PROJET D’APPUI A LA PREVENTION DES CRISES ET A LA CONSOLIDATION DE LA COHESION ET DE L’INCLUSION SOCIALE

PROFIL SOCIOÉCONOMIQUE SOUS FORME DE DIAGNOSTIC STRATÉGIQUE DES DÉPARTEMENTS DE GUIGLO, BLOLEQUIN, TOULEPLEU, DANANÉ ET ZOUAN HOUNIEN

Rapport Final Octobre 2020

Consultante nationale : Mme YAO-YAO Aïssatou Cissé

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SOMMAIRE LISTE DES TABLEAUX ...... 3 LISTE DES IMAGES ET GRAPHIQUES ...... 3 SIGLE ET ABREVIATIONS ...... 4 RESUME SYNTHETIQUE...... 5 I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION ...... 6 II. OBJECTIFS ET RESUTATS ATTENDUS ...... 8 II.1 Objectif général ...... 8 II.2 Objectifs spécifiques ...... 8 II.3 Résultats attendus ...... 9 III. APPROCHE METHODOLOGIQUE ...... 9 III.1 Technique d’investigation...... 9 III.2 Revue documentaire...... 9 III.3 Exploitation et analyse des données ...... 10 IV. RESULTATS ET ANALYSES ...... 10 IV.1 RESULTATS ...... 10 IV.1.1 Présentation générale de la zone d’étude (Cavally et Tonkpi)...... 10 IV.1.2 Présentation des deux régions ...... 12 IV.2 ANALYSES SWOT PAR DEPARTEMENT ...... 26 IV.2.1 Potentialités et contraintes locale de développement ...... 26 IV.2.2 Attentes et besoins des parties prenantes et besoins en renforcement des capacités ...... 38 V. PROBLEMATIQUE DU GENRE, IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX ET SOCIAUX DU PROJET DANS LA ZONE D’ETUDE ...... 40 V.1 Problématique du genre ...... 40 V.2 Impacts environnementaux et sociaux du projet dans la zone d’étude ...... 42 VI. PROPOSITIONS DE STRATEGIE D’AMELIORATION DU NIVEAU DE REVENUS DES POPULATIONS : CHOIX DE SPECULATIONS AGRICOLES ET D’ACTIVITES ...... 43 CONCLUSION ...... 50 ANNEXES ...... 52

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LISTE DES TABLEAUX

TABLEAU 1 : REPARTITION DE LA POPULATION REGION DU CAVALLY ...... 14 TABLEAU 2: STATISTIQUE DES PRINCIPALES CULTURES DE RENTE EN 2011 ...... 16 TABLEAU 3: REPARTITION DE LA POPULATION REGION DU TONKPI ...... 21 TABLEAU 4: SYNTHESE DES FORCES, OPPORTUNITES, FAIBLESSES, MENACES DE LA REGION DU CAVALLY ET LES SOLUTIONS PRECONISEES ...... 34 TABLEAU 5: SYNTHESE DES FORCES, OPPORTUNITES, FAIBLESSES, MENACES DE LA REGION DU TONKPI ET LES SOLUTIONS PRECONISEES ...... 37 TABLEAU 6: TABLEAU CONSOLIDE DES OPINIONS, ATTENTES ET BESOINS ...... 38

LISTE DES IMAGES ET GRAPHIQUES

GRAPHIQUE 1: REPARTITION DE LA POPULATION DU CAVALLY ...... 15 GRAPHIQUE 2: EVOLUTION ANTICIPEE DE LA POPULATION ACTIVE (15-59 ANS) DE 2014 A 2034 - SOURCE : RAPPORT DIAGNOSTIC CAVALLY 2020 ...... 16 GRAPHIQUE 3: REPARTITION DES OPERATEURS ECONOMIQUES PAR NATIONALITE – SOURCE : RAPPORT DIAGNOSTIC SRADT CAVALLY ...... 18 GRAPHIQUE 4: REPARTITION DE LA POPULATION DANS LA REGION DU TONKPI ...... 21 GRAPHIQUE 5: PYRAMIDE DES AGES DE LA POPULATION – SOURCE : PSD TONKPI ...... 22

IMAGE 1: PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE (CAVALLY ET TONKPI) ...... 11 IMAGE 2: CARTE DE LA REGION DU CAVALLY ...... 13 IMAGE 3: CARTE DE LA REGION DU TONKPI ...... 20

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SIGLE ET ABREVIATIONS

AGR Activités Génératrices de revenus ANADER Agence Nationale d’Appui au Développement Rural ARDCI Assemblée des Régions et Districts de Côte d’Ivoire ASAPSU Association de Soutien à l’Auto Promotion Sanitaire et Urbaine CASES Centre d’animation Sanitaire et d’études sociales CEDEAO Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest CGECI Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire CPD Document de Programme pays CPU Cadre de Programmation Unique des Nations Unies DAARA Direction d’Aide et d’Assistance aux personnes Réfugiées et Apatrides DDI Développement Durable Inclusif DRAO Développement Rural et agricole à l’Ouest ; lutte contre la pauvreté GIE Groupement d’Intérêt Economique HCR Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés HVA Hydraulique Villageoise Améliorée IFEF Institut de Formation et d’Education Féminine MAE Ministère des Affaires Etrangères MFFE Ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant MPJEJ Ministère de la Promotion de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes MPD Ministère du Plan et du Développement MSCSLP Ministère de la Solidarité, de la Cohésion Sociale et de la Lutte contre la Pauvreté OCB Organisation Communautaire de Base ONG Organisation Non Gouvernementale ONP Office National de la Population OSC Organisation de la Société Civile PBF Fonds de Consolidation de la paix (Peace Building Fund) ODAFEM Organisation pour le Développement des Activités des Femmes EICF Ensemble Imaginons et Construisons le Futur GFM3 Génération Femmes de Troisième Millénaire OCPV Office de Commercialisation des Produits Vivriers PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement PME Petite et Moyenne Entreprises SWOT-FFOM Strengths Weaknesses Opportunities Threats-Forces Faiblesses Opportunités Menaces UNESCO Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture VBG Violences basées sur le genre

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RESUME SYNTHETIQUE Les crises successives qu’a vécues la Côte d’Ivoire ont impacté négativement la paix et la sécurité de ses populations. Le Gouvernement, à la sortie des dernières violences post électorales de 2011, a montré sa détermination à assurer aux citoyens un climat paisible marqué par un appui constant des partenaires internationaux dans la consolidation de la paix et de la sécurité. Dans cette perspective, le Gouvernement avec l’appui de l'Organisation des Nations Unies et de la communauté internationale, a investi beaucoup d’efforts pour le rétablissement de la sécurité et de la stabilité notamment à l’Ouest, en améliorant la sécurité et en renforçant l’administration locale. Cependant, l’analyse des conflits en Côte d’Ivoire mentionne encore des efforts de consolidation de la paix et de la sécurité à l’Ouest, comme un défi important à relever. En effet, l’exclusion d’une partie de la population notamment les jeunes des processus démocratiques et économiques, les conflits identitaires, les conflits fonciers et les tensions ethno-communautaires, continuent d'être les principaux déclencheurs immédiats de la violence, voire même de conflits si à long termes ces problématiques ne sont pas complètement résolues. De plus, les zones frontalières avec le Liberia, pays durement affecté par des guerres (les départements de Bloléquin, Guiglo, Tai, Toulepleu et Tabou), sont géographiquement éloignées du Gouvernement central et du commandement de l’appareil sécuritaire de l’Etat à Abidjan, fournissant ainsi un terrain propice à l’insécurité. L’opportunité de ce projet, est aussi de pouvoir capitaliser les initiatives de cohésion sociale fondées sur les valeurs endogènes, les traditions et les cultures existantes, pour les vulgariser auprès des jeunes en vue de leur appropriation, et leur implication réelle dans la consolidation de la paix et la cohésion sociale au sein de leurs communautés. En effet, les jeunes sont et demeurent la force vive de diverses communautés qui partagent les mêmes terroirs ou espaces géographique. Bien que la jeunesse soit un atout pour la production et le développement socioéconomique des peuples, il n’en demeure pas moins qu’elle reste la force vive utilisée dans les conflits intercommunautaires donc une menace pour la paix et la cohésion sociale. Dans le cadre de la poursuite des actions pour assurer une paix durable, le Gouvernement de Côte d’Ivoire a élaboré, en collaboration avec le PNUD, le HCR et l’UNESCO, le « Projet d’appui à la prévention des crises et à la consolidation de la cohésion et de l’inclusion sociale ». Afin d’assurer un alignement des activités du projet aux besoins exprimés par les populations, une étude socioéconomique a été commanditée par le PNUD dans les régions de Tonkpi (Départements de Danané et Zouan-Hounien), du Cavally (Départements de Guiglo, Bloléquin et Toulepleu) et de San Pedro (Département de Tabou). Le présent rapport couvre les régions du Cavally et du Tonkpi et va servir de base de données pour une planification stratégique en vue d’impulser un développement local inclusif dans les zones d’intervention du projet. Cette étude s’est déroulée en trois phases : la phase de collecte de données, la phase de visite de terrain et la phase d’élaboration du rapport. Tout en prenant en compte le genre et les besoins sexo-spécifiques des populations, le diagnostic a été multisectoriel et multi-acteurs afin d’élargir le choix d’opportunités de développement possibles à conduire dans la zone. L’approche méthodologique a été participative et inclusive, basée sur une combinaison de trois types de collecte de données : une revue documentaire, des focus groups et des entretiens auprès des structures déconcentrées, les ONG et OSG, le secteur privé et les groupements communautaires, les collectivités territoriales…

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Les outils de la collecte des données ont été des guides d’Entretien Individuel Approfondi (EIA) auprès des informateurs clés organisés en focus groups, constitué de groupements, d’associations et des catégories de populations dans la zone de l’étude. La stratégie de collecte des données sur le terrain s’est essentiellement appuyée sur l’utilisation d’outils issus de la Méthode Accélérée de la Recherche Participative (MARP), qui traduit le souci d’une démarche participative. Des entretiens de groupes ont donné lieu à des discussions ouvertes, permettant d’apprécier la problématique de la localité, les activités qui y sont menées, les potentialités, les contraintes au développement socio-économique, etc. Cette activité de diagnostic a été planifiée dans les cinq localités de l’étude durant huit jours. Les focus groups ont permis de recueillir les opinions et les attentes des populations classées dans la matrice des problèmes et solutions qui a été un outil transversal à tous les groupes. De façon générale, la réalisation de cette étude a montré que les deux régions regorgent d’énormes potentialités agricoles, minières, touristiques et culturelles qui sont des atouts pour impulser un développement durable. La terre, le climat sont propices à l’agriculture et à l’élevage. Les cultures vivrières et les cultures de rente sont diversifiées. Il existe de nombreux jachères et bas-fonds. Toutefois, malgré ces importantes richesses, et la disponibilité de plusieurs documents de planification stratégique locale, de diagnostics et rapports situationnels pour guider le développement, ces régions sont confrontées à des contraintes majeures qui constituent des obstacles à leur développement socio-économique respectif qui ont trait à l’état de dégradation avancée de certaines infrastructures routières, la faiblesse des investissements, le manque de diversification de l’activité économique, la question foncière récurrente, la déforestation, les tensions communautaires persistantes dans le Cavally, etc. En outre, la problématique de l’emploi pour les jeunes, qui constituent la majeure partie de la population, demeure une constante que ni l’Etat, ni les partenaires, n’arrivent à juguler de façon significative. La réduction de la pauvreté et des inégalités, nécessite d’élargir les opportunités d’emplois en mettant un accent sur les couches les plus vulnérables, en l’occurrence les jeunes et les femmes. A cet effet, une analyse minutieuse du contexte socio-économique et environnemental des différents départements de la zone d’intervention du projet a été menée de façon efficace (analyse SWOT/FFOM), afin de mieux cibler les forces, faiblesses, opportunités et menaces, en vue de proposer des stratégies de développement, répondant aux besoins de chaque zone. Tenant compte des attentes exprimées par les populations dans les focus group, l’étude suggère de faire la promotion de l’auto-emploi à travers la formation ; renforcer les capacités des promoteurs de cultures vivrières, aviculture, élevage, maraichères et transformation des produits locaux ; aider les acteurs des secteurs du bâtiment ; aider à la formalisation du secteur informel et appuyer les autorités locales dans la gestion des affaires publiques, la sensibilisation au changement de mentalité, par la resocialisation et la responsabilisation des populations. Pour ce faire les structures techniques présentes sur le terrain, devront être mises en contribution afin d’optimiser les activités de formation.

I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION Les différentes crises successives que la Côte d’Ivoire a connues ont rendu la région de l’Ouest particulièrement fragile aux troubles politiques et interethniques. En effet, cette région est de loin celle qui a le plus subi les affres de la crise post-électorale de 2011, notamment les violences sexuelles liées aux conflits ; sa cohésion sociale se retrouvant ainsi profondément effritée. Ainsi, les clivages politiques exacerbent facilement la faible cohésion entre les communautés. Ces dernières

6 années, la région a enregistré une série de conflits intercommunautaires, impliquant des jeunes s’attaquant à des symboles de l’Etat comme les gendarmeries, les préfectures avec plusieurs pertes en vies humaines.

Les efforts entamés depuis 2011 par le Gouvernement de Côte d’Ivoire avec l’appui des Nations Unies et de la communauté internationale, pour la consolidation de la paix et le rétablissement du dialogue social notamment dans l’Ouest du pays, ont produit des résultats significatifs, en termes d’amélioration de la situation sécuritaire par le renforcement de l’administration locale, malgré quelques attaques sporadiques et la menace terroriste toujours persistante dans la sous-région, et en termes de cohésion sociale. Par ailleurs, l’élection présidentielle de 2020 est considérée par plusieurs observateurs nationaux et internationaux comme un test de la démocratie et un tournant pour le processus de réconciliation nationale. Le contexte politique est marqué par des tensions autour de la Commission électorale (CEI) en perspective de l’élection présidentielle d’octobre 2020. La nouvelle CEI mise en place est rejetée par la majeure partie de l’opposition. La décision du Président Ouattara de briguer un nouveau mandat et la non-inscription du Président Laurent Gbagbo et d’autres leaders de l’opposition sur la liste électorale marquent un tournant dans la dynamique politique.

La situation sécuritaire est restée calme malgré la menace terroriste qui prévaut dans la sous-région. Les affrontements intercommunautaires, les interdictions de manifester et les arrestations d’opposants politiques pèsent sur la dynamique de réconciliation nationale et font craindre une montée des tensions politiques pouvant avoir un impact sur la gestion et la crédibilité du processus électoral de 2020 et la stabilité du pays.

Le Projet d’appui à la prévention des crises et à la consolidation de la cohésion et de l’inclusion sociale, qui rentre dans sa deuxième phase renferme des actions en faveur de l’emploi des jeunes et le renforcement de la cohabitation pacifique. C’est une initiative pertinente et opportune qui contribuera indéniablement au renforcement de la stabilité sociale et indirectement à la sécurité. Le projet permettra de prévenir la radicalisation et de garantir la participation des citoyens, surtout des jeunes qui sont malheureusement devenus les principaux acteurs dans les conflits communautaires et autres mouvements d’humeur de civils.

D’une durée de 32 mois, le Projet initié par le Gouvernement de Côte d’Ivoire, en partenariat avec le PNUD, le HCR et l’UNESCO, est financé à hauteur de 2.856.000 Euro (soit 1,875 millions f CFA), avec 2.725.000 Euros (1,787 millions f CFA) de contribution de la République Fédérale d’Allemagne et 131.000 Euros (77 millions f CFA) du PNUD. Les interventions portent principalement sur :

- Le renforcement de la cohésion sociale et la coexistence pacifique par le dialogue communautaire et l'accès aux infrastructures sociales de base ; - La réintégration socioéconomique des personnes rapatriées dans les communautés d'accueil ; - La promotion de l’entrepreneuriat jeune à travers la formation professionnelle et la création de micro-entreprises.

Le projet prend en compte la dimension genre aussi bien dans le choix des bénéficiaires que dans la nature même de ses interventions.

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Pour assurer la bonne conduite des activités relatives à l’appui à la réintégration socio-économique des personnes rapatriées, en privilégiant une approche des chaines de valeur et pour offrir des options de curricula de formation adaptés aux besoins des populations cibles, il était essentiel de disposer d’une connaissance approfondie des zones d’intervention du projet et de leurs potentiels économiques.

Dans cette optique, pour chacune des régions ciblées, les forces, faiblesses, opportunités, et menaces, seront identifiées et analysées, afin de dégager les opportunités économiques et donner des orientations stratégiques pour le développement d’activités génératrices de revenus en vue de la réintégration socio-économique appropriée des rapatriés, notamment, les femmes et les jeunes.

C’est dans cette perspective qu’une étude d’opportunités socioéconomiques a été commanditée par le PNUD dans les régions de Tonpki (Départements de Danané et Zouan-Hounien), du Cavally (Départements de Guiglo, Bloléquin et Toulepleu) et de San Pedro (Département de Tabou). La présente étude couvre les régions du Cavally et du Tonkpi.

II. OBJECTIFS ET RESUTATS ATTENDUS

II.1 Objectif général L’objectif général de la mission est de réaliser une étude d’opportunité socio-économique pour servir de base de données pour une planification stratégique en vue d’impulser un développement local inclusif dans les zones d’intervention du projet.

II.2 Objectifs spécifiques De façon spécifique, l’étude est chargée de :

1. Décrire le cadre politique, réglementaire et institutionnel pour la gestion du développement dans la zone d’étude : plans locaux de développement, acteurs clés, politiques clés, stratégies et outils de suivi et de gestion du développement local, évaluation et gestion des impacts socio-économiques ; 2. Décrire la situation socio-économique de la zone ciblée : principaux secteurs économiques, infrastructures de transformation et de commercialisation, aspects socioculturels, technologiques et environnementaux, contribution de cette zone au PIB, population et situation de l’emploi, entreprises privées ; 3. Identifier les responsabilités institutionnelles et les besoins en renforcement des capacités, si nécessaire, afin de mettre en œuvre les recommandations de l'évaluation socio-économique ; 4. Recueillir les opinions, les attentes et besoins sexospécifiques (en lien avec le projet) des partenaires locaux institutionnels et privés : gouvernement, municipalité, secteurs économiques et associations locales ; 5. Identifier des forces, faiblesses, opportunités, et menaces pour le développement local des zones ciblées ; 6. Effectuer l’analyse de la problématique du genre et des potentiels impacts environnementaux et sociaux du projet dans les zones ciblées ; 7. Faire des propositions en termes de stratégies, de choix de spéculations agricoles à retenir et d’activités à mener en vue d’améliorer le niveau de revenus des populations, hommes et femmes, dans les zones ciblées.

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II.3 Résultats attendus - Des informations pertinentes sur les opportunités entrepreneuriales, économiques et d’emploi sont identifiées afin d’aider à une planification et un suivi du développement dans les zones ciblées ; - Les potentialités et opportunités de développement sont répertoriées et les informations sont partagées avec tous les acteurs et actrices intervenant dans la mise en œuvre du projet ; - Des valeurs de références des indicateurs de performance du projet telles que répertoriées dans le cadre des résultats du projet sont identifiées ; - La classification des priorités à l’échelle est réalisée ; - Les difficultés sont présentées, les causes et les moyens de les résoudre sont résumés et les contraintes majeures au développement classifiées par priorité ; - La prise en compte du genre et des besoins sexo-spécifiques dans le diagnostic est effective. L’étude est structurée autour de trois parties comprenant, i) l’approche méthodologique, ii) les résultats et analyses de l’étude, iii) proposition de stratégies, iv) problématique du genre, impacts environnementaux et sociaux du projet dans la zone d’étude.

III. APPROCHE METHODOLOGIQUE

III.1 Technique d’investigation Les termes de références précisent clairement le travail à faire par la consultante. Il s’agit, de dresser un profil socioéconomique sous forme de diagnostic stratégique pour la zone Ouest notamment dans les départements de Guiglo, Bloléquin, Toulepleu, Danané et Zouan-Hounien.

Tout en prenant en compte le genre et les besoins sexo-spécifiques des populations, le diagnostic a été multisectoriel et multi-acteurs afin d’élargir le choix d’opportunités de développement possibles à conduire dans la zone. L’approche méthodologique a été participative et inclusive, basée sur une combinaison de trois types de collecte de données : une revue documentaire, des focus groups et des entretiens auprès des structures déconcentrées, les ONG et OSC, le secteur privé et les groupements communautaires, les partenaires techniques et financiers actifs dans la zone, les collectivités territoriales… Les outils de la collecte des données ont été des guides d’Entretien Individuel Approfondi (EIA) auprès des informateurs clés organisés en focus groups, constitué de groupements, d’associations et des catégories de populations dans la zone de l’étude.

