Principales dates du calendrier de l’Algérie de 1501 à 1962 Volet récapitulatif : 1501 à 1854

1501---juillet Une expédition portugaise essaye de faire un débarquement sur la Plage des Andalouses près d' mais un fort vent contraire gêne l'invasion pendant trois jours, donnant le temps aux arabes d’organiser leur défense et de chasser les envahisseurs. 1516---le 19 mai Prise d’Oran par les Espagnols et occupation la ville jusqu'en 1708. 1516 Aroudj Barbarossa, un pirate Gréco-turc, met en place l'Etat d’Alger après avoir étranglé Selim el Toumi, le Cheikh d'Alger, qui lui avait demandé son aide contre l'Espagnol. 1518 Aroudj Barbarossa est tué par les Espagnols qui prennent un fort sur un îlot devant Alger. Son frère, Khaïr Ed Din, mieux connu sous le nom Barberousse, confronté à la menace des Espagnols et des Arabes voisins, se plaçe sous la protection du Sultan Ottoman d'Istanbul qui le nomme Pacha de la Régence d'Alger. Khaïr Ed Din Barberousse (Paul Isel) 1529 Khajir Ed Din attaque et saisit le Fort Penon, la Redoute Espagnole devant Alger. Le fort est démoli, l'îlot est rendu à l’état de terre battue et les débris sont utilisés pour construire un brise-lames formant le port intérieur d'Alger. Alger au 16ème siècle

1541---le 23 octobre Les troupes de Charles Quint, l'Empereur d’Espagne, débarquent à l’embouchure du El Harrach, près du site appelé, de nos jours, Maison

Carré et campent sur les hauteurs dominant Alger. Leur campement deviendra Fort l'Empereur et permettra de dresser le siège d’Alger. le 26 octobre Une tempête détruit la plupart de la flotte Espagnole. le 27 octobre Pendant le siège d'Alger, un français, le Sieur Pons de Balaguer, Chevalier de Malte, planta

son poignard dans la Porte Bab Azoun en déclarant : « Nous reviendrons ».(*)

------Pons de Ballaguer

Bab Azoun (*)On entrait dans la ville par cinq portes qui étaient fermées dès la tombée de la nuit. Ces cinq portes étaient : - 1ère porte : Bab Djedjid qui s'ouvrait sur la Citadelle. - 2ème porte : Bab Azoun qui donnait sur la Matidja et facilitait ainsi les activités commerciales avec l'intérieur. - 3ème porte : Bab Djezira qui donnait sur le port qui constituait, en fait, le poumon de la ville. - 4ème porte : Bab El Oued qui communiquait avec l'ouest et le cimetière. Bab El Oued------5ème porte : Bab El B'har qui donnait sur l'arsenal où se construisaient notamment les célèbres galiottes.

Carte d’Alger 1574 (Paul Isel) le 1er novembre Les troupes de Charles Quint réembarquent au Cap Matifou, à l'est d'Alger. 1544 Un phare est construit à l'entrée du port intérieur d'Alger sur l'ancien site du Fort Penon. 1553 Les Concessions d'Afrique, une entreprise de Marseille qui déploie ses activités dans la pêche le long de la côte de Berbérie depuis 1450, construit le Bastion de France, un fort à 12 km à l'ouest de La Calle. Ce Bastion sera démoli et reconstruit à plusieurs reprises. 1569 Un jeune Maure Espagnol qui fut converti au Christianisme et baptisé Géronimo, est capturé par des corsaires et emmené à Alger. Géronimo refuse de renoncer au Christianisme et est jeté vivant dans un coffrage puis son corps est recouvert de pisé. Le bloc contenant son corps est encastré dans un angle du Fort des Vingt-quatre-Heures. 1571 Miguel de Cervantes, l'auteur de Don Quixote, est retenu prisonnier par les pirates à Alger après sa capture durant la Bataille de Lepante. Cinq années passeront avant qu'il ne soit racheté pour 6 ducats. 1612---juillet Haedo, bénédictin espagnol, publie une carte de l'Algérie. 1631 Les pirates de Barbarie mettent à sac la ville de Baltimore (ville côtière au sud-ouest du comté de Cork en Irlande) et enlèvent les habitants avec l’intention de les vendre comme esclaves.

Carte de la Berbérie de Robert Morden (Paul isel) 1681---le 18 octobre La Régence d'Alger déclare la guerre à la France. le 15 décembre Le 15 décembre un navire de la Marine Royale Française est capturé par des pirates Barbaresques. Le Capitaine et son équipage sont vendus comme esclaves à Alger. 1682---le 30 août La flotte française, sous les ordres d’ Abraham Duquesne, pilonne Alger sur ordre de Louis XIV. 1688---le 30 juin Une escadre de la flotte française, sous les ordres du Maréchal Jean d’Estrées, bombarde à nouveau Alger (ces « bombarderies » que stigmatisera Vauban). 1690 Don Alvarez de Bzan y Sylva, Marquis de Santa Cruz, construit le fort qui porte son nom sur le mont Aidour surplombant Oran. 1692 La France obtient une concession lui accordant le droit exclusif de pratiquer la pêche au corail au large de Bône. 1708 Des Turcs sous les ordres du Bey Mustapha Ben Youssef, connu sous le nom de Bou Chlaghem, c'est-à-dire l'homme aux grandes moustaches, reprennent Oran aux Espagnols. 1714 Les concessions françaises de la pêche au corail sont renouvelées à La Calle, Bône et Collo. 1732 Les Espagnols réoccupent Oran après la victoire du Comte Mortemar à Aïn El Turc.

1735 La Mosquée du Pacha est construite à Oran pour commémorer l'expulsion des Espagnols. Le mémorial est payé par le Bey d'Alger, suzerain d'Oran, avec la rançon payée pour racheter les esclaves chrétiens. 1780 L'Espagne essaie d'échanger Oran contre Gibraltar, mais les Anglais n’acceptent pas cette proposition. 1790---le 9 octobre Peu de temps après 01h00, un fort tremblement de terre secoue Oran détruisant la plus grande partie de la ville. 3 000 personnes sont enterrées en moins de 7 minutes. Des répliques se font ressentir pendant encore six semaines. 1792---le 6 mars Le Bey d'Alger, Mohammed El Kébir, prend possession d'Oran suite à un accord négocié avec Charles IV d’Espagne. 1794 Oran est ravagé encore une fois, cette fois par une épidémie de peste transmise par des pèlerins revenant de la Mecque. 1797 La Direction des Affaires Françaises négocie une commande de blé aux commerçants d'Alger, Bacri et Bushnac, qui détiennent le monopole des ventes de grains algériens. Le blé est livré, mais jamais payé. La dette de ce blé non payé atteint finalement 24 millions de francs, dette en partie due à ce que les Français considèrent comme des taux d'intérêt usuraires. 1808---le 24 mai Un officier du génie militaire français, le Colonel Vincent Boutin, arrive secrètement en Berbérie (qui deviendra l'Algérie) et effectue une reconnaissance de la région en vue d’un débarquement de troupes sur la proposition de Napoléon 1er. 1815---le 17 juin Une escadre américaine (trois frégates, un sloop, un brick, trois schooners), commandée par le capitaine Stéphane Decatur, capture le Mashouda, vaisseau amiral de la flotte algérienne, après une brève bataille, au large du Cap de Gata sur la côte espagnole. L'amiral Rais Hammida est tué pendant le combat. le 30 juin Le Capitaine Decatur conclut un traité avec le Dey d'Alger mettant fin au paiement d'un honteux tribut que lui avait imposé le Dey et obtenant la libération de prisonniers-----améri-.------Bataille Navale cains sans paiement de ------en Méditerranée Rançon. -

StepanDecatur-

pendant l'année Giuseppe Vantini, âgé de six ans, est capturé par des pirates barbaresques et est vendu au Bey de Tunis. Il s'évadera en 1830 sur un bateau français et s’engagera dans l'Armée Française en Berbèrie (Algérie) dans laquelle il deviendra un Colonel célèbre des Spahis. Il sera connu sous le nom de Yusuf. 1816---le 27 août Alger est bombardé par un escadron anglo-hollandais sous les ordres du Lord Exmouth. McDonnell, le Consul britannique est arrêté et mis aux fers. Sa femme, Ida, âgée de 16 ans, fille du consul général danois, l'Amiral Ulrich, s'échappe en portant un panier de légumes dans lequel est caché son bébé. Elle est recueillie par la flotte britannique.

pendant l'année Giuseppe Vantini, âgé de six ans, est capturé par des pirates barbaresques et est vendu au Bey de Tunis. Il s'évadera en 1830 sur un bateau français et s’engagera dans l'Armée Française en Berbèrie (Algérie) dans laquelle il deviendra un Colonel célèbre des Spahis. Il sera connu sous le nom de Yusuf. 1816---le 27 août Alger est bombardé par un escadron anglo-hollandais sous les ordres du Lord Exmouth. McDonnell, le Consul britannique est arrêté et mis aux fers. Sa femme, Ida, âgée de 16 ans, fille du consul général danois, l'Amiral Ulrich, s'échappe en portant un panier de légumes dans lequel est caché son bébé. Elle est recueillie par la flotte britannique. 1819---le 28 octobre Hussein Ibn El Hussein, le Dey d'Alger, un créancier de Bacri et Busnach, négocie un compromis avec la France. La dette sur le blé est ramenée à 7 millions de francs. Il en reçoit 4 millions en 1820. 1827---le 30 avril Durant une cérémonie officielle où se côtoient beaucoup d’officiels : interprètes, ministres, janissaires..., le Dey Hussein d'Alger exige une explication du Consul français, Deval, quant à savoir pourquoi le Roi Charles X n'a pas répondu à sa lettre concernant les 3 millions de francs restants de la dette du blé. Hussein Ibn El Hussein, La réponse lapidaire de Deval,------le Dey d'Alger « Mon maître n’est pas né pour répondre à un homme comme toi », est jugée insultante par le Dey. Le ton monte rapidement. Deval menace le Dey d'une protestation officielle de son gouvernement. Ivre de colère, Hussein Pacha soufflette le représentant de la France de son chasse mouches. « - Ce n'est pas à moi, c'est au roi de France que l'injure a été faite. - Je ne crains pas plus le roi de France que son représentant ! » Le Dey, courroucé, ordonne au consul de France de quitter les lieux sur- le-champ. Dans un même élan, le gouvernement français demande à Deval de quitter Alger s'il n'obtient pas des excuses de Hussein Pacha qui, naturellement, refuse de les lui présenter, s'estimant dans son bon droit. le 16 juin La France déclare de facto la guerre à la Régence d'Alger en bloquant le port. 1828---août L'explorateur français René Caillié, le premier Européen à se rendre à Tombouctou et à en revenir vivant, atteint la côte de la Méditerranée après un voyage de cinq mois à travers le Sahara. le 5 décembre Lors d’une réunion de la Société de Géographie à Paris, il est attribué 10.000 francs à René Caillié pour avoir été le premier Européen à revenir avec une description de Tombouctou. 1829---janvier Une société pour la navigation des bateaux à vapeur sur la Méditerranée est fondée à Marseille. le 3 août Les batteries côtières d'Alger ouvrent le feu sur La Provence, un bateau français ayant hissé pavillon blanc et transportant des émissaires expédiés par le Ministère de la Guerre pour négocier la fin de la guerre et du blocus onéreux et inefficace 1830---le 14 juin Les troupes françaises, sous le commandement du Maréchal Louis de Bourmont, débarquent à Sidi Ferruch, situé à 30 kilomètres à l'ouest d'Alger. L’expédition forte de 30.000 hommes intervient selon une stratégie rédigée à l’intention de Napoléon 1er en 1808. le 19 juin Les troupes françaises mettent en déroute les Turcs commandés par Agha Ibrahim, gendre du Dey Hussein d'Alger, à la Bataille de Staoueli. le 4 juillet Les troupes françaises réduisent le Fort l'Empereur qui bloque leur entrée dans Alger. le 5 juillet Après une défense héroïque, les Turcs fuient le fort et les français entrent dans Alger où le Dey Hussein se rend inconditionnellement. le 10 juillet Le Dey Hussein quitte Alger pour Naples avec le consentement des Français. Les Français se sont saisi de son trésor mais la moitié en sera restituée plus tard. le 1er octobre Le Général recrute des hommes parmi les Zouaouas Kabyles. Les bataillons indigènes enrôlés par les Français deviendront les Zouaves. le 24 décembre Le Général Clauzel forme, à Alger, une milice composée de civils français, d’étrangers et d’autochtones.

CLAUZEL Bertrand, comte 1772 -1842 Commandant en chef l'armée d'Afrique Maréchal de France

1831---janvier Le Général Clauzel lance une expédition contre Bou Meyrag, Bey de Titeri, et prend et Médéa. Bou Meyrag est écarté et remplacé par un homme entièrement acquis à la France. Clauzel revient à Alger après avoir installé une garnison dans la Mitidja. Le Général Clauzel commence des négociations avec le Bey de Tunis pour l'installation de Princes Tunisiens reconnaissant l'autorité de la France en tant que Bey d'Oran et Bey de Constantine. février Le Général Clauzel est critiqué pour ses négociations avec le Bey de Tunis et est rappelé en France tout en recevant le titre de Maréchal de France. Une partie de l'armée française en Afrique est rapatriée et Médéa est évacuée. le 10 mars Le Roi Louis-Philippe approuve une ordonnance créant la Légion Étrangère. le 5 septembre Le premier groupe de Spahis est formé, mais ne sera intégré dans l'armée régulière que dix ans plus tard. 1832--le 20 mars Premier voyage du Scipion (Marseille) pour Alger. Ces types de paquebots, à la coque en bois fonctionnant à la vapeur, sont alors surnomés « cratères ambulants » à cause de leur dangerosité. Le Sphinx (paquebots à voile et à roues actionnées à la vapeur, coque en bois)

le 20 mars Retour du Scipion par mauvais temps, la chaudière éclate, et le pionnier de la navigation à vapeur et à roues sur les lignes d'Algérie, doit accepter la remorque d'un voilier qui le ramène à Toulon. août-septembre 11 août, il est annoncé la mise en adjudication des services de bateaux à vapeur entre Marseille et Alger, Bône et Oran, services à effectuer pour le compte du ministère de la guerre. L'adjudication devait avoir lieu le 15 septembre mais la publication du cahier des charges soulève de la part du commerce, de véhémentes réclamations et l'adjudication est ajournée. le 21 septembre Une ordonnance royale crée le premier village algérien sous administration française. 50 familles bavaroises (*) sont installées à Dély- Ibrahim, près d'Alger. (*) " 500 émigrants Bavarois, Nurtembergeois et Prussiens attendaient au Havre leur départ pour l'Amérique du nord. Leurs passeports leur ayant été refusés, tous ces malheureux furent hébergés par la ville du Havre et dirigés ensuite sur l'Algérie où ils arrivèrent en Février 1832. Rovigo plaça 50 de ces familles à Dély-Ibrahim. Encouragés à une mendicité à peine déguisée, considérés comme établis provisoirement, Berthezène rappelé en France désigna Dély-Ibrahim comme centre futur de leur établissement, sans prendre la peine de vérifier si le site correspondait aux nécessités agricoles, puisqu'il répondait aux exigences militaires... et la question fut réglée ! " (source: Wikipedia – Paul Isel) pendant l'année Les chefs tribaux hostiles à la France mettent Abd El Kader, qui n’a pas encore 23 ans, comme responsable de leurs armées suite à sa conduite héroïque pendant un assaut contre les français à Oran. Abd El Kader prend le titre d'Emir et fait le blocus de la ville avec 12 000 guerriers. Oran a une population de 3 800 habitants composée de 2 800 Juifs, 750 Européens et 250 Musulmans selon un recensement effectué par le Commissaire Royal, Pujol.

