REPUBLIQUE FRANÇAISE

DEPARTEMENT ARRONDISSEMENT DES ALPES-MARITIMES DE GRASSE

S I A Q U E B A

Syndicat Intercommunal de l’Amélioration de la Qualité des Eaux de la Brague et de ses Affluents

SUIVI DE LA QUALITE DES EAUX DE LA BRAGUE ET DE SES AFFLUENTS

Campagne 2008

RAPPORT DE PRESENTATION DES RESULTATS

AVRIL 2009

SIAQUEBA Siège : Mairie d' - Juan les Pins - Cours Masséna - 06600 ANTIBES Adresse administrative : c/o CASA – Les Genêts – 449, route des Crêtes – BP43 – 06901 SOPHIA-ANTIPOLIS cedex tel : 04 89 87 70 05 - fax : 04 89 87 70 21

Le suivi de la qualité des eaux de la Brague et de ses Affluents réalisé en 2008 a bénéficié de l’aide financière des partenaires institutionnels du syndicat :

• Agence de l’Eau Rhône – Méditerranée – Corse : 40% • Région Provence - Alpes - Côte d’Azur : 30% • Conseil Général des Alpes-Maritimes : 10%

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SOMMAIRE

SYNTHESE SUIVI DE LA QUALITE DES EAUX DE LA BRAGUE –CAMPAGNE 2008- ...... 6

1 CONTEXTE GENERAL ...... 8 1.1 CONTEXTE DE L ’ETUDE ...... 8 1.2 LE BASSIN VERSANT DE LA BRAGUE ET SES ENJEUX ...... 9 1.3 LA RESSOURCE EN EAU ...... 10 2 BILAN DE LA CAMPAGNE 2008 ...... 11 2.1 PROTOCOLE DE MESURE ...... 11 2.2 SITUATION METEOROLOGIQUE ET HYDROLOGIQUE ...... 12 2.2.1 Météorologie ...... 12 2.2.2 Hydrologie ...... 14 Débits mesurés lors des campagnes de prélèvement ...... 14 Assecs ...... 16 2.3 QUALITE PHYSICO -CHIMIQUE – MESURES IN SITU ...... 17 2.3.1 Température de l’eau ...... 17 2.3.2 pH ...... 17 2.3.3 Conductivité ...... 18 2.4 QUALITE PHYSICO -CHIMIQUE – ANALYSES ...... 20 2.4.1 Matières organiques et oxydables ...... 20 2.4.2 Matières azotées : l’ammonium ...... 26 2.4.3 Matières phosphorées ...... 27 2.4.4 Nitrates ...... 28 2.4.5 Particules en suspension ...... 30 2.5 ANALYSES BACTERIOLOGIQUES ...... 31 2.5.1 Escherichia coli ...... 31 2.5.2 Entérocoques ...... 32 2.5.3 Suivi bactériologique a l’embouchure de la Brague ...... 33 2.6 HYDROBIOLOGIE ...... 35 2.6.1 Population d’invertebres benthiques ...... 35 2.6.2 Population halieutique ...... 35 2.7 SYNTHESE QUALITE GENERALE DES EAUX EN 2008 ...... 36 3 ETUDE SPECIFIQUE SUR LA ZONE ST BERNARD /CLAUSONNES ...... 37 3.1 CONTEXTE GENERAL ...... 37 3.2 METHODOLOGIE D ’ETUDE ...... 38 3.2.1 Description des stations d’observation ...... 38 3.2.2 protocole de prélèvement ...... 39 Mesures ponctuelles ...... 39 Mesures en continu ...... 39 Analyses d’échantillons d’eau ...... 40 Traitement des données ...... 40 3.3 RESULTATS ...... 41 3.3.1 Observations par station ...... 41 3.3.2 Résultats des mesures in situ ...... 41 3.3.3 Résultats des analyses et interprétation ...... 45 3.4 ENQUETES ET INVESTIGATIONS ...... 47 3.4.1 Evaluation de l’impact des grands équipements ...... 47 Gare de Péage autoroutier ...... 47 Usine d’incinération ...... 48 Réseaux d’eaux usées ...... 49 3.4.2 Enquêtes sur les réseaux ...... 49

2 4 ETUDE DES SOURCES DE POLLUTION ...... 51 4.1 REJETS DES STATIONS D ’EPURATION ...... 51 4.1.1 Station d’épuration d’Opio - Châteauneuf ...... 51 4.1.2 Station d’épuration de Plascassier ...... 53 4.1.3 Station d’épuration des Bouillides ...... 54 4.1.4 Impact des stations d’épuration sur la Brague ...... 55 4.1.5 Synthèse et perspectives ...... 56 4.2 REJETS DIFFUS ...... 57 4.3 POLLUTIONS ACCIDENTELLES ET POLLUTIONS SAUVAGES ...... 57 4.4 POLLUTIONS INDUSTRIELLES ...... 59

ANNEXES

(Dossier détaché)

ANNEXE 1 - BASSIN VERSANT DE LA BRAGUE ET POINTS DE MESURE

ANNEXE 2 - RESULTATS COMPLETS DES ANALYSES PHYSICO-CHIMIQUES

ANNEXE 3 - CARTES D’INTERPRETATION SEQ

ANNEXE 4 - RESULTATS DES ANALYSES PHYSICO-CHIMIQUES DE L’ETUDE SPECIFIQUE SUR LA ZONE St Bernard / Clausonnes

ANNEXE 5 - FICHES D’ENQUETE DES RESEAUX PRIVATIFS

ANNEXE 6 - DONNEES SUR LES STATIONS D’EPURATION

3 TABLES DES FIGURES

Figure 1: Localisation des stations de mesure sur le bassin versant de la Brague...... 11 Figure 2 : Diagramme ombrographique de Nice en 2008 ...... 12 Figure 3 : Données sur précipitations 2008 ...... 12 Figure 4 : Graphique des températures moyennes mensuelles à Nice en 2008 ...... 13 Figure 5 : Graphique des débits journaliers mesurés à la station de Plan St Jean -Biot- en 2008 (m3/s) .14 Figure 6 : Evolution des débits sur les différentes stations de la campagne (échelle logarithmique) .16 Figure 7 : Graphique de l’évolution des températures de l'eau ...... 17 Figure 8 : Graphique de l’évolution du pH de l'eau ...... 18 Figure 9 : Graphique de l’évolution de la conductivité de l'eau ...... 19 Figure 10 : Graphique de la Demande Biologique en Oxygène sous 5 jours -DBO5- ...... 21 Figure 11 : Graphique de l'oxygène dissous ...... 22 Figure 12 : Graphique du taux de saturation en oxygène dissous ...... 23 Figure 13: Graphique du Carbone Organique Dissous -COD- ...... 24 Figure 14 : Graphique de l'Ammonium –MOOX- ...... 25 Figure 15 : Graphique de l'Ammonium -MA- ...... 26 Figure 16 : Graphique du phosphate ...... 27 Figure 17 : Graphique du nitrate ...... 29 Figure 18 : Graphique des MES ...... 30 Figure 19 : Graphique Escherichia Coli (échelle logarithmique) ...... 31 Figure 20 : Graphique Entérocoques (échelle logarithmique) ...... 32 Figure 21 : Graphique E.Coli à l'embouchure de la Brague ...... 33 Figure 22 : Graphique Entérocoques à l'embouchure de la Brague ...... 33 Figure 23 : Carte de localisation des stations de suivi sur la zone St Bernard / Clausonnes .38 Figure 24 : Photo des eaux blanchâtres du vallon de Cine (Station B) ...... 41 Figure 25 : Photo du vallon de Cine (Station C) ...... 41 Figure 26 : Légende communes des graphiques ...... 41 Figure 27 : Graphique de l’évolution longitudinale du pH ...... 42 Figure 28 : Photo des détritus extraits du vallon de Cine ...... 42 Figure 29 : Graphique du pH enregistré régulièrement entre la station C et D du 16 au 24 juillet 2008 ...43 Figure 30 : Graphique de l’évolution longitudinale de l'oxygène dissous ...... 44 Figure 31 : Photo aérienne de la plate forme d'autoroute est ...... 47 Figure 32 : Photo aérienne de la gare de péage ouest ...... 47 Figure 33 : Photo du hangar de stockage des mâchefers ...... 48 Figure 34 : Photo du bassin de rétention des eaux de voiries ...... 48 Figure 35 : Photographie des traçages par fluorescéine ...... 49 Figure 36 : Synthèse annuelle des débits de la STEP d'Opio/Châteauneuf...... 51 Figure 37 : Rendements épuratoires mensuels de la STEP d'Opio-Châteauneuf pour l’année 2008 ..52 Figure 37 : Rendements épuratoires mensuels de la STEP de Plascassier pour l’année 2008 ...... 53 Figure 38 : Rendements épuratoires mensuels de la STEP des Bouillides pour l’année 2008 ...... 54 Figure 40 : Photographies de la surverse de la canalisation d'EU à Châteauneuf ...... 58

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TABLES DES TABLEAUX

Tableau 1 : Récapitulatif des débits mesurés lors des campagnes ...... 15 Tableau 2 : Demande Biologique en Oxygène sous 5 jours (DBO5) en mg/l ...... 20 Tableau 3 : Oxygène dissous (mg/l) ...... 22 Tableau 4 : Taux de saturation en oxygène dissous (%) ...... 23 Tableau 5: Carbone Organique Dissous (COD ) en mg/l ...... 24 Tableau 6 : Ammonium MOOX (mg/l) ...... 25 Tableau 7 : Ammonium - matières azotées - (mg/l) ...... 26 Tableau 8 : Phosphates (mg/l) ...... 27 Tableau 9 : Nitrates (mg/l) ...... 28 Tableau 10 : Matières En Suspension -MES - (mg/l) ...... 30 Tableau 11 : Escherichia Coli (unité/100ml) ...... 31 Tableau 12 : Entérocoques (unité/100ml) ...... 32 Tableau 13 : Contamination bactériologique à l'embouchure de la Brague (été 2008) ...... 33

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SUIVI DE LA QUALITE DES EAUX DE LA BRAGUE ET DE SES AFFLUENTS

- Synthèse campagne 2008 -

SYNTHESE QUALITE GENERALE DES EAUX EN 2008

Malgré un mois de janvier bien arrosé, la sécheresse installée depuis 5 ans sur la région s’est prolongée sur le printemps et l’été 2008. Seule la fin d’année a connu des précipitations abondantes, bien supérieures aux normales.

En termes de qualité physico-chimique, la Brague conserve globalement en 2008 une eau de qualité médiocre. La pollution prédominante est d’origine domestique, caractérisée par des taux élevés en phosphates, nitrates et bactériologie.

Les rejets des trois stations d’épuration (Opio-Châteauneuf, Plascassier et les Bouillides) impactent d’autant plus la qualité des eaux, que la Brague ne dispose pas d’un fort pouvoir d’auto épuration avec les faibles débits de 2008 :

• pour les matières organiques et oxydables, la nette dégradation se manifeste à l’aval des STEP , et s’atténue progressivement par autoépuration, • l’altération vis-à-vis de l’ammonium est importante à l’aval de la STEP d’Opio- Châteauneuf, • tout le secteur amont de la Brague est perturbé par les rejets chargés en phosphates des STEP d’Opio-Châteauneuf et Plascassier, la rivière ne retrouve des concentrations acceptables qu’à l’aval de , • enfin, la qualité de la Brague est fortement dégradée par les rejets massifs de nitrates, particulièrement à l’aval de la STEP des Bouillides, cette dégradation s’observant jusqu’à l’embouchure de la Brague.

