Les forêts anciennes du Parc naturel régional de en

étude cartographique et approche historique synthèse des résultats

DÉC. 2016 Nos paysages ont beaucoup évolué au fil des siècles Un patrimoine en fonction de la démographie, des pratiques agricoles, Millevaches, pastorales et forestières, du développement industriel, etc. naturel et culturel À l’échelle nationale, après une érosion plus ou moins à conserver un territoire qui a de la ressource… forestière ! continue jusqu’au début du XIXe siècle qui marque et valoriser un « minimum forestier », les surfaces forestières ont doublé Les forêts anciennes font partie de en un peu plus d’un siècle et demi. Elles couvrent aujourd’hui L’étude a été réalisée sur les 129 communes du projet de charte du Parc 2018 — 2033, ENTITÉS PAYSAGÈRES notre héritage. Elles présentent des soit un territoire d’environ 347 000 hectares. Cinq grandes entités paysagères DU PNR DE MILLEVACHES 27% du territoire national et plus de 30% du . caractéristiques écologiques essen- peuvent y être distinguées. tielles (conservation des espèces fo- EN LIMOUSIN Ces forêts qui font partie de nos paysages sont ainsi Plus de la moitié du territoire étudié est aujourd’hui boisée (environ 55%) et une restières peu mobiles, préservation large majorité des forêts appartient à des propriétaires privés (plus de 90% des pour la plupart issues de reboisements ou de recolonisation des champignons du sol, etc.) et ont surfaces). naturelle récents, d’autres ont survécu aux défrichements pour la plupart assuré et assurent et sont le fruit d’une histoire plus ancienne… encore des fonctions économiques D’un point de vue historique, il s’agit d’un territoire qui s’est reboisé de manière et sociales indispensables (produc- très rapide, ce qui explique que la forêt soit aujourd’hui orientée vers les fonctions tion de bois de chauffage et de bois de production. On y trouve notamment davantage de résineux que dans le reste d’œuvre, cueillette, chasse, sylvo- de la région limousine. De nombreuses parcelles, plantées au cours du XXe siècle, pastoralisme, etc.), qui leur confèrent arrivent actuellement à maturité économique, et la fréquence des coupes rases une valeur indéniable. (notamment d’épicéas) soulève des problématiques environnementales et paysa- gères importantes. Quant aux peuplements constitués de feuillus, ils pourraient Au sein de ces forêts, on peut trouver se retrouver menacés par la pression de la demande en bois-énergie, avec des par- des peuplements matures, riches en celles jugées peu productives coupées rases et enrésinées par la suite. vieux arbres et en bois mort (niches écologiques indispensables à de nom- De telles dynamiques conduisent actuellement vers une prépondérance de la mo- breuses espèces forestières), repré- noculture de résineux en futaie régulière. Dans ce contexte, conserver une diver- sentant de véritables réservoirs de sité de peuplements (en termes de composition et structure) et de modes de trai- biodiversité qui contribuent à la fonc- tement sylvicoles est un enjeu fort pour le parc ; une partie de la solution pourrait 0 10 20 km tionnalité de l’ensemble des forêts. résider dans la meilleure valorisation des feuillus. Hauts plateaux La conservation de cette ressource Cette dernière ambition permet en effet de maintenir le fonctionnement d’écosys- Plateaux et piémonts amène non seulement à questionner tèmes particuliers et les services qu’ils rendent, à travers la préservation d’une Massifs Monts et collines les usages multiples et les gestions part de la biodiversité forestière. Dans ce cadre, les forêts anciennes peuvent Vallées passées de ces espaces, mais égale- comporter des spécificités et notamment un aspect patrimonial (culturel et écolo- Cours d’eau ment à réfléchir à leur gestion et leur gique) important. Ce critère est cependant loin d’être suffisant pour étudier toutes Hêtraie du Bois Peyre, site d’intérêt écologique majeur valorisation actuelles pour construire les composantes de la naturalité des forêts, et nécessite d’être analysé au regard (SIEM), à Saint-Georges-Nigremont les forêts de demain. d’autres caractéristiques des peuplements (maturité, indigénat, hétérogénéité, …)