L’Emir Abd El Kader 1833 La première institution d’études supérieures de l'Algérie, la faculté de médecine, s'ouvre à l'Hôpital du Dey, à Alger. L'enseignement de l'anatomie et de la physiologie est assuré par des médecins militaires et cette première année est limitée aux étudiants européens. Louis Alexis Desmichels, général français est envoyé en 1833 en Algérie ; il est nommé Commandant de la Province d'Oran.------Hôpital du Dey - Alger le 8 mai Desmichels dirige contre les Garabats (dont les tribus habitent la vallée du Sig, à douze lieues

d'Oran) 2 000 hommes de toutes armes, et enlève quatre de leurs camps. 300 arabes sont tués, les douars détruits, les femmes, les enfants faits prisonniers, les troupeaux enlevés.

Dans le même mois, 10 000 arabes, dont 9 000 cavaliers, viennent camper à trois lieues d'Oran : le Général Desmichels fait jeter, en avant de la place, les fondations d'un blockaus, destiné à couvrir les fortifications non encore achevées. Le Général Louis-Alexis Desmichels

le 27 mai Le premier Collège d'Enseignement Général français à Alger est ouvert. Les colonnes arabes attaquent la ville d’Oran et le blockaus : Abd-el- Kader les commandait. Après un combat acharné, il doit lever le camp, après avoir perdu 800 hommes ; les Français comptent deux morts et 30 blessés. le 5 juin Le Général Desmichels s'empare du pont d'Arzew, dont l'occupation doit faciliter l'attaque de l'importante ville de Mostaganem, occupée par les Turcs le 10 juin La faculté de médecine est ouverte aux étudiants Turcs, Maures et Juifs selon un décret du Ministre de la Guerre. le 29 septembre Le Général Camille Alphonse Trézel est blessé à la jambe en prenant possession de la ville de Bougie. octobre Alphonse Trézel occupe Bougie. pendant l’année Bône est démolie par les troupes du Bey de Constantine qui sont sur le point de partir. Les français découvrent un amas de maisons en ruines au milieu des rues qui ne sont plus que des fosses d'aisance remplies d’immondices. La ville est entourée des marais infestés de moustiques de la Boudjima et 4 000 des 5 500 hommes de la garnison sont bientôt hospitalisés .avec des------Le Général Trézel fièvres paludéennes. ------Un tiers d’entre eux mourra. Mise en place d’un service maritime, ayant un objet exclusivement militaire et postal, et effectués par des navires de l'Etat, entre Toulon et Alger au détriment de Marseille. (*) (*) Ce service est effectué par des avisos à roues et à vapeur tel que le Nageur, le Souffleur, le Pélican, le Castor, le Sphinx et par deux plus petits vapeurs, le Rapide et le Ville du Havre. La marine royale les utilise hebdomadairement pour le transport des dépêches et des passagers de l'Etat. Le Souffleur, au chargement à Toulon Les départs ont lieu tous les 8 jours, la durée de la traversée varie de 60 à 72 heures, les passagers de l'Etat, mal installés à bord, n'ont pas plus à se louer de la nouvelle organisation que le commerce de Marseille, dont les correspondances acheminées via Toulon par malle poste subissent des retards considérables ; les plaintes sont unanimes tant à Marseille qu'à Alger 1834 janvier Le commandant François-Clément Maillot, prend la commande du Service Médical de l'armée à Bône après une année de recherche sur des victimes de fièvre en Corse et en Algérie. Maillot commence à traiter les malades atteint de malaria avec de la quinine provenant de l'écorce de Cinchona. Le traitement de Maillot fait tomber le taux de mortalité, parmi les victimes de malaria, de 23 % à 3,7 % en deux années. Le Commandant François-Clément Maillot

le 24 février Le général Desmichels signe un accord de paix avec l'émir Abd el Kader. Sous le contrôle des officiers français représentant de la France à la cour de l'émir, on permet à l'émir d'installer ses représentants, vakils (intendants), dans les villes côtières occupées par les français : Oran, Arzew et Mostaganem. le 13 juillet Abd El Kader aide les français à battre Mostafa Ben Smaïl dans la plaine de Mahrez qui a refusé de se soumettre à l'autorité de l'émir. le 22 juillet Une enquête (une vue générale) d'ordonnance établit l'organisation politique et administrative " des biens français au nord de l'Afrique ". Jean Baptiste Drouet d'Erlon est nommé le gouverneur-général de l'Algérie.

Le Gouverneur-Général Jean Baptiste Drouet d'Erlon

septembre Des immigrants de Gibraltar à Mers El Kébir, atteints du choléra, provoquent une épidémie qui commence à l'hôpital militaire d'Oran et s'étend à la ville tuant 467 civils et 500 soldats. La maladie provoque 1 457 victimes dans Mostaganem et Mascara puis atteint ensuite Médéa et . le 22 novembre Abd el Kader, nommé à la tête des tribus Hachem beni-Amer. 1835---le 23 janvier Il est décidé que les vapeurs de l'Etat pourraient recevoir jusqu'à 8 passagers civils en 2ème classe et 10 en 3ème classe. Ils n'étaient pas admis en 1è classe, celle-ci étant réservée aux officiers de l'armée et de la marine.(*) (*) La 2è classe consistait en un dortoir où l'on payait 105 F pour le passage ; la 3ème classe, c'était le pont : elle coûtait 42 F et il en fut ainsi jusqu'en 1841. Marseille ne pouvait communiquer librement et directement avec l'Algérie que par les voiliers ou par les vapeurs de MM. Charles et Auguste BAZIN (armateurs marseillais) soit le Tage, le Sully, le Pharamond.

Le Tage

---le 16 juin Les Douaïrs et la tribu Zmala se reconnaisent sujets, tributaires et soldats de la France conformément au traité du camp des Figuiers Valmy (El Karma) conclu entre l'agha Benaouda Mazari, chef des Zmalas, et le général Trézel. Ces tribus refusaient de payer la zakât (achoura) à l'Emir Abdelkader. le 26 juin Le général Trézel marche sur Mascara, la forteresse de l’émir Abd El Kader qui a étendu son autorité sur l'Algérie occidentale et a installé un bey à Miliana et un autre à Médéa : c’est un échec soldé par une défaite. le 28 juin L'expédition de Trézel abouti au désastre dans les marais de Makta dans la forêt de Muley- Ismaïl. Le gouverneur-général Drouet d'Erlon lui retire son commandement. le 8 juillet Ce même gouverneur est rappelé en France et remplacé par le maréchal Clauzel. Le Maréchal Clauzel---- le 12 juillet Le général d'Arlanges succède à Trézel à Oran. pendant l’année Le Triton et le Chimère arrivent à Alger apportant le choléra de Marseille et de Toulon. La contagion balaie la ville frappant particulièrement le Quartier juif particulièrement assez durement. 12 000 Algérois mourront pendant toute la durée de l'épidémie. Les troupes et des colons porteront la maladie à Blida, à Constantine, où 14 000 victimes meurent et finalement à Bône où elle tue 381 autres personnes. L'École de Sciences Médicales est fermée par ordre du Général Clauzel. Des marchandises françaises, sauf le sucre, sont admises en l'Algérie sans paiement de taxes. ------Le Triton 1836---avril Le Maréchal Clauzel, nouveau gouverneur général, décide de la reprise des hostilités. Il met en déroute Abd El Kader et s’empare de Mascara puis de Tlemcen, qui a été attaquée par ce dernier : il y installe une garnison. Il soumet les tribus du Cheliff et chasse le représentant de l'Emir à Médéa, désertée par la population. En se dirigeant vers l'est, Clauzel s’arrête à Bône afin d'organiser une expédition contre Constantine. 25 avril Ab el Kader organise une contre- offensive, au cours de laquelle les troupes du général d'Arlanges sont vaincues, près de Tafna.

Camp de la Tafna (Aquarelle de Gobaut1836)-----

avril – mai Pendant 42 jours, le Général d'Arlanges et ses troupes sont encerclés à Oran par Abd El Kader. le 16 juin Le Général Bugeaud arrive en Algérie.

le 6 juillet Le Général Bugeaud met en déroute Abd el Kader à Tafna.

Le Général Bugeaud, Thomas Robert Marquis de la Piconnerie, duc d’Isly

le 3 novembre Le siège de Constantine, par le Maréchal Clauzel se termine par un échec. -

Expédition de Constantine de Clauzel de 1836

pendant l’Année Début de la construction d’un port de 100 hectares, dans la partie nord du port d'Alger.

1837---février Le Maréchal Clauzel est rappelé en France et remplacé comme Gouverneur-général par le Général Damrémont. le 1er juin Le Traité de la Tafna est signé par le Général Bugeaud et Abd el Kader. L'Émir accorde une reconnaissance vague à la souveraineté française en Afrique. L'Émir gagne le contrôle de Koléa, Médéa et Tlemcen où il a 59 000 hommes à sa disposition. Ce traité tourne en faveur de l'Emir : il obtient les deux tiers du territoire de l'ex-régence (le centre et l'ouest) et l'exil, par les français, de ses propres opposants. Il établit sa capitale à Mascara. -Général Charles-Marie comte Denys de Damrémont La France conserve le contrôle d'Alger et de la Mitidja, d’Oran et de Mazagran.

septembre Le 12e Régiment de la Ligne s'embarque à Marseille où 25 hommes issus de ses rangs sont déjà morts du choléra. Le régiment transmet la maladie à la population de Bône provocant une épidémie dont la contagion s’étend alors aux troupes assiégeant Constantine.

le 13 octobre La prise de Constantine par Horace Vernet L'expédition du Général Damrémont prend Constantine après un siège de 7 jours mais le Général est tué dans la bataille (*) et remplacé par le Général Valée.

(*) Voulant inspecter la batterie de brèche, dite de Nemours, que l’on construisait sur le plateau de Coudiat-Aty, Damrémont monta à cheval, et prit la route de Tunis (…). Damrémont, qui attachait la plus grande importance à s’assurer par lui-même de l’état de cette batterie, partit et arriva sur le plateau. Après avoir mis pied à terre(...) il s’avança lentement dans la direction de l’ancienne batterie de la brèche (…). Il était neuf heures du matin ; le général (…) était occupé à regarder avec une lorgnette du côté de la ville (…) lorsqu’un boulet, ricochant à quelques pas, vient le frapper dans le flanc gauche au- dessous du cœur et le traverse de part en part, sans lui permettre de prononcer une seule parole. 1838---janvier Abd el-Kader entre pour la première fois en Kabylie. 3 mars Abd el-Kader envoie un émissaire, Miloud ben Arrach auprès de Louis-Philippe pour y défendre les positions algériennes. De retour de Paris, il signe une convention additive avec Valée relative à l'interprétation de traité de la Tafna.

Louis-Philippe 1er, roi des français durant l’année Le Général Valée fonde Philippeville pour offrir un débouché vers la mer à Constantine, occupe Jijelli et retourne de Constantine à Alger par l'intérieur, en passant par Sétif et les Portes de Fer.

------Passage des Portes de Fer

-----Le Général Valée

Occupation française de Sétif, importante garnison. le 10 août Le Siège épiscopal d'Alger, fondé au deuxième siècle à Icosium, est rétabli. Monseigneur Antoine Adolph Dupuch est nommé évêque du diocèse.

Antoine-Adolphe Dupuch, 1er évêque d’Alger

1839 le 15 octobre L'incursion du Général Valée par les Portes de Fer est interprétée comme un acte de guerre. Les Hadjouth se rebellent et saccage la Mitidja. octobre Le Général Changarnier vient à Miliana afin de lever des effectifs. Il découvre que sur les 1 100 soldats 800 sont morts du choléra. Seulement 50 des 300 survivants restent en mesure de porter des armes.

