Revue publiée par le FONDS DE LA RECHERCHE EN SANTÉ DU QUÉBEC

NUMÉRO 46 • Mars 2011

dossier Le Réseau de bio-imagerie du Québec

Éditorial Les défis de la cinquantaine – Près d’un demi-siècle de soutien à la recherche en santé 40065390 o Envoi de publication – contrat n – contrat de publication Envoi Conseil d’administration du FRSQ Président-directeur général M. Yves Joanette, Ph. D. Autres membres mme Michèle Stanton-Jean, M.A., M. Éd. (vice-présidente) M. Raymund J. Wellinger, Ph. D. (secrétaire) M. Louis Beaulieu, M.O.A. M. Jean-Denis Dubois, M. Sc. Mme Johane Guay, Ph. D. 3333 M. Antoine Hakim, M.D., Ph. D. M. Jacques Hendlisz Mme Trang Hoang, Ph. D. Mme Barbara Papadopoulou, Ph. D. sommaire Mme Marie-France Raynault, M.D., M. Sc. Mme Lise R. Talbot, Ph. D. 3 éditorial M. Michel L. Tremblay, Ph. D. Revue publiée par le FONDS DE M. Philippe Walker, Ph. D. LA RECHERCHE EN SANTÉ DU QUÉBEC NUMÉRO 46 • MARS 2011 Mme Geneviève Tanguay (observatrice) DOSSIER Le Réseau M. Denis Lalumière (Observateur) de bio-imagerie du Québec 5 nouvelles du FRSQ Mme Marie-Ève Major, M. Sc. (étudiante) Éditorial Les défis de la cinquantaine – Près d’un demi-siècle de soutien Coordination de la revue à la recherche en santé 7 nouvelles de la communauté Michelle Dubuc, M. Sc. Rédaction 40065390 o scientifique Michelle Dubuc, Luc Dupont, Luc Quintal

Envoi de publication – contrat n – contrat de publication Envoi Révision NUMÉRO 46 Hélène Larue couverture : 24 chercheurs-boursiers © RBIQ et partenaires Production Portrait des nouveaux chercheurs-boursiers 2010-2011, Gr aphisme second volet Le Groupe Flexidée Ltée Impression Imprimerie Quad Inc. Faire parvenir toute correspondance à l’adresse suivante : 33 DOSSIER Service des communications Recherche en santé 500, rue Sherbrooke Ouest, bureau 800 Montréal (Québec) H3A 3C6 Le Réseau de bio-imagerie Téléphone : (514) 873-2114 Télécopieur : (514) 873-8768 Courriel : [email protected] du Québec Site Web : www.frsq.gouv.qc.ca Créé en avril 2008, le Réseau de bio-imagerie du Québec (RBIQ) vise à pro­ d Organisme mandataire du ministère du Développement économique, de l’Innovation et mouvoir et à faciliter les collaborations entre chercheurs intéressés à l'étude de l’Exportation (MDEIE), le Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ) a pour fonction de anatomique et fonctionnelle de l'humain et de modèles animaux à l'aide d’ap- promouvoir et d’aider financièrement la recherche, proches unimodales et multimodales d’imagerie in vivo. la formation de chercheurs, la diffusion des connaissances et le partenariat dans le domaine de la santé. Le RBIQ vise aussi à soutenir diverses activités scientifiques, des initiatives d Publication officielle du Fonds, Recherche en santé stratégiques et des projets structurants dans les domaines utilisant non seu­le­ est publiée deux fois par année et est distribuée gratuitement aux membres de la communauté ment les méthodes d’imagerie habituellement employées chez l’humain, sain scientifique et aux autres professionnels et ou atteint d’une maladie, mais aussi celles incluant les techniques d’inves­­ti­­ intervenants de la santé. d Le contenu de cette revue est reproduit sur gation des bases génétiques, biologiques ou physiologiques du cycle normal serveur vocal par l’Audiothèque pour les personnes de vie, de l’évolution de maladies et des fonctions neurologiques chez l'animal handicapées de l’imprimé. Téléphone : Québec (418) 627-8882 de petit et moyen calibre. Montréal (514) 393-0103 d Les articles de Recherche en santé peuvent Avec ses 385 membres, le RBIQ permet le regroupement des forces vives être reproduits sans autorisation à condition du Québec et d'ailleurs impliquées dans le développement technologique de d’en mentionner l’origine. L’information fournie dans cette publication ne se substitue pas à méthodes novatrices d'acquisition, d'analyse et de fusion d’images, en vue celle des Programmes du FRSQ. de consolider le leadership des chercheurs québécois sur la scène nationale d Note : Le générique masculin désigne aussi bien les femmes que les hommes et n’est et internationale. utilisé que dans le seul but d’alléger le texte. d Dépôt légal – 1er trimestre 2011 Bonne lecture ! Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives Canada ISSN : 1195-0900 Envoi de publication – contrat de vente no 40065390

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Les défis de la cinquantaine Près d’un demi-siècle de soutien à la recherche en santé par Yves Joanette, Ph. D., président-directeur général, et Howard Bergman, M.D., vice-président aux affaires scientifiques

Décembre 1964. En France, Jean-Paul Sartre refuse le prix Nobel de littérature. À Oslo, Martin Luther King Jr accepte le prix Nobel de la paix en soulignant le Yves Barrière contraste entre les incroyables progrès de la science et le caractère restreint des avancées de la lutte contre la pauvreté. À Ottawa, on adopte finalement l’unifolié, alors qu’au Québec on prend connaissance du second volume du rapport Parent tout en célébrant l’inauguration de l’autoroute des Cantons-de-l’Est. Décembre 1964, c’est aussi la création du Conseil de recherches médicales Yves Joanette (CRM), qui deviendra le Conseil de la recherche en santé du Québec, en 1974, puis, en 1981, le Fonds de la recherche sur la santé (FRSQ). Soutenu par des visionnaires aux grandes ambitions pour le Québec, le précurseur du FRSQ se donne tout de suite comme mission d’accroître la compétitivité des chercheurs québécois sur l’échiquier canadien. Les premiers programmes visent à permettre aux plus jeunes de se former et à soutenir l’établissement de celles et ceux qui rentrent d’une formation à l’étranger. En ajoutant en 1974 le programme­ des chercheurs-boursiers, le Québec innovera dans la manière de construire sa capa- cité de recherche en santé. Il offrira à ses meilleurs professeurs et cliniciens-­ chercheurs le savoir-faire et le temps nécessaires pour se distinguer par leur Howard Bergman excellence et leur compétitivité.

Pour ses 18 ans, en 1982, le FRSQ introduit le pro- tives, des entreprises privées et des ministères qui gramme des centres de recherche, véritable phare de ­augmentent de manière ciblée ses ressources. Plus son soutien aux regroupements de recherche. En effet, récemment, une stratégie de positionnement à l’inter- les centres représentent, avec les bourses de formation national et des accords tant bilatéraux que multi­ et les bourses salariales, le cœur de métier du FRSQ. nationaux ont fait gagner des rangs aux chercheurs du Non seulement ils constituent des lieux d’excellence, Québec à l’intérieur des grands réseaux mondiaux. mais leur situation en milieu hospitalier facilite le À l’aube de ses 50 ans, le FRSQ peut donc être fier transfert de résultats vers le système de santé. Grâce d’avoir aidé le Québec à se tailler une place de choix à tous ces programmes, les chercheurs québécois en recherche en santé au Canada comme sur la scène obtiennent une part du financement des IRSC plus internationale. Mais les défis de la cinquantaine sont importante que le poids démographique du Québec. nombreux : à un moment où l’avenir des sociétés occi- Complété par les groupes de recherche sur les campus dentales face aux pays dits émergents passe par un universitaires et, en 1990, par un programme unique renforcement de leur capacité à se transformer en véri- de réseaux thématiques, le legs des bâtisseurs du FRSQ tables sociétés dont l’économie est basée sur le savoir, fait du Québec une province citée en exemple pour son le FRSQ se doit de contribuer non seulement à la santé organisation de la recherche en santé. des personnes et de la population, mais également à Pour ses 40 ans, en 2004, le FRSQ s’engage dans ­de celle de l’économie. Attentes élevées, resserrement des nombreux partenariats avec des organisations cari­ta­ capacités de dépenser : l’enjeu est énorme.

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Les grands défis à l’approche de cette stratégie sont celles du FRSQ (p. ex., soins de de la cinquantaine santé personnalisés, soins de première ligne), mais le À la veille de possibles changements qui pourraient Québec dispose d’avantages concurrentiels impor- influer sur la manière dont le FRSQ remplit son rôle au tants, tels ses centres de recherche, son programme Québec, les défis de la cinquantaine sont nombreux. d’appuis salariaux, ou encore, l’entente entre le gou- Un équilibre entre recherche dirigée et non­ vernement et la Fédération des médecins spécialistes dirigée – Au cours de la dernière décennie, la plupart du Québec facilitant la participation de ces derniers à des organismes subventionnaires ont amplifié le nom- la recherche. Le FRSQ se positionne afin de faire en bre et l’importance des appuis consentis en fonction sorte que les chercheurs québécois puissent jouer leur de pr­ iorités définies par référence aux défis de santé. plein rôle, et que les lieux d’excellence en recherche De tels appuis sont légitimes et nécessaires afin de clinique du Québec puissent devenir des pôles cana- soutenir la recherche dans des domaines jugés cru- diens. Des discussions avec les IRSC et les ministères ciaux pour la société. Mais il est tout aussi essentiel de québécois concernés ont permis de partager des idées con­tinuer à soutenir la recherche non dirigée, et, en sur la manière dont le Québec pourra y arriver. parti­culier, la recherche fondamentale, qui se révèle Une contribution attendue à la santé de l’éco­ souvent la source de grandes découvertes. Le défi du nomie – La recherche en santé contribue également FRSQ est de maintenir un équilibre entre ces deux prio- à l’économie du savoir dans le domaine des sciences rités. C’est dans cet esprit que le financement de base de la vie. C’est ainsi que les regroupements du FRSQ des centres de recherche a été rehaussé à l’été 2010 constituent de véritables creusets pour la formation pour la première fois en 15 ans. En même temps, des du personnel hautement qualifié se destinant pour la appuis stratégiques dans des secteurs d’importance plupart aux entrepr­ ises biopharmacologiques et bio- ont été accordés en partenariat, tels le programme de technologiques de même qu'à l'administration publi- recherche en environnement et cancer (concours que. Le FRSQ a récemment appuyé 17 de ses centres GRePEC de la Société de recherche sur le cancer en afin qu’ils puissent jouer pleinement leur rôle de par- partenariat avec le ministère du Développement éco- tenaire de l’industrie biopharmaceutique. En complé- nomique, de l’Innovation et de l’Exportation, lancé en ment, un comité de pilotage central au FRSQ cherche février 2010) ou celui sur les maladies chroniques des solutions à divers irritants, dont le processus d’éva- (Fonds Pfizer-FRSQ-MSSS sur les maladies chroniques, luation éthique multicentrique et la question des lancé en juillet 2010). contrats avec l’industrie. De grandes initiatives stratégiques pour le Québec Un positionnement international – La compétition de demain – La communauté de recherche en santé doit en recherche dépasse largement les frontières du accroître son leadership dans la recherche de demain. Québec. Elle provient aujourd’hui de pays qui sont déjà D’où le concept d’initiatives stratégiques, lesquelles en avance ou qui s’organisent à grande vitesse. Le permettront au FRSQ et à ses partenaires de soutenir de FRSQ a donc développé une stratégie de position­ grandes thématiques porteuses en privilégiant­ les pro- nement de ses chercheurs à l’international reposant grammes existants et en incluant toutes les formes et sur des accords bilatéraux (p. ex., Chine, France) et approches de recherche. La participation du FRSQ à la multilatéraux (p. ex., programmes ERA-Net de l’Union stratégie liée aux soins de santé personnalisés en est un européenne) sur la base de priorités bien définies en exemple. Elle passera en partie par certains programmes termes de thématiques et de géographie. existants et en partie par des appels de projets spéciaux. Une seconde initiative stratégique, en préparation, vise Vers la cinquantaine à renforcer la recherche en soins de première ligne, une C’est dans un contexte générateur d’incertitudes priorité évidente pour notre système de santé, alors que que le FRSQ s’achemine vers sa cinquantaine. Les défis d'autres initiatives sont envisagées, dont l'une en neuro­ doivent tous nous mobiliser plus que jamais dans sciences et santé mentale. l’esprit même des visionnaires qui ont mis en place le Une forte participation du Québec à la stratégie FRSQ, en adaptant leur objectif d’un Québec bien posi- de recherche axée sur le patient – Il importe de s’assu- tionné au Canada à celui d’un Québec bien positionné rer que le Québec peut jouer un rôle de tout premier sur la planète entière. Quelle que soit la forme que plan dans la stratégie de recherche axée sur les patients prendra son organisation, le FRSQ sera là pour relever développée par les IRSC. Non seulement les priorités ces défis.

4 Recherche en santé mars 2011 nouvelles du FRSQ ppartenariatsartenariats

Deux équipes québécoises financées dans le cadre du réseau de recherche européen ERA-NET NEURON

Pour la première fois, des équipes qué- 103 équipes ont soumis une lettre d’in- bécoises travaillant avec des partenaires tention au comité d’évaluation, dont européens seront financées dans le cadre 24 comportaient des collaborateurs du d’un appel de propositions d’ERA-NET Québec. Le comité a invité ensuite 32 de NEURON, un réseau de recherche euro- ces équipes à soumettre une demande péen sur les neurosciences et les mala- complète; cette fois, six d’entre elles dies mentales. comptaient des membres québécois. Au total, 11 projets multinationaux Dans un deuxième temps, le comité ont été retenus pour financement par a choisi 11 projets pour financement, le réseau européen, dont deux compren- dont deux comportant des chercheurs Guy Rouleau Moshe Szyf nent des équipes québécoises. Pour être québécois. admissible­ à ce concours, un projet Les équipes du Québec bénéficieront cheur au Département de pharmacologie devait être présenté par un regroupement d’un financement total de près de et thérapeutique de l’Université McGill. de chercheurs provenant d’au moins trois 150 000 $ par an pour trois ans provenant Ces projets sont menés en partenariat pays différents membres de NEURON. du FRSQ, auquel s’ajouteront des som- avec des équipes de chercheurs prove- Il s’agit du premier concours d’ERA- mes équivalentes en provenance d’orga- nant d’Allemagne, d’Espagne, de France NET NEURON auquel les chercheurs du nismes tel le FRSQ dans les pays des et d’Italie. ✦ Québec ont eu la possibilité de participer autres membres des équipes. depuis que le FRSQ est devenu partenaire Le premier projet auquel collaborent du réseau européen, en juin 2009. Aucun des équipes québécoises porte sur les organisme subventionnaire québécois mécanismes génétiques liés à l’autisme n’avait été jusque-là intégré à un réseau et à la schizophrénie. Guy Rouleau, cher- ERA-NET. Cette initiative du FRSQ s’ins- cheur et généticien au CHU Sainte- crit dans sa stratégie de positionnement Justine, dirige l’équipe québécoise du international de la recherche québécoise projet. Le second projet étudie le stress en santé. périnatal et son impact épigénétique sur Le processus de sélection s’est déroulé la dépression. L’équipe québécoise de ce en deux étapes. Dans un premier temps, projet est dirigée par Moshe Szyf, cher-

Le FRSQ à l’écoute !

Vous êtes invités à exprimer vos idées sur les sujets ou propos abor- › courrier : Vous dés dans ce numéro ou sur tout 500, rue Sherbrooke Ouest, autre sujet d’intérêt lié à la recherche bureau 800 déménagez ? en santé. Adressez-nous vos com­ Montréal (Québec) men­­taires par courriel à l’adresse H3A 3C6 suivante : › courriel : [email protected] communications@ Transmettez-nous frsq.gouv.qc.ca votre nouvelle adresse ! › téléphone : 514 873-2114 › télécopie : 514 873-8768 ou par la poste aux bureaux du FRSQ.

5 mars 2011 Recherche en santé nouvelles du FRSQ

Financement d’un premier projet de recherche Québec-Chine en génomique

Le FRSQ, Génome Québec et la National génomique qui s’est tenu à Beijing en du Québec a développé une expertise Natural Science Foundation of China octobre 2009. dans le domaine des modèles chez la (NSFC) ont annoncé le financement d’un Le FRSQ et Génome Québec assument ­souris alors que les équipes chinoises ont premier projet dans le cadre de leur pro- le soutien financier de l’équipe québé­ ­ bâti une infrastructure clinique de pointe. gramme conjoint de subventions de coise, soit l’équivalent d’un total de près Le partage de ces expertises confère une recherches génomiques sur les maladies de 150 000 $ pour trois ans, et la NSFC grande valeur ajoutée au projet. lancé en juillet 2010. Le projet réunira as­sure le financement des chercheurs chi­­ Les chercheurs tenteront de mieux des équipes de chercheurs du Québec et nois pour un montant de 450 000 yuans comprendre les causes d’infertilité mas- de la Chine qui tenteront de mieux com- pour trois ans. culine attribuables à des anomalies du prendre les causes de l’infertilité mas­ L’équipe québécoise sera dirigée par développement et du fonctionnement culine à l’aide de méthodes de pointe en Simon Wing, chercheur au Départe­ment des spermatozoïdes. Ils étudieront plus génomique. de médecine de l’Université McGill, tandis précisément le rôle de l’enzyme Huwe1 Le financement de projets conjoints que Wenming Xu, chercheur au West dans le processus de maturation normale avec la Chine est une première pour le China Second University Hospital, de de ces derniers. ✦ FRSQ. Il s’agit d’une retombée concrète l’Université Sichuan, à Chengdu, dirigera d’un atelier conjoint Québec-Chine en la recherche menée en Chine. L’équipe

Fonds Pfizer-FRSQ-MSSS sur les maladies chroniques : cinq projets de recherche financés

Le FRSQ et deux de ses partenaires, le de façon à rendre notre système de santé être des initiatives de première ligne ministère de la Santé et des Services plus efficace. favori­sant l’intégration de la prévention sociaux (MSSS) du Québec et la société Parmi les projets soumis, cinq ont été et de la gestion des maladies chroniques pharmaceutique Pfizer Canada, ont recommandés pour financement, soit tout en misant sur la transformation des annoncé le financement de la première ceux du CSSS Champlain, du CSSS de pratiques cliniques. Selon les règles et série de projets retenus dans le cadre du Chicoutimi, du CSSS de Laval, du CSSS les pro­cédures en vigueur au FRSQ, les Fonds Pfizer-FRSQ-MSSS sur les mala- du Rocher-Percé et du CSSS du Sud- demandes ont été analysées par un dies chroniques. Ouest-Verdun. Ces in­ves­­­­­tis­sements tota- comité d’évaluation scientifique com- Créé grâce à un investissement de lisant près de 3,5 millions de dollars posé d’experts des milieux scientifique et 5 mil­­­­lions de dollars de Pfizer Canada, ce seront répartis sur les deux prochaines clinique. ✦ programme de subventions de recherche années. coordonné par le FRSQ vise à évaluer des Tous liés aux orientations du ministère initiatives de prévention et de gestion des de la Santé et des Services sociaux dans le maladies chroniques en les soutenant secteur des maladies chroniques, les pro- financièrement et, le cas échéant, à favo­ jets soumis au Fonds Pfizer-FRSQ-MSSS ri­ser leur implantation à travers le Québec sur les maladies chroni­ques devaient

6 Recherche en santé mars 2011 nouvelles de la communauté scientifique

CHUM • Centre hospitalier de l’Université de Montréal CHUS • Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke CHUQ • Centre hospitalier universitaire de Québec CUSM • Centre universitaire de santé McGill

NOMINATIONSNOMINATIONS

Pierre Cossette, doyen de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke

En juillet 2010, l’Université de Sher­ à titre de directeur du pro- l’Hôpital Charles-LeMoyne brooke a annoncé la nomination du doc- gramme de médecine interne et au Saguenay–Lac-Saint- teur Pierre Cossette, M.D., M.Sc., à titre (tronc commun), avant d’assu- Jean. Pierre Cos­sette s’impli- de doyen de la Faculté de médecine et des­ mer, en 2004, la direction du que for­tement autant à la Université de Sherbrooke

/ sciences de la santé. Il succède au doc- Département de médecine, un Faculté même qu’au Centre teur Réjean Hébert. poste qu’il occupe depuis. Le hos­­pi­talier univer­sitaire de Détenteur d’un doctorat en médecine professeur Cossette a collaboré Sherbr­­­ ooke (CHUS). Il a su Communications de l’Université de Montréal (1991), le à de nombreuses publications éta­­­blir un leadership re­connu docteur Cossette a fait des études médi- sur des sujets variés tels que les tant par les membres de son cales postdoctorales en médecine interne maladies vasculaires, l’hyper- dé­ ­­­­par­­tement que par les ins­ Pierre Cossette à l’Université de Sherbrooke (de 1991 à tension et les maladies rhuma- tances administratives, mé­­­ 1995), puis a obtenu une maîtrise en tologiques. Dès son arrivée à l’Université di­­­­cales et universitaires, comme en ­épi­démiologie et biostatistique de l’Uni­ de Sherbrooke, il a mis sur pied pour les témoignent le prix du leadership médical versité McGill (1999). En 1997, le docteur­­­ résidents un programme d’initiation à de l’Association québécoise des établis- Cossette est devenu professeur au la recherche et à la lecture critique de la sements de santé et de services sociaux Dé­partement de médecine (Service de ­littérature. Il a participé activement au ainsi que le grand prix d’excellence du médecine interne) de l’Université de développement du réseau d’enseigne- conseil d’admi­­nistra­tion du CHUS qui lui Sherbrooke, puis, l’année suivante, a agi ment de la Faculté, principalement à ont été attribués. ✦

Jean-Lucien Rouleau, directeur scientifique de l’Institut de la santé circulatoire et respiratoire

