Lucien Lelong est l'auteur des costumes de a Paméla ». C'est Christian Pior qui a fait pour Renée Saint-Cyr la maquette de cette robe de salin QUATRE ANS DE LA ROBE C'EST LA STAR caramel clair dont le mouvement de drapé se poursuit dans le dos... Dans tout l'arsenal de "leurs séductions inévitables, la robe est la zrande armé des vedettes. Ce miracle qui fait d'une même femme l'ingénue ou la vamp, la joyeuse ou la pathétique appartient au couturier et c'est à lui de parler pour révéler sa science comme un alchimiste qui vendrait ses secrets. Jacques Fath habille Michèle CINÉMA FRANÇAIS Alfa, Oaby Audreu, Suzy Carrier, Marie Déa. Martine Carol Aux femmes du type de Michèle Alfa, il conseille le « sport habillé » à la ville et pour le dmer, la maison, la grande robe, la ligne et les drapés. Des recher- ches excentriques peuvent être supportées par ces femmes au charme très spécial mais doivent rester très pures... par Alexandre ARNOUX Pour l'écran Jacques Fath préconise des recherches spéciales de forme qui tendent à créer un style qui ne se démode pas. Il faut que la vedette puisse, pendant les quelques années que passera le film ne pas provoquer le rire qu'une e ne veux pas essayer d'établir ce que peut réaliser la propagande mode outrée déclenche. un palmarès, ce serait à la .morale quand elle ne se confine Heim au contraire, trouve qu'une femme élégante à la ville est élégante à fois fastidieux et inutile; je pas dans le conformisme fade et l'écran et qu'il suffit de choisir avec discernement dans une collection. Heim J ne veux considérer que quel- la convention. La Nuit fantastique, habille Blanchette Brunoy, Corinne Luchaire, Mila Parely, Juliette Faber. ques, faits, les principaux, et ten- de Marcel l'Herbier, se retrempe Pour ces jeunes femmes de types différents mais de jeunesse égale, sont pré- ter de dégager quelques idées gé- aux sources pures du cinéma et conisés les contrastes de ton, les lignes sobres et nettes. Blanchette Brunoy notam- nérales, quelques conclusions que joue merveilleusement avec la ment porte beaucoup de tailleurs dont la simplicité se rehausse de broderies ou l'évidence impose, faire le point à poésie et la surprise de l'image. d'applications. un moment mort, ou presque, et Douce, d'Autant-Lara, pour les faquin habille Oaby Morlay, Gisèle Pascal, Germaine Rouer, Jacqueline Delu- sonder prudemment l'avenir. trois premiers quarts du moins, bac et Josselyne Gaël. est une assez rare réussite de con- Pour cette dernière, aux femmes qui ont son type de vamp blonde, il conseille | On aurait pu croire, il y a qua- venance, de propriété, dans une une grande fantaisie, de la hardiesse dans les ampleurs de jupe ou de manches tre ans, le cinéma français à l'ago- gamine un peu sourde mais déli- et des oppositions franches de couleurs. nie, ou du moins si gravement cate. Daquin, avec Premier de Cor- iPaquin habille ses clientes pour l'écran exactement comme à la ville, compte touché qu'il mettrait à renaître, à dée, confirme ses dons de puissan- tenu de l'atmosp'nère ,du film et du genre de- rôle. reprendre le souffle, de longs ce; voilà un homme qui ne devra mois, des lustres peut-être. On Lucien Lelong, se lîvre pour l'écran à des recherches qui tendent à accentuer pas craindre le plein air, la na- le caractère des robes de ville : revers plus larges, garnitures plus impor- sait les conditions et les causes de ture libre et les sujets durs, élé- tantes, dessins plus grands et couleurs plus claires, choisies pour leurs qualités sa léthargie, je ne reviendrai pas mentaires. Grémillon, qui nous photogéniques. Il habille Renée Saint-Cyr, Renée Faure, Sophie Demarest. Yvette sur ce cruel sujet. Et l'événement avait donné Lumière d'été, comé- Lebon... semblait en effet confirmer l'opi- die fouillée et d'une sorte de per- nion des raisonnables, des pessi- Pour les femmes du type de cette dernière, elles auront intérêt, d'après Lucien versité agressive et colorée, trouve Lelong, à porter la taille très serrée, la jupe très ample et des couleurs très mistes Une série de bandes de sans doute dans Le ciel est à vous fortuné, d'infortune plutôt, amor- violentes. Des tons que les femmes ordinaires ne supportent pas sont aisément l'occasion de son chef-d'œuvre, de phes, routinières, d'une plate bas- portés par Yvette Lebon notamment le bleu vif et le vert éclatant. son épreuve de maîtrise; l'am- sesse commerciale, pauvres d'in- Quant à Nina Ricci qui habille Suzet Maïs, Suzy Delair. Micheline Presles, pleur, la générosité de la matière vention et de technique, de qualité Irène Corday, Nina Ricci conseille de porter la robe-manteau extrêmement simple rencontrent en lui un ouvrier et nulle C'était à désespérer. De cette et le tailleur. Ainsi Suzy Delair ne porte jamais que des robes d'après-midi. un poète qui les domine avec ai- médiocrité surnagent cependant Jacques Costet, dessinateur modéliste et professeur de couture à l'écran, sance et grandeur. Le Corbeau de deux films qui possèdent de la n'est pas favorable aux détails mais plutôt à l'exagération des valeurs. Clouzot, qui a pour thème les ra- classe, Remorques et la Piste du vages et la contagion de la lettre i Nord, mais ces exceptions, au lieu anonyme au cœur d'une petite vil- de nous consoler, nous accablent, le, thème ténébreux et pénible, car ces ouvrages ont été tournés brille par son accent noir, sans avant les catastrophes; ils nous concessions, sa netteté angoissante font mesurer une déchéance qui et sa vertu d'hallucination. Les Vi- paraît irrémédiable, dont le remè- siteurs du soir, de Carné, ont pro- de n'agira, s'il agit, qu'à long ter- voqué des controverses ; ils les me. valent ; la nouveauté, la hardies- Une lueur pourtant, contre toute se de leur conception, la virtuosi- attente, brille bientôt et nous té de leur exécution les placent au étonne; nous refusons d'abord, nombre des films qui font date. aveuglés par les navets mornes, Goupi-mains-rouges, hausse d'un de croire qu'elle durera, qu'elle ne coup au premier rang un metteur s'éteindra -pas aussitôt. Mais non. en scène sur lequel nous devons Une sorte de renaissance s'affirme, beaucoup compter, Becker ; sa nous avons donc des hommes ca- personnalité savoureuse, la largeur pables de concevoir un scénario, de. son métier frappent et ravis- des artisans pourvus de conscien- sent ; un vrai manieur de caméra, ce et d'un métier solide. Sans dou- un burincur de tableaux et de ca- te ne faut-il pas crier encore vic- ractères. toire, ne pas se laisser prendre Il faut aiouter enfin l'entrée à un feu peut-être passager. Pour- dans la pellicule, pour ainsi di- tant, après l'Assassinat du Père re, d'écrivains de premier rang, Noël, de Christian-Jaque et P. et non pas en amateurs d'un jour, Véry, nous applaudissons Nous, mais en ouvriers, en gens décidés les gosses, ouvrage de grande qua- à mettre la main à la pâte. Cet lité qui nous révèle un metteur événement, qui n'innove pas, qui, en scène nouveau, plein de robus- plutôt, conclut, qui aboutit au tesse et de rythme, Daquin. Dans mariage de la littérature vraie et la production courante même, en de l'écran, peut avoir les plus im- dépit de beaucoup de faiblesses, portantes, les plus heureuses con- un renouveau se manifeste; beau- séquences. Giraudoux, disparu hé- coup de films atteignent le plus las ! à marqué de sa griffe les honorable niveau, et, tournés avec Anqes da péché, œuvre discutable, des ressources modestes, sans ex- précieuse et attachante ; Cocteau cès de recherches, car les circons- a eu l'audace, avec l'Eternel Re- tances leur mesurent le temps et tour, de renouveler en moderne- l'argent, Ils démontrent par leur le conte d'amour de Tristan ei Existence que l'écran français sur- Iseult d'Incorporer à l'écran un vit, échappe aux abîmes, que, si des plus beaux de nos vieux my- son génie d'innovation demeure en thes légendaires. Entreprise péril- veilleuse, sa sève ne tarit nas ce- leuse; il y fallait un artiste et pendant et conserve intactes, un particulièrement doué pour l'écran. peu cachées, ces réserves de résur- Je m'excuse des oublis, je n'ai rection et d'épanouissement. Cite- pas voulu une énumération. Au raî-je le Briseur de chaînes, le bout de ouatre années qui pou- Dernier des Six, Pontcarral. le vaient précipiter le cinéma fran- Marlaqe '"e Chiffon, comédie fort çais à l'anéantissement, constatons vive, la Symphonie fantastiaue ? qu'il respire, qu'il a conservé de Vous complétez vous-mêmes la la chaleur et de l'action, qu'il est liste par les Monte-Cristo, les en marche, on le sent confusément, l'Inévitable Monsieur Dubois, à la vers un style et qu'il a, par son populaire carrière, et