III.2 Revue documentaire La revue documentaire a consisté à rassembler et à exploiter les documents collectés de diverses sources : auprès du PNUD (PRODOC), auprès des Collectivités Territoriales notamment l’ARDCI (Plan Stratégique de Développement de la Région du Tonkpi réalisé par l’ANADER en 2018, Plan Stratégique de Développement 2012-2021 du Conseil Général de Guiglo 2012), un draft « Diagnostic Territorial de Schéma Régional d’Aménagement et de Développement du Territoire du Cavally assorti d’une Stratégie de Croissance Verte ». Ces documents ont été complétés par plusieurs autres (cf. liste en annexe). Cette abondante littérature a éclairé et inspiré la mission globalement, notamment sur l’histoire, la situation politique et bien d’autres aspects.

La stratégie de collecte des données sur le terrain s’est essentiellement appuyée sur l’utilisation d’outils issus de la Méthode Accélérée de la Recherche Participative (MARP), qui traduit le souci d’une démarche participative. La mission de terrain a consisté à la mise en place de focus-group

9 organisés avec les différentes couches sociales (cf. listes de présence). Ces entretiens de groupes ont donné lieu à des discussions ouvertes, permettant d’apprécier la problématique de la localité, les activités qui y sont menées, les potentialités, les contraintes au développement socio-économique, etc. Cette activité de diagnostic a été planifiée dans les cinq localités de l’étude durant huit jours. Il s’est agi pour la mission d’appuyer les communautés à identifier et à prioriser les besoins de développement à travers une approche communautaire. La mission de terrain a été préparée par l’Unité de gestion du projet en collaboration avec les partenaires de mise en œuvre (DRAO, PEHE, ANADER-GUIGLO et DANANE, ODAFEM, EICF, GFM3).

Au total, la consultante, appuyée par les partenaires de mise en œuvre, a pu s’entretenir avec 149 personnes à travers des entretiens de groupes de discussions avec les communautés et des entretiens individuels approfondis.

Les focus groups ont permis de recueillir les opinions et les attentes des populations classées dans la matrice des problèmes et solutions qui a été un outil transversal à tous les groupes. Au cours des discussions, les besoins/attentes et solutions (pour résoudre les problèmes évoqués par les populations) ont été priorisés à partir de la matrice. Enfin, il a été demandé aux communautés d’indiquer un seul problème qu’elles jugent être la priorité des priorités dans leurs localités.

III.3 Exploitation et analyse des données Les données recueillies ont ensuite été croisées avec les résultats de l’analyse documentaire en rapport avec les résultats attendus de l’étude. Une analyse approfondie et une triangulation des données collectées, ont été faites, afin d’exploiter toutes les informations, issues des différentes sources.

 Contraintes

La contrainte majeure rencontrée a trait aux difficultés d’accès à certaines localités en raison de l’état de dégradation avancée de certaines infrastructures routières. En outre, les restrictions des mouvements imposées par les mesures barrières de la COVID-19 ont aussi été un facteur limitant. Également, l’absence de données disponibles au niveau de certains services décentralisés a rendu difficile l’analyse de certains domaines notamment celui de l’emploi et du genre. Il en va de même pour l’analyse de la situation à partir des données recueillies (RGPH, Plans locaux et données disponibles sur les différents sites des institutions étatiques) qui devrait être nuancée du fait que certaines données n’ont pas été actualisées.

 Considérations éthiques

Comme dans tous les cas d’étude auprès des populations, la présente étude a été conduite dans le strict respect des principes d’éthique.

IV. RESULTATS ET ANALYSES

IV.1 RESULTATS

IV.1.1 Présentation générale de la zone d’étude (Cavally et Tonkpi)

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Image 1: Présentation de la zone d’étude (Cavally et Tonkpi)

. Cadre politique, réglementaire et institutionnel pour la gestion du développement dans la zone d’étude (Cavally et Tonkpi)

Le rapport fait une présentation générale des deux régions et ensuite procède à une analyse par département afin de mettre en exergue, les spécificités de chaque département.

De façon générale, les deux régions se caractérisent par l’existence d’importantes potentialités agricoles, minières, touristiques et culturelles qui sont des atouts pour impulser un développement durable. La terre, le climat sont propices à l’agriculture et à l’élevage. Les cultures vivrières et les cultures de rente sont diversifiées. Il existe de nombreux jachères et bas-fonds. Toutefois, malgré ces importantes richesses, et la disponibilité de plusieurs documents de planification stratégique locale, de diagnostics et rapports situationnels (Cf. liste en annexe), les deux régions sont confrontées à des contraintes majeures qui constituent des obstacles à leur développement socio-économique respectif qui ont trait à l’état de dégradation avancée de certaines infrastructures routières, la faiblesse des investissements, le manque de diversification de l’activité économique, la question foncière récurrente, la déforestation, les tensions communautaires persistantes dans le Cavally, etc.

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En outre, la problématique de l’emploi pour les jeunes, qui constituent la majeure partie de la population, demeure une constante que ni l’Etat, ni les partenaires, n’arrivent à juguler de façon significative.

. Les acteurs clés

La région bénéficie d’un important appui des Partenaires techniques et financiers, des Organisations de la société civile et du Directoire de la Chambre Nationale des Rois et des Chefs Traditionnels. Plusieurs ministères sont représentés à travers des directions régionales et départementales et des services. Le secteur privé est représenté par les banques commerciales, les autres établissements financiers (SFD), les maisons d’assurances, les ONG, les représentants des partenaires au développement, etc.

. Les politiques clés

L’institution de la politique de décentralisation par le Gouvernement vise à faire des Régions, des pôles de développement. Elle vise à responsabiliser les populations locales, au regard des compétences qui sont dévolues aux collectivités, dans la recherche de solutions à leurs réalités existentielles quotidiennes. A cet effet, l’Etat de Côte d’ivoire a pris des lois précises pour le transfert et la répartition des compétences aux Collectivités Territoriales afin de leur permettre d’être de véritables agents de développement au niveau local. La politique dans le Cavally et le Tonkpi s’inscrit en droite ligne de la Politique Nationale de décentralisation, à travers une gestion efficience et efficace de l’économie locale, la lutte contre la pauvreté et le renforcement de la démocratie et la bonne gouvernance.

IV.1.2 Présentation des deux régions

 Région du Cavally

Située à l’Ouest de la Côte d’Ivoire, la Région du Cavally occupe la zone frontalière avec le Libéria sur plus de 150 km dont une grande partie est matérialisée par une frontière naturelle, le fleuve Cavally qui sépare les deux pays. De part et d’autre de la frontière se sont les mêmes populations autochtones d’ethnie Guéré. La Superficie de la Région du Cavally est de 11 376 km2. Elle comprend quatre Départements dont 3 font l’objet de cette étude : Guiglo qui est le chef-lieu de la région, Bloléquin et Toulepleu.

Sur le plan administratif, la région du Cavally est subdivisée en quatre (04) départements (Bloléquin, Guiglo, Taï et Toulepleu), comprenant 17 sous-préfectures. Le chef-lieu de la région est la ville de Guiglo ou « Guinglo » qui signifie village du pardon, de la paix et de la raison, en langue Wê (ethnie fondatrice de Guiglo). La ville de Guiglo est située à 528 km d’Abidjan (capitale économique) et à 273 km de la ville de Yamoussoukro (capitale politique). La zone est érigée en Conseil Régional : le Conseil Régional du Cavally, qui couvre les Communes de Guiglo, de Bloléquin, de Taï et de Toulepleu.

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Image 2: Carte de la Région du Cavally

. Plan local de développement, stratégies et outils de suivi et de gestion du développement local

 Plans locaux de développement du Cavally

Au niveau de la planification et de la programmation du développement, un certain nombre de plans stratégiques de développement local ont été élaborés au fil du temps dans la région du Cavally, pour booster son développement économique et social, avec l’appui de l’Etat central, à travers le Ministère du Plan et du Développement et des ONG telle que l’ONG IMPACTUM. Il s’agit entre autres, des plans basés sur une analyse prospective du territoire tels que le PSD de 2012-2020, le PLTUDT 2019-2029 et un plan de diagnostic socio-économique, notamment l’étude monographique et économique du district des Montagnes.

Le Cavally dispose aussi d’un Plan Stratégique de Développement (2012-2021) qui ambitionne de faire du Cavally une région agricole prospère et reconstruite avec une vision stratégique claire qui est « s’unir pour faire de la région du Cavally un pôle de développement durable », une région où règnent la paix, la cohésion et l’entente entre les populations et où il faut panser les plaies de toute cette décennie de crise qui a fortement secoué la région.

En outre, il existe un draft « Diagnostic Territorial de Schéma Régional d’Aménagement et de Développement du Territoire du Cavally assorti d’une Stratégie de Croissance Verte ». Les Plans Locaux d’Utilisation des Terres Durables 2019-2029 ont aussi été élaborés au niveau communautaire. Mais le niveau de développement des localités reste relativement décevant en raison de l’insuffisance des ressources pour le financement des actions de développement locales. La plupart

13 des collectivités en dehors des faibles budgets de l’Etat peine à mobiliser des ressources pour relever les urgences de développement. En outre, de manière générale, les ressources allouées aux collectivités locales restent faibles pour permettre la mise en œuvre des plans locaux de développement. La décentralisation territoriale qui devrait permettre une autonomisation de la gestion des finances reste au niveau des textes (lois), et son application tarde à se matérialiser. A cette difficulté s’ajoute le manque de suivi-évaluation au niveau national, qui se répercute au niveau local, ne favorisant pas ainsi une perception réelle des impacts.

. Situation socio- économique du Cavally (Population et situation de l’emploi)

 Population

Le peuplement de la Région du Cavally s’est fait par vagues de migrations successives. Selon l’histoire, cette région est traditionnellement peuplée par les Wé venus du Nord de la Côte d’Ivoire à la fin du 18ème siècle, à la suite de différentes guerres. Ils font partie du grand groupe socioculturel KROU, réparti dans le Sud-Ouest de la Côte d’ivoire (PSD 2012-2021). La population est cosmopolite. A côté des autochtones constitués des Wê (Guéré), on trouve les allochtones (Baoulé, Agni, Yacouba, Malinké, Sénoufo, Lobis) et les allogènes (Burkinabé, Guinées, Malien …) principalement impliqués dans les activités agricoles et commerciales. L’enquête (SRADT, 2019), menée auprès des localités, montre que les trois principales ethnies de la région du Cavally sont les Guérés, l’ethnie la plus représentée avec 29,9%, la deuxième, constituée par les Mossis avec 25,20% et la troisième par les baoulés avec 19,30%. Le reste est constitué par les Sénoufos et les Malinkés, etc. (4,5%).

Selon, le recensement général de la population et de l’habitat 2014, réalisé par l’Institut National de la Statistique, la population en 2014 est estimée à 459 964 habitants composés de 256 409 hommes (56%) et 203 555 femmes (44%). Sur le plan de l’organisation sociale, la famille constitue la base de l’organisation de la société chez les Krou et particulièrement chez les Wê. La structuration traditionnelle est composée du chef du village et sa notabilité. Ceux-ci représentent l’autorité locale qui est le prolongement du pouvoir moderne dans les villages.

Tableau 1 : répartition de la population région du Cavally

Région Cavally Hommes Taux % Femmes Taux Total BLOLEQUIN 72 934 16 50 402 11 123 336 GUIGLO 96 081 21 80 607 17 176 688 TAÏ 56 215 12 46 733 10 102 948 TOULEPLEU 31 179 7 25 813 6 56 992 Ensemble Région 256 409 56 203 555 44 459 964 Source : RGPH 2014 – Répertoire des localités - INS

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Repartition de la population Région du Cavally

96 081

80 607 72 934 56 215 50 402 46 733 31 179 25 813 16%11% 21% 17% 12% 10% 7% 6%

BLOLÉQUIN GUIGLO TAÏ TOULEPLEU

Hommes Taux % Femmes Taux %

Graphique 1: Répartition de la population du Cavally

Malgré l’avancée du modernisme, les populations ont conservé un certain nombre d’us et coutumes qui se résument en des pratiques qui vont des interdits aux croyances et attitudes sociales. Les masques jouent un rôle important dans la culture. Ce sont les gardiens de la tradition. On en dénombre plusieurs avec des fonctions différentes dans les villages. Sur le plan religieux, les populations pratiquent les religions traditionnelles tels que le culte des ancêtres, le christianisme, l’islam, etc.

 Situation de l’emploi

Selon le Rapport diagnostic provisoire du Cavally, 2020 : « le problème de l’emploi constitue une problématique dans la région du Cavally. Sa population est majoritairement jeune et active pour travailler, soit 55,2% de la population totale en 2014. En effet, dans la région du Cavally on enregistre un taux de chômage de 7,3% en 2013, inférieur à la moyenne nationale (9,3 %) ». Selon le même rapport, la population des actifs (15-59 ans) normalement susceptible de se retrouver sur le marché de l’emploi, suit une évolution croissante selon les projections 2014-2034. La population active (15- 59 ans) de la région est passée de 254 098 personnes en 2014 et pourrait atteindre 300 743 en 2034, avec un taux d’évolution de 18,4%. Au niveau des départements, le taux d’évolution entre 2014 et 2034 est de 18,4% à Guiglo, Bloléquin et Taï et de 18,3% à Toulepleu. Ainsi, la problématique de l’emploi sera au cours des décennies à venir le défi majeur à surmonter pour les autorités gouvernementales locales. L’augmentation de cette population active offrira une fenêtre d’opportunités pour la région et facilitera le développement économique de la zone si des efforts sont faits dans la création d’emplois notamment avec l’installation des industries agro-alimentaires.

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350000 293453 300743 282948 300000 269099 254098 250000

200000

150000 107732 111731 114510 96751 102476 Population active 76934 80887 83891 85986 100000 72643 65528 55360 58627 61641 63937 50000

0 29344 31062 32688 33894 34719 2014 2020 2025 2030 2034 Années

Cavally Guiglo Toulepleu Taî Bloléquin

Graphique 2: évolution anticipée de la population active (15-59 ans) de 2014 à 2034 - Source : rapport diagnostic Cavally 2020

. Situation économique (principaux secteurs économiques)

La région du Cavally est une région essentiellement agricole, qui fait partie des régions dites « greniers agricoles ». L’agriculture emploie plus de 70% de la population active (Plan Stratégique de Développement 2012-2021). En effet, en raison de l’existence de grandes disponibilités de terres fertiles exploitables et de son climat, le Cavally fait partie des grandes régions productrices du riz en Côte d’Ivoire. Depuis 1980, le Sud-Ouest et l’Ouest sont devenus la nouvelle boucle de cacao du pays. L’hévéa constitue la première culture de rente et occupe un peu plus de la moitié des surfaces emblavées (51%), le cacao vient en deuxième position (45%) et le café, en troisième (4%).

Tableau 2: statistique des principales cultures de rente en 2011

HEVEA CACAO CAFE P. HUILE COLA GUIGLO Nb. Exp. 33660 12481 7363 77 163 Sup. 49417 23650 10181 35 83,5 BLOLEQUIN Nb. Exp. 39 2917 1042 0 0 Sup. 189 9755 1229 0 0 Source : Plan Stratégique de Développement 2012-2021

A côté de l’agriculture de rente (cacao, café, palmier à huile, hévéa et colatier), il existe une agriculture vivrière (banane plantain, maïs, taro et igname). Le riz est également très cultivé dans la région. Le riz irrigué constitue la spéculation la plus répandue. Les cultures maraichères sont aussi pratiquées, car le climat de la région est favorable au développement de cultures diversifiées. Le manioc aussi connait une bonne extension, se situant à 12% des productions vivrières dans la région.

Par ailleurs, il existe une activité de pêche pratiquée principalement dans le département de Guiglo sur le Cavally, le N’Zo et le NICLA par les populations étrangères. La commercialisation du poisson est assurée par les femmes dans les marchés des différents départements. Toutefois, il faut souligner que l’activité de pêche emploie très peu de personnes. Le dernier recensement réalisé par la Direction Départementale de la Production Animale et Ressources Halieutiques de Guiglo, estime le nombre de pêcheurs à 150.

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Les exploitations sont dominées par des petits producteurs (90%) qui pratiquent une agriculture familiale. Les grands producteurs, considérés comme les principaux opérateurs économiques de l’agriculture, sont des étrangers. Il existe plusieurs organisations professionnelles agricoles constituées de groupements agricoles et de coopératives qui interviennent dans la production et la commercialisation de produits agricoles ainsi que des groupements informels qui sont dans la production de cultures vivrières. Plus de 600 coopératives agricoles sont recensées, mais un grand nombre ne fonctionne pas réellement.

Ces coopératives agricoles sont très dynamiques dans la filière de la commercialisation. Les acheteurs individuels constituent également des acteurs clés dans la commercialisation. La commercialisation du cacao est plus importante (92%) que celle du café (9%) dans la région. Au niveau départemental, la tendance reste la même. Guiglo reste le département où la filière agricole est la mieux organisée avec des records dans la commercialisation par rapport aux autres départements. Le département de Bloléquin vient en deuxième position dans la commercialisation où le cacao reste également dominant par rapport au café. Dans les autres départements (Taï et Toulepleu) les tendances restent les mêmes.

L’économie de la région du Cavally est donc portée principalement par le secteur agricole, en particulier les cultures de rente qui permettent d’assurer la survie des populations. Toutefois, ces populations sont très vulnérables en raison de la forte volatilité des coûts des matières premières et des effets négatifs du changement climatique. En outre, au niveau des cultures vivrières qui assurent la majeure partie de l’alimentation des ménages, la faiblesse des capacités de production (agriculture peu moderne, difficultés d’accès à la terre, aux intrants et aux financements) menace également la sécurité alimentaire dans la zone.

. Domaine des infrastructures de transformation et de commercialisation

 Domaine des infrastructures de transformation

Dans la Région du Cavally, il existe trois types d’industries : l’agro-industrie, l’industrie du bois et les petites unités de transformation. Les activités industrielles du bois sont tenues par trois scieries : Thanry (Guiglo qui a fermé ses portes depuis quelques années, mettant des milliers de jeunes au chômage), BTA et NEFBA (Zagné) qui font du déroulage, du sciage et du placage de bois. L’industrie du bois dans la Région du Cavally a permis la création de nombreux emplois directs et indirects. Elle génère un chiffre d’affaires important. En termes d’agro-industrie, il existe une usine de transformation de caoutchouc : la Compagnie Hévéïcole du Cavally (CHC) située dans la Sous- Préfecture de Zagné. La CHC est une entreprise agro-industrielle, filiale du groupe Belge SIAT (Société d’Investissement pour l’Agriculture Tropicale) qui détient une plantation industrielle de 7 000 hectares. L’usine, d’une capacité de production de 65 à 70 tonnes/jour, tourne à 100% de ses potentialités 24h/24h par rotation de trois (03) shifts de huit (08) heures. La capacité annuelle de l’usine est de 50 000 tonnes.

De petites unités de transformation (moulins, broyeuses, décortiqueuses, etc.) sont opérationnelles et pour la plupart, présentes dans certains quartiers et villages. Ce sont des unités de faible capacité (moins de 500 kg/h) qui assurent une première transformation de riz, maïs (en poudre), manioc (en pâte ou poudre) et d’arachide (en pâte).

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La situation post-électorale a entraîné la destruction, le vol et le pillage massif d’entreprises et de sociétés, usines et ateliers de tous genres (sociétés industrielles du secteur bois, hévéa, café, cacao, coopératives de café-cacao, etc.). Ceci a pour conséquence la fermeture des sociétés et entreprises, les licenciements massifs et le chômage généralisé. Les difficultés de redémarrage de ces activités entravent la relance de l’économie de la région.

 Domaine de commercialisation

L’activité du commerce n’est pas très développée dans la Région du Cavally. Les produits de grande consommation tels que le riz sont importés en provenance des autres pays. Le poids du commerce de la région est peu significatif dans l’économie du pays en raison de son enclavement et de l’inorganisation des filières, mais aussi du fait que les activités sont pratiquées de façon informelle. Les produits de l’élevage viennent du Burkina Faso, de la Guinée et du Mali. Les recettes des productions agricoles (café, cacao, hévéa, etc.) dont la commercialisation se fait à l’export via les ports d’Abidjan ou de San Pedro se fondent dans le commerce à l’échelle nationale. Plusieurs activités sont menées notamment, la quincaillerie, la commercialisation des produits phytosanitaires, des produits cosmétiques, les boissons etc. Les populations de la région ne semblent pas avoir « la culture » du commerce. Elles ne représentent que 10% des acteurs du commerce, dominé par des étrangers (90%) dont, un peu moins des (70%) des commerçants viennent de la CEDEAO et (20%) sont originaires de l’espace hors CEDEAO. Les ivoiriens sont, toutefois, dans la boulangerie et la poissonnerie (rapport diagnostic SRADT Cavally 2020).