« FORÊTS ANCIENNES », LOCALISER LES FORÊTS C’EST-À-DIR E ? ANCIENNES, YVES POSS RÉFÉRENT FORÊT DU CONSEIL SCIENTIFIQUE ET DE PROSPECTIVE Quel que soit l’âge des peuplements, UNE PREMIÈRE ÉTAPE… DU PNR DE MILLEVACHES EN LIMOUSIN les essences qui les composent Ce document est le fruit d’un travail ou la gestion qui a été pratiquée, collectif coordonné par l’Inter-Parcs Les forêts anciennes sont un héritage. vergne. Avec les bûcherons et les scieurs La structure des parcelles révèle les les forêts anciennes sont des espaces Massif central (IPAMAC) associant À juste titre, les Parcs naturels régionaux de long qui faisaient vivre les villages. traitements passés. Vieillis, les taillis du Massif central se sont engagés dans Le pin sylvestre, ailleurs, était taillé pour se reconnaissent par les souches boisés qui ont conservé leur vocation l’ensemble des Parcs naturels du Massif l’inventaire de la flore et de la faune le bois de boulange, ou pour allumer les pourrissantes, repaires de coléoptères forestière depuis au moins le début central, le Conservatoire botanique du XIXe siècle (minimum forestier qu’elles recèlent. Il s’agit de connaître feux domestiques : la Pinatelle du Zouave, originaux. Alors que la demande national du Massif central (CBNMC), ce patrimoine, afin de pouvoir veiller en Haute , en est l’exemple le plus des arsenaux a suscité les soins apportés pour une grande partie du territoire l’Institut national de l’information à sa protection, à sa pérennité. connu, mais pas le seul. Le bois a été de aux futaies de chênes, ou de sapins français). géographique et forestière (IGN), Ces forêts anciennes gardent aussi les tout temps source d’énergie ; de proximité destinés à la mâture. La présence Les forêts déjà présentes au début l’Office national des forêts (ONF) traces, le souvenir des anciens usages. pour les industries, par exemple les forges des anciens forestiers se retrouve dans du XIXe siècle pourraient ainsi être et le Centre national de la propriété Dans le Massif central, y a-t-il même un de Tronçais qui ont retardé, un temps, les ronds, vestiges des anciennes beaucoup plus anciennes (médiévales, forestière (CNPF). Vous y trouverez : endroit où l’homme n’est pas intervenu ? le passage à la futaie recommandé par charbonnières, dans des ruines, dans antiques, etc.). Ce patrimoine culturel mérite d’être Colbert, ou pour la cuisine, voire pour des chemins. Ne subsiste parfois plus • un premier aperçu des forêts présumées retrouvé. Et expliqué, puisqu’il permet le chauffage des habitants, dans des bois que l’enrichissement du sol en azote, Extrait de la carte de l’état-major intégrant D’un point de vue pratique, c’est anciennes du Parc naturel régional de comprendre comment ces massifs ont autour des villages. Des forêts plus et la présence d’espèces ou d’associations la forêt de Mirambel (en vert clair) également la période la plus lointaine de Millevaches en Limousin, issu de pris leur aspect actuel, en découvrant éloignées, pentues, ont accueilli les végétales incongrues. Les forêts anciennes pour laquelle il existe des documents la comparaison des forêts présentes sur 1 km les besoins et les savoirs de nos anciens. charbonniers, fervents des taillis feuillus, portent la mémoire des générations suffisamment précis, sur l’ensemble les cartes de l’État-major et des forêts Ceux-ci ont pu sélectionner une espèce qu’ils soient d’espèces variées dans les qui y ont vécu, qui y ont travaillé, qui du territoire, permettant de localiser actuelles cartographiées par l’IGN, plutôt qu’une autre, selon le moment, ou gorges de la , ou hêtraie pure sur les ont gérées. Elles ont ainsi contribué, les boisements ; notamment les cartes une demande locale ou lointaine. Le sapin les monts du . La composition de ces peu ou prou, à la diversité biologique telle de l’état-major (1818 – 1866). • une analyse de l’évolution des paysages du plateau de la Chaise Dieu a permis forêts témoigne de la gestion des siècles qu’elle peut être à présent observée. forestiers sur le territoire, la navigation sur l’Allier de barques, passés, parfois avec des pratiques qui ont Apprenons à regarder ces massifs, en vision les sapinières, menant jusqu’à Paris bois, évolué. Par exemple avec l’arrivée de lointaine comme élément du paysage, ou en • un zoom sur la forêt de Mirambel charbon, vin et fruits secs de la Haute Au- nouvelles espèces, châtaignier ou acacia. observation plus fine dans le peuplement. (commune de Saint-Rémy) et son histoire.

