Les routes en Algérie française 1 / 2

Source : Gallica (BnF), site routes.fandom.com

La carte de l'ancienne Afrique (romaine) nous montre le pays couvert de routes qui le sillonnent dans tous les sens. Sétif, Cirta, Lambessa, Hippone, étaient autant de riches carrefours où se croisaient les communications : 10 routes passaient à Sétif, 6 à Cirta et à Hippone, 5 à Lambessa.

En 1830, « Il n'y avait ni ponts ni routes. Depuis longtemps, les broussailles ou les arbres avaient recouvert les derniers vestiges des voies romaines. »

Le 25 juin 1830, une première route fut tracée de Sidi Ferruch à Staouëli (4 km), prolongée jusqu'à Sidi-Kalef …

En 1833 le général Théophile VOIROL, né en 1781, créait des routes pour qu’on pût, d’Alger, accéder à la place du marché de Boufarik distante de 30 km.

Seulement 10 ans après la conquête, il y avait déjà 350 km de routes.

Les soldats de Bugeaud (vers 1842) … en 12 mois, percèrent 19 routes, dont 12 praticables … 163 lieues (environ 650 km) de routes carrossables.

En juillet 1848, le 53ème régiment d’infanterie, sous les ordres des futurs maréchaux Saint-Arnaud et Bosquet, aidé de détachements de zouaves et des 6ème et 7ème compagnies disciplinaires (il y en a 12) traça à la pioche, à la barre à mine et à l’explosif des pistes dans la région de Blida ; celles-ci furent transformées ensuite en routes empierrées.

11 juillet 1857

Dans l’Algérie, ce qu’elle est, ce qu’elle doit être … par Clément Duvernois (1858) : « Nous savons bien que les rapports officiels constatent l'existence d'un réseau complet de voies empierrées, mais nous n'engageons pas nos lecteurs à voyager sur ces routes pendant l'hiver : ils pourraient apprendre à leurs dépens à connaître ce qu'on appelle route en Algérie. Si, par exemple, ils s’abandonnaient à la mauvaise carriole qui dessert la route impériale d’Alger à Aumale, ils courraient grand risque de s’arrêter pendant 15 jours à mi-chemin, ne pouvant plus continuer leur voyage, grâce à 32 rivières sans ponts … La seule route praticable en toutes saisons dans la province d’Alger est celle d’Alger à Blida, sur un parcours de 48 kilomètres. Nous y ajouterions celle de Blida à Médéa, si une roche ne s’y éboulait trois ou quatre fois par an, et n’y interdisait, alors, pendant plusieurs jours, la circulation. »

Dans l’Algérie nouvelle du 26 juin 1859, 2ème conseil de guerre de la division d’Alger, siégeant à Blidah, audience du 8 juin 1859, assassinat du courrier d’Aumale : « Me Lethéric termine en disant au conseil : « Le verdict que vous allez rendre contentera tout le monde et prouvera qu’on a eu tort de jeter l’inquiétude dans les esprits en faisant croire qu’en Algérie les routes n’étaient pas sûres. Si on a à déplorer la perte d’un courrier, il faut l’attribuer au déplorable état des routes, à l’impétuosité du torrent et non à un assassinat. » … Me Gechter se plaint amèrement de la publicité qui a été donnée à cette affaire, et il ne comprend pas que certaine feuille se soit plaint à ce propos du mauvais état des routes en Algérie. »

Dans l’Algérie devant le Sénat (1863) : « Souvent, pour arriver au lieu de destination, il n’y a pas de routes, si ce n’est quelque mauvais sentier arabe au milieu de broussailles épineuses et, dès l’entrée en campagne, le convoi doit jouer de la hache pour faire tomber les principaux obstacles, et cette tâche ne finira que le jour où, après une longue attente, l’administration pourra ouvrir une route digne de ce nom. »

En 1864, le colonel de Martimprey, gouverneur général de l'Algérie, écrit encore dans son rapport à destination de : « Les voies de communications principales ne sont que des sentiers étroits … »

