Studi Francesi Rivista quadrimestrale fondata da Franco Simone

161 (LIV | II) | 2010 Varia Anno LIV - fascicolo II - maggio-agosto 2010

Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/studifrancesi/6497 DOI : 10.4000/studifrancesi.6497 ISSN : 2421-5856

Éditeur Rosenberg & Sellier

Édition imprimée Date de publication : 1 septembre 2010 ISSN : 0039-2944

Référence électronique Studi Francesi, 161 (LIV | II) | 2010 [En ligne], mis en ligne le 30 novembre 2015, consulté le 12 janvier 2021. URL : http://journals.openedition.org/studifrancesi/6497 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ studifrancesi.6497

Studi Francesi è distribuita con Licenza Creative Commons Attribuzione - Non commerciale - Non opere derivate 4.0 Internazionale. SOMMARIO Anno LIV - fasc. II - maggio-agosto 2010

ARTICOLI

Be r n a r d J. Bo u r q u e , L’emploi de la prose chez d’Aubignac, p. 213. Sa m y Be n Me ss a o u d , Les “Observations” de Crevier sur “L’Esprit des lois”, p. 221. Ka t h e r i n e Ro n d o u , “Des souvenirs dormant dans cette chevelure”. étude de la chevelure de sainte Madeleine dans la littérature contemporaine, p. 232. Li o n e ll o So z z i , I “Quaderni di studio” di Arnaldo Pizzorusso, p. 244.

TESTI INEDITI E DOCUMENTI RARI

Ri c c a r d o Be n e d e t t i n i , Chappuys e Garzoni: note sulla traduzione del “Theatro de’ vari, e diversi cervelli mondani”, p. 259. Do r a Bi e n a i m é , Pierre Naville. Lettere inedite (febbraio 1991-aprile 1993), p. 275.

DISCUSSIONI E COMUNICAZIONI

Di c k Wu r s t e n - Je t t y Ja n ss e n , New light on the location of Clément Marot’s tomb and epitaph in Turin, p. 293. Ca r o l e Do r n i e r , Les “Pensées” de Montesquieu comme espace de constitution de l’auteur, p. 304. So p h i e Gu e r m è s , Le roman populaire au service de l’histoire contemporaine. “La Juive au Vatican”, et “Débora”, de Joseph Méry, p. 315. Pi e r a n g e l a Ad i n o l f i , Henry de Montherlant: lo stato attuale della critica, p. 324.

RASSEGNA BIBLIOGRAFICA Medioevo, a cura di G. M. Roccati, p. 331; Quattrocento, a cura di M. Colombo Timelli e P. Cifarelli, p. 339; Cinquecento, a cura di D. Cecchetti e M. Mastroianni, p. 346; Seicento, a cura di D. Dalla Valle e B. Papasogli, p. 355; Settecento, a cura di F. Piva e P. Sosso, p. 361; Ottocento: a) dal 1800 al 1850, a cura di A. Poli e L. Sabourin, p. 376; Ottocento: b) dal 1850 al 1900, a cura di I. Merello e M.E. Raffi, p. 394; Novecento, a cura di S. Genetti e F. Scotto, p. 400; Letterature francofone extraeuropee, a cura di C. Biondi e E. Pessini, p. 410; Opere generali, a cura di G. Bosco, p. 421.

Finito di stampare nel mese di settembre 2010

sf161.indb 211 22-07-2010 12:14:33 sf161.indb 212 22-07-2010 12:14:33 L’emploi de la prose chez d’Aubignac 213 ARTICOLI

L’emploi de la prose chez d’Aubignac

Un des aspects les plus frappants de la dramaturgie de François Hédelin, abbé d’Aubignac est l’utilisation de la prose. La majorité des tragédies et des tragi-comé- dies au dix-septième siècle sont écrites en vers, comme l’affirme Jacques Scherer:

On ne croit pas, avant La Motte, que la pièce de théâtre doive être en prose; on se borne à tolérer qu’elle le soit, mais on préfère le vers. Il n’y a pas d’esthétique de la pièce de théâtre en prose à l’époque classique1.

Sur le plan de la quantité d’œuvres composées, le grand maître du genre sérieux en prose est Jean Puget de La Serre qui, entre 1631 et 1644, publia sept tragédies et tragi-comédies2. Jean Desmarets de Saint-Sorlin, Gautier de Costes de La Calpre- nède, Georges de Scudéry et Pierre Du Ryer publièrent chacun une pièce de théâtre en prose entre 1642 et 16453. D’Aubignac, lui, est l’auteur de trois tragédies en prose publiées entre 1642 et 1647. Il se dégagera de notre étude que d’Aubignac fut gêné par la convention de la versification. Malgré sa mission d’imposer la règle de la vraisemblance sur la scène et l’absence des vers dans ses propres tragédies, le théoricien ne releva pas le défi de dé- fendre l’emploi de la prose au théâtre. Le mode d’expression consacré que devint la forme versifiée fut donc la cause d’un compromis dans son système dramaturgique.

Les Pièces de d’Aubignac

Tout le monde connaît d’Aubignac théoricien, auteur de La Pratique du théâ- tre, mais on ignore en général d’Aubignac dramaturge. Les pièces de cette figure qui, entre 1640 et 1665, jouit «d’une autorité considérable»4 sont presque oubliées aujourd’hui. L’image que nous avons de ces œuvres n’a pas changé depuis celle du dix-septième siècle, perpétuée en partie par les commentaires moqueurs de plusieurs contemporains de l’écrivain. Vu comme un dramaturge raté en train de critiquer les

(1) Ja c q u e s Sc h e r e r , La Dramaturgie classique en Catherine, et des tragi-comédies Climène ou le France, , Nizet, 1950, p. 197. Dans la «Note triomphe de la vertu (1643) et Thésée ou le prince préliminaire» de la réimpression de son ouvrage reconnu (1644). Cf. Re n é Br a y , L’Introduction des en 1964, Scherer indique la correction suivante au vers mêlés sur la scène classique, «Publications of passage cité: «au lieu de: On ne croit pas, avant La the Modern Language Association of America», 66, Motte, lire: On ne croit pas en général, avant La 1951, p. 460. Motte». La Suite de réflexions sur la tragédie d’An- (3) Il s’agit de la tragi-comédie Erigone (1642), de toine Houdar de La Motte fut publiée en 1730. la tragédie Herménigilde (1643) et des tragi-comédies (2) Il s’agit des tragédies Pandoste ou la princesse Axiane (1644) et Bérénice (1645), respectivement. malheureuse (1631), Pyrame (1633), Thomas Morus (4) Re n é Br a y , La Formation de la doctrine classi- ou le triomphe de la foi et de la constance (1642), que en France, Lausanne-Genève-Neuchâtel, Payot, Le Sac de Carthage (1642) et Le Martyre de sainte 1931, p. 279.

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pièces des auteurs à succès, d’Aubignac devint une cible facile pour ses ennemis. Dans sa Défense de la Sophonisbe, Jean Donneau de Visé dit de l’abbé: Il a donné des règles qui lui ont été inutiles; il n’a jamais su, ni faire de pièces achevées, ni en bien reprendre, ni même en faire faire à ceux qui ont pris de ses leçons5.

S’adressant à d’Aubignac dans la Défense du Sertorius, de Visé continua ses mo- queries: Vous ajoutez dans le même endroit, sans aucune autre nécessité, que celle que vous vous êtes imposé de vous louer, que feu Monsieur le Comte de Fiesque avait coutume d’appeler votre Zénobie la femme de Cinna. Ce Héros n’aurait pas voulu répudier Emilie, pour l’épouser, le Parti n’aurait pas été égal, et ce fameux Romain serait bientôt demeuré veuf6.

Commentons brièvement chacune des trois pièces en prose de d’Aubignac. Vers 1640, influencé par les goûts du , d’Aubignac commença à s’appli- quer à l’art dramatique. Le sujet de la première pièce, La Pucelle d’Orléans, est em- prunté à l’histoire nationale. Avec cette œuvre, d’Aubignac alla à contre-courant de la plupart de ses contemporains, qui se tournaient plutôt vers le théâtre antique comme source de sujets historiques ou légendaires7. Du thème du miracle chrétien, d’Aubi- gnac tourna ensuite son attention vers celui du miracle païen, le monde antique lui fournissant le sujet de La Cyminde ou les deux victimes. Il s’agit de l’histoire d’une princesse qui s’offre en sacrifice à la place de son époux, certains éléments de l’intri- gue ressemblant à Alcestis (Alceste) d’Euripide. En 1642, François Targa imprima La Pucelle et La Cyminde sans l’aveu de l’auteur. D’Aubignac fit saisir les exemplaires, mais donna enfin son assentiment à la publication des pièces8. Composées à la demande de Richelieu, les adaptations en vers de ces deux œuvres avaient été jouées à Paris l’année précédente. La Pucelle d’Orléans, versifiée par Isaac de Benserade ou par Hippolyte-Jules Pilet de La Mesnardière9, fut montée à l’Hôtel de Bourgogne ou au Théâtre du Marais, alors que Cyminde ou les deux victimes, de Guillaume Colletet, fut représentée au théâtre aménagé par Richelieu dans son Palais Cardinal. Selon Targa, La Pucelle d’Orléans en vers fut «défigurée en la représenta- tion», les comédiens changeant les termes, corrompant «les sentiments et les figures», faisant souvent «des exclamations pour des interrogeants» et criaillant «quand il fallait modérer sa voix»10. L’adaptation de La Cyminde reçut un traitement semblable, «les

(5) Défense de la Sophonisbe de Monsieur de Cor- couleurs en Lorraine fut publiée à Rouen, chez Ra- neille. Par M. Dauneau de Visé, in Recueil de disser- phaël du Petit Val, en 1600. Cette pièce est parfois tations sur plusieurs tragédies de Corneille et Racine, attribuée à Jean de Virey, sieur du Gravier. éd. François Gr a n e t , 2 vol. en 1 vol., Hildesheim, (8) La Pucelle d’Orléans, tragédie en prose, Paris, Georg Olms Verlag, 1975, t. I, p. 157. François Targa, 1642, «Le Libraire au lecteur». (6) Défense du Sertorius de Monsieur de Corneille, (9) Il n’est pas certain lequel de ces deux écrivains in Recueil de dissertations, t. I, p. 309. est l’auteur de l’adaptation en vers de La Pucelle. (7) Cependant, d’Aubignac ne fut pas le pre- Lancaster déclare: «The fact that d’Aubignac and mier tragédien français à traiter l’histoire de Jeanne Benserade were both tutors to Brézé would indicate d’Arc. En 1581, le père Fronton du Duc publia Benserade as the author, but a community of tastes son Histoire tragique de la Pucelle de Don-Remy, also existed between d’Aubignac and La Mesnardiè- autrement d’Orléans à Nancy, chez J. Barnet. Selon re, for they composed the two chief works of drama- le sous-titre de l’édition de Paris de 1859, la pièce tic criticism of their generation», H. C. La n c a s t e r , fut représentée à Pont-à-Mousson le 7 septembre A History of French Dramatic Literature in the Seven- 1580 devant Charles II, duc de Lorraine. La pièce teenth Century, 5 parties en 9 vol., Baltimore, Johns anonyme Tragédie de Jeanne Darques dite la Pucelle Hopkins Press, 1929-1942, t. II, vol. I, p. 360. d’Orléans, Native du Village d’Emprenne, près Vou- (10) La Pucelle d’Orléans, «Le Libraire au lecteur».

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Acteurs, outre toutes les fautes du récit, les omissions et le changement de plusieurs paroles très importantes», la représentant «avec beaucoup de négligence»11. Selon toute probabilité, La Cyminde originale ne fut jamais représentée. En ce qui concerne La Pucelle en prose, Henry Carrington Lancaster soutient qu’elle fut peut- être montée au Palais Cardinal, puisque ce théâtre avait un rideau d’avant-scène que d’Aubignac mentionne dans une des indications scéniques de sa pièce12. Cependant, il est probable que le dramaturge prenait ses désirs pour des réalités, destinant sa pièce, semble-t-il, au théâtre du Palais Cardinal à cause de l’existence du rideau. Ce rêve ne fut pas réalisé13. Georges Védier fait remarquer que si La Pucelle en prose avait été jouée, le libraire «n’aurait pas manqué de le dire»14. Son hypothèse est soutenue par les frères Parfaict: «Pucelle (la) D’Orléans, Tragédie en prose de M. l’Abbé d’Aubignac, non représentée, in-12. Paris, Targa, 1642»15. Antoine de Léris déclare: «[…] elle ne fut pas représentée»16. Il est probable donc que cette pièce subit le même sort que La Cyminde en prose et que seules les adaptations en vers des deux œuvres furent montées. Pendant ces années, d’Aubignac collabora à la composition d’autres pièces, mais sa contribution en prose ne fut pas appréciée par les autres dramaturges17. Il élabora le plan d’autres ouvrages dramatiques, mais ses efforts demeurèrent infructueux18. En 1647, parut le troisième ouvrage dramatique en prose de d’Aubignac, Zé- nobie, la première tragédie française à traiter de l’histoire de la reine de Palmyre. La pièce avait été jouée à l’Hôtel de Bourgogne en 1640, Jean Chapelain faisant mention d’avoir vu la tragédie dans sa lettre du 6 avril à François de Mainard: «Monsieur, j’ay veu vostre lettre en allant à Zénobie […]»19. C’est le seul ouvrage dramatique dont d’Aubignac reconnut la propriété20. D’après Donneau de Visé, Zénobie réussit «en quelque façon» sur le théâtre21, la pièce faisant partie du répertoire de la troupe royale à l’Hôtel de Bourgogne entre 1642 et 164622. L’œuvre fut imitée en vers en 1660 par Jean Magnon, qui parle, dans son «Au Lecteur» de Zénobie reine de Palmyre, du «beau succès» de la tragédie en prose du «fameux Monsieur l’Abbé d’Aubignac»23. Plusieurs documents du dix-septième siècle attribuent une quatrième pièce à d’Aubignac, Le Martyre de Ste Catherine, publiée en 164924. L’œuvre conservée, qui

(11) La Cyminde ou les deux victimes, tragédie en çois Le Métel, seigneur de Boisrobert (1592-1662), prose, Paris, François Targa, 1642, «Le Libraire au et de Manlius Torquatus (1662), tragi-comédie écri- lecteur». te par Marie-Catherine Desjardins et jouée en 1662. (12) A History of French Dramatic Literature in Cf. Ch a r l e s Ar n a u d , Les Théories dramatiques au the Seventeenth Century, t. II, vol. I, pp. 357, 359, x v i i e siècle: étude sur la vie et les œuvres de l’abbé 361, 367. Il s’agit de la scène III, 6. d’Aubignac, Paris, 1887; réimpr. Genève, Slatkine (13) Cf. Ge o r g e s Vé d i e r , Origine et évolution de Reprints, 1970, p. 272. la dramaturgie néo-classique, Paris, Presses Univer- (18) «[…] on m’en a montré plusieurs dont j’ai sitaires de France, 1955, p. 115. dit mes sentiments qui n’ont pas été suivis; j’ai (14) Ibid., pp. 115-116. donné l’ouverture de quelques sujets que l’on a fort (15) Fr a n ç o i s e t Cl a u d e Pa r f a i c t , Dictionnaire mal disposés», Abb é d’Au b i g n a c , Quatrième disser- des théâtres de Paris, 7 vol., Paris, Rozet, 1767, t. tation, p. 138. IV, p. 276. (19) Lettres de Jean Chapelain, publiées par Ph. (16) Dictionnaire portatif historique et littéraire Ta m i z e y d e La r r o q u e , 2 vol., Paris, Imprimerie des théâtres, Paris, Jombert, 1763, p. 371. Nationale, 1880-1883, t. I, p. 598. (17) «[…] j’ai d’autrefois fait en prose jusqu’à (20) Abb é d’Au b i g n a c , Quatrième dissertation, deux ou trois Actes, mais l’impatience des Poètes ne p. 138. pouvant pas souffrir que j’y misse la dernière main, (21) Défense de la Sophonisbe, in Recueil de dis- et se présumant être assez forts pour achever sans sertations, t. I, p. 157. mon secours, y a tout gâté», Abb é d’Au b i g n a c , Qua- (22) S. Wi l m a De i e r k a u f -Ho lsb o e r , Le Théâtre trième dissertation concernant le poème dramatique, de l’Hôtel de Bourgogne, 2 vol., Paris, Nizet, 1970, servant de réponse aux calomnies de M. Corneille, t. II, p. 29. in Dissertations contre Corneille, éd. Nicholas Ha m - (23) Je a n d e Ma g n o n , Zénobie reine de Palmire, m o n d et Michael Ha w c r o f t , Exeter, University of Paris, Christophe Journel, 1660. Exeter Press, 1995, p. 138. Il s’agit de Palène, pu- (24) Cette pièce en vers fut publiée en 1649 à bliée en 1640, et de La Vraie Didon (1642) de Fran- Lyon, chez Pierre Compagnon (in-4o), et à Caen,

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est en vers, n’est probablement pas le travail de d’Aubignac, qui ne reconnut jamais sa paternité d’une pièce versifiée même lorsque ses talents de versificateur furent remis en question par ses contemporains. Les catalogues de la Bibliothèque nationale de France attribuent Le Martyre de Ste Catherine à d’Aubignac ou à Marthe Cosnard dont la seule œuvre certaine est Les Chastes martyrs, tragédie chrétienne, publiée en 1650. Une Sainte Catherine est attribuée à d’Aubignac et une autre à Saint-Germain par Maupoint25 et par les frères Parfaict26. Selon le catalogue de Soleinne, l’œuvre pu- bliée à Lyon est celle de Saint-Germain, auteur de la tragi-comédie Grand Timoléon de Corinthe (1641)27. Charles Arnaud affirme que Ste Catherine est l’adaptation d’une pièce écrite en prose par d’Aubignac28, conclusion soutenue par Hélène Baby29. Lancaster est d’un avis contraire, déclarant que la tragédie est l’œuvre de quelque dramaturge provincial dont l’identité est inconnue, et que la version en prose n’a sans doute jamais existé30. Scherer est silencieux à ce sujet. René Bray affirme que d’Aubignac est l’auteur de quatre tragédies sans en identifier les titres31. Tenant compte du fait qu’une adaptation en vers d’une pièce de théâtre en prose comporte souvent des changements à part celui du mode d’expression, il faut signa- ler qu’il y a trois similitudes saisissantes entre Le Martyre de Ste Catherine et les trois pièces de d’Aubignac. En premier lieu, le rôle principal de chacune des tragédies est attribué à une femme dont le nom figure dans le titre de la pièce. Deuxièmement, le thème de l’amour est au centre des intrigues, l’héroïne de chaque pièce étant courti- sée par son ennemi. En troisième lieu, le thème de la souveraineté masculine est pré- sent dans les quatre œuvres. Il va de soi que ces composants communs ne constituent pas une preuve de la paternité de d’Aubignac à l’égard d’une pièce de martyre. Il y a, après tout, des dissemblances entre Ste Catherine et les trois autres tragédies. La diffé- rence la plus frappante porte sur le dénouement, l’auteur de Ste Catherine négligeant de répondre à l’attente du spectateur que Maximin sera puni pour ses crimes. Ce

chez Eleazar Mangeant (in-8o). L’édition de Lyon (26) Dictionnaire des théâtres de Paris, t. II, p. 63. est maintenant perdue. Nous savons qu’il s’agit (27) Bibliothèque dramatique de M. de Soleinne, de la même œuvre grâce au catalogue de Soleinne § 1190, t. I, p. 264. qui cite six vers de l’édition de Lyon (Bibliothèque (28) Les Théories dramatiques au x v i i e siècle, dramatique de M. de Soleinne, catalogue rédigé par pp. 271-272. Paul Lacroix, 9 parties en 6 vol., Paris, Administra- (29) Hélène Ba b y , «Introduction», in Abb é tion de l’Alliance des Arts, 1843-1845, § 1190, t. I, d’Au b i g n a c , La Pratique du théâtre, éd. H. Ba b y , p. 264). Les catalogues de la Bibliothèque nationale Paris, Champion, 2001, p. 15. de France identifient un exemplaire du Martyre de (30) A History of French Dramatic Literature in Ste Catherine, publié à Caen, chez Mangeant, en the Seventeenth Century, t. II, vol. II, pp. 668-669. 1640: cote 4-BL-3583 (2,1), Arsenal. Cette date Lancaster affirme: «As for d’Aubignac, he never n’est pas exacte. Il s’agit plutôt d’une édition pu- admitted treating this subject and was not favorable bliée en 1650, «Sur la copie Imprimée à Caen, chez to religious plays, while none of his contemporaries ELEAZAR MANGEANT», in-4o. Plusieurs édi- refers to it as his», ibid., p. 669. En fait, d’Aubignac tions de la tragédie parurent après 1650: Paris, E. est d’avis que les pièces chrétiennes devraient seule- Loyson, 1666, in-12o; Rouen, J.-B. Besogne, 1700, ment être lues et jamais représentées publiquement in-12o; Troyes, sur la copie imprimée à Rouen, chez à cause des comédiens impies du théâtre français J.-B. Besogne, 1700, in-12o; Caen, J.-J. Godes, 1705, (La Pratique du théâtre, p. 457). Pourtant, sa Pucel- in-12o; Troyes, Vve de Jacques Oudot, 1718, in-12o; le d’Orléans peut être considérée comme une pièce Troyes, Pierre Garnier, sans date, in-12o; sans date religieuse en plus d’être une œuvre politique. ou lieu de publication, in-12o. La pièce fut publiée (31) La Formation de la doctrine classique en Fran- aussi chez G. de Luyne, à Paris en 1666, in Recueil ce, p. 358. Le Catalogue du duc de La Vallière (1708- de tragédies saintes, contenant trois autres pièces: 1780) indique l’existence d’un manuscrit d’une autre L’Illustre Olympie ou le Saint Alexis (1644 et 1645) pièce de d’Aubignac, une «comédie en cinq actes, par Nicholas-Marc Desfontaines, Saint Eustache en vers», intitulée L’Heureux prodigue. La Vallière (1649) par Balthazar Baro et Saint Genest (1647) écrit: «[…] paraît original, de la main même d’Hé- par Jean de Rotrou. delin d’Aubignac; il vient de sa bibliothèque», cité (25) Bibliothèque des théâtres, Paris, Prault, par Ar n a u d , Les Théories dramatiques au x v i i e siècle, 1733, p. 276. p. 275n. Ce manuscrit n’a pas encore été retrouvé.

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dénouement va à l’encontre de la pratique de d’Aubignac, qui, dans les trois pièces en prose, se montre d’accord avec la croyance de La Mesnardière que les vices doi- vent être toujours punis32. Tout compte fait, il faut avouer que la question portant sur l’existence d’une Ste Catherine par notre auteur est encore en suspens.

La Prose

Pourquoi d’Aubignac décida-t-il de rédiger en prose ses pièces de théâtre pen- dant une période où la forme versifiée jouissait d’une grande popularité? À la dif- férence de La Serre, qui fut indifférent aux vers, et de Desmarets, La Calprenède, Scudéry et Du Ryer, dont l’expérimentation avec la prose semble avoir été motivée par le succès d’autres pièces de cette forme33, d’Aubignac fut certainement influencé par les critiques de l’époque qui préconisaient la règle de la vraisemblance. Honoré d’Urfé s’appuya sur cette notion pour justifier son emploi des vers mêlés dans La Silvanire (1627): […] n’est-il pas vrai que les Italiens ont eu raison de bannir les rimes de leurs Tragédies, Comédies, Pastorales et semblables, puisqu’aussitôt que l’on les fait parler en rime, l’on sort in- continent de cette vraisemblance qui est leur principal but? Car qui serait celui que se pourrait empêcher de rire, s’il oyait un roi à la tête de son armée parler en rime à ses Soldats, ou bien un Marchand faire ses comptes avec son Facteur en vers rimés? Et n’est-ce pas commettre cette même faute que de rimer les Tragédies et les Comédies?34

Se prononçant en faveur de l’instauration de la prose au théâtre, Chapelain parle de «la tyrannie de la rime [qui] ôte toute la vraisemblance au théâtre et toute la créance à ceux qui y portent quelque étincelle de jugement»35. Érigeant en exemple les pièces en prose et en vers non rimées des dramaturges italiens et espagnols, il conclut: «Nous seuls, les derniers des barbares, sommes encore en cet abus […]»36. D’Aubignac fut du même avis, les mots du libraire de La Pucelle d’Orléans étant sans doute ceux du dramaturge: […] bien que la Poésie ait beaucoup plus d’agréments, elle a toujours la contrainte de la mesure et des rimes qui lui ôte beaucoup de rapport avec la vérité: et j’estime que la vrai- semblance des choses représentées, ne donne pas moins de grâce et de force à la prose, que la justesse et la cadence aux vers37.

D’ailleurs, la notion de vraisemblance forme le pilier de la doctrine de notre théoricien:

(32) Hi p p o l y t e -Ju l e s Pi l e t d e La Me s n a r d i è r e , la préface de “La Sylvanire” d’Honoré d’Urfé, «x v i i e La Poétique, Paris, Sommaville, 1639; réimpr. Ge- Siècle», 79, 1968, pp. 3-15. nève, Slatkine, 1972, p. 107. (35) Lettre sur la règle des vingt-quatre heures, (33) Cf. Br a y , L’Introduction des vers mêlés sur la in Opuscules critiques, éd. Alfred Hu n t e r , Paris, scène classique, pp. 460-461. Droz, 1936, p. 126. (34) «Préface» à La Silvanire, ou La morte-vive, (36) Ibid. Sur la contestation de l’alexandrin au in Gi o v a n n i Do t o l i , Temps de préfaces: le débat dix-septième siècle, voir l’article de Da n i e l a Da ll a théâtral en France de Hardy à la querelle du «Cid», Va ll e , L’alessandrino contestato. Stanze, versi liberi Paris, Klincksieck, 1996, p. 170. La préface fut écri- e prosa nel teatro francese del Seicento, «Micromé- te en 1625. Sur l’influence italienne dans la théorie gas», 1976, pp. 97-128. de d’Urfé, voir l’article de Da n i e l a Da ll a Va ll e , (37) La Pucelle d’Orléans, «Le Libraire au lec- L’italianisme dans les poétiques baroques françaises: teur».

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Voici le fondement de toutes les Pièces du Théâtre, chacun en parle et peu de gens l’en- tendent; voici le caractère général auquel il faut reconnaître tout ce qui s’y passe; En un mot la Vraisemblance est, s’il le faut ainsi dire, l’essence du Poème Dramatique, et sans laquelle il ne se peut rien faire ni rien dire de raisonnable sur la Scène38.

On s’attendrait, donc, à ce que ce précepte ait été invoqué par d’Aubignac pour défendre l’emploi de la prose au théâtre. Chose étonnante, l’abbé reste officiellement muet sur ce sujet. Son Apologie de la Prose contre les Vers, mentionnée dans «L’Avis des libraires au lecteur» de Zénobie, ne vit jamais le jour. Ce travail proposé se trans- forma en quelques phrases seulement dans sa Pratique du théâtre, l’auteur soutenant que les alexandrins à rime plate au théâtre doivent être pris pour la prose: Pour l’entendre, il faut présupposer, que les grands vers de douze syllabes, nommés Com- muns dans les premiers Auteurs de la Poésie Française, doivent être considérés au Théâtre comme de la prose: car il en est de ces sortes de vers comme des Iambes, qui selon la doctrine d’Aristote furent choisis pour les Tragédies par les Anciens, à cause qu’ils approchent plus de la prose que tous les autres, et qu’ordinairement en parlant Grec ou Latin, on en fait sans y penser39.

Comme l’affirme Baby, cette acceptation de la convention des vers au théâtre n’est pas sans ambiguïté: […] d’Aubignac admet que les vers communs soient la représentation conventionnelle du discours courant […], mais, en même temps, affirme qu’ils participent véritablement, dans la réalité, au discours quotidien et fait «sans préméditation» […] Cette ambiguïté signale que d’Aubignac n’est pas convaincu40.

Les remarques de d’Aubignac constituent un aveu, fait à contrecœur, de la futi- lité de combattre la popularité de la forme versifiée, sentiment exprimé par Chapelain vingt-sept ans plus tôt41. Ce changement de position démontre aussi la sensibilité de d’Aubignac quant à son manque de talent de versificateur dans un siècle où la forme versifiée devient l’objet d’un sentiment de révérence. Cette sensibilité se manifesta de nouveau lorsque Pierre Corneille, en 1660, lança le défi suivant à ses critiques: Il est facile aux spéculatifs d’être sévères, mais, s’ils voulaient donner dix, ou douze poè- mes de cette nature au public, ils élargiraient peut-être les règles, encore plus que je ne fais, sitôt qu’ils auraient reconnu par l’expérience, quelle contrainte apporte leur exactitude, et combien de belles choses elle bannit de notre théâtre42.

Bien que les remarques de Corneille se rapportent à la difficulté de respecter les trois unités, en particulier celle de lieu, d’Aubignac se mit tout de suite sur la défen- sive concernant ses propres talents de versificateur:

(38) La Pratique du théâtre, p. 123. la Comédie, in De la connaissance des bons livres, (39) Ibid., pp. 383-384. Ch a r l e s So r e l traitera ou Examen de plusieurs auteurs, Paris, A. Pralard, cette question, quatorze ans plus tard, dans son 1671, p. 218. ouvrage De la connaissance des bons livres, publié (40) Ibid., p. 384n. en 1671. Le troisième traité remettra en question (41) «[…] et qui pis est, je ne vois pas comment l’utilité des vers au théâtre: «On peut donc suppo- nous le pourrions quitter», Ch a p e l a i n , Lettre sur la ser que la Prose est plus agréable pour les Pièces de règle des vingt-quatre heures, p. 126. Théâtre, que n’est la Poésie, puisqu’on veut bien (42) Pi e r r e Co r n e i ll e , Discours des trois unités, que la Poésie lui ressemble», De la Poésie Fran- in Œuvres complètes III, éd. Georges Co u t o n , Pa- çaise, de ses différentes espèces, & principalement de ris, Gallimard, 1987, p. 190.

sf161.indb 218 22-07-2010 12:14:33 L’emploi de la prose chez d’Aubignac 219

Ce n’est pas que M. Corneille puisse absolument faire sa maxime erronée contre moi; car vous savez, Madame, que j’ai quelque connaissance de la poésie, et que quand il me plaît, je fais des vers qui ne déplairaient pas au Théâtre. […] Enfin pour ne pas m’étendre sur la consi- dération de mon intérêt, je ferai des vers quand il me plaira […]43.

Dans sa Quatrième dissertation, nous décelons la rancœur de d’Aubignac contre le prestige de la forme versifiée. Parlant de La Pucelle d’Orléans et de La Cyminde ou les deux victimes, que Richelieu fit mettre en vers, l’abbé soutint que «les Poètes en changèrent tellement l’économie qu’ils [les ouvrages] n’étaient plus reconnaissa- bles»44. Une déclaration affirmant le contraire se trouve dans «Le Libraire au lecteur» de La Pucelle d’Orléans: […] celles qui furent jouées l’année dernière sous ces deux titres, n’en sont en rien diffé- rentes, sinon que les unes sont en vers, et les autres en prose, mais au reste toutes semblables, soit au dessein, soit en l’économie ou aux pensées.

D’Aubignac avait-il raison de se plaindre de ces adaptations, ou s’agissait-il seu- lement du dépit de sa part? En ce qui concerne La Pucelle d’Orléans, à part la scène II, 2, où un passage entier est supprimé45, et quelques différences dans sept autres scènes46, la pièce versifiée respecte l’ordre et le contenu des répliques de l’œuvre ori- ginale. Les dissemblances entre les deux pièces sont minimes. Le Comte de la pièce en vers paraît plus passionné pour la Pucelle que celui de l’œuvre en prose, et le Duc ressent plus vivement le regret de son comportement que le même personnage dans la pièce de d’Aubignac. De plus, quelques détails horribles évoqués par la Pucelle, à la scène II, 5, et par le Baron, à la scène V, 5, sont éliminés par l’auteur de la pièce en vers, signalant le même souci des mœurs que l’on voit généralement dans la seconde moitié du siècle. L’auteur de la pièce en vers ne fait mention, à la première scène, ni du ciel qui s’ouvre ni de la machine élevée. De plus, il supprime toutes les notes marginales historiques de d’Aubignac. Quoiqu’il garde la didascalie «Le Théâtre se referme» à la fin du troisième acte, l’auteur passe sous silence la toile de devant. Lancaster affirme erronément que l’auteur de l’adaptation élimine un passage de la scène II, 3, alors que la scène en question est II, 2. Il écrit aussi que le personnage d’Aronte est supprimé47. Bien que ce nom ne figure pas sur la liste des personnages au début de la pièce en vers, Aronte paraît à la scène I, 8, comme il le fait dans la pièce de d’Aubignac. Les autres changements sur la liste des personnages sont les suivants: «IEANNE d’ARCQ, dite la Pucelle d’Orleans», dans l’adaptation en vers, plutôt que «IEANNE d’ARCQ, dite la Pucelle», «LE COMTE DE VARVIC», plutôt que «RICHARD, Comte de Vvaruick», «LE DUC de SOMMERSET», plutôt que «EMOND, Duc de Sommerset», «LE BARON DE TALBOT», plutôt que «IEAN DE TALBOT, Baron de Salopie», «DESTIVET», plutôt que «DESPINET», «LA COMTESSE DE VARVICK», plutôt que «LA COMTESSE de Vvaruick», «DALIN- DE, sa confidente», plutôt que «DALINDE, Suivante de la Comtesse», Canchon, Mide et Destivet identifiés comme «Anglais», plutôt que «Juges», Varvic, Sommerset et Talbot identifiés aussi comme «Anglais», «GARDES», plutôt que «DEUX GAR- DES» et «SOLDATS», et «PEUPLE», plutôt que «Chœur des Soldats et du Peuple».

(43) Seconde dissertation concernant le poème dra- qui finit par «[…] si ma conscience ne me justifie je matique, en forme de remarques sur la tragédie de M. ne serai jamais satisfait». Corneille, intitulée Sertorius. À Madame la duchesse (46) Il s’agit des scènes I, 2, I, 3, I, 5, IV, 2, V, 3, de R***, in Dissertations contre Corneille, p. 26. V, 5 et V, 7. (44) P. 138. (47) A History of French Dramatic Literature in (45) Il s’agit du dialogue qui commence par the Seventeenth Century, t. II, v. I, pp. 360-361. «Quoi? la magie est-elle pas un crime capital?» et

sf161.indb 219 22-07-2010 12:14:33 220 B. J. Bourque

Cette liste s’intitule «PERSONNAGES», dans l’adaptation en vers, plutôt qu’«AC- TEURS». En dépit de ces dissemblances, la déclaration de d’Aubignac selon laquelle sa Pucelle n’était pas aisément reconnue paraît au total peu recevable. En revanche, l’adaptation en vers de La Cyminde ou les deux victimes comporte deux scènes de moins que la pièce de d’Aubignac48. Les différences majeures entre La Cyminde en prose et l’adaptation en vers sont les suivantes: le changement du nom du héros Arincidas à Lisidas, le changement du nom du royaume de Coracie à Sarmacie, le changement du nom d’Eryone à Hesione, l’élimination du personnage de Dorcas, l’addition d’un page qui paraît aux scènes V, 5 et V, 6, la suppression de quelques indications scéniques et l’identification des deux bourgeois Licaste et Erymant. Lan- caster affirme erronément que ce dernier est un page. D’autres changements qui se trouvent sur la liste des personnages sont les suivants: «Cyminde, Demoiselle d’Alba- nie, depuis peu femme de Lisidas», dans l’adaptation en vers, plutôt que «Cyminde, Damoiselle d’Albanie femme d’Arincidas», et «Deux troupes de Bourgeois», plutôt que «Troupe de Citoyens d’Astur». De plus, les indications scéniques sont moins pré- cises dans l’œuvre versifiée. Bien que les intrigues soient identiques, Colletet se donne carte blanche dans la création du dialogue. Son roi est plus impétueux et son Ostane est plus passionné que les personnages homologues de la pièce en prose. En général, les personnages de Colletet sont beaucoup plus verbeux que ceux de d’Aubignac, les exigences de la versification conduisant à un plus large développement des idées ou parfois à une répétition des pensées des personnages à cause du besoin de créer des distiques. La déclaration de d’Aubignac, selon laquelle ses pièces, une fois mises en vers, n’étaient plus reconnaissables, se vérifie en effet pour La Cyminde. Par contraste avec les deux autres pièces, Zénobie ne fut pas mise en vers dans les années 1640. L’adaptation de Magnon, écrite une vingtaine d’années plus tard, n’est pas fidèle à l’intrigue de la tragédie originale49. Le point de vue de d’Aubignac sur la valeur de cette œuvre n’est pas connu. Le dramaturge aurait sans doute répété l’asser- tion que son ouvrage était méconnaissable, trouvant mauvais qu’un autre dramaturge avait essayé d’améliorer sa pièce en la versifiant.

Compte tenu du sort de La Pucelle d’Orléans et de La Cyminde ou les deux victimes, nous en concluons que l’abbé d’Aubignac fut contrarié par le relatif succès des adapta- tions de ses deux premières pièces. Son emploi exclusif de la prose dans ses ouvrages dramatiques démontrerait ses talents limités de versificateur, point faible qui le rendit à la fois indifférent au prestige des vers et hostile aux pièces imitatrices de ses œuvres. Son abandon de la règle de la vraisemblance, au sens strict, en faveur de l’alexandrin constitue un compromis dans son système dramaturgique. Face aux courants de l’opinion publique et critique de son époque, d’Aubignac théoricien apporte un soutien réticent à la conven- tion de la versification, le silence qu’il s’impose concernant l’emploi légitime de la prose au théâtre se trouvant en désaccord avec sa pratique. b. j. b o u r q u e

(48) Colletet combine les scènes I, 4 et I, 5 ainsi romain, qui auparavant aimait la reine de Palmyre, que les scènes II, 5 et II, 6 de la pièce en prose. Il devient amoureux, lui aussi, d’Odénie. De plus, élimine la scène II, 2 et ajoute une septième scène les dénouements ne s’accordent pas. Dans la tra- à l’acte III. gédie de Magnon, Zabas et Zénobie se suicident, (49) Les différences majeures entre Zénobie de tandis que Timagène et Odénie deviennent prison- d’Aubignac et l’adaptation en vers sont les suivan- niers d’Aurélien et seront exhibés au public dans tes: l’élimination des rôles de Marcellin, Cléade, le triomphe du vainqueur. Par contre, l’œuvre de Valère, Jule et des deux fils de Zénobie, Timolaus d’Aubignac se termine par le suicide de la reine, et Henennian; l’addition d’Odénie, fille de la reine, Zabas et Timagène ayant succombé, plus tôt dans et de Martian, lieutenant général d’Aurélien. Dans la pièce, à leurs blessures. De plus, l’empereur lui- la pièce de Magnon, Zabas est amoureux de Zé- même envisage de se donner la mort. nobie, et Timagène de la princesse. L’empereur

sf161.indb 220 22-07-2010 12:14:33 Les “Observations” de Crevier sur “L’Esprit des lois” 221 Les “Observations” de Crevier sur “L’Esprit des lois”

«La première loi de l’histoire m’obligeait de dire le vrai»1.

Que savons-nous de Jean-Baptiste Crevier († 1765), disciple de Charles Rollin et correspondant de J.-J. Rousseau2? Peu de choses, sinon rien. Son œuvre histori- que, abondante, maintes fois rééditée et traduite en plusieurs langues, n’a fait l’objet d’aucune étude. Pourtant, ce professeur de rhétorique, aujourd’hui illustre inconnu, jouissait de son vivant d’une grande notoriété au sein de l’Europe savante. Outre ses travaux didactiques, Crevier a publié une critique de Montesquieu: Observations sur le livre de L’Esprit des lois. La première partie de notre enquête, réalisée d’après des sources rares et iné- dites, propose un bref éclairage sur la vie du professeur et spécialiste de l’Antiquité romaine. Vient ensuite une lecture synthétique de ses Observations, un livre qui a suscité beaucoup de commentaires.

Jean-Baptiste Crevier

Ce «professeur de rhétorique domine la dernière période du collège» de Beau- vais3. Chronologiquement, elle se situe au seuil des Lumières. Titulaire de la chaire d’éloquence, Crevier, l’un des «maîtres les plus renommés»4 de l’Université de Paris,

(1) J.-B. Cr e v i e r , Histoire de l’Université de Paris, n’avait pas dans la société cette douceur et cette Paris, Desaint & Saillant, 1761, in-12, t. I, p. XXII. aménité qui caractérisaient M. Rollin. Un certain (2) Voir Correspondance complète de Jean-Jacques ton de raideur auquel M. Crevier s’était habitué, ne Rousseau, éd. R. Le i g h , Genève, Institut et Musée prévenait pas en sa faveur; mais ce défaut n’était Voltaire, 1969, t. VIII, p. 83: «Troisième omis- qu’extérieur»; Ch. Pa l i ss o t d e Mo n t e n o y , Le Né- sion. M. Crevier; comme probablement vous [F. crologe des hommes célèbres de France, Maestricht, Coindet] ne savez pas son adresse il faut envoyer J.-E. Dufour, 1775, t. I, «Année 1766», p. 145; J. son exemplaire [Préface de la Nouvelle Héloïse] d e Vi g u e r i e , Histoire et dictionnaire du temps avec son nom à M. de Mauléon» (lettre datée du des Lumières 1715-1789, Paris, R. Laffont, 1995, 10 février 1761); Dictionnaire de Jean-Jacques Rous- p. 888; B. No g u è s , Des intellectuels entre Église seau, sous la dir. de R. Tr o u ss o n et F. Ei g e l d i n g e r , et État, Université de Paris 1, thèse dactyl., 2002, Paris, Champion, 1996, art. «Crevier». p. 379. S’agissant de la Rhétorique française (Paris, (3) M.-M. Co m p è r e , Les Collèges français x v i e- Desaint et Saillant, 1765, 2 vol., in-12) de Crevier, x v i i i e siècles. Répertoire 3-Paris, INRP, 2002, p. 97. elle fut régulièrement rééditée (1767, 1770, 1788), Comme Rollin, Crevier était connu pour ses travaux jusqu’au début du dix-neuvième siècle. Voir Le Pa- théoriques sur l’éducation. Voir M. Gr a n d i è r e , trimoine de l’éducation nationale, sous la dir. de D. L’Idéal pédagogique en France au dix-huitième siè- Al e x a n d r e -Bi d o n , Charenton-le-Pont, Flohic Éd., cle, Oxford, Voltaire Foundation, 1998, p. 413. No- 1999, p. 255; Histoire de la rhétorique dans l’Europe tons que L.-S. Me r c i e r a répertorié le disciple de moderne 1450-1950, sous la dir. de M. Fu m a r o l i , Rollin dans son Tableau de Paris: «Crevier, ancien Paris, PUF, 1999, pp. 953-954; A. Mo n gl o n d , La professeur» (sous la dir. de J.-Cl. Bo n n e t , Paris, France révolutionnaire et impériale, Paris, Imp. Na- Mercure de France, 1994, t. I, ch. CCCI «Auteurs tionale, 1963, t. IX, col. 840-841. nés à Paris», p. 384). Sur Crevier, voir Opuscules (4) Ch. Jo u r d a i n , Histoire de l’Université de Paris de feu M. Rollin, Paris, Estienne, 1771, in-12, t. I, au x v i i e et au x v i i i e siècle, Paris, Hachette, 1862-1866, p. 81: «Nous ne pouvons disconvenir, pour dire un L. III, ch. III, p. 350. Voir aussi les Jugements sur mot des qualités personnelles de M. Crevier, qu’il quelques ouvrages nouveaux de l’abbé Desfontaines,

sf161.indb 221 22-07-2010 12:14:33 222 Samy Ben Messaoud

a initié plusieurs générations d’élèves à l’art de bien parler. Aussi «l’État lui doit l’éducation des plus grands magistrats, des prélats les plus célèbres [et] des militaires les plus distingués»5. Cet ami de Port-Royal et virulent opposant à la bulle Unigenitus a été sévèrement sanctionné par Louis XV. Il fut à l’instar de Gibert, professeur de d’Alembert, exclu de toutes les instances de l’Université6: Une vie comme la sienne [Crevier], presque toute consacrée à la littérature profane, ne paraît pas d’abord pouvoir être l’objet de nos Mémoires. Mais à la qualité d’homme de lettres M. Crevier joignit celle du bon chrétien; il fut sincèrement attaché aux maximes du royaume, à toutes les vérités compromises par la bulle, et par une suite nécessaire à l’appel et aux ap- pelants: il eut même l’honneur d’être un de ceux qui, pour leur attachement à ces précieuses vérités, se sont trouvés depuis plus de vingt-cinq ans exclus des assemblées de l’Université et privés de toute voix active et passive.

Quant aux publications de Crevier, imposantes, l’Antiquité romaine occupe une place de choix. Philologue de renom, Crevier est l’auteur d’une «grande édition, très estimée de Tite-Live»7 (T. Livii Patavini historiarum ab urbe condita libri qui supersunt XXXV). Elle fut publiée entre 1735 et 1742 (6 vol., in-4°)8, après plusieurs années de recherches. Lors de cette phase d’élaboration, «Monsieur Crevier […] a soigneuse- ment consulté les manuscrits, les plus anciennes et les bonnes éditions, n’introduisant rien dans le texte qui ne fut fondé sur l’autorité des uns ou des autres»9. Les éloges de P.-Cl. Daunou10, insérés dans sa sixième leçon, «Jugements sur l’ouvrage de Tite- Live, et tableau général des sources où l’on peut puiser la connaissance des Annales romaines», donnée au Collège de France en 1819, en disent long sur la notoriété de Crevier parmi les historiens du dix-neuvième siècle. Sollicité par Rollin, accablé par les infirmités de la vieillesse11, Crevier a apporté son aide en tant que réviseur de l’Histoire romaine, avant de la continuer après le dé- cès de son maître. De cette collaboration, Rollin, amplement satisfait, a exprimé dans son testament sa profonde reconnaissance à son héritier12:

Avignon, P. Girou, 1745, t. VI, p. 25: «Le collège de Millán de la Cogolla, La Rioja, 1999, notice 4028. Beauvais […] et son professeur de rhétorique, M. Notons enfin que L. de Jaucourt mentionne cette Crevier, dévoué au bon goût des Anciens, a célébré édition dans L’Encyclopédie, art. «Padoue», avec les louanges de notre monarque [Louis XV], non une date de parution (1733) erronée. comme Pline a loué Trajan, mais comme Cicéron (9) Mémoires de Trévoux, février 1737, art. 20, a loué César»; P. All e t z , Modèles d’éloquence la- pp. 322-323. Pour sa part, Crevier a réfuté les criti- tine, Paris, Brunet, 1775, in-12, pp. 84-87: «Quels ques implicites publiées dans cette feuille: Réponse rois sont de vrais héros?» (discours prononcé par de M. Crevier aux journalistes de Trévoux, Paris, Crevier en 1744). Quillau et Desaint, 1737, in-4°, 8 p. «Le public re- (5) J.-F. Dr e u x d u Ra d i e r , Le Censeur impartial marque avec plaisir combien M. Crevier a eu soin ou défense de messieurs Crevier et d’Alembert, Co- d’éviter cet étalage d’érudition inutile, défaut ordi- logne, 1758, in-8°, p. 20. naire des commentateurs qui a si fort indisposé ce (6) Nouvelles ecclésiastiques du 20 mars 1766, siècle contre eux», ajoute le rédacteur de la Biblio- p. 51. thèque française, ou histoire littéraire de la France, t. (7) E. Gi bb o n , Mémoires, trad. de l’anglais par XXIII, Première partie, 1736, art. 14, p. 183. Voir G. Vi ll e n e u v e , Paris, Criterion, 1992, p. 124. enfin le Journal des savants, juin 1736, pp. 359-360. (8) Sur cette édition, voir P. Co n l o n , Le Siècle (10) Cours d’études historiques, Paris, Firmin Di- des Lumières. Bibliographie chronologique, t. III, dot, 1846, t. XIII, p. 172. 1730-1736, Genève, Droz, 1984, notice 35: 704; C. (11) Voir Correspondance littéraire du Président Vo l p i l h a c -Au g e r , La Collection ad usum Delphini. Bouhier, n° 1, éd. H. Du r a n t o n , Centre de Saint- L’Antiquité au miroir du Grand siècle, Grenoble, Étienne, 1974, p. 34: «On commence l’impression ELLUG, 2000, pp. 43-44. Régulièrement rééditée, […] d’un nouveau volume de la dissertation de M. cette édition de Tite-Live est conservée dans plu- Rollin qui, à l’âge de 80 ans, craint d’être prévenu sieurs bibliothèques européennes: voir General ca- par la mort, travaille sans relâche à achever son his- talogue of printed books, London, British Museum, toire romaine» (lettre de D.-F. Secousse à Bouhier, 1966, t. 45, col. 1073; C. Pé r e z Ba r r i o c a n a l , E. 12-7-1740). Sa c r i s t á n Ma r í n , Catálogo de impresos de los siglos (12) Archives Nationales, Munitier Central, cote x v -x v i i i de la Biblioteca del Monasterio de Yuso, San Et - CXV - 530. «Quel moyen de ne pas pleurer

sf161.indb 222 22-07-2010 12:14:34 Les “Observations” de Crevier sur “L’Esprit des lois” 223

J’ai nommé et institué mon légataire universel en tous mes biens, meubles et immeubles, Monsieur Crevier Professeur de rhétorique au Collège de Beauvais; et je lui donne et lègue tous mes biens pour en disposer en propriété. Je le regarde comme un de mes meilleurs sujets de l’Université. D’ailleurs, il m’a rendu des services très considérables en voulant bien se donner la peine de revoir et corriger mes écrits avant que je les donnasse à l’imprimeur. Je nomme aussi le même Monsieur Crevier exécuteur de mon présent testament.

La réception de l’Histoire romaine13 de Crevier au sein de la République des Let- tres comme dans la presse européenne rappelle à bien des égards celle de son défunt professeur. Ainsi, les articles de recension dithyrambiques louent à la fois son érudi- tion et la clarté de sa narration. En somme, l’écriture de l’histoire chez Crevier, fin pédagogue, est conçue à la portée d’un large public, celui des honnêtes hommes14: Ce volume de l’Histoire romaine est extrêmement intéressant. On y voit une suite non interrompue de révolutions et de grands événements, dont le bel ordre présente au lecteur une charmante perspective. À cette belle ordonnance du sujet, l’auteur [Crevier] joint un style sim- ple, vif, naturel, net et précis. Ce n’est point un historien qui écrit en orateur. Il a de l’éloquence qui convient parfaitement à la matière qu’il traite.

Enfin, Crevier, fidèle à l’enseignement de Rollin, a, une fois sonHistoire romaine achevée, poursuivi ses travaux dans le sillage de son défunt professeur15: «Il [Crevier] a cru devoir borner tous ses efforts, à prendre le goût dont son cher et respectable maître [Rollin] lui a tracé le modèle»16. Son Histoire des empereurs romains, depuis Auguste jusqu’à Constantin (1749-1755, 12 vol., in-12), connue de J.-J. Rousseau17, traduite en plusieurs langues (anglais 1755-1760, allemand 1756-1769, italien 1762)18 et régulièrement rééditée19, fut largement diffusée dans l’Europe des Lumières.

amèrement tant de biens qui viennent de nous être ces volumes pour la préparation de son Histoire enlevés! […] Pleurez, jeunes gens, un père, un romaine (Paris, Hachette, 1831): voir Écrits de jeu- maître destiné par une providence spéciale à vous nesse, éd. P. Vi a ll a n e i x , Paris, Gallimard, 1959, instruire, et si fidèle à remplir sa destination», écrit pp. 245, 331. Crevier dans son éloge funèbre de Rollin, Histoire (15) Voir Cr e v i e r , Histoire des empereurs ro- de l’Université de Paris, op. cit., t. II, pp. 498-499. mains, Paris, Desaint & Saillant, 1750, in-4°, Pré- (13) Voir Ch. Gr e ll , Le Dix-huitième siècle et face, p. V: «Après avoir achevé l’ouvrage entrepris l’Antiquité en France 1680-1789, Oxford, Voltaire par M. Rollin, et conduit l’histoire romaine jusqu’à Foundation, 1995, p. 42; La f f o n t -Bo m p i a n i , Le la bataille d’Actium, je ne crois pas pouvoir faire un Nouveau dictionnaire des œuvres, Paris, R. Laffont, meilleur usage du loisir auquel me réduit une santé 1994, art. «Histoire Romaine de Rollin». Sur la tra- affaiblie par le travail de l’enseignement public, que duction anglaise des travaux historiques de Crevier, de traiter dans le goût dont mon cher et respectable voir D. Cu l p i n , Catalogue des ouvrages du fonds maître m’a tracé le modèle». français 1601-1850 conservés dans la Founders Li- (16) J. d e La Po r t e , Observations sur la littéra- brary, Université du Pays de Galles, Lampeter, Car- ture moderne, La Haye, 1750, t. II, p. 148. diff, University of Wales Press, 1996, notice 373. (17) Voir Correspondance complète de Jean-Jac- (14) Bibliothèque raisonnée des ouvrages des ques Rousseau, op. cit., t. X, p. 57: «L’anecdote du savants de l’Europe, oct.-déc. 1745, art. 6, p. 336. courtisan de Trajan ou préfet de Vespasien dans les Lire aussi la Bibliothèque française, ou histoire lit- Lettres à Malesherbes […] et dans les Rêveries du téraire de la France, 1746, t. XLII, Seconde partie, Promeneur solitaire […] viendraient des empereurs art. 6, p. 309. «Cet ouvrage [Histoire romaine] a été romains de Crevier». continué avec succès par le savant M. Crevier, l’un (18) Voir Bayerische Staatsbibliothek. Alphabe- des plus dignes élèves, qui a rempli avec honneur tischer Katalog 1501-1840, München, K.G. Saur, la chaire d’éloquence du collège de Beauvais pen- 1987, t. 8, p. 230. dant plusieurs années», P.-Th. Hu r t a u t -P. Ma g n y , (19) Sur les rééditions, voir J. Bl a n c , Bibliogra- Dictionnaire historique de la ville de Paris et de ses phie Italico-Française universelle, Genève, Slatkine environs, Genève, Minkoff reprint (Paris, Mou- reprints, 1972 (1886), p. 59. Les abrégés de l’His- tard, 1779), 1973, t. II, p. 422. «Ce n’est pas que toire des empereurs romains sont nombreux: Cre- le froid disciple de Rollin, Crevier, soit sans mérite, vier de la jeunesse, ou choix des traits les plus inté- et n’écrive d’un style naturel et sain», observe A.-F. ressants de l’Histoire des empereurs romains, Paris, Villemain, Cours de littérature française, Paris, Di- Delaunay, 1813; Abrégé de l’Histoire des empereurs dier, 1861, t. II, p. 73. Pour sa part, Michelet a lu romains par Antoine Ca i ll o t – plusieurs rééditions

sf161.indb 223 22-07-2010 12:14:34 224 Samy Ben Messaoud

Réception des “Observations sur le livre de L’Esprit des lois”

Des querelles relatives à L’Esprit des lois, les feuilles périodiques ont relaté par le menu détail les vues contradictoires des partisans et adversaires de Montesquieu. On y lit aussi diverses anecdotes. Publiée dans l’Année littéraire, cette information a suscité l’intérêt des lecteurs20: Je [Fréron] vous [lecteurs] ferai part, à ce sujet, d’une anecdote littéraire qui m’a paru digne de votre attention. Il y a dans Paris un homme de lettres qui a pris la peine d’examiner les soixante-dix premières pages de ce livre [L’Esprit des lois] si vanté, et qui, mettant à part la vérité ou la fausseté des principes qu’il établit, s’est borné uniquement à vérifier les passa- ges des différents auteurs qui y sont cités. Il a trouvé dans ces soixante-dix pages un si grand nombre de faits et de citations fausses, tronquées ou altérées, que la discussion qu’il en a faite lui a fourni de quoi remplir deux volumes in-12 qui furent imprimés, et dont on tira cinq cents exemplaires.

Si Fréron s’est contenté de narrer cette anecdote sans mentionner l’identité du critique21, les Mémoires secrets de Bachaumont (5 janvier 1764), publiés par Pidansat de Mairobert, ont comblé cette lacune22: L’auteur anonyme que Fréron avait annoncé dans une de ses feuilles pour avoir fait un relevé considérable des erreurs, omissions, réticences, transpositions de l’auteur de L’Esprit des lois, vient de se montrer au grand jour en faisant imprimer son livre qui forme un in-12 assez considérable. C’est M. Crevier.

L’économie des Observations étaye l’assertion de Pidansat de Mairobert. Car l’in- ventaire de Crevier, exhaustif, met en évidence l’ampleur des erreurs et approxima- tions de Montesquieu. Cette longue énumération est approuvée par la presse érudite, tel le Journal des savants: «Le résultat de ces discussions [Observations de Crevier] est qu’en ce genre l’érudition de M. de Montesquieu est souvent en défaut, et qu’en s’exposerait à de fréquentes méprises, si on le prenait aveuglement pour guide»23. Pour sa part, Pierre Rousseau, partisan des Lumières, a consacré aux Observations un substantiel compte rendu24: «M. de Montesquieu, dit-il [Crevier], s’exprime sans justesse; car les décemvirs avaient une puissance plus que consulaire; et ils étaient débarrassés de la puissance tribunitienne».

pendant le dix-neuvième siècle (Lille, L. Lefort, p. 204; voir ibid., pp. 204-207: «L’incident Cre- 1876, 3e éd.); D. Ét i e n n e , Nouvel abrégé de la vie vier», la réponse de Malesherbes à Crevier (lettre de divers princes illustres […] tiré des ouvrages de 120). Pour sa part, J.-F. Dreux du Radier a pris la messieurs Rollin, Crevier et d’autres, Halle, J.-E. défense de Crevier: voir op. cit., pp. 17-58. Gebauer, 1763, in-8°, 365 pp. (22) Londres, John Adamson, 1777, t. II, p. 3. (20) 1763, t. VII, «Lettre VIII: Lettres sur l’origi- Sur cette adresse fictive, voir Ch. Ca v e , Les anecdo- ne de la noblesse française et sur la manière dont elle tes de Pidansat de Mairobert sur Madame Du Barry, s’est conservée jusqu’à nos jours [par l’abbé Mignot «Elseneur», n° 19, octobre 2004, p. 279. de Bussy]», pp. 177-178. Cet extrait est réédité par (23) Mars 1764, p. 187. Lire aussi l’avis d’An g a r , L. De sg r a v e s dans sa Chronologie critique de la vie lecteur, publié dans le «Mercure de France», jan- et des œuvres de Montesquieu, Paris, H. Champion, vier 1764, second volume, pp. 97-100: Lettre à M. 1998, p. 481. [Pierre] de La Place sur M. le Président de Montes- (21) Il convient de préciser que Fréron n’ap- quieu. Sur les Observations de Crevier, cette feuille préciait guère Crevier: sévèrement critiqué par a publié un court article de recension: février 1764, ce journaliste (L’Année littéraire, 1757, t. VIII, pp. 126-127. pp. 169-184), Crevier s’était plaint auprès de Ma- (24) «Journal encyclopédique», 1 er février 1764, t. lesherbes: «J’apprends que dans la feuille de M. I, Troisième partie, pp. 15-16. Cet article (pp. 3-28) Fréron qui va paraître je suis attaqué, et même à ce est catalogué par A. Ci o r a n e s c u dans sa Bibliogra- que l’on m’a dit, indécemment et avec amertume», phie de la littérature française du dix-huitième siècle, J. Ba l c o u , Le Dossier Fréron, Genève, Droz, 1975, Paris, Éd. du CNRS, 1969, notice 21887.

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Quel jargon! Le passage de Tite-Live, que M. Crevier rapporte lui-même, prouve qu’en ne créant pas des consuls et des tribuns, la République donnait toute l’autorité de ces magistratu- res aux décemvirs; quant il serait vrai qu’elle eut été plus étendue, ce ne serait point encore un objet de critique, parce que l’auteur de L’Esprit des lois, que M. Crevier n’a pas entendu, ayant à chercher la cause qui, dans l’état florissant de la République fit perdre tout à coup à Rome sa liberté, il trouve cette cause dans la réunion de toute la puissance législative […] Ainsi plus M. Crevier accordera de puissance aux décemvirs, et plus sa critique sera fausse et injuste.

P. Rousseau, admirateur de Montesquieu, contredit Crevier, historien chevronné, sans toutefois étayer ses objections. En conséquence, la démonstration du journaliste paraît peu convaincante. Quant aux Nouvelles ecclésiastiques, feuille janséniste, elles ont pris ouvertement la défense de Crevier25: C’est à lui [Crevier] qu’on est redevable d’une brochure intitulée, Observations sur le livre de L’Esprit des lois, qu’il entreprit sur l’avis de magistrats vertueux. Il y relève une mul- titude de fautes, tant dans les citations que dans l’interprétation des auteurs anciens, dont on n’aurait pas cru capable un homme aussi renommé que l’est M. de Montesquieu parmi ses sectateurs: et il expose ensuite une partie des principes pernicieux pour la foi et la morale qui y sont répandus.

Mais les critiques les plus virulentes à l’encontre de Crevier demeurent celles des philosophes. C’est le cas entre autres de Grimm, lequel s’est contenté d’ironiser sur le disciple de Rollin. Cependant, ses propos, par moment véhéments, ne constituent pas une réfutation raisonnée des Observations26: Il [Crevier] vient de publier un volume d’Observations sur le livre de L’Esprit des lois. L’irréligion est, selon M. Crevier, le principal défaut de cet ouvrage, qui a acquis une si grande réputation en Europe. M. Crevier le combat de son mieux; mais un bon chrétien est bien à plaindre d’avoir à terrasser un ennemi comme le président de Montesquieu, et il lui est bien difficile d’avoir les rieurs de son côté.

Quant à la réaction du philosophe de Ferney, cinglante, elle est nettement plus forte que celle de Grimm. «C’est cet ouvrage [Observations] qui provoqua les criti- ques acerbes et parfois injustes de Voltaire»27. Après un constat des faits dans une lettre adressée à Marmontel (28 janvier 1764): «On dit qu’un pédant de l’Université écrit déjà contre L’Esprit des lois»28, Voltaire fustige sans ambages les Observations de Crevier29: Le malheureux Crevier vous [d’Alembert] désigne assez visiblement dans sa sortie contre les philosophes à la fin de son ouvrage [Observations]. Vous devez le remercier, car il vous fournit le sujet d’un ouvrage excellent, et vous pouvez en le réfutant avec le mépris qu’il mérite dire des choses très utiles que votre style rendra très intéressantes. C’est à vous de venger la raison outragée.

(25) Livraison du 20 mars 1766, pp. 51-52. p. 577. Cette lettre (18 février 1764) est intitu- (26) Correspondance littéraire, philosophique et lée: «Tu dors, Brutus, et Crevier veille». Voir aussi critique par Grimm, Diderot, éd. M. To u r n e u x , Pa- les lettres suivantes: «A-t-on répondu à ce faquin de ris, Garnier, 1878, t. V, p. 442-443. Crevier» (Voltaire à Damilaville, 26 février 1764), (27) Dictionnaire des lettres françaises, sous la dir. ibid., p. 588; «Confondez donc ce maraud de Cre- de G. Gr e n t e , Le x v i i i e siècle, Paris, Fayard, 1995, vier; fessez cet âne qui brait et qui rue» (Voltaire à art. «Crevier». d’Alembert, 1er mars 1764), ibid., p. 596; «Le Cre- (28) J.-F. Ma r m o n t e l , Correspondance, éd. J. vier dont vous me parlez est un cuistre fanatique, Re n w i c k , Université de Clermont-Ferrand, 1974, qui a écrit un livre impertinent contre le président t. I, p. 89. de Montesquieu» (Voltaire à Palissot de Montenoy, (29) Correspondance, éd. Th. Be s t e r m a n , Paris, 26 juillet 1764), ibid., p. 796. Gallimard, «Bibl. de La Pléiade», 1981, t. VII,

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D’Alembert ne répondra pas à la suggestion de Voltaire. Le célèbre mathémati- cien n’est point féru d’histoire ancienne, ni adepte de controverses religieuses. Pos- sesseur des Observations sur le livre de L’Esprit des lois30, Voltaire a rejeté avec force les critiques du défunt Président († 1755). Mais comme Grimm, le patriarche de Ferney ne réfutera pas le disciple de Rollin. Toujours est-il, Crevier s’est déjà attiré les sarcasmes du philosophe. Ils sont publiés dans sa satire: Les Chevaux et les ânes ou les étrennes aux sots31, une féroce peinture. Il y eut cependant un débat entre Crevier et l’auteur de Candide portant sur l’esthétique théâtrale. Évoquée dans la presse pério- dique, cette dispute littéraire demeure méconnue des voltairistes32.

Les “Observations sur le livre de L’Esprit des lois”

Ce livre, imprimé chez Jean Desaint et Charles Saillant33, énumère les «défauts d’exactitude dans les faits historiques et dans l’interprétation des textes», les «faux principes en matière de métaphysique, de morale et de religion». Ce sont les princi- pales parties de l’enquête de Crevier, mentionnée dans la «Table des sommaires [ou matières]» (non paginée). On y découvre aussi les lacunes ou imprécisions contenues dans L’Esprit des lois: «Fautes de l’auteur sur la censure chez les Romains, sur les bulletins de suffrages donnés aux citoyens, […] sur la polygamie permise, selon lui, par Valentinien, sur la tyrannie au temps des empereurs», «diverses fautes légères», «passage de Dion mal interprété», «défaut d’exactitude sur les lois somptuaires, sur

(30) Voir le Corpus des notes marginales de Vol- mée à la suite de sa tragédie de Mérope, a reproché taire, Berlin, Akademie-Verlag, 1983, t. II, p. 841. à M. Fléchier de n’avoir point observé les bien- (31) Lire ce quatrain: séances dont il s’agit ici, dans un endroit de l’orai- Le lourd Crevier, pédant crasseux et vain, son funèbre de M. de Turenne. […] Cette censure Prend hardiement la place de Rollin, est spécieuse, et M. de Crevier, qui la trouve bien Comme un valet prend l’habit de son maître. sévère, reconnaît qu’elle ne peut partir que d’un Que voulez-vous? Chacun cherche à paraître. homme d’un esprit fin, et très au fait des convenan- ces: mais elle n’est pas solide» (Paris, Prault fils, Œuvres complètes, éd. L. Mo l a n d , Paris, Garnier, 1753, t. II, pp. 67-70). Sur la réfutation de Voltaire 1877, t. 10, p. 134, vers 65-68. «Dans cette satire, par Crevier, voir Les Œuvres complètes de Voltaire, qui paraît dirigée principalement contre Crevier, il Oxford, Voltaire Foundation, 1991, t. XVII, Mé- [Voltaire] ne faisait que se venger des injures que rope, éd. J. Vr o o m a n ; Bibliothèque française, ou celui-ci lui avait prodiguées, sans aucune provoca- histoire littéraire de la France, t. XXXIX, Seconde tion, dans son histoire de l’Université», notent les partie, 1744, art. 5, p. 252. secrétaires du patriarche de Ferney, Mémoires sur (33) Voir F. We i l , Bataille d’éditeurs autour des Voltaire et sur ses ouvrages par S. Lo n g c h a m p , J.- œuvres de Montesquieu 1758-1769, «Revue Mon- L. Wa g n i è r e , Paris, A. André, 1826, t. I, p. 188. tesquieu», 2000, n° 4, p. 242; J.-D. Me ll o t -É. Sur cette satire, voir l’Inventaire Voltaire, sous la Qu e v a l , Répertoire d’imprimeurs/libraires x v i e- dir. de J. Go u l e m o t et al., Paris, Gallimard, 1995, x v i i i e siècle, Paris, BnF, 2004, notices 1620 et 4393. pp. 247-248; G. Be n g e s c o , Voltaire. Bibliographie S’agissant des Observations sur le livre de L’Esprit de ses œuvres, Paris, Éd. Rouveyre, G. Blond, 1882, des lois, la Bibliothèque municipale de Lyon conser- t. I, notice 690. ve un exemplaire très rare du second tirage (1764, (32) Crevier a réfuté Voltaire au sujet des bien- in-12, VIII-154 p., cote 313 495). Sur le premier séances chez Rollin. En effet, le patriarche de tirage des Observations (1764, in-12, II-304 p.), Ferney a inséré à la suite de sa tragédie, La Mé- voir A. Ci o r a n e s c u , Bibliographie de la littérature rope française (Paris, Prault fils, 1744, p. 74), des française du dix-huitième siècle, op. cit., notice 21 «Pièces fugitives de littérature» où il critique Rol- 871; P. Co n l o n , Le Siècle des Lumières, Genève, lin. Crevier y a répondu dans l’Avertissement de Droz, 1995, t. 14, notice 64 690; W. Ri ss e , Bibliogra- son ouvrage, l’Histoire romaine depuis la fondation phia philosophica vetus, Hildesheim, Georg Olms, de Rome jusqu’à la bataille d’Actium […] com- 1998, p. 168; L. De sg r a v e s , Répertoire des ouvrages mencée par Rollin et continuée par Crevier (Paris, et des articles sur Montesquieu, Genève, Droz, 1988, Estienne, 1752 [1re éd. 1744]), pp. CV-CVII. Ces notice 1210; G. La n s o n , Manuel bibliographique de commentaires contradictoires sont résumés par la littérature française moderne, Paris, Hachette, l’abbé Edme Mallet (†1755) dans son Essai sur les 1921, notice 10219; la date d’impression (1763) est bienséances: «M. de Voltaire dans une lettre impri- erronée.

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la loi de l’enrôlement chez les anciens Romains», «mauvaises traductions d’un pas- sage de Justin, autres traductions vicieuses», «fautes en matières d’histoire romaine, sur les décemvirs, sur les consuls et les tribuns, sur les droits du peuple, sur l’ordre des chevaliers, sur le sénat», etc. Élaborées sur le modèle rhétorique de la conglobation (figure d’accumulation)34, ces Observations constituent une lecture savante d’une œuvre majeure des Lumières: Crevier y mêle avec adresse la critique de L’Esprit des lois, parsemé d’erreurs, à celle de Montes- quieu, accusé d’impiété. Si les partisans du défunt philosophe jugeaient le ton des Obser- vations excessif, l’abbé Jolly, censeur, louait l’érudition de Crevier35: J’ai lu par ordre de Monseigneur le chancelier, les Observations manuscrites de M. Cre- vier sur le livre de L’Esprit des lois. Le nom d’un auteur qui a fait ses preuves est un heureux préjugé. Cet ouvrage ne perdra rien à l’examen: il m’a paru judicieux et solide. S’il avait été plutôt entre les mains du public, la séduction aurait fait moins de progrès.

D’emblée, Crevier souligne les qualités stylistiques de L’Esprit des lois avant d’émettre un jugement nettement défavorable sur l’œuvre. L’art d’écrire, plus par- ticulièrement le placere (plaire), représente chez Montesquieu, l’un des principaux caractères de son discours philosophique. Néanmoins, son esthétique langagière est susceptible d’induire le lecteur dans le doute métaphysique, voire même l’indiffé- rence à l’égard de la religion. D’où le ton véhément de Crevier, lequel dénonce, dès la préface de ses Observations, la philosophie insidieuse qui sous-tend L’Esprit des lois36: L’auteur de L’Esprit des lois conduit son entreprise plus adroitement: il ne livre point l’assaut à la religion; il va à la sape et mine la place sans bruit. Je ne doute point qu’il ne soit arrivé à plusieurs de lire son ouvrage sans en apercevoir le dessein caché; mais je doute encore moins qu’ils ne soient sortis de cette lecture plus froids pour la religion, disposés à la critiquer sur bien des chefs.

Ce court extrait de l’Avant-propos résume la tonalité générale des Observa- tions: Crevier s’y applique à réfuter Montesquieu, un philosophe dont la vanité «est la source de tous les défauts de l’ouvrage»37. Ensuite, Crevier ajoute à propos de la rédaction de ses Observations, qu’il a bénéficié des «conseils d’un grand magistrat» du Parlement de Paris38. La première partie des Observations porte dans une large mesure sur l’Antiquité romaine: Crevier y énumère les fautes et omissions relevées dans L’Esprit des lois. Les négligences étonnent le lecteur par leur ampleur, d’autant plus que ce livre est l’abou- tissement de longues années de labeur. Toujours est-il, le philosophe de La Brède ne semblait pas, explique Crevier, avoir puisé ses informations dans les meilleures sources39:

(34) Voir B. Gi b e r t , La Rhétorique ou les règles du christianisme des origines à nos jours, sous la dir. de de l’éloquence, éd. S. Be n Me ss a o u d , Paris, Cham- J.-M. Ma y e u r et al., t. IX, L’Âge de raison (1620/30- pion, 2004, p. 502. 1750), Paris, Desclée, 1997, pp. 136-137. (35) L’abbé Jolly fut censeur royal de belles-let- (39) Montesquieu, Mémoire de la critique, tex- tres de 1751 à 1782. tes choisis et présentés par C. Vo l p i l h a c -Au g e r , (36) Montesquieu, Mémoire de la critique, textes op. cit., p. 420. Voir Sé b a s t i e n Le Na i n d e Ti ll e - choisis et présentés par C. Vo l p i l h a c -Au g e r , Pres- m o n t , Histoire des empereurs et des autres princes ses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2003, p. 416. qui ont régné durant les premiers siècles de l’Egli- (37) Ibid., p. 417. se: «Cependant hors Jornande qui visiblement a (38) Ibid., p. 418. Voir G. Wa t e r l o t , Sources théolo- suivi Socrate, nous ne trouvons point qu’aucun giques et implications politiques du jansénisme parlemen- auteur un peu ancien ait jamais parlé de cette loi taire au x v i i i e siècle, «Chroniques de Port-Royal», 1997, si étrange faite pour permettre d’avoir deux fem- n° 46, pp. 197-207, particulièrement, p. 200; Histoire mes, ce qui n’était jamais vu, je ne dis pas parmi

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Il cite Jornandès et les historiens ecclésiastiques […]; mais cette fable a été réfutée par M. Bossuet et par M. de Tillemont. M. de Montesquieu l’ignorait-il? On peut le soupçonner: car je vois que dans son ouvrage, il ne cite jamais ces deux grands écrivains. Une telle ignorance ne serait pas une excuse pour M. de Montesquieu, mais une nouvelle faute ajoutée à celle d’avoir avancé avec sécurité et confiance un récit absurde et mal appuyé.

En fait, le magistrat bordelais n’ignore pas l’Histoire des empereurs du P. Sébas- tien Le Nain de Tillemont, il l’a consulté à la bibliothèque de l’Oratoire40. Montes- quieu fréquentait en effet cet illustre cabinet de lecture, lors de ses séjours à Paris. Il y jouissait aussi de l’amitié de son bibliothécaire, le P. Pierre Desmolets41. S’agissant de l’Histoire romaine de Tite-Live, Crevier s’est montré dans ses Observations à la fois pédagogue et précis42: Rien n’est plus célèbre dans l’histoire des premiers temps de la république romaine, que la magistrature des décemvirs, qui furent créés l’an de Rome 302 pour dresser un code de lois, qui manquait à l’État. On les revêtit d’une puissance sans borne, et toutes les autres magistra- tures cessèrent. Plus de consuls, plus de tribuns. C’est ce que remarque Tite-Live en propres termes, L. III, n° 32 […], et Denys d’Halicarnasse y est conforme. Les décemvirs eurent donc une puissance plus grande que n’avait été celle des consuls, puisque la leur était sans appel, au lieu qu’il était permis d’appeler des décrets et des ordonnances des consuls au jugement du peuple. Pour ce qui est de la puissance tribunicienne, dont l’objet propre était d’arrêter l’activité des autres magistratures, qui étaient plutôt un obstacle à l’exercice des magistratures, qu’une magistrature véritable, elle n’existait plus sous les décemvirs, elle était anéantie. C’est ce que prouve toute l’histoire du décemvirat, et en particulier de la révolution qui abolit cette magistrature tyrannique, et qui rétablit les consuls et les tribuns. Cela posé, on voit avec quelle justesse s’exprime M. de Montesquieu, lorsqu’il dit, L. XI, ch. 15, p. 172, que les décemvirs «se trouvèrent revêtus de la puissance consulaire et de la puissance tribunicienne». Ils avaient une puissance plus que consulaire et ils ne possédaient pas la puissance tribunicienne, mais ils étaient débarrassées. Notre auteur confond toutes les idées, et il transporte aux décemvirs ce qui fut ordonné plus de quatre siècles après en faveur des empereurs.

les chrétiens, mais parmi les Romains mêmes» (Pa- pp. 132-166), et neuf articles sur les Mémoires pour ris, Charles Robustel, 1701, in-4°, t. V, p. 682). Cf. servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siè- Mo n t e s q u i e u , Œuvres complètes, éd. R. Ca i ll o i s , cles (1703-1713). Paris, Gallimard, «Bibl. de la Pléiade», 1966, t. II, (41) Correspondant de Montesquieu, le P. Des- p. 510: passage de L’Esprit des lois critiqué par Cre- molets (1677-1760) fut un journaliste de renom. vier (L. 16, ch. 2). Voir Dictionnaire des journalistes, sous la dir. de (40) L’exemplaire de cette bibliothèque figure J. Sg a r d , Oxford, Voltaire Foundation, 1999, art. dans l’inventaire établi par le P. De s m o l e t s : Auto- «Desmolets (P.)» ; S. Be n Me ss a o u d , La formation rum bibliothecae Oratoriae Parisiensis notitia alpha- intellectuelle de Montesquieu: l’enseignement des betica (Bibl. de l’Arsenal, ms. 6207-6220, t. 13 en- oratoriens, «Cahiers Montesquieu», Napoli, Liguo- trée «Tillemont»). Quant à l’édition consultée par ri, 1999, n° 5, pp. 35-36. Montesquieu (Paris, Ch. Robustel, 1690-1697), elle (42) Observations sur le livre de L’Esprit des lois est conservée à la bibliothèque de l’Arsenal (cote (second tirage), op. cit., pp. 44-45. Voir Dictionnai- in-4° H 1168). De plus, Montesquieu connaissait re des antiquités grecques et romaines, sous la dir. les travaux de S. Le Nain de Tillemont (†1698) par de Ch. Da r e m b e r g et E. Sa gl i o , Paris, Hachette, l’intermédiaire des périodiques, conservés dans 1892, art. «Decemviri» ; Th. Mo m m s e n , Histoire sa bibliothèque. C’est le cas entre autres des Mé- romaine, Paris, R. Laffont, 1985, pp. 209-213; L. moires de Trévoux (Catalogue de la bibliothèque Ga gl i a r d i , Decemviri e cemtumviri: origini e com- de Montesquieu à La Brède, sous la dir. de L. De s - petenze, Milano, A. Giuffrè, 2002, pp. 507-508. g r a v e s , C. Vo l p i l h a c -Au g e r , «Cahiers Montes- Cf. Mo n t e s q u i e u , Œuvres complètes, op. cit., t. II, quieu», Napoli, Liguori, 1999, n° 4, notice 2572). p. 417: passage de L’Esprit des lois critiqué par Cre- Cette feuille lui avait consacré onze articles de vier. Dans son article «Decemvir» de l’Encyclopédie recension: deux comptes rendus sur l’Histoire des de Diderot (Paris, Briasson, 1754), Louis d e Ja u - empereurs et des autres princes qui ont régné durant c o u r t propose une définition quasiment identique les premiers siècles de l’Eglise (septembre-octobre à celle de Montesquieu. 1701, pp. 121-141 et novembre-décembre 1701,

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L’exemple suivant illustre une nouvelle fois la rigueur scientifique de Crevier dans sa critique de L’Esprit des lois, ses remarques bien étayées expriment sans conteste une maîtrise consommée de l’histoire romaine43: Voici un passage de Tite-Live, mal rendu et gâté. Cet historien, au livre VI, n° 12, té- moigne qu’il est embarrassé à expliquer où et comment des Volsques et les Èques, toujours battus par les Romains, trouvaient presque tous les ans de nouvelles troupes à opposer à leurs vainqueurs: «au lieu qu’aujourd’hui, dit-il, le pays qu’ils ont habité ne serait qu’un désert, sans quelques esclaves romains; en sorte qu’il n’y reste presque plus d’hommes dont on puisse faire des soldats…». In eis locis [fuisse] quae nunc vix seminario exiguo militum relicto servitia Ro- mana ab solitudine vindicant. M. de Montesquieu traduit: «Dans ces contrées, qui ne seraient aujourd’hui qu’un désert, sans quelques soldats et quelques esclaves romains». L’idée de semi- narium a échappé au traducteur, qui en conséquence fait dire une absurdité à son original.

Dans la seconde partie des Observations, Crevier, clerc tonsuré, réfute les ré- flexions de Montesquieu concernant la religion; ses propos virulents ne ménagent point le défunt philosophe, ouvertement soupçonné d’impiété44: Je ne demande pas que l’on m’en croie sur ma parole: je vais donner mes preuves. Quelle bévue, par exemple, que de mettre en opposition Jésus-Christ et les apôtres, comme si les apôtres avaient fait aucun établissement qui ne leur eût été enseigné et dicté par J.-C.! C’est pourtant ce que suppose M. de Montesquieu, lorsque comparant les deux religions calviniste et luthérienne, il dit que l’une pouvait se juger «plus conforme à ce que Jésus-Christ avait dit; et l’autre, à ce que les apôtres avaient fait». Jamais aucun chrétien n’a parlé ainsi.

À l’évidence, Crevier, ferme opposant à la bulle Unigenitus, fulmine à l’encon- tre du philosophe de La Brède: «ses Observations sur L’Esprit des lois, raillées par Voltaire, sont révélatrices de ce par où Montesquieu pouvait choquer ses lecteurs catholiques»45. Cette colère représente une constante des Observations. Aussi Crevier la réitère dans sa conclusion tout en réaffirmant sa désapprobation du philosophe46: Mais qu’il me soit permis de demander à M. de Montesquieu et à ses semblables, par quel principe ils publient des ouvrages qui tendent à inspirer le mépris et l’aversion pour la religion chrétienne. Je veux qu’ils aient découvert des vérités inconnues au vulgaire, et que nous qui, avec les Bossuet et les Pascal, croyons à la révélation et au christianisme, nous soyons des im- béciles stupidement plongés dans l’erreur, mais si l’âme est matérielle et périt avec le corps, s’il n’y a ni récompense à espérer, ni punition à craindre dans une autre vie, le sort de ces esprits sublimes et le nôtre est le même.

(43) Montesquieu, Mémoire de la critique, op. cit., Lumières. Les «Pensées» et les «Anecdotes» de l’ab- pp. 425-426. Crevier se réfère ici à son édition criti- bé d’Etemare, 1682-1770, dans Érudition et religion que de Tite-Live (Paris, J. Barbou, 1763, in-8°, t. II, aux x v i i e et x v i i i e siècles, Paris, Albin Michel, 1994, p. 20, note 1). Cf. Mo n t e s q u i e u , Œuvres complè- p. 294: «La contemplation philosophique n’appor- tes, op. cit., t. II, pp. 695-696: passage de L’Esprit te qu’une lumière sans chaleur, la méditation philo- des lois critiqué par Crevier (L. 23, ch. 19). Notons sophique ne conduit qu’au seuil des mystères. La enfin que les travaux de Crevier sont connnus des religion chrétienne, forme supérieure et unique de latinistes, voir l’Histoire romaine de Ti t e -Li v e , éd. la vérité, se fonde sur l’Écriture et sur la Tradition, J. Ba y e t , Paris, Les Belles Lettres, «C.U.F.», 1989, deux sources dont les eaux s’unissent pour former t. VI, p. 91, note 4: l’éditeur loue la rigueur scien- l’Église». tifique des commentaires de Crevier. Voir enfin (45) B. Bi n o c h e , Introduction à De L’Esprit des Cr e v i e r , Histoire romaine depuis la fondation de lois de Montesquieu, Paris, PUF, 1998, p. 380. Voir Rome jusqu’à la bataille d’Actium, Paris, Estienne, aussi E. Vi l a n o v a , Histoire des théologies chrétien- 1763, in-12, t. X, p. 205, note b: réfutation de Mon- nes, traduit de l’espagnol par J. Mi g n o n , Paris, Éd. tesquieu (Œuvres complètes, op. cit., t. II, p. 1159) du Cerf, 1997, t. III, pp. 185-187 «Montesquieu concernant l’usure chez Paterculus. (1689-1755)». (44) Montesquieu, Mémoire de la critique, op. cit., (46) Montesquieu, Mémoire de la critique, op. cit., p. 447. Voir Bruno Ne v e u , Port-Royal à l’âge des p. 447.

sf161.indb 229 22-07-2010 12:14:34 230 Samy Ben Messaoud

Les Observations sur le livre de L’Esprit des lois traitent séparément les thémati- ques relatives à l’histoire et la religion chrétienne: la première partie, réfutation des sources, consiste à énumérer les erreurs de Montesquieu. Quant à la seconde partie, défense vigoureuse du christianisme, elle relève davantage des controverses entre partisans et opposants des Lumières. Toutefois, cette disposition des Observations s’avère, d’un point de vue rhétorique, un choix pertinent; elle confère au discours de Crevier une évidente clarté autant dans la discussion que l’analyse de L’Esprit des lois?

Conclusion

Outre les Observations de Crevier, L’Esprit des lois fut en 1764 l’objet d’une étu- de aussi critique et virulente que celle du disciple de Rollin: elle s’intitule la Nécessité d’une réforme dans l’administration de la justice et dans les lois civiles en France, avec la réfutation de quelques passages de L’Esprit des lois. Comme Crevier, Simon Linguet énumère les erreurs et omissions de Montesquieu47: Montesquieu en parlant des Perses suppose que leur roi était parfaitement despotique, et que ses ordonnances ne pouvaient jamais être révoquées. La preuve, dit-il, que cette manière de penser y a été de tout temps. «C’est que l’ordre que donna Assuérus d’exterminer les juifs ne pouvant être révoqué, on prit le parti de leur donner la permission de se défendre». Tome premier, livre trois, article dix. Voilà une assertion bien formelle. Il n’y a pourtant rien qui y ressemble dans le livre d’Esther, qui est la seule source où Montesquieu ait pu puiser ce fait. […] Si l’on en croit les panégyristes de Montesquieu il a employé vingt ans à compiler les ex- traits sur lesquels il a bâti son Esprit des lois. Il faut avouer que c’est bien du temps perdu, s’il a fait quelque fonds sur leur exactitude. L’infidélité de cette citation est frappante. Je ne serais pas embarrassé à en trouver d’autres dans son livre, dont il tire des conséquences victorieuses, et qui ne sont pas moins infidèles.

L’étude de Crevier comme celle de Linguet offrent aux lecteurs de pertinentes observations. On y lit, preuves à l’appui, plusieurs fautes et méprises de Montes- quieu. À cette énumération d’erreurs, relevées dans L’Esprit des lois, la réaction des partisans du défunt philosophe fut vive. Celle du préfacier anonyme des Œuvres de Monsieur de Montesquieu, publiée pendant la Révolution, confirme la permanence des controverses au sujet de L’Esprit des lois48: Cet écrivain [Crevier], dans ses Observations sur le livre de L’Esprit des lois, s’est efforcé de décrier, par tous les moyens possibles, un ouvrage qu’il n’entendait pas, puisqu’il ne le trou- vait blâmable que par quelques détails. Il a consacré une grande partie de son libelle à chercher

(47) Amsterdam [Paris], 1764, p. 12-14. Éton- surtout lorsqu’il relève les citations fausses qui lui nante erreur, car Montesquieu possédait dans sa sont échappées», affirme Fréron dans l’Année litté- bibliothèque une source érudite. Voir Catalogue de raire, 1764, t. VIII, p. 46. la bibliothèque de Montesquieu à La Brède, sous la (48) Œuvres de Monsieur de Montesquieu, Lyon, dir. de L. De sg r a v e s , C. Vo l p i l h a c -Au g e r , op. cit., Bruyset, 1792, in-12, Avertissement sur cette nouvel- notice 7: A. Ca l m e t , Commentaire littéral sur tous le édition, p. VII. Sur cette édition, voir D. Va r r y , les livres de l’ancien et du nouveau testament, vol. Les imprimeurs-libraires lyonnais et Montesquieu, «Les deux livres d’Esdras, Tobie, Judith, et Es- dans Le Temps de Montesquieu, Genève, Droz, ther», Paris, P. Emery, 1712, pp. 613-621 «Mardo- 2002, p. 46; Une édition de 1764 des «Œuvres» chée en honneur à la cour d’Assuérus. Révocation de Montesquieu sous fausse adresse d’Amsterdam de l’édit contre les juifs. Édit contraire en leur fa- restituée à l’imprimeur-libraire lyonnais Jean-Marie veur». C’est pourquoi, «l’auteur [Linguet] a sou- Bruyset, «Cahiers Montesquieu», Napoli, Liguori, vent raison quand il combat M. de Montesquieu, 2005, n° 9, p. 71, note 9.

sf161.indb 230 22-07-2010 12:14:34 Les “Observations” de Crevier sur “L’Esprit des lois” 231

des inexactitudes, soit dans les faits historiques cités ou rapportés par M. de Montesquieu, soit dans l’interprétation de quelques textes des anciens écrivains. M. Crevier traite cette partie de sa critique avec cette discussion minutieuse, qui est toujours l’apanage des génies étroits, qui étouffe le goût, et arrête dans leur course ceux qui cherchent les connaissances utiles.

En ce qui concerne le livre de Linguet, le préfacier ajoute à ce propos: «En 1764, parut dans les pays étrangers une critique de L’Esprit des lois d’un autre genre. Il a res- pecté comme il le devait, les qualités du cœur de M. de Montesquieu; la calomnie n’a point sali ses écrits; il a seulement prétendu trouver des erreurs dans l’ouvrage»49. Des critiques contenues dans les Observations sur le livre de L’Esprit des lois, celles portant sur les sources historiques de Montesquieu demeurent, aujourd’hui, les plus pertinentes. Manifestement étonné par l’ampleur des approximations et inexactitudes du philosophe de La Brède au sujet de l’histoire ancienne, «le minutieux Crevier», pour reprendre une expression d’Élie Carcassonne50, conclut ainsi son analyse critique de L’Esprit des lois51: Résumons en un mot les différentes observations que j’ai données ici au sujet de la répu- blique romaine. J’ai relevé des fautes graves de M. de Montesquieu touchant les censeurs, les décemvirs, les consuls et les tribuns, le peuple, l’ordre des chevaliers, le sénat. Quelle justesse, quelle exactitude y aurait-il dans l’idée que l’on se formerait de la constitution romaine, si on la prenait dans l’auteur de L’Esprit des lois?

L’érudition de Crevier, fort étendue, résulte à l’évidence de sa longue carrière de pédagogue et historien, dont les enquêtes étaient menées dans les meilleures bi- bliothèques parisiennes. À l’affût de la moindre erreur, le disciple de Rollin a passé au crible L’Esprit des lois: «En 1764, Crevier publia un volume sur L’Esprit des lois, contenant plusieurs observations et quelques rectifications dont nous avons profité. On lui saurait plus de gré de son travail, s’il s’était toujours renfermé dans les bornes que doit s’imposer un critique judicieux», explique L. Parelle52. Fidèle à Port-Royal, Crevier a exprimé dans ses Observations sur le livre de L’Es- prit des lois, une pensée rigoureuse autant sur la religion que l’histoire; elle représente la principale caractéristique de sa critique de Montesquieu. À une approche érudite de l’Antiquité s’oppose une lecture subjective de l’histoire53. s a m y b e n m e ss a o u d

(49) Œuvres de Monsieur de Montesquieu, aux adeptes de vérités universelles, les philosophes. op. cit., p. XXI. Il déplace la question de l’objet historique et de ses (50) Montesquieu et le problème de la constitution preuves sur celle du sujet de l’histoire»; Th. Mo m m - française au x v i i i e siècle, Genève, Slatkine reprints, s e n , Histoire romaine, op. cit., p. XIV, Introduction 1978 (Paris, 1927), p. 106. de Cl. Ni c o l e t : «Mais précisément l’histoire, celle (51) Les Observations sur le livre de L’Esprit des qui s’enseignait dans les écoles (je pense à la célè- lois (second tirage), op. cit., p. 51. bre Histoire Romaine de Rollin), bientôt celle qui, (52) Œuvres complètes de Montesquieu, avec des infiniment plus prometteuse, faisait la conquête notes de Dupin, Crevier, Voltaire, Mably, Servan, La d’un grand public par le souci d’une réflexion de Harpe, etc., Paris, Lefevre, 1835, p. III. type philosophique (celle de Montesquieu et de (53) Voir V. d e Se n a r c l e n s , Montesquieu histo- Voltaire, par exemple), était d’abord un discours, rien de Rome, Genève, Droz, 2003, p. 242: «Mon- une réflexion […] sur le passé, menée à partir d’une tesquieu libère l’historiographie du conflit polari- documentation connue et déjà élaborée». sant les tenants de la rigueur scientifique, les érudits,

sf161.indb 231 22-07-2010 12:14:34 232 Katherine Rondou “Des souvenirs dormant dans cette chevelure”… étude de la chevelure de sainte Madeleine dans la littérature contemporaine

Témoin d’une époque où le culte érotique du cheveu culmine1, le poème de Bau- delaire rappelle combien la chevelure féminine a profondément marqué l’imaginaire. Son puissant caractère sexuel génère, en effet, de multiples fantasmes, dans la plupart des cultures2. Nous retrouvons donc, sans surprise, les longues mèches associées à la plus célèbre sainte pécheresse du christianisme, Marie-Madeleine, et ce, dès ses premières représentations, tant littéraires qu’iconographiques. L’hagiographie assigne à chaque saint des attributs spécifiques. Ils assument une fonction à la fois de célébration, d’ancrage symbolique et d’identification. La cheve- lure constituera, avec les larmes et le parfum, l’un des principaux emblèmes magda- léens, dont la signification et l’importance évolueront au fil des siècles. Figure synthétique3, la Madeleine occidentale naît au v i e siècle de la fusion, opé- rée par Grégoire le Grand, de trois figures évangéliques. (1) L’anonyme du repas chez Simon dans les synoptiques4: notons que seul Luc la qualifie de pécheresse. (2) Marie de Béthanie: modèle de contemplation5, elle accomplit l’onction dans le quatrième évangile6. Enfin, (3) Marie de Magdala, la disciple fidèle. Libérée de sept démons par le Christ7, elle l’accompagne au Golgotha8 et sera, au matin de Pâques, le premier témoin de sa Résurrection9. Dans ces différents épisodes, la chevelure n’apparaît ce- pendant qu’à deux reprises, lors des onctions lucanienne et johannique, où la jeune femme essuie les pieds du Messie de ses cheveux. Les longues mèches de la sainte connaîtront pourtant une importante postérité, certainement en raison des connota- tions sexuelles que nous avons évoquées. Très vite, la théologie et les arts s’emparent de la scène, et se focalisent essentiellement sur le pardon accordé à la pécheresse, chez Luc. Étendard de sa sexualité dévoyée dès l’époque médiévale, la chevelure de Made- leine s’avilit aux pieds de Jésus, afin de manifester son repentir. Les mèches tentatrices cachent désormais le corps obscène, offrent une bure à la pénitente10. Rappelons que

(1) Ma r i n a Wa r n e r , Le vil et le vigoureux, la toi- (4) Mt 26, 6-13; Mc 14, 3-9; Lc 7, 36-50. son et le poil: des cheveux et de leur langage, traduit (5) Lc 10, 38-42. de l’anglais par Marie-Ange Du t a r t r e , dans Ma r i e - (6) Jn 12, 1-11. La u r e Be r n a d a c et Be r n a r d Ma r c a d e , Féminin- (7) Lc 8, 2; Mc 16, 9. masculin. Le sexe de l’art, Paris, Gallimard-Electa, (8) Mt 28, 55-56; Mc 15, 40 et Jn 19, 25. Luc ne la 1996, p. 309. mentionne pas et évoque uniquement «des femmes (2) Je a n Ch e v a l i e r et Al a i n Gh e e r b r a n t , «Che- qui l’avaient suivi depuis la Galilée» (Lc 23, 49). veux», dans Dictionnaire des symboles, Paris, Edi- (9) Mt 28, 1-8; Mc 16, 1-8; Lc 24, 1-11 et Jn 20, tions Robert Laffont S.A. et Editions de Jupiter, 1-18. 1982 (1969), p. 234-p. 237; Mi c h e l Ca z e n a v e , (10) Es t r e ll a Ru i z -Ga lv e z , Une chevelure my- «Cheveu», dans Encyclopédie des symboles, Paris, thique. Les cheveux de Madeleine, enseigne du Le Livre de Poche, 1996, p. 132-p. 133. féminin et emblème d’un repentir. Illustrations (3) Pour une analyse complète de la question des littéraires et représentations iconographiques d’un trois Maries dans la littérature contemporaine, voir thème (x v e-x v i i e siècles), dans: Al a i n Mo n t a n d o n , Ka t h e r i n e Ro n d o u , Échos de la Madeleine, figure Marie-Madeleine, figure mythique dans la littérature évangélique, dans la littérature contemporaine, «Ri- et les arts, Clermont-Ferrand, Presses universitaires vista di Storia e Letteratura Religiosa», 2005, V. 41, Blaise Pascal, 1999, p. 75-p. 86. fasc. 3, p. 413-p. 432.

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si aucun évangéliste ne décrit cette chevelure, la tradition insistera continuellement sur son ampleur, sans doute par contamination avec une autre pécheresse repentie, sainte Marie l’Egyptienne. Sa légende a largement influencé l’hagiographie magdalé- nienne: la vie anachorétique de Marie-Madeleine à la Sainte-Baume doit beaucoup à la retraite au désert de la courtisane d’Alexandrie. Or, la Vita de l’Egyptienne précise que l’ermite se présenta au prêtre Zosime vêtue de ses seuls cheveux11… La chevelure lascive de Marie-Madeleine prolonge évidemment son pouvoir séducteur au-delà du Moyen-Âge. «D’une manière générale, le cheveu acquiert au lendemain de la Contre-Réforme un vague relent de sensualité et de péché»12. Nous avons cependant noté, chez quelques auteurs contemporains, une rupture avec l’ima- ge dichotomique imposée à l’attribut par la théologie. Celle-ci distingue d’une part la riche coiffure de la pécheresse, chargée sexuellement; d’autre part, la chevelure-cilice de la pénitente, mode d’expression de son repentir. Cette évolution, loin d’être géné- ralisée, mérite néanmoins de retenir notre attention. Notre corpus, constitué d’environ cent cinquante oeuvres, se veut le plus large possible et, sans prétendre à l’exhaustivité, constitue un ensemble représentatif de la littérature magdaléenne des x x e et x x i e siècles. Ceci suppose évidemment la prise en considération d’auteurs de langues, de formations, d’impacts, de cultures, et de champs littéraires très différents. Des «monuments» de la littérature internationale côtoieront donc des romanciers appréciés du grand public, ou encore des auteurs dont l’histoire littéraire peine à retenir le nom. Tous nos auteurs n’exploitent pas le célèbre attribut, souvent en raison de la brièveté de l’œuvre ou de l’apparition de Madeleine (alors, simple personnage secon- daire). Néanmoins, la chevelure demeure généralement très présente dans la littéra- ture contemporaine, notamment dans le célèbre épisode de l’onction. Parallèlement à la question des trois Maries, les Pères de l’Eglise se sont interro- gés sur le nombre d’onction(s)13. Interpellés par des divergences apparaissant dans le troisième évangile, certains distinguent deux épisodes. L’onction de Galilée, relatée par Luc, traduit la contrition et la tendresse de la pécheresse qui, contrairement au Pharisien, accomplit les gestes d’hospitalité. Celle de Béthanie, évoquée par les autres évangélistes, s’apparente à une extrême-onction et souligne, avec les autres annonces de la Passion, l’approche du sacrifice christique. Il va sans dire que la chevelure véhi- cule des connotations bien différentes dans l’un et l’autre cas, et que la tradition de la pécheresse repentie s’est essentiellement inspirée de Lc 7, 36-50. Une tradition dont nous trouvons encore largement trace au x x e siècle, notam- ment dans une nouvelle de 1936 de Marguerite Yourcenar, Madeleine ou le Salut. Jean, plus soucieux de l’enseignement du Christ que de l’amour de sa fiancée, abandonne Madeleine au soir de ses noces14. Afin de le discréditer aux yeux du futur évangéliste,

(11) Pour une étude des rapports liant les légen- Ateliers catholiques du Petit-Rouge, 1848). L’étude des des deux saintes, voir: El i s a b e t h Pi n t o -Ma- de Jean Pi r o t (Trois amies de Jésus de Nazareth, Pa- t h i e u , Trois vies de pécheresses repenties. Les sain- ris, Cerf, 1986) constitue une bonne synthèse pour tes Marie l’Egyptienne, Marie-Madeleine et Thaïs, le x x e siècle. «Revue des Sciences humaines», juillet-septembre (14) Selon Susan Ha sk i n s (Mary Magdalen, Myth 1998, V. 251, p. 89-p. 109. and Metaphor, New York, Riverhead Books, 1993), (12) Ma r i n a Wa r n e r , op. cit., p. 311. l’abandon de Madeleine à Cana, au soir de ses no- (13) Pour une vue d’ensemble sur l’évolution de ces, apparaît pour la première fois au ve siècle, chez la querelle jusqu’au x i x e siècle, le lecteur pourra se saint Augustin. Un récit dont fait également men- référer, à condition de faire preuve d’un minimum tion la Légende dorée, mais pour le réfuter: «Cer- d’esprit critique, à l’ouvrage de l’abbé Fa i ll o n tains auteurs racontent que Marie-Madeleine était (Monuments inédits sur l’apostolat de sainte Marie- la fiancée de saint Jean l’Evangéliste, et que celui-ci Madeleine en Provence, et sur les autres apôtres de s’apprêtait à l’épouser lorsque le Christ, survenant cette contrée, saint Lazare, saint Maximin, sainte au milieu de ses noces, l’appela à lui: ce dont Ma- Marthe et les saintes Maries Jacobé et Salomé, Paris, deleine fut si indignée que, depuis lors, elle se livra

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la jeune femme décide de séduire Jésus… avant de succomber, à son tour, à la parole divine. Le déploiement de ses charmes devient glorification du Messie: ses cheveux recouvrent «la nudité de [sa] faute»15. Dans son roman largement controversé, La dernière tentation du Christ (1955), l’écrivain et philosophe grec Nikos Kazantzaki souligne également la pudeur retrouvée de la convertie, par le biais de la chevelure. Lorsque Jésus, après un premier voyage en Galilée, revient chercher sa cousine à Magdala, celle-ci se jette à ses pieds et sa chevelure «encore imprégnée des anciens parfums, des parfums maudits» se répand sur son dos. Le Christ l’aide à se relever et Madeleine cache sa poitrine de ses longues mèches, avant d’accomplir l’onction16. Parallèlement à ces chevelures éclipsant une sensualité désormais désavouée, plusieurs auteurs marquent la conversion de leurs héroïnes par le port d’un voile. En 1902, paraît Le rayon, scènes évangéliques de Marie Reynès-Monlaur17, une écrivain catholique française mineure, essentiellement active durant la première moitié du x x e siècle. Une fois l’onction accomplie, son héroïne hésite à sortir en cheveux: la nar- ratrice lui offre son voile18. La chevelure ne dissimule plus un corps impudique, elle devient l’impudeur à masquer. Lc 7, 36-50 évoque bien sûr le repentir, mais aussi l’affection de «celle qui a montré beaucoup d’amour». Déjà présente chez les auteurs cités, cette double com- posante apparaît nettement dans Jésus et Marie-Madeleine, correspondance intime (2001), un roman épistolaire du Français Bernard-G. Landry. Outre l’onction où Jésus pardonne à la jeune femme19, Landry se plaît à souligner l’attachement de la disciple par son habitude de caresser, de ses cheveux, les pieds du Messie 20. Cependant, quelques romanciers contemporains ne retiennent que le geste de douceur, et valorisent ainsi la «sainte amante» au détriment de la pécheresse repentie. Une originalité dont témoigne, entre autres, Jacqueline Kelen. Licenciée en lettres classiques et productrice à France Culture, la Française a consacré une part non né- gligeable de ses publications à Marie de Magdala, essentiellement des méditations personnelles21. Elle ne met en scène l’amie du Christ qu’à une seule reprise, dans Marie-Madeleine, un amour infini (1982). Dans ce roman, l’onction de Galilée célèbre le bien-aimé. Avec le sel de mes yeux, l’or de ma chevelure, les parfums de mon vase, j’ai à mon tour célébré la Présence, un corps à toucher, adorer, un corps bien vivant. On s’est moqué de moi, on m’a presque chassée. Mon amour était indécent.22

En 1991, soit sept ans avant de remporter le prix Nobel de littérature, le roman- cier portugais José Saramago publie L’Evangile selon Jésus-Christ. Ce contre-évangile,

tout entière à la volupté. Mais c’est là une légende (18) Ma r i e Re y n è s -Mo n l a u r , Le rayon, scènes fausse et gratuite: et le Frère Albert, dans sa préface évangéliques, Paris, Plon, 1911 (1902), p. 54. à l’évangile de saint Jean, nous affirme que la fian- (19) Be r n a r d -G. La n d r y , Judas et Marie-Made- cée que le saint quitta pour suivre Jésus, resta vierge leine, correspondance intime, Pantin, Le Temps des toute sa vie, et vécut, plus tard, dans la société de Cerises, 2001, p. 56. la Vierge Marie» (Jacques d e Vo r a g i n e , La légende (20) Be r n a r d -G. La n d r y , op. cit., p. 34. dorée, traduit du latin par Teodor d e Wy z e w a , Pa- (21) Kelen a, notamment, commenté des textes ris, Seuil, 1998, p. 346). dédiés à la sainte (Offrande à Marie-Madeleine, (15) Ma r g u e r i t e Yo u r c e n a r , «Madeleine ou Paris, La Table Ronde, 2001) et rédigé la préface le salut», dans: Feux, Paris, Grasset, 1936, p. 114- de la réédition de Lacordaire chez Million (He n r i p. 115. La c o r d a i r e , Sainte Marie-Madeleine, préfacé (16) Ni k o s Ka z a n t z a k i , La dernière tentation du par Jacqueline Ke l e n , Grenoble, Jérôme Millon, Christ, traduit du grec par Michel Sa u n i e r , Paris, 1998). Pocket, 1959 (1955), p. 339. (22) Ja c q u e l i n e Ke l e n , Marie-Madeleine, un (17) Ja c q u e l i n e Ro u x , Marie Reynès-Monlaur, amour infini, Paris, Albin Michel, 1992 (1982), une figure catholique du x x e siècle, Paris, Pierre Té- p. 50. qui, 2006.

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largement controversé dans un Portugal encore très attaché à la foi catholique, dé- cida de l’installation de son auteur à Lanzarote. Biographie fictive de Jésus, le roman retrace son existence, de sa conception au Golgotha. Jésus passe son adolescence dans le désert, avec, pour seul compagnon, l’incarnation humaine de Satan: Pasteur. Jeune adulte, il regagne la civilisation et blessé aux pieds, demande asile dans une maison de Magdala. Saramago nous livre alors sa lecture de l’onction. Une prostituée, Marie, ouvre sa porte à Jésus, le soigne de ses baumes et s’offre à lui. Les versets du Cantique des Cantiques scandent chaque geste des amants, qui passent de la parole d’amour au geste d’amour et ouvrent le rapport charnel à une dimension mystique. Cette scène marque la réconciliation de Jésus avec un corps que son mentor lui avait appris à mépriser. Une réconciliation qui permettra à Jésus d’entamer sa vie publique. Si l’écrivain ne mentionne pas les cheveux de la Magdaléenne durant l’ «onction», les pages qui précèdent la rencontre du Christ et de Marie sont révélatrices du statut de la chevelure féminine, dans l’imaginaire du Portugais. Jésus se repose sur la rive du Jourdain et entend, sans l’apercevoir, une femme chanter. Le narrateur imagine alors la réaction de la baigneuse, si elle venait à découvrir le jeune homme… Avec quelques paroles ou sans parole, la femme se dévêtira de nouveau, et quand sera arrivé ce qu’on doit toujours attendre de ce genre de rencontre, elle lui retirera ses sandales avec un soin extrême, elle guérira les plaies en déposant sur chaque pied un baiser et en les enveloppant ensuite, comme un œuf ou un cocon, dans sa propre chevelure humide.23

Mot pour mot, ce récit correspond à la rencontre du Messie et de Madeleine, le sexe de la prostituée succédant à la «chevelure humide» de la chanteuse24. Dans L’évangile selon Jésus-Christ, la chevelure de l’onction incarne une sexualité féminine valorisée. Après le repas chez le Pharisien, plusieurs auteurs décrivent également le banquet de Béthanie. La scène affirme implicitement l’intellection de la disciple. Consciente à la fois de l’imminence de la Passion et de la véritable nature de Jésus, Madeleine anticipe son extrême-onction et le sacre roi, en lui versant de l’huile parfumée sur le front25. Rien dans Jn 12, 1-11 ne permet donc d’assimiler la chevelure à l’expression du repentir. La popularité de la version lucanienne explique sans doute la régulière «contamination» de la deuxième onction. En 1997, Pierrette Brès, écrivain française largement périphérique, publie Marie de Magdala ou la vie révélée de Marie-Madeleine. Littérairement très pauvre, ce ro- man constitue néanmoins une parfaite illustration de cette contamination. Alors que Madeleine a déjà effectué une première onction (aucune raison donc de combiner le message des deux épisodes, comme le font les partisans de l’onction unique), la jeune femme relâche ses cheveux, en signe «de deuil, de pénitence, de soumission»26, lorsqu’elle effectue l’onction des rois. Indéniablement donc, malgré les quelques remises en question que nous avons tenu à souligner, la chevelure reste associée à l’expression du repentir dans la litté-

(23) Jo s é S a r a m a g o , L’Evangile selon Jésus-Christ, mismo per designare gli organi sessuali» (Li l i a Se- traduit du portugais par Geneviève Le i b r i c h , Paris, b a s t i a n i , Il personaggio evangelico di Maria di Mag- Editions du Seuil, 1992 (1991), p. 287. dala e il mito della peccatrice redenta nella tradizione (24) Cette interprétation apparaît d’autant plus occidentale, Brescia, Queriniana, 1992, p. 60). plausible si l’on sait que les pieds symbolisent les (25) Certains auteurs déplacent ce sacre royal à organes sexuels dans la civilisation judéo-chrétien- l’onction de Galilée. ne. «Nella cultura orientale et nella Bibbia [i piedi] (26) Pi e r r e t t e Br è s , Marie de Magdala ou la vie contengono anche un richiamo sessuale, in quanto révélée de Marie-Madeleine, Paris, Michel Lafon, esprimono radicamento alla terra. Nell’Antico 1997, p. 143-p. 144. Nous soulignons. Testamento, a volte, i piedi servono come un eufe-

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rature contemporaine, et ce même en dehors du célèbre épisode. En 1913, Maurice Maeterlinck consacre un drame au destin de la sainte pécheresse. Lorsque l’héroïne de Marie-Magdeleine s’approche pour la première fois du Christ, son élégant chignon s’effondre27. Ses cheveux dénoués, dont la simplicité28 s’oppose à l’artifice des riches coiffures passées, traduisent désormais sa contrition. Dans Ma vie de Jésus (2005), le cinéaste et écrivain français Eduardo Manet envisage une attitude plus radicale. Son héroïne se coupe les cheveux le jour de sa conversion29. Ce sacrifice symbolique d’une sexualité condamnée n’est pas totalement étranger à la tradition magdaléenne. Nous en avons trouvé trace dans l’illustration d’un Livre de la Passion du x i v e siècle30, dans un tableau de Caspar de Crayer31, ainsi que dans un poème de Gabriel Vicaire32. Corollaire évident de l’avilissement de la chevelure dans l’expression du repen- tir: les longues mèches restent intimement liée à la séduction de la Madeleine contem- poraine. Bien avant le raz-de-marée médiatique suscité par le Da Vinci Code (2003) de Dan Brown, la romancière américaine Katherine Neville intègre les protagonistes des évangiles dans un thriller ésotérique, Le cercle magique (1998). Alors que dans la version de Neville, Madeleine ne se rend coupable que des péchés d’orgueil et de vanité33, sa chevelure conserve de nets relents de luxure. Sa chevelure abondante, dans l’éclat du soleil, composait un arc-en-ciel de nuances cha- toyantes cascadant jusque sur ses épaules, avec une touche de provocation qui avait poussé les anciens, et même certains des disciples, à la considérer comme un ornement inutile et dange- reux, politiquement incorrect, de l’entourage du maître.34

Daniel Arasse35 souligne en effet le caractère ambigu de la «femme en cheveux», dont le négligé peut traduire, comme nous l’avons vu, le renoncement à la coquette- rie, mais aussi la liberté de mœurs. La métonymie sexuelle explique également la violence manifestée envers sa che- velure par les ennemis de la Magdaléenne. Dans La dernière tentation du Christ, Bar- rabas «empoigne Madeleine par ses tresses» dans la scène de la femme adultère36, tout comme Saül dans l’épisode onirique de la fin du roman, avant de l’assassiner37. En 1946, Robert Graves publie un véritable hapax au sein de la littérature «chris- tique» de ces dernières décennies. Alors que la tendance générale va vers l’assimila- tion du message évangélique aux cultes matriarcaux38, et, par conséquent, célèbre la fécondité et la sexualité, King Jesus dévalorise totalement la sensualité de la sainte. La

(27) Ma u r i c e Ma e t e r l i n c k , Marie-Magdeleine, (31) Caspar de Crayer, Marie-Madeleine en va- Paris, Eugène Fasquelle, 1913, p. 104. nité, première moitié du x v i i e siècle, Valenciennes, (28) Diane Ap o s t o l o s -Ca p p a d o n a rappelle que Musée des Beaux-Arts. les cheveux relâchés symbolisent l’énergie spiri- (32) Ga b r i e l Vi c a i r e , Marie-Madeleine, Paris, tuelle, ce qui conviendrait parfaitement à ces mo- Lemerre, 1889, p. 18. ments-clés du parcours magdalénien où l’héroïne (33) Ka t h e r i n e Ne v i ll e , Le cercle magique, tra- accède au religieux et au mystique («Images, Inter- duit de l’anglais par Gilles Mo r r i s -Du m o u l i n , Pa- pretations, and Traditions: a Study of Magdalene», ris, Pocket, 2005 (1998), p. 254. dans Ja n e Ko p a s , Interpreting Tradition, the Art of (34) Ka t h e r i n e Ne v i ll e , op. cit., p. 50. Theological Reflexion, Chico, Scholar Press, 1983, (35) Da n i e l Ar a ss e , «La toison de Madeleine», p. 111). dans On n’y voit rien, descriptions, Paris, Gallimard, (29) Ed o u a r d o Ma n e t , Ma vie de Jésus, Paris, 2003, p. 115-p. 116. Grasset, 2005, p. 167. (36) Ni k o s Ka z a n t z a k i , op. cit., p. 177. (30) Dans un Livre de la Passion de la fin du x i v e (37) Ni k o s Ka z a n t z a k i , op. cit., p. 465. siècle, une illustration montre Marie-Madeleine se (38) Ka t h e r i n e Ro n d o u , Marie-Madeleine, Soi coupant les cheveux avec la légende «Marie Mag- féminin complet dans le roman contemporain après daleine coppe ses cheveux et offrit contrition» (S. 1950, dans «Cahiers d’Histoire des Littératures Ro- Ha sk i n s , op. cit., p. 150). manes», 2006, V. 30, p. 461-p. 481.

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femme de Magdala n’incarne plus un type de sexualité généralement condamné – la prostitution – mais la sexualité féminine en général. Humaniste célèbre dans les milieux anglo-saxons39, Robert Graves puise son ins- piration dans sa connaissance érudite des civilisations antiques. Il détourne textes sacrés ou historiques, et éclaire de façon tout à fait personnelle la vie de Jésus et de ses compagnons. Il s’intéresse à la déesse antique de la Méditerranée à partir de 1944 (il lui consacre l’un de ses essais, White Goddess), et cherche à confronter le Christ au culte de la Grande Mère Afin de permettre à l’homme d’échapper au cycle de la naissance et de la mort40, donc au pouvoir de la Femme, de la Grande Mère, le Christ doit soumettre sa re- présentante principale, Marie la Coiffeuse41. Il saisit la reine des prostituées par les cheveux pour l’exorciser. Qu’ai-je à faire du Vieil Adam qui murmure dans la poussière? Un Nouvel Adam arrive au nom du Très-Haut pour accomplir, pour lier la Femme avec sa propre chevelure, pour charger l’Adversaire de Dieu de chaînes adamantines. Dans le Vieil Adam, tout meurt; dans le Nouveau, tout vivra.42

A l’opposé, plusieurs auteurs insisteront sur la charge positive des longs cheveux de la jeune femme, incarnation d’une féminité valorisée. Non seulement dans les pa- ges consacrées à l’onction, comme nous l’avons vu, mais aussi lors de la Passion. Dans les oeuvres de Kelen et Yourcenar, la douceur de la chevelure magdaléenne offre un contraste frappant avec la violence des bourreaux. Mais elle n’avait jamais eu, Marie, que ses mains, ses larmes et ses cheveux pour panser les rêves des hommes enténébrés.43

En vain, j’ai versé sur ses pieds l’onde oxygénée de ma chevelure […].44

Les épisodes déjà évoqués appartiennent aux évangiles et remontent au ier siè- cle. La vie «post-testamentaire» de la sainte, plus tardive, date de la fin du i x e siècle. Placée sur un bateau sans gouvernail par ses opposants juifs, Madeleine accoste mira- culeusement en Provence. Après la conversion de nombreux païens, la jeune femme se retire dans la solitude d’une grotte, la Sainte-Baume. Les littératures homilétique et hagiographique médiévales attribueront cette retraite à un brûlant désir de com- munier avec Dieu45. Plus tard, l’iconographie, peu attachée à la représentation de la Madeleine au désert avant la Renaissance46, popularisera l’image, devenue embléma- tique, de la pénitente expiant, dans l’isolement et les privations, une vie de débau- che47. Certes, l’ermite et sa chevelure-cilice auront un impact non négligeable sur la littérature, et ce jusqu’au x x e siècle. Toutefois, les auteurs contemporains renouent

(39) Malheureusement peu traduit, Graves souf- chesne, 1997, p. 38. fre d’un manque de visibilité dans la sphère fran- (46) Lo u i s Ré a u , «Madeleine», dans Iconogra- cophone. phie de l’art chrétien, Paris, Presses Universitaires (40) Ro b e r t Gr a v e s , King Jesus, traduit de l’an- de France, 1958, p. 846-p. 859. glais par Claude Se b a n , s.l., Stock, 1993 (1946), (47) Pécheresse repentie, certes, mais qui ne p. 304. perd rien de ses charmes passés. Françoise Bardon (41) Ro b e r t Gr a v e s , op. cit., p. 332-p. 333. a souligné la persistance de la sensualité de l’ermite (42) Ro b e r t Gr a v e s , op. cit., p. 349. dans la peinture baroque (F. Ba r d o n , Le thème (43) Ja c q u e l i n e Ke l e n , op. cit., p. 129. de la Madeleine pénitente au x v i i e siècle en France, (44) Ma r g u e r i t e Yo u r c e n a r , op. cit., p. 120. dans «Journal of the Warburg & Courtauld Institu- (45) El i s a b e t h Pi n t o -Ma t h i e u , Marie-Made- tes», 1968, V. 31, p. 278-p. 306). leine dans la littérature du Moyen-Âge, Paris, Beau-

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parfois avec les homélies et Vitae médiévales. L’amante éplorée se substitue à l’ascète, l’attribut de la féminité et de l’amour à la robe de bure. Pierre-Marie Beaude, docteur en théologie à l’université de Metz, en donne un parfait exemple. Dans Marie la Pas- sante (1999), la chevelure rasée traduit le deuil et non l’expiation. Je ne pleure pas sur ma vie de putain, non, mais sur le seul amour qu’il m’a été donné de vivre. J’ai rasé mes cheveux. […]. Je me moque bien d’être laide ou belle, mon prince saura voir la beauté à travers la laideur, comme Dieu sut trouver beau le fils lié comme un agneau sur l’autel du mont Moriyya.48

Le roman a fait l’objet d’une adaptation théâtrale, où nous retrouvons un souci identique de réhabilitation. Contrairement à la légende, Marie de Magdala ne renie pas sa féminité, ne voile pas sa chevelure. On dit que je me suis retirée dans un lieu discret pour pleurer mes péchés, et que je porte un voile sur la tête…49

Reste une dernière composante de l’attribut magdalénien qui, à notre connais- sance, n’a pas suffisamment retenu l’attention de la critique: la couleur des cheveux. Depuis le Moyen-Âge, l’iconographie offre à la chevelure de la sainte toutes les nuances, des plus sombres aux plus lumineuses50. Aucun historien de l’art ne sem- ble cependant avoir cherché à décrypter ce choix, en tenant compte évidemment de l’évolution des canons esthétiques et des éventuelles obsessions personnelles de l’artiste. Certes, plusieurs études mentionnent une prédilection pour les Madeleines rousses, mais sans qu’aucun dépouillement de corpus n’étaie cette affirmation. Mary M. Rowan, par exemple, situe au x v i e siècle la multiplication des Madeleines ermites rousses. «Ce ne sont plus les cheveux dorés du Moyen-Âge, mais, d’après l’inter- vention du Titien, des cheveux roux. (Il n’est pas sans intérêt de se souvenir du fait que les sorcières de l’époque sont souvent décrites comme ayant des cheveux roux, couleur de flamme)»51. Françoise Gaillard n’hésite pas à citer «la luxuriante chevelure d’un blond vénitien»52 au rang des attributs magdaléniens. Xavier Fauche, dans un ouvrage de vulgarisation, affirme également que «Marie-Madeleine est, en général, représentée avec de longs cheveux roux»53. Diane Apostolos-Cappadona évoque les «flowing red hair»54 parmi les traits permettant l’identification de la sainte, à travers ses différentes représentations iconographiques. A leur suite, nous devons reconnaî-

(48) Pi e r r e -Ma r i e Be a u d e , Marie la Passante, Museum) etc. Paris, Desclée de Brouwer, 1999, p. 74. (51) Ma r y M. Ro w a n , «Problème et paradoxe: (49) Pi e r r e -Ma r i e Be a u d e , Marie la Passante. l’image de la Madeleine dans les écrits des grandes Cette adaptation théâtrale n’a fait l’objet d’aucune abbesses au x v i i e siècle», dans Yv e s Gi r a u d , L’ima- publication: nous remercions Rachel Boulenger, ge de la Madeleine du x v e au x i x e siècle, Fribourg, qui incarna l’héroïne dans la mise en scène d’Eric Editions Universitaires Fribourg, 1996, p. 199. Lorvoire, lors du festival d’Avignon de 2000, de Nous supposons que l’auteur se réfère à la Made- nous en avoir transmis une copie. leine pénitente (vers 1530). (50) Songeons, par exemple, à la Madeleine blon- (52) Fr a n ç o i s e Ga i ll a r d , Marie-Madeleine et de du Retable d’Issenheim de Matthias Grünewald l’art contemporain, dans «Art Absolument, les ca- (1512-1515, Colmar, Unterlinden), à la Madeleine hiers de l’art d’hier et d’aujourd’hui», hiver 2005, aux cheveux noirs de Georges de La Tour (La Ma- V. 11, p. 38. deleine pénitente, vers 1638-1643, New York, Me- (53) Xa v i e r Fa u c h e , Roux et rousses, un éclat très tropolitan Museum of Art), à la pénitente brune de particulier, Paris, Gallimard, 1997, p. 40. Johan Moreelse (Marie-Madeleine pénitente, x v i i e (54) Di a n e Ap o s t o l o s -Ca p p a d o n a , «Mary siècle, Caen, Musée des Beaux-Arts), à la rousse du Magdalene, Saint», dans Encyclopedia of Women Christ dans la maison de Marthe et Marie d’Ales- in Religious Art, New York, Continuum, 1996, sandro Allori (x v i e siècle, Vienne, Kunsthistorisches p. 244.

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tre que la majorité des tableaux illustrant les ouvrages consacrés à la sainte ont pour modèles des rousses55. Choix inconscient – mais ô combien révélateur – de l’éditeur ou réelle dominante, cette question mérite, à notre avis, de retenir l’attention des spécialistes. Mais confessons que le problème n’a pas trouvé plus d’écho auprès des histo- riens de la littérature que des historiens de l’art. Il semblerait qu’aucune étude du personnage littéraire de la Madeleine ne s’attarde sur l’éventuelle signification de sa couleur de cheveux. En 2007, Valérie André a publié un essai sur la valeur symbolique du roux en Occident, sans doute l’ouvrage actuellement le plus complet sur cette problémati- que56. Elle retrace l’émergence des préjugés associés aux roux – méchanceté, avarice, etc. – et analyse leur adoption en littérature. Parmi ces nombreux traits péjoratifs, la luxure convient certainement le mieux à la jolie pécheresse. Les travaux de Mireille Dottin-Orsini sur la culture fin-de-siècle rejoignent les conclusions de Valérie André, «à lire les romans de l’époque, on pourrait croire que les prostituées sont toutes rous- ses sans exception, grâce il est vrai à la potasse et au henné plus qu’à la nature»57. Contrairement à ce que nous avons constaté pour le x i x e siècle58, fidèle au cliché de la rousse luxurieuse, les x x e et x x i e siècles établissent un contraste entre le stéréo- type et la véritable personnalité de l’héroïne. Ils invitent le lecteur à reconsidérer la chevelure, et la féminité en général. Le roman de Beaude, particulièrement frappant de ce point de vue, attribue presque tous les traits de la femme fatale décadente (la chevelure rousse59, les yeux verts60, l’assimilation aux félins61) à Marie la Passante, pour aussitôt nier leur caractère destructeur. Il souligne la quête d’indépendance et la douceur de la jeune femme. Ma chevelure rousse me faisait femme lionne. Mes yeux bleu-vert rameutaient les cou- leurs tendres et dures de la mer phénicienne. Il m’arrivait de m’endormir dans mes longs cheveux, si soyeux. Allongée sur la plage ou bien sur la terrasse d’une chambre haute, je les disposais autour de moi, ils me faisaient une conque douce, et je restais ainsi à regarder le jour se défaire, monter la lune et suivre indéfiniment son chemin discret dans le ciel.62

Dan Brown, dans un registre bien différent, cherche également à réhabiliter Ma- deleine et sa sexualité. Le romancier américain publie en 2003 «le» best-seller de la littérature populaire magdaléenne, le Da Vinci Code. Dans ce thriller ésotérique, la sainte est l’épouse de Jésus, la mère de son enfant, sa disciple par excellence. Une situation intolérable pour certains apôtres qui, au lendemain de la Passion, accusent

55 Luca Giordano, Marie-Madeleine comme çaise, en France et en Belgique, de 1814 à nos jours, vanité, vers 1690, Duinkerken, Musée des Beaux- thèse de doctorat présentée sous la direction de Arts; Jan Gossaert Mabuse, Portrait de Dame en Michel Ba s t i a e n s e n , Université Libre de Bruxelles, Marie-Madeleine, vers 1478, Anvers, Musée Mayer 2006. van den Bergh; Frederick Sandys, Marie-Madeleine, (59) La femme fatale fin-de-siècle est souvent 1859, Delaware, Art museum; Jules-Joseph Lefeb- rousse (M. Do t t i n -Or s i n i , op. cit., p. 324-p. 326). vre, Marie-Madeleine dans la grotte, 1876, Saint- (60) Les yeux des personnages sadiques dans le Pétersbourg, Ermitage; Domenico Feti, Sainte bas romantisme sont habituellement verts (Ma r i o Marie-Madeleine pénitente, 1615, Boston, Museum Pr a z , La chair, la mort et le diable dans la littérature of Fine Arts, etc. du x i x e siècle, le romantisme noir, traduit de l’italien (56) Va l é r i e An d r é , Réflexions sur la question par Constance Th o m p s o n Pa s q u a l i , Paris, Denoel, rousse, histoire littéraire d’un préjugé, Paris, Tallan- 1977, p. 270). dier, 2007. (61) Br a m Di jks t r a , Les idoles de la perversité, (57) Mi r e i ll e Do t t i n -Or s i n i , Cette femme qu’ils figures de la femme fatale dans la culture fin-de-siè- disent fatale, textes et images de la misogynie fin-de- cle, traduit de l’américain par José Ka m o u n , Paris, siècle, Paris, Grasset, 1993, p. 324. Seuil, 1992, p. 300 et suivantes. (58) Ka t h e r i n e Ro n d o u , Le thème de sainte Ma- (62) Pi e r r e -Ma r i e Be a u d e , op. cit., p. 30. La rie-Madeleine dans la littérature d’expression fran- scène est identique dans la pièce.

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la jeune femme de prostitution, afin de l’éloigner de la direction de l’Eglise naissan- te. Madeleine se réfugie en France et dirige, dans l’ombre, la véritable communauté chrétienne… comme le feront ses descendants, les héritiers du Christ. A ceux-ci, elle lègue l’enseignement de son époux… et ses cheveux roux, signe d’élection et non d’infamie. Réhabilitée également la rousseur de la Madeleine de Landry, mais sans pour autant faire l’économie du cliché. Consciente que sa «rouquinitude» fut souvent in- terprétée comme un signe de malédiction63, Marie-Madeleine saura gré à Judas de la réconcilier avec cette partie d’elle-même. Je garde au fond des yeux et du fond du cœur l’image flamboyante de tes cheveux dé- noués qui jettent leur lumière d’incendie sur cette coulée de taches de rousseur descendant de ton visage pour se répandre sur toute ta peau blanche, comme une voie lactée entre les deux majestueux soleils de tes seins, qui déroulerait la carte de ton firmament et se perdrait au bas de ton ventre, parmi les perles de rosée de ton désir serties dans un entrelacs de fils d’or rouge. (Lettre de Judas à Madeleine)64

Je voudrais te prendre dans mes doigts pour que tu puisses me caresser comme tu le faisais, souviens-toi, quand ton doigt parcourait ma peau en allant d’une de mes maudites taches de rousseur à l’autre comme on suit sur le Livre, d’une lettre à l’autre, avec la petite main d’ivoire du Yad, et que tu me récitais «Le cantique des cantiques» comme si tu en lisais les strophes entre mes seins ou sur mes cuisses, et tout à coup j’étais guérie de la honte d’être une de ces méchantes rouquines qui ont pris le soleil à travers une passoire et je ressentais, au contraire, le fierté de ma peau blanche comme un vélin d’agneau où chacun peut lire toute la poésie du monde. (Lettre de Madeleine à Judas) 65

Encore une fois, la valorisation de la chevelure, et de la chevelure rousse en particulier, va de pair avec une acceptation de la sensualité féminine. Ici, comme dans quelques autres romans contemporains66, la sexualité de la sainte se prolonge au-delà de la conversion. Madeleine devient la maîtresse de Judas, la compagne d’une nuit de Jésus, et la partenaire occasionnelle des apôtres, sans que cela ne remette en question, ni la crédibilité de sa conversion, ni son élévation spirituelle. Si l’inventaire des Madeleines rousses se révèle qualitativement intéressant de par sa remise en question du stéréotype éculé de la rousse lubrique, il demeure quan- titativement pauvre et compromet radicalement les affirmations évoquées plus haut. La littérature contemporaine, à la suite du x i x e siècle, témoigne au contraire d’une dominante de la chevelure blonde. Demeure cependant un problème de perception que nous désirons rapidement signaler. Tous les individus n’opèrent pas la même distinction entre des cheveux cui- vrés, auburn, blond vénitien (le «rosso veneziano» des Italiens). «A strawberry blond, overlooked as ordinary in predominatly light-haired populations, is perceived as a redhaired in predominatly dark-haired population»67. En témoignent les héroïnes de Marie Reynes-Monlaur et de l’abbé Auguste Lefranc, auteur en 1912 du roman Marie de Magdala. Lors de l’onction, Reynes-Monlaur souligne la «beauté blonde de Ma­deleine», pour s’arrêter quelques lignes plus bas sur ses «longs cheveux de cet or roux si rare en Orient»68. Que penser également de «l’épaisse chevelure couleur

(63) Be r n a r d -G.La n d r y , op. cit., p. 50. Skin», dans Outcasts: Signs of Otherness in Nothern (64) Be r n a r d -G.La n d r y , op. cit., p. 39. European Art of the Late Middle Ages, Los Angeles, (65) Be r n a r d -G.La n d r y , op. cit., p. 78. University of California Press, 1993, p. 147. (66) Ka t h e r i n e Ro n d o u , Marie-Madeleine, Soi (68) Ma r i e Re y n e s -Mo n l a u r , op. cit., p. 37. féminin complet, cit. Nous soulignons. (67) Ru t h Me ll i n k o f f , «Red Hair and Ruddy

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ambre»69 de la Madeleine de Lefranc, dont le romancier évoquait auparavant les «opulentes nattes blondes»70 ? Avant de passer aux Madeleines blondes et brunes, il ne nous semble pas inutile de signaler la juxtaposition relativement répandue de la sainte et du rouge, indépen- damment de sa couleur de cheveux. Staude71, dans sa description d’une peinture sur bois de l’école de Rimini72 du x i v e siècle, évoque la robe rouge qui caractérise Ma- deleine, sans pour autant préciser cette particularité73. De nombreux peintres74 témoi- gnent effectivement de cet intérêt pour les Madeleines vêtues de rouge, mais encore une fois, il n’existe, à notre connaissance, aucune étude approfondie des couleurs associées à la sainte. Tout au plus pouvons-nous renvoyer le lecteur à l’essai de Ruth Mellinkoff, Outcasts. Il démontre la transposition du statut ambigu de la jeune femme dans plusieurs Crucifixion de l’Europe du Nord, par sa position – de dos ou de pro- fil – et la richesse de son vêtement aux couleurs éclatantes75. Dans un autre chapitre, l’historienne de l’art nous éclaire sur la valeur symbolique du rouge. «Red, like yellow, has been continuously associated with whoredom and adultery, from the Harlot of Babylon and the biblical Rahab to the woman in Hawthorne’s Scarlet Letter»76. Nous comprenons aisément l’association de l’ancienne pécheresse à la couleur de la prosti- tution, dont nous avons trouvé trace chez nos auteurs. L’héroïne de Jacqueline Kelen, par exemple, échange sa robe bleue contre un vêtement rouge, lorsqu’elle «entre en prostitution»77. Mais Mellinkoff rappelle également l’ambivalence du rouge, symbole à la fois du sang du meurtrier et du martyre, du feu des enfers et du foyer78. Les travaux de Cazenave, Chevalier et Gheerbrand79 confirment cette double lecture, simultanément péjorative et valorisante. Le rouge est à la fois la couleur de la violence, de l’interdit, de la prostitution, de l’Enfer, et de la vie, de l’amour chrétien, de la flamme du Saint Esprit, du sang de la rédemption80. Une équivoque que les auteurs contemporains, notamment Pierrette Brès, se plaisent à exploiter. Pendant son existence de pécheresse, [Marie] a toujours pris plaisir, par provocation, à se vêtir de rouge, la couleur que portent les prostituées. A l’aube de ce qu’elle espère être une

(69) Au g u s t e Le f r a n c , Marie de Magdala, Paris, deleine, 1887, Gand, Musée des Beaux-Arts; Simo- Lethielleux, 1912, p. 37. ne Martini, Le portement de croix, vers 1284-1344, (70) Au g u s t e Le f r a n c , op. cit., p. 14. Paris, Musée du Louvre; Léon Spilliaert, Piéta, (71) W. St a u d e , Le crâne-calice au pied de la 1912, Ostende, Musée des Beaux-Arts; Masaccio, Croix, dans «La revue des arts», septembre 1954, Crucifixion, 1426, Naples, Capodimonte, etc. V. 4, fasc. 3, p. 140. (75) Ru t h Me ll i n k o f f , «The Magdalene», dans (72) Ecole de Rimini, Crucifixion, x i v e siècle, Zu- op. cit., p. 220-p. 222. rich, Kunsthaus. (76) Ru t h Me ll i n k o f f , «Colors», dans op. cit., (73) Marilena Mosco sera plus précise: «La Mad- p. 44. dalena in rosso dai lunghi capelli biondi sciolti ai (77) Ja c q u e l i n e Ke l e n , op. cit., p. 12. piedi della croce, come nell’esemplare giottesco (78) Ru t h Me ll i n k o f f , «Colors», dans op. cit., di Strasburgo, sarà un leitmotiv destinato ad avere p. 35. fortuna soprattutto nei vari esemplari di Bernardo (79) Mi c h e l Ca z e n a v e , «Rouge», dans op. cit., Daddi, dei seguaci di Giotto e dei maestri senesi» p. 592-p. 594; Je a n Ch e v a l i e r et Al a i n Gh e e r - (Ma r i l e n a Mo s c o , La Maddalena tra sacro e pro- b r a n t , «Rouge», dans op. cit., p. 831-p. 833. fano, da Giotto a De Chirico, Milan, Arnoldo Mon- (80) Staude signale rapidement le lien privi- dadori editore, 1986, p. 102). légié de Madeleine et du sang de la rédemption (74) Jan Mostaert, Descente de Croix, vers 1510- (W. St a u d e , op. cit., p. 139-p. 140), dont nous 1516, Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts; avons trouvé trace dans la littérature, notamment Bernardo Daddi, Crucifixion, 1338, Edimbourg, lorsqu’à la Passion, le sang de Jésus coule sur la National Gallery of Scotland; Titien, Noli me tan- chevelure de Madeleine, prostrée au pied de la gere, 1512, Londres, National Gallery; Daniel Se- Croix. Voir Ka t h e r i n e Ro n d o u , Le rapport de ghers, Couronne de fleurs avec Marie-Madeleine, Marie de Magdala au sang de la rédemption dans première moitié du x v i i e siècle, Gand, Musée des les représentations littéraires contemporaines de Beaux-Arts; Carlo Crivelli, Marie-Madeleine, après la Passion, dans «Intersezioni, rivista delle idee», 1480, Amsterdam, Rijksmuseum; James Ensor, Ma- sous presse.

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nouvelle existence, c’est encore le rouge, écarlate, qui lui semble indiqué pour recevoir cette rédemption qu’elle souhaite ardemment. Car selon la tradition que connaît bien Marie, si le rouge est l’image symbolique du sang, du feu, de la mort, c’est aussi celle de la renaissance, de la vie et de l’amour.81

Ces différents extraits, associés à l’idée reçue82 d’une Marie-Madeleine forcément rousse, nous amènent à nous interroger sur l’origine de cette association. Ne pour- rait-on envisager un lien privilégié entre la sainte et la couleur rouge – parfaitement compréhensible vu l’ambiguïté de la couleur, particulièrement adaptée au destin de la pécheresse repentie –, qui «déteint» du vêtement à la chevelure? Contrairement à ce qui est communément admis donc, la majorité des auteurs contemporains qui précisent la couleur de cheveux de leur héroïne opte pour le blond. De manière générale, les blonds évoquent, par leur couleur solaire, la beauté et la spiritualité83, traits éventuellement renforcés par l’assimilation classique de la che- velure blonde à l’or84, métal parfait dont l’éclat rappelle la lumière. Habituellement, les auteurs s’inscrivent dans cette tradition. Nombre de cheve- lures dorées célèbrent le Christ lors de l’onction, comme nous l’avons déjà constaté dans le roman de Jacqueline Kelen. Seul L’évangile selon Jésus-Christ charge la chevelure blonde d’une valeur néga- tive. Le roman s’ouvre sur la description d’une Crucifixion, dont le narrateur cherche à identifier les protagonistes. Il hésite un instant sur l’identité du personnage féminin incarnant Madeleine. Son choix se porte tout d’abord sur une jeune femme, aux longs cheveux épars et au décolleté aguicheur85, avant de se fixer sur un autre personnage, dont la blondeur peut rappeler la débauche passée. Nous ne prétendons pas affirmer que Marie-Madeleine ait été effectivement blonde, nous nous rallions juste au courant d’opinion majoritaire86 qui persiste à voir dans les blondes, qu’el- les soient l’œuvre de la nature ou de la teinture, les instruments les plus efficaces du péché et de la perdition. Ayant été comme on le sait une pécheresse endurcie, la plus perdue d’entre les perdues, Marie-Madeleine devait aussi être blonde pour ne pas démentir les convictions, acquises à bon ou à mauvais escient, de la moitié du genre humain.87

Mais le narrateur rejette aussitôt cet argument, pour se tourner vers le véritable indice permettant l’identification de la sainte. Madeleine est celle qui lève versle Christ un «regard plein d’un amour authentique et impérieux»88. Notons que dans le roman, Marie de Magdala – dont la sexualité, nous l’avons vu, est largement valorisée – aura des cheveux noirs… Foncée également la chevelure de Madeleine dans Une femme innombrable, un roman de 2002 du théologien orthodoxe français Jean-Yves Leloup. Te regarder, mon amour, quand se dénoue ta chevelure, et se voilent tes seins,

(81) Pi e r r e t t e Br è s , op. cit., p. 69-p. 70. (85) Jo s é Sa r a m a g o , op. cit., p. 14. (82) Idée reçue en tous cas pour la littérature des (86) Nous n’avons cependant pas trouvé trace x i x e, x x e et x x i e siècles. de cet a-priori dans les dictionnaires de symboles (83) Al a i n Gh e e r b r a n t et Je a n Ch e v a l i e r , consultés. «Blond», dans op. cit., p. 213. (87) Jo s é Sa r a m a g o , op. cit., p. 16. (84) Al a i n Gh e e r b r a n t et Je a n Ch e v a l i e r , (88) Jo s é Sa r a m a g o , op. cit., p. 16. «Or», dans op. cit., p. 322-p. 325.

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et ta main blanche sur cet océan noir.89

L’auteur célèbre la beauté de la jeune femme, sans exploiter les significations spécifiquement attribuées à la couleur noire en Occident90 (l’autorité, le deuil, les té- nèbres, etc.). Ses contemporains ne procèderont pas différemment: les mèches noires ne constituent pas un sème particulier dans l’élaboration du personnage. Ainsi que nous l’avions constaté pour le x i x e siècle, le manque d’uniformité dans le choix des auteurs permet difficilement de synthétiser les éléments relevés. À l’exception de José Saramago, les auteurs mettant en scène des Madeleines blondes ou brunes ne cherchent visiblement pas à tirer parti des connotations liées à ces couleurs. Cette analyse se révèle cependant fructueuse. D’une part, elle réévalue – dans les limites de notre corpus, évidemment – l’association consacrée de la sainte et de la chevelure rousse. D’autre part, elle remet en question les a-priori négatifs systémati- quement associés à cette couleur. Les x x e et x x i e siècles restent, comme les époques passées, sous le charme des lon- gues mèches de la sainte, aujourd’hui encore l’une des principales reliques vénérées à Saint-Maximin91. Le plus souvent emblème de sa sensualité et de sa rédemption, la chevelure épouse toujours l’évolution spirituelle de Madeleine. Toutefois, celle-ci re- vêt une signification différente chez quelques auteurs contemporains et entraîne une relecture de l’attribut qui, sans être généralisée, marque un tournant non négligeable dans l’histoire du personnage littéraire. En effet, si l’existence de Madeleine se voit bouleversée par sa rencontre avec Jésus, son adhésion à la «Bonne Nouvelle» ne se concrétise pas nécessairement par un rejet de la sexualité, que celle-ci se prolonge ou non au-delà de la «conversion». Une acceptation de la sexualité féminine que traduit la chevelure de la sainte, non plus diabolique instrument de séduction ou matérialisa- tion de son repentir, mais agent de son amour absolu. k a t h e r i n e r o n d o u

(89) Je a n -Yv e s Le l o u p , Une femme innombra- pour Elisabeth Pinto-Mathieu (Marie-Madeleine ble, le roman de Marie-Madeleine, Paris, Albin Mi- dans la littérature du Moyen-Age cit., p. x i i ), blon- chel, 2002, p. 122. des pour le Marquis de Virieu (Marquis de Vi r i e u , (90) Al a i n Gh e e r b r a n t et Je a n Ch e v a l i e r , Légendes et traditions provençales, Lyon-Paris, Al- «Noir», dans op. cit., p. 272-p. 277. bert-Vic, 1883, p. 4): encore un problème de per- (91) De longues mèches – mi-blond, mi-châtain ception… – contenues dans un vase de cristal.

sf161.indb 243 22-07-2010 12:14:36 244 Lionello Sozzi I “Quaderni di studio” di Arnaldo Pizzorusso

Le buone domande sono quelle a cui non c’è risposta (I, 109).

