Ciné-Mondial N°149-150, 21-28/07/1944
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Lucien Lelong est l'auteur des costumes de a Paméla ». C'est Christian Pior qui a fait pour Renée Saint-Cyr la maquette de cette robe de salin QUATRE ANS DE LA ROBE C'EST LA STAR caramel clair dont le mouvement de drapé se poursuit dans le dos... Dans tout l'arsenal de "leurs séductions inévitables, la robe est la zrande armé des vedettes. Ce miracle qui fait d'une même femme l'ingénue ou la vamp, la joyeuse ou la pathétique appartient au couturier et c'est à lui de parler pour révéler sa science comme un alchimiste qui vendrait ses secrets. Jacques Fath habille Michèle CINÉMA FRANÇAIS Alfa, Oaby Audreu, Suzy Carrier, Marie Déa. Martine Carol Aux femmes du type de Michèle Alfa, il conseille le « sport habillé » à la ville et pour le dmer, la maison, la grande robe, la ligne et les drapés. Des recher- ches excentriques peuvent être supportées par ces femmes au charme très spécial mais doivent rester très pures... par Alexandre ARNOUX Pour l'écran Jacques Fath préconise des recherches spéciales de forme qui tendent à créer un style qui ne se démode pas. Il faut que la vedette puisse, pendant les quelques années que passera le film ne pas provoquer le rire qu'une e ne veux pas essayer d'établir ce que peut réaliser la propagande mode outrée déclenche. un palmarès, ce serait à la .morale quand elle ne se confine Heim au contraire, trouve qu'une femme élégante à la ville est élégante à fois fastidieux et inutile; je pas dans le conformisme fade et l'écran et qu'il suffit de choisir avec discernement dans une collection. Heim J ne veux considérer que quel- la convention. La Nuit fantastique, habille Blanchette Brunoy, Corinne Luchaire, Mila Parely, Juliette Faber. ques, faits, les principaux, et ten- de Marcel l'Herbier, se retrempe Pour ces jeunes femmes de types différents mais de jeunesse égale, sont pré- ter de dégager quelques idées gé- aux sources pures du cinéma et conisés les contrastes de ton, les lignes sobres et nettes. Blanchette Brunoy notam- nérales, quelques conclusions que joue merveilleusement avec la ment porte beaucoup de tailleurs dont la simplicité se rehausse de broderies ou l'évidence impose, faire le point à poésie et la surprise de l'image. d'applications. un moment mort, ou presque, et Douce, d'Autant-Lara, pour les faquin habille Oaby Morlay, Gisèle Pascal, Germaine Rouer, Jacqueline Delu- sonder prudemment l'avenir. trois premiers quarts du moins, bac et Josselyne Gaël. est une assez rare réussite de con- Pour cette dernière, aux femmes qui ont son type de vamp blonde, il conseille | On aurait pu croire, il y a qua- venance, de propriété, dans une une grande fantaisie, de la hardiesse dans les ampleurs de jupe ou de manches tre ans, le cinéma français à l'ago- gamine un peu sourde mais déli- et des oppositions franches de couleurs. nie, ou du moins si gravement cate. Daquin, avec Premier de Cor- iPaquin habille ses clientes pour l'écran exactement comme à la ville, compte touché qu'il mettrait à renaître, à dée, confirme ses dons de puissan- tenu de l'atmosp'nère ,du film et du genre de- rôle. reprendre le souffle, de longs ce; voilà un homme qui ne devra mois, des lustres peut-être. On Lucien Lelong, se lîvre pour l'écran à des recherches qui tendent à accentuer pas craindre le plein air, la na- le caractère des robes de ville : revers plus larges, garnitures plus impor- sait les conditions et les causes de ture libre et les sujets durs, élé- tantes, dessins plus grands et couleurs plus claires, choisies pour leurs qualités sa léthargie, je ne reviendrai pas mentaires. Grémillon, qui nous photogéniques. Il habille Renée Saint-Cyr, Renée Faure, Sophie Demarest. Yvette sur ce cruel sujet. Et l'événement avait donné Lumière d'été, comé- Lebon... semblait en effet confirmer l'opi- die fouillée et d'une sorte de per- nion des raisonnables, des pessi- Pour les femmes du type de cette dernière, elles auront intérêt, d'après Lucien versité agressive et colorée, trouve Lelong, à porter la taille très serrée, la jupe très ample et des couleurs très mistes Une série de bandes de sans doute dans Le ciel est à vous fortuné, d'infortune plutôt, amor- violentes. Des tons que les femmes ordinaires ne supportent pas sont aisément l'occasion de son chef-d'œuvre, de phes, routinières, d'une plate bas- portés par Yvette Lebon notamment le bleu vif et le vert éclatant. son épreuve de maîtrise; l'am- sesse commerciale, pauvres d'in- Quant à Nina Ricci qui habille Suzet Maïs, Suzy Delair. Micheline Presles, pleur, la générosité de la matière vention et de technique, de qualité Irène