d'autres. courage, sa volonté de vie . et de Ouelques bandes dépassent sin- redressement, surmonté l'adversi- gulièrement ce que nous aurions té, la pénurie, qu'il a le droit Pcrquin habillé Odette Joyeux de coite robe de dîner, au corsage .a collection Heim est très suivie par les Jeunes ■ a Maris Denis, la nouvelle Mimi de la « Vie de Bohème », porte avec aisance pu espérer ; des efforts patients et d'envisager les plus hautes tâches. précient particulièrement le rayon Heim jeunes filles. maria* ei à la Jupe froncée 'multicolore, dont la simplicité si la robes, de style et robes du soir. hardis, des entreprises originales Ne l'adulons nas, discernons ses Jeunesse siéent à la fraîcheur eniantine. Mila Parély a choisi cette robe en toile imprimée dont la iorme ont été couronnés de succès. Ré- lacunes, ce qui lui manque, mais paysanne donne une impression très grande de vacances et d'été. cemment le Carrefour flVî enfants rendons-lui la justice qui lui est perdus de Joannon témoignait de due. I LES CREATEURS LES FILMS "ETAPE" PAR PIERRE LEPROHON LES METTEURS EN SCENE Voici la nouvelle équipe du cinéma français. Ce n'est pas que nous ou- Les nouvelles tendances du G néma français... blions ceux qui, riches d'un passé char- gé d'oeuvres, continuèrent de poursui- vre leur tâche : Grémillon, L'Herbier et sous des formes absolument différentes. Intelli- gence aiguë de L'Herbier, émotion et plastique quelques autres- NE récente statistique établit à 220, le Roland Tuai. Recherche de poésie à travers de Carné, sensibilité frémissante de Delannoy, Mais il nous a paru nécessaire de nombre des films français réalisés de- une fiction qui eût demandé plus de souplesse chacun de ces efforts marque un style, et ce mettre en vedette les « jeunes » qui se puis l'armistice. Dans ce chiffre sont et d'irréalité. Il n'y avait pas encore là de qui importe, c'est de voir le cinéma irançais U comprises les 20 ou 25 productions réa- quoi heurter beaucoup les poncifs du cinéma s'orienter ainsi vers une expression en laquelle sont révélés depuis la guerre et qui lisées en 1940-1941 en zone sud. Ii reste donc commercial, quand brusquement Marcel l'Her- il peut prouver ses caractéristiques essentielles, nous ont donné déjà mieux que des deux cents films environ représentant la pro- bier faisait sa rentrée avec La Nuit fantasti- sa forme propre. promesses. Ils tiennent, dans la produc- duction des studios de Paris, de février 1941 que, et semblait concrétiser dans cette œuvre Est-ce dire que cette tendance à jouer hors (date de la reprise), à'ce jour, soit trois ans les aspirations déjà révélées par les films de des limites du monde réel assure au cinéma des tion de ces quatre années, une place et demi de travail. Christian-Jaque et de Roland Tuai. certitudes ? Il n'y a pas, il n'y aura jamais, que trop de leurs aînés laissaient vide. C'est là, étant données les circonstances, un Marcel ' l'Herbier, résolument, coupait les précellence d'un genre sur les autres. Celui-ci a C'est à eux, en grande partie, que le assez beau résultat. On comprit dès le début ponts avec la banalité. Il entrait de plain-pied déjà montré qu'il pouvait se tromper : témoin : cinéma irançais doit d'exister aujour- qu'il s'agissait avant tout de rendre à une in- dans le domaine du rêve, non d'un rêve do- Le Loup des Malveneur, Le Baron fantôme. dustrie menacée sa vitalité. On ne fut guère miné par les obscures manifestations de l'in- Adieu... Léonard. Et l'erreur est d'autant plus d'hui encore, et même d'avoir décou- difficile sur le choix des moyens, non plus que conscient, mais d'un rêve conduit avec liberté • gênante que les prétentions sont apparentes. vert quelques voies sur lesquelles har- sur la valeur des résultats. Cette production, et fantaisie par les chemins les plus joyeux. Il faut donc considérer comme bienfaisant le diment il peut établir son avenir. qui allait se heurter à des difficultés toujours C'est Philippe Soupault, je crois bien, qui di- courant qui se manifesta avec Goupi, mains rou- / plus grandes, pouvait très bien poursuivre sait autrefois « le comique est très proche ges, Les Anges du péché et enfin Le Ciel est à ainsi tant bien que mal, se contenter de vivre de ce que nous nommons aujourd'hui la poé- vous. Il semble, 3 première vue, que ces œuvres MARCEL CARNE pour 1er-satisfaction d'un public d'autant moins sie ». Le film de l'Herbier pourrait iournir différentes, mais d'un esprit assez comparable, exigeant que les divertissements devenaient l'illustration parfaite de cette pensée. Sous la tendent à ramener le film français vers une li- rares. forme burlesque de La Nuit Fantastique/ une gne plus réaliste. Et, par leur sujet et par leur Créateur d'atmosphère. On put croire un certain temps que ce serait poésie subtile ne cesse de courir. Elle guide expression ils paraissent aller à rencontre de la N 1930, Marcel Carné réalisait son pre- Si Marcel Carné est un metteur en «scène là toute l'ambition de nos cinéastes. Mais l'action et le jeu des interprètes, elle enve- fantaisie poétique qui les précéda. Qu'on ne s'y mier film, un film documentaire, Nû- de classe, c'est certainement celui qui est le c'était méconnaître la qualité de certains ca- loppe les images et conduit leur rythme, Or, trompe pas, cependant. Il y a à la base de ces E gent Eldorado du dimanche . plus exigeant. ractères. En dépit des circonstances, ceux-ci en dépit de quelques divergences d'opinion trois derniers films, un sens d'observation, un sou- En 1936, il réalise Jenny. En 1937, Dur pour lui-même, il l'est aussi pour entendaient bien travailler, sur le pian ciné- fort justifiables, La Nuit fantastique fut accueil- ci du détail juste qui donnent aux thèmes choi- Drôle de drame. En 1938, Quai des Brumes tous ses collaborateurs qu'il met à rude matographique, à la réalisation de leurs con- lie avec faveur. On reprend aujourd'hui ce sis une qualité humaine parfois bouleversante. et Hôtel du Nord. En 1939, Le Jour se lève. épreuve, tout autant que le producteur. Ses ceptions artistiques et ne pas se contenter de film dans les salles de quartier. Le public Mais sous cette émotion sentimentale transparais- En 1942, Les Visiteurs du soir. En 1943, Les colères sont proverbiales mais au demeu- tourner du « tout-venant », sans risque et sans français -serait-il enfin sensible à une tonne sent des aspirations qui la sublimisent et la dé- Enfants du paradis. rant, c'est le meilleur homme du monde, sa- gloire. Il y avait là des jeunes que l'avant- libérée des moules courants ? passent singulièrement. C'est dans Croupi, l'ins- Avec sept films, il se classe en tête des chant ce qu'il veut et le sachant bien. guerre venait juste de sortir du rang : d'au- Il serait intéressant de rechercher les rai- tinct paysan de la durée, dans Les Anges du pé- réalisateurs français. Un trait caractéristique de Marcel Carné tres qui n'attendaient que l'occasion pour se sons de cette évolution au moment où tant ché, la soif de charité d'Anne-Marie, dans Le Dans cette nouvelle école du cinéma fran- est son souci de précision dans la prépa- révéler ; enfin quelques pionniers de jadis, de soucis pèsent sur notre esprit. Réaction, sans Ciel est à vous la passion des Gauthier pour çais, née de la guerre, Marcel Carné fait ration d'un fltm. toujours sur la brèche. doute, mais peut-être aussi la patiente victoire l'aviation. Ces existences nous touchent par la bande à part. Devenu maître, il n'a pas Lorsqu'il a terminé son découpage, son film d'élèves, et si son influence est considérable, est à moitié réalisé. Et sur le plateau il n'y Et voici comment on vit paraître, au milieu de ceux qui travaillent depuis si longtemps grandeur de leur sens intérieur, de leur vérita- personne pourtant ne l'imite. Il faut noter du flot habituel des comédies sentimentales pour faire admettre au cinéma auire chose que ble destinée. Ce serait donc en méconnaître l'es- a plus qu'à suivre à la lettre les indications que l'influence de Carné se trouve renforcée du découpage technique. et des drames psychologiques, une œuvre ori- des redites. Quoi qu'il en soit, cette tendance sence même que de parler à leur propos de réa- par sa collaboration avec le scénariste J. ginale et fraîche : L'Assassinat du Père Noël, poétique est le premier élément-type à rele- lisme. Partant de lui, elles rejoignent l'effort d'un Toute la mise en scène est si bien ponc- Prévert. tuée, que même le maître absent il ne man- et six mois plus tard La Symphonie fantastïqiue. ver dans la production de ces quatre années Carné, d'un Delannoy, pour hausser le cinéma à Son film Les Visiteurs du soir est un chef- Ces deux filins