En novembre 2010, les Instituts de ­car­diologie au sein du Uni­ marquants qui ont per­mis, recherche en santé du Canada (IRSC) ont versity Health Network (UHN), entre autres, l’élabo­ration et annoncé la nomination du docteur Jean- qui compr­ end les hôpitaux­ la mise au point de thér­a­­­pies Lucien Rouleau, M.D., au poste de direc- Toronto General, Toronto aujourd’hui cou­ram­ment teur scientifique de l’Institut de la santé Western, Princess Margaret et uti­ ­­­li­sées. Il a publié plus de circulatoire et respiratoire. Il succède au de l’Hôpital Mount Sinaï. Le 330 articles dans des revues docteur Peter P. Liu, M.D. docteur Rouleau a travaillé et avec comités de pairs. Ses Éminent cardiologue, professeur et enseigné dans plusieurs éta- ­travaux lui ont valu de nom- chercheur reconnu internationalement, blissements au Québec, no­tam­ breux prix dont la Bourse de le docteur Jean-Lucien Rouleau est le ment à l’Hôpital du Sacré-Cœur­­ mérite exceptionnel décernée Jean-Lucien Rouleau doyen sortant de la Faculté de médecine­ de Montréal, à l’Institut de par le FRSQ, une médaille du de l’Université de Montréal, une fonction ­car­diologie de Montréal, à l’Hôpital géné- Cen­­tenaire canadien (1995), le prix pour qu’il exerçait depuis juin 2003. Anté­ ral de Montréal ainsi qu’au CHUS, où sa carr­ ière en recherche de la Société rieurement, il avait été professeur à il a géré le Service de cardiologie. Chef canadienne de cardiologie (2005), le prix l’Université de Toronto ainsi que di­­rec­ de ­file en recherche cardiovasculaire, Prestige de l’Association médicale du teur du programme de soins car­dio­ Jean-Lucien Rouleau a également par­ Québec (2009) et le prix vasculaires et directeur du Service de ticipé à une multitude d’essais cliniques (2009). ✦

7 mars 2011 Recherche en santé nouvelles de la communauté scientifique nouvelles de la communauté scientifique

Carl-Ardy Dubois, Paul Fortier, vice-recteur à la recherche directeur et à la création de l’Université Laval scientifique En mai 2010, l’Université informatique (1991-1996), du Centre FERASI Laval a annoncé la nomination direc­­teur du Département de de Paul Fortier, Ph. D., à titre de génie électrique et de génie En juin dernier, vice-recteur à la recherche et à informa­tique (1997-2003), Université de Sherbrooke

/ le conseil d’ad­mi­ la création. M. Fortier succède puis, de 2003 à 2007, vice- nistration du Cen­ à Edwin Bourget, qui a pris sa doyen au développement et tre FERASI (forma- retraite en juillet dernier. à la recherche de la Faculté Communications tion et ex­­per­tise en Titulaire d’un doctorat en des sciences et de génie. De re­­cher­che et ad­mi­­­­­ génie électrique de l’Université 2007 à 2009, Paul Fortier a nis­­tration des ser­­­ Stanford, Paul Fortier est pro- également agi à titre de vice- Paul Fortier vi­ces infirmiers), un fesseur à la Faculté des scien- président aux affaires scien- con­­so­rtium in­ter­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­ ces et de génie de l’Université Laval tifiques et aux par­tenar­ iats du Fonds uni­­­­­­­­­­­­­­­­versitaire pi­lo­­té depuis 1989. Au cours de cette période, québécois de la recherche sur la nature Carl-Ardy Dubois par l’U­ni­­­­­­ver­sité de il a été successivement directeur du et les technologies (FQRNT). ✦ Montréal, a nommé­ ­Carl-Ardy Dubois, ­programme de baccalauréat en génie Ph. D., directeur scientifique. Ce dernier succède à Danielle D’Amour, qui dirigeait le Centre depuis 2001. Docteur en organisation des soins, Carl-Ardy Dubois est à la fois professeur Lucie Parent, directrice du Groupe d’étude agrégé à la Faculté des sciences in­fir­ des protéines membranaires mières de l’Université de Montréal, chercheur-boursier­ du FRSQ rattaché à En janvier dernier, l’Univer- mécanismes moléculaires l’Institut de recherche en santé publique sité de Montréal a nommé d’activation de ce canal dans de l’Université de Montréal (IRSPUM), Lucie Parent, Ph. D., directrice les myocytes. Ses travaux ainsi que directeur du centre de mentorat du Groupe d’étude des protéi- requièrent des techniques du Québec du programme FORCES/ nes membranaires (GÉPROM), aussi variées que la muta­ EXTRA (un programme de formation en et ce, pour un mandat de trois genèse dirigée, la chimie des recherche pour les cadres du secteur de ans. Elle succède à Jean-Yves protéines, l’activité électr­ o­ la santé et une initiative pancanadienne Lapointe, Ph. D. phy­­siologique des ca­naux pilotée par la Fondation canadienne de Docteure en biophysique, mutés et la comparaison avec la recherche sur les services de santé – Lucie Parent est professeure des structures tridimension- Lucie Parent FCRSS). Le chercheur connaît bien le titulaire au Département de nelles de protéines analogues. Centre FERASI, puisqu’il a été membre physiologie de la Faculté de médecine de Le GÉPROM est un regroupement de son conseil d’administration et a agi l’Université de Montréal. Son programme multidisciplinaire de chercheurs issus de comme directeur intérimaire en 2004- de recherche vise à comprendre les l’Université de Montréal et de l’Université 2005. Ce centre d’ex­cellence en admi­­­ mécanismes moléculaires de la régu­ McGill, soutenu financièrement par le nistration des services infirmiers a été lation de l’influx d’ions calciques dans les FRSQ dans le cadre de son programme de créé grâce à un financement de la FCRSS cellules cardiaques. Plus précisément, la subventions de groupes de recherche. Il ainsi qu’à l’appui du FRSQ et de divers chercheuse vise à caractériser les méca- est voué à l’étude de la fonction des pro- éta­­blis­sements univer­si­taires (Univer­sité nismes cellulaires responsables du téines membranaires et de leurs impli­ Laval, Université de Montréal, Uni­ver­­­­­sité ciblage rétrograde et antérograde du cations dans de nombreuses fonctions McGill et Université de Sherbr­ ooke) canal calcique de type-L ainsi que les physiologiques. ✦ offr­ ant un programme d’études en sciences­ infirmières. ✦

8 Recherche en santé mars 2011 nouvelles de la communauté scientifique

Claude Viau, directeur de l’Institut de recherche en santé publique de l’Université de Montréal

En novembre 2010, l’Université de ­carrière de professeur à l’Uni- est l’un des plus importants Montréal a annoncé la nomination versité de Montréal en 1987. regr­ oupements canadiens de de Claude Viau, D. Sc., comme directeur Parallèlement à ses tâches chercheurs dans le domaine de l’Institut de recherche en santé d’enseignement, il a été le pre- de la santé publique travaillant pu­blique de l’Université de Montréal mier directeur du Réseau de en milieu universitaire. Créé (IRSPUM). Il succède à Andrée Demers, recherche en santé environ­ en avril 2009, l’Institut s’est Ph. D., qui occupait cette fonction à titre nementale du Québec, créé par donné la mission de produire intérimaire. le FRSQ en 1996. De 2003 à des connaissances de pointe, Titulaire de la Chaire d’analyse et de 2009, il a présidé le Comité et d’augmenter les capacités gestion des risques toxicologiques de scientifique sur la toxicologie de recherche et d’application Claude Viau l’Uni­versité de Montréal, Claude Viau est industrielle de la Commission des connaissances en santé aussi professeur titulaire au Département internationale de santé au travail. De publique. Il développe sa programmation de santé environnementale et santé au plus, entre 2004 et 2006, il a agi en tant scientifique en étroite collaboration avec travail, qu’il a dirigé de 1994 à 2002. que conseiller principal en gestion des partenaires institutionnels, dont Détenteur d’un doctorat en sciences des risques à la Direction générale de la l’Institut national de santé publique du médicales (option toxicologie indus- santé environnementale et de la sécurité Québec et les directions régionales de trielle) obtenu de l’Unité de toxicologie des consommateurs à Santé Canada santé publique. L’IRSPUM est soutenu industrielle et de médecine du travail (Ottawa). financièrement par le FRSQ dans le cadre de l’Université catholique de Louvain Comptant 84 chercheurs réguliers de son programme de subventions de (Belgique), le chercheur a démarré sa et 129 chercheurs associés, l’IRSPUM groupes de recherche. ✦

Robyn Tamblyn, directrice scientifique de l’Institut des services et des politiques de la santé

En décembre, les Instituts de recherche santé de l’Université McGill, vise à optimiser la gestion des en santé du Canada (IRSC) ont procédé à elle est également directrice médicaments, à améliorer la la nomination de Robin Tamblyn, Ph. D., scientifique d’IRIS-Québec sécurité de la prescription de à la direction scientifique de l’Institut des (infostructure de recherche médicaments et à accélérer services et des politiques de la santé intégrée en santé), une infras- l’application des résultats de la (ISPS). Elle succède à Colleen Flood. tructure provinciale de soins recherche aux soins primaires. Docteure en épidémiologie, Robyn de santé et de recherche finan- Récipiendaire de nombreuses Tamblyn occupe de nombreuses fonc- cée par la Fondation cana- distinctions, elle a remporté tions d’enseignement et de recherche. dienne pour l’innovation. Elle entre autres, conjointement Elle est professeure au Département de dirige parallèlement une avec Allen Huang, le prix Robyn Tamblyn médecine ainsi qu’au Département équipe de chercheurs qui étu- J.-Armand-Bombardier 2006 d’épidémiologie, de biostatistique et de die l’utilisation des technologies de de l’Association francophone pour le santé au travail de la Faculté de médecine cybersanté visant à améliorer la sécurité savoir-Acfas pour la mise au point et de l’Université McGill, chercheuse ratta- des patients et à soutenir l’intégration l’implantation d’un logiciel d’ordon- chée à l’Institut de recherche du CUSM- des soins aux malades chroniques. nance électronique et de systèmes infor- Hôpital Royal Victoria, et titulaire d’une Finalement, Robyn Tamblyn supervise matisés de gestion des médicaments et chaire James McGill en épidémiologie. des initiatives spécifiques telles que le des maladies. ✦ Directrice scientifique du Groupe de MOXXI (Medical Office of the 21st Cen­ recherche clinique en informatique de la tury/Cabinet médical du XXIe siècle), qui

9 mars 2011 Recherche en santé nouvelles de la communauté scientifique nouvelles de la communauté scientifique

distindistinctions ctions

Prix du Québec 2010 à Mark A. Wainberg

Les Prix du Québec représentent la plus ratoire de virologie et le scientifiques au monde à avoir haute distinction décernée par le gouver- Département de microbiologie cerné le problème de la résis- nement du Québec pour rendre hom- de l’Hôpital de Montréal pour tance du virus aux médica- mage à des artistes et à des scientifiques enfants (1983-1990). En outre, ments. Mark A. Wainberg s’est d’exception. Pour 2010, le prix Wilder- Mark Wainberg copréside particulièrement démarqué Penfield (sciences biomédicales) a été actuellement avec Jean-Guy au cours de sa carrière par son remis à Mark A. Wainberg. Baril (CHUM) le Réseau sida dévouement à la cause des Mark A. Wainberg, Ph. D., est profes- et maladies infectieuses plus démunis aux prises avec seur au Département de microbiologie et (Sida-Mi) du FRSQ, qu’il dirige le VIH-sida. Il s’est fait le porte- d’immunologie de l’Université McGill, où depuis 2004. parole de ceux qui ont été lais- Mark A. Wainberg il enseigne depuis 1977. Auparavant, il a Premier chercheur cana- sés pour compte dans la lutte été chercheur et chargé de cours à la dien à travailler directement sur la pro- contre cette maladie, notamment lorsqu’il Hebrew University Hadassah Medical blématique du VIH-sida, il est devenu, a présidé, de 1998 à 2000, la Société inter- School (Jérusalem), puis est entré à l’Hô- au fil des ans, une figure de proue inter­ nationale sur le sida. Au cours de sa pital général juif de Montréal en 1974, où nationale dans ce domaine. Parmi ses ­car­­rière, il s’est vu remettre plusieurs il dirige le Centre de recherche sur le sida grandes découvertes, il a ciblé le 3TC prix et mentions d’honneur, dont le prix depuis 1989. Son parcours professionnel (lamivudine)­ comme traitement antiviral, Galien Canada, le titre d’officier de l’Ordre l’a aussi amené à diriger l’Institut Lady ce qui constitue un tournant dans l’évo- du Canada et de l’Ordre national du Davis de recherches médicales de l’Hôpi- lution de la recherche mondiale sur le Québec, ainsi que celui de chevalier de tal juif (2000 à 2009) ainsi que le labo­ VIH-sida. De plus, il est l’un des premiers la Légion d’honneur de la France. ✦

Prix de l’Association francophone pour le savoir - Acfas 2010

Prix Adrien-Pouliot (Coopération scientifique avec la France)

Créé au printemps 2000 en l’honneur diologie au Centre de recherche de l’Ins- d’Adrien Pouliot – mathématicien, ancien titut universitaire de cardiologie et de président de l’Acfas et détenteur de nom- pneumologie de Québec et titulaire de la breuses distinctions françaises –, ce prix Chaire inter­nationale sur le risque car- vise à souligner l’excellence de travaux diométabolique. Les travaux trans­­ réalisés en collaboration avec une per- disciplinaires de Jean-Pierre Després

sonne ou une équipe de la France et qui dans les domaines du cardiométabolisme Jean-Pierre Després et sa collègue et conjointe, ont des retombées autant en France et de la physiologie, menés ici et en Isabelle Lemieux, présentent l’article de synthèse sur le syndrome métabolique, publié dans la revue Nature. qu’ici. Il est parrainé par le ministère des France, ont révolutionné les pratiques Relations internationales du Québec et le médicales relatives au traitement de risque de l’obésité. Ses fructueuses col­­ Consulat général de France à Québec. l’obésité, et ce, du point de vue tant de la laborations avec les laboratoires fran­ Le prix Adrien-Pouliot 2010 est remis prévention, du diagnostic que des appro- çais Sano­fi-Aventis et Servier ont ouvert à Jean-Pierre Després, Ph. D., professeur ches pharmaceutiques. Ces recherches la voie vers des traitements médi­ca­men­­­­ au Département de kinésiologie de la ont permis, entre autres, de mettre en teux plus performants de cette patho­ Faculté de médecine de l’Université lumière le rôle du tour de taille comme logie considérée comme « l’épid­ émie du Laval, directeur de la recherche en car- facteur déterminant dans la mesure du 21e siècle ». ✦

10 Recherche en santé mars 2011 nouvelles de la communauté scientifique

Prix Léo-Pariseau Concours (Sciences biologiques et sciences de la santé) de vulgarisation

Le prix Léo-Pariseau, créé en domaine de la chimie médi­ 1944, souligne la contribution cinale. On doit au chercheur d’une personne ­travaillant plusieurs avancées scien­ dans le domaine des sciences tifiques visant la concep­ tion­ biologiques ou des sciences de de nouveaux médi­ ca­­ ments­ la santé. Il est parrainé par abordables. Le pro­­­­­fesseur Merck Frosst Inc. René Roy et son équipe mul­ Le prix Léo-Pariseau 2010 tidisciplinaire ont, notam- est remis à René Roy, Ph. D., ment, conçu et commercialisé professeur au Dé­­partement­ de un vaccin contre la méningite René Roy Katy Leduc Guy Lemay chimie de l’Université du et la pneumonie destiné aux Québec à Montréal, directeur exécutif enfants des pays en voie de dévelop­­­­ du Centre de recherche sur la conception, pement. Fabriqué grâce aux avancées de Le Concours de vulgarisation de la les mécanismes d’action et la vecto­ri­ la chimie organique, ce vaccin est pr­ oduit­­­­ recherche de l’Acfas est l’occasion de sation des médicaments PharmaQAM à un coût accessible et permet de sau­ver rendre accessibles au grand public et titulaire de la Chaire de recherche du près d’un million d’enfants chaque tous les domaines dans lesquels tra- Canada en chimie thérapeutique, pour année. ✦ vaillent les chercheurs, qu’il s’agisse ses travaux fondamentaux dans le de philosophie, de littérature, d’his- toire, de démographie, de nutrition, de biotechnologie, d’océanographie, Prix Urgel-Archambault de sciences de l’environnement, etc. (Sciences physiques, mathématiques, informatique et génie) Des cinq prix attribués cette année, deux sont remis à des chercheurs en santé : Ce prix a été créé en 1953 en informatique, le professeur – Katy Leduc, étudiante au 2e cycle en l’honneur d’Urgel Archam­ Major a su très tôt y associer biophysique et biologie cellulaires au bault, directeur-fondateur de des connaissances­ approfon- laboratoire du professeur Carlos Reyes- l’École Polytechnique de dies en biologie. Il est ainsi Moreno, Ph. D., du Département de Montréal. Il récompense une devenu l’un des premiers spé- chimie-biologie à l’Université du Québec personne travaillant en scien- cialistes qué­bécois de la bio­ à Trois-Rivières, pour son texte intitulé La ces physiques, en mathémati- informatique, une discipline tolérance fœtale : l’énigme de la reproduc­ ques, en informatique ou en située au car­refour de la bio­ tion humaine. génie. C’est le Conseil de logie, de l’in­formatique et des – Guy Lemay, Ph. D., professeur titulaire recherches en sciences natu- ma­thé­­­ma­tiques. Précurseur au Département de microbiologie et François Major relles et en génie du Canada dans ce domaine, il a apporté immunologie de la Faculté de médecine (CRSNG) qui parraine ce prix. une forte contribution à la modélisation de l’Université de Montréal, pour son Le prix Léo-Pariseau 2010 est remis à de la structure de l’ARN. Les différents texte Quand des ennemis deviennent des François Major, Ph. D., professeur au logiciels qu’il a conçus au cours des ans alliés : un virus orphelin contre le cancer. Département d’informatique et de à partir de méthodes innovantes sont mis Le chercheur s’intéresse au réovirus de recherche opérationnelle et directeur du à la disposition des chercheurs de divers mammifères. Ce virus sans pouvoir laboratoire d’ingénierie des ARN à horizons : chimie, biologie, biophysique. pathogène peut jouer un rôle prometteur ­l’Institut de recherche en immunologie Ses travaux sont donc d’une aide pré- en virothérapie dans la lutte contre le et en cancérologie (IRIC) de l’Université cieuse au sein d’une vaste communauté cancer grâce aux progrès de la biologie de Montréal. Formé initialement en scientifique. ✦ moléculaire. ✦

11 mars 2011 Recherche en santé nouvelles de la communauté scientifique nouvelles de la communauté scientifique

Prix Jacques-Rousseau (Multidisciplinaire)

Créé en 1980 en l’honneur de Jacques de la santé et de l’Organisation recherches transdisciplinaires Rousseau, botaniste, ethnologue et panaméricaine de la santé –, liant sociologie, santé, envi- ancien secrétaire de l’Acfas, ce prix sou­ à l’Université du Québec à ronnement, économie, politi- li­gne les réalisations scien­­tifiques excep- Montréal (UQAM). Chercheuse ques publiques et éthique. Elle tionnelles d’une personne ou d’une à la fois à The International estime essentiel, si l’on veut équipe qui a largement dépassé son Team in Nanosafety (TITNT), être en mesure de comprendre domaine de spécialisation et qui a établi au Centre de recherche inter- et d’explorer les enjeux com- des ponts novateurs entre différentes institutionnel en écotoxicolo- plexes de notre temps, d’adop- disci­plines. Ce prix est parrainé par les gie, et, en France, au Centre de ter une démarche globale, trois Fonds de recherche du Québec : le recherche et d’information in­­­­­té­­­­­­­gratrice, ouverte à diverses Louise Vandelac FRSQ, le FQRNT (Fonds québécois de indépendant sur le génie géné- approches scientifiques et aux recherche sur la nature et les technolo- tique ainsi qu’au Pôle Risques de la acteurs sociaux concernés, une démar- gies) et le FQRSC (Fonds québécois de Maison de la recherche en sciences che préconisée notamment par l’appro- recherche sur la société et la culture). humaines de l’Université de Caen Basse- che écosanté. Lauréate de ­plusieurs prix Le prix Jacques-Rousseau 2010 a été Normandie, elle est aussi professeure et distinctions, coréali­satrice de nom- remis à Louise Vandelac, Ph. D., profes- associée au Département de médecine breux documentair­ es, Louise Vandelac seure titulaire au Département de socio- sociale et préventive de la Faculté de est aussi codir­ ectrice de VertigO, première logie, directrice de l’Institut des sciences médecine de l’Université de Montréal et revue scientifique électr­ onique franco- de l’environnement (ISE) et chercheuse membre de la Commission canadienne phone en sciences de l’environ­ne­ment, au Centre de recherche interdisciplinaire Sciences, sciences humaines et sociales comptant 1 500 lecteurs par jour. ✦ sur la biologie, la santé, la société et l’en- de la Commission canadienne pour vironnement (CINBIOSE) – un centre l’UNESCO. Depuis 30 ans, Louise Van­ collaborateur de l’Organisation mondiale delac multiplie ici et à l’étranger des

Prix de thèse en cotutelle Québec-France

Remis conjointement par le ministère matériaux, génie des procédés et haute des Relations internationales et le technologie) : Étude sur les propriétés Consulat général de France à Québec, d’adhérence des revêtements fluorocar­ ce prix, assorti d’une bourse de 1 500 $, bonés déposés par plasma sur de l’acier vise à récompenser les meilleures inoxydable 316L pour les stents corona­ thèses ­produites en 2009-2010 dans le riens. Le chercheur a travaillé à la mise cadre d’une convention de cotutelle au point d’un revêtement pour les stents franco-québécoise. coronariens visant à les rendre plus per- Le prix 2010 du domaine de la santé a formants. François Lewis a été codirigé

été remis à François Lewis, Ph. D., qui par le professeur Diego Mantovani, François Lewis était, en 2009, doctorant au Centre de Ph. D., du Laboratoire de biomatériaux recherche du CHUQ-CHUL (axe Santé et bio-ingénierie du Département de du Laboratoire de génie des procédés vasculaire et rénale), pour ses travaux génie des mines, de la métallurgie et plas­ma, de l’École nationale supérieure portant sur les traitements de surface des des matériaux de l’Université Laval, et par de chimie (Université Pierre et Marie biomatériaux (domaines du génie des le ­professeur Michael Tatoulian, Ph. D., Curie, Paris VI), en France. ✦

