Br B Tsfî. RAPPORT
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Br b tSfî. RAPPORT du Conseil d’Administration et de Direction du Populaire 'Û MAi Camarades, Aussitôt réalisée la scission qu’avaient voulue et amenée les prétendus « communistes » dociles aux ordres de Mos cou, dès que vos délégués, fidèles à leurs mandats et au Pacte d’unité, eurent décidé d'achever le Congrès de Tours en maintenant tel qu'il avait été et devait être le Parti socialiste S. F. I. O., il n’y eut qu’un cri parmi eux, répété immédiatement d’ailleurs par tous les membres du Parti qui avaient suivi anxieusement les débats du Congrès : « Il nous faut un journal quotidien du matin! » Donner toutes les raisons qui rendaient indispensable, aux yeux de chacun, l’existence d’un organe central repré sentant l’unité d’action du Parti et servant de trait d’union entre toutes ses fédérations et sections, non seulement dans la période de première réorganisation qui s'imposait tout de suite, mais dans l’avenir, pour continuer l’œuvre de pro pagande et d’éducation parmi les travailleurs serait inutile. Elles sont assez évidentes pour avoir frappé, dès le premier moment, ceux qui assistaient comme ceux qui n’assistaient pas au Congrès. Mais, pour fonder et faire vivre un grand quotidien à Paris, deux éléments sont nécessaires : un premier fonds pécuniaire assez considérable pour parer aux dépenses immédiates et le concours assidu de tout le Parti. On ne pouvait envisager le second que comme devant se produire peu à peu ; le premier manquait complètement. La caisse du Parti était à peu près vide, vous savez par suite de quelles circonstances. Aucune précaution n’avait été prise en vue d’une scission et c’est la meilleure preuve, entre paren thèses, qu’elle n’avait été de notre côté ni cherchée, ni désirée. Ce n’était pas à Tours même que pouvait être mis debout un journal quelconque. Le Congrès fit çe qu’il avait à faire: il donna mandat à la Commission administrative perma nente, réélue et complétée, de désigner une Commission spéciale de la presse, chargée de rechercher les ressources et les moyens exigés pour la publication d’un quotidien cen tral et qui, lorsqu’elle aurait accompli cette tâche, devien drait le Conseil d’administration de l’organe nouveau, avec les pouvoirs définis par le Congrès de Saint-Quentin, il y a dix ans. Cela fut fait dès le retour de la C. A. P. à Paris. La Com mission du journal fut désignée par elle, conformément à son mandat. Elle comprenait les citoyens : Bracke, H enri CouRMONT, Raoul Evrard, Emile Farinet, Paul Faure, E. Fiancette, Eugène G aillard, Emile G oude, A ndré Le Troquer, G eorges Mauranges, Maurice Morin, D. Paoli, Pierre Renaudel, Marcel Sembat. C’est elle qui, devenue maintenant, comme l’avait voulu notre Congrès de Tours dans sa dernière séance. Conseil d’administration et de direction du Populaire, vous présente aujourd’hui ce rapport pour examiner avec vous ce qui a été fait et ce qui reste à faire tant par elle que de la part du Parti tout entier. Elle peut dire qu’elle a travaillé aussi vite qu’il était pos sible. Bien des camarades auraient voulu voir plus tôt leur journal en pleine existence. Qu’ils sachent bien qu’aucun retard ne s’est produit ni par mauvaise volonté, cela va sans dire, ni par négligence. C’est avec ardeur qu’elle s’est mise à la besogne, toujours d’accord avec la C. A. P. Pas un instant on a pu penser que le journal désiré pût être VHumanité. L’organe fondé par Jaurès en vue de l’unité du Parti ne pouvait être monopolisé par une fraction. Nous n’avons pas à vous rappeler dans le détail les efforts tentés par la C. A. P. pour que cette injure fût épargnée au nom de Jaurès. Vous avez été mis au courant, par des circulaires - 3 -- et des publications, de la proposition faite au « Parti com muniste » et de l’accueil qui lui a été fait. Quelques-uns ont pensé qu’il eût suffi de faire paraître le matin le quotidien du soir qu’était, avant Tours, le Populaire, C’est se ‘ méprendre sur les conditions différentes où se publie un journal du soir, ne dépassant guère Paris et la banlieue très proche et un journal du matin destiné à rayonner dans tout le pays. Pour l’organisation des services de départ, de correspondance, de rédaction d’un journal du matin, un capital de départ suffisant à garantir les premiers mois d’existence est indispensable et serait sensiblement le même s’il s’agissait de la transformation d’un journal du soir existant, quand même — et ce n’était pas le cas — celui-ci eût