étaient signés par Christian- de guerre. L'élan donné par les films que nous l'expression de l'éternel sans quoi il n'est pas querait pas une virgule dans les plans à d'œuvre. Il n'est malheureusement pas pos- tourner. Jaque. Ils n'apportaient pas seulement la preu- venons de citer allait se développer en plu- de poésie ni d'art véritables. sible au grand public de voir pour l'instant ve d'un tempérament cinématographique In- sieurs directions, et c'est à lui que l'on peut son dernier film, Les Enfants du paradis. Maintenant si vo,us entendez quelque mé- discutable, mais aussi, dans le sujet même Marcel Carné est revenu à. ses anciennes chante langue, car il y a toujours des ja- rattacher — en dépit des apparences diamé- loux, dites-vous bien que ce petit homme du premier, dans le ton lyrique avec lequel trialement opposées — des œuvres comme Les conceptions de Quai des Brumes et du Jour se lève. Mais ses qualités se sont affinmées et est un grand bonhomme qui a bien mérité de IQyt *% l'apparition féerique de Micheline était traité le second, un élément assez neui. Visiteurs du Soir et même l'Eternel Retour. Poé- yf « Le Ciel est à vous... » la passion l'art qu'il sert avec passion. WW^^Jk Presle dans «La Nuit fantastique», Les données sentimentales — matière coutu- sie plus intérieure, moins brillante, mais plus c'est un maître incontesté de l'atmosphère qui mW^^f^W dans la vie quotidienne, l'héroïsme se dévoile ici. Alain POL. donne l'essor à un nouveau « climat » mière du film —■ s'effaçaient enfin sous une profonde, s'orientant vers le merveilleux ou atmosphère, sous "un « style », qui tendaient vers l'éternel, mais d'égale qualité. authentique d'une famille française. cinématographique. nettement à s'écarter du réalisme. On allait re- Entre le faux rêve de la nuit des halles, l'en- trouver l'un et l'autre dans une œuvre de dé- chantement des envoyés du diable et le philtre , but, incomplète et un peu maladroite, mais amoureux de Patrick et Nathalie, il y a une JACQUES BECKER , CHRISTIAN-JAQUE néanmoins intéressante précisément par cet ef- parenté ^évidente d'intentions, une parenté fort de renouvellement : Le Lit à colonnes, de d'autant plus intéressante qu'elle s'exprime Il avait fait ses Le réalisateur du premières armes film est d'abord un peu de temps avant ouvrier qui doit la guerre. On ne connaître son outil, connaissait pas son la matière sur la- nom. Seuls, les quelle il aura à tra- gens de métier sa- vailler. Venu au ci- vaient avec quelle néma par la décora- conscience il tra- tion, Christian-Ja- vaillait. Il atten- que comprit Immé- dait sa chance, pa- diatement qu'il ne tiemment. | s'agissait pas de Cette chance, ce s'enfermer dans les fut Dernier Atout. théories, de faire Des producteurs jeunes et compréhen- le l'art pur, mais auparavant d apprendre sifs, un scénario habilement construit. un métier difficile. Des interprètes « malléables ». Avec Il tourna avant la guerre une quan- cela on fait un film, Becker le prouvait tité de films dits « commerciaux ». Chris- d'emblée. Un film un peu superficiel, tian-Jaque ne renie pas ces œuvres mé- mais du travail de virtuage : pas de diocres. Elles lui ont permis d'acquérir trous, pas de longueurs, un mouvement une connaissance technique indispensa- fou, de l'action... Du cinéma! ble : travailler vite, sans bavure, sans Son second film : Goupl-Muinn-rouges. hésitation... Non plus le film d'un jeune, mais d'un « On ne bâtit que sur un plan, dit maître. Une œuvre solide, dure, sans dé- Christian-Jaque, on n'improvise pas ; un faut. Une construction logique, équili- film se construit matériellement comme brée, sans vains effets, sans fioritures. une maison et se compose comme un ta- Une réussite parfaite dans le genre le plus décrié et le plus difficile : le film bleau. » paysan. U fut le premier après, l'armistice à Maintenant Jacques Becker monte sortir un film intéressant : l'Assassinat Falbala». Il a le goût des contrastes. Il du Père Noël. Il se révéla définitivement se fait la main. Ce ne sera pas l'homme avec . d'un sujet, d'une formule. U sut être ha- Il n'a pas jeté son meilleur atout : bile dans le policier, réaliste dans le Carmen. Mais on sait déjà que ce film, drame. Il saura être ailleurs léger ou sur lequel il a passé plus d'un an, comp- gracieux. Mais il a sa manière : c'est tera parmi les plus importants de la de dire exactement ce qu'il veut dire. production de guerre. IQ/I 3> Marie Déa et Alain Cuny ou le triomphe de l'amour, dans « Les MW*w9 Visiteurs du Soir... », la poésie se développe parallèlement à l'observation réaliste qui semble avoir guidé Jacques Becker dans « Goupi- Mains-rouees », dont on voit ci-dessus une image caractéristique. \ (Photos U. T. C Discina, Minerva et R. P/oauin.) LES CREATEURS f suite ) JEA3V DUJLA.VSOV CLAUDE AITAYI-LAHA REVANCHE [ E L'AUTEUR TECHNICIENS N° 1 Un homme très simple, un homme très par FRANC doux, un homme très sociable. C'est N artiste. U fit de la décoration, ROCHE Jean Delannoy. et même, au temps du muet, un film. Un tout petit film que l'on UAND le cinéma, éclos dans un petit sous- La pâtée de perles passerait aussi bien que Ce ne sont pas là les qualités essen- U sol, comme une grande fleur grise et in- tielles d'un metteur en scène, mais ce vit dans quelques salles « d'avant- la pâtée de son... QUATRE OPÉRATEURS, QUATRE STYLES quiétante foisonna sur le monde entier, sont celles d'un homme de bien. On se garde ». Cela s'appelait « Construire un L'Art devenait rentable. un art naissait, que l'on n'osait nommir Le cinéma français allait évoluer. plait à saluer un homme de bien, dans feu ». Le sujet en était tiré d'une nou- « art », soumis à deux seuls maîtres, impérieux le cinéma; ils sont si rares. Le grand coup fut porté par Les Visiteurs du velle de Jack London. eQt incertains, « le metteur en scène » et « l'opé- soir. Marcel Carné donnait le signal. Mais le Parlons maintenant de son talent de rateur ». metteur en scène. Jean Delannoy a réa- Puis on n'entendit plus beaucoup par- véritable triomphateur du mouvement de qua- lisé Pontoarral et ler d'Autant-Lara. On le retouva un iPour animer l'image, il avait fallu couper en lité déclenché c'était l'auteur. L'Eternel Retour. beau jour, après la guerre. Il tournait deux le p'hotographe d'art amateur de « sujets ». Cela est si vrai, que Carné, soucieux de pour- Ces films suffisent Composer un tableau et actionner un déclic suivre son effort, a gardé avec lui Prévert et « Le Mariage de Chiffon ». U avait trouvé n exige qu'un homme. Mais pour faire prome- Laroche, scénaristes et dialoguistes des Visiteurs, à sa gloire. son climat, son interprète, sa manière. Le premier révèle ner Charlemagne et sa cour, ou Ali-Baba et les pour son deuxième film. Les Entants du Paradis un métier sûr, pré- Dans un ton de fantaisie charmante, il quarante voleurs au long de 1.000 mètres de Carné d'ailleurs de longue date travaillait avec cis. Jean Delannoy apportait au nouveau cinéma français pellicule, le metteur en scène s'était créé : Prévert. (Voir Drôle de drame). connaît le sens à les vertus dont il devrait avoir le privi- c'était lui, l'esprit, l'opérateur était resté l'œil. Ce n'est pas ici le lieu de faire l'exégèse des donner aux images; Et cela dura jusqu'à ce oue' l'image parle. On œuvres de Prévert et Laroche, d'analyser leur lège : grâce, légèreté, émotion traversée appela alors un Monsieur peu tenté : l'auteur. poésie noire et sardonique. Ce n'est pas non il connaît le langa- d'esprit, finesse et poésie. Ce sont les Il écrivait des romans, ou des pièces dé théâ- plus ici le lieu de comparer ces deux noms à ge du cinéma. Un vertus mêmes de la tradition française. exemple suffira à tre.; La « Littérature », royaume séculaire, re- •celui de Jean Aurenche, qui concrétisa autour montrer sa science. Il fallut Douée pour dévoiler sous présentait seule le lieu de ses ambitions. Il avait de lui l'émulation des producteurs, désireux de Il procède par sug- l'habileté du réalisateur un fond amer et bien griffonné quelques scénarios et touché quel- suivre les traces d'André Paulvé et de Pierre puissant, l'ironie qui cingle, la pensée ques droits d'adaptation sur des romans, mais Guerlain qui, avec le Mariage de Chijjon, avait gestion — ce que donné, en léger, une qualité poétique inatten- beaucoup considèrent comme une for- sous le style. Ce style, on le trouve dans c'était surtout pour lui une question de men- sualités. due, (Lettres d'amour, Douce et d'innombrables mule trop intellectuelle. Po'ntcarral se la composition des images, dans leur en- adaptations attestent de cet engouement) ou à bat en duel. On ne verra que les