12 Recherche en santé mars 2011 nouvelles de la communauté scientifique

Académie canadienne des sciences de la santé

À la fin du mois de septembre 2010, au Rosemont et cher- cours d’une céré­monie officielle à cheur principal Ottawa, l’Académie canadienne des rattaché à l’Unité de sciences de la santé (ACSS) a fait connaî- recherche en imm­u­ tre les noms des chercheurs en santé qui nobio­logie de l’Insti- se sont démarqués par leurs réali­sations tut de recherche en exceptionnelles. Les scientifiques du immunologie et en Québec qui ont été admis en 2010 sont : cancérologie (IRIC). • Maryse Lassonde, Ph. D., pro­fes­ • Jean-Paul Praud, seure titulaire au Dé­­par­tement de psy- M.D., Ph. D., profes- Maryse Lassonde Claude Perreault Jean-Paul Praud chologie de l’Université de Montréal, seur titulaire à la directrice du Laboratoire d’électrophy- Faculté de médecine et des sciences de Canada. Fondée en 2004, l’Académie siologie et d’ima­gerie optique du CHU la santé de l’Université de Sherbrooke, regroupe d’émi­nents experts canadiens Sainte-Justine et chercheuse au Centre pneumo­logue pédiatre au CHUS et en recherche en santé qui, à partir de de recherche en neuropsychologie­ et détenteur de la Chaire de recher­ che leur com­préhension des données pro- cognition (CERNEC). du Canada en physiologie res­ ­­pi­ratoire bantes et de leur réflexion, fournissent • Claude Perreault, M.D., M. Sc., pro- néonatale. des conseils au gouvernement canadien fesseur titulaire au Département de La nomination à l’ACSS est l’une des sur des questions émergentes liées à médecine de la Faculté de médecine plus hautes disti­ nctions pour les mem- la santé. ✦ de l’Université de Montréal, médecin bres de la communauté des sciences hématologue à l’Hôpital Maisonneuve- de la santé en milieu uni­ver­sitaire au

Deux distinctions pour Michel L. Roy

En juin dernier, le docteur Michel L. Roy, Ces deux distinctions sou­ étant investigateur principal M.D., professeur titulaire au Département lignent une carrière exem- ou co-investigateur de projets d’obstétrique et de gynécologie de l’Uni- plaire d’enseignement, de de recherche clinique en onco- versité Laval et chercheur-clinicien ratta- pratique et de recherche. Sur logie gynécologique. Au niveau ché au CHUQ – L’Hôtel-Dieu de Québec, tous ces plans, le docteur Roy international, le docteur Roy a a reçu la médaille du président 2010 de la est un chef de file interna­ été président de l’International Société des obstétriciens gynécologues tional. Membre fondateur de Society for the Study of Vulvar du Canada pour sa contribution et son la Société de gynécologie/ Disease de 1991 à 1993. Il a fait aide à la promotion de l’excellence dans oncologie du Canada et de partie du comité de direction la pratique de l'obstétrique-gynécologie la Société des colposcopistes de l’International Society of et la santé des femmes, que ce soit par le canadiens, fellow du Collège Michel L. Roy Gynecologic Cancer de 1999 à leadership, la collaboration, l’enseigne- royal des médecins et chirurgiens du 2005 et de la Fédération internationale ment, la recherche et la défense des Canada, il a travaillé dans les comités de colposcopie et pathologie cervicale droits, tant à l’échelle nationale qu’inter- d’éducation médicale continue et d’on- de 1993 à 1999. En plus de ses engage- nationale. Plus tôt cet automne, le doc- cologie à l’Association des obstétriciens ments au Québec, il est membre du la teur Roy a également été nommé membre gynécologues du Québec. Il a été prési- Société française d’oncologie gynéco­ honoraire (fellow) de la Société argentine dent de ce dernier comité de 1976 à 1980, logique, de la Society of Gynecologic d’oncologie gynécologique et de col­ en plus d’être président-fondateur du Oncology (États-Unis) et de l’American poscopie pour son apport remarquable Regroupement des gynéco-oncologues Society for Colposcopy and Cervical dans le développement des chirurgies du Québec de 2005 à 2008. Depuis 1976, Pathology, et membre du comité scienti- con­servatrices en cancer gynécologique il est le représentant régional du Québec fique de EUROGIN (European Research ainsi que pour l’enseignement de ces pour les recherches cliniques de l’Institut Organisation on Genital Infection and techniques. national du cancer du Canada, tout en Neoplasia). ✦ 13 mars 2011 Recherche en santé nouvelles de la communauté scientifique nouvelles de la communauté scientifique

Les découvertes de 2010 choisies par Québec Science

Des dix découvertes retenues par le jury de Québec Science cette année, cinq sont liées au domaine de la santé. Elles concernent : une nouvelles classe d’antibiotiques ; des percées dans la compréhension génétique à la fois de la dystrophie musculaire de Duchenne, de la migraine et de la régulation même des gènes ; et finalement, un facteur influant sur le QI des enfants.

Jérôme Mulhbacher De gauche à droite : Éric Brouillette, Marianne Allard, Daniel A. Lafontaine, Louis-Charles Fortier et François Malouin

Les lauréats sont : Ceci ouvre une voie pour la lutte contre ­protéine dys­­trophine dans les cellules • Jérôme Mulhbacher, Ph. D., Éric des bactéries de plus en plus résistantes mus­culaires. Brouillette, M. Sc., Marianne Allard, aux traitements con­­ventionnels. • Guy A. Rouleau, M.D., Ph. D., et M. Sc., Louis-Charles Fortier, Ph. D., • Jacques P. Tremblay, Ph. D., Pierre Ronald Lafrenière, Ph. D., deux cher- François Malouin, Ph. D., et Daniel A. Chapdelaine, B. Sc., Christophe cheurs rattachés à la fois aux dépar­­­te­ Lafontaine, Ph. D. Ces chercheurs issus Pichavant, Ph. D., Joël Rousseau, M. Sc. ments de médecine et de génétique de à la fois de la Faculté de sciences Ces chercheurs issus du CHUQ-CHUL l’Université de Montréal, au Centre d’ex­ (Département de biologie) et de la Faculté et du Département de médecine molé­ cellence­­­ en neuromique (Centre de re­­ de médecine et des sciences de la santé culaire de l’Université Laval, en colla­­ cherche du CHUM) et au Centre de (Département de microbiologie et infec- boration avec Frédéric Pâques, Ph. D., de recherche du CHU Sainte-Justine, ont tiologie) de l’Université de Sherbrooke, la compagnie Cellectis inc., ont mis au découvert qu’une mutation du gène ont mis au point une nouvelle classe point une technique de réparation du KCNK 18 est liée à une forme courante d’antibiotiques qui cible un riborégula- gène qui cause la dystrophie musculaire de migraine. Leurs travaux ont révélé teur (et non une protéine) afin de bloquer de Duchenne à l’aide d’enzymes, les que cette mutation inhibe la fonction de l’expression de gènes bactériens essen- méga­nucléases. Ces enzymes, spéciale- la protéine TRESK, laquelle joue nor­­­ tiels à la virulence. Les gènes bloqués ment modifiées, seront capables de malement un rôle essentiel dans la jouent un rôle important tant dans l’in- reconnaître et de corriger les régions ­com­­munication entre les cellules ner­ fection des glandes mammaires chez la mutées du génome des personnes qui en veuses. Cette percée ouvre la voie à des vache que dans la propagation des bac- sont atteintes. Cette action mènera à avenues thé­rapeutiques mieux ciblées et téries à l’origine de maladies nosocomia- un changement dans l’ARN messager per­son­nalisées. les, telles Staphylococcus aureus résistant produit par le gène de la distrophine, à la méthicilline (SARM) et C. difficile. ­permettant ainsi l’expression de la

14 Recherche en santé mars 2011 nouvelles de la communauté scientifique

De gauche à droite : Joël Rousseau, Christophe Pichavant, Jacques P. Tremblay et Pierre Chapdelaine Ronald Lafrenière et Guy A. Rouleau

• Marc Therrien, Ph. D., et Dariel Centre de recherche du CHU Sainte- Ashton-Beaucage, Ph. D., rattachés à Justine et au CINBIOSE de l’Université Denis Berni l’Institut de recherche en immunologie du Québec à Montréal, et sa collègue et en cancérologie et au Département Donna Mergler, Ph. D., chercheuse au de pathologie et biologie moléculaire de Centre CIRANO et à l’Institut des sciences l’Uni­versité de Montréal, ont identifié de l’environnement de l’Université du dans le modèle expérimental de la Québec, ont découvert qu’une trop ­drosophile un mécanisme contrôlant grande concentration de manganèse la transmission d’un signal en jeu dans dans l’eau potable endommage de la division des cellules. Le dérèglement manière significative le système nerveux de ce signal est associé à la formation des enfants, ce qui influe directement sur de tumeurs chez l’être humain. La décou- leur niveau de quotient intellectuel. Il se Maryse F. Bouchard et Donna Mergler verte de ce mécanisme pourrait consti- révèle donc important d’adopter de nou- tuer une cible thérapeutique pro­­­­­­­­­­­met­teuse velles limites d’exposition pour ce métal dans le traitement de divers cancers. dans l’eau potable. institutions scientifiques du Québec • Maryse F. Bouchard, Ph. D., cher- Chaque année, pour le compte du entre novembre et octobre. Avant d’être cheuse rattachée au Département de magazine Québec Science, un jury sélec- retenues, ces découvertes doivent avoir santé environnementale et santé au tra- tionne 10 découvertes marquantes parmi fait l’objet d’une publication­ dans une vail de l’Université de Montréal, au celles réalisées dans les univer­sités et les revue scientifique de référence. ✦

De gauche à droite : Dariel Ashton-Beaucage, Chris Udell, Marc Therrien et Hugo Lavoie.

15 mars 2011 Recherche en santé nouvelles de la communauté scientifique nouvelles de la communauté scientifique

La Société royale du Canada accueille des chercheurs du Québec dans le domaine de la santé En septembre, la Société royale du Canada – les Académies des arts, des lettres et des sciences –, principal organisme regroupant d’éminents scientifiques, chercheurs et gens de lettres du Canada et qui a pour objectif de promouvoir l’acquisition du savoir et la recherche en sciences naturelles, sciences sociales et sciences humaines, a accueilli de nouveaux chercheurs d’ici.

Académie des sciences

• Michel Desjardins, Ph. D., professeur au Département de pathologie et biologie cellulaire de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en micro- biologie cellulaire, a été admis pour ses travaux en microbiologie et en biochimie. Michel Desjardins et son équipe étudient, entre autres, les fonctions des cellules du système immunitaire dans le but de sti- Michel Desjardins Siegfried Hekimi Barbara Ellen Jones Rima Rozen muler les défenses de l’organisme contre les maladies infectieuses. L’approche vieillissement. La fonction des mitochon- de pédiatrie, de génétique humaine et de ­préconisée à son laboratoire se fonde sur dries, par contre, reste à son avis au centre biologie), vice-principale intérimaire l’étude des mécanismes moléculaires qui de la problématique du vieillissement.­ (recherche et relations internationales) permettent à certaines cellules de tuer • Barbara Ellen Jones, Ph. D., profes- de l’Université McGill et chercheuse les micro-organismes pathogènes et seure au Département de neurologie et ­rattachée au CUSM-Hôpital de Montréal d’enclencher le système immunitaire. neurochirurgie à la Faculté de médecine pour enfants, a été admise pour ses Ces travaux ont été publiés dans des de l’Université McGill et chercheuse ­tra­­vaux en sciences médicales. Rima revues scientifiques prestigieuses et ratta­chée au CUSM-Institut et hôpital Rozen est reconnue à l’échelle inter­na­ ­présentés dans de nombreux colloques neurologiques de Montréal, a été admise tionale pour ses recherches sur la géné­ internationaux. pour ses travaux en sciences médicales. tique à la base de plusieurs troubles, • Siegfried Hekimi, Ph. D., professeur Barbara Jones est connue à l’échelle notamment les handicaps congénitaux, titulaire au Département de biologie de mondiale pour les recherches qu’elle a les maladies cardiaques et les erreurs la Faculté des sciences de l’Université effectuées tout au long de sa carrière sur innées de métabolisme. Le clonage des McGill, a été admis pour ses travaux les mécanismes de base des états de veille gènes, l’identification des variantes géné- en biologie moléculaire et génétique. ou de sommeil. Se fondant sur les neuro- tiques et la modélisation sur des souris Siegfried Hekimi a fait progresser notre transmetteurs chimiques, les projections lui ont permis de présenter de nouvelles compréhension des causes du vieillis­ neuro-anatomiques et les propriétés de perspectives mécanistes et d’améliorer sement animal, particulièrement par la décharge en cause, elle a identifié les les stratégies de prévention et de dia- découverte et l’étude de mutants longé­ ­ principaux systèmes neuronaux qui pro- gnostic des maladies. ✦ vifs, sur lesquels il a testé ses théories en duisent les trois états distincts de l’éveil, la matière. Ses travaux multi­disci­­plinaires du sommeil à ondes lentes et du sommeil suggèrent, par exemple, que, contr­ ai­­ paradoxal. rement à l’idée reçue, la toxicité des radi- • Rima Rozen, Ph. D., professeure à la caux libres ne serait pas la cause du Faculté de médecine (départements 16 Recherche en santé mars 2011 nouvelles de la communauté scientifique

Le prix Bjorn Folkow 2010 à Ernesto L. Schiffrin Deux distinctions à Sébastien Bonnet Le docteur Ernesto L. Schiffrin, culaire et par conséquent à M.D., Ph. D., chef du Dépar­te­ une réduction des épisodes Au cours de l’au­ ment de médecine à l’Hôpital cardiovasculaires dans l’hy- tomne, Sé­­bas­tien général juif, titulaire de la pertension, le syndrome mé­­ Bon­net, Ph. D., pro­­- Chaire de recherche du Canada tabolique et le diabète. Ces ­fesseur à la Faculté sur l’hypertension et les recher- tra­vaux visent, entre autres, à de médecine de ches vasculaires à l’Institut identifier de nouvelles cibles l’Universi­té Laval, Lady Davis de recherches mé­­ vasculaires pour l’interven- chercheur­­­­ rattaché dicales ainsi que professeur et tion thérapeutique de façon à la fois au Centre vice-directeur de la recherche à améliorer concrètement les de re­­cherche­ du Ernesto L. Schiffrin au Département de médecine résultats pour les patients. Le CHUQ – L’Hôtel- Sébastien Bonnet de l’Université McGill, est le récipiendaire prix Bjorn Folkow a été créé en 1987 par Dieu de Québec du prix international Bjorn Folkow 2010. la Société européenne d’hypertension (axe Méta­bo ­­­­­ ­lisme, santé vasculaire et Cette distinction lui a été remise lors de avec la collaboration d’AstraZeneca en rénale) et à l’Institut univ­ ersitaire de la conférence de la Société européenne reconnaissance de la contribution du ­car­diologie et de pneumologie de Québec d’hypertension en reconnaissance de sa docteur Bjorn Folkow, M.D., Ph. D., direc- (IUCPQ), et également titulaire de la contribution remarquable à la recherche teur du Département de physiologie à Chaire de recherche du Canada sur dans ce domaine. l’Univ­ ersité de Göteborg (Suède) et émi- les maladies vasculaires, a reçu deux Spécialiste reconnu mondialement et nent chercheur, à la physiologie et à la dis­tinctions. lauréat de nombreuses distinctions pathophysiologie­ cardiovasculaires. Il est Il a tout d’abord obtenu la mention de nationales et internationales, le docteur décerné à une ou à plusieurs personnes « meilleur chercheur canadien en recher- Ernesto L. Schiffrin réalise des recherches qui ont effectué d’importants travaux de che médicale » pour le mois de décembre translationnelles sur les mécanismes recherche originaux sur la pathogenèse 2010 décernée par Les Canadiens pour la moléculaires et cellulaires qui conduisent de l’hypertension. ✦ ­ recherche médicale, un organisme public à une amélioration du remodelage vas- voué aux questions relatives à la recher- che médicale, au processus scientifique et à ses retombées. De plus, au mois Un doublé pour Jean-Martin Beaulieu d’octobre, la Société canadienne de ­cardiologie et hypertension Canada lui a Au cours de l’année 2010, lieu à Ottawa en mai dernier. décerné le prix du meilleur jeune cher- Jean-Martin Beaulieu, Ph. D., Le second honneur, le Max cheur en sciences fondamentales et en professeur adjoint au Dépar­ Hamilton Memorial Prize hypertension. Ces deux distinctions tement de psy­chiatrie et neu­­ 2010, lui a été remis par un jury soulignent­ concrètement le travail de ro­science de l’Université Laval, international dans le cadre du Sébastien Bonnet et de ses équipes (au chercheur rattaché au Centre 27e Congrès de l’International CHUQ : Roxane Paulin, M. Sc., Martin de recherche Université Laval Col­lege of Neuro­psy­cho­phar­ Simard, Ph. D., Jacques Côté, Ph. D., Robert-Giffard (axe Neuro­ macology­ (CINP), qui avait lieu Mohsen Agharazii, M.D., Darren E. sciences intégratives) et titu- à Hong Kong en juin. Depuis Richard, Ph. D. ; à l’IUCPQ : Philippe laire de la Chaire de recherche quelques années, Jean-Martin Pibarot, D.M.V., Ph. D., et Steeve Pro­ Jean-Martin Beaulieu du Canada en psychiatrie Beaulieu mène des travaux, en vencher, M.D., M. Sc.). Ces travaux mul­ moléculaire, a reçu coup sur coup deux collaboration avec une équipe de l’Uni- ti­disciplinaires ont permis, entre autres, prix en reconnaissance de sa contribu- versité Duke (Caroline du Nord), visant à de mettre au jour le mécanisme qui pro- tion exceptionnelle dans le domaine de élucider les mécanismes moléculair­ es de voque l’hypertension artérielle pulmo- la pharmacologie. l’action du lithium dans le traitement des naire, une maladie mortelle qui frappe La première distinction, le Prix du troubles de l’humeur (trouble bipolaire principalement les jeunes adultes. Ces jeune chercheur de l’année 2010, lui a été et dépression majeure), afin de trouver résultats prometteurs quant à une théra- décernée par le Canadian College of de nouvelles molé­cules qui permettraient pie mieux ciblée ont fait l’objet d’une Neuro­psycho­phar­macology (CCNP) au de remplacer ce produit par d’autres plus publication dans la revue Science cours de sa rencontre annuelle qui avait performants et plus personnalisés. ✦ Translational Medicine (août 2010). ✦ 17 mars 2011 Recherche en santé nouvelles de la communauté scientifique nouvelles de la communauté scientifique

Le prix Murray Margarit Memorial 2010 à Trang Hoang

En octobre dernier, lors d’une cérémo- les nombreux travaux effec- mieux ciblées et plus efficaces nie tenue à Toronto, la Société de leucé- tués au cours des ans pour per- pour soulager les enfants aux mie et de lymphome du Canada (SLLC) a cer la genèse de ce type de prises avec la maladie. remis le prix Murray Margarit Memorial cancer et déchiffrer le proces- Le prix Murray Margarit 2010 à Trang Hoang, Ph. D., professeure sus complexe responsable de Memorial est remis annuelle- titulaire au Département de pharma­ la transformation de cellules ment à une personne bénéfi- cologie de la Faculté de médecine de normales en cellules cancé­ ciaire de subventions de la ­l’Université de Montréal, chercheuse reuses, du travail reste à faire. SLLC sous la forme d’une attri- principale­ à l’Institut de recherche en Dans une étude récente, Trang bution de 120 000 $ sur deux immunologie et en cancérologie (IRIC) et Hoang et son équipe sont par- ans. La famille Margarit sou- Trang Hoang membre du conseil d’administration du venues, enfin, à cerner le mé­­ tient ce prix en l’honneur de FRSQ, en reconnaissance de l’excellence canisme déclencheur de trois gènes dans Murray Margarit, le responsable des col- de ses travaux sur la leucémie lympho- l’apparition de cette atteinte. Ces résul- lectes de fonds pour la recherche en leu- blastique aigüe (LLA). tats favorisent une meilleure compréhen- cémie des TUAC Canada (Travailleurs et La LLA est la forme de cancer la plus sion de l’interaction complexe entre ces travailleuses unis de l’alimentation et du courante chez les enfants ; elle affecte les gènes et de leur contribution au dévelop- commerce), décédé en 2005 de compli- lymphocytes, ces cellules qui, normale- pement de la leucémie, fournissant ainsi cations hématologiques. ✦ ment, combattent les infections. Malgré des bases conceptuelles de thérapies

Une reconnaissance internationale pour Daniel G. Bichet Prix d’excellence de l’ADESAQ 2010 Au cours de la cérémonie d’ouverture de la 12e Réunion internationale de la Offert en parte- Société européenne de néphrologie, qui nariat avec le avait lieu à Bruxelles en septembre der- FRSQ et assorti nier, le docteur Daniel G. Bichet, M.D., d’une bourse de M. Sc., a reçu la médaille Jean-Hamburger, 2 000 dollars, le la plus haute distinction décernée par la prix d’excellence Société, qui souligne la contribution pour la meilleure exceptionnelle du laboratoire du docteur thèse de doctorat, Bichet à la compréhension des diabètes catégorie scien- insipides héréditaires. Daniel G. Bichet ces de la santé, de Le docteur Daniel G. Bichet est profes- Gundula Ellen Min-Oo ­l’As­so­ciation des seur titulaire aux départements de méde- reins à reconnaître la vasopressine, l’hor- doyens des études supérieures au Québec cine et de physiologie de la Faculté de mone antidiurétique, ce qui provoque (ADESAQ) a été remis à la chercheuse médecine de l’Université de Montréal, des urines fréquentes, diluées et abon- Gundula Ellen Min-Oo, doctorante au néphrologue, et chercheur renommé rat- dantes entraînant de graves épisodes de labo­ratoire de Philippe Gros, Ph. D., au taché au Centre de recherche de l’Hôpital déshydratation ; bien qu’il soit très rare, Département de biochimie de l’Univer- du Sacré-Cœur de Montréal. En 1992, en il a des conséquences sérieuses s’il n’est sité McGill (programme des caractéristi- collaboration avec le laboratoire de pas traité adéquatement. La découverte ques complexes). Les travaux de Gundula Mariel Birnbaumer, Ph. D., à l’Université du gène en jeu dans cette maladie a per- Min-Oo ont pour thème : « The genetic Baylor (Texas), le docteur Bichet a été en mis subséquemment l’identification de basis of malaria susceptibility : uncovering mesure d’identifier les deux premières très nombreuses autres mutations géné- novel host factors in a mouse model of mutations génétiques pouvant expliquer tiques. Cela a contribué à faire du labo- blood-stage infection ». Ses recherches une déficience rénale rare, une première ratoire du docteur Bichet l’un des plus visent à comprendre la susceptibilité/ au monde, soit le diabète insipide néphro- importants centres de référence interna- résistance à cette maladie parasitaire. ✦ génique lié au chromosome X. Ce type de tionaux pour l’identification des diabètes diabète se caractérise par l’inaptitude des insipides néphrogéniques. ✦ 18 Recherche en santé mars 2011 nouvelles de la communauté scientifique