La forte contamination bactériologique provient des dispositifs épuratoires collectifs (stations d’épuration) mais également autonomes (fosses septiques). Cette pollution constitue un risque sanitaire pour le milieu, et fragilise les populations aquatiques présentes.

Au droit du débouché en mer, la qualité des eaux s’est toutefois améliorée sur le critère bactériologique après des travaux structurants réalisés par le parc Marineland, ce qui a permis à la ville d’Antibes de lever son interdiction de baignade sur la plage.

ETUDE REALISEE SUR LA ZONE ST BERNARD /CLAUSONNES

Une succession d’observations préoccupantes ont conduit le syndicat à réaliser en 2008 une étude spécifique sur la zone industrielle et commerciale de St Bernard / Clausonnes, en collaboration avec les communes de Vallauris et Valbonne, sur les vallons de Cine, de Gao et la Valmasque.

Ce travail a mis en œuvre des reconnaissances de terrain détaillées, des analyses physico- chimiques des eaux, et des enquêtes auprès des entreprises et activités potentiellement polluantes.

6 Des pollutions significatives en phosphates, détergents, hydrocarbures et laitance de béton ont été identifiées sur le vallon de Cine, et cinq entreprises ont fait l’objet de rappels réglementaires ou de mises en demeure pour réhabiliter leurs équipements privés.

Une évaluation est prévue en automne 2009, après réalisation des travaux de mise en conformité, pour évaluer l’amélioration de la qualité des eaux des vallons.

Les autres grands équipements de la zone, gare de péage de l’autoroute et usine d’incinération, ont mis en œuvre des mesures pour limiter leurs impacts sur l’environnement.

PERSPECTIVES D’AMELIORATION ET AXES DE TRAVAIL

Station d’épuration d’Opio-Châteauneuf : Le traitement est correct mais des dysfonctionnements notables sont relevés en période de pluie du fait d’entrée d’eaux parasites. Le taux de charge nominal de l’installation est dépassé. Les nouvelles normes de rejet en vigueur nécessitent sa mise en conformité. Une étude de réhabilitation de la station, comportant un volet sur la faisabilité d’une réutilisation des eaux traitées pour l’arrosage du golf de la Grande Bastide, est projetée pour 2009.

Station d’épuration des Bouillides : Cette station a d’excellents rendements épuratoires sur les paramètres visés par l’arrêté actuel d’autorisation de rejet, mais son processus épuratoire produit des nitrates en grande quantité. Son extension prochaine à 52 000 équivalents habitants, inclura une filière de dénitrification, et devrait apporter une nette amélioration en réduisant ces flux massifs de nitrates. Aucun dispositif ne semble toutefois prévu pour abattre la bactériologie, paramètre impactant lourdement le milieu et la faune piscicole, comme l’a mis en évidence l’étude menée en 2007 sur la pathologie des poissons.

Autres sources de pollutions (diffuse ou accidentelle) : Les rejets diffus d’eaux usées provenant de raccordements défaillants sur les réseaux d’eaux pluviales, ou de dysfonctionnements de fosses septiques sont nombreux, et ont également un fort impact sur la qualité des eaux. La mise en place d’un contrôle des dispositifs d’assainissement non collectif ainsi que la mise en sécurité progressive des réseaux publics vétustes, permettront de supprimer un grand nombre de ces rejets diffus. La généralisation des SPANC est à promouvoir sur l’ensemble du bassin versant de la Brague. Les problèmes d’interconnexions des réseaux eaux usées / eaux pluviales sont particulièrement sensibles dans les centres urbains anciens. La commune de Valbonne travaille d’ores et déjà sur les équipements de son centre historique, il paraît important de poursuivre ces efforts. Enfin, l’équipement des déversoirs des stations d’épuration et des postes de relevage par des systèmes d’alerte doit être généralisé, afin de réduire les délais d’intervention et atténuer les impacts sur le milieu aquatique.

7 CONTEXTE GENERAL

1.1 CONTEXTE DE L’ETUDE

Le Syndicat Intercommunal de l'Amélioration de la Qualité des Eaux de la Brague et de ses Affluents ( SIAQUEBA ) réalise depuis 2004, le suivi de la qualité des eaux de la Brague et de ses affluents.

Ce programme bénéficie de l’aide technique et financière de l’Agence de l’Eau (subventions allouées de 40%), la Région PACA (subventions allouées de 30%), et le Conseil Général des Alpes-Maritimes (subventions allouées de 10%).

Il bénéficie également de la collaboration technique de la DDEA , de l’ ONEMA , de la Fédération de Pêche des Alpes-Maritimes, de L’AAPPMA « les Amis de la Gaule », et des communes d’Antibes, de Valbonne et de Vallauris.

Ce suivi dresse un état des lieux annuel à partir d’analyses qualitatives (mesures in situ, physico-chimie, bactériologie) et de reconnaissances détaillées de terrain.

Les campagnes successives de suivi de la qualité des eaux de la Brague confirment la dégradation des eaux, due principalement aux apports polluants d’origine domestique (systèmes d’assainissement collectifs ou individuels), conjuguée à un déficit chronique d’eau en période d’étiage.

En 2008, le SIAQUEBA a complété ce travail, par une étude spécifique sur la zone St Bernard/ Clausonnes (communes de Vallauris et Valbonne), identifiée comme étant à l’origine de pollutions industrielles récurrentes du vallon de la Cine, du vallon de Goa et de la Valmasque. Ce travail a été achevé début 2009.

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1.2 LE BASSIN VERSANT DE LA BRAGUE ET SES ENJEUX

La Brague est un petit fleuve côtier qui prend sa source à Châteauneuf et rejoint la mer à Antibes. Son bassin versant de faible taille couvre 70 km 2.

Deux affluents principaux, la Bouillide et la Valmasque, rejoignent le cours principal en rive droite, à Valbonne et à Biot/Antibes.

L’hydrologie est très contrastée, avec des débits d’étiage très bas, et des crues soutenues (à Antibes : débit moyen annuel : 0,4 m 3/s - débit crue centennale : supérieur à 300 m 3/s).

En matière d’occupation des sols, le bassin de la Brague accueille notamment :

• 3 parcs départementaux (Brague, Valmasque, Vaugrenier), qui constituent un patrimoine environnemental très riche, • 7 golfs + 2 practices, • la technopôle de Sophia-Antipolis, • une zone de loisirs étendue dans la basse vallée inondable (Marineland, Antibeland, campings de grandes capacités, …) • un habitat très résidentiel, notamment sur le haut et le moyen bassin.

Les problèmes majeurs et enjeux sont bien identifiés et très classiques dans la région méditerranéenne :

• un problème de ressource en eau, avec des étiages naturellement très sévères et le développement des prélèvements dans les réserves souterraines, • la mauvaise qualité des eaux, liée aux rejets domestiques (stations d’épuration, assainissement autonome), et à la faiblesse des débits, • des inondations dans la plaine alluviale, touchant de vastes zones d’habitat et d’activités économiques et touristiques.

Le milieu aquatique souffre du manque d’eau récurrent en période d’étiage, au cours de laquelle plusieurs tronçons peuvent être à sec. La qualité des eaux est très dégradée, en raison de nombreux rejets diffus d’origine domestique qui ne sont que très faiblement dilués. En période d’étiage, le débit de la Brague est soutenu, voire assuré, par le rejet des stations d’épuration sur les parties hautes et moyennes.

Cet état constitue un facteur limitant majeur pour atteindre un bon état écologique du cours d’eau, tel que prévu dans la Directive Cadre Eau.

9 1.3 LA RESSOURCE EN EAU

La Brague souffre en période d’étiage de débits naturellement faibles.

Cette situation découle en partie par les caractéristiques de l’impluvium, de petite taille et concerné par une pluviométrie modérée.

Elle s’explique surtout par les caractéristiques karstiques de son bassin hydrogéologique, qui favorisent l’infiltration des eaux, et les pertes sur une grande partie de son réseau hydrographique. L’étude menée par le Conseil Général des Alpes-Maritimes (groupement cabinet BRL ingénierie – Christian MANGAN) a permis de connaître et de caractériser le contexte hydrogéologique complexe auquel appartient la Brague. Ces résultats seront exploités à court terme, notamment pour optimiser le réseau de mesures hydrologiques et hydrogéologiques.

Au cours des dernières décennies, la pression des prélèvements s’est nettement accrue avec le développement de l’urbanisation (captages AEP de la Romaine à Antibes, …), des activités de loisirs très consommatrices d’eau (golfs, centre hippique, …), des activités économiques (carrières, pépinières, parc de Sophia-Antipolis, …), qui ont généralement recours à des forages profonds dans les calcaires.

Les prélèvements domestiques se sont multipliés également : un nombre important d’anciens puits agricoles sont utilisés dans la plaine alluviale et de nombreuses villas et copropriétés disposent de forages captant l’aquifère karstique, pour l’arrosage des jardins et l’alimentation des piscines sur l’ensemble du bassin.

Le SIAQUEBA mène une réflexion globale visant à améliorer la connaissance et la gestion des ressources en eau au travers de différentes missions, en particulier :

• L’établissement progressif d’un inventaire des prélèvements d’eau sur le bassin versant de la Brague, contribuant ainsi à la mise à jour de la base de données de la DDEA , et du Conseil Général,

• La réalisation de mesures de débits notamment en période d’étiage, et le suivi des assecs,

• L’étude des pratiques d’utilisation de l’eau des gros consommateurs (golfs, …),

• La sensibilisation du grand public sur les problèmes de sècheresse et sur la nécessité d’une utilisation raisonnée de l’eau,

• La sensibilisation des scolaires sur la fragilité de l’écosystème aquatique et les économies d’eau,

• Des contrôles de terrain en période de sécheresse et de restrictions de la consommation imposées par arrêté préfectoral (situation de mise en vigilance sécheresse en 2008 pour le bassin de la Brague),

• Différentes études préliminaires, notamment :  évolution de l’occupation des sols, des réseaux hydrographiques et des usages sur le bassin versant de la Brague (G. MOREAU – Université de Nice – Sophia-Antipolis - 2005),  étude de la sollicitation des ressources en eau souterraine sur le bassin versant de la Brague (S. OLLAGNIER – Université de Nice – Sophia-Antipolis - 2005),  les golfs sur le bassin versant de la Brague : état des lieux et utilisation des ressources en eau (S. CHATAIGNIE – Université de Bordeaux - 2005),  étude de l’hydrologie de la Brague et de ses affluents - Suivi de l’étiage 2006 (M. PENALVER-NAVARRO – Université de Nice-Sophia-Antipolis – 2006)

10 2 BILAN DE LA CAMPAGNE 2008

2.1 PROTOCOLE DE MESURE

Les 14 stations ont fait l’objet de 4 campagnes de prélèvements, soit une par saison de mars 2008 à décembre 2008.

Figure 1: Localisation des stations de mesure sur le bassin versant de la Brague

Chaque intervention a pris en compte les paramètres suivants :

• Mesures in situ : débits, pH, O 2 dissous, température, conductivité + - 3- • Analyses physico-chimiques : DBO, COD, NH 4 , NO 3 , PO 4 , etc • Analyses bactériologiques : entérocoques, Escherichia coli Les analyses ont été effectuées par le laboratoire de l’environnement Nice Côte d’Azur.

