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Géographie physique et Quaternaire

Les habitats riverains du sud de la Jamésie, Québec Riparian Habitats in the Southern Part of the James Bay Territory, Québec Flusshabitate in der südlichen Jamésie, Québec Pierre Grondin and Jacques Ouzilleau

Volume 37, Number 3, 1983 Article abstract Aspect of shorelines is generally related to superficial deposits, water level URI: https://id.erudit.org/iderudit/032522ar fluctuations and exposure to wave action. In the southern part of the James DOI: https://doi.org/10.7202/032522ar Bay Territory, nine types of riparian habitats are described at the margin of rivers and lakes. This study presents a global view of their morphology, See table of contents vegetation and spatial relative importance. Main hydroseres are defined from 28 vegetation associations recognized in the territory. Some groups are related to only one shore type, while others are well distributed and belong to several Publisher(s) habitats. Riparian habitats potentials for fauna are also evaluated from field observations and a literature review. One practical aspect of this work is the Les Presses de l'Université de Montréal presentation of a photo-interpretation key of nine types of riparian habitats. With the aid of this key and field observations, cartography of these units ISSN become feasible and it is possible to determine the area covered by each type of habitat within a given territory. A regional synthesis is also presented by 0705-7199 (print) using representativity of each riparian habitat type. Field-tested, this 1492-143X (digital) classification of habitats could be transposed to any territory with comparable biophysical characteristics. Explore this journal

Cite this article Grondin, P. & Ouzilleau, J. (1983). Les habitats riverains du sud de la Jamésie, Québec. Géographie physique et Quaternaire, 37(3), 253–277. https://doi.org/10.7202/032522ar

Tous droits réservés © Les Presses de l'Université de Montréal, 1983 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/

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LES HABITATS RIVERAINS DU SUD DE LA JAMÉSIE, QUÉBEC

Pierre GRONDIN et Jacques OUZILLEAU, Le Groupe Dryade, 642, boul. Saint-Cyrille ouest, Québec, Québec G1S 1S8.

RÉSUMÉ Selon la nature des dépôts, ABSTRACT Riparian habitats in the ZUSAMMENFASSUNG Flusshabitate in l'amplitude des fluctuations d'eau an­ southern part of the James Bay Territory der sùdlichen Jamésie, Québec. Je nach nuelles et les conditions d'exposition, Québec. Aspect of shorelines is generally der Natur der Ablagerungen, der Ausdeh- l'aspect des rives se modifie. Ainsi, dans related to superficial deposits, water le­ nung der jâhrlichen Wasserspiegelvaria- la partie sud de la Jamésie, neuf «types vel fluctuations and exposure to wave ac­ tion und der Aussetzung zur Wellentà- d'habitats riverains» ont pu être mis en tion. In the southern part of the James tigkeit, veràndert sich das Aussehen der évidence en bordure des lacs et des ri­ Bay Territory, nine types of riparian habi­ Kùstenlinie. So konnten im sùdlichen vières. Cette étude donne un aperçu glo­ tats are described at the margin of rivers Teil der Jamésie neun verschiedene Ha- bal de leur morphologie, de leur végéta­ and lakes. This study presents a global bitatstypen gezeigt werden, die an Ufern tion et de leur importance relative dans view of their morphology, vegetation and von Seen und Flùssen liegen. Dièse le paysage. Elle insiste sur les principa­ spatial relative importance. Main hydro- Forschungsarbeit gibt eine allgemeine les hydrosères formées à partir des 28 seres are defined from 28 vegetation as­ Auffassung ihrer Morphologie, ihrer groupements végétaux recensés sur le sociations recognized in the territory. Vegetation und ihrer verhaltnismàssigen territoire. Certains groupements s'asso­ Some groups are related to only one Wichtigkeit in der Landschaft. Die Haup- cient à un seul type de rive alors que shore type, while others are well distribu­ thydroseren wurden aus den 28 Pflan- d'autres, très répandus, en occupent ted and belong to several habitats. Ripa­ zenverbindungen, die im Gebiet erkannt plusieurs. Un potentiel faunique approxi­ rian habitats potentials for fauna are also wurden, definiert. Gewisse Gruppier- matif, déterminé à partir des observa­ evaluated from field observations and a ungen sind mit einem bestimmten tions faites sur le terrain et de la docu­ literature review. One practical aspect of Ufertyp verbunden, wàhrend andere, mentation existante, accompagne éga­ this work is the presentation of a photo- sehr verbreitete, verschiedene Kùstenty- lement la description de chaque habitat interpretation key of nine types of ripa­ pen bewohnen. Ein annàherndes BiId riverain. Cette étude présente aussi un rian habitats. With the aid of this key and der Fauna, aus direkten Beobachtungen côté pratique puisqu'elle fournit une clé field observations, cartography of these im Forschungsgebiet und der gegebenen d'identification permettant de reconnaî­ units become feasible and it is possible Dokumentation stammend, ist ebenso tre par photo-interprétation les neuf ty­ to determine the area covered by each von einer Beschreibung der einzelnen pes d'habitats riverains retenus. À l'aide type of habitat within a given territory. A Uferhabitate begleitet. Dièse Forschung­ de cette clé et de contrôles terrestres, la regional synthesis is also presented by sarbeit hat auch eine praktische Seite, cartographie de ces unités devient réali­ using representativity of each riparian denn sie gibt einen Schlùssel zur Bestim- sable, offrant ainsi la possibilité de habitat type. Field-tested, this classifica­ mung der neun erkannten Kùstenhabitats quantifier l'espace occupé par ces mi­ tion of habitats could be transposed to Typen, durch Photointerpretation. Mit lieux dans un territoire donné. Une syn­ any territory with comparable biophysi­ Hilfe dieses Schlùssels, und Erdkontrol- thèse régionale peut par la suite être dé­ cal characteristics. len, wird die Kartographie dieser Ein- gagée sur la base de la représentativité heiten ausfùhrbar, und ergibt die de chaque type d'habitat riverain. Utili­ Môglichkeit zur Quantifikation des sée dans la partie sud de la Jamésie, Raumes, den dièse Milieux in einem cette classification pourrait être transpo­ gegebenen Territorium einnehmen. sée dans toute autre région dont les ca­ Eine régionale Synthèse kann danach ractéristiques biophysiques sont compa­ noch auf Grund der Verteilung jedes rables. Kùstenhabitat Types bestimmt werden. Hauptsàchlich im sùdlichen Teil der Jamésie benutzt, làsst sich dièse Klassi- fikation dann auch auf andere Regionen mit àhnlichen biophysischen Karakter- istiken ùbertragen. 254 P. GRONDIN et J. OUZILLEAU

INTRODUCTION qu'au nord du lac Lucie. Les sections aval des rivières Rupert, Broadback et Nottaway constituent l'essentiel L'habitat riverain se définit comme la zone de transi­ du réseau hydrographique de ce secteur. La topogra­ tion entre le milieu aquatique et le milieu terrestre. phie d'ensemble demeure légèrement ondulée et une Submergé lors des crues printanières, il est pratique­ importante couverture meuble repose sur l'assise ro­ ment exondé lors de l'étiage d'été. Il occupe habituel­ cheuse. Ces dépôts comprennent un till grossier et du lement un espace linéaire sur les rebords des lacs ou matériel fluvio-glaciaire issus de la dernière déglacia­ des rivières, et sa largeur excède rarement 10 m dans le tion, un till argileux mis en place lors des récurrences sud de la Jamésie. Bien que cet habitat ne représente de Cochrane et de Rupert, des argiles varvées sédimen- qu'une portion minime de l'ensemble du territoire, il of­ tées dans les eaux profondes du lac Ojibway et diffé­ fre une diversité écologique du plus haut intérêt. En ef­ rents faciès de dépôts marins associés aux milieux va­ fet, sa configuration, loin d'être uniforme, change riés de sédimentation pendant l'épisode tyrrellien constamment au gré des conditions du milieu. La (HARDY, 1977). composition et la largeur des bandes de végétation s'ajustent en conséquence et varient d'un site à l'autre. Les hautes terres s'étendent vers l'est au-delà de À son tour, la faune apprécie certains habitats riverains 250 m d'altitude, et leur relief est ondulé ou moutonné. plus que d'autres. Au printemps, le grand brochet Dans la zone côtoyant les basses terres, les dépôts profite des herbaçaies inondées pour frayer, alors qu'un limono-argileux du lac Ojibway abondent dans les dé­ peu plus tard plusieurs espèces de canards et autres oi­ pressions. C'est là que l'on retrouve plusieurs grands seaux y nichent ou s'y nourrissent. Durant toute la sai­ lacs peu profonds, alimentés par d'importants tributai­ son de croissance, l'orignal fréquente de façon régu­ res et soumis à de fortes variations annuelles du niveau lière les zones herbacées. Par contre, les rives de blocs, d'eau. Ces fluctuations sont de l'ordre de 0,5 m pour les pauvres en ressources pour la faune, demeurent relati­ lacs Rocher, Poncheville et Kénonisca; de 1,5 m pour vement désertes. les lacs Evans, Dana, Du Tast et Giffard ; de 2 m pour les lacs Maicasagi, Chensagi et Waswanipi; et de 3,5 m Dans le sud de la Jamésie, quelques études seule­ ment ont été réalisées sur la végétation bordant les lacs pour les lacs Olga, Soscumica et (S.E.B.J., et les rivières. Elles furent effectuées par GAGNON et al. n.d.). Vers l'intérieur des terres, les dépôts glaciaires (1974) dans la partie aval de la rivière Eastmain, par deviennent omniprésents, sauf dans les vallées jon­ DURAND (1977) dans la région des rivières Nottaway, chées de dépôts fluvio-glaciaires. Ce secteur est par­ Broadback et Rupert, ainsi que par GRONDIN et OUZIL- semé de petits lacs relativement profonds, où les varia­ LEAU (1979) sur la rivière Eastmain, à la hauteur du lac tions d'eau annuelles sont mineures, soit de 50 cm en Clarkie. Tout en complétant ces données fragmentaires, moyenne. Le lac Mistassini, alimenté par plusieurs riviè­ le présent travail fournit une vue d'ensemble des princi­ res de débit moyen, ainsi que les lacs Mesgouez et Né­ pales communautés végétales riveraines du sud de la miscau, situés le long de la rivière Rupert, font cepen­ Jamésie. Une attention particulière est accordée aux dant exception à la règle; les fluctuations annuelles du facteurs gérant la répartition de la végétation ainsi qu'à niveau d'eau atteignent en effet près de 1 m sur le lac l'attrait qu'exercent sur la faune les différents types Mistassini et environ 2 m sur les autres lacs. d'habitats riverains. Une perception globale du territoire permet enfin de dégager trois régions passablement Du sud vers le nord, la température moyenne an­ homogènes, chacune étant caractérisée par un régime nuelle varie de 0°C, dans le secteur du lac Matagami, à hydrique particulier. -2,5°C au niveau de la rivière Rupert. La température moyenne du mois le plus froid (janvier) est de -20°C alors que celle du mois le plus chaud (juillet) s'élève à 15°C (HOUDE, 1978). La végétation profite d'une saison CADRE ÉCOLOGIQUE de croissance qui dure entre 145 et 155 jours (GAGNON et FERLAND, 1967). Les roches ignées et métamorphiques, notamment le granite, Ia syenite, Ia granodiorite et le gneiss granitique Le territoire étudié appartient à la zone forestière bo­ d'âge archéen composent le sous-sol du territoire étu­ réale dominée par la pessière noire (GÉRARDIN, 1980: dié. Des roches sédimentaires sont toutefois présentes DUCRUC et al., 1976). La sapinière apparaît à l'occasion dans la région du lac Mistassini et du lac Waswanipi. et la sapinière à épinette blanche, communauté fores­ Dans le premier cas, elles datent du Protérozoïque et, tière à tendance maritime, est bien représentée à proxi­ dans le second, du Paléozoïque (DOUGLAS, 1972). mité de la baie de Rupert (GÉRARDIN, 1980). Ces forêts naturelles ont été peu perturbées par les feux, compara­ Physiographiquement, la Jamésie se subdivise en tivement aux massifs boisés plus nordiques, de sorte deux unités: les basses terres et les hautes terres que les peuplements de transition demeurent plutôt ra­ (DIONNE, 1978). Les basses terres s'étendent du rivage res. actuel de la baie de James jusqu'à 250 m d'altitude avec quelques sommets dépassant 300 m (DIONNE, 1978; Les tourbières, essentiellement des bogs, occupent HARDY, 1977). Dans le secteur étudié, cette altitude est près de 40% de la superficie totale des basses terres atteinte à l'ouest des lacs Némiscau et Evans, ainsi (GRONDIN et OUZILLEAU, 1980a). Les fens se concen- HABITATS RIVERAINS 255

