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Universal Monsters est le nom donné à une série de films d’horreur, de suspense et de films de science-fiction réalisés par les studios Universal de 1923 à 1960.

La série a commencé avec la version en 1923 du Bossu de Notre-Dame , et a continué avec des films tels que Le Fantôme de l'Opéra , Dracula , Frankenstein ,

La Momie , The Invisible Man , La Fiancée de Frankenstein , le Loup-garou de

Londres , le Fils de Frankenstein , La Loup-garou , et la Créature du lac noir .

Universal a commencé avec le nom Independent Moving Pictures (IMP). IMP n’a eu qu'un seul film d'horreur à son actif Dr Jekyll & Mr. Hyde (1913). Premiers succès d'Universal dans le genre film horreur fut le drame historique The

Hunchback of Notre-Dame en 1923. Il était joué par dans le rôle titre. La production fut somptueuse en reconstruisant le 15ème siècle à Paris et en recréant même la célèbre Cathédrale Notre Dame de Paris.Un succès fulgurant au box-office, Le Bossu de Notre-Dame inspirera Universal pour produire leur premier vrai film d'horreur, Le Fantôme de l'Opéra , basé sur le roman policier de Gaston Leroux . Le film est sorti en 1925. Chaney conçu et supporta le tortueux maquillage qui a même dépassé les exigences de son précédent rôle dans le bossu de Notre Dame, et comme dans le film Le Bossu , les décors ont joué un rôle important dans le film. L'intérieur de l'Opéra Garnier a été recréé à l’identique et reste l'un des plateaux de cinéma les plus anciens jusqu'à nos jours. Il a été utilisé pour le remake 1943 avec Claude Rains, ainsi que de nombreuses autres images de l’époque. Chaney, qui était un acteur indépendant au moment de Phantom of the Opera a signé un contrat à la Metro-

Goldwyn-Mayer et de ce fait ne pouvait plus jouer des rôles pour Universal. Sa mort en 1930 mis fin à toute possibilité de son transfert pour un autre studio.

MGM Studio et Universal se sont intéressés à d'autres acteurs comme l'acteur allemand Conrad Veidt , qui avait été une star dans les années 1920 dans le chef- d'œuvre d'horreur expressionniste allemand, Das Cabinet des Dr. Caligari (Le

Cabinet du docteur Caligari) suivi en 1928 de L'Homme qui rit . En dépit de la

Grande Dépression , le producteur Carl Laemmle Jr. Produit quelques grands succès pour le studio avec Dracula (réalisé par Tod Browning ) et Frankenstein

(réalisé par James Whale ), tous deux en 1931. Le succès de ces deux films a lancé les carrières de Bela Lugosi et Boris Karloff et a inauguré un tout nouveau genre de cinéma américain. Avec Universal au premier plan, les cinéastes continuent de miser sur leur succès avec toute une série de films de monstres.

Ces films ont également fourni un travail stable pour un certain nombre d'acteurs, comme Lionel Atwill , Dwight Frye , Edward Van Sloan et John

Carradine . D'autres talents réguliers intervenaient comme les maquilleurs Jack

Pierce et Bud Westmore , et les compositeurs Hans J. Salter et Frank Skinner .

Quelques clichés intervenaient régulièrement dans ces films comme, l'escalier qui grince, les toiles d'araignée, la brume tourbillonnante et les foules de paysans poursuivant les monstres avec des torches. La momie a été produit en 1932, suivie d'une trilogie de films basés sur les contes de Edgar Allan Poe : Double assassinat dans la rue Morgue (1932), Le Chat noir (1934) et Le Corbeau (1935), ces deux derniers qui ont associés Lugosi avec Karloff. The Invisible Man , sorti en 1933, a été un succès phénoménal et donnera naissance à plusieurs suites. De tous les monstres Universal, la série la plus réussie fut sans aucun doute la série

Frankenstein, qui s'est poursuivie avec La fiancée de Frankenstein (1935).

1936 marquera la fin de la première partie des films d'horreur d’Universal les

Laemmles ayant été forcés de quitter les studios après des difficultés financières et une série de flops au box-office. Les films de monstres ont été retiré du calendrier de production et ne réapparaîtront plus pendant encore trois ans. En attendant, les films originaux ont été redistribué avec un succès surprenant, forçant les nouveaux dirigeants de donner le feu vert au Fils de

Frankenstein (1939) mettant en vedette Basil Rathbone .

Durant les années 1940, le plus réussi de la nouvelle série de films d'horreur

Universal était The Wolf Man (1941), qui fit connaître également Lon Chaney, Jr. en tant qu'acteur de premier plan dans les film d’horreur en suivant la carrière de son père. En 1943, le studio a créé un remake du Fantôme de l'Opéra cette fois mettant en vedette Nelson Eddy et Susanna Foster dans un film qui est autant musical que d'horreur. Claude Rains jouait le fantôme. Frankenstein et

The Wolf Man se poursuivront avec The Ghost of Frankenstein (1942) et

Frankenstein rencontre le Loup-garou (1943) puis le Fils de Dracula (1943) mettant en vedette Lon Chaney, Jr dans le rôle du comte. La momie, elle aussi, continua avec la Tombe de la Momie, la Main de la Momie (1940). Finalement, tous les monstres d'Universal, à l'exception de l'Homme Invisible se rassemblent dans House of Frankenstein (1944) et La Maison de Dracula (1945), dans lequel

Dracula a été joué par John Carradine. Comme la décennie tirait à sa fin la comédie Deux nigauds contre Frankenstein (1948) s'est avéré un succès instantané pour le studio, avec Bela Lugosi en vedette aux côtés de Lon Chaney,

Jr dans le rôle de Larry Talbot et Glenn étrange dans le rôle du monstre de

Frankenstein. Avec le succès de L'étrange créature du lac noir (réalisé par Jack

Arnold en 1954) Universal gagne une toute nouvelle génération de fans. Les films originaux tels que Dracula et Frankenstein ont été redistribués dans de nombreux théâtres, les versions Hammer étaient aussi très populaires et à son tour, a suscité un regain d'intérêt pour les «originaux». Bientôt des magazines dédiés tels que Monsters of Filmland ont aidés à propulser ces films comme films cultes. Au début des années 1960 les monstres originaux ont été commercialisés sous la forme de jouets et de maquettes, dont les plus célèbres qui venaient de la défunte Société Aurora (Polar Lights aujourd’hui).

UNIVERSAL. Un nom de studio prestigieux, qui a donné ses lettres de noblesses au cinéma en produisant de nombreux films devenus des classiques, et ce, dans tous les genres. Dans l'univers qui nous intéresse, la Universal n'est pas en reste puisque bon nombre de grands classiques du fantastique proviennent de ce studio. C'est principalement dans les années 30 que cette firme a connu son âge d'or au niveau du cinéma fantastique, en faisant entrer au panthéon des stars les grands monstres classiques comme Dracula, la créature de Frankenstein, la

Momie et bien d'autres encore. Mais déjà à l'époque du cinéma muet, la Universal avait montré son savoir-faire à produire des films fantastiques ou d'épouvante de qualité. Le parcours de la Universal dans le cinéma fantastique et d'horreur, c'est maintenant et c'est sur Ciné Horreur.Com !

La Universal, c'est avant tout un homme : Carl Laemmle. En 1906, après avoir fait plusieurs petits boulots, Carl Laemmle, en voyant une longue file d'attente devant un magasin qui s'était transformé pour l'occasion en salle de cinéma, se dit que projeter des films devait être rentable. Il possède un magasin inutilisé et décide de le transformer en salle de projection. Son aventure dans le monde du cinéma peut commencer. Devant le succès, il ouvre une seconde salle, puis crée le

Laemmle Film Service, qui devient le plus grand service d'échange de films du pays. Des ennuis surviennent par la suite à cause de Thomas Edison qui veut le monopole total sur le cinéma et, ne pouvant plus louer de films, Laemmle décide qu'il les produira ! Sa maison de production est baptisé IMP. Le nombre de films

produits augmente de plus en plus et le 8 juin 1912, il s'associe avec trois autres compagnies de production. Carl Laemmle nomme le résultat de cette fusion :

UNIVERSAL.

Dès 1913, la Universal adapte les grands romans populaires, dont une première version du "Docteur Jekyll et Mister Hyde". En 1914, Laemmle achète un ranch gigantesque et fait construire UNIVERSAL CITY.

En 1916, le studio produit "20000 lieues sous les mers", avec des séquences impressionnantes, dont le fameux combat avec la pieuvre géante.

1923 : le premier des grands classiques de la Universal fait son apparition sur les

écrans. "The Hunchback of Notre-Dame" de Wallace Worsley, est une oeuvre merveilleuse, dont le succès est bien entendu à mettre au profit de son acteur principal, le très grand Lon Chaney, qui incarne un Quasimodo époustouflant. Pour masquer ses traits, il se bourra la bouche de cire, se mastiqua les joues et utilisa un faux oeil exorbité. Les décors, dont l'impressionnante cathédrale, furent construits à Universal City. Il y avait plus de deux mille figurants sur ce film.

Sûrement l'un des plus grands films muets jamais réalisé, un chef-d'oeuvre absolu.

1925 : Une date clé pour le cinéma fantastique : la Universal vient de produire

"Le Fantôme de l'Opéra". La tragique histoire d'Erik, homme masqué qui terrorise les figurants de l'Opéra de Paris, se cachant dans ses catacombes et ses cachots, voulant protéger Christine, une jeune femme dont il est tombé sous le charme et qu'il rêve de voir devenir la "Prima Donna", est réalisé par Rupert

Julian, qui donne à Lon Chaney son plus grand rôle. Le décor de l'Opéra était une réplique exacte de l'Opéra de Paris, haute de cinq étages et pouvant contenir

3000 figurants. La production cacha toutes les photos montrant le vrai visage d'Erik afin de ne pas gâcher la surprise lorsque Christine lui arrache son masque.

Un maquillage extraordinaire, dû à nouveau au talent de Lon Chaney, surnommé

"l'homme aux mille visages". Un film monumental, somptueux, que tout amateur de fantastique se doit d'avoir vu.

En 1927, Paul Leni réalise "The Cat and the Canary", qui raconte l'histoire d'un groupe de personnes qui se réunissent dans une maison soi-disant hantée afin de prendre lecture d'un testament. La plupart des personnes présentes se retrouvent déshéritées au profit d'une jeune parente éloignée. Celle-ci doit prouver qu'elle est saine d'esprit pour toucher l'héritage. Bientôt, des

événements étranges surviennent, faisant douter de la santé mentale de la jeune femme.

En 1930, Rupert Julian signe le remake de "The Cat and the Canary", le film

étant intitulé cette fois-ci "The Cat Creeps". L'une des rares modifications par rapport à l'original est bien sûr l'apparition du son, le temps du cinéma muet

étant révolu.

1931 : le plus gros succès de la Universal cette année là est un film d'épouvante.

Basé sur le roman de Bram Stoker, "Dracula" connait les faveurs du public. Le rôle du Comte devait revenir bien sûr à Lon Chaney mais l'acteur décéda. Tod

Browning, le réalisateur, choisit alors un acteur hongrois, Bela Lugosi, qui apporta au personnage une hallucinante composition. Ce fut le rôle de sa vie, et lors de sa mort, on l'enterra avec sa cape. La Universal tourna également en simultané du film de Browning une version espagnole de dracula, réalisée par George Melford.

Pour beaucoup, cette version est supérieure au film de Tod Browning, même si le

Comte dracula, interprété ici par Carlos Villarias, n'a pas le charisme de Bela

Lugosi. Browning s'appuie donc sur le roman de Stoker, même si de nombreuses infidélités sont faites au texte de l'écrivain. Dans le film, c'est Renfield qui se rend en Transylvanie afin de conclure une transaction avec le Comte dracula.

Celui-ci étant un vampire, il hypnotise Renfield afin qu'il le protège pendant le voyage qui va l'amener à Londres. Là, le Comte vampirise la jeune Lucy puis son attention se porte sur la ravissante Mina Seward. Le père de cette dernière appelle le docteur Van Helsing afin de diagnostiquer la cause de l'affaiblissement de Mina. Van Helsing découvrira que dracula est un vampire...

Après le succès de "Dracula", la Universal décide d'exploiter le filon de l'épouvante et se tourne vers un autre roman terrifiant, écrit par la jeune Mary

Shelley. Tourné la même année, "Frankenstein" sort sur les écrans en 1932. Bela

Lugosi, pressenti pour incarner le rôle de la créature composée de parties de cadavres, refusa car le monstre était muet dans le film et n'avait aucun dialogue.

C'est donc l'acteur Boris Karloff qui accepta d'interpréter la créature conçue par le docteur Frankenstein. Grâce au talent du maquilleur Jack Pierce, le look de

Karloff restera dans les annales du cinéma fantastique et encore aujourd'hui, le nom de Frankenstein fait aussitôt apparaître le visage maquillé de Karloff dans l'esprit des spectateurs. Ce qui est bien sûr une erreur, Frankenstein étant le nom du savant fou, non celui de sa créature. James Whale, le réalisateur, a réussi à terrifier bon nombre de spectateurs à l'époque et son film est un

authentique classique de l'épouvante, racontant la tragique histoire du Baron

Frankenstein, obsédé par le secret de la mort et qui, à l'aide de son assistant, crée un être à partir de cadavres et parvient à lui donner vie grâce à la puissance de la foudre. Malheureusement, la créature sera brimée par l'assistant et commettra un crime avant de s'échapper du laboratoire de Frankenstein.

Créature qui ne connaît rien aux valeurs humaines, elle agit tel un enfant à qui on n'a pas encore appris la différence entre le bien et le mal. La scène la plus touchante reste celle où la créature porte à bout de bras une petite fille et la jette dans le lac pour la voir flotter comme les fleurs qu'elle-même avait jeté quelques minutes auparavant. Voyant que la petite fille ne réapparaît pas, la créature est horrifiée et ne sait plus quoi faire. On rendra hommage au talent de

Karloff qui parvient à faire passer beaucoup d'émotions malgré son maquillage et l'absence de dialogues. Le spectateur prend pitié de cette créature abandonnée de son créateur. Le film fut un immense succès et Karloff reprendra par deux fois le rôle de la créature, en 1935 et 1939.

Cette même année, le réalisateur Robert Florey prend beaucoup de libertés avec le récit d'Edgar Allan Poe dans son film "Murders in the Rue Morgue". Le film raconte l'histoire du docteur Mirakle, savant fou voulant injecter le sang de son gorille Erik dans les veines de jeunes filles qui seraient destinées à devenir les

fiancées de l'animal. Sur un scénario un peu loufoque, Florey ne garde de l'histoire de Poe que la scène où une femme est retrouvée morte dans le conduit de la cheminée. Le film est néanmoins assez sympathique à regarder et on retrouve Bela Lugosi dans le rôle du docteur Mirakle.

Un autre classique de l'épouvante voit le jour en cette année 1932. A nouveau réalisé par James Whale, "The Old Dark House" nous narre l'étrange aventure d'un groupe de personnes venu chercher abri dans un sinistre château perdu dans les montagnes du Pays de Galles. Les habitants du château sont tous des gens inquiétants, à commencer par l'étrange maître d'hôtel qui a des crises de folie meurtrière lorsqu'il est ivre. Une nuit très angoissante va se dérouler alors... Le scénario est tiré du roman de J.B. Priestley, qu'ont parfaitement adapté les scénaristes du film. Ajoutons à cela les talents de directeur de James

Whale, les compositions de Charles Laughton et Boris Karloff et vous obtiendrez un excellent film de terreur qui n'a rien perdu de son efficacité.

Décidément, on retrouve Boris Karloff dans bien des films de la Universal cette année. Car 1932 est encore l'année où il va interpréter une autre figure indissociable du cinéma fantastique et d'épouvante : celle de la momie. Karl

Freund réalise sûrement le meilleur film de momie avec son film du même nom

"The Mummy". Le film raconte l'histoire tragique de Im-Ho-Tep, brûlé vivant il y a trois mille ans pour avoir voulu ramener à la vie sa princesse à l'aide du livre de

Toth, et qui ressuscite lorsqu'un archéologue lit les parchemins provenant de ce livre. Im-Ho-Tep va alors vouloir retrouver sa bien-aimée et il rencontre Helen, parfait sosie de celle-ci. Im-Ho-Tep la prend alors pour la réincarnation de sa dulcinée... Karloff balade son imposante présence dans les décors du film, vêtu comme un Egyptien. En effet, il n'y a que dans la première scène que Karloff porte son costume fait de bandelettes. Le film est une réussite et Karloff prouve à nouveau qu'il est un excellent acteur.

1933 : encore une date clé dans le cinéma fantastique. James Whale réalise un authentique chef-d’œuvre, aux effets spéciaux proprement hallucinants pour l'époque ! "The Invisible Man" fera rêver toute une génération de spectateurs, même si le personnage principal est "invisible" ! Mais l'homme invisible n'est pas un héros, loin de là. Savant qui a découvert le secret de l'invisibilité, il expérimente sa drogue, la monocaïne, sur lui-même et le résultat est extraordinaire. Mais cette drogue a pour effet secondaire de le rendre totalement mégalomane. Prévu à l'origine pour être interprété par Boris Karloff, c'est en fait Claude Rains qui écopa du rôle-titre. La séquence où il enlève son bandage devant une foule médusée qui découvre qu'il n'y a "rien" en dessous est sensationnelle. On ne peut que féliciter les talents de John P. Fulton, le responsable des effets spéciaux. Vraiment une référence incontournable que ce film.

En 1934, les deux stars de l'épouvante de la Universal, Lugosi et Karloff, se retrouvent ensemble pour le même film. "The Black Cat" n'a que très peu de rapports avec la nouvelle d'Edgar Poe. Karloff y interprète le rôle d'un homme vivant dans un mausolée dont le sous-sol renferme des secrets inavouables, comme cette collection de femmes embaumées. Une femme raconte à Lugosi que sa femme fait partie des personnes embaumées par Karloff, qui se prète à des rituels et des cérémonies bien étranges. Lugosi tentera de percer le mystère et

de venir en aide à la jeune femme et son compagnon. Les deux vedettes masculines sont plus que convaincantes et l'ambiance du film est assez horrifiante.

Suite au succès du Frankenstein de James Whale, il semblait évident que la

Universal commande une suite. C'est chose faite en 1935, avec ce qui peut être considéré comme le plus grand et le plus beau film fantastique de tous les temps

"The Bride of Frankenstein" ! Comme on ne change pas une équipe qui gagne, on retrouve James Whale à la réalisation, Colin Clive dans le rôle du Baron

Frankenstein, Boris Karloff dans celui de la créature, mais avec un maquillage légèrement différent de Jack Pierce, et Elsa Lanchester, femme de Charles

Laughton, dans un double rôle, celui de la jeune romancière Mary Shelley, mais

également celui de la compagne créée pour le monstre. "La Fiancée de

Frankenstein" est un film parfait. Tout y est sublime, les décors, l'interprétation, les effets spéciaux, la musique, la réalisation. L'épouvante s'associe avec l'émotion dans la plus parfaite alchimie. Karloff a toujours regretté que l'on fasse parler la créature dans ce film mais personnellement, je trouve que cela apporte une dimension encore plus tragique au destin malheureux de celle-ci. La transition entre le premier film et cette suite est très astucieuse.

On retrouve en effet Mary Shelley et Lord Byron en train de discuter du roman de la jeune femme et le Lord, accompagné d'un ami, aimerait bien connaître la suite de l'histoire. Le film enchaîne alors sur la fin du "Frankenstein", lorsque le moulin brûle au sommet de la colline. Les villageois s'en retournent sauf deux qui vont avoir la peur de leur vie en découvrant que la créature n'est pas morte. Les villageois parviennent à nouveau à la capturer et à l'emprisonner. Mais le monstre parvient à s'échapper et part dans la forêt afin d'être seul. Il rencontre un vieil ermite aveugle qui deviendra son ami. L'ermite apprendra même le langage à la créature. Pendant ce temps, le Baron Frankenstein reçoit la visite du mystérieux

docteur Prétorius qui veut lui montrer ses créations, des humains miniatures qui vivent dans des bocaux. Prétorius a également dans l'idée de donner une compagne à la créature. Frankenstein refuse catégoriquement mais Prétorius, qui a retrouvé le monstre de Frankenstein, lui fait du chantage en lui apprenant que la créature a enlevé sa compagne Elisabeth. Les deux savants vont alors créer une créature femelle...

Que ceux qui n'ont jamais vu ce film comblent sans tarder cette lacune. L'apogée des films de la Universal et du cinéma fantastique tout court !

1935 est également l'année où apparait sur les écrans un autre monstre destiné

à une belle carrière : le loup-garou. Malheureusement, sa première apparition à la

Universal ne se fait pas en grande pompe. "The Werewolf of London" n'a rien d'un excellent film, il vaut principalement pour les effets spéciaux de John P.

Fulton, aidé par le maquillage de Jack Pierce, qui parvient à transformer un jeune botaniste anglais en loup-garou meurtrier, après que celui-ci ait été mordu par une bête lors d'une expédition au Tibet. Malgré la faiblesse de la réalisation et le jeu des acteurs qui semblent ne pas trop y croire, le film se laisse regarder sans trop d'ennui même si le rythme et la tension baissent au fur et à mesure que l'histoire progresse.

Nos deux vedettes que sont Bela Lugosi et Boris Karloff vont également se retrouver cette année pour tourner un nouveau film ensemble, "The Raven" de

Lew Landers. A l'inverse de "The Black Cat", c'est Lugosi cette fois qui interprète le méchant du film. Son rôle est celui du docteur Vollin, un chirurgien complètement obsédé par Edgar Poe et les instruments de torture, dont il possède une surprenante collection. IL est amené à soigner une jeune femme victime d'un accident et en tombe amoureux. Mais celle-ci est déjà promise à un autre. Vollin va alors se mettre à torturer l'entourage de la jeune fille, dont son

père, afin de parvenir à ses fins. Karloff interprète le majordome de Vollin, à l'aspect défiguré, mais qui va tenter d'empêcher son maître de faire à nouveau couler le sang. La meilleure scène est celle où Vollin utilise le supplice du "Puits et du Pendule", avec cette énorme lame qui en se balançant descend de plus en plus vers sa victime. L'atmosphère et le sujet traité en font un très bon film d'épouvante.

La collaboration entre Lugosi et Karloff continue l'année suivante avec le film de

Lambert Hyllier intitulé "The Invisible Ray", dans lequel Karloff joue le rôle d'un scientifique, secondé par Lugosi, qui découvre le radium. Mais les effets secondaires de sa découverte vont le rendre fou et Karloff se met alors à vouloir tuer tout le monde.

1936 est également l'année où l'on apprend que Dracula avait une fille dans le film "Dracula's Daughter", toujours de Lambert Hyllier. Gloria Holden en est la vedette mais le film ne laissa pas de grands souvenirs, à cause du faible jeu des acteurs et à la mise en scène plutôt plate du réalisateur.

C'est ensuite une période d'accalmie pour la Universal qui ne produit plus de films fantastiques ou d'épouvante avant 1939.

Manque d'inspiration ou d'inventivité, les années qui suivent cet âge d'or, bien qu'intéressantes, n'apportent pas toujours des oeuvres d'une aussi grande qualité et surtout, elles se bornent à recycler les personnages qui avaient eu du succès par le passé.

C'est la créature de Frankenstein qui ouvre le bal en 1939 avec le très bon "Son of Frankenstein" de Rowland V. Lee. Dans ce film, on retrouve pour la dernière fois sous le maquillage Boris Karloff, vêtu d'une peau de mouton et devenant le centre d'intérêt du fils du Baron Frankenstein. Mais en fait, c'est Ygor, un

berger fou, interprété par Bela Lugosi, qui veut ressusciter la créature afin de se venger des juges qui l'ont condamné à être pendu. Inférieur aux deux œuvres de James Whale, Rowland V. Lee s'en tire quand même avec les honneurs et conclut donc une trilogie Karloffienne de grande qualité.

C'est ensuite à la momie de revenir sur les écrans en 1940 avec "the Mummy's

Hand". On retrouve dans ce film tous les ingrédients du film de momie : temples en ruines, hiéroglyphes mystérieux, archéologues, et bien sûr, momie vengeresse qui cette fois garde ses bandelettes jusqu'à la fin du film. On côtoie donc dans ce film Kharis, gardien de la tombe de la princesse Ananka. Comme Karloff dans le film de 32, Kharis a été condamné à être momifié. Plus tard, l'explorateur

Banning viole la tombe de la princesse Ananka, déchaînant la fureur du gardien du tombeau. Celui-ci réanime donc la momie Kharis qui se lance aux trousses de

Banning...

Le problème avec les films de momie, c'est que c'est souvent la même chose.

L'originalité de celui-ci est que le personnage garde ses bandelettes tout au long du métrage, lui conférant un aspect plus horrifique. Un film sympathique qui plaira aux amateurs de film d'aventure et d'Egyptologie...

L'homme invisible reprend lui aussi du service en 1940 dans "the invisible man

Returns" avec le grand Vincent Price dans le rôle-titre. Accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, Price devra absorber une drogue qui rend invisible afin de pouvoir trouver des preuves et capturer le vrai coupable. Les effets spéciaux sont encore signés par le talentueux John P. Fulton, déjà auteur de ceux du film de 1933. Le film est certes moins bon que celui de James Whale mais il constitue une très bonne surprise et un spectacle de qualité.

La femme invisible fait également son apparition sur les écrans dans une pseudo- comédie fantastique sans grand intérêt, "The Invisible Woman".

En 1941, c'est au tour d'un autre monstre de refaire surface, mais cette fois en grande pompe. "The Wolf Man" de donne ses lettres de noblesse à l'homme loup. Interprété par le fils de Lon Chaney, le personnage de

Larry Talbot est attaqué et mordu par un loup. Les nuits de pleine lune, il va lui- même se transformer en loup-garou et semer la terreur dans la contrée...

Bénéficiant des très bons maquillages de Jack Pierce, d'une bonne réalisation et interprétation, on peut considérer ce film comme le premier à réellement rendre hommage à ce mystérieux personnage qu'est le loup-garou. Encore un classique portant la patte de la Universal !

Lon Chaney Jr. est également la vedette cette année là de "Man Made Monster", où il est victime d'un docteur fou qui n'arrête pas de lui administrer des décharges électriques, jusqu'à ce qu'il ne les ressentent plus. Il commettra un meurtre sur les ordres du docteur mais ne craindra pas la chaise électrique,

étant insensibilisé aux décharges...

En 1942, l'invisibilité est à nouveau à l'écran avec "", où un agent secret devient invisible grâce à une substance chimique et peut ainsi voler des renseignements capitaux à la Gestapo et aux Japonais.

La créature de Frankenstein revient également nous terrifier cette année là sous les traits de Lon Chaney Jr. dans "The Ghost of Frankenstein". Terrifier

étant un bien grand mot lorsqu'on regarde le film. Cette fois-ci, le second fils du

Baron Frankenstein va tenter de remplacer le cerveau criminel de la créature par un cerveau sain. Mais l'expérience ne sera pas concluante. On retrouve

également Bela Lugosi qui reprend le rôle d'Ygor. Lon Chaney Jr. ne parviendra

pas à nous faire oublier le visage de Boris Karloff et encore moins à donner à son personnage autant d'émotion et d'intensité que ce dernier.

Après avoir quitté "Le spectre de Frankenstein", nous retrouvons notre momie préférée dans "la tombe de la momie" où un grand prêtre égyptien va vouloir se venger de l'archéologue Foran qui a profané la tombe de Kharis. Il va donc réveiller la momie et l'amener en Amérique afin qu'elle tue Foran. Encore une suite très classique qui n'apporte rien de nouveau au mythe de la momie.

Un autre film d'épouvante sort en salle en 1942, il s'agit de "The Night

Monster" de Ford Beebe qui raconte l'histoire d'un homme amputé des deux jambes qui se met à vouloir assassiner les docteurs responsables de cette tragédie en les invitant dans son sinistre manoir…

1943. Une année faste en films d'épouvante pour la célèbre firme. Frankenstein et le loup-garou ont l'honneur de jouer ensemble dans "Frankenstein rencontre le loup-garou". Bela Lugosi, qui avait toujours refusé de jouer la créature, accepte cette fois d'endosser le maquillage du monstre, le rôle du loup-garou étant joué par Lon Chaney Jr. Le pauvre Larry Talbot veut se défaire de sa lycanthropie. Il part à la recherche d'une bohémienne qui lui fait rencontrer le docteur

Frankenstein. Celui-ci accepte d'essayer de l'aider mais la transformation aura finalement lieu et ce, en présence du monstre de Frankenstein… Deux monstres pour le prix d'un, une bonne affaire pour la Universal, même si le film n'est pas formidable.

Dans "The Mad Ghoul", un vampire découvre un gaz très toxique qui était utilisé en Egypte et dont les effets ne peuvent être combattus que par un liquide extirpé du cœur d'une personne morte récemment. Il va tenter de drôles d’expériences sur un jeune étudiant en médecine… Bizarre et plutôt mauvais.

Lon Chaney Jr. ajoute un monstre à ses compositions en jouant un vampire dans

"le fils de Dracula". La jeune Catherine Caldwell épouse le Comte Alucard, sans savoir que celui-ci est un vampire. L'ex-fiancé de Catherine découvrira l'horrible vérité… Robert Siodmak a réalisé un très honnête film d'épouvante, qui mérite d'être vu. Lon Chaney s’en sort plutôt bien dans le rôle du fils du roi des vampires.

La Universal produira également cette année là une œuvre on ne peut plus farfelue avec "Captive Wild Woman" dans laquelle un savant fou, interprété par

John Carradine, injecte du sang humain à son singe Cheela. Le sang provenant d’une femme, Cheela se métamorphose en une ravissante créature. Mais ses instincts d’animal ne vont pas tarder à reprendre le dessus…

C'est également en 1943 que la Universal réalise le remake d'un de ses grands classiques du muet, en Technicolor cette fois. Cette nouvelle version de "le

Fantôme de l'Opéra", malgré un budget impressionnant pour l'époque, ne peut prétendre rivaliser avec celle de 1925. D'ailleurs, le film est plus un film musical qu'un vrai film d'épouvante. Succédant à Lon Chaney, c'est Claude Rains qui joue le rôle du fantôme, voulant cette fois se venger d'un éditeur qui lui a volé sa musique. Une déception que ce film, peut-être la moins bonne des nombreuses adaptations du roman de Gaston Leroux, avec celle de Dario Argento. Certes, les décors, les costumes et l’utilisation du Technicolor en font un film flamboyant mais on s’ennuie quand même pas mal pendant la vision du film, et il manque l’ambiance gothique et macabre que l’on peut trouver généralement dans les films d’épouvante.

1944 voit à nouveau Boris Karloff jouer le rôle d'un dangereux individu qui réside dans un théâtre européen. Ayant commis il y a des années un meurtre sur une jeune soprano qui refusait son amour, Karloff, découvrant qu'une femme a décidé

de rejouer l'opéra qui avait rendu célèbre sa soprano, décide de revenir au meurtre… Comme on le voit à la lecture du scénario, "The Climax" est une sorte de relecture de "The Phantom of the Opera", preuve que les scénaristes de la

Universal commençaient à être sérieusement à court d'idées neuves.

L'homme qu'on voit rarement sur l'écran sera encore de retour dans "The

Invisible Man's Revenge" où cette fois-ci, un déséquilibré demande à un professeur de le rendre invisible afin de persécuter un couple de la bourgeoisie anglaise… Avec toujours les effets spéciaux de John P. Fulton et John Carradine dans le rôle du professeur.

N'oublions pas la momie qui réapparaîtra également dans "le Fantôme de la

Momie". La princesse Ananka s'échappe de son tombeau et la momie est chargée de la retrouver. Toujours Lon Chaney Jr. sous les bandelettes…

Lon Chaney Jr., encore lui, sera la vedette en 1945 de "The Frozen Ghost" où il interprète le rôle d'un hypnotiseur qui entraîne la mort d'un de ses patients au cours d'une séance… Seul le décor d’un musée de cire apporte un peu d’originalité au film.

N'ayant toujours pas retrouvé l'inspiration, les scénaristes vont alors avoir l'idée de faire jouer tous les monstres ensemble. Cela donnera "la maison de

Frankenstein" où l'on retrouve un docteur fou (Karloff), un bossu, Dracula (John

Carradine), le monstre de Frankenstein (Glenn Strange) et le loup-garou (Lon

Chaney Jr.). Ce qui donnera au final un film sympathique mais bancal, très loin des grands classiques des années 30. Le scénario nous narre donc les exploits du docteur Niemann qui s’échappe avec son assistant bossu de l’asile dans lequel il se trouvait depuis quinze ans. Il parvient à ressusciter le Comte Dracula, retrouve la créature de Frankenstein et fait connaissance avec le loup-garou… Un melting-

pot de monstres qui se retrouveront à nouveau ensemble dans une future production de la Universal.

Ne faisant pas partie du casting du film ci-dessus, notre momie fera un come- back dans "la Malédiction de la Momie" où l'on retrouve encore et toujours

Kharis et la princesse Ananka qui sèment la terreur parmi les villageois… Vous avez dit déjà vu ?

Comme on ne change pas une idée qui marche, les grands monstres changent de maison et se retrouvent dans "la maison de Dracula" cette fois. Le scénario loufoque nous raconte l'histoire d'un médecin qui veut soigner le loup-garou de sa lycanthropie mais également Dracula de ses instincts vampiriques ! Le docteur deviendra fou et ressuscitera le monstre de Frankenstein qu'il vient de retrouver dans une grotte à l'aide de son assistante bossue… James Whale ne doit pas en revenir…

En 1946, c’est un chat doué de pouvoirs étranges qui parvient à résoudre l’énigme d’un suicide s’étant déroulé 15 ans auparavant et qui a donné lieu à trois autres meurtres perpétrés dans un lugubre manoir. "The Cat Creeps" n’est pas le remake du film des années 30. Et ce n’est pas un très bon film non plus.

Le personnage du loup-garou se décline au féminin avec "She-Wolf of London", réalisé par Jean Yarbrough, dans lequel une jeune femme se croit responsable de plusieurs crimes commis à Londres, persuadée qu’il y avait un loup-garou dans l’arbre généalogique de sa famille…

Pour continuer à utiliser ses grands monstres classiques, Universal les fait rencontrer le célèbre duo comique, Abbott et Costello. C’est donc en 1948 que ces deux nigauds rencontrent Dracula, le loup-garou et la créature de

Frankenstein dans "les deux nigauds contre Frankenstein". De cette première

collaboration résulte un film très amusant, très enjoué, très divertissant, ne proposant aucune scène d’épouvante mais de nombreuses situations cocasses. Le pauvre Costello devient la proie de Dracula qui veut transplanter son cerveau dans celui de la créature de Frankenstein ! Une idée bien saugrenue mais prétexte à une succession de gags toujours très drôles. Certes, il est regrettable que les figures emblématiques de l’épouvante passent à la sauce comique mais allier horreur et comédie allait devenir une idée en vogue, encore de nos jours…

Fort du succès de leur première rencontre, la Universal décide de continuer à associer Abbott et Costello avec des monstres ou des tueurs et de mélanger les genres. En 1949, nos deux nigauds ont pour adversaire Boris Karloff dans

"Abbott and Costello meet the Killer, Boris Karloff", titre un peu long et dont bien souvent le nom de Karloff disparaissait des affiches… Celui-ci joue le rôle d’un pseudo gourou qui veut hypnotiser Costello (décidément) afin qu’il se suicide, l’action se déroulant dans un hôtel où Abbott et Costello sont employés…

Aucune autre production fantastique ou d’épouvante ne voit le jour ces années là

à part les aventures d’Abbott et Costello. On les retrouve donc en 1950 avec cette fois comme partenaire l’homme Invisible dans "Abbott and Costello meet the Invisible Man", film certes amusant mais très en deçà des possibilités du duo d’acteurs.

Abbott et Costello interprètent des détectives privés chargés de blanchir d’un meurtre leur client Arthur Franz. Pour les aider, celui-ci s’injecte un sérum le rendant invisible…

Retour de la touche gothique avec deux productions de 1951 et 1952. "The

Strange Door" et "The Black Castle" renouent avec les éléments traditionnels du film d’épouvante, à savoir château lugubre, chambres de tortures, passages

secrets, comte cruel et ambiance sombre. On retrouve Charles Laughton et

Karloff dans le premier film et à nouveau Karloff et Lon Chaney Jr dans le second. Point de monstres dans ces deux œuvres mais le plaisir de retrouver une ambiance sérieuse et un climat macabre, éléments absents des productions précédentes.

Ce retour sera de courte durée puisqu’on retrouve en 1953 notre célèbre duo comique aux prises cette fois avec le Docteur Jekyll dans "les deux nigauds contre dr Jekyll et mister Hyde". Karloff joue le rôle du savant à la double personnalité, pourchassé par Abbott et Costello bien décidés à trouver le coupable sévissant dans Hyde Park…

Mais 1953 c’est aussi l’année où un très bon film de science-fiction voit le jour.

"It Came from Outer Space", baptisé chez nous "Le Météore de la Nuit", qui est une excellente surprise. Le film raconte les mésaventures d’un savant et de sa fiancée qui tentent coûte que coûte de convaincre la population qu’ils ont bien vu un objet non identifié s’écraser dans le désert de l’Arizona. Vaisseau spatial, extraterrestre au look étrange, bonne ambiance et réalisation soignée font de ce film un classique de la SF. De plus, il est réalisé en relief, ce qui lui confère une originalité supplémentaire qui faisait bien défaut aux dernières productions de la firme.

Passons rapidement sur la nouvelle aventure de Abbott et Costello dans "Abbott et Costello go to Mars" pour nous intéresser à un nouveau fleuron de la firme

Universal, réalisé en 1954 et nous présentant une nouvelle créature au look exceptionnel, sûrement l’une des plus belles jamais réalisée.

"L'étrange créature du lac noir", sans se hisser au niveau des productions des années 30, est un film formidable et spectaculaire, nous racontant les aventures de scientifiques naviguant sur les eaux du Lac Noir et découvrant une créature

mi-homme, mi-poisson, véritable chaînon manquant entre ces deux espèces. De magnifiques séquences nous sont proposées, comme cette sorte de danse sous- marine où la créature nage sous la charmante Julie Adams. Les apparitions de la créature sont d’une efficacité redoutable et laissent le spectateur béat d’admiration. Il faut féliciter le travail de Bud Westmore et Jack Kevan, responsables de son look. Certes, le scénario est plutôt basique et classique mais l’ambiance qui se dégage du film nous fait rapidement oublier ce détail. Film d’aventure, film fantastique mais également film d’amour, "La Créature du Lac

Noir" est tout cela ! Car, comme le Roi Kong en 1933, la Créature garde en elle des sentiments humains et va tomber sous le charme de la belle Julie. Amour impossible qui se terminera tragiquement. Le film a été réalisé en 3 Dimensions par le talentueux Jack Arnold, déjà auteur de "It Came from Outer Space" et futur réalisateur de très bons films comme nous le verrons par la suite…

1955. Après quinze ans de bons et loyaux services, les comiques Abbott et

Costello font leurs adieux à la Universal dans "Abbott et Costello meet the

Mummy", qui se révèle l’un de leurs meilleurs films.

Notre belle Créature du Lac Noir, fort de son succès l’année précédente, revient sous les feux des projecteurs dans "la revanche de la créature", toujours en relief et toujours réalisé par Jack Arnold. Moins bon que le précédent film, l’effet de surprise ne jouant plus, on retrouve donc notre créature se faisant capturer et emmener en Floride pour le compte d’un parc d’attraction. Mise dans un aquarium pour amuser les foules, la créature ne va pas apprécier cette captivité et va s’enfuir en provoquant la panique dans la ville. Tiens, le scénario me rappelle l’histoire d’un grand singe qui aurait subi le même sort… bizarre…

Jack Arnold réalisera cette même année un autre film, fort sympathique,

"Tarantula". Les films de monstres géants étant à l’honneur dans les années 50.