Lauréats du concours « Ça mérite d’être connu » 2010

Au cours de « Rendez-vous du savoir 2010 », un événement qui avait lieu à Montréal en octobre, cinq chercheurs de la relève ont été sélectionnés parmi 46 candidatures provenant de 14 établis- sements universitaires québécois. Ces David Buckeridge Maxime Descoteaux Étienne Caron Catherine Sabiston personnes se sont démarquées par des travaux qui contribuent à l’avancement logie des systèmes et de l’immunobiolo- et membre du Programme en oncologie des connaissances et dont les applica- gie porte sur les interactions entre le psychosociale pour la recherche transdis- tions auront un impact concret dans système immunitaire et les cellules can- ciplinaire (PORT). Ses travaux ont trait à notre vie quotidienne. Des cinq « cher- céreuses. À terme, ses recherches pour- l’activité physique en lien avec la santé cheurs étoiles » de cette première édition, raient mener à un vaccin contre le mentale. Ils visent à démontrer comment quatre sont du domaine de la santé : cancer. l’activité physique peut être un moyen • David Buckeridge, M.D., Ph. D., est • Maxime Descoteaux, Ph. D., profes- efficace pour améliorer la qualité de vie professeur agrégé au Département d’épi- seur adjoint au Département d’infor­ ­ des survivantes du cancer du sein (voir démiologie, biostatistique et santé au matique de l’Université de Sherbrooke autre texte page 29). travail de la Faculté de médecine de et membre du Centre de recherche en Le Rendez-vous du savoir est organisé l’Université McGill, chercheur-clinicien modélisation en imagerie, vision et par six partenaires issus des milieux des rattaché au CUSM-Hôpital général de réseaux de neurones (MOIVRE), est un affaires, universitaire et institutionnel : la Montréal et titulaire de la Chaire de expert en imagerie par résonance magné- Chambre de commerce du Montréal recherche du Canada en informatique de tique. Sa recherche actuelle sur les pro- métro­politain, la Conférence des recteurs la santé publique. Le docteur Buckeridge priétés du câblage des fibres nerveuses et des principaux des universités du travaille à la surveillance des maladies et de la substance blanche du cerveau Québec (CREPUQ), la Conférence régio- des épidémies en faisant appel à des ­permettra de mieux comprendre à la fois nale des élus de Montréal (CRÉ), Montréal méthodes issues de l’informatique bio- le cerveau et les maladies neurodégé­ International et la Ville de Montréal. Cet médicale, de l’épidémiologie et de la nératives apparentées, ouvrant ainsi de événement a trois objectifs principaux : biostatistique, permettant ainsi des inter- nouvelles avenues pour l’étude du témoigner de la richesse collective créée ventions plus efficaces. vieillissement et la neurochirurgie. par le milieu universitaire, établir des • Étienne Caron est doctorant de l’Ins- • Catherine Sabiston, Ph. D., profes- ponts additionnels entre les universités titut de recherche en immunologie et seure adjointe en psychologie de l’exer- et la communauté d’affaires, et recon­ en cancérologie (IRIC) de l’Université cice et en santé au Département de naîtr­ e le rôle central des universités qué- de Montréal (laboratoire de Claude kinésiologie et d’éducation physique de bécoises pour accroître la créativité, la Perreault) et boursier de la Fondation l’Université McGill, est aussi directrice du productivité et l’innovation dans notre Cole. Sa thèse dans le domaine de la bio- Laboratoire en santé et sur les émotions société. ✦

19 mars 2011 Recherche en santé nouvelles de la communauté scientifique nouvelles de la communauté scientifique

Le prix Maurice McGregor à Dolorès Lepage-Savary

L’Agence d’évaluation des technologies création du régime universel d’intervention en ­san­té. Elle et des modes d’intervention en santé d’assurance-médicaments au est en outre l’auteure de nom- (AETMIS) a remis en juin dernier son prix Québec, et, par la suite, de breuses publi­cations scien­­ti­ d’excellence, le prix Maurice McGregor, 1996 à 2001, a dirigé les travaux fiques et profession­nelles. Ce à Dolorès Lepage-Savary, B. Pharm., de comités chargés de l’élabo- prix d’excellence de l­’AETMIS M. Sc., directrice de l’évaluation, de la ration et de l’implantation de est remis tous les deux ans ; qualité, de l’ingénierie et de la prévention ce régime. En plus d’innover il porte le nom de son pre­­­­ des infections au CHUQ. Ce faisant, en matière d’évaluation et mier récipiendaire, le docteur l’AETMIS souligne sa contribution excep- d’ingénierie des soins et ser­ Maurice McGregor. Pionnier tionnelle à titre de chercheuse, de ges- vices hospitaliers dans le cadre de l’évaluation des technolo­­ ­ Dolorès Lepage-Savary tionnaire et de clinicienne, à la promotion de son poste actuel, elle a mis gies de la santé au Québec et de l’uti­lisation des données probantes sur pied l’Unité d’évaluation des techno- au Canada, le docteur McGregor a été le dans la prise de décision en santé. logies et des modes d’intervention en premier président de l’organisme qui Pharmacienne de formation, Dolorès santé (UETMIS), un modèle du genre. allait devenir l’AETMIS. À 90 ans, il Lepage-Savary occupe depuis 1988 Depuis 2007, elle assume la présidence demeure un promoteur infatigable de d’impor­tants postes de direction dans de la Table RUIS (Réseau universitaire l’évaluation des technologies de la santé, des établissements de santé. Elle a intégré de services) de l’Université Laval, notamment par son travail au sein de notamment codirigé les travaux du en accordant une place importante à l’éva­­ l’Unité d’évaluation des technologies comité Demers (1994), à l’origine de la luation des technologies et des modes de la santé du CUSM. ✦

Un doublé pour Philippe Pibarot

En octobre, au cours du Congrès cana- tionnelle à l’avancement de sement aortique à bas débit dien en santé cardiovasculaire, le docteur l’échocardiographie Doppler, paradoxal, lequel était aupa­ Philippe Pibarot, DVM, Ph. D., professeur la principale technique d’ima- ravant souvent mal diagnos­ titulaire au Département de médecine de gerie utilisée à l’heure actuelle tiqué et, par conséquent, traité la Faculté de médecine de l’Université pour évaluer les maladies car- de façon inappropriée. Cette Laval, chercheur rattaché au Centre diovasculaires. Au cours des équipe a aussi développé des de recherche de l’Institut universitaire ans, l’équipe du docteur stratégies novatrices de pré- de cardiologie et de pneumologie de Pibarot a effectué plusieurs vention de la disproportion Québec, où il dirige un groupe de recher- découvertes qui ont influencé patient-prothèse, un problème che multidisciplinaire sur les valvulopa- la pratique médicale. En par­ fréquent à la suite d’une thies, et titulaire de la Chaire de recherche ticulier, elle fut la première à Philippe Pibarot chirurgie de remplacement du Canada sur les maladies valvulaires démontrer que l’obésité abdominale valvulaire. Ces stratégies sont maintenant cardiaques, a reçu le prix d’excellence en pouvait causer le rétrécissement de la appliquées dans de nombreux hôpitaux recherche de la Société canadienne valvule aortique. Cette maladie valvulaire à travers le monde et ont permis d’amé- ­cardiovasculaire. Ce prix souligne l’ex­ était considérée auparavant comme une liorer la longévité et la qualité de vie des cellence et l’impact de ses travaux de atteinte essentiellement liée au vieillis­ patients atteints de maladies valvulaires. recherche dans le domaine des maladies sement. Cette percée suggère qu’une Enfin, ce groupe de recherche a effectué valvulaires cardiaques. amélioration des habitudes de vie pour- des travaux déterminants sur le déve­ De plus, au cours du même événe- rait permettre d’éviter le rétrécissement loppement d’une nouvelle technologie ment, le docteur Pibarot et son équipe de la valve aortique ou, à tout le moins, révolutionnaire permettant d’implanter ont reçu l’Achievement Award de la de ralentir sa progression. L’équipe du une prothèse valvulaire par cathéter sans Canadian Society of Echocardiography. docteur Pibarot a également découvert avoir recours à une chirurgie à cœur Ce prix souligne leur contribution excep- une nouvelle entité clinique, le rétrécis­ ouvert. ✦

20 Recherche en santé mars 2011 nouvelles de la communauté scientifique

Le prix Robert-Volpé 2010 à André Lacroix Le CSEM Young Investigator Award Cet automne, la Société canadienne dans Internet et d’endocrinologie et métabolisme (SCEM) s’adressant aux à Rémi Rabasa-Lhoret a décerné son prix Robert-Volpé 2010 au ­cliniciens). En lui docteur André Lacroix, M.D., lors de sa remettant ce prix, Le docteur Rémi réunion scientifique annuelle tenue à la Société souligne Rabasa-Lhoret, Edmonton en octobre dernier. La SCEM les contributions M.D., Ph. D., profes- reconnaît ainsi ses contributions de car- du docteur Lacroix seur au Dé­par­te­ rière exceptionnelles­ dans les domaines et de ses collabora- ment de nu­trition des soins, de l’enseignement et de la teurs à l’élucida- de la Faculté de recherche en endocrinologie au Canada. tion de nouveaux médecine de l’Uni- André Lacroix Le docteur André Lacroix est profes- mécanismes molé- versité de Montréal, seur titulaire au Département de méde- culaires responsables de tumeurs sur­ chercheur ­cli­nicien cine de l’Université de Montréal, clinicien rénaliennes ; leurs découvertes favorisent en endocrinologie Rémi Rabasa-Lhoret chercheur en endocrinologie rattaché au ainsi de nouveaux traitements pharma- et spécialiste du Centre de recherche du CHUM – Hôtel- cologiques, notamment dans le cas des diabète et de l’obésité, a reçu en août Dieu de Montréal (axe Cardio­mé­ personnes atteintes du syndrome de ­dernier le CSEM Young Investigator tabolique), directeur général adjoint aux Cushing, leur évitant ainsi des chirurgies Award 2010. Ce prix, assorti d’une bourse affaires médicales et académiques du inadaptées. Auteur et conférencier de recherche, est accordé annuellement CHUM, et membre de l’exécutif de estimé, le docteur Lacroix a aussi servi par la Société canadienne d’endocrino­ ­l’International Society of Endocr­ inology à titre de directeur du programme d’en- logie et métabolisme à un membre d’une (2010-2014). Il agit également à titre docrinologie de l’Université de Montréal ­uni­versité canadienne ayant démontré d’éditeur de la section sur la surrénale et de président de la SCEM de 2005 ­l’excellence en tant que chercheur de UpToDate (une ressource disponible­ à 2007. ✦ indépendant. Titulaire de la Chaire d’excellence J.-A. De Sève et chercheur associé au Le prix Sanofi-Aventis à Olivier Barbier Centre de recherche du diabète de Montréal (CHUM), le docteur Rabasa-­ En juin, à l’occasion de son congrès lines, telles que les Lhoret est à la fois directeur de la annuel, l’Association des facultés de maladies du foie Plateforme de recherche en obésité, pharmacie du Canada (AFPC) a décerné auto-immunes, et métabolisme et diabète (PROMD) et de le prix Sanofi-Aventis/AFPC New d’autres plus com- l’Unité de recherche sur les maladies Investigator Research Award à Olivier munes, telles que métaboliques à l’Institut de recherches Barbier, Ph. D., professeur agrégé à la les maladies car- cliniques de Montréal. Au sein de ces Faculté de pharmacie de l’Université diovasculaires et le équipes, le chercheur mène de front de Laval et directeur du laboratoire de cancer de la pros- nombreux travaux en endocrinologie­ ­pharmacologie moléculaire du Centre tate. À terme, il visant, entre autres, à comprendre l’obé- de recherche du CHUQ-CHUL (axe veut développer sité, particulièrement le concept des Endo­­­­­crinologie et génomique). Cette dis- des médicaments Olivier Barbier ­obèses dits métaboliquement normaux tinction témoigne des réalisations excep- personnalisés permettant de corriger le et les facteurs en jeu dans le regain de tionnelles et innovantes d’un jeune déba­lancement de molécules biologiques poids après amaigrissement. D’autres professeur en matière de recherche phar- qui apparaît au cours du développement travaux touchent différents aspects du maceutique. Elle est attribuée à la suite de ces maladies. Le prix Sanofi-Aventis/ diabète sucré : le diabète se­­condaire lié à d’un processus de sélection mettant AFPC New Investigator­ Research Award la fibrose kystique et les voies thérapeu- en compétition tous les chercheurs-­ récom­­­ ­pense les réalisations du labora- tiques du diabète de type 2. Le récipien- professeurs de moins de sept ans de car- toire de pharmacologie moléculaire du daire a publié plusieurs chapitres de livres rière au sein des facultés de pharmacie CRCHUQ dans ce domaine compétitif, et des articles dans des revues scien­­­ du pays. mais aussi l’implication généreuse de M. tifiques avec comité de pairs, dont Les travaux d’Olivier Barbier visent à Barbier dans la formation d’étudiants Diabetes, Journal of Clinical Endo­cri­no­ identifier de nouvelles options thérapeu- diplômés hautement qualifiés. ✦ logy and Metabolism et Ame­rican Journal tiques pour des maladies rares ou orphe- of Clinical Nutrition. ✦ 21 mars 2011 Recherche en santé nouvelles de la communauté scientifique nouvelles de la communauté scientifique

Johanne Desrosiers, fellow de l’Academy of Research

Johanne Desrosiers, erg., Ph. D., profes- Chercheuse nationale du che sont liés aux différents seure titulaire à la Faculté de médecine et FRSQ (2007-2011) et gestion- aspects de la réadaptation­ des des sciences de la santé, vice-doyenne à naire accomplie, Johanne Des­ personnes aînées vivant avec la réadaptation de l’Université de ro­siers mène de nombreux des restrictions de participa- Sherbrooke et chercheuse rattachée au travaux multi- et transdisc­­ i­ tion dans leurs activité­ s cou- Centre de recherche sur le vieillissement plinaires, dont certains au rantes et leurs rôles sociaux. du CSSS-Institut univer­sitaire de géria­­ sein du groupe SOLIDAGE/ Cet honneur international trie de Sherbrooke, un centre soutenu PRISMA sur la fragilité­ et le s’ajoute à d’autres, dont le prix par le FRSQ, a été nommée membre de­ vieillissement ainsi qu'avec com­mémoratif Muriel-Driver ­l’Academy of Research de l’American l'équipe de recherche en éva- (2005) et le prix d’excellence Johanne Desrosiers Occupational Therapy Foundation, l’un luation des interventions en de l’Ordre des ergothérapeutes des plus grands honneurs de la commu- soins de longue durée du FRSQ. Ses de Québec (2006). ✦ nauté américaine en ergothérapie. ­principaux champs d’intérêt en recher-

Jean G. Dumesnil, fellow honoraire de l’American Society of Echocardiography

Le docteur Jean G. Dumesnil, M.D., émi- breux prix et distinctions. Ses phie et de professeur au nent cardiologue et échocardiographiste, travaux, particulièrement ceux Département de médecine de et chercheur-clinicien rattaché au Centre sur les valves et la fonction l’Université Laval. Durant sa de recherche de l’Institut universitaire de diastolique, sont cités mondia- carrière, il a, entre autres, été cardiologie et de pneumologie de Québec lement (disproportion patient- nommé chevalier de l’Ordre du (CRIUCPQ), a été nommé fellow hono- prothèse, identification et Québec (2004). Même s’il a raire de l’American Society of Echo­car­ traitement de la sténose aorti- pris sa retraite du Service cli­ diography. Cette distinction importante que à bas débit). À l’IUCPQ, il nique de cardiologie de l’Ins­ n’a été remise qu’à sept médecins dans le a occupé diverses fonctions, titut, le docteur Dumesnil monde jusqu’à présent. dont celles de chef du Service continue à ­travailler en recher- Jean G. Dumesnil Le parcours du docteur Dumesnil est de cardiologie, de chef du che clinique. ✦ remarquable, comme en font foi de nom- labo­ratoire d’échocardiogra-

Un prix en écosanté à Mélanie Lemire

Mélanie Lemire, Ph. D., chercheuse tion exceptionnelle en début de carrière a été impressionné par la qualité et la postdoctorale au Centre de recherche du dans le domaine de l’écosanté. diversité des contributions de cette CHUQ-CHUL (axe Santé des popula­ Dirigée par Donna Mergler, Ph. D., ­chercheuse en sciences de l’environ­ tions et environnement) et membre du professeure émérite de l’UQAM et cher- nement. Celle-ci a collaboré au dévelop- Centre de recherche interdisciplinaire cheuse au CINBIOSE, la thèse de doctorat pement de son champ d’expertise par ses sur la ­biologie, la santé, la société et de Mélanie Lemire portait sur les sources publications, par ses expériences d’en­ l’envi­­­ron­nement (CINBIOSE) de l’Uni- de sélénium dans l’alimentation et ses seignement­ et par ses interventions com­ versité du Québec à Montréal (UQAM), a effets sur la santé en lien avec l’exposition munautaires. En outre, elle a coordonné reçu le prix Early Exceptional Career in au mercure en Amazonie brésilienne plusieurs événements nationaux et inter- Ecohealth 2010, décerné par l’Interna- (projet CARUSO – Mercury exposure and nationaux qui ont favorisé la discussion tional Association for Ecology and Health ecosystem Health in the Amazon). Le et la promotion des approches écosysté- (IAEH) et visant à souligner sa contribu- comité de sélection des prix EcoHealth miques de la santé. ✦ 22 Recherche en santé mars 2011 nouvelles de la communauté scientifique

Gilles Julien, Grand Montréalais 2010

En novembre dernier, lors de la récep- Convention relative aux droits tique de la pédiatrie sociale tion « Hommage aux Grands Montréalais de l’enfant. Diplômé de l’Uni- en communauté. En 2010, il a 2010 », la Chambre de commerce du versité Laval en médecine reçu la médaille d’or du Montréal métropolitain a rendu hom- (1970) et de l’Université de Lieutenant-gouverneur du mage à des Montréalais d’exception qui Montréal en pédiatrie, il prati- Québec pour mérite excep- marquent notre histoire collective et que la médecine depuis près de tionnel et un doctorat honoris contribuent au rayonnement de notre quarante ans. Gilles Julien est causa de l’Université du métropole. Le docteur Gilles Julien, M.D., directeur clinique des deux Québec, et a été élevé, pour y a été honoré pour sa contribution dans premiers centres de pédiatrie une seconde année consé­ ­ le secteur social. sociale en communauté, qu’il a cutive, au troisième rang Gilles Julien Pédiatre social reconnu tant sur le fondés dans des quartiers défa- parmi les « 40 personnalités plan local, national qu’international, le vorisés de Montréal, soit Hochelaga- québécoises les plus crédibles », selon un docteur Gilles Julien se donne pour mis- Maisonneuve et Côte-des-Neiges. Il est sondage de Sélection du Readers’ Digest. sion de permettre aux enfants issus d’un aussi président et chef de la direction de Il est l’auteur de plusieurs­ livres sur la milieu vulnérable de se développer selon la Fondation du docteur Julien, créée en pédiatrie sociale et sur son approche leur plein potentiel dans le respect de la 2007 pour assurer la pérennité de la pra- auprès des enfants vul­nérables. ✦

Lauréats de Québec Radio-Canada et Le Soleil

Chaque semaine, Radio-Canada et le quotidien Le Soleil rendent hommage à une personnalité de la région de Québec qui s’est distinguée.

Johane Guay

Biochimiste et entrepreneure, Johane son premier produit de santé naturel Guay, Ph. D., est présidente-directrice agissant contre le rhume et ses symp­ générale de Biopharmacopae, une entre- tômes, le RIDOVIR Cold, dont la mise en prise de biotechnologie fondée en 1999 marché a été autorisée par Santé Canada. et basée à Québec, qui se spécialise dans Pour saluer ces efforts, Johane Guay a la découverte et la conception de pro- été ­nommée « Lauréate de la semaine » duits dérivés de plantes novateurs et (21 novembre 2010) par Le Soleil et Radio- éprouvés scientifiquement pour les Canada. Il est à noter que depuis sa fon- industries cosméceutiques et nutraceu- dation, Biopharmacopae a investi plus de tiques. Détentrice d’un doctorat en bio- 12 millions de dollars dans le développe- Johane Guay logie cellulaire et moléculaire ainsi que ment d’une plateforme de découverte qui d’une formation postdoctorale en biolo- lui permet désormais d’exploiter non Déjà, dans le laboratoire de Biophar­ma­ gie cellulaire de l’Université Laval, Johane seulement le potentiel thérapeutique des copae, la douzaine de scientifiques à Guay est également membre du conseil plantes pour améliorer la santé de la l’emploi de la biotech s’affairent à trouver d’administration du FRSQ. population, mais aussi leur propriétés d’autres dérivés de ce produit vedette qui, Tout récemment, et ce, après plusieurs cosméceutiques et nutraceutiques. La en plus d’être vendu en capsules, pourrait années de recherche, Biopharmacopae biotech possède aujourd’hui une vaste également être offert en sirop ou sous a commencé la commercialisation de collection de 15 000 extraits de végétaux. forme de pastilles. ✦

23 mars 2011 Recherche en santé Portrait des nouveaux Voici le second volet d’une chro­ chercheurs-boursiers nique sur les chercheurs-boursiers juniors 1 qui ont obtenu une bourse du FRSQ en 2010-2011. Rappelons 2010-2011 que ces bourses, attribuées par concours pour une durée maximale de quatre ans, sont remises à la suite d’une évaluation par des comités de pairs. Après ces quatre années, les chercheurs peuvent concourir afin d’obtenir une bourse de cher- cheur junior 2 (quatre ans), de chercheur senior (quatre ans), puis de chercheur national (quatre ans).

