cependant il a un bilan satisfaisant en ce supplémentaires ; les salles reconnu qu’à ce jour ARCENe qui concerne l’aide à la dites “peu actives” (moins de ne répond pas totalement à numérisation des salles “la cinq séances hebdomadaire) tous les objectifs fixés. Le commission Cinenum”. et les circuits itinérants. Il en constat est clair, certains «Nous avons aujourd’hui s profite pour nous donner deux exploitants n’ont pas joué le jeu outenu le financement de la dates clés concernant les en ne renseignant pas la base. numérisation de près de tablissements dits “peu actifs”, De plus, il avait été décidé – 600 écrans répartis dans près qui représentent un total de avec l‘ensemble des parties de 448 établissements, le tout, près de 300 mono-écrans prenantes – que toute nouvelle pour un montant d’aide de en France. L’ouverture du installation d’un matériel de 28 millions d’euros attribués dispositif Cinenum se fera projection numérique devait par le CNC. Cela a évidem- donc en deux étapes. La nécessiter une double validation ment nécessité une forte première débutera le 16 avril de l’information dans la base mobilisation ; celle des membres prochain, date à laquelle la de données pour des raisons du comité d’experts, des candidature sera alors possible évidentes de sécurité et équipes du CNC et également pour les salles ayant une fiabilité. « Or, à ce jour force de la CST qui a pour charge activité régulière (au moins est de constater que seul un d’examiner les projets de 32 semaines d’ouverture à installateur mène à bien ces numérisation qui font l’objet de l’année et 150 séances) et opérations de validation. » demande d’aides auprès du également pour les salles Il revient donc a l’ensemble des CNC . Nous avons à ce stade, saisonnières (au moins 150 acteurs, d’instaurer définitivement aidé la moitié des salles que séances à l’année). Le 16 juin des pratiques qui permettront à nous souhaitions aider en 2012 marquera alors l’ouverture

8 actualité CST Lettre 138

Vincent Jeannot, Thierry Beaumel, Jean-Pierre Beauviala, Hans-Nikolas Locher, Christophe Pitre, Chris Tirtaine, Alain Besse, Richard Nye et Pascal Gervais, lors de la table ronde consacrée au 4K

TABLE RONDE : Alain Besse introduit les La mutation du son débats en évoquant un changement que l’on voit Intervenants : William Flageollet s’opérer au niveau du processus (mixeur son), Laurent Gabiot de création, ceci est le signe (ingénieur du son), Gael d’une évolution importante de Nicolas (monteur son), la chaîne sonore. En principe Dominique Schmit (Dolby), les créateurs étaient à Boris Visonneau (R2D1). l’initiative de la demande de Modérateur : Alain Besse (CST). création d’outils sonores. On Pour débuter la première table observe aujourd’hui, des ronde de l’après-midi, les propositions émergeantes de participants ont pu découvrir le la part desindustriels dont le court métrage Cinq point hein ? rôle devient plus important en ture à l’ensemble des autres consacré au son 5.1 spatialisé ce qui concerne l’innovation et salles dites “peu actives”. en salle de cinéma. C’est un la création du matériel son. Lionel Bertinet conclut avec les film d’animation créé par des Laurent Gabiot, ingénieur du circuits itinérants et l’ouverture étudiants de l’École des son, intervient sur la prise du dispositif, prévue en juillet Gobelins avec la participation, de son lors du tournage. Il prochain si les tests des au son, de grands noms du nous explique l’importance de prototypes s’avèrent positifs. cinéma, comme Jean Goudier séparer au maximum les et Gérard Lamps. Le film a été différentes sources afin de produit par la Semaine du Son, recréer l’espace sonore. Pour en partenariat avec la CST. réaliser son travail, il dispose

9 Lettre 138 actualité CST

d’un scénario mais les volontés incrustés. La qualité sonore son de l’autre. Il est donc de chaque réalisateur sont augmente également car plus il primordial de réaliser un variables. De manière globale, y a de canaux, moins le son est ensemble indissociable. Le il y a peu de postsynchronisation agressif. Le confort est donc travail des professionnels du en France. supérieur pour le spectateur. son, est la réalisation d’une Le montage son induit deux Le mixeur son, dernier maillon bande son cohérente avec les choses fondamentales ; le lien de la chaîne du son, reçoit les choix de prise de vue et les entre le son et l’image et les éléments sonores du monteur volontés de réalisation. Il nous prémices du multicanal. et y apporte ses compétences. explique les origines du 7.1, Aujourd’hui, les appareils virtuels William Flageollet, mixeur son, lancé par Dolby il y a presque nous offrent de multiples possibilités et les intentions des ambiances en ce qui concerne le multicanal sont créées au montage. La règle d’or en montage reste la corrélation entre le son et l’image. Le finalité ultime est de “plonger” le spectateur dans l’histoire, il doit se sentir “enveloppé” par le son. Les évolutions du multicanal pour la 3D va renforcer le côté spectaculaire du film. Il faudra cependant apporter des ajustements au niveau du mixage son pour la 3D. Gaël Nicolas, monteur son, précise que la seule chose qui n’est pas encore possible de

Jean-Pierre Beauviala lors de son intervention

nous interpelle sur la un an, pour les besoins de la confrontation à l’aspect 3D. Celui-ci a été envisagé afin économique qu’il vit au de donner une perspective quotidien, c’est à dire mixer sonore correspondante à dans un format le plus la perspective souhaitée de brillant possible et de le l’image. Dolby travaille rendre compatible pour actuellement sur des systèmes tous les supports. «On 11.1 et 13.1 permettant nous demande de livrer un l’augmentation du nombre de master, déclinable sous canaux sonores et l’augmenta- différents formats, destiné tion du confort d’écoute et à l’exploitation. » De part étudie, par ailleurs, la possibilité son expérience, il constate de réaliser un seul DCP un progrès du son dans comprenant tous les canaux et

William Flageollet au micro les salles de cinéma lisible par toutes les installations. numérique. Lors du mixage, En plus des canaux actuels, de réaliser avec le son ; est la l’intention artistique est de nouveaux canaux seraient sensation de hauteur, le rajout traduire l’envie du réalisateur. créés : des inter gauche et d’une voix de plafond complè- Pour Dolby, Dominique droite en hauteur, un canal terait donc cet environnement Schmit, rappelle que l’objectif stéréo au plafond ainsi que des sonore. L’immersion quant à du cinéaste et de l’exploitant coins arrière gauche et droite. elle, devient de plus en plus est la projection d’un film et Pour conclure cette table présente grâce aux éléments non pas l’image d’un côté et le ronde, William Flageollet

