Du 19/01/11 au 16/02/11 | un gratuit qui se lit 37

Le partage des arts

Politique culturelle Marseille Provence 2013, Mons 2015 4,5 Forum Drac, la Criée 6,7 Chrysalide La collection Lambert, Région en scène 8,9 Scènes et Cinés Ouest Provence 10 Théâtre et bonne année Portrait de Julien Duval 11 La crise, ce n’est pas seulement quand l’économie va mal, que les Le Merlan, le Gymnase, la Criée 12 revenus baissent, que l’on a des difficultés concrètes et croissan- Théâtre du Centaure, les Bernardines, la Friche, le Lenche 13 tes pour tenir jusqu’à la fin du mois, et faire vivre au quotidien Le Jeu de Paume, Arles 14 sa famille, son commerce, son entreprise. La crise, historique- Grasse, Briançon, Vitez 15 ment, c’est une période de latence ponctuée de protestations, un Au programme 16 à 23 état de grand inconfort qui précède un bouleversement. La crise, Danse c’est ce qu’ont vécu les Tunisiens, formidablement : l’état de chry- BNM, Châteauvallon, Nîmes 24 Au programme 26,27 salide, juste avant la métamorphose. De l’extérieur il semble que rien ne bouge. Que les chrysalides sont Musique des cocons délaissés. Mais quiconque peut observer sous la soie Lyrique 28,29 Chambre, symphonique 30,31 est stupéfait de la transformation qui s’y produit, invisible, dans Au programme 32 à 37 un espace étroit… Actuelles, Jazz, Monde 38 Le public se presse aux conférences, aux rencontres, aux débats. Cirque Délaisse un peu les salles de spectacles. Question de moyens, et Au programme 39 de contenus : partout la volonté de prendre la parole, de par- Arles, Istres, Grasse, Port-de-Bouc, Martigues 40 ticiper aux discussions, se révèle. Surtout ne plus s’en laisser Jeunesse conter ! Le petit manifeste de Stephan Hessel remporte un Amarelles, Pas sages…les images 41 Préau des Accoules, nouveaux collectionneurs 42 incroyable succès. Tandis que la télé continue à produire des ani- Spectacles 44 à 47 mateurs aboyeurs tenant des propos indignes, condamnables, Livres 48,49 condamnés, certains abandonnent leurs écrans et leurs ondes et Cinéma vont chercher dans le vivant des alternatives à la sous-pensée Grim, Manosque, 360° et même plus, commune. Institut de l’image 50,51 Rendez-vous d’Annie, Vitrolles 52,53 Y aurait-il quelqu’un dans la chrysalide ? À Zibeline on y croit. Modestement, à notre échelle, depuis tou- Arts visuels jours. C’est en différenciant pensée et info, art et habillage, Arles, Marseille 54 Université de Provence, Ecole supérieure d’Art (Aix) 55 culture et communication -confondus par le ministère- que l’on Galerieofmarseille, Vidéochroniques, Saffir 56 produit une pensée critique. Constructive, émancipée, indignée. Au programme 57 Vous nous suivez dans l’aventure depuis trois ans, toujours plus Livres nombreux. On tenait en cette nouvelle année à vous en remercier. Rencontres 58,59 Et à vous recommander deux choses, pour que la chrysalide ne Littérature 60 à 63 Arts 64 à 66 devienne pas mortifère… Aux associations et lieux culturels qui nous sollicitent : nous ne Disques 67 sommes ni une multinationale ni un service public, mais une Rencontres association qui vit d’adhésions. Si vous tenez à notre existence, Au programme 68,69 et à figurer dans nos pages, songez à apporter votre écot. Philosophie Au public : ne vous détournez pas des salles de spectacles, plon- L’enseignement de la philosophie 70 gées aujourd’hui dans un désarroi économique palpable. Elles Sciences et techniques ont besoin de vous, ou seront bientôt sommées de céder aux L’écriture 71 sirènes du divertissement, de la variété et de la gaudriole. Au- Histoire jourd’hui, seule la fréquentation assidue d’un public avide Le massacre des italiens à Aigues-Mortes 72,73 d’intelligence peut les en préserver. Le MuCEM 74 AGNÈS FRESCHEL Patrimoine La Corse 76 En montagne 77 RetrouveZ nos éditions précédentes

Adhérents 78 sur www.journalzibeline.fr 04 POLITIQUE CULTURELLE MP13 ET MONS 2015 L’enjeu Capitale Un petit tour vers la future capitale belge de la culture permet de relativiser les enjeux de la nôtre, et de prendre la mesure de ses difficultés et de ses ambitions

Mons, très bien mis en valeur, un musée des Capitale Européenne Beaux-Arts qui compte (le BAM), de la Culture en 2015 quelques festivals, la belle légende du Mons est une petite commune de 92 dragon de Saint Georges, et une bible 000 habitants. Soit à peu près le dou- de Gutenberg. Elle est capitale cultu-

ble de la population d’Aubagne, et la relle wallonne depuis 2002, et son F Plissart © M Manege du theatre Le moitié de celle d’Aix. Mais son agglo- bourgmestre (son maire) n’est autre mération compte plus de 250 000 qu’Elio di Rupo, ministre d’État, qui 10% inférieur à la moyenne belge et Question de territoires… habitants et quelque 800 000 dans un fut deux fois chef du gouvernement le taux de chômage, en nette baisse D’ailleurs le financement de la Capi- rayon de 30 kms. Qui inclue Mau- wallon, et reste président du parti so- depuis 5 ans (il est passé de 25% à tale est sensiblement différent de celui beuge, ville française située à moins cialiste belge. Depuis plus de dix ans 20%), y reste très élevé. La Capitale de Marseille Provence 2013 ! Avec de 10 kms : la notion de coopération cul- il a parié que le développement de sa s’ancre fermement dans une réalité un budget de fonctionnement de 75 turelle transfrontalière est une réalité ville passerait par la Culture, et accom- économique émergeante. Le projet, M d’€, l’échelle semble pourtant à peu dans ces cités jumelles, qui mutualisent plit un travail impressionnant de intitulé Où la technologie rencontre près la même (98 M d’€ pour MP2013). leurs équipements, en particulier les construction et de restauration. la culture, s’appuie sur les installa- Mais Mons n’a presque plus rien à salles du Manège : une programma- Pourquoi donc Mons a-t-elle été choi- tions récentes d’entreprises sur le construire : Arsonic, un bel équipement tion commune est mise en place, des sie par la Commission, qui favorise territoire : Microsoft et IBM sont par musical pour l’ensemble Musique bus relient la Scène nationale fran- généralement des villes qui ont besoin là, Google y installe son antenne Nouvelle, va voir le jour, ainsi que le çaise et le Manège-Mons, pôle Wallon du label, pour accomplir un bond cul- européenne, on y parle e-healthing, bâtiment pour la Fondation 2015. Il qui regroupe le Théâtre Royal (1000 turel ? D’une part parce qu’elle est la ralentissement extrême… Bref, l’acti- faut aussi achever de transformer places), le Théâtre le Manège (600 pla- seule ville belge qui a postulé dans les vité économique semble s’orienter l’architecture culturelle de la Ville qui ces), un auditorium de 300 places, et temps !, mais aussi parce que l’agglomé- vers les nouvelles technologies et mêle d’ores et déjà habilement les trois salles à l’architecture modulable. ration a besoin d’un coup de pouce : avoir fait le deuil de la mine, et la lignes et transparences contemporaines L’équipement culturel de Mons est territoire sinistré économiquement capitale culturelle parie sans complexe et un superbe patrimoine gothique. donc impressionnant pour une ville de depuis la fin des charbonnages, le sur cet avenir et sur le monde écono- Marseille Provence 2013 a plus à cette taille, qui possède un patrimoine revenu moyen des habitants y est de mique, qui le lui rend bien. faire. Si le patrimoine ne manque pas Budgets prévisionnels POLITIQUE CULTURELLE 05

il a besoin d’aménagements et de res- ge-Mons, veut essentiellement «établir taurations urgentes, et l’équipement des passerelles entre l’héritage patrimo- culturel du territoire est pauvre. Il a nial et la création contemporaine, en Marseille s’équipe fallu investir massivement pour pou- s’attachant en particulier aux technolo- voir accueillir la programmation : même gies.» Pour cela il passera commande à La ville n’en est pas à un paradoxe près, et il n’est jamais très aisé de savoir s’il est difficile d’isoler ce qui aurait des artistes, collaborera avec la Capi- qui dirige ; ainsi les musées et les bibliothèques n’ont plus de directeur : Marie- été construit sur le territoire sans tale Tchèque (Pilsen sera également Paule Vial et Gilles Eboli, lassés semble-t-il du fonctionnement municipal et du MP2013, on peut estimer que les in- capitale en 2015), et avec les Capi- manque de crédit, sont partis occuper d’autres fonctions. Plusieurs élus se frastructures créées, aménagées et tales précédentes. partagent la charge de la culture sans que la hiérarchie des décisions soit tout restaurées représentent au moins D’ailleurs il est question de poursuivre à fait claire, la DGAC et le cabinet du maire ne semblent pas toujours d’accord… 650 M d’€ (voir tableau). et labelliser des projets intéressant Vous avez dit délitement ? Et bien non. Dans le même temps une De plus à Mons le territoire n’est plus également Marseille Provence 2013 ! transformation sans précédent s’opère. Jean-Claude Gaudin l’a promis : non à faire, et la métropole n’est en aucun Avec le FID (Festival international du seulement la Ville de Marseille tiendra ses engagements financiers vis-à-vis de cas tiraillée. En Provence tout est documentaire), avec le Ballet Natio- l’association MP2013, mais elle met tout en œuvre pour que les équipements différent : Toulon et son agglomération nal de Marseille (Frédéric Flamand soient prêts à temps. Effectivement ses investissements sont massifs : 150 M TPM semblent définitivement retirés vient de Charleroi, tout proche), et d’€ sont consacrés à remodeler le visage de la Ville. Aujourd’hui, aucun n’étant d’un projet qu’ils avaient approuvé (ils avec l’ECO (Orchestre contemporain arrivé à terme, on tarde à en voir les effets ! Mais le MuCEM, la Cité des Arts ne veulent verser qu’1 des 7.5 M d’€ européen) regroupant Télémaque, de la rue, le Musée des Beaux-Arts, la nouvelle Friche, les 14 salles de MK2 sur prévus initialement), Ouest Provence ensemble marseillais, Musiques Nou- la Canebière, le Silo, le Frac, le Musée Borely, le musée d’Histoire vont se débat entre Istres qui entre dans velles, de Mons, et De Ereprijs, incontestablement changer la donne. Sans compter les projets plus modestes, la danse et le reste de l’agglomération formation hollandaise. Projets dont de la nouvelle Minoterie au Pôle instrumental de Télémaque, en passant par le qui n’y vient pas, Aix et sa CPA jouent nous devrions contempler les premiers centre de Danse Kelemenis, le château de la Buzine, la Fondation Regards de à la princesse au petit pois, délicate et feux à Marseille… Provence et la Villa Mistral. capricieuse, et toutes les autres com- Car MP2013 a fini de trier les 2200 Les rénovations sont également nombreuses, et devraient permettre de profiter munes veulent tirer concrètement profit projets reçus pour labellisation. Les pleinement de la Criée, du Toursky, de L’Odéon, de l’Opéra, du Musée Cantini de l’argent qu’ils mettent au pot com- acteurs culturels qui les ont déposés et de la Vieille Charité, du cinéma l’Alhambra, et des musiques actuelles au mun… Plus de deux millions d’habitants sauront bientôt s’ils sont ou non Moulin et à l’Affranchi… Bien entendu la mairie n’est pas seule à financer ces étaient concernés par le projet Mar- financés, mais l’association, qui ne projets, estimés à près de 500 M d’ . Mais elle est maître d’œuvre de nombre seille Provence 2013. Si Aix et Toulon € dispose que de 69 M d’€ pour l’artis- d’entre eux, et participe financièrement à la plupart des investissements initiés se retirent, qu’en restera-t-il ? tique (si le budget prévisionnel devient par l’État, le conseil régional, ou les acteurs culturels eux-mêmes. réalité et qu’il n’y a pas de défection), Il reste donc à espérer que tout sera en ordre de marche en 2013, et que …et de financements fera certainement des déçus… Marseille aura su ainsi profiter de cette année pour devenir la capitale culturelle Quant à Mons, la ville est suffisam- C’est le risque bien évidemment d’un qu’elle n’aurait jamais dû renoncer à être ! Sans oublier, d’ici là, de continuer ment aidée par les tutelles pour prévoir appel à projet large, ambitieux, non à soutenir un tissu culturel fragile : il en a besoin au quotidien, et sa des événements dans les aggloméra- dirigiste, tel que l’a voulu Bernard paupérisation actuelle est affolante… tions alentours sans leur demander de Latarjet. L’autre faiblesse de notre A.F. participation. C’est essentiellement le capitale est la lenteur de la procédure Ministère de la culture de la com- qu’elle implique, mais qui est très www.marseille.fr munauté française qui finance, largement accentuée par les tergiver- © Gilles Martin-Raget tandis que le sponsoring, le partena- sations politiques des Villes. Risque et riat et le mécénat fonctionnement faiblesse qui sont les revers d’un projet au-delà des prévisions : toutes les ambitieux intellectuellement, sociolo- sociétés veulent en être, et à 4 ans du giquement, territorialement. Reste à début des manifestations, Mons a déjà connaître enfin ce qu’il en sera de l’ar- recueilli plus de 8 millions de mécénat… tistique. Encore un peu de patience : alors que Marseille Provence 2013, s’il n’y a plus de reculs, que chacun à moins de deux ans du début, peine continue d’y croire malgré le délite- encore à convaincre les entreprises. ment évident du contexte social et politique national, Marseille Provence Les projets artistiques 2013 peut encore devenir une très Ils sont sensiblement différents. Mons belle aventure. s’appuie sur un savoir-faire et une AGNÈS FRESCHEL gouvernance stable, qui permet d’avoir une vision claire des projets axés sur www.mons2015.eu la création autour de figures emblé- www.marseille-provence2013.fr matiques de la ville : Van Gogh, qui peignit à Mons ses premières toiles, Orlando de Lassus, «Prince de la musi- que» renaissante, qui y naquit, Verlaine qui écrivit Sagesse dans sa prison, et Saint Georges qui y terrassa son Dra- gon. Yves Vasseur, commissaire de la programmation et directeur du Manè- 06 POLITIQUE CULTURELLE FORUM DRAC

À la demande du ministère de la Culture Médiation et et de la Communication, la Drac Paca organisait étaient donc invités des représentants des diffé- création et l’excellence ? est-il engoncé dans un art rents champs de la culture «engagés dans les institutionnel ? les cultures populaires peuvent- le 15 décembre aux ABD Gaston questions de démocratisation culturelle à l’ère du elles être soutenues ? quelles sont les frontières Defferre le Forum régional : numérique» comme l’a rappelé François Brouat, entre art, communication, divertissement, distrac- directeur régional des affaires culturelles, désireux tion ? quelle est la position des créateurs face aux Démocratisation et pratiques de rassurer les acteurs culturels et leurs syndicats. médias numériques ? En effet ceux-ci s’inquiètent de cette «culture pour culturelles à l’heure du chacun», dont les promoteurs taxent injustement Pratiques démocratiques numérique les artistes d’élitisme, nient le travail de démocra- et démocratisation des pratiques tisation accompli depuis des années, en dépit des Face à la marchandisation qui a contaminé la Dans le cadre du programme «Culture pour chacun» baisses constantes de moyens, et des changements culture et la fracture culturelle qui double la frac- lancé cet été par Frédéric Mitterrand, les Directions sociaux et médiatiques… ture sociale, opter pour une position de résistance Régionales des Affaires Culturelles proposaient dans En préambule donc, François Brouat a souhaité trou- fait l’unanimité. Seuls les moyens diffèrent : le chaque région des assises sur l’accès à la culture en ver un terrain d’entente «car la raison d’être du Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Pro- vue d’une Rencontre nationale les 4 et 5 février à ministère est l’accès aux œuvres et à la culture la vence a mis en place un service éducatif afin de . La Drac Paca a choisi quant à elle de s’inter- plus large». En faisant d’abord un constat : l’effort sensibiliser les plus jeunes à l’opéra et éviter de se roger sur démocratisation et numérique, d’examiner de démocratisation culturelle a été porté par diffé- trouver face à des «consommateurs»; l’Université les médiations qui accompagnent cette mutation rents ministères, et le programme Culture pour d’ et des pays de Vaucluse accompagne le technologique, la part de l’action artistique et chacun ne remet aucunement en cause ce qui a été développement d’une bibliothèque numérique avec culturelle en milieu scolaire et universitaire… Pour fait depuis 50 ans: «pour Frédéric Mitterrand la une formation des étudiants intégrée à leur cela elle a voulu croiser les expériences de terrain culture pour chacun n’est pas un succédané de la enseignement pour «les faire revenir vers le livre, la dans les domaines de la lecture, du patrimoine, de culture pour tous»… Puis par des questionne- documentation et leur ouvrir l’esprit vers d’autres l’enseignement artistique et du spectacle vivant : ments: le ministère doit-il favoriser avant tout la champs que ceux enseignés» ; l’École Régionale d’Acteurs de Cannes s’allie à l’Institut Supérieur des

