Contributions À La Connaissance De La Flore De La Haute-Saône Et Plus Particulièrement Des Hydrophytes
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Les Nouvelles Archives de la Flore jurassienne, 3, 2005 – Société Botanique de Franche-Comté Contributions à la connaissance de la flore de la Haute-Saône et plus particulièrement des hydrophytes par Max André M. André, 30 rue Pergaud, F-25300 Pontarlier Courriel : [email protected] Résumé – Cet article présente des observations réalisées durant les années 2002-2005 ; la répartition de plus de 65 taxons est étudiée. Ces observations sont mises en relation avec les données historiques et contemporai- nes publiées. Parmi les découvertes les plus intéressantes, citons Hypericum elodes, non revu depuis 130 ans, et de nouvelles stations pour des espèces considérées comme rares : Stratiotes aloides, Potamogeton obtusifolius, P. alpinus, P. polygonifolius, Sparganium minimum, Ludwigia palustris… Quelques taxons sont nouveaux pour le département : Lemna minuta, Lindernia dubia, Pterocarya fraxinifolia… Mots-clés : inventaire floristique, plantes patrimoniales, Haute-Saône. Préambule article pourraient laisser croire que par unité paysagère qui, dans ce cas, les hydrophytes se portent bien en n’est pas vraiment pertinente. l y a pratiquement 50 ans, Haute-Saône, n’oublions pas toute J. Bouchard écrivait : « ce ruisseau cette biodiversité perdue… Les données non personnelles sont I [qui traverse la route de Pontcey extraites de la base TAXA© SBFC / CBFC, à Vesoul, un peu avant la bifurca- Présentation les auteurs étant cités s’ils sont tion de Fresne] est très riche en pota- connus. Nous avons exploité égale- mots : P. lucens, P. perfoliatus, P. cris- Les espèces sont présentées dans le ment certaines références bibliogra- pus, P. pectinatus et probablement même esprit que les informations phiques peu consultées. Sauf indica- des hybrides, notamment : P. x affi- transmises par Yorick Ferrez (FERREZ, tion contraire, les observations sont nis Benett. (perfoliatus -> lucens) 2003) ; nos observations ne représen- les nôtres. [Potamogeton x salicifolius Wolfg.]. » tent pas une synthèse exhaustive des Nous avons placé, en synonymie, la Bull. Soc. d’Hist. Nat. Doubs, N° 58, taxons étudiés, mais constituent des nomenclature utilisée dans les ouvra- année 1954. L’auteur signale éga- matériaux pour la réalisation d’un ges anciens consultés. lement Potamogeton pusillus L. catalogue floristique ; nous espérons Toutes les observations ont fait l’ob- var major Fries1 [= Potamogeton qu’elles permettront d’orienter cer- jet d’un pointage GPS. berchtoldii Fieber, index synony- taines recherches botaniques pour mique KERGUÉLEN et BOCK, ou pour les années à venir. Elles correspon- Les espèces sont citées par ordre d’autres botanistes P. friesii Rupr.]. dent à des prospections effectuées de alphabétique. Un « ✤ » indique En août 2004, nous avons par- 2002 à 2005, dans les zones humides celles qui figurent dans l’Atlas des couru, à nouveau, ce petit ruisseau, et leurs alentours immédiats, dans plantes rares ou protégées de Franche- la Baignotte, jusqu’à sa confluence quatre unités paysagères : Vosges Comté (FERREZ, PROST et al., 2001 ; avec le Durgeon : plus aucun pota- comtoises, dépression sous-vos- un « _ » indique les taxons qui ont mot, uniquement Elodea canaden- gienne, vallée de l’Ognon et basse fait l’objet d’une synthèse récente sis et des renoncules du sous-genre vallée de la Saône (COLLECTIF, 2000). (FERREZ, 2003). On se reportera uti- Batrachium. Pour les monographies concernant lement à ces deux publications pour les hydrophytes, nous avons opté avoir une vision globale de la répar- Si les quelques observations nou- pour une présentation par bassin tition régionale et départementale velles que nous signalons dans cet versant plutôt qu’une présentation des taxons. 1 Nous ne pensons pas que la description faite de ce taxon (feuille de 4-5 mm de large sur 20 cm de long) puisse correspondre à P. berchtoldii dont la largeur des feuilles n’excède pas 2,5 mm et la longueur 75 mm. Par contre il pourrait s’agir de P. friesii. 127 Contributions à la connaissance de la flore de la Haute-Saône et plus particulièrement des hydrophytes. Dans le texte, les abréviations sui- BOUCHARD (1955) note l’espèce toriquement, l’espèce était bien vantes sont utilisées : dans une mare située en contrebas présente. At. : Atlas des plantes rares ou pro- des sources de la Lanterne, contre Cette messicole a été notée tégées de Franche-Comté. la route de Sainte-Marie. une fois au bord de la route, au R.L. (1873) : RENAULD et LALOY, Bachetey (commune de Beulotte- 1873. Des données très précises pour la Saint-Laurent,) en compagnie d’Or- vallée de la Lanterne existent nithopus perpusillus. ● Acorus calamus L. grâce au beau travail de G. MALCUIT Rappelons que cette espèce a été (1929) : très fréquent dans la ● Arum italicum Miller introduite en Europe au XVIe vallée inférieure de la Lanterne Cette espèce, originaire du Sud siècle et s’est progressivement entre Conflandey et