10 actualité CST Lettre 138

évoque la nécessité d’effectuer américaines se basent toujours d’avenir. Alain Besse est le une vérification des niveaux sur le DCI dans leurs contrats chef d’orchestre de cette sonores dans les salles. En de VPF, qui reposent sur le dernière table ronde. Pour effet, une des problématiques respect des conditions mises introduire le thème, des images rencontrées s’appelle la en place par le DCI. Le point de 4K ont été projetées et les “trahison de reproduction” et bascule sensible s’est opéré participants ont pu découvrir elle est la conséquence des l’année dernière avec la ou redécouvrir cette nouvelle mauvais réglages et ajustements montée en charge de l’applica- évolution technique. des écoutes. Alain Besse tion de la norme. Sur le Les démonstrations se sont informe à ce sujet, que les principe d’accords privés, le poursuivies avec Jean-Pierre DCI a conféré à un Beauviala, créateur d’Aaton, certain nombre qui nous a fait l’honneur de d’organisme dans le présenter les essais qu’il a monde, la possibilité réalisé avec sa nouvelle d’agréer les appareils caméra Aaton 4K. Les images présents sur le que nous avons pu découvrir marché et de valider étaient brutes, on constate ainsi leur conformité. alors une capacité de Hans-Nikolas résistance des couleurs à la Locher, responsable surexposition et une finesse développement à la d’image surprenante. Selon lui, CST, a par ailleurs seul le 4K est capable de effectué une série retranscrire la profondeur et la de tests et validé le quintessence des couleurs. bon fonctionnement Cependant, il pense qu’il n’est des appareils. La pas utile d’aller plus loin dans la quasi-totalité des définition car l’œil ne la appareils présents percevrait pas. De plus, cela sur le marché français poserait des problèmes de ont reçu une lourdeur de fichier difficilement certification “DCI”. gérable. Pierre-William Glenn clôture la manifestation Si des problèmes de Thierry Beaumel, insiste sur sécurité apparais- l’avantage du 4K en terme de contrats de maintenance saient, il faut bien sûr informer colorimétrie. Pour lui – plus que prévoient un contrôle par an. en premier lieu le DCI. La CST la résolution noir et blanc – est prête à aider à l’éclaircisse- c’est d’abord la finesse, la Point sur la sécurité et la ment d’éventuels problèmes, profondeur des couleurs et le certification des principales en lien bien sûr avec le DCI. dégradé qui rendent intéressant marques de serveurs utilisés le traitement de l’espace en France TABLE RONDE : colorimétrique. À partir du Il nous a semblé opportun de Le 4K est-il meilleur moment où l’on souhaite profiter de cette journée pour pour l’iamge animée ? projeter en 4K il est nécessaire apporter un certain nombre que l’ensemble de la chaîne de d’éclaircissements au sujet Intervenants : Thierry Beaumel production soit en 4K, il ne de la sécurisation et de la (Éclair), Jean-Pierre Beauviala peut pas y avoir d’étape avec certification des principales (Aaton), Hans-Nikolas Locher une résolution inférieure. marquesde serveurs utilisés (CST), Richard Nye (Christie), Il souligne qu’il n’y avait jusqu’à en France. En effet, suite aux Christophe Pitre (Sony), Chris présent aucune diffusion en 4K nombreuses rumeurs de Tirtaine (20th Century Fox), et que les seules raisons de dysfonctionnement concernant Vincent Jeannet (AFC). postproduire en 4K, étaient certains serveurs, nous nous Modérateur : Alain Besse (CST). soit pour la qualité du retour devions de recadrer le film, soit pour la conservation contexte. Le DCI a proposé La dernière partie de la journée du film. ses travaux à la SMPTE afin de était consacrée aux évolutions Christophe Pitre nous informe créer une norme internationale que connaît l’image animée que Sony a choisi, dès 2007, ISO. Néanmoins, les majors avec le 4K et ses perspectives d’entrer dans le monde du

11 Lettre 138 actualité CST

cinéma numérique avec le 4K. Christie travaille actuellement Interview de En effet, pour eux il n’était pas et depuis 18 mois sur un proto- Vincent Jeannot envisageable de remplacer le type laser. 35 mm par une technologie Laurent Hébert rappelle à tous Directeur de la inférieure au 4K. Aujourd’hui que la CST reste l’interlocuteur photographie et on compte 15 000 projecteurs privilégié des exploitants. Il membre de l’AFC Sony 4K à travers le monde. souligne que la CST est à leur Pour Christie, Richard Nye disposition pour réaliser était sur scène pour nous livrer l’expertise de leur installation, des précisions au sujet des afin de garantir aux spectateurs projecteurs 4K. Il nous rappelle mais aussi à l’ensemble de la tout d’abord que la matrice 1.2 chaîne la qualité de diffusion 4K vient d’être lancée et qu’il des œuvres et ainsi le respect est prématuré d’annoncer une de leur intégrité. Seule cette matrice 098 4K. A contrario, le exigence qualitative permettra

Vous avez participé à notre Journée des Techniques de l’exploitation et de la distribution en tant qu’intervenant. En quoi, selon vous, ces rencontres sont- elles un rendez-vous professionnel important ? Je pense que ces rencontres techniques sont très enrichissantes. Un directeur photo doit aussi s’intéresser à fait de concentrer le 4K sur une à la salle de cinéma de rester la technologie de l’exploitation matrice 098 n’est pas simplement ce lieu unique, cet espace et plus particulièrement à celle un problème technique de privilégié où l’œuvre existe de la projection qui est le nombres de pixels sur la dans des conditions d’excellence. dernier maillon de toute la matrice, c’est aussi un chemin Après ces exposés très chaîne de fabrication de de lumière, un ensemble de la denses, la Sixième Journée l’image d’un film. La finalité de lampe jusqu’à l’objectif qui doit des Techniques de notre travail c’est la salle de être cohérent. Il y a actuellement l’Exploitation et de la cinéma; ne l’oublions pas. La une liaison entre les serveurs Distribution est conclue par progression du passage au et les projecteurs sur une Pierre-William Glenn. Elle numérique des salles a été version non média bloc, si on s’est ensuite clôturée par la galopante, nous en sommes passe au 4K on aura alors projection du film de Maiwenn, déjà à 75%. L’arrivée du 8 câbles pour effectuer cette en présence d’une numérique a chamboulé nos liaison. L’un des avantages de salle comble. repères, nos habitudes et nos la suppression de cette liaison Nous remercions tous les certitudes. Bientôt il n’y aura serait d’avoir une meilleure participants et vous donnons plus de tirage de copies pour capacité en terme de bande rendez-vous en novembre, la France, la postproduction passante. De plus, cela pour une journée consacrée numérique remplace le permettrait le rafraichissement aux techniques de la production laboratoire traditionnel et la de la haute fréquence. Les et de la postproduction. prise de vues s’effectue de projecteurs Christie permettent plus en plus en numérique. Il Myriam Guedjali, de traiter des contenus de 48 Responsable Communication CST nous reste néanmoins toujours et 60 Hz en 4K. Parallèlement, © Photos : CST le choix de tourner en

12 actualité CST Lettre 138

argentique, les pellicules n’ont changer. « On change lecrayon Quel a été, pour vous, cessé de s’améliorer et le pour le stylo bille mais le travail le bilan de cette journée ? mariage de pellicule argentique d’écriture reste le même ! » Une journée très intéressante oduction numéri- avec la postpr Cette sixième édition a été dans l’ensemble, j’ai particuliè- que est un des plus heureux. l’occasion de présenter au rement apprécié la table ronde C’est encore un choix possible. public de nombreux retours consacrée au son. Je milite Et le scan peut être en 4K! d’expérience, d’échanger et pour une chose ; voir les films Mon travail commence donc à d’apporter un certain nombre sur grand écran ! la lecture du scénario et se d’éclaircissements techniques. C’est pourquoi je voudrais poursuit jusqu’à la vérification Quelle a été votre participation aussi que l’on s’interroge sur le à ces débats ? des “copies” en salle. coffret de DVD de l’Académie Être directeur de la photo c’est Je suis intervenu sur la prise des Césars. Pour moi, c’est faire des choix, les plus de vue qui est mon domaine. presque une aberration de cohérents possibles entre les En ce qui concerne la prise de regarder The Artist seul chez côtés artistiques, techniques vue en 4K nous avons pu voir soi un dimanche matin, il faut et économiques d’un tournage. aujourd’hui, que les demandes vivre “l’expérience de la salle”! Ce matin, le CNC a indiqué ne sont pas encore très Cette journée était destinée à qu’il allait aider au développe- abondantes. Il n’y a pas encore la technique de l’exploitation, ment de projecteurs numériques beaucoup de caméras sur le aux exploitants, à tous ceux qui portatifs destinés aux cinémas marché pour tourner en 4K, œuvrent pour que la technique itinérants, ces projecteurs mais cela va venir. On se du cinéma continue à créer de pourraient aussi servir à la posera alors la question de la magie pour les spectateurs. projection de nos rushes sur le savoir s’il faut tourner en 2K ou tournage! Pratique qui s’est en 4K, un peu comme cela perdue en numérique. C’est un avait été le cas pour le super point de vue que je partage Interview 16 et le 35 mm. J’ai également de Jean-Pierre avec bon nombre de mes abordé la postproduction, collègues dont Philippe Ros. l’étalonnage. Beauviala, ingénieur, AFC. électronicien et « La projections des rushes Le travail d’étalonnage sera t-il est une étape primordiale, moins important avec le 4K ? PDG de Aaton fédératrice et formatrice » Je ne pense pas que le 4K soit souligne-t-il. Vu le nombre le seul critère ; la compression impressionnant de premiers et le codage des images films tournés en France chaque importent aussi beaucoup sur année, la possibilité pour ces le temps d’étalonnage. Les “jeunes réalisateurs” de voir différentes caméras du marché les images de leurs films dans donnent des résultats bruts une taille plus proche de leur très différents et le temps de finalité serait à mon avis d’une postproduction s’en ressent. aide vraiment précieuse. Je Il est vrai que lorsque l’on voit pense également aux assistants les images de la caméra de opérateurs, à qui j’essaye Jean-Pierre Beauviala et que souvent de faire profiter de les rushes ne sont quasi pas Vous avez participé pour la mon expérience de pointeur et étalonnés, c’est assez impres- première fois à notre Journée qui me disent : « Mais Vincent sionnant ! Je découvre un vrai des Techniques de l’exploitation on ne voit pas ce que l’on fait… négatif numérique. Face à tous et de la distribution en tant » On commence à retrouver en ces nouveaux choix : de la qu’intervenant. En quoi, numérique nombre d’habitudes selon vous, ces rencontres caméra, de la postproduction, sont-elles un rendez-vous que l’on avait en 35mm et c’est du workflow, de la sécurisation professionnel important ? plutôt une bonne chose. Ces des datas…etc ; la position du habitudes sont le fruit d’une directeur de la photo reste au Je pense que ce type de expérience de travail de plus centre de la fabrication des journée est un bon moyen pour d’un siècle et ce n’est pas images d’un film et sa mission échanger entre professionnels parce que l’outil change que de conseil envers la réalisation du secteur. Je tenais également tout doit systématiquement et la production est essentielle. à faire passer une information,

