© 2015 Centre de Suivi Ecologique (CSE) Conception : Déthié Soumaré Ndiaye - [email protected] Réalisation : Déthié Soumaré Ndiaye, Mohamed Ba, Fatou Rokhaya Doumouya Photos : CSE, ANA, ARD Fatick

2 Sommaire

Organisation administrative et milieu physique 4

Démographie et accès aux services sociaux de base 7

Principaux secteurs productifs 10

Agriculture 10

Elevage 11

Foresterie 13

Pêche et aquaculture 14

Exploitation de sel 14

Artisanat 15

Tourisme 15

Mesures de gestion durable des ressources naturelles 15

Quelques bonnes pratiques 16

Recommandations 18

Références bibliographiques 19

3 Le climat est de type tropical soudanien marqué par deux variantes : la variante sahélo-soudanienne dans les Organisation départements de Fatick et Gossas et la variante soudano- guinéenne dans le département de Foundiougne, avec des précipitations dont l’irrégularité et la faiblesse administrative décrivent un gradient nord-sud, variant entre 600 et 900 mm en moyenne/an. Les températures minimales oscillent entre 21°C et 22°C, alors que les températures et milieu physique maximales se situent entre 35°C et un peu plus de 36°C. La région de Fatick est couverte par une grande plaine dont la monotonie est rompue dans sa partie Nord par réée par la Loi n°2008-14 du 18 mars 2008, modifiant les deux vallées du Sine et du Car-Car, et au sud par la loi 84-22 du 22 Février 1984, la région de Fatick couvre la vallée de Djikoye. A l’Ouest, la vallée de Thiakor se Cune superficie estimée à 6685 km² en 2009. Elle est prolonge jusqu’en amont de Faoye. limitée à l’Est par la région de , à l’Ouest par l’Océan Atlantique, au Nord et au Nord-Est par les régions de Les sols de la région sont de 4 types : les sols ferrugineux Diourbel et de Kaffrine, au Nord-Ouest par la région de tropicaux (dior et deck), les sols hydromorphes des Thiès et au Sud par la République de Gambie (Figure 1). vallées, les sols halomorphes (sols salins ou « tanne ») et

Figure 1: Carte administrative de la région de Fatick au Sénégal

La région de Fatick compte 3 départements : les sols des mangroves observés dans les îles et les • Fatick (environ 39% de la superficie régionale) avec estuaires. La productivité de ces sols est fortement affectée 4 arrondissements et 3 communes (Fatick, par la salinité du fait de la baisse de la pluviométrie et de et Diofior) la forte teneur en sel des eaux stagnantes et de la nappe • Gossas (environ 16% de la superficie régionale) phréatique pouvant aller jusqu’à 10 000 mg/l par endroit. avec 3 arrondissements et 1 commune (Gossas) ; Le réseau hydrographique relativement dense comprend • Foundiougne (environ 45% de la superficie régio- principalement : les fleuves Sine (30 km) et nale) avec 2 arrondissements et 5 communes (120 km) et leur bolongs (le Diombos et le Bandiala, le (Foundiougne, Sokone, Passy, Soum et Karang Poste). Soundougou et le Nianning).

4 Figure 2 : Réseau hydrographique

Les ressources en eau souterraine sont caractérisées par des aquifères salés, surtout en ce qui concerne la nappe mæstrichtienne (entre 200 et 450 m) et celle du paléocène (entre 60 et 150 m), l’éocène étant peu productif dans la région. La nappe du Continental Terminal (entre 30 et 70 m de profondeur) dont l’eau est d’excellente qualité pour la boisson pour et l’irrigation. Les paysages de la région sont très artificialisés (Figure 3), avec une prédominance des zones de cultures sous pluie (84%). Les formations naturelles, pour l’essentiel confinées dans le département de Foundiougne, ne couvrent qu’environ 10% de la superficie de la région. Les formations naturelles sont dominées par les savanes (121 240 ha), suivies de la mangrove (63 765 Ha) qui confère à la région un important potentiel en termes de biodiversité et des steppes qui couvrent 11 193 ha.

Figure 3 : Carte d’occupation des sols

5 Figure 4 : Superficies des différentes classes d’occupation des sols (ha)

Figure 5 : Aires protégées de la région de Fatick

Le domaine forestier de la région de Fatick est composé de ces forêts classées est concentré dans le département de 14 forêts classées (Figure 5) couvrant une superficie de de Foundiougne (11 massifs forestiers couvrant une 87 577 ha, soit un taux de classement de 13%1. L’essentiel superficie de 84 900 ha)2.