trent dans le secteur jouxtant la baie de James; ceux-ci, à l'échelle de 1/50 000, le plan d'échantillonnage fut légèrement inclinés, bénéficient des eaux enrichies au élaboré en tenant compte de la diversité et de la repré­ contact des dépôts limono-argileux. Sur les hautes ter­ sentativité des types de segments retenus. res, les tourbières sont plus disséminées et recouvrent Au cours des travaux de terrain (août 1979), la flore, tout au plus 10% du territoire. Les bogs dominent, et les le sol et la faune de 175 sites furent inventoriés. Figu­ quelques fens présents, environnés de roches acides, se rent au nombre des plans d'eau visités, les rivières Ru­ distinguent de ceux des basses terres par une flore ap­ pert, Broadback, Nottaway, Bell (de Lebel-sur-Quévillon pauvrie. au lac Matagami), Gouault (située à l'ouest du lac Mata- garni), Allard (40 derniers kilomètres avant le lac Mata- LIMITES DE L'HABITAT RIVERAIN garni), Maicasagi, Nipukatasi (au nord du lac Rocher), Waswanipi (à l'ouest du 76°) et la partie aval des rivières Cette étude considère la section la plus accessible de Toqueco, Papaskuasata et Wabassinon (au nord et au l'habitat riverain, soit celle qui s'étend de la limite infé­ nord-est du lac Mistassini). À celles-ci s'ajoutent les lacs rieure des plantes émergentes jusqu'au niveau atteint Mistassini, Des Champs, Goulde (près du lac Des par les hautes eaux printanières moyennes. Cette sec­ Champs), Courseron, Canotaicane, Jolliet, Macivor (à tion comprend toute la zone hélophytique de DANSE- l'ouest du lac Matagami), Montreuil, Bouchier et Le REAU (1957), qualifiée d'hydrolittoral supérieur par Gardeur ainsi que les lacs situés le long du parcours GAUTHIER (1977 et 1982), ainsi que la partie supérieure des rivières précitées (Mesgouez, Némiscau, Rocher, de la zone limnophytique ou hydrolittoral inférieur Poncheville, Kénonisca, Maicasagi, Chensagi, Waswa­ (fig. 1). Le terme «habitat riverain» est ici proposé pour nipi, au Goéland, Olga, Matagami, Soscumica, Evans, désigner cet écosystème bien individualisé et essentiel­ Dana, Du Tast et Giffard). Les études floristiques consis­ lement régi par les fluctuations périodiques d'un plan taient à établir la liste de la majorité des espèces végéta­ d'eau. les composant chaque bande de végétation de l'habitat riverain avant d'évaluer, par strate (PAYETTE et GAU­ MÉTHODES THIER, 1972), leur abondance relative (BRAUN- BLANQUET, 1932). Un tableau de synthèse floristique Une photo-interprétation préliminaire fut effectuée rend compte de cet échantillonnage (tabl. I1 h.t.). La liste sur des épreuves noir et blanc à l'échelle de 1/15 840. des taxons observés et récoltés figure en annexe; la no­ Les rives furent alors subdivisées en segments homo­ menclature est généralement conforme à celle de FER- gènes quant à la structure végétale, à la largeur totale NALD (1950) pour les plantes vasculaires, à CRUM et al. de l'habitat riverain, à la texture du substrat, au type de (1973) pour les mousses et à STOLER et CRANDALL- plan d'eau (rivière, lac de tête ou lac alimenté par plu­ STOLER (1977) pour les hépatiques. sieurs tributaires), à la configuration de la rive (rectili- gne, concave, convexe ou sinueuse) et à l'exposition au En plus des données de sol, qui portaient sur la pro­ vent. Une fois cette information reportée sur des cartes fondeur de la nappe phréatique ou l'épaisseur d'eau et

Secteur étudie

FIGURE 1. Limites du secteur étudié: (1) hautes eaux printa- Limits of the studied area: (1) mean spring high water level nières moyennes et (2) basses eaux estivales moyennes. and (2) mean summer low water level. 256 P. GRONDIN et J. OUZILLEAU la texture du sol, la pente de l'habitat riverain, la largeur photo-interprétation utilisée à cette fin apparaît au ta­ de chacune des bandes de végétation et les signes de bleau II. Elle a pour objectif de guider le travail des vie animale (observations visuelles, broutage, pistes, photo-interprètes, mais non de lever toutes les difficul­ fumées, construction d'abris,...) étaient notés. Ces der­ tés inhérentes à l'étroitesse de ces milieux. Soulignons nières données, jumelées à une recherche bibliographi­ que la photo-interprétation des habitats riverains de­ que, ont permis d'estimer un potentiel faunique pour vient impossible lorsque les photographies aériennes chaque type d'habitat riverain. Cependant, ce potentiel ont été prises en période de crue. Enfin, pour être vala­ demeure très préliminaire et aurait grandement avan­ ble, elle doit nécessairement être corroborée par des tage à être étayé par des études plus précises et plus contrôles appropriés sur le terrain. intensives. Une cartographie finale, qui n'est pas présentée dans GROUPEMENTS VÉGÉTAUX le cadre de cette publication, a été réalisée à l'échelle de 1/100 000 et de 1/250 000 au niveau du type d'habitat Sur l'ensemble du territoire, 28 groupements végé­ riverain (GRONDIN et OUZILLEAU, 1980b). La clé de taux ont été identifiés. Ils comptent 13 herbaçaies, 9 ar-

TABLEAU II Clé d'identification des habitats riverains du sud de la Jamésie, Québec.

1. Rive légèrement concave (anse) habituellement exposée à l'est ou à l'ouest; zone de sol nu très apparente .PLAGE

1. Autres types de rive 2. Milieu terrestre accidenté en bordure du plan d'eau ou seuil localisé le long d'une rivière

3. Rupture abrupte du milieu terrestre avec le plan d'eau ou un seuil localisé le long d'une rivière .BLOCS ET ROC 3. Rive fortement inclinée en bordure du plan d'eau, zones de sol nu habituellement bien représentées (partie du talus dénudée de végétation) .TALUS

2. Milieu terrestre montueux, ondulé ou plat en bordure du plan d'eau; zone d'eau calme ou d'eau vive le long d'une rivière 4. Milieu terrestre caractérisé par la présence d'une grande zone de végétation basse (arbustes et herbes d'une tour­ bière) se terminant abruptement au contact du plan d'eau .TOURBE ÉRODÉE 4. Autre type de végétation composant le milieu terrestre en bordure du plan d'eau

5. Lac de tête RIVE TRÈS ÉTROITE 5. Rivière; lac alimenté par plusieurs tributaires ou par une rivière importante

6. Rive exposée (rectiligne ou convexe) d'un lac ou zone d'eau vive d'une rivière RIVE ÉTROITE SUR MATÉRIEL GROSSIER 6. Baie profonde et abritée d'un lac ou zone d'eau calme d'une rivière, incluant les îles alluvion­ naires

7. Habitat riverain bien développé (largeur supérieure à 20 m) RIVE TRÈS LARGE

Habitat riverain peu développé (largeur infé­ rieure à 20 m) 8. Secteurs où l'eau érode légèrement l'habitat riverain (ex.: secteur concave d'un méandre) .RIVE ÉTROITE SUR MATÉRIEL FIN 8. Secteurs propices à l'accumulation de matériel fin RIVE LARGE TABLEAU I Synthèse floristique 29

ARBORAIES ARBUSTAIES HERBAÇAIES Melezin et cédrières Myriçaies el chamedaphnaie 23) Mèlézin à Myrica gale (GRONDIN et OUZILLEAU, 1980) 14) Myrica gale (DANSEREAU et SEGADAS-VIANNA. 1952) 1) Carex aqualilis (GRANDTNER el AL. 1973) 15) Myrica gale el Carex rostrata (NOUVEAU GROUPEMENT) 24) Cèdrlère (BLANCHET, 1973) 2) Carex laslocarpa (BLOUIN et GRANDTNER. 1971) 16) Chamaedaphne calyculata et Myrica gale (GAUDREAU. 1979) 25) Cédrière à mélèze (BLANCHET. 1973) 3) Carex lentlcularls (GRONDIN el OUZILLEAU, 1979) 4) Carex llmosa el Scorpldlum scorploldes (NOUVEAU GROUPEMENT) Saulaies Peuplerales el tremblâtes 5) Carex ollgosperma (GAUTHIER, 1980) 17) SaIIx discolor (GRONDIN et OUZILLEAU, 1979) 26) Peupleraie boréale à Alnus rugosa (NOUVEAU GROUPEMENT) 6) Carex roslrala (DANSEREAU et SEGADA-VIANNA, 1952) 18) SaHx pedicellaris (NOUVEAU GROUPEMENT) 27) Tremblale à Alnus rugosa (GRANDTNER, 1960) 7) Eleocharls smatlil (BLOUIN et GRANDTNER, 9171) 19) SaHx Milita (GAGNON et AL.. 1974) 28) Tremblale a Alnus crispa (NOUVEAU GROUPEMENT) 8) Elymus mollis (DANSEREAU, 1959) 20) SaHx planllolla (LACOURSIÊRE et MAIRE, 1976) 9) Equlsetum lluvlallle (GRONDIN et OUZILLEAU, 1980) 10) Equlsetum lluvlallle et Carex llmosa (NOUVEAU GROUPEMENT) Aulnaies 11) Juncus lllllormls (GRONDIN et OUZILLEAU, 1979) Ul) Alnus rugosa (DANSEREAU, 1959) 12) Menyanthes trlloliata (DANSEREAU et SEGADA-VIANNA. 1952) 22) Alnus crispa (DANSEREAU, 1959) 13) Sclrpus valldus (LACOURSIÊRE et MAIRE, 1976) ARBORAIES HABITATS RIVERAINS 257