13 Lettre 138 actualité CST

car je suis un peu dépité de cette manière on est à même voir la marche forcée en ce qui de saisir l’ensemble des concerne l’équipement des connexions et j’ai trouvé cela salles de cinéma. En effet, elles très intéressant. sont toutes équipées de Propos recueillis par Myriam Guedjali projecteurs 2K, alors que le Responsable communication CST reste de l’Europe a abordé la © Photo : CST mutation vers le numérique en s’équipant directement en 4K. Je trouve qu’il est dommage de projeter en 2K car la définition est semblable à de la HD, ce n’est en tout les cas pas à la haueur d’un projecteur 4K.

Cette sixième édition a été l’occasion de présenter au public de nombreux retours d’expérience, d’échanger et d’apporter un certain nombre d’éclaircissements techniques. Quelle a été votre participation à ces débats ? Mon intervention portait sur le 4K, j’ai souhaité partager mon sentiment sur la beauté du 4K en ce qui concerne la colorimétrie, l’impression et l’émotion que l’on tire dans une image “fouillée” par rapport à une image un peu “brouillardeuse”. Effectivement, on retrouve plus de définition en particulier dans les noirs et les basses lumières et on peut, de cette façon, travailler d’avantage sur l’image. Je pense, que l’on ne retrouve pas encore en numérique, cette émotion qu’apportait le film. C’est pourquoi, on cherche aujourd’hui avec la caméra Aaton – par un procédé qui est le nôtre – à retrouver l’analyse aléatoire de l’image.

Quel a été, pour vous, le bilan de cette journée ? Je trouve cela formidable ! Ce qui a été transmis aujourd’hui entre les différents protagonistes est très enrichissant. C’est la première fois que je me retrouve confronté à ce qui se passe en fin de chaîne et de

14 festival Lettre 138

Micro Salon 2012 le rendez-vous de l’image

du materiel “ideal”de prise de disposition et l’installation d’un vues. Cette dernière edition a projecteur 4K qui nous ont su offrir à un encore plus grand permis, d’apprécier entre autres nombre d’exposants de qualité et en avant-première la qualité la possibilité de présenter, des images “brutes” sorties dans les meilleures conditions de la Pénélope Delta d’Aaton. possibles le plus large éventail EMIT avait eu la formidable des matériels qu’ils mettent à idée de souffler ses trente la disposition des professionnels bougies au Micro Salon, ce qui de l’image. Prestataires et devait encore renforcer l’esprit Cette année l’AFC a encore pu et su recevoir fabricants nous ont presentés d’une petite “fête du cinéma”. toujours autant, si ce n’est plus, de visiteurs des équipements à la technolo- La tenue du Micro Salon à la représentant tous les corps de métiers qui gie de plus en plus sophisti- Fémis avec son esprit ouvert et entrent dans le processus de la fabrication de quée, mais avec un souci indépendant est devenue l’image de cinema. Et mis à part Cannes, et ce grandissant d’adaptabilité aux incontournable pour notre dans un tout autre registre et avec une toute contraintes induites e qui nous industrie. autre dimension, le Micro Salon est l’évènement sont imposées à nous techni- En parlant d’anniversaire, on en ponctuel annuel qui rassemble le plus grand ciens et ce dans les domaines a profité pour en fêter un autre. nombre de techniciens du cinema, de la télévision actuellement en plein cham- Le vingtième d’Imago, la boulement permanent de la fédération européenne des et de l’audio-visuel. preproduction, du tournage et associations de directeurs de de la post-production. En la photo, qui, à l’invitation de quelque sorte, on vient l’AFC, tenait son assemblée C’est en quelque sorte une chercher les solutions aux générale annuelle, à Paris, en grande famille qui a pris l’habitude problèmes posés l’année même temps que le Micro de se réunir chaque année précedente. Tant pour les pre- Salon. Le grand froid qui dans les locaux si pétris d’histoire sentations sur les stands que régnait sur notre capitale de la cinématographie, que pour celles en projection ou n’avait pas refroidi les ardeurs sont ceux de la Fémis l’hôte même lors des ateliers qui de nos voyageurs et les toujours si généreux du Micro commencent à faire leur appa- Philippines, l’Australie, l’Argentine, Salon. rition et que personnellement le Japon et du Brésil s’étaient On peut voir des équipes je souhaite voir se developper. joints à l’Imago historique, celle complètes de film s’y retrouver L’offre a été très allèchante et formée par les associations car les defis posés par l’évolution on ne devait pas trop s’éterniser européennes dont 30 étaient rapide des techniques de tournage auprès d’un copain pour pouvoir présentes ou représentées sur concernent tout autant les assister aux démonstrations et 32. Un record. opérateurs, machinistes et projections et rendre visite à Pour les membres du bureau électriciens que le réalisateur, tous les exposants et membres “Board” d’Imago, pendant les le directeur de production, la associés de l’AFC qui ont six à sept semaines précédant scripte, le maquillage et les encore une fois été tous formi- cette grande réunion, il s’agissait étudiants en cinema futurs dables même si on pouvait de préparer le contenu et techniciens et techniciens du entendre parfois, comme l’agenda des débats. Devant futur… Le Micro Salon est d’habitude, quelques ronchon- passer de statuts de droit convivial, pédagogique, inter- nements lies à la distribution de français rédigés selon la loi de actif et totalement en phase l’espace et ce, malgré tous les 1901, (Imago étant jusque là avec son époque. C’est là que efforts déployés par l’équipe hébergée par l’AFC), aux se fait l’échange en temps organisatrice de l’AFC à qui il statuts belges d’Association réel des demandes/désirs et faut, encore une fois, tirer un Internationale (AISBL) il fallait des offres/efforts en ce qui grand coup de chapeau, ainsi tout d’abord veiller au bon respect concerne la mise à disposition qu’à Sony pour la mise à de la légalité et organiser