2 3 2002 2012 1842 1844

55% de surfaces forestières TAUX DE BOISEMENT 7% de surfaces forestières TAUX DE BOISEMENT Périmètre d’étude 55,5% (192 802 ha) Périmètre d’étude 6,7% (23 236 ha) Massifs 66,1% (22 744 ha) Forêt de Vallées 9,9% (5 034 ha) Hauts plateaux 60,1% (54 248 ha) Châteauvert Plateaux et piémonts 9,3% (5 487 ha) Pontarion Pontarion Monts et collines 55,1% (62 000 ha) (775 ha) Massifs 7,7% (2 642 ha) Vallées 54,1% (27 560 ha) Forêt de Monts et collines 5,5% (6 178 ha) Plateaux et piémonts 44,5% (26 250 ha) la Feuillade Hauts plateaux 4,3% (3 896 ha) (694 ha)

Felletin

Crocq Crocq Royère-de-Vassivière Royère-de-Vassivière

Gentioux-Pigerolles Gentioux-Pigerolles

La Courtine Eymoutiers Eymoutiers v2 (Haute- : 2010 et Corrèze : 2012) v2 (Haute-Vienne : 2010 et Corrèze : 2012) ® ® Eygurande Sornac Millevaches Millevaches

Bugeat v1 ( : 2000) ;BD Forêt v1 (Creuse : 2000) ;BD Forêt ® ®

Treignac Meymac Sources : BD Forêt Réalisation : IPAMAC (R. Bec) Août 2016 Réalisation : IPAMAC (R. Bec) Août 2016 Sources : BD Forêt Forêt de Mirambel, Saint Rémy 0 5 10 km (385 ha)

0 5 10 km

Forêt représentée sur la carte de l’état-major Secteur choisi pour approfondir la question de l’ancienneté Corrèze Corrèze D’après la BD Forêt® (2000 à 2012 selon 0 250m les départements), la forêt représente • D’après la carte de l’état-major, d’hectares étaient déjà présents près de 193 000 hectares, soit un taux la forêt représentait environ à l’époque (forêts de Châteauvert, de boisement du parc de 55,5%. 23 000 hectares au XIXe siècle, de la Feuillade, etc.). RÉPARTITION Les secteurs des Hauts plateaux soit un taux de boisement de moins • La majorité des entités forestières DES ESSENCES La forêt du territoire du PNR et des Massifs sont les plus boisés de 7% (inférieur à celui des autres de Millevaches en Limousin est identifiée avec certitude (77% Hêtre 1% (taux de boisement > 60%). Parcs naturels du Massif central Chênes 3% est majoritairement résineuse, des surfaces), mais les contours mais équivalent à la moyenne Feuillus indéterminés 32% suite au fort reboisement Des données plus précises sur la nature présentent un doute pour près de nationale estimée entre 5% et 9%). Pins 3% qui s’est opéré depuis des peuplements forestiers sont disponibles 22% des surfaces. la deuxième moitié du XIXe siècle Sapin, épicéa 5% à l’échelle du parc (BD Forêts® V1 et V2, IFN • La surface moyenne des entités L’incertitude quant à la nature Douglas 9% (opérations de reboisement 2003 - 2004), cependant elles ne sont pas forestières identifiées est forestière des entités est minime Conifères indéterminés 22% pour la restauration des terrains Extrait de la carte de l’état-major Mixte 18% de montagne (RTM) puis grâce cartographiées et n’ont pas pu être utilisées de 6,3 hectares. Plusieurs massifs (moins de 3% des surfaces). dont l’interprétation est difficile en raison du relief Indéterminée 7% au fonds forestier national (FFN)). directement au cours de cette étude. continus de plusieurs centaines

4 5 1842 2012

Le secteur des Évolution des espaces forestiers Hauts plateaux particulièrement boisé aujourd’hui, ne comptait 8 à l’époque que 3 500 ha Le taux de boisement de forêt, soit Pontarion du territoire a été une couverture forestière multipliée par 15. multiplié par 8 en un peu plus de 150 ans. Dans le même temps, environ 21% des surfaces (4 916 ha) qui étaient boisées au milieu du XIXe siècle ne le sont plus aujourd’hui.