© X-D.R Techniques du Spectacle pour opérer un rappro- chement entre acteur et technicien, indispensable depuis l’utilisation de nouveaux interfaces techno- logiques. Des chemins divers donc pour répondre aux évolutions posées par les nouveaux médias en termes de transmission, d’appropriation, de créa- tion, d’investissement… et d’éthique ! Car entre Culture et cultures populaires, public et consommateur, art et industrie culturelle, pratiques démocratiques et démocratisation des pratiques, les concepts méritent d’être affinés. À l’avenir, s’interroge Gilles Éboli, conservateur général des bibliothèques, «peut-on penser l’idée d’une biblio- thèque numérique universelle comme une utopie désirable ?», tandis que Hervé Passamar, directeur de l’agence pour le développement et la valorisa- tion du patrimoine, préconise de mieux connaître la typologie des publics, sans négliger les touristes: «quand on s’adresse à tout le monde, on ne s’adres- se à personne». Quitte à penser la «Culture pour chacun» comme une réponse à leur demande ? Les désirs formatés des publics peuvent-ils être prescrip- tifs sans tomber dans le populisme? La question, soulevée, ne trouva pas de réponse… À moins que le sursaut ne vienne, justement, d’un secteur où les nouvelles technologies sont à la pointe des pratiques artistiques : l’art contempo- rain ! L’École supérieure d’art d’Aix, qui s’est équipée très tôt, s’interroge en permanence sur les ques- tions de temps réel, de réseau, d’interactivité, mêlant réflexions épistémologiques, pratiques et expérimenta- tions : une approche libertaire de la démocratisation LA CRIÉE POLITIQUE CULTURELLE 07 numérique par une pratique de hacker défendue par son directeur du Zinc, qui rappela les théories de directeur, Jean-Paul Ponthot, qui souligne que Mac Luhan, et souligna qu’il n’y a pas de «dans la logique de démocratisation culturelle révolution réelle des médias sans révolution de pour chacun ou pour tous, il s’agit d’abord de la création et des pratiques: si les usages Macha qualifier l’œuvre que l’on propose». s’appauvrissent, l’accès illimité est illusoire… Une œuvre d’excellence, bien sûr, car «la démocra- MARIE GODFRIN-GUIDICELLI tisation culturelle part du principe d’antériorité de l’œuvre et du patrimoine en direction du Makeïeff public». Propos confirmés par Emmanuel Vergès, à la Criée Contrairement à ce qui avait été prévu, semble-t-il par le ministère de la Culture lui-même qui dans l’absolu devrait être décisionnaire, Catherine Marnas Numérique, un progrès en art ? ne sera pas la prochaine directrice de notre Centre Les rapports d’Elise Longuet et Francis Laclo- sant dans les contes populaires et en refusant dramatique national. Pourtant tous paraissaient che, les discours de Frédéric Mitterrand, les l’influence antique et les Grands Genres, mais soutenir sa candidature, de la DRAC à la Mairie de déclarations cadres de la Culture Pour Chacun ses Modernes ont laissé moins de traces Marseille et au conseil général 13, en passant par notent toutes «une convergence des pratiques littéraires que Molière, La Fontaine et Racine la Région PACA qui envisageait de s’engager culturelles vers les écrans» et prescrivent «une qui aimaient les Anciens. Quant aux diktats des financièrement pour faire de la Criée un Pôle politique volontariste» du MCC pour accompagner avant-gardes, on sait à quelles impasses ils ont régional si le projet de Catherine Marnas était cette mutation, présentée comme inéluctable. pu mener : Boulez, en déclarant en 1952 que retenu : celui-ci semblait correspondre en effet aux Qu’en est-il ? «tout compositeur est inutile en dehors des nouvelles attentes du ministère, produire et diffuser Bien présomptueux qui prévoit l’avenir de l’art! recherches sérielles», expédia pour longtemps la création régionale, qui en a bien besoin, se Quoi qu’il advienne on ne peut envisager de le la musique contemporaine vers des champs préoccuper des publics et de la formation. Mais prévoir, et de mettre en place une politique pres- dont lui-même eut du mal à sortir… aussi, en particulier par l’association avec Di Fonzo criptive, sans faire un tour par l’esthétique, et Qu’en est-il du numérique ? A-t-on aujourd’hui Bo, s’attacher à faire venir à Marseille les metteurs par une réflexion historique sur le progrès en art. le recul pour en juger? Le ministère de la en scène nationaux et internationaux les plus L’art progresse-t-il ? Peut-on dire que Beethoven Culture (et de la Communication) doit-il dé- pertinents. c’est mieux que Mozart? La réponse consensuelle penser nos subsides pour équiper les foyers Il n’en sera pas ainsi. Reste à espérer deux choses: à cette question est négative : la Tour Eiffel français en TNT (sigle explosif !), numériser les que Macha Makeïeff vienne rapidement s’implanter n’est pas plus belle que l’Obélisque. Ni plus fonds des bibliothèques, équiper en numérique dans la région pour redonner tout le panache qu’il laide, comme le prétendaient les nostalgiques les salles de cinéma ? Est-on certain, à l’heure mérite à ce magnifique théâtre, avec un projet (appelés aussi selon les contextes réactionnai- où les études montrent que les jeunes ont artistique qui corresponde aux besoins du territoire; res, passéistes, ringards ou vieux, vocable qui changé leur mode de lecture et d’écoute (ils que Catherine Marnas puisse poursuivre son travail gagne aujourd’hui). Pourtant certains facteurs lisent des extraits et écoutent des plages de de création dans des conditions décentes, en font évoluer les arts et les lettres : un artiste trois minutes), et où Internet sert essentielle- disposant enfin d’un outil à la mesure de son talent. peut approfondir son langage, des techniques ment à l’industrie pornographique, aux jeux Pas trop loin de Marseille, si possible, afin que les artistiques nouvelles (la perspective, l’harmo- d’argent et aux tchats phatiques (au mieux créateurs et le public d’ici puissent en profiter ? nie…) peuvent être maîtrisées, et l’invention dénotatifs…), que promouvoir ces médias aille AGNÈS FRESCHEL de matériaux peut permettre l’éclosion d’univers dans le sens des missions du ministère de la © Simon Wallon inespérés (les plastiques, la photographie…). Culture ? La résistance à l’appauvrissement cul- Mais si ces évolutions changent parfois la don- turel que chacun constate ne passerait-il pas ne en profondeur, elles ne signent pas toujours plutôt par le rétablissement des subventions des progrès au sens strict : l’art y gagne, l’art au spectacle vivant, moins de copinage dans y perd, ou gagne même à s’édifier contre. Ainsi les nominations, un soutien affirmé à la librai- l’harmonie (l’écriture en accords) a indéniable- rie et au cinéma indépendants, et un effort ment fait progresser la musique occidentale, massif d’investissement dans les actions de mais au passage elle a fait disparaître la su- médiation? blime polyphonie Renaissante, que nos oreilles D’ailleurs les intervenants du débat étaient retrouvent avec délices dans les polyphonies formels : il faut apprendre à maîtriser le numé- populaires du monde. Quant à ceux qui se pro- rique, qui sans médiation humaine appauvrit clament modernes, ils ne produisent pas toujours les pratiques culturelles, malgré la multiplica- les œuvres les plus marquantes : Perrault allait tion des ressources mises à disposition. dans le sens de l’évolution esthétique en pui- AGNÈS FRESCHEL 08 POLITIQUE CULTURELLE LA COLLECTION LAMBERT Lambert désœuvrée ? À Avignon, le prêt d’une partie du fond du collec- au wagon en janvier 2010. On ne peut pas nous im- par mail : «le déficit annoncé est inhérent à RMG et tionneur Yvon Lambertne cesse de créer la polémique. puter ces frais supplémentaires ni les 45 000€ d’étude indépendant de la collection Lambert.» De son côté, Les répercussions d’une telle collection d’art contem- de satisfaction ou les frais de gardiennage ! C’était Marie Josée Roig, maire d’Avignon, rappelait son porain, pour la Ville comme pour le marchand d’Art, du pur bonheur de voir cette foule cet été. Le succès soutien «sans faille» lors du vernissage des Mira- sont indiscutables, surtout après le succès de la a dépassé le succès d’orgueil, c’est aussi une réussite cles. Un soutien confirmé au Conseil Municipal lors triple exposition Barcelo : la côte de l’artiste s’est économique qui a permis de découvrir un Avignon du vote, pour la deuxième année, d’une rallonge de encore envolée, ce qui est tout bénéfice pour le culturel lié à l’art contemporain. La Ville a peut-être 45 000 € pour éponger «le déficit structurel» du musée. collectionneur, et la Ville a bénéficié du rayonne- trop de trésors et boude son plaisir.» ment sans précédent de l’exposition. Le financement Mais aujourd’hui le centre d’art fête amèrement ses Un «petit Beaubourg» La participation municipale annuelle s’élève à 10 ans avec une exposition Je crois aux miracles pro- en faillite ? 440 000 €, identique à partir de 2011 à celle de phétique. Une fête gâchée par «un désintérêt de la Jacques Montaignac, directeur des affaires cultu- l’État. Le financement de la Région PACA s’élève à municipalité» selon le collectionneur qui menaçait relles de la Ville, temporise. «C’est un problème de 220 000 €. Avec la participation de mécènes et fin 2010 de retirer ses 350 œuvres estimées à 63 double gouvernance. Les défauts de gestion provien- des fonds propres, le budget annuel est de 1,6 mil- millions d’euros, alors qu’il souhaitait auparavant nent des deux structures (ndlr : le directeur de RMG, lion d’€, auxquels s’ajoutent 50 000 € par an de léguer les œuvres à l’État via Avignon au terme du société déficitaire avant l’exposition, a démissionné fluides (eau, gaz, électricité, entretien…) aux frais contrat qu’il a signé jusqu’en 2019. La cité des fin 2010 et la collection, qui a vu défiler depuis sa de la municipalité. Papes, pour accueillir ce «cadeau», doit trouver les création 7 administrateurs est surendettée depuis 2 Quant au conseil général de Vaucluse, il met à dis- moyens de ses ambitions. ans à hauteur de 185 000 €). Ces problèmes anté- position de la commune en bail emphytéotique rieurs à l’exposition ont amplifié les phénomènes de depuis 1999, sous réserve qu’il accueille les œuvres Des attaques lassantes du collectionneur, l’Hôtel de Caumont. Le 11 décembre, à la veille de l’inau- Cette cession à titre gratuit, a été guration de l’exposition anniversaire estimée en 1999 à 1 173 857 €, de cet ensemble d’art minimal, con- dont les travaux de réhabilitation

ceptuel et Land Art digne d’un petit Eric Mezil, directeur © Delphine Michelangeli de la collection Lambert qui ont été financés à hauteur de «centre Pompidou», le galeriste avoue 457 347 € par le conseil général sa lassitude. «Je me pose sérieuse- 84. Pourtant Jacques Montaignac es- ment la question d’un départ. C’est à time que «l’apport des partenaires est se demander si la ville est vraiment restreint pour ce musée qui a toujours intéressée par notre présence. Je ne manqué d’un bras, celui du conseil partirai pas comme un voleur, mais fin général.» Il souligne de plus que le 2011, je m’en vais si les choses ne lieu est trop exigu aujourd’hui pour bougent pas.» contenir les 1200 œuvres répertoriées. Depuis l’installation du musée, les cri- tiques fusent tandis que les ennuis à Vence et Arles l’Hôtel de Caumont s’accumulent. En attendant un doublement de sur- Problèmes techniques et réaménage- face, la Collection fait son nid ailleurs. ments fréquents dans un lieu du Une antenne de la Collection pourrait XVIIIe non adapté, la fameuse affaire atterrir prochainement aux Ateliers du «baiser rouge», récents travaux d’Arles. «Même si les moyens sont «catastrophiques» selon le galeriste limités, le maire a compris que la ville qui n’étanchent pas les problèmes peut vivre grâce à la culture. Notre d’humidité, et le déficit structurel chronique. déficit. Ils auraient dû équilibrer. Le juste milieu… idée n’est pas de quitter Avignon, mais il faut trouver Et le dernier coup qui met le feu aux poudres, l’ac- est au milieu, il y a une part de responsabilité des une solution pour que le projet avance.» Contacts cusation par la société d’économie mixte RMG deux côtés.» Il assure que «laisser partir la collection sont également pris avec la ville de Vence qui (gestionnaire du Palais des Papes, de l’office de serait une erreur de politique culturelle fondamen- cèderait à Yvon Lambert un magnifique terrain à tourisme et producteur technique de l’expo Barcelo) tale», mais souhaite un débat sur le fonctionnement destination muséale. Les 350 œuvres resteront d’un dépassement (entre 250 et 400 000 €, chiffres financier. jusqu’en 2019 dans leur écrin avignonnais, sauf officiels non publiés à ce jour) des dépenses (sur Yvon Lambert et Éric Mezil restent sidérés que des achoppements sur les termes de la convention qui 850 000 € de budget prévisionnel). Si à l’hôtel doutes subsistent sur leur travail, qui en 10 ans a lient le prêteur à la ville d’Avignon. Des alternatives particulier le succès Barcelo est réel (43 000 visi- ramené plus de 300 000 visiteurs. «Si on n’a tou- qui n’ont pas l’air de tracasser la Mairie, qui ne teurs dont 2,50 € par ticket reversés à RMG), au jours pas convaincu, c’est qu’il faut partir. On a inventé pourra profiter des 37 Picasso récemment prêtés à Palais des Papes (24 000 visiteurs pour la seule quelque chose d’exceptionnel, les gens viennent du la Collection en ne leur offrant pas les conditions expo mais 260 000 entrées en totalité) et au Petit monde entier été comme hiver» s’exclame le direc- hygrométriques adéquates. «Il faut des travaux Palais (chiffres non communiqués) les compteurs teur qui reconnaît que «la Ville ne leur coupe pas les sérieux pour accueillir des œuvres de cette ampleur» affichent des résultats en deçà des 200 000 visi- vivres» mais reste «furax, amer et vexé», proposant regrette Éric Mézil. teurs espérés. même sa démission. Au vu de l’exposition des Ponts organisée actuelle- Pour Eric Mézil, directeur de la Collection, «ce dé- Ce «coup de colère» du collectionneur n’étonne pas ment par RMG, Avignon préfère peut-être s’en tenir passement est faux, c’est de la calomnie. Le budget la Ville, habituée à son «caractère bien trempé». à son patrimoine ? artistique est réglo, nous affichons 855 000 € de dé- Fabien Strack, directeur du cabinet du Maire, DELPHINE MICHELANGELI penses. La Ville avait décidé que RMG prendrait en affirme «qu’il n’a jamais été question de laisser par- charge les dépenses du Petit Palais qui a raccroché tir la Collection» et rassurait mi-décembre Éric Mezil RÉGION EN SCÈNE POLITIQUE CULTURELLE 09 Renforcer Hommage le maillon faible au maître Conçue pour l’anniversaire des dix ans Surprise avec la présence sculpturale de la collection avignonnaise d’Yvon dans la grande galerie d’un élément Lambert, cette exposition se parcourt d’architecture de Jean Prouvé en dia- comme un cabinet de curiosité con- logue avec les structures des artistes temporain. C’est toute une histoire de minimalistes. Surprise aussi dans la l’art moderne et contemporain (à partir salle consacrée à un cabinet de curio- des années soixante du siècle précé- sités où se mêle un bric-à-brac d’objets dent moins quelques tendances) qui hétéroclites étiquetés dans des vitri- est condensée entre les murs et la nes avec un papier peint et des sons cour de l’Hôtel de Caumont. On ne sera d’oiseaux de Louise Lawler. Surprise Tu m'écoutes ? de la cie Debrid'art © X-D.R. donc pas surpris de retrouver les ar- encore avec la découverte de plusieurs Depuis 2001 le festival Région en scène présente une sélection de compagnies tistes favoris, souvent amis de la films rares, expérimentaux et de vidéos régionales qui vont ensuite se produire au festival national de Figeac, Le première heure : Sol LeWitt, Judd, plus récentes (Mekas, Broodthaers, chaînon manquant, qui réunit l’ensemble des sélections régionales. Une Twombly, Serrano, Douglas Gordon Gréaud, Wallinger…) ou la délirante occasion pour de petites compagnies de se produire devant de nombreux très représenté avec Nan Goldin, com- pièce sonore en 45t vinyl L’apothéose programmateurs. me nombre de ceux et celles présents du dollar racontée par Salvador Dali. En PACA les représentations sont ouvertes au public et se déroulent à nouveau dès le premier Rendez-vous (il y en eu Le tour du propriétaire fait, on peut cette année à Aubagne et au Pays de l’Étoile. L’événement est organisé par quatre), exposition inaugurale en avoir l’envie furieuse de se poser un Le cercle de midi, qui opère la sélection en PACA. Le but est clairement de l’année 2000. bon moment devant l’œuvre élue. constituer un maillon entre la vie associative et les plateaux du réseau national, Le commissaire, Eric Mézil, a habile- Alors, même loin du saint Père, on qui souvent choisissent leur programmation parmi les productions des centres ment joué le jeu des citations, des prie de pouvoir bénéficier de quelque chorégraphiques et dramatiques, ou des scènes nationales, ne permettant pas références, des correspondances et siège pour entrer en contemplation. aux compagnies émergeantes de sortir d’un réseau alternatif aux moyens des surprises autour de la figure tuté- À ce miracle-là au moins, on peut souvent restreints. laire (et pourtant absente) du galeriste croire. Cette année treize compagnies plus ou moins repérées sont programmées du CLAUDE LORIN et collectionneur. Citation des expo- 14 au 16 février. Les manifestations sont gratuites ou à 5 €, et permettent de sitions précédentes (Barcelo, Figures voir de nombreuses formes jeune public, du théâtre, de la danse, des musiques de l’acteur, À Fripon, fripon et Je crois aux miracles du monde. On y retrouvera Miguel Nosibor et son très beau Temps d’arrêt, demi…). Référence à l’histoire de jusqu’au 8 mai Jeanne Béziers qui met en scène une forme jeune public, un beau texte de l’art : artistes inconnus ou anonymes Collection Lambert, Avignon Valletti, un décapant Malade Imaginaire, un étrange Être le loup, les vivifiants découverts par hasard, Carjat (sombre 04 90 16 56 20 Onstap, un travail sur Ubu de la cie Loreleï, et le sextet de Bijab et Maryam portrait de Baudelaire), Cézanne, www.collectionlambert.com Chemirani. Et beaucoup de chansons. On prendra aussi le temps de la Léger, Man Ray s’imbriquent avec les découverte et de la réflexion lors d’une rencontre inaugurale. Et on regrettera, œuvres plus récentes provenant presque comme souvent, l’absence de formations musicales classiques, baroques, toutes de la collection. Correspondance contemporaines ou jazz. Le concert, hors la chanson, ne ferait-il plus partie du entre les créations : le mouvement spectacle vivant ? aérien suspendu d’une bande magné- AGNÈS FRESCHEL tique dans l’installation de Zilvinas Kempinas renvoie au lasso aveugle à Au programme l’amour dans la vidéo de Salla Tykka. Le 14 fév 15h30 La Distillerie Rencontre professionnelle Vincent Ganivet, installation pour Je crois aux miracles, Collection Lambert en Avignon, 2011 © Delphine Michelangeli 18h00 La Distillerie Théâtre : Et puis quand le jour s’est levé Cie La p’tite marchande 21h00 MJC l’Escale Chanson : BatPointG et Mochélan Le 15 fév 10h00 Le Comoedia Théâtre musical : Tu m’écoutes ? Cie Debrid’arts 14h00 La Distillerie Théâtre : Le malade imaginaire Cie Vol Plané 16h30 Roquevaire Théâtre : Être le loup Cie Orphéon théâtre intérieur 21h00 MJC l’Escale Chanson: Maison Rouge et Petite Musique Musique du monde : Oneira Le 16 fév 10h00 Saint-Zacharie Cirque : Tout l’univers en plus petit Attention Fragile 14h00 La Penne-sur-Huv Théâtre : Père U à la plage Cie Loreleï 16h00 La Penne-sur-Huv Danse : Temps d’arrêt Miguel Nosibor Danse : Parce qu’on va pas lâcher Les Onstap 21h00 Le Comœdia Théâtre chanté : Deuxième mouvement Le cri du chœur