Le Général Changarnier

le 18 novembre Abd el Kader fait une déclaration de guerre au Général Valée. le 9 décembre Un millier de cavaliers Hadjouth attaquent la ferme de Ben Seman près du camp de l’Arbah. Les habitants de la ferme, Pirette et deux autres colons, puis Pirette seul, résistent pendant un jour entier, sèment le doute parmi plus d’une centaine d’assaillants en faisant croire qu'il y a plusieurs défenseurs. Pirette s’échappe pendant la nuit et rejoint le camp militaire de l'Arbah.(20 km environ de Boufarik). (*) (*) Un magnifique exemple d'héroïsme fut celui du colon Pirette dans sa ferme de Ben Seman, à deux kilomètres environ du camp de l'Arba (future ferme d'El Taous). Le 9 décembre 1839, les Arabes au nombre de mille à mille deux cents, attaquèrent le camp de l'Arba, alors occupé par trois cents hommes. Pirette était alors à la ferme avec deux camarades. Tous montèrent sur la terrasse et purent juger de l'imminence et de la grandeur du danger qui allait les menacer à leur tour tôt ou tard. Deux des colons, jugeant que la résistance était ---Cavaliers Hadjouth-- impossible, vu leur petit nombre, sortirent de la ferme et purent gagner le camp à la faveur d'accidents de terrain. Pirette resta seul. Il n'avait pas songé un instant à se retirer, d'abord parce qu'il avait tout son avoir dans la ferme et qu'il espérait que l'ennemi serait repoussé par le camp et se retirerait sans se rabattre sur la ferme. L‘attaque du camp échoua et les attaquants vinrent faire le siège de la ferme. Armé de cinq fusils et de deux cent cinquante sept cartouches il tint tête vaillamment à ces mille assaillants. A la fin de la journée il ne restait presque plus de munitions. Profitant de la nuit, il descendit de la terrasse avec une corde, tenant un fusil dans une main et ses souliers dans ses poches. Il réussit à se glisser entre les sentinelles et atteindre le camp où les militaires l‘accueillirent avec intérêt et enthousiasme. Sa ferme fut brûlée. Son nom fut donné à un village et à deux rues à Alger et l‘Arba. pendant l’année Les propriétés des Arabes en fuite ou en exil sont mis sous séquestre. Les terres des tribus qui prennent les armes contre le français sont confisquées. Louis Benet fonde les Ateliers de Construction de Machines à Vapeur de La Ciotat, avec une production très hétéroclite : bateaux en bois, coques en fer, machines à vapeur, locomotives… 1840 Le maréchal Valée marche sur Abd el Kader. Les français occupent Cherchel, Médéa et Miliana, mais après ces premiers succès la campagne s'embourbe, Valée est rappelé et remplacé par le Général Bugeaud. Les fouilles du quartier romain de Sétif commencent. 1841 le 22 février Le Général Bugeaud, le nouveau Gouverneur-général, arrive à Alger. le 21 mars L'Évêque d'Alger consacre la première église catholique construite en Algérie depuis la conquête française à Dely-Ibrahim. le 20 juillet La compagnie Bazin (Perlier-Bazin) organise un service tri-mensuel avec le Pharamond le 23 août Le Cheik El Kadiri, lors d'une réunion au Caire, publie une fatwa (décision conforme aux principes de la Sonna et du Coran) qui précise que les tribus sont autorisées à ne pas obéir aux ordres d’Abd El-Kader, et qu'il est insensé de faire la guerre aux chrétiens à un moment où les musulmans peuvent exercer librement leur culte. (*) (*) Traduction récupérée sur un autre site. Eglise de Dely-Ibrahim le 5 décembre Le Pharamond est remplacé par le Tage. Il fait la traversée entre 50 et 56 heures. pendant l’année L'armement Dervieux, Barry et Cie créé à Marseille dans le courant de l’année envoie l'Elbe vers Alger. 1842 Une carte d’état major française rebaptise officiellement la Berbérie l’Algérie.(*) (*) Lettre du Général Schneider, Ministre, Secrétaire d'Etat de la Guerre, en date du 14 octobre 1839 au Maréchal Valée, gouverneur général, créant l'appellation d'Algérie. - Archives Service Historique de l'Armée. Monsieur le Maréchal, jusqu'à ce jour, le territoire que nous occupons dans le Nord de l'Afrique a été désigné, dans la communication officielle, soit sous le nom de Possession française dans le Nord de l'Afrique, soit sous celui d'Ancienne Régence d'Alger, soit enfin sous celui d'Algérie. Cette dernière dénomination plus courte, plus simple et en même temps plus précise que toutes les autres, m'a semblé devoir dorénavant prévaloir. Elle se trouve d'ailleurs déjà consacrée par une application constante dans les documents distribués aux chambres législatives et dans plusieurs discours du trône. Je vous invite en conséquence à prescrire les mesures nécessaires pour que les diverses autorités, et généralement tous les agents qui, à un titre quelconque se rattachant aux services civils ou militaires de notre colonie, aussi dans leur correspondance officielle, et dans leurs actes ou certificats quelconques qu'ils peuvent être amenés à délivrer, à substituer le mot Algérie aux dénominations précédemment en usage. Recevez, Monsieur le Maréchal, l'assurance de ma très haute considération. le 11 février La compagnie Bazin obtient le service des dépêches et mit sur la ligne des navires en fer avec, à bord, un médecin et une femme de chambre. (*) (*) La supériorité des navires de la compagnie Bazin sur ceux de l'Etat devient tellement évidente que le ministère de la guerre, désireux de profiter des mêmes avantages que le commerce, passe un marché avec MM. Bazin et c'est ainsi qu'apparaitt un vrai service régulier, plus rapide, plus confortable et surtout quotidien grâce à l'accord conclu entre l'Etat et la Cie Bazin déjà familiarisée avec cette ligne. L'exécution de ce traité prévoie 3 départs sur Alger fixés aux 5, 15, 25 de chaque mois, de manière à alterner avec ceux du service de l'Etat au départ de TOULON fixés les 10, 20, 30 de chaque mois, qui étaient maintenus de son côté. le 30 mars Le Gouverneur-général Bugeaud passe par Boufarik où 142 familles ont survécu à des années d’épidémies de malaria et aux attaques des Hadjouth. Le Général réunit les colons inquiets autour de lui et leur dit : « Si j'ai un conseil à vous donner, eh bien ! Mes braves gens, ce serait de faire vos paquets et de fuir vers Alger. ». L’apparence bien connue et pitoyable des survivants crée un dicton parmi les Algérois : « Il a le visage de Boufarik. ». le 11 avril Un détachement de 21 hommes sous le commandement du sergent Blandan est attaqué par plus de 250 guerriers Hadjouth près de Boufarik dans la Mitidja. Ils sont sauvés après s’être défendus dans un combat inégal pendant plusieurs heures :

------Mort du sergent Blandan ------Sergent Blandan ------(toile de Jean-Aldolphe Beauce)

seulement 5 hommes sont indemnes. Neuf autres survivront à leurs blessures. Le reste, y compris le sergent, est mortellement blessé. le 8 décembre Le Charlemagne accomplit plusieurs traversées en 45 heures et on annonçe le Sully pour Bône et Philippeville. pendant l'année Le général Bugeaud continue l'offensive. Il réduit le poids porté par ses soldats pour augmenter leur mobilité et porte la guerre à Oran, bastion d'Abd el Kader. Les dépôts de provision de l'Émir à Takdempt, Boghar, Taza, Saida et Sebdu sont pris, l'un après l'autre, et détruits. Fondation de la maison Justin André et Auguste Abeille qui fait quelques traversées avec le Ville de Bordeaux.

Le Ville de Bordeaux

1843 le 24 mars Une ordonnance royale permet la saisie de propriétés appartenant au Bey et aux institutions religieuses pour les inclure dans le domaine public. le 16 mai Le Duc d'Aumale à la tête 350 Cavaliers attaque et écrase la « Smala » d'Abd el Kader, mettant sa troupe en déroute et faisant de très nombreux prisonniers. Les plus importants seront exilés, en résidence surveillée, à l'île Sainte Marguerite à Cannes où ils finiront leurs jours. Ils y sont d'ailleurs enterrés, dans un petit cimetière à l'Est du Fort, où des fresques rappellent leurs passages. Les populations civiles sont massacrées (*). L'Émir s’enfuit au Maroc où il convainc le Sultan de déclarer la guerre à la France sous prétexte que celle-ci ne cédera pas le poste-frontière de Lalla-Maghnia.

Henri d‘Orléans, duc d’Aumale fils de Louis-Philippe Ier

(*)Prise de la smala d'Abd El Kader par le duc d'Aumale (wikipédia) La smala avait passé la fin de l’hiver 1843 à deux journées de marche au sud de Takdempt. Instruite qu’on était à sa poursuite, elle erra pendant quelque temps et se trouva le 16 mai à la source de Taguin. Le général Bugeaud avait été informé de la présence de la smala aux environs de Boghar ; mais on ignorait l’endroit. Circonstances de l'attaque. Toutefois il donna ordre au général Lamoricière, ainsi qu’au duc d’Aumale de se mettre à sa poursuite. Le prince partit de Boghar avec 1 300 fantassins et 600 chevaux. Trois jours après, il apprit que la smala se trouvait à 80 kilomètres au sud de Goudjila. Pour l’atteindre, il fallait franchir vingt lieues d’une traite sans une goutte d’eau. Alors que les soldats étaient à la recherche de la source de Taguin pour se désaltérer, l’agha Ahmar ben Ferhat vint informer le prince de la présence inattendue de la smala à cette même source. Bien que numériquement inférieur et malgré les remarques de l'agha, le prince n’hésita pas un instant : Jamais, jamais personne de ma race n’a reculé et immédiatement il prit ses dispositions pour l’attaque. Organisation de la smala. Abd-el-Kader organisait la smala toujours selon le même principe : elle se composait de quatre enceintes circulaires et concentriques où chaque douar, chaque famille, chaque individu avait sa place fixe et marquée, suivant son rang, son utilité, ses fonctions, ou la confiance qu’il inspirait. La smala arrivant à son gîte, la tente de l’émir se dressait au centre du terrain que le camp devait couvrir. • Elle était immédiatement entourée des tentes des serviteurs intimes et des principaux parents d’Abd-et-Kader qui composaient la première enceinte : 5 douars • La seconde comprenait les douars du Khalifa Ben Allal et de ses parents, ceux de l’infanterie régulière et de quelques chefs importants : 10 douars. • La troisième était absolument formée par les Hachem-Cherraga et par les Hachem-Gharaba : 207 douars. • La quatrième enceinte, plus ou moins rapprochée des enceintes principales, suivant les difficultés du terrain, l’eau, les bois ou les pâturages, était formée par sept tribus nomades qui servaient à la smala de guides et de protection dans le désert : 146 douars. Soit en tout un total de : 368 douars, de quinze à vingt tentes chacun. On peut évaluer à vingt mille âmes la population de cette ville errante, et à cinq mille le nombre des combattants armés de fusils, dont cinq cents fantassins réguliers et deux mille cavaliers. L'attaque Abd-el-Kader était absent, ainsi que ses principaux lieutenants, mais leurs familles étaient là. Le 16 mai, la cavalerie venait d’apparaître et se déployait sur un mamelon pierreux qui domine la source de Taguin. Un premier échelon, composé des spahis et du goum, s’ébranle au trot ; il est commandé par le colonel Yousouf (Né Joseph Vantini, précédemment Interprète militaire). Le prince le suit avec les chasseurs et gendarmes dont il a formé sa réserve. Mais un mouvement du terrain leur laisse voir l’immensité de la ville de tentes et cette fourmilière d’hommes qui courent aux armes : les troupes, épouvantés, se débandent et le duc d’Aumale craint une contagion de la peur parmi ses troupes. L’audace seule peut décider du succès. Le prince fait donc oblique à droite avec le deuxième échelon et dépasse le premier ; les officiers les entraînent, et bientôt le douar d’Abd-et-Kader est atteint.

Prise de la Smala d'Abd El Kader par le duc d'Aumale : le colonel Morris chargeant à la tête du 4e régiment de chasseurs d'Afrique.

Mais la résistance s’organise. La cavalerie des Ilachems, tous parents de l’émir, veut arracher aux français les familles et les richesses. Tandis que de rapides dromadaires entraînent les femmes, que l’on enlève des tentes tout ce qu’elles contiennent de plus précieux, les hommes de guerre saisissent leurs fusils, se jettent sur leurs chevaux, se rallient, s’élancent au combat. Le prince doit faire face à un ennemi bien supérieur en nombre. Il détache sur la gauche un peloton commandé par le sous lieutenant Delage ; ils vont être entourés, lorsque le sous-lieutenant de Canclaux, envoyé à leur aide, les dégage. A droite, le capitaine d’Espinay culbute avec son escadron tout ce qu’il a devant lui, et va arrêter au loin la tête des fuyards ; tandis que le lieutenant-colonel Morris par son intervention avec trois pelotons de cavalerie assure la victoire. Cependant les algériens laissèrent près de trois cents cadavres sur le terrain et seulement neuf hommes tués et douze blessés pour les troupes françaises. Le butin était immense et plus de 4 000 prisonniers furent pris. le 22 mai Un nouveau traité de 3 ans est signé par le gouvernement avec la Cie Bazin et une ligne sur Oran est créée, puis une autre sur Stora. Elle affréte l'Elbe et le Phénicien et acquit le Sphinx (qu'il ne faut pas confondre avec le navire de l'Etat qui se perdit en 1845). Le Sphinx le 31 juillet Le Général Bugeaud reçoit le titre de Maréchal de la France. le 1er août Mort de monsieur Charles Bazin (transport maritimes). 1844 La garnison du Duc d'Aumale occupe l'Oasis de Biskra au Sahara. 1844 le 1er février Bugeaud, le gouverneur général de l'Algérie, crée les Bureaux Arabes dont le rôle est de protéger les arabes contre les exactions commises par les colons. (*) Bureaux Arabes de Tiaret

