Miroir Du Temps Au Cœur Du Roumois : Canton De Routot
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
ISBN 2-86 743-139-5 @ Editions Bertout "La Mémoire Normande " 76810 Luneray MIROIR DU TEMPS AU CŒUR DU ROUMOIS MARTHE PERRIER MIROIR DU TEMPS AU CŒUR DU ROUMOIS CANTON DE ROUTOT PRÉFACE Je connais l'auteur de cet ouvrage, une femme enthousiaste qui après une longue carrière dans l'enseignement - durant laquelle elle fut lauréate du prix "Pauline Kergomard" et promue Officier des Palmes Académiques - s'est prise au jeu du "passé retrouvé" au point de publier un ouvrage documenté et attrayant sur un joli coin de Normandie qui lui semble un peu oublié et méconnu : le Canton de Routot. Tâche difficile car ce Canton qui s'étire sur 23 kilomètres- connaît des limites arbitraires et les villages, sans liens évidents y conservent encore une forte individualité. Peut-être ce livre aidera- t-il à la cohésion du Canton dont il dégage le charme et les richesses et contribuera-t-il à son développement touristique ? Tout a commencé par une 'très belle exposition "le passé retrouvé" sur le village de La Haye-Aubrée, exposition conçue par l'auteur qui y réside et refusait de s'endormir dans une paisible retraite, et réalisée avec le concours du club local des aînés ruraux. Le succès de cette exposition, l'intérêt que lui portèrent les habi- tants du village et ceux des alentours ont incité l'auteur à élargir son sujet. Avec l'enthousiasme et la volonté qui la caractérisent, Madame Perrier s'est lancée dans une véritable course aux trésors de notre patrimoine local, interrogeant les archives, sollicitant les gens, allant de découverte en découverte, de rencontre en ren- contre, accumulant inlassablement documentation et photogra- phies. Pourquoi alors ne pas aller encore plus loin dans cette aven- ture en publiant toutes ces notes sous la forme d'un livre clair et vivant, à la portée des lecteurs de tout âge ? Et nous voilà entraî- nés à découvrir au fil des pages tous les témoins architecturaux ou naturels qui illustrent les paysages actuels du Canton de Routot et qui sont bien souvent le reflet de la vie des hommes qui nous ont précédés et qui ont tenté de le modeler à travers les siècles. Le tout présenté dans une description minutieuse ponctuée de récits authentiques et d'anecdotes piquantes trouvées dans les archives. Les passionnés du patrimoine ne manqueront pas de s'atta- cher à la configuration bien particulière de ce coin de Normandie. Aux élus, aux collectivités locales et aux particuliers de conjuguer leurs efforts pour sa sauvegarde et sa mise en valeur. Claude Hurabielle Conseiller Général du Canton de Routot Maire de Bourg-Achard INTRODUCTION "Les hommes n'ont pas la mémoire de l'histoire, ils n'ont que celle de leur souvenir et celle des souvenirs de leurs pères, au-delà, c'est la nuit". Georges Suffert (Le Point 2-10-1978). C'est à la Révolution que le département de l'Eure a été créé et divisé en districts ou arrondissements eux-mêmes divisés en cantons. Le 22 décembre 1789 le district de Pont- Audemer était divisé en neuf, il fut réduit à huit par la loi du 27 fructidor de l'an IX (septembre 1801). Bourg-Achard chef- lieu de canton fut rattaché à Routot, il l'est encore aujourd'hui. Le Roumois s'est trouvé partagé en trois : Routot, Bourgtheroulde et Quillebeuf. Le canton de Routot est limité au nord par la forêt de Brotonne qui avoisine Etreville, La Haye-Aubrée, La Haye de Routot et Hauville. Au Landin, à Barneville, une crête haute de plus de 140 mètres descend rapidement vers la Seine jusqu'à 5 mètres, on la retrouve à Caumont à l'est. Au sud une même ceinture verte l'entoure avec Saint-Ouen-de- Thouberville, Bosgouët et Bouquetot, proches de la forêt de la Londe et Rougemontier dont le territoire empiète de plu- sieurs hectares sur la forêt de Montfort. Le canton long de plus de vingt kilomètres a une altitude moyenne de 130 mètres, il n'est traversé par aucune rivière. Les puits sont extrêmement rares, la nappe phréatique se trouvant toujours à une centaine de mètres de profondeur. Le calcaire est recouvert d'une argile à silex en poches irrégulières, parfois divisées par des pitons de craie et sur la partie supérieure d'un limon des plateaux avec des biefs à silex. Argile et limon maintiennent une humidité persistante qui donne à la région cette verdure qui fait sa richesse et son agrément. Par temps de pluie l'eau de ruissellement s'est, au cours des siècles, creusée un chemin, toujours le même, qui descend les pentes du plateau, vers la Seine au nord et à l'est, vers la Risle au sud : ces "chemins d'eau" comme les appelaient les anciens prenaient parfois l'allure de minces filets d'eau, mais se transformaient de temps en temps en véritables torrents. La toponymie les a retenus : le ravin de Chopillard entre La Haye-Aubrée et Etreville, la cavée Ferrand à Hauville, le fond Pierraux à Valletot. Les communes s'alignent sur le plateau. Le législateur de la Révolution les a dotées d'une municipalité mais il n'a fait qu'en reconnaître l'existence, les villages existaient depuis de nombreux siècles. Les divisions administratives ne correspondent pas toujours aux anciennes limites, elles tranchent les liens qui existaient, ils se renouent aujourd'hui. Brestot qui s'était vu rattaché au canton de Monfort, dépend depuis quelques années du canton de Routot sur le plan scolaire, extra-scolaire, religieux et postal. Le conseil municipal a le 12 mars 1991 voté à l'unanimité son adhésion au S.I.V.O.M de Routot sur le plan loisirs et tourisme. Géographiquement Brestot appartient aussi au canton, il est situé sur le même plateau, culmine à 137 mètres et empiète sur la forêt de Montfort comme Rougemontier. Avec sa remarquable église et le château de Brumare, Brestot vient enrichir le canton de Routot où nous voulons flâner et si quelques incursions nous emmènent dans une commune voisine, c'est pour mieux appréhender cette partie du Roumois souvent oubliée, méconnue dont les richesses ne sont pas ou peu perçues, la plupart du temps parce qu'on les ignore, bien souvent parce qu'elles ne sont pas valorisées. Quelques escapades dans la forêt de Brotonne, la forêt de la Londe et celle de Montfort qui encerclent la région rappelleront combien elles étaient liées avec les villages et leur étaient indispensables. Le relief toujours le même apportait aux mêmes lieux, la même rencontre des routes, les mêmes rassemblements dans les villages qui sont l'œuvre d'une population autre- ment nombreuse que l'humanité clairsemée qui anime la campagne actuelle. Bien souvent détruits, ils étaient toujours réapparus grâce à cette population nombreuse ; aujourd'hui alors que bon nombre d'habitants les désertent, on peut s'inquiéter pour leur avenir ! Le paysage était la résultante de l'activité humaine. Tous les villages offraient encore aux visiteurs du XIXe siècle un paysage de boqueteaux épars dans des champs ouverts. Cet aspect s'est brusquement mis à changer depuis quelques dizaines d'années, les petites exploitations agricoles disparaissent : entre 1970 et 1988 leur nombre a baissé de 32% en même temps qu'une trans- formation agricole s'amorce : les surfaces en herbe dimi- nuent suite aux opérations de remembrement et à l'évolution des quotas laitiers. Un retour à l'ancien temps s'amorce bizarrement, la C.E.E propose depuis 1989 une prime aux exploitants qui s'engageraient à pratiquer la jachère tournante. Avec les techniques modernes, les autoroutes ignorent le relief, plus de détours, la ligne est droite, on est pressé... parfois le "bourg" s'est trouvé divisé, amoindri, amenant la municipalité à essayer de retrouver une unité bien aléatoire ! Ce livre souhaite présenter cette partie du Roumois et inciter le lecteur à aller découvrir non seulement les nom- breux monuments et sites classés (la moitié des communes en possède chacune un à quatre) mais aussi les nombreux manoirs ou sites anonymes qui apparaissent au détour d'un chemin ou derrière un rideau d'arbres. A partir de ces élé- ments architecturaux ou naturels, retrouver le passé et en parcourir les étapes qui le relient au présent, pas pour le faire revivre, seulement pour ne pas l'oublier. Les person- nages rencontrés quant à eux, témoignent d'un passé à peine vieux d'un siècle, si différent d'aujourd'hui que les jeunes l'associeraient, pour un peu, à une époque voisine des dino- saures dont on parle tant aujourd'hui et pourtant, parfois, c'est seulement celui des grands-parents ou des arrière- grands-parents de la génération actuelle... CHAPITRE PREMIER GENÈSE PRÉHISTOIRE Les siècles ont effacé toute trace d'habitat du temps de la préhistoire, mais de nombreux outils trouvés souvent au moment des labours, attestent de la présence de l'homme avant Jésus-Christ. Rarement répertoriés, ces outils sont conservés méticuleusement dans les familles, à La Haye- Aubrée, à Bouquetot, à Barneville, à Caumont. Ils datent de la période paléolithique quand l'homme s'exerçait à obtenir ses premiers outils : racloir, perçoir, pointe de flèche, hache taillée... C'était il y a des milliers d'années, les haches polies sont plus jeunes : cinquante mille ans environ... C'est à Bosgouët que l'on peut avec un peu de chance trouver la Pierre de Malmains ou "pierre tournante". Cette pierre désignée par les anciens auteurs, parfois comme men- hir, parfois comme dolmen fait l'objet de nombreuses légendes. LA PIERRE TOURNANTE DE MALLEMAINS "Au hameau de Mallemains aux confins de la forêt de la Londe, on rencontre un tertre peu élevé, couronné par quelques sapins.