15 Lettre 138 festival

correctement le protocole de encore une autre petite guérilla, malgré le pressing effectués dissolution et de substitution. avec ses luttes d’influence, sur par certains membres du En qualité de membre de ce laquelle je ne m’étendrai pas Bureau se sont vus refuser Board, et de l’AFC, j’ai été car elle est continuité du débat l’accès à ce Bureau qui de particulièrement vigilant dans précédent. toute façon, en vertu des ce domaine. Se greffait sur La Commission du Film Ile-de- statuts, est réservé aux ce changement de statuts, France, avait mis aimablement membres actifs. Les différents l’offensive “globaliste” de à notre disposition une salle comités ont exposés leurs certains membres qui proposaient pour la tenue de l’AG proprement activités dont les résultats du que Imago ne soit plus unique- ment européenne et que les membres venant des autres continents acquièrent le statut de membre actif donc obtiennent le droit de vote. Tout cela n’étant pas très clair car ne concernant que deux pays faisant de l’entrime. Ensuite, un autre problème récurrent : l’habituel serpent de mer, à savoir : un membre de l’asso- ciation peut-il être payé pour une tâche effectuée pour l’organisation. La jurisprudence “associative” de l’AFC ayant été de toujours refuser l’octroi de ce genre d’avantages, nous nous y sommes toujours opposés. Ce problème étant lié à la gestion du site, plusieurs propositions de modernisation de ce site, La CST au Micro-Salon plutôt obsolète, se sont retrouvées en lice, mais dite. Cette salle se trouvait à la fameux “Questionnaire” sur comme toujours, quand on Cité Universitaire, à l’intérieur les conditions de travail, aux critique un état de fait, on se du périmètre du Salon des résultats pas très scientifiques heurte au principe des “droits tournages (location expo). à propos duquel notre collègue acquis” Autre proposition Robert Alazraki représentait Robert a apporté quelque importante : la tenue de l’AG l’AFC. réserve. une année sur deux à Après un petit discours La décision sur le site a été Camérimage et ses consé- de bienvenue de Caroline reportée, comme à l’habitude. quences budgétaires. Enfin, les Champetier, notre Présidente, Jarek Szoda PSC a proposé diverses communications L’asemblée générale en elle- de donner un label “Imago” émanant de sociétés qui se même a suivi l’agenda prévu. aux salles de projection réveillent quelques jours Tout d’abord l’approbation des respectant les normes de qualité seulement avant l’événement comptes 2011 et des minutes pour l’image et le son. Affaire à pour exposer des envies de l’AG de 2011 puis la disso- suivre. Marek Jicha Ack a d’action commune. Et pour lution de l’ancienne Imago et présenté un protocole très couronner le tout : l’établissement l’approbation des nouveaux séduisant concernant les du budget. Tout cela pourrait statuts. Le Bureau (Board) travaux de restauration des paraître simple mais se révèle actuel a été reconduit, enrichi films. être à la longue, une petite d’une présence féminine en la Le samedi : l’AFC avait donné guerilla épuisante. Enfin, ce personne de Birgit Gudjonsdottir “carte Blanche” à Imago Board se réunit la veille de BVK. J’ai moi-même été élu comme elle le fait chaque la IAGA pour “peaufiner” le vice-président. Les membres année pour un pays différend contenu de celle-ci. C’est associés (pays non européens), qui vient montrer sa cinémato-

16 festival parole d’adhérent

graphie. Je me souviens du d’auteurs a boycotté l’événe- scepticisme de Pierre-William ment, c’était prévisible. Seuls La parole Glenn à ce sujet. Il n’avait pas l’Australie, le Danemark et le totalement tort. Je me suis Canada avaient apporté des à nos retrouvé tout seul mais j’avais images d’ailleurs. quelque peu prévu le coup en Après le buffet offert par Emit, adhérents attaquant le tournage d’un film nos collègues étrangers n’ont à durée modulable . Et comme eu que trois heures pour visiter A chaque numéro de La Lettre, je l’avais promis : je l’ai fait. le Micro Salon et visionner les nous donnerons la parole à un essais projetés dans la salle adhérent afin qu’il nous présente Jean Renoir. Ils étaient emballés son travail, ses projets et son par l’événement et beaucoup idée de notre profession. parlaient d’essayer de faire la Aujourd’hui, Jean-Jacques même chose dans leur propre Bouhon adhérent de longue pays. La Pénélope Delta a fait date, directeur de la photogra- un tabac parmi les nombreux phie et responsable du Dépar- fans d’Aaton. Après le “plus tement Image de la Fémis. beau travelling du monde/ surprise” sur la Seine où l’on Vous êtes adhérent, en même aurait dit que les quais de Paris temps de l’AFC et la CST, avaient été éclairés spéciale- pourquoi ce choix ? ment en cette occasion. Ils sont repartis éblouis vers leurs pays Faire partie de l’AFC a été pour d’origine en pensant sûrement, moi évident peu de temps après que la France est un vrai pays sa création, car c’est le seul de cinéma. lieu où nous, directeurs de la Richard Andry, photo “solitaires”, pouvions nous Directeur de la photographie, rencontrer et échanger entre Vice-Président AFC nous et avec nos partenaires, © Photos : CST qui représentent l’essentiel de

Angénieux, venu présenter la gamme de zoom Optimo

Pas mal de boulot mais édifiant quant à son contenu. Et j’ai vu des copains AFC ravis de comprendre ce qu’était “théoriquement” Imago. De même qu’une révélation pour un bon nombre de nos invités étrangers, qui osons-le ne savaient pas exactement ce qu’était Imago. Kommer Kleijn, pour le Comité technique d’Imago, Tony Costa pour celui des conditions de travail et Jan Weincke pour les master- classes ont ensuite pu éclairer certains thèmes abordés dans le film pendant une séance de questions sans réponses. La conseillère juridique en droits Jean-Jacques Bouhon derrière la caméra

l’industrie de l’image cinémato- graphique. Être adhérent de la CST me permet de rencontrer

17 Lettre 138 parole d’adhérent

plus souvent des membres qui échappé à la CST, lui revienne pas réellement commencé, je ne font pas le même métier le plus vite possible. Il me sem- pense que le réalisateur que moi, mais qui participent ble nécessaire que ce contrôle préfère ne pas communiquer aux mêmes types de projets. soit fait par un organisme par voie de presse… Ce que Je pense que nous avons tous indépendant et lié au CNC et je peux vous dire, c’est que à cœur de défendre une non par des entreprises j’ai essayé une caméra Sony certaine qualité de travail et privées qui peuvent avoir des PMW-F3 et certaines optiques l’information que l’on peut intérêts économiques et financiers dans différentes configurations, recueillir à la CST, lors des pas forcément en accord avec ainsi qu’un appareil photo Canon 7D. Je suis actuellement en train de monter ces essais afin de les voir en projection et de faire quelques essais d’étalonnage.

Comment se sont déroulés vos tests ? De manière très agréable (vive la machine à café gratuite !) et un peu discontinue pour des raisons de disponibilités personnelles. C’est aussi un des avantages de ce studio que de pouvoir venir faire des tests quand on est libre, sous réserve, bien sûr, de s’assurer qu’il n’est pas occupé. Le studio de la CST Que pensez-vous de ce soirées départementales et le respect des œuvres et du nouvel équipement ? des journées ouvertes, me public. semble essentielle pour cela. Le plateau est plutôt bien Que pensez-vous de sa équipé et permet de travailler Comment voyez-vous position concernant les écrans avec quasiment tous les diffé- l’évolution du rôle de la CST métallisés ? rents types d’éclairage et de faire des essais d’incrustation. à l’ère du numérique ? Je soutiens sans réserve la Le fait qu’on puisse rapidement A l’heure du tout numérique, position de la CST sur l’inadé- étalonner ses essais sur place l’existence de la CST est plus quation des écrans métallisés à et les voir en projection est un que jamais indispensable et rendre les qualités de l’image réel avantage. Bien sûr, on son rôle devrait être renforcé. Il voulue par les réalisateurs et pourrait rêver d’un plateau plus est nécessaire de faire le tri les directeurs de la photogra- grand, d’une salle de montage dans tous les matériels qui phie. J’ai assisté aux deux et d’étalonnage dédiée, mais, sont proposés, de tester leurs démonstrations effectuées dans tel qu’il est actuellement, cet qualités et leurs défauts, de la salle Pierre Cardin et il outil représente une opportu- faudrait être d’extrême mauvaise participer à l’élaboration de nité formidable au service des foi pour nier la nuisance de ce normes internationales qui membres de la CST et j’espère type d’écran. permettent de travailler de que nombre d’entre eux vont manière “transparente” et en profiter. simplifiée et de créer des Vous êtes l’un des premiers passerelles entre les différents adhérents à utiliser le nouveau Propos receuilleis par Myriam Guedjali, outils et logiciels. Ce que l’on a studio d’essai de la CST. Pour quels projets ? Responsable Communication CST souvent appelé le rôle de © Photos : CST “veille technologique” de la Je ne peux, pour l’instant, CST est vraiment d’actualité. donner de détails sur ce projet. Et je souhaite que le contrôle Non que je sois superstitieux, des salles, qui a récemment mais, tant que le tournage n’est