Région en scène 04 42 18 19 88 www.cercledemidi.org 10 POLITIQUE CULTURELLE SCÈNES ET CINÉS OUEST PROVENCE Une compétence culturelle Où en est la culture sur le territoire de Ouest Pro- territoire, et je parle notamment des rencontres de vence ? La question se pose alors que le Festival danse urbaine (Zone Danse Hip Hop ndlr) qui ont intercommunal Les Élancées est suspendu cette connu trois éditions, faisaient le plein systématique- année, que l’adhésion de la régie Scènes et Cinés ment, avec des ateliers, des productions, des rencontres à Marseille Provence 2013 n’est plus à l’ordre du entre professionnels et amateurs très convaincantes. jour et que le désengagement de l’Etat, la réforme Elles ont été supprimées pour préserver les Élancées.» de la taxe professionnelle et la réforme des collec- A-t-on alors pris la mesure de la menace ? Une des tivités noircissent décidément l’avenir. propositions fut d’instaurer une biennale, solution Depuis sa création en 2006, Scènes et Cinés, établis- qui ne recueillit pas le consensus. «Mais attention sement public à caractère industriel et commercial rajoute Mokhtar Benaouda, les Élancées sont sus- (EPIC) a permis au vaste territoire intercommunal, pendues, pas annulées. Des contacts ont été repris qui regroupe les villes d’Istres, Miramas, Fos, Port- avec la Drac notamment, pour parvenir à rétablir ce Saint-Louis, Grans et Cornillon-Confoux, festival.» d’optimiser la diffusion culturelle, fidélisant les Autre raison de discorde, l’adhésion à Marseille publics, en créant de nouveaux, par le biais d’une Provence 2013. La Ville d’Istres a adhéré, au con- programmation riche qui étale ses propositions traire du SAN Ouest Provence. «MP2013 s’inscrit dans les théâtres et salles des six villes concernées. dans un contexte politique très lourd, avec beaucoup C’est une des particularités qui caractérise Ouest de contentieux explique Mokhtar Benaouda. On Provence par rapport aux autres intercommunalités était à deux doigts d’adhérer, mais politiquement il et qui fait des émules, avec Aggloscènes notam- n’ya pas eu le fameux consensus suffisant pour y ment, qui regroupe la Ville de Saint-Raphaël et le parvenir.» Il n’en demeure pas moins que la ques- Forum, Théâtre de la communauté d’agglomération. tion des Élancées divise là aussi, Istres avançant Epicycle © P. Cibille Ouest Provence est la seule intercommunalité de que le Festival était «dans leur corbeille d’idées pour Trois spectacles faisant partie de la program- France à assurer toute la compétence culturelle des 2013», Yves Vidal, président de Scènes et Cinés, mation des Élancées sont donc maintenus à villes qui la composent. «Avec un principe fonda- rétorquant qu’«il n’a jamais été question que les Istres : Sarkha de l’École Nationale des Arts du mental, le consensus » comme le souligne Mokhtar Élancées, événement intercommunal, fasse partie Cirque de Tunis, le 13 fév à 15h; Lalala Mr Benaouda directeur de cette régie, et depuis peu d’une programmation dans le cadre de MP2013.» Gershwin de la Cie Montalvo-Hervieu, le 15 fév à directeur des Affaires culturelles. Un consensus qui 18h30; Epicycle du CirkVOST, le 17 fév à 18h30, régit notamment toutes les réunions du Conseil Perspectives le 18 à 20h30, le 19 à 20h30 et le 20 à 16h, sous d’Administration, «composé d’élus communautaires Comme partout la politique culturelle se trouve chapiteau. Voir p 40. à la culture, plus quelques autres élus positionnés menacée, quand bien même elle est concertée, vo- 04 42 56 48 48 par leurs maires respectifs». Toutes les décisions y lontaire et territorialisée. La position de Mokhtar www.scenesetcines.fr sont prises en commun, sachant que l’intercommu- Benaouda est claire, il continuera à faire en sorte de nalité est «nettement moins riche actuellement du «faire cohabiter service public et industrie culturelle, fait que les dotations globales de l’État ont diminué en faisant le nécessaire pour que l’industrie culturelle lement celui des Elancées (180 à 200 000 €). progressivement. On en a bien sûr subi les répercus- ne vampirise pas le service public.» En tant que Il est réparti territorialement comme suit : Istres sions, notamment en ce qui concerne les Élancées.» gestionnaire et acteur culturel, sa préoccupation 44%, Fos 16 %, Miramas 25%, Grans 4.5%, est de sanctuariser le budget artistique, «le Cornillon-Confoux 1.5%, Port-Saint-Louis 9%. Les Élancées préserver avec les investissements nécessaires, et Quant au budget total de fonctionnement de la Sur ce sujet la division entre élus du territoire est convaincre la collectivité et les élus -et dans leur régie, il s’élève à 6.4 M d’€, dont 76% de finan- notoire et visible : la Ville d’Istres plaide pour un grande majorité ils font le nécessaire-, qu’ils sont cement public et 24% de billetterie (soit 1.54 M d’€). maintien du festival, en soulignant la qualité du absolument indispensables pour pérenniser l’activité Ouest Provence verse 88% des subventions, soit festival et sa notoriété auprès du grand public. Mais de l’établissement, et pour répondre à ces exigences 4.3 M d’€, le Conseil Général des Bouches du Rhône la décision de la suspension pour causes financières de service public». 5% (soit 243 000 €), le Conseil Régional 4% (soit a été prise le 8 septembre lors d’un CA de Scènes 195 000 €), le reste provenant de divers dispositifs et Cinés. «Le maintien est impossible» selon Mokhtar Les budgets (CUCS, Politique de la Ville, Onda, CNV) Benaouda, qui rappelle d’ailleurs qu’«en 2008, suite Un budget artistique de Scènes et cinés, pour la Le budget d’investissement engagé par Scènes et Cinés en 2011 pour moderniser les équipements et ré- au désengagement de l’État, la collectivité a pris en saison 2010-2011, est de 1.3 M d’€, musique ac- charge la totalité des Élancées. Certaines manifesta- tuelle comprise (la programmation de la salle de habiliter les bâtiments s’élèvera à plus de 660 000 €. tions qui commençaient à prendre pied sur le l’Usine à Istres), auquel vient se rajouter habituel- DOMINIQUE MARÇON PORTRAIT DE JULIEN DUVAL THÉÂTRE 11 Le roman d’un acteur

On vient de le voir dans Eric von Stroheim au Merlan Julien Duval Yves © Pierre Gaulard Un peu comme Catherine. Elle est joyeuse aussi, très (voir zib 36) et Villa Olga à Briançon et Cavaillon (voir enthousiaste, ce qui est forcément agréable. Renaud p 15), le Banquet fabulateur un peu partout, on le Marie Leblanc arrive au plateau avec une dramaturgie retrouvera dans Lignes de faille à Gap, Draguignan et plus définitive, qui répond au texte, et qu’il construit Martigues… Décidément Julien Duval fait rêver nos dans sa tête au préalable. Même s’il écoute metteurs en scène : Renaud Marie Leblanc, beaucoup aussi ce que proposent les acteurs. Alexandra Tobelaim et Catherine Marnas lui confient Vous apprenez donc encore ? de beaux rôles dans lesquels sa fraîcheur butée, sa Un acteur apprend tout le temps. Et puis cette saison précision sans faille et sa générosité éclatent. Sa j’aurai abordé des registres complètement différents, profondeur et sa douleur aussi, plus inattendues… du vaudeville à la crudité d’Eric Von Stroheim. Sans C’est que cet acteur de 30 ans conserve un profil de compter toutes les facettes du Banquet Fabulateur… gamin ! C’est très agréable pour un acteur ! ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL Zibeline : Quand avez-vous commencé à faire du théâtre ? Julien Duval : À sept ans, à Dole. Je ne sais pas ce qui m’y a poussé mais je harcelais ma mère qui harcelait l’école de théâtre… Assez tôt j’ai fait des films, des spectacles professionnels, puis au Lycée j’ai suivi les options théâtre, et après ça je suis entré à l’ERAC à 17 ans. L’ERAC m’a véritablement formé. Comme j’étais le plus jeune j’avais tout à y apprendre… Quand vous êtes vous senti vraiment un comédien ? Je crois que j’ai été sûr de pouvoir être un acteur quand j’ai joué Marat/Sade en 1996, lors de ma seconde année d’ERAC. Pour diverses raisons je n’étais pas très heureux dans ce spectacle, du coup je me suis construis un personnage muet tout seul, avec un parcours et une logique. Et j’ai su que je pouvais faire ça. Mais j’ai surtout appris en suivant l’enseignement de Catherine Marnas l’année suivante, pour le spectacle de sortie d’école en 2000. On nous disait souvent à l’ERAC qu’il fallait trouver la famille de théâtre dans laquelle on était bien… c’est arrivé au bout, avec évidence. C’est à dire ? Oui, je jouais un pianiste aveugle, ça a duré quelques J’avais l’impression de pouvoir finir ses phrases. Ça mois en 2005. Avant ça à Paris j’ai joué dans Avocats m’arrive encore aujourd’hui. Je comprends tout ce et associés, et dans une série plus intéressante, qu’elle me dit. Esthétiquement, mais surtout dans sa tournée caméra à l’épaule, Âge sensible. Je jouais un manière d’aborder le plateau. Elle travaille sur paraplégique ! C’est étrange la télévision, parce que l’énergie, sur le corps, et met l’acteur en possession les gens dans la rue vous reconnaissent, vous êtes de ce qu’il fait sans le violenter. Elle ne peut travailler hyper identifié pour un truc que vous n’aimez pas que dans la confiance, avec une équipe qu’elle vraiment… connaît et qui se connaît, avec un collectif, une Pourquoi n’aimez-vous pas ? collégialité. Rien ne repose sur la souffrance ou la Parce que les conditions de production, dans Plus compétition, il n’y a pas de manipulation. Belle la vie en particulier, ne permettent pas d’être Certains metteurs en scène manipulent ? bon. Pour jouer un aveugle on vous demande de lever Oui, certains en tous les cas travaillent davantage les yeux au ciel. Vous avez beau dire non, un aveugle dans la douleur, et d’autres pensent qu’il faut ça ne regarde pas en l’air on ne vous écoute pas. Et violenter l’acteur pour qu’il se dépasse… Jamais puis c’est impossible de refaire une prise pour des Catherine. raisons budgétaires, et les dialogues sont souvent Vous avez continué de travailler avec elle juste après difficiles à justifier… l’ERAC ? Cette année vous vous trouvez dans trois créations Pas tout de suite. Je suis revenu en 2003 pour Faust importantes… et entré dans la compagnie en 2005. Avant j’étais Oui, c’est la première fois depuis que je suis entré reparti à Dôle, où j’ai fait quelques mises en scène, dans la compagnie Parnas que je travaille avec le temps de constater que je n’étais pas fait pour les d’autres metteurs en scène. Je crois que j’en avais responsabilités que cela entraîne. Et puis à Paris où besoin. j’ai fait du cinéma, de la radio, de la télé… Travaillent-ils différemment ? Ici vous avez eu un rôle important dans Plus Belle la Dans le détail oui. Alexandra est en interrogation Vie… permanente, elle change les choses jusqu’au bout. 12 THÉÂTRE LE MERLAN | LE GYMNASE | LA CRIÉE Actor in comedia Révolutionnaire Y a-t-il un seul, je dis bien La Criée a fait venir à Marseille un spectacle qui a fait un seul spectateur qui ne couler beaucoup d’encre : Notre Terreur, du collectif soit sorti hilare, légèrement D’Ores et Déjà emmené par Sylvain Creuzevault, titubant (salle triomphale- apparaît comme une révolution sous le ciel théâtral ment houleuse) et le souffle parisien… Et indéniablement, cette expérience court de cette expérience collective, politique, qui interroge l’exercice collectif de théâtre comme on n’en du pouvoir à un moment crucial de notre histoire - fait plus ? On nous avait tout s’y passe au Comité de Salut public, entre la mort de Danton et celle de Robespierre- est prévenus, «spectacle my- formidablement vivifiante, et réussie. La façon de thique», «succès jamais retracer le désordre des conversations en foulant au démenti», une «com» à pied les règles élémentaires de la prise de parole pousser au crime de lèse- théâtrale (on y parle en même temps, l’un sur l’autre, chef-d’œuvre en aiguisant le en se coupant, comme dans les plus agitées des AG sens critique, et en acti- syndicales), mais aussi les surprenants moments de vant la machine à douter... distanciation esthétique, par le chant en particulier, Peine perdue ! Du début © Stephane Gaillochon sont fascinants. à la fin ça marche, surtout quand ça dit que ça ne mémoire, les feuillets épars, les 400 coups de théâtre ; Mais puisque ces jeunes gens ont reçu dans la presse marche pas et que scène et salle sont par exemple à lui la lourde tâche de faire tenir ensemble les pièces nationale leur lot mérité de compliments, risquons plongés dans le noir ou que l’acteur (Yves Hunstad) du puzzle, d’accompagner la traversée des miroirs et quelques réserves… Le dispositif bifrontal est très à la perd son personnage ou rate son entrée ou encore de chevaucher sans faiblir la frontière entre l’illusion et mode pour des raisons économiques (il évite le coût décapite son balai à trois coups ! De quoi s’agit-il ? la réalité, le rire et l’émotion. Trop pour un seul hom- d’un décor) et politiques (il casse le quatrième mur D’un voyage aux sources du théâtre, de la lumière me ? Que nenni ! et donne l’impression au spectateur de faire partie (l’éclairagiste s’appelle André et sans lui rien ne L’art de la comédie dévoilé «comme si » tout naissait de l’affaire théâtrale). Mais il massacre la moitié du serait...) et allez, on l‘écrit sans majuscule, de l’âme. dans l’instant par un comédien qui maîtrise, au-delà de spectacle : il est dommage de contempler seulement «L’acteur qui me joue est très inquiet» confie gogue- l’imaginable, son métier. Du grand art, tout simple- les dos de Robespierre et Saint Just, quand les nard le personnage hardi qui harangue la foule, ment ? spectateurs assis en face sont privés du visage de allume le public, rebondit sur les éternuements, surfe MARIE-JO DHO Couthon. Par ailleurs certaines tirades, en particulier sur les quintes de toux et prend à partie les specta- le monologue inaugural, sont écrites un peu vite, trop teurs qui jouent fort bien leur rôle ! Lui n’a peur de La Tragédie Comique de Yves Hunstad longues, pas coupées, ce que les acteurs compen- rien, il a traversé le temps, les amours ; son costume et Eve Bonfanti cie La Fabrique Imaginaire) sent en hurlant. en témoigne : un brin oriental, un rien baroque, un zes- a été présentée par le théâtre du Merlan Enfin ? Politiquement, ce collectif sans femmes ne te de Matamore, la collerette de Shakespeare et le au théâtre du Gymnase le 14 et 15 janvier. saurait représenter le jeune théâtre en marche. Les nez en bois de... Pinocchio ? L’étoffe des rêves quoi ! comédiennes peuvent assumer avec une distance L’acteur se contente de ses yeux qui brillent et d’un Les deux autres volets de la trilogie sont proposés intéressante les rôles masculins, représenter le petit coussin posé sur les planches ; à lui les trous de au Merlan du 18 au 22 janvier (voir p 17). Comité de Salut Public. Ou le tribunal révolutionnaire qui guillotina Olympe de Gouges… A.F. Porno de bois © Marine Fromanger L’usage de la marionnette pour mettre en scène les fétiches destinés habituellement à rassurer les Contes de La Fontaine est surprenant. Pour le dire enfants -qui ne supportent pas normalement de voir crûment, voir des figures anthropomorphiques (des des corps vrais recevoir des coups de batte- servent fétiches ?) mimer la fellation, la sodomie, la levrette ici à représenter publiquement des actes intimes. ou décliner des missionnaires dessous dessus est fort Pourquoi pas ? D’autant que la scénographie faite de étrange. Que les manipulateurs passent après pour courbes agencées, la manipulation subtile des essuyer d’un mouchoir non négligent les traces grandes marionnettes articulées, les trouvailles liquides de ces ébats fictifs n’est pas plus ragoûtant, comme celle du carrosse, l’accompagnement à ou excitant, ou scandaleux. Cette manière de l’harmonium, le jeu des comédiens/manipulateurs représenter le sexe sur scène est simplement une sont d’une virtuosité épatante. Sans parler de la solution bizarre, comme les mangas pornos : ces beauté des marionnettes.

