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REPÈRES Cardroc INTÉRIEUR Église des Trois Maries Des inscriptions pour guide été conservé). Des dates au nord Ces retables furent peints par La Bonne Mort de Claude Mouraud La paroisse de Cardroc fut créée Le nouveau chœur, aussi long Est (1652) et au sud (1674 à A. Jobbé-Duval. Ce décorateur (1677) et les statues de St François au début du XIIIe s., lorsqu’elle fut que la nef, fut achevé vers 1568. l’extérieur) situent la mise en place qui œuvra plus tard à , et St Dominique. détachée, avec d’autres, de Sûrement éclairé par une verrière des derniers grands éléments de au Parlement et à la cathédrale, l’antique paroisse de Tinténiac. de la Passion comme dans 1568 l’église, tandis que d’autres, dans le a signé derrière le tabernacle. Son Quoique « récente », elle gardait les églises alentour, il était flanqué chœur ou sur les vitraux, travail très fin est à distinguer des des souvenirs gallo-romains (la voie d’une chapelle au nord (déjà bâtie 1563 commémorent des restaurations du autres décors des voûtes et du chœur Chœur de de Condate à Corseul) et bretons vers 1563) et au sud d’un nouveau 1568 XIXe s. réalisés seulement en 1892 par le (son nom même de Cardroc). clocher sur une tour à étage. Servannais P. Gardrinier, qui a signé Un décor néo-gothique La nef fut refaite en 1635, 1652 au revers du dernier entrait du chœur. L’abbaye de femmes de St-Georges avec quelques réemplois. Un mur novateur (vers 1860) Remarquez l’unité totale entre le de Rennes, qui avait reçu le pays avec arcade dut subsister quelque maître-autel et la maîtresse-vitre, qui de Tinténiac dès sa fondation temps entre le chœur et la nef, 1674 datent d’ailleurs des mêmes années, au début du XIe s., resta maîtresse mais bientôt on s’efforça de dilater 10 m 1858 et 1859. La maîtresse-vitre Inscription de 1568, dans le chœur de Cardroc jusqu’à la Révolution, l’espace des fidèles. Au nord, mef refaite n’est pas signée. Nous pouvons composant toutefois avec l’évêque la chapelle du XVIes. fut doublée en 1635 supposer qu’elle fut réalisée par de Saint-Malo et la puissante en 1652. Au sud, le porche Découvrons l’église en cherchant les Échappé de Nantes sur un dessin de seigneurie de Tinténiac-Montmuran. fut remplacé en 1674 par une inscriptions. La plus ancienne, l’abbé Brune. Évocation rare de la Le tableau de St-Julien tour-porche à étage avec un invisible, est cachée sous l’autel de Crucifixion, avec un Christ d’une La chapelle primitive pouvait être ossuaire, reliée à la tour du XVIe s. 0 la Vierge. Elle entoure une niche grande sérénité, veillé par les Trois dédiée à St-Lian, saint breton par un bâtiment intermédiaire. avec le nom du prêtre qui finança la Maries, sans la présence de la Vierge Celui du sud fut orné d’un tableau qui a laissé son nom au village Le chœur liturgique du XVIes. fut chapelle, « MI(chel) : AMICE : et St-Jean. du même peintre, offert par un de St-Lien. Les religieuses fortement diminué, et des retables P(rêtre) : 1563 ». certain Julien de La Haye en e incitèrent sans doute à placer se dressèrent sur les autels. La tour-porche La seconde date la charpente du Des témoins du XVII s. l’honneur de son saint patron. Julien l’église sous le patronage des La sacristie devait aussi dater avec l’ossuaire chœur : « JE FU FAICTE LAN 1568 fut l’un des prénoms les plus fêtés Trois Maries, vénérées à l’abbaye du XVIIes. mais fut refaite - TREZORIERS P. PARIER / au XVIIe s., mais on avait le choix Le retable de la chapelle sud St-Georges. Il s’agissait au milieu du XIXe s. IU(LIEN) CHER(NEL) ». Elle est entre St Julien de Brioude, St Julien de « Marie de Magdala, Marie, mère suivie d’un verset de psaume qui du Mans ou St-Julien l’Hospitalier, de Jacques, et Salomé » nommées Vers 1860, l’abbé Brune donna traduit le souci de faire du chœur Les trois retables correspondent comme ici, dont Flaubert a raconté dans l’évangile de Marc à propos à l’église un caractère gothique un vrai sanctuaire : DOMUM TUAM à une évolution de la sensibilité la légende : il tua père et mère et se de la mort et de la résurrection grâce à une nouvelle maîtresse-vitre DECET SANCTITUDO DOMINE / Ps religieuse. Dans les années 1850, racheta en fondant un hospice pour de Jésus. La piété médiévale et à de nouveaux autels. 