18 débat Lettre 138

Les états généraux de la Ficam

Petit billet d’humeur “Techniciens”, “Producteurs” dants sont trop fragiles pour au retour des et “Artistes”. Nous avions en arrêter la production d’un film. main un petit boitier destiné à Tout tourna donc autour du prix états généraux de “voter” en direct en répondant des choses et on entendit la Ficam... à des questions. La première l’antienne bien connue qui (et dernière) demandait en consiste à se demander La Ficam a organisé ce substance si les 1,2 milliard comment, en France, faire 19 mars dernier, des états d’euros de financement pour le moins cher que dans les pays généraux, suite à la faillite de cinéma français permettaient moins riches ou plus attractifs Quinta et pour faire partager à de faire des films en adéqua- que l’hexagone et comment l’ensemble des professionnels, tion avec leurs ambitions acheter français quand acheter la difficile situation des indus- artistiques ? ailleurs semble moins cher... tries techniques. Nous avons Beaucoup ont voulu se faire La conclusion vint un peu amicalement participé à ces expliquer la question, savoir où comme un regret, regret états généraux et à la demande voulait-on en venir et pourquoi... qu’aucune solution ne ressorte de la Ficam, j’ai pu le matin, Sur le fond, ces états généraux de ces “états”, regret qu’une présenter en quelques minutes posaient nombre de questions “citoyenneté cinématographi- la nouvelle recommandation concernant principalement les que” française ne reste qu’un sur la conservation des films à industries techniques. Les mot sans véritable substance. moyen et long terme, avec bien autres professions étaient sen- Regrets un peu mitigés par la sûr un retour sur film garantissant sées y répondre et/ou propo- satisfaction de s’être parlé seul aujourd’hui, une pérennité ser des solutions. Très vite, un entre professionnels qui ne le de plus de 50 voire 100 ans. constat s’imposa : les indus- font pas forcément au quoti- La journée était divisée en tries techniques sont en diffi- dien et parce que malgré tout, deux parties : une matinée culté financière parce que la certaines choses ont été dites technique retraçant toute la part de financement du film qui et que chacun a pu mieux se chaîne numérique de fabrica- leur est réservée ne cesse de rendre compte de la situation tion d’un film, du tournage à la baisser et ne leur permet pas et du vécu de l’autre. C’est le postproduction et la diffusion de vivre normalement. Il y a bon côté de l’exercice. Pour le et une après-midi “débat” avec donc danger pour elles et donc reste, la CST avait déjà des producteurs et des “artis- aussi pour le cinéma français. regretté que ces états ne tes”. De plus, la concurrence de soient pas très généraux mais Matin : RAS. Nous avons tous pays comme la Belgique, qui ceux d’une seule organisation (Ficam, AFC, SPI et CST) tenu avec un crédit d’impôt plus et que les questions des notre rôle et donné les bonnes attractif qu’en France accentue “autres”, producteurs, finan- règles de précaution et de la délocalisation des films fran- ciers, diffuseurs, artistes, tech- sécurité en numérique. Nous çais provoquant une perte de niciens, n’aient pas pu être avons convenu qu’il faudrait chiffre d’affaires pour nos posées, rendant impossible la travailler sur une nouvelle industries. Tout le monde fut description de la situation dans version du devis type du CNC d’accord sur ce constat. Mais toute sa dimension. C’est sans adapté au numérique et donner alors que faire ? Augmenter les doute ce qui a amené le aux producteurs des clés pour prix ? Mais qu’adviendrait-il resserrement du débat sur le naviguer au mieux et en sécu- alors des “petits films”, des simple angle de la répartition, rité dans l’univers des pixels. films dit “difficiles” ? (En fait du coût et surtout du bas coût Après-midi : Après un délicieux des films sous-financés). Un (low cost). cocktail obligatoirement signé producteur, regrettant la situa- Des questions n’étaient pas Potel et Chabot (concession- tion actuelle, nous déclara tout présentes dans le débat, naire, je crois, du pavillon de go que si, pour boucler le comme par exemple : qui doit Gabriel), nous fûmes conviés budget d’un film il devait aller le porter la responsabilité de à nous installer dans la salle tourner ou le postproduire en l’image et du son dans un film des débats et plateau télé Inde, il le ferait, tant il est vrai ou qu’elle ambition pour quel divisée en plusieurs espaces : que les producteurs indépen- film ; comment se traduit l’idée

19 Lettre 138 débat

de qualité et comment la valo- avait pas besoin d’invitation. ment recomposée et dénatu- rise-t-on ? Ce ne sont là pas C’était en mai 68. Et ce n’était rée après coup et de par seulement des réflexions hors pas les mêmes gens qui devers lui… « On perd le économie dont il s’agit. convoquaient… On en vient contrôle » dit Ricardo – pour Comme nous l’avions déjà tout de suite au sujet qui avait des gens qui regardent mais montré lors de nos rencontres motivé les échanges de mails qui ne voient pas. sur le Low Cost à l’Espace entre les membres de l’AFC la L’image argentique est physi- Pierre Cardin, cette vision éco- semaine dernière : “Le direc- que, celle là n’est nulle part. nomique du Low Cost n’est teur photo face au numérique”. Il n’y a plus de matière. Les pas la seule voie possible. Les - 2011 : 70% des films tournés noirs qui étaient du velours films américains, qui sont les sur pellicule. sont devenus aujourd’hui uni- plus chers du monde, sont - 2012 : 70% des aussi ceux qui se vendent le films tournés en mieux. Dans tout “marché” numérique. (même culturel) il y a des spé- « Un tsunami » cificités, des genres, des sec- me dit Ricardo ; teurs de marché. Où se situe le on veut le justifier cinéma français et quels sont par une technique ses points forts ? Et nous plus accessible et reposons la même question qui serait donc qu’après la chute de Quinta : plus démocrati- quelle est l’économie réelle du que alors que ce film français aujourd’hui, à n’est pas le sujet l’heure même où notre cinéma- Le cinéma est un tographie n’a jamais eu autant art et le numéri- de succès ? Nous n’avons que engendre pas eu l’impression que ces d’abord hélas une états généraux aient vraiment perte de rigueur répondu à cette question. qui le dévalue Laurent Hébert, Délégué général sous le seul pré- © Photos : Ficam texte “avoué” – Débat de l’après-midi j’insiste – que çà le rendrait plus accessible, plus quement une absence de 2012 démocratique. Mais nous ce lumière. Passée la mélancolie Les états généraux qu’on retient, c’est qu’on cher- et le trou noir de cette du numérique : che à nous l’imposer “manu transition abrupte entourée militari” et cela est un scan- d’un irrespect absolu – on entretien avec dale. C’est un coup d’état et je commente les expériences et Ricardo Aronovitch n’ai plus envie de faire du la progression, les défauts cinéma dans ces conditions. qu’on aimait dans la pellicule et On se retrouve sur une ter- La perte de contrôle est totale aussi le constat de l’absence rasse à Denfert Rochereau. et on a le sentiment terrible terrible de Kodak et de Fuji Il fait beau, c’est le printemps. que n’importe qui peut faire dans cette nouvelle ère qu’on « De quoi va-t-on parler me dit n’importe quoi avec nos nous impose. Car on est Ricardo ? » images, avant d’en faire maintenant “obligés” de le « Des Etats Généraux du éventuellement de meilleures, dire… Cinéma. » ce qui pourrait être un progrès, Kodak est descendu du train « Tu y es allé ? Moi je n’y étais mais ce qui n’existe pas… ou alors même que les premiers pas. » pas encore ? instruments de base – le « Moi non plus, je lui répond, Dans cette révolution techno- filmeur et le scanner, Cineon, la comme le reste des membres logique, on cherche le “plus” première norme de langage du CA de la CST d’ailleurs car encore désespérément dans informatique de référence, nous n’étions pas invités ! » un calendrier bousculé et venaient de chez eux, que le On rigole un peu et on se sou- l’auteur de la lumière se sent capteur du premier téléciné vient qu’aux derniers Etats tout simplement “dépossédé” était fabriqué par eux et qu’ils Généraux du Cinéma, il n’y puisqu’elle peut être entière- ont tout abandonné en chemin