© Cie Emilie Valantin Reste que les Contes de La Fontaine sont grivois, pas pornographiques. L’acte sexuel y disparaît généralement dans des ellipses, ou des allusions (certes très claires !) et il s’attache plutôt à décrire la séduction et le désir, la jouissance aussi, avec humour, distance et délectation. Le sexe chez lui reste dans la langue, et plutôt dans ses creux. Sa représentation, même distanciée, gauchit le plaisir de ses textes. Sade y conviendrait mieux… AGNÈS FRESCHEL

La Courtisane amoureuse mis en scène par Émilie Valantin a été joué à la criée du 11 au 15 janvier CENTAURE | LA FRICHE | LE LENCHE | LES BERNARDINES THÉÂTRE 13 Ivresse claudélienne Claudel a écrit la 1re version de L’Échange en 1894. Ayada joue nu et libre comme un oiseau dans la Plus d’un siècle plus tard on reste sidéré par son longue scène avec Marthe, Mima Fukushi, dont la actualité, qui sans doute a motivé le choix de ce texte. fragilité physique contraste avec la force de son Franck Dimech, le metteur en scène, a été sollicité amour. L’espace scénique est vide, rien n’aide les par Oriza Hirata, auteur et directeur de la Cie acteurs, tout repose sur eux. L’arrivée des deux Seinendan à Tokyo, pour monter un spectacle avec autres protagonistes s’annonce par des billes d’acier ses acteurs. Pas facile de travailler en permanence qui tombent brutalement sur une plaque de métal et avec un traducteur et de mettre au point une se répandent sur le sol. Lechy, Nahoto Kawasumi, traduction contemporaine du texte flamboyant de surgit, ondulante et enjôleuse : tout est joué. Pollock, Claudel. Pourtant les comédiens se sont appropriés impressionnant Yozo Shimada, achève la mise en les mots et les restituent dans la musique de leur place du piège en proposant une liasse de dollars à langue et un jeu d’une précision d’orfèvre. Louis. Tout s’anéantira dans les larmes et le feu, le Deux couples que tout oppose se rencontrent sur © Jean-Jacques Delattre rire fou de Lechy, le cri de Marthe. cette terre du Nouveau Monde : Louis Laine et CHRIS BOURGUE Marthe, jeunes mariés émigrés, Thomas Pollock, riche industriel, et sa compagne Lechy, comédienne L’Échange (coproduction Cie Seinendan, alcoolique. Pollock propose de l’argent à Louis en Théâtre de Ajmer, Système Friche Théâtre) échange de Marthe. Au début l’acteur Shoichi s’est joué à la Friche du 11 au 16 janvier Honni magnat Il faut écrire Un spectacle pour démonter par l’exemple les méfaits du grand capitalisme Présenter ne suffit pas. Cette illusion déambulations… Deux moments se industriel sur l’agriculture extensive et ses sociétés traditionnelles ? La Rosa règne chez beaucoup de jeunes comé- détachent vaguement, l’un où il est Bianca, monologue malin programmé par le théâtre de Lenche, oppose un magnat diens talentueux, qui pensent que leur question de mort cellulaire illustrée du pétrole américain, avec force maîtresses, au propriétaire paternaliste et indien présence habitée suffit à faire spectacle, avec des morceaux de sucre (comi- d’une hacienda dont le sous-sol regorge d’or noir convoité. L’histoire d’une c’est-à-dire à être regardé. Le collectif que ?) l’autre, final, où ils semblent tentative de manipulation, qui se solde par un meurtre, et oppose la valeur au demeurant très sympathique em- réinventer l’existentialisme sans le ancestrale de la lenteur, de la terre qu’on cultive et du partage de la misère à celle mené par Aurélie Leroux a créé il y a savoir en contemplant une mouche qui de la vitesse, de l’énergie qu’on brûle, du lucre et de la lapidation des richesses. une paire d’années une première pièce meurt. Sartre écrivait vraiment mieux, Le spectacle est porté par Maryse Aubert, seule en scène hors quelques épatante, autour de bribes de Tchékhov et plus profond. Une plongée réelle accessoires et figurines qu’elle manipule. Son jeu très cabaret androgyne est tissées comme en une mémoire en dans la pensée d’intellectuels et les d’une belle précision spatiale, ponctué de gestes et de postures qui donnent à voir ruine. Ça s’appelait Tâtez-là si j’ai le œuvres d’artistes est indispensable à aisément les personnages. Sa voix, forte et pas toujours juste, et ses accents cœur qui bat, et était si prometteur que l’élaboration d’un spectacle qu’on veut approximatifs, souvent inutiles, sont moins convaincants. Mais on se laisse le Théâtre des Bernardines a coproduit écrire… et qu’on ne saurait concevoir prendre sans effort à cette histoire édifiante, rendue avec une belle énergie. Pas encore prêt. Le résultat est plus que avec le seul talent de comédiens, et de A.F. décevant. Sur les mêmes principes de metteur en images. fragments assemblés ils mettent en A.F. À noter scène la mort… mais n’ont pas grand- La Rosa Bianca, de Bruno Traven, est joué chose à en dire (trop jeunes ?), refusent À noter : Pas encore prêt se joue jusqu’au 29 janvier au Théâtre de Lenche, Marseille de piocher dans les textes des autres aux Bernardines jusqu’au 22 janvier 04 91 91 52 22 et pensent qu’habiter le plateau de quel- 04 91 24 30 40 www.theatredelenche.info ques allusions peut nourrir 1h20 de www.theatre-bernardines.org Partir et se retrouver Une fois de plus le chapiteau était plein. Les petites réolés de rêves. Après un petit film tourné sur le port À venir formes poétiques présentées depuis la rentrée par le de Marseille et la Digue du large dans un beau La Chambre Théâtre du Centaureenthousiasment véritablement contraste -noir de la centauresse et blanc des paque- duo avec Graal&Camille, Darwin&Manolo grands et petits. Un certain magnétisme attire vers bots- et des plans sur ces grues dont les silhouettes et le film Bosphore ces corps doubles, chargés de force animale et au- rappellent les chevaux, Camille arrive sur son frison le 12 fév à 18h et 20h noir à la profondeur abyssimale, Graal. Elle est droite 04 91 25 38 10 © Frederic Chehu et semble flotter, tenant à la main une valise blanche. Manolo présente Influx Le déplacement est fluide, quasiment irréel. Un texte à Cheval-Passion en Avignon en italien est murmuré qui évoque le vent des départs du 19 au 23 janvier. et le temps des séparations. Une belle émotion et 08 92 05 30 05 une surprise : après une fausse sortie Camille revient Aux Salins à Martigues, avec Manolo et Darwin : les deux centaures jouent en la déambulation poétique FLUX duo, annonçant le poème de février. en avant-première CHRIS BOURGUE les 18 et 19 février 04 42 49 02 00 Poème Centaure s’est donné au Centre équestre Pastré le 8 janv 14 THÉÂTRE JEU DE PAUME | ARLES De la roulette au cri de la mouette

Tragédie dentaire… Quel délicieux sous-titre ! Une perspective qui vient heureusement détourner celle de Vers toi terre promise. L’histoire est tragique. Le couple Spodek a tout perdu pendant la guerre, l’une de ses filles est morte dans un camp de concen- tration et l’autre qui avait été cachée chez les bonnes sœurs refuse de revoir ses parents et s’apprête à prononcer ses vœux. Leur cabinet dentaire aussi a été revendu, en raison des lois anti-juives. Ils ne le récu- pèreront qu’en 1945. Contexte dramatique s’il en est, pertes irrémédiables. Comment vivre après la Shoah ? Paradoxe du théâtre, on rit beaucoup. Le texte de Jean-Claude Grumberg est magnifiquement écrit. Une extraordinaire capacité à saisir les instants, les réflexions du quotidien, les attitudes, à dire avec légèreté les choses les plus graves, à rendre vivants et attachants ses personnages. Une virtuosité des mots que les acteurs servent avec une justesse et une intelligence rare. Christine Murillo et Philippe Fretun campent le couple de dentistes Spodek avec finesse et humour, Clotilde Mollet et Antoine Mathieu se glissent dans la peau de multiples personnages Vers toi terre promise © Christine Sibran avec une aisance stupéfiante (ah le cri de la mouette !). de métronome. Et pourtant, la pièce s’étage sur plu- dont les spectateurs ne se lassent pas ! La mise en scène de Charles Tordjman, efficace, sieurs niveaux de narration, mêlant le regard de MARYVONNE COLOMBANI sobre, sait exploiter l’étroitesse de l’espace scénique l’enfant qui allait se faire soigner les dents chez mon- et les décors d’une ingénieuse simplicité avec brio. La sieur Spodek, au récit de la vie de ce dernier, fragments Vers toi terre promise a été joué au Jeu de Paume du complicité qui unit tous les acteurs de la pièce est qui émergent de la linéarité… Une pure merveille, 12 au 15 janvier sensible, les rouages s’imbriquent avec une précision revenue au Jeu de Paume, producteur d’un succès Berlin année moins un Au départ, il y a un journal, témoignage les femmes, violentées lors des guer- de dire pour que nous ne soyons pas million de viols par les Soviétiques à anonyme (en fait, Marta Hillers) d’une res. Sa mise en scène s’efface dans la des «animaux sans mémoire». Berlin. Un moment fort de théâtre dont jeune femme allemande, qui vit à Berlin lecture terrible des cahiers que la La pièce est portée par la boulever- on ne sort pas indemne. en 1945 lorsque la ville tombe aux mains jeune femme donne à lire à son fiancé sante interprétation d’Isabelle Carré, M.C. des Soviétiques. Ce journal fut publié juste démobilisé. Ce dernier fuit, fragile et incroyablement forte à la fois. en 1954 pour la première fois, porteur incapable d’affronter ces mots qui Swann Arlaud, le fiancé, symbolise le Une femme à Berlin a été donné de faits dont on n’a pas envie d’enten- impitoyablement racontent le quoti- refus de regarder la vérité en face. au Jeu de Paume, Aix dre l’horreur politiquement incorrecte. dien d’atrocités et de peurs, qui disent Cette femme subit la double peine de du 13 au 18 décembre Tatiana Vialle souligne combien cette à quel point «la beauté fait mal» lorsque la défaite et de la violence. Elle n’est voix singulière rejoint celle de toutes «tout passe par l’estomac». Nécessité pas la seule : on compte plus d’un

© Julie Pagnier Des gens de bien Concocté dans les laboratoires d’Aubervilliers, le d’Orgon, fiévreux, passionné, cet homme «traître à lui- Tartuffe d’après Tartuffe de Molière mis en scène par même» comme indiqué, tel un slogan, sur un carton. Gwenaël Morin est une pépite, une expérience Les comédiens passent d’un registre à l’autre avec théâtrale des plus réjouissantes pour le spectateur un naturel confondant, flirtant avec le burlesque comme elle l’est visiblement pour les comédiens qui, comme avec le tragique, traversant de façon libérés des conventions, réinventent l’espace en fulgurante une scène à la façon d’un manga ou s’emparant du moindre recoin sur et hors de la provoquant très sensuellement, peut-être même scène. Il faut dire que le plateau est nu, à l’exception douloureusement, le désir, et peu importe que les d’une table, d’une chaise, d’un bougeoir, bougie rôles féminins soient tenus par des hommes. allumée et qui doit le rester, que les comédiens se Gwenaël Morin peut nous tartuffer à l’envi, on le repassent tel le témoin qui les relie tous, et des laissera faire… photocopies scotchées au mur ou suspendues. Car DOMINIQUE MARÇON là n’est pas l’essentiel, dans ce théâtre qui fait la part belle au texte, coupé, resserré pour permettre à la Tartuffe d’après Tartuffe a été joué au théâtre d’Arles mise en scène de se recentrer sur le personnage les 6 et 7 janvier GRASSE | CAVAILLON | VITEZ THÉÂTRE 15 Alexandre tout puissant Tchéky Karyo, Laurent Gaudé, Michel placements entre le lit, le trône et la Didym, l’affiche est alléchante ! Mais Le table ; et l’intervalle dansé façon Bolly- Tigre bleu de l’Euphrate ne tient pas ses wood est grotesque ! Il reste la superbe promesses : un comédien d’ordinaire création sonore de Steve Shehan et puissant, un texte politique et sym- Charlotte Castellat qui trouve un bel bolique, dense mais difficile à saisir, un équilibre avec la partition dramaturgi- metteur en scène aguerri à l’écriture que de Laurent Gaudé et l’ourle de dramatique contemporaine (dont on subtiles sonorités jazz et orientales. Et peut voir actuellement en tournée Le l’envie de relire cette pièce où l’écrivain mardi à Monoprix d’Emmanuel Darley) comme toujours flirte avec la tragédie et pourtant l’alchimie ne prend pas. On et l’épopée, plonge dans des terres s’échappe du spectacle. anciennes et des mondes disparus, On s’attendait à un décor minimaliste, non pas comme un ethnologue mais juste un rai de lumière affleurant le comme un amoureux de la fiction et de profil aiguisé de Tchéky Karyo qui ferait la langue. Dans un esprit de liberté que entendre le dernier souffle d’Alexandre le spectacle parvient trop rarement à le conquérant et son ultime combat… transcender. avec la mort. Au lieu de cela le comé- MARIE GODFRIN-GUIDICELLI dien semble écrasé par le monologue, capable d’autant d’éblouissements que Le Tigre bleu de l’Euphrate d’errements dans les méandres de © Eric Didym a été joué les 7 et 8 janv l’histoire, du songe et de l’effroi mêlés ; au Théâtre de Grasse le décor pharaonique conçu à l’origine pour le plein air l’empêtre dans ses dé-