92 (A ta maison Seigneur convient et dans toute la , il devint les pauvres près d’une rivière. Le désignait les deux dernières Il supprima les étages des deux la sainteté). évident que l’art gothique était plus tableau de Cardroc a souligné son comme Marie Jacobé et Marie tours et mit en place de grandes adapté que l’art classique, en vigueur surnom en lui faisant porter Salomé et les tenaient pour baies en arc brisé. Une troisième inscription court sur depuis la Renaissance, pour susciter l’étendard des Hospitaliers, mais il les demi-sœurs de Marie, mère Vers 1890, l’architecte A. Regnault les sablières en haut de la nef : LA le sentiment religieux. L’abbé Brune l’a habillé en soldat romain, ce qui de Jésus. compléta cette mutation PRESANTE EGLISE A ESTE fut l’artisan convaincu de ce revient plutôt à St-Julien-de-Brioude. néo-gothique par de nouveaux REBASTIS LAN DE GRACE 1635 / changement. Il dessina maints Citons d’autres précieux témoins de décors, des entraits neufs et des P. GUIGLOT CH(ARPENTIER), ensembles, confiés le plus souvent Vue générale de l’église ce temps : la jolie Vierge en pierre Évolution de l’église vitraux en grisaille. La restauration M(ISSIRE) CH(ARLES) DOLIVET aux ateliers rennais. Il s’agit ici de (vers 1600), la statue en bois du Il ne reste rien de l’église médiévale de 2002 (arch. A. Lepage) a RECTEUR. De l’autre côté, de 1635 l’atelier Melin, qui réalisa aussi en Malgré cette « gothicisation » Sauveur (citée en 1671 Un des vingt blochets en dehors de deux pierres tombales consolidé le tout, doté l’édifice à tête humaine encore, se devine la même citation 1862 l’autel St-Joseph des Iffs, tardive, le mobilier de l’église sur un autel à l’entrée de nobles dames (vers 1400). d’un nouveau pavement, réhabilité latine que dans le chœur, signée actuel autel conciliaire de Cardroc. reste très marqué par le XVIIe s. gauche du chœur), celle Elle fut progressivement reconstruite l’ossuaire et tracé le chœur d’un paroissien zélé, F. Martin, Ce sont des créations nerveuses et Ainsi, la mise en place du bas-côté de St-Méen, très entre les années 1560 et 1670. conciliaire. affirmant que désormais l’église colorées, pleines de fraîcheur et de sud en 1674 fut suivie par une invoqué dans l’ancien entière est un sanctuaire. Précisons variété. Un peu artificielles tout de modernisation des retables diocèse de Saint-Malo. que cette reconstruction ne même, dans la mesure où ici latéraux. Celui du nord, Extrait du tableau de concerna que la nef et que le l’imitation de la Renaissance aurait financé par la confrérie des La Bonne Mort charpentier s’appelait en réalité été plus en rapport avec l’âge de Agonisants, reconnue en 1677, a Pierre Guillois (son acte de décès a l’église. conservé son fameux tableau de Les statues de St-François et St-Dominique qui encadraient le tableau de La Bonne Mort D-PEC-0612-003 26/06/12 08:12 Page2

À DÉCOUVRIR EN PARTICULIER À L’EXTÉRIEUR

Le tableau de la Bonne Mort Le site à un niveau vers 1860, d’où cette Le côté est précédente, en particulier (1677) Peu de maisons aux abords fenêtre néo-gothique de granit gris. La « fenêtre principale », à deux de la porte et des rampants Ce thème fut très répandu au XVIIe s. de l’église sont anciennes. À gauche, la tour-porche, qui servait meneaux, est typique du milieu du du XVIe s. Le singe qui se donne grâce à la diffusion des confréries des Jusqu’au XIXe s., l’église était de porte des morts, avait aussi XVIe s. (ainsi à Saint-Symphorien en des airs de “marsupilami” est plus Agonisants. Ces associations de prière isolée avec son enclos au milieu plusieurs niveaux. Le rez-de-chaussée 1565). D’après les archives, le pignon difficile à dater… Sur le tympan étaient encouragées par les Capucins des