(*) Ancêtres des S.A.S. (Sections Administratives Spécialisées -1955/1962-), les Bureaux Arabes (1833/1870) : Après les premières opérations militaires de Juin/Juillet 1830 ( Alger, Bône, Oran ), la Monarchie de Juillet succède au gouvernement de Charles X qui a déclenché l’expédition contre la "Régence d'Alger" essentiellement pour des raisons de politique intérieure. Le nouveau pouvoir doit choisir entre rester ou partir. Il est difficile de faire état de grands desseins stratégiques ou politiques qui auraient permis de trancher : mais devant la difficulté de rembarquer sans perdre la face, particulièrement devant l'opinion internationale, la décision s’ impose comme par défaut : rester, c’est à dire s’installer. S'’installer, cela signifie progresser géographiquement et politiquement. Il faut pour cela acquérir une connaissance en profondeur du pays et de ses habitants, de leur langue et de leur religion, qui au départ fait totalement défaut. Il faut vivre dans un contact quotidien avec la population. Ainsi naissent les Bureaux Arabes.(1). La première expérience est celle du capitaine Lamoricière, de 1833 à 1834 dans la province d’Alger. D’autres expériences lui succèdent jusqu’à ce que l’organisation des Bureaux Arabes soit définitivement fixée par un arrêté ministériel du 1er Février 1844. Les Bureaux se répartissent en Bureaux de Cercle (deuxième classe) et Bureaux de Subdivision (première classe ). Il existe également des Bureaux Divisionnaires au niveau des provinces ainsi qu’une Direction Centrale. A tous les échelons cette organisation est subordonnée à l’autorité militaire. On comptera 40 Bureaux en 1850, une cinquantaine en 1870, avec 150 à 200 officiers (2). Les Bureaux disposent d’un secrétaire arabe (khodja), souvent d’un médecin. La sécurité est assurée par un peloton à cheval (spahis). Les missions évolueront au fil du temps : il s’agit au départ de faciliter la pénétration grâce au renseignement, par le contact avec la population et la compréhension de ses ressorts politiques. Il s’agit ensuite d’administrer un pays largement abandonné par l’oligarchie Turque à l’anarchie des tribus. Les officiers des Bureaux Arabes se feront juges de paix, percepteurs des impôts…..Beaucoup de ces officiers conçoivent leur mission comme civilisatrice, destinée à apporter progrès et émancipation aux indigènes. Leur proximité avec la population, dont ils sont amenés à défendre les intérêts, les oppose parfois aux Européens dont les effectifs vont croissant avec l'achèvement de la conquête. La question des terres est souvent à l'origine de ces querelles. A partir de 1845, la politique de "cantonnement" des terres, au nom de la productivité, conduit à réduire les espaces où nomadisent les indigènes que l'on tente de sédentariser : les terres libérées, souvent les meilleures, sont acquises par les Européens sous le contrôle d'un Conseil du Contentieux puis d'une Commission des Transactions qui leur est particulièrement favorable. Cette opposition naissante entre les Bureaux Arabes et les colons va grandir avec le second Empire. En effet, si la deuxième République marque en 1848 un pas vers l'intégration ( La Constitution du 4 Novembre déclare " l’Algérie partie intégrante de la France ". Les trois départements d'Alger, Constantine et Oran sont créés), le second Empire à partir de 1860 amorce une politique tout à fait différente. Napoléon III se fait l'apôtre d'une " Nation Arabe ", centrée à Damas et contrebalançant la puissance Ottomane, dont l'Algérie alliée à la France serait une composante éminente. C'est la politique dite du "Royaume Arabe". Il déclare : "l'Algérie a dévié de sa voie naturelle du jour où on l'a appelée une colonie"(3). Dans la pratique, une série de décisions tend à bloquer la politique de "cantonnement". Napoléon III dessaisit l'administration civile de son rôle dans la délimitation des terres au profit de commissions provinciales placées sous l'autorité des Bureaux Arabes . En 1865, Napoléon III va jusqu'à écrire : "Il faut cantonner les Européens et non les indigènes" (4) . L'acrimonie va croissant dans la population européenne envers les Bureaux Arabes , symbole de la politique de Napoléon III caricaturée comme "le régime du sabre". Les républicains, parce qu'ils sont républicains et qu'il cherchent aussi à s’établir, sont naturellement parmi les plus virulents, y compris ceux qui ont été " transportés " en Algérie après le coup d'état. Les catholiques ne sont pas en reste. Le second Empire est emporté après la défaite de Sedan, et avec lui le "Royaume Arabe". A partir de 1870 les Bureaux Arabes sont progressivement démantelés. L’administration des terres revient à l’autorité civile et la politique du "cantonnement" repart de plus belle. L'Empire colonial, avec ses parts d'ombre et de lumière, sera l'un des axes politiques de la IIIème République. L'Algérie en sera partie intégrante. L’expérience des bureaux arabes n’est cependant pas oubliée. Ils réapparaîtront dans le protectorat Français du Maroc, sous le nom d’Affaires Indigènes ( A.I.), dans une perspective qui ne sera jamais exprimée par la République mais qui est celle de Lyautey à titre personnel : « Il est à prévoir, et je le crois comme une vérité historique, que dans un temps plus ou moins lointain l’Afrique du Nord, évoluée, civilisée, vivant de sa vie autonome, se détachera de la métropole. Il faut qu’à ce moment là, et ce doit être le suprême but de notre politique, cette séparation se fasse sans douleur et que les regards des indigènes continuent à se tourner avec affection vers la France… » (5) (1) Voir sur ce sujet le livre de Jacques Frémeaux "Les Bureaux Arabes" ( Denoël 1993 ) (2) "L'Algérie des Français", page 55.( Collection Points série Histoire. Le Seuil. 1993 ) (3) Cité par Daniel Rivet in "L'Algérie des Français", page 59 (op. cit. ) (4) Cité par Daniel Rivet in "L'Algérie des Français", page 62 (op. cit. ) (5) Déclaration du Maréchal Lyautey à Rabat le 14 Avril1925. Document conservé dans les archives secrètes de la Résidence et divulgué en 1961. Avec l’aimable autorisation de l'association Maréchal Lyautey BP 3851 Nancy Cédex Source : http://monsite.wanadoo.fr/affalg-histoire/

le 6 août Bombardement de Tanger par l'escadre française du prince de Joinville.

le 14 août Les troupes du Maréchal Bugeaud anéantissent l'armée du Sultan du Maroc à la Bataille d'Isly. le 10 septembre Le Traité de Tanger met fin à la Guerre franco-marocaine et contraint le Sultan à expulser Abd El Kader du territoire marocain. le 5 octobre Le premier numéro de L'Echo d'Oran (*) est publié par Adolphe Perrier, un imprimeur lorrain banni par Louis- Philippe pour avoir exprimer des avis considérés comme étant trop républicains. (*) Ce journal paraîtra tous les samedis et se qualifiera « d'organe d'annonces judiciaires, administratives et commerciales ». L'Echo deviendra le journal le plus important de la ville et sera édité de manière continue jusqu'à que peu de temps après l'indépendance (Il cessera d'exister en 1963). Le Traité de Tanger------pendant l’année Le Narval : premier bâtiment en fer et à vapeur de la Marine Nationale. 1845 Le Maréchal Bugeaud quitte l'Algérie. Louis Juchault de Lamoricière est nommé Gouverneur- général par intérim. La population européenne d'Algérie est évaluée à 109 400 dont 47 274 sont français. Le nombre de colons agriculteurs est alors de 15 000. Le Général Christophe-Louis-Léon Juchault de la Moricière

le 1er janvier Le contrat de la Cie Bazin es t renouvelé pour 9 ans avec le Philippe Auguste en plus, la compagnie s'engage à effectuer mensuellement trois voyages sur Alger, deux sur Oran, deux sur

Stora.

Le Philippe Auguste

le 1er février Le voyage de la Cie Bazin sur Stora est prolongé jusqu'à Tunis via Philippeville et Bône. le 23 septembre Le Colonel Montagnac (« connu pour ses méthodes violentes et criminelles pour vaincre la résistance des tribus arabes » - wikipédia -) attaque les troupes d’Abd el Kader au djebel Kerkour. Cela tourne au désastre. Le Colonel est tué. La colonne est écrasée et les survivants français, 80 fusils, se replient vers Sidi Brahim, où ils se retranchent, et résistent pendant 3 jours. Abd el Kader est blessé au visage.- Kouba du marabout de Sidi Brahim le 26 septembre Les français lancent une contre-attaque à Sidi Brahim, mais ils sont décimés. Seuls15 Chasseurs et un Hussard parviendront à rejoindre le poste à Djemaa Ghazaouat. pendant l'Année Un Institut de Biotechnique et de Biométrie, et un Institut des Hautes Études Islamiques, sont ouverts à Alger. Le Philippe Auguste : premier navire en fer et à roue, destiné au transport des voyageurs en Méditerranée. 1846 février Cherchant des alliances, Abd el-Kader va en Kabylie, nouveau bastion de la résistance à l'armée française, où il participe à deux combats contre les Français. le 25 février Louis-Antoine-Augustin Pavy (1805 -1866), est nommé deuxième évêque d'Alger. le 20 avril L'émir Abd el-Kader fait exécuter prés de 300 soldats français prisonniers. le 4 septembre Le Pharamond, de Marseille s'amarre à Alger avec le choléra à bord. Une épidémie démarre à la prison de Fort Bab Azoun et s'étend à l'Hôpital du Dey puis à la ville, provocant la mort de 505 soldats et 202 civils.

La porte et le fort Bab Azoun

septembre L’épidémie de choléra se propage hors d'Alger avec le 12ème Régiment de la Ligne. Il atteindra Miliana, puis Orléansville et évoluant selon le déplacement des bataillons infectés. Le 16ème bataillon retournera en Alger et réactivera l'épidémie dans la capitale d'où elle se propage à nouveau, cette fois à la ville de Bou-Saada. octobre L'épidémie de choléra atteint Oran. 209 personnes meurent au moment le plus fort de la contagion sur un total de 2 001 victimes dans la ville pendant l'année L'Émir Abd el-Kader sillona ensuite la région de Djelfa, plus au sud, poursuivi par les Français, mais aidé par la population. Des combats eurent lieu à Ain Kahla, à Zenina et à l'oued Boukahil. Des Prussiens (environ 400 familles) qui partaient au Brésil, s’arrêtent à Dunkerque où ils consentent à être envoyés dans la région d’Oran. Leurs colonies de Sainte Léonie et Oued-Taria échouent mais ils prospèrent à Stidia. http://encyclopedie-afn.org/index.php/AFN_Prusse

1847 le 1er janvier L'administration française a distribué des nombreux lots de 4 à 12 hectares aux petits colons européens. On y trouve 47,300 français originaires d’Alsace, des Vosges, du Dauphiné et de Provence ainsi que 31,000 Espagnols, 8,800 Maltais, 8,200 Italiens et 8,600 Suisses et Allemands. http://emigrationalgerie.centerblog.net/ le 13 avril Réddition de Bou Mazza (*) (*) Boumazza, le grand chef résistant qui continue le combat après que l’émir Abd el- Kader ait été défait. Cerné de toutes parts, il se rend le 13 avril 1847 aux troupes françaises commandées par le colonel de Saint Arnauld. Interné en France, il est en fait « choyé » par le gouvernement de Louis Philippe, on le dote d’un appartement aux Champs-Élysées, il reçoit une pension de 15 000 F. Rebelle malgré tout, durant la révolution de février 48, il essaye de quitter la France, mais il est arrêté à Brest. Il est remis en liberté par le prince Louis-Napoléon qui lui restitue sa pension. Il quitte définitivement la France en 1854 pour se réfugier dans l’empire ottoman où il intègre le corps des Bachi-Bouzouks. Il est promu colonel en août 1855. (Dictionnaire universel des contemporains, Gustave Vapereau, édition hachette ; Paris 1858). mai Victoire de Bugeaud en Kabylie.

juin Le Maréchal Bugeaud est rappelé en France en raison du différend entre Guizot et lui, né de l'expédition en Kabylie et de leur conception de la colonisation. Il fut remplacé par le duc d'Aumale, ce qui lui « permettrait » selon l'expression de Guizot « de venir jouir de sa gloire en France ». pendant l'année Abd el-Kader tente de relancer la révolte, mais échouant finalement à rallier les tribus kabyles pour faire cause commune, il doit se réfugier au Maroc. Le général de Lamoricière apprend qu'Abd el-Kader, refusant de se rendre au sultan du Maroc, s'entend avec ses principaux officiers, les fonctionnaires de la cour de Fès, pour tenter une dernière fois la fortune. La compagnie Bazin est doublée de la compagnie Touache (qui deviendra, en 1858, Compagnie Mixte), laquelle adopte la propulsion à hélices qu'on verra peu à peu se substituer à la propulsion à aubes. Le Bonaparte : premier vapeur à hélice en Méditerranée…

5 octobre Le général Henri d'Orléans, duc d'Aumale (1822- 1897) prend ses fonctions de Gouverneur- général.

Le général Henri d'Orléans, duc d'Aumale le 13 septembre Un ex-brigadier du 2° chasseurs d'Afrique qui s'est échappé de la Deïra, accourt annoncer au général que l'émir voulait livrer encore un combat avant de se retirer vers le Sud avec ceux qui voudront l'y suivre.

le 21 décembre Échappant aux troupes du Sultan marocain, les troupes d’Abd el-Kader passent la rivière Kiss et entre sur le territoire de l'ex-régence. (*)

le 23 décembre Abd el Kader se rend aux Spahis du Colonel Yusuf(**) sur le col de Guerbous près de la frontière marocaine (*) (**) Enlevé par des corsaires barbaresques au cours d'une traversée, Joseph Vantini fut conduit à Tunis. Il se convertit à l'Islam, prit le nom de Yusuf, et servit dans le corps des mameluks. Ayant gagné Alger à l'arrivée des Français, il fut d'abord interprète, avant de recruter des Spahis. A la tête de ses cavaliers, il est alors de tous les combats, expédition de Mascara, prise de la Smalah, bataille d'Isly, révolte des Ouled Sidi Scheikh... Son intrépidité et son faste soulevaient l'enthousiasme. Général de division en 1856, il rentre en France en 1864, et meurt grand croix de la Légion d'honneur deux ans plus tard. Le général Yusuf le 24 décembre Abd el-Kader fait sa rédition au Général Louis Juchault de Lamoricière en présence du Général Cavaignac et du colonel Montauban (**), au marabout de Sidi-Brahim, théâtre de ses triomphes. (*) de Lamoricière

Lieutemant-colonel (puis général) Charles Guillaume Marie Apollinaire Antoine Cousin-Montauban, comte de Palikao