1 IREF Fatick, Rapport annuel 2012 2 Idem

6 Fatick fait partie des régions les moins urbanisées du pays avec un taux d’urbanisation de 15,5% contre Démographie et 45,2% au niveau national. Á l’intérieur de la région, le département de Fatick est le plus urbanisé, suivi de celui de Foundiougne. Le département de Gossas présente le accès aux services plus faible taux d’urbanisation (Figure 8). sociaux de base

a population de la région de Fatick recensée en 2012 est de 795 290 habitants dont 395 577 hommes L(49,7%) et 399 713 femmes (50,3%), soit environ 6% de la population nationale. C’est une population très jeune, avec 47,0% de moins de 15 ans et 4,5 % seulement de plus de 65 ans. C’est le département de Fatick qui est le plus peuplé avec 370 773 habitants (46%), suivi de Foundiougne qui compte 307 982 habitants (39%), le département de Gossas ne comptant que 116 535 habitants (15%).

Figure 6 : Répartition de la population par département (Source : SRSD/Fatick 2013) Figure 8 : Taux d’urbanisation par département dans la région de Fatick

La densité de population au niveau régional est de 119 La région est caractérisée par sa diversité ethnique, la habitants au km2. Toutefois, on relève d’importantes variété de ses coutumes et traditions. Sa population disparités à l’intérieur de la région. Le département de est en majorité constituée de sérères (55,1 %), suivis Fatick présente la densité la plus forte, et Foundiougne la des wolofs (29,9 %), des pulars (9,2 %), des socés et plus faible (Figure 7). des bambaras (5,8%). La situation de carrefour dans l’histoire et de point de rencontres entre populations sérères venant de la vallée du fleuve Sénégal et mandingues (guélawars) venant de l’ancienne Sénégambie du sud ou de l’ancien empire du Gabou explique la richesse de son patrimoine culturel3 (cf Photo page 8).

Figure 7 : Densité de population rurale par département dans la région de Fatick (Source : ANSD, 2009)

3 Aminata NDOYE, La région de Fatick : patrimoine culturel et coopé- ration décentralisée, proximité et développement du territoire ; Mémoi- re de Master2 en Aménagement du territoire, décentralisation et dévelop-pement local, 2008-2009, 52p.

7 © ARD Fatick ARD ©

Cérémonie de danse traditionnelle à Fatick Un lieu de mémoire : tombe de Meïssa Waly à Mbissel (Fatick)

La région de Fatick abrite la dernière capitale du royaume En considérant les services sociaux de base pris individu- du Sine (Diakhao) et plusieurs sites classés monuments ellement, le niveau d’accès dans la région de Fatick est historiques : il s’agit de la Maison Royale, de la tombe du au-dessus de la moyenne nationale, exceptée pour les Maad a Sinig Coumba Ndoffène Famak Diouf (roi du Sine), infrastructures routières et les points d’eau (Figure 10). des tombes des Guélwars, des tombes des Linguères et du baobab Kanger, lieu de libation des rois du Sine. En 2009, l’indice d’accès moyen aux cinq principaux services sociaux de base ciblés était de 450 (pour un maximum de 500) dans la région de Fatick, soit une couverture de près de 85% de la population, alors qu’il est estimé à 400 (pour un maximum de 500) au niveau national. Fatick compte donc parmi les régions les mieux dotées en services sociaux de base (Figure 9).

Figure 10 : Proportion de la population ayant accès aux services sociaux ciblés (Source : ANSD, 2009)

Même si l’accès aux postes de santé dans la région la région y est plus satisfaisant qu’au niveau national, Fatick accuse un retard par rapport aux normes établies par l’OMS selon le ratio infrastructures sanitaires par nombre d’habitants (Tableau 1).

Tableau 1: Ratio infrastructures sanitaires par nombre d’habitants

Infrastructure Estimation du gap sanitaire Région de Fatick Norme OMS en 2012 Hôpital 1 pour 795 290 hbts 1 pour 150 000 hbts 5 autres hôpitaux Centre de santé 1 pour 113 612 hbts 1 pour 50 000 hbts 7 autres centres de santé Poste de santé 1 pour 9 582 hbts 1 pour 10 000 hbts Couverture assurée Case de santé 1 pour 3 413 1 pour 5 000 hbts Couverture assurée Figure 9 : Indice d’accès aux services sociaux ciblés selon la région (Source : ANSD, 2009) Source : Région médical Fatick, 2012

8 En considérant l’indice synthétique d’accès aux services sociaux de base par département dans la région (Figure 11), Fatick affiche le niveau d’accès le plus satisfaisant et Foundiougne est le plus défavorisé.