prépa- De jeunes confrères d'avant-garde s'enthou- chaînement, dans lé\ jeu des acteurs, siasmaient pour des hommes et des bandes. On celui de Marc-Gilbert Sauvajon, qui, la saison ratifs. U joue du pistolet dans son jar- suivante, fit l'adaptation et les dialogues de din. Soudain sa femme apparaît à dans le ton. En voulez-vous un exem- écrivait sur Louis Delluc ou Jean Vigo... Jean ple ? La scène de l'ascenseur. Tout Cocteau avait tourné un film Le Sang du Poète six films tournés ou non. une fenêtre, un miroir à la main. Pont- Les qualités de Prévert, Aurenche et Sauva- Comme Hubert, Thirard et Lefèvre, Matras appartient On avait sacré depuis longtemps le cinéma Roger Hubert est le musicien des images. Maître des caïral tire, le miroir vole en éclats. On participe à la création de ce style : jon sont différentes. Prévert marque les bornes à la vieille école de nos opérateurs. Matras échappa sait qu'il atteindra son adversaire le les personnages, le « Septième Art ». Mais, le gros du bataillon transparences nacrées, des contrastes et des gri- des « gens sérieux » attendait de voir. du sombre et Sauvageon celles du léger. sailles, sachant donner une âme aux visages il est aux procédés... S'il les connaît il ne les laisse pas lendemain matin. Pas un mot. Pas de ' dialogue, le décor, Mais du choc de ces trois noms, sort l'étin- voir. Sa conception consiste à transposer la vérité Il vit assez rapidement. l'auteur des « Visiteur» du soir », de 1* « Eternel mise en scène. l'ambiance. Chacun celle nouvelle qui deviendra peut-être le flam- retour » (ci-dessus) et des « Enfants du Paradis ». dans une image et à recréer l'impression de vérité Jean Delannoy pouvait prêter son sans doute a joué Le cinéma français, après avoir donné les beau du cinéma français de demain : la poésie. Il a achevé une trilogie qui peut être donnée en artificiellement. Pour lui, il n'y a pas de vérité abso- talent à Jean Cocteau. plus belles promesses s'endormit un temps sous sa partie. Mais le Poésie que la transfiguration prévertienne, pres- exemple et le classe en tête des maîtres de la lue, mais une vérité transposée. Il a créé les images Avec L'Eternel Retour, il se surpasse. le narcotique puissant du vaudeville ou du con- que alchimique, du réel gris en ors inattendus, caméra. de « Pontcarral » (ci-dessus). On s'incline. L'intellectuel de Pont- tout est composé flit bourgeois, pour renaître bientôt. Feyder, Re- Poésie que le caprice doux-amer des drames carral brise ce qui le retenait encore au par le metteur en noir, Duvivier, d'autres, consacrés ou débutants, légers et dangereux des intrigues d'Aurenche, cinéma de mouvement, pour prendre son scène! C'est signé signaient des œuvres achevées où le dialogue, Poésie tantôt légère, tantôt mesurée ou tantôt essor... Cette fois, il est inspiré. Autant-Lara. associé, important et respecté, à condition qu'il dramatique, que l'inspiration de Sauvajon, dans L'inspiration, peu de metteurs en soit discret, exigeait des auteurs, dès lors pres- Promesse à l'inconnu, L'Inévitable M. Dubois ou scène possèdent ce don... Jean Delannoy que spécialisés... ■Voyage sans espoir. ne restera pas sur son triomphe... Mais à côté des grandes œuvres, des films que Poésie même, que la cruauté apparemment I on citait pour revendiquer en faveur du ciné- naturaliste de H.-O. Clouzot, qui se résout pour- ma français, une bonne place au festin, combien tant en Images symboliques d'une effrayante Pu- produisait^ de comédies, de théâtre filmé, de reté- gaudrioles où l'artilleur passait de la caserne Et comme la poésie avait droit de cité au au pensionnat,. et de « sujets » à thèse à la cinéma... Giraudoux et Jean Cocteau y signaient Bataille ou pseudo-Bernsteinien imposant à de grandes réussites... .. La trop chatoyante richesse du Giraudoux de 1 oreille des déclamations %dont le théâtre-ne voulait déjà plus. la Duchesse de Langeais, acquérait dans Les Vinrent la guerre, l'armistice et à leur suite, Anges du Péché, le « resserré » du langage ci- les conditions difficiles de travail. nématographique. Il faut contingenter la production. La restric- La virtuosité, toujours prête à s'adapter, de tion du nombre de films imposait de s'orienter Jean Cocteau-Protée, conquérait d'emblée dans vers la qualité. Le Baron Fantôme et surtout L'Eternel Retour, Pour reprendre un titre de revue, il fallait faire le public en même temps' que l'élite. « beaucoup dans peu ». Des palmarès sanctionnaient ces réussites. Le cinéma s'endort aujourd'hui, puisque pour Cette nécessité artistique se trouvait singu- lui, il fait nuit dans les studios... Mais le branle lièrement appuyée par un argument commercial. a été donné, qu'il retrouvera tout naturellement Le slogan, des distributeurs était il y a encore un à son réveil... an et demi : « N'importe quoi fait de l'ar- L'auteur a eu sa plus grande chance et la gent »... Nicolas Hayer choisit ses éclairages comme un impri- gardera, car cette chance est aussi celle du ci- Philippe Agostini débute et s'affirme. C'est l'homme Si le demi-navet a toujours gardé la palme des demi-teintes. Il jongle avec lès projecteurs, les meur les caractères qui conviennent le mieux au néma français. texte. Il compose des éclairages vraiB, en harmonie « commerciale », le vrai navet jadis plus diffi- La prééminence du cinéma français sur le caches, des papiers transparents, les noirs, comme cilement exploitable, se vendàit alors bien... Qui film étranger, qui a pour lui la puissance du Montagel. Il est fervent des taches de lumière, des avec l'esprit du scénario. On lui doit « Le Corbeau ». peut le « moins » peut le « plus ». nombre sera pour l'exploitation en France, celle ombres... Il étoffe les murs... Lui seul pouvait réus- « Je suis avec toi », a Le Capitaine Fracasse » (ci- Dès lors que le « mauvais » rapportait bien, du dialogue direct sur le doublage ou le sous- sir « Les Anges du péché », aux murs éternellement dessus), « Falbalas »... Il n'y a pas un style Hayer on pouvait essayer de faire du * très bien '»... titrage. , blancs. On lui doit surtout l'ambiance de « Douce » proprement dit. pour l'exploitation mondiale celle du climat poé- La Magie des mots a conquis sa place au (ci-dessus). tique sur le climat réaliste. cinéma : cette Magie Noire et Blanche. C'est parfois en corrigeant MALGRÉ LA PÉNURIE les défauts de la pellicule DE GRANDS DÉCORS LEUR CINEMA qu'ils ont trouvé leur art Depuis la guerre, les décorateurs qui se dou- blent d'architectes doivent tout faire avec rien, URANT ces quatre années de cinéma, respecter leur budget, alors que le moindre clou N'EST PAS LE NOTRE il n'y a pas eu de progrès techni- vaut une petite somme, quand on le trouve! D ques dans la prise de vues. La Et pourtant depuis quatre ans les décorateurs guerre en est la cause. nous ont fait des décors somptueux. Ils ont Parmi les noms des créateurs, trois se déga- Si cependant la qualité des images a même créé en studio ce que l'objectif ne pou- progressé, c'est peut-être la consé- vait plus aller prendre sur place. (Voyage sans gent : Sacha Guitry, Jean Anouilh et Jean Cocteau. quence de la mauvaise fabrication de la espoir/ Je suis avec toi, Tornavara, Monte-Cristo.) Tous trois sont des transfuges du théâtre. Ils pellicule actuelle. Celle-ci a obligé les Les décors de ces quatre années ont apporte s'écartent des autres parce qu'ils ne font pas du opérateurs à rechercher des éclairages du luxe, de la grandeur, et de la vérité. On nouveaux et à créer l'ambiance recher- a vu apparaître des plafonds, chose qui n'existait cinéma comme les autres. Celui qui s'en rappro- pas avant la guerre. On a vu une collaboration che le plus est Jean Cocteau. Il s'est signalé déjà chée en atténuant les défauts inhérents beaucoup plus étroite entre le chef opérateur et par la réalisation du Sang du Poète, qu'on aime- au film négatif et positif. Ces difficultés le chef décorateur. On a développé le système rait revoir actuellement, après L'Eternel Retour. dont plusieurs opérateurs ont triomphé qui consiste à prendre tout un film dans le même ont contribué, pour une grosse part, à studio. Leur personnalité est si forte, qu'aucune de la qualité du film français. Dans cette Un des traits dominants des décorateurs ac- leurs oeuvres cinématographiques n'est indiffé- pléiade d'artistes souvent méconnus du tuels est leur souci d'économie dans tout ce qui rente. JEAN COCTEAU grand public, nous vous présentons qua- ne se voit pas sur l'écran sans jamais sacrifier SACHA GUITRY JEAN ANOUILH tre d'entre, eux qui semblent être les ar- l'impression de vrai dans ce qui se voit. On ne peut les considérer que comme des cas Nous lui devons la réalisa- Il s'est essayé sur une de ses pie- .L'influence de Jean Cocteau sur le et il faudrait presque leur consacrer un chapitre., ces Le Voyageur sans bagage, et a cinéma est devenue prépondérante. On tisans les plus marquants de notre ci- Retenons les noms de quelques décorateurs tion du Roman d'un Tricheur. l'a pressenti dans Le Baron Fantôme, qui ont bien servi notre cinéma : Aguettant, à part. Sacha Guitry devenait un no- fourni la preuve que la mise en néma contemporain. scène est un métier qu'on n'apporte qu'il incarne; il s'est révélé dans son Barsacq, Henri Mahé, Pimenoff et Max Douy. vateur. « Tristan et Yseult », modernisé. pas... sans bagage. LE PALMARES DES VEDETTES LES HOMMES RÉUSSISSENT MIEUX QUE LES FEMMES sur vingt artistes arrivés en quatre ans, on compte sept actrices