Dans le Bilan de l’Algérie à la fin de l’an 1864 par Leblanc de Prébois : « L’Algérie est donc encore, à peu de choses près, le pays des transports à dos de mulet ou de chameau, le pays des caravanes … … Le gouvernement local peut-il ouvrir des routes ? Non, les prévisions du budget réglé à Paris ne le lui permettent pas. … Il faut ouvrir des chemins praticables en tout temps … »

En 1864 (jusqu’en 1870), début du tracé de la route impériale n°1 d’Alger à Laghouat, par Médéa, de la route impériale n°2 de Mers-el-Kébir à Tlemcen, de la route impériale n°3 de Stora à Biskra, par Constantine, de la route impériale n°4 d’Alger à Oran, par la vallée du Chéliff

Le 24 octobre 1866, route impériale n°5 d’Alger à Constantine, par Sétif

Le 12 novembre 1866, route de Fort-Napoléon

Le 21 octobre 1867, route provinciale n°8 de Médéa à Miliana

En 1870, le ministère de l’agriculture, du commerce et des travaux publics diligente une enquête agricole pour l’Algérie, la Tunisie et le Maroc : « Les routes sont en très mauvais état et réclament des améliorations considérables … En Algérie, les routes non empierrées sont carrossables pendant 8 ou 9 mois de l’année. »

Procès-verbaux des délibérations du Conseil supérieur du gouvernement du 1er janvier 1875 : « Les habitants de La Calle ne sont pas encore reliés au reste de l’Algérie : la route entre Bône et La Calle n’est pas encore finie, et ceux qui l’ont traversée pendant la mauvaise saison savent qu’on ne peut pas y faire passer la plus légère voiture … »

En 1879, début du tracé de la 6 d’Oran à Géryville, par Mascara, de la de Relizane au Maroc, par Mascara, de la d’Alger à Bou-Saâda, par Aumale, de la de Bougie à Sétif, par Chabet-el-Akra, de la des Ouled- Rahmoun à Tébessa.

La loi du 11 juin 1880 sur les tramways-vapeur : « En Algérie, les routes laissent à désirer … la plupart des routes algériennes offrent peu de solidité, leurs bas-côtés se transforment en bourbier l’hiver … »

Dans Algérie et Tunisie esquisse géographique de Laplaiche (1885) : « Au terme de la loi du 29 mars 1879, le réseau actuel de la grande voirie a pour base les dix routes nationales suivantes : Route nationale n°1, d’Alger à Laghouat par Blidah et Medeah … traverse la Chiffa sur un pont de quatre arches … 448 km Route nationale n°2, de Mers-el-Kébir à Oran, par Oran, Misserghin et Aïn-Temouchent ponts de Rio Salado et de l’Isser 139 km Route nationale n°3, de Stora à Biskra, par Philippeville, Constantine et Batna trois ponts du Rummel et surtout le pont d’El-Kantara, à l’entrée de Constantine 325 km Route nationale n°4, d’Alger à Oran, par la vallée du Chéliff, cad la Chiffa, Bourkika, Orléansville, Relizane, Mostaganem et Arzeu … pont du Chéliff, premier grand pont en maçonnerie construit en Algérie Route nationale n°5, d’Alger à Constantine, par Maison-Carrée, Ben-Hini, Beni-Mansour, Bordj-bou- Arréridj et Sétif 440 km Route nationale n°6, d’Oran à Géryville, par Mascara et Saïda 333 km Route nationale n°7, de Relizane à la frontière du Maroc, par Mascara 347 km Route nationale n°8, d’Alger à Bou-Saâda, par Aumale 247 km Route nationale n°9, de Bougie à Sétif, par Chabet-el-Akra 111 km Route nationale n°10, de Constantine à Tébessa, par les Ouled-Rhamoun 169 km. … Routes départementales 1316 km Chemins de grande communication 4982 km Chemins d’intérêt commun 1299 km Il est d’ailleurs à remarquer que sur plusieurs points les routes nationales sont encore en lacune, et qu’il s’écoulera sans doute de longues années avant que le réseau des routes départementales et des chemins vicinaux, tel qu’il résulte du dernier classement, soit complètement exécuté et livré à la circulation. »