Figure 11 : Indice d’accès aux services sociaux ciblés selon le département (Source : ANSD, 2009)

Au niveau communal, Dionewar, Niodior, Diarrère, Toubacouta, Keur Saloum Diané, Keur Samba Guéye et Karang Poste sont les plus démunies. Toutes ces communes se trouvent dans le département de Foundiougne, à l’exception de Diarrère qui se trouve dans le département de Fatick (Figure 12).

Figure 12 : Indice d’accès aux services sociaux de base selon la commune (Source : ANSD, 2009)

L’infrastructure routière est dominée par la route nationale n°1 (RN1), qui traverse la région du Nord au Sud. Cet axe majeur qui vertèbre l’espace régional représente environ 43% des routes revêtues de la région. Au total, on compte 878 km de routes, dont 430 km revêtues et 448 km non revêtues4. Le mauvais état du réseau routier s’observe beaucoup plus dans le département de Foundiougne. Figure 13 : Réseau routier de la région de Fatick 4 PRDI Fatick 2013, Situation économique et sociale de Fatick, 2010

9 La région de Fatick occupe le 3ème rang pour la production d’arachide d’huilerie et d’arachide de bouche, et le 5ème Principaux secteurs rang pour la production de céréales. Ainsi, en 2011/12, la production arachidière était de 65 705 T (soit 12,5% de la production nationale) et la production céréalière de 120 productifs 795 T (soit 11% de la production nationale)5.

es principaux secteurs productifs de la région portent sur : l’agriculture, l’élevage, l’exploitation forestière, la Lpêche et l’aquaculture, l’exploitation du sel, l’artisanat et le tourisme.

• Agriculture L’agriculture occupe plus de 90% de la population active et est le pilier de l’activité économique régionale. Le rôle important que joue l’agriculture dans l’économie de la région est surtout lié à l’existence d’énormes potentialités qui concourent à son développement. Le mil constitue la © CSE, novembre 2007 novembre CSE, © principale culture vivrière (76%), suivi du maïs, du sorgho Vue d’une parcelle rizicole dans la vallée de Boli et du riz (Figure 14). Quant aux cultures de rente, elles concernent l’arachide, le coton, la pastèque et l’acajou. L’analyse du profil et des conditions de croissance de la végétation6 permet de déterminer les zones à risques de baisse de production agro-pastorale sur l’ensemble du territoire national (CSE, 2014). Pour le cas de la zone agricole du département de Fatick, le profil de croissance de la végétation durant la saison des pluies 2014 a été en deçà du profil moyen du département de 1999 à 2013 durant toute la période de croissance des cultures (Figure 15). Cette situation se traduit par des valeurs faibles de l’indice, traduisant des conditions défavorables à l’obtention de bons rendements. Figure 14 : Répartition de la production (tonnes) des cultures vivrières selon la spéculation en 2012 (Source : PRDI, Juin 2013) (Données DAPSA)

L’anacarde constitue pour l’économie locale un important levier de développement qui s’inscrit parmi les axes majeurs identifiés dans le cadre de la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA). La production d’anacarde est pratiquée par près de 15 GIE de planteurs regroupés au sein d’une fédération et occupe environ 4 559 hectares de plantations.

Figure 15 : Profil de croissance de la végétation dans la zone agricole du département de Fatick

Dans la zone agricole du département de Gossas, le profil de croissance de la végétation a été proche du minimum de la série de 1999 à 2013, durant toute la saison des pluies 2014. Les rendements sont affectés sans pour autant atteindre les niveaux de déficit enregistrés dans le département de Fatick (Figure 16).

Anacardier à Fatick 2010 CSE ©

5 PRDI Fatick, juin 2013 6 VCI : « Vegetation Condition Index », tiré de l’indice de végétation satellitaire NDVI (« Normalized Difference of Vegetation Index ») 10 Figure 16 : Profil de croissance de la végétation dans la zone agricole du département de Gossas

Au niveau du département de Foundiougne, le profil de croissance de la végétation de l’année 2014 a évolué en Tannes à Fatick deçà de la moyenne des valeurs d’indice de végétation de 1999 à 2013 durant le début du cycle des cultures. Cependant, contrairement aux départements de Fatick et de Kaffrine, la situation s’est favorablement rétablie à la deuxième décade du mois d’août, ce qui a limité les pertes de rendements consécutives aux mauvaises conditions de croissance de la végétation du début de la saison des cultures (Figure 17).