10% 20%

70%

Ivoirien CEDEAO Hors CEDEAO

Graphique 3: Répartition des opérateurs économiques par nationalité – source : rapport diagnostic SRADT Cavally

. Aspects technologiques et environnementaux

 Aspects technologiques

Dans le domaine de la télécommunication, la région est couverte en réseaux de télécommunication fixe et mobile par Côte d’Ivoire Télécom pour le réseau de téléphonie fixe du District et MTN, Orange, Moov pour le réseau mobile.

Selon l'Autorité de Régulation des Télécommunications/TIC de Côte d’Ivoire (ARTCI, 2019), les zones couvertes par le réseau téléphonique représentent 94,16% de la Région du Cavally alors que pour la

18 population couverte, elle représente 97,23%, mais des disparités sont observées à l’échelle des départements dans l’accès au réseau téléphonique.

 Aspects environnementaux

En dépit du potentiel forestier, la région du Cavally fait face à une dégradation de son environnement naturel, en raison de l’exploitation abusive et anarchique des ressources foncières et forestières.

Cette déforestation touche même les forêts classées. En effet, les nombreuses forêts classées sont fortement surexploitées par des sociétés d’exploitation (bois et mines), et les populations engendrant la disparition de certaines espèces. Les plantations de café et de cacao, dont la superficie a quintuplé en moins de 50 ans, ont consommé la forêt ivoirienne dont la superficie a fortement diminué. La faible utilisation d’intrants, le système cultural inadapté, traditionnel et fortement dépendant de la pluviométrie, la pratique d’une agriculture extensive, la généralisation de l’agriculture sur brûlis contribuent à la déforestation et particulièrement à la destruction rapide de la biomasse. Aussi, il faut noter l’utilisation abusive et inapproprié de produits phytosanitaires qui a un impact aussi bien sur la flore mais surtout la faune.

Au-delà des activités agricoles visibles dans les forêts, l’utilisation domestique du couvert végétal pour le bois de chauffe et le charbon mais aussi l’extraction des plantes médicinales ont augmenté le phénomène de déboisement. L’infiltration des forêts par les orpailleurs est aussi un autre fléau qui accentue cette dégradation.

L’un des problèmes environnementaux majeurs qui affectent la Région du Cavally demeure le phénomène des changements climatiques. En effet, l’élévation des températures et les variabilités pluviométriques contribuent de manière significative au recul du couvert végétal. L’adaptation face aux changements climatiques demeure une urgence, mais malheureusement, elle n’est pas inscrite de manière rigoureuse dans les politiques locales qui doivent être le levier essentiel de la restauration écologique.

. Genre

La région du Cavally a bénéficié de beaucoup de projets, incluant les questions de l’autonomisation de la femme dont la première phase du présent projet. Toutefois, il ressort que des problèmes majeurs restent encore à surmonter. Les femmes sont encore victimes des VBG et beaucoup de femmes retournées peinent à s’insérer dans le tissu socioéconomique. Malgré les inégalités du genre, au niveau économique, l’ensemble des parties prenantes aux discussions s’accordent que les projets tenus par les femmes ont eu plus de succès que ceux des hommes et certains métiers du fait des pesanteurs culturels et de la méconnaissance, sont très peu exercés par les jeunes filles (métier de maçonnerie, calligraphie).

 Région du Tonkpi

La Région du Tonkpi, l’une des plus vastes de la Côte d’Ivoire, est située à l’extrême Ouest dans le District des montagnes. Elle s’étend sur une superficie de 12 284 Km2. Elle est limitée au nord, par la Région du Bafing, à l’est, par les Régions du et du Haut-Sassandra, au sud, par les Régions du Cavally et du Guémon, à l’ouest, par les Républiques de Guinée et du Libéria. La

19 population de la région est estimée à 435 196 habitants (RGPH 2014). Elle regroupe 5 départements dont 2 font l’objet de cette étude : Danané et Zouan-Hounien.

La Région présente un réseau hydrographique très dense avec les fleuves Sassandra, Cavally, Bafing et Nuon qui possèdent chacun de nombreux affluents, favorisant une végétation constituée à 80% de forêt humide. A ceux-là, il faut ajouter de nombreuses rivières prenant leurs sources dans les montagnes. Les départements de Danané et de Zouan-Hounien sont traversés par plusieurs cours d’eau dont les principaux sont le Cavally et le Nuon qui marque la frontière naturelle entre la Côte d’Ivoire et le Libéria.

La région comprend d’importantes aires protégées que sont la réserve naturelle intégrale du Mont Nimba, le Parc national du Mont Sangbé et des forêts classées et sacrées.

Le potentiel minier de la Région du Tonkpi est considérable. De nombreux gisements ont été décelés par la SODEMI et des sociétés étrangères à la suite de prospections.

Image 3: Carte de la région du Tonkpi

. Plan local de développement, stratégies et outils de suivi et de gestion du développement local Sur le plan des stratégies et politiques de développement local, la Région du Tonkpi a élaboré en 2018, un Plan Stratégique de Développement (PSD) à partir d’un diagnostic social, économique et culturel. Cet outil de planification devait lui permettre d’amorcer un véritable développement sur la base des besoins et des aspirations des populations en termes d'amélioration de leurs conditions de vie. Ce plan qui comprend une monographie, un bilan diagnostic et un plan stratégique, n’a malheureusement pas prévu de plan de suivi-évaluation permettant de mesurer les progrès réalisés,

20 les résultats atteints et leurs effets ou impacts sur les changements observés. Par ailleurs, les ressources prévues pour la réalisation du plan stratégique du Tonkpi estimées à près de 35 Milliards CFA, pour la mise en œuvre des projets n’ont pu être mobilisées (Cf. PSD Région du Tonkpi).

. Situation socio- économique du Tonkpi (Population et situation de l’emploi)  Population

Les Dan ou Yacouba sont le groupe ethnique autochtone le plus important de la région qui abrite également plusieurs populations ivoiriennes non autochtones ainsi que des étrangers d'origine africaine en particuliers des guinéens, des maliens et des burkinabés. Les non africains constituent une population marginale.

Selon, le recensement général de la population et de l’habitat 2014, réalisé par l’Institut National de la Statistique, la population en 2014 est estimée à 992 564 habitants composés de 526 178 hommes (53%) et 466 386 femmes (47%). Elle représente 4,37% de la population nationale.

Tableau 3: répartition de la population région du Tonkpi

Région Tonkpi Hommes Taux % Femmes Taux Total 85 130 9 69 170 7 154 300 DANANÉ 142 517 14 124 631 12 267 148 MAN 175 853 18 158 313 16 334 166 22 748 2 19 120 2 41 868 ZOUAN-HOUNIEN 99 930 10 95 152 10 195 082 Ensemble Région 526 178 53 466 386 47 992 564 Source : RGPH 2014 – Répertoire des localités – INS

Repartition de la population Région du Tonkpi

175 853 158 313 142 517 124 631

99 930 95 152 85 130 69 170 22 748 19 120

9%7% 14% 12% 18% 16% 2% 2% 10% 10%

BIANKOUMA DANANÉ MAN SIPILOU ZOUAN-HOUNIEN Hommes Taux % Femmes Taux

Graphique 4: Répartition de la population dans la région du Tonkpi

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89,86% de cette population est âgé de moins de 50 ans. Il existe une forte proportion de jeunes, notamment ceux de moins de 40 ans, qui représentent près de 81,93 % de la population de la Région et les moins de 20 ans, 51,43% tandis que les jeunes de 20 à 39 ans représentent 30,5%. Cette population jeune offre à la fois une opportunité en termes de force de travail dynamique et constitue également une source d’innovation mais pose un défi en termes d’emploi décent.

Graphique 5: pyramide des âges de la population – source : PSD Tonkpi

Chez les Yacouba, la famille ou le groupement, en tant qu’unité de fonctionnement socio- économique, repose sur une forte solidarité et un communautarisme économique entre partenaires du groupe familial. Le mari, son (ses) épouse(s) et les enfants exploitent le même champ. Le fils est proche du père puisqu’il est appelé à lui succéder. De ce fait, leurs intérêts sont confondus et forment une seule et même unité de production et de consommation. La production et l’accumulation de richesses sont largement fonction directe de la reproduction puisqu’elles reposent sur la force du travail. La descendance est donc considérée comme le fondement de la richesse. Ce qui entraîne incontestablement une pratique démographique fortement nataliste. Par son statut de procréatrice, la femme constitue la richesse par excellence à capitaliser, d’où l’importance de la polygamie. (Tome 1 Monographie du Tonkpi). Dans le Tonkpi, la désignation du Chef se fait généralement par lignage lors d’un conseil des sages.

Concernant les religions, les autochtones sont en majorité animistes. En effet, les Dans ont une culture empreinte d’une soumission aux puissances surnaturelles (esprits des ancêtres, génies…) dotées de pouvoirs et censées influencer le destin des hommes. Ces puissances sont souvent incarnées par des masques. Aujourd’hui, les Yacouba pratiquent également, dans une moindre mesure, les religions révélées présentes dans la Région, notamment le christianisme (Catholique, Protestant, Evangélique ; etc.) et l’Islam.

La Région du Tonkpi présente de nombreuses attractions touristiques notamment, la source de la grotte mystique de Sogaleu à Danané, les ponts de lianes de Lieupleu, Vatouo, Zouan-Hounien, Souampleu ; un village de soixante masques initiatiques, Guélémou ; le lieu de l'arrestation de Samori Touré dans le département de Biankouma. Toutefois, les sites touristiques de cette région ne sont

22 pas exploités en raison d'un déficit de gestion et de maintenance consécutifs aux différentes crises subies par la Côte d'Ivoire au cours des dernières années.

Dans le droit coutumier, la propriété de la terre est communautaire. Dans les différents départements, la terre est gérée par un chef de terre qui a un statut spécifique et particulier différent de celui du chef de village. Autrefois, il attribuait les terres aux demandeurs, en accord avec le chef du village et ses notables. Au niveau des familles, la gestion de la terre revient aux plus âgés. En cas de litige, le chef de terre joue un rôle prépondérant en apportant des précisions sur les limites des uns et des autres.

 Situation de l’emploi

L’insertion socioprofessionnelle des jeunes constitue une préoccupation majeure en raison de leur manque de qualification et d’esprit d’initiative pour l’auto-emploi, ainsi que du manque d’opportunités d’emploi dans les divers secteurs. En outre, les structures d’encadrement sont presqu’inexistantes et les financements insuffisants. Par ailleurs, au niveau de la formation professionnelle, les jeunes ne connaissent pas les différentes filières de formation professionnelle, les coûts des formations professionnelles sont élevés dans le privé, les jeunes ne s’intéressent pas réellement aux emplois non-salariés. Certains exerçant dans certains métiers (menuiserie, maçonnerie…) n’ont pas reçu de formation appropriée.

. Situation économique (principaux secteurs économiques)

Comme dans la plupart des régions du pays, l'économie locale est basée sur l'agriculture avec une production végétale et animale relativement diversifiée. La région réalise diverses cultures d’exportation comme le café, le cacao, l'hévéa et le palmier à huile, mais également, de nombreuses cultures vivrières dont le riz, le manioc, le plantain et le maïs. L’élevage de bovins, caprins, et ovins est pratiqué de même que la pisciculture qui était appuyée par le projet BAD-Ouest en son temps.

Le réseau routier de la Région dans son ensemble est dégradé et présente de nombreux points critiques. Les voies de desserte de nombreuses localités sont impraticables en saison de pluie. Les voies bitumées sont de bonne qualité mais présentent des nids de poule par endroits. Par ailleurs, la route Danané-Zouan-Hounien est fortement dégradée. Il faut noter que tous les départements de la Région, grâce au Conseil Régional du Tonkpi ont bénéficié d’un reprofilage lourd avec un traitement de points critiques sur un tronçon de 200 kilomètres et d’un reprofilage léger de 120 km sur la période de 2013 à 2016. La Région du Tonkpi dispose d’un aérodrome situé dans le département de Man, à Man.

. Domaine des infrastructures de transformation et de commercialisation

 Domaine des infrastructures de transformation

De par sa richesse naturelle et la diversité de ses essences en bois, le secteur industriel dans la Région du Tonkpi est dominé par l’industrie du bois. A cela s’ajoutent quelques petites unités de transformation alimentaire et agroalimentaire.

Le sciage du bois domine l’activité industrielle et représente l’activité principale de la plupart des usines. Quelques grandes scieries pratiquent le déroulage. La plupart des scieries sont situées à Man.

23

On dénombre également, quelques unités de transformation agroalimentaire dont 66% à Man. Une société d’ensachage d’eau et une usine de fabrication d’attiéké et des boulangeries dans tous les départements. Ces entreprises emploient plus de 233 personnes dont 8% de femmes. Un projet de construction d’une grande usine de transformation du riz est en cours à Zouan-Hounien pour le compte de la CODERIZ et une autre pour la transformation de manioc est en cours de réalisation à Man avec la coopérative FENASCOVICO.

La transformation des produits agricoles est assurée par plusieurs petites unités de transformation de type moderne et/ou artisanal de faible capacité. Ce sont en général des broyeuses, des moulins, des décortiqueuses, des décortiqueuses mixtes et des broyeuses mobiles. Celles-ci assurent une première transformation de riz, maïs (en farine), manioc (en pâte ou farine) et d’arachide (en pâte). On dénombre 112 petites unités de transformation dans les villes de la Région. Il existe aussi dans la Région 25 associations de femmes productrices d’attiéké et d’autres sous-produits du manioc (placali 2, gari 3, etc.) Pour assurer la conservation des produits frais, Il existe 45 chambres froides.

 Domaine de commercialisation

Le commerce constitue la deuxième activité économique principale de la Région du Tonkpi. Dans les chefs-lieux de département, les marchés urbains sont quotidiens. Cependant, il y a un jour de marché de forte affluence où les commerçants des différentes localités viennent exposer leurs produits agricoles à un plus grand nombre de clients. Il existe également des marchés hebdomadaires dans certaines localités. Il est à noter que la Région dispose de cinquante-quatre (54) marchés couverts. La commercialisation des produits de rente est mieux organisée que celle des vivriers.

La commercialisation des produits de rente est assurée en générale par les coopératives et des traitants particuliers. Le commerce des produits vivriers n’est pas suffisamment organisé. Il se fait généralement par des groupements de femmes. De nombreuses contraintes minent le développement de ce secteur. Les plus importantes sont la mauvaise organisation des exploitants, l’insuffisance de moyens (techniques et financiers), la non-maitrise des techniques de commercialisation, l’analphabétisme, l’inorganisation du circuit de distribution, le mauvais état des pistes de desserte et la volatilité des prix.

Dans la Région du Tonkpi, la commercialisation des produits manufacturés occupe aussi une grande partie de la population active. En 2017, la Région du Tonkpi comptait 6125 opérateurs économiques, dont 37% pour le département de Man. La répartition par secteur d’activité place les boutiques comme l’activité principale avec la presque totalité des opérateurs économiques (90,6%). Ce secteur est suivi de loin du commerce des pièces de la quincaillerie (3,1%), des produits phytosanitaires (3%), des produits agricoles (1,4%), des stations-services (1,2%) et enfin des supermarchés (0,8%). Le commerce est tenu en majorité par des non-nationaux (72%) contre 23% de nationaux. On rencontre des ressortissants guinéens, nigériens, maliens, mauritaniens, nigérians, marocains et Libanais. Les Petites et Moyennes Entreprises (PME) par secteur d'activités sont les suivantes : Industriel : 1,49% ; Hôtelier : 3,73% ; Commercial : 92,72% ; Educatif : 2,05%. (Tome2 : bilan diagnostic du plan stratégique de développement de la région de Tonkpi).

La commercialisation des produits d’élevage n’est pas organisée. Il n’existe dans la Région que cinq (5) coopératives d’éleveurs. La vente est généralement l’affaire de producteurs individuels et de bouchers installés sur le marché. Concernant les infrastructures de transformation et de commercialisation de la viande et du poisson dans la Région, il existe cinq (5) abattoirs, quatre (4)

24 marchés à bétail et un marché à poisson à Man. Danané et Zouan-Hounien font partie des départements qui n’en disposent pas.

Les grandes banques commerciales sont représentées dans la région ainsi que des sociétés d’assurances et autres établissements financiers tels que les microfinances. La COOPEC est installée dans tous les départements de la Région. En dehors de la COOPEC, il existe aussi d’autres institutions de microfinances à savoir le Crédit FEF, MICROCRED, COOPAFAN et CELPAID. Cependant, on note une forte concentration bancaire dans la ville de Man. En effet, les sept (7) banques commerciales1 que compte la région sont toutes représentées dans cette ville (Plan Stratégique de Développement du Tonkpi).

. Aspects technologiques et environnementaux

 Aspects technologiques

Concernant les technologies de l’information et de la communication, le réseau de téléphonie fixe n’existe dans aucun village de la Région. Il est plus utilisé dans les villes et plus précisément dans les entreprises ou dans les services administratifs. De plus en plus, les ménages et/ou les individus se détournent de l’abonnement à la téléphonie fixe ORANGE TELECOM au profit de la téléphonie mobile compte tenu de la facilité de mouvement qu’offre cette dernière. La Région du Tonkpi est couverte par les réseaux de téléphonie mobile ORANGE, MTN et MOOV. Les compagnies de téléphonie mobile sont toutes représentées dans la Région. Des antennes relais sont installées dans certaines localités. De nombreux villages de la Région sont couverts par le réseau de téléphonie mobile, généralement Orange et MTN. Il est constaté que ces réseaux de téléphonie mobile sont instables dans de nombreux villages. Aussi, au niveau des villages limitrophes du Libéria et de la Guinée les utilisateurs desdits réseaux sont en roaming. La Région dispose également de plusieurs radios de proximité.

 Aspects environnementaux

Dans le domaine de l’environnement, la région connait une dégradation avancée de son couvert forestier, accentuée par la production excessive du charbon de bois et de l’exploitation intensive des réserves forestières dans certains villages. L’utilisation dans toutes les localités du bois de chauffe, du charbon de bois et des résidus végétaux au détriment du gaz butane, accentue le phénomène, en plus de la récurrence des feux de brousse et le développement de l’agriculture extensive. On observe une forte pression sur les ressources naturelles du fait de l’accroissement démographique et des activités économiques. Dans la région, les forêts classées sont infiltrées et les carrières sont exploitées de manière anarchique. L’utilisation des fertilisants et des pesticides dans les activités agricoles et des produits chimiques dans les activités de pêche et d'orpaillage clandestin dans certains villages engendrent la pollution des sols, des eaux et de l’atmosphère qui demeure une véritable préoccupation dans la zone.

. Genre

L’analyse de la problématique du genre dans la région du Tonkpi relève qu’en dépit de l’émergence d’une classe de femmes dynamiques (Association des femmes sunnites, Ami des femmes de Danané, etc.) très active dans le domaine de la production agricole, de transformation (huile de palme et

1 Ce sont la SGBCI, SIB, NSIA, BACI, BNI, ECOBANK, BSIC et CNCE. 25 attiéké) et du commerce, et des progrès réalisés sur les divers fronts du développement économique et de l’autonomisation des femmes, des inégalités persistent entre hommes et femmes. Beaucoup de femmes éprouvent encore de nombreuses difficultés à améliorer leur situation économique et sociale malgré les appuis reçus des différents programmes de développement. Les femmes n’ont pas accès à la terre dans certains villages, leurs associations n’ont pas de soutien financier conséquent pour assurer la viabilité de leurs activités dans la durée et sont confrontées à l’étroitesse des marchés. Par ailleurs, les VBG restent très peu déclarées. La mortalité maternelle est encore très pesante dans cette région. Le département de Zouan-Hounien par exemple, présente le plus grand risque en raison du fort taux de grossesse précoce enregistré. Selon le responsable du centre social de Zouan- Hounien, sur 100 filles de 14 ans environ 80% sont des mères. La distance au soin de santé et le prix des services de santé constituent un autre défi dans le domaine de la santé pour les femmes.

IV.2 ANALYSES SWOT PAR DEPARTEMENT La réduction de la pauvreté et des inégalités, nécessite d’élargir les opportunités d’emplois en mettant un accent sur les couches les plus vulnérables, en l’occurrence les jeunes et les femmes. Le contexte sociologique et environnemental dans laquelle évolue une activité influence sa probabilité de réussite. Il est donc impérieux de mener une analyse minutieuse du contexte socio-économique et environnemental des différents départements de la zone d’intervention du projet. Une façon efficace de le faire est de procéder à une analyse SWOT. Bien qu’il existe de nombreux points de similitude entre les différents départements, chaque département présente une spécificité propre. L’analyse se fera donc par département afin de mieux cibler les forces, faiblesses, opportunités et menaces en vue de proposer des stratégies de développement répondant aux besoins de chaque zone et adaptées au contexte socio-économique.

IV.2.1 Potentialités et contraintes locale de développement  Département de Guiglo

a. Forces

Comme mentionné plus haut, une des forces majeures des zones de l’Ouest c’est de disposer d’un espace cultural vaste, d’une pluviométrie favorable et d’un sol riche en minerais. Ce qui favorise le développement des activités agricoles et minières.