bustaies et 6 arboraies. Les herbaçaies sont occasion­ baçaies. En effet, pour un site donné, le nombre moyen nelles et occupent généralement la partie inférieure de de taxons se chiffre à près de 15. Aux arbustes princi­ l'habitat riverain, soit la zone limnophytique (fig. 1). paux s'ajoutent d'autres arbustes, des plantes vasculai- Viennent ensuite les arbustaies, pratiquement omnipré­ res ainsi que des bryophytes. sentes, et les arboraies, dans la partie supérieure de Au moment des crues printanières, certaines arbus­ l'hydrosère. taies, comme celles à Myrica gale ou aSalix pellita, dis­ paraissent sous l'eau ou, du moins, presque complète­ HERBAÇAIES (tabl. Ill) ment. Toutefois, le plus grand nombre ne sont inondées qu'en partie. Ces arbustaies se composent alors d'Alnus Le tableau de végétation (tabl. I) fait ressortir la spp., de Salix planifolia, de S. discolor ou de Chamae- pauvreté floristique des herbaçaies riveraines. En effet, daphne calyculata accompagné de Myrica gale. il est rare de retrouver sur une même station plus de 10 plantes différentes. Qui plus est, une seule espèce do­ En août, la surface du sol s'assèche, et la nappe mine habituellement, donnant son nom au groupement phréatique s'abaisse jusqu'à une profondeur variant en­ végétal. Parmi les herbaçaies les plus fréquentes, men­ tre 20 et 60 cm. Toutefois, l'arbustaie à Myrica gale et tionnons celles à Carex rostrata, Eleocharis smallii, Carex rostrata de même que celle à Salix pedicellaris Equisetum fluviatile, Carex lasiocarpa, C. oligosperma et demeurent mal drainées tout au cours de l'année. C. aquatilis. La répartition des arbustaies semble surtout fonction Les herbaçaies croissent principalement dans les si­ de l'exposition et de la nature du substrat. Dans les en­ tes abrités, soit dans les baies profondes des divers droits abrités, elles se distribuent comme suit: le maté­ plans d'eau ou le long des sections d'eau calme des ri­ riel fin héberge les communautés à Salix pellita, ou à S. vières. Elles forment des bandes parallèles, plus ou planifolia et S. discolor; le matériel organo-minéral, moins continues, qui se succèdent selon un gradient de celle à Myrica gale et Carex rostrata ; et le matériel or­ durée d'immersion. En général, il y a moins de trois ganique, celle àSalix pedicellaris. Les sites exposés des bandes, et leur largeur totale excède rarement 10 m, lacs ou situés le long d'une section d'eau vive de rivière sauf dans quelques baies où elle atteint plus de 150 m. exposent un matériel grossier envahi par les groupe­ ments à Myrica gale et à Alnus spp. En présence d'un Lors des crues printanières, l'eau inonde les herba­ humus épais, ces arbustaies sont remplacées par le çaies qui émergent par la suite progressivement. En pé­ riode d'étiage estival, le niveau de la nappe phréatique groupement à Chamaedaphne calyculata et Myrica gale. varie de 10 cm au-dessous de la surface du sol à 50 cm au-dessus. Les herbaçaies complètement exondées au ARBORAIES (tabl. V) cours de l'été sont celles à Elymus mollis, Carex ros­ Les arboraies riveraines sont occasionnelles et se trata, C. aquatilis, C. lenticularis et Juncus filiformis. Les cantonnent dans les basses terres du sud de la Jamésie. autres, plus humides, baignent dans l'eau presque en Soumises à une brève période d'inondation au moment permanence. Elles sont dominées à tour de rôle par Ca­ des crues printanières, elles s'assèchent en période es­ rex oligosperma, C. limosa, en association avec Scorpi- tivale, la nappe phréatique se situant alors entre 20 et dium scorpioides, C. lasiocarpa, Equisetum fluviatile, 60 cm. Leur parterre, généralement bien drainé, s'enri­ Menyanthes trifoliata ou Eleocharis smallii, habituelle­ chit de plantes forestières de sorte que, pour une même ment jumelé à Scirpus validus. station, le nombre moyen de taxons se chiffre mainte­ nant à 25. La nature du substrat influence également la réparti­ tion des herbaçaies. Les formations à Eleocharis smallii, Parmi les six groupements arborescents riverains re­ Carex lenticularis, C. rostrata, C. aquatilis, Equisetum censés, trois se développent sur matériel fin. En théorie, fluviatile et Juncus filiformis s'installent de préférence il serait possible de les retrouver le long d'une même sur les substrats fins (argile, limon ou sable très fin). hydrosère puisqu'ils s'ordonnent selon un gradient D'autres caractérisent les substrats organiques, comme croissant d'humidité: d'abord la tremblaie à Alnus les herbaçaies à Menyanthes trifoliata, Carex oligo­ crispa, puis la tremblaie à A. rugosa et finalement la sperma, Equisetum fluviatile et Carex limosa ainsi que peupleraie boréale à A. rugosa. Mais dans les faits, seu­ celle à Carex limosa et Scorpidium scorpioides. Plutôt lement quelques séquences formées par deux de ces indifférentes, les communautés à Scirpus validus et à groupements ont pu être relevées. La largeur moyenne Carex lasiocarpa se développent sur plusieurs types de totale de ces arboraies est de 25 m. Alors que les trem- substrats (matériel fin et organique), au contraire de blaies atteignent une hauteur moyenne de 15 m, celle de l'herbaçaie à Elymus mollis confinée aux rives sableu­ la peupleraie boréale varie; en aval des rivières Rupert ses. et Broadback, elle se maintient autour de 8 m, mais s'élève à 12 m dans le secteur des lacs Matagami et ARBUSTAIES (tabl. IV) Soscumica, en raison, semble-t-il, d'une plus grande stabilité des rives. Même si elles ne sont dominées que par une ou deux espèces végétales, les arbustaies riveraines possèdent Lorsque la matière organique devient le principal un cortège floristique plus diversifié que celui des her­ substrat, le mélézin à Myrica gale et la cédrière à mélèze TABLEAU III

Caractéristiques des herbaçaies riveraines du sud de la Jamésie, Québec

Profondeur d'eau (+) et position de la Groupement végétal nappe phréatique Texture du Largeur Hauteur (-) en août 1979 substrat * moyenne (m) moyenne (m) Fréquence (moyenne en cm)

Scirpus validus + 50 F5Q5 15 1.5 Rare (Dans les derniers 25 km de la rivière Rupert. Sur un petit lac situé à l'est du lac Soscumica) Eleocharis smallii + 30 F4O' 10 0,6 Fréquent Menyanthes trifoliata + 25 Oio 3 0.3 Très rare (En bordure d'un petit ruisseau se déversant dans le lac Némiscau)

Equisetum fluviatile + 25 F8G-2 4 0.5 Occasionnel Equisetum fluviatile et Carex + 20 O'o 2 0,5 Très rare limosa (Dans les mares d'un grand habitat riverain du lac Poncheville) Carex lasiocarpa + 20 O4OM4F? plus de 100 0,3 Occasionnel Carex limosa et Scorpidium + 15 O10 plus ! de 100 0.3 Très rare scorpioides (Lacs Mistassini et Poncheville, rivière Nipukatasi) Carex oligosperma + 10 O'o 5 0,7 Occasionnel

Carex lenticularis F10 3 0,3 Rare 0 (Lacs Soscumica et Némiscau)

Juncus filiformis F8G-2 5 0,4 Rare - 5 (Lacs Soscumica et Némiscau)

Carex aquatilis F60M" 15 0,7 Occasionnel - S (Lacs Mistassini et Goéland, rivières Waswanipi et Broadback) Carex rostrata - 10 F802 5 0,8 Très fréquent E Iy m us mollis -50 M'° 7 0,8 Très rare (Derrière une plage de sable, extrémité nord du lac Mistassini)

* F : fine (argile à sable très fin - M : moyenne (sable fin à gravier) - OM : organo-minérale - O : organique L'exposant correspond à une classe de fréquence de 10 à 100% des sites étudiés. Pour connaître le nombre de relevés effectués dans chaque groupement, voir le tableau 1. HABITATS RIVERAINS 259

TABLEAU IV

Caractéristiques des arbustaies riveraines du sud de la Jamésie, Québec

Profondeur moyenne (cm) de la Groupement végétal nappe phréatique Texture du Largeur Hauteur en août 1979 substrat ' moyenne(m) moyenne(m) Fréquence

Salix pedicellaris 0 Oio 100 1 Très rare (Lacs Evans et Olga) Myrica gale et Carex rostrata 0 OMSO3F* 150 1.5 Occasionnel dans les basses terres; rare dans les hautes terres Salix pellita • 20 F9OM' 5 - 10 1.5 Fréquent dans les basses terres. Très rares dans les hautes terres (Lac Mistassini)

Myrica gale -20 G'F' 5 - 10 1,5 Très fréquent Chamaedaphne calyculata et -45 O/G'0 1 1 Rare dans les basses terres. Très Myrica gale fréquent dans les hautes terres.

Salix discolor • 50 F' 5- 10 7 Très rare (lac Waswanipi) Salix piamfolia -m F*0' 5- 10 3 Occasionnel dans les basses terres (principalement dans les 20 derniers km des rivières Rupert et Broadback). Très rare dans les hautes terres (lac Mistassini). Alnus rugosa 50 G'M2F' 5- 10 2.5 Très fréquent Alnus crispa 60 FW 5 2.5 Occasionnel

' F : fine (argile à sable très fin) - M : moyenne (sable fin à gravier) - G : grossière (cailloux) - OM : organo-minérale - O : organique L'exposant correspond à une classe de fréquence de 10 à 100%. Pour connaître le nombre de relevés effectués dans chaque groupement, voir le tableau 1

TABLEAU V

Caractéristiques des arboraies riveraines du sud de la Jamésie, Québec

Profondeur moyenne (cm) de la Groupement végétal nappe phréatique Texture du Largeur Hauteur en août 1979 substrat ' moyenne (m) moyenne (m) Fréquence

Mèlézin à Myrica gale -20 100 7 Très rare ; basses terres uniquement Cédrière -20 10 8 Très rare (Lacs Olga, Soscumica et Evans) Cédrière à mélèze -20 10 10 Très rare (Lacs Montreuil et Matagami) Peupleraie boréale à Alnus rugosa -50 15 5 - 15 Rare (Rivière Allard, lacs Matagami et Soscumica. Aval des rivières Rupert et Broadback). Tremblaie à Alnus rugosa 15 15 Rare (Lacs Soscumica, Matagami et Ké- nonisca). Tremblaie à A/nus crispa -80 15 15 Rare (Lacs Soscumica, Matagami et Ke- nonisca).