Felletin 6 v2 (Haute-Vienne : 2010 et Corrèze : 2012) ®

Crocq Royère-de-Vassivière v1 (Creuse : 2000) ;BD Forêt ® Gentioux-Pigerolles SCAN état-major® (1:40000) ; Réalisation : IPAMAC (R. Bec) Août 2016 Sources : PNRML ; BD Forêt La Courtine Eymoutiers

Eygurande Sornac

Millevaches

Bugeat

Treignac Meymac

CARACTÈRE PRÉSUMÉ Forêt présumée ancienne Forêt récente Déboisement

0 5 10 km

Parmi les surfaces forestières actuelles, Corrèze 7 9,5% sont présumées anciennes Par rapport (présentes en 1842-1844 aux forêts actuelles Forêts du XIXe, et aujourd’hui). Forêts Forêts aujourd’hui Le caractère ancien ou récent des forêts présenté anciennes récentes déboisées

90,5% ici est présumé d’après l’analyse des cartes 9,5% 90,5% 21,2% Périmètre d’étude sont présumées récentes de l’état-major (donnée ponctuelle). 18 320 ha 174482 ha 4916 ha (présentes aujourd’hui Plusieurs limites existent et influent sur l’exactitude 15,1% 84,9% 17,3% mais non existantes Vallées des données produites : 4 163 ha 23 397 ha 871 ha en 1842-1844) • les incertitudes de l’interprétation des cartes 13,2% 86,8% 36,7% Plateaux et piémonts Parmi les Parcs naturels de l’état-major (difficultés de lecture et biais 3 474 ha 22 776 ha 2 012 ha du Massif central, de l’opérateur) ; 8,6% 91,4% 26,4% Massifs il s’agit d’un • les surfaces minimales des forêts retenues 1 945 ha 20 799 ha 697 ha des territoires les plus qui diffèrent selon les sources ; 8,3% 91,7% 16,5% boisés actuellement Monts et collines et dont la proportion • les précisions du géoréférencement. 5 159 ha 56 840 ha 1 019 ha de forêts anciennes Ainsi le taux de déboisement notamment est 6,6% 93,4% 8,2% Hauts plateaux est la plus faible. légèrement surestimé. 3 578 ha 50 670 ha 318 ha Composition Sites forestiers Quelques analyses autour de la cartographie des peuplements d’intérêt écologique L’analyse de la composition en es- majeur (SIEM) sences des forêts présumées an- Le Parc naturel régional de Mille- ciennes et récentes apporte plusieurs Évolution vaches en Limousin a notamment informations qui retracent l’histoire pris en compte le critère d’ancien- des paysages forestière du territoire. Les forêts an- neté dans son projet de charte 2018 Le Parc naturel régional de Mille- ciennes sont majoritairement compo- OCCUPATION DE L’ESPACE – 2033. Il a identifié des Sites d’inté- vaches en Limousin a connu une ex- sées de peuplements feuillus (près de DIFFÉRENTES ÉVOLUTIONS rêt écologique majeur (SIEM) fores- pansion forestière très importante 60%), boisements parfois d’origine DEPUIS LES ANNÉES 1840 tiers pour leur potentiel de naturali- depuis les années 1840 ; à cette Forêt récente spontanée. Une importante surface a 50% té. L’identification s’est basée sur la époque il ne subsistait que très peu Forêt ancienne 5% également été enrésinée au cours du e carte de Cassini et / ou la présence de de surfaces forestières. Il s’agissait Déboisement depuis le XIX 2% temps, avec une vocation unique de peuplements feuillus, en privilégiant d’une part de forêts de « grande » Autre 43% production de bois ; sans remettre en les massifs de surface importante superficie (à l’époque, plus de 80% FACTEUR D’ÉVOLUTION cause le caractère ancien de l’usage et les forêts sur pentes. En effet, la de la surface appartient à des mas- DU TAUX DE BOISEMENT forestier du sol, cette transformation biodiversité forestière ne s’exprime sifs de plus de 5 hectares, et 60% à ENTRE 1842 ET 2012 a sans doute fortement perturbé le SELON LES ENTITÉS PAYSAGÈRES pas uniquement dans les forêts an- des massifs de plus de 20 hectares), fonctionnement écologique antérieur ciennes : à elles seules, compte-tenu et d’autre part d’unités en bosquets, du milieu. Au sein des forêts récentes, PNR ML 8,3 de leur faible superficie, ces forêts soit proches des villages, soit peu ac- on distingue aisément les plantations n’auraient par exemple pas suffit à cessibles (près de 15% des surfaces Plateaux et piémonts 4,8 résineuses du XXe siècle des accrues l’installation de la chouette de Teng- en forêt présumée ancienne sont si- Vallées 5,5 principalement feuillues liées à malm sur ce territoire. tuées dans des pentes supérieures à Massifs 8,6 l’abandon des espaces agricoles. 