Le département de Guiglo regorge d’énormes potentialités agricoles, qui reposent tout autant sur la forte diversité de son écosystème favorable à la production d’une large variété de produits agricoles, que sur l’abondance des ressources naturelles. Ces atouts font de ce département, une des zones à forte production de cultures de rente (café, cacao, hévéa) et de production vivrière (riz, manioc, banane plantain, maïs, taro et igname). En outre, le département dispose d’un bon réseau hydrographique, avec plusieurs cours d’eaux, ainsi que la disponibilité de nombreux bas-fonds, dont certains ont déjà été aménagés dans le cadre du projet BAD-Ouest, mais non exploités. Ces bas-fonds sont favorables au développement de la production du riz irrigué, des cultures de contre saison ainsi que le développement du sous-secteur halieutique. L’Etat, à travers sa politique de décentralisation, a permis aux localités de posséder des structures techniques locales, telles que l’ANADER, l’Agence Emploi jeunes et bien d’autres, qui peuvent être des structures d’appui technique, dans le cadre des différents projets de type AGR. Ces structures

26 doivent cependant être davantage mobilisées dans la mise en œuvre et le suivi des activités au niveau local.

Le capital humain est un autre atout de la localité. En effet, selon le dernier Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 2014, la population, cosmopolite, est estimée à environ 176 688 habitants et compte 58% de jeunes. On note également l’existence de plusieurs organisations et associations de jeunes et de femmes, par exemple l’Association ACATI qui compte en son sein 66 groupements, qui peuvent être des supports de développement. La question de la formation est un élément indispensable pour le développement. Former les jeunes et les femmes aux métiers, permet de les préparer à l’emploi et améliore la probabilité de réussite des projets d’AGR. Le département de Guiglo dispose d’un atout majeur dans le domaine de la formation, grâce à la présence du Centre de Formation Professionnelle de Guiglo. Ce centre offre des formations dans les domaines de la soudure, la construction métallique et de la mécanique générale. Il convient toutefois, de noter que ce centre reste sous utilisé, au regard de sa capacité d’accueil et du nombre d’élèves inscrits à ce jour. En effet, avec une capacité de 300 élèves, le centre compte actuellement seulement 66 élèves. En outre, les offres de formations restent très peu diversifiées. Alors que Guiglo est une région agricole, il n’existe pas de formation dans le domaine de l’agriculture.

b. Faiblesses

Malgré ces énormes potentialités, de nombreux facteurs entravent le développement économique du département de Guiglo.  Insuffisance ou mauvaise qualité des infrastructures La distance qui sépare la localité du premier pôle de développement économique du pays qu’est Abidjan, est un facteur limitant. En effet, Abidjan représente pour presque toutes les régions de la Côte d’Ivoire, surtout celles dont l’activité agricole est le levier, un marché important pour l’écoulement de leurs produits. Guiglo est excentré par rapport à l’axe Abidjan, Daloa, Duekoué, Man. Cette distance combinée avec des infrastructures routières de faible qualité exacerbe le développement du commerce entre les départements de la Région. Un autre facteur qui ralenti le développement économique de la zone est le manque d’unités de transformation. L’activité de transformation apporte la valeur ajoutée à la production. Elle permet une meilleure rémunération des produits agricoles et a un effet réel sur le revenu des paysans. Elle favorise en outre, la création d’emplois dans de nouveaux secteurs et de ce fait, participe au développement économique de la localité. Le manque d’unités de transformation, nuit aux opportunités d’emploi et est l’une des causes de l’immigration des jeunes vers le sud du pays, plus industrialisé.  Faible productivité agricole

L’amélioration de la productivité agricole est au cœur de l’objectif de réduction de la pauvreté en milieu rural. Pour y parvenir, le progrès technologique, sous forme de semences améliorées, de systèmes d’irrigation ou de mécanisation, ainsi que l’accès à des marchés à plus forte valeur ajoutée constituent des atouts essentiels. Ces avancées sont globalement hors d’atteinte pour la majeure partie des producteurs souvent regroupés en association. Ce qui a pour conséquence la pénibilité du travail et le faible niveau de productivité. Les systèmes de production vivrière pratiqués par les exploitants actuels sont fondés sur la culture manuelle, extensive et itinérante sur brulis, aux rendements faibles.

27

En outre, le secteur des productions vivrières est confronté à divers problèmes notamment :  L’insuffisance de l’encadrement des producteurs ;  Les difficultés d’accès aux semences ;  Le problème d’acquisition des intrants lié à l’insuffisance de financement dans le secteur ;  L’insuffisance des infrastructures de stockage, de transformation et de conservation des produits ;  La non-maîtrise de l’eau et malgré un bon réseau hydrique avec plusieurs cours d’eaux qui constitue un atout pour le développement des cultures irriguées au niveau de ces régions. Les cultures pérennes, comme l’hévéa, avaient attiré dans un passé récent de nombreux jeunes. Cependant, les producteurs rencontrent de nombreuses difficultés dans la mise en place de ces cultures pérennes dues à :  L’absence au plan local de dispositif de formation et d’appui conseil aux exploitants en dehors de ceux apportés par des sociétés privées ;  Le coût élevé des produits d’entretien ;  La réduction drastique des terres cultivables ;  Le coût des travaux de mise en place de la culture et des difficultés à mobiliser une main d’œuvre agricole ;  L’enclavement des plantations villageoises ;  Les difficultés de subsistance rencontrées par de jeunes exploitants avant les premières récoltes.

 Difficultés liées au secteur des productions animales, de la pêche et de la pisciculture

La couverture des besoins en viande et poissons est assurée par l’approvisionnement en provenance des villes environnantes. Au niveau de la production halieutique, les acteurs rencontrés ont, dans leur ensemble, révélé que les productions sont très peu développées, malgré les atouts naturels de la localité. L’insuffisance chronique d’alevins et l’inexistence de structures de vente d’aliments constituent un frein, au rayonnement de la pisciculture dans le département. A cette équation, se superpose à un degré moindre, la rareté de l’encadrement des acteurs piscicoles, ainsi que des activités de pêche. Ces mêmes difficultés sont relevées au niveau de la production de volaille. Bien qu’étant une activité qui passionne beaucoup de jeunes, il n’existe pas de structures de vente d’aliments et de vaccins dans la localité, les producteurs sont obligés d’aller jusqu’à Daloa pour les intrants, ce qui augmente les coûts de production.  Faible niveau d’instruction et de formation des acteurs économiques Un des points clés soulignés par la plupart des intervenants comme facteur entravant le développement local, est le manque de formation dans les différents domaines d’activités pour la majorité de la population, particulièrement les jeunes et les femmes. La formation est un moyen puissant de doter les individus de compétences leur permettant d’exercer efficacement une activité économique. Cependant, le faible niveau d’instruction d’une frange de la population doit souligner l’’importance de fournir une formation adaptée aux niveaux d’éducation des bénéficiaires. Selon les autorités, ce manque de formation et de suivi explique en partie pourquoi la plupart des projets initiés par les jeunes ont été un échec. En outre, le problème de formation et de responsabilisation des jeunes est réel et a été soulevé par la plupart des intervenants lors des focus group : les jeunes, surtout, les jeunes diplômés sont

28 réticents à entreprendre des activités génératrices de revenu. Ils préfèrent plutôt occuper un emploi salarié alors qu’il n’existe presque pas d’unité industrielle dans le département.

c. Opportunités

Devant la dynamique économique et environnementale, de nombreuses opportunités se présentent pour le département :

 Investissements agricoles

Dans sa phase de transformation, l'agriculture devra nécessairement s'adapter à différentes exigences en matière de compétitivité, de productivité, de sécurité sanitaire et de qualité. Partout dans le monde, les consommateurs sont devenus plus attentifs et plus exigeants sur les offres que le secteur agricole met à leur disposition, sur les différents marchés. Répondre à ces demandes, suppose la mise en œuvre de politiques de financement des chaînes de valeur bien pensées et bien articulées dans le temps. Le financement des chaînes de valeur agricole permet, bien évidemment, de réduire les problèmes d'accès aux ressources financières, mais également ceux liés aux coûts et aux mécanismes de production qui souvent plombent l'activité des petits producteurs. Les potentiels agricoles dont dispose le département de Guiglo plaident en faveur d'un accroissement des investissements dans les chaînes de valeur agricoles notamment, celle du riz. La culture vivrière de contre saison, particulièrement les maraichères, offre des opportunités intéressantes en termes d’augmentation de la production et la résilience aux chocs climatiques.

En outre, les secteurs pastoral et halieutique offrent les meilleurs atouts pour permettre à la fois, la satisfaction des besoins alimentaires et l'emploi des jeunes de la localité. Disposant d’un bon réseau hydrographique avec plusieurs cours d’eaux, ainsi que la disponibilité de nombreux bas-fonds, le développement des secteurs de la pêche et de la pisciculture pourrait s’avérer très rentable pour les populations.

L’évolution des pratiques culturales favorise également le développement de nouveaux secteurs d’activités. Ainsi, la culture des plantes d’ombrage, actuellement développée au niveau du Ministère de l’agriculture, peut faire l’objet d’une activité locale. Il existe une opportunité de développer le métier de pépiniériste.

 Artisanat et transport

A l’instar de toutes les villes de la Côte d’Ivoire, l'artisanat constitue un secteur important dans les activités économiques des populations. La maçonnerie, l’électricité bâtiment, la plomberie sont des secteurs d’activités pourvoyeurs d’emplois mais qui restent encore sous exploités. En outre, le secteur du transport, notamment celui des motos-taxi pourrait être un pilier important pour booster les activités économiques, s’il est bien structuré et encadré. En effet, les pistes villageoises étant en mauvais état, le transport des biens et des marchandises est basé sur les tricycles. Offrir aux intervenants de ce secteur, la formation et les moyens nécessaires pour le professionnaliser, donnera un coup d’accélération à l’insertion durable des jeunes.

 Tourisme et hôtellerie

Le secteur du tourisme est un secteur porteur dans le développement du département en raison de l’existence de plusieurs atouts culturels et environnementaux. Le secteur de l’hôtellerie est en pleine expansion. Il serait aussi intéressant de développer un festival de masque afin de développer le partage culturel.

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Le secteur des services, notamment celui de la restauration et de l’hôtellerie, offre des opportunités intéressantes. Le secteur de la restauration est très peu développé et pourrait être exploité davantage.

d. Menaces

 Environnement socio-politique

Les régions évoluent dans un environnement socio-politique plus vaste, qui est celui de l’environnement national. La première menace est celle de l’instabilité politique. En effet, la résurgence de certaines manifestations dans le cadre des élections et la possible contestation des élections, comme l’on a pu l’observer dans le passé, peuvent entraver la mise en œuvre de certaines activités et impacter négativement une partie des progrès réalisés. L’instabilité politique nuit à l’investissement de long terme, en envoyant un mauvais signal aux opérateurs privés. Au niveau local, le contexte politique reste exacerbé par la manipulation politique.

 Changement climatique

Le changement climatique et les effets néfastes qu’il induit, constitue une véritable menace, surtout, dans le domaine agricole, où la dépendance au climat et à la pluviométrie est assez forte et les pratiques culturales, encore rudimentaires. Dans le domaine de l’élevage et la pêche, il menace la disparation de certaines espèces. En outre, le changement climatique s’est traduit ces dernières années par une montée de la température, ce qui pourrait affecter la productivité du travail et même, détruire une partie de la force de travail en réduisant l’espérance de vie.

 Crise sanitaire

Par ailleurs, la présente étude est rédigée, à un moment où le monde fait face à une crise sanitaire sans précédent. La crise de la Covid-19 qui secoue le monde entier reste réelle et la Côte d’Ivoire fait partie des pays touchés par cette pandémie. La résurgence d’une seconde vague dans certaines régions du monde, amène toutes les nations à considérer ce risque permanent et la menace élevée, surtout avec les mesures de déconfinement adoptées par le pays. Elle affecterait les mouvements des personnes et les biens.

 Question foncière et cohésion sociale

Au niveau local, la crise du foncier dans le passé et l’incapacité pour l’Etat à régler efficacement cet épineux problème, amène à considérer cette menace comme omniprésente. Elle nuit à la cohésion sociale et conduit très souvent à la destruction de nombreuses plantations, à une forte migration, aux conflits entre allogènes et autochtones. En outre, l’insécurité sur les différents axes réduit également les activités commerciales et la mobilité des personnes.

La crise qui affecte le secteur du cacao dans le quart Sud-Ouest et la chute du prix de l’hévéa vont induire une baisse des revenus des producteurs et la modification du climat économique de cette localité.

 Département de Toulepleu

a. Forces

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La situation géographique donne à Toulepleu un avantage comparatif dans le domaine des activités agricoles. La terre est un véritable atout pour cette localité où l’activité agricole est l’activité principale.

L’activité minière est également un atout pour développer le département de Toulepleu. Elle génère une manne financière substantielle et offre beaucoup d’opportunités d’emploi capables d’absorber une grande partie de la force de travail. Cependant, l’activité minière est caractérisée par une informalité du travail.

Potentialité humaine : une grande frange de la population est jeune (selon les intervenants). Ce potentiel énorme peut être capitalisé si cette jeunesse est au travail.

b. Faiblesses

 Informalité de l’économie

La majeure partie des jeunes exerce dans le secteur informel, sans qualification. Beaucoup sont dans les activités de couture, coiffure, de transport (conducteurs des taxis trois roues). Du fait de leur caractère informel, ces activités connaissent un développement limité et les empêchent de bénéficier de l’aide ou de l’appui des institutions financières formelles.

 Pesanteurs culturelles

La culture est un élément essentiel du développement économique. Les communautés de l’Ouest souvent assistées ont développé une mauvaise « culture » à l’égard de l’épargne et de l’investissement qui ne favorise pas l’entrepreneuriat privé.

 Insuffisance de formation et de financement

L’insuffisance de formation est un véritable défi à surmonter pour les acteurs du développement. La plupart des jeunes ont un faible niveau d’éducation dû à la forte présence de populations immigrées et sont sans qualification, beaucoup pratiquent des métiers appris sur le tas (maçonnerie, couture, mécanicien, etc.) et n’ont pas une maitrise de la langue française.

Un autre défi majeur est le manque de financement dû à une faible présence et à la réticence des structures financières à prêter à un détenteur de projet. En effet, il y a une absence de banque classique et les opérateurs mobile money sont quasi inexistants. A ceci s’ajoute le manque de confiance des populations vis-à-vis des structures financières, ce qui, réduit la capacité de mobilisation de l’épargne de ces dernières et de ce fait, impacte négativement l’investissement et l’activité économique.

 Cohésion sociale fragile et insécurité

L’environnement social joue un rôle essentiel dans le processus de développement économique. La pression démographique et la rareté des terres a conduit à de nombreux conflits intercommunautaires. Les zones forestières sont très souvent confrontées à l’insécurité et surtout au phénomène des coupeurs de route. Cela s’explique par le fait que la forêt constitue une source de cachette pour les clandestins et favorise la prospérité de leur activité. A cela s’ajoute la faible présence des effectifs des forces de l’ordre. L’insécurité a pour conséquence de réduire la mobilité des personnes et des biens, réduisant le commerce potentiel entre les différentes localités.

 Difficulté d’accès à la terre

31

Bien qu’il existe des terres disponibles, la difficulté d’accéder à ces terres représente un défi, ce qui met à mal la plupart des projets agricoles de grande envergure.

 Durée inappropriée de l’encadrement des bénéficiaires de micro-projets

Les activités de formation et d’encadrement des bénéficiaires se limitant à la très courte durée du projet ne favorise pas une appropriation totale des outils fournis aux apprenants. Par ailleurs, le faible suivi des micro-projets ou des AGR par les équipes de projet, décourage bon nombre de bénéficiaires notamment les jeunes qui abandonnent les activités initiées.

 Circuit de commercialisation étroit

Le faible circuit de commercialisation exacerbé par la faible qualité des pistes rurales. Toute activité s’insère dans un processus intégrant l’approvisionnement, la transformation, la conservation et la commercialisation. La rentabilité des activités dépend de leur intégration dans cette chaine.

 Manque de culture d’organisation

La faible organisation des jeunes en groupements est un autre facteur entravant la création d’entreprise. Les groupements sont un mode informel de financement, ils se sont montrés dans de nombreux pays et régions efficaces dans la mobilisation de l’épargne et la capacité à octroyer le crédit. Ils permettent une mutualisation des risques et favorisent la cohésion sociale. Dans le département de Toulepleu, le constat est fait que des associations se créent de façon occasionnelle en vue de bénéficier des projets d’aide et se disloquent dès que l’appui est terminé.

c. Opportunités

Les opportunités dans cette zone sont grandes et pourraient couvrir une grande partie des besoins non encore satisfaits. En effet, l’existence de bas-fonds offre les possibilités de développer une grande variété de cultures maraichères. Cela passe, toutefois, par l’aménagement de ces bas-fonds. En outre, les besoins en protéine sont réels (absence de poissonnerie, volailles, …), ce qui offre beaucoup d’opportunités pour le développement des activités de l’élevage et de la pisciculture.

d. Menaces

 Instabilité politique et changement climatique

L’instabilité politique et les effets pervers du changement climatique constituent deux grandes menaces auxquelles est confronté ce département. Les élections à venir et le risque de violences qu’elles peuvent engendrer ne sont pas négligeables au regard du climat délétère qui prévaut dans le pays. De nouvelles tensions peuvent ruiner les résultats acquis dans le domaine de la paix et le développement. A côté de cette menace sécuritaire, le changement climatique et les effets qu’il induit, est devenu une variable importante à prendre en compte dans l’élaboration et la mise en œuvre des stratégies de développement. Le changement climatique affecte la productivité agricole et menace la sécurité alimentaire.

 Conflit foncier

Au niveau local la grande menace demeure le conflit foncier, lié au manque de sécurisation des terres, c’est-à-dire l’absence de titre foncier sur les différentes terres et alimente les conflits intercommunautaires dans la localité. Ces conflits sont exacerbés par la grande vague d’immigration qu’a connu ce département, du fait de l’activité cacaoyère qui s’est développée et de la raréfaction

32 des terres. La plupart des terres convoitées sont déjà vendues et parfois à plusieurs personnes. Comme a pu le souligner le corps préfectoral, le premier défi est la sécurisation des terres à travers l’octroi des titres fonciers aux villageois. Cette sécurisation foncière est nécessaire pour le développement d’une agriculture durable. Cette absence de terre crée aussi une autre forme de migration vers le Libéria à la recherche de nouvelles terres, ce qui peut engendrer des conflits intercommunautaires transfrontaliers.

 Département de Bloléquin

a. Forces

A l’instar des départements de l’Ouest, le département de Bloléquin dispose d’un potentiel agricole et piscicole indéniable. Sa proximité avec le Libéria comme ville frontalière, offre des opportunités de commerce plus grandes dans le domaine du vivrier et du transport.

b. Faiblesses

De nombreuses difficultés minent le développement du département de Bloléquin :

 Infrastructures routières La faiblesse des infrastructures routières est un obstacle au développement du commerce et par voie de conséquence, affecte le développement économique de Bloléquin, en rendant difficile la commercialisation des marchandises. Le développement du commerce agrandit le marché potentiel et augmente ainsi la rentabilité des différentes activités.

 Economie peu diversifiée L’absence d’unités de transformation et de magasin de stockage. Malgré une forte exploitation du bois, on observe une absence de scierie au niveau du département. L’absence de magasin de stockage fait perdre aux producteurs une partie significative de leur production vivrière.

 Absence de volonté La faible volonté des jeunes à s’adonner à certaines activités, notamment dans le domaine de l’élevage.

 Insuffisance de financement Le manque et la réticence des structures financières pour accompagner le nouvel entrepreneur impacte la taille et la durée de vie des activités génératrice de revenu. Dans la localité, il existe très peu de microfinance. La mission a pu noter deux structures (CELPAID, COOPEC) et une structure bancaire (banque populaire).

 Formation Un autre défi à surmonter est celui du manque de formation de la population. Très peu de jeunes disposent de qualification leur permettant d’obtenir un travail décent et bien rémunéré.

 Présence de préjugés

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Les préjugés, images négatives de la région, envoyant des signaux négatifs, freinent une grande partie des investissements dans le département. La crise socio-politique a eu des effets dégradant sur l’image des zones, présentée comme des zones à risque et de conflit. Cela bloque la venue d’opérateurs économiques.

 Fort degré d’informalité Plusieurs activités évoluent dans le secteur informel, en particulier, le secteur du transport avec cette nouvelle forme de taxis tricycle. Le manque de formalisation et de formation (absence de permis de conduire et d’assurance) est souvent la source de nombreux accidents dans le département. De même, au niveau de l’agriculture, le manque d’encadrement impacte négativement la productivité des travailleurs de même qu’au niveau de l’artisanat où l’apprentissage se fait sur le tas. C’est ainsi que les acteurs ont souhaité la création de centres de formation professionnelle dans le département.

c. Opportunités

Au regard des nombreuses potentialités dont regorge Bloléquin, plusieurs opportunités s’offre au département.