Selon la grille du Système d’Evaluation Européenne ( SEQ -Eau), 5 classes sont définies pour qualifier la qualité de l’eau à partir des résultats des analyses :

 Classe 1A : eau de qualité excellente,  Classe 1B : eau de bonne qualité, avec une pollution modérée,  Classe 2 : eau de qualité moyenne, avec une nette pollution,  Classe 3 : eau de qualité médiocre, avec une pollution importante,  Hors classe 4 : eau de mauvaise qualité, avec une pollution excessive. (Cf annexe 1) La station 14, située sur la Valmasque, n’a pas pu faire l’objet de prélèvement sur les 3 premières campagnes, faute de l’assèchement qu’a connu ce cours d’eau durant une bonne partie de l’année 2008.

11 2.2 SITUATION METEOROLOGIQUE ET HYDROLOGIQUE

2.2.1 METEOROLOGIE

Après une année 2007 particulièrement sèche avec un cumul de précipitation de 317 mm établissant le record du minimum de précipitations annuelles relevées sur Nice depuis 1973, les précipitations 2008 furent plus abondantes avec 1032 mm, soit plus de 200 mm d’eau que la normale. Ces précipitations sont cependant loin de compenser les 1430 mm de déficit pluviométrique cumulé à Nice de 2003 à 2007, soit 35% de moins que les normales annuelles.

Source : Météo France Figure 2 : Diagramme ombrographique de Nice en 2008

Malgré un mois de Janvier bien arrosé, les 9 mois suivants ont été particulièrement secs, accentuant le phénomène de sécheresse rencontré depuis 5 ans sur le bassin versant de la Brague.

Source : Météo France Figure 3 : Données sur précipitations 2008

12 Au point de vue des températures, l’année 2008 a été douce avec des températures supérieures aux normales saisonnières.

Source : Météo France Figure 4 : Graphique des températures moyennes mensuelles à Nice en 2008

Malgré un mois de janvier bien arrosé, la sécheresse, installée depuis 5 ans sur le bassin versant s’est poursuivie sur le printemps et l’été 2008. La préfecture des Alpes- Maritimes a donc placé le département en « vigilance sécheresse », par un arrêté pris le 9 juillet.

Cet arrêté a recommandé aux usagers de lutter contre le gaspillage de l’eau, afin d’éviter d’atteindre les niveaux d’alerte ou de crise qui imposeraient des limitations ou des interdictions.

La fin d’année s’est soldée par des précipitations abondantes, cumulant une hauteur d’eau supérieure aux normales annuelles.

13 2.2.2 HYDROLOGIE

Les mesures de la station hydrométrique de la DIREN installée à Biot, permettent d’observer trois phénomènes hydrologiques majeurs en 2008 :

 Une courte phase de montée d’eau en janvier suite aux précipitations du début d’année

 Une longue phase d’étiage durant laquelle les débits mesurés quotidiennement ont été inférieurs aux modules moyens journaliers calculés sur les 30 dernières années

 Une période de crue importante en novembre/décembre, avec un débit maximum enregistré à 37,3m 3/s le 14 décembre à 10h20, soit 143 cm au droit du pont romain de Biot.

2008

Source : Banque hydro 2008 – http://hydro.eaufrance.fr/ Figure 5 : Graphique des débits journaliers mesurés à la station de Plan St Jean -Biot- en 2008 (m3/s)

L’année 2008 totalise un débit moyen annuel de 0,410 m3/s, proche du module moyen annuel calculé sur les 30 dernières années, malgré un été particulièrement sec et plusieurs années de faibles précipitations très impactantes pour les nappes phréatiques.

DEBITS MESURES LORS DES CAMPAGNES DE PRELEVEMENT

Les débits des cours d’eau ont été mesurés lors de 4 campagnes en chaque point de prélèvement, à l’aide d’un moulinet OTT Type C2 10.150 muni d’une hélice n° 6 (diamètre 50 mm, pas 0,05).

Les campagnes se réalisent hors période de crue pour évaluer au mieux les matières en suspension présentes en conditions normales.

14 Tableau 1 : Récapitulatif des débits mesurés lors des campagnes

On peut constater que la Valmasque n’a pas fait l’objet de suivi lors des trois premières campagnes, en raison de l’assèchement du cours d’eau, mais qui a retrouvé un écoulement ininterrompu depuis les pluies automnales de fin octobre.

La station 4 n’a pas fait l’objet d’un jaugeage, faute d’écoulement significatif dans la vasque.

Les données mesurées concordent avec les données enregistrées par la station hydrométrique de Plan St Jean

A noter que le débit moyen de décembre 2008, s’élève à plus de 2 m3/s, soit 3 fois plus que la moyenne interannuelle.

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Figure 6 : Evolution des débits sur les différentes stations de la campagne (échelle logarithmique)

ASSECS

Du fait de la quasi absence de précipitations au printemps et durant l’été, certains tronçons de la Brague ont fait l’objet d’assecs en d’août/septembre.

Ainsi avec un décalage de 2 mois par rapport à l’année 2007, 3 tronçons ont été asséchés, les débits se perdant dans le sol karstique :

 Châteauneuf : de la fontaine de l’Ormeau à la STEP de Plascassier  Biot : du pont des Tamarins à la confluence des Bouillides  Biot : de 200m en amont du gué du plan St Jean au pont Muratore

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2.3 QUALITE PHYSICO-CHIMIQUE – MESURES IN SITU

Les résultats complets de la campagne 2008 sont synthétisés en annexe 2.

2.3.1 TEMPERATURE DE L ’EAU

La variation de la température suit bien les normales saisonnières. Même en période estivale, la température, n’excède pas 25°C dans la Brague. Grâce à un couvert végétal important, la température moyenne de la Brague est d’environ 20°C en juin et septembre. L’ombrage dense et continu permet ainsi de limiter l’eutrophisation du milieu, malgré les nutriments en abondance.

La source conserve une température stable entre 14 et 15°C toute l’année.

Les stations d’épuration impactent la température des eaux à l’aval direct de leur point de rejet.

Figure 7 : Graphique de l’évolution des températures de l'eau

2.3.2 PH

Le pH, légèrement basique , reste le plus souvent compris entre 7,5 et 8,5. Cette caractéristique relève du sol calcaire sur lequel s’écoule la Brague.

Ces valeurs de pH sont favorable à l‘hydrosystème et au développement des poissons d’eau douce et des invertébrés benthiques.

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Figure 8 : Graphique de l’évolution du pH de l'eau

2.3.3 CONDUCTIVITE

Toutes les stations présentent des conductivités moyennement élevées, comprises entre 800 et 1200 µS/cm, qui s’expliquent par la nature du substrat géologique traversé. Ce phénomène a toujours été observé depuis les campagnes des années 1980.

On peut noter 3 phases d’augmentation de la conductivité sur le linéaire étudié :

 Tronçon 1-2 : Aval source : +300 µS/cm L’eau jaillissant de la résurgence est faiblement minéralisée (env 800 µS/cm). A priori, l’eau se minéralise naturellement en s’écoulant sur un substrat calcaire. L’apport diffus d’écoulements issus de fosses septiques peut s’associer à la minéralisation de la Brague. Une hausse de 200 µS/cm est constatée par rapport aux données 2007 pour l’ensemble des campagnes à la résurgence de la source (station 1). Les valeurs relevées en 2008 ne sont pour autant guère supérieure à celles mesurées par le passé (2005/2006)

 Tronçon 4-5 : Plascassier : +300 µS/cm Considérant les analyses des années précédentes, la minéralisation se fait notamment sur les teneurs en calcium et sulfate. La présence de poches de gypse à proximité immédiate (Lieu-dit « les Plâtrières » à Plascassier) pourrait être une des explications de ce phénomène.

 Tronçon 12-13 : STEP Bouillide : +200 µS/cm Les rejets de la station d’épuration influencent la minéralisation du cours d’eau du fait d’un apport important de débit sur le flux de la Bouillide naturellement faible. La source de minéraux peut être de deux types :  L’eau épurée conserve une part de matières, qui vont se dissoudre dans l’eau, et ainsi augmenter la teneur en minéraux.

18  L’eau potable distribuée sur le territoire provient du bassin versant du Loup, dont la composition naturelle des eaux peut différer de celle de la Bouillide. En s’intéressant aux analyses relatives à la minéralisation des années précédentes, on note que l’augmentation est principalement issue de l’apport en potassium, chlorure et sodium, caractéristiques d’un rejet de station d’épuration.

Figure 9 : Graphique de l’évolution de la conductivité de l'eau

19 2.4 QUALITE PHYSICO-CHIMIQUE – ANALYSES

Les cartes synthétiques sont données en annexe 3 du présent rapport.

2.4.1 MATIERES ORGANIQUES ET OXYDABLES

Les paramètres représentatifs des « matières organiques et oxydables » se trouvent fortement dégradés en aval des stations d’épuration.

Les rejets d'eaux résiduaires urbaines dans la Brague et ses affluents, provoquent un accroissement considérable de la charge organique des eaux superficielles, alors que les faibles débits de ces cours d’eau ne peuvent assurer une dilution suffisante.

En aval des points de rejets, une autoépuration s’effectue en milieu aérobie, qui permet un abattement de ces concentrations. Cette activité consommatrice d’oxygène, est assurée par les microorganismes présents dans les eaux.

Demande Biologique en Oxygène (DBO5) :

La DBO5 permet l’évaluation des matières organiques biodégradables présentes dans les eaux. Ce paramètre représente une mesure indirecte de la matière organique présente par la mesure de la quantité d’oxygène consommée en cinq jours nécessaire à sa dégradation. Dans les limites raisonnables de quelques mg/l, la DBO5 est plutôt favorable à la vie aquatique.

Selon ce critère d’analyse, la qualité des eaux est bonne à très bonne. On peut observer une dégradation à l’aval de la station d’épuration d’Opio-Châteauneuf. Néanmoins, le milieu retrouve rapidement sa très bonne qualité par son caractère auto-épuratif, qui élimine ce surplus de matière organique.

Tableau 2 : Demande Biologique en Oxygène sous 5 jours (DBO5) en mg/l

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Figure 10 : Graphique de la Demande Biologique en Oxygène sous 5 jours -DBO5-

21 Oxygène dissous :

L’oxygène est un facteur écologique essentiel. Sa présence dans le milieu, dit aérobie, permet la respiration des êtres vivants. Au contraire, son absence dans le milieu, dit anaérobie, ne permet le développement que de certains micro-organismes réalisant des processus de fermentation.

Alors que les dernières campagnes de 2007 relevaient une mauvaise oxygénation du milieu, les pluies de début janvier et la réduction des rejets polluants ont permis sa ré-oxygénation. La bonne oxygénation du biotope s’est maintenue sur tout le linéaire de la Brague, grâce aux chutes d’eau à répétition du lit, et à la préservation des végétaux photosynthétiques sur les bordures du cours d’eau, réoxygénant le milieu.

Lors de la campagne de septembre, une forte dégradation de la teneur en oxygène a été déplorée en aval de la STEP d’Opio-Chateauneuf, en partie liée aux faibles débits du moment.

Tableau 3 : Oxygène dissous (mg/l)

Figure 11 : Graphique de l'oxygène dissous

22 Taux d’oxygène :

Couplé à la concentration en oxygène, ce critère connait une amélioration par rapport à 2007, et atteint globalement une qualité bonne à très bonne.