N est étonné de constater que le nombre de vedettes masculines qui se sont révélées depuis l'ar- O mistice dépasse celui des vedettes féminines. C'est qu'il est plus difficile à une femme de se maintenir. Son talent, certes, n'entre pas en jeu. Mais, bien sou- vent, on a demandé à une artiste plus à son physique qu'à son talent et quelques-unes ont eu des succès purement physiques, mais, sans lendemain ; le physique es! prompt à la trahison. Nous passons sur les vedettes qui n'ont fait que continuer leur carrière avec plus' ou moins de chance : Michel Simon, Pierre Fresnay, P. K. Willm, Pierre Renoir, Jules Berry, Renée Saint-Cyr, Edwige Feuillère, Arletty, Gaby Morlay, Madeleine Renaud, etc., etc. Edwige Feuillère et Anniô Ducaux Danielle Darrieux a renoncé au firmament pour le mariage... Pierre Blanchar s'est lancé dans la mise en scène... NoëlJNoél reste fidèle à Adémad. ont laissé tomber le masque dramatique Une Marie Déa monte en flèche jusqu'aux Visiteurs du Soir et s'éclipse. Louise Car- Le cinéma sort de la routine. Edwige Feuillère a tourné L'Honorable letti triomphe dans L'Enfer des anges et MjlCHELINE PRESLE ODETTE JOYEUX BLANCHETTE BRUNOY JANY HOLT Edwige Feuillère d*abord, puis Annie Du- Catherine, puis Annie Ducaux L'Inévitable Monsieur Dubois. Grâce à elles nous avons affaiblit son standing par trop de films iné- Révélée avant la guerre, dans Odette Joyeux est la découverte de On dirait qu'elle avance dans la On voudrait écrire Jany Holt et Re- caux, non pas lassées de jouer toujours les gaux. Suzy Carrier n'a pas maintenu son Par-adis perdu, relancée après, avec Jean Giraudoux. Elle lui doit d'être carrière à pas de feutre. En effet, elle mêmes personnages, mais curieuses de donc deux interprètes de pliis. Malheureu- née Faure. Dans notre esprit leurs changer leur genre et d'ajouter une auréole sement, nous serions . fort embarrassés si triomphe dans Pontcarral. la Comédie du bonheur, elle s'af- vedette et d'être femme de lettres. ne fait pas de bruit. .Vie rangée, noms s'associent pour donner aux An- firme dans La Nuit fantastique. Deux titres qui lui vont à merveille et exemplaire, elle contras A avec celle ges du . péché une part de son suc- de plus à leur gloire, ont donné dans ia nous devions les faire tourner toutes les Celles qui progressent lentement mais à fantaisie. .quatre à la fois I coup sûr : Madeleine Robinson, Claude Elle est la fantaisie même, avec une forcent notre admiration. d'un grand nombre quHcherche la... cès. Deux grandes artistes, qui ont Génia. On attend le second film d'une Aria- pointe de sensibilité très retenue, Comme vedette, elle s'est spéciali- publicité dans le tapage» parfois le été capables de nous émouvoir dans ne Borg pour se prononcer et surfout le mais indispensable. Plus sensible, sée dans les rôles de jeune fille, à scandale. A des rôles ingrats... Renée Faure est premier de Maria Casarès, la grande révé- sans fantaisie, elle incarne l'héroïne l'âme un peu tourmentée et espiè- Deux années de suilïïlelle a été sans conteste une des plus brillantes lation du théâtre. d'Un seul amour, le film de Pierre gle... avancée pour son âge et in- consacrée comme la veMme la plus révélations de l'époque. Blanchar. comprise. Le Mariage de Chiffon, aimée des journalistes. Elle est égale- Les hommes sont plus sûrs d'eux : Le- Jany Holt est restée l'artiste étran- Son dernier est Falbalas... avec après le Lit à colonnes, l'a prédes- ment la vedette la plus publique, car ge d'avant-guerre. Jeu dépouillé, in- doux s'est classé définitivement parmi les Jacques Becker. tinée. Ont suivi : Lettres d'amour. elle ne creuse pas de fossé entre elle telligent, nuancé... Tant de précision grands acteurs, Bernard Blier n'a pas at- Son nom se rattache à l'époque : Douce, Echec au Roy, qui en font un et le public. teint la limite de sa popularité, Paul Ber- et de sobriété pour exprimer des pas- LES ARTISTES LES PLUS DISCUTÉS elle commençait à surclasser Danielle personnage du XIX* siècle, et Les Pe- Elle a un talent sûr, sans truqua- sions désordonnées, étonnent. C'est nard, en peu de temps se hisse au rang Darrieux... Après la disparition de la tites filles du quai àiux Fleurs, qui la ge... Quand on parle d'elle, on pense Jany Holt. de Renoir. première vedette française, elle l'a ramènent au XXe siècle, sans toutefois remplacée... lui changer le caractère. MICHELE ALFA, l'énigme, ALAIN CUNY, le sobre. Michèle Alfa a, Quelle que soit l'opinion que l'on professe sans doute, eu tort sur les qualités de M. Alain Cuny, et l'on de tourner tant de sait que là-dessus les avis sont fort partagés, films. Très discu- il ne sauraïfêtre question, en toute justice, tée, mal employée, de nier l'apport de ce, comédien, dont le jeu il lui fallait coûte fut une révélation, et qui influence désormais, que coûte un rôle à n'en pas douter, bon nombre d'artistes ci- sur mesure. Mal- nématographiques. heureusement, au- Son jeu atteint à urie sobriété, à une sim- cun ne l'a imposée plicité volontaire d'autant plus émouvante .définitivement. Au qUe l'on sait fort bien qu'elle n'est nullement contraire, on l'a le résultat d'une certaine impuissance, d'une discutée davanta- certaine sécheresse, mais le fruit d'une re- ge. cherche passionnée On lui reproche d'être immobile, dure, her- et d'un dépouille- métique, de ne jamais sourire,-d'avoir la ri- ment 'ucide. gidité du marbre. Avec Alain Cuny Certes, il y a dans son dépouillement — plus de grimaces, peut-être un peu froid — une certaine parenté plus de ficelles, avec la lenteur fluide d'un autre incompris mais la sobriété la Alain Cuny. plus grande, la Le public et un grand nombre de gens de plus pénétrante. métier jugent encore les artistes au volume Et avec lui naît d'air qu'ils déplacent en jouant. Plus ils re- ce que l'on peut muent, plus ils suent, plus il larmoient, plus appeler le « comé- ils ont de talent, plus ils plaisent. La gri- dien poétique il mace n'a jamais été de l'art. C'est cependant y a, en effet, dans ce qu'ils appellent savoir extérioriser leurs cette application à sentiments. n'indiquer que l'essentiel, à sug- A les entendre, Michèle Alfa n'extériorise gérer plus qu'à imposer,' une singulière force pas ses sentiments ; elle n'a pas de talent. d'évocation poétique. Voilà un jugement un peu hâtif. Servi par un masque d'une impénétrable Pour qui l'a vue dans La Machine à écri- beauté, torturé et serein tout à la fois, et GEORGES MARCHAI. SERGE REGGIANI FRANÇOIS PESTER re el, certains soirs, dans Mademoiselle de par une voix envoûtbnte et feutrée, Alain Jean Marais est le jeune premier qui a donné Ascension rapide et- méritante. Un fluide favorable émane de lui... On le voit, Panama, Michèle Alfa a du talent. Qu'on se Cuny ne l'est pas moins par cette inquiétude Depuis quelques mois Serge Reggiani passait souvienne du Secret de Mme Clapain. Elle y que nous lisons dans son regard, et qui est son physique à l'écran, plus que Pierre Jour- Le cinéma l'a engagé pour son physique, trop pour devenir une révélation. Ainsi a-t-on d'avan- on rit. Non, ce n'est pas un clown. Il a la sensi- dan et Georges Marchai... Il n'a pas de voix et beau, et en a fait le prototype du jeune premier bilité d'un clown, peut-être, une sensibilité très interprète un personnage à évolution avec le signe à quoi, jusqu'aujourd'hui, un grand ce une tête de grand acteur, et ça se voit de beaucoup de science... Non seulement son nombre de jeunes gens se sont reconnus dans s'il ne la surveille pas, elle détonne. Malgré ce romantique (Vautrin). loin... fine, très humaine, avec ce sens de l'humour et handicap, il soulève l'admiration du public. Une Longtemps encore, il devra se soumettre à physique change, mais son cœur, plus que ses personnages. Le Carrefour des enfants perdus, confirme les du charme qu'est la vie... son cœur, son âme... On voit naître