L’activité minière offre une perspective pour les populations de Bloléquin. Mais pour que celle-ci puisse avoir les effets positifs sur le niveau des vies des ménages, l’encadrement du secteur minier et la formation des populations est un impératif.

d. Menaces

Les menaces que rencontre Bloléquin sont similaires à celles de Guiglo du fait de la proximité géographique des deux départements.

Tableau 4: Synthèse des forces, opportunités, faiblesses, menaces de la région du Cavally et les solutions préconisées

Forces/opportunités Faiblesses/Menaces Solutions Forces : Faiblesses : - Réhabiliter les routes - Disponibilité de la population jeune - Mauvais états des routes - Reforestation et cosmopolite - Déforestation causée par les - Sensibiliser la population - Pluviométrie abondante défriches et la coupe abusive des - Adopter une démarche participative sur - Fertilité des terres arbres les politiques de protection de - Réseau hydrographique dense - Faible niveau de productivité l’environnement - Forêt dense - Faiblesse du capital humain - Organiser des activités de reboisement - Potentiel agricole - Informalité de l’emploi - Promouvoir l’agroforesterie dans les - Sous-sol riche en minerai - Accroissement de la population plantations - Existences de bas-fonds - Manque de politique - Assurer l’électrification effective de tous - Potentiel touristique. d’assainissement les villages - Extension anarchique des villes - Renforcer la sécurité de la population - Non application des lois - Mettre en place les banques dans les - Absence d’usine de transformation départements pour booster l’économie de produits agricoles et faciliter les transactions commerciales - Circuit de commercialisation étroit - Élaborer des plans d’assainissement, - Faible volonté des jeunes à - Renforcer les corps de contrôles et de entreprendre certaines activités gestions des forêts, en moyen matériel - Insuffisance de financement. et humain Opportunités : Menaces : - Appliquer la loi sur le domaine foncier - Existence de Plan d’aménagement et - Changement climatique (l’élévation - Aménager des bas-fonds développement (PUD, PSD, SRADT) des températures, l’irrégularité de - Implanter des usines de transformation

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- Politique de l’électrification rurale la pluviométrie ; les inondations) agricoles - Réhabilitation des grands axes - Surexploitation des ressources - Renforcer l’apprentissage et l’auto- routiers forestières par les sociétés de bois emploi - Appui des partenaires techniques et - Immigration non maîtrisée - Développer les activités du tourisme et financiers et des ONG - Conflits fonciers entre autochtones les AGR - Potentialités naturelles, culturelles et et allogène et/ou allochtones - Mettre à disposition, des magasins de touristiques - Cohésion sociale stockage - Existence de bas-fonds. - Orpaillage clandestin - Former les paysans en technique de - Chute des prix des produits conservation de produits agricoles, de agricoles gestion coopérative, de diversification de - Crise sanitaire (COVID-19) produits et recherche de marchés - Appuyer les secteurs de la pêche et de l’élevage.  Département de Danané

a. Forces

Zone fortement agricole, la production de manioc et du riz y est développée à grande échelle. De nombreuses femmes sont engagées dans la production, la transformation et la commercialisation de l’huile de palme. Une des potentialités de Danané est de disposer de nombreux étangs pour l’activité piscicole.

b. Faiblesses

 Formation

Le manque de formation de la jeunesse explique le faible taux de réussite dans l’entreprenariat. La formation donne la connaissance, les aptitudes, les compétences nécessaires pour mener à bien une activité. Le manque de formation a été reconnu par tous les intervenants aux discussions.

 Infrastructures routières

L’état de dégradation avancée des routes pose d’énormes problèmes sur l’activité de commercialisation des produits agricoles. En effet, le prix du transport demeure très élevé. Pour des zones où la densité humaine reste relativement faible, l’échange avec les autres villes s’avère crucial.

 Unités de transformation

Le manque d’unités de transformation affecte le prix des produits agricoles, ainsi on assiste à une faible valorisation des cultures agricoles. Ces prix peu incitatifs peuvent affecter négativement la productivité, et augmenter le taux de pauvreté dans le monde rural puisque l’agriculture est la principale source de revenus.

 Financement limité

L’accès au financement est limité, réduisant ainsi la capacité d’entreprendre des populations. L’inclusion financière reste faible et les populations déjà pauvres n’ont pas de collatéral nécessaire pour garantir un prêt bancaire.

c. Opportunités

Sans aucun doute le département de Danané offre de nombreuses opportunités dans le domaine de l’agriculture, surtout, dans le vivrier. Cela se justifie par l’existence des bas-fonds. Mais l’opportunité est plus importante dans le domaine de la transformation. La grande production de manioc et de riz

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doit servir de fer de lance pour la création d’unités de transformation de sorte à ajouter de la valeur à ces produits. Le commerce de l’huile rouge et ses dérivées est aussi une source d’opportunités pour développer des emplois dans les activités connexes.

d. Menaces

Au nombre des menaces figurent, à l’instar des autres départements :

 L’instabilité politique

L’instabilité politique qui demeure la principale menace à la veille de l’élection présidentielle.

 Crise sanitaire

Le paludisme est une des causes majeures des décès dans la zone. Malgré des campagnes contre le paludisme, la non utilisation de la moustiquaire par les populations, continue de faire progresser cette maladie. Son impact négatif sur la productivité et la mortalité infantile est significatif.

La crise du Covid-19 qui secoue le monde entier est une menace pour toutes les populations, plus particulièrement, les populations des zones rurales, qui sont les plus vulnérables. C’est un risque car les centres de santé spécialisée sont inexistants dans ces localités.

 Changement climatique

Le risque de changement climatique présente pour les villages en bordure des fleuves une véritable menace avec la montée des eaux, pouvant entrainer la destruction des cultures et des pertes en vue humaines.

 Département de Zouan-Hounien

a. Forces

Tout comme les autres départements de l’ouest, l’agriculture demeure l’activité principale et le département dispose d’importantes potentialités pour développer ce secteur. En effet, le département dispose d’hectares de bas-fonds non encore exploités. L’agriculture reste, cependant, dominée par les cultures de rente, très peu de cultures vivrières sont pratiquées. Le développement de l’activité minière est une potentialité sur laquelle les autorités peuvent s’appuyer pour développer le département. La présence de la mine d’Ity demande d’actualiser les projets de développement.

b. Faiblesses

 Pesanteur culturelle

Une forte pesanteur culturelle qui nuit au développement du département. Pour beaucoup de jeunes, le travail agricole est dévalorisant et faiblement rémunéré. Ainsi la préférence pour le travail minier s’est développée. La présence de la mine a des effets négatifs sur l’incitation des jeunes à travailler. Elle a favorisé l’orpaillage clandestin, la déscolarisation de nombreux enfants, l’augmentation de l’insécurité alimentaire et a généré une forte pression foncière.

 Absence d’esprit entrepreneuriat

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La faible incitation des jeunes à entreprendre, en partie lié au contexte sociologique dans lequel les populations préféraient être assistées plutôt que d’entreprendre. Le manque de volonté a entrainé l’échec de nombreux projets financés dans la localité.

 Manque de solidarité entre les acteurs locaux

Manque de coordination et de cohésion entre les différents acteurs de développement dans le département. Les fils et filles du département ont un rôle primordial à jouer dans le développement, ils doivent conjuguer leurs efforts afin d’œuvrer au bien-être des habitants. Le manque de cohésion a le plus souvent entrainé la manipulation de la jeunesse et des crises intra et intercommunautaires.

 Informalité de l’économie

Le fort taux d’informalité des activités est un manque à gagner pour le développement du département. Ceci est dû au faible niveau d’éducation et à une absence de certaines structures étatiques, à des frais de dossiers élevés et des délais de traitement assez longs.

 Confiance vis-à-vis des institutions

Faible dialogue entre les autorités déconcentrées et les populations, ces dernières voyant dans l’Etat un « ennemi ».

 Faible niveau d’éducation

Le taux d’analphabétisme élevé affecte le niveau du capital humain et cela se répercute sur le niveau de productivité des populations.

c. Opportunités

Des opportunités existent dans presque tous les secteurs mais demandent de la volonté pour se matérialiser. La demande de protéine animale peut servir de tremplin pour développer l’élevage. Le développement et la modernisation du secteur du transport, notamment les taxis motos, peuvent permettre d’employer de nombreux jeunes. L’agriculture vivrière contre saison à cycle court est également une opportunité et un bassin d’emplois pour des milliers de jeunes.

d. Menaces

Les menaces que rencontre Zouan-Hounien sont similaires à celles de Danané du fait de la proximité géographique des deux départements.

Tableau 5: Synthèse des forces, opportunités, faiblesses, menaces de la région du Tonkpi et les solutions préconisées

Forces/opportunités Faiblesses/Menaces Solutions Forces : Faiblesses : - Terre très fertile et très riche en - Manque de formation de la jeunesse - Former les jeunes minerais - Faible état des routes - Réhabiliter les routes - Existence de nombreux étangs pour - Manque d’unités de transformation - Implanter des usines de la pisciculture - Insuffisance de financement transformation agricoles

- Existence de bas-fonds - Problème de terre pour exercer - Financer les activés de développement - Zone fortement agricole l’agriculture et l’élevage - Procéder à la reforestation des - Atouts dans plusieurs domaines - Destruction de la forêt et occupation des zones touchées (transport, commerce, agriculture, réserves naturelles - Sensibiliser et resocialiser la élevage) - Forte pesanteur culturelle qui nuit au développement du département population

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- Zone à forte pluviométrie (8 mois sur - Faible incitation des jeunes à - Adopter une démarche 12) entreprendre et manque d’intérêt des participative sur les politiques de - Atouts touristiques (réserve du Mont jeunes pour certaines activités protection de l’environnement Nimba, ponts de lianes, hôtels, - Manque de coordination et de cohésion - Organiser des activités de restaurants) entre les différents acteurs de reboisement

- Brassage culturel (Guinée-Libéria- développement dans le département - Renforcer la sécurité de la - Fort taux d’informalité des activités population autochtones) - Dialogue inexistant entre autorités et - Élaborer des plans - Activité minière. populations d’assainissements, - Taux d’analphabétisme élevé - Renforcer les corps de contrôles et - Beaucoup d’orpailleurs clandestins de gestions des forêts, en moyen cachés à Floleu et à Binhouen. matériel et humain - Appliquer la loi sur le domaine Opportunités : Menaces : foncier - Opportunités dans le domaine de - Instabilité politique - Aménager des bas-fonds. l’agriculture, surtout, dans le vivrier - Changement climatique - Existence de bas-fonds - Paludisme, causes majeures des décès - Création d’unités de transformation dans la région - Commerce de l’huile de palme et ses - Crise de Covid-19 (risque élevé car dérivées inexistence de centres spécialisés dans - Forte demande de protéine animale les localités) (qui peut servir de tremplin pour - Zouan-Hounien est une zone où les développer l’élevage) tensions sont très fréquentes. - Développement et modernisation du secteur du transport, notamment les taxis motos, peuvent permettre d’employer de nombreux jeunes - Agriculture vivrière en contre saison est une opportunité et pourrait constituer un bassin d’emplois pour des milliers de jeunes.

IV.2.2 Attentes et besoins des parties prenantes et besoins en renforcement des capacités

Tableau 6: Tableau consolidé des opinions, attentes et besoins

Acteurs de développement Opinions Attentes Besoins Besoins en renforcement de capacités

Gouvernement local Conscience de Plus d’implication et Plus d’appuis Renforcement des l’existence des d’ententes entre les techniques ; capacités de la potentialités, des défis ; cadres de la localité ; Appuis logistiques, police et la Inquiétude exprimée sur Resocialisation et matériels (véhicules gendarmerie en la situation sécuritaire et responsabilisation des des forces de genre et droit sociopolitique ; jeunes ; l’ordre) ; humain. Difficultés de ramener Créer une école Outils de les jeunes déscolarisés agropastorale ; sensibilisation et de dans un circuit Faire des communication. d’apprentissage ; sensibilisations sur le Non existence d’une changement de école de formation au mentalité ; métier d’agriculture ; Communication plus Renforcer le dialogue vaste sur les entre les autorités programmes et les

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locales et la jeunesse ; opportunités ; Les femmes sont plus Plaidoyer auprès du entreprenantes que les Gouvernement central hommes ; pour la facilitation de Problème foncier, l’acquisition des véritable problème dans documents fonciers. les régions.

Conseils Régionaux et Renforcer le dialogue Aider les femmes et les Création d’industries Renforcement de Municipalités entre les autorités jeunes à sortir de locales ; capacité dans le locales et la jeunesse ; l’informel ; Réhabilitation des domaine du genre, Refus de la jeunesse à Plaider au niveau de infrastructures droits humains et s’adonner à l’élevage et l’Etat pour avoir des routières et sociales. environnement. à l’agriculture ; documents Vastes potentialités dans administratifs pour les l’agriculture et l’élevage ; mototaxis ; Possibilité de développer Demande de plus le commerce avec les d’investissements dans pays frontaliers (Libéria, les infrastructures Guinée). routières pour faciliter la circulation des biens et des personnes ; Mieux organier l’orpaillage.

Secteur privé et structures Les projets ne les Plus de soutiens Personnels Renforcement en techniques (ANADER, impliquent pas dans le financiers. qualifiés (BTP, NTIC, techniques de Agence Emploi Jeunes, choix des bénéficiaires, artisanat) ; partenariat, Centres Techniques et le suivi des activités et la Financement ; communication et Professionnels, Chambre formation ; recherche de des Métiers de L’artisanat) Réhabilitation et financement ; Sous-utilisation des modernisation des services déconcentrés de infrastructures de Renforcement des l’Etat ; formation ; capacités en techniques de Inadéquation entre la Développement de formation et l’emploi ; production et partenariats pour le commercialisation, Insuffisance de développement de gestion financière prospection en matière nouvelles filières et le et comptabilité d’emplois ; financement des simplifiée. Les secteurs de la activités et la coiffure et la couture communication sur sont saturés ; les filières disponibles. Absence / insuffisance de structures financières.

Associations locales et Beaucoup de jeunes ont Obtention de ports Formation dans tous Renforcement de groupements appris le métier de secs ; les secteurs capacité en (Hommes/Femmes/Jeunes) l’artisanat sur le tas ; Plus de sécurisation d’activités ; entrepreneuriat, Volonté des jeunes et routière ; Mesures techniques de production et des femmes à travailler ; Prévention et prise en d’accompagnement (financement et kits) ; commercialisation, Produits agricoles peu charge des cas de gestion financière valorisés ; violences basées sur le Centre d’incubation. et comptabilité Difficultés genre. simplifiée, genre, d’approvisionnement en droits humains, intrants ; environnement, alphabétisation,

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Difficultés de nutrition ; commercialisation et de Réseautage, transformation de gestion des produits. conflits.

V. PROBLEMATIQUE DU GENRE, IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX ET SOCIAUX DU PROJET DANS LA ZONE D’ETUDE

V.1 Problématique du genre De façon générale, il est désormais admis que les femmes jouent un rôle important dans le processus de développement. Elles sont au cœur du développement à travers les potentielles retombées que l’autonomisation des femmes peut avoir sur la société. L’autonomisation des femmes améliore le développement humain, permet à ces dernières de participer au budget du ménage, réduire la mortalité infantile et l’insécurité alimentaire, favorise la cohésion sociale. Agir en faveur des femmes est un important levier pour atteindre l’émergence économique et le progrès social.

Au cours de ces dernières décennies la situation des femmes s’est nettement améliorée en raison de nombreuses actions menées par les autorités ivoiriennes, les partenaires au développement, notamment les ONG, tant au niveau national qu’au niveau local. Au niveau local, de nombreuses actions ont été initiées en vue de contribuer à l’autonomisation économique, sociale et politique de la femme dans les différentes régions de la Côte d’Ivoire.

La zone de l’Ouest a reçu une attention particulière en raison des nombreuses crises socio-politiques qu’a connues le pays et dont les femmes, les jeunes et les enfants ont été de grandes victimes. C’est dans ce contexte que le projet d’appui à la prévention des crises et à la consolidation de la cohésion et de l’inclusion sociale a été initié dans deux régions de l’Ouest de la Côte d’Ivoire (Cavally et San- Pedro). Ce projet au cours de la première phase a mené plusieurs activités, qui ont contribué à réduire les inégalités de genre dans la plupart des zones d’intervention du projet. Les femmes de ces différentes localités ont vu leur situation économique, sociale et politique s’améliorer. En effet, lors de l’évaluation de la première phase, des points positifs ont été soulignés, notamment l’augmentation de la participation des femmes au groupement et à la vie politique et sociale de leur communauté, l’amélioration de leurs revenus et de la situation économique de leur ménage grâce aux activités génératrices de revenus. L’accès aux infrastructures de base a aussi connu une amélioration significative en raison des créations et réhabilitations des pompes hydrauliques, des écoles et des centres de santé.

Et pourtant les défis sont encore importants pour parvenir à une pleine autonomisation des femmes et réduire les inégalités du genre de façon substantielle. En effet, le projet dans sa mise en œuvre au cours de la première phase n’a pas pu couvrir les besoins de toutes les localités et des bénéficiaires, et le souhait de voir une seconde phase du projet être entreprise dans les régions d’intervention avait été vivement souhaité. C’est ainsi que cette étude diagnostique note qu’en dépit des progrès réalisés, des inégalités de genre subsistent encore dans tous les 5 départements visités. Ces inégalités apparaissent aussi bien au niveau économique que social et politique.

Au niveau économique, il faut souligner malgré l’enthousiasme et la volonté exprimées par les femmes lors des focus group, que certaines restent encore frappées par la pauvreté du fait de l’absence d’activités génératrices de revenus. En outre, l’accès à certains moyens de production leur est limité en raison des pesanteurs culturelles. En effet, dans les 5 départements étudiés, les femmes disposent de moins de portion de terre comparativement aux hommes et lorsqu’elles en disposent, celle-ci est de qualité faible par rapport à celle des hommes. Les femmes éprouvent aussi

40 d’importantes difficultés pour accéder au crédit, ce qui limite l’entrepreneuriat et réduit leur productivité.

Dans le domaine du social, il continue d’exister dans de nombreux villages des 5 départements d’importants besoins à combler, notamment dans l’accès à l’eau potable, l’électricité, l’éducation et la santé. Les femmes sont les plus affectées par le manque d’accès à ces différents services sociaux de base. L’eau potable, source de vie, est dans certains villages, une denrée rare. Ce sont les femmes qui exercent la lourde corvée de provision des ménages en eau. Le difficile accès à l’eau potable détourne les femmes des activités génératrices de revenus au profit des taches de recherche d’eau. Quant aux domaines de la santé et l’éducation, la problématique est de faciliter l’accès aux couches vulnérables, particulièrement les femmes et les enfants. La santé reproductive est un objectif majeur des communautés rurales, car certaines femmes enceintes continuent de ne pas bénéficier de soin médical moderne pendant la période de grossesse ou à l’accouchement. Ce qui a pour conséquence l’augmentation de la mortalité maternelle.

Au niveau de l’éducation, tout comme au niveau national, les femmes sont encore moins instruites que les hommes et leur niveau est plus faible que celui des hommes. Le principal facteur explicatif demeure en général, les pesanteurs culturelles, qui attribuent à la femme un rôle de ménagère et insistent sur le fait que cette dernière devrait consacrer la majeure partie de son temps à l’éducation des enfants.

La situation politique des femmes dans presque tous les départements visités s’est nettement améliorée. Elles ont davantage confiance en elles, dirigent des associations, sont capables de prendre la parole en public. En effet, plusieurs participants ont reconnu le rôle positif des femmes dans le règlement des conflits et la cohésion sociale. De plus, elles sont de plus en plus vues par leur partenaire comme conjointe et non comme une subordonnée. Toutefois, dans certaines localités, les femmes restent encore en marge de la société, leurs droits en tant que femmes sont moins reconnus et leur participation au développement de leur communauté est limitée. Certaines sont encore victimes de violences basées sur le genre. En effet, des cas de viols et de vols ont été signalés par les femmes lors des focus groups dans le département de Guiglo. Ces incidents sont perpétrés par les jeunes, souvent sous l’emprise de la drogue.

L’examen du PRODOC de la deuxième phase du projet révèle que celui-ci s’inscrit dans la continuité de la première et entend, à travers ses activités, contribuer à l’égalité du genre dans les zones d’intervention. La stratégie de cette phase est fondée sur une approche multisectorielle et communautaire, prenant en compte les questions de genre afin de lutter contre toute forme de discrimination, et d’offrir les mêmes opportunités à tous et à toutes. Ainsi, l’analyse souligne que dans l’approche programmatique, les questions de genre et de droits humains sont pleinement intégrées dans les approches préconisées et se reflètent dans les actions prévues.