Erosion hydrique et protection de fortune à Keur Alioune Guèye

• Elevage

Figure 17 : Profil de croissance de la végétation des départements L’élevage occupe une place non négligeable dans l’écono- de Foundiougne mie régionale. Il se caractérise par l’existence de deux techniques traditionnelles : l’élevage pastoral fondé sur la transhumance et l’élevage sédentaire confiné dans Potentialités : disponibilité d’une main d’œuvre importante : le territoire villageois. Cependant le système d’élevage 80% de la population vit en milieu rural et la grande majorité a moderne tend à se développer grâce à l’intervention des comme première activité l’agriculture; diversité et aptitude des sols projets (PAPEL, Programme d’Insémination Artificielle), aux cultures du mil et de l’arachide ; savoir-faire des populations des ONG et de la Coopération décentralisée. Les dans la culture du mil et de l’arachide ; conditions pédoclimatiques principales espèces présentes au niveau du cheptel sont plus propices à la diversification et à l’intensification des cultures les ovins, suivis des caprins, des bovins, des porcins, des au sud de la région (département de Foundiougne) ; appuis divers équins et des asins (Figure 18). des services techniques et des partenaires au développement et des projets ; présence d’organisations de producteurs.

Contraintes : dégradation des terres (érosion éolienne, érosion hydrique, salinisation, pauvreté des sols) ; forte progression de la salinisation des eaux ; faible modernisation du secteur agricole ; déficit pluviométrique ; difficultés d’accès aux intrants et vétusté du matériel agricole ; insuffisance des ressources en eau ; faible niveau de commercialisation des productions (absence d’unités de transformation, circuits de commercialisation inadaptés) ; faible valorisation des produits agricoles. Figure 18 : Effectifs du cheptel régional en 2011 Source : PRDI/Service Régional de l’Elevage de Fatick

11 La répartition du cheptel par département révèle une disparité avec Fatick qui dépasse largement tous les Potentialités : existence de pâturages abondants dans le autres départements, pour toutes les espèces sauf département de Foundiougne ; présence de mares pastorales au niveau des équins et des asins. Par ailleurs, c’est naturelles pendant l’hivernage ; existence de races rustiques bien le département qui est le mieux équipé en ouvrages adaptées aux conditions locales ; disponibilités de sous-produits hydrauliques (Figure 19). agricoles propices à l’intensification de l’Elevage ; fort engouement des éleveurs pour les programmes d’amélioration génétique du cheptel (insémination artificielle bovine, caprine...) ; présence de structures de financement (CNCAS, Crédit Mutuelle du Sénégal, autres mutuelles d’épargne et de crédit) ; existence de Centres de formations à Sokone, Karang, Colobane et Samba Dia. Avec l’expérience du projet de biogaz domestique (PNB-SN), la zone peut développer son potentiel sur les énergies renouvelables. Les interventions en matière de gestion des ressources naturelles devraient donc intégrer ce type d’énergie car, beaucoup de ménages élèvent aujourd’hui du bétail.

Figure 19 : Effectifs du cheptel par département en 2011 Source : PRDI/Service Régional de l’Elevage de Fatick

La valorisation des productions animales est aujourd’hui un levier important du développement de l’élevage dans la zone. Avec l’installation de l’usine de Kirène pour la collecte et la transformation du lait, les efforts Journée de l’élevage à Fatick (29 décembre 2014) d’amélioration de la race (insémination artificielle) ©Google, Région de Fatick devraient permettre de satisfaire la demande de cette industrie et la consommation de la région. Contraintes : réduction permanente des espaces pastoraux causée par plusieurs facteurs dont le plus important est la salinisation des terres ; prédominance du système d’élevage traditionnel peu performant et à faible rendement ; rétrécissement du parcours du bétail en hivernage ; fréquence des feux de brousse surtout dans le département de Foundiougne ; insuffisance et vétusté des infrastructures d’élevage et de transformation ; fréquence des vols de bétail ; cherté de l’aliment de bétail ; insuffisance des forages et des adductions d’eaux ; difficultés d’accès au crédit.

Troupeau de chèvres ©ARD Fatick

12 • Foresterie La région de Fatick dispose d’un potentiel remarquable de par l’importance de ses domaines classé et protégé, mais aussi de par son potentiel faunique. Les formations végétales caractéristiques de la région comprennent entre autre le domaine des tannes et estuaires, une savane arbustive et une savane arborée. La richesse de la biodiversité de la région à travers la présence de zones humides dans la partie Sud-Est, avec de nombreux massifs forestiers dont le PNDS (Parc National du Delta du Saloum) et une importante mangrove (63765 Ha), contribue au développement du secteur du tourisme.

Potentialités : existence de forêts classées et de réserves de biosphère ; existence de plans d’aménagement participatifs, de programmes de réhabilitation des forêts (PAPIL, PROGERT, etc.).