progres- Depuis quelque tembs déjà, toute une por- telle admiration s'accompagne toujours de dé- cette fatalité. soupçons. Il écrase René Dary qui n'a plus la François Périer a reçu tous ses titres de gloire tracteurs... Il n'est pas mauvais pour sa gloire Mais il en sortira, à son prochain renouvelle- sivement l'amour en elle. D'abord elle lutte, tion de la jeunesse, et la plus valable sans puissance brutale du Révolté, il écrase Bussières au théâtre. puis elle se laisse vaincre. doute, avait reconnu chez Jean-Louis Bar- qu'un artiste en compte quelques-uns. ment de peau... Georges Marchai étayé pair un Le cinéma d'après-guerre se doit de lui donner par l'énormité de son port. Il domine le film du Ce n'est pas aux projecteurs qu'il faut at- rctult ce frémissement intérieur, cette flamme Son grand triomphe est assurément l'Eternel solide talent — il est remarquable dans le rôle premier mètre au dernier. Et, cependant, nous ne un rôle à la hauteur. Jusqu'ici, il n'a pas été très Retour... où il a montré des talents de comédien tribuer cette évolution... mais au talent. dévorante qui étaient siens. Elle les retrouve de Néron (qui n'a cependant rien de romanti- voyons pas que lui... favorisé, bien qu'il n'ait jamais rien fait d'indif- aujourd'hui chez Alain Cuny en qui se qu'on ne lui soupçonnait pas... Il a le don des que) — formé au théâtre, il a toutes les chances Puisque nous avons, écrit le nom de Bussières, férent. Michèle Alfa fait partie des artistes d'ex- attitudes... comme un danseur. ception... qu'on sache l'utiliser... et l'on confondent, en outre, de puissants élans poé- de subsister et de devenir un des premiers ac- revenons-y pour dire que lui aussi est un de tiques. teurs français. i ceux qui méritent et resteront... verra... - IR, G. B. LE CINÉMA A FERMÉ LES YEUX LE DOCUMENTAIRE EST ENTRÉ LES INNOVATIONS LA COURSE DU FLAMBEAU SUR LA GUERRE ET SES MAUX DANS LES MŒURS...

E monde est en guerre depuis cinq refour des Enfants perdus qui a toute- PETITE HISTOIRI ans. Pourquoi dans cette période fois le mérite d'être la seule tentative EUX faits caractéristiques mar- d'avoir forcé le contact du public de ce genre) n'ont pas failli à leur mis- quent, pour le documentaire, les avec le documentaire. Celui du Con- L troublée le cinéma français est-il quatre années qui viennent de grès fut d'attirer l'attention des offi- DU C* O. I. C. le seul au monde à ignorer la guerre. sion en maintenant, ainsi qu'ils firent D s'écouler; deux vlctoirés bien ciels et peut-être des gens d'esprit sur A part le premier film né de l'armis- durant quatre ans, le cinéma hors de gagnées: la projection obligatoire d'un cette forme essentielle du cinéma. tice : La fille du puisatier, à part Port la vie. documentaire dans chaque programme N septembre 1940, la situation ne se d'attache, L'Ange de la nuit et le Car- et, en 1943, le premier Congrès du présentait guère sous un jour fa- Documentaire. Depuis 1940, 350 films documentai- vorable : producteurs et metteurs refour des Enfants perdus, le cinéma res environ ont été produits en Fran- E en scène absents pour la plupart, français évolue dans un monde de sou- Le mérite du décret de 1941 est ce. Ils embrassent les sujets les plus manque total de capitaux, désorganisa- venirs. A L'ÉCOLE divers et les domaines les plus variés, tion complète de. la corporation... Délibérément il abandonne les sujets depuis celui de la science jusqu'à ce- I,a nécessité se faisait sentir d'une au- de nos maux, l'atmosphère de guerre,1' lui du sport. Mais il convient de sou- torité qui prendrait des responsabilités, DU CINÉMA ligner surtout la naissance de genres résoudrait maints problèmes, remettrait les difficultés et les luttes quotidiennes. à peu près ignorés autrefois : le do- NICOLE M AU REY la vedette de ... ANNIE VERNAY, la vedette Il ignore la vie présente avec ses aler- en marche la machine arrêtée. E début de l'année is44 a vu la réalisa- cumentaire artistique, et le documen- Biondlne, l'incarnation de la jeune de " Tarakanova " que nous avons , C'est alors qu'en décembre 1940 fut tes, ses souffrances et ses héroïsmes, tion d'un projet dont on parlait depuis taire poétique. C'est dans le premier dauphine dans Pamela remplace eu la douleur de perdre quelques créé le C. O. I. C. M. de Carmoy, qui . mais nous berce de plaisants retours en longtemps : la création d'un Institut des cas, d'admirables et courtes bandes incontestablement... temps après l'armistice. avait, dès 1938, à la demande de l'Etat, arrière du bon vieux temps où l'on cir- L Hautes Etudes Cinématographiques. comme Rodin de René Lucot. Les che- préparé Un projet de réorganisation de mins de Lamartine de Jean Tedesco, culait en auto à essence, fumait force Désormais les jeunes qui se destinent à une voire même le Giono d-Manosque tant l'Industrie du cinéma, en apporta les cigarettes et savourait d'onctueux gâ- branche quelconque de l'industrie du cinéma, grandes lignes, eu jeta les bases, et aidé pourront y recevoir un enseignement solide joi- discuté de Georges Régnier. Dans le de Raoul l'loqutn, qui devait en être le teaux. Peut-être les producteurs crai- gnant la théorie à la pratique et ne négli- second ordre, il faut surtout retenir, président, jtistqu'en 1942, mit sur pied cet gnent-ils de montrer aux générations geant aucunement les connaissances générales. Matins de France de Louis Cuny, organisme qui se proposait d'assurer, futures la vie actuelle ? Aujourd'hui l'I.D.H.E.C. tient à leur faire Pluie sur ta ville, d'Albert Ouyot, malgré la situation, la production fran- Peut-être aussi craignent-ils d'offrir acquérir des connaissances de base, qui, join- deux petites bandes pleines d'obser- çaise, d'améliorer les créations à venir, aux spectateurs cent minutes de dis- tes à la pratique leur éviteront les écueils d'une vations poétiques... et enfin d'assainir la corporation. traction où ceux-ci reverraient ce qu'ils formation purement empirique. Trouver des capitaux U'Etat fournit Ils y suivront les cours durant trois années .'•0 millions), obtenir des autorisations, vivent déjà hors du cinéma ? dont les deux dernières sont réservées à un Des noms se sont confirmés ou ré- regrouper les collaborateurs, tel fut le Peut-être enfin craignent-ils de ris- enseignement pratique. vélés comme celui de Georges Rôu- travail premier du C. O. L. C. quer des capitaux sur un sujet épineux Etant donné la diversité des branches aux- quier qui affirma avec Le Tonnelier Et dès 1941, la production avait repris, parce que trop actuel et qui risquerait quelles se destinent les étudiants (réalisation, les dons les plus rares. un résultat rapide était obtenu. de n'être pas amortissable aiu cas où production, décoration, etc.), et par consé- Evidemment cette production assez Afin d'améliorer cette production, le une fin rapide des hostilités se produi- quent la variété des cours l'I.D.H.E.C. s'est importante ne comporte guère que de C. O. I. C. décida d'Intéresser les produc- rait. , - divisé en trois centres : courtes bandes dépassant rarement 700 LILIANE BERT, fantaisiste, es. ... remplace LISETTE LANVIN, teurs aux recettes. Le centre de la rue de Varenne « centre de a 900 mètres. Mais il fallait d'abord piègle, spirituelle, a joué dans qui s'est fait une renommée dans Il substitue à la location des films à Cependant tous les pays belligérants formation des Comédiens » qui fournira les "Jeunesse" et à disparu de l'écran, répondre aux nécessités du « complé- "l'Enfant de l'Amour" qui passe forfait, qu'on pratiquait avant guerre, font des films sur la guerre. acteurs. ment de programme » et tenir compte un beau jour... la location au pourcentage, et Institue Ce sera, sans doute, l'un des traits Le centre « de formation technique et artis- de la rareté de la pellicule. Si ces actuellement à Paris.. un sévère contrôle des recettes, permet- dominants du cinéma français de ces tique » et enfin un centre de recherches. quatre ans de guerre ont donné le tant aux collaborateurs de création in- quatre ans, de ne s'être penché ni sur ©l'autre part l'Institut a mis à la disposi- goût du documentaire et, selon la for- téressés de ne pas être victimes de frau- tion de ses élèves, outre les laboratoires et mule d'André Robert, travaillé « pour' les drames de l'exode, ni sur les caram- ateliers, une vaste bibliothèque et a tenu à des possibles. bouilles du marché noir, de n'avoir évo- le bon, contre le mauvais documen- Enfin se créa un système de répression créer une série de conférences auxquelles ils taire ». l'essentiel aura été atteint. des fraudes, comportant des mesures qué aucun des problèmes qui se posent peuvent assister, en