La station 12 « amont STEP Bouillide » connait toutefois une déficience en oxygène dissous pour l’ensemble des campagnes d’analyse. La retenue d’eau située en amont de la station de prélèvement et formée par un seuil artificiel, pourrait être une des explications de cette dégradation. En effet, les écoulements lentiques qui caractérisent ce tronçon, accompagnés d’une ripisylve dense couvrant la mouille et apportant une forte dose de matières organiques, consomment probablement, lors du processus de la dégradation, une grande quantité de l’oxygène.

Des mesures complémentaires seront effectuées en 2009 en amont de la mouille, pour évaluer la consommation propre au phénomène précédemment cité et ainsi valider l’hypothèse. Si les mesures en amont de la mouille relèvent déjà une déficience en oxygène, une enquête plus approfondie sera menée sur le tronçon, pour diagnostiquer la cause de cette dégradation de qualité.

Tableau 4 : Taux de saturation en oxygène dissous (%)

Figure 12 : Graphique du taux de saturation en oxygène dissous

23 Carbone Organique Dissous (COD) :

Le COD mesure globalement et directement la quantité de carbone dissoute dans l’eau, issue de la matière organique.

L’apport en matière organique par les rejets de STEP (Opio-Chateauneuf et Bouillides) déclasse la qualité d’eau jusqu’au stade de mauvaise qualité. Le cours d’eau retrouve rapidement une eau de très bonne qualité par ses propriétés naturelles, mais cet apport impacte néanmoins le milieu sur plusieurs kilomètres.

Tableau 5: Carbone Organique Dissous (COD ) en mg/l

Figure 13: Graphique du Carbone Organique Dissous -COD-

24 + Ammonium (NH 4 ) :

Il traduit habituellement un processus de dégradation incomplet de l’azote organique. Les origines sont diverses, mais il indique en général une pollution d’origine anthropique, notamment due aux eaux usées.

On observe une dégradation à l’aval immédiat des STEP d’Opio-Châteauneuf et des Bouillides, déclassant la qualité d’eau de 3 voire 4 classes. Cette dégradation est tout particulièrement brutale en tête de bassin à l’aval de la STEP d’Opio-Châteauneuf, où les débits sont faibles et les rejets concentrés.

Comme pour le Carbone Organique Dissous ( COD ), le taux élevé d’ammonium en aval des STEP , peut s’expliquer par une forte concentration en matière organique ne permettant pas aux bactéries présentes d’effectuer une décomposition totale.

Tableau 6 : Ammonium MOOX (mg/l)

Figure 14 : Graphique de l'Ammonium –MOOX-

L’analyse des paramètres caractérisant l’altération par les matières organiques et oxydables fait ressortir une baisse très nette de qualité à l’aval des STEP . La dégradation tend à s’atténuer sur le linéaire grâce au processus d’autoépuration, qui permet à la Brague de retrouver une eau de bonne qualité sur ces critères.

25 2.4.2 MATIERES AZOTEES : L’AMMONIUM

L’altération « matières azotées » permet d’apprécier la quantité d’azote disponible dans l’eau pour le développement des végétaux aquatiques, et est un bon indicateur de l’état de santé des écosystèmes. En excès, les matières azotées favorisent le développement excessif de la biomasse végétale et peuvent devenir toxiques pour la faune aquatique, du fait d’une surconsommation d’oxygène.

A partir des analyses, on peut diagnostiquer l’apport important d’ammonium dans le milieu par le rejet de la station d’épuration d’Opio-Châteauneuf. Ces intrants en masse, couplés à l’apport en phosphates, tendent à l’eutrophisation de l’écosytème.

Tableau 7 : Ammonium - matières azotées - (mg/l)

Figure 15 : Graphique de l'Ammonium -MA-

L’analyse de l’ammonium, caractérisant l’altération des matières azotées, montre une dégradation importante à l’aval de la STEP d’Opio-Châteauneuf. Cet apport massif d’azote peut perturber à terme le milieu, en favorisant le phénomène d’eutrophisation.

26 2.4.3 MATIERES PHOSPHOREES

On observe une nette dégradation des eaux par les phosphates à partir de la STEP d’Opio- Chateauneuf jusqu’à Valbonne.

Sur ce tronçon, le niveau d’altération est très élevé, puisqu’il est majoritairement classé mauvais, voire très mauvais.

Tableau 8 : Phosphates (mg/l)

Figure 16 : Graphique du phosphate

Cette dégradation résulte du processus d’épuration biologique de la station d’Opio- Châteauneuf qui ne traite pas les phosphates, et n’est pas associé à un traitement de type « tertiaire » de réduction des phosphates.

On peut apprécier la faible teneur en phosphates à l’aval de la STEP des Bouillides grâce au traitement primaire réalisé (chlorure ferrique), qui permet un abattement très important des phosphates.

A noter que des accumulations de mousse sont régulièrement observées au niveau de Valbonne.

27 L’analyse du phosphate, caractérisant l’altération par les matières phosphorées, montre que tout le secteur amont de la Brague est perturbé par les rejets massifs en phosphates des STEP de tête de bassin, et notamment Opio-Châteauneuf. Ce paramètre est un facteur qui amplifie le processus d’eutrophisation du milieu et contribue largement à la prolifération d’algues et de plantes aquatiques, nuisibles au milieu par leur encombrement et leur surconsommation en oxygène.

La rivière retrouve des concentrations acceptables à partir de la Maison de la Nature et de l’Environnement (aval de Valbonne village).

2.4.4 NITRATES

Comme les années précédentes, des fortes teneurs en nitrates ont été relevées dans la Bouillide à l’aval du rejet de la station d’épuration . Le flux de nitrates perturbe notablement le cours d’eau et d’autant plus en période estivale lors des périodes d’étiage. Le rejet impacte le milieu jusqu’à l’embouchure de la Brague à Antibes.

La campagne de décembre relève une concentration moyenne pour l’ensemble des stations, et a permis de constater une forte teneur dans la Valmasque, station depuis plusieurs campagnes à sec. Ce constat demandera à être confirmé lors des prochaines analyses en 2009.

Tableau 9 : Nitrates (mg/l)

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Figure 17 : Graphique du nitrate

Les nitrates constituent le stade final de l'oxydation de l'azote organique. Leur présence dans une eau polluée indique que le processus d'autoépuration a déjà joué. L'azote des nitrates, comme celui des nitrites et de l'ammoniaque, constitue l'un des éléments nutritifs des plantes, d’où le développement alguaire important.

Lors des campagnes estivales, il est toujours observé le fort développement d’une algue verte filamenteuse du genre Cladophora qui participe à l’eutrophisation du milieu.

L’analyse de l’altération par les nitrates montre que la Brague est fortement dégradée, particulièrement à l’aval de la STEP des Bouillides. Cette dégradation est observable jusqu’à l’embouchure de la Brague et se manifeste par un développement d’algues important.

Le projet de réhabilitation et d’extension de la STEP des Bouillides avec traitement tertiaire des nitrates dans son scénario optimum, a été retenu et voté par l’assemblée délibérante du syndicat maître d’ouvrage de la STEP .

Cette décision constitue une grande avancée pour améliorer de façon très nette la qualité des eaux de la Brague.

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2.4.5 PARTICULES EN SUSPENSION

La Brague ne contient que très peu de matières en suspension, et atteint une eau de très bonne qualité sur ce critère.

Nota : Les campagnes ont été toujours faites hors période de crue, dans un contexte hydrologique normal.

Tableau 10 : Matières En Suspension -MES - (mg/l)

Figure 18 : Graphique des MES

30 2.5 ANALYSES BACTERIOLOGIQUES

2.5.1 ESCHERICHIA COLI

Le paramètre « Escherichia Coli » caractérise une pollution issue de l’épuration des eaux usées, et représente les bactéries qui dégradent habituellement les boues dans les systèmes épuratoires.

La Brague présente une altération bactériologique sur de nombreux tronçons , en raison des rejets de STEP et des rejets diffus d’assainissement autonome.

Certaines pollutions ont été constatées à des stations inattendues (2, 6 et 8), avec une augmentation de la concentration sans rejet localisé connu. Les sources de pollution n’ont pas pu être définies lors des campagnes d’analyse. Une attention particulière sera apportée en 2009 sur ces stations et feront l’objet d’inspections plus fines si ces phénomènes se reproduisent.

Tableau 11 : Escherichia Coli (unité/100ml)

Figure 19 : Graphique Escherichia Coli (échelle logarithmique)

31 2.5.2 ENTEROCOQUES

Les résultats corroborent parfaitement ceux obtenus pour Escherichia coli, et confirment la contamination bactériologique des eaux.

Une altération est relevée en aval des STEP , dégradant fortement la qualité des eaux de la Brague ou de ses affluents.

Ces analyses ont validé la contamination des eaux inhabituelles de certains tronçons lors des campagnes de mars (station 2) et septembre (st 2 et 8), issue probablement des rejets de fosses septiques. Une enquête plus fine sera menée en 2009 si ces valeurs se confirment.

Tableau 12 : Entérocoques (unité/100ml)

Figure 20 : Graphique Entérocoques (échelle logarithmique)

32 2.5.3 SUIVI BACTERIOLOGIQUE A L’EMBOUCHURE DE LA BRAGUE

Dans le cadre des campagnes estivales de surveillance des eaux de baignade, la ville d’Antibes effectue un prélèvement supplémentaire, une semaine sur deux, sur le débouché en mer de la Brague.

Selon le système d’évaluation de la qualité d’eau (SEQ -Eau) relatif aux usages de loisirs et de sports aquatiques, les eaux de la Brague se cantonnent majoritairement dans une qualité d’eau acceptable pour cet usage.

Tableau 13 : Contamination bactériologique à l'embouchure de la Brague (été 2008)

Les teneurs en Escherichia Coli se maintiennent dans 65% des prélèvements, en-dessous du seuil d’inadaptabilité et conviennent à la pratique de loisirs aquatiques.

Figure 21 : Graphique E.Coli à l'embouchure de la Brague

Les concentrations en Entérocoques restent quant à elles plus élevées

Figure 22 : Graphique Entérocoques à l'embouchure de la Brague

Jusqu’en 2007, ce suivi a souvent révélé des épisodes de fortes contaminations bactériologiques des eaux générant une importante dégradation de la qualité des eaux en mer par temps de pluie.

Une certaine amélioration est observée depuis deux ans et même si la situation reste très préoccupante sur la Brague, l’impact bactériologique par temps de pluie sur les zones de baignade s’est réduit.

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L’attention apportée par l’établissement « Marineland » au bon fonctionnement de ses réseaux d’assainissement a fortement contribué à ce phénomène.

Ces améliorations ont permis la réouverture au public de la zone de baignade située à l'embouchure de la Brague qui faisait l'objet d'une interdiction depuis 1991.

Compte tenu des faibles débits de la Brague ces dernières années, les rejets de stations d’épuration et de fosses septiques apportent une forte pollution bactériologique, impactant sévèrement le milieu.

Les flux polluants impactent de longues distances avant de se résorber grâce au processus naturel d’autoépuration de la rivière, et pénalisent de nombreux tronçons du cours d’eau.

Selon la direction de l’environnement d’Antibes, qui réalise bimensuellement des mesures de la bactériologie dans le cadre de la surveillance des points de baignade, la concentration en bactéries tend à s’améliorer depuis deux ans à l’embouchure de la Brague. Cette amélioration a permis la réouverture de la zone de baignade située à l’embouchure, qui était interdite depuis 1991.