Contraintes : importance de l’exploitation clandestine du bois (venn, cailcédrat et dimb) ; recrudescence des feux Figure 20 : Feux observés par satellite d’octobre 2013 à mai 2014 de brousses qui parcourent la plupart des forêts classées ; dans la région de Fatick absence d’organisation pour une gestion durable des massifs (jusqu’à maintenant seule la forêt communautaire de Diombos Du point de vue répartition spatiale, les feux sont enregis- a un plan d’aménagement qui est en train d’être mis en œuvre) ; trés dans les parties Est et Sud-est de la région à la limite baisse drastique du couvert végétal au niveau des zones de terroir. des forêts classées qui demeurent préservées des cas de feu. Les périodes les plus à risque vont de janvier à mars, avec des pics de près de 900 ha de superficies brulées La situation écologique de la région est marquée par entre janvier et février (Figure 21). une tendance générale de dégradation des ressources végétales, à cause de plusieurs facteurs. Les formations végétales de la région sont gravement menacées par les feux de brousse (Figure 20) et les coupes abusives. Le suivi des feux de brousse, effectué par satellite du 1er octobre au 31 mai 2014, montre que Fatick fait partie des régions les moins touchées par les feux de brousse (CSE, 2014). En mai 2014, la superficie totale des zones brulées dans la région de Fatick était estimée à 2 638 ha, soit environ 4% de la superficie de la région et moins de 1% des feux recensés, pendant la même période, sur Figure 21 : Superficies brulées (ha) pour la région de Fatick d’octobre 2013 l’ensemble du territoire national (548 610 ha). à mai 2014, comparées au niveau national

13 • Pêche et aquaculture Potentialités : existence d’une frange maritime et présence La pêche est une composante essentielle du dévelop- d’un important réseau hydrographique (Saloum, Sine, et de leurs pement économique et social de la Région de Fatick. affluents) ; présence d’importantes zones de mangrove ; diversité La région se classe au 5ème rang pour les productions des espèces ; dynamisme des organisations professionnelles halieutiques avec une production moyenne de 10 000 T/ de pêcheurs ; existence d’aires marines protégées (AMP) ; 7 an . Au niveau des zones côtières et insulaires, cette interventions actives d’ONG et de projets (WAME, WULA NAFAA, activité constitue le poumon de l’économie locale et les IUCN, PISA/FAO, ENDA GRAF, GIRMAC) ; présence de cours d’eau produits halieutiques représentent également la première pérennes (Saloum, Sine et leurs affluents) ; existence d’un marché source de protéines animales. De 9 800 tonnes en 2011, important de consommation de produits halieutiques ; existence les débarquements sont passés à 19 515 tonnes en 2014, de conventions locales. soit une variation positive d’environ 50% (Figure 22). Contraintes : insuffisance des infrastructures (réception, conservation, transformation) ; sous-capacitation des acteurs ; surexploitation de certains stocks ; destruction des habitats et dégradation des écosystèmes ; non-respect du port du gilet de sauvetage ; sous-équipement des femmes transformatrices de produits halieutiques ; enclavement des zones de débarque- ment (transport et commercialisation) ; faible connaissance du potentiel halieutique.

Figure 22 : Evolution des mises à terre (tonnes) • Exploitation du sel (Source : Service Régional de la Pêche Continentale de Fatick) La Région de Fatick possède un important potentiel en La valeur commerciale de la vente en 2011 s’élève à 4 120 production de sel. L’exploitation de sel est génératrice 000 FCFA contre 6 248 380 000 FCFA en 2014, soit une de revenus pour divers acteurs qui interviennent dans le hausse de l’ordre 2 128 398 000 FCFA8 (Figure 23). transport, l’iodation, le conditionnement, l’aménagement d’infrastructures, etc. Ce secteur recrute essentiellement une main d’œuvre féminine estimée à plus de 6000 personnes, dont les 2/3 sont organisés en GIE. Au plan économique, des pays d’Afrique Occidentale et Centrale expriment une demande croissante en sel. Sous ce rapport, le secteur offre de réelles opportunités d’exportation et un enjeu stratégique certain pour l’équilibre de la balance des paiements.

Potentialités : Forte teneur

Figure 23 : Évolution de la valeur commerciale (Milliards de FCFA) en sel des eaux de surface ; (Source : Service Régional de la Pêche Continentale de Fatick) présence d’un marché potentiel ; disponibilité de la ressource ; L’aquaculture est peu développée dans la région. Cependant bonne organisation et forte des potentialités existent et des essais ont été conduits implication des femmes ; sur la pisciculture, l’ostréiculture et la crevetticulture. proximité de l’usine de sel et du Fatick ©ARD, Exploitation du sel port de Kaolack. par les femmes à Fatick

Contraintes : insuffisance des infrastructures (réception, conservation, transformation) ; sous-capacitation des acteurs ; surexploitation de certains stocks ; destruction des habitats et dégradation des écosystèmes ; non-respect du port du gilet de sauvetage ; sous-équipement des femmes transformatrices de produits halieutiques ; enclavement des zones de débarque- ment (transport et commercialisation) ; faible connaissance du potentiel halieutique.