dehors dès cours. L'avenir permettra, il faut l'espérer, EN QUATRE ANS, LE DESSIN extrêmement sévères pour tous les dé- dans notre vie de tous les jours, où Ainsi guidés et dirigés par des aînés qui de révenir de temps à autre au grand linquants. .. l'on sait que les sujets de scénaril ne ont donne des preuves éclatantes de leur va- documentaire de reportage et d'exo- Depuis 1942, sa tâche s'est trouvée de manquent pas. leur, tels que MM. Carné, Jaque, Delannoy, tisme qui connut jadis tant de fa- ANIMÉ A REPRIS LA PLACE plus en plus difficile à remplir : à lui de Grémillon, ces jeunes élèves, réalisateurs de veur. Il est permis d« se demander si les demain, seront-ils à même de donner au cir répartir la pellicule, de prendre des dé- LAIN PAUL tourne" Dernier de Cardée ' cisions sévères, de trancher les litiges. producteurs (exception faite pour le néma français l'impulsion et le renouveau qu'on QU'IL AVAIT PERDUE Alors que l'électricité est réduite, on très bénin film de Léo Joannon Le Car- attend d'eux? tourne encortf dans tous les studios, ; grâce à des dérogations, afin de termi- EN QUARANTE ANS ner les production* commencées. Alors que l'on pou%'ait craindre de voir L aura fallu une guerre mondiale pour que le Dessin la production française aller à une animé français puisse révivre! asphyxie complète, elleî s'est au contraire DANS DES DÉCORS MINIATURES I En effet, depuis l'armistice, la Direction générale A GRAND SPEGTAC de la cinématographie française, sous l'impulsion de magnifiquement maintenue. M. Louis-Emile Galley, a t'ait un effort considérable, dans ce but. L'Etat pour la première fois a> soutenu les Les° cinéastes depuis longtemps se pen- artistes et techniciens de ses propres deniers. Grâce à cela, nous sommes en mesure, après ces quatre années Les centres de Jeunesse ont eu ceci de chaient sur un problème important pour la d'efforts, de lancer sur le marché mondial une dizaine précieux qu'ils ont donné une instruc- réalisation de films à grand spectacle : le de films animés dont les qualités sont au moins égales tion professionnelle à .des milliers de problème du décor, du décor indipensable à ce qui a été fait dans les studios d'outre-Atlantique. jeunes geni. Le cinéma en a bénéficié, pour les anticipations fantastiques, pour les Certains même, comme les deux dernières bandes exé- puisqu'au cœur de Paris ont été créés reconstitutions historiques, du décor contri- cutées par les ateliers des « Gémeaux » sous la direc- une école de dessin animé et une école buant, avec les dialogues et la mise en tion de Paul Grimault : « Le Voleur de Paratonnerre » de staffeurs. L'art du « staffe », est scène, à créer l'atmosphère. et « 'La Flûte enchantée », sur une musique remarqua- typiquement cinématographique et pa- C'est pourquoi désireux de multiplier les ble de Delannoy, sont supérieurs à bien des « Silly risien... Il n'y a qu'à Paris, effectivement décors tout en réduisant les frais de leur Symphonies » et autres « Mickey ». En outre, tou- que l'on trouve des ouvriers staffeurs. construction, des techniciens ont essayé jours de Paul Grimault, « Les Passagers de la Grande d'utiliser à leur place, maquettes ou pho- Ourse » et « L'Epouvantait », sont d'une facture plus tographies. qu'honnête. En 1938j un premier essai fut fait avec Si quelques essais comme 4. Calltsto », d'André Marty le « Pictographe » d'Abei Gance, système ou « La Chasse infernale » des frères Geaume, n'ont de lentilles- différentes à une distance dé- pas été concluants, il reste dans cette forme de 1*11— terminée de la caméra, permettant déjà lustratioit animée deux films fort bien venus. Ce sont : une sérieuse économie de temps et de « L'Evolution des Styles », iSorte de documentaire des- matériaux, un grand décor pouvant être siné par le caricaturiste Erik et que les ateliers Paul remplacé par une photographie. Enfin, le de Roubflix viennent d'achever, et « Le Couple insa- Simplifilm, dont l'invention est due à Henri tiable » de Roger Wild, remarquablement animé par Raymond de Villepreux et l'équipe de René Risacher. Mahé et à l'opticien Achille Dufour vient Dans une forme plus caricaturale. Debout a enfin de donner des résultats excellents. terminé « Anatole vu camper » qui s'avère très drOle. De nouveaux horizons sont ouverts au Et profitant de cette expérierice, il s'attaque déjà à deux cinéma. Ainsi, le Simplifilm, en réduisant nouveaux scénaril. De son côté, André Rigal poursuit le décor à une maquette permet de réali- avec la même veine sa sérié des « Cap'taln Sabord » ser non seulement une économie, mais qui s'apparente dans Un style pourtant différent au cé- aussi de multiplier le nombre des décors. lèbre « Popaye » mangeur d'épinards. Près de 200 furent utilisés pour la réali- Enfin îles jeunes tels que Orner Bocknay, Renan de sation de « Blondine » 1 Vela, Pierre Bourgeon, Raymond Jeannin et l'atelier " Doté de nouveaux procédés de truquage, « Dessin animé Association », poursuivent leurs tra- ayant la possibilité de nous faire pénétrer vaux avec enthousiasme. dans les domaines de l'imagination et du ...Et voilà rapidement résumé le bilan de ces quatre fantastique, le cinéma est destiné à mar- années de renaissance du Dessin animé français. Car cher à grands pas dans sa nouvelle voie. nous avidns dit précédemment dans ces colonnes : « Par- QtNVILLE-LE-PONT MIRACULEUSE CITÉ GRACE AU SIMPLIFILM. Nicole DENOYERS. SUR LES BORDS DE LA HMHB PRÈS ce que le dessin animé mondial est né des cendres de V t « Fantoche », le dessin animé français vivra pour que ne périsse pas son souvenir. » 1 ■ % ■ 1 Guy BERTRET. CONCLUSION EN ALLEMAGNE ...et demain? par Jean RÉNALD TEMPS NOUVEAUX OILA, brièvement passés en revue les principaux chapitres de la petite histoire du cinéma français entre 1941 et 1944. V Tout n'est. pas écrit et l'on a l'impression embarrassante que tout reste à dire. C'est le tort de la petite histoire. C'est le défaut de toute récapitulation. FILMS NOUVEAUX En somme nous n'avons fait que jalonner une ère de cinéma... Les points de repère serviront plus tard. Après le coup d'oeil en arrière, nous allons tenter, pour finir, d'en I y a deux façons de faire le bi- interprété par deux grands artistes que jeter un sur l'avenir. f lan d'une production cinématogra- nous connaissions déjà depuis long- Voilà qui paraît plus savant. L'avenir, qui le connaît ? On le pres- phique. En relevant avec soin les temps : EJmil Jannings et Werner sent, on le devine à la lumière du présent. Il n'en conserve pas moins I films réalisés pour les classifier Krauss. Cette habileté à dégager le la forme d'un point d'interrogation, et pour nous, trois; questions se Chronologiquement ou par genres. Ou sens intérieur d'une vie, dans un su- posent. bien, négligeant les œuvres quelcon- Les interprêtes de demain, Les techniciens. La technique. jet qui semblait à priori terriblement Il est évident que nous subirons une crise d'interprétation. Nous ques s'efforcer à dégager les tendan- ingrat, nous la retrouvions, brillante et manquerons d'artistes et nous ne comptons pas dans les rangs de ceux ces générales par l'examen, de quel- pittoresque, dans Cœur immortel, de qui débutent aujourd'hui un nombre suffisant de sujets d'élite... Beau- ques réalisations principales. Veit Harlan. Autour de la figure de coup d'épates, beaucoup de bluff, beaucoup d'intrigues, beaucoup de Nous croyons préférable de choisir Peter Heinlein, l'un des créateurs de la complaisance, voilà ce que cache trop souvent la montée subite d'une cette seconde méthode pour Jeter un montre moderne, c'était toute l'évoca- étoile. Et quand cet échafaudage d'intrigues malsaines s'écroule, il n'y . regard rétrospectif sur le cinéma alle- tion de la Renaissance allemande, de a plus d'étoile. mand au cours des quatre années de Nuremberg au XVII' siècle — l'une , Le talent est une herbe rare... guerre qui viennent de s'écouler. des époques les plus fécondes pour Le métier s'acquiert à la .longue. Bien entendu, comme toute produc- l'art et 'la culture germaniques. On aura donc toujours un'" reproche à faire aux débutants. S'ils n'ont tion, qu'elle fût d'Europe ou d'Àméri- Dès lors, vont se succéder, de sai- pas de talent, ils n'ont pas encore de métier. , que, celle-ci compte "un nombre assez son en saison, plusieurs fresques large- UNE SAISISSANTE EXPRESSION D'EMIL JANNINGS DANS LE Si l'on veut changer les cadres, si l'on veut posséder une grande va- importants Jde films « passe-partout », ment traitées par Steinhoff, Jannings ROLE DU PRÉSIDENT KRUGER. riété de types d'artistes capables, 11 faut encourager le plus possible susceptibles de plaire au public de tous