Gli studi e i saggi di Arnaldo Pizzorusso si sono venuti svolgendo, negli anni, secondo modalità differenti: alle monografie della sua prima stagione (su Senancour, Fontenelle, Fénelon, o sulle teorie letterarie dell’età classica) sono succedute le rac- colte di saggi volti a scandagliare aspetti particolari di singoli autori (da Montaigne a Baudelaire) o a trattare particolari generi (il romanzo, l’autobiografia) o determinati aspetti della scrittura letteraria (ad es. nei saggi Figure del soggetto, Quel piccolo cer- chio di parole, Principi e occasioni della scrittura). Quei libri già si rivelavano esemplari perché al loro contenuto specifico si accompagnava sempre (o si indovinava come interna sollecitazione) una riflessione metodologica o su determinati concetti e prin- cìpi. Ora, nei Quaderni di studio a cui lo studioso è venuto lavorando, per altro, da più di trent’anni, quella riflessione viene in luce in piena evidenza1. Sono impostati, i Quaderni, su un modello di scrittura del tutto insolito, vi si susseguono riflessioni della più varia natura: vi si scopre uno scandaglio culturale che è iniziato, verosimil- mente, come riflessione parallela alle specifiche ricerche letterarie, da esse sollecitata e quindi risolta in riprese, ritorni, amplificazioni, addizioni. Potrebbe, quel modello, far pensare alla scrittura dei moralisti, ma non si adegua, in realtà, a un genere in cui gli argomenti trattati si raccolgono secondo un ordine previsto à l’avance, né d’altron- de, Pizzorusso propone verità categoricamente affermate, il suo intento è piuttosto quello di seminare dei dubbi e prospettare dei problemi. Potrebbe far pensare, il suo “genere”, alla letteratura diaristica (e del “diario”, infatti, di frequente si parla nei Quaderni) ma non è, come il diario, orientato sull’io, che è anzi non del tutto assen- te o presente quasi esclusivamente come mente che rigorosamente riflette, obietta, distingue, né ha, del diario, l’organico sviluppo temporale, né è munito di datazioni precise, anche se i vari volumi sinora usciti occupano ciascuno un determinato arco di tempo (più o meno un quinquennio per volume: ma il primo va dal 1975 al 1990). Può far pensare, la scrittura dei Quaderni, ai “frammenti” lasciati da un autore co- me Nietzsche, anche se, in questo caso specifico, i frammenti solo di rado partono da citazioni o suggestioni libresche e si raccolgono, spesso, attorno a problematiche preordinate (ad esempio la “volontà di potenza”). Sono invece da leggere, i Quaderni, come sussidio, come strumento di lavoro, ma anche come richiamo a impegni mentali di solito negletti e a questioni spesso affrontate sommariamente o con generiche sem- plificazioni; sono utili a chi scrive e a chi, ad un tempo, non può non riflettere su quel che scrive e quel che pensa. Sono libri, infatti, che suscitano l’attenzione del lettore e lo coinvolgono perché pongono problemi e sollecitano interrogativi (la pagina di Piz-

(1) Ar n a l d o Pi z z o r u ss o , Quaderni di studio, recenti contributi finora apparsi,Quaderni di studio 1975-1990, Pisa, Pacini, 2000 (ce n’è stata una se- 2007, in «Rivista di letterature moderne e compara- conda edizione nel 2005 con postfazione di Vale- te», LXI/4, 2008, pp. 493-499 e Quaderni di studio rio Ma g r e ll i ); 1991-1996, ibid., 2003; 1997-2001, 2008, ibid., 62/2, 2009, pp. 207-218. ibid., 2006; 2002-2006, ibid., 2007. Cfr. inoltre i più

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zorusso è cosparsa, è già stato notato, di punti d’interrogazione) e invitano, potrem- mo dire, alla pratica del dubbio sistematico; abituano, nella loro icastica asciuttezza, all’indagine severa, guardinga, metodica non per proporre l’approdo a sicure verità ma, al contrario, per dar voce alla varietà delle soluzioni possibili. Di solito si parte da un’asserzione iniziale che rare volte è dell’autore, quasi sempre è una citazione o let- terale o riassunta. L’avverbio tuttavia o, più spesso, l’avversativa ma danno inizio alla parziale contestazione, a sua volta risolta non di rado in una successione di alternative paratattiche introdotte da una serie di o disgiuntive. Frequenti sono anche l’ammis- sione di un “non sapere” (non so, non saprei, forse, è possibile, non credo che sia così, è veramente così?), o l’accenno a semplici supposizioni (suppongo, a quanto credo, se non m’inganno…). Assai meno frequente, invece, è l’affermazione categorica (non è così). Più raramente la citazione non è oggetto di particolari osservazioni, sia che l’autore evidentemente ne condivida il contenuto, sia che la sua assurdità gli appaia così evidente da non meritare commenti. In altri rari casi si tratta di una successione di impressioni, di una serrata paratassi che piace al lettore proprio per la sua densità, eloquente di per sé e non bisognosa di chiarimenti, ad esempio nel brano che riguar- da il duomo di Cefalù (I, 89) o nella straordinaria, avvincente evocazione di un sogno («È notte, ma una luminosità diffusa permette di vedere…», IV, 49). I volumi sono suddivisi, come già si diceva, per anno e, all’interno di ogni sin- golo anno, in sezioni di varia misura e vario numero, separate da un asterisco di cui non ci pare sia precisata la motivazione ma che alludono, probabilmente, alla successione dei vari quaderni. Quanto alle allusioni culturali ed artistiche, si è colpiti innanzi tutto dal vasto numero di autori e di artisti menzionati o citati, specie legati alla cultura anche filosofica del Novecento: si va da Husserl a Wittgenstein (forse il più citato e il più apprezzato), da Bataille a Popper, senza contare i linguisti o gli antropologi, da Métraux a Jakobson. Ma non mancano i testi e i pensatori di altre stagioni, dai classici del pensiero greco e dell’oratoria latina alla Bibbia, ad Agostino, a Tommaso, a Montaigne, a Bruno, a Vico e agli esponenti del pensiero europeo del Sei-Settecento. Numerosissime sono le allusioni alle arti figurative ed anche in questo campo il ventaglio degli artisti evocati è larghissimo e la competenza di cui l’autore dà prova è davvero ammirevole. Né può certo dirsi che, al confronto, sia scarsa l’al- lusione a letterati, prosatori e poeti: numerosi, ovviamente, data la competenza spe- cifica dello studioso, sono gli autori francesi (Stendhal, Balzac, Flaubert, Baudelaire, Mallarmé, Valéry, Ponge), ma non mancano gli italiani (Dante, Petrarca, Leopardi, Manzoni, Calvino, Pasolini) né gli esponenti di altre letterature, europee o americane (ad esempio Brecht, Musil, Pessoa).Tra i critici, Lukács, Spitzer, Benjamin, Barthes, Segre. Alla genesi del primo Quaderno, del resto, lo stesso autore fa intendere, nella sua nota introduttiva, che ha soprattutto contribuito la sua attività di critico letterario («La critica letteraria… trae sostanza da una pluralità di elementi…»). Quanto al codice espressivo di cui l’autore fa uso, si è colpiti dal ritorno di certe immagini (ad es. la lanterna magica, la camera oscura, il labirinto, l’ombra, la nebulosa, la maschera) o dal ricorso alla spiegazione etimologica (ad es. a proposito di nomi come errore, illusione, abiezione, precisione, nostalgia, tipo, o di aggettivi come estremo o verticale). Colpisce anche il ricorso frequente del termine “rappre- sentazione” e del verbo corrispondente. Tutto ciò, però, richiederebbe un’indagine linguistica sistematica e minuta che non può trovar spazio in questa sede: ci preme, infatti, giungere all’essenziale, e poiché altri, da Valerio Magrelli a Giovanna Angeli, hanno già detto brillantemente quale sia l’interesse di questo vasto mosaico dal pun- to di vista della sua gestazione e della sua disposizione formale, a noi piace tentare un’esposizione della vastissima materia tematica che a Pizzorusso capita di esplorare con strenua volontà investigativa: “capita”, nel senso che alla miriade delle sue osser- vazioni lo studioso è indotto non per un progetto complessivo, ma occasionalmente,

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per effetto di letture, di ricerche specifiche, di opere d’arte osservate, ed anche di circostanze di vita. Cercheremo di rintracciare, all’interno di un materiale così vario, delle costanti sostanziali, anche se forse è arbitrario voler ricondurre a determinate “unità” una scrittura che intende sottrarsi (si legge in un’altra delle note introduttive) a «particolari finalità compositive» e proporsi, consapevolmente, come frammentaria (e sulla “poetica del frammento” lo studioso espone, in un’altra sua nota, idee e ipo- tesi di estremo interesse). Oltre alla volontà, come si è detto, di porre quesiti, di interrogarsi con assidua volontà sia critica sia introspettiva, s’incontra costantemente nel testo l’intento di de- molire i truismi, i poncifs, le idee facili e correnti, di porre in rilievo il frequente ricor- rere del “senso comune”, del “luogo comune”, dell’opinione banale e tautologica, dei pregiudizi, che di solito «si tende a sostituire con altri pregiudizi» (II, 18). Anche su questo terreno, per altro, l’autore con prudenza sfuma, attenua, distingue. Discuten- do una frase di Groddeck relativa al buon senso («una stupidità acquisita attraverso rimozioni»), dice che si tratta di una definizione alla quale non si può non aderire, «ma non senza qualche riserva». Il buon senso, dice, ha la funzione di un «apparato protettivo»: suo fondamento è l’imitazione, suo risvolto comportamentale «la pratica dell’umiltà», e questo è un suo aspetto positivo: l’umiltà, infatti, «non può (o almeno non sempre) essere assimilata alla stupidità» (III, 44), anche se, si legge altrove (IV, 18), può essere uno scudo che nasconde il proprio disprezzo verso gli altri (Petrarca lo fa dire ad Agostino nel Secretum). Analogamente, per quel che riguarda il “luogo comune”, spesso chi è convinto di poter affermare la propria sincerità, mostra «una generale fiducia nelle facoltà espressive», ma in realtà è dubbio che davvero riesca ad esprimere ciò che prova o pensa: «la sua sincerità si risolve allora nel proferire dei luoghi comuni…» (III, 89-90). Un’altra interessante e quasi divertente allusione al “senso comune” si riscontra a proposito di una sorta di paradosso ossimorico di Pessoa: «Solo gli esseri superficiali hanno convinzioni profonde»: secondo il senso comune, nota l’A., «una convinzione profonda è tale perché appare immutabile e forse perché lo è»: il nesso profondo/immutabile, quindi, finisce con l’essere sinoni- mo di immutabile/superficiale: sono «profonde e immutabili», ad esempio, le con- vinzioni che resistono ad ogni dimostrazione di un errore, alla confutazione di una teoria o di un’ideologia (III, 110-111). Un caso specifico di “luogo comune” è quello di Pococurante in Candide, secondo cui gli Italiani scrivono ciò che non pensano, allusione allo schema tradizionale (su cui Sismondi insisterà) relativo all’insincerità della cultura italiana, servile e pronta alla piaggeria. Era, forse, un modo di essere che si rivelava utile nella pratica, ma di fatto, commenta lo studioso, il luogo comune è facilmente smontabile: vuol dire che gli Italiani «disponevano, in potenza, della facoltà di comprendere e di valutare il rapporto (che non è sempre un rapporto di netto o di semplice contrasto) fra ciò che si esprime e ciò che non si esprime» (IV, 38). Altrove lo studioso si chiede se il desiderio della vita sia un «desiderio naturale», ma poi dichiara che si tratta, ancora una volta, di un luogo comune, «formulato in modo inesatto» e aggiunge, con un accento dall’insolita, cruda amarezza: «Ma nemmeno so se sia naturale, o più naturale, il conservare o il distruggere. Non so se la vita sia conservazione o distruzione» (II, 9). In un altro brano l’A. inizia con l’accennare ai concetti di «mondo interiore», di «interiorità di un soggetto» e commenta: «Questi termini sono probabilmente d’incerto significato», e in ogni caso, conclude, i segreti dell’interiorità «sono forse solo dei luoghi comuni» (III, 62). Legata al “senso comu- ne” è anche l’idea («ultima eco del pensiero illuministico») secondo cui la saggezza è frutto della coscienza dei propri errori. Per l’autore non è così: «Lo sconforto genera sconforto. Il soggetto si osserva, ma con amarezza, forse con indifferenza» (I, 121). Il sé, d’altronde, non rappresenta un centro, un punto unitario, appare «informe e frammentato» (IV, 46). Il luogo comune relativo alla “coscienza di sé” maschera, in

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realtà, la difficoltà di fissare la natura di un essere, direbbe Montaigne, ondoyant et divers. Quanto detto può considerarsi una premessa al frequente discorso di Pizzo- russo sulle convinzioni di natura ideologica. Esse riguardano innanzi tutto il campo letterario. In merito, ad esempio, al cosiddetto “eroe positivo” Pizzorusso rinvia a Goethe e a Lukács e poi aggiunge (è un raro caso di affermazione categorica): «Che può essere un eroe positivo? Un fantoccio di cartapesta», frase cui segue la consueta argomentazione avversativa («Ma l’idea di eroe positivo non è una favola innocua») in cui si coglie, ci sembra, la larvata allusione ai sottintesi politico-ideologici della formula di Lukács e del suo celebrato “realismo”. Sempre in campo letterario, l’A. contesta l’idea di Calvino, secondo cui «scrivere vuol dire partecipare a un lavoro collettivo…». Secondo l’A., «lo scrivere e l’atto stesso della scrittura…sono tutt’al- tro» (III, 66): probabilmente anche la tesi di Calvino gli sembra inficiata dalla reto- rica ideologica, non meno, del resto, della tesi di Brecht secondo cui il romanziere realistico «mette in mano del lettore la realtà». L’A. commenta: «Ovviamente, non vi è scrittore che faccia o possa fare questo»: a suo giudizio, il rapporto di uno scrittore con la realtà «non è soggetto ad alcun genere di regola» (IV, 86). Analogamente, egli non crede che Grass sia nel giusto quando dice che «uno scrittore è qualcuno che scrive contro la corrente del suo tempo»: ma lo scrittore, si chiede Pizzorusso, sa dav- vero in che direzione scorra il tempo? E il tempo, scorre in una sola direzione? «Lo scrittore di Grass, nel supporlo, probabilmente s’inganna» e forse, in futuro, anche quel suo “scrivere contro” sembrerà «un fenomeno tipico del suo tempo» (III, 89). La correzione è più che mai convincente: il tempo non scorre affatto in senso univo- co, comporta correnti diverse, parallele o meno, in superficie o in profondo: scrive “contro” solo chi sa astrarsi, proporre modelli in qualche modo atemporali, disposti, in ogni caso, su orizzonti diversi. Pizzorusso discute, inoltre, l’idea di Adorno secon- do cui i capolavori del passato degenerano non appena la coscienza li trasforma in componenti di un’ideologia che si nutre del passato affinché nel presente tutto resti immutato: «Ma questa – commenta lo studioso – è appunto una tesi ideologica!» (I, 73). Non crede, Pizzorusso, che i capolavori “degenerino” perché vengono utilizzati come puntelli utili alla conservazione del passato, ma al contrario, degenerano per effetto dei mutamenti delle società moderne. Si sono mutate, col tempo, le condizioni della diffusione e della destinazione delle opere, e questo spiega la loro degradazione e alterazione (forse l’A. pensa, ad esempio, al trasferimento di tanti capolavori del passato sullo schermo cinematografico o su quello televisivo). L’ideologia, in questo caso, rischia di far fraintendere la complessità di un fenomeno. Ma il rifiuto dei luoghi comuni di natura ideologica riguarda anche campi non letterari, ad esempio politici. Lo studioso non esita, in questo caso, a contestare varie cose, ad esempio il principio rousseauiano della volontà generale: volontà generale equivale a volontà dispotica, «la volontà generale teorizza l’annientamento dell’indi- viduo» (I; 44). Inficiato da ideologismo sembra a Pizzorusso anche il primitivismo di Rousseau, secondo il quale nello stato di natura ogni uomo considera se stesso come il solo spettatore che lo osservi: questa ipotesi, dice lo studioso, «a quanto credo non si accorda con il modello teorico costruito da Rousseau», l’essere spettatore di sé im- plica l’«identificazione di un sé in quanto oggetto», quindi un atto di quella coscienza che Jean-Jacques sembra voler negare al suo primitivo (IV, 34). Lo studioso ritorna, più avanti, sul primitivismo di Rousseau e sull’idea di una situazione preistorica che comporti una natura ignara di ogni forma di cultura, per far notare che, di fatto, ogni utopia (e rinvia in particolare a quella «aberrante» di Dom Deschamps) prefigura immagini non di passato ma di futuro, di uno stato di natura che succederà al mondo dell’oggi (IV, 94). Rousseau diceva che lo stato di natura non è né prima né dopo di noi, ma dentro di noi: di fatto, però, l’utopia proietta sempre quello stato in un

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indefinito domani. Analogamente lo studioso discute della presenza dell’utopia nella società moderna: una mentalità è utopica, secondo Mannheim, quando è in contrad- dizione con la realtà presente. Oggi invece, obietta Pizzorusso, il pensiero utopico influisce sulla realtà, «ma nel realizzarsi l’utopia non più futura si manifesta come distopia» (I, 68): l’utopia ha in sé stessa le sue contraddizioni e la sua negazione, è sogno, insieme, di un mondo anarchico e di un mondo geometrico, libero e tuttavia assoggettato a rigide norme. Ciò può anche dedursi da quanto dice l’A. in merito alle idee del barone d’Holbach: il Système de la nature rappresenta forse, dice, «l’estremo del determinismo», le anime sono sottoposte alle stesse leggi fisiche dei corpi materia- li, il cuore è un labirinto, «l’affermazione del principio di necessità è assoluta», ed an- che se il filosofo deve ammettere che in determinate circostanze l’uomo può scegliere e “deliberare”, non si avrà di fatto libertà «neppure nella deliberazione e nel giudizio che la conclude» (IV, 96). Sul concetto di libertà l’A. ritorna anche in altre occasioni, per proporre, si direbbe, certo non facili negazioni ma limiti, sospensioni, perplessità. Secondo la scienza del comportamento, ad esempio, egli nota che una vera autono- mia sarebbe portentosa, renderebbe l’uomo “divino”. L’autonomia, in realtà, può riferirsi solo a «situazioni di isolamento», cioè a quelle condizioni in cui l’uomo «nel segreto della sua psiche immagina di possedere una specie di libertà o sovranità» (I, 97): in quell’immagine è racchiuso, pensiamo, il giudizio dell’A., volto a dar rilievo ad una contraddizione, poiché la libertà non può, di fatto, configurarsi se non nel rap- porto del singolo con i suoi simili. Un altro caso in cui l’autore non si pronunzia (ma il suo silenzio sembra un consenso) si ha quando cita Spinoza, il quale «nega l’idea di libertà» e dà una «sardonica descrizione» dell’impotenza degli uomini, consci delle loro azioni ma ignari delle loro cause, incapaci perfino di dominare «i contenuti della memoria» (I, 135-136). Altrove Pizzorusso si chiede: «Libertà o non libertà. Esiste una libertà mentale?», e conclude: «Se esiste, essa è il punto culminante di una morale in atto. Ma forse solo un punto, un momento, uno stato fragile ed effimero» (II 94): due aggettivi che lo studioso sembra prediligere e che racchiudono una componente centrale del suo pensiero. Riflettendo su una pagina di Hume, lo studioso nota che per il filosofo inglese l’agire o il non agire è l’esito di «una sorta di meccanismo», oppure l’azione è imposta da un impulso irrazionale o da un movente immaginario: «Tutte ipotesi, credo, ben poco favorevoli all’idea di libertà» (IV, 23). Dubbi in me- rito all’idea di libertà sono anche sollevati da un pensiero di Schopenhauer, secondo il quale la libertà si può cercare non nella realtà fisica e naturale, in cui è impossibile identificarla, ma solo fuori della natura, nella «libera azione» del singolo individuo Il brano, dice Pizzorusso, «rimane di difficile comprensione: che cosa è nella natura e che cosa è fuori della natura?». E ancora: «Se la libertà è impossibile nel mondo fisico, in quale altro mondo è possibile? Il concetto di ‘libera azione’ è da considerarsi un concetto metafisico?» (IV, 32). Per i Greci, si nota altrove, il lavoro era conside- rato una schiavitù: suo opposto è da considerarsi la nozione di libertà? È un’idea che secondo il nostro A. ha il suo fascino, «ma come negare che illusioni di varia natura possano descriversi come illusioni della libertà?». Ad esempio l’osservanza di deter- minati principi, o la dedizione a una causa, o «una qualsiasi passione che nella mente si configuri come un assoluto. E quindi, in qualche senso, come una negazione di sé» (IV, 85). Le “illusioni della libertà”: questa l’idea che sembra produttivamente solleci- tare la riflessione dello studioso. Se ne ha un esempio in quel che dice della tolleranza. Si legge in proposito: «Nelle società attuali la tolleranza non è un principio ma una costrizione. Come non tollerare ciò che è o che sembra intollerabile? In nessun modo. Se non forse dissimulando? Mostrando di credere, ad esempio, che niente accada di ciò che accade?» (IV, 21). Alto e nobile, certo, è l’ideale della tolleranza, così legato al pensiero dei Lumi, eppure l’A. vede bene come di fatto possa risolversi in costrizione, in dissimulazione, quindi in drastica riduzione degli spazi di libertà

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Accanto alla presa di distanza da ogni assolutismo ideologico si noterà, in forme che escludono ogni accento polemico, quella che riguarda determinati aspetti di una sorta di radicalismo religioso. Si pensi al brano che commenta la frase di Cristo a Pila- to «Chiunque è del partito della verità ascolta la mia voce» (Ioan.18, 37). Sono parole che corrispondono, dice lo studioso, al linguaggio non solo della fede ma del fana- tismo (I, 93), idea che, pensiamo, non può non condividersi: una cosa, infatti, è che Gesù si definisca testimone di verità, cioè figlio di Dio (Pater… testimonium perhibuit de me…, sermo tuus veritas est…, veni, ut testimonium perhibeam veritati…, ibid., 5, 37, 17, 17 e v. cit.), identità che per un credente è oggetto di fede, altra cosa è che si accenni a quanti militano (se così può dirsi) nel “partito della verità”, cioè non nutro- no dubbi circa la natura incontestabile delle loro convinzioni e quindi circa l’errore di chi pensa diversamente (secondo Zingarelli, “fanatismo” vuol dire, oltre al resto, «intolleranza dell’opinione altrui»). Si è sorpresi, se mai, della scelta di una discutibile traduzione del versetto evangelico: secondo il testo della vulgata, infatti, non si parla di “partito della verità” (la voce “partito” non ci pare rientri nel lessico di Gesù) ma si dice semplicemente (citiamo dall’edizione a cura della CEI), «chiunque è dalla ve- rità», poco brillante traduzione italiana del latino ex veritate (greco: ek tès aletheías). Forse sarebbe più corretto dire: «dalla parte della verità». Al confronto, in ogni ca- so, non aveva torto Nietzsche quando, ci ricorda l’A., ammirava «il nobile sarcasmo della replica di Pilato»: il Quid est veritas? di Pilato è l’interrogativo che mai si pone soltanto chi in nessun caso è sfiorato dall’ombra di un’incertezza o di un dubbio. L’A. discute anche la frase di Agostino, secondo cui la verità appartiene a tutti gli uomini e la menzogna solo a chi la pronuncia. Ci si chiede: «Se la verità è comune a tutti, tutti dovrebbero possederla? Tutti, o quali o quanti rappresentanti del genere umano?». Qui l’opinione dello studioso non consiste in un drastico rifiuto, ma per lo meno nell’ammissione di una difficoltà: «Difficile immaginare argomenti che sostengano, e persino che confutino, una tale concezione e rappresentazione» (I, 144). Sempre a proposito di Agostino, per altro, l’A. non discute ma definisce «incomparabile» lo stato psichico da lui descritto, «una luce che rifulge in interiore homine», un fulgore divino che non può essere espresso, una luce in uno spazio illimitato, «un suono che non è spento dal tempo, un profumo che non è disperso dal vento…» (III, 104). Né si esclude la possibilità di un’ascesi (ovviamente in termini laici), in un breve brano che colpisce per la sua amara risonanza oltre che per il suo accento asseverativo: «Nella linea dell’esistenza… vi è un punto oltre il quale il solo obiettivo è dissimulare la mancanza di ogni obiettivo. Questo atteggiamento è da intendersi come un’ascesi» (II, 36). Un autore citato senza sottintesi negativi è Pascal: Pizzorusso, alla luce di un testo pascaliano, ricorda che la religione cristiana «considera meritori l’umiliazione e il disprezzo di sé», poi commenta: «Simili sentimenti sono e possono essere forti emozioni», ma aggiunge che forse derivano, per contrasto, «dall’immagine che ogni individuo ha di sé» (II, 62). Sempre in merito al concetto di umiliazione, che già abbiamo incontrato, si legge che essa «soddisfa… l’amore di sé in chi concepisca e intenda porre in atto, nel suo comportamento, un singolare modello di perfezione» (III, 24). Del resto, anche l’umiltà è un’idea intorno alla quale «si è formata una serie di luoghi comuni»: l’umiltà, di fatto, raramente è praticata nella sua purezza, nasce da motivazioni molto diverse, ad esempio dal timore (fisico e metafisico), o dall’idea del proprio nulla se confrontato con un “dover essere”, idea che Pizzorusso defi- nisce «confusa» (III, 96). Più avanti egli si chiede che cosa significhi interessarsi al proprio essere più intimo: ricercare qualcosa che determini l’identità dell’individuo? «Ma l’identità in sé non è profonda» (III, 77). Analogamente, più avanti: c’è un se- greto, un «abisso dell’interiorità?» Nella meditazione e nella fantasia Petrarca dice di ritrovare se stesso, «ma al contrario nell’ambito del consorzio umano l’idea di segreto evoca qualche cosa di oscuro, talora di minaccioso, che occorre tacere o dissimulare».

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Chi detiene un segreto pensa di ritenere qualcosa di raro e di profondo, «ma forse ne ignora il senso? Forse s’inganna? Ambigua secreta» (III, 81-2). Sempre su questo punto, nella sua ultima nota introduttiva Pizzorusso parla dei «meandri» dello spazio interiore e degli «inganni» dell’introspezione: un punto cui già si è accennato e che ci sembra centrale nella meditazione dello studioso. Già abbiamo visto come frequenti siano le allusioni a testi letterari. La prati- ca della scrittura è, infatti, e ovviamente, al centro degli interessi del nostro autore. Egli osserva, ad esempio, che secondo Rousseau, la scrittura sostituisce l’esattezza all’espressione verbale, solo a questa è affidata l’esternazione dei sentimenti: Pizzo- russo non ritiene che l’opposizione sia veritiera: le idee messe per scritto non sono necessariamente più esatte e meno espressive dei sentimenti affidati al linguaggio ora- le, e d’altro canto vi sono sentimenti «che non è dato esprimere con parole» (I, 134). L’espressione verbale, del resto, a volte non ha una carica semantica diretta, è spesso di natura simbolica: «Vi sono espressioni che non possono essere interpretate ove si escluda ogni loro lettura simbolica» (II, 107); oppure, a volte, ciò che è scritto è ad- dirittura illeggibile, come se fosse ricoperto da «una polvere, o una rete, o un tessuto sottile» (III, 80). E ancora: un libro appena stampato è per l’autore che l’osserva «un oggetto inquietante» e pura «materia» (I, 35), e più avanti: «Il letterato, e nessun altro che il letterato, ha orrore di ciò che ha scritto. Il suo occhio, o la sua lente, si rivolge alla forma dell’espressione e la disintegra. O la forma sembra disintegrarsi per sua natura» (I, 25), idea che ritorna più avanti: «Quale scritto non si decompone, non si disgrega dinanzi all’occhio di chi l’ha scritto!» (II, 19). Altrove si parla del senso di un testo, che lo studioso definisce «una nebulosa» (I, 29) oppure della difficoltà di vedere l’“unità” di un romanzo, laddove in realtà non ci sono che «lati asimmetrici, linee interrotte, scatole chiuse, vasi non comunicanti» (I, 30). Il lettore, d’altronde, difficilmente distingue «i vuoti e i pieni» del disegno di un’opera. La sua ricezione, pertanto, «risulta in più punti imperfetta. Vi sono nel testo che considera elementi che non percepisce, o non ricorda» (IV, 87). Ci sono poi modi espressivi significati- vi: quando, ad esempio, uno scrittore ricorre a una locuzione indeterminata come “qualche cosa”, la formula è opaca, ma può d’un tratto illuminarsi, non perché riveli un senso preciso ma perché, al contrario, fa intendere che lo scrittore non è riuscito a determinare, a far intendere un senso incerto o assente «che forse è essenzialmente tale o destinato a rimanere tale» (III, 93). Un genere su cui l’A. ama riflettere è quello dell’autobiografia, di cui già si è occupato in varie sue opere critiche. Riprendendo l’idea di Cesare Segre, secondo cui nell’autobiografia all’identità dell’autore, del narratore e del personaggio va aggiunta l’identità «dell’autore in quanto destinatario», Pizzorusso si chiede in base a quale modello l’io destinatario agisca sull’io autore «inducendolo a ritocchi o a nuove ste- sure»: in base a un’immagine ideale di sé, come nel caso dell’Alfieri? «Ma altri auto- biografi hanno avuto di sé un’idea confusa o indecisa» (I, 9). L’idea di Segre sarebbe quindi da approfondire: l’io destinatario agisce sull’io autore ma non sempre in base a un preciso modello, più spesso in base a confuse motivazioni. Interessante è, infine, quel che si legge in merito al tradurre: nelle traduzioni, dice Canetti, «è interessante ciò che va perduto», ma Pizzorusso aggiunge: «Nelle traduzioni vi è ciò che va perdu- to e ciò che viene aggiunto», e precisa che variazioni simili s’incontrano anche in altre pratiche interpretative, «compresa la lettura» (II, 108). Per quel che riguarda la critica letteraria, l’A. osserva che in filosofia occorre ispirarsi a criteri di distinzione e di chiarezza, mentre nella critica letteraria «ciò che è torbido e indistinto dev’essere rappresentato come tale» (I, 65). L’autore di cui oggi si occupa la critica non è (diversamente da come voleva Spitzer) un sistema, un’unità, ma «un’ombra, un riflesso, un’immagine dai lineamenti incerti» (I, 50), e la critica in ogni testo rileva vuoti, assenze, silenzi (ad esempio l’«importanza del non detto»),

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solo l’ideologia, invece, è «compatta, completa, conoscibile in toto» (I, 56). Altrove l’A. espone i suoi dubbi su una critica stilistica che «opera necessariamente in zone marginali» (I, 33), un’idea che forse anche Spitzer avrebbe condiviso. In ogni caso, l’A. affida alla critica, come campo d’indagine, non le centrali certezze ma proprio l’incerto, il marginale, l’indistinto. In merito all’insegnamento della letteratura lo studioso vede in esso qualcosa di paradossale, fa notare che quell’insegnamento si concepisce, di solito, come descritti- vo e normativo, in senso sia morale, sia retorico, «ma la letteratura moderna – osserva – non può proporsi né essere proposta come norma. Ciò che s’insegna è l’interpreta- zione dell’anomalia». La norma ingloba in sé la sua negazione? «Ma questa operazio- ne, nel suo attuarsi, non può non comportare una falsificazione dell’oggetto» (I, 140). Lo studioso dà rilievo, pertanto ad una nuova contraddizione: norma e negazione della norma, il vero oggetto dell’insegnamento letterario corre il rischio di sottrarsi alle possibilità di una didattica. Nel terzo volume l’A. ritorna sull’argomento e si chiede «se sia possibile concepire il modello di un’opera letteraria che sia descrizione e illustrazione di ciò che, in astratto, si chiama ‘normalità’». Aggiunge quindi: «Nello stato attuale delle cose, penso che ciò non sia possibile. A meno che in quell’ipotetico testo l’anomalia si trasponga, si trasferisca dalla lettera all’accento del testo medesi- mo. Ossia a un accento ironico – a un’ironia che sia (ma che talora non sia) percepita dai lettori o, forse, solo da rari lettori» (III, 43). L’autore non dà esempi e del resto dice che quel testo è ipotetico, ma chi legge, forse sbagliando, è indotto a pensare al Manzoni e ai suoi venticinque lettori. In genere, d’altronde, Pizzorusso affida al lettore il compito di colmare i vuoti e, magari, di esemplificare, ad esempio quando scrive: «I modelli didattici della storia letteraria, se esaminati con rigore, si risolvono in paradossi» (II, 54). A quali testi fanno pensare questi modelli paradossali? Il lettore è come maliziosamente stuzzicato, stimolato, invitato a collaborare. Già abbiamo incontrato un’allusione al linguaggio ironico: è un argomento sul quale l’A. ama soffermarsi. L’ironia, dice acutamente Giovanna Angeli nella sua Post- fazione, rappresenta «un vero e proprio filo conduttore», almeno nel caso degli ultimi Quaderni. Dell’ironia Pizzorusso conosce il largo ventaglio dei sensi possibili. Si dice spesso, osserva ad esempio, fine ironia, «ma l’ironia può essere brutale, ambigua, appena sfumata etc.» Può essere impercettibile: «Forse non c’è frase da cui non possa essere estratta una qualche essenza ironica» (I, 21). Molto più avanti torna sull’ar- gomento a proposito della frase di Hegel, secondo la quale l’ironia rappresenta «la vanità di ogni cosa concreta, di ogni eticità, di ogni cosa che abbia un contenuto in sé, la nullità di ogni oggettivo e di ciò che è valido in sé e per sé». Il soggetto ironico è, sempre per Hegel, «un soggetto vuoto e vano», del tutto opposto ai caratteri e ai valori di «un’anima veramente bella». Certo, osserva l’A., l’ironia implica una nega- zione ma può anche, talora, affermare negando; poi ritorna all’idea della gradazione, della scala: «Le figure dell’ironia possono essere evidenti, espressive, in apparenza inespressive, ambigue, non percepite o addirittura non percepibili…». Qualcuno ha situato, all’estremo della scala, un’ironia assoluta come una «follia lucida» (IV, 97, ma cfr. anche IV, 101: «Le forme dell’ironia… sembrano disporsi in una scala che va dall’evidenza all’invisibilità»). L’opinione di Hegel è quindi messa in forse da questa varietà di forme e di esiti. Altrove, lo studioso definisce «descrittiva» l’analisi testuale, ma poi sembra auspicare un’analisi che si ispiri, appunto, a intenti ironici: «Ma si può immaginare un’analisi ironica? Un’analisi in negativo, che corroda dall’interno, che cancelli il suo oggetto? Intendo dire: che faccia questo senza accenti polemici, ma solo per mezzo della descrizione» (I, 49). Parlando, poi, dell’uso della prima persona nel discorso critico, l’autore non esita a dare (ma è un caso del tutto raro) precise pre- scrizioni: è bene, dice, «cancellare per quanto possibile le apparizioni del soggetto… ridurre al minimo i preliminari e le proposizioni dichiarative. Far uso della forma

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impersonale, dell’alternanza delle prospettive e soprattutto dell’ironia» (I, 58). C’è poi un’ironia, rara, che l’A. definisce «invisibile» nel senso che «il suo effetto si ma- nifesta, forse, solo in una particolare prospettiva della lettura, che non contraddice, secondo l’indicazione di Quintiliano, ciò che il testo dice o sembra dire, «ma insinua incertezza o esitazioni quanto al senso» (III, 83). Ritorna sull’argomento più avanti per dichiarare che ridurre l’ironia al contrasto fra un senso apparente e un altro più o meno percettibile rischia di non tener conto di certe forme e modalità del linguaggio ironico, modalità di cui dà alcuni esempi (un’allusione, un colore, un “tono”) per concludere che, «in questa specie di “diffrazione”, non sempre è possibile discernere l’intento di chi parla o scrive» (IV, 28). Da Swift, inoltre, l’A. trae un esempio di ironia fondata «sull’inversione di una formula in apparenza conforme al senso comune» (IV, 59). In un altro brano, l’A. ritiene che «l’ironia, di per sé, non sia pura negazione. Il suo senso può essere puntuale, mordente, vago, incerto», in certi casi può anche es- sere inquietante e rappresentare «una sorta di minaccia», e allora chi crede di esserne l’oggetto può anche opporre «una controironia», per proteggersi e rendersi in qual- che modo invulnerabile (IV, 65-66). È un terreno, quello dell’ironia, che l’A., come si vede, esplora ed illumina, non per fornire definizioni univoche ma, al contrario, per mettere in risalto, come in tanti altri casi, la varietà sia dei modi, sia degli esiti. Legata al fatto creativo è la facoltà immaginativa. A volte l’allusione di Pizzo- russo all’immaginazione può anche essere ironica, come nella frase: «Quale non è, nella concezione di Ignazio di Loyola, la forza dell’immaginazione!». Poi il senso della frase appare chiaro: con l’immaginazione, secondo Ignazio, si vede lo spazio infernale in tutte le sue dimensioni, si provano le stesse sensazioni che provano i dannati, e il soggetto (ma l’A. aggiunge con un sorriso: «stavo per dire il paziente») non solo rinuncia ad ogni piacere e ad ogni rapporto con gli uomini, «ma vive solo nella sua stanza… per far che? Per “immaginare”? per provare dolore per i propri peccati e forse di nuovo peccare?» (IV, 65). L’immaginazione, in questa prospettiva, è la facoltà che consente un compiaciuto autolesionismo. Altrove, tuttavia, la forza dell’immaginazione è tutt’altro che oggetto di ironia. Nei romanzi di Sade, ad esem- pio, l’A. afferma che non c’è sensualità e non c’è erotismo «perché non c’è spazio per la fantasia, per l’allusione, per la sostituzione delle figure» (I, 7). In campo pittorico l’invenzione fantastica si rivela essenziale, risolta per altro non nella realtà degli og- getti rappresentati ma nell’alone che li circonda, nei modi in cui sono proposti: nei quadri di Morandi, ad esempio, «la fantasia sta nella disposizione. I colori, tenui se non opachi, hanno uno strano splendore» (I, 7). Ma l’immaginazione è vista anche sul piano della vita interiore: strano, ad esempio, secondo Wittgenstein, il meccanismo del desiderare, se è possibile desiderare qualcosa che non avverrà mai, ma Pizzorusso si chiede: «Il meccanismo del desiderio può agire a vuoto? La fantasia costruirà ap- punto qualcosa, animerà l’immagine di quell’evento impossibile?» (I, 81). Per altro, «il concetto di immaginazione non si presta alle misurazioni e ai tests della psicologia sperimentale»: come distinguere le immagini puramente rappresentative da quelle del tutto prive di elementi rappresentativi? (I, 106). «Una fotografia scattata occa- sionalmente può, a distanza di tempo, prendere un senso che non era nell’occasione, nell’istante che riproduce… Può sollecitare l’immaginazione. Può rivelare indizi di un qualche cosa d’insolito o d’incognito…» (II, 95). Altrove l’A. si chiede: si può desiderare un oggetto che non esiste? La risposta è: «No, se mi riferisco all’esistenza o all’inesistenza di qualche cosa di reale», poi aggiunge: «Ma accade che il suo errore (o il suo “inganno”) si sottragga a questo genere di valutazione. Che persista nelle rappresentazioni della fantasia» (II, 100). L’immaginazione, in altri termini, non tiene conto dell’effettiva realtà. Altrove l’A. commenta un brano di Fénelon, secondo cui l’immaginazione è come un repertorio, un libro che si sfoglia, alla ricerca di immagini anche remote: «Pertanto – commenta l’A. – l’immaginazione offre strumenti atti a

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rappresentare le cose con maggiore forza e chiarezza». Maggiore, pensiamo, rispetto alla pura indagine razionale, anche se la sua funzione è «essenzialmente retorica» (IV, 30). In un ultimo contributo, non ancora riunito in volume, il tema si collega con quello del valore del presente e dell’attimo, su cui torneremo: «Accade che il sogget- to, se spesso ha perduto la facoltà di notare e di osservare il presente, non ha però per- duto (o non del tutto) la facoltà d’immaginare e di ricordare ciò che ha immaginato. E quindi di rappresentarsi, seppure in modo incostante, una correlazione tra questa ir- realtà e la luce, la percezione di un attimo…» (RLMC, 2007, p. 495). Immaginazione e immersione nel presente sembrano, qui, porsi in termini correlati: più avanti, nello stesso saggio (p. 498), a proposito della frase «è stato un momento» l’A. si chiede se esista una memoria del momento, se sia possibile che «nella massa intricata e lacunosa della memoria, s’illumini d’improvviso un punto, isolato da un prima e da un poi». Insomma, dell’immaginazione lo studioso conosce risorse e ambiguità, ricchezza e contraddizioni. È commovente leggere, nella dedica alla moglie scomparsa, i versi di Leopardi in cui si parla, a proposito di Nerina, di “quel confidente immaginar…” che le splendeva negli occhi.

Venendo, adesso, alle filières tematiche, noteremo innanzi tutto la frequenza di argomenti su cui l’A. si china con acume, asciuttezza analitica e, insieme, umana e viva partecipazione: l’assenza e la privazione, la rassegnazione e la rinunzia, l’indiffe- renza e l’allegria, il silenzio, la memoria ed il sogno, lo spleen e il senso del nulla, l’odio, l’orrore, la morte. Su tutti questi temi ci piacerebbe soffermarci, tutti merite- rebbero un’analisi che qui ci è impossibile condurre. Ci limitiamo quindi ad alludere ad alcuni temi che ci stanno a cuore e che ci sembrano, oggi, di particolare attualità. Pensiamo, ad esempio, al tema della dignitas hominis. «Questa espressione – si chiede l’A. – ha un senso nelle società moderne? Forse in particolari circostanze?». Poi, pe- rò, chiarisce meglio il suo pensiero: la parola, dice «comporta di frequente un’accen- tuazione ironica» nel senso, evidentemente, che se ne conosce la vanità: «La dignità sembra essere la qualità di chi s’immagina e si rappresenta come dotato di una tale qualità. Quindi di una sorta di valore, di cui però ha lui stesso una nozione vaga» (II, 68). La celebrazione secolare della dignitas trova in queste parole non una sua demo- lizione, ma la conferma della sua inattualità e, insieme, del suo carattere indefinito: del resto, gli studiosi hanno di recente indagato, a proposito dell’umana dignità, sul terreno dell’irrisione (già umanistica e cinquecentesca, si pensi in Italia a Guicciardini e in Francia a un autore studiato e amato da Pizzorusso come Montaigne) di un’am- bizione che è specchio di vanità: piace allo studioso citare l’opinione di Monsignor Della Casa: «Si debbono pesare gli uomini piuttosto con la stadera del mugnaio che con la bilancia dell’orafo» (IV, 93). Nel nostro tempo, si legge altrove, «l’idea di subli- me… sembra insussistente», ma poi si apre uno spiraglio in senso opposto: «Vi è forse un sublime dell’abiezione?» (III, 59). Qualcosa di simile si legge nel brano in cui si riferisce l’opinione di Saint-Martin in merito alla saggezza di chi ha saputo render- si inaccessibile a tutto ciò che tormenta gli altri uomini. Splendore divino della sag- gezza: «L’uomo moderno – commenta Pizzorusso – non possiede (temo) niente di simile a questo dono. Chi può dirsi diverso dagli altri ed esente da vizi e debolezze?» Certo, c’è chi si isola e cerca nell’inerzia e nella negazione di sé «una sorta di prote- zione» (e qui si torna a quella nozione di “isolamento” a cui l’A. si richiama in varie occasioni). Ma questa scelta, è davvero una forma di saggezza, un oscuro residuo di virtù? «O non piuttosto il modello di una tenue perversione?» (III, 91). Un «diletto perverso» forse c’è anche nella facile lacrima con cui a volte l’individuo cerca, incon- sapevolmente, di nobilitarsi: non solo la lacrima che intende commuovere gli altri, ma anche quella versata in solitudine, frutto di una sorta di sdoppiamento («X soffre perché nel suo stesso essere psico-fisico un altro X gli impone di soffrire», o forse

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avverte nel suo stato «il preludio di una nuova libertà negativa» (IV, 28), il compiaci- mento, se capiamo bene, di sentirsi in alto, al vertice di ogni dolore possibile. L’imma- gine dell’alto è, infatti, ricorrente nella trattatistica, specie stoica, che riguarda il no- stro tema. Altrove, ad esempio (IV, 29-30), l’A. parla della magnitudo stoica, consi- stente secondo Seneca nella capacità di non essere agitati o feriti da nulla di ciò che accade nel mondo esterno. L’anima del saggio è paragonata da Seneca alla parte più alta del cielo, vicina alle stelle, in cui non c’è nessun sommovimento, mentre inferiora fulminantur. Il commento di Pizzorusso («ma non solo quelle aree inferiori sono e furono colpite dalla folgore») contiene verosimilmente il rinvio ad altri testi classici (ad esempio Orazio) secondo cui proprio le vette più alte, o gli alberi più maestosi, sono, come gli animi più elevati, colpiti dal fulmine. Altrove l’A. rinvia ad Epitteto ed al suo invito a guardare con indifferenza alle cose che non sono in nostro potere. La prescrizione, dice Pizzorusso, è incoraggiante, tuttavia rimane incerto il confine «fra le cose che sono in nostro potere e quello che non lo sono». Tendiamo a credere che il nostro potere sia maggiore o minore del vero, e forse nessuno sa «quale e quanto… sia ciò che chiamiamo un ‘potere’» (II, 71). In altri casi, lo studioso si mostra scettico, in merito al pensiero stoico, ma da un diverso punto di vista: ammette, con Seneca, che non pensare al futuro è al di sopra della natura umana, ma la solita congiunzione avversativa chiude il suo pensiero su una linea diversa: «Ma accade che un essere umano vada o tenti di andare oltre i limiti… della sua natura» (II, 79). Qui, insolita- mente, Pizzorusso non ci invita a sorridere degli slanci sovrumani degli uomini, ma a prender atto del loro sia pur erroneo atteggiamento. Noteremo, in secondo luogo, un altro tema su cui oggi molto si discute e si scrive: quello del presente e dell’attimo, della dimensione temporale in cui l’uomo vive, pensa, sente ed agisce. Si parte da una posizione in cui è implicita una diffidenza: si parla ad esempio della fotografia, «rap- presentazione del contingente e del momentaneo» che è, di fatto, un’«immagine mu- tila, che trasforma la referenza in suggestione di referenza» (I, 26). In un altro brano, l’A. non contesta ma dice di non comprendere la frase di Wittgenstein, secondo cui, se per eternità s’intende intemporalità, «si può dire che viva eterno chi vive nel pre- sente». Ma in che senso può riferirsi a un essere umano, obbietta Pizzorusso, l’idea di intemporalità? Rinvia, in proposito, anche a Rousseau che dice, nella quinta promena- de, di aver vissuto un’esperienza del genere, ma poi si chiede: che cos’è questo pre- sente intemporale? È un istante, un punto, una minima frazione di tempo? Forse, aggiunge, vivere nel presente significa eliminare ogni rapporto col passato e col futu- ro, «rimuovere ogni progettualità e perfino ogni intenzionalità». Poi l’autore conclu- de: «Mi chiedo se ciò sia possibile» (I, 121). Più avanti rinvia, in merito al presente, al pensiero di Eliade per poi interrogarsi: «È dato immaginare o concepire un non tem- po? Un presente eterno?» Secondo Eliade c’è una tecnica che consentirebbe di tra- scendere la condizione umana: è uno dei casi in cui l’A. non si pronunzia in termini espliciti, anche se il suo pensiero e la sua diffidenza possono desumersi dai brani cita- ti prima. Ciò vale anche per quanto è detto in un brano successivo, a proposito di Marco Aurelio il quale raccomanda, anch’egli, di «vivere solo il tempo che stai viven- do», cioè il presente. «È possibile – si chiede Pizzorusso – attuare questo precetto, o anche soltanto immaginare di attuarlo?» E aggiunge: «Il tempo che sto vivendo, a quanto credo, non è un puro presente. Vi sono le impronte del passato. Vi è quanto aspetto, o mi aspetto, ombre minacciose e (perfino!) speranze». L’affermazione sem- bra il rifiuto di un progetto inattuabile, ma l’ultima battuta apre uno spiraglio in dire- zione del possibile: vivere nel presente forse può corrispondere a «cancellare ogni intimo segno del tempo» (II, 27). In altri casi si aprono altri spiragli: è vero ad esem- pio che, nella rappresentazione dell’individuo, l’individuo concreto non è che l’indi- viduo empirico e che ciò che rende l’individuo concreto non è l’idea di renderne la durata ma «la rappresentazione del momento e del momentaneo, l’individuo fissato e

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rappresentato nel momento» (I, 43). Qui il “momento” è l’unica dimensione tempo- rale in cui sia possibile si verifichi una “rappresentazione”. In un’altra pagina si parte da una citazione di Stravinskij («La musica è il solo dominio nel quale l’uomo realizza il presente») e dalla sua idea, secondo cui una composizione musicale «è una costru- zione che stabilisce un ordine delle cose», costruzione, però, all’interno della quale non vi sarebbe né passato né futuro: le forme architettoniche sono del resto, per Go- ethe, «musica pietrificata» (II, 85). La frase di Stravinskij sembra a Pizzorusso «di difficile comprensione», ma poi, tutto sommato, egli sembra accettare la proposta del musicista e l’immagine goethiana e quindi l’idea che, in determinate circostanze, un’immersione totale nel presente sia possibile. Ciò vale anche per quella fase della vita (dice P. in un denso brano dall’asciutta e appena avvertibile malinconia) in cui si «tende a fare di ogni giornata qualche cosa di a sé stante». È una «estensione artificia- le del presente – o di un tempo fatto di brevi istanti», che «interrompe la continuità di un’esistenza insostenibile proprio perché continua. Ogni giornata viene così a co- stituire una sezione, una frazione isolata del vissuto». Non sfuggirà al lettore la bellez- za e l’intensità di questo brano: quante volte la ripetitiva monotonia del vissuto è, per tutti, sorgente di indefinibile prostrazione, proprio perché se ne intuisce il lungo, va- no e monotono ripetersi. Meglio, quindi, concentrarsi nell’esiguo spazio dei singoli momenti, o giorni, anche se i segni con cui vengono registrati «diverranno ben presto indecifrabili» (II, 108), un aggettivo che ricorre di frequente in pagine che non inten- dono certo illudere in merito alla chiarezza delle esperienze di vita. In un altro brano è di nuovo il pensiero di Wittgenstein in merito al presente che viene citato, questa volta senza commenti e, si direbbe, con un implicito consenso: «Per la vita nel presen- te non c’è morte. Così Wittgenstein, che parla di un’eternità, di una intemporalità della vita nel presente». E Pizzorusso aggiunge: «Quindi il presente non appartiene al tempo o, più precisamente, può sottrarsi alla continuità del tempo? Non è come un punto della linea, del filo d’inchiostro che la penna traccia su una pagina?». Gli inter- rogativi sembrano tradurre un dubbio, ma poi l’A. aggiunge: «L’idea di ‘vita nel pre- sente’ sembra comportare, in assoluto, la rimozione di ogni memoria del passato e, parimenti, di ogni prospettiva futura. In questo senso, una vita può apparire senza fine…» (III, 60). Qui si attenua o forse scompare l’accento del dubbio, si ammette il possibile («una vita può apparire…»). Analogamente, si cita con evidente consenso la massima di Leonardo: «Armonia non s’ingenera se non in istanti…». La pittura – di- ce ancora Leonardo – mostra la bellezza di un corpo non in frammentaria successione come farebbe la descrizione poetica, ma «tutta in un tempo» (IV, 39). Torna, invece, del tutto negativo il pensiero dell’A. quando si tratta di «scrivere il presente», cioè scrivere «dell’attimo stesso in cui si scrive»: si tratta di un «penetrare il presente» che è come immergersi «nella dura superficie di uno specchio». Lo studioso commenta: «Inconsistenza di un tale progetto. Il pensiero è per sua natura errante» (III, 10). Problematica è anche la pagina in cui si parte da Nietzsche, secondo il quale il pre- sente è un nulla prima e dopo l’istante della sua presenza, e tuttavia ritorna «come spettro, turbando la pace di un istante posteriore»: invidiabile invece è l’animale che «subito dimentica» e quindi «vive in modo non storico». Ma l’A. è incerto sulla di- stinzione tra memoria dell’istante e memoria storica: la prima, forse, è inafferrabile, mentre la seconda comporta la convinzione che la rappresentazione del passato signi- fichi, forse, «il riconoscimento di un senso» (IV, 47). Swedenborg suggerisce all’A. l’idea che l’eternità non dev’essere intesa come una durata ma come uno stato, «quin- di non come un tempo ma come un’infinità senza tempo». Ma a un tale stato, com- menta Pizzorusso, «si dà il nome di morte» (IV, 52). In ogni caso, essenziale ci sem- bra, nel suo pensiero, l’idea che il presente, di fatto, non può isolarsi, o è difficile farlo, perché è intriso di passato e di futuro. Legata alla riflessione sul presente è quella sull’attesa, che «modifica la percezio-

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ne del tempo». L’A. ricorda Mann, secondo il quale l’attesa somiglia all’ingordigia di chi divora grandi quantità di cibo senza assimilarlo. E’ uno dei rari casi in cui l’autore termina formulando un possibile insegnamento: «Se ne potrebbe dedurre la regola: Non attendere, non attenderti nulla (o quasi nulla)» (II, 13). Nell’attesa, si legge al- trove, si attende sempre qualcosa di incerto ma di possibile: «Vi è però chi rinuncia a ogni genere di attesa. Chi non si attende nulla né da se stesso, né degli altri, né dalle cose; e che tuttavia occupa e continua ad occupare lo spazio che gli è concesso dalle vaghe determinazioni della sorte» (III, 64). Attesa del nulla: quale amara verità, in questa sconfortante prospettiva! Possono inserirsi qui la frequente riflessione sulla memoria e quella sul rimpian- to. In merito alla memoria il discorso è limitativo: si legge ad esempio, nei Quaderni, che «i ‘veri ricordi’ non si distinguono nettamente dai falsi. Ciò che si ricorda con assoluta esattezza sono solo alcuni dettagli» (I, 126), oppure si osserva che «alle figure che… si animano nello specchio della memoria» possono aggiungersi un tratto, un colore e che il soggetto può intervenire ritoccando, omettendo, simulando, senza però «determinare interamente… la sostanza della sua rappresentazione. E forse neppure descrivere compiutamente quella che, nel soggettivo, è la conoscenza del suo proprio passato» (IV, 86). Quanto al rimpianto, si torna ad affermare che un essere ragione- vole ne riconosce la vanità, eppure si tratta di un sentimento che si può reprimere ma forse non abolire: la vanità delle riflessioni che accompagnano il rimpianto «non le vanifica nella coscienza» (IV, 67). È ancora un caso di disparità tra lucida ragione e inclinazioni affettive e irrazionali. In un contesto così vario e complesso non poteva mancare una riflessione sull’il- lusione. L’A. parte dalla definizione di Scheler, secondo cui l’illusione riguarda «qual- cosa che di per sé non c’è». Si ha dunque, nell’illusione, una visione alterata e distorta del reale? Forse il soggetto s’inganna, forse è ingannevole l’apparenza delle cose? Come di consueto, l’A. ritiene indispensabile, per chiarire il concetto, definire il suo contrario: «Ma come definire il contrario dell’illusione?». Corrisponde all’intuizione e rappresentazione di qualcosa di esistente «esattamente tale quale esiste», come se si operasse con uno strumento perfetto o perfettibile? «Una siffatta ipotesi si configura come una riduzione all’assurdo» (III, 112): la componente illusoria può sembrare, nel nostro vivere, insopprimibile. In un altro brano si contesta un’idea di Hofmannsthal, secondo cui «senza l’amore di se stessi la vita non è possibile, neppure la più lieve decisione, soltanto immobilità e disperazione»: in realtà, osserva Pizzorusso, vivere è sempre possibile, qualche decisione si prende sempre, la disperazione non è mai una condizione «costante e immutabile». Su questa base, si contesta, per altro, anche l’idea che «l’amore di sé comporti illusioni ed inganni più gravi del suo contrario»: anche ad affermazioni del genere possono opporsi «com’è ovvio, ragionevoli obie- zioni» (IV, 61).Tuttavia l’illusione può anche esser vista come artificio, simulazione, insidia e lo studioso precisa: «In queste illusioni ha luogo un senso o una sfumatura di senso ironico. Talvolta una sorta d’ironia oggettiva». Ed aggiunge: «Notare che nell’accezione classica (Quintiliano, VIII, 6) la illusio era un’allegoria ironica» (IV, 65). Illusioni, chimere: un tema che si presta a inclinazioni idealizzanti è anch’esso visto nelle sue oggettive contraddizioni e nella sua soggiacente ironia. Spesso, abbiamo già visto, la riflessione si modula, specie in frasi conclusive, su accenti di disincanto, ad esempio su un’idea di opacità: nei sogni, gli oggetti, isolati e sottratti alle situazioni consuete, diventano «dei simboli opachi» (I, 72). E ancora: certi problemi sono definiti «insolubili» (I, 54), la realtà è spesso un «enigma» (I; 55), un’immagine fotografica «può risultare indecifrabile» (I, 112), degli stereotipi ignoriamo come si formino, chi modella i modelli (I, 56), l’idea «è un’ombra, una traccia…, un qualche cosa che non collima con la forma della sua espressione» (I, 88), il linguaggio è tutt’altro che denso e compatto, «appare fragile come vetro. Un

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vetro oscurato, che non riflette e non traspare» (I, 91). La metafora, dice un critico, è il risultato della ricerca di un aggettivo preciso, ma il nostro autore obbietta: «Vi è in- certezza sul concetto di precisione» (I, 111). Il diario, a cui spesso si volge l’attenzione del critico, è tutt’altro che «un disegno sublime», è «un discontinuo… che in parte, e forse in gran parte, sfugge alla rappresentazione» (I, 57). Certe distinzioni sono «tutt’altro che nette» (I, 58). Lo specchio, nel mito di Narciso inteso come simbolo di modernità, «non riflette più nessuna immagine… ma un qualche cosa d’informe, un ensemble flou» (I, 66). Ogni illustrazione rivela «aspetti di ambiguità» (I, 78), in ogni volto, dice l’autore richiamandosi a Bataille, tendiamo a leggere dei segni a cui «non corrisponde per lo più niente di reale» (I, 79). Nei sogni (altro tema mille volte pre- sente nei Quaderni) non vediamo che «ombre o riflessi di ombre» che è, ovviamente, impossibile descrivere, anche se vorremmo poterlo fare «con precisione assoluta» (I, 80). Più avanti leggiamo che nel sogno «il deposito della memoria rimane in ombra» e che tale memoria va distinta dalla memoria involontaria: quest’ultima «è precisa, ripetitiva, a volte ossessiva», l’altra «labile e ambigua» (I, 96). Anche i «riconoscimen- ti» di persone nel sogno «sono spesso incerti o discontinui» (ivi). L’A. tende, come si vede, a un discorso insieme lucido ed amaro, a un disincanto che per altro è privo di ogni patetico dolorismo. Tuttavia non bisogna pensare che l’intento dell’A. sia quello di demolire ad ogni costo facili opinioni e banali credenze. Il suo spirito critico è penetrante ed acuto ma non sconfina mai nell’irrisione, tanto meno nel sarcasmo. Il suo costante interrogarsi non esclude che poi alberghino nel suo animo, anche se espressi in forme larvate e appena accennate, princìpi, convinzioni, valori. Incontriamo ad esempio, accanto, già si è detto, al ricorrente tema dell’odio, un accenno all’attrazione: essa corrisponde spesso, dice Pizzorusso, come vuole qualcuno, «a livelli moderati di rivelazione… Ma non si può escludere che derivi dal rifiuto di ogni rivelazione o, viceversa, da una volontà di rivelazione esasperata, spinta all’estremo» (I, 42). Né manca l’ammirazione («Uno splendido disegno di Leonardo…», IV, 92), e neppure è assente un’allusione all’ideale, definito impossibile in base alla doxa, e tale tuttavia da modificare la pro- spettiva del soggetto: «La realtà contiene (o sembra contenere) qualche elemento, qualche tessera del mosaico ideale» (I, 94). Noteremo, infine, che l’adesione emotiva è rara, ma non è assente: a proposito delle ultime parole di Wittgenstein («Dite loro che ho avuto una vita meravigliosa»), lo studioso commenta: «Sono parole che non si possono leggere senza emozione» (I, 46). Vero è che più avanti l’A. mette in evidenza le contraddizioni in cui s’impiglia lo stesso Wittgenstein, il quale da un lato dice che la sua più alta esperienza è meravigliarsi per l’esistenza del mondo («Quanto è straordi- nario che ogni cosa esista»), dall’altro che «tutto ciò che diciamo sul miracoloso asso- luto rimane privo di senso». Rimangono allora prive di senso, commenta Pizzorusso «le rappresentazioni e le interpretazioni di quella meraviglia» (III, 81). Pensiamo che egli sia più sensibile alla prima formulazione. Ci auguriamo di esser riusciti a fornire almeno una pallida idea della ricchezza straordinaria di un’opera che forse avvia un nuovo genere di scrittura. Sollecitato da una vigilanza così strenua, così lucida, anche così impietosa, pensiamo, per con- cludere, che il lettore trarrà da questi densi Quaderni, del tutto insoliti e di assoluta originalità nel nostro panorama letterario, l’invito – e questa è, a nostro parere, l’au- tentica, profonda lezione di un vero Maestro – a interrogarsi di continuo, a riflettere, a ripensare, a ripercorrere strade abbandonate, a intraprenderne di nuove (lo stesso autore ci dice, nell’ultima Introduzione, che ogni brano di una scrittura frammentaria «rappresenta un inizio»), senza mai asserire nulla di definitivo e lasciando sempre aperto uno spiraglio in direzione del diverso e del possibile. l i o n e ll o s o z z i

sf161.indb 257 22-07-2010 12:14:37 sf161.indb 258 22-07-2010 12:14:37 Chappuys e Garzoni 259 TESTI Inediti e DOCUMENTI rari

Chappuys e Garzoni: note sulla traduzione del “Theatro de’ vari, e diversi cervelli mondani”

«… parecchie volte mi pare quasi avere una compagnia di persone in capo che stieno ragio- nando, e ogni menomo soggetto che mi si ap- presenti al pensiero, mi basta a farne tra me e me una gran diceria»

G. Le o p a r d i , Dialogo di Torquato Tasso e del suo Genio familiare (1824)

Nel 1583 Tomaso Garzoni da Bagnacavallo (nato nel 1549, morto appena qua- rantenne nel 1589) pubblica a Venezia Il Theatro de’ vari, e diversi cervelli mondani1, edizione princeps nella quale figura il «Prologo dell’autore agli spettatori» poiso- stituito, a partire dall’edizione del 1585, dal «Discorso del Cervello dell’Auttore»2.

(1) IL THEATRO / DE’ VARI, E DIVERSI / errata a cominciare dalla carta 67: 67, 68, 67, 70, CERVELLI MONDANI, / NUOVAMENTE 69, 70, 71. FORMATO, / ET POSTO IN LUCE / DA / (2) Salvo diverse indicazioni, nostro testo di THOMASO GARZONI / da Bagnacavallo. / AL riferimento per il raffronto linguistico con la CLARISSIMO SIGNORE / IL SIG. VICENZO traduzione francese, è Il teatro dei vari e diversi GARZONI, / Gentilhuomo Venetiano. / CON cervelli mondani presente nelle Opere di Tomaso PRIVILEGIO. / (marca editoriale) / IN VENE- Garzoni a cura di P. Ch e r c h i (, Longo TIA, / Appresso Paulo Zanfretti. / MDLXXXIII. Editore, 1993), dove si adotta come testo base Abbiamo consultato l’edizione conservata alla Bi- l’edizione veneziana del 1585 per i tipi di G. B. blioteca Labronica «F. D. Guerrazzi» di Livorno Somasco. Abbiamo consultato inoltre i tre esem- (Villa Fabbricotti, 094 S 255). Nella numerazione, plari a stampa conservati presso la Biblioteca Na- in alto a destra, delle pagine del testo (4, 118, 2), zionale Centrale di Firenze: IL THEATRO / DE’ sono presenti alcuni salti, con conseguenti omissio- VARI, E DIVERSI / CERVELLI MONDANI, ni nelle indicazioni dei numeri delle altre carte: si / Nuovamente formato, & posto in luce / DA / salta dalla carta 39 alla 41, senza numerare la 40, THOMASO GARZONI / DA BAGNAVALLO. dalla 71 alla 73, omettendo di indicare la 72, dalla / Al Cl.mo Signore / Il Signor Vicenzo Garzoni, / 113 alla 116, con omissione della 114 e 115. Si è Gentil’huomo Venetiano. / CON PRIVILEGIO. consultato inoltre l’esemplare a stampa del 1591 / (marca editoriale) / In Venetia, Appresso Fabio, conservato nella stessa Biblioteca, IL / THEATRO & Agostin Zoppini, fratelli. 1585. (Magliabechia- / DE VARI, E DIVERSI / CERVELLI MONDA- no 3.1.230), copia nella quale non compaiono NI. / Nuovamente formato, & posto in luce / DA errori di numerazione (118, 5); IL THEATRO / / THOMASO GARZONI / DA BAGNACAVAL- DE’ VARI, E DIVERSI / CERVELLI MONDA- LO. / Al Clarissimo Signore / IL SIGNOR VI- NI. / NUOVAMENTE FORMATO, ET / posto CENZO GARZONI, / Gentil’huomo Venetiano. / in luce da TOMASO Garzoni / da Bagnacavallo. CON PRIVILEGIO. / (marca editoriale) / IN VE- / AL CLARISS. SIG. IL SIGNOR / VINCENZO NETIA / Appresso Gio. Battista Somasco. 1591, GARZONI, / Gentil’huomo Venetiano. / Aggiun- (Villa Fabbricotti, 094 S 122), rilegato all’interno tovi di nuovo il cervello dell’Autore. / (marca edi- di un volume che contiene l’edizione veneziana del toriale) / IN , / Appresso Giulio Cesare 1586 dell’Hospidale de’ pazzi incurabili. Anche nella Cagnacini, & Fratelli. / Con licenza de’ Superiori, numerazione, sempre in alto a destra, delle carte (4, 1586. (Magliabechiano V.10.223): in questa copia, 96, 2) di questa ed. 1591 compaiono alcuni errori: dove non si hanno errori nella numerazione delle si ripetono i numeri 35-36, e si ha una successione pagine (8, 151), la carta 145 è stata tagliata; IL /

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Garzoni era un canonico regolare lateranense che, nella sua attività di predicatore itinerante, seppe ben individuare le tematiche di interesse e di studio per il pubblico dei lettori; inesauribile poligrafo, spostandosi tra Bagnacavallo, Ravenna e la Ferrara degli Estensi, ma con contatti anche con Mantova, Treviso e Venezia, egli era convin- to che scrivere significasse innanzitutto divulgare. La divulgazione appariva in forma compiuta quanto più articolato, sviluppato e classificato risultava il sapere con il qua- le si presentava il materiale, secondo un atteggiamento culturale coerente con la sen- sibilità, il gusto, la coscienza storica dell’epoca alla quale il romagnolo apparteneva3. Prodotta in soli sei anni, la fittissima opera di questa «figura singolarissima, emi- nentemente teatrale, creatore inesauribile di ‘scene immaginarie’ e di ‘teatri di mera- viglie’ (si definiva ‘giullare’)», ebbe una grande risonanza fino al Seicento inoltrato, forse proprio per quel linguaggio, già seicentesco, capace di portare «all’aria aperta, quasi sulla scena, nelle sue espressioni popolari e borghesi, la società del tempo», come incisivamente ha scritto Giovanni Macchia. Riprova dell’interesse e della mo- dernità delle sue opere è dato, oltre che dalle numerose edizioni italiane pubblicate in pochi anni, dalle varie traduzioni in francese, in inglese, in spagnolo e in tedesco, trasparente esempio di una ricezione che tende a varcare i confini. La traduzione francese del Theatro de’ vari, e diversi cervelli mondani ad opera di Gabriel Chappuys (1546-1612 o ’13)4, uscita a Parigi nel 1586 per i tipi di Felix Le Mangnier con privilegio reale di nove anni concesso al libraio Jean Houzé e datato

THEATRO / DE VARI, E DIVERSI / CERVELLI (4) Per notizie su Gabriel Chappuys, si rimanda MONDANI. / Nuovamente formato, & posto in a: L. Bo l z o n i , Il mondo utopico e il mondo dei cor- luce / DA / THOMASO GARZONI / DA BA- nuti. Plagio e paradosso nelle traduzioni di Gabriel GNACAVALLO. / Al Clari imo Signore / IL SI- Chappuys, «I Tatti Studies. Essays in the Renaissan- GNOR VICENZO GARZONI. / Gentil’huomo ce», volume 8, 1999, Florence, Olschki, pp. 171- Venetiano. / CON PRIVILEGIO. / (marca) / IN 196; J. Ba ls a m o , Autour de Gabriel Chappuys: que- VENETIA, / Appresso Gio. Battista Somasco. lques éléments pour une typologie des traduc­teurs 1591. (Magliabechiano V.5.233), esemplare nel au x v i e siècle, in «Franco Italica», 10, «Auteurs quale si hanno varî errori di numerazione (4, 96, traducteurs entre France et Italie», 1996, pp. 1-10; 2): dall’errata indicazione della carta 35 e sg. (35, A. Pr e d a , L’opera bizzarra di Tommaso Garzoni e 36, 35, 36, 37, 38) deriva un errato conteggio delle la traduzione di Gabriel Chappuys: un’ambigua de- carte dei Discorsi interessati: XIX (34v-35r), XX mistificazione della pazzia, in «Studi di Letteratura (35v), XXI (36r), XXII (36v-35r), XXIII (35r-35v), francese», XIX, «Cinquecento visionario tra Italia XXIIII (35v-36r), XXV (36r-36v); come già segna- e Francia», Firenze, Olschki, 1992, pp. 185-197; P. lato per l’esemplare conservato a Villa Fabbricotti, d e Ca p i t a n i , Da ‘pedante’ a ‘poeta’: la figura dell’uo- anche in questa copia si ripetono gli errori presenti mo di lettere nei “Dialoghi piacevoli” di Nicolo Fran- nella serie delle carte 67, 68, 67, 70, 69, 70, 71. co tradotti da Gabriel Chappuys, ivi, pp. 199-214, (3) Sulla biografia di Garzoni sappiamo poco. segnatamente nota 30 p. 209; Ea d ., Un traducteur Si può vedere il Laconismo vitale circa l’autore pre- français de textes italiens à la fin de la Renaissance. messo dal fratello Bartolomeo all’opera di Tomaso Gabriel Chappuys (env. 1546-env. 1613), in «Filigra- Il Serraglio de gli Stupori del Mondo, testo edito na», n. 6, 2000-2001, I, «La Lettre, le Secrétaire, le postumo solo nel 1613, e oggi in appendice a T. Lettré. De Venise à la cour d’Henri III. Francesco Ga r z o n i , Le vite delle donne illustri della scrittura Sansovino - Gabriel Chappuys», HURBI, Départe- sacra. Con l’aggionta delle vite delle donne oscure ment d’études italiennes - Université Stendhal-Gre- e laide dell’uno e l’altro Testamento. E un Discor- noble 3, pp. 89-114. Utili indicazioni si ricavano so in fine sopra la nobiltà delle donne, a cura di B. oggi nei varî contributi raccolti in «Il segretario è Co ll i n a , Ravenna, Longo Editore, 1994, pp. 249- come un angelo». Trattati, raccolte epistolari, vite 251, volume cui si rinvia anche per l’introduzione. paradigmatiche, ovvero come essere un buon segre- Si veda inoltre Dizionario Biografico degli Italiani, tario nel Rinascimento, Atti del XIV Convegno In- Istituto dell’Enciclopedia Italiana, Roma, Treccani, ternazionale di Studio, Verona, 25-27 maggio 2006, 1960-, vol. 52, 1999, ad vocem a cura di O. Ni c c o l i , a cura di R. Go r r i s Ca m o s , con la collaborazione di pp. 449-453. Sul carattere enciclopedico o reper- S. Ar e n a e L. Co l o m b o , Fasano, Schena Editore, toriale delle opere di Garzoni, si veda P. Ch e r c h i , 2008, segnatamente V. Me ll i n g h o f f -Bo u r g e r i e , Enciclopedismo e politica della riscrittura: Tommaso Le “Secrettaire” de Gabriel Chappuys, face au “Del Garzoni, Pisa, Pacini, 1980 e Id., Polimatia di riuso. Secretario” de Francesco Sansovino et à “The English Mezzo secolo di plagio (1539-1589), Roma, Bulzoni Secretary” d’Angel Day. Remarques sur l’héritage de Editore, 1998. l’éthos épistolographique érasmien, pp. 63-91.

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7 febbraio 15865, è parte significativa della diffusione del testo italiano. Traduttore dal latino, italiano e spagnolo, lavorando prima per editori di Lione poi per altri di Parigi, anche Chappuys è mosso da una volontà di divulgazione, da un desiderio di essere letto che lo porta ad operare su testi di ampia fortuna: si ricordi soltanto la traduzione di alcuni libri dell’Amadis de Gaula, quella dell’Orlando furioso, del Cortigiano, della Civile Conversazione e della Fiammetta6. In quest’ottica, l’interesse per il catalogo dei «cervelli» («intendendo per il cervello l’ingegno», Discorso proe- miale, 49) del Garzoni era stato preceduto, nel 1580, da quello per la traduzione di un’opera spagnola quasi coeva e di analogo argomento contemporaneo: l’Examen de Ingenios para las ciencias (I ed. Baeza, 1575)7, dell’ebreo converso Juan Huarte, filo- sofo naturale che esercitò la professione di medico in Navarra e in Catalogna. Non possiamo documentare che Garzoni avesse consultato il testo del medico spagnolo, già tradotto in italiano nel 1580 da Camillo Camilli a Venezia, per i tipi di Aldo Ma- nuzio, con il titolo Essame de gl’ingegni de gli huomini, per apprender le scienze. La titolatura delle due opere dimostra una trasparente affinità, ma diverse appaiono le esigenze che ne sottendono il contenuto, dalle prospettive letterario-divulgative per il Theatro a quelle più psico-fisiologiche per l’Examen8. Con la sua attenzione a ricon- durre la follia in una dimensione culturale scientifica, Huarte sembra in contrasto con l’analisi filosofica e morale che Garzoni dà dell’«incurabile malattia». Probabilmente, tale contrasto è aggirabile tenuto conto che l’orientamento di fondo di entrambe le

(5) LE / THEATRE DES / DIVERS CER- op. cit., pp. 187-194; P. Mu l a , Note bibliographique VEAUX / DU MONDE. / AUQUEL TIENNENT sur Gabriel Chappuys, ivi, pp. 195-198. Sull’esprit PLACE, / selon leur degré, toutes les manieres delle traduzioni francesi di testi italiani, si veda J. d’esprits et / humeurs des hommes, tant loua- Ba ls a m o , Les rencontres des Muses. Italianisme et bles que vicieuses, / deduites par discours doctes anti-italianisme dans les Lettres françaises de la fin et agreables. / Traduict d’Italien, par G.C.D.T. / du x v i e siècle, Genève, Slatkine, 1992 e Id., Traduire (marca editoriale) / A PARIS, / Pour Felix le Man- de l’italien. Ambitions sociales et contraintes édito- gnier, Libraire Iuré en l’Uni- / versité de Paris, au riales à la fin du x v i e siècle, in Traduire et adapter à Palais en la Gallerie al- / lant à la Chancellerie. / la Renaissance, Actes de la journée de l’École des M. D. LXXXVI. / AVEC PRIVILEGE DU ROY. Chartes, éd. par D. De Co u r c e ll e s , Paris, Étu- Si è consultato l’edizione presente sul sito on-line des et rencontres de l’École des Chartes, 2, 1998, www.bvh.univ-tours.fr elaborata dal CESR con la pp. 89-98. collaborazione dell’IRHT. Il testo, costituito di 268 (7) J. Hu a r t e d e Sa n Ju a n , Examen de ingenios carte in-16, presenta vari errori di numerazione: la para las ciencias, Introducción, edición y notas de «Table des Discours» e quella «des Auteurs» (ri- E. To r r e , Barcelona, PPU, 1988; si veda anche spettivamente di 6 cc. ciascuna) mancano di nu- l’edizione italiana Esame degli ingegni, a cura di merazione; si ha una serie errata a partire dalla c. R. Ri c c i o , , Editrice CLUEB, 1993. Il te- 106r: 106r, 106v, 109r, 109v, 108r, 108v, 111r, 111v, sto, diviso in 18 capitoli preceduti da un Proemio 110r, 110v, 113r, 113v, 112r, 112v, 113r, 113v, 114r; dell’Autore e un Proemio per il lettore, è messo si salta da 144v a 149r, procedendo con la 150 (non all’Indice nel 1583, tradotto in italiano nel 1582 si numerano dunque le cc. 145-148); si ripete due (i numerosi esemplari presenti ad oggi in varie volte la numerazione 164r e 164v. Per quanto ri- biblioteche italiane ne provano l’ampia fortuna) e guarda la numerazione dei Discours, si numera 36 in inglese nel 1594; la sua ristampa in Spagna nel il Discours 35 [«DISCORSO XXXV / De’ cervel- 1594, con l’aggiunta di nuovi capitoli, serve per le loni saggi e gravi» (156, 67r) → «DES GRANDS ristampe di Alcalá de Henares, di Anversa e per le CER- / veaux et entendemens sages et / graves. / varie riproposte spagnole ed olandesi impresse nel DISCOURS XXXVI» (154r)], quindi il 36 diventa Seicento. La traduzione di Chappuys, edita a Lio- 37 [«DISCORSO XXXVI / De’ cervelloni cabali- ne nel 1580 per i tipi di Etienne Brignol, si intitola stici» (160, 69r) → «DES CERVEAUX ET / grands Anacrise, ou parfait jugement et examen des esprits entendemens Caba- / listiques.» (160r)], mentre col propres et naiz aux sciences. Per le date delle nume- 37 si ritorna alla corretta numerazione: «DISCOR- rose riedizioni, si veda la «Bibliografia» redatta da SO XXXVII / De’ cervellazzi rozzi ed incivili» E. To r r e , op. cit., p. 51. (164, 71v) → «DE CEUX QUI SONT / du tout (8) Si veda la premessa di R. Ri c c i o alla sua tra- sans cervelle, lour- / dauts et incivils.» (164r). duzione in italiano moderno dell’Examen, op. cit., (6) Per un’accurata bibliografia dei lavori di p. 27 e sg. E di «discorso morale anziché fisiologico Chappuys, vedi: P. De Ca p i t a n i , Bibliographie o scientifico» scrive anche P.C h e r c h i nella sua «In- des œuvres de Gabriel Chappuys, in «Filigrana», troduzione» al testo, op. cit., p. 42.

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opere si basa sulla concezione umorale della follia; comunque Garzoni scriveva da «frate spregiudicato» (Bronzini); di lì a poco la sua città contemporanea, infestata dalle mille professioni e mestieri (in realtà cinquecentoquaranta), sarà ostracizzata dal mantovano Antonio Possevino, della Compagnia di Gesù9, il quale riconosce i dissensi religiosi che questo nuovo «giullare della scienza» si affretta a celare sotto il manto della Chiesa10. Il problema che si potrebbe porre è in breve quello relativo alla mutata concezione della follia; ma, per affrontare la questione, bisognerebbe prima soffermarsi sull’esperienza di inizio Cinquecento, che vede la follia diventare essa stessa una forma di saggezza, quindi, in pieno post-tridentino, il suo calarsi in una dimensione patologica: sarà opportuno lasciarla da parte. Possiamo invece affermare che entrambi questi tentativi classificatorî11, costruiti sull’uso di documentate e or- dinate citazioni mediche, quanto sull’accumulo di insalate di parole dal vago sapore schizofrenico («Et inveniunt similes labra lactucas», scrive Erasmo), contribuiscono così a dare un volto a quella follia che troverà stabile riscontro nei racconti di Cervan- tes e nei drammi di Shakespeare. Per la traduzione del Theatro di Garzoni, Chappuys utilizzò un esemplare del 158312, come si vede non solo dal fatto che egli rende il Prologo in «PREFACE, / LE THEATRE DE / l’Hauteur aux spectateurs.» (12 carte con varî errori di numera- zione: 8r-v, 4r-v, 5r-v, 6r-v, 7r-v mancano di indicazione numerica, 8r-v)13, ma anche dall’assenza di un errore nella traduzione, scarto che si sarebbe potuto verificare solo se il traduttore si fosse basato sul Discorso proemiale dell’ed. 1585, dove compare la forma temuto anziché tenuto. Garzoni, secondo un’impronta di stampo erasmiano (l’amor di se stessi, caratteristica specifica di tutti, è considerato il primo indizio della follia e, non per caso, Filautía è la prima delle compagne che Follia trascina con sé

(9) Anche il Possevino propone una classifica- riguardo C. Oss o l a , Métaphore et inventaire de la zione dei «cervelli», o «ingegni» che dir si voglia. folie dans la littérature italienne du x v i e siècle, in Nel 1598 a Vicenza, presso Giorgio Greco, il ge- Folie et déraison à la Renaissance, Colloque inter- suita pubblica, in traduzione italiana, la Coltura de national tenu en novembre 1973 sous les auspices gl’ingegni – recensione o discussione dell’Examen de la Fédération Internationale des Instituts et So- di Huarte –, edizione autonoma di una parte della ciétés pour l’Étude de la Renaissance, «Travaux de sua opera Bibliotheca Selecta (I ed., Roma, Tipo- l’Institut pour l’étude de la Renaissance et de l’Hu- grafia Apostolica Vaticana, 1593, 2 voll.). Vedi A. manisme V», Bruxelles, Éditions de l’Université de Po ss e v i n o , Coltura de gl’ingegni (Vicenza, 1598), Bruxelles, pp. 171-196: p. 190. Ristampa anastatica, Postfazione di A. Ar c a n g e l i , (12) Consentono qui i curatori del Théâtre on- Bologna, Arnaldo Forni Editore, 1990; A. Bi o n d i , line e M. Te t e l , La morosophie transalpine de Gar- La Bibliotheca Selecta di Antonio Possevino. Un zoni: diversion, subversion, non-traduction, in «Stu- progetto di egemonia culturale, in La «Ratio Stu- di di Letteratura francese», XIX, op. cit., pp. 215- diorum». Modelli culturali e pratiche educative dei 227: p. 218. Dissente P. Ch e r c h i , secondo il quale Gesuiti in Italia tra Cinque e Seicento, a cura di Chappuys si sarebbe basato sull’edizione riveduta G. P. Br i z z i , Roma, Bulzoni, 1981, pp. 43-75; L. e ampliata del 1585 (op. cit., p. 45). Che Chappuys Ba ls a m o , Venezia e l’attività editoriale di Antonio abbia lavorato sull’ed. italiana del 1583 o su quella Possevino (1553-1606), in «La Bibliofilía. Rivista del 1585 – o che abbia potuto consultare entrambe di storia del libro e di bibliografia», Anno XCIII, –, risulta comunque poco pertinente ai fini della 1991, Disp. 1, pp. 53-93. nostra analisi, se si esclude ovviamente la rilevan- (10) T. Ga r z o n i , La piazza universale di tutte le za del Discorso liminare presente nella traduzione professioni del mondo, a cura di G. B. Br o n z i n i , francese. con la collaborazione di P. De Me o e L. Ca r c e r e r i , (13) Il «PROLOGO / IL THEATRO / Firenze, Leo S. Olschki Editore, 1996, Biblioteca DELL’AUTTORE / A’SPETTATORI» (ed. 1583, di «Lares», Nuova Serie, vol. XLIX, Monografie, cc. 1r-4r) contiene la dichiarazione di intenti vol. I-II, p. IX e sg. dell’Introduzione (pp. VII- dell’«Architetto» (4r) Garzoni, il quale, con questo XLIV). «Theatro Reggio, & Signorile» (4r) scrive di aver (11) «La folie n’est plus qualifiée, par son dépla- «voluto nondimeno con altissimo ardimento, ten- cement, en métaphore, mais quantifiée, par son tar di fabricare un Theatro, non però materiale, ma démembrement analytique, en diminutifs et péjo- intellettuale per molte conditioni (rimettendosi al ratifs: elle n’est plus une absence d’oubli, mais giudicio de gli altri) o pari, ò superiore à quelli degli une encombrante présence à mesurer», osserva al antichi» (1v).

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nella danza), inizia l’opera parlando di coloro i quali sono convinti della propria gran- dezza o importanza: «E questa loro sciagura non procede da altro più propriamente che dal tenersi troppo da se stessi, perché non bisogna tenersi, ma esser tenuti, overo con gli effetti mostrare al mondo che l’uomo almeno debba esser tenuto» (47; nel testo base si ha temuto ma è Cherchi, come leggiamo nella nota critica, a correggere, giustamente, la forma in tenuto). Nell’ed. 1583 (e poi anche in quelle del 1591 da noi consultate) l’errore non compare, «che l’huomo almeno debba esser tenuto» (5v). E ben traduce Chappuys, «et ceste leur infortune ne procede plus proprement d’autre chose, que de se reputer trop eux mesmes: car il ne faut pas se reputer, mais estre reputez, ou bien monstrer par effects au monde, que / l’homme, au moins doive estre tenu et reputé» (17v-18r). Secondo una modalità di duplicazione che vedremo essere frequente nella traduzione, Chappuys fa precedere il participio reputé proprio da tenu, forma che conserva il calco italiano in un francese senz’altro più italianizé14. Nell’epistola dedicatoria «A NOBLE ET TRES VER / tueux, PIERRE HABERT / Conseiller du Roy, Secretaire de la Chambre, de ses Finances, & de la / Maison & Coronne de France: Bailly / de son Artillerie, & Garde du scel d’icelle &c.» (2r-2v, cc. non numerate), datata 20 maggio 1586, Gabriel Chappuys motiva la propria tradu- zione con ragioni di «plaisir et contentement» per il lettore15: il carattere piramidale del Teatro, nel quale ogni cervello occupa un seggio ben preciso, permetterà al pub- blico di dilettarsi nell’«assigner lieu propre et peculier, à un nombre infiny d’autres cerveaux, de quelque humeur qu’ils soient menez». Lo spettacolo offerto dal Theatro «nobilissimo» (Prologo, ed. 1583, 3r) è ben moderno e, per ragioni che è facile intuire, adatto anche alla «Court du plus grand, magnanime et Religieux Prince du monde, entre autres, ce Phoenix des bons Cerveaux». E quando, nelle parole conclusive della dedica, Chappuys scrive «Ie prie Dieu de changer tellement les bijarres cerveaux des hommes, qu’en fin l’heresie face place à la religion, le vice à la vertu, l’hypocrisie à la verité, la simulation à la sincérité, et les mauvais aux bons», si ha l’impressione che la Follia sia paradossalmente fuggita da uno dei suoi numerosi, «amplissimi» (ed. 1583, 2r) e, per quanto possibile, organizzati seggi. La scrittura di Garzoni risente di quegli elementi stilistici che col tempo si sono sempre più radicati nel gusto letterario dell’epoca: gli aneddoti a grappoli, il ricorso alle citazioni della Bibbia, a quelle dei Padri e dei Dottori della Chiesa, degli autori la- tini e greci, dei classici italiani. E anche quando la citazione non è riportata per esteso, lo scrittore non trascura il nome della fonte cui attinge, il tutto per risplendere in quel registro erudito che si associa a temi storico-filologico-letterarî: è allora convenzione diffusa che «l’occultamento non è il cuore del plagio»16. La fedele traduzione di Chap- puys, pur non chiudendosi di fronte a questo orizzonte, vi si apre solo in parte; ma questo non significa che egli manchi nel proprio compito di traduttore-divulgatore17. Chappuys probabilmente si diverte nel cercare il corrispettivo di ogni parola usata nei lunghi cataloghi di Garzoni: poche, lo vedremo, sono le esclusioni dei termini tecnici o specialistici italiani e, quando tali scarti si verificano, essi riguardano delle parole utilizzate per menzionare le complesse rassegne di armi, nonché alcune cognizioni

(14) Qualche dato sul concetto della «sororità» a L. Bo l z o n i , art. cit., p. 180. del francese e dell’italiano si ha in P. Ch e r c h i , Cor- (16) Vedi, oltre a P. Ch e r c h i , Polimatia di riuso, binelli, Postel e il problema dell’antico toscano, in op. cit., R. A. Po s n e r , Il piccolo libro del plagio, Ro- Guillaume Postel 1581-1981, Actes du Colloque ma, Elliot Edizioni, 2007, p. 23 (il non lo aggiungia- International d’Avranches 5-9 septembre 1981, mo noi). Sempre a Po s n e r si rinvia per i concetti di Paris, Guy Trédaniel, éd. de La Maisnie, 1985, «imitazione creativa» (p. 57) e di non importanza p. 320 e sg. dell’«originalità» (p. 67). (15) Sul «plaisir» che motiva Chappuys anche (17) Vedi A. Pr e d a , art. cit., pp. 196-197. nella traduzione dei Mondi del Doni, rimandiamo

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proprie dell’alchimia. Per quanto riguarda le numerose citazioni (siano esse tratte da fonti latine, greche o italiane), la cui funzione di «riscrittura» e di dar «voce» alla follia è chiara in Garzoni, Chappuys decide di riportare il passo per intero, talvolta traducendolo in francese, come di ridurlo, persino di ometterlo nella sua interezza, senza che si possa trovare, crediamo, un vero e proprio criterio univoco di scelta, se non un desiderio di sintesi in grado di rendere il testo meglio godibile ad un ampio, e non necessariamente colto, pubblico francese. In questo modo ci pare possano inter- pretarsi anche alcune semplificazioni di patronimici dalla valenza classica, ogni volta sciolti con cura dal traduttore. Metteremo dunque in luce qualche costante della tra- duzione, nella scelta del vocabolario e delle immagini, procedendo da un elemento di novità che è proprio del testo di Chappuys: la grande varietà di espressioni utilizzata per rendere in francese il sostantivo «cervello» e le sue varianti.

1. Classificazione dei cervelli

Chappuys procede ad una vera e propria analisi dei cervelli, che qui si cercherà di riassumere. Nel riportare la «TABLE DES DIS / COURS.», il traduttore rende ogni volta con «Des cerveaux» i tanti «De’ Cervelli, De’ Cervellini, De’ Cervelluzzi, De’ Cervelletti, De’ Cervelloni, De’ Cervellazzi»18. Si considerino solo due esempî: «Discorso II. De’cervelli bravi ed armigeri» (60) → «Des cerveaux braves, valeureux et belliqueux. Discours II.» (27v); «Discorso XI. De’ cervellini vani» (87) → «Des cerveaux vains. Discours XI» (61r). Per quel che riguarda invece la titolatura dei sei gruppi, il primo, quello dei «CERVELLI» (Discours 1-10), manca di titolo; gli altri cinque gruppi, per i quali Chappuys conserva lo schema originario, hanno come titoli: «Legers de Cerveau.» (Disc. 11-15), «Ecervellez.» (Disc. 16-24), «Cerveaux pe- tits.» (Disc. 25-28), «Cerveaux grands.» (Disc. 29-36), «Sans cervelle du tout.» (Disc. 37-55). Se per i Discorsi relativi ai «Cervelli», la traduzione, lo si è detto, è sempre «Cerveaux» – sia che il termine compaia nei titoli dei capitoli, sia nel contenuto del capitolo stesso –, significative variazioni si hanno invece per gli altri tipi di cervelli. Tentiamo di procedere ad una classificazione sulla base della presenza del termine nel titolo o nel contenuto del Discours stesso. I «cervellini» sono così evocati: «Altri, diminuendo alquanto dalla sua perfe- zione, diminuiscono ancora del vocabolo e meritano il nome più presto di cervellini, onde nell’idioma latino si ritrova il vocabolo cerebrosus che significa cervellino ovvero di cervello leggiero» (49-50) → «Les autres diminuans un peu de ceste perfection, di- minuent aussi du vocable, et s’appellent Cerveaux legers, en Italien, Cervellini, d’où, en la langue Latine, se trouve le terme, de Cerebrosus» (21r). Chappuys traduce la parola in francese, conservando la spiegazione della genesi del termine. E al più ge- nerico «Cerveaux» egli ricorre ancora nei titoli dei Discorsi dove Garzoni scrive dei «Cervellini» (XI, XII, XIII, XIV – l’omissione della resa in francese di «spuzzetti» non si avrà invece nel corso del capitolo, laddove l’aggettivo qualificante il sostantivo è tradotto in «delicats» –, XV). Nel Discours la traduzione di «cervellini», resa quasi sempre in «cerveaux», può conservare, esplicitandola, la forma italiana («chiamati cervellini», 87 → «appellez en Italien, Cervellini, comme eventrez ou legers de cer-

(18) Contrariamente all’ed. francese, che riporta la «TAVOLA DE GLI SCRITTORI / ALLEGATI la Table nelle prime pagine del testo, entrambe le NELL’OPERA.» (120r-120v; anche qui le cc. non edizioni italiane (1583, 1585) inseriscono la «TA- sono numerate), divisa in un ordine alfabetico che, VOLA DELLI DISCORSI.» nelle ultime pagine ovviamente, subisce naturali modifiche nella tradu- (119r-v, mancanti di indicazione numerica). Segue zione dei nomi in francese.

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veau», 61r), come subire molteplici variazioni, il che ci sembra avere una spiegazione soprattutto quando il traduttore cerca di mantenere la prospettiva offerta dagli ag- gettivi accompagnanti la parola: «cervellini vani» (87) → «cerveaux eventez, vains» (61r); «gli vani cervellini» (87) → «Les Cerveaux tels et vains» (61r); «i cervellini cu- riosi» (95) → «les cerveaux curieux» (71r); «il cervellino» (87) → «le cerveau leger» (61r; formula che torna anche altrove, in forma variata: «ces legers de cerveau», 22r, 86r o «cerveaux legers», 86r); «Le donne, secondo il più, hanno i loro cervellini di questa stampa» (88) → «Les femmes, pour la plus part, ont leurs esprits frappez à ce coin, et sont legeres de cerveaux» (62r); «simili cervellini» (97, 98) → «tels ecervelés» (72v, 73r), uso di una forma che Chappuys, si è visto, pareva aver riservato al gruppo dei «cervelluzzi». È in relazione ai «Cervelluzzi» che Chappuys introduce le prime varianti nei titoli dei Discours: «Cerveaux moindres» (XVI, 86r) e «Cerveaux de ceste espece susdicte» (XVII, 88v). Quindi la traduzione ritrova equilibrio sulla forma «Cerveaux»: XVIII, 90r; XIX, 91v; XX, 94r; XXI, 95r; XXII, 96v; XXIII, 97v. Si notino le molteplici va- rianti cui il termine va incontro nel resto della narrazione: «des moindres cerveaux» (86r), «les plus petits cerveaux» (86v, 89r, 98r), «cerveaux» (89v, 90r, 91v, 94v, 96v, 97v, 99r), «entendement» (90v), «esprits» (91v), «esprits et cerveaux menuz» (93v), «menuz cerveaux» (94r, 94v, 96r,). Una volta si conserva persino la forma in italiano, «cervelluzzi» (21r), e quando Garzoni rinvia implicitamente ad un particolare tipo di «cervelluzzo», Chappuys esplicita il riferimento, certo per una maggiore esigenza di chiarezza propria della lingua francese: «di questi smemorati» (118) → «de ces cerveaux depourveuz» (96r). Quanto ai titoli dei Discours relativi ai «Cervelletti», Chappuys vi conserva una volta la forma originale «Cervelleti» (21r, scempiamento certo dovuto all’influenza della pronuncia francese) oppure glossa in «les petits cerveaux que nous appellons Cervelleti» (22r); in séguito la traduzione è «petits cerveaux» (XXV, 100v; XXVI, 104v; XXVII, 108v) e «cerveaux» (XXVIII, 112r). Nel testo le forme attestate sono le seguenti: «cerveaux, dicts Cerveletti, petits cerveaux» (100v), «petits cerveaux» (104r-v, 108v), «cerveaux» (113r, 112r, 113v) e «menuz cerveaux» (114v). In quattro gruppi si presentano le lezioni dei «Cervelloni» presenti nei titoli: «grands cerveaux» (XXIX, 114v; XXX, 116v; XXXI, 122r; XXXIII, 130v); «gran- ds cerveaux et entendemens» (XXXII, 128v; XXXVI, 154r); «cerveaux et grands entendemens» (XXXVII, 160r); «cerveaux et entendemens» (XXXIIII, 133r). Nel seguito del Discorso si attestano invece: «grands cerveaux» (21r, 114r-v, 115v-116r, 116v, 121v, 130v, 160r-v, 164r-v); «cerveaux» (122r, 128v, 134r); «grands cerveaux et entendemens» (128r, 149v, 154r, 156v); «cerveaux et entendemens» (133r); «cer- veaux et grands entendemens» (160r). Per quel che riguarda la poco presente forma «cervellone» (143, 162, 163), essa è resa con «cerveau» (128v, 163r) e «grand cerveau et entendement» (162r-v). Le lezioni più numerose, e dalle varie potenzialità semantiche, si riferiscono in- fine a quelli «chiamati volgarmente cervellazzi, dal consueto parlare di tutta la gente» (50) → «appellez vulgairement de nous, Cervellazzi» (21v) e «ceux qui sont du tout sans cervelle, appellez de nous, Cervellazzi» (22v). Nella titolatura dei Discorsi il ter- mine «Cervellazzi» è tradotto: «ceux qui sont du tout sans cervelle» (XXXVII, 164r); «Des ignorans sans cervelle» (XXXVIII, 166v); «depourveuz de cervelle» (XXXIX, 170r ); «despourveuz de cervelle» (XL, 175r; XLI, 180r; XLII, 191r; XLIII, 204v); «despourveuz d’esprit» (LII, 254r); «despourveuz de cervelle, et esprits» (XLIIII, 207v); «despourveuz d’entendement ou ecervellez» (XLV, 212v); «despourveuz de cervelle et entendement» (XLVI, 216r); «despourveuz d’entendement et esprits» (XL- VII, 224r); «despourveuz d’entendement et cerveaux» (XLVIII, 231v; XLIX, 234r; LV, 263r); «cerveaux» (L, 242v; LIII, 256r; LIIII, 259r); «despourveuz de cervelle,

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ou Cerveaux» (LI, 251v). Nel Discours la forma più attestata è «cerveaux» 200 → 213v; 209 → 224r; 215 → 231v; 217 → 234r; 223 → 242v-243r; 231 → 251v; 231 → 254; 233 → 256r; 236 → 259r; 242 → 266v; 243 → 268r; numerose le varianti: «ceux qui sont du tout sans cervelle, appellez Cervellazi» (164v), «ceux de ceste maniere» (164v), «ecervellez ou sans cervelle» (164v), «esprits sans cervelle» (166r), «depour- veuz de cervelle» (170r); «despourveuz de cervelle» (180r, 191r); «les hommes de cete espece» (175r); «ecervellez» (191r, 205r, 212v, 215v, 234r); «Ecervelez» (204v); «Ecervellez, ou despourveux de cervelle» (205r); «esprits» (207v); «Despourveuz de cervelle ou Ecervellez» (212v); «Esprits despourveuz de iugement» (216r); «destituez d’esprit, et cerveaux» (254r); «despourveuz de sens» (255v), «despourveuz de sens, et cerveaux» (256r; 259r); «esprits et despourveuz d’entendement» (259v); «cerveaux despourveuz de sens et iugement» (263r). L’uso del termine alla forma singolare «cer- vellazzo» dà «cerveau» (198 → 209r; 227 → 248v; 240 → 264v; 240 → 265r; 241 → 266r; 242 → 266v), con due sole varianti: «un esprit» (239 → 263v) e, per quanto riguarda la forma accompagnata da aggettivo, «il cervellazzo umorista» di Timone (217) → «le sauvage humeur» (233v). Esiste poi il caso in cui Garzoni, pur parlando di un determinato tipo di cervellazzo, usa la forma più generica di cervello. Quando ciò si verifica Chappuys ricorre all’utilizzo della parola alternativa «esprit»: da sola, nel caso di «cervello» (197 e 231) → «esprit» (208r e 253r); o in coppia: «cervelli» (198) → «Esprits et cerveaux» (209r). Come si può notare dal contesto di questa classificazione, è interessante anche la dinamica delle varianti aggettivali dei cervelli. Consideriamo il caso dell’aggettivo «vano» cui Garzoni, in periodi serrati, rinvia più volte per qualificare i «cervellini» (87). Chappuys procede ad una resa fedele del qualificante, ogni volta doublé da una variante che ne rafforza e ne puntualizza il significato: «cerveaux eventez, vains» (61r), «Les Cerveaux tels et vains» (61r), «vain et inutil» (61v). Omissione abbiamo invece nel caso di «cervelluzzi di gatta» (50), dove il determinante non è tradotto alla carta 22r ma è altrove reso in «cerveaux de chat» (95r). Il discorso del traduttore si attiene insomma alle potenzialità semantiche dell’italiano, con trasformazioni dovute in parte a coerenza interna, in parte all’esigenza di rendere il testo meglio compren- sibile ad un lettore francese.

2. Mancata ‘riscrittura’ dei classici

In tale contesto divulgativo possono essere inserite opportunamente alcune sem- plificazioni, talora vere e proprie censure, operate a proposito delle tante citazioni latine, o comunque di tradizione classica, e italiane, su cui Garzoni si è detto costruire l’impianto narrativo del Theatro. Il confronto testuale ci dà la certezza che Chappuys riporti fedelmente solo una parte di questo materiale, decidendo altrove di abban- donarlo, con omissioni o riduzioni. Questi tagli, crediamo, hanno come presupposto un alleggerimento del testo e, se escludiamo le censure riguardanti gli autori italiani contemporanei, da supporsi meno noti e quindi forse di minore importanza per il pubblico francese del tempo, le altre non sembrano seguire un filo per così dire equo: lo si vede abbastanza bene da come, in uno stesso passo, un’ampia citazione, presa ad esempio dalle Sacre Scritture, sia riportata per esteso mentre, a distanza di qual- che riga, una più breve, ma della medesima fonte, possa venire ridotta o addirittura omessa. Come già aveva avuto occasione di mostrare Marcel Tetel19, la traduzione

(19) Art. cit., p. 224 e sg.

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delle citazioni latine, fatto non molto frequente all’epoca, costituisce un elemento di novità del testo di Chappuys: si supponeva infatti che un lettore colto fosse in grado di leggere direttamente in latino passi della Bibbia o di autori classici. Sulla base degli esempi che andiamo a proporre si può dunque affermare che la traduzione di Chappuys avesse un intento didattico, per far crescere una comunità di lettori non particolarmente istruita. Tra i molti esempi fattibili all’interno di questo ampio corpus di riscrittura dei classici, vogliamo solo ricordare (anche per ovvie ragioni di spazio) alcuni nomi che illustrano il carattere enciclopedico dell’opera di Garzoni; il loro persistere nella tra- duzione di Chappuys, tradotti o meno che ne siano gli esempi, ne conferma la valenza costitutiva e duratura nella cultura dell’epoca. La Bibbia è spesso tradotta, soprattut- to i numerosi passi dell’Antico Testamento: Genesi 206 → 221r; Esodo 176 → 180v; Deuteronomio 145 → 131r (un passaggio relativo alla vendetta, in relazione al quale si traduce anche San Vittore 145 → 131r); Samuele 134 → 115r; Tobia e Giobbe 177 → 182r-v; Salmi 91 → 66r, 125 → 104r, 158-159 → 157r-158v, 170 → 172v , 186 → 193v, 190 → 198v, 202 → 216r; Proverbi 158-159 → 157r-158v; Sapienza 206 → 221v; Sirach 200 → 213v, 202 → 216v; Isaia 91 → 66v, 176 → 180v, 219 → 237v; Ezechiele 179 → 184v-185r; Daniele 182 → 188v. Ma vediamo anche che, in altri luoghi, Chap- puys non fa seguire il testo in latino dalla traduzione in francese: Proverbi 110 → 87r, 120 → 98r, 162 → 161v; Ecclesiaste 122 → 101r, 93 → 68v; un verso del Sirach 91 → 66v, mentre tutti i brevi passi precedenti erano stati tradotti, 120 → 98r, 170 → 172v; Daniele 94 → 69v; Gioele 85 → 59r. Le stesse note valgono per il meno privilegiato Nuovo Testamento, i cui passi possono essere tradotti: Vangelo secondo Matteo 91 → 66v, 175 → 179v, 159 → 158v; quello secondo Luca 92 → 67r; come non tradotti: le parole di Matteo 111 → 88v, un passo della seconda Lettera ai Corinzi, 139 → 122v. La traduzione delle citazioni latine continua con: San Giovanni 158-159 → 157r-158v; Sant’Agostino 178 → 184v; San Bernardo 177 → 182r-v, 190 → 198r; un lungo passo di Sant’Ambrogio 182-183 → 189v; un aforisma di Galeno 180 → 186v come alcune parole di Giovenale 159 → 159r. E, per la poesia, con: un verso del poeta e filosofo Lucrezio 139 → 122r; di Properzio 203 → 217r; con alcuni versi dell’Eneide di Vir- gilio 192 → 201v, 203 → 217r, 208 → 223r, 210 → 226r; con dei rinvii ai sermoni di Orazio 208 → 223v. Sono tradotti alcuni riferimenti alle epistole di Ovidio 89 → 64r, 124 → 103v, 144 → 130r, 189 → 196v, 191 → 201r, 201 → 215r, 205 → 219r, 232 → 254v; ai versi lascivi di Marziale 107 → 83r, 136 → 118r; alle elegie di Tibullo 214 → 231r; alle satire di Giovenale 187 → 194v, 201 → 215v. E quindi le Historie, traducen- do: Sallustio 89 → 63v, 185 → 192v; Seneca 173 → 175v, 186 → 193v, 195 → 205v; Lucano 144 → 130v; Valerio Massimo 131 → 113r, 183 → 190r. E per la retorica, Ci- cerone 188 → 196v, 208 → 223v. Si traduce solo una parte di una citazione da Alessio da Ateneo (178 → 184r) e dalla Consolazione filosofica di Boezio (184 → 192r). Alla traduzione dei testi di questi autori fa spesso séguito, per converso, una loro mancata traduzione. Si pensi alle riduzioni fatte subire ai versi di Virgilio 62 → 29v, 191 → 200v, 108 → 84v, 124 → 103r, 131 → 113r, 186 → 194r (e quando la citazione è in italiano, Chappuys la riporta in francese 104 → 80r); a quelli di Ovidio, 74 → 44v, 194 → 204r; nello stesso paragrafo, una volta si traduce un verso di Ovidio (ma che in realtà è di Properzio), per subito dopo non tradurne altri due, pur riportandoli nel testo, 100 → 75v; 107 → 83v-84r, 124 → 102v, 186 → 194r, 206 → 220v, 241 → 265v; parallelamente, non si traduce Catone 113 → 91r, Seneca 110 → 87v, Quintiliano 117 → 94v, un verso di Giovenale 192 → 201v, un rinvio a Valerio Massimo 208 → 223v e a Claudiano 189 → 197r. Le citazioni dai classici greci avvengono, secondo la moda umanista, in latino o in italiano. La resa in francese segue i soliti ‘criterî’: un verso degli inni di Orfeo «Clarior in cunctis Divus splendebat Iason» resta in latino nella versione di Chappuys

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60 → 28r; alcuni versi eroici di Omero, che Garzoni citava in italiano, sono invece tradotti in francese, con necessaria modifica della frase italiana introduttiva «scrive quei versi che nella nostra lingua così direbbero» (88) → «escrit des vers de ceste substance» (62v). Quando Omero è citato in latino, lo si riporta nella stessa lingua facendolo accompagnare dalla resa in francese: 174 → 178v. Così per le liriche di Saffo, citate in italiano da Garzoni e tradotte in francese da Chappuys (100 → 75v), e per i cantici di Museo «con versi greci che così suonano nell’italiana favella» (88) → «en vers Grecs, de ceste substance» (63r), quindi resi in francese. Non tradotti, ma riportati, sono invece due versi di Eraclide Pontico, 103 → 78v. I passi di Aristotele (Degli animali, Metafisica, Etica Nicomachea, Politica), che Garzoni cita in latino, non vengono tradotti: 76 → 45v, 110 → 87r, 196 → 206v, mentre altrove lo sono: 183 → 190r, 198 → 210v, 210 → 225r (anche se non si tratta del terzo libro dell’Etica, come scrive Garzoni). Si omettono due versi («Fra le stelle del ciel, chiara risplende / la coronna d’Arianna a Bacco moglie») del poeta ellenista Arato 83 → 56v, che esprime- vano quanto Garzoni aveva appena detto in prosa. E Chappuys traduce Esopo 142 → 128r, Dionigi l’Areopagita 161 → 161r, Didimo (citato da Vincenzo di Beauvais) 185 → 193r, Epicuro 187 → 195r. Non traduce invece Plutarco, citato in latino (115 → 93r), ma volge direttamente in francese una citazione dal Focione, che Garzoni ripor- tava in italiano (139 → 122v). E a proposito dei «cervelluzzi morti», perché «muti», si rende in francese, senza citarla in latino, la definizione attribuita (ma non riscontrata) a Diogene, «Animali muti» (112) → «animaux muets» (89r). Che Chappuys non dubiti della validità delle citazioni di Garzoni è constata- zione abbastanza evidente: la prova è che se l’autore italiano commette un errore nell’identificare una fonte primaria, il traduttore ne conserva la svista. «Maledictus homo qui negligit famam suam» (145) → «Maledictus homo qui negligit famam suam. L’homme est maudict, qui ne fait pas compte de sa renommée» (131v). La frase, in questa forma, non appare nella Sacra Scrittura: crediamo possa ritenersi consonante al precetto «in omnibus operibus tuis praecellens esto | ne dederis maculam in glo- riam tuam» (Sirach, 33, 23-24), ma trattasi di congettura. In altro luogo, Garzoni, che cita Geremia, avrebbe invece dovuto riferirsi a Isaia (1, 21); l’errore resta nella traduzione: «Per questo Gieremia profeta parlando di Gierusalemme piena di vizi, disse: ‘Quam vilis facta est maeretrix civitas fidelis’» (195) → «Pour ceste cause, le Prophete Ieremie, parlant de Hierusalem pleine de vices, a dict, Quam vilis facta es meretrix civitas fidelis: Que tu es devenue vile putain et paillarde, cité fidele» (205v). E quando lo scrittore italiano adatta il testo citato, tali rielaborazioni permangono nella resa in francese. Riportiamo due esempî: il primo da Seneca, «E Seneca disse: ‘Muliebre est litigare’ (è cosa da donnicciuola vile il contendere e litigare’)» (200) → «Et Seneque a dit, que Muliebre est litigare, C’est à faire à une vile femme de de [sic] debatre et quereller» (213r), laddove la frase corretta è «Muliebre est furere in ira» (De Clementia, 1, 5, 5); il secondo dalle Etimologie di Isidoro di Siviglia, «Iustitia (co- me dice Isidoro) est ordo et aequitas, qua homo cum unaquaque re bene ordinatur» (199) → «Iustitia (comme dit Isidore,) est ordo et aequitas, qua homo cum unaquaque re bene ordinatur. / La iustice est ordre et equité, par laquelle l’homme avec chacune chose est bien ordonné et gouverné» (211r-v). E la fedeltà, parola per parola, al te- sto di Garzoni sembra addirittura poter inficiare la competenza linguistica e l’occhio attento del traduttore. Nel Theatro si legge: «Quidam miscelli forte pythagorici | ve- scuntur in specu altera» (ed. 1585, 80v; l’errore si presenta anche nell’ed. 1583, 80v e nell’ed. 1591, 66v) → «Quidam miselli forte Pythagorici, | Vescuntur in specu altera. Certains miserables d’avanture Pythagoriciens, vivent en autre caverne etc.». Chap- puys mantiene altera, anziché allera della fonte, ma il senso sembrerebbe risultarne incomprensibile. Dalla traduzione non sono escluse neppure brevi sentenze di facile compren-

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sione: «Nec musca quidem» (87) → «Nec musca quidem, Non mesme la mousche» (62r); «Sola mihi redolet» (104) → «Sola mihi redolet, Elle est seule me sentant bon» (80v); «‘Audaces fortuna iuvat’ disse il poeta» (143) → «Audaces fortuna iuvat: dit le Poete: La fortune aide aux courageux et hardiz» (129v); «in puncto iuris» (197) → «In puncto iuris, par le poinct de droict» (208r); «Ob Parni scaphulam» (200) → «Ob Parni scaphulam. Pour la petite barque de Parne» (213r); «Multa essent dicenda de fronte illa» (227) → «Multa essent dicenda de fronte illa. Il faudroit dire beaucoup de choses d’un tel front» (247v). E Chappuys può anche in questo caso decidere di sopprimere la fonte latina per lasciare solo la versione francese: «per phas et nephas» (198) → «par quelque moyen que ce soit» (209v). A queste testimonianze di traduzione dal latino si uniscono quelle relative alla resa dei testi italiani. Si traduce Boccaccio (103 → 79r, 119 → 97v), Pietro Bembo (138 → 121v), alcuni versi di Annibal Caro (64 → 31v-32r, 68 → 37v), di Grotto (91 → 65v-66r), del poeta Guidiccione (92 → 67v). Dante, i cui versi sono ogni qual volta riportati per intero o ridotti, spesso non è tradotto: 97 → 72r-v, 110 → 86v, 125 → 104r , 188 → 196r , 192 → 201v, 214 → 231r; lo si traduce invece in due casi: 89 → 63r e 196 → 206v. Soffermiamoci in particolare su alcuni esempî di citazione petrarchesca e ariostesca. Petrarca (Canzoniere, Rerum vulgariun fragmenta, Trionfi) è spesso tradotto (81 → 54r, 88 → 62v, 91 → 65v, 92 → 67v, 111 → 88r, 165 → 166r, 102 → 77v). Ma alcuni suoi versi possono essere anche riscritti senza traduzione: 59 → 26v, 99 → 75r; così ridotti: dei quattro versi di un sonetto (59) si mantiene solo l’inizio del primo verso «Mentre, misera Italia, etc.» (27r); da due versi si passa a uno (66 → 35v), verso che non è tradotto in francese; da quattro a uno, sempre senza tradurlo (73 → 43r); le omissioni comportano naturali adattamenti al nuovo conte- sto: la cesura di tre versi fa sì che dall’italiano «in quei versi» si passi a «en quelques siens vers» (74 → 44v); così, si eliminano anche frasi «come in quel sonetto … ed in quell’altro» (94 → 69v). Lo stesso si verifica con l’Orlando furioso dell’Ariosto, che può essere tradotto (63 → 31r, 102 → 78r, 165 → 165v), non tradotto pur riportan- done i versi (92 → 67r), oppure citato con omissioni all’interno di una stessa stanza (94 → 69v), come modificandone la frase introduttiva, «vagamente spiegolla in quei versi» (95) → «l’a proprement declarée et deschiffrée en quelques siens vers» (70r), per in séguito omettere un’ulteriore precisazione, «in quella stanza … in quella stanza che comincia» (97 → 73r); per alcuni versi sulla «lusinghevole Alcina» (101) → «la trompeuse et cauteleuse Alcine», Chappuys non riporta i versi italiani, ma ne dà una versione francese presentata in questo modo: «en certains vers de ceste substance et signification» (76r); e sono omessi anche versi di due stanze (116 → 93v), con rela- tiva semplificazione dei rinvii testuali tramite un generico «en plusieurs endroits»; e di «en plusieurs stances» (233 → 255v) Chappuys parla altrove, sempre in caso di omissioni. Analoghe riduzioni si segnalano in altri luoghi:145 → 131v, 211 → 227 e 239 → 264r. L’esigenza di divulgazione e la portata didattica del testo francese spiegano an- che, ci sembra, le riduzioni operate dal traduttore sugli scritti di autori moderni e contemporanei. Dell’Anguillara sono spesso riportati i versi in forma ridotta, ma co- munque non tradotti: 106 → 83r, 232-233 → 255v, 121 → 100r, 203 → 217v; 240 → 264v. Sono omessi quattro versi di Goselini (85 → 59r), con conseguente modifica della frase «in quel sonetto che comincia» → «en un sien sonnet»; si riducono, senza tradurli, i versi di Molza (209 → 224r, 215 → 231r), con passaggio da «in quei versi» (85) → «en vers qui commencent» (59v); sono omessi delle terzine di Varchi (86, 87 → 60v), due versi del «gentil Remigio Fiorentino» (94 → 69v), mentre non riportati risultano alcuni versi di Giulio Camillo e Pietro Gradenico, con conseguente fusione delle frasi con cui Garzoni li presentava: «Così il dottissimo Giulio Camillo ve la pose nel sonetto che comincia … Ed il clarissimo Pietro Gradenico in quello che

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principia» (100) → «Iules Camille, et Pierre Gradinique l’ont mis aussi en leurs vers» (75v-76r). Chappuys elimina inoltre alcuni versi di Fabio Galeota e Giulio Morigi (215 → 231r), ne omette tre di Giovan Battista Rossi (160 → 160r) e riporta, ma non traduce, tre versi di Agostino Augurello sulla pietra filosofale (218 → 235v), così co- me non traduce, bensì riduce notevolmente, un madrigale di Giacopo Bonfadio (166 → 166r), come pure dei versi di Angelo Poliziano (234 → 257r). Stesso intento divulgativo riteniamo abbiano anche le semplificazioni relative ai nomi di personaggi illustri. Nel testo di Garzoni, Marco Tullio Cicerone può essere indicato nelle sue varianti come M. Tullio (60, 71, 78, 86, 137, 188), Tullio (81, 84, 126, 128) o Marco Tullio (117, 184); Chappuys vi rinvia ogni volta col nome di «Cice- ron» (28r, 49r, 53v, 57v, 60v, 95r, 105r, 109v, 119v, 174r, 191v, 196v, 203r, 207r, 208v, 223v, 225r). Analoga soluzione volgarizzante per l’altrettanto noto Publio Virgilio Marone: «l’Eneida di Marone» (147) → «l’Eneide de Virgile» (134v). E quando il cognome è accompagnato da un connotativo, Chappuys tende ancora a semplificare: «Teocrito chio» (124) → «Theocrite» (103r); «Seneca il morale» (186, 198) → «le Philosophe Seneque» (193v, 210r); «Ovidio poeta» (57, 205) → «Ovide» (24v, 220v); «il commendatore Annibal Caro» (64) → «Annibal Caro» (31v); «Valentiniano Cesa- re» (166) → «l’Empereur Valentinian» (166v).

3. Norme linguistiche

Un tratto che marca vistosamente il linguaggio usato da Garzoni nel Theatro è il ricorso ad un ampio registro di termini, intensificato certo dalla volontà di connotare l’espressione, spesso ipertrofica, della voce dei pazzi. Mentre Garzoni tende ad un linguaggio elaborato, Chappuys preferisce una costruzione che semplifica la portata metaforica del testo italiano, in ottemperanza ai fini didattici del testo quanto ad una esigenza, senz’altro individuale, di chiarezza descrittiva20. Si vedano, tra i molti esem- pî: «più ch’aquile alteri spiegano il volo» (47) → «volent plus haut que les Aigles» (17r); «col lume deputato della luna» (57) → «par la lumiere aussi de la Lune» (25r); quando il poema di Omero è definito «parto» (76), Chappuys parla di «conception et fruict» (46r); «più tosto sotto indegno silenzio trapasso che imbrattar le lodi di quei con queste labbra rozze, infaconde ed inette» (79) → «ie passe plustost sous un in- digne silence, que de souiller ou obscurcir les louanges d’iceux, par ce que ma plume rude, non faconde et inepte en pourroit escrire» (52r); «Perciò nacquero a’ virtuosi e nobili appresso a’ Romani tante sorti di corone» (83) → «Et pour ceste raison les Ro- mains donnoyent aux vertueux et nobles, tant de sortes de coronnes» (56r); scrivendo «De’ cervelletti ciarlieri, linguacciuti e mordaci» (Discorso XXV) e dei danni causati dalla lingua, «del suo mordere» (124) → «de son mesdire» (103r) e «questa sfrenata mordacità medesima» (124) → «ceste mesme licence effrenée de mal parler» (103r); «gli ordini vanno a spasso» (141) → «l’ordre bany» (125v). E il traduttore tende anche ad esplicitare la sineddoche: «un bellissimo legno» (76) → «un tres-beau vaisseau» (46v), e «gli ficcò dentro al cervello» (111) → «luy ficha en la teste» (88v). A circonlocuzioni e perifrasi Chappuys ricorre per evitare parole o espressioni troppo crude; limitandoci ad alcuni esempi significativi: «per troppo stomaco della

(20) Vedi V. Po m p e j a n o Na t o l i , La follia ‘ospi- dell’iperbato, vedi M. A. Lo r g n e t , La figure de talizzata’. Dal trattato di Tommaso Garzoni al teatro l’hyperbate comme expression du sublime: à propos di Charles Beys, in «Studi di letteratura francese», des traductions du Roland Furieux au x v i e siècle, in XIX, op. cit., p. 240 e sg. Sul paziente «travail de Miscellanea in onore di Liano Petroni. Studi e ri- rabotage» effettuato da Chappuys nelle sue tra- cerche sulle letterature di lingua francese, Bologna duzioni, con particolare attenzione per la figura Clueb, 1996, pp. 17-29.

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natura loro … non con minor stomaco» (96) → «pour l’horreur de leur nature … avec non moindre horreur et fascherie» (71r,v); «puzzano d’una grandezza stomacosa da ogni parte» (97) → «toute chose leur vient à contrecœur, et ne trouvent rien à leur gré» (72v); «un grammatico che è un ciancione» (140) → «un Grammerien qui ne fait que iaser et ne dit rien qui vaille» (124v); «ne’ tripudi lascivi» (177) → «aux danses» (183); «a schifo» (178) → «en grande horreur» (183v); «dissoluzioni della gola. Oh gola …» (180) → «dissolutions de la bouche. O gourmandise» (186r); «la verginella» (183) → «la gentil femme» (183r); «il misero cadavero» di Polidoro (189) → «le miserable corps» (197v); «Benché non è meno bestiale quella proposta» (217) → «Bien que ne soit pas moins brutalle la proposition» (233v) (l’aggettivo «bestiale» torna ad essere tradotto con «brutal» anche nel Discorso LII, 254r, a proposito dei «Cervellazzi pazzi, furibondi e bestiali»). Lo stesso avviene per la resa dei proverbi o modi di dire propri dell’italiano che, nel passaggio al francese, subiscono necessa- riamente una modifica, affinché siano accessibili al nuovo pubblico: «a’ grilli della terra, come si dice per commun proverbio» (90) → «aux fantasies et fanfreluches de la terre» (64v) e «non bisogna saltar (come si dice) di scala in tetto e di palo in frasca» (92) → «il ne faut pas estre leger et inconstant de pensée et d’actions» (67r). Si noti inoltre l’inevitabilità di una perdita nella traduzione: nel capitolo «De’ cervellazzi d’astrologo», Garzoni scrive «Ma ben moltissimi sono non astrologi, ma stralocchi» (229), dove stralòcchio (voce di area settentrionale composta dal lat. extra e da occhio con inserzione dell’articolo) è alla base di un jeu de mots con (a)strologo21; il gioco linguistico astrologo/stralòcchio viene meno in francese: «Mais bien plusieurs, et en grand nombre, se trouvent non Astrologues, mais ignorans» (251v). Tra i diversi tipi di cambiamenti linguistici grande spazio è occupato dai processi di esplicitazione (coppie affini o sinonimiche, glosse con vocaboli o sintagmi più familiari) e di semplificazione semantica (riduzioni che comportano talvolta la perdita o la ridu- zione della figura), scelte che dipendono dalla volontà di rendere più comprensibile il testo nella lingua di arrivo ma anche dal più misurato procedere del traduttore; basti qui qualche esempio fra i numerosissimi: «pare a costoro» (47) → «il semble telle maniere de gens» (17v); «di costoro» (47) → «de ces hommes là» (17v); «il vento Austro» (118) → «le vent Auster ou Meridional» (96v); «giorno e notte e per freddo e per caldo e per pioggia e per venti» (121) → «iour et nuict, hiver et esté, et par la pluie et par les vents» (99v); «chi si tiene d’essere ‘muylindo’, come dice lo spagnuolo» (129) → «qui s’estime estre fort gentil, et Muy lindo, comme dit l’Hespagnol» (111r); «l’epulone» (180) → «le banqueteur et gourmand» (186v); «le pasquinate» (204) → «les Pasquinates, ou libelles de difame» (218v); la virtù è «dogma di tutti i savi» (236) → «enseignement de tous les sages» (259v); «Nella modestia della mente» (85) → «Et mesmes la vertu de l’homme consiste en la modestie de l’esprit» (59r); «disse un giudicioso spirito» (88) → «selon le dire d’un homme d’esprit et iugement» (62r); «le vane» (89) → «les femmes vaines» (63r); «non li piegava le ginocchia come gli altri» (96) → «il ne luy plioit les genoux, et ne luy faisoit reverence comme les autres» (72r); «di non picciola leggerezza» (98) → «d’une grande legereté» (74r); «Io non dirò quante lagrime gettano gli infelici, ché le lagrime di Didone per Enea» (104) → «Ie ne diray combien de larmes iettent les pauvres et infortunez amans: car les larmes de Didon, pour l’amour d’Aenée» (80v); «Dante per Beatrice, il Petrarca per Laura» (105) → «Dante, pour l’amour de Beatrix: et Petrarque, pour l’amour de Laure» (81r); «Non fu minor quella» (113) → «La sottise ne fut pas moindre» (90v); «a’ suoi incipienti» (123) → «à leurs disciples commenceans à recevoir

(21) Vedi Grande Dizionario della lingua italia- Sq u a r o t t i , Torino, UTET, 1961-2002, ad vocem. na, fondato da S. Ba t t a gl i a , diretto da G. Bà r b e r i

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doctrine et instruction» (102r); Apollonio Tianeo «entrò ne’ Persi, passò il monte Cau- caso, scorse gli Albani, gli Sciti, i Massageti, penetrò gli Indi» (143) → «entra au pais des Perses, passa le mont Caucase, courut le pais et regions des Albains, des Scithes, et Massagetes, traversa les Indes» (129r); l’imperatore Adriano fu «peritissimo dell’arit- metica e della geometria, dipinse egreggiamente» (147) → «tres-excellent et entendu en l’Arithmetique et Geometrie. Il fut brave peintre» (133v); «e fanno uno strepito, un romore, come se tu facessi un latin falso» (200) → «et font un bruit et tumulte aussi grand, que si tu avois commis un solecisme et incongruité, à parler Latin» (213v); «la calamita» (224) → «la Calamite, ou pierre d’Aimant» (243v); «e a guisa di cingari» (227) → «et en maniere de Bohemiens, comme on les appelle communement, qui courent par pais» (248r); «Tutti non sono gli Atlanti che possino sostenere l’Olimpo con le spalle» (229) → «Tous ne ressemblent à Athlas, pour pouvoir soustenir et supporter le ciel de leurs espaules» (251r-v); «un paio di can corsi» (130) → «une couple de chiens» (111v); «città d’Esperia» (143) → «villes d’icelle» (128v); «da pecore lombarde e da castroni di Puglia» (201) → «en bestes brutes» (214r). Probabilmente col desiderio di eliminare la ripetizione propria dell’italiano si spiegano i cambiamenti legati al termine «ghiribiz- zo»: «secondo il proprio ghiribizzo» (237) → «selon sa propre volonté» (260v); «oh ghiribizzi erronei» (237) → «ô fantasies estranges et pleines d’erreur» (261r); «novi ghiribizzi» (238) → «nouvelles fantasies» (262v). Da Garzoni a Chappuys il testo conserva la sua interezza. L’ampio ricorso ai cata- loghi, proprio dello scrittore italiano, viene rispettato dal traduttore, il quale cerca di rendere il più fedelmente possibile ogni termine delle lunghe e numerose liste. Poche le eccezioni, che qui vogliamo riportare. Nell’elencazione delle varie scienze (Discor- so XXXIV), Chappuys riduce soltanto lo spazio dedicato alla geometria: «prencipe e madre di tutte le discipline, sapranno divisar de’ punti, delle linee, delle superficie, de’ corpi, delle forme, de’ spazi, delle misure» (148) → «mere de toutes les sciences et disciplines, ils te sçauront deviser des poincts» (136r). Nel caso di voci tecniche o spe- cialistiche, il traduttore scioglie il termine italiano [«de’ venti (levante, ponente, ostro, tramontana, greco, sirocco, garbino e maestro)» (152) → «des Vents, du Levant, Po- nent, Midy, Septentrion, du Grec, Meridional, Garbin, venant d’Afrique et orageux, et du vent qui souffle du costé du Soleil couchant, dict Corus» (142v)] o semplifica con omissione [per la cucina, «il persciuto di Chio» (153 → 149r); scrivendo delle donne, che Garzoni inserisce nel capitolo «De’ cervellini vani», pur traducendo con fedeltà la lista delle principali attività loro attribuite e i nomi degli oggetti solita- mente utilizzati nel quotidiano, Chappuys omette soltanto «ampolle, bossoli» (88) → «des phioles» (62r)]. Larghe semplificazioni sono date per la preparazione degli elisir alchemici. Se è vero che la curiosità «De’ cervellazzi alchimistici» si esperimen- ta in ambiti articolati22, tra le particolari sostanze usate nelle ricette degli alchimisti Chappuys non traduce solo «risalgaio» (219 → 236r), il sublimato corrosivo che nel Mondo savio e pazzo del Doni il magistrato somministra a chi non ha voglia di lavora- re, tra i minerali «vitriolo, marchesita, salnitro, verderame» (219) → «Vitriol, Salnitre et autres» (236r-v), tra i succhi d’erbe esclude la «saponaria» e, tra le medicine, il «succo d’oppio» (236v). E quando Garzoni scrive che «si pone in crosolo ogni cosa in foggia di pasta lutata (col loto pazzia, ch’io non dirò sapienza) coperta con tegola, senza rispiraglio di sorte alcuna» (219), Chappuys semplifica, «se met tout cela en un vaisseau, en forme de paste, bien bousché, sans aucun vent» (237r), omettendo anche il rinvio alla pazzia intesa come sapienza, cui ci siamo precedentemente riferiti. E al ri-

(22) Sulla quantificazione degli elementi alche- tion chaotique» e indizio di «écriture en folie», vedi mici e la moltiplicazione dei segni necessaria alla C. Oss o l a , art. cit., p. 191. sua mise en écriture, entrambe prove di «énuméra-

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guardo «De’ cervellazzi d’astrologo», in una lunga lista di sapienti Chappuys esclude soltanto il termine «Alfragani» (228 → 249r), mentre ricorre all’uso di un’espressione più generica quando Garzoni definisce l’ignorante «un’oca d’intelletto … un cucco di giudicio, un alocco di senno e di sapere» (167-168) → «un oiseau, d’entendement, … un cocu, de raison et discours, et un chat-huant ou un Hibou de sens et sçavoir» (168v). Le semplificazioni si rivelano necessarie anche in ambito militare: «quelli che stanno su ‘l quistionare, ch’ogn’ora vanno imaginandosi con che arte, con che inganno, con che stratagema il nimico si possi porre a dormire, se i balestrini veronesi siano atti, se le scattole modonesi faran l’effetto» (224) → «ceux qui sont sur les questions, lesquels à toute heure vont imaginant, par quel art, par quelle ruse, et par quel stratageme, l’on puisse accueillir et surprendre l’ennemy dormant» (243v) [le altre due espressioni, riguardanti termini di arte tecnico-militare, non sembrano registrate nei dizionari];

«le berette sopra gli occhi, con le penne alla guelfa o alla gibellina; i fiori nell’orecchia, o alla destra o alla sinistra; i zucchetti o le secrete di ferro in testa, li piastrini o giacchi del continuo indosso; le manopole o i guanti da presa in mano; le spade, o gli verdughi da lato; le scimitarre o i pistolesi sotto gli arcobusetti proibiti, o i balestrini nelle brache, e, insomma il diavolo nella testa e nel cervello» (235) → «leurs chapeaux sur les yeux, avec la plume au vent, et les rebras retroussez, le bouquet à l’oreille, ou droicte, ou senestre: le secret cabasset en teste: la maille sur le dos: les espées et dagues au costé, les pistoles, dessouz la cappe et autres bastons deffenduz: et en somme le diable en la teste, et au cerveau» (258v).

Le perdite sono compensate da nuove figure, quasi sempre coppie sinonimiche, secondo quel fenomeno di duplicazione riconosciuto anche da Marcel Tetel, il quale muove da un esempio di «réduplication» per avanzare l’ipotesi di una pretesa a «un didactisme plus poussé» del testo di Chappuys23. Il fenomeno della (doppia) duplica- zione – che può riguardare il sostantivo, l’aggettivo o il verbo –, costituisce una costante molto frequente della resa in francese del Theatro. Tra i numerosi esempi, ci pare utile ricordare almeno alcune forme di doppia duplicazione che confermano l’interpretazio- ne del testo data da Tetel: «da questa alacrità non mediocremente refocillati» (65) → «fort recreez et restaurez, par cette gayeté et allegresse» (33v); «un brutto forestiere» (67) → «un hideux et diforme estranger et hoste» (36v); «giuochi proibiti … tutti i tripudi» (176) → «ieux prohibez et deffenduz … toutes danses et trepignements» (181r); «le dili- zie, ed altri gli stenti» (199) → «les plaisirs et delices, veu que les autres ont les tourmens et peines» (211v); «perché la libertà di scorrere a tuo modo, stando gli altri legati alla catena della servitù? perché tu trionfi del tuo appetito privato, patendo gli altri anco nelle cose necessarie, come sovente fanno? perché portare in mano quella bacchetta, agli altri sì severa, a te stesso sì parca e sì misericordiosa?» (199) → «pourquoy veux tu la liberté de courir ça et là à ta fantasie, estans les autres liez et attachez à la cadene de la servitude et subiection? pourquoy demandes tu ta particuliere volonté et appetit, veu que les autres endurent et patissent mesmes és choses necessaires, comme ils font sou- vent? Pourquoy veux tu porter ceste verge et sceptre en la main, aux autres tant severe, et à toy mesme tant doux et misericordieux?» (211v-212r); «tu onori le giovane … tu sublimi gli vecchi» (86) → «tu pares et embellis le sexe feminin … tu hausses et esleues les vieillards» (60r); «per ingannar le sciocche donne» (170) → «pour decevoir et abuser les sottes et simples femmes» (171v). Si osservi inoltre un caso di tripla duplicazione riguardante alcune caratteristi- che proprie «De’ cervelli faceti», posti nel «quarto luogo del teatro», i quali «c’hanno

(23) Vedi art. cit., p. 224. Sulla iteratio sinonimica art. cit., p. 107 e sg. vedi anche P. De Ca p i t a n i , Un traducteur français…,

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una certa piacevolezza inserta in loro, facilissima ad acquistar la grazia altrui» (67) → «ont en eux une certaine gayeté et gaillardise, tres-facile et propre pour acquerir la faveur et grace d’autruy» (36r). Questo ultimo esempio permette di ricordare che il Discorso IV offre un interessante caso di rapporto tra lingua e cultura. Vi compaiono infatti parole che contribuiscono a inserire il Theatro nella cultura del tempo: urbani- tà, dilettazione, piacevolezza, grazia, concetti che rendono i cervelli piacevoli e faceti, appunto. Nel testo francese, il lessico si precisa in grace et gayeté, delectation, gayeté et gaillardise, faveur et grace, per creare dei cerveaux plaisans et gaillards (all’aggettivo gaillards Chappuys ricorre forse per ovviare la ripetizione del frequente facetieux). E la stessa funzione di richiamo agli indirizzi culturali dell’epoca è data dalla scelta degli autori menzionati: dal modello Aristotele, con la virtù eutrapelia di cui si legge nell’Etica, a Stefano Guazzo e La civil conversazione, da Pietro Bembo alla ‘disinvol- tura’ del Cortegiano del Castiglione. Scopriamo insomma parole-testimonio e prota- gonisti-modello che ci permettono di verificare, una volta di più, un’affinità di gusto e di pensiero nella cultura dominante in Italia e in Francia alla fine del Cinquecento.

4. «Unicuique suum»

Con queste note, crediamo di aver sottolineato l’importanza della traduzione del Theatro de’ vari, e diversi cervelli mondani per gli studi sulla traduzione e adat- tamento cinquecenteschi. Gabriel Chappuys, seguendo da vicino Tomaso Garzoni, presenta sotto gli occhi dei francesi le varie specie di «cervelli nominati al mondo», con la differenza che, se il Canonico mantiene il discorso sempre ad un alto livello di erudizione, il traduttore sembra invece perseguire lo scopo di avvicinare un pub- blico decisamente meno colto. Non che il testo di arrivo faccia venir meno i possenti repertori utilizzati nell’originale, né sono trascurate le abbondanti citazioni volte a rinsaldare gli argomenti toccati di volta in volta: ma i tagli effettuati agli esempî nella loro interezza, la ripetuta traduzione delle numerose citazioni, spesso omettendo la lingua originale, nonché una resa stilisticamente appianante, come è indispensabile per entrare a contatto con un maggior numero di lettori, segnano un dato nuovo tra i problemi della volgarizzazione. La modestia didattica di Chappuys, sostenuta dall’apprensione di far conoscere il libro italiano in terra francese, rende stavolta l’essenza del Theatro inaspettatamente incompleta. Questo è il punto paradossale di una traduzione pur così in apparenza accurata e paziente. Nel Theatro Garzoni ha saputo ben classificare e posizionare i varî ‘temperamenti’. Fedele alle regole del suo tempo, lo scrittore è portato a cogliere i materiali concreti più utili al lavoro intrapreso che, per riprendere la definizione garzoniana dell’Iliade, possia- mo così definire come «un tascone pieno di denari» (77). Senza dubbio consapevole del valore di questa «bourse pleine d’argent» (48v), Chappuys vi attinge, in maniera infor- mata e attenta. Tuttavia, lo si è visto, la distribuzione di quanto maneggiato non avviene secondo criteri univoci, lungi dunque dal far ottenere l’effetto sperato. Forse Chappuys avrebbe voluto conservare l’intero corpus testuale anche nella sua resa francese ma, se un responsabile deve essere cercato, si potrebbe pensare all’intervento dell’editore (la probabile richiesta di maggiore brevità nasconde, nemmeno troppo velatamente, il risparmio di natura economica), che gli avrebbe impedito il progetto di una più giusta fedeltà all’originale. Ci sarebbe stato bisogno di «una costante e perpetua volontà di dare a ciascuno il suo» (Discorso XLIIII), ma sappiamo bene, come ci ricorda Anna Bettoni, che già all’epoca le motivazioni editoriali dettano non solo l’immissione dei testi sul mercato ma hanno anche una parte importante nell’organizzazione del lavoro stesso: le differenze non sono molto diverse da oggi. r i c c a r d o b e n e d e t t i n i

sf161.indb 274 22-07-2010 12:14:38 Pierre Naville 275 Pierre Naville Lettere inedite (febbraio 1991-aprile 1993)

L’avventura intellettuale di Pierre Naville (1904-1993) rimane oggi iscritta nella sua opera, una quarantina di volumi dedicati ad un’attività multiforme ed incessante: surrealismo e impegno politico nel Partito Comunista francese sono le due principali direttrici dei primi anni. Dal 1928 al 1938 sostiene la linea di dissidenza trotskysta del PCUS e aderisce alla IV Internazionale. Almeno fino al 1941, si occupa di sociologia del lavoro, di economia politica, del problema degli armamenti, di sovietologia. Ma nel primo dopoguerra aderisce all’Union de Gauche Socialiste, e poi passa al PSU. Continua ad occuparsi di psicologia sociale tra il 1945 e il 1948. Nel 1950 scri- ve due opere sulla guerra del Vietnam e sulla Cina comunista. Introduce in Fran- cia Clausewitz, tradotto da Denise Lévy, sua moglie e sua compagna nel movimento d’opposizione trotskysta. Negli anni successivi dirige, al C.N.R.S., le ricerche sulla sociologia del lavoro a partire da Marx e Engels. Nel 1967, si reca a Cuba con Michel Leiris e Aimé Césaire. Nel 1976 termina i 6 volumi iniziati nel 1959 col titolo Le nouveau Léviathan, un’ope- ra filosofica sul socialismo di Marx e sulla burocrazia sovietica (tradotto in italiano presso le edizioni Jaca Book). Dopo il 1975 si ritira a vita privata scrivendo le sue memorie in due volumi: Le temps du surréel (1977) e Mémoires imparfaites (Le Temps des guerres) nel 1987. L’opera giovanile di Naville surrealista e la sua attività politica sono illustrate molto sommariamente in tutti i volumi dedicati alla storia del surrealismo. È quindi utile ricordarle e corredarle con le sue Memorie per il segno profondo che esse hanno lasciato anche nella sua tarda età quando io l’ho incontrato il 21 maggio 1991. A 87 anni Naville era ancora molto legato alle sperimentazioni del surrealismo, in particolare alla Scrittura automatica e agli automatismi della vita moderna. E ciò non sorprende se, a soli vent’anni, veniva citato da André Breton “tra coloro che hanno dato prova di surrealismo assoluto” nel Manifeste. Evidentemente anche per le sue prime amicizie. Nel luglio 1924 ha conosciuto Louis Aragon, Robert Desnos, Marcel Moll, Francis Gérard. Ancora non conosceva, ma ammirava Paul Éluard che stava rientrando in Francia dopo aver compiuto un viaggio senza meta e senza reale interesse a Tahiti, a Giava, a Saigon, a Singapore. «Je suis entré dans le surréalisme par le porche que venait d’ouvrir la disparition de Paul Éluard» scrive Naville in Le temps du surréel (Paris, Éditions Galilée, 1977, p. 66). Sempre nel 1924 aveva fondato, insieme a Soupault, Gérard, Max Jacob e Cendrars la rivista d’avanguardia «L’Oeuf dur», che ebbe vita breve, scrivendo poesie assai vicine al suo testo auto- matico Les Reines de la main gauche (1924), una brochure del mese di aprile in 300 esemplari, praticamente introvabile per decenni e successivamente da lui inserita nel suo volume Le temps du surréel. Nel 1925 frequenta anche Breton, Philippe Soupault, Éluard, Benjamin Péret, Jacques Baron e Antonin Artaud. Quando nasce «La Révolution surréaliste», la diri- gono, per i primi tre numeri, Péret, “déjà marqué par un tempérament irréductible” et “moi, qui n’étais que promesse et volonté”.

sf161.indb 275 22-07-2010 12:14:38 276 Dora Bienaimé

La poesia, la prosa poetica, d’accordo, ma anche dei contenuti che esprimessero una rivoluzione sociale. «Nous étions à la recherche de feux plus terrestres, d’un merveilleux plus explosif» rispetto alle stelle scintillanti di dada (Le temps du surréel, p. 103) Tra la fine del 1924 e il 1925, la Centrale surrealista, precisa Naville, «était ni- chée» al n° 15 di Rue de Grenelle in un locale affittato e non posseduto da suo padre, il banchiere Arnold, il quale «encore moins» possedeva «un ancien hôtel des ducs de Larochefoucauld» (Le temps du surréel, p. 498). Nasce qui anche il Bureau de recherches surréalistes diretto, prima da Gérard e poi da Artaud. Tra quadri d’autore e foto di Man Ray vi confluivano raccolte di testi automa- tici opere di Aragon, Breton, Péret, Naville, René Crevel, insieme a copie invendute della «Révolution surréaliste». Renée Naville, sorella dello scrittore (sposa in prime nozze del regista Yves Allégret e successivamente di Pierre Minet, romanziere, poe- ta, disegnatore, afferente alla cerchia di «Le Grand Jeu») che io avevo conosciuta a Nîmes nel 1984 per il centenario della nascita di Jean Paulhan, mi descriveva questo ambiente come un deposito (ovviamente dopo la cessazione dell’attività del Bureau nel marzo 1925) dove le copie invendute della «Revolution surréaliste» venivano uti- lizzate come carta da pacchi. Con una sua lettera del 20 aprile 1990, Renée mi chiariva in dettaglio l’ubicazione della dimora paterna: «C’est chez mon père Arnold Navílle, qu’est née “La Révolution surréaliste” – au 15 Rue de Grenelle dans le bel hôtel de Bérulle (correspondant de René Descartes) qui lui appartenait et où nous habitions – dans un local au fond de la cour qu’il avait donné à son fils Pierre». Considerando il mio interesse per il Movimento, fu Renée a consigliarmi di met- termi in contatto con suo fratello, «un savant» mi diceva. Inoltre, allora Pierre Naville era l’ultimo scrittore surrealista ancora in vita. Ancora in vita, e forse è utile ricordare da quale intensità di vita fu animato. Appena ventenne firma il volantino di Artaud, laDéclaration du 27 Février 1925, in cui si auspica la liberazione totale della mente, documento che precede le lettere collettive dei surrealisti contro la giustizia, l’esercito, il clero, gli accademici, i diret- tori dei manicomi. Nel contempo si fa strada nel gruppo, l’idea che «La Révolution surréaliste», diretta da Naville e da Péret (fine 1924-1925) debba orientarsi politi- camente. Durante il servizio militare, nella primavera del 1925, Naville distribuisce a suo rischio e pericolo i primi volantini contro la guerra del Marocco. Questa sua attività di pratico intervento, una volta espulso dal PCF, continuerà dal 1929 al 1939, a sostegno del grande statista Trotsky in esilio. Nel 1925, a metà maggio, Breton assumerà la direzione della Rivista trasferen- dola in Rue Fontaine. Nel 1926 Naville aveva cercato di esortare i Surrealisti ad impegnarsi politica- mente con uno scritto memorabile, La Révolution et les Intellectuels che, momenta- neamente, non aveva favorito la decisione di Breton, il quale aderirà al PCF solo nel 1927, insieme a Éluard, Aragon, Péret e Unik. Tra il 1926 e il 1927 Naville collabora alla rivista paracomunista «Clarté», diretta da Jean Bernier e Marcel Fourrier in accordo col gruppo di «Philosophie» e dei surre- alisti francesi e belgi («Correspondance»). Insieme, queste organizzazioni si battono contro la guerra del Riff e per una rivoluzione concepita “nella sua forma sociale” contro l’asservimento dell’uomo da parte dell’uomo. Nel 1927 si reca a Mosca, come delegato del partito. Qui incontra Trotsky ap- pena radiato dal PCUS. A sua volta, l’anno dopo, Naville sarà espulso dal PCF per devianza trotskysta. Le strade di Naville e di Breton divergono ormai, a causa – scrive Breton – dell’impegno politico esclusivo di Naville che collabora alla costruzione della Ligue

sf161.indb 276 22-07-2010 12:14:38 Pierre Naville 277

Communiste, sezione francese della IV Internazionale. Contemporaneamente a Bre- ton, ma separatamente, egli si era reso conto prestissimo degli effetti della “staliniz- zazione” e delle repressioni in Unione Sovietica, mentre continuerà ad essere uno dei fiduciari di Trotsky in Francia. Nel 1929 aveva rotto i rapporti con Breton a causa del Secondo Manifesto, in cui Naville veniva definito come «un éminent reptile», affamato di protagonismo, tutto dedito a dirigere testate di sinistra, tra le quali «Jeunesses Communistes» e «Lutte de classe». Tutto ciò anche col sostegno finanziario – scrive Breton – derivatogli dalla ricchezza di suo padre, il banchiere Arnold Naville (tra l’altro noto allora come il più illustre bibliografo delle opere di André Gide). Il fatto è che già tra il 1924 e il 1925, Naville temeva che il surrealismo si arenasse in una deriva esclusivamente idealistico- estetizzante. I due scrittori riprenderanno i contatti dieci anni dopo. Le lettere inedite a me inviate da Pierre Naville, qui di seguito trascritte e corre- date da note, costituiscono un insieme di informazioni, riflessioni, riferimenti specifi- ci alla sua attività vastissima di studioso del materialismo francese (D’Holbach, Sade), di critico della letteratura, del suo ruolo di sociologo e di politico militante e – prima ancora – di surrealista. Esprimono soprattutto certezze, certezze incrollabili. L’occasione è nata prima del nostro incontro del 21 maggio 1991. Mi interes- savo da alcuni anni alla difficile e sofferta interconnessione di surrealismo e politica e, nell’anno accademico precedente avevo tenuto all’Università di (Facoltà di Scienze politiche e Facoltà di Lettere), un corso su questo problema. Nell’anno acca- demico successivo, avrei circoscritto l’argomento, centrandolo su Naville surrealista, per la facoltà di Scienze Politiche. Considerando la mia lettera di presentazione precedente al nostro incontro, in un’ora e mezza Naville non mi ha fatto nessuna domanda, eccetto come avevo cono- sciuto sua sorella. Con lei aveva interrotto ogni rapporto da più di trent’anni, ma non con Georges, suo figlio. Avevo tante domande da rivolgergli ma poche sono state le possibilità di inserirmi nel flusso pacato e inarrestabile delle sue parole. Ho accennato all’esposizione allora in corso a Parigi al Centre Pompidou: André Breton, le regard magnétique. Naville non vi si era recato. Se ne guardava bene: «Queste celebrazioni sono insostenibili per chi ha vissuto insieme ai surrealisti». Rifuggiva da «tutta quella polvere del tempo posata sugli oggetti più fragili». Ma per Breton ebbe sempre stima ed affetto fino al 1929. Mi diceva di non avergli mai perdonato l’affronto della sua denigrazione espressa nel Secondo Manifesto. Solo nel 1938, mi disse di essersi reso garante presso Trotsky, dell’assoluta affidabilità di Breton in partenza per il Messico. Mi parlava dell’Italia con grande animazione. Nel 1921, a 17 anni dopo la li- cenza liceale, suo padre gli aveva offerto un soggiorno in Italia. A Milano, allora in pieno clima fascista, ancora non si era reso conto di ciò che si preparava per il prossimo ventennio. Non capiva, così come alcuni anni dopo sua sorella Renée, la quale mi disse che proprio a Milano, qualcuno le aveva alzato il braccio perché, in piazza, facesse il saluto fascista. Naville conosceva bene l’italiano essendosi recato nel nostro paese tante volte per congressi e traduzioni di opere sue. Un grazie all’Italia per aver tradotto ben undici suoi libri e per averlo fatto conoscere. Tanto più che in Francia – aggiunse – non esiste su di lui una monografia, piccola o grande che sia, e neppure oggi esiste, forse anche perché la sua opera è così vasta e ricopre campi diversi – dal surrealismo alla sociologia del lavoro, alla sovietologia, alla questione degli armamenti. Mi diceva di guardare ancora con attenzione gli apparati bellici e le strategie dispiegate dalle nazioni e quindi degli stati a sistema capitalistico durante le due guerre mondiali, per arrivare a formulare l’ipotesi che le rivoluzioni non hanno altro mezzo se non quello di imporsi. Di fatto, spesso falliscono per la forte resistenza di forze nazionali ben più agguerrite e schiaccianti. Così, eccetto due casi clamorosi (la rivoluzione francese e la rivoluzione sovietica) la repressione scatta con le forze

sf161.indb 277 22-07-2010 12:14:38 278 Dora Bienaimé

dell’ordine sugli scioperi e con l’esercito sui tentativi veri e propri di rivoluzione, di guerra civile, come la Commune (1871) o l’azione del movimento Spartakista a Berli- no, a Colonia negli anni 1919-1920.