Chronique préparée par Luc Dupont, journaliste scientifique

Sarit Assouline eIF4E. Le nouvel essai permettra de jauger la dose L eucémies et lymphomes : adéquate à administrer aux patients lorsque les du laboratoire au patient deux médicaments sont combinés. De même, la docteure Assouline dirigera un essai thérapeutique randomisé de phase II dans lequel Les interventions pharmacologiques innovantes elle évaluera l’efficacité du panabinostat, une subs- ciblant la transcription et la traduction géniques ont tance utilisée dans le traitement du lymphome actuellement la cote dans le traitement des tumeurs ­diffus de type B réfractaire (ou récidivant). Cette lympho-myéloïdes malignes. Ceci s’explique, car en molécule est un nouvel inhibiteur de l’histone désa- Sarit Assouline court-circuitant plusieurs aspects des mécanismes cétylase, une enzyme qui régule l’expression des Chercheuse-boursière clinicienne junior 1 de croissance et de survie spécifiques aux cellules gènes en contrôlant la transcription. Déjà, des don- M. Sc. (épidémiologie cancéreuses, ces thérapies affichent des résultats nées précliniques démontrent que le panabinostat clinique), 2006 fort significatifs. serait en mesure d’agir en synergie avec le ritu­­­xi­ M.D. (hématologie), 2002 Dans son programme de recherche, la docteure mab, un anticorps monoclonal anti CD-20 habi­ M.D. (médecine), 1997 Sarit Assouline se propose de mener deux essais tuellement utilisé dans le traitement du lymphome Institut Lady Davis de recherches médicales cliniques qui font le pont entre le laboratoire et la de type B. Ce second essai clinique aura comme Hôpital général juif clinique. Elle souhaite d’abord évaluer l’effet de objectif d’étudier les changements moléculaires Université McGill Tél. : 514 340-8222, poste 8207 deux molécules, la ribavirine et la cytarabine, dans et les biomarqueurs aptes à prédire la réponse à [email protected] le cadre du traitement de la leucémie myéloïde ce traitement. aiguë où se trouve surexprimé le facteur d’initiation La docteure Assouline est convaincue que les eIF4E. In vitro déjà, une synergie entre les deux projets de recherche établissant des liens étroits substances est observable. En outre, un essai clini- entre le laboratoire et la clinique sont une des voies que antérieur a montré que la ribavirine, seule, était importantes qui permettra d’élaborer des traite­ ­ en mesure de contrecarrer le facteur d’initiation ments sur mesure pour ce type de maladie.

24 Recherche en santé mars 2011 chercheurs-boursiers

Laurent Azoulay Miriam Beauchamp La pharmaco-épidémiologie BLESSS URE CÉRÉBRALES PRÉCOCES pour PRÉVENIR LE cancer ET COMPORTEMENTS SOCIAUX de la prostate MÉSADAPTÉS

La pharmaco-épidémiologie est cette discipline On a longtemps cru qu’en raison de la grande ­­« plas- scientifique permettant d’évaluer les effets imprévus ticité cérébrale » présente chez les enfants et les que peuvent avoir les médicaments sur des patho- adolescents, les blessures cérébrales précoces (BCP) Laurent Azoulay logies à longs délais d’apparition tels les cancers. avaient peu de conséquences à long terme. Or, il Laurent Azoulay a entrepris, dans cette veine, des est maintenant connu que le cerveau immature se Chercheur-boursier junior 1 Ph. D. (médicament et santé travaux dont l’objectif est de mesurer les effets de révèle vulnérable aux dommages et que le dévelop- des populations), 2008 deux molécules, la finastéride et la dutastéride, pement cognitif est hautement tributaire de l’inté- Centre d’épidémiologie clinique ­indiquées pour le traitement de l’hypertrophie béni- grité des structures cérébrales. Institut Lady Davis de recherches médicales gne de la prostate. La question est de savoir si ces Des études récentes démontrent que les pro­­ Hôpital général juif substances, qui appartiennent à la famille des inhi- blèmes émotifs, comportementaux et sociaux – Tél. : 514 340-8222, poste 8396 biteurs de la 5-alpha réductase, ont une incidence c’est-à-dire l’isolement social, la pauvre adaptation [email protected] sur le cancer de la prostate. psychologique et la qualité de vie réduite – repré- Bourse en partenariat avec le Conseil du médicament Dans un récent essai randomisé, on a observé sentent les séquelles les plus nuisibles et les plus que l’utilisation de la finastéride corrélait avec une persistantes des BCP. Cet impact est parti­cu­ réduction de 25 % du risque de contracter un cancer lièrement bien illustré par la prévalence de ces de la prostate. Il est aussi apparu, toutefois, que ­blessures dans les populations carcérales – jusqu’à les patients du groupe finastéride présentaient 87 %, selon les études. Cette impressionnante statis­ une incidence plus élevée de tumeurs à haut grade tique suggère que la présence d’une BCP pourrait que ceux du groupe témoin. Depuis, les études sur constit­ uer un facteur de risque pour l’émergence de le sujet ont été peu nombreuses, et les résultats, conduites humaines inappropriées. Toutefois, les contradictoires. conséquences sociales de ces lésions sont difficiles­ Le chercheur relance maintenant les dés : il tra- à prédire parce que les processus qui les détermi- vaillera à partir d’une base de données de Grande- nent sont encore mal compris. Bretagne, la Practice Research Database. Ulti­­­­­me­­­­­­­ment, Dans sa programmation de recherche, bien Miriam Beauchamp l’objectif de son étude sera d’établir des preuves ancrée dans le domaine des neurosciences sociales, Chercheuse-boursière junior 1 solides des effets à long terme des molécules citées la neuropsychologue Miriam Beauchamp étudie Ph. D. (neuropsychologie), 2006 plus haut. En collaboration avec divers collègues du justement cette réalité. Elle s’est donné trois objec- Centre de recherche CHU Sainte-Justine Centre du cancer Segal, le chercheur examinera tifs : 1) décrire les habiletés sociales après une BCP ; Tél. : 514 343-6111, poste 35171 ­également deux autres aspects du cancer : les effets 2) mieux comprendre les facteurs biologiques, [email protected] psychologiques et la mise en œuvre de nouvelles cognitifs, neuronaux et physiologiques influençant techniques de radio-oncologie. Il collabore enfin à les compétences sociales après une BCP ; 3) déter- des études portant sur différents biomarqueurs miner la contribution de l’âge de l’enfant au moment ­utilisés pour le développement de thérapies anti- de la BCP, en comparant le développement social cancer ciblées. des individus lésés après deux types de BCP : les lésions périnatales et celles dites postnatales. Miriam Beauchamp compte explorer ces enjeux par le truchement de quatre études multimodales. Dans l’une d’elles, intitulée « Substrats neuronaux des comportements mésadaptés après une BCP », elle utilisera l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle afin de percer les circuits neuronaux associés à deux fonctions cognitives, bien connues pour leur contribution aux comportements sociaux : l’attribution d’intention et le raisonnement moral.

25 mars 2011 Recherche en santé chercheurs-boursiers

Nicolas Flamand Vincent Fradet Mécanismes cellulaires impliqués Oncologie urologique : dans la biosynthèse et les actions la surveillance active au cœur des endocannabinoïdes de la stratégie de prévention

Les approches thérapeutiques de maladies telles L’objectif ultime de la programmation de recherche que l’arthrite rhumatoïde et l’asthme sont actuel­ du docteur Vincent Fradet est d’en arriver à com- lement concentrées sur le contrôle de l’inflamma- prendre les mécanismes moléculaires qui sous-­ Nicolas Flamand tion. Or le succès dans ce domaine, pour l’instant tendent la carcinogénèse prostatique de manière à Chercheur-boursier junior 1 mitigé, dépend encore de la capacité des chercheurs en prévenir l’apparition ou à en réduire, le cas Ph. D. (microbiologie et immunologie), 2004 à démonter les mécanismes responsables de la régu- échéant, la progression. Centre de recherche lation inflammatoire. Le programme de recherche Son investigation comporte deux aspects : diété- Institut universitaire de de Nicolas Flamand est tout entier fondé sur une tique et médicamenteux. D’abord, avec un pr­ emier cardiologie et de pneumologie de Québec meilleure compréhension de deux importants régu- groupe d’hommes présentant un cancer ­prostatique Université Laval lateurs de l’inflammation : les endocannabinoïdes à bas risque, il testera le traitement conventionnel : Tél. : 418 656-8711, poste 3337 (ECB) et les éicosanoïdes. une inhibition de l’enzyme 5-alpha-réductase. [email protected] Il est généralement admis que les cannabi­ Pendant ce temps, un deuxième groupe apparenté noïdes ont une fonction anti-inflammatoire, alors se verra offrir une diète riche en acides gras de type que les éicosanoïdes­­ peuvent être pro- ou anti-­ oméga 3 et pauvre en acides gras saturés et trans. inflam­matoires. Ainsi, il y a de plus en plus d’évi- Enfin, les deux groupes seront exposés aux deux dence que les ECB – qui ont une molécule d’acide stratégies. En bout de piste, les effets de ces diffé- arachidonique (AA), le précurseur des éicosanoïdes, rentes interventions sur le micro-environnement dans leur structure – activent les fonctions leuco­ prostatique seront mesurés suivant le profil d’ex- cytaires comme la production de cytokines et la pression génique, le profil d’hormones sexuelles phago­cytose. Or selon le chercheur, on aurait tout sériques et le profil de potentiels marqueurs onco- avantage à pousser davantage les analyses, notam- logiques urinaires. ment en ce qui a trait aux aspects novateurs Dans un deuxième volet, à saveur populationnelle,

Vincent Fradet d’un réseau complexe de médiateurs lipidiques le chercheur explorera les associations pouvant dérivés de l’acide arachidonique, qui rappro­ ­exister entre la consommation de certains médica- Chercheur-boursier clinicien junior 1 cheraient plus qu’on ne le croit les deux systèmes ments, tels les statines et les anti-inflam­­ma­toires, et Ph. D. (recherche clinique), 2011 prémen­tionnés. la progression – après traitement in­ itia­ l – des cancers FRCSC (urologie), 2006 M.D. (médecine générale), 2001 Sur cette base, Nicolas Flamand a formulé une de la prostate et de la vessie. Cette étude générera Centre de recherche en hypothèse à deux volets : 1) il postule que l’hydro­­ les hypothèses à tester en essais cliniques. cancérologie de l’Université Laval lyse enzymatique des ECB devrait générer suffi­ ­ Le docteur Fradet croit que le développement CHUQ–L’Hôtel-Dieu de Québec samment d’AA pour induire la biosynthèse des de tels outils et stratégies permettra la surveillance Tél. : 418 691-5568 éicosanoïdes ; 2) il croit que les éicosanoïdes ainsi active des cancers urologiques à bas risque, une [email protected] produits seraient responsables de certains des approche rationnelle de plus en plus prisée par le effets pro-inflammatoires attribués aux ECB. Donc, milieu médical. Cette recherche ouvrira aussi les selon lui, les ECB moduleraient l’inflammation portes de la médecine personnalisée en matière de non ­seulement en activant les récepteurs cannabi- prévention de ces cancers. noïdes, mais aussi en contribuant à la biosynthèse des éicosanoïdes. Si son hypothèse est avérée, les nouvelles con­ naissances sur le rôle des ECB dans les processus physiologiques (l’inflammation au premier titre) rendront peut-être possible l’élaboration d’une nou- velle approche thérapeutique susceptible d’aug- menter le potentiel anti-inflammatoire des ECB tout en diminuant la charge pro-inflammatoire exercée par les éicosanoïdes.

26 Recherche en santé mars 2011 chercheurs-boursiers

Dany Gagnon Deepak Kamnasaran L a pathokinésiologie au service Décrypter le rôle du gène NPAS3 des individus utilisant un fauteuil comme facteur de progression roulant manuel dans les astrocytomes

Pour les individus ayant subi une lésion de la moelle Les tumeurs primaires du cerveau présentent la épinière, l’utilisation du fauteuil roulant manuel, triste caractéristique de se situer parmi le « top 5 » bien qu’essentielle, ne se fait pas sans heurts. Les des causes entraînant le décès par cancer. Dans le Dany Gagnon mouvements répétés au moment des poussées et lot des néoplasies cérébrales, les astrocytomes les efforts intenses générés au cours d’activités (appelés aussi gliomes) sont les plus communs. La Chercheur-boursier junior 1 Ph. D. (sciences biomédicales / ­fonctionnelles (le transfert du fauteuil au lit, par maladie est tellement agressive qu’en dépit des thé- réadaptation), 2008 exemple) peuvent exacerber le développement et la rapies disponibles, les patients atteints d’un glio- Laboratoire de pathokinésiologie chronicité de déficiences secondaires aux membres blastome (GBM) multiforme – le sous-type le plus Institut de réadaptation Gingras-Lindsay de Montréal supérieurs. On observe d’ailleurs chez cette clientèle courant d’astrocytome – ont une survie médiane Centre de recherche une prévalence élevée de douleur et d’inconfort à post-diagnostique d’environ 14 à 16 mois. interdisciplinaire en réadaptation l’épaule, au coude et au poignet. Dans la perspective d’identifier de nouvelles du Montréal métropolitain École de réadaptation Selon Dany Gagnon, le manque de données pro- cibles thérapeutiques, Deepak Kamnasaran explore Université de Montréal bantes à cet effet limite, chez les professionnels de les bases génétiques des gliomes. Il a été le premier Tél. : 514 343-6111, poste 26382 la réadaptation, l’inventaire des outils d’évaluation à cloner et à caractériser un important facteur de [email protected] et d’intervention thérapeutique disponibles. Aussi, transcription encodé sur le chromosome humain dans le premier volet de son programme de recher- 14 : le gène NPAS3. Ce gène est l’un des plus grands che, il propose de quantifier toute une série d’exi- du génome humain. Le chercheur l’a mis en lumière gences physiques associées à ces mouvements : dans au delà de 70 % d’échantillons tumoraux issus taux d’utilisation musculaire et mécanique, indice de chirurgie, échantillons également caractérisés d’équi­libre, perception des efforts. Cette quantifi­ par des désordres sur le plan de l’expression pro­ cation sera complétée en laboratoire de pathokiné­ ­ téinique. Des études ont également permis de siologie, où il utilisera une approche biomécanique démontrer que ce gène a une fonction de suppres- (cinématique, cinétique, électromyographie). sion tumorale. Dans le deuxième volet, le chercheur souhaite Le principal objectif du chercheur est mainte- développer en ces matières des interventions thé- nant d’élucider les associations de la maladie avec Deepak Kamnasaran rapeutiques novatrices. Il compte, par exemple, ce gène. Il compte d’abord entreprendre une étude Chercheur-boursier junior 1 améliorer la stabilité posturale en position assise, de pronostic clinique. Ceci lui permettra de mieux Ph. D. (génétique médicale), de même que l’efficacité des techniques de transfert comprendre les déterminants génétiques qui peu- 2003 et de propulsion du fauteuil. Il vise une validation vent être utilisés pour prédire la survie du patient. Unité de recherche en pédiatrie CHUQ – CHUL clinique rapide de ces nouvelles interventions. Les Ayant aussi découvert que la perte de NPAS3 ne Tél. : 418 656-4141, connaissances ainsi générées serviront en outre à peut pas déclencher la gliomagénèse par elle-même, poste 47531 préciser les lignes directrices de nouveaux guides de mais que le gène agit plutôt comme un facteur de deepak.kamnasaran@crchul. pratique clinique. progression en synergie avec une inhibition de ulaval.ca Toutes les avancées en ce domaine ont une ­certaines voies de signalisation, Deepak Kamnasaran influence directe sur la qualité de vie des individus planifie également d’utiliser ensuite ce modèle pré- utilisant un fauteuil roulant manuel, ne serait-ce clinique pour comprendre les interactions géné­ qu’en optimisant leur participation sociale. tiques entre le NPAS3 et d’autres gènes.

27 mars 2011 Recherche en santé chercheurs-boursiers

Yan Kestens Benjamin Kwok L e « paysage alimentaire » R égulation et dynamique

Multimédia CHUM ou la santé appréhendée de l’assemblage des fuseaux sous l’angle spatial mitotiques

Yan Kestens s’intéresse à une problématique de Le travail de Benjamin Kwok combine trois champs recherche se situant à la croisée des chemins de la disciplinaires – la biologie cellulaire, la biochimie santé et de la géographie ; plus précisément, il protéinique et la chimie biologique – dans le but de Yan Kestens explore comment les interactions entre les individus mettre au point une nouvelle approche thérapeu­ Chercheur-boursier junior 1 Ph. D. (aménagement du et leur milieu peuvent mener à des profils de santé tique contre le cancer. territoire), 2004 différenciés – ou inégalités sociales de santé. Le cancer est une maladie causée par la surpro- Centre de recherche Léa-Roback Le scientifique examine ainsi les liens entre les lifération cellulaire. L’intérêt du chercheur se situe sur les inégalités sociales de environnements physiques et sociaux et l’obésité, dans la compréhension des mécanismes molé­cu­ santé de Montréal Centre de recherche CHUM – et plus particulièrement l’influence de l’envi­ron­ laires qui permettent la division cellulaire et la Hôtel-Dieu de Montréal nement bâti et du paysage alimentaire sur l’activité ségrégation du matériel génétique. Durant la mitose, Tél. : 514 528-2400, poste 3968 physique et l’alimentation. Dans ses travaux en le fuseau mitotique, principalement composé de [email protected] cours, il observe, par exemple, avec des collègues microtubules, s’assemble de façon rapide et tem­po­ du CHU Sainte-Justine, les environnements sco­laires raire afin de ségréger les chromosomes. L’assemblage et résidentiels des sujets d’une cohorte d’enfants ; de et les fonctions du fuseau mitotique requièrent un même, il approfondit les liens entre environnements contrôle précis – spatial et temporel – de la dyna­ et surpoids chez les répondants de l’Enquête sur la mique des microtubules. On sait en outre que les santé des collectivités canadiennes. protéines motrices de la classe des kinésines-13 sont Les déterminants environnementaux potentiels des facteurs qui régulent la dépolymérisation considérés sont l’accessibilité des ressources, la des microtubules. mobilité et les transports. Pour appréhender cette Le génome humain code pour trois kinésines-13 : réalité, Yan Kestens a notamment développé, lors de Kif2a, Kif2b et Kif2c. Toutes trois sont requises pour son stage postdoctoral en épidémiologie spatiale, la ségrégation adéquate des chromosomes, l’assem- Benjamin Kwok un système d’information géographique baptisé blage du fuseau mitotique, l’attachement des chro- Chercheur-boursier junior 1 MÉGAPHONE (Modèles épidémiologiques et géo- mosomes aux microtubules, le mouvement des Ph. D. (biologie du graphiques d’analyse des populations humaines chromatides et la cytocinèse. Cependant, les con­ développement moléculaire pour l’optimisation de nos environnements). Il tra- tri­­butions individuelles des kinésines-13 à ces diver- et cellulaire), 2002 vaille également sur le développement de nouvelles ses étapes de la division cellulaire sont encore Institut de recherche en immunologie et en cancérologie infrastructures de mesure en temps réel intégrant mal comprises. Université de Montréal différents capteurs : GPS, accéléromètres ou car- Pour déterminer comment ces tâches sont répar- Tél. : 514 343-6111, poste 1- 0871 diofréquencemètres. En considérant plus préci­ ties entre les trois protéines, le cher­cheur compte [email protected] sément les interactions individu-environnement au définir ici, durant la mitose, les acti­vités moléculaires moyen de l’analyse spatiale, le chercheur a pour de chacune d’entre elles. Ce faisant, il explorera deux objectif d’améliorer la compréhension des effets de questions importantes qui demeurent encore sans contexte sur la santé, et conséquemment, de sou­ réponses : les kinésines-13 sont-elles intrinsè­ tenir le développement d’interventions (sur l’envi- quement différentes ? Leurs activités sont-elles ronnement) favorables à la santé. ­régulées différentiellement au cours de la mitose ? Puisque la perturbation de la dynamique des microtubules empêche la division cellulaire et que ce blocage de l’assemblage du fuseau mitotique ­restreindra assurément la prolifération des cellules cancéreuses, le chercheur est de plus en plus convaincu que la compréhension des rôles précis des kinésines-13 contribuera à l’établissement d’une nouvelle approche chimiothérapique pour le traitement du cancer.