ou Veit Harlan. Et ce sont les grandes le recrutement, les écoles, les vocations. La sélection se fera très vite. les pays et de toutes les classes. Nous ligures du Président Kruger, de Marie Sur le nombre, il en émergera bien quelques-uns... Deux, trois sur mille, avons déjà dit ailleurs pourquoi ce ci- Stuart, de Rembrandt, de Mozart, que la moyenne serait bonne. néma commercial ne nous semblait pas nous verrons bientôt, de Bismarck et Et que les postulants, les postulantes particulièrement, n'imaginent avoir plus d'importance au point de vue de Frédéric II. dans le Grand Roi, qui pas qu'on devient une grande artiste parce qu'on a des sourires faciles spirituel ou artistique que n'en ont, en malheureusement n'ont pas été proje- de filles de rue. C'est un peu la « morale » du cinéma français que de LA GUERRE... C'EST D'ABORD LA SÉPARATION, « L'HEURE. littérature, la masse des publications DES ADIEUX. »... « ANNÉLIE OU L'HISTOIRE D'UNE VIE ». tés en France. prostituer les futurs sta.rs. Qu'on nous permette de dire qu'ailleurs, les populaires à gros tirage, ou, en art, la Parallèlement à ces « vies filmées » charmes particuliers d'une artiste passent après sa valeur artistique. foire aux croûtes de Montmartre ou avec un soin souvent méritoire et une Il reste bien à faire dans ce domaine. d'ailleurs. incontestable vigueur d'expression, une Nous manquons d'artistes? Une épreuve... Certains tournent dans tous Dans cette part que nous mettons autre classe de films retient l'attention. les films. Clariond par exemple. On ne voit que lui. A la longue on s'en ainsi hors de question entreront tou- C'est celle qui, à l'opposé de la pre- fatigue. D'autres ont tellement tourné, et de mauvais films, qu'ils se tes ces comédies filmées sans préten- mière, s'attache résolument à des pro- sont brisés les reins. On les oubliera-tt s'ils n'avaient été si populaires. tion, sinon toujours sans éclat, qui vont C'est le cas de Louise Carletti. blèmes actuels et réflète par consé- de la grosse farce de Heinz Ruhmann quent, le visage de l'Allemagne d'au- Autre cas. Telle firme achète un scénario. Le rôle principal a été écrit et Théo Lingen aux éblouissantes re- pour une vedette déterminée. Celle-ci n'est pas libre dans les délais jourd'hui. Le modèle-type du genre vues musicales chères à WUly Forst. nous fut révélé seulement il y a deux conclus. Le directeur de productfoo .cherche une remplaçante qu'il ne On y trouvera, comme partout, du dra- trouve, pas.'Alors on transforme le scénario... souvent au préjudice du ans. Il datait de 1934; ce fut le Jeune me et du mélodrame, du pittoresque Hitlérien Quex, de Hans Steinhoff œuvre sujet. ; Manque d'interprètes. et du sentiment, des sujets cent fois de propagande intégrale, mais traitée repris et qu'une tournure nouvelle fait avec une force et une valeur cinémato- Demain, c'eèt la première crise qui frappera le cinéma renaissant. passer pour originaux. Le second aspect du cinéma de demain touche la production dans sa graphique absolument remarquables. structure. | Ce n'est pas en cela que le criti- Beaucoup d'autres films puisèrent L'enseignement de ces quelques années, nous fait prévoir que bientôt que de demain pourra trouver sa pâ-, dans l'actualité/dans les problèmes so- l'auteur d'un scénario deviendra le metteur en scène. On n'aura plus ture pour dégager des tendances ou ciaux et ethniques, leurs sujets ou leurs à discuter follement dé la paternité d'un film. marquer "un effort. Il convient pourtant thèmes. Ce furent entre autres, Les ■ Cette tendance a pris son essor le jour où des acteurs sont devenus de remarquer un fait : c'est que les Frontaliers, de Tourjansky, sur les évé- leurs propres metteurs en scène. événements extérieurs de la guerre, la nements de Pologne, en 1939, Annélie Fernandel a fait les premiers pas. Puis Pierre Blanchar l'a suivi. mobilisation des forces vives de la na- ou l'histoire d'une vie, 70 années de Nous ne comparerons pas les résultats. La comparaison ne serait guère tion, n'ont pas empêché celle-ci de pen- l'Allemagne évoquées autour d'un des- CHRISTÏNA SODERBAUH ET HEINRICH GEORGE DANS « CŒUR flatteuse pour le premier, bien que Pierre Blanchar semble ne pas ser quand même aux « divertisse- tin de femme ; Un Grand amour, avec IMMORTEL ». encore avoir atteint le résultat désiré. ments » de son peuple. Qu'il ait été Zarah Leander, images tragiques et Parallèlement à cette révolution, Jean Cocteau, hantait les studios. possible en pleine guerre, de laisser à parfois traitées avec humour, du Ber- U suivait de très près la réalisation du Bar» Fantôme, non pas du une industrie « annexe » autant de vi- lin de nos jours, L'Heure des adieux, fauteuil de la scrlpt-girl, mais de la loupe de la caméra. Le « sang du DANS L'ABRI AMÉNAGÉ, ■ ON TROMPE L'ATTENTE COMME gueur, est déjà révélateur, pour le té- ON PEUT. UNE SCÈNE DE « UN GRAND AMOUR » AVEC sur les reporters modernes, La Proie poète » relTeurissait en lui. Peu à peu, il se préparait à l,a mise en moin impartial. Mais c'est ailleurs que des eaux ou les vertus paysannes. scène. S'il n'a pas réalisé celle de l'Eternel Retour, c'est qu'il ne se ZARAH LEANDER. le sens et la portée du cinéma alle- sentait pas assez sûr de lui. U réalisera certainement lui-même lin Belle mand, durant ces années 1940-1944, mé- Depuis un an, les tendances principa- et la BCte. ritent considération. les du cinéma allemand semblent Suivant Sacha Guitry de plus près, Jean Anouilh a voulu porter à Si l'on s'en tient aux grandes œu- s'orienter vers un grand problème tech- l'écran l'une de ses propres pièces ; le Voyageur sans, bagage. C'était vres, à celles qui marquent vraiment, nique : celui de la couleur. On pour- un peu lourd pour lui. Sa tentative se traduit par un échec... Comment au-delà de l'effort matériel de la réa- rait croire, après La Ville dorée. Les pouvait-il l'éviter lisation, une intention spirituelle ou Aventures du Baron Munehausen, Lac Si cela se prolonge, cette poussée individualiste orientera le cinéma psychologique, deux constatations s'im- aux chimères, dont la sortie est pro- français vers une conception nouvelle. Ainsi le film deviendra l'expres- posent, deux courants apparaissent. che, qu'il est à peu près résolu. Mais sion d'une pensée... Cette pente mènera à bien des désillusions, au D'une part, l'évocation des grandes Veit Harlan, l'un des maîtres de cette début... Mais certainement, aprè3 d'infructueux essais, à un relèvement destinées, de l'autre le film à tendan- formule nouvelle, a déclaré ici même de la qualité artistique. Nous connaîtrons enfin le cinéma inspiré... le ces sociales. tout ce qu'il entendait chercher encore cinéma intellectualiste avec tous les défauts que cela comporte. Si l'on peut critiquer assez souvent dans ce domaine si riche. Nous n'as- La technique restée où elle en était en 1939 va faire un bon prodi- la banalité du film allemand moyen, il sistons qu'aux débuts d'une expression gieux. U n'est pas une nation qui n'ait travaillé dans le secret que faut reconnaître immédiatement l'am- susceptible de bouleverser profondé- permet la guerre à des perfectionnements de toute espèce. pleur qu'il sait atteindre dès qu'un su- ment les règles de l'art cinématographi- Ils apparaîtront en même temps et l'on sera à hésiter entre les meil- que. leurs. jet de qualité s'offre à lui. Nous en avons eu la preuve dès les premiers Ainsi, après cinq ans de guerre, le La couleur s'affirmera. Le relief entrera en conflit avec elle. La télé- temps de l'occupation avec le film sur cinéma allemand s'oriente résolument vision jettera une sorte de perturbation dans l'organisation même de la vie du Docteur Kock, l'émule de vers l'avenir. l'industrie. , Jean DORVANNE. Le grand danger, si danger il y a, est la télévision. Nous ignorons Pasteur, intitulé La Lutte héroïque et. encore quelles seront les réactions du public. C'est lui qui tient la clef du problème. Prôfèrera-t-il l'audition collective dans une grande salle à l'audition individuelle sur un écran de cha'mbre à coucher? En somme, comme nous l'avions prévu, cet aperçu se termine comme par trois, points d'interrogation... Ça fait trois de plus et la vie continue...... R DE GUERRE. L'AVIATEUR VA PARTIR EN MIS* U MM SION SÏCTOR CTAAL DANS LE FILM « UN GRAND AMOUR » Les photos de ce numéro sont dues à : Richebé, Disçina, S.N.B. G.,_Jndu't.- UNE IMAGE DE « REMBRANDT » OU L'ON RETROUVE LES Ciné, Zénith, Eclair, Védis, U.T.C., Ploqum, Mmerva, Serge, W. Rizzo, TENDANCES CARACTÉRISTIQUES DE L'EXPRESSIONNISME ' Grono et Ronghol. ALLEMAND. liA m o n> g Z = * lisa- dlil H- is

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