' F : fine (argile à sable très fin) - O : organique - R : roc Pour connaître le nombre de relevés effectués dans chaque groupement, voir le tableau 1. 260 P. GRONDIN et J. OUZILLEAU

prennent place. De temps à autre, la cédrière colonise Le plus souvent, les plages occupent les anses lacus­ les rives caillouteuses ou rocheuses de divers plans tres exposées aux vents dominants (est et ouest). Cet d'eau. L'existence de cette dernière, tout comme celle habitat riverain débute par une zone de sol nu et peu de la cédrière à mélèze, semble conditionnelle à la pré­ propice à l'installation de la végétation en raison des sence de ruissellement à la surface du roc. Dans la ré­ vagues qui y déferlent en période de forts vents. Der­ gion des lacs Olga, Matagami, Soscumica, Montreuil et rière, s'élève une bande étroite (2 m en moyenne) et dis­ Evans, les petites cédrières linéaires sont d'un grand in­ continue d'Alnus crispa ; parfois, une mince lisière dis­ térêt phytogéographique puisqu'elles se situent, à la continue d'Alnus rugosa la précède (tabl. VII). lumière des connaissances actuelles, près de la limite Les plages totalisent une faible distance, soit septentrionale des cédrières au Québec. 10% des 13 000 km de rives étudiées. Les plages d'argile s'étendent sur près de 15 km, et les plages de TYPES D'HABITATS RIVERAINS sable, plus répandues, sur 1 350 km. En bordure des lacs soumis à de faibles fluctuations du niveau d'eau (de Régies par plusieurs variables écologiques, les rives l'ordre de 50 cm), comme certains lacs de tête des hau­ des lacs et des rivières présentent de nombreux faciès. tes terres, les plages excèdent rarement 5 m de large et L'amplitude des crues saisonnières, la texture du sub­ 500 m de long. Par contre, là où l'eau fluctue beaucoup strat, l'exposition au vent, l'action des glaces et la vitesse (de 1,5 m ou plus), les plages atteignent habituellement du courant contribuent à diversifier leur morphologie. 10 à 15 m de large et jusqu'à 1,5 km de long. Ces lon­ De l'action combinée de ces variables résultent, dans le gues plages se distribuent surtout en périphérie des sud de la Jamésie, neuf types d'habitats riverains grands lacs des basses terres. (tabl. Vl). Chaque type possède, comme nous le verrons, un profil particulier, une séquence originale de groupe­ Sur les plages, nous avons occasionnellement ob­ ments végétaux ainsi qu'un potentiel plus ou moins at­ servé des pistes d'orignaux et d'ours noir; les arbustes trayant pour la faune. broutés par l'orignal et le castor sont rares, tout comme les pistes et les fumées de bernaches et les pistes d'oi­ A. LA PLAGE (fig. 2) seaux de rivage. Après une comparaison des signes de La plage présente une pente relativement faible, de vie animale notés dans les différents habitats riverains, l'ordre de 10%. Le matériel qui la compose varie d'un nous avons évalué le potentiel faunique de celui-ci à secteur à l'autre. Dans la région des hautes terres, do­ moyen (tabl. VIII). minée par les dépôts glaciaires et fluvio-glaciaires, le B. LE TALUS (fig. 3) sable abonde et l'apparition de gravier n'est que spora- dique. Dans les basses terres, caractérisées par la pré­ Les glissements de terrain sont probablement à l'ori­ sence de dépôts fins, la plage est plutôt constituée d'ar­ gine des talus. Ceux-ci, toujours très inclinés, se décou- gile ou encore d'un mince placage de sable (de l'ordre de 10cm) sur argile; à l'origine, ce sable était sans doute contenu en faible quantité (2 à 5%) dans l'argile (LUPIEN, ROSENBERG et Ass., 1980).

FlGURE 3. Talus de sable (rive droite) et rive étroite sur maté­ riel moyen (sable) en bordure de la rivière Papaskuasata (nord du lac Mistassini). La végétation riveraine est fort discontinue FIGURE 2. Plage du lac Soscumica formée d'un placage de au bas du talus tandis que sur la rive étroite, elle se compose sable sur argile. Les Lathyrus palustris composent des bandes de deux arbustaies : une première à Myrica gale et une seconde de végétation plus ou moins discontinues. Dans la partie supé­ aAlnus rugosa (largeur moyenne totale: 10 m). rieure de l'habitat riverain se dresse la peupleraie boréale. The sand slope and narrow sandy bank of Papaskuasata River Beach made up of a thin sand layer resting on clay (Lake (north of Lake Mistassini). Riparian vegetation is very discon­ Soscumica). Lathyrus palustris colonies form discontinuous tinuous at the base of the slope while it is composed of two vegetation strips. In the upper part of the riparian habitat, shrub associations on the narrow bank: one is dominated by there is a boreal aspen formation. Myrica gale and the other by Alnus rugosa (mean width : 10 m). TABLEAU Vl

Description des habitats riverains du sud de la Jamésie, Québec. TABLEAU VII CD ro Correspondance entre les types d'habitats riverains et les groupements végétaux recensés sur les rives du sud de la Jamésie. Québec

Q S g z CO 1 TABLEAU VIII Observations et potentiel faunique des types d'habitat riverains du sud de la Jamésie, Québec

1 Les observations se limitent au grand brochet 2 Les potentiels fauniques restent à valider par des études plus approfondies 264 P. GRONDIN et J. OUZILLEAU pent dans l'argile lacustre ou marine des basses terres, tion riveraine est absente ou se limite à quelques tiges et principalement dans la partie aval des rivières Rupert, éparses de Myrica gale enracinées dans la tourbe. Broadback et Nottaway. Dans les hautes terres, les ta­ Compte tenu de l'abondance des tourbières dans le lus, constitués cette fois-ci de sable et de gravier, entail­ sud de la Jamésie, ce type d'habitat riverain est assez lent le rebord des rivières qui s'écoulent vers le lac Mis- répandu. Il garnit, sur de faibles longueurs, les rebords tassini, notamment la rivière Papaskuasata, la partie des rivières Rupert (en amont du lac Némiscau) et Not­ amont de la rivière Rupert (amont du lac Némiscau) de taway, de même que les rives des lacs Némiscau, Gif- même qu'une section du lac Mesgouez. Dans l'ensem­ fard, Kénonisca, Rocher, Dana, Evans, Du Tast, Mata- ble, le talus constitue un habitat riverain plus typique garni et Mesgouez. Au lac Du Tast, le phénomène est des rivières que des lacs. impressionnant puisque la tourbe érodée, d'une épais­ Sur les talus argileux, la zone exondée en perma­ seur de 1,5 m, est perchée sur un dépôt d'argile varvée nence peut être complètement dénudée à la suite de ré­ de même épaisseur. DIONNE (1980) soutient que l'éro­ cents glissements de terrain. Sinon, elle est colonisée sion des tourbières en bordure des lacs serait imputable par une végétation pionnière dominée par Aster puni- à une détérioration du climat se traduisant par une ceus, A. borealis, Solidago lepida, Achillea lanulosa et augmentation des précipitations et, par conséquent, du Heracleum maximum ; par une végétation de transition niveau d'eau. formée principalement d'Alnus crispa, d'A rugosa et de La longueur totale de cet habitat en périphérie des jeunes peupliers baumiers (3m de haut en moyenne); plans d'eau cartographies atteint approximativement ou encore par une végétation mature, telle que la sapi­ 140 km (1% de la longueur totale des rives). Les signes nière à épinette blanche. Les talus taillés dans le sable de vie animale se limitent à de rares observations de ou le gravier sont, pour leur part, sans végétation ou bernaches; par conséquent, le potentiel de cet habitat envahis par celle qui occupe les environs immédiats pour la faune est considéré comme étant très faible. (pessière noire à mousses, pinède grise à cladonie, brû­ lis récent,...). Dans le secteur inventorié, ce type d'habi­ D. LA RIVE DE BLOCS ET DE ROC (fig. 5) tat riverain couvre des superficies négligeables: les ta­ Une zone de 0,5 à 10 m de large, composée de blocs lus argileux s'étendent sur 35 km seulement, alors que et de roc, caractérise cet habitat. D'un site à l'autre, les autres totalisent à peine 50 km. seule une végétation éparse et hétérogène réussit à En raison de leurs caractéristiques morphologiques s'implanter entre les matériaux grossiers. Parmi les es­ et végétales, les talus attirent peu la faune. Les observa­ pèces les plus communes figurent divers bryophytes et tions de terrain se limitent à la présence sporadique de lichens dont Rhacomitrium heterostichum, Umbilicaria quelques oiseaux de rivage. Son potentiel faunique est mammulata, U. papulosa et Parmelia cf. taractica aux­ donc considéré comme très faible. quels s'ajoutent, dans certains cas, quelques tiges épar­ ses de Myrica gale. Aux lacs Soscumica, Olga et Evans, C. LA TOURBE ÉRODÉE (fig. 4) une mince cédrière croît dans la partie supérieure de Il arrive que des tourbières, principalement des bogs à dominance d'éricacées, se juxtaposent à un plan d'eau qu'elles dominent alors de 1 à 2 m. L'eau sape la base du mur de tourbe et l'érode petit à petit. La végéta-

FIGURE 5. Rive de blocs et de roc au lac Olga. Entre les blocs croissent quelques touffes de Myrica gale alors qu'à l'arriè­ re, quelques thuyas se développent sous l'influence des fluctua­ tions du plan d'eau et du ruissellement provenant de la zone terrestre. FlGURE 4. Tourbe érodée bordée d'une cédrière (lac Mata- Boulders and rock bank (Lake Olga). Stands of Myrica gale garni). grow between boulders and the growth of cedars in the back Eroded peat deposit bordered by a cedar forest (Lake Mata- is due to water level fluctuations and seepage coming from gami). the terrestrial zone. HABITATS RIVERAINS 265