Pêche artisanale dans les bolongs © CSE 2010 CSE ©

7 PRDI Fatick 2013-2018 7 Service Régional de la Pêche Continentale de Fatick 14 • Artisanat Le secteur de l’artisanat occupe une place importante Mesures de gestion dans le développement économique et social de la région. Entre 2008 et 2011, le nombre d’artisans inscrits est passé de 4 112 à 5 375, soit une hausse annuelle de 10%. En 2011, durable des ressources la production occupait 55,8% des inscrits ; l’artisanat d’art 27,0% ; et le service qui concerne surtout les Très Petites Micro-Entreprises Artisanales (TPMEA) 17,2%. naturelles

Potentialités : présence de la chambre des Métiers a région de Fatick se distingue par l’importance de qui développe des activités de formation professionnelle et ses ressources naturelles et la remarquable diversité d’encadrement avec l’appui des bailleurs Lbiologique que l’on y retrouve. Cela a valu à la de fonds et l’Etat ; disponibilité de la région de disposer d’un important patrimoine classé : matière première avec l’importance forêts classées, aires marines protégées, réserves des ressources forestières ; communautaires, parc national et réserves de biosphère. existence de débouchés avec un Malgré tout, les ressources naturelles de la région secteur touristique dynamique. sont exposées à de nombreuses dégradations d’ordre chimique (salinisation des terres, baisse de fertilité, Contraintes : sous équipement réduction de la teneur en matière organique) ; biologique des artisans ; faiblesse de la surface (réduction de la couverture végétale, effets néfastes des financière des artisans ; difficulté d’accès au incendies, perte d’habitats, déclin de la composition des crédit et aux marchés ; insuffisance de centres de formation pour espèces) ; physique (compaction des terres, scellage et les métiers porteurs. encroutement) ; et celles liées à l’érosion hydrique ou éolienne (érosion des berges, perte de couche arable par érosion éolienne, ravinement). • Le tourisme Ces dégradations affectent toutes les fonctions des Ce sous-secteur recèle d’énormes potentialités et occupe écosystèmes : fonctions de production, fonctions écolo- une place de choix dans le tissu économique de la région. giques et fonctions socioculturelles et de bien-être humain. Pour y faire face, diverses initiatives sont mises en œuvre aussi bien par les populations que par les services techniques, les projets et les ONG. Ce sont des mesures qui visent soit à prévenir les dégradations, soit à les atténuer, ou encore à réhabiliter les zones en dégradation avancée.

Mesures Efficacité Impacts Reboisement Elevée Positifs sur la production végétale, la couverture du sol, le statut de la manière organique, la production Potentialités : existence de nombreux ‘’bolongs’’ et d’îles ; Labour perpendiculaire au sens Modérée Positif sur la structure du sol existence de plages de sable fin ; existence du Parc National du Delta de la pente et la production agricole du Saloum ; existence de monuments historiques, existence de divers Phosphatage de fond Modérée Positif sur la production sites de reproduction des oiseaux migrateurs ; richesse du patrimoine Mise en place de cordons pierreux Très élevée Positifs sur la production historique et socioculturel ; reconnaissance internationale avec Mise à feu précoce Modérée Positifs sur la couverture du sol, notamment l’inscription du Delta du Saloum au patrimoine mondial la production et la biodiversité de l’humanité et son admission aux Plus Belles Baies du Monde Mise en place de pare feux Modérée Positifs sur la couverture du sol, la production et la biodiversité depuis 2005. Reboisement de la mangrove Elevée Positifs sur la biodiversité Mise en défens par une surveillance Très élevée Positifs sur la biodiversité Contraintes : enclavement ; mauvais état des routes ; mauvaise stricte des zones protégées qualité de l’écoute téléphonique ; mauvaise qualité de l’eau de Plantations d’enrichissement Modérée Positifs notoires sur la production boisson ; éloignement des centres d’approvisionnement en produits Parcage naturel des animaux Elevée Impacts positifs sur la production de consommation courante ; faible niveau de vie des populations Rotation culturale Elevée Positifs sur la production ; érosion côtière ; salinisation des terres ; disparition du couvert Mise en défens Elevée Positifs sur la couverture du sol, végétal et de la faune ; etc. la biodiversité et l’environnement spirituel et esthétique Agroforesterie Modérée Impacts positifs sur la production Amendements organiques Modérée Positifs sur la production et la biodiversité Campement écotouristique dans l’Aire Marine Protégée de Bamboung

15 Quelques bonnes pratiques

• Récupération des terres salées Sénégal – Toolou PRECOBA (langue locale wolof)

Description : mesure de récupération des terres salées par reboisement avec des espèces halophiles.