(**) Chef d’escadron aux spahis le 4 septembre 1830, lieutenant-colonel le 7 mai 1843, colonel au 2e chasseurs le 2 août 1845, c’est entre ses mains qu’Abd el-Kader fit sa soumission le 21 décembre 1847 : La Moricière n’arriva que quelques instants après. (*)En 1845, beaucoup de tribus des hauts-plateaux s'étaient soumises aux Français. L'Émir tenta de les réprimer ; le Goum des Ouled Nail, sous le commandement de Si Chérif Bel Lahrech qu'Abd El-kader avait nommé khalifa, prit part à ces opérations. Cherchant des alliances, il alla ensuite en Kabylie, nouveau bastion de la résistance à l'armée française, où il participa à deux combats contre les Français en février 1846. L'Émir sillonna ensuite la région de Djelfa, plus au sud, poursuivi par les Français, mais aidé par la population. Des combats eurent lieu à Ain Kahla, à Zenina et à l'oued Boukahil. Abd el-Kader tenta de relancer la révolte en 1847, mais échouant finalement à rallier les tribus kabyles pour faire cause commune, il dut se réfugier au Maroc. Le général de Lamoricière apprit qu'Abd el-Kader, refusant de se rendre au sultan du Maroc, s'était entendu avec ses principaux officiers, les fonctionnaires de la cour de Fès, pour tenter une dernière fois la fortune. Le 13 septembre, un ex-brigadier du 2° chasseurs d'Afrique qui s'était échappé de la Deïra, accourut annoncer au général que l'émir voulait livrer encore un combat avant de se retirer vers le Sud avec ceux qui voudront l'y suivre. Échappant aux troupes du Sultan marocain, le 21 décembre 1847, les troupes de l'émir passent la rivière Kiss et entre sur le territoire de l'ex-régence. Abd el-Kader, seul à cheval, est en tête de l'émigration ;le général Lamoricière, prévenu à temps, ordonne à deux détachements de vingt spahis choisis, revêtus de burnous blancs et commandés par les lieutenants Bou-Krauïa et Brahim, de garder le passage que devait prendre l'émir. Pour parer à tout événement, il fait prendre les armes à sa colonne et se porte sur la frontière ; il avait à peine fait une lieue et demie que des cavaliers envoyés par Bou- Krauïa le prévinrent qu'il était en présence d'Abd el-Kader. On vole aussitôt à son secours. Au bout de quelques instants, il rencontre Bou-Krauïa lui-même avec des hommes dévoués à Abd el-Kader, chargés de porter sa soumission au général Lamoricière. L'émir avait remis à Bou-Krauïa une feuille de papier sur laquelle il n'avait fait qu'apposer son cachet, car le vent, la pluie et la nuit l'avaient empêché d'y rien écrire. Abd el-Kader demandait une lettre d'aman («assurance/protection/sauf conduit») pour lui et ceux qui l'accompagnaient. Le général ne pouvait, pour les mêmes causes, répondre à l'émir, mais il remit aux envoyés son sabre et le cachet du commandant Bazaine, en leur donnant verbalement la promesse de l'aman le plus solennel. Abd el-Kader renvoya ses deux officiers et le lieutenant Bou-Krauïa avec une lettre dans laquelle il demandait la condition qu'il serait conduit à Alexandrie ou à Saint-Jean-d'Acre. Le général Lamoricière y consentit par écrit. Le 24 décembre, Abd el-Kader fut reçu par les généraux Lamoricière et Cavaignac et le colonel Montauban, au marabout de Sidi-Brahim, théâtre de ses triomphes. On l'amena ensuite à Nemours (Dgemma-Ghazouat) devant le duc d'Aumale qui l'y attendait. Le prince ratifia la parole donnée par le général Lamoricière, en exprimant l'espoir que le roi lui donnerait sa sanction. Le gouverneur général annonça à l'émir qu'il le ferait embarquer le lendemain pour Oran, avec sa famille ; il s'y soumit sans émotion et sans répugnance. Avant de quitter le prince, Abd el-Kader lui envoya un cheval de soumission, pour consacrer sa vassalité et sa reddition. Du 25 décembre 1847 au 8 novembre 1848, Abd el-Kader et sa suite pérégrinent entre divers lieu de détention (Toulon et Pau) en France jusqu'au château d'Amboise où ils resteront quatre ans. le 25 décembre Abd el-Kader et sa suite pérégrinent, jusqu’au 8 novembre 1848, entre divers lieu de détention (Toulon et Pau) en France contrairement à la promesse faite par Larmoricière d’être exilé en terre musulmane. (*) 1848 le 29 janvier Abd el-Kader arrive à Toulon. Il est interné au Fort Lamarque, contrairement à la promesse faite avant la reddition qu’on lui permettrait se retirer dans un pays musulman. (*) le 4 février Le général Louis, Eugène Cavaignac (1802- 1857) est nommé Gouverneur-général.

Le général Louis, Eugène Cavaignac

le 23 février Après l'intervention de la troupe, qui tire sur des manifestants, Paris se couvre de barricades dans la nuit avec la complicité de la Garde Nationale. le 24 février Abdication de Louis-Philippe Ier. Réfugié dans son palais des Tuileries, le roi ne voulant pas d'effusion de sang. le 25 février Proclamation II ème république en France. le 3 mars Henri d'Orléans, le duc d'Aumale, s'embarque pour l'Angleterre, pour rejoindre son père. le 24 avril Le général Nicolas, Anne, Théodule Changarnier (1793-1877) est nommé Gouverneur-général (par intérim).

Le général Nicolas, Anne, Théodule Changarnier

le 25 avril 1ère élection législative en Algérie. le 4 mai Ouverture de la Constituante. le 26 juin Chute de la dernière barricade, à Paris et fin des Journées de Juin. Ces journées révolutionnaires ont fait 1 500 morts. 15.000 prisonniers politiques seront déportés en Algérie. juillet Le général Stanislas Marey-Monge est nommé Gouverneur-général (pour intérim). L'Assemblée vote un crédit de 50 millions de francs pour la relance de la colonisation

Le général Stanislas Marey-Monge

9 septembre Le général Viala-Charon (1794-1880) est nommé Gouverneur-général.

Le général Viala-Charon le 8 novembre Abd el-Kader et sa suite s’installent au château d'Amboise où ils resteront quatre ans. (*)

------Château d’Amboise

(*)Le 23 décembre 1847, Abd el-Kader, après avoir longuement combattu les Français, se constitue prisonnier auprès du duc d’Aumale, à Djemaa-Ghazaouet (Nemours). Il avait écrit, en vue de sa soumission, la lettre suivante au Général Lamoricière : « Nous voulons que vous nous envoyiez une parole française qui ne puisse être ni diminuée, ni changée et qui nous garantisse que vous nous ferez transporter, soit à Alexandrie, soit à Akka (Saint Jean d’Acre) mais pas ailleurs. Veuillez nous écrire à ce sujet, d’une manière positive ». Lamoricière répondit : « J’ai reçu l’ordre du fils de notre Roi Louis-Philippe de vous accorder l’aman que vous m’avez demandé et de vous donner le passage de Djemaa-Ghazaouet à Alexandrie ou à Akka, on ne vous conduira pas autre part. Venez comme il vous conviendra, soit de jour, soit de nuit, ne doutez point de cette parole, elle est positive. Notre souverain sera généreux envers vous et les vôtres. Je suis certain que vous pourrez emmener dans l’Est, par mer, ceux qui voudront vous suivre. » Le duc d’Aumale, gouverneur de l’Algérie, confirme à l’émir les engagements du général Lamoricière. Mais la réalité sera toute autre. Le 25 décembre l847, Abd el-Kader, sa famille et les 88 personnes qui demandent à l’accompagner, s’embarquent à Djema- Ghazaouet sur la frégate à vapeur Asmodée. L’émir est accompagné par un de ses beaux-frères, exécuteur du massacre de Sidi-Brahim, ses trois femmes, sa cousine germaine, ses trois fils et une fille, sa mère, âgée de 75 ans, très pieuse, priant constamment et ne désirant qu’aller mourir à la Mecque. La route suivie par l’Asmodée ne sera pas celle de l’Est, mais celle de Toulon où la frégate arrive le 29 décembre. Abd el-Kader et sa suite sont débarqués au lazaret et y demeurent jusqu’au 8 janvier 1848. Rien n’avait été préparé à Toulon pour les recevoir. Le 10 janvier 1848, l’émir et sa suite sont séparés en deux groupes : les uns sont placés au fort Malbousquet tandis qu’Abd el-Kader et ses proches sont incarcérés au Fort Lamalgue. Les conditions de détention sont particulièrement pénibles, en particulier pour la mère et les femmes de l’émir. Abd el-Kader écrit à Louis-Philippe afin de protester contre ce traitement mais ... le gouvernement change et la République remplace la monarchie. « Votre commissaire [Émile Ollivier] est venu me voir. Il m’a informé que les Français, d’un seul accord, avaient aboli la royauté et décrété que leur pays serait désormais une république. Je me suis réjoui de cette nouvelle car j’ai lu dans les livres que cette forme de gouvernement a pour but de déraciner l’injustice et d’empêcher le fort de faire violence au faible. Vous êtes des hommes généreux et vous désirez le bien de tous ; vos actes sont supposés être dictés par l’esprit de justice. Dieu vous a désignés pour être les protecteurs des malheureux et des affligés. Je vous tiens, par conséquent, pour mes protecteurs naturels. Ecartez le voile de la douleur qu’on a jeté sur moi. Je demande justice de vos mains. [...] Je me suis rendu de ma propre volonté, libre. Certains d’entre vous peuvent s’imaginer que, regrettant la solution que j’ai prise, je nourris encore l’intention de retourner en Algérie. Cela ne sera jamais. Je peux maintenant être compté parmi les morts. Mon seul désir est d’être autorisé d’aller à La Mecque et à Médine, pour y prier et adorer le Dieu Tout-Puissant jusqu’à ce qu’Il me rappelle à Lui. » [ Lettre d’Abd el-Kader au gouvernement français, mars 1848.] Au début de cette année 1848, Charles Poncy, poète-maçon toulonnais rend visite à Abd el-Kader : « La première chose que nous remarquâmes en traversant les corridors sombres du fort nous attrista profondément. C’étaient les logettes qui servaient d’appartements aux femmes et qui, malpropres, obscures et humides, n’avaient d’autres portes pour protéger leurs hôtes qu’un sale et grossier rideau de toile ... » Poncy écrivit à Arago et à Lamartine pour leur demander d’intercéder auprès des autorités en demandant la mise en liberté de l’Emir. Les journées de février 1848, qui amenèrent la chute du roi Louis-Philippe et la proclamation de la République, consternèrent Abd el-Kader parce qu’il concevait la République comme « étant un corps qui ne pouvait marcher sans tête ». Le Colonel Daumas lui ayant fait remarquer « qu’il y avait 5 têtes au lieu d’une », 1’Emir lui répliqua : « Et moi je te prédis qu’au lieu de 5, il va y en avoir 35 millions, c’est un peu trop ». Ci-dessous, un extrait de la relation faite par Charles Poncy de l’installation d’Abd el- Kader, accompagnée d’un dessin de Letuaire - publiée dans l’Illustration, dont ils étaient collaborateurs, le 6 mai 1848, à l’occasion du transfert d’Abd el-Kader à Pau. « Les Arabes sont logés ou plutôt entassés dans le premier étage du Cavalier, bâtiment situé à l’est du fort, en face du pavillon d’entrée occupé par M. Lheureux et par M. Daumas. Le rez-de-chaussée de ce bâtiment est habité par le concierge du fort et par les officiers de la garnison. La longueur du Cavalier est environ de 25 mètres et sa largeur de 5, ce qui donne à chacun des prisonniers, au nombre de cent, à peu près un mètre carré de surface pour se mouvoir. Il est vrai qu’ils ne leur en faut pas davantage pour fumer ou rêvasser tout le jour, comme ils font, accroupis sur des nattes ou sur les matelas de l’administration. [...] ». [extrait de Le Toulon de Letuaire - éd. A.L.A.M.O. - 1986]

Arabes à Malbousquet

Le 13 mars, Emile Ollivier, Commissaire du Gouvernement provisoire, se rendit au Fort Lamalgue où il rendit visite à Abd el-Kader pour s’enquérir de ses besoins. Ollivier, impressionné, écrivit à Arago, Ministre de la Guerre, lui demandant de faire examiner par le Gouvernement Provisoire « Une des questions d’honneur national les plus graves qu’a léguées le pouvoir déchu ». De son côté, Abd el-Kader, en s’adressant au Gouvernement de la République, rappelait les promesses écrites qu’il avait reçues et sans lesquelles il ne serait pas détenu. Il attendit, le désespoir au cœur, la réponse du Gouvernement. Le Général Changarnier, Gouverneur Général de l’Algérie, de passage à Toulon, rendit visite à son tour à Abd el- Kader, le 30 mars 1848. Il lui dit qu’en raison de certains embarras provenant du changement de régime, sa mise en liberté se trouvait provisoirement retardée. Enfin, le 14 avril 1848, le Ministre de la Guerre répondit aux lettres qui lui avaient été adressées. Le Gouvernement Provisoire décida de transférer Abd el-Kader et sa famille au château de Pau. Le voyage se fit par mer de Toulon à Sète, par le canal du Languedoc de Sète à Toulouse et en voiture de Toulouse à Pau. Le départ d’Abd el- Kader eut lieu le 23 avril. Le Préfet Maritime en fit part au Ministre de la Guerre : « Je vous informe que le Minos, commandé par le Lieutenant de Vaisseau Duranty, ayant à bord le Colonel Daumas et le Lieutenant-Colonel L’Heureux, est parti hier soir, pour transporter à Sète Abd el-Kader et sa famille. Il reste encore au Fort Lamalgue 49 Arabes de l’ex-émir que je vais faire transporter aux îles Ste Marguerite ». Abd el-Kader restera au château de Pau jusqu’au 2 novembre 1848, pour être détenu ensuite au château d’Amboise, où un régime des plus sévères lui sera imposé. Le Prince-Président de la République, Louis-Napoléon Bonaparte, le fit libérer le 11 décembre 1852. Le 21 du même mois, la frégate le Labrador transporta l’émir et sa famille à Istanbul où elle aborda le 7 Janvier 1853. Abd el-Kader était enfin libre. Citons pour terminer cette phrase dite lors de sa captivité au Fort Lamalgue et notée par le Colonel Daumas : « La science peut être comparée à la pluie du ciel ; quand une goutte d’eau tombe dans une huître entrouverte, elle produit la perle. Quand elle tombe dans la bouche de la vipère, elle produit le poison ». le 12 novembre La Constitution de 1848 déclare l'Algérie « partie intégrante de la France ». Les territoires civils de Bône, Oran et Alger deviennent des départements français administrés par des préfets. Les habitants musulmans et juifs de l'Algérie deviennent des sujets français. le 14 novembre Affreville est créé officiellement par le général Lamoricière. Datant de l’époque romaine, située à 120 km d’Alger et à 60 km de la mer à un carrefour de communication, avec un grand marché, « Khemis-Miliana » devient Affreville et doit son nom à Monseigneur Denis- Auguste Affre, archevêque de Paris, tué sur les barricades en 1848. le 21 novembre L'Algérie est divisée en zones d'administration civile et militaire. le 10 décembre Charles Louis-Napoléon Bonaparte est élu Président de la république.

Charles Louis-Napoléon Bonaparte le 12 décembre 100 000 Parisiens se portent volontaires pour le repeuplement de l’Algérie mais seulement 20 502 sont choisis. 50 millions de francs sont débloqués pour la création de 42 colonies agricoles pendant les quatre années suivantes. L'effort de peupler le pays avec des artisans Parisiens au chômage échoue misérablement. 3 359 meurent la première année, 7 038 repartent en France et de la moitié qui reste la plupart abandonnent l’agriculture et s’établissent dans les villes. Ils sont remplacés par des paysans du Midi, des espagnols et par des allemands à Stidia et Sainte Léonie.

pendant l’année Ruiné par la Révolution de 1848, Louis Benet des Ateliers de Construction de Machines à Vapeur de La Ciotat cède ses ateliers à Albert Rostand, un armateur marseillais Début de l’insurrection Kabyle.

1849 le 10 juin Le maréchal , Duc d'Isly, meurt à Paris du choléra qu'il a contracté en Algérie où une épidémie a éclaté.