été en pleine prospérité. La recherche de ce capital a été la première de nos préoccupations. Il a fallu faire appel à toutes les bonnes volontés et il ne serait pas juste de ne pas dire ici que, sans l’activité ingénieuse de Léon Blum, de^ fonds suffisants et libres de toute condition n’auraient pas été réunis en si peu de temps. D’autre part, que serait le journal nouveau? Prendrait-il le titre du Populaire ou en porterait-il un autre? On exa mina la question et les arguments pour et contre furent échangés. La C. A. P., consultée, préféra la solution qui conserverait le titre du Populaire. Dans un cas comme dans l'autre, d’ailleurs, étant donnée l’impossibilité de garder un Populaire du soir concurremment à un nouveau journal du matin, il y avait lieu de parer au déficit devant lequel se trouvait alors laTfeuille du soir. Il fallait débuter dans une situation bien nette. Il fut décidé que la Société du Populaire serait dissoute, dans des conditions de liquidation honorable et qu’une Société nouvelle serait constituée. Elle l’a été par un acte du 25 mars 1921, après le dépôt légal de ses statuts. Ces statuts sont, à quelques détails près, ceux qui avaient été adoptés pour la société nouvelle de VHumanité. Ils con servent, entre autres, au Parti socialiste S. F. I. O. la nomi nation de la direction politique du journal et celle des membres composant le Conseil d’administration et de direc tion. Provisoirement la direction politique a été remise, d’un — 4 •commun accord, aux citoyens Léon Blum et Jean Longuet. Conformément aux statuts, le Conseil d'administration et de direction a désigné, comme administrateur-délégué du journal, le citoyen D. Paoli, qui avait succédé à Beuchard dans les fonctions d’administrateur adjoint de VHumanité. En même temps qu’on recueillait des fonds et qu’on pro cédait, avec les formalités exigées par la loi, à la consti tution d’une Société et à la liquidation de l’autre, on orga nisait une rédaction, formée en très grande partie de cama rades ayant appartenu, soit à {Humanité, soit au Populaire. On peut dire qu’elle réunissait d’excellents éléments de suc cès et qu’entre autres, depuis le matin où parut le premier numéro du Populaire jusqu’au jour où comme nous allons le dire, il dut se restreindre pour un temps, vous aviez pu lire d’abondantes et sûres informations sur le mouvement socia liste à l’étranger, comme celles du camarade Alessandri sur l’Italie et celles de Caussy sur l’Allemagne. Les citoyens qui avaient assumé la responsabilité d’accep ter de la C. A. P. le rôle d’administrateur de la société nouvelle du Populaire se représentaient fort exactement ceci. Dans les conditions actuelles faites à la presse, plus encore qu’auparavant, les premiers mois de la vie d’un jour nal ne peuvent se solder que par un déficit, qu’est destiné à couvrir le premier fonds de roulement. Et ce déficit se renouvelle indéfiniment tant que n’intervient pas, pour le réduire et le faire disparaître, l’augmentation constante du public acheteur. L’agrandissement du cercle des lecteurs, pour un organe de Parti comme le nôtre, c’est l’affaire du Parti lui-même dans chacune de ses fédérations, dans chacune de ses sec tions, dans chacun de ses membres. Il faut compter et on compte sur la collaboration des camarades qui ont la charge de faire paraître le journal et de tous les autres camarades qui veulent que ce journal, regardé par eux avec raison comme une nécessité, existe et vive. Le journal a été créé. A-t-on tout fait pour que son essor aille grandissant? Voyons où nous en sommes. On est parti à quatre pages se vendant 15 centimes. Il avait paru, en effet, au moment où la plupart des grands journaux revenaient à ce prix qu’on ne pouvait se per- mettre d'en adopter un plus élevé, sans se mettre dans un état d'infériorité dès le premier élan. Ce qui est possible une fois qu’on a déjà acquis une clientèle, même faible, mais fidèle, ne l’était pas pour commencer. Les frais de lancement, d’affiches, d’abonnements, de propagande, etc., ont absorbé de prime abord une bonne partie du capital de départ, dont un peu plus du tiers, au reste, était exigé par l’opération indispensable de la liqui dation du Populaire du soir. Le surplus a servi à soutenir le journal durant le premier mois. Il n’a été accru que dans une mesure insuffisante par la souscription d’actions et d’o bligations. Quoique, dès le premier jour, rédaction et admi nistration aient été organisées et gérées avec un souci cons tant de l’économie, on a peu à peu.