cet habitat. Dans le territoire étudié, ce type de rive re­ F. LA RIVE ÉTROITE SUR MATÉRIEL FIN (fig. 7) présente 3% de la longueur totale des rives, soit une Mieux développée que l'habitat riverain précédent, la distance de 350 km. Les études portant sur la faune ne rive étroite sur matériel fin s'incline vers l'eau avec une rapportent que de rares observations visuelles de ca­ pente habituelle de 5 à 10%. En général, son substrat se nards plongeurs; un potentiel faunique très faible est compose de sable très fin, de limon ou, plus rarement, donc attribué à cet habitat. d'argile. Compte tenu de l'importance des dépôts fins E. LA RIVE TRÈS ÉTROITE (fig. 6) dans la région des basses terres, cet habitat abonde particulièrement le long des rivières Rupert (secteur Les faibles variations d'eau, caractérisant le régime aval), Broadback, Nottaway, Bell, Waswanipi, Maicasagi hydrique de certains lacs, limitent à tel point l'expansion et Chensagi. de l'habitat riverain, qu'il peut apparaître inexistant pour un observateur survolant le territoire à basse altitude. Dans cet habitat, la succession amorcée par une En fait, il se réduit à une mince zone de sol nu derrière zone de sol nu, se poursuit par une arbustaie à Salix laquelle s'élève une basse arbustaie d'une largeur pellita (hauteur moyenne: 1,5 m), puis par une arbustaie moyenne de 1,5 m. De nombreux cailloux délavés de à Alnus rugosa (hauteur moyenne: 2,5m). Toutefois, tout matériel fin forment habituellement la zone de sol lorsque la pente excède 15%, la saulaie a peine à se nu. Toutefois, dans les quelques secteurs où prédomi­ développer. Occupant à lui seul 25% de la longueur to­ nent les dépôts fluvio-glaciaires, cette zone se compose tale des rives (près de 3 200 km), cet habitat est un des de sable et de gravier. L'arbustaie, qui se développe sur mieux représentés en bordure des plans d'eau du sud une couche d'humus peu décomposé, comprend une de la Jamésie. dense couverture de Chamaedaphne calyculata auquel L'observation des signes de vie animale dans ce mi­ s'entremêlent quelques epinettes noires et de rares ti­ lieu révèle que l'orignal le fréquente rarement (pistes et ges de Myrica gale et d'Alnus rugosa (groupement à excréments) et le castor, occasionnellement (saules et Chamaedaphne calyculata et Myrica gale). aulnes rongés, cabanes). On rapporte que les saules Omniprésente le long des berges rectilignes et si­ constituent une importante source de nourriture pour le nueuses des lacs de tête, la rive étroite s'associe égale­ castor (TRAVERSY, 1976), l'orignal (PEEK, 1974; AUDET ment aux rapides et aux chutes ponctuant le parcours et GRENIER, 1976) et le lagopède des saules (S.E.B.J., des rivières. Ce type d'habitat riverain est relativement 1978), contrairement aux aulnes considérés comme peu important puisqu'il recouvre 11% des rives invento­ utilisés (TRAVERSY, 1976; AUDET et GRENIER, 1976). riées (1 400 km). Les observations fauniques sont rares: Selon ces informations, on peut considérer que cet ha­ aulnes rongés par les castors, fumées de lièvres d'Amé­ bitat offre un potentiel de classe moyenne pour la faune. rique et observations d'oiseaux de rivage. Son potentiel G. LA RIVE ÉTROITE SUR MATÉRIEL MOYEN OU faunique est donc faible. GROSSIER (fig. 8) Cette rive étroite conserve une pente de 5 à 10%, mais se caractérise par la nature de son substrat, qui

FIGURE 6. Rive très étroite longeant un lac sans nom situé à l'ouest du lac Némiscau. Les hautes eaux cachent les cailloux que l'on aperçoit habituellement au bas d'une dense arbustaie formée de nombreuses tiges de Chamaedaphne calyculata et de quelques plants de Myrica gale et 6'Alnus rugosa (groupement à Chamaedaphne calyculata et Myrica gale). FIGURE 7. Rive étroite sur matériel fin caractérisée par le pas­ Very narrow bank of an unnamed lake located west of Lake sage d'une arbustaie à Salix pellita à une arbustaie à Alnus Nemiscau. High water level hides pebbles usually seen beneath rugosa (rivière Bell). the shrubby formation composed of several stands of Chamae­ Narrow bank made up of fine material characterized by the daphne calyculata and a few stands of Myrica gale and Alnus succession of shrubby formations with Salix pellita and Alnus rugosa (Chamaedaphne calyculataand Myrica galeassoc/'af/on). rugosa (). 266 P. GRONDIN et J. OUZILLEAU

comprend surtout des cailloux et, plus rarement, du sa­ tué de matériel fin (sable très fin, limon ou argile). L'en­ ble (moyen et grossier) ou du gravier. Tandis que les semble de ces conditions stimule la croissance de la cailloux se relient aux dépôts typiquement glaciaires, végétation, qui se diversifie davantage et s'étend sur les matériaux plus fins sont en grande partie d'origine une largeur moyenne de 20 m. Pour la première fois, les fluvio-glaciaire. La texture grossière du substrat n'est herbaçaies se manifestent, devançant les arbustaies. pas favorable à l'implantation du saule. Aussi, derrière Régulièrement, VEleocharis smallii forme une première une zone de sol nu, s'élève une arbustaie à Myrica gale bande suivie d'une herbaçaie à Carex rostrata, de loin la suivie d'une seconde à Alnus rugosa. Ici et là, l'arbus- plus fréquente sur le territoire. Le groupement à Carex taie à Alnus crispa complète l'hydrosère. aquatilis se présente à l'occasion, mais plus rare est ce­ En périphérie des grands lacs des basses terres, où lui à Scirpus validus situé uniquement en aval de la ri­ les fluctuations d'eau annuelles atteignent près de vière Rupert. Plus au nord de notre territoire d'étude, les 1,5 m, la largeur de cette hydrosère oscille entre 5 et inventaires de la végétation rapportent d'autres herba­ 10 m. C'est le cas pour les lacs Olga, Matagami, Soscu- çaies; elles sont dominées par Carex lenticularis ou par mica, Evans, Dana, Du Tast, Kénonisca, Rocher, au Goé­ Juncus filiformis, la première formation précédant la se­ land et Waswanipi. Par contre, des variations d'eau plus conde le long de l'hydrosère. GAGNON (1976) considère faibles (de 0,5 à 1 m) réduisent sa largeur à quelques même le Carex lenticularis comme une espèce caracté­ mètres (2 à 4). Cette situation prévaut sur quelques ristique de la zone hélophytique du versant est de la grands lacs des hautes terres tels les lacs Mistassini, baie de James, depuis la rivière Eastmain jusqu'à la Mesgouez et Némiscau, ainsi que dans la section amont Grande Rivière. Dans la partie sud de la Jamésie, ces de la rivière Rupert, comprise entre les lacs Mistassini et espèces semblent beaucoup plus localisées puisque Némiscau. Cet habitat, fort bien représenté, comprend leur présence ne fut détectée que sur de faibles su­ 29% des rives étudiées. Les rives caillouteuses en perficies aux lacs Soscumica et Némiscau. constituent 26% (3 400 km), alors que les rives sableuses À la suite des herbaçaies se dressent des arbustaies. et graveleuses se partagent le pourcentage résiduel. Deux séquences reviennent couramment. La première Dans ce milieu, les signes de vie animale sont peu juxtapose le Salix pellita a VAInus rugosa et survient sur fréquents. Rarement peut-on y apercevoir des pistes les dépôts fins. Elle est fort répandue dans les basses d'orignaux, des sentiers de castors et des arbustes ron­ terres, surtout le long des rivières et dans quelques gés par ces derniers, de même que des fumées de liè­ baies abritées de grands lacs. La seconde séquence vres d'Amérique et de bernaches du Canada. Cet habitat réunit les groupements à Myrica gale et à Salix planifo- riverain se voit ainsi attribuer un potentiel faunique de Ua. Beaucoup moins importante, elle se confine à la par­ classe moyenne. tie aval des rivières Rupert, Broadback et Nottaway, et plus précisément dans les 20 derniers kilomètres précé­ H. LA RIVE LARGE (fig. 9) dant la baie de Rupert. Cet habitat se distingue des autres par sa position plus abritée, sa pente plus douce et son substrat consti-

FIGURE 9. Rive large bordant la rivière Allard (ouest du lac Matagami). La zonation de la végétation débute par l'herbaçaie FlGURE 8. Rive étroite (8 m de large) sur matériel grossier à Eleocharis smallii et se poursuit par l'herbaçaie à Carex (cailloux)au lac Kénonisca. Derrière lazone de sol nu,s'installent rostrata, l'arbustaie à Salix pellita et la tremblaie à Alnus successivement les groupements aMyricagale (1 m de haut) et à rugosa. Alnus rugosa (2 m). The wide bank of Allard River (west of Lake Matagami). Vegeta­ Narrow bank (8 m in width) made of coarse material (pebbles) tion zonation begins with an Eleocharis smallii herbaceous at Lake Kénonisca. A Myrica gale (1 m in height) and an Alnus association followed by a Carex rostrata herbaceous associa­ rugosa (2 m) associations stand in the back of a bare ground tion, a Salix pellita shrubby group and an aspen forest with zone. Alnus rugosa. HABITATS RIVERAINS 267

Derrière les arbustaies à Salix pellita et à Alnus ru- riveraines présentent une pente presque nulle et sont gosa se développent parfois les tremblaies àAlnus ru- constituées de matériel fin (limon), organo-minéral ou gosa ou àAlnus crispa. Quant à la peupleraie boréale à organique. La mise en place du matériel organo-minéral Alnus rugosa, elle côtoie plutôt les arbustaies à Myrica fait intervenir deux processus pédogénétiques distincts. gale et à Salix planifolia. Le premier a trait à l'accumulation au sol de matière or­ ganique provenant de la production végétale, et le se­ La rive large représente près de 11% de la longueur cond nécessite l'apport de matériel minéral fin en pé­ totale des rives étudiées. Les orignaux (pistes fréquen­ riode de hautes eaux. Sur certains sites, le matériel tes, broutage occasionnel et fumées rares), les rats organo-minéral est distribué uniformément, alors que musqués (observations visuelles, pistes et terriers ici et sur d'autres une gradation du matériel minéral vers le là), les castors (broutage et cabanes rares), les canards matériel organique s'établit de l'habitat aquatique vers barboteurs, les oiseaux de rivage (observations visuelles l'habitat terrestre. fréquentes) et les grands brochets (observations visuel­ les occasionnelles) fréquentent cet habitat. SCOTT et La végétation est constituée principalement d'une CROSSMAN (1974) signalent que les herbaçaies, basse arbustaie à Myrica gale, devant ou à l'intérieur de comme celle à Carex rostrata, constituent des sites de laquelle s'installe l'herbaçaie à Carex rostrata. Dans la frai à fort potentiel pour le grand brochet au moment majorité des stations échantillonnées, l'arbustaie do­ des crues printanières. Les herbaçaies sont également mine, bien qu'à l'occasion l'herbaçaie puisse occuper très importantes pour la sauvagine, notamment la ber- près de la moitié de la superficie totale. nache du Canada et le canard noir qui s'alimentent de Carex rostrata et d'Equisetum fluviatile (ROSA, 1975). La formation à Myrica gale fait place exceptionnelle­ Ces sites peuvent aussi être utilisés par le rat musqué ment sur de faibles superficies aux arbustaies à Salix (S.E.B.J., 1978) et par l'orignal (PEEK, 1974; S.E.B.J., planifolia (lac Mistassini), à S. pedicellaris (lacs Evans et 1978). Enfin, il est admis que les formations de tremble Olga) et à S. pellita (lac Mistassini). L'herbaçaie àCarex et de peuplier baumier, même si elles sont peu abon­ rostrata est parfois remplacée par celle à C. oligo- dantes, représentent des sites d'intérêt pour l'orignal et sperma (lacsNémiscau, Evans, WaswanipietKénonisca), le castor (AUDET et GRENIER, 1976; TRAVERSY, 1976). à C. lasiocarpa (lacs Mistassini, Poncheville, Evans et En définitive, cet habitat offre un potentiel faunique de Némiscau), à C. limosa etScorpidium scorpioides (lacs classe élevé. Mistassini et Poncheville, rivière Nipukatasi), à Equise- tum fluviatile et Carex limosa (lac Poncheville), à Scir- I. LA RIVE TRÈS LARGE (fig. 10) pus validus (petit lac à l'est du lac Soscumica) et à Me- nyanthes trifoliata (lac Némiscau). Enfin, dans la partie Cet habitat riverain est le plus grand qui puisse se supérieure de l'hydrosère se dresse parfois le mélézin à développer dans le sud de la Jamésie. De façon géné­ Myrica gale. rale, la superficie d'un site varie entre 1 et 2 km2 pour une largeur moyenne de 10Om. Ces grandes platières La rive très large se développe le long des zones d'eau calme des petites et grandes rivières qui sillon­ nent les basses terres du sud de la Jamésie. Vers l'est, on la retrouve jusqu'en amont du lac Némiscau, où elle recouvre plusieurs îles alluvionnaires. Cet habitat rive­ rain s'épanouit également dans certaines baies abritées et profondes des grands lacs des basses terres, mais devient rare en bordure des lacs des hautes terres, où les dépôts fins sont presque absents et les crues faibles. La partie sud du lac Mistassini, plus précisément la baie du Poste, fait cependant exception à cette règle et pré­ sente plusieurs rives très larges. Au total, ce type d'habi­ tat riverain occupe près de 9% de la longueur totale des rives (1 200 km).