20 débat Lettre 138

pour des raisons invraisembla- éliminé les caméras “video” à bles en nous laissant seuls capteur 4/3 et réhabilité le entre les mains de fabricants choix sélectif de la mise au ne possédant – eux – aucune point et de la profondeur de expérience de notre métier. champ. Et puis on en vient tout Je lui raconte l’anecdote de naturellement à commenter les Vilmos Zsigmond à Palm essais de la future caméra de Spring en 95 disant « Alors Jean-Pierre Beauviala et on que nous avons laborieuse- espère qu’elle sera prête le ment, tous, passé 50 ans à plus tôt possible et que chacun perfectionner notre art et notre pourrait alors avec elle retrou- technique, vous voulez nous ver ses marques. convaincre de tout abandonner Formidable, non, au milieu de soudainement pour adopter ce chamboulement total ! Un brutalement une technique pré- peu d’espoir ! Merci Jean- caire “nearly acceptable” et Pierre. sans aucune garantie de On parle de tous les films de pérennité ? » Ricardo ajoute répertoire qui ne seront pas qu’il a dit lui-même quelque numérisés et qui deviendront chose de très semblable invisibles à tout jamais puisque quelques années plus tard : les exploitants déboulonnent « Est-on aujourd’hui sorti de ce déjà les projecteurs 35 mm “nearly acceptable” ? » même quand ils n’ont pas de A quel prix ? Et pour quel problème d’espace dans leurs progrès ? On voit bien hélas cabines… qu’il n’y a pas que les laboratoi- On parle de la précarité du res qui soient aujourd’hui nouveau matériel – caméras et sinistrés dans ce changement systèmes de projection – au imposé à marche forcée. panier, au rebut dès la Ricardo me parle d’un Hamlet deuxième année d’exploitation. de Peter Brook qu’il avait filmé Plus de temps pour tester, plus en numérique… On parle des de temps pour comparer… une Mystères de Lisbonne, éclairé bulle de matériel… par André Szankowski et Comment aussi conserver la tourné en numérique, du der- mémoire de nos images ? nier film de David Kronenberg, « Les experts, dit Ricardo, éclairé par Peter Suschitzky vous disent : faites un retour et tourné sur Alexa, de sur 35 mm si vous voulez les Girimunho, film brésilien conserver en toute sécurité. présenté au festival des Faute de quoi aujourd’hui vous 3 Continents, éclairé par Ivo êtes condamnés à les recopier Lopes Araújo, selon Ricardo, tous les cinq ans… » un petit bijou en tant que film et Ricardo conclut en me disant : lumière “numérique”. Ricardo « Je suis aujourd’hui plus très étonné par cette image si impressionné dans cette belle… et pourtant numérique. révolution numérique, par la On parle des opérateurs qui ne méthode disons-le en toutes comprennent pas ou qui n’ont lettres – fascinante – avec pas envie de chercher, de laquelle on veut nous l’imposer comprendre et qui s’entourent que par la naissance d’un d’un ingénieur de la vision pour éventuel nouveau langage s’orienter. On parle bien sûr d’expression artistique. » aussi du problème génération- Propos recueillis par Alain Coiffier, nel. On parle du fait – on ne va membre de la CST du Département pas s’en plaindre ! – que les Image caméras à grand capteur ont

21 Lettre 138 partenaire CST

Technical Achievement Award pour Angénieux

Saint-Héand, le 23 février : Thales Angénieux a reçu un Technical Achievement Award 2012 de la Society of Camera Operators (SOC) pour sa gamme de zooms portables Optimo 15-40, Optimo 28-76, et Optimo 45-120. Cette récompense a été remise par Rodney Charters, ASC CSC, à Pierre Andurand, Prési- dent de Thales Angénieux, à l’occasion de la Cérémonie des Awards 2012 de la SOC le 19 février à Los Angeles : De gauche à droite : Pierre Andurand - Président de Thales Angénieux, Rodney Charters - ASC CSC, « Chers amis, collègues, Dominique Rouchon - Directeur Commercial International (OPV) membres de la SOC. Au nom de tous chez Thales borateurs d’Angénieux encore prise de vue. Ayant le même Angénieux, j’accepte cette plus de plaisir, d’enthousiasme type de bagues, le même poids récompense avec beaucoup et de motivation, pour conti- et le même diamètre frontal, de gratitude. J’aimerais remer- nuer à faire ce que nous ces trois objectifs sont très cier tous les fans et utilisateurs faisons depuis des années : rapidement interchangeables d’Optimo, qui ont fait que les vous aider à mettre en images sur steadicam sans pratique- zooms Angénieux soient vos idées et vos histoires. ment aucun rééquilibrage. La aujourd’hui les plus appréciés Merci beaucoup et Vive le plage de focales 15-120 mm et les plus recherchés dans les Cinéma ! » couverte par ces trois objectifs studios et sites de production offre des possibilités inégalées du monde entier. L’ambition de versatilité réduisant ainsi d’Angénieux a toujours été de A propos de la temps et coût de production. mettre à votre disposition les gamme récompensée L’exceptionnelle qualité d’image produits les meilleurs et les et la très haute précision du plus innovants. Nous n’aurions Cette gamme de zooms système mécanique de gui- pas pu réussir cela sans votre Angénieux présente des quali- dage du zoom qui assure un soutien et votre inspiration. J’ai tés uniques de légèreté et de parfait mouvement tout au long cru comprendre que certaines compacité sans rien sacrifier de la course du zoom complè- personnes ici considèrent le aux performances optiques qui tent les spécificités de ce trio film The Artist de Michel ont fait la réputation des d’ objectifs. Hazanavicius comme un beau Optimos : grande ouverture, - Longueurs de focales : 15-40 cadeau venu de France. Je aucune chute de lumière, prati- mm , 28-76 mm, 45-120 mm. voulais vous dire que cette quement aucun pompage. - Ouvertures T2.6 et T2.8, sans récompense de la SOC est Particulièrement appréciés par perte d’ouverture. aussi pour nous un cadeau fan- les steadicamers et le travail à - 320 degrés de course de tastique d’Hollywood que je l’épaule , ces trois zooms mise au point avec plus de serai très fier de rapporter en conviennent à tout type de 50 gravures de point (pratique- France. Je suis certain que cet configuration caméra pour un ment aucun pompage). Award donnera à tous les colla- éventail très large de styles de - Monture PL, couverture du

22 Lettre 138

S35+, 31.4mm diagonal. avec mes yeux est parfaite- - Superbe transcription d’image ment traduit par l’objectif et, (couleur et contraste). grâce à cette fidélité de - Faible poids environ 2.2 kg transcription, soit la pellicule chacun. est imprimée avec cela, ou s’il - Compatibles avec les multi s’agit de numérique, le support 1.4x et 2x Angénieux. enregistre très xactement ce que je veux faire. Pacific Rim (sortie prévue aux Témoignages EU en 2013) est mon premier Pour Rodney Charters ASC film numérique et parce que la CSC, présentateur de l’Award, caméra est très légère, je peux Directeur de la photographie utiliser un zoom 15-40 sur le réputé pour son travail entre steadicam dont je me sers tous autres sur les séries télévisées les jours. Pour moi, la porte américaines Shameless et 24 est maintenant ouverte pour heures Chrono, grand fan des utiliser les possibilités de plan optiques Angénieux (il a été rapproché du 15-40 ou l’un des premiers à tester du 28-76 à l’épaule ou sur l’Optimo 45-120 ) : Les 3 steadicam. » “petits” zooms Angénieux 15- 40, 28-76 et 45-120 révolution- A propos de la nent la façon de faire les ima- ges pour la télévision. Grâce à Cérémonie du leur grande ouverture, leur fai- 19 février ble poids et leur courte dis- tance de mise au point, ils sont Comme toujours, cette les outils parfaits pour ce nou- cérémonie était placée sous le vel âge du numérique à signe de la générosité et s’est l’épaule. faite cette année au profit de Pour Guillermo Navarro ASC l’association The Vision Center AMC – remarqué en 2006 par de l’hôpital pour enfants de Los un Academy Award for Best Angeles. Optimo 15-40 Cinematography pour le film Un petit documentaire nommé Pan’s Labyrinth et qui plus Know The Glow, produit par récemment a travaillé sur Bonnie Blake SOC et réalisé Pacific Rim, Twilight - chapitre par Alexis Ostrander met en 4, I am number four, The valeur le fait de pouvoir détec- Resident, etc : ter par une simple photogra- « Pour approcher une histoire, phie des troubles de la vision en premier lieu, je choisis des chez l’enfant. La SOC fondée Optimos parce qu’ils ne en 1979 a déjà collecté plus de trahissent pas ma vision. Pour 160 000 dollars pour les moi, ce sont, avec la caméra, œuvres qu’elle soutient. les plus importantes pièces Service Communication Angénieux d’équipement. Ce que je vois © Photos : Angénieux Optimo 28-76