champs. Le village le plus communiquait avec la nef et fut refait en 1712. Au sommet, le se voyait en 1750 le blason des et les Jésuites (les Dominicains peuplé se situait à quelque le bas-côté. L’étage était une pièce soleil est bien caractéristique du Coligny, seigneurs de Montmuran propageant les confréries du Rosaire). distance, à la Croix Bouessée, réservée aux délibérations. Tout règne de Louis XIV (même idée à la (un aigle aux ailes déployées). La composition peut s’inspirer d’une qui garde des maisons du XVIe s. en haut, l’ossuaire à claire-voie est façade de la cathédrale de Rennes). À la fin du XVIIIe s., les religieuses image donnée par les Capucins, qui assez comparables à notre église. encore empli d’ossements ! Les de St-Georges furent en procès prêchèrent une mission aux Iffs en À l’est, un vieux chemin rejoint le inscriptions rappellent les progrès Le côté nord avec ces seigneurs au sujet Cardroc 1675. G.R. 37. difficiles de l’alphabétisation au Le doublement de la chapelle de la des prééminences, mais bientôt Église des Trois Maries Le tableau exalte la mort du bon XVIIe s. La première, sur la fenêtre, Vierge au XVIIe s. a entraîné la pose la Révolution mis tout le monde chrétien, en présence des siens, L’espace sud est recopiée par quelqu’un qui d’une gargouille élémentaire pour d’accord... L’apport du XIXe s. est Le tableau de La Bonne Mort assisté d’un Capucin et des puissances Il a connu aux XVIe et XVIIe s. des manifestement ne sait pas écrire. évacuer l’eau, et a reporté à droite conséquent, avec la grande baie invisibles : l’Ange gardien (dont de purgatoire à qui le portait. Sur excroissances assez spectaculaires. Elle sera reprise en plus clair l’animal au pied des rampants. de granit et les vantaux la fête avait été instituée en 1671), la table, de chaque côté de l’assiette À droite, la tour du clocher, avec sa au-dessus : « G. Pairier : P. Gicquel : néo-gothiques de 1863. Églises à découvrir à moins que ce ne soit St Michel, vide, la pomme et le vin peuvent être tourelle d’escalier. Cette tour (vers trésoriers : 1674 ». Cet atelier se Le côté ouest Le début du XXe s. a ajouté la croix en Ille-et-Vilaine et surtout la Vierge Marie. Dans les lus comme les symboles du Péché 1568) avait à l’origine un étage retrouve à l’année Cette façade, reconstruite aussi vers faitière, qui imite celle de 1712 mains du mourant, un chapelet ; Originel, lié à la mort, et de la pour la trésorerie. Elle fut ramenée suivante (porte des morts). 1635, réutilise des éléments de la au chevet. à son cou un scapulaire, dont on Rédemption par le sang du Christ. assurait qu’il diminuait le temps Le bonnet rouge renvoie peut-être à un homme de la paysannerie (la révolte des Bonnets rouges fut matée en 1675), mais l’absence de décor donne à la scène une dimension des plus larges. Le peintre Claude Mouraud, né à Saint-Gildas d’Auray en 1634, fit surtout carrière à Rennes. Outre les tableaux de Cardroc, subsistent de lui une Adoration des Mages à Côté est Côté nord Côté ouest (1679) et une Crucifixion à Le mourant et le capucin Marie intercédant Mauron (1682). pour le mourant

Mairie de Cardroc Tél. : 029945 86 04 Presbytère de Tinténiac/Paroisse Notre-Dame des Tertres Tél. : 02996803 77 Ce document s’appuie sur les articles Côté sud de Roger Blot, « Église en Ille-et-Vilaine », 2004 nos 46, 47, 48 et 49 où figurent les sources et une bibliographie. Pour en savoir plus : Rédaction : Roger Blot. Direction des archives Remerciements Pascale Tumoine pour le Conseil général, et du patrimoine Corbelet Corbelet direction des archives et du patrimoine et à Jean-Jacques Le singe à du XVIe s. Rioult pour la DRAC Bretagne, service régional de l’inventaire. 1, rue Jacques-Léonard longue de 1635 Le pignon 35000 Rennes queue de est refait Crédit photographique, plans et dessins : Roger Blot. Tél. : 0299023553 en 1712 Maquette : PAO-imprimerie du Conseil général - juin 2012. la façade Tirage : 4000 exemplaires.

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