Altro argomento è stato la persona di Maurice Nadeau ancora amico suo ed edi- tore per Trotsky vivant (1979). Di Nadeau ha apprezzato la sua Histoire du Surréali- sme (1948) che, a suo avviso «rimane una lettura convincente ed utilissima a distanza di tanti anni». Nel congedarmi ho offerto a Naville alcune mie pubblicazioni su Jean Paulhan che egli aveva conosciuto nel secondo dopoguerra quando si era trattato di pubblicare certi libri suoi, presso Gallimard, ma poi «non se n’era più fatto nulla». È strano perché almeno cinque delle sue opere sono uscite presso questo editore in un periodo in cui Paulhan era ancora in vita. Tra i miei “studi” ne ha scelto alcuni sui Récits di Paulhan, un articolo su Sade- Paulhan e L’evidenza della norma, un lungo studio su Paulhan filosofo del linguaggio («Saggi e Ricerche di Letteratura Francese», vol. XXI, 1982, 50 pp.). Ha scartato con un gesto della mano Jean Paulhan. L’impegno civile di un letterato, forse per diverse ragioni: per divergenze politiche (Paulhan si può considerare come un social-demo- cratico) o per la mancata opportunità di Naville di partecipare alla Resistenza (come invece ha fatto Paulhan) per non esporre sua moglie Denise Lévy, di origini ebraiche come sua cugina Simone Breton. Quest’ultima considerazione mi è stata espressa da Maurice Nadeau, durante una mia visita ai «Cahiers de la Quinzaine». Dovevamo incontrarci di nuovo nel 1993, in aprile. Nella sua ultima lettera mi scriveva che aveva previsto di assentarsi da Parigi dal 15 al 23 e rimandava l’appun- tamento ai primi di maggio. Ma si è “assentato” dalla vita il 21 aprile. Così non ho potuto appurare se egli fosse, come aveva dichiarato a «Libération», durante un’in- tervista, un uomo freddo, pragmatico: «Je suis un type très froid, je ne suis pas un enthousiaste». Vero fino ad un certo punto. Anche negli ultimi anni, come si vedrà dalla Corrispondenza, Naville era molto interessato alle opinioni dei giovani sul sur- realismo, sugli automatismi psichici, sull’automazione nella vita moderna. Anche agli avvenimenti internazionali di grande rilievo, alla politica in Francia nel 1993. Il suo ultimo libro è del 1992: Gorbatchev et la réforme de l’URSS (Paris, La Pensée univer- selle). d o r a b i e n a i m é

sf161.indb 278 22-07-2010 12:14:38 Pierre Naville 279

Paris, le 12 Février 1991

Madame Dora Bienaimé […]

Chère Madame, J’ai été très heureux de la lettre que vous m’avez envoyée qui montre que mon travail et mes œuvres peuvent intéresser, sans doute d’une nouvelle façon, l’enseigne- ment d’aujourd’hui à des jeunes gens qui peuvent y voir maintenant une histoire1. D’après ce que vous m’écrivez, je vois que vous n’avez pas pu vous référer à certains ouvrages qui ont pourtant été traduits en Italie. Au total il y a eu 11 volumes, mais parfois sans doute consacrés à des questions qui vous intéressent moins que mes rapports de militant avec le mouvement surréaliste. En tout cas je vous envoie par la poste mon volume Le Temps du Surréel qui regroupe, d’un point de vue très person- nel, tous mes rapports avec le mouvement surréaliste. Mais dans un autre domaine, politique et économique, j’ai consacré à l’analyse de l’URSS six volumes qui ont été traduits aux Editions Jaca Book. Lorsque vous viendrez à Paris, je répondrai volontiers à vos questions, et je vous demande de m’indiquer à l’avance à quel moment vous viendrez pour être sûr que je serai là, car il m’arrive souvent d’aller à la campagne. Je dois aussi vous signaler que j’ai des amis italiens qui ont traduit certains de mes ouvrages, et se sont intéressés de très près à mon travail. L’un est Attilio Chitarin et l’autre Roberto Massari. Peut-être les connaissez-vous ou en avez-vous entendu parler. Ils pourraient vous donner des informations intéressantes pour vous. Je dois vous dire aussi que trois jeunes femmes italiennes ont déjà rédigé des thèses sur mon travail, en particulier Madame Zazzi et Madame Ferreri. Je leur avais transmis pas mal de documents et peut-être pourraient-elles vous communiquer leurs thèses qui ont été ronéotées, mais pas imprimées. En tout cas, je ne voudrais pas vous embarrasser trop et peut-être pourriez-vous m’indiquer, quand nous nous rencontrerons, quels sont les aspects de mon travail qui vous intéressent le plus. J’ai connu aussi Jean Paulhan, mais je ne savais pas que l’on avait publié en Italie certains des ses écrits sur le Marquis de Sade. Moi-même j’ai aussi écrit sur Sade dans différents articles et conférences publiés en France2. En attendant notre rencontre, croyez, je vous prie, à mes sentiments les meilleurs.

Pierre Naville

1) Già in questa sua prima risposta Naville considera la sua opera “storicizzata” come del resto il surrealismo, ma contemporaneamente, rivela una viva curiosità sulle possibilità di mantenerlo attuale agli occhi di chi è venuto tanti anni dopo, soprattutto ai giovani: «Oggi il surrealismo si studia in classe, come i loro illustri predecessori, ma leur nom retentira dans l’immense écho de l’avenir, car la beauté de leur oeuvre conserve sa puissance de liberté: Ducasse et Rimbaud, Breton et Péret, Éluard et Dalì, scrive Naville in Mé- moires imparfaites (Le Temps des guerres, Paris, Edition la Découverte, 1987, p. 246) 2) Nella mia lettera di presentazione (3 febbraio 1991) avevo accennato alla prossima pubblicazione di un volumetto di Inediti di Jean Paulhan sul marchese de Sade, da me curato con una lunga introduzione, testo francese e testo italiano a fronte. È poi uscito col titolo: Je a n Pa u l h a n , Scritti inediti sull’opera di Sade, Ravenna, Alfio Longo Editore, 1992, pp. 109.

sf161.indb 279 22-07-2010 12:14:38 280 Dora Bienaimé

Paris, le 5 Mars 1991

Madame Dora Bienaimé

Chère Madame, Je vous remercie de m’avoir répondu rapidement pour que nous puissions fixer le moment d’une rencontre à Paris. Je vous propose que ce soit après le 16 Mai, mais je vous demande de me fixer le plus tôt possible si vous êtes d’accord avec cette date. Il me paraît normal que vous n’ayez pas eu la possibilité de connaître beaucoup l’ensemble des travaux que j’ai publiés et ce qu’a été ma vie militante. Mais vous aurez certainement la possibilité de trouver les ouvrages traduits en italien et, comme je vous l’ai dit, de vous renseigner auprès de certains écrivains militants italiens dont je vous ai donné le nom. J’espère que vous avez bien reçu Le temps du surréel, qui n’a pas été traduit en italien, et j’espère qu’il pourra susciter vos réflexions3. Cordialement à vous,

Pierre Naville

3) Oltre a Le Temps du surréel (Paris, Editions Galilée, 1977) ho ricevuto da Pierre Naville altre sue opere con dedica o senza dedica, e vari estratti: Trotsky vivant (Paris, Les Lettres Nouvelles Maurice Nadeau, 1970), Mémoires imparfaites, Gorbatchev et la réforme de l’URSS (1992). Anche altre opere decisamente anteriori, alle quali teneva moltissimo: La psychologie science du com- portement (Paris, Gallimard, 1942) che ha avuto più di 20 riedizioni, Vers l’automatisme social? (Paris, Gallimard, 1963).

Vendredi 3 mai 1991

Chère madame, Je viens de vous dire au téléphone que nous pourrions nous rencontrer le 18. Mais j’ai fait une erreur car je serai absent de Paris les 18,19, et 20 mai. Je vous de- mande donc de nous rencontrer le 21 mai, vers 11 h. le matin. En m’excusant de cette erreur, avec mon sentiment cordial.

Pierre Naville

Paris, le 5 Juin 1991

Madame Dora Bienaimé

Chère Madame, J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre brochure sur la Théorie ou l’expérience du langage de Paulhan, car je crois que je n’ai jamais lu aucun de ses écrits réunis dans ses œuvres complètes. Votre analyse est très précise et détaillée et je me suis beaucoup instruit en la lisant, ainsi que les textes sur Sade. Mais, en même temps, cela m’a fait

sf161.indb 280 22-07-2010 12:14:39 Pierre Naville 281

comprendre ma différence ou mon désaccord avec les points de vue de Paulhan, que je peux vous résumer de la façon suivante4:

1°) Je me fonde toujours sur la théorie empirique du comportement de Watson (Be- haviorisme), alors que Paulhan considère le langage comme une combinaison mal définie de ‘la pensée’ et des mots. Je vous ai envoyé un exemplaire de mon livre sur la Science du comportement, où vous trouverez un chapitre sur le langage, qui, je crois, n’a pas été traduit en italien5.

2°) Paulhan ne s’intéresse qu’au langage verbal et écrit, c’est à dire surtout à la litté- rature. Il ne s’occupe pas de la combinaison des actes, mouvements, gestes, sons et visions.

3°) Paulhan se réfère au signe, mais dans le sens limité de Saussure. Il ne connaît pas l’œuvre de Peirce présentée dès la fin du x i x e siècle. Je vous envoie aussi deux textes que j’ai publiés sur l’œuvre de Peirce, qui sont très importants pour moi. Peirce est l’inventeur du mot “pragmatisme”, et de la théorie des signes que l’on a repris assez vaguement en France au milieu du x x e siècle, et sur lesquels je m’appuie. Je ne sais pas si vous avez eu mon petit livre Sociologie d’aujourd’hui: nouveaux temps et nouveaux problèmes (Ed. Anthropos, 1981) où j’ai examiné de près la théorie de Saussure (p. 85 à 95)6.

4°) Paulhan ne prend pas en considération des langues non-européennes, dont le chinois est essentiel, en oubliant l’origine du behaviorisme verbal en Sumer, ce qui l’empêche de comprendre l’origine pratique et expérimentale des mots et des langa- ges. Je vous résume mon point de vue, puisque vous vous êtes intéressée à mon évolu- tion. Mon adhésion à l’analyse du comportement physique date de 1922, lorsque j’ai connu les travaux de Watson. Et mon adhésion à la pratique du Mouvement Surréaliste et aux analyses sociales de Marx ne m’a pas fait abandonner mon beha- viorisme initial7.

Excusez ces quelques indications qui peuvent vous aider à comprendre mes points de vue. Avec mes meilleurs sentiments, en espérant vous rencontrer une nouvelle fois à Paris.

Pierre Naville

4) Naville si riferisce qui al mio saggio, Jean Paulhan. L’Evidenza della norma e agli Inediti di Paulhan sul problema della libertà nell’opera di Sade. 5) Non è proprio pensabile che Jean Paulhan (1884-1968) abbia considerato il linguaggio come una combinazione “mal définie de la pensée et des mots”. Al contrario: la sua concezione del linguaggio, tutta incentrata sulla consacrazione della letteratura e sulla rivalutazione della Retorica (l’antica e la recente) è ri- specchiata in una lunga serie di opere dal 1920 al 1968. Cito le più importanti: Si les mots des signes (1920), Les Hain Teny poésie obscure (1930), La demoiselle aux miroirs (1938), Les Fleurs de Tarbes (1941), Traité des Figures (1949-53), Le don des langues (1964-1968), l’ultima sua opera. Dal mio studio L’Evidenza della norma, Naville poteva aver preso atto della serietà di Paulhan linguista, della sua attenzione alle varie teorie espresse da De Saussure e Bally, da Max Muller e Bréal, della sua lettura di Benveniste, Sapir, Whitney, Jakobson, Lévy-Strauss e – da ultimo, in Le Don des langues – del suo accostamento più recente quanto imprevisto, a Bloomfield e Hjelmslev. La posizione divergente dei due scrittori è evidenziata da Naville che si dichiara ancora un soste- nitore della teoria empirica della psicologia del comportamento, del behaviorismo di J. B. Watson. Si, è vero che Paulhan si è interessato soprattutto al linguaggio verbale e scritto, specificamente alla letteratura. La sua ottica, pur non essendo sociologica, è mirata sulla psicologia profonda dell’uomo nel suo rapporto

sf161.indb 281 22-07-2010 12:14:39 282 Dora Bienaimé

con la realtà oggettiva: “mot-pensée-chose” formano per lui una triade inscindibile. Al contrario Naville, malgrado il suo passato di surrealista, come sociologo del lavoro e attivista politico, rimane fedele alla teoria del comportamentismo che non spiega tutta la complessità dell’uomo – se ne rende conto anche Naville – e oggi appare un po’ invecchiata. Ad essa ha sempre continuato a riferirsi seguitando tuttavia a praticare la scrittura automatica (nel 1946) e avendo sempre presente nel 1963, come nei primi anni no- vanta, l’importanza dei testi surrealisti e delle scritture automatiche come da lui testimoniato nel suo testo importantissimo «L’écriture automatique se défend» (in Le Temps du Surréel, pp. 113-139). 6) I due testi di Naville sull’opera di Peirce non mi sono stati spediti, neppure il suo libro Sociologie d’aujourd’hui (Paris, Éditions Anthropos, 1981). 7) No, Paulhan non era un linguista nella completa accezione del termine (e neppure Naville) ma piuttosto un filosofo del linguaggio, o anche un grammairien come talvolta amava definirsi. Quanto alle lingue non europee che, secondo Naville, Paulhan non avrebbe preso in considerazione è necessaria una rettifica: Paulhan laureato in lettere e filosofia, appena ventiduenne, aveva chiesto un insegnamento in Cina. Lo ottenne invece come professore di liceo a Tananarive. In Madagascar si trattenne per tre anni, dal 1908 al 1910, imparando la lingua malgascia al centro del paese, studiando gli Hain-Teny merinas, e traducendo tutta una serie di queste poesie, veri e propri “mots de science”, sapienza della parola che egli andava raccogliendo di capanna in capanna a cavallo e a piedi. Gli interessavano non soltanto i detti sentenziosi e proverbiali, ma anche la mentalità ed i costumi dei malgasci: sua opera pubblicata postuma, Le repas et l’amour chez les Merinas (1970). La conoscenza del malgascio (lingua non indoeuropea) gli valse, al ritorno in Francia, un incarico annuale di professore di lingue orientali all’Università di Parigi. La Cina è rimasta per Paulhan un sogno irrealizzabile. Si era recato invece in Giappone insieme ad Ungaretti negli ultimi anni della sua vita. Inoltre era attratto dalla concisione poetica dello Haï-ku. Ne ha composti lui stesso alcuni.

Paris, le 16 Juillet 1991

Madame Dora Bienaimé

Chère Madame, Je suis très satisfait que les envois que je vous ai faits vous aient intéressée et même peut-être un peu bousculée. J’ai discuté très souvent avec Barthes car nous étions des amis très anciens, et il s’est fait une réputation importante que je voulais discuter. En effet, je n’étais pas toujours d’accord avec le sens de ce qu’il écrivait, mais lui-même n’était pas coriace à ce propos et nous nous entendions amicale- ment. Mais on m’a proposé de faire une fois une discussion publique avec lui à l’Ecole des Hautes Etudes. Cela m’a obligé à rédiger un texte un peu complexe, mais qui m’a paru satisfaisant. Mais lui, ne voulait jamais s’opposer à quelqu’un dans un écrit imprimé, et il préférait se référer à des auteurs qu’il approuvait au moins momentanément8. Quant à moi, je reste assez fidèle à mes opinions, car je ne les aurais jamais édi- tées si je ne pensais pas qu’elles soient solides pour l’avenir. Eh bien! j’espère que nous aurons l’occasion de discuter à nouveau au sujet de la signification et de l’usage des langages, et en attendant je vous envoie tous mes sentiments de sympathie9.

Pierre Naville

8) L’argomento principale è Barthes. Naville mi aveva inviato una fotocopia di un suo scritto: Re- cherches pour une sémiologie de l’image optique. À propos des Eléments de sémiologie de Roland Barthes (in «Epistémologie sociologique» , n° 9, 1er Septembre 1970, pp. 95-119). Avevo letto molto attentamente e annotato il suo estratto anche perché l’interesse per il grande semiologo era stato molto vivace in Italia negli anni 1960-1970. A me erano note, almeno in parte, certe sue opere di saggistica soprattutto, anche per l’interessamento del “lettore” di altissima formazione culturale, lo scrittore Jean Roudaut, allora nominato alla Facoltà di Lettere e alla nostra Facoltà di Lingue dove io insegnavo. C’era stata anche una piccola, ap- passionata emigrazione saltuaria di alcuni studenti, a Parigi, per ascoltare le lezioni di Barthes. Il suo saggio

sf161.indb 282 22-07-2010 12:14:39 Pierre Naville 283

su Sarrazine di Balzac, che Roudaut ci aveva fatto conoscere, ci aveva un poco elettrizzati tutti. Barthes aveva tenuto una conferenza nel nostro Ateneo, come anche Lacan negli anni Sessanta. Ma non era il caso di commentare per lettera l’estratto di Naville; vi ho accennato in una pagina (mia lettera del 3 luglio) e mi riservavo di parlarne con lui in ottobre quando pensavo a una seconda mia visita, a Parigi, a casa sua. Poi questo secondo incontro non è avvenuto. 9) Durante l’estate 1991 non ho avuto notizie di Pierre Naville. Il 14 settembre gli annunciavo che per l’anno accademico 1991-1992 il mio corso a Scienze Politiche avrebbe avuto per oggetto la sua parteci- pazione al Surrealismo con importante riferimento a La Révolution et les Intellectuels (1926).

31 oct. 1991

Chère madame, je vous renvoie des réponses en quelques mots à vos questions, et j’y joins la photocopie de deux résumés biographiques que j’ai rédigés pour des publications. Tout cela a l’air assez compliqué, mais pour moi c’est très simple! J’espère que vous pourrez toute de même en tirer parti… Bien cordialement à vous

P. Naville

Et merci pour vous novelles de Renée et de son fils10.

Excusez la mauvaise photocopie!

10) Naville si riferisce alle notizie che gli avevo dato, per lettera, di sua sorella Renée e di suo figlio Georges Minet. Non so se ci sia stata riconciliazione tra fratello e sorella. Pierre, l’anno dopo, le manderà gli auguri di Natale e questo suo gesto era considerato da Renée una specie di “miracolo”, che io avrei compiuto nei loro confronti. A Ferragosto avevo ospitato Renée e Georges nella mia casa di Marina di Carrara per qualche giorno, ed era stato, oltre a un vero piacere, una buona occasione per rivederli entrambi negli anni successivi a Parigi ed in Italia. A Parigi nel suo piccolissimo appartamento di Boulevard Raspail, Renée mi ha mostrato la famosa ed introvabile plaquette di Les Reines de la main gauche. Poi mi ha inviato tutte le opere e cataloghi di esposizioni di suo marito Pierre Minet, nella speranza che io ne traducessi almeno una, in particolare La Défaite (Confessions), 1947, Editions du Sagittaire, riedita nel 1994 (Editions Allia, Paris). Ma allora era, ed è ancora oggi difficile, trovare un editore italiano. Abbiamo provato con Calasso, con la casa Editrice Marietti, ma senza successo.

Paris, le 7 Janvier 1992

Madame Dora Bienaimé

Chère Mme Bienaimé, Je vous fais tous mes vœux pour la nouvelle année 1992, et vous remercie de ce que vous me dites dans votre lettre de fin Novembre au sujet de l’attitude de vos italiens concernant ce que vous leur avez dit à propos des textes automatiques11. On vient de publier un recueil de Paulhan qui réunit un grand nombre de ses chroniques parues dans la NRF sous le nom de Jean Guérin. Je ne sais pas si vous avez pu avoir ce livre en Italie, mais je vous envoie la petite notice qui vient de paraître dans le Canard Enchaîné. Cela pourra sûrement vous amuser.

sf161.indb 283 22-07-2010 12:14:39 284 Dora Bienaimé

J’espère que tout ira bien pour votre famille où je vois que l’art structurel (sculp- ture et architecture) joue un rôle qui doit être excellent12. Bien amicalement à vous, en vous encourageant de mon mieux

Pierre Naville

11) Avevo descritto a Naville un crescendo d’attenzione dei miei studenti quando parlavo loro di scrittura automatica. 12) Gli avevo accennato che mio marito Luigi Rigo era scultore e che mio figlio stava per laurearsi in Architettura.

Paris, le 27 Janvier 1992

Madame Dora Bienaimé

Chère Madame, Je vous envoie ci-inclus un article sur Jean Paulhan qui vient de paraître dans le journal Le Monde, dont je vous avais envoyé la notice dans une lettre précédente13. Je pense que cet article pourrait vous intéresser, surtout en raison de l’analogie que fait l’auteur de la façon de raisonner de Jean Paulhan, qui lui paraît proche du Taoisme. Mais, peut-être avez-vous déjà été informée de cet article intéressant… Ce que vous m’aviez dit dans votre dernière lettre au sujet de la réaction de vos étudiants à vos exposés sur les textes automatiques m’avait beaucoup intéressé. Je crois d’ailleurs que le principe d’automatisme s’est étendu aujourd’hui à tellement de domaines, que les jeunes élèves ne doivent pas être très étonnés lorsqu’on leur parle d’un texte automatique. J’avais d’ailleurs parlé de cela dans la préface de mon livre Vers l’automatisme social? qui, je crois, a été traduit en italien14. En attendant de prochaines informations de votre part, croyez, je vous prie, à mes meilleurs sentiments.

Pierre Naville

Je viens de recevoir votre lettre du 21 janv. Just après avoir dicté celle ici. À mon re- gret, je ne peux pas répondre positivement à votre suggestion de faire une conférence à votre université: mon état de santé (à 88 ans!) ne me permet plus de participer à des réunions actives, et les voyages me fatiguent trop… Excusez-moi donc de ne pas pouvoir satisfaire à votre attente15.

P.N.

13) L’articolo su Paulhan ha per titolo Un rire taoïste, di François Bott. 14) Il libro di Naville, Vers l’automatisme social? che mi ero procurato, è datato 1963 e pubblicato presso Gallimard. È ancora oggi assai interessante. 15) Giorni prima avevo proposto a Naville di tenere una conferenza all’Università di Siena. Il Di- partimento di Filologia e Critica della Letteratura al quale afferiva il mio insegnamento di Professore Associato, mi aveva garantito il compenso, le spese di albergo e di viaggio.

sf161.indb 284 22-07-2010 12:14:39 Pierre Naville 285

20 mai 92

Chère madame, je vous remercie de votre lettre, dans laquelle vous m’indiquez comment vos étudiants ont compris ce que vous leur aviez appris sur mes travaux et activités. Moi-même je me pose des questions à ce sujet, qui peuvent être quelque peu diffé- rentes de celles que vous vous posez. En ce qui concerne les rapports du Surréalisme avec la politique, Gallimard a publié plusieurs volumes où l’on trouve des documents déjà publiés ou inédits. Alan Rose a publié cette année Surrealism and Communism, the early years (New York), volume très documenté pour lequel j’ai écrit une préface. Je peux vous envoyer le seul exemplaire disponible que j’ai reçu, mais je vous demanderai de me le retourner après que vous l’auriez examiné16. Il fait aussi très chaud à Paris, mais cela ne me fait pas de bien… Avec mes meilleurs vœux et mes remerciements

Pierre Naville

16) Si riferisce a un mio progetto di comporre una Antologia degli Scritti Politici dei Surrealisti (1925-1939), tradotti e commentati. Avrei portato a termine questo lavoro impegnativo in cinquecento cartelle, nel 1998. Doveva uscire presso la Casa Editrice Graphos di Genova, ma non fu mai pubblicato, benché trascritto al computer e annunciato più volte dall’Editore.

17-06-1992

Chère Mme Bienaimé, Je vous remercie de m’avoir envoyé plusieurs textes d’opinion de vos étudiants au sujet de l’automatisme (tel que je le comprends). Evidemment je vois que pour eux il y a un automatisme “psychique” presque tout à fait indépendant, ou en tout cas prioritaire, même dans la technologie17. Quant à moi, j’avais compris très jeune que l’esprit ou la pensée ne sont pas des états d’autonomie absolue, mais des comportements naturels qui s’expriment autant par des actes physiques que par des langages et des mots. J’entrais ainsi dans une compétition à laquelle le surréalisme engageait une sorte d’explosion bénéfi- ciaire, toutefois ce comportamentisme entraînait aussi des oppositions, des conflits, et des luttes, qui durent toujours. Il me semble que les étudiants Lettieri et Cor- disco ont bien compris mes expressions, même s’ils accordent une indépendance mentale plus importante que je ne le fais. En tout cas, cela m’a fait grand plaisir de lire leurs textes ainsi que ceux d’autres jeunes déjà engagés dans des études de politique18. Les problèmes deviennent très difficiles lorsque l’on veut participer pratique- ment à une activité politique et sociale. C’était mon cas. J’éprouvais le besoin de laisser les surréalistes manifester leurs intolérances, tout en travaillant moi-même à vivre en militant communiste (ce qui entraînait des divergences internes). J’étais allé rencontrer Trotsky a Moscou en 1927. Il n’est pas facile d’expliquer aux étu- diants d’aujourd’hui tout cela…19

sf161.indb 285 22-07-2010 12:14:39 286 Dora Bienaimé

Je vous retourne les textes que vous m’avez envoyés et je vous enverrai le livre d’Alan Rose quand vous le désirerez. Bien à vous

P. Naville

17) Qui il concetto di automatismo “psichico” quasi completamente indipendente, «ou en tout cas prioritare même dans la technologie». Era questo l’aspetto dell’automatismo nei testi letterari dei sur- realisti che io avevo evidenziato durante le mie lezioni, di conseguenza, mi era rimasto poco spazio per estenderlo al fenomeno dell’automatismo tecnologico. Ma avevo posto il quesito e alcuni studenti (almeno cinque) avevano risposto per iscritto, a mano, una pagina, mezza pagina. Avevo spedito a Naville copia di queste loro riflessioni, in italiano. 18) Naville riafferma il suo convincimento che lo spirito o il pensiero «ne sont pas des états d’auto- nomie absolue, mais des comportements naturels», espressi, non solo dal linguaggio, ma anche da atti fisici: dal comportamento, dall’azione. Tornava quindi a ribadire il suo convincimento che il “behaviorismo”, ovvero il comportamentismo e, in politica sociale, la necessità di “scendere in campo”, fossero essenziali in una concezione «à laquelle le surréalisme engageait une sorte d’explosion bénéficiaire». Forse Naville allude al sodalizio in «Clarté», tra i surrealisti francesi, belgi e gli aderenti a «Philosophie». Dal suo libro Le Temps du surréel mi viene anche la certezza che Naville partecipò a questa “esplosione”, preceduta per ciò che lo riguarda, dalle sue poesie nell’ «Oeuf dur», dal testo quasi interamente automatico, Les Reines de la main gauche, ovvero le favorite dei re di Francia, titolo che non ha niente a che fare col suo testo e che egli ha scelto “alla cieca” con un gesto tipicamente surrealista, estraendo dalle bancarelle del Lungosenna, un libretto del quale non si poteva vedere il titolo. Anche nel suo scritto «L’écriture automatique se défend» (in Le Temps du Surréel), Naville ripete di non aver mai cessato di produrre “scritture surrealiste”, anche a fine guerra, e ricorda che anche nel 1963, considerava con una certa “stupita malinconia” la parentela tra l’oggi e ciò che fu “une très antique hantise des poètes, jugée primordiale par le surréalisme: l’écriture au- tomatique, la parole entée sur elle même” (Le Temps du Surréel, p. 117). Tutto ciò non bastava: Naville era avido di sapere che cosa questa scrittura potesse insegnare, insegnare ad agire, a servirci per esplorazioni tutte impregnate di passione e volontà. Del resto egli stesso scrisse che il motivo del distacco dai surrealisti fosse appunto, già nel 1927, la sua partecipazione quasi esclusiva all’attività politica e sociale. Il primo screzio con Breton era avvenuto quando Breton aveva deciso di assumere la direzione della «Révolution surréaliste». Forse per Naville era stato come destituirlo, ma – in ogni caso – lo attendeva il servizio militare e soprattutto, in Le Temps du Surréel, dichiarava che non ne fu minimamente scosso. «Quand il revint, – scrive Breton – c’est ayant liquidé son passé surréaliste et bien décidé à se consacrer à l’action purement politique» (A. Br e t o n , Entretiens, Paris, N.R.F., 1952, p. 125). 19) Naville spiega più compiutamente le difficoltà di questa sua scelta. Quanto alla scrittura automa- tica, nel 1977, egli pensava che fosse strumentalizzata, vista «comme une sorte de floraison métonimique inexplicable», un fenomeno paradossale. L’editoria moderna, come la critica, «la prendono alla leggera» (Le Temps du Surréel, p. 139). Oggi (1977) il surrealismo si è oscurato, deprezzato su misura «par tout ce que l’industrie du prêt à porter en a fait [….], la quincaillerie de récupération, devenue le champ le plus gigantesque de l’entreprise utilitaire a triomphé pour un temps». Più pessimistica ancora la sua visione della letteratura degli Anni Settanta: la letteratura incasermata, ancora una volta soggetta ai “canoni” delle chiese, delle accademie e degli eserciti (Le Temps du surréel, pp. 281-282).

30 Août 92

Chère madame Bienaimé, je viens de trouver votre lettre du 19 aout en rentrant de “vacances” à Antibes. Je ne connais pas le Sade vivant de Pauvert. Je m’en suis tenu à la 1° biographie (et œuvres complètes) de Gilbert Lély qui a été le vrai découvreur des inédits de Sade. Je ne peux donc rien vous dire sur Pauvert… et je suis curieux de connaître les com- mentaires de Paulhan. J’ai publié moi-même une conférence et des articles sur Sade, mais cela ne fait pas un volume. J’ai fini par trouver un éditeur pour mon livre sur Gorbatchev et sa politique,

sf161.indb 286 22-07-2010 12:14:39 Pierre Naville 287

qui paraîtra en octobre après bien des difficultés car les éditeurs français ne partagent guère mes opinions! Bon travail, et toujours bien à vous

P. Naville

Paris, le 10 Novembre 1992

Madame Dora Bienaimé

Chère Mme Bienaimé, Je n’ai pas encore reçu les travaux d’étudiants dont vous me parliez dans votre lettre du 17 Octobre. Je suppose qu’ils sont différents de ceux que vous m’aviez en- voyés il y a quelque temps. Cela m’intéresse car je m’aperçois que dans cet automne d’aujourd’hui il y a de nouveau un intérêt sur l’interprétation du mouvement Sur- réaliste, qui dépend peut-être du trouble intellectuel entraîné dans le domaine de la culture par les confusions internationales actuelles20. Il est en effet aussi intéressant de s’intéresser aux répercutions de la Guerre de 14-18 sur les écrivains, dont ceux que vous me citez, mais il y en a un que vous ne connaissez peut-être pas et qui a eu beaucoup d’influence sur moi: c’est le livre de Jules Romains intitulé Verdun dans sa grande série historique, qui fut publié tout juste à la fin de la guerre. Ce volume m’avait impressionné lorsque j’avais 14 et 15 ans et pour moi il est resté le plus remarquable écrit sur cette guerre, mais il est actuellement introuvable et je crois non réédité, peut-être pourriez-vous le trouver dans une biblio- thèque italienne21. Je viens de corriger les épreuves de mon livre sur Gorbatchev qui va sans doute paraître vers la fin de notre mois de Novembre. Evidemment l’actualité russe néces- site une analyse difficile et qu’il faudrait poursuivre, mais il me semble que de toute façon la période de Gorbatchev a ouvert l’avenir et c’était le principal. Je vous enver- rai le livre dès qu’il sera paru. Bien cordialement à vous. Pierre Naville

20) Naville risponde alla mia del 17 ottobre per informarlo di avergli spedito una delle migliori rela- zioni di tre dei miei studenti su La Révolution et les intellectuels. 21) Le sue osservazioni si riferiscono al mio nuovo corso universitario appena iniziato sui Racconti di guerra (1914-1918). Avevo scelto Barbusse, Drieu la Rochelle, Paulhan, Cocteau, Dorgelès, Cendrars, Céline, Guilloux, Vercel, offrendo agli studenti un’ampia possibilità di riferirsi ad uno di questi autori per gli esami.

15 novembre 92

Chère Madame Bienaimé, J’ai reçu la brochure de vos trois étudiants sur la Rivoluzione e gli intellettuali. J’ai été émerveillé de la façon précise et claire dont ils ont présenté mes textes de 1925 et 1967. Cela fait comprendre comment on peut présenter des discussions et oppo-

sf161.indb 287 22-07-2010 12:14:39 288 Dora Bienaimé

sitions “historiques” de façon vivante aujourd’hui. Les auteurs auraient peut-être pu indiquer que j’avais complété mes analyses un peu plus tard par une polémique avec Sartre, mais cela aurait peut être étendu trop loin l’examen des polémiques poursui- vies jusqu’à aujourd’hui. En tout cas, ce travail est bien supérieur aux Analyses que des écrivains français m’ont opposé à diverses époques. Et je vais écrire aux trois auteurs pour les féliciter de leur joli texte… 22 Avec mes sentiments bien cordiaux

P. Naville

22) Lettera esemplare, di grande apprezzamento e al di là di ogni aspettativa per la relazione La Révolution et les intellectuels portata a termine da tre dei miei studenti (ognuno per la propria parte ana- lizzata) e presentata collettivamente.

Paris, le 26 novembre 1992

Madame Dora Bienaimé

Chère Mme Bienaimé, Comme je vous l’ai déjà écrit, je crois, j’ai reçu la brochure de vos trois étudiants sur la Révolution et les Intellectuels J’ai été étonné et très satisfait de l’esprit perspi- cace que les trois étudiants ont développé, et je vous envoie la copie de la lettre que j’ai envoyée à celui qui est étudiant à Sienne. Leur texte mériterait d’être traduit en français, car ils ont pu montrer un aspect de mon activité de jeunesse que peu de personnes admettent aujourd’hui. En tout cas, je vous remercie beaucoup du fait que vous ayez demandé à ces trois Etudiants de s’intéresser à un problème qui reste vivant à notre époque, comme je le leur dis dans ma lettre23. Avec mes meilleurs sentiments.

Pierre Naville

23) È altrettanto elogiativa quanto la precedente, per il lavoro dei tre studenti. Sono rimasta sorpresa per la pazienza di Naville nel leggere una relazione di 48 pagine in italiano e nel decifrare la calligrafia dell’estensore della medesima, una sfida anche per me.

Paris, le 26 novembre 1992 MM. Paolo SOAVE Fabio SACCHINI Angelo D’ETTORE

Chers Amis, J’ai lu avec un grand plaisir votre texte sur la Révolution et les Intellectuels. Votre compréhension de mon activité est excellente, votre style est précis, vivant et

sf161.indb 288 22-07-2010 12:14:39 Pierre Naville 289

très bien adapté aux conceptions que j’ai développées dès ma jeunesse. J’ai compris en vous lisant que vous pensez probablement que des problèmes analogues se pré- sentent maintenant aux intellectuels et aux masses sociales. Et vous avez raison. Je constate que les termes, les mots d’intellectuel et de masse ont beaucoup changé de sens, ou plutôt concernent des réalités pratiques dont les rapports et les dimensions- sont devenus bien plus complexes qu’au début du vingtième siècle. La politique a pris une tournure nouvelle, qui doit s’adapter aux transformations de la vie produc- tive des techniques et des moyens d’éducation. Je crois que la poésie surréaliste a aussi changé de sens et de moyens, car elle cherche à s’exprimer au-delà des mots et des peintures ou dessins, par les moyens d’expression que sont les média modernes (télévision, communications automatiques etc…). Mais malgré cela, une poésie (qui n’est pas toujours excellente) parvient à intervenir dans des mouvements sociaux que l’on devrait considérer comme révolu- tionnaires. Je crois que l’enseignement de Madame Bienaimé vous a entraînés excel- lemment dans cette voie24. En vous remerciant encore, recevez mes meilleurs sentiments.

Pierre Naville

(24) La lettera del 26 novembre indirizzata ai tre studenti di allora, mi sembra di grande interesse, non solo per la valutazione della relazione, ma anche per una sorta di rivisitazione, da parte di Naville, del suo libro, che pone in evidenza due considerazioni importanti, la prima sulla complessità del cambiamento, alla fine del Ventesimo secolo, di categorie sociali (gli intellettuali, le masse), la seconda sulla poesia sur- realista com’era allora nel 1992. Questa poesia “non sempre eccellente” riesce davvero ad intervenire nei movimenti sociali che dovrebbero considerarsi rivoluzionari? Naville aveva questa fede, ancora alla fine del 1992.

Paris, le 18 Décembre 1992

Madame Dora Bienanimé

Chère Madame, Je vais répondre à vos remarques à propos de ma lettre à vos étudiants. Bien sûr, je vous donne mon avis personnel, qui ne vous paraît peut-être pas justifié. Je suppose que ces étudiants avaient pris mon livre comme une sorte de document historique. Je veux dire par là que pour eux c’était un moment de l’histoire de la littérature mêlée à la politique, mais sous les formes que le Surréalisme prenait il y a 50 et 60 ans. Et j’ai essayé de leur indiquer que des positions qui étaient celles du mouvement surréaliste entre les années 1925 et 1935 n’avaient pas seulement un caractère historique, aujourd’hui, mais qu’elles pouvaient prendre une valeur nou- velle en fonction des transformations sociales, idéologiques et même scientifiques. La France est actuellement dans un grand trouble de signification nouvelle, mais qui cherche dans son propre passé la source d’une riposte à ce trouble. D’ailleurs, le mouvement surréaliste a été développé en France surtout par des Français. Mais peu à peu il s’était étendu à différents pays d’Europe et d’Amérique, même avec retard; par exemple il y eut avant la guerre des groupes surréalistes en Yougosla- vie, en Hongrie, en Pologne, au Canada, aux Etats-Unis, au Brésil et encore dans d’autres pays. Certains de ces groupes sont même devenus assez vivants et font des publications actuelles qui n’ont pas un caractère purement historique. En outre,

sf161.indb 289 22-07-2010 12:14:39 290 Dora Bienaimé

la réputation de grands peintres comme Picasso, Miro, Dali et beaucoup d’autres a pris une grande valeur aujourd’hui justement parce qu’ils étaient nés et s’étaient développés dans le style du mouvement surréaliste25. Vous trouverez peut-être mon explication un peu floue, mais c’est ce que je pense aujourd’hui. Je ne connais pas l’anthologie d’un auteur américain sur des textes surréalistes. Je suppose que vous faites allusion au livre d’Alan Rose, Surrealism and Commu- nism. The early years, édité par Peter Lang à New-York, Paris et Londres. J’y ai fait une préface que Rose m’avait demandée. C’est justement un volume où l’auteur a combiné une histoire et des considérations modernes. En tout cas, ce n’est pas une anthologie. Je n’ai qu’un exemplaire disponible actuellement et je vais vous l’envoyer en vous demandant de bien vouloir me le retourner, car je n’ai pas d’autre exemplaire. Quant au Gorbatchev, il doit sortir à la fin du mois. Mais là aussi, c’était diffi- cile de combiner une signification historique et les incertitudes actuelles! Bien cordialement à vous.

Pierre Naville

25) Avevo chiesto a Naville con una mia lettera del 28 novembre, cosa pensasse del surrealismo di oggi, ovvero del 1992. Ero al corrente di tutte le informazioni circa l’evoluzione del Movimento che Naville mi esponeva così ragionevolmente in questa sua lettera, ma speravo mi desse prova del suo convincimento sul- la vitalità di questa sopravvivenza, sia pure assumendo “une valeur nouvelle” in funzione delle trasforma- zioni sociali, ideologiche e scientifiche, come egli precisa. E così io ora credo – spero – che il Surrealismo continui a vivere non solo nelle sue propaggini geografiche e nei suoi grandi rappresentanti che ne sono stati il cuore pulsante. Nel centro di Parigi, ancora oggi e per l’avvenire, giovani autori di poesie, di prose poetiche, di grafismi, francesi, e stranieri, da almeno dieci anni e sempre in tutto il mondo, alimentano quel crogiolo mai spento in cui il Surrealismo opera sotto un altro nome con intenti consimili. La rivista «SURR» (Surréalisme, Utopie, Rêve, Révolte) è forse una promessa. Ricevo da alcuni anni con una certa regolarità, da Emmanuel Boussuge, che ha sostenuto di recente un dottorato in lettere, una serie di testi “surrealizzanti” di intensa visione sul nostro modo di essere al mondo. Alcuni nomi: Luc Richer, Guy Girard, Silvia Guirard, Anne-Marie Beeckman, Vicente Huidobro, Anne Marbrun, Marie-Dominique Massoni. Pubblicano nella «Collection de l’Umbo», corredata da acqueforti e disegni in punta di penna.

Paris, le 21 Janvier 1993

Madame Dora Bienaimé

Chère Mme Bienaimé, J’ai reçu votre dernière lettre avec plaisir et je serai très content de vous rencon- trer à Paris lorsque vous y viendrez. Il vous suffira de me téléphoner pour que nous prenions rendez-vous. Je voudrais vous signaler la publication d’un livre qui pourrait vous aider beau- coup dans votre travail sur une anthologie: Pierre Da i x , La vie quotidienne des Sur- réalistes 1917-1932, édition Hachette (440 pages). Cet ouvrage est très riche en témoignages sur les rapports politiques et littéraires des surréalistes, et de moi en particulier. J’espère que vous pourrez trouver ce volume à Sienne. En tout cas, vous le trouverez quand vous viendrez à Paris.

sf161.indb 290 22-07-2010 12:14:39 Pierre Naville 291

Mon livre sur Gorbatchev est paru, et je vous en envoie un exemplaire26. Bien à vous

Pierre Naville

26) Nuove speranze di incontrare ancora Naville. Sì, avevo ricevuto il suo Gorbatchev (Paris, La Pensée Universelle, 1992) con dedica. È stato il suo ultimo libro.

Paris, le 8 Mars 1993

Madame Dora Bienaimé

Chère Mme Bienaimé, J’ai reçu les deux livres de Paulhan que vous m’avez envoyés. Ils m’ont beaucoup intéressé et nous pourrons en discuter à votre passage à Paris. Le Haiku ne me paraît pas un épigramme, et pas non plus quelque chose de mystique ou de pittoresque, malgré ce que dit Monsieur Turci. Selon moi, le Haiku est une sorte de syllogisme comme Aristote l’a défini: A et B, alors C. Je dirais plus simplement que le Haiku est un syllogisme poétique. C’est d’ailleurs aussi une forme de beaucoup des jeux de mots surréalistes27. Quant à votre présentation des écrits inédits de Paulhan au sujet de Sade, elle me paraît très judicieuse, informée et nécessaire pour comprendre les inquiétudes que Sade avait introduites dans l’examen de Paulhan. Pour ma part, je vois les choses assez différemment. J’ai écrit plusieurs fois des études sur Sade, qui n’ont pas été réunies en volume, mais je vous envoie l’une d’elles qui a été publiée en préface du VIe volume des Oeuvres complètes de Sade (Lély). Je joins donc une photocopie de ce texte qui pourra peut-être aussi vous intéresser28. J’aimerais bien que nous parlions en effet un peu du rôle des “Intellectuels”, mais je réserve cela pour notre rencontre pendant votre voyage à Paris, car il y beau- coup à dire là-dessus. Je dois d’ailleurs vous signaler que je serai absent de Paris du 15 au 22 Avril. J’espère donc que nous pourrons trouver quand même une date pour nous rencontrer. J’espère que vous avez reçu mon livre sur Gorbatchev qui pose des problèmes qui ne vous intéressent peut-être pas beaucoup mais qui sont très importants pour moi comme pour les…. intellectuels. En attendant, bien cordialement à vous

Pierre Naville

27) Si tratta di Je a n Pa u l h a n , Scritti inediti sull’opera di Sade e di 19 haiku, sempre di Jean Paulhan (Ravenna, Longo 1992, lo stesso editore degli Scritti inediti di Paulhan da me reperiti negli Archivi, allora situati in Rue des Reculettes in casa della nuora dello scrittore, Jacqueline Paulhan). I 19 haiku tradotti e commentati da Renato Turci sono qui oggetto di critica da parte di Naville. A suo parere l’haiku non è un epigramma ma una specie di sillogismo poetico. Se l’haiku, secondo Naville, è anche «una forme de beaucoup de jeux de mots surréalistes», c’è da chiedersi che cosa pensasse di essi, dei giochi di parole nel corso dei quali – scrive Breton nel Manifesto – «les mots ont fini de jouer, ils font l’amour». La risposta di Naville è: «Les mots errent, se cherchent, manquent leur but. C’est en cela que réside le texte surréaliste, la marque d’une fonction automatique!» (Le temps du surréel, p. 128). Ma oc- corre dire, inoltre, che la definizione «Le Haï-Kai est pittoresque ou bien mystique» (a p. 6 del libretto di Turci) che Naville contesta, non è di Turci, ma di Paulhan. Del resto il genere haiku, nella leggerezza

sf161.indb 291 22-07-2010 12:14:39 292 Dora Bienaimé

delle sue parole contate, suggerisce una sospensione della riflessione di fronte a qualcosa di inatteso: «Si les lèvres n’étaient pas deux, les dents auraient froid», o di celato: «Si j’étais huître, je ne chercherais pas à cultiver ma perle», o di apparentemente contraddittorio: «Les gens y gagnent à être connus: ils y gagnent en mystère». Sono questi alcuni aforismi che Paulhan creava, iscrivendoli a volte come dediche sui suoi libri destinati agli amici. 28) Avevo letto l’introduzione di Naville (La philosophie de Sade), all’opera completa di Sade, a cura di Gilbert Lély. Naville, che nel 1938 aveva ripreso gli studi filosofici, è stato anche l’autore di D’Holbach et la philosophie scientifique au x v i i i e siècle (Gallimard 1967). In La philosophie de Sade aveva sostenuto, con grande competenza, che Sade fosse tributario del materialismo francese del suo tempo, in particolare del pensiero del barone d’Holbach. Ma, ovviamente, questo è solo un aspetto, sia pure importante, dell’opera sadiana. Lo hanno trattato con indiscussa autorevolezza Blanchot e Lancan, mentre altri esegeti si erano soffermati su certe aree specifiche dell’opera sadiana: per Klossowsky, una nuova trascendenza, per Ba- taille, un universo erotico, per Barthes, la scrittura come un’orgia di parole sorretta da una strategia com- positiva sapientissima nella grande architettura delle 120 Giornate. Anche Paulhan apparenta il pensiero di Sade ai filosofi materialisti La Mettrie, d’Holbach, Helvétius, ma senza insistervi. La sua “ottica”, che Naville considera “differente dalla sua”, è ben diversa. Paulhan s’interroga sul significato di un’esistenza di eccezione, lo vede calato nel suo tempo, si appassiona all’avventura umana del segregato a vita, vede in lui, non il carnefice, bensì la vittima: «Sade è Justine». Di saggio in saggio le annotazioni di Paulhan su Sade costituiscono un insieme che io ho cercato di interpretare, in un’ampia prefazione, in occasione del ritrovamento degli Inediti da me pubblicati e inviati a Pierre Naville.

9 avril 1993

Chère madame Bienaimé Je ne me rappelle pas si je vous ai dit que je serai absent de Paris du 15 au 23 avril. Nous pourrions nous rencontrer au début de mai, par exemple entre le 5 et le 7. Pour le moment, on est dans un état d’esprit post-électoral: les “conservateurs” ont complètement renversé une gauche impuissante… Cela intéresse les Italiens?29 Bien à vous

P. Naville

29) Alla fine di questa sua lettera, Naville accenna al risultato elettorale in Francia. La sua delusione è per la netta affermazione del centro-destra che ha portato al governo il gollista E. Balladur. P.S. Oggi siamo a conoscenza di un Quaderno inedito di Naville. L’aveva riposto così accuratamente che è stato trovato solo 10 anni dopo la sua morte, nel 2003, e pubblicato nel febbraio 2010: Pierre Na v i ll e , La passion de l’avenir. Le dernier cahier (1988-1993), edito a Parigi da Maurice Nadeau. Tra i vari presentatori troviamo l’editore, grande amico di Naville che anch’io ho avuto modo di conoscere. Naville scriveva mezza pagina sul nostro incontro nel 1991 (pp. 67-68).

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New light on the location of Clément Marot’s tomb and epitaph in Turin

That the French court poet Clément Marot (born in Cahors in 1496) died in Turin in 1544 has always been known; that his life-long friend Lyon Jamet wrote an epitaph for his tomb and had it engraved in marble, also. That the epitaph was effaced and the tomb could not be found was generally accepted. Combining factual information con- sisting of sixteenth-century references (Audebert’s Voyage d’Italie and Gianbernardo Miolo’s Cronaca, both not new but almost passed into oblivion), the author reconstructs the circumstances around Marot’s burial, identifies the commissioner, and claims that the epitaph, although effaced, can be located almost exactly in the Cathedral San Gio- vanni in Turin. A recent discovery of a contemporary drawing of the original epitaph makes a virtual reconstruction in loco possible.

To refresh the minds of the connoisseurs, and to introduce the others to the is- sue at stake, I first present a short survey of the state of the question about Clément Marot’s arrival and stay in Turin, trying to distinguish between known facts (F) and probabilities (P). 1. Marot left Geneva in 1543 on an unknown date, but (F) after October the 15th, when Jean Calvin pleaded at the Geneva council for a pension to support Marot1, and (P) before 20/12/1543, when Marot’s name is mentioned but he himself is not sum- moned for the Consistory in the so called “tric-trac affaire”2. 2. (F) Marot spent some time in Savoy, i.e. near Annécy with Bonivard’s sister in law, Pétremande de la Balme (to whom he dedicated an epigram3) and with a friend of Bonivard, François Noel de Bellegarde (near Chambéry), a man of some stature and political weight in Savoy, to whom he also addressed a poem4.

(1) «Maistre Calvin pour Clement Marotz. – Le game played for money. Reading between the lines, sieur Calvin a exposé pour et au nom de Clement one can deduce that François Bonivard (Seigneur Marotz requerant luy faire quelque bien et ilz se of St. Victor), Clément Marot and Aimée Curtet (a perforera [usually emended: se parforcera] de am- syndic) met regularly to play. plir les seaulme de David. Ordonné de luy dire que (3) «Adieu ce bel oeil tant humain…» (Cl é m e n t pregnent passience pour le present», P. Pi d o u x , Ma r o t , Oeuvres poétiques complètes, vol. II, éd. G. Le Psautier Huguenot du x v i e siècle, vol. II (Basle, De f a u x , Paris, 1992, pp. 337‑338). Bärenreiter, 1962), p. 23. (4) A ung sien amy (Defaux II, pp. 703‑705). We (2) The story can be read in the minutes of the do not take into account the anonymous epistle Consistoire from 18 to 20 December 1543 (Regis- addressed to M. Pelisson (president of the Parle- tres du Consistoire de Genève, vol. I, pp. 287‑295. ment of Chambéry): A Monsieur Pelisson, president Also extracts in Pidoux II, pp. 23‑24). The games de Savoye, 1543, (Defaux II, pp. 705‑707). The that are mentioned are dames, jeux des cartes, dés, author of this epistle has only recently arrived in and tricquetract and the core issue is to identify the Savoy coming from Paris/France (v. 35). The im- ‘prédicant’ from Orbaz (Pidoux transcribed ‘Or- plicit chronology is irreconcilable with established léans’) who is suggested to have participated in a elements of Marot’s chronology, who left France in

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3. (P/F) Marot tried to move the King’s heart to let him return to France. Some epigrams testify to this effort5. 4. (P) While in Chambéry he must have heard of the preparations for battle and the subsequent victory of the Comte d’Enghien (François de Bourbon) near Ceresole (14 April 1544). (F) In an Epistle Marot offers his services to the conquering hero and in an epigram he sends his best wishes to his military camp6. 5. (F) He ventured south from Chambéry and (P) via the pass of Col Mt. Cenis and the valley of Susa, (F) he arrived in Turin, the headquarters of the King’s gover- nor7. 6. (F) On 12 September 1544 Marot died. 7. (F) Lyon Jamet wrote an epitaph for his tomb, which was engraved in marble and placed in the Cathedral San Giovanni in Turin8. At this point there is some confusion, because some authorities suggest that Marot died in the Ospedale San Giovanni Battista and that Jamet had the epitaph inscribed on his tomb there. The heading, however, with which the epitaph of Jamet is published is unequivocal in its reference to the cathedral: Epitaphe sur le tombeau de Marot, Faict par Lyon Jamet, insculpé en marbre en l’Eglise Saint-Jean de Turin, 1544, le 12 septembre.

The Turin cathedral is dedicated to San Giovanni, i.c., John the Baptist9.

1542, stayed in Geneva for about a year. Discus- (8) The epitaph was published in Cinquante sion of the authenticity in Mayer (C. Ma r o t , Oeu- Deux Psaumes de David (Paris, Jacques Bogarde, vres complètes, vol. I: Les Epîtres, éd. C.A. Ma y e r , 1546), Mayer n° 149. Already on 1 October 1544 London, 1958, pp. 62‑63 (rejection), and in Defaux (date of the privilege) a Déploration de France sur II, p. 1292‑1294; cf. p. 1122 (acceptance of the au- la mort de Clément Marot, son souverain poëte, ap- thenticity, but not successful in accounting for the peared in print in Paris. See Guiffrey I (C.M., Les chronological problems implied). Oeuvres, éd. G. Gu i f f r e y -R. Yv e -Pl e ss i s , vol. I: La (5) A ‘placet’: «Plaise au roy congé me donner / vie de C.M., Paris, 1911). For the text of this epi- D’aller faire le tiers d’Ovide…» (Defaux II, p. 710. taph, see Mayer, Clément Marot, pp. 514-515 (idem ‘Le tiers d’Ovide’ refers to the translation of the in Defaux II, p. 1187). Guiffrey I gives the text as Metamorphoses by Marot); a Dizain au Roy. envoyé published by Roville 1561. de Savoye. 1543 (Defaux II, p. 319; first publica- (9) An Ospedale San Giovanni indeed existed. tion 1547 (Marnef); also present in Du Moulin and It was even officially (re-)instituted in 1541 in an Fontaine’s selection of Marot’s Oeuvres, so biblio- effort to improve social welfare by centralising graphically as ‘certain’ as possible). all city hospitals in a modern building near the (6) This epistle was published separately in 1544 Duomo (Sa n d r a Ca v a ll o , Charity and Power in by N. L’Heritier (Mayer, n° 121, Defaux II, p. 707). Early Modern . Benefactors and their motives The epigram Salutation du camp de Monsieur in Turin, 1541-1789, [Cambridge History of Medi- d’Anguiers appeared in print in 1549 in an edition cine] Cambridge, 1995, pp. 12-14). The hospital of Marot’s Oeuvres by Jean de Tournes (Mayer n° only received a proper building near the cathe- 169, Defaux II, p. 338). The style and content of this dral in 1545. The first occurrence of Marot be- epigram leave open the possibility that Marot had ing buried in the (chapel of) the hospital, I found already joined the camp before the actual battle. – but I don’t claim completeness – in 1914 with (7) The final phrase in L’Histoire ecclésiastique Ph.A. Be c k e r in the final part of his biographi- concerning Marot suggests the same: «…il s’en alla cal essay Marots Leben, «Zeitschrift für franzö- passer le reste de ses jours en Piémont, alors pos- sische Sprache und Literatur», 42 (1914), p. 205: sédé par le roy, où il usa sa vie en quelque seureté «Marots Leiche wurde im Ospedale San Giovanni sous la faveur des gouverneurs» (Histoire Ecclésias- Battista in Turin beigesetzt, und sein alter Freund tique des Eglises Réformées, vol. 1, ed. P. Ve ss o n , Lion Jamet setzte ihm die Grabschrift». In 1926 Toulouse, 1882, p. 20; reprint from the 1580 edi- (in the introduction to his biography) Becker him- tion, ascribed to Th. de Bèze). One of the actual self classified this text as premature, though leav- governors at that time is Martin du Bellay, brother ing this error uncorrected (Ph.A. Be c k e r , Clément of Guillaume, who had been governing the prov- Marot, sein Leben und seine Dichtung, Munich, ince of Piedmont until his death in 1543. 1926, p. 183). The same error I also found with

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“à la recherche du tombeau perdu”

Of course people have searched for traces of the tomb and the epitaph, but in vain:

– Nicolas Lenglet Du Fresnoy (1674-1755), Marot’s first modern editor, writes in a footnote (Oeuvres vol. I, p. xxiv, 1731) below the text of the epitaph: «J’ai prié un de mes amis qui alloit en Italie de voir en passant à Turin, si cet Epitaphe de Clement Marot se trouveroit encore dans l’Eglise de St. Jean, où Lyon Jamet l’avoit fait graver. Mais toutes les recherches ont été inutiles; soit que Marot ay- ant donné dans les nouvelles opinions, on ait depuis oté cet Epitaphe, soit que le temps l’ait effacé ou fait oublier».

– Georges Guiffrey (1827-1887), the first one who tried to establish a critical edi- tion of Marot’s works, went to Turin himself (not so far, he was senator of the département Hautes-Alpes) to look for any trace of it. This is his report (œu- vres, vol. I, p. 561): «Nous avons fait le voyage de Turin pour rechercher dans l’église Saint-Jean la pierre sous laquelle devait reposer Marot; Nous n’avons pu découvrir le moindre vestige de cette sépulture… À défaut de la pierre funérai- re qui peut-être fut enlevée au milieu des vicissitudes de la politique, ou dont l’inscription fut effacée par les pas des fidèles, nous avons tenté d’interroger les archives obituaires de l’église. Ces archives s’arrêtent brusquement quelque temps avant la mort de Marot. Le temps a ses caprices…»

Before continuing, a preliminary question needs to be dealt with: how is it possible that a French poet with a ‘protestant’ reputation was buried in the Archbishop’s Cathe- dral, a poem in French being carved out in marble and placed above the tomb? The level of amazement can already be considerably lowered when one takes into account the historical context: after the battle of Ceresole, Turin had become the headquarters of the conquering army, and thus the centre of French dominion. In 1544 the term ‘protestant’ was not yet cleared out: many people were longing for and working on a reformation of the Church; in and around Turin the Vaudois community was prominent; the region of Piedmont was known as a safe haven for many a refugee from France10; and finally the (unifying) influence of Jean Calvin should not be overestimated yet: his dominance was only emerging. One should not project (or better: retroject) simple oppositions of later days to times when they were only in statu nascendi. But there is more to this than placing the facts in a historical perspective alone. Marot was not just ‘anybody’; he was the «prince des poëtes francoys». The usual suggestion that Marot lived and died in poverty the last months of his life in Turin, desperately – but in vain – trying to get re-

Henri Gu y (Clément Marot et son école, Paris, tombe d’une plaque de marbre portant une épi- 1926, p. 320); Pierre Jo u r d a (Marot, l’homme et taphe de sa façon». l’oeuvre, Paris, 1950, p. 58); C.A. Ma y e r (Clément (10) See J. Ja ll a , Le refuge français dans les val- Marot, Paris, 1972, p. 515), and G. De f a u x (C.M., lées Vaudoises, in «BSHPF» 83 (1934), pp. 561-592; Oeuvres Poétiques t. I, Paris, 1990, p. clxvii). The «BSHPF» 85 (1936), pp. 5-25. He writes about the fatality of such a copying attitude is that the mis- beginning of the 1540s: «La tolérance religieuse information is raised to the status of fact. E.g., as était tellement plus grande en Piémont que dans such it is presented in the popular biography by les autres provinces de la monarchie française, que Jean-Luc Dé j e a n , Clément Marot (Paris, Fayard, cette région servit de refuge à plusieurs de ceux qui 1990), pp. 383-384: «Ce dont nous sommes sûrs, étaient traqués au-delà des Alpes» (p. 573). For a c’est qu’il [sc. Jamet] arriva à point pour lui don- general assessment of the Vaudois movement, Id., ner des funérailles décentes, dans le cimetière de Storia della Riforma in Piemonte (Torre Pellice, l’hôpital Saint-Jean-Baptiste à Turin. Il orna la Claudiana, 1914; reprinted in 1982).

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stored to his former glory (the favour of the King) is not based on fact; on the contrary: the few known facts seem to point in the opposite direction. A contemporary witness to Marot’s burial, Gianbernardo Miolo (1506-after 1569; since 1539 a notary employed by Guglielmo of Cercenasco, a village near Turin), informs us that the King’s Ambassador in Rome, George d’Armagnac (at the end of the year he is offered the cardinal’s hat), car- ried the expenses for the burial of Marot11. This simple communication is revelatory, but seems to have eluded the attention of Marot scholars. George d’Armagnac was not only the King’s ambassador, but also Marguerite de Navarre’s protégé. She had introduced him at Court. He became one of France’s most influential diplomats, friend of Princes and Popes, and great lover of the Arts12. He is suggested to have commissioned the burial and commanded the placement of the epitaph, something which seems quite imagina- ble. Perhaps the author of the epitaph, Lyon Jamet, was the one who in loco took care that everything went as foreseen. Him we often only know as Marot’s friend, but he was much more than that. He was seigneur de Chambrun and an international diplomat. Ever since his flight to Ferrara, slightly preceding Marot’s arrival there, but having fled for the same reason (he was on the list of wanted persons after the Affaire des Placards), he was at the service of the Duchess and the Duke, which is quite extraordinary regarding his ‘protestant’ stigma. As the Duke’s personal secretary and ambassador he fulfilled many an important mission, both in Italy and France13. Behind these two men, two of the most powerful female friends of Marot: Marguerite de Navarre and Renée de Ferrara, become visible by implication. They are the true instigators of his prominent burial place. Marot was not living an obscure life in Turin, nor did he die unnoticed. Prominent persons took care of his final resting place, which therefore should be worthy of France’s most eminent poet: in the Cathedral of Turin.

Nicolas Audebert’s description of the burial place and the epitaph

In 1962 Adalberto Olivero dug up and published ‘new’ (i.e., once more, ‘old’) information about the exact location of Marot’s tomb and epitaph; information he had found in a Manuscript in London, containing Nicolas Audebert’s report of his Italian journey of 1574-1578, Voyage d’Italie14. Audebert writes – with indignation –

(11) Cronaca di Gianbernardo Miolo di Lombras- note 10) and A. Ol i v e r o in his edition of Nicolas cio notaio. The notes concerning the events that Audebert’s Voyage d’Italie, (Rome, Lucarini, 1981), happened during his lifetime, were extracted from p. 291 both refer to Miolo’s chronicle. his manuscript by Giuseppe Vernazza and prepared (12) Georges d’Armagnac (1501-1585) was for print in 1771. Vernazza comments on Miolo’s portrayed by Tiziano Vecellio (now in Musée du style and notes: «Lo stile adoperato dal Miolo è roz­ Louvre). For him, see Sa lv a d o r Mi r a n d a , The Car- zo latino, ma dappertutto risplende la buona fede e dinals of the Holy Roman Church, Essay of a Gen- la natural franchezza della verità». These ‘Notizie’ eral List of Cardinals (112-2007), http://www.fiu. were published in Miscellanea di Storia Italiana, edu/~mirandas/bios1544.htm#Armagnac. vol. 1, Turin, ed. Regia deputazione di Storia Pa- (13) On Lyon Jamet, see Ro s a n n a Go r r i s , «Va tria, 1862, pp. 145-233. The quote about Marot’s lettre, va … droict à Clément»: Lyon Jamet, sieur de funeral is placed at the end of a detailed account of Chambrun, du Poitou à la ville des Este, un itinéraire the main events of 1544 in the region (including the religieux et existentiel, in Les Grands Jours de Rabe- battle at Ceresole). Miolo apparently did not know lais en Poitou. Actes du Colloque de Poitiers réunis the exact dates, since normally his chronicle is full par Marie-Luce De m o n e t , Geneva, Droz, 2006, of exact dates ordered chronologically. As a kind pp. 145-172. Jamet lived in Ferrara from 1535/6- of Post Scriptum to the events of 1544, he writes: 1548, returning there once more in 1554 to assist «De anno eodem 1544. Taurini Clement Marot Renée when she was imprisoned (during an investi- gallus in rittimis galicis clarissimus moritus et in gation of the Inquisition). templo archiepiscopali inhumatur expensis Georgii (14) British Museum, Lansdowne Ms. 720. This cardinalis Armeniaci» (p. 184). Ja ll a , Le refuge Ms. has been ‘known’ always, but only in the last français dans les vallées Vaudoises, p. 576 (see above part of the nineteenth century researchers began

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that Marot’s epitaph in Turin was erased just before his arrival. He mentions as a mat- ter of fact that this was explicitly demanded by the roman-catholic authorities. Next to the very precise date and circumstance, already noteworthy, the most interesting element of Audebert’s description is that he also indicates the exact location of tomb and epitaph. To give the reader the opportunity to follow, we copy the transcription as published by Olivero15: Tout contre et à un bout du palais est la principale et Cathedrale eglise nommée San Giovanni, laquelle est très belle, grande et spatieuse. Il y a deux entrées l’une qui est tout au bout, et de premiere arrivée regarde droict au maistre aultel, à laquelle se monte dix ou douze marches de pierre de taille. L’aultre porte est petite et à main droicte, devant laquelle y a un petit perron pour venir en l’eglise et soubz iceluy est ensepulturé Clement Marot duquel l’epitaphe estoit tout proche, au dedans de l’eglise, en une pierre longuette qui est dans la muraille, laquelle a16, depuis peu de temps, esté martellée et l’epitaphe effacé, par l’advis et requeste de l’Archevesque, et maistres de l’inquisition, avec le consentement de son Altesse, ce que Madame la Ducesse avoit longtemps empesché et rompu le coup quand il s’estoit proposé. Il n’y avoit en l’epitaphe qu’un dixain en vers francoys, telz qu’ilz suivent qui furent faicts par un aultre poete francoys nommé Lyon Iamet. Icy devant au giron de sa mere Gist des Francoys le Virgile et l’Homere Cy est 17 couché, et repose à l’envers Le non pareil des disans en vers. Cy gist celuy qui 18 peu de terre coeuvre Qui toute 19 France enrichit de son oeuvre Cy dort un mort, qui tousjours vif sera Tant que la France en Francoys parlera. Bref gist, repose, et dort en ce lieu cy Clement Marot de Cahors en Quercy. le 12 septembre 1544

Audebert renders the epitaph in a version almost identical to already known edi- tions. According to his own report, he did not actually see the original epitaph, since it was already effaced when he arrived in Turin. The information about the circum- stances in which the epitaph was demolished, seems trustworthy. One gets the impres-

to pay proper attention to it (Richter, Müntz, De (Guiffrey/Douen) in the 1962 article. The tran- Nolhac, Picot). Nicolas Audebert traveled through scription of 1981 differs in verse 5: “qui” instead of Italy with recommendation letters from influential “que” (1962). Partial translation: «…At the right- friends and Latin poems from his father (Germain hand side of the church is a small door, in front Audebert, who had done a trip through Italy in of which there is a pavement (or ‘landing’. French: 1539). Nicolas arrived in Turin on 22 October ‘perron’) to get into the church and beneath this 1574 and left on 27 October. Ad a lb e r t o Ol i v e r o , pavement Clément Marot is buried; his epitaph is Una testimonianza trascurata sulla tomba di Clé- nearby inside the Church, on a oblong (rectangu- ment Marot a Torino, «Studi Francesi» 16 (1962), lar) stone in the wall, which has only very recently pp. 263-265. A critical edition of Ni c o l a s Au d e - been chopped off and the epitaph erased, on the b e r t , Voyage d’ltalie, appeared in two volumes, explicit advice and request of the Archbishop, and procured by the same Adalberto Olivero (Rome, the masters of the Inquisition, with the approval of Lucarini, 1981), with extensive introduction, bib- his Highness, something which Milady the Duchess liography and footnotes. for a long time had precluded, obstructing the plan (15) A. Ol i v e r o , Una testimonianza trascurata…, when it was proposed…» p. 264. In the critical edition of Au d e b e r t , Voyage (16) Olivero 1962: “à”. d’Italie, p. 141. Original: Ms. Lansdowne 720, f. 37 (17) The Ms. has: “est est” r°/v°. We noticed some minor differences in capi- (18) “qui” (Bogarde 1546); “que” (Roville talisation and punctuation, and one corrected error. 1561). The text of the epitaph (except orthographical dif- (19) “toute la” (Bogarde 1546); “toute” (Roville ferences) is identical with the text of Roville 1561 1561).

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sion that Audebert reproduces information he got while in Turin. Something of fresh felt indignation shimmers through his text. Apparently the epitaph was demolished shortly after the death of Marguerite de France (15 September 1574), she also being the only reason that this was not done before. The Archbishop in question, Girolamo della Rovere, was educated in France, acquainted with the poets of the Pléiade, and tried to implement the Tridentine reform. That the Duke of Savoy consented can also be understood. He not only supported the new archbishop, but seemed to have had high expectations of the Jesuits20: signs that both opted for a re-catholicisation of the Waldensian region and therefore were willing to cooperate with the ‘masters of the inquisition’ to erase Marot’s epitaph in the Cathedral. Marot’s ‘fama lutherani’, during his lifetime already inextricably bound to his person, had only increased after his death, in particular because his Psalms were sung in reformed liturgy. Next to these religious motives, one should also not underestimate anti-French sentiments in Turin/Savoy in those years. The French occupation (from 1536) had ended in 1559, when the duke of Savoy (Emanuele Filiberto) had succeeded in transforming his duchy into a powerful political player in the region (peace of Cateau-Cambrésis). Italian became the official language and in the centuries to come the Duchy of Savoy became a stable and unifying factor on the hopelessly divided Italian peninsula. This relative independence (both from Spain and France) of the Duchy of Savoy coincided with the Duke’s marriage with the daughter of François I, Marguerite de France. The personal attachment of Marguerite de France (1523-1574) to the ‘monumentum’ for Clément Marot can also be understood: she must have known him personally, Marot was her father’s official poet; as a young girl she even once had received an Epistle from her niece (Jeanne d’Albret), which in reality was written by Marot21. As a girl from François’s first marriage (with Claude de France, d. 1524), she was raised by her aunt, Marguerite d’Alençon, Queen of Navarre, Marot’s most loyal supporter and protector. Cultural interest, spiritual open-mindedness, and readiness to personally protect religious refugees, mirror her upbringing. This valuable information provid- ed by Audebert, made available by Olivero in his article in 1962, did not really attract attention of the scholars in the last part of the twentieth century. In his biography of Marot (1972), C.A. Mayer even obscures this when he, in a footnote referring to the article of A. Olivero, only writes: «Peu de temps après l’Inquisition semble avoir en- levé toutes traces de ce tombeau. Déjà au dix-huitième siècle il était introuvable»22.

(20) Since 1560 the Jesuit missionary Antoine see P. Me r l i n , Emanuele Filiberto, un principe tra Possevino actively tried to re-catholicise the Wal- il Piemonte e l’Europa (Turin, SEI, 1995) and for densian valleys. When the Duke restored the Turin Marguerite de France, see R. Pe y r e , Une princesse University he recruited professors of theology and de la Renaissance, Marguerite de France, duchesse de metaphysics among the clergy and decreed that Savoie, (Paris, E. Paul, 1902), awaiting a new mono- members from the newly founded (1567) Jesuit graph by Ro s a n n a Go r r i s , Marguerite de France, college would teach the humanities (Pa u l F. Gr e n - princesse des frontières. Poésie, éthique et politique à d l e r , The universities of the Italian Renaissance, la cour de la duchesse de Savoie (forthcoming). Baltimore-London, The Johns Hopkins University (22) Ma y e r , Clément Marot, p. 515. With this Press, 2002, pp. 88-89). That the Duke organised last phrase Mayer probably refers to Lenglet’s ini- the transfer of the Holy Shroud from Chambéry tiative as does O. Douen in his book about Marot to Turin in 1578, also speak volumes, even more and the Huguenot Psalter (vol. I, p. 443, footnote): because it apparently was staged to please the very «On a vainement cherché son épitaphe dans l’église pious Bishop of Milan, Carlo Borromeo. Saint-Jean, en 1731; il est probable qu’elle avait dis- (21) Pour la petite princesse de Navarre, à Madame paru dès le x v i e siècle». A short summary of Oli- Marguerite, «Voyant que la Royne ma Mere…» (De- vero’s article, focusing only on the circumstances, faux I, p. 330). Jeanne d’Albret (ghost)writes this not mentioning the location, was published by H.P. letter to reassure her niece. The famous «Ma mi- Cl i v e in his research bibliography Clément Marot, gnonne / Je vous donne / Le bon jour…» is meant to an annotated bibliography (London, Grant and cheer up the same patient. For Emanuele Fili­berto, Cutler, 1983), sub C 111.

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Location of tomb and epitaph in the «Duomo»

But what is even more astonishing, is that the very precise indications about the location of Marot’s final resting place and the epitaph inside the Church seem com- pletely to have eluded the eyes of modern scholars, since I could not find any refer- ence to this in subsequent literature. Nevertheless it can’t be more precise. Audebert gives accurate directions, as if he wants to guide the reader to the proper place. To find Marot’s grave the visitor should not enter through the main entrance but take the smaller door at the right-hand side of the Church. 1. In front of this door is a landing, or pavement (‘perron’). Here Marot is buried («et soubz iceluy est ensepulturé Clement Marot») 2. To find Jamet’s epitaph one should enter the church through that door, and look for the epitaph, since it should be nearby («duquel l’epitaphe estoit tout proche au dedans de l’eglise»); 3. It should not to be looked for on the floor (as Guiffrey did), but on the wall «en une pierre longuette qui est dans la muraille». 4. One should not expect to find it, since it was completely demolished and cut off («martellée»). Nevertheless the location might still be determined.

Based on this information an “expedition” to Turin forced itself. Although no expert in architecture and inscriptions at all, and with only a very general knowledge of the history of Turin, this could never be more than prospecting to size up the situation and determine whether a further investigation would be worthwhile. The results – as described below – we offer to real experts ‘as they are’, i.e., without any pretension, hoping they might incite them to make the proper assessments in loco.23 The ‘small entrance at the right-hand side of the Cathedral’ was quickly found. The space in front of it, where the ‘perron’ used to be, serves as an office to the parish of San Giovanni. The space below, where Marot originally was buried, is now used as the entrance of the museum. The many changes, restorations and transformations make it highly unlikely that the bones of Marot would still be there, but the location of the burial place itself seems certified. Ever since the remnants of the old churches were discovered under the existing church (restoration of 1997, after the great fire), archeologists and architects have taken over to uncover and interpret the presence of ‘a complete second church’ be- low the ‘upper church’, apparently also meant for devotional use. Next to the rem- nants of three palaeo-christian churches, they found and identified the bones of Car- dinal Domenico della Rovere (d. 1501), Bishop of Turin and driving force behind the construction of the Renaissance cathedral completed in 149824. These excavations

(23) We visited Turin on Monday 13 July 2009. nal in succession of his older brother Cristoforo, The museum was closed (only open on Friday- who in 1478 was made Cardinal of Tarentaise by Saturday-Sunday) and we only had time to take a Pope Sixtus IV (Francesco Della Rovere, no direct quick look around and make some pictures. family relation). Domenico preferred the title of (24) The Della Rovere family was «one of early S. Cle­mente in 1479; he was transferred to Geneva modern Italy’s most powerful and influential his- in 1482, but exchanged it for the see of Turin in torical families… a family of popes, cardinals, and the same year. In Rome he acquired a chapel in powerful dukes who financed some of the world’s the church of S. Maria del Popolo, which he had best known and greatest artwork» (back-cover of Pinturicchio decorate. At his death in 1501 he was a collection of essays entitled Patronage and dy- buried there, next to his brother. Domenico’s re- nasty: the rise of the della Rovere in Renaissance mains were later transferred to Turin and buried in Italy, ed. Ian F. Ve r s t e g e n , Truman State Univer- the crypt of ‘his’ cathedral. The bones of Anne de sity, 2007). The most famous Della Rovere pope is Crequi, (died 1541), the wife of Sieur de Langey Julius II (Giuliano Della Rovere, pope from 1503- (Guillaume du Bellay, governor of Piedmont) were 1513, father of Felicia). Domenico became cardi- also found and identified.

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brought to light that not only the crypt below the sacristy (a little further at the right side of the choir) was used as an ossuary: burial places were found all along the out- side church walls25. One is still in the process of making the inventory.

1. Profile - longitudinal section – of the Duomo (with the contours of the chapel of the Holy Shroud, a later addition). The entrance is between the 6th and 7th pillar, just before the tran- sept.

It is apparent that in the early days of this Cathedral this area was used for burials, elements not only corroborating the account of Audebert about the «perron, soubz iceluy est ensepulturé Clement Marot», but also providing it with the necessary context to make it imaginable. The church itself is full with epitaphs and funerary monuments, many of them placed on the wall, engraved in marble. According to Audebert’s report Marot’s epi- taph was located inside the church, on a stone in the wall, not far from the door («tout proche au dedans de l’eglise en une pierre longuette qui est dans la muraille»). Both walls close to the door are equipped with inscriptions. To the right (when entering the

(25) Next to the neatly labelled cases with the supervising architect was Maurizio Momo. It be- bones of Della Rovere and other clerics in the came clear that Cardinal Della Rovere had created crypt below the sacristy «[i] sotterranei del Duomo two churches, one upper and one lower church. A custo­divano altri tipi di sepolcri. Numerose lapidi, museum was instituted by the diocese to give the indicazioni sui muri e incisioni attendono di essere people access to the souterrain of the Cathedral and studiate e messe a confronto della storia. Oltre the discoveries made there. M. Mo m o wrote an of- all’ossario degli ecclesiastici sono state rinvenute ficial text to introduce this museum: Il Museo Dioc- a ridosso delle mura perimetrali lunghe sequenze esano. Sede – restauri – allestimento. http://www. di tombe a botola», Alb e r t o Ri c c a d o n n a , Ecco diocesi.torino.it/museo/scheda.htm (last modified l’«altro» Duomo. Un magnifico complesso liturgico 13 January 2009; accessed 23 july 2009). The plan e archeologico – La tombe di Della Rovere in «La is taken from an article about the Museum by Don Voce del Popolo», http://www.diocesi.torino.it/ Natale Ma f f i o l i (in a brochure in which Gianluca exdiario/altro_duomo.htm (last modified, 10 Sep- Popolla describes the way an ecclesiastical museum tember 2003; accessed 23 july 2009). This article should function): http://www.diocesi.torino.it/mu- was published on the occasion of the completion seo/volontari-museo-marzo09.pdf (last modified of the restoration of the crypt of the Cathedral. The 19 March 2009, accessed 23 July 2009).

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church) there is an inscription, beautifully carved in marble with an elevated border. Above the text is the coat of arms of a noble family (the inner part is vanished, only the outside shape is visible). It must belong to the marquisate of Ceva, since accord- ing to the epitaph a marquis of Ceva, named Cristoforo, was buried there («Christo- phorus marchio Cevae»)26.

2. Epitaph of Cristoforo di Ceva (at the right-hand side from the door on entering the church)

The reason why he was buried in the Turin Cathedral is also mentioned: he was related to («nepos») Domenico della Rovere himself, in the text simply referred to as the cardinal of S. Clemente («cardine[us] Sancti Clementi»). Cristoforo di Ceva died 15 May 1516. We can assume that the stone was fix and firm at that particular place when in 1544 Jamet’s epitaph for Marot was to be placed on a wall near the door. On the opposite wall (left when entering the church) a stone commemorates that Claude Guichard was buried there, counselor and historiographer of the Duke of Savoy, a famous archeologist (specialised in ancient funeral rites) and a French poet as well. The epitaph informs us that he had died 8 May 160727.

(26) Ceva is one of the many marquisates in “a” from cevae is not placed correctly and twice Piedmont, itself divided in a number of minor a small majuscule is needed to correct a mistake marquisates. It losts its independence (i.e. direct (“marchio” and “cardineique”). Standard ab- feudal link with the Emperor) when Charles V breviations are used. I was not able to identify a granted it to the Duke of Savoy in 1531. The text Cristoforo as marquis of Ceva. For the history of (entirely in majuscules): «hoc tvmvlo rari splen- Ceva, see Gi o v a n n i Ol i v e r o , Memorie storiche doris dona ferv[n]tvr / hic e[st] christophorvs della città e marchesato di Ceva (Ceva, 1858). He tvmvlatvs marchio cevae / Cardineiqve nepos identifies this person as the son of Aria di Valar- patris cognomine sancti / Cleme[n]tis sacri tem- ano della Rovere, sister of Domenico della Rovere, pli reverendvs et hvivs / Canonicvs qvovis cen- and Gio. Antonio Ceva d’Ormea (o.c., p. 122. See sendvs honore sacerdos / Moribvs: ingenio vita: also Fe r d i n a n d o Ro n d o l i n o , Il Duomo di Torino probitate: decore. / Obiit xv maii m.d.xvi». The illustrato (Turin, 1898), p. 171.

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3. Epitaph of Claude Guichard (at the left-hand side from the door on entering the Church)

This epitaph postdates the removal of Jamet’s inscription with 33 years. It therefore is quite possible that this was the wall ‘tout proche’, on which until 1574 Jamet’s epi- taph could be read. We took a closer look and noticed something odd. Contrary to the epitaph on the opposite wall (and many others in this church), this epitaph was not carved out beautifully in marble, with a border as so many others in the church; it appeared to be not even really engraved: it was more painted on the stone than carved in it. A rectangular space in a whitened wall. Taking an even closer look, we noticed roughness at the place of the upper and lower border (but it is no border, the white painting simply stops there), as if something had been cut off and the surface was not properly smoothed. Of course the church has been damaged, restored and repainted many times. And perhaps there is another explanation for this peculiarity, but nev- ertheless: looking at this post-Audebert inscription, it seemed quite imaginable that his inscription covered the place of a previous one, that of Jamet’s epitaph for Marot, which had been removed by force («martellée»)28. All elements fitted:

(27) This epitaph is also carved entirely in ma- etic genre very popular at that time in France. In- juscules. Abbreviations are used, once with small triguing is the adagium at the end of this epitaph uppercase letters in superscript (SERMI): «Clavdivs («Soli fide Deo vitae quod sufficit opta / Sit tibi gvichardus ara[n]dati dominus / ab intimis consilijs cara salus caetera crede nihil»: ‘Trust in God alone, svpplicibvsqve / libellis ser[enissi]mi, sabavdiæ dv- desire from life what is sufficient, Take good care cis hic / post varios casvs ad / aeternam qvietem / of your salvation, for the rest fear nothing’), not so qviescit. / Soli fide deo vitae, quod svfficit opta. / much for the superficial resemblance to ‘sola fide’ sit tibi cara salvs, caetera crede nihil. / vixit annos but because it is quoted 50 years later by Guy Au- LI, dies XXIX. / obiit die VIII. maij: / m.d.c.vii». tret, Seigneur de Missirien, in the dedication to the Claude Guichard (born around 1545), studied in Bishop of Cornwall of his 1659 edition of Albert Le Turin, was a close friend and colleague of the Grand’s Vie des Saints de la Bretagne. He refers to (more famous) Antoine Favre. Guichard is mainly this adagium as written by «un auteur pieux», char- remembered for his Funerailles et diverses Mani- acterizing it as one of the finest summaries of what eres d’ensevelir des Rommains, Grecs et autres na- faith is about ever written (p. xxii, edition Qu i m p e r , tions (Lyon, Jean de Tournes, 1581), dedicated to 1901). This suggests that it was published. We won- the Duke of Savoy. He also translated Livius and der, did Guichard write it, publish it? or his friend published Quatrains sur la vanité du monde, a po- Favre? or…?

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not far from the right side door… just inside the church…

Although we had not seen Jamet’s epitaph with our physical eyes, we had the strong impression of having seen it with our spiritual eyes, a minor but sweet revenge on those people who had so vigorously tried to wipe out all traces of Clément Marot de Cahors en Quercy.

La mort n’y mord d i c k w u r s t e n - j e t t y j a n ss e n

Post Scriptum

After returning home, having done the research to write this article, our atten- tion was drawn to a recent publication by Richard Cooper, in which he relates that he found an image of the original epitaph in Turin, a drawing by a student, who in the middle of the sixteenth century traveled through Italy, Spain, Germany and France setting down epitaphs and other inscriptions. His manuscript ends with two epitaphs dedicated to Marot, the final one being Jamet’s (Harvard, Houghton Library, MS Typ 152, f° 179v°, Imagines sepulcrorum et epitaphiorum inscriptiones antiquae). See Ri c h a r d Co o p e r , Dolet et Marot jugés par Jean Binet et Gabriele Siméoni, in Esculape et Dionysos: Mélanges en l’honneur de Jean Céard, éds. J. Du p è b e , F. Gi a c o n e , E. Na y a , A.-P. Po u e y -Mo u n o u (Geneva, Droz, 2008), pp. 511-527, the discovery on pp. 522-523. The text of the epitaph in majuscules with abbreviations and orthographical errors (which at the same time betray that the one who carved it probably was an Ital- ian and that the drawing is not fake) closes with: «Obit Thaurini An.D. M.D.XLIIII. D.XII..S.» (‘he died Anno Domini 1544 on the 12th Day of September’). The space used for Guichard’s epitaph and the space needed for Marot’s seem to match. The drawing of this wandering student is reproduced below, copied from the article of Richard Cooper cited above, p. 527.

(28) The next epitaph (also on the left side of the tine (Antonio degli Adimari) who died 1528, not door, but on the marble pillar inside the church is only farther away from the door than the epitaph of the epitaph of «Anto. Adimarus», a famous Floren- Guichard, but pre-dating Marot’s death as well.

sf161.indb 303 22-07-2010 12:14:41 Les “Pensées” de Montesquieu comme espace de constitution de l’auteur

Comparé aux siècles suivants, le x v i i i e siècle est pauvre en manuscrits d’auteur et il est rare, avant 1750, de pouvoir accéder à ce qu’on appelle le dossier génétique d’une œuvre1. Montesquieu constitue de ce point de vue une exception, puisqu’on dispose d’un legs manuscrit important qui nous permet d’étudier ses méthodes de documentation et de composition2. Il a laissé en particulier deux cahiers de travail, le Spicilège et les Pensées3, ensembles composés de fragments qui traduisent le souci de conserver ce qui a été noté et observé pour un réemploi dans un autre espace dis- cursif4. Le recueil des Pensées révèlerait, comme je voudrais le souligner ici, à l’instar des autres écrits de Montesquieu distincts des textes destinés à la publication, mais beaucoup plus que ces autres écrits, un espace de préparation d’un discours d’auteur adressé à un public. C’est donc la différence entre les ouvrages adressés à un public, les écrits instrumentaux et utilitaires comme certains recueils d’extraits spécialisés5, et ce que j’appellerai un avant-texte ascétique6, les trois volumes des Pensées, qui sera étudiée. La notion d’auteur au x v i i e et au début du x v i i i e siècle est liée à la diffusion d’ouvrages imprimés comme le soulignent les définitions de dictionnaire. Furetière définit les auteurs comme: «tous ceux qui ont mis un livre en lumière. Maintenant on

(1) Voir: écrire aux x v i i e et x v i i i e siècles, genèse de sous la direction de Jean-Louis Le b r a v e et Almuth textes littéraires et philosophiques, sous la direction Gr é s i ll o n , Paris, CNRS Editions, 2000, pp. 105- de Jean-Louis Le b r a v e et Almuth Gr é s i ll o n , Paris, 135. CNRS Editions, 2000, pp. 7-11; Pi e r r e -Ma r c d e (3) Les Pensées seront citées d’après le texte et la Bi a s i , La Génétique des textes, Paris, Armand Co- numérotation de l’édition De sg r a v e s (Paris, Robert lin, 2003, pp. 10-15. Laffont, coll. «Bouquins», 1991); Spicilège, Œuvres (2) Sur ses manuscrits, voir dans le volume 1 des complètes, t. 13, éd. R. Mi n u t i et S. Ro t t a , Oxford, Œuvres complètes de Montesquieu, Lettres Persa- The Voltaire Foundation-Napoli, Istituto Italiano nes, Oxford, Voltaire Foundation et Napoli, Isti- per gli Studi Filosofici, 2002. tuto Italiano per gli Studi Filosofici, 2004, de Geor- (4) Sur le différences de fonctions entre les ges Be n r e k a ss a , Le legs manuscrit de Montesquieu: deux cahiers, voir Ca r o l e Do r n i e r , La Mise en des “Œuvres” de 1758 aux“Œuvres complètes” du archive de la réflexion dans les “Pensées” de Mon- x x i e siècle et de Pierre Ré t a t , Annexe I, «Liste tesquieu, «Revue Montesquieu», n° 7, 2003-2004, des manuscrits subsistants», pp. xliv-lxxiv. Sur ses pp. 25-39. méthodes de travail d’après ces manuscrits, Lo u i s (5) Voir Lo u i s De sg r a v e s , «La Méthode de tra- De sg r a v e s , Les extraits de lecture de Montesquieu, vail de Montesquieu», Montesquieu, l’œuvre et la DHS 25 (1993), pp. 483-491; Ca t h e r i n e Vo l p i l - vie, Bordeaux, 1994, pp .63-64; Les extraits de lec- h a c -Au g e r , L’Atelier de Montesquieu, Manuscrits ture de Montesquieu, cit., pp. 483-491; Ca t h e r i n e inédits de La Brède, «Cahiers Montesquieu» n° 7, Vo l p i l h a c -Au g e r , «L’ombre d’une bibliothèque: Napoli/ Oxford, Liguori/ The Voltaire Founda- les cahiers d’extraits de Montesquieu», cit.; Intro- tion, pp. 17-19; «L’ombre d’une bibliothèque: les duction au volume des Geographica, Œuvres com- cahiers d’extraits de Montesquieu», Lire, écrire, plètes, tome 16, Oxford, The Voltaire Foundation, copier, sous la direction de Elisabeth Dé c u l t o t , 2007, pp. XVI-XXIII. Paris, CNRS Editions, 2003, pp. 79-90; Ge o r g e s (6) Expression empruntée à Laurent Jaffro, qui Be n r e k a ss a , «La fabrique de la pensée: l’étude, la l’utilise à propos des Exercices de Shaftesbury, connaissance et l’usage du manuscrit dans l’Esprit expression qui fait aussi référence aux travaux de des lois de Montesquieu», Ecrire aux x v i i e et x v i i i e Pierre Hadot et de Michel Foucault mentionnés ci- siècles, genèse de textes littéraires et philosophiques, dessous (voir infra).

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ne le dit que de ceux qui en ont fait imprimer». Pour Richelet l’auteur est «celui qui a composé quelque livre imprimé». Le fragment n° 1 des Pensées de Montesquieu distingue bien les deux types d’écrits: Quelques réflexions ou pensées détachées que je n’ai pas mises dans mes ouvrages

Les pensées détachées sont celles qui ne sont pas insérées dans un ensemble com- posé en fonction d’un projet argumentatif, et les ouvrages désignent les écrits destinés à la diffusion auprès d’un public. Montesquieu définit en effet lui-même les fragments qui composent ces cahiers comme des écrits sans autorité, si l’on se réfère à la remarque parmi celles qui ouvrent le premier volume: Je me garderai bien de répondre de toutes les pensées qui sont ici […] je n’ai mis là la plupart que parce que je n’ai pas eu le temps de les réfléchir et j’y penserai quand j’en ferai usage (n° 3).

Répondre de: il s’agit bien par cette expression de désigner l’opération de se por- ter garant, par quoi l’on est auteur d’une assertion ou d’un ouvrage, qui est justement la position de l’auteur à l’égard du texte qu’il publie. C’est cette position d’auteur que l’énonciateur du fragment que je viens de citer déclare ne pas vouloir prendre. Il n’y a donc pas d’auteur des Pensées, tout au plus un énonciateur. Que la posture d’auteur soit difficile à assumer à l’époque de Montesquieu, pour des raisons de censure mais aussi d’image sociale à préserver, et lorsqu’on ne veut pas s’appuyer sur des garants traditionnels, c’est ce que montre le choix de l’anonymat que l’auteur a fait pour la plupart de ses publications7. La figure de l’écrivain ne s’impose pas encore de façon assez prestigieuse pour être revendiquée sans difficultés lorsqu’on occupe une place considérée dans la société du temps. Mais cette difficulté à adopter la posture de l’auteur ne s’explique pas uniquement par des considérations sociales. Par sa formation et ses goûts, Montesquieu appartient en partie à une tradition de compilation et d’érudition issue de l’humanisme. Certes, comme l’a souligné Hen- ri Roddier, la formation des oratoriens, en particulier telle qu’elle est définie par les Entretiens sur les sciences du Père Bernard Lamy8 encourageait à concevoir l’élabora- tion des ouvrages à partir d’un travail de longue haleine fondée sur une digestion et appropriation de lectures, avec des étapes intermédiaires pour disposer les informa- tions ainsi rassemblées9. Mais il faut sans doute réévaluer, dans cette pratique même, le rôle de l’héritage humaniste et des outils de lecture dont s’étaient doté les érudits au moment où le développement de l’imprimerie et la découverte de textes anciens à la suite de la prise de Constantinople, avaient rendu nécessaires une sélection et une méthode dans l’accès à des livres de plus en plus nombreux. Comme le souligne Ann Blair, «employés dans des sens multiples, notamment en rhétorique et dans la topique aristotélicienne pour désigner l’amplification oratoire ou les différents chefs

(7) Voir Ca r o l e Do r n i e r , Montesquieu et la pu- éd. F. Gi r b a l et P. Cl a i r , Paris, 1961, pp. 202-203 blication anonyme: l’exemple du “Temple de Gnide”. (1ère éd. Grenoble, 1684; Catalogue n° 1449). Écriture, Identité, anonymat, de la renaissance aux (9) He n r i Ro d d i e r , De la composition de “L’Es- Lumières, «Littérales» n° 39, P.U. Nanterre, 2007, prit des lois”. Montesquieu et les oratoriens de Juilly, pp. 149-177. «Revue d’Histoire Littéraire de la France», 1952, (8) R. P. La m y , Entretiens sur les sciences, VI, pp. 442-443.

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d’argument, les «lieux communs» désignent aussi à la Renaissance les rubriques sous lesquelles on classe dans un recueil toutes sortes de citations, d’informations et d’anecdotes mémorables relevées au fil des lectures ou d’observations personnelles»10. Ces recueils constituaient une sorte de bibliothèque portable, «personnalisée de ré- férences et d’informations, de préférence disponible à tout moment dans un ou deux cahiers manuscrits»11. Cette pratique du recueil de «lieux communs» est aussi celle de lecteurs/auteurs qui lisent la plume à la main pour nourrir leur réflexion et leurs ouvrages. Montesquieu possède dans sa bibliothèque certains de ces recueils comme le Theatrum humanae vitae de Theodor Zwinger12, par l’intermédiaire de la Bibliothè- que universelle de Jean Le Clerc pouvait aussi connaître l’ouvrage paru d’abord en français de Locke, Methode nouvelle de dresser des recueils, qui allait connaître une fortune certaine dans l’Angleterre du x v i i i e siècle13 et renouveler l’intérêt pour la col- lection de notes. La méthode de Locke apprend à constituer un répertoire par ordre alphabétique qui, s’il a servi aussi à consigner les pensées et réflexions personnelles de certains de ses compatriotes, est au service d’une mise en ordre utilitaire qui fait du common-place book un instrument de discipline de soi autant que de son savoir. Par ailleurs la nécessité de se préparer à parler en auteur a été théorisée par Shaf- tesbury, dans son ouvrage intitulé Soliloquy, or Advice to an Author (1709), paru en français sous le titre Soliloque14. Dans ce texte, Shaftesbury qui appelle les auteurs des «maîtres d’entendement» (Masters of understanding) insiste sur la difficulté à adopter la position de l’auteur et plus particulièrement de l’auteur d’un conseil moral, qui fait montre de sa sagesse aux dépens d’autrui. Le sens commun implique une réciprocité entre l’auteur et son lecteur, qui s’abolit dans la posture de maîtrise de l’auteur, maî- trise qui est pourtant une contrainte de ce type de communication. Le soliloque est la solution proposée par Shaftesbury pour maintenir cette réciprocité imposée par le sens commun. Ces exercices de pensée disposant à devenir auteur prennent la forme de recueils écrits; chez Shaftesbury, ce sont les Exercices (Askhvmata)15. Il s’agit de se disposer à la communication des opinions par une forme d’ascèse qui consiste à s’exhorter et à se persuader soi-même. Avec le soliloque, l’auteur se dédouble; il est à la fois l’élève et le maître. Les pratiques d’écriture des Stoïciens, dont Pierre Hadot a souligné le caractère d’exercice spirituel16, que Michel Foucault a appelé l’écriture de soi, partie des techniques de soi, et qui n’a rien à voir avec les écritures du moi17, constituent une tradition dans laquelle s’inscrivent les Exercices de Shaftesbury, com-

(10) An n Bl a i r , «Bibliothèques portables: les ners, opinions, times. 1714. In-8°, 3 vol.; Catalogue recueils de lieux communs dans la Renaissance tar- de la bibliothèque de Montesquieu à la Brède, «Ca- dive», Le Pouvoir des bibliothèques, La Mémoire des hiers Montesquieu», n° 4, Paris, Oxford, Napoli, livres en Occident, sous la direction de Marc Ba r a - 1999, n° 696, p. 105. t i n et Christian Ja c o b , Paris, Albin Michel, 1996, (15) Sur les Exercices voir l’introduction à l’édi- p. 87. tion de Laurent Ja f f r o , Aubier, Bibliothèque philo- (11) Ibid., p. 87. sophique, 1993 et sur le Soliloque, l’introduction à (12) Bâle, 1571, Catalogue n° 2359. Voir Ca r o l e l’édition de Danielle Lo r i e s , Paris, 1994. Do r n i e r , Montesquieu et la tradition des recueils de (16) Pi e r r e Ha d o t , Exercices spirituels et philo- lieux communs, «Revue d’Histoire littéraire de la sophie antique, Paris, Institut d’études augustinien- France», 2008, n° 4, pp. 809-820. nes, 1993. (13) Bibliothèque universelle et historique de l’an- (17) Mi c h e l Fo u c a u l t , «Les techniques de soi», née 1686, 1, p. 315-329; Voir Lu c i a Da c o m e , No- Dits et écrits, IV, Paris Gallimard, 1994, pp. 783- ting the mind: commonplace books and the pursuit 813 et «L’écriture de soi», ibid., pp. 415-423. of the self in the Eighteenth-century Britain, «Jour- (18) La u r e n t Ja f f r o , Ethique de la communica- nal of the History of ideas», vol. 65, number 4, oct. tion et art d’écrire, Paris, PUF, 1998; «Les manus- 2004, pp. 603-625. crits de Shaftesbury, typologie et théorie», dans (14) Montesquieu possédait la 2e édition en 3 vo- Lire, écrire, copier, sous la direction de Elisabeth lumes des Characteristics dont le volume I contient Dé c u l t o t , Paris, CNRS Editions, 2003, pp. 161- le Soliloquy, or Advice to an Author: Sh a f t e sb u r y 178. (An t h o n y Ea r l o f ), Characteristics of men, man-

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me l’a montré Laurent Jaffro dans l’ouvrage qu’il lui a consacré18. En dépit de l’ad- miration que Montesquieu professe pour Marc-Aurèle et pour les Stoïciens, ses Pen- sées ne sont cependant ni comparables aux Réflexions de Marc-Aurèle ni au Manuel d’Epictète, dans lesquelles les thèmes de morale pratique, l’injonction à soi-même et le contrôle des représentations tiennent une place essentielle, ni reconnaissables dans le soliloque tel qu’il est théorisé dans le texte précédemment cité de Shaftesbury. La morale et la morale pratique n’occupent qu’une place limitée dans les Pensées, à côté de fragments sur des phénomènes naturels, des faits historiques, des points touchant à la métaphysique, à l’esthétique, à la politique, à l’économie etc… Les Pensées for- ment un ensemble éclectique et qui n’a pas le caractère méthodique et systématique des common-place books, selon la méthode de Locke. Sans être réductibles au solilo- que, elles présentent cependant le cas d’un écrit qui se situe entre le recueil d’extraits ou de notes, de provenance exogène, à fonction informative, comme les Geographica, la Collectio juris19 et même le Spicilège, et l’ouvrage imprimé dont l’auteur doit ré- pondre. Elle participe d’une pratique intellectuelle héritée de l’humanisme et qui se heurte, à l’époque de Montesquieu aux exigences de la mondanité et de l’échange d’idées au sein de cercles. L’autoportrait contenu dans le n° 213 des Pensées explique en partie comment le souci de raisonner et de composer impose un travail solitaire qui a conduit, entre autres, à la constitution des Pensées, dans les années qui suivent la publication du Temple de Gnide et précèdent celle des Considérations: Ma machine est tellement composée que j’ai besoin de me recueillir dans toutes les matiè- res un peu composées, sans cela mes idées se confondent; et si je sens que je suis écouté il me semble pour lors que toute la question s’évanouit devant moi. Plusieurs traces se réveillent à la fois et il résulte de là qu’aucune trace n’est réveillée (n° 213)

L’écriture ascétique (au sens étymologique d’exercice) est donc un moyen de mener la réflexion à un rythme que permet la solitude, compatible avec le dévelop- pement des idées. Entre la subordination médiévale à l’autorité de la citation, la pratique huma- niste de la compilation, et l’émergence d’un auteur assumant sa propre subjectivité, les Pensées de Montesquieu, le Soliloque de Shaftesbury mais aussi le regain d’intérêt pour la pratique du common-place book, traduisent selon des formes diverses le souci de ménager un espace de constitution de la posture d’auteur. Cette pratique de l’écri- ture ascétique témoigne, à la fin du x v i i e siècle et au début du x v i i i e siècle de la survi- vance et du renouvellement, dans certains milieux européens, de la culture humaniste et de la tradition érudite. La lecture, chez les oratoriens, de la Bibliothèque universelle de Jean Le Clerc20, dans laquelle fut publiée pour la première fois et en français la mé- thode de Locke, souligne le rôle du Refuge protestant et son influence dans ces pra- tiques culturelles communes à des élites résidant en Angleterre, aux Pays-Bas et en France. L’avant-texte ascétique relève, chez l’auteur du Soliloque, des techniques de soi empruntées aux Stoïciens et en particulier des hypomnêmata étudiés par Michel Foucault21, dans le common-place book, organisé selon la méthode de Locke, d’une mise en ordre systématique de ses lectures et de ses pensées, et chez Montesquieu

(19) Collectio juris, I et II, Œuvres complètes, t. Italiano per gli Studi Filosofici, 2007, éd. C. Vo l - 11, Oxford, The Voltaire Foundation, Napoli, Istitu- p i h a c -Au g e r , pp. XVII-XVIII. to Italiano per gli Studi Filosofici, 2005, éd. I. Co x (20) Voir H. Ro d d i e r , art. cité, p. 442. et A. Le w i s ; Geographica, Œuvres complètes, t. 16, (21) Voir M. Fo u c a u l t , «L’Ecriture de soi», art. Oxford, The Voltaire Foundation-Napoli, Istituto cité.

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d’un espace sans ordre préalable, anticipant sur une relecture postérieure, jouant sur l’examen de propositions qu’on conserve pour les insérer dans l’œuvre, les rejeter, les déplacer. Par rapport aux autres cahiers et recueils de notes, celui des Pensées mani- feste un travail de digestion et d’appropriation des matériaux exogènes. Le soliloque n’est pas absent des Pensées mais il ne consiste pas, comme chez Shaftesbury, en une exhortation à contrôler ses représentations, dans la tradition stoï- cienne. La préparation à l’autorité s’effectue par un dédoublement de soi qui est un mouvement d’anticipation des réactions d’un public. S’il y a des injonctions dans les recueils de notes de Montesquieu, il s’agit d’exhortations à lire, à examiner, à se référer à un texte, c’est-à-dire à accumuler et à vérifier des informations puis à les rapprocher, ou à juger de la validité d’un argument, d’une preuve. L’injonction Voyez ou remarquez à la deuxième personne du pluriel introduit un interlocuteur, un lecteur impliqué, que l’on cherche à convaincre d’une opinion par le renvoi à un exemple contenu dans un ouvrage mentionné ou dans l’évocation d’un fait connu. L’injonction à soi-même sert alors à introduire la preuve: Dans mon extrait des Ouvrages des Savants, novembre 1690, page 114, vous verrez les horribles persécutions en Suède (n° 198)

Sur le poids des passions et des préjugés chez les historiens français: Voyez comme le père Alexandre révoque en doute les faits les plus constants de l’histoire française (n° 190).

Sur le fait que Jeanne d’Arc n’était ni une sorcière, ni une prophétesse, et sur la disparition de ce préjugé qui faisait croire aux sorciers et aux inspirés: Voyez le même journal, où on paraît porté à croire que c’était une fourberie, et voyez les raisons historiques qu’on en dit. […] Voyez l’histoire de Jacques Cœur (n° 191).

Sur le fait que «La philosophie des Grecs était très peu de choses»: Voyez les pitoyables préceptes des Pythagoriciens (n° 211)

Montesquieu lecteur de lui-même, anticipe sur la relecture de ce qu’il écrit pour se fixer un travail de recherche et de vérification. La deuxième personne crée donc un dédoublement entre l’énonciateur et le futur lecteur. Montesquieu est en effet le lecteur de ses propres énoncés, lecteur qui se signale en particulier dans les mentions tardives, en marge, des œuvres dans lesquelles certaines remarques ont trouvé leur place («Mis dans les lois», «Mis dans les Romains»). Ce lecteur est invité à trouver dans les sources indiquées les preuves de ce qui est affirmé ou à effectuer un travail de vérification et de recherche: Voyez ma remarque avec une astérisque sur le raccourcissement des temps elle est je crois à l’occasion de la chronologie perse ou arabe ou l’on met je crois Abraham et ensuite David Voyez ou l’extrait de l’Alcoran ou de Chardin ou de Hide: Voyez aussi mon extrait de Justin l 36 p 65 (n° 41).

L’injonction à la deuxième personne constitue une forme de dialogue avec soi-même pour s’adresser des suggestions, établir une sorte de programme de travail comme le montrent ces remarques qui terminent une ébauche de récit fictionnel, où l’on glisse de la deuxième à la première personne:

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Remarquez qu’il faut que ce soit le plus jeune étranger sorti de l’île qui raconte l’histoire. Remarquez que dans les Indes les femmes conçoivent a huit ans. Peut-être pourrai-je entremê- ler cela d’un plus long roman.

Montesquieu justifie un choix narratif (il faut que ce soit le plus jeune qui ra- conte), donne de la vraisemblance à son récit en expliquant le peuplement de l’île à partir d’un seul couple (les femmes conçoivent à huit ans) et ébauche un projet de roman. Les expressions il faut voir, il faudra voir servent aussi à dessiner un programme de travail, comme dans le fragment n° 79 des Pensées sur le vol des oiseaux: Il faudra voir les éclaircissements que l’on pourra tirer du traité de Borelli De motu ani- malium. Il y a un livre sur le vol des oiseaux in fol. Il faut le voir.

[…] l’eau pèse moins que la terre, à ce que je crois. Il faudra voir là-dessus Histoire des ouvrages des savants, février 1692 article 10…(n° 81)

Le voyez peut avoir une fonction plus nettement rhétorique. Il sert aussi à inter- peller un lecteur virtuel qu’on prend à témoin pour lui faire partager un jugement. Ainsi du fragment n° 102 où il est question des changements affectant l’univers qui nous font croire à l’imposture de certains récits relatifs au passé, parce que nous ju- geons sur l’état présent du monde: […] les auteurs qui nous décrivent la Gaule n’ont pas pu errer au point de se tromper dans une chose si générale et si connue. Voyez pourtant comme Justin la décrit.

Le procédé de dédoublement fait apparaître un destinataire qu’on place pour ainsi dire en face de soi pour le convaincre: Voyez combien les conquêtes sont dangereuses: les soldats romains étaient révoltés et insolents dès le temps de la victoire sur Persée (n°193).

Remarquez que la bonne foi des Espagnols a ruiné leur commerce (n° 170).

Ces marques d’énonciation se mêlent à celles de fragments de textes qui ont été effectivement adressés, comme ce passage d’une réponse à une lettre de Jean-Jacques Bel sur les vrais inventeurs, recopié dans le premier volume des Pensées: Vous me demandez pourquoi les Anglais qui ont beaucoup d’imagination inventent peu, et les Allemands qui ont peu d’imagination inventent beaucoup. […] Vous entendez bien que mille chimistes allemands qui manipuleront sans cesse et ne se détourneront jamais trouveront plus aisément les effets de la combinaison de certains princi- pes en chimie que mille Anglais qui étudieront quelque principe de la chimie, mais qui s’occu- pent les trois quarts du temps a raisonner sur la religion et sur le gouvernement (n° 196)22.

On peut penser que le recueil sert alors à conserver des fragments déjà écrits dont le contenu inspire à Montesquieu l’idée d’une réutilisation ultérieure, ce qui pourrait expliquer les marques de deuxième personne dans le cas de lettres.

(22) Correspondance, OC, tome 18, lettre n° 254, p. 292-293.

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Mais sur un autre sujet, l’argument de Lucrèce contre l’éternité du monde, le thème, évoqué dans une lettre à Denis Dodart de septembre 1725, est formulé différemment et développé dans les Pensées, si bien qu’on ne peut cette fois parler d’un recopiage à des fins de conservation mais de la reprise d’une idée qui se trouve approfondie. Or dans ce cas, on retrouve l’usage de la deuxième personne: Ne croyez point qu’un Noé et un Deucalion pensassent a l’imprimerie et s’exerças- sent a faire des lunettes de longue vue […] Imaginez-vous un pâtre dans sa bergerie[,]de combien peu d’arts a-t-il connais- sance? (n° 206).

Ces exemples montrent la labilité énonciative à l’œuvre dans les Pensées, mais aussi des habitudes discursives qui conditionnent les modalités de réflexion. Ce dé- doublement, marqué par la deuxième personne, entre un énonciateur et son destina- taire, s’opère selon le modèle de la relation entre un orateur et son public, ou selon le modèle de la conversation, comme dans le fragment n° 117, à propos des ouvrages des Modernes comparés à ceux des Anciens: […] il me semble que je vois dans les uns de belles et vastes campagnes avec leur simpli- cité et dans les autres les jardins d’un homme riche avec des bosquets et des parterres. Je vous prie de voir la plupart des ouvrages des Italiens et des Espagnols, s’ils donnent dans le grand ils outrent la nature au lieu de la peindre, s’ils donnent dans le simple on voit bien qu’il ne s’est pas présenté a eux mais qu’ils l’ont recherché et qu’ils n’ont tant d’esprit que parce qu’ils manquent de génie.

L’expression Je vous prie de voir est une injonction à valeur probatoire (invo- quer les ouvrages comme preuve de ce qu’on affirme) qui suppose un destinataire mais surtout des normes de politesse correspondant à une conversation en co-pré- sence. La formule est d’autant plus intéressante que le même énoncé serait tout aussi pertinent, et peut-être plus conforme aux normes de la communication écrite, avec des tournures impersonnelles. Le souci d’exprimer une injonction, de marquer dans l’énoncé l’influence que l’on veut exercer sur l’interlocuteur, et l’intervention de la politesse, dans la formule d’atténuation, implique une interaction verbale et n’a de pertinence que dans l’hypothèse d’un destinataire différent de l’énonciateur. On voit ici se dessiner des modalités de débat régies par le modèle de la conversation. L’es- pace de la conversation, espace commun comme embryon d’un espace public, dans lequel se déploie, par l’intersubjectivité, l’échange d’arguments, dans une relation de parité entre interlocuteurs, se dessine aussi dans les Pensées par l’évocation des échanges conversationnels, lieux de débats intellectuels, auxquels Montesquieu a pris part. Ainsi par exemple de cette conversation entre Fontenelle, Yorke et lui-même, au sujet de l’origine de l’idée de la pureté et de l’impureté des corps au n° 1677. J’ai étudié ailleurs la forte dimension subjective du recueil dans lequel l’énon- ciateur laisse libre cours à l’expression personnelle de ses opinions23. Les énoncés introduits par «Je suis persuadé que…24je crois que…25 je dis que que…26 il me sem- ble que…27» affirment une position individuelle en respectant la possibilité d’affir- mations différentes, expriment une prétention à la validité, qui s’offre à l’examen

(23) La mise en archive de la réflexion dans les (25) N° 177, 181, 185, 462, 654, 664, 665, 1471… “Pensées” de Montesquieu, «Revue Montesquieu», (26) N°206, 562, 1562, 1680… n° 7, 2003-2004, pp. 25-39. (27) N° 137, 272 («il me paraît»), 327, 429, 441, (24) N° 102, 143, 169, 270, 1352… 586…

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et à la critique. La construction d’arguments appuyés sur des preuves et la modalité de l’opinion personnelle relèvent d’une conception rationnelle de la communication d’un auteur vers son public, qui se distingue par sa capacité à être critiquée et fondée. Entre le modèle de la conversation mondaine, celui de l’échange intellectuel au sein des élites cultivées et le modèle implicite de la tribune de l’orateur face à son public, s’esquisse un espace commun d’échange régi par l’argumentation et les formes du débat rationnel mené entre pairs. Le privilège apporté au développement de l’argu- mentation implique une réciprocité entre l’auteur et son lecteur, qui est une façon de résoudre le problème de la posture auctoriale posé par Shaftesbury. L’espace du soliloque fait apparaître un interlocuteur, représentation souvent convoquée comme point d’appui à l’administration de la preuve des opinions de l’énonciateur, mais aussi comme représentation rappelée ou imaginée d’un espace commun, sinon public, à l’intérieur duquel et pour lequel se construit le discours de l’auteur. Le dédoublement dont il a été question souligne aussi une labilité de l’instance énonciatrice, dont on peut trouver une autre manifestation dans le recours à l’énon- ciation fictionnelle pour faire son autoportrait: Une personne de ma connaissance disait… (n° 213)

Fiction, discours rapporté, citations entretiennent dans le recueil des rapports de proximité qui accentuent cette impression de brouillage de l’instance énonciatrice mais permettent aussi la variété et la liberté de parole d’un énonciateur qui s’avance parfois découvert, parfois masqué, s’essayant à différents rôles, sans avoir à assumer son dire. La citation comme point d’appui d’un discours d’auteur en voie de constitution est un autre élément permettant de rendre compte de cette constitution d’une ins- tance auctoriale. Les recueils, répertoires et ensembles compilant des citations ou extraits ont joué dans l’émergence de la posture de l’auteur, depuis la Renaissance, un rôle qui est à souligner. On remarquera d’abord, à partir des analyses d’Antoine Compagnon sur la citation, le passage d’une écriture médiévale appuyée sur la Tradition et l’Autorité et donc sur la citation, à une écriture classique qui suppose le contrôle du discours par le sujet de ce discours. La citation n’est plus le garant du discours, elle est convo- quée pour être examinée28. L’utilisation de l’astérisque chez Montesquieu, distinguant l’énoncé cité du commentaire personnel qui suit la citation29, caractérise le rapport de l’écriture classique à la citation, fondé sur l’affranchissement du jugement par rapport aux garants traditionnels. Entre les deux conceptions de l’écriture, l’effa- cement médiéval devant la citation et la subordination de l’énoncé emprunté à un commentaire d’auteur, à l’âge classique, le traitement humaniste de la compilation de citations a joué un rôle d’étape intermédiaire. Les recueils de sentences, d’adages, d’apophtegmes et de similitudes de la Renaissance renvoient toujours à une énoncia- tion antérieure, citations littérales ou formules rapportées à un personnage célèbre, à un auteur ancien, qui constituent autant de garants pour des énoncés sans autorité autonome30. Par ailleurs on pratique dans la tradition humaniste le recueil person-

(28) An t o i n e Co m p a g n o n , La seconde Main ou le Foundation, 2001, pp. 16-17. travail de la citation, Paris, Seuil, 1979, pp. 323-327. (30) Voir Cl a u d i e Ba l a v o i n e , «Bouquets de (29) Voir sur l’«astrix» ou «notte» dans les ma- fleurs et colliers de perles: sur les recueils de formes nuscrits de Montesquieu: Ca t h e r i n e Vo l p i l h a c - brèves au x v i e siècle», Les Formes brèves de la prose Au g e r , L’Atelier de Montesquieu, «Cahiers Montes- et le discours discontinu (x v i e-x v i i e siècles), Paris, quieu» n° 7, Naples-Oxford, Liguori-The Voltaire Vrin, 1984, pp. 51-71.

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nel de lieux, à finalité pédagogique, rhétorique et morale, qu’on pourra réutiliser et qui appartient à ces arts de la mémoire caractéristique de la culture de la période. Dans un article consacré aux Politica de Juste Lipse, Ann Moss, auteur d’un ouvrage consacré aux rapports entre les recueils de citations imprimés et les structures de pensée à la Renaissance31, souligne comment, à partir d’un usage scolaire, la repro- duction, le recyclage et les nouvelles combinaisons de citations constituent une forme de fonction auctoriale, à une époque où l’autorité des anciens demeure nécessaire à l’autorisation des discours. Juste Lipse mêle aux citations des anciens qu’il convoque sa propre voix, par des énoncés reliant entre elles les citations en explicitant leur fonction argumentative. Il se désigne comme un architecte, qui a emprunté à d’autres ses matériaux («Lapides et ligna ab aliis accipio […] architectus ego sum»)32. Il utilise aussi la métaphore de l’abeille, empruntée à Sénèque, qui, plus bénéfique que l’arai- gnée, se nourrit des autres créatures et non de ses propres entrailles33. Dans une visée plus esthétique, les Adages d’Erasme, un des plus grands succès de la Renaissance, n’appartiennent plus à la catégorie subalterne d’instruments visant à fournir des lieux ou des ornements. Comme l’a montré Claudie Balavoine, Erasme y cultive, à côté de collections classées par ordre alphabétique, un désordre voulu qui interdit qu’on se réfère simplement à des adages qu’on prélève pour servir un propos. Ce désordre impose une lecture et une lecture du discontinu34. Jean Lafond a mis en évidence comment les florilèges et recueils de citations, d’abord conçus comme instruments pour orner le discours ou nourrir une argumen- tation, orientent la lecture vers la pensée détachée. Cette pensée détachée se suffit à elle-même et conduit, d’une lecture discontinue à une écriture discontinue35. La Ro- chefoucauld, avec les Maximes, franchit le pas en écrivant des formules originales, qui furent d’abord jeu mondain, et qui érigent la pensée détachée en création originale d’un auteur. La présence, dans les Pensées d’un nombre important de formules frappantes relevant de la maxime, formules volontiers spirituelles, dégagées de toute énonciation antérieure et allogène36, relèvent d’une écriture différente de la sentence et du lieu commun, dont elle tire pourtant son origine: Dans une nation qui est dans la servitude, on travaille plus à conserver qu’à acquérir; dans une nation libre, on travaille plus à acquérir qu’à conserver (n° 792).

Plus le Prince a de grandeur, plus le Ministre est petit; et plus le Ministre a de grandeur, plus le Souverain est petit (n° 813).

D’abord, les ouvrages donnent de la réputation à l’ouvrier; ensuite, l’ouvrier donne de la réputation aux ouvrages (n° 875).

Les nations libres sont des nations policées. Celles qui vivent dans la servitude sont des nations polies (n° 784).

(31) An n Mo ss , The Politica of Justus Lipsius and n o z -Te u l i é et Georges Lo u i s -Ti n ], pp. 34-35. the Commonplace-Book, «Journal of the History of (34) Voir C. Ba l a v o i n e , art. cité, pp. 51-71. Ideas», Volume 59, Number 3, July 1998, pp. 421- (35) Je a n La f o n d , «Des formes brèves de la litté- 436. rature morale aux x v i e et x v i i e siècles», Les Formes (32) Politica [1589], Breves notae, 3-4. brèves de la prose et le discours discontinu (x v i e-x v i i e (33) Ibid., 4.; voir aussi, sur la métaphore séné- siècles), pp. 104-105. quienne, An n Mo ss , Les Recueils de lieux communs, (36) Voir mon article: «Les Pensées de Montes- Apprendre à penser à la Renaissance, Genève, Droz, quieu et la tradition des formes brèves», Poétique 2002 [1ère éd.: Printed Commonplace-books and the de la pensée. Mélanges offerts à Jean Dagen, textes Structuring of Renaissance Thought, Oxford, 1996. réunis par Béatrice Gu i o n , Sylvain Me n a n t , Maria Traduction française par Patricia Ei c h e l -Lo jk i n e , Susana Se g u i n et Philippe Se ll i e r , Paris, Cham- Monique Lo jk i n e -Mo r e l e c , Marie-Christine Mu- pion, 2006, pp. 363-377.

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Les effets de parallélismes, le jeu sur les antonymes ou sur les paronymes, sur les inversions, sont autant de procédés qui font de l’esthétique verbale, de l’art de la pointe, une façon de créer la surprise, l’énigme, le plaisir du sens dans le non sens, qui jouent sur l’effacement de l’instance énonciatrice, par l’assertion à valeur générique, et s’imposent par le plaisir du récepteur37. Les Pensées, distinctes du répertoire de citations, constituent un espace d’essai de ces formules originales brillantes, isolées et susceptibles d’être utilisées dans un contexte discursif déterminé. Comme l’annon- çait le fragment n° 3, ces assertions isolées dans le cahier non destiné à publication sont consignées à titre provisoire pour être réexaminées: Je n’ai mis là la plupart que parce que je n’ai pas eu le temps de les réfléchir et j’y penserai quand j’en ferai usage. (n° 3)

Le lien entre la maxime inventée par l’énonciateur, genre pratiqué par La Ro- chefoucauld, et la sententia, citation brillante prélevée d’un fonds exogène, est mis en évidence par Montesquieu lui-même dans la pratique de la citation et de l’auto- citation, rendue possible par un marquage de source, les fameux je disais, I said qui émaillent le recueil, ou les formules introductives de propos tenus par des personna- ges côtoyés par Montesquieu38: Je disais: «La formule est notre mère; la docilité, notre gouverneur» (n° 1211).

M. de Fontenelle dit fort bien: «Les bons styles en forment de mauvais» (n° 1220).

Il y a donc une relation étroite entre la collection d’extraits et de citations, le glanage de formules frappantes et de bons mots et la production d’une écriture dis- continue, par pensées détachées, en attente, dans un continuum entre la remarque empruntée et celle qu’on invente. Mais contrairement aux moralistes comme La Ro- chefoucauld et La Bruyère, Montesquieu ne publie pas de recueils de pensées déta- chées. Celles-ci sont placées dans un espace intermédiaire, cet avant-texte ascétique, et c’est dans l’environnement d’un ouvrage composé qu’elles peuvent recevoir une autorité et un auteur, celui qui va répondre de leur valeur de vérité. Contrairement à la maxime classique issue d’une pratique mondaine, qui joue sur l’esthétique du genre pour escamoter le raisonnement, la pensée et l’écriture de Montesquieu sont largement marquées par une tradition rhétorique de la preuve, comme le soulignent les marques de renvois à des lectures, à des faits connus, étudiés plus haut.

Dans les Pensées, Montesquieu laisse libre cours aux jeux de l’énonciation, au croisement de son discours avec d’autres discours, à un désordre fécond qui favorise les rapprochements inattendus. Ce recueil souligne fortement, par opposition, le lien entre l’imprimé et l’auteur à l’âge classique. Montesquieu y révèle le souci de ménager un espace de retrait pour se préparer à parler en auteur. Il y suggère l’espace commun d’un débat entre pairs, sorte d’horizon idéal d’un échange libre dans le cadre d’une expression rationnelle fondée sur la production d’arguments, de preuves et soumise à la critique. Un discours d’auteur polymorphe s’essaie, par repentirs et labilité de l’ins- tance énonciatrice. La pensée détachée se dégage de la citation dont elle tire pourtant

(37) Voir mon article: «Esthétique de l’écriture et versitaires de Bordeaux, 2007, pp. 107-123. économie de la pensée chez Montesquieu», Du goût (38) Voir mes analyses du procédé dans: La mise à l’esthétique: Montesquieu, sous la direction de Jean en archive de la réflexion dans les “Pensées” de Mon- Eh r a r d et Catherine Vo l p i l h a c -Au g e r , Presses Uni- tesquieu, art. cité, pp. 32-35.

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son origine, candidate, si l’on veut, à l’utilisation ultérieure et aux transformations sémantiques produites par un possible contexte. Le recueil de Montesquieu serait marqué par les effets de distance à son propre discours, de polyphonie et de confusion entre une parole rapportée et une parole assumée. Autant que texte d’archivage, ou réservoir, les Pensées seraient un espace de constitution de l’auteur, à côté de l’œuvre publiable dans laquelle celui-ci se déploie; recueil dans lequel Montesquieu peut s’essayer à l’occupation de positions diverses qui disposent à l’autorité que requiert la publication. c a r o l e d o r n i e r

sf161.indb 314 22-07-2010 12:14:42 Le roman populaire au service de l’histoire contemporaine: “La Juive au Vatican”, et “Débora”, de Joseph Méry

La Juive au Vatican et sa suite Débora, ont été écrits par Joseph Méry entre 1850 et 1852. Ces ouvrages aujourd’hui oubliés, imaginés par un polygraphe non dénué de talent1, ne sont pas des romans historiques mais des romans dans lesquels tous les ressorts du romanesque2, proche du genre du feuilleton (multiples personnages que l’on retrouve dans toutes les situations possibles; opposition manichéenne du bien et du mal; suites d’épreuves; enchaînement de coïncidences; rebondissements; dissé- mination d’indices; objectif fixé et poursuivi en dépit des obstacles) sont mis au ser- vice d’un événement historique dont ils évoquent la genèse: l’ouverture du ghetto de Rome par Pie IX deux ans après son accession au pontificat. Le thème de la judéité, inscrit dans les deux titres, est présent dès le premier vers du poème en latin dédié à Pie IX («Gens hebrea dolens tiberina torpet in urbe…») et le titre du premier chapitre, Une famille israélite. Les dernières lignes de Débora le rappellent encore. Ces livres – et là réside leur originalité – forment une chronique fictive servant de prélude à un acte politique réel; l’exemplarité d’un tel acte se déduit de celle de deux personnages (Christophe Santa-Scala, au nom transparent, et Débora), auxquels l’auteur attribue une fonction médiatrice, et dont l’engagement et l’héroïsme permettent d’influencer la conduite du nouveau pape envers la communauté juive de Rome. L’action commence à Tunis le 13 novembre 1838, et tous les événements qui se déroulent par la suite à Gênes ont lieu jusqu’en 1840. Après quoi le récit s’inter- rompt: il ne reprend que six ans plus tard, au moment de l’élection de Pie IX. Grâce au prince Santa Scala, devenu cardinal, c’est un pape présenté comme libéral qui est élu, contre des candidats rétrogrades comme Mario Mattei et Luigi Lambruschini (secrétaire d’État du pape précédent, Grégoire XVI, et particulièrement détesté). Mais, si Pie IX prend la décision sur laquelle repose l’ensemble de ce long roman (la motivation immédiate de celui-ci étant l’abolition des mesures coercitives prises depuis des siècles à l’égard des juifs, prélude à l’ouverture du ghetto), il n’apparaît que très peu en tant que personnage3: nulle part dans la première partie, La Juive au Vatican (d’autant que lorsque se déroulent les dix-sept premiers chapitres, il n’est encore qu’évêque d’Imola), et seulement trois fois dans Débora (I, 2; II, 10; III, 1). La matière du roman est constituée par une succession d’événements qui surviennent dans l’entourage d’une très jeune fille, l’héroïne éponyme. Autour d’elle gravitent une multitude de personnages qui donnent naissance à des intrigues parallèles toujours

(1) Parmi son immense production, ses autres ratifs (Communication, EHESS, 1966 – repris dans ouvrages sur l’Italie (Nuits italiennes (1838), Paris, L’Analyse structurale du récit, éd. du Seuil, coll. Michel Lévy, 1853; Saint-Pierre de Rome, Paris, Ga- «Points», pp. 67-69), a nommé «l’enclave»: «Cette briel Roux et Cassanet éditeurs, 1854) ne manquent disposition apparaît lorsqu’un processus, pour at- pas d’intérêt. teindre son but, doit en inclure un autre, qui lui sert (2) La structure du roman correspond à ce que de moyen, celui-ci pouvant à son tour en inclure un Claude Br é m o n d , dans La logique des possibles nar- troisième, etc.»

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liées à l’éros; celles-ci se distinguent toutefois des digressions par leur convergence vers le nœud du récit. Le prince Santa-Scala est l’autre personnage principal, agent du bien, tout aussi fictif que l’héroïne. C’est en fait de lui, de ses décisions et de ses initiatives, que dé- pend l’essentiel: aussi bien le désir de voir les juifs humainement traités que l’action concrète qui en permet la réalisation, puisqu’il est l’artisan de l’élection du cardinal Mastaï Ferretti, lui-même présenté comme suffisamment éclairé pour se laisser gagner par les arguments de son prélat et ami. Santa-Scala prouve que l’exercice du pouvoir peut être compatible avec l’effacement de soi au profit d’un intérêt collectif; il illustre la noblesse d’esprit et de cœur. Comme Débora, qu’il a connue jeune adolescente, il incarne l’abnégation, étant exclusivement tourné vers autrui. Tout roman populaire est construit sur des schémas antithétiques et un système d’oppositions. Ceux de Méry ne dérogent pas à la règle: le contraire de Santa-Scala est représenté par Talormi, qui concentre toutes les forces du mal: ancien prestidigita- teur devenu espion à la solde de l’Autriche, il poursuit jusqu’au bout une implacable vengeance qui ne prend pas sa source dans l’antisémitisme, mais dans l’échec d’un projet de mariage. Ainsi, c’est une blessure narcissique infligée à un personnage fictif et rempli de haine qui va contribuer à la construction romanesque élaborée pour rendre compte d’un acte réel, accompli par un être entré dans l’Histoire, et animé par le souci de la justice et de la charité. Les personnages principaux, fortement ca- ractérisés, sont immuables: de fait, homme du ressentiment, Talormi reste totalement égocentrique. Cet entrelacs de la fiction et du réel se manifeste dès les premières lignes du roman, où le logement de la famille Costantini (celle de l’héroïne) s’inscrit dans le paysage communément offert à la vue. Seule une restriction portant sur la date (c’est en 1838 que la maison des Costantini est détruite, tandis que leurs habitants fuient «les forbans lancés à la curée des trésors de l’Israélite») relègue cette situation dans le passé – donc dans l’invérifiablehic et nunc. L’incipit, accumulant les détails précis, a valeur de témoignage: «Tout marin, tout voyageur qui a visité Tunis avant 1838 se rappelle avoir vu, devant une petite baie couronnée de tamaris, une maison de ché- tive apparence pittoresquement jetée sur la côte, et dont la toiture plate se voilait de rameaux flottants, de lentisques et de palmiers […]» Puis, le prince Santa-Scala fait état d’un illustre lignage, qui justifie son engagement: il est un descendant de Chris- tophe Colomb. Ainsi, «[…] cette glorieuse filiation oblige Christophe Santa-Scala […] à consacrer son existence à d’autres rudes travaux, qui seront les découvertes d’un monde moral caché aux hommes jusqu’à ce jour par le vieil océan de l’erreur»4. Les chapitres suivants, qui se déroulent à Gênes, sont émaillés d’évocations de la ville telle qu’elle se présentait aux yeux des voyageurs réels; caractéristique amplifiée à partir du chapitre XVII, qui situe presque définitivement5 l’action à Rome. Le roman décrit peu (c’est le fil conducteur qui importe, d’où l’omnipotence de la narration)

(3) On remarque au passage que Méry mêle à ses ressemblances: le roman de Méry défend Pie IX (à héros fictifs non seulement un personnage réel, le un moment où celui-ci sort de dix-sept mois de fui- patriote Angelo Brunetti, dit Ciceruacchio, mais te à Gaète) en rejetant les erreurs et les lenteurs sur encore le pape alors en exercice, ce qui est rare l’entourage de ce dernier; celui de Zola prend ses dans la littérature ayant Rome pour objet (Dumas distances avec l’immobilisme de Léon XIII, même imaginera en 1853 dans Isaac Laquedem que ce der- s’il loue l’intelligence du pape. nier raconte au pape sa destinée de juif errant, mais (4) La Juive au Vatican (Paris, Arnauld de Vresse, l’action se situe en 1469, sous le pontificat de Paul s. d.), p. 27. Dans cette édition, un seul volume ras- II: seul Zola fera de même, en imaginant, à la fin semble vingt-quatre chapitres, contrairement à Dé- de Rome (1896), une conversation entre son héros, bora, dont les trente chapitres sont répartis en trois Pierre Froment, et Léon XIII. Mais là s’arrêtent les volumes dans l’édition L. de Potter (Paris, 1852).

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mais nomme abondamment, convoquant de façon permanente la caution du réel comme cadre de l’action; non seulement de nombreux monuments de Rome, mais aussi des rues, places ou quartiers, surgissent au fil du récit, ainsi que des coutumes ou fêtes, qui sont régulièrement proposées à l’information du lecteur: la «luminara», la naumachie de la piazza Navona, la fête du quartier populaire Testaccio, l’arrivée des «piferari» descendus des montagnes à Noël et la célébration de la «Befana», la bénédiction des chevaux devant l’église Sant’Antonio Abate, le carnaval romain ou encore, dans les environs de Rome, la fête des fleurs à Genzano. Mais cette fonction référentielle du roman est encore confortée par l’appui sur la réalité historique: le chapitre XV, intitulé Intermède politique, renseigne le lecteur sur la situation de l’Italie dans les dernières années du pontificat de Grégoire XVI (pape issu du parti des «zelanti», et pro-autrichien); le chapitre XVIII cite quelques prétendants avérés au conclave; le chapitre XXII résume – brièvement, et incom- plètement – le sort qu’empereurs et papes ont réservé à la communauté juive de Rome: «Dans le quartier méridional, sur un chemin formé par de petites rues et des maisons gigantesques, on trouve une porte cintrée que garde un soldat pontifical. Là commence le Ghetto, purgatoire terrestre des juifs. Tibère avait chassé les juifs de Rome; Domitien les rappelle et les trouve excellents pour payer l’impôt; le pape Clément VIII partage l’opinion de cet empereur, et les parque dans le Ghetto, où ils vivent d’une mort continuelle, encore aujourd’hui» (p. 259). Suit une description du lieu, considéré comme le pire du pays6. Au passage, Méry commet une erreur, en attribuant à Clément VIII (Aldobrandini), qui régna de 1592 à 1605, une mesure qui revient à Paul IV (Carafa), dont le pontificat, commencé en 1555, s’acheva quatre ans plus tard. C’est celui-ci, dès qu’il s’assit sur le trône de saint Pierre, qui prit contre les juifs des mesures coercitives dans la bulle Cum nimis absurdum, datant de 1555, et qui les obligea à vivre dans un quartier séparé, d’où la création du ghetto. Quelques années plus tard, en 1569, Pie V promulga à quelques jours d’intervalle deux bulles très hostiles aux juifs, Hebraerorum gens et Cum Hebraeorum malitia, tout comme le pape évoqué par Méry, Clément VIII, en 1592 (Cum saepe accidere) et 1593 (Caeca et obdurata).7 Ce recours à l’Histoire se vérifie encore dans Débora: le chapitre II de la pre- mière partie détaille les mesures prises par Pie IX pour réduire son train de vie: trois plats servis à sa table au lieu de sept8, vente de la moitié des soixante chevaux du Vatican, économie de 6000 écus sur les fleurs, reversement de son traitement d’évê- que – 40000 écus – à la ville d’Imola, enfin, huit écus journaliers de desserts non consommés à distribuer aux pauvres du Borgo Nuovo. Il décide aussi une amnis- tie générale permettant aux exilés de retrouver leurs familles. Mais la Curie freine cette orientation libérale, et le chapitre III de la deuxième partie décrit le réveil de la jeunesse dans les Etats pontificaux: «Les esprits trouvèrent bientôt de nouveaux

(5) Les derniers chapitres se déroulent non loin, ver du soleil, et derrière laquelle s’entassaient des à Viterbe. centaines de familles. Toutefois, le ghetto ne fut (6) Pour une description du Ghetto avant détruit qu’en 1888, soit dix-huit ans après la prise l’ouverture des portes ordonnée par Pie IX, voir de Rome. déjà Rome souterraine, de Charles Di d i e r , paru (8) On rapprochera cette décision de celle du en 1833 (éd. S. Gu e r m è s , Droz, Textes littéraires cardinal Severoli (un instant pressenti lors de la français, 2007, chap. XVI, pp. 370-371; et deux al- succession de Léon XII en 1829) rapportée par lusions au même lieu, p. 249 et p. 361). Stendhal dans Promenades dans Rome: «Sévéroli (7) Deux siècles et demi plus tard, Léon XII passait pour un saint […], parce qu’il avait défendu témoigna une certaine indulgence, en autorisant à ses gens de mettre plus de trois plats sur sa table un relatif agrandissement. Mais c’est Pie IX qui, lorsqu’on lui conféra le riche évêché de Viterbe» les 17 et 18 avril 1848, fit ouvrir la fameuse – et (Gallimard, Folio-classiques, éd. V. d e l Li t t o , pré- unique – porte, tenue fermée du coucher au le- face M. Cr o u z e t , p. 414).

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éléments d’inquiétude politique dans le mouvement réactionnaire qui se manifestait autour du nouveau pape. D’invisibles mains étouffaient dans leur germe les réformes promises; de criminelles aspirations s’élevaient par-dessus la chaîne des Apennins et arrivaient aux oreilles autrichiennes toujours ouvertes du côté du Vatican. Les sup- pliques libérales adressées par les Légations et signées des noms les plus illustres, s’arrêtaient à la porte de Pie IX et ne la franchissaient pas. Les mécontentements prenaient chaque jour une nouvelle énergie, en menaçant de devenir sérieux» (p. 76). La question des juifs est donc replacée dans un contexte de revendications plus gé- néralement politiques. Il est intéressant de comparer les explications synchroniques proposées par l’auteur avec d’autres opinions: celle d’Edmond About, beaucoup plus nuancée, dans La Question romaine (1859) et dans Rome contemporaine (1861)9; celle du journaliste A. S. Kauffmann dans Chroniques de Rome (1865), également criti- que10; enfin, le jugement diachronique d’un historien de la fin dux x e siècle spécialiste de la papauté: «Rompant avec la politique de répression de Grégoire XVI, Pie IX acquiert une réputation de libéral dès ses premières mesures: choix du cardinal Gizzi, libéral, comme secrétaire d’État, annonce d’un programme de réformes administra- tives, et surtout décret d’amnistie. “Nous avons tout prévu, excepté un pape libéral” observe Metternich pour qui Pie IX est un homme “chaud de cœur, mais faible de conception et sans esprit de gouvernement”. L’opinion, excitée par un pamphlet de Gioberti Il gesuita moderno (1847), s’en prend aux jésuites d’esprit absolutiste et au parti ‘austro-jésuite’. Le clergé se rallie à la cause nationale et Pie IX devient le sym- bole du réveil italien. Mais la réalité est autre: Pie IX, dans sa première encyclique Qui pluribus (9 no- vembre 1846), a dénoncé le libéralisme religieux, “cet épouvantable système d’indif- férence”, et reste attaché à une conception monarchiste et autoritaire de ses pouvoirs, temporel comme spirituel. Il hésite à faire les réformes souhaitées par les libéraux, et, sensible à sa popularité, il attend que des manifestations de foule lui arrachent des concessions pour les effectuer»11. Enfin, dans un souci de transparence pré-naturaliste, l’auteur éprouve le besoin d’insérer deux documents dans son roman. Tout d’abord, des extraits de la bulle Pro Judaeis édictée par le pape Benoît XII, selon Méry, pendant la semaine sainte de 1334.