34 2.6 HYDROBIOLOGIE

L'appréciation de la qualité des cours d'eau par des critères biologiques, complète les analyses physico-chimiques grâce au caractère intégrateur des organismes aquatiques.

Il n’a pas été réalisé de suivi hydrobiologique pour l’étude 2008. Une synthèse de la situation issue des études précédentes est présentée ci-dessous.

2.6.1 POPULATION D ’INVERTEBRES BENTHIQUES

La faune macroinvertébrée traduit l’influence de la qualité physico-chimique de l’eau et des caractéristiques morphologiques et hydrauliques du cours d’eau.

Les peuplements de macroinvertébrés fournissent des indications sur la qualité du milieu par la présence ou l’absence de groupes faunistiques indicateurs, choisis en fonction de leur sensibilité aux pollutions organiques et physico-chimiques (rejet de type urbain), mais aussi à toute perturbation naturelle ou artificielle du milieu (curage, …).

Les résultats antérieurs montrent que la variété taxinomique de la Brague demeure faible à moyenne pour l’ensemble des stations, surtout en aval des stations d’épuration, avec une quasi absence de taxons polluo-sensibles .

L’une des grandes sources d’inquiétude pour les gestionnaires des milieux aquatiques, est la dégradation de l’hydrobiologie au pont des Tamarins, station de référence sur la Brague.

Une étude spécifique sera conduite en 2009 par le conseil général des Alpes-Maritimes, pour apprécier le peuplement présent reflétant la qualité des eaux et ainsi évaluer son évolution depuis 2004.

2.6.2 POPULATION HALIEUTIQUE

La faune piscicole fournit des indications sur la qualité des eaux en intégrant les conditions du milieu sur une échelle de temps plus longue.

La Fédération de Pêche des Alpes Maritimes a effectué de 2003 à 2007, un suivi qualitatif, quantitatif et sanitaire des populations halieutiques de la Brague par le biais de pêches électriques.

Les résultats de ces suivis témoignent d’un recul généralisé du stock, tant sur la densité que sur la biomasse . Le peuplement, composé essentiellement de juvéniles et insuffisamment de grosses pièces révèle un état fonctionnel perturbé de la Brague .

Les faibles débits de ces dernières années, couplées à des qualités d’eaux physico- chimiques insuffisantes, ont fragilisé les peuplements piscicoles jusqu’à ne plus pouvoir héberger certaines espèces telles le vairon, blageon ou encore la truite fario.

L’étude sanitaire de 2007 a clairement montré de nombreuses pathologies sur l’ensemble des populations, notamment dues à la contamination bactériologique élevée de la Brague.

Ces suivis ont été menés dans un contexte de sécheresse sévère, accentuant les concentrations de pollution et l’impact sur les populations. Il sera intéressant d’actualiser ces études dans des conditions hydrologiques plus favorables, pour évaluer la régénération du peuplement piscicole et sa recolonisation du milieu.

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2.7 SYNTHESE QUALITE GENERALE DES EAUX EN 2008

En termes de qualité physico-chimique, la Brague conserve globalement en 2008 une eau de qualité médiocre.

Les points noirs demeurent :

 le rejet de la station d’épuration d’Opio/Chateauneuf, impactant très fortement le milieu sur les paramètres du phosphate et de l’ammonium,

 la STEP des Bouillides rejetant de fortes concentrations en nitrates, touchant la Bouillide puis la Brague jusqu’à son débouché en mer.

Les rejets de stations d’épuration sont d’autant plus impactants que la Brague ne dispose pas d’un fort pouvoir d’auto épuration, avec les faibles débits observés en 2008.

La contamination bactériologique relevée sur de nombreux tronçons provient des dispositifs épuratoires collectifs (stations d’épuration) mais également autonomes (fosses septiques) dont les débits de rejets sont importants proportionnellement au débit de la Brague. Cette pollution constitue un risque sanitaire pour le milieu, et fragilise les populations aquatiques présentes.

Selon les analyses de la direction de l’environnement d’Antibes réalisées dans le cadre de la surveillance des points de baignade, la qualité des eaux à l’embouchure de la Brague tend à s’améliorer sur le critère bactériologique. L’interdiction de baignade a ainsi été levée sur la plage proche du débouché de la Brague en 2008.

Des pollutions diffuses ou accidentelles perturbent également l’écosystème en apportant une charge organique supplémentaire au milieu, qui est parfois déjà à saturation.

36 3 ETUDE SPECIFIQUE SUR LA ZONE ST BERNARD /CLAUSONNES

3.1 CONTEXTE GENERAL

Face à la multiplication des observations d’eau très turbide sur le vallon de Cine, affluent de la Valmasque, et d’un écoulement permanent en période de sécheresse sévère, le SIAQUEBA a souhaité réaliser une étude spécifique la zone St Bernard – Clausonnes (communes de Vallauris et Valbonne).

La zone d’étude couvre une vaste zone industrielle et commerciale regroupant plus de 350 enseignes, et qui concentre des activités de diverses natures, en particulier :

- Activités industrielles (garage, peinture, poterie, centrale à béton, …) - Activités commerciales - Habitat pavillonnaire - Usine d’incinération - Gare de péage de l’autoroute - Route départementale à forte fréquentation

En 2006, des constats de pollution similaires avaient été faits par le Conseil Supérieur de la Pêche et les riverains du vallon de Cine, en amont de la confluence avec la Valmasque.

Par ailleurs, le secteur des Clausonnes avait déjà fait l’objet d’enquêtes par les services techniques de Valbonne. 4 entreprises avaient reçues des mises en demeure pour se mettre en conformité.

Au vu des observations préalables à l’étude, les axes de recherche ont porté sur la provenance des écoulements permanents, en évaluant l’interconnexion EU /EP , et la turbidité des eaux qui s’apparenterait plus à des pollutions industrielles que domestiques.

L’étude a été menée en étroite collaboration des services techniques de Vallauris pour diagnostiquer les sources de pollutions sur la ZI de St Bernard.

37 3.2 METHODOLOGIE D’ETUDE

La méthodologie mise en œuvre a consisté à suivre plusieurs stations réparties sur le linéaire des trois affluents drainant la zone Saint Bernard / Clausonnes : Vallon de Cine, de Gao et Valmasque.

La présente étude comporte trois volets principaux : • des enquêtes et reconnaissances de terrain détaillées, • des analyses physico-chimiques des eaux, • des investigations chez les potentiels pollueurs.

3.2.1 DESCRIPTION DES STATIONS D ’OBSERVATION

La zone d’étude se situe au sud du bassin versant de la Brague, sur les coteaux de Vallauris, à environ 130m d’altitude NGF.

Figure 23 : Carte de localisation des stations de suivi sur la zone St Bernard / Clausonnes

8 stations ont fait l’objet du suivi, réparties de la manière suivante :  6 sur le vallon de Cine (longueur 3km), sujet à une forte pression anthropique : habitat pavillonnaire, zone industrielle et commerciale de Saint Bernard  1 sur le vallon de Gao (longueur 0,5km), en aval de l’usine d’incinération  1 sur la Valmasque (longueur 4km), en contre bas de l’échangeur d’autoroute, et de la zone industrielle et commerciale des Clausonnes.

38 L’emplacement des stations a été défini pour donner une vision globale de la qualité des eaux et localiser les rejets altérant la qualité.

Le vallon de Cine n’a que peu d’accès permettant les prélèvements. Seules 6 stations ont pu être intégrées à l’étude :

 A : Aval cimetière et tête de bassin  B : Aval porte 13 ; accès le plus en amont du cours d’eau permanent ; station amont du tronçon à ciel ouvert  C : Aval porte 15 ; station médiane du tronçon à ciel ouvert ; station avec analyse complète  D : Amont immédiat porte 17 ; station aval du tronçon à ciel ouvert  E : Aval porte 16 (chiffre pair) et aval porte 19 (impaire)  G : Amont confluence Valmasque  E bis : canalisation d’arrivée d’eau orientée ouest (direction Entreprise Lafarge de ciment), se rejetant dans le regard de la station E

Les débits restent relativement faibles, de l’ordre de quelques litres/secondes pour l’ensemble des campagnes de suivi. Certaines stations n’ont pu faire l’objet de prélèvements lors de certaines campagnes, faute d’écoulement.

3.2.2 PROTOCOLE DE PRELEVEMENT

Toutes les mesures in situ ont été réalisées par les services techniques du SIAQUEBA , à l’aide d’un analyseur portable « Orion 5 star » multi-paramètres, permettant la détermination des valeurs de pH, température, conductivité, oxygène dissous/taux de saturation en O 2.

Les prélèvements sont effectués selon les protocoles établis dans les guides techniques tels que ceux réalisés par l'Agence de l'eau et le protocole de prélèvement du laboratoire effectuant les analyses.

MESURES PONCTUELLES Chaque station a fait l’objet de plusieurs campagnes de mesures à fréquence de 15 jours. L’heure et le jour de la semaine ont été définis aléatoirement pour tenter d’entrevoir d’éventuelles fluctuations matin/après-midi et suivant les jours de semaine.

Les paramètres retenus sont les suivants :  Température  pH  Conductivité  Oxygène dissous / taux de saturation en oxygène.

MESURES EN CONTINU Un dispositif d’enregistrement en continu a été installé entre les stations C et D à la mi-juillet, pour évaluer les fluctuations diurnes/nocturnes et semaine/week-end. Le pas de temps d’enregistrement était d’une heure.

Une campagne de suivi a été réalisée sur l’ensemble des stations lors de la mise en place et du retrait du dispositif.

39 ANALYSES D ’ECHANTILLONS D ’EAU Deux campagnes d’analyses sur les stations C, G et H ont été réalisées pour qualifier les eaux : • une en période de basses eaux, réalisée le 2 juillet 2008, après plusieurs semaines sèches, • une en phase de crue, prélevé le 28 octobre 2008 à H-3 après le début des pluies, pour déceler l’impact du lessivage des routes environnantes, notamment la RD 435 et l’autoroute A8.

Les paramètres retenus ont été définis avec le laboratoire de l’environnement de la CANCA , prestataire d’analyse, pour déceler des pollutions d’origine domestique et industrielle. Ces résultats ont été couplés aux mesures in situ, réalisées dans le cadre du suivi ponctuel.

L’analyse a porté sur les paramètres retenus dans le cadre du suivi annuel (physico-chimie et bactériologie), ainsi que sur des paramètres caractérisant les activités du site :

 Qualité physico-chimique :  Détergents : agents de surfaces anioniques

 Métaux : (campagne sèche)

 Cadmium total  Cuivre total  Etain total  Fer total  Mercure total  Nickel total  Plomb total  Zinc total

 Micropolluants organiques :

 Hydrocarbures  Nonylphénols (micropolluants)  HAP : Hydrocarbures Polycycliques Aromatiques (campagne en phase de crue, pour déceler l’impact du lessivage des routes environnantes, notamment la RD 435 et l’autoroute A8)

TRAITEMENT DES DONNEES L’ensemble des données est traité, comme pour le suivi global, en référence au Système d’Evaluation de la Qualité de l’Eau ( SEQ -Eau), mis en place par le Ministère de l’Environnement et du développement Durable ( MEDD ) et les Agences de l’eau. Les seuils de qualité sont en concordance avec ceux définis par la Directive Cadre sur l’Eau ( DCE ).