L'orignal (pistes fréquentes, observations visuelles, broutage et fumées occasionnelles), le rat musqué (pis­ tes occasionnelles), la bernache du Canada (observa­ FIGURE 10. Rive très large au lac Giffard composée de deux tions visuelles occasionnelles, fumées rares), les ca­ groupements végétaux en alternance: un premier à Carex nards barboteurs (observations visuelles occasionnel­ rostrata et un second à Myrica gale et Carex rostrata. Les les), les oiseaux de rivage (observations visuelles occa­ orignaux fréquentent régulièrement cet habitat doté d'un sionnelles) et le brochet (frayères potentielles très fré­ potentiel faunique très élevé. quentes et observations visuelles fréquentes) utilisent Very wide bank at Lake Giffard composed of two vegetation ce milieu. LEHOUX (1973) signale de plus qu'une telle associations. The first is dominated by Carex rostrata and the second by Myrica gale and Carex rostrata. Mooses are often variété dans les structures végétales (arbustaies et her­ seen in this high fauna potential habitat. baçaies) est attrayante pour la sauvagine, tant pour le 268 P. GRONDIN et J. OUZILLEAU

couvert que pour la nidification. Aussi, convient-il d'ac­ d'eau annuelles peu marquées, de l'ordre de 50 cm. Ces corder à la rive très large un potentiel faunique très faibles variations limitent la largeur de l'habitat riverain, élevé. qui excède rarement 3 m. Par conséquent, il n'est pas étonnant de constater que la rive très étroite domine en DISCUSSION périphérie de ces lacs. Moins fréquente, la plage étroite garnit les anses exposées aux vents dominants. En rai­ Ce survol descriptif des habitats riverains du sud de son de leurs particularités, le potentiel faunique des la Jamésie fait ressortir leur diversité ainsi que les varia­ deux habitats riverains de ce secteur demeure faible ou bles écologiques les plus actives sur la morphologie et moyen. la végétation des rives. Ces variables interagissent de différentes façons pour former plusieurs types d'habi­ Les lacs alimentés par d'importants tributaires déli­ tats riverains, qui défilent à tour de rôle en bordure des mitent une région centrale englobant les lacs Chensagi, plans d'eau. Compte tenu de l'organisation du réseau Waswanipi, au Goéland, Olga, Matagami, Soscumica, hydrographique, ces plans d'eau se regroupent en trois Evans, Dana, Du Tast et Giffard (fig. 11 et 13). Ces lacs grandes catégories caractérisant autant de régions dans voient leur niveau d'eau augmenter considérablement le sud de la Jamésie: les lacs de tête, les lacs alimentés après la fonte des neiges avant de s'abaisser de 1 à 3 m par d'importants tributaires et les rivières (fig. 11 et tabl. au cours de la saison de croissance (de mai à août). IX). Grâce à cette fluctuation du niveau d'eau, l'habitat rive­ Les lacs de tête abondent surtout dans les hautes ter­ rain prend de l'expansion et peut atteindre entre 3 et res et plus particulièrement à l'est des lacs Némiscau, 10 m de large. La rive étroite sur matériel grossier oc­ Evans, Rocher, Chensagi, Maicasagi et Waswanipi cupe une partie importante du périmètre de ces lacs, (fig. 12). Alimentés par les précipitations et par des tri­ mais la faune ne la fréquente guère de sorte que son butaires de faible débit, ils sont l'objet de fluctuations potentiel faunique est faible. Dans les anses exposées

FIGURE 11. Régionalisation des habitats riverains du sud de la Regionalization of the riparian habitats in the southern James Jamésie. Bay area. TABLEAU IX > Frequence des types d'habitats riverains et de la texture des dépôts de surface dans les régions d'habitats riverains du sud de la Jamêsie, Québec ï < m ZD > if)

K) CT) CD FIGURE 12. Paysage de la région des nombreux lacs de l'est. Les impor­ Landscape of the eastern region which includes numerous lakes. Important tantes fluctuations du niveau de l'eau (de l'ordre de 2 m) du lac Mesgouez water level fluctuations (2 m approximately) on Lake Mesgouez cause permettent la formation d'une rive étroite sur matériel grossier (A). Dans the formation of a narrow bank made up of coarse material (A). In the la partie supérieure du lac, les dépôts fluvio-glaciaires favorisent le déve­ upper part of the lake, narrow banks with medium size material (B) are loppement d'une rive étroite sur matériel moyen (B). Face aux vents associated to fluvioglacial deposits. Exposed to dominant winds, one can dominants, on note la présence de plages (C) et de tourbières érodées see beaches (C) and eroded peatlands (D). Finally, the very narrow bank (D). Enfin, la rive très étroite (E) ceinture un petit lac situé à la droite du (E) borders a small lake located east of Lake Mesgouez (National Air- lac Mesgouez (Photothèque nationale, Ottawa, A-15342, 22, 23 et 24; Photo Library, Ottawa, A-15342, 22, 23 and 24: June 19th 1956; 1:60 000). 19 juin 1956, 1/60 000). FIGURE 13. Vue d"une partie de la région des lacs alimentés par plusieurs Partial view of a region characterized by large lakes and several streams. tributaires. On aperçoit ici des rives très larges (A), des rives larges (B), One can see very wide banks (A), wide banks (B). narrow banks on coarse des rives étroites sur matériel grossier (C), des plages (D) et des rives material (C), beaches (D) and banks made of boulders and rock (E). de blocs et roc (E) (Photothèque nationale, Ottawa, A-15556, 15, 16 et 17; 26 (National Air-Photo Library. Ottawa. A-15556. 15, 16 and 17; September septembre 1956, 1/60 000). 26 th 1956; 1:60 000). ro

O O

O FIGURE 14. Paysage du secteur aval des rivières Rupert, Broadback et Downstream portions of Rupert, Broadback and Nottaway rivers. Beaches Nottaway. La place (A), la rive étroite sur matériel grossier (B), la rive large (A), narrow banks on coarse (B) and fine (E) material, wide banks (C) and (C), la rive de blocs et roc (D) et la rive étroite sur matériel fin (E) se banks made of boulders and rock (D) follow one another. (National Air- succèdent le long de la rivière (Photothèque nationale, Ottawa, A-14975, Photo Library, Ottawa, A-14975, 21, 22 and 23; September 2nd 1955, 2 21, 22, 23; 2 septembre 1955; 1/60 000). 1:60 000). C HABITATS RIVERAINS 273 aux vents dominants, le matériel fin, entraîné par les va­ REMERCIEMENTS gues, s'amoncelle pour former des plages relativement Un mandat de la Société d'énergie de la Baie-James, larges (10 à 15 m) d'un potentiel faunique moyen. Enfin, Direction Environnement, accordé au Groupe Dryade a quelques baies abritées sont propices à la sédimenta­ permis la réalisation de cette étude. Nos remerciements tion de matériel très fin et de matière organique. C'est s'adressent également à Redmond Hayes et Jacques sur ces sites très faiblement inclinés que se développent Michaud pour leur assistance lors des travaux de terrain les rives larges et très larges, dotées d'un potentiel fau­ et la compilation des données, ainsi qu'aux botanistes nique élevé et très élevé. qui ont identifié ou vérifié le matériel floristique (Robert Quant à la partie ouest du territoire, elle se signale R. Ireland et Gilda Trucco, mousses et hépatiques ainsi avant tout par les sections aval des rivières Rupert, que feu Ernest Lepage et Georges Argus, plantes vascu- Broadback et Nottaway, dont les eaux tombent en laires). Nous sommes de plus reconnaissants à Anne moyenne de 200 m dans les 115 derniers kilomètres. Le Corriveau pour la dactylographie, à Ruth Boivin pour les niveau d'eau de ces rivières fluctue considérablement au dessins, à Line Couillard pour la révision du texte cours de l'année (2 à 5 m). Lors des crues printanières, ainsi qu'à Pierre Richard, Benoît Gauthier et Claude les glaces peuvent briser les arbres bordant la forêt tan­ Hamel pour leurs commentaires intéressants formulés dis qu'au moment des sécheresses estivales, il ne sub­ lors de la lecture du manuscrit. siste souvent qu'un mince filet d'eau. Les habitats riverains qu'on y trouve ont une largeur qui varie entre RÉFÉRENCES 3 et 25 m, et leur composition floristique diffère surtout AUDET, R. et GRENIER, P. (1976) : Habitat hivernal de l'orignal en fonction de la texture du matériel sous-jacent (fig. 14). dans la région de la Baie James, étude préliminaire, Min. du Les rives caillouteuses, dont le potentiel faunique est de Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, Québec, 38 p. classe moyenne, longent les secteurs de fort courant. BRAUN-BLANQUET, J. (1932): Plant Sociology (traduction an­ Près des zones d'eau calme, se manifeste la rive étroite glaise de «Pflanzensociologie», de G.D. Fuller et H.S. sur matériel fin doté d'un potentiel faunique élevé ou Conard), McGraw-Hill, New York, 439 p. moyen, selon qu'elle comprend ou non une strate her­ bacée. Là où le courant est nul ou très faible, diverses BLOUIN, J.-L. et GRANDTNER, M. M. (1971) : Étude écologique et cartographie du comté de Rivière-du-Loup, Serv. de la herbaçaies s'installent dans la partie inférieure de l'ha­ recherche, Min. des Terres et Forêts, Québec, mémoire n° 6, bitat riverain, composant alors la rive large. À l'occa­ 371 p. sion, certains sites et même quelques îlots sont recou­ verts de grandes arbustaies précédées d'herbaçaies; cet CRUM, H., STEERE, W.C. et ANDERSON, LE. (1973): A list of ensemble diversifié constitue la rive très large et offre the mosses of North America, The Bryologist, vol. 76, p. 85- 130. un potentiel faunique très élevé. DANSEREAU, P. (1957) : Biogeography: an ecological perspec­ tive, The Ronald Press Compagny, New York, 394 p. CONCLUSION (1959): Phytogeographia laurentiana II. The principal plant associations of the St-Lawrence Valley, Contribution D'une superficie négligeable, les habitats riverains du laboratoire de Botanique, Univ. de Montréal, n°75,145 p. sont souvent laissés pour compte lors des inventaires DANSEREAU, P. et SEGADAS-VIANNA (1952) : Ecological study de végétation. Ils n'en présentent pas moins beaucoup of the peat bogs of Eastern North America. I Structure and d'intérêt en raison de leur diversité, de leur flore particu­ evolution of vegetation, Canadian Journal of Botany, vol. 30, lière et de leur utilisation plus ou moins intensive par la p. 490-520. faune. Bien que sommaire, ce travail le démontre sans DIONNE, J.-C. (1978): Le glaciel en Jamésie et en Hudsonie. conteste. Québec subarctique, Géographie physique et Quaternaire, En plus d'ébaucher une classification des habitats ri­ vol. XXXII, n° 1, p. 3-70. verains utilisable par le photo-interprète et applicable à (1980): Indices géomorphologiques probants de varia­ d'autres territoires, cette étude établit les principales re­ tions climatiques dans l'est du Québec, AQQUA, 4e Collo­ lations existant entre la végétation et les variables du que sur le Quaternaire du Québec, 10 p. (polycopié). milieu. Ces relations pourront sans doute servir à l'amé- DOUGLAS, R.V.W. (1972) : Géologie et ressources minérales du nagiste, qui doit parfois intervenir dans la restauration Canada, Min. de l'Énergie, des Mines et des Ressources, Ot­ des rives de divers plans d'eau. Celui-ci pourra aussi ti­ tawa, partie A, 418 p. et partie C, cartes et tableaux. rer parti des potentiels fauniques attribués à chaque DUCRUC, J.P., ZARNOVICAN, R., GÉRARDIN, V. et JURDANT, type d'habitat riverain. Même si ces potentiels restent M. (1976): Les régions écologiques du territoire de la Baie à confirmer par des inventaires plus exhaustifs, ils James: caractéristiques dominantes de leur couvert végétal, donnent une bonne idée de la valeur relative des diffé­ Cahiers de Géographie du Québec, vol. 20, n° 50, p. 365- rents types de rive. Enfin, on ne saurait trop insister sur 392. la nécessité de préciser davantage l'écologie des habi­ tats riverains, afin d'évaluer et de minimiser le plus pos­ DURAND, L. (1977): Complexe NBR. Étude d'environnement. Inventaire de la végétation des habitats ripariens, Société sible les conséquences des perturbations qui les tou­ d'Énergie de la Baie James, Direction Environnement, Mon­ chent si fréquemment. tréal, 53 p. 274 P. GRONDIN et J. OUZILLEAU