Ils aiment Le Théâtre Vitez a proposé le 8e Festival de Théâtre amateur des troupes de la région aixoise Du plaisir Une phrase de Kafka en exergue, «pour briser la glace de Hugo, Le petit Chose de Daudet, la terrible histoire de la mer intérieure». Et le festival enchaîne sur une de Chronos et de Zeus, Le petit Chaperon rouge... dizaine de soirées les représentations. Bien sûr l’en- mais celui qui fait peur au loup ! Cela débouche sur semble est inégal, les textes plus ou moins bien choisis une note d’espoir avec les citations des Droits des ou interprétés, il y a des passages involontairement enfants. Une comédienne joue quelques standards comiques où le souffleur chuchote des répliques au saxophone alto, une autre chante Summertime. hilarantes, «parlez bas, ils vont vous entendre !». Mais Militant. les spectacles gagnent tous leur lot d’applaudisse- Le Théâtre du Labyrinthe présentait un texte de ment. On ne cherche pas de qualité professionnelle, Beckett de 30 mn : 3 personnages morts dans leur on reconnaît plutôt le courage de ces amateurs qui se tombe se parlent de leur vie triangulaire, de choses mettent en danger sur scène et acceptent de présen- qu’ils n’ont jamais pu se dire. Une façon caustique ter leur travail, trouvant ici le point d’orgue d’années de revisiter le thème de l’adultère, avec la présence © X-D.R. de répétitions. Amour du théâtre, du jeu, des mots, étonnante de Béatrice de Villars. Quand on lui demande pourquoi elle a voulu monter sensible connivence avec un public ami. Et puis, il y a des pépites comme la courte pièce un vaudeville, Alexandra Tobelaim répond : parce La Cie On verra ça demain a proposé un montage d’Hubert Colas, reprise pour les «petites formes», que j’adore ça ! Villa Olga, qu’elle vient de créer à de textes sur le désespoir de l’enfance et la maltrai- Temporairement épuisé (créé en 1988), avec la mise Briançon (le 14 janv) mais dont on n’a pu voir qu’une tance. On reconnaissait au passage Les Misérables en scène de Chantal Inizan et les acteurs amateurs petite forme à Cavaillon, exhale déjà cette chose-là : Enfant j'étais par la cie On verra ça demain © Patrice Claire de la Compagnie La le plaisir, le rire, la joie. Regorgeant d’incongruités, le Nacelle du Luberon, de texte de Catherine Zambon fait exploser ses petites la fédération Côté cour, trouvailles dramaturgiques dans un second degré côté jardin de Pertuis, qui permanent, jouant des recettes du théâtre de genre se haussent à une qualité (la comédie policière) mais les faisant exploser à force quasi professionnelle. de renchérissements, fausses révélations, double et On ne peut que saluer un triple jeux… comme dans un film des Marx qui aurait tel festival qui draine un pris des couleurs, ou un Hellzapoppin qui aurait public nombreux et fidè- trouvé son enfer sur la Côte d’Azur. La scénographie le, efface les frontières met tout ceci en boîte (vert printemps !) et joue de entre l’institution et les plans, de cachettes absurdes, de surprises, de bruits spectateurs, présente des et de répétitions, de groin de cochon qui couine à textes, défend des idées, tout va… Les costumes sont délicieux, les comédiens rend au théâtre son ca- de vrais diables à ressort qui vous soumettent à un ractère populaire et festif. rythme d’enfer, absurde, exquis. Du plaisir on vous MARYVONNE COLOMBANI ET dit ! CHRIS BOURGUE AGNÈS FRESCHEL 16 THÉÂTRE AU PROGRAMME Talents Capillaire Sacrifice Comment poser plus intimement la question de la Le théâtre de Lenche a mis en place à son annexe de création artistique ? Lee Krasner et Jackson Pollock la Friche du Panier des résidences offertes à des sont deux figures phares de la peinture américaine. compagnies émergeantes, qui présentent leur travail La question de l’abstraction et de l’instinct, de ce que de création au terme de quelques semaines coûte le geste, et la gloire ou non atteinte, s’est d’élaboration. Depuis janvier c’est le comité Béni Oui visiblement posée dans ce couple génial, et auto Non qui travaille sur Le joueur de flûte de Hamelin, destructeur. Paul Desveaux met en scène ces deux cherchant à comprendre comment un chœur, fut-il personnages, sur un texte qu’il a commandé à de rats, s’en va au sacrifice… Résultat début février ! Fabrice Melquiot, en un duo plein de bruit et de Une chorale couleur. Du 1er au 5 fev Pollock Le Lenche Du 25 au 29 janv 04 91 91 52 22 La Criée www.theatredelenche.info 04 91 54 70 54 © Laurent Marro www.theatre-lacriee.com > On en a vu une préfiguration formidable en début de saison : lorsqu’Eva Doumbia parle de ses cheveux Inédit ! de Noire, des douleurs et contraintes qu’ils imposent, On retrouve au Lenche le Tanit théâtre, dans un de ce désir de les lisser, de les tresser, elle parle en monologue écrit spécialement par Serge Valletti fait de ce désir de faire disparaître la différence… puis pour la verve et l’énergie de Roland Peyron… Un de la fierté de pouvoir sculpter sa chevelure comme monologue calibré pour un acteur forcément une matière unique. Une identité ? Avec quelques mythomane, ouvrier qui devient patron en passant comédiennes danseuses chanteuses et musiciennes par la case prison. Ou pas ? L’invente-t-il comme il venus du Congo, du Mali, du Cap vert et du Brésil elle fait tout le reste, sur scène, À plein gaz ? en fait un questionnement commun, et festif. À plein gaz Moi et mon cheveu Du 8 au 26 fév Du 10 au 18 fév Le Lenche Les Bernardines 04 91 91 52 22 04 91 24 30 40 www.theatredelenche.info www.theatre-bernardines.org © Elizabeth Carecchio Tchekhovien L’École Régionale d’Acteurs de Cannes présente Critique Dialogue le dernier travail des élèves de 3e année, celui qui les

Lénine l’écrivait en 17. Que faire ? Comment faire le © Linda Lemaire met en situation professionnelle. Youri Pogrebnitchko tri, que garder et que détruire lorsqu’on veut refonder du Théâtre Okolo de Moscou a imaginé un montage une société ? Voilà que dans leur cuisine un homme de textes de Tchekhov, pour lui maître absolu. La et une femme passent en revue l’essentiel de la Mouette, Oncle Vania, Les trois sœurs et La Cerisaie pensée contemporaine et quelques bribes de croisent des chansons contemporaines de Joe mémoire commune, cherchant ce qu’ils en gardent… Dassin et des dialogues de cartoons, mélange pour Un moyen pour Jean-Charles Massera (l’auteur) et le moins étonnant ! Le tout dans un décor minima- Benoit Lambert (le metteur en scène) de tenter de liste, au plus près de l’âme des personnages. bâtir une pensée critique globale à la portée de tous. La prière des clowns En confiant les rênes à un couple loufoque : Martine Du 15 au 25 janv Schambacher et François Chattot, pétaradants. La Friche-studio ÉRAC Que faire (le retour) 04 95 04 95 78 Du 1 au 12 fév www.erac-cannes.fr > La Criée 04 91 54 70 54 Daniel Danis est un auteur engagé au langage

www.theatre-lacriee.com > subtil : on lui doit en particulier Kiwi, un succès © V. Arbelet singulier. Wilma Lévi est une comédienne magnifique qui aime à s’attacher à des textes forts : on l’a vue notamment dans L’Inattendu de Fabrice Melquiot, ou le journal de Etty Hillesum. Ils se sont alliés pour mettre en scène, avec la complicité de Znorko, la rencontre de deux enfants : une petite fille Israélienne qui gaspille de l’eau, un petit garçon Palestinien qui descend sa colline pour la rencontrer. Y aurait-il une solution dans l’enfance ? Sous un ciel de chamaille Du 15 au 19 fév La Minoterie 04 91 90 07 94 www.minoterie.org © Mathieu Bonfils © Mathieu THÉÂTRE 17 L’art pour survivre Macédonien Racines Germaine Tillon fut une des figures majeures du XXe Abraham, Michel Jonasz ne l’a pas connu. C’est son siècle. L’ethnologue qui se pencha sur l’Algérie, puis grand-père maternel, juif Polonais, mort à Aushwitz, milita pour la décolonisation, entra en résistance en a qui il rend hommage dans une pièce dont il est 1939. Elle fut déportée à Ravensbrück, où elle réussit l’auteur et l’interprète. Au gré de ses souvenirs à écrire et créer avec des codétenues une opérette, Abraham va convoquer tous ses chers disparus, sa une sorte de revue qui met en scène leur vie de femme Rosele, ses enfants, son meilleur ami et déportées. Verfügbar (Corvéables), ou l’humour pour «meilleur tailleur du monde» Yankle avec qui il refait le survivre… Danielle Stéphan met en scène cette monde sur un banc, de son enfance en Pologne au œuvre paradoxale, tragique par son contexte, mais départ forcé pour la Hongrie… Avec tendresse, formidable leçon de vie et de résistance. Alain Aubin lucidité et un humour yiddish irrésistible, Michel a fait les arrangements, et on y retrouve une bande Jonasz dit ses racines et les chante au son de de comédiennes, chanteuses et musiciennes musiques klezmer composées pour l’occasion. épatantes. Amandine Buixeda, Alice Mora, Elisabeth Abraham Moreau, Frédérique Souloumiac, Murielle Tomao… © Archive du Theatre National de Strumica Les 11 et 12 fév Une production ambitieuse, soutenue par de Pour sa semaine macédonienne le Toursky fait venir Théâtre Toursky, Marseille nombreux théâtres de la région, le Gyptis en tête. une pièce de Jordan Plevnes mise en scène par le 0 820 300 033 Le Verfügbar aux enfers réalisateur Projkovski. Il s’y attache à la figure de www.toursky.org Du 8 au 12 fév Krste Petkov Misirkov, intellectuel macédonien qui au le 17 mars Théâtre Gyptis début du XXe siècle fut le témoin hélas privilégié du Théâtre de Nîmes 04 91 11 00 91 sombre délitement des Balkans. La troupe du Théâtre 04 66 36 65 10 www.theatregyptis.com > National de Strumica nous fait revivre les désillusions www.theatredenimes.com tragiques de cet homme qui croyait à l’avenir des valeurs humanistes. Rencontres Le dernier jour de Misirkov Le 28 janv Théâtre Toursky 0 820 300 033 www.toursky.org © Herman Sorgeloos Solitude Kristian Frédric, dont on a vu notamment au Toursky les mises en scène de Koltes (La Nuit juste avant les forêts) et de Daniel Keene (Moitié-moitié), Après la Tragédie comique (voir p 12) et Du vent… des © photos de repetition Helene Arnaud revient avec un texte de Koffi Kwahulé. Un fantômes, La Fabrique Imaginaire nous emmène en monologue où les technologies numériques servent un Voyage dans le temps où des personnages, un Duo de décor au questionnement d’une femme comme sexologue, une actrice, un généticien, un musicien, Ils triomphent depuis 8 ans avec leur duel musical enfermée dans un monde hostile, déglingué, où les échangent à propos de cette notion mouvante. Le comique… les deux instrumentistes sont des hommes règnent en prédateurs. présent a-t-il une réalité, et la réalité existe-t-elle ? virtuoses du piano, du violoncelle, et du burlesque. Jaz Voyage 1er épisode Leurs interprétations des pages musicales les plus Les 4 et 5 fév Les 21 et 22 janv célèbres se déjantent et partent dans des vrilles Théâtre Toursky Le Merlan inattendues, et irrésistibles. Une parodie de concert 0 820 300 033 04 91 11 19 20 dans l’esprit de celles du quatuor, en plus caustique… www.toursky.org > www.merlan.org Duel Opus 2 © X-D.R Les 21 et 22 janv Théâtre Toursky Revenant 0 820 300 033 Cela fait des années que l’on n’a plus vu les mises

www.toursky.org > en scène de François-Michel Pesenti à Marseille. © X-D.R Ni dans la région. Ni beaucoup plus sur les scènes nationales et internationales où il a brillé, en Europe du nord ou au Japon. Depuis 2003 on ne sait plus rien de lui, mais sa Cie du Point aveugle continue d’être conventionnée. Subventionnée donc, par les collec- tivités. Il faut dire que Pesenti a compté, beaucoup, à Marseille, qu’il y a par certaines de ses mises en scène bouleversé l’esthétique régnante, et apporté une cruauté parfois salvatrice. Et parfois insuppor- table. Que reste-t-il aujourd’hui de cette révolution-là ? Système Friche Théâtre et le Merlan produisent conjointement celui qui fut le gourou absolu, et indé- niablement talentueux, de toute une génération… À sec Du 17 au 24 fev La Friche 04 95 04 95 02 www.lafriche.org 18 THÉÂTRE AU PROGRAMME Long ? Badinage Observation Frédérique Plain met en scène deux comédies- Á partir de l’ensemble des textes de Robert Walser, proverbes de Musset, Il faut qu’une porte soit ouverte modifiant le texte en cas de termes trop datés «ou ou fermée et On ne saurait penser à tout, toutes deux supprimant les détails référentiels d’une société trop illustrant un questionnement cher au dramaturge : éloignée de la nôtre», Danielle Bré crée RéCréation comment vivre l’amour ? Frédérique Plain veut faire avec sa compagnie In Pulverem Reverteris, un entendre des pièces leur radicalité, leur drôlerie et «spectacle pour adolescents présents ou passés, leur modernité pour les faire entrer «en résonnance familles et tous types d’éducateurs, ce qui fait quand avec notre présent», sans que la langue ne perde de même du monde…» Une façon pour elle de briser le sa poésie. silence, d’instaurer un dialogue entre adultes pas Musset-diptyque forcément présents et adolescents pas vraiment Du 3 au 5 fév absents, bref, de «prendre le risque de l’altérité». C’est Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence là la création de la première version, légère, plus 0 820 000 422 ludique, une seconde version étant prévue pour la fin www.lestheatres.net de l’année à la Minoterie. RéCréation le 8 fév Les 26 et 27 janv Théâtre du Cadran, Briançon Théâtre Antoine Vitez, Aix 04 92 25 52 52 04 42 59 94 37 www.theatre-le-cadran.eu www.theatre-vitez.com

© Christophe Raynaud de Lage Attirance Transpositions Le Richard II programmé cet été dans la cour Le roman best-seller d’Anna Gavalda, Je l’aimais, est d’Avignon a fait couler bien de l’encre et failli faire très fidèlement adapté et mis en scène par Patrice tomber des têtes. Il n’a pourtant rien de scandaleux. Leconte. Huis clos qui tourne autour d’échecs Cette tragédie shakespearienne (qui n’est pas sa amoureux, et de la vaine recherche du bonheur de meilleure) est simplement mise en scène sans génie, deux personnages que la douleur égare parfois, sans et avec quelques partis pris agaçants. Mais resserrée toutefois tomber dans la caricature. Loin du dans des espaces intérieurs mieux sonorisés et mélodrame, Irène Jacob et Gérard Darmon jouent éclairés elle y gagnera sans doute. D’autant que avec justesse et élégance de ces sentiments très Podalydès, lorsque sa voix ne se perd pas dans le humains. vent et la froidure, et son jeu subtil dans l’immensité Je l’aimais déserte d’un plateau insensé, est un comédien © X-D.R. Vegas Acte Du 8 au 12 fév Février sera Tchekovien au Vitez, avec pas moins de fascinant. Cette production trouvera peut-être la Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence trois spectacles consacrés à La Mouette : Mikaël brillance en des écrins plus calfeutrés et modestes ? 0 820 000 422

> Serre, avec la Comédie de Reims, rapproche les La tragédie de Richard II www.lestheatres.net © BM Palazon personnages de Nina, qui se rêve en actrice dans la Du 25 au 29 janv grande capitale, d’acteurs hollywoodiens prêts à tout Le Gymnase, Marseille pour la même chose (le 2 fév) ; Acte Vegas, une autre 0820 000 422 mouette, texte de Liliane Giraudon mis en scène par www.lestheatres.net Geoffrey Coppini, s’attaque au genre et à la norme à travers des fumées et le décalage d’une sombre boîte le 8 avril de nuit (le Vegas) qui serait une prolongation de La Théâtre de Nîmes Mouette (le 9 fév) ; Nina ? (épilogue), de Sabine 04 66 36 65 10 Tamisier, est sous-titré Lendemains pour La Mouette: www.theatredenimes.com un monologue pour une comédienne, Nina, lu par l’auteure elle-même… (le 16 fév). Abymes Théâtre Antoine Vitez, Aix 04 42 59 94 37 Les Acteurs de bonne foi est la dernière pièce de www.theatre-vitez.com Marivaux. En un acte, loin de ses préoccupations habituelles sur le sentiment amoureux, centrée tout de même sur le jeu, le mensonge, les inconscients Figure lapsus de langue et de cœur… des acteurs. En plein Jean-Pierre Jourdain adapte la Jeanne D’Arc de Joseph bouleversement esthétique, alors que les Delteil, Christian Schiaretti la met en scène en Philosophes se battent à propos de l’utilité sociale du prenant le parti de faire vivre son héroïne, de la théâtre -Diderot invente le drame bourgeois, naissance au bûcher. Juliette Rizoud, seule en scène, Rousseau publie sa Lettre sur les spectacles-, est tour à tour angélique ou sensuelle, jouant sur un Marivaux en dramaturge défend son art preuve à plateau où tout se transforme, une table destrier, les l’appui… Jean-Pierre Vincent met en scène un texte pupitres en armées, les balais en forêt menaçante, la qui le poursuit depuis longtemps. Avec de jeunes Cour du roi en cathédrale, prison, bûcher… Ce comédiens, comme il a toujours la générosité de le spectacle est accueilli dans le cadre de la faire. programmation des ATP d’Aix. Les acteurs de bonne foi La Jeanne de Delteil Du 15 au 19 fév Du 15 au 17 fév Le Gymnase, Marseille Théâtre des Ateliers, Aix 0820 000 422 04 42 38 10 45 www.lestheatres.net www.theatre-des-ateliers-aix.com/blog