28 Recherche en santé mars 2011 chercheurs-boursiers

François Lauzier Catherine Sabiston Désordres hypophysaires chez La vie après un cancer du sein : les victimes de traumatismes en mouvement ! craniocérébraux graves

Les taux élevés de survie au cancer du sein sont Le docteur François Lauzier s’est donné comme encourageants, certes, mais les survivantes ne sont objectif principal de mieux comprendre l’épidé­ pas au bout de leurs peines. Des données probantes miologie des désordres hypophysaires chez une commencent à montrer qu’elles présentent des François Lauzier clientèle bien précise : les victimes de traumatismes ­risques importants de comorbidité : obésité, mala- craniocérébraux (TCC). Il semble en effet que dies cardiovasculaires et dépression. Chercheur-boursier clinicien junior 1 ­l’hypopituitarisme, c’est-à-dire le déficit isolé ou L’activité physique peut se révéler une approche M. Sc. (choc septique), 2007 combiné d’hormones hypophysaires, soit une prometteuse contre ces risques. Toutefois, 40 % de M.D. (médecine interne), 1999 ­complication négligée ou mal prise en compte chez ces femmes demeurent inactives durant la période Centre de recherche CHA – Hôpital de l’Enfant-Jésus les personnes admises aux soins intensifs et souf- dite de survie, c’est-à-dire suivant les traitements à Tél. : 418 649-0252, poste 6423 frant d’un TCC grave. Il affligerait une victime sur un cancer du sein. De plus, les connaissances sont [email protected] quatre et pourrait non seulement mener à une prise limitées en ce qui a trait au type d’exercices à pri­vi­ en charge inappropriée des victimes, mais aussi légier. C’est justement à ce chapitre que Catherine altérer leur pronostic fonctionnel. Sabiston a inscrit son programme de recherche. Plus Si on veut améliorer les interventions cliniques précisément, elle veut examiner divers protocoles et, surtout, concevoir des essais cliniques rando­ d’activités physiques et leurs effets sur la santé phy- misés qui permettent de mesurer l’efficacité d’un siologique et psychique de ces femmes. remplacement hormonal chez cette population, il S’appuyant sur les conclusions de quatre études faut de toute évidence mettre sur pied des études maintenant terminées, la chercheuse se trouve en respectant les plus hauts standards méthodolo­ ce moment à mi-chemin d’une étude longitudinale giques. Le chercheur se propose d’abord de réaliser au cours de laquelle des survivantes du cancer du une synthèse des connaissances épidémiologiques sein sont accompagnées durant les 18 mois suivant actuelles, tout en prenant soin de relever les lacunes leurs traitements. Ce suivi permet à l’équipe de cher- Catherine Sabiston méthodologiques susceptibles d’avoir entaché les cheurs d’évaluer de quelle façon un changement Chercheuse-boursière junior 1 études déjà publiées. dans l’activité physique peut induire un effet sur les Ph. D. (sciences de l’activité Il compte ensuite mettre de l’avant une enquête indicateurs de stress et sur le développement psy- physique / psychologie du sport d’opinion des intensivistes travaillant dans les chologique. En ce sens, les types d’activités physi- et de l’exercice), 2006 ­centres de traumatologie canadiens, afin de mieux ques, de même que leur niveau et leur intensité, sont Département de kinésiologie et d’éducation physique comprendre leur perception des différents aspects documentés. Catherine Sabiston doit aussi lancer Université McGill des désordres hypophysaires : incidence, facteurs de une étude à répartition aléatoire pour déterminer, Tél. : 514 398-4184, poste 00890 risque, dépistage, tests diagnostiques utilisés, entre autres, la faisabilité et l’efficacité d’un pro- [email protected] impact clinique de tels désordres. Cette enquête gramme d’exercices en milieu communautaire, et permettra d’évaluer l’impact clinique potentiel de cela, en comparaison avec un programme sur DVD. son programme et de planifier des activités de trans- Ultimement, les activités physiques reconnues fert de connaissances dans le but éventuel de modi- les plus efficaces serviront de base à un guide visant fier la pratique clinique. tout spécialement la bonne forme, physique et men- En dernier lieu, le docteur Lauzier effectuera une tale, des survivantes du cancer du sein. Un tel guide étude de cohorte prospective exploratoire visant à permettra en outre aux praticiens interagissant avec identifier les facteurs de risque potentiels des désor- ces femmes de mieux les guider durant la période dres hypophysaires. Rappelons que les TCC sont la névralgique des post-traitements. principale cause de décès et d’incapacité chez les moins de 45 ans.

29 mars 2011 Recherche en santé chercheurs-boursiers

Julie Saint-Pierre Marc Schoenwiesner Cancer mammaire : vers une M odification intraoreille grâce nouvelle cible thérapeutique à des « bouchons digitaux »

Les cellules cancéreuses n’ont pas fini de nous L’objectif général du programme de Marc ­surprendre. L’une de leurs caractéristiques est ­d’uti- Schoenwiesner est de mieux comprendre la manière liser la glycolyse – au lieu des mitochondries – pour dont l’expérience sensorielle détermine chez l’être produire de l’ATP, et ce même en présence d’un humain la fonction cérébrale, voire d’élucider les Julie Saint-Pierre niveau suffisant d’oxygène. Si on s’en tient à l’expli- liens entre la plasticité corticale et les changements Chercheuse-boursière cation la plus communément acceptée, cette pré­ de comportements. junior 1 Ph. D. (biologie/métabolisme), férence des cellules néoplasiques pour la glycolyse Les travaux du chercheur ont trait au dévelop­ 2001 serait attribuable à un fonctionnement mitochon- pement de nouvelles techniques permettant une Centre de recherche sur drial aberrant, causant des niveaux élevés de radi- modification sélective des entrées acoustiques – le cancer Rosalind et Morris Goodman caux libres. La chercheuse Julie Saint-Pierre pousse intraoreille – d’une personne, en temps réel. Marc Université McGill l’idée que l’expression réduite d’un coactivateur Schoenwiesner a recours pour ce faire à un appareil Tél. : 514 398-3474 transcriptionnel, PGC-1alpha, observée dans plu- miniaturisé de traitement des signaux, placé à l’inté- [email protected] sieurs types de cancer, recèle peut-être une piste rieur même du canal auditif. L’idée phare de cette intéressante. recherche est de se servir de ce que l’on appelle des PGC-1alpha est le membre fondateur d’une « bouchons digitaux » pour manipuler différents famille de coactivateurs transcriptionnels agis­sant aspects de l’information acoustique. Cette techno- comme régulateurs centraux du métabolisme logie s’utilise à l’extérieur du laboratoire et permet ­mitochondrial. Pour l’instant, aucun lien direct n’a de moduler la perception sonore d’une personne été mis en lumière entre l’expression réduite de ce pendant plusieurs jours alors que celle-ci est enga- coactivateur et le dysfonctionnement des mitochon- gée dans ses activités quotidiennes. L’outil est pro- dries dans le cancer. L’essentiel du programme de pice autant à l’examen de la plasticité corticale à la recherche de Julie St-Pierre est d’établir le rôle de suite d’un traumatisme crânien qu’à l’étude de dif- ­PGC-1alpha, précisément dans le cancer du sein. férents troubles auditifs, ou pour cerner ce qu’il

Marc Schoenwiesner L’une des hypothèses que la chercheuse compte advient dans l’oreille interne aux différents lieux du Chercheur-boursier junior 1 tester est que des niveaux élevés de PGC-1alpha traitement des sons. Ph. D. (neurosciences), 2004 limiteraient la croissance des cellules cancéreuses Du côté du laboratoire – le chercheur est intégré Département de psychologie en les forçant à utiliser leur métabolisme mito­ au BRAMS, le Laboratoire international de recher- Université de Montréal chondrial. Elle mesurera d’abord l’activité glyco­ che sur le cerveau, la musique et le son de l’Uni­ Tél. : 514 343-6111, poste 3181 lytique et la respiration mitochondriale de diverses versité de Montréal –, Marc Schoenwiesner peut [email protected] lignées cellulaires mammaires transformées ; puis aussi compter sur des outils de recherche hyper­ elle fera de même avec des lignées cellulaires con­ sophistiqués. Par exemple, grâce à une configura- trôles ­présentant des niveaux élevés ou de base de tion sphérique de haut-parleurs en haute densité, il PGC-1alpha. peut développer de nouvelles méthodes lui permet- In vivo, la chercheuse déterminera les effets tant de quantifier les effets de l’attention spatiale d’une augmentation des niveaux de ­PGC-1alpha auditive dans des environnements acoustiques dans des cellules mammaires tumo­rales. Elle im­­ complexes, mais contrôlés. La puissance de ces plantera d’abord dans un modèle murin des cellules­ recherches, enfin, tient au fait que le chercheur peut contrôles et des cellules mammaires tumorales pré- combiner des techniques modulant les émissions sentant des niveaux élevés de PGC-1alpha. Ensuite, et la ­réception sonores avec l’imagerie cérébrale de elle mesurera la croissance et l’histologie des tu­­ haute résolution. meurs par rapport à la survie des souris. Elle compte aussi créer une souris trans­génique dont les glandes mammaires comporteront des niveaux ­élevés de PGC-1alpha. En croisant enfin cette souris avec une souris modèle de cancer du sein, elle sera en mesure d’évaluer si des niveaux élevés de PGC-1alpha dimi- nuent la croissance des tumeurs mammaires. 30 Recherche en santé mars 2011 chercheurs-boursiers

Petra Schweinhardt Sonia Semenic Cerner les mécanismes La ’ pplication des connaissances : dopaminergiques liés à la un enjeu majeur en santé modulation de la douleur périnatale

Les patients qui souffrent de ce que l’on appelle en La chercheuse Sonia Semenic s’intéresse à l’appli- neurologie les « syndromes douloureux fonc­ cation des connaissances dans le domaine de la tionnels » se traitent difficilement avec les thérapies santé périnatale, et plus particulièrement à l’allai- Petra Schweinhardt actuelles, car bien des mécanismes sous-jacents tement et au tabagisme. Elle cherche à identifier les de la douleur restent pour l’instant impénétrables. facteurs contextuels clés qui influent sur l’utilisation Chercheuse-boursière junior 1 Nombreux toutefois sont les chercheurs qui par­lent effective des données probantes. Mieux encore, elle Ph. D. (recherche sur la douleur), de la transmission dopaminergique comme souhaite contribuer, dans ce domaine (l’application 2006 M.D. (médecine générale), 2000 d’un élément clé ; et avec raison, car des études des connaissances) où les études sont encore rela- M.D. (psychiatrie de l’enfant et chez l’animal indiquent que la dopamine joue tivement rares, au développement d’une capacité de l’adolescent), 2000 un rôle non négligeable dans les mécanismes de recherche infirmière. Centre Alan Edwards de anal­gésiques endogènes. Ces objectifs, Sonia Semenic compte les pour­ recherche sur la douleur CUSM – Institut neurologique L’objectif à long terme des travaux de Petra suivre à l’intérieur de six projets qui s’étendront, de Montréal Schweinhardt est d’en arriver à caractériser le rôle pour certains, jusqu’en 2013. L’une des études en Tél. : 514 398-7203, poste 0420 de la dopamine, y compris ses récepteurs et ses voies cours met en scène des infirmières engagées dans [email protected] de transmission, dans la perception et la modulation un processus de cocréation et d’application de de la douleur. Elle compte aussi mettre l’accent ­systèmes de dépistage du tabagisme, modulés selon sur le sexe, pour deux raisons : parce que les sys­ leur contexte de travail particulier. Une autre de ses tèmes dopaminergiques diffèrent entre l’homme et recherches a abouti à la création d’un outil spé­cia­ la femme ; parce que les syndromes douloureux lement destiné à l’application des connaissances. ­fonctionnels sont plus prévalents chez la femme. Enfin, utilisant une approche théorique critique, Elle a deux objectifs spécifiques : 1) examiner la chercheuse est actuellement plongée dans une comment une diminution de la synthèse dopami- étude de cas historiques portant sur l’évolution des nergique dans le système nerveux central peut politiques québécoises en matière d’allaitement. En influencer la perception de la douleur chez des parallèle, dans une étude cette fois de cas multiples, sujets sains ; 2) déterminer si les effets de la diminu- elle s’intéresse aux facteurs culturels, organisation- Sonia Semenic tion de la synthèse de la dopamine sur la perception nels et politiques influençant la mise en œuvre de Chercheuse-boursière de la douleur sont liés aux changements dans la l’Initiative des amis des bébés (IAB) dans tout le junior 1 libération de la dopamine induite par la douleur. Québec. Les résultats de ces travaux seront utilisés Ph. D. (sciences infirmières), 2005 Pour ce faire, les participants à l’étude se verront pour façonner les futures lignes directrices du Infirmière 1989 imposer une réduction ponctuelle de l’apport Québec en matière d’allaitement. On s’en servira École des sciences infirmières ­alimentaire comme moyen de diminuer la synthèse aussi pour l’élaboration d’une intervention multi- CUSM – Hôpital Royal Victoria de la dopamine dans leur cerveau. Puis, sera mis de volet et multipalier visant à favoriser, dans divers Tél. : 514 398-1281 l’avant un plan à mesures répétées, dans lequel contextes, l’implantation de l’IAB. [email protected] ­chaque sujet sera soumis à la diminution de dopa- mine et à une condition contrôle, pour tester notam- ment l’hypothèse suivante : la diminution de la synthèse de la dopamine augmenterait la sensibilité à la douleur­ et réduirait la capacité de l’individu à la moduler. Finalement, la chercheuse compte uti- liser des méthodes psychophysiques pour comparer la perception de différents stimuli douloureux : ­phasiques, toniques et modulatoires.

31 mars 2011 Recherche en santé chercheurs-boursiers

Jason Tanny Les histones : cibles privilégiées de la biologie cellulaire

En plus d’être liés à une variété de maladies, notam- ment le cancer, les mécanismes épigénétiques sont d’un intérêt majeur en biologie du développement. La plupart des études dans ce domaine portent sur Jason Tanny la chromatine, la forme physiologique du génome Chercheur-boursier junior 1 chez les eucaryotes, qui forme un complexe entre Ph. D. (biologie du développement cellulaire), 2003 l’ADN et certains types de protéines nommées­ Département de pharmacologie « histones ». et de thérapeutique L’un des principaux mécanismes par lequel les Université McGill Tél. : 514 398-3608 cellules peuvent introduire une variation dans la [email protected] structure de la chromatine réside dans la modi­ fication covalente des histones. De telles modifica- tions sont directement associées aux fonctions chromosomiques comme la transcription. L’objectif général de Jason Tanny consiste à iden- tifier les multiples fonctions de l’ubiquitination de l’histone H2B (uH2B), une marque unique et mul- tifonctionnelle de la chromatine connue pour son implication dans la transcription active. Déjà, plusieurs modèles de culture cellulaire ont permis de démontrer qu’une transformation de ­différents phénotypes cellulaires s’effectue pré­ci­ sément au moment d’une diminution de la forme ubiquitinée de l’histone H2B, renforçant encore davantage la pertinence d’examiner cette marque épigénétique dans le contexte des maladies humaines. L’objectif du chercheur se fonde sur l’hypothèse selon laquelle uH2B commanderait directement à plusieurs composantes du complexe transcrip­ tionnel de l’ARN polymérase II, afin de réguler la structure adoptée par la chromatine. Jason Tanny se propose d’examiner cette hypothèse à la lumière de trois points. En utilisant de nouveaux réactifs biochimiques, il compte d’abord vérifier l’existence d’une inter­­ action directe entre uH2B et une cible moléculaire potentielle (par exemple, le complexe Set 1). Par la suite, il déterminera le rôle joué par uH2B dans la régulation du compactage de la chromatine durant la transcription. Finalement, à l’aide cette fois d’une nouvelle technique de purification, il sou- haite ­pouvoir isoler uH2B, et toutes les protéines qui y sont rattachées, afin d’identifier de nouveaux ­partenaires et ainsi de nouvelles voies de signali­ sation dans lesquelles­ l’histone modifiée pourrait être impliquée. 32 Recherche en santé mars 2011 DOSSIER

LE RÉSEAU DE BIO-IMAGERIE DU QUÉBEC

par Luc Dupont, journaliste scientifique

Photos : RBIQ et partenaires Photodisc

Est-il exagéré de penser – 500 ans après les premiers anatomistes, 125 ans après Roentgen et ses rayons X, et 75 ans après Penfield et ses chirurgies à « cerveau ouvert » – que nous vivons aujourd’hui un nouvel âge dans l’imagerie du corps humain ? La généra- tion de chercheurs actuelle dispose des plus puissants outils d’investigation, des outils, qui plus est, non invasifs, dépassant en puissance les simples représentations morphométriques et accédant désormais aux processus molé- culaires in vivo et aux circuits fonctionnels par des analyses de connectivité cérébrale.

Sur cette voie, deux grandes familles de moda- lités d’imagerie avancent en parallèle : la filière radiologique et la filière nucléaire. Plus préci- sément, d’un côté les rayons X et leur extension tridimen­sionnelle, la tomodensitométrie (TDM ; en anglais Computed Tomography ou CT Scan), et de l’autre, l’imagerie par TEP (tomographie d’émission par positrons) et par TEM (tomographie d’émission monophoto­ nique – en anglais Single Photon Emission Computed Tomography ou SPECT). N’oublions pas l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et l’IRM fonctionnelle (IRMf), qui ont Cette figure, issue du CERNEC, a été constituée grâce à la superposition aussi leur place parmi les grandes techniques de trois images. Tout au-dessus est représentée la position des capteurs d’imagerie actuelles1. du magnétoencéphalographe (MEG) autour de la tête du participant lors de l’enregistrement. En gris apparaît la forme numérisée de la tête du sujet. 1. Il faut aussi mentionner l’imagerie optique (IO) par infra- À l’intérieur enfin, on peut apercevoir la surface du cortex, sur laquelle rouge ou fluorescence, la magnéto­encéphalographie la localisation du maximum de l’activité cérébrale recherchée est représentée (MEG), la stimulation magnétique transcrânienne par une petite zone de couleur blanche. (STM) ainsi que les fusions de ces techniques (IRMf-EEG, IRMf-IO, IRMf-SMT, IO-EEG, TEP-SMT, TEP-IRM, etc.).

33 mars 2011 Recherche en santé DOSSIER

La recherche au sein du Réseau de bio-imagerie du Québec (RBIQ) accom- pagne cet immense saut qualitatif. « Depuis plusieurs décennies, les cher- cheurs du Québec jouissent d’un lea- dership indéniable sur le plan national et international dans le domaine de l’ima- gerie in vivo et de ses applications (ex. : Centre McConnell d’imagerie, Institut Le neuropsychologue Julien Doyon, directeur du RBIQ (à droite), qui apparaît ici en neurologique de Montréal [INM] et Unité compagnie du chercheur Oury Monchi, est parmi les scientifiques québécois qui « portent le dossier » de la bio-imagerie au Québec depuis près de 20 ans. Il a été au début des de neuro-imagerie fonctionnelle [UNF] années 2000 le créateur, avec le Pr Alan C. Evans de l'Université McGill, du premier du Centre de recherche de l’Institut uni- regroupement des forces vives en la matière. versitaire de gériatrie de Montréal/ Université de Montréal), affirme le neu- technologique du Réseau en santé men- Indispensable outil de diagnostic et ropsychologue Julien Doyon2, directeur tale et neurosciences du Québec. Ce de suivi médical, l’imagerie a devant elle du RBIQ. D’autres encore voient aussi ­der­nier a cependant cessé ses activités, un avenir prodigieux. Désormais, l’homo leur travail reconnu sur l’échiquier mon- entraînant ainsi la fin du REPRIC. sapiens se voit bel et bien penser ; il voit dial. On n’a qu’à penser aux chercheurs Les dés ont cependant été relancés les substrats biologiques d’un acte du Centre d’imagerie moléculaire de avec la création du RBIQ en avril 2008. À ­cognitif s’animer devant ses yeux ; il se Sher­­brooke (CIMS), qui ont développé l’origine, celui-ci regroupait quelque voit parler, il se voit souffrir. À l’évidence, des équipements d’imagerie préclinique 120 membres. Maintenant pleinement il ne se contente plus seulement de dédiés spécifiquement aux animaux déployé, il en compte 385, soit 120 cher- « voir » ; il veut aussi observer in vivo, in de laboratoire, équipements qui per­ cheurs réguliers, 29 chercheurs associés, silico les arcanes intérieurs de son enve- mettent de « descendre » jusqu’à l’aune 2 chercheurs cliniciens, 52 postdoc­­to­ loppe mortelle. mo­­lé­­­culaire3. rants, 156 étudiants aux cycles supé­­rieurs ™ Information : Pourtant, le regroupement de toutes et 26 membres de personnels de re­­ Directeur : Pr Julien Doyon ces forces s’est fait attendre. D’août 2003 cherche. Tous ces membres sont répartis à mars 2006, le FRSQ avait appuyé la dans trois regroupements stratégiques : Établissement : Université ­création du Regroupement provincial 1) Bio-imagerie chez l’humain ; 2) Bio- de Montréal / CRIUGM pour la recherche en imagerie cérébrale imagerie chez l’animal ; 3) Déve­lop­­­pe­ Téléphone : (514) 340-3540 poste 3284 (REPRIC), qui était l’ancienne plateforme ments méthodologiques. [email protected] Julien Doyon poursuit : « Moi qui suis actif dans le domaine de la neuro-­ 2. L’un des objets de recherche de Julien Doyon concerne l’examen (grâce à l’IRMF) des substrats imagerie et de la bio-imagerie depuis anatomiques impliqués dans la formation et la 1993 et à l’origine de la création des deux consolidation d’une trace mnésique motrice. Il seuls réseaux associés à l’imagerie du explore, par exemple, le rôle du simple passage du temps et du sommeil (nocturne et diurne) dans ­système nerveux central au Québec la consolidation de deux formes d’apprentissage depuis 2003, je peux attester qu’à mon moteur. Le chercheur souhaite ainsi mettre le avis, l’impact le plus important de ce type doigt sur les conditions comportementales qui déterminent l’apprentissage d’habiletés motrices d’activités scientifiques et de réseautage et la plasticité neurofonctionnelle qui caractérise est le changement­ de perception et de ce type de mémoire procédurale. À la clé, on peut espérer créer, avec un tel type de connaissances, mentalité des chercheurs qui s’est pro- de meilleurs programmes de rééducation du mou- duit au cours des dernières années. Ce vement pour des malades souffrant de Parkinson Quelque 75 ans après le Dr Penfield et domaine était autrefois composé unique- ou de lésion au cervelet. ses chirurgies cérébrales – 400 patients (Source : Debas et autres, « Brain plasticity related to ment de “chasses gardées” et de per- épileptiques opérés sous anesthésie the consolidation of motor sequence learning and motor sonnes qui ne communiquaient pas d’un adaptation », PNAS, 12 octobre 2010, vol. 107, no 41, locale avaient alors accepté de participer p. 17 839-17 844.) à l’expérience à « cerveau ouvert », centre à un autre, mais le REPRIC, et 3. Grâce aux investissements majeurs récemment ce qui mena au premier homonculus –, maintenant le RBIQ, ont permis aux cher- consentis par la FCI, d’autres centres de bio-­ nous vivons aujourd’hui un nouvel âge cheurs de se rencontrer (souvent pour la imagerie, qui composent notamment les plates- de l’imagerie du corps humain marqué formes technologiques du RBIQ, ont vu le jour : les par des interventions considérablement première fois...), de discuter ensemble et unités de neuro-imagerie de l’UNF, du BRAMS, du moins invasives. d’établir des projets de collaboration. » GREPAQ et du CIC.