Pour plus d’informations : www.soc.org www.angenieux.com Contact Presse : Edith Bertrand [email protected] 06 84 55 83 37

23 L’OEIL L’ÉCRAN était dans la salle et regardait

L’Histoire confronte chacun de leur pays d’origine. satisfaire les nombreuses au prénom de Badia. Tout d’entre nous à des mouve- Certains, avec l’aide d’un tentations de consomma- au long du film, Badia slam ments de balancier. Ainsi en rabatteur seront pris dans tion d’une société maro- un credo lancinant naïf, est-il actuellement de chaque un engrenage qui les caine en développement à énergique et révolutionnaire : côté des rives de la « Je ne vole pas : méditerranée. Un je me rembourse. cinéaste français Je ne cambriole né au Maroc, d’une Lorsque le Fond pas : je récupère. cinéaste marocaine Je ne trafique pas : saisissent ou anti- déborde sur la Forme ou je commerce. Je cipent les faits ne me prostitue d’actualité dans leur que la fiction précède pas : je m’invite. pays respectifs… Je ne mens pas : Dans les deux cas, je suis déjà ce que le fond et la forme l’actualité (et vice et versa) ! je serai. Je suis se cherchent sans juste en avance toujours se trouver. sur la vérité : la Seule l’Histoire contempo- conduira à perpétrer de l’instar du même essor de mienne. » raine raisonne alors en bonne foi, en conscience, celle-ci en France dans les La réalisatrice Leïla Kilani, nous, les spectateurs. des actes terroristes au années 60-70. Alors la nuit venue du documentaire, nom d’Allah. Notre société dans un Tanger glauque et abuse de la caméra portée, En mettant en regard Sur la française actuelle peine à planche de Leïla Kilani et donner du travail aux jeu- La Désintégration de nes depuis plus de 20 ans. Philippe Faucon, c’est bien Dans la globalisation des de notre Histoire contem- échanges commerciaux, le poraine qu’il s’agit. Celle travail de production manu- qui prend racine dans les facturé se fait en Chine indépendances retrouvées devenue l’usine du monde ; des pays du Maghreb lors d’autres usines s’ouvrent là de nos “Trente glorieuses” et où les salaires sont moin- dont les deux films dressent dre qu’en Europe. Ainsi en constat chacun à leur est-il au Maroc dans les manière, dans les années zones franches. C’est le 2010 soit 50 ans plus tard. Maroc de Mohammed VI La Désintégration décrit avec la construction du l’engrenage dans lequel nouveau port de Tanger qui peuvent tomber les enfants a précipité l’immigration de de la deuxième génération l’intérieur transformant la d’émigrés des années 60. ville en une antichambre Yassine Azzouz dans La Désintégration de Philippe Faucon Leurs pères ont gagné la impatiente de l’Europe. France pour satisfaire aux Cette zone franche est le pluvieux, le quatuor prati- de cadres resserrés en besoins de mains d’œuvres lieu diurne de Sur la planche que en douceur hypocrite gros plans, desservis par d’alors. De nos jours, leurs là où travaillent les quatre le commerce de leurs un éclairage minimaliste enfants ont le sentiment héroïnes de ce film. Elles corps et le vol, en toute dans les scènes de nuit et d’être rejeté de la société ont certes du travail mais conscience pour la plus dans les intérieurs où la française comme de celle leur salaire ne peut suffire à vindicative, celle qui répond netteté n’est pas toujours

24 Lettre 138

au rendez-vous. L’atelier de cultes des années 50-60 immeuble, la taille réduite sont saisissants. Avec une décorticage des crevettes Les 400 coups, À Bout de de sa mosquée ne pouvant mention spéciale pour du travail diurne est au souffle, avec Sur la planche, accueillir tous les fidèles en Zahra Addioui, boulever- contraire traité en plans qui en arabe dialectal veut ce jour de l’Aïd. Son prêche sante dans le rôle de la fixes larges, trop large ? dire sur la corde raide, affirme que le respect et la mère et qui n’avait jamais d’une blancheur surexpo- nous avons sous les yeux partage sont des valeurs fait de cinéma. sée, presque limite. On une écriture hachée, essentielles de l’islam, et il Philippe Faucon signe une invite les fidèles à la pureté, réalisation, tranchante, effi- non seulement à la mos- cace, aussi loin du docu- quée, mais aussi au travail mentaire, du film à dossier et au quartier. Après avoir que du film d’action, même balayé la foule de fidèles, la si la dernière scène est par- caméra isole Djamel, dont ticulièrement prenante : le la dureté du regard laisse mécanisme d’embrigade- supposer qu’il n’est pas ment est patiemment mis à d’accord avec une telle jour. Cependant la linéarité vision de l’islam : Ali sera, du scénario ne peut rendre avec Nasser et Nico – un totalement compte de la français converti à l’Islam – durée de maturation de cet la proie du subtil rabatteur embrigadement. C’est sans Djamel. doute une limite du film Tout Arabe est un terroriste pour certains qui le trouve- en puissance et cette ront alors trop schémati- image se cristallise face à que. En revanche, à la la menace terroriste issue manière des films de Jean- du 11 septembre. Seule Luc Godard des années une réponse humaine per- 60, le film était comme mettant aux personnages annonciateur des événe- cinématographiques d’exis- ments récents de Toulouse ter en esprit et en chair, et de Montauban : l’actua- peut démonter le cliché, le lité des parcours de Saifia Issami dans Sur la planche de Leïla Kilani stéréotype. C’est la Mohamed Merah fut précé- manière efficace par dée de la fiction de La pense à la manière de filmer faussement désordonnée laquelle procède le réalisa- Désintégration. des frères Dardenne avec qui résonne comme un cri teur. Ali et ses compères On voit ainsi comment ces moins de maîtrise, mais de colère et de douleur. Un sont le contraire des tueurs deux films se parlent de avec la même attention film coup de poing d’autant à gages ou des monstres chaque côté des rives de la pour l’énergie des actrices plus troublant, que sa rage, dont on fantasme dans les méditerranée ou plus exac- et avec, à mes yeux, une sa révolte sont en réso- médias : ils conservent tement comment ils parlent réussite similaire. nance avec les récentes leur faiblesse jusqu’au de nous au présent, certes Car je souscris à ce qu’en révolutions arabes qu’il a bout. Les comprendre n’im- loin du divertissement, dit le journal Le Monde : pourtant précédé. Au plique ni de leur pardonner mais dans la complexité « Ce film bancal, d’une lyrisme du traitement caméra ni de les déresponsabiliser. actuelle avec laquelle nous imperfection désirable, de Sur la planche s’oppose Philippe Faucon laisse le devons faire, que ça nous recèle de fait une magie la forme classique, sobre, spectateur libre, en plaise ou pas. noire susceptible de calculée mais au combien somme, de se faire son Dominique Bloch, conquérir le cœur du public : efficace, qu’affectionne propre jugement. membre du Bureau et du pêche d’enfer, gang de jeu- Philipe Faucon dans ses Mélangeant des acteurs Département Production Réalisation de la CST nes actrices explosives, films et tout autant dans La inconnus, professionnels © Photos : DR hold-up poétique. Ajoutez à Désintégration. ou pas, il filme près de l’os, cela le jus d’un polar social Le film commence par le en scrutant les visages branché sur la ligne à haute regard que porte à travers dans des plans fixes et tension du printemps arabe sa fenêtre, une femme sans perdre une miette de et vous obtenez cette sorte voilée – la mère d’Ali – sur cette lente et fatale mani- de petit diamant brut. » la prière organisée par pulation. Autour de Rashid Entre nos propres films l’imam local au pied de son Debbouze, les comédiens

25 Claude Miller a disparu. Nous avons appris son décès avec une grande tristesse. Claude Miller était bien sûr un cinéaste majeur et exigeant du cinéma français, mais aussi un homme de sensibilité et de conviction. Il a toujours participé à la défense du cinéma français et international et a su mettre en valeur d’autres cinéastes, jeunes ou peu connus lorsqu’il rencontrait de nouveaux talents. Claude a été administrateur de la SACD de 2002 à 2009 et président de L’ARP en 1998 et 1999. Il a aussi assuré pendant longtemps la gérance de l’EURL détenu par l’ARP et gérant le Cinéma des Cinéastes. Dirigeant ces cinémas de 1996 à 2006, j’ai toujours vu Claude militer pour que cette salle devienne et reste un lieu d’échange et de culture cinématographique ouvert aux autres arts. Il a toujours défendu l’audace et l’aventure plutôt que le confort des sentiers battus. Il a toujours été présent lorsque j’ai eu à solliciter son aide. Bien sûr il manquera au cinéma français et à tous ceux qui, comme moi, ont partager un bout de chemin avec lui. Toutes nos pensées vont aussi à sa femme, son fils et sa famille, comme à ses proches.