Mai Bou Zian surgit dans Zaatcha, oasis à 8 lieues au S-O de Biskra (35 km environ). Il enflamme toute la population et celle des alentours surexcitées par l'attente.

le 28 novembre Prise de Zaatcha. (*) (*) Le siège de la ville de Zaatcha à l'automne 1849 opposa les troupes françaises du général Herbillon aux troupes du cheikh Bouzian décidées, au nom de la guerre sainte, à chasser les Français. http://nice.algerianiste.free.fr/pages/zaatcha.html

pendant l’année Albert Rostand brise le monopole d’état en créant la Compagnie des Bateaux à Vapeur du Levant. En concurrence ouverte avec l’état, celui-ci va profiter de l’exploitation déficitaire des paquebots postaux nationaux, pour forcer ce dernier à céder la concession du service postal maritime à une compagnie privée.

1850 le 25 octobre Le général Alphonse comte de Haut Poul (1789- 1865) est nommé Gouverneur-général.

Le général Alphonse comte de Haut Poul

pendant l’année Louis Napoléon Bonaparte expulse 450 adversaires politiques à la Casbah de Bône et de là à Lambèse. Ils sont bannis de la France pendant une période de dix années, avec, après trois ans de bannissement en cas de bonne conduite, d’une réduction de peine et l’octroi d’une ferme, ce que peu d’entre eux acceptent. http://wiki.geneanet.org/index.php/Alg%C3%A9rie_-_Lamb%C3%A8se Des immigrants allemands de Baden et du Palatinat s'installent dans les villages de Détrie et Dublineau en Oranie et à Penthièvre près de Bône. Koléa reçoit des valaisans qui s’installent dans le petit hameau de Saint Maurice (nommé ainsi d’après une abbaye près de Sion). http://encyclopedie-afn.org/index.php/D%C3%A9trie_-_Ville http://encyclopedie-afn.org/index.php/Dublineau_-_Ville http://encyclopedie-afn.org/index.php/Kolea_-_Ville Septembre 1850 La Cie André et Abeille ainsi que la « Cie Générale Transatlantique » utilisent des bateaux à vapeur de Sète à Alger. Une publication de l'époque précise que les navires de l'État assurant également le transport des passagers étaient « l'Orénoque », le « Labrador », le « Montezuma », frégate de 450 chevaux, le « Titan », corvette de 220chevaux, le « Vautour », « l'Euphrate », le « Phare », avisos de 160 chevaux. Le prix des places étaient de 105 francs (*) en premières, de 73 francs (*) en secondes. Le voyage durait 44 heures. A la Compagnie Bazin, le prix (nourriture à part) était de 80 francs (*) en premières, de 60 francs (*) en secondes et de 35 francs (*) sur le pont. La traversée s'effectuait en 48 heures. (*) 1 franc 1850 = 18,75 francs 1999 ≈ 3,14 ⁄ 2004 1851 janvier Certaines marchandises algériennes sont admises en France exemptes de droits. Tous les services maritimes sur les lignes d'Algérie sont définitivement supprimés et le contrat avec la Cie Bazin venu à expiration est remis en adjudication. le 22 février Un projet de convention entre l'Etat et les Messageries Nationales est signé. Il propose un accord pour l'exploitation des lignes de la Méditerranée pendant 20 ans. L'Etat apporte 14 avisos, dont la moitié a 15 ans d'âge, et les Messageries Nationales trois bateaux dont le Hellespont, le Bosphore et le Oronte. Un remaniement des services vers l'Algérie est annoncé : au lieu et place des 12 départs par mois pour Alger qu'effectue depuis 10 ans la Cie Bazin, le cahier des charges de la nouvelle convention prévoit 17 départs dont 4 de Marseille, 2 de Sète et 1 de Toulon pour Alger, 3 de Marseille pour Stora (Bône et Philippeville) et 3 de Marseille pour Oran, 1 de Sète sur Stora et 1 sur Oran.

mai - juillet Le général de Saint-Arnaud, commandant la province de Constantine, conduit une colonne de 8-000 hommes dans les montagnes des Babor, entre Mila et Djidjelli, tandis qu'une colonne de moindre importance, conduite par le général Camon, opére entre Sétif et Bougie. Partout la résistance est acharnée.

Le Général Armand Jacques Leroy de Saint Arnaud Bou Baghla se réfugie dans la grande Kabylie.

le 16 juin Les terres d’Algérie couvertes de forêts sont déclarées partie du domaine public. La loi clarifie plus loin la distinction entre la propriété individuelle (melk) et la propriété collective (arc). L'état se voit seul attribué le pouvoir d'acquérir collectivement la propriété tribale pour la colonisation.

le 4 août La Banque d'Algérie est fondée en 1851, c'est-à-dire dans les mêmes années que les Banques de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Réunion : les hasards de la chronologie coloniale, dans ses différentes strates, ont fait coïncider des projets monétaires « assimilationnistes » distincts, mais parallèles. http://www.alger-roi.net/Alger/banque/pages/monnaies_pn88.htm

septembre La « Cie Justin André et Auguste Abeille » ainsi que la « Cie Générale Transatlantique » utilisent des bateaux à vapeur de Sète à Alger.

novembre L'agitation persistant dans la vallée du Sebaou (grande Kabylie), le général Pélissier, gouverneur par intérim, dirige deux fortes colonnes entre Tizi- Ouzou et Dra el-Mizan.

Général Aimable Jean Jacques Pélissier, duc de Malakoff

le 2 décembre Louis Napoléon Bonaparte renverse la Deuxième République dans un coup d'Etat et rétablit l’Empire sous le nom de Second Empire. 6 500 républicains seront expulsés en Algérie.

le 8 décembre Louis Napoléon Bonaparte décrète la transformation de six villages algériens en colonies pénales pour des républicains bannis. le 11 décembre Jacques Louis César Alexandre, Comte de Randon, est nommé Gouverneur-général. Le Maréchal Randon occupe beaucoup de son temps avec la colonisation. 56 règlements sont mis en place pendant les sept années de son administration. Les Alsaciens s'installent à Bled-Touaria et Aïn-Sultana. Le département du Var est une autre source principale d'immigrants de la France métropolitaine. Beaucoup repartent pour échapper aux conditions de vie difficiles et leurs concessions reviennent aux Français et aux Espagnols, déjà installés dans le pays et habitués à la dureté de cette vie.

Le Gouverneur-général Jacques Louis César Alexandre, Comte de Randon

le 15 décembre Création d'Oued el Alleug.

pendant l'année La population européenne est estimée à 131 000 individus- comprenant 66-000 citoyens français. Le nombre de colons ruraux s’élève à 33 000 dû en partie à la politique de la Deuxième République à encourager l'état à encourager la colonisation civile par l’état.

1852 début de Bou Baghla reparait dans l'oued Sahel ; il est l’année rejeté dans la montagne par le général Bosquet. (*)

Le Général Pierre Joseph François Bosquet (1810 - 1861)

Les opérations intermittentes des petites colonnes isolées ne pouvant amener de résultat définitif, le général Randon, alors gouverneur de l'Algérie, prépare un plan d'ensemble pour pacifier la Kabylie. En attendant le moment d'entreprendre cette campagne, il fait amorcer les routes qui doivent faciliter la marche des colonnes. (*) Le 2 Janvier 1852 le général BOSQUET écrit entre autre ce qui suit dans son rapport : « Sur les rapports très inquiétants du colonel de Wengy, je suis parti comme vous le savez le 18 de Sétif et je suis arrivé avec 1200 baïonnettes, le 4eme jour sur l'oued Soummam. Tout le haut de la rive gauche, jusqu'au Fenaîenne était à Bou-Baghla, les Ath Waghlis n'écoutaient plus ni Bougie, ni le vieux hadj Nath Hammiche. Le makhzen de Bougie et quelques contingents étaient en position chez les Fenaîenne, autant pour les maintenir que pour les défendre. Si chérif Améziane, d'El-harrach, fut envoyé le 21 Janvier au soir afin de rassembler tout son monde et de border la rive droite. Le lendemain matin, en face des Ath Waghlis ; tout ce que j'avais chez les Fenaîenne de cavaliers indigènes eut ordre de remonter la vallée à mi-cote et je partais moi-même à la petite pointe du jour, avec les goums de Sétif, les chasseurs, les Spahis et 4 compagnies d?élites sans sac. Remontant la vallée par la route centrale nous arrivâmes ainsi jusqu'au village d'El Flaye au centre des Ath Waghlis ». Bou Baghla, après avoir brûlé Aguemoun et Tifra s'était installé chez les Ath Mansour d'où il envoyait des émissaires auprès des localités amies, des encouragements à tenir ferme et à des tribus soumises aux Français des menaces. Le général BOSQUET mis au courant de ces démarches fit avertir toutes ces tribus que si elles bougeaient, elles se verraient toutes détruites de fond en comble. Ainsi il leur adressa des remontrances pour avoir soutenu Bou Baghla et les obligea à la corvée général en effectuant les travaux d'ouverture d'une route de Ksar-Kebouche et Bougie suivant l'ancienne voie Romaine (Route actuelle d'Alger par yakouren). En cours de ces travaux le Général BOSQUET fut victime d'une catastrophe provoquée par une violente tempête de neige et il serait mort sans l'assistance du soldat Minot, qui le releva et l'aida à marcher (Cliquez ici pour consulter en détails la catastrophe provoquée par une violente tempête des neiges raconté par Yvan Comolli) Le 21 Juillet 1852, Bou Baghla ressembla ses contingents pour attaquer les Ath Ouakour et les chorfa, mais il changea de direction, il se jeta sur les gens de Taourirt ou Abla village des Ath abbés s'empara de plusieurs troupeaux tua huit hommes parmi lesquels le fils du marabout Si Mohamed ou El Mouhoub, emmena quatre prisonniers blessés ; se jeta du coté d'Akbou ou il engagea bataille avec les Ath aydel ; il rentra ensuite chez les Ath mellikeuche.

le 21 mars Fondation du Crédit foncier. avril Création de la Bourse d'Alger.

mai MM. Louis ARNAUD et TOUACHE Frères fondaient la « Cie de Navigation Mixte ».

le 16 octobre Louis Napoléon Bonaparte ordonne la libération d'Abd el Kader.

le 30 octobre Louis Napoléon Bonaparte reçoit Abd el Kader à Saint Cloud. le 21 novembre Une armée forte de 6000 hommes et sous le commandement de trois généraux –Pélissier- Yussuf et Bouscaren – assiège la ville de Laghouat. La bataille s’engage.

Le général Aimable Jean-Jacques Pélissier, duc de Malakof

le 2 décembre Louis Napoléon Bonaparte se proclame Napoléon III, Empereur du français et des Arabes.

le 4 décembre Laghouat est prise d’assaut le bastion de Mahomet Ben Abdallah, Chérif indocile de Ouargla. L’extermination systéma- tique de l’ensemble de sa population est alors ordonnée ; plus des deux tiers périssent ainsi 2 500 personnes pour 6O tués dans les rangs français). La ville ainsi que le reste de sa population sont sauvés de justesse par un contre-ordre. Assaut et prise de Laghouat, Jean Adolphe Beauce

le 6 décembre Abd el Kader est invité en Paris et séjourne à Amboise pendant cinq jours.

Louis Napoléon Bonaparte à Amboise

le 21 décembre Abd el Kader quitte la France à Marseille pour se retirer à Brousse, en Turquie où Napoléon III lui paye une pension annuelle de 100 000 francs.

le 27 décembre Une nouvelle adjudication est enlevée par une compagnie sétoise du nom de « Cie Impériale », entre la France et l'Algérie. La compagnie doit construire 10 vapeurs de 350 chevaux en fer et à hélice et 6 autres de 80 à 120 chevaux.------Sigle de la compagnie le 28 décembre Le premier navire à hélice et à voiles (pyroscaphe), « Cie de Navigation Mixte », le « Du Tramblay », effectue son 1er voyage pour Alger : départ de La-Seyne-sur-Mer avec 50 passagers.

Le Du Tamblay

1853 le 7 janvier Arrivée d’Abd el Kader à Constantinople. début d'année Le général Randon, à la tête de deux divisions commandées par les généraux Bosquet et de Mac-Mahon, formant un total de 10,000 hommes d'infanterie (un seul escadron de spahis) , réalise d'abord la soumission de la Kabylie des Babor ou Petite Kabylie, sur laquelle l'expédition de 1851 n'avait fait que peu d'impression. Les deux colonnes opérant sur chaque rive de l'oued Agrioun se rejoignent à l'embouchure. Toutes les tribus se soumettent solennellement. Une route est ouverte de Djidjelli à Constantine par Mila.

le 30 janvier Mariage de Napoléon III et d'Eugénie de Montijo (1826 – 1920).

le 9 mars Le premier Régiment de Tirailleur Algériens est formé. Les bataillons prennent les caractéristiques d'une troupe régulière et l'uniforme qui leur est donné resta à peu de chose près le même jusqu'en 1914 : pantalon et veste bleu ciel, caban bleu foncé, ceinture et chéchia rouges. Le tombeau de la veste, ou fausse poche, distingue l'origine des bataillons : garance pour celui d'Alger, blanc pour celui d'Oran et jonquille pour celui de Constantine. Tirailleurs Algériens------http://fr.wikipedia.org/wiki/Tirailleurs_alg%C3%A9riens le 19 mars La «Compagnie Impériale » lance à Sète un de ces derniers vapeurs en fer et à hélice « la Province d'Oran ».

le 9 juin Après son départ le 7 juin de Toulon, arrivée sensationnelle à Alger du paquebot « Du Tramblay », de la Compagnie Touache. A bord se trouvait l'ingénieur de ce nom, inventeur d'un système perfectionné grâce auquel est réalisée une économie de 50% sur le combustible (il s'agit de la combinaison des vapeurs d'eau et d'éther). La traversée est effectuée en 53 heures. D'enthousiastes réceptions, avec présence des autorités, l'honorent à Alger et à Boufarik. Les plus anciens navires à aubes sont le « Pharamond » de 160 chevaux, le « Mérovée », le « Tage », puis le « Charlemagne », de 200 chevaux. Quand ce dernier pyroscaphe parait, étonnant tout le monde par sa vitesse, on ne désigne plus les autres courriers que par la dénomination ironique "les 160". On est loin encore des 10.000 chevaux, d'usage courant, de nos jours.

le 9 juin Création de la caisse de retraite pour les fonctionnaires. le 30 juin « La Province d'Oran » de la «Compagnie Impériale » effectue un 1er départ de Sète pour Philippeville et Stora.

juin Bou Baghla fomente une nouvelle insurrection dans la grande Kabylie. Deux divisions, sous le commandement du gouverneur (général Randon), parties, l'une de Sétif, sous les ordres du général de Mac-Mahon, l'autre, de Tizi-Ouzou, sous ceux du général Camon, marchent à la rencontre l'une de l'autre et font leur jonction au cœur de la grande Kabylie.