Vue panoramique du reboisement des terres salées

Pour cela, il a été mis en place une clôture en fils de fer barbelés avec des piquets à base d’Eucalyptus camaldulensis, secondée par une haie vive. Le choix des espèces reboisées a été fait en fonction de la teneur en sel du milieu : Melaleuca leucadendron, une des espèces choisies pour le reboisement • Melaleuca leucadendron en zone de tannes nues A travers le projet PRECOBA (Projet de Reboisement salées ; Communautaire dans le Bassin Arachidier), le Service • Melaleuca leucadendron associée à Acacia holose- forestier Sénégalais a mené une expérience de ricea en zone de tannes avec une végétation récupération des terres salées par le reboisement avec herbacée, moyennement salé ; des espèces halophiles. Cette expérience, démarrée en • Melaleuca leucadendron et Prosopis juliflora en 1990, a eu lieu dans le périmètre de Poukham, du nom zone de tannes avec une végétation localement du village voisin de Poukham Tock, situé dans la Comme arbustive, moyennement salé et Rurale de Mbellacadiao. • Acacia holosericea associée à Prosopis juliflora en zone de tannes avec une végétation arbustive, peu salé. La parcelle expérimentale, d’une superficie de 50 ha, est localisée au bord du bras du fleuve Sine. Le déferlement Parallèlement, pour protéger ces espèces et assurer la des eaux salées de ce cours d’eau, combiné au phénomène production de bois d’énergie, une plantation massive a été de remontée capillaire des sels et au déboisement ont réalisée sur 8 ha avec Andropogon gayanus, Stylosanthes engendré une forte salinisation des terres. hamata et Stylosanthes sp (strate herbacée), Acacia holosericea (strate arbustive) et Melaleuca leucadendron La technique consiste à : (strate arborée).

• la confection d‘une diguette composée d’un bour- Les coûts associés à la mise en œuvre des activités relet en terre sur une distance de 1,5km, végétalisé proviennent de la prise en charge de la main d’œuvre avec Sporobolus robustus et assis suivant les (mise en place de la clôture, reboisement, surveillance) courbes de niveau afin d’éliminer le phénomène de et l’acquisition de matériel de construction (clôture, petit salinisation en surface ; et équipement, etc.). Ils ont été pris en charge entièrement • la mise en défens de la parcelle afin de promouvoir par le projet PRECOBA. Le matériel végétal a été fourni la régénération naturelle. par le service des Eaux et Forêts.

16 La technique a eu des effets positifs sur la réduction de Français pour l’Environnement Mondial (FFEM). la salinité, la production d’énergie et la disponibilité de bois de service et de bois d’œuvre pour les populations Bamboung est un sanctuaire de 6800 ha, avec des locales et même au-delà, pour la ville de Fatick. Mais sa écosystèmes diversifiés et riches. La mesure a commencé reproductibilité est limitée par le niveau élevé de technicité par des séances de sensibilisation des populations requis. La recherche et l’expérimentation constituent des locales, suivies de la délimitation de la zone à ériger en préalables pour l’étude de la teneur en sel du milieu, des aire marine protégée. Elle est divisée en deux parties : conditions topographiques et édaphiques. En plus, les • une zone centrale, marine ; et coûts de mise en œuvre des activités sont très élevés et il • une zone tampon, constituée d’une partie marine et y a un important besoin en matériel végétal. d’une partie terrestre. Par ailleurs, la réussite d’une telle mesure est fortement Par la suite, un dispositif de surveillance a été mis en tributaire de l’existence d’un plan de gestion et du respect place. L’AMP est aujourd’hui gérée par un comité de des normes de pérennisation de la ressource par les gestion dont les membres élus sont originaires des exploitants. quinze villages de la zone périphérique. Zone de nurserie, de frayère et de reproduction, sa fermeture a abouti à la • Aire mArine Protégée reconstitution de la faune terrestre et marine. Soixante- de Bamboung dix-neuf (79) espèces de poisson sont actuellement inventoriées contre cinquante et une (51) au début du projet. Les captures ont progressé en taille et en quantité, Description : Création d’une aire de protection des ce qui a abouti à l’augmentation des revenus dans les ressources marines. zones de pêche. L’érection de l’AMP a également permis