Arnold choisit donc une araignée qui va grandir démesurément sous les effets d’un sérum destiné à augmenter la taille des légumes et fruits afin de nourrir la population. Quelle idée aussi de tester ce sérum sur une araignée !! La bestiole va donc semer la panique dans la ville et il faudra bien des ressources pour en venir

à bout. Le savant créateur du sérum devant quant à lui lutter contre une grave maladie, l’acromégalie. "Tarantula" est un fort honnête divertissement et il se revoit toujours avec autant de plaisir. Un autre classique de la SF est produit en

1955. Narrant les aventures spatiales d’extraterrestres à l’apparence humaine venus de la planète Métaluna afin de trouver sur Terre une nouvelle source d’énergie atomique destinée à lutter contre les Zahgon qui ravagent leur planète,

"This Island Earth" bénéficie de somptueux décors futuristes, d’une très bonne interprétation, et d’une créature mi-homme, mi-insecte fort impressionnante, même si on ne la voit que trop peu. Dotée d’un cerveau apparent proéminent, on peut rapprocher son look des créatures issues du "Mars Attacks" de Burton.

Titré "Les Survivants de l’Infini" en France, on peut dire que ce film est le premier vrai "space opera" en couleurs du cinéma. Bien avant "Star Wars", on peut y voir un vaisseau spatial se diriger vers la caméra et passer au dessus de l’écran… La dernière demi-heure du film est un véritable festival d’effets spéciaux, dont le rendu est encore augmenté par l’utilisation du Technicolor.

En 1956, notre belle créature amphibie fait une troisième et dernière apparition dans "la créature est parmi nous", où cette fois, la créature est ramenée sur terre, les savants ayant découvert que sa structure pulmonaire pouvait lui permettre de respirer hors de l’eau, à condition de lui faire subir une trachéotomie. La créature ayant également été brûlée pendant sa capture, ses

écailles ont disparu et une seconde peau apparaît sur son corps, beaucoup plus proche de la notre. Humanisée, elle subira néanmoins les méchancetés de l’homme, toujours enclin à vouloir montrer sa supériorité sur les autres espèces.

Tout comme le monstre de Frankenstein, le spectateur prend pitié de la créature, être différent qui veut juste qu’on la laisse tranquille. La scène où elle regarde l’océan en sachant qu’elle ne pourra plus y retourner suite à l’opération qu’elle a subie nous montre bien sa détresse. Bref, un beau film qui clôt une trilogie de très bonne facture et qui nous a donné un monstre de toute beauté.

1956 voit aussi apparaître d’autres créatures bizarroïdes, les hommes taupes du film "The Mole People". Tombé dans un gouffre au sommet d’une montagne d’Asie, un explorateur découvre une ancienne cité peuplée de gens devenus albinos à force de vivre dans une quasi obscurité. Ce peuple perdu est aidé par des esclaves, les mystérieux hommes taupes. Le film souffre d’un rythme trop lent et d’une profusion de dialogues qui ralentissent l’action. Mais il possède néanmoins un certain charme et la fascination qu’exercent les hommes taupes en font un agréable divertissement.

En 1957, Nathan Juran lâche sur les écrans un nouveau monstre de taille gigantesque, ancêtre de notre petite mante religieuse, libéré de son hibernation suite à un tremblement de terre. "The Deadly Mantis" surfe sur le succès de

"Tarantula" et sème à son tour la terreur dans New York. Le monstre est plutôt bien réalisé pour l’époque et les amateurs trouvent leur bonheur, retrouvant tous les éléments faisant le succès de ce style de film… Un petit film de SF a aussi les honneurs de l’écran cette année là. Tourné avec un très faible budget, "The

Monolith Monsters" est un agréable spectacle à l’arrivée, avec un scénario intéressant, racontant les mésaventures des habitants d’une petite ville de

Californie, victimes des effets d’une météorite qui prend des dimensions gigantesques au contact de l’eau et qui a le pouvoir de pétrifier les humains. La panique est à son comble quand le ciel rempli de nuages noirs menace de déverser des litres d’eau…

Mais cette année 57 restera surtout dans les annales pour une production fantastique, qui demeure encore aujourd’hui un classique intemporel. A nouveau réalisé par Jack Arnold, "l'homme qui rétrécit" motiva le département des effets spéciaux qui dut travailler dur pour réussir l’exploit d’immortaliser à l’écran le scénario de Richard Matheson, racontant les aventures de ce savant, contaminé par un nuage radioactif, et qui voit sa taille réduire de jours en jours.

Chaque séquence est un morceau d’anthologie, dont les deux plus connus sont le combat contre l’araignée et la poursuite avec le chat. 14 décors de grandeurs différentes ont été construis pour donner cette illusion du rétrécissement du héros. Ce film est un véritable enchantement de tous les instants et chaque vision procure un immense plaisir. Preuve de la qualité de l’œuvre. Pour le héros du film, se mouvoir dans son environnement quotidien devient une épreuve cauchemardesque au fur et à mesure qu’il rétrécit. Comme quoi, même un lieu que l’on connaît parfaitement peut se révéler dangereux lorsqu’on l’aborde d’une manière différente.

Des monstres de tailles gigantesques, il en sera encore question dans "The Land

Unknown" de Virgil Vogel. Une expédition scientifique, partie explorer une région mystérieuse de l’Antarctique en hélicoptère, a une sacrée surprise lorsqu’elle percute en vol un ptérodactyle ! Forcée d’atterrir sur "L’oasis des Tempêtes", l’équipe va alors découvrir que le monde de la préhistoire n’est pas mort mais bel et bien vivant, transformant un banal film d’aventure en une bonne histoire à rebondissements et aux effets spéciaux soignés. Ptérodactyle, Tyrannosaure,

Elasmosaure, nos savants vont aller de surprise en surprise au cours de leur périple inattendu…

En 1958, un homme décapité refuse de mourir dans "The Thing that Couldn’t

Die", mêlant décors de l’Ouest et épouvante.

Jack Arnold replonge dans la science-fiction avec son drôle de film "Monster on the Campus" dans lequel la découverte d’un poisson préhistorique va chambouler l’existence des habitants. Au contact du poisson, les chiens se transforment en loups et les hommes régressent au niveau de l’homme de Neanderthal… C’est plus drôle que terrifiant…

Retour au film de vampire en 1959 pour le studio avec "Curse of the Undead" dont l’originalité est de mêler western et épouvante. En effet, le vampire est un tueur de l’Ouest qui commettra plusieurs crimes dans la région avant d’être pris en chasse par un autre pistolero qui aura pris soin de mettre une croix en bois dans une de ses balles…

Une tentative de mélange de genre qui aura du succès et qui sera reprise par d’autres studios dans les années 60 avec des films comme "Jesse James contre

Frankenstein" ou "Billy the Kid versus Dracula"…

Comme on a pu le constater, les films fantastiques ou d’épouvante sont de moins en moins nombreux parmi les productions du studio. Une nouvelle orientation voit le jour à la Universal, rachetée en 1962 par MCA. Nouveau logo, nouvelle motivation. Peu de films sont produits chaque année mais la qualité est par contre de nouveau au rendez–vous avec des films comme "Spartacus", "Les

Oiseaux", "Seuls sont les Indomptés", "Charade", "Airport"… Des films à plus grand budget, lorgnant plus vers le thriller ou le grand spectacle.

Les années 60 endeuillent malheureusement notre genre de prédilection avec la disparition du maquilleur Ted Pierce, mais également celle de l’immense Boris

Karloff. Basil Rathbone meurt lui aussi pendant cette décennie d’une crise cardiaque. En 1973, c’est Lon Chaney Jr. qui les rejoint.

Les monstres préhistoriques sont à nouveau à l’honneur en 1960 avec une petite production à faible budget, "Dinosaurus", réalisée par Irwin Yeaworth. Les effets spéciaux sont plutôt ridicules et le film ne laisse pas de souvenir impérissable, sauf celui d’avoir bien rigolé !

Bien plus intéressant est "The Leech Woman" réalisé la même année. Un savant fou emmène sa femme alcoolique en Afrique, afin de mener à bien ses expériences sur la jeunesse éternelle. Mais celle-ci n’est pas d’accord et l’assassine avant de découvrir par un rite africain que le secret de cette jeunesse éternelle vient des glandes pinéales de l’homme. Sa soif de jeunesse va la conduire à assassiner encore et encore afin d’obtenir des quantités suffisantes de cette glande masculine…

Mélangeant aventure et épouvante, "The Leech Woman" bénéficie également des bons effets spéciaux de Bud Westmore.

Il faudra ensuite attendre 1965 pour revoir de l’épouvante dans une production

Universal. Ce sera chose faite avec le film de William Castle baptisé "The Night

Walker", basé sur un scénario de Robert Bloch, auteur du fameux Psychose. Dans le film de Castle, qui est un peu confus, on suit l’histoire d’une femme, accusée d’adultère et dont le mari est assassiné. Par la suite, elle se met à faire de nombreux rêves et commence à ne plus distinguer le monde réel du monde des rêves….

En 1966, c’est une série télé à succès qui devient un long métrage : "Munsters Go

Home", basé sur la série "The Munsters". C’est une comédie amusante où l’on retrouve tous les personnages qui ont fait le succès de la série.

Retour à la SF en 1972 avec "Silent Running" et au film d’horreur en 1973 avec

"The Boy who Cried Werewolf". Mais on retiendra plus particulièrement cette

année là une petite production où un savant fou s’amuse à transformer les gens en serpents ("SSSNAKE") ! Ces deux films sont souvent présentés en double programme. Le premier est plutôt moyen, le jeu des acteurs n’étant pas vraiment convaincant. "SSSNAKE" bénéficie quant à lui d’un ton parodique assez prononcé, ce qui en fait un divertissement de qualité, dont la scène clé reste la transformation d’un homme en cobra…

1975. Date clé pour le studio. Une production de 12 000 000 $ en rapporte 133

000 000 !!! Réalisé par un petit jeunot du nom de Spielberg, "Les Dents de la

Mer" renoue avec le film de terreur et les monstres aux dimensions décuplées.

Cette fois, c’est un requin de taille impressionnante qui fait frémir les acteurs du film mais également les spectateurs du monde entier qui prennent conscience du danger qu’il peut y avoir à aller se baigner en mer. Qui ose dire qu’il n’a jamais pensé au film de Spielberg lorsqu’il va faire trempette pendant les vacances ?

Après une terrifiante attaque du squale (LA plus terrifiante jamais réalisée !) lors de la scène d’ouverture, le tout en caméra subjective, le film nous présente la vie de la station balnéaire d’Amity, et en particulier de son chef de police

Martin Brody, qui va vite se rendre à l’évidence de la présence du prédateur dans les eaux de la station. Ce qui tombe plutôt mal puisque l’ouverture la station est imminente ! Aidé par un océanographe, puis par un pécheur de requin, nos trois hommes vont partir en pleine mer affronter cette terrible menace. L’habileté de

Spielberg est de ne montrer le squale que vers le milieu du film. Toute la première partie est en caméra subjective, dont le mouvement d’avancée représentant la progression du requin, qui est soutenue par la puissante partition musicale de John Williams, qui fait naître une tension chez le spectateur dès qu’il l’entend ! Un film de terreur toujours aussi efficace de nos jours et une pièce maîtresse dans le cinéma tout court ! Chapeau monsieur Spielberg !

En 1977, le requin se transforme en véhicule diabolique dans "L’Enfer Mécanique" où une voiture toute noire et sans chauffeur circule sur les routes de l’Utah et terrorise les habitants d’une petite ville… Agréable et divertissant…

Cette même année, le diable est décidément de la partie avec "La Sentinelle des

Maudits" où un mannequin féminin décide de s’installer dans un immeuble qui se révélera être l’antichambre de l’Enfer. Le film était destiné à suivre le succès d’un film de la Warner Bros sortit en 1973, "l’Exorciste". Mais il n’eut pas vraiment le succès escompté…

Suite au succès du premier film, il était inévitable que "Jaws" ait une suite.

Celle-ci est réalisée en 1978 et baptisée tout simplement "Jaws 2" et chez nous

"les dents de la mer, 2ème partie" et non pas "Les Dents de la Mer 2" afin d’éviter un mauvais jeu de mot… Par la suite, la Universal produira quelques autres films d’horreur ou fantastiques comme "Dracula 1979", "Massacres dans le train fantôme", "Ghost Story ", "The Incredible Shrinking Woman", l’excellent

"The Thing" de John Carpenter en 82. Elle connaît un énorme succès avec "E.T." de Steven Spielberg, produit le remake de "La Féline" avec le "Cat People" de

Paul Schrader la même année, donne libre cours au talent de Jim Henson dans le merveilleux "The Dark Crystal"… Même moins présents, l’horreur et le fantastique ne seront jamais absents de ses productions dans les décennies futures...

Le style Universal est loin d’avoir dit son dernier mot. Il suffit de voir le succès récent de films comme "La Momie" ou "Le retour de la Momie", versions modernes de l’ancien monstre des années 30 pour s’en apercevoir. Et la sortie de

"Van Helsing", avec la réunion de trois grands monstres classiques, laisse augurer un avenir plus que prometteur pour les figures emblématiques du répertoire de l’horreur !

DRACULA - Tod Browning avec Bela Lugosi, Helen Chandler, Dwight Frye, Edward

Van Sloan, 1931, États Unis, 75m

Reinfield débarque en Transylvanie pour régler la location de l'abbaye de Carfax par le comte Dracula. La population locale a beau l'avertir, il remplit sa mission.

Après une traversée en mer tragique, Reinfield devient l'homme à tout faire de

Dracula, mais il est rapidement interné dès son arrivée dans l'asile pour fous dirigé par le docteur Seward. Dracula visite le docteur Seward et vampirise rapidement la copine de sa fille Mina, Lucy. Mina est la prochaine sur sa liste mais le Professeur Van Helsing découvre la nature horrifique du comte et avec l'aide du fiancé de Mina, Jonathan Harker, décide de détruire le vampire.

Voici un classique que j'avoue avoir plus apprécié aujourd'hui que durant ma jeunesse. Pour cause, le vampire y est très sage, toutes les actions horrifiques se passant hors caméra et sa mort étant une affaire précipitée. Qui plus est, techniquement, on ressent les limites de l'époque, ne serait-ce qu'au niveau du son et de la musique uniquement présente lors du générique d'ouverture. J'avais obnubilé les séquences ou le comte se promène dans un Londres bon chic bon

genre dont se fera écho le Dracula de Coppola. Je serait même porté à affirmer que Dwight Frye, dans le rôle de Reinfield, est encore plus efficace que Bela

Lugosi, mais c'est surtout à cause de son rôle de dément, joué de manière magistrale. Une partie du problème est surement dû au scénario adapté d'une pièce de théâtre, d'ou les décors en nombres limités. Ceci dit, ces décors, particulièrement ceux du château et des caves de Carfax, sont pleins d'atmosphère et bien exploités par Browning. Bela Lugosi s'apprécie avec l'âge, plusieurs de ses répliques étant devenues de classiques, répétées dans moults adaptations. On se doute parfois que Lugosi semble prononcer certains dialogues

à l'oreille, son anglais étant très approximatif, mais ca ajoute à l'étrangeté du personnage. Edward Van Sloan dans le rôle de Van Helsing est aussi maniéré dans ses dialogues, livrés plutôt lentement, chaque syllabe étant soigneusement détachée. Pour ses répliques mythologiques, la présence indéniable de Bela

Lugosi, le jeu formidable d'un Dwight Frye au sommet de son art et l'iconographie devenue pratiquement partie prenante du patrimoine fantastique, il fait bon revoir ce premier Dracula, devancé par le magnifique Nosferatu, certes, mais première adaptation officielle, suivie par une flopée de films au succès régulièrement plus approximatif.

DRACULA aka Drácula - George Melford avec Carlos Villarias,

Lupita Tovar, Barry Norton, Pablo Álvarez Rubio, 1931, États Unis,

104m

Essentiellement le scénario du Dracula de Tod Browning, allongé surtout dans la dernière partie du film, ce qui la rend plus satisfaisante, à mon avis. C'est à cause des difficultés techniques du doublage à cette époque lointaine et l'importance du marché hispanique que certains films étaient tournés simultanément dans les deux langues. Ou dans ce cas, l'équipe de Tod Browning tournait de jour et celle de Melford de nuit, dans les mêmes décors. Cette

version que l'on a longtemps crue disparue à jamais (quelques rares séquences viennent d'une pellicule en fort mauvais état) a la chance de nous offrir une vision du sujet très différente. Tout d'abord la photographie. On apprécie beaucoup les lumières qui sortent des tombeaux qui s'ouvrent. Au niveau des costumes, la jeune vedette Lupita Tovar a des décolletés que n'ose pas la version plus prude de Browning. D'ailleurs le producteur, visiblement sous le charme, allait épouser la belle Tovar deux ans plus tard. Plus sensuel et plus agressif aussi, voir la séquence du miroir présenté à Dracula, que Bela Lugosi fait tomber du revers de la main, mais que Carlos Vilarias fracasse en mille morceaux avec sa canne. Si Pablo Álvarez Rubio est d'abord moins convaincant en Reinfield, il se donne à fond par la suite, étant aussi efficace que Dwight Frye. La mise en scène est également plus inventive et on se demande si l'équipe a pu voir les séquences tournées par Browning pour essayer de les surpasser, à tout le moins essayer d'être plus inventif. Il n'y a à vrai dire que Villarias qui détonne parfois, qui ne dégage pas l'exotisme et le regard fatal de Lugosi. N'empêche qu'il fait bon voir cet exercice devenu rareté et c'est fort apprécié !

DRACULA'S DAUGHTER - Lambert Hillyer avec Gloria Holden, Otto Kruger,

Marguerite Churchill, Edward Van Sloan, 1936, États Unis, 71m

On débute à l' instant où Dracula se terminait. La police arrive dans les sous-sols de Carfax, découvrent Renfield mort et rencontrent Van Helsing qui dit avoir tué le comte Dracula, mort depuis 500 ans ! Scotland Yard n'entend pas à rire et Van

Helsing est accusé de meurtre. Il demande alors à un ancien élève, le psychiatre

Jeffrey Garth, de le défendre. Garth n'est pas plus enclin à le croire, mais sa rencontre avec la Comtesse Marya Zaleska va l'amener à douter. Zaleska veut son aide pour la débarrasser de l'emprise de son père, décédé. Elle est en fait la fille de Dracula et espérait que la mort du paternel allait lui enlever ses habitudes de nuit. Remarquez, son serviteur, Sando, ne l'aide pas, ne voyant que la mort dans les yeux de sa maîtresse. Qui plus est la secrétaire de Garth, la mignonne Janet est affreusement jalouse de la comtesse et ne comprend toujours pas pourquoi le docteur ne lui tombe pas dans les bras. Les meurtres se multiplient et Zaleska s'enfuie vers la Transylvanie avec Janet comme otage pour forcer Garth à s'occuper de son mal de vivre.

L'idée de commencer une suite dans les secondes qui suivent l'original n'est donc pas si nouvelle et même si on a vu semblable plus tard, il fait bon de voir les conséquences devant la justice pour ce pauvre Van Helsing. Cependant tout cela est très sage, en fait ceux qui apprécient énormément le premier Dracula vont probablement y trouver leur compte. À part la séduction d'une jeune femme qui doit poser pour la comtesse, peintre à ses heures, aux relents de lesbianisme sous-jacent, on parle beaucoup, mais on agit peu. Beaucoup d'ambiance avec une

Gloria Holden neurasthénique qui ne dégage pas la force animale de Lugosi, mais plutôt la malédiction du Loup Garou de Londres, sorti un an plus tôt, ou celle à venir de Larry Talbot. Otto Kruger, qui fait penser à Fred Astaire, est excellent dans son rôle, tout comme Marguerite Churchill dans celui d'une Janet qui aurait eu plus de succès avec plein de mâles normalement constitués. Vu il y a des

années, ce n'était pas pour moi le film le plus mémorable da la saga vampirique et je trouve encore que c'est le plus discret. À chacun son plaisir. Mario Giguère

SON OF DRACULA - Robert Siodmak avec Lon Chaney Jr, Robert Paige, Louise

Allbritton, Evelyn Ankers, 1943, États Unis, 80m

Katherine Caldwell attends avec impatience la visite du comte Alucard qu'elle a rencontrée à Budapest. Le Docteur Brewster, ami de la famille, est à la gare de train, mais seuls ses bagages arrivent et rapidement le doc se méfie du nom

Alucard, devinant rapidement qu'il s'agit de Dracula à l'envers. Le paternel des sœurs Caldwell meurt le soir même et Katherine hérite de la maison tandis que sa sœur Claire hérite de sa fortune. C'est ce que Katherine souhaitait, Alucard arrivé, la maison lui appartenant, elle peut épouser rapidement le comte et vivre en paix, pardon, vivre sa non vie, car évidemment elle est rapidement vampirisée par le fils de Dracula. Ce qui ne fait pas l'affaire de son fiancé et ami de jeunesse, Frank, qui, fou furieux de jalousie, essaie de tuer Alucard, mais les balles le traversent et il tue sa bien aimée. Il se rend à la police, mais le docteur a vu Katherine le soir même, bien vivante. Tout se complique quand la police fait ses vérifications et découvre la belle dans un cercueil. Aidé par un spécialiste européen, le professeur Lazlo, Brewster veut détruire Alucard et sauver l'âme de Katherine.

Innovations au menu, les vampires peuvent voyage sous forme de brume et pour la première fois on les voit bien se transformer d'apparence humaine à chauve- souris. Lon Chaney Jr dans le rôle titre a une belle prestance, mais sa jeune

épouse lui vole pratiquement la vedette, car il y a anguille sous roche.

Intéressant aussi. L'emplacement du cercueil du comte, placé sou l'eau dans un marais proche de la bâtisse, fallait y penser et rendre sa mort pas aussi évidente que celle du paternel ! Ca demeure un petit film de studio, mais bien mis en scène. Ce sont encore les vieux adultes, ici le docteur et le professeur, qui font la lutte au vampire, pendant que les jeunes adultes perdent la raison et la vie.

Pour la performance de Chaney, celle de Louise Allbritton en belle vamp et quelques surprises du scénario fort intéressantes, le film satisfait beaucoup plus que le précédent, DRACULA'S DAUGHTER.

HOUSE OF DRACULA - Erle C Kenton avec John Carradine, Lon Chaney Jr,

Onslow Stevens, Martha O'Driscoll, 1945, États Unis, 67m

Le comte Dracula, sous pseudonyme, débarque en pleine nuit chez le docteur

Franz Edelman, pour lui demander de guérir sa maladie. Larry Talbot débarquera plus tard pour les même raisons, il tient toujours à guérir de sa lycanthropie.

Edelman peut l'aider, mais seulement dans quelques semaines, le temps de récolter assez de matériel pour l'opérer sans danger. Talbot, découragé, se tire

à l'eau en bas de la falaise près de l'institution d'Edelman. Le docteur le retrouve sans les grottes au pied de la falaise et découvre également le monstre de Frankenstein et le squelette du docteur Gustav Niemann, que nous avions laissés en train de se noyer dans les marécages dans HOUSE OF

FRANKENSTEIN. Edelman essaie d'aider tout le monde mais, trahi par Dracula qui veut vampiriser sa belle assistante, se retrouve avec du sang de vampire dans ses veines. Pas assez pour se transformer en vampire, mais assez pour le rendre fou. À chacun ses excuse pour essayer de faire revivre la créature de

Frankenstein !

C'est une rare fois, de mémoire, que le bossu et le rôle d'une assistante du professeur sont jumelés, sous les traits de la belle Jane Adams dans le rôle de

Nina. On la verra sans sa bosse qui la déforme dans une remarquable séquence de rêve ou l'on voit entre autre des extraits des Frankenstein précédents. Ce n'est qu'un des points d'intérêt du film, certes court et au scénario tarabiscoté, mais fort atmosphérique et ou le personnage d'Edelman vole pour ainsi dire la vedette aux monstres. Car Dracula n'est pas là tout le log du film et Frankenstein n'y est vraiment présent que durant les brèves dernières minutes. N'empêche qu'on ne s'ennuie pas et qu'on voit à regret la dernière apparition sérieuse des classiques de la Universal avant longtemps. La prochaine vague de monstres sera intégrée à la série des comiques Abbott et Costello, parfois avec bonheur, mais loin des drames fantastiques de la belle époque.

FRANKENSTEIN - James Whale avec Colin Clive, Boris Karloff, Dwight Frye,

Mae Clark, 1931, États Unis, 71m, noir et blanc

Le Dr Henry Frankenstein pille des cadavres pur construire sa créature à laquelle il prétend donner vie. Manque plus qu'un cerveau, que son assistant Fritz lui apporte. Au moment ou l'orage nécessaire à l'opération tonne, sa fiancée, un ami et l'ancien professeur d'Henry frappent à la porte. Bien malgré lui, il les laissera assister à son triomphe. Le monstre prend vie. Torturé par Fritz et héritier d'un cerveau mal formé, Henry le laisse aux bons soins du professeur

Waldman, qui ne pourra le contenir. Le jour ou Henry doit se marier, la bête tue par inadvertance une fillette. Les villageois en colère, aidés par Frankenstein, vont partir à sa poursuite.

Le classique du film de monstre, qui fit beaucoup jaser à sa sortie et remplit les coffres à sec de la Universal ! Toujours aussi efficace pour ceux qui apprécient les films de l'époque. Une introduction d'Edward Von Sloan, destinée à calmer à l'avance les religieux de l'époque qui pouvaient être choqués par le savant qui se prend pour dieu, étonne un peu. Tout comme la musique, années 30 oblige, qui n'est présente que dans les génériques de début et de fin. Majoritairement

tourné en studio, Whale n'hésite pas à évoquer le cinéma expressionniste allemand par des cadrages à angle et surtout des décors et des éclairages qui renforcent le sentiment de détresse psychologique du créateur et de sa créature. Les machines électriques du laboratoire sont entres autres devenues des icones incontournables. Boris Karloff, acteur de soutien qui se serait cru en fin de carrière, compose le personnage qui le marquera à jamais. Il souffrira beaucoup pour livrer la marchandise. Le maquilleur Jack Pierce travaille à l'ancienne, montant tranquillement le visage du monstre en sculptant son matériel chaque jour sur l'acteur. Les poids utilisés pour alourdir et rendre plus imposant l'acteur lui causèrent des maux de dos pour le restant de ses jours.

Mais Karloff offre une créature naïve et pour laquelle on éprouve de la compassion, tel un enfant martyrisé. Les acteurs secondaires sont très typés, on retiendra le père d'Henry, le baron Frankenstein, vieux bougon qui sait apprécier le vin que son grand-père n'a pu boire. L'immense succès du film assura une progéniture prolifique à ce qu' 'il est de mise d'appeler un classique parmi les grands du genre.

BRIDE OF FRANKENSTEIN - James Whale avec Boris Karloff, Colin Clive,

Valerie Hobson, Ernest Thesiger, Elsa Manchester, 1935, États Unis, 75m, Noir et blanc

L'immense succès populaire de FRANKENSTEIN appelait à une suite, mais ce n'est que quatre ans plus tard que James Whale livre la marchandise et quel film

! Voici donc un des plus beaux exemples de suite qui surpasse l'original, une rareté. Avec une approche très originale. On débute donc avec un prologue ou l'on rencontre Mary Shelley, la jeune femme qui a écrit le récit adapté auparavant. Lord Byron étant tout surprit d'avoir lu un récit si macabre de la plume de cette jeune femme raffinée, elle lui annonce qu'elle en connait la suite et notre récit de débuter, juste au moment ou on avait laissé nos personnages.

La créature de Frankenstein a survécu au moulin en feu en tombant dans son sous-sol emplit d'eau. Le triste père de la jeune Maria décédée durant la journée va tomber dans les décombres et sera le premier à subir la vengeance du monstre. Une vielle mémère, servante de la maison Frankenstein et que l'on reverra tout le long, est la seule à savoir que l'homme rapiécé n'est pas mort, mais on ne l'écoute pas. Henry Frankenstein a lui aussi survécu et il est approché par le docteur Pretorius qui lui offre de reprendre ses expériences. Henry est horrifié par cette perspective et malgré les expériences de Pretorius qu'il visite, des humains miniatures créés de toutes pièces, il refuse. Le monstre va connaître quelques moments de plénitude lorsqu'il rencontre un vieil ermite aveugle. Devenant son ami, il écoule quelques jours paisibles, apprenant à parler, jusqu'à ce que des chasseurs égarés sèment la pagaille en l'apercevant. Par un concours de circonstance inouï, la créature abouti dans la maison de Pretorius, qui l'amadoue. Le docteur un peu fou va redemander à Henry de l'aider à construire une fiancée au monstre s'il veut revoir la sienne, enlevée par le monstre ! Plus original, plus fou, mélangeant délicieusement l'horreur, le drame et la comédie, James Whale, carte blanche aidant, tourne un des chef d'oeuvre fantastiques de son époque. L'humour étonne un brin et provient surtout de cette vielle servante bavarde. La séquence de l'ermite qui joue du violon est

touchante et juste pas trop longue, en fait le dosage des genres et le rythme du scénario est d'une justesse remarquable. La musique est ici présente tout le long du film et si l'expressionisme est moins évident, dans un final exaltant, la caméra s'en donnera à coeur joie dans un labo encore plus fantastique. Je me rappelle bien avoir été déçu lors de ma première vision de l'oeuvre, la fiancée n'étant visible que durant les dernières minutes du film, mais avec le recul, la scène n'en est que plus frappante. La géniale créature féminine, jouée également par Elsa

Lanchester, et donc jouée "par Mary Shelley", est d'une étrangeté exotique.

Bougeant la tête par mouvements saccadés tel un oiseau, elle lancera un cri des plus étranges.

SON OF FRANKENSTEIN - Rowland V Lee avec Basil Rathbone, Boris Karloff,

Bela Lugosi, Lionel Atwill, 1939, États Unis, 99m

Des années se sont passées et le fils d'Henry: Wolf Von Frankenstein (Basil

Rathbone) hérite du château familial. Avec sa femme et son jeune fils, il arrive au village et se rend compte rapidement qu'il n'est pas vraiment le bienvenue.

Comme de raison, il lit les notes que lui a laissé son père et est fasciné par ses expériences. Dans les ruines du labo vit un homme "mort" Ygor (Bela Lugosi)

déclaré décédé après pendaison. Il a survécu et présentera à Wolf Frankenstein la créature qui vit dans un étrange coma. Rapiéçant le labo et faisant venir de nouveaux instruments, il ressuscite le monstre, qui a perdu la parole et qui semble bien inoffensif. Erreur. Ygor contrôle le colosse et s'en sert pour assouvir sa vengeance contre les derniers membres du jury qui l'ont condamné jadis. Pire, le jeune garçon des Frankenstein raconte à son père qu'un géant vient le visiter parfois, cela devant Krogh, chef de la police locale, qui soupçonne avec raison que tout ne tourne pas rond chez les Frankenstein

L'imagination folle de BRIDE OF FRANKENSTEIN fait place à un scénario beaucoup plus sage et trop prévisible. Quelques longueurs dans un métrage plus long et un Basil Rathbone qui surjoue n'aident pas non plus. Un Dwight Frye discret y a un petit rôle secondaire. Il faut se tourner vers Lionel Atwill dans le rôle de l'inspecteur ayant perdu un bras arraché par le monstre pour avoir un peu d'originalité, personnage dont Mel Brooks se délectera dans

FRANKENSTEIN JUNIOR. Plus triste est le sort réservé à Karloff qui devient un monstre banal, muet, une bête à tuer qui fait bien penser au gorille de

MURDERS IN THE RUE MORGUE. Ce qui nous amène à Bela Lugosi, qui avait refusé à l'époque le rôle du monstre, qui vole ici la vedette. La mise en scène est moins inventive que celle de James Whale et les décors, flirtant encore avec l'impressionisme, n'ont pas toujours l'impact de jadis, spécialement le laboratoire, bien fournit, mais qui semble situé dans un appartement aux murs vides. Rowland V. Lee, qui tourna beaucoup d'adaptations d'Alexandre Dumas, réalisa la même année TOWER OF LONDON avec Boris Karloff et Basil

Rathbone. Ce FILS DE FRANKENSTEIN n'a décidément pas l'impact des deux précédents films, on s'en doutait, mais mérite le détour.

GHOST OF FRANKENSTEIN - Erle C. Kenton avec Cedric Hardwicke, Bela

Lugosi, Lon Chaney Jr, Lionel Atwill, 1942, États Unis, 67m

Dans le village ou Frankenstein a créé son monstre, on est certain que la présence du château est la source des malheurs qui s'abattent sur la populace, alors on va le détruire. Se faisant, Ygor, jadis pendu et puis criblé de balles par le fils de Frankenstein, toujours en grande forme, va découvrir le monstre, préservé dans le lac de souffre en ébullition ou il était tombé. Ygor s'empresse d'amener le monstre chez l'autre fils Frankenstein, Ludwig, qui s'occupe d'un hôpital psychiatrique. Au passage, voulant aider une jeune fille, la créature tue rapidement deux hommes, ce qui l'amène rapidement en cour. Le colosse s'échappe facilement et se réfugie avec Ygor dans la clinique de Ludwig

Frankenstein. Ludwig, visité par le fantôme de son père, a la folle idée de changer le cerveau du monstre et Ygor aimerait bien ne faire qu'un avec son ami.

Mené à un rythme très rapide, peut-être pour ne pas que le spectateur ne se pose trop de questions, on ne s'ennuie certes pas et on a droit, effectivement,

au fantôme d'Henry Frankenstein, brièvement. Lon Chaney Jr continue d'interpréter le monstre tel que vu dans le précédent film, muet et a surtout de l'impact en compagnie de la petite fille, minuscule mais pas effrayée du tout devant le géant. Lugosi continue d'en faire un max et est d'un enthousiasme

étonnant. Lionel Atwill change de rôle, lui qui était policier dans SON OF

FRANKENSTEIN, il devient assistant de Ludwig. La fille de Ludwig est en amour avec le chef de police de la place, ce qui complique les choses. On est loin de la mise en scène inventive de James Whale, Erle C. Kenton, remballera plus tard les

HOUSE OF FRANKENSTEIN et HOUSE OF DRACULA. Le film ne circulait pas autant que les originaux et c'est donc la première fois que j'avais la chance de le regarder. On est plus près de la série B avec un scénario limite portnawak, mais pour les performances de Lugosi et pour voir Chaney s'essayer à interpréter le monstre, je suis bien content de l'avoir vu.

FRANKENSTEIN MEETS THE WOLFMAN aka Frankenstein contre le Loup

Garou - Roy Wiilam Neill avec Lon Chaney jr, Bela Lugosi, Ilona Massey, Patrick

Knowles, 1943, États Unis, 74m

Quatre ans après les évènements de THE WOLFMAN, deux pilleurs de tombes entrent dans le caveau des Talbot et ouvrent la tombe de Larry.

Malheureusement, c'est soir de pleine lune et l'homme loup se lève à nouveau !

Larry se réveille le lendemain dans un hôpital de Cardiff (ce n'était pas mentionné, mais le premier film se passe en Angleterre) et il est traité pour une blessure à la tête par le docteur Mannering. Il sort la nuit pour tuer sous sa forme de loup garou et presse la police et le médecin de croire qu'il est bien l'homme qu'il dit être. Incompris, il s'enfuit et part à la recherche de Maleva, la vielle gitane, mère de celui qui l'a infecté. Talbot l'implore de le guérir ou lui faire connaître le repos éternel, l'idée qu'il va tuer d'autres innocents le perturbe sans fin. Maleva l'amène voir les Frankenstein, mais le Docteur est décédé. Il rencontre cependant sa fille, qui refuse de lui indiquer ou sont les livres qui expliquent les secrets de son père. Larry fait ses recherches et découvre le monstre de Frankenstein congelé dans les sous-sols du château.

Mannering le retrouve et avec l'aide de la Baronnne Elsa Frankenstein, il rééquipe le laboratoire pour guérir Talbot et du coup tuer la créature de

Frankenstein. À moins qu'il n'ait une autre idée en tête...

Mis à part un intermède musical lors de la fête du nouveau vin, et sa chanson improbable au refrain de FA-LO-LI, FA-LO-LO, le scénario ménage la chèvre et le chou et ne satisfait pas les promesses de son titre. C'est véritablement Larry

Talbot qui est la vedette du film, le monstre de Frankenstein, avec un Bela Lugosi sous le maquillage qui ressemble à une caricature de celui de Karloff, est très peu présent. On aura bien droit à un peint combat vers la fin, trop peu, trop tard.

Que l'on pense aux spectaculaires affrontements de KING KONG CONTRE

GODZILLA et on voit que le concept, tout nouveau, de deux monstres qui se rejoignent le temps d'un film, sera mieux servit par la suite. Tous les personnages autres que Talbot sont brièvement aperçus, on aurait bien aimé que

la Baronesse Frankenstein, superbe Ilona Massey à l'accent bien étrange, s'occupe toute seule de faire revivre le laboratoire. a visiblement voulu trop en mettre dans le scénario, peut-être une commande du studio.

N'empêche qu'on peut y trouver son compte et que cette chanson qui énervera

énormément Talbot, car on y chante que la vie est courte et la mort est longue, nous reste dans l'esprit longtemps: FA-LO-LI, FA-LO-LO !

HOUSE OF FRANKENSTEIN - Erle C Kenton avec Boris Karloff, Lon Chaney Jr,

John Carradine, Glenn Strange, Lionel Atwill, George Zucco, Anne Gwynne, 1944,

États Unis, 71m

Le docteur Gustav Niemann (Boris Karloff) est depuis quinze ans en prison, avec son assistant Daniel, lorsque la foudre vient le libérer en détruisant une partie des murs de l'établissement. Belle ironie, car il n'a qu'une seule ambition, reprendre ses travaux qui l'ont amené devant la justice, poursuivre l'œuvre de

Frankenstein ! Les deux comparses tuent un propriétaire de caravane ambulante qui présente le squelette de Dracula. Reprenant vie, Dracula essaie de kidnapper la belle Rita (Anne Gwynne), mais ça tourne mal. En route pour le village

Frankenstein, Nieman et Daniel arrêtent près d'un camp de romanichels et

Daniel, bossu, tombe amoureux de la belle Ilonka (Elena Verdugo). Arrivé dans les ruines du château maudit, ils trouvent les corps congelés du Loup-garou et de la créature de Frankenstein. Larry Talbon, reprenant vie le premier, mène

Nieman vers les livres ou Frankenstein a transcrit son savoir. Promettant à

Talbot de le guérir, ils vont se rendre à l'ancienne demeure de Niemann pour faire les expériences sur Frankenstein et compagnie.

Les monstres sont presque éternels, en tout cas celui de Frankenstein résiste à tout, même si ici il est mal en point. C'est donc, comme son affiche l'annonce, un festival de monstres, une accumulation de vedettes monstrueuses offerte au public. Mais Dracula disparait rapidement pour ne plus reparaître et

Frankenstein, le monstre, ne revit pleinement que durant les dernières minutes.

C'est donc Larry Talbot, le loup-garou, qui a la belle part du film, mais dans une intrigue qui reprend la trame du Bossu de Notre Dame. Finalement le lien et la personnalité la plus intéressante revient à Boris Karloff dans le rôle du savant fou, à la fois physiquement imposant mais à la voix d'une douceur étonnante.

Carradine, pour le peu de temps qu'il a à l'écran, ne me convainc pas, et il est intéressant de savoir que Lugosi était prévu pour le rôle qu'il n'a pu interpréter, occupé à remplacer Karloff dans une tournée de théâtre.

Si ce n'était que le motif du bossu et le destin tragique de Talbot nous sont déjà connus et prévisibles, le scénario est bien ficelé et ajoute les éléments essentiels que sont les villageois en colère, torches à la main ou l'inspecteur

(retour d'Atwill dans ce rôle, mais sans son handicap de SON OF

FRANLENSTEIN), cette fois-ci impressionnant durant les chevauchées. On termine dans les sables mouvants, question de ne pas répéter les finals précédant, mais on imagine la créature éternelle ! Plus intéressant que GHOST

OF FRANKENSTEIN et surtout pour l'interprétation de Karloff.