Le Général Patrice Mac Mahon, duc de Magenta (1808 – 1893)

juillet On annonce des lignes régulières de paquebots à voiles pour l'Algérie avec départ à jours fixes.

novembre Si Hamza, le leader du Scheik Sidi Walid, un allié de la France, part à la tête de ses goums (1 000 cavaliers et 1 000 fantassins) à la poursuite de Mahomet Ben Abdallah, chérif de Ouargla.

Ouargla, gravure sur bois (1882)

décembre Si Hamza met en déroute les contingents du chérif à la suite d’engagements sérieux livrés aux environs de N’gouça à la suite de quoi il entre dans Ouargla.

Prise de Ouargla, gravure de C. Maurand d’après un tableau d’Alfred Couverchel le 31 décembre Napoléon III autorise une association de banquiers suisses présidée par le Comte Sauter de Beauregard, la Compagnie Genevoise des Colonies Suisses de Sétif, pour coloniser 20 000 hectares de terres de cultivables

autour de Sétif. http://www.unige.ch/presse/Campus/campus91/dossier4.html

décembre Les Beni Raten et les Beni Menguillet font leur soumission. Bou Baghla perd toute influence, et est obscurément tué peu après (décembre) dans l'oued Sahel. pendant l’année Le « Berthelot », le « Tage », le « Titan », le « Grégeois », le « Phare » et « l'Euphrate » (à l'État la plupart) sont affectés au littoral.

Napoléon III propose la création d'un royaume arabe en Algérie. La proposition est reçue avec hostilité de la part de l'Armée, des colons français et des Musulmans. Le Fort des Vingt-quatre Heures est démoli pour permettre la construction de la Cathédrale saint Philippe à Alger. http://www.alger-roi.net/Alger/cathedrale/textes/4_catehedrale_saint_philippe_afn58.htm Un squelette, identifié pour être celui de Saint Geronimo, est trouvé dans un bloc de l’angle décrit dans l’ouvrage du 17ème siècle du moine espagnol Haedo. http://djidjellisouvienstoi.free.fr/photo/HistoireAlgerie1501a1962/HistoireAlgerie1501a1962 /Geronimo.pdf

1854 le 28 mars La France et l'Angleterre entrent en guerre, contre la Russie, au coté des Turcs. C'est le début de la guerre de Crimée.

le 4 août L'École Préparatoire de Médecine et de Pharmacie est ouverte conformément à un décret promulgué suite aux recommandations du Conseil Municipal d'Alger.

le 2O septembre Les Zouaves s'illustrent à la bataille de l'Alma.(*) (*) Ce qui leur vaudra le Zouave du pont de l'Alma à Paris. Sur l'île Sainte Marguerite, en face de Cannes, un petit cimetière est créé pour recevoir les dépouilles de blessés décédés sur l'île. Il est situé juste en face de celui des musulmans d'Algérie.

le 29 novembre Prise de Touggourt : une colonne, sous les ordres du général Desvaux, entre dans Tougourt après un combat d'avant-garde, tandis que le commandant du Barail arrive par Laghouat.

Le général du Barail

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Touggourt

1855 début d’année La Cie de Navigation Mixte met de nouveaux bateaux en service pour l'Algérie : le Kabyle, le Zouave, le Sahel. Elle a 4 départs par mois pour Alger, 3 pour Philippeville, 3 pour Oran, 1 pour Bône et Tunis.

Le Kabyle

le 6 décembre Quittant la Turquie, Abd El Kader, s'établit à Damas, en Syrie, où lors d'émeutes, il protège les chrétiens. (*)

Abd el-Kader arrive au secours des chrétiens à Damas, en 1860 (image d’Epinal - 1870)

(*) http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article380

De 1855 à 1856 les messageries ainsi que les Cie de bateaux à vapeur ont acheté le Simoïs, le Mitidja, Ecarmel, le Jourdan, le Cheliff et le Danube, et desservent toujours Marseille - Alger 6 fois par mois, Marseille – Oran 3 fois par mois, Marseille – Bône – Tunis 3 fois par mois. La commission établie pour l'affectation des quais d'Alger donne la liste suivante des services ------Le Danube (maquette)------réguliers mensuels : • Messageries Maritimes et Cie de Navigation Mixte : 8 départs et arrivées sur Marseille, 2 départs et arrivées sur Sète. • Cie des Transports Maritimes : 1 départ et arrivée par mois sur Rouen, 1 départ et arrivée par mois sur Anvers. • Société Ch. Prière et Cie : 1 départ et arrivée par mois. 1856 le 28 février Signature de l'armistice de la guerre de Crimée, l'armée française d'Orient a perdu 95 615 hommes dont 10 240 tués au combat, environ 10 000 morts des suites de leurs blessures et 75 000 ont succombé aux maladies infectieuses, dont le typhus. Les troupes d'Algérie s'y sont glorieusement illustrées. Le pont de l'Alma sera inauguré le 2 août 1856, la statue du Zouave le sera le 15 août 1858. le 16 mars Naissance du prince impérial.

le 25 mai Naissance à Mostaganem de Louis Franchet d'Espèrey.

Il fut nommé Maréchal de France, le 21 février1921.

Mostaganem : La caserne des Tirailleurs

septembre La médaille pontificale est décernée à Abd El Kader. S’ensuit un séjour en France au cours duquel il sera décoré de la Grand-croix de la Légion d'honneur.

Abd el-Kader (par Carjat)

le 16 octobre A la demande du colonel de Neveu, chef du bureau politique d'Alger, le grand illusionniste Français, Robert Houdin, se rend en Algérie. Sa mission consiste à opposer ses tours de « magie blanche » à ceux des marabouts musulmans qui représentent une menace pour la pacification de l'Algérie. Son succès est éclatant.

Robert Houdin (Décapitation) le 31 décembre Le premier recensement en Algérie fait ressortir une population de 2-470- 000 dont 2-310-000 de Musulmans. Cette année (1856), les naissances ont dépassé les décès parmi la population d’immigrants européens

1857 le 8 avril Un décret accorde à la Société de Chemin de fer de Paris-Lyon le droit de construire une ligne reliant Alger à Oran et à Constantine et des lignes plus courtes. (*) (*) " Il sera créé en Algérie, disait ce décret, un réseau de chemins de fer embrassant les trois provinces et se composant 1° d'une ligne parallèle à la mer d'Alger à Constantine, par ou près Aumale et Sétif et d'Alger à Oran par ou près Blida, Orléansville, Saint-Denis- du-Sig et Sainte-Barbe-du-Tlélat ; 2° de lignes partant des principaux ports et aboutissant à la ligne parallèle à la mer,à savoir : de Philippeville à Constantine, de Bougie à Sétif, de Bône à Constantine par Guelma, de Ténès à Orléansville, d'Arzew à Mostaganem et Relizane, enfin d'Oran à Tlemcen par Sainte-Barbedu-Tlélat et Sidi-Bel-Abbès. " pendant le printemps

La Kabylie (gravure de 1867) Maréchal Randon soumet la Kabylie, une étendue montagneuse limitée par Bougie, Sétif, Aumale et Dellys. Le maréchal Randon entreprend la grande opération qu'il projetait depuis quatre années. Il y déploie plus de 30-000 hommes, établis en quatre divisions, sous les ordres des généraux Renauld, de Mac-Mahon, Yusuf, Maissiat. Les Beni Raten, attaqués les premiers, se défendent énergiquement, mais, écrasés par le nombre, ils cédent après une lutte de deux jours. Maréchal Randon, Jacques, Louis, César, Alexandre, Comte (1795-1871)

le 14 juin Pose de la première pierre du fort Napoléon (plus tard Fort National) Des études entreprises sur le terrain par le génie militaire, la position de Souk-el-Arba parut réunir les conditions requises pour y construire le fameux fort de guerre. L'exécution suit de près la décision. Au bout de 3 jours sous la direction du Général Chabaud- Latour le terrain est reconnu et le tracé du fort terminé. De même la route de Souk-el-Arba à Tizi- Ouzou longue de 25 kilomètres et large de 6 mètres est terminée en 18 jours par le génie militaire. Le 6 juin, on commence les fondations du fort et le 14 juin a lieu la pose de la première pierre. Après concertation il est décidé que le fort portera le nom de Fort Napoléon. Le Fort Napoléon culmine à 961 mètres et le panorama qui se déroule majestueusement à son pied est des plus gracieux et des plus imposant. Dans de pareilles conditions, les colons arrivent nombreux dès la première heure, et sous l'habile direction du régime militaire, Souk-el-Arba devint rapidement une petite ville très coquette et très moderne. Bâti comme un amphithéâtre, le mur d'enceinte du fort possède un développement de 2261 mètres, c'est le système Vauban. Il comprend 1 citadelle et 3 blockhaus détachés. Les travaux durent de 1857 à 1871.

le 24 juin Après Beni Raten , les Beni Menguillet, retranchés dans le village d'Icheriden, soutiennent un sanglant combat contre la division de Mac-Mahon.(*)

Localisation de Icheriden

Général Patrice de Mac Mahon, comte de Mac Mahon, duc de Magenta

(*) Le général Mac-Mahon sera connu pour avoir dit lors de la prise de la tour Malakoff : "J'y suis, j'y reste ! ". (8 septembre 1857)

11 juillet Soumission des Beni Yeni. Des routes militaires furent ouvertes dans les montagnes et le Fort Napoléon, est construit, « l'épine dans le flanc de la Kabylie », dont les batteries commandent tous les villages de la région (sur le plateau de Souk el-Arba, chez les Beni Raten). -----Entrée du Fort Napoléon (Fort National)

juillet Victoire de Faidherbe au Sénégal sur El Hadj Omar. pendant l’année La première voie ferrée est ouverte en Algérie, elle relie Alger à Blida dans la Mitidja (*). (*) En France la première liaison Paris - Saint Germain a été ouverte le 25 août 1837. 1858 Sur une colline qui surplombe Bab el Oued et la Méditerranée, est construite la basilique de Notre Dame d’Afrique qui abrite une vierge noire. Derrière l'autel est inscrit : « Notre Dame d'Afrique, priez pour nous et pour les Musulmans » ».) La Chapelle St Joseph (provisoire « Notre Dame d’Afrique »

le 2 juin Création du Ministère de l'Algérie et des Colonie. (*) Le prince Jérôme (1822-1891) est nommé Ministre de l'Algérie et des Colonies.

Le prince Jérôme

(*) Le décret du 2 juin 1858 crée un ministère de l'Algérie et des Colonies, formé de la direction des affaires de l'Algérie, détachée du ministère de la Guerre et de la direction des Colonies, enlevée au ministère de la Marine. Un autre décret du 29 juillet rattache à ce ministère les services de la justice, des cultes, de l'instruction publique et des finances, qui ont été distraits du ministère de la Guerre en 1848. Le prince Jérôme Napoléon, cousin de l'Empereur, est chargé du nouveau ministère. Les décrets de 1858 constituent un acte d'une grande portée politique et une transformation radicale du gouvernement de la colonie. Napoléon III a d'abord songé à confier au prince Jérôme une sorte de vice-royauté, de lieutenance générale de l'Empire, qui aura comporté sa résidence obligatoire à Alger. Mais le prince déclare que sa présence à Paris pendant plusieurs mois chaque année est indispensable pour établir le budget et traiter directement avec l'Empereur les affaires importantes de sa lieutenance. On y renonce donc; on s'arrête à la solution d'un ministère spécial qui centralisera le pouvoir non à Alger, mais à Paris. C'est une demi-mesure et la montagne accouche d'une souris. le 24 juin Le Maréchal Randon démissionne comme Gouverneur général et l'administration d'Algérie est déplacée d'Alger à Paris. septembre Occupation de Saïgon. 1859 le 30 janvier Mariage du prince Jérôme et de Clotilde, fille de Victor-Emmanuel.

le 7 mars Le comte Prosper de Chasseloup-Laubat (1805-1873) est nommé ministre de l'Algérie et des Colonies Général.

Le comte Prosper de Chasseloup-Laubat

avril Chasseloup-Laubat se rend personnellement en Algérie et met à l'étude la question des ports de refuge à ouvrir sur le littoral de l'Océan Atlantique et de la Méditerranée. le 3 mai La France déclare la guerre à l'Autriche.

le 20 mai Défaite des Autrichiens à Montebello.

le 31 mai Victoire des zouaves à Palestro.

le 2 juin Victoire de Mac-Mahon à Turbigo.

le 25 juin Henry Dunant (1828 – 1910), un colon Suisse de la région de Sétif en Algérie, qui arrive à Castiglione en Italie pour obtenir une audience de l'Empereur Napoléon III, découvre l'horreur de la bataille de Solferino, et se met au service des blessés en transformant une église en hôpital. Il participera par la suite à la création d'un organisme, qui deviendra la Croix Rouge. En 1901 il se verra attribué le Prix Nobel de la Paix.

Henry Dunant

le 29 octobre Soumission des Beni Snassen. pendant l'année L'École Préparatoire de Médecine et de Pharmacie d'Alger s'ouvre sous les auspices de la Faculté de Médecine de l’Université de Montpelier. Sur la frontière du Maroc, les Angad, les Beni Snassen, tribus remuantes, ne reconnaissant aucune autorité, ne respectant ni frontières, ni traités, renouvellent leurs incursions sur le territoire français. Un camp est formé à l'oued Kiss (oued Adjeroun), et, malgré les ravages causés par le choléra, deux divisions (Valsin et Jusuf), opèrent sur les Beni Snassen et enlèvent leur village fortifié de Tagma. Les Angad et les Maya, tribus de la frontière près de Sebdou, sont également atteints et châtiés. L’oued Kiss

Plus au sud, une colonne sortie de Géryville opère une grande razzia sur les Beni Guil.

Fête des goums à Géryville (gravure 1856)

1860 le 1er janvier Extension des limites de Paris qui est divisé en 20 arrondissements. le 24 mars Traité franco-sarde de Turin cédant Nice et la Savoie à la France. le 1er avril Le général de Lamoricière, ancien héros de Constantine, arrive au Vatican et reprend en main les troupes pontificales et lance un appel aux catholiques du monde entier pour défendre le Pape et son territoire.