En effet, les activités de cette deuxième phase du projet ont débuté par une analyse genre pour mieux identifier les écarts en termes d’inégalités de genre que le projet devra adresser. Elle donnera un meilleur état des lieux de la situation des femmes, identifiera les principales contraintes à l’égalité du genre dans les zones d’interventions du projet et orientera les parties prenantes sur les aspects les plus susceptibles de favoriser l’égalité du genre.

Au niveau de la mise en œuvre, il est prévu que les interventions du projet se feront dans plusieurs domaines qui contribueront au développement humain des couches vulnérables, particulièrement, les femmes. Dans le domaine de la cohésion sociale et la coexistence pacifique, les activités de sensibilisation et renforcement du dialogue communautaire, avec un accent mis sur la sensibilisation de masse sur la coexistence pacifique entre les rapatriés récents et les communautés hôtes et les Violences Basées sur le Genre (VBG) se feront à travers le théâtre communautaire. Ceci devrait avoir

41 des effets positifs sur la stabilité locale, réduire les conflits intercommunautaires où les femmes sont les premières victimes. Il est également prévu la création et la réhabilitation des infrastructures communautaires, ce qui aura pour effet d’améliorer l’accès des femmes aux services sociaux de base. Par ailleurs, le projet prévoit de donner davantage de responsabilités aux femmes dans la gestion quotidienne des infrastructures hydrauliques.

Le volet socioéconomique du projet mettra l’accent sur la création des activités génératrices de revenus en accordant une grande place aux groupements de femmes. Le projet prévoit une représentativité d’au moins 50% des groupements de femmes des Organisations communautaires bénéficiaires de renforcement de capacités techniques et organisationnelles. Des mécanismes également sont prévus pour permettre aux femmes de contrôler les ressources provenant des AGR. Ainsi, le projet contribuera à l’autonomisation économique des femmes.

En ce qui concerne le volet entrepreneuriat, l’objectif du présent projet est d’identifier et former au moins 40% de femmes dans les différents métiers en rapport avec les besoins du marché de l’emploi. Dans un souci de discrimination positive, le projet met l’accent sur la recherche de meilleures opportunités pour les femmes, en vue de contribuer efficacement à l’amélioration de leurs conditions de vie. Les différentes études (socioéconomique sensible au genre et l’étude genre) en cours, sont des outils dont l’application dans les futures activités permettront d’assurer une meilleure prise en compte des besoins sexospécifiques en lien avec le projet. Au regard donc de ce qui précède, nous pouvons espérer des effets positifs du projet sur l’égalité du genre et l’amélioration des droits humains.

V.2 Impacts environnementaux et sociaux du projet dans la zone d’étude La zone d’étude est une zone forestière qui connait une dégradation de ses forêts naturelles menacées sous l’effet conjugué de plusieurs facteurs notamment la croissance démographique, les pratiques culturales inappropriées, l’exploitation peu rationnelle du bois, des feux de brousse, etc. Le projet dans le choix de ses activités devrait tenir compte de cette fragilité. L’analyse du PRODOC permet de constater que les activités prévues pour la mise en œuvre du projet, n’entraînent pas directement, en principe, d’impacts environnementaux ou sociaux négatifs majeurs. Ce document prévoit de tenir compte dans ses activités, de l’aspect environnemental. Dans le domaine agricole, il est envisagé par exemple, d’utiliser des technologies utilisant de l’énergie propre (énergie solaire) et des semences améliorées et les bonnes pratiques agricoles. La stratégie d’intervention telle que déclinée dans le PRODOC est focalisée sur le dialogue, la sensibilisation et le renforcement des capacités. Dans la composante 1, la concentration sur les activités de cohésion sociale ne génère aucun impact négatif sur l’environnement. Les activités des composantes 2 et 3 (réintégration des personnes rapatriées dans les communautés d’accueil à travers un mécanisme socioéconomique et la facilitation à l’auto-emploi et l’entreprenariat respectivement) pourraient, par contre, induire des effets en cas de non-respect de certaines règles dans le choix des activités à conduire, notamment celles relatives aux AGR qui seront sélectionnées. Par exemple, si le projet choisit d’appuyer les cultures vivrières, il faudrait s’assurer que les terres destinées à ces cultures ne souffrent d’aucun litige foncier et que l’utilisation des fertilisants et pesticides est sérieusement encadrée par les structures compétentes. Les activités de transformation de l’huile de palme, de tubercules et féculents, de fruits et légumes génèrent aussi des impacts environnementaux, avec les procédés de cuisson qui demandent beaucoup de bois et des presses qui sont en général installées à côtés des cours d'eau, dont les eaux

42 usées chargées de déchets organiques se déversent directement dans ces mêmes cours d'eau, contribuant ainsi à leur pollution, à la dégradation du milieu et de la fertilité des sols, etc. Le projet prévoit des forages, il est judicieux de noter que les puits et les points d'eau insuffisamment protégés risquent facilement d'être pollués par les déjections animales. L'eau potable, rendue ainsi impropre à la consommation, expose la population à des risques sanitaires car la concentration d'animaux autour des puits peut favoriser la propagation d'épidémies si les règles hygiéniques ne sont pas respectées. Les activités de construction de centres et écoles pourraient de leur côté, avoir des impacts négatifs sur l'environnement, car elles nécessitent de l'espace pour leur réalisation. Le projet devrait veiller à ce que ce type d’activités ne soit pas exécuté sur un espace encore boisé, ou recouvert de végétation ou d'autres ressources environnementales, pour ne pas être responsable d'érosion, de pollution sonore lors des phases de construction, ou d’augmentation de la production de déchets, etc. L’absence d’équité et de transparence, ainsi que la discrimination dans la procédure de sélection des bénéficiaires, d’allocation et d’appui aux AGR pourraient entraîner des conflits sociaux pouvant compromettre l’atteinte des résultats escomptés par le projet. Les discussions ont mis l’accent sur le fait que certains individus ont déjà plusieurs fois bénéficié des mêmes projets. A côté de ces effets négatifs, il faut souligner les effets bénéfiques que le projet va induire dans la zone concernée. En effet l’appui aux AGR (fourniture d’intrants de semences, d’équipements, d’unités de transformation, de kits d’installation …) va contribuer de façon importante à la création de petits emplois, donc à la lutte contre la pauvreté dans la zone du projet, notamment en offrant des alternatives économiques à l’exploitation des ressources naturelles. Il permettra de contribuer à la diversification des productions locales, à la réduction du chômage des jeunes et l’exode rural, ainsi qu’à l’augmentation des revenus, etc. Ce qui permettra à la population de satisfaire ses besoins fondamentaux, notamment la scolarisation des enfants, l'accès aux soins de santé, la participation pour la mise en place des infrastructures communautaires, etc. Néanmoins certaines activités peuvent être associées à des effets négatifs qu’il convient de prévenir ou d’atténuer en vue d’optimiser les retombées bénéfiques du projet.

VI. PROPOSITIONS DE STRATEGIE D’AMELIORATION DU NIVEAU DE REVENUS DES POPULATIONS : CHOIX DE SPECULATIONS AGRICOLES ET D’ACTIVITES Le développement est un processus multidimensionnel qui nécessite la combinaison de plusieurs actions, qui doivent être coordonnées et mises en relation de manière hiérarchique. Parmi ces actions, certaines sont jugées prioritaires en raison de leur fort effet d’entrainement sur le reste de l’économie. En lien avec l’analyse SWOT des régions, une stratégie de développement bâtie sur les piliers suivants, est proposée afin d’impulser un changement socio-économique. Elle repose sur le renforcement de la gouvernance locale, la promotion de l’auto-emploi à travers la formation, l’innovation et la création d’emplois verts, la diversification de l’économie suivant un développement de la chaîne de valeur et, le renforcement de la cohésion sociale et la sécurité. Il faudrait souligner que, vu l’ampleur de la demande, les seules ressources du projet ne pourront pas couvrir tous les besoins exprimés par les populations. Certains des choix proposés relèvent de l’Etat, des collectivités territoriales, du secteur privé et des communautés.

1. Renforcement de la gouvernance locale (l’Etat)

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Il est important de renforcer la gouvernance locale pour un engagement plus efficace des acteurs locaux dans le processus de développement. Cela nécessite que des réformes institutionnelles soient entreprises, pour que plus d’autonomie financière soit accordée aux autorités locales, afin de renforcer la confiance des gouvernés à l’égard des institutions. En outre, la réalisation d’un développement harmonieux exige une mutualisation des actions des projets dans les différentes régions. L’autorité locale a un rôle majeur à jouer dans la coordination des activités des différents projets de développement. Il serait donc important de mettre en place (instituer) un cadre de concertation entre les parties prenantes afin de créer une synergie dans les actions et une utilisation optimale des compétences.

. Amélioration de l’offre des services sociaux de base (Etat, collectivité, secteur privé, communauté et projet)

 Appuyer le financement des infrastructures sociales de base

Le développement des activités économiques dans les zones rurales est ralenti en majeure partie, par l’absence ou l’insuffisance de certaines infrastructures, particulièrement, dans le domaine des infrastructures routières, hydrauliques, électricités, sanitaires et éducatives. Dans l’agriculture moderne, les activités de transformation, l’eau et l’électricité sont des facteurs de production primordiaux. La mécanisation de l’agriculture, les activités de transformations telles que les moulins requièrent la disponibilité de l’énergie. En outre, l’adage selon lequel « la route précède le développement », souligne l’importance des infrastructures de transport pour soutenir les activités économiques. Celles-ci permettent le désenclavement des différentes zones, l’élargissement de leur marché et par voie de conséquence, l’augmentation de la demande de marchandises.

Bien que du ressort des autorités gouvernementales, le projet pourrait sensibiliser/appuyer les autorités locales pour la fourniture des infrastructures communautaires, à travers un partenariat public-privé. Il pourrait également œuvrer à la création de mutuelles dans les villages et les soutenir dans le financement et la gestion des infrastructures communautaires, à l’instar des Comités de Développement Communautaire (CDCOM) instaurés par d’autres partenaires (CARE Internationale) dans certaines localités. Ces comités mobilisent des ressources locales et contribuent au financement de certaines infrastructures.

2. Promotion de l’auto-emploi à travers la formation professionnelle et le développement de l’esprit d’entreprise

La longue traversée des différentes crises successives dans la région, a laissé des empreintes sur les jeunes déscolarisés dont beaucoup n’ont pas bénéficié de formation professionnelle adéquate suffisante et d’éducation civique pour entreprendre une activité durable, pouvant les sortir de la précarité. Il existe également des jeunes qui n’ont pas été scolarisés. Ces jeunes s’adonnent à la violence pour se faire entendre et assurer leur survie. Le constat est fait que certains des jeunes dans cette zone ont bénéficié d’un certain nombre de formations et d’appuis, apportés par les divers projets exécutés par les partenaires. Mais, ces formations ont produit très peu d’effets sur l’employabilité des jeunes. En effet, la majeure partie de ces jeunes est toujours inactive, du fait, soit de la très courte durée des formations et l’encadrement reçus, soit par manque de moyens adéquats pour s’installer à leur propre compte ou tout simplement par manque de volonté d’exercer un métier. Les jeunes diplômés préfèrent plutôt occuper un emploi salarié que d’entreprendre une activité génératrice de revenus.

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Pour les populations, y compris les jeunes et les autorités, la priorité numéro un dans les différents départements, est de répondre au besoin de formation qualifiante pour les jeunes, associée à la sensibilisation au changement de mentalité, par la resocialisation et la responsabilisation (afin d’éviter les échecs et la perte des investissements). Le changement de mentalité est un phénomène structurel qui prend suffisamment de temps, très souvent, au-delà du cycle de vie d’un projet. Pour renforcer et rendre plus efficace sa contribution au changement de mentalité des populations, le projet devrait envisager des partenariats avec les différentes structures étatiques et privées, qui disposent de compétences avérées dans ce domaine. L’Office du Service Civique National, qui œuvre pour l’éducation des jeunes au civisme, à la citoyenneté, l’esprit d’entreprenariat et l’insertion, est un partenaire approprié pour le changement de mentalité des jeunes et la réduction du chômage. Il pourrait proposer des modules de formation qui seront couplées aux autres activités pour les jeunes bénéficiaires. Ce partenariat pourrait également s’élargir aux radios de proximité et ONG locales, tout en impliquant les leaders communautaires et les cadres, en vue d’intensifier les actions par une sensibilisation continue en langue locale.

Au niveau du renforcement des capacités, les formations les plus demandées sont l’entreprenariat, l’éducation financière, les techniques modernes de production, les études de marché pour le choix des activités, les techniques de diversification des cultures et de commercialisation, les technologies de l’information, etc.

La présence dans les villes de Man et Guiglo, d’un Lycée Professionnel et d’un Centre de Formation Professionnelle, respectivement, pourrait être une opportunité pour le projet, de nouer un partenariat, afin développer de nouveaux modules de formation. De même, un partenariat avec les autres initiatives en cours par l’Etat (programme d’aide à l’amélioration de l’employabilité et l’insertion des jeunes diplômés, projet emploi jeunes et développement des compétences C2D, fonds national de la jeunesse, fonds d’autonomisation des femmes…) pourrait être recherché en vue de capter les synergies opérationnelles et faciliter la conduite du volet formation et mobilisation de ressources additionnelles.

La présence de l’Agence Emploi Jeunes à Guiglo et Man, est également une occasion à saisir. En effet, cette Agence qui fait des placements de jeunes dans les stages de formation qualifiante pour les BT et BTS, en emploi direct et indirect (CDD et CDI), des stages de validation de diplômes, des formations en Technique de Recherche d’Emploi, l’initiation en entreprenariat, l’élaboration des plans d’affaires, est une structure dont les activités rentrent en droite ligne avec celles du projet en ce qui concerne la formation, l’orientation et l’auto emploi des jeunes. Ce partenariat pourrait être élargi à la représentation locale de la Chambre de Commerce et de l’Industrie, la chambre des métiers, et la chambre des artisans pour l’identification de maitres artisans confirmés afin de favoriser l’apprentissage par l’action des jeunes bénéficiaires du projet. La Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CEGCI) pourrait assurer un mentorat des apprenants dans le but de faciliter leur insertion dans le secteur privé. L’évolution rapide des techniques et technologies dans l’artisanat exige toutefois que ces maitres artisans soient mis à jour afin d’éviter l’utilisation d’outils obsolètes par des stagiaires.

Au niveau des activités agropastorales, l’implication de l’ANADER facilitera au niveau local, l’encadrement, la formation à la maitrise des techniques agricoles et le suivi des activités notamment celles liées à la production de maraichers, l’agriculture vivrière, l’élevage à cycle court, les semences améliorées, etc. Elle pourrait également orienter certains besoins vers les COOPEC pour financement complémentaire.

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Dans le but d’aider à mieux articuler le processus de formation (identification des bénéficiaires cibles, élaboration des curricula et des contenus, modalités de formation, coûts de formation, etc.) et de suivi des activités, les différentes structures (Office du Service Civique National, Agence Emploi Jeunes, ANADER, centres de formation) peuvent apporter une contribution efficace et elles constituent des entités qui pourront poursuivre les actions du projet, après la fin de ses activités.

L’utilisation de relais communautaires, qui sont les individus pris au sein de la communauté, pour une continuité et une diffusion des formations à grande échelle serait une approche intéressante à envisager pour renforcer la viabilité et la durabilité des résultats.

. Choix de spéculations agricoles et d’activités

L’agriculture étant le premier pourvoyeur d’emplois et de revenus dans la zone d’étude, le nombre d’emplois formels en dehors du secteur primaire est marginal. Les emplois concentrés dans la petite industrie locale et dans le secteur tertiaire formel sont très minimes (7,2% dans le Cavally). La terre est propice à l’agriculture et à l’élevage. Les cultures vivrières et les cultures de rente sont diversifiées. De nombreux jachères et bas-fonds dont certains sont aménagés dans le cadre du projet BAD-Ouest, mais inexploités, sont propices à la riziculture, l’aquaculture et à bien d’autres activités.

En plus de l’agriculture, les deux régions regorgent de potentialités économiques importantes dans divers domaines : mines, tourisme, culture, artisanat et pêche, qui sont aussi des atouts pour impulser un développement local durable. En outre, l’analyse a permis de savoir que la demande de certaines productions (volailles, porcins, manioc, riz, poisson) existe sur le marché. Par exemple, dans le département de Zouan-Hounien, l’existence de la société de mines, a accru la demande des produits alimentaires. De même, à Toulepleu, la demande provenant du Libéria constitue un réel potentiel pour accroitre la production locale. Les productions les plus attractives sur le marché sont les produits agricoles, maraichers, le vivrier, le commerce de savon Kabakrou, les dérivés du manioc, la volaille, le riz et le porc. Cependant, la production reste faible comparativement aux besoins des populations.

Une autre contrainte majeure au développement du secteur agricole est la faible sécurisation foncière. L’investissement à long terme dans le domaine agricole ne pouvant se faire que sur les terres sécurisées, c’est-à-dire ayant un titre foncier, le projet pourrait dans les activités de plaidoyer et de sensibilisation, inclure cette problématique en vue de réduire les coûts et délais d’obtention des titres fonciers par les communautés bénéficiaires.

Sur la base de ce qui précède et tenant compte des attentes exprimées par les populations dans les focus group, l’étude suggère les activités suivantes :

 Renforcement des capacités des promoteurs de cultures vivrières

Le projet fonde sa stratégie d’intervention sur l’appui aux activités génératrices de revenus et vise à faciliter l’accès aux capacités de production, dans le but de contribuer à l’accroissement des productivités, à travers la formation aux techniques culturales du vivrier. L’analyse des AGR fait ressortir des besoins en termes de formation en gestion, en organisation, d’équipements/matériels et d’approvisionnement, de respect des normes environnementales.

Le progrès technologique, sous forme de semences améliorées, de systèmes d’irrigation ou de mécanisation, ainsi que l’accès à des marchés à plus forte valeur ajoutée constituent des atouts essentiels. En outre, l’accès au crédit constitue un facteur essentiel à la création et au développement des activités économiques. Le projet devrait soutenir la facilitation à l’accès au crédit

46 pour permettre un financement réel des projets innovants (les projets environnementaux notamment ceux de recyclage des déchets, les start-up, etc.) des populations, plus particulièrement des jeunes et des femmes. Cela implique d’appuyer les jeunes et les femmes à mener des partenariats avec des microcrédits pour l’ouverture d’un compte bancaire et l’obtention de crédit.

Dans l’immédiat, le projet pourrait capitaliser sur l’expérience des Associations Villageoises d’Epargnes et de Crédits (AVEC) établis dans certaines zones, afin de mobiliser l’épargne et aider au financement d’activités d’un plus grand nombre de personnes. En effet, elles contribuent à la mobilisation de l’épargne, l’octroi de crédit, la création d’AGR, facilitent l’autonomisation des femmes. Cette expérience mérite d’être élargie et approfondie dans les autres localités rurales.

 Elevage

Il ressort des différentes analyses que l’élevage notamment de bétail à cycle court (porcin, volaille, grenouille, lapin), constitue une activité prometteuse qui peut entrainer une amélioration de la situation économique des bénéficiaires.

L’aviculture est une AGR porteuse et habituellement menée de façon traditionnelle par la plupart des ménages. Elle est facile à pratiquer et offre de réelles opportunités de génération de revenus. Si elle est bien suivie, cette activité peut procurer d’après les informations, des revenus substantiels et de la valeur ajoutée. La demande locale est très forte, avec des pics pendant des jours de fête. Importante source de protéines pour les ménages, la filière volaille assure l’offre alimentaire en protéines animales à faibles coûts sur les marchés intérieurs. Un appui à la collecte et la commercialisation est souhaité ainsi que la formation dans la fabrication de poulailler, la lutte contre les maladies aviaires, la production des aliments et des poussins.

Par ailleurs, l’existence des étangs et d’un bon réseau hydrographique avec plusieurs cours d’eaux sont propices à l’aquaculture (élevage des espèces aquatiques) et la pisciculture. Les fonds de démarrage sont nécessaires ainsi que la formation des bénéficiaires. D’autre part, l’assistance à ce secteur exige la prise en compte des effets environnementaux et des conflits entre agriculteurs et pisciculteurs.

 Cultures vivrières/maraichères et transformation des produits locaux

Les cultures vivrières et maraichères sont des AGR d’importance capitale, non seulement pour la génération à venir, mais aussi et surtout pour la sécurité alimentaire. Le potentiel de production de ces AGR est très élevé avec une maitrise de l’eau dans la zone. Également, le marché potentiel est élevé car l’essentiel de la production est consommé sur les marchés locaux. Ce marché se développe avec la montée des secteurs de l’hôtellerie et de la restauration. La valeur ajoutée par hectare pour cette filière est généralement très élevée. L’accent devrait être mis sur les cultures à forte consommation locale tels que le manioc qui offre plusieurs dérivés (attiéké, placali, amidon, gari) et le riz communément appelé riz Danané très prisé sur le marché. L’huile rouge est très consommée et intervient dans la fabrication du savon kabakrou. Ces produits sont constamment demandés sur le marché au niveau local, national et même sous-régional (Guinée, Libéria…). Pour être performants, les groupements qui seront bénéficiaires auront besoin de matériels et équipements adéquats et de formation pour mieux réussir ces activités.