20 THÉÂTRE AU PROGRAMME Spectaculaire Philosophique Satire Recueillies avec soin et respect dans les bistrots par Marc Paquien s’attaque au chef-d’œuvre du maître Jean-Marie Gourio, Les nouvelles brèves de comptoir de la comédie : Les Femmes savantes. Dans cette bénéficient de la mise en scène énergique de Jean- nouvelle création, il révèle l’actualité brûlante des Michel Ribes, et du jeu, non moins énergique, d’une questions soulevées par Molière, l’émancipation des belle bande de comédiens. Pour humer l’air du temps femmes comme le délirant désir de tout savoir qui et se dire que ces pépites humoristiques, et souvent caractérise plus que jamais notre XXIe siècle. Une avinées, ressemblent parfois à des traits d’esprit intrigue sentimentale doublée d’un portrait virulent réfléchis. Au zinc aussi on philosophe ? de la lutte entre snobisme et bon sens. © Carole Parodi Les nouvelles brèves de comptoir Les Femmes savantes Les 5 et 6 fév Du 15 au 17 février Théâtre Les Salins, Martigues Théâtre de Nîmes 04 42 49 02 00 04 66 36 65 10 À l’origine de Soupçons, la pièce mise en scène par www.theatre-des-salins.fr www.theatredenimes.com Dorian Rossel, il y a le polar documentaire de Jean- Xavier de Lestrade, implacable document filmé de 8 du 2 au 4 fév heures sur les coulisses du procès, du côté de la Châteauvallon, Ollioules Odyssée défense, d’un homme accusé d’avoir tué sa femme, 04 94 22 02 02 Philippe Genty revisite la figure du rêveur dans l’un encore plus suspect quand l’enquête de la police www.chateauvallon.com de ses spectacles phares, présenté il y a près de 15 prouve la bisexualité… Dorian Rossel réécrit l’intrigue ans au théâtre Molière. Voyageurs immobiles, une en mettant à nu la multiplicité des points de vue parade sonore et visuelle dans laquelle 8 comédiens -grâce notamment à une scénographie pleine de déroulent un monde poétique entre humour, ironie trouvailles- et les préjugés d’une Amérique bien et noirceur. Un voyage rare et spectaculaire où se pensante. mêlent danse, marionnette, chant et théâtre. À voir Soupçons en famille. Le 25 jan à 20h30 Voyageurs immobiles Théâtre d’Arles Les 27 et 28 janvier 04 90 52 51 51 Théâtre Molière, Sète www.theatre-arles.com © Brigitte Enguerand 04 67 74 66 97 Contemporain www.theatredesete.com > Infernal La compagnie La Tentative, dont l’objectif est de Guy Cassiers met en scène le roman de Malcolm dévoiler toute la modernité et l’intensité des textes Lowry, Sous le volcan, dont Josse De Pauw signe dont elle s’empare, classiques ou pas, propose un l’adaptation et endosse le rôle central. La «Divine dyptique avec deux pièces de Musset : Fantasio et comédie ivre», telle que la définit l’auteur lui-même, se On ne badine pas avec l’amour. Benoît Lambert les déroule sur une année, débutant le jour de la fête des met en scène de façon décoiffante, révélant les morts à Quauhnahuac, au Mexique, au pied de deux préoccupations similaires vécues par la jeunesse de volcans mythiques, et se concentre sur le couple que 1830 et celle des années 2000, chacune se battant formaient Geoffroy Firmin et Yvonne un an plus tôt. pour prendre en main son destin, se révoltant contre Avec pour seul décor des écrans sur lesquels sont une société limitant les choix de vie… projetées des images tournées au Mexique, le Enfants du siècle, un dyptique metteur en scène flamand casse les codes de Les 10 et 11 fév à 20h30 représentation pour s’approcher au plus près de Théâtre Les Salins, Martigues cette prose poétique. 04 42 49 02 00 Sous le volcan www.theatre-des-salins.fr Les 27 et 28 jan à 20h30 Théâtre Les Salins, Martigues © Pascal Francois 04 42 49 02 00 Célébrations www.theatre-des-salins.fr La compagnie l’Heure du Loup fête ses 10 ans Funèbres d’existence au théâtre de Nîmes avec une pièce La compagnie Zirlib aborde dans la création À l’abri les 1er et 2 fév à 20h30 spécialement écrite par Serge Valletti. Roméa et de rien, écrite et conçue par Mohamed El Khatib, Scène Nationale de Sète Joliette, une création très librement inspirée de la la mort dans tous ses états. Sans concession ni 04 67 74 66 97 tragédie de Shakespeare dont le seul titre est déjà angélisme, avec une ironie grinçante presque

www.theatredesete.com > tout un spectacle, mise en scène par Michel attachante, cinq comédiens issus de ce jeune Froehly. Deux actrices et quatre acteurs collectif théâtral retracent vingt parcours de morts © Koen Broos échangeront leurs rôles dans cette surprenante atypiques et explorent l’un des tabous de nos adaptation coproduite par le théâtre de Nîmes. sociétés occidentales. Une préservation du rapport Roméa et Joliette au monde à découvrir de toute urgence pour se Du 1er au 3 février «mettre en bouche la mort». Théâtre de Nîmes À l’abri de rien 04 66 36 65 10 Les 8 et 9 février www.theatredenimes.com Scène Nationale de Sète 04 67 74 66 97 Le 25 mars www.theatredesete.com Theatre Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

22 THÉÂTRE AU PROGRAMME Violences Concret Confession Jean, grand gaillard sans bagage ni argent va faire irruption une nuit au sein d’une famille en deuil. Engagé pour quelques travaux de force par la patronne des lieux veuve depuis peu, il va peu à peu réveiller chez les uns et les autres les cœurs et les langues, préparant chacun au printemps qui s’annonce. Se refermant paradoxalement sur le drame qui le ronge… Sobre, la mise en scène de François Rancillac restitue au plus juste la langue concrète de Giono et s’appuie sur le dispositif scénique ambitieux de Jacques Mollon, inspiré des tableaux Outrenoirs de Pierre Soulages. © F. Mouren-Provensal © Lucie Laurent Le Bout de la route Raymond Vinciguerra et la compagnie Tétra-Art Partant de faits historiques sur lesquels s’est penché Le 29 jan à 20h30 propose une lecture pertinente d’un texte fascinant, l’historien Gérard Noiriel (voir Zib 36 et p 72), Serge Théâtre de l’Olivier, Istres grâce à la mise en scène réussie de La Chute Valletti a écrit une «comédie triste» en quatre actes, 04 42 56 48 48 d’Albert Camus. Clamence, interprété par Philippe un vaudeville macabre mis en scène par Patrick www.scenesetcines.fr Séjourné, prend conscience de l’inanité de son Pineau, qui témoigne sans juger, racontant l’histoire Le 1er fév à 20h30 comportement passé qui lui deviendra lentement par le biais d’une famille bourgeoise retranchée Théâtre La passerelle, Gap insupportable. Au-delà de l’enfer des autres, Camus pendant les événements mais néanmoins au cœur 04 92 52 52 52 nous tend un miroir et nous livre au feu de la de l’action. www.theatre-la-passerelle.eu confrontation d’avec nous-mêmes, en nous invitant à Sale août une lucidité introspective qui seule peut bâtir un Le 26 jan à 20h30 changement collectif. Théâtre de la Colonne, Miramas Transposition La Chute 04 90 58 37 86 Le 3 fév www.scenesetcines.fr Théâtre le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 Le 28 jan à 20h30 www.aubagne.fr Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 © Regis Nardoux Comique www.chateauvallon.com Elue «pièce comique» et «adaptation française» aux Molières 2010, Les 39 Marches est un spectacle décapant mis en scène et joué par Eric Métayer. Plus Faillite de 150 personnages interprétés tambour battant par Hamelin, comme dans la légende allemande Le Il s’agit bien du Médecin malgré lui de Molière, même quatre comédiens clownesques qui restituent avec joueur de flûte de Hamelin dont s’inspire l’auteur si, dans la mise en scène de Jean-Claude Berutti, loufoquerie l’univers d’Alfred Hitchcock. Une espagnol Juan Mayorga, est une pièce dont le sujet directeur de La Comédie de Saint-Etienne, Sganarelle adaptation réussie d’un thriller en noir et blanc digne est les enfants. Mais il s’agit de pédophilie, et d’une se trouve être un sans domicile fixe de la banlieue du cinéma d’espionnage de cette époque. Pour le ville qui doute d’un de ses notables, prédateur parisienne, qui y vit avec femme, qu’il frappe, et plaisir du rire et du rêve. coupable, aux yeux d’un juge, de s’attirer les bonnes enfants. Il se retrouvera docteur dans une famille Les 39 marches grâces d’une famille pour abuser des enfants. bourgeoise d’un quartier chic… Modernisé mais ne Le 5 fév Christophe Sermet met en scène sobrement, sans trahissant pas le texte d’origine, ce Médecin garde Théâtre le Comoedia, Aubagne décor, ce texte dérangeant qui met en cause une pour le metteur en scène «le relent de fabliau 04 42 18 19 88 société entière, une société en proie à une faillite carnavalesque» et surtout «le combat pour la vérité» www.aubagne.fr collective. et contre l’hypocrisie cher à Molière. les 11 et 12 fév Hamelin Le Médecin malgré lui Théâtre de Grasse Le 25 jan à 20h30 Le 4 fév à 20h30 04 93 40 53 00 Théâtre de Fos Théâtre de l’Olivier, Istres www.theatredegrasse.com 04 42 11 01 99 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.com www.scenesetcines.fr Collectifs les 10 et 11 fév 7 monologues commandés par le Bruit des Théâtre de Cavaillon Amnésie Hommes à 7 auteurs (Yves Borrini, Joseph Danan, 04 90 78 64 64 Guy Bedos et Macha Méril joueront Le Voyage de Marie Dilasser, Philippe Dorin, Samuel Gallet, www.theatredecavaillon.com > Victor pour une représentation unique au théâtre le Laurence Vielle et Serge Barbuscia) composent © Daniel Locus Comoedia. Écrite et mise en scène par Nicolas cette création originale autour des Métiers de nuit. 7 Bedos, la pièce traite du deuil impossible, de la fuite, interprètes-solistes (Stéphane Bault, Emilie Blon de la folie douce et de la liberté de revisiter nos vies. Metzinger, Yves Borrini, Estelle Galarme, Sophie À travers Victor et son amnésie post-accidentelle et Johson, Sébastien Tavel et Aïni Isten) donneront une femme mystérieuse avec laquelle il retracera son corps et voix à cette collection de portraits qui passé, l’auteur passe de la comédie romantique au forment un état des lieux provisoire de nos polar. insomnies, un delta d’histoires fragmentées. Le Voyage de Victor Métiers de nuit Le 28 janv Le 12 fév Théâtre le Comoedia, Aubagne Théâtre le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr www.aubagne.fr Radical Il fallait oser faire claquer la langue de Shakespeare en baskets et en slam et réunir Denis Lavant, la rappeuse Casey, D’ du groupe Kabal, Marie Payen, le rappeur new-yorkais Mike Ladd ! Razerka Ben Sadia-Lavant tente cette approche inédite et reprend à son compte l’histoire de Timon d’Athènes qui permet au dramaturge d’évoquer de manière abstraite et brutale l’un de ses thèmes favoris : la misanthropie ou le refus radical du monde… Timon d’Athènes Les 27 et 28 janv Théâtre de Grasse 04 93 40 53 03 www.theatredegrasse.com Extra-ordinaire © X-D.R. Après Derniers remords avant l’oubli en 2006 et Nature morte dans un fossé en 2010, le Collectif DRAO revient au Théâtre de Grasse avec sa toute nouvelle création : Petites histoires de la folie ordinaire ou l’épopée presque ordinaire d’un homme ordinaire racontée de manière alerte, drôle, voire débridée… Entre réalisme et fantastique, la pièce prend le spectateur à témoin d’un univers qui bascule. Petites histoires de la folie ordinaire Les 4 et 5 fév Théâtre de Grasse 04 93 40 53 03 www.theatredegrasse.com Poésie

© Yann Sevrin En résidence au Théâtre Durance dans le cadre des confrontations artistiques transfrontalières, Busca est une jeune compagnie italienne à découvrir. Dans la création L’Univers se fout du glamour, deux comédiens et un musicien nous invitent à une traversée poétique aux confins des mots et de la musique, sur la route de Prévert, Dubillard, Ferré… L’Univers se fout du glamour Le 28 janvier Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr Spéculation Autre confrontation artistique transfrontalière, ici Turin/Berlin, avec la compagnie 15Febbraio en résidence de création au Théâtre Durance et Claudia Hamm. Dans Still Live, il sera question de la notion de présent, constamment en tension entre passé et futur. Une première représentation en français avec 3 comédiens, un broker et un voyant. Still Live Le 11 février Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr 24 DANSE BNM | NÎMES | CHÂTEAUVALLON Noir ou blanc Soirée variée au BNM. D’abord les 12 élèves-danseurs face cachée de cette technique se révèle par la proposent une chorégraphie d’Hervé Robbe. Vêtus fragmention du personnage de Giselle. Les 6 d’une tenue sportive à capuche, ils traçent sur le sol danseuses, jambes nues, abordent le plateau en et dans l’espace des diagonales à grandes enjam- ordre militaire et cadencé, avant de s’exprimer sur bées et jetés de bras, se déplaçant comme les pièces pointes et métronome, citant des passages du Ballet d’un jeu de dames sur la La Valse triste de Sibélius ac- et d’autres références classiques. Peu à peu elles compagnée de rires d’enfants et de rumeurs urbaines. ôtent leur blouson blanc pour choisir des vêtements Puis Eric Oberdoff propose une chorégraphie très disparates sur un portant. Chacune s’isole dans son pure, jouant sur les lignes verticales de barres fichées histoire, avec des ruptures, des gestes saccadés, dans le sol. Sept hommes en noir se déplacent, se évoquant la mélancolie de l’héroïne romantique et les fuient, se rencontrent avec une belle énergie sur une questions de l’interprète contemporaine. C’est un pièce de Bach. Quelques solos, mais aussi des éclat de rire qui ponctue cette pièce étonnante mais Les Vertiges de l'immobilite Mellon © Agnès rencontres à deux, dans une danse de contact où décousue : jeu, dérision ? s’éprouve le poids de l’autre avec alternance de CHRIS BOURGUE rapidité et de mouvements très lents, suspendus. Une grande sobriété mêlée à une émotion contenue, Flow down - opus 12 - Les vertiges de l’immobilité - une tension intérieure que le spectateur ressent 6 Giselles ont été dansé du 15 au 18 déc aussi. Ces indécisions entre le vertical et l’horizontal, au grand studio du BNM le partage et la solitude, ne sont pas sans évoquer notre condition d’homme. Enfin Olivia Grandville a choisi de ne travailler qu’avec six interprètes féminines, répondant à la demande d’une pièce sur l’utilisation des pointes. La De terre et de feu Avec La Pasión según se mire, le chorégraphe et dan- se cabre et rugit, et partage l’arène de lumière avec seur sévillan Andrés Marín a offert au public du cette femme gironde, délicieusement faconde. La Théâtre de Nîmes l’essence même de la passion fla- danseuse aux pieds nus, dont la force vitale irradie, menca. Son dernier spectacle, incandescent et atteint des sommets d’énergie communicative. L’art éloquent, se décompose de tradition en avant-garde est vivant, un tourbillon qui débute en forme de prière en tableaux d’emballement et de ruptures, de pleins dans la lumière rouge et s’achève par une vision très et de déliés, de souffles et de terre, jouant constam- contemporaine du flamenco, clown blanc entouré de ment avec la tension dramatique et la radicalité d’une chariots de feu qui signe avec espièglerie son oraison danse volcanique. Entouré de 10 musiciens, dont la funèbre. majestueuse Lole Montoya et le puissant José de Ce tour d’horizon dans le vocable et la passion du la Tornasa au chant, c’est avec la danseuse Concha flamenco nous happe et nous échappe, nous aban- Vargas que la démonstration d’épure touche à la donnant dans l’envie prodigieuse de plonger nos © Javier Fernandez pure jubilation. Il est un cygne noir, un pur sang aux entrailles et nos talons, à notre tour, dans la chaleur La Pasión según se mire s’est joué le 14 janvier bras de géant, athlétique et concentré, d’une préci- du rythme flamenco. dans le cadre du Festival de Flamenco sion absolue et d’une vélocité rare, qui se cambre, DELPHINE MICHELANGELI au théâtre de Nîmes Total contrôle Les Zita Swoon ont laissé les spec- l’excentricité et l’explosive frénésie dont tateurs de Châteauvallon à la marge de ils sont auréolés : fausse retenue ? Dancing with the Sound Hobbyist. À de austérité de façade ? froideur calculée, rares exceptions, ils sont sortis de leur feinte ? Les enfants trop sages de la bulle : la raison à la forme hybride de la scène anversoise ont offert un spec- pièce, mi-concert mi-spectacle ? à l’es- tacle tellement formaté, aux rouages si pace scénique et sonore trop bien huilés, que la déconvenue occulta conceptuel ? au dialogue inclassable le plaisir attendu. Dommage, le «trip» entre le mouvement et la musique ? de cette tribu cosmopolite chorégra- Pourtant le collectif belge joue à fond la phiée par Anne Teresa de Keersmaeker carte de la complémentarité entre ses en a laissé plus d’un sur le quai malgré membres, les deux choristes et le quelques fulgurances musicales, le danseur de la Cie Rosas, exceptionnel timbre mélancolique du singer-song Simon Mayer. Car tout ici est musi- writer du groupe, Stef Kamil Carlens, que : le glissement de ses mains sur le et la présence mutine de Simon Mayer. sol, leur frottement, l’effleurement du MARIE GODFRIN-GUIDICELLI corps, ses coups de pieds, ses brefs tré- pignements comme, plus tard, le © Gauthier Bourgeois Dancing with the Sound Hobbyist cliquetis d’une chaîne, le froissement mélange de rock, pop, blues et disco secousses, soubresauts, ondulations… a été donné le 14 janv au CNCDC d’un sac plastique. Ainsi poussé à la sous influences afro-cubaines, on ap- jusqu’au vertige : on est bien là au Châteauvallon périphérie de leur patchwork musical, précie d’autant plus la danse, entre spectacle. Mais où sont passées