Le Bel-Abbèsien du 1er mars 1891 : « En Algérie, les routes et les chemins de fer sont encore rares. »

Le Petit colon du 4 décembre 1891 consacre sa une aux routes

Dans le Traité des routes, rivières et canaux de Berthot (1892) : « L’Algérie contient 10 routes nationales pour un parcours de 2 873 710 mètres. »

Dans le Véloce-sport du 15 décembre 1892 : « Chevillard … de retour du voyage qu’il a fait à bicyclette en Algérie : « Les routes ne sont pas fameuses là-bas … la chaleur est souvent torride et peu propice aux exercices athlétiques, mais la vue de ces merveilleux paysages vaut bien le voyage et un peu de fatigue. »

Dans le Journal général de l’Algérie et de la Tunisie du 22 janvier 1893 : « La route n°1 d’Alger à Laghouat … 450 km dont 200 km de lacunes … La route n°4 d’Alger à Biskra … va être l’objet de de travaux de pavage en bois à Oran … entrepris l’année prochaine. … Pour faire prospérer l’Algérie, il lui faut des capitaux, l’exécution des travaux publics, l’hydraulique agricole et les voies de communication nécessaires. »

Le 3 avril 1901, 37 ans après son percement, réfection de la route nationale n°4 d’Alger à Oran

Dans le Progrès de Bel-Abbès du 12 juin 1901 : « Les routes d’Algérie ont des pentes fort bien ménagées. A part deux ou trois peut-être, aucune ne présente des rampes supérieures à 5 ou 6%. »

Le Traité élémentaire de législation algérienne par Emile Larcher (1903) : « Cet état très imparfait des routes d’Algérie, insuffisant comme longueur et comme entretien, tient à ce que dans le Tell montueux, l’établissement en est coûteux, que les matériaux destinés à l’entretien ne sont pas de bonne qualité, que les sécheresses de l’été et les pluies de l’hiver les désagrègent, et que la circulation des hommes, des voitures et des bestiaux y est beaucoup plus active qu’en . »

Dans la Démocratie algérienne du 21 octobre 1903 : « les nôtres (routes), à quelques exceptions près, n’offrent que rugosités, trous et ornières, le tout abondamment recouvert de poussière en été et de boue en hiver … … les routes d’Algérie s’usent beaucoup plus vite que celles de France. »

Dans le Radical du 28 janvier 1906

L’Illustration algérienne, tunisienne et marocaine du 10 août 1907

Dans les Nouvelles du 10 septembre 1907

« … lorsque deux autos, lancées à toute vitesse, passent à côté l’une de l’autre, le flot de poussière est tel qu’il est parfois impossible aux conducteurs de chaque voiture de voir à quelques mètres devant eux. Alors, gare aux obstacles, si nombreux sur les routes d’Algérie, aux tournants brusques que l’on ne voit pas tout de suite ! On en est encore réduit, pour combattre la poussière, à arroser, à l’aide des antiques tonneaux d’arrosage, nos routes saupoudrées à l’excès. … le pétrolage … Le seul procédé qui ait jusqu’ici donné une réelle satisfaction, et qui soit pratique, est celui du goudronnage. »

1908

Dans l’Impartial du 10 octobre 1909 : « Yves Guédon prétend connaître les routes d'Algérie pour y être venu de temps à autre et y étudier la création du service Oran Mostaganem qui avait des véhicules ne convenant pas pour les besoins de son trafic, les entrepreneurs de cette ligne n'ayant pas des autobus De Dion-Bouton, modèle « le Sauveur de l'Algérie », comme les vend M. Guédon. »

En 1910, début du tracé de la d’Alger à Mostaganem, par Cherchell et Ténès, de la d’Alger à la frontière tunisienne, par Ménerville, Tizi-Ouzou, Bougie, Philippeville, Bône et La Calle, de la d’Arzew à El-Aricha, par le Tlélat, Sidi-bel- Abbès et Bedeau, de la d’Affreville à Tiaret, par Téniet-el-Haad, de la de Tizi-Ouzou à Béni-Mansour, par Fort-National, de la de La Calle à Tébessa, par le Tarf et Souk-Ahras …

A suivre …