FERNALD, M. L (1950) : Grays Manual of Botany. 8 e éd., Ame­ de James, Géographie physique et Quaternaire, vol. XXXI, rican Book Co., New York, 1 632 p. n°s3-4, p. 261-273. GAGNON, R., (1976): L'organisation de la végétation aquatique HOUDE, A. (1978): Atlas climatotogique du Québec, Min. des et riveraine en bordure des lacs et rivières du versant est de Richesses naturelles, Québec, 41 p. la Baie James, in Environnement Baie James, symposium JURDAND, M. et GILBERT, G. (1979) : Les districts écologiques 1976: Compte rendu. Société d'Énergie de la Baie James, du territoire de la Baie James, Rapp. E.T.B.V. n° 38, Société Montréal, p. 235-251. de développement de la Baie James, 374 p. GAGNON, R., BARABÉ, D. et ROULEAU, E. (1974): Végétation LACOURSIÈRE, E. et MAIRE, A. (1976): Étude écologique et aquatique et riparienne en aval de la dérivation de la rivière cartographie de la végétation du littoral de la baie de Ru­ Eastmain. Société d'Énergie de la Baie James, Direction En­ pert, Société d'Énergie de la Baie James, Montréal, 76 p. vironnement, Montréal, prog. 46, 22 p. LEHOUX, D. (1973): Description des principales unités physio- GAGNON, R.-M. et FERLAND, M.A. (1967): Climat du Québec graphiques de la région de la Baie James, Serv. canadien de septentrional, Min. des Richesses naturelles, Québec, 106 p. la faune, Environnement Canada, 112 p. GAUDREAU, L. (1979): La végétation et les sols des collines LUPIEN, ROSENBERG et Ass. (1980): Étude de l'impact de Tanginan. Abitibi-Ouest. Québec. Études écologiques 1, l'aménagement du complexe NBR sur la stabilité des berges 391 p. des rivières Nottaway, Broadback et Rupert, Société GAUTHIER, B. (1977): Recherche des limites biologiques du d'Énergie de la Baie James, Direction Environnement, Mon­ Saint-Laurent (phytogéographie du littoral), Fac. d'Agricul­ tréal, 151 p. ture et d'Alimentation, Univ. Laval, Québec, 233 p. PAYETTE, S. et GAUTHIER, B. (1972) : Les structures de la vé­ (1982): L'étagement des plantes vasculaires en milieu gétation: interprétation géographique et écologique, saumâtre, estuaire du Saint-Laurent, Naturaliste canadien, classification et application, Naturaliste canadien, vol. 99, p. vol. 109, p. 189-203. 1-26. GAUTHIER, R. (1980): La végétation des tourbières et les PEEK, J.M. (1974): A review of moose food habits studies in sphaignes du parc des Laurentides, Québec, Études éco­ North America, Naturaliste canadien, vol. 101, p. 195-215. logiques 3, 634 p. ROUSSEAU, J. (1974): Géographie floristique du Québec-La­ GÉRARDIN, V. (1980): L'inventaire du Capital-Nature du terri­ brador. Travaux et documents du Centre d'études nordi­ toire de la Baie James. Les régions écologiques et la végéta­ ques, n° 7, Presses de l'Université Laval, Québec, 799 p. tion des sols minéraux. Tome 1 : méthodologie et descrip­ tion, Service des études écologiques régionales, Environ­ ROSA, J. (1975): Notes sur les habitudes alimentaires de la nement Canada, 398 p. sauvagine des régions de la Baie James et de la Caniapis- GRANDTNER, M. M. et col. (1973): Analyse et cartographie de cau, Serv. canadien de la faune, Environnement Canada, 11 la végétation du Parc national Forillon, Québec. Min. Affai­ P- res indiennes et du Nord canadien, Dir. parcs nationaux et SCOTT, W. B. et CROSSMAN, EJ. (1974): Poissons d'eau des lieux historiques, Ottawa, 10 vol. 765 p. douce du Canada, Office des recherches sur les pêches du GRONDIN, P. et OUZILLEAU, J. (1979): Les habitats riverains Canada, Bulletin 184, 1 026 p. de la région du futur réservoir EMt. territoire de la Baie Ja­ SOCIÉTÉ D'ÉNERGIE DE LA BAIE JAMES (S.E.B.J., 1978): mes, Québec, Société d'Énergie de la Baie James, Direc­ Connaissance du milieu des territoires de la Baie James et tion Environnement, Montréal, 110 p. du Nouveau-Québec, Montréal, 297 p. (1980a): Les tourbières du sud de la Jamésie, Québec, Géographie physique et Quaternaire, vol. XXXIV, n° 3, p. SOCIÉTÉ D'ÉNERGIE DE LA BAIE JAMES (S.E.B.J., non daté): 267-299. Rapports hydrologiques annuels ; données portant sur une période de 26 ans, prises entre 1956 et 1976. (1980b): Les habitats riverains du complexe NBR, terri­ toire de la Baie James, Québec, Tome 1 : Classification et STOLER, R. et CRANDALL-STOLER, B. (1977): A checklist of 0 description, 133 p., Tome 2: Cartographie à l'échelle the Liverworts and Hornworts of North America, vol. 80, n 1/250 000, Société d'Énergie de la Baie James, Direction 3. p. 405-428. Environnement, Montréal. TRAVERSY, N. (1976) : Étude du castor à la Baie James, in En­ HARDY, L. (1977): La déglaciation et les épisodes lacustre et vironnement Baie James, symposium 1976: Compte rendu, marin sur le versant québécois des basses terres de la baie Société d'Énergie de la Baie James, Montréal, p. 569-593. HABITATS RIVERAINS 275

Carex limosa L. ANNEXE Carex livida (Wahlenb.) WiIId. Carex michauxiana Boeckl. Liste des espèces végétales Carex oligosperma Michx. Plantes vasculaires Carex paupercula Michx. Carex projecta Mackenz. Abies balsamea (L.) Mill. Carex rostrata Stokes Achillea lanulosa Nutt. Carex saxatilis L. var. miliaris (Michx.) Bailey Actaea rubra (Ait.) WiIId. Carex stricta Lam. Agropyron trachycaulum (Link) Malte var. novae-angliae Carex tenuiflora Wahlenb. (Scribn.) Fern. Carex trisperma Dew. Agrostis geminata Trin. Carex vesicaria L. Agrostis scabra WiIId. Carex viridula Michx. Alnus crispa (Ait.) Pursh Chamaedaphne calyculata (L.) Moench Alnus rugosa (Du Roi) Spreng. Chelone glabra L. Alopecurus aequalis Sobol. Cicuta bulbifera L. Amelanchier bartramiana (Tausch) Roemer Cinna latifolia (Trev.) Griseb. Amelanchier humilis Wieg. Circaea alpina L. Andromeda glaucophylla Link Coptis groenlandica (Oeder) Fern. Anemone canadensis L. Corallorhiza trifida Châtelain Apocynum androsaemifolium L. Cornus canadensis L. Aralia nudicaulis L. Cornus stolonifera Michx. Arctostaphylos uva-ursi (L.) Spreng. Aster borealis (T. & G.) Provancher Danthonia spicata (L.) Beauv. Aster ciliolatus Lindl. Deschampsia caespitosa (L.) Beauv. Aster modestus Lindl.1 Diervilla lonicera Mill. Asfer nemoralis Ait. Drosera anglica Huds. Aster puniceus L. Drosera intermedia Hayne Aster radula Ait. Drosera rotundifolia L. Aster umbellatus Mill. Dryopteris disjuncta (Ledeb.) CV. Mort. Athyrium filix-femina (L.) Roth var. michauxii (Spreng.) Farw. Dryopteris spinulosa (O.F. Muell.) Watt