WEREWOLF OF LONDON - Stuart Walker avec Henry Hull, Warner Oland,

Valerie Hobson, 1935, États Unis, 75m

Le Dr Glendon (Henry Hull) est au Tibet à la recherche d'une plante rare. Au moment où il la découvre, il est attaqué par une bête. Retour à Londres ou

Glendon tente de faire fleurir la plante avec une lumière reproduisant les rayons de la pleine lune, nécessaire à sa floraison. Il reçoit la visite du Dr Yogami qui affirme l'avoir rencontré et qui est très intéressé par la fleur. Pour cause,

Yogami est le loup garou qui l'a attaqué au Tibet et la fleur de la plante est le seul antidote qui permet non pas de guérir, mais d'empêcher un jour à la fois la transformation fatale. Yogami ayant finalement volé deux fleurs écloses,

Glendon se réfugie dans une chambre de pension pour éviter de commettre des meurtres en se transformant, car Yogami l'a averti, la bête va s'attaquer aux personnes qu'il aime et Glendon a peur pour sa femme, Lisa.

Vu il y a plusieurs années, j'en gardais peu de souvenirs. Tout d'abord, le premier essai lycanthrope du studio Universal est plus timide que le célèbre WOLFMAN avec Lon Chaney Jr. Le maquillage est moins bestial, les producteurs redoutant les foudres des instances religieuses de l'époque. De surcroît, là ou on a de l'empathie pour le pauvre Larry Talbot, le Dr Glendon est plutôt antipathique, sa

femme Lisa renouant avec un ami d'enfance car son mari n'a pas beaucoup d'attention et ne lui révèle pas sa condition. On est loin de Talbot qui essaie en vain de convaincre tout le monde qu'l est responsable des meurtres. Il y a cependant des similitudes, le couple maudit et les forces de l'ordre qui vont mentir sur son sort. Sinon la production est efficace, mais on n'embarque pas autant dans le scénario, les premières scènes au Tibet étant les plus intéressantes.

The WOLFMAN - George Waggner, avec Lon Chaney Jr, Claude Rains, Bela

Lugosi, Maria Ouspenskaya, Evelyn Ankers, 1941, États Unis, 70m

Larry Talbot revient au château familial suite à la mort de son frère. Son père est très heureux de son retour, Larry l'aidant à installer les dernières lentilles

de son télescope. Sans faire par exprès, il remarque la belle Gwen qui travaille dans une boutique locale. Après l'avoir accosté, il lui achète une canne à pommeau d'argent représentant un loup et un pentagramme. Il lui soutire un rendez-vous le soir même, avec son amie Jenny, pour aller voir les romanichels installés dans le bois. Jenny est effrayée par les réactions de Bela, le gitan qui lui tire les lignes de la main et elle mourra rapidement, égorgée par un loup. Larry aura bien essayé de la défendre et aura tué le loup, mais c'est le corps de Bela que l'on retrouve au pied de l'arbre. Se rappelant les légendes qu'on lui a conté suivant l'achat de sa canne, interrogé par la police, il commence à douter de lui-même.

Seul Larry et les gitans acceptent qu'un loup garou puisse exister et Larry a bien peur que Gwen me soit sa prochaine victime.

Un scénario rondement mené par un Curt Siodmak en forme et une belle performance de Lon Chaney Jr, le personnage fétiche de sa carrière. L'intrigue est fort simple et on insiste beaucoup sur la légende de l'homme loup, la répétant à outrance et au final, on ne voudra toujours pas croire à la transformation. C'est la tragédie de Talbot, un homme simple, qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment, qui fait la force du film. On ne saurait imaginer comment le personnage féminin a dû paraître troublant à l'époque, car elle est fiancée et a visiblement envie de partir avec Talbot. On est loin des serveuses de café ou des midinettes sans défense. Claude Rains est efficace, même si on l'imagine difficilement engendrer le colosse qu'est Lon Chaney Jr comparé à lui. Bela Lugosi a un petit rôle qu'il tiens à merveille, Il faut souligner la présence de Maria Ouspenskaya dans le rôle de Maleva, la vielle gitane, dont le jeu dramatique y est pour beaucoup dans l'efficacité du film.

Pour un amateur de monstre, tout se termine trop vite, mais le grand poilu n'a pas finit sa carrière, loin de là. George Waggner, plus habitué aux séries B, comme Siodmak, va rapidement travailler exclusivement pour la télévision, ce qui

n'est pas évident ici. La mise en scène est efficace, des décors embrumés aux

éclairages, tout est au service de l'histoire. À voir ou revoir avec plaisir.

SHE WOLF OF LONDON - Jean Yarbrough avec Don Porter, June Lockhart,

1946, États Unis, 61m

Phyllis Allenby (June Lockhart) est bien consciente de la malédiction des Allenby qui veut qu'ils se transforment tôt ou tard en loup garou. Elle vit avec sa tante et sa cousine, mais leurs relations ne sont pas aussi simples et la méchante Tante qui ne l'est pas vraiment a bien peur de se retrouver sans le sous s'il arrive un malheur à la jeune Phyllis. Lorsqu'une bête égorge un enfant dans le parc près de la maison, Phyllis trouve tous les indices qui la portent à croire qu'elle a commis le meurtre crapuleux. Elle refuse donc de voir son fiancé, qui doit pourtant la marier dans une semaine ! La police enquête et va sonner à la porte des Allenby.

Le film n'est pas très mémorable pour une raison qui devient évidente rapidement, il n'y a probablement pas de loup garou dans cette histoire ! Si le suspense était intense, ce serait probablement autre chose, mais on est devant un mystère policier, un thriller un peu fade. Les acteurs jouent cependant avec conviction et j'ai eu plaisir à découvrir une jeune June Lockhart qui restera pour moi toujours la mère parfait de la télésérie LOST IN SPACE. Celle qui trouvait toujours de quoi faire un gâteau sur une planète déserte ! Et pourtant, l'idée

qu'une jeune femme a l'air si fragile puisse se transforme en bête féroce a un certain attrait pour l'amateur de monstre. D'ailleurs le doute plane tout le long, ne serait-ce pas la belle grande cousine ou la méchante tante qui serait lycanthrope ? La courte durée du film est ici une qualité, on n'étire pas trop la sauce.

De 1932 à 1944, Universal va produire 5 films mettant en scène une momie tueuse.

"La momie" (1932) de Karl Freund : Après les succès de ses deux premiers films d'horreur parlants, "Dracula" et "Frankenstein", Universal s'inspire de l'actualité d'alors (en particulier la pseudo-malédiction de Toutankhamon supposée avoir pesé sur les archéologues ayant découvert son tombeau) pour créer le personnage principal de cette histoire de terreur.

Des archéologues découvrent la tombe d'Im-Ho-Tep, un grand prêtre du temple de Karnak, momifié vivant pour s'être épris de la fille du Pharaon. Dans la même tombe, ils découvrent un parchemin étrange qu'un archéologue lit à haute voix.

Mal lui en a pris, car il s'agit d'une formule magique d'immortalité, qui rend aussitôt la vie à la dépouille d'Im-Ho-Tep. Celui-ci s'enfuit avec le parchemin maléfique... Des années plus tard, un étrange oriental se faisant appelé Ardath

Bey rentre en contact avec des archéologues et les aide à découvrir la tombe d'une reine de l'ancienne égypte. Ces occidentaux ignorent que Ardath Bey est en fait le redoutable Im-Ho-Tep, qui a de sinistres projets derrière la tête...

Interprété par Karloff, propulsé star de l'horreur après "Frankenstein", et réalisé par Karl Freund, grand chef opérateur du cinéma allemand de l'entre deux guerres, "La momie" est à n'en pas douter un des nombreux classiques du cinéma fantastique de son époque. Maquillage élaboré, éclairages et mouvements de caméra savants et envoutants, ambiance à la fois sombre et romantique... Rien ne manque pour cette réussite donc, en particulier marquée par la très subtile interprétation de Karloff, inquiétant, redoutable, et aussi très effrayant. On pourra reprocher un peu trop de bavardages entre vieux messieurs en smoking dans des salons cosy (on est plus dans le prolongement de "Dracula" que de

"Frankenstein"), mais la réussite de cette évocation insolite de l'égypte ancienne font de ce mélo horrifique une pierre angulaire du cinéma fantastique classique.

"La main de la momie" (1940) de Christy Cabane. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, "La main de la momie" n'est pas une suite ; il s'agit plutôt d'un espèce de remake de "La momie". Après 1935, Universal est pris dans une tempête financière entrainant le renvoi de son fondateur et sa prise en main par une nouvelle équipe qui va cesser toute production de films horrifiques...

Jusqu'au succès de ressorties en salles de "Dracula" et "Frankenstein" qui va provoquer la mise en chantier de nombreux projets redonnant vie au monstrueux catalogue Universal. "La main de la momie" en fait définitivement partie.

Toutefois, on a ici affaire à une nouvelle "momie", nommée Karis, qui n'est pas ramenée à la vie par une formule, mais par les vapeurs des feuilles de Tana. Bien que son histoire antique soit très semblable à celle d'Im-Ho-Tep (ce qui nous vaut le recyclage de nombreux plans du film de 1932), il est désormais le serviteur d'un prêtre protégeant un temple sacré contre des profanateurs.

Après le ton sombre et romantique de "La momie", nous nous retrouvons ici dans l'esprit des serial d'alors, dans un mélange d'aventures exotique et de comédie bon enfant, où l'horreur affleure parfois. En fait, on a l'impression que "La momie" de 1999 est bien plus dans l'esprit de "La main de la momie" que du film de 1932, renouant avec son visuel dépaysant et son esprit dynamique. "La main de la momie" est donc un divertissement sympathique, léger et agréable, assez solidement fait, qui mérite très nettement le coup d'œil !

"La tombe de la momie" (1942) de Harold Young. Cette fois-ci, "La tombe de la momie" est bien une suite directe de "La main de la momie", nous y retrouvons d'ailleurs plusieurs personnages à l'identique, et surtout la même momie Kharis.

Cette fois-ci, un jeune prêtre égyptien traverse l'Atlantique avec Kharis dans son sarcophage afin de châtier les profanateurs d'un sanctuaire sacré (c'est-à- dire les héros de "La main de la momie", qui ont vu passé à peu près trente ans depuis le précédent épisode). C'est désormais Lon Chaney Junior, qui écope du rôle de la momie. Une momie bien molle et atrophiée, inexpressive et vraiment pas belle. L'idée d'implanter les aventures de la Momie dans un contexte américain, un peu Film Noir, n'est qu'une semi bonne idée. Si cela renouvelle la série, cela tue aussi une bonne partie de l'exotisme typique de ce style d'aventure. D'ailleurs, cette "Tombe de la momie" s'avère un film bien routinier et passable, sans grand suspens ni intérêt, sauvé néanmoins de la totale médiocrité par un final assez spectaculaire, avec grand incendie à la clé. A toutes fins utiles, précisons que c'est clairement cet épisode qui est la source la plus identifiable de "La malédiction des pharaons", première et plus connue des aventures de la momie made in Hammer...

"Le fantôme de la momie" (1944) de Reginald Le Borg arrive un peu plus tard, en

1944, année qui verra la sortie quasi-simultanée des deux derniers volets du cycle. Cette fois-ci, le grand prêtre Andoheb (toujours George Zucco) convoque un nouveau disciple (John Carradine) afin qu'il se rende aux Etats Unis pour y récupérer les momies de la reine Ananka et du maléfique Kharis. Mais la momie d'Ananka a mystérieusement disparu, son esprit s'étant réincarné dans le corps d'une jeune américaine...

Deux ans ont passé, et les budgets des films d'horreur Universal semblent encore avoir chuté. Certes, par rapport aux deux précédents volets, le temps imparti aux stock shot s'est largement réduit. Mais l'ambiance cheap des décors

commencent à faire peine à voir, le maquillage de Kharis et les éclairages se simplifient. La cohérence n'est plus trop de mise. Un coup Kharis a le bras paralysé, le plan d'après il s'en sert pour porter une jeune fille. Dans une scène, sa jambe raide l'empêche de se baisser, dans une autre, elle sera beaucoup plus flexible, etc. Bref, c'est un peu du grand n'importe quoi... Néanmoins, et en dépit de tous ses défauts évidents, "Le fantôme de la momie" a des qualités méritant d'être signalés. Comme le montre le résumé, nous retrouvons l'intrigue sur la réincarnation de la première "Momie", qui donne ici un tour tout à fait tragique au métrage, lequel aura un dénouement très étonnamment tragique. Mais même cette tragédie est traitée avec un certain humour, comme le dernier plan sur le petit chien tout seul, ou le gag avec le gardien de musée amateur de Pulp

écoutant son feuilleton à la radio. John Carradine en impose en oriental mystérieux. Et le final s'avère réussi, à tel point d'ailleurs qu'il sera recyclé dans "La malédiction des pharaons" de Terence Fisher. Bref, "Le fantôme de la momie" est très loin d'être parfait, mais il n'en est pas moins un film assez singulier et original dans ce cycle des momies classiques de la Universal.

Année : 1954

Durée : 76 minutes

Acteurs : Richard Carlson Julie Adams Richard Denning Antonio Moreno Ricou

Browning

Réalisateur : Jack Arnold

Scénario : Harry Essex Arthur A. Ross Maurice Zimm

Après la découverte d'un fossile, une expédition se rend en Amazonie pour y débusquer des trouvailles archéologiques. La créature que vont trouver les chercheurs n'a pourtant rien de fossilisée !

LA MOMIE s'inspirait de la découverte du tombeau de Toutankhamon et

L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR suit un peu le même chemin dans l'inspiration archéologique comme vous allez pouvoir le constater. Cela commence de façon plutôt farfelue par un dîner ou William Alland apprend d'un cinéaste sud-américain l'existence de créatures mi-hommes mi-poissons au fin fond de l'Amazonie. Aussitôt rentré chez lui, il laisse vagabonder son imagination sur cette étrange affirmation et en tire un synopsis dont il assurrera la production et dont le scénario sera retravaillé plus tard par d'autres scénaristes plus chevronnés. Ces derniers vont injecter la découverte d'un fossile qui fait allusion

à un fait réel. Celui de la découverte du coelacanthe, une espèce présumée disparue depuis des milliers d'années avant que l'on n'en découvre un vivier dans l'archipel des Comores. Ce qui nous amène tout naturellement au postulat de départ de L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR. L'enthousiasme n'est pas partagé par tout le monde. Que ce soit Harry Essex, l'un des scénaristes à qui l'on confie la réécriture, ou Julie Adams, l'actrice principale. L'idée même de travailler sur un tel film ne les emballe pas, particulièrement l'actrice qui s'aperçoit qu'elle va tourner dans un film portant le nom de L'ETRANGE

CREATURE DU LAC NOIR. Mais à ce moment-là, Hollywood fonctionne toujours avec un système de contrat qui attache la plupart des techniciens ou acteurs aux différents studios. En gros, ils n'ont donc pas trop le choix ! En dépit de ces a priori, L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR n'est pourtant pas une série Z et le film est même devenu un véritable classique du genre. Jusqu'à engendrer deux suites LA REVANCHE DE LA CREATURE et LA CREATURE EST PARMI NOUS.

Le film reprend en grande partie le thème qui revient le plus dans la série des films d'épouvante de la Universal. Celui de LA BELLE ET LA BETE ou de l'amour impossible. Cela reprend d'ailleurs aussi en gros la trame de KING KONG avec lequel le film partage beaucoup de points communs. Une expédition découvre une créature qui tombe sous le charme d'une charmante personne. Pour L'ETRANGE

CREATURE DU LAC NOIR, on ne saurait la blâmer puisque la belle passe son temps à nager en tenue sexy (pour l'époque) dans les eaux claires de son lagon.

La créature finit d'ailleurs par esquisser un ballet aquatique plutôt poétique à son insu que beaucoup considèrent de manière bien peu innocente puisque suggérant l'acte sexuel, ce que vous pourrez découvrir dans le documentaire.

Cette histoire de créature aquatique est aussi une réflexion sur l'homme face à la nature puisque la fameuse bête à écailles n'est en fait pas du tout maléfique.

Au contraire, a l'issue du métrage et à force de la voir évoluer dans les eaux de

son habitat où des hommes la traquent, elle finit par attendrir de la même façon que le gros gorille pouvait se transformer en victime de l'humanité dans KING

KONG. Pour mettre en scène L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR, on fait appel au réalisateur Jack Arnold qui a réalisé quelque temps auparavant LE

METEORE DE LA NUIT pour Universal. Ce film comporte d'ailleurs, en plus de l'acteur principal et du producteur à l'origine du projet, un point commun avec

L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR ce qui a du faire pencher la balance en sa faveur, à savoir l'utilisation du relief sur lequel nous reviendrons plus tard. Il embrayera ensuite sur LA REVANCHE DE LA CREATURE mais surtout

TARANTULA et, son plus grand film qui parle de l'infiniment petit, L'HOMME

QUI RETRECIT. Après ces titres de gloire, il réalisera encore quelques films tels que LA SOURIS QUI RUGISSAIT (dont la suite est LA SOURIS SUR LA

LUNE) avant de se tourner à part entière vers la télévision.

Pour revenir sur le relief, LA CREATURE DU LAC NOIR est le premier film (et le seul ?) qui se soit vu diffuser à la télévision française en 3D à la grande époque de "La Dernière Séance" d'Eddy Mitchell. Ce qui ne fut pas sans poser quelques menus problèmes pour se procurer les lunettes à même de reproduire l'effet tridimensionnel. Paré de celle-ci, le soir de la diffusion, il faut bien avouer que ce fut loin de remplir tous les espoirs. Sur le DVD qui nous est proposé, le film est présenté en version plate. Dénué de relief ! Nous aurions apprécié ce petit "plus" surtout que depuis, les techniques vidéo permettent d'obtenir des images de grande taille à la maison plus à même de reproduire l'effet désiré !

Entretien avec Ron Chaney

- Le Black Glove souhaite la bienvenue à Ron Chaney, Jr. à notre magazine en ligne. Bonsoir, M. Chaney. C'est un plaisir de faire votre connaissance.

Ron Chaney Jr.: Je vous remercie de m'avoir invité.

Anthony: Juste pour démarrer, quel est votre monstre préféré d'antan et d'aujourd'hui?

Ron: Le loup garou. Il est et sera toujours mon préféré. Après tout, je suis un…

Anthony: Qui était le plus fort, le monstre de Frankenstein, Dracula, ou le loup garou ?

Ron: Je dois dire, Frankenstein était le plus fort. Dracula était l'homme le plus rapide et le plus rusé.

Anthony: Pouvez-vous nous parler de vous ?

Ron: Je suis un entrepreneur le jour et la nuit je suis un monstre ... mais bien sûr, uniquement lorsque la lune est pleine.

Anthony: Quel genre d'enfance avez-vous eu un nom aussi célèbre?

Ron: La plupart de mes amis n'étaient pas au courant de la relation. mais comme j'ai vieilli des gens ont commencé à faire le rapprochement.

Anthony: Alors, quand est-ce que vous avez décidé d'assumer l'héritage de votre nom de famille ?

Ron: Je ne sais pas J'ai toujours eu envie de suivre leurs traces, mais la genèse est venu lors de mon passage chez ma grand-mère. Mon frère Gary et moi avons trouvé chez elle quelques vieilles boîtes qui ont appartenu à mon grand-père. Il avait commencé un livre intitulé "Un siècle de Chaneys." Je me souviens qu'il travaillait là-dessus quand nous allions le voir. J'ai su à ce moment que c'était à moi de me consacrer à l'entreprise familiale. Comment ... C'était ma plus grande question et ma mission. J'ai réussi à être impliqué dans plusieurs campagnes couronnées de succès qui ont attiré l'attention sur les Chaneys mais le but ultime est de créer de nouveaux films Chaney pour la prochaine génération.

Anthony: Quels vos souvenirs préférés des Chaney?

Ron: Passer du temps avec mon grand-père et entendre des histoires différentes de sa vie, jouer aux cartes et à des jeux avec lui. Il était aussi un excellent cuisinier.

Anthony: Votre grand-père est une icône du cinéma d'horreur; que pouvez-vous nous dire sur lui? Et comment a t-il changé le visage de l'horreur, pour ainsi dire?

Ron: Lon était un homme qui était totalement dédié à son art, l'art d'agir, du maquillage et de la pantomime. Il a utilisé ces capacités en créant des personnages que les gens ont trouvés effrayant, mais il a également évoqué de la

sympathie. Ca influencera le cinéma d’ horreur pour toujours, nombreux sont ceux qui se tournent vers le maître aujourd'hui!

Anthony: Votre grand-père est également apparu dans quelques comédies, se moquant de ses rôles emblématiques de l'horreur. Que pensez-vous de ce côté-ci de sa carrière? (Je l'ai aimé dans My Favorite Brunette avec Bob Hope).

Ron: Il avait un côté comique en lui et un grand sens de l'humour. Il était un acteur et un pro.

Anthony: Où vous situez-vous dans l'héritage Chaney? Comment voulez-vous que

Hollywood se souvienne de vous?

Ron: Je fais de mon mieux pour préserver et perpétuer l'héritage familial tout en gardant ma propre créativité dans le processus.

Anthony: Lorsque j'ai parlé avec Sara Karloff, elle nous a informé qu'elle n'était pas fan des films gores d'aujourd'hui. Quel est votre avis sur le sujet?

Ron: Il ya beaucoup de films d'horreur mais je préfère surtout une bonne histoire.

Anthony: En parlant de Sara Karloff: Vous et elle font partie du groupe connu sous le nom "The Kids Monster"; pouvez-vous nous donner quelques informations sur le surnom et qui fait partie de ce groupe?

Ron: Je n’en sais pas trop à ce sujet, mais c'est cool! James Michael Roddy est la personne qui a donné vie à ce projet. Nous avons aussi été appelés enfants de la nuit. .

Anthony: Y a t-il des films d'horreur que vous aimez? [Si non, quels films aimez- vous?]

Ron: J'aime tous les genres anciens et nouveaux, mais j’ai tendance à aimer les films d'action. Les projets que j'ai développés ou travaillé sont généralement un mélange d'horreur et d’action.

Anthony: Avec toutes les tendances dans l'horreur d'aujourd'hui que pensez- vous de ce que votre grand-père et arrière-grand-grand-père aurait pensé de ces films?

Ron: En ce qui concerne mes grand-père, je suis sûr qu'ils seraient ravis de la nouvelle technologie, ils s'adapteraient et feraient de leur mieux pour le film.

Anthony: Vous rendez-vous compte dans les conventions honorant l'héritage de votre famille ce que cela représente?

Ron: J'ai l'occasion d'entendre de nombreuses histoires merveilleuses et des souvenirs des fans, et je me rends compte de l'impact que mes grand-père ont eues sur tant de gens. J'ai aussi rencontré certaines des personnes merveilleuses, mais en général je n’assiste qu’à une ou deux par an.

Anthony: Quel est le prochain congrès pour vous ?

Ron: Monsterpalooza en Californie . Mes filles et moi profitons du spectacle chaque année et il y a quelques artistes étonnants et talentueux qui y participent. C'est aussi une excellente façon pour nous », Monsterkids,« de se réunir.

Anthony: Une histoire étonnante. Et une famille incroyable. Je vous remercie pour votre temps. Cela a été un réel plaisir.

Ron: Je vous remercie.

Lionel Atwill

L'acteur d'origine britannique est devenu une vedette à Broadway en 1918, en vedette dans pas moins de cinq productions en cette année. La une du New York

Times déclare: " Atwill est fascinant surement un des meilleurs acteurs importé d'Angleterre depuis plusieurs saisons. "

Malgré son succès sur scène Atwill brusquement tourne le dos à New York en

1931. Reprenant son rôle d'avocat de son dernier film, Silent Witness , il décide, dès lors, de travailler exclusivement à Hollywood. Son film suivant, Docteur X , le font débuté dans les films d'horreur. Il est apparu dans des films d'horreur et de supense en un an, en dépassantses rivaux Karloff et Lugosi.

Il se retrouvera dans trois films avec Wray Fay, leur rencontre la plus mémorable fut dans Le Mystère du Musée de Cire (1933) filmé en Technicolor, le visage d’Atwill mutilé qui révèle le monstre brûlé.

Atwill en 1939, apparaîtra dans cinq films de Frankenstein consécutifs, face à l’acteur qui jouait le monstre pour la Universal dans chaque film à savoir successivement : Boris Karloff, Lon Chaney Jr, Bela Lugosi et Glenn Strange.

Uniforme, monocle et un bras articulé en bois avec une précision germanique,

Atwill forgera l'un des personnages les plus emblématiques et mémorable dans le film le Fils de Frankenstein (1939.

Dans The Ghost of Frankenstein (1942), Atwill était le savant fou qui échange le cerveau d’Ygor dans le crâne du monstre, et dans Frankenstein Meets the

Wolfman (1943), il est apparu dans un petit rôle en tant que maire de la ville de

Vasaria. Enfin, Atwill retournera vers un rôle d’inspecteur appelé Arnz dans

House of Frankenstein (1944), et Holtz dans La Maison de Dracula (1945).

Parmi ses nombreux rôles Atwill jouera face à Basil Rathbone, le professeur

Moriarty dans Sherlock Holmes et l'arme secrète (1943). Il se spécialisera comme savant fou dans de nombreux films. Comme le Dr Rigas dans Man Made

Monster, un succès surprise en 1941.

Les maisons opulentes des Atwill font sensation. Un manoir évalué à $ 42,000 qui brûlera lors des incendies en Californie d'Octobre 1935, et la tempête côtière en Décembre 1936 a détruit deux maisons. Atwill déclarera avoir perdu dans l'océan 12.000 $ de meubles anciens. Les biens des Atwills à Green Springs,

Maryland, où ils s'étaient mariés, a été cambriolé deux fois en Août 1937. La maison avait servi de lune de miel pour le duc et la duchesse de Windsor.

Les Atwills se séparent en 1939, laissant à Mme une maison à Palm Springs. Atwill devient l'objet d'une grande publicité, dû à un scandale lors d’un Noël en 1940 à son domicile de Malibu. Des invités, certains peut-être mineures, auraient fait l’amour nue sur un tapis en peau de tigre alors que les films étaient projetés.

Dans une comparution devant le tribunal, Atwill emphatique affirmera qu'il n’était " absolument pas coupable ", ce qui entraînera une charge contre lui. Puis en 1941, son fils, John Arthur, de 26 ans mourra pendant la guerre.

Atwill fut licencié en 1943, après que l'acteur lors du procès avoua qu'il avait « menti comme un gentleman "pour protéger sa famille et ses amis dans l'embarras. Le juge a reconnu que la commission de censure américaine, le Bureau

Hays, avait restreint l'apparence de l'acteur dans les films. " Il constituerait un châtiment inhabituel de continuer cette situation ", déclarera le juge McKay:

«cela empêcherait le défendeur de gagner sa vie. "Mais le mal était fait et Atwill avait déjà été relégué à des films de série B et des feuilletons.

Lionel Atwill se remarie en 1944 et eut un fils, Anthony, mais la santé de l'acteur avait diminué et il décédera le 22 Avril 1946, après une longue bataille contre une pneumonie. Il avait 61 ans.

Entretien avec Elsa Lanchester

Vous m'avez donné toutes sortes de fantasmes bizarres quand j'étais un garçon, parce que dans la fiancée de Frankenstein, je vous ai trouvé très effrayant mais très attrayante. Que pensez-vous de tout cela ?

LANCHESTER: Oh, ne continuez pas. La balle est dans votre camp.

Que pensez-vous de ce film ?

LANCHESTER: J’avais un visage étrange. Curieusement, si j'étais plus jeune maintenant, je ne voudrais pas être considéré comme étrange.

Votre beauté est une sorte de personnage

LANCHESTER: En regardant ces photos dans votre magazine, je pense que c'est tout à fait une belle tête.

Je crois que le maquillage de la Fiancée est calqué sur une reine d’Egypte ?

LANCHESTER: La reine Néfertiti

Quelle est le film que vous avez joué que vous avez aimé en dehors de la Fiancée de Frankenstein ?

LANCHESTER; J’étais dans un film appelé REMBRANDT avec Charles

(Laughton). Il a été réalisateur dans les années trente, et j’étais sa conjointe.

C’était un beau film mais qui passe rarement à la télévision.

Les lecteurs de MOM sont plus familiers avec la fiancée de Frankenstein, bien sûr. Avez-vous passé de longues heures dans la salle de maquillage pour ce film ?

LAN CHESTER: Oui, de très longues heures. La partie délicate était effectuée comme pour Boris Karloff par le même maquilleur (Jack Pierce). Il a fallu quatre heures, je crois. Ou cinq heures pour le maquillage. Et j'avais trois ou quatre heures. Alors Boris commencerait à environ deux heures et demie du matin, et je venais vers environ cinq heures et demie. Il était prêt à dix heures et ils prenaient quelques photos de lui. J'étais prête à onze heures. Puis vint le déjeuner. Ensuite, il rentrait à la maison en début d'après-midi et dormait jusqu’au lendemain matin pour le maquillage. Donc, nous n'avons eu que quelques heures pour travailler ensemble. Nous n'avons pas beaucoup de scènes ensemble.

C'est exact. Aviez-vous eu une doublure, Elsa?

LANCHESTER: Non, non. Il n'y avait aucune cascade.

Je me souviens de l'endroit où vous êtes entièrement enveloppée dans des bandages et puis vous ouvrez vos yeux.

LANCHESTER: C'est une chose très difficile à faire, croyez-moi. J’avais travaillée toute la journée et ils l'ont tourné à la fin de la journée. Mes yeux me faisaient très mal à cause des faux cils et du maquillage, ainsi que ce bandage sur mes yeux. Bien sûr, il l’enlève d’un seul coup et on découvre en dessous que les yeux sont écarquillés. Il est très difficile de regarder très longtemps sans cligner des yeux. Quand ils l'ont enlevée, j’ai ouvert les yeux et je me retenais

aussi longtemps que je le pouvais. En fait si longtemps, qu’ils ont coupé avant que je cligne des yeux. Mes yeux étaient très douloureux. C'est peut-être cela qui a contribué à donner cet effet bizarre. L'effet était très, très bon mais il n'était pas facile de garder les yeux grands ouverts à cause des picotements.

De nombreux fans de films d'horreur pensé que la Fiancée était un grand personnage, il aurait dû y avoir plus de films à son sujet. S'il y avait eu d'autres films auriez-vous repris le rôle de nouveau?

LANCHESTER: Oh, oui, je l’aurai joué de nouveau. Dieu sait que c'est la seule chose qui est restée avec moi pendant toutes ces années. En fait, il ya eu une sorte de culte autour de ce film.

C'est votre droit à l'immortalité.

LANCHESTER: Belle chose! Non, je suis content que ça se soit fait. C'est très agréable d'avoir ... de très jeunes enfants dans les marchés ou dans la rue qui vous reconnaissent. Je suis heureux à ce sujet. Parce que comme j'ai changé, je suis flatté que l’on me reconnaisse.

Puisque vous êtes aussi reconnaissable maintenant que vous étiez il ya trente ans, pourriez-vous faire un autre film Frankenstein?

LANCHESTER; Une dame Frankenstein? Bien sûr. La mariée est relancée ... ou quelque chose comme cela. . . .Elle est morte dans l'explosion si je me souviens.

Mais le monstre de Frankenstein a été repris plusieurs fois. Ils auraient pu imaginer retrouver la mariée et la ranimer,

LANCHESTER: Il serait très intéressant de faire une mariée âgée. Quand elle a

été traîné hors de la tombe, de la chaux avec elle, comme d'autres cadavres.

Peut-être certains producteurs vont vous entendre parler que vous êtes prête à faire un autre film de Frankenstein et qu’ils vont vous contacter. . ..Bien que tout cela peut difficilement égaler l'original.

LANCHESTER: James Whale était un maître dans l'art d’effrayer les gens. Ils montrent le mariage d'une jeune mariée, et la prochaine fois que tu l'as voit, elle sera morte assassinée,-Stomp!Stomp! Stomp! Il ya la scène avec Boris Karloff l'apprentissage du violon avec ce vieil homme aveugle. Cela donne la larme à l'œil, cette scène. C'est beau ! C'est ce que les images d'horreur actuels ne font pas.

Ils sont juste gore. Quels sont certains de vos autres rôles préférés?

LANCHESTER: J'ai aimé le rôle dans Henri VIII et aussi un film appelé The

Beachcomber

Qui étaient vos partenaires favoris dans les films? Je suis sûr que votre mari,

Charles Laughlon, en était un ?

LANCHESTER: Il ne s'agit pas d'un cas de favoritisme. Je l'ai accepté avec le talent qui était le sien. J'ai toujours évité le mot «génie» à la maison. Nous n’utilisions jamais ces mots pour le dîner.

Pensiez-vous que Boris Karloff était un bon acteur?

LANCHESTER: Je pense qu'il était un homme très, très intelligent, et il s'est avéré après ce rôle être un très bon acteur. James Whale l'a traité comme un chauffeur de camion, alors que Boris Karloff était un homme sophistiqué, un homme instruit. Il était très gentil.

Entretien avec Chris Costello

CH: Pourquoi Lou Costello a changé de nom et pouvez-vous nous donner un bref historique des premières années de votre père avec entre autre la façon dont il a rencontré Bud Abbott.

Costello: Eh bien il y a pas mal d’histoires différentes, et plût à Dieu que papa

était là pour nous raconter la bonne ! Mais, l'histoire que j'ai entendue c’est qu’il est venu à Hollywood en 1925 où il a essayé d'entrer dans les studios et ainsi devenir acteur. Il s’est fait connaître sous le nom de Lou Cristello. Il dormait dans un grand nombre de voitures en stationnement et mangeait beaucoup de sandwichs au beurre d'arachide, parce que les emplois étaient maigres. Il a finalement obtenu un boulot à la MGM et de là il a débuté comme cascadeur. Son premier film était un film de cow-boy et ils lui ont demandé de monter à cheval avec un troupeau de bovins derrière lui. Il leur a dit qu'il pouvait monter à cheval alors qu’il n'avait jamais vu un cheval en venant du New Jersey.

CH: Oui, c’était un problème!

Costello: Il s'est avéré être que sa selle se desserre et il a fini par passer sous le cheval.

CH: Oh mon Dieu!

Costello: Il a pensé que le travail de cascadeur n'était pas pour lui et il a eu un peu de travail en tant que figurant. Il a également joué dans la Bataille du Siècle qui est un film de Laurel et Hardy ou il joue comme figurant. Je suppose que ce qui est arrivé alors c'est qu'il devenait un peu découragé et ce fut Delores

Costello qui lui dit de retourner à New Jersey ou New York, perfectionner son métier et attendre qu’Hollywood l’appelle. Grand merci à elle car il est devenu connu sous le nom de Lou Costello.

L’autre histoire selon ma grand-mère, c’est qu'il était assis dans un café avec une tasse de café et il lui arrivait de regarder par la fenêtre et là il voyait un théâtre dans la rue qui faisait de la publicité pour recruter un comique néerlandais. Donc, ayant besoin d'argent, il a traversé la rue et a rencontré le régisseur. Ensuite, ils lui ont demandé s'il savait ce qu'était un comique

Néerlandaise mon père ne savait pas trop, alors l'homme lui a dit: «Eh bien, vous parlerez avec un accent hollandais, vous porterez un gros nez, des vêtements trop grands, et un chapeau melon ". Il a dit: «Non, non, non. Je ne vais pas porter un gros nez et je ne vais pas parler avec un accent hollandais. Mais, je vais porter les vêtements trop grands et le chapeau melon. ». Ainsi, il a obtenu le poste. Ce qui est intéressant, c'est que si tu le vois plus tard avec Bud Abbott, il porte toujours les vêtements trop grands et le chapeau melon.

CH: Tout à fait.

Costello: Plus tard, il fait équipe avec un couple d’hommes et travaillait sur le burlesque. Je suppose qu'une nuit un de ses hommes est tombé malade et Bud

Abbott qui était là a accepté de faire équipe avec lui. Vous savez, les gens aiment

à dire combien ils aimaient mon père et ils ont toujours mis l'accent sur mon père. Mais vous savez, vous n'auriez pas eu Costello sans Abbott. Bud, à mon

avis, ne reçoit jamais les éloges qu'il mérite parce qu'il était un véritable génie dans son métier.

CH : Maintenant revenons dans les années 40 c’est à ce moment là que Abbott et

Costello ont commencé à faire des films, ils ont d’ailleurs sauvé Universal Studios de la faillite.

Costello: Oui, absolument.

CH: La question que je me suis toujours posé a été qu’est-ce qui a fait que

Universal ait décidé d’associer Abbott et Costello avec les monstres des films célèbres ?

Costello: C'est une question intéressante. Papa n'était pas trop enthousiaste à le faire. En fait, quand j'ai été interviewé le réalisateur du film pour mon livre, il m’a dit que Lou avait l’habitude de venir dans son bureau en criant: «Ma fille pourrait écrire un meilleur scénario que celui-ci!" Lors de la première, ma grand- mère vint voir le producteur du film et lui dit: «C'est l'un des meilleurs films d'Abbott et Costello jamais fait", et mon père était tellement en rogne contre elle qu'il ne lui a pas parlé pendant un mois. C'est drôle de penser comment 50 ans plus tard, ce film est vraiment devenu un film culte d’Abbott et Costello.

CH: C'est peut-être le plus connu de tous les films d'Abbott et Costello.

Costello: Oh mon dieu, oui. Ma sœur se souviens d'avoir été sur le plateau, et que j’y étais et j’avais à peu près un an. Elle a dit que ce qui l’avait le plus amusé était de voir tous ces monstres assis à fumer des cigares et à lire le journal. C'était absolument incroyable pour elle.

CH: WOW!

Costello: Et elle m’a dit que Glenn Strange était vraiment un amour d’homme ...

Bien sûr, Boris Karloff tournera plus tard Abbott et Costello Meet the Killer. En outre, Vincent Price était la voix à la fin de l'homme invisible qui fixe tout le monde pour le prochain film qui était 2 nigauds et l'homme invisible .

CH: C'est un autre beau film. Vous souvenez-vous d'être sur le plateau avec votre père?

Costello: Je me souviens d'être sur Abbott et Costello Meets the Mummy.

J'étais assis sur le plateau de tournage avec mes deux cousins, Tony et Joe. Les acteurs faisaient une pause pour le déjeuner, la momie a commencé à marcher vers nous, et nous avons tous poussé des cris.

CH: Vous avez déjà mentionné Glenn Strange. Mais, vous souvenez-vous de Bela

Lugosi ou de Lon Chaney?

Costello: Pas vraiment. Mais ce que j'ai entendu des diverses personnes à qui j'ai demandé des anecdotes pour mon livre c’est que c'était toujours une atmosphère joyeuse sur le tournage d’un film d'Abbott et Costello. Il y avait toujours beaucoup de bêtises dans les coulisses, de tartes à la crème lancées.

CH: Est-ce que ton père avait un film favori d’Abbott et Costello ?

Costello: Je n'en ai aucune idée. J'ai demandé à ma soeur qui a 12 ans de plus, et elle n'en a aucune idée. Je pense cela dit que 2 nigauds contre Frankenstein

était probablement le film qu’il préférait le moins.

CH: Quelque chose que beaucoup de gens ne savent pas c’est qu’Abbott et

Costello auraient pu rencontrer la créature du lac noir

Costello: C'est vrai que beaucoup de gens pensent qu'ils ont fait le film. Les gens me demandent toujours: "Etes-vous sûr qu'ils n'ont pas tourné le film?" Je dis:

«Oui, je suis tout à fait sûre."

CH: J'ai une question délicate pour vous, et après je vais te laisser partir. De nombreux comédiens et écrivains comiques, y compris moi-même, ont été influencés par Abbott et Costello. Quelle est la seule chose que vous pensez qu’Abbott et Costello ont enseigné aux comédiens à venir?

Costello: uuuuuuummm ......

CH: Je vous ai dit que c'était une question difficile!

Costello: Premièrement pour Bud et papa la comédie ne devait pas être sale. Il ne faut pas se moquer des autres, mais aller vers eux. Ils pensaient que la comédie devrait être appréciée par tout le monde, jeunes et vieux. Je pense que ce qu'ils aimeraient savoir, c'est que 50/ 60 ans plus tard, il y a une autre génération qui les découvrent.

CH: Chris, je vous remercie beaucoup d'avoir fait cette interview.

Costello: Vous êtes incroyable!

Entretien avec Jack Pierce :

MM: M. Pierce, nous avons appris que vous aviez créé un tout autre maquillage pour le rôle de Frankenstein, et que Bela Lugosi était prévu pour le porter.

PIERCE: Lugosi devait jouer le monstre, mais il avait trop d'idées sur son propre rôle qui ne coïncidaient pas avec ceux du producteur, Carl Laemmle. Lugosi pensait que ses «idées étaient les meilleurs ».