Selon la grille du système d’évaluation européen ( SEQ -Eau), 5 classes sont définies pour qualifier la qualité de l’eau à partir des résultats des analyses :

 Classe 1A : eau de qualité excellente,  Classe 1B : eau de bonne qualité, avec une pollution modérée,  Classe 2 : eau de qualité moyenne, avec une nette pollution,  Classe 3 : eau de qualité médiocre, avec une pollution importante,  Hors classe 4 : eau de mauvaise qualité, avec une pollution excessive.

Les résultats sont exprimés dans l’unité de référence.

40 3.3 RESULTATS

8 campagnes de mesures ont été menées du 31 mars au 24 juillet 2008. Les résultats complets sont annexés.

3.3.1 OBSERVATIONS PAR STATION

Lors des différentes campagnes, des observations ont été réalisées pour caractériser le milieu, certaines se sont révélées communes à plusieurs stations :

 Station B : eau laiteuse, aspect blanchâtre  Station C : eau laiteuse plus blanchâtre qu’en station B ; forte odeur de chlore et mousse en surface  Station E bis : eau très blanche, odeur de ciment

Figure 24 : Photo des eaux blanchâtres du vallon de Cine (Station B)

Ces observations font suspecter un apport de substances en suspension (argile, ciment, …), qui troublent l’eau et lui donnent cet aspect blanchâtre.

La mousse et l’odeur de chlore pointent un apport de détergent (lessive) dans le milieu.

Figure 25 : Photo du vallon de Cine (Station C)

3.3.2 RESULTATS DES MESURES IN SITU

La représentation des données est basée sur une légende identique pour tous les paramètres afin de faciliter la lisibilité des résultats et simplifier l’interprétation :

 Une couleur qualifiant la demi-journée de prélèvement  Un symbole qualifiant le jour de prélèvement

Figure 26 : Légende communes des graphiques

41 Température :

La température est relativement stable pour chaque campagne avec une fluctuation moyenne de 1,5°C, entre les stations ombragées et e xposées au soleil.

pH :

On constate une chute de pH entre les station C et D de l’ordre d’1 point sur de nombreuses campagnes de mesures. Ce phénomène pourrait provenir d’un apport de substances acides , faisant baisser la valeur du pH.

Figure 27 : Graphique de l’évolution longitudinale du pH

Lors du débroussaillage et du nettoyage du vallon réalisé au mois de juillet 2008 par le SIAQUEBA , 3 batteries de voiture ont été retirées du lit au niveau de la station C. La fuite d’acide des batteries peut être une des causes de ce phénomène de baisse du pH.

Figure 28 : Photo des détritus extraits du vallon de Cine

Le dispositif d’enregistrement en continu, placé entre les stations C et D du 11 au 24 juillet (interrompu le 15/16 pour récupération des données) a enregistré une fluctuation du pH de 8,4 à 9,7. Même si des augmentations de pH sont constatées plutôt l’après-midi en jours ouvrés, les résultats ne sont pas assez nets pour être concluants.

Le pH reste plutôt stable vers 9, avec un faible écart type de 0,3.

42

Figure 29 : Graphique du pH enregistré régulièrement entre la station C et D du 16 au 24 juillet 2008

Conductivité :

Les mesures de la conductivité ne permettent pas de dégager d’hypothèse sur les pollutions. Les valeurs sont relativement stables pour chaque campagne, alors que les variations entre les différentes campagnes restent importantes, de 1000 uS/cm à 2000 uS/cm.

2 cas sont envisageables :

 Etalonnage de l’appareil de mesure incorrect  Apport en quantité importante de minéraux en juillet en tête de bassin.

Le lessivage des sols après pluie est à écarter, car aucun épisode pluvieux dans les 10 précédents jours n’a été enregistré.

Oxygène dissous :

La tête de bassin (stations B-C) est bien oxygénée, dans une classe de qualité bonne à très bonne selon les grilles du SEQ -Eau. Une altération est constatée au niveau de la station D, avec une chute de la teneur en oxygène dissous sur plusieurs campagnes, notamment en juillet.

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Figure 30 : Graphique de l’évolution longitudinale de l'oxygène dissous

Cette chute de la teneur en oxygène dissous ne peut pas être attribuée exclusivement à la réduction naturelle des cascades réoxygénant le milieu. Un apport en substances oxydantes, consommant l’oxygène dissous est suspecté, entre les stations C et D.

La Valmasque (station H) est naturellement bien oxygénée par la présence d’algues, et sa morphologie en cascades.

Le vallon de Gao (station F) est moins oxygéné, mais les faibles débits d’écoulement en sont la cause principale.

Le dispositif d’enregistrement en continu confirme les faibles taux d’oxygène sur ce tronçon.

La forte valeur de pH à la station B, et son élévation de 0,3 point durant la journée, couplé à la diminution de l’oxygène appuie l’hypothèse olfactive et visuelle d’un apport en lessive dans le vallon de Cine en amont de la station B.

44 3.3.3 RESULTATS DES ANALYSES ET INTERPRETATION

Les résultats complets sont fournis en annexe. Pour l’ensemble des stations, les taux en Azote et Nitrates sont négligeables.

Station C : Vallon de Cine, station médiane du tronçon à ciel ouvert

Les analyses du laboratoire ont permis de qualifier plus précisément certaines pollutions.

 Matières organiques et oxydables : Bien que les concentrations en O 2 dissous mesurées in situ soient acceptables, les analyses ont diagnostiqué une qualité très mauvaise sur les paramètres de Demande Biologique en Oxygène ( DBO 5) et en Carbone Organique Dissous ( COD ), témoignant d’une forte teneur en matière organique. Les concentrations relevées dépassent de 8 fois le seuil de très mauvaise qualité, notifié par le SEQ -Eau, en période d’étiage.

 Particules en suspension : Les analyses confirment la présence de matières en suspension , observée visuellement, et mettent ce paramètre en classe moyenne avec 101,3mg/l.

 Bactériologie : Aucune trace bactériologique n’est décelée. On peut donc considérer une séparation efficace des réseaux eaux usées / eaux pluviales ( EU /EP ), en période sèche. En revanche, une forte contamination bactériologique est relevée en phase de crue , traduisant un déversement d’eaux usées

 Phosphates/Détergents : Une concentration importante de phosphates a été analysée, près de 7mg/l soit 3,5 fois plus que le seuil de très mauvaise qualité . S’ajoute à ceci une forte teneur en détergent (agent de surface anionique). Ces 2 paramètres combinés caractérisent un rejet de laverie.

 Métaux : Peu de métaux présents sur la station, à l’exception du fer qui avoisine les 500 ug/l .

 Micropolluants organiques (Hydrocarbures/nonylphénols) : Présence constatée d’hydrocarbures à 2mg/l. Ce paramètre combiné aux détergents et aux métaux reflètent généralement les rejets d’activité de garage automobile / centre auto. Des micropolluants (nonylphénols) sont constatés en période de crue en très légère quantité (14,5ug/l). La source est difficilement identifiable, mais ceux-ci peuvent être issus du lessivage de la route par l’apport d’hydrocarbures polycycliques aromatiques.

La station C située sur le vallon de Cine (position médiane du tronçon à ciel ouvert) est polluée à plusieurs niveaux :  Hydrocarbures/détergents/métaux : caractéristiques des activités de garage automobile / centre auto  Phosphates/détergents : caractéristiques usuelles des rejets de laverie  Matières en suspension / eau laiteuse : activités manipulant des matériaux argilo- terreux  Bactériologie : uniquement en période de crue par débordement des Eaux Usées

45 Station G : Vallon de Cine, amont confluence Valmasque

Les analyses du laboratoire ont permis de qualifier plus précisément certaines pollutions.

 Matières organiques et oxydables : Les concentrations diminuent grâce à la dilution des composés présents en station C, ou à leur dégradation par les bactéries. Le vallon de Cine a retrouvé une qualité d’eau moyenne concernant les matières organiques et oxydables.

 Particules en suspension : Rien à signaler. Très faible teneur en particules en suspension.

 Bactériologie : Apparition de bactéries caractéristiques des rejets d’eaux usées (Entérocoques et Escherichia Coli) en période d’étiage. On peut suspecter une interconnexion de réseaux en amont, un déversement d’eaux usées ou une pollution diffuse d’assainissement autonome. La forte contamination en période de crue est maintenue.

 Phosphates/Détergents : Réduction des concentrations par dilution. Le taux restent importants mais sont en nette diminution par rapport à la station C.

 Métaux : Pas de métaux présents si ce n’est un reliquat de fer.

 Micropolluants organiques (Hydrocarbures/nonylphénols) : Disparition des hydrocarbures.

La station G située sur le vallon de Cine (amont confluence Valmasque) garde des résidus de pollution de l’amont. Une pollution bactériologique est apparue témoignant d’un apport en eaux usées.

Station H : Valmasque, amont confluence Cine

Les analyses du laboratoire ont montré une bonne qualité d’eau pour l’ensemble des paramètres sélectionnés en saison sèche. Aucune pollution notable n’est diagnostiquée. On peut supposer que les investigations des services techniques de Valbonne assistés en partie de la DRIRE en 2006, ont contribué à réduire certaines pollutions.

Une contamination bactériologique est également relevée en période de crue.

46 3.4 ENQUETES ET INVESTIGATIONS

Le SIAQUEBA a entrepris des investigations en rencontrant d’une part les équipementiers de la zone et d’autre part en menant des enquêtes sur les réseaux.

3.4.1 EVALUATION DE L ’IMPACT DES GRANDS EQUIPEMENTS

Aux confins d’Antibes et de Sophia Antipolis, la zone d’étude regroupe deux équipements potentiellement à forte empreinte écologique. Après échanges avec leur gestionnaire, une synthèse des dispositifs de traitement de leurs eaux est présentée.

GARE DE PEAGE AUTOROUTIER Compte tenu de la fréquentation de l’A8 et des déversements accidentels de produits toxiques sur la chaussée, le lessivage peut engendrer une forte pollution dans les cours d’eau.

Au niveau du péage d'Antibes, trois bassins collectent les eaux de ruissellement de la plate- forme : Au Nord et au Sud de la plate-forme, ont été mis en place deux unités de traitement. Ces installations traitent uniquement les eaux d'origine autoroutière. Ce sont des bassins de type décanteur-déshuileur (BDD) enterrés, équipés d'un dégrillage en amont pour retenir les macro-déchets, de cloisons siphoïdes pour assurer un déshuilage de l'effluent, et de cloisons brise-jet pour favoriser la décantation des MES et assurer un traitement de la pollution chronique. Leurs volumes sont d'environ 270m3 (BDD Sud) et 1 800m3 (BDD Nord). Figure 31 : Photo aérienne de la plate forme d'autoroute est Les rejets se font dans le vallon des Croutons qui rejoint ensuite la Valmasque.

Les eaux de la plate forme autoroutière, initialement orientées vers le vallon de Gao, sont déviées pour alimenter un bassin de rétention et de régulation (BEI). Son volume de 7500m3 permet d'écrêter une crue centennale : 2 orifices sont aménagés. Le premier, dont le débit est limité à 0.8m 3/s permet d'évacuer la crue décennale après stockage d'environ 3 000m 3 ; le deuxième, plus haut, dont le débit est limité à 1.7m 3/s permet d'évacuer la crue centennale avec l'utilisation de la totalité du volume du bassin. Figure 32 : Photo aérienne de la gare de péage ouest

Ce bassin est associé à un système de filtration et d'infiltration. Un module de déshuilage équipe le bassin en amont pour confiner une éventuelle pollution accidentelle.