(9) Cf. Edmond Ab o u t , La Question romaine «Me voilà aux abords du Ghetto, gardé par des (1859), 2e éd. revue et corrigée, Paris, Michel soldats pontificaux. Il y a à peine quelques années Lévy frères, chap. XIII, pp. 132-133 (sur le pre- que des chaînes de fer cadenassaient le Ghetto dès cetto), et chap. XV, pp. 155-166 (sur la situation le soleil couchant et empêchaient les parias qui faite aux juifs); et Rome contemporaine, chap. III, l’habitent de sortir la nuit de leur quartier infect. Paris, Michel Lévy frères, 1861, pp. 90-109 (long Les juifs sont encore régis, à Rome, par des lois ex- chapitre constatant le délabrement et l’insalu- ceptionnelles; ils y sont en butte aux plus iniques brité du Ghetto, et faisant le point sur les mesures vexations. Je traverse la rue marchande du Ghetto, d’assouplissement promulguées par Pie IX). Voir couloir étroit comme les ruelles de Gênes et de Ve- aussi deux descriptions du Ghetto quasi contem- nise; une puanteur horrible s’en dégage. Vêtus de poraines: celle d’Adélaïde-Louise d’Ec k m ü h l d e loques crasseuses, les hommes et les femmes, assis Bl o c q u e v i ll e , dans Rome (Paris, J. Hetzel, 1865, sur des escabeaux, travaillent sur les portes de pe- chap. XVII, pp. 241-254), très favorable à la tites échoppes sales et accroupies comme les êtres fois aux juifs et à l’action de Pie IX, même si elle qui les habitent; des nuées d’enfants déguenillés constate que le Ghetto est encore insalubre (elle grouillent sur le pavé» (p. 243). imagine que les tortues de la piazza Mattei toute (10) A.S. Ka u f f m a n n , Chroniques de Rome. Ta- proche lui disent: «Ne t’attriste pas, notre marche bleau de la société romaine sous le pontificat de Pie est lente, mais nous arrivons plus sûrement au but IX, Paris, G. Barba, 1865. Voir notamment les cha- que la cavale impétueuse; et comme nous, crois-le, pitres XXXII et XXXIV. les pauvres Juifs finiront par arriver!»); et celle de (11) Yv e s -Ma r i e Hi l a i r e , Histoire de la papauté, Louise Co l e t dans le dernier volume de sa tétralo- Paris, éd. du Seuil, 2003, coll. «Points-Histoire», gie L’Italie des Italiens (Rome, Paris, Dentu, 1864, chap. XVII, p. 399. chap. XLI, pp. 241-243, puis chap. XLII, p. 246):

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Document essentiel puisqu’il justifie le bien-fondé du combat mené par le cardinal Santa-Scala, relayé par Débora et les membres de la communauté juive. «Aujourd’hui, disait le texte papal, où l’Alleluia de Jacob éclate sous les voûtes de Saint-Jean-de-La- tran; aujourd’hui où, aux lueurs nouvelles du lumen Christi, nous prions à genoux, pour les juifs, devant les saints autels, quand le diacre chante: Flectamus genua, il nous est revenu à l’esprit ce verset de l’apôtre saint Paul: Les juifs demeurent chers à Dieu, à cause de leurs pères, car les bienfaits de Dieu sont sans repentir; et à cause de toutes ces choses, nous voulons que les souffrances des juifs soient allégées, dans la VILLE, et qu’ils soient traités à l’égal de nos autres fils les plus chers, etc., etc.» (pp. 68-69). Pourquoi le choix de cette bulle, parmi celles où figurent des décisions favorables aux juifs? Il faut rappeler l’existence de bulles plus anciennes, souvent citées. Tout d’abord, Sicut Judaeis, édictée par Callixte II vers 1120, et qui visait à empêcher le renouvellement des violences – allant du meurtre à la conversion forcée – faites aux juifs par les chrétiens lors de la première croisade. Puis, la bulle Etsi Judaeorum pro- mulguée par Grégoire IX en 1233 condamna aussi les actes commis contre les juifs. Quant à la bulle Lachrymabilem Judaeorum d’Innocent IV, en 1247, elle demandait aux évêques d’Allemagne de ne pas laisser assassiner des juifs sur la base de fausses accusations. Chaque contexte était donc particulier; mais les efforts de ces papes furent toujours annulés par d’autres12. Quoi qu’il en soit, on peut se demander si la bulle de Benoît XII n’a pas reçu elle-même un traitement romanesque: présentée dans le roman comme ayant miraculeusement échappé à l’incendie du sac de Rome, elle brille par son absence dans les rares articles d’historiens modernes concernant ce pape; d’autant que celui-ci n’a été élu que fin décembre 1334, ce qui rend caduque la possibilité d’une promulgation de cette bulle lors de la semaine sainte de cette année-là. Méry peut s’être trompé d’un an (la bulle pourrait dater de 1335), et son lapsus tiendrait au fait que lui-même se trouvait à Rome en 1834, pendant la semaine sainte. «Cinq siècles se sont écoulés depuis», dit le cardinal en lisant la bulle à Pie IX (p. 78), précisant peu après: «Il y a cinq siècles aujourd’hui, cet auguste livre en est té- moin, un glorieux pontife, Benoît XII, étendit sa droite clémence sur le purgatoire du Ghetto romain». Tout se passe comme si Méry, ayant découvert cette bulle en 1834, personnellement ou par ouï-dire, oubliait un instant que l’action de son roman se situait douze ans plus tard. A-t-il lui-même écrit le texte papal sur la foi d’une simple allusion retrouvée par hasard? La mention de la «VILLE» le laisse penser: c’est en effet en Avignon, et non à Rome, que Benoît XII exerça son pontificat… Un autre document, celui-ci bien réel, est inséré dans le roman: au début du premier chapitre de la troisième partie de Débora, Pie IX, qui a accepté le don de la statue de Moïse réalisée par le sculpteur Bezzi, avec Gédéon Costantini pour modèle, reçoit aussi «une députation des juifs du ghetto» (p. 8). La cérémonie est relatée, et une note de l’auteur – fait rarissime dans un roman – figure en bas de page: «Le Journal des débats du 24 août 1846, en énumérant les avantages que l’avènement de Pie IX promettait de donner aux juifs de Rome, a rapporté le fait suivant: “Pie IX accueillit avec bienveillance la députation des Israélites chargée de le féliciter à l’occasion de cet événement. Le souverain pontife ordonna que dorénavant les juifs participeraient aux aumônes qu’il ferait distribuer”». On comprend alors que cette

(12) Pour s’en tenir seulement à la période an- In generali concilio (1218) l’application effective térieure à 1334, Innocent III, dans la bulle Etsi et générale de cette mesure. Enfin, la confiscation non displaceat, en 1205, fut particulièrement vi- des livres du Talmud fut promulguée, pour la pre- rulent. Puis, trois ans après le quatrième concile mière fois, par Grégoire IX en 1239 dans la bulle de Latran, qui avait imposé aux juifs le port de Si vera sunt, de même que la condamnation du signes vestimentaires spécifiques et le paiement prosélytisme par Clément IV dans la bulle Turbato d’une dime, Honorius III demanda dans la bulle corde en 1267.

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note brève constitue sans doute la matrice du roman-fleuve, celui-ci reconstruisant, en ayant recours à l’invention, une chaîne complexe de causes et de motivations pour expliquer l’histoire officielle. Méry a éprouvé le besoin d’une caution, celle du réel, exprimée sous une forme purement informative, extraite d’un journal. Le document laconique, la simple chronique, fournit le fil à partir duquel l’imagination tisse une intrigue romanesque protéiforme. Car c’est bien ici l’imaginaire le plus exubérant qui permet de dire les faits histo- riques. La famille Costantini fuit Tunis où elle n’est plus en sécurité dans une embar- cation fournie par un prince de passage, Christophe Santa-Scala. La mère meurt avant de quitter le rivage et le fils est sauvé d’un naufrage,in extremis, par un capitaine hol- landais, Van Ritter, qui les mène tous (le prince, Josué le père, Débora et Gédéon ses enfants) à Gênes, fief de la famille Santa-Scala. Deux jeunes gens sont amoureux de la sœur du prince, Memma: le peintre français Paul Gréant, et le diplomate Talormi. Si le premier a des espérances fondées, le second a essuyé un refus lors de sa demande en mariage. Mais Van Ritter, dès qu’il voit Memma, demande sa main à son frère, qui la lui accorde. Paul Gréant, poussé par Talormi, projette de partir, et auparavant de provoquer Van Ritter en duel; témoin de la préparation du sabotage d’un pont par un sbire de Talormi, il décide toutefois de rester pour empêcher un crime. Il est blessé par le sbire le soir du mariage de Memma, alors que Van Ritter doit reprendre la mer: la jeune femme reste seule, et vierge. Elle prend Débora sous sa protection. Au cours d’un duel, Paul Gréant croit tuer Talormi, qui voulait asassiner Van Ritter pour s’em- parer de Memma. Celle-ci, avertie du danger rétrospectif qu’elle a couru, se donne à Paul, dans un jardin; mais Talormi resurgit. Il ne croit pas au départ manifeste de Memma, censée rejoindre son mari, et découvre qu’elle est enceinte. Jusque-là, rien ne justifie le titre du roman: depuis leur arrivée à Gênes, les Cos- tantini, en tant que personnages, s’effacent derrière Memma et ses soupirants; Dé- bora elle-même est placée au second plan. Si l’on reconstitue le schéma actantiel du début de La Juive au Vatican, on aboutit aux résultats suivants: l’objet reste le même (le mariage), ainsi que le destinataire (Memma); mais, selon les destinateurs, les ad- juvants et les opposants varient. Si c’est Talormi, l’adjuvant est Barbone13, le sbire, et le destinataire joue aussi le rôle de l’opposant; si Paul est le destinateur, Memma joue aussi le rôle d’adjuvant, Talormi étant l’opposant déclaré, Van Ritter et Santa Scala les opposants malgré eux; enfin, dans la situation concrétisée, Van Ritter est le destinateur, le prince, l’adjuvant, Talormi se maintient dans le rôle d’opposant, que Paul ne conserve pas. C’est à partir de la reprise du récit, après six ans, dans une autre ville, Rome, que cette intrigue amoureuse se révèle préparatoire à l’intrigue principale. Comme dans un opéra (Méry fut, notamment, le co-librettiste de Don Carlo, et, auparavant, le traducteur du livret italien de la Sémiramis de Rossini), tous les protagonistes sont regroupés dans le même lieu, jusqu’à la résolution de l’action principale, et encore au-delà. Talormi cherche toujours à se venger, Paul, à se justifier auprès de Memma, qui continue à le fuir. Le lien entre l’intrigue romanesque et l’événement historique, c’est le prince Santa-Scala qui l’assure. Devenu cardinal, il ne comprend pas qu’on puisse après dix-huit siècles accuser les juifs d’avoir tué Jésus. La situation qu’il dé- plorait au début du roman («À quelques pas de la basilique de ce juif glorieux, de cet apôtre de Jérusalem, les enfants d’Israël sont parqués comme un vil troupeau dans de honteux carrefours et portent, écrite sur leur tête, la note d’infamie qui les voue

(13) Ce nom est celui d’une maladie contractée dans Rome contemporaine, op. cit., p. 286. par les poulains, comme le rappelle Edmond About

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à la publique exécration!» – p. 30) est sur le point de changer, à l’issue du conclave: «Nous avons bien conduit la grande œuvre, avec le secours de Dieu; nous avons triomphé de beaucoup d’obstacles, mais tout n’est pas fini. Les anges des ténèbres s’agitent encore, et l’éclat du grand soleil qui se lève les offusque et les irrite. Ils acceptent en apparence le présent, pour mieux préparer la ruine de l’avenir; mais l’œil de la vigilance restera ouvert. Un ancien proverbe local a dit: Rome ne s’est pas faite en un jour. Il y a donc bien des choses encore à accomplir: une des premières est l’émancipation des juifs; il faut abattre les grilles du Ghetto, et fonder la grande fraternité religieuse et civile. C’est le bras constant de tous mes efforts. […] Il faut enfin qu’Israël sorte une seconde fois de l’esclavage d’Egypte; il faut qu’un nouveau Moïse conduise son peuple à la terre de promission! Le Ghetto déshonore le Vatican; et le mot pâques, qui signifie délivrance des juifs, ne sera plus un mensonge sous Pie IX» (pp. 222-223). Le romanesque va alors se charger de tracer la voie vers l’avenir, grâce à la valeur exceptionnelle du cardinal, mais aussi de Débora, qui prendra au fil des chapitres une importance croissante. Après la venue des soldats du pape au ghetto, réclamant à Josué Costantini une amende (il n’a pas voulu écouter le sermon hebdomadaire auquel toute sa communauté doit assister) qu’il refuse de payer, la jeune fille déclare qu’elle ira voir Pie IX pour lui demander que les juifs ne soient plus obligés d’aller à la messe, et qu’ils obtiennent la liberté de culte. Le schéma actantiel devient alors le suivant:

Débora => abolition des mesures coercitives => la communauté juive romaine / \ le cardinal Santa-Scala, lady Stumley Talormi

On constate que Talormi, dans cette nouvelle configuration, se maintient dans la fonction d’opposant. En effet, l’arrivée d’un autre personnage, lady Stumley, amie de Memma, va recréer une situation érotique frustrante pour l’ancien prestidigitateur. L’aristocrate anglaise, dont on devine qu’elle fait passer pour sa propre fille Fiorina, fruit de la nuit d’amour entre Memma et Paul, a elle aussi trois soupirants, malgré elle: son intendant Virgilio, Gédéon Costantini (que sa sœur exhorte vainement à renoncer à cet amour jugé impossible), et Talormi. Elle ne se préoccupe que du bien d’autrui, commande au sculpteur Bezzi la statue d’un Moïse dont le modèle, on s’en souvient, est Gédéon, se rend aux archives du Vatican, et fait remettre au cardinal Santa-Scala le volume contenant la bulle Pro Judaeis. Le pape est favorable à leur affranchissement, mais le trésorier du Vatican objecte un arriéré d’impôts de 50000 écus. Le cardinal promet leur paiement dans trois jours. Lady Stumley n’a pas l’ar- gent; Talormi, qui l’apprend, offre de prêter la somme, mais exige, en la remettant, une contrepartie que la jeune femme lui refuse. L’espion se fait menaçant. Dès lors, il va poursuivre deux buts: celui, déjà ancien, qui consiste à briser le mariage de Mem- ma; et un nouvel objectif, la perte de la réputation de lady Stumley. Les deux intrigues vont se rejoindre lorsque Paul Gréant, attiré dans un guet-apens, est condamné aux galères par un tribunal présidé par Mgr Pacifico, le mal-nommé, opposé au nouveau pape. Le lecteur, au fil de multiples rebondissements dont nous ne retraçons ici que les principaux, a eu tendance à oublier la décision qui justifie le titre de la première partie du roman de Méry. Au milieu de la deuxième partie de Débora, la jeune fille n’a tou- jours pas vu Pie IX. La résolution de ce retard se fait en trois temps, selon un habile dosage narratif. Tout d’abord, au chapitre III de cette deuxième partie, il est question de la bénédiction des chevaux devant l’église Sant’Antonio Abate, le 17 janvier. Au moment de l’arrivée de la voiture de lady Stumley, une voix forte (celle de Barbone, exécuteur des basses œuvres de Talormi), s’écrie: «È un’ ebrea!» («C’est une juive!»).

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«A ce cri, le prêtre recula, le lévite éteignit le cierge, la cérémonie fut interrompue; des milliers d’échos vivants répétèrent le chœur formidable: ‘C’est une juive! Ne bénissez pas! C’est Débora la juive qui vient profaner la fête! Mort à la juive!’» (pp. 84-85). L’invraisemblance est telle que le lecteur ne peut y croire, et conclut à une nouvelle machination de Talormi. Or, à cette scène publique où lady Stumley ne sort pas de sa voiture, et ne s’exprime pas non plus, soustraite à la foule par Virgilio, correspond, sur le mode intimiste, une autre séquence, au chapitre VII, où la jeune femme, fuyant Rome en chaise de poste, dévoile à son intendant sa véritable identité. Grâce à cette péripétie, la plus forte du roman, le lecteur comprend, après coup, pourquoi Débora cherchait avec tant de force à dissuader son frère d’aimer lady Stumley14, l’aristocrate anglaise et la jeune fille du ghetto ne formant qu’une seule et même personne. Le récit de l’aveu permet aussi de combler quelques blancs narratifs: elle «raconta en détails les services qu’elle avait rendus avec ce nom d’emprunt à la liberté des juifs; elle n’oublia pas surtout cette mémorable visite rendue au Vatican, et se glorifia d’avoir été la première juive dont le pied eût osé fouler les marbres chrétiens du palais et de la basilique interdite aux fils d’Israël» (p. 243). Et ce coup de théâtre fournit au lecteur le plaisir d’une lecture rétrospective, où des indices ténus prennent alors tout leur sens; en outre, grâce à plusieurs analepses, il recueille des informations sur les six années (1840-1846) diégétiquement absentes. Enfin, l’aboutissement de la demande en révision du procès de Paul Gréant, devant le tribunal de la Sacra-Consulta présidé par Santa-Scala, permet à lady Stumley de réitérer son aveu, publiquement, au cours d’un long monologue où l’accusée plaide avec véhémence sa propre cause: «Eh bien! oui! je suis Débora, je suis Débora, la juive! Vous êtes si charitable à Rome envers les pauvres juifs, que Dieu même nous permettrait le mensonge pour vous tromper quand vous nous persécutez. […] Débora est devenue lady Stumley, non point par une sotte vanité ambitieuse, non point pour renier la sainte religion de ses pères, (…) mais par dévouement pour les juifs dont vous faites des martyrs. Lady Stumley a fait ce que Débora la juive n’aurait pu faire. Lady Stumley est entrée au Vatican; elle a eu la gloire de trouver dans ses archives la bulle qu’un glorieux pape a faite en faveur des juifs, dans les ténèbres du bas moyen âge, bulle qu’on n’ose ratifier aujourd’hui dans notre siècle des lumières; et ce n’est point Pie IX qui refuse de ratifier cette bulle de son glorieux prédécesseur: Pie IX est un pontife éclairé, libéral, tolérant; il s’est élevé à la hauteur de son siècle; il veut continuer Clément XIV, et faire oublier Alexandre VI. Nos ennemis ne sont pas sur la chaire de saint Pierre; ils sont blottis sous l’escalier, et quand un ordre libéral tombe du siège suprême, ils le ramassent, et ces faussaires, malgré Pie IX, le changent en édit d’oppression! Lady Stumley a eu le droit de soulager les misères du Ghetto sans exciter de l’ombrage; lady Stumley a donné du travail à vos artistes sans les compromettre aux yeux de vos jaloux inquisi- teurs […]»15. Débora va retourner au Vatican, et, cette fois-ci, voir le pape: Pie IX a accepté le don de la statue de Moïse, et la jeune femme assiste à la réception de la délégation communautaire. Mais si Débora a toujours partagé les épreuves des juifs, ses épreu- ves personnelles16 les plus dures commencent après cette seconde visite, bien qu’il

(14) Parmi les topoï littéraires de base, seul coll. Tel, pp. 204-205: «Le premier type fonda- manque à ce roman celui de la scène de reconnais- mental du roman d’aventures est organisé, comme sance. le roman baroque, par une forme ou une autre de (15) Débora, t. II, chap. IX, pp. 299-302. l’idée d’épreuve. […] Le levain baroque du roman (16) À ce sujet, voir Mikhaïl Ba k h t i n e , «Du d’aventures est très agissant: même dans la struc- Discours romanesque», in Esthétique et théorie du ture du roman-feuilleton de la plus basse qualité, roman, trad. Dara Ol i v i e r , Paris, Gallimard, 1978, on découvre des aspects qui, au travers du roman

sf161.indb 322 22-07-2010 12:14:43 Le roman populaire au service de l’histoire contemporaine 323

n’y ait aucune corrélation à y chercher. Simplement, en ne s’arrêtant pas sur ce point d’orgue, mais en préparant, sur fond historique et politique plus large (le combat de patriotes italiens au moment de la création, à Viterbe, de l’opéra de Verdi I Masna- dieri)17, une stratégie de dénouement où les forces du bien et celles du mal, en lutte depuis le début du roman, subissent exactement le même sort, Débora signale que la lutte engagée pour le changement des mentalités devra se poursuivre longtemps encore. Le récit ne va pas au delà de 1846: de fait, rien dans le roman ne décrit l’ouverture du ghetto, la réaction des juifs, leur vie plus libre. Les deux volumes, encore une fois, ne relatent que les antécédents de cet événement. La fin peut susciter plusieurs interprétations: sa brutalité tient-elle au fait que les lecteurs se lassaient? Ou l’auteur lui-même voulait-il passer à un autre livre? Nous n’en savons pas assez sur les circonstances de composition et de publication pour apporter une réponse. Cette fin ressortit davantage à l’esthétique du mélodrame ou de l’opéra vériste qu’à celle du roman populaire; elle est aussi très décevante pour les amateurs de lieto fine. Mais c’est précisément pour cette raison qu’elle se dégage de la vulgate romanesque, et qu’elle en mine l’axiologie (extrême cohérence, polarisation, triomphe de la justice et de l’amour). L’enchevêtrement des péripéties, les coïncidences irréalistes, se résolvent dans la délivrance d’un message lucide. De la fuite hors de la maison natale aux voci- férations de la foule romaine, de la crucifixion diaboliquement imaginée par Talormi à l’ultime sacrifice, le roman affirme page après page la récurrence d’un antisémitisme difficile à éradiquer18. Au tournant du siècle suivant, dans la tourmente de l’Affaire Dreyfus, et, au delà, de façon inhumaine, le pessimisme de Méry se vérifiera encore.

s o p h i e g u e r m è s

baroque et d’Amadis, nous conduisent aux formes de l’autobiographie chrétienne primitive, aux auto- secrètement fait donner le baptême lors d’une ma- biographies et légendes du monde latino-hellénis- ladie qu’elle croyait fatale (l’enfant devint prêtre; il tique». mourut à 89 ans). Cette affaire avait divisé l’opinion (17) En réalité, cet opéra fut créé à Londres le et pris un tour international. Edmond About y fait 22 juillet 1847. notamment allusion dans La Question romaine, (18) La récente béatification de Pie IX (3 sep- op. cit., pp. 87 et 165. On pourrait d’ailleurs penser tembre 2000) par Jean-Paul II a d’ailleurs réveillé que Méry écrivit La Juive au Vatican et Débora pour des conflits: les opposants ont souligné unre- rappeler, dans un tel contexte, la bienveillance du virement du pape à l’égard des juifs, au moment pape à l’égard des juifs au début de son pontificat; de son retour à Rome en 1850, après les troubles il n’en est rien: l’enfant fut enlevé en 1858, plusieurs des années 1848-49; ils ont aussi rappelé «l’affaire années après la parution de ces romans. Sur les en- Mortara», du nom d’un enfant de Bologne enlevé lèvements d’enfants juifs en vue d’une conversion, à sa famille israélite pour recevoir une éducation voir aussi A. S. Ka u f f m a n n , Chroniques de Rome, catholique sous prétexte qu’une servante lui avait op. cit., pp. 209-211, 230 et 270.

sf161.indb 323 22-07-2010 12:14:43 Henry de Montherlant: lo stato attuale della critica

Dal 1920, anno della pubblicazione della Relève du matin, al 2008, anno dell’usci ta degli atti inerenti all’ultimo Convegno di Bruxelles su Henry de Montherlant, più di settecento sono gli studi apparsi sull’autore francese. Nato e cresciuto in una fa- miglia «de condition», Henry conserva per tutto l’arco della sua esistenza (dal 1895 al 1972) quella propensione al «mépris» che tante contestazioni gli valse da più parti del mondo intellettuale. Nella Correspondance e nei Carnets, Montherlant sottolinea il suo rapporto turbolento con l’editoria, la critica e l’opinione pubblica di Francia, di un Paese in cui i contrasti e le polemiche, suscitati dalla sua opera, superano sempre il consenso ottenuto. Montherlant è un autore “difficile”, lineare nell’esposizione del pensiero, ma complesso se si vuole giungere all’effettiva comprensione dei suoi scritti: l’ambiguità generata dal principio dell’alternanza su cui si fonda la sua intera produ- zione letteraria è una delle cause essenziali della diffidenza suscitata negli intellettuali e nel pubblico. Caratteristica della concezione morale di Montherlant è di essere in disaccordo con tutto ciò che rappresenta l’opinione corrente. Il suo senso di libertà e d’indivi- dualismo, il suo attaccamento a valori che già nei suoi anni sembravano ormai supera- ti, come la ricerca della forza e dell’elevazione morale e come l’esaltazione delle virtù cristiane, nutrite, però, nell’ateismo e quindi vissute secondo una prospettiva laica, pongono il nostro autore in antitesi alle mode passeggere che imperano nella socie- tà. Nei Carnets 1930-1940, Montherlant trascrive un brano della Nouvelle Héloïse (Lettera XVII) che egli dice «d’une actualité et d’une vérité à la lettre immortelles», riguardante le mode letterarie in Francia: «Tout le monde y fait à la fois la même chose dans la même circonstance. Tout va par temps, comme les mouvements d’un régiment en bataille. Vous diriez que ce sont autant de marionnettes clouées sur la même planche ou tirées par le même fil»1. Negli anni successivi alla composizione di quei Carnets, la sua idea sulla vita culturale francese rimane invariata e la sua volontà di separazione dal mondo è aspramente criticata. Nel 1961, un anno dopo la réception di Montherlant all’Académie Française, grande scalpore suscita un articolo pubbli- cato in «Arts», intitolato Le procès de Montherlant i cui firmatari divisi fra sostenitori e detrattori, rispettivamente François Nourissier e Michel Mohrt per i sostenitori e Philippe Soupault (il noto fondatore del Surrealismo insieme con André Breton) e Robert Kanters per gli accusatori, dibattono accesamente sulla seguente questione: «Montherlant est-il classique ou académique?». L’opera montherlantiana possiede ancora un valore letterario traducibile nella scelta di tematiche attuali e nell’interes- se di captare le preferenze del pubblico per poi rispondere alle sue attese, oppure è ormai divenuta uno sterile monumento alla classicità, riflesso del pensiero di un

(1) H. d e Mo n t h e r l a n t , Carnets 1930-1940, p. 1102. Cfr. J.-J. Ro u ss e a u , La Nouvelle Héloïse, in Essais, textes établis par Pierre Si p r i o t , Paris, édition d’Henri Co u l e t , Paris, Gallimard, 1993, t. Gallimard, 1963 («Bibliothèque de la Pléiade»), I, p. 310.

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autore sempre più isolato e chiuso nella sua “torre d’avorio”2? Già allora i critici di Montherlant dividevano il loro giudizio fra apprezzamenti ed aspre polemiche, rico- noscendo solo parzialmente il merito dell’autore: elogiato il Montherlant dei primi testi narrativi, quali La relève du matin (1920) e Le songe (1922) e di parte della sag- gistica, come L’équinoxe de septembre (1938), vietato durante l’occupazione tedesca, e Service inutile (1935), bersagliato, invece, il Montherlant autore delle Jeunes filles3 (1936-1939), del Solstice de juin4 (1941), di Pasiphaé (1936), della Reine morte (1942), di Don Juan (1958) e del Cardinal d’Espagne (1960). Il giudizio negativo irrompe e si consolida nel momento in cui l’autore intende interporre un baratro fra sé e l’ «opinion», fra la propria scelta di dedicarsi essenzialmente al teatro, ai temi storici e dell’antichità classica e gli avvenimenti che sconvolgono la società, in particolare dagli anni Quaranta in poi. In un articolo apparso ne «Il Mondo» il 12 marzo 1963 ed intitolato Visita a Montherlant l’inaccessibile, Luigi Bàccolo, lo scrittore e giornalista piemontese desti- natario delle lettere di Montherlant da noi pubblicate nel 20025, dichiara: «Un giova- ne francese mi ha detto che il distacco da Montherlant è avvenuto nel 1940: quando tutti hanno aspettato da lui un verbo, che invece è arrivato dai Camus, dai Sartre, magari dai Mauriac». François Mauriac sostiene nel suo Nouveau Bloc-Note del mar- zo 1961 che «Montherlant est un écrivain et cela est aussi évident que le soleil»6. Apprezzato da Gide, Bernanos, Camus, Yourcenar, criticato da un certo Surrealismo (Soupault) e dalla corrente intellettuale più attiva ed engagée anche in ambito lette- rario, Henry è consapevole di essere al centro di «une vaste entreprise de destruction qui elle-même fait partie d’un plan très organisé et qui [le] dépasse infiniment» (cfr. lettera del 13 settembre 1961 a Bàccolo). Il rifiuto di Montherlant di mischiarsi alla folla o di prender posizione in questioni che interessano il Paese, ma che egli non avverte come proprie, è diretto pertanto contro una certa forma di “esistenzialismo” che pervade la Francia, contro l’engagement richiesto ad ogni costo, nonché contro la cultura della «pseudo-avant-garde» e del «terrorisme idéologique» (cfr. lettera del 3 giugno 1970 a Bàccolo), che a partire dal teatro dell’“impossibile”, di cui è iniziatore Albert Camus, prende impulso e si sviluppa fino a manifestarsi nelle rappresentazioni del teatro dell’“assurdo” di Ionesco, Beckett e Genet. Si può facilmente intuire co- me la frantumazione del linguaggio che caratterizza questo tipo di teatro e la diretta rappresentazione delle angosce del genere umano, siano lontane dall’eleganza, dalla sobrietà e dalla classicità del teatro montherlantiano: il distacco s’impone. Alla luce di tali premesse, per comprendere l’orientamento della critica mon- therlantiana è necessario tener presente, a nostro parere, tre elementi fondamentali: il livello stilistico dell’opera letteraria di Montherlant, la predilezione delle difficili tematiche affrontate, non soltanto da un punto di vista sociale, che presuppongono sempre una base filosofica stoica e nietzscheana, il distacco da tutto ciò che non attrae l’interesse di Montherlant, come i fermenti ideologici e culturali lontani dai modelli di chiarezza e di lucidità preferiti dall’autore. Trascorsi gli anni più accesi della querelle in cui i critici erano chiamati a giudi- care se Montherlant fosse classique ou moderne, condizionati molto probabilmente dagli influssi politici del tempo, ormai indiscussa appare, anche ai giorni nostrie accantonate le ideologie di ogni tipo, l’alta qualità stilistica e letteraria del teatro mon- therlantiano. Port-Royal (1954), Le Maître de Santiago (1947) e La ville dont le prince est un enfant (1951-67), rimangono come esempi di misura, equilibrio e poeticità.

(2) Cfr. F. No u r i ss i e r , M. Mo h r t , Ph. So u p a u l t , (3) Nonostante le accese critiche, il ciclo delle R. Ka n t e r s , Le procès de Montherlant, in «Arts», 29 Jeunes filles ha un enorme successo ed è tradotto mars-4 avril 1961, pp. 1-3. in tutto il mondo.

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Tutto il teatro di Montherlant è pubblicato da Gallimard nella prestigiosa collana della Pléiade nel 1972, anno della sua morte (e poi ristampato nel 1995), nonché ancor prima, dal 1959 in poi, i Romans (t. I 1959, 1975, 2008; t. II 1982, 2009) e gli Essais (1963, 1988). I curatori di queste edizioni sono rispettivamente i noti studiosi Jacques De Laprade e Philippe de Saint Robert, Roger Secrétain, Michel Raimond e Pierre Sipriot. Nel corso degli anni la critica ha indugiato sull’interpretazione di testi che at- traverso i loro temi prestavano il fianco a dure contestazioni, o a momenti di seria riflessione, ricordiamo per esempio l’accusa di misoginia rivolta a Montherlant, e di cui Simone de Beauvoir nel Deuxième sexe (1949) si fa la più accesa sostenitrice, accusa nata con la pubblicazione delle Jeunes filles e con la messa in scena, nel 1942, della Reine morte, che ha per infelice sottotitolo Comment on tue les femmes. A par- tire dal 1936, anno dell’uscita del primo dei quattro volumi che compongono il ciclo delle Jeunes filles (gli altri titoli allusivi alla condizione femminile sono Pitié pour les femmes, Le démon du bien, Les lépreuses) si consolida un ramo della critica letteraria, che arriva sino ai giorni nostri, dedicato allo studio delle figure femminili nell’opera di Montherlant. Simone de Beauvoir stigmatizza il presunto mépris nel quale, a suo giudizio, Montherlant si compiace7. Si tratta ovviamente del disprezzo che, secondo la scrittri- ce, Montherlant nutre verso le donne, madri, mogli o amanti che per natura non pos- sono far altro che mutilare o soffocare gli uomini. Il giudizio di Simone de Beauvoir è severo e tranchant e non offre alcun appello all’autore dell’Exil e delle Olympiques. Alla dura condanna di Simone de Beauvoir risponde già l’anno successivo Je- anne Sandelion con il suo Montherlant et les femmes8. Qui l’atteggiamento critico comincia ad essere differente, più obiettivo e volto a riconoscere in Montherlant un interesse costruttivo nei confronti della donna, punto di partenza per la creazione di numerosi profili femminili. Un ulteriore passo avanti, sempre secondo questa prospettiva, si ha con gli studi di Aurélia Weiss, Les Héroïnes de Montherlant9 e di Paule d’Arx, La femme dans le théâtre de Henry de Montherlant10. In questi lavori, sebbene circoscritti al solo ambito teatrale, la donna di Montherlant è rivalutata: il nostro autore ha, infatti, dato vita a personaggi dell’elevatura di Mariana, Sœur Angélique, Sœur Françoise, Inès de Castro, Geneviève, Pasiphaé, l’Infante ed in loro, più che negli eroi maschili, egli ha «puisé l’accent généreux, les paroles et les attitudes fières, la noblesse des sentiments et des passions, la souffrance qui s’oublie dans le don de soi, le dévouement poussé jusqu’au sacrifice, le courage moral capable d’actions éblouissantes»11. L’interesse per l’argomento sembra non esaurirsi: più di vent’anni dopo, nel 1996, un numero monografico della «Revue d’étude du roman du x x e siècle» (n. 21, juin) è dedicato a Henry de Montherlant. “Les jeunes filles”. L’orientamento sembra ancora essere la rivalutazione della rappresentazione che Montherlant fa delle donne.

(4) A proposito del Solstice de juin, ricordiamo (7) Cfr. S. d e Be a u v o i r , Montherlant ou le pain il celebre apologo delle «chenilles», i bruchi meta- du dégoût, in A. Bl a n c (a cura di), Les critiques de fora dell’esercito tedesco su cui bisognava orinare notre temps et Montherlant, Paris, Garnier Frères, per poi allearsi con loro una volta riconosciuta la 1973, pp. 57-70. loro superiorità, che costò a Montherlant l’accusa (8) Cfr. J. Sa n d e l i o n , Montherlant et les femmes, di collaborazionismo. Paris, Plon, 1950. (5) Cfr. H. d e Mo n t h e r l a n t , «Une récréation (9) Cfr. A. We i ss , Les Héroïnes de Montherlant, entre deux néants»: lettere inedite a Luigi Bàccolo, Paris, Lettres Modernes, Minard, 1968. a cura di Pierangela Ad i n o l f i , Torino, Thélème, (10) Cfr. P. d’Ar x , La femme dans le théâtre de 2002. Henry de Montherlant, Paris, Nizet, 1973. (6) F. Ma u r i a c , Le Nouveau Bloc-Note, 1961- (11) A. We i ss , op. cit., p. 47. 1964, Paris, Flammarion, 1968, p. 42.

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Il più recente studio sull’argomento è quello che Romain Lancrey-Javal presenta in occasione del Convegno su Montherlant che abbiamo citato in apertura: la pro- spettiva è evidente, la riabilitazione di Montherlant è totale. Ponendo al centro della scena di molte sue opere donne giovani o mature, intelligenti o frivole, nobili o di modeste condizioni, innamorate o ambiziose, Montherlant intende manifestare il suo interesse ed il suo rispetto nei loro confronti. A dimostrazione di ciò il nostro autore sceglie, per incarnare l’eroismo e la grandezza, figure di donne piuttosto che di uomi- ni. Ciò che indigna Montherlant è, pertanto, la mediocrità, sia maschile sia femminile. Montherlant giudica le donne, spesso le biasima e le condanna, ma le osserva, le stu- dia e soprattutto le crea. Egli si erge a difensore del personaggio letterario, maschile e femminile, contraddistinto da un alto profilo morale. L’opera di Montherlant si rivela, pertanto, in opposizione ad una certa modernità che, da Valéry in poi, non ha interrotto il processo di demistificazione del personaggio12. Molti sono gli altri elementi portanti che creano una critica tematica, ad esempio i concetti di guerra e tauromachia, religione, stoicismo e classicità, sincretismo e alter- nanza, desiderio e felicità, nichilismo e morte. A proposito del tema religioso citiamo il mirabile studio di Jean de Beer, Montherlant ou l’homme encombré de Dieu, avec des remarques par Henry de Montherlant, Paris, Flammarion, 1963, che ottenne il Grand Prix de la Critique. In questo lavoro, il critico s’interroga sul motivo dell’in- gente presenza della religiosità nell’opera di un autore, Montherlant, che si dichiara ateo e che pur tuttavia scrive una trilogia cattolica e fa dei valori cristiani un suo capo- saldo. Sottolineiamo il merito del saggio al quale Montherlant ha aggiunto e concesso le sue personali osservazioni. Fra gli altri studiosi montherlantiani di maggior rilievo non vanno dimenticati Henri Perruchot, Philippe de Saint Robert, Pierre Sipriot e André Blanc che tra gli anni Cinquanta e Settanta esplorano l’universo montherlantiano in tutte le direzioni, scrivendo biografie e studi inerenti soprattutto, ma non solo, alle tematiche teatrali di Montherlant. Riguardo al teatro, citiamo l’importante studio di John Batchelor, Existence et imagination. Essai sur le théâtre de Montherlant, Paris, Mercure de Fran- ce, 1970. È André Blanc, curatore nel 1973 di Les critiques de notre temps et Mon- therlant13, che dieci anni dopo fa il punto sull’État présent des études sur Henry de Montherlant nella rivista «L’Information littéraire» (mai-juin 1983). Gli anni Ottanta e Novanta, ed anche quelli a venire, non vedono interrompersi in Francia ed in Italia il flusso di studi su Montherlant e le riviste letterarie, quali ad esempio la «Revue des Deux Mondes», la «Revue d’histoire du théâtre», la «Revue d’étude du roman du x x e siècle», la «Revue d’histoire littéraire de la France», «Studi Francesi»14 ed altre ancora, raccolgono articoli su Montherlant. In un contesto di ampliamento e di diffusione degli studi sul nostro autore, par- ticolarmente rilevante è la biografia di Pierre Sipriot, assiduo frequentatore e grande

(12) Cfr. R. La n c r e y -Ja v a l , Montherlant défen- de Montherlant e la «quête du bonheur», in «Studi seur des femmes, in AA. VV., Journée Henry de Francesi» n. 144, 2004, pp. 487-511; La funzione Montherlant du 25 septembre 2007 à Bruxelles, del mito in «Pasiphaé» di Henry de Montherlant, in Actes, textes réunis par Pierre Du r o i s i n , Bruxelles, Favola, mito ed altri saggi di letteratura e filologia Tropismes Libraires, 2008, pp. 43-56. in onore di Gianni Mombello, a cura di Antonella (13) Cfr. nota 7. Am a t u z z i e Paola Ci f a r e ll i , in «Franco-Italica» (14) Cfr. di P. A d i n o l f i , «Sur mes derniers Car- n. 23-24, Alessandria, Edizioni dell’Orso, 2004, nets»: un testo inedito di Henry de Montherlant, pp. 227-236; Bernanos e Montherlant: dai “Dia- in «Studi Francesi» n. 132, 2000, pp. 527-533; logues des Carmélites” a “Port-Royal”, in «Studi «Ædificabo et destruam»: i «Carnets» di Henry Francesi» n. 148, 2006, pp. 43-55; L’idea di fin- de Montherlant, in L’autobiografia nel Novecento: zione nella letteratura francese degli anni Venti: crisi di un modello?, a cura di Lionello So z z i , in Montherlant e Cocteau, in «Studi Francesi» n. 154, «Studi Francesi» n. 137, 2002, pp. 338-347; Henry 2008, pp. 147-156.

sf161.indb 327 22-07-2010 12:14:43 328 Pierangela Adinolfi

studioso e biografo di Henry, Montherlant sans masque (Paris, Laffont), edita nel 1982 in due volumi, che cronologicamente separano la vita di Montherlant dal 1895 al 1932 e dal 1932 al 1972, e nel 1990 in un unico volume. Qui Sipriot scandaglia l’esistenza di Montherlant, collegando le sue principali esperienze alla genesi dei te- sti, senza tralasciare d’illustrare le tematiche essenziali che conferiscono originalità all’opera dello scrittore. Sipriot è anche il curatore della Correspondance Henry de Montherlant-Roger Peyrefitte, pubblicata nel 1983 da Laffont, che fa luce sugli aspetti più delicati della sessualità di Montherlant e che per tale motivo, come già accadde per Montherlant sans masque, è causa di guai giudiziari per Sipriot. Di grande interesse è lo studio di André Blanc, L’esthétique de Montherlant del 199515, in cui è evidenziato l’aspetto più propriamente stilistico e letterario degli scrit- ti montherlantiani. Sempre intorno agli anni Novanta compaiono con maggiore as- siduità brevi testi inediti pubblicati nelle riviste letterarie fra cui citiamo “Entretien inédit avec Henry de Montherlant” par Pierre Sipriot, sur une «Communauté de grands esprits», apparso nella «Revue des Deux Mondes», nell’ottobre del 1992 oppure di André Blanc, A propos de “Pasiphaé”, Remarques sur un manuscrit de Montherlant, nel secondo numero della «Revue d’histoire du théâtre» del 1995. Fra gli studiosi più giovani che si occupano di Montherlant ricordiamo la tesi di dottorato di Jean- François Domenget, Montherlant et les écrivains de son temps d’après les textes de critique, discussa a Paris IV nel 1994 e divenuta nel 2003 Montherlant critique16, no- tevole studio in cui la prospettiva è capovolta: è Montherlant, qui, ad essere il critico del suo tempo attraverso i saggi, i carnets e gli articoli di giornale: nell’esplorazione di una rete di rapporti interpersonali privati emergono nomi quali Cocteau, Delteil, Morand, Aragon, Gide, Camus. Di rilievo anche il lavoro di Sabine Hillen, Le Roman monologue. Montherlant, auteur, narrateur, acteur17, del 2002, in cui è messa in luce la centralità dell’autore rispetto al testo narrativo. Per far riferimento alla critica immediatamente antecedente ai nostri anni, non possiamo non tener presente il caso reso noto dalla stampa francese18 del Diction- naire Montherlant di Philippe Alméras, lo specialista di Céline. Stampato (trecen- tocinquanta pagine) e pronto ad uscire nel marzo del 2007 da Plon, il Dictionnaire è stato ritirato per un conflitto d’interessi sui diritti d’autore tra l’editore ed il figlio adottivo ed erede testamentario di Montherlant, Jean-Claude Barat. Sempre dello stesso autore, indichiamo l’uscita, nell’autunno 2009, di Montherlant, une vie en dou- ble (Versailles, Via Romana), che ci auguriamo conosca una sorte migliore di quella del precedente libro. Segnaliamo che Jean-Claude Barat e Yasmina Barat sono i curatori di un volume di testi inediti, carnets posthumes, di Montherlant uscito da Gallimard nel 2001 ed intitolato Garder tout en composant tout, celebre formula più volte ribadita da Mon- therlant, soprattutto in Va jouer avec cette poussière, per indicare il doppio concetto di sincretismo ed alternanza19. Rimanendo sempre nell’ambito degli anni a noi più strettamente vicini, tenia- mo a sottolineare lo svolgimento della Journée Montherlant, che abbiamo già citato20,

(15) Cfr. A. Bl a n c , L’esthétique de Montherlant, Paris, CDU-SEDES, 1995. del 2000 già citato in precedenza, cfr. nota 14, «Sur (16) Cfr. J.-F. Do m e n g e t , Montherlant critique, mes derniers Carnets»: un testo inedito di Henry de Genève, Droz, 2003. Montherlant, in cui mettiamo in luce il concetto di (17) Cfr. S. Hi ll e n , Le Roman monologue. «garder tout en composant tout» ampiamente te- Montherlant, auteur, narrateur, acteur, Paris, Mi- orizzato da Montherlant nel testo che egli invia a nard, 2002. Luigi Bàccolo unitamente alla lettera del 25 aprile (18) Cfr. «Le Figaro», 29 mars 2007. 1966. (19) A tal proposito rimandiamo al nostro studio (20) Cfr. nota 12.

sf161.indb 328 22-07-2010 12:14:43 Henry de Montherlant: lo stato attuale della critica 329

organizzata dal conte Henri de Meeûs in collaborazione con l’Académie royale de Belgique e l’ambasciata di Francia, il 25 settembre del 2007 a Bruxelles, i cui atti sono apparsi nel giugno del 2008. Fra i partecipanti: Philippe de Saint Robert, Gabriel Matzneff, Patrick Brunel, Pierre Duroisin. Dalle conclusioni di questa journée emerge il dato di fatto che ormai, messi da parte i ragionamenti faziosi o ideologici che tendevano a presentare unilateralmente l’uomo Montherlant, il valore dell’opera narrativa, saggistica e teatrale dello scrittore e drammaturgo è riconosciuto dal milieu intellectuel internazionale. «Il est possible de jouer encore Montherlant aujourd’hui»: dimostrazione di ciò è la rappresentazio- ne, nel 2006, dell’Intégrale Montherlant, cioè di tutte e sedici le pièces dell’autore, al Théâtre du Nord-Ouest di Parigi, a Montmartre, all’interno di un programma che prevedeva la messa in scena delle opere di Molière, Cechov, Racine, Corneille ed altri classici della letteratura francese. I testi di Montherlant come La Reine morte (1942), Les bestiaires (1926), Les garçons (1969), Les jeunes filles (1936-1939), Les célibataires (1934) ed altri ancora sono tutt’oggi facilmente reperibili nell’edizione Gallimard/Folio (le livre de poche) e la loro ampia diffusione, per lo meno in Francia, testimonia l’incontestabile ingresso di Henry de Montherlant fra i classici della letteratura francese del Novecento.

p i e r a n g e l a a d i n o l f i

sf161.indb 329 22-07-2010 12:14:43 sf161.indb 330 22-07-2010 12:14:43 RASSEGNA BIBLIOGRAFICA

Medioevo a cura di G. Matteo Roccati

Be r n a r d Gu i d o t , Chansons de geste et réécritures, se situe dans une perspective qui intéresse de plus en Orléans, Paradigme, 2008 («Medievalia», 68), pp. plus la critique; la section «Réécritures» réunit donc: 438. Formes tardives de l’épopée médiévale: mises en prose, imprimés, livres populaires (2001), Le “Siège de Barbas- Il s’agit d’un précieux recueil d’articles de B.G., tre” dans le “Guillaume d’Orange en prose”: l’origina- tous centrés sur la matière épique, parus entre 1990 lité dans l’écart (1995), “Huon de Bordeaux”: l’épisode et 2001 (sauf deux plus anciens, publiés en 1984 et de l’embuscade liminaire chez Tressan et chez Delvau 1987) dans des volumes qui ne sont pas tous aisément (1998), Un jugement de Dieu d’une tonalité nouvelle: accessibles. Plutôt que de présenter ne fût-ce qu’un le combat des fils dans une version moderne des “Quatre rapide résumé de chaque contribution, nous préférons fils Aymon” (2000), Des ‘bacons’ comme s’il en pleu- en donner la liste et la date de parution: le lecteur se vait… Le pathétique dans un extrait des “Quatre fils e rendra compte facilement de la richesse du volume Aymon” à la fin dux ­ i x siècle (2001). et de la remarquable continuité du parcours scien- Dans l’ensemble on a donc là une riche matière à tifique de l’auteur. Dans la section intitulée «Monde réflexion, dont le lecteur d’aujourd’hui, médiéviste au chrétien et monde sarrasin», on trouvera: Spiritualité sens strict ou critique intéressé à la circulation et ré- et violence dans “Raoul de Cambrai” (1999), ‘Enfan- ception des motifs et des textes, pourra tirer le plus ces’, Chevalerie et Bourgeoisie: idéologie et pratique large parti. dans “Hervis de Mes” (1996), Fixité et dérive dans le [m a r i a c o l o m b o t i m e ll i ] Cycle des Lorrains (1990), Le “Siège de Barbastre”: une idéologie ambiguë (2001). Sous le titre «Familles et cycles» sont réunis: Constitution de Cycles épiques: Al f o n s o D’Ag o s t i n o , «Voilà une belle mort!». Or- étude de quelques jalons (2000), L’extension cyclique lando a Roncisvalle, dans «Acme», Annali della Facoltà de la “Geste des Lorrains”: abandons, résurgences, ir- di Lettere e Filosofia dell’Università degli Studi di Mi- radiation (1992), Le mythe familial de Narbonne dans lano, LXII/2, 2009, pp. 21-41. la “Chanson des Aliscans”: une insertion souriante (1994), Aélis et Rainouart dans la “Chanson des Alis- Issu d’un séminaire destiné aux doctorants de la Fa- cans”: un renouveau oblique de la famille de Narbonne culté des Lettres de l’Université de Milan, cet article (1996). Suivent Regards et points de vue: La partialité concerne les laisses 168 à 176 de la Chanson de Roland, du trouvère est-elle discrètement infléchie dans “Ga- et discute ressemblances et différences entre les trois rin le Loherain”? (1987), Paysages d’“Aliscans”: réali- morts célèbres de Roland, Olivier, Turpin. Les trois tés, symboles ou mythe? (1993), “Aliscans” et le regard épisodes ont été considérées comme les répliques d’un (1994), “Aliscans”: chanson de la tendresse (1993). Suit même modèle par J. Bédier, et comme des morts indi- la section «Imaginaire et illusion»: La géographie de vidualisées par M. Roques; quant à lui, A.D’A. propose l’imaginaire dans “Renaut de Montauban” (1997), Tra- de revenir au texte, pour souligner d’évidents points vestissements, mutilations et métamorphoses dans “Re- communs (mea culpa, mains jointes), mais surtout pour naut de Montauban” (1998), Illusions, reflets et Provi- amender la leçon adenz (au vv. 2205 et 2358): il estime dence dans “Renaut de Montauban” (2000). Les deux en effet, au nom de la vraisemblance et de la philolo- derniers regroupements sont les plus riches; sous le gie, que les trois personnages meurent nécessairement titre «Fantaisie et humour» on trouve: Verbe et ré- étendus à terre et non pas à plat ventre. volte: la Dérision et l’Autre dans les chansons de ges- te du Cycle de Guillaume d’Orange et ailleurs (1993), [m a r i a c o l o m b o t i m e ll i ] La fantaisie souriante dans le Cycle d’Aymeri (1997), L’humour dans le “Moniage Rainouart” est-il la marque d’un esprit distingué? (1984), Un éminent protagoniste Il viaggio di Carlo Magno a Gerusalemme e a Co- d’“Aliscans”: le tinel de Rainouart (1995), Le monde de stantinopoli, Edizione, traduzione e commento a cura la guerre dans “Aliscans”: horreur et humour (1993). di Carla Ro ss i , Alessandria, Edizioni dell’Orso, 2006 Mais c’est la dernière section qui nous semble, au-delà («Studi e ricerche», 50), pp. 248. des dates des articles, la plus ‘moderne’, puisqu’elle Viaggio di Carlomagno in Oriente, a cura di Massimo

sf161.indb 331 22-07-2010 12:14:43 332 Rassegna bibliografica

Bo n a f i n , Alessandria, Edizioni dell’Orso, 2007 («Gli le, le Roman de la Rose de Guillaume de Lorris, Ami et Orsatti. Testi per un Altro Medioevo», 29), pp. 133. Amile (voir notamment pp. 259-263).

Due nuove edizioni di questo poemetto anglo- [m a r i a c o l o m b o t i m e ll i ] normanno, molto indagato e dibattuto, la cui fonte manoscritta è peraltro, come largamente noto, irre- peribile e surrogata dalla trascrizione diplomatica a Claris et Laris. Édité par Corinne Pi e r r e v i ll e , Pa- stampa (nell’edizione a cura di Eduard Koschwitz nel ris, Champion, 2008 («Classiques Français du Moyen 1883). Âge», 157), pp. 1134. L’edizione di Carla Rossi è preceduta da un am- Claris et Laris. Traduit en français moderne par Co- pio studio sull’origine e lo sviluppo della leggenda del rinne Pi e r r e v i ll e , Paris, Champion, 2007 («Traduc- viaggio di Carlo Magno in Oriente e sull’ambiente cul- tions des classiques du Moyen Âge», 79), pp. 740. turale in cui essa fu elaborata, cui segue un’analisi della e struttura e degli elementi narrativi del poemetto. Il te- Roman anonyme du x i i i siècle (vers 1270), Claris et sto pubblicato è molto conservativo ed è accompagna- Laris compte plus de 30000 octosyllabes: on ne peut to da una traduzione e da note di commento. par conséquent qu’admirer le courage et la ténacité de L’edizione di Massimo Bonafin è il rifacimento di C.P., qui en a publié en deux ans l’édition et la traduc- una precedente dello stesso studioso (Il viaggio di Car- tion, en plus d’une importante introduction littéraire lomagno in Oriente, a cura di M. B., Parma, Pratiche, dont nous avons rendu compte dans le tome 160. 1987) ed è preceduta da un’introduzione che avvia L’introduction à l’édition (pp. 9-109) comprend all’interpretazione dell’opera. Il testo critico risulta da l’analyse du roman (pp. 11-40), une étude littéraire syn- vari interventi (per ragioni metriche, linguistiche o sti- thétique, mais qui touche à tous les aspects essentiels listiche), perseguiti con ragionevole sperimentalismo e (rapports avec la matière arthurienne, amour et amitié, sempre denunciati in apparato e, quando necessario, valeur du compagnonnage, réduction du merveilleux commentati nelle note testuali in seconda fascia. à l’échelle humaine, intertextualité importante, variété d’écriture et habileté de l’auteur, pp. 41-56), une pré- [w a l t e r m e l i g a ] sentation des aspects philologiques (ms. unique, pp. 56-59) et linguistiques (pp. 59-88), l’analyse de la ver- sification (pp. 88-94), la bibliographie (pp. 106-109). Gi ll e s Ro q u e s , Chrétien de Troyes, des manuscrits Les «principes d’édition», opportunément présentés aux éditions, dans «Medioevo Romanzo», XXXIII, de façon détaillée, contiennent quelques ingénuités, 2009, pp. 5-27. par ex. à propos de la distinction, parfois difficile, de s long et de f (p. 96), ou lorsque C.P. donne une défini- Après un intéressant panoramique des éditions des tion de l’exponctuation (p. 102), ou encore lorsqu’el- romans de Chrétien, où sont évoqués entre autres le le regrette l’absence d’un manuscrit de contrôle («en contexte qui a vu paraître les éditions fondatrices de l’absence d’un autre manuscrit contenant le roman», Wendelin Foerster et les relations parfois orageuses de p. 104). Une affirmation dans le paragraphe consacré à celui-ci avec Gaston Paris, G.R. s’attache à la question la versification me laisse perplexe: «Tous les h du ms. capitale de la langue de Chrétien, difficile à cerner der- sont aspirés, c’est-à-dire qu’ils interdisent l’élision de rière les choix et les interventions des copistes. Il relève la voyelle finale du mot qui les précède» (pp. 88-89: en particulier la présence de quelques mots de l’Ouest aujourd’hui on tend plutôt à parler de fonction dia- qui doivent remonter à l’auteur, pour passer ensuite à critique du graphème); mais surtout, puisque «le texte une analyse détaillée des variantes aux vv. 1526-92 de fournit… des exceptions à cette règle» (ce qui, soit dit Cligés, éd. Luttrell-Gregory (1532-98 de Foerster). M. entre parenthèses, ne saurait pas nous étonner), par ex. Roques montre ainsi tout l’intérêt qu’il y aurait à éten- pour des mots tels que hermite, heure, hom, homage dre une telle collation à l’ensemble de la production etc., C.P. notera ce h entre parenthèses. Il s’agit à mes de Chrétien, ce qui permettrait de mieux approcher la yeux d’une pratique injustifiée et somme toute inutile, langue de l’auteur, au-delà des copies et surtout de la d’autant plus que les deux graphies, avec ou sans h, copie trop célébrée de Guiot, qui demeure au centre sont manifestement équivalentes aux yeux du scribe, de la réflexion même des éditeurs qui ne fondent pas comme le prouve ce passage: «Conment la guerre d’oir leur texte sur ce manuscrit. en hoir / Se porsuit et se porsuira» (vv. 70-71). Le texte est édité avec soin. Je me permets néan- [m a r i a c o l o m b o t i m e ll i ] moins quelques remarques ponctuelles sur les 5000 premiers vers. Un vers a dû sauter p. 133, entre le v. 795 et le suivant; la numérotation est fautive p. 158, e Fl o r e n c e Me u n i e r , Le roman byzantin du x i i siècle. entre les vv. 1648 et 1652. Par ailleurs, lorsque C.P. À la découverte d’un nouveau monde?, Paris, Cham- constate l’absence d’un vers dans le ms. (par ex. après pion, 2007 («Essais sur le Moyen Âge», 26), pp. 325. les vv. 2330 et 3372), elle signale la lacune par trois pe- tits points, mais n’en tient pas compte dans la numé- L’étude de F.M. a pour objet quatre romans byzan- rotation. Une graphie me paraît contestable: pourquoi e tins, les seuls conservés du x i i siècle: Hysminé et Hys- avoir opté pour Lendemain (par ex. v. 1742: Lende- minias, Rhodanthé et Dosiclès, Drosilla et Chariclès, main devant l’ajornee…; v. 2503: Et lendemain s’ache- Aristandre et Callithée. Romans d’amour et d’aventu- minerent… etc.) et non pas pour L’endemain? Un petit res, consacrés à un couple de jeunes amoureux parve- regret: les notes (pp. 1011-1031) ne sont aucunement nant à la reconnaissance de leur statut et à leur réinté- signalées dans les vers; le lecteur intéressé est ainsi gration sociale après un parcours d’initiation, ils pour- obligé de chercher de temps à autre en fin de volume raient avoir exercé une influence – indirecte et non si un passage ou une expression fait l’objet d’un com- prouvée, comme l’admet honnêtement l’A. p. 263 – sur mentaire. quelques œuvres du Moyen Âge français: Aucassin et L’apparat complémentaire comprend: une liste des Nicolette, le Roman de la Rose ou de Guillaume de Do- erreurs ou coquilles de l’ancienne édition Alton (1884);

sf161.indb 332 22-07-2010 12:14:43 Medioevo 333

la table des proverbes (classés, ce qui est franchement sant à souligner son appartenance à une terre d’élec- bizarre, par ordre alphabétique du premier mot: par tion: l’expression d’une sorte d’«idéologisme identitai- ex. En terre doit aler gesir / Tout droit a terre revertir, re» (p. 115) issu d’une très grande admiration pour la à la lettre «E»; ou Par usage / Sont fenmes de legier co- France et les Français. rage, à la lettre «P»; pp. 1037-1041); la table des noms Pour prouver son identification, C.R. reconstruit propres (pp. 1043-1062), qui contient toutes les occur- tout d’abord le milieu culturel qui gravitait dans la rences, sauf pour Claris, Laris et Gauvain; le Glossaire sphère de l’archevêché de Cantorbéry et qui était ani- (pp. 1063-1131), où le relevé des occurrences n’est pas mé par des personnalités célèbres, intéressées tant à des exhaustif, ce qui se comprend fort bien. problématiques juridiques qu’au domaine de l’éduca- La traduction du roman a paru un an avant l’édi- tion et de l’enseignement. Les liens entre les théories tion. Elle est précédée d’une introduction (pp. 9-42) pédagogiques élaborées dans l’entourage de Thomas qui évoque les aspects essentiels de l’œuvre, en souli- Becket et les idées exprimées par Marie surtout dans gnant surtout la volonté de l’auteur d’offrir une somme l’Espurgatoire Saint Patrice, sont mis en évidence de de la littérature précédente en en renouvelant la vision façon convaincante; avec ce groupe d’intellectuels, la de la chevalerie et du monde. Les «principes de traduc- poétesse partagerait aussi le souci pour la transmission tion», exposés pp. 43-45, concernent le choix d’une du savoir et de la mémoire auprès du public laïque version en prose, et justifient certaines options: les al- des ‘nouveaux Bretons’. Une autre série d’indices qui légories (non précédées de l’article), l’emploi de sire contribueraient à prouver l’appartenance de Marie au (conservé lorsqu’il est adressé aux rois), et surtout la cercle des érudits de Cantorbéry viennent de l’analyse simplification de la syntaxe et la décision de respecter des Lais, particulièrement Lanval et Yonec à cause des l’alternance des temps verbaux dans la description des allusions fréquentes à l’actualité politique dont ils sont batailles, le but principal de C.P. étant de «restituer… parsemés, de leur localisation géographique (soumise la limpidité, l’aisance et l’élégance du style [sans] nuire à une analyse très fine) et de la thématique. Quant au au plaisir de la lecture» (p. 45). prologue, il est examiné dans le cadre des discussions La traduction divise le texte en six parties et en épi- sur le rapport glose-texte menées à Cantorbéry surtout sodes, chacun pourvu d’un titre (ceux-ci sont très op- par Jean de Salisbury et Pierre de Blois. L’Ysopet, autre portunément utilisés comme titres courants); de nom- ouvrage attribué avec certitude à Marie, serait lui aus- breux renvois aux vers offrent des points de repère es- si un témoignage de ses affinités intellectuelles avec ce sentiels dans la lecture d’un roman d’une telle ampleur. milieu. Les notes, qui ne coïncident pas avec celles de l’édi- Le chapitre suivant est consacré à l’analyse des iden- tion, commentent certains passages ou des choix de tifications proposées jusqu’ici par la critique. Par une traduction: malheureusement, elles ne sont pas signa- série d’arguments ponctuels et documentés, l’A. par- lées dans le texte, et surtout elles renvoient aux vers, ce vient à rejeter l’ensemble des quatre théories formulées qui complique sensiblement leur repérage. Deux an- entre 1910, époque à laquelle parut l’étude pionnière nexes auraient mérité à mes yeux de trouver place dans de J. C. Fox, et les années ’90, lorsque l’on proposa l’édition plutôt qu’ici: il s’agit des passages de Claris et d’assimiler Marie de France à Marie de Meulan. Laris inspirés des romans de Chrétien de Troyes (pp. Ensuite, après avoir passé en revue les références lit- 681-690), et des nombreux vers qui trouvent un écho téraires à la poétesse que l’on peut déceler dans la Vie e dans Floriant et Florete (seconde moitié du x i i i siècle, seint Edmund le rei de Denis Pyramus, le Couronne- pp. 691-710). La table des noms propres distingue, ment de Renard et l’Evangile aux femmes (qui côtoie sans le dire, les toponymes des noms des personnages le texte de l’Ysopet dans deux des vingt-trois manus- (ceux-ci en gras): elle donne des renseignements pré- crits conservant ce recueil de fables), C.R. se penche cieux dans un texte de cette portée (pp. 711-735). sur la Vie sainte Audree, récemment attribuée à Ma- Grâce à Corinne Pierreville, nous disposons mainte- rie; c’est surtout sur les données fournies par le seul nant d’un dossier richissime qui permet, tant aux mé- témoin parvenu jusqu’à nous (le ms London, BL Add. diévistes qu’à des lecteurs non spécialistes, d’avoir ac- 70513), que se fonde cette nouvelle identification. En cès à un roman agréable et jusqu’ici trop peu connu. s’appuyant sur le contexte manuscrit, l’A. suggère que Ne reste qu’à souhaiter que cela ouvre la voie à d’autres tous les ouvrages qui y sont contenus aient été com- réflexions critiques sur une œuvre qui mérite à plein ti- posés à l’abbaye de Barking; l’abbesse de ce couvent e tre d’être redécouverte par la critique du x x i siècle. serait donc l’auteur des quatre œuvres dues à la plume de ‘Marie de France’. Une reconstruction de la vie in- [m a r i a c o l o m b o t i m e ll i ] tellectuelle du monastère anglais et une analyse des mss Harley 978 et London, BL, Cotton Vespasian B. XIV achèvent de supporter cette proposition, destinée à re- Ca r l a Ro ss i , Marie de France et les érudits de Can- vivifier le débat autour de la première femme poète de torbéry, Paris, Classiques Garnier, 2009 («Recherches la littérature française. littéraires médiévales» 1), pp. 233. [p a o l a c i f a r e ll i ]

Cette étude rigoureuse et très documentée sur la personnalité réelle et littéraire de Marie de France sou- Le v a n t e Se l à f , Chanter plus haut. La chanson reli- met à la communauté scientifique une hypothèse très gieuse vernaculaire au Moyen Âge (essai de contextua- suggestive quant à l’identité de l’auteur des Lais et de lisation), Paris, Champion, 2008 («Nouvelle Bibliothè- l’Ysopet: née autour de 1125-1130, Marie aurait été la que du Moyen Âge» 87), pp. 650. sœur cadette de Thomas Becket, nommée en 1173 ab- besse du monastère bénédictin de Barking, dans l’Es- La production lyrique vernaculaire d’argument re- sex après être restée veuve et avoir eu au moins deux ligieux a certainement eu une fonction importante au enfants. Quant à la mention ‘de France’, utilisée dans sein de la dévotion populaire et n’a pas manqué de sus- le célèbre prologue de son fablier, il s’agirait d’une al- citer un débat théologique animé. D’autre part, étant lusion à son exil outre-manche après l’assassinat de son moulée sur les caractéristiques formelles de la poésie frère, mais plus encore d’une ‘posture auctoriale’ vi- courtoise, elle n’était pas perçue comme un genre in-

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dépendant par les hommes du Moyen Âge: cela expli- tion profane plus ancienne, selon la technique bien que pourquoi les textes sont conservés pour la plupart connue de la contrafacture. C’est donc à cette notion, dans des chansonniers composites qui mêlent des piè- et plus généralement au concept de ‘nouveauté’ qu’est ces d’argument sacré et des poèmes à contenu amou- consacrée cette section de la présente étude; l’A. analy- reux. La constitution du corpus qui fait l’objet de la se la production de Gautier de Coinci et de Jacques de présente analyse et qui comprend des textes français, Cambrai, puis les textes contenus dans plusieurs chan- galiciens et occitans, a donc présenté une série de dif- sonniers bien connus (X, C et V) et enfin lesCantiques ficultés qui sont exposées et discutées dans les deux Salemon, traduction commentée du Cantique des Can- chapitres liminaires. tiques. L’hypothèse de travail, confirmée par l’étude Dans le premier, l’attention se focalise sur les tex- des textes, est que la contrafacture pourrait parfois être tes bilingues qui constituent l’origine de la poésie reli- utilisée dans un but polémique vis-à-vis de l’amour gieuse vernaculaire, tels les épîtres farcies et le drame profane, auquel les chansons religieuses opposent un liturgique connu sous le titre de Sponsus. Par contre, sentiment plus haut: le concept d’imitation devrait le chapitre 2 expose les principes méthodologiques donc être considéré sous un angle plus vaste et dans utilisés pour la détermination du corpus: analyse cri- toute sa complexité, plutôt que comme la conséquence tique des critères d’inclusion et de classifications des d’un manque de qualité artistique. textes dans les répertoires, discussion des définitions Après avoir abordé la question des origines de la proposées pour le dit, problèmes concernant la struc- chanson pieuse dans le chapitre 7, l’A. examine les ture métrique et strophique, liés à la conformité au sty- motifs textuels et métriques de son corpus en ancien le gonique et au caractère chanté ou non chanté des français, toujours dans le but d’identifier des tendan- poèmes. Enfin, la reconstruction du contexte manus- ces spécifiques et d’isoler des sous-genres. Une appro- crit, littéraire et historique des chansons, permettrait che plus sociologique est adoptée pour la section sui- de pallier les insuffisances d’une méthode fondée sur vante, qui aborde la question du public des chansons l’analyse formelle et fournir les moyens pour définir et pieuses et de la circulation de certains textes dans des caractériser les textes. milieux déterminés (courtois, bourgeois, religieux). Pour ce qui est de la production en ancien français, C’est ensuite la typologie des manuscrits conservant L.S. parvient à sélectionner 297 textes et se propose des chansons pieuses qui est examinée dans le chapi- d’en cerner les spécificités stylistiques, d’en retrouver tre 10; à côté des chansonniers proprement dits, l’ana- les points communs et de définir la place occupée par lyse s’étend aux recueils entièrement formés de poè- ce qu’il considère comme un véritable genre dans l’en- mes pieux essentiellement mariaux, tels les Miracles de semble de la «poétique médiévale» (p. 59). Nostre Dame et le Rosarius, puis aux mystères et autres La première composition qui fait l’objet d’une ana- drames liturgiques, et enfin au Roman dou Lis, exem- lyse détaillée est représentée par les Vers de la mort ple de texte narratif d’inspiration mariale intercalé par d’Hélinand de Froidmont. Le douzain d’octosyllabes plusieurs chansons. Une section à part est réservée à la utilisé dans cet ouvrage deviendra extrêmement popu- vulgarisation du Ludus super Anticlaudianus d’Adam laire dans le contexte pieux et sera repris par plusieurs de la Bassée et à ses insertions lyriques. auteurs, à tel point que, selon l’A., le poème ‘en strophe Le dernier chapitre a comme objet les compositions d’Hélinand’ constituerait à lui seul un véritable genre; pieuses accompagnées de commentaires, qui permet- en effet, certaines particularités métriques (hétérogo- tent de nous renseigner sur l’interprétation que rece- nie, proportion des rimes féminines créant un effet vaient ces textes au Moyen Âge. Des considérations incantatoire, début de vers analogique) deviendront sur les possibilités de réalisation d’un répertoire mé- caractéristiques des poèmes religieux qui mettent l’ac- trique général des strophes à l’époque médiévale achè- cent sur l’aspect moral, ainsi que des complaintes (reli- vent cette étude, complétée par deux Appendices gieuses ou non), équivalent latin du planctus. (l’édition des chansons contenues dans le ms 43 de la Une première subdivision du corpus s’esquisse Bibliothèque de la Faculté de Médecine de l’Université donc; l’observation des substantifs utilisés pour dési- de et la liste des chansons religieuses occi- gner les poèmes du corpus est le critère utilisé dans tanes présentées dans le texte), par une bibliographie le chapitre 3 pour essayer de retrouver d’autres sous- très riche et par les index. ensembles possibles; les dénominations employées par [p a o l a c i f a r e ll i ] les philologues sont comparées à celles que l’on re- trouve dans les traités de poétique ou par les copistes des chansonniers, et enfin à celles, nombreuses et va- Gu i ll a u m e d e Ma c h a u t , Quatre dits, Traduits et riées, qui apparaissent à l’intérieur des textes eux-mê- annotés par Isabelle Bé t e m p s , Paris, Champion, 2008 mes. Parmi ces derniers, c’est le terme serventois qui («Traductions des classiques du Moyen Âge», 82), pp. fait l’objet d’une analyse particulièrement fine, permet- 202. tant à l’auteur de s’interroger sur l’utilisation de ce mot pour désigner tout poème commandé ou offert. Plus On trouvera dans ce volume la traduction de qua- généralement, l’A. parvient à la conclusion qu’aucune tre dits – Dit de la Marguerite, Dit de la Rose, Dit de la terminologie spécifique n’est utilisée au Moyen Âge Fleur de Lis et de la Marguerite et Dit du Cerf Blanc –, pour désigner les poèmes pieux, conformément au traduction établie d’après l’éd. Fourrier (Droz, 1979) principe selon lequel la perception de l’appartenance et enrichie de notes. Tous sont assez courts (respecti- de ceux-ci à un genre à part appartient à la mentalité vement 208, 106, 416 et 863 vers) et appartiennent à la moderne. En même temps, ce chapitre propose une ré- dernière période de la production de Machaut. flexion sur la notion de genre, ou plutôt de «système L’introduction présente rapidement la vie et les œu- de genres» (p. 163). vres du poète, propose ensuite une analyse de la forme Alors que les chapitres 4 et 5 sont consacrés à la et du contenu des quatre œuvres, quelques réflexions poésie lyrique occitane et galicienne, le chapitre 6 est sur le “genre” du dit et sa concrétisation dans ces tex- focalisé sur les problèmes liés à l’imitation, surtout tes, sur leur caractère courtois et l’art d’aimer qui s’y pour ce qui concerne la mélodie et la formule métri- exprime, sur la référence au Roman de la rose et sur les que: en effet, celle-ci est souvent reprise d’une tradi- thèmes de la clarté et des couleurs. Le volume com-

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e porte également une bibliographie (pp. 87-101) et un me quart du x i i i siècle, et qui semble avoir synthétisé Index des noms propres et des notions (pp. 199-200). au plus haut niveau les acquis d’une recherche linguis- tique concernant le grec et l’hébreu (mais aussi, à la [g. m a t t e o r o c c a t i ] marge, l’araméen) depuis plusieurs générations. Le ms. LH 21 contient notamment un psautier hébreu avec commentaires interlinéaires latins, une grammaire hé- Dictionnaire hébreu-latin-français de la Bible hébraï- braïque en hébreu et en latin, et dans sa partie centrale que de l’abbaye de Ramsey (XIIIe s.) édité sous la direc- (f. 29-143v) le volumineux dictionnaire hébreu, latin tion de Judith Ols z o w y -Sc h l a n g e r avec la collabora- et anglo-français (j’emploie la nouvelle terminologie de tion de Anne Gr o n d e u x et de Philippe Bo b i c h o n , Gil- préférence au traditionnel ‘anglo-normand’) qui fait bert Da h a n , François Do lb e a u , Geneviève Ha s e n o h r , l’objet de la présente édition. Il s’agit d’un dictionnai- Raphael Lo e w e , Jean-Pierre Ro t h s c h i l d , Patricia St i r - re de vocabulaire biblique hébreu, comportant 3682 n e m a n n , Turnhout, Brepols Publishers (Corpus chris- entrées classées par ordre alphabétique d’aleph à tav, tianorum Continuatio Mediaevalis. Series in-4° IV. avec une division grammaticale majeure. Un premier Lexica latina medii aevi. Nouveau Recueil des lexiques cycle alphabétique concerne les verbes, alors que le se- latin-français du Moyen Âge), 2008. cond reprend l’étude des formes nominales. Verbes et noms, présentés en graphie hébraïque vocalisée, suivie Il arrive très rarement que l’édition d’un texte mé- d’une transcription en alphabet latin, sont ensuite ex- diéval sorte absolument de l’ordinaire à la fois par l’ori- pliqués en latin, avec traduction littérale et contextua- ginalité formelle du texte édité, par l’exemplarité des lisation par citation d’un ou plusieurs passages bibli- procédures d’édition, et par le caractère proprement ques, l’opération étant au besoin multipliée quand le explosif des données mises à la disposition de l’histo- terme est polysémique. Dans un millier de cas, l’équi- rien. C’est le cas de cette édition du Dictionnaire hé- valence latine est doublée d’une glose française (anglo- breu-latin-français de la Bible hébraïque de l’abbaye de française), elle-même redoublée dans trois cas par une Ramsey, réalisée sous la direction magistrale de Judith traduction anglaise. Si l’on ajoute la présence d’une Olszowy-Schlanger par une équipe interdisciplinai- trentaine de termes araméens, on se trouve donc en re regroupant diverses autorités dans le domaine de présence d’un lexique quintilingue dont la complexité la lexicographie latine et française, de l’exégèse, des et les stratégies d’étagement linguistique reflètent toute e contacts entre mondes juif et chrétien, et dans laquelle la richesse d’une culture écrite anglaise du x i i i siècle se distingue le rôle joué par Anne Grondeux. dominée par le latin, faisant une large part au français Pour comprendre l’importance de ce travail ex- et intégrant à la marge l’anglo-saxon. Elle est ici toute ceptionnel par l’importance des résultats livrés dans entière exploitée pour préciser au mieux la charge sé- un laps de temps très restreint (2002-2008), eu égard mantique du vocabulaire de la Bible hébraïque. à la complexité du dossier, il importe de rappeler en Le volume comporte une introduction de cent-vingt quelques mots le contexte dans lequel s’inscrit la pro- six pages où les principaux aspects du travail d’équipe duction du dictionnaire plurilingue de Ramsey. On effectué sur le dictionnaire et ses résultats sont discu- e sait depuis longtemps que l’Angleterre de la fin du x i i tés. Judith Olszowy-Schlanger se charge d’abord de e siècle et du x i i i siècle a vu une activité intellectuelle présenter le manuscrit et de reconstituer son histoire particulièrement originale, débouchant aux généra- (1-3), avant qu’une section collective n’analyse succes- tions de Robert Grosseteste (circa 1175-1253) et de sivement la présence et les caractéristiques des cinq Roger Bacon (circa 1215-circa 1295) sur la production langues cohabitant dans le lexique (section 4: les lan- d’écrits divers et d’instruments de travail attestant un gues du dictionnaire). Sont ensuite examinées la struc- effort exceptionnel de certains clercs anglais pour as- ture du dictionnaire (5), ses sources (6), et les appro- similer les cultures linguistiques grecque et hébraïque, ches grammaticale et lexicographique dont il témoigne à travers l’étude du grec, de l’hébreu et de l’araméen. (7). La bibliographie et un ensemble de planches for- Les mentions sibyllines de Bacon sur l’existence de let- ment transition avec l’édition proprement dite. trés maîtrisant parfaitement l’hébreu et ses propres tra- Celle-ci, qui comprend 192 pages, est un modèle du e vaux ont fait couler beaucoup d’encre depuis le x­ i x genre, par la clarté d’organisation qui réussit à la fois siècle sur les caractéristiques et les limites de ces entre- à respecter le faciès du manuscrit original et à orga- prises, réputées n’avoir pas laissé de traces plus spec- niser de manière commode l’apparat critique particu- taculaires que ses propres écrits, ceux de Robert Gros- lier requis par son contenu hors normes. Cet apparat seteste et certaines notes particulièrement bien infor- comporte trois niveaux, indiquant 1) l’origine exacte mées de correctoires bibliques contemporains. Le ms. des citations bibliques; 2) les corrections et remarques n° 21 de la bibliothèque du marquis de Bath à Longleat nécessitées par des erreurs de copie ou d’organisation; House (dorénavant LH 21), contenant entre autres le 3) enfin des commentaires plus longs nécessaires à la présent dictionnaire, est en fait la pièce centrale d’un bonne intelligence lexicographique et à l’exploitation e e groupe de manuscrits du x i i -x i i i siècle dont l’analy- du texte. Un jeu de huit index (racines hébraïques; se prouve au contraire que cette activité peut être re- mots hébreux; racines araméennes; mots araméens; constituée en détail. Ce manuscrit a été pratiquement mots latins; lexique français; mots anglais; citations bi- ignoré, malgré un article descriptif de Raphael Loewe bliques) couvrant presque cent pages achève de rendre de 1961, jusqu’en 2001, quand Judith Schlanger a pu l’édition parfaitement fonctionnelle, et recèle lui-même repartir de son examen pour entreprendre l’étude de plusieurs surprises. L’index des termes français a ainsi ce dossier. Les résultats dissipent les anciennes interro- été aménagé sur deux niveaux. Un apparat critique for- gations en attestant de manière irréfutable qu’une éco- mant une sorte de dictionnaire dans le dictionnaire re- le d’hébraïsants (et d’hellénisants) chrétiens avait bel prend les termes particulièrement notables, soit parce et bien réussi à dominer l’hébreu dans l’Angleterre du qu’ils sont des hapax au sens strict du terme, soit parce e x i i i siècle, grâce à la collaboration de lettrés juifs. Cet qu’ils apparaissent sous une forme insolite et semblent ensemble de manuscrits a pu être ramené à l’activité mériter commentaire. d’un groupe de clercs dirigé par Grégoire de Huntin- Si l’on doit surtout rendre justice à la directrice de gdon ou de Ramsey, prieur de l’abbaye dans le troisiè- l’entreprise, à son équipe et aux éditions Brepols pour

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la qualité du travail accompli, il ne semble pas inutile de Le premier article constitue à lui seul la première rappeler en quoi l’édition de ce lexique représente une partie, «Les manuscrits». Godfried Cr o e n e n y intro- étape fondamentale dans une recherche aux plus vas- duit La tradition manuscrite du Troisième Livre des tes implications. Comme le rappelle Judith Olszowy- ‘Chroniques’ de Froissart (pp. 15-59): il s’agit d’une Schlanger dans l’introduction, l’expulsion des Juifs contribution importante, visant à classer la riche tra- d’Angleterre, avenue peu de temps après la finalisation dition du Livre III – 24 mss. dont les plus anciens re- e du dictionnaire, a sonné à court terme le glas de ces étu- montent aux premières décennies du x v siècle – se- des de très haut niveau qui pouvaient être difficilement lon la méthode proposée par A. Varvaro (analyse par maintenues par les seuls clercs chrétiens. Le dictionnai- échantillon, étude des variantes non-significatives, in- re, même s’il a possédé un lectorat intermittent, vaut tégration de l’étude du texte, prise en compte du pa- donc surtout pour ce qu’il révèle d’un mouvement de ratexte, y compris l’iconographie). L’examen de 48 compénétration réciproque des cultures exégétiques et fragments confirme le choix du manuscrit de Besançon linguistiques juive et latine en quelque sorte photogra- pour l’édition de P. Ainsworth (Genève, vol. I, 2007), phié à son apogée. L’énorme masse de documentation et celui du ms. B88 pour l’édition en ligne («Online ainsi exhumée et organisée pour l’analyse est largement Froissart Project», dirigé par P. Ainsworth et le même dépendante de travaux de préparation antérieurs re- G.C.). e montant jusqu’au x i i siècle. C’est donc l’ensemble des On passe ensuite à la section intitulée «Le poète et nombreux travaux de préparation à la correction du le prince. Jean Froissart chez Gaston Fébus». texte biblique encore inédits (la littérature des correc- Jacqueline Ce r q u i gl i n i -To u l e t (Soleil d’or, soleil toires entendue au sens large), aussi bien que des écrits noir. Des princes et de leur nom chez J.Fr., pp. 63-71) e des savants anglais ou français du x i i i siècle les plus im- s’interroge sur les raisons qui peuvent avoir déterminé pliqués dans l’apprentissage de l’hébreu qui devra être Fr. à ne jamais désigner Gaston de Foix par le surnom revisité à la lumière de cette édition. Le dictionnaire jet- de «Phebus»: d’une part le prince était trop âgé (57 te également une vive lumière sur la culture anglaise du ans) pour être assimilé au soleil, d’autre part il s’agissait e x i i i siècle et les rapports entre la petite mais dynamique d’éviter toute allusion à la mort d’un fils. communauté juive insulaire et le clergé chrétien, rap- Michael Sc h w a r z e (Fr. sous l’empreinte du pouvoir, ports par ailleurs analysés sous l’angle d’un fonction- pp. 73-84) compare la vision éthique du pouvoir dans nement économique symbiotique entre monastères et les Livres III et IV: dans l’un Gaston de Foix incarne prêteurs juifs par Judith Olszowy dans d’autres travaux encore l’idéal chevaleresque, dans l’autre il est le prin- en cours. La réunion de ces différentes études rendra ce de la réussite. Cette évolution de Fr. annoncerait son importance à l’histoire d’une communauté assez d’une certaine façon les Mémoires de Commynes. négligée par l’historiographie du monde ashkénaze. El- Véronique La m a z o u -Du p l a n , Fr. à Orthez: prince le montrera exemplairement que l’histoire culturelle et modèle ou modèle pour le prince? De la réécriture de histoire institutionnelle et économique ne sauraient être l’histoire au miroir, pp. 85-107. Dans le Livre III, Fr. dissociées dans l’étude des contacts entre juifs et chré- participe à la réflexion politique de son temps: le por- tiens. L’édition du Dictionnaire hébreu-latin-français de trait complexe qu’il trace de Gaston Phébus, prince la bible hébraïque de l’abbaye de Ramsey ne livre pas idéal dont les vertus ne cachent pas les vices (colère, encore la synthèse historique, en cours de construction, courroux, acédie), amène à la discussion sur la légiti- qui viendra mettre en perspective tous ces matériaux, mité du pouvoir. l’histoire plus générale des relations entre juifs et chré- Paul Mi r o n n e a u (Une obscure répartie méridionale tiens dans l’Angleterre médiévale et ses liens avec l’his- de Fr., pp. 111-125) compare le portrait de Gaston de toire du judaïsme français. On renverra pour l’instant Foix dans les écrits latins de l’abbé Aymeric de Peyrac e aux différents travaux de Judith Olszowy-Schlanger in- (début x v s.) à celui laissé par Fr.: par-delà d’indénia- diqués en bibliographie. Gageons toutefois qu’en dépit bles différences, les deux auteurs partagent les mêmes des surprises que réserve encore l’étude des autres piè- inquiétudes à l’égard d’un monde en profonde trans- ces de ce dossier textuel, le Dictionnaire restera long- formation. temps le document le plus spectaculaire sur l’étude de La troisième partie est consacrée à la «Poétique de l’hébreu en milieu chrétien au Moyen Âge. Par sa ri- Jean Froissart en Béarn». chesse et son contenu extraordinaire, le dictionnaire Sylvie Le f è v r e (Décrire, écrire, s’écrire: les langages de Ramsey rejoint à présent le club très fermé des ma- de l’identité dans le Livre III des “Chroniques” de Fr., nuscrits plurilingues, connus depuis des siècles ou des pp. 129-143) s’attache au discours identitaire dans le décennies, reflétant le croisement de plusieurs univers Livre III, qui s’exprime par la description des armoi- culturels et linguistiques au Moyen Âge, tels le Codex ries, l’explicitation des titres nobiliaires, les délégations cumanicus et l’Hexaglotte rasulide. Cette édition exem- du pouvoir. Son étude est complétée par une fine ana- plaire contribuera à lui donner la célébrité qu’il mérite. lyse des emplois de estre escript dans les lettres d’intro- duction et de s’escrire à valeur subjective. [b e n o î t g r é v i n ] Douglas Ke ll y , La mort et l’imagination en Béarn: un exemple original du style poétique chez Fr., pp. 145- 157. Froissart assimile Pierre de Béarn et son combat Froissart à la cour de Béarn. L’écrivain, les arts et le féroce contre un ours au mythe d’Actéon, seule reprise pouvoir, sous la direction de Valérie Fa ss e u r , Turnhout, ovidienne dans les Chroniques. Brepols («Texte, Codex & Contexte», VII), 2009. Clotilde Da u p h a n t , L’art du détail autobiographique dans la poésie de J.Fr.: le voyage en Béarn dans “Le Dit Ce volume, enrichi par de belles illustrations en dou Florin”, pp. 159-177. Sous un ton enjoué, le Dit couleur, réunit les Actes d’un colloque organisé en oc- évoque plusieurs détails biographiques, dont le voyage tobre 2006 à Pau et à Orthez pour célébrer le sixième de Fr. auprès de Gaston Phébus; Cl.D. y voit aussi une centenaire de la mort de Froissart: l’attention y était réflexion explicite sur la notion d’auteur. concentrée sur cette période particulière qu’est le Florence Bo u c h e t (Fr. à la cour de Gaston Febus: voyage en Béarn et le séjour à la cour de Gaston Fébus lire et être lu, pp. 179-190) s’interroge sur la réception (1388-1389). immédiate des œuvres de Fr., Meliador surtout, à la

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cour béarnaise, en soulignant l’importance des aspects Cultural Performances in Medieval France, Essays liés à la lecture du texte. in Honor of Nancy Freeman Regalado, Edited by Eglal Nous ne ferons que citer deux des articles in- Do ss -Qu i n b y , Roberta L. Kr u e g e r , E. Jane Bu r n s , clus dans la quatrième section, «Fébus et les livres», Cambridge, D.S. Brewer («Gallica», 5), 2007, pp. puisqu’ils concernent des traductions en occitan; il XXXVI-302. s’agit de: David Tr o t t e r , ‘Per fort desir de saber’: la “Cyrurgia” d’Albucasis, Gaston Fébus et la science en L’ouvrage rassemble vingt-quatre contributions et occitan, et Peter T. Ri c k e t t s , La traduction du “De Pro- est organisé en cinq parties. On trouvera dans la pre- prietatibus rerum” de Bartholomé l’Anglais en occitan. mière («Poetic and Musical Performances»): Michel Suit la contribution de Geneviève Ha s e n o h r (Ré- Zi n k , La poésie comme récit (pp. 3-13; considérations flexions sur la genèse du “Livre des oraisons”, pp. 223- sur la conception médiévale de la poésie); Samuel N. 247): seules les trois prières latines du Livre peuvent Ro s e n b e r g , Colin Muset and Performance (pp. 15-23); être raisonnablement attribuées à Gaston Febus; lui- Edward H. Ro e s n e r , “Subtilitas” and “Delectatio”: «Ne même ou un de ses proches y auraient ensuite ajouté m’a pas oublié» (pp. 25-43; sur le motet Ne m’a pas une adaptation française du Liber precum de saint An- oublié / In seculum, ms. Montpellier H 196, f. 246); selme. Le texte des oraisons de G. Fébus est donné en Jane H. M. Ta y l o r , “Flables couvertes”: Poetry and appendice. Performance in the Fifteenth Century (pp. 45-53; fine Armand St r u b e l (Enseigner la chasse par la parole et étude d’un passage du Pastoralet mettant en scène une l’image, pp. 249-274) s’interroge enfin sur l’importan- compétition poétique, étude qui explicite bien la na- ce et le rôle de l’iconographie dans le célèbre traité de ture et les enjeux des compétences requises aux poètes chasse de Gaston Fébus (plus de 40 mss. conservés); “amateurs”). l’analyse montre bien comment dans le manuscrit le La deuxième section («Performing Sexual and So- plus ancien – BnF fr. 619 – l’image complète le texte et cial Identities») rassemble les études suivantes: Mark contribue à l’efficacité de l’enseignement dans un do- Cr u s e , Intimate Performance: An Ivory Writing Ta- maine dont le vocabulaire est en plein essor. blet Cover at The Cloisters, (pp. 57-69; sur deux pe- La cour de Gaston de Foix se signale par le raffine- tites plaques représentant des scènes courtoises); E. ment certes, mais aussi par l’alliance des lettres et des Jane Bu r n s , A Cultural Performance in Silk: Sebelinne’s arts, la musique en premier lieu: ce sont les aspects mis «aumousniere» in the “Dit de l’Empereur Constant” en relief dans la dernière section, «Fébus, Froissart et (pp. 71-78; sur la signification de l’aumonière, opposée e les arts». à bourse, dans ce dit du x i i i s. d’argument byzantin); Claire Po n s i c h (Des lettres, le livre et les arts dans les Kimberlee Ca m p b e ll , Acting Like a Man: Performing relations vers 1388-1389 de Violant de Bar et de Gaston Gender in “Tristan de Nanteuil” (pp. 79-89; sur l’inver- Fébus, pp. 277-304) analyse les lettres conservées de sion des rôles – couardise, travestissements – dans cet- e Violant de Bar à son cousin aîné: elles montrent des in- te chanson de geste du x i v s.); Sylvia Hu o t , Amorous térêts culturels, bibliophiliques et littéraires communs, Performances: The «Aventure de l’espee vermeille» in même si la reine se révèle incontestablement plus “Perceforest”(pp. 91-98; sur cet épisode du livre V, réaf- éclectique et ouverte à l’art et au pré-humanisme que firmation de la norme sexuelle de la chevalerie); Ardis le prince de Foix. En annexe, la transcription de quel- Bu t t e r f i e l d , Historicizing Performance: The Case of ques lettres en catalan, datées des années 1383-1391. the “Jeu de Robin et Marion” (pp. 99-107; sur les nom- Agathe Su l t a n (‘Ymaginer son chant’. Présence de breux «displacements – social, sexual, linguistic, mu- la musique chez Fr., pp. 305-320) souligne les affinités sical, generic» (p. 106) dans le texte, que l’A. met en entre l’écriture de Froissart, apparemment désintéres- relation avec Naples angévine des années 1280); Ma- sé à la musique, et l’art subtilior dans le chansonnier rilyn La w r e n c e , The Protean Performer: Defining Mins- élaboré à la cour de Foix (ms. 564 du Musée Condé trel Identity in Tristan Narratives (pp. 109-119; sur la de Chantilly): A.S. reconnaît des affinités thématiques figure du “minstrel” telle qu’elle est présentée dans la portant sur la mythologie, l’obsession du temps, l’im- Folie d’Oxford et dans l’épisode de «Tristan ménes- portance de l’œil et de la vision. trel» dans la Continuation de Perceval de Gerbert de Yolanda Pl u m l e y (Citation, allusion et portrait du Montreuil). Prince: peinture, parole et musique, pp. 321-337) montre Les contributions de la troisième section traitent comment certaines chansons destinées à Gaston Fébus de la relation entre «Devotional Practice and Textual contribuent, par un art subtil de l’emprunt, de la cita- Performance»: Kathryn A. Du y s , Performing Verna- tion et de l’allusion, à célébrer le prince, au centre d’une cular Song in Monastic Culture: The «lectio divina» propagande culturelle et en même temps politique. in Gautier de Coinci’s “Miracles de Nostre Dame” (pp. Gilles Du l o n g (‘Fébus avant!’ La musique au nom 123-133) ; Robert L. A. Cl a r k and Pamela Sh e i n - du prince: le nom du prince en musique, pp. 339-351) g o r n , Performative Reading: Experiencing through the s’intéresse lui aussi au ms. de Chantilly pour y déceler Poet’s Body in Guillaume de Digulleville’s “Pèlerinage les diverses formes de célébration du prince, tant dans de Jhesucrist” (pp. 135-151); Lucy Fr e e m a n Sa n d l e r , les textes que dans les partitions. The Anglo-Norman Office of the Cross in the Lichten- Troisième colloque célébrant Froissart en 2006 thal Psalter (pp. 153-162; sur les lettrines historiées de (avec ceux de Paris et de Lille, dont les Actes ont paru l’office, caractéristiques de l’enluminure anglaise de e respectivement à Paris, De Boccard, et dans Perspecti- la deuxième moitié du x i v s., illustrant le cycle de la ves Médiévales), ce volume se signale par le choix d’un Passion); Elizabeth A. R. Br o w n , «Laver de ses pechiés sujet plus limité, dont on reconnaît l’importance au une pecheresse royale»: Psalm Collects in an Early Four- sein de l’œuvre du chroniqueur, et en même temps par teenth-Century Devotional Book (pp. 163-177; sur le la riche palette des contributions, qui restituent l’image ms. New York Public Library, Spencer 56, exécuté à parfois controversée d’une cour et d’un prince célèbre l’intention de Blanche de Bourgogne, épouse de Char- et d’un écrivain capable d’admirer mais aussi de don- les IV, accusée d’adultère). ner de son mécène un portrait subtil et nuancé. La quatrième section, «Persuasive Performances», rassemble les études de Renate Bl u m e n f e l d -Ko s i n sk i , [m a r i a c o l o m b o t i m e ll i ] Dramatic Troubles of “Ecclesia”: Gendered Performan-

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ces of the Divided Church (pp. 181-194; sur la figure un vrai miroir de la conception médiévale qui retrouve allégorique féminine de l’Eglise en proie au schisme le Christ dans la vie quotidienne. Dans L’imago dans les chez Rupert de Deutz, Gautier de Chatillon, Eusta- rhétoriques médiévales (pp. 111-138), Dominique Ku- che Deschamps, Honoré Bovet); Laurie Po s t l e w a t e , n z We s t e r h o f f trace une histoire détaillée de l’imago Preaching the Sins of the Ladies: Nicole Bozon’s “Char dans les traités de rhétorique, de l’Antiquité à la Fran- d’Orgueil” (pp. 195-202); Helen So l t e r e r , Making Na- ce du Moyen Âge, en retenant l’empreinte laissée par mes, Breaking Lives: Women and Injurions Language la culture grecque; Aristote, Cicéron et Saint Augus- at the Court of Isabeau of Bavaria and Charles VI (pp. tin, Brunet Latin et Pierre Fabri sont les auteurs pris 203-217; à propos des damoiselles d’honneur); Doris J. en considération puisqu’ils ont marqué l’évolution de Wa l t e r , Performing the Nation: The Play Performed l’imago: de simple figure de style qu’était l’eikôn grec- at the Great Feast in Christine de Pizan’s Biography of que, elle passe dans l’art rhétorique latin, pour deve- Charles V (pp. 219-232; sur le sens du récit de la visite nir imago Dei au Moyen Âge en se diffusant dans la de l’empereur Charles IV à Paris en 1378). culture gothique. Les deux textes français analysés (le Dans la cinquième section, «Re-Enactments and Trésor de Brunet Latin et Le grand et vrai art de pleine Legacies», on notera: Evelyn Bi r g e Vi t z , Variegated rhétorique de Pierre Fabri) marquent enfin la survi- Performance of “Aucassin et Nicolette” (pp. 235-245); vance de cette figure rhétorique en tant que compa- Kathleen A. Lo y s e n , Medieval Representations of Sto- raison aristotélicienne. L’analyse du discours descriptif rytelling and Story-Performance (pp. 247-253; sur la dans le Roman d’Alexandre fait l’objet de l’article de mise en scène de l’acte de raconter dans les Cent nou- Colette Va n Co o l p u t -St o r m s (Alexandre et les ima- velles nouvelles et les Evangiles des quénouilles); Cyn- ges, pp. 139-163): l’A. étudie la fonction de ces «évo- thia J. Br o w n , Paratextual Performances in the Early cations d’images littéraires» (p. 139); ces descriptions Parisian Book Trade: Antoine Vérard’s Edition of Boc- narratives ne coïncident pas dans les deux rédactions caccio’s “Nobles et cleres dames” (1493) (pp. 255-264); du texte (une table réunit les variantes entre la version Elizabeth Em e r y , ‘Resuscitating’ Medieval Literature in de Thomas de Kent et celle d’Alexandre de Paris), et New York and Paris: “La femme que Nostre-Dame gar- déterminent par conséquent de profondes différences da d’estre arse” at Yvette Guilbert’s School of Theatre, idéologiques et narratives. En conclusion du volume, 1919-24 (pp. 265-278; représentation tirée des Miracles Jean-Claude Mü h l e t h a l e r (Du grotesque à la satire, du de Nostre-Dame par personnages); Anne Az e m a , «Dunc rire à la morale. Le dialogue entre texte et image dans le chante haut et cler»: remarques sur l’interprétation de la Roman de Fauvel, pp. 183-189) souligne une fois de musique médiévale (pp. 289-299). plus comment et combien l’interprétation d’une œuvre [g. m a t t e o r o c c a t i ] peut s’enrichir grâce à une lecture croisée des images et du texte: c’est le cas ici du ms. BNF, fr. 146, où texte, musique et iconographie concourent à amplifier la por- Au delà de l’illustration. Texte et image au Moyen tée morale de l’œuvre, en transformant en une satire Âge. Approches méthodologiques et pratiques, René profonde de la monarchie et du pouvoir un récit qui We t z e l , Fabrice Fl ü c k i g e r (dir.), Zürich, Chronos pourrait être interprété banalement grotesque. Verlag, 2009, pp. 197. [m a r i a g r a z i a r i c c i ] Ce volume, enrichi de nombreuses reproductions, réunit les contributions présentées lors d’une journée d’études organisée à l’Université de Genève (13 janvier John W. Ba l d w i n , Paris, 1200, traduit de l’anglais 2007) par l’équipe de recherche MüBiSch (Mündlich- (États-Unis) par Béatrice Bo n n e , Éditions Flamma- keit-Bildlichkeit-Schriftlichkeit/Oralité-Visualité-Écri- rion, département Aubier, 2006 («Collection histori- ture). Comme d’habitude, nous nous limiterons ici à que»), pp. 472. signaler les contributions concernant la littérature du Moyen Âge français. Dans l’Introduction (pp. 7-18) Bien que traduit, l’ouvrage a paru seulement en édi- R.W. et F.F. soulignent que le rapport texte/image doit tion française. Il s’agit d’une monographie rédigée à être envisagé dans une optique relationnelle car, soit partir de sources portant sur les années 1190-1210 fai- que ces deux éléments se présentent apparemment sant revivre la ville – dans ses différents aspects: éco- «déconnectés» entre eux (p. 12), soit qu’ils se fusion- nomique, politique, religieux, intellectuel – au mo- nent de façon évidente, tout concourt à l’approfondis- ment où l’on bâtit Notre-Dame et où Paris acquiert sement de la lecture réciproque. Une lecture simpliste réellement l’importance d’une capitale. Dans le cadre serait donc à éviter: c’est ce que Jean Wi r t h vise à dé- de cette rassegna on retiendra surtout le portrait de montrer dans son article, Au-delà de l’illustration. Ré- Pierre le Chantre, le chapitre V sur Les écoles et le ch. flexions sur le rapport texte/image dans l’art médiéval VI, Plaisirs et peines, traitant notamment des festivités, (pp. 19-39), en particulier à travers l’analyse des tituli des jongleurs, de la poésie lyrique profane et de la mu- qui, loin de servir de simples légendes aux images, en sique (où sont mis à profit les renseignements fournis amplifient la portée et les contenus; de même, grâce par les textes littéraires, en particulier les romans de à l’exemple de certaines représentations de la vie du Jean Renart). Christ, J.W. montre comment ce genre d’images n’est pas une simple illustration des dogmes chrétiens, mais [g. m a t t e o r o c c a t i ]

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‘Desireuse de plus avant enquerre…’. Actes du VIe Bertrand du Guesclin par Cuvelier, la version en prose Colloque International sur Christine de Pizan (Paris, 20- de ce texte par Jean d’Estouteville (Chronique de Ber- 24 juillet 2006), volume en hommage à James Laidlaw. trand du Guesclin) et le Livre des fais et bonnes moeurs études réunies par Liliane Du l a c , Anne Pa u p e r t , de Christine de Pizan, qui contient une section consa- Christine Re n o et Bernard Ri b é m o n t , Paris, Cham- crée au personnage du connétable, est une preuve des pion, 2008 («études Christiniennes» 11), 452 pp. fruits que l’on peut tirer d’une telle approche pour la connaissance de la diffusion des textes et des milieux Ce volume d’études en l’honneur de l’un des plus dans lesquels ils ont circulé. Enfin, le débat sur le Ro- grands spécialistes de Christine de Pizan reflète la mul- man de la Rose est replacé dans le contexte de quel- tiplicité des approches actuelles à la production chris- ques-uns des enjeux politiques, théologiques et cultu- tinienne et s’articule autour de six sections. rels qui occupent les intellectuels contemporains de La première («Histoire, éthique, Politique») abor- Christine, tels la translatio studii et imperii, la question de surtout les questions liées aux rapports de Christine de la régence féminine, les disputes théologiques avec avec le pouvoir: éducation du prince, théorisation de la Sorbonne dans le travail de Christine Mc We bb et la régence, appels à la paix; Angus J. Ke n n e d y , dans E. Jeffrey Ri c h a r d s (New Perspectives on the Debate sa contribution intitulée Le thème de ‘l’atrempance’ about the “Roman de la Rose”, pp. 103-116). dans “Le Livre du corps de Policie” et “Le Livre de la Dans la deuxième section («L’écrivain, la Morale et Paix” (pp. 15-31), examine les variations sur le modèle la Religion») se trouvent réunies quatre contributions, du ‘miroir du prince’ réalisées dans les deux ouvrages qui s’articulent autour de quelques questions religieu- écrits pour le dauphin Louis de Guyenne; ceux-ci uti- ses; les rapports entre Christine et Jean Gerson sont lisent un registre stylistique et des stratégies bien dif- étudiés par Lori J. Wa l t e r s (The Figure of the ‘seulet- férents en fonction des intentions didactiques visées: te’ in the Works of Christine de Pizan and Jean Gerson, instruction d’un jeune prince dans le Livre du corps de pp. 119-139), qui soumet à une lecture très fine les tex- policie, critique du comportement du dauphin dans le tes des deux auteurs dans lesquels sont évoquées les Livre de la Paix. Par contre, ce sont la reine Isabeau de images de la ‘seulette’ et de la ‘femmelette’, afin d’ap- Bavière et la défense de la légitimité de la régence fé- porter de nouvelles preuves du rapport intellectuel et minine qui font l’objet de l’étude de Tracy Ad a m s (Isa- spirituel qui dut lier le prédicateur et la femme de let- beau de Bavière et la notion de régence chez Christine tres. Earl Jeffrey Ri c h a r d s (Les enjeux du culte marial de Pizan, pp. 33-44), centrée sur la contribution que chez Christine de Pizan, pp. 141-165) étudie l’Oroyson les œuvres de Christine, particulièrement le Livre des Nostre Dame en montrant qu’elle contient une médita- Trois Vertus et l’Epistre à la Reine, peuvent fournir à tion profonde et très érudite sur la Vierge, tandis que la mise en place d’une théorisation de la régence à une l’influence de la Cité de Dieu d’Augustin sur la vision époque où cette institution subit des transformations christinienne du paganisme fait l’objet de l’étude de importantes. À ces deux textes et à l’Advision Chris- Benjamin Se m p l e (L’erreur et la morale: le dualisme de tine est consacrée la contribution de Daisy De l o g u la ‘loi païenne’ selon Christine de Pizan, pp. 167-179). (‘Advocate et moyenne’: Christine de Pizan’s Elabora- Enfin, Andrea Ta r n o wsk i analyse la complexité de la tion of Female Authority, pp. 57-67), qui se concen- notion de ‘soi’ dans la Cité des Dames, où le ‘moi’ est tre sur l’analogie qui existerait entre les rôles de reine constamment en rapport avec les représentations allé- et de mère qu’Isabeau, femme de Charles VI, incarne, goriques et les personnages féminins qui peuplent la ainsi que sur la fonction d’intermédiaire que les fem- Cité (Christine’s Selves, pp. 181-188). mes doivent jouer dans les affaires politiques. Wilfrid Le domaine des techniques plus spécifiquement lit- Be s n a r d e a u (La représentation des Anglais dans le “Di- téraires fait l’objet de la troisième section («Le ‘champ tié de Jehanne d’Arc” de Christine de Pizan, pp. 45-56) des escriptures’: le travail de l’écrivain»), dans laquelle montre que Christine recourt au registre de l’épopée on trouve une analyse des métaphores végétales et du pour célébrer l’héroïne de la Guerre de Cent Ans, ce thème du jardin dans l’ensemble des œuvres de Chris- qui permet de retrouver des traits communs entre la re- tine par Liliane Du l a c (De l’arbre au jardin, de la pas- présentation des Anglais dans cet ouvrage et celle des torale à la politique: quelques transpositions métapho- Sarrazins dans la chanson de geste. Nicole Ho c h n e r riques et allégoriques chez Christine de Pizan, pp. 191- (Claude de Seyssel lecteur du “Corps de Policie”? Une 208), une étude sur le thème de la Fontaine de Pégase filiation politique?, pp. 69-86) lit en parallèle La Mo- dispensatrice de gemmes de sapience par Shigemi Sa- narchie de France de Claude de Seyssel et Le Livre du s a k i (Fontaine de Pégase et ‘chappel’ de la poétesse dans Corps de Policie pour montrer, faute de preuves qui at- “Le Livre de la Mutacion de Fortune”, pp. 265-276), un testent une connaissance du texte christinien de la part examen des procédés de réécriture du mythe d’énée du diplomate, un certain nombre de ressemblances en- par Jean-Claude Mü h l e t h a l e r (La poétique de la frag- tre les théories politiques des deux auteurs, particuliè- mentation ou de la bonne utilisation des figures exem- rement au sujet des notions de policie, de domination plaires: énée dans le “Le Chemin de long estude” de de soi, de méritocratie et à propos du problème de la Christine de Pizan, pp. 249-264); la réécriture et la réé- fonction du corps politique face à l’incapacité du roi laboration des sources fait encore l’objet de la contri- à gouverner. La belle étude codicologique menée par bution de Claire Le Ni n a n (Les formules proverbiales, Thierry La ss a b a t i è r e (Le mythe littéraire de Bertrand leur réécriture et leurs usages dans le “Le Livre de Paix” du Guesclin: écriture, diffusion et lecture des œuvres de de Christine de Pizan, pp. 221-232), tandis que Marie- Christine de Pizan et de ses contemporains, pp. 87-101) Hélène Ma r q u e s -An t u n e s (Le dialogue intratextuel sur les manuscrits qui nous ont transmis la Chanson de dans l’“Epistre Othea”, pp. 233-247) choisit une appro-

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che de l’Epistre Othea visant à en mettre en lumière la circulation européenne des manuscrits de Christine et, cohérence en partant des correspondances internes au dans le dernier paragraphe, le transfert du modèle de texte. Des questions plus directement liées à la codi- l’intellectuelle. cologie sont abordées par Mark Au ss e m s (Christine de [p a o l a c i f a r e ll i ] Pizan et la main X: quelques questions, pp. 209-219), qui revient sur la question épineuse des autographes de Christine pour réfuter l’hypothèse de l’identité en- Hé l è n e Mi ll e t , L’église du Grand Schisme 1378- tre la main X et la main X’, et pour mettre en question 1417, Paris, Picard, 2009, 272 pp. l’identification de la main X avec celle de Christine. Dans la section «Intertextualités» sont réunies des L’ouvrage rassemble seize études (parues d’abord contributions portant sur les rapports des œuvres de sous la forme d’articles dans les années 1985-2000) qui Christine avec d’autres textes; l’influence de la tradi- sont autant de chapitres résultant d’un travail de re- tion philosophique et théologique représentée par le De cherche cohérent, mené à partir de l’étude des événe- Consolatione Philosophiae de Boèce et les Confessions ments liés au concile de Pise (1409) et de celle de leur d’Augustin pour la notion de mémoire et de consolation perception par les contemporains, travail dont la logi- dans la triade Livre de la Mutacion de Fortune, Advision que est présentée dans l’Avant-propos. Le volume est Christine et Livre de la Cité des Dames font l’objet de la organisé en quatre parties: I. Les assemblées du clergé, communication de Julia Simms Ho l d e r n e ss (Christine, II. Grands et petits prélats sur l’échiquier bénéficial, III. Boèce et saint Augustin: la consolation de la mémoire, Récits et témoins, IV. Schisme et prophétie. Un chapitre pp. 279-289); Anna Lo b a (‘En chascun estat on se puet liminaire présente «Le Grand Schisme d’Occident vu sauver qui veult’: Réflexion sur le mariage dans l’œuvre par les contemporains: Crise de l’église ou crise de la de Christine de Pizan et de Philippe de Mézières, pp. papauté?»; un dernier chapitre «Le grand pardon du 291-302) montre les affinités entre Christine et Philip- pape (1390) et celui de l’année sainte (1400)». pe de Mézières au sujet du mariage, surtout dans le L’ensemble est fondamental pour l’historien de l’égli- contexte des ouvrages destinés aux femmes écrits à la se, les deux dernières parties intéresseront aussi le litté- même époque. L’intérêt de Christine pour les sciences, raire. En particulier le ch. 10, «Qui a écrit Le Livre des l’astrologie en particulier, et sa méthode d’utilisation fais du bon messire Jehan Le Maingre dit Bouciquaut?», des Etymologiae d’Isidore de Séville dans la Mutacion propose de voir en Nicolas de Gonesse l’auteur du Li- de Fortune constituent le sujet du travail de Bernard vre des fais. Même si l’attribution n’a pu être confirmée Ri b é m o n t (Christine de Pizan, Isidore de Séville et l’as- (cf. D. Lalande, Mélanges Ménard, 1998), l’étude reste trologie: compilation et ‘mutacion’ d’un discours sur intéressante. Le ch. 11, «Michel Pintoin, chroniqueur les arts libéraux, pp. 303-314), tandis qu’Anna Sl e r c a du Grand Schisme d’Occident», dresse le Catalogue des (L’Advision Christine, Guillaume de Machaut, Boccace documents sur le schisme insérés dans la chronique [du et le thème de la rétractation, pp. 315-326) met en pa- religieux de Saint-Denis] “in extenso” ou sous la forme rallèle la rétractation que Christine formule au sujet abrégée et examine le réseau de relations qui a permis de Fortune dans l’Advision avec des passages tirés des à Pintoin d’avoir accès aux documents officiels, parfois écrits de Guillaume de Machaut (Jugement du Roy de confidentiels, la manière dont il s’en est servi dans la ré- Navarre et Jugement du Roy de Behaigne) et de Boccace daction de sa chronique et l’opinion sur le schisme qui (Filocolo et Filostrato). s’y révèle. Dans la quatrième partie, au ch. 13, «Le car- Sous le titre «Au ‘Royaume de Femenie’» sont réu- dinal Martin de Zalba († 1403) face aux prophéties du nies des contributions qui abordent l’œuvre de Chris- Grand Schisme d’Occident», l’A. étudie plusieurs tex- tine sous l’angle des théories féministes; on pourra lire tes latins réunis par ce cardinal (Quedam profecia, Ali- les travaux de Katherine Ro u ss o s (Universalité et créa- que revelationes fratris Petri de Aragonia, Tractatus do- tion féminine: le “Livre de la Cité des Dames” comme mini Johannis de Legnano secundum astrologiam, Que- processus transcendant, pp. 329-343), Geri L. Sm i t h dam profecie seu vaticinationes, Quedam superstitiones (Claiming a Voice: The Feminine Speaking Subject in contra Dominum nostrum); de même que dans le ch. 14, “Le Dit de la Rose”, “Le Dit de la Pastoure” and “L’Epi- «écoute et usage des prophéties par les prélats pendant tre a Eustace Morel”, pp. 345-355) et Xiangyun Zh a n g le Grand Schisme d’Occident», elle enquête sur l’utili- (L’ancien royaume féminin et la nouvelle communau- sation et l’impact de la littérature prophétique auprès té des femmes, pp. 357-370), qui traite du mythe des de la hiérarchie ecclésiastique. Enfin le ch. 15 examine Amazones dans les écrits christiniens. «Le Grand Schisme d’Occident selon Eustache Des- Une dernière série d’études a pour objet «La pos- champs: un monstre prodigieux» (inspiré au poète par térité de Christine de Pizan»; l’univers anglophone une image de la prophétie ­Ascende calve). Le volume e est analysé, pour une période qui va du x v i siècle à est complété par l’Index des personnes et des lieux. l’époque contemporaine, par Stephanie Do w n e s (De- bating Christine in Victorian Age, pp. 373-384), Hope [g. m a t t e o r o c c a t i ] Jo h n s t o n (How “Le Livre de la cité des dames” came to be printed in England, pp. 385-396) et Julia Anne Ne- p h e w (Christine and Judy Chicago’s “The Dinner Par- Je a n Du f o u r n e t , L’épanouissement de l’histoire au ty”, pp. 397-407); la diffusion des textes christiniens quinzième siècle en France, «Fifteenth-Century Stu- au Portugal est abordée par Sara Ro d r i g u e s d e So u s a dies» 34, 2009, pp. 64-80. (La deuxième traduction portugaise du “Livre des trois Vertus”, pp. 409-426). La communication transversale Cet article de synthèse sur les grandes tendances de e de Margarete Zi m m e r m a n n (L’œuvre de Christine de Pi- l’historiographie au x v siècle a le mérite de procurer zan à la croisée des cultures, pp. 427-439) clôt le volume un tableau très clair et essentiel sur quelques aspects en mettant l’accent sur le rôle de médiatrice culturelle de l’évolution de l’un des genres majeurs du Quattro- joué par Christine; en utilisant les notions de transfert cento. et d’échange culturels, M.Z. essaie de retrouver, dans Après avoir indiqué les critères pertinents pour quelques-uns des textes christiniens, des traces de sa l’évaluation de la production de cette période (choix culture d’origine, mais l’A. prend en compte aussi la du vers ou de la prose, période historique envisagée,

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attitude envers les faits racontés, visées édificatrices manuscrit de l’Arsenal: 22 chapitres consacrés aux ou apologétiques), le grand spécialiste de Commynes origines de Ségurant le Brun et à ses débuts à la cour se concentre sur la question de l’ordre de la narration d’Arthur. Elle examine les stratégies mises en œuvre dans les quatre sous-genres de la chronique, des mé- par l’auteur de ce montage, et surtout le rôle dévolu moires, des journaux et des biographies. Cette analyse à un lecteur capable de reconnaître les jeux de l’inter- montre que l’intérêt prépondérant pour la contem- textualité. poranéité est le point commun aux quatre modalités Virginie Gr e e n e (Contes cruels: Le romanesque édi- narratives, qui se différencient beaucoup quant à la fiant et sadique du manuscrit français 112 de la BnF personnalisation de l’écrit historique: presque absen- (1470), pp. 95-107) propose une “exploration de l’es- te dans les journaux, rédigés par des auteurs ‘discrets’ thétique et de l’éthique de la cruauté” dans le célèbre qui n’effectuent aucune sélection ou ordonnancement ms. fr. 112, énorme compilation de récits arthuriens des faits, elle est maximale dans les mémoires. Quant à en prose. Elle s’arrête en particulier sur le prologue la chronique et aux biographies, l’A. analyse quelques du livre IV et sur trois épisodes (le roi Marc et sa nièce œuvres exemplaires telles les chroniques d’Enguerrand Labranne, la bête glatissante, la mort du roi Marc), en de Monstrelet, de Jacques du Clercq et de Georges étudiant les représentations de la cruauté dans les en- Chastelain, ainsi que quelques biographies ‘héroïques’: luminures qui les accompagnent. Elle propose de voir celle de Charles V par Christine de Pizan, celle de Jac- dans cette mise en scène réitérée le reflet de la cruauté ques de Lalaing et celle de Bertrand du Guesclin. de ce temps (vers 1470) et plus particulièrement des vicissitudes des Armagnac, possesseurs du manuscrit. [p a o l a c i f a r e ll i ] Tania Va n He m e l r y c k (Les figures romanesques e e dans la littérature des x i v et x v siècles. De la réminis- cence courtoise à la remotivation satirique, pp. 111-120) e e Le Romanesque aux x i v et x v siècles, Textes réunis analyse – sur la base du corpus réuni dans Fi-Ex – la par Danielle Bo h l e r , Presses Universitaires de Bor- présence et la fonction de 14 personnages romanes- deaux, 2009 («Eidôlon» 83), 292 pp. ques (Arthur, Tristan, Lancelot…: on trouvera la liste e e p. 112) dans la littérature des x i v et x v siècles. Paran- Sont réunis dans ce volume les Actes d’un Colloque gons de l’amour, exemples d’un comportement dérai- qui s’est déroulé à Bordeaux en juin 2003. Les contri- sonnable, paradigmes de vertu, ces personnages peu- butions sont distribuées dans cinq sections aux intitu- vent aussi obéir à une visée morale, voire être réutilisés lés suggestifs (Normes et écarts, Réécritures, Mouvan- dans une perspective satirique. Dans tous les cas, les ces, Modèles et miroirs, Lectures plurielles), mais aux auteurs de la fin du Moyen Âge réinvestissent les figu- limites floues. res romanesques d’une profondeur et d’une dimension Florence Bo u c h e t (‘Que reste-t-il de nos amours?’ nouvelles, et comptent, pour leur compréhension, sur e L’écriture ironique du roman au x v siècle, pp. 15-27) la participation active du lecteur. analyse les formes multiples de l’ironie (rhétorique, de Jean-Marie Fr i t z , Un héros de roman au milieu des situation, de caractère) dans Saintré et dans le Livre philosophes: la figure d’Alexandre chez Guillaume de Ti- du Cuer d’amour espris de René d’Anjou. Fondée sur gnonville, pp. 121-138. Dans sa traduction des Dicta e la connivence entre narrateur et lecteur, l’ironie serait philosophorum, qui jouit d’un très vaste succès au x v e une des marques du roman du x v siècle prenant ainsi siècle (plus de 50 manuscrits et 9 imprimés entre 1477 les distances du roman courtois antérieur. ca et 1533), Tignonville fait du chapitre sur Alexan- Christine Fe r l a m p i n -Ac h e r (“Brun de la Montai- dre le plus important du recueil. Tout en suivant les gne”: une ‘chançon de matiere enforcie’ (v. 2744)?, grandes lignes du Pseudo-Callisthène, il s’en éloigne pp. 29-40) discute l’appartenance générique de Brun sur quelques points: le refus de la merveille, l’éludement e de la Montaigne (seconde moitié du x i v siècle), œu- de la naissance et de la mort du protagoniste, la place fai- vre hybride, inachevée, en laisses d’alexandrins rimés; te à l’épistolaire, la transformation d’Alexandre en héros son auteur semble utiliser la laisse pour revigorer des messianique. Il est sûr que ce texte participe au regain de thèmes romanesques, mais n’arrive pas à reproduire le fortune du roi macédonien à la fin du Moyen Âge. rythme des chansons de geste ni à utiliser avec maîtrise François Su a r d (Figures du romanesque dans l’épi- l’entrelacement. que de la fin du Moyen Âge, pp. 139-157) souligne que, Fabienne Po m e l (L’allégorique, une voie de déni du malgré l’association précoce entre épopée et roman, romanesque? Le cas de quelques réécritures du “Roman qui s’accentue ultérieurement dans les chansons de e de la Rose”, pp. 41-54) s’interroge sur la relation de geste du x i v siècle, la frontière entre les deux gen- l’allégorique et du romanesque. Si une fusion se réa- res demeure réelle. Les épopées tardives se caracté- lise par exemple dans le Livre du Cuer d’amour espris risent par des dimensions imposantes, la multiplica- de René d’Anjou, d’autres auteurs, tels Guillaume de tion des protagonistes et des entreprises, ainsi que par Digulleville, mettent l’allégorie au service d’un projet l’extension du cadre spatio-temporel, l’intégration de didactique et moral. motifs folkloriques et, parfois, un goût rénové pour David F. Hu l t (Pour ou contre une esthétique de la l’hagiographie. Avec le passage aux rédactions en pro- compilation? La mise en prose du “Chevalier de la Char- se, la distinction entre roman et épopée devient diffi- rette” dans deux manuscrits du “Lancelot-Graal” de la cile, mais le destin des deux genres se différencie: ce e fin du x i v siècle, pp. 55-67) discute dans les détails la sont en effet les proses épiques qui jouissent de la plus e datation de la version dérimée du Chevalier de la Char- grande fortune, avec des éditions jusqu’au ­x i x siècle. rette, transmise par deux manuscrits tardifs. Contrai- Aux yeux experts de F.S., la nature des œuvres de- rement à G. Hutchings, il y voit plutôt une rédaction meure perceptible au-delà même de la prose: objectifs précoce, mise par écrit à une époque où le Lancelot en hagiographiques ou de guerre sainte pour l’épopée, prose était encore en cours d’élaboration. initiation amoureuse, chevaleresque et royale pour le Nathalie Ko bl e (Un nouveau Ségurant Le Brun en roman. prose? Le manuscrit de Paris, Arsenal, ms 5229, un ro- Selon Irit Kl e i m a n (Judas Iscariote à l’image du ro- man arthurien monté de toutes pièces, pp. 69-94) ana- manesque, pp. 159-169), c’est dans les récits en fran- lyse l’interpolation dans les Prophesies de Merlin du çais, à partir de la traduction de la Legenda aurea par

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e e Jean de Vignay, que Judas assume les traits du person- tre la fin dux v et le x v i siècle. Ce qui échappe complè- nage romanesque. I.K. examine en particulier la gri- tement à son analyse, c’est la valeur philologique des saille quadripartite qui lui est consacrée dans le ma- éléments considérés, rubriques, lettrines, enluminures nuscrit BnF fr. 181, commandité par Louis de Bruges pouvant constituer des indices, sinon des preuves, des et exécuté vers 1482: cette image illustre les quatre cri- liens textuels entre les témoins conservés. mes sur lesquels s’articule la biographie apocryphe de Céline Va n Ho o r e b e e c k (Les lectures ‘romanesques’ l’apôtre qui trahit le Christ. des officiers des ducs de Bourgogne (ca 1420-1550), pp. Friedrich Wo l f z e t t e l (“Le Petit Jehan de Saintré”: 257-268) s’occupe de la présence d’œuvres romanes- e une “Éducation sentimentale” du x v siècle?, pp. 173- ques dans la bibliothèque privée d’une dizaine de fonc- 186) reconnaît, par-delà la distance chronologique qui tionnaires – légistes et gens de finances – attachés aux sépare La Sale de Flaubert, des analogies historiques Ducs ou à l’État bourguignon. Mis à part quelques ti- entre le Saintré et l’Éducation sentimentale: situés tous tres ou auteurs (Jean de Meung, Merlin, Tristan, mais les deux au bout d’une tradition romanesque (biogra- aussi Quinze Joies de Mariage, Ponthus et Sidoine, Pier- phie chevaleresque pour l’un, roman romantique ou re de Provence, Paris et Vienne), qu’il est de toute façon de formation pour l’autre), ils représentent un essai très difficile de rattacher à un exemplaire conservé, ces conscient d’en subvertir les bases et dénotent la crise collections semblent privilégier nettement les “livres de leurs modèles respectifs. Surtout, les deux romans utiles et louables” (Chastelain, cité p. 268), destinés à parviennent à “miner une tradition en en suivant appa- instruire plutôt qu’à divertir leurs possesseurs. remment les règles” (p. 186). Michel Bi d e a u x (Permanence du romanesque médié- e L’article de Maria Co l o m b o Ti m e ll i (C’est d’armes val dans l’imaginaire du x v i siècle, pp. 260-280) dis- et d’amours… et d’enjeux politiques. Le manuscrit T de cute la présence d’éléments chevaleresques médiévaux “Cleriadus et Meliadice”, pp. 187-211) est consacré au dans la littérature narrative – romans et nouvelles – de manuscrit Turin, BNU, L.II.2, témoin secondaire pour la Renaissance. S’il est sûr que l’humanisme modifie l’établissement du texte critique, mais intéressant à profondément les thématiques et les formes, il est tout cause de son programme iconographique. Les enlumi- aussi certain que l’ancienne littérature coexiste avec le e nures se répartissent en effet entre les trois motifs prin- roman ‘moderne’ bien tard dans le x v i siècle sur les cipaux de Cleriadus, en illustrant toutes les étapes de rayons des bibliothèques, chez les libraires et même la carrière chevaleresque du héros, ses amours avec la dans les productions nouvelles. fille du roi d’Angleterre, ainsi que les aspects politiques Michel Pa s t o u r e a u (“Ivanhoé”. Un Moyen Âge de l’histoire. L’iconographie n’est pas uniquement le exemplaire à l’époque romantique, pp. 281-290) discute reflet du texte, elle contribue pleinement à son inter- les raisons qui ont déterminé l’immense succès du ro- prétation en donnant parfois du relief à des éléments man de Walter Scott (1819) jusqu’à nos jours, et l’in- secondaires du récit, et confirme ce que Gaston Zink, fluence qu’il a exercée sur la formation des médiévistes éditeur du texte, avait bien vu: “la finalité du roman français. Si ce récit possède indubitablement les quali- [est] politique” (cité p. 190, note 14). tés du ‘conte’, s’il met habilement en jeu tous les thè- Sylvie Le f è v r e (Emprise chevaleresque et projet ro- mes les plus caractéristiques de l’imaginaire médiéval manesque: entre réalité et fiction. À propos de “Jean de (tournoi, croisade, chevaliers, templiers…), cet imagi- Saintré”, pp. 213-226) étudie l’alternance des modes naire existait bien avant Walter Scott: c’est un Moyen d’écriture dans Jean de Saintré pour ce qui concerne Âge “archétypal” (p. 290), qui continue de forger notre e e les lettres d’armes et chapitres d’emprise. Les critiques propre vision des siècles x i -x v . ont souvent souligné la perméabilité et le jeu de miroirs Dans l’ensemble, ce recueil constitue une contribu- e qui s’établit au x v siècle entre vie et fiction: Saintré tion importante sur l’étude du roman et de ses caractè- confirme ce phénomène justement par un habile “jeu res constitutifs à une époque qu’il est malaisé de défi- d’écritures” (p. 225), La Sale utilisant des styles do- nir, l’époque charnière entre le Moyen Âge dit ‘tardif’ cumentaires à nos yeux très éloignés voire étrangers à et la Renaissance. l’écriture littéraire et romanesque en particulier. [m a r i a c o l o m b o t i m e ll i ] Selon élodie Le c u p p r e -De sj a r d i n s (L’imaginaire chevaleresque à l’assaut des villes: représentation et or- e ganisation des pas d’armes en milieu urbain au x v siè- Ma t t h i e u Ma r c h a l , L’art de la chasse à l’épervier cle, pp. 227-239), les pas d’armes organisés dans les ou ‘espreveterie’, du “Roman de la Violette” à sa mise villes bourguignonnes – Lille, Bruges, Gand, Bruxel- en prose “Gérard de Nevers”, dans Déduits d’oiseaux au les – sous Charles le Téméraire seraient le témoignage Moyen Âge, études réunies par Chantal Co n n o c h i e - tant de la culture littéraire de l’aristocratie que de la Bo u r g n e , 2009 («Senefiance» 54), pp. 205-216. “démocratisation d’une réjouissance à caractère appa- e remment élitiste” (p. 228). à ses yeux, ces spectacles Les écrivains qui au x v siècle transcrivent en pro- montrent aux bourgeois et au peuple de ces villes le se les œuvres en vers des siècles précédents moderni- faste des nobles, leur valeur chevaleresque et guerrière, sent tant la langue que le contenu, qu’ils adaptent à la et en même temps leur solidarité autour du Duc. culture et aux attentes de leur public. L’auteur anony- e La contribution d’Anne-Cécile Le Ri b e u z (Des ma- me de la ‘mise en prose’ du Roman de la Violette (x i i i nuscrits aux imprimés d’“Ysaïe le Triste”: le romanesque s.) n’hésite pas, par exemple, à retrancher les chansons à l’épreuve de la mise en pages et en images, pp. 243- lyriques que son modèle intégrait au récit. Cependant, 256) se fonde sur une partie de la tradition d’Ysaïe le comme l’observe M. M., éditeur critique du Gérard de Triste: deux manuscrits (le plus ancien daté de 1449, Nevers en prose, le ‘prosateur’ conserve avec une fidé- l’autre remontant aux années 1517-1525) et les édi- lité surprenante les épisodes et même le lexique techni- tions de Galliot Du Pré (1522), Philippe Le Noir (vers que rapporté à la chasse à l’épervier: il témoigne par là 1528), Jean Bonfons (vers 1550), à l’exclusion donc de de l’intérêt de son époque et de son milieu pour cette celles d’Alain Lotrian (ca 1581) et d’Olivier Arnoullet activité, ‘sportive’ certes, mais aussi deduit d’élite et si- (perdue). En prenant en compte l’organisation textuel- gne d’appartenance sociale. le et l’iconographie, l’A. essaie de percevoir l’évolution du livre et en même temps la réception de ce roman en- [m a r i a c o l o m b o t i m e ll i ]

sf161.indb 342 22-07-2010 12:14:45 Quattrocento 343

Li d i a Am o r , El “Roman de Clériadus et Méliadice”: vermeille et coulourée pour la grant habondance quy lui la transformación de un paradigma heroico y su vincu- avoit esmeü le sanc, pp. 52-53). lación con el poder, in Derecho y justicia: el poder en la [p a o l a c i f a r e ll i ] Europa medieval. Droit et justice: le pouvoir dans l’Eu- rope médiévale, coord. par N. Gu gl i e l m i y A. Ru c q u o i , Buenos Aires, CONICET/CNRS, 2008, pp. 215-245. Ovide métamorphosé. Les lecteurs médiévaux d’Ovi- de. études réunies par Laurence Ha r f -l a n c n e r , Lau- Édité par Gaston Zink en 1984, ce long roman ano- rence Ma t h e y -Ma i ll e et Michelle Sz k i l n i k , Paris, e nyme composé vers la moitié du x v siècle mériterait Presses Sorbonne Nouvelle, 2009, 238 pp. d’être mieux connu. Lidia Amor, qui lui a consacré sa thèse de doctorat, se concentre dans cet article sur les Ce beau volume collectif consacré à quelques as- liens entre la ‘carrière’ du protagoniste et la gestion du pects de la fortune d’Ovide au cours du Moyen Âge est pouvoir monarchique. Clériadus, fils du comte des As- structuré en deux sections, l’une centrée sur ce qu’il est tures, écuyer possédant toutes les vertus, est confronté convenu d’appeler l’Ovidius minor et l’autre réservée à dès le début du roman avec les problèmes politiques l’Ovide Moralisé. du royaume d’Angleterre, dont son père est le ‘lieute- Nous rendons compte ici des deux contributions e nant’; épris de la fille du roi, Méliadice, il parviendra qui concernent le x v siècle, toutes contenues dans le à l’épouser et à devenir roi à son tour. Comme Gas- premier volet de l’ouvrage et renvoyons à la section ton Zink l’avait souligné, les aspects politiques sont au “Moyen Âge” pour le compte rendu des autres étu- premier plan du récit, farci cependant de motifs ro- des. manesques et épiques de tous genres; Lidia Amor met Anne Pa u p e r t , ‘Pouete si soubtil’ ou ‘grand dece- l’accent surtout sur l’habileté de Clériadus à tisser des veur’: Christine de Pizan lectrice d’Ovide, pp. 45-67; alliances politiques, et sur la fonction des jeux chevale- l’A. se penche sur les jugements sévères que Christine resques (joutes, tournois, pas d’armes) et de la guerre de Pizan a émis à propos des Remedia amoris, surtout dans la structure du roman et dans l’évolution du per- dans l’Epistre au Dieu d’Amours et dans la Cité des Da- sonnage. mes. Si la raison principale des reproches de Christine [m a r i a c o l o m b o t i m e ll i ] «est la tromperie, l’‘art d’amour’ transformé en ‘art de decevoir’» (p. 50), l’utilisation de l’adjectif soubtil pour qualifier Ovide dans laCité des Dames donne lieu à un Istoire de la Chastelaine du Vergier et de Tristan éloge ambigu, qui associe les connotations positives et le chevalier. édition critique établie et présentée par négatives de ce terme. Enfin, en replaçant l’interpréta- Jean-François Ko s t a -Th é f a i n e , London, Modern Hu- tion christinienne dans le contexte des critiques formu- manities Research Association, 2009, 112 pp. lées par plusieurs clercs contemporains, l’A. parvient à prouver que son originalité consiste en l’association Cette nouvelle édition critique de la mise en prose d’une condamnation d’Ovide au nom de la morale de La Chastelaine de Vergy élaborée par un auteur ano- avec une défense des femmes. e nyme à la fin dux v siècle vient s’ajouter à celles qu’ont Cynthia J. Br o w n , Du manuscrit à l’imprimé: les XXI procurées, entre autres, R. Stuip en 1985 et A.M. Babbi Epistres d’Ovide d’Octovien de Saint-Gelais, pp. 69-82. la même année. L’introduction est consacrée à la pré- L’A. avance d’abord l’hypothèse que l’édition du texte sentation du texte, aux rapports de celui-ci avec son latin des Heroïdes parue en 1499 à Lyon chez l’éditeur e antécédent en octosyllabes du x i i i siècle et à sa fortu- Le Noir ne soit pas la première, car elle serait fondée ne; elle contient également une description du manus- sur celle, moins connue, qui sortit de l’atelier de Pierre crit et des éditions précédentes, des “Remarques sur Levet en 1490; ensuite, elle analyse la fortune de la tra- la langue” et les principes d’édition. L’édition critique duction française exécutée par Octovien de Saint Ge- est accompagnée de notes codicologiques et explica- lais en 1497, qui eut une diffusion extraordinaire aus- tives, ainsi que d’un glossaire. Un appendice contient si bien sous forme manuscrite (14 témoins) que sous la transcription (intégrale pour deux textes et partielle forme imprimée: parue chez le même Lenoir en 1500, pour deux autres) de réécritures postérieures, sur les- l’édition connut un succès considérable surtout dans la quelles l’A. annonce une étude en cours d’élaboration. capitale, où le texte fut réimprimé plusieurs fois, entre Si l’introduction constitue une synthèse des études autres par A. Vérard et J. Trepperel. menées jusqu’à présent sur ce texte, l’édition critique doit être utilisée avec beaucoup de prudence, à cause [p a o l a c i f a r e ll i ] des nombreuses coquilles (exellent>excellent, p. 34; doubz>doulx, p. 35; trouver, comfort>trouver comfort, p. 40; et passim), mauvaises lectures (la>sa, p. 41; un Vi r g i n i e Mi n e t -Ma h y , Odyssées maritimes et ‘trans- brief>en brief, p. 43; vous me le cellés>vous ne le cel- latio’ vers la cité de Dieu dans le manuscrit de l’“Ovide lés, p. 49; et passim) et incohérences dans la transcrip- Moralisé”, Rouen BM 0.4. Le message politique des li- tion, particulièrement au sujet de qui/qu’i (pp. 46, 52 vres 12 à 14, «Cahiers de Recherches Médiévales» 15, etc.) et de l’accentuation des mots (aprés/après, cf. p. 2008, pp. 307-332. 53). Il en va de même pour l’analyse linguistique, qui mériterait certainement d’être approfondie, aussi bien V. M.-M. analyse l’Ovide Moralisé, en se penchant en ce qui concerne les particularités phonétiques que en particulier sur les livres XII, XIII et XIV, qui véhi- pour la morphologie, pour laquelle on remarque sur- culent un message d’ordre politique et se présentent tout l’absence d’observations concernant les verbes, comme “un lieu potentiellement propice au projet de qui donnent pourtant lieu à quelques phénomènes di- miroir”, un genre polymorphe qui évolue sensiblement e gnes d’être signalés (cf., à titre d’exemple, les formes au x v siècle. La matière de Troie y tient une place im- peullent, p. 33, et peureust, p. 53). Le glossaire aussi portante; Ulysse, prince de la parole, et Énée, guidé par aurait pu être enrichi par l’introduction de termes du la prophétie de la Sibylle, sont considérés comme des type faire chere (elle onques n’en avoit fait chere ne sam- figures exemplaires du pouvoir idéal: un pouvoir fondé blant, p. 36) ou habondance (elle avoit encores sa biaulté sur la maîtrise de la parole rusée ou prophétique, plus

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que sur la force. Leur odyssée maritime est interpré- tiques locaux (révolte universitaire contre le pouvoir tée comme une translatio imperii au bout de laquelle central) ou une situation européenne alarmante (la pre- il s’agit de construire une ville, un royaume, mais sur- mière épidémie de syphilis en Europe). tout un lieu sacré, une cité céleste: Rome. Le discours [m a r i n a f e y ] apocalyptique et l’imaginaire du pouvoir orientent la lecture vers le politique. En particulier, l’Ovide Mora- lisé, dans sa version la plus ancienne conservée dans le To m m a s o iii d i Sa l u z z o , Le livre du Chevalier Er- manuscrit Rouen BM 0.4, se présente comme un texte rant (BnF ms. fr. 12599), a cura di Marco Pi c c a t , Bo- d’éducation politique. ves, Araba Fenice, 2008, 1070 pp. [m a r i n a f e y ] Si tratta dell’edizione del ms. della Bibliothèque na- tionale de France, recentemente esposto in occasione Ed e lg a r d E. DuBr u c k , The Current State of Re- della mostra La légende du roi Arthur (BnF, 20 ottobre search on Late-Medieval Drama: 2007-2008. Survey, Bi- 2009 - 24 gennaio 2010), preceduta da vari “interven- bliography and Reviews, «Fifteenth-Century Studies» ti”. Il primo, di Marco Pi c c a t , Tommaso III, Marchese 34, 2009, pp. 1-23. errante: l’autobiografia cavalleresca di un Saluzzo (pp. 5-26), collocando l’opera e l’autore nella situazione Ce travail bibliographique est consacré aux travaux del marchesato di Saluzzo alla fine del secolo x i v , con publiés au cours des années 2007-2008 dans le domai- molte e pertinenti testimonianze sugli elementi biogra- ne du théâtre de la fin du Moyen Âge et fait suite à fici, sulla cultura personale di Tommaso iii e quella d’autres articles parus dans cette revue (cf. par exem- lato sensu contemporanea del Piemonte e della Fran- ple, pour les années 2004-2005, le n. 31 de l’année cia, costituisce una “cornice storica di riferimento” che 2006); il constitue donc un instrument très utile aussi contribuisce ad una migliore comprensione del testo. bien pour des études spécifiques, que pour avoir un E tuttavia non si può tacere qualche dissenso. La defi- panorama des tendances de la critique et des recher- nizione stessa di “autobiografia cavalleresca” rinvia ad ches menées dans ce champ d’études. una categoria di tardi romanzi in prosa definiti appun- Pour ce qui concerne particulièrement la produc- to “biografie cavalleresche”, perché, diversamente dai tion en français, on y trouvera recensées dans le dé- romanzi ciclici, hanno per oggetto la storia di un solo tail cinq monographies, consacrées surtout au théâtre personaggio, che dopo varie avventure raggiunge la fe- religieux des Passions et des Mystères, mais aussi à licità personale e uno status nella gerarchia feudale. La Guillaume Coquillart et à la Farce de Maistre Pathelin. critica più recente, invece, ha messo in rilievo il carat- Un certain nombre de contributions contenues dans tere enciclopedico dell’opera, in cui si riversa la cultura des volumes collectifs consacrés au drame européen dell’autore, che va dalla narrativa in versi e in prosa alla ont pour objet la production en moyen français; on y trattatistica più varia, fino alla produzione e alle tema- retrouvera le reflet d’un intérêt assez fort pour les piè- tiche del suo tempo, carattere che peraltro il Piccat ri- ces religieuses. conosce nel corso dell’analisi (p. 17). Anche l’adesione [p a o l a c i f a r e ll i ] incondizionata di Tommaso agli ideali cortesi è affer- mata in modo un po’ troppo perentorio: non v’è dub- bio che nella prima parte del romanzo la rappresenta- Je ll e Ko o p m a n s , La parodie en situation: approches zione della corte d’Amore lasci trapelare la nostalgia du texte festif de la fin du Moyen Âge, «Cahiers de Re- di un mondo vagheggiato nella giovinezza, e insieme a cherches Médiévales» 15, 2008, pp. 87-98. questa irrimediabilmente perduto, ma il racconto non Es t e ll e Do u d e t , Parodies en scène. Textes et contex- si esaurisce qui, il protagonista affronterà, tra l’altro, tes dans le théâtre de Pierre de Lesnauderie (Caen, 1493- l’incontro con dame Fortune e le alterne, spesso tra- 1496), ibid., pp. 31-43. giche vicende di molti personaggi da lei determinate, discuterà con il filosofo Raison, che argomenta con le Ces deux études, parues dans la section consacrée à parole stesse di Jean de Meun, non direi proprio un so- La Tentation du parodique dans la littérature médiévale stenitore della concezione cortese della vita; soprattut- contenue dans le fascicule 15 des «Cahiers de Recher- to concluderà il suo itinerario nella casa di Congnois- ches Médiévales», concernent la Farce de Pattes-Ouain- sance, che ribadisce gli argomenti di Raison, gli svela il tes et La Cène des Dieux. significato recondito delle sue avventure e gli inganni J.K. montre que la parodie au théâtre n’est pas sim- diabolici che si nascondono dietro le brillanti appa- plement textuelle. Souvent, c’est à partir d’une situa- renze, e infine, per illustrare le virtù dei principi e dei tion concrète, d’un contexte, notamment celui de l’“in- cavalieri, espone un trattato di morale cristiana valido version festive”, où se jouent les polémiques de l’ac- per tutti gli uomini. tualité, qu’elle prend son plein sens. E.D. s’interroge Il contributo di Renato Bo r d o n e , Une tres noble sur la définition du concept de parodie, notamment au jouste (pp. 27-35), prende lo spunto dal ricordo del théâtre, entre Moyen Âge et Renaissance. Elle estime torneo e delle feste svoltesi a Saint-Denis in occasione que, pour bien comprendre la dimension parodique dell’adoubement di Charles e Louis d’Anjou, per ana- sur scène, il est nécessaire de faire des recherches sur lizzare questo episodio storico inserito nella narrazio- un contexte autant que sur des textes. Les pièces de ne romanzesca e illustrarne gli aspetti araldici, ma an- Pierre de Lesnauderie (1450-1522), docteur en droit che per evocare momenti dei travagliati rapporti con civil et canon, deux fois recteur de l’Université de Caen i Savoia e segnalare gli echi della cultura francese. Il en 1505 et 1520, montrent une pratique universitaire saggio, peraltro interessante e documentato, è permea- de la scène. Dans la Farce de Pattes-Ouaintes (1493) et to dello stesso pregiudizio che l’opera di Tommaso sia dans la Cène des Dieux (1496), à travers l’imitatio des volta esclusivamente alla celebrazione della cavalleria. textes-sources, notre intellectuel humaniste, “homme Laura Ra m e ll o cura l’edizione del testo (pp. 37-43; de terrain et de science, de scènes et de livres”, propo- pp. 49-553) che consiste in pratica nella trascrizione se, dans une alternance subtile de sérieux et d’ironie, del codice parigino, BnF fr. 12599 (P), con alcuni ra- une satire du contemporain face à des troubles poli- ri emendamenti indicati nelle pagine introduttive o

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nell’apparato. Si tratta di un lavoro che comporta un “rispettare e conservare la varietà di livelli stilistici e notevole impegno, e dispiace perciò, davanti a tanta fa- lessicali […]. In breve, non si è cercato di rendere trop- tica, di dover esprimere delle riserve. Ora, è certamen- po artificiosa la lettura, per mantenere la ricchezza e te valida la critica, anche severa, mossa dalla Ramello la precisione delle espressioni che designano oggetti, all’edizione di Ward (1984), il quale, pur scegliendo P fenomeni e aspetti della vita umana” (p. 577). Non si come testo base, accoglie lezioni dell’altro codice che può, naturalmente, controllare nell’intera traduzione ha tràdito l’opera, il ms. L.V.6 della Biblioteca Nazio- la fedeltà ai propositi. Una rapida scorsa permette di nale di Torino (T), approdando così ad un testo ibrido osservare che la conservazione dei tempi verbali porta (p. 42). Sarebbe stato comunque necessario da parte in qualche caso ad una sintassi italiana un po’ claudi- dell’editrice in primo luogo giustificare la sua scelta, cante, e che certe scelte, come il passaggio dal “tu” al necessario soprattutto seguire il suggerimento formula- “voi” nel primo colloquio tra il Cavaliere e Congnois- to già da Anna Cornagliotti («Studi Piemontesi»,VIII, sance (vv. 31-84) e altrove, o come le plaisir du doulz 1989, pp. 3-24), e ribadito, con l’apporto di una chiara temps tradotto “la festa della primavera” (v. 3), appa- esemplificazione, da Marco Fantoni fin nel titolo di un iono incomprensibili. Qualche confronto più puntuale saggio, L’importanza delle fonti in versi nella tradizione con il testo francese lascia ancor più perplessi proprio manoscritta dello Chevalier Errant di Tommaso iii di per quel che riguarda “la ricchezza e la precisione del- Saluzzo («Medioevo Romanzo», XXIII, 1997, pp. 210- le espressioni”, come le pou scens [quy est en toy] che 228), in altri termini, attenersi ad un criterio acquisi- diventa “il poco senso” (v. 169) invece di “il poco sen- to nella pratica ecdotica, quello dei testimoni indiretti. no”; baudour, “gioia, sicurezza, magnificenza”, tradot- Non si pretende, è ovvio, che l’editore di un testo esau- to nell’autopresentazione di Cesare “trionfo” (v. 9348), risca la ricerca delle fonti prima di accingersi al suo termine che in bocca a lui, antico romano, assumereb- lavoro, si può chiedere però che conosca e utilizzi al- be un significato specifico; estre hostellés tradotto “es- meno i risultati di altri studiosi. Un solo esempio: nel sere rifocillato” (v. 288), mentre il richiamo nel testo discorso di Raison citato più sopra, Amore è definito alla stanchezza e all’ora tarda richiederebbe “essere ac- da un serie di ossimori e di antitesi, per lo più in cou- colto, alloggiato, ospitato”, che è il primo significato plets di ottonari; nel couplet “Entechiez de pardon pe- di hosteller; curiosa, al limite del comico, l’interpreta- chiez, Pechiez de pardon entechiez” (vv. 8679-8680), il zione “non udire le folgori divine” (rr. 890, 1312) della secondo verso costituisce un’inutile ripetizione; nella locuzione ne pas oïr Dieu tonnant: tale locuzione è fre- fonte, il Roman de la Rose, si trova la buona lezione, quentissima nella descrizione di battaglie per evocare “De pechiez pardon entechiez”, che rispetta l’antite- il frastuono delle armi che impedirebbe di udire molto si. Anche in un altro caso la troppo rigida prudenza semplicemente un tuono (in bibliografia si cita il Dic- diventa veramente una manifestazione di Corruptelen- tionnaire des locutions en Moyen Français di Giuseppe kult: ai vv. 4961 e 4969 si conserva la lezione “Lamo- Di Stefano: perché non consultarlo?). rat” in luogo di “Morholt”, palese errore, testimoniato Colpisce soprattutto l’inesattezza proprio nel lessico dal Gorra che in T leggeva “Morholt”, senza contare tecnico della cavalleria: adouber, variamente declinato che Lamorat appare ben vivo ai vv. 5251-5252, e 5313- nella cerimonia dell’adoubement (vv. 127-152), tradot- 5316. La lezione corretta è indicata solo nell’indice dei to sempre con “vestire”, in luogo dell’italiano “armare, nomi e accettata nella traduzione. In entrambi i casi creare, fare”, scelta che dà poi luogo, in un’esortazio- l’emendamento non avrebbe comportato alcun ibridi- ne di Congnoissance, a un italiano un po’ sconcertante smo. Qualche dubbio è suscitato dal nome della figlia “siete stato vestito cavaliere” (v. 160); nella stessa oc- di Pharamond, suicida per amore di Tristano, Glorian- casione donner la colée tradotto “colpire alla nuca” (v. de, mentre è Belide nella fonte, il Roman de Tristan en 146), che evoca ben altre circostanze, mentre la colée prose, non “secondo la leggenda”, come è detto nell’In- poteva essere il colpo di spada sul collo o sulla spal- dice dei nomi. In ordine ad un altro problema, quel- la (l’italiano conosce il termine “accollata”); pallefroy lo della presenza di versi nella prosa, l’analisi di una non è proprio un “giovane puledro” (v. 27), bensì un bibliografia più completa avrebbe fornito alla Ramello cavallo robusto e tranquillo, utilizzato per viaggiare e una migliore informazione sui modi in cui Tommaso adatto alle dame, in italiano “palafreno”; bataille può elabora, e talvolta ostenta, i materiali della propria cul- significare anche “schiera”, quindi tourner la bataille tura enciclopedica, e le avrebbe impedito di proporre arriere significherà “far arretrare la schiera” e non “la emendamenti cospicui, trasformando in versi brani di battaglia” (r. 802) come, nella riga seguente, secourir prosa, sulla base di un poco filologico criterio sogget- nostre bataille, “soccorrere la nostra schiera”, e non ge- tivo (“a mio avviso […] è percettibile una musicalità nericamente “intervenire”; i belfrois non sono “palchi tale da recuperare corrispondenze di rima, restituendo mobili” (v. 5607), come gli echaffaux costruiti per assi- sotto forma di verso queste porzioni testuali”, p. 42). stere ai tornei, ma torri mobili assai alte per osservare Non c’è in questa sede spazio per esaminare ad una dall’interno della città il campo di battaglia. ad una le sue proposte, di cui alcune sembrano anche In alcuni casi, poi, manca alla traduttrice uno dei probabili, ma resta il dubbio che si tratti invece di re- requisiti professionali fondamentali, la conoscenza miniscenze o allusioni ad una fonte. Rime si trovano dell’argomento trattato nel testo, cioè della grande nar- anche in luoghi non presi in considerazione dall’editri- rativa romanzesca francese e dell’ideologia che la per- ce, ad esempio nell’episodio del gioco mondano delle mea, ma vien da chiedersi anche quale sia il suo livello demandes en amours (rr. 3190-3302), ma sono solo la d’informazione delle strutture dell’antico e del medio spia, appunto, della fonte della casistica amorosa che francese. Ci si contenterà di citare qualche esempio. è alla base del gioco, fonte costituita da raccolte di do- Il primo riguarda la storia di Tristan, personaggio così mande e risposte in versi o in prosa (edite da A. Klein importante per l’Errant, e perciò tanto più grave l’in- nel 1911, oggetto di un’edizione critica di M. Felberg- comprensione. Tommaso non è chiarissimo nel ricor- Levitt, Montréal, 1995). dare le avventure dell’eroe in Irlanda e non distingue il Resta da dire della traduzione di Enrica Ma r t i n e n g o pericolo causato dal veleno della spada di Morholt, da (pp. 577, 581-1049). La traduttrice indica nella No- cui lo salva Yseud, da quello corso quando dalla tacca ta introduttiva i criteri cui intende attenersi: “evitare nella sua spada, che corrisponde alla scheggia trovata il più possibile la regolarizzazione dei tempi verbali”, nel corpo di Morholt, la regina, sorella di questi, ri-