MM: Combien de personnages d'Universal avez-vous créé ?

PIERCE: J'ai créé chacun d'entre eux de 1931 à 1943.

MM: Dans votre esprit quel est pour vous votre plus grande réussite?

PIERCE: Eh bien, c'est difficile à dire, car je pense que pour répondre à votre question, je dirais La Momie.

MM: Combien de temps avez-vous mis pour appliquer le maquillage de la Momie sur Mr.Karloff?

PIERCE: Il m'a fallu environ huit heures pour le préparer pour les caméras sur chaque journée de tournage.

MM: Nous avons une autre question se rapportant à Frankenstein, M. Pierce.

Combien de temps avez-vous travaillé sur la création de ce maquillage?

PIERCE: J'ai travaillé pendant quatre mois sur Frankenstein, faisant des centaines de croquis et de maquettes.

MM: Combien en avez-vous soumis pour approbation?

PIERCE: J'ai soumis et ils l'ont accepté.

MM: Nous avons vu des photos de Frankenstein montrant que Karloff porte un maquillage légèrement différent. Il avait deux bourrelets sur le front avec ce qui ressemblait à de grandes agrafes qui les tiennent Etait-ce un test ?

PIERCE: C'était une idée du réalisateur, James Whale. Nous avons ensuite fait un compromis.

MM: Avez-vous des masques de la taille des modèles pour la plupart de vos créations ?

PIERCE: Non J'ai l'habitude de faire des croquis, puis des petits modèles en plâtre, bien sur pour Frankenstein, j'ai fait un moule grandeur nature.

MM: Quand avez-vous commencé dans ce domaine fascinant ?

PIERCE: J'ai commencé en 1910, j’ai beaucoup travailler pour les entreprises indépendantes jusqu'à ce que je commence avec Universal en 1926.

MM: M. Pierce, vous avez été en contact personnel avec de nombreuses personnalités dans votre carrière. Quel est l’acteur avec lequel vous aimiez travailler le plus?

PIERCE: Si vous voulez parler des films d'horreur, je dois dire que c’est Boris

Karloff. C'était un gentleman, toujours à l'heure, et un véritable acteur.

MM: M. Pierce, un grand nombre de vos fans estiment que le maquillage du

"Wolfman" est l'un des plus grands tous les temps. Combien de temps a t-il fallu pour l’appliquer sur Lon Chaney?

PIERCE: C'est l'une des plus faciles. The Wolfman généralement me prennait environ deux heures et demie.

MM: M. Pierce, nous voulons vous remercier de nous avoir permis d'avoir réalisé cet entretien avec vous. Nous sommes certains que tous vos fans veulent que nous vous souhaitons bonne chance et espérons que vous vous sentirez mieux bientôt.

PIERCE: Je vous remercie beaucoup.

Entretien avec Jack Arnold

Comment avez-vous vécu cette période ou vous réalisiez des films de science- fiction ?

Oh, je les aimais. Ce sont les films que j'ai eu le plus de plaisir à faire.

Quelle liberté créatrice Universal vous donnez ?

J'ai eu une totale liberté, parce que le studio ne savait rien à propos de la réalisation de films de science-fiction. J'avais donc un contrôle total sur tout, aussi longtemps que je restais dans les budgets

Quels ont été les budgets ?

Ils étaient assez élevés pour l'époque, aux alentours de 800-900,000 $. Dans les années 50 et 60, cela représente beaucoup d'argent.

J'ai entendu dire que vous aimez The Incredible Shrinking Man qui pour moi est le meilleur de tous vos films. Avez-vous eu plus de temps pour travailler dessus?

Dans la préparation et le tournage. J'ai tourné d'abord avec les animaux. J'ai passé deux semaines avec des chats, deux semaines avec des araignées, et puis nous avons fait des séquences de taille normale, puis les séquences surdimensionnées.

Était-ce vraiment l'araignée que vous avez utilisé dans Tarentula, ou était-ce juste une fabrication du studio?

Non, nous avons tournés avec 60 araignées qui étaient assez grandes pour enregistrer une profondeur de champ.

C'était une grande séquence.

Les gens me demandaient à l'époque, «comment dirigez-vous une araignée?" et ma réponse était, "avec beaucoup de difficulté! "

Comment avez-vous réussi à faire faire à l'araignée certaines choses?

Nous sommes arrivés avec l'idée d'utiliser des jets d'air pour le guider là où nous voulions qu'il aille.

Je pense que Grant Williams était un excellent choix. La plupart des auteurs ont

une idée préconçue de ce à quoi les personnages devraient ressembler, et ils ne s'en remettent jamais.

Matheson avait écrit un bon scénario?

Dick a écrit un script très bien pour l'image.

Que pensez-vous d'avoir un écrivain sur le plateau?

Parfois, un scène ne se joue pas de la façon dont cela a été écrit, et je ne suis pas un écrivain. Je voudrais avoir l'écrivain là pour faire les corrections. J'aurais aimé qu'il soit dans un bureau quelque part à proximité de sorte que si j'avais besoin de lui, je pouvais l'appeler et il serait là. Mais je ne veux pas de lui sur le plateau tout le temps.

Avez-vous filmer le script comme il a été écrit?

Dans une large mesure. Parfois, un écrivain peut rendre les choses extrêmement difficiles. Dans L'Homme qui rétrécit, Grant Williams vit dans une boîte d'allumettes dans un chauffe-eau. Et à un moment de l'histoire, le chauffage commence à fuir. Le problème: comment faire des gouttes d'eau géantes. Nous avons essayé de créer un robinet géant mais cela n'a pas fonctionné. Puis je me suis souvenu quelque chose que j'avais trouvé dans le tiroir de mon père quand j'étais un petit garçon. Je l'ai rempli avec de l'eau cela ressemblait à une goutte

d’eau. J'ai dit: «c'est ça», et ordonnait rapidement de commander plusieurs boîtes de préservatifs et ils fonctionnaient très bien.

Dans quelle mesure avez-vous dirigé les effets spéciaux et quelle était votre relation de travail avec le département des effets spéciaux?

J'ai dessiné un storyboard moi-même pour pratiquement chaque image du film, et j'ai travaillé en étroite collaboration avec le département des effets spéciaux et Cliff Stine, qui était mon caméraman.

On entend tellement d’histoires je suis étonné que vous n'ayez jamais eu de difficulté dans toutes vos années passées chez Universal.

La seule lutte que j'ai eu avec eux était sur L'Homme qui rétrécit, et je l'ai gagné. Ils voulaient une fin heureuse. Ils voulaient que lui tout à coup commence

à croître de nouveau et qu’il retrouve sa femme j'ai dû expliquer que ce n'était pas un film adapté à une fin heureuse. «Eh bien, nous allons tester votre fin." Et ils ont convenus qu'il fallait la garder.

Pensez-vous que ces histoires comme Tarentula auraient été impossibles à exécuter avec autant de succès dans un autre environnement que le désert ?

Je pense que cela aurait été très difficile. Je me souviens qu'à l'ouverture de It

Came From Outer Space, j'ai rencontré Ray Bradbury pour la première fois et je lui ai demandé ce qu'il avait pensé du film. Il m’a dit qu'il l'aimait.

Nous avons avec It Came From Outer Space filmé en 3-D, je suppose que c’est parce que Warner venait de faire en 3D House of Wax. C’était une nouvelle lubie et Universal a voulu faire quelque chose pour rivaliser avec eux. Ils se disaient qu’ un film de science-fiction serait l’idéal pour un film en 3-D. Comme il a été l'un des premiers films 3-D des années cinquante, il n'y avait pas vraiment un expert dans le domaine, j'ai donc travaillé en étroite collaboration avec les effets spéciaux et les départements de la caméra. Je pense que c'était un film très réussi, visuellement, en 3-D. Porter des lunettes rouges et vertes ne pose

La Créature du lac noir est finalement sympathique ?

Oui, je me mis à faire de la Créature un personnage très sympathique. Il est violent parce qu'il a été provoqué dans la violence.

La créature n'est jamais définitivement tué, on le voit s'éloigner dans l'obscurité.

Cela a été fait pour deux raisons. Le studio voulait avant tout faire une suite, et donc nous laissions une porte, il ne fallait pas le montrer mort.

Combien de temps a t-il fallu pour créer le costume?

C'était un bon mois avant de débuter que nous nous sommes mis d’accord sur l'idée de celui-ci. Nous avons construit un réservoir qui se trouve toujours dans le studio pour le tester. Nous avons testé toutes sortes de choses jusqu'à ce que nous choisissions le costume que vous voyez sur le film. Je me souviens qu'un

jour, je regardais le certificat que j'avais reçu quand j'ai été nominé pour un

Academy Award. Il y avait une photo de la statuette dessus. J'ai dit: «Si l'on met une tête avec en plus des nageoires et des écailles, cela ressemblerait un peu comme au genre de créature que nous essayons de faire." Alors, ils ont fait un moule en caoutchouc, et peu à peu le costume a pris forme. Ils lui ont donné certaines caractéristiques de l'homme , qui a contribué à lui donner un côté sympathique. Parmi les trois films de la Créature, je pense que Revenge of the

Creature est le meilleur. Nous avons tourné dans le Marineland. L'histoire fait qu’on l’ avait capturé et mis dans un aquarium. J'ai demandé si on pouvait mettre dans un filet et diviser les poissons dangereux d’un côté, les poissons sans danger de l'autre. Ils m’ont dit qu'ils le feraient. Eh bien, quand je suis arrivé le jour où nous étions prêts à tourner, je suis allé regarder l’aquarium et il n'y avait pas de filet. J'ai dit: «les gars, un acteur doit aller là-dedans." Ils ont dit de ne pas m'inquiéter, qu'ils nourrissaient les poissons toutes les heures et que les plongeurs descendaient tout le temps. J'ai regardé le caméraman et il m'a regardé et m'a dit: «si vous voulez que des acteurs aillent là-dedans, vous feriez mieux d'y aller vous-même." Alors, J'ai mis le masque et sauté dedans, mais j'ai gardé les yeux fermés. Puis très lentement j’ai ouvert un œil et j’ai vu la bouche béante d'un requin. Je me suis demandé, qu'est-ce que tu fais? Tu te déplaces, ou tu ne bouge pas? Il est passé devant moi, c'était comme du papier de verre quand il s’est frotté contre moi. Le plus gros problème que nous avions était avec une tortue qui mordait de la combinaison monstre.

Auriez vous souhaitez tourner la nuit?

J'aurais aimé, mais ils ont dit que c'était trop dangereux.

Pourquoi ne dirigez-vous pas La créature est parmi nous ?

Ils me l'ont demandé, et j'ai refusé. Je pensais que j’allais me répéter. John

Sherwood avait été mon assistant-réalisateur, et je pensais que c'était une bonne occasion pour lui de devenir réalisateur. Je n'ai pas particulièrement aimé le film, j'ai pensé qu'il était le plus faible des trois. Ce n'était pas la faute de

John, mais nous avions déjà exploré tous les domaines de la personnalité de la créature et sa relation avec les humains.

A côté de l'homme rétrécit, Tarantula est mon film préféré.

Je l'ai écrit.

Vous voulez dire que l'histoire est originale?

Oui. En raison du succès de It Came From Outer Space, les studios Universal ont voulu une autre histoire de science-fiction. Je l'ai écrit, nous avons mis un scénariste qui l’a adapté et j'ai travaillé très étroitement avec lui et ils m'ont laissé seul.

Même si je l'aime beaucoup, il me semble comme un projet précipité. Certains dialogues ne sont pas très bons et il ya beaucoup de remplissage.

C'était un film à petit budget. Il est venu à la toute fin du cycle. American

International commencé à imiter notre produit. Vous ne pouvez pas faire ce

genre de spectacle ainsi avec des contraintes budgétaires et le temps limité que nous avions.

J'ai été surpris de voir que vous n'étiez pas choisi pour diriger This Island

Earth, qui était financièrement le plus ambitieux des films universels de science- fiction des années 50.

Ils avaient fini le tournage de This Island Earthet il manquait beaucoup de choses. Alors, ils m’ont demandé si je voulais les aider, j’y suis allé et me suis retiré dès la moitié de celui-ci, mais je n'ai pas figuré au générique pour cela.

Entretien avec Boris Karloff :

MM : Quel est votre vrai nom ? William Henry ou Charles Edward ?

KARLOFF: William Henry ! Je ne sais pas comment Charles Edward est arrivé.

Quelqu'un, lorsque j'étais sous contrat chez Universal, je pense, a fait une erreur dans le service de publicité. Si une chose ne va pas vous savez, il ne meurt jamais, il réapparait encore et encore.

MM: Vous êtes né à Enfield ou à Dulwich?

KARLOFF: Dulwich.

MM: Avez-vous une préférence personnelle pour rôles de vilains ?

KARLOFF: Non, pas vraiment. Je pense que tous les acteurs en ont fait, et quand vous êtes typé, vous êtes un homme très chanceux. . . parce que le public a montré sa préférence. Je pense que le public doit être votre maître. Ils ont montré une préférence pour ce qu'ils aiment voir ce que vous faites, et je pense que vous devez continuer à faire ce qu’il aime.

MM: Mais vous avez réussi à vous en sortir avec le colonel March, n'est-ce pas?

KARLOFF: Je ne comprends pas ce que vous voulez dire par «en sortir »? Si vous parlez du Monstre de Frankenstein, je l’ai seulement joué trois fois. . . et c'était il y a longtemps.

MM: Mais on ne peut pas vraiment l'appeler un méchant ...

KARLOFF: Non, je sais quand les jeunes m'ont écrit à l'époque, ils ont exprimé une grande compassion pour le monstre.

MM: Pensez-vous que c'est parce que la plupart de vos méchants ont été victimes de circonstances?

KARLOFF: Eh bien, je pense que la plupart sont méchants. . . même dans la vie réelle. Je pense que les gens se laisser prendre dans les choses comme elles se produisent.

MM: Vous avez travaillé dans des films mais aussi au théâtre. . .

KARLOFF: Oh oui, j'ai commencé dans le théâtre, j'avais dix ans quand j’ai débuté au théâtre.

MM: Lequel préférez-vous?

KARLOFF: Le théâtre c'est en direct, c'est immédiat et c'est dans la continuité.

C'est un travail beaucoup plus difficile que les films et beaucoup plus difficile parce que les films ne sont pas tournés dans la continuité. . . ils sont répartis sur un temps si long.

MM: Quel genre de films allez-vous voir ?

KARLOFF: Je ne vais pas beaucoup au cinéma.

MM: Qu'en est-il de FRANKENSTEIN pour vous, le rôle qui a tout déclenché?

KARLOFF: À bien des égards ce fut la première fois que l’on montrait un monstre dans un film. Depuis puis, bien sûr, une grande variété de toutes les tailles et formes de créations ont vacillé, ont rampé ou sauté sur l'écran. Un nombre

étonnant de diaboliques médecins ou de professeurs leur ont donné la vie. Il est vrai qu'il y avait eu des films d'horreur à l’époque des films muets. Lon Chaney

Sr. a joué plus d'une créature fantastique. Et l'année précédente Lugosi avait apporté au comte Dracula la vie. Mais aucun de ces films n’ont été si largement imité et copié que FRANKENSTEIN.

James Whale :

Le 29 mai 1957, James Whale est retrouvé mort, le visage entièrement fracassé contre le bord de sa piscine. Un suicide d’autant plus curieux que le père de la

Fiancée de Frankenstein s’est toujours montré intéressé par les personnages défigurés et la question de la monstruosité.

C’est au plus fort de sa carrière que James Whale a subitement décidé d’arrêter de faire du cinéma. En 1941, il quitte l’industrie hollywoodienne pour se consacrer

à sa première passion : la peinture. En effet, cet anglais né en 1896, a débuté en tant que dessinateur humoristique avant d’être mobilisé pendant la première guerre mondiale. Cherchant à tromper son ennui dans le camp de prisonnier où il est enfermé, il s’essaye à la comédie. Après l’armistice, il devient acteur professionnel puis enchaîne les boulots de décorateur, de régisseur. C’est en tant que producteur qu’en 1928 il remporte son premier véritable succès avec La Fin du Voyage dont il signe également les décors et la mise en scène. La pièce fait un triomphe et se voit même montée à Broadway. C’est ici que débute une des carrières les plus courtes, les plus prestigieuses et les plus saugrenues de l’histoire d’Hollywood.

Il participe au tournage de Les Anges de L’Enfer, le fameux film d’aviation d’Howard Hugues. Frankenstein est son premier grand succès et marque les débuts de sa collaboration avec Carl Lemmle Jr qui dirige la Universal. Le film comporte déjà l’un des grands thèmes de son œuvre à venir : la monstruosité. La créature, campée pour l’éternité par Boris Karloff, est victime du regard des hommes. Elle se défend contre eux et finit par commettre l’irréparable.

Personne ne peut soutenir de la dévisager et la créature souffre de sa solitude.

James Whale pose dans ce film les clés du succès de ses films : efficacité d’un récit mené tambour battant, incroyable utilisation des effets spéciaux, partis pris expressionnistes et solide dosage d’humour et d’émotion pure.

Une fois n’est pas coutume, La Fiancée de Frankenstein est supérieur au premier volet. D’abord baptisé Le Retour de Frankenstein, Whale réussit à changer le titre de cette suite qui s’offre comme une parodie de l’original. Au début du film, les Shelley et Byron devisent sur le romantisme et résument en quelques plans l’intrigue du premier. Whale s’amuse de la bêtise humaine en caricaturant la réaction des hommes qui approchent la créature. Les séquences chaleureuses avec l’ermite aveugle sont restées célèbres ainsi que le final avec Elsa Lancaster dans le rôle titre. Le film est parcouru de plusieurs scènes de lynchage au cours desquelles la créature est poursuivie par des assaillants assoiffés de vengeance dans des décors encore plus expressionnistes que dans le premier volet. Le film présente également un personnage fantastique : le docteur Pretorius qui, grâce à des germes, fait pousser des homoncules qu’il élève sous des cloches. Les trucages sont encore d’une force incroyable. Mais c’est surtout dans L’Homme

Invisible que Whale et son chargé des effets spéciaux, John P. Fulton, vont faire la démonstration de leur génial savoir faire. Dépourvue d’happy end, son adaptation du roman d’H.G Welles est beaucoup plus sombre comme l’avait demandé Whale qui n’appréciait pas le remodelage fait à L’Île du Docteur

Moreau. D’abord pressenti pour Karloff, le rôle de Jack Griffin échut à Claude

Rains, un acteur britannique, inconnu du grand public et qui s’évertuait depuis plusieurs années à percer à Hollywood. Bien qu’il le jugeât toujours mauvais comédien, Whale lui confia le rôle quand il entendit sa voix perçante. Comme il est souvent invisible, il fallait effectivement trouver un timbre marquant pour interpréter ce scientifique dont la drogue qu’il s’administre le rend de plus en plus mégalomane. Whale et Fulton recouvrirent certaines parties invisibles du corps de leur comédien de velours noir puis les photographièrent sur un décor de la même étoffe. Pour la fameuse séquence au cours de laquelle Griffin retire ses bandages, il fallut tourner la même scène selon quatre angles différents puis les monter ensemble.

Ces trois films considérés comme ses œuvres les plus marquantes entretiennent de fortes similitudes, autant dans leurs récits que dans leurs thèmes. L’Homme

Invisible comme Frankenstein racontent la disparition d’un scientifique qui découvre un secret fabuleux. Dans les deux cas, ces mégalomanes deviennent les victimes du mauvais usage de leurs découvertes et leurs fiancées ne savent pas ce qui se passe et s’inquiètent pour eux. Si les deux Frankenstein parlent explicitement du regard d’autrui, L’homme Invisible peut être considéré comme le versant le plus terrifiant du problème. Griffin s’enivre de son pouvoir et en profite pour faire dérayer des trains et commettre des exactions. Il veut dominer le monde. Whale a filmé le désir des freaks d’échapper au regard des autres comme dans La Maison des Morts où, également, le domestique apparait défiguré. Notoirement connu pour son homosexualité dans la puritaine industrie hollywoodienne, on peut s’interroger sur ses préoccupations à vouloir poursuivre son œuvre sans être jugé pour ses tendances alors peu admises. On a souvent rapporté que sa mauvaise réputation sexuelle lui avait coûté sa carrière. C’est oublier qu’en 1937, après le succès de Showboat, une comédie musicale avec

Irene Dunne, il eut de sérieux démêlés avec la Universal qui mutila Après, un pamphlet inspiré d’un roman de Erich Maria Remarque contre la grande guerre et ses conséquences en Allemagne. Le film manqua en particulier d’être détruit à cause de pressions exercées par l’Allemagne Nazie. Il fut finalement achevé par

Ted Slowman qui y ajouta une note comique. Mais cette douloureuse expérience semble avoir définitivement écœuré Whale du cinéma. Le Port Des Sept Mers est une curieuse adaptation du Fanny de Pagnol avec Wallace Beery. Avant de se retirer, il signe deux grands films d’aventure : L’Homme Au Masque de Fer et

L’Enfer Vert, tous deux avec Joan Bennett. Durant la dernière partie de sa vie, il met en scène quelques pièces de théâtre à Santa Monica et à Broadway. Il finit par se replier sur lui-même, acceptant de temps en temps la visite de vieux camarades. Son suicide brutal alimenta les cancans et les fabulations les plus extravagantes. Il inspira bien plus tard un ouvrage puis un film anglais, Des

Démons et des Dieux avec Ian McKellen. On s’y interroge longuement sur cette curieuse phrase prononcée par la créature de Frankenstein et qui trouve

évidemment des échos dans les circonstances tragiques de sa disparition prématurée : « J’aime les morts et déteste les vivants. »

Tod Browning :

Charles Albert (dit Tod) Browning naît le 12 juillet 1882 à Louisville dans le

Kentucky. Agé de 16 ans, suivant peut-être une jeune danseuse, il fugue de chez ses parents pour travailler dans le monde du cirque qu’il ne quittera qu’à 30 ans .

Il travaille comme écuyer, contorsionniste, bonimenteur dans un spectacle intitulé " L’Homme sauvage de Bornéo " ou clown (il met en place un numéro intitulé Mutt and Jeff) et connaît un succès international au côté de Roy Jones en tant que " The Lizard and the Coon "(" Le Lézard et le Raton-Laveur ").

Il intègre ensuite une troupe de théâtre dénommée " World of Mirth "(" Le

Monde de la joie ") ; c’est ainsi qu’il se met à côtoyer le monde des comédiens et qu’il rencontre puis épouse le 9 juin 1911 l’actrice Alice Lillian Houghton. En 1912, ils s’installent à New York où Tod est engagé par les studios de la Biograph. En

1913, obtient un rôle à Brooklyn dans The Whirl of mirth. Il multiplie les petits cachets au théâtre et au cinéma comme comédien ou assistant avant d’être remarqué par Griffith. Celui-ci, après lui avoir confié le rôle d'un entrepreneur des pompes funèbres dans Scenting a terrible crime pour la Biograph, lui propose de le suivre à Hollywood où il vient de signer un contrat comme producteur avec la "Reliance and Majestic Movie". En 1914, Browning emménage donc à Los

Angeles et est engagé comme acteur par la "Reliance Majestic" notamment pour

An Exciting courtship et The Whild girl. En novembre 1914, il tourne sous la

direction de Griffith dans The Mother and the law (La Mère et la loi) qui ne sortira qu’en 1919, mais dont une grande partie sera intégrée dans l’histoire moderne d’Intolerance ; il apparaît donc dans ces deux films au volant de la voiture qui permet au jeune homme de rattraper le train du gouverneur. Dans les années 1915-1916, il commence à réaliser des cours métrages dont certain sont remarqué, tel The Fatal glass of beer dont Clyde Bruckman fera un remake parlant en 1933.

En 1915, ayant trop bu comme cela lui arrive souvent, il est à l’origine d’un accident sur une route de la côte Pacifique ; son passager l’acteur William Elmer

Booth y trouve la mort. Tod est gravement blessé, il entre dans une longue convalescence durant laquelle va débuter sa carrière de scénariste. C’est à ce moment qu’il écrit entre autres The Mystery of the leaping fish (L’Enigme du poisson volant) qui sera tournée un an plus tard par Emerson et interprété par

Douglas Fairbanks, ainsi qu’ Atta boy’s last race qui sera lui aussi tourné en 1916, par Siegmann et interprété par Dorothy Gish pour les " Fines Arts Studio ".

En 1916, D.W. Griffith le prend ainsi que Van Dyke et Stroheim comme assistant sur le tournage d’Intolerance ; Browning sera chargé de la partie moderne du film. L’année suivante il coréalisera avec Wilfred Lucas son premier long métrage, Jim Bludso adapté d’un roman à succès de l’époque. Ici encore, c’est

Griffith par l’intermédiaire de sa société de production " Fine Arts Triangle "

(Griffith, Sennett et Ince) qui donne une nouvelle impulsion à la carrière de

Browning. A ses débuts, Tod met principalement en scène des comédies sentimentales comme A love sublime, Hands up !, Peggy, the will o’the wisp, ou

Which woman.

En 1919,pour tourner The Wicked darling (Fleur sans tache) il engage Priscillia

Dean et Alonso dit " Lon " Chaney c’est le début d’une collaboration de quatre ans

avec l’actrice et, avec l’acteur, d’une longue amitié qui sera ponctuée de dix films entre 1919 et 1929. Mais c’est avec The Virgin of Stamboul, en 1920, qu’il connaît son premier grand succès ; succès qui sera dès l’année suivante supplanté par celui d’Outside the law, l’un des tout premiers films de gangsters dont l’accueil du public le pousse à en faire une version sonore en 1930.

En 1922 hélas, tout bascule, sa femme le quitte, il sombre dans l'alcoolisme et l'Universal rompt son contrat. En 1923, il tente de remonter la pente en mettant

à nouveau en scène un film de gangsters White Tiger, avec l'éternel Priscillia

Dean comme tête d’affiche, mais le résultat est moins heureux que pour ses précédents longs métrages.

En décembre 1925, lors de la sortie de The Unholy three, Tod Browning se confira au "Picture play magazine" sur ces sombres années 1922-23. En voici quelques extraits:

"Je crois que la vérité doit être racontée, même si le fait de confesser ses propres défauts peut heurter la vanité d'un homme. […]

Il y a deux ans, je me suis effondré. Parmi les facteurs qui y contribuèrent, il y avait mon caractère, mes impulsions, le fait de vouloir suivre ma voie, mon entêtement. […]

J'avais la réputation d'avoir l'esprit de contradiction, d'être bizarre et peu sûr.

Des rumeurs, qui affirmaient que j'avais de mauvaises habitudes, coururent sur moi, et laissez-moi vous le dire, elles étaient vraies ! Il n'est pas facile de dire ces choses sur moi, mais ma femme m'a enseigné à regarder les faits en face, au lieu de les éviter. Pendant deux ans, je ne pouvais pas trouver de travail.

Personne ne voulait investir de l'argent sur un film où j'aurais été au mégaphone.

Quand on est au plus bas, il est très difficile de retourner travailler ou de convaincre les personnes qui ont en mains le pouvoir […]

Tout à coup, j'en eu assez du cinéma, du travail, des gens, de la vie, de tout…et surtout de moi-même. Ce qui m'arrivait ne m'intéressait pas. Je me laissais aller

à la dérive sans avoir aucun intérêt pour ce qui m'arrivait. Une fois, je suis resté enfermé chez moi, tout seul, pendant trois semaines, avec peu de nourriture, j'étais prisonnier d'une haine envers moi-même. Parfois, j'écrivais fébrilement ces mélodrames que j'avais toujours voulu écrire, avec des personnages étranges dans des situations inhabituelles. Puis dans un moment de rejet, je les jetais à la corbeille. Ma femme était simplement partie, naturellement. Seulement maintenant, je comprends, en partie, combien profondément j'avais dû la toucher. C'était trop à supporter pour une femme sensible et bien élevée. Je croyais qu'elle m'avait quittée et cela faisait grandir mon amertume. Mais maintenant, je comprends pourquoi elle l'a fait. […]

Elle savait, ma sage Alice, que la seule façon de me sauver était d'attendre et d'espérer que l'envie de faire des choses justes me reprenne à nouveau. Elle a peut-être prié. Je l'ignore. C'est probable. Je l'ai fait une fois. La nuit où j'ais compris à quel point j'étais ridicule. […]

Une nuit, je me suis rendu compte, tout à coup, que je désirais vraiment la présence d'Alice. J'ai sorti une bouteille de whisky et j'étais en train de le verser dans un verre quand j'ais compris: il ne faut pas t'étonner si Alice t'as laissé tomber. J'ai jeté la bouteille contre le radiateur, en la réduisant en mille morceaux; j'ai dit une brève prière: "Dieu, aide-moi à me remettre sur pieds!", et j'ai fait demi-tour pour aller me coucher. Cela ressemble à la scène d'un vieux mélodrame, mais c'est vraiment ce qui m'est arrivé. C'était le début de ce que je pourrais appeler la régénération d'un homme. […]

Bien qu'elle ne voulait pas revenir chez moi, elle m'a permis de l'appeler pour la voir et l'amener au cinéma. Je n'étais pas tout à fait mal en point et je me suis remis sur pied pour la courtiser à nouveau. J'en étais vraiment convaincu. Alice le comprenait par intuition: j'étais le jeune garçon qui est en chaque adulte, et qui nous fait aimer la dramatisation des émotions. J'étais anxieux de voir notre rapport recommencer, j'étais harcelé par des remords cuisants, je jurais d'y remédier, en soulignant mon humilité et mes erreurs. Mes problèmes assumaient

à mes yeux les dimensions d'une tragédie. Toutes les personnes qui travaillaient dans le monde de la fiction sont dans leur subconscient des acteurs. J'étais sincère, croyez-moi, mais prouver les choses de façon exagérément dramatique me stimulait. […]

Quand je me suis convaincu que je voulais à nouveau faire le bien, elle est revenue chez moi. Je devais mettre de côté ma réputation d'indépendance.

Finalement Ernie Fineman a parié sur moi et m'a laissé réaliser deux films avec

Evelyn Brent. C'était beau de retourner travailler! J'ai bûché comme une mule, et dès que la rumeur, que j'étais à nouveau en forme, s'est répandue, j'ai senti un changement graduel dans les attitudes de mes amis par rapport à moi. Mais c'étais toujours dur. Je devais combattre avec ma disposition perverse, ma tendance à me mettre en colère, à ne jamais être d'accord. Je devais soumettre mon esprit hargneux, afin de devenir calme et coopératif. Mais j'y ai réussi. J'ai maîtrisé ma langue et ainsi j'ai réussi à contrôler mon caractère. […] (Traduit de l'anglais par Gabrielle Lucantonio)

1925 marque un nouveau tournant dans la carrière de Tod, par l'intermédiaire de sa femme qui lui présente Irving Thalberg, il rentre à la M.G.M. avec un salaire de 6.500 $ et y tourne The Unholy three (Le Club des trois) avec Lon Chaney,

Harry Earles et Victor Mac Laglen. Ce Club des trois est un petit groupe de cambrioleurs dans lequel Chaney est ventriloque et se travesti en vielle dame.

Quant à l’ami de Tod, le nain Kurt Schneider alias Harry Earles, il se déguise en bébé afin de mieux repérer les lieux de leurs futurs méfaits. Le film, dont

Browning c’était vu refuser la production pendant plusieurs années, rencontre un immense succès auprès du public ; le réalisateur, supporté par le jeune producteur Irving Thalberg, va donc pouvoir laisser libre cour à sa fantaisie.

La M.G.M. lui laisse de grandes marges de manœuvre, lui octroie des budgets et un salaire conséquent (45.000 $ pour West of Zanzibar) ; en découleront durant les années suivantes certains des meilleurs films de sa carrière, grâce notamment aux performances d’acteur de Lon Chaney, ainsi The Black-bird et

The Road to Mandalay en 1926, The Unknown et London after midnight en 1927,

West of Zanzibar en 1928 marqueront l’âge d’or de la combinaison Browning -

Chaney dans laquelle les idées les plus surprenantes du réalisateur trouveront un

écho positif dans la volonté de l’acteur de s’investir toujours plus physiquement dans les rôles.

Pour tourner la version parlante de Outside the law en 1930 et Dracula en 1931, celui que l’on surnomme déjà " l’Edgar Poe du cinéma " quitte la M.G.M. pour l’Universal. Avant que Lon Chaney ne tombe gravement malade, rendu muet par un cancer du larynx et ne meure le 26 août 1930, c’est lui que Browning prévoyait dans les rôles principaux de ces deux films. Pour l’adaptation du roman de Bram

Stoker, Tod va donc se tourner vers Bela Lugosi, qui a déjà tourné dans son premier film parlant : The Thirteenth chair en 1929 et qui interprète le comte

Dracula au théâtre. Bela s’intègre rapidement à l’univers fantastique de

Browning, il va même s’identifier à l’extrême à son personnage, d’abord par envie de se faire de la publicité puis de plus en plus par folie, au point, selon la légende de dormir dans un cercueil jusqu’à la fin de ses jours. Lugosi, resté théâtral dans son jeu, n’était certes pas le plus grand des acteurs au cinéma, et son travail avec Browning n’atteindra en rien le niveau de celui de Chaney mais son physique

et son accent hongrois ont donné corps au personnage de Dracula. Aussi Tod

Browning fait naturellement appel à lui quatre ans plus tard pour tourner un film

à la fois policier et vampirique intitulé Mark of the vampire (La Marque du vampire) dans lequel il démonte la mécanique du fantastique en nous apprenant que ceux que l’on prenait pour des vampires n’étaient en fait que des acteurs payés par la police pour démasquer un meurtrier ; trame que le réalisateur tire de son roman " The Hypnotist " et qu’il a déjà utilisé en 1927 dans London after midnight.

Après The Iron man, tourné à l’Universal en 1931, Browning retourne à la M.G.M. où Thalberg lui demande de réaliser un film plus horrible que Dracula ou que le

Frankenstein de James Whale. On ignore qui de Browning ou de Thalberg proposa l’idée d’une adaptation à partir du roman " Spurs " de Tod Robbins. Le film qui en résulte, Freaks dépasse tout ce que la M.G.M. avait imaginé et le public lui réserve un accueil glacial.

Le film se voit même interdit en Grande Bretagne ainsi que dans de nombreux

états aux USA . Il ne sera reconnu en France que grâce aux critiques de la "

Nouvelle Vague " à sa réédition en 1962. Cet échec met Browning dans une situation économique difficile et freine l’enthousiasme de la M.G.M. qui y a perdu près de 164.000 dollars ; il ne tournera plus que quatre films entre 1933 et 1939.

Ainsi ses relations de plus en plus tendues avec la firme sont illustrées par l’anecdote suivante conté par William Faulkner: en 1933, alors qu’il avait été engagé comme dialoguiste et que les préparatif du tournage avait lieu à la

Nouvelle-Orléans, Faulkner reçut le télégramme " Faulkner est congédié. Studios

MGM. ". Il court aussitôt demander des explications au directeur, Tod Browning.

Celui-ci surpris, rassure Faulkner et lui promet que les studios devront s’expliquer. A ce moment, un autre télégramme arrive avec le message " Browning est congédié. Studios MGM. ". Le film ne verra jamais le jour. Parmi ses derniers

films, The Devil doll sortit en 1936 rencontre à nouveau le public, les effets spéciaux sont extrêmement réussis pour l’époque, la technique de réduction sera d’ailleurs reprise en 1957 dans The Incredible shrinking man (L’Homme qui rétrécit) de Jack Arnold. Browning y dirige Lionel Barrymore qui, évadé du bagne se déguise en vielle femme et se venge en rétrécissant ses anciens associés grâce à la découverte de Marcel, son compagnon d’évasion chimiste. Le scénario adapté du roman " Burn, Witch, Burn " d’A. Merritt est co-signé par Eric von

Stroheim.

En 1937, Irving Thalberg disparaît, laissant Browning sans soutient au sein de la

M.G.M..Tod tournera un dernier film en 1939 : Miracles for sale, littéralement " miracles à vendre " ; avant de se retirer à Malibu Beach où sa femme, Alice, meurt en 1944 et où il finira sa vie, loin du milieu hollywoodien. Il reçoit pourtant en 1948, un Oscar pour l’ensemble de sa carrière. Il meurt le 6 octobre 1962, probablement d’un cancer.

Tod Browning a toujours manifesté une imagination fabuleuse doublée d’un humour noir et cynique vis à vis du monde qui l’entoure comme de ses propres créations. Il dénonce une société où les hommes sont des pantins (comme dans

Les Poupées du diable ou comme Hans manipulé par Cléopatre dans Freaks), où l’apparence est maîtresse et dans laquelle rien n’est aussi simple qu’on le croit.

Bela Lugosi Jr parle de son père

Bela Lugosi est Dracula. Mon père, Bela Lugosi, a créé son rôle a apposé sa signature du comte sophistiqué sur la scène de Broadway, qu'il a ensuite transporté à Universal Studios dans le film d’horreur devenu un classique en 1931

Dracula. Il a ainsi joué un rôle central dans la mythologie moderne et riche de la légende de Dracula dont la popularité continue encore aujourd’hui.