une meilleure protection des habitats (mangrove) et la Dans la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum (RBDS), disparition des feux de brousse. une aire marine protégée (AMP) a été créée en avril 2003 afin de lutter contre la dégradation des écosystèmes Avec la création d’un campement écotouristique dont de mangrove et la baisse des stocks causée par la les recettes des activités (écomusée, canoë kayak et surexploitation des ressources, les mauvaises pratiques randonnées pédestres) permettent de payer le salaire des de pêche (capture des juvéniles) et le braconnage des écogardes, l’AMP contribue à la création d’emploi et à la mammifères marins (lamantin). Dans cette zone, la diversification des sources de revenus des populations pression démographique combinée à la sécheresse qui riveraines. a entrainé la suspension des activités agricoles, ont accentué l’exploitation des ressources halieutiques, de Une partie des recettes versée au budget communal la mangrove et de la forêt (coupes abusives de bois, feux contribue à l’amélioration de leur bien-être en favorisant fréquents). l’accès à l’éducation et à la santé. Le succès de cette mesure, la première au Sénégal, a fait que les AMP se L’AMP a été mise en place à travers le projet « Narou sont rapidement démultipliées dans les autres régions. Heuleuk» (la part de demain, en langue wolof) développé Toutefois, la fermeture d’une AMP doit être couplée à des par l’Océanium, une association sénégalaise de mesures d’accompagnement pour éviter la pression sur protection et de conservation de l’environnement, pour les ressources des zones périphériques. Les coûts de mise la préservation des ressources halieutiques. Ce projet en place et de suivi sont élevés et requiert une expertise a été financé à hauteur de 900 000 Euros par le Fonds (équipement, suivi scientifique, sensibilisation).

17 Recommandations

• la vulgarisation des bonnes techniques culturales ;

• le renforcement de la sensibilisation des populations sur les questions de GRN en impliquant davantage les collectivités locales ;

• la promotion des visites d’échange entre les communautés sur les bonnes techniques de restauration des terres ;

• l’application rigoureuse des textes réglementaires ;

• la sensibilisation, la formation et l’éducation des populations sur les bonnes pratiques de pêche et de gestion environnementale (y compris au niveau scolaire) ;

• l’intensification de la restauration de la mangrove ;

• la mise en place de comités de cogestion avec les populations sur l’exploitation de la mangrove ;

• la multiplication des digues anti sel ;

• la multiplication des plantations d’enrichissements pour lutter contre la remontée capillaire ;

• l’intensification de la production agricole pour maintenir/améliorer les rendements sans étendre les superficies emblavées ;

• le développement de l’agroforesterie ;

• l’utilisation de la fumure organique pour une meilleure restauration de la fertilité des sols ;

• le dragage des chenaux de navigation sur le Saloum ;

• la mise en place d’un programme national de régénération ou restauration de la fertilité des sols (phosphatage de fond, amendement organique) ;

• un meilleur équipement des services techniques ;

• le développement de la régénération naturelle assistée.

18 Références bibliographiques

A Nsd, 2010. Situation économique et sociale de la région de Fatick

ANSD, 2011. Enquêtes villages 2000 et 2009 : les disparités géographiques de l’accès aux services sociaux de base au Sénégal. Projet d’Appui à la Stratégie de Réduction de la Pauvreté (PASRP). Avec l’appui de l’union européenne

ANSD, 2009. Enquête villages de 2009 sur l’accès aux services sociaux de base. Rapport final. Projet d’Appui à la Stratégie de Réduction de la Pauvreté (PASRP). Avec l’appui de l’union européenne

Aminata NDOYE, 2008-2009 : La région de Fatick : patrimoine culturel et coopération décentralisée, proximité et développement du territoire ; Mémoire de Master2 en Aménagement du territoire, décentralisation et développement local, 52 pages

CSE, 2014. Suivi de la campagne agricole et des feux de brousse 2014

CSE, 2010. « Best practices ». Recueil d’expériences de gestion durable des terres au Sénégal. Projet Land Degradation Assessment in Drylands (LADA)

CSE, 2009. Evaluation de la dégradation/gestion durable des terres au Sénégal. Projet LADA

Conseil Régional de Fatick, Juin 2013. Plan Régional de Développement Intégré (PRDI) de Fatick 2013-2018

Conseil Régional de Fatick, 2007. Plan d’Action Environnemental Régional (PAER) de Fatick

PAPIL, 2013. Etude diagnostic et cartographie de la salinité des sols et des eaux dans les régions de Fatick et Kaolack, Projet PAPIL, Rapport final avril 2013

PAPIL, 2013. PGES, Rapport final, mars 2013

19