30%). Au total, ce sont 16% des surfaces Monts et collines 10,0 de forêts présumées anciennes dans Hauts plateaux 13,9 COMPARAISON cette étude qui sont localisées dans Cependant, les tendances ne sont pas SIEM de la forêt des Grands Bois, DE LA RÉPARTITION des SIEM, soit près de 3 000 hectares. complètement homogènes sur le ter- commune de , Creuse DES ESSENCES Un travail approfondi d’analyses est ritoire du parc. Les zones de plateaux en cours pour caractériser précisé- Hêtre et de vallées étaient restées les plus ment ces milieux et leur rôle dans la boisées au XIXe siècle (9 à 10%). Elles Chênes Feuillus indéterminés trame écologique forestière, tout en concentrent aujourd’hui davantage Propriété forestière Pins sensibilisant les gestionnaires et pro- de surfaces forestières anciennes Sapin, épicéa priétaires vis-à-vis de ces enjeux. Au en proportion (13 à 15%) car la pro- et gestion Douglas vu de la rareté de ces milieux et de gression y a été moins marquée. Ce Conifères indéterminés leur importance dans la fonctionnali- À l’échelle du parc, près de 90% des Mixte sont d’ailleurs à présent des espaces té de l’écosystème forestier, il est pri- forêts anciennes relèvent du domaine Indéterminée moins boisés que la moyenne. mordial de travailler en concertation privé (16 307 ha), il est donc néces- avec tous les acteurs concernés. Les hauts plateaux au contraire ont saire de sensibiliser les propriétaires connu un reboisement extrêmement aux enjeux qui peuvent concerner ces Remarque : ces SIEM ont été pris en important en partant d’une couver- milieux. compte dans la définition du Schéma ture forestière très faible (moins de Forêts régional de cohérence écologique En forêt publique, la part de forêts 5%) ; cette entité ne comporte ainsi anciennes (SRCE), de même que certains autres aujourd’hui que très peu de forêts an- anciennes est légèrement supérieure espaces forestiers présumés anciens. ciennes. Les reliefs (massifs, monts (14,4%) à la moyenne du territoire et collines) ont suivi une logique in- (9,5%), et notamment dans les forêts termédiaire. communales (Saint-Rémy en Corrèze, Croze en Creuse par exemple). Une grande partie des surfaces déboi- 4 % 1 % 8 % 2 % sées depuis le milieu du XIXe siècle ANCIENNETÉ ET STATUT 46 % 31 % est concentrée dans la zone des pla- SIEM de la Forêt de Bois Peyre, commune DE PROPRIÉTÉ 1 % 3 % teaux, et notamment au sud-ouest du de Saint-Georges-Nigremont, Creuse 3 % 5 % Forêt récente privée 84% parc. C’est aujourd’hui une zone très 7 % 9 % Forêt ancienne privée 9% 16 % 23 % agricole, où des défrichements ont Forêt récente publique 6% 11 % 19 % pu avoir lieu de manière tardive pour Enfin, les forêts récentes sont à pré- Forêt ancienne publique 1% 4 % 7 % une mise en culture. Cette hypothèse sent réparties sur l’ensemble du ter- est assez probable car ces zones sont ritoire, issues de recolonisation natu- globalement situées à faible pente relle ou de reboisements volontaires, (90% des surfaces sur des pentes in - ces derniers ayant été largement férieures à 20%). Il est donc logique favorisés par l’aide apportée par le Forêts d’estimer que le minimum forestier Fonds forestier national (FFN) dans récentes dans la région est postérieur à la réa - les années 1960 à 1980 principale- lisation de la carte de l’état-major. ment.