Selon un article de Newsweek en 2005, il y avait 2,85 millions citations internet sur une recherche dans Google pour Dracula: il y a eu 167 Dracula (ou ses dérivés); 7 séries de films de télévision et une série. Il n'est que juste de confirmer que l'homme à jamais associé à Dracula est en fait né près de la frontière ouest de la Transylvanie en 1882, non loin de la maison légendaire du comte dans les Carpates. Élevé dans la ville de Lugos, un nom qu'il allait plus tard adopter comme le sien, mon père était le plus jeune de quatre enfants. Il a grandi préférant travailler que son travail scolaire, à la grande consternation de son père, un homme d'affaires stricte. Cependant, sa volonté de travailler s'est avéré plus fort que ses liens familiaux ou sa scolarité, et à l'âge de douze ans, il a quitté la maison pour poursuivre sa carrière d'acteur. Au début des années

1900, mon père était un acteur établi en Hongrie et il était devenu un acteur connu dans le théâtre hongrois. Il part en tournée avec le Théâtre National de

Budapest où il a été très apprécié pour sa polyvalence. Voici l'homme qui allait devenir connu pour son rôle en tant que disciple des démons et qui a également

été annoncé pour jouer le rôle parmi d'autres de Jésus-Christ. Bien que les acteurs étaient exemptés du service militaire, papa a quitté le théâtre et s’est engagé pour le service par patriotisme. Il a été promu au grade de capitaine dans la patrouille de ski au cours de la Première Guerre mondiale, a été blessé sur le front russe, et a reçu l'équivalent de la Purple Heart. La fin de la guerre a été suivie par la révolution hongroise de 1919. Papa, qui avait joué un rôle actif pour le compte du syndicat des acteurs, se trouvait du mauvais côté du parti au pouvoir et a été contraint de fuir le pays. Il se rendit à Vienne, puis en l'Allemagne, où il a poursuivi sa carrière d'acteur. Toujours poursuivi, papa trouve un passage sûr vers les États-Unis à bord d'un navire marchand en tant que membre d'équipage. Il a débarqué à la Nouvelle-Orléans et se risqua à New

York où il est ensuite allé à Ellis Island et c’est ainsi qu’il est devenu citoyen américain. Avec toujours l'intention de jouer, il trouve sa chance dans le théâtre américain. Son premier rôle anglophone, The Red Poppy, lui apporta des critiques

élogieuses. À l'insu des examinateurs à l'époque, mon père avait mémorisé toute la partie phonétique, une tâche étonnant en soi. Dans les années vingt, il a travaillé dans les domaines du théâtre et du cinéma et gagne une réputation pour sa polyvalence. Il a joué des rôles du théâtre classique en Europe et en

Amérique, y compris tout Shakespeare et des rôles romantiques. En 1927 il débarque dans le rôle principal dela production de Broadway qui n’est autre que

Dracula. Le spectacle a duré 500 représentations et a été suivie de deux années de tournées. En 1927, mon père avait déménagé à Hollywood. En raison de la mort d'un autre grand acteur des films d’horreur d’Hollywood, Lon Chaney, Bela

Lugosi a ensuite été choisi pour le rôle-titre de Dracula dans la version de 1931 de Universal. C'était sa performance dans The Thirteenth qui l'a amené à ce que

Universal Studios y prête attention. Sa cape du film est toujours parmi les

archives de la famille. Pendant des années, par la suite, il a fait des apparitions personnelles et a joué le rôle sur scène. Il a été présenté comme Dracula lui- même. En 1931, la plupart des gens ne savent pas que les vampires étaient immortels sauf que vous pouviez les tuer avec un pieu de bois dans le cœur, ils sont repoussés par un rayon de soleil, une pointe d'ail ou un crucifix; ils ne projettent aucune ombre ou de reflet dans un miroir, ils vaquent à la nuit avec des chauves-souris ou des loups, et ils boivent du sang et transforme leurs victimes en vampire. Il était la personnification du mauvais dans des films sombres. Avec le succès mondial de Dracula, Universal Studios avaient trouvé leur nouvelle star de l’horreur. Papa a fait équipe avec l'acteur Boris Karloff et a

été adopté par les États-Unis comme le Monster Man favori. Bien que papa avait envie de se détacher de ce genre de rôles il ne le sera jamais. Il a continué à jouer des rôles d'horreur, y compris dans Fils de Frankenstein (1939); dans

Murders In The Rue Morgue (1932); dans White Zombie (1932), et dans Îsland of the Lost Souls (1933). Toujours en 1943, Papa a notamment joué le monstre de Frankenstein dans Frankenstein Meets the Wolfman. Ironiquement, en 1931,

Boris Karloff a créé le rôle de Frankenstein seulement après que mon père ait refusé le rôle parce qu'il n'avait pas de lignes de dialogue. Son influence s'étend sur tous les vampires film suivant. Ses cheveux lissés, le visage rasé de près et beau, les yeux brûlants et les manières courtoises sont toujours restés dans les interprétations de Dracula pour toujours. Le film Dracula de 1931 a fait de Bela

Lugosi la star de l’horreur dès le premier film mais aussi l'un des personnages les plus copiés dans l'histoire du cinéma. Son visage et son caractère sont désormais indissociables. Sur une note personnelle, il est difficile pour moi de croire que papa est parti depuis cinquante ans. Ma mémoire est encore très claire du son de sa voix, le regard de ses yeux, sa longue foulée quand il marchait, son intérêt pour moi, et l'ampleur de son exaltation, la dépression, la joie et la tristesse. Les gens le reconnaissaient, même en marchant dans une rue

sombre, juste par le son de sa voix. Même en tant que jeune, j'ai senti que mon père était tout sauf un homme ordinaire. On m'a souvent demandé de décrire mon père dans la réalité, mais cela est impossible parce qu'il était une personnalité complexe: diable, ange, roi, pauvre, activiste politique et humanitaire, homme sage, et, surtout, un homme qui aimait la vie. Il a mis une touche personnelle à tout ce qu'il faisait de la cuisson d'un rôti de bœuf à jouer un personnage sur scène. Je me souviens d'autres caractéristiques concernant papa. Ses mains et ses mouvements étaient fascinants à regarder car il faisait tout avec tant de grâce, comme s'il s'agissait d'un rituel. Ses yeux étaient tout ce qu'il fallait utiliser lorsque j’avais fait une bêtise. il se contentait de me regarder, et il me faisait peur. J'ai passé beaucoup de temps avec mon père quand je suis arrivé début de mon adolescence, mais il avait alors déjà soixante- huit ans. J'ai réalisé qu'il n'avait plus la capacité de faire des choses avec moi qu’un jeune père aurait pu, mais il compensait en me donnant quelque chose qu'un homme de son âge pouvait offrir: un point de vue plus expérimenté sur la vie. Il n'était pas le genre de personne à se vanter de son passé. Comme un jeune adolescent, je me souviens qu'il m'a dit, que je devrais mettre mes vues sur certains objectifs et ensuite poursuivre ces objectifs sans relâche jusqu'à ce que je les ai atteint. Nous n'avons pas eu vraiment de conversation père-fils mais une fois il m'a parlé de l'époque où il luttait pour devenir une star en

Europe. Il sentait que son manque d'éducation était un handicap pour parler aux gens plus instruits. Il a décidé qu'il devrait tout lire, de la science à la religion de la musique à la politique, afin qu'il puisse parler leur langue. Il voulait être un généraliste qui pourrait parler intelligemment d’une grande variété de choses et c’est ce qu'il a fait tous les jours de sa vie jusqu'à sa mort. Je pense qu'il voulait que son fils soit un réalisateur.Mes premiers souvenirs précis sont « la maison

Dracula » sur Whipple Street à North Hollywood, où j'ai passé une partie de mon enfance. C'était une maison parfaite pour un petit garçon. Elle était entourée

d'une haute clôture, de grands arbres, arbustes et dans la cour il y avait des chemins des étangs, et beaucoup d'endroits pour qu’un garçon puisse faire des bêtises. A l'intérieur, il y avait de grands fauteuils en cuir confortables et un lit double recouvert d'un tapis persan su lequel j'ai aimé sauter. Il était un artiste captivant, comme je l'ai découvert quand j'étais plus âgé, et il a toujours réussi à

être le centre d'attention, Quand j'étais plus âgé, j'ai aimé regarder les réactions des gens autour de lui parce qu’ il était un homme avec du charisme, un magnétisme personnel. Quand il entrait dans une pièce, tout le monde tournait la tête. Pendant les étés quand j'étais au lycée militaire j'ai vécu avec mes grands- parents. Avec mes grands-parents, j'ai eu un avant-goût d'une façon plus

économe de la vie. Alors que mon père m'avait appris très bien comment dépenser mes grands-parents m’ont appris l'autre extrémité. Ils m'ont enseigné des leçons pratiques, inculqué des valeurs morales, et m'ont ramené à la réalité.

Le divorce a été catastrophique à mon esprit pour mon père, et il ne s'est jamais remis de ce traumatisme. Les choses qui ont donné beaucoup de bonheur à papa

étaient d’être en famille et avec des amis, avoir une bonne conversation, la lecture d'un script, et profiter de la bonne nourriture, du vin, de la musique et la danse. Il a particulièrement aimé écouter de la musique tzigane hongroise et de discuter de l'actualité avec ses amis hongrois. Nous avons discuté de son travail, mais pas souvent. Il m'a montré comment il préparait ses rôles. Un de mes meilleurs souvenirs est le temps qu'il m'a fallu pour regarder le tournage du film et Abbott Costello Rencontre Frankenstein. Il semblait très heureux de me voir là-bas. Tout le monde traitait Papa avec une grande déférence dès qu’il était présent.

Bela Lugosi, un pionnier dans le cinéma américain et une légende des rôles d'horreur est décédé à l'âge de 73 ans pendant l'été 1956, et a été enterré dignement dans une de ses capes de Dracula.

Souvenirs de Roy William Neil

J'ai rencontré le réalisateur Roy William Neill en 1944 quand mon père, l'acteur

Dennis Hoey, m’a fait avec un ami à Universal Studios dans la vallée de San

Fernando visiter le plateau du film Sherlock Holmes La Perle de la Mort. C'était un samedi 15Avril,1944, j'avais neuf ans et j’étais terriblement excité, car je n'avais jamais mis les pieds dans un studio auparavant. Vous pouvez vous demander comment je peux me souvenir de la date exacte. Je ne pouvais pas, mais je l'ai retrouvé en examinant les registres de production de Universal

Pictures les films de Sherlock Holmes étant conservés dans les archives de l'Université de Californie du Sud à la Bibliothèque des arts cinématographique.

Depuis, j'ai lu qu’il manquait à Neill plusieurs doigts de sa main droite, mais je dois avouer que je n'avais pas fait attention à ce moment-là, j'étais trop occupé

à observer l'activité sur le plateau. J’ai commencé à apprécier le talent de Neill des années plus tard, alors que je travaillais dans l'industrie du film et que j’ai revisité tous les films de Sherlock Holmes émerveillé par sa contribution visuelle remarquable comme sur Frankenstein rencontre le Loup-garou (1943). En 1944, les studios Universal était d'environ de la moitié de la taille de ce qu'elle est aujourd'hui, mais il couvrait encore 230 hectares de collines. La porte principale

ouvrait sur une rue qui descendait du centre du terrain entre les plateaux de tournage, bungalows, bureaux, vestiaires, département maquillage. Sur ce samedi en particulier, Roy William Neill a travaillé sur la scène 14; La Perle de la mort avait été en production pendant quatre jours, et aujourd'hui, ils ont commencé plusieurs jours de travail sur le Musée royal de Regent c’était une refonte et le budget du directeur artistique a estimé le coût des travaux nécessaires à 2.285 $, avec une note afin de « s'efforcer de le maintenir à

2.000 $. »

Roy William Neill a accueillis chaleureusement mon père et me tendit la main quand mon père me présenta.

Ce fut une journée mémorable pour moi, voir Roy William Neill au travail m'a inculqué l'ambition de devenir réalisateur moi-même quand j'ai grandi - une ambition qu’un jour j’ai atteint. En fait, en 1986, j'ai dirigé une séquence de

Magic Blacke, une série télévisée d'un magicien et détective amateur mettant en vedette Hal Linden et Harry Morgan, Universal Studios Stage 28, le site à la fois d'Universal en 1925 et 1943 de Phantom of the Opéra. Les producteurs de l'émission ont été assez satisfait de mon travail et j'ai immédiatement signé pour diriger un autre épisode, donc je considère que le Stade Universal 28 a été un lieu de bonheur pour moi.

Il ya une grande part de mystère qui entoure la vie de Roy William Neill. Toutes les biographies publiées affirment que son lieu de naissance est l'Irlande. Un fichier à l'Académie Motion Picture Arts et des Sciences dit que son vrai nom

était Roland de Gostrie et que son lieu de naissance était Dublin, en Irlande. La meilleure recherche dans les dossiers révèle que son nom était en fait Roy

William Neill, qu'il est plus probable qu’il soit né à San Francisco le 4 Septembre

1887, et que le nom de son père était Robert Neill. Le père était en fait né en

Irlande et a immigré aux Etats-Unis en 1850, en s'établissant à San Francisco.

Gallinghouse réfute l'authenticité du nom de Gostrie, en déclarant: «Du point de vue généalogique , il n'a tout simplement été trouvé aucune trace d’un tel nom dans les registres. » Certaines histoires impliquent que Robert Neill était le capitaine d'un navire et le nom de son navire (sur lequel Neill a raconté y être né) est le Roland de Gostrie.

En 1922, Neill a demandé un passeport américain, jurant sous serment que son nom était Roy William Neill. Dans ce passeport, il a déclaré qu'il était né à San

Francisco en 1887.Il existe des preuves de son séjour à San Francisco autour de

1909 à 1910, son nom figurant dans le répertoire de la ville de San Francisco pour les deux années. Un livre publié en 1920, parle de sa carrière d'acteur au

Théâtre Alcazar de San Francisco. Le livre, Les Cent Premiers Hommes et

Femmes porter à l'écran par Carolyn Lowrey, comprend le nom de Neill avec des sommités du cinéma comme Douglas Fairbanks, Wallace Reid et Mary Pickford et

DW Griffith, Cecil B. DeMille, Marshall Neilan, et . Bien que

Lowrey écrit que R. William Neill (le nom qu'il utilisait pour diriger les 53 films muets entre 1917 et 1929) est né en Irlande, elle ajoute qu'il a étudié au Collège

Sainte-Marie à San Francisco.

Erle.C.Kenton

Les données disponibles sur lui suggèrent que Kenton se serait senti obligé de faire des films d'horreur uniquement parce que le studio lui avait dit de le faire, alors qu’il préfèrait faire des comédies. (Après tout, il avait commencé sa carrière en tant qu'acteur et gagman pour Mack Sennett et ses réalisations ultérieures dans ce domaine incluaient un film avec WC Fields et trois films qui ont contribué à établir Bud Abbott et Lou Costello comme de grandes vedettes.)

Il se trouve que l’un de ses meilleurs film d'horreur, Island of Lost Souls , fait que le film a un impact non pas parce qu'il est particulièrement horrible ( il ne l’est pas), mais parce que c'est souvent qu’il vacille au bord de la comédie. En effet, le film pourrait être considéré comme un prédécesseur de la Planète des

Singes qui étaient tout aussi efficace dans le mélange prodigieux drame/comédie impliquant des acteurs déguisés en animaux.

Mais Kenton, comme beaucoup de gens, avait des difficultés à s'entendre avec

Costello, donc il a été transféré à une autre série de films Universal, les films de

Frankenstein, qui étaient encore en cours de production uniquement parce que le studio s'est senti obligé de les faire. En effet, malgré le départ des talents qui ont fait leur succès artistique, le réalisateur James WHALE et la star Boris

Karloff , aucune société ne peut renoncer à une franchise qui est encore capable d'attirer le public, beaucoup d'écrivains comme Curt Siodmak ont dû faire des heures supplémentaires pour trouver des moyens de continuer cette histoire. Le premier de ces films est The Ghost of Frankenstein , il n'est pas entièrement impossible à regarder, malgré la performance inerte de Lon CHANEY Jr jouant le monstre de Frankenstein, Bela LUGOSI jouant effectivement sur le film, le rôle du bossu Igor avec une énergie comique qui à nouveau peut être attribuée à l'influence de Kenton. Par la suite Lugosi jouera le monstre dans le prochain film,

Frankenstein rencontre le Loup-garou (1943)-une corvée que Kenton évite, la série a perdu son dernier interprète intéressant, et les deux prochains films pratiquement emploieront des histoires alambiquées qui auraient pu être plus acceptable si on les avaient joué en comédie. Kenton se retrouve coincé avec des acteurs qui effectuaient uniquement parce qu'ils se sentaient obligés, avec des résultats terriblement prévisible, même si la Maison de Frankenstein comprend

Karloff dans un rôle de savant fou.

Kenton ne fera plus que quelques films mineurs, puis est passé à la réalisation d’épisodes de séries télévisées, et finalement prendra sa retraite en 1960.

Robert Florey

Il fut une influence importante chez Universal, Robert Florey a été l'un des scénaristes qui a travaillé avec James Whale sur Frankenstein (1931). Né à Paris en 1900, Florey a vécu quelque temps auprès de Georges Méliès , qui lui a fourni l'occasion d'observer le célèbre pionnier du cinéma au travail. Florey était obsédé par le cinéma dès son jeune âge, et à dix-sept ans il a commencé à écrire des critiques de films pour un journal de Genève. Puis il a travaillé dans l'industrie du cinéma suisse en tant que réalisateur, scénariste et acteur.

Florey est allé aux États-Unis juste avant son 21e anniversaire pour un reportage pour le magazine français Cinemagazine . Il est arrivé à Hollywood ne parlant pas anglais, mais a été immédiatement embauché comme conseiller technique pour un studio de tournage d'un mélodrame français en costume. En peu de temps, il

était devenu un écrivain et l'année suivante, il a été nommé directeur de la publicité à l'étranger pour Douglas Fairbanks Sr. Puis il est devenu assistant- réalisateur. On lui a donné sa première chance de diriger lorsqu’un réalisateur est tombé malade. Cette même année, il réalise son premier long-métrage complet, One Night of Love . Dans le même temps, il a commencé à faire des films fantastiques expérimentaux qui ont été fortement influencés par les films allemands de l'époque.

Après cela, il dirigera les Marx Brothers dans leur premier film Cocoanuts

(1929). En 1931, il a travaillé sur le scénario de Frankenstein et devait le diriger lui-même, mais ses deux bobines d'essai, avec Bela Lugosi comme Monstre, ont

été rejetées et la réalisation est allée à James Whale .

De plus en plus il est dit que la version Florey aurait été supérieur à celle de

Whale, mais il n'y a pas vraiment beaucoup de preuves à l'appui. Double assassinat dans la rue Morgue (1932), dont il hérite comme consolation de n’avoir pas été choisi pour Frankenstein est efficace, film d'horreur parfois impressionnant (il l’a tourné en seulement trois jours), mais il manque toutes ces touches audacieuses qui ont rendu les films d'horreur de Whale mémorable.

Florey a continué à réaliser des films pour la Warner Brothers et Paramount, mais les seuls films d'horreur qu'il a dirigé pour d'autres fut un film qui mettait en vedette Peter Lorre et l'intéressante La Bête à cinq doigts , en 1947, qu’à

également joué Peter Lorre (Florey a affirmé que le film fut amputé par Jack

Warner).

Florey a été l'un des premiers réalisateurs d'Hollywood à apprécier le potentiel de la télévision et plus tard il connaîtra une carrière réussie dans ce milieu. Son travail à la télévision comprenait deux épisodes de la série de Rod Serling The

Twilight Zone , "Rêver peut-être» (1959) et "La fièvre" (1960), et des épisodes de Alfred Hitchcock Presents (1961), The Outer Limits (1964), et une épisode avec Boris Karloff en 1962 intitulé «The Incredible Doktor Markesan."

George Waggner

George Waggner est né à New York City , il a fait ses débuts au cinéma en tant que Yousayef dans The Sheik (1921). Il a ensuite fait des apparitions dans des films occidentaux. Le premier film qu'il dirigea fut Western Trails (1938) et son film le plus connu reste sans doute en tant que réalisateur The Wolf Man (1941).

Dans les années 1960, il a réalisé des épisodes de la série télévisée Maverick ,

Batman , The Green Hornet , et The Man from UNCLE . Il a également dirigé

John Wayne et Oliver Hardy dans le Kentucky Fighting (1949), dans lequel sa fille, apparaîtra. Waggner voit sa carrière cinéma en baisse dans les années

1950, en raison de la popularité à la télévision , il travaillera à la télévision plusieurs années. Beaucoup de ses réalisation à la télévision, e Maverick Batman et "The Doctors" son nom se retrouve orthographié en tant que "George

Waggner." Il a également dirigé Nightmare Red , un film de propagande sur la guerre froide, film produit par le ministère de la Défense et narré par Jack

Webb .Waggner écrit le film Queen of the Yukon avec Jack London .

Sa femme était Danny Shannon. Le couple a eu un seul enfant, Shy, née en 1924, et deux petits-enfants, Sherry et Robert.

Souvenirs de Karl Freund

Karl W. Freund est né en Kôniginhof en Bohême le 16 Janvier 1890. Ses parents sont actuellement inconnus, mais le nom de jeune fille de sa mère était Hermann.

Son père est dit être "un homme d'affaires bien connu de cette ville."

À une certaine époque, Freund quitte son école militaire et s’inscrit à l'université en tant qu'étudiant d'art. Il a acheté une caméra pour l'aider dans ses cours de dessin, mais très vite la caméra est devenue son principal objectif.

Il fera de l’apprentissage dans une fabrique de caoutchouc puis il deviendra projectionniste en 1906. Après avoir fait des expériences dans la projection il photographiera son premier long métrage, Der Hauptmann von Köpenick , en

1907. Le film était un «travail de publicité" pour le roi de Serbie décrivant l'histoire de la dynastie serbe.

Karl est devenu un cameraman d'actualités Pathé en 1908. Tout en travaillant chez Pathé en 1910, il est devenu le premier homme à prendre une caméra de cinéma dans les Balkans. Il passe les six prochaines années en tant que photographe d’actualités, jusqu'à ce qu'il rencontre une brève interruption avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Cependan à l'âge relativement

jeune de 24 ans, il sera déclaré inaptes au service militaire; 90 jours après son rappel, il devient civil à nouveau et revient travailler dans les films. Pour rester en dehors de l'armée permanente, Freund "mange beaucoup, boit deux litres de bière par jour. Mais il vit une grande partie de la guerre comme un homme d'actualités, de toute façon. "

Freund ouvre son propre laboratoire de traitement de film et a rejoint l'Universum Film Aktiengesellschaft (UFA) studio à Berlin en 1919.

Un jour, FW Murnau est venu au laboratoire de Freund à Berlin et lui a demandé s'il pouvait l'aider à faire son premier film. Le film devait être l'histoire de

Lucrèce Borgia. Murnau le réalisait, Robert Wiene l’avait écrit et produit avec

Conrad Viedt en vedette. Il s'agissait d'un film historique en trois partie, avec un épisode se déroulant dans l'Egypte ancienne, le second étant basé sur le roman de Victor Hugo " Lucrèce Borgia ", et le troisième épisode se déroule pendant la révolution russe de 1917. Le film est présumé perdu, un bref fragment du film de quelques mètres du premier épisode, a été récupéré et existe dans les archives du film Cinémathèque Française.

Der Januskopf (1920). Adaptation de "Dr Jekyll et Mr Hyde", réalisé par FW

Murnau et d'une apparition de Bela Lugosi, qui joue le majordome de Conrad

Veidt. Le film est sorti le 17 Septembre 1920 par la Société Lipow, c’est l'un des films perdus de Murnau. Le scénario a été écrit par Hans Janowitz, qui a collaboré avec Carl Mayer sur le scénario de "Le Cabinet du docteur Caligari»

(1919). Alors que le film lui-même ne survit pas, les scripts et les notes de production liées peuvent être reconstitués à partir de ces scripts et notes de production.

Freund émigrera aux Etats-Unis avec sa femme en 1929, où il a été employé par la société Technicolor pour aider sur le processus de la couleur. Peu après son

arrivée, il dira: "Je pense que cameraman est l'un des emplois les plus intéressants de toute l'industrie du cinéma. La chose la plus importante est d'attirer l'ambiance de la scène peut-être que ce ne sera qu'un gros plan sur les yeux de l'héroïne, mais ce moment sera peut être le plus important dans tout le film. Chaque scène séparée, chaque configuration, a un sens artistique.

Il signe un contrat avec Universal en 1930, là Karl Freund sera appelé pour photographier "Dracula" par Carl Laemmle Jr. Freund parlait encore mal l’anglais et de ce fait il était accompagné par un interprète en gants blancs. Freund enthousiaste présente ses croquis du château de Dracula au service artistique, mais ceux-ci ne correspondent pas à l'intérieur qu’ils avaient conçu. Le tournage débute le lundi 29Septembre, 1930. L’acteur David Manners se souviendra que le tournage de Dracula était «extrêmement désorganisé» et a affirmé que c’ était

Freund, le directeur de la photographie, et non le réalisateur Tod Browning, qui a réalisé, ou du moins toutes les scènes impliquant Manners. "Tod Browning était toujours sur le côté quelque part. Je me souviens avoir été dirigé par Karl

Freund. "De telles scènes compris la séquence salle de concert, plusieurs

épisodes dans le salon (y compris le bris de miroir), et la chasse et la destruction de Dracula sous Carfax Abbey. Manners a également affirmé que la direction de

Freund est venu par le biais de l'interprète avec des gants blancs dont le nom a

été apparemment perdu pour l'histoire. Alors que certains préfèrent la version espagnole, la prise de vue de Freund est supérieure de plusieurs façons.

Double assassinat dans la rue Morgue (1931). Freund a été le caméraman sur ce film du réalisateur Robert Florey, et Freund a enfin pu montrer son talent pour la composition et le travail expressionniste avec sa caméra mobile. Le film sera applaudit quand la caméra est placée en face de la jeune fille sur une balançoire et se déplace d'avant en arrière avec elle.

La Momie (1932). Naturellement Karl Freund voudra diriger et le studio lui devait une faveur. Ils lui ont donné trois semaines. Il est dit que Freund a débuté son travail le samedi et ils ont commencé à tourner le lundi. Afind'économiser sur le temps Freund filmait toutes les scènes de la momie avec Karloff en une journée.

David Skal voit ceci comme une occasion de Freund pour faire un remake de

Dracula. En effet, «pratiquement tous les éléments de l'intrigue ainsi que les artistes principaux (pour ne pas mentionner certains les accessoires et les décors) ont été recyclés. Le tournage a commencé en Septembre 1932. Dès le début, il y avait un différend entre Freund et le producteur Carl Laemmle Jr. sur la façon dont l'ouverture devait être filmée. Selon le producteur Richard

Gordon, "Karloff m'a dit que Laemmle Jr. et le réalisateur Karl Freund en était presque venus aux mains au cours de la séquence d'ouverture. Laemmle voulait une série de gros plans stylisés comme ceux que James Whale avait utilisé dans

Frankenstein. Heureusement Freund a prévalu et la séquence est l'une des plus vénérés des classiques de l'horreur. Dans une interview en 1950, Freund réfléchi sur le fait qu’il avait cessé de diriger «J'ai renoncé à diriger à cause de la routine des histoires. La caméra donne au moins une certaine latitude pour la créativité spéciale "Une autre interview plus tard le révélait être encore plus dédaigneux:". N'importe qui peut faire un bon gâteau s'il a les bons ingrédients.

Tout dépend de l'histoire, des acteurs et des circonstances.

Michael Curtiz

Curtiz a eu à travailler au sein de grandes orientations de la politique du studio sous la supervision d’Hal Wallis, le docteur X (1932). L'intrigue traite de l’enquête d’une journaliste, Lee Tracy, d'une série de meurtres au clair de lune, un toxicomane et une prostituée. La réalisation de Curtiz est exagérée, mais le film est vraiment effrayant et très animé, tout le film est aussi bon dans les tirages noir et blanc vu à la télévision que ceux en couleur. Docteur X n'en reste pas moins que Warner en acquis un bénéfice respectable et un excellent travail de Curtiz pour le studio. Sorti en Février 1933, Le Mystère du musée de cire porte des idées contenues dans le Mad Genius et X Docteur à son paroxysme rarement dépassé dans l'histoire du cinéma d'horreur. La toxicomanie, le cynisme et la défiguration mental et visuel ont été réunis dans l'histoire contemporaine du musée de New York- où le propriétaire joué par Lionel Atwill utilise des cadavres pour ses figures de cire du musée jusqu'à ce qu'il soit découvert par le journaliste Glenda Farrell tout en essayant de transformer son amie Fay Wray dans une figure de cire représentant Marie-Antoinette.

Bien que le mode du film d'horreur fut sur le déclin dans un marché américain qui

était tombé Le Mystère du musée de cire fait plus de deux fois aussi bien en

Europe que dans le États-Unis et réalisera un bénéfice de plus de 800.000 dollars. Michael Curtiz était l'un des meilleurs réalisateurs d'Hollywood de tous

les temps. Sa production prolifique pointe vers un talent des plus redoutables.

Par ailleurs, outre le fait qu'il a fait débuter David Niven et il a découvert John

Garfield et Doris Day, il a catapulté Errol Flynn et Olivia de Havilland à la célébrité dans Captain Blood et La Charge de la brigade légère , ainsi que guidée

James Cagney et Joan Crawford à leur Oscars pour Yankee Doodle Dandy et

Midlred Pierce. En outre, le grand nombre de genres différents, qu’il a dirigé - des biographies, des comédies, des mélodrames, des films d’horreurs, des comédies musicales, des films à suspense, des fresques religieuses, et les westerns - n'a jamais été égalé. Docteur X et Le Mystère du Musée de cire sont des grands classiques des films d'horreur, et son film d'horreur pure et simple

The Walking Dead , est bien supérieur à la moyenne.

Curtiz est mort du cancer en 1962. Le cancer avait été diagnostiqué six ou sept ans avant sa mort, mais le médecin de famille n'a pas voulu lui dire la vérité.

«Mike a découvert après être tombé quand il dirigeait son dernier film, The

Comancheros (1961), " a dit son beau-fils, John Meredyth Lucas. "Quand il a été radiographiés, l'os ressemblait à de la dentelle. C'était peut-être six mois ou un an avant sa mort. Lorsque Mike est allé chez le médecin et lui a demandé pourquoi il ne lui avait pas dit, le médecin a dit:« Combien de films avez-vous fait depuis votre opération ? Mike a dit: «Sept ou huit. «Combien pensez-vous que vous auriez en fait si je vous l’avais dit ? Et Mike a dit: «Vous avez raison».

Quand il est mort en 1962, Michael Curtiz était, selon la plupart des nécrologies, dans sa soixante douzième année. Il était peut-être plus âgé. "Mike ne voulait jamais nous dire son âge», dit son beau-fils. "Quand ils sont allés afin d’obtenir un passeport et que ma mère a vu l'âge de Mike, elle lui a dit que « tu es de dix ans plus jeune que moi. » Et Mike a dit: «Chérie, c'est simple. Tu mens. '" Au moment de mourir, il avait réalisé plus de 150 films.

June Lockhart raconte She Wolf to London

« J'ai été embauché pour She-Wolf of London après que j'ai quitté la MGM.

J'ai eu le rôle grâce à Jean Yarbrough, le directeur. Je ne me souviens pas comment je l'ai rencontré, mais j'avais déjà fait un court-métrage pour lui, c’était un film industriel ou quelque chose comme ça, et puis She-Wolf est arrivé et il me voulait pour le rôle. Ce qui était bien avec ce film, c'est que certaines des autres personnes qui s'y trouvaient, comme Dennis Hoey, Lloyd Corrigan, Eily

Malyon, Sara Haden et Frédéric Worlock, étaient tous des copains. J'ai une copie de mon contrat, je vois que nous [June et ses parents] vivaient sur Rexford

Drive à Beverly Hills quand j'ai fait le film. Et voici quelque chose de délicieux: Il y a une lettre de l'Office Breen, adressée à M. Ben Pivar, le producteur, et il dit:

«Nous avons lu le script en date du 19 Novembre 1945, pour votre projet de production de She-Wolf of London et nous sommes heureux d'annoncer que l'histoire de base semble se conformer aux dispositions du Code de la production. Nous attirons votre attention sur le les détails suivants: À la page

37, il n'y aura pas d’image possible de Phyllis en effet elle est représentée dans sa chemise de nuit A la page 52, dans le discours d'Hannah au bas de la page, s'il vous plaît supprimer ou modifier le mot 'impie . Page 99:. Dans le discours de

Martha, il serait bon d'éliminer les mots «Vos poignets,« car cela suggère une

méthode bien définie de suicide qui est certainement discutable sur l'écran

Notre jugement définitif, comme vous le savez, sera sur la base de notre examen une fois le film terminé. Cordialement, Joseph I. Breen. "

Je n'ai pas été sous contrat avec Universal, mon père devait sentir qu’un contrat avec Universal n'était pas la bonne façon de faire. Il a été toujours à l'affût pour moi. Le maquillage était comme si Lana Turner l’avait porter; ils ont essayé de me faire passer très adulte sophistiqué et glamour, ce qui n'était pas ce que j’étais à ce moment-là. J'avais 20 ans, une très jeune de 20 ans. Tout à fait inexpérimenté, à l'époque, toute ma vie, c'était le sport. Etre en place à Lake

Arrowhead dans mon bateau à moteur, faire du ski nautique, de la natation, du tennis et tout ce qu’on pouvait faire à ce moment-là.

Le dernier jour de tournage qui tombait le 21 Décembre, il y eut une scène dans laquelle Don Porter et moi étions assis devant un écran de projection dans une voiture à cheval. C'était la dernière scène de la journée le dernier jour de tournage. Nous avons joué la scène, le metteur en scène Jean Yarbrough a dit

"Coupez!", la caméra a été coupée, l'ensemble a été fermé, les lumières étaient

éteintes, plus personne n'était là, parce qu'ils étaient en route pour leurs réveillons de Noël ! Don se retourna pour m'aider à descendre de la voiture, nous avons regardé autour et nous étions seuls ! Tout le monde était parti.

Jean Yarbrough était un homme très gentil, je l'aimais beaucoup, et il était un bon metteur en scène. Mais - sur She-Wolf , la mise en scène était dénuée d'imagination. Il n'y avait pas d'argent ni de temps pour faire de la mise en scène inventive. Pour en revenir aux autres personnes dans le casting ... Eily

Malyon était juste une amie chère. Je ne me souviens plus si j'ai travaillé avec elle sur quoi que ce soit d'autre, mais j'étais au courant de sa carrière, comme celle de Sara Haden. Elles étaient des actrices très agréables.

Jan Wiley était une gentille fille. Mais une actrice un peu limitée. La première fois que j'ai vu un film d'horreur c’était Frankenstein celui de 1931, quand j'avais environ six ans. Je crois que nous vivions encore à Flushing à New York. Un ami a emmené sa fille et moi afin de le voir, et j'étais terrifiée. Le public était là à crier et à hurler! J'avais enlevé mon manteau, et j'étais tellement effrayé, j'ai regardé le film à travers la manche comme s'il s'agissait d'un télescope. Lorsque quelque chose d'horrible arrivait, je laissais tout simplement tomber la manche.

Je m’en souviens comme si c'était hier. Quand je suis rentré chez nous et que j’ai dit à ma mère le film que nous étions allés voir, elle fut très en colère.

C'était vraiment ridicule, d’emmener un enfant si jeune à ce film. Ce fut une expérience terrible, peut-être que ce genre de film m’a ouvert l’esprit sur les films d'horreur !

Curt Siodmak raconte la Universal

Connaissiez-vous Boris Karloff?

Of Course. J'ai écrit de nombreux films pour lui. Il était un homme très grand et très doux. Son plaisir était de lire des histoires aux enfants, des histoires douces. Il était très intelligent et pas prétentieux. Une fois, j'ai écrit un scénario pour lui à Universal Studios appelé Black Friday. Il pensait qu'il n'était pas un acteur assez bon pour le rôle principal et a pris un rôle secondaire, ce qui a permis à Stanley Ridges, un très bon acteur de théâtre pour jouer le rôle. Lon

Chaney Jr. était un de mes amis. Je n'ai jamais rencontré son père. Lon était un homme très patient et un professionnel, qui a souffert d'avoir un père si célèbre. Vous savez, il a fallu près de 6 heures pour mettre le masque du loup- garou sur son visage, les ongles, les cheveux. Il ne pouvait manger que de la nourriture liquide à travers une paille quand il portait ce masque. Jack Pierce, le célèbre maquilleur a mis au point le masque du Wolfman. Il a également conçu le maquillage du monstre dans Frankenstein.

Comment avez-vous débuté dans les films d'horreur?

J'ai toujours écrit des histoires de science-fiction dans un magazine Amazing

Stories , Volume 1, 1926, qui avaient déjà une de mes histoires, quand j'étais encore à l'école en Allemagne mes histoires étaient déjà été publiés ici. J'ai

encore une copie de "Les Œufs De Tanganyika", qui était le titre de cette histoire. Cette histoire a été le motif de mon futur travail. L'idée était simple: des explorateurs trouvaient des œufs géants dans le désert de Gobi. Ils les emmènent à New York. Les œufs éclosent et les mouches géantes émergent d'eux. Ils volent dans la stratosphère et ramassent un être humain et le dévorent.

Vous ne m'avez toujours pas dit comment vous êtes entré dans l'entreprise des films d'horreur.

J'ai écrit l'histoire et le scénario du Retour de l'homme invisible. A partir de là, j'ai écrit des films d'horreur pour Universal mais aussi des comédies musicales comme Frisco Sal pour Susan Forster, et Shady Lady pour Ginnie Sims, mais ce sont les films d'horreur qui ont fait l'argent d’Universal.

Mais vous êtes à l'origine de The Wolfman .

Un producteur, Jack Gross chez Universal, a voulu faire une histoire de loup- garou. J'ai pensé au personnage du Wolfman, un être humain qui veut mourir car il sait qu'il va se changer en loup et tuer quand la lune est pleine.

Ces films me faisaient peur quand j'étais gamin. Je n'ai pas osé sortir de mon lit dans l'obscurité, peur des monstres qui se cachaient dans la pièce.

Vous voyez, j'ai fait beaucoup pour la vie de famille américaine. J'ai fait peur aux petits enfants et grâce à cela ils sont restés dans leur lit et les parents pouvaient jouer au bridge. Mais ces histoires font appel à nos instincts cachés de base dont nous nous souvenons inconsciemment depuis l'époque de nos ancêtres qui vivaient dans les grottes. L'homme a voulu s'identifier à l'animal. Le loup

était l'animal le plus dangereux en Europe à cette époque. Les contes de fées

sont à mon avis avec l’hiver ce qui fait le plus peur. Le Petit Chaperon Rouge est avalé par le méchant loup, le printemps, libère et l'hiver tue avec le froid et la faim. La Belle au Bois Dormant est le même thème: la mauvaise sorcière l'hiver l’empoisonne. Au Printemps, le jeune prince tue la sorcière, et la Belle au Bois

Dormant revient à la vie et les épines commencent à fleurir avec un million de roses. Très poétique !

George Zucco

George Zucco est né à Manchester en Angleterre . Sa mère, Marian (née

Rintoul), était anglaise et dirigeait une entreprise de confection de vêtements, elle était une ancienne dame d'honneur de la reine Victoria . Son père, George

Zucco De Sylla, était un marchand Grec.

Il servira comme lieutenant dans l'armée britannique de l'Ouest Yorkshire

Regiment pendant la Première Guerre mondiale. Il est devenu un acteur de théâtre de premier plan dans les années 1920, et a fait ses débuts au cinéma en

1931 , en jouant Eugène Godefroy Cavaignac dans L'affaire Dreyfus.

Zucco est retourné aux États-Unis en 1935 pour jouer Benjamin Disraeli aux côtés de Helen Hayes dans Victoria Regina , et est apparue avec Gary Cooper et

George Raft dans Souls at sea (1937). Son meilleur rôle au cinéma fut celui du professeur Moriarty dans Les Aventures de Sherlock Holmes (1939), en face de

Basil Rathbone dansSherlock Holmes et Nigel Bruce qui jouait le Dr Watson.

Durant les années 1940, il a pris tous les rôles qu'il lui sera proposé, La Main de la Momie (1940), la Tombe de la Momie (1942), Mad Monster (1942), Mad Ghoul

(1943 ), Dead men walk (1943), Le fantôme de la Momie (1944), House of

Frankenstein (1944) et Tarzan et les sirènes (1948). Il a été joué avec Basil

Rathbone dans une autre aventure de Sherlock Holmes, Sherlock Holmes à

Washington , cette fois jouant non pas Moriarty, mais un espion nazi.

Il a pris sa retraite pour cause de maladie, après avoir joué un petit rôle dans

David et Bethsabée en 1951. Kenneth Anger, dans son livre de 1988 a affirmé que Zucco est mort dans une maison de fous, convaincu qu'il était hanté par HP

Lovecraft, en réalité, Zucco est mort d'une pneumonie âgé de 74 ans. Sa fille est morte d'un cancer en 1962, et sa veuve est morte de causes naturelles en 1999

(à l’âge de 99 ans).

J. Carrol Naish

J. Carrol Naish a été deux fois nominé pour un Academy Award pour ses rôles au cinéma, et plus tard il a connu la gloire dans le rôle-titre de l’émission deRadio

Life With Luigi (1948-1953), qui était également présente sur CBS Television

(1952-1953).

Né Joseph Patrick Carroll Naish à New York City, il monte sur scène pendant plusieurs années avant qu'il ne commence sa carrière cinématographique. Il a commencé en tant que membre de Gus Edwards une troupe de vaudeville d 'enfants artistes. À Paris après la Première Guerre mondiale, Naish a formé sa propre compagnie. Il parcourt le monde depuis l'Europe vers l'Egypte via l'Asie, la Chine lorsque son navire lié à des problèmes de moteur, le laisse en Californie en 1926.

Il a été deux fois nominé pour un Academy Award du meilleur second rôle , le premier pour son rôle dans le film Sahara (1943), et pour sa performance dans le film Une médaille pour Benny (1945). Pour ce dernier film, il a remporté le Golden

Globe Award du meilleur second rôle - Motion Picture. Il a joué avec Boris

Karloff son assistant de House of Frankenstein (1944). Il était d’origine irlandaise, mais il n'a jamais utilisé ses compétences à jouer en langue Irlandaise il expliquait: «Lorsque le rôle d'un Irlandais arrive, personne ne pense jamais à moi. " Il a joué les autres ethnies comme les italiens, les amérindiens, et les chinois, ce qui lui a valu le surnom de "Hollywood one-man-ONU». En 1954, Naish joue en guest-star dans un épisode de Justice, une série NBC un drame juridique sur les avocats de la Legal Aid Society de New York . Le 13 Décembre 1958,

Naish est apparu dans Crowder Rare dans "The Bloodline". En 1960-61, il a joué un Indien d'Amérique dans le sitcom ABC Guestward . En 1971, il est apparu dans son rôle de dernier film, Dracula vs Frankenstein ( 1971 ), jouant un savant fou, un rôle inspiré du Dr Frankenstein qui tue de jeunes femmes pour l'expérimentation dans l'espoir de relancer la création de son ancêtre, avec l'aide de son assistant muet, interprété par Lon Chaney Jr. , dont le film sera aussi son dernier. Chaney est décédé en Juillet 1973, seulement 6 mois après

Naish.