34 Recherche en santé mars 2011 réseau de bio-imagerie du québec Regroupements Coresponsables Téléphone stratégiques ou Établissements

de l’axe Courriel BEC axes de recherche UÉ Développements Alan C. Evans Institut neurologique de Montréal (514) 398-8926 Q U D technologiques [email protected] E et méthodologiques I R en bio-imagerie Frédéric Lesage École Polytechnique de Montréal (514) 340-4711, poste 7542

frederic.lesage@polyml AGE M I

Richard Hoge Université de Montréal/CRIUGM (514) 340-3540, poste 4149 O- BI [email protected] DE

Bio-imagerie chez Robert Zatorre Institut neurologique de Montréal (514) 398-8903 U l’humain (fondamental)

[email protected] SEA

Virginia Penhune Université Concordia (514) 848-2424, poste 7535 RÉ [email protected] LE

Bio-imagerie Philip Jackson Université Laval (418) 656-2131, poste 5151 chez l’humain (clinique) [email protected] Emmanuel Stip Université de Montréal/ (514) 251-4015, poste 2345 Centre de recherche Fernand-Seguin [email protected] DOSSIER Bio-imagerie chez l’animal Martin Lepage Université de Sherbrooke (819) 346-1110, poste 11867 [email protected]

Roger Lecomte Université de Sherbrooke (819) 346-1110, poste 14608 [email protected] Barry Bedell Institut neurologique de Montréal (514) 398-8804 [email protected] plates-formes technologiques liées au RBIQ Plates-formes Établissements Responsables 1- Centre d’imagerie crérébrale McConnel Université McGill [email protected] (CICM) Institut neurologique de Montréal 2- Groupe d’imagerie cérébrale Douglas Hôpital Douglas [email protected] Institut de santé mentale 3- C entre d’imagerie moléculaire Université de Sherbrooke [email protected] de Sherbrooke (CIMS) Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel 4- U nité de neuro-imagerie Université de Montréal [email protected] fonctionnelle (UNF) Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (CRIUGM) 5- C entre de recherche en neuropsychologie Université de Montréal [email protected] et cognition (CERNEC) 6- G roupe Brain, Music and Sound (BRAMS) Université de Montréal [email protected] Université McGill [email protected] 7- G roupe de recherche en pharmacologie Université de Montréal [email protected] animale du Québec (GREPAQ) Faculté de médecine vétérinaire

Mises ensemble, ces infrastructures liées au RBIQ constituent un environnement technologique exceptionnel. Plusieurs chercheurs n’hésitent pas à dire qu’avec un tel parc d’équipements, le RBIQ se situe parmi les meilleurs réseaux à l’échelle internationale.

35 mars 2011 Recherche en santé DOSSIER

Axe 1 : Bio-imagerie chez l’humain

Pour le de signaux provenant des équipements ment sur le système auditif. Sa spécialité, neuropsychologue d’imagerie se transforme enfin en images la neuropsychologie, et son type d’études Robert Zatorre, de qualité », raconte Robert Zatorre. – la base cérébrale du son (parole hu­­ les musiciens Il poursuit : « À partir de ce moment-là maine, musique) – sont nés avec la bio- deviennent des modèles pour l'étude nous est devenue accessible cette possi- imagerie et sa montée en force. des fonctionnalités bilité énorme : les opérations cérébrales Le professeur Zatorre dit travailler du cerveau. Plus visibles sous forme de micro-zones d’ac- beaucoup avec des musiciens profession- précisément, tivation. On a pu commencer à voir, en nels, au demeurant des gens en parfaite ils représentent pour la recherche temps réel, un cerveau humain normal santé ; et d’aucuns, connaissant peu son des modèles en train d’écouter un son, de reconnaître travail, sont amenés parfois à lui repro- d’apprentissage. un visage, de dire un mot… On se pinçait, cher de négliger les maladies du cerveau on n’en croyait pas nos yeux… Je me suis (Alzheimer, Parkinson), qui font en ce « Lorsque j’ai amorcé ma carrière, au dit alors : grâce à ce qu’on voit, on peut moment l’objet de tant de travaux. début des années 1980, la TEP venait à commencer à poser des questions, toutes « En recherche scientifique, on a peine de commencer ; on en parlait, mais sortes de questions… » besoin d’organismes modèles, explique- on était encore loin de pouvoir s’en servir Les chercheurs, cliniciens et étudiants t-il. Et dans l’étude du cerveau humain, efficacement. En 1991, la situation a de cet axe concentrent leurs travaux on ne peut pas toujours y aller avec les changé du tout au tout. » Ainsi Robert sur l’étude des fonctions sensorielles, habituels petits animaux (souris, rats). Zatorre, neuropsychologue à l’INM et motrices, émotives ou cognitives du sys- Alors les musiciens deviennent ces directeur de cet axe au RBIQ, évoque-t-il tème nerveux central et sur l’analyse de modèles. Plus précisément, ils représen- le décollage « à la verticale » de l’imagerie la plasticité associée à leur évolution. Ils tent pour nous des modèles d’apprentis- médicale. utilisent pour ce faire un ensemble de sage. Les réseautages neuronaux qu’ils en Que s’est-il passé cette année-là ? « Le techniques d’acquisition de données viennent à former à partir de l’apprentis- professeur Alan Evans, du Centre d’ima- anatomiques et fonctionnelles uni- et sage intensif de pièces musicales devien- gerie cérébrale McConnell du NEURO multimodales. nent pour nous une jauge qui permet de (Institut neurologique de Montréal), en Les travaux de Robert Zatorre portent mesurer les déficiences trouvant leur était arrivé à créer les algorithmes et les surtout sur le fondement nerveux du trai- origine dans des lésions cérébrales. équations nécessaires pour que la masse tement des perceptions, et particulière- Personne ne passerait 10 ans en appren-

Pierre Jolicœur Comment fonctionne la mémoire

Cette expérience d’imagerie, utilisant la magnétoencéphalo­gra­phie (MEG), est menée dans le laboratoire du Dr Pierre Jolicœur, qui est rattaché, entre autres, au CERNEC et au BRAMS, deux des sept plates-formes technologiques du RBIQ. Elle a pour but d'identifier et de localiser les aires cérébrales impliquées dans le maintien de stimuli visuels en mémoire à court terme. La participante doit mémoriser les stimuli qui lui sont présentés très brièvement (les disques de couleur apparaissant à l’écran) pour déterminer ensuite si un deuxième affichage est identique ou différent de celui mémorisé. Elle répond en appuyant sur la touche appropriée de la boîte réponse (sous ses mains). Les résultats, obtenus ici sur une personne en bonne santé, pourront éventuellement être utilisés, comme comparatifs, en clinique.

36 Recherche en santé mars 2011 tissage dans un laboratoire. Or c’est sou- Bruce Pike et Christine L. Tardif vent ce qu’un musicien nous offre. » S’intéresser à des gens sains, c’est Les « traces » de la sclérose comme tenter de voir au niveau molé­ BEC

en plaques UÉ culaire, pour un œnologue, non la mala- Q U

die d’un cépage, mais la biochimie des D

Cette image est issue des travaux de E arômes qui fait la qualité du vin. Comme I Christine L. Tardif, stagiaire postdoctorale R on le sait, c’est souvent cette infinitési- au Centre d’imagerie cérébrale McConnell AGE

male chimie des arômes qui distingue au de l’Université McGill, que dirige le Pr Bruce M I

final le grand cru de la simple bonne Pike. Les intrigants petits « poils », appelés O- BI bouteille. profils corticaux, qui jalonnent la surface

de l’image, sont en fait des lignes tracées DE Ceci dit, en pénétrant le cerveau par par les chercheurs à partir de données U la porte des sons – par la musique en par- recueillies à la frontière des matières SEA ticulier – et ce, grâce à l’imagerie céré- blanche et grise du cerveau ; ces lignes RÉ révèlent l’architecture du cortex. De telles brale in vivo, Robert Zatorre en est arrivé LE à expliquer comment le rythme dans la images permettent d’améliorer la détection in vivo des lésions corticales de la sclérose musique devient un repère de mou­ en plaques (SEP) en jumelant deux approches complémentaires : l’imagerie quantitative des propriétés de résonance magnétique des tissus cérébraux et la neuro-morphométrie. vements pour des personnes cérébrolé- Comparée à l’IRM conventionnelle, l’IRM quantitative est plus spécifique aux substrats 4 sées . « Quand nous écoutons de la pathologiques de la sclérose en plaques, notamment en révélant des éléments musique, dit-il, nous tapons parfois pathologiques dans la substance blanche, auparavant non détectés in vivo. De plus, se DOSSIER spon­­­tanément du pied. Je me suis basant sur leurs connaissances de la morphologie des lésions corticales, les chercheurs demandé ce qui, dans le rythme musical peuvent améliorer la segmentation automatisée des lésions à l’aide de l’analyse des profils corticaux. Cela représente une étape cruciale pour améliorer notre compréhension – la structure métrique, par exemple – du développement de la maladie et de la corrélation avec les symptômes cliniques. pouvait stimuler ou faciliter la réponse motrice. Grâce à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, qui permet de voir le cerveau en action in vivo, nous avons pu identifier le substrat neuronal sous-tendant spécifiquement les interac- Serge Rossignol tions auditives-motrices. » De même, lors Voir les lésions de la moelle épinière d’autres travaux, il a pu saisir comment la vocalise en chœur et la voix chantée deviennent, pour les aphasiques en réé- Dans le laboratoire du Dr Serge Rossignol (Groupe de ducation, un soutien inestimable. recherche sur le système nerveux central), les lésions D’autres questions liées au système spinales sont l’objet de prédilection. Voici, montrée auditif ont aussi été abordées par le pro- grâce à l’imagerie par résonance magnétique fesseur Zatorre : « Pouvons-nous enten- (tractographie), la moelle épinière d’un chat. On y étudie notamment les effets à long terme des lésions dre les formes que nous touchons (Can spinales sur les fonctions motrices telles que la we hear shapes we touch ?) », s’est-il locomotion. Les trajets de fibres nerveuses qui y sont demandé de concert avec l’une de ses représentés correspondent à différents quadrants étudiantes, Kim Jung-Kyong5. Encore là, de la moelle épinière. Cette technique de tractographie est basée sur la cohérence de l’imagerie lui a révélé d’étonnantes la diffusion de molécules d’eau le long de fibres nerveuses. Cette photo a été publiée connexions impliquant les sons entendus dans la revue NeuroImage par une équipe de chercheurs issus de différents milieux grâce aux installations de l’Unité de neuro-imagerie fonctionnelle (UNF) au Centre et la reconnaissance des formes par la de recherche de l’Institut de gériatrie de Montréal avec l’aide et la collaboration de voie d'une zone cérébrale multimodale Julien Doyon, directeur de l’UNF. sur le plan sensoriel !

4. Joyce L. Chen, Robert J. Zatorre et Virginia B. Penhune (2006), « Interactions between auditory and dorsal premotor cortex during synchro­ni­zation to musical rhythms », NeuroImage, no 32, p. 1771-1781. 5. Jung-Kyong Kim et Robert J. Zatorre, « Tactile-auditory shape learning engages the lateral occipital ­complex » (soumis en novembre 2010).

37 mars 2011 Recherche en santé DOSSIER

Connectivités fonctionnelles

Parmi les nouveaux enjeux qui captivent Julien Doyon. On en est aujourd’hui à en ce moment les utilisateurs-chercheurs l’identification des réseaux neuronaux en neuro-imagerie, on trouve l’identifi- qui sous-tendent la multitude des fonc- cation des connectivités fonctionnelles à tions – ou des dysfonctions – cérébrales. » l’intérieur du cerveau – connectivités que Et ce d’autant que l’on peut suivre main- l’on pourrait schématiser aussi par les tenant, jusque dans la matière blanche liens interzones, ou plus concrètement du cerveau, les réseautages qui le traver- encore par le nid d’oiseau… sent de part en part. À prime abord, un nid d’oiseau ne res- Son collègue Oury Monchi en sait semble pas à un cerveau, direz-vous ; pas quelque chose, lui qui travaille à l’éluci- sous ses dehors, du moins. Mais si on dation du rôle de certains réseaux neuro- assimile le noble organe à un théâtre naux impliqués dans la maladie de d’enchevêtrements, de connexions infi- Parkinson. Détenteur d’un doctorat en nitésimales, alors là la représentation du Même si, au premier chef, il prend des modélisation neuronale du King’s College allures de masque de gardien de but, nid, avec son amas de brindilles subtile- de l’Université de Londres, il étudie, entre ce casque, où les patients soumis à des ment tressées, prend tout son sens ! examens par IRM posent la tête, remplit autres, les fonctions des noyaux gris cen- Sans reprendre cette image tirée d’un notamment des fonctions de stabilisation. traux ainsi que du cortex préfrontal dans article de la livraison d’automne du ma­ga­­­ les processus exécutifs, ainsi que les ori- zine Brain, d’autres chercheurs de cet l’établissement des connexions inter­ gines et l’évolution des déficits cognitifs axe, Julien Doyon et Oury Monchi, abon- zones du cerveau était actuellement l’une observés dans la maladie de Parkinson et daient cependant en ce sens dans un des nouvelles frontières de la recherche. dans le vieillissement en général. éditorial qu’ils signaient récemment « Jusqu’en 2000, on a réparti les grandes Il participe aussi à l’une des trois dans l’International Journal of Biomedical zones du cerveau par spécialisations ­activités stratégiques que soutient acti- Imaging6. Ils soulignaient alors le fait que fonctionnelles­ (langage, vision, etc.), dit vement le RBIQ depuis sa création :

6. O. Monchi, H. Benali, J. Doyon et A.P. Strafella, « Recent advances in neuroimaging methods » (editorial), International Journal of Biomedical Imaging, 2008.

L’équipement d’IRM de l’UNF, vu de l’arrière. Il est à noter que des systèmes de présentation de stimuli visuels permettent (grâce à un jeu de miroirs) au patient allongé dans l’appareil de participer à des examens de toute nature.

38 Recherche en santé mars 2011 BEC UÉ Q U D

E I R AGE M I

L’Unité de neurologie fonctionnelle du Centre de recherche de l’Institut O- BI universitaire de gériatrie de Montréal (CRIUGM), vue ici à partir de la salle de

contrôle, est dotée d’un puissant appareil d’IRM de 3 teslas, lequel est pourvu de DE la technologie TIM (Total imaging matrix). Cet équipement est entièrement dédié Simon U à la recherche et est utilisé pour des projets en imagerie fonctionnelle, imagerie SEA anatomique, imagerie de diffusion et spectroscopie. Duchesne RÉ LE

« Neuro-imagerie et génétique dans rec­­herches innovantes et prioritaires Chercheur membre l’étude des troubles du mouvement ». En pour le Québec. Le Réseau soutient ainsi du RBIQ collaboration notamment avec le docteur le Consortium d’imagerie en neuroscien-

Guy A. Rouleau (Centre de recherche du ces et santé mentale de Québec (CINQ), DOSSIER CHU–Sainte-Justine), il travaille à com- dont les responsables sont les chercheurs biner des mesures anatomiques et fonc- Philip Jackson et Simon Duchesne de tionnelles du cerveau (phénotypage) l’Université Laval. Ce faisant, le RBIQ acquises au moyen de l’IRM à haut appuie le développement d’expertise champ, avec celles caractérisant les pro- locale en neuro-imagerie, augmentant du fils génétiques associés à la dopamine même coup les chances du Consortium chez des patients souffrant de la maladie d’obtenir les fonds nécessaires à la Cette image est issue du cerveau d’une de Parkinson. ­création d’un centre de neuro-imagerie personne atteinte de troubles cognitifs Les initiatives stratégiques du RBIQ – à Québec dans le cadre du prochain légers avec dépression concomitante. soutenues à hauteur de 50 000 $ et renou- concours de la Fondation canadienne Elle est l’œuvre d’un jeune chercheur, velables une fois – concernent des pour l’innovation (FCI). Nicolas Robitaille, rattaché au laboratoire de Simon Duchesne, ing., Ph. D, lequel est notamment directeur exécutif du Consortium d’imagerie en neurosciences et santé mentale de Québec. Chaque élément (de couleur différente) correspond à une structure neuroanatomique distincte (hippocampe, cortex entorhinal, amygdale, etc.), toutes situées dans le lobe temporal médian. L’identification des structures, dite segmentation manuelle, a été faite à la main point par point à partir d’un appareil d’imagerie par résonance magnétique (IRM). L’espèce de « glaçage » qui apparaît à la surface des structures est purement esthétique. Le but de cette étude est d’identifier les différences entre deux structures du cerveau impliquées dans la mémoire, soit l’hippocampe et le cortex entorhinal, La chercheuse Ana Ines Ansaldo s'intéresse notamment à la plasticité cérébrale chez trois groupes de sujets âgés de dans le traitement du langage lors du vieillissement, ainsi qu'à la récupération 65 ans et plus. du langage après une aphasie.

39 mars 2011 Recherche en santé DOSSIER

Axe 2 : Bio-imagerie chez l’animal

Comparée à McGill, fondée en 1821, patient avant l’examen. « Ce que cette détecteurs utilisés en TEP, rendant cette l’Université de Sherbrooke, une institu- technique donne à voir, ce n’est pas la modalité compatible pour l’imagerie des tion du début des années 1960, est fort micro-anatomie d’un tissu, mais bien petits animaux. jeune. Qu’importe ! La différence d’âge plutôt sa physiologie, sa fonction, son Ce qui fait la renommée du CIMS, ne l’a pas empêchée de devenir l’un des métabolisme chimique, moléculaire », dit outre la tradition d’innovation engendrée deux pôles pionniers de la bio-imagerie Roger Lecomte. Cette technique est deve- par la création précoce d’un dé­partement au Québec, l’autre étant le NEURO. Et, nue la figure de proue du Centre d’ima- de médecine nucléaire, c’est aussi la n’en déplaise aux « doyennes », les jeunes gerie moléculaire de Sherbrooke (CIMS). ­spécialisation opérée du côté de la bio-­ universités ont aussi des vertus, notam- imagerie chez l’animal avec de multiples ment celle de disposer d’une certaine modalités (TEP, IRM, TDM, optique…). liberté de s’inventer. « De toute façon, Ce scanner d’IRM de 7 teslas, actuellement Ainsi, le CIMS a été le premier centre au personne au RBIQ n’est dépositaire de l’un des plus puissants au monde, est Québec à exploiter un scanner IRM de utilisé spécifiquement pour l’imagerie toutes les expertises : à Sherbrooke, on chez l’animal. 7 teslas pour l’imagerie préclinique. offre la nôtre, la bio-imagerie multimo- « Nos efforts sont en bonne partie dale pour petits animaux », dit le physi- ­dirigés vers la bio-imagerie dédiée aux cien nucléaire et coresponsable de ­études précliniques, c’est-à-dire à l’axe 2, Roger Lecomte. l’inves­­tigation des animaux de labo- Tout a commencé avec le docteur ratoire utilisés dans les recher- Étienne Le Bel, celui-là même qui ches », poursuit Roger Lecomte. a donné son nom au Centre de Les besoins sur ce plan se sont recherche clinique du Centre révélés tels que le CIMS est hospitalier univer­sitaire de devenu, en quelques années Sherbrooke (CHUS). « C’était (2001), le deuxième centre un original, avec des idées très d’imagerie TEP pré­clinique personnelles, raconte le pro- le plus actif au monde. fesseur Lecomte. Entre autres, Mais l’un des objectifs c’est lui qui a décidé de mettre primordiaux de toute sur pied le Département de recherche biomédicale est médecine nucléaire et radio- le transfert des découvertes biologie lors de la ­fondation vers les applications clini­ de la Faculté de médecine à ques au bénéfice des patients Sherbrooke à la fin des années 60, et de la santé de la population. une idée particulièrement avant- Le CIMS a aussi été l’un des pre- gardiste à l’époque. Et, pour être miers centres au monde, dès son conséquent, il avait prévu, dès l’étape inauguration en 1998, à implanter un des plans de son département au CHUS, modèle de recherche transla­tionnelle un espace pouvant accueillir un cyclo- en imagerie moléculaire, en regroupant tron7 ­(voir page 44). » Cet appareil permet au sein d’une même entité toutes les de créer les radiotraceurs (appelés aussi Grâce à Roger Lecomte, son chef scien­ ­ressources pour les études précliniques isotopes médicaux) qui sont utilisés dans tifique, le CIMS s’inscrit maintenant et cliniques. les techniques de bio-imagerie nucléaire, sur la carte mondiale de la bio-imagerie. Des exemples de bio-imagerie chez telle la TEP. C’est le premier centre au monde à avoir l’animal qui ont des retombées directes Les images sont ici créées à partir de développé une technologie de détection pour les patients ? Études cardiaques la mesure de radiations électromagné­ à base de photodiodes à avalanche, (métabolisme, perfusion et fonction tiques émises par une molécule traceuse l’équivalent du transistor, ce qui a permis myocardique) chez le rat septique et liée à un isotope radioactif inoculé au une miniaturisation considérable des ischémique ; études des mécanismes

7. Ce n’est toutefois que 30 ans plus tard, en 1998, avec l’inauguration du Centre d’imagerie moléculaire de Sherbrooke, que, grâce à sa persévérance et à sa pugnacité, ledit cyclotron sera enfin installé à Sherbrooke !

