16 MERCREDI 19 JUILLET2017 LA MONTAGNE

Saint-Flour Remontons l' (3)

RANDONNÉE ■ Surlacommune de Molompize, une excursion réservée aux seuls pêcheurs àlatruite L’inaccessibleGouffre noir de Vauclair

Notre série sur les sites à découvrirdanslavallée de l’Alagnonnous emmène sur la commune de Molompize, près du Gouffre noir,unlieu réservé exclusivement aux pêcheurs avertis.

David Allignon [email protected] eGouffrenoir.Jem’étais d’emblée positionné pour L explorer cette curiosité de la nature. Surlacommune de Molompize, toutprèsduha­ meau de Vauclair,existeunlieu où la rivièrel’Alagnon aérodé la rochedurantdes centainesde milliers d’années,aupoint d’obscurcir la lumièredujour. Je téléphone auxoffices de tou­ risme pour en connaîtrel’accès. «LeGouffrenoir ?Désolé je ne connais pas ». Ça commence mal. «Ilyabien une airedere­ pos sur la RN 122 qui porte ce nom,entreMassiacetMurat, POINTDEVUE. Le Gouffre noir et sa paroi quiplonge àpic dans la gorgeoùs’écoule l’Alagnon que l’on ne voit, mais quel’onentend. PHOTOSD.ALLIGNON mais je n’en sais pas plus ». Le mieux est donc de s’yren­ dre. Je commence par Vauclair. jeune femme me conduit chez comment l’atteindre. «Ilse dit­il. «Oui, pourquoi ?».«Car coincé entreles rochers d’un Un petit pont de bois et de mé­ Denise,savoisine.«Elle,elle nomme Alan, et il connaît tous c’est un coin connusurtout des côté et le niveau de l’eau bien tal permet d’enjamber le cours saura».Denise est en train de les chemins du coin ». pêcheurs ». Et des kayakistes, trop haut pour ne pas finir d’eau. Puis un chemin de terre boireson café.«Entrez,vous voiredes alpinistes.Car hormis trempé.Faceàmoi, une table mène jusqu’à la chapelle du chercher le Gouffrenoir ?C’est «Vousavezdes bottes?» la rivière, et la ligne SNCFre­ hors d’âge recouverte de mous­ XIIe siècle.Magnifique.Ilnefaut très difficile d’accès.Avecun Le bourgdeFerrières n’est liant àMurat, aucun se.Jem’assieds et réfléchis.Sije cependant pas oublier d’aller ami, nous avons tenté d’yaller qu’à 5kilomètres.Unsaut de chemin ne permet d’yaccéder ne veux pas êtreaufond du chercher les clés àlamairie de mais nous nous sommes retrou­ puce.Alan tient l’Hôtel des par la terreferme.Jereprends la gouffre, autant prendredela Molompizepour la visiter.Sans vés en haut d’une falaise àpic ». voyageurs.Ilest bientôt midi. voiturepour me garer àl’airedu hauteur. Un peu plus loin,un ça… Un point positif :leGouffrenoir Au menu cejour­là, un civet de Gouffrenoir.J’aurais dû com­ point de vue domine la gorge. Je frappeàla portedel’une existe bel et bien. Le découvrir pied de porcà12 €. C’estten­ mencer par là me direz­vous.Et C’est dangereux. Inutile de s’ap­ des maisons posées sur les rives n’est pas une mince affaire. La tant, maispas idéal pour ensui­ bien non. Carenprenant le pe­ procher plus.Sijeveux vrai­ de l’Alagnon. Le clapotis de discussion avec Denise se pour­ te crapahuterdans la forêt.Je titsentier,entreronces et détri­ ment découvrir cette curiosité l’eau, le chant des oiseaux, tout suit et ellefinit par m’indiquer résiste et me contente de poser tus abandonnés par des auto­ de la nature, je devrais prendre est calme.Paisible.«LeGouffre l’adressed’un habitant de Fer­ la question au propriétaire. mobilistes peu scrupuleux, ma carte de pêche ou un billet noir ?Connaispas ». Mais la rières­Saint­Maryqui,lui, sait «Vous avez des bottes ?»,me j’arriveauborddel’Alagnon, de train. ■ Le coin du Sigal :legouffrenoiretson ombre

Le gouffrenoir…peu d’éléments maîtredes lieux, c’est lui l’intrus naires !Son nom latin (Thymal­ de la longueur du poisson, un probantssur l’origine de cette aux yeux des espèces sauvages. lusthymallus) provient de étendardirisé de coloration vio­ dénomination qui semble sortir Vous capterez probablement la l’odeur de thym quedégage ce lette àpourpre, vivement coloré d’un roman de Tolkien. Il est vrai présence des majestueux cerfs cousin de la truite.Poisson de reflets lui valant parfois le quelecontexte de cette zone de bramants dans les grands bois élancé de 30 à40centimètres surnom de «porte­étendard ». gorge pourrait aisémentaccueillir adjacentsoud’une famillede de longàl’état adulte (attei­ Subissant les aménagements contes mystérieux et sombres lé- chamoisperchéesur lesfalaises gnantjusqu’à 50 cm), il est cou­ lourds des coursd’eau et les re­ gendes. au dessus de votretête. vert de grandes écailles,dont jets polluants,l’ombrecommun Grandiose par beau temps, le Mais sous l’eau …devinerez­ certaines,pigmentées,dessinent est en nette régressiondans cadrepeutdevenir dantesque vous la présence d’un poisson des stries longitudinales,souli­ toute l’Europe depuis une tren­ quandles crues se déchaînent. apparuavant lesglaciations du gnées de tachesnoires.Latête taine d’années.LarivièreAla­ Et ce ne sontpas les passagers quaternaire, il yaplus de 2,5 est petite,lemuseauest fin, les gnon possède, selon les spécia­ de ce train dont les appuis de la millionsd’années… ?Amoureux yeux ont des pupilles en pointe listes,une des plus belles voie ferréeont cédélors de la des eaux fraîches et bien oxygé­ vers l’avant et cerclées d’or. populations françaises.Garantir crue de 1994qui vont direle nées,l’ombrecommun est sans Le signal distinctif de l’espèce sa viabilité par une gestion res­ contraire… L’Alagnon estbel et conteste l’un des plus beaux est la nageoiredorsale longue et ponsable des milieux relève TABLE EN BOIS ET MOUSSE. Sans bienuntorrent sur ce secteur, poissons d’Europe et l’un des haute, soutenue par une ving­ bien d’un enjeu fortetd’une doutedescendudepuis l’aire de et l’humilité est de rigueur. plus estimés des pêcheurs grâce tainederayonssouples.L’en­ responsabilité particulièredes repos. L’ Hommen’est plus vraiment le àses attraitssportifs…etculi­ semble forme,sur près du quart acteurs locaux. ■

Cantal