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conosce in lui, rimasto anonimo fino a quel momen- figura della Damoiselle ne esce totalmente travisata: se to, l’assassino del fratello, e vorrebbe ucciderlo men- amis ha, come in effetti appare dal contesto, il signifi- tre è disarmato nel bagno: “Mais en Irlande fu il en cato di “amante”, la Damoiselle che ha molti “amis” peril voirement,/ Quant il se baingnoit, par l’enveni- non è più il tipico personaggio, positivo, della fanciulla mement/ Et Yseud la Blonde lui fu garent/ Adonc du infelice, vittima di un unico amore impossibile, ma la l’osche en l’espee trouvée/ Que fist Tristan en la me- dama frivola e incostante, e la sua morte apparirebbe slee” (vv. 4964-4968). La Martinengo non conosce incomprensibile. l’episodio, tratto dal Roman de Tristan en prose, ignora I testi sono corredati da un indice tematico in italia- il significato di osche e non si preoccupa di cercarlo, no e da indici dei nomi propri, uno per la parte fran- sorvola sulla circostanza del bagno, e interpreta: “E al- cese e uno per la traduzione, redatti con criteri diversi: lora Isotta la Bionda lo curò/ Del veleno che si trova- ci si chiede se non si sarebbe potuto evitare il double va sulla spada”. Eppure nella bibliografia sono indi- emploi, mettendo il lettore della traduzione in grado cati alcuni autorevoli dizionari, in cui avrebbe trova- di conoscere le notizie offerte dall’indice in francese. to il lemma osche. Osserviamo a questo proposito che Infine, due pagine (pp. 1065-1066) sono occupate da non è citato il Dictionnaire du Moyen Français (http:// un glossario italiano di cinquantasei termini, compila- www.atilf.fr/dmf), certamente utile, direi indispensabi- to in modo… “prescientifico”: i lemmi sono registrati le per comprendere un’opera scritta a cavallo tra il x i v così come si trovano nel testo – suppongo, perché non e il x v secolo. Forse l’editrice stessa avrebbe dovuto c’è alcun riferimento numerico – senza indicazione di accorgersi dell’incomprensibilità del testo e riflettere statuto, per cui abbiamo, tra gli altri ariana, donatista, sulla lezione “du l’osche”, clamorosa violazione delle manichei, priscillianesimo, e Pelagio, già presente nei più elementari regole morfologiche: infatti nel ms. (fol. due indici dei nomi. Era necessario, poi, spiegare a dei 49va) si legge “fu l’osche”, come correttamente trascri- lettori italiani castello, contrada, drago? ve Ward (p. 325). Abbellisce il volume una serie di splendide ripro- Anche nella storia di Lancelot si devono rilevare duzioni delle miniature del codice: la raffinatezza del- dei vistosi fraintendimenti: nell’episodio della Dou- la decorazione, la rappresentazione stilizzata della na- loureuse Garde che muta il nome in Joyeuse, “Pour tura, il gioco delle forme geometriche, la vivacità e il le deduit qu’il fist leans”, è inspiegabilmente tradotto felice accostamento dei colori negli abbigliamenti e “Per l’amore che vi si accese” (v. 5927), ma l’amore negli oggetti compongono una rappresentazione effi- di Lancelot e della regina si era “acceso” da tempo, cace dell’aristocratica eleganza tardogotica. Avrebbe- e infatti se ne parla qualche centinaio di versi prima, ro meritato qualche nota di uno specialista, e magari deduit poi non è genericamente l’amore, ma il piacere, un indice. la gioia, appunto, che nasce dalla passione appagata; La bellezza materiale del volume non può attenuare, in quello della Damoiselle d’Escalot (vv. 5994-6009), comunque, il grande rammarico per l’occasione perdu- che ha pregato Lancelot “qu’il voulzist estre ses amis” ta, per lo sciupio di energie e di mezzi, il cui risultato è e al suo rifiuto muore d’amore e di dolore, la Marti- un testo non valido per l’approfondimento di un’opera nengo non capisce che ses amis è caso retto singolare così complessa e importante nella storia delle culture (la declinazione a due casi non è totalmente scomparsa francese e cisalpina, e neppure corretto per l’informa- ai tempi di Tommaso!), crede che sia un plurale e per zione cui ha diritto anche il comune lettore. giustificarlo inventa un “tra” che non esiste nel testo francese, quindi traduce “di essere tra i suoi amici”. La [a n n a m a r i a f i n o l i ]

Cinquecento a cura di Dario Cecchetti e Michele Mastroianni

e Ph i l i p p e d e La j a r t e , L’Humanisme en France au x v i quadro di grande chiarezza l’evoluzione dei concetti di siècle, Paris, Champion, 2009 («Unichamp-Essentiel», Umanesimo e di Rinascita nella storiografia europea, 20), pp. 374. a partire dal Rinascimento stesso fino a quel punto di arrivo rappresentato dal grande libro di Burckhardt e, Nella meritoria collezione di manuali universitari oltre, fino al moltiplicarsi delle interpretazioni nove- «Unichamp-Essentiel», ove già trovavamo una Histoire centesche. Il dibattito cruciale sul tema della rottura o e de la littérature française du x v i siècle a cura di Richard continuità fra Medioevo e Rinascimento è tenuto pre- Crescenzo (2001), compare ora una storia dell’Uma- sente. In particolare si dedica una breve sezione a quel- nesimo nella Francia del Cinquecento che, ben lungi lo che da tempo si suole definire Preumanesimo o pri- dal fare double emploi rispetto al precedente volume, mo Umanesimo francese, caratterizzato in particolare fornisce un approccio diverso, attento alla storia del- dalle grandi figure dell’epoca di Carlo VI, Clamanges, le idee, alla formazione ed evoluzione delle categorie Montreuil e Gerson. Forse, a questo proposito, sareb- storiografiche, alle connessioni fra pensiero filosofico e be stato auspicabile (ma è forse un rimpianto del re- pensiero religioso, alla formazione di un pensiero po- censore, che appartiene alla tradizione critica torinese) litico e di un savoir scientifico nuovo. Viene ricercata una maggiore attenzione al significato di transizione di una definizione dell’Umanesimo inteso in primo luo- questo periodo – di quel Quattrocento che ha un’in- go come categoria storica, riassumendo anzitutto in un dubbia originalità – e, soprattutto, ai lavori fondamen-

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tali della scuola di Franco Simone e di Gilbert Ouy, en latin” de Nicolas Bérauld (1534) (pp. 237-260): nel che non vengono neppure menzionati in bibliografia. quadro delle ricerche volte a costruire una monografia È pur vero, tuttavia, che il volume è axé sul Cinque- su Nicolas Bérauld, figura significativa anche se po- cento, di cui vengono egregiamente evidenziati i pro- co conosciuta del primo Rinascimento, l’A. analizza il blemi di fondo. Dialogus quo rationes quaedam explicantur quibus di- Le grandi linee seguite dall’A. sono in primo luogo cendi ex tempore facultas parari potest, deque ipsa di- quelle concernenti gli approcci metodologici, che tro- cendi ex tempore facultate, in cui Bérauld discute sui vano illustrazione in alcuni débats significativi: anzi- metodi grazie ai quali si può acquistare la facoltà di tutto il dibattito sulla lingua – a partire dalla querelle improvvisare. L’analisi, peraltro, non verte tanto sui sul ciceronianesimo alla discussione sull’uso del latino contenuti tecnici dell’operetta, ma sulla maniera, di o del volgare e sulle questioni inerenti quest’ultimo –, tradizione tipicamente classica, con cui il dettato è dibattito che si allarga a una serie di problemi minori strutturato come un dialogo fra due amici (Leonicus ma comunque importanti, come quello dell’ortogra- e Spudaeus), il cui rapporto – proprio all’insegna di fia, o che trascendono il livello linguistico pure e sem- un’amicizia ciceroniana – diventa specchio dell’amici- plice, come quello della lettura, dell’analisi dei testi e zia che unisce Bérauld alla comunità dei lettori. Ed è della traduzione. Inoltre, vengono ricostruite le con- proprio «questo passaggio dalla sfera privata alla sfera nessioni fra trasformazioni intellettuali e spirituali, pubblica della Repubblica delle Lettere che porta a con attenzione al rapporto (duplice, di convergenza e considerare il dialogo come una riflessione sull’avve- divergenza) fra Umanesimo e Riforma, fra lettere pro- nire del latino e un’esortazione inquieta al lettore» (p. fane e lettere sacre, in un’indagine chiara e limpida 240). Suzanne Gu i ll e t -La b u r t h e , Le cardinal du Bel- sul problema del sincretismo filosofico-religioso (neo- lay, mécène, sage et sauveur. Pour une étude poétique de platonismo). Così pure, viene consacrata una sezione la figure de l’ami dans l’œuvre du poète Salmon Macrin centrale ai rapporti fra Umanesimo e quei savoirs che (pp. 275-303): partendo dai dati biografici concer- vanno al di là dell’ambito delle humanae litterae, della nenti il rapporto di mecenatismo e amicizia a un tem- filosofia e della teologia: dal nuovo modo di concepire po fra il cardinale Jean du Bellay e Jean Salmon Ma- la storia all’impatto con i vari campi delle scienze spe- crin, massimo fra i poeti neolatini del Cinquecento, rimentali, l’A. sviluppa un discorso teso a definire un l’A. ripercorre, in particolare negli Hymnorum libri, metodo di autonomisation e di laïcisation, cui contri- la celebrazione del mecenate mettendo in evidenza buiscono sia l’Umanesimo erudito che quello filoso- immagini, formule e stilemi debitori della tradizione fico. Infine viene affrontato lo strutturarsi del campo dell’epinicio pindarico e della topica dell’elogio for- più propriamente letterario sotto l’impatto del movi- malizzata nell’Antichità; inoltre repertoria l’immagi- mento umanistico, seguendo alcune filières di fondo: nario dell’amicizia letteraria e ispiratrice. Viene rivol- il problema retorico del linguaggio e dei modelli (la ta poi una particolare attenzione alle composizioni di trattatistica), il rapporto dell’Umanesimo con il confi- ispirazione religiosa, e da questa analisi minuziosa si gurarsi dei vari generi (la poesia, il dialogo, l’essai, la procede alla costituzione di una griglia di metafore e letteratura narrativa, il teatro). Il panorama termina di citazioni bibliche, che evidenzia una forte interte- con un rapido ma interessante aperçu sulle connessio- stualità con l’immaginario davidico, mediante il quale ni fra l’Umanesimo e le arti (figurative e musica). al tema dell’amicizia ispiratrice viene conferito un ca- rattere sacro. Luigi-Alberto Sa n c h i , La correspondan- [m i c h e l e m a s t r o i a n n i ] ce de Guillaume Budé et Janus Lascaris (pp. 383-396): l’A. analizza le nove lettere scritte in greco da Budé a Lascaris e le tre di quest’ultimo a Budé, in cui al di Aa. Vv., La société des amis à Rome et dans la lit- là dei problemi specifici culturali e d’ordine filologico térature médiévale et humaniste, études réunies par affrontati appare – e non si tratta soltanto di consue- Perrine Ga l a n d -Ha ll y n , Sylvie La i g n e a u , Carlos tudine retorica – il riflesso testuale dello statuto reci- Lé v y et Wim Ve r b a a l , Turnhout, Brepols, 2008 («La- proco che i due corrispondenti si riconoscono: uno tinitates», II), pp. 418. statuto definito anzitutto, affettivamente, sul piano di un’amicizia che sottintende la coscienza di appartene- Il presente volume collettivo si propone di esplorare re alla stessa famiglia intellettuale. in una prospettiva diacronica e pluridisciplinare (filo- [d a r i o c e c c h e t t i ] sofica, antropologica e letteraria) le modalità con cui la nozione di amicitia è stata concepita e descritta dai Ro- mani e poi rielaborata nel Medioevo e nel Rinascimen- Aa. Vv., La ville à la Renaissance. Espaces-Repré- to. Fra i numerosi e importanti interventi, segnaliamo sentations-Pouvoirs, sous la direction de Gérald Ch a i x , quelli che hanno attinenza con la cultura francese del «Actes XXXIXe Colloque International d’Études Hu- Cinquecento. Sono i seguenti. manistes» (1996), réunis et présentés pas Marie-Luce Marie-Dominique Co u z i n e t , La vraie justice natu- De m o n e t et Robert Sa u z e t , Paris, Champion, 2008 relle: notes sur l’amitié chez Jean Bodin (pp. 141-174): («Travaux du Centre d’Études Supérieurs de la Re- in questo saggio l’A. procede a una ricerca delle oc- naissance de Tours», 16), pp. 359. correnze del termine amitié (amicitia) in rapporto con termini affini, quali amore, concordia, armonia, in al- In questi atti vengono riuniti i contributi del con- cune opere di Bodin (essenzialmente la République, il vegno tenutosi a Tours nei giorni 1-6 luglio 1996 sul- Paradoxon, il Colloquium heptaplomeres e la lettera a la città e i suoi spazi nel Rinascimento, esaminati con Jan Bautru des Matras). Il discorso si snoda in due ricchezza di dettagli e sotto svariati punti di vista: da- sezioni: la prima concerne il rapporto fra amicizia e gli spazi urbani ai rituali cittadini, dalla gestione del bene supremo dell’uomo e della Repubblica; la secon- potere ai conflitti sociali, dalla storia alla letteratura da, affrontando il problema dell’amicizia nel contesto e allo spettacolo. Anche dal punto di vista geografico comunitario, vede in essa il veicolo da un legame in- la descrizione è decisamente ampia e copre gran par- fra-politico a una giustizia armonica. Marie-Françoise te delle principali aree europee significative dal punto An d r é , L’amitié dans le “Dialogue sur l’improvisation di vista culturale. La prima parte è consacrata ai «ri-

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tuels et espaces civiques», la seconda agli «imaginaires et philologique sur la production noëlique antérieure e et pouvoirs urbains», la terza agli «espaces sociaux et au x v i i siècle. pratiques mémoriales», la quarta agli «espaces sociaux Dans l’Introduction, un panorama des travaux an- et conflits urbains» e la quinta agli «espaces urbains et térieurs consacrés à la définition du genre et à son ori- représentations». Gli interventi dei presenti atti sono i gine permet de reparcourir les étapes fondamentales seguenti: Pierre Mo n n e t , La ville en fête: conceptions de la réflexion sur ces compositions et de situer le tra- et représentations à Francfort (et dans quelques autres vail à l’intérieur d’un renouveau d’intérêt pour le noël, e villes de l’empire) à la fin du x v siècle; Marie-Karine qui a caractérisé la dernière décennie: c’est donc sur- Sc h a u b , La scène du Kremlin: lieux de mémoire (1550- tout dans le sillage des études de G. Mombello que 1650); Richard C. Tr e x l e r , Approaching the City: Dy- le travail de M.F. propose une origine liturgique et sa- namism and Stasis in Ritual Studies; Thomas Ma i ss e n , voyarde du noël, né très probablement dans la seconde e La persistance des patrons: la représentation de Zurich moitié du x v siècle. Un survol rapide sur la production avant et après la Réforme; Edward Mu i r , Presence and en français permet de mesurer le succès de ce genre de Representation in Italian Civic Rituals; Peter Bu r k e , textes à l’époque de la Renaissance. Ce sont par contre L’espace public et privé à Gênes à la fin de la Renaissan- les travaux de C. Dondaine, S. Escoffier et A.M. Vur- ce: l’humanisme civique d’Andrea Spinola; Jean-Louis pas qui fournissent les bases critiques pour l’analyse Fo u r n e l , Une nouvelle pensée républicaine: critique de des noëls en patois, qui sont souvent le reflet de la vie la tradition communale et réforme du gouvernement quotidienne et de la mentalité populaire. dans les écrits politiques de Francesco Guicciardini; Le troisième chapitre de l’introduction décrit dans Marc Ve n a r d , Les villes vues du ciel; Bernd Ro e c k , le détail le contenu des cinq plaquettes lyonnaises qui Les murs de la ville, frontières en pierre de l’imaginai- font l’objet de l’édition critique. Deux d’entre elles sont re? Sorcellerie et magie dans l’espace urbain; Frédéric actuellement conservées à la Bibliothèque nationale de Ba r b i e r , La ville, le prince et la bibliothèque. Espace, France (Rothschild 2987 et 2981); la plaquette inti- savoirs et pouvoirs dans l’Europe de la Renaissance tulée Noelz nouveaulx imprimez nouvellement (Paris, (1437-1523); Myriam Ya r d e n i , Ville, culture et pou- Jehan Olivier, s.d.) contient cinq poèmes seulement, e voir dans l’imaginaire des historiens français du x v i tandis que celle qui porte le titre de Grandz noelz nou- siècle; André Sa n f a ç o n , Mythes et représentation: veaulx composez sur plusieurs chansons tant vieilles que e e l’identité de Chartres aux x v i et x v i i siècles; Robert nouvelles (Paris, Jehan Nyverd, s.d.) est plus touffue Sa u z e t , L’image de Nîmes dans “Le Discours historial” et en comporte vingt-trois. Les trois autres collections de Jean Poldo d’Albenas (1559); Michael Be r l i n , Civic éditées par M.F. font partie des fonds de la Bibliothè- Ceremony in Renaissance London; Pascal Br i o i s t , Le que Colombine de Séville. Les Noelz nouveaulx nou- journal de Henry Machyn, bourgeois et marchand tail- vellement faictz et composez a l’honneur de la nativité leur londonien: Londres entre catholicisme et anglicani- de Jesuchrist et de sa tresdigne mere (Lyon, Olivier Ar- sme; Gabriela Si g n o r i , Rituel, événement et propagan- noullet, s.d.) portent la cote 15.2.1(5) et sont au nom- de: les processions strasbourgeoises durant les guerres bre de dix-sept, tandis que l’opuscule paru à Lyon sans bourguignonnes (1474-1477); Wolfgang Ka i s e r , Les nom d’éditeur et sans date (cote 15.2.1(6), avant 1535) paradoxes d’une ville-frontière. Conflits et compromis est formé de seize noëls. Enfin, la cinquième plaquette e à Marseille au x v i siècle; Robert De s c i m o n , Construc- (vingt et un textes réunis sous le titre La Fleur des noelz tion généalogique et ascension sociale: pour un usage nouvellement imprimez) a paru à Lyon et porte la cote critique du cabinet des titres de la Bibliothèque natio- 15.2.16(9). L’analyse du contenu des différents recueils e nale. Le cas des Larcher d’Olizy (Paris-x v i siècle); An permet de mettre en évidence la variété de ton et de Ki n t , Theatre, Trade and a City’s Identity: the Rhetori- style des compositions, qui ne sont pas toutes origina- cal Plays in Sixteenth-Century Antwerp; Bernard Ch e - les et se répètent parfois d’une plaquette à l’autre. v a l i e r , Tours et Paris au début de la Renaissance: deux La section suivante du travail de M.F. est consti- images contrastées. tuée de l’étude linguistique des textes édités, tant en [f i l i p p o f a ss i n a ] français qu’en patois lyonnais. L’analyse phonétique ponctuelle des noëls français est toujours accompa- gnée d’observations concernant le niveau graphique, e Noëls en français et en dialectes du x v i siècle édités tandis que la morpho-syntaxe fait l’objet d’une des- par Marina Fe y , Lyon, Université Lyon II -Jean Mou- cription systématique et très précise des phénomènes lin, Centre d’études Linguistiques Jacques Goudet, concernant toutes les parties du discours. La présen- 2008 («Histoire de la linguistique» 2), pp. 415. ce d’un nombre important d’exemples rend très utile cette partie du travail et permet de rendre compte de Parmi les genres considérés mineurs, le noël a été l’ampleur de certains phénomènes. La même précision souvent négligé par la critique, car ces poèmes chantés caractérise les paragraphes consacrés aux textes en dia- sur la nativité, qui évoquent un milieu modeste et com- lecte lyonnais. portent nécessairement un cri (‘noël’) caractéristique Quant à l’édition des textes, elle respecte la structure et distinctif par rapport à d’autres compositions sur de chaque plaquette, ce qui permet de se rendre comp- le même sujet, ont parfois été jugés monotones et peu te de la nature des textes qui composent chacune des originaux tant à cause de la thématique uniforme que collections. Les textes qui se répètent d’une plaquette pour la mélodie, très souvent modelée sur des airs pro- à l’autre sont transcrits une seule fois, mais signalés par fanes selon la technique musicale de la contrafacture. l’incipit dans les recueils suivants, de manière à ne pas Dans cette belle étude, M. F. prouve de façon convain- alourdir inutilement la transcription. Un index à la fin cante que l’étude de ces textes est très fructueuse, aussi de l’ouvrage permet à ceux qui seraient intéressés à re- bien d’un point de vue linguistique et stylistique que trouver un texte particulier de s’orienter rapidement. pour la connaissance des pratiques de dévotion et de la Les variantes sont signalées à la fin de chaque texte, tan- culture populaire de la Renaissance. On ne peut donc dis que les notes en bas de page renferment des observa- que se réjouir pour la parution de cette édition criti- tions concernant surtout la métrique et la rime. que de presque une centaine de pièces en français et Le glossaire, qui contient plus de cinq cents lemmes en dialecte, accompagnée d’une mise au point littéraire appartenant pour la plupart aux réseaux lexicaux de la

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musique, de la nature et de la religion, est construit de constitue la base aussi de quelques locutions verbales) manière à fournir non seulement des renseignements fournissent le cadre dans lequel G.R. situe et explique sur le(s) sens à l’aide de définitions et de correspon- les vers célèbres de Clément Marot, qu’il s’agit d’in- dants en français moderne, mais aussi des indications terpréter correctement. Les trois pièces en question grammaticales, étymologiques et parfois phonétiques; (l’Epistre à son amy Lyon, la ballade Contre celle qui un renvoi aux ouvrages lexicographiques de référence fut s’Amye, l’Epistre du Coq en l’Asne) n’associent pas, a été ajouté pour les cas les plus difficiles. comme l’affirme trop superficiellement la critique, le La rareté des éditions critiques modernes et philolo- Carême et le lard; les documents du Parlement, quant giquement fiables de poèmes noëliques rend ce travail à eux, accusent Marot d’«avoir mangé de la chair [et particulièrement utile. Naturellement, la difficulté d’ac- non pas du lard] durant le temps de Karesme» (cit. cès aux textes a empêché M.F. de fournir des indications ici, p. 79). Il faut donc comprendre la locution man- concernant les autres attestations éventuelles, dans des ger le lard chez Marot au sens figuré, bien connu, de recueils antécédents ou postérieurs, des poèmes trans- «être coupable» et la rattacher à ce qui suit: et la chair e crits dans ce volume. L’absence de répertoires et la rare- toute crue, dont le sens grivois est attesté depuis le x i v té des éditions critiques rendent ce travail pratiquement siècle. impossible à l’heure actuelle, mais il serait souhaitable [m a r i a c o l o m b o t i m e ll i ] que des recherches ultérieures dans ce domaine permet- tent un jour d’identifier avec exactitude les collections nouvelles et de déterminer quelles éditions ne consti- Ni c o l e Ca z a u r a n , Le langage «biblien» des devi- tuent que des réimpressions de textes antérieurs, non sants de “L’Heptaméron”, «Bibliothèque d’Humanisme seulement pour établir des liens de filiation éventuels et Renaissance», LXX, 2 (2008), pp. 281-299. entre les différents recueils, mai aussi pour avoir une idée de la circulation de certains noëls à succès. L’A. si pone il problema di analizzare le citazioni bi- bliche di cui è costellato l’Heptameron di Marguerite [p a o l a c i f a r e ll i ] de Navarre, al fine di riuscire a identificare da quale edizione delle Sacre Scritture la regina attingesse il ma- teriale inserito nella sua opera. Al di là delle semplici Pe t e r Eu b a n ks , The limits of Renaissance Aesthetics: riprese lessicali – peraltro numerosissime –, ciò che re- Jean Lemaire de Belges’s 1504 «Plainte du Désiré», «Bi- almente interessa è comprendere l’origine delle citazio- bliothèque d’Humanisme et Renaissance», LXX, 1 ni e delle parafrasi vere e proprie messe in bocca ai per- (2008), pp. 147-155. sonaggi dell’Heptameron anche all’interno di contesti prettamente mondani. Dato per certo che Marguerite L’A. offre un’analisi accurata del poema Plainte du non conosceva il latino in modo approfondito, risulta, Désiré scritto da Jean Lemaire de Belges nel 1504 per in primo luogo, innegabile il debito nei confronti del- celebrare la morte di Luigi di Lussemburgo. L’opera, la versione francese di Lefèvre d’Etaples, suo protet- strutturata in forma di dialogo fra la Pittura e la Reto- to. Tuttavia, il presente studio evidenzia la molteplicità rica, offre lo spunto per una riflessione sui limiti della di fonti bibliche delle quali l’autrice dell’Heptameron rappresentazione artistica. In primo luogo, viene sot- sarebbe debitrice, a partire dalla Bible historiale com- tolineata l’impossibilità di esprimere attraverso l’arte plétée, redatta nel x i v secolo, stampata nel 1495 e uti- ciò che realmente l’artista prova, in particolar modo ri- lizzata dallo stesso Lefèvre. Anche la Vulgata, scritta in guardo alla sofferenza, che trova una rappresentazione un latino accessibile, è annoverata fra le versioni della convincente soltanto attraverso il silenzio. Lemaire de Bibbia in possesso della regina e poteva rappresentare Belges viene accostato, quindi, a un altro grande poeta senza dubbio una fonte preziosa per le citazioni. Infine, del sentimento, Guillaume Machaut, che nei suoi com- l’A. osserva che, nella vita di Marguerite de Navarre, ponimenti pone l’accento sulla difficoltà di riprodurre trovava grande spazio la liturgia pressoché quotidiana autenticamente un sentimento tramite espressioni let- e, attraverso di essa, gli echi biblici sarebbero entrati terarie. Altro limite che Lemaire ammette è l’impos- nel patrimonio di conoscenze della regina in maniera sibilità di rappresentazione dell’infinito e soprattut- del tutto naturale. Da notare un ricchissimo repertorio to dell’infinita sofferenza che si prova perdendo una di referenze bibliche e liturgiche che permettono una persona cara. In conclusione, questo studio evidenzia catalogazione dettagliata dei passi scritturali citati o pa- all’interno dell’opera di Lemaire de Belges un’interes- rafrasati nell’Heptameron. santissima riflessione sui sentimenti del poeta, sul ruolo [f i l i p p o f a ss i n a ] dell’artista e sui limiti dell’arte espressiva, che va ben al di là degli schemi retorici previsti dal genere lette- rario. Ma g a l i Vè n e , À propos d’une traduction retrouvée [f i l i p p o f a ss i n a ] (la “Deiphire” de 1539) – Nouveaux éléments sur la e diffusion française au x v i siècle des écrits sur l’amour de Leon Battista Alberti (“Deifira” et “Ecatonfilea”), in Gi ll e s Ro q u e s , Papelard, paper lard, avoir mangé «Albertiana», X, 2007, pp. 95-123, et XI-XII, 2008- lard (et la chair toute crue), dans Du côté des langues 2009, pp. 139-164. romanes. Mélanges en l’honneur de Juhani Harma, Hel- sinki, Société Néophilologique, 2009 («Mémoires de la L’acquisition récente par la Bibliothèque nationale Société Néophilologique de Helsinki», LXXVII), pp. de France de la première traduction française de la Dei- 67-82. fira de L.B. Alberti (Paris, Jean Du Pré, 1539) a fourni l’occasion à M. Vène pour retracer non seulement le Le titre de cet article en constitue déjà la synthèse. contexte éditorial et culturel de sa parution, mais aussi En effet, l’histoire et les attestations de papelard (ap- l’histoire ultérieure de sa diffusion, à partir de l’édition paru en français peu après 1210) et de ses deux com- bilingue italien-français publiée par Gilles Corrozet en posants (le verbe paper, «manger», encore connu en 1547. La seconde partie de ce gros travail met à jour e Picardie au milieu du x v siècle, et le substantif lart, qui et complète le répertoire dressé par Pierre Jodogne en

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1980 et fournit une liste des éditions de l’Ecatomphile po una serie di cenni biografici che definiscono per e et de la Deiphire parues en France au x v i siècle. precisione la carriera medica e letteraria di Ferrier, l’A. ricostruisce i rapporti fra i due eruditi, soffermandosi [m a r i a c o l o m b o t i m e ll i ] in particolare sul componimento scritto da Ferrier in occasione della morte di Scaligero e, soprattutto, sul- la fittissima corrispondenza di quest’ultimo, che pos- Ém i l i e Sé r i s , Dire le plaisir, plaisir à dire: les élégies sediamo grazie all’edizione del 1600 curata dall’amico amoureuses de Jean Second, in Aa. Vv., Le plaisir dans Franciscus Dousa. Di essa viene fornita una descrizio- l’Antiquité et à la Renaissance, études réunies par Per- ne precisa, che mostra come il legame fra i due studiosi rine Ga l a n d -Ha ll y n , Carlos Lé v y et Wim Ve r b a a l , abbia portato a un ricco scambio culturale, interessan- Turnhout, Brepols, 2008, «Latinitates» I, pp. 237-254. te per ricostruire il clima di vasta erudizione del Cin- quecento francese. All’interno dell’elegia amorosa di Jean Second le [f i l i p p o f a ss i n a ] espressioni relative al piacere erotico sono molto ra- re, sia per motivi di censura, sia per l’indicibilità del piacere stesso. Pur costretto da questi limiti di genere, Ma x En g a m m a r e , Un pamphlet calviniste de 1561, Jean Second riesce a combinare i diversi topoi dell’ele- best-seller, restitué à son auteur (de Théodore de Bèze gia per tessere un elogio vero e proprio del piacere à Augustin Marlorat), «Bibliothèque d’Humanisme et erotico. Vengono quindi esaminate delle opposizio- Renaissance», LXX, 2 (2008), pp. 377-409. ni che ricorrono con frequenza nell’opera di Second e che oppongono al piacere elementi dannosi quali il In questo contributo viene affrontata la complessa denaro, il matrimonio e la morte. Per quanto riguarda questione della paternità del Sommaire recueil des si- invece il percorso che porta alla soddisfazione amoro- gnes sacrez, sacrifices et sacremens instituez de Dieu de- sa, vengono catalogate alcune tematiche centrali come puis la creation du monde, un pamphlet di enorme suc- la peripezia, l’attesa, l’interruzione e viene evidenziata cesso (ebbe almeno sette edizioni nel solo anno 1561) anche l’importanza della figura del rivale, definito una attribuito per secoli erroneamente a Théodore de Bè- sorta di doppio rispetto all’amante. Infine, viene ana- ze. Prima di giungere a un’identificazione certa, l’A. lizzata l’elegia dal punto di vista puramente letterario, presenta il contenuto dell’opera, sottolineando che si osservando che paradossalmente la tendenza a fissare tratta di fatto di una critica al sacrificio della Messa che il piacere – mutevole per definizione – attraverso sche- non risparmia duri attacchi al Papa. Successivamen- mi stabili finisce per annientarlo e, in definitiva, l’unico te, viene dimostrato, a partire da autocitazioni di al- piacere che rimane a Second è quello della scrittura. cuni Commentaires ecclesiastiques, che l’unico autore compatibile sia con il Sommaire recueil, sia con que- [f i l i p p o f a ss i n a ] sti commentaires è Augustin Marlorat, pastore di Ve- vey e poi di Rouen e rappresentante della causa rifor- mata a Poissy nel 1561. Vengono quindi forniti alcuni Ag n è s Re e s , Poétiques de la «vive représentation» de dati biografici su Marlorat e viene descritta minuzio- Marco Girolamo Vida (1527) à Jacques Peletier du Mans samente la storia editoriale di dodici edizioni a parti- (1555), «Italique», XII (2009), pp. 93-122. re dal 1561 e fino al 1596, corredate da immagini del frontespizio. Infine, l’A. cita la testimonianza di Simon La nozione di vive représentation, che ricorre nei testi te- Devoyon (sconosciuto autore di un Discours sur le de- orici francesi del Rinascimento, è ripresa spesso dalla criti- nombrement des docteurs de l’Eglise de Dieu…), il qua- ca moderna per indicare una certa pratica della descrizione le, elencando i grandi dottori della Chiesa, fra i con- nella poesia del Cinquecento. Agnès Rees si propone di de- temporanei annovera Marlorat, confermando peraltro finire con precisione questa nozione, sempre connessa a un quasi tutte le date delle edizioni del Sommaire. ideale di claritas, di perspicuitas e di vivacità. I termini cro- nologici dell’indagine vanno dal De arte poetica di Marco [f i l i p p o f a ss i n a ] Girolamo Vida (1527) all’Art poétique di Jacques Peletier du Mans (1555) passando per il trattato in versi Dell’arte poetica di Girolamo Muzio (1551), arco di tempo in cui la Vi o l a i n e Gi a c o m o t t o -Ch a r r a , La forme des cho- cosiddetta poetica della vive représentation viene formulata ses. Poésie et savoirs dans «La Sepmaine» de Du Bar- nelle discussioni prima italiane e poi francesi, per sfociare tas, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2009, in una definizione della «représentation la plus prochaine pp. 319. entre les choses et les mots» (Peletier, I, 9). Sono gli ele- menti di questa definizione e le finalità teoriche della vive Poema ‘biblico’ sul tema della creazione del mon- représentation a venire ripercorsi e studiati dall’A., in parti- do – argomento che ricorre nella produzione poetica colare nel testo di Peletier, con puntuali raffronti alle altre europea del secondo Cinquecento – La Sepmaine di due arti poetiche citate. Du Bartas è anche esempio maggiore di quella poesia [d a r i o c e c c h e t t i ] scientifica (o perlomeno di quella poesia che recepisce il grande dibattito scientifico connesso alla cosmolo- gia) caratterizzante la civiltà del tardo Rinascimento. In g r i d A.R. De Sm e t , Of doctors, dreamers and sooth- L’A. vuole illustrare, alla luce dei vari filoni della filo- sayers: the interlinking worlds of Julius Caesar Scaliger sofia naturale del Cinquecento, le modalità con cui Du and Auger Ferrier, «Bibliothèque d’Humanisme et Re- Bartas partendo da una riscrittura e da una grande am- naissance», LXX, 2 (2008), pp. 351-376. plificatio dei primi versetti della Genesi si appropria del materiale scientifico. Questa indagine, però, si as- Il presente studio intende far luce su alcuni aspet- somma a una analisi retorico-strutturale. Come V. Gia- ti della figura di Auger Ferrier, autore di varie opere comotto-Charra sottolinea, «la rivisitazione e la ristrut- celebrative e di alcuni trattati medici e astrologici, ma turazione della tradizione sia esegetica che filosofica noto soprattutto per la sua amicizia con Scaligero. Do- sembra produrre una conseguenza importante a un li-

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vello diverso da quello del significato del testo, perché Si sono moltiplicati, in un passato prossimo e nel può lasciar supporre che Du Bartas proietti sul model- presente, studi e convegni consacrati al governo del- lo scolastico della Creazione i principi di un’estetica» le donne, alle femmes d’état, nel Cinque e Seicento. Si (p. 168). Un’estetica per certo ambigua, soprattutto pensi al proliferare di lavori, per l’area inglese, su Eli- per l’oscillare sul piano delle scelte filosofiche (scelte sabetta I e su Maria Stuarda e, per l’area francese, su che si trasformano in una creazione di immaginario) Caterina de Medici. Ora, la ponderosa thèse di M.-H. da una cosmologia platonizzante a una cosmologia ari- Grintchenko arricchisce il panorama del gouvernement stotelica. Sulla base di questa estetica, «Du Bartas rie- des femmes con un nuovo personaggio, quello della so- sce (al di là di tutte le considerazioni stilistiche e po- rella di Enrico IV, che senza dubbio esercitò un ruolo etiche cui inducono i suoi versi) a un doppio tour de significativo durante le guerre di religione, in cui incar- force: giunge a rendere visibile l’azione del verbo divi- nò le esigenze della pars protestante in Francia. Fedele no e comprensibile l’idea di una materia prima aristo- anzitutto al proprio clan, quello dei Bourbons, e alla telica separata dalla sua forma, pur significando ad un politica del fratello, non sacrificò tuttavia, come fece tempo la sua impossibilità» (p. 176). Tutto ciò avviene quest’ultimo, alle esigenze politiche – neppure a quel- nell’utilizzazione sia della retorica scolastica (aristoteli- le della pacificazione – la propria fede riformata, che ca) – non per nulla l’A. conclude che Du Bartas fu con conservò e difese sul piano personale fino alla morte, il Tasso uno dei pochi poeti del Rinascimento ad avere evidenziando quel complesso gioco di strategie politi- interpretato rettamente la teoria aristotelica della cre- che e religiose, di equilibri che avranno una composi- azione artistica – sia di un linguaggio strettamente ri- zione nell’editto di Nantes, di dinamiche contradditto- portabile alle cosmologie del Cinquecento. Per chiarire rie fra odî e passioni che trovano rispondenze anche in questo assunto, il bel libro di V. Giacomotto-Charra ri- una produzione letteraria spesso fortemente schierata percorre La Sepmaine individuando nei versetti iniziali nell’apologia. della Genesi, riscritti nell’amplificatio bartasiana, una La prima parte del lavoro analizza le strutture so- tripartizione – creatio, distinctio, ornatus – «più porta- ciali e i réseaux che si allacciano intorno a quella che trice di senso della cronologia biblica, poiché identifica fu l’ultima infanta di Navarra (pp. 25-378): anzitutto i meglio il mondo con il discorso, egualmente tripartito legami di parentela, con tutti i problemi dinastici che (inventio, dispositio, elocutio)» (p. 178). Dall’analisi di ne provengono per questa casata di Bourbon-Vendô- questa ricostruzione ‘tripartita’ – nel costruirsi dell’im- me che finirà con l’ereditare la corona di Francia; liens maginario come nello strutturarsi del discorso – La Se- de parenté che sono al centro dell’attenzione politica, pmaine si presenta come «un poema filosofico, non in come attesta lo spazio che occupano nelle testimonian- quanto essa trasmette un sapere, ma in quanto è una ze epistolari, e che si complicano per le divisioni con- favola filosofica la cui forma e la cui materia sono con- fessionali che attraversano lo stesso lignage. In secondo cepite una ad immagine dell’altra» (p. 296). luogo, i legami concernenti il personale della maison de Madame. Come l’A. sottolinea, «le maisons princi- [d a r i o c e c c h e t t i ] pesche servivano da matrici culturali. Esse riunivano delle élites cortigiane che cercavano la protezione di un principe e la loro rete di influenza si estendeva, tanto Do m i n i q u e Br a n c h e r , Virgile en bas-de-chausse: a corte quanto in provincia, su una larghissima parte Montaigne et la tradition de l’obscénité latine, «Biblio- della società, sia nobile sia non aristocratica. La comu- thèque d’Humanisme et Renaissance», LXX, 1 (2008), nanza di interessi dei membri della maison e la condi- pp. 95-122. visione quotidiana delle stesse esperienze sociali e cul- turali permettevano l’emergere di un gruppo di corte Il presente studio è dedicato all’analisi del capitolo de- contraddistinto da un carattere particolare, fortemente gli Essais di Montaigne intitolato «Sur des vers de Vergi- influenzato dalla personalità del principe e il cui ascen- le», in cui viene commentato il passo virgiliano sull’am- dente sulla società dipendeva dal prestigio di quest’ul- plesso fra Venere e Vulcano. L’A., in primo luogo, traccia timo» (p. 243). La seconda parte ripercorre l’evoluzio- una breve storia della posizione che occupano le espres- ne dell’influenza politica, finanziaria e religiosa di Ca- sioni di oscenità (definite kakemphaton) all’interno della therine (pp. 381-741), esaminando le tre fasi successive retorica a partire da Quintiliano e fino al Rinascimento. della sua vita pubblica: la reggenza delle terre di Na- Successivamente, vengono illustrate le opere di due gran- varra, il soggiorno a corte, col rango di prima signora di lettori di Virgilio dell’antichità: Aulo Gellio e Auso- di Francia, tra il 1593 e il 1598, il periodo del matri- nio. Entrambi, attraverso le loro opere (rispettivamente monio con il duca di Bar. Anche in questa sezione l’A. le Noctes Atticae e il Cento Nuptialis), rivelano una vera è particolarmente attenta a ricostruire i legami perso- e propria tradizione ermeneutica sull’oscenità che Mon- nali, e, soprattutto, ad analizzare le strategie politiche taigne ha certamente tenuto presente nella concezione e l’intrecciarsi di interessi religiosi. Nella terza parte di questo capitolo. Infine, si passa all’analisi del testo di del volume si studia la produzione letteraria – religio- Montaigne, sottolineandone gli aspetti legati alla pudeur sa, politica e di propaganda – concernente in qualche nella descrizione dell’erotismo virgiliano, pudeur eredita- modo il personaggio (pp. 745-960): raccolte poetiche, ta proprio dai due mediatori antichi. E proprio da questa controversie religiose, discorsi, opere satiriche e bal- pudeur deriva il fascino del capitolo degli Essais, che, pur letti di corte che diffondono intorno a Catherine una mantenendo una bienséance di fondo, riesce a colpire il propaganda attiva. Non solo si tratta di testimonianze lettore grazie ad allusioni erotiche di grande efficacia re- che illustrano «l’identità culturale e le polemiche con- torica. temporanee di cui è necessario valutare l’impatto sul [f i l i p p o f a ss i n a ] corso della storia; ma di testi che evidenziano la perce- zione che i contemporanei avevano della personalità e del potere di Catherine, dei suoi doveri e dei suoi di- Ma r i e -Hé l è n e Gr i n t c h e n k o , Catherine de Bourbon ritti. I poeti di corte dell’entourage reale e del partito (1559-1604). Influence politique, religieuse et culturelle ugonotto le indirizzano le loro opere, portatrici della d’une princesse calviniste, Paris, Champion, 2009 («Vie simbolica tradizionalmente riferita alla ‘persona’ della des Huguenots», 50), pp. 1066. principessa» (p. 21). Analisi, questa, interessante per il

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quadro che disegna dei rapporti tra letteratura e pro- trattatistica e delle raccolte di modelli di lettere desti- paganda negli ultimi decenni del Cinquecento. nate ai segretari, sono stati inoltre illustrati alcuni casi paradigmatici di segretari di principi, di stampatori, di [m i c h e l e m a s t r o i a n n i ] ambasciatori, di umanisti e di cardinali. Particolare og- getto di attenzione ha fornito lo statuto del segretario nel Rinascimento, l’evoluzione del suo status e le diffe- Aa. Vv., «Il segretario è come un angelo». Tratta- renze fra i vari ambienti e le varie corti, in una succes- ti, raccolte epistolari, vite paradigmatiche, ovvero come sione di analisi che, pur privilegiando il milieu francese essere un buon segretario nel Rinascimento, a cura di e quello italiano, scelgono decisamente la prospettiva Rosanna Go r r i s Ca m o s , Fasano, Schena Editore, 2008 comparatista, come nella lettura parallela del trattato («Gruppo di Studio sul Cinquecento francese», 14) Del Secretario di Sansovino, della sua traduction camo- pp. 367. uflée di Gabriel Cappuys e di un testo inglese, quale The English Secretary di Angel Day. Particolarmente Il convegno veronese (25-27 maggio 2006) consa- interessante, dunque, è la panoramica dei saggi qui crato alla figura del segretario nella prassi umanistico- disposti lungo due direttive di fondo: la ricostruzione rinascimentale, si è inserito in un progetto di ricerca della figura del segretario cinquecentesco, in quanto internazionale, di cui è completamento, su Les instru- personaggio sociale, e l’indagine sui manuali di episto- ments de travail des humanistes strutturata intorno ad lografia – i secrétaires appunto – che tanta importanza alcune grandi tematiche, quali la lingua, i libri, il Li- hanno nello sviluppo della retorica rinascimentale, con bro. Nel corso del convegno «sono stati affrontati vari uno sguardo attento sull’attività letteraria di autori che aspetti di questa figura complessa e proteiforme; si è furono ad un tempo poeti e secrétaires, come Marot e tentato di stabilire chi fossero e cosa rappresentassero Du Bellay. in un secolo che è stato definito, con ragione, ‘il seco- [m i c h e l e m a s t r o i a n n i ] lo dei segretari’ e che ha visto fiorire, in Italia, ma an- che in Francia e in Europa, un’importante trattatistica sull’argomento» (p. 8). Aa. Vv., Les méditations cosmographiques à la Re- I contributi raccolti sono i seguenti: Rosanna Go r r i s naissance, sous la direction de Frank Le s t r i n g a n t , Ca m o s , Dall’angelo alla colomba: il volo del segretario Paris, PUPS, 2009 («Cahiers V.L. Saulnier», 26), pp. (pp. 7-28), Tobia Za n o n , Campi semantici e usi lettera- 220. ri del termine ‘segretario’: dalle origini al primo Barocco (pp. 31-44), Olivier Mi ll e t , Calvin, la main du maître: Come il curatore sottolinea in apertura (Frank Le- questions d’authencité (pp. 47-60), Viviane Me ll i n - s t r i n g a n t , La Méditation cosmographique, une médita- g h o f f -Bo u r g e r i e , Le «Secrettaire» de Gabriel Chap- tion entre deux livres, pp. 7-16) questo Cahier si rial- puys, face au «Del Secretario» de Francesco Sansovino et laccia a quasi vent’anni di distanza al Cahier Saulnier à «The English Secretary» d’Angel Day. Remarques sur n° 7 consacrato a La Méditation en prose à la Re- l’héritage de l’éthos épistolographique érasmien (pp. 63- naissance, riprendendo appunto il tema della médita- 91), Concetta Ca v a ll i n i , L’art du secrétaire dans l’œuvre tion, intesa come riflessione volta a mettere in pratica i de Battista Guarini: théorie et pratique, «Il Segretario» contenuti dell’apprendimento, applicata questa volta a e les «Lettere», (pp. 93-108), Anderson Ma g a l h ã e s , una scienza cosmografica che non è soltanto descrizio- «Uno scrittore di cose segrete»: la fortuna de «Il Secreta- ne ma interpretazione del cosmo. rio» di Torquato Tasso tra Italia e Francia (pp. 109-142), I saggi qui contenuti sono i seguenti: Patrick Ga u - Felice Ga m b i n , L’inchiostro e la spada. Il segretario nel- t i e r Da l c h é , Pour une histoire des rapports entre con- la trattatistica spagnola del Cinque e Seicento (pp. 143- templation et cartographie au Moyen Âge (pp. 19-40), 160), Mariangela Mi o t t i , Tra sigillo e imprese: il lavo- Giorgio Ma n g a n i , Des villes pour prier. De la ville ro dei segretari delle Accademie (pp. 163-174), Monia méditative au projet d’architecture (pp. 41-55), Angelo Me z z e t t i , Essere segretario in tempi difficili: Lhuillier Ca t t a n e o , Cosmographie et prédication médiévale et re- de Maisonfleur alla corte del duca d’Alençon (pp. 175- naissante (pp. 57-70), Isabelle Pa n t i n , ‘Altius incubuit 183), Dominique d e Co u r c e ll e s , Les enjeux politiques animus sub imagine mundi’. L’inspiration du cosmogra- de l’angélologie à la Renaissance: de Nicolas de Cues à phe d’après une gravure d’Oronce Finé (pp. 73-94), Tom Francisco Suarez et Francisco Pacheco (pp. 185-195), Co n l e y , Le méditer: via Apian (pp. 95-112), Thibaut Catherine Ma g n i e n -Si m o n i n , Estienne Du Trochet, se- Ma u s d e Ro ll e y , Le globe et le chevalier: variations crétaire, des «Lettres missives et familieres» (1569) aux sur la méditation cosmographique dans la fiction cheva- «Finances et Thresor de la plume françoise de E.D.T.» leresque de la Renaissance (pp. 113-140), Jörg Dü n n e , (1572) (pp. 199-213), Maria Grazia Bi a n c h i , Una galle- Méditation, médialité, subjectivité: du ‘regard d’en haut’ ria di segretari. Le lettere di Jacopo Corbinelli, la vita di au panoptisme cartographique (pp. 143-156), Georges corte e il ruolo intellettuale del segretario (pp. 215-240), To l i a s , Glose, contemplation, et méditation. Histoire Anne-Marie Li e v e n s , Periferia del potere e propaganda éditoriale et fonctions du «Parergon» d’Abraham Orte- della missiva: segretari spagnoli nelle stamperie venezia- lius (pp. 157-186), Marie-Dominique Co u z i n e t , Note ne (pp. 243-259), Daniela Co s t a , Dall’ideale del corte- sur les méditations cosmographiques et le pédantisme giano alla figura del segretario: metamorfosi del modello chez Montaigne (pp. 187-196). castiglionesco tra Italia e Francia nel Cinquecento (pp. Così Frank Lestringant enuclea il significato di 261-270), Frank Le s t r i n g a n t , Le secret de Clément méditation cosmographique. «Tra i diversi generi di Marot (pp. 273-291), George Hugo Tu c k e r , ‘Cygnes’ meditazione, egli afferma, la meditazione cosmografi- du ‘secret’ et vers ‘secretaires’ chez Joachim Du Bellay ca presenta una particolarità del tutto notevole. Se la (pp. 293-323), Magda Ca m p a n i n i Ca t a n i , Dal manuale meditazione in generale suppone la presenza prima di alla raccolta: teoria e pratica della scrittura epistolare at- un libro, che per i cristiani è la Bibbia, la meditazio- taverso i «Secrétaires» (pp. 327-337), Valerio Co r d i n e r , ne cosmografica implica per parte sua la coesistenza di Lupolde, o l’avvedutezza dei segretari (pp. 339-367). due libri, la Sacra Scrittura e il libro del mondo. La Come appare dall’indice stesso delle comunicazioni, meditazione cosmografica sarebbe la messa in relazio- nelle sezioni del convegno si è affrontato lo studio della ne di questi due libri, il movimento di viavai dal primo

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al secondo libro, dal libro delle creature alla parola di mento che l’antica tragedia sofoclea non possedeva. I Dio, e viceversa. […] I due libri, il libro della natura o due autori usano per gli innamorati un linguaggio si- libro del mondo, e il libro sacro, la Scrittura, sono inse- mile, mutuato «dalla courtoisie e dal petrarchismo e in parabili l’uno dall’altro, a dispetto di quanto affermava Rotrou anche dalla galanterie preziosa», in cui affiora il teologo catalano Raimond Sebond in apertura della «il topos del servitium amoroso» (p. 121). sua Théologie naturelle ou livre des créatures tradotta in La passione politica ispirata da Seneca è un tema ca- francese da Montaigne» (p. 8). Ora i contributi qui ri- ratteristico di questi autori che con sfumature diverse uniti si pongono in questa prospettiva, quella appunto affiancano alla presentazione dell’odio e dell’ambizio- di chiarire come la lettura della carta del mondo possa ne nel personaggio di Polinice anche un’ansia di giusti- costituire in certo qual modo un esercizio spirituale. zia e una riflessione sulla natura violenta del potere con una connotazione negativa della monarchia assoluta. [m i c h e l e m a s t r o i a n n i ] Ma come scrive l’autore «alle incongruenze del perso- naggio di Polinice e alla disorganicità dell’insieme, nel racconto dei frères ennemis, porrà rimedio la Thébaïde Mi c h e l e Ma s t r o i a n n i , Lungo i sentieri del tragico. di Racine, il primo a riflettere sulle componenti della La rielaborazione teatrale in Francia dal Rinascimento tradizione con interventi unificatori riusciti» (p. 183). al Barocco, Vercelli, Edizioni Mercurio, 2009 («Collana Il periodo che va dal Rinascimento al Barocco pre- Studi Umanistici», n. s. 14), pp. 403. senta un’icona paesaggistica molto significativa: «si tratta del paesaggio rupestre dominato da grotte», in Il volume di Michele Mastroianni si presenta fin realtà, come suggerisce il Mastroianni, «si tratta della dall’introduzione come il necessario e prezioso ap- contrapposizione tra luce e ombra» e una «coesisten- profondimento su una problematica di vivo interesse te totale alterità» (p. 194). L’autore ricorda quanto nel storico e filologico, vale a dire la riscrittura dramma- Cinquecento manierista la grotta diventi un elemen- tica del modello classico di tragedia in Francia in epo- to decorativo, con significati misterici, assai diffuso in ca rinascimentale e barocca. Partendo dalla fortuna di pittura e in architettura, a cominciare dalla grotta di testi giunti in Francia attraverso varie traduzioni, che Meudon costruita nel palazzo del cardinale di Lore- come è noto sono spesso riscritture e reinterpretazioni na e cantata da Ronsard. E’ infatti partendo da queste delle tragedie greche o latine, l’autore propone anche premesse iconologiche che la grotta si costituisce co- l’individuazione di alcuni punti nodali nell’evoluzione me motivo letterario: da elemento naturale ed acqua- dell’estetica teatrale. In primo luogo troviamo il pro- tico, funzionale a una situazione sentimentale come ne blema dell’interpretatio dei cori nei primi volgarizzatori Le promenoir des deux amants di Tristan, diventa luo- delle tragedie greche, che ovviamente presuppone una go selvaggio e pauroso, secondo il neopetrarchismo, viva attenzione per la lingua e per la forma del francese che vi infratta l’amante infelice o il peccatore che deve da parte dei traduttori. Tra questi emerge Thomas Sé- espiare una colpa. Molto più elaborato è il concetto di billet, che nella presentazione dell’Ifigenia di Euripide grotta nel teatro, la cui dimensione incantata è presen- mette in evidenza la difficoltà del suo impegno tenuto te, come prospettiva di balletti, o in testi teatrali, come conto delle possibilità della lingua francese del tempo. ne L’illusion comique di Corneille, dove un sistema di Questo sforzo di penetrazione e ricostruzione anzitut- scatole cinesi evoca profondità inesplorate: «quel nim- to a livello linguistico, come sottolinea acutamente il bo aereo che corrisponde a una specie di nube, grot- Mastroianni, denota un forte intervento filologico, ma ta, quadro di apparizioni divine o soprannaturali, ma «dove l’interpretatio si fa ermeneutica riaffiora, quale anche creazioni di spazi magici mediante appunto la atteggiamento di fondo, quella reductio artium che do- riproduzione in un contesto aereo, dello schema figu- po avere profondamente segnato la cultura medioeva- rativo della grotta» (p. 215). le, si trasforma in quello che noi oggi indichiamo come Il dibattito aperto dal Mastroianni sulla tragedia sincretismo rinascimentale» (p. 57). non si limita però a considerare soltanto le opere trat- L’esplorazione di tutti i riferimenti classici e bibli- te dai modelli classici, ma anche quelle ispirate dalla ci sottesi alla drammaturgia barocca conduce l’autore, Bibbia o dalla storia contemporanea, come è il caso de soprattutto attraverso lo studio delle imitazioni più o La Reine d’Escosse di Antoine de Montchrestien scritta meno esplicite sempre in equilibrio tra la fascinazio- solo quattordici anni dopo la morte di Maria Stuart. ne del modello classico e le suggestioni scaturite dal- Regina precedentemente cantata da Ronsard che intro- la visione morale del cristianesimo, a individuare un duce «un’immagine letteraria nuova, quella della vitti- profondo mutamento di prospettiva rispetto alla tra- ma oggetto di una persecuzione iniqua» (p. 223). L’au- dizione classica. tore scrive che «la storia di martirio rappresenta spesso Come leggiamo nel primo capitolo dedicato all’in- il legame fra la storia profana e quella sacra, o meglio terpretatio/traduzione dei primi autori cinquecente- trasforma la storia profana in storia sacra nella misu- schi, da Erasmo che offre una versione latina dell’Ecu- ra in cui sottolinea il nesso tra trascendenza e imma- ba di Euripide, a Lazare de Baïf che traduce in francese nenza» (p. 237). Con una problematica affine viene poi l’Elettra di Sofocle, a Thomas Sébillet che propone un presentato un ampio e documentato studio sull’Ester rifacimento francese dell’Ifigenia di Euripide, tutti in- francese, che da figura emblematica nell’Aman di Ri- contrano gravi problemi, nel rendere la musicalità dei vaudeau si trasforma nel corso del Cinquecento in vero cori, per superare le esigenze metriche e le difficoltà personaggio drammatico fino a raggiungere l’eccellen- della versione. Stimolante è la lettura di brani dell’An- za poetica nell’Ester di Racine alla fine del Seicento. tigone, con testo a fronte, nella versione greca e in quel- Con quest’opera Racine, giocando sull’ambivalenza ‘fi- la francese di Robert Garnier con le relative chiose che gura’ e concretezza, «rinnova la tragédie sainte, ritro- testimoniano da parte di quest’ultimo un notevole sfor- vando l’ispirazione tragica attraverso un’esegesi rigo- zo di comprensione etimologica e filologica del testo. rosa e teologica del testo biblico» (p. 385). Fonti diverse anche tratte da archetipi della novelli- Un contributo originale, ampiamente corredato da stica intervengono poi a condizionare la versione clas- approfondimenti nell’ambito della poesia e della storia sica dell’Antigone, la cui fabula in autori come Garnier dell’arte, intitolato Un ‘ravissement’ barocco: l’Hélène e Rotrou si arricchisce della tipologia dell’innamora- galante di Sallebray, presenta un tema abbastanza inu-

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suale nel corso del Seicento e un’opera meno nota ma le prologue», pp. 29-71) si parte dal presupposto che non priva di fascino dove «si opera un renversement nei prologhi, ove si riflette una tensione fra l’espulsio- della situazione tragica o perlomeno patetica nella di- ne del corpo dalla scena e la necessità drammatica di rezione del comico o meglio del parodico» (p. 309). esibirlo, si tematizzi il problema di questa esibizione. Concludendo. Lungo i sentieri del tragico è un’opera Tale problema è strettamente connesso alle ideologie di pregnante valore scientifico e letterario, perché at- della tradizione teatrale e alle rappresentazioni di una traverso esempi diversi, a volte contraddittori, presenta società attenta alle esigenze della bienséance. In questa opere e autori che alla luce della tradizione classica e sezione vengono illustrate le strategie discorsive me- della rivelazione cristiana sono stati il fondamento del- diante le quali nel prologo – vero crogiolo del dibattito la cultura moderna e hanno rappresentato l’inizio de- ideologico – si cerca di persuadere lo spettatore delle gli studi etimologici e filologici in Francia. Uno studio qualità pedagogiche e delle finalità etiche della com- denso e suggestivo, metodologicamente sicuro nella media. La seconda parte («Représenter la séduction: la ricchezza e varietà di temi, che offre al lettore di oggi dramaturgie du visible et de l’invisible et les rapports un’illuminante prospettiva del panorama letterario del- de violence», pp. 73-274) «studia i mezzi di rappresen- la drammaturgia francese classica e barocca. tazione visuale della seduzione sul palcoscenico, come pure le strategie che rendono presenti gli episodi che [m a r i a n g e l a m a z z o c c h i d o gl i o ] si svolgono nello spazio invisibile e virtuale del fuori- scena, precisando i luoghi scenici visibili e invisibili». Viene così studiata la topologia della seduzione, in par- Ma d e l e i n e Ke r n , Corps et morale entre geste et pa- ticolare la costruzione di uno spazio scenico attraverso role. La représentation de la séduction dans la comédie l’analisi delle didascalie testuali: fra i luoghi topici della humaniste française de la Renaissance (1522-1612), seduzione è dato un particolare rilievo alla ‘cameret- Genève, Éditions Slatkine, 2009 («Travaux des Uni- ta’ della jeune première. Inoltre, nell’illustrazione della versités Suisses», 13), pp. 501. realizzazione drammatica delle modalità di seduzione si tiene particolare conto del rapporto fra seduzione e Questo interessante studio sulla rappresentazione violenza per la costruzione dell’episodio. Infine, si ri- della seduzione nella commedia umanista francese del volge l’attenzione all’esibizione del corpo nello spazio Rinascimento si basa su un corpus di ventisei pièces, scenico. La terza parte («Dire la séduction: la repré- scritte nella seconda metà del Cinquecento, di cui tre sentation de la séduction par le langage», pp. 275-460) tragicommedie. Si inizia da quella che è considerata la analizza il linguaggio della seduzione e i suoi effetti po- prima commedia regolare francese, L’Eugène di Étien- etici e retorici. Anzitutto, attraverso un puntuale ap- ne Jodelle (1552), per terminare con le ultime tre com- proccio lessicologico e semantico volto all’analisi dei medie di Pierre de Larivey (1611) e con Les Corrivaus registri espressivi della seduzione d’ordine erotico ed di Pierre de Troterel (1612). La scelta dei testi si fonda osceno, mediante lo studio dei procedimenti metafo- sulla definizione di commedia regolare data da Made- rici, in particolare del funzionamento della metafora e leine Lazard («une comédie à l’antique divisée en actes della metonimia. Infine, a partire dalle scene di dialogo et comportant une intrigue amoureuse»). Criterio de- dei jeunes premiers vengono studiati gli effetti di quello terminante la costituzione del corpus, oltre alla regola- che Madeleine Kern definisce détournement littéraire, rità, è la presenza del tema della seduzione della jeune effetti retorici e stilistici che contribuiscono all’elabo- première o di una donna sposata. razione di un’estetica teatrale propria alla commedia Nella prospettiva dell’A. «la questione del corpo è del Rinascimento. «D’ordine retorico e poetico, queste inestricabilmente legata al soggetto della seduzione. Si tecniche, come l’ironia, la parodia e il pastiche, metto- sa, infatti, che il Rinascimento rivolse uno sguardo in- no in opera un meccanismo di derivazione» e rivelano teramente nuovo al corpo umano che diventò, in un «una dimensione intertestuale, per così dire parodica, modo sconosciuto fino allora, oggetto di studio privi- in rapporto ad altri generi e discorsi letterari». legiato nei campi di ricerca più diversi. Nella pittura, Per concludere, si tratta di un lavoro originale, che nella scultura ed anche in letteratura, il corpo ispirò offre un panorama coerente della commedia rinasci- nuove forme di espressione. L’innovazione del corpo mentale, da una precisa angolatura tematica, quella umano nel Rinascimento risiede in una concezione della seduzione, che si accompagna con un solido ap- materialista di questo corpo che precedentemente era proccio socio-storico. considerato in una sua natura che potremmo definire [m i c h e l e m a s t r o i a n n i ] teologica e religiosa». Nel saggio qui recensito «viene illustrata l’ipotesi di un’importanza basilare del corpo per l’espressione della seduzione, nella misura in cui Aa. Vv., Le lent brassement des livres, des rites et de la seduzione si distingue per la sua dimensione fonda- la vie. Mélanges offerts à James Dauphiné, textes réu- mentalmente carnale». Quanto al titolo, Corps et mo- nis par Monique Lé o n a r d , Xavier Le r o u x et François rale, entre geste et parole, l’A. sottolinea l’importanza Ro u d a u t , Paris, Champion, 2009 («Presses Universi- di precisare «l’implicazione della dimensione morale taires de la Faculté des Lettres de Toulon, Babeliana», in uno studio sulla seduzione. Il ricorrere al termine 11), pp. 1033. morale potrebbe sembrare audace, poiché la nozione implica molte dimensioni che oltrepassano l’argomen- Francesista e comparatista di primo piano, James to studiato, e tuttavia, in relazione con la scena comica, Dauphiné ha sviluppato interessi in campi e verso epo- con il corpo e con la seduzione, una presa di coscienza che diverse, in particolare per quanto concerne la let- del concetto si impone inevitabilmente, proprio per il teratura medievale, il Cinquecento ed anche la lette- fatto di considerare il criterio ‘morale’ in rapporto a ratura contemporanea, e pertanto si comprende come una rappresentazione concreta dei costumi, attraver- i Mélanges che gli vengono offerti coprano queste tre so il comportamento dei personaggi delle commedie aree (Medievalia, Humanistica, Contemporanea), ma analizzate». dato che per tutto l’arco della sua produzione si è qua- Nella prima parte del lavoro («Définir la séduction: lificato in primo luogo, per le sue scelte, come un sei- l’approche théorique et discursive de la séduction dans ziémiste è comprensibile che il nucleo principale dei

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saggi pubblicati riguardi l’Umanesimo e il Rinascimen- sur les colonels de l’infanterie de France”: l’invention du to fino alle soglie del Barocco. Riteniamo pertanto di soldat moderne (pp. 625-651), Franco Gi a c o n e , Pontus segnalare in questa sezione (anche se è impossibile ren- de Tyard et le Vatican. Trois documents inédits de Pon- dere conto di tutti i singoli interventi, a causa della loro tus de Tyard au pape Paul III (pp. 653-679), François ricchezza e complessità) la parte preponderante consa- Ro u d a u t , Remarques sur ‘fantaisie’ dans “L’Encyclie” crata al Rinascimento che fa del volume un importante (1571) et dans “La Galliade” (1578) de Guy Le Fèvre de strumento di lavoro per i cinquecentisti. La Boderie (pp. 681-698), Hélène Ch a r p e n t i e r , Pierre- I contributi concernenti l’Umanesimo e il Cinque- Victor Cayet, ‘cronologue’ de la Navarre et de la Fran- cento sono i seguenti: Cesare Va s o l i , Le profezie e la ce médiévales (pp. 699-714), Claude-Gilbert Du b o i s , loro tradizione nella cultura quattrocentesca (pp. 223- Dieux cruels et victimes expiatoires. Passions, pressions, e 247), Véronique Du c h é -Ga v e t , L’“Heptaméron” et répressions chez deux héroïnes littéraires du x v i i siècle: la fiction sentimentale (pp. 249-265), Estelle Gr o ss o , Lady Macbeth de Shakespeare et Phèdre de Racine (pp. Le rire dans l’“Heptaméron” de Marguerite de Navarre 715-733), Christine Qu e f f é l e c , Les “Sonnets” de Sha- (pp. 267-283), Philippe d e La j a r t e , La vision des arts kespeare, une illustration du monde à l’envers? (pp. libéraux dans le troisième libre des “Prisons”: un hu- 735-745), Marie-Madelaine Fr a g o n a r d , La gloire et la manisme théocentrique (pp. 285-305), Catherine La n - honte: les portraits aux murs des bibliothèques (pp. 747- gl o i s -Pé z e r e t , Des “Poemata” aux “Fata”: Dolet, met- 766), Frank Gr e i n e r , Amour et magie dans quel­ques teur en scène de sa propre carrière (pp. 307-324), Xavier romans français de l’âge baroque (pp. 767-788), Jean- Le r o u x , L’“Abraham sacrifiant” de Théodore de Bèze: Claude Te r n a u x , “Hector” de Montchrestien et le songe entre mystère et tragédie (pp. 325-344), Frank Le s t r i n - tragique (pp. 789-805). g a n t , La terre percée et la lettre des antipodes. À pro- Come appare da una rapida scorsa a questo indi- pos du IVe dialogue du “Cymbalum mundi” (pp. 345- ce, si tratta di contributi corposi in cui si alternano ap- 358), Josiane Ri e u , L’inspiration et l’harmonie du mon- procci diversi (storici e filologici, tematici e di storia de dans les “Odes” de Ronsard (pp. 359-382), Yvonne delle idee). In alcuni casi – per esempio, per gli studi Be ll e n g e r , Les “Inventions” de Du Bellay (1552): une consacrati a Du Bartas (Martinet, Rousse, Bjaï, Ban- promesse de conversion? (pp. 383-396), Bénédicte Bo u - derier, Jacquemier), autore più di ogni altro caro a d o u , Henri Estienne et la simplicité de l’âge d’or dans Dauphiné – ci troviamo in presenza di un corpus coe- l’“Apologie pour Hérodote” (pp. 397-420), Jean-Claude rente, ricco di suggerimenti originali che aprono piste Ma r g o l i n , Théorie et pratique de l’énigme chez Alexan- di ricerca. Particolare attenzione è rivolta a una delle dre Van den Busche, alias Sylvain de Flandre (pp. 421- tematiche – o meglio, delle aree di indagine – centra- 453), Richard Cr e s c e n z o , La réflexion sur les langues le negli studi di Dauphiné, quella del rapporto lettera- dans l’œuvre de Louis Le Roy, traducteur et historien tura-scienza: attenzione esemplare in questi Mélanges, (pp. 455-469), Jean-Luc Ma r t i n e t , Quelle dignité pour ricordando anche solo l’interessante articolo sull’in- l’homme dans les “Semaines” de Du Bartas? (pp. 471- tuizione dello spazio, a partire dall’analisi di un testo 487), Emmanuel Ro u ss e , Le statut de la digression dans del Cymbalum mundi (Lestringant). Così, la perlustra- “La Sepmaine” de Du Bartas (pp. 489-527), Denis Bj a ï , zione di terreni meno battuti, come nei saggi sui po- Un commentateur en quête d’auteur: Pantaléon Théve- emata di Dolet (Langlois-Pézeret), sulla rappresenta- nin entre Ronsard et Du Bartas (pp. 529-546), Gilles zione dell’età dell’oro in Henri Estienne (Boudou) o Ba n d e r i e r , Johann Valentin Andreae, rosicrucien et tra- su generi minori come l’enigma (Margolin), o la nuova ducteur de Du Bartas (pp. 547-571), Myriam Ja c q u e - documentazione apportata a grandi discussioni uma- m i e r , Dieu messager, Dieu imagé. Deux rhétoriques du nistiche, come il dibattito sulle lingue (Crescenzio), o sacré à la fin de la Renaissance (pp. 573-600), Guylaine la riflessione sulla poetica ronsardiana (Rieu), offrono Pi n e a u , Ambroise Paré et le «beau mot ‘Abracadabra’» materiale nuovo agli studiosi. (pp. 601-623), Christian De s p l a t , Brantôme, “Discours [d a r i o c e c c h e t t i ]

Seicento a cura di Daniela Dalla Valle e Benedetta Papasogli

Perfection. Studies in Early Modern France, ed. Anne carattere contradditorio e dialogico, oggi largamente L. Bi r b e r i c k , vol. 12, 2008, pp. XV-217. riconosciuto, è confermato da questi studi. I saggi so- no idealmente raggruppabili in quattro diverse sezio- Sono dieci i contributi raccolti in questo numero ni, in cui la perfezione è indagata nel discorso ideolo- tematico di una delle riviste di riferimento dei fran- gico e politico, in quello morale, nell’estetica teatrale cesisti nordamericani studiosi del x v i i secolo, articoli e nella retorica del discorso scientifico. Chloé Ho gg , accomunati dalla scelta del concetto di perfezione co- Useful Wounds, pp. 1-25, si concentra sulla semiotica me strumento euristico per indagare il discorso seicen- della gloria costruita attraverso lo spettacolo della sof- tesco, in testi e generi diversi. Categoria estetica do- ferenza corporea nel regno di Louis XIV. Ricordando minante nell’immaginario collettivo del Grand Siècle, Foucault, l’A. evidenzia come tale forma di spettaco- particolarmente pertinente per la Querelle des Anciens larità riattivi il potere: lo conferma l’analisi di pagine et des Modernes, tale nozione si rivela produttiva nello di Donneau de Visé, Perrault, Mme de Sévigné sulle studio della costruzione dell’episteme classicista, il cui ferite di guerra, così come le descrizioni seicentesche

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del costruendo Hôtel des Invalides. La figura del mo- naggi, per indicare come la perfezione venga qui rag- narca vi è più simile a quella di un chirurgo che di un giunta attraverso la rappresentazione del suicidio. Il se- taumaturgo, pur sempre riparatore di membra mutila- condo invece analizza prima il concetto di perfezione te, e dunque massimamente imperfette, utilizzate nel- negli scritti teorici di Corneille, per poi verificarne il la narrazione come strumento di rinforzo del perfetto funzionamento nell’Oedipe, dove l’estetica teatrale si assolutismo reale. Louise Fr a p p i e r , Construction de la configura come riflesso del programma politico. Infi- figure monarchique et perfection divine dans les récits ne, Erec R. Ko c h , Perfect Pitch: Sound, Aurality, and d’entrée royale à Avignon (1600 et 1622), pp. 26-43 esa- Rhetoric from Marin Mersenne’s “Harmonie universel- mina come la sacralità e la perfezione monarchiche si le” to Bernard Lamy’s “La Rhetorique, ou l’art de par- siano costruite in un genere particolare, quello dell’en- ler”, pp. 170-185, studia i trattati retorici alla luce dei trée, eminentemente irregolare nel realizzare la fusione nuovi trattati fisiologici, quando le caratteristiche fisi- di caratteri descrittivi con altri di amplificazione eru- che della voce umana cominciano ad essere indagate dita. Lo studio delle strategie retoriche dei panegirici e diventano dunque elemento aggiuntivo di efficacia gesuitici d’inizio secolo rivela il passaggio da un legame dell’elocutio, contribuendo alla perfezione della per- tra potere e sacralità di tipo metonimico, durante il re- suasione retorica. gno di Henri IV, ad uno metaforico all’epoca di Louis Tra le qualità di questo volume multilingue rilevia- XIII, e segnala dunque l’evoluzione della visione del mo l’apertura alla prospettiva comparata, ad approcci potere da un rapporto di vicinanza ad uno di equiva- metodologici diversi e ai lavori di giovani studiosi: al- lenza con Dio. È ancora in senso politico che Katheri- cuni contributi, e in particolare quelli di Hogg, Frap- ne Ibb e t t , Productive Perfection: the Trope of the River pier, Koch, si distinguono per novità e originalità. in Early Modern Political Writing, pp 44-57, indaga il concetto di perfezione applicato all’idea di fiume negli [l a u r a r e s c i a ] scritti politici di Giovanni Botero, Jean Silhon e Ga- briel Naudé, per verificare come tale immagine diventi simbolo del perfetto classicismo. Peiresc et l’Italie, Actes du Colloque international Ad aprire la serie relativa alla perfezione in senso (Naples 23-24 juin 2006), Paris, Alain Baudry, 2009, morale il contributo di Daniel Ma h e r Corrompre la per- pp. 307. fection – de la Carte de Tendre aux Royaumes d’amour, pp. 58-77, dove le note cartografie di Mlle de Scudéry Il volume contiene gli atti del Convegno interna- e di D’Aubignac vengono accostate ad altre meno cele- zionale che si è tenuto a Napoli nel 2006 e al quale bri, quelle di Tristan l’Hermite e di Paul Tallemant, per ha presenziato Cecilia Rizza, stimata specialista delle constatare che soltanto la scrittura femminile propone relazioni italiane e degli interessi di Peiresc nel nostro l’ideale del perfetto amante, mentre le altre sembrano Paese, nonché autrice di un saggio dedicato proprio ai relegare tale perfezione in un non-luogo inaccessibile rapporti tra Peiresc e l’Italia (Peiresc e l’Italia, Torino, e inimitabile. È invece l’archetipo della moglie perfet- Giappichelli, 1965). Questo personaggio, riscoperto ta ad interessare Twyla Me d i n g , Lessons Too Old and solo sul finire del x i x secolo, contemporaneo almeno Frocks Too Fine: Anachronistic Perfection and the Eclip- per una parte della sua vita di Montaigne con il quale se of Pastoral in Perrault’s “Griselidis”, pp. 78-110: la presenta numerose affinità, grande erudito e parteci- leggenda di Griselda, moglie umile e paziente, capace pe della vita culturale dell’epoca, amico di Du Vair e di superare le estenuanti prove escogitate dal principe di Gassendi, grazie agli studi qui presentati riemerge consorte, circola nei secoli in Europa grazie all’inter- in tutta la sua complessità ed interesse (M. Fu m a r o l i , mediazione di Petrarca e Boccaccio, per giungere alla Introduction, pp. x i -x v i i ). Peiresc si è nutrito dell’en- fine del x v i i alla riscrittura di Perrault. L’A. individua ciclopedismo aristotelico dei grandi umanisti italiani: l’Astrée tra le fonti implicite del favolista: Celadon, è stato a Padova dove ha conosciuto Gian Vincenzo amante perfetto, e l’evidente anacronismo dei valori Pinelli, frequentato la sua casa e soprattutto la sua bi- del mondo pastorale fungono da supporto alla nuova blioteca, analizzandone e studiandone i segreti della riscrittura della vicenda originaria, intrisa di nostalgia. tecnica collezionistica (A. Nu o v o , Ritratto di collezio- Emerge con forza dal saggio di Zahi Za ll o u a (Im)- nista da giovane: Peiresc a casa Pinelli, pp. 1-17 e A. perfecting the Self: Montaigne’s Pedagogical Ideal, pp. M. Ra u g e i , Amor libri. Peiresc e la biblioteca di Gian 111-126, quale sia l’ideale della perfezione umana in Vincenzo Pinelli, pp. 19-29). A casa Pinelli conobbe Montaigne: se Erasmo e Budé la considerano raggiun- anche Girolamo Aleandro il Giovane, considerato co- gibile attraverso gli studi classici, l’analisi degli Essais me il suo amico italiano più fedele: il loro carteggio, rivela come Montaigne sparigli le carte, consideran- composto da più di trecento lettere, è, secondo Cecilia do come obiettivo del percorso di formazione umana Rizza, fra le fonti più ricche per lo studio dei rapporti l’idea di imperfezione. Rimane nell’ambito della scrit- franco-italiani (S. d u Cr e s t , Peiresc et Girolamo Ale- tura moralistica il saggio di Karolyn Wa t e r s o n , Con- andro il Giovane. Une étroite collaboration entre éru- tre-modèles de perfection dans “Les Caractères” de La dition et politique, pp. 61-74). Se paragonato con altri Bruyère, pp. 127-155: attraverso una lettura intrate- frequentatori della “République des Lettres” del suo stuale l’A. si propone di dimostrare come l’idealismo calibro spicca subito la vastità dei contatti epistolari di La Bruyère attenga ai suoi contromodelli, e come italiani di cui Peiresc poteva vantarsi (109, secondo questi si strutturino nell’immagine universale del tipo Cecilia Rizza, contro i soli 12 annoverati dai fratelli ideale. Dupuy: J. De l a t o u r , Les frères Dupuy et l’Italie, pp. I problemi della perfezione in relazione all’estetica 31-59). Insolitamente però Peiresc, all’apice della sua teatrale sono indagati nei due saggi di Judd D. Hu b e r t , fama internazionale, non fu accolto dall’Accademia Corneille’s Theatrical Approach to Perfection in “Sopho- dei Lincei: E. Sc h e t t i n i Pi a z z a si interroga sulle ra- nisbe”, pp. 156-168, e Helen L. Ha r r i s o n , Corneille gioni del rifiuto di questa autorevole canditura e ne and Tragic Perfection: Rewriting “Oedipus”, pp. 169- va alla ricerca delle possibili motivazioni (Una voca- 184. Il primo autore isola il personaggio di Sofonisba zione interrotta. Peiresc e i Lincei, pp. 75-90). Già il all’interno del paradigma eroico corneliano, verifican- volume di Cecilia Rizza si era ampiamente soffermato done il funzionamento teatrale nel sistema dei perso- sulle relazioni tra Peiresc e Galileo e ben si sa quanto

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il Nostro, sconvolto dalla notizia della condanna dello all’attenzione e alla cura di Stéphane Macé, un’edizio- scienziato italiano, si sia a tal proposito espresso. Ciò ne accurata e completa di tutte le sue opere. nonostante S. Ga r c i a ritorna su questo argomento, al- Louis Arnould, che all’inizio del x x secolo si dedi- la luce soprattutto dell’apertura, nel 1998 in Vaticano, cò in modo appassionato all’analisi del personaggio e degli archivi della Congregazione per la dottrina del- all’edizione delle sue opere, non riuscì infatti a con- la fede (Peiresc et l’affaire Galilée, ou le malaise d’un cludere il suo lavoro. Ora Stéphane Macé ci fornisce, citoyen catholique de la République des lettres, pp. 91- nel volume di oltre 1000 pagine pubblicato da Cham- 104). Lo studio di Veronica Ca r p i t a descrive la col- pion, l’edizione di tutta la produzione racaniana, dalle lezione di antichità etrusche, di monete e di incisioni famosissime Bergeries alle Poésies prophanes, alle Poé- raccolte dal magistrato e grande erudito italiano Nata- sies religieuses, alle Lettres, alla Vie de Malherbe; a cui lizio Benedetti che Peiresc ebbe l’occasione di vedere seguono due testi apocrifi (Lettre à l’abbé de la Rivière, durante il suo soggiorno in Italia del 1601; Carpita, Discours contre les Sciences). inoltre, ricostruisce il metodo interdisciplinare elabo- Dopo una breve introduzione al lavoro (pp. 11-28), rato da Peiresc per analizzare quei reperti e propone seguono i testi annotati (note storiche, linguistiche e va- un’edizione critica della corrispondenza inedita tra i rianti), ciascun gruppo dei quali è presentato da alcune due eruditi (Natalizio Benedetti e Nicolas de Peiresc. pagine di puntualizzazione; sotto la forma di Annexes Dal gusto per le “anticaglie” agli esordi dell’archeologia, è poi riprodotta la Notice biographique di Racan inseri- pp. 105-156). Elena Va i a n i ricostruisce le fasi princi- ta nel recueil Conrart, e un glossario; infine seguono la pali degli studi condotti da Peiresc sulle piccole anti- bibliografia e una serie di Tables et répertoires. chità greco-romane, la sua rete di contatti a Roma e i suoi scambi con il collezionista ed erudito Cassiano [d a n i e l a d a ll a v a ll e ] dal Pozzo e l’antiquario Claude Ménestrier (Nicolas Fabri de Peiresc, Claude Ménestrier e Cassiano dal Poz- zo. Qualche esempio della fortuna delle piccole antichi- «Cahiers Tristan l’Hermite», XXXI, 2009, Lire Tri- tà tra Roma e Parigi, pp. 157-186). Peiresc fu anche un stan aujourd’hui, pp. 95. grande cultore della pittura e dell’architettura romane antiche, per le quali nutriva un interesse non solo este- L’edizione del 2009 dei «Cahiers Tristan l’Hermite» tico ma anche e soprattutto storico, come attestano i comprende gli atti di una giornata di studio su Tristan, contibuti di H. La v a g n e (Peiresc et la peinture romaine dedicata appunto a studiare la sua lettura oggi. antique, pp. 187-204) e di F. Le m e r l e (Nicolas-Claude La giornata è presentata da Florence Or w a t , ma sol- Fabri de Peiresc et les ruines romaines, pp. 205-218). tanto alcune delle comunicazioni pubblicate si soffer- A. Sc h n a p p , dopo aver brevemente illustrato lo stato mano ad analizzare certi aspetti della lettura odierna della scienza antiquaria prima di Peiresc, presenta il di Tristan: sono quelle di Sandrine Be r r e g a r d (che si metodo dell’antiquario scandinavo Ole Worm, che nel sofferma sugli stessi «Cahiers», attivi da 30 anni) e di 1643 pubblica a Copenhagen il Danicorum Monumen- Patrick Ri a r d (che riferisce i risultati di un’inchiesta torum libri sex, e ne mette in luce le affinità che esso sul Page disgracié, molto meno noto oggi di quanto egli condivide con quello di Peiresc: i due uomini incarna- sperava). Le altre comunicazioni esplicitano, invece, no, infatti, una stessa tipologia di erudito, desideroso una lettura – ovviamente moderna – di Tristan, senza di uscire dal proprio studio per lavorare sul campo sottoporre ad analisi questa modernità. Si tratta dei e contestualizzare le proprie scoperte. (“La vertu des testi di Laurence Ra u l i n e (anche lei lavora sul Page, anciens Danois”. Le modèle de Peiresc et l’influence ita- rinviando i lettori alla sua tesi di dottorato Identité(s) lienne sur la formation de l’antiquarisme scandinave, libertine(s) di prossima pubblicazione presso Cham- pp. 219-241). L’articolo di I. d e Co n i h o u t ripercorre pion), di François d e La a g e d e Me u x (che si occupa e ripropone la straordinaria ricchezza della biblioteca della posterità della metrica di Tristan, sempre nel x v i i di Peiresc e denuncia la mancanza a tutt’oggi di uno secolo), di Daniel Bo v e r o (che mette a confronto la studio e di un’edizione degli inventari che la ricostru- poesia tristaniana con la pittura di Poussin), di Lionel iscano in tutta la sua complessità (Du nouveau sur la Ph i l i p p s (che analizza La mort de Sénèque e La mort bibliothèque de Peiresc, pp. 243-263). Lo studio di M. d’Agrippine di Cyrano, come tragedie della menzogna), Ce r e s a è un prezioso inventario della corrisponden- di Myriam Du f o u r -Ma i t r e (su una variante della Carte za inedita tra Peiresc e alcuni cardinali bibliotecari du Royaume d’Amour). presso la Biblioteca Apostolica Vaticana. Esso costi- Alcune illustrazioni accompagnano la comunicazio- tuisce anche un’interessante analisi delle relazioni tra ne di Daniel Bovero; segue una bibliografia tristania- il Nostro e i prefetti di quella Biblioteca (Peiresc e la na. Biblioteca vaticana, pp. 265-277). Chiude il volume il [d a n i e l a d a ll a v a ll e ] contributo di P. N. Mi ll e r nel quale viene messo in luce come il punto di vista del nostro erudito proven- zale sulla cultura, la storia e la politica contemporanee Pa u l Sc a r r o n , Théâtre complet, 2 volumes, édition fosse, a differenza di suoi illustri contemporanei del établie et présentée par Véronique St e r n b e r g , Paris, Nord, quali ad esempio Bacone o Cartesio, veramente Champion, 2009, pp. 1256. ed intrinsecamente mediterraneo (From Anjou to Al- giers. Peiresc and the Lost History of the French Medi- Più conosciuto come l’autore del Roman comique, terranean, pp. 279-291). Scarron fu anche uno dei migliori drammaturghi del [c h i a r a r o ll a ] suo tempo. Faceva parte di quel gruppo di autori che in perfetta sincronia adattarono nel ventennio compre- so fra il 1640 ed il 1660 le comedias spagnole ai gu- Ra c a n , Œuvres complètes, éd. crit. Stéphane Ma c é , sti del pubblico francese. Grazie alle sue commedie, Paris, Champion, 2009, pp. 1144. fra le quali spiccano Jodelet ou le maître valet, Dom Japhet d’Armenie, l’Heritier ridicule, iniziò il rinnova- Honorat de Bueil, sieur de Racan, discepolo di Mal- mento del genere comico, che verrà portato avanti da herbe e autore della sua Vita, ottiene finalmente, grazie Molière.

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Situato cronologicamente fra Corneille e Molière, il Is a b e ll e Mo r e a u , “Guérir du sot”. Les stratégies teatro di Scarron – e degli altri drammaturghi che insie- d’écriture des libertins à l’âge classique, Paris, Cham- me a lui lavorarono in quegli anni al rinnovamento del pion, 2007, pp. 1214. genere comico – è una tappa importante dell’evoluzio- ne della commedia del x v i i secolo. Accogliamo quindi Appare nella collezione «Libre pensée et littérature con entusiasmo l’edizione critica del teatro completo clandestine» dell’editore Champion, già ricca di una del drammaturgo curata da Véronique Sternberg, per quarantina di titoli, comprensivi di edizioni e saggi cri- le edizioni Champion. tici, questo volume ricco e importante, non soltanto La curatrice presenta le caratteristiche peculiari del per l’imponenza della mole. Nel momento attuale di teatro di Scarron ed i suoi legami con il mondo lettera- grande e rinnovata attenzione al libertinaggio seicente- rio dell’epoca. Si sofferma poi sul burlesco, sul concet- sco, l’A. sceglie un approccio che pone il testo al centro to di imitazione e su quelle caratteristiche che rendo- della sua investigazione, pur ancorandolo ad una salda no originale il teatro del drammaturgo. I testi vengono dimensione storico-filosofica da cui mai si allontana, e presentati con ortografia modernizzata, seguendo l’ul- che talvolta riprende il sopravvento. Con acuto sguar- tima edizione corretta dall’autore e la prima edizione do critico, l’A. propone una revisione degli studi ormai per le opere pubblicate postume. Le varianti presenti classici di R. Pintard e A. Adam, ma anche di altri più nelle altre edizioni sono riportate in nota. Tutte le ope- recenti come quelli di J-P. Cavaillé e J-Ch. Darmon, af- re sono precedute da una breve presentazione che si frontando il problema dal punto di vista della pragma- sofferma sui rapporti con la fonte, sulla messa in scena tica testuale. Il libertinaggio viene pertanto individuato e sulla ricezione della pièce. L’autrice aggiunge anche come fenomeno di scrittura e di lettura, di interpreta- alcuni frammenti, bozze preparatorie di alcune delle zione, e punto di convergenza tra discipline diverse. sue commedie, che servono a mettere in luce il lavoro L’eterodossia del libertinaggio essendo una sua preci- del drammaturgo. pua caratteristica, non si è cercata la ricostruzione di Un annesso grammaticale molto curato, un glossa- un sistema coerente di pensiero, optando per l’analisi rio esaustivo ed una ricca bibliografia arricchiscono i del discorso libertino, alla ricerca della postura d’auto- due volumi. Constatiamo purtroppo che la studiosa re e delle sue strategie di comunicazione. francese, pur riportando nella ricca bibliografia tutte le Il corpus di 250 opere che costituiscono il terreno edizioni moderne delle singole pièces di Scarron, non d’indagine è costituito da testi a stampa in lingua fran- cita l’edizione critica del teatro completo del dramma- cese apparsi tra il processo a Théophile e la revoca turgo curata dalla collega italiana Barbara Sommovigo dell’editto di Nantes, e privilegia quattro autori fonda- ed uscita per le edizioni Felici nel 2007 (vedi la segna- mentali nella costellazione dei pensatori libertini (La lazione di C. Rolla su «Studi francesi» 158, p. 390). Im- Mothe le Vayer, Gabriel Naudé, Charles Sorel e Cyra- maginiamo a causa della scarsa diffusione del volume no de Bergerac): il discorso critico non si articola però stampato in Italia, che rimane comunque la prima edi- intorno alle loro individualità, ma si snoda per nuclei zione critica moderna del teatro di Scarron. di problemi. In primo luogo, viene rivisitato il concet- to di libertinaggio, per il quale l’analisi della Doctrine [m o n i c a p a v e s i o ] curieuse del Père Garasse appare ancora una volta ine- ludibile. Emerge chiaramente come, dopo il processo a Théophile, non sia più distinguibile un libertinaggio Jo h n Co t t i n g h a m , Cartesian Reflections. Essays di costumi e un libertinismo d’idee, e come le dimen- on Descartes’s Philosophy, Oxford, Oxford University sioni comportamentale e ideologica siano indissolubili Press, 2008, pp. 332. dalla rappresentazione poetica e filosofica del liberti- naggio. Il discorso giudiziario è fondativo dell’arte re- Opera di un eminente filosofo, questo libro asso- torica dei libertini, impegnati nel complesso gioco di cia la grande precisione e profondità derivante dalla dissimulazione tra persona e autore (e in un lungo pa- ricerca accademica ad una straordinaria semplicità di ragrafo l’autrice riprende la tesi di Garavini relativa al- esposizione, favorita da una scrittura particolarmente le tre edizioni del Francion che come noto muovereb- limpida. Si tratta di una raccolta di articoli preceden- bero nella stessa direzione, senza diminuire la portata temente pubblicati, qui in parte rielaborati e introdotti ideologica ma al contrario aumentandola con il gioco da un nuovo capitolo che ne illustra e precisa la dire- delle moltiplicazioni dell’autorialità). Il secondo capi- zione di ricerca. tolo, centrato sul problema della censura, considera la L’A. dichiara nella sua introduzione di voler offrire pubblicazione a stampa come mezzo precipuo per ag- una lettura di Descartes che si allontani dalla vulgata girare la censura e raggiungere il pubblico desiderato, del filosofo del dualismo corpo-mente, per restituire la ovvero l’élite capace di interpretare il testo libertino. ricchezza di tutti gli aspetti fondamentali del suo pen- Come dimostra l’A. attraverso analisi testuali numero- siero, con un’attenzione particolare e inconsueta nella se e convincenti, in un sistema di controllo crescente lo tradizione degli studi cartesiani al debito nei confron- scrittore si affida a elaborate strategie correttive capaci ti dei predecessori e alla presenza del divino nel suo di insinuare tra le pieghe del discorso un’argomenta- pensiero. I quattordici capitoli sono raggruppati in tre zione sufficientemente ambigua da poter superare la sezioni: «Descartes nella storia della filosofia»; «Mente scure censoria. Il messaggio si rivela attraverso un pen- e Mondo»; «Etica e Religione». siero in chiaroscuro che riserva alla sfera privata ed eli- Atteggiamento ormai raro nei paesi anglosassoni, e taria la sua verità, proponendo agli occhi del censore tanto più apprezzabile, le citazioni vengono fornite in una lettura capace di suscitare l’interpretatio benigna lingua originale, e i rinvii bibliografici in nota adotta- necessaria per consentire la diffusione del messaggio no il sistema estensivo in luogo del più sintetico rinvio nella sfera pubblica. L’equivoco comunicativo su cui si all’anno di pubblicazione; la bibliografia è altamente fonda la scrittura libertina e le sue conseguenze episte- selettiva. mologiche sono al centro del terzo capitolo, in cui ben [l a u r a r e s c i a ] emerge l’affinità del sistema filosofico e della pragma- tica nella finzione romanzesca: l’eclettismo si sviluppa sui due piani come momento di rifondazione del sape-

sf161.indb 358 22-07-2010 12:14:48 Seicento 359

re, sotto la sicura influenza dello scetticismo di Montai- zione di colpevolezza, e cercando la via per l’afferma- gne, dove il dubbio e la riflessione individuale assurgo- zione della propria autonomia. no a strumento metodologico. Non meno importanti Il lavoro è suddiviso in tre sezioni. La prima è de- il capitolo quarto, nel quale viene analizzato il ruolo dicata all’identità, dapprima ricercata nell’articolazio- della lingua nel problema della vraisemblance, ricon- ne delle sfere pubblica e privata attraverso l’emersione dotto da una dimensione estetica ad una epistemolo- di un’opinione pubblica libertina con la pubblicazione gica, vero caposaldo dello scetticismo discorsivo di cui di testi a stampa. Il discorso prosegue alla ricerca del è permeata tutta la teorizzazione libertina; e il quin- rinnovamento estetico, espresso nella trasformazione to, dove lo stesso rapporto tra vero e verosimile vie- dei generi e nella libertà di linguaggio; e nel rinnova- ne ritrovato nell’utilizzo della prosa storica e del rac- mento etico, realizzato nell’abbandono dell’idealismo conto di viaggio. In questi generi narrativi l’apertura eroico e con la riabilitazione dell’amor proprio. La se- al meraviglioso e al mostruoso aprono ad uno sfondo conda sezione è incentrata sulla confessione libertina, di mondi possibili che rimettono in discussione la do- una sorta di rovesciamento burlesco che conduce alla xa e si propongono come contraltare all’immutabilità decolpevolizzazione della dimensione corporea e delle di qualunque credo. La stessa questione viene trattata sue funzioni. È ancora il linguaggio con le sue risor- nel capitolo settimo con l’approfondimento dell’esteti- se retoriche, l’ironia in primis, a permettere l’accesso ca del Mascurat di Gabriel Naudé e del problema della alla liberazione della corporeità individuale nelle sue vraysemblance teatrale. Ma è nell’ultimo e importante diverse declinazioni: l’espressione delle passioni (lacri- capitolo ottavo, dedicato ai paradossi della pedagogia me e riso), i diversi “umori”, i piaceri della sessualità e libertina, che l’A. si sofferma sull’orizzonte antropolo- del desiderio, la bonne chère del nutrimento corporeo. gico del libertinaggio seicentesco: «l’esthétique de la L’esistenza libertina viene presentata come un itinera- dissonance» è l’unica strada percorribile dal pessimi- rio che conduce ad una nuova consapevolezza: lun- sta libertino: «à défaut de rendre intelligents les sots, gi dall’essere una conversione, tale parabola descrive le libertin choisit, au moins, une manière d’écrire qui l’abbandono del senso della trascendenza e l’accesso rend impossible l’adhésion (à l’autorité) et l’immersion alla secolarizzazione dell’uomo moderno che, disorien- (dans la fiction)». Il paradosso e il burlesco sono regi- tato, trova una sua saggezza non nella conversione ben- stri adatti ad indicare al lettore la necessità di una di- sì nell’esercizio della prudenza e della dissimulazione. stanza critica: ancora una volta, è un certo utilizzo del La terza sezione ci è parsa più delle precedenti orien- linguaggio a suggerire il percorso intellettuale del li- tata a mettere in luce le connessioni tra prassi lettera- bertino. Di ampio respiro, ben articolato e ottimamen- ria e pensiero filosofico, riprendendo, approfondendo te documentato (la bibliografia oltrepassa i novecento e precisando le questioni ideologiche fondamentali del testi), questo lavoro si muove con sicurezza su un ter- variegato universo libertino: l’uso sistematico del dub- reno intrinsecamente scivoloso: un merito che lo rende bio, la valenza etica della categoria estetica della vray- un punto di riferimento per i prossimi studi su questo semblance, il rifiuto delle superstizioni e l’orientamento fertilissimo campo d’indagine. anticristiano, le conseguenze politiche di tale posizio- [l a u r a r e s c i a ] ne. La dimensione scettica e polemica dell’individua- lismo libertino non si riduce ad un antimodello, ma indica precisamente le posizioni etiche a cui si aspira La u r e n c e Tr i c o c h e -Ra u l i n e , Identité(s) libertine(s). per raggiungere la saggezza necessaria a vivre comme L’écriture personnelle ou la création de soi, Paris, Cham- des dieux. Indipendenza, nobiltà d’animo, capacità di pion, 2009, pp. 764. autosufficienza, ricerca del piacere e della soddisfazio- ne di corpo e spirito, capacità di utilizzare le proprie Questo lavoro aggiunge un ulteriore tassello agli risorse intellettuali e spirituali, e principalmente l’im- studi sulla costellazione libertina inclusi nella collezio- maginazione e l’ironia, creatività espressa nella scrittu- ne diretta da Antony Mc Kenna per l’editore Cham- ra: altrettante vie per raggiungere un’idea di bonheur a pion. Focalizzato sulle strategie della parola libertina portata del limite umano. Liberato dalla paura di Dio nelle poesie e romanzi del x v i i secolo scritti in prima e cosciente dell’impossibilità di afferrare una qualsia- persona, questo volume comprende gli scritti poetici e si verità, il libertino guarda alle potenzialità della sua narrativi di più generazioni, partendo da Théophile de soggettività con ironico disincanto, appena velato da Viau per giungere a La Fontaine, passando per Tristan un’ombra di malinconia. l’Hermite, Charles Sorel, Cyrano de Bergerac e Char- les Dassoucy. [l a u r a r e s c i a ] Se, come noto, la pratica della scrittura soggettiva si avvale della riflessione filosofica e contribuisce a favo- Sa m u e l Ch a p p u z e a u , Le Théâtre françois, Édition rire l’emergenza della sfera privata nell’età moderna, critique par C. J. Go ss i p , «Biblio 17», n. 178, Tübin- gli autori libertini, per la particolare propensione alla gen, Gunter Narr Verlag, 2009, pp. 254. solitudine o a tipologie di socializzazione elitarie si av- valgono particolarmente di tale prassi. La tesi dell’A. Il Théâtre françois di Chappuzeau, redatto nel 1673 è che la finzione letteraria consenta al libertino, me- in forma manoscritta e poi pubblicato nel 1674, è l’uni- glio di ogni altra forma espressiva, l’emergenza di una co libro dell’epoca a descrivere, anche se superficial- soggettività dissimulata e molteplice. L’io narrante dei mente ed a tratti ingenuamente, la vita quotidiana dei testi che costituiscono l’oggetto di studio di questo sag- commedianti, degli spettatori, degli autori drammatici gio non è completamente assimilabile all’autore: non si e l’organizzazione delle troupes di Parigi del x v i i seco- tratta dunque di patto autobiografico in senso stretto, lo. Solo sessant’anni più tardi usciranno le storie del te- pur rinviando almeno in parte all’autore stesso. L’anali- atro di Maupoint, dei fratelli Parfaict, di Beauchamps, si di una scrittura parzialmente autobiografica consen- di Clément e La Porte. tirebbe lo studio dell’identità dissimulata attraverso le L’edizione critica curata da Gossip ci restituisce istanze del narratore e dell’eroe. Il soggetto libertino, dunque un’opera di grande importanza composta da complesso ed evanescente, ricco di ambiguità, in tal un protestante esiliato in Francia, padre di dodici figli, modo si confessa pur rifiutando di dar senso alla no- nati da due matrimoni, costantemente alle prese con

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il difficile compito di mantenerli, grande viaggiatore, fa riferimento alla funzione di Madame de Maintenon drammaturgo, precettore di principi e duchi. Gossip nella revocazione dell’editto di Nantes, si sottolinea la utilizza un manoscritto autografo e inedito di Chap- sua influenza sui fatti religiosi, si evoca la sua funzio- puzeau, redatto nel 1673 e dedicato alla nuova troupe ne di educatrice, soprattutto per le giovani fanciulle di dell’Hôtel de Guénégaud, ritrovato presso la biblio- Saint-Cyr, si sottolinea la necessità di una nuova edi- teca di Mosca, leggermente diverso dalla prima pub- zione completa e critica delle sue Lettere, facendo ri- blicazione che avvenne a gennaio dell’anno successi- ferimento ai precedenti tentativi di Marcel Langlois. Si vo. Lo riproduce fedelmente conservando l’ortografia analizza poi la qualità letteraria di queste Lettere, col- e la punteggiatura originale, aggiungendo le varianti legandole alla ripresa dello spirito mondano. dell’edizione a stampa. La lunga vita di Madame de Maintenon, che nasce Il curatore mette poi in evidenza nella lunga intro- nel 1635 e muore nel 1719, la sua funzione accanto al duzione le correzioni apportate al testo pubblicato, Re, che giustifica nelle sue lettere la presenza di vari che modificano notevolmente il tono dell’opera: Chap- aspetti della vita di corte, oltre al suo interesse per i puzeau modera la sua esuberanza, elimina molte criti- vari problemi già accennati, danno a questa edizione che, aggiunge dei dettagli, ne modifica altri. All’intro- delle sue Lettere un notevole interesse, che ci consenti- duzione segue una cronologia della vita dell’autore, la rà di puntualizzare molti aspetti della storia del Grand presentazione dei criteri dell’edizione, la bibliografia, il Siècle. Minore, invece, è lo spazio riservato alla prima testo riprodotto con più di 500 note. parte della vita di Madame de Maintenon: pochissi- me lettere, per esempio, concernono il suo matrimo- [m o n i c a p a v e s i o ] nio con Scarron, a cui non viene dato nessun rilievo nell’introduzione. È chiaro che una valutazione completa dell’opera- Bu f o r d No r m a n , Quinault, librettiste de Lully. Le zione sarà possibile con il procedere dei volumi, e con poète des Grâces, Wavre, Mardaga (Centre de Musique l’indice cumulativo che uscirà nel settimo volume. Baroque de Versailles), 2009, pp. 383. Bella la Prefazione di Marc Fumaroli, dedicata alla rappresentazione pittorica di Madame de Maintenon Buford Norman è noto come uno dei più illustri spe- di Pierre Mignard. cialisti di Quinault, su cui pubblicò nel 2001 il volume [d a n i e l a d a ll a v a ll e ] Touched by the Graces (Summa Publications), che ora è tradotto e pubblicato in francese. Non possiamo che Montrer/Cacher. La représentation et ses ellipses e e rallegrarci per questa nuova pubblicazione del volume dans le théâtre des x v i i et x v i i i siècles, sous la direction (oltre che tradotto, rivisto e aumentato), perché essa de Lucie Co m p a r i n i , Marc Vu i ll e r m o z , Université de contribuisce a diffondere la conoscenza di una parte Savoie, Laboratoire Langages, Littératures, Sociétés, non sufficientemente nota della seconda parte del Sei- Chambéry, 2008, pp. 300. cento, dominata appunto da Quinault che – proprio come librettista di Lulli – ottenne un successo straor- Che cosa è possibile rappresentare su scena e co- dinario, caratterizzando la cultura classica. sa invece dev’essere occultato alla visione dello spet- Nell’introduzione il volume presenta la tragedia liri- tatore? In quali e quanti modi l’ipotiposi può efficace- ca e la colloca all’interno del teatro classico; poi dedica mente sostituire la rappresentazione? L’ellissi scenica il primo capitolo ai Prologhi delle opere di Quinault e è sufficiente a garantire la moralità dello spettacolo? Lulli, mentre i capitoli successivi – dal 2 al 12 – sono de- Sono questi alcuni dei problemi che gli organizzatori dicati alle undici opere uscite dalla loro collaborazione, del convegno internazionale Montrer/Cacher, tenutosi inizialmente ispirate al mondo classico – nove tragédies presso l’Università di Chambéry dal 10 all’11 maggio en musique, da Cadmus et Hermione fino a Phaéton –, 2006, hanno proposto alla discussione degli intervenu- poi tre tragédies en musique, ispirate a poemi o a roman- ti. Una problematica di selezione e di efficacia dei con- zi di cavalleria – Amadis, Roland e Armide. tenuti della rappresentazione che i drammaturghi sei e Dopo la conclusione, segue una serie di Annexes (i settecenteschi hanno risolto con strategie e teorizzazio- libretti di Quinault rimessi in musica e modificati, una ni diverse. Queste giornate di studio hanno messo util- nota biografica su Quinault, l’elenco delle sue opere); mente a confronto francesisti italiani e italianisti fran- infine una ricca bibliografia e una serie di indici. cesi, con qualche apertura agli studi ispanici. L’elabo- razione teorica della precettistica teatrale e la relazione [d a n i e l a d a ll a v a ll e ] tra testo e immagine sono i due assi fondamentali che hanno orientato i contributi, qui raccolti in tre sezioni, Ma d a m e d e Ma i n t e n o n , Lettres, Volume I (1650- ma tutti dialoganti trasversalmente. 1689), édition intégrale et critique par Hans Bo t s et Emmanuelle Hé n i n , Médée aux limites de la re- Eugénie Bo t s -Es t o u r g i e , préface de Marc Fu m a r o l i , présentation: le traitement scénique de l’infanticide, Introduction de Hans Bo t s et Christine Mo n g e n o t , pp. 15-35, partendo dall’analisi delle fonti classiche Paris, Champion, 2009, pp. 891. analizza il dibattito teorico secentesco, dove l’infan- ticidio viene condannato per ragioni morali ed este- È questo il primo volume dell’edizione delle Let- tiche. L’A. dimostra come Corneille abbia realizzato tres di Madame de Maintenon; esse saranno stampa- la spettacolarizzazione di tale tabù grazie a proce- te in sette volumi curati, oltre che dai due editori del dimenti ellittici e metonimici. La tenda e il pugnale primo – che si occuperanno anche del secondo e del sono oggetti scenici strategici, che verranno succes- terzo –, anche da Marcel Loyau (il quarto), Christine sivamente utilizzati nel teatro lirico, anche se a fini Mongenot (il quinto), Jean Shillings (il sesto) e Cathe- opposti. Il contributo di Vincenza Pe r d i c h i z z i , Le rine Hémon-Fabre (il settimo, insieme a Hans Bots e manteau de Timanthe dans la tragédie classique: échos Eugénie Bots-Estourgie). théoriques et répercussions scéniques à l’époque moder- L’introduzione di questo primo volume si articola in ne, pp. 37-63, ruota intorno ad una strategia di oc- una parte prevalentemente storica (concepita da Hans cultamento; il velo che copre Agamennone piangente Bots) e una parte letteraria (di Christine Mongenot). Si per la sorte di Ifigenia nella drammaturgia classica è

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strumento dell’inesprimibilità della sofferenza, men- spettatore scopre progressivamente l’evento segreto tre nella drammaturgia moderna, e in Alfieri special- attraverso la partecipazione emotiva. mente, funge come disvelatore della parte più intima Christian Bi e t , Montrer, montrer, montrer, la tragédie e del personaggio, oltre ad essere funzionale alla mi- sanglante du premier x v i i siècle, une affaire de violence, se en abîme dello spettatore. Gaël Le Ch e v a l i e r La pp. 175-188, sottolinea come l’imperativo di mostra- proie pour l’ombre ou la fable de l’obscurité chez Tho- re su scena che caratterizza la tragédie sanglante sia un mas Corneille, pp. 65-81, definisce come “dramma- tratto fondativo della modernità, e ne ripercorre la di- turgia dell’oscurità” la strategia di T. Corneille, che mensione politica. Bénédicte Lo u v a t -Mo l o z a y «Puis- designando e nominando l’oscurità trova una conci- je voir de ton corps le déplorable reste?» (La Pineliè- liazione tra esigenza di vraisemblance e pragmatica re, “Hippolyte”). La mort des amants et son inscription della rappresentazione; l’oscurità inoltre può dive- scénographique dans la tragédie des années 1630, pp. nire un congegno per far progredire la fabula. Marc 189-200, analizza il congegno della morte degli amanti Vu i ll e r m o z con L’articulation du montré et du caché in scena, che sembra essere in voga fino al 1640, nel- dans le “Torrismon” de Dalibray, pp. 83-95, dimostra le tre componenti essenziali (motivazione amorosa del che la prefazione del Torrismon precorre i problemi suicidio, esposizione del cadavere, modifica delle fon- dell’estetica classica: a partire dalla prima metà de- ti), stereotipo drammaturgico la cui fonte viene indi- gli anni Trenta, montrer e cacher non sono termini viduata nel Pyrame et Thisbé di Théophile, destinato che si autoescludono, poiché il discorso può essere poi a mutarsi in fratricidio con l’affermarsi dell’estetica altrettanto evocatore della rappresentazione, consen- classica. Julia Gr o s d e Ga s q u e t , Jouer l’hypotypose. Le tendo la compresenza di testo e immagine mentale. rôle de la gestuelle et son rapport à la déclamation dans Lucie Co m p a r i n i , Montrer davantage et cacher l’essen- l’interprétation de “Bérénice” (acte I, scène 5) et d’“An- tiel. Les voies nouvelles empruntées par Carlo Goldoni dromaque” (acte III, scène 8) de Racine, pp. 203-210, si dans “La Putta onorata”, pp. 97-116, argomenta co- concentra su due celebri tirades, nelle quali l’ipotiposi me nel teatro goldoniano si copra per meglio svela- assume funzione drammatica attraverso la convergen- re: così nella commedia esaminata vengono proposte za della declamazione con alcuni altri aspetti dell’ac- una scenografia multipla e un’articolazione spazio- tio. Catherine Ai ll o u d -Ni c o l a s , Cacher/montrer: une temporale che utilizzano l’iperbole o l’ellissi delle clé dramaturgique pour les metteurs en scène de “L’Île forme in modo inaspettato e creativo. Daniela Da ll a des esclaves”, pp. 211-226, discute la rappresentazione Va ll e , “L’Aminta” en France en 1632: mettre en scène dello spazio a partire da tre messe in scena della pièce ou raconter l’intrigue?, pp. 119-129, e Laura Re s c i a , di Marivaux, tra cui quella di Strehler, in rapporto al “L’Aminta” en France en 1632: traduire ou adapter, motivo del mistero. Jacques La ss a ll e , Notes de travail pp. 131-146, articolano la riflessione sulle traduzio- sur le caché et le montré durant les répétitions du “Cam- ni-adattamenti dell’Aminta nel 1632: se Rayssiguier piello” de Goldoni à la Comédie-Française, pp. 227-242, drammatizza alcuni passaggi diegetici dell’ipotesto si concentra sulle scelte possibili per l’utilizzo dello tassiano, Vion d’Alibray ritorna alla strategia dell’ipo- spazio nella messa in scena della commedia goldonia- tiposi, in un testo probabilmente destinato alla lettu- na; Alain Ri f f a u d , La typographie au service du théâtre: ra, dove le immagini svolgono un ruolo fondamen- les innovations des années 1630, pp. 243-265, offre una tale. Véronique St e r n b e r g , Définir l’inutile: Scarron preziosa ricognizione sulle strategie tipografiche utiliz- adaptateur de Comedias, pp. 147-160, indica come in zate per indicare ciò che sicuramente non era visibi- Scarron la verità nascosta sia produttrice e rivelatrice le, ovvero la pragmatica comunicativa, rivelando come di senso, mostrando il passaggio di una stessa materia André Mareschal abbia più di altri contribuito alla pre- dall’estetica barocca spagnola a quella del classicismo cisazione di tali dettagli. Françoise De c r o i s e t t e , Le lit francese. Maria Grazia Po r c e ll i , Secrets, Confidences, d’Hipermestra: le théâtre dans le secret des archives, pp. Révélations. Stratégies de la communication dans la co- 267-287, analizza e discute i documenti preparatori di e médie du x v i i i siècle, pp. 161-174, analizza la funzio- una festa teatrale rappresentata nel 1658 al Teatro della ne del segreto in Marivaux e in Nivelle de la Chaussé, Pergola di Firenze, che ben attestano il contributo del- per mostrare come si passi da un sistema basato su in- la scenografia alla poetica del mostrare/nascondere. coscienza del personaggio/coscienza dello spettatore al sistema antitetico, ove nella comédie larmoyante lo [l a u r a r e s c i a ]

Settecento a cura di Franco Piva e Paola Sosso

e Écrire en mineur au x v i i i siècle. Textes réunis par una diversa evoluzione dei generi letterari e delle lo- Christelle Ba h i e r -Po r t e et Régine Jo m a n d -Ba u d r y , ro frontiere. Un’analisi delle «pratiques textuelles du Paris, Desjonquères, 2009, pp. 474. mineur» (p. 12) che restituisca alla scrittura «son sens plein d’acte conscient de lui-même» (p. 14) invita – è Il volume raccoglie i contributi del convegno inter- giustamente fatto osservare nell’Introduzione – anche nazionale tenutosi a Lione nel 2007 sulla scrittura mi- a riconsiderare i concetti di autore, opera, genere e nore nel diciottesimo secolo, periodo durante il quale valore letterario. È quanto fa Jean-Paul Se r m a i n , che profonde modifiche relative allostatus dell’autore e al- inaugura la prima parte «Définitions, genres, styles» e la formazione dell’opinione pubblica inducono anche che in Penser et écrire petit – de Montaigne à Rousseau

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(pp. 27-39) evoca forme di pensiero e/o di scrittura che della ricezione dell’opera minore precisando le diverse durante due secoli abbiano rivendicato la petitesse – a tipologie di pubblico postulate dall’autore stesso, men- livello di dimensione, importanza, ambizione, forma, tre Jean-François Pe r r i n (Pour une lecture majeure – À intenzione – come un valore letterario. Sempre di peti- propos des “Dialogues” de J.-J. Rousseau, pp. 200-216), tesse si occupa Eloïse Li è v r e (De la valeur relative des mostra come anche un testo per secoli recepito come œuvres d’art: Marivaux et le droit du petit, pp. 64-74), una «non-opera» possa trovare il suo significato nel che mostra come alcuni scritti di Marivaux trovino il rapporto con un pubblico obbligato ad un diverso ap- loro compimento in una scelta positiva «de la légère- proccio alla lettura. Si occupano di generi cosiddetti té, du plaisant, de la désinvolture» (p. 73). Oggetto marginali anche Catherine Vo l p i l h a c -Au g e r (Mon- dei contributi successivi sono i margini divenuti cen- naie de cuivre, monnaie de singe: la traduction des œu- e tro, dal punto di vista formale e figurato: AuréliaG a i l - vres antiques: une écriture mineure au x v i i i siècle?, pp. l a r d , Saint-Hyacinthe: écrire la marge (pp. 40-50), spie- 217-227), secondo cui nonostante la traduzione e l’imi- ga come l’autore del Chef-d’œuvre d’un Inconnu adotti tazione siano considerate forme minori rispetto alla posizioni «moderne» proprio rivendicando uno status creazione, Chénier riesce ad affermarvisi come autore minoritario riscontrabile nella scelta di personaggi, ge- à part entière sovvertendo canoni e convenzioni, Alexis neri e forme, mentre Michèle Bo k o b z a -Ka h a n (L’au- Lé v r i e r («Pures bagatelles que des feuilles!»: le combat teur dans la fiction: inscription de la marginalité dans paradoxal pour un nouveau journalisme, pp. 251-263), les notes (“Le Compère Mathieu” de Dulaurens), pp. che si interroga sulla nuova e disprezzata forma di gior- 51-63), fa notare come l’utilizzo di note bibliografiche nalismo succitata per sottolineare come la scarsa auto- ed esplicative in un’opera narrativa permetta di sposta- stima espressa da «auteurs à feuilles» reali o fittizi si re la frontiera tra i generi disegnando una figura auto- riveli una strategia di scrittura che permette maggio- riale ambigua e di disassare la narrazione provocando re spontaneità e libertà di espressione, e Sophie Ma r - un effetto di straniamento. Henri Du r a n t o n (Ci-gît un c h a n d (Le métier d’anecdotier: l’inscription des recueils genre mineur, pp. 75-88) e Elise Pa v y (L’écriture en mo- d’anecdotes dans le champ littéraire, pp. 264-276), che de mineur d’un auteur majeur: “Les Salons” de Diderot, disamina il genere delle raccolte aneddotiche, gene- pp. 89-102) esaminano rispettivamente il genere del ci- re spesso trattato con sufficienza nonostante il buon gît, che trova nella petitesse un suo tratto costitutivo, successo e il fatto che le compilazioni enciclopediche formale, tematico – il processo di derisione adottato sottendano una concezione majeure dell’atto di lettura. e pemette la sdrammatizzazione della morte – e stilisti- In Désinvolture et subversion au x v i i i siècle: une écri- co, e quello dei salons pittorici, ove la rivendicazione di ture en mineur ou une écriture dans les marges? (pp. marginalità permette al philosophe per eccellenza di re- 228-240), Catherine Ra m o n d prende invece in consi- alizzare sperimentazioni formali e provocazioni critico- derazione scrittori quali Diderot, Marivaux e Fougeret letterarie relativamente a scrittura e pittura. de Monbron sottolineando come la scelta di un «vaga- Apre la seconda sezione «S’écrire en mineur: le cas bondage rapsodique et de personnages excentriques» des ‘Mémoires’» Marc He r s a n t (Les “Mémoires” de diventi condizione necessaria per l’esercizio di uno Mme Staal-Delaunay et la tentation de l’insignifiance, sguardo critico, così come avviene anche nel caso della pp. 103-119), che sottolinea come per Mme de Staal produzione di Chavigny de La Bretonnière, che predi- «écrire en mineur, c’est avant tout inventer, au moins lige generi, forme e temi minori e irregolari che rispon- provisoirement, un espace de liberté, une espèce de re- dono ad un’estetica nuova, a una volontà di dissidenza fuge» (p. 104) al fine di prendere le distanze da una si- e di non conformismo che stanno alla base di quella tuazione precaria e umiliante e da una concezione ma- che Jean Sg a r d taccia di «leçon de révolte» (L’Auteur jeure della scrittura. Del legame tra autrici e statuto mi- du “Cochon Mitré”, pp. 241-250). Amélie Ti ss o i r e s noritario si occupano ancora Adélaïde Cr o (Mineur(e) (L’écriture mineure dans la “Lettre d’un symphoniste” s parmi les mineurs: la rhétorique de la réticence dans les de Rousseau: dénégation ou stratégie oratoire?, pp. 293- mémoires féminins, pp. 120-135) e Charlotte Si m o n i n 304, si sofferma su uno scritto minore di Rousseau, il (Deuxième sexe, deuxièmes genres? Femmes auteurs et quale utilizza strategie per lui inusuali come l’anoni- genres mineurs, pp. 151-166): «mineures parmi les mi- mato, l’ironia, il rivolgimento dialettico per condurre neurs», le scrittrici adottano una retorica dell’insigni- la sua battaglia a favore della musica italiana, mentre ficanza, della modestia, della reticenza che le induce Antony McKe n n a (Pierre Bayle, un mineur en écriture a un sistematico svilimento di sé e delle loro realizza- (pp. 277-292) rievoca i dispositivi retorici utilizzati da zioni mantenendo però la libertà intellettuale e perso- Bayle per veicolare concetti delicati quali tolleranza e nale e l’innovazione artistica. Altro tipo di minore si libertà di pensiero. Conclude la sezione Nausicaa De- rivela l’avventuriero Casanova, desideroso di ricono- w e z , che in Les “Réflexions” de la Font de Saint-Yen- scimento sociale ma rivendicante una scrittura mino- ne – Un ‘petit ouvrage’ pour restaurer la ‘gloire de la na- ritaria volontariamente basata su ideali desueti, come tion’, pp. 305-320, sottolinea la posizione paradossale sottolinea Cyril Fr a n c è s (Le soliloque d’un persifleur: dell’A., scisso tra esibizioni di (falsa) modestia e riaf- le dévoiement de la littérature majeure dans l’“Histoi- fermazione dei suoi obiettivi in un testo che inaugura il re de ma vie” de Casanova, pp. 136-150). Conclude la genere nuovo dei salons pittorici. sezione Laurence Si e u z a c , che in Romans-mémoires Nel primo intervento dell’ultima parte, «L’écriture de ‘filles’ ou les tensions d’un mauvais genre (pp. 167- mineure en scène», Françoise Ru b e ll i n (Du Petit Po- 186) analizza la nascita e le componenti di un genere di lichinelle au Grand Opéra: scénographie imaginaire des buon successo quale quello dei «mémoires de filles», hiérarchies théâtrales sur les scènes foraines, pp. 321- fittiziamente redatti da marginali – le prostitute – e ca- 335) analizza pièces dei teatri non ufficiali per rievocare ratterizzati da una continua rimessa in discussione di la rappresentazione testuale delle lotte tra le sale, rap- codici e criteri, siano essi quelli della «Haute Roman- presentazione che al contempo riafferma e mette in di- cie» sovente oggetto di parodia o i topoi del genere che scussione la gerarchia tra le stesse; Marie-Emmanuelle i migliori scritti riescono a rinnovare. Pl a g n o l -Di é v a l (Écrire en mineur pour les auteurs de Nel primo intervento della sezione «Écrire en mi- théâtre de société: obligation, volonté ou subterfuge?, neur: stratégies et polémiques», Nicolas Ve y s m a n (Le pp. 336-346) sottolinea la consapevolezza autoriale public des “Minores”, pp. 187-200) affronta il problema dei drammaturghi del teatro di società, che presentano

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e opere spesso fortemente metatestuali, mentre Martial par l’auteur d’Espaces romanesques du x v i i i siècle. Mi- Po i r s o n (La comédie allégorique, un genre mineur en chel De l o n s’arrête sur Crébillon-sur-Danube, le roman mode majeur, pp. 388-414) ritrova nelle commedie al- d’Henri Lafon; le message qui s’impose à la lecture est legoriche degli italiani e dei forensi produzioni la cui que «la séparation et le deuil sont la forme même de scrittura della discontinuità a livello formale e tematico notre amour de la littérature» (Le lieu et la mémoire. si rivela funzionale alla sovversione dei codici retorici De “Crébillon-sur-Danube” à “Lenteur”, pp. 47-54). dominanti. Ampiamente utilizzata nei teatri non uffi- Erik Le b o r g n e analyse l’histoire du capitaine de Jac- ciali, la parodia o l’autoparodia costituiscono l’oggetto ques et son camarade, dont le sens énigmatique avait dell’analisi di Judith Le Bl a n c (L’Opéra en mineur: le jadis intrigué H. Lafon et qui s’avère être celle d’une cas de Fuzelier et de l’autoparodie, pp. 425-436) e di amitié passionnée entre deux hommes que la manie Isabelle De g a u q u e (La parodie, une écriture de la ten- des duels relie d’une manière non équivoque (Un cou- sion: l’exemple de la querelle des Mariannes, pp. 437- ple d’originaux: le capitaine de Jacques et son camarade, 455); precedono le numerose indicazioni bibliografi- pp. 55-65). che i contributi di Jeanne-Marie Ho s t i o u (Le Théâtre Le second groupe d’articles («Objets d’études») mineur d’une institution majeure: la production des est centré sur l’analyse des thèmes chers à Henri La- ‘comédiens-poètes’ à la comédie française (1680-1743), fon: l’espace, le décor, les objets. René Dé m o r i s étudie pp. 347-373) e Benjamin Pi n t i a u x (‘Faire le petit Pelle- l’usage des espaces et des objets dans deux romans de e grin’: la manufacture de vers au début du x v i i i siècle, pp. Mouhy (Espaces et objets dans deux romans de Mouhy: 374-387), che si occupano rispettivamente degli attori- “La Mouche” et “Mémoires d’Anne-Marie de Moras”, autori, reali o di facciata, che svolgono senza pretese il pp. 69-80). À partir d’une illustration romanesque e loro compito di «fournisseurs» di testi, e del librettista du x v i i i siècle, Nathalie Fe r r a n d réfléchit sur l’espa- d’opera Pellegrin, «manufacturier de vers» il cui lavo- ce romanesque qui est d’abord «une relation entre les ro è considerato come secondario rispetto a quello del personnages et proposition d’une relation au monde» musicista. (Avec un livre pour décor, pp. 81-87). Jean-Louis Ha- Affrontando la problematica della scrittura minore q u e t t e (Espaces sensibles: réflexions sur les paysages e da molteplici punti di vista – generico, autoriale, for- dans les romans au x v i i i siècle, pp. 89-99), dans la li- male, tematico, estetico –, il volume si rivela molto uti- gnée des recherches d’Henri Lafon, considère le pay- le per la conoscenza di un secolo che nella scrittura sage romanesque dans ses liens nouveaux avec la sub- dei/nei margini trova modalità e possibilità espressive jectivité fictive: les notions d’analogie et de projection ben lungi dall’essere minoritarie. sont ici centrales. Christophe Ma r t i n (Éveils au monde [p a o l a p e r a z z o l o ] et spectacles de la nature dans quelques fictions d’expé- e rimentation pédagogique du x v i i i siècle, pp. 101-110) examine, dans cinq romans de la seconde moitié du e e Espaces, objets dans le roman du x v i i i siècle. Hom- x v i i i siècle, le motif de l’«éveil adamique» d’un être mage à Henri Lafon. Textes réunis et publiés par Jac- ingénu – en l’occurrence un enfant isolé du monde ques Be r c h t o l d , Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, dès la naissance –, confronté brusquement au “spec- 2009, pp. 206. tacle de la nature”. Jean-François Pe r r i n (Comme un roman: «Rousseau juge de Jean-Jacques», pp. 111-124) Ce recueil d’études est un hommage que les amis et propose de lire les Dialogues «comme un roman». À disciples rendent à Henri Lafon, l’éminent dix-huitiè- la lumière de la réflexion d’Henri Lafon et de Thomas miste disparu en 2006, auteur de deux ouvrages deve- Pavel, l’A. souligne la présence du motif de l’abandon nus classiques, sur l’espace dans le roman des Lumiè- et du refuge, caractéristique de l’espace romanesque res. Le volume s’ouvre par un souvenir: René Dé m o r i s de l’âge classique. et Christian Ma r t i n rappellent les étapes de la vie et Le troisième ensemble («Échanges textuels») réunit de la carrière universitaire d’Henri Lafon et caractéri- des articles qui superposent textes, auteurs et époques. sent les qualités de ses travaux, de son écriture, celles Elisabeth La v e z z i (Suicide ou assassinat? La répétition aussi de sa personnalité. Dans l’«Avant-Propos», Jean- théâtrale dans “Faublas” de Louvet et “Adieu” de Bal- Paul Se r m a i n explique le but de ce volume: montrer, zac, pp. 127-145) retient de la nouvelle de Balzac et de d’un côté, les apports des travaux d’Henri Lafon à l’épisode de la Fin des amours de Faublas ce qui unit e l’étude du roman du x v i i i siècle; de l’autre, les possi- l’épisode central, la répétition théâtrale qui, dans l’in- bilités d’en appliquer aujourd’hui les méthodes et les tention du protagoniste, doit guérir le (la) partenaire outils. Le volume se compose de trois ensembles d’étu- atteint(e) de folie. Philip St e w a r t (Rousseau et Prévost des. Le premier («Méthodes») réunit celles qui retra- une affinité déterminante, pp. 147-169) cherche à souli- cent, en les développant, les méthodes qu’Henri Lafon gner la «proximité psychologique, ou spirituelle» entre avait élaborées et appliquées dans ses interprétations le Cleveland de Prévost et l’œuvre de J.-J. Rousseau; littéraires. Jean-Paul Se r m a i n (Leçons de sémiotique lit- affinité plutôt qu’influence, cette proximité se manifes- téraire: en relisant l’œuvre d’Henri Lafon, pp. 19-31) tant surtout au niveau du tempérament de l’auteur des esquisse à grands traits les trois niveaux d’articulation Confessions. Mathieu Br u n e t (Lamartine et l’utopie du dans la notion de «sémiotique littéraire» qu’Henri La- roman populaire (Alphonse et Jean-Jacques), pp. 171- fon a réalisés dans ses travaux. L’Auteur insiste sur 179) examine quatre romans de Lamartine qui, dans l’originalité de cette œuvre, quant au choix du champ sa conception du «roman populaire», a voulu, comme e d’études (le roman du x v i i i siècle, alors négligé) et des l’a fait Rousseau, franchir les limites du littéraire. Jean- méthodes (heureuse alliance de la réflexion générale, Christophe Ab r a m o v i c i (D’un sourire libertin, pp. 181- théorique, avec l’étude des œuvres, dans leur contexte 189) évoque le caractère du style marivaudien, «à la historique). Jacques Be r c h t o l d “La Nouvelle Héloïse”, fois grave et léger» (p. 182), ennemi de l’ordre, analysé hôte des “Espaces romanesques” d’Henri Lafon, pp. ici dans la Ve feuille du Spectateur français. 33-46) dégage la présence du roman de Rousseau dans Dans la IVe partie («Espaces/objets d’Henri La- les ouvrages d’Henri Lafon, alors que dans les notes fon»), on cède, pour ainsi dire, la parole à Henri Lafon infrapaginales il fait réfèrence aux ouvrages les plus ré- lui-même. On y trouve son dernier texte, le projet de sa cents qui continuent les voies de recherches inaugurées contribution à un volume sur «les tempêtes et orages,

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expression de la passion». Bien que sommairement degli stratagemmi adottati dagli scrittori per nobilitare dessiné, ce texte frappe par la structuration et progres- le loro opere: le prefazioni e il topos del manoscritto ri- sion rigoureuses de la réflexion et par la richesse du trovato. In Livres et chapitres: la division du roman des corpus de textes envisagés pour l’analyse (Henri La- Lumières (pp. 127-150), Ugo Di o n n e sottolinea come f o n , Sauvetages, ou la bienfaisance par gros temps). Le fino alla Rivoluzione non fosse usuale suddividere i ro- recueil est clos par la Bibliographie d’Henri Lafon. manzi in capitoli, osservando la tradizione del “roman Cet ensemble d’études prouve l’actualité et la per- filé”, privo cioè di ripartizioni significative, in- osser tinence d’une approche critique qui, rigoureuse dans vanza dei canoni di trasparenza e linearità cari al classi- ses méthodes et ses outils, reste ouverte aux acquis cismo. L’affermarsi della modalità dell’articolazione in contemporains des sciences humaines; approche capitoli alla fine del secolo e il consolidarsi di tale prati- qu’Henri Lafon, qui se nommait lui-même avec hu- ca nell’Ottocento testimoniano il riconoscimento dello e mour «spationaute dans les eaux du x v i i i siècle», avait statuto del romanzo come genere letterario. proposée et réalisée dans ses ouvrages. Catriona Se t h , in Les Miroirs du roman (pp. 151- 160), afferma che molto spesso i romanzi del Settecen- [r e g i n a b o c h e n e k -f r a n c z a k o w a ] to sono stati oggetto di adattamenti e rivisitazioni sotto forma di pièces teatrali, opere, canzoni, quadri, inci- sioni e che questo fenomeno, nel quale si rispecchia il e Le Second Triomphe du roman du x v i i i siècle. études successo del romanzo originale, continua ai giorni no- présentées par Philip St e w a r t et Michel De l o n , Ox- stri grazie al teatro e al cinema. Nell’articolo Traduc- ford, Voltaire Foundation, 2009 («SVEC 2009: 02»), tion et adaptations: le roman transnational (pp. 161- pp. 298. 170), Philip St e w a r t mette in evidenza che a cavallo tra Settecento e Ottocento esisteva un’osmosi costan- Nell’Introduction (pp. 1-11) a questa ricca raccol- te tra la temperie culturale francese e quella inglese. ta di contributi, i curatori ripercorrono il dibattito cri- Erano inoltre frequenti i casi di pseudo-traduzioni e tico novecentesco relativo al romanzo del Settecento, quelli di “traduction-relais”, cioè traduzioni da lingue individuando nell’inclusione, da parte di Daniel Mor- poco conosciute a lingue di grande diffusione (prin- net, della Nouvelle Héloïse di Rousseau nella serie dei cipalmente il francese). Un caso emblematico a que- Grands Ecrivains de la France nel 1925, la canonizza- sto proposito sono Les Mille et une nuits, tradotte da zione dello statuto e della dignità del romanzo. Nell’ar- Galland. Il contributo di Angus Ma r t i n , dal titolo La e ticolo Le détail, le réel et le réalisme dans la perspective survie des textes romanesques du x v i i i siècle: l’enseigne- française (pp. 15-28), Michel De l o n individua l’impor- ment des rééditions (pp. 161-192) contiene i dati relati- tanza del dettaglio descrittivo nel suo potere di cattu- vi alle riedizioni ottocentesche e novecentesche di mol- rare l’attenzione dei lettori (in particolare delle lettrici) ti romanzi del Settecento. L’autore mette in guardia dal e di conferire verosimiglianza alla narrazione. Nell’in- considerare la quantità delle riedizioni come un indi- tervento di Jan He r m a n , Mladen Ko z u l e Nathalie zio del reale interesse dei lettori per l’opera, dal mo- e Kr e m e r , dal titolo Crise et triomphe du roman au x­ v i i i mento che in certi casi le riedizioni sono frutto di mere siècle: un bilan (pp. 29-66), viene messa in evidenza strategie commerciali degli editori. A volte, inoltre, un l’ostilità della critica settecentesca nei confronti del ro- buon esordio presso i contemporanei non è garanzia manzo, relegato in coda a tutti gli altri generi letterari. di sopravvivenza nel tempo, come nei casi di Marmon- Ecco dunque gli autori di romanzi prodigarsi nelle pa- tel e Florian. Martin segnala a partire dal secondo do- gine delle prefazioni in una sorta di captatio benevolen- poguerra l’insorgere di due fenomeni apparentemen- tiae nei confronti dei lettori e ricorrere a stratagemmi te contrastanti, in realtà complementari: da una parte atti a nobilitare la loro opera, quali ascriverla al genere l’incremento delle edizioni erudite, destinate agli stu- memorialistico o epistolare. Nathalie Fe r r a n d , nell’ar- diosi, dall’altra il fiorire delle edizioni tascabili e delle ticolo La lecture du roman (pp. 67-83) sottolinea che antologie, collegate ai programmi delle scuole superio- per il lettore del Settecento avvicinarsi ad un romanzo ri e dell’Università. Christophe Ma r t i n , nell’intervento equivaleva a compiere un’esperienza di conoscenza del L’émergence d’un nouvel objet de recherches: le roman e mondo e che pertanto quest’occupazione destava pa- illustré au x v i i i siècle (pp. 193-204), riflette sul recente reri discordi. Il gesuita italiano Giambatista Roberti, interesse da parte della critica per gli apparati icono- per esempio, attribuiva al romanzo il potere di corrom- grafici (incisioni, tavole, frontespizi illustrati) annessi pere l’immaginazione e di allontanare da Dio, mentre ai romanzi settecenteschi. Tale attenzione è da attribu- il tedesco Bergk vedeva nella lettura del romanzo un ire alla particolare attrazione che il mondo delle imma- esercizio di autonomia del pensiero. Nel contributo di gini esercita presso la società contemporanea. Il testo Suzan Va n Di jk La lecture féminine: les correspondan- e le immagini in un romanzo del Settecento devono tes d’Isabelle de Charrière comme témoins (pp. 85-104) essere concepiti come un tutt’uno: trattandosi di due viene messo in evidenza il ruolo di mediazione cultu- generi considerati minori nei loro reciproci ambiti, il rale svolto da Isabelle de Charrière nell’esortare alla romanzo e l’illustrazione si avvalorano reciprocamen- lettura i propri corrispondenti, tanto femminili quanto te, destando l’interesse crescente di lettori e collezioni- maschili. La scrittrice si rivolge in particolare alle don- sti. Nell’articolo di Benoît De Ba e r e , La fiction et l’hi- ne, con la seguente motivazione: «quand une femme stoire naturelle au siècle des Lumières: fonction, enjeux, ne doit pas être simplement une ouvrière, il faut qu’el- dangers (pp. 207-225), viene messa in luce la frequenza le ait l’esprit exercé et ouvert à l’instruction. Le loisir con cui gli autori di testi naturalistici del Settecento si des ignorantes mène les unes à la galanterie, les autres servono dell’escamotage della finzione narrativa al fine au commérage, et les plus sages à un mortel ennui. La di eludere la censura. L’Homme-machine di La Mettrie, nécessité de l’apprentissage de la lecture lui est donc per esempio, esce nel 1748 preceduto da un Avertisse- une évidence» (p. 90). Kris Pe e t e r s , nell’intervento ment dell’editore, in cui si fa ricorso al topos del ma- Bakhtine et la question du roman: de l’autre côté du di- noscritto anonimo. Mladen Ko z u l , Du romans et de e lemme (pp. 105-123), analizza il problema dello statuto la religion au x v i i i siècle: observations sur les fictions e della legittimazione del romanzo attraverso la nozio- théologiques (pp. 227-242), sottolinea come, malgrado ne del carnevalesco, soffermandosi cioè sulle parodie la diffidenza degli ambienti religiosi nei confronti del

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romanzo, per il suo potere sui sensi e sull’immaginazio- L’anthologie de Nathalie Ferrand propose une ne, i rapporti tra finzione romanzesca e articolazione «traversée» à la fois variée et cohérente, où les effets del discorso religioso siano in certi casi molto stretti, «d’échos et de sens», joints à ceux d’intericonicité tis- come negli scritti di Lenglet Du Fresnoy. Nel contri- sent un réseau intéressant d’interprétations riches en buto Destins de femmes et Révolution dans l’œuvre ro- aperçus éclairants et originaux. manesque d’Isabelle de Charrière (pp. 243-261), Erik Le b o r g n e si sofferma su alcune figure femminili prota- [r e g i n a b o c h e n e k -f r a n c z a k o w a ] goniste dei romanzi della scrittrice e mette in evidenza come questi personaggi si discostino dallo stereotipo dell’eroina sentimentale. Le donne tratteggiate da Isa- L’Opera incompiuta. Testi raccolti e pubblicati da belle de Charrière, infatti, sono intraprendenti, deter- Lucia Om a c i n i , «Annali di Ca’ Foscari», XLVII, n. 2, minate e guardano con lucidità e anche con cinismo ai 2008, pp. 7-38, 155-167. mutamenti in corso nella società. Jean-Paul Se r m a i n , e nell’intervento Roman et presse au x v i i i siècle (pp. 263- Curato da L. Omacini, specialista di letteratura 278), analizza la funzione dei primi giornali. Essi spes- francese del Settecento che da tempo si interessa alle so svolgono un ruolo di mediazione tra lo scrittore di forme frammentarie e al fenomeno dell’inachèvement romanzi e il lettore, per la presenza delle recensioni. nelle sue varie modalità, il presente volume raccoglie Chiude il volume la bibliografia delle opere citate più vari studi sulla disgregazione formale e/o tematica e frequentemente e l’indice dei nomi. sull’articolazione del non finito nella produzione lette- [w i l m a p r o gl i o ] raria di diversi secoli e culture, senza limitarsi all’epoca contemporanea. Come da tradizione di «Studi France- si», ci proponiamo qui – nonostante l’interesse dell’in- Na t h a l i e Fe r r a n d , Livres vus, livres lus: une traver- tero testo, che permette il confronto tra culture, perio- sée du roman illustré des Lumières, Oxford, Voltaire di e forme letterarie differenti – di rendere conto dei Foundation, 2009 (SVEC 2009:03), pp. 282. due contributi attinenti alla letteratura francese. In La poétique de l’inachèvement mise en œuvre par le roman e e Après son ouvrage sur le motif de la lecture dans le au x v i i et x v i i i siècles (pp. 19-38), Jean-Paul Se r m a i n e roman du x v i i i siècle, Nathalie Ferrand s’est proposé affronta il tema dell’incompiutezza narrativa dal Don d’examiner la présence du livre, de la bibliothèque et Quichotte a Madame Bovary, sottolineando le diverse de l’acte de lire dans les estampes qui accompagnent modalità formali e concettuali che il fenomeno può as- les éditions de romans des Lumières. L’auteur a dé- sumere. Se in alcuni casi l’incompiutezza è accidentale, pouillé près de 170 éditions illustrées dont elle a choisi in altri il non finitoesprime una scelta poetica, così che 112 planches pour son anthologie. De Fénelon à Mme l’opera trova nell’imperfezione il suo compimento. In de Genlis, tout le siècle est pris en considération, ce ogni caso, la scelta di un particolare tipo di fine (o l’as- qui lui a permis de montrer l’évolution des styles et des senza della stessa) traduce una visione socio-culturale sujets. La réflexion porte sur le rapport entre le tex- ben precisa, che si ritrova da un lato nella conclusio- te et l’image, ce que le livre et la bibliothèque en tant ne «en bonne et due forme» dei romanzi ottocenteschi qu’objets représentés sur la gravure rendent saillant et sottesi da una concezione deterministica dell’esistenza, significatif. Consciente des écarts inévitables entre le e dall’altro nelle forme più aperte dei testi precedenti texte littéraire et les arts plastiques, l’auteur a choisi sottesi da un’estetica differente. In Dal «divertissement de considérer l’image pour elle-même, afin de tenter, forain» all’«ambigu-comique»: l’arte di frantumare e di comme elle avoue, «un exercice d’interprétation du combinare (pp. 155-166), Paola Ma r t i n u z z i rivolge in- roman à travers son triple dispositif textuel, visuel et vece la sua attenzione alla produzione teatrale foren- matériel: une iconologie du roman comme objet d’art» se della prima metà del Settecento, produzione carat- (p. 42). L’anthologie est divisée en cinq sections: «Ra- terizzata da un’incompiutezza e un’instabilità che si res lecteurs», «La place du livre religieux», «Des bi- esplicita nel collage di materiali variegati e preesistenti bliothèques en perspective», «Les femmes parmi leurs e nella contaminazione non solo di testi, ma anche di livres», «Livres fabriqués, exposés, imaginés». modelli e stili per dar vita ad un processo di ri-creazio- Plusieurs séquences d’images sont examinées, où ne continua. l’on trouve la combinaison des trois motifs choisis: le [p a o l a p e r a z z o l o ] livre, la lecture, la bibliothèque. L’auteur a observé la raréfaction du motif de la lecture dans les estampes, e contrairement à la présence importante de celle-ci L’idée d’Europe au x v i i i siècle – The Idea of Euro- dans les romans: l’acte de lire, trop statique et intros- pe in the 18th Century. Actes du séminaire internatio- pectif, n’intéresse pas les illustrateurs qui préfèrent nal des jeunes dix-huitièmistes (Gênes, 24-29 octobre représenter le personnage sur le fond d’une biblio- 2005). Sous la direction /Edited by Lara Pi c c a r d o , thèque, ce qui permet des effets de profondeur et de Paris, Champion, 2009 («Études internationales sur le perspective. Le corps lisant est fréquent dans la gra- Dix-huitième siècle», 11), pp. 258. vure accompagnant les romans libertins ou pornogra- phiques, dans une scène qui marque le désir violent: Le volume rassemble les Actes du séminaire des jeu- c’est le corps féminin qui s’offre ici au regard de l’ob- nes dix-huitièmistes, tenu á Gênes, sous le patronage servateur masculin «voyeur». Fait curieux, cependant: de la SIEDS et de la Société Italienne d’Études sur le e si dans les romans la lecture est féminisée, sur l’estam- x v i i i Siècle. Les travaux du séminaire, qui se dérou- pe, c’est le personnage masculin qui domine, lisant ou lait sous la direction de Maria Grazia Bottaro Palumbo tenant un livre. Un autre phénomène remarqué est la (Gênes), ont été coordonnés par Géza Szász (Szeged, disparition de la symbolique du livre représenté sur Hongrie). l’image: c’est que, constate l’auteur, l’illustration est Le volume, préparé sous la direction de Lara Pic- là «pour dialoguer et se confronter avec [le texte] afin cardo, est divisé en quatre parties. La première grande de faire durer les pouvoirs du langage et de l’imagi- unité thématique s’intitule «L’Europe des Européens» naire» (p. 44). et rassemble des articles portant sur la vision que les