8 9 Secteur d’approfondissement La forêt de Mirambel

La forêt de Mirambel est identifiée dans la charte du Parc naturel HISTORIQUE de Millevaches en Limousin comme site d’intérêt écologique ma- SOUS L’ADMINISTR ATION Couverture du premier aménagement DE 1950 À NOS JOURS du massif de Mirambel (1899) jeur (SIEM). Les recherches effectuées visent à valider l’ancien- FORESTIÈRE, depuis 1950 Source : ONF Les données récentes sont neté du massif à travers la continuité temporelle et spatiale de DU XIXE AU XXE SIÈCLE les plus faciles à mobiliser. Entre 1950 et 1980, une volonté d’améliorer les l’état boisé, et à apporter des éléments historiques pour préciser XIXe et XXe Le premier aménagement peuplements par enrésinement est forestier concernant le massif date les caractéristiques écologiques de la zone étudiée. exprimée par la commune de Saint de 1899, et couvre ce qui était à Rémy, avec une sollicitation du Fonds l’époque la forêt sectionale de Saint forestier national notamment ; des Rémy, composée de deux séries : Présentation estimations sont faites à cette pé- Mirambel (379 hectares) et Diolet riode et l’on retrouve de nombreux (d’après ONF, 2011) écologiques et sociales (dont paysa- (152 hectares). Ce document dresse courriers dans les archives de l’ONF gère). La pratique de l’affouage y a été un état des lieux des peuplements Situé sur la commune de Saint-Rémy (Office National des Forêts), qui at- régulière, ce qui en fait un élément de forestiers en place et programme les en Corrèze, le massif de Mirambel testent de la gestion forestière en patrimoine important aux yeux des interventions à venir : révolution de couvre environ 385 hectares ; il cours. Les données cartographiques habitants, et pour des usages divers. 24 ans pour le taillis sous futaie, et regroupe la forêt communale de et photographiques apparaissent Par ailleurs, le massif comporte des définition d’un quart en réserve (fu- Saint-Rémy et la forêt sectionale de également, avec les différentes cam- vieilles forêts de feuillus, et notam- taie). De 1870 à 1940, on retrouve aux Mirambel. Ce massif provient essen- pagnes menées par l’IGN (Institut na- ment des habitats de hêtraies-chê- archives départementales de Corrèze tiellement de biens seigneuriaux sé- État estimatif des coupes tional de l’information géographique naies acidiphiles. les états estimatifs des coupes à dé- à délivrer en nature (1884) questrés lors de la Révolution fran- et forestière). L’étude approfondie de livrer en nature (affouage), établis Source : Archives départementales de Corrèze çaise. Anciennement traité en taillis sous ces éléments permettra de retracer futaie, le massif est depuis une qua- année par année presque continuelle- Tout comme les autres forêts de la de manière précise l’évolution récente rantaine d’années en cours de conver- ment sur toute la période. Ces coupes commune, le massif de Mirambel est des peuplements et des parcelles. sion vers la futaie régulière. concernent 12 à 16 hectares chaque le siège de forts enjeux autour de la Localisation de la forêt de Mirambel année. production ligneuse, des fonctions (sources : ONF, IGN)