Betula glandulosa Michx. Eleocharis smallii Britt. Betula michauxii Spach Elymus mollis Trin. Betula papyrifera Marsh. Epilobium angustifolium L. Betula pumila L. Epilobium glandulosum Lehm. Betula pumila L. var. glandulifera Regel Equisetum arvense L. Bromus ci Ii at us L. Equisetum arvense L. var. boréale (Bong.) Ledeb. Equisetum fluviatile L. Calamagrostis canadensis (Michx.) Nutt. Equisetum palustre L. Caltha palustris L. Equisetum sylvaticum L. Cardamine pensylvanica Muhl. Equisetum variegatum Schleich. Carex angustior Mackenz. Erigeron philadelphicus L. Carex aquatilis Wahlenb. Eriocaulon septangulare With. Carex arcta Boott Eriophorum spissum Fern. Carex brunnescens (Pers.) Poir. Eriophorum tenellum Nutt. Carex canescens L. Eupatorium maculatum L. Carex castanea Wahlenb. Carex cephalantha (Bailey) Bickn. Fragaria virginiana Duchesne 2 Carex debilis Michx. var. rudgei Bailey Fraxinus nigra Marsh. Carex exilis Dew. Galium asprellum Michx. Carex flava L. Galium brandegei Gray Carex gynocrates Wormsk. Galium labradoricum Wieg. Carex haydenii Dew. Galium palustre L. Carex interior Bailey Galium tinctorium L. Carex intumescens Rudge Galium triflorum Michx. Carex lasiocarpa Ehrh. Gentiana linearis Froel. Carex lenticularis Michx. Geocaulon lividum (Richards.) Fern. Geum rivale L. Glyceria borealis (Nash) Batchelder 1. Addition à la flore du Québec (B. Boivin. comm. pers.). Cette composée a été observée sur la rive nord de la rivière Rupert, à 1 et 4 km en amont du dernier rapide 2. La limite septentrionale de ce taxon, auparavant fixée au précédant la baie de Rupert. Sur les deux sites, la plante lac Waswanipi (ROUSSEAU. 1974), s'étend maintenant à se développait à l'intérieur d'une jeune peupleraie boréale 20 km plus au nord, soit au lac au Goéland. Il se déve­ à Alnus rugosa et recouvrait moins de 5% du sol. loppait dans un groupement a Alnus rugosa. 276 P. GRONDIN et J. OUZILLEAU

Glyceria canadensis (Michx.) Trin. Potentilla tridentata Ait. Goodyera repens (L.) R. Br. Primula mistassinica Michx. Prunella vulgaris L. Habenaria dilatata (Pursh) Hook. Prunus pensylvanica L. Heracleum maximum Bartr. Pyrola minor L. Hieracium canadense Michx. Pyrus decora (Sarg.) Hyland Hieracium canadense Michx. var. kalmii (L.) Scoggan Pyrus melanocarpa (Michx.) WiIId.3 Hieracium scabriusculum Schwein. Hippuris vulgaris L. f. fluviatilis (Cross. & Germ.) Glùk Ranunculus pensylvanicus L. Hypericum ellipticum Hook. Ranunculus septentrionalis Poir. Hypericum virginicum L. Rhamnus alnifolia L'Hér. Rhynchospora alba (L.) Vahl Iris versicolor L. Ribes glandulosum Grauer Ribes hirtellum Michx. Juncus balticus WiIId. Ribes triste PaII. Juncus balticus WiIId. var. littoralis Engelm. Rorippa islandica (Oeder) Borbas Juncus brevicaudatus (Engelm.) Fern. Rosa acicularis Lindl. Juncus filiformis L. Rubus acaulis Michx. Juncus pelocarpus Mey. Rubus chamaemorus L. Juniperus communis L. Rubus idaeus L. Juniperus horizontalis Moench Rubus pubescens Raf. Kalmia angustifolia L. Rumex fenestratus Greene Kalmia polifolia Wang. Rumex maritimus L. var. fueginus (Phil.) Dusen

Larix laricina (Du Roi) K. Koch Sagittaria cuneata Sheldon Lathyrus palustris L. Sagittaria latifolia WiIId. Ledum groenlandicum Oeder Salix argyrocarpa Anderss. Linnaea borealis L. Salix bebbiana Sarg. Lobelia dortmanna L. Salix Candida Flùgge Lonicera oblongifolia (Goldie) Hook. Salix discolor Muhl. Lonicera villosa (Michx.) R. & S. Salix exigua Nutt. Lycopodium annotinum L. Salix humilis Marsh. Lycopodium obscurum L. Salix lucida Muhl. Lycopus uniflorus Michx. Salix pedicellaris Pursh var. hypoglauca Fern. Lysimachia terrestris (L.) BSP. Sa//x pe///ra Anderss. (f. pellita et f. ps/7a Schneid.) Salix petiolaris Sm. Maianthemum canadense Desf. Salix planifolia Pursh Mentha arvensis L. Sa//x pyrifolia Anderss. Menyanthes trifoliata L. Salix serissima (Bailey) Fern. Mitel I a nuda L. Sarracenia purpurea L. Myrica gale L. Scheuchzeria palustris L. Scirpus atrocinctus Fern. Nemopanthus mucronata (L.) Trel. Scirpus cespitosus L. var. callosus Bigel. Nuphar variegatum Engelm. Scirpus validus Vahl Nymphaea odorata Ait. Scutellaria epilobiifolia A. Hamilton Onoclea sensibilis L. Selaginella selaginoides (L.) Link Osmunda claytoniana L. Senecio indecorus Greene Osmunda regalis L. Sisyrinchium montanum Greene S/um suave Walt. Petasites palmatus (Ait.) Gray Smilacina tri folia (L.) Desf. Phalaris arundinacea L. Solidago graminifolia (L.) Salisb. var. graminifolia Physocarpus opulifolius (L.) Maxim. Solidago graminifolia (L.) Salisb. var. major (Michx.) Fern. Picea mariana (Mill.) BSP. Solidago hispida Muhl. Pinus banksiana Lamb. Solidago lepida DC Plantago major L. Solidago macrophylla Pursh Poa palustris L. Solidago multiradiata Ait. var. parviceps Fern. Polygonum amphibium L. var. stipulaceum Coleman Solidago purshii Porter Populus balsamifera L. Solidago rugosa Ait. Populus tremuloides Michx. Sparganium minimum (Hartm.) Fries Potamogeton epihydrus Raf. Potamogeton gramineus L. Potamogeton natans L. 3. La limite septentrionale de ce taxon, auparavant fixée le Potentilla anserina L. long de la rivière Bell (49°39'N) s'étend maintenant au lac Potentilla fruticosa L. Montreuil (50°12'N) dans une cédrière à mélèze. Il a éga­ Potentilla norvegica L. lement été aperçu au lac Maicasagi (49°55'N) dans un Potentilla palustris (L.) Scop. groupement à Myrica gale. HABITATS RIVERAINS 277

Spartina pectinata Link Fontinalis hypnoides CJ. Hartm. Sphenopholis intermedia Rydb. Grimmia affinis Hoppe & Hornsch. ex Hornsch. Spiraea latifolia (Ait.) Borkh. Spiranthes romanzofliana Cham. Heterocladium dimorphum (Brid.) B.S.G. Stachys palustris L. Hylocomium brevirostre (Brid.) B.S.G. Streptopus amplexifolius (L.) DC. Hylocomium pyreniacum (Spruce) Lindb. Hylocomium splendens (Hedw.) B.S.G. Thalictrum polygamum Muhl. Hypnum lindbergii Mitt. Thuja occidentalis L. Hypnum pallescens (Hedw.) P. Beauv. Tofieldia glutinosa (Michx.) Pers. Triglochin maritima L. Oncophorus wahlenbergii Brid. Trillium cernuum L. Paraleucobryum longifolium (Hedw.) Loeske Utricularia cornuta Michx. Philonotis fontana (Hedw.) Brid. Utricularia intermedia Hayne Philonotis marchica (Hedw.) Brid. Utricularia minor L. Plagiomnium ellipticum (Brid.) Kop. Utricularia vulgaris L. Pleurozium schreberi (Brid.) Mitt. Pogonatum alpinum (Hedw.) Rôhl. Vaccinium angustifolium Ait. Pohlia bulbifera (Warnst.) Warnst. Vaccinium myrtilloides Michx. PoMa cruda (Hedw.) Lindb. Vaccinium oxycoccos L. PoMa nutans (Hedw.) Lindb. Vaccinium uliginosum L. ssp. pubescens (Wormsk.) Young Polytrichum commune Hedw. Veronica scutellata L. Polytrichum juniperinum Hedw. Viburnum cassinoides L. Polytrichum longisetum Brid. Viburnum edule (Michx.) Raf. Polytrichum piliferum Hedw. Viburnum trilobum Marsh. Pseudobryum cinclidioides (Hub.) Kop. Viola incognita Brainerd Viola pallens (Banks) Brainerd Rhacomitrium fasciculare (Hedw.) Brid. Viola septentrionalis Greene Rhacomitrium heterostichum Hedw. Brid. Rhizomnium appalachianum Kop. Plantes invasculaires Rhizomnium magnifolium (Horik.) Kop. Mousses Rhizomnium pseudopunctatum (Bruch & Schimp.) Kop. Rhodobryum ontariense (Kindb.) Kindb. Atrichum oerstedianum (C. Mull.) Mitt. Rhytidiadelphus subpinnatus (Lindb.) Kop. Aulacomnium palustre (Hedw.) Schwaegr. Scorpidium scorpioides (Hedw.) Limpr. Barbula fallax Hedw. Sphagnum angustifolium (C. Jens, ex Russ.) C. Jens in ToIf Barbula unguiculata Hedw. Sphagnum centrale C. Jens ex H. Arnell & C. Jens. Brachythecium calcareum Kindb. Sphagnum compactum DC. ex Lam. & DC. Brachythecium curtum (Lindb.) Limpr. Sphagnum fallax (Klinggr.) Klinggr. Brachythecium erythorrhizon B.S.G. Sphagnum fimbriatum WiIs. ex Hook. Brachythecium reflexum (Starke ex Web. & Mohr) B.S.G. Sphagnum fuscum (Schimp.) Klinggr. Bryum pseudotriquetrum (Hedw.) Gaertn., Meyer & Scherb. Sphagnum girgensohnii Russ. Callicladium haldanianum (Grev.) Crum Sphagnum magellanicum Brid. Calliergon cordifolium (Hedw.) Kindb. Sphagnum nemoreum Scop. Calliergon giganteum (Schimp.) Kindb. Sphagnum papillosum Lindb. Calliergon stramineum (Brid.) Kindb. Sphagnum pulchrum (Lindb. ex Braithw.) Warnst. Campylium polygamum (B.S.G.) C. Jens. Sphagnum squarrosum Crome Campylium stellatum (Hedw.) C. Jens. Sphagnum subfulvum Sjôrs Ceratodon purpureus (Hedw.) Brid. Sphagnum subsecundum Nees ex Sturm Climacium dendroides (Hedw.) Web. & Mohr Sphagnum tenellum (Brid.) Pers. ex Brid. Sphagnum warnstorfii Russ. Dichelyma pallescens B.S.G. Dicranella varia (Hedw.) Schimp. Tomenthypnum nitens (Hedw.) Loeske var. falcifolium (Ren. ex Dicranum bonjeanii De Not. ex Lisa Nich.) Podp. Dicranum leioneuron Kindb. Hépatiques Dicranum majus Sm. Blepharostoma trichophyllum (L.) Dum. Dicranum scoparium Hedw. Lophosia kunzeana (Hiiben.) Evans Dicranum spadiceum Zett. Odontochisma elongatum (Lindb.) Evans Dicranum undulatum Brid. Plagiochila asplenioides (L.) Dum. Drepanocladus exannulatus (B.S.G.) Warnst. Plagiochila asplenioides subsp. Drepanocladus revolvens (Sw.) Warnst. porelloides (Torrey ex Nees) Schust. Drepanocfatfus uncinatus (Hedw.) Warnst. Scapania undulata (L.) Dum. Fissidens adiantoides Hedw. Ptilidium ciliare (L.) Hamps. Fissidens osmundoides Hedw. Trichocolea tomentella (Ehrh.) Dum. corr. Nees.