Corday, Nina Ricci conseille de porter la robe-manteau extrêmement simple rencontrent en lui un ouvrier et nulle C'était à désespérer. De cette et le tailleur. Ainsi Suzy Delair ne porte jamais que des robes d'après-midi. un poète qui les domine avec ai- médiocrité surnagent cependant Jacques Costet, dessinateur modéliste et professeur de couture à l'écran, sance et grandeur. Le Corbeau de deux films qui possèdent de la n'est pas favorable aux détails mais plutôt à l'exagération des valeurs. Clouzot, qui a pour thème les ra- classe, Remorques et la Piste du vages et la contagion de la lettre i Nord, mais ces exceptions, au lieu anonyme au cœur d'une petite vil- de nous consoler, nous accablent, le, thème ténébreux et pénible, car ces ouvrages ont été tournés brille par son accent noir, sans avant les catastrophes; ils nous concessions, sa netteté angoissante font mesurer une déchéance qui et sa vertu d'hallucination. Les Vi- paraît irrémédiable, dont le remè- siteurs du soir, de Carné, ont pro- de n'agira, s'il agit, qu'à long ter- voqué des controverses ; ils les me. valent ; la nouveauté, la hardies- Une lueur pourtant, contre toute se de leur conception, la virtuosi- attente, brille bientôt et nous té de leur exécution les placent au étonne; nous refusons d'abord, nombre des films qui font date. aveuglés par les navets mornes, Goupi-mains-rouges, hausse d'un de croire qu'elle durera, qu'elle ne coup au premier rang un metteur s'éteindra -pas aussitôt. Mais non. en scène sur lequel nous devons Une sorte de renaissance s'affirme, beaucoup compter, Becker ; sa nous avons donc des hommes ca- personnalité savoureuse, la largeur pables de concevoir un scénario, de. son métier frappent et ravis- des artisans pourvus de conscien- sent ; un vrai manieur de caméra, ce et d'un métier solide. Sans dou- un burincur de tableaux et de ca- te ne faut-il pas crier encore vic- ractères. toire, ne pas se laisser prendre Il faut aiouter enfin l'entrée à un feu peut-être passager. Pour- dans la pellicule, pour ainsi di- tant, après l'Assassinat du Père re, d'écrivains de premier rang, Noël, de Christian-Jaque et P. et non pas en amateurs d'un jour, Véry, nous applaudissons Nous, mais en ouvriers, en gens décidés les gosses, ouvrage de grande qua- à mettre la main à la pâte. Cet lité qui nous révèle un metteur événement, qui n'innove pas, qui, en scène nouveau, plein de robus- plutôt, conclut, qui aboutit au tesse et de rythme, Daquin. Dans mariage de la littérature vraie et la production courante même, en de l'écran, peut avoir les plus im- dépit de beaucoup de faiblesses, portantes, les plus heureuses con- un renouveau se manifeste; beau- séquences. Giraudoux, disparu hé- coup de films atteignent le plus las ! à marqué de sa griffe les honorable niveau, et, tournés avec Anqes da péché, œuvre discutable, des ressources modestes, sans ex- précieuse et attachante ; Cocteau cès de recherches, car les circons- a eu l'audace, avec l'Eternel Re- tances leur mesurent le temps et tour, de renouveler en moderne- l'argent, Ils démontrent par leur le conte d'amour de Tristan ei Existence que l'écran français sur- Iseult d'Incorporer à l'écran un vit, échappe aux abîmes, que, si des plus beaux de nos vieux my- son génie d'innovation demeure en thes légendaires. Entreprise péril- veilleuse, sa sève ne tarit nas ce- leuse; il y fallait un artiste et pendant et conserve intactes, un particulièrement doué pour l'écran. peu cachées, ces réserves de résur- Je m'excuse des oublis, je n'ai rection et d'épanouissement. Cite- pas voulu une énumération. Au raî-je le Briseur de chaînes, le bout de ouatre années qui pou- Dernier des Six, Pontcarral. le vaient précipiter le cinéma fran- Marlaqe '"e Chiffon, comédie fort çais à l'anéantissement, constatons vive, la Symphonie fantastiaue ? qu'il respire, qu'il a conservé de Vous complétez vous-mêmes la la chaleur et de l'action, qu'il est liste par les Monte-Cristo, les en marche, on le sent confusément, l'Inévitable Monsieur Dubois, à la vers un style et qu'il a, par son populaire carrière, et d'autres. courage, sa volonté de vie . et de Ouelques bandes dépassent sin- redressement, surmonté l'adversi- gulièrement ce que nous aurions té, la pénurie, qu'il a le droit Pcrquin habillé Odette Joyeux de coite robe de dîner, au corsage .a collection Heim est très suivie par les Jeunes ■ a Maris Denis, la nouvelle Mimi de la « Vie de Bohème », porte avec aisance pu espérer ; des efforts patients et d'envisager les plus hautes tâches. précient particulièrement le rayon Heim jeunes filles. maria* ei à la Jupe froncée 'multicolore, dont la simplicité si la robes, de style et robes du soir.