Le général Christophe Louis Léon Juchault de Lamoricière

le 15 avril Plébiscite à Nice. (*) (*) Afin de conduire l’Unité italienne, la politique unificatrice de Cavour froisse les Niçois, et se forme à Nice un parti francophile, renforcé par l’attrait économique de la France. Promise à Napoléon III par le traité secret du 23 janvier 1859, Nice ne sera pas cédée malgré les victoires sur l’Autriche de Magenta et Solferino-San Martino car la France n’a pas respecté ses engagements. Cavour reconsidère alors toute l’alliance franco-sarde et obtient, contre la Savoie et Nice, de conduire l’unité italienne selon ses vœux. Nice est cédée à la France par le traité du 24 mars 1860 moyennant accord des populations. L’affaire du port-franc avait été le révélateur d’une crise qui plongeait ses racines beaucoup plus loin. Nice, ravalée au troisième rang des Etats sardes, est négligée par le gouvernement alors que la France apparaît en pleine expansion. L’appellation Comté de Nice disparaît au profit de celle de Province de Nice, amputée de Dolceaqua en 1818. A partir de 1848, ces déclassements favorisent la naissance d’un parti francophile renforcé après 1852 par les Français qui fuient le coup d’Etat. Les décisions impopulaires se succèdent : suppression du monopole de l’importation du sel vers le Piémont ou déclassements du Sénat, qui devient Cour d’Appel, et du Consulat de la Mer. A Turin, Victor-Emmanuel II et Cavour ne perdent pas de vue la nécessité de construire l’unité italienne. Cavour rencontre Napoléon III à Plombières (20-21 juillet 1858) et conclut avec lui un accord : la France aidera la Sardaigne si l’Italie, une fois la victoire acquise, est divisée en trois Etats. En échange, la Sardaigne cèdera la Savoie. Cet accord est durci par la France dans le traité secret du 24 janvier 1859 : Nice est ajoutée à la Savoie et la France n’interviendra que si l’Autriche est l’agresseur. Le 23 avril, à la suite des provocations répétées de Cavour, l’Autriche tombe dans le piège et déclare la guerre à la Sardaigne. En quelques semaines, par les batailles de Magenta et Solferino, l’armée autrichienne est battue par les alliées franco-sardes. Craignant une attaque prussienne, Napoléon III abandonne ses alliés et Cavour démissionne. Le nouveau gouvernement Rattazzi ne veut plus céder Nice ni la Savoie. De plus, tous les Etats du Nord de l’Italie ont voté leur annexion à la Sardaigne malgré le traité du 24 janvier. Dans cette incertitude, le parti français devient majoritaire à Nice. Le retour de Cavour (20 janvier 1860) permettra de renouer le dialogue avec la France. Par le traité secret du 14 mars 1860, la France accepte l’unité italienne en échange de Nice et de la Savoie. Dès le 3 février, Victor- Emmanuel II avait donné son accord sous réserve de consultation des populations. Le 26 mars, un préfet français s’installe à Nice; le 27, Victor- Emmanuel II délie les Niçois de leur serment de fidélité et les 15 et 16 avril, tous les Niçois âgés de 21 ans sont appelés aux urnes : 83,82 % des inscrits et 99,12 % des votants approuvent l’annexion (25743 oui et 160 non). Tout les y a poussé : leur roi, leur gouvernement, leur administration, l’élite et le clergé local, très influent, favorable à la France protectrice du pape contre les Savoyards anti-cléricaux. Le 29 mai et 11 juin, les Chambres sardes approuvent la cession; les 15 et 22 juin, c’est au tour des Chambres françaises. Le 14 juin 1860, le drapeau français hissé sur le Palais royal concrétise le transfert du Comté de Nice à la France. Cinq siècles d’histoire s’achèvent ce jour-là. Hervé BARELLI et Roger ROCCA (in Histoire de l’Identité Niçoise, Serre Éditeur, 1995) le 22 avril Plébiscite en Savoie. le 1er juillet Les volontaires affluent, au Vatican. Ils prennent le nom de « zouaves. » qui provient de leur uniforme, dessiné par le général de Lamoricière et inspiré des zouaves d'Afrique de l'armée française.

Zouave pontifica

l le 26 août Début de l'occupation de la Syrie par les troupes françaises. du 17 au 19 Voyage de Napoléon III en Algérie (préparation de la politique du septembre « royaume arabe » associé à la France et dont il serait lui-même le souverain : les colons et les intérêts économiques de l'Algérie seront des opposants farouches de l'Empereur allant jusqu'à réclamer une consultation électorale).(*) (*) Le couple impérial et sa suite s'embarquent à Toulon sur le yacht L'Aigle, qui quitte la rade accompagné de plusieurs frégates et d'un navire spécialement affecté au transport de plusieurs voitures de la Cour. Alger est alors une ville de quelque 40 à 50.000 habitants dont le caractère cosmopolite frappe beaucoup les journalistes. Des Européens de plusieurs nationalités y voisinent avec les Israëlites et les Musulmans. Elle est le siège des autorités centrales de l'Algérie. A côté de la ville musulmane, une ville européenne se trouve en cours d'édification. Elle comporte une préfecture, une cathédrale, un théâtre, un lycée, une Ecole de médecine et de pharmacie, et même une usine à gaz.

L’Aigle, yacht impérial Depuis plusieurs semaines, on y fait de fiévreux préparatifs. Et le 17 septembre au matin, un lundi, toute la ville se trouve réveillée par des musiques militaires, notamment par les tambours de la Milice - l'équivalent algérois de la Garde Nationale - et les troupes sont peu à peu déployées: turcos, zouaves, spahis, chasseurs de France. Il est prévu que la visite de la Famille impériale à Alger sera prolongée par un voyage à travers la Mitidja, jusqu'à Blida. Débarqué du yacht impérial l'Aigle, Napoléon III reçoit la visite du bey de Tunis, qu'accompagne le consul Léon Roches ; il pose la première pierre du boulevard de l'Impératrice, qui doit s'étendre sur le front de mer de la Porte de France au fort Bab-Azzoun ; à la fois dock et promenade, il doit se composer d'une large terrasse supportée par une série de hautes arcades, dont chacune renfermera un magasin. Le lendemain, une magnifique fantasia de 10 000 cavaliers, dans laquelle figurent des Biskris déguisés en Touaregs, est organisée à Maison- Carrée par le général Yusuf. Or, un événement fortuit va écourter ce séjour. Cette belle journée du 18 est attristée par la nouvelle, parvenue par télégramme, de la mort de la soeur de l'Impératrice, la duchesse d'Albe. L'annulation du voyage à Blida est aussitôt décidée : on repartira pour la métropole le 19 au soir. Le premier contact de Napoléon III avec l'Algérie n’a duré que trois jours : les 17, 18 et 19 septembre. Plus précisément, la visite de l'Empereur comporte trois actes : une visite d'Alger, d'une durée d'une journée et demie; une inauguration; une fantasia et une revue des troupes. Enfin, elle a une conclusion: un discours comportant - comme disent les journalistes de nos jours - quelques « petites phrases » fort importantes. L'Empereur ayant décidé de visiter l'Algérie en compagnie de l'Impératrice, ce voyage fait naître chez les colons de grandes espérances, qui ne se réalisent pas. septembre Victoire française de Palikao en Chine. Au cours de son voyage en France, Abd El Kader est initié à la loge maçonnique Henri IV, à Paris. Puis par la suite élevé à la loge « Les Pyramides, » à l'Orient d'Alexandrie.

octobre Traité franco-chinois de T'ien-Tsin. le 26 novembre Un décret supprime le ministère de l'Algérie et des Colonies. M. de Chasseloup-Laubat est

nommé ministre de la Marine et le maréchal Pélissier, duc de Malakoff, gouverneur-général de l'Algérie.

Le maréchal Pélissier, duc de Malakoff 10 décembre Un second décret décide que le gouvernement et la haute administration de l'Algérie seront centralisés à Alger sous l'autorité du gouverneur- général, qui rendra compte directement à l'Empereur; il est suppléé par un sous-gouverneur-général de division, chef d'état-major général. La justice, l'instruction publique et les cultes sont rattachés aux départements ministériels dont ils ressortent en France. Le gouverneur-général nomme les titulaires de tous les emplois qui relevaient jusque là au ministre de l'Algérie. (*) (*) Un Conseil consultatif, comprenant le directeur général des affaires civiles, le commandant supérieur du génie, un inspecteur général des travaux publics, un inspecteur- général des services financiers, deux conseillers rapporteurs, est placé auprès de lui. Tout acte engageant le domaine public relève du Conseil consultatif, toute amodiation de plus de dix-huit ans du Conseil d'État. Gustave Mercier-Lacombe Un Conseil supérieur est organisé, comprenant, outre les membres du Conseil consultatif, les chefs de service, les généraux, les préfets et six membres des conseils généraux, qui sont maintenus. D'autres décrets nomment M. Mercier- Lacombe directeur-général des affaires civiles et le général de Martimprey sous-gouverneur.

Le Général Edouard, Charles, comte de Martimprey Ainsi le gouverneur-général a des pouvoirs ministériels et une indépendance presque complète; le ministre de la Guerre ne fait plus que contresigner ses décrets; c’est le système préconisé par le maréchal Randon qui triomphe, mais c'est Pélissier qui est chargé de l'appliquer comme gouverneur-général et le rôle sacrifié du ministre de la Guerre est réservé à Randon. pendant l'année 4 000 Juifs de Tetouan fuient à Oran en pleine guerre hispano-marocaine.

Une famille juive de Tétouan

La « Cie Générale Maritime » devient la « Cie Générale Transatlantique » (Transat) dont la principale exploitation sera les lignes de l’Amérique du Nord. Pour l’Amérique du Sud, les « Messageries Impériales » se portent candidates. pendant 1860et 1861 Le commandant Colonieu et le lieutenant Burin, accompagnés de Si-Bou- Beker, fils de Si-Hamza, se joignent à la caravane annuelle qui de Géryville se rend au Gourara en vue d'y échanger les laines algériennes contre les dattes des oasis. L'échec est complet; les ksours ferment leurs portes aux deux officiers : « Vous avez tué notre commerce, leur disent- ils, en interdisant le trafic des esclaves ; vous voulez, dites-vous, les produits du Soudan : achetez donc des négresses, le reste du commerce soudanais n'est rien. » 1861 le 30 octobre Accord entre la France, l'Angleterre et l'Espagne pour une intervention au Mexique. Ismayl Urbain (pseudo pour Georges Voisin) publie « L'Algérie pour les Algériens » (*), une brochure dans laquelle il plaide pour la protection accrue des habitants du pays et leur propriété. Il continue en déclarant que, « le vrai paysan de l'Algérie est l'indigène » et le seul but utile à être servi par le mensonge français réside dans les secteurs de commerce et l'industrie. (*) Une foule de brochures anonymes anticoloniales paraissent à cette époque. Elles revendiquent l'Algérie pour les indigènes, qualifient la colonisation d'erreur et de contresens politique, accusent les colons de tous les crimes. On les montre comme des agitateurs qui ne demandent à grands cris le cantonnement des tribus que pour voir s'ouvrir un vaste champ de spéculations sur les biens ruraux et vendre aux indigènes à un prix élevé les terres que l'État leur aura données gratuitement. Plusieurs de ces brochures, non signées ou signées d'un pseudonyme, sont dues à un personnage assez énigmatique, sur lequel il convient d'insister quelque peu. Ismaël Urbain est un mulâtre, né à Cayenne en 1812; il a souffert dans son enfance du préjugé contre les hommes de couleur; il s'est fait musulman; Saint-Simonien et ami de d'Eichthal, il a collaboré avec lui à une brochure intitulée : Lettres sur la race noire et la race blanche; les auteurs voient dans le blanc « la race mâle » », dans le noir la « race femelle », dans leur union « la constitution définitive de la famille humaine, la forme zoologique de la fraternité universelle ».. Urbain est interprète militaire; il a été attaché à la direction des affaires arabes au ministère de la Guerre et le général Charon, en 1849, se plaint déjà de ce qu'il contrecarre l'action du gouverneur général; il est en outre correspondant du journal des Débats de 1837 à 1847, utilisant comme publiciste les documents dont il a connaissance comme fonctionnaire; il devient ensuite conseiller de gouvernement à Alger. Urbain est l'auteur d'une brochure signée Georges Voisin, intitulée L'Algérie pour les Algériens, et d'une autre brochure, celle-ci anonyme, qui a un grand retentissement : L'Algérie française, indigènes et immigrants. Il s'efforce d'y démontrer que les indigènes musulmans de l'Algérie peuvent parfaitement assimiler notre civilisation: « Le vrai paysan de l'Algérie, dit-il, l'ouvrier agricole, la base la plus rationnelle et la plus solide de la propriété, c'est l'indigène. L'expérience a prononcé et il faut fermer les yeux à la lumière pour ne pas le reconnaître. La colonisation par les Européens présente un double anachronisme politique et économique. Si, depuis trente ans, il y a un enseignement en matière de colonisation, ce n'est que dans le sens d'une humiliante négation. La liquidation de la colonisation agricole se fera d'elle-même, on peut même dire qu'elle se continuera sans qu'il soit besoin d'intervenir. »

Le romancier et l'auteur de nouvelles, Alphonse Daudet, passe l'hiver à Alger espérant trouver un soulagement à une maladie de la moelle épinière.

Alphonse Daudet pendant l’année La région du Sud, entre Géryville et Ouargla, est érigée en un grand commandement au profit de Si Hamza, le chef des Oulad Sidi Cheikh. Il meurt du choléra à Alger en 1861. Son fils aîné, Sidi bou Beker, sert aussi la France avec fidélité ; il meurt à son tour, peu de temps après. Son frère Si Sliman, froissé dans ses rapports avec l'autorité française, se laisse entraîner par son oncle, Si Lala, et lève l'étendard de la révolte. Deux maisons marseillaises desservent encore l'Algérie avec des voiliers : MM. Coudery et Cie et MM. Gros et Cie. Elles font 11 départs réguliers par mois pour Alger et Oran. Les Messageries Maritimes (ex Messageries Impériales) construisent 10 navires. Les lignes de cette Cie la hissent au 1 rang des armements français et au niveau des plus importants du monde. Parmi les navires en services sont le « Nil », « l’Alexandre » , « l’Indus ». On fait alors escale à Mahon. 1862 le 5 juin Traité franco-annamite cédant les provinces orientales de la Cochinchine à la France. le 27 juillet Le Colonel Lapasset, arabophile éminent, rencontre Napoléon III à Vichy pour exhorter un renversement de la politique de peuplement et pour la protection accrue de la population indigène.

Ferdinand Auguste Lappasset (1817 – 1875)

À partir de 1862, trois nouveaux armements desservent l'Algérie - La "Cie Languedocienne" avec les vapeurs le George, le Vincent, l'Henriette, l'Hélène et le Charles. - La "Cie des Transports à vapeurs algériens" avec le Ville de Bône, le Marocain et en 1865, la Numidie. - La Maison F. MOURON et Cie avec le Province d'Alger, la Gironde et sur la Tunisie, la Stéphanie.