Reginald le Borg

Reginald Le Borg a une formation de musicien et a travaillé à la mise en scène de spectacles musicaux en Allemagne dans les années 1920. Une fois aux États-Unis,

il supervise des scènes d’opéra dans les films de la Fox et de la Paramount avant de passer à la réalisation. Il réalise deux premières courtes comédies musicales en 1936, A Girl’s Best Years et Swing Banditry, puis dirige les séquences musicales de The Girl of the Golden West, le western-musical à succès de

Robert Z. Leonard.

Entre 1941 et 1943, il réalise de nombreux courts musicals en grande partie produits par la Universal. Les producteurs sont satisfaits de ses mises en scènes des musiques jazz et blues et lui confient un long-métrage, She’s For Me. Alors que le musical évolue et que les moyens nécessaires à la production des films augmentent, Le Borg n’est plus sollicité pour de telles réalisations et ne tourne plus que trois derniers B-musicals pour des studios différents, sans jouir de la moindre reconnaissance critique. Signalons également que Le Borg s’illustre dans la réalisation de courts au statut spécifique : les soundies. Ces courts métrages sont destinés à être diffusés selon un circuit distingué, au travers de juke-box alliant musiques et courts métrages musicaux (notamment le Panarom Sound). Le reste de son œuvre est essentiellement du B-movie.

Rowland V Lee

Enfant de comédiens né dans l'Ohio, Rowland V. Lee fait ses études à l'Université de Columbia. Il débute enfant en tant qu'acteur, jouant à Broadway notamment. Il s'interrompt un temps pour devenir courtier à Wall Street.

Après deux ans de combats en France durant la Première Guerre mondiale, il revient à la scène puis part tenter sa chance à Hollywood et se fait engager par

Thomas H. Ince d'abord comme acteur en 1915 puis comme réalisateur en 1920.

Durant la période muette, Lee dirige des stars dans des productions prestigieuses : Florence Vidor et Bessie Love dans deux adaptations de Booth

Tarkington, George O'Brien dans une adaptation de Joseph Conrad, George

Bancroft, la russe Olga Baclanova, la française Renée Adorée... Il devient, après

Ernst Lubitsch, Dimitri Buchowetzki et Mauritz Stiller, le directeur favori de

Pola Negri (quatre films).

Tout au long de sa carrière, Lee a été considéré comme un cinéaste d'inspiration européenne, tant dans sa veine britannique (Une nuit à Londres, La Tour de

Londres) que d'Europe centrale. Dans la seconde veine, il a tourné son chef- d'œuvre : Zoo In Budapest (1933), qui offre à Loretta Young une de ses plus belles apparitions. Amateur d'actrices, Lee dirige aussi Fay Wray à ses débuts et des stars confirmées comme Constance Bennett et Mary Astor. Il dirige

également le jeune Gary Cooper à trois reprises (Doomsday avec Florence Vidor et The First Kiss avec Wray en 1928, A Man of Wyoming en 1930), Ida Lupino en

1936, Cary Grant en 1937, Douglas Fairbanks Jr.. Lee cinéaste allie action et sentiments, puisant aussi ses sujets chez Edmund Goulding et Vicki Baum.

En 1935, il achète un terrain de 214 acres (0,87 km2) dans la Vallée de San

Fernando qu'il baptise Farm Lake Ranch mais reste connu comme le Rowland V.

Lee ranch. Ce terrain a servi pour le tournage de nombreux films en raison de son décor sauvage dont Je vous ai toujours aimé (1946), Les Fils des mousquetaires

(1952), La Loi du Seigneur (1956), L'Inconnu du Nord-Express (1951) et La Nuit du chasseur (1955).

Parmi les nombreux genres qu'il a dirigés (comédie policière, film de guerre, drame sentimental, comédie musicale - I Am Susan ! avec Lilian Harvey en 1933 - ou western), ses films d'horreur à petit budget ont particulièrement marqué par leur atmosphère sombre (Le Fils de Frankenstein, troisième film de la série tourné pour Universal, avec Boris Karloff, Bela Lugosi et Basil Rathbone, remporta un grand succès), mais aussi ses films à suspense (passant d'Agatha

Christie à Sax Rohmer) ou d'aventures historiques (Le Comte de Monte Cristo en

1934 avec le jeune premier britannique Robert Donat ; Le Fils de Monte-Cristo en 1940 avec Louis Hayward, Joan Bennett et George Sanders, un autre britannique ; Richelieu avec George Arliss). Son dernier film, Capitaine Kidd

(1945, film d'hommes avec Charles Laughton, Randolph Scott, John Carradine et

Gilbert Roland) avait un potentiel de premier ordre, encore entravé par son faible budget (comme sa version de Les Trois Mousquetaires en 1935).

Lee a également œuvré comme producteur. Après s'être retiré en 1945, Lee effectue son retour en 1959 pour le péplum Simon le pêcheur, dernier film signé

Frank Borzage, évincé par Ben-Hur sorti la même année et au budget largement supérieur.

Edgar. G. Ulmer

Ulmer est né à Olomouc, alors dans l'empire austro-hongrois, à présent dans l'actuelle République tchèque. Il grandit à Vienne, où il travailla ensuite comme

acteur de théâtre et décorateur alors qu'il étudiait l'architecture et la philosophie. Il fit des décors pour le théâtre de Max Reinhardt, puis assista F.

W. Murnau et collabora avec Robert Siodmak, Billy Wilder, Fred Zinnemann, et

Eugen Schüfftan, inventeur de l'effet Schüfftan. Il déclara avoir aussi travaillé sur Le Golem (1920), Metropolis (1927) et M le maudit (1931), mais rien ne le prouve. Ulmer arrive à Hollywood avec Murnau en 1926 pour l'assister sur

L'Aurore (1927). Dans un entretien avec Peter Bogdanovich, il rappelle également qu'il tourna deux courts westerns à cette période.

Le premier film qu'il réalise en Amérique, Damaged Lives (1933), est un film à sensations à petit budget, exposant les ravages des maladies vénériennes.

Tourné à Hollywood, avec un passage médical fourni par l'American Social

Hygiene Association, pour le Canadian Social Health Council. Son film suivant, Le

Chat noir (The Black Cat) (1934), avec Bela Lugosi et Boris Karloff, fut produit par le studio Universal. Faisant preuve de l'expressivité visuelle qui sera la marque de fabrique d'Ulmer, le film est le plus grand succès de l'année pour le studio3. Mais Ulmer entretient une liaison avec la femme du producteur indépendant Max Alexander, neveu du dirigeant du studio Universal Carl

Laemmle. Le divorce de Shirley Alexander et le mariage avec Ulmer qui suivit l'ont exilé des grands studios hollywoodiens. Ulmer ne réalisera plus que des séries B pour des maisons de productions marginales. Sa femme, Shirley Ulmer, est scripte sur quasiment tous ses films et participe également à quelques scénarios. Leur fille Arianne fait des apparitions sur des films comme The Light

Ahead. A la frange de l'industrie américaine du cinéma, Ulmer se spécialise alors d'abord dans les "films ethniques", notamment Natalka Poltavka (1937), Cossacks in Exile (1939) et les yiddish The Light Ahead (1939), Americaner Shadchen

(1940)5. Le plus connu d'entre eux étant le Yiddish Green Fields (1937), co- dirigé avec Jacob Ben-Ami. Puis il se réfugie finalement dans la niche du

mélodrame à petits budgets avec des scripts rudimentaires et des acteurs de la compagnie Producers Releasing Corporation (PRC). Le thriller qu'il réalisa pour eux, Detour (1945) lui valut des louanges pour cet exemplaire film noir fauché, et fut même sélectionné par la Bibliothèque du Congrès parmi le premier groupe de

100 films américains méritant un effort particulier de conservation. En 1947,

Ulmer tourne Carnegie Hall avec l'aide du chef d'orchestre Fritz Reiner, parrain de sa fille, Arianne. Le film montre des interprétations de plusieurs grands noms de la musique classique dont Reiner, Jascha Heifetz, Arthur Rubinstein, Gregor

Piatigorsky et Lily Pons6. Ulmer put enfin tourner deux films aux budgets plus conséquents, Le Démon de la chair (The Strange Woman) (1946) et

L'Impitoyable (1948). Le premier, dans lequel se distingue particulièrement Hedy

Lamarr, est considéré comme l'un de ses meilleurs films par la critique. Il dirige son dernier film, Sept contre la mort (1964), en Italie.

Ulmer meurt en 1972 à Woodland Hills après une attaque qui provoqua une paralysie vasculaire. En 2005, le chercheur Bernd Herzogenrath découvrit l'adresse de sa naissance à Olomouc. Une plaque commémorative fut inaugurée le

17 septembre 2006, à l'occasion de l’Ulmerfest 2006 — le premier colloque dédié à l'œuvre d'Ulmer.

Rupert Julian

Rupert Julian est un acteur, scénariste, réalisateur et producteur de cinéma américain d'origine néo-zélandaise.

Né Thomas Percival Hayes à Whangaroa, Nouvelle-Zélande, Rupert Julian s'est produit au théâtre et au cinéma dans son pays natal et en Australie avant d'émigrer aux États-Unis en 1911, débutant sa carrière américaine au cinéma muet pour les studios . Il commença la direction d'acteurs en

1915, dirigeant souvent sa femme Elsie Jane Wilson, mais son travail était plutôt routinier jusqu'à ce qu'on lui demande de terminer le film Merry-Go-Round en

1923 lorsqu'Erich von Stroheim fut remercié, et en 1925 il dirigea Lon Chaney dans Le Fantôme de l'Opéra. Après l'avènement du parlant, sa carrière ne tarda pas à décliner, et après avoir réalisé The Cat Creeps et (tous deux en 1930), celle-ci s'arrêta.

Rupert Julian mourut à Hollywood (Californie) à l'âge de 64 ans, et fut inhumé au

Forest Lawn Memorial Park Cemetery à Glendale, Californie.

John Carradine, Dracula

A l’instar de Vincent Price, Christopher Lee, Peter Cushing et Boris Karloff, John

Carradine compte parmi les grandes icônes du cinéma fantastique.

Né le 5 février 1906 à Greenwich Village, au cœur de New York, John Carradine est le fils d’un touche-à-tout tour à tour poète, avocat, peintre et correspond de presse, et d’une des premières femmes chirurgiens. Alors qu’il se destine à une carrière de sculpteur dans le cadre de la Graphic Art School de Philadelphie, il change brusquement d’idée à découvrant une adaptation théâtrale du « Marchand de Venise ». Impressionné, John Carradine opte dès lors pour une autre vocation.

Celle de comédien. Avant d’y accéder, il exerce néanmoins le métier de sculpteur.

D’abord comme assistant d’un senior, puis comme animateur dans un camp de vacances, ensuite comme artiste itinérant, œuvrant parallèlement comme peintre. En 1925, à la Nouvelle-Orléans, il se hasarde pour la première fois à jouer la comédie. Exercice convaincant qui le conduit à intégrer les rangs d’une troupe shakespearienne de la région. Une expérience sans lendemain toutefois.

John Carradine reprend la route, parcourant les Etats-Unis comme portraitiste

et, faute mieux, acceptant de petits boulots pour survivre. Le 1 avril 1927 marque un tournant dans sa vie ; le cinéaste Cecil B. De Mille l’engage comme dessinateur des décors sur son nouveau film. Un pied à l’étrier du Septième Art.

Désormais installé à Hollywood, John Carradine évolue dans le milieu du théâtre, fondant même une compagnie qui fait du registre shakespearien son domaine de prédilection. Au cinéma, il débute très discrètement sous le nom de John Peter

Richmond avant d’en changer pour celui de John Carradine. Bien qu’il rate une opportunité exceptionnelle en refusant le rôle du monstre dans le premier

Frankenstein au profit de Boris Karloff, sous prétexte d’absence de dialogues, il s’impose dans le genre fantastique en incarnant notamment Dracula dans La maison de Frankenstein et La maison de Dracula. Mais, au-delà d’un registre qui l’enferme dans les emplois de savants fous et de sadique, l’acteur se distingue dans nombre de rôles secondaires marquants. Notamment en joueur de poker, passager tiré à quatre épingles de la diligence de La chevauchée fantastique signé par un John Ford dont il devient l’un des interprètes fétiches. Sous sa direction, il tourne également Les raisins de la colère, L’homme qui tua Liberty

Valance, Les Cheyennes, Sur la piste des Mohawks, Je n’ai pas tué Lincoln, Mary

Stuart, La dernière fanfare…

Parmi ses films les plus marquants, John Carradine aligne Le brigand bien-aimé,

Le chien des Baskerville, Le retour de Frank James, Les pionniers de la Western

Union, Arènes sanglantes, Chasse à l’homme, L’étang tragique, Crime passionnel,

Johnny Guitare, Les dix commandements, Le tour du monde en 80 jours, Le dernier des géants, Le dernier nabab… Autant de films qui l’amènent à travailler avec des cinéastes majeurs tels Fritz Lang, Cecil B. De Mille, Jean Renoir, Otto

Preminger, Nicholas Ray, Elia Kazan et Don Siegel.

Fidèle au cinéma fantastique, John Carradine fréquente assidûment la série Z dès les années 60 avec Billy the kid versus Dracula, ragoût de ses deux genres

de prédilection, le western et le fantastique. Dans le second, il contribue ainsi à notamment The astro-zombies, Blood of Dracula’s castle, Horror of the blood monsters, Hex, La sentinelle des maudits, Le commando des morts-vivants,

Docteur Dracula, Le club des monstres, Monster in the closet et L’emmuré vivant, sa dernière apparition à l’écran.

Dans ce registre, il tourne également pour Al Adamson et Fred Olen Ray, cadors du cinéma d’exploitation, tout en se mettant parallèlement au service de cinéastes nettement plus prestigieux comme Elia Kazan, Martin Scorsese et

Francis Ford Coppola. D’une rare productivité (il anime pratiquement 220 films pour le cinéma), le comédien n’en trouve pas moins le temps de travailler à la télévision. Titulaire du rôle de Fu Manchu dans le pilote d’une série qu’il ne poursuit cependant pas, il se distingue comme vedette invitée d’une soixantaine de programmes populaires dont Au nom de la loi, Fame, Un shérif à New York,

Wonder Woman, Bonanza, Le frelon vert, Kung fu, Alfred Hitchcock présente, La quatrième dimension…

Excentrique au point de parcourir les rues de Los Angeles en déclamant du

Shakespeare, ce qui lui vaut le sobriquet de Barde d’Hollywood, John Carradine rend l’âme le 27 novembre 1988 à Milan, laissant cinq fils dont trois comédiens

(David, John et Robert) nés de trois mariages différents.

Glenn Strange, Frankenstein

En 1942, il est apparu dans The Mad Monster. En 1944, alors que Strange tournait beaucoup dans les films d'action à la Universal, le maquilleur Jack Pierce remarque ce visage dont la taille serait approprié pour le rôle du monstre.

Strange fut engagé dans House of Frankenstein dans le rôle créé par Boris

Karloff dans Frankenstein (1931), Karloff qui le fera répéter personnellement pendant des heures. Strange a raconté une anecdote personnelle à Ted Newsom dans le documentaire 100 Years of Horror (1996). Sur le plateau de La Maison de Dracula (1945), Lon Chaney, Jr. était ivre. Dans la scène où le monstre est découvert dans une grotte humide, Strange resta plongé pendant des heures dans "sables mouvants" (qui était en fait de la boue froide) dans l'attente que les caméras tournent et a attrapé un rhume. Lon Chaney signala que l'alcool gardait au chaud. Strange pouvait à peine marcher après la prise de la journée. Strange joua le monstre une troisième fois dans Deux nigauds contre Frankenstein

(1948), avec Chaney et Bela Lugosi . Strange est également apparu dans un rôle avec Lou Costello dans un sketch mettant en scène une maison hantée dans la

Colgate Comedy Hour. Lors du regain de la vague de monstre lié au merchandising dans les années 1950 et 1960, c’était généralement l’image emblématique de

Glenn Strange qui était utilisé pour figurer le monstre sur les jouets, les jeux et tout l'attirail, le plus souvent à partir de son apparition dans le film d’Abbott &

Costello. En 1969, le New York Times a publié par erreur la nécrologie de Boris

Karloff avec une photo de Glenn Strange comme monstre de Frankenstein.

Julie Adams et Ben Chapman se souviennent de la Créature :

Vous écrivez qu’ils ont fermé la production pendant quelques semaines pour mettre au point la créature. Comment était-ce quand ils ont dévoilé le costume finale de la Créature?

Julie Adams: Oh, c'était un vrai choc quand nous avons vu la créature. Et vous pouvez voir sur les photos dans le livre que j'ai l'air un peu intimidé, un peu surpris quand je l'ai vu au premier abord. Je pensais que c'était tout à fait merveilleux, extraordinaire, et un peu effrayant qui, bien sûr, c'est exactement ce que l'on était censé être.

Vous agissiez dans un costume, pensez-vous que votre formation en danse vous a aidé ?

Ben Chapman : Oui, parce que j'ai utilisé le mouvement du corps - je ne pouvais pas utiliser autre chose. Vous savez, l'inclinaison de la tête, ou autre chose. Nous avons obtenu ce que nous voulions - car il s'agit d'un film très célèbre, "The

Seven Year Itch», avec Marilyn Monroe. Eh bien, elle a une chose à propos de la

Créature tout au long du film. Juste avant la scène où, vous savez, sa jupe se soulève sur la grille, car elle va sortir du théâtre, sur le devant est inscrit -

«L'étrange créature du lac noir", avec une grande affiche de moi tenant Julie.

Marilyn dit: «Je me suis senti désolé pour la créature." Nous avons été très

surpris, parce que c'est un film 20th Century Fox, et qu’ils ne mentionnaient généralement que leurs propres films. Nous avons été très flatté.

Où étaient filmées les scènes sous-marines ?

JA: Tout a été filmé en Floride à Wakulla Springs. Je n'ai jamais pu être là pendant le tournage, mais j'y suis allé plus tard lors de la promotion du film.

Qu'en est-il de Ben Chapman (qui portait le costume Créature dans les scènes hors de l'eau) ? Quel genre d'homme était-il?

JA: Ben était un bon gars. Il était un grand ami, chaleureux et drôle. Je l'ai vraiment pris comme ami.

Comment était-ce de travailler à l'intérieur du costume?

BC : C'était très confortable.

Comment mettiez-vous votre costume ?

Il s'agissait d'un bas de corps d'une seule pièce. Avec un zip à l'arrière. C'était comme un justaucorps. Alors qu'est-ce qu'ils ont fait chaque pièce a été moulés séparément. La partie inférieure juste au-dessous du genou, les pieds, étaient comme des bottes. Ils sont venus à la hauteur des genoux. Ensuite, le zip dans le dos et la nageoire dorsale était fermée. Idem pour le casque. Finalementc'est très simple. Mais il a fallu beaucoup de temps pour y arriver. Environ 2-3 heures, car il doit s'adapter comme une couche externe de la peau, parce qu’il ne faut pas que l’on voit un pli qui n'est pas censé être là.

Avez-vous retravaillé avec le réalisateur Jack Arnold par la suite ?

JA: Non, c'était la seule fois où j'ai travaillé avec Jack, mais je l'ai beaucoup apprécié. Il était très professionnel et très compétent. Il ne faisait jamais n’importe quoi et il travaillait très dur. Vous sentiez toujours que vous faisiez du bon travail avec lui.

Avez-vous eu à faire un bout d'essai dans le costume pour le studio ?

BC : Non, nous avons pris quelques photos, mais pas vraiment de test à l'écran.

C’était le secret absolu. Quand ils ont construit la Créature personne n'a été autorisé à voir le maquillage. Ils ne voulaient pas quiconque le voit avant.

Quelle a été la réaction au costume?

BC : Les gens ont adoré, les caméramens étaient fou. Ils avaient toute la presse et les gars de publicité. J'ai quelques photos avec Julie, et elle ne m'avait jamais vu en costume avant. Ils m'ont dit plus tard qu'elle s'est demandée: «Est-ce que c’est Ben". Je regardais vers le bas et j’avançais sur elle en hurlant

"Uhhhhgggghh". Et elle n'arrêtait pas de me demander: «Ben, c'est toi?". J'ai mis mon bras autour d'elle et j’ai pensé qu'elle allait avoir une crise cardiaque.

Le maximum que vous ayez porté le costume en nombre d’heures ?

BC : Le plus long a été d'environ 14 heures. Je ne pouvais pas l'enlever. Je pourrais enlever les mains mais pour autant le costume je ne pouvais pas l’enlever.

D’après vous pourquoi LA CREATURE DU LAGON NOIR a ainsi perduré et continue a attirer des fans enragés, ça vous surprend?

JA: Je suis surprise vraiment, mais je pense que si une grande partie du crédit doit aller à Jack Arnold notre réalisateur et au bon scénario c'était surtout très

bien fait, mais je suis surprise vraiment de voir que le film a survécu et que les gens l’apprécient encore tellement. Je suis très heureuse.

Ça vous dérange que la CREATURE DU LAGON NOIR est le film dans lequel vous connaîtrons toujours ?

JA: Je suis dans le show-business depuis longtemps et je me dis que tout ce que les gens aiment, me plaisent. Je pense que nous devons prendre le tout avec un grain de sel et un bon sens de l'humour.

Pourquoi n'étiez-vous pas crédité dans le film?

BC : La raison pour laquelle ils ne m'ont pas mentionné au générique, et c'est de la folie, c’est que le studio a voulu donner l'impression, l'illusion, que c'était une véritable créature. Si vous voyez l'original de Frankenstein, Boris Karloff n’apparaît pas au générique. C'est un point d'interrogation dans le générique. J'ai interrogé le studio et j’ai demandé s'ils pensaient que les gens étaient stupides, et ils m’ont dit, "Vous seriez surpris de ce que les gens croient".

Hans J Salter et Frank Skinner les compositeurs de l’horreur

Le succès des films de monstres de la Universal est avant tout liée à la musique merveilleusement macabre de Hans J. Salter et de Frank Skinner.

Si jamais un genre musical a eu besoin d'aide dans la création d'une ambiance, c'était bien le film d'horreur des années 1930 et 1940. Le début des classiques de l'horreur tels que Dracula et même Frankenstein (tous deux 1931) se détachent comme guindée, en partie parce qu'ils n'ont pas de partitions musicales complètes. Même plus tard des films tels que Loup-Garou de Londres

(1935) et la Fille de Dracula (1936) sont bien pâle en partie à cause de leur musique tiède. Heureusement, la bof de Franz Waxman La Fiancée de

Frankenstein (1935), ajoutera à l'impact global de ce film, il a également donné à des cinéastes plus attentifs une idée vivante de la façon de faire de la musique de film un sujet fondamentale dans ce genre bien particulier. Par la suite, lorsque le réalisateur Rowland V. Lee a toruné à Fils de Frankenstein en 1938, il a engagé un compositeur comme Frank Skinner pour composer une musique tout à fait nouvelle. C'est cette musique, orchestrée par Skinner bientôt suivra celle de

Hans J. Salter, qui a donné le ton, au propre et au figuré, pour toutes les musiques de films d'horreur qui suivront.

Peu de collaborateurs musicaux dans l'histoire du cinéma sont aussi différents que Salter et Skinner. Pourtant, leur travail ensemble pour composer des partitions pour Universal s'est avéré l'un des plus beaux partenariats dans la musique de film, en partie en raison de leur volonté de cultiver un style particulier, ils pourraient facilement travailler ensemble. "Nous avons échangé des thèmes avant que nous commencions," Salter a également rappelé, que

Universal toujours pressants au niveau des délais leur donner peu de temps pour des incursions plus aventureuses. "Nous étions tellement occupés à cette époque nous avons à peine survécu", a t-il dit. «Mes premières années chez Universal, je ne pense pas que j'ai eu un arrêt complet un dimanche. Nous avons travaillé jour et nuit."

En raison du type de films Salter et Skinner ont souvent travaillé, et en raison des faibles budgets alloués habituellement, les compositeurs ont acquis une réputation injuste de compositeurs moins considérés. Cependant, Henry Mancini, qui a fait son travail d'apprenti aux côtés de Salter et Skinner dans les années

1950 et a contribué à composer beaucoup de films de science-fiction pour

Universal a plus tard défendu le travail effectué par tous. «La plupart d'entre eux étaient des œuvres alimentaires», a admis Mancini de ces films », mais nous avons travaillé sur eux comme s’ils s’étaient s’agit d’Autant en emporte le vent. "

Salter lui-même a rappelé lors des entretiens que lui et Skinner sont même allés jusqu'à utiliser de la musique d'époque dans le mélodrame historique de Rowland

V. Lee la Tour de Londres(1939), en pensant qu’avec cette nouvelle approche cela pourrait vraiment évoquer un gage d'authenticité. Hélas, une grande partie de leur composition a ensuite été jetés et remplacés avec de la musique du film le

Fils de Frankenstein.

Au fil des années, la musique de Skinner pour le Fils de Frankenstein a souffert de la comparaison avec Waxman de La Fiancée de Frankenstein

"Nous avons travaillé sous une pression terrible Je me souviens des deux ou trois derniers jours avant l'enregistrement, nous n'avons pas quitté le studio. Nous sommes restés là-bas, et Frank a travaillé sur un piano derrière la bibliothèque dans une chambre dans le vieux bâtiment où Hitchcock a maintenant son bureau.

Frank écrira une page ou deux, et je ferais une sieste dans l'intervalle. Ensuite, j’orchestrais, et il faisait une sieste. Nous étions avec nos mêmes vêtements là- bas pour deux jours ou deux jours et demi. "

Au moment où le Return of the Invisible Man (1940) a commencé la production,

Salter était allé au-delà de ses fonctions d'orchestration et composer pour les films d’horreurs de la Universal (même s'il longtemps après insisté sur le fait qu'il n’aimait pas beaucoup ce genre de film). Le retour de The Invisible Man est crédité à la fois Skinner et Salter, Salter plus tard récupérera le crédit pour la plupart de la musique, l'exception étant la scène finale où l’homme invisible redevient visible.

"En termes musicaux, nous sommes restés dans les limites nous essayons de ne pas écrire quelque chose de trop compliqué. J'étais un peu en avance sur Frank en termes d'harmonie et de développement mélodique, ayant eu une éducation musicale formelle, qu'il n'avait pas, mais je suis resté un peu en arrière tandis qu'il avançait. C'était un bon musicien, fiable, travailleur et un ami. Il était venu en tant que musicien et arrangeur, et c'était merveilleux de voir sa capacité croître avec le travail et l'organisation de l'écriture pour le cinéma. Il a souvent fait plus que ce qu'il devait faire, comme venir à mon secours quand je n'ai pas pu terminer une séquence à l'heure. Il intervenait et m'aidait à l'écrire. " Bien sûr,

Salter a également travaillé avec d'autres compositeurs, y compris pour un ami son compatriote allemand réfugié Paul Dessau

Bien que quelques historiens de la musique de films l'ont fait, les points forts de

Salter, Skinner et de la musique Previn pour The Wolf Man méritent une mention aux côtés de Bernard Herrmann pour Psycho et John Williams pour Jaws. La musique de The Wolf Man se retrouvera dans de nombreux autres films d'Universal, allant de The Ghost of Frankenstein (1942) et Frankenstein rencontre le Loup-garou (1943) et même dans la série des Sherlock Holmes.

Étonnamment, les musiques pour Universal ont été perdues, après la mort de

Skinner en 1968, il a été suggéré que ces musiques d'horreur soient rassemblés et jouées par un orchestre symphonique, mais Salter habitué à la négligence de ce métier, admis qu'il y avait peu d'espoir pour un tel projet.

À un moment son ami de longue date Bob Burns prend le vieux compositeur jusqu'à Universal pour visiter le département de musique «La plupart d'entre eux ne savaient même pas qui était Hans Salter,« Burns rajoutera. "Je veux dire, ils étaient très courtois et tout, mais ils ne savaient pas vraiment qui il était. Il a

été attristé par cela, je pense."

Salter et Skinner ont abordé un large éventail de compositions différentes au cours de leur longue carrière. Outre les scores tels que Magnificent Doll (1946),

Salter était fier de son travail en tant que directeur musical sur quelques-uns des films à succès Durbin Deanna.

Et tandis que Salter a reçu des éloges pour sa musique pour des westerns, son travail sur des films comme L'étrange créature du lac noir (1954), Mole People

(1956) et L'Homme qui rétrécit (1957) reste beaucoup plus inspiré. De tout ce travail, cependant, la musique macabre de Frank Skinner et Hans Salter pour

Universal pour les films d'horreur apogée dans les années 1930 et 1940 se classe comme leur meilleur travail.

Quelques films :

Réalisé au début des années ’30, MURDERS IN THE RUE MORGUE constitue la première adaptation sous forme de long-métrage de la nouvelle homonyme d’Egdar Allan Poe, laquelle sera à nouveau plusieurs fois portée à l’écran au cours des décennies suivantes (en 1954 et 1971). Comme souvent, pourtant, le résultat cinématographique entretien peu de liens avec la source littéraire citée et n’en retient que l’argument de base.

Un jeune étudiant en médecine, Pierre Dupin, emmène sa chère et tendre Camille au cirque de Paris où ils rencontrent le docteur Mirakle et son gorille, Erik. Le médecin affirme comprendre le langage anthropoïde mais, en secret, poursuit des recherches moins avouables visant à prouver ses théories évolutionnistes.

Pour cela, il injecte du sang simiesque à des jeunes femmes mais, hélas, ses expériences échouent sans cesse et aboutissent à la mort des cobayes. Or,

Mirakle devient obsédé par la belle Camille.

Publiée en 1941, la longue nouvelle de Poe posait les bases du roman policier à

énigme teinté de fantastique (une recette ensuite popularisée mondialement par

Arthur Conan Doyle et, plus tard, par John Dickson Carr) en présentant le

personnage de Dupin, un détective aux étonnantes capacités de déduction confronté à une énigme en apparence insoluble, proche du « mystère en chambre close ». Au final, le coupable des meurtres brutaux ensanglantant Paris se révélait être…un singe ! MURDERS IN THE RUE MORGUE, version cinéma, ne retient pas grand-chose de cette trame mais se montre cependant un poil plus fidèle à Poe que d’autres adaptations sorties à la même époque comme THE

BLACK CAT et LE CORBEAU. Refusant l’enquête policière pure, le réalisateur opte pour la trame, alors classique, du savant fou s’essayant à des expériences contre nature en compagnie d’un serviteur poilu. Une seconde intrigue concerne, pour sa part, un couple d’amoureux confronté à différents crimes et il faut attendre la seconde moitié du métrage pour voir ces deux histoires se rejoindre.

Seule la séquence menant à découvrir l’identité, simiesque, du criminel s’avère décalquée de la nouvelle de Poe : chacun des témoins affirment en effet avoir entendu l’assassin s’exprimer dans une langue différente (danois, italien, allemand,…) avant que Dupin mette tout le monde d’accord : c’étaient des cris animaux et non humains. Il s’agit sans doute du meilleur moment d’un film fort plaisant à suivre en dépit de son côté outré et peu crédible, les prémices du scénario étant, il faut l’avouer, particulièrement stupides. Heureusement, la mise en scène de Robert Florey (se consolant d’être passé à côté de FRANKENSTEIN et ensuite responsable de l’intéressant LA BETE AUX CINQ DOIGTS et du désastreux TARZAN ET LES SIRENES) s’avère de bonne tenue et illustre les leçons apprises via l’expressionisme allemand. Il transforme ainsi avec une jolie force évocatrice les rues de Paris en lieux sinistres baignés par des ombres menaçantes et déforme les décors pour proposer des demeures macabres dont les toits s’étirent et se tordent vers un ciel sinistre. La photographie de Karl

Freund, célèbre pour ses travaux sur METROPOLIS ou DRACULA, accentue l’impresion de bizarrerie.

Si les choix du cinéaste se révèlent audacieux, ils confèrent au métrage son identité et ses caractéristiques propres, l’élevant au-dessus de nombre de titres similaires (LE SINGE TUEUR, etc.) qui se révèleront, pour leur part, tristement dépourvu d’atmosphère. Le film possède en outre un humour plaisant et parfois irrévérencieux. Devant un parterre de beautés exotiques et sauvages un Parisien distingué s’interroge « Est-ce qu’elles mordent ? » A quoi on lui répond malicieusement « Si vous le souhaitez mais c’est plus cher ». Des dialogues que l’on doit, en partie, à John Huston, lequel jugeait de belle manière le métrage : « il y avait des choses pas mauvaises. Ce n’était pas fidèle à la nouvelle d’Edgar Poe.

La nouvelle est si condensée, si pure. Là c’était un peu étire. On avait ajouté une histoire d’amour. Mais il y avait des qualités. Quelques scènes étaient très réussies ». Dommage par contre que la musique ne soit pas plus intéressante,

MURDERS IN THE RUE MORGUE réutilisant par exemple, sans beaucoup d’imagination, le « Lac des Cygnes » déjà employé par Dracula. Au niveau du casting, Bela Lugosi domine une interprétation inégale et se détache clairement en composant un personnage maléfique et intéressant dont il a le secret, rendant plus manifeste la caractérisation schématique de ses antagonistes. Sans prétendre se hisser au rang des meilleures réussites horrifiques de la Universal,

MURDERS IN THE RUE MORGUE demeure toutefois un plaisant petit « classique », bien servi par quelques jolis effets de mise en scène, des décors surprenants, un rythme alerte (conséquence d’une durée ramassée) et le jeu délectable de Bela Lugosi. En dépit de ses manifestes faiblesses (en particulier de scénario), le film de Robert Florey mérite donc d’être redécouvert par un large public.

Réalisé par James Whale, le film fut longtemps considéré comme perdu.

Insuccès critique comme public à sa sortie, comme sa ressortie en 1939, ce ne fut que grâce à l'aide de Curtis Harrington qu'une copie ne fut retrouvée en

1967 dans les archives d'Universal (qui n'avait plus les droits du film, revendus à la Columbia pour un remake (raté) fait par William Castle).

Le film narre les aventures d'un couple & d'un ami à travers un orage dans la campagne anglaise. Immobilisés avec leur voiture, ils arrivent dans une maison isolée, demeure de la famille Femm. Ils vont se trouvés confrontés à des

éléments étranges, entre le majordome sinistre (Karloff)qui ne fait que pousser des borborygmes au père centenaire alité et à un mystérieux membre de la famille fou à lier et enfermé à double tour.

Respectant l'œuvre théâtrale dont il est issu, le film se concentre sur une nuit dans cette terrible maison. Ceci dit, il ne s'agit pas du tout d'un film d'horreur ou d'épouvante mais bel et bien d'une comédie noire à laquelle convie le réalisateur.

Même si les personnages évoluent dans ce décor sombre et baignée de lumières

étranges et ombres menaçantes, c'est bien le rapport avec les tenants de la maison qui sont mis en avant. Côté bande son, pléthore de sons sourds, orages

déchainés, fenêtres qui grincent. l'atmosphère lugubre (et sarcastique) complétée par un travail permanent de la piste sonore.

La mise en scène s'avère plus sage qu'à l'habitude chez Whale. Un travail du cadre plus précis mais surtout le privilège de voir évoluer les personnages devant la caméra. d'où des plans complexes où les acteurs sont en constant déplacements. Les pièces/couloirs sombres, à peine éclairées par des chandeliers prennent une dimension unique... Whale jette les bases d'un quasi genre-propre. ces éléments seront repris par beaucoup, notamment le Rocky Horror Picture

Show qui lui doit beaucoup. On y retrouve quelques touches d'expressionisme allemand dans le traitement des décors (démesurés) et le rapport qu'ils possèdent face aux acteurs. Côté acteurs, Karloff excelle dans le rôle du majordome au faciès de travers et grommelant (pas une ligne de dialogue).

Melvyn Douglas superbe mais c'est Charles Laughton qui remporte l'adhésion dans son rôle de millionnaire ridicule, payant la pauvre Gloria Stuart pour passer du temps avec lui. Drôle et pathétique, un peu comme le reste du casting...mais ce ne sont pas les intrus de cette maison auxquels Whale s'intéresse le plus, mais bien à la famille de lunatiques que sont les Femm. Les deux frères et sœurs

(Thesiger et Moore) s'en donnent à cœur joie dans les vannes & répliques donnant l'effroi aux invités, ce qui donne parfois un sommet d'humour noir.

Même si le fou furieux décide de mettre le feu à la maison, Whale lui accorde un regard plutôt tendre et la scène où Karloff le tient dans ses bras est émouvante, voire ambigüe. En effet, on ne peut s'empêcher de penser au monstre de

Frankenstein mais surtout à la parabole que Whale y mis derrière : il y a un peu de cela ici. L'interprétation survoltée d'Ernst Thesiger (le fameux Dr Pretorius de la Fiancée de Frankenstein) y ajoute aussi, le nom de la famille résidente, aussi...

Peter et Joan Alison, un couple de jeunes américains passant leur lune de miel en

Hongrie, rencontrent Vitus Werdegast, un médecin. Suite à un accident, ces trois voyageurs trouvent refuge dans l'étrange demeure de l'inquiétant architecte Hjalmar Poelzig...

En 1934, l'épouvante hollywoodienne est à son apogée. L'acteur Boris Karloff multiplie les apparitions à succès dans ce genre depuis le Frankenstein (1931) de la Universal, grâce à des œuvres comme La momie (1932) ou Une soirée étrange pour la même compagnie. Il parvient même à décrocher un grand rôle dans La patrouille perdue (1934) de John Ford, une grosse production d'aventures de la

RKO, sans rapport avec le domaine de l'horreur. Par contre, Bela Lugosi, révélé par Dracula (1931) de Tod Browning produit par Universal, a moins bien géré son succès : ayant des difficultés avec la langue anglaise, ce hongrois se retrouve progressivement à travailler sur des serials sans grande envergure comme The return of Chandu (1934), ou dans des films importants, mais où il ne tient pas la vedette (L'île du docteur Moreau (1933)). Néanmoins, l'idée de rassembler les deux grandes stars de l'épouvante dans un même long métrage horrifique fait son chemin à Universal. Finalement, on décide de les réunir dans une oeuvre inspirée par la nouvelle Le chat noir d'Edgar Allan Poe (nouvelle déjà adaptée, plutôt fidèlement, dans la film à sketchs allemand Cauchemars et hallucinations

(1919) de Richard Oswald). Rappelons que la Universal avait déjà transposé Poe à l'écran avec Double meurtre dans la rue Morgue (1932) de Robert Florey, avec

Lugosi. La réalisation de Le chat noir est confiée à Edgar G. Ulmer, né en

Autriche-Hongrie, qui a un bagage appréciable dans le domaine de la direction artistique, puisqu'il a travaillé à ce titre avec les plus grands noms du cinéma allemand de l'après-guerre : il collabora ainsi aux décors de Le cabinet du docteur Caligari (1919) de Robert Wiene, Le golem (1920) de Boese et Wegener,

Le dernier des hommes (1927) de Murnau... Il œuvra aussi à Hollywood, à divers postes, sur Les chevaux de bois (1922) de Von Stroheim, L'aurore (1927) de

Murnau, Le roi des rois (1927) de Cecil B. DeMille... Ulmer passe à la réalisation en participant au film allemand collectif et expérimental : Les hommes le dimanche (1930) sur lequel travaillèrent aussi Curt et Robert Siodmak, ainsi que

Fred Zinneman. Puis il tourne des petites productions (Mr. Broadway (1933) et

Le grand fléau (1937) qui traite d'un cas de maladie vénérienne, sujet scandaleux qui fera que le film ne sortira qu'en 1937, trois ans après son tournage). Le chat noir est en tout cas sa première opportunité de travailler en tant que réalisateur pour une grande compagnie hollywoodienne ; elle marque aussi ses débuts à ce poste dans le domaine du fantastique auquel il reviendra souvent par la suite

(Barbe-bleue (1944), L'Atlantide (1961)...). Outre Karloff et Lugosi, Le chat noir nous donne l'occasion de retrouver David Manners (jeune premier de service dans Dracula et La momie...) et Julie Bishop (sous le pseudonyme de Jacqueline

Wells) qui allait connaître une longue carrière hollywoodienne (Convoi vers la

Russie (1943) avec Humphrey Bogart, Du sang sur la neige (1943) de Raoul Walsh avec Errol Flynn...). Peter et Joan, deux jeunes américains, passent leur lune de miel en Hongrie. Au cours d'un voyage en train, ils y rencontrent le docteur Vitus

Werdegast, qui leur raconte son histoire. Cet homme a été, durant la première guerre mondiale, un soldat aux côtés des forces prussiennes. Mais, un de ses officiers, Hjalmar Poelzig, l'a vendu, lui et des milliers d'autres soldats, à

l'ennemi. Werdegast a survécu à ce drame, mais il a ensuite été interné plusieurs années, durant lesquelles Poelzig l'a fait passer pour mort auprès de sa famille et lui a ainsi volé sa femme. Les trois voyageurs ont ensuite un accident dans une région isolée, à quelques pas de la maison de Poelzig. Werdegast va le retrouver et est bien décidé à se venger. Poelzig est toutefois un être particulièrement malsain et malfaisant, puisque, en plus d'être un traître, il est adorateur du

Diable et féru de sorcellerie... Vous vous en êtes sans doute aperçus : cette intrigue ne présente guère de similarité avec la nouvelle Le chat noir de Poe ! En fait ce titre se justifie seulement par la présence du chat noir de Poelzig dans sa demeure, animal qui terrifie Werdegast, dont la santé mentale est bien fragile.