26 DANSE AU PROGRAMME Communauté Mixte Enfin ! Le Ballet national de Marseille tourne son programme Après le Carmen d’Antonio Gadès, le GTP ouvre son néoclassique au théâtre Molière de Marignane. magnifique plateau à une autre grande formation : le L’occasion de retrouver les créations de Malandain et Ballet national de Genève arrive avec ses 22 Lucinda Childs -Nuits d’été et Tempo Vicino-, deux danseurs pour un ballet en trois actes qui n’est autre pièces qui nécessitent une technique et une que la Cendrillon de Michel Kelemenis. Ne implication sans faille, et Doux ?, une création manquez pas ce conte classique revisité par l’esprit d’Anton Zvir, danseur au Ballet. Puis les 29 et 30 janv mutin de notre chorégraphe, sur la musique de les Gapençais auront la chance de suivre une Prokofiev… Créé en 2009, on peut enfin le voir «chez masterclass avec Katharina Christl, une danseuse nous» ! étonnamment explosive… Cendrillon Malandain/Childs/Zvir Les 12 et 13 fév Le 23 janv Grand Théâtre de Provence, Aix Théâtre Molière, Marignane 04 42 91 69 69 04 91 71 36 32 www.legrandtheatre.net © Frederik Buyckx www.ballet-de-marseille.com En plusieurs saynètes aussi réalistes que fantasmagoriques, le collectif Peeping Tom nous embarque dans son univers unique et singulier (voir Ruisseaux Zib 36). Trois caravanes plantées dans la neige La perte qui nous construit, l’informe et le toucher, le abritent d’étranges personnages qui s’exposent, avec raffinement snob, l’hermaphrodisme originel… voilà à toutes leurs névroses, aux rapports humains. quoi rêvent les danseurs du Ballet Preljocaj lorsqu’il Contorsions improbables, attitudes maladives, s’agit de se faire chorégraphes. Les Affluents dérapages certains pour évoquer les maladresses de existent depuis 1995, et plus de 35 pièces ont ainsi la solitude et nous plonger dans un fantasme collectif. été créés. Dont quelques réussites fulgurantes ! Une performance à couper le souffle (ou le froid). Cette année ce sont Lorena O’Neill, Émilie 32 rue Vandenbranden Lalande, Baptiste Coissieu et Sébastien Durand Du 3 au 5 fév qui s’y collent… on se demande un peu où ils en Théâtre Le Merlan, Marseille trouvent le temps, entre deux tournées ! 04 91 11 19 20 Les Affluents www.merlan.org Les 4 et 5 fév © Vincent Lepresle Pavillon Noir, Aix 0811 020 111 Hommages Chocs www.preljocaj.org > Le ballet de Jean-Christophe Maillot reprend le Lia Rodrigues, chorégraphe qui a installé sa Cie Mare © JC Carbonne répertoire des ballets russes : Le spectre de la Rose, dans une favella de Rio, est en Europe pour présenter Daphnis et Chloé, puis Shéhérazade qui réunit les 40 deux pièces majeures : Pororoca, du bruit des cailloux danseurs. Le Ballet, qui reste techniquement un des dans les lits des rivières, met en scène les métissages meilleurs du monde, s’affirme dans un style classique et les chocs qu’ils entraînent ; Ce dont nous sommes qui n’hésite pas à emprunter au contemporain, faits, pour les mêmes 11 danseurs, est une pièce tout surtout pour ses décors et ses lignes. De la belle aussi politique mais plus intime, charnelle, nue. Une danse… chorégraphe importante, à ne rater sous aucun Les Ballets de Monte Carlo prétexte. Les 8 et 9 fév Pororoca Scène Nationale de Sète le 12 fév 04 67 74 66 97 Ce dont nous sommes faits www.theatredesete.com le 13 fév à 18h30 Le Merlan 04 91 11 19 20 www.merlan.org

Pororoca Fluide © Agnes Mellon le 28 fév Jean-Charles Gil reprend le duo masculin, qu’il a Scène nationale de Cavaillon conçu comme une rencontre entre un de ses

04 90 78 64 64 > danseurs et un interprète marocain. Confrontation www.theatredecavaillon.com puis rencontre entre deux styles, classique et contemporain d’un côté, hip hop et oriental de l’autre, le duo raconte aussi l’apesanteur de l’eau où les corps plongent, se noient, s’accrochent et jouent, abandonnant leurs appuis terrestres en même temps Pororoca © Sammi Landweer que leurs certitudes culturelles. Udor Polimates Ballet d’Europe Du 15 au 17 fév > Pavillon Noir, Aix 0811 020 111 www.preljocaj.org DANSE 27 Dialogue Années 30 Étouffant Montalvo et Hervieu s’emparent de l’esprit new yorkais années 30. Celui du jazz, de la comédie musicale, des Noirs qui s’émancipent, des danses populaires qui s’imposent sur les scènes. Ils en font un spectacle joyeux, hommage à Porgy and Bess, coloré, explosé, dynamique. Visible par tous les yeux : amenez y vos enfants, mais ne vous en privez pas. Lalala Gershwin les 8 et 9 fév Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com © Luc Riolon le 7 fév Dans Flamenco se escribe con Jota, trois danseurs L’Olivier, Istres virtuoses inventent un dialogue artistique vibrant 04 42 55 24 77 entre Flamenco et Jota. La rencontre de deux www.scenesetcines.fr > peuples dont les histoires se sont écrites au rythme © Eric Lamoureux des musiques. Entourés de six chanteurs-musiciens, Manta est une pièce d’une acuité rarissime. Hela Miquel Ángel Berna, Úrsula López et Rafael Fattoumi y danse la vie sous un voile intégral qui la Campallo parviennent à un degré d’harmonie absolu couvre jusqu’au bord des yeux. La manta, blanche en faisant triompher la Jota sur les terres de la Buleria. comme un linceul. La danseuse y laisse transparaître Flamenco se escribe con Jota son corps comme démembré, décharné, privé de lui- Le 22 janv même, dans des poses sexuelles de soumission. Elle Théâtre de l’Olivier, Istres s’ébat dans des épaisseurs de tissu qu’elle plie sans 04 42 56 48 48 cesse puis jette au vent, libérée, pour chanter et danser enfin l’exubérance de sa liberté retrouvée, Le 25 janv dans des vêtements qui habillent sans embaumer. Théâtre Molière, Sète Manta

04 67 74 66 97 Les 8 et 9 fév www.theatredesete.com La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 Ouverture www.theatre-la-passerelle.eu Après avoir admiré sa passion à Nîmes (voir p 24), on retrouve Andres Marin à Grasse où il danse Des Indes © L. Philippe CCN Creteil Cie M H accompagné par un musicien et un chanteur. Une Il y a près d’un siècle et demi Pierre Loti rêvait à la fille sorte de solo à trois où il cherche à sortir le Flamenco d’un brahmane tombée amoureuse d’un conquérant de ses traditions pour en faire une danse de création. Brazil anglais… et Delibes trois ans plus tard écrivait Lakmé, Il y parvient avec brio, et émotion. Quand le hip hop subtil de Mourad Merzouki opéra dont quelques mélodies justement célèbres Op.24 rencontre la vigueur des danseurs Brésiliens, cela peuplent encore notre inconscient musical. Sylvie Andres Marin donne deux créations : Agwa (2008) et Correira Guillermin replonge dans cet orientalisme pour Les 8 et 9 fev (2010) mixent avec l’énergie d’une culture créer ses Lakmé(s), filles amoureuses, Théâtre de Grasse naturellement métissée les pas et les sons de la respectueuses, délaissées, sacrifiées et saintes… 04 93 40 53 00 samba, du hip hop, du jazz, de la bossa. Un punch Une mise en danse féministe d’un thème qui traverse www.theatredegrasse.com sans limite, qui dit aussi la force artistique des notre littérature ! cultures urbaines. Lakmé(s) Correria et Agwa Le 12 fév Anda ! Le 12 fev Le Cadran, Briançon Le Festival Flamenco de Nîmes se termine le 22 Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 25 52 52 janvier, mais il vous reste quelques spectacles, et non 04 92 64 27 34 www.theatre-le-cadran.eu des moindres, à aller déguster : Rafaela Carrasco qui www.theatredurance.fr promet de «construire le futur» avec son Vamos al Tiroteo (20 janv à 20h) ; la puissante Melinda Sala, enfant du pays, avec piano et violon (21 janv à Flamboyante © Jesus Vallinas 22h30) ; et une création mondiale, pas moins, celle Un seul mot d’ordre : ne rater sous aucun prétexte de Belén Maya, Tres, qui prend sa source à l’essence Carmen, le ballet mythique de la compagnie Antonio même du flamenco… (22 janv à 20h). Sans oublier le Gadès inscrite à son répertoire depuis 1983, car cante avec les Mujerez Juana la del Pipa, Dolores «La Carmen est toujours aussi ardente et la chorégraphie Agujeta» et La Macanita (21 janv à 20h) et Diego semble taillée pour défier le temps… loin du folklore Carrasco, le «gourou de Jerez» ! (22 janv à 17h). et des clichés. Festival de Flamenco Carmen Jusqu’au 22 janv Le 21 janv > Théâtre de Nîmes La Passerelle, Gap 04 66 36 65 10 04 92 52 52 52 www.theatredenimes.com www.theatre-la-passerelle.com 28 MUSIQUE LYRIQUE Le luxe de la maturation Pour ceux qui n’avaient pas pu se veté du titre, l’ouvrage prenait au rendre à la création française de Street passage une profondeur dramatique scene en mars dernier à l’opéra de très intense. Transcendé par le Toulon, la maison a eu la bonne idée dynamisme de la mise en scène, l’or- de le reprogrammer, pour seulement chestre était encore plus incisif, deux dates festives. Exceptés quel- confirmant au passage sa remar- ques menus changements dans la mise quable malléabilité sous la baguette en scène et quelques ornements sup- toujours aussi vive de Scott Stro- plémentaires dans la chorégraphie man. Les rares passages de chœurs, confiée pour l’occasion à de nou- gonflés pour l’occasion, gagnaient veaux danseurs, la proposition était encore en émotion. Une reprise qui identique, et la distribution vocale montre donc, une fois de plus, qu’il était à peu de choses près la même. faut du temps aux productions pour Ce qui n’a pu que ravir les amateurs ! parvenir à l’excellence… Ce que ce chef-d’œuvre de Kurt Weill © Olivier Pastor EMILIEN MOREAU semblait avoir perdu en fraîcheur par tout en noirceur et en violence Cassandra Warner nouvellement rapport à la première exécution, il le conte-nue ou de son épouse sur recrutée et très convaincante dans le Street Scene a été repris gagnait en maturité : en effet, les scène Elena Ferrari tourmentée et rôle de Rose Maurrant aux côtés à l’Opéra de Toulon chanteurs semblaient habiter davan- sensible à souhait. Dans cette distri- d’Adran Dwyer, toujours impeccable les 29 et 31 décembre tage leurs personnages, à l’image de bution impeccable, on retiendra dans le rôle de Sam Kaplan. Laurent Alvaro (Franck Maurrant) également la belle prestation de En définitive, malgré l’apparente naï- Drôl’Attique On sort de La Belle Hélène, opéra-bouffe représenté autour de Noël et du Nouvel an 2010 à l’Opéra de Marseille, comme après une agape festive, copieuse et arrosée : en zigzagant, la tête tournante et l’estomac un peu chargé. Paris dernière ? Assurément, la mise en scène quasi-trentenaire de Jérôme Savary conserve une C’est en 1866 qu’eut lieu force olympienne, fourmille d’idées scéniques et de décalages comiques la première de l’opérette tranchants, mais elle possède les défauts de ses qualités : elle se leste à La Vie parisienne. Une l’occasion, par souci d’actualisation du livret, de jeux de mots pesants, et le dizaine d’années plus foisonnement d’effets théâtraux en rafales, délires enchevêtrant danseurs, tôt, Jacques Offenbach, acrobates, chœurs et topless, parasite parfois ce qui devrait capter l’attention violoncelliste à l’orches- au centre de l’action. tre de l’Opéra Comique, Au demeurant, on se réjouit de l’intérêt public croissant pour ce type d’ouvrage, avait proposé au mi- fleuron d‘une culture populaire ayant traversé les décennies depuis le Second nistre d’alors de créer un Empire, et dont les sarcasmes étaient supposés railler les travers. C’est fort lieu de spectacle pouvant justement que l’auditoire a ovationné ce fastueux divertissement. accueillir un nouveau Il ne faut certes pas se fier à l’ambiance fantaisiste qu’une telle œuvre génère genre de divertissement et qui pourrait laisser penser que la musique d’Offenbach est «facile». Elle «de nature à plaire aux distille, entre autres, des moments de grâce que Nader Abassi a intelligences cultivées et © Cédric Delestrade-ACM Studio particulièrement soigné à la tête de l’Orchestre de l’Opéra. Si Mireille Delunsch à la masse des spectateurs…» Ainsi d’inoubliables airs et ensembles fu- a campé une Hélène altière, son berger troyen Alexander Swan (Pâris) a naquirent les Bouffes-parisiens où fut rent chantés ce soir avec allégresse, manqué un peu de coffre. La palme revient finalement au trio Eric Huchet créé Orphée aux Enfers, son premier notamment par Lionel Peintre, (Ménélas), Marc Barrard (Agamemnon) et Francis Dudziak (Calchas) dont le triomphe. merveilleux en baron de Gondre- métier a servi à souhait la comédie et le chant. La Vie parisienne, composée sur un marck, Lydia Mayo -son épouse- ou JACQUES FRESCHEL livret du célèbre duo Meilhac-Halévy, encore Florian Laconi en Brésilien… fit également la gloire de ses auteurs Le final apporta une touche parisien- La belle Hélène a été représenté du 21 au 31 décembre 2010 à l’Opéra de Marseille puisque l’œuvre fut jouée 265 fois ne supplémentaire avec un cancan