Conflans ; en de l’Europe, a été observée à naturalisée en France, particu- amont de cette localité, dans les Cromary, vers le camping (vallée lièrement dans le Nord et l’Est, à noues et fossés de la Lanterne jus- de l’Ognon) ; cette espèce serait partir de 1800. Dans nos régions, qu’à Briaucourt. Gustave Malcuit nouvelle pour le département. la plante ne développe pas de fruits n’avait pu retrouver les stations, ni de graines fertiles ; elle se pro- plus en amont, signalées par R.L. ● Berteroa incana (L.) DC page donc uniquement grâce à ses (1873). Syn. Alyssum incanum L. rhizomes souterrains, très volu- L’espèce n’est pas indiquée par R.L. mineux. Cette particularité expli- Une seule donnée historique existe (1873). Dès 1894, dans la Flore que, en grande partie, la réparti- pour la Saône elle-même : Scey-sur- Grayloise René Maire signale l’es- tion actuelle de cette aracée. pèce comme commune dans les Saône (BERTRAND in MAIRE 1906). Historiquement, la plante est alentours de la gare de Gray (Arc- signalée dans la vallée de la Pour les données contemporaines, lès-Gray) et des Magasins de l’In- Saône et de l’un de ses affluents, il n’existe aucune donnée dans la tendance ; un pied est découvert sur la Lanterne, et au niveau de cer- la voie ferrée entre Vaivre et Vesoul base TAXA© SBFC / CBFC pour la Haute- tains affluents du Doubs, la Lizaine Saône. (MAIRE, 1898). L’implantation de et les petits cours d’eau du secteur cette espèce est donc relativement Nos observations confirment, en de Champagney. récente. Connue également de Lure grande partie, la réparation établie (Bonati) et de G. Malcuit sur les gra- par les anciens botanistes. R.L. (1873) : dans la région inférieure viers de la voie ferrée à Conflans et L’acore vrai est toujours bien pré- mais douteuse pour la région supé- à Aillevillers. C. Flagey : la Rozière sent dans la vallée de la Lanterne, rieure : Chagey, Frahier, Champey, au pied du port de Rupt, à 600 comme à Gue (commune de Champagney (C.-L. Contejean), mètres d’altitude (Madiot). Baudoncourt), en compagnie Ban de Champagney (X. Vendrely). d’Elodea nuttalii, d’E. canadensis, L’indication « Champagney » En 1953, la propagation de l’es- Berula erecta Lemna minor (C.-L. Contejean) nous semble dou- de , de pèce semble se poursuivre : « est teuse car elle implique la présence et de Spirodela polyrhiza. extrêmement répandue et indes- de l’acore sur le bassin versant de Dans la basse vallée de la Saône, tructible sur les berges de la Saône l’Ognon via le Rahin ; or, histori- l’espèce est relativement fréquente à Gray en compagnie d’Isatis tinc- quement et encore aujourd’hui, tout le long de la Saône, depuis toria var. campestris » (Bouchard) ; Acorus calamus n’est pas connu de Rigny-70 jusqu’à Vesines-01 au ce dernier taxon est considéré ce bassin versant. On peut penser moins. R. Maire en 1894, pour le comme disparu aujourd’hui (FERREZ que cette donnée doit être rappro- canton de Gray, n’évoque pas la et al., 2004). chée de celle de X. Vendrely (Ban présence de ce taxon. Par consé- de Champagney) qui, elle, cor- quent, l’acore vrai a poursuivi sa L’espèce est toujours présente à respond à un secteur dépendant migration vers l’aval depuis ses sta- Gray et dans les environs : gare du bassin versant du Doubs, via tions historiques de la vallée de la de Gray (WEIDMANN, 2003). Nous la Lizaine. Lanterne et a ainsi parcouru plu- l’avons rencontrée, en 2003 égale- Sur le diluvium à Mersuay, vallée sieurs centaines de kilomètres. ment, au bord de la Saône à Rigny, de la Lanterne (Grandclément) ; mais on ne peut pas dire que le fréquent à Linexert, Franchevelle, ● Aphanes arvensis L. dynamisme des populations signa- Bois-derrière (commune de Syn. Alchemilla arvensis (L.) lées par R. Maire et J. Bouchard se Franchevelle), etc. Scop. soit confirmé. On se rend compte Les données contemporaines dis- que les notions d’espèce invasive, © MAIRE (1906) l’indique comme ponibles (base TAXA SBFC / CBFC) d’espèce subspontanée ou natu- naturalisé dans la région de la concernent la partie ouest du ralisée doivent être utilisées avec Lanterne, à Conflans, Bourguignon- département et ne signalent pas une certaine prudence… lès-Conflans (Bonati) et Briaucourt l’espèce sur la lisière vosgienne (Bertrand). du département où, pourtant, his- 128 Les Nouvelles Archives de la Flore jurassienne, 3, 2005 – Société Botanique de Franche-Comté ✤ Butomus umbellatus L. permet de franchir l’Ognon, à Pont- (deux stations), avec Bidens fron- Les données contemporaines con- sur-l’Ognon. dosa, B. tripartita, Oxalis fon- cernent essentiellement la vallée tana, Veronica anagallis-aqua- de la Saône et l’un de ses affluents, ● Centaurea cyanus L. tica, Galinsoga quadriradiata, la Lanterne. Aux stations des Vosges comtoi- à Francalmont, à Conflans-sur- Aux stations déjà connues, ajou- ses déjà indiquées, ajoutons : Lanterne, à Mersuay (trois stations) tons les communes suivantes : Les Oroz, (commune de Ternuay- et à Fleurey-lès-Faverney (deux sta- Gevigney-et-Mercey au bord de Melay-et-Saint-Hilaire), dans quel- tions).