HISTORIQUE 1750 1800 1900 2000 AVANT LA CARTE Cartes DE L’ÉTAT-MAJOR (1842) de Mentelle, Atlas Monin, Etats estimatifs Données récentes Houdan, cadastre (affouage) Avant 1842 Peu de données antérieures Capitaine à la carte de l’État-major ont pu être mobilisées au cours de cette étude. La carte de Cassini (1760) et le ca- dastre napoléonien (1836) localisent Carte Carte Aménagement Aménagement de Cassini de l’état-major le massif de Mirambel de manière précise, mais entre ces deux dates, seuls des atlas départementaux ou régionaux ont permis de trouver sa Le massif de Mirambel est représenté trace. Les archives de la période révo- sur une carte de Mentelle (1782) en haut, lutionnaire seraient une source d’in- et dans l’atlas Monin (1833) en bas. Conclusion formation potentielle à ajouter à ces Les différentes archives confirment le caractère ancien du massif de Mirambel, au sens de notre définition : ses limites ne données. semblent pas avoir évolué au cours des deux derniers siècles, et les prélèvements de bois y ont été réguliers, preuve d’une res- source suffisante. Mais au sein de ce massif, les peuplements ont des histoires probablement différentes, et ont subi des inter- ventions plus ou moins marquées. L’ancien quart en réserves par exemple, constitue-t-il localement un réservoir de biodiversité forestière ? Mieux comprendre l’histoire ancienne de cette forêt amène un angle nouveau pour considérer son état actuel, et envisager sa gestion à venir.

10 11 Conclusion et perspectives Cette étude montre que Millevaches est le territoire où les forêts an- ciennes sont les plus rares. Elle lève le voile sur la perception que l’on peut avoir des forêts du territoire du PNR de Millevaches en Limousin. Majoritairement composées de forêts récentes et résineuses, il est diffi- cile d’imaginer qu’il existe des forêts anciennes sur le plateau des Mille- vaches. Et bien si ! Le travail d’IPAMAC a permis de répondre aux ques- tions fondamentales que l’on se pose au sujet des forêts anciennes sur ce territoire « Mais où sont-elles ? ». Ce projet a également permis l’émergence du programme sur les forêts anciennes et/ou à forte naturalité potentiellement anciennes du PNR de Millevaches en Limousin. Ce dernier répond aux enjeux de conservation et de gestion des massifs feuillus réservoirs de biodiversité, identifiés dans la Charte de Parc. Il permet d’affirmer leur caractère patrimonial. Les premières études ont été lancées sur les SIEM forestiers afin d’amé- liorer la connaissance de ces forêts anciennes et/ou à forte naturalité po- tentiellement anciennes : inventaires des coléoptères forestiers, carto- graphies des végétations et inventaires de biodiversité potentielle (IBP) adaptés au protocole de l’évaluation de la naturalité. Le programme est maintenant pleinement lancé, avec entres autres la ré- daction de notices de sites pour chacun des SIEM forestiers. Ces notices fourniront un état des lieux des connaissances naturalistes, de la gestion actuelle, et proposeront des recommandations de gestion. Un volet animation est également prévu pour sensibiliser les proprié- taires, gestionnaires et étudiants forestiers sur cette thématique et sur l’intégration dans les pratiques de gestions forestières sur le territoire.

CONTACTS POUR EN SAVOIR PLUS PNR de Millevaches en Limousin Parc de Millevaches en Limousin Caroline Salomon www.pnr-millevaches.fr Chargée de mission sur les Forêts Anciennes CBNMC et/ou à forte naturalité potentiellement anciennes www.cbnmc.fr/forets_anciennes [email protected] Ligne directe : 05 55 96 97 02 Cathy Mignon-Linet Responsable du Pôle Gestion de l’Espace [email protected] Ligne directe : 05 55 96 97 06 IPAMAC Marie Bonnevialle Chargée de projet [email protected] 04 74 59 71 70

Opération « Cartographie des forêts anciennes sur les Parcs naturels du Massif central » cofinancée par :

Opération soutenue par l’État L’Union Européenne. FONDS NATIONAL L’Europe s’engage Rédaction et relecture / Raphaël BEC, IPAMAC ; Marie BONNEVIALLE, IPAMAC ; Cathy MIGNON-LINET, PNR du Millevaches en Limousin ; Caroline SALOMON, PNR de Millevaches en Limousin / Mise en page Atelier Chambre Noire D’AMÉNAGEMENT dans le Massif central ET DE DÉVELOPPEMENT DU TERRITOIRE avec le fonds européen de développement régional.