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Européens avaient d’eux-mêmes en tant qu’Euro- ment, même si ses représentations restent limitées aux péens. Dans sa contribution (The French Projects of mythes créés par les historiographies nationales. Ana Pan-European Peace and their practical Fiasco, pp. 17- Ho n t a n i ll a (Greensboro, North Carolina), quant à 27) Aleksandra Po r a d a (Varsovie) analyse les concep- elle, démontre (British Travel writing in 18th Century tions sur les possibilités d’assurer une paix durable, dé- Spain, pp. 159-181) comment les notes des voyageurs e e veloppées dans la France des x v i i et x v i i i siècles par britanniques ont «produit» – plus que décrit – l’image des personnages aussi divers qu’Émeric Cruc, Sully, d’un empire espagnol sous-développé et en décadence l’abbé de Saint-Pierre et le marquis d’Argenson. L’étu- dans un moment particulier de l’expansionnisme bri- de (L’Europe comme utopie. Arcadie et Uchronie dans tannique. L’article au sujet insolite (Not without my “Paul et Virginie” et “L’an 2440”, pp. 27-37) de Zei- knives, forks and spoons! Robinson Crusoe and the Gas- e na Ha k i m (Genève) présente l’Europe du x v i i i siècle tronomic Rituals of Civilized Europe, pp. 183-194) de sous le prisme de l’utopie. L’auteure met en relief que Sabrina Br o s e l o w Mo s e r (Chapel Hill, North Caro- l’innovation la plus considérable apportée par les écri- lina) contribue à l’étude de l’idée européenne en ana- e vains du x v i i i siècle au genre utopique est l’uchronie: lysant les rituels du dîner et la manière dont ils sont au lieu de chercher le bonheur parfait dans un ailleurs représentés dans l’imaginaire du voyageur populaire géographique, les auteurs situent l’utopie dans l’ave- allemand de l’époque. nir. La contribution de Nere Ba s a b e (Madrid), inti- La quatrième et dernière unité thématique du volu- tulée De l’Empire à la Fédération: l’idée d’Europe du me est intitulée «L’Europe dans les arts et les sciences». e e x v i i i au ­x i x siècle, et l’ambivalence des discours sur la Elle est introduite par l’article «What is the material «paix perpétuelle» chez quelques auteurs espagnols (pp. world and is it dead?». The Images of Oppression and 39-61) montre comment l’idée européenne est passée Restriction in William Blake’s “Europe: A Prophecy”, du niveau philosophique au niveau politique dans la (pp. 197-210) de Malgorzata Lu c z y n sk a -Ho l d y s (Var- e pensée espagnole du x v i i i siècle. L’auteur met en re- sovie), dans lequel l’auteure analyse les illustrations lief comment après la disparition avec Napoléon de dessinées par Blake pour représenter le matérialisme e certaines illusions d’une Europe culturellement unie, et le déclin de la religion caractérisant le x v i i i siècle à les penseurs espagnols retournent aux idées politiques travers son œuvre, notamment dans Europe: A Prophe- du siècle précédent (par exemple, aux conceptions cy, Jerusalem, Milton et Vala or the four Zoas. L’article de Montesqueiu sur la fédération). Salvatore Dr a g o (National Identity and European Otherness in English (Messina), quant à lui, expose dans son article (L’idea Scientific Rhetoric of the Long Eighteenth Century, pp. economica di Europa negli Illuministi della Sicilia del 211-229) de Walter H. Ke i t h l e y (Tempe, Arizona) dé- Settecento: rapporti e convergenze di politiche economi- crit le développement et l’adaptation de la perception che euro-mediterrannee, pp. 63-88) l’idée économique de Bacon aux liens entre la science et l’identité natio- d’Europe élaborée par les économistes cosmopolites nale/européenne à travers l’analyse des études de di- e siciliens du x v i i i siècle, tels V. E. Sergio, D. Caraccio- vers auteurs ayant écrit sur l’institutionnalisation de la lo, G. A. De Cosmi, G. Da Loggia et S. Scrofani. Néo- science. Clôt le volume l’étude (Concevoir l’Europe au e mercantilistes, libéraux modérés ou smithiens purs et x v i i i siècle selon sa géologie: le cas des volcans, pp. 231- durs, ces économistes se sont tous efforcés de trouver 242) de David McCa ll a m (Sheffield) qui analyse l’ex- e la place de la Sicile dans une Europe économiquement ploration et la perception des volcans au x v i i i siècle en unie. Europe: il s’agit de montrer que le volcan, à travers les La deuxième unité thématique porte le titre «L’Eu- réseaux des correspondances scientifiques et les docu- rope vue de l’extérieur». Le premier article (Lorsque ments du tourisme cosmopolite et de l’idéologie politi- la Russie «entra» en Europe, pp. 93-106) de Lara Pi c - que, véhicule de manière très efficace des images mul- c a r d o (Gênes) présente le processus très lent de la dé- tiples et divergentes de l’Europe des Lumières. couverte de la Russie par les occidentaux. L’auteure distingue dans le processus une première phase “eth- [p e t e r b a l á z s ] nographique” et une seconde phase plus culturelle, liée au développement de la Russie sous l’impulsion des réformes de Pierre le Grand. Dans sa contribution Apprendre à porter sa vue au loin. Hommage à Mi- (The Chinese Factor in the Idea of Europe in the 18th chèle Duchet. Textes réunis par Sylviane Alb e r t a n - Century, pp. 107-129) Zhan Sh i (Pékin) met en relief Co p p o l a , Lyon, ENS Éditions, 2009, pp. 364. comment les intellectuels de l’âge des Lumières – ren- seignés surtout par les missionnaires jésuites – actifs Ce recueil d’études est consacré à Michèle Duchet, dans une reconstruction morale de l’Europe, se servi- professeur de Lettres à l’ENS de Fontenay, protagonis- rent d’une image fondamentalement fausse de la Chine te d’une nouvelle manière de penser les Lumières, dis- comme système de référence quasi incontournable. parue en 2001. Les articles qui lui font hommage s’at- L’article (The Fantasy of America as an Idea of Europe tachent aux domaines de recherches que nous relions in the 18th century, pp. 129-138) de Renate Sc h e ll e n - à son nom: «l’archéologie du savoir». Le livre s’ouvre b e r g (Sackville) traite les points de vue contemporains par la présentation de la carrière de Michèle Duchet (J. sur l’Amérique. L’auteure met en relief que la plupart Bo n n a m o u r , M. Cr a m p e -Ca s n a b e t , S. Alb e r t a n -Co p - des écrivains qui s’efforçaient de rendre compte de la p o l a ) et par une bibliographie de ses œuvres. La pre- nouveauté de leurs expériences d’outre-mer ne furent mière partie, intitulée «Voyage» (pp. 29-221) regroupe point préparés à la tâche, ce qui explique le caractère onze études qui analysent les connaissances dues aux e e fantaisiste de leurs narrations. voyages aux x v i i i et x­ i x siècles, la deuxième réunit, La troisième partie porte le titre «L’Europe dans sous le titre «Écritures» (pp. 223-361), des articles qui les récits de voyage». Pour Géza Sz á s z , de l’universi- confrontent les disciplines comme les lettres, la politi- e té de Szeged (L’idée d’Europe au x v i i i siècle: la contri- que, l’histoire et la philosophie. bution de la littérature de voyage, pp. 141-159), l’ana- Claude Bl a n k a e r t relève une continuité entre les e lyse – fondée en partie sur le cas de la Hongrie – des philosophes des Lumières et les scientifiques du x­ i x e notes de voyageurs du x v i i i siècle permet de montrer siècle du point de vue de la méfiance à l’égard des comment l’Europe devient plus ouverte géographique- voyageurs et de leurs vœux de rapprochement entre

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«investigateurs de terrain» et «spécialistes de biblio- et les œuvres de Rousseau et de Diderot par Georges thèques» au cours de la lente émergence des sciences Be n r e k a ss a , sous la perspective du mythe de la pater- de l’anthropologie et de l’ethnologie (Le fait et la va- nité, en vue de découvrir derrière les contradictions du leur: disciplines de l’observation dans les instructions rapport père-fils la naissance du nouveau type d’écrivain e e ethnographiques (x v i i i -­x i x siècle), pp. 29-53). Pierre «désespérant de toute généalogie» (Paternité et filiation Be r t h i a u m e analyse l’Histoire et la description générale mythiques, origine et engendrement de l’écrivain: Jean- de la Nouvelle France de Charlevoix qui imagine chez Jacques et Denis, pp. 225-247). Les romanciers de la fin les Amérindiens une réalisation concrète de la Cité de du siècle retournent contre elles toutes les virtualités Dieu augustinienne (Une «Hierusalem benite de Dieu», féminines, sans en donner un modèle positif comme le pp. 57-67). S’appuyant sur un corpus de récits de voya- démontre l’étude de Michel De l o n qui estime que la ge s’étendant sur deux siècles, Odile Ga n n i e r démon- force du roman de Laclos dans cette série est de présen- tre que la figure du sauvage philosophe est en rapport ter cette problématique à travers trois âges («Née pour direct avec la littérature antique, aussi bien dans sa mi- venger mon sexe»: à propos d’une formule de Mme de se en scène que dans sa rhétorique (Le philosophe nu, Merteuil, pp. 247-255). Jean Go l d z i n k juge l’interpré- ou les ressources d’une éloquence «sauvage», pp. 69-91). tation de Crébillon réductive et essaie de la parfaire par À la lisière de l’anthropologie, de l’ethnologie (sciences l’établissement des rapports entre le mode narratif et la e inexistantes jusqu’à la fin du x v i i i siècle) et de l’his- transgression des normes idéologiques et morales (Quel- toire, les textes fondateurs sont en réalité des apologies ques heures dans la vie des libertins: Crébillon, “La Nuit du primitivisme, dans un rapport d’inversion avec le et le moment”, “Le hasard du coin du feu”, pp. 277-293). progrès historique (Jean Marie Go u l e m o t , Questions Jean-Michel Ra c a u l t démontre comment dans un poè- de terrains et d’arpentage: des récits de voyage, de la pra- me en prose, écrit en 1787, le modèle rhétorique et les tique de l’histoire et de l’ethnologie, pp. 93-102). An- arguments anticolonialistes de l’Histoire des deux Indes nie Ja c o b compare des «collections de voyage» réali- peuvent être reconnus («Méfier-vous des blancs, habi- e sées par les auteurs anglais et français du x v i i i siècle tants du rivage»: anticolonialisme et intertextualité dans afin de montrer les politiques coloniales suivies dans les “Chansons madécasses” de Parny, pp. 295-310). ces deux pays, repérables dans les écritures sur la par- Deux études sont consacrées plus particulièrement au e tie nord du continent américain (Découvrir, nommer et x­ i x siècle, qui rendent évident que pour Balzac et pour décrire, s’approprier et coloniser: le cas des terres nord- Daudet, dans leur récit de voyage fictionnel, l’imaginaire américaines, pp. 103-115). Frank Le s t r i n g a n t ana- sert à rendre le sensible réel (Roland le Hu e n e n , Dans le lyse une robinsonnade avant la lettre (1683) dont les sillage de Sterne et Nodier: le “Voyage de Paris à Java” de protagonistes sont des calvinistes se réfugiant sur une Balzac et l’écriture du supplément, pp. 311-329, et Anne- île. L’auteur amalgame naufrage, polémiques religieu- Simone Du f i e f , Voyages et rêverie dans l’œuvre de Daudet, ses et ekphrasis, choisissant pour héros un solitaire qui pp. 331-342). Une étude sur la littérature russe termine ce devient peintre dans une caverne (Paroles sur la mer: volume fort intéressant (Léon Ro b e l , Lettre à Michèle de Les “Entretiens des voyageurs sur la mer” de Gédéon russographie, pp. 343-362). Flournois, pp. 117-135). Jacques Pr o u s t attire l’atten- [o lg a p e n k e ] tion sur divers domaines de la culture qui se transfor- ment grâce aux voyageurs-passeurs (médecine, opti- que, peinture et gravure), et avertit que les voyageurs Les écrivains suisses alémaniques et la culture franco- e transportaient beaucoup de préjugés et de fantasmes phone au x v i i i siècle. Actes du colloque de Berne 24- (Au sujet de quelques passeurs culturels entre l’Euro- 26 novembre 2004. Réunis par Michèle Cr o g i e z La- e pe et l’Extrême-Orient au x v i i i siècle: question de mé- b a r t h e , Sandrine Ba t t i s t i n i et Karl Kü r t ö s , Genève, thode, pp. 137-152). Daniel Ro c h e présente la trajec- Slatkine Érudition, 2008, pp. 425. toire complexe de Voltaire qui commence sa carrière comme «passager culturel», réalise ensuite la plupart Gli Atti del Convegno svoltosi a Berna nel novem- de ses «voyages imaginaires» par la lecture, et devient bre 2004 su Les écrivains suisses alémaniques et la cul- e finalement l’«aubergiste de l’Europe»: le voyage signi- ture francophone au x v i i i siècle raccolgono una serie di fie donc le fond de ses connaissances et de ses œuvres interventi tendenti ad illustrare il ruolo svolto da alcuni philosophiques et fictionnelles (Voltaire voyageur, pp. scrittori svizzeri come mediatori culturali tra la cultu- 153-180). Jean Sg a r d rend hommage à Michèle Du- ra francese e quella germanica, rilevando in particolare chet qui a reconnu le rôle fondamental de Prévost dans l’influenza che essi hanno avuto sulla diffusione della son Histoire des voyages, et se concentre ici sur une cultura francofona nel x v i i i secolo. seule question dans ce vaste ouvrage: comment Pré- Dai vari contributi emergono, da una parte, i no- vost voit la beauté des noires (La noirceur du Noir dans mi di scrittori noti per la loro attività intellettuale, ma l’“Histoire des voyages”, pp. 182-191). Gilles Th é r i e n ignorati per il ruolo da loro svolto nel transfert cultu- remet en place le livre de Lafitau qui ne préfigure pas rale franco-tedesco; dall’altra, i nomi di scrittori pres- l’ethnologue de terrain, ses connaissances anthropo- soché sconosciuti. logiques étant plutôt livresques (Les «Américains» de Al primo gruppo appartengono Charles Bonnet, Joseph-François Lafitau, pp. 193-202). Patrick Th i e r r y Charles Victor de Bonstetten, Albrecht von Haller, Die- révise et réinterprète deux systèmes économico-poli- thelm Lavater, Jakob Heinrich Meister e Johann Georg tiques, les remettant dans leur contexte (Un contraste Sulzer. Haller ha contribuito a far conoscere molte ope- aux lumières américaines: Jonathan Boucher et la résur- re francesi, in particolare quella di Rétif de La Bretonne, rection de Filmer, pp. 203-221). grazie alle recensioni da lui pubblicate nei Göttingische Gianluigi Go gg i prouve avec beaucoup d’érudition Anzeigen von gelehrten Sachen. Meister, famoso soprat- que les informations que Diderot puise directement tutto per i testi dedicati a Diderot, ha svolto un ruolo dans Spinoza reçoivent une mise en scène particulière determinante come mediatore tra il tedesco e il francese, dans ses lettres où il les met dans la bouche du père pur restando un convinto difensore della diversità cultu- Hoop (Spinoza, le mariage des prêtres et la théocratie: rale e linguistica. Tra il 1771 e il 1774 Johann Georg Sul- sur une lettre de Diderot à Sophie Volland, pp. 257-276). zer, cittadino della Svizzera tedesca stabilitosi a Berlino Les figures multiples du père sont analysées dans la vie fin dal 1747, pubblicò a Lipsia i due volumi dell’opera

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Allgemeine Theorie der schönen Künste, una teoria gene- Ma r y Tr o u i ll e , Wife-abuse in Eighteenth-century rale delle belle arti che, in realtà, è innanzitutto un dizio- France, Oxford, Voltaire Foundation, 2009, pp. 377. nario. La forma lessicografica scelta per l’organizzazio- ne interna dei volumi rispecchia l’intento dell’autore di Lo studio dei maltrattamenti subiti dalle donne ap- creare una lingua tedesca dell’arte. Per realizzare questo pare di particolare interesse nella Francia del Settecen- progetto Sulzer prese spunto ed ispirazione da un no- to, perché in questo periodo mutarono profondamente to dizionario francese dell’epoca, il Dictionnaire portatif i legami familiari e la legislazione che regolava i rappor- des beaux-arts di Jacques Lacombe. La corrispondenza ti tra uomo e donna, o se si preferisce tra marito e mo- tra Sulzer e Charles Bonnet permette di ricostruire i rap- glie. La prima sezione del volume si occupa dei diversi porti tra l’ambiente intellettuale scientifico di Ginevra tipi di abuso che più frequentemente si riscontrano nel frequentato da Bonnet in qualità di naturalista e psico- x v i i i secolo e del modo in cui tali comportamenti erano logo, e quello degli svizzeri tedeschi emigrati a Berlino, concepiti dal punto di vista legale, religioso, morale e come nel caso di Sulzer. La corrispondenza del celebre popolare (attraverso farse e proverbi). La seconda se- teologo Diethelm Lavater, medico a Zurigo e attivo mas- zione focalizza invece la sua attenzione su alcuni casi sone, permette invece di ricostruire lo spazio massonico giudiziari presentati nelle Causes célèbres di Nicolas- europeo nel corso dei due ultimi decenni dell’Ancien Toussaint le Moyne des Essarts (1744-1810), pubblica- Régime. L’ultimo contributo puntualizza infine come il te tra il 1773 e il 1789. Questo avvocato, che propone- filosofo Bonstetten abbia cercato di combinare le due va anche un commento agli eventi giudiziari descritti, tradizioni, quella tedesca e quella francese, nella nozio- aveva una visione tradizionale del matrimonio, che la- ne di perfettibilità. sciava spazio a una certa flessibilità solo in pochi casi. Il Del secondo gruppo fanno parte, come dicevamo, testo ebbe un successo enorme e un ruolo di prim’ordi- personaggi se non del tutto sconosciuti al mondo delle ne nei dibattiti sul tema, fino a divenire uno strumento Lettere, certamente meno noti dei precedenti: Henri- essenziale per le richieste di riforma del sistema giudi- David Chaillet, Jean-Pierre de Crousaz, Vivant De- ziario di fine secolo. Interessante anche il riferimento non, Johann Georg Wille, Johann Caspar Füssli, Sal- a due dei Mémoires di Nicolas-François Bellart (1761- chli, Johann Rudolf Sinner de Ballaigues e Mme Steck. 1826), datati 1803 e 1805: dopo la legge sul divorzio Anch’essi hanno però svolto una meritoria, anche se del 1792, questo celebre avvocato si mostra favorevole poco nota, opera di introduzione della cultura francese alla nuova normativa, molto più restrittiva, promulgata nel contesto culturale tedesco. Chaillet ha contribuito, nel 1803 da Napoleone. L’ultima sezione si concentra per esempio, a diffondere l’opera di Rétif de la Breton- sui riflessi letterari relativi al «wife-abuse» e in partico- ne, soprattutto con le due recensioni da lui redatte nel lare su La Marquise de Gange (1813) di Sade, l’Histoi- 1779 e il 1781 per il Journal helvétique di Neuchâtel. re de la Duchesse de C***(1782) di Madame de Genlis Crousaz, grazie alla fitta rete di relazioni intessuta con e l’Ingénue Saxancour (1789) di Rétif de la Bretonne. gli uomini di cultura di tutta l’Europa nel corso delle L’autrice conclude la sua analisi mostrando i paralle- sue peregrinazioni accademiche e delle sue frequenta- lismi stilistici e retorici tra le memorie giudiziarie e le zioni degli ambienti più diversi, ha unito le Accademie opere letterarie, ben evidenziati da una ricerca interdi- di Svizzera, Germania e Francia; la sua corrispondenza sciplinare in cui comportamenti, concezioni religiose, fornisce una preziosa testimonianza sulla comparsa dei legislazione e letteratura concorrono a fornire il qua- Lumi in Svizzera, in Olanda, in Germania e in Francia dro di un’epoca in continua evoluzione. in un’epoca di cerniera che possiamo definire ancora pre-filosofica. Füssli, primo storico dell’arte della Sviz- [p a o l a s o ss o ] zera, con i due volumi della sua Geschichte und Abbil- dung der besten Mahler in der Schweiz, pubblicati nel 1755 e 1757 a Zurigo, ha allargato la conoscenza de- L’écran des Lumières: regards cinématographiques e gli artisti svizzeri – fino al 1750 limitata a qualche no- sur le x v i i i siècle, sous la direction de Martial Po i r s o n me – grazie all’intervento cruciale di Wille, incisore te- et Laurence Sc h i f a n o , Oxford, Voltaire Foundation, desco stabilitosi a Parigi, che mantiene una corrispon- 2009 (SVEC 2009:7), pp. 324. denza con Füssli e Descamps e ne recensisce le opere. Johann Rudolph Sinner, detto Sinner de Ballaigues, Il rapporto privilegiato che esiste tra l’arte cinema- con la sua opera in due tomi intitolata Voyage histo- tografica ed il secolo dei Lumi sembra fondarsi su una rique et littéraire dans la Suisse occidentale, pubblicata perfetta biunivocità: se da una parte è nel Settecen- nel 1781 dalla Société Typographique de Neuchâtel, to che si creano i presupposti per la nascita del cine- fa conoscere meglio al lettore, nonostante il titolo, la ma – presupposti sia di ordine tecnico-materiale, con Svizzera bernoise e non quella occidentale. Vivant De- l’apparizione dei primi dispositivi di proiezione di im- non, parigino, direttore del Louvre e ispiratore princi- magini animate, che di ordine poetico-espressivo, con pale dell’Académie des Beaux-Arts, con un sistema di l’emergere di una scrittura letteraria condotta secondo ricompense e di premi che mirano a far emergere gli espedienti registico-cinematografici –, dall’altra il cine- artisti francesi, riesce ad onorare anche artisti svizze- ma novecentesco propone numerose pellicole ambien- ri. Mme Steck-Guichelin, francese stabilitasi a Berna tate nel Settecento e adattamenti di romanzi settecen- in seguito al suo matrimonio con un patrizio bernois, teschi. Incentrato sul rapporto dialettico di scambio Jean-Rodolphe Steck, si rivela infine una mediatrice reciproco tra la settima arte ed il secolo dei Lumi, il culturale di fondamentale importanza tra la Francia e volume edito da Poirson e Schifano, e suddiviso in sei la Svizzera, grazie alle sue opere e ad una fitta rete di parti che affrontano la questione secondo prospettive legami e scambi intellettuali. diverse e complementari, raccoglie una serie di articoli Oltre a rendere omaggio ad autori più o meno cono- di notevole originalità ed interesse. sciuti, i vari interventi raccolti in questo volume atte- Della prima sezione, «Archéologie filmique des Lu- stano che gli studi biografici degli autori costituiscono mières», fanno parte l’articolo di Jean-Claude Bo n n e t elementi fondanti della storia letteraria. (Louis-Sébastien Mercier: l’homme caméra, pp. 3-15), che riscontra la presenza di uno sguardo «registico» [m a r i a i m m a c o l a t a s p a g n a ] all’interno del Tableau de Paris e del Nouveau Paris di

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Mercier, e l’articolo di François Am y d e l a Br e t è q u e pourpre du Caire” de Woody Allen, pp. 183-197) pren- (Le dix-huitième optique et mécanique de Jean Renoir: de in esame le strategie di rottura della barriera tra fin- préfiguration du siècle du cinéma, pp. 17-28), che si sof- zione e realtà messe in pratica, attraverso l’uso della ferma sull’aspetto metalinguistico della Marseillaise e figura perturbatrice della metalessi narrativa, in due della Règle du jeu girati da Jean Renoir, in cui il Set- opere così lontane per epoca e linguaggio quali un ro- tecento, visto come secolo dell’illusione e della disso- manzo di Diderot ed un film di Allen. luzione dell’essere individuale nell’apparire sociale, si Compongono la quinta sezione, intitolata «L’écran profila come l’epoca cinematografica per eccellenza. patrimonial», rispettivamente, l’articolo di Antoine d e Nella seconda parte, «La caméra dans le boudoir», Ba e c q u e (Sacha Guitry, historien de la France, pp. 201- quattro articoli si occupano delle riproposizioni cine- 210), in cui si analizza la portata simbolico-polemica matografiche di opere e personaggi letterari settecente- della rappresentazione della civiltà cortigiana france- schi nel secondo dopoguerra. Ericka Kn u d s o n , in Va- se tratteggiata da Guitry in Si Versailles m’était conté, riations autour du libertinage dans les films de la Nou- lo studio di Christian Bi e t (“Ridicule” ou l’anthropolo- velle Vague: entre “Werther” et “Don Juan” (pp. 31-45), gie du frivole, pp. 211-229) sulle tematiche dell’umi- rimarca la tematizzazione del conflitto tra sentimen- liazione e della maschera in Ridicule di Waterhouse, talismo romantico e dandismo libertino nei film della affrontate attraverso il gioco della contaminazione tra Nouvelle Vague incentrati sulle figure di Don Giovan- citazioni letterarie, ed infine l’articolo di Yves Ci t t o n , ni e di Werther; Michel De l o n , in L’ascenseur, le télé- intitolato Du bon usage de l’anachronisme (“Marie-An- phone et l’amour, ou la modernisation du dix-huitième toinette”, Sophia Coppola et “Gang of Four”) (pp. 231- siècle (pp. 47-56), si sofferma sugli elementi di rilettura 247), dove si rilevano gli effetti interessanti dei deli- del passato in chiave moderna, quali la trasformazione berati anacronismi riscontrabili nel recente film d’am- della lettera in telefono e del punto di vista narrativo bientazione settecentesca di Sophia Coppola. in angolatura della cinepresa, presenti in Les Dames In chiusura di questo ricco e stimolante volume, una du Bois de Boulogne di Bresson, Les Amants di Malle sesta sezione («Lectures actualisantes et création con- e Les Liaisons dangereuses di Vadim; Martial Po i r s o n tinuée») raccoglie le testimonianze dirette dei registi (Le retour du refoulé cinématographique sadien dans Benoît Jacquot (nel testo L’art et la manière du “deve- “Marquis” de Topor et Xhonneux, pp. 57-81) analiz- nir-époque”: propos recueillis par Martial Po i r s o n et za la trasposizione estremamente originale della vita Laurence Sc h i f a n o , pp. 251-261) e Jean-Claude Car- e dell’opera di Sade in un film, il Marquis di Topor e rière (nel testo Les fantômes de la liberté: propos re- Xhonneux, che individua nella lunga solitudine in car- cueillis par Laurence Sc h i f a n o , pp. 263-274), che si cere la scintilla dell’immaginazione creativa del divin esprimono sul loro personale rapporto con il secolo dei marchese. Dorotée Po l a n z , infine, in Sade au prisme Lumi e sulle complesse modalità di interazione tra ci- du cinéma étranger (pp. 83-98), osserva che i migliori nema e storia. film non francesi girati su Sade non sono probabilmen- [m a u r i z i o m e l a i ] te quelli che vogliono ripercorrerne la vita o adattarne le opere, ma quelli che cercano di riprodurre un’atmo- sfera e un paradigma estetico. Locke’s political liberty: readings and misreadings, Nella terza sezione, «En mal de reconstitution», Edited by Christophe Mi q u e u and Mason Ch a m i e , Laurence Sc h i f a n o (L’invention filmique du dix-hui- Oxford, Voltaire Foundation, 2009 (SVEC 2009:04), tième siècle, pp. 101-109) si interroga, a partire da La pp. 229. Nuit de Varennes di Scola, da Casanova di Fellini e da L’Anglaise et le duc di Rohmer, sulla possibilità di far La presente raccolta di studi si prefigge l’obiettivo effettivamente riaffiorare il secolo dei Lumi attraverso di mettere in luce alcuni aspetti inediti della ricezio- strategie di regia portatrici di una storicità ben specifi- ne della filosofia politica di John Locke. Non accon- ca; Gaspard De l o n , in Trompe-l’œil et fausses perspec- tentandosi della visione schematica e semplicistica che tives autour de “Barry Lyndon” (pp. 121-132), rileva le designa Locke come padre del Liberalismo moderno, incongruenze di una ricezione francese troppo socio- il volume intende soffermarsi in particolare sulle mol- logica e rousseauiana del Barry Lyndon di Kubrick; teplici ed eterogenee interpretazioni di cui è stata og- Marie Ma r t i n , in Greenaway avec Starobinski: le dix- getto, nel corso del Settecento ed oltre, la concezione huitième siècle comme espace de résonances imaginaires lockiana della libertà politica. dans “Meurtre dans un jardin anglais” (pp. 133-143), La prima delle due sezioni che compongono il volu- mostra come la perturbazione dell’asse spazio-tempo- me, intitolata «From resistance to toleration», si apre rale sia mobilitata da Greenaway in favore di una rap- con un articolo di Jean Te r r e l , Constituent power and presentazione sensuale e decadente del Settecento. resistance: did Locke have any followers? (pp. 13-33). Nella quarta parte, «En quête de narration», lo Toccando le tematiche cardine della filosofia politica studio di Denis Re y n a u d (Rêves, épisodes, citations lockiana, Terrel rileva che la grande questione dell’in- et autres insertions du dix-huitième siècle au cinéma, stabilità del potere che si nasconde dietro le celebri te- pp. 147-157) passa in rassegna una cinquantina di orie della legge naturale e del patto di associazione alla pellicole ambientate nell’epoca contemporanea in cui base della formazione dello stato civile sembra esser il Settecento si inserisce sotto le forme della citazio- stata trascurata dai seguaci settecenteschi e dagli stu- ne, dello sketch, del viaggio nel tempo, dell’intrusio- diosi moderni del pensiero del filosofo inglese. Lo stu- ne e del meta-racconto; Guy Sp i e l m a n n (L’infilmable dio di Pierre Lu r b e che segue (Political liberty in John dix-huitième siècle de “Tristram Shandy” à “Münchhau- Toland’s “Anglia Libera“, pp. 35-49) mostra la tenden- sen”: adaptation, transposition, inspirations, pp. 159- ziosità della lettura dei trattati politici di Locke pro- 182) analizza le difficoltà del processo traspositivo dal posta da Toland, lettura volta alla giustificazione della linguaggio testuale-romanzesco al linguaggio visivo- Gloriosa Rivoluzione e messa al servizio di un’ideolo- filmico attraverso alcuni esempi di films tratti da ro- gia repubblicana ben poco lockiana. I tre articoli suc- manzi strutturalmente complessi; Zeina Ha k i m (De la cessivi, che completano la prima sezione del volume, transgression narrative à la contamination fictionnelle istituiscono un confronto tra Locke e tre grandi filosofi dans “Jacques le fataliste” de Diderot et dans “La Rose del Settecento, rispettivamente Shaftesbury, Rousseau

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e Voltaire, sul tema fondamentale della tolleranza re- resco di Boiardo che l’A. adatta in prosa mantenen- ligiosa. Mentre l’articolo di Daniel Ca r e y (Two stra- done il sensum ma rendendolo più breve, più chiaro, tegies on toleration: Locke, Shaftesbury and diversity, più “cartesiano”, in ottemperanza al gusto francese. pp. 51-67) indica il concetto di diversità come punto L’introduzione di Giovanni Dotoli e Marcella Leopiz- di convergenza tra il pensiero politico-religioso di Lo- zi presenta le fonti utilizzate e le modifiche apportate cke e quello di Shaftesbury, lo studio di Christopher dall’A. al fine di rispettare la vraisemblance e le bien- Br o o k e «Locke en particulier les a traitées exactement séances – dal punto di vista della lingua, dello stile, dei dans les mêmes principes que moi»: revisiting the rela- comportamenti morali e sociali – così come il gusto e tionship between Locke and Rousseau, pp. 69-82) rileva la realtà d’Oltralpe: com’è il caso per numerosi “adat- l’impronta lockiana delle Lettres écrites de la montagne tamenti” dell’epoca, per Lesage la traduzione, più che di Rousseau. Gerhardt St e n g e r , infine, nell’articolo una resa fedele del testo, costituisce un esercizio di ri- Liberty and toleration: Locke, Voltaire and «laïcité à la appropriazione critica e di riscrittura. Volta ad esplici- française» (pp. 83-94), mostra come Voltaire giunga al tare questo aspetto, la presentazione dei curatori trat- relativismo religioso attraverso l’epistemologia lockia- teggia la storia, le tematiche (i «fatti d’arme e d’amo- na e la sua affermazione dell’impossibilità della cono- re»), i personaggi, l’ambientazione spazio-temporale e scenza umana. la narrazione dell’originale, per meglio evidenziare le Nel saggio The propriety of liberty and the quality of differenze esistenti con la Nouvelle traduction. Basato responsible agency (pp. 97-125), che apre la seconda se- sull’edizione princeps del 1717, il testo è reso, confor- zione della raccolta (intitolata «From propriety to pro- memente ai dettami della collana, con un’ortografia perty»), Duncan Ke ll y prende in esame il significato modernizzata ma nel rispetto della punteggiatura ori- che Locke conferisce al concetto di libertà: negli scritti ginale, ed è completato da un riepilogo delle edizioni del filosofo inglese la libertà, concepita come responsa- francesi dal x v i al x i x secolo e da un apparato di note bilità individuale, non può far sì che l’individuo venga lessicali ed esplicative relative ai personaggi o volte a meno al controllo delle passioni nella sfera privata ed fornire, ove possibile, precisazioni storico-geografiche. alla moderazione dei giudizi nella sfera pubblica. L’ar- Termina il volume una tavola sinottica con le varianti ticolo seguente, di Pierre-Yves Qu i v i g e r (Sieyès as a delle altre edizioni, il riassunto dei capitoli, un indice reader of John Locke: metaphysics, politics and law, pp. dei nomi e dei personaggi e un’accorta bibliografia. 127-142), si sofferma sulle riflessioni di Sieyès, grande ammiratore di Locke, a proposito di alcune delle prin- [p a o l a p e r a z z o l o ] cipali teorie politiche formulate dall’autore dell’Essay concerning human understanding, ed in particolare ri- guardo alle questioni della comunità pre-legale, del- An d r e w Mi c h a e l Ra m s a y , Essais de politique, Édi- la divisione dei poteri, della proprietà come libertà e tion critique par Georges La m o i n e , Paris, Champion, dell’anti-paternalismo. 2009 («L’Age des Lumières», 50), pp. 276. La mancata diffusione delle opere politiche di Lo- cke in Danimarca, tradotte in danese solo a partire Andrew Michael Ramsay (1686-1743), intellettua- dagli anni Novanta del secolo scorso, è oggetto delle le di origine scozzese ma di identità europea e cosmo- riflessioni condotte da JørnS c h ø sl e r nell’articolo inti- polita, è noto in particolare, oltre che come discepo- tolato The reception of Lockes’s political philosophy in lo e biografo di Fénelon, come l’autore dei Voyages de Denmark: an historical approach (pp. 143-163), mentre Cyrus, ou la nouvelle Cyropédie, opera che si ispira di- lo studio di Jean-Fabien Sp i t z (Nozick’s “Locke on pro- rettamente al Télémaque e che si profila come un ma- perty”: an obituary, pp. 189-207) denuncia l’errore in nuale di pedagogia pratica dedicato al principe Carlo cui incorrono tutti quegli interpreti di Locke che, alla Edoardo Stuart, figlio del re inglese Giacomo II esilia- stregua di Nozick, vedono nel filosofo inglese il pala- to nel 1688. Il legame e la fedeltà di Ramsay nei con- dino del diritto incondizionato alla proprietà privata. fronti degli Stuart sono del resto alla base anche degli Jamers Fa r r (Locke, natural law and New World slave- scritti di ispirazione monarchica e cattolica che Geor- ry, pp. 165-188) si sofferma infine su un episodio assai ges Lamoine raccoglie nel presente volume Essais de controverso della vita di John Locke, un episodio che politique, dove si pubblicano, per la prima volta l’uno a rischia di incrinare l’immagine di campione della liber- fianco dell’altra, l’Essai de politique (o Essai I) del 1719 tà comunemente associata al nome del filosofo, ovvero e la riedizione corretta ed ampliata che Ramsay ne pro- l’appoggio che egli accordò alla pratica della schiavitù pose nel 1721 sotto il titolo di Essai philosophique sur le in America. gouvernement civil (o Essai II). Le due edizioni di que- [m a u r i z i o m e l a i ] sto trattato politico costituiscono un’interessante ri- flessione sulla natura, i fondamenti e le prerogative del potere: attraverso un’esposizione teorica supportata Al a i n -Re n é Le s a g e , Nouvelle traduction de Roland da numerosi esempi tratti dalla storia antica e recente, l’Amoureux. Texte établi, introduit et commenté par Ramsay intende dimostrare che la monarchia assoluta Giovanni Do t o l i e Marcella Le o p i z z i , Paris, Cham- è la migliore forma di governo possibile, l’unica che pion, 2009 («Œuvres complètes de Lesage», sous la di- possa garantire pace e stabilità. Polemizzando in par- rection de Christelle Ba h i e r -Po r t e et Pierre Br u n e l , ticolare contro l’idea lockiana che vuole che il potere t. 10), pp. 724. monarchico sia fondato su un contratto sociale rescin- dibile in caso di inadempienza ai doveri da parte del Parte delle Oeuvres complètes di Lesage riedite per sovrano, il filosofo scozzese afferma che l’autorità reale Champion sotto la direzione di Christelle Bahier-Porte non deriva dal basso ma dall’alto, da Dio, ed è di con- e Pierre Brunel, il presente volume costituisce il secon- seguenza indiscutibile ed inattaccabile. In virtù di tale do tomo delle Oeuvres adaptées, cioè le opere riprese o principio, ogni tipo di rivoluzione contro il legittimo “tradotte”, che comprendono L’histoire de Guzman de sovrano è considerato come un attacco contro l’ordine Alfarache e Les nouvelles Aventures de l’admirable Don divino stesso, di cui l’ordine sociale, gerarchicamente Quichotte de la Manche. Diversamente dai testi prece- strutturato, non è che il riflesso e l’emanazione diretta. denti, di ispirazione spagnola, è ora il poema cavalle- L’argomentazione degli Essais si fonda sostanzialmente

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sull’opposizione manichea tra due concezioni inconci- Voltaire si lancia con entusiasmo nell’avventura: non liabili del potere monarchico: quella, ritenuta positiva, solo mette a disposizione della Société una somma pari che fa appello al diritto divino della monarchia ed alla a quella già stanziata per raddoppiare il premio e ren- sua incontestabilità, e quella, condannata come devian- dere perciò il concorso più attraente; non solo sollecita te e socialmente pericolosa, che vincola l’autorità reale i suoi potenti amici – da Federico II di Prussia a Ca- ad una serie di condizioni contrattuali che ne limitano terina II di Russia – a collaborare alla buona riuscita le prerogative. L’obbedienza nei confronti del monar- del premio, ma interviene egli stesso subito dopo con ca, al pari della sottomissione alla volontà divina, è per uno scritto: Le prix de la justice et de l’humanité che Ramsay il sacro principio da cui dipende il benessere vuole essere una sorta di programma, o se si preferi- dello stato: al di fuori di esso non possono esserci che il sce di guida per coloro che intendono partecipare al caos, l’anarchia e la violazione del diritto. concorso; Voltaire ricorda da un lato tutti gli abusi che Questo tipo di riflessione assume una pregnanza se- una legislazione arcaica ha causato nel tempo, dall’al- mantica ed un interesse particolare se la si colloca nel tro indica le riforme che sarebbe necessario introdur- contesto storico da cui trae origine: tra il 1719 ed il re perché la giustizia fosse amministrata in modo da 1721, le due edizioni del trattato politico di Ramsay si essere veramente al servizio dell’umanità e utile alla delineano come un unico pamphlet di ideologia inequi- società. Il momento era, del resto, particolarmente fa- vocabilmente monarchica, teso a dimostrare l’assurdi- vorevole: Robert Gr a n d e r o u t e , che ha curato da par tà della rivoluzione inglese, l’aberrazione dell’usurpa- suo l’edizione critica del testo, ha fatto vedere nell’«In- zione di Cromwell e la necessità – moralmente, social- troduction» come il problema fosse allora molto sen- mente e metafisicamente giustificata – di un ritorno al tito non solo in Francia, dove già molte proposte di trono del legittimo pretendente Stuart esiliato. L’opera riforma avevano visto la luce, ma in tutta l’Europa, e si configura dunque come un tentativo di far compren- quanti scritti fossero già apparsi che invocavano una dere ai contemporanei l’errore della doppia rivoluzio- riforma sentita ormai da più parti come sempre me- ne contro la dinastia degli Stuart e di perorare la causa no dilazionabile. Tutto ciò nulla però toglie al merito della restaurazione giacobita. Bisogna precisare, tutta- della Société économique di Berna e, ancor meno, a via, che all’altezza cronologica della prima pubblica- quello di Voltaire che, nelle sue lettere, tiene alta la ten- zione degli Essais l’argomentazione portata avanti dal sione e suscita l’interesse dei philosophes, di quelli più filosofo scozzese suona probabilmente come anacroni- preparati in materia soprattutto, perché partecipino al stica: a partire dalla decapitazione di Carlo I nel 1649, concorso e rechino generosamente il loro apporto alla l’idea del diritto divino dell’autorità monarchica è pro- battaglia, forse decisiva, che si stava allora combatten- gressivamente tramontata nella coscienza degli Inglesi do; con risultati incoraggianti, occorre dire, non solo a vantaggio di una visione secolarizzata del potere rea- perché al concorso, i cui termini furono spostati di due le, temperato ormai da decenni dall’attività del Parla- anni per consentire una più approfondita riflessione, mento. Gli Essais sono di conseguenza espressione di arrivarono alla fine più di quaranta mémoires, ma an- un’attitudine nostalgica e conservatrice assolutamente che perché suscitò la riflessione, tra gli altri, di Brissot non al passo con i tempi, testimonianza della fedeltà ad una causa ormai irrimediabilmente perduta. Fedel- de Warville che compose in quell’occasione la sua ce- tà che è ben lungi dall’attenuarsi nel corso degli anni: lebre Théorie des lois criminelles e di Marat che redas- la pubblicazione integrale e contemporanea delle due se invece il suo Plan d’une législation criminelle, due edizioni del trattato, consentendoci di seguire l’evolu- opere molto importanti che non ottennero il premio zione del pensiero politico-filosofico di Ramsay, mostra solo perché furono pubblicate prima della scadenza come le sue posizioni si facciano ancora più estreme e del premio che, come abbiamo detto, fu prolungata di reazionarie nel passaggio dall’Essai politique all’Essai due anni; ed anche questo è un segnale dell’importanza philosophique sur le gouvernement civil. Il volume edi- del problema e dell’urgenza con cui una soluzione, che to da Georges Lamoine è dunque l’occasione sia per tenesse conto dei diritti delle persone e del vero bene rivalutare l’opera ed il pensiero di una delle figure più della società, era ormai attesa. eclettiche e controverse dell’Illuminismo europeo che L’altro scritto contenuto in questo volume è il Com- per riflettere sulle ragioni politico-sociali di un’ideolo- mentaire sur l’“Esprit des Lois” de Montesquieu. Al ca- gia regressiva storicamente perdente. polavoro di Mostesquieu Voltaire si era già interessa- to più volte fin dal suo apparire nel 1748: con un at- [m a u r i z i o m e l a i ] teggiamento, a dire il vero, un po’ ambiguo, nel quale l’apprezzamento formale, più volte ripetuto, riusciva sempre meno a celare le perplessità che, con il tem- Vo l t a i r e , Writings of 1777-1778 (I), Oxford, The po, si fecero via via più evidenti. Sheila Ma s o n , che ha Voltaire Foundation, 2008 («Les Œuvres complètes de curato con grande maestria l’edizione critica di questo Voltaire», 80 b), pp. x x i +473. testo, nella sua lunga «Introduction» ha ricostruito be- nissimo questo duplice atteggiamento che, negli anni Questo volume, che presentiamo con un ritardo di che seguirono la scomparsa del grande pensatore, si cui ci scusiamo, contiene due degli ultimi scritti di Vol- fece più libero ed ardito, trovando proprio in questo taire: il Patriarca è ormai vecchio e sempre più malan- Commentaire, composto nel corso del 1777, anche se dato, con momenti di afasia totale, come dicono le te- stampato l’anno dopo, la sua forma più compiuta. Del stimonianze dell’epoca; eppure il suo spirito è sempre resto, quella del rapporto che Voltaire intrattenne con vigile, sempre attento a quanto succede attorno a lui, Montesquieu e la sua opera è una vexata quaestio che sempre teso ad operare per il bene dell’umanità e la li- ha coinvolto la maggior parte degli studiosi che si sono berazione dell’uomo dai vincoli che lo avevano tenuto accostati ai due philosophes e di cui S. Mason ricorda nella soggezione e dagli abusi dai quali era stato trop- molto opportunamente i diversi giudizi, anche alla luce po a lungo condizionato. Quando, all’inizio del 1777, delle posizioni che sull’argomento avevano già preso i legge nella Gazette de Berne che la Société économique contemporanei, sotto la spinta di simpatie o antipatie di quella città intende premiare il saggio che avrà pro- personali, dell’appartenenza a questo o quel gruppo posto le migliori idee per riformare il diritto penale, ideologico e sociale, della maggiore o minore disponi-

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bilità a mettere in discussione la forma di governo al- presso il padre, cattolico, rimasto a Parigi, ma anche di lora imperante. esprimere a “Pimpette” i suoi sentimenti: sentimenti di Per quanto riguarda più specificatamente Voltaire, cui non si sa se ammirare maggiormente l’intensità o il Commentaire, fa notare la curatrice, «gathers togeth- la letterarietà. Come hanno fatto osservare Geneviève er most of the extended criticims on Motentesquieu’s Haroche-Bouzinac e Frédéric Deloffre, lo stile, e forse work that Voltaire had already published. It falls into più ancora i sentimenti espressi da Voltaire richiamano two main sections, the first comprising a catalogue of infatti da vicino lo stile e il tono delle Lettres portugai- quotations accompanied by Voltaire critical commen- ses, all’epoca invero molto note, specie tra i giovani. tary, which largely focuses on distortions, miscontruc- È difficile dire se Voltaire fosse veramente innamorato tions, misquotations and errors of fact occurring in (fino al punto di compromettere la sua carriera e i suoi L’Esprit des Lois. Voltaire here deploys a formula in- rapporti con il padre, che andò su tutte le furie) così termittently used since the Pensées sur Pascal. The sec- come è difficile capire i sentimenti di “Pimpette” di ond section comprises a more substantial discussion of cui si è conservata solo una lettera: quello che si può three salient topics: the influence of climate in relation dire per certo è che quell’esperienza giovanile ha se- to national character; slavery; and origins and fortune gnato profondamente Voltaire che, da allora, prese co- of the French monarchy». Pur riprendendo, come ab- scientemente le distanze dalla passione amorosa, for- biamo detto, molto di quello che aveva già detto nelle se a causa della facilità con la quale Olympe lasciò il opere precedenti, dalle Questions sur l’Encyclopédie, al giovane Arouet al suo destino per consolarsi con un Dictionnaire philosophique, dall’A.B.C. alle Idées répu- altro uomo. blicaines, la lettura di Voltaire appare qui assai più cu- I rapporti di Voltaire con “Pimpette” non si inter- rata e suivie (a segno dell’interesse che Voltaire conti- ruppero però dopo quell’episodio. Anche se le lettere nuò comunque a portare all’opera di Montesquieu), ed che i due si scambiarono non ci sono pervenute, trac- il giudizio complessivamente più favorevole di quan- ce delle relazioni che Voltaire continuò ad intrattenere to non lo fosse stato in passato; tranne su alcuni pun- con Olympe Du Noyer s’incontrano infatti, de temps ti (quelli trattati nella seconda parte) che con gli anni, en temps, nella sua Correspondance; e sono relazioni di nella società francese e negli interessi di Voltaire, ave- profonda amicizia e fiducia; vero è che, nel frattempo, vano assunto un’importanza crescente, ed in qualche e grazie al suo matrimonio con il conte o barone di modo cruciale; e sui quali la riflessione del Patriarca Winterfeld, “Pimpette” era diventata una sia pur lon- si smarca in maniera a volte netta da quella dell’auto- tana parente dell’influente Mme de Pompadour! re dell’Esprit des Lois; non solo, crediamo, per ragio- Le lettere di Voltaire a “Pimpette”, la cui edizione ni legate alla cronologia (i trent’anni che separano il è stata accuratamente predisposta da Jacques Cormier, Commentaire dall’Esprit des Lois non sono pochi) ma dimostrano, ad ogni modo, come alcuni episodi della anche, se non soprattutto, per ragioni legate alla diver- vita del futuro Patriarca di Ferney abbiano esercitato sa estrazione sociale, e quindi culturale; il barone de La sulla sua personalità e quindi sulla sua arte un’influen- Brède per Voltaire è, per certi versi, una persona estra- za assai maggiore di quella che, normalmente, si è por- nea, dalla quale prendere perciò le distanze, in quanto su alcuni dei temi non avrebbe mai potuto trovare con tati ad attribuire loro. La riprova più eclatante viene lui un punto di vero incontro. dal rapporto che Frédéric Deloffre ha recentemente evidenziato tra la genesi di Candide e la relazione che [f r a n c o p i v a ] Voltaire ebbe con Mme Bentinck. [f r a n c o p i v a ] Vo l t a i r e , Les Amours de Pimpette ou Une saison en Hollande. Correspondance de Voltaire avec Olympe du Noyer. établissement du texte, introduction et com- Ja m e s Ha n r a h a n , Voltaire and the Parlements of mentaires de Jacques Co r m i e r , Paris, L’Harmattan, France, Oxford, Voltaire Foundation, 2009 (SVEC 2009, pp. 93. 2009:06), pp. 265.

L’episodio è stato evocato spesso dai biografi di Vol- Les rapports de Voltaire avec les Parlements sont taire, anche se non sempre gli è stata attribuita l’impor- traditionnellement décrits en termes conflictuels: com- tanza che esso era destinato ad avere nella vita dello ment ce grand Philosophe «défenseur des opprimés» scrittore. Bene ha fatto quindi Jacques Cormier a pub- et partisan de la monarchie absolue aurait pu s’accom- blicare le testimonianze che di questo episodio ci sono moder des cours souveraines, usurpant l’autorité roya- rimaste e a tracciarne i contorni più verosimili nell’in- le, exerçant une censure obscurantiste et auteurs – ce troduzione che precede le lettere. Voltaire si innamo- qui plus est – de plusieurs condamnations scandaleu- rò di Catherine-Olympe Du Noyer subito dopo il suo ses? J. Hanrahan se propose de nuancer les affirma- arrivo all’Aia al seguito del marchese di Châteauneuf, tions qu’il juge exagérées au sujet de la haine inexo- l’ambasciatore che la Francia inviò nei Paesi Bassi do- rable que le futur seigneur de Ferney aurait porté aux po che il Trattato di Utrecht, ponendo fine alla guerra parlements dès le début de la carrière du philosophe. di successione spagnola, aveva aperto nuove prospetti- Cela est d’autant plus nécessaire que ses prédéces- ve politiche e soprattutto commerciali con l’Olanda, e seurs – nous dit l’auteur du volume – sont coupables di cui Voltaire era uno dei «secrétaires». La relazione d’avoir considéré – commettant par là un anachronis- fu subito ostacolata sia dalla madre di “Pimpette”, co- me inacceptable – la ferveur anti-parlementaire qui a sciente che la figlia, protestante, non avrebbe mai po- caractérisé Voltaire au tournant des années 1760-70 tuto sposare un cattolico, sia, sopratutto, dall’Amba- comme une sorte de conviction de principe détermi- sciatore cui la relazione di Voltaire con la figlia della nant la réflexion du philosophe tout au long de sa vie. chiacchierata Mme Du Noyer non avrebbe potuto che Seule une étude attentive et surtout contextualisée de nuocere. l’évolution de sa pensée sur les parlements permet- Fu l’inizio di una breve ma intensa corrispondenza tra de dissiper un certain nombre de malentendus. Il durante la quale Voltaire ebbe modo non solo di mette- convient également de distinguer (comme Voltaire l’a re a frutto le sue conoscenze per un ritorno di Olympe fait) entre les diverses fonctions des cours souveraines:

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établissements de justice, autorités de censure, organes Correspondance générale de La Beaumelle (1728- représentatifs d’une politique anti-absolutiste, etc… 1775), t. V (2 mai 1752-14 avril 1753), éditée par Hu- L’ouvrage est composé de trois grandes parties. bert Bo s t , Claude La u r i o l et Hubert An gl i v i e l d e La Après une introduction dans laquelle on peut lire des Be a u m e ll e , avec la collaboration de Patrick An d r i v e t , remarques méthodologiques perspicaces portant sur Claude An t o r e et Claudette Fo r t u n y , Oxford, The la critique que J. Israel a adressée à Baker, Chartier Voltaire Foundation, 2009, pp. XXX+533. et d’autres, nous pouvons commencer la lecture de la première grande unité, qui traite de la période d’avant Quelli coperti dal quinto tomo della Correspondan- l’affaire Calas. Le jeune Voltaire, auteur de la Henriade, ce sono mesi decisivi per la carriera, oltre che per la partage les convictions gallicanes des parlementaires. vita, di La Beaumelle: sono quelli che lo riconducono Les magistrats qui figurent dans ses œuvres littéraires in Francia dopo il fortunato soggiorno in Danimarca e de jeunesse ne reflètent aucun sentiment antiparlemen- quello, più tormentato, in Germania; quelli che fanno taire de la part de leur auteur. Quant aux analyses (très di lui un autore di successo dapprima con la secon- bien documentées et fondées sur les résultats des re- da edizione (profondamente rimaneggiata rispetto al- cherches les plus récentes) portant sur la censure, el- la prima) di Mes Pensées, poi con l’edizione annota- les montrent que les censeurs royaux et papaux ont ta, e pubblicata a Francoforte dall’editore Eslinger, del donné plus de fil à retordre à Voltaire que ne l’ont fait Siècle de Louis XIV che lo definisce nel suo ruolo di ceux des parlements. Au niveau strictement politique, nemico giurato di Voltaire, prima di trasformarlo nel les conflits entre la couronne et les parlements au sujet fortunato, anche se per molti versi inatteso, biografo di de la bulle Unigenitus n’intéressaient pas outre mesure Mme de Maintenon e nell’editore delle sue lettere. le philosophe, au moins jusqu’au moment de l’atten- La scarsità e la frammentarietà dei documenti ren- tat de Damiens. Certes, l’opposition tenace des parle- de la ricostruzione di questi mesi abbastanza diffici- ments aux tentatives de réforme fiscale de la couronne le: non sappiamo per esempio quali difficoltà Voltaire n’était pas de nature à lui plaire, mais il faut aussi noter abbia procurato a La Beaumelle a Francoforte, fino a que tout au long de cette période, Voltaire entretenait costringerlo a lasciare la città; in quali circostanze egli des relations amicales avec plusieurs magistrats provin- abbia conosciuto la misteriosa baronessa di Norberk, ciaux, afin de pouvoir jouir en tranquillité de son statut né per quali motivi questa donna si sia poi trasferita a de seigneur de Ferney. Parigi; cosa sia successo nelle tre settimane che segui- La deuxième partie est consacrée à la présenta- rono la partenza da Francoforte, né in seguito a quali tion des causes célèbres (les affaires Calas, Sirven et circostanze o grazie a quali conoscenze La Beaumelle La Barre) des années 1760, ou plutôt à leur rôle dans abbia potuto trovare, nei primi difficili mesi del suo l’évolution des idées de Voltaire sur les parlements. soggiorno parigino, ospitalità nella Maison royale de L’auteur note que la bête noire de Voltaire dans les tex- Saint-Cyr, le cui dames si trasformarono nelle più ze- tes et dans sa correspondance produits à l’occasion de lanti collaboratrici del biografo, notoriamente prote- ces jugements scandaleux n’était pas tel ou tel parle- ment, ni d’ailleurs l’institution en général, mais plutôt stante, della loro fondatrice. Anche il grande successo une notion abstraite et idéologique: le fanatisme. Tan- incontrato dalla Vie di Madame de Maintenon e dai dis que la plupart des commentateurs ont cru voir un due volumi delle Lettres resta, in buona parte, avvolto lien étroit entre ces causes célèbres et la préparation nel mistero. Le lettere contenute in questo volume aiu- de l’Histoire du Parlement de Paris (un ouvrage très tano tuttavia a ricostruire, almeno in parte, le comples- critique à l’égard des aspirations politiques des cours se vicende legate alla composizione, alla stampa ed alla souveraines et des conceptions historiques qui les sous- distribuzione di queste opere; così come aiutano a farci tendent), l’auteur est plutôt d’avis que la raison d’avoir capire come La Beaumelle sia riuscito, nei primi mesi écrit un tel ouvrage doit être recherchée dans l’inté- del suo soggiorno parigino, a riallacciare rapporti che rêt accru en France pour l’histoire nationale récente. la lontananza aveva allentato, o a stringere nuove ami- L’étude de l’argumentation de Voltaire dans l’ouvrage cizie, in particolare nell’ambiente che prenderà pro- en question amène l’auteur à questionner la dichoto- gressivamente le distanze da quel mondo che si defi- mie commode qui consiste à opposer Voltaire aux par- nisce sempre meglio nella sua volontà di contestazione lements parce que le premier aurait été un fervent par- dell’ordine costituito, e di cui Voltaire, agli occhi di La tisan de l’absolutisme de Louis XV. Beaumelle ma non solo, appare il rappresentante più La troisième partie commence par une comparaison in vista e pericoloso. Sono molte anche le lettere degli systématique entre l’Histoire du Parlement de Paris et amici che La Beaumelle ha lasciato a Berlino (partico- le Précis du siècle de Louis XV. Les inconséquences et larmente interessanti quelle della contessa Bentinck), les contradictions relevées dans les deux ouvrages de- o in Danimarca, dove non dispera di tornare. La par- mandent une explication: lequel des deux ouvrages re- te più interessante di questo volume riguarda tuttavia flète le véritable point de vue de leur auteur sur l’his- il lavoro di raccolta dei documenti relativi alla vita di toire récente de la monarchie française? Le chapitre Mme de Maintenon: sono molte infatti le lettere che re- terminal analyse les réactions de Voltaire à la réforme cano traccia della tenacia con la quale La Beaumelle ha Maupeou de 1771. L’auteur montre que le soutien que cercato di rintracciare questi documenti dalle persone Voltaire accorde au chancelier ne s’explique pas uni- e nei luoghi più disparati; a segno (malgrado lo scetti- quement par ses convictions de partisan d’un «abso- cismo di Louis Racine) della serietà con la quale egli si lutisme éclairé», au contraire, un certain nombre de dedicò alla ricostruzione della vicenda umana di que- considérations pratiques (notamment ses intérêts d’af- sto straordinario personaggio, dal quale La Beaumelle faires et ses idées humanitaristes) ont également influé è rimasto letteralmente affascinato. sur ses prises de position – ce qui peut être lu comme L’annotazione, come al solito accurata anche se sin- la conclusion de cet excellent ouvrage, très critique à tetica, consente al lettore di orientarsi meglio in un l’égard des interprétations «absolutistes» de la mo- mondo, come quello con il quale è in contatto La Beau- narchie des Lumières. melle, fatto spesso di persone poco note a quanti si oc- [p e t e r b a l á z s ] cupano normalmente di letteratura. Altrettanto utili sono, a questo riguardo, gli indici finali, che comple-

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tano degnamente un lavoro editoriale condotto con poco conosciuto e sinora messo da parte dagli stessi grande cura ed encomiabile solerzia. biografi e commentatori dell’opera di Mirabeau. [f r a n c o p i v a ] La presente edizione critica di Jean-Pierre Dubost, oltre ad avere il merito di catalogare per la prima volta tutte le correzioni e le varianti testuali d’autore pre- Mi r a b e a u , Erotika Biblion, édition critique avec in- senti nel manoscritto originale, ha il pregio di ripor- troduction, notes et variantes par Jean-Pierre Du b o s t , tare in appendice un capitolo inedito dell’opera, inti- Paris, Champion, 2009 («Libre pensée et littérature tolato «Zonáh», che si inserisce, per il suo contenuto, clandestine», 36), pp. 186. nella tradizione degli aneddoti su cortigiane della sto- ria antica. Un ricco apparato di note, necessario alla Testo minore e troppo spesso sottovalutato di Mi- comprensione di un testo così erudito e complesso, fa- rabeau, Erotika Biblion è un breve trattato sulla ses- cilita inoltre la fruizione dell’opera e la rende poten- sualità che si inserisce nella tradizione delle opere li- zialmente accessibile ad un pubblico non soltanto di bertine del Settecento francese. Il titolo greco – tra- specialisti. ducibile in Dell’erotismo nei libri – così come i titoli [m a u r i z i o m e l a i ] dei singoli capitoli che lo compongono – titoli gre- cizzanti quali «La tropoïde» e «L’Anandryne» o in lingua ebraica come «L’Ischia», «Kadesch» e «Behe- Sa r a h Di Be ll a , L’expérience théâtrale dans l’œuvre mah» – rivelano il carattere erudito e l’impostazione théorique de Luigi Riccoboni. Contribution à l’histoire e scientifico-enciclopedica del volume. È nel corso del- du théâtre au x v i i i siècle. Suivie de la traduction et l’édi- la sua prigionia presso il castello di Vincennes, negli tion critique de «Dell’Arte rappresentativa» de Luigi anni 1777-1780, che Mirabeau, come Sade, dà sfogo Riccoboni, Paris, Champion, 2009 («Les Dix-huitièmes alla sua ispirazione erotico-libertina; se il marchese, siècles», 122), pp. 590. tuttavia, unisce la finzione romanzesca alla trattatisti- ca erudita nella Philosophie dans le boudoir, il conte Lavoro di ampio respiro questo di Sarah Di Bella. preferisce separare i due generi, componendo da una Costruito su materiale di prima mano con cura me- parte Ma conversion ou le libertin de qualité, dall’altra ticolosa e una conoscenza approfondita del pensie- Erotika Biblion. Questa seconda opera si inscrive per- ro e dell’opera di Luigi Riccoboni, direi quasi “mon- fettamente nel contesto letterario della seconda metà tato pezzo per pezzo”, seguendo un filo conduttore, del Settecento per numerose ragioni: per la sua natu- che è poi la tesi dell’Autrice: la storia del teatro, per ra enciclopedica, per la critica velata che essa rivolge Luigi Riccoboni, è fondamentalmente una storia del- alle istituzioni politiche ed ecclesiastiche dell’epoca, la pratiche teatrali, delle tecniche di produzione, del- per la sua varietà di tono – continuamente oscillante le relazioni tra il potere e il pubblico, in ultima anali- tra il serio ed il faceto – ed infine per la sua struttura si dell’esperienza. Infatti, sostiene Christian Biet nella composita, apparentemente priva di coesione. Il vo- sua prefazione al volume, l’elemento fondamentale di lume si presenta infatti, almeno ad una prima lettura, questo saggio è la riflessione sul concetto di esperien- come un inventario dei comportamenti e dei costumi za, sui rapporti tra teoria e pratica teatrale e sulla loro sessuali più bizzarri che hanno caratterizzato la civiltà applicazione a teatro. Nessuno, sostiene ancora Biet, ebraica e quella greco-romana, inventario che si profi- aveva finora pensato che Luigi Riccoboni, conosciuto la, più in generale, come un quadro emblematico delle soprattutto per il suo modo di rappresentare la «co- aberrazioni della sessualità umana. Attraverso questa médie italienne», avesse invece riflettuto profonda- documentazione eterogenea, tuttavia, emerge chiara- mente sui generi e sulle pratiche del teatro settecen- mente un disegno unitario, ovvero quello di formulare tesco. Nessuno avrebbe poi supposto che la sua rifles- una moderna teoria erotica e soprattutto etica, basa- sione teorica fosse direttamente dipendente dalla sua ta sul principio fondante del godimento e del piacere lunga esperienza teatrale in Italia e in Francia. Sarah Di sensuale. Immaginando un Eden erotico primordiale, Bella, nella prima parte del suo saggio, studia l’evolu- in cui tutti gli esseri viventi comunicavano tra loro sol- zione della nozione di esperienza in seno alla scrittura tanto per vie fisiche, senza dover ricorrere all’uso del storica di Riccoboni, a partire dalla Histoire du Théâtre linguaggio, Mirabeau interpreta l’aberrazione sessua- italien (1728), fino alle Réflexions historiques et criti- le come una conseguenza nefasta del progressivo al- ques sur les différents théâtres de l’Europe (1738). Ope- lontanamento umano dalla legge naturale della gioia re di primario interesse perché, come dice l’A., Ricco- dei sensi. Bersagli privilegiati della riflessione sotte- boni inventa qui un nuovo genere di scrittura; infatti sa all’opera sono la visione tragica dell’esistenza ed il l’Histoire può essere considerata il primo testo di storia moralismo di una cultura religiosa che contrastano in del teatro e le Réflexions possono essere viste come la modo innaturale l’affermazione di un’etica edonistica. prima storia comparata del teatro europeo. La pratica, Alla base della morale libertina che emerge dal tratta- l’esperienza teatrale, è contemporaneamente l’oggetto to sono evidenti l’impronta dell’empirismo radicale di dell’Histoire e la fonte di ogni conoscenza storica di Mirabeau, la sua fiducia incondizionata nei sensi uma- Riccoboni, intesa come prodotto della memoria collet- ni, ed ancora quel culto della volontà e dell’energia tiva scritta e orale delle compagnie dell’Arte. Con le che contraddistinguerà la sua attività politica. Non bi- Réflexions (1738), la nozione di esperienza, dice Sarah sogna del resto sottovalutare le implicazioni politiche Di Bella, acquista una valenza metodologica. L’attenta dell’epicureismo e dell’edonismo proposti dall’Eroti- lettura del testo, infatti, mette in luce la fondamenta- ka Biblion: l’utopia del ritorno all’Eden erotico delle le differenza tra esperienza occasionale da una parte, origini si delinea come la raffigurazione allegorica di ed esperienza metodica dall’altra. Ed è proprio questo una società repubblicana ideale, in cui la libertà e la secondo tipo di esperienza che consente di verificare i felicità individuali coincidano con un’armonia collet- dati stabiliti dagli “uomini di lettere”, dai teorici, e di tiva data dal ritrovato connubio tra sensi e spirito. È diventare così un efficacissimo mezzo investigativo per sulla base di questa possibile surdeterminazione poli- aprire nuove strade alla ricerca storica. Così, se nell’Hi- tico-ideologica del discorso erotico che si presenta la stoire Riccoboni dava conto di una pratica teatrale che necessità, oggi, di riscoprire e rivalutare questo testo lui stesso aveva conosciuto ed esercitato, nelle Réflex-

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ions crea una vera teoria del professionismo teatrale. del teatro (immaginato come una cittadella del bello, A questo punto Riccoboni pone le basi per un’idea di dell’utile e del buono) tutto dovrà concorrere alla crea- teatro che travalica le singole nazioni e che, all’insegna zione di un teatro liberato dai fannulloni e dai libertini, del bello e dell’utile, fa del “professionismo” uno de- con grandi spazi per gli apprendisti attori, controllato gli elementi fondamentali della sua Riforma. Un teatro e presieduto dal Sovrano, in cui attori preparati, onesti per professionisti e di professionisti, sostenuto dai Go- e moralmente irreprensibili rappresentino pièces bel- verni perché possa dar vita a buone produzioni, con- le, ben costruite perché il pubblico sia educato al bel- trollato e regolamentato perché siano evitati tutti gli lo, all’utile e al sociale. Voltaire, La Harpe e molti altri eccessi. Insomma, secondo Sarah Di Bella, ci sono tutti faranno propria questa idea di teatro. Con altri scopi gli elementi per pensare a un teatro di Stato, utile ai educativi lo farà anche la Rivoluzione francese e, da cittadini quanto ai Sovrani: da una parte per scongiu- noi, lo stesso Alfieri non sognerà poi una funzione tan- rare le tirannie, dall’altra per ottenere legittimazione e to diversa per il teatro nostrano riformato, quando vor- proteggerlo dalle concorrenze selvagge. Nella seconda rà con le sue tragedie educare al senso civico gli Italiani parte, l’A. analizza il trattato Dell’Arte rappresentati- asserviti allo straniero. va del 1728, mentre nella terza parte presenta la storia [c l a u d i o v i n t i ] della nozione di esperienza nella teoria teatrale. In alle- gato al volume, Sarah Di Bella propone il testo Dell’Ar- te Rappresentativa e una traduzione in francese dello Mi c h e l Le Gu e r n , Nicolas Beauzée, grammairien stesso testo. philosophe, Paris, Champion, 2009 («Les Dix-huitiè- Dopo la monumentale opera di Xavier De Courville mes siècles», 131), pp. 200. sembrava difficile poter dire qualcosa di nuovo su Lui- gi Riccoboni. Sarah Di Bella dimostra il contrario con Après avoir esquissé une courte biographie et rap- questo saggio. Vi riesce brillantemente studiando più pelé les principes généraux qui ont guidé Nicolas approfonditamente i rapporti tra Riccoboni e il con- Beauzée dans l’accomplissement de son œuvre, Michel testo teorico della riforma del teatro italiano. Ma l’A. Le Guern suit l’évolution de la pensée de ce «grammai- analizza anche le riflessioni sull’arte dell’attore tra Sei- rien philosophe» depuis les articles rédigés pour l’En- cento e Settecento sia in Italia, sia in Francia; studia cyclopédie jusqu’aux trois volumes de l’Encyclopédie il corpus teorico delle opere di Riccoboni, affronta il méthodique, en passant bien entendu par cet ouvrage problema dell’esperienza vissuta, sia pratica, sia teori- savant et consciencieux, mais d’une métaphysique obs- ca, in funzione dei problemi sollevati nel Settecento da cure, qu’est la Grammaire générale, ou Exposition rai- questa stessa nozione. Il risultato è un Luigi Riccoboni sonnée des éléments nécessaires du langage, pour servir teorizzatore dell’esperienza e della professionalità tea- de fondement à l’étude de toutes les langues, publiée trale, creatore, per il teatro, di un quadro disciplinare en 1767, ouvrage essentiel de celui en qui les spécialis- in un momento epocale di profonda riforma. In un se- tes ont tendance à voir avant tout un continuateur de colo in cui il teatro occupava un ruolo di primissimo Du Marsais. Les commentaires savants de Michel Le piano, Riccoboni, dice Sarah Di Bella, è riuscito a crea- Guern ponctuent ici les étapes d’une progression où la re una filosofia pratica, una proposta estetica, politica e sémantique, la syntaxe et la rhétorique alternent avec sociale per il teatro. La sua riforma, profonda e artico- les innovations terminologiques et les préoccupations lata, prende corpo grazie alla sua esperienza di attore e pédagogiques. ad una riflessione globale sul teatro antico e moderno, Se plaçant dans la lignée de Port-Royal, Beauzée in tutte le sue forme. Una riforma che coinvolge ogni considère que la pensée est une activité cognitive indé- aspetto: dallo spettacolo al repertorio, dal controllo pendante de la langue, tout en admettant que la langue del teatro alla censura, fino alla stessa architettura del- est l’un des modes d’expression favoris de la pensée. lo stabile. E poiché il teatro non potrà mai adeguar- «L’art grammatical est postérieur aux langues – affir- si completamente alle esigenze della morale, invece di me-t-il – et relève de la culture et non pas de la na- vietare gli spettacoli (cosa praticamente impossibile) ture». Dans cette perspective, l’objet de la grammaire conviene controllarli, perché possano avere una fun- est l’étude des modalités qui permettent «l’énonciation zione sociale. Per Riccoboni, il principio stesso dell’ar- de la pensée par le secours de la parole prononcée ou te teatrale è composto dal connubio inscindibile di tra- écrite». dizione estetica e necessità economica, rappresentata Les théories linguistiques de Beauzée n’échappent magnificamente sul palcoscenico dagli interpreti del- pas aux systèmes philosophiques du Siècle des lumiè- la Commedia dell’Arte. La svolta fondamentale nella res qui, au contraire, les sous-tendent. Sans doute est- vita di Riccoboni avverrà proprio in Francia, quando ce aussi pour cette raison que chez Beauzée on trouve nella sua riflessione di attore, autore, produttore tea- la synthèse la plus achevée et la somme la plus com- trale si impone il concetto di tradizione intesa come plète des acquis des diverses grammaires générales “prodotto collettivo delle compagnie dell’Arte”. Na- de son temps, qui ont pour objet la détermination de sce così un’idea di teatro rivoluzionaria: il “bello utile”. principes immuables (valables pour toutes les langues Un’idea cui si giunge attraverso l’esperienza teatrale e du monde, de tout temps et en tout lieu) alors que la cui tutti sono chiamati a contribuire: attori, compa- grammaire particulière, elle, s’appuie sur des conven- gnie, capocomici, produttori, Governi, Stati. Una pra- tions qui changent d’une langue à l’autre. tica sociale dalla quale dovranno scaturire un’estetica e L’étude de Michel Le Guern s’achève sur une an- una morale. Ma come giungere al bello utile a teatro? nexe où il est question des lectures grammaticales et Come coniugare bellezza, utilità e funzione sociale nel rhétoriques de Beauzée, suivie des œuvres du gram- teatro? Riccoboni è perfettamente conscio della diffi- mairien, d’une liste de travaux récents et d’un très utile coltà di questa impresa, forse anche della sua utopia. index des noms. De l’aveu de l’auteur, cet essai n’est Tuttavia non demorderà mai dal perseguire questo sco- pas une étude complète des réflexions de Beauzée sur po. Teorizzerà una riforma globale che attraverso il te- le langage. Toujours est-il que l’ampleur­ de la recher- atro permetta di formare dei buoni cittadini: dal testo che, la nouveauté des points de vue et l’importance de alla scenografia, dalla recitazione al comportamento e la documen­ta­tion réunie font de cette évocation­ une e alla preparazione dell’attore, fino alla stessa struttura illustration de la pensée linguistique du x v i i i en gé-

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néral, et servent à montrer, par la mise en évidence de prédécesseurs, la complexité des débats qui traversent l’originalité d’un logicien vigoureux qui a fait avancer cette période de l’histoire des idées. la science grammaticale en donnant sur les questions importantes des vues meilleures et plus saines que ses [p i e r l u i g i l i g a s ]

Ottocento a) dal 1800 al 1850 a cura di Annarosa Poli e Lise Sabourin

Vé r o n i q u e Ma g r i -Mo u r g u e s , Le Voyage à pas panoptique, à l’exhaustivité (mais avait-on vraiment e comptés. Pour une poétique du voyage au ­x i x siècle, Pa- besoin ici de la textométrie?). «L’orientation lyrique» ris, Champion, «Lettres numériques», 2009, pp. 184. est la deuxième caractéristique fondamentale du gen- re: en effet le «je» du récit de voyage, central, comme Issu d’une thèse d’habilitation à diriger les recher- le rappelle après bien d’autres V. Magri-Mourgues, ne ches en langue et stylistique françaises, l’ouvrage de Vé- se réfère pas seulement au cas isolé de l’écrivain-voya- ronique Magri-Mourgues se présente comme une ana- geur; à maintes reprises, ce «je concret» vise à l’exem- lyse linguistique et «textométrique» du récit de voyage plarité, «se dilue dans le nous ou le on»: «[le je] se dis- e au ­x i x siècle. L’auteur a mené ses recherches dans un sout dans l’intemporalité du présent», ajoute l’auteur, laboratoire CNRS, «Bases, corpus et langage», installé «pour laisser place à l’expression d’une voix qui se à l’Université Sophia-Antipolis de Nice. Son objectif fait l’écho d’une expérience universelle» (p. 122-123). est de définir une poétique, voire une «grammaire» du L’analyse informatique invite aussi à d’autres constats, récit de voyage, à partir de l’analyse statistique de don- comme l’importance des périodes oratoires chez La- nées textuelles, effectuée grâce au logiciel Hyperbase martine (p. 130), qui contraste avec la relative pauvre- (cf. p. 20). Le présent ouvrage s’adresse donc en prio- té de son vocabulaire, la variété et la richesse lexica- rité aux spécialistes de linguistique et de stylistique, les d’un Chateaubriand, visibles dans l’abondance des initiés au vocabulaire propre à ces sciences («corpus «hapax» (p. 133 s.), ou encore les différents emplois lemmatisé», «tissage trans-phrastique», «collations de de l’interjection «ô» chez Nerval, qui montrent à quel lexèmes», «bivocalité»…), et à ceux qu’intéressent les point son récit de voyage joue sur les ruptures de ton, études quantitatives. La bibliographie de fin de volume passant du lyrisme au burlesque (p. 92 s.). ne mentionne d’ailleurs aucun ouvrage critique spéci- Dernière caractéristique du récit de voyage, certai- fiquement consacré à tel ou tel «écrivain-voyageur» du nement la plus importante, et qui intéressera aussi les e x­ i x siècle: il s’agit d’ouvrages et d’articles traitant de «littéraires»: la «dynamique performative», que V. Ma- «fictionnalité» (sic), de statistique textuelle, de linguis- gri-Mourgues met en lumière à partir d’une étude des tique, de stylistique… V. Magri-Mourgues s’inscrit démonstratifs. Dans ces récits en effet, le «geste des- dans le sillage de Pierre Guiraud et d’Étienne Brunet. criptif» n’a pas pour seule fonction de désigner, de rap- Les premières pages du livre exposent la méthode porter. C’est un geste éminemment créateur: «un glis- et définissent le corpus, qui embrasse presque tout le sement» très net s’opère «du constatif au performatif» siècle, de Chateaubriand (Itinéraire de Paris à Jérusa- (p. 156), comme le montre l’ancienne figure rhétorique lem) à Loti (Japoneries d’automne, 1889), en passant de l’hypotypose (ibid.). Il s’agit bien pour l’écrivain de par des noms très connus (Stendhal, Lamartine, Hugo, «créer un monde» (p. 157 s.). Il est dommage, de ce Sand, Nerval, Gautier, Flaubert…). V. Magri-Mour- point de vue, que les analyses sur la métaphore n’aient gues a pris le parti original de faire travailler l’ordi- pu être davantage développées (p. 159). Apparemment nateur non sur un, mais sur deux textes d’un même les logiciels ne sont pas assez performants encore pour auteur: le récit de voyage de tel ou tel écrivain est ainsi les «traiter» avec la pertinence nécessaire (ibid.). confronté, linguistiquement parlant, à un autre de ses On l’aura compris, l’ouvrage de V. Magri-Mourgues textes, choisi pour son caractère narratif (par exemple, ne trouvera aucune grâce auprès de ceux que révulsent Un Hiver à Majorque et La Petite Fadette), l’idée étant les études quantitatives. Que reste-t-il de nos augus- de dégager, par comparaison, les spécificités du récit tes prosateurs, Chateaubriand, Lamartine, Hugo, Loti, de voyage. Les principes d’écriture de ce type d’œuvre une fois leur récit passé à la moulinette de la textomé- e sont définis méthodiquement, chacun des chapitres se trie? Le récit de voyage au x­ i x siècle n’est-il qu’agence- focalisant ensuite sur un auteur particulier, examiné à ment de faits de langue? Où sont exactement la beauté chaque fois «de plus près», comme le dit l’auteur lui- de ces textes, les valeurs qu’ils véhiculent? Que nous même. disent-ils sur le domaine humain? Les linguistes et sty- Munie de son ordinateur, chiffres, pourcentages et listiciens auront bien entendu un tout autre regard sur graphiques à l’appui, V. Magri-Mourgues parvient à ce livre de qualité, impeccablement présenté et mené e des conclusions éclairantes. Le récit de voyage au ­x i x avec la plus grande rigueur scientifique. Ils apprécie- siècle lui apparaît d’abord comme un «genre substan- ront en particulier l’heureux va-et-vient entre les mises tif» (p. 168): les noms communs y abondent, preuve au point théoriques sur des notions grammaticales im- s’il en est que le genre viatique s’ancre dans un univers portantes (qui aideront notamment les étudiants) et de spatial concret (p. 64 s.). L’auteur saisit cette occasion très fines analyses de détail. pour analyser de près les stratégies descriptives d’un [n i c o l a s c o u r t i n a t ] Hugo qui, dans une œuvre comme Le Rhin, tend au

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AA. VV., Imaginaire et représentation des entrées ro- situazione psicologica quanto mai precaria. Al punto e yales au x­ i x siècle: une sémiologie du pouvoir politique, che due avvenimenti, pur distanti nel tempo nelle lo- sous la direction de Corinne et Éric Pe r r i n -Sa m i n a d a - ro falsate scenografie, fanno da propulsore al popolo y a r , P. U. de Saint-Étienne, «Mémoires du Centre Jean «qui, dans son enthousiasme, a transformé ces deux Palerne», 2006, pp. 286, ill. retours en entrées triomphales» (p. 82), come scrive ­Jean-Marie Ro u l i n in Le retour des Cendres de Napo- Come ben sottolinea, nella «Présentation» di que- léon: une cérémonie palimpseste (pp. 83-105), che chiu- sto interessante e denso volume, Corinne Saminada- de la prima parte del volume. L’apoteosi dei funerali yar-Perrin (pp. 7-16), la cerimonia ha avuto nella vita imperiali, il 15 dicembre 1840, fu seguita da un mare della corte francese una parte predominante. Per molti di folla: «dans le public présent tout le gotha politi- secoli la monarchia aveva celebrato nascite reali, batte- que mais aussi littéraire et artistique» (p. 91). Come simi, matrimoni con solenni processioni e rituali; spe- non ricordare le pagine dedicate da Victor Hugo che ciali cerimonie erano riservate ad incoronazioni, entra- in Choses vues narra dettagliatamente le varie fasi della te reali, consacrazioni ed atti del re: durante l’epoca cerimonia funebre? Il grande scrittore non manca di dei Valois e i regni di Henri IV e Lous XIII, vittorie sottolineare la caducità dell’evento non solo nelle uni- militari, conclusioni di trattati di pace e visite d’am- formi lise dei reduci bensì nelle scenografie di gesso e basciatori stranieri furono l’occasione per elaborare di cartone dei simboli, rivisitazione di un passato che cerimonie e celebrazioni, seppur solo con Louis XIV non ritorna, linea di demarcazione tra una grandeur as- la grande tradizione della cerimonia reale raggiunga il sopita e un abbozzo di veridicità. vero apogeo. La seconda parte del volume, «Problématiser L’affermazione nel 1814 sul trono della Francia re- l’entrée royale: historiographie et représentations» staurata di un re di dinastia borbonica – nella figura (pp. 107-90) si propone di analizzare il riflesso delle di un «podagre et goutteux» –, Louis XVIII prima e entrées nei reportages degli storici dell’epoca: Paula Charles X poi, necessitava più che mai di uno sfoggio Pe t i t i e r in Les Entrées royales dans l’“Histoire de Fran- di potenza e di grandiosità, come scrive nell’articolo ce” de Michelet, l’anamorphose redressée (pp. 109-120), (che apre la prima parte del volume, «Ressusciter l’en- evidenziando che l’entrée è da vedersi quale «élément trée royale: pratiques et ambiguïtés», pp. 17-105) dal central de la fondation symbolique du pouvoir royal» titolo Dans les pas d’Henri IV. La Restauration à Pa- (p. 109), ne ripercorre la storia con una serie di cam- ris, Lyon et Amiens, 1814-1827 (pp. 19-36), Yann Li- pionature tratte dall’opera di Michelet ed esalta quan- g n e r e u x , altresì avvalorato dalla grande popolarità alla to lo scrittore preferisca il cerimoniale delle «entrées quale assurge nel periodo 1810-30 il grande re Hen- martiales, qui ont lieu après un siège ou une batail- ri IV. Il recente, che manca di ruoli di spicco, ritorna le», che immortaraloro le grandi imprese della storia all’antico, alla tradizione per rafforzare una monarchia di Francia. Franck La u r e n t , nel suo intervento dal ti- traballante che, nel tentativo di stupire ed imporsi al tolo Le Roi, l’Empereur, la Ville. Variations sur l’En- popolo, produce su modelli del passato cerimoniali fa- trée royale dans l’œuvre poétique de Victor Hugo sous stosi che sanno di ricostruito e di rifatto. Segue il lavo- la Restauration et la monarchie de Juillet (pp. 141-160), ro di Olivier Ba r a , Dramaturgies de la souveraineté: en- presenta Hugo come lo spettatore indomito della sua trées royales et pièces de circonstance sous la Restaura- epoca e promotore dello spirito francese, un autore tion (pp. 41-60) che subito sottolinea quanto «théâtre che riporta nell’opera in versi e in prosa «la grandeur et théâtralité accompagnent la Restauration, depuis les supposée de l’événement»; solo raramente si percepi- deux rentrées à Paris de Louis XVIII, en 1814 et en sce il senso puramente celebrativo di scritti d’occasio- 1815, jusqu’à l’affrontement du régime» (p. 41). Ba- ne, seppur Hugo rievochi i grandi momenti della storia ra presenta inoltre «une petite chronique théâtrale» francese, che talvolta celano il dolore di un passato or- dell’epoca, con una rigorosa presentazione di spetta- mai lontano, contrapposto ad un presente che non lo coli e allestimenti, vere e proprie pièces de circonstance soddisfa e lo avvilisce. L’esercizio della satira, durante che da vicino accompagnano ogni avvenimento e ogni il regno di Louis-Philippe, venne ad iscriversi in mo- fase della Restaurazione legittimista, con una campio- do netto nella tradizione giornalistica. È quanto rileva natura che ben evidenzia l’importanza data dai monar- Nathalie Pr e i ss in “L’ai-je bien descendu?”: des entrées chi a quelle manifestazioni che attraggono gli sguardi. royales aux entrées caricaturales sous la monarchie de In particolar modo Alban Ra m a u t in De quelques ava- Juillet (pp. 161-177), articolo arricchito da un corpo- tars de l’entrée royale dans l’imaginaire des musiciens au so apparato iconografico; in effetti, sostiene Preiss, si temps de la Restauration: la “Marche de la Communion” assiste all’epoca ad una congrua nascita di giornali sa- du sacre de Charles X (pp. 61-82) indaga, prendendo tirici da «La Caricature» al più noto «Charivari», cui spunto dall’incoronazione del re, avvenuta il 24 mag- collaborarono molti intellettuali tra cui Gautier, dove gio 1825, sulla forza del cerimoniale, in nome di un la «raillerie […] prend notamment la forme d’une pa- trionfo dell’estetica che mira ad allentare la gravità del- rodie de la cérémonie de l’entrée royale mais une paro- la situazione presente, con il ritorno a motivi religiosi, die à comprendre comme un véritable déni de l’entrée monarchici, assolutistici e misticheggianti; pur tutta- royale» (pp. 161-162). via il misticismo non è all’insegna del vero, non si ba- La terza parte del volume, «Réfléchir l’entrée roya- sa su un sentimento religioso ma religioso-artistico, nel le: la critique par la fiction» (pp. 191-283) è introdotta segno della religione del Bello, la cui ricerca domina da un lungo articolo dello stendhaliano Xavier Bo u - fortemente la prima metà del secolo. «Mais qu’est-ce r d e n e t dal titolo De Grenoble à Verrières: entrées im- d’autre que “restaurer” sinon vouloir rétablir l’esprit périales et royales stendhaliennes (pp. 193-212). Il tipo récusé, le réparer au risque de considérer qu’il n’est d’operazione del critico mira ad evidenziare in sintesi plus possible en soi, à moins d’introduire une part de la concezione di Stendhal sulla funzione di questo ti- double sens aux fonctions morales des lois réinstal- po di cerimoniali e sul loro iscriversi nelle menti del lées?» (p. 67). Il senso di frustrazione sorto alla caduta popolo. Il primo esempio sono le pagine della Vie de di Napoleone, che si combina con gli smarrimenti del- Napoléon, dedicate al rientro dall’Elba e all’ingresso le speranze e delle certezze del Settecento, sfumate col di Napoleone a Grenoble, sulla via di Parigi: «l’empe- rinascere dell’Ancien Régime, lascia la Francia in una reur – scrive il critico – débarqué de l’île d’Elbe à Gol-

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fe-Juan s’apprête, dans sa remontée vers Paris, à (re) espressività, a oggetto di appartenenza. La copertina conquérir la ville de Grenoble par les armes» (p. 195), gli conferisce il volto: essa stessa è letteratura. Ancor un fatto che senza dubbio alcuno avrà ad ispirare quel- più ciò è reperibile dall’iconografia all’interno del vo- le pagine sorprendenti del Rouge et Noir e precisamen- lume, sorprendente rivelazione, posizionata qua e là tra te il cap. I, 18 dove, come scrisse l’eminente critico le pagine: il lettore si trova davanti a una vera galleria Francesco Orlando, la “propaganda decorativa“ ha su di quadri che attivano reazioni, pensieri, osservazioni tutto il sopravvento e ben Stendhal con estrema lucidi- sulla pagina scritta, oltre che sui tratti salienti del dise- tà intese la contrapposizione tra il vecchio e il nuovo; gno. Questo è l’alto merito del volume curato, e altresì infatti egli «materializza con la massima forza simboli- arricchito da un suo saggio, da L. Sabourin, che porta ca questa contraddizione, introducendo una variante a evidenziare come molti capolavori di arte grafica ab- “edilizia” del tema dei preparativi frettolosi nel passo biano spesso reinventato la storia e si siano prestati in in cui Julien perviene nella grande sala dell’abbazia; al modo determinante alla diffusione dell’opera stessa. In suono realistico di tutto il contesto si è aggiunta qui particolar modo in campo poetico, dati i forti legami per un attimo quasi un’eco da romanzo gotico, di erra- tra arte e letteratura. Il critico sottolinea la funzionalità mento per locali sconosciuti e di sorpresa» (Il recente e dell’illustrazione, che rinvia a un rapporto di sguardo l’antico nel Cap. I, 18 di “Le Rouge et le Noir”, in «Bel- tra lettore e testo, assommato alla percezione di quanto fagor», n°6, 1967, p. 673). Corinne Sa m i n a d a y a r -Pe r - l’autore ha prodotto; tutto ciò diventa un tratto distin- r i n in Représentation et fiction du pouvoir: les entrées tivo dell’edizione, pari alla messa in scena di un’opera royales dans le roman historique (pp. 213-35) subito si lirica che, privata del décor, rimarrebbe allo stadio di pone il quesito sul perché «parmi toutes les fêtes de mera lettura del libretto (e della partitura per gli ad- e souveraineté dont le x­ i x siècle hérite pour les reconfi- detti ai lavori), a scapito dell’immaginario. In effetti, gurer, l’importance et la longévité du rituel de l’entrée tutto ciò che permette di produrre il sogno, di attivare royale et impériale ont quelque chose de surprenant: percorsi diversi, provoca nel lettore un ampliamento di pourquoi ce réinvestissement intensif d’une cérémonie rotta: l’illustrazione di un testo, oltre a riattivare e ar- tombée en désuétude dès le règne de Louis XIV…?» ricchire la lettura stessa, lo invita a una “curiosa” aspi- (p. 213). Per trovare un’efficace risposta analizza fine- razione alla ricerca, fuori dal mero limite della pagina mente l’entrée royale nell’opera storica di Balzac, con scritta. «L’illustration – conclude L. Sabourin – assure una serie di campionature che ben delineano, in pro- donc un relais profitable entre générations par la mise spettiva generale, quanto la presenza dell’effetto coin- en place d’une chaîne de créativités» (p. VII). volga il popolo e sia richiamo e simbolo della sovra- I contributi presenti in questo corposo e pregevo- nità. Sull’opera di Dumas verte il contributo di Sarah le volume, che spaziano dal Medio Evo al Novecento, Mo m b e r t (Rois de papier. La représentation des entrées sono tutti degni di nota e la funzione estetica dell’ico- royales dans les romans historiques d’Alexandre Dumas, nografia è analizzata in testi di poesia, prosa e spazi te- pp. 237-247) in cui si sostiene che «les entrées royales, atrali. parce qu’elles organisent le spectacle de la possession Olivier Ca t e l , nel suo intervento dal titolo L’“Agro royale de la ville et de la hiérarchie des ordres compo- romano” de Chateaubriand illustré par Maxime Detho- sant la société, représentent un excellent objet d’obser- mas (pp. 189-201), allude alla nuova edizione di Léon e vation de la réappropriation par le roman du ­x i x siècle Pichon de La Campagne romaine, Lettre à M. de Fonta- des images du pouvoir et de leurs réinterprétations» nes, Cynthie di Chateaubriand del 1919, arrichita dalle (p. 237). A chiusura del volume gli Éléments de conclu- gravures di Maxime Dethomas, già illustratore di testi sion (pp. 281-283) in cui Corinne Sa m i n a d a y a r -Pe r r i n di Claudel, Daudet e , in cui vengono nota quanto il funzionamento simbolico delle entrées rievocati paesaggi che, se si allontanano dalle visioni royales, che tanto sanno di vetusto, produca «un roi di Poussin sulla campagna romana, ne evidenziano, in- devenu caricature», che ribalta l’intenzione tematica vero, i grandi contrasti di spazi indefiniti, di ombre e stessa della festa; non era difficile accorgersi che tale luci, di rovine, tanto cari a Chateaubriand; è certo il cerimonia, retaggio dell’Ancien Régime, aveva perso contrasto tra testi «plein[s] de lumière et de contours il proprio senso primario ambito e solenne, per di- fins et épurés» e luoghi e figure che vengono da De- sgiungersi in rituali, contrassegnati da eventi esempla- thomas tramutati in un linguaggio pittorico di «om- ri su cui tessere investimenti propri di quel linguaggio bres épaisses»; seppur siano proprio queste ultime a d’esclusione, così sentito all’incrocio dei nuovi proble- rivelare, «par contraste […], dans ses profondeurs, mi della storia. le rapport aux ombres du passé, aux figures sombres [a n n a l i s a b o t t a c i n ] et obscures de l’imagination et du fantasme, souvent fuyantes et toujours impossibles à fixer, éternellement mystérieuses» (p. 190). AA. VV., Poésie et illustration, sous la direction de Barbara T. Co o p e r analizza in La “Jeanne d’Arc” Lise Sa b o u r i n , Presses Universitaires de Nancy, «Cen- d’Alexandre Soumet et son frontispice (pp. 204-15) l’il- tre d’Étude des Milieux Littéraires», 2008, pp. 417, lustrazione del libretto teatrale dell’edizione originale ill. della pièce di Soumet, rappresentata per la prima vol- ta all’Odéon, il 14 marzo 1825. Sul frontespizio appa- Nella «Préface» (pp. I-VII), contrassegnata da una re l’immagine dell’interprete principale, in costume di riflessione approfondita ed esaustiva, Lise Sa b o u r i n scena, Mlle Georges, pseudonimo di Marguerite-José- evidenzia quanto il libro illustrato abbia, nel corso dei phine Wiemer, disegnata da Antoine o da Nicolas-Eu- secoli, suscitato perplessità e critiche, motivate dal fat- stache Maurin. L’eroina appare in piedi sui ceppi ar- to che esso veniva sovente collegato «à l’instruction po- denti, innalza con orgoglio la bandiera francese in se- pulaire, à l’éducation enfantine» (p. I). In primo luogo, gno di estremo amor di patria. La grande nobiltà d’ani- l’illustrazione sulla copertina rende subito riconoscibi- mo e l’ardente coraggio sono evidenziati dai versi, tratti le il libro; lo colloca in una precisa collana, lo posiziona dall’ultima scena del dramma: «Dieu te mit dans mes in un catalogo e lo rende partecipe dello stile dell’edi- mains, je te rapporte à lui» (p. 204), che conferiscono tore. La copertina fonda il libro. È lì che il libro pren- alla scena «une valeur intemporelle et sublime, un sens de forma, diventando da oggetto impreciso e privo di allégorique» (p. 205). Bisogna altresì ricordare che,

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all’epoca, le pièces drammatiche, presentate nel libret- precise motivazioni che forniscano un chiarimento su to con il frontespizio illustrato, non erano certo nume- questo inspiegabile fatto, su cui organizza un discor- rose e, come ben sottolinea il critico, nel caso particola- so dettagliato e preciso – che sarebbe da seguire passo re di Jeanne d’Arc, l’illustrazione si impone allo sguar- passo – arricchendo la sua valutazione di tracce, ap- do, producendo sullo spettatore un singolare esempio profondimenti, proponendo ipotesi e rivelando noti- di glorificazione del personaggio martire. Sta a indicare zie. In ultima analisi la studiosa conclude che Gautier, che la pulzella d’Orléans è già santificata, oltre che as- grande interprete di sguardi sulla modernità, tralascia surta ai più alti gradi dell’eroismo; è una gloria nazio- in Émaux et Camées l’illustrazione in quanto «le poème nale che ribadisce alla nazione francese il ruolo della est déjà en lui-même un objet pour les yeux et […] il ne «monarchie de droit divin» (p. 215) – Charles X sarà laisse pas grande latitude à l’illustrateur» (p. 243). incoronato a Reims il 29 maggio. Di fatto, così propo- Laurence Ri c h e r («La fin du monde est mon seul rêve» sta, l’illustrazione della pièce, al pari dello stesso dram- ou “La Légende du Juif errant” autour de Gustave Doré, ma, assume una funzione di propaganda, posizionan- pp. 245-59) analizza una delle più diffuse leggende del dosi quali «actes politiques complémentaires à un mo- Medioevo che ha lasciato traccia in tutte le letterature eu- ment précis de l’histoire de France» (p. 215). ropee, le cui prime versioni risalgono alla fine del xv seco- Il primo dei due articoli dedicati a Théophile Gau- lo, nella Bibliothèque bleue, tanto da costituire, per l’ap- tier, dal titolo Des vignettes romantiques à l’illustration punto, un tema legato all’«imagerie populaire» (p. 246). selon Gautier (1832-1838), è firmato da Nicolas Wa n - In epoca romantica, nel 1831, Nerval traduce un poe- l i n (pp. 217-228), che prendendo spunto da «Les Vi- ma di Schubart e simbolica è l’epopea in prosa dialoga- gnettes romantiques, ouvrage capital pour l’histoire du ta, Ahasvérus, firmata da Edgar Quinet e pubblicata nel romantisme en général et du livre illustré en particu- 1833, specie di moderno mystère o di sacra rappresenta- lier» (p. 217) di Champfleury, evidenzia l’importanza zione. L’edizione presa in esame da Richer è quella usci- data talvolta più all’illustratore che all’autore stesso, ta nel 1856 per i tipi di Michel Lévy frères, dal titolo La nel fenomeno dei libri illustrati; in effetti il libro si af- Légende du Juif errant, «un livre in-folio combinant par- ferma sia per l’opera in sé che per il disegno, spesso tition, poésie et gravures sur bois» (ibid.), il cui grande accompagnato da una didascalia che decora e illustra pregio è quello di essere stata illustrata da Gustave Doré, la pagina. All’inizio degli anni ’30, Gautier, alla ricerca con una serie di dodici gravures che ben esaltano l’elabo- di riconoscimenti in campo poetico, interpreta positi- rata articolazione del testo: in effetti, nota il critico, Doré vamente quella che sempre più si concretizza in forma «utilise pleinement l’imaginaire né de la rencontre entre di pubblicità per l’opera stessa: l’illustrazione appare l’histoire et la légende» (p. 239). «la formule éditoriale idéale à la réunion d’écrivains Valentina Po n z e t t o (“Namouna” et “Fortunio”: des et d’artistes» (p. 218). Nel 1834, Gautier era stato in- poèmes de Musset à l’opéra-comique, pp. 261-275) evi- caricato di scrivere un poema «devant faire face à une denzia quante volte la musica abbia illustrato i lavori vignette dans un keepsake, L’Églantine» (p. 218), fatto poetici di Alfred de Musset e quanti compositori ne che ben evidenzia come lo scrittore si sia ben inserito abbiano tratto ispirazione. Hippolyte Monpou fu il in quell’ottica, e nella sua Histoire du Romantisme così primo a comporre arie per L’Andalouse (1830) e per si esprime: «C’était l’usage alors d’aller demander aux Venise (1831), contribuendo non poco ad assicurare il littérateurs ancore heureux d’être imprimés au bout de grande successo di questi poemi presso un vasto pub- vers ou de prose pour servir de texte à ces splendi- blico; Monpou fu solo il primo, seguito da musicisti des illustrations des Robinson, des Cousin, des Findey, più celebri quali Offenbach, Massenet, Lalo e Bizet. Se des Westall et des Prout» (p. 229). Wanlin prosegue da un lato furono prodotte brevi romanze per voce e la sua indagine delineando una serie di esemplificazio- piano, di cui si hanno varie versioni (vengono qui pre- ni atte a evidenziare la relazione tra letteratura e arti sentate anche alcune partiture), due sono comunque grafiche che, in ultima analisi, non giunge a diventare le opere che si distinguono per singolarità e innova- una «transformation d’art»; per altro lo stesso Gautier, zione: La Chanson de Fortunio, poema inserito nella raffinatissimo scrittore e artista egli stesso, ha mirato pièce Le Chandelier, e Namouna, sources per balletti e all’arte come creatore e non quale «copiste servile», opéras-comiques. Pare che la trasposizione in musica concetto da lui rifiutato categoricamente. de La Chanson de Fortunio d’Offenbach sia nata nel- Utilizzando nel titolo del suo contributo un’esem- le coulisses della Comédie-Française, sotto lo sguardo plare espressione di Baudelaire, Marie-Hélène Gi- dello stesso Musset che curava la messa in scena de Le r a r d in Gautier et l’illustration ou le “Dada de la beau- Chandelier: di qui l’inizio del sodalizio tra i due artisti. té typographique” (pp. 229-243) esordisce presentanto Come rileva V. Ponzetto, di tutt’altra specie fu invece il un Gautier “artiste” che sovente si confronta con le rapporto tra Bizet e Musset, più distaccato e indipen- illustrazioni librarie, vivendo egli in quel milieu di pit- dente: Georges Bizet produrrà Djamileh, opéra-comi- tori e disegnatori «qui se faisaient aussi illustrateurs» que in un atto su libretto di Louis Gallet, tratto da Na- (p. 229). Frequentemente Gautier è stato attratto da mouna (che servirà ugualmente da soggetto per l’omo- opere illustrate in raffinati volumi, come ad esempio nimo balletto di Édouard Lalo), che sarà presentato dagli album di Garavani o dall’edizione di Hamlet con all’Opéra-Comique nel maggio del 1872. «Si Djamileh le litografie di Delacroix. Egli stesso prese parte a si- s’inspire de Namouna, – scrive V. Ponzetto – en effet, mili progetti, come nel 1845, per un’edizione del suo elle prend néanmoins son libre essor d’œuvre nouvelle Voyage pittoresque en Algérie con vignette e planches, et originale, sans doute plus qu’il n’arrive d’habitude che comunque non uscì, e collaborò con Gustave Doré avec les transpositions lyriques d’œuvres littéraires» per le illustrazioni dell’edizione di Capitaine Fracasse (p. 269). del 1866. Fatto eccezionale a dire di Girard: non vi è In questo rilevante studio (Bellenger illustrateur des opera quale Émaux et Camées, dalle magiche forme, “Destinées”: une lecture de Vigny en 1898, pp. 293- che pare scritta per attrarre un alto numero di illustra- 308), Lise Sa b o u r i n conduce un’analisi che prende tori (come ben rilevò Madeleine Cottin nell’edizione spunto dal primo centenario della nascita di Vigny, il dell’opera del 1968); raccolta poetica che non trovò 28 marzo 1897, giorno in cui alla Comédie-Française, quel tipo di consenso, rimanendo fuori da tale moda. Sylvain lesse il sonetto di Sully Prudhomme, À Alfred Girard rivolge dunque la sua attenzione alla ricerca di de Vigny, la cui edizione illustrata venne distribuita ai

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membri dell’Académie Française, con planches di Bel- duisant le commerce libre des deux côtés de l’Atlanti- lery-Desfontaines et Dunki, e un frontespizio firmato que. Il narre avec douleur son amour pour une jeune da Georges Bellenger, litografo de «L’Artiste», pitto- Woloff (ici dénommée Jaloffe), Mirza, éduquée par un re assai noto, che aveva esposto annualmente al Salon Français, dont il a trahi l’amour pour épouser une jeu- dal 1864 al 1895, come pure a Londra e a Boston. Tra ne femme de son ethnie, Ourika, tout aussi malheu- l’altro il fratello Clément aveva recentemente inciso i reuse que lui. disegni di Louis Dunki per l’edizione Pelletan di Ser- Adélaïde et Théodore présente l’histoire d’une jeune vitude et Grandeur militaires. Ora, non stupisce che femme romanesque et vive, éprise du plaisir de vivre Georges Bellenger venga scelto quale illustratore per en société, qui, après un mariage de convenance avec Les Destinées che saranno edite da Pelletan nel 1898: un homme âgé dont elle est bientôt veuve, rencontre le «Édition officielle en quelque sorte, – rileva L. Sabou- grand amour dont elle rêvait en Théodore de Rostain, rin – pour célébrer un poète romantique un peu oublié homme sensible et passionné. Leur union, d’abord lors de la parution posthume de son recueil majeur en parfaite, est ensuite troublée par l’inconsciente légère- 1864, mais que l’esprit symboliste a souvent reconnu té mondaine d’Adélaïde et les soupçons en fait infon- pour maître et que les problèmes religieux et militai- dés de Théodore. Se croyant trahi pour un homme que res de cette “Belle époque” invitent à relire» (p. 294). son épouse reçoit au bénéfice d’une amie qui en est È un’edizione celebrativa che inserisce il poema Moïse amoureuse, il la quitte au moment où elle allait lui an- del 1823 (opera giovanile pubblicata nella prima edi- noncer sa grossesse. Ils vivent cruellement leur sépara- zione del 1826 dei Poèmes antiques et modernes) ac- tion qui n’a pas tué leur amour. Théodore meurt après canto alle Destinées; si tratta di un elegante volume, avoir reconnu l’innocence de sa femme, qui ne lui sur- molto pregiato, uscito in edizione numerata e limitata, vit que le temps de mettre au monde leur fils, élevé par con grande ricchezza d’immagini per illustrare i testi e sa grand-mère ainsi convertie à cette belle-fille qu’elle che non solo permettono di intendere come Bellenger accusait d’avoir fait le malheur de son fils. interpreti l’opera di Vigny, bensì quanto venga inve- Histoire de Pauline raconte la vie d’une jeune fille stito dalle emozioni percepite dalla lettura dei versi e entraînée dès ses quinze ans à des liaisons ourdies par le come gestisca l’operazione di svelamento degli stessi, cynique Meltin; elle se réfugie, éclairée sur les noirceurs attraverso il disegno. Il suo tratto conduce infatti il let- du monde, chez Mme de Verseuil qui finit son éduca- tore a una nuova significativa appropriazione dell’ope- tion avec délicatesse. L’amour idéaliste d’Édouard lui ra poetica di Vigny. Altresì rilevante notare come l’illu- promet un mariage que son propre amour lui rendrait stratore si ponga davanti a quei poemi ispirati a fonti heureux si ses remords des fautes de sa jeunesse et le bilbiche o evangeliche: è il caso di Moïse o del Mont silence où elle les a tenues sur le conseil de sa tante ne des Oliviers; troviamo ancora tracce d’orientalismo in la minaient secrètement. Effectivement son époux qui La Colère de Samson e d’esotismo in Wanda. Tipologie avait clamé ne pouvoir aimer une femme dont la pureté pittoriche che portano la studiosa a notare che «nous eût été souillée par des liaisons ne supporte pas la révé- sommes donc confrontés à une illustration de qualité lation qui lui en est faite un jour par l’infâme Meltin. Il variable» (p. 301), produttrice di un autentico legame le tue en duel, ce qui ajoute encore le poids d’une mort tra disegnatore e autore, e che ben evidenzia l’animo sur la conscience de la jeune mère qui expire bientôt tormentato del poète-philosophe. È un’edizione, quella de l’impossible retour à une union vraiment partagée à delle Destinées uscita in occasione del centenario della laquelle pourtant revient par amour vrai Édouard. Seul nascita di Vigny, che offre invero una serie di sorprese, leur enfant à élever le sauve lui-même de la mort, dans in primo luogo l’ottima qualità tecnica della pubblica- une solitude dévouée. zione, atta a «corrobor[er] le sonnet officiel de Sully L’image puissante et tragique de la passion se mani- Prudhomme qui fait de Vigny un poète de l’idéal…» feste dans le contexte de l’esclavage où Mme de Staël (p. 308). prend vivement parti, à la suite de Montesquieu et Vol- [a n n a l i s a b o t t a c i n ] taire, mais aussi de Condorcet, Brissot, Raynal, Gré- goire, Mirabeau ou Necker qui viennent d’en obtenir l’abolition en 1794. Les prénoms des héroïnes font Ge r m a i n e d e St a ë l , Trois Nouvelles, édition établie écho à Montesquieu, Voltaire, Saint-Lambert et Mme et présentée par Martine Re i d , Gallimard, 2009, «Folio de Genlis, tout en préfigurant l’univers romanesque de 2€, Femmes de lettres», pp. 131. Mme de Duras et de George Sand. [l i s e s a b o u r i n ] Une brève présentation (pp. 7-14) dans cette collec- tion grand public, mais qui offre l’avantage de donner, sous un titre qui n’est évidemment pas celui de Mme Fa b i o Va s a r r i , Chateaubriand e la gravità del comi- de Staël, trois de ses nouvelles autrement peu accessi- co, Taranto, Lisi, 2009, «Quaderni del Seminario di Fi- bles: Mirza ou Lettre d’un voyageur, Adélaïde et Théo- lologia Francese», pp. 224. dore, Histoire de Pauline, avec leur préface de 1795, quand elles furent éditées aux côtés de l’Essai sur les L’opera di Chateaubriand viene guardata da un’an- fictions et d’une Épître au malheur ou Adèle et Édouard, golatura insolita: quella del comico, quella tonalità che et de les faire suivre d’éléments biographiques et de re- Proust e tanti altri dopo di lui non riconoscevano come pères bibliographiques d’orientation. facente parte dello stile dell’Enchanteur. Insomma, un Il s’agit là de récits composés, aux dires de l’auteur intero libro per far evadere Chateaubriand dal ritratto elle-même, avant ses vingt ans, mais ces fables sen- del lirico dolente. Emergono varie facce del registro timentales comportent déjà les caractéristiques de comico: una di stampo classicistico, una all’insegna Delphine et Corinne: femmes fortes, hommes aima- della mescolanza romantica, una ancor più moderna bles mais faibles, relations sentimentales dramatiques ed esorbitante. vouées à l’échec. Il primo capitolo («Il discorso») deve fare i conti Mirza ou Lettre d’un voyageur donne la parole à Xi- con le molte dichiarazioni dell’autore circa il carattere méo, un noir du Sénégal, cultivant le sucre pour tenter inferiore e subordinato del comico (le note frecciate d’éradiquer l’esclavage de ses compatriotes en intro- nei confronti dell’ironia voltairiana), ma evidenzia an-

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che importanti spunti sulla funzione di contrappunto preuve d’une louable perspicacité: débusquer sous ce dello stile comico, sulla distinzione tra un comico bas- pseudonyme omnibus le possible auteur de La Coupe so (da evitare, almeno in teoria) e un comico alto (il mi- de cheveux se présentait comme une tâche fort ingrate gliore Molière), sull’affacciarsi di un modello anglosas- tant furent nombreux sur les scènes de la Restauration sone, imperniato sul mélange shakespeariano. les Saint-Aubin de Poitiers ou d’ailleurs. Entre autres Il secondo capitolo («I giorni») si appunta a defini- pistes, celle de Balzac (alias Horace de Saint-Aubin) re il riso di Chateaubriand, in base a testimonianze di associé à Le Poitevin est minutieusement examinée; en persone a lui prossime: Sainte-Beuve, Joubert, Hugo, vain, et l’auteur de ce pastiche volontaire ou non reste Molé, il segretario Marcellus, senza tralasciare la cor- dans l’anonymat le plus complet. Quand on sait que rispondenza privata. La sfida è naturalmente quella di des vingt et une pièces données au Vaudeville cette an- scalfire l’immagine cupa e accigliata di un eterno René née-là, quatre seulement, dont cette Coupe de cheveux, incapace di ridere, portando a galla brevi sprazzi di ri- ne furent pas éditées, on se dit que J.-J. Tomasso a eu so sfrenato. bien raison de saisir l’occasion aux cheveux en s’inté- Il terzo e ultimo capitolo («Le forme») contiene ressant à cette œuvrette ambiguë, «la chose la plus in- un’analisi puntuale delle molte gradazioni che può as- croyable qui ait jamais désopilé la rate du public» (Le sumere lo stile comico in mano al maestro della liricità. Figaro), dont il restera, grâce à ses bons soins et à une Un comico leggero, di carattere e di situazione, che si présentation impeccable, plus que des papillotes! traduce in scene e ritratti, fondato sull’implicita supe- riorità del soggetto sull’oggetto del riso. Il modo eroi- [m i c h e l a r r o u s ] comico dell’innalzamento del triviale. Un’autoironia per lo più non realmente degradante. Una diffusa pra- tica della mescolanza che unisce comicità e gravità, con AA.VV., Lire la correspondance de Stendhal, textes esiti talora imprevedibili che vanno nella direzione di édités par Martine Re i d et Elaine Wi ll i a m s o n , Paris, un comico basso – di ascendenza rabelaisiana – legato Champion, 2007, pp. 261. al corpo e alla confusione babelica delle lingue. Fino a poter scorgere tracce di un moderno umorismo nero, Martine Re i d et Elaine Wi ll i a m s o n rappellent dans fino a dover dire, a un certo punto: «sembra di legge- leur avant-propos que la correspondance de Stendhal, re une pagina di Lautréamont». Questo comico meno bien que moins connue que celle de Flaubert, offre ce- facilmente classificabile, in cui anche l’autoironia scon- pendant «une mosaïque d’états, de sentiments, de cu- fina nell’umorismo, viene infine visto nella contiguità riosités et de compétences multiples». Classées chro- di riso e morte. Tutto questo senza mai dimenticare i nologiquement, les communications au colloque qui grandi saggi teorici sull’argomento (Baudelaire, Berg- s’est tenu en décembre 2006 à l’University of London son, Freud, Pirandello, Propp…), né l’opzione cristia- Institute in Paris ont saisi sur le vif un Stendhal qui na dell’autore, né la complessa stratificazione testuale pense, travaille, écrit et vit. (per le molte riprese e revisioni) delle sue opere. Préoccupée par la question des femmes chez Stend- hal, Lucie Ga r n i e r («On ne naît pas femme, on le de- [a l e ss a n d r a m a r a n g o n i ] vient»: les lettres à Pauline et la condition féminine, pp. 11-25) relit les «tartines» à la cara sorella à la lu- mière du Deuxième Sexe. Qu’il s’agisse d’éducation, de Sa i n t -Au b i n d e Po i t i e r s , La Coupe de cheveux, vau- deville en un acte représenté pour la première et uni- littérature ou de société, le jeune Beyle s’efforce d’ «ap- que fois le 17 mai 1828 sur la scène du Théâtre du Vau- préhender le monde au féminin» quand, à propos du deville. Note sur un fragment détaché de Un Roman mariage, il explique – non sans paradoxes à l’avantage pour les cuisinières d’Émile Cabanon, Paris, La Rose de des hommes – que les conditions socio-culturelles sont Java, 2009, pp. 138. autrement déterminantes que les conditions biologi- ques. Cette posture qui n’évoluera pas expliquerait la D’après Un Roman pour les cuisinières, les Pari- création de personnages féminins s’affranchissant des siens auraient gardé en 1834 la mémoire de l’unique contraintes sociales, les «héroïnes rebelles» comme les représentation de La Coupe de cheveux, en 1828, sans a nommées R. Bolster. Ayant déjà évoqué ces mêmes doute pour son caractère «ébouriffant» et «d’un gro- lettres dans leur rapport à l’autobiographie, Béatrice tesque pyramidal». On n’en parla que deux jours, et Di d i e r (Journal intime et correspondance: les lettres à de l’auteur pas davantage, si ce n’est qu’au dire de Pauline, pp. 27-41) les considère cette fois dans la pers- Cabanon il était «grand officier du Château et - par pective du «Journal littéraire». Convergences et diffé- fait gentilhomme». Jean-Jacques Tomasso a retrouvé rences apparaissent entre les deux modes d’écriture du le texte inédit de ce «vaudeville excessif» – selon l’ex- Moi pendant les années 1800-1805, au cours desquel- pression de Cabanon – dans les cartons de la Censure les la correspondante privilégiée reçut des «lettres de qui eut à juger de sa parfaite innocuité, à un couplet direction», formulant un programme intellectuel, et près. De ce scandale d’un soir témoigne une poignée des «lettres de confidence», apparentées au journal in- d’articles dans les feuilles littéraires et les «petits jour- time. Les lettres sont une «doublure du journal», à ceci naux», particulièrement Le Figaro qui, à deux repri- près que dans certaines Beyle donne de sa vie de ras- ses, exerça sa verve contre l’auteur – un grand seigneur surantes et lénifiantes versions, d’où de troublants rap- perruquier? – et le directeur du théâtre dont on se de- prochements: «Le moi ne peut-être un». La «passion» manda pourquoi ils avaient osé pareil ouvrage (Arnal, de Stendhal pour la littérature suppose une véritable dans le rôle du valet Jasmin, fit son possible pour en- «métaphysique littéraire», sans transcendance aucune, tretenir l’hilarité générale en se moquant spirituelle- que Catherine Ma r i e t t e retrouve dans ces mêmes let- ment de ce qu’il avait à dire). Les grands quotidiens tres interprétées comme «une scène de lecture, passive ignorèrent l’événement; seul Le Globe, en l’occurrence et active à la fois» (Qu’est-ce que la «métaphysique litté- Dittmer et Cavé, soutint contre la plupart des feuille- raire»?, pp. 43-56). Se préparant rationnellement à de- tons l’hypothèse de la mystification. Dans ses efforts venir un «grand homme», l’apprenti écrivain lit, copie, pour percer le mystère Saint-Aubin, J.-J. Tomasso a fait fait des listes et des extraits. Le génie se conquiert. La

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«métaphysique littéraire» permet de penser la littéra- We i a n d distingue l’isotopie des Phénomènes d’accélé- ture et de travailler sur soi. ration dans les lettres de Stendhal (pp. 115-127). Stend- Avec l’exemple «modeste, circonscrit mais significa- hal témoignerait de la nécessité de «faire vite, d’aller tif» de la correspondance avec Faure et Bigillion entre vite, et plus vite encore», aussi bien quand il écrit à mai 1805 et février 1806, à propos du drame de Victo- Pauline qu’à la guerre où, évidemment, l’on n’a pas un rine Bigillion que sa famille dut interner, Marie-Rose moment à soi, et plus tard: qu’on pense au consul ou Co r r e d o r (Aux sources du discours clinique: la corres- au touriste qu’exalte l’accélération du monde transfor- pondance avec Félix Faure et François Bigillion, pp. 57- mé par la technologie de la vapeur, le télégraphe (bien 63) donne une remarquable analyse du discours clini- sûr!) et même le daguerréotype. Daniela Ga ll o (Arts que de Stendhal qui, à partir des symptômes décrits et lettres: le regard de l’épistolier, pp. 129-144) consi- par F. Faure comprend que Victorine est à la fois vic- dère cette correspondance comme une source historio- time de son furor et du regard social, alors qu’il ne se graphique. On comprend mieux le projet de l’Histoi- mettra à lire Pinel qu’en janvier 1806. Ces conjectures, re de la peinture en suivant la lente métamorphose de acceptées par F. Faure dont la sœur fut elle aussi mo- l’administrateur du musée Napoléon en bon historien mentanément victime de troubles mentaux, montrent de l’art. Ses attitudes et ses réactions face à Rome, ou que Stendhal, dans le cas précis de la folie ordinaire de plutôt l’élaboration subjective de l’image de la Ville à Victorine, ne s’est pas contenté de réfléchir «d’après les travers ses lettres et celles de ses interlocuteurs permet autres», comme Faure le lui reprochait. Martine Re i d à Letizia No r c i Ca g i a n o (L’air de Rome, pp. 145-153) emprunte la «petite porte» des Affairements éditoriaux de définir cette impalpable substance à trois époques: (pp. 65-80) de l’écrivain débutant, soit une centaine de la déception d’une mission manquée et premier séjour lettres qui permettent de comprendre sa singulière dé- dont on ne sait pas grand-chose en 1810-1811, les sé- marche auctoriale et de préciser sa situation littéraire. jours de 1817 (année où il est absorbé par son livre Déjà préoccupé par une censure en alerte, Beyle est et surtout par Michel-Ange), de 1823-1824 et 1827 soucieux, en «homme bien né», de ne pas publier sous (conception des Promenades). Dans la géographie inté- son nom, mais aussi parce que l’identité fictive le pré- rieure de Stendhal, Rome a connu une lente cristallisa- serve d’avoir à «parler comme auteur» (1er décembre tion: d’abord sévèrement jugée («Rome est pourrie»), 1817), même s’il veut montrer qu’il est prêt à s’assu- la Ville fait de sensibles progrès, passant de l’appro- rer une place dans le champ littéraire. À cette époque priation à la transfiguration. Dans Le consul de France de tâtonnements, le livre résulte d’un travail associant et la politique italienne (1831-1835), François Va n o o s - Faure, Crozet et Mareste, collaborateurs et agents lit- t h u y s e (pp. 155-178) réexamine l’organisation du tra- téraires dont la tâche ne s’achèvera pas avec la publi- vail décidée par le nouveau consul, dans laquelle on cation car le livre appelle un autre livre: il faudra re- peut voir d’évidentes traces de son passage dans l’ad- prendre, refaire, amplifier… Ces stratégies font bien de ministration impériale. Le consul était surveillé, mais il Stendhal un «homme de lettres», surtout si on entend ne manquait pas de protections à Paris et même Rome. cette expression au sens d’épistolier, comme le propose On sait moins qu’il avait tendance à croire en la victoi- Brigitte Di a z (Stendhal «homme de lettres»: sociabilités re des révolutionnaires alors que ces derniers s’essouf- épistolaires, pp. 81-99) qui voit dans la lettre une pro- flaient. Diplomate? On peut en douter: si le contenu de pédeutique au métier d’écrivain – ce qui peut passer ses dépêches est clair, la forme est «ambiguë, ironique, pour un poncif – et même davantage. Peu liant de na- elliptique, insolente». On comprend que Sophie Du- ture, Stendhal n’a pourtant pas cessé de stimuler ses vaucel lui ait recommandé d’être «bien sage, bien ré- correspondants. La lettre fut pour lui un exercice de so- servé, bien diplomate en un mot». V. Del Litto jugeait ciabilité mondaine (un «salon virtuel») et de sociabilité Stendhal un bon fonctionnaire; M. Crouzet a vu dans littéraire, d’abord pour rester informé de la vie intellec- la correspondance consulaire la marque d’un immense tuelle et politique française pendant ses exils – ce pacte ennui; J.-A. de Sédouy et E. Williamson ont rappelé épistolaire se retrouvera à peu de choses près dans la ses talents d’administrateur. Pour sa part, F. Vanoos- première des Lettres sur Paris –, ensuite comme terrain thuyse replace la correspondance consulaire dans son d’essai car elle sert à «causer littérature» (Flaubert) contexte politique et dans la trajectoire de Stendhal dans un climat de «commerce critique», avec Faure, qui fait de la politique sans tenir compte de la ligne Crozet, Mareste, Jacquemont, Mérimée, Custine, etc… du gouvernement français. Hélène d e Ja c q u e l o t qui Même si elle n’est pas un vrai journal de la création, prépare une édition critique des Idées italiennes sur la correspondance de Stendhal contient force indica- quelques tableaux célèbres a complété de documents tions sur la genèse d’une œuvre comme l’Histoire de inédits le corpus de lettres échangées entre Stendhal, la peinture en Italie. Cette connivence entre amis qui Vieusseux, Constantin et quelques autres, d’octobre se livrent à des conversations épistolaires sans comédie 1839 à la sortie du livre en août 1840, soit cent trente serait-elle une spécificité de la correspondance mascu- lettres et billets dont seulement une vingtaine ont déjà line? La présence de trois thèmes et le contre-exemple été publiés. Même s’il est resté longtemps dans l’om- des lettres à Sophie Duvaucel le confirment selon Phi- bre, Stendhal s’est fort impliqué dans la préparation lippe Be r t h i e r (Entre hommes, pp. 101-113): d’abord de l’édition. Il a révisé le manuscrit et a eu le dernier la politique et ses dessous – dans une société où elle est mot, tout en tenant compte des «yeux du censeur» que une affaire d’homme –, ensuite le sexe et la chronique redoutait Vieusseux (Constantin, Stendhal, Vieusseux: scandaleuse, enfin l’argent. Mais la correspondance est une relation triangulaire. Documents inédits, pp. 179- aussi un commerce intellectuel puisque «Stendhal as- 193). socie étroitement ses meilleurs amis à l’histoire de son Plutôt que de conclure, Elaine Wi ll i a m s o n (Édi- esprit», cette association virant d’ailleurs à la collabo- ter Stendhal (avec des documents inédits), pp. 195- ration avec Crozet pour l’Histoire de la peinture, avec 241) a préféré reconsidérer l’établissement de la cor- Mareste pour De l’Amour. Très peu de confidences respondance à partir des manuscrits des lettres écrites sentimentales car l’introspection est réservée au jour- jusqu’en 1820. Si Stendhal recourt peu fréquemment nal. Le discret Stendhal n’exprime ses sentiments qu’à au brouillon, on peut supposer qu’il littérature dans de très rares amis, et sobrement: «Je vous aime réelle- le cas des lettres recopiées dans le journal et inverse- ment et il n’y a pas foule» (à Domenico Fiore). Christof ment, de même pour les documents à quatre mains ou

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les lettres et rapports rédigés par lui mais signés par première personne, le locuteur ne cessant d’intervenir une autre personne. E. Williamson pense qu’il n’aurait et de revendiquer sa propre subjectivité. On pourrait pas fallu les exclure du corpus de la Correspondance d’ailleurs en dire autant des Promenades dans Rome où, générale et qu’ils devraient figurer dans une édition par le biais d’un Je fictif, le locuteur est à la fois voya- électronique parce qu’on y retrouve certaines prati- geur et historien. ques d’écriture du romancier, par exemple la prise de Dans la deuxième partie, E. Thomas s’interroge la voix d’autrui, ou des mécanismes scripturaux repé- sur la nature de l’écriture stendhalienne jugée méto- rés dans les manuscrits de Lucien Leuwen, de la Vie de nymique plutôt que métaphorique, une écriture «à la Henry Brulard ou de Lamiel et qui attestent d’une mé- recherche d’avatars protéiformes de soi». Le Je est «in- thode rédactionnelle. saisissable», «éclaté», essentiellement polyphonique, et Des «années Pauline» aux premières années à Civi- vite confronté à ses limites, comme s’en aperçoit à plu- tavecchia, ce recueil qui multiplie les approches du ma- sieurs reprises le locuteur de la Vie de Henry Brulard. tériau épistolaire – on regrettera que la politique sous Il y a néanmoins dans les textes autobiographiques une la Restauration fasse figure de parente pauvre – contri- constance du sujet qui se retrouve dans l’écriture de bue à enrichir la réflexion d’ensemble entreprise par l’instant, une écriture fragmentaire qui saisit le passé Brigitte Diaz dans Stendhal en sa correspondance ou tel qu’il revient. E. Thomas montre finement que le «l’histoire d’un esprit». sentiment d’incomplétude est consubstantiel à l’écri- [m i c h e l a r r o u s ] ture stendhalienne. L’apport le plus novateur réside dans la troisième partie où est étudié le processus d’iconisation à l’œu- Ed w i g e Th o m a s , L’Écriture stendhalienne et les défis vre dans le Brulard, particulièrement son rapport étroit du Je, Paris, Éditions Connaissances et Savoirs, 2008, avec le texte et son rôle dans l’expertise du souvenir. pp. 704. Bien que l’étude se limite au seul cas des croquis im- pliquant une figuration de soi, l’analyse du pouvoir Étudier les textes à la première personne dans l’œu- d’anamnèse des croquis autographes, de leur fonction vre de Stendhal impose qu’on s’interroge sur le sujet narrative, explicative et symbolique – aspect trop rapi- qui s’énonce chaque fois que «je» apparaît dans le tex- dement traité – est convaincante. Dans la perspective te des différents journaux et, surtout, dans la Vie de sémiotique qu’avaient adoptée Louis Marin et Serge Henry Brulard. Citant surabondamment les théories de Sérodes, et malgré une formulation parfois absconse, l’énonciation dont elle ne retient que quelques concepts E. Thomas a su caractériser cet aspect longtemps né- simples pour préciser comment le Je peut prendre du gligé de la littérarité stendhalienne. Aux confins du lit- recul par rapport à son énoncé, Edwige Thomas, qui téraire et du linguistique, la distanciation que le dessin conteste la «vision souvent trop parcellaire» qu’on a suppose illustre la tentative de totalisation de soi qui pu avoir de l’écriture du sujet stendhalien, se livre à fut celle de Stendhal. une minutieuse analyse de cette voix souvent confon- [m i c h e l a r r o u s ] due avec celle de l’auteur Henry Beyle qui impose une image de soi orientée. Dans cette version réduite de sa thèse (Paris X, 2003), E. Thomas cherche à saisir dans «L’Année stendhalienne», n° 6, Paris, Champion, toutes ses nuances la «voix intérieure» stendhalienne, 2007, pp. 424. c’est-à-dire une identité narrative, en repérant les im- mixions du locuteur dans le discours, un locuteur qui Heureuse idée que de consacrer l’essentiel d’une s’affirme contre les conventions littéraires et scriptu- livraison à ce texte protéiforme qu’est l’Histoire de rales, pratiquant la subversion plutôt que la négation la peinture en Italie. Dans La leçon de l’antique (pp. des genres. La lecture proposée abandonne les catégo- 9-24) Daniela Ga ll o examine la position de l’auteur ries génériques pour s’intéresser au contrat de lecture par rapport à la définition du beau idéal selon Winc- qu’implique le Je, en partant du principe que la vérité kelmann. Dans les livres IV à VI, Stendhal reprend la est plus dans l’énonciation que dans l’énoncé. Aussi li- démarche de l’Histoire de l’art dans l’Antiquité et cer- ra-t-on avec profit les pages sur la progressive appari- tains de ses postulats (simplicité de composition, rete- tion d’une écriture de soi authentique: Stendhal, mais nue dans le rendu des détails, etc…), sans pour autant E. Thomas ne le montre pas suffisamment, «s’appro- être toujours d’accord avec Winckelmann, quand il se prie des écritures qui le modèlent». Il est rappelé que demande si l’antique peut servir de modèle aux artistes l’écriture de Stendhal n’entre dans aucun classement contemporains. Analyse sensiblement corrigée par Ma- générique car Stendhal ne cesse de démultiplier les ap- riella Di Maio qui montre combien fut décisive dans proches de soi, aussi bien dans l’épistolaire que dans le l’interprétation de Stendhal la rupture avec l’antique. journal – qu’il s’agisse du journal intime (expression ja- À partir du chapitre XXXIV du livre second intitulé mais employée par Stendhal) ou des journaux de voya- «Un artiste», Michel Gu e r i n (Le thème du beau mo- ge dans lesquels «le locuteur parle bien plus de soi que derne dans “Histoire de la peinture en Italie”, pp. 25- du site visité». Le cas de la Vie de Henry Brulard offre 40) revient sur les questions que Stendhal ne cesse de bien sûr matière à commentaire: d’une part, sur l’af- se poser et qui sont au centre de la problématique du fleurement de la fiction dans le discours du Moi pro- beau moderne: à quelles conditions l’art est-il possi- fond et du Moi social; d’autre part, sur l’adéquation ble? Comment aller à l’idéal? En stylisant ou en trans- auteur/narrateur/personnage; E. Thomas discutant le figurant. Dans son histoire qui est une réflexion sur postulat selon lequel la Vie de Henry Brulard serait une la sensibilité moderne Stendhal est un précurseur de autobiographie et la rapprochant pertinemment de Baudelaire. Mariella Di Ma i o (Dante et Michel-Ange, l’autofiction contemporaine. Si dans De l’Amour – à pp. 41-53) étudie dans le chapitre «Influence du Dante vrai dire ce texte n’est pas présenté comme auto-ré- sur Michel-Ange» le rapprochement critique de deux férentiel – le privé et le public sont disjoints et le Je se domaines de l’expression artistique, particulièrement protège, l’expérience individuelle devient souvent une le parallèle entre l’Enfer de La Divine Comédie et celui expérience universelle; dans l’Histoire de la peinture en du Jugement dernier. Bien que le poète et le sculpteur Italie, on relève de très nombreuses interventions de la du catholicisme incarnent pour Stendhal un fantasme

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e religieux, ils sont deux modèles «archiromantiques», contre le froid x­ i x siècle (Stendhal et le ‘thermomètre insurpassables, et dont la «terribilità» est un argument du beau’: la ‘chaleur’ dans l’“Histoire de la peinture en définitif contre la fadeur de l’époque contemporaine. Italie”, pp. 155-173). Marie Pa r m e n t i e r (L’ethos dans L’interprétation que Stendhal donne de Michel-Ange l’“Histoire de la peinture en Italie”: une construction fra- s’explique par sa lecture du Moyen Âge et de la Re- gile, pp. 175-192) étudie l’image de soi que construit naissance, deux époques qu’il superpose. M. Di Maio «M. Beyle, Ancien Auditeur», personnage totalement rappelle les jugements contradictoires de Stendhal sur inconnu en 1817, pour rendre crédibles les idées qui le «cas» Michel-Ange: «Cette esthétique l’attire, même lui tiennent à cœur. Mais Stendhal déçoit l’attente du s’il ne peut partager d’aucune façon l’obsession reli- lecteur en ne respectant aucune des exigences généri- gieuse qui en est l’origine». D’où la réflexion sur l’es- ques (formulation abrupte et désinvolte, construction thétique de la terreur dans sa relation au beau moderne désordonnée, «apories inextricables»). Le pacte de lec- comme une expérience des limites. Peut-on voir Dieu ture est marqué au coin de la contradiction et de la po- en peinture? se demande Philippe Be r t h i e r (pp. 55- lémique, voire d’une bizarrerie ostensible. Dans d’in- 67). Stendhal qui a jugé décisif le rôle de l’Église dans nombrables interventions métatextuelles, l’auteur re- le développement de la production artistique aurait vendique sa singularité et jamais ne cherche vraiment à sans nul doute confirmé la belle formule d’introduc- conquérir un lecteur qui ne pouvait pas encore recon- tion: «La foi a créé de la beauté, et cela ne lui sera pas naître Stendhal. Pour autant, peut-on parler d’ «échec enlevé». Mais Stendhal déchristianise l’iconographie rhétorique»? Pour le lecteur de 1817, à coup sûr! Dans catholique: la Vierge devient «une femme, mais char- Stendhal et la pensée du livre (pp. 193-206) Martine mante», et, dans La Cène, Jésus le héros d’un drame Re i d rappelle la singulière histoire de la rédaction de de l’amitié trahie («L’émoi de Stendhal n’est pas feint; ce livre conçu comme on sait à partir d’autres livres mais s’il ne l’est pas, c’est uniquement parce que la Cè- qu’il dépasse et dont il se distingue par la seule pré- ne n’est pas pour lui un article de foi, mais un moment sence de son auteur. Bien qu’il connaisse le fonctionne- privilégié de la sensibilité»). La seule religion, c’est ment du monde éditorial, le débutant «ne semble pas l’œuvre d’art en ce sens qu’elle témoigne et consacre avoir bien compris la nature des attendus de la criti- la divinité de l’artiste; et le seul cas de vraie peinture que et du public dans le domaine de l’histoire de l’art». religieuse où Dieu soit vu, c’est sur les murs de la Six- Alors que son titre annonçait une synthèse historique, tine. Pour en rappeler l’aspect pamphlétaire, Yves An- l’auteur exprime dans des vues personnelles le souci s e l (L’“Histoire de la peinture en Italie”, «pamphlet de de préparer son lecteur à voir et à sentir librement, un Dominique», pp. 69-99) retrace la laborieuse genèse de lecteur dont il n’imagine pas qu’il puisse manifester un ce premier vrai livre qui de compilation se mua en un autre désir que le sien. Pour François Va n o o s t h u y s e travail personnel. V. Del Litto avait montré comment («Ut pictura poesis?» Remarque sur le style de l’“His- de la «traduction» de Lanzi Stendhal était passé à une toire de la peinture en Italie”, pp. 207-229) Stendhal n’a histoire politique. Il s’agit bien d’un livre militant dont pas voulu par l’écriture relever le défi mimétique de la la presse contemporaine avait d’ailleurs relevé le ca- peinture, mais bien plutôt en user comme d’une répon- ractère polémique et engagé. Stendhal a dit s’être em- se à la peinture, faite d’une «mixture de genres et de ployé à «châtrer» son texte, mais, au lieu de l’adoucir, tons». Après V. Del Litto et C. W. Thompson, Marie- il en a fait une diatribe continue contre la Restaura- Pierre Ch a b a n n e reprend la question de la lecture par tion. Pour Xavier Bo u r d e n e t (“Histoire de la peinture des personnalités majeures de cet ouvrage longtemps en Italie”: logiques de l’histoire?, pp. 101-117), l’œu- méconnu, avec l’exemple d’Eugène Delacroix, lecteur vre témoignerait d’une vocation d’historien qui vient de l’“Histoire de la peinture en Italie” (pp. 231-246). Le de loin. Mais tiendrait-elle les promesses de son titre? Journal du peintre et trois de ses articles, dont une bio- Elle serait plutôt, sur un mode alternatif et contrasté, graphie de Michel-Ange qui doit beaucoup à Stendhal, une histoire de la marche de l’esprit humain compri- témoignent d’une lecture attentive du livre découvert se comme une suite d’époques privilégiées et d’épo- en 1822 ou 1824, et particulièrement de ses principes ques stériles. Préoccupation fort proche avec Marie d e esthétiques. Ga n d t (Temporalités de l’art romantique, pp. 119-144) On trouvera aussi dans ce numéro 6 trois articles qui propose une double lecture du déroulé chronolo- sur des sujets variés. Sur le télégraphe et son usage gique de l’œuvre (du «Beau antique» au «Beau consti- dans lequel non sans raisons Valentina Fo r t u n a t o voit tutionnel») et de sa construction achronique (de la dé- un symbole de la monarchie de Juillet (Le télégraphe: chéance à l’idéal esthétique intemporel). Dans sa brève d’invention à symbole de régime. Aspects historiques et mais dense contribution, Télescope et “neige piétinée”: littéraires, pp. 247-270); sur une relecture de Jacques la “folie du voir”, (pp. 145-153), Marie-Rose Co r r e d o r le Fataliste faite quelques jours avant «la dictée du revient opportunément sur la «pulsion scopique» se bonheur», étude d’où il ressort que Julien aurait quel- manifestant dans la «passion des détails» et son anti- ques petites dettes à l’égard de Jacques, sans parler de dote, le «lointain», dans la peinture de Vinci et du Cor- ressemblances de détail relevées dans La Chartreuse. rège. Stendhal pour qui être c’est voir est tout autant Stendhal disciple de Diderot? G. Blin l’avait magis- fasciné par les «détails» que par le «voilement» de la tralement démontré et Shigeru Sh i m o k a w a s’emploie Beauté. Après les aléas de la vision, Agathe Le c h e v a - à le confirmer avec une énergie de sourcier qui tourne l i e r évoque ceux de la chaleur (climatiques, rhétori- parfois à l’obstination; enfin, Hans Fä r n l ö f (Pratiques ques ou historiques), pensée comme le principe actif poétiques. Remarques sur la motivation dans “Le Rouge de la communication esthétique: «Une peinture froide et le Noir”, pp. 301-331), grâce à une fine analyse des n’est pas une peinture», écrit Stendhal, en bon disci- motivations auctoriales, montre que contrairement à la ple de l’abbé Du Bos qui connaît l’importance du dé- tradition – du moins jusqu’à G. Blin − qui a vu dans terminisme climatique. Cette vieille notion de chaleur, Stendhal un improvisateur et dans son roman l’absen- Stendhal la modifie en l’appliquant à un domaine nou- ce de tout principe stable, la narration stendhalienne veau: ce n’est plus une technique, mais un mouvement est loin d’être imprévisible et qu’elle obéit à une logi- passionné, une impulsion ou un enthousiasme qui du- que intrinsèque. re. Stendhal écrirait une «histoire des variations de la Les «Notes et Documents» contiennent les der- chaleur dans l’art» et, simultanément, une protestation nières trouvailles de Jacques Ho u b e r t : d’abord deux

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billets qui viennent enrichir la Correspondance géné- gnarla, immergendolo in una realtà che lo stupisce, lo rale: le premier à Firmin Didot, daté de Grenoble, le condiziona in quanto si muove sempre nel passato pur 1er août 1819, alors qu’on sait par Stendhal lui-même avvalendosi di reali e contingenti novità. Ma la chasse que le 5 il était encore à Milan, le second, adressé à au bonheur è più che mai entusiasmante pur nei pas- Alexandre Dumas en 1840; ensuite une notice sur «M. saggi inconnus di una Milano diventata veloce, che si e Bayle (ou de Stendal)» parue dans le «Mercure du x­ i x riscrive continuamente. Come ben sottolinea ancora siècle» en décembre 1825. De plus, «truffier» infati- Giulia Chiesa, il fumettista ha tracciato «una immagi- gable, il propose de voir dans les quelques lignes que naria promenade dans 1000 ans scandita da passi tratti Stendhal écrit sur l’exemplaire de La Chartreuse offert da alcune sue opere […] alla ricerca di persone, luoghi, à Balzac «l’ébauche d’un contrat informel […] pour sentimenti e atmosfere mai dimenticate. […] Con que- une collaboration future à une correction» du roman. sta storia fantastica narrata per immagini – conclude Mentionnons aussi sa recherche d’Un portrait fantôme Chiesa - il Centro Stendhaliano della Biblioteca Comu- de Stendhal dans la collection Primoli qui suppose une nale ha voluto affidare anche al linguaggio del fumetto suite. Christopher W. Th o m p s o n lit dans la scénogra- una affettuosa seppur insolita testimonianza di un rap- phie de la mort d’Octave un hommage à Byron, Shelley porto iniziato nel lontano giugno del 1800 dal giovane et Rousseau qui s’ajoute au rappel secret du drame de Marie-Henri Beyle e non ancora concluso». Volterra. Pou sa part, Paul De s a l m a n d tente de rap- procher l’épisode de la jeune fille au chapeau vert vue [a n n a l i s a b o t t a c i n ] par le Touriste à Nantes et l’apparition de Mme Ar- noux, mais se garde de conclure à une éventuelle fi- liation. «L’Année stendhalienne», n° 7, Paris, Champion, [m i c h e l a r r o u s ] 2008, pp. 438.