© Christian Dresse consécutives. Satire d’une société qui déchaîné et dansé avec passion par s’amuse et où l’argent mène le mon- la troupe des Ballets de l’Opéra de, on y rencontre le Tout Paris qui, à d’Avignon. cette époque, prépare l’exposition Si ce brillant spectacle a fait salle universelle de 1867 et dont Offen- comble, on regrette que, faute de bach va faire, en maître du Réalisme budget, ce patrimoine risque de dis- social musical, la caricature. paraître de la cité papale. En effet, se Du coup, la mise en scène de Nadine plaint Nadine Duffaut, «c’est peut-être Duffaut, tout en conservant son la dernière fois que l’on verra ce genre incontournable aspect festif, met d’ouvrage à Avignon.» justement l’accent sur les rapports de CHRISTINE REY classe. «Je ne sais vraiment pas ce que j’ai pu faire au Bon Dieu pour qu’il La Vie Parisienne m’ait comblé de tant de joie et de tant a représentée les 30, 31 décembre de musique !», écrit Offenbach. Que 1er et 2 janvier MUSIQUE 29 Puccini à l’école Scène finale de La Bohème : Mimi, couchée au sol, Master-class avec Leontina Vaduva agonise. Rodolfo la soutient. Quelque partition © Muriel Despiau posée à même la scène évite les trous de mémoire. Autour on s’active tristement : Musetta, Marcello, Colline, Schaunard… Leontina Vaduva fait tra- vailler une seconde distribution de stagiaires, dans l’auditorium de l’Hôpital St-Joseph, dimanche 9 janvier, pour clore sa master-class conçue autour de l’œuvre de Puccini par l’association que dirige le baryton Cyril Rovery. Vaduva reprend les chanteurs: «Ne poitrine pas !» lance-t-elle à la jeune Mimi, «colle ta langue au palais… place le son plus haut.» Ci et là, la diva corrige la prosodie italienne, l’at- taque d’une voyelle ou la position d’épaules encore trop raides… À la fin, sur les derniers accords du pia- no (Ludovic Selmi) et les déchirants «Mimi !» lâchés par le jeune poète au désespoir… dans le public venu nombreux, on verse une larme : comme d’hab ! J.F La prochaine Master-class à l’Hôpital St-Joseph Opéra-Théâtre Pour Tous : Pôle de spectacles sera animée par Mireille Delunsch autour et de promotion lyrique Euro-Méditerranéen des Noces de Figaro les 12 et 13 fév (entrée libre). www.operatheatrepourtous.com L’art de transmettre La soprano Leontina Vaduva livre sonnages. En Roumanie, mon professeur de chant pour Zibeline son avis sur nos jeunes m’apprenait même à m’asseoir ou me lever d’une chai- se, comment tomber à genoux, communiquer avec chanteurs… et quelques souvenirs le public… Talent sûr ! Vous avez l’habitude des master-class ? À Marseille on aime les voix, par tra- Zibeline : Quelles sont vos impressions sur le niveau Oui depuis trois ou quatre ans ! Je suis appelée un dition… particulièrement les ténors ! des jeunes chanteurs en France ? peu partout, en Tunisie, en Corée du Nord, à Paris On apprécie surtout le chant géné- Leontina Vaduva : Les jeunes ont des problèmes. ou … D’ordinaire je travaille sur des airs reux et la présence d’un artiste propre Ceux qui sortent des conservatoires ne sont pas as- d’opéras. Ce qui est intéressant ici c’est que le stage à transmettre de l’émotion. Force est sez préparés pour la scène. Ils n’ont pas eu assez est axé sur un ouvrage entier. Mais ce n’est qu’une de constater que Stanislas de Barbey- d’heure de technique et de chant. Du coup, quand «mise en bouche» ! Les jeunes chanteurs ont des rac a réussi son examen de passage la technique n’est pas sûre, je ne peux aller très loin voix intéressantes, mais il faut savoir les guider. au Foyer de l’Opéra le 8 janvier. Ce dans mes conseils sur l’expression ou l’abord des per- Personnellement, j’ai acquis de l’expérience au con- jeune ténor français a choisi un tact de grands noms de l’art lyrique. Aujourd’hui la programme qui sort de l’audition Master-class avec Leontina Vaduva © Muriel Despiau préparation est moins «finie», ils mélangent les tech- convenue de pot-pourri d’arias. En niques. Mais ce qui est intéressant à Marseille, c’est puriste, il entame son récital par un aussi l’aspect scientifique du stage qui permet de bien des plus beaux cycles de Lieder qui comprendre comment fonctionne l’appareil vocal. soit. Il montre dans les Dichterliebe Quelles qualités doit on avoir pour chanter La une belle expression, sobre et boule- Bohème ? versante quand le piano de Françoise Il faut, pour Mimi en particulier, de l’expérience et de Larrat, si important chez Schumann, la maturité. Aborder d’autres rôles avant pour ne distille de magnifiques postludes. Les pas se laisser prendre par le torrent de sons qui dix mélodies des Illuminations, com- vient de l’Orchestre. Ne pas tout donner, gérer la puis- posées par Britten sur des poèmes de sance, ne pas pousser : comme dans le bel canto mais Rimbaud, mettent en lumière un avec des accents véristes. lyrisme prodigue servi par un timbre Quels sont vos meilleurs souvenirs dans Mimi ? égal, bien cuivré, capable de puissan- J’en ai beaucoup : l’enregistrement avec Pappano à ce comme de demi-teintes adroitement la baguette, ou avec Domingo au Met, à Toulouse, mixées. En bis, l’Air de la Fleur de Don Buenos Aires… Il faut conserver un esprit jeune dans José comme celui de Lenski de Tchaï- cet opéra pour que la recette miracle fonctionne, à kovski fournissent une coda luxueuse la fin en particulier, pour nous faire pleurer à tous après un concert certes éprouvant, les coups. mais fort bien maîtrisé de bout en Et vos projets actuels ? bout. Le public venu nombreux ne s’y Je donne des récitals et me consacre à l’enseigne- est pas trompé, acclamant à sa juste ment. Je travaille sur un projet Verdi avec mesure un ténor talentueux qu’on Marie-Christine Barrault… et je m’occupe de mon entendra fin janvier dans Cavalleria petit garçon ! Rusticana (Beppe). ENTRETIEN RÉALISÉ PAR JACQUES FRESCHEL JACQUES FRESCHEL 30 MUSIQUE CHAMBRE | SYMPHONIQUE Un Chopin de lumière L’Histoire Dix années de partenariat entre les nuits pianis- l’andante Spianato et la Grande Polonaise Brillante tiques et le théâtre Toursky, et encore un superbe puis le Concerto pour piano et orchestre n°1. Le à l’envers concert dans le cadre des pianiste était accompagné par l’orchestre de Entamer un programme de concert symphonique manifestations du bicen- chambre de Toulouse dirigé avec enthousiasme par du répertoire contemporain pour le poursuivre tenaire Chopin. Le 14 par Claudio Cruz. L’orchestre, de par sa formation avec de la musique concertante fin XIXe et l’achever décembre dernier réduite, était écrasé au départ par la puissance du avec un chef-d’œuvre classique peut sembler on avait ainsi le piano qui progressivement a su donner un bel élan étrange au mélomane, surtout lorsque la musique privilège d’écouter à l’ensemble. Faut-il rappeler la fluidité, la clarté de John Adams ouvre le bal. Dang Thaï Son sur du jeu, les notes comme liquides, les beaux Célébré pour ses ouvrages lyriques à travers le un programme d’une emportements et les apaisements lyriques ? Les globe, il est trop peu joué en France, à cause de belle densité, le arpèges s’enlacent avec une rapidité et une l’apparente trivialité de son langage répétitif qui Concerto pour piano délicatesse qui font oublier la matérialité même de n’a pourtant rien de minimaliste : c’est sans doute et orchestre n° 2, l’instrument. C’est une âme qui s’exprime, un être la richesse de son écriture orchestrale qui fait fuir qui s’épanche avec fougue et retenue tout à la fois. les formations hexagonales. L’orchestre de l’opéra La musique est un don, «je vous offre une Mazurka de Toulon s’est emparé de cet univers dans Shaker de Chopin» sourit le virtuose. Rêverie, méditation, Loops avec une aisance confondante, aidé par la entre le Köln concert d’un Keith Jarret ou les direction précise de Paul Watkins qui rendait grâce effusions d’un Michel Legrand, avec, par-dessus à une partition très riche en jeux de timbres et de cela, une indicible poésie. Ne pensez pas que le nuances. Dang Thai Son © X-D.R. sublime ne fasse pas de concessions à l’humour : le La suite du programme, alléchante elle aussi, fut ter, (le public est grisé !) sera Pagode de Debussy. un brin décevante en raison de la prestation Lumineux ! d’Antonio Meneses au violoncelle : malgré une MARYVONNE COLOMBANI évidente technique et un superbe vibrato, la jus- tesse n’était pas toujours au rendez-vous sur les Spectacle donné au Toursky le 14 déc aigus dans deux partitions particulièrement péril- leuses de Tchaïkovski qui furent néanmoins bissées par une superbe sarabande de Bach où la virtuosité Crise mystique ! du soliste put alors s’exprimer sans risque. La deuxième partie du concert mettait en lumière Bicentenaire oblige, Liszt était à l’honneur à l’opéra belle distribution, dirigée avec enthousiasme et e d’Avignon avec une œuvre très peu jouée : La précision par Alain Altinoglu, la geste lisztienne la 39 symphonie que Mozart écrivit vers la fin de légende de Sainte Elisabeth. Cet oratorio, de grande put être pleinement appréciée du public. sa vie, à 32 ans, dans une période sombre de sa envergure, pour orchestre, chœur, maîtrise Soulignons le superbe travail de tous ces artistes carrière. En passant d’un siècle à l’autre, l’orchestre d’enfants, solistes, relate la légende de la patronne présents sur scène qui ont rendu une copie très ne s’est pas départi de sa superbe, signant là une des hongrois : chassée de ses terres par sa belle homogène, pleine de souffle. fort belle exécution de l’ouvrage, tout en contras- tes, où les vents légers donnaient la réplique à des mère après avoir refusé son héritage princier, elle CHRISTOPHE FLOQUET consacra sa vie à Dieu, soulageant les miséreux. cordes très incisives, dans un tissu harmonique très mouvant faisant écho aux tourments du compositeur. Cette grande fresque sonore, balayée par la foi du Ce concert a été donné le 15 janvier Ce concert révélait une fois de plus la bonne santé futur abbé, étendit ses phalanges dans une à l’opéra d’Avignon avec son orchestre, de l’orchestre de l’opéra et une direction artistique éclatante matité, sous fond d’harmonies sa maîtrise et son chœur, le chœur régional dont les choix demeurent pertinents. diatoniques diaprées de modalité. Le souvenir de de PACA et les solistes : Christina Dietzsh, ÉMILIEN MOREAU Palestrina, ombré de la présence de Beethoven sous Nora Gubish, Pauline Nachman, Marc Barrard, le regard bienveillant du gendre, Wagner, envahit Olivier Heyte, Chul-Jun Kim, Jean-Marie Delpas Ce concert a eu lieu au Palais Neptune, les deux tableaux de ce quasi opéra. Servie par une et Augustin Mathieu Toulon, le 13 janv Le crépuscule des idoles Antonio Meneses © Leo Aversa Rencontre du troisième type entre le pape du new pâlir la cathédrale d’Aix. Et les scènes défilent : musette et le cantor de Leipzig : Galliano, auréolé prélude pour violoncelle interprété à la main gauche d’un sextette schubertien, rencontrait et jouait Bach ! de l’accordéon, contrapunctus extrait de l’art de la Décor : sextette, dans l’ombre, hyper sonorisé, fugue (enfin, on pense ?) concerto en la m, fa m, douche sur la star, debout, dans une réverb à faire do m, aria, sicilienne… c’est noël ! Les pièces Richard Galliano © Vincent Catala-Universal s’enchaînent, litanie de notes égrenées mécanique- ment, rythmées par les bravi de la salle du GTP. L’accordéon, successivement avatar de la flûte, du violon, est réduit à un rôle élémentaire, voire rudimentaire. Décidément, Bach lui va mal. Il fallut attendre le bis pour apprécier la Badinerie à l’accordina, et Richard à l’accordéon, le vrai, dans la valse à Margaux ! Après son incursion dans un répertoire qui ne restera pas dans les annales de l’accordéon, prions pour retrouver celui qui fut longtemps… notre idole. C.F MUSIQUE 31

deuxième série du cycle Les étoiles Renaissance du piano montantes du piano italien à l’Institut Culturel Italien. Deux heures d’un riche voyage, du baroque à la musi- italien que de film. Trois sonates difficiles de Le consul général d’Italie, le directeur Scarlatti ouvraient le programme, de l’Institut Culturel Italien, le prési- gammes et ornements éblouissants dent de la Chambre de commerce sous les doigts sûrs du pianiste. La italienne, ont pris l’heureuse initia- transcription de la Toccata et Fugue tive d’inviter les étoiles montantes du en ré mineur de Bach par Busoni fut piano italien. Le concert inaugural a magistralement interprétée : souci de permis de découvrir Orazio Sciortino liberté et de rigueur, maturité rare, dans un programme consacré à Liszt, plénitude du son sur le stretto où inspiré par le charme de l’Italie toutes les entrées se rejoignent avec romantique. force. Une parenthèse bel canto avec Une première partie est extraite des les Variations en mi mineur deDonizetti, Années de pèlerinage (Italie). une œuvre qui manquait d’audaces Sciortino fait preuve d’une grande harmoniques. La très belle Fantaisie délicatesse de toucher, un raffine- en sol mineur de Nino Rota nous rap- ment impressionniste superbe dans pela que le merveilleux mélodiste de Sposalizo, et d’une technique sûre Orazio Sciortino © X-D.R. Fellini était un grand compositeur : sans inutile spectaculaire, dans So- leux quatuor bella figlia dell’amore. Et est heureusement compensé par une musique impressionniste, réveil ravé- netto del Petrarca n° 140. Grandes d’immenses variations où l’on se plut richesse culturelle vivante qu’il faut lien, précédant des envolées lyriques plages d’accords soutenus, tierces à rêver d’un Liszt bondissant. Et en soutenir, pour éviter qu’elle ne s’effon- très symphoniques. La Rhapsody in staccato en arpèges, trémolos et bis la mort d’Isolde, toujours trans- dre comme les murs délaissés de blue de Gershwin scellait cette trilles à deux mains : sa virtuosité crite par Liszt sur un piano devenu Pompéi… superbe soirée, swing énergique, n’est jamais gratuite dans Après une orchestre et un pianiste qui détaille YVES BERGÉ technique et sensibilité étonnantes. lecture de Dante, dont la coda bril- sans perdre la mélodie continue. Le concert inaugural de la série, Un Nocturne de Respighi, à peine lante est une belle envolée lyrique. Après les déferlantes Pollini et Miche- Etoiles montantes du piano italien, effleuré et une Tarentelle de Rossini, La seconde partie s’attache à des Pa- langelli, le piano italien semble renaître a eu lieu le 16 décembre à l’Institut survoltée, résumaient en bis le talent raphrases d’opéras. Verdi et Donizetti avec de nouveaux talents qu’on aura Culturel Italien de ce jeune pianiste. sont revisités par Liszt : Aïda tout en le plaisir de retrouver à l’Institut Cul- Y.BG délicatesse et chromatismes, atta- turel Italien : Michelangelo Carbonara, Après le beau concert de son compa- ques pianissimi presque impalpables, Chiara Bertoglio, Scipione Sangio- triote Orazio Sciortino, le jeune pianiste Ce récital a eu lieu le 13 janvier Rigoletto, où l’on retrouve le merveil- vanni. Le déclin politique de l’Italie Michelangelo Carbonara assurait la à l’Institut Culturel Italien Barok toute ! Soirée d’ouverture pleine d’émotion le 16 décembre pour la 8e édition du Festival Nuit d’Hiver Limpide Malgré une délocalisation pour cause de travaux, le que musicale aux contours surprenants concoctée Grim n’a pas été abandonné par ses adeptes pour avec malice par le compositeur argentin. Gaston Premier concert de l’année et succès l’ouverture attendue de ce festival Barok au théâtre Sylvestre aux baguettes percussives, Jean-Marc mérité au foyer de l’opéra le 15 janvier de la Minoterie. En programmant La trahison orale Montera à la guitare, Fortunato d’Orio au piano, Le quatuor Garance -une formation toute féminine, de Mauricio Kagel, chantre du théâtre musical, le Fanny Pacoud au violon et alto, David Rueff aux chose rare chez les musiciens- a régalé l’auditoire pari de familiariser le public avec ces œuvres, mi- saxophones et Brigitte Sylvestre à la harpe surent du foyer, plein à craquer comme toujours, dans un théâtrales mi-musicales, qui fleurissent dans le soumettre leurs talents habituellement tournés vers programme de quatuors à cordes allant de la fin du second vingtième siècle, était lancé. Et tenu ! Écrit l’improvisation à l’écriture plus rigoureuse de Kagel, XVIIIe siècle au début du XXe. Le père du genre, d’après les Evangiles du Diable, le texte déclamé par et firent dialoguer leurs instruments (où il faut Joseph Haydn, était représenté avec l’opus n°3 en Bernard Bloch devient le support d’une fine mosaï- ajouter un piano jouet, des cloches, castagnettes, sol mineur dit «le cavalier», idéal pour l’entrée en © Pierre Gondard plaques de cuivres…) matière d’un Quatuor au son léger et délicat dû à avec ce texte délirant, la complicité palpable de Sophie Perrot et Cécile distribué entre autres Bousquet aux violons, Blandine Leydier à l’alto aux musiciens eux- et Elisabeth Groulx au violoncelle. Le langage âpre mêmes dans la mise en du 7e quatuor de Dmitri Chostakovitch posait alors scène minimale d’Hubert un