40 Recherche en santé mars 2011 d’action et de la réponse à la thérapie photodynamique du cancer chez les ron- BEC UÉ

geurs ; détection de tumeurs par imagerie Q U

de récepteurs hormonaux chez la souris ; D

E études des mécanismes de la douleur I R dans le cerveau du chat ; manipulation de AGE

la barrière hémato-encéphalique chez M I

le rat pour améliorer le traitement des O- BI tumeurs cérébrales. Le tout grâce à la micro-imagerie à haute résolution sur DE U modèle animal. Le CIMS possède une animalerie équi- SEA RÉ

pée de plusieurs stations de préparation LE des animaux (anesthésie, chirurgie, etc.). Le Centre d’imagerie moléculaire Les installations seront d’ailleurs agran- agents de contraste magnétiques et des de Sherbrooke a reçu en 2008 dies en 2011 pour héberger jusqu’à quatre sondes optiques. sa licence d'établissement de Santé Canada pour la fabrication espèces d’animaux simultanément, et ce, Grâce à des programmes d’études commerciale de radiotraceurs toujours en respectant les bonnes pra- supérieures (Sciences des radiations et TEP à des fins cliniques. Ceci a DOSSIER tiques de laboratoire. imagerie biomédicale et Spécialité de nécessité la construction d’une Les chercheurs du CIMS se distin- médecine nucléaire), le CIMS contribue « salle blanche » pour permettre la production de certains isotopes guent aussi par leur capacité à concevoir à la formation de chercheurs et de méde- d’une manière stérile et selon les et à construire de nouveaux appareils cins dans le domaine de l’imagerie normes BPF (Bonnes pratiques hybrides d’imagerie (TEP/TDM simulta- ­préclinique et clinique. Il prévoit pour- de fabrication). Les isotopes née), ainsi qu’à exploiter concurremment suivre son expansion en 2011 avec l’ajout médicaux produits à Sherbrooke approvisionnent plusieurs les différentes modalités d’imagerie. Des d’un deuxième cyclotron, la multipli­ ­ hôpitaux du Québec ainsi que scientifiques comme Brigitte Guérin, cation de ses plateaux d’imagerie pré­­ des provinces maritimes. Martin Lepage et Yves Bérubé-Lauzière clinique et clinique, et la construction développent des radiotraceurs TEP, des de laboratoires.

Le CIMS possède une animalerie entièrement équipée avec plusieurs stations de préparation animale (anesthésie, chirurgie, etc.).

Des exemples de bio-imagerie chez l’animal ? Études cardiaques (métabolisme, perfusion et fonction myocardique) chez le rat septique et ischémique ; études des mécanismes d’action et de la réponse à la thérapie photodynamique du cancer chez les rongeurs ; études des mécanismes de la douleur dans le cerveau des chats, etc. Sherbrooke est l’un des pôles québécois et canadien en la matière.

41 mars 2011 Recherche en santé DOSSIER

Axe 3 : Bio-imagerie : méthodes et développement

À Sherbrooke, le Flex™Triumph™, dont on voit ici le cœur, fait partie de la nouvelle génération de scanners multimodaux qui permettent de mesurer plusieurs paramètres physiologiques chez un animal au cours d’une même séance d’imagerie. Il regroupe, dans un même appareil, un tomographe par émission de positrons (TEP), un appareil de tomodensitométrie (TDM) et un tomographe d'émission monophotonique (TEMP).

D éveloppement technologique de À première vue seulement, car vient un développement de techniques innova- méthodes novatrices d’acquisition, moment où, sans les mathématiques de trices d’acquisition d’images uni- et ­d’analyse et de fusion d’images : c’est la biologie ou de la physique, ou sans la multimodales­ ; des spécialistes chargés de ainsi que Frédéric Lesage, de l’École modélisation neuronale, il devient diffi- produire de nouvelles mesures liant les polytechnique­ de Montréal, résume cile de produire les images révélant la niveaux anatomique et physiologique l’orientation de l’axe 3, dont il assume la condition intérieure d’un organe ou d’un chez l’humain et l’animal (épaisseur du cores­­ponsabilité. métabolisme. cor­tex cérébral, couplage entre l’activité Neuro-imageur, programmeur, ingé- Plus concrètement, cet axe rassemble hémo­dynamique et l’activité neu­­ronale). nieur. Voilà qui peut schématiser le type de nombreux chercheurs majoritairement Frédéric Lesage, quant à lui, situe ses de compétence recherché ici et la place impliqués dans le design, la création, champs d'intérêt de recherche autour du prépondérante que doivent assumer, l’implantation, la validation et l’appli­ développement de nouvelles méthodes dans l’économie de cet axe, ces spécia­ cation de nouvelles techniques d’ima­ d’imagerie pour des problématiques listes à première vue loin de la médecine. gerie in vivo ; des scientifiques dédiés au ­neuronales, étudiées à la fois chez les

42 Recherche en santé mars 2011 humains (imagerie optique diffuse du (LINeM) reliant l’Inserm et l’Université cerveau lors de tâches cognitives et étude de Montréal, afin de faciliter les échanges du méta­bolisme neuronal) et chez les internationaux entre les unités de Julien petits ­animaux (étude de maladies Doyon (Unité de neuro-imagerie fonc- BEC UÉ

neuro­­­­­­­­­­­­dégénératives à l’aide de souris tionnelle du CRIUGM) et de Habib Benali Q U

trans­­géniques et de sondes moléculaires (Laboratoire d’imagerie fonction­nelle - D

E fluorescentes). UMR S678, CHU-Pitié-Salpêtrière). I R « Il ne s’agit plus simplement de voir Frédéric Lesage y participe aussi : « On y AGE

des formes à l’intérieur du corps par élabore des outils mathé­matiques et M I

­différentes méthodes non invasives, dit statis­tiques capables d’analyser la dyna­ O- BI Lesage, mais aussi de saisir des activités mique des connectivités fonctionnelles métaboliques. En fait, chaque technique et effectives associées à l’acquisition L’imagerie neuronale optique compte DE aussi parmi les modalités d’imagerie U image un processus physiologique ou d’habi­letés motrices. On partage aussi d’aujourd’hui. Portable et possédant SEA une forme : l’optique, par exemple, avec eux nos expertises en imagerie de à la fois une bonne résolution spatiale et temporelle, cette technique est idéale RÉ

mesure le volume et la vitesse du flux la moelle épinière, qui ressortent des LE sanguin. Le grand enjeu, ces années-ci, ­travaux du docteur Serge Rossignol. Cette pour étudier l’organisation corticale chez les populations plus difficiles « à imager », c’est le multimodal, la combinaison des collaboration permet en outre à nos en particulier les bébés et les personnes modalités d’imagerie… » ­étudiants de bénéficier de cotutelles. » très âgées. Au RBIQ, le développement La stratégie multimodale est en pleine L’Inserm multiplie depuis quelques de cette modalité d’imagerie est sous la gouverne notamment de expansion dans les centres d’imagerie années la création d’unités inter­na­tio­ DOSSIER Frédéric Lesage et de ses étudiants du monde entier. Sur le plan du diagnos- nales qui facilitent notamment l’échange en ingénierie de l’École Polytechnique tic, pouvoir combiner l’image anato­ d’expertises. de Montréal. mique et physiologique d’un organe, c’est-à-dire réunir les avantages de chaque technique sur le plan de la réso- lution temporelle et spatiale, constitue une avancée considérable. À Sherbrooke, Roger Lecomte a fait Sylvie Belleville le pari de fusionner trois modalités dif­ Décoder les signaux précoces de l’Alzheimer férentes : TEP, TDM et TEM. Donc bio­ chimie, anatomie et physiologie… « Nous souhaitons que les trois fassent appel au Les personnes présentant un trouble du haut), mais pas chez celles présentant même système de détection, et cela, pour cognitif léger (TCL) souffrent de problèmes un rendement cognitif moindre (cerveau ne pas avoir à utiliser les modalités l’une de mémoire qui ne répondent pas aux du bas). Ces données suggèrent qu’en après l’autre, nous forçant à corriger des critères actuels de la maladie d’Alzheimer. début d’évolution, le cerveau des personnes modifications de positions ou de mou­ On sait toutefois que plusieurs d'entre avec un TCL met en place des mécanismes elles sont dans une phase très précoce de cérébraux compensatoires pour diminuer ve­ments du sujet durant la prise des la maladie et évolueront éventuellement les effets néfastes de la maladie, mais que images. vers des stades plus sévères. L’objectif ces mécanismes disparaissent au fur et « Grâce à la mise au point de nouveaux des travaux de la docteure Belleville à mesure que les TCL avancent vers les détecteurs, poursuit-il, on travaille aussi est d’examiner les patrons d’activation phases avérées de la maladie d’Alzheimer. à réduire la dose de radiation qu’une per- cérébrale mis en branle lors de la réalisation de tâches de mémoire ou d’attention chez sonne peut recevoir lorsqu’elle doit se ces individus. Elle a observé que dans soumettre, durant une maladie par certaines régions du cerveau, il y a plus exemple, à plusieurs séances de radiogra- d’activation cérébrale chez les personnes phie. » Roger Lecomte mise sur la tech- avec un TCL (voir zones d’hyperactivation) nologie des photodiodes, dont il maîtrise que chez des personnes âgées sans problème cognitif particulier (voir zones le fonctionnement depuis plusieurs d’hypoactivation). Elle a aussi noté que années déjà, pour introduire l’imagerie ces phénomènes de « suractivation » étaient par comptage de photons en radiologie. présents chez celles qui avaient un meilleur On a aussi créé le Laboratoire interna- fonctionnement cognitif global (cerveau tional de neuro-imagerie et modélisation

43 mars 2011 Recherche en santé DOSSIER

ACTUALITÉS Et si la dernière crise des isotopes médicaux trouvait un début de réponse à Sherbrooke ?

Intitulé (traduction de l’auteur) « Production de 99mTc par cyclotron : une approche à la crise des isotopes médicaux », l’article11 est paru en avril 2010 dans la section « Newsline » du Journal of Nuclear Medicine. « Il s’agissait de redire, à la lumière de la crise actuelle, et à travers les données obtenues à l’aide de notre cyclotron, que les isotopes que l’on y pro- duisait étaient – d’un point vue radio-isotopique, radiochi- mique et biologique – d’aussi bonne qualité que ceux issus de l’habituelle filière nucléaire, dit le physicien nucléaire Roger Lecomte. Et notre article l’a clairement démontré. » Par la voie nucléaire, comme à Chalk River, les isotopes sont produits à partir de la fission de noyaux d’uranium enrichi (un produit hautement stratégique) par un flux intense de neutrons, avec quantité de déchets radioactifs ; à l’aide d’un cyclotron, comme celui de Sherbrooke (mais Ce cyclotron permet de créer les radiotraceurs (appelés aussi aussi celui que possède l’Institut neurologique de Montréal), isotopes médicaux) qui sont utilisés dans les technologies de les iso­topes sont plutôt le résultat du bombardement, bio-imagerie nucléaire, telle la TEP ou tomographie d’émission 100 par positrons. D’ici quelques mois, le CIMS disposera d’un par des protons, de molybdène-100 ( Mo), un isotope deuxième appareil qui permettra de hausser sa production. stable r­ elativ­ ement abondant, pour produire directement du ­technétium-99m (99mTc) sans déchets parasites. Il faut savoir que le 99mTc est requis quotidiennement à Dans la foulée de la crise des isotopes médicaux qui a secoué l’intérieur de 70 000 centres d’imagerie dispersés à travers le le monde médical au cours des deux dernières années, un monde. C’est de loin l’isotope – 70 % à lui tout seul – le plus article signé par six scientifiques9 du Centre d’imagerie molé- utilisé mondialement. On en produira bientôt en quantité à culaire de Sherbrooke et deux collaborateurs industriels cana- Sherbrooke à l’aide d’un second cyclotron dont la puissance diens10 est venu affirmer haut et fort qu’il existait peut-être pourrait permettre de satisfaire jusqu’à la moitié des besoins déjà à Sherbrooke une solution de rechange. du Québec ! Rechange à quoi ? Au fait que près des deux tiers de la pro- Avec les années, le Centre d’imagerie moléculaire de duction totale d’isotopes, pour la médecine nucléaire conven- Sherbrooke, en partenariat avec Lantheus Imagerie Médicale, tionnelle, est actuellement l’apanage de deux centrales est devenu, grâce à son cyclotron12, une plaque tournante de nucléaires seulement : l’une au Canada (Chalk River), l’autre l’approvisionne­ ­ment d’isotopes destinés à l’imagerie TEP aux Pays-Bas (Petten). Ce qui rend le monde entier vulnérable pour tout l’est du Canada. Il est également le seul centre au aux fluctuations ou aux accidents imparables. La solution, Canada et le second en Amérique du Nord à produire régu- pourtant connue depuis longtemps, n’a été l’objet d’une lièrement du cuivre radio­actif. démonstration décisive que tout récemment au CIMS de Compte tenu du vieillissement des réacteurs nucléaires Sherbrooke : la production des précieux radiotraceurs actuels à travers le monde et des coûts toujours croissants de non par un réacteur nucléaire, mais par des cyclotrons de leur entretien, les chercheurs en imagerie de Sherbrooke, moyenne énergie. de concert avec leurs partenaires industriels, ont décidé de

44 Recherche en santé mars 2011 mettre tout leur poids, et celui du cyclo- vient à grands pas : « Il sera installé en Inc., laquelle a conclu une entente mon­ tron, dans la balance : « Surtout que 2011. » diale exclusive de distribution­ des scan­ l’ajout d’un troisième cyclotron pour- Roger Lecomte est lié professionnel­ ners TEP conçus à Sher­brooke avec le rait rendre le Québec autosuffisant en lement à l’entreprise Advanced Cyclo­ géant General Electric Health Care BEC UÉ

matière d’isotopes médicaux », dit tron Systems Inc. En outre, il a créé en (GEHC) en 2008. Comme quoi nos cher­ Q U

Roger Lecomte. 2002, avec deux de ses anciens étudiants, cheurs possèdent aussi la fibre de D

E Si le troisième cyclotron n’est pas la société Advanced Molecular Imaging l’entre­preneuriat ! I R pour demain, le deuxième, lui, s’en (AMI), devenue depuis Gamma Medica AGE M I O- BI

9. Brigitte Guérin, Ph. D., Sébastien Tremblay, Ph. D., Serge Rodrigue, Jacques A. Rousseau, Ph. D., Véronique Dumulon-Perreault, M. Sc., Roger Lecomte, Ph. D., Johan E. van Lier, Ph. D. DE

10. Alexander Zyuzin, Ph. D., Erik J. van Lier, M. Sc., Advanced Cyclotron Systems Inc., Richmond, British Columbia, Canada. U 11. « Cyclotron Production of 99mTc: An Approach to the Medical Isotope Crisis », The Journal of Nuclear Medicine,

vol. 51, no 4, avril 2010. SEA

12. Cyclotron Ebco/ACSI à énergie variable (13-19 MeV) équipé de cibles (jusqu’à huit) pour la production des principaux RÉ 11 13 15 18 64

radio-isotopes émetteurs de positrons ( C, N, O, F, Cu). LE DOSSIER

STRUCTURE

Projets pilotes L’effet L’une des initiatives les plus appréciée par les membres du RBIQ est l’instauration d’un soutien à la recherche grâce à un programme de projets pilotes. Chaque projet pilote « réseau » peut se voir allouer un maximum de 10 000 $. Au cours des deux premières années de son fonctionnement, le réseau a En sa qualité de réseau de recherche, le RBIQ, depuis sa accordé son soutien financier à 29 de ces projets. « Ce pro- fondation,­ a mis en place une multitude d’activités qu’on gramme est crucial, dit encore Julien Doyon, directeur du pourrait dire « à valeur ajoutée », notamment une école d’été. RBIQ, car il permet aux jeunes chercheurs de générer les La seconde en date a réuni l’été dernier à Montréal (du 16 précieuses données préliminaires devenues aujourd’hui une au 18 août 2010) quatre chercheurs britanniques du centre condition sine qua non de l’obtention de tout finan­cement Functional MRI of the Brain (FMRIB) de l’University Oxford. d’importance. » Il y a été question, entre autres, d’approches méthodo- logiques de pointe utiles dans l’acquisition et l’analyse de Projets inter-réseaux données multimodales, ainsi que de l’apprentissage « hands- Le réseau a enfin mis de l’avant un programme de projets on » d’outils de traitement et de visualisation des images pilotes inter-réseaux (maximum de 14 000 $/projet, 50 % des disponibles avec la plate-forme FMRIB Software Library. « Si fonds provenant du RBIQ et 50 % du réseau partenaire). ce n’avait été du RBIQ, qui a permis de rassembler les bud- Deux projets conjoints avec le Réseau de recherche en santé gets nécessaires pour inviter de telles sommités mondiales, de la vision (notamment Réponses cérébrales à la lumière cela n’aurait pu se faire », disent ensemble Julien Doyon et chez des personnes non voyantes mené par Julie Carrier) et Robert Zatorre, organisateurs de cette école d’été. un projet conjoint avec le Réseau québécois de recherche sur le vieillissement, ont été accordés.

45 mars 2011 Recherche en santé DOSSIER

histoire Au « creuset » de la bio-imagerie québécoise Le Dr , légende vivante !

Même si cela peut paraître incroyable, il existe encore 61 ans plus tard un témoin de cet exploit : le docteur William Feindel. Plus étonnant encore, cet homme est toujours là dans son bureau du NEURO et encore actif. Il a 92 ans13 et met actuellement la der­nière main à l’histoire de la vénérable insti­tu­tion créée par en 1934. Né en 1918, le professeur Feindel a été formé à McGill, dans le giron du NEURO, et à Oxford en philosophie et en neuroanatomie. Il a travaillé deux ans avec Wilder Penfield lui-même, avant d’aller fonder en Saskatchewan le Dépar­ tement de neurochirurgie du University Hospital of Saskatoon en 1955. Lorsqu’il revient à McGill à la fin des années 50 – et au NEURO, qu’il n’a plus quitté depuis –, il se voit confier le poste de neurochirurgien en chef au Royal Victoria et, une dizaine d’années plus tard, devient le troisième directeur du NEURO, William Feindel, bientôt 93 ans et toujours à l'œuvre ! après Penfield et Rasmussen. C’est lui qui a introduit le concept de scintigraphie du cerveau à McGill et au Québec. Ce sont lui et son équipe de Le premier avait appris son « métier » avec l’un des maîtres recherche qui ont acquis les premiers tomographes par émis- mondiaux de l’anatomie clinique à McGill, , puis sion de positrons, tomodensitomètres et appareils par ima- il avait fait le saut en Europe pour peaufiner d’autres techni- gerie à résonance magnétique au Canada. Le docteur Feindel ques auprès du neuroanatomiste et lauréat d’un Nobel, a de plus été le directeur fondateur du Centre d’imagerie Ramon y Cajal, qui découvrit, à la fin du 19e siècle, l’existence cérébrale McConnell, à McGill. du neurone. À Saskatoon, il avait participé à l’amélioration de la pre- Le second, suivant une méthodologie consciencieuse, mière géné­ration de scanners. Qui plus est, il avait contribué avait rassemblé les données provenant de 400 cerveaux de à faire évoluer l’appareil, de sa forme carrée initiale à un patients épileptiques opérés sous anesthésie locale, qui design ­circulaire. « Car le cerveau est rond ! », dit-il. Et le voilà avaient accepté de témoigner à « cerveau ouvert » des réac- qui dessine de sa main de neurochirurgien de 92 ans un tions de leur corps aux différentes stimulations électriques crâne, en en détaillant les diverses couches : « Là, le scalp ; là, pratiquées par les neurochirurgiens sur leur écorce cérébrale la boîte crânienne ; et là, à l’intérieur, une mince couche (cortex). d’eau. Vous voyez les angles morts qu’un scanner carré crée Ainsi, Wilder Penfield et Theodore Rasmussen, respec­ en enserrant une tête humaine ? Vous voyez les zones qui se tivement fondateur et directeur scientifique de l’Institut neu- trouvent ainsi non balayées par les multiples caméras qui rologique de Montréal, produisirent-ils ce qu’on a appelé le composent l’enveloppe du scan ?, demande-t-il. premier homonculus. Parue en 1950 dans le livre The Cerebral « Et vous savez quoi ? dit-il avec un fort accent anglais, le Cortex of Man. A Clinical Study of Localization of Function,­ premier CT scan a été créé par une entreprise britan­nique l’une des premières car­togra­phies du cerveau aura donc été du nom d’EMI. Cette grande maison de disques, qui a mis réalisée sans qu’aucun équipement d’imagerie médicale sous contrat les Beatles, possédait à cette époque une petite intervienne dans le processus. division dédiée à la bio-imager­ ie. Le succès des Beatles aura

46 Recherche en santé mars 2011 BEC UÉ Q U D

E I R AGE M I O- BI

sûrement accéléré le développement des scanners ! », lance- DE U t-il, l’œil rieur. Toujours actif, disions-nous plus haut, le docteur Feindel SEA RÉ

est en train de terminer une volumineuse histoire du NEURO, LE qui a célébré ses 75 ans en 2009. À quand la livraison de l’ouvrage ? « Vous voulez connaître mon deadline ? demande- t-il. Et bien, dans ce cas-ci, compte tenu des “circonstances”, je suis obligé de vous dire que c’est moi… le deadline ! »

Il lui arrive encore de rencontrer, pour certains examens DOSSIER d’imagerie, quelques patients presque aussi âgés que lui, des personnes souffrant d’épilepsie (lobe temporal) qu’il a lui- même opérées au début des années 1960, selon une techni- que développée ori­ginellement à Montréal et reconnue mondialement depuis comme « the Montreal procedure ». « Et grâce à la puissance et à l’extrême précision de la neuro- imagerie contemporaine – notamment notre IRM 3T –, je peux arriver à voir aujourd’hui les “traces” de neurochirurgies que j’ai exécutées il y a plus d’un demi-siècle. »

« Grâce à la puissance et à l’extrême précision de la ­ neuro-imagerie contemporaine – notamment de notre IRM 3T – je peux arriver à voir aujourd’hui les “traces” 13. Il est le doyen des chercheurs encore actifs au NEURO ; sa collègue de neurochirurgies que j’ai exécutées il y a plus d’un , 93 ans le 15 juillet prochain, est toujours active elle aussi. demi-siècle », explique William Feindel.

47 mars 2011 Recherche en santé