Un autre métier dans le secteur agricole qui pourrait être rentable est celui de pépiniériste. Les différentes directions de l’ANADER ont souligné le potentiel d’emplois générés par cette activité,

47 mais elle reste méconnue par les jeunes. Ce métier pourrait également avoir un effet positif sur l’environnement à travers la production de plantes d’ombrage.

3. Innovation et création d’emplois verts

Le processus de destruction-création au cours du développement et la menace du changement climatique conduisent les décideurs politiques à inclure la question environnementale dans leur stratégie de développement. Tous les secteurs doivent innover et s’adapter face à cette nouvelle menace. Pour les régions sous développées et agricoles, la transition vers une agriculture durable et les emplois verts aura des effets significatifs en termes d’emploi et de préservation de l’environnement. Le potentiel de l’emploi vert se trouve dans les secteurs d’activité. L’analyse sectorielle a montré que les secteurs des déchets (collecte-traitement-recyclage), la protection des ressources d’eau (préservation-assainissement-traitement durable), l’agroforesterie et les aires protégées (reboisement, gestion durable des forêts) peuvent créer des emplois verts dans les deux régions. Mais pour une réussite du transfert des ressources vers les emplois verts, des campagnes de communication afin d’informer et de sensibiliser la population sur le potentiel dans ces secteurs s’imposent. Dans un secteur comme la pêche, où les problèmes de conservation, du fait de l’absence d’électrification rurale, ont été signalés, le renforcement du circuit de la commercialisation des produits halieutiques de la pêche traditionnelle à travers des kiosques solaires et des mini-réseaux solaires peuvent être une réponse. Les problèmes de conditionnement, par exemple, peuvent être réglés grâce à la collaboration avec des partenariats entre les producteurs et les acteurs du secteur privé.

4. Diversification de l’économie suivant un développement de la chaîne de valeur

Il ressort de l’étude des deux régions que les interventions n’ont pas été toujours conçues de manière à avoir une portée et une échelle adaptées aux besoins de la chaîne de valeur (CV). Une analyse systématique de la CV dans le secteur agricole a identifié certaines cultures qui renforcent les avantages sur l’ensemble de la chaîne de valeur pour tous les acteurs. La culture de manioc et du palmier à huile, dont les dérivés sont relativement nombreux et déjà utilisés à petite échelle, mérite d’être développée. Toutefois, le souci de rentabilité suppose l’innovation technique dans la production, la transformation et la commercialisation. A cet effet, l’utilisation de techniques culturales du vivrier intelligentes face au climat et respectueuses de l’environnement, des semences améliorées, des produits phytosanitaires, sont des outils essentiels pour améliorer la productivité et partant, les revenus. Les échanges d’expérience avec les coopératives très avancées dans la sous- région, dans la transformation des produits agricoles, permettront d’améliorer la valeur ajoutée à ce niveau, notamment en ce qui concerne les productions telles que la tomate, le gombo, la banane, le riz, l’arachide (décorticage, emballage, promotion, commercialisation). Concernant l’élevage à cycle court (porc, volaille), le projet peut apporter un appui pour le financement et l’encadrement sur place des bénéficiaires du projet dans la production de la viande et des dérivés (jambon, saucisse, patté, etc.).

L'utilisation des TIC peut aider les communautés et les organisations agricoles à renforcer leurs propres capacités et à mieux représenter leurs membres lors de la négociation des prix des intrants et des extrants, des revendications territoriales, des droits sur les ressources et des projets d'infrastructure. Les TIC permettent aux communautés rurales d'interagir avec d'autres parties prenantes, réduisant ainsi l'isolement social. Elles élargissent la perspective des communautés locales en termes de développements nationaux ou mondiaux, ouvrent de nouvelles opportunités commerciales et permettent des contacts plus faciles avec les amis et les parents. La formation dans

48 l’utilisation des techniques de commercialisation utilisant les NTIC pourrait élargir le marché des produits en mettant en contact des partenaires éloignés. La plateforme d’échanges mise en place par le PNUD dans d’autres projets, est un mécanisme qui contribue à réduire l’isolement des jeunes dans le domaine de l’entreprenariat en favorisant les contacts et les partages de connaissances entre les jeunes au niveau rural et ceux des villes, élargissant ainsi, la base d’accès aux opportunités.

 Les secteurs du bâtiment

L’urbanisation et la modernisation qu’elle engendre ouvre de nouvelles opportunités d’emplois. Les métiers du bâtiment sont en pleine expansion dans presque toutes les localités visitées. Ce sont notamment, les métiers de la maçonnerie, de la menuiserie, l’électricité, la ferronnerie, la plomberie, la calligraphie, la sérigraphie, la gravure, les faux plafonds, etc. La principale difficulté au développement de ces activités reste la formation. Pourtant, comme l’a souligné le Directeur du Centre de Formation Professionnelle de Guiglo, la formation au métier du bâtiment pourrait se faire à faible coût, en raison de la disponibilité de matériel localement.

 Aider à la formalisation de certains corps de métiers du secteur informel

Le secteur informel est le premier pourvoyeur d’emplois dans les différents départements. Il est présent dans tous les secteurs d’activité (primaire, secondaire, tertiaire). La forte présence du secteur informel nuit aux activités formelles et constitue un manque à gagner pour l’administration publique. Cependant, ce secteur nourrit plus de la moitié de la population dans les villes. Au cours de cette dernière décennie, plusieurs activités se sont développées, donnant de nouvelles perspectives de développement des industries locales. Celles-ci concernent, notamment, les activités du transport, du bâtiment, des activités de livraison et les activités de service d’entretien.

Ces activités ont d’énormes potentiels pour absorber une partie des jeunes dans les deux régions concernées sur le marché du travail. Toutefois, le manque de formalisation et d’information, détournent une partie de la jeunesse vers les métiers traditionnels et peu porteurs. Le phénomène grandissant des taxis motos (communément appelés les trois roues) est un élément illustratif de ces nouvelles activités. Secteur d’activité très rentable au niveau local, les taxis motos occupent dans tous les départements, les jeunes hommes, leur procurant leur gagne-pain, mais aussi soutiennent les autres activités notamment, le commerce.

Cependant il ressort des nombreuses discussions avec les différentes parties prenantes que cette activité présente des dangers en raison du manque de formation des conducteurs dont la majorité ne dispose pas de permis de conduire, d’une absence d’assurance et d’organisation se traduisant par une augmentation du nombre d’accidents liés aux taxis motos, chose fortement décriée par les populations et les autorités. Il est important d’apporter un appui à ce secteur en termes d’organisation en groupement, coopérative et faciliter à ses membres l’accès aux papiers administratifs et les former à être plus professionnels dans l’exercice de leur activité.

5. Renforcement de la cohésion sociale et la sécurité

La paix, la sécurité et la cohésion sociale sont les facteurs sine qua non sans lesquels, le développement économique et social serait fragile. Elles favorisent les investissements en créant un cadre propice pour les affaires, accélèrent le progrès économique et social, et renforcent la solidarité des communautés. Pour les populations longtemps divisées par des questions politiques et foncières, restaurer une paix durable implique de traiter ces germes de conflit, en impliquant les acteurs politiques (les partis politiques, les cadres, les chefs religieux, et traditionnels et les populations) pour

49 leur participation effective dans les actions de sensibilisation, et en faisant un plaidoyer auprès des autorités publiques pour une sécurisation foncière efficace. L’octroi et le respect des droits de propriété sur la terre permettent de réduire les conflits fonciers. Un partenariat avec les radios communautaires pour une diffusion sur une durée, des messages de paix et cohésion sociale en langue locale serait également une voie envisageable pour toucher un grand nombre de personnes.

Les infrastructures soutenues par le projet, participent également à la réduction des inégalités intercommunautaires et partant, la réduction de sources potentielles de conflits. Dans la première phase du projet, la construction d’infrastructures sociales a été une opportunité de renforcement de la cohésion sociale entre les communautés et une occasion de véhiculer des messages de coexistence pacifique et de prévention de conflits. Les actions en cours, conduites par les conseils municipaux dans les villages, pour la sensibilisation à la cohésion et la coexistence pacifique sont des actions à maintenir et à renforcer par un partenariat avec le projet. Par ailleurs, les relais communautaires constituent aussi des maillons importants dans la sensibilisation communautaire, à la culture de la paix et la cohésion sociale.

Renforcer l’accès et la participation à la vie culturelle en tant que levier de développement économique et social. L’organisation d’activités culturelles (tournoi de football, foire, festival de masque, fête de génération, etc.), la valorisation du travail des artisans, la sensibilisation, etc. sont autant d’éléments qui peuvent permettre le développement du capital social.

Sur le plan sécuritaire, plusieurs actions ont été menées par les partenaires dont le PNUD, qui ont engendré des résultats significatifs. Toutefois, des inquiétudes persistent toujours quant à la maitrise totale de cette problématique qui place l’Ouest dans une zone de fragilité, accentuée par l’existence de la frontière avec le Libéria. Les activités de sensibilisation et de formation (sur la cohésion sociale, la sécurité, la gestion de conflits communautaires, le genre, équité et diversité, etc.) initiées dans le passé avec les Comités Civilo-Militaires incluant les autorités administratives, les forces de l’ordre, les leaders communautaires, les leaders d’association de femmes/jeunes/commerçants, qui ont permis l’amélioration du climat de paix et de sécurité, sont des actions à poursuivre pour assurer un environnement propice au développement durable de l’économie locale.

CONCLUSION Le développement économique et durable passe par une meilleure connaissance du contexte dans lequel évoluent les individus afin d’apporter une meilleure réponse aux défis de développement. La présente étude avait pour but d’identifier les contraintes, opportunités, et menaces dans 5 départements de l’Ouest de la Côte d’Ivoire à savoir, les départements de Guiglo, Toulepleu, Bloléquin, Danané, Zouan-Hounien, pour améliorer l’intervention du projet dans ces zones. Il ressort après analyse, que les deux régions de l’Ouest disposent de potentialités réelles considérables et inexploitées sur lesquelles le projet pourrait s’appuyer pour contribuer au développement dans les différents départements. C’est notamment l’existence de terres propices à l’agriculture, d’un bon réseau hydraulique, des sols riches en ressources naturelles, et d’une population jeune. L’agriculture reste encore la principale source de revenu des ménages, avec une montée croissante des cultures vivrières. Mais le potentiel agricole n’est pas encore pleinement exploité en raison de nombreuses difficultés évoquées ci-haut. L’activité minière qui s’est développée ces dernières années, ne génère pas encore les effets positifs escomptés, mais a plutôt conduit à

50 l’orpaillage clandestin, la déscolarisation des enfants et des jeunes, l’abandon de l’agriculture par de nombreux jeunes, menaçant ainsi la sécurité alimentaire. L’analyse SWOT a permis d’identifier plusieurs raisons du retard de développement des 5 départements. Les faibles qualités des infrastructures routières, le manque de formation des différents entrepreneurs, le manque de financement, le niveau élevé d’informalité sont les principaux facteurs qui entravent la prospérité des activités économiques et le bien-être des populations. A ces problèmes s’ajoutent l’impact négatif des crises socio-politiques qu’a connue le pays dont la zone de l’Ouest a été la plus touchée. En se basant sur l’analyse, l’étude diagnostique a formulé une stratégie de développement économique et social. Ainsi, la formation a été identifiée comme l’activité principale sur laquelle le projet doit bâtir son intervention pour assurer la durabilité de ses résultats. Le besoin de formation doit être mené de manière à renforcer non seulement les compétences des bénéficiaires dans le domaine de la production, mais également dans celui de la commercialisation, de la gestion des ressources financières, et la culture de l’entrepreneuriat. Les activités de formation devraient se faire en associant les différentes structures techniques de l’Etat afin de faciliter le suivi et l’évaluation des effets du projet dans le long terme. Le projet devrait également inclure dans sa stratégie de sensibilisation des populations, plus particulièrement les jeunes, la resocialisation et une plus grande responsabilisation de ces derniers. Par ailleurs, la stratégie d’inclure quelques infrastructures de base dans les activités, est hautement opportune en raison de l’accès difficile des populations en milieu rural à ces infrastructures sociales. Ces infrastructures amélioreront la santé physique des populations et contribueront à renforcer la cohésion sociale dans les différentes communautés. Toutes ces activités ne contribueront au développement économique et social des différentes communautés que si elles sont inclusives et équitables, c’est-à-dire, si les femmes et les hommes jouissent de même droit et opportunité d’accès et que les problèmes environnementaux sont pris en compte. C’est dans ce contexte, que la présente étude en reconnaissant la prise en compte du projet des questions relatives au genre et à l’environnement, recommande que plus d’attentions soient portées sur l’égalité de genre, les activités de modernisation de l’agriculture, et la sensibilisation des populations pour une meilleure prise de conscience de ces nouvelles problématiques dans un climat de crise de la COVID 19 auquel l’humanité est confrontée.

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ANNEXES

 Liste des documents consultés

Intitulés Date d’élaboration 1. PRODOC_ prévention des crises _Mouture finale Juin 2019 2. Enquête sur le Niveau de Vie des ménages en CI (ENV) 2015 3. Enquête par grappe à indicateurs multiples (MICS 5) 2016 4. Plan Stratégique du Développement du Tonpki Tome 1 : Monographie Janvier 2018 Tome 2 : Bilan diagnostic Janvier 2019 Tome 3 : Planification programmation Janvier 2019 5. Projet C2D Volet Etude de Faisabilité du projet de modernisation 6. Juin 2013 de la formation professionnelle en Partenariat Public-Privé (rapport final) 7. Etude sur les dynamiques et capacité de gestion de conflits à 8. Décembre 2012 l’Ouest de la Côte d’Ivoire (cas des régions du Guémon et du Cavally) 9. Document de diagnostic et d’orientations stratégiques (Réforme 10. Novembre 2016 de l’enseignement technique et de la formation professionnelle 2016- 2025) 11. Plan Stratégique du Développement du Cavally 2012-2021 2012 12. Projet de prévention des Crises et Consolidation de la Cohésion 2019 et l’Inclusion Sociale (Rapport annuel des activités 2019) 13. Rapport provisoire Diagnostic V2_SRADT Cavally Février 2020 14. Côte d’Ivoire -Profiling-Report Mai 2015 15. Côte d’Ivoire-Second-Priority-Plan Jan.2015 - Déc.2017 16. Cadre Programmatique Unique CPU 2017-2020 17. Observatoire de la Solidarité et la Cohésion Sociale 3è trimestre 2017 18. PRODOC PACoP-CI Jan.2017 – Déc.2019 19. Rapport Annuel PNUD_CI 2017 20. Rapport Plan Prioritaire 2_PACoP_2018_ENSEA Mars 2019 21. Stratégie Nationale de Développement de la filière Riz en CI Janvier 2012

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(SNDR 2012-2020) 22. Stratégie Nationale de Développement Durable CI (SNDD) Décembre 2011 23. Stratégie Nationale de l’Inclusion Financière CI Février 2013 24. Rapport Synthèse – Etude Nationale Prospective 2040- CI Janvier 2016

 Liste des personnes rencontrées

N° Nom et Prénoms Structure Fonction Contacts PNUD – GUIGLO 1 Lancine Soumahoro PNUD-GUIGLO [email protected] AGENCE EMPLOI-JEUNES GUIGLO / 12-07-2020 2 Eddy Allet Serge Leger Agence emploi Jeunes Chef d’Agence 41 49 83 30 / 49 70 05 34 régionale [email protected] PREFECTURE GUIGLO / 13-07-2020 3 Yacouba Doumbia Préfecture Préfet de région 07 32 97 01 [email protected] 4 Sey Marius Préfecture Secrétaire Général 1 57 57 03 16 SOUS-PREFECTURE GUIGLO / 13-07-2020 5 Nahounou Blé Couédé Sous-Préfecture Sous-Préfet 77 97 73 00 Henri Shemedzer [email protected] CONSEIL REGIONAL GUIGLO / 13-07-2020 6 Doh Dibahi Marcellin Conseil régional du Directeur général 48 92 19 81 Cavally d’administration dibahimarcellin0gmail.com 7 Gnegnene Armel Conseil régional du Directeur des 47 12 27 50 Simplice Cavally services financiers [email protected] 8 Fehone Glossio Laurent Conseil régional du Sous-directeur des 57 91 95 18 Cavally planifications et [email protected] programmation MAIRIE GUIGLO / 13-07-2020 9 Doh Oulaï Mairie Secrétaire général 07 75 86 65 [email protected] 10 Baillet Benoît Severin Mairie Maire 07 60 76 48 / 06 58 58 16 [email protected] CHEFFERIE GUIGLO / 13-07-2020 11 Gleneble Jean dit Chefferie du village de Chef du village 57 45 32 75 Tahouo Guiglo 12 Bah Rene Chefferie du village de Secrétaire général 67 20 97 68

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Guiglo du chef 13 Gnahou Paul Chefferie du village de Conseiller 01 00 95 54 Guiglo PLATEFORME DE SERVICES GUIGLO / 13-07-2020 14 Konan K. Paulin Plateforme de services Coordonnateur 48 10 41 94 du Cavally [email protected] DRAO GUIGLO – FOCUS GROUPS / 13-07-2020 15 Goulain Tounao Directeur régional 33 70 53 19 / 08 42 08 24 Christophe [email protected] 16 Yao Antoine ANADER Guiglo Chef de zone 47 41 73 17 [email protected] 17 Ya Honoré CFP Guiglo Educateur 48 85 89 63 / 54 09 54 95 [email protected] 18 Brahima Ouattara Ministère de Directeur régional 07 24 63 94 / 02 85 33 41 l’agriculture [email protected] 19 Trazie Guy Roland Agence emploi jeunes Conseiller en emploi 42 09 03 45 [email protected] 20 Dou Biko Vitalino Chambre de métiers Président régional 07 65 99 30 [email protected] 21 Sohou Franck ONG DRAO Coordonnateur 57 82 44 60 [email protected] 22 Go Bi Oueri Dieudonne Ministère de la Chargé de la vie 07 73 47 88 promotion de la associative [email protected] jeunesse 23 Koue Henriette AYELI Couturière 72 17 88 89 24 Gibahe Aguatte AYELI Ménagère 04 31 26 31 25 Tahan Aelesse AKOUI Présidente 05 72 55 62 26 Diehi Elisabeth APPOSOMBO Vice-présidente 07 58 78 94 27 Guiryeoulou Toh Bruth Jeunesse communale Président des 49 30 07 44 Freego Jeunes 28 Eric Gbao Glokonhi -Gbao multi-services - Responsable 46 30 93 29 / 07 68 23 38 -Hotel Gbaoly - Gérant [email protected] 29 Tafin Hao Richard Scoops ANOUPEPE Secrétaire général 55 20 20 54 / 07 23 02 60 poekpé[email protected] 30 Yessoufou Allabi Coop-CA ECB PGR La Secrétaire 48 39 08 66 Djamior Paix du Cavally [email protected] 31 Kourouma Mamady Coop-CA ECB PGR La Secrétaire adjoint 48 86 13 17 Paix du Cavally 32 Ninneho Henriette ESP Ami des femmes Présidente 09 74 34 10 epse Nahi Paix-Cohésion sociale AGR 33 Sanogo Massandje AFPVG Vice-président 49 64 60 37 34 Bamba Moussa PCA Coderiz R. chambre PCA point focal 07 12 28 69 N.A [email protected] 35 Tohidje T. Marie- SIPAID Présidente 07 36 47 57 Hortense [email protected] 36 Guiro Sei jeannete UFEG Présidente 47 76 66 17 37 Traore Bakary Aviculteur 47 85 68 93 38 Toure Moussa ANAVICI Président 08 21 75 76 39 Djeha Flora AFPAVM Présidente 09 20 80 88 40 Boukary Diarra PCA Responsable cacao- 07 22 14 73