HOMMAGE Laurent Hébert, Délégué Général

© Photos : DR

Filmographie : • 1975 La Meilleure Façon de marcher • 1977 Dites-lui que je l’aime • 1981 Garde à Vue (film récompensé en 1981 par le Grand Prix du cinéma Louis Lumière, le Prix Méliès, le Prix du meilleur scénario du Festival de Montréal et trois César) • 1982 Mortelle Randonnée • 1985 L’Effrontée (film récompensé par le Prix Louis Delluc et en 1986 par deux César) • 1988 La Petite Voleuse (Prix Méliès en 1988) • 1992 L’Accompagnatrice • 1993-1994 Le Sourire • 1998 La Classe de neige (film récompensé en 1998 par le Prix du Jury du Festival de Cannes et l’Ange d’Or au Festival de Florence) • 1999 La Chambre des magiciennes (Prix de la Critique Internationale au Festival de Berlin 2000) • 2000- 2001 Betty Fisher et autres histoires (film récompensé en 2001 par le Prix de la Critique Internationale – FIPRESCI à Montréal ainsi que le Prix d’interprétation : , , Mathilde Seigner, Silver Hugo de la Meilleure actrice décerné à Sandrine Kiberlain et Nicole Garcia Chicago 2001, Mention Spéciale au Festival de Florence 2001, Prix de l’Association de Belgrade des Journalistes et des Critiques de Cinéma Belgrade 2001) • 2002-2003 La Petite Lili • 2007 Un secret (film récompensé par le Prix Jacques Prévert de la meilleure adaptation, César de la meilleure actrice dans un second rôle décerné à Julie Depardieu, Swann d’or du meilleur acteur remis à Patrick Bruel et Globe de cristal de la meilleure actrice remis à Cécile de France) • 2009 Je suis heureux que ma mère soit vivante. droit de réponse… Lettre 138

◗ Ça devait arriver ! nos partenaires La Lettre de la CST n’avait jusque là pas encore eu son “droit de réponse” et nous étions un peu déçu. Une demande de droit de réponse, c’est comme figurer dans le Canard enchaîné (même en mal), c’est le début de la réussite. Donc, nous l’avons eu. Et dans toute sa www.angenieux.com splendeur ! Rendez-vous compte, dans La Lettre N°137, nous avions rendu compte d’une conférence de la Cinémathèque Française sur le steadicam en citant un extrait de l’intervention de Monsieur Noël Véry qui stipulait : « Merci à Jacques Monge qui a eu l’idée très simple mais avisée, de rajouter des caoutchoucs pour renforcer www.barco.com le bras qui s’effondrait sous le poids de la BL4.» Patatras ! Nous avons pris des risques inconsidérés en reprenant cette phrase de Monsieur Véry citant Monsieur www.christiedigital.com Monge. Ce dernier nous a écrit deux fois et en recommandée pour exiger de nous un droit de réponse ! Je passe les rappels plutôt procéduriers de ses courriers, citant la loi et ses interprétations, Monsieur Monge nous explique entre autre que : www.digimage-france.com « Si l’homme que je suis réagit avec cette fermeté-là c’est que La Lettre de la CST est une publication de référence, nationale et internationale (Merci pour ce passage !). Je ne peux y laisser publier mon nom assorti d’une citation qui porte une grave atteinte à ma www.doremilabs.com conscience et ma vie professionnelles, une offense, sans vouloir y répondre (…) Je souhaite sincèrement que la CST et moi même sortions de ce qui ressemble à une impasse. » Sortons donc de “l’impasse” et passons le texte de réponse de Monsieur Monge. Toute fois pas dans son www.eclair.fr ensemble car Monsieur Monge, dans sa propre réponse, parle au nom de tous les steadicameurs, cite trois autres personnes en les mêlant à ses propres remarques sur www.fujifilm.fr des sujets par ailleurs assez éloignés de celui incriminé, réfute un avis technique de Monsieur Véry, et cite une marque bien connue qui pourrait réagir ! Nous ne voudrions tout de même pas avoir des droits de réponses de ces personnes citées dans le droit de www.gdc-tech.com réponse de Monsieur Monge (la loi nous permet d’ailleurs dans ce cas là, de ne pas faire paraître de droit de réponse, mais nous faisons paraître quand même ce qui peut l’être)…Voici donc la partie éditable du texte de www.motionkodak.com Monsieur Monge : « Je démens donc avoir jamais eu l’idée de rajouter des caoutchoucs pour renforcer le bras pour ce type de Caméra (BL4).» Dont acte, donc. Ce n’est donc pas Monsieur Monge www.panavision.fr qui a eu cette idée. Par ailleurs, j’espère que Monsieur Monge nous permettra de dire qu’il était un grand steadicameur, membre de l’association française des cadreurs et cadreuses steadicam et membre de la “Steadicam Operators Association”. www.smartjog.com

www.sony.fr Assemblée générale élective de la CST mardi 26 juin - Espace Pierre Cardin

L’année 2012 est une année d’importance pour notre association. Importante parce que nos professions évoluent, tant en terme de technologies qu’en terme de pratiques professionnelles. Importante parce que pour la première fois depuis longtemps, nous avons su faire cause commune avec les auteurs les réalisateurs et les chefs opérateurs de l’AFC pour faire valoir notre vision du cinéma et du respect des œuvres, notamment concernant la projection des films sur les écrans dits : “métallisés”. Importante parce que nous avons fait avancer l’idée d’une CST d’adhérents, une technique au service de l’art tant en cinéma que concernant les autres médias de l’image et du son. Mais importante aussi parce que se renouvelle cette année la liste des administrateurs élus par liste. Rappelons donc que les mandats des administrateurs élus par les Départements, par le collège des membres associés et par les salariés sont de deux ans. Celui des administrateurs élus par liste en assemblée générale est de trois ans. Cette année 2012, le mandat des administrateurs élus par liste en 2009 prend donc fin et nous allons devoir élire une nouvelle liste d’administrateurs. Rappelons aussi que la règle édictée par nos statuts indique que la liste doit comporter autant de candidats que de respon- sables de Départements. Et que depuis 2009, il y a eu une réforme des Départements ramenant leur nombre de 8 à 5, avec deux responsables par Département. Par conséquent, nous avions en 2009, une liste de 8 candidats et 3 suppléants. Nous aurons en 2012, une liste de 10 candidats et 3 suppléants. Lors de l’assemblée générale, plusieurs listes peuvent bien sûr être présentées à vos suffrages. Les listes doivent être déposées au plus tard, 4 semaines avant la tenue de l’assemblée générale, soit le mardi 29 mai 2012, au siège de l’association, accom- pagnée de son programme. Chaque liste doit donc comporter 10 candidats et 3 suppléants. Ceux-ci devront, le ( mieux possible, représenter la diversité de notre association en matière de pratiques professionnelles. Chaque liste doit être conduite par un candidat qui, si la liste est élue, sera le président de l’association, du conseil d’administration et du bureau. Le deuxième candidat de la liste – si elle remporte les suffrages de nos adhérents – sera vice-président de l’association, du conseil d’administration et du bureau de l’association. Au-delà du déroulement de ces élections, l’enjeu est bien sûr d’assurer la continuité et l’évolution de la CST, la qualité de nos réflexions, interventions et de notre travail. Il est aussi nécessaire de consolider nos liens avec les institutions et associations du cinéma et de l’audiovisuel, en France comme à l’étranger. Il faut assurer la bonne communication de nos activités, l’organisation de nos évènements professionnels, et la direction techniques des festivals comme Cannes et Annecy. Notre association doit être le lieu des échanges entre artistes techniciens, un lieu de solidarité et de défense de la qualité et de l’innovation. Nos administrateurs comme notre président devront donc représenter au mieux la nature et les missions qui sont les nôtres.

Laurent Hébert, délégué général