L'entretien de ces bassins consiste principalement à retirer périodiquement les macro- déchets et les flottants. Depuis leur construction, il n’a pas été nécessaire de curer ces installations. Les vannes qui les équipent sont en fonctionnement manuel.

D’après le descriptif de ses dispositifs, les pollutions issues de l’autoroute se limiteraient aux conditions de fortes précipitations, dès lors que les bassins arrivent à saturation. Il serait toutefois intéressant de disposer d’une évaluation de l’efficacité réelle de ces bassins, basée sur des mesures en entrée et en sorte d’ouvrage.

47 USINE D ’INCINERATION De part son activité d’incinération, ces usines produisent un certain volume de résidus, les mâchefers, qui par lessivage peuvent polluer les masses d’eau. Une attention particulière est portée sur cette installation, qui par le passé a fortement pollué le vallon de Gao.

Après un an de travaux, l’incinérateur a été entièrement réhabilité en 2008 et la filière de valorisation énergétique a été inaugurée début 2009. A travers ce projet, des études environnementales ont été conduites procédant à des améliorations sur le site en terme de traitement des rejets.

Les dispositifs apportés pour réduire les pollutions des eaux sont les suivants :

 Couverture de l’aire de stockage des Mâchefers : Le ruissellement des eaux sur les résidus de l’incinérateur apportait par le passé une pollution des eaux par ce jus chargé en métaux lourds : les lixiviats.  Le problème a été résolu.

Figure 33 : Photo du hangar de stockage des mâchefers

 Bassin de rétention des eaux pluviales : création d’un bassin de rétention conforme à la réglementation en vigueur sur la commune d’Antibes, pour l’écrêtage des pointes de crue. Les eaux de ruissellement sont stockées dans ce bassin jusqu’à infiltration

 Bassin de rétention des eaux de voiries : les eaux potentiellement polluées après lessivage des voiries souillées par le transit des camions bennes, sont acheminées vers un bassin de rétention des eaux de voiries, qui sont ensuite utilisées dans les eaux de process.  Aucune communication avec le milieu naturel n’est réalisée

Figure 34 : Photo du bassin de rétention des eaux de voiries

 Surveillance de la qualité des eaux des nappes phréatiques : le gestionnaire réalise un suivi semestriel de la qualité de eaux de la nappe phréatique en 3 points pour diagnostiquer les éventuels impacts sur l’aquifère. Les piézomètres se situent en amont du hangar de stockage des mâchefers, à son aval immédiat et en aval du site.

Des dispositions strictes ont été prises par cet établissement pour effacer leur impact sur l’environnement et les milieux aquatiques.

48 RESEAUX D’EAUX USEES

Du fait des relevés de contaminations bactériologiques du vallon de Cine par temps de pluie, un entretien a eu lieu avec la Lyonnaise des Eaux, gestionnaire du réseau d’eaux usées.

Le gestionnaire a confirmé la présence de deux postes de relèvement sur la zone d’étude qui se mettent en charge durant les phases pluvieuses, en raison d’apports d’eaux parasites sur le réseau EU . Un by-pass rejette des eaux usées dans le vallon de Cine. Cette configuration est fréquente sur les ouvrages de transfert, qui ne sont pas dimensionnés pour recevoir des écoulements pluvieux ponctuels. Cette pollution sera difficile à réduire, elle nécessitera une identification progressive des interconnexions eaux usées/eaux pluviales.

Selon la Lyonnaise des eaux, les postes de relevage fonctionnent parfaitement en période sèche et ne laissent pas échapper des effluents vers le milieu . Ceci se vérifie par l’absence de bactériologie à la station C.

En 2006, de la laitance de béton dans le poste de relevage aval avait provoqué trois débordements successifs. Une enquête auprès des centrales à béton avait diagnostiqué la source de pollution et « Lafarge Béton » avait réaménagé ses bassins de stockage des eaux.

3.4.2 ENQUETES SUR LES RESEAUX

Au vu des résultats d’analyse, 3 secteurs d’activités sont potentiellement responsables des pollutions :  Garage automobile / centre auto  Laverie industrielle  Céramiques et centrale à béton

Après concertation des divers partenaires et gestionnaires de la zone, 8 entreprises répondant aux critères des pollueurs ont fait l’objet de contrôles et d’une enquête fine de leurs réseaux par traçage à la fluorescéine, durant les mois de janvier/février 2009. Ce dispositif a permis de mieux appréhender la structure du réseau de la zone de St Bernard, mal connu car en grande partie enterré.

Figure 35 : Photographie des traçages par fluorescéine

49

Au terme des enquêtes, plusieurs dysfonctionnements ont été relevés, à l’origine des pollutions constatées dans le vallon.

Hydrocarbures :  Débourbeur/déshuileur d’un garage en charge  Rampe d’accès à un site de compactage de matériau, non drainée vers un débourbeur/déshuileur

Matières en suspension :  Déversements occasionnels de laitance de béton dans vallon

Phosphates / détergents, eau blanchâtre :  Surverse d’une aire de lavage de bus vers le collecteur d’eaux pluviales qui se rejette dans le vallon  Raccordement des eaux de process d’une blanchisserie industrielle vers le collecteur d’eaux pluviales Les fiches d’enquêtes sont annexées au dossier .

Ce travail a conduit à demander certaines mises en conformité, ou à rappeler la réglementation en vigueur.

Il sera intéressant de contrôler les effets des travaux de réhabilitation entrepris . Des analyses seront reconduites en ce sens en automne 2009, pour évaluer l’amélioration de la qualité des eaux et la résorption des pollutions.

L’étude se poursuivra également en 2009 pour identifier les pollutions ponctuelles recensées dans la Valmasque au cours du mois de janvier.

50

4 ETUDE DES SOURCES DE POLLUTION

4.1 REJETS DES STATIONS D’EPURATION

Trois stations d’épuration effectuent leurs rejets dans la Brague ou ses affluents :

 STEP d’Opio – Châteauneuf  STEP de Plascassier  STEP des Bouillides

Les rapports établis par le SATESE sont joints dans le dossier annexe.

4.1.1 STATION D’EPURATION D ’O PIO - CHATEAUNEUF

La station d’Opio/Châteauneuf a une capacité nominale de 2 500 EH et 450 m3/j. Elle traite par boues activées les effluents provenant de Châteauneuf, d’Opio et du Rouret et de Bar-sur-Loup. Actuellement 3900 personnes sont raccordées.

Le maître d’ouvrage est le SIVOM de Bar-sur-Loup, et l’exploitant la Lyonnaise des Eaux.

La validation des résultats de l’auto-surveillance est assurée par le SATESE des Alpes- Maritimes.

Pour l’année 2008, la station a fonctionné en moyenne sur l’année à : - 129% de sa charge hydraulique nominale, - 93% de sa charge organique ( DBO ) nominale - 105% de sa charge organique ( DCO ) nominale

La particularité de cette station réside dans la surcharge hydraulique liée aux apports d’eaux parasites par temps sec et surtout par temps de pluie.

Figure 36 : Synthèse annuelle des débits de la STEP d'Opio/Châteauneuf

Le graphique ci-dessus montre bien que le débit moyen mensuel admis en entrée de station est continuellement supérieur ou égal au débit théorique nominal de la station estimé à 450m3/jour. En période de temps de pluie, le débit journalier maximum constaté peut atteindre 4 fois le débit admissible.

51 Ces surcharges hydrauliques importantes ne peuvent pas garantir un fonctionnement stable de l’installation. Les risques identifiés sont des pertes de boues importantes et difficilement quantifiables en périodes pluvieuses. Ces dysfonctionnements, indépendants des modalités d’exploitation, perturbent notamment du traitement de l’azote pour plusieurs jours.

Figure 37 : Rendements épuratoires mensuels de la STEP d'Opio-Châteauneuf pour l’année 2008

Les rendements présentés ci dessus traduisent un fonctionnement tout à fait satisfaisant malgré les fortes surcharges hydrauliques constatées. Il faut tout de même nuancer ces résultats en précisant qu’ils sont issus d’un seul bilan 24 h par mois, effectué par le laboratoire Lyonnaise des Eaux, et ne retracent pas le fonctionnement continu de la station.

A savoir que les rendements sur le NTK (paramètre inclus en 2004 dans la norme de rejet) varient entre 76 et 93% ce qui est conforme aux possibilités actuelles de la filière : dimensionnement du bassin d’aération insuffisant et surcharges hydrauliques. La station est en limite de capacité de traitement sur ce paramètre.

Les débits traités sur la station sont étroitement corrélés à la pluviométrie de ces dernières années, ce qui confirme que la station reçoit beaucoup d’eaux parasites par temps de pluie.

Par ailleurs, sa filière boue est incomplète et non réglementaire : transport de boues liquides pour déshydratation et mise en décharge.

Le SIVOM de Bar-sur-Loup, avec l’appui technique du SIAQUEBA et du Conseil Général des Alpes Maritimes, travaille sur le lancement d’une étude de réhabilitation de la station intégrant la possibilité de réutilisation des eaux traitées pour l’irrigation du golf situé à proximité immédiate.

En parallèle, les communes raccordées doivent absolument travailler sur la déconnection des points d’intrusion d’eaux claires parasites qui pénalisent le fonctionnement de la station et entraînent inévitablement un surcoût d’exploitation.

Compte tenu des normes environnementales de rejet en vigueur, le taux de charge nominal de l’installation est dépassé. Le traitement est correct mais des dysfonctionnements importants sont relevés en période de pluie du fait d’entrée d’eaux parasites.

Une étude de réhabilitation de la station, avec un volet de réutilisation des eaux traitées est projetée pour l’année 2009.

52

4.1.2 STATION D ’EPURATION DE PLASCASSIER

La station de Plascassier a une capacité nominale de 1 900 EH et 380 m3/j. Elle traite par boues activées et clarificateur lamellaire les effluents provenant du quartier de Plascassier, commune de Grasse. Actuellement 1140 personnes sont raccordées. Le maître d’ouvrage est la commune de Grasse et l’exploitant la Lyonnaise des Eaux.

Le rapport annuel de visites a été dressé par le SATESE des Alpes-Maritimes.

Pour l’année 2008, la station de Grasse Plascassier a fonctionné à 75 % de sa charge hydraulique nominale et 55 % de sa charge organique ( DBO ) nominale. Le fonctionnement est stable et les performances de la station sont très satisfaisants, comme pour les années précédentes.

La qualité de l’eau traitée répond aux normes de rejet .

Figure 38 : Rendements épuratoires mensuels de la STEP de Plascassier pour l’année 2008

53 4.1.3 STATION D ’EPURATION DES BOUILLIDES

La station des Bouillides a une capacité nominale de 26 000 EH et 5200 m 3/j. Elle traite les effluents provenant de Valbonne, Mougins et Biot. L’épuration est assurée par bio-filtration. Le maître d’ouvrage est le syndicat intercommunal des Bouillides et l’exploitant la Lyonnaise des Eaux.

La validation des résultats de l’auto-surveillance est assurée par le SATESE des Alpes- Maritimes.