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café ds coopératives 41 Zompohole Georgette Associations de Présidente 45 99 97 73 tenancières de maquis de Guiglo 42 Oulai Semaho Jacques Association de SGA 09 17 08 44 Roland tenancières de maquis [email protected] de Guiglo 43 Lamina Abdou FENACCI Commerçant 09 75 06 38 / 08 04 81 82 Souleman 44 Youssouf Doumbia Service PCA Coop CA Vice PCA 09 20 99 49 Coderiz 45 Doukoure Lacine Transporteur Chef de gare 05 02 77 34 46 Cherif Ibrahima Transporteur Chef des chargeurs 08 58 72 61 47 Bamba Abdoulaye Transporteur Chauffeur 07 30 61 72 48 Sangaré Moustapha Associations des Président 47 77 25 15 commerçants 49 Bamba Aboubacar Commerçant de bois Secrétaire 47 40 88 03 50 Doh Madeleine KODO Présidente des 07 74 86 42 femmes productrices 51 Diallo Nama AFPNG Présidente 57 81 91 42 / 45 71 22 11 [email protected] 52 Oulai Gueassemon Association ANOUKA Présidente 49 42 17 55 / 45 62 29 90 Sergine Lauraine Belle [email protected] 53 Traore Moussa Chef des pêcheurs 77 10 74 01 54 Guido Sana Pêcheur 77 10 74 36 55 Sinita Ousmane Pêcheur 77 08 85 14 PREFECTURE TOULEPLEU / 14-07-2020 56 Bini Koffi Etienne Préfecture Préfet 08 70 29 59 [email protected] 57 Dio Manae Zoumana Préfecture Sous-préfet 09 14 16 18 [email protected] 58 Yao Dje Préfecture Secrétaire général 07 10 36 50 du préfet [email protected] 59 Gballou Gballou Aymar Sous-préfecture de Meo Sous-préfet 07 62 56 37 [email protected] 60 Tchimondan N. Sous-préfecture de Pehe Sous-préfet 07 38 77 43 Stanislas [email protected] 61 Kouamé Kouadio Sous-préfecture de Sous-préfet 07 19 22 14 Desire Giobli [email protected] 62 Guidy Alain Jenius Chefferie Chef de Cautun 07 43 30 51 [email protected] 63 Zamble Botty Joachim Préfecture Chef de cabinet 58 28 06 68 [email protected] 64 Ouattara Sona Drissa Conseil régional du Chef de bureau 08 40 23 90 Cavally [email protected] 65 Ouohoguiro Robert Chefferie Chef de village 49 99 25 09 66 Kpéa Guei Patrice Chefferie Chef de quartier 07 08 14 57 67 Lago Seraphin Représentant des Pasteur à mission 07 90 53 84 ministres du culte M.A.R.C [email protected] 68 Pehe Komande Chefferie Représentant du 69 54 00 94 / 54 11 59 23 chef de Bokoubly

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69 Koméland Ouloté Jean Chefferie Chef du village de 75 67 91 86 / 08 87 33 47 Toulepleu 70 Kouakou Modeste ANADER Toulepleu Chef de zone 07 63 28 51 / 01 07 64 26 [email protected] 71 Soro Yacouba APNA Représentant du DD 05 10 95 17 MINADER agriculture [email protected] 72 Akpes Yeble Cynthia IFEF Directrice 09 51 03 97 Epse Kobi [email protected] 73 Nioule Joachim ONG PEHE Secrétaire général 49 84 35 99 adjoint [email protected] 74 Gbanhan Bouehi Jean AHOUWINWE Conseiller 08 88 47 01 75 Behe Robert Chefferie Chef de village 48 69 04 37 76 Ouattara Moustapha Préfecture Toulepleu Secrétaire 02 47 59 47 / 07 25 98 14 Administratif [email protected] PREFECTURE TOULEPLEU-STRUCTURES GROUPEMENTS / 14-07-2020 77 Kouadio K. Paul SCOAGI-COOP-CA Directeur 02 51 93 95 comptable [email protected] 78 Gnanhan Muller Jeunesse Toulepleu Président 58 26 72 82 [email protected] 79 Goho Epse Tahi Fédération des femmes Présidente 09 79 06 34 80 Oulibly Henriette Epse MOMPOUHEKPI Présidente 57 90 10 66 Tea 81 Gouaguou Epse Bcaha Assosciation des sœurs Présidente 78 04 34 92 unies 82 Mohon Genevieve Groupement Membre 44 85 26 15 83 Pouin Yignou Done Groupement Membre 08 32 21 09 84 Noudi M. Yvette Groupement Trésorière 56 53 68 33 85 Ouahi Bohibo Touplu Groupement Président 09 35 81 72 86 Fouhoguiro K. Beatrice ANNOINULE Présidente 07 36 10 55 87 Guei Houe Djike AGR ANNOINULE Secrétaire 79 90 54 86 Honore 88 Gnanhi Charles Groupement Sécrivehi B. Secrétaire 08 58 27 98 / 52 94 93 60 Soleil 89 Soho Francois Président 79 62 28 60 90 Kpea Guei Patrice Conseiller 07 08 14 57 91 Biot Melanie Trésorière 01 70 14 57 92 Tiekoula Jonas ONG PEHE Agent terrain 49 68 84 89 93 Djike Theodore COOP-CART Coderiz Directeur 78 92 67 48 Toulepleu [email protected] 94 Nioule Joachim ONG PEHE Secrétaire général 49 84 35 99 adjoint [email protected] 95 Bamon Therese 09 48 76 89 96 Fouhodjiro Alexandre ONG PEHE Agent terrain 57 69 59 00 PREFECTURE BLOLEQUIN / 15-07-2020 97 Sidiki Coulibaly Préfecture de Bloléquin Préfet de Bloléquin 07 98 55 00 [email protected] 98 Zokou Nadje Jean Préfecture de Bloléquin Secrétaire Général 07 79 43 32 / 45 49 40 19 [email protected] 99 Kouadio Koffi Sous-préfecture de Doké Sous-Préfet 07 83 41 12 [email protected] 100 Gnahoua Dogo A.S Sous-préfecture de Sous-Préfet 48 31 48 08

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Bloléquin [email protected] 101 Mangbe Mouigir Sous-préfecture de Sous-Préfet 07 63 20 79 Zeaglo [email protected] 102 Kahi Dezon Leopold Mairie 1er Adjoint au Maire 09 54 61 46 PREFECTURE BLOLEQUIN-FOCUS GROUPS / 15-07-2020 103 Kouamé Konan Serge IEP Econome 48 28 56 73 [email protected] 104 Blehi M. Olivier Jeunesse Président 49 50 08 30 105 Kpassé Delou CNJ-CI département de Vice-président 08 08 01 73 Descartes Bloléquin 106 Diallo Amadou Boucher 09 35 32 98 107 Guei Sena Cyril Jeunesse communale de Président 78 72 93 58 Bloléquin 108 Touho Hugues Jeunesse Président 84 43 82 84 109 Mouhamadou N’diaye 49 13 81 58 110 Alaye Djisuade 47 85 42 87 111 Amadou Diallo 88 39 88 98 112 Moutou 06 18 75 20 113 Si Sanou Patricia 88 44 73 41 114 Mamadou Cissé Transporteur 49 38 92 21 115 Kah Georgette Marché Commerçante, 08 91 36 79 présidente du marché 116 Alain Kpekpe Mairie de Bloléquin Chef de service 49 80 81 26 administratif, [email protected] Représentant du Maire 117 Dembele Clementine Fédération des Commerçante 49 20 33 05 commerçantes PREFECTURE DANANE / 16-07-2020 118 Bene Kouakou Jean Préfecture Secrétaire Générale 48 63 70 99 Louis Préfecture 119 Bamba Dalini Préfecture Chef de cabinet du 57 23 36 89 Préfet 120 Moussa Bamba ANADER Chef de Zone 01 05 47 02 / 59 04 02 42 [email protected] 121 Konan Kouadio Pascal Centre social de Danané Directeur 07 57 48 14 [email protected] 122 Kouame N’da Mairie Chef des services 07 50 30 21 socioculturels [email protected] 123 Vehi Loua Emile Emploi des jeunes Directeur 05 05 22 02 départemental [email protected] 124 Oulai Kouamé Georges ONG EICF Superviseur point 87 68 46 34 focal [email protected] 125 Gnouan Patrice Préfecture Garde sous- 57 25 18 57 préfecture 126 Diémon Dié André ONG GFM3 Chef de bureau 08 96 56 49 [email protected] 127 Gbato Sylvestre ONG GMF3 Membre du bureau 46 35 54 23 local 128 Assahi Armand-M. K. Préfecture Sous-préfet de 07 46 31 31 Danané

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AMI DES FEMMES-DANANE / 16-07-2020 129 Toualy Gueu Arsene SEDHO Président 06 54 33 47 130 Guia Zehe Simone MONT NIMBA Présidente 09 43 68 13 131 Yan Colette KOUABASSEU Présidente 49 38 56 48 132 Tra Oulaï Etèse Coop. Pisciculteurs Secrétaire 07 02 13 47 133 Nelo Seugueu Felicien Groupement des Président 09 51 07 82 pisciculteurs 134 Camara Alima FMUD Présidente 49 64 66 45 135 Sako Oumin SUCCES Secrétaire 67 42 62 35 136 Dan Delphine Espace AMI DES Secrétaire 09 70 93 29 / 44 50 36 99 FEMMES permanente ongsolidarité[email protected] 137 Sengor Albert Participant 47 42 39 85 / 86 75 40 67 138 Kessela Blandine SEDHO Membre 77 48 86 78 139 Gonkeuhou Maxime ZBANGLOUSSEU Président 77 93 55 90 / 56 48 86 86 [email protected] 140 Gbon Benedicte SEDHO Trésorière 04 88 87 69 141 Dieuda Magoua Yvette Espace AMI DES Présidente 09 40 64 78 FEMMES 142 Nestor Wouer Vice-président 09 76 40 74 143 Deuza Boya ANADER ADR 07 02 20 83 / 01 05 08 08 PREFECTURE ZOUAN-HOUNIEN / 17-07-2020 144 Anoh Angoratchè N. Préfecture Préfet 47 08 72 59 145 Toure Seydou Préfecture Secrétaire général 07 99 86 17 146 Xanh Bruno MINADER DD agriculture 09 71 01 33 147 Kouakou Paul DDPJEJ DD jeunesse 08 02 70 10 Hairmond [email protected] 148 Koffi Yao Francis Mairie Chef des services 07 74 28 44 socioculturels 149 Kahou Djehisse Mario ONG EICF Point focal 48 94 44 60 / 06 64 76 75 [email protected]

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PROJET D’APPUI A LA PREVENTION DES CRISES ET A LA CONSOLIDATION DE LA COHESION ET DE L’INCLUSION SOCIALE

CIV10-00116775

TERMES DE REFERENCE

Recrutement de deux (02) consultants(es) nationaux(les) pour dresser un profil socioéconomique sous forme de diagnostic stratégique pour les zones Ouest(les départements de Guiglo, Blolequin, Toulepleu, Danané et 59 Zouan Hounien) et Sud-Ouest(Tabou) en Côte d’Ivoire

Avril 2020

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A. DESCRIPTION DU PROJET

Dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie de solutions durables, plusieurs interventions ont été engagées pour la réintégration durable des personnes déplacées et rapatriés en Côte d’Ivoire. Alors que des efforts sont déployés pour endiguer les conflits qui ont causé le déplacement, il reste encore beaucoup à faire à la fois économiquement et socialement pour combler les gaps des besoins des personnes rapatriées et pour répondre aux défis de la lutte contre la pauvreté et la consolidation de la cohésion sociale dans les zones de retour ou de réinstallation.

Pour faire face à ces défis, le gouvernement de Côte d’Ivoire a élaboré, en collaboration avec le PNUD, le HCR et l’UNESCO, le « Projet d’appui à la prévention des crises et à la consolidation de la cohésion et de l’inclusion sociale ». D’une durée de 32 mois, le Projet est financé à hauteur de 2.856.000 Euro (soit 1,875 millions f CFA), avec 2.725.000 (1,787 millions f CFA) de contribution de la République Fédérale d’Allemagne et 131.000 (77 millions f CFA) du PNUD. Les interventions porteront principalement sur :

- Le renforcement de la cohésion sociale et la coexistence pacifique par le dialogue communautaire et l'accès aux infrastructures sociales de base ; - La réintégration socioéconomique des personnes rapatriées dans les communautés d'accueil ; - La promotion de l’entrepreneuriat jeune à travers la formation professionnelle et la création de micro-entreprises. Le projet prendra en compte la dimension genre aussi bien dans le choix des bénéficiaires que dans la nature même de ses interventions.

Pour assurer la bonne conduite des activités relatives à l’appui à la réintégration socio-économique des personnes rapatriées, en privilégiant une approche des chaines de valeur et pour offrir des options de curricula de formation adaptés aux besoins des populations cibles, il est essentiel de disposer d’une connaissance approfondie des zones d’interventions du projet et de leurs potentiels économiques.

Pour chacune des régions ciblées, les forces, faiblesses, opportunités, et menaces, seront identifiés et analysés, afin de dégager les opportunités économiques et donner des orientations stratégiques pour le développement d’activités génératrices de revenus en vue de la réintégration socio-économique appropriée des rapatriés notamment les femmes et les jeunes.

A cet égard, des études socioéconomiques seront conduites dans les régions de Tonpki (Départements de Danané et Zouan Hounien), du Cavally (Départements de Guiglo, Blolequin et Toulepleu) et de San Pédro (Département de Tabou).

Ainsi, le PNUD lance le recrutement de deux (02) consultants(es) nationaux(les) en vue de dresser les profils socioéconomiques sous forme de diagnostic stratégique pour les régions ciblées par le projet. Ces travaux vont permettre d’identifier les opportunités de développement, d’activités créatrices de revenues les plus prometteuses et de présenter les besoins d’investissement les plus urgents.

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B. CHAMPS DES TRAVAUX

Deux zones d’études ont été retenues pour les travaux des consultant(e)s. Ces sont : la zone Ouest (les départements de Guiglo, Bloléquin, Toulepleu, Danané et Zouan-Hounien) et la zone Sud-Ouest (Département de Tabou). Chaque consultant(e) travaillera sur une seule zone d’étude. Sous la responsabilité du Représentant Résident a.i du PNUD et la supervision du Conseiller au Programme Développement Durable Inclusif (DDI), et en étroite collaboration avec le Coordonnateur national du projet réintégration phase 2, chaque consultant(e) national(e), ayant choisi sa zone d’étude, devra : 1. Décrire le cadre politique, réglementaire et institutionnel pour la gestion du développement dans la zone d’étude : plans locaux de développement, les acteurs clés, les politiques clés, des stratégies et des outils de suivi et de gestion du développement local, évaluation et gestion des impacts socio-économiques ; 2. Décrire la situation socio-économique de la zone ciblée : principaux secteurs économiques, le domaine des infrastructures de transformation et de commercialisation, les aspects socioculturels, technologiques et environnementaux, ainsi que la contribution de cette zone au PIB, la population et la situation de l’emploi, de même que les entreprises privées ; 3. Identifier les responsabilités institutionnelles et les besoins en renforcement des capacités, si nécessaire, afin de mettre en œuvre les recommandations de l'évaluation socio-économique ; 4. Recueillir les opinions, les attentes et besoins sexospécifiques (en lien avec le projet) des partenaires locaux institutionnels et privés : gouvernement, municipalité, secteurs économiques et associations locales ; 5. Identifier des forces, faiblesses, opportunités, et menaces pour le développement local de la zone d’étude ; 6. Effectuer l’analyse de la problématique du genre, et des potentiels impacts environnementaux et sociaux du projet dans la zone d’étude ; 7. Faire des propositions en termes de stratégies, de choix de spéculations agricoles à retenir et d’activités à mener en vue d’améliorer le niveau de revenu des populations, hommes et femmes, dans la zone d’étude.

Les résultats de ces travaux, serviront de base de données pour une planification stratégique d’activités pertinentes génératrices de revenus, à mener dans le cadre de l’appui à la réintégration socioéconomique des personnes retournées et aux initiatives entrepreneuriales en faveur des jeunes et des femmes en vue d’impulser un développement local inclusif dans les zones d’intervention du projet.

C. RÉSULTATS ATTENDUS

 Des informations pertinentes sur les opportunités entrepreneuriales, économiques, d’emploi dans la zone d’étude sont identifiées ; et l’on pourra s’en servir pour des choix réalistes d’activités à prendre en compte pour les régions et aider à une planification et un suivi du développement dans lesdites localités ;

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 Les potentialités et opportunités de développement de la zone d’étude, sont répertoriées et ces informations sont partagées avec tous les acteurs et actrices intervenant dans la mise en œuvre du projet ;  Des valeurs de références des indicateurs de performance du projet tels que répertoriés dans le cadre des résultats du projet sont identifiées ;  La classification des priorités à l’échelle de la zone d’étude est réalisée ;  Les difficultés de la zone d’étude sont présentées et les causes et les moyens de les résoudre sont résumés.  Les contraintes majeures au développement au niveau de la zone sont classifiées par priorité.  La prise en compte du genre et des besoins sexospécifiques dans le diagnostic est effective.

Pour la zone d’étude, les informations suivantes seront collectées :

 Population : Nombre, répartition spatiale, répartition par sexe et âge, taux de la population agricole désagrégée par sexe et par âge, etc. ;  Environnement et gestion de la terre : Ressources naturelles, atouts de développement, menaces environnementales, formes de gestion de la terre, zones d’agriculture etc. ;  Economie : Secteurs primaire (agriculture foresterie : type d’agriculture, cultures principales) Secondaire (Manufactures, industries), Tertiaire (tourisme, finances transport, commerce), Informel. Emploi, situation de la femme et des jeunes, produits et marchés, microfinance ;  Infrastructures techniques : Nombre et statut des routes, des ponts, du réseau électrique et d’adductions d’eau potable, barrages hydro-agricoles ;  Infrastructures sociales : Education, santé, hydrauliques, activités socioculturelles ;  Le volet socioculturel : La démographie (les acteurs), le niveau d’éducation, la structuration de la population etc. ;  Organisation et fonctionnement de la zone d’étude : Statuts et besoins de la zone considérée (personnel, type de constructions), plans de développement à court et long terme existants, etc. ;  Activités de Développement : Activités de la collectivité territoriale, des Organisations Communautaires de Base (OCB), des femmes, des jeunes etc.

D. METHODOLOGIE D’INTERVENTION

a) Chaque consultant(e) établira un chronogramme de travail validé par le spécialiste au programme DDI et le coordonnateur du projet ; b) Chaque consultant(e) proposera une de liste de documents à consulter pour la revue documentaire. Cette liste sera complétée suivant l’état d’avancement du projet ; c) Chaque consultant(e) établira une liste de personnes clés à rencontrer en collaboration équipe du Projet ; d) Chaque consultant(e) rencontrera périodiquement l’équipe du projet durant la durée de sa mission.

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E. PAIEMENTS A CHAQUE CONSULTANT(E)

LIVRABLES Montant

Plan de travail validé 20%

Rapport provisoire de l’étude 50%

Rapport final après validation 30%

F. ARRANGEMENT INSTITUTIONNEL

Chaque consultant(e) travaillera en étroite collaboration avec l’équipe du projet.

G. DUREE DE LA MISSION

La durée de la mission pour chaque consultant(e) sera de 45 jours(calendaires).

H. LIEU D’AFFECTATION

Chaque consultant(e) sera basé(e) à Abidjan, en Côte d'Ivoire et effectuera des missions à l’intérieur du pays (dans la zone d’étude et à Guiglo).

I. QUALIFICATIONS ET COMPETENCES

Chaque consultant(e) devra :

 Avoir un diplôme universitaire (BAC+5 au minimum) dans l’une des disciplines suivantes : statistiques et économie appliquée, socio économie, économie de développement, développement rural, agronomie, ou tout autre diplôme équivalent ;  Avoir une expérience en matière de développement, d’identification, de suivi et évaluation des initiatives communautaires de base de même que de conduite d’enquêtes et d’études ;  Avoir une bonne connaissance du milieu rural, des organisations de base et des outils du développement local (planification locale, diagnostic participatif etc.) ainsi que de la zone d’étude ;  Démontrer des aptitudes à prendre en compte le genre dans les activités entreprises ;  Avoir des aptitudes à travailler en équipe et avoir une capacité à travailler dans l’urgence ;  Être capable de se déplacer fréquemment sur le terrain ;  Maîtriser les logiciels informatiques : traitement de texte Word, Excel et Power point ;  Avoir la capacité d’analyser des données et des informations de diverses sources pour des recommandations pertinentes ;

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 Avoir une bonne capacité d’écrire et de communiquer avec précision et professionnalisme.

Une excellente maîtrise de la langue française est exigée. Une bonne connaissance de l’anglais serait un avantage.

J. PROPOSITION D’OFFRE FINANCIERE ET DELAI DE PAIEMENT

L’offre financière de chaque consultant(e) doit être forfaitaire. Le forfait doit inclure les honoraires, et les frais de mission, etc.

K. PRESENTATION DE L’OFFRE

Les documents ci-dessous doivent être contenus dans l’offre technique du soumissionnaire : a) Le Curriculum Vitae (CV), indiquant toutes les expériences antérieures et les contacts (email et numéro de téléphone) de 3 références. b) Une brève description de la méthodologie de travail et l’approche pour exécuter le travail selon les TDR. c) La proposition financière indiquant le montant forfaitaire proposé par le soumissionnaire pour la conduite de la mission.

L. LES CRITERES D’EVALUATION TECHNIQUE

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Chefs traditionnels et corps préfectoral à Focus group jeunes et femmes à Guiglo

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