L’essentiel de ce n° 7 est consacré au dialogue ou Alb e r t o Re b o r i , Stendhal a Milano, Biblioteca Co- plutôt au dialogisme dans le texte stendhalien réputé munale di Milano, Palazzo Sormani, 2006, pp. 63, ill. monologique. Encore faut-il s’entendre sur les mots, d’où de nombreuses divergences parmi les interve- Collocato in una tendenza che sempre più va a nants au colloque Stendhal dialoguiste (ENS, septem- espandersi anche nel nostro paese, quella del fumetto, bre 2005) dont les actes sont ici regroupés. lo Stendhal a Milano si compone di strisce che guarda- À son habitude, Yves An s e l , qui annonce la cou- no in particolar modo a un pubblico giovanile, attra- leur: Dialogue, dialogisme, polémique, ou pourquoi il verso un linguaggio che agli adolescenti è quanto mai faut en finir avec Beyle, «Dominique himself», et «tut- familiare e, nel caso specifico, inteso a facilitare in tal ti quanti», (pp. 15-36) attaque vivement le cliché égo- modo un approccio verso lo scrittore francese e la sua tiste et la classique interprétation qui en découle de la opera; il lavoro intende inoltre promuovere i prezio- continuité entre l’homme et l’œuvre et entre les textes. si materiali che il Centro Stendhaliano della Biblioteca Cette confusion des frontières génériques mérite un Comunale Sormani di Milano conserva. Come si può réexamen d’urgence, non sans conséquences: «La nais- ben desumere da un interessante articolo firmato da sance de Stendhal doit se payer de la mort de Beyle». Yves-Marie Labé e apparso su «Le Monde des Livres» Il faut procéder à une relecture littérale pour découvrir del 28 marzo 2008, la BD sta sempre più emergendo in que toute l’œuvre de Stendhal est «centrée non sur son Francia quale trasposizione d’opere letterarie, dopo il Moi […] mais sur le destinataire». Marie Pa r m e n t i e r successo dei Misérables e del Voyage autour de la nuit, (Le dialogue avec le lecteur: de la conversation au trom- che rimonta al precedente ventennio. Ora, rileva Labé, pe-l’œil, pp. 37-49) traite du leitmotiv de la présence du «les adaptations dessinées d’œuvres littéraires se mul- lecteur sur lequel la critique, dès Taine, s’est divisée, les tiplient» (p. 9). Nel caso dello Stendhal a Milano è dun- uns affirmant que Stendhal se soucie peu du lecteur, les que visibile – a livello biografico – una nuova attenzio- autres que cette conversation est illusoire. Est analysé ne verso questa forma artistica, che giunge ora anche l’effet de conversation quand le narrateur fait allusion da alcune case editrici italiane che si sono inserite in à son lecteur, s’adresse à lui ou le prend à témoin. Mais quella scrittura d’arte che è il graphic novel, presentan- ce dialogue serait illusoire dans la mesure où la partici- do un libro a immagini che dovrebbe maggiormente pation du lecteur est anticipée par le narrateur. Ce sont coinvolgere il pubblico, unendo alla lettura il fascino les particularités énonciatives du monologue stendha- della pagina illustrata. Ma ritornando allo Stendhal di lien – le personnage s’interpelle lui-même ou imagine les Rebori, che irrompe nella metropoli della modernità, réponses qu’il ferait − que Laure La ss a g n e étudie dans non viene in lui certo meno, nella perseverante ammi- «Répondit-il à l’interrupteur». Paradoxe d’un monologue razione per la città lombarda, il culto di essa, pur così dialogal, (pp. 51-69). En mimant le dialogue Stendhal straniante: Milano rimane luogo di attrazione senza li- privilégie sa fonction expressive au détriment de sa fonc- miti, città legata all’immenso amore mai vissuto e man- tion communicationnelle. Le genre par excellence dia- tenuto vivissimo da Henri, per tutto il resto dell’esi- logique, c’est le pamphlet; le dialogue en serait même stenza, verso Métilde Viscontini Demboski, ispiratrice la «forme matricielle», comme s’emploie à le montrer di tante eroine del tracciato scritturale stendhaliano. Xavier Bo u r d e n e t (Dialogue et polémique littéraire dans «Cambiato il secolo e mutati i ruoli – scrive nel- “Racine et Shakespeare”, pp. 71-96). De même pour le la puntuale Nota all’edizione la responsabile del Cen- théâtre dont le «colossal chantier inachevé» est parcou- tro Stendhaliamo Giulia Chiesa – nella seconda metà ru par Éric Av o c a t (Théorie et pratique du théâtre chez del ’900 è il capoluogo lombardo che si fa protagoni- Stendhal: un novateur saisi par la tradition, pp. 97-119): sta di questo rapporto, quando accoglie la biblioteca dans les scènes dialoguées de Letellier et des Deux hom- dello scrittore francese rimasta, dal 1842 – anno della mes, Stendhal s’efforce de donner au dialogue «la va- sua morte – al 1912, a Civitavecchia dove fu console leur d’une action», non sans risque pour l’efficacité de di Francia» (p. 63). È un appassionato cultore di Sten- la pièce. L’enquête de Béatrice Di d i e r sur Le dialogue dhal, il noto fumettista Alberto Rebori che ha ideato la dans le “Journal” de Stendhal (pp. 121-135) porte sur la storia “moderna” del grenoblese e che ha voluto ridise- fréquence du dialogue dans le journal intime comme

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dans le journal «reconstitué» où il prend la forme d’une évolue (homodiégétique, puis hétérodiégétique), ce conversation avec les écrivains. De plus, à l’occasion de qui ne va pas sans perturber l’économie narrative, d’où la relecture des journaux de jeunesse s’instaure un dialo- de nécessaires aménagements pour assurer le passage gue entre deux époques du «moi». Le cas plus comple- d’une version à l’autre. On y trouvera aussi une Ana- xe de l’autobiographie est aussi évoqué. Constatant le lyse du manuscrit de “San Francesco a Ripa” par Yoshi- prétendu effet d’effacement du dialogue dans le roman, taka Uc h i d a (pp. 241-264), essai de reconstitution du Marie d e Ga n d t (Du cercle de parole au for intérieur: texte initial intitulé à l’origine Santa Maria Romana, ti- les modèles du dialogue stendhalien, pp. 137-153) choi- tre auquel R. Colomb substitua l’actuel dans son édi- sit les moments, les scènes faudrait-il dire, où s’exprime tion de la «Revue des deux mondes» qu’il conviendrait «la parole vive des personnages» dans un dialogue le de préférer à celle de Martineau. Dans Société et vie plus souvent ironique, surtout quand il est intériorisé. de cour dans “La Chartreuse de Parme” (pp. 265-292) L’évident caractère théâtral du premier roman n’a pas Yves An s e l donne une relecture présentée à Caen en échappé à Amina Ra c h i d (“Armance”. Théâtralité de la 1997, complément à Lire toute la fable («Recherches et parole et repli sur soi, pp. 155-165) qui le juge «entiè- Travaux», HS 13, 1997), dans l’intention de redresser rement fondé sur une construction de paroles», appré- la lecture «officielle» du roman qui effacerait le spec- ciation sans doute excessive et qui aurait mérité mieux tre du réalisme. Sont visées les interprétations de Va- que des considérations rebattues sur l’œuvre comme léry, de Bardèche et, on l’aura deviné, de M. Crouzet «réalisation des manques vécus par l’auteur dans sa dif- (le roman du non-sérieux et du jeu euphorique), qui a ficile vie sentimentale». Plus consistantes les cinq inter- pourtant mis en évidence la démystification de l’histoi- ventions qui complètent la première partie. Francesco re officielle dans ce roman machiavélique. À vrai dire, Sp a n d r i (Dialogisme et égotisme auctorial, pp. 168-179) nul n’a prétendu que La Chartreuse était un roman dé- considère que dans les romans de Stendhal la fonction politisé – qui pourrait croire à l’épilogue? – et Y. An- dramatique du dialogue prédomine nettement sur la sel le démontre jusque dans le détail en nous faisant fonction idéologique, d’autant plus qu’elle est soulignée entrer dans les «coulisses» de la cour de Parme qui est par les commentaires du narrateur. À la différence de bien un «jeu amusant», mais aussi un «marigot puant». Flaubert qui voyait dans le dialogue «l’illusion d’une Dans une étude précise et bien documentée consacrée pure mimésis», Stendhal le privilégie «parce qu’il com- à “Stendhal” chez Prosper Mérimée après 1842 (pp. 325- porte cette illusion». Rania Fa t h y (Dialogue et narration 348), Kichiro Ka j i n o examine les circonstances dans dans “Le Rouge et le Noir”: continuité et/ou rupture?, lesquelles ont été écrits Les Deux Héritages, puis le fa- pp. 181-191) a choisi le roman de 1830 où les séquences meux HB. Dans sa comédie de mœurs, espèce de bi- dialoguées et les situations conversationnelles occupent lan de sa vie sociale, abondent de nombreux éléments une place importante, comme l’indique le titre de plus stendhaliens; dans la plaquette Mérimée aurait «voulu d’un chapitre, car Julien doit d’abord s’initier à l’art du regarder en face ce qu’il avait reçu de Stendhal». dialogue. Si la relation entre la parole du narrateur et Jacques Ho u b e r t continue sa moisson avec quatre celle du personnage est illustrée par quelques exemples lettres inédites: une à Sophie Duvaucel (17 mars 1830) bien choisis, on regrettera toutefois que le rapport en- et trois à l’avocat Salvagnoli (1831 et 1841), accompa- tre narration et dialogue n’ait pas été plus approfondi. gnées de précieux commentaires. En prime, racontée Ce sont les «Parlures stendhaliennes» – par «parlure» par Mme de Tracy, une anecdote qui eût ravi le Touris- (i.e. sociolecte) on entend une manière de parler propre te. Enfin, une petite énigme de La Chartreuse (ch. XIII) à une classe sociale – qu’analyse Éric Bo r d a s (pp. 193- est résolue grâce à la perspicacité d’Elisabeth Ed l et de 205) dans leur vraisemblance mimétique. Un bel exem- Wolfgang Ma t z : nos deux détectives ont identifié le son- ple est donné avec l’étude stylistique de la caractérisa- net de Pétrarque «dont un mot était changé» que Fa- tion de la parole du père Sorel, du hobereau de province brice fait envoyer à Clélia. qu’est M. de Rênal ou chez tel personnage périphérique. [m i c h e l a r r o u s ] Par contre, il est souvent difficile de distinguer la carac- térisation de l’idiolecte des personnages focaux de celle du narrateur. Agathe No v a k -Le c h e v a l i e r répertorie les Ol y m p e d e Go u g e s , La Musa barbara. Scritti politi- problèmes posés par la trop facile assimilation du dialo- ci (1788-1793), a cura di Franca Za n e ll i Qu a r a n t i n i , gue du roman au dialogue théâtral (Dialogues en scène: Milano, Medusa, 2009, pp. 143 la théâtralité des dialogues dans les romans de Stendhal, pp. 207-224): les «scènes» de dialogue sont nécessaires, Morior, ergo sum. È questo l’ossimorico sillogismo pensées et préparées – ouverture et fermeture – car elles che sembra suggerire Olympe de Gouges, che nella sua produisent de l’action. François Va n o o s t h u y s e s’arrête epoca tormentata e rivoluzionaria trova materia per sur un aspect négligé du texte stendhalien, l’énonciation tornare a riflettere sulle sorti delle donne le quali, se (Du dialogue comme composition sonore, pp. 225-239). Il hanno «il diritto di salire sul patibolo», devono «avere s’agit d’une interprétation plus phénoménologique que altresì quello di salire sulla tribuna» (p. 73). Olympe stylistique des actes de parole, de la «bande sonore», è nota infatti soprattutto per aver sottolineato questo dans quelques pages de Lucien Leuwen, y compris le paradosso nella Dichiarazione dei diritti della donna e cas où les paroles ne sont pas rapportées mais seulement della cittadina, del 1791, ma la sua produzione è molto leur inflexion, ou bien quand le narrateur, négligeant la più vasta e articolata, ad iniziare dagli scritti politici parole du héros, prend sa place. al centro di questo volume: pubblicazione quanto mai À remarquer, dans la deuxième partie, l’étude de opportuna per far meglio conoscere questa parte della poétique narrative de Marie Pa r m e n t i e r , Comment pla- bibliografia della scrittrice, qui tradotta per la prima cer sa voix? Les narrateurs de “Lamiel” (pp. 294-323), volta in italiano, sulla base dell’edizione francese del qui recoupe sur certains points les thèmes abordés lors 1993 curata da Olivier Blanc. du colloque Stendhal dialoguiste, entre autres la pré- La prefazione e la post-fazione di Franca Zanelli sence et le rôle d’un narrateur-personnage dans les pre- Quarantini rendono ben conto di questa complessità miers chapitres du roman. L’étude des différentes ver- e stagliano sullo sfondo problematico del contesto sto- sions des incipit met en évidence de nombreuses ma- rico e politico le ragioni della scrittura di Olympe, che nipulations narratives; le statut fictionnel du narrateur «sperimenta e combina insieme generi diversi, talvolta

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ricavandone dei curiosi effetti di ibridazione» (p. 7), sui rapporti del grande collezionista con i suoi librai in romanzi che «sconfinano nel saggio», e più di qua- (1999), la biografia che costituisce la sua tesi di dot- ranta pièces de théâtre «con prefazioni in forma narra- torato ès lettres (Paris IV, 2002) e la presentazione di tiva» (p. 7). dieci anni di corrispondenza fra l’aristocratico belga e Soprattutto, gli scritti politici sono emblematici l’editore Michel Lévy (Paris, Champion, 2005). dell’esigenza di «alzare la voce» (p. 8) per il superamen- In questa nuova opera vengono studiati in particola- to dell’«interdizione della parola femminile» (p. 7). Si re la sua collezione, i suoi archivi e specialmente la va- tratta di pagine che rendono conto di tutto quel «brusio sta corrispondenza con i vari autori di manoscritti che di voci escluse, che non è ancora un discorso» (p. 138) venivano raccolti nella nota biblioteca. ma che come tale si viene formando attraverso tutta una Lovenjoul aveva una notevole cultura sui suoi con- serie di dediche e adresses, mostrando il potere attribui- temporanei, soprattutto sui romantici francesi: Gautier, to all’interazione. È un dialogo costante con i destinata- Sand, Balzac, senza tralasciare Baudelaire, Nerval, Sten- ri, che spazia dagli avvenimenti più contingenti delle vi- dhal, trascurati allora dalla maggior parte dei francesi. cende pre- e postrivoluzionarie alla proposta di embrio- L’attività del Visconte si allargava per la prima volta nali o spesso utopistiche riforme, dell’economia, dei a giornali, riviste, opuscoli, documenti facilmente dete- costumi o delle leggi, soprattutto per quanto riguarda riorabili. L’immensa biblioteca di Bruxelles si arricchi- la schiavitù, il divorzio, il matrimonio, o meglio si do- va sempre più di edizioni originali e anche di quelle che vrebbe dire, nuove modalità di rapporto di coppia e di il grande bibliotecario comperava sotto forma di copie: genitorialità. Ciò che colpisce, come rileva la curatrice, si trattava di testi ricchi di varianti grazie alle quali egli è la compresenza di piani diversi, la compenetrazione riusciva a fare la genesi delle opere collezionate. Il ri- del personale e del politico. I grandi nomi della Storia, gore dei suoi metodi di lavoro fece di lui un precursore Mirabeau, Chénier, Danton, Robespierre, “Luigi Cape- dei ricercatori del x x secolo. to”, sono citati accanto ai più umili gendarmi, segre- Faivre d’Arcier era la più adatta per apprezzare l’im- tari o protagonisti anonimi delle minute disavventure portanza della collaborazione di Lovenjoul con Balzac quotidiane dell’autrice. La sua partenza da Parigi viene negli anni 1865-1875 relativa all’edizione delle prime accostata a quella di Necker – «ce ne andiamo tutti e opere complete del romanziere. Viene messa in eviden- due caro signore […] in questo ci somigliamo almeno za la parte presa dal collezionista alla ricerca dei diversi un poco» (p. 52) – e la personalizzazione dell’apostrofe stati di un’opera ricchissima, complessa, continuamen- al «severo tribunale» (p. 121), nella lettera al tribuna- te rimaneggiata, tanto da valergli il titolo del più gran- le rivoluzionario, è prolettica della sua condanna. So- de balzacchiano del suo tempo. La pubblicazione nel prattutto però, sono interessanti le numerose adresses 1879 di una preziosa Histoire des oeuvres de Honoré de da donna a donna, da Olympe a Maria Antonietta, che Balzac destò l’ammirazione dei lettori per la sua pre- esortano quest’ultima ad adoperarsi «per il migliora- cisione, i suoi inediti, la qualità delle sue note. Unito mento dei costumi, per dare al vostro sesso il peso che alla pubblicazione di opere (non complete) di Théo- gli compete» (p. 70), e restituiscono anche, nel percorso phile Gautier, il collezionista riuscì a salvare numerosi diacronico, la concitata evoluzione dell’immagine della testi, ottenuti dal poeta e apparsi in giornali sconosciu- regina e possono contribuire al riesame storico della sua ti e poi dimenticati. A queste scoperte vanno aggiunte figura in atto negli ultimi anni. le 1200 pagine della Histoire des oeuvres de Théophile Ciò che emerge altresì da questi scritti è un ritrat- Gautier (1887) giudicato dall’A. un lavoro «sans équi- e to in fieri della femme auteur, orgogliosa di dichiarare valent en ce début du x x i siècle». «io sono la mia opera» (p. 5). Nell’aporia cui abbiamo Lovenjoul incontrò George Sand per la prima (e fatto cenno all’inizio, Olympe anticipa in un certo sen- unica) volta, il 1° giugno 1875, i due erano in relazione so quella mistica del sacrificio femminile che nelle sue epistolare dall’inizio di quest’anno. A questo proposi- “colleghe” dell’Ottocento soddisfa da una parte il “sa- to l’A. attinge largamente dal tomo XXIV della Corri- dismo” della società nei confronti delle donne e dall’al- spondenza curata da Georges Lubin. Il Visconte che tra il loro bisogno di “pagare” in qualche modo le loro raccoglieva i testi della romanziera fin dall’età di 17 an- pretese di riconoscimento e cittadinanza. D’altra parte, ni fu molto orgoglioso di offrire alla celebre scrittri- la sua «coscienza identitaria», «la volontà d’interveni- ce la sua Étude bibliographique pubblicata a Bruxelles re contro ogni forma di discriminazione» (p. 7) e di nel 1868 con la firma del bibliofilo Isaac. Questo testo, violenza mostrano tutta la carica propositiva di quella completato ma non ultimato, fu pubblicato a Parigi da visione femminile che, nata dalla Rivoluzione, contri- Georges Vicaire nel 1914 sotto il nome di Lovenjoul. buirà anch’essa, con alterne vicende, alla nascita della George Sand fu fortemente impressionata dall’ecce- società moderna. zionale conoscenza che il conte aveva della sua opera, Il volume, con il suo importante apparato critico, tanto da accettare che fosse pubblicata, in ordine cro- si pone quindi come utile, e benvenuto, strumento di nologico, con i titoli e sottotitoli proposti dal suo corri- lavoro ma anche come occasione di lettura che, nel spondente. Purtroppo il 4 maggio muore l’editore Mi- contribuire a delineare risvolti meno noti dell’epoca chel Lévy. Tre lettere scritte dalla Sand nell’autunno, rivoluzionaria, va alle radici delle modulazioni e del- esprimevano un grande scetticismo di poter ormai rea- le tematiche della scrittura femminile tra Settecento e lizzare l’edizione completa. In una specie di lettera-te- Ottocento. stamento del 23 ottobre 1875 (Correspondance Lubin, [l a u r a c o l o m b o ] tomo XXIV, p. 429), la scrittrice nominò Lovenjoul al- la presenza ai suoi eredi, garante intellettuale dell’edi- zione «complète et sérieuse» delle sue opere. Ca t h e r i n e Fa i v r e d’Ar c i e r , Lovenjoul (1863-1907), Quando il visconte iniziò i suoi rapporti nel 1878 une vie, une collection, préface de Gabriel d e Br o - con Maurice e Lina Sand, era convinto dell’importan- gl i e , de l’Académie française, éd. Kimé, Paris, 2007, za della corrispondenza come documento destinato a pp. 276. meglio comprendere la genesi delle opere. Decise co- sì di costituire, per ogni scrittore studiato, un insieme Ancora una volta Catherine Faivre d’Arcier scrive che comprendesse le Opere complete, la bibliografia, un’opera su Spoelberch de Lovenjoul dopo la sua tesi la corrispondenza, la storia delle opere.

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Per quanto riguarda George Sand, la pubblicazione d’un livre [Les Misérables] une exposition?, pp. 25-30) in corso delle Opere complete fu abbandonata da Cal- ouvrent le catalogue de cette exposition tenue, simul- mann-Lévy che preferì pubblicare, nel 1878 una scelta tanément à celle du musée Carnavalet sur Paris au tem- di lettere spesso ritoccata dagli eredi. ps des “Misérables”, dans la maison de Victor Hugo pla- Dobbiamo a Lina Sand, in contatto con il Biblio- ce des Vosges. On sait combien ce roman pressenti par tecario, verso la fine degli anni ’80, per poter difen- son auteur comme «l’un des principaux sommets, si ce dere la suocera contro i “mussettisti”, la decisione di n’est le principal, de [s]on œuvre» connut un succès pubblicare i testi integralmente. Da copista rigorosa, la immédiat, Pagnerre ayant vu sa maison d’édition prise giovane Calamatta gli sottopose nel ’91 un progetto di d’assaut par la foule dès le jour de sa parution, le 15 complemento della Correspondance Calmann-Lévy. Da mai 1862. Le retour de flamme devait venir avec le dé- quel momento – nota Catherine Faivre d’Arcier – si nigrement de son «enflure lyrique» par Flaubert et Zo- instaurò tra loro una ricchissima corrispondenza: Lina la, malgré les nuances plus admiratives de Baudelaire et spediva i testi, Lovenjoul copiava, datava, classificava Rimbaud. Mais, outre l’adaptation théâtrale de Charles e rispediva. Pubblicando, in risposta ai “mussettisti”, Hugo et Paul Meurice dès 1863, le cinéma, à partir du la Véritable Histoire d’Elle et Lui… (Calmann-Lévy, court-métrage des frères Lumière en 1898, n’a cessé de 1897), il visconte mostrò alla sua corrispondente come le ressusciter aux yeux des lecteurs, avant la consécra- l’uso mirato dei documenti potesse aiutare il lettore ad tion universitaire à partir des années 1960. La Maison attenuare il suo giudizio negativo sulla romanziera. de Victor Hugo a souhaité revenir au texte, à partir Aurore e Gabrielle Sand, figlie di Lina, delusero des sources, des archives et de documents génétiques, l’erudito per il loro rifiuto di ricopiare le lettere. L’ini- mais aussi en faisant appel aux illustrations, aux pein- zio del capitolo VII dell’opera è consacrato alla presen- tures, aux photographies et aux sculptures que Les Mi- tazione della biblioteca dotata di 30.000 volumi che so- sérables ont inspirées. L’exposition a pu donner le sen- no elencati nelle pagine finali illustrate. Lovenjoul volle timent, de l’aveu même de l’un de ses commissaires, preservare dall’oblio i preziosi manoscritti lasciandoli d’être «un peu étrange, touffue, faite d’élans et d’ar- in eredità, per testamento, all’Institut de France e riser- rêts, de recoins et de perspectives» (p. 22), mais elle vandone la consultazione ai soli ricercatori. matérialise le déchaînement des imaginaires, depuis Nella sua conclusione l’A. rinnova la sua ammira- celui originel de l’auteur jusqu’à la multiplicité des ar- zione per questo straordinario Bibliotecario che con- tistes qui se sont référés à cette œuvre. siderava la corrispondenza di George Sand «digne de Guy Ro s a propose d’abord un Abrégé de l’histoire figurer tout près de celle d’une Sévigné ou d’un Vol- des “Misérables” (pp. 31-38) depuis le scénario origi- taire». La collaborazione di Lina e del visconte doveva nel – Histoire d’un saint / Histoire d’un homme / Hi- portare i suoi frutti un secolo dopo quando Georges stoire d’une femme / Histoire d’une poupée – jusqu’à Lubin iniziò a curare con un rigore che non ha pari, l’immense et subtil travail d’amplification et de recon- l’edizione completa delle lettere che Lovenjoul aveva struction que représentent les manuscrits, dont l’un tanto desiderato. déplié dans une salle de l’exposition, des Misères ini- [a n n a r o s a p o l i ] tiales aux actuels Misérables. Les deux crises, intime et collective, qui opèrent cette métamorphose font l’objet d’une analyse fine et puissante du spécialiste de Pi e r Vi n c e n z o Me n g a l d o , “Jadis et naguère”: finez- ze di Balzac, «Rivista di Letterature moderne e compa- la génétique hugolienne. rate», anno 64, numero 4, settembre-dicembre 2008, Jean-Marc Ho va ss e , auteur de la grande biographie pp. 417-423. récente, montre Victor Hugo raconté par le roman de sa vie (pp. 39-44): il sonde dans Les Misérables les traces Oggetto di questo interessante contributo di Pier Vin- des événements intimes en les mettant en parallèle avec cenzo Mengaldo è La Duchesse de Langeais, uno dei ca- leur version officialisée dans le récit de Mme Hugo, au polavori della Comédie humaine balzachiana e una del- «voisinage paralysant du roman» (p. 44). le più inquietanti e sottili storie d’amore della narrativa, Jean-Claude Ca r o n (“Les Misérables” ou l’endroit de non solo francese, dell’Ottocento. Nella sua puntuale l’histoire, pp. 45-53) étudie la position spécifique adop- analisi della struttura di questo romanzo, dove «l’intrec- tée entre Michelet et Sue: entremêlant écriture roma- cio si discosta vistosamente dalla fabula, o il tempo della nesque et récit historique sans les fondre, Hugo sollici- narrazione da quello narrativo» (p. 417), l’A. evidenzia, te l’Histoire non comme épreuve de vérité, mais pour a proposito della sezione del romanzo che concerne il provoquer l’adhésion du lecteur à sa fiction, qui s’avère ritrovamento della duchessa e in quella del ritrovamen- réquisitoire et programme de son libéralisme républi- to del suo corpo, l’uso di due avverbi temporali: ‘jadis’ cain. C’est en effet par la sensibilité à la question socia- e ‘naguère’ impiegati da Balzac non in «accezione rea- le qu’opère «l’éveilleur de conscience», comme le sou- listica o obiettiva ma prettamente mentale, psicologica, ligne Serge Pa u g h a m (Victor Hugo et Les Misérables, in momenti di completo égarement dei due personaggi» la fonction sociale d’un roman, pp. 54-60). (p. 422). In questi usi, conclude Mengaldo, o sfumature, Le catalogue présente ensuite en quatre sections – «Le noi dobbiamo riconoscere non distrazioni dell’inesau- roman de la rédemption» (pp. 61-80), «Le roman de la ribile poligrafo […], ma finezze concertate del grande misère» (pp. 81-136), «Le roman de l’amour» (pp. 137- narratore» (ibid.). 156), «Le roman de l’histoire» (pp. 157-201) – les pas- [m a r c o s t u p a z z o n i ] sages du roman sélectionnés en regard des œuvres arti- stiques exposées. Relevons notamment les aquarelles de Gabriel Cloquemin, Le Ferrement et Le Départ (n°59 et AA. VV. Les Misérables, un roman inconnu, Maison 61, p. 67), qui matérialisent la vision du forçat. La Chan- de Victor Hugo, 10 octobre 208-1er février 2009, Paris son de la chemise de Gustave Doré (n°62, p. 88) et la Pe- Musées, 2008, pp. 239. tite Fille portant un seau d’Edmond Bacot (n°113, p. 122) marquent bien la condition de Fantine et Cosette. Les Danielle Mo l i n a r i (“Les Misérables”, un roman in- sculptures de Bourdelle, La Guerre ou Trois têtes hurlan- connu?, pp. 20-24) et Vincent Gi ll e ([Comment] faire tes (n°39, p. 191) et Rodin, L’Homme qui tombe (n°44,

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p. 197) corroborent la force du Rêve dessiné par Hugo ne, par contamination des souvenirs de Léonie Biard et (n°72, p. 198). de Juliette Drouet sur les couvents des Bénédictines et Enfin, Vincent Gi ll e (pp. 202-209) étudie particu- des Dames de Sainte-Madeleine. lièrement le cas de Gustave Brion, premier illustrateur Marius, M. Gillenormand, Gavroche et les Thénar- des Misérables (1824-1877) qui dessina de son propre dier permettent de nombreuses pérégrinations: des chef vingt-cinq compositions, simples et stylisées (qua- Grands-Boulevards au Marais, mais aussi de Saint- torze de personnages, onze de scènes du roman), re- Sulpice au Luxembourg revivent l’idylle de jeunesse produites par photographies à plusieurs dizaines de d’Adèle et Victor comme les reconstructions récentes milliers d’exemplaires. Aussi est-ce à lui que Hugo du Paris historique. Le Paris de Louis-Philippe élève confia l’édition populaire de 1864 chez Hetzel, illu- la colonne de la Bastille (voir l’eau-forte coloriée du strée cette fois de deux cents «types», «scènes» et «dé- Monument élevé à la mémoire des citoyens morts pour cors», moins anecdotiques que celles des profession- la Liberté. Paris en juillet 1831 et la lithographie sur nels choisis pour la 2e édition illustrée en 1879. la Colonne de Juillet, pp. 106-107), tout en abandon- Arnaud La s t e r qui a recensé les 48 versions cinéma- nant l’éléphant maquette de 1813 envisagé pour fon- tographiques tournées de 1898 à 2008 interroge leur taine par Napoléon, qui fournit à Gavroche un refuge rapport au roman (Adapter, est-ce toujours altérer? “Les bien propice à susciter la faculté visionnaire hugolien- Misérables” à l’écran, pp. 210-219) en notant la diver- ne (L’Éléphant de la Bastille, 1844, p. 108). gence des dénouements, les versions américaines refu- Jean Valjean secourant le héros de l’idylle de la rue sant la mort de Jean Valjean là où les européennes, plus Plumet tout autant que de l’épopée de la rue Saint-De- fidèles dans leur ensemble, en nuancent cependant le nis permet de relater les émeutes de 1832, longuement pessimisme par quelques accommodements. étudiées sur archives du procès des accusés de la barri- Ce catalogue, qui comporte bien sûr chronologie de cade Saint-Merri. Enfin après avoir transposé, à la date la rédaction du roman, chronologie du récit, filmogra- de sa première nuit d’amour avec Juliette, le mariage phie, bibliographie, liste des œuvres, allie judicieuse- de Léopoldine en celui de Cosette et Marius à Saint- ment analyses universitaires solides et vision d’œuvres Paul-Saint-Louis, Hugo se voit, rue de l’Homme armé, riches de leur diversité. dans le père accablé qu’il fait enterrer, comme le sien, [l i s e s a b o u r i n ] au Père-Lachaise. Parmi les tableaux, gravures, photographies, plans et objets présentés, signalons-en particulièrement quel- Da n i e ll e Ch a d y c h et Ch a r l o t t e La c o u r -Ve y r a n - ques-uns pour la fixation d’imaginaire qu’ils ont permi- n e , Paris au temps des Misérables de Victor Hugo, Mu- se aux visiteurs – et que les lecteurs pourront retrouver sée Carnavalet-Histoire de Paris, 10 octobre 2008-1er grâce à l’iconographie soignée du catalogue. Ainsi de février 2009, Paris Musées, 2008, pp. 152. ces barrières de Paris aujourd’hui quasi toutes dispa- rues (et de toute façon plus perçues comme telles) que Ce catalogue d’une belle exposition tenue au Musée montrent l’aquatinte de 1830 sur La Barrière de Passy d’Histoire de Paris que constitue Carnavalet s’ouvre (p. 53) et l’eau-forte de Cécile Marchand, Fragment sur Une ode à Paris romantique sous la plume de Da- près de la barrière de Fontainebleau vers 1810 (p. 55). nielle Ch a d y c h (pp. 11-38) avant la présentation des Les vues de L’Hôpital de la Salpétrière (p. 57) ou du œuvres par les deux commissaires, classée autour des Dépôt des condamnés de Bicêtre en 1834 (p. 103), de personnages de Fantine, Cosette, Marius, de l’idylle de la Barricade dans la rue Saint-Martin le 25 février 1848 la rue Plumet et de l’épopée de la rue Saint-Denis, de (p. 130) ou du Point où l’égout se déverse dans la Seine Jean Valjean enfin. vers 1858 (p. 137) sont fort évocatrices des conditions Les Misérables opèrent, on le sait, un judicieux mé- matérielles de vie de la population, tandis que les font lange de réalité et de fiction, en une rêverie imaginative toucher du doigt et presque de l’oreille la menotte avec sur une ville abondamment fréquentée par leur auteur. clef, dénommée Poucette avec chaîne (p. 95), et l’affiche Neuf lieux principaux, souvent théâtre d’épisodes de de 1848, Argot et jargon: première et seule édition de sa vie, ont inspiré ses descriptions: les Champs-Élysées, l’argot et du jargon des filous qui n’est intelligible qu’en- le 13e arrondissement du Boulevard de l’Hôpital et du tre eux (p. 113). champ de l’Alouette, les barrières érigées sur les boule- [l i s e s a b o u r i n ] vards extérieurs, le 5e arrondissement, le couvent fictif du Petit-Picpus, la rue Oudinot devenue Plumet dans le roman, le Luxembourg, les Halles et le Marais. Le Théâtre-Historique d’Alexandre Dumas. II. Direc- Un tableau placé à l’ouverture de l’exposition, Pa- teurs, décorateurs, musique, correspondances, censure, ris vu des hauteurs de Montmartre en 1822 de George «Cahiers Alexandre Dumas», n°26, 2009, pp. 222. Arnald (pp. 40-41), permet de prendre conscience du changement de taille de la capitale romantique par rap- Continuant la démarche du n°25, ce nouveau «Ca- port à la métropole d’aujourd’hui: il était encore pos- hier Alexandre Dumas» nous délivre la liste des di- sible au piéton d’alors de rejoindre assez rapidement recteurs et des décorateurs du Théâtre-Historique les champs. (pp. 11-17), avant une analyse d’Olivier Ba r a sur l’im- Fantine donne à Hugo l’occasion de brosser le ta- portance de cette salle comme «théâtre en musique» bleau du Paris de 1817 encore marqué des faits histo- (pp. 18-29) et l’annotation par Claude Sc h o p p (pp. 31- riques récents qu’on s’efforce de gommer (tels les N 165, index pp. 166-173) des correspondances reçues et aux frontons des monuments) mais aussi de se remé- conventions signées de 1846 à 1851. Puis Odile Kr a k o - morer le bonheur de ses promenades de jeunesse aux v i t c h (pp. 174-196) ouvre les dossiers de censure de La Champs-Élysées. Reine Margot, Hamlet, L’École des familles, L’Intrigue Avec Cosette, le romancier s’élance dans les quar- et l’amour, Le Mari de la veuve, Le Chevalier de Maison tiers décrépits (la masure Gorbeau, les barrières d’Ita- rouge ou les Girondins, Le Comte de Monte-Christo, Le lie et Saint-Jacques) qui lui permettront d’élaborer son Capitaine Lajonquière qui y furent représentés et Jac- couvent de Picpus, dépaysé par précaution envers la queline Ra z g o n n i k o f f , par le «petit bout de la lorgnet- censure du 12e arrondissement au quartier Saint-Antoi- te» (pp. 197-206), fournit une sélection thématique

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des articles du «Coureur des spectacles» consacrés à 1860) dont rendront compte Thécel et Hugo autour de ce lieu théâtral. Enfin Jean-Claude Yo n (pp. 207-216) «L’Indépendance belge», Vapereau dans son «Année lit- clôt l’enquête ainsi opérée en présentant la «brève his- téraire et dramatique». toire d’une reconversion», du Théâtre-Historique au [l i s e s a b o u r i n ] Théâtre-Lyrique. Une précision rectificative du précé- dent et une bibliographie 2008 viennent achever ce nu- méro riche de documents fort utiles sur un théâtre «qui Ne ll y Wo l f , Le Menuisier et la blanchisseuse. Geor- a eu la fulgurance aussi bien que la brièveté de l’éclair» ge Sand et Zola, in «Revue d’Histoire littéraire de la (avant-propos, p. 10). France», vol. 109, 2009, n° 4, pp. 899-908. [l i s e s a b o u r i n ] Sand un falegname? Zola una lavandaia? Dietro l’apparente paradosso si cela un progetto di lettura di Ge o r g e Sa n d , Elle et Lui, édition de Thierry Bo d i n , due celebri romanzi, Le Compagnon du Tour de Fran- Gallimard, «Folio classique», 2008, pp. 381. ce di Sand e L’Assommoir di Zola, come ritratto dello scrittore nei panni di un umile artigiano. Cette réédition en «Folio classique» de l’écrit, ul- Nettamente suddiviso in due parti, una per ogni térieur à la mort de Musset, où George Sand donne romanzo, legate fra loro dal medesimo presupposto forme romanesque à ce qu’elle avait pour l’essentiel tu iniziale, l’articolo si presenta infatti come una doppia dans les Lettres d’un voyageur et Histoire de ma vie, illustrazione e decodificazione del rapporto metafori- permet d’accéder facilement à un livre à retentisse- co che legherebbe la rappresentazione letteraria di un ment, mais souvent trop peu lu. mestiere e di chi lo esercita ad una riflessione sulla lin- On se souvient des nuances beuviennes sur cette gua e sul rapporto dell’autore con il testo. «histoire altérée» qui n’en exprime pas moins pourtant Così Nelly Wolf vede un’identificazione implicita di «une vérité profonde» de leurs relations. Le conflit Gorge Sand nella figura idealizzata del falegname Pier- avec Paul de Musset autour de la reprise des lettres de re Huguenin, detto «l’ami-du-trait». La romanziera e son frère avait provoqué cette écriture de 620 pages en l’artigiano condividono infatti un’educazione non sco- 25 jours, provoquée par leur relecture avant éventuel lastica, acquisita tardi, in maniera indipendente e libe- autodafé. Le scandale à la parution, orchestré par cri- ra dalla tirannia del greco e del latino, e un bisogno di tiques et journalistes, s’il favorisa le succès, n’empêche riscatto da una condizione iniziale di oppressione e di pas l’authenticité des émotions de la créatrice: même si inferiorità. Tuttavia l’autrice segnala in Sand un limite les réminiscences sont multiples, elle s’est efforcée de alla ricerca di un protocollo di scrittura veramente de- transposer dans le milieu des peintres, que les amants mocratico poiché lo scrittore, in quanto appartenente pratiquaient tous deux, sa propre fiction, en réponse ad un élite intellettuale, mantiene per lei un ruolo di à La Confession d’un enfant du siècle. Balzac trouvait controllo, di supervisione e di filtro sulla scrittura e le portrait de Laurent brossé «dans la vérité et dans la l’oralità popolare. modération», Hetzel le jugeait «sublime de clémence»; Tale filtro ancora classico di riscrittura scompare il est vrai que Buloz, en demandant à Sand de remanier nell’Assommoir, in cui Zola attribuisce all’esatta mime- son premier jet, lui avait fait atténuer les relations de si del linguaggio popolare, meticolosamente studiato Thérèse avec Palmer, en qui se projette le «cœur dé- nel Dictionnaire de la langue verte di Delvau, una fun- voué» de Manceau. zione documentaria che tocca l’essenza stessa del ro- L’étude de la chronologie de l’intrigue confirme la manzo naturalista. Nella descrizione delle diverse fasi parenté des épisodes réellement vécus, mais selon un del mestiere della lavandaia, dallo smistamento della parcours suffisamment souple pour en éviter la pro- biancheria sporca alla stiratura, Nelly Wolf identifica jection passionnelle directe. Les décors et les portraits una simbologia del funzionamento della scrittura natu- sont aussi assez évocateurs mais stylisés dans un dé- ralista, che stilizza la lingua del popolo, ormai divenuta pouillement quasi classique où affleure d’ailleurs une comune a tutti, per fabbricare un codice letterario. psychologie des profondeurs, entre compagnonnage et Malgrado una certa impressione di artificio retorico, maternité. Thierry Bodin conclut sa préface (pp. 7-33) l’argomentazione, soprattutto nella parte dedicata a Zola, en récusant le statut de pamphlet que la publication appare convincente e ben documentata da esempi tes- du Lui et Elle de Paul de Musset a souvent donné à ce tuali. L’articolo traccia così un breve saggio di sociologia roman, qui paraît à l’annotateur plutôt «constat sans dello stile dei due romanzi. amertume de la fin d’un amour perdu, de l’impossible [v a l e n t i n a p o n z e t t o ] quête romantique de l’amour absolu» (p. 33). Outre une chronologie sandienne, une notice sur le manuscrit, ses éditions, l’établissement du texte sur «Les Amis de George Sand», n° 31, 2009, pp. 133. l’édition originale, une bibliographie, le dossier final (pp. 265-331) contient une étude de la «réception cri- La Revue de 2009 offre des études d’une grande va- tique et polémique» du roman, précisant tous les méan- riété. dres de l’affaire avec Paul de Musset, mais aussi sélec- À la suite de l’éditorial de sa rédactrice en chef Mi- tionnant des articles critiques de Wailly dans «L’Illus- chèle He c q u e t , qui en présente le contenu et rappel- tration», de Louvet dans «Le Quart d’heure, gazette le que cette année 2009 est celle du cent soixantième des gens demi-sérieux», de Barbey d’Aurevilly dans «Le anniversaire de la mort de Frédéric Chopin (pp. 3-4), Pays», de Pontmartin dans «Le Correspondant», de Ba- Marie-Paule Ra m b e a u , dans son article Nicola Porpora: bou dans «La Revue contemporaine», de Claveau dans de la réalité à la fiction romanesque (pp. 5-25), nous fait la «Revue de l’Instruction publique». Enfin des extraits découvrir l’univers des Ospedali vénitiens qui, dans le e de Lui de Louise Colet, qui se pose en veuve posthume courant du x v i i siècle, se dotèrent de formations mu- de Musset, et de la réponse de George Sand, dans son sicales constituées par les orphelines qui en étaient «avant-propos» de Jean de la Roche, complètent l’infor- les pensionnaires, pour devenir un siècle plus tard de mation du lecteur, livré ainsi finalement aux débats entre véritables conservatoires à l’égal de ceux de Naples. Eux et Elles (selon le titre d’une brochure de Lescure en D’ailleurs le napolitain Nicola Porpora lui-même fut

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maître de chapelle de l’Ospedale des Incurabili de Marielle Va n d e k e r k h o v e -c a o r s enfin, évoque un 1826 à 1733. George Sand, qui, enfant, avait entendu personnage peu étudié, François Dudevant (pp. 85- sa grand-mère chanter des airs de ce compositeur, ex- 98) dit Casimir, le mari de George Sand. Leur maria- ploitera ce souvenir en faisant de Porpora l’emblème ge, d’une bonne amitié, leur désaffection progressive, de l’artiste musicien dans Consuelo. Et s’il disparaît de la déception de Sand contrainte de jouer le rôle d’une l’intrigue de La Comtesse de Rudolstadt, Marie-Paule épouse soumise, l’attrait de l’adultère, son installation Rambeau nous fait remarquer qu’il réapparaît à l’extrê- à Paris, les disputes qui se terminent en altercations, la me fin du roman puisque l’épithalame qui retentit lors séparation, enfin, acceptée par Dudevant au lendemain des noces de Consuelo et d’Albert est signé Porpora, d’un procès en appel devant la cour royale de Bour- composé, comme Mozart son Requiem, à la suite d’une ges. Il faut toutefois se garder de tout jugement car ce commande faite par un inconnu. que nous en connaissons provient de ce qu’elle en écri- Françoise Ge n e v r a y , George Sand parodiée: Bohé- vit. La seule certitude est que cet homme ordinaire se mino (pp. 26-41), nous fait part d’une étonnante dé- trouva en rapport avec une femme exceptionnelle. La couverte faite à l’occasion de recherches entreprises relation était par trop inégale. sur la bohême littéraire à la Bibliothèque nationale. Il [b e r n a r d h a m o n ] s’agit d’une pièce intitulée Bohemino. Comédie sociale en un acte, imitée de George Sand, entrée à la BNF en 1856, que Françoise rapproche de Flaminio jouée au Ma r i e d’Ag o u l t , Premières Années (1806-1827), Théâtre du Gymnase, en 1854, qui met en scène un bo- édition établie et présentée par Martine Re i d , Galli- hémien qui cesse de l’être pour devenir un homme du mard, 2009, «Folio, Femmes de lettres», pp. 143. peuple travailleur et modeste. Bohemino, artiste am- bulant, aimé d’une jeune femme titrée et riche, est en Martine Reid a sélectionné pour la collection de réalité un prince et la romance, traitée sur un ton paro- poche consacrée aux «femmes de lettres» la premiè- dique, voire burlesque, évoque le discours démocrati- re partie des Souvenirs de Marie d’Agoult selon l’édi- que si souvent tenu par George Sand dans ses romans. tion de 1877, des chapitres II à XVII (pp. 12-248), Cette pochade fut certainement jouée sur des scènes avec quelques coupures concernant sa première com- privées sans que l’on sache s’il s’agit d’une critique ou munion, la comparaison entre éducations française et d’un simple amusement. Son auteure était-elle cette allemande (ch. VII et VIII), les moeurs de Francfort Madame Aubernon, à qui Delacroix accordait beau- (ch. X), les mariages à la française (ch. XIV) et des coup d’esprit, celle-là même que Proust prit pour prin- réflexions de l’auteur sur les changements intervenus cipal modèle de Madame Verdurin? entre les années 1820 et celle où elle rédige ses mé- Bernard Ha m o n ne quitte pas le théâtre, où plutôt ses moires, 1868 (ch. XVI). Ainsi est rendue accessible au prolongements, en traitant dans Vive George Sand, vive grand public la lecture des «premières années» (le ti- Mademoiselle La Quintinie, à bas les cléricaux (pp. 43- tre est de l’éditrice) de celle qui devait signer Daniel 71) de la genèse de ce roman anticatholique qui dénon- Stern (pseudonyme d’ailleurs également présent sur la çait le péril représenté par les cléricaux – cette «longue page-titre originale) ses Lettres républicaines et, outre procession qui enlace la France dans ses plis nombreux, un drame et un roman, des essais critiques ou histori- étouffant et bâillonnant les simples qui se trouvent sur ques reconnus. son passage» – qui, opiniâtres défenseurs du pouvoir La période concernée par cette édition présente les temporel du pape, cherchaient à entraîner Napoléon III débuts dans la vie aristocratique d’une jeune fille bien e à le soutenir, au besoin par les armes. Le succès de Made- élevée du premier x­ i x siècle. Les lectures (Rousseau, moiselle La Quintinie, roman paru en 1863, que Bernard Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, Byron et Hamon analyse, fut confirmé au soir des deux premières Lamartine) contrastent évidemment, par le goût de la représentations du Marquis de Villemer, pièce pourtant nature dans toute sa grandeur et des folles passions, bien sage, par des manifestations monstres dans le quar- avec le mariage arrangé et la maternité dépressive que tier latin qui virent son nom longuement psalmodié mal- vit Marie de Flavigny auprès du noble comte d’Agoult. gré des interventions policières. Il remarque cependant On sait que mélancolie et embrasement mystique ca- que si cette œuvre est une critique sévère de l’Église elle ractériseront durablement la vie de celle qui sera per- est aussi un grand roman féministe. çue comme une femme du monde raisonneuse, moins Xavier Ve z z o l i , dans George Sand et les funérailles libre, malgré le scandale de sa liaison avec Liszt, que de Chopin (pp. 72-78), s’interroge sur l’absence de George Sand, à laquelle pourtant une amitié assez vite George Sand à ces obsèques qui eurent lieu dans l’égli- déçue la liera. L’influence sera pourtant certaine, tant se de la Madeleine le 30 octobre 1849. Cette absence leurs positions sur la condition féminine sont finale- est-elle due à l’influence de la famille du musicien dont ment comparables. Histoire de ma vie (1854-55) est as- certains membres l’auraient rendue, à l’instar de Grzy- surément présente dans l’esprit de Marie entreprenant mala, responsable de sa mort? Fut-elle, au contraire, la rédaction de ses mémoires en 1865. Ce retour sur ses invitée à participer à la cérémonie? Les documents années de jeunesse est écrit d’un ton ferme et mesuré, jusqu’alors retrouvés n’apportent aucune réponse à ces mais aussi avec vivacité et justesse psychologique sur interrogations. Marie-Paule Ra m b e a u , dont on connaît l’état des mentalités de la Restauration: la rêveuse «fille la compétence à la fois sur Sand et sur Chopin, aborde de Goethe» sait aussi pratiquer la lucidité cartésienne. la question sous un autre angle: George Sand pouvait- Relevons ainsi quelques phrases qui révèlent cette ri- elle assister aux obsèques de Chopin? (pp. 79-82). Il est che personnalité. Elle analyse finement comment l’am- probable qu’elle se refusait à cautionner la récupéra- biance sociale forge les individus à leur insu, en évo- tion catholique posthume d’un être qui ne croyait à quant ses années de prime jeunesse à Francfort: «Les rien. Mais pourquoi aurait-elle imposé sa présence à fêtes du couronnement avec leurs pompes tradition- une famille qui ne l’aimait pas? N’aurait-elle pas été nelles, les grandes foires privilégiées qui s’ouvraient l’objet d’une curiosité malsaine comme elle l’avait été au pied du Roemer par des cortèges symboliques, les à Marseille en 1839 lors des obsèques de Nourrit? vieilles légendes du Rhin, les chants de Luther entrete- L’hommage qu’elle lui rendit quelques années plus tard naient au foyer et même au comptoir une certaine flam- dans Histoire de ma vie rend ces questions superflues. me poétique qui relevait la médiocrité de la vie bour-

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geoise. Il est bien entendu que je ne faisais alors aucune prima della morte dell’autore, e ne rispetta l’ordine ori- de ces réflexions; mais, sans m’en apercevoir, je m’im- ginale dei racconti, non corrispondente a quello crono- prégnais par tous les pores des influences d’une atmos- logico. In nota sono riportate le varianti delle edizioni phère physique et morale que je ne saurais mieux ca- preoriginali e, dove esistano, originali. ractériser qu’en l’appelant goethéenne» (p. 80). Cher- Le presentazioni dei testi sono esaurienti e ricche di chant à cerner son sentiment de n’être «ni française, ni elementi originali, anche se, unico neo di questa eccel- allemande entièrement», elle écrit: «Je devrais ajouter lente edizione, la doppia presentazione, nella prefazio- pour être sincère, étrangère aussi un peu, en mainte oc- ne e nelle introduzioni individuali, crea a volte disper- casion à moi-même et à ceux qui m’ont aimée» (p. 28), sione e ripetizioni. avant de convenir de sa part de responsabilité: «Je n’ai Ma il vero punto di forza per cui va segnalata la jamais joui pleinement d’une affection, amour, amitié, presente edizione sono le appendici. La prima, «Les maternité même, dès qu’il m’a fallu voir avec certitude relations entre Alfred de Musset et Pierre-Jules Het- que je ne la sentais pas, que je ne l’inspirais pas abso- zel», comprende la trascrizione di 16 lettere di Musset lue» (p. 63). a Hetzel, della lettera di Hetzel a Musset che dà l’av- [l i s e s a b o u r i n ] vio alla scrittura dell’Histoire d’un merle blanc e di altri scritti dello stesso Hetzel a proposito di Musset. Buona parte di questi preziosi documenti sono inediti, altri Al f r e d d e Mu ss e t , Contes, texte établi par Gilles erano già stati pubblicati, ma solo parzialmente. Si trat- Ca s t a g n è s , annoté par Gilles Ca s t a g n è s et Frank Le s - ta dunque di un contributo importante per lo studio t r i n g a n t , préface de Frank Le s t r i n g a n t , Paris, Classi- della genesi dei racconti, e più in generale del carattere ques Garnier, 2009, pp. 391. di Musset e dei suoi rapporti con l’editore. La seconda appendice è un interessante piccolo saggio a sé stante La serie dei sei Racconti (in ordine cronologico: sulle «Fortunes de Mimi Pinson», forse la più celebre Histoire d’un merle blanc, Pierre et Camille, Le Secret delle eroine mussettiane grazie anche all’Opera e alla de Javotte, Mimi Pinson, La Mouche e Les Frères Van canzone. Infine nella terza appendice Gilles Castagnès Buck) appartiene all’ultima fase della carriera di Mus- espone gli argomenti che permettono di escludere de- set, segnata da un progressivo e precoce declino. Scritti finitivamente l’attribuzione a Musset diLes Amours du nell’arco di undici anni, fra il 1842 e il 1853, e in due petit Job et de la belle Blandine e di Les Fleurs des bois, casi in risposta ad una precisa committenza dell’edito- attribuzione che era talvolta stata avanzata in passato. re Pierre-Jules Hetzel, i testi costituiscono un insieme eterogeneo, dall’ispirazione irregolare. [v a l e n t i n a p o n z e t t o ] Non per questo, mette in guardia Frank Lestringant fin dalle prime righe della ricca e articolata prefazio- ne, si dovrà cadere nel facile errore di considerarli una AA. VV., Les Vies parallèles d’Alexandre Dumas, manifestazione minore o meno personale dell’arte di textes réunis par Charles Gr i v e l , «Revue des Sciences Musset. Né si dovrà dare credito all’immagine trasmes- humaines», n° 290, avril-juin, 2 /2008, pp. 240. sa dal fratello Paul di un Musset poeta nato, ma do- lorosamente costretto da avidi editori a svilire la sua Questo numero monografico della rivista vuole met- musa in una scrittura alimentare di prosa per il grande tere in luce il rapporto tra il poliedrico scrittore Ale- pubblico. Al contrario, sottolinea il critico, la prosa è xandre Dumas e la sua biografia, attraverso una serie di per Musset al tempo stesso un elemento di continuità «vite parallele» alle quali egli diede respiro in quanto si e un’ancora di salvezza, che lo accompagna fin dalla identificava con i suoi numerosissimi personaggi, come sua prima pubblicazione, l’adattamento dell’Anglais è ben evidente nel dramma Antony. Si tratta in questo mangeur d’opium di De Quincey, senza mai venire me- caso della messa in scena dell’«homme fatal», in cui no anche negli anni segnati dalla sterilità poetica. Non si assiste, secondo Fernando Gu e r r e r o , allo spettacolo solo: un’argomentazione convincente ci porta a nota- delle emozioni, tanto più vere quanto più sono teatrali. re come la narrazione, un certo «tropisme du conte», Dumas stesso ne era ben consapevole e persino nel- sia un elemento caratterizzante e costante della poe- le sue memorie, come puntualizza Didier Bl o n d e , egli sia e del teatro di Musset, il quale del resto non faceva si abbandona alla finzione letteraria. Gli era talmente mistero di ammirare e imitare Margherita di Navarra, congeniale che, come un furetto, secondo la definizio- Boccaccio e La Fontaine. ne di Michel Br i x , riusciva a intrufolarsi dappertutto Al di là dell’apparente eterogeneità di toni e di sog- tra i generi della letteratura: dal dramma romantico, getti, dunque, questi Racconti costituiscono un tutto alle Impressions de voyage – sulle quali Claude Sc h o p p omogeneo, e in perfetta armonia con l’intero corpus si sofferma per chiarire le vicende di quattro giorni ad mussettiano. Riflettono una stessa estetica, una stessa Algeri –, ai romanzi, ai feuilletons storici, agli adatta- concezione della «littérature incarnée», in cui sfumano menti shakespeariani (Hamlet). Alexandre Dumas è fino a confondersi i confini fra la vita e la letteratura. anche l’«homme aux contes» che, nella carrellata pa- Soprattutto sono l’estrema manifestazione di un’arte noramica di Francis Ma r c o i n , percorre tutte le tappe consumata ed elegante della conversazione, di uno sti- della scrittura, dalla tabulazione dei dati, alle causeries le semplice e naturale, ma al tempo stesso raffinato, che (sulle quali si soffermano Daniel Co m p è r e e Mélanie trova qui alcune delle sue migliori realizzazioni. Mus- Pa u t r a t , all’invenzione fantastica. Nel breve roman- set, inoltre, aderisce naturalmente all’estetica del conte: zo Catherine Blum (1854), Vittorio Fr i g e r i o evidenzia il gusto per la narrazione, ma anche per l’affabulazione quanto Dumas usi una tecnica drammatica per paro- e per il meraviglioso, la trasfigurazione della realtà che diare la realtà del potere, sia profano (la Giustizia), sia è per lui l’essenza stessa della letteratura, caratterizza- sacro (la Chiesa), per approdare non alla descrizione no non solo questi Racconti, ma anche altre opere, in realistica, ma ad un superamento della realtà stessa. particolare la precedente raccolta di Novelle, con cui il D’altronde anche in un testo come La San Felice (1863- legame appare dunque evidente. 65), o in Joseph Balsamo (1846-48), o nei romanzi che L’edizione del testo è stata stabilita sulla base rientrano nell’ambito «gotico», come Pauline (1838), dell’edizione Charpentier del 1854, l’ultima pubblicata analizzati, rispettivamente da Julie An s e l m i n i , Isabelle

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Ca s t a e Angels Sa n t a , le discrepanze tra realtà storica mesi in Grecia fosse insieme missione scientifica e pel- e quella romanzesca sono talmente ampie da conclu- legrinaggio iniziatico. Nonostante siano rimaste poche dere che si tratta per lo più di «vite immaginarie». Le testimonianze di questo viaggio, Mérimée risulta, sul- connotazioni simboliche dell’universo di Dumas sono la scorta di Lenormant, un viaggiatore moderno, inte- contraddittorie e pregnanti. Charles Gr i v e l , che offre ressato ai monumenti greci, interpretati come culmi- un esempio d’analisi semantica sugli animali che popo- ne della bellezza, e però anche agli usi e costumi dei lano i romanzi, constata come il cane diviene un em- popoli. Catherine Hu e t -Br i c h a r d considera un’opera blema che si trasforma a volte in lupo bianco, nero o letteraria, La Guzla, ma in una prospettiva etnologica: grigio. Scrittore refrattario alle definizioni e alle collo- giocando all’etnologo, lo scrittore dà voce ad alcuni te- cazioni, Dumas ha avuto e gode tuttora di un ragguar- mi ricorrenti nella sua opera narrativa, quale appun- devole Nachleben che spazia dagli adattamenti dei suoi to la violenza del primitivo. Tale violenza, che sembra romanzi alla fine del x i x secolo, studiati da Lise Du- escludere ogni alternativa o cambiamento, si incarna in m a s y , fino alle riduzioni in fotoromanzi che apparvero ruoli e situazioni archetipici: parricidio, fratelli nemici, soprattutto in Italia sulle riviste Bolero e Grand Hôtel, tradimenti coniugali, vendicati sanguinosamente. Que- commentate con spirito da Sylvette Gi e t . sta violenza, pur essendo estrema, non è mai anarchica: [r i t a s e v e r i ] ma rispecchia una società nella quale il principio di au- torità è potente e incontrastabile. François Gé a l ana- lizza l’ultimo capitolo di Carmen dedicato ai Gitani e AA. VV., Mérimée et le bon usage du savoir – La non solo discute delle sue fonti e della sua attendibilità création à l’épreuve de la connaissance, sous la direc- scientifica, ma anche ne ribadisce il carattere tutt’altro tion de Pierre Gl a u d e s , Toulouse, P. U. du Mirail, che accessorio. Mérimée non distingue tra Rom (loca- 2008, pp. 244. lizzati nei Balcani), Manouches (Nord Europa, Ger- mania e Italia), Gitani (Penisola Iberica e Sud della In occasione del bicentenario della nascita di Méri- Francia), bensì si interessa agli Zingari come insieme. mée, questi atti dell’importante colloquio di Tolosa, Fu anche per questo che il IV capitolo fu criticato. che ha unito storici e letterati, approfondiscono diver- In ambito più propriamente letterario, Judith si versanti delle personalità dello scrittore: personalità Ly o n -Ca e n si interroga sui rapporti tra «connu» e che, come osserva Pierre Gl a u d e s nell’Introduzione, «inconnu(e)» nei racconti merimeiani e distingue tre nei suoi aspetti variegati e nei suoi multipli talenti (let- possibilità. La prima nel registro del «merveilleux»; la terari, filosofici, etnografici, antiquari), presenta co- seconda, in cui «l’inconnu» è separato dal «connu» da munque vistose costanti. Prima fra tutte, una conce- uno scarto minimo – i misteri si trasformano in segreti; zione del primitivo come violenza. la terza in cui «l’inconnu» è abolito, come nel caso di Vari saggi sono cosi dedicati alla carriera di Méri- racconti «anti-ermeneutici», quasi Mateo Falcone, Ta- mée in quanto Ispettore dei Monumenti storici (Jean mango, Arsène Guillot. Infine i saggi di Antonia Fo- Le c l a n t ) e, più in generale, alla sua attività di cono- n y i e Pierre Gl a u d e s affrontano questioni cruciali per scitore e difensore dei monumenti antichi. Pierre Po n - la definizione dell’arte e della personalità di Mérimée. t i e r , riesumando le sue recensioni a History of Gree- Entrambi mettono l’accento su una contraddizione ce di Grote, mostra come la sua ricostruzione storica che anima quasi tutte le sue opere: da una parte una fosse animata anche da una prospettiva politica con- prospettiva evoluta, civile, razionalista che si esercita temporanea: la critica della Repubblica del 1848, attra- con orgoglio, ma che, tuttavia, non riesce a penetrare verso l’elogio della democrazia ateniese e il consenso a alcune dimensioni della realtà; dall’altra una prospet- Thiers, riconoscibile nei tratti di un nuovo Solone. Oli- tiva superstiziosa, arcaica, selvaggia, l’unica adeguata a vier Po i ss o n colloca la riflessione merimeiana sull’ar- fronteggiare e capire fenomeni che appartengono a sta- te medievale all’interno del dibattito contemporaneo. di della culture e della vita psichica percepiti come pri- Françoise Be r c é illustra l’azione di Mérimée nei con- mitivi. Questa realtà arcaica, violenta si presenta sem- fronti dei monumenti romani del Sud della Francia e pre come minacciosa e irresistibile. Carmen, Lokis, la in particolare il suo impegno per il restauro dell’anfite- statua di Venere mostrano tuttavia come tale dimensio- atro di Arles, per il quale lo Stato francese investì som- ne abbia un’origine sessuale. A mio avviso, quindi, la me ingentissime. Mérimée sembra in sintonia più che possibilità di conoscenza, oggettiva o soggettiva, deve con gli archeologi, con gli architetti del tempo. Jean- inevitabilmente confrontarsi col desiderio. E le stesse Marie Pa i ll e analizza l’interesse che lo scrittore ebbe idee relative alla religione e alla superstizione non pos- per i resti romani e pre-romani della Gallia e in par- sono non fare i conti con essa. ticolare ricorda la sua difesa dei «dolmens». Adeline Gr a n d -Cl é m e n t mostra come il suo viaggio di cinque [s i lv i a l o r u ss o ]

sf161.indb 393 22-07-2010 12:14:55 394 Rassegna bibliografica Ottocento b) dal 1850 al 1900, a cura di Ida Merello e Maria Emanuela Raffi

AA. VV., Il paganesimo nella letteratura dell’Otto- Bertrand Ma r c h a l (Mallarmé e gli dei antichi, pp. cento, Roma, Bulzoni, 2009, pp. 284. 229-240) ricorda come il solo accenno al paganesimo presente in Mallarmé sia nel testo Les Dieux antiques, Il volume, che accoglie gli atti del convegno an- opera commerciale in larga parte tributaria di una tra- nuale di letteratura di Sant’Arcangelo di Romagna duzione del manuale inglese di mitologia di George dell’Associazione Sigismondo Malatesta, comprende Cox, dove Mallarmé sviluppa originalmente la teoria tre saggi riguardanti la seconda metà del secolo, e ri- del bilinguismo della mitologia classica. Essa infatti si sulta di notevole interesse nella sua globalità, anche distingue per lui in mitologia, nei suoi aspetti esterio- per il consueto taglio comparatistico. Nell’ampia in- ri, e in religione, nel sostrato profondo, in cui tutte troduzione Maria Be r t i n i fa il punto sull’atteggiamen- le figure mitiche si risolverebbero in manifestazioni di to della cultura ottocentesca nei confronti del mondo un unico principio divino. Con un processo analogo classico, mostrando come il neopaganesimo si trovi al- e rovesciato il cristianesimo si sdoppia a sua volta in la confluenza della tradizione filosofica e di quella eru- mitologia nelle manifestazioni esteriori del culto. L’A. dita, essendosi contemporaneamente nutrito del pen- mette a questo punto in evidenza la differenza sostan- siero di Gibson, il primo a studiare il passaggio dalla ziale tra le posizioni di Cox e di Mallarmé: mentre il religione classica a quella cristiana, con una nuova at- primo demolisce il mitologico in nome di una visio- tenzione per la prima, e dell’estetica di Winckelmann, ne cristiana (paolina) del divino, il secondo, con la che trasmise la nostalgia per una serenità artistica sua definizione di religione unica latente, ne propone perduta. A queste due influenze l’A. aggiunge quella una visione immanente e incosciente. E la sua visione di Pompei, che suscitò una serie di rievocazioni, da della mitologia non è intesa a una contrapposizione I vespri di Iside dell’archeologo tedesco Carl August di religioni, bensì a un uso del linguaggio mitologi- Böttiger (1809) – alla base delle conoscenze di Ner- co accompagnato da una piena consapevolezza della val e della sua novella Isis – sino alla Gradiva di Jen- sua natura. sen (1903), passando per Edward Bulwer-Lytton (The [i d a m e r e ll o ] last days of Pompei, 1834) e Théophile Gautier (Arria Marcella, 1856). Paolo To r t o n e s e (La scuola pagana esiste davvero? Ka t e Re e s , ‘Une tortue avec des ailes’: Progressing Una polemica di Baudelaire, pp. 167-186) prende in- in Flaubert’s “Bouvard et Pécuchet”, «French Studies», vece come base di lavoro l’articolo di Baudelaire con- LXIII, n.3, luglio 2009, pp. 271-282. tro l’École païenne del 1852, non tanto per analizzare l’evoluzione del pensiero del primo, quanto per cerca- Prendendo avvio dall’affermazione di Bouvard re di isolare i confini della seconda. Attraverso l’anali- «L’homme moderne est en progrès», e dalla con- si della satira baudelairiana, rispettivamente nei con- vinzione opposta e simmetrica di Pécuchet «L’hom- fronti del giovane repubblicano, per cui è il dio Pan me moderne est amoindri et devenu une machine», che ha fatto la rivoluzione, quindi di Heine, accusa- Kate Rees prende in esame il concetto di ‘progresso’ to di sentimentalismo materialista, infine della poesia quale appare nell’ultima opera di Flaubert. Passan- erudita, con esplicito riferimento a Gautier, l’A. indi- do attraverso la definizione delGrand Dictionnaire du e vidua infatti i tre aspetti del neopaganesimo: repubbli- x­ i x siècle e numerosi studi critici dedicati a Bouvard cano e rivoluzionario, voltairiano anticattolico, esteti- et Pécuchet, particolarmente quello di Virgil Nemo- co e mitologico. In un secondo tempo l’A. approfon- ianu sulle relazioni fra letteratura e progresso, l’au- disce la diversa declinazione dei temi già annunciati trice sottolinea la dinamica interna del testo, di cui da Gautier in Banville, Louis Ménard e Leconte de esamina in particolare due viaggi compiuti dai prota- Lisle, con particolare attenzione a Ménard. gonisti da Parigi verso la campagna, a Chavignolles e Luca Pietromarchi (Baudelaire e l’eloquenza paga- poi a Fécamp. Punteggiato di incidenti e di difficoltà, na nella natura, pp. 187-204) legge nella visione ne- il percorso per Chavignolles appare come la parodia opagana l’illusione di una felicità edenica che allude della “quête”, del viaggio di iniziazione, illustrazione per negazione al mito cristiano della Caduta, e mostra del doppio movimento rappresentato dai due perso- invece come la rimozione di tale mito sia impossibi- naggi: Bouvard che cerca di procedere e Pécuchet che le nell’opera di Baudelaire, pur pervasa da accenti di produce continue interruzioni di percorso. Il movi- nostalgia ellenica, in quanto il poeta vede nel dolo- mento è riprodotto anche nella forma della scrittura: re lo strumento di una profondità poetica altrimen- le frasi brevi e separate, connesse dai temporali “ce- ti ignorata. Il neopaganesimo è quindi rifiutato da pendant”, “pendant”, “quand”, mimano un percorso Baudelaire come menzogna, non solo nella sua ricer- avventuroso che procede in direzioni imprevedibili, ca di perfezione formale, ma anche nella sua utopia suggerendo una nuova forma di “quête”. Viaggio di di progresso etico, data l’impossibilità di realizzare esplorazione archeologica, la spedizione a Fécamp il- nell’immanenza valori trascendenti. Se la lusinga di lustra anch’essa un dinamismo formato da momenti un universo simbolico può invece catturare il poeta, di stasi e di movimento, di immobilità e agitazione, ciò avviene solo a patto di tradurre questo linguaggio «une tortue avec des ailes», in cui la letteratura fa par- della natura in un dialogo interiore; per cui la figu- te dell’immobilità, mentre la ricerca archeologica rap- ra dell’impiccato nel Voyage à Cythère rappresenta la presenta l’elemento di avanzamento e di progresso. punizione di colui che ha creduto di poter recuperare La loro sintesi forma il ritmo del romanzo, simmetri- un’unità perduta. co nel tracciare percorsi convergenti ma diversi, che

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apportano sempre qualcosa di nuovo: «In Flaubert’s mappe del luogo del delitto dei romanzi più celebri, o i text, Bouvard et Pécuchet stumble in the dark and rebus e gli schizzi che servono a svelare gli enigmi. lose their way – but still they get somewhere, literally and narratively». [i d a m e r e ll o ] [m a r i a e m a n u e l a r a f f i ]

Eu g è n e De l a c r o i x , Journal, nouvelle édition in- Pi e r r e -Ma r c d e Bi a s i , Gustave Flaubert, une maniè- tégrale établie par Michèle Ha n n o o s h , 2 voll., Paris, re spéciale de vivre, Paris, Grasset & Fasquelle, 2009, Corti, 2009, pp. 2520. pp. 494. Pregevole riedizione del Journal di Delacroix, che Dopo un corpo a corpo con Flaubert che prosegue sostituisce quella del 1932 di André Joubin, basandosi da più di un ventennio, l’A. ci propone qui una minu- esclusivamente sui manoscritti originali con l’aggiunta ziosa ricostruzione della vita e dell’opera dello scrit- consistente di nuovi materiali, sia pagine di diario che tore, nella sua globalità, in appassionata polemica con appunti, carnets de voyage o note di lettura, oltre al co- L’idiot de la famille di Sartre, per segnalare fin dalle spicuo recupero del fondo Piron, legatario del pittore, prime prove – siano pure l’ascolto delle leggende del- e della collezione Claude Roger-Marx. L’edizione è sor- la bonne, o dei racconti di père Mignot, o la lettera a retta da un imponente apparato critico, con ampi com- Ernest Chevalier – i primi “sintomi” della sua geniali- menti e un repertorio biografico di tutti i personaggi tà. La lunga frequentazione, da parte dell’A., dell’ope- citati nel Journal. La vasta introduzione rende conto ra, dei brouillons, della corrispondenza, sboccia qui in della restituzione del testo, fin dai primi legatari, alla un atto d’amore, che entra nelle più minute pieghe del morte del pittore, per soffermarsi poi sulle scelte della vissuto: la sua prima scommessa è quella di procedere presente edizione, che rispetta la volontà da parte di poi in un andirivieni continuo tra l’uomo e la sua pro- Delacroix di collegare riflessioni su un medesimo sog- duzione letteraria, agendo quindi in contrasto con gli getto inserendo in successione nei carnets note con da- assunti stessi dello scrittore più impersonale del secolo, te ben diverse: la loro disarticolazione in nome di una che rifiuta ogni coinvolgimento del proprio punto di scansione cronologica aveva di fatto impedito finora la vista nell’atto della narrazione. Così, dopo aver fissato comprensione di molti punti critici. La curatrice sotto- con precisione ogni dettaglio della vita, l’A segnala ad linea invece il carattere sperimentale del Journal, che esempio quante volte un episodio del vissuto, diven- sfugge alla logica temporale per un andamento sinuo- tato simbolicamente significativo per Flaubert, viene so e complesso. Manifestazione dell’importanza della ripetuto in diverse declinazioni nella scrittura. La de- memoria per il pittore, viene contemporaneamente de- finizione che l’A. applica a Flaubert («écrivain- cher finito memoriale e commemorazione; proprio per que- cheur», che propone una continua «remise en cause sto, ne viene ricordato anche l’aspetto – secondario ma esthétique du concept de vérité»), può ugualmente be- non meno importante – di documento che rispecchia ne essere applicata a lui stesso, in quanto propone una la società francese del x i x secolo anche nei suoi sogni continua «remise en cause » del senso dell’opera attra- e nelle sue illusioni. verso continue modificazioni del punto di vista. Il libro [i d a m e r e ll o ] si propone con evidenza come un compendio flauber- tiano ormai «incontournable». [i d a m e r e ll o ] Va l e r i o Ma g r e ll i , Nero sonetto solubile, Bari, La- terza 2010, pp. 230.

Els a d e La v e r g n e , La Naissance du roman policier, In Folie Baudelaire Calasso percepiva Baudelaire Paris, Classiques Garnier, 2009, pp. 413. come un’onda dilagata fino a noi e responsabile della nostra visione del mondo. Magrelli si sofferma inve- L’A. esplora la zona di produzione di romanzi po- ce su di un unico sonetto, Recueillement, indagando lizieschi compresa tra la morte di Gaboriau (1873) e la sua «inoculazione», ossia su tutte le sue possibili in- l’apparizione del primo Arsène Lupin di Maurice Le- fluenze, a livello di calco, antifrasi, parodia, nella let- blanc (1905): territorio ibrido, dove i clichés e le ne- teratura francese del Novecento (con l’inclusione del cessità dei feuilletons (moltiplicazione degli intrighi, francofilo Nabokov) come forma esemplare di trasmis- dei colpi di scena, ecc.) vengono a incontrarsi con le sione letteraria. Il titolo è modulato su Poisson soluble esigenze di una modernizzazione della detective-story. di Breton, e rappresenta perfettamente quel grado di L’A. si sofferma proprio in un primo tempo sui rap- solubilità del testo baudelairiano che l’A. intende rin- porti tra il feuilleton e il poliziesco, rintracciando nel tracciare non solo nei suoi aspetti evidenti, ma anche primo quegli elementi che saranno alla base del secon- nelle rimodulazioni più criptiche; mentre il nero sta do, sia a livello formale che tematico, per poi proce- a indicare la connotazione funerea, che tuttavia por- dere alla definizione delle costanti che determinano il ta con sé il suo rimedio di consolazione: così come il nuovo genere, badando altresì agli elementi esterni alla pharmacon, dice l’A., rappresenta contemporaneamen- letteratura che potevano condizionarla (ad esempio un te il veleno e la sua cura. Frutto di vent’anni di ricer- contesto attento ai processi criminali sensazionali, una che e sorretto da un’infinita varietà di elementi critici, stampa favorevole a dar loro grande risalto, una nuova il volume raccoglie studi su Valéry, Michaux, Céline, organizzazione della polizia) e favorivano la creazione Prévost, Colette, Nabokov, Beckett, Perec e Queneau. di interesse intorno alla figura del moderno poliziotto Le uniche opere critiche ammesse in questa carrellata o al reporter. L’A. affronta il materiale trattato (vale a appartengono a Valéry e Prévost. Valéry, in quanto un dire un’ampia selezione di una materia impossibile a suo saggio del 1924, ripreso nel 1939, nonostante salvi gestirsi esaustivamente) isolandone le costanti struttu- del sonetto essenzialmente l’incipit e la fine, lo consa- rali e i nodi tematici, cui accosta in annesso anche una cra come uno dei momenti più alti della poesia e così lo serie di fatti di cronaca nera di riferimento, una bio-bi- addita alle generazioni future come vertice espressivo; bliografia degli autori citati, alcuni pezzi antologici e le Prévost (1943) perché partecipa dell’attività creativa,

sf161.indb 395 22-07-2010 12:14:55 396 Rassegna bibliografica

dal momento che per mostrare la bellezza insostitui- Ro ss Ch a m b e r s , On Inventing Unknownness. The bile degli alessandrini del testo li traspone in ottona- Poetry of Disenchanted Reenchantment (Leopardi, ri. Per quanto riguarda invece l’autentica «inoculazio- Baudelaire, Rimbaud, Justice), «French Forum», vol. ne» nelle opere letterarie, l’unico caso di accostamento 33, nos. 1-2, Winter/Spring 2008, pp. 15-36. congetturale da parte dell’A. è quello di Repos dans le malheur di Michaux (1930), in cui individua la struttu- Il saggio di Chambers parte dall’affermazione ra ossimorica baudelairiana pur con la sostituzione del di Rimbaud contenuta nella lettera a Demeny del Malheur alla Douleur. Per gli altri l’A si basa invece su 1871 – «Les inventions d’inconnu demandent des elementi espliciti. In Voyage au bout de la nuit, Céline formes nouvelles» – e si interroga sulla natura di tali parte dall’allusione a un verso del sonetto per ripro- invenzioni che Rimbaud, e dopo di lui Mallarmé, si porlo poi in forma parodica; in Noces, Colette (1944) sforzano di esprimere. L’accento è posto da Chambers esibisce un processo di abbassamento del testo nel mo- sulla natura costruita e in qualche modo ingannatri- mento in cui gli invitati al matrimonio si divertono a ce dell’espressione artistica, specie quando si tratti di degradarlo, ma poi tradisce quanto l’inoculazione sia espressione linguistica che cerca di dire l’«inexpressi- più profonda in un riferimento non parodico succes- ble». Due meccanismi, in particolare, sembrano rap- sivo. Per quanto impalpabile sembri invece l’accenno presentare per Chambers la retorica ‘moderna’: il «lan- a Recueillement in Lolita di Nabokov, la francofilia guage-thinning» (“assottigliamento del linguaggio” dello scrittore, nonché la sua continua frequentazione corrispondente grosso modo alla litote) e il «language- di Baudelaire, rende pienamente convincente l’ipotesi thickening» (“ispessimento del linguaggio”, corrispon- dell’A. di individuare in «Sois-sage ma douleur» l’ipo- dente, sempre secondo Chambers, all’enfasi). Come testo di «Fa’ la brava Dolores», corroborata dall’osser- esempi di «language-thinning» il critico cita la studiata vazione di Proust circa l’atteggiamento di maternage semplicità di Beckett o quella di Donald Justice, sulla del poeta nei confronti della sua pena. In Fin de partie cui opera poetica si sofferma a lungo, arrivando alla di Beckett invece l’A. ricorda la lenta emersione dalla fine alla definizione di «disenchanted reenchantment», memoria da parte di Hamm di un verso del sonetto, per cui il testo poetico si rivela come un consapevole prima che egli mimi la propria morte coprendosi il vol- “reincantamento”, un’operazione in cui si crea il fasci- to col fazzoletto: gesto analogo, secondo Magrelli, al no ‘feticistico’ della poesia, sia pure attraverso l’uso ar- sudario in cui la Notte incede negli ultimi due versi del tificioso e retorico della lingua. Chambers analizza in testo di Baudelaire. Se in Queneau il punto di contatto modo dettagliato l’esempio de L’Infinito di Leopardi; è una quartina del componimento conclusivo di Fendre passa quindi alla Servante au grand cœur di Baudelaire, les flots (1969), più complesso è l’omaggio in negativo in cui la tematica della nostalgia del passato, tema ri- in La Disparition di Perec, dove per la contrainte del- corrente in tutta una zona della poesia moderna, si rea- la mancanza della e la douleur diventa chagrin e loin lizza nella ricreazione di una presenza perduta. Passan- d’eux è trasformato in loin d’ici. L’A. ipotizza che pro- do alla poesia Au Cabaret-Vert di Rimbaud, Chambers prio questo eux abbia scatenato il desiderio di Perec di nota il cambiamento dalla nostalgia diacronica ad una “lipogrammare” il testo, per esibire nella scomparsa di poetica della fuga puramente spaziale e sincronica. An- «eux» gli scomparsi nei campi di sterminio, in primis che se il punto di partenza è nostalgico (ritorno a Char- i suoi genitori. leville), la lingua di Rimbaud mescola il domestico e Houellebecq esibisce invece in Particules élémentai- l’estraneo, il conosciuto e l’inventato; dunque, più che res (1998) la lettura di un professore distratto, irriso ‘scoprire’ l’ignoto, progressivamente lo inventa, conti- dall’allievo che sembra cogliere contemporaneamente nuando la rivisitazione del passato espressa da Leopar- lo spirito del sonetto baudelairiano e la morte della po- di e da Baudelaire, ma aggiungendovi una “jouissance” esia operata dalla sciattezza del professore. costruttiva tutta sensuale. L’A. vede l’inoculazione del sonetto procedere ben [m a r i a e m a n u e l a r a f f i ] oltre i limiti letterari, per invadere tutta la nostra cul- tura, e ricorda come l’ultimo sms alla madre di Marie Trintignant prima di essere uccisa da Cantat fosse un Ma y a Ha d e h , Mythologie de la Chauve-Souris. Le esplicito riferimento a Recueillement. Vampire et ses avatars chez Baudelaire et Barbey d’Au- [i d a m e r e ll o ] revilly, «French Forum», vol. 33, nos. 1-2, Winter/ Spring 2008, pp. 37-52.

Je a n -Ba p t i s t e Ba r o n i a n , Rimbaud, Paris, Galli- La figura del vampiro, rappresentata nella lette- mard, 2009, pp. 286. ratura francese del x i x secolo soprattutto come figu- ra femminile e spesso assimilata all’immagine del pi- Si segnala la pubblicazione, nella collezione «Folio pistrello, è l’oggetto dello studio di Maya Hadeh, che biographies», di questa ‘vivace’ biografia di Rimbaud, prende in esame due opere emblematiche: Une vieille costruita su un tessuto di fatti, avvenimenti, incontri, maîtresse di Barbey d’Aurevilly e Les Fleurs du Mal di lettere e testi che ritracciano in una fitta interazione, e Baudelaire. Sospeso fra maschile e femminile e dotato in una tonalità concreta, quotidiana e a tratti quasi in- di un fascino animalesco e angosciante, il vampiro di tima, una delle più straordinarie esistenze della storia Barbey appare a Maya Hadeh come il corrispondente letteraria. Ne risulta un ritratto ricco di sfumature an- narrativo della donna-vampiro baudelairiana, anch’es- che contrastanti, circondato da numerosi altri ritratti, a sa creatura notturna, inquietante e seduttiva, che rinvia partire da quello di Mme Rimbaud quintessenza della alla biblica Lilith. Tutta una serie di poesie – «Le re- “tyrannie domestique”, per continuare con Izambard, venant», «Le Vampire», «Le Possédé» – mostrano, in Delahaye, Ernest Cabaner, Eugène Vermersch, Isabelle parallelo con il racconto Une vieille maîtresse, i caratte- Rimbaud e molti altri. Lettura certo non scientifica ma ri specifici di questo tipo di vampiro: sado-masochismo appassionante, con passaggi quasi commoventi: quelli e quindi ambivalenza del rapporto carnefice/vittima, che riguardano, ad esempio, la lunga amicizia fra Rim- perversione legata all’infrazione del tabù atavico legato baud e Delahaye. al bere sangue umano (particolarmente sottolineato in [m a r i a e m a n u e l a r a f f i ] «L’Ennemi» di Baudelaire e nel filtro di sangue offerto

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dalla Vellini a Ryno nel racconto di Barbey), versamen- la celebre lettera a Cazalis dell’aprile 1866). Due dati to di lacrime. Fra questi, tuttavia, il tema del sangue è vengono sempre tenuti presenti: l’alternanza, e quasi la certamente il più presente in entrambi gli autori con- complementarietà nella genesi, tra Hérodiade «poème siderati: «Saigne, saigne mon cœur…» di Barbey e so- hivernal» e il Faune «poème estival», nonché la primi- prattutto «La fontaine de Sang» di Baudelaire mostra- tiva destinazione teatrale di Hérodiade (come del resto no una fissazione quasi ossessiva per “l’écoulement de del Monologue d’un faune) inizialmente scritto per il son propre sang”. Théâtre Français. [m a r i a e m a n u e l a r a f f i ] Viene poi analizzato il testo di questi 134 versi ales- sandrini, di cui si danno anche le numerose varianti. Colpisce la concisa precisione con cui vengono via via Fr a n k St ü c k e m a n n -So e s t , Galante Feste und ge- considerate e citate anche le moltissime letture ante- prägte Formen: Die Suite mit ihren Satztiteln als Inspi- riori. Cosicché, nel breve spazio di questo libro, si rac- rationsquelle für Paul Verlaine, «Germanisch-Romani- chiude un considerevole patrimonio di informazioni sche Monatschrift», n. 3, 2009, pp. 393-407. bibliografiche (come si evince anche dall’imponente bibliografia cronologica). Non mancano interpreta- Riprendendo l‘interrogativo posto e lasciato in so- zioni originali su singoli punti, ad esempio sul ruolo speso da Jacques Robichez nell‘edizione delle Œuvres niente affatto secondario della nutrice. Si fa soprattut- poétiques di Verlaine sul titolo della sesta poesia delle to strada un convincente accostamento a Phèdre I, 3 di Fêtes Galantes, «Dans la grotte», Frank Stückemann cui Hérodiade, Scène, opera nata per il teatro, sarebbe propone una precisa risposta, indicando come fonte di riscrittura invero splendida. Verlaine una scena del Roland di Lully – “tragedia in musica” rappresentata dal 1685 fino alla metà del x v i i i [a l e ss a n d r a m a r a n g o n i ] secolo – di cui «Dans la grotte» costituirebbe una sorta di parodia. Ciò implica, secondo il critico, una profon- da conoscenza da parte di Verlaine non solo dell’opera Je a n -Ma r i e Se i ll a n , Huysmans, politique et reli- di Lully, ma anche di tutta la musica barocca francese gion, Paris, Classiques Garnier, 2009, pp. 440. e induce ad un ripensamento dell’enorme importanza attribuita, nella lettura delle Fêtes Galantes, all’influen- L’A. affronta l’evoluzione dell’atteggiamento politi- za della pittura, particolarmente a quella di Watteau, co e religioso di Huysmans che si realizza tra il 1884 e il per approfondire invece la fondamentale presenza del- 1893, mostrando come anche nell’iniziale anarchismo, la musica. Decisiva appare a Stückemann la mediazio- fondato su premesse di sinistra, fossero prevalenti il ri- ne di Banville, che, utilizzando le forme poetiche del fiuto della modernità (dagli aspetti tecnologici a quel- rondeau, del triolet, del madrigal nelle sue due raccolte li estetici, dallo scambio mercantile alle rivendicazioni En habit zinolin e Les Caprices, ha fornito a Verlaine femminili), l’antimilitarismo, il sarcasmo non solo nei un modello di “suite”che sposta la propria ispirazione confronti della “mystique du peuple”, ma anche dei dal barocco francese al rococò. Lo spostamento dalla partiti al governo, come tanti segnali della successiva tradizione musicale del barocco a quella del rococò è metamorfosi. L’A. identifica nell’opera En rade il mo- testimoniato anche dai titoli delle poesie, che, numerati mento in cui il pensiero di Huysmans si mette in mo- come gli elementi di una “suite”, riprendono i nomi di vimento, con la contrapposizione di un idillico passato diverse forme musicali o titoli utilizzati per testi di mu- a un mondo presente, il non senso contemporaneo al sica: En sourdine (Les Sourdines di Lully), Les Ingénus senso e all’ordine espressi dall’epoca medievale. L’A. (L’Ingénue dalle Pièces de clavecin di Couperin), Pan- propone quindi una serrata riflessione sugli elementi tomime (da una sonata di Barthélemy de Caix) e mol- costitutivi della visione del mondo dello scrittore, sul- ti altri, fra cui anche opere di Rameau. D’altra parte, la base non solo della produzione letteraria, ma anche Verlaine ha formulato chiaramente, secondo Stücke- di tutto l’apparato testuale che la circonda (prefazio- mann, la sua specifica adesione alla poetica del rococò ni, diari, saggi, interviste: un peritesto insomma nella nell’ottava strofa della sua Art poétique, là dove parla sua concezione più estesa) offrendone una messa in dell’unione fra l’impreciso e il preciso e ha fatto capire prospettiva per molti versi inedita che comporta una altrettanto chiaramente il suo interesse per l’unione fra nuova sistemazione critica. Ad esempio è convinzione la poesia, la danza e una certa zona della musica fran- dell’A. che Huysmans non riprenda più il personaggio cese, nella sua immediata amicizia e simpatia per il gio- di Durtal dopo L’Oblat perché non può più costituire vane Debussy, unico ad aver ripreso e riproposto, alla il suo doppio funzionale, la disparità essendo sempre fine dell’Ottocento, lo studio della musica barocca. maggiore. [i d a m e r e ll o ] [m a r i a e m a n u e l a r a f f i ]

All a n H. Pa s c o , “À Rebours” à rebours, «Revue Gi u s e p p e Ma r t o c c i a , Hérodiade, Scène, Roma, d’Histoire littéraire de la France», 3, septembre 2009, Aracne, 2007, pp. 164. pp. 621-644.

Questo studio rigoroso, che segnaliamo con lieve ri- Facendo il punto sul successo di À Rebours e al tem- tardo, costituisce un utilissimo strumento per affron- po stesso sulle critiche che gli sono state rivolte, Al- tare Hérodiade, Scène: unico frammento di Hérodiade lan H. Pasco sottolinea che il primo problema rileva- pubblicato da Mallarmé e punto di partenza per le suc- to, quello dell’assenza di un’organizzazione d’insieme, cessive riprese di Hérodiade da parte del poeta. può essere facilmente rovesciato, consentendo di leg- Viene dapprima seguita, tramite la corrispondenza, gere, nella «narration négative» di Huysmans, l’imma- la tormentata genesi dell’opera (pubblicata sul Parnas- gine che appare dalla progressiva distruzione fisica di se Contemporain del 1871) scrutando la quale, come Des Esseintes e da quella della sua “âme”. Tale imma- è noto, Mallarmé andrà incontro alla grande crisi me- gine mostra anzitutto la profonda conoscenza delle tra- tafisica della sua esistenza, fino ad esperire il Nulla (è dizioni simboliche da parte di Huysmans già nel 1884,

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anche se la sua utilizzazione dei simboli non potrà che essa irrompe infatti nella dimensione prevalentemente affinarsi e approfondirsi nei romanzi successivi; la va- “orale” del racconto, per apportarvi, sotto forma epi- lenza simbolica, che lettori privilegiati come Mallarmé, stolare, la “sauvagerie” funesta dell’epilogo. Valéry, Symons e Wilde hanno saputo adeguatamente apprezzare, costituisce infatti, secondo Pasco, il primo [m a r i n a m a t t e r a ] e più importante elemento di coesione del romanzo. Analizzando poi la costruzione dell’elemento simboli- co centrale del romanzo rappresentato dalla «maison Ma r i e Sc a r p a , L’Éternelle jeune fille, Paris, Cham- de Fontenay-aux-Roses» e da tutti gli elementi che la pion, 2009, pp. 242. costituiscono, il critico individua anche un ordine pre- ciso di progressione: «les sens sont mis les uns après In questo studio su Le Rêve di Zola, l’A. propone les autres à l’épreuve, les stimulus sont isolés et ma- l’ipotesi secondo la quale esiste un’omologia funziona- gnifiés jusqu’à ce qu’ils cèdent à la souffrance ouà le e strutturale tra rito di passaggio al risveglio della l’épuisement». Pasco segue puntualmente lo sviluppo sessualità femminile e narrazione, e per questo si con- di questo programma autodistruttivo di Des Essein- centra sul personaggio di Angélique. tes attraverso i cinque sensi e sotto la vigile influenza In un primo capitolo consacrato alla portata seman- dei tre testi di Baudelaire, collocati come Lari al posto tica del ricamo, l’A. fa notare come la broderie permet- d’onore nello studio arancione e indaco. Ne emerge un ta di alludere metaforicamente alla costruzione di un libro certamente privo di avvenimenti a livello deno- legame sessuale e sociale, quindi mostra come anche tativo, poiché «les événements ont simplement lieu au la lettura della leggenda di Sainte Agnès partecipi al niveau des connotations ou des analogies», un roman- processo di iniziazione. Le Rêve è quindi modella- zo quindi molto vicino alla strutturazione della poesia, to secondo l’A. come un racconto meraviglioso, pur che raccoglie una serie di stati emozionali, creando con con sostanziali differenze. Infatti Angélique è una ver- la loro progressione una sorta di «naturalisme spiritua- gine che, separata dalle sue origini e quindi dalla sua liste». Malgrado l’opinione di Zola e le affermazioni linea di filiazione, non riesce a realizzare la sua unione dello stesso Huysmans nella tardiva Préface, non è solo con Félicien e quindi è destinata a restare una vergine il naturalismo ad essere attaccato con À Rebours, ma morta, né donna, né santa. In questa prospettiva, se la lo stesso genere ‘romanzo’, di cui Huysmans rifiuta so- struttura del racconto meraviglioso è necessaria a Zola prattutto l’intrigue, collocandosi così a fianco di Mal- fino al momento della guarigione di Angélique, la cui larmé e Valéry nel rinnovamento delle forme letterarie resurrezione mette in evidenza il carattere simbolico della fine delx i x secolo. della sua morte apparente, il genere narrativo della leg- [m a r i a e m a n u e l a r a f f i ] genda permette di presentare il conflitto castità/sessua- lità in termini antinomici e trova la sua ragion d’essere nel fatto che la protagonista è un corpo destinato alla Ma r i e Sc a r p a , Sauvage, vous avez dit «sauvage»? morte. Sulla base della lettura proposta, l’autrice con- Lecture ethnocritique de la Mère Sauvage de Maupas- clude la sua dimostrazione rilevando che, se la vergine sant, «Littérature», n 153, mars 2009, pp. 36-49. è per sua natura un essere in transizione, Angélique è un personaggio liminare in quanto incapace di operare L’A. di questo breve articolo ci propone una lettura la transizione tra due status. Questa liminarità influen- “etnocritica” della celebre novella di Maupassant, La za secondo l’A. anche l’utilizzo da parte di Zola degli Mère Sauvage, ambientata nel tragico contesto del con- spazi e del tempo. Infine, nel momento in cui Le Rêve flitto franco-prussiano del 1870. presenta la sparizione di un corpo femminile privato di Il gioco di tensioni e opposizioni che pervadono eredi ma non di spessore culturale designando quin- l’opera – a livello sia formale che tematico – è messo di il passaggio dalla filiazione all’affiliazione culturale, in risalto dall’A. fin dalle prime righe della sua anali- viene a rappresentare simbolicamente non solo la crisi si: la valorizzazione della campagna normanna, luogo del genere letterario ma anche quella di un’epoca. della giovinezza, della libertà e della “felicità divina”, si scontra con l’opera devastatrice della guerra; il tem- [c h i a r a b e r t i ] po mitico della natura e del ricordo si contrappone al doloroso e ineluttabile presente storico. All’interno di questa cornice, l’A. si interroga Ev a n g h é l i a St e a d , Gélatine, poumon marin et poè- sull’ambivalenza simbolica del termine “selvaggio”: at- me amorphe, «Poétique», n.159, sept. 2009, pp. 339- tribuito alla famiglia di Victor, con ogni probabilità, 357. in qualità di pseudonimo comunitario – usanza tipica delle società rurali – il significato di tale aggettivo ben Dopo l’analisi delle forme mostruose della fine se- si adatta al temperamento austero e a tratti virile di Ma- colo minuziosamente condotta nel ponderoso Le sin- dame Sauvage, pronta a vendicare, con gesto spietato, ge le monstre et le foetus (2004) è ora la mostruosità la morte del figlio. Presente nel racconto tanto a livello dell’amorfo ad affascinare l’A., quell’amorfo che gli individuale (nell’opera illegale di bracconaggio da par- autori stessi della decadenza consideravano come il te del padre) quanto a livello collettivo e istituzionale non plus ultra dell’orribile, inteso come risultato della (nel clima distruttivo della guerra) la violenza umana decomposizione, della putrefazione e la marcescenza. trova, così, nella bestialità pagana della protagonista, Così Redon nell’illustrazione della Tentation de Saint la sua forma suprema. Antoine di Flaubert traduce in chiave organica l’enu- Nell’ultima parte dell’articolo, l’A. attira infine l’at- merazione dei mostri compiuta dallo scrittore, contri- tenzione sul carattere profondamente ambivalente del buendo all’affermazione dell’amorfo nella fin de siècle. testo: se, da un lato, l’universo colto e civilizzato del L’A. segnala un’analoga presenza di sostanze gelatino- narratore risulta perfettamente incompatibile con la se e putrescenti in Arthur Machen, per ricordare in- primitività arcaica del personaggio principale, dall’al- fine come persino il verso libero venisse indicato co- tro, tale opposizione sembra risolversi nell’atto stesso me amorfo nelle parodie e nei pastiches (e non solo, della scrittura. Emblema per eccellenza della civiltà, se Kahn definisce amorfa la strofa di Laforgue, eil

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primo verso libero è così chiamato anche da Gregh e evitare «déprédations». Il divorzio tra i due è così defi- Gourmont). L’A. si sofferma quindi sulla raccolta di nitivamente consumato. Franc-Nohain (Flûtes, poèmes amorphes, 1898) come Jean-Louis Ca b a n è s (Les «Préfaces et manifestes lit- migliore esempio di una poetica che attraversa le paro- téraires» d’Edmond et Jules de Goncourt: réflexivité et die dello Chat Noir in direzione modernista e prosegue distinction, pp. 135-148) mostra l’inesattezza del tito- poi la sua indagine sulle intersezioni tra poesia ed arti lo della raccolta del 1888 dei Goncourt, che in realtà plastiche, venendo a dimostrare in primis la necessità non hanno mai scritto manifesti letterari, per interro- per l’art nouveau di trarre ispirazione dal mortuario e garsi sul suo significato. È la raccolta delle préfaces a dalla decomposizione. In conclusione l’A. tende a ri- farsi manifesto – osserva l’A. – sia per il continuo tes- conoscere nella gelatina fine secolo il crogiolo di nuove suto teorico che si viene a creare con l’assenza dei te- forme che procedono nella modernità. sti di riferimento, sia per la posposizione delle préfaces [i d a m e r e ll o ] più antiche rispetto alle più recenti, che si presentano come un loro inquadramento. L’A. mostra come Ed- mond voglia sottolineare la costanza delle ragioni criti- Va l e r i a Ra m a c c i o t t i , Identità nascoste. Saggi di let- che sue e del fratello, rivendicando la paternità di una teratura francese dell’Ottocento, Alessandria, Edizioni “scuola realista”, e la diversità rispetto a Zola in nome dell’Orso, 2009, pp. 185. dell’ “écriture artiste”. In tal modo Edmond tenta di accreditarsi come caposcuola delle future generazio- Il volume raccoglie articoli scritti dalla metà degli ni di scrittori. Compito della critica è ora confronta- anni Ottanta ad oggi, relativi alla poetica dell’immagi- re il posizionamento nel campo letterario fornito dalle nario nella letteratura francese del x i x secolo. Si parte préfaces con quello risultante dall’estetica delle opere, così dal mito dell’androgino, nelle sue diverse declina- quantificando così l’effetto nuovo dovuto all’insieme zioni e variazioni psicologiche – oltre che fisiche – in della loro raccolta. Latouche, Balzac e Gautier, per procedere poi con uno Jacques No i r a y (Manifestes de l’âge naturaliste, pp. studio della funzione della rappresentazione teatrale 149-164) tenta di isolare cronologicamente un’«epo- nel romanzo (in Gautier come in Flaubert, in Zola, in ca naturalista», nel periodo compreso tra la préface Bourges e in Mendès). L’A. si sofferma infine sull’ami- di Germinie Lacerteux (1864) e il Manifeste dei Cin- cizia tra l’intellettuale milanese Luigi Gualdo, natura- que contro La Terre (1887), all’interno del quale ab- lizzato parigino, e Paul Bourget, colta nelle sue compli- bondano i documenti teorici sia dei Goncourt che di cazioni di invidie e gelosie per via dei rapporti di Gual- Zola. Sceglie quindi come corpus teorico le préfaces di do con altri esponenti della fine secolo, come Coppée o Germinie Lacerteux, Thérèse Raquin, Le Roman expéri- Montesquiou. Un saggio del 2003 riporta l’attenzione mental e Le manifeste des Cinq. Se il vero manifesto pa- sulle caratteristiche del dandy fine secolo, tracciando re all’A. la raccolta delle Soirées de Médan, che implica un rapporto tra Des Esseintes e il Bel-Ami; mentre alle una solidarietà teorica di scuola, in realtà dal punto di figure dell’immaginario, a partire dalla seconda metà vista strutturale gli elementi tipici dell’atteggiamento del x i x secolo sono dedicati il capitolo Divagazioni sul- manifestario (bilancio e programma) sono entrambi la tigre e il pavone, che si sofferma soprattutto sull’im- presenti nelle préfaces di Zola. Il destinatario è un pub- magine e il simbolismo del volatile, e altri due capitoli blico accorto e ristretto, e l’A. mostra anche la capacità incentrati su Félicien Rops. L’A. consacra altresì tre ca- di Zola di spiegare le sue teorie attraverso le intervi- pitoli a Mallarmé, interrogandosi sulla sua traducibilità ste, rivelandosi il primo a saper sfruttare abilmente i e le modalità da rispettare per corrispondere alle inten- diversi media. zioni di scrittura del testo, sul rapporto della «Dernière Jean-Nicolas Ill o u z (Les manifestes symbolistes, mode» con l’estetica del Livre, e sull’immagine della pp. 165-188) vede nel connubio tra l’estetico e il po- finestra come strumento di comprensione dell’estetica litico la prerogativa del manifesto simbolista e l’inizio mallarmeana. dell’epoca della rivoluzione permanente. Se il manife- [i d a m e r e ll o ] sto del simbolismo appare nel 1886, l’A. ravvisa nelle traiettorie di sguardi che si evitano nel celebre quadro di Fantin-Latour del 1872 (e forse dovrebbe contare e Préfaces et manifestes du x­ i x siècle, «Revue des anche il vuoto lasciato da Mérat, sostituito dal celebre sciences humaines», n°295, 3/2009, pp. 211. bouquet) l’inizio della fine del Parnasse. L’esclusione di Mallarmé dal «Parnasse contemporain» del 1876 Rendiamo conto qui degli interventi che riguarda- è invece intesa come un’allusione al capitale latente no la nostra rassegna, pur se questo snatura in parte del nuovo movimento, insieme alle opere di Verlaine il numero della rivista, che riveste nel suo insieme un e Rimbaud, che feconderanno il decennio successivo. grande interesse. L’A. vede nella plaquette dei Poètes maudits e in À re- Pascal Du r a n d (Don et déprédations. A propos de bours i primi due fattori di coesione della nuova scuola, l’ «Avant-dire» au “Traité du Verbe”, pp. 68-77) par- e prende poi in considerazione il carattere manifestario te da una questione apparentemente banale (a chi si della produzione del 1886, sia a livello di préfaces che rivolge una prefazione allografa autentica?) per con- dei testi che vengono prodotti o pubblicati (come le testare il truismo della risposta (ai lettori) e mostrare il Illuminations). Il dibattito teorico sulla natura del sim- gioco sottile che si instaura in realtà tra L’Avant-dire di bolismo non si placa peraltro neppure in quell’anno, e Mallarmé e il Traité du verbe di Ghil. Il gesto di offrire l’A. ha buon gioco nel mostrare la varietà dei punti di l’avant-dire pone immediatamente Mallarmé in un ruo- vista negli anni successivi. lo magistrale e confina Ghil a quello di discepolo; tan- Marie-Françoise Me l m o u x -Mo n t a u b i n (Le manife- to più che il testo delinea per la prima volta gli aspetti ste décadent, un manifeste pour rire, pp. 189-206) ri- centrali della sua poetica. Per questo il dono viene suc- flettendo sul ben noto testo di Baju e su quello di poco cessivamente rifiutato da Ghil, che intende rivendicare precedente uscito su «Le Scapin littéraire, artistique et così la piena autonomia del suo dire. La ripubblicazio- théâtral» ne ricorda la natura polemica per constatare ne da parte di Mallarmé dell’Avant-dire in Crise de vers l’indeterminatezza del movimento. In conclusione ri- costituisce infine una riappropriazione del dono, per tiene inevitabile che un movimento avente come prin-

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cipale caratteristica l’autoparodia non potesse essere de l’homme moderne» alla soglia del nuovo secolo, es- sorretto da una serietà programmatica. sa mostra nelle diverse poesie che la compongono un movimento generale di perdita di individualità in un [i d a m e r e ll o ] “Tout” dai contorni indefiniti e mutevoli, formato dalle “forces unanimes” della vita. Anche il poeta, da uomo moderno, non può che uscire da se stesso e partecipa- Ém i l e Ve r h a e r e n , Poésie Complète 7. Les Visages de re ad un’avventura che non va verso nuove scoperte, la Vie, Les Douze Mois, Petites Légendes, édition cri- ma verso la dissoluzione nell’oceano, ultima fusione e tique établie par Michel Ot t e n , Introduction par Vic «métamorphose dans le grand Tout». Les Douze Mois Na c h t e r g a e l e , Bruxelles, AML Éditions, 2009, pp. (1895, con il titolo di Almanach), sorta di almanacco di 407. canzoni popolari modulate sui dodici mesi dell’anno e Les Petites Légendes (1900), divise fra «le fantastique et Les visages de la Vie (1899) è la raccolta principale les histoires bon enfant» completano il volume. di questo settimo volume dell’opera poetica di Verhae- ren. Definita da Nachtergaele «une longue méditation [m a r i a e m a n u e l a r a f f i ]

Novecento a cura di Stefano Genetti e Fabio Scotto

The Strange M. Proust, edited by André Be n h a ï m , nel romanzo, smentendo la biografica provenienza ma- London, Modern Humanities Research Association terna dell’ebraismo proustiano, sostiene che l’eredità and Maney Publishing, 2009 («Legenda»), pp. 142. religiosa venga trasmessa con maggiore autorevolezza dal padre spirituale del narratore, ovvero Swann (Jo- Dedicato alla memoria del noto studioso proustia- seph Br a m i , Strange Jewishness: Essay on the Treatment no Malcolm Bowie, mancato nel 2007, il volume com- of Jewish Identity in Proust, pp. 45-56). In contesti si- prende, nei dieci interventi pronunciati al convegno gnificativi, benché fugaci, alcune comparse di lontana internazionale di Princeton (22-23 aprile 2006), l’ulti- provenienza geografica fanno da cartina di tornasole mo contributo orale della sua breve vita (1944-2007). alla concezione dell’esotismo e dello spaesamento se- L’àmbito oggetto di approfondimento riguarda sia condo Proust (André Be n h a ï m , Proust’s Singhalese l’opera proustiana in sé che la sua ricezione. Di parti- Song (A Strange Little Story), pp. 57-70). Avvalendosi colare interesse per l’incontro volevano essere gli aspetti delle poche comparse di Leonardo da Vinci nella Re- tuttora sorprendenti o addirittura “strani” della Recher- cherche, Raymonde Co u d e r t ipotizza, con A Proustian che, aspetti che continuano a sollecitare il lettore con- “Metterza”, pp. 71-85, la possibile simmetria della tri- temporaneo. Dal regime parzialmente autobiografico nità generazionale (sant’Anna-Vergine-bambin Gesù) dell’opera al genere prescelto e plasmato, dalle mille e raffigurata dalla Metterza leonardesca con un’altra tri- una gemma di romanzi laterali incompiuti agli eventi più nità proustiana (nonna-madre-figlio) spesso congelata imprevedibili che vengono narrati, l’estraneità dell’ope- in quadri descrittivi in momenti di alta emozione della ra coinvolge anche i suoi paradigmi più fondamentali, Recherche. Non finisce di sorprendere neppure la va- quali la gestione complessa e a volte contraddittoria del rietà di materiali e prestiti accolti e intrecciati nel tessu- tempo, le intersezioni spaziali, le convergenze diegeti- to chiné dell’opera: come indica Christie Ma c Do n a l d che. A maggior ragione se, con la “giusta distanza”, si (Da capo: Accumulations and Explosions, pp. 86-100), variano le prospettive di osservazione (fenomenologi- l’esperienza della lettura richiede al lettore (in questo che, psicologiche, filosofiche, antropologiche o musico- caso Proust medesimo) una particolare capacità di logiche). A maggior ragione ancora se si sondano falde estraniamento per calarsi nella visione altrui. In effet- più sotterranee, più occulte o più sottili del testo. ti, Proust testimonia a più riprese il suo interesse per Estraniante risulta, per esempio, il sentimento lo sguardo sorprendentemente nuovo che concede, sul dell’io proustiano che si sente sfrattato dalla propria mondo contemporaneo, l’arte (allora) nuova della fo- dimora corporea (David Ell i s o n , The Disquieting tografia (Michael Wo o d , Other Eyes: Proust and the Strangeness of M. P., pp. 12-22). Stuzzicanti, le molte- Myths of Photography, pp. 101-111). Un ulteriore ef- plici metamorfosi subite dal suo pensiero nei commen- fetto di strana sorpresa si sprigiona dai numerosi pa- ti di diversi filosofi contemporanei, da Sartre a Ricœur radossi coltivati dall’autore. Quello che s’instaura tra (Anne Si m o n , The Formalist, the Spider and the Pheno- Verità e Giustizia rivela, per esempio, come tanti al- menologist: Proust in the Magic Mirror of the Twentieth tri, una conturbante concezione della morale (Antoi- Century, pp. 23-35). Inaspettato, il sintagma che co- ne Co m p a g n o n , Truth and Justice, pp. 112-124). Infine, struisce un nome proprio che sembrava non dover mai con Reading Proust between the Lines (pp. 125-134), venire a galla, e che, in effetti, viene subito smentito Malcolm Bo w i e , discostandosi da una tradizione cri- con ironia (Eugène Ni c o l e , «Quel Marcel!» (And Oth- tica affezionata all’analisi del brano, ripercorre l’opera er Oddities of the Narrator’s Designations in “À la re- con occhio da geometra in cerca di sovrapposizioni che cherche du temps perdu”), pp. 36-44). Quanto alla tan- si richiamano anche a grandi distanze testuali. to discussa judaïté espressa nel romanzo (vedasi, last Una bibliografia collettiva e un indice dei nomi but not least, lo scontro Brami/Piperno in chiusura del chiudono il volume. «Bulletin d’informations proustiennes», n. 39): Brami, [g e n e v i è v e h e n r o t -s o s t e r o ]

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Futurisme et Surréalisme, études réunies par anche l’improvvisazione che coltiva l’involontario, l’ir- François Li v i avec le concours de Silvia Co n t a r i n i , ripetibile; l’insegnamento di tecniche e saperi e i vari Karine Ma r t i n -Ca r d i n i , Catherine La n f r a n c h i , Lau- sistemi di trascrizione del movimento ideati nel tem- sanne, L’Âge d’Homme, 2008, pp. 316. po (da Feuillet a Laban), eppure incapaci di restituirne l’“intenzione”, o gli altri mezzi (appunti, disegni, foto- Questo volume raccoglie gli atti dell’omonimo con- grafie e videoregistrazioni) tramite i quali la memoria vegno, tenutosi il 13 e 14 aprile 2002 all’Università di della danza – assieme al repertorio – si trasmette di ge- Nantes, che costituiva la prima tappa di un più am- nerazione in generazione e l’opera resiste all’oblio. pio percorso di ricerca teso a definire il ruolo del Fu- Nel libro di F. Pouillaude, lo studioso di letteratura turismo nell’ambito dell’elaborazione dei movimenti trova approfondimenti preziosi riguardanti il pensiero d’avanguardia all’inizio del x x secolo. Gli interventi della danza e del gesto in quanto spazio di elaborazio- qui raccolti concentrano prioritariamente l’attenzio- ne estetica in Mallarmé, Valéry e Artaud. Sulla scorta ne sui rapporti intercorsi tra Futurismo e Surrealismo della «rêverie négligente» (p. 122, Crayonné au théâtre) evitando, però, di inglobare i due movimenti in un’in- mallarmeana, imperniata sullo sguardo interpretante distinta avanguardia storica e mantenendo opportuna- del poeta che, nel decifrare i geroglifici disegnati dalla mente distinte le rispettive specificità identitarie. danseuse, carica di significati la scena che di fatto esau- Il volume è suddiviso in tre ampie sezioni. La prima, tora, smaterializzando il corpo dell’interprete, trascu- dal titolo «Intersections», ospita alcuni pregevoli inter- rando la fabula del libretto e sospendendo la possibilità venti. Tra di essi ci sembra particolarmente opportuno di un senso prettamente coreografico, Valéry definisce segnalare il primo, dal titolo Apostilles aux “Manifestes la danza come organizzazione del movimento privo di du Futurisme” sur les fonctions du langage di Gérard finalità, come poesia generale dell’agire umano, rinve- Ge n o t (pp. 21-34), che offre un’analisi linguistica ap- nendovi la condizione originaria di ogni forma d’arte. profondita e rigorosa dei manifesti futuristi. Dal dialogo L’Âme et la danse (1921) ai saggi del 1936 La seconda sezione, dal titolo «Figures et problè- Philosophie de la danse et Degas. Danse. Dessin, il suo mes», raccoglie interventi di natura eterogenea con- pensare la danza oscilla tra volontà e estasi, tra lucidità cernenti per lo più figure marginali del Futurismo e e abolizione della coscienza: ancora una volta, la cor- del Surrealismo come la scrittrice Paola Masino (Ful- poreità dell’opera si assenta nella distanza che separa via Ai r o l d i Na m e r , L’Improbable surréalisme de Paola la scena dal discorso poetico intento a coglierne l’es- Masino, pp. 165-182) o di Gallian (Paul Co l o m b a n i , senza. Sulla dimensione empirica, scenica e gestuale Marcello Gallian entre Futurisme et Surréalisme ou plu- dell’evento teatrale, si concentra la concezione rituale tôt du squadrisme comme idéologie, pp. 209-221). Vor- promossa da Artaud, che mira a superare il primato remmo segnalare, in particolare, almeno la bella analisi della parola e della narratività in nome di una «inscrip- poetico-estetica del Manifesto della radio di Marinetti e tion non-verbale et idéogrammatique du mouvement» Masnara del 1933 (Antonio Sa c c o n e , Le Futurisme et (p. 205) in grado di colmare lo scarto tra l’iterabilità le langage radiophonique, pp. 183-194) e il lavoro sul- del dramma e la singolarità della rappresentazione. Su la rivista «Stile futurista» e la figura del teorico Fillìa quest’ultima, l’A. torna in conclusione avanzando, sul- (Serge Mi l a n , Fillìa, ou du Futurisme en tant que style, la scia della distinzione tra opera autografa e allografa pp. 197-207). (Goodman) e tra immanenza e trascendenza dell’ope- La terza sezione, «Dialogues», indaga, come sug- ra (Genette), una ripartizione in «arts de la trace» (la gerisce il titolo stesso, sulle relazioni tra i due movi- letteratura e le arti plastiche) e «arts du geste» o della menti d’avanguardia dei diversi paesi europei: l’analisi performance (il teatro, la musica, la danza), «où les ge- non investe solamente il più evidente caso dei rapporti stes du corps ne produisent pas directement des tra- franco-italiani, ma esplora anche percorsi meno battuti ces» (p. 381). come il rapporto tra Italia e Germania (Nicolas Su r - [s t e f a n o g e n e t t i ] p i e r r e , Un écart métaphysique: la part italienne du réali- sme magique allemand, pp. 237-252), oppure la presen- za dell’avanguardia in Galizia (Loïc Fr a v a l o , L’Avant- Ja n i n e Wa r n o d , Chez la Baronne d’Œttingen. Pa- garde du nord-ouest ibérique, pp. 253-266). ris russe et avant-gardes (1913-1935), Paris, Édition de Conti, 2008, pp. 144. [g i a n l u i g i d i b e r n a r d i n i ] Giornalista e autrice di numerose monografie a carat- tere artistico, Jeanine Warnod – classe 1921 – ripercorre Fr é d é r i c Po u i ll a u d e , Le Désœuvrement chorégra- le linee guida e le vicende personali di una figura tanto phique. Étude sur la notion d’œuvre en danse, Paris, singolare quanto emblematica. Oggetto dello studio è Vrin, 2009 («Essais d’art et de philosophie»), pp. 430. Hélène d’Œttingen, al secolo Elena Francevna, meglio conosciuta nell’ambiente artistico-letterario dell’epoca Specifico dell’opera danzata è il suo prendere corpo come la Baronne. Roch Grey, Léonard Pieux, François e svanire, di rappresentazione in rappresentazione: dei Angiboult: tre pseudonimi per un unico personaggio, suoi tracciati, spesso, non resta traccia. Linguaggio del tre modi di vedere e sentire originali e al tempo stes- corpo, la danza si esaurisce nel suo dispiegarsi e del- so inscindibili l’uno dall’altro. Attraverso le pagine di J. la danza, l’A. – docente di filosofia alla Sorbona – se- Warnod, Hélène assume via via i tratti della romanziera, gue la dissipazione, il désœuvrement, circoscrivendo della poetessa e della pittrice, fino a diventare, insieme la sfuggente questione dell’opera in quanto oggetto a Serge Férat, vero e proprio mecenate delle Soirées de pubblico e iterabile: «La danse – scrive – est ce qui, au Paris con l’appellativo comune di Jean Cérusse, intrinse- nom du vécu et de la présence, refuse de réifier l’ex- co richiamo alle origini russe dei due. périence» (p. 78). Tra riflessione teorica e analisi delle Il ritratto che ne emerge è quello di una donna ver- pratiche coreutiche – dalle danze geometriche del bal- satile, che ha saputo esprimersi nei campi più dispara- let de cour all’astrattismo coreografico, dal ballet d’ac- ti e secondo modalità sempre nuove, fino a diventare tion al teatro-danza –, molti sono gli argomenti affron- una tra le figure di spicco dell’avanguardia parigina. tati: l’imporsi del coreografo in qualità di “autore”, ma Il lettore riscopre così il quartiere di Montparnasse,

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culturalmente attivo, animarsi nei salotti di Hélène: da diani, una bibliografia (maggiormente incentrata sui testi Archipenko a Zadkine, da Survage a Braque passando e le edizioni critiche e che si limita ai soli testi critici di ba- per Henri Rousseau e Max Jacob, pare non esservi arti- se), un’iconografia (contenente alcune fotografie più note sta che non si sia recato al 229 di boulevard Raspail. e altre nuove), un’antologia di alcune frasi gidiane signi- La Baronne incanta i suoi ospiti e non solo: anche ficative, alcuni passi tratti dal film di Jean-Pierre Prévost Warnod pare cedere al fascino dell’artista, e nello sce- Gide, un petit air de famille. Nella sezione «Les Travaux gliere la chiave biografica dona alla vicenda le sem- de Gide», il lettore accede ai documenti veri e propri, bianze di un racconto, tanto che talora realtà e finzione organizzati secondo il doppio principio interno/esterno paiono fondersi e confondersi, superando più volte il che abbiamo già visto. Per il primo volet, si può vedere il confine che le divide in un andirivieni costante. Ne ri- Journal, di cui Sagaert propone quattro quaderni, scritti sulta così un quadro poco oggettivo e molto impressio- tra il 1926 e il 1928 e non inseriti nemmeno nella seconda nistico, fortunatamente accompagnato dalla galleria di edizione del Journal pubblicata nel 1996-1997. Sono visi- illustrazioni che ancorano il testo alla realtà dei tempi. bili inoltre i manoscritti di Ainsi soit-il, appartenenti a una Tra i vari temi affrontati, due paiono essere gli collezione privata. Riguardo al secondo volet, è visibile il aspetti ai quali viene dato maggiore risalto: se da un manoscritto inedito della traduzione che Gide tentò nel lato emergono la fervida vivacità intellettuale della 1922 dell’Amleto di Shakespeare, in particolare degli atti Baronne e la fitta rete di amicizie intessute, dall’altro I e II (scene 1 e 2), versi 1-86. Vi sono inoltre le traduzioni viene posto l’accento sulla profonda solitudine e sulla (iniziate, ma non completate) della corrispondenza tra lo malattia dell’artista, con sfumature forse eccessivamen- scrittore Friedrich Hebbel e Elise Lensing, incentrata sul te accorate e talvolta tendenti al tragico. Un’impronta soggiorno parigino dello scrittore tedesco. biografica che pare in parte intaccare la qualità della Nella sezione «Les Manuscrits des autres» si può monografia – profondamente incentrata sulla vicenda avere un saggio dell’interesse di Gide per l’opera in fa- intima e privata dell’artista – che vanta comunque un se di costruzione di altri scrittori, interesse testimonia- prezioso apparato fotografico e una ricca bibliografia, to dalla presenza dei manoscritti di Montaigne, Rilke seppure non esaustiva. Notevoli anche gli scritti inedi- e Charles-Louis Philippe. Nella sezione «Laboratoire ti di Roch Grey e di Léonard Pieux che corredano il de la création» si trovano delle foto ritraenti i luoghi in volume in appendice. Molti restano tuttavia gli aspetti cui Gide era solito produrre e alcuni cenni ai supporti ancora da approfondire di un personaggio tanto enig- materiali usati dall’autore. matico quanto controverso. Dans L’Œuvre à son estuaire, infine, alcuni video si [e l i s a b o r g h i n o ] soffermano su diversi aspetti materiali della scrittura gidiana, compresa l’analisi della pagina manoscritta contenente le ultime righe scritte da Gide. Ma r t i n e Sa g a e r t - Pe t e r Sc h n y d e r , André Gide. L’écriture vive, Bordeaux, Presses Universitaires de [g i a n l u i g i d i b e r n a r d i n i ] Bordeaux, 2008, pp. 163, con DVD.

Gide dedicava il suo Journal des Faux-Monnayeurs, Mi c h e l Wa ss e r m a n , D’or et de neige. Paul Claudel diario della genesi del suo “unico” romanzo, «à ceux et le Japon, Paris, Gallimard, 2008, pp. 232. que les questions de métier intéressent» (p. 9). Sareb- be sufficiente questa dichiarazione per spiegare la pro- Le volume de Michel Wasserman rend compte du gressiva diffusione di edizioni genetiche dell’opera gi- séjour japonais de Paul Claudel, qui couvrit les années diana la quale si nutre di un’attenzione notevole al di- comprises entre 1921 et 1927. Claudel avait désiré ar- venire della scrittura nel momento stesso del suo farsi, demment être affecté au Japon, avant que sa première tanto da essere rappresentata nel testo tramite la figura destination en qualité de Consul général de France ne della mise en abyme. lui ouvre les portes du Céleste Empire, l’assignant dé- Dopo un primo capitolo introduttivo, che permette finitivement en 1902 au poste de Shanghai, où il de- al lettore di comprendere le caratteristiche principali meura environ quinze ans. Ce ne fut en effet que le 10 di un’edizione genetica e di formarsi un primo orien- janvier 1921 que Claudel reçut la notification de sa no- tamento sulla situazione delle edizioni a oggi esistenti mination au grade d’ambassadeur à Tokyo. dei testi gidiani pubblicati (comprese quelle critiche e Au cours de son séjour au Japon, Claudel se trouva le poche genetiche già prodotte), Sagaert e Schnyder face à une nation désormais élevée au rang de puis- puntualizzano alcune delle loro scelte. Tra queste va sance internationale, c’est pourquoi la mission du poè- segnalata la loro attenzione all’altissimo quoziente in- te-diplomate se déclina essentiellement suivant deux formativo apportato da uno studio delle bozze a cui lignes directrices: la première, de teneur nettement Gide, secondo varie testimonianze, era particolarmen- politique, visa à ouvrir le plus possible le marché ja- te sensibile. Il dossier genetico non si limita, quindi, ponais à la France, en promouvant les échanges avec a prendere in considerazione il solo manoscritto, ma la voisine colonie indochinoise; la deuxième, de valeur anche le bozze stampate e il lavoro di correzione au- décidément plus culturelle, avait pour but de diffuser toriale. la littérature et la langue françaises au Japon, et dé- I testi esaminati vengono raccolti dai curatori in due boucha sur la fondation de la Maison franco-japonaise grandi rubriche, una relativa a questioni interne che (mars 1924). raccoglie testi personali e intimi come il Journal e Ainsi Or, au niveau de la production poétique et théâtrale soit-il, l’altra a questioni esterne, concernente il rap- de Claudel, le séjour japonais coïncida avec l’accom- porto con paesi e lingue straniere, come nel caso del plissement de cette véritable summa du théâtre claudé- Retour de l’U.R.S.S. e di alcune traduzioni, tra cui va lien qu’est Le Soulier de Satin. Par ailleurs, le contact segnalata quella di Hamlet di Shakespeare. avec la tradition théâtrale japonaise – tout particulière- Il DVD-rom contiene diverse sezioni e numerose in- ment avec le nô et le kabouki – constitue un moment formazioni. La «Médiathèque» raccoglie materiali diver- essentiel de la réflexion dramaturgique claudélienne si, alcuni più generali come una biografia strettamente qui tendra depuis à intégrer la présence du chœur, cronologica, i luoghi di conservazione dei manoscritti gi- ayant la fonction de commenter l’action, non seule-

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ment à travers des dialogues lyriques, mais aussi à tra- loro irriducibile amante della libertà, da qui il titolo vers le chant. che, inoltre, non può non ricordarci che proprio agli En outre, la rencontre avec la culture japonaise joua animali Céline dedicò il suo ultimo romanzo, Rigodon, un rôle essentiel dans la rédaction du recueil de poè- pubblicato postumo nel 1969. mes publié par Claudel en 1927 chez l’éditeur Koshi- Seguendo l’asse diacronico, l’A. racconta la vi- ba de Tokyo sous le titre: Cent phrases pour éventails. ta dello scrittore dall’infanzia sino alla morte, e lo fa Composée de 172 poèmes calligraphiés par le poète, dando la parola direttamente a Céline attraverso lun- chacun desquels est accompagné de deux idéogram- ghe e frequentissime citazioni da opere, lettere e al- mes, cette œuvre manifeste l’influence de la littérature tre testimonianze, grazie anche alla pubblicazione di japonaise, et plus généralement orientale, à deux ni- molti carteggi sinora inediti. Ne risulta un documento veaux: tout d’abord, Claudel tire explicitement son quanto mai ricco e completo che permette di accosta- inspiration du haïku, sans pour autant céder à une re l’opera di Céline proprio partendo dall’uomo, dalla imitation acritique de la forme brève qui caractérise ce sua visione del mondo, dalle sue prese di posizione e genre poétique; deuxièmement, il reprend pour ainsi dalle sue sofferenze. Con un intento dichiaratamente dire à son bien la tradition idéographique de l’Extrê- apologetico, muovendosi fra incursioni nel privato e me-Orient, en agençant des textes qui se présentent attente ricostruzioni storiche, Alberghini riserva una comme de véritables dialogues entre un poème fran- parte consistente della sua monografia alla pagina più çais, écrit de sa main, et deux caractères chinois tracés cruciale e imbarazzante della vita di Céline, e cioè l’ac- par le peintre Arishima Ikuma, qui en proposent une cusa di antisemitismo che seguì l’uscita dei tre pam- sorte de cristallisation. phlets scritti tra il 1935 e il 1941 (Bagatelles pour un Loin de représenter une simple parenthèse dans la massacre, L’École des cadavres, Les Beaux draps), ac- brillante carrière du poète-diplomate, le séjour japo- cusa che lo portò in prigione in Danimarca e alla con- nais de Claudel constitue donc, d’après Wasserman, la danna a morte, dalla quale fu graziato nel 1951, espe- dernière phase de la réflexion poétique et dramaturgi- rienza dalla quale uscì irreversibilmente distrutto nel que que cet auteur n’a cessé d’alimenter tout le long fisico e nello spirito, come risulta dalle lettere scritte de sa vie. dal carcere alla moglie Lucette. Con molta enfasi l’Al- [s i m o n e t t a v a l e n t i ] berghini dimostra come in realtà Céline sia servito da capro espiatorio, essendo un personaggio controcor- rente, sempre pronto a rivendicare il proprio indivi- Ja v i e r Fi g u e r o , Albert Camus ou l’Espagne exaltée, dualismo, scomodo a tutti. Quando la seconda guerra Paris, Autre temps, 2008, pp. 277. mondiale si avvicina, Céline, per cercare di impedire che la Francia si impegni in questa guerra, decide di L’autore, un giornalista e scrittore madrileno, dedi- denunciare le grandi lobbies internazionali del potere, ca questo suo lavoro alla presenza, estensiva e multifor- tra cui quelle ebraiche. D’altra parte l’idea di un com- me, della Spagna nella vita e nell’opera di Albert Ca- plotto ebraico era diffusa e condivisa anche da molti mus. L’origine di questo fenomeno va in primo luogo intellettuali, ma nessuno di loro, come sottolinea Al- ascritta a ragioni biografiche: la madre dello scrittore berghini, da Charles Maurras a Léon Daudet, Robert algerino, infatti, era spagnola. Camus rimase sempre le- Brasillach, Henri Béraud, Georges Bernanos e Marcel gatissimo alla madre, con cui condivise le considerevoli Jouhandeau, fu perseguitato per le sue dichiarazioni. difficoltà economiche che così profondamente segna- Sempre dalle pagine di Bagatelles, di ritorno dal viag- rono la sua infanzia dapprima e influenzarono il suo gio in Russia intriso di disincanto, emerge anche il suo pensiero di adulto poi. antibolscevismo. Ma proprio il suo dichiarato antico- In un percorso articolato in cinque capitoli, l’autore munismo gli costò l’emarginazione anche da parte de- ricostruisce le tappe principali della biografia dell’auto- gli intellettuali francesi di sinistra, a cominciare dallo re, passando appunto dall’infanzia in Algeria al dram- stesso Sartre, che non gli perdonavano le sue aspre cri- ma della guerra civile spagnola, al bisogno di riscatto e tiche al modello sovietico. Di fatto, macchiato dall’ac- al grande amore per l’attrice spagnola Maria Casarès, cusa infamante di collaborazionismo, Céline, animato fino a giungere al premio Nobel e alla morte. da quello spirito patriottico che lo portò ad arruolarsi La ricostituzione della biografia dell’autore si al- in entrambi i conflitti mondiali, non solo non prese terna a momenti di analisi tematica (centrata, in par- mai posizione contro la Resistenza francese, ma nep- ticolar modo, sulle diverse declinazioni della presenza pure fece mistero di avere delle amanti e degli amici della Spagna) e strutturale delle opere di cui si parla, ebrei. Tornato in Francia, fu completamente ignora- senza dimenticare di concedere il giusto spazio alla ri- to dall’ambiente letterario sino al 1957, anno in cui costruzione degli eventi storici che formano il quadro avverrà il suo riscatto letterario con l’uscita, da Gal- in cui l’azione umana, politica e letteraria di Camus si limard, del romanzo D’un château l’autre, un vero e colloca. proprio successo editoriale. Céline continuerà a scri- [g i a n l u i g i d i b e r n a r d i n i ] vere e si darà come missione di essere inserito nella Pléiade (ma quest’ultimo sogno si avvererà solo dopo la morte dell’autore), come testimoniano le lettere che Ma r i n a Alb e r g h i n i , Louis-Ferdinand Céline gatto l’autore scrisse all’editore che intanto aveva ripubbli- randagio, Milano, Mursia, 2009, pp. 1160. cato Casse pipe, Guignol’s Band, Mort à crédit, Voyage au bout de la nuit e che pubblicherà Féerie pour une Questa voluminosa biografia, la prima in italiano autre fois I, il libro nato fra le mura del carcere. dedicata ad uno dei più grandi scrittori del Novecen- Correda il saggio un’accurata bibliografia compren- to, esce in un periodo di rinnovato interesse per la fi- dente tutte le opere di Céline, dalle prime edizioni alle gura di Céline da parte della critica, come testimonia più recenti, e i saggi critici a lui dedicati, a partire dalle anche la recente pubblicazione di alcune monografie biografie in francese di Alméras (1994), Gibault (1981) in francese. Essa nasce da una vera e propria passione e Vitoux (1988), ampiamente citate dall’A. da parte dell’A. tanto per Céline quanto per i gatti che sappiamo compagni inseparabili dello scrittore, come [m i c h e l a g a r d i n i ]

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An t o i n e Co m p a g n o n , Le Cas Bernard Faÿ, du Col- Interessatasi dapprima all’azione del ministero Malraux lège de France à l’indignité nationale, Paris, Gallimard, e successivamente alla storia sociale e sindacale degli 2009, pp. 209. artisti interpreti dal 1917 al 1960, Marie-Ange Rauch prende ora in considerazione la rottura sociale, politi- Après ses études sur Brunetière et sur les antimo- ca e culturale della Rivoluzione di maggio inserendola dernes, l’A. enquête sur le «cas» B. Faÿ (1893-1978), all’interno dell’evoluzione dell’arte e delle politiche te- parfait jeune proustien issu d’une famille ultra-catho- atrali del decennio. Per meglio contestualizzare gli av- lique, ami de Cocteau, de Gide, du Groupe des Six, et venimenti, l’A. traccia il panorama dell’epoca da diversi «ce dont nous imaginons tous qu’un Français a l’air» punti di vista, presentando nel primo capitolo le «réussi- selon B. Imbs. Comparatiste spécialiste des USA, il y tes et contradictions» del processo di decentralizzazione parraina les premières études sur Proust et obtint la in atto dall’inizio del secolo oltre che le linee guida, i première chaire consacrée aux États-Unis au Collège successi e le difficoltà della politica culturale francese tra de France. Nommé administrateur de la Bibliothèque il 1959, data della creazione del Ministero degli Affari Nationale en 1940, il fut condamné à la Libération Culturali, e il 1968, data della virulenta messa in discus- pour intelligence avec l’ennemi. En damnatio memo- sione della suddetta politica. Segue un capitolo in cui riae, ses portraits disparurent de ces institutions et on viene rievocata l’evoluzione in atto fin dall’inizio di una rendit compte de ses livres sans le nommer. decade segnata da un mal de vivre che la nuova genera- C’est à cette figure gommée et à cette «énigme» pour zione tenta di esorcizzare attraverso una «rage de vivre» lui entière (p. 12) que s’attache Antoine Compagnon. (Le Goff) che si vuole antitetica rispetto ai valori e ai co- Comment passe-t-on «du Bœuf sur le toit à la Révolu- stumi della “società dello spettacolo”. L’insoddisfazione tion Nationale» (p. 10)? Comment un américanophile sociale e politica – quest’ultima legata al processo di de- devient-il hostile à la démocratie libérale? Comment colonizzazione e alla forte instabilità mondiale – indu- un spécialiste de la franc-maçonnerie contribue-t-il cono organizzazioni e associazioni studentesche ad una à son interdiction? Comment voue-t-il son érudition maggiore politicizzazione e ad un maggiore impegno subtile et son goût des archives à la persécution, à la sociale e culturale. Aspetti, questi, che si concretizzano délation et à la propagande antimaçonniques? Com- anche attraverso lo sviluppo di un teatro universitario ment le minoritaire, homosexuel et boiteux, se mue-t- di ricerca, molto influenzato da esperienze e sperimen- il en inquisiteur? Comment l’intellectuel s’enferre-t-il tazioni straniere (Bread and Puppets, Living Theatre, dans l’erreur après Guerre? Teatro Laboratorio di Grotowski, i quali trovano una Dans ce portrait cubiste, l’A. multiplie les pistes. De vetrina appropriata ed efficace nel neonato Festival di quoi Bernard Faÿ est-il le nom? Ni d’une fascination Nancy) che portano alla messa in discussione non solo gay pour le fascisme (il est antilibéral influencé par C. della tradizione teatrale, ma anche del concetto di cultu- Schmitt), ni d’un antisémitisme chrétien (la fixation de ra e di performance. I successivi quattro capitoli rievoca- cet ami et protecteur de Gertrude Stein est anti-ma- no sviluppi, cause e conseguenze degli avvenimenti più çonne), ni seulement d’un arrivisme revanchard. Selon (l’occupazione del teatro dell’Odéon, la dichiarazione di l’A., Bernard Faÿ est aussi «un enfant tout absorbé par Villeurbanne, la contestazione del festival di Avignone) la dégustation de friandises au milieu de la tourmente» o meno noti del 1968, al fine di presentare i mesi della (p. 195) et un esprit brillant dont l’ouverture intellec- contestazione prendendo in considerazione anche la po- tuelle se réduit en même temps que s’efface le «Gay sizione delle istituzioni ufficiali e dei diversi professioni- Paree», perdant toute nuance dans sa haine des res- sti dello spettacolo tra cui creatori, tecnici, direttori di ponsables supposés de la dissolution de la civilisation teatri nazionali – il T.N.P., la Comédie-Française, il Con- catholique et monarchique française. Il se croit une servatorio di Arte Drammatica – o di periferia, compo- «droiture au prix de la solitude» (p. 120). L’A. suggère nenti delle troupes che tentano la ricerca del cosiddet- un naufrage amer et sans grandeur. to non-public. Nell’ultimo capitolo l’A. evoca le conse- Le «cas» est aussi celui d’une troublante biographie. guenze principali di questa deflagrazione su un ambien- L’A. avoue les proximités (Proust, le Collège de Fran- te teatrale traumatizzato e disilluso, caratterizzato da un ce, l’américanophilie, le goût de l’art moderne) qui ripiegamento conservatore e dalla ridefinizione di una l’ont conduit à s’intéresser à cette figure de «la trahi- politica culturale le cui debolezze sono apparse in tutta son de soi-même», du «reniement de sa jeunesse», du la loro evidenza. Terminano il volume due annessi molto «désaveu de la collégialité», du «renoncement à l’ami- utili: una tavola cronologica e il testo della dichiarazione tié», lui, issu de la génération de la Libération, hantée di Villeurbanne. par la «question existentielle insoluble» de son propre Con questo lavoro interessante e molto ben docu- comportement éventuel (p. 7) et découvrant la longue mentato, Marie-Ange Rauch traccia in modo particola- persistance des idées et des cercles vichystes. Tout en reggiato il panorama di un periodo convulso e impor- (se) persuadant de l’intérêt de cet «itinéraire à la fois tante per l’evoluzione delle pratiche e delle politiche ordinaire et très singulier de transfuge de la moderni- teatrali francesi, inserendo la sua analisi in un contesto té», il concède qu’il «aurait peut-être mieux valu ne pas ampio a livello cronologico e sociale ed evidenziando ouvrir son placard» (p. 196) et cette réticence conta- come alcune delle problematiche sollevate in quegli mine tout, aveu à mi-mots que l’homme «inexpliqua- anni non siano affatto superate o risolte ma continuino ble et inexpiable» (p. 191) auquel il a consacré un livre a sottendere le riflessioni di artisti e istituzioni. n’était pas son genre. [m i r e i ll e b r a n g é ] [p a o l a p e r a z z o l o ]

An n e -Él i s a b e t h Ha l p e r n , «Il se croit Maldoror» et Ma r i e -An g e Ra u c h , Le Théatre en France en 1968. il n’a pas tort, in Affinités électives, sous la direction de Crise d’une histoire, histoire d’une crise, Paris, Éditions Gérard Fa r a ss e , «Revue des Sciences Humaines», 292, de l’Amandier, 2008, pp. 562. octobre-décembre 2008, pp. 41-60.

Il volume in questione costituisce la terza parte di un Questo breve articolo prende in esame l’opera di trittico sulla storia delle politiche teatrali nel x x secolo. Michaux nella fitta trama di relazioni che legano lo

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scrittore a Isidore Ducasse, meglio noto sotto lo pseu- riscono la vanitas universale: natura morta tra le pa- donimo di Lautréamont: come suggerito nel titolo, reti di un teschio – al motivo del capo chino, poggiato l’A. focalizza infatti la propria attenzione sul primo te- sulle mani, tra regressione fetale (la posizione Belac- sto della nota trilogia intitolata Cas de folie circulaire qua) e atteggiamento vagamente cogitabondo, demisti- (1922), la cui diffusione – esordio dello scrittore sul- ficatorio della contemplazione e dell’ispirazione; dallo la scena letteraria – esemplifica in modo inequivocabi- scollamento tra occhio e visione – lo sguardo velato, le l’influenza che l’autore dei Chants de Maldoror ha impotente – al collassare delle immagini: apparizioni esercitato nei confronti dell’allora giovane Michaux. spettrali, epifanie neutralizzate; dalla misantropia ca- La lettura di Lautréamont, il cui successo – tardivo – è ricaturale all’implosione dell’umoralità in umorismo legato al fervente entusiasmo di Max Waller, fondato- nero; dalla condanna alla solitudine alla dipendenza re della «Jeune Belgique», seduce Michaux al punto dall’altro e alla fraterna crudeltà che ne consegue; dalla tale – affermerà egli stesso – da ispirare in lui una fer- topografia crepuscolare – polvere e fango, esalazioni e vente e creativa vena artistica. grigiore –, cosparsa di antri e rovine, alla scena di let- L’A. sottolinea la dimensione trasgressiva che perva- tura a libro chiuso e alla narrazione post mortem; dalla de l’opera di Michaux, per il quale Lautréamont forni- dissezione del corpo malato, macchina che inverosimil- sce un perfetto esempio di radicale anti-conformismo mente resiste allo sfacelo, alla frammentazione del di- letterario: come quest’ultimo, lo scrittore belga cerche- scorso; dalla scissione di mente e materia, di presenza e rà con ogni mezzo di liberarsi da ogni forma di sapere voce, alla dialettica di reclusione e erranza, stasi e mo- istituzionalizzato. vimento frenetico, silenzio e logorrea; dalla vertiginosa Tuttavia – ed è questo il punto focale dell’artico- ossessione dell’inventario, della simmetria e del calco- lo – l’adorazione quasi ossessiva nutrita da Michaux lo – «arithmomanie» tesa ad arginare l’emorragia iden- nei confronti di Isidore si trasforma ben presto in un titaria – alle sinuosità e aporie del raziocinio, all’arte deliberato tentativo di distacco, chiave di volta del Cas della contraddizione, della ritrattazione e dell’impove- de folie circulaire. Lo scrittore rinnega e abbandona il rimento: sempre meno, sempre peggio. Per effetto di suo modello, staccandosene come il frutto dall’albero, una sorta di saturazione ermeneutica, la sintomatolo- afferma l’A. che conclude parodiando sagacemente il gia, la caratterografia e l’immaginazione malinconiche titolo dell’opera: «Il ne se croit plus Maldoror». quali si configurano nei romanzi di Beckett tra riscrit- tura e grottesco, proiezione di fantasmi interiori e anti- [m a r i n a m a t t e r a ] doto contro la tragicità, consentono all’A. di esplorare le tensioni inerenti a un’opera che coltiva ed epura il linguaggio in quanto scarto e che costantemente tema- Ya n n Mé v e l , L’Imaginaire mélancolique de Samuel tizza e testualizza il fallimento creativo. Beckett, de “Murphy” à “Comment c’est”, Amsterdam- New York, Rodopi, 2008 («Faux titre», 320), pp. 433. [s t e f a n o g e n e t t i ]

Posto sotto il segno di Saturno e sotto l’egida di J. Starobinski, questo volume sottolinea la pregnanza, in André Pieyre de Mandiargues. De “La Motocyclette” Beckett, del sapere e dell’immaginario malinconico, a à “Monsieur Mouton”, études réunies par Yves Ba u d e l - lungo occultata – afferma l’A. – dalla nozione di assur- l e et Caecilia Te r n i s i e n , «Roman 20-50», hors série n. do. L’intento dichiarato è quello di liberare il tema dal 5, avril 2009, pp. 205. retaggio romantico e post-romantico (da qui lo scar- so peso attribuito al poetare splenetico di Baudelaire Ad un secolo dalla nascita di André Pieyre de Man- o Verlaine, che pure esercitano su Beckett un influs- diargues, la rivista universitaria «Roman 20-50» rende so notevole), restituendolo alla tradizione culturale omaggio al poeta, romanziere, critico d’arte france- che gli è propria, all’arcaica medicina psicosomatica, se. Secondo diversi approcci e prospettive, specialisti al pensiero para-scientifico popolare ed esoterico, alla e studiosi di varia provenienza hanno esplorato nuo- teoria degli umori e alla relativa riflessione moralistico- vi aspetti della produzione dell’autore a partire dalla filosofica – da Ippocrate a Burton a Schopenhauer –, pubblicazione di La Motocyclette: la dimensione poe- nonché al ricco filone iconografico che, da Dürer a Go- tica dell’opera, che oscilla tra furia esploratrice e rigo- ya a Bacon, fissa e rielabora i tratti del typus melan- re formale (Salah St é t i é , La Poésie comme seul devoir, cholicus, degli accessori e del paesaggio che lo attor- pp. 5-17); il tema dell’erranza esibito nelle città dell’im- niano. Tra pittoresco e dolorismo, tra pathos e apatia, maginario (André-Alain Mo r e ll o , Villes de Mandiar- si profila dunque una fenomenologia della malinconia, gues, pp. 19-33); il fascino e il magnetismo esercitato correlata al tedio, alla depressione, all’indifferenza o dall’Italia fin nell’uso della lingua (Lise Ch a p u i s , L’Ita- all’angoscia, eppure da questi distinta in quanto crisi lie palimpseste: permanences italiennes dans l’écriture dell’attenzione, della volontà e del desiderio. Meta- narrative d’André Pieyre de Mandiargues, pp. 35-47); la psicologia e psicanalisi, fisiologia e iconologia concor- presenza di contrastanti intermittenze elleniche (Euge- rono a delineare un percorso interpretativo coerente nia Gr a m m a t i k o p o u l o u , “Le Théâtre de Pornopapas” et e multidisciplinare che, sensibile alle fonti recuperate “Sixtine Agni”: intermittences helléniques dans l’imagi- e parodiate da Beckett, si incentra sulla narrativa (da naire mandiarguien, pp. 49-59); il trattamento dei temi Murphy e Watt alla trilogia, fino a Comment c’est), non propri al meraviglioso e al fantastico (Roger Bo z z e t - senza rapide ma efficaci incursioni nel teatro e nelle t o , Mandiargues: fantastique et merveilleux, pp. 61-69) prose più tarde, dove il ripiegamento malinconico, so- che si rinnovano nelle più recenti raccolte di novelle speso tra meditazione o preghiera e assenza, assume attraverso una scrittura «précise et précieuse» (p. 62), particolare rilievo visivo. o in La Rébellion de l’ombre attraverso l’intertesto pit- Una pluralità di segni a connotazione malinconica torico metafisico nel trattamento del motivo fantastico fungono da supporto a letture puntuali e intertestuali dell’ombra (Simone Gr o ss m a n , Fantastique et pictural di tematiche e personaggi, posture e figure, situazioni dans “La Rébellion de l’ombre”, pp. 71-80); l’identità enunciative e risultanze stilistiche: dalla rappresenta- polivalente di Monsieur Mouton (Laurent d e m a n z e , zione di oggetti simbolici – reliquie dell’io che sugge- Mon Tout est Mouton, pp. 81-89), opera che declina

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la percezione sensoriale in tutte le sue forme (Immacu- trione non è il marito tradito e geloso della tradizione, lada Ill a n e s Or t e g a , “Monsieur Mouton” ou l’amour ma uno sposo premuroso e un perfetto uomo di casa; des sens, pp. 91-105). Un saggio sullo spazio, affettivo, Giove non è un dio autocrate e sicuro di sé, ma un ontologico, iniziatico, tragico, della Motocyclette (Cae- dio innamorato, che si interroga sulla propria identità; cilia t e r n i s i e n , “La Motocyclette”, traversée d’un espace Mercurio vede ridotta la sua funzione di messaggero; il romanesque, pp. 107-119) precede una serie di contri- ruolo di Sosia è quasi eliminato e non riveste più una buti dedicati alle novelle dell’autore: l’analisi della loro funzione apertamente comica. L’A. sottolinea che, fin- ricezione, seguita da due lettere inedite dello scrittore gendosi l’“altro”, cioè Anfitrione, Jupiter vive un’espe- (René Go d e n n e , André Pieyre de Mandiargues nouvel- rienza “schizofrenica”; il ruolo di Amphitryon è soffo- liste: étude de réception, pp. 121-131), e dei meccanismi cante per Jupiter, siccome impedisce al dio di essere della conversazione che ne strutturano l’intrigo (Pascal riconosciuto e amato per se stesso, come dimostra la Mi c h e l u c c i , Conversion et conversation dans les nou- distinzione fra marito e amante, espressione della “fe- velles de Pieyre de Mandiargues, pp. 133-145); lo studio rita narcisistica” del dio. sulla plasticità delle immagini mentali che caratterizza- L’A. riserva infine ampio spazio ad Amphitryon 39, no la raccolta Porte dévergondée (Alexandre Ca s t a n t , nel quale i dati del mito sono deliberatamente altera- Poétique et esthétique des images mentales dans “Por- ti, attraverso un progressivo ribaltamento delle parti. te dévergondée” d’André Pieyre de Mandiargues, pp. Tuttavia, rispetto al padre, che ha rovesciato l’ottica di 147-159) e una disamina più generale delle caratteri- Alcmena, perché l’eroina è informata in precedenza da stiche della forma breve usata dall’autore (Catherine Mercurio della visita di Giove, Jean-Pierre Giraudoux Do u z o u , Les Contes anamorphiques de Mandiargues: le si spinge oltre, dimostrando una tendenza a umanizza- trop-plein du vide, pp. 161-170). Egli esplora l’inten- re la figura di Giunone e ad arricchire il mito di nuovi sità emotiva, sensoriale e artistica di una determinata giochi di specchi: dal momento che il ruolo ricoperto situazione e esibisce il lato joueur della sua scrittura: nelle precedenti riscritture da Giove è qui assunto da gioco di genere o gioco parodico che caratterizza la sua Giunone, che veste i panni di Alcmena, in luogo del ultima opera (Dominique Gr a s -Du r o s i n i , “Tout dispa- confronto tra i due Anfitrioni (presente nei rifacimenti raîtra”: un jeu de dupes?, pp. 171-182), o gioco interte- basati sulle scenae suppositiciae dell’Amphitruo), com- stuale con i grandi capolavori della letteratura realista, pare il confronto tra due Alcmene. in particolare con Balzac (Iwona To k a r sk a -Ca s t a n t , In sintesi, il volume, completo sotto tutti gli aspetti, Sigismond, le cousin de Pons: figures d’une anamorpho- testimonia l’attualità del mito di Anfitrione, la cui na- se balzacienne dans “La Marge”, pp. 183-194). Chiude tura sfuggente introduce oggi, come in passato, pro- il volume il contributo di François Be r q u i n che sosti- blematiche di difficile risoluzione, contribuendo a ri- tuisce all’automatismo riconosciuto dallo stesso auto- disegnare costantemente gli incerti confini del genere re, quale meccanismo che dirige la propria macchina comico. narrativa, il modello dell’automobile quale mezzo che [i d a m e r e ll o ] porta magicamente verso paesaggi inesplorati, immagi- ni mentali, si lascia guidare da gesti incosci o istintivi, modula presenza e assenza, permettendo all’ipotetico Mi r e i ll e Ca ll e -Gr u b e r , Les Triptyques de Claude conducente di dissociarsi vertiginosamente in una con- Simon ou l’art du montage, Paris, Presses Sorbonne centrazione serrata e in un’assenza da sé perfettamen- Nouvelle, 2008, pp. 216. te riconciliate (François Be r q u i n , La Brouette de chair, pp. 195-205). Mireille Calle-Gruber raccoglie in questo agile vo- [m a r g a r e t h a m a t u ll i ] lume una serie di materiali eterogenei (sceneggiature, corrispondenze, manoscritti, interviste ed altri ancora), per lo più inediti e prodotti tra il 1958 e il 1978, con Br e n d a Pi s e ll i , Metamorfosi dell’“Amphitruo” attra- l’intento dichiarato di accompagnare il lettore nel cam- verso i secoli, Genova, Tilgher, 2009, pp. 348. mino di avvicinamento al metodo creativo di Claude Simon. Il volume, imponente per l’arco letterario che ab- A tal riguardo l’autrice sottolinea, già nella propria braccia e per la bibliografia, si incentra sul mito di introduzione Claude Simon la main heureuse (pp. 7-16) Anfitrione, con una trattazione estremamente accura- l’ampiezza dell’interesse dello scrittore per l’aspet- ta: l’A. sottolinea i dati salienti della fortuna del mi- to formale della narrazione romanzesca e filmica. Per to di Anfitrione attraverso un’analisi fondata non solo questo importante esponente del Nouveau Roman, il su pièces che costituiscono le tappe fondamentali nella concetto di forma è ciò che Calle-Gruber definisce co- storia dell’evoluzione del mito, ma anche su opere che, me un «art du montage» (p. 8) riscontrabile, ad esem- abitualmente non associate alla fabula di Anfitrione, pio nel romanzo, nella messa in evidenza della posizio- contribuiscono invece a illuminarne i principali aspetti ne del narratore rispetto alla diegesi, e, al cinema, nel (Avatar di Gautier, Il ritorno di Casanova di Schnitzler, rapporto tra la posizione della telecamera e la scena. A Hélas pour moi di Godard). In particolare, la mono- ciò va aggiunta la cura delle sequenze narrative, trat- grafia ripercorre la storia delle pièces francesi (Rotrou, tate (in fase di scrittura) come quadri distaccati, poi Molière, Jean e Jean-Pierre Giraudoux, André Arcella- associate ad un colore ed infine riassemblate in modo schi), con interesse specifico alle fonti, alla struttura, ai che i diversi colori si ritrovino nella giusta gradazione personaggi, al linguaggio e alla teatralità delle rielabo- in tutti i quadri. In questo modo, l’autore può garanti- razioni. In appendice, è posta la prima traduzione ita- re una corretta gestione della presenza di temi e motivi liana di Amphitryon 39 di Jean-Pierre Giraudoux. del testo. L’A. dimostra che, in Amphitryon 38, la sceneggia- Le Notes sur Triptyque (pp. 23-26) rappresentano tura plautina, rispettata nelle sue linee essenziali fino una perfetta illustrazione di questo metodo di scrittu- a Molière e reperibile ancora in Dryden e in Kleist, è ra. Claude Simon spiega infatti di aver adottato, per il assente, poiché Alcmena assurge a protagonista della suo film, il modello del trittico medievale in cui la vita pièce e Anfitrione non appare nelle scene di cui i pre- del santo viene ripartita in tre segmenti non necessaria- cedenti rifacitori lo avevano reso protagonista: Anfi- mente collegati tra loro tramite il criterio cronologico.