La référence à Poe semble surtout être un coup publicitaire sans réel fondement.

Par bien des aspects, Le chat noir reste fidèle à certains caractères classiques du film d'épouvante. Il ne s'agit certes pas d'un film de monstres, qui reposerait sur des effets spéciaux ou des maquillages spectaculaires (Frankenstein,

L'homme invisible...). On retrouve néanmoins un huis-clos angoissant assez traditionnel, rappelant les formules de La volonté de mort (1927) de Paul Leni,

Une soirée étrange ou, plus tard, de Deux mains, la nuit (1946) de Robert

Siodmak : plusieurs personnes sont enfermées dans une inquiétante demeure dans laquelle les évènements insolites se multiplient jusqu'à la révélation finale d'une terrible vérité. Le chat noir va donc fonctionner comme un suspens d'une grande intensité, dont l'efficacité repose, certes, sur des situations angoissantes (la crypte, le sacrifice...), mais aussi sur la confrontation de deux personnages très élaborés : Werdegast / Lugosi et Poelzig / Karloff.

Werdegast est le "bon" de l'histoire. Il revient sur les traces de son passé, après des années d'errance, pour affronter le cruel Poelzig qui a brisé sa vie et lui a pris sa femme et sa fille. Pourtant, le personnage incarné par Lugosi n'est pas dénué d'ambiguité. La fragilité de sa santé mentale (sa phobie des chats par

exemple) et ses secrets mystérieux en font un homme inquiétant, dont on doutera à plusieurs occasions (Joan l'accusera d'être un traître). Saluons au passage une des meilleurs performances d'acteur de Lugosi, qui prouve ici qu'il n'est pas l'histrion macabre et délirant pour lequel on a trop souvent voulu le faire passer. Face à lui, Karloff, vêtu d'un kimono noir et les cheveux blanchis, interprète Poelzig, redoutable génie du mal. Ce personnage sadique aux hobbys macabres (il embaume les femmes de sa vie pour les exposer dans des cages de verre au fond de sa cave) est aussi fasciné par la magie noire et dirige une secte d'adorateurs de Satan. Le nom de Poelzig a été inspiré à Ulmer par Hans Poelzig, un architecte qu'il admirait et avec lequel il avait travaillé sur les décors de Le golem. Mais, le personnage lui-même était surtout une réminiscence du "vrai" sorcier anglais Alceister.

Dans la série des classiques de l'horreur produits par Universal du début des années 1930, Le chat noir se distingue à bien des égards. La plupart de ces films semblaient se dérouler dans un cadre historique vaguement contemporain à connotation assez gothique et dans des contextes géographiques traités de façon plutôt exotique (Paris dans Double meurtre dans la rue Morgue, le Londres gothique de Dracula...), voire complètement fantaisiste (l'Europe centrale de

Frankenstein). Ici, le récit est ancré très fermement dans la réalité historique de son époque, c'est-à-dire dans l'après-guerre, puisqu'il s'appuie sur une affaire de vengeance entre soldats de l'armée austro-hongroise. Qui plus est, les décors aussi sont d'une très grande modernité et ne font aucune concession au gothisme. L'argument qui va forcer les voyageurs à chercher refuge chez

Poelzig (un accident de voitures) est le même que dans Une étrange soirée de

James Whale, qui présentait une demeure bien plus classique, décrépie et pleine de toiles d'araignées et de moulures. Dans Le chat noir, la maison de la terreur s'inspire des trouvailles du Bauhaus (école allemande d'arts appliqués très

influente, que les nazis venaient de faire fermer en 1933) : on pense donc aux travaux d'architectes qui y ont participé, comme Gropius ou Mies Van der Rohe.

Les formes sont géométriques et l'intérieur fait la part belle aux parois dépouillées et lisses, aux surfaces blanches, aux grands espaces vides et aux parois coulissantes. Le mobilier rappelle aussi les recherches du Bauhaus ou des hollandais de De Stijl. Bref, autant par son récit que par son travail décoratif

(on aurait encore pu citer les costumes de Karloff, entre autres...), Le chat noir s'inscrit volontairement et nettement dans la modernité de son époque. La réalisation aussi, à bien des égards, est marquée du sceau de la modernité.

Certes, les films américains avaient déjà commencé à intégrer les découvertes formelles du cinéma fantastique allemand des années 1920 grâce aux premiers chefs-d’œuvre horrifiques de la Universal (Dracula, Frankenstein, Double- meurtre dans la rue Morgue, La momie...). Mais, ici, la mise en valeur des décors semble emporter ces expérimentations encore plus loin. Par moment, Le chat noir

évoque les photographies constructivistes d'un Rodtchenko, voire un véritable film de science-fiction comme Metropolis (1927) de Fritz Lang. Ainsi, la séquence de la messe noire dans ses décors cubistes est très originale et renouvelle efficacement la représentation classique de la cérémonie sataniste.

Quand à l'emploi d'une musique très présente, martelant notamment des thèmes de Liszt ou de Tchaïkovski, d'une grande originalité et d'une grande puissance, il contribue encore à la force et à la singularité de ce film. Le chat noir est donc à nouveau un très bon film d'épouvante à mettre au crédit de la compagnie

Universal, bien qu'on puisse regretter une réalisation parfois un peu trop statique. Original par son ambiance, d'une grande intensité horrifique et dramatique, remarquablement interprété, il peut être considéré comme un des excellents films d'épouvante du début des années 1930. Le chat noir connaîtra un bon succès, ce qui encouragera Universal à confronter à nouveau Karloff et

Lugosi dès l'année suivante, dans Le corbeau (1935) de Lew Landers. Le chat noir

aurait pu lancer favorablement la carrière d'Ulmer. Hélas, il se brouilla rapidement avec Carl Laemmle jr., directeur des studios Universal. Il retourna vite sur la côte est des USA où il tournera tout au long de la seconde moitié des années 1930 des films destinés aux immigrés, dialogués en ukrainien (Natalka

Poltavka (1937)) et surtout en yiddish (Green fields (1937), The Singing

Blacksmith (1939)...). Il reviendra au cinéma anglophone au début des années

1940, avec des petites productions, parmi lesquelles Barbe-bleue, en 1944, interprété par John Carradine.

Le corbeau est l’une des sept rencontres sur pellicule entre Bela Lugosi et Boris

Karloff. Louis Friedlander, petit artisan qui ne réalise que cinq métrages (dont un curieux Return of the vampire en 1944) imprègne son récit de toute l’atmosphère qui se dégage des textes d’Edgar Allan Poe. Le mystérieux Dr.

Vollin (Bela Lugosi) est épris de l’auteur américain et de son œuvre. Le poème Le corbeau est son favori et quand, avec son célèbre accent d’Europe centrale, il en récite des passages (« Back into the chamber turning, all my soul within me burning, Soon again I heard a tapping somewhat louder than before »), son air est inquiétant, presque effrayant.

Vollin est un chirurgien qui s’est retiré de la médecine pour ne plus s’occuper que d’obscures recherches. Cependant un juge (Samuel S. Hinds) le sollicite et insiste pour qu’il sauve la vie de sa fille Jean Thatcher (Irene Ware). Soit. Il sauve la vie de la belle. Puis il en tombe amoureux, mais ni le juge son père, pas plus que l’intéressée ne veut consentir à ce que, d’une façon ou d’une autre, il s’en rapproche. Comme il l’explique lui-même, pour éteindre son ardent désir, il choisit de se débarrasser de la demoiselle. A cette sinistre fin, il profite de l’aide regrettée de Bateman (Boris Karloff), criminel dont il a opéré le visage et qu’il a transformé en monstre. L’homme malheureux confirmera-t-il l’hypothèse émise :

« Peut-être que si un homme est laid, il commet de vilaines choses » ? Une salle des tortures reproduisant les instruments décrits par Poe dans la nouvelle The pit and the pendulum* sert de décor aux dernières scènes. L’ombre de l’oiseau de mauvaise augure plane sur le personnage fou de Vollin mais les invités qu’il a réunis dans son manoir pour accomplir ses sadiques méfaits, grâce au sacrifice de Bateman, échapperont à ses serres.

Le corbeau est réussi pour trois raisons. Sans être d’excellents acteurs, Lugosi et Karloff sont plein de charisme et bénéficient grâce à leurs filmographies fantastiques d’une aura certaine. La photographie met en valeur un très beau noir et blanc. Par le montage et les rebondissements, le rythme enfin est bien tenu

(le film ne dure que 61 minutes). Ne « jamais plus » voir ce film ? Non, pourquoi dites-vous cela ?

Le Dr Glendon est un scientifique. Lors d’une mission au Tibet pour trouver une fleur unique qui se nourrit de l’énergie de la lune, il se fait attaquer et mordre par une bête étrange. De retour à Londres, il s'aperçoit qu’il se transforme en loup-garou et tente de contrer les effets à l’aide de la plante qu’il a trouvée.

C’est aussi la raison de cette expédition au Tibet qui sert de contrée mystérieuse et source de ce mal mystérieux.

Ici, on est dans pas dans le folklore mais plutôt dans le film policier aux frontières du fantastique. En situant le film à Londres, on se retrouve avec un loup-garou qui est une sorte d’émule de Jack l’éventreur qui laisse derrière lui des victimes dans les quartiers pauvres de la capitale.

L’essentiel de l’intrigue tiendra sur l’affrontement entre le Dr Glendon et un Dr

Yamagi qui lui a refilé la maladie pour bénéficier des bienfaits de la plante miraculeuse qui les empêche l’un et l’autre de commettre des meurtres en période de pleine lune.

Pour ce qui est du monstre, on tombe à pieds joints dans le ridicule. Le loup- garou, cette bête incontrôlable et assoiffée de meurtre se transforme en dandy poilu qui prend le temps de mettre une caquette et un grand pardessus pour qu’il puisse se balader dans la ville discrètement faisant attention de ne croiser aucun passant. Le maquillage ne se limite qu’à quelques touffes de poils ne recouvrant que partiellement le visage et les canines du bas qui ressortent de façon démonstratives.

Dans le cadre de la mythologie, on a désormais une origine précise puisque maintenant, c’est nommément la pleine lune qui cause les dérèglements (même si la lune n’apparaît que dans le dernier plan du film) et une cure temporaire puisqu’une plante peut limiter les effets une nuit à la fois sans servir de solution permanente. Le monstre est descendu d’une simple balle de pistolet à la fin du film. De la même façon, il lui sera possible en étant encore un loup-garou de prononcer quelques mots à l’attention de sa femme qu’il essayait de buter quelques secondes avant.

Le docteur Rukh a réussi à retrouver une météorite tombée il y a 225 millions d'années. Il en sera contaminé, mais possédera le Radium X qui peut détruire ou

guérir. Pouvant tuer au simple toucher, Rukh s’enfuit. Sa jeune épouse et ses collègues le laisseront tomber, mais la vengeance du savant, qui brille maintenant dans le noir, sera terrible...

L’année 1935 fut riche en productions d’excellente qualité pour le genre fantastique. Il y eut The Raven et surtout The Bride of Frankenstein pour la

Universal (en dehors du relatif échec commercial de Werewolf of London), puis

Mark of the Vampire et Mad Love pour la MGM, ou encore The Black Room pour la Columbia... La guerre des studios sur ce terrain fait rage, même si la Universal entend bien garder l'avantage en multipliant ses sorties. Mais la production est si forte, si concentrée, et si excellente de manière générale que l’année 1936 fait bien vite redescendre le rythme. Les films en préparation diminuent en nombre et en qualité. L’exploitation générale du genre tend à s’essouffler et surtout l’effet de surprise auprès du public commence à s’éroder. Le fantastique au cinéma devient ainsi victime de sa propre renommée. Trop de véritables classiques instantanés et de réussites majeures ont vu le jour en cinq ans, et il devient difficile de tourner de nouveaux projets sans trop se répéter. La

Universal se retrouve bientôt à nouveau détentrice de la grande majorité des productions d’épouvante d’alors et commence à recycler les formules du passé qui ont pu crever l'écran. Plus marginaux sont les films aux histoires originales qui se raréfient ou deviennent bien souvent des projets de série B. Le genre se sclérose puis va faire une "pause" à partir de la seconde moitié de l’année 1936, pour ensuite reprendre de plus belle dès 1939, année à partir de laquelle les suites vont commencer à affluer en grand nombre.

Ainsi, The Invisible Ray est l’un des derniers films importants de la firme dans sa première période fantastique. Et il ne s’agit là ni d’une suite ni d'une variation sur un mythe déjà existant au cinéma. Une nouvelle fois, Bela Lugosi et Boris

Karloff tournent ensemble, ce dernier ayant ici le rôle principal. Interprétant un

scientifique bafoué, il veut une nouvelle fois se venger en semant la mort autour de lui. Le postulat n’a rien de très original mais il apparaît constamment bien mené et, tout en préfigurant le style inventif des séries B qui apparaitront par la suite, les idées de scénario fusent régulièrement : les statues fondues après chaque meurtre, la découverte du coupable figé dans les yeux du cadavre, la réunion finale de membres de la communauté scientifique instaurant un climax d’une efficacité redoutable... Jouissant d’une durée un peu plus longue que de coutume, l’œuvre prend ainsi le temps de situer l’action, de créer une atmosphère qui change du tout au tout pendant son déroulement, allant du château dans les montagnes à la vie citadine, en passant par une région d’Afrique pour le moins exotique. S’il semble assez longuet dans certaines de ses séquences, le film est amplement rattrapé par un ensemble technique impeccable et un duo de stars qui, en bons leaders du casting, donnent une interprétation fine et mesurée. En raison de son statut de valeur sûre au regard des studios, Boris Karloff détient le premier rôle, et de loin, son temps d’apparition à l’écran étant environ trois fois supérieur à celui de Lugosi qui, pour sa part, rencontre de plus en plus de difficultés à maintenir sa popularité. Dans ce long métrage, Karloff joue un savant passionné, au fond indiscutablement gentil, fiancé à une ravissante jeune femme, et déterminé par l’obsession de retrouver une météorite aux pouvoirs curatifs universels. Faisant fi de la célébrité, se fichant de l’argent, Karloff travaille pour l’humanité, et cela rend son personnage doucement naïf et terriblement attachant, ce qui appuiera plus encore la sensation de gâchis lorsqu’il partira en quête de vengeance à cause d’un malentendu malheureux.

L’acteur est ici très touchant, parfois cruel, souvent juste, et sa mort finale n’en est que plus emblématique et plus belle. Bela Lugosi, pour sa part, incarne un véritable second rôle : un scientifique droit et bon, parfois sympathique, souvent intelligent et courageux. Que l’on ne s’attende pas au très beau sur-jeu complet auquel nous a habitué l’acteur hongrois, car ici il n’en n’est rien. Lugosi joue d’une

façon très sobre, ce qui n’est pas pour déplaire, tant son charisme ressort encore davantage et tant son calme olympien en fait un personnage droit et digne de respect. Il est toutefois dommage qu’un personnage aussi agréable à suivre que celui-ci n’ait pas bénéficié d’une place plus importante dans la narration, et sa mort prématurée laisse un léger arrière-goût d’insatisfaction. Bien sûr, comme toujours, le fameux duo ne laisse que peu de place aux autres acteurs. Le jeune

Frank Lawton est toutefois sympathique, Beulah Bondi se voit allouée quelques bonnes répliques, et Walter Kingsford joue les utilités. Enfin, remarquons la présence de la belle Frances Drake, malheureusement moins bien dirigée ici qu’auparavant, dans Mad Love. Techniquement, le film est sans faille. La mise en scène n’a rien de sensationnelle, mais est exécutée par le solide artisan Lambert

Hillyer qui réussit à rythmer le film sans difficulté. Les vingt premières minutes, distillant décors gothiques, atmosphère lugubre, effets spéciaux révolutionnaires et charme fou, sont incontestablement les plus maîtrisées, et entretiennent une solide ambiance de mystère. Le rassemblement de savants, dans un cadre intime dominé par les étoiles scintillantes perçues à l’aide de l’observatoire de Karloff, possède une magie considérable. Quant à la photographie, qui s'adapte aux diverses tonalités du film, elle confère à l’ensemble un caractère à la fois fantastique et policier, permettant à cette synthèse de perdurer dans la sobriété, visiblement le mot d’ordre du début jusqu’à la fin. The Invisible Ray n’est certes pas l’une des plus grandes réussites de la Universal dans le domaine de l’épouvante, mais reste une très bonne surprise, confrontant une nouvelle fois les deux monstres sacrés que sont Boris

Karloff et Bela Lugosi, réservant quelques effets spéciaux inédits pour l’époque, et offrant une histoire assez sobre et relativement intéressante. Un très bon film, et l’un des derniers segments d’une première période de films d’épouvante sur le déclin.

Basil Rathbone a joué dans ce film où il joue Richard, duc de Gloucester, qui devint plus tard Richard III. Ian Hunter joue son frère le roi Edouard IV, et

Vincent Price joue leur plus jeune frère George, duc de Clarence. Dans le rôle du bourreau qui donne la chair de poule avec son pied-bot on retrouve Boris Karloff.

Le seul personnage totalement fictif dans le film, Mörd était un esclave dévoué de Richard, qui ferait n'importe quoi que Richard lui demanderai, y compris de les assassiner.

Le film est basé sur l'histoire de la Maison d'York et la guerre des Roses, 1471-

1485. Richard Plantagenet, 3ème Duc de York, le père des trois frères joué par

Rathbone, Hunter et Price, avait revendiqué le droit au trône de la famille. Le

Parlement a trouvé que la demande était juste. Le roi Henri VI (maison de

Lancastre) rassembla une armée de partisans, et ainsi commença la guerre des

Deux Roses. Richard Plantagenet fut tué au combat en 1461. Le Parlement intronisera le fils aîné de Richard Edward King Edward IV, et déclarera Henri VI un traître. Le film commence environ 12 ans plus tard. Le vieux roi Henry a été emprisonné dans la Tour et est complètement incapable. Richard, duc de

Gloucester, (Rathbone) est le fils cadet de Richard Plantagenet et sixième en ligne pour le trône. Rathbone a donné un excellent portrait de Richard aussi

sinistre, sans cœur, et ambitieux, un peu comme le personnage-titre dans la pièce de Shakespeare, Richard III . Dans «Tour de Londres», Richard s’affiche avec de petites poupées représentant King Edward (son frère), lui-même, et les cinq personnes qui se dressent entre lui et le trône. Chaque fois que l'un d'eux meurt, il prend la poupée, et la jette dans le feu, enfin il déplace la poupée le représentant de plus en plus proche du trône.

En 1471 Edward, prince de Galles (le fils du vieux Henri VI), arrive sur la côte ouest et commence sa marche sur Londres pour reconquérir le trône. Avec lui se trouvait sa belle femme, Anne Neville, qu'il avait courtisée. Anne Neville sœur

Isabel a été mariée à George, duc de Clarence. Leur père (Warwick) était très riche. King Edward redistribue la richesse de Warwick selon ses propres désirs, qui ne plaisent pas à Clarence. Clarence conspire pour tuer Edward, et il est arrêté.

Richard prétend consoler Clarence, , mais Clarence ne fait pas confiance à

Richard et l'accuse de vouloir l'empoisonner. Richard réponses: «Vous êtes bête et insultant je vais vous tuer, mais honnêtement et équitablement, je vous mets au défi de combattre avec une arme que vous choisissez .... Le prix pour le vainqueur -.. L'ensemble des domaines Warwick" Clarence choisit de croiser le fer avec malvoisie. Il est persuadé qu'il peut battre Richard à boire du vin.

Finalement, Richard sort et Clarence rit joyeusement «J'ai gagné!" Puis Richard se réveille et le fusille du regard. Il frappe Clarence sur le sol, puis le vin

éclabousse sur son visage afin de le réveiller. Avec l'aide du Mord il porte

Clarence à un tonneau de malvoisie et il le jette pour qu’il se noie. Richard enlève la poupée "Clarence" et lui-même se déplace de plus en plus près du trône.

Cette scène est une scène particulièrement importante dans le film. Vincent

Price et Rathbone ont failli tomber ivre. Vincent Price a écrit à propos de cette scène:

" Comme un imbécile, j'ai été volontaire pour faire la scène de la noyade moi- même plutôt que d'être doublé. Basil et Boris me faisaient marcher et prenaient un malin plaisir à jeter leurs mégots et autres déchets dans la cuve. Le coordinateur des cascades m'a dit que quand ils me jetteront dans la cuve et quand ils auront claqué le couvercle, j'étais censé m'emparer d'une barre en bas et compter jusqu'à dix avant de remonter. Je l'ai fait mais le couvercle était toujours fermé! Ils ont réussi à me sortir avant que je me noie. "

Curieusement, l'histoire de Clarence noyé dans un tonneau de malvoisie était peut-être vraie.

Plus tard, Edward tombe malade. Sur son lit de mort, il dit à la reine: «Richard est l'homme le plus sage en Angleterre. Faites confiance à son jugement. Il prendra ma place en tant que père de nos enfants." La reine, cependant, ne fait pas confiance à Richard. A la mort d'Edouard IV en Avril 1483, son fils aîné, un garçon de 12 ans, est devenu le roi Edouard V et Richard est nommé Lord

Protecteur du jeune roi. La Reine donne à John Wyatt l’autorisation de voler le trésor royal de la Tour afin que lui et Henry Tudor puissent monter à l'assaut.

John réussit à obtenir le trésor mais il est pris et arrêté. Richard torture John pour essayer de lui faire révéler l'endroit où le trésor est caché.

Richard est furieux contre la reine. Pour écraser son esprit, il emprisonne les jeunes princes dans la tour. Richard lui-même sera couronné roi Richard III, le

26 Juin 1483. Peu de temps après, il avait assassiné ses neveux.

Deux ans plus tard, les forces rebelles commandés par Henry Tudor, chef de la maison de Lancastre, a vaincu une armée dirigée par le roi Richard III. Des soldats de l'armée de Richard ont déserté pour combattre aux côtés de Henry

Tudor. Après que Richard fut tué dans la bataille, Henri Tudor sera couronné roi

Henry VII, le premier roi Tudor d'Angleterre.

L'une des premières scènes du film est l'exécution de Lord DeVere, joué par

Rodion fils de Basil Rathbone. Il est inscrit dans les crédits que John Rodion.

Rodion a également joué un petit rôle dans " The Dawn Patrol ".

"Tour de Londres" doit être apprécié comme un divertissement, pas comme un fait historique. Bien que le vrai Richard de Gloucester a en effet usurper le trône, il ya peu de preuves qu'il était aussi méchant comme il a été décrit dans

Richard III de Shakespeare, et dans ce film. Shakespeare écrivait pour les

Tudors, qui ont besoin de renforcer leur prétention au trône. En effet, lorsque le public apprit que Richard avait tué les deux jeunes princes, ils ont été horrifiés.

Selon l'histoire, Edouard V et son frère disparurent peu après le couronnement de Richard, mais il n'existe aucune preuve que Richard était responsable de les avoir tués. La recherche a jeté un doute sur la plupart des hypothèses entourant

Richard.

C’est étrange de voir Rathbone avec les tempes grisonnantes dans le film. En effet Richard III n'avait que 19 ans quand il a combattu à la bataille de

Tewkesbury et seulement 33 quand il est mort. Richard n'avait rien à voir avec la mort de Henri VI.

Dans "Tour de Londres" le réalisateur Rowland V. Lee réutilisera la partition musicale du «Fils de Frankenstein», reprenant le thème du Monstre pour les apparitions de Karloff. Roger Corman refera la "Tour de Londres" en 1962 avec

Vincent Price dans le rôle de Richard.

Fait intéressant, bien que la carrière de Bela dans les films américain avait commencé à Universal Pictures, et bien qu'il ait été présent dans plusieurs de leurs films d'horreur, il n'avait pas fait de série pour eux. Apparemment,

Universal a finalement décidé d'utiliser Lugosi dans The Phantom Creeps, fait en

1939. Ce qui allait être sa dernière série, Bela joue le Dr Alex Zorka, un autre savant fou, dont les inventions fantastiques sont convoitées par des espions

étrangers dirigés par Edward Van Sloan (qui avait joué le Dr Van Helsing dans

Dracula avec Lugosi) . Un collègue scientifique (Edwin Stanley) conseille Zorka de remettre ses inventions au gouvernement américain, Zorka refuse. Zorka est placé sous la surveillance du FBI, mais il simule sa mort et tente d'emmener sa femme (Dora Clement) à son refuge secret. Sa tentative de filer en avion se retourne contre lui et se traduit par sa mort, et Zorka, jurant vengeance sur la société, commence des ravages sur le monde dans son ensemble avec ses inventions (y compris les araignées mécaniques, un dispositif d'invisibilité, et un robot géant) tandis que le bons (dirigée par Robert Kent, G-man Bob l'Ouest) et les méchants s'affrontent pour ses inventions.

Bela Lugosi a vraiment l'air d'apprécier le rôle, et il a fait un serial plus approprié pour l'un des meilleurs méchants de série jamais interprété.

Les films muets :

Dans le Paris du xve siècle, la gitane Esméralda danse sur le parvis de Notre-

Dame. Sa beauté bouleverse Jehan, frère de l'archidiacre de la cathédrale.

Jehan décide de l'enlever avec l'aide de Quasimodo mais elle est sauvée par une escouade d'archers commandée par Phoebus de Châteaupers. Ce dernier, sensible à la beauté de la Gitane, l'invite dans une auberge. Esmeralda réussi à s'échapper mais Quasimodo est fait prisonnier et condamné à recevoir vingt coups de fouet en place publique. Il réclame à boire et c'est Esméralda, dont il est secrètement amoureux, qui lui donne de l'eau fraîche. Phoebus est fiancé à

Fleur-de-Lys mais, séduit par la Gitane, il lui donne rendez-vous. Jehan, qui les a suivis, poignarde Phoebus. Accusée de meurtre, Esméralda avoue sous la torture les faits de meurtre et de sorcellerie qui lui sont reprochés. Jehan lui propose de sauver sa vie si elle cède à ses désirs. Elle refuse. On va la pendre sur le parvis mais avant d'exécuter la sentence elle doit aller faire amende honorable à

Notre-Dame de Paris pour expier ses péchés. Quasimodo s'empare d'elle et l'emmène dans la cathédrale où le droit d'asile la met à l'abri. Il la porte dans la

pièce où il loge en haut de la cathédrale. Durant ce temps les gueux de la Cour des miracles rassemblés par leur roi Clopin, assiègent la cathédrale et tentent d'y pénétrer. Quasimodo projette sur les insurgés des blocs de pierre et du plomb fondu. Jehan a réussi à parvenir près de Esméralda et tente de la violer.

Entre temps Phoebus a été prévenu par le poète Gringoire qui lui apporte un message d'Esméralda apeurée. Phoebus alerte la garnison. Quasimodo, abandonnant ses jets de projectiles, revient vers la Gitane et se bat avec Jehan qui, avant d'être projeté dans le vide, poignarde mortellement le bossu.

Carl Laemmle, chef d’Universal, autorisa un budget de 1,5 millions de dollars, un record pour l’époque ! Il fera construire, un des plus couteux décors du cinéma muet en reconstituant le parvis et la façade de la cathédrale Notre Dame en studio. Un plateau gigantesque de 186 sur 280 mètres verra défiler plus de deux cents figurants. Le jeune producteur Irving Thalberg deviendra, quand à lui, une des personnalités les plus influente du cinéma muet et sera surnommé « le merveilleux garçon d’Hollywood » et offrira, par la suite, à Lon Chaney des rôles sur mesure. Lon Chaney s’impliqua dans toutes les étapes du film. De la production au scénario. Il collabora à l’adaptation du roman qu’il connaissait sur le bout des doigts et qu’il voulait porter à l’écran dès 1920. Il fut également concerté pour le choix du réalisateur et dirigea quelque scène pendant le film.

Pour son rôle de Quasimodo, Lon Chaney suivi la description de la créature à travers des notes confidentielles de Victor Hugo. L’acteur portait sur son dos une bosse en caoutchouc pesant vingt cinq kilos attachée à un harnais de cuir reliée à un grand plastron. Avec cet accoutrement Chaney était incapable de se tenir debout. Son torse était recouvert d’une peau tendue, couleur chair en caoutchouc, recouverte de poils d’animaux. La chaleur à l’intérieur du costume

était insupportable et l’acteur était toujours trempé de sueur. Son visage était

également recouvert d’un masque en caoutchouc d’une seule pièce qui déformait

son œil droit. Un énorme travail fut effectué sur sa dentition et sa mâchoire inférieure après l’essayage de plusieurs prothèses. Après quatre heures de préparation chaque jour, cette transformation soumettait son corps aux pires souffrances. Lon Chaney voulant au final, ressentir physiquement la douleur de

Quasimodo.

Erik, être à moitié fou rejeté par la société, vit dans les sous-sols désaffectés de l'opéra Garnier à Paris. Amoureux d'une des cantatrices, il intrigue pour qu'elle obtienne le premier rôle, avant de lui réclamer son amour en retour. Mais celle-ci, découvrant la profonde laideur de celui qu'on appelle le Fantôme de l'Opéra, cherche par tous les moyens à échapper à son emprise, avec l'aide de son prétendant.

Cette adaptation du roman de Gaston Leroux est une remarquable réussite grâce

à son casting et à sa réalisation confiée à Rupert Julian. Le film deviendra, au fil des décennies, la version ultime de l’adaptation du roman à l’écran.

Parmi les séquences les plus marquantes :

- la scène du grand escalier où le grand lustre, de douze mètre de diamètre pesant 8000 kilos, s’écrase sur les spectateurs de l’opéra.

- l’arrivée du fantôme déguisé avec un masque de mort.

- la scène où la jeune fille (Mary Philbin) se glisse derrière le fantôme et enlève son masque. Un des grands moments du cinéma d’horreur.

Comme pour Le Bossu de Notre Dame, le maquillage de Chaney était un exercice d’auto-torture. Il avait mit au point un dispositif inséré dans son nez qui se propageait dans ses narines pour en relever la pointe. Il s’inséra de fausses dents en saillie auxquelles étaient rattachés de petites broches reliées aux coins de sa bouche. Pour finir, des disques de Celluloïd placés dans sa bouche étaient utilisés pour faire ressortir ses pommettes. Le maquillage de Lon Chaney fut une source d’inspiration pour beaucoup d’autres maquilleurs et notamment pour le créateur de Batman, Bob Kane qui s’est inspiré d’Erik pour concevoir son Joker.

Erik le fantôme qui hante l’Opéra de Paris est probablement le personnage le plus célèbre et certainement le rôle le plus horrible joué par Lon Chaney. Produit par

Carl Laemmele au sein d’Universal (le studio qui se spécialisera dans les films d’horreur dans les années 30), le film a été mit à l’écart pendant près de deux ans, et a été soumis à d’intenses rafistolages. D’autre part, de grosses tensions entre Chaney et Julian n’ont pas facilité le tournage. Alors que beaucoup s’attendait à une catastrophe, le film se révéla être un énorme succès commercial et critique. Après Le Fantôme De L’Opéra, Irving Thalberg engage définitivement Chaney comme acteur à la Metro-Goldwyn-Mayer. Durant les cinq dernières années de sa carrière cinématographique (1925-1930), Chaney travailla exclusivement sous contrat avec la MGM. C’est pendant cette période qu’il offrit ses interprétations les plus remarquables sous la direction de Tod Browning.

Cyrus West, un vieil original milliardaire, solitaire et grincheux, rédige son testament et le met sous pli en deux enveloppes cachetées à ouvrir vingt ans après ma mort. Il joue ainsi un tour aux membres de la famille qui attendront, minés par l'impatience, comme des chats excités par la vue d'un canari en cage.

Après la disparition du vieillard le château reste vide habité seulement par une ancienne servante, Mammy Pleasant, et le gardien. Un visiteur s'introduit dans les lieux. Sa main gantée essaie de faire jouer la serrure à chiffres du coffre- fort qui s'ouvre enfin. Il est vide. Pendant ce temps, le notaire est arrivé et les membres de la famille sont réunis pour assister à l'ouverture du testament. On ouvre la première enveloppe. C'est la nièce Anabella West qui hérite mais à la condition qu'elle soit saine d'esprit. Si elle ne l'est pas un autre héritier sera désigné dont le nom est inscrit dans la seconde enveloppe. Pendant la préparation du dîner, le gardien vient annoncer qu'un fou, surnommé le Cat, s'est échappé et est peut-être dans la maison ou aux alentours. La folie s'empare des convives.

Pendant son sommeil, la main gantée tente d'étrangler Anabella. Tante Suzan parvient à quitter la demeure et monter dans la charrette du laitier pour prévenir la police qui démasquera rapidement l'auteur des incidents : c'était, déguisé en monstre hideux, Charlie Wilderl, neveu de Cyrus, dont le nom figurait dans la seconde enveloppe. Le gardien était son complice.

Adapté de la pièce de théâtre éponyme signée John Willard qui connut sa première à Broadway en 1922, La volonté du mort (The Cat and the canary en anglais) constitue la première transposition cinématographique de l’œuvre originelle qui en connaîtra quelques-unes par la suite, notamment la version de

1939 avec Bob Hope qui verse plus volontiers dans la comédie. La présente version signée par l’Allemande Paul Leni, l’un des décorateurs attitrés de l’ère expressionniste du cinéma muet germanique, s’immisce davantage sur le terrain des thrillers Old dark house qu’illustrent à merveille une large fournée de polars fantastiques de l’époque : The Bat et sa relecture parlante The bat whispers,

The Old dark house (nom révélateur) de James Whale et Le gorille du prolifique

Allan Dwan qui termine de décrédibiliser ce sous-genre en lui accolant une désormais indissociable imagerie burlesque.

Un manoir hanté, une multitude de passages dérobés et de trappes qui sont autant de raccourcis Cluedo, un nombre incalculable de personnages aux motivations floues, un meurtrier tapi sous une fausse identité au pseudonyme généralement animalier, tels sont les ingrédients indispensables qui dotent le genre d’un certain blase. Un genre qui navigue dans les eaux troubles du fantastique et du mystère autant qu’il flotte tranquillement sur les golfes sans remous de l’enquête policière méticuleusement balisée. La volonté du mort, première œuvre américaine du cinéaste convoqué par Carl Laemmle suite à la découverte de son travail en terre allemande, consacre avant tout son réalisateur comme un illusionniste extraordinaire. La première séquence figurant

Cyrus West au milieu de gargantuesques bouteilles médicinales persécuté par quelques félins atteste du travail sur le subconscient que Leni met au service d’une intrigue souvent entrecoupée de métaphores puissantes (le crâne volant suggérant la mort notamment). L’œuvre se voit transcendée par la poésie visuelle mise en place par l’auteur qui semble davantage intéressé par le dynamisme

formel (les nombreux travellings qui parsèment le film) et une imagerie sinon poétique au moins impactante (les mains velues qui émanent des parois) que par une quelconque caractérisation psychologique des personnages. Le bain de folie dans lequel sont plongés les aspirants à la richesse trouve un parfait allié dans la succession de ces effets traumatiques renforcés par un cadre résolument anxiogène nanti de toiles d’araignées gigantesques et les éclairs qui fendent l’azur à l’extérieur de la bicoque. Des stéréotypes qui sont autant de jalons indissociables des œuvres spectrales et qui seront réinvestis dans The last warning (avec de nouveau en son cast la troublante Laura La Plante) réalisé en

1929 par le même Paul Leni quelques mois avant son décès qui déplace géographiquement son intrigue en l’implantant sur une scène de théâtre qui vit ses planches souillées cinq ans auparavant par le sang lors d’un crime atroce.

La volonté du mort sacralise considérablement le genre des old dark house dont il édifie les règles principales et préfigure les trajectoires que prendra le genre au cours de la décennie, Leni dosant habilement son œuvre d’un mélange des genres des plus délicat. Le cinéaste, peu attaché à la multitude de personnages qui peuple son intrigue, parvient via de nombreux tours de force visuels à instiller une atmosphère inquiétante subtilement désamorcée par l’un ou l’autre emprunt au théâtre burlesque.

En Angleterre, à la fin du XVIIe siècle, le roi Jacques se débarrasse de son ennemi, le Lord Clancharlie, et vend son jeune fils, Gwynplaine, aux trafiquants d'enfants qui le défigurent. Le garçon s'enfuit et sauve du froid un bébé aveugle, Dea. Tous les deux sont recueillis par Ursus, un forain. Gwynplaine, baptisé "L'Homme qui rit", devient un célèbre comédien ambulant. Le bouffon

Barkilphedro découvre son ascendance noble et la dévoile à la reine Anne, qui a succédé au roi Jacques.

Une photo de l'acteur Conrad Veidt dans L' Homme qui rit a inspiré Bob Kane, le créateur de la bande-dessinée Batman, pour créer le personnage du Joker, immortalisé au cinéma par Jack Nicholson. En effet, le personnage du film de

Paul Leni a un sourire permanent à cause de blessures endurées durant son enfance.

L'homme qui rit a été présenté, 70 ans après sa sortie, à Cannes dans une version restaurée. Il fut projeté lors d'une soirée spéciale fêtant le trentième anniversaire de la Quinzaine des réalisateurs en 1998.

La nature avait été prodigue de ses bienfaits envers Gwynplaine. Elle lui avait donné une bouche s’ouvrant jusqu’aux oreilles, des oreilles se repliant jusque sur les yeux, un nez informe fait pour l’oscillation des lunettes de grimacier, et un visage qu’on ne pouvait regarder sans rire. Nous venons de le dire, la nature avait comblé Gwynplaine de ses dons. Mais était-ce la nature ? Ne l’avait-on pas aidée

? Deux yeux pareils à des jours de souffrance, un hiatus pour bouche, une protubérance camuse avec deux trous qui étaient les narines, pour face un

écrasement, et tout cela ayant pour résultante le rire, il est certain que la nature ne produit pas toute seule de tels chefs-d’œuvre. (Tiré de l’Homme qui rit de Victor Hugo)

Cinq ans après la fermeture du théâtre suite à un assassinat de l'un de ses acteurs lors d'une représentation, un producteur décide de résoudre le mystère en mettant de nouveau en scène la pièce avec la troupe restante. Pendant la répétition un autre assassinat se produit. Finalement, on découvre que les meurtres faisaient partie d'un stratagème imaginé par le metteur en scène afin de saboter la production.

Avec Le dernier avertissement, Paul Leni revient à l'exploitation du bizarre et du fantastique: l'histoire raconte une série d'assassinats dans un théâtre, mais le scénario n'a que peu d'intérêt en dehors du prétexte dramatique: ce qui compte, c'est la création d'atmosphère. L'œuvre de Paul Leni a contribué à créer, établir et codifier les bases d'une écriture filmique qui donnera naissance, au cours de la décennie suivante, au courant du cinéma fantastique américain. Leni aurait pu lui-même collaborer encore à ce domaine encore en gestation... Mais le destin ne devait pas lui permettre de pousser plus avant ses expériences. Il devait mourir d'une septicémie, à Los Angeles, le 2 septembre 1929, à l'âge de 44 ans.