Sur l’année, la station a fonctionné en moyenne à 76% de sa charge hydraulique et 88% de sa charge organique nominale (DBO /DCO ), avec des rendements épuratoires très satisfaisants .

Figure 39 : Rendements épuratoires mensuels de la STEP des Bouillides pour l’année 2008

Ces données remarquables de traitement sont néanmoins à nuancer, car ces résultats ne représentent que 2 bilans 24h par mois et ne sont pas issus de mesures en continu. Une surcharge de l’équipement a été constatée lors des épisodes pluvieux de décembre, qui ont perturbé le fonctionnement des décanteurs primaires et biofiltres.

L’extension de la capacité de la STEP à 52 000 équivalents habitant a été actée en 2006 et devrait voir le jour en 2011/2012. Le projet prévoit le renforcement des équipements de traitement, pour assurer le respect des normes de rejets imposées par la réglementation en vigueur, et la création d’une filière de dénitrification. L’objectif est de limiter dans un premier temps le flux de nitrates au flux actuel, pour atteindre à terme un abattement de 90% de la pollution nitratée.

La STEP des Bouillides a des rendements épuratoires remarquables sur les paramètres visés par l’arrêté actuel d’autorisation de rejet. Son extension est prévue dans les quatre prochaines années, pour lui permettre de traiter 52 000 équivalents habitants.

Une filière de dénitrification est retenue dans le projet, qui apportera une nette amélioration en réduisant les flux massifs de nitrates des rejets.

54 4.1.4 IMPACT DES STATIONS D ’EPURATION SUR LA BRAGUE

Impact des stations d’épuration d’Opio-Châteauneuf et de Plascassier :

La qualité des eaux en aval des stations d’épuration d’Opio/Châteauneuf et de Plascassier est médiocre pour les paramètres bactériologiques, l’ammonium et les phosphates.

Compte tenu des très faibles débits d’étiage naturels enregistrés en 2008, l’impact des rejets sur la Brague a été fort durant plusieurs mois. La qualité des eaux est dégradée jusqu’au village de Valbonne.

En aval de Plascassier, les phosphates provoquent la présence de mousses sur plusieurs dizaines de mètres, et se ressentent jusqu’à la Maison Nature Environnement à Valbonne.

Les rejets des STEP d’Opio/Châteauneuf et de Plascassier impactent lourdement la Brague en période d’étiage, lorsque les débits sont faibles et le pouvoir auto- épurateur de la rivière réduit. Le phosphate, l’ammonium et la bactériologie sont les principaux paramètres affectant le milieu.

Impact de la station d’épuration des Bouillides :

La qualité des eaux en aval de la STEP des Bouillides est médiocre suite au rejet d’eaux fortement chargé en bactériologie et nitrates .

La STEP des Bouillides ne comporte pas d’unité de dénitrification, ce qui conduit à produire des nitrates en masse lors des processus d’épuration, déclassant la qualité d’eau jusqu’à l’exutoire de la Brague en mer.

Une filière de dénitrification est prévue à l’extension de la STEP Bouillides, et permettra de réduire notablement la concentration de ce paramètre.

Dans sa configuration actuelle, la STEP des Bouillides produit en grande quantité des nitrates lors de son processus d’épuration, polluant massivement la rivière jusqu’à son embouchure en mer. Dans le cadre de l’extension de la station, l’installation d’un traitement tertiaire de dénitrification permettra de limiter l’impact des nitrates sur l’hydrosystème.

55 4.1.5 SYNTHESE ET PERSPECTIVES

Malgré un fonctionnement satisfaisant des stations sur les paramètres réglementaires, une contamination bactériologique conséquente est amenée par les rejets de stations d’épuration. Cette pollution perturbe l’écosystème, car les faibles débits de la Brague ne permettent pas de diluer rapidement cet intrant ponctuel, et la qualité sanitaire des eaux est atteinte sur plusieurs kilomètres en aval.

Il semble nécessaire de réfléchir sur la qualité sanitaire que l’on souhaite redonner à la Brague et les moyens techniques et financiers pour atteindre ces objectifs .

Dans le projet de réhabilitation et mises aux normes de la STEP d’Opio/Châteauneuf, cette dimension sera intégrée, et un volet complémentaire évaluera la faisabilité d’une réutilisation des eaux traitées pour l’irrigation du golf de la Grande Bastide. Cette étude, portée par le SIVOM de Bar-sur-Loup, en partenariat avec le SIAQUEBA , sera lancée courant 2009. Elle proposera différents scénarii de traitement.

Par ailleurs, l’extension de la STEP des Bouillides prévue en 2011/2012, avec l’installation d’une filière de dénitrification complémentaire, devrait améliorer notablement la qualité des eaux, notamment sur les nitrates.

Aucun dispositif ne semble être prévu pour abattre la bactériologie, paramètre impactant lourdement le milieu et la faune piscicole, comme l’a pourtant démontrée l’étude pathologique sur les poissons de 2007, portée par la fédération de pêche des Alpes- Maritimes.

56

4.2 REJETS DIFFUS

Origine des pollutions :

Les rejets diffus sont l’une des grandes causes de la pollution des cours d’eau. Ces rejets sont de différentes natures :

- par temps sec, les problèmes d’interconnexion entre réseaux d’eaux usées et réseaux pluviaux, particulièrement remarquables dans les centres villes anciens,

- les écoulements anormaux d’eaux usées provenant de fosses septiques,

- par temps de pluie, les réseaux pluviaux qui charrient des eaux polluées par le lessivage des chaussées notamment.

Sur le bassin de la Brague :

Les rejets diffus d’eaux usées provenant de raccordements défaillants sur les réseaux d’eaux pluviales, ou de dysfonctionnements de fosses septiques sont nombreux, et ont un fort impact sur la qualité des eaux.

Les problèmes d’interconnexions des réseaux eaux usées / eaux pluviales sont particulièrement sensibles dans les centres urbains anciens. La commune de Valbonne travaille régulièrement sur les équipements de son centre historique. Il est important de poursuivre ces efforts.

La mise en place d’un contrôle des dispositifs d’assainissement non collectif ainsi que la mise en sécurité progressive des réseaux publics vétustes, permettront de supprimer un grand nombre de ces rejets diffus. La généralisation des SPANC est à promouvoir sur l’ensemble du bassin versant de la Brague.

4.3 POLLUTIONS ACCIDENTELLES ET POLLUTIONS SAUVAGES

Origine des pollutions :

Ces pollutions sont principalement liées à des dysfonctionnements sur les réseaux d’eaux usées collectifs ou individuels. Une durée prolongée à ce type de pollution brute, impacte fortement le milieu aquatique, et peuvent induire une forte mortalité piscicole.

Ces dysfonctionnements ont plusieurs causes, notamment :

- la saturation des réseaux d’eaux usées lors des périodes d’orage (interconnexions EU -EP sur les réseaux communaux) qui entraînent des déversements directs dans les cours d’eau au niveau des postes de relevage,

- des obstructions de réseaux EU pouvant aussi provenir d’un manque d’entretien,

- la présence de fuites sur les réseaux EU ,

- des dépotages sauvages dans les réseaux pluviaux, des boues de curage de fosses septiques par des sociétés privées,

- certains déversements d’origine industrielle.

57 Dysfonctionnements signalés en 2008

En 2008, trois dysfonctionnements de la STEP des Bouillides ont été signalés par la Lyonnaise des eaux, sur la base d’alertes de leur système d’auto-surveillance :

 Le 04/05/2008 à 23h12, l'automate "API2" qui gère l'automatisme du prétraitement, a eu un défaut communication. Celui-ci a entrainé un arrêt des équipements de prétraitement, et une surverse d'eaux brutes dans le bassin d'orage. Celui-ci n'a pu contenir tout l'effluent durant le temps d'intervention du technicien d'astreinte. Le rejet d’eau brute dans le milieu naturel a duré 38 minutes pour un volume de 135 m 3.  Le 15/11/2008 à 23h21 pendant un lavage, un colmatage s’est produit à la suite des biofiltres N/A et N/D. La conséquence a été la fermeture de l’ensemble des filtres, avec by-pass d'eau prétraitée en sortie des décanteurs lamellaires ‘’Densadeg’’ dans le milieu naturel de 238 m 3 durant 45 minutes.  Le 17/11/2008 à 3h14 pendant un lavage, un colmatage s’est produit à la suite des biofiltres C/B et N/B. La conséquence a été la fermeture de l’ensemble des filtres, avec by-pass d'eau prétraitée en sortie des décanteurs lamellaires ‘’Densadeg’’ dans le milieu naturel de 20 m 3 durant 27 minutes.

La Brague a également subi une pollution accidentelle sur Châteauneuf le 17 octobre 2008. Une surverse d’eau brute s’est produite durant 10 heures suite à l’obstruction de la canalisation au niveau du regard. La Lyonnaise des eaux est intervenue dans les 4 heures après la signalisation de l’incident par les services techniques du SIAQUEBA .

Figure 40 : Photographies de la surverse de la canalisation d'EU à Châteauneuf

Ces pollutions ont un très fort impact sur le milieu, car les eaux déversées sont très chargées en matières organiques et fécales et consomment en grande partie l’oxygène.

Axes de travail et recommandations générales :

A noter que les déversoirs des postes de relevage ne sont pas toujours équipés de systèmes d’alarme, qui permettraient aux gestionnaires d’être informés des incidents et d’intervenir dans les plus brefs délais.

Ces pollutions brèves mais souvent massives, ont un fort impact et entraînent de fortes mortalités piscicoles.

58 L’équipement des déversoirs des stations d’épuration et des postes de relevage par des systèmes d’alerte doit être généralisé. Les délais d’intervention pour atténuer les impacts sur le milieu aquatique doivent être réduits, et la remise en état doit être systématique après chaque incident (nettoyage, pompage, …).

Suite aux réunions de concertations, les gestionnaires des équipements d’assainissement collectif alertent désormais les communes et gestionnaires de cours d’eau sur les dysfonctionnements des stations d’épuration et des postes de relevage des eaux usées, afin qu’ils puissent prendre les mesures indispensables pour limiter les risques sanitaires.

4.4 POLLUTIONS INDUSTRIELLES

L’étude spécifique conduite en 2008 sur la zone industrielle et commerciale de St Bernard / Clausonnes avec la collaboration des services techniques de Vallauris et Valbonne, a été motivée par les nombreuses observations d’eau très turbide sur le vallon de Cine, affluent de la Valmasque, et son écoulement permanent en période de sécheresse sévère.

Des pollutions en phosphates, détergents, hydrocarbures et laitance de béton ont été diagnostiquées sur le vallon de Cine. Des enquêtes de terrain sur les réseaux ont permis d’identifier les principales sources de pollution. Cinq entreprises ont fait l’objet de courriers de rappel réglementaire, ou de mises en demeure pour réhabiliter leurs équipements privés .

Une évaluation est prévue en automne 2009, après réalisation des travaux de mise en conformité, pour évaluer l’amélioration de la qualité des eaux du vallon.

Les autres grands équipements de la zone, gare de péage de l’autoroute et usine d’incinération, ont mis en œuvre des mesures pour limiter leurs impacts sur l’environnement.

L’amont de la Valmasque s’est révélé de bonne qualité , probablement grâce aux actions entreprises en 2006 par les services techniques de Valbonne, assistés de la DRIRE .

D’autres investigations seront réalisées en 2009, pour tenter de déterminer la source de pollution blanchâtre constatée ponctuellement en janvier dernier.

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