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Simon costruisce, quindi, l’unità del suo Triptyque «sur do la ricca «gamme du mal à Chaminadour» (p. 265), une certaine unité plastique […] de la couleur (en l’oc- le posizioni espresse nei saggi morali e la «psychanalyse currence le rouge, le noir et le blanc)» (p. 23). sauvage» (p. 272) del ciclo di Monsieur Godeau intime, Da ricollegarsi all’attenzione per l’aspetto morfolo- lo studioso segue le tracce di «une fantasmatique puni- gico del testo è poi la nozione di credibilità della fiction, tive du désir homosexuel» (p. 268), celata nella ricor- non da intendersi come quoziente di adesione del testo rente riflessione intorno al peccato originale. (romanzesco o filmico) al reale, bensì come capacità Segue Alain Me r l e t con Le Mal et son traitement dello scrittore di stabilire rapporti interni al linguag- dans l’expérience psychanalytique (pp. 305-317), in cui gio utilizzato, come nel già visto esempio dei rimandi si illustra, portando ad esempio i casi di due terapie al codice coloristico. L’insieme delle tecniche utilizzate affrontate dallo psicanalista, il trattamento di un con- da Simon mira, in ultima analisi, alla costante denuncia cetto «qui n’est pas […] psychanalytique» (p. 305), ri- della fiction in quanto tale e a distruggere, pertanto, gli vedendo il rapporto tra bene, male e realtà nella terapia ultimi residui dell’illusione realista-referenziale, incar- lacaniana. nata in primis dalla struttura narrativa cronologica. Nicolas Di Mé o – Mal politique ou fatalité histori- Tra gli interventi di maggior interesse si può segna- que? Le mythe de la décadence pendant l’entre-deux- lare certamente l’articolo a firma dello stesso Simon, guerres (pp. 333-344) – illustra la prima apparizione, L’inattendu attendu (pp. 19-21) in cui l’autore sotto- nella filosofia e nella letteratura francesi, dell’idea di linea la preminenza del cinema (e in particolar modo una possibile decadenza europea e occidentale, nelle di Buñuel e Dali) rispetto alla letteratura nella sua for- sue due versioni di destra e di sinistra – da Yourcenar mazione di scrittore, e la conseguente costruzione di e Valéry, a Cendrars e Drieu La Rochelle – arrivando a un’estetica di natura più visuale che linguistica in sen- formulare l’irrisolvibile domanda del titolo. so classico. Nell’opera francofona e anglofona di Romain Gary, Il libro è arricchito dalla riproduzione fotografica Julien Ro u m e t t e descrive la comparsa e l’evoluzione dei manoscritti e dei plans de montage di Triptyque e di della tematica del male (Romain Gary et le sourire de Le Jardin des Plantes. Promethée. La gestation de la notion de Puissance, de Al volume è poi allegato un DVD che riproduce “La promesse de l’aube” à “La comédie américaine”, pp. due documenti. Il primo è un’intervista svoltasi insie- 345-365). La bella immagine del titolo è presa da un te- me a Pierre Boulez durante una puntata della storica sto giovanile del romanziere ed è utilizzata per indicare trasmissione Apostrophes, nel 1981. L’altro è il vero e la formulazione di uno «stoïcisme comique» (p. 365) proprio Triptyques, che è l’insieme di diverse interviste come punto finale di un’evoluzione umana e artistica a Claude Simon riguardanti l’arte della scrittura. ricca e coerente. Prendendo spunto dalla chiusura del Moïse et Aron [g i a n l u i g i d i b e r n a r d i n i ] di Arnold Schönberg, Éric Be n o i t (Dans l’aporie du comment dire, pp. 389-406) riconosce la prerogativa del male nella facoltà di «mettre en échec la parole de Puissances du mal, textes réunis et présentés par l’homme» (p. 391) e ripercorre le tappe di una sfida Pierre Gl a u d e s et Dominique Ra b a t é , Bordeaux, Pres- all’indicibile nell’opera di Edmond Jabès. Dall’acco- ses Universitaires de Bordeaux, 2008 («Modernités», stamento dei termini male, nulla e silenzio, il poeta 29), pp. 472. deduce, nelle sue opere più recenti, la responsabilità morale e artistica di vincere «l’impensabilité du mal» Nato dalla collaborazione tra l’Université du Mirail (p. 406). e quella di Bordeaux 3, il ventinovesimo numero di Jean-Yves La u r i c h e ss e – Richard Millet: entre le «Modernités» ha per argomento quella «branche de la mal et l’innocence (pp. 423-435) – descrive l’evoluzio- littérature qui est consacrée au Mal» (p. 5), attraverso ne nell’opera del romanziere, dagli esordi fino alla cre- le letterature occidentali e senza perdere di vista forme azione del paese di Siom in cui sono ambientate le sue artistiche e saperi diversi – cinema e fumetti, psicana- opere più recenti, come un «cheminement de l’indivi- lisi e filosofia. In questa sede ci occuperemo degli otto duel au collectif» (p. 425). interventi che riguardano la letteratura francese del x x [e n r i c o b o n a d e i ] secolo, cominciando però con l’opera di un anticipa- tore. e Infatti, in Le Diable dans “L’Affaire de la rue Lourci- Histoire de la littérature française du x x siècle. To- ne” d’Eugène Labiche. Puissance du mal en scène (pp. me II: après 1940, sous la direction de Michèle To u r e t , 177-191), Lydie Pa r i s é e raccoglie gli elementi che, nel- avec les contributions de Francine Du g a s t -Po r t e s , la pièce del 1857, sembrano sfuggire all’autore, rivelan- Bruno Bl a n c k e m a n , Jean-Yves De b r e u i ll e et Christi- do una concezione del male più profonda di quanto il ne Ha m o n -Si r é j o ls , Rennes, Presses Universitaires de genere del vaudeville fosse all’epoca incline ad esplo- Rennes, 2008 («Histoire de la littérature française»), rare. pp. 540. In “Faust au village”: le Diable vert selon Giono (pp. 193-205), Sylvie Vi g n e s rilegge il racconto nato da Con questo settimo volume, il secondo sul Novecen- «une panne dans l’écriture du Hussard sur le toit» (p. to, si porta a compimento un progetto mirato, in un’ot- 193), per ritrovare, tra le numerose espressioni idioma- tica antropologico-culturale, a presentare le pratiche di tiche richiamate dall’immagine del «diable vert», l’im- scrittura e di lettura in stretta connessione col mutare portanza indelebile di una rivelazione del male – una delle situazioni politiche e delle condizioni socio-eco- «épiphanie négative» (p. 194) –, nell’opera di un auto- nomiche. Del campo letterario si intende restituire una re duramente provato dalla Seconda Guerra Mondiale visione articolata, sensibile al modificarsi della perce- e dalla successiva epurazione. zione dei suoi confini, ai condizionamenti esterni e a Jacques Du p o n t , in Jouhandeau: pouvoirs et puissan- settori spesso trascurati quali il filone regionalista o il ces du mal (pp. 261-275), offre una visione globale del romanzo poliziesco e di fantascienza. Accanto a quel- male nell’opera del saggista e romanziere, iniziando col li degli autori canonici sfilano sotto i nostri occhi, da rilevarne il severo e antiquato cattolicesimo. Analizzan- Louis Guilloux a Tony Duvert, anche i nomi di scritto-

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ri marginali o dimenticati, attardati o scomodi, rimos- me constitutive, constructrice d’Europe» (p. 149) la si per motivi ideologici o di gusto. Volutamente non questione fondamentale che il convegno si è posto, nel- sistematica, la trattazione per generi è subordinata a la duplice articolazione di ricerca di modalità espressi- quadri d’insieme e grande attenzione viene riservata ve atte a tradurre l’artista in un linguaggio e di fonda- al panorama editoriale, alla stampa periodica e ai rap- zione di una comunità tramite l’atto poetico. porti tra letteratura e media. Al fine di superare un’im- Martin Ru e f f (Michel Deguy: le poème de la fidélité, postazione diacronica eccessivamente “avanguardisti- pp. 17-44), muovendo da Baudelaire (Le Balcon) e Du ca”, gli effetti di continuità vengono sottolineati tanto Bellay, individua nella fedeltà un «opérateur de conne- quanto i momenti di frattura. Se un capitolo verte sui xion» e il luogo costitutivo della definizione del sog- titoli del secondo dopoguerra di autori già affermati getto e della sua memoria, poi studiando in Deguy la nella prima parte del secolo, su altre figure si torna a «poétique de l’attachement» nella sua accezione lirica più riprese, in contesti diversi. La relativa complessità che avvince poesia e traduzione come «anamnèse am- di consultazione che ne consegue è compensata dalle nésique» e «ana-kata-chronisme». presenza dell’indice dei nomi e di una cronologia che Jan Volker Rö h n e r t (Kirsten et Deguy, deux poètes affianca storia letteraria ed evenemenziale, dell’arte e en leur paysage, pp. 107-115) individua nella lezione delle idee. Sono, queste, scelte rivelatrici di un’ope- cendrarsiana e nicciana la matrice della «danse du pay- razione che, stimolando l’approfondimento, cerca di sage» di Deguy, che tende a far coincidere lo spazio compenetrare esigenze didattiche ed esaustività. con il luogo della realtà del linguaggio. Quanto alla suddivisione interna dell’opera, essa è Philippe Da r o s («Il reste à faire le négatif», pp. 127- dettata dalla ripartizione in tre periodi. Nella prima 145) prende spunto da un commento del 1988 di Yves parte («De la Seconde Guerre mondiale aux Indépen- Bonnefoy all’assunto di Kafka «Il reste à faire le né- dances»), dominata dalla nozione di engagement, risul- gatif, le positif nous est déjà donné» per mostrare, da tano centrali le questioni politiche – il collaborazioni- una prospettiva estetico-filosofica, la valenza di taluni smo e l’epurazione – e di geografia culturale, con un concetti-chiave della poetica di Bonnefoy, dal «monde- capitolo dedicato alle peculiarità tematiche, linguisti- image» alla «présence», attraverso un confronto con che ed estetiche delle letterature dei paesi colonizzati. la «non-présence» di Blanchot e l’«imprésenté» di La- Un’altra sezione è dedicata alle testimonianze dei so- coue-Labarthe. pravissuti ai campi di concentramento, la cui pubblica- Nella sezione dedicata ai testi dei quattro poeti in- zione è dilazionata su vari decenni e la cui “letterarie- vitati, Yves Bo n n e f o y (L’Europe et la poésie: la tâche tà” è oggetto di dibattito. A caratterizzare la seconda du traducteur, pp. 195-203), attraverso una denuncia parte («L’Ère des soupçons») sono invece le questioni dell’insufficiente capacità unificatrice delle lingue eu- formali e la riflessione sullo specifico letterario, sem- ropee, individua nella catastrofe di Babele il momento pre in relazione a fenomeni quali il Sessantotto, la li- di nascita dell’esigenza di tradurre. Rammentando le berazione sessuale, l’avvento della società dei consu- resistenze dell’amico P. Celan a farsi tradurre in france- mi e dello spettacolo. Come viene messa in discussione se e confutando Benjamin egli giunge a definire la sua una visione univocamente astorica del nouveau roman, idea di traduzione come atto poetico di chi avverta «la così viene problematizzato l’emergere della questione pleine immédiateté dans les choses et les êtres» al di là femminile in ambito teorico-letterario. Sul venir me- di ogni fedeltà alla sintassi o alla specularità letterali- no delle distinzioni di genere è imperniato il panorama stica, ma in una fedeltà alla musica dell’originale però contemporaneo proposto nella terza parte («Retours da ricrearsi su un nuovo terreno affine, ma dissimile. critiques et interrogations postmodernes»), dove le Preoccupazione analoga a quella cui alludono le Proses varie tendenze individuate – lirismo e antilirismo, nar- (pp. 205-212) di Michel De g u y , che articolano mental- rativa erudita, psicorealismo e minimalismo, recupero mente il rapporto fra poesia e musica in una dissemina- della storia, dominante ludica e autofinzione nelle sue zione fortemente intertestualizzata che fa della «priva- inflessioni transpersonale, genealogica ed etnografi- tion» una negatività potenzialmente feconda di istanze ca – risultano accomunate da un ripiegamento critico generative. In appendice un Index des noms de lieux sui fondamenti dell’immaginario. (pp. 225-226) e un Index des noms (pp. 227-232). [s t e f a n o g e n e t t i ] [f a b i o s c o t t o ]

Quatre poètes dans l’Europe monde. Yves Bonnefoy, Michel Deguy, Márton Kalász, Wulf Kirsten, sous la di- Les Spirales du sens chez Renaud Camus, textes réu- rection de Stéphane Mi c h a u d , Paris, Klincksieck, 2009 nis par Ralph Sa r k o n a k , Amsterdam-New York, Ro- («Circare», 4), pp. 234. dopi, 2009 («Faux Titre», 336), pp. 290.

Sono qui raccolti gli Atti di un Convegno che ha La raccolta è imperniata su tre temi in particolare: avuto luogo a Parigi «à l’automne 2007» (p. 8), Atti, l’ansia autobiografica di Renaud Camus, la sua diffi- scrive il Curatore, «retravaillés pour l’édition, […] pré- denza rispetto ad ogni chiara affermazione di senso, sentés au cours d’un colloque qui s’est tenu à la Biblio- le accuse di razzismo e antisemitismo che nel 2000 ne thèque nationale de France et à la Sorbonne» (p. 14). portarono il nome sotto i riflettori della cronaca. I pri- Dal volume relativo al Convegno svoltosi in presenza mi due punti, e qualcun’altra delle molteplici temati- dei quattro poeti oggetto di studio espungiamo, data la che affrontate nell’opera dello scrittore testimoniano sua impostazione comparatistica, quanto riguarda di- un’eterogeneità di approcci ed opinioni ricca e stimo- rettamente la poesia francese. lante, inevitabile nei riguardi di un autore capace di Stéphane Mi c h a u d nell’Introduction (pp. 7-14) pre- prese di posizione provocatorie e scandalose, come an- senta i poeti invitati mostrandone il comune interes- che di ambigue ritrattazioni al limite della contraddi- se per la traduzione come momento creativo e rifles- zione, e a volte ben oltre. Riguardo all’affaire Camus, sivo, idea poi ripresa nella sua comunicazione Poésie invece, l’omogeneità degli interventi pro-camusiani of- européenne, poésie mondiale: la traduction généralisée fre una visione ridotta e parziale del caso, dando per (pp. 147-163), in cui individua nella «traduction com- scontata la diffusione di un pregiudizio anti-camusia-

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no, in realtà non accertato. Il volume riesce comunque partecipato anche l’autrice. L’Introduction del curatore nell’impresa tutt’altro che facile di dare un’idea «de (pp. 9-16) presenta a grandi linee il percorso di scrit- l’œuvre multiforme de Renaud Camus, laquelle com- tura di S. Germain e gli argomenti che saranno presi prend maintenant plus de soixante-dix livres, sans par- in esame nel testo. Il libro è diviso in tre parti temati- ler des sites de l’auteur, dont Vaisseux brûlés et celui du che che circoscrivono la Situation nella quale si svilup- parti de l’in-nocence» (p. 12). pa l’attività creativa della scrittrice, l’Écriture che vi si Nell’introduzione di Ralph Sa r k o n a k , Renaud Ca- esplica e infine l’Univers romanesque che ne risulta. mus, “wordsmith” à l’œuvre (pp. 11-24), si pone l’ac- Nella prima parte dunque, otto saggi affrontano cento sull’importanza di diari e autobiografia nell’ope- l’opera dell’autrice: Bruno Bl a n c k e m a n (À côté de/aux ra di Camus, oltre che sul carattere nostalgico e malin- côtés de: S. Germain, une singularité située, pp. 19-27)

conico di questo provocatoree reazionario, definito «le presenta l’opera intera come esempio a contrario ri- e Saniette de la France du x x i siècle» (p. 14). spetto alle accuse di morte rivolte al romanzo contem- Incomincia Sjef Ho u p p e r m a n s che, in Paysages: pays poraneo. Anne Ro c h e studia le tre opere pubblicate sages (pp. 25-39), ritrae il Camus paesaggista «en deuil nella collezione «L’un & l’autre» di Seuil, Céphalopho- des paysages de France» (p. 26), al quale si offrono tre res, La Pleurante des rues de Prague, Les Personnages, possibili reazioni, complementari e alternative: abban- proponendo un percorso intertestuale attraverso l’ana- donarsi ad una polemica malinconica o compiaciuta, lisi delle epigrafi (Le Rapport à la bibliothèque, pp. 29- fare tesoro di ciò che resiste, oppure partire verso luo- 40). Quasi gli stessi testi (Échos du silence al posto di ghi meno corrotti. La Pleurante des rues de Prague) sono presi in esame Ritorna quindi Ralph Sa r k o n a k con La Chute dans da Sandra Tr a v e r s d e Fa u l t r i e r («Être aimé à vide», la folie (pp. 41-67), in cui sono sottilmente dettagliati i pp. 69-78) che incentra l’attenzione sul rapporto tra il diversi tipi di follia descritti e raccontati in Roman roi soggetto diegetico e l’aspirazione alla presa di parola e Roman furieux. da parte dell’autrice. Gérard Po u l o u i n riprende alcuni Catherine Ra n n o u x , in Renaud Camus, remarqueur dei testi precedenti nel suo Des voix singulières à Pra- mélancolique (pp. 69-105), saggia le doti di linguista gue (pp. 41-54), repertoriando e interpretando le voci espresse dallo scrittore in Répertoire des délicatesses du ceche disseminate: quelle dei poeti e dei dissidenti al- français contemporain. Il suo bilancio non manca di fi- le quali la scrittrice dà la parola dimostrando un for- nezza e severità. te impegno etico. Questo aspetto è trattato anche da Charles Po r t e r (À la recherche de l’autobiographie, Marie-Hélène Bo bl e t in Implication éthique et politi- pp. 107-138) porta al centro della raccolta l’esplorazio- que d’“Immensités” à “Magnus” (pp. 55-68) che studia ne autobiografica che Camus dispiega attraverso nu- la messa in scena della Storia nei romanzi. Toby Ga r - merose forme letterarie: diari e agende, autobiografie e f i t t analizza a fondo il rapporto tra S. Germain et Em- romanzi autobiografici. manuel Lévinas (pp. 79-88) sul quale la scrittrice aveva La domanda cui Thomas Cl e r c si propone di ri- scritto la tesi di dottorato e la cui influenza è tangibile spondere è chiara fin dal titolo: Le Journal de Renaud nella sua opera. Aliette Ar m e l va alla ricerca delle Réfé- Camus est-il bathmologique? (pp. 139-165). Emergono rences bibliques dans l’œuvre de S. Germain. Le silence, così le divergenze tra due modi di intendere la bath- l’ange et le vent (pp. 89-98) e, nell’ultimo saggio della mologia barthesiana, secondo lo studioso e secondo lo prima parte, Isabelle d e Le Co u r t illustra il rapporto scrittore, senza che quest’ultimo veda vilipesa la pro- con le arti figurative nei romanzi e nei récits (S. Ger- pria posizione di «réactionnaire de charme» (p. 164). main et la peinture. Analyse visuelle, évocation et ima- In “Flatters”, peintre et psychagogue (pp. 167-206), ginaire, pp. 99-118). Paul Lé o n rivela l’importanza, indaga l’influenza, il- Nella seconda parte l’analisi s’incentra più preci- lustra la presenza di Jean-Paul Marcheschi nell’opera samente sulla scrittura e sulle sue caratteristiche. Ab- dell’amico e confidente, mentre HugoF r e y , in Contra- biamo dunque Valérie Mi c h e l e t Ja c o u d che riflette dictions Without End (pp. 207-230), ripercorre nasci- sul potere della parola e sulla forza che le parole ac- ta e diffusione del Parti de l’in-nocence, fondato dallo quisiscono talvolta come veri e propri motori delle scrittore nel 2002. Lo studioso mette in luce in partico- narrazioni (Les Mots dans les romans de S. Germain, lare le debolezze del progetto politico e letterario, evi- pp. 121-136). Lætitia Lo g i é -Ma s q u e l i e r analizza denti nel contraddittorio rapporto con internet – che tutti i Cris et pépiements dans l’œuvre de S. Germain Camus disprezza e al contempo sfrutta largamente – e (pp. 137-146) mostrando che le sonorità e i rumori nel rischio di «overload and boredom» (p. 230) pro- che pullulano nei romanzi hanno precipui significati dotto dalla pubblicazione istantanea e copiosa offerta e veri e propri ruoli all’interno delle narrazioni. Le dalla rete. forme verbali sono studiate da Pierre Ca h n é in La Chiudono la raccolta tre interviste realizzate da Saisie du temps dans l’œuvre de S. Germain. Les for- Ralph Sa r k o n a k , incentrate sull’affaire Camus. Il cu- mes en -ant (pp. 147-152). Cécile Na r j o u x in «Quelle ratore della raccolta rivolge le sue domande a Charles est cette main?» ou l’énonciation paradoxale dans “Les Porter, organizzatore insieme a Jan Baetens del conve- Personnages” de S. Germain (pp. 153-166), analizza e gno Renaud Camus, écrivain, svoltosi a Yale nel 2000 e interpreta le modificazioni, esitazioni e trasformazio- investito dalla portata inaspettata dello scandalo. Se- ni del soggetto enunciatore, mostrando i nessi con la guono le conversazioni con Bruno Chaouat e Alain problematica della posizione incerta del soggetto nel- Finkielkraut, difensori di Camus. la lirica contemporanea. Milène Mo r i s -St e f k o v i c in [e n r i c o b o n a d e i ] L’Écriture de l’effacement dans les romans de S. Ger- main (pp. 167-182) dimostra, molto efficacemente, come da un testo all’altro la tensione verso la cancel- L’Univers de Sylvie Germain, sous la direction lazione, che è anche il farsi da parte dei personaggi d’Alain Go u l e t , Caen, Presses Universitaires de Caen, e che comporta un’epurazione della scrittura, apra 2008, pp. 354. all’interrogazione sull’essere. La terza parte si apre con un saggio in cui Laurent L’imponente e interessante volume raccoglie gli atti De m a n z e percorre l’opera alla luce della poetica ba- del Colloque de Cerisy (22-29 agosto 2007) al quale ha rocca (S. Germain: les plis du baroque, pp. 185-196);

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Évelyne Th o i z e t utilizza la metafora dello specchio in des fictions de S. Germain, pp. 241-256). Isabelle Do- Des éclats de miroir au miroir du livre (pp. 197-210); t a n studia la presenza e le caratteristiche del dolore in Hélène Ch a r e y r o n studia le figure di padre e il concet- Les Échappées tragiques de la douleur (pp. 263-272); e to di paternità nei romanzi (Voyage aux pays des pères, Bénédicte La n o t propone un parallelo: Reconstruire, pp. 211-222); Mariska Ko o p m a n -Th u r l i n gs si occupa dit-elle. Les représentations du désir et du manque. Étu- della memoria individuale e collettiva (Pour une poéti- de comparée du “Ravissement de Lol V. Stein” et de “Ma- que de la mémoire, pp. 223-234). Il saggio del curato- gnus” (pp. 273-286). La trascrizione di due discussio- re introduce una nuova prospettiva critica: la «théorie ni e di una tavola rotonda, insieme a un’intervista alla de la crypte et du fantôme» di matrice psicanalitica. scrittrice e a una bibliografia completa, arricchiscono La “cripta” alla base dell’opera germainiana sarebbe ulteriormente il volume. l’ossessione del male (Cryptes et fantômes: à la source [e l i s a b r i c c o ]

Letterature francofone extraeuropee a cura di Carminella Biondi e Elena Pessini

Be ï d a Ch i k h i (dir.), L’écrivain masqué, suivi d’un Dal contesto belga si passa a quello algerino con il entretien avec Patrick Ch a m o i s e a u , Paris, Presses de contributo di Marine Pi r i o u dedicato a Kateb Yacine, l’Université Paris-Sorbonne, 2008, pp. 260. del quale la studiosa analizza il romanzo Le Polygone étoilé (1966). Affascinato dall’immagine ancestrale e Nell’introduzione alla raccolta che riunisce un co- mediterranea della figura geometrica del poligono stel- spicuo numero di saggi dedicati a quegli scrittori che, lato, Kateb Yacine ne fa il simbolo della sua espressio- nel fare uso di maschere letterarie, hanno spesso reso ne letteraria, quella, afferma Piriou, «de l’histoire des difficile al lettore la distinzione dei confini tra finzione peuples bâtie sur l’exil, à la croisée des cultures, cel- e realtà, Beïda Chikhi ha focalizzato la sua attenzione le nécessairement à la forme éclatée, alliant à la fois sul grande apporto che le forme mediatiche, prima fra le théâtre, la poésie et le roman» (p. 41). I personaggi tutte le interviste radiofoniche e la televisione, hanno del romanzo si presentano come maschere dello stes- dato alle molteplici discussioni che si sono dipanate at- so scrittore ed è attraverso la pluralità di queste voci, torno all’argomento. Ed è proprio a partire dall’analisi appartenenti per lo più ai margini, che l’Io di Kateb si dei processi di «cache-cache» che si sviluppano nelle fa testimone e mediatore dell’eredità dell’intero popo- interviste (p. 9) che Chikhi ha sentito l’esigenza di por- lo algerino. Le Polygone étoilé si presenta così al letto- re una differenziazione di fondo all’interno dei diversi re come duplice maschera simbolica: da un lato quel- ruoli che la maschera può assumere nella scrittura: ma- la della civiltà algerina in via di costruzione, dall’altro schera come «enjeu», come sfida, spesso indossata da quella di Kateb Yacine, definito da Piriou «le fonda- quegli scrittori che appartengono ad un contesto stori- teur de la littérature algérienne moderne» (p. 55). co particolare e che si fanno portavoce di una colletti- L’algerino Mouloud Mammeri sceglie invece di met- vità, e maschera come «jeu», sotto la quale si nasconde tere in atto la denuncia dei popoli colonizzati attraver- prevalentemente la soggettività del letterato, la sua in- so la maschera del «Fou» (p. 58); la scelta del folle co- dividualità. A tale distinzione corrisponde una divisio- me incarnazione dello scrittore è, secondo Ali Ch i b a n i , ne della raccolta in due parti nelle quali si susseguono una scelta forzata e allo stesso tempo ironica. Il ricorso un considerevole numero di interventi che, nonostante alla follia è infatti imposto dalla storia stessa nella mi- l’eterogeneità dei temi affrontati e degli approcci anali- sura in cui tutte le morti sono assurde (p. 69). Ed è at- tici utilizzati, riescono a trasmettere al lettore la grande traverso questa maschera che Mouloud Mammeri de- coerenza dell’intento. nuncia non soltanto il dramma azteco (ne Le Banquet. La prima sezione, «Masques en(-)jeux», si apre con La Mort absurde des Aztèques, 1973) ma quello di tut- un saggio dedicato allo scrittore belga Adémar-Adol- te le grandi civiltà distrutte nel corso della Storia. Ro- phe-Louis Martens, alias Michel De Ghelderode, del selyne Ba f f e t ripercorre le tappe di un altro scrittore quale Laurence Pi e r o p a n evidenzia l’«oscillation de algerino, Yasmina Kadra, che da un romanzo all’altro l’identité» (p. 13), soprattutto alla luce della pubbli- rivela se stesso smascherandosi gradualmente e dando cazione della sua corrispondenza, che ha ampiamente voce non soltanto ad un’opera singolare e polifonica contribuito a svelare aspetti dell’autore ancora scono- (p. 76), ma soprattutto mettendo in scena un’Algeria sciuti. Pieropan legge nell’assunzione dello pseudoni- dalle dimensioni epiche «dans une théâtralisation dan- mo da parte di Martens la risposta all’esigenza di una tesque de la violence et de la corruption» (p. 80). Se- affermazione di sé; come ci mostra la sua corrispon- condo Baffet, l’uso dell’«autofiction» permette all’au- denza, lo scrittore si costruisce un’identità immagina- tore-narratore di rivelare la sua interiorità e, attraverso ria, un mito personale che «s’enracine dans le passé le maschere dei suoi personaggi, di mostrare la fragilità d’une Flandre plus rêvée qu’historique» (p. 17). In ma- del suo Io, meglio di quanto abbia fatto nella sua auto- niera più ampia le opere e la corrispondenza di Ghel- biografia, L’Écrivain (2001), nella quale ha rivelato per derode suggeriscono come la scelta del patronimico la prima volta la sua vera identità. sia una risposta alla dialettica dominante del Padrone Tra gli scrittori che hanno fatto della maschera uno e dello Schiavo, e che la forza dello scrittore consiste degli strumenti in grado di svelare la molteplicità e la proprio nel sovvertire il discorso del potente afferman- pluralità della letteratura, non poteva mancare Patrick do la propria indipendenza da qualunque ordine pre- Chamoiseau. Nella sua accurata analisi, Anne Do u a i - stabilito. r e evidenzia come quella del «marqueur de paroles»

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(p. 87) è l’immagine che lo scrittore usa in tutti i suoi ri, prevalentemente donne, che nelle loro opere hanno testi per dimostrare che la letteratura può essere un non soltanto giocato con le maschere di volta in volta soggetto in grado di agire su se stesso. Chamoiseau la- assunte, ma ne hanno fatto spesso un uso strategico, vora sull’«écrivain» al fine di non essere riconducibile a come nel caso di Colette. Yannick Re s c h ripercorre nessuna personificazione o identificazione. Il ricorso al le tappe della sua carriera, evidenziando come le ma- «marqueur de paroles», un essere «sans profession» (p. schere dietro le quali si è nascosta la scrittrice (quella 94), permette all’autore di esprimersi come individuali- di Willy, suo marito, e in maniera ancor più efficace tà multipla, chiamando direttamente il lettore in causa quella di Claudine, personaggio principale delle sue in una comprensione solidale e in un impegno parteci- opere) abbiano profondamente contribuito alla co- pativo. Nel gioco di maschere volontariamente assun- struzione della sua leggenda. Alla figura mitica di Co- te, ci sono casi di scrittori rimasti schiacciati sotto il lette, segue quella più ermetica dello scrittore fiammin- peso di un anonimato inizialmente rivendicato, ma che go di lingua francese Paul Willems, del quale Laurent li ha successivamente intrappolati in uno stato di isola- Ro ss i o n evidenzia la singolarità. Willems non è stato, mento dagli esiti devastanti. È il caso di Salvat Etchart, afferma Rossion, «ni un écrivain masqué, ni un écri- delle cui opere, fondate sulla «rhétorique de l’opacité» vain des masques» (p. 149). La questione che lo spin- (p. 97), si occupa Marie-Aurélie Fa v r e . Il percorso in- ge a celarsi dietro i meandri della scrittura riguarda la tellettuale e geografico compiuto dallo scrittore (di ori- sua identità situata alle soglie tra due mondi: la regione gini basche, sceglie nel 1955 di emigrare in Martinica, nella quale l’autore vive, la Fiandra, e la lingua nella per poi spostarsi in Canada) lo porta a lasciarsi attribu- quale scrive, il francese, lingua dislocata rispetto ai luo- ire la maschera dell’«écrivain marron», alla quale segue ghi della sua memoria affettiva. È proprio attraverso la la rivendicazione di scrittore «sans visage» (p. 97). Ini- scrittura che Paul Willems riesce a costruire un mondo zialmente queste maschere gli permettono di assumere «rêvé» (p. 160) che gli permette di inventare un suo delle nette posizioni anticolonialiste ma il suo spirito libero rapporto con il reale e di superare l’«impasse» di rivolta lo porta poi ad esporsi in maniera diretta, relativa allo scollamento tra le origini e la lingua. La senza alcuna forma di occultamento. Il «nous collectif» maschera può essere usata per celare un amore o co- (p. 105) è pian piano sostituito dalla soggettività dell’Io me mezzo di espressione dell’amore stesso. È questo il che si nasconde dietro la maschera del malato o del caso di due scrittrici belghe, Maria Van Rysselberghe e folle, e la preoccupazione dello scrittore diventa prin- Suzanne Lilar, delle quali Marc Qu a g h e b e u r ripercor- cipalmente quella di salvarsi dall’anonimato che lo cir- re la duplice storia biografica e letteraria. Lo studioso conda. La messa in scena di se stesso arriva così fino al mette in luce come l’uso dello pseudonimo (è il caso di parossismo e diventa l’unica preoccupazione della sua Rysselberghe) o la scelta dell’anonimato (Lilar) siano creazione letteraria. Di fronte a questa «déconstruc- due maschere utilizzate per trasporre in scrittura amo- tion aporétique» (p. 106) Etchart decide di suicidarsi, ri “illegittimi” con fini differenti: espressione di una mettendo così un punto finale alla sua opera. fiamma che brucia ancora, per Rysselberghe, la qua- Caso particolare tra gli intellettuali che scelgono di le sceglie di pubblicare le sue confessioni soltanto alla assumere un ruolo «carnevalesco» al fine di rivendicare morte dei protagonisti implicati nella storia, e pretesto la propria singolarità è quello degli scrittori della Loui- per la scrittura di un romanzo per Lilar, che assume siana che, come mostra Cecilia Ca m o i n , non si limitano così una maschera sociale che le permette di costruir- ad una battaglia politica ma rivendicano la forza poeti- si una rispettabilità di scrittrice. Restando nel campo ca della loro lingua, il «franco-cadien» (p. 110). Dietro belga, Gaëlle Re v i a l ripercorre le maschere carneva- le maschere che vengono messe in scena nelle opere di lesche delle quali ha fatto metodicamente uso in tutti questi autori (tra le quali sono di particolare rilevanza i suoi romanzi Amélie Nothomb, al fine di mostrare quella del riso e la maschera del poeta-lupo), si nascon- le sue posizioni anticonformiste e la sua visione critica dono maschere reali che affliggono la cultura di que- del mondo. Che sia tramite «le masque-protection» o sto popolo: la maschera linguistica e quella sociale che «le masque-métamorphose» (p. 182), Nothomb inver- hanno costretto i franco-louisianesi ad una condizione te la scala dei valori e guarda il mondo con una certa di alienazione collettiva. Nel saggio che chiude la pri- ironia e costringe il lettore ad interrogarsi sulle proprie ma parte della raccolta, Ilaria Vi t a l i mostra al lettore incertezze. un’altra possibile maschera attraverso la quale l’auto- La maschera può essere anche uno strumento usa- re può manifestare la sua presenza, il monogramma. È to dall’autore per prendere le distanze da un interes- il caso dell’algerino Y.B., alias Yassir Benmiloud, che se mediatico incalzante. È questa la chiave di lettura dopo aver fatto la scelta di mascherare la sua identi- che Juline Ho m b o u r g e r propone delle opere di Du- tà per ragioni di sicurezza, decide, una volta arrivato charme. Attraverso la marginalità dei suoi personaggi, in Francia, di continuare a siglare i suoi romanzi con Ducharme svela le difficoltà della società quebecchese questa formula, divenuta una sorta di «sceau littérai- e denuncia realtà storiche difficili, prima fra tutte l’in- re» (p. 129). Per Vitali, la scelta del monogramma è capacità di evolversi di un paese in cerca della propria un modo dell’autore di giocare con il suo lettore, im- identità. Il rifiuto della celebrità viene letto da Hom- plicandolo in una sorta di decodificazione del testo bourger come la volontà di stabilire una netta distin- (come ad esempio l’interpretazione simbolica delle let- zione tra l’uomo e lo scrittore. Procedendo nell’analisi tere dell’alfabeto arabo, p. 131) che apre le opere di dei romanzi quebecchesi, in particolare di quelli pub- Y.B. a molteplici chiavi di lettura. Le scelte stilistiche blicati tra il 1960 e il 1995, Roselyne Tr e m bl a y porta dell’autore, il suo ricorso a maschere che rinviano al alla luce i rapporti che la finzione intrattiene con alcuni mondo teatrale (in particolar modo all’Otello di Sha- fattori di ordine istituzionale. In particolare, attraver- kespeare, p. 135), vengono interpretate dalla studiosa so la lettura di Le Double Suspect (1980) di Madeleine come espressione della volontà da parte di Y.B. di in- Monette e Les masques (1980) di Gilbert La Rocque, la tessere fili inestricabili tra realtà e finzione e soprattut- studiosa ci svela come la questione nazionale, elemen- to di manifestare «son refus de toute vérité univoque» to cruciale per il romanzo quebecchese, venga in parte (p. 136). accantonata a favore di una scrittura terapeutica. Alla La seconda parte della raccolta, «Jeux de masques», maschera del «porte-parole» viene a sostituirsi quella vede riuniti gli studi effettuati su una serie di scritto- dello scrittore in preda a nevrosi personali (La Roc-

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que) o quella della scrittrice alle prese con una ricerca utilizzando le parole dello scrittore haitiano Louis- di sé individuale (Monette) che sostituisce la «quête» Philippe Dalembert, ricostruisce «le songe de sa photo collettiva. d’enfance» (p. 22). L’esperienza diretta del continente Un autore che sembra preferire le maschere femmi- europeo, poi, è stata ben altra, ma quella prima «vision nili è Daniel Maximin. Karine Ch e v a l i e r , autrice del naïve» non si è mai del tutto cancellata e ha permesso saggio, ci mostra come lo scrittore si serva della sua allo scrittore, che ha vissuto a lungo in Francia ed è at- narratrice principale, Marie-Gabriel, per portare alla tualmente docente di Letterature francofone negli Stati luce quelle stesse maschere femminili imposte da un Uniti, di non lasciarsi accecare dalla violenza (spesso discorso dominante coloniale e fallocentrico ma, so- subita), ma di aprirsi al mondo e sforzarsi di guardarlo prattutto, per liberare il personaggio maschile dalla sua con occhi scevri di pregiudizi. Ed ecco come gli appare univocità, dotandolo di una serie di maschere carneva- oggi quell’Europa che ha rappresentato la grande illu- lesche che gli permettono di aprirsi all’altro: la scrit- sione di un tempo: «L’Europe va mal, on le sait. Elle tura di Maximin diventa una maschera plurisessuale, est alitée, entourée de médecins dont les panacées ag- plurilinguistica, pluriculturale (p. 211). Nell’ultimo gravent son état plus qu’elles ne la guérissent. Elle est saggio di questa sezione Marie-Caroline Me u r analizza victime de l’effet boomerang de sa propre civilisation. il racconto di viaggio della scrittrice Ananda Devi, Ro- De son incapacité à gérer l’immédiat» (p. 27). L’Eu- drigues (contributo all’opera collettiva Travel Stories, ropa è afflitta da mali che la corrodono dall’interno: 2002), evidenziandone la doppia funzione di racconto la reviviscenza dei nazionalismi e dell’antisemitismo. È e di svelamento di sé. Rodrigues descrive contempora- un’Europa che non ha saputo ascoltare la voce degli neamente l’esperienza della donna che visita un paese scrittori e dei pensatori, primo fra tutti, Aimé Césaire, nuovo e lo racconta, e il processo della scrittrice che che nel suo noto e inascoltato Discours sur le colonia- torna, in maniera retrospettiva, sulla creazione del suo lisme, del 1955, l’aveva messa in guardia contro i peri- romanzo Soupir (2002), ambientato nello stesso luo- coli insiti nella leggerezza e nella fretta con cui aveva go. Il massiccio ricorso alle isotopie dello sguardo e chiuso il conto della sua implicazione nella shoah e in dell’apparenza (p. 216) sottolinea, secondo Meur, un tutte le forme di razzismo che erano all’origine delle gioco di maschere nelle quali si mescolano l’entità della sue imprese coloniali. Césaire aveva evidenziato l’im- turista (gioviale, affascinata da tutto ciò che la circon- postura che consisteva nello scaricare tutta la respon- da) e quella della scrittrice alla ricerca di conferme, pri- sabilità sulle spalle di Hitler, il mostro, il pazzo, senza ma fra tutte quella di una corrispondenza fra il luogo mai mettere in discussione i fondamenti di quel pen- descritto in maniera immaginifica in Soupir e la realtà siero occidentale che aveva costituito l’humus di cui dell’isola nella quale Devi si trova. quelle aberrazioni si erano nutrite. Come ricorda Ma- La ricca e ben strutturata raccolta si conclude con banckou, citando un passo del Discours: «Une civilisa- l’intervista ad una delle voci più significative della let- tion qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les teratura francofona, quella dello scrittore antillano Pa- plus cruciaux est une civilisation atteinte» (p. 31). Lo trick Ch a m o i s e a u , che chiude i lavori del colloquio su aveva detto, con parole simili, anche lo scrittore Ver- «L’écrivain masqué» (di cui il volume raccoglie gli atti) cors a conclusione della seconda Guerra mondiale e lo con risposte che possono essere soggette a mille inter- aveva ripetuto verso la fine della sua vita, preoccupato pretazioni, quasi a sottolineare che dietro qualunque di fronte a quei rigurgiti razzisti che erano stati all’ori- maschera si nasconde una molteplicità di mondi. gine della tragedia. Mabanckou invita l’Europa a non tirarsi ancora una volta indietro, a fare finalmente una [d i n a c a t e n a r o c a t e n a r o ] seria autocritica. Nel quarto capitolo si sofferma ad analizzare la vo- ce «Européen» del dizionario Robert, mostrandoci co- Al a i n Ma b a n c k o u -Ch r i s t o p h e Me r l i n , L’Europe me uno sguardo esterno e sgombero di pregiudizi rie- depuis l’Afrique, Paris, Naïve, 2009, pp. 47. sca a cogliere l’assurdità e le coloriture razziste delle nostre etichettature dei popoli. Il quinto, brevissimo Il volumetto, inserito nella collana «Livre d’heures», capitolo fa un lungo elenco degli scrittori africani che diretta da Jean Rouaud è, come indica appunto l’inti- ci hanno trasmesso, attraverso la loro opera, un’imma- tolazione della collana stessa, un libro molto raffinato, gine dell’Europa che spesso coincide con un proces- dal punto di vista formale, in cui si sposano armonio- so all’Europa, ma la conclusione del libro vuole essere samente testo e immagini. Le parole sono dello scritto- un ponte fra due mondi: «Nous autres originaires de re congolese Mabanckou, le illustrazioni sono opera di l’Afrique regardons l’Europe et espérons, pour son sa- Christophe Merlin, un illustratore che si è specializzato lut, qu’elle nous regarde aussi…». Non si tratta, come nel tradurre in immagini le relazioni di viaggio. si può vedere, di una scontata richiesta di aiuto da par- Apparentemente si tratta di un testo lieve, ma i pro- te dell’Africa, ma di una messa in guardia dell’Europa blemi affrontati, talvolta con ironia, sono cruciali, per affinché non resti cieca di fronte ai suoi problemi e ai l’Europa e per il mondo. Anche l’incipit sembra quasi sui reali interessi, che implicano, in primis, un modo l’inizio di una favola per bambini africani: «L’Europe, nuovo di guardare al continente africano. Un libro di disait mon père, l’index bien pointé vers l’horizon, c’est piccole dimensioni, ma denso di problemi gravi. Se ne ce qu’il y a derrière l’Océan…» (p. 7). Il racconto con- raccomanda la lettura. tinua con la ricostruzione dell’immagine-Europa nei [c a r m i n e ll a b i o n d i ] ricordi infanzia e di adolescenza dello scrittore, un’im- magine piena di fascino, elaborata attraverso i libri, i racconti del maestro venuto dalla Francia che si avvale La recherche féministe francophone: langue, identités di una grande carta geografica, l’incontro con le navi et enjeux, sous la direction de Fatou So w , Paris, Kar- e i marinai che venivano dall’Oceano: «Nous rêvions thala, 2009, pp. 680. de l’Europe, cette maîtresse tant convoitée, cette dame distinguée, parée de bijoux et qui nous tendait les bras Les essais réunis dans ce volume sont le résultat dès que nous courions vers l’Océan» (p. 14). La pri- d’un colloque qui s’est tenu à l’Université Cheikh An- ma parte dell’opera, come dice lo stesso Mabanckou ta Diop de Dakar en 1999, sur la question des fem-

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mes dans les domaines sociaux, politiques et littéraires. aux romanciers. En effet, ces derniers, ayant en com- Composé de 49 articles «réactualisés et finalisés récem- mun le français mais appartenant à des cultures diffé- ment» par des auteurs provenant d’horizons différents rentes, n’utilisent pas les mêmes modèles communica- (France, Canada, Suisse, Burkina Faso, Égypte…), ce tifs, linguistiques et gestuels dans les textes littéraires. recueil est très riche pour tous ceux qui s’intéressent à L’originalité de cette réflexion réside dans «la place la recherche féministe. que joue le féminin aujourd’hui par rapport au mascu- Le sous-titre renvoie à l’intervention de Fatou So w lin sur le plan de la gestualité et de l’oralité, elle prend qui inaugure l’ouvrage Langue, identités et enjeux de aussi en compte des enjeux différents, du fait de l’ap- la recherche féministe francophone (pp. 9-57). Malgré partenance des romanciers et des romancières à diffé- les difficultés d’organisation et l’hétérogénéité des dé- rentes cultures» (p. 271). bats animés par des féministes de provenance et d’in- [s t é p h a n i e c e l o t ] térêts divers, la langue française a représenté le déno- minateur commun de ce colloque. L’objectif a été ce- lui de créer un unique espace linguistique, d’éliminer Ca r l o s Alv a r a d o -La r r o u c a u , Écritures palestinien- toutes formes de discriminations à l’encontre des fem- nes francophones. Quête d’identité en espace néocolo- mes et d’élaborer une plateforme commune. On peut nial, Paris, L’Harmattan, 2009, pp. 173. ranger dans la même démarche l’article de Catherine Sl a w y -Su t t o n , Joëlle Vi t i e ll o et Ginette Ad a m s o n , Ce volume est un des premiers travaux de recherche La recherche féministe dans la francophonie plurielle consacrés à la littérature palestinienne contemporaine (pp. 665-676), qui résume les différentes séances plé- de langue française et a pour but de tracer un pano- nières. La première séance a essayé de faire le point rama de cette littérature, à travers l’analyse de genres sur l’état de la recherche féministe dans le monde fran- et d’auteurs. Cette production se définit, d’après Al- cophone et a mis l’accent sur la diversité des préoccu- varado-Larroucau, comme appartenant à un «néoco- pations des féministes francophones africaines, cana- lonialisme» sui generis, lié à l’étrange situation histori- diennes ou européennes. En France, par exemple, il que de la Palestine contemporaine, notamment au fait existe une certaine résistance aux études concernant ce que les nouvelles «colonies» juives s’installant dans domaine. Michèle Fe r r a n d dénonce, dans Les couples les territoires ne sont pas l’expression d’une puissan- pervers de la recherche féministe en France (pp. 67-79), ce coloniale qui provient de l’extérieur mais de l’in- l’absence de départements d’études féministes dans les térieur même du pays. Bien que l’auteur évite tout universités françaises et la nécessité d’intégrer les hom- jugement de valeur et toute prise de position, il est mes dans ce champ de recherche afin qu’ils «se mettent indéniable que la scène politique occupe une place à travailler sur les mêmes objets ou mènent des analy- importante au sein de cette production littéraire, qui ses qui reprennent les avancées féministes, en particu- est assez récente (les textes analysés sont tous écrits lier en intégrant, à côté des rapports sociaux de classe, aux alentours de l’année 2000 ou peu avant). Les œu- les rapports sociaux de sexe comme rapports fonda- vres du corpus embrassent tous les genres littéraires mentaux» (p. 77). L’article Vingt-cinq années d’études et représentent un échantillon des travaux des écri- franco-femmes (pp. 163-171) de Christiane Ma kw a r d vains palestiniens francophones, peu nombreux et, souligne le dynamisme de la critique féministe aux par conséquent, peu connus. États-Unis: «Nous devons donc aux féministes anglo- Cette étude se concentre surtout sur la notion saxonnes une révolution culturelle et intellectuelle ac- d’identité, sujet complexe abordé dans l’introduc- complie, celles des Études féminines, avec leurs pro- tion, qui souligne que ce mot, comme l’a expliqué longements et diversifications en Gay Studies, Gender Paul Ricœur en 1988, possède deux acceptions, à la Studies» (p 169). Joëlle Vi t i e ll o explique, quant à elle, fois celle de «mêmeté» et celle d’«ipséité». De plus, le dans L’enseignement de la littérature féminine africai- paradoxe du concept même est mis en cause, à savoir ne aux États-Unis (pp. 173-184), la place importante que l’identité se construit sur un double mouvement qu’occupe l’utilisation des textes écrits en français par de similitude et de différence: ces deux éléments sont des écrivaines dans les programmes d’études françaises donc pris en compte lors de l’analyse des textes. Il aux États-Unis. est nécessaire de souligner que cette critique textuelle [s t é p h a n i e c e l o t ] considère à la fois l’aspect textuel proprement dit et aussi une «étude externe» du texte, où la sociologie et la psychanalyse jouent un rôle fondamental. Autre- Ca r m e n Bo u s t a n i , Oralité et gestualité. La différence ment dit, les discours hétérogènes contenus dans le homme/femme dans le roman francophone, Paris, Kar- texte, qui ont le pouvoir de mettre ce dernier en re- thala, 2009, pp. 286. lation au «hors-texte», sont analysés sous des pers- pectives différentes, l’objectif étant de s’intéresser à Dans son dernier essai, Carmen Boustani s’interroge la «sociologie du texte» et à la question de l’identité sur la relation homme/femme à partir de la corporéi- traduite par la fiction. té (oralité et gestualité) selon une approche sémiolo- Le volume se compose de trois parties organisées gique. en chapitres: la première définit surtout les outils in- Après avoir introduit brièvement les différentes dispensables à la compréhension du sujet et à l’analy- théories de la science du langage et de la communi- se textuelle. Il est question d’établir d’abord l’identité cation (Joseph Courtès, Jacques Corraze, A.-M. Hou- du texte, en analysant sa forme et ses titres; la littéra- debine…), l’auteure analyse les romans, d’un écrivain ture palestinienne se créant dans un état d’urgence, homme et d’un écrivain femme, appartenant à des pays le récit y occupe une place importante, et l’analyse d’expression française (Afrique, Antilles, Québec, de l’auteur vise à déterminer si ces textes appartien- France, Belgique, Maghreb, Égypte, Liban) et observe nent à une énonciation discursive ou à une énoncia- les traits de l’oralité et de la gestualité qui y sont pré- tion historique. Après avoir cerné l’identité du texte, sents. Suit un compte-rendu des aspects non verbaux la deuxième partie change de focalisation, pour se (mimiques, gestes et postures) et stylistiques sur l’en- concentrer sur la question de l’identité dans le texte. semble du corpus qui souligne les spécificités propres Les deux aspects ne sauraient être séparés car ils sont

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complémentaires. C’est pourquoi, après une mise en della famiglia paterna, ma è anche stata allevata, da un contexte des œuvres, l’étude se concentre sur les fa- padre colto e da una madre perfettamente bilingue, çons dont les écrivains palestiniens développent ou alla cultura francese, ha frequentato la scuola france- construisent une identité (individuelle ou collective) se, bambina si è nutrita, sì, dei racconti della sua tra- à l’intérieur du texte. Les auteurs sont mis en rela- dizione, ma anche delle fiabe, e più tardi della ricca tion entre eux pour faire ressortir les différences et les letteratura, che la Francia le offriva… La costruzione éventuelles affinités qui existent entre leurs textes. della sua identità è ardua: non deve solo affrontare da La dernière section du volume approfondit la thé- una parte il fascino antico della cultura delle origini matique identitaire qui se manifeste dans les ouvrages e dall’altra quello, altrettanto ammaliante, del sapere qui font l’objet de cette réflexion, et en isole quelques del colonizzatore, ma anche i conflitti di valore all’in- aspects. L’accent est mis, notamment, sur l’identité terno delle stesse culture che si fronteggiano: l’Islam, féminine, très présente dans les œuvres étudiées, et ad esempio, pratica dell’interiorità e dell’affettività sur le concept de négation de l’identité palestinienne nella sua infanzia, rischia di imporsi come modello que les auteurs s’approprient. Il ressort, en particu- comportamentale che nega alla donna l’ingresso nel- lier, que la voix des femmes, militantes de la cause la modernità, facendone la depositaria di valori im- palestinienne à travers le langage, joue un rôle capital mutabili; la Francia che le ha dato strumenti di ac- dans cette production littéraire, puisque l’écriture se cesso alla cultura “altra” l’ha anche emarginata nella renouvelle en s’emparant du langage contemporain et sua infanzia («la petite mauresque» della sua classe), en choisissant le français en tant que langue d’écritu- le ha mostrato il suo volto autoelitario, che tollera e re neutre. L’identification physique avec la cause his- non accoglie la diversità; ha espresso la sua ipocrita torique semble être un autre élément qui caractérise ideologia – durante la colonizzazione – distinguendo les ouvrages des femmes palestiniennes, ainsi que la i Francesi di terra algerina tra cittadini (i coloni) e condition d’aliénation et d’étrangeté. sudditi (i nativi) della madre Patria. Ma soprattutto Ce travail, qui signale donc l’importance de la l’ha resa, traumaticamente, orfana. langue française et de son enseignement dans la ré- Quante stigmate, ci ricorda Maïssa Bey, da una gion, contient des analyses nouvelles qui ouvrent des parte e dall’altra… Anche la lingua materna, l’arabo perspectives intéressantes, car il met en relation plu- parlato, lingua viva e colorata del sentimento e della sieurs disciplines faisant partie des sciences humaines familiarità, dalla grande ricchezza e dalle mille varian- comme la littérature. Alvarado-Larroucau a le mérite ti, è stato mortificato e proscritto da un apprendimen- d’aborder une littérature d’expression française en- to scolastico che lo ha emarginato dall’ufficialità e gli core peu connue et étudiée, et d’offrir l’aperçu d’une ha sovrapposto una lingua formale, sapientemente production assez récente et actuelle pour ses conte- costruita. Succede così che ci si possa sentire estranei nus. L’intérêt de cet ouvrage, en tout cas, est sans nell’esprimersi nella propria lingua… e, paradosso doute d’offrir une étude pointue et détaillée de quel- che si aggiunge a paradosso, che non ci si senta invece ques textes fondamentaux de la littérature franco- tali nell’uso di una lingua appresa: il francese. Sì, per- phone en Palestine, en passant de l’analyse générale à ché la lingua del colonizzatore, apparentemente estra- l’analyse détaillée des deux dernières parties. Reste à nea, si riscatta e si interiorizza nel suo valore di lascito espérer que ce travail contribuera à diffuser la publi- paterno; è il padre che le ha insegnato a leggere e a cation d’auteurs encore peu connus en Europe com- scrivere in francese, è lui che l’ha iniziata ai “classici”, me Ibrahim Souss, Raymonda Hawa-Tawil ou Elias è lui che ha espresso la volontà che i figli continuas- Sanbar, et que cette étude débouche sur des travaux sero in questo cammino di conoscenza: «je considè- critiques ultérieurs. re que le français est aussi ma langue. J’écris dans la [v e r o n i c a a m a d e ss i ] langue que m’a léguée mon père, instituteur» (p. 23). In lei, come è stato nei luoghi in cui ha vissuto, coa- bitano due lingue, due culture, due modi di vivere. Ma ï ss a Be y , L’une et l’autre, Paris, Éditions de l’au- Si opera così, grazie alla scrittura nella lingua “sua be, 2009, pp. 60. e altra”, la riscossa identitaria che muta le contrad- dizioni in molteplicità, che rifiuta quelle che Maïssa Maïssa Bey, all’anagrafe Samia Benameur – roman- Bey definisce, con Patrick Chamoiseau, le «apparte- ziera e saggista nata nel 1950 in Algeria dove attual- nances geôlières», anche se, ci ricorda, ogni frontie- mente vive, a Sidi bel Abbes – si definisce lei stessa ra attraversata è un atto di liberazione, ma anche un «un chapitre de l’histoire», di quella storia che ha in- esilio… È sicuramente duro vivere in una società che vestito drammaticamente l’Algeria proprio negli anni propone modelli identitari che occultano la ricchezza della sua nascita e della sua infanzia e che tutti i suoi del molteplice, ma è sicuramente una sfida esaltante scritti continuano, incessantemente, ad interrogare. trasformare le “stigmate” in ricchezza patrimoniale, Questo capitolo della storia è particolarmente im- farne uso per essere «porteurs de troubles. Faiseurs portante nella vita della scrittrice avendo contribuito d’histoires. Ou d’Histoire» (p. 55). L’alternativa sa- in modo determinante a costituirla «l’une et l’autre», rebbe sopravvivere. come lei si definisce a più riprese in questo saggio, Nella scrittura, che per tanti expatriés è luogo pri- nel contesto di un’interrogazione identitaria sofferta vilegiato di incontro con un se stesso diviso o molti- e complessa. Gli anni della rivolta algerina sono per plicato e con la varietà dell’altro da sé, Maïssa Bey ha Maïssa Bey quelli del riscatto del suo paese dalla co- trovato lo spazio di conciliazione e di solidarietà tra lonizzazione, ma anche quelli che segnano dramma- l’eredità e il futuro, tra la ricerca del sé e l’incontro ticamente la sua esistenza privata: il padre, maestro con i suoi simili. Per essere, con fatica e determina- elementare e militante della resistenza, è catturato, zione – come suggeriscono i bei versi di Adonis posti torturato ed ucciso dai militari francesi. A partire da in esergo («Chaînes sont mes pas, /cependant mon queste esperienze si intrecciano in lei sentimenti, ten- corps est horizon») – «l’une et l’autre». sioni, filiazioni complesse e contraddittorie; la sua ap- partenenza è multipla: è algerina, mussulmana, don- [c a r m e l i n a i m b r o s c i o ] na, sente profondamente le radici nomadi e beduine

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No u r e d d i n e Bo u s f i h a , Un poète mal né. Moham- tionale.fr/), aperto in Francia lo scorso novembre, con- med Khaïr-Eddine et son bestiaire, «Balises», n. 11-12, tinua a far discutere. («Dire le mal 3»), 2008, pp. 45-60. [i l a r i a v i t a l i ]

Ecco un bell’articolo dedicato ad uno degli autori più importanti della letteratura maghrebina di lingua Ch l o é Ka t t a r , Saphir et Onyx, Beyrouth, Dergham, francese. Scrittore, poeta e drammaturgo, Khaïr-Eddi- 2009, pp. 119. ne è presentato da Noureddine Bousfiha come un «gé- nie multiple», ma anche un «être tourmenté, doulou- Con questa seconda raccolta di poesie (la prima era reusement contradictoire» (p. 47). La lettura dell’ope- stata Or et Rubis, Beyrouth, Dergham, 2008, accolta ra proposta da Bousfiha passa attraverso l’analisi del con grande favore dalla critica al Salon francophone singolare «bestiaire» dell’autore, portato avanti in tutta du livre de Beyrouth dello stesso anno), Chloé Kattar la sua produzione e composto non solo di animali e definisce con più chiarezza i tratti di una scrittura che piante, ma anche di personaggi mitici e creature mi- si era già rivelata densa e matura. La giovanissima au- tologiche. «Voulant tout énumérer du Cosmos, il ex- trice libanese sottopone al lettore immagini ricche, con plore par les voies de sa sensibilité arabo-berbère une uno stile melodioso, ritmico e fresco, in cui la lingua cosmogonie qui lui est familière et s’attarde sur des francese occupa un ruolo di primo piano. La divisione thèmes qui mettent en relief l’importance de la terre, del volume in due parti è netta, fin dal titolo stesso, che les mondes animal, minéral et végétal, l’eau et l’air» si compone di due elementi: lo zaffiro, pietra preziosa, (p. 47). Allo stesso tempo temi, motivi e chiavi di let- inaugura la sezione dedicata alle poesie sul Libano e tura, le voci di questo «bestiario» tracciano un quadro all’amore per questa terra, mentre l’onice, pietra il cui complesso dell’autore e della sua multiforme produ- nome apre la seconda sezione, racchiude un gruppo di zione. Ne emerge una ricchissima costellazione di ar- componimenti la cui materia è più eterogenea. chetipi che, ripresi e rielaborati da un’opera all’altra, Se l’amore sembra essere un filo conduttore costan- illuminano in modo non scontato l’universo letterario te, altri sentimenti come il dolore, la disperazione, il di Khaïr-Eddine. dubbio affiorano nei versi di Chloé Kattar, lasciando [i l a r i a v i t a l i ] intravedere l’allusione a personaggi mitologici, religio- si o letterari. Le due rive del Mediterraneo sono ben presenti nell’immaginario della scrittrice, che utilizza Na t h a l i e Et o k e , Black Blanc Beur: ma France à moi, volentieri allegorie, metafore e allusioni per descrivere «Nouvelles Études Francophones», vol. 24, n. 1, pri- paesaggi a metà strada tra sogno e realtà. Il linguaggio mavera 2009, pp. 157-171. è ricco, pieno di immagini, e fa emergere un’attenzio- ne particolare per i metalli, le stoffe, le pietre, i mate- Il titolo di questo articolo di Nathalie Etoke conduce riali, come se il poeta fosse un artista alle prese con subito il lettore al cuore del tema analizzato: l’identi- la materia. La preferenza accordata alle quartine non tà – problematica – della Francia contemporanea. Gio- è assoluta, poiché alcuni passaggi assomigliano più a cando sui colori della bandiera «bleu blanc rouge», la testi in prosa, il tutto presentato con un’eleganza sia formula «black blanc beur», già usata negli anni 90 per stilistica che tipografica. La prosa poetica si alterna alle indicare la multietnicità del paese, mira a suggerire una rime, così come la luce e l’ombra, i paesaggi libanesi e nuova identità nazionale, mostrando le molteplici com- quelli europei si rincorrono dal primo all’ultimo testo. ponenti etniche e socioculturali dell’Hexagone. Parten- Alexandre Najjar ha detto di lei: «Ses poèmes sont pa- do da riferimenti letterari, musicali e artistici, l’autrice reils à un diamant brut que les années se chargeront affronta in questo studio il complesso tema dell’inte- de tailler et de polir. Le diamant brut a cela de magni- grazione delle «seconde generazioni», spesso vittime di fique qu’il est la promesse de la perfection». Tutte le quel «retour du colonial» che negli ultimi tempi è sem- recensioni della stampa libanese hanno scommesso sul brato riaffacciarsi con prepotenza sulla scena politica successo di questa seconda raccolta e di quelle che se- e culturale d’oltralpe. Come afferma Achille Mbembe, guiranno. Di certo si intravede la promessa di una poe- citato nell’articolo, «l’extension de la citoyenneté aux sia dalle mille sfaccettature, in cui il mélange di culture descendants d’esclaves n’a pas entraîné une transforma- diverse arricchisce la lingua e le immagini descritte. tion profonde de la manière dont nous procédons à la figuration politique de la démocratie» (L’impensé de la [v e r o n i c a a m a d e ss i ] race, 2005, p. 149). Basandosi su molteplici riflessioni critiche e su diverse opere letterarie incentrate sul tema dell’identità nella Francia postcoloniale – interessante Gi lb e r t Pa g o , Lumina Sophie dite «Surprise». 1848- in particolare il riferimento al volume a cura di Blan- 1879. Insurgée et bagnarde, Matoury (Guyane), Ibis chard, Bancel e Lemaire, La Fracture coloniale, 2005 –, Rouge, 2008, pp. 102. lo studio mostra come diversi artisti contemporanei ne stiano tentando il rinnovamento. È il caso, tra gli altri, Gilbert Pago, storico della Martinica, ricostruisce in dell’autore di origine marocchina Mohamed Razane, questo paziente lavoro condotto sugli scarsi fondi di fondatore del collettivo di scrittori di banlieue «Qui fait archivio che ci sono rimasti una pagina poco nota de- la France?» e autore di un romanzo esplosivo che narra gli avvenimenti di quella colonia francese (oggi diparti- la spietata quotidianità delle cités del nuovo millennio mento d’Oltremare) dopo l’abolizione definitiva della (Dit violent, 2006). Oltre alla letteratura, ampio spazio è schiavitù nel 1848. Sull’esile filo conduttore costituito dedicato da Etoke anche ad altre produzioni artistiche, dagli scarni dati biografici di Marie Philomène Raptus, come la musica della rapper di origine cipriota Diam’s, nota come Lumina Surprise, Pago cerca di ritracciare autrice di una canzone dall’eloquente titolo «Ma Fran- i contorni di una rivolta scoppiata nel Sud dell’isola, il ce à moi», aspra critica dell’identité bleu-blanc-rouge. 22 settembre 1870 a seguito delle notizie giunte dalla Un articolo interessante, che porta l’attenzione su un Francia sulla caduta di Napoleone III, e domata nel tema di grande attualità in un momento in cui il «grand sangue pochi giorni dopo, il 26 settembre. La ricerca si débat sur l’identité nationale» (www.debatidentitena- articola attorno ad un gruppo di figure femminili che

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sembra abbiano avuto un ruolo se non proprio di pri- vedibilità dell’“evento dell’Altro” – nella riflessione e mo piano, certamente molto importante nel fomentare nella scrittura di Lévinas, Khatibi, Foucault, Derrida, la rivolta. Fra queste spicca appunto quella di Lumi- Deleuze e Guattari, Todorov e Nancy. Segnaliamo poi na Surprise, anche se alla fine, tutto ciò che la concer- l’approfondita e ricca analisi di Samia Ka ss a b -Ch a r f i ne potrebbe liquidarsi in poche pagine: nasce l’anno (Les “Indes” métaphoriques, pp. 49-57) delle molteplici dell’abolizione della schiavitù, fa la cucitrice e sembra dimensioni metaforiche e simboliche che strutturano il sia riuscita a mettere in piedi un piccolo commercio, percorso poetico de Les Indes (1965), riscrittura epica al momento della rivolta aspetta un figlio, che le verrà e tragica di un’utopia “follemente mistica” e devastatri- tolto dopo la condanna a scontare una pena a vita nel ce, che spalancò le porte – vertiginosa e tremante me- «bagne de Saint-Laurent du Maroni» in Guiana, assie- tafora – ai fasti della totalità-mondo. Jacques Co u r s i l me a tutti coloro che avevano partecipato alla rivolta, si concentra invece su una lettura davvero puntuale ed fra cui alcune donne. Della sua vita nel penitenziario innovativa – concepita come uno studio preliminare non si conosce quasi nulla, se non che, come era co- ad una messa in scena – delle due versioni del testo te- stume nel tentativo di impiantare una colonia in quel atrale Monsieur Toussaint (1961 e 1978), stranamente territorio ostile, viene data in sposa ad un «bagnard» pressoché ignorato dai critici. Sostenendo la sua ana- francese nel 1877 e muore nel 1879. L’esile bottino bio- lisi con una precisa conoscenza storiografica, Coursil grafico è però ampiamente compensato dalla ricostru- si propone di evidenziare la struttura profonda della zione degli anni difficili della colonia tra l’abolizione tragedia: la cadenza dell’agonia di Toussaint Louver- del 1848 e la caduta di Napoleone, da cui emerge che ture nella sua prigione del Jura, da lui stesso sublimata fra l’emanazione di una legge che cambia gli assetti di nella meticolosa costruzione del proprio Mito e nella un territorio e la sua piena applicazione c’è un lungo fondazione, attraverso di esso ed oltre la sua stessa vo- periodo di transizione in cui il vecchio e il nuovo fan- lontà, della storia della nazione haitiana. Si rivela così no fatica a convivere, in cui gli schiavi, nominalmente il dispositivo di senso che informa l’architettura triadi- liberi, sono in realtà ancora asserviti e tenuti lontani da ca del testo, intesa come traduzione nello spazio sceni- tutte quelle cariche alle quali, appunto in quanto uomi- co di una “visione profetica del passato”, che trova la ni liberi, avrebbero diritto. sua espressione letteraria nella reciproca integrazione [c a r m i n e ll a b i o n d i ] di tre mondi, al tempo stesso reali e simbolici, e dun- que nella “fondazione mitica di un oggetto storico”. Di carattere filosofico è l’intervento di François No u d e l - Sa m i a Ka ss a b -Ch a r f i et So n i a Zl i t n i -Fi t o u r i (dir.), m a n n , La trame et le tourbillon (pp. 119-123), dove egli avec la collaboration de Loïc Cé r y , Autour d’Édouard mette a fuoco il nesso dinamico e necessario tra queste Glissant. Lectures, épreuves, extensions d’une poétique due figure essenziali del pensiero poetico glissantiano. de la Relation, Pessac et Carthage, Presses Universitai- La “trama” non rappresenta mai una figurazione o una res de Bordeaux et Académie Tunisienne des Sciences, cartografia stabile, ma un movimento continuo che agi- des Lettres et des Arts Beït al-Hikma, 2008, pp. 365. ta e mette in tensione la misura della parola poetica e la dismisura del mondo. Lontano da qualsiasi tentazione Nell’aprile del 2005 si tenne a Cartagine, alle porte escatologica, teleologica o apocalittica, il tessuto della di Tunisi, un eccellente convegno su Édouard Glissant. Relazione è, di fatto, continuamente smosso, turbato Il luogo non venne scelto a caso come occasione di in- e provocato dal «tourbillon»: «On comprend mieux contro per i suoi maggiori critici, lettori e amici-poe- alors ce qu’est la trame, un schème d’écriture mais aus- ti. Cartagine, «qui tint l’équilibre entre Nord et Sud, si un schème de voix que le tourbillon met en mouve- Orient et Occident» (p. 9), com’ebbe a dire lo stesso ment et en rythme, tournant et retournant les houles, poeta un anno prima in occasione di un convegno su les ouragans et les éruptions» (p. 123). Saint-John Perse, si oppose infatti storicamente all’on- Accenneremo soltanto, per ragioni di spazio, alle al- nipotenza dell’Impero Romano e, anche per questo tre tre ricche sezioni che compongono il volume. La motivo, è un luogo ricorrente nell’immaginario poetico seconda parte è dedicata, come abbiamo anticipato, di Glissant, sin da Le Sel noir (1960). A distanza di po- ad una messa in atto della poetica della relazione di chi anni, sono raccolti in questo volume gli interventi Glissant, attraverso la costruzione di un vasto rizoma di quei giorni, risultandone un’opera preziosa non solo letterario che accosta la sua opera a quella di Edmond per l’originalità e l’innovazione di alcune prospettive Jabès, Virgilio, Hermann Broch, Salah Stétié, Rachid di analisi, ma anche perché essa è concepita come una Boujedra, Lorand Gaspar e Amina Saïd. La terza parte messa alla prova della stessa poetica della relazione, è dedicata al tema delle lingue e del linguaggio nello una sua “estensione”, come suggerisce anche il sotto- spazio della “creolizzazione”, tema essenziale che at- titolo della raccolta, la cui posta in gioco, nella sua di- traversa la riflessione di Glissant fin dagli esordi. Se- mensione più ampia ed ambiziosa, si rivela nelle paro- gnaliamo in particolare l’intervento di Celia Br i t t o n , le di Abdelwahab Me d d e b che introducono il volume: Langues et langages dans le Tout-Monde (pp. 235-245), «un retour à la vérité de la langue» (p. 18) attraverso le dove l’autrice analizza l’evoluzione della categoria di convergenze e le separazioni dei suoi inarrestabili spo- “linguaggio” come elemento di fondamentale conti- stamenti e dei suoi continui sradicamenti. nuità nel pensiero di Glissant, lungo la svolta teorica Il volume è suddiviso in quattro sezioni, che cor- che segna il passaggio da Le Discours antillais (1981) rispondono ad altrettante «lectures, épreuves, exten- ai suoi saggi più recenti. Chiudono il volume due cor- sions» della poetica glissantiana. La prima parte con- pose e, a tratti, davvero vivaci tavole rotonde, che han- siste in una serie di percorsi e di letture critiche all’in- no visto la partecipazione di Glissant e dei suoi amici terno dei campi testuali ed estetici della sua opera, poeti e critici. Nella prima, Entre poètes. Continents et privilegiando le regioni sinora meno esplorate. Abden- archipels: la parole poétique dans ses étendues (pp. 309- nebi Be n Ba y a , nel suo intervento Relations singulier- 332), ritroviamo i testi poetici di Alain Bo r e r , Patrick plurielles: vers une éthique «glissantillaise» globale (pp. Ch a m o i s e a u , Abdelwahab Me d d e b e Pierre Os t e r , let- 23-30), è alla ricerca di una “geopoetica” globale, che ti all’occasione in omaggio al poeta ed in risonanza con trova preziosi “alleati transculturali” – in un “pensie- la sua opera, rievocando al tempo stesso i loro percorsi ro del tremore” che si apre coraggiosamente all’impre- reciproci di dialogo e di amicizia. Chiude la raccolta

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una seconda ed animata tavola rotonda, La relation et essere forse riviste in corso di analisi, il testo di Lutas le rhizome: du parler au déparler (pp. 333-361), dove risulta assai interessante per la maniera in cui è arti- vengono ripresi e discussi i temi principali della po- colato il discorso sul fantastico (definito come «un etica glissantiana, introdotti dai singoli interventi dei mode qui se caractérise par la juxtaposition de deux giorni precedenti. Le parole finali di Loïc Cé r y evoca- ordres donnés comme incompatibles: celui du réel no il suono dei tamburi e delle danze sufi che, per chi rationnel et celui du surnaturel», p. 13), per l’accura- era presente nello splendido contesto dell’Académie tezza dell’analisi testuale e dei riferimenti bibliografici Beït al-Hikma a Cartagine, chiusero in modo davvero relativi agli studi sul fantastico. Il discorso si sviluppa memorabile il convegno. intorno a tre punti fondamentali in cui il fantastico e [a l e ss a n d r o c o r i o ] la Storia si incontrano nel romanzo: la problematizza- zione del reale, la designazione del vuoto e l’effetto di «inquiétante étrangeté» (traduzione francese ufficiale Li v i u Lu t a s , “Biblique des derniers gestes” de Patrick del freudiano unheimlich). Chamoiseau. Fantastique et Histoire, Lund, Lunds Uni- Nel secondo capitolo intitolato «Le réel probléma- versitet, 2009 («Études romanes de Lund»), pp. 235. tisé», che segue l’introduzione, Lutas si interroga sulla natura del reale nel romanzo e sulla sua eventuale con- In questo saggio consacrato al romanzo più corposo trapposizione al sovrannaturale, e analizza i procedi- di Patrick Chamoiseau, Liviu Lutas si propone di di- menti mediante i quali il testo problematizza il reale mostrare, attraverso l’analisi degli elementi sovranna- costruendo diversi piani di realtà: la metalepsi, tecnica turali (presenti in tutta l’opera del celebre romanziere che produce la dissoluzione del soggetto e mette in di- martinicano ma in maniera massiccia e sistematica, o scussione l’identità dell’istanza narrativa; le note; i ri- forse semplicemente più visibile, in Biblique des der- ferimenti alla «méga Histoire», ai suoi eventi e ai suoi niers gestes, 2002), come il fantastico – inteso, contra- personaggi; la dimensione mitica che si realizza nelle riamente all’indicazione todoroviana, non come genere allusioni alla Bibbia e nella ripresa di alcuni elementi ma come modo – concorra alla pratica della scrittura del mito (l’oralità, il carattere fondatore e la tempora- della storia come l’intende l’autore. lità). Un paragrafo è inoltre dedicato alla valorizzazio- Se da una parte tale proposito sembra ricondurre ne dell’immaginario, finalizzata a mostrare l’inadegua- il saggio di Lutas alle posizioni più note della criti- tezza dell’episteme razionale (e occidentale) nel voler ca postcoloniale, che si sofferma sulla centralità del- indagare il reale antillano nella sua totalità. Il ricorso la Storia nel (contro-)discorso letterario degli autori al fantastico sembrerebbe dunque rappresentare un’al- provenienti dalle ex-colonie europee (e cui il discorso ternativa più atta alla scrittura della realtà martinicana letterario sviluppato nelle Antille francesi è spesso as- del modello occidentale. sociato malgrado il disagio che provoca l’uso del ter- Nel terzo capitolo («Le vide»), Lutas sostiene che mine “postcoloniale” in riferimento alla Martinica e il carattere iperbolico e la profusione linguistica che alla Guadalupa), dall’altra lo studioso dichiara di voler caratterizzano il fantastico di Biblique non solo non prendere le distanze da quella stessa critica che ridu- contrastano con il vuoto, la «béance» della Storia an- ce, alla luce delle dichiarazioni autoriali, i testi lettera- tillana, ma servono addirittura a designarli. Le rap- ri di Chamoiseau al solo piano allegorico, tralasciando presentazioni del vuoto sono analizzate su vari piani: lo studio di altri motivi letterari altrettanto importanti, sia su quello formale delle preterizioni o ellissi, sia su quali per l’appunto il fantastico. Una presa di distan- quello dei personaggi (Balthazar Bodule-Jules, Man za rafforzata dalla scelta di parlare di fantastico invece L’Oubliée, l’Yvonnette Cléoste e Sarah-Anaïs-Alicia). che di realismo meraviglioso o magico, concetti pro- La ricostruzione del passato antillano, suggerisce Cha- fusamente studiati in ambito postcoloniale, che mal- moiseau nel romanzo, è possibile solo a condizione di celano, secondo l’autore, una carenza di rigore meto- assumerlo come vuoto o come un rimosso collettivo dologico. Ora, benché le premesse avanzate da Lutas che, nel momento in cui emerge in superficie, produce riguardo ai limiti di certe direzioni della ricerca siano il sentimento che Freud designa come «unheimlich». assolutamente accettabili, la formulazione degli obiet- Al rimosso («Le refoulé») è dedicato il quarto capito- tivi solleva qualche perplessità sull’effettiva coerenza lo, l’ultimo prima delle conclusioni, in cui l’autore esa- tra i propositi e quello che il testo va dimostrando, os- mina la maniera straniante ma necessaria in cui quel- sia che il fantastico non solo dipenda da una certa vi- lo che Chamoiseau chiama «pays enterré» emerge nel sione della storia, contrapposta alla concezione positi- romanzo. Il fantastico si presta in questa luce a varie vistica della Storia come discorso razionalista sul reale, letture: da una parte lo si può ritenere, come suggeriva ma sia addirittura funzionale alla scrittura, o meglio al- Freud, all’origine del sentimento di unheimlich (senti- la riscrittura, della storia. Argomento ampiamente trat- mento che sarebbe provocato dalla coesistenza di reale tato nell’ambito degli studi postcoloniali cui l’autore e sovrannaturale, dall’annullamento della frontiera tra non può evitare (e non evita) di fare riferimento in fase realtà e fantasia), dall’altra si può ritenere che il fanta- di analisi. Tali perplessità sono inoltre accresciute dal stico serva ad articolare il passato in quanto reale non fatto che lo studioso consideri Patrick Chamoiseau co- più presente se non in forma di tracce. me «le porte-parole des penseurs antillais contempo- Dopo aver riassunto i punti essenziali del proprio rains», «à la tête de la créolité, un mouvement littéraire discorso, lo studioso evidenzia infine, nel capitolo con- et peut-être davantage idéologique» (p. 5), affermazio- clusivo, dal tono leggermente scolastico e pretenzioso, ni presentate come evidenze e che sono invece tutte da un aspetto innegabile della narrativa di Chamoiseau, e dimostrare (quali sarebbero, per esempio, i pensatori cioè che la sua ricchezza e complessità esulano comple- antillani di cui Chamoiseau si farebbe il portavoce?) e tamente dal contenuto degli scritti teorici dell’autore. che non tengono conto dei ripensamenti dell’autore e Per nulla insignificante, tale giudizio ricorda al critico dell’evoluzione della sua poetica, lontanissima oggi da una pratica sovente dimenticata: quella di distinguere quella degli altri due firmatari dell’Éloge de la créoli- un testo letterario dai discorsi che su di esso fa il suo té – Raphaël Confiant e Jean Bernabé. autore. A parte queste incoerenze di fondo dovute, ci sem- [l u i g i a p a t t a n o ] bra, a prese di posizione iniziali che avrebbero dovuto

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Da n y La f e r r i è r e , L’Énigme du retour, Paris, Gras- que et sociale, la pauvreté. Laferrière nous donne sans set, 2009, pp. 300. doute ici son meilleur texte et réussit à souder très soli- dement, à travers le fil rouge d’une énigme à résoudre, La catégorie “roman” dans laquelle Grasset range le les nombreux fragments qui le composent. dernier ouvrage de Dany Laferrière apparaît plus que jamais comme étant un critère de rangement artificiel [e l e n a p e ss i n i ] qui n’aide en rien à la lecture et au décryptage du texte. L’écrivain haïtien va se servir de la vaste palette narrati- ve dont il dispose pour raconter les conséquences d’un Ly o n e l Tr o u i ll o t , Yanvalou pour Charlie, Arles, événement qu’il nous décrit en incipit du roman: «La Actes Sud, 2009, pp. 175. nouvelle coupe la nuit en deux./L’appel téléphonique fatal/que tout homme d’âge mûr/reçoit un jour./Mon Les lecteurs assidus de Lyonel Trouillot le savent, père vient de mourir» (p. 13). Ce père, parti d’Haïti ouvrir un de ses romans c’est décider et accepter alors que Dany n’avait encore que quatre ans, exilé à d’entrer dans l’univers haïtien, dans une société haï- New York, qui a refusé d’ouvrir la porte de son modes- tienne contemporaine qui nous est présentée sans fil- te logement à son fils qui, lui aussi en exil, mais à Mon- tre et sans masque, c’est aussi accepter la rencontre tréal, était parti à sa recherche, fait de nouveau irrup- avec des existences dont le destin n’est jamais banal tion dans sa vie pour en sortir, définitivement cette fois. et qui racontent toutes, à leur manière, ce que vivre Dany, le narrateur, devra enterrer son père et annoncer en Haïti aujourd’hui veut dire. Une fois encore, la dif- à sa mère, restée en Haïti pendant toutes ces années, ficile réalité haïtienne frappe le lecteur, le contraint à deux fois veuve, d’un mari et d’un fils, la triste nou- se plonger dans un réel fait de détresse, de misères velle. C’est donc l’occasion pour lui d’un retour dans morale et spirituelle, de folie aussi. Toutefois la for- son île, dans sa famille, un retour dans un paysage qui ce de l’écriture de Trouillot ne trouve pas ses racines est si différent de celui que lui offre quotidiennement, dans un pacte de restitution du réel, le réel de ses depuis tant d’années maintenant, le contexte canadien. histoires prend à la gorge, mais dépasse bien souvent Presque tous les auteurs de la diaspora haïtienne ont la simple représentation de ce qui est. Dans Yanva- réfléchi, à travers leurs romans, leurs nouvelles, leurs lou pour Charlie aussi, grâce auquel l’auteur a obtenu poèmes, à ce voyage bien particulier qui consiste à re- le prix littéraire Wepler La Poste en novembre 2009, mettre leurs pieds dans les traces qu’ils ont laissées en nous retrouvons les constantes de son œuvre. La ma- quittant, contraints et forcés, bien des années aupara- jeur partie du roman se situe dans une ville dont les vant, le pays qui les a vus naître. Le lecteur ne peut que banlieues qui la cernent sont décrites sans aucune prendre acte du malaise éprouvé par les personnages complaisance et met en scène un personnage princi- qui reviennent en Haïti, devenus désormais étrangers pal, Mathurin, qui, venu de sa campagne qu’il renie dans leur propre île; Laferrière n’apporte rien de nou- (tout comme il cache son deuxième prénom Dieu- veau à la réponse quasi unanime qui se dégage de la tor qui dénonce ses origines rurales), a entrepris de littérature qui se penche sur les tenants et les aboutis- gravir les échelons pourris d’une société où le men- sants de ce voyage à rebours, mais son livre surprend songe et la corruption dominent. Jeune avocat voué par la forme qu’il a choisi de lui donner et par la cohé- à une brillante carrière, sa vie est programmée pour rence du texte avec le titre. une réussite d’où les sentiments, la bonté et la géné- Laferrière ne tranche pas, n’offre pas de réponse rosité sont bannis. Cette planification sera toutefois univoque, il nous soumet les instantanées des émotions bouleversée par l’entrée en scène d’un jeune adoles- fortes qu’il éprouve, les questions lancinantes qui ac- cent, Charlie, qui, comme un ange noir, pénètre dans compagnent ce Montréalais haïtien qui choisit de s’ins- son élégant bureau pour lui rappeler les laideurs de taller à l’hôtel lorsqu’il arrive dans sa ville pour met- son passé, les déchirures de son enfance, les morts de tre, entre lui et son retour, une distance indispensable sa famille et ses amours d’antan qu’il a sacrifiés sur à la conservation d’une profonde lucidité. Le narrateur l’autel du succès. Avec Charlie entrent dans le roman ne résoud pas l’énigme du retour, il la pose et la pro- une série de personnages des marges, des jeunes sur- blématise. Tout comme Césaire, auquel notre auteur tout qui, comme Charlie, logent dans une structure emprunte un vers du Cahier d’un retour au pays natal humanitaire et religieuse qui s’est fixé le but de les pour entrer en matière («Au bout du petit matin»), La- arracher à la rue. Ce microcosme, une espèce de Cour ferrière arrive en Haïti les yeux écarquillés pour com- des Miracles entre quatre murs, qui voudrait être un prendre ce/ceux qui reste(nt), pour contempler son île lieu de protection ne fait en réalité que ramasser et avec le regard de celui qui a longtemps habité ailleurs. accueillir ceux qui habitaient les trottoirs. Maladies, Le texte foisonne de rencontres, avec d’illustres incon- déformations physiques, morts prématurées, drames nus qui ont appartenu au passé du narrateur et qui ne de l’adolescence, guerres que se livrent les jeunes en- feront jamais partie de son présent, avec des écrivains tre eux sont le lot quotidien de cette œuvre de «bien- «du dedans» (Gary Victor, Frankétienne), des pein- faisance». Dans ce roman où Trouillot alterne les voix tres, des artistes, de vieux amis de son père. L’écritu- de quatre narrateurs pour nous raconter sa vérité, qui re se plie, avec ses formes diverses, à rendre le mieux ne craint pas d’égratigner au passage bien des lieux possible les émotions, les étonnements, les pensées de communs, s’élèvent, malgré tout, des raisons d’espé- celui qui n’accomplit pas seulement un voyage de re- rer là où on les attendrait le moins et sous des formes tour mais qui sonde aussi le temps qu’il a laissé der- qui ne manquent pas d’être ironiques. Mathurin ne rière lui. Les paragraphes en prose alternent avec les sortira pas indemne de sa rencontre avec Charlie, le vers libres, avec la forme synthétique de l’aphorisme, roman est bien l’histoire de la transformation de ce le jaillissement de lignes qui semblent des notes pri- personnage à travers lequel le lecteur voit défiler tou- ses sur le vif. L’énigme du retour (Prix Médicis 2009) tes les contradictions de la terre haïtienne: richesse et est un texte plein d’images, des couleurs de la peinture misère, beaux quartiers et taudis, passion et cynisme. haïtienne, du noir et blanc des rares photos du père. Il Inlassablement, d’un roman à l’autre, Lyonel Trouillot résonne aussi de l’actualité d’Haïti, toujours la même, nous convie à regarder, au-delà de la violence des rap- celle d’un pays tenaillé par la faim, la violence politi- ports humains, au-delà d’un contexte âpre et difficile,

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les mains tendues qui constituent un réseau, une toile, Lu c Bu r e a u , Terra erotica, Montréal, Fides, 2009, que le lecteur voit se dessiner au fil des pages. pp. 240.

[a lb a p e ss i n i ] Depuis plusieurs années le géographe Luc Bureau publie des essais qui croisent à la fois les intérêts des spécialistes de son champ d’étude et ceux des gens de Ma r i n a Zi t o (a cura di), L’humanisme franco-cana- lettres. Que l’on pense à son livre La terre et moi pa- dien. Un cas: Benoît Lacroix, Napoli, UNIOR, 2007, ru en 1991 ou à Géographie de la nuit paru en 1997, pp. 190. Bureau aborde toujours la géographie d’un point de vue qui donne à réfléchir non seulement sur notre en- Alors que j’étais encore étudiant à l’Université La- vironnement spatial mais aussi sur les espaces que nous val, j’avais comme professeur de littérature médiévale croisons au fil de nos lectures. C’est particulièrement un petit homme qui frappait tant par son érudition que vrai pour ce nouveau titre. Le projet de Bureau est de par sa jovialité. Comme s’il eût appartenu au monde recréer ou de retrouver une relation particulière qui des Berthe au grand pied et Pépin le Bref, ce profes- existe entre l’homme et son milieu, une relation gui- seur nous semblait, à nous ses jeunes étudiants, venir dée sous le signe d’Éros. Pour le géographe, le trian- d’un espace où le temps s’était arrêté. Cet enseignant gle homme-milieu-Éros serait souvent oublié, même si s’appelait Jean-Marcel Paquette et nous fûmes fort sur- les textes littéraires le mettent fréquemment en œuvre. pris d’apprendre un jour qu’il se cachait aussi sous un Nous habitons la nature et celle-ci nous habite. Aussi nom de plume, celui de Jean Marcel, grand acteur de Bureau nous invite-t-il à prendre avec lui le chemin des la modernité québécoise, dont les œuvres, notamment expressions littéraires et du langage quotidien qui ra- Le joual de Troie, étaient au programme dans à peu mèneront Éros au cœur de notre présence au monde. près toutes les institutions de l’éducation supérieure Avouons tout de suite que nous avons été charmé par au Québec. Il y a des gens, comme Jean Marcel, qui le projet et que la démonstration est faite avec clarté traversent les époques sans jamais perdre l’équilibre, et souplesse. autant à l’aise à converser avec Rolland qu’avec les ac- Notre parcours commence par les effets de langage teurs du champ politique contemporain. que nous retrouvons comme hier chez les physiogno- Marina Zito, de l’Université l’Orientale de Naples, monistes. Les parties du corps féminin ont servi bien publie une œuvre soignée et apologétique d’un autre souvent à nommer l’espace encore innommé et, inver- grand professeur québécois d’histoire médiévale qui, sement, les pratiques langagières ont aussi désigné l’es- comme Jean Marcel, fut également acteur de la moder- pace par des attributs féminins. Si ce jeu d’échanges nité: Benoît Lacroix. Spécialiste de Raïssa Maritain et syntagmatiques et sémiotiques est fréquent par rap- de Saint-Denys Garneau, Zito ne pouvait que croiser le port aux qualités féminines, bien peu de signes virils nom de Lacroix et c’est bien à elle que revenait la charge ont donné à la nature quelque désignant. À l’heure où de mesurer le travail accompli par ce père dominicain. la ville en tant que produit de la modernité est ques- Lacroix est à la fois historien, éditeur, essayiste et poè- tionnée par tous les champs de recherche, Bureau fait te. Sans renier aucunement son engagement spirituel, il remarquer que la langue française a préféré accorder n’en est pas moins l’un des personnages influents qui à la nature une essence féminine alors que l’urbanité accueillent et parrainent les expressions littéraires nou- prendrait davantage des traits masculins: «les éléments velles. Ainsi, il sera parmi les premiers à diffuser l’œu- du décor rural se conjugueraient plus aisément avec le vre de Saint-Denys Garneau hors du Québec et loin corps féminin, tandis que les éléments urbains s’asso- des frontières de la France. Ses conférences sur le poète cieraient mieux avec le profil masculin» (p. 41). Reste québécois et cousin d’Anne Hébert seront en effet dif- à savoir maintenant si ce travail est intentionnel et à fusées sur des ondes radiophoniques d’Afrique dès le préciser quelles sont ces mâles intentions qui ramènent début des années 1960. C’est aussi à la même époque la ville à un caractère masculin. Construction humaine, qu’un autre père dominicain, Georges-Henri Lévesque, la ville est pour Bureau «le lieu où l’esprit d’Éros souf- découvre Marie-Claire Blais et l’encourage à se diriger fle presque en délire» (p. 75). Cette affirmation étonne dans le monde des lettres. Prix Médicis 1966, Marie- tout de même un peu dans la mesure où la part mas- Claire Blais se sent toujours redevable envers le Père culine de l’Homme, comme nous le verrons plus loin, Lévesque, à qui le père Lacroix écrivait déjà ces mots sera associée non pas aux œuvres d’Éros mais à celles en 1959 en parlant de Blais: «Comme les volcans, elle de Pornos. Quoi qu’il en soit, le parcours balisé par brûlera les proches et éclairera les plus éloignés». Pres- Bureau nous amène à quitter la ville nommée désir, que visionnaire, Lacroix écrivait cette phrase, alors que cette ville que, selon le sociologue Lefèbvre, seuls les la jeune auteure publiait son premier roman La belle poètes ont comprise, pour nous amener dans des es- bête. Si les textes réunis par Zito ne servent malheureu- paces paysagers. sement pas tous le titre programmatique, en revanche, Un peu à la manière d’un Jean-Claude Schmitt, no- force est de constater la pertinence de son projet, celui tre guide rappelle que le paysage est une créature rê- de rappeler à notre mémoire l’importance de ce père vée et désirée par les peintres de la Renaissance. Avant dominicain dans l’histoire contemporaine du Québec. eux, le paysage en tant que pratique humaine n’existait Maintenant âgé de 94 ans, Benoît Lacroix est une figure pas. Bureau se détachera peu à peu de l’espace pay- importante d’une révolution qui s’est voulue douce, une sagé pour explorer davantage les lieux où Éros a pu révolution qui a renversé entre autres choses un monde loger d’une manière permanente. C’est en effet dans le trop cléricalisé. Remarque paradoxale peut-être, mais «lieu» que l’auteur trouvera moyen de différencier les des ouvrages comme celui de Marina Zito sont néces- espaces propres à Éros. «La différence entre paysage saires parce qu’ils nous obligent à éviter des pièges en et lieu est immense: le premier sépare, le second lie. écrivant l’Histoire, notamment celui qui voudrait que le Le lieu lie. Il lie les hommes entre eux, les vivants et clergé n’ait pas participé à la modernisation du Québec. les morts, mais surtout il lie les hommes à la Terre sous Une pareille thèse paraîtrait aujourd’hui aussi caduque la gouverne d’Éros» (pp. 154-155). Et pour expliquer que sans fondement. ce lien propre au lieu, qui rappelle d’ailleurs la défini- [j e a n -f r a n ç o i s p l a m o n d o n ] tion de Marc Augé, Bureau affirme que le «lieu fonde

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l’identité de l’homme et l’homme fonde l’identité du più volte arrestato, rinchiuso in un manicomio e tor- lieu» (p. 152). C’est précisément dans cet esprit de ré- turato. Il processo di identificazione, che si realizza a sonance qu’Éros établit sa relation avec le lieu. Mais poco a poco tra lo scrittore e il suo personaggio rag- l’homme n’est plus sensible à cette écoute. Aussi est-il giunge forme di parossismo, costringendo il primo ad urgent, selon Bureau, de recommencer à s’émouvoir implicarsi sempre più a fondo in un mondo melmoso, face aux lieux qui nous «fondent» et que nous teintons misero, patetico, fino a valicare i limiti della legalità e de nous-mêmes en parfaite résonance. Comme une re- a tentare di distruggere “il folle”, scelto come sogget- lation amoureuse, notre relation avec l’environnement to della sua storia – che osa resistergli – per meglio im- spatial devrait trouver son fondement dans le désir de possessarsene, perché per lo scrittore Charles Block/ construire et non celui de démolir. Pulsions opposées Gaëtan Brulotte, la forma estrema di possesso è la di- qui agiraient sous la gouverne de deux antagonistes struzione. mythiques Éros et Pornos. Un bel romanzo che, nella sua apparente bizzarria, Après avoir fait le tour des philosophes grecs ou de pone sul tappeto problemi importanti, sotto il profilo ceux des Lumières et de leur rapport au monde; après sociale e letterario, come quello della marginalità, an- e avoir exploré l’œuvre de plusieurs poètes du x­ i x siè- che sessuale, percepita con disprezzo dalla comunità, e cle et abordé les romans des écrivains du x x , Bureau ma vissuta quasi come sublimazione e poesia da coloro jette un regard critique sur le monde qui nous entoure che vi sono implicati, o quello della brutalità del tratta- et n’y trouve pas toujours le signe d’Éros. Au contrai- mento manicomiale per ricondurre l’anomalia alla nor- e re, notre x x i siècle naissant serait plutôt gouverné par ma; il problema dell’implicazione dello scrittore nel les forces de Pornos, un dieu qui manque de finesse vissuto che narra, e degli eventuali limiti oltre i quali et d’amour. C’est pourquoi le géographe nous invite à non è possibile spingersi senza il rischio di perdersi o tendre l’oreille et tous nos sens à l’appel d’Éros, le seul di auto-distruggersi. E infine, il problema quanto mai de nos Dieux qui pourrait encore sauver l’homme d’un attuale del rapporto fra lo scrittore e il suo personag- avenir sombre. Laissons à Bureau le mot de la fin, puis- gio e sui diritti di proprietà della storia che implica una que celui qui fut un guide au fil des siècles de la culture lotta all’ultimo sangue, soprattutto da parte del perso- occidentale, pourrait aussi bien apercevoir (pourquoi naggio, in realtà soccombente, che tenta di realizzare pas?) où nos pas devraient se diriger, afin de redécou- un rovesciamento di ruoli per liberarsi, appunto, da vrir le sentier d’Éros. «Ainsi, est érotique l’attitude de quell’emprise che dà il titolo al romanzo nella versio- l’homme lorsqu’il se laisse imprégner par l’indissoluble ne originale. unité du monde, se sent effleuré, palpé, aspiré par les [c a r m i n e ll a b i o n d i ] matières et les formes qui le composent. À l’inverse, est pornographique le comportement de l’homme qui exploite, violente et souille la nature, qui tente de la NAÏRI NAHAPÉTIAN, Qui a tué l’ayatollah Kanuni?, dominer du haut de ses savoirs, de ses outils et de son Paris, Liana Levi, 2009, pp. 278. orgueil. Est érotique le passage d’un canot léger sur les eaux d’un lac; est pornographique le monde des cour- Narek Djamshid, un giovane studente emigrato in ses automobiles, la marche assourdissante des bulldo- Francia da bambino, si trova a Teheran per redigere zers, l’envol des avions, les sports olympiques. Est éro- un articolo sulle elezioni presidenziali. Il ragazzo cer- tique la paix; est pornographique la guerre» (p. 194). ca di ottenere informazioni sul sistema politico irania- no da una femminista islamica, Leila, che lo porta con [j e a n -f r a n ç o i s p l a m o n d o n ] sé al Palazzo di Giustizia per consegnare un fascicolo. Mentre i due si trovano all’interno del tribunale, l’aya- tollah Kanuni, potente e odiatissimo giudice iraniano Ga ë t a n Br u l o t t e , Doppia esposizione, tr. it. di che dovrebbe ricevere Leila, viene assassinato. Comin- Rahel Francesca Ge n r e , Ripa di Fagnano Alto (AQ), cia allora un’avventura rocambolesca, durante la quale Il Sirente, 2008, pp. 135. Narek porta avanti l’inchiesta incontrando personaggi caricaturali ed enigmatici. La ricerca dell’assassino di- Pubblicato in lingua originale nel 1979, con il titolo venta ben presto una scusa per parlare dell’attuale so- L’emprise, è subito diventato un best-seller, più volte cietà iraniana, del suo sistema politico, delle sfaccetta- ristampato e selezionato fra i cento migliori romanzi ture che la contraddistinguono. Le ragioni dell’omici- quebecchesi. Parte come una storia apparentemente dio passano, in realtà, in secondo piano, ed il narratore banale, che si fa però sempre più inquietante a mano si concentra sul complesso sistema che dirige il paese a mano che si procede nella lettura. Uno scrittore di natale di Narek e sulle sfumature, anche impercettibili, buona reputazione, che ha sempre guardato il mon- che fanno dell’Iran un paese pieno di contraddizioni. do attraverso il filtro rassicurante della sua macchina L’autrice, una giovane giornalista iraniana emigrata fotografica, per poi tradurlo senza rischi sulla pagina in Francia, offre con questo primo romanzo uno spac- scritta, comodamente seduto nel suo studio protettivo cato dell’Iran odierno, della sua vita politica, del fer- come una campana di vetro, decide un giorno di sce- mento intellettuale che cova sotto la paura. Il lettore gliere come protagonista del suo nuovo romanzo un può restare deluso dal modo in cui vengono portate personaggio squinternato, che veste in maniera strana, avanti le indagini, poiché questo, più che un vero e si muove in maniera ancora più strana, sembra sempre proprio romanzo giallo, è un trattato sulla società ira- indaffarato, ma in realtà non fa nulla, se non spostarsi niana e sui suoi problemi travestito da polar. Questo in continuazione senza meta, con una misteriosa car- spiega il finale non convenzionale del romanzo (il letto- tella che non abbandona mai. Lo scrittore ne è sempre re non saprà chi ha ucciso il giudice), e l’insistenza del più affascinato (un fascino fatto in eguale misura di at- narratore su certe considerazioni di carattere sociologi- trazione e repulsione) e si lascia coinvolgere comple- co e storico. Pur non rispondendo all’interrogativo del tamente nella vita di questo personaggio che si rivela titolo, questo tentativo sperimentale di associare for- sempre più problematico ed inquietante: lo scrittore me letterarie diverse appare interessante; lo stile scor- scoprirà che è esibizionista, “vizio” (vissuto però dal revole, i dialoghi e le descrizioni dettagliate lasciano protagonista come un’epifania) a causa del quale sarà trasparire una sviluppata capacità di osservazione e ri-

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flessione. I contenuti vanno al di là degli stereotipi per tà di precisione scientifica o un eccessivo interesse per proporre un’immagine più vera dell’Iran. Il volume è la credibilità degli eventi narrati; come lei stessa ha di- arricchito da una terminologia finale e da una crono- chiarato nella sua «autobiografia»: «je suis un écrivain logia che trasformano il romanzo, situandolo a metà paresseux […]. Je ne me documente pas, ni ne prends strada tra fiction e reportage giornalistico. des notes, ni n’écoute les conversations dans les cafés. Ce que j’appelle mes romans est écrit impulsivement [v e r o n i c a a m a d e ss i ] comme on crie» (La maison aux orties, 2008, p. 18); ancora una volta, c’è, in questo romanzo, la scrittura visionaria dell’autrice, che per l’occasione veste i pan- Vé n u s Kh o u r y -Gh a t a , La revenante, Paris, L’Archi- ni di una surreale archeologa-detective, risolvendo un pel, 2009, p. 203. mistero che sfugge e si complica pagina dopo pagina, quasi come in un romanzo giallo. Laura è davvero No- Il Medio Oriente, con il suo ricco bagaglio di storie ra? A svelare l’enigma saranno le innumerevoli storie, e leggende, è da sempre uno dei motivi ispiratori del- leggende, parabole che s’intrecciano sullo sfondo di la prosa di Vénus Khoury-Ghata. La revenante, ultima un Oriente fantastico e lussureggiante, a tratti strava- opera dell’autrice franco-libanese, intende trasportare gante e beffardamente inverosimile. Linea guida – per il lettore in una Siria in bilico tra avvenimenti storici, non far perdere il lettore in un labirinto di analessi e superstizione e fantasia. Prendendo spunto da una sto- prolessi – la riflessione sulla dualità: del sogno e del ria vera, il romanzo racconta lo straordinario destino reale, della stabilità e dell’erranza, del radicamento e di Laura, pediatra parigina la cui vita cambia di colpo dell’esilio. Firmando questo romanzo, la sua trentano- quando, un giorno, legge sul giornale la notizia del ri- vesima opera letteraria, Vénus Khoury-Ghata continua trovamento dei corpi di tre archeologi francesi sepolti la riflessione sui temi che da sempre caratterizzano la nel Gebel Druso nel 1949. Al misterioso ritrovamen- sua produzione: primo fra tutti la morte, non percepita to si aggiunge un altro enigma: uno dei tre corpi, ri- come qualcosa di distante dalla vita, ma piuttosto co- trovati sotto le rovine di un tempio, è quello di una me un suo surreale proseguimento parallelo. Come in donna, Nora. Improvvisamente, Laura si dice certa di altre opere – ricordiamo soltanto Mortemaison (1986), esserne la reincarnazione. Decide così di partire per il Une maison au bord des larmes (1998), La maison aux Medio Oriente e di lanciarsi in una quête identitaria ed orties – anche qui il mondo dei morti e quello dei vi- esistenziale. Ricalcando le orme di Nora cinquant’an- vi s’intrecciano in maniera indissolubile e la figura del ni dopo la sua morte, Laura si trova catapultata in un revenant incarna alla perfezione il passaggio dall’uno Oriente dai colori e profumi leggendari, che richiama- all’altro; un transito doloroso, che lascia spesso ferite no a tratti un altro romanzo di Khoury-Ghata, anch’es- e questioni irrisolte. La revenante si chiude infatti su so ambientato nel Vicino Oriente, Bayarmine. una serie di domande, punti in sospeso che riguardano In una narrazione volutamente barocca, Khoury- il passato e il futuro dei numerosi personaggi che riem- Ghata sovrappone con grande abilità la vita di Nora e piono le pagine del romanzo. Che ne sarà di loro, una quella di Laura, ponendo il lettore all’incrocio di due volta che l’autrice ha scritto l’ultima pagina? Al lettore destini separati e allo stesso tempo condivisi. L’autrice è il compito di trovare le risposte. soprattutto una conteuse: non c’è, nel romanzo, volon- [i l a r i a v i t a l i ]

Opere generali e comparatistica a cura di Gabriella Bosco

Br e n d a Du n n -La r d e a u , Le voyage imaginaire dans si propone di analizzare l’evoluzione, i metodi usati per le temps. Du récit médiéval au roman postmoderne, El- mettere in relazione passato e presente, nonché gli ef- lug, Grenoble, 2009, pp. 385. fetti prodotti alla lettura. La compresenza di epoche si realizza perlopiù attraverso viaggi nel tempo da parte Dall’antichità all’epoca contemporanea, gli scrittori dei personaggi, o mediante il ricorso dell’autore a vo- si sono sempre confrontati con la Storia e con i limiti lontari arcaismi, all’utilizzo del linguaggio di un’altra dell’esperienza umana di fronte al divenire del Tempo, epoca, al racconto alternato. Interessanti risultano le fino ad accostare nella diegesi epoche diverse e lonta- modalità adottate da Virginia Woolf in Orlando, lar- ne tra loro, trasgredendo così le regole della linearità e gamente analizzato nel IV capitolo, romanzo stori- della concezione temporale. co – letto anche come biografia fittizia – in cui il pro- Nello spazio della finzione romanzesca epoche lon- tagonista accumula in sé l’esperienza di molteplici vite tane possono ricongiungersi, unirsi, giustapporsi; i per- nell’arco di quattro secoli, nonché di due sessi, come sonaggi viaggiare oltre i limiti del tempo grazie a un sottolineò Roger Caillois. sogno, all’immortalità (tema ricorrente nell’antichità Nei sette capitoli di cui è composto il volume, si cristiana e nei testi di alchimia), alla reincarnazione o analizzano cronologicamente alcune opere considera- con l’ausilio di oggetti magici, scendere negli Inferi co- te significative, dal più antico roman hétérochronique, me Orfeo e Dante. La legende des sept dormants del v secolo, passando Da qui lo studio dei testi eterocronici (termine co- per Montesquieu, ai racconti fantastici del x i x secolo, niato da Michel Foucault per designare romanzi in cui all’Orlando fino al romanzo “postmoderno” con Car- coesistono due o più epoche storiche) di cui il volume los Fuentes e Robertson Davies. Uno studio approfon-

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dito e comparatistico che si appoggia sulle teorie di glie gli atti del convegno organizzato a Bordeaux nel Georges May, Elisabeth Wesseling e Milan Kundera, maggio 2008 sul tema della presenza di un immagina- per citarne alcuni. rio legato all’Estremo Oriente nei più vari domini della Il volume si apre con l’«Introduction. L’hétérochronie cultura europea di Sette e Ottocento: dal pensiero filo- fictionnelle» (pp. 7-40), suddivisa in paragrafi: L’hétéro- sofico e religioso, alla riflessione sulle lingue, all’imma- chronie, Brève genèse de l’utilisation de l’hétérochronie ginario artistico e letterario in generale, non c’è ambito e dans les récits, Récits fondateurs, À partir du x­ i x siècle, Un in cui non spingano le loro ramificazioni – spiega Ma- cas particulier: le personnage hétérochronique dans un récit zouer – “l’immense espace et les foisonnantes civilisa- qui ne l’est pas, Variété des modalités de l’hétérochronie, tions que firent connaître marchands et marins, voya- Points de vue critiques utiles à l’interprétation des récits geurs, missionnaires”. hétérochroniques, Corpus examiné et présentation des œu- Fedele alla vocazione pluridisciplinare del Centre, il vres étudiées. volume accoglie contributi di ricercatori di provenien- Il primo capitolo analizza «La légende des sept Dor- ze e specializzazioni molto varie: storici del pensiero, mants ou la traversée du Temps» (pp. 41-66); è compo- della religione, delle letterature occidentali; compara- sto dalle sezioni: Bilan hagiographique, La légende des tisti; studiosi della letteratura giapponese; storici della sept Dormants dans la culture littéraire et l’imaginaire geografia; storici dell’arte; musicologi. contemporains, Conclusion. Dall’insieme dei contributi raccolti emergono tre Segue «Histoire véritable de Montesquieu» (pp. 67- assi problematici principali, tematizzati dai curatori 90), suddivisa in D’Histoire véritable de Lucien de Sa- nella loro introduzione (pp. 11-15) tramite i termini mosate (II siècle) à Histoire véritable de Montesquieu; di curiosità, alterità, identità. Il primo è quello intorno Réincarnation et métamorphose dans Histoire véritable; al quale si organizzano gli interventi sulla conoscenza Le jeu de la vérité et de la fiction dans Histoire véritable; dell’Estremo Oriente nell’Europa del x v i i e del x v i i i se- Le voyage imaginaire comme moyen pour le comparati­ colo, su modalità e contenuti di tale conoscenza. Il se- sme; Conclusion. condo asse è quello relativo alle forme della diffusione La terza parte, «L’hétérochronie dans la littérature e della circolazione culturale di tutto ciò che giungeva e fantastique du x­ i x siècle» (pp. 91-146), comprende dall’Estremo Oriente. E il terzo riguarda il complesso Le fantastique: une littérature de transgression; Straté- rapportarsi di due esigenze – il riconoscimento dell’al- gies hétérochroniques en sphère fantastique; Expérien- tro e l’affermazione di sé –, ovvero l’indagine sul mec- ces fantastiques et hétérochroniques chez Washington canismo di autodefinizione che il raffronto con l’Estre- Irving; Conclusion. mo Oriente innescò e favorì in Europa. Il quarto capitolo, «Orlando ou l’enjambée des Il volume è diviso in quattro parti. La prima, «Dé- siècles d’un élisabéthain» (pp. 147-186), è composto couverte et relations», comprende articoli che studiano dai paragrafi Orlando comme roman historique; Orlan- varie forme di testimonianza da parte di autori entrati do comme biographie fictive; Orlando comme roman in contatto con il mondo lontano: dal documento di d’inspiration autobiographique; Orlando comme roman natura geografica (Eric Wa u t e r s , Topographie et pit- hétérochronique; Conclusion. toresque de l’Extrême-Orient: la description de l’Asie Il quinto, «Traversées du temps et de l’histoire» (pp. orientale dans le “Dictionnaire géographique portatif” de 187-210), comprende Le temps à une échelle individuelle Vosgien, pp. 19-30) al racconto di viaggio (Ana Maria e et collective; Un immortel à travers le temps et l’Histoire; Bi n e t , La diffusion au x v i i siècle de l’oeuvre “Pérégrina- Représentations de l’Histoire dans sa longue durée; Le pas- tion” (1614), récit des aventures en Extrême-Orient de sé mis en relation avec le présent; Conclusion. l’écrivain-marchand-diplomate portugais Fernao Mendes Il penultimo, «Reconstructions du temps et de l’His- Pinto (1510-1583), pp. 31-41), alla relazione di stampo toire» (pp. 211-246), è suddiviso in Les personnages umanista (Hugues Di d i e r , Matteo Ricci (1552-1610): hétérochroniques; Les objets producteurs d’hétérochronie; une découverte humaniste de la Chine, pp. 43-49). Les jeux avec le temps; La relecture de Vico par Fuentes et Segue la sezione intitolata «Images, influence et ses effets sur la représentation de l’Histoire dans Terra No- rejet», in cui confluiscono interventi consacrati alle stra; Conclusion: un roman historique hétérochronique au numerose e varie modalità di scambi culturali tra Oc- service d’une polyphonie de l’Histoire. cidente e Oriente, luci e ombre: Isabelle Gr é g o r si Nel settimo e ultimo capitolo, «Visions hétérochro- occupa di Un représentant des Lumières en Extrême- niques du monde» (pp. 247-280), troviamo i paragrafi Orient: Bougainville, écrivain et espion (pp. 53- 64); L’inscription du passé dans le présent; Les finalités de Gérard Si a r y parla di Traces de Japon et d’Indes orien- e e l’hétérochronie dans Les anges rebelles; Conclusion. tales dans les représentations des x v i i et x v i i i siècles en Chiude il volume «Conclusion sous forme d’essai» Europe (pp. 65-77); Akira Ha m a d a presenta Le Japon (pp. 281-292), e un’ampia bibliografia, suddivisa in «Bi- au travers des versions franciscaines des premiers mar- bliographies compilées» (pp. 293-318), «Bibliographie tyrs de Nagasaki (pp. 79-89); Alain Ro c h e r analizza commentée de romans hétérochroniqes» (pp. 319-374), alcune Variations jésuites sur quelques thèmes bouddis- «Index» (pp. 375-385). tes (pp. 91-101); e Marie-Véronique Ma r t i n e z illustra [f r a n c e s c a f o r c o l i n ] L’influence de l’art guerrier d’Extrême-Orient en Europe (pp. 103-112). La terza parte è dedicata a «Les Arts». La apre Ni- Aa.Vv., L’Extrême-Orient dans la culture européenne colas Di d i e r con un articolo di ampio respiro, La con- e e des x v i i et x v i i i siècles, actes du 7e Colloque du Cen- naissance de l’art permet-elle d’aimer la Chine? Présen- e e tre de Recherches sur l’Europe classique (x v i i et x v i i i ce et absence de l’histoire de l’art extrême-oriental dans siècles), Université Michel de Montaigne - Bordeaux 3, les écrits des missionnaires en Chine à l’époque moderne 22 et 23 mai 2008, édités par Florence Bo u l e r i e , Marc (pp. 115-131); segue Stéphane Ca s t e ll u c c i o che si oc- Fa v r e a u , Eric Fr a n c a l a n z a , «Biblio 17» 183, Gunter cupa di porcellana cinese e giapponese (Savoir appré- Narr Verlag, Tübingen, 2009, pp. 251. cier la belle porcelaine de Chine et de Japon: les critères e e de choix des amateurs des x v i i et x v i i i siècles, pp. 133- Prefato dal direttore del Centre de Recherches sur 149); due contributi si soffermano sul collezionismo l’Europe classique, Charles Ma z o u e r , il volume racco- di oggettistica estremo-orientale, Constance Bi e n a i m é

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in area francese (Les objets «de la Chine» dans les col- Furetière et des Perrault dans la traduction de l’Enéide lections des ducs de Chaulnes, pp. 151-165), Marc Fa­ de Virgile au siècle classique (pp. 33-54). Qui vengo- v r e a u in area spagnola (Les objets extrême-orientaux à no analizzate diverse traduzioni dell’Eneide – l’Aenei- e e la cour d’Espagne aux x v i i et x v i i i siècles, pp. 167-177). de Travestie di Furetière, l’Enéide Burlesque dei fratelli Chiude la sezione una musicologa, Bénédicte Pe r c h e - Perrault e il Virgile Travesti di Scarron –, interpreta- r o n , con un articolo su Les représentations de la Chine zioni burlesques che criticano tono e stile del testo ori- dans les opéras baroques et classiques (pp. 179-191). ginale. Infine, la parte su «Langue, littérature et philosophie». Il terzo contributo, Éléments de traductologie dans Bai Zh i m i n ripercorre La «découverte» de la langue chinoi- l’herméneutique de Jean Amos Comenius (1592-1670) e e se par les Français aux x v i i et x v i i i siècles (pp. 195-202); di Daniel S. La r a n g é (pp. 55-68), mira ad analizzare Jacques Ma r x illustra i Combats philosophiques autour de l’approccio traduttivo del vescovo Comenius, il quale la stèle de Si Ngan Fou (pp. 203-218); Meng Hu a studia ha subordinato la sua attività alla parola di Dio, ricer- L’inspiration chinoise dans la création littéraire de Voltaire cando nella traduzione efficacia e verità. Sensibile al (pp. 219-230); e Laurence Si e u z a c presenta i modi di rap- ritmo di ogni lingua specialmente nella resa dei salmi, presentazione della donna asiatica nella narrativa europea il vescovo attende l’avvento di una lingua universale, la settecentesca («Belle princesse du sang de la Chine». Réa- panglottia, vera e pura. lité et représentation de la femme asiatique dans quelques Segue l’intervento di Claire Pa s c a l , Métamorphoses e œuvres du x v i i i siècle, pp. 231-245). du Cantique des cantiques: Le Cantique des cantiques, Éric Fr a n c a l a n z a si fa carico poi di tirare le fila entre traduction et interprétation, de la poésie précieuse del discorso suggerendo l’ipotesi che i contatti con à Voltaire (pp. 69-84). Qui l’autrice esplora le diverse l’Estremo Oriente abbiano aiutato l’Europa dei secoli letture del Cantico dei cantici, interpretazioni che na- x v i i e x v i i i a darsi un’identità, e che questo all’epoca scono dalle molteplici traduzioni; in particolare fa ri- si cercasse più di quanto non si ambisse alla conquista ferimento a quella di Voltaire del 1759, traduzione che del diverso o del lontano, forme entrambe – comun- si allontana dallo statuto sacro del testo di partenza, que – la ricerca identitaria e l’ansia di dominio, del creando scandalo. Desiderio in senso lato (Conclusions: vers un nouvel Il contributo successivo è di Hilla Ka r a s , dal tito- Orient, pp. 247-251). lo La Curne de Sainte-Palaye – traducteur: “Pas si bel- [g a b r i e ll a b o s c o ] le, mais bien fidèle?” (pp. 85-98), dove il tentativo di fedeltà al testo medievale Aucassin & Nicolette è mes- so in discussione dall’eliminazione di diversi passaggi Aa.Vv., Théories et pratiques de la traduction aux inerenti al Paradiso e all’Inferno, come in una sorta di e e x v i i et x v i i i siècles. Actes de la journée d’études du autocensura. e e Centre de recherches sur l’Europe classique (x v i i et x v i i i Segue Branko Al e ks i c con Casanova, théoricien et siècles), Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3, practicien de la traduction (pp. 99-114). Il traduttore 22 février 2008, Gunter Narr Verlag, Tübingen, 2009, poliglotta Casanova amplia e adatta i testi tradotti, tra- pp. 157. sponendo in Italia i romanzi di Mme Riccoboni e Mme de Tencin, e sopprimendo inevitabili anacronismi. Il volume raccoglie gli interventi presentati durante Juan Ji m é n e z -Sa l c e d o , con Cartas Persianas, ou la la giornata di studi al Centre de recherches sur l’Europe traduction des Lettres Persanes par José Marchena (pp. classique, che ha avuto luogo a Bordeaux il 22 febbraio 115-126), analizza il traduttore delle Lettres Persanes 2008. L’obiettivo del seminario era quello di analizzare (1818), ripreso nel capitolo successivo come traduttore le traduzioni elaborate in Europa nel corso di due se- di Molière da Jean-Marc Bu i g u è s , nell’articolo L’abbé coli, il x v i i e il x v i i i , poiché l’età classica è al centro dei Marchena: un traducteur de Molière au service du roi dibattiti del laboratorio. Joseph Ier d’Espagne (pp. 127-140). I testi approfonditi nei dieci capitoli di cui è compo- Nicolas Cl a ss ci presenta Hölderlin devant la traduc- sto il volume sono perlopiù letterari e sacri. I contribu- tion (pp. 141-152): le traduzioni del poeta tedesco (prin- ti sono di natura varia: studi comparatistici su diversi cipalmente Antigone e Edipo Re di Sofocle), caratteriz- autori, monografie su traduttori specifici e problemati- zate da rigore e attenzione, vennero prese in considera- che inerenti il burlesque o la traduzione di testi religio- zione solamente nel x x secolo, sottolinea l’autore. si. A guisa d’introduzione troviamo l’Avant-propos di Chiude il volume Yen-Maï Tr a n -Ge r v a t , con Enjeux e Charles Ma z o u e r (pp. 9-10) e la Présentation di Michel d’une Histoire des traductions en langue française, x v i i - e Wi e d e m a n n (pp. 11-16), che presenta sinteticamente x v i i i siècles (pp. 153-157), contributo che si distingue ogni articolo pubblicato. dagli altri in quanto analisi dell’opera collettiva di Jean- Se nell’età classica vediamo il diffondersi delle tra- Yves Masson e Yves Chevrek. Composto da diversi vo- duzioni dette “belles infidèles” – il traduttore si allon- lumi tra i quali ha particolare importanza per il Centre tana dal testo di partenza, modernizzandolo per avvi- quello dedicato all’età classica, e curato da Annie Coin- cinarsi al gusto dei lettori, elaborando dunque un di- tre e dallo stesso Tran-Gervat, è uno studio comparati- verso tipo di prosa e di stile –, troviamo anche autori stico ancora in corso. che si discostano dall’approccio in voga, dando mag- [f r a n c e s c a f o r c o l i n ] giore importanza alla coerenza, allo stile, al registro del texte-source, rifiutando aggiunte e parafrasi. Lontano dall’“infedeltà” del difensore della traduzione libera Aa.Vv., Les écritures secrètes, études réunies et pré- Perrot d’Ablancourt, si situa Michel de Marolles, tra- sentées par Michel Br i a n d , Colette Ca m e l i n et Liliane duttore studiato da Marie-Claire Ch a t e l a i n , nel pri- Lo u v e l , «La Licorne», Presses Universitaires de Ren- mo capitolo dal titolo Marolles traducteur des Élégia- nes, 87, 2009, pp. 315. ques latins (pp. 17-32). Marolles traduce – e non “imi- ta” – restando legato al testo di partenza, e distinguen- Il volume raccoglie gli atti del convegno tenutosi alla do nettamente la traduzione dal commento. Maison des Sciences de l’Homme et de la Société (Uni- Segue lo studio di Dorothée Li n t n e r , Traduction et versité de Poitiers) dal 21 al 23 settembre del 2007, il e travestissement au x v i i siècle: l’apport de Scarron, de cui obiettivo era quello di classificare le diverse forme

sf161.indb 423 22-07-2010 12:15:00 424 Rassegna bibliografica

di scritture segrete – codici, scritture clandestine, ma- conceptions ésotériques de l’écriture dans la poésie fin- noscritti dissimulati, samizdat, pseudonimi, romanzi à de-siècle, ou les voies secrètes du symbolisme, pp. 165- clé, testi ermetici – per individuarne le caratteristiche 181) al segreto inviolabile rappresentato da Orlando di specifiche. Virginia Woolf (Nathalie Pa v e c , Figurer le secret: une Un oggetto di studio definito dalla segretezza com- esthétique ludique du simulacre chez Virginia Woolf, porta tre ordini di interrogativi: che tipo di codificazio- pp. 183-196); dalla doppia vacanza di autore e lettore ne la scrittura mette in atto (con la conseguente deco- nella concezione poetica di Paul Celan (Frédéric Ma r - dificazione); che ruolo hanno rispettivamente autore e t e a u , Paul Celan et l’évidente obscurité du poème, pp. destinatario della scrittura; e di che natura è il segreto. 197-209) alla poesia di Jouffroy nella quale il soggetto L’introduzione, a firma dei curatori, illustra la varie- si esibisce per meglio nascondersi come forma di resi- tà delle problematiche affrontate, e l’ampiezza dell’ar- stenza alla società dello spettacolo (Dominique Bi o t , co cronologico come dell’orizzonte spaziale presi in La poésie d’Alain Jouffroy: élaboration rhétorique du considerazione (Des écritures cryptées au travail secret secret, pp. 211-224). Conclude la sezione un articolo de la littérature, pp. 7-20). su un romanzo contemporaneo ma scritto alla maniera Gli interventi sono poi organizzati in quattro sezio- di Sterne e in cui i segreti sono molteplici – di famiglia, ni. La prima, «En guise d’ouverture», introduce la se- politici, diplomatici, dello scrittore (Véronique Al e x a n - gretezza intesa come elemento strutturale dell’atto di d r e , Le statut des énigmes dans “What a carve up!” de scrittura tramite l’esempio del passaggio dall’infanzia Jonathan Coe, pp. 225-237). silenziosa alla narrazione finzionale (Gisèle Bi e n n e , La quarta e ultima sezione presenta e interroga al- Être à soi-même un secret, pp. 23-28), e poi attraver- cune teorie. Denis Bo i ss a u riflette da filosofo sullo sta- so la voce di un’autrice, Fanny Ho w e , che presenta tuto di colui, l’autore, che detiene il segreto, quest’ul- il proprio romanzo The Deep North, edito negli Stati timo considerato non come qualcosa ch’egli nasconde Uniti nel 1988 e tradotto da Mercure de France nel ma come ciò che gli garantisce la sua autorialità (Se- 1997, che quel passaggio mette in atto (Hidden faces, cret, c’est pas…, enfin je crois, pp. 241-256). Anne-Lise pp. 29-32), cui fa seguito una lettura critica dello stesso Wo r m s risale alla teoria letteraria dei neoplatonici per romanzo da parte di Bénédicte Ch o r i e r -Fr y d (Secret i quali la poesia, non inferiore alla filosofia, è il luogo du retournement dans “Nord profond” de Fanny Howe, del senso nascosto (Les énigmes d’Homère: à propos de pp. 33-38). la théorie littéraire des néoplatoniciens, pp. 257-272). La seconda sezione s’intitola «Cryptages» e passa in Florian Pe n n a n e c h si occupa di Roland Barthes e della rassegna varie forme di scrittura criptata in testi molto Nouvelle critique con l’idea che egli ritardi il decifra- lontani tra loro: da quelli omerici, dove la lingua se- mento dell’opera posponendola alla sua analisi forma- greta è associata a una situazione di conflitto (Sylvie le, ovvero che l’opera sia per lui il segreto e la chiave Pe r c e a u , La langue secrète dans l’épopée homérique, per risolverlo (Le sens caché de la forme, pp. 273- 290). pp. 41-60), alla corrispondenza clandestina di Marie- E Francesca Ma n z a r i conclude con Derrida e la scrit- Antoinette (Claude Be n o i t , L’écriture secrète de Marie- tura plurale che, come il sogno, non si esaurisce in un Antoinette, pp. 61-72), all’opera di Oscar Wilde, in- senso e si apre invece facendosi inesauribile (Écriture ventore di nomi segreti per provocazione (Emmanuel derridienne et langage des rêves: le secret, l’inconscient Ve r d a n a k i s , «Les noms comptent plus que tout!»: se- et la poésie, pp. 291- 304). cret, provocation et constructions identitaires dans l’œu- Il volume comporta anche alcune utili pagine con- vre d’Oscar Wilde, pp. 73-86), a un esempio di scrit- clusive che informano su attività e ricerche di ognuno tura segreta imposta dalla dittatura nazional-socialista degli autori. (Arvi Se p p , «Témoigner jusqu’au bout»: les journaux in- [g a b r i e ll a b o s c o ] times de Victor Klemperer comme éciture secrète sous le national-socialisme, pp. 87-104). Chiude la sezione un intervento consacrato a un autore contemporaneo La u r e n t Du b r e u i l , L’état critique de la littérature, che considera la scrittura come una forma di dissiden- Hermann éditeurs, Paris, 2009 («Savoir Lettres»), pp. za contro l’assurdità imperdonabile del mondo e che 222. di conseguenza cripta l’utopia (Simon Sa i n t -On g e , Ce que crypter veut dire ou l’expression utopique chez An- La formazione di Laurent Du b r e u i l ha avuto una toine Volodine, pp. 105-120). forte impronta filosofica, oltreché letteraria, essendo La seconda parte del volume è dedicata alle «Ru- stato – come si può leggere sulla sua homepage perso- ses de l’art», ovvero alle scritture segrete nella pittura. nale all’interno del sito dell’Università di Cornell – al- Béatrice La u r e n t studia Le renouveau de l’herméneu- lievo di grandi maestri quali Jacques Derrida ed Um- tique médiévale dans l’iconographie préraphaélite (pp. berto Eco. Un’impronta che è largamente rintraccia- 123-140); Isabelle He r s a n t si occupa di artisti – Ma- bile all’interno di questo suo L’état critique de la lit- gritte, Filliou, Weiner – che usano la parola a firma o térature, nel quale la letteratura non viene trattata né commento delle loro opere o all’interno delle stesse la- come qualcosa di astratto, slegato dal mondo e dalle vorando su una sostituzione di senso, come risposta al altre discipline e rinchiusa in se stessa, né come un sot- venir meno storico del senso («Ceci est un poème et toinsieme di altre scienze sociali o umane, bensì come demi». Phrase surréaliste, vers Fluxus, axiome concep- uno strumento di indagine, esplorazione e connessione tuel: quand les mots de la langue font l’art comme lan- di queste dottrine e del mondo: «La littérature est plu- gage, pp. 141-152). Mentre all’opposto Anne Ull m o si tôt l’épreuve des autres modes intellectifs et des savoirs occupa di Rikki Ducornet e dell’uso che egli fa, nella instituées». Oltre a questo, l’interesse dell’autore per la scrittura, del riferimento alla pittura barocca (“The Ja- letteratura è anche indirizzato verso un’analisi delle in- de Cabinet” de Rikki Ducornet: la langue et son venin, fluenze che essa può avere sul linguaggio e sull’espres- pp. 153- 162). sione, in particolare per quanto riguarda l’espressione Segue la sezione intitolata «Poétique» che compren- del non-stabile. de studi in cui sono analizzati generi diversi di segre- Le tre discipline che vengono prese in esame sono la tezza letteraria: dall’esoterismo in contesto simbolista filosofia, la storia e la critica; pur essendo il testo sud- (Paul-André Cl a u d e l , Le hiéroglyphe et le grimoire: diviso in tre parti che corrispondono a questi tre temi,

sf161.indb 424 22-07-2010 12:15:00 Opere generali e comparatistica 425

l’autore si premura di dirci che nella sua analisi essi ripensamento delle proprie caratteristiche che le porti non sono separati, bensì tenuti insieme. ad una ricostituzione più consapevole. Il testo si apre con il capitolo «Le penser littéraire» (pp. 5-10), una sorta di introduzione nella quale Du- [o r l a n d o b o n s e r i o ] breuil ci espone la propria “poetica” e ci presenta il piano dell’opera: «Je veux modifier la lecture régulée des œuvres que je commente, tout en avançant dans Aa.Vv., Archéologie du moi, textes réunis par Gisèle mon propos sur la ruine du concept, sur les inévitables Be r k m a n et Caroline Ja c o t Gr a p a , Saint-Denis, Pres- glissements du nom de l’histoire, sur l’état critique où ses Universitaires de Vincennes, 2009, «La Philosophie se met – et nous met – la littérature lorsqu’elle répond hors de soi», pp. 236. aux autres discours» (p. 10). La prima parte, quella più filosofica, si intitola ap- Atti del convegno organizzato il 29 e 30 novembre punto La ruine du concept, e mira ad attribuire alla let- 2007 alla Bibliothèque des Cerclades dell’Université de teratura una sorta di ruolo di decostruzione della filo- Cergy-Pontoise, il volume indaga – dall’Antichità lati- sofia, o comunque di una filosofia chiusa in se stessa, na ai Lumi e dai Lumi alla modernità – i contorni di una “filosofia-tempio”. Ecco perché, allora, il primo una figura a tratti labile ma persistente persino nell’era capitolo è «Le temple: Nerval» (pp. 15-39), e in esso della “morte dell’autore”: il moi. Sylvie viene letta come emblema di una letteratura che Alla luce, e sollecitati da quella che opportunamente sia “rovina”, “conflagrazione” della parola filosofica. le curatrici chiamano nella loro introduzione “la que- Se Nerval si rifà a Rousseau, Genet si immette sulla relle du Sujet” sviluppatasi nella seconda metà del x x scia di Descartes. «Une palinodie du philosophique: secolo (Gisèle Be r k m a n et Caroline Ja c o t Gr a p a , Que- Genet» (pp. 41-57) studia il Journal du voleur come stions pour une archéologie du moi, pp. 5-20), gli auto- decostruzione dell’idea di concetto filosofico, dando -al ri dei contributi raccolti nel volume ricostruiscono le la parola letteraria il potere di assumere su di sé la con- alterne vicende di una nozione la cui prima incertez- traddizione, la non-identità, tramite la dimensione del za è di natura lessicale. Da un’epoca all’altra e da una solitario, di un io che, grazie alla scrittura, si fa monade lingua all’altra, il pronome è stato sostituito, scavato, «qui contient la totalité inhumaine et se confond avec investito, svuotato, rilegittimizzato, abolito e ripreso: elle» (p. 55). L’ultimo capitolo di questa prima parte a testimonianza della sua problematicità, ma insieme è «L’écart du savoir: Maupassant» (pp. 59-76). Tutta della sua forza. l’opera di questo scrittore mira a far coesistere il let- Tre le sezioni che strutturano il discorso: partendo terario ed il filosofico all’interno dei testi, mettendo in dal clivage tra il moi seicentesco e quello settecentesco, evidenza i limiti del secondo grazie all’esplorazione di che per convenzione – a partire soprattutto dagli studi una dimensione fantastica che va oltre il razionale e la sul genere autobiografico di Philippe Lejeune – si suo- logica. le considerare inaugurale di una concezione moderna La seconda parte è intitolata Le nom de l’histoire, del soggetto, per poi passare alla riflessione filosofica ed il primo capitolo è «Le signe du révolu: Baudelai- sulla nozione, e infine approdare agli esiti novecente- re» (pp. 81-102), nel quale l’autore studia Le cygne schi, quindi i più diversi e aperti, della stessa, a caval- per esprimere l’idea che la storia letteraria deve ab- lo tra principio d’identità e esigenza di depersonaliz- bandonare la sua pretesa di totalità per assumere su zazione. di sé la coscienza della propria discontinuità. Seguono La prima parte è intitolata «Scènes du moi» e com- «Comme une hantise: Sartre» (pp. 105-122), nel qua- prende gli interventi di Liliane Pi c c i o l a consacrato a le la storia letteraria viene necessariamente vista come Corneille (La quête de soi sur la scène cornélienne: du “in situazione”, e nel quale Dubreuil vede buona par- «moi» éclatant au «moi» éclaté, pp. 23-40); di Sabine te dell’opera sartreana come un tentativo di fuga dal Ch a o u c h e su Diderot («Cachez ce Moi que je ne saurais fantasma di Kafka; e «Projets et totalité: Bataille» (pp. voir…». De la philosophie de l’art théâtral à la philoso- 123-152), dove si studiano i commenti, le critiche e i phie de l’esprit: la subjectivité de l’acteur chez Diderot, punti cardine di quella che è, per Bataille, la storia uni- pp. 41-60); di Frédéric Le Bl a y sulla lettera vista co- versale. me luogo di esplorazione del moi attraverso il prisma L’ultima parte (La vie de l’œuvre), che prende in esa- del pensiero stoico e le sue influenze, da Montaigne me la critica, è incentrata su Proust, Artaud e, anco- a Rousseau (Aux origines de l’individu: esquisses anti- ra una volta, Nerval. In «Hypercritique: Proust» (pp. ques, pp. 61-82); di Rudy Le Me n t h é o u r sul moi delle 157-172) viene studiato come «la progressive transfor- Confessions e il superamento dei presupposti classici mation du Contre Sainte-Beuve en la Recherche permet- della conoscenza di sé tramite la sintesi tra interiorità e tra de poser l’hypothèse d’une intensité hypercritique antropologia (Rousseau, médecin du moi, pp. 83-94); e qui n’est pas purement adventice à la littérature, mais quello di Etienne Be a u l i e u su Benjamin Constant e la en forme de nécessité» (p. 156); per quanto riguarda tensione paradossale che si delinea nella sua opera tra «Vérifier l’intensité: Artaud» (pp. 173-188), vengono soggetto privato e soggetto pubblico (La souveraine in- presi in esame gli ultimi anni di quest’autore, duran- différence de Benjamin Constant, pp. 95-108). te i quali egli si è costantemente applicato – allo stesso La seconda sezione, «Sciences du moi», prende in tempo – ad una critica della critica, ma anche ad una esame il moi non più in termini di rappresentazione, critica verso se stesso (l’unica critica possibile, secondo bensì di elaborazione teorica in diversi ambiti: psicolo- lui); infine «La théorie composite: Nerval» (pp. 189- gia, antropologia filosofica, psicanalisi. Anne Du r a n d 205) analizza Aurélia come una sorta di mise en œu- studia La critique du Moi dans la philosophie de Lud- vre, di rilettura e armonizzazione di tutta l’opera ner- wig Feuerbach (pp. 111-126). Sandra Je n ss e n si occu- valiana. pa della comparsa, nella modernità, dell’interrelazione Quello che traspare da questi saggi è l’idea di una tra psicologico e sociale (Figures d’une subjectivité né- letteratura che, portandosi ai limiti estremi di discipli- gative, 1850-1950, pp. 127-141). Madeleine Mi c h e a u ne come filosofia, storia, critica, debba metterne in cri- illustra l’elaborazione clinica della nozione di moi in si i principi costitutivi, esplicitandone le mancanze, gli Freud (Le moi dans la théorie freudienne, pp. 143-152). scacchi, e farle implodere su se stesse, ma al fine di un Concludono Daniel De r i v o i s , Ming-Sung Ki m e Ludo-

sf161.indb 425 22-07-2010 12:15:00 426 Rassegna bibliografica

vic Iss a r t e l che presentano i risultati di un’indagine Michaux (Face au “Plume” de Michaux: penser son moi, sociologica condotta sul campo da cui risulta che il moi pp. 181- 196). L’ipotesi di un “ritorno” dell’autore nel è una costruzione occidentale (Vers un moi intercultu- romanzo d’inizio x x i secolo è avanzata da Sylvie Du c a s rel: trajectoires du Moi en situation migratoire et inter- (Archéologie du moi et fable auctoriale dans les fictions culturelle, pp. 153-161). contemporaines: un espace d’invention, pp. 197-210). La terza parte, «Moi de papier», raccoglie interventi Mentre Florian Pe n n a n e c h chiude il volume con Ro- che analizzano rappresentazioni varie del soggetto, dal land Barthes, al centro della “querelle du sujet” e mal- surrealismo a oggi. Patrick Po g n a n t studia una parti- grado ciò, a suo avviso, riscopritore da un certo punto colare forma di soggettivazione erotica in René Crevel in poi di un Moi, ingannevole ma salutare (L’œuvre-su- (“Mon corps et moi” de René Crevel. Le roman d’une jet chez Roland Barthes, pp. 211-224). impossible conciliation, pp. 165-180). Sylvie Sa n t i indi- vidua una sorta di processo del moi intentato da Henri [g a b r i e ll a b o s c o ]

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