Erik (Conrad Veidt), un magicien, aime Julie (Mary Philbin), son assistante, mais il y a plus de 20 ans de différence entre eux. Il garde Buffo, un autre assistant, en vertu de son pouvoir hypnotique. Mark Royce, un jeune vagabond, affamé, est surpris en train de voler dans l’appartement d'Erik, est pris par le charme de

Julie, et il devient le protégé d'Erik.

Erik donne une fête d'anniversaire pour Julie dans l’intention d'annoncer leurs fiançailles. Julie dissimule son amour pour Mark. L’assistant d’Erik, le très jaloux

Buffo, aime aussi Julie, Erik surprend Julie et Mark s’embrassant dans un jardin.

Pendant le spectacle d'ouverture dans laquelle Mark fait un tour avec des épées,

Buffo est tué et Mark devient le suspect logique. . .

Le film a reçu des critiques mitigées. "Le Dernier show" était le dernier film muet américain pour Conrad Veidt qui avait décidé de rentrer en Allemagne avec quelques acteurs hollywoodiens avec l'arrivée du son. Veidt était sous contrat avec Universal, avec un salaire de 2000 $ par semaine, et Carl Laemmle, Sr., le chef de Universal Studios, a été incapable de faire changer d'avis Veidt.

Laemmle, dans une tentative de garder Veidt, lui promit divers rôles, y compris le

rôle de Dracula, qui a finalement a été attribué à Bela Lugosi. "The last performance" a été tourné dans les décors qui ont été utilisés pour "The

Phantom Of The Opera".

Rondo Hatton, le nom évoque un monstre qui n'avait pas besoin de maquillage, un homme qui a fait un tas de bons films / mauvais, et est surtout connu pour son rôle du "Rampeur" dans La Perle des Borgia . Dans la vie, Rondo était un gentil géant - très attentionné et croyant. Il est né le 22 avril 1894 à Hagerstown

Maryland. Il a fréquenté l'école secondaire Hillsborough . Dans sa dernière année, il a excellé dans le football, le saut en hauteur, le saut à la perche et d’autres sports. Il n'avait aucun problème pour attirer à lui le sexe opposé avec ses manières de garçon bien élevé. Pendant la Première Guerre mondiale, il rejoint la garde nationale, et ce fut à cette époque que l'accident s'est produit, qui changera la vie Rondo pour toujours. Alors que les combats près de Paris font rage, Rondo inhalera une grande quantité de gaz toxiques allemand. Il a été hospitalisé avec des poumons endommagés, et développera l'acromégalie . Cette affection s'attaque à la glande pituitaire, entraînant une augmentation de la sécrétion des hormones de croissance. Le résultat est une défiguration monstrueuse de la structure du squelette du visage, des mains et des pieds. Les médecins étaient sûrs que c'était du gaz toxique, qu’il avait inhalé.

Rondo a la chance d'être en vie, et lors de son retour il trouvera un emploi au quotidienTimes Tampa en tant que journaliste. Il reçoit une mission pour couvrir

le premier film tourné en Floride, Port enfer . Le directeur, Henry King, jetera un regard sur le visage bestial de Rondo et le convaincra de jouer un rôle. Après que le film fut terminé, il retournera à sa carrière de journaliste. En 1936 Rondo décidera de nouveau de tenter sa chance dans des films. Il s'installe à Hollywood et ontactera Henry King, Rondo commencera sa carrière dans des films d'horreur dans des rôles d’homme brutal. Rondo s’installera dans une maison,

Maple Drive à Beverly Hills, qui a disparu depuis longtemps. C'est Noël à Los

Angeles Rondo allait chez un voisin pour la soirée. Rondo avant de rentrer chez eux pour ramassera une plante en pot, ne le voyant pas arriver ils découvrirent bientôt Rondo à l’extérieur, hébété, avec le pot de fleur cassé à ses pieds. Les médecins ont conclu qu'il avait eu une légère crise cardiaque. Dans la soirée du 2 février 1946 Rondo prenait une douche. Son ami Tom Kaney était dans le salon en lisant un journal, quand il a entendu la chute de Rondo. Il entra dans la salle de bains et trouvera Rondo assis sur le bord de la baignoire avec sa tête vers le bas en disant qu'il ne se sentait pas bien. Les pompiers ont été appelés. À leur arrivée, Rondo était encore en vie, mais il est décédé peu de temps après. Cause de la mort: thrombose coronaire provoquée par sa maladie.

BONUS

This script was originally transcribed by BJ Kuehl.

1931

D R A C U L A

cast

Count Dracula...... Bela Lugosi

Mina Seward...... Helen Chandler

John Harker...... David Manners

Renfield...... Dwight Frye

Van Helsing...... Edward van Sloan

Dr. Seward...... Herbert Bunston

Lucy Western...... Frances Dade

T R A N S Y L V A N I A

EARLY AFTERNOON

In a Coach in the Carpathian Mountains

A young woman reads to four passengers

from a travel brochure

YOUNG WOMAN: "Among the rugged peaks that frown down on the

Borgo Pass are found crumbling castles of a bigone age."

The woman is knocked from her seat

by the jostling coach

RENFIELD: I say, driver, a bit slower.

MAN: Oh, no! Must reach the inn before sundown!

MADAM: And why, pray?

MAN: It is Walpurghis Night, the night of evil! Nosferatu!

MAN'S WIFE: (places her hand over his mouth)

MAN: On this night, madam, the and to the

Virgin we pray.

LATE AFTERNOON

A Village Inn

Villagers anxiously greet the coach

RENFIELD: I say, porter, don't take my luggage down. I'm going on to Borgo Pass tonight.

PORTER: (speaks in Hungarian to the Innkeeper)

RENFIELD: No, no, please, put that back up there.

INNKEEPER: The driver, he is afraid. Walpurghis night. Good fellow, he is. He wants me to ask if you can wait and go on after sunrise.

RENFIELD: Well, I'm sorry, but there's a carriage meeting me at

Borgo Pass at midnight.

INNKEEPER: Borgo Pass?

RENFIELD: Yes.

INNKEEPER: Whose carriage?

RENFIELD: Count Dracula's.

INNKEEPER: Count Dracula's?

RENFIELD: Yes.

INNKEEPER: Castle Dracula?

RENFIELD: Yes, that's where I'm going.

INNKEEPER: To the castle?

RENFIELD: Yes.

INNKEEPER: No, you mustn't go there. We people of the mountains believe at the castle there are vampires. Dracula and his wives! They take the form of wolves and bats. They leave their coffins at night, and they feed on the blood of the living.

RENFIELD: But that's all superstition. Why I...I can't understand why...

INNKEEPER: Look, the sun! When it is gone, they leave their coffins. Come, we must go indoors.

RENFIELD: But, wait. I mean, just a minute. What I'm trying to say is that I'm not afraid. I've explained to the driver that it's a matter of business with me. I've got to go, really.

Well, good night.

INNKEEPER'S WIFE: Wait! Please, if you must go, wear this for your mother's sake.

Innkeeper's wife places crucifix around Renfield's neck

INKEEPER'S WIFE: It will protect you.

Exit coach carrying Renfield

SUNDOWN

The Crypt at Castle Dracula

Dracula and three vampiresses awaken from their coffins

MIDNIGHT

Borgo Pass

Renfield's coach arrives

Renfield dismounts and the coach speeds away

RENFIELD: (approaches awaiting coach) The coach from Count

Dracula?

COACHDRIVER: (motions to get in but does not speak)

RENFIELD: (enters coach)

The coach speeds away.

RENFIELD: (peering out the coach window) Hey, driver!

The coach is led by a flying bat.

LATER THAT NIGHT

The entrance to Castle Dracula

Renfield arrives at the castle

RENFIELD: I say, driver, what do you mean by going at this...?

There is no driver

A door into the castle opens

Renfield enters the castle

Inside Castle Dracula

Enter Renfield

Enter Dracula down a long flight of stairs

DRACULA: I am...Dracula.

RENFIELD: It's really good to see you. I don't know what happened to the driver and my luggage and...well...with all this, I thought I was in the wrong place.

Dracula: I bid you welcome.

Dracula heads upstairs

Offstage: Wolf call

DRACULA: Listen to them...children of the night. What music they make!

Renfield follows Dracula,

breaking a path through spiderweb

DRACULA: A spider spinning his web for the unwary fly. The blood...is the life, Mr. Renfield.

RENFIELD: Why, yes.

Renfield's Bedchamber

Enter Dracula and Renfield

DRACULA: I'm sure you will find this part of my castle more inviting.

RENFIELD: Oh, rather! It's quite different from outside. Oh, and the fire! It's so cheerful.

DRACULA: I didn't know but that you might be hungry.

RENFIELD: Thank you. That's very kind of you. But I'm a bit worried about my luggage. You see, all your papers were in...

DRACULA: I took the liberty of having your luggage brought up.

Allow me.

RENFIELD: Oh, yes. Thanks.

DRACULA: I trust you have kept your coming here...a secret?

RENFIELD: I've followed your instructions implicitly.

DRACULA: Excellent, Mr. Renfield, excellent. And now, if you're not too fatiqued, I would like to discuss the lease on

Carfax Abbey.

RENFIELD: Oh, yes. Everything is in order, awaiting your signature. Here is the lease. I hope I've brought enough labels for your luggage.

DRACULA: I am taking with me only three...boxes.

RENFIELD: Very well.

DRACULA: I have chartered a ship to take us to England. We will be leaving...tomorrow...evening.

RENFIELD: Everything will be ready.

DRACULA: (pointing to bed) I hope you will find this comfortable.

RENFIELD: Thanks. It looks very inviting.

Renfield cuts his finger on a paperclip.

RENFIELD: Ouch!

DRACULA: (stealthily approaches Renfield)

Renfield's crucifix falls over the cut finger.

DRACULA: (turns quickly away)

RENFIELD: Oh, it's nothing serious. Just a small cut from that paperclip. It's just a scratch.

DRACULA: (pouring a glass of wine) This...is very old wine. I hope you will like it.

RENFIELD: Aren't you drinking?

DRACULA: I never drink...wine.

RENFIELD: Well, it's delicious.

DRACULA: And, now, I'll leave you.

RENFIELD: Well, good night.

DRACULA: Good night, Mr. Renfield.

Exit Dracula

RENFIELD: (opens windows)

Enter Bat

RENFIELD: (faints)

Enter three vampiresses and Dracula

DRACULA: (motions vampiresses back)

Dracula approaches Renfield

**************************************************

SEVERAL WEEKS LATER

A B O A R D T H E V E S T A --

B O U N D F O R E N G L A N D

NEAR SUNDOWN

On Deck

The crew battles a raging storm

In the hold

Renfield awakens Dracula

RENFIELD: Master, the sun is gone.

DRACULA: (leaves his coffin)

RENFIELD: You will keep your promise when we get to London, won't you, master? You will see that I get lives...not human lives but small ones...with blood in them. I'll be loyal to you, master. I'll be loyal.

Exit Dracula to the deck

***********************************************

E N G L A N D

THE NEXT MORNING

Whitby Harbor

On the deck of the Vesta

VOICE OF MAN 1: Here now! Here now, get back! Nobody goes aboard this here boat until the authorities are here.

VOICE OF MAN 2: The captain dead, tied to the wheel. Horrible tragedy! Horrible tragedy.

In the hold

Renfield whispers to Dracula's coffin

RENFIELD: Master, we're here! You can't hear what I'm saying, but we're here. We're safe!

On deck

VOICE OF MAN 1: They must've come through a terrible storm!

Offstage: Renfield laughs

VOICE OF MAN 1: What's that? Why, it's come from that hatchway!

Hatchway opens to reveal Renfield

RENFIELD: (laughs)

VOICE OF MAN 1: Why, he's mad! Look at his eyes! Why, the man's gone crazy!

From the Whitby Newspaper

Late edition

CREW OF CORPSES FOUND ON DERELECT VESSEL

SCHOONER VESTA DRIFTS INTO WHITBY HARBOR

AFTER STORM BEARING GRUESOME CARGO

Sole survivor a raving maniac. His

craving to devour ants, flies and

other small living things to obtain

their blood, puzzles scientists. At

present he is under observation at

Dr Seward's Sanitarium near London.

MANY NIGHTS LATER

A Sidewalk in London

Dracula approaches young girl selling violets

FLOWERGIRL: Violets! Violets! For your buttonhole, sir!

Here's a nice one.

DRACULA: (drinks her blood)

FLOWERGIRL: (screams)

LATER

A Symphony Theatre in London

An usherette leads Dracula inside

DRACULA: And after you've delivered the message, you will remember nothing I now say. Obey!

The Sewards' box

Seward, Harker, Mina and Lucy listen to the symphony

Enter Usherette

USHERETTE: Dr. Seward?

SEWARD: Yes?

usherette: You're wanted on the telephone.

SEWARD: Thank you. Well, excuse me.

MINA: Oh, Father, if it's from home, will you say I'm spending the night in town with Lucy?

SEWARD: All right, dear.

Seward steps from the box

DRACULA: Pardon me?

SEWARD: Yes?

DRACULA: I could not help overhearing your name. Might I inquire...if you are the Dr. Seward whose sanitarium is at

Whitby?

SEWARD: Why, yes.

DRACULA: I'm Count Dracula. I have just leased Carfax Abbey.

I understand it adjoins your ground.

SEWARD: Why yes, it does. I'm very happy to make your acquaintance. May I present my daughter Mina...

MINA: Count Dracula.

SEWARD: ...Miss Western...

LUCY: How do you do?

SEWARD: ...and Mr. Harker.

HARKER: How do you do?

SEWARD: Count Dracula has just taken Carfax Abbey.

LUCY: Oh, it will a relief to see life in those dismal old windows!

SEWARD: It will indeed. Well, you will excuse me. I'm wanted on the telephone.

Exit Seward

HARKER: The abbey could be very attractive, but I should

imagine it will need quite extensive repair.

DRACULA: I shall do very little repairing. It reminds me of the broken battlements of my own castle...in Transylvania.

LUCY: The abbey always reminds me of that old toast about

"...... lofty timbers,

The walls around are bare

Echoing to our laughter

As though the dead were there."

HARKER: Nice little medley.

LUCY: There's more, even nicer.

"Pass a cup to the dead already,

A glass to the next to die..."

MINA: Oh, never mind the rest, dear.

DRACULA: To die...to be really dead...that must be glorious.

MINA: Why, Count Dracula!

DRACULA: There are far worse things...awaiting man...than death.

Music begins

LATER THAT NIGHT

Lucy's Bedroom

Mina prepares to leave as Lucy prepares for bed

MINA: "It reminds me of the broken battlements of my own castle...in Transylvania." Oh, Lucy, you're so romantic!

LUCY: Laugh all you like. I think he's fascinating.

MINA: Oh, I suppose he's all right, but give me someone a little more normal.

LUCY: Like John?

MINA: Yes, dear, like John.

LUCY: Count Dracula! Transylvania!

MINA: Well, Countess, I'll leave you to your Count and his ruined abbey. Good night, Lucy.

LUCY: Good night, dear.

Exit Mina

LUCY: (opens the windows)

Dracula peers up at Lucy's open window

Lucy lies down on her bed

Enter bat

DRACULA: (materializes and approaches Lucy)

THE NEXT DAY

An autopsy theatre

DOCTOR: Another death! Dr. Seward, when did Miss Western have the last transfusion?

SEWARD: About four hours ago.

DOCTOR: An unnatural loss of blood which we've been powerless to check. On the throat of each victim, the same two marks.

SEVERAL DAYS LATER

The Grounds of the Seward Sanitarium

Offstage: Renfield screams

FEMALE PATIENT: He probably wants his flies again.

Renfield's Room

Renfield pleads with Martin

RENFIELD: No, Martin, please. Please, don't, Martin. No,

Martin, please. Please, Martin. No, Martin. Oh, Martin, please. No, No, Martin, please. No, Martin. Martin, don't.

MARTIN: Here, give it to me.

RENFIELD: Don't throw my spider away from me. Oh, Martin, oh!

MARTIN: Ain't you ashamed, now, ain't ya? Spiders now, ain't it? Flies ain't good enough?

RENFIELD: Flies? Flies? Poor puny things. Who wants to eat

flies?

MARTIN: You do, you loony!

RENFIELD: Not when I can get nice fat spiders.

MARTIN: All right, have it your own way.

MEANWHILE

A Laboratory at the Sanitarium

Van Helsing, Seward and doctors analyze a blood sample

HELSING: Gentlemen, we are dealing with the undead.

DOCTOR: Nosferatu!

HELSING: Yes, nosferatu, the undead, the vampire. The vampire attacks the throat. It leaves two little wounds, white with red centers. Dr. Seward, your patient Renfield, whose blood I have just analyzed, is obsessed with the idea that he must devour living things in order to sustain his own life.

SEWARD: But Professor Van Helsing, modern medical science does not admit of such a creature. The vampire is a pure myth, superstition.

HELSING: I may be able to bring you proof that the superstition of yesterday can become the scientific reality of today.

LATER THAT AFTERNOON

Seward's office

Van Helsing and Seward confer

SEWARD: But Professor, Renfield's cravings have always been for small living things. Nothing human.

HELSING: As far as we know, Doctor. But you tell me that he escapes from his room. He's gone for hours. Where does he go?

Enter Renfield and Martin

HELSING: Well, Mr. Renfield, you are looking much better than you did this morning when I arrived.

RENFIELD: Thanks, I'm feeling much better.

HELSING: I am here to help you. You understand that, do you not?

RENFIELD: (shakes hands with Helsing) Why, of course, and I am very grateful. (drops Helsing's hand) Keep your filthy hands to yourself!

SEWARD: Now, now, Renfield.

RENFIELD: Oh, Dr. Seward, send me away from this place. Send me far away!

HELSING: Why are you so anxious to get away?

RENFIELD: My cries at night. They might disturb Miss Mina.

HELSING: Yes?

RENFIELD: They might give her bad dreams, Professor Van

Helsing, bad dreams.

SUNSET

The crypt at Carfax Abbey

Dracula rises from his coffin.

MEANWHILE

Seward's Office

Van Helsing, Seward and Martin discuss Renfield

Offstage: Wolf call

HELSING: That sounded like a wolf.

SEWARD: Yes, it did, but I hardly think there are wolves so near London.

MARTIN: He thinks they're wolves. Me, I've heard 'em howl at night before. He thinks they're talking to him. He howls and howls back at 'em. He's crazy!

HELSING: I might have known. I might have known. We know why the wolves talk, do we not, Mr. Renfield? And we know how we can make them stop.

Van Helsing holds up a sprig of wolfbane

RENFIELD: (screams and turns away) You know too much to live,

Van Helsing.

SEWARD: Now, now, Renfield.

HELSING: We will get no more out of him now for a while.

SEWARD: Take him away, Martin.

MARTIN: On your way, old fly eater.

RENFIELD: I'm warning you, Dr. Seward. If you don't send me away, you must answer for what will happen to Miss Mina!

SEWARD: All right, Martin.

MARTIN: Come along, now, come along.

SEWARD: What was that herb that excited him so?

HELSING: Wolfbane. It is a plant that grows in central Europe.

The natives there use it to protect themselves against vampires.

SEWARD: Renfield reacted very violently to its scent.

HELSING: Seward, I want you to have Renfield closely watched by day and night, especially by night.

THAT NIGHT

Renfield's Room at the Sanitarium

Renfield lies in his bed, crying

Enter Dracula under Renfield's window

Offstage: Wolf call

RENFIELD: Yes, master. Master, you've come back. Oh, master, please. Please don't ask me to do that. Don't. Not her.

Please, please don't, master. Don't, please. Please. Oh, don't.

LATER THAT NIGHT

Mina's Bedroom

Mina lies asleep in her bed

Enter Dracula

SEVERAL EVENINGS LATER

The Seward Parlour

Mina and Harker sit on couch

MINA: I laid in bed for quite a while...reading. And just as I was commencing to get drowsy, I heard dogs howling. And when the dream came, it seemed the whole room was filled with mist.

It was so thick, I could just see the lamp by the bed, a tiny spark in the fog. And then I saw two red eyes staring at me and a white livid face came down out of the mist. It came closer and closer. I felt breath on my face...and then, its lips!

HARKER: Dear, it was only a dream.

Enter Van Helsing and Seward

MINA: And then in the morning, I felt so weak. It seemed as if all the life had been drained out of me.

HARKER: Darling, we're going to forget all about these dreams and think about something cheerful, aren't we?

HELSING: Allow me.

HARKER: Certainly, Professor.

HELSING: Think for a moment. Is there anything that might have brought this dream on?

MINA: No.

HARKER: (whispering to Seward) Doctor, there's something troubling Mina, something she won't tell us.

HELSING: And the face in the dream...you say it seemed to come closer and closer? The lips touched you? Where? Is there anything the matter with your throat?

MINA: Why, no, but I...!

HELSING: Permit me.

MINA: Oh, no, please!

HELSING: Yes...yes...How long have you had those little marks?

HARKER: Marks? Mina, why didn't you let us know?

HELSING: Do not excite her. Well, Miss Mina?

MINA: Since the morning after the dream.

HARKER: What could have caused them, Professor?

Enter Maid

MAID: Count Dracula!

Enter Dracula

DRACULA: It's good to see you back again, Doctor. I heard you had just arrived. You, Miss Mina, you're looking exceptionally...

HELSING: Pardon me, Dr. Seward, but I think Miss Mina should go to her room at once.

MINA: Professor Van Helsing, I don't believe it's as important as you seem to think it is.

SEWARD: Excuse me. Count Dracula...Professor Van Helsing.

DRACULA: Van Helsing. A most distinguished scientist whose name we know...even in the wilds of Transylvania.

MINA: I had a frightful dream a few nights ago, and I don't seem to be able to get it out of my mind.

DRACULA: I hope you haven't taken my stories too seriously?

HARKER: Stories?

DRACULA: Yes. In my humble effort to amuse your fiance, Mr.

Harker, I was telling her some rather...grim tales of my far off country.

HARKER: I can imagine.

MINA: Why, John!

Harker opens cigarette case with mirrored top

Van Helsing notices that Dracula casts no reflection

DRACULA: I can quite understand Mr. Harker. I'm sorry.

SEWARD: I'm afraid it's quite serious. My dear, I'm sure Count

Dracula will excuse you. You must go to your room, as Professor

Van Helsing suggests.

MINA: Oh, but really, father, I'm feeling quite well.

DRACULA: You had better do...as your father advises.

Harker notes that Dracula casts no reflection

MINA: Very well. Good night. John.

DRACULA: Miss Mina, may I call later to inquire how you are feeling?

MINA: Why, yes, thank you.

Exit Mina

DRACULA: I'm sorry, Doctor. My visit was so ill-timed.

SEWARD: Not at all.

HELSING: On the contrary, it may prove to be most enlightening.

In fact, before you go, you can be of definite service.

DRACULA: Anything I can do, gladly.

HELSING: A moment ago, I stumbled upon a most amazing phenomenon...something so incredible, I mistrust my own judgement. Look.

Van Helsing holds mirror to Dracula

DRACULA: (slaps mirror to the floor) Dr. Seward, my humble apology. I dislike mirrors. Van Helsing will explain. For one who has not lived even a single lifetime, you are a wise man,

Van Helsing.

Exit Dracula

HARKER: Whew!

SEWARD: What on earth caused that?

HARKER: Did you see the look on his face? Like a wild animal!

SEWARD: Wild animal? Like a madman!

HARKER: What's that running across the lawn? Looks like a huge dog!

HELSING: Or a wolf?

HARKER: A wolf?

HELSING: He was afraid we might follow.

SEWARD: Follow?

HELSING: Sometimes they take the form of wolves but generally of bats.

HARKER: What are you talking about?

HELSING: Dracula.

HARKER: But what's Dracula got to do with wolves and bats?

HELSING: Dracula is our vampire.

SEWARD: But surely, Professor.

HELSING: The vampire casts no reflection in the glass. That is why Dracula smashed the mirror.

HARKER: I don't mean to be rude but that's the sort of thing I

expect one of the patients here to say.

HELSING: Yes, and that is what your English doctors would say, your police. The strength of the vampire is that people will not believe in him.

MEANWHILE

Outside the Sanatarium

Mina enters the garden where Dracula stands waiting

The Seward Parlour

Van Helsing, Seward and Harker talk

HARKER: But professor, vampires only exist in ghost stories.

HELSING: The vampire, Mr. Harker, is a thing that lives after its death by drinking the blood of the living. It must have blood or it dies. Its power lasts only from sunset to sunrise.

During the hours of the day, it must rest in the earth in which it was buried.

SEWARD: But then, if Dracula were a vampire, he would have to return every night to Transylvania. That's impossible!

HELSING: Then he must have brought his native soil with him.

Boxes of it. Boxes of earth large enough for him to rest in.

Offstage: Renfield laughs

SEWARD: Renfield? What are you doing there? Come here.

Enter Renfield

SEWARD: Did you hear what we were saying?

RENFIELD: Yes, I heard something. Enough. Be guided by what he says. It's your only hope. It's her only hope. I begged you to send me away, but you wouldn't. Now it's too late. It's happened again.

SEWARD: What's happened?

RENFIELD: Take her away from here. Take her away before...

Enter Bat

RENFIELD: No, no, master. I wasn't going to say anything. I told them nothing. I'm loyal to you, master.

Harker shoos bat outside

HELSING: What have you to do with Dracula?

RENFIELD: Dracula? I never even heard the name before.

HELSING: You will die in torment if you die with innocent blood on your soul.

RENFIELD: Oh, no. God will not damn a lunatic's soul. He knows that the powers of evil are too great for those of us with weak minds.

Offstage: Maid screams

MAID: Oh, Mr. Harker! Mr. Harker, it's 'orrible!

Enter Maid from the Terrace

MAID: Oh, it's 'orrible! Dr. Seward! Miss Mina...out there dead!

HARKER: Out where?

MAID: Out there!

Exit Harker, Van Helsing and Seward to garden

RENFIELD: (laughs)

MAID: (faints)

On the Sanatarium Lawn

Van Helsing and Seward find Mina

HARKER: (carries Mina)

SEWARD: Thank heavens, she's alive. Thank heaven for that.

HELSING: Alive, yes, but in greater danger for she's already under his influence.

SEWARD: Horrible, Van Helsing, horrible. Incredible.

HELSING: Incredible, perhaps, but we must...

Van Helsing, Seward, Harker and Mina exit into the house

Dracula peers out from behind a tree

LATER THAT NIGHT

A Park in London

Policeman walks down the park path

Offstage: A child cries

Exit Lucy into the shadows

THE NEXT DAY

The Seward Sanatarium

Martin reads a newspaper to two nurses

MARTIN: "...several attacks on small children committed after dark by the mysterious woman in white took place last night.

Narratives of two small girls, each child describing a "bootiful lady in white" who promised her chocolates, enticed her to a secluded spot, and there bit her slightly in the throat.

NURSE: Ghosts!

MARTIN: Vampires.

LATE THAT AFTERNOON

Mina's Bedroom

Van Helsing, Harker and Mina sit on the terrace

HELSING: And then, Miss Mina?

HARKER: How could she know anything about the woman in white?

It's bad enough for her to read it in the newspaper without...

HELSING: Please, please, Mr. Harker. And when was the next time you saw Miss Lucy after she was buried?

Exit Harker

MINA: I was downstairs on the terrace. She came out of the shadows and stood looking at me. I started to speak to her, and then I remembered she was dead. The most horrible expression came over her face. She looked like a hungry animal...a wolf.

Then she turned and ran back into the dark.

HELSING: Then you know the woman in white is...

MINA: ...Lucy.

HELSING: Miss Mina, I promise you that after tonight she will remain at rest, her soul released from this horror.

Enter Harker

MINA: If you can save Lucy's soul after death, promise me you'll save mine.

HARKER: Darling, you're not going to die, you're going to live.

MINA: No, John, you mustn't touch me, and you mustn't kiss me ever again.

HARKER: What are you trying to say?

MINA: You tell him. You make him understand. I can't.

Exit Van Helsing

MINA: Professor? It's all over, John, our love, our life together. Oh, no! No, no, don't look at me like that. I love you, John...you...but this horror! He wills it to me.

HELSING: (calling from inside Mina's bedroom) Mina, you must come indoors. You must.

Mina and Harker come inside

HARKER: Do you know what you're doing to her, Professor?

You're driving her crazy.

HELSING: Mr. Harker, that is what you should be worrying about.

The last rays of the day's sun will soon be gone and another night will be upon us.

Enter Seward

HARKER: Dr. Seward, I'm taking Mina with me to London tonight or I'll call in the police.

SEWARD: But, John!

HARKER: Mina, please get your bags packed.

HELSING: Seward, I must be master here or I can do nothing.

Right, Miss Mina? Both this room and your bedroom have been prepared with wolfbane. You will be safe if Dracula returns.

HARKER: She'll be safe alright because she's going with me.

Mina, I will be waiting for you in the library.

Exit Harker

MINA: Oh, John! Father, talk to him. Please don't let him go.

Exit Seward and Mina

HELSING: Oh, Briggs.

Enter Briggs

HELSING: Miss Mina is to wear this wreath of wolfbane when she goes to bed. Watch her closely and see that she does not remove it in her sleep.

BRIGGS: I understand, professor.

HELSING: And under no circumstances must these windows be opened tonight.

BRIGGS: Very well, sir.

SUNDOWN

The Crypt at Carfax Abbey

Dracula awakens from his coffin

Offstage: Wolf call

LATER THAT EVENING

The Seward Parlour

Enter Van Helsing, Harker and Seward

HELSING: You will recollect that Dracula casts no reflection in the mirror.

SEWARD: Yes?

HELSING: And that three boxes of earth were delivered to him at

Carfax Abbey.

SEWARD: Right.

HELSING: And, knowing that a vampire must rest by day in his native soil, I am convinced that this Dracula is no legend but an undead creature whose life has been unnaturally prolonged.

HARKER: Well, Dr. Seward, what about it? Is Mina going with me or not?

HELSING: If you take her from under our protection, you will kill her.

SEWARD: Now, John, please. Please, be patient.

HELSING: Mr. Harker, please, come here.

HARKER: Well?

SEWARD: John, I know you love her, but don't forget she's my daughter, and I must do what I think is best.

HELSING: Mr. Harker, I have devoted my lifetime to the study of many strange things...little known facts which the world is perhaps better off for not knowing.

HARKER: I know. But professor, all I want is to get Mina away from all of this.

HELSING: That will do no good. Our only chance of saving Miss

Mina's life is to find the hiding place of Dracula's living corpse and to drive a stake through his heart.

Enter Renfield

RENFIELD: Isn't this a strange conversation for men who aren't crazy?

SEWARD: Renfield, you're compelling me to put you in a strait jacket.

RENFIELD: You forget, Doctor, that madmen have great strength.

HELSING: Dracula has great strength, hey, Renfield?

RENFIELD: Words, words, words!

SEWARD: (talking on telephone) Hello, Martin, didn't I warn you to keep a strict watch?

The Sanitarium Ward

Martin speaks on the telephone

MARTIN: What? Again? Yes, sir. At once, sir. Yes, sir.

Right away, sir. Here, the doctor's pet loony is loose again.

The Seward Parlour

Renfield talks to Van Helsing, Harker and Seward

RENFIELD: He came to my window in the moonlight. He promised me things. Not in words, but by doing them.

HELSING: Doing them?

RENFIELD: By making them happen. A red mist spread over the lawn, coming on like a flame of fire. And then he parted it, and I could see that there were thousands of rats with their eyes blazing red like his only smaller.

Enter Martin

RENFIELD: And then he held up his hand and they all stopped.

And I thought he seemed to be saying, "Rats...rats...rats!

Thousands! Millions of them! All red blood! All these will I give you if you will obey me."

Enter Dracula at the terrace door

HELSING: What did he want you to do?

RENFIELD: That which has already been done.

MARTIN: Strike me down dead, Doctor. He's got me going. Now he's twisted and broken them iron bars as if they was cheese.

HELSING: Dracula is in the house.

SEWARD: In the house?

HELSING: Doctor, this time he can do no harm. We are ready for him.

SEEWARD: Martin, come with me. I'll show you where we can put

Mr. Renfield where he won't escape again.

MARTIN: Well, all right, but I have me doubts. Come on, old fly eater.

Exit Seward, Renfield and Martin

DRACULA: Van Helsing! Now that you have learned what you have learned, it would be well for you to return to your own country.

HELSING: I prefer to remain and protect those whom you would destroy.

DRACULA: You are too late. My blood now flows through her veins. She will live through the centuries to come...as I have

lived.

HELSING: Should you escape us, Dracula, we know how to save

Miss Mina's soul if not her life.

DRACULA: If she dies by day. But I shall see that she dies by night.

HELSING: And I will have Carfax Abbey torn down stone by stone, excavated a mile around. I will find your earth box and drive that stake through your heart.

DRACULA: Come here. Come...here.

HELSING: (Takes three steps toward Dracula, then backs up)

DRACULA: Your will is strong, Van Helsing.

Dracula approahces Van Helsing

Van Helsing reaches into his pocket

DRACULA: More wolfbane?

HELSING: More effective than wolfbane, Count.

DRACULA: Indeed?

Van Helsing pulls out crucifix

DRACULA: (snarls and turns away)

THAT NIGHT

The Hallway outside Mina's Bedroom

Harker listens in as Briggs prepares Mina for bed

MINA: Open the window, Briggs, so that you can let in some air.

The awful smell from that horrible weed. It's stifling. I can't stand it.

BRIGGS: But the professor gave orders.

MINA: Oh, never mind the professor now.

BRIGGS: Now, please, go back to bed at once. I'm going to call your father.

Exit Briggs into the hallway

HARKER: What is it, Briggs?

BRIGGS: I don't know, Mr. Harker. I felt strangely dizzy. And when it cleared away, Miss Mina was up and dressed and out on the terrace. And I can't get her to go to bed.

HARKER: Well, let me see her. Tell her I'm here.

Harker enters Mina's room

Mina stands out on the terrace

MINA: John? Oh, John, I'm so glad you're here. What have they been doing to me, dear? Locking me in my room! Oh, and the

horrible smell of that awful weed. It's been like a nightmare.

What's been the matter? Why are you looking at me like that?

HARKER: Mina, you're so...like a changed girl. You look wonderful.

MINA: I feel wonderful. I've never felt better in my life.

HARKER: I'm so glad to see you like this. I've been awfully worried about you.

Enter Briggs

BRIGGS: Mr. Harker, you've got to bring Miss Mina inside.

HARKER: That's all right, Briggs, now that I'm here.

MINA: Run along, Briggs, don't worry.

Exit Briggs

MINA: John, look! The fog's lifting. See how plain you can see the stars.

HARKER: Yes, millions of them. I've never seen them so close.

Why, it looks as though you could reach out and touch them.

Would you like me to get your hat? Why, what's the matter?

MINA: Oh, nothing. Nothing at all. Come. Let's sit down.

MEANWHILE

The Seward Parlour

Exit Van Helsing and Seward towards the stairs

HELSING: Seward, that which I feared from the beginning has happened.

SEWARD: What?

HELSING: Dracula boasts that he has fused his blood with that of Miss Mina. In life, she will now become the foul thing of the night that he is.

SEWARD: But, Van Helsing...

HELSING: No, no, come, Seward, come. There's not a moment to be lost.

Mina's bedroom

Mina and Harker sit together out on the terrace

MINA: Oh, but I love the fog! I love nights in the fog!

HARKER: But only yesterday you said you were afraid of the night.

MINA: But darling, I could never have said anything so silly.

I couldn't! I love the night. That's the only time I feel really alive.

Enter Bat

HARKER: There's that bat again!

MINA: Yes?

HARKER: Look out. He'll get in your hair.

BAT: (squeaks)

MINA: Yes?

HARKER: My, that was a big bat!

BAT: (squeaks)

MINA: I will.

HARKER: You will what?

MINA: Why, I didn't say anything.

HARKER: Yes, you did. You said, "I will."

MINA: Oh, no, I didn't. John, come, sit down.

Enter Van Helsing and Seward into Mina's bedroom

SEWARD: There must be some way...some way to save her.

HELSING: There is only one.

MINA: (unaware of Van Helsing and Seward's presence) John, that funny little old professor. He has a crucifix. I want you to get it away from him and hide it.

HARKER: But why, dear?

MINA: Oh, he'll be wanting to protect me again from the night or Count Dracula or whatever it is.

HARKER: Well, I don't know. He may be right, Mina. Your eyes!

They look at me so strangely. Mina! Mina, you're...

Mina bends forward to bite Harker's neck

SEWARD: No, Mina, no!

Helsing runs forward with crucifix)

MINA: (screams)

HARKER: Give me that. What's the idea? Are you crazy? What are you trying to do...frighten her to death?

HELSING: No, I was trying to save her.

HARKER: Save her? That's a fine way. It's all right, darling.

MINA: Oh, John, darling. You must go away from me. The cross!

Put it away. After what's happened, I can't bear to look at it.

HARKER: What's happened?

MINA: I can't tell you, I can't.

HARKER: But you must. You must tell me. I have a right to know.

MINA: Oh, John. You can believe everything he says. It's all the truth. Dracula, he...

HARKER: Dracula? What's he done to you, Mina? Tell me.

MINA: He came to me. He opened a vein in his arm, and he made me drink.

Offstage: Sound of gunshot

SEWARD: (looking over terrace wall) What is it? Who is it,

Martin?

Below on the Lawn

Martin and Maid look after bat

MARTIN: It's that big grey bat again.

HELSING: There's no use of wasting your bullets, Martin. They cannot harm that bat.

MARTIN: No, sir.

Exit Van Helsing

MAID: He's crazy.

MARTIN: They're all crazy. They're all crazy except you and me. Sometimes I have me doubts about you.

MAID: Yes.

Exit Martin

LATER THAT NIGHT

Mina's Bedroom

Briggs watches Mina sleep

Dracula peers in window

BRIGGS: (removes wolfbane and opens windows)

Enter Dracula

A FEW MINUTES LATER

The Front Gate of the Sanitarium

Van Helsing and Harker prepare to depart

They see Renfield approach Carfax Abbey

HARKER: That's Renfield. What's he doing at the Abbey?

HELSING: Come, Mr. Harker.

Inside Carfax Abbey

Enter Mina and Dracula

Enter Renfield

RENFIELD: Master! Master, I'm here!

Outside Carfax Abbey

Van Helsing and Harker look for a way into the Abbey

HELSING: Where else would he be going but to Dracula?

Inside Carfax Abbey

Renfield approaches Dracula and Mina

RENFIELD: What is it, master? What do you want me to do?

Outside Carfax Abbey

Van Helsing and Harker find an opening into the Abbey

HARKER: Look, here's an opening. Mina! Mina!

Inside Carfax Abbey

Dracula approaches Renfield

RENFIELD: I didn't lead them here, Master. I didn't know, I swear! I'm loyal to you, Master. I'm your slave. I didn't betray you. Oh, no, don't! Don't kill me! Let me live, please! Punish me, torture me, but let me live. I can't die with all those lives on my conscience...all that blood on my hands!

DRACULA: Throws Renfield down the stairs

Enter Van Helsing and Harker

Exit Dracula and Mina

HARKER: Mina! Mina! He'll kill her if we don't get to her!

HELSING: We must not be too late! We have him trapped! Day is breaking! We have him trapped!

Offstage: Mina screams

HARKER: Hurry! Mina! Mina, where are you? Mina! Mina!

Mina, where are you? Mina! Mina! Mina! Mina!

HELSING: (seeing coffins) Harker! Harker! Come!

HARKER: Where? Where are you?

HELSING: Here! Here, Harker, I have found them! Get me a piece of stone...anything to help me drive the stake through their hearts.

Van Helsing opens Mina's coffin

HARKER: Is she? How is she?

HELSING: She is not here!

HARKER: Then...then she may be alive! Mina! Mina! Mina!

Mina!

HELSING: (Drives stake through Dracula's heart)

DRACULA: (gasps)

MINA: (screams)

HARKER: Mina! Mina! Mina!

MINA: Oh, John! John, darling! I heard you calling, but I couldn't say anything.

HARKER: We thought he'd killed you, dear.

MINA: The daylight stopped him. Oh, if you could have seen the look on his face!

HELSING: There's nothing more to fear, Miss Mina. Dracula is dead forever. No, no, no! You must go.

MINA: But aren't you coming with us?

HELSING: Not yet. Presently. Come, John.

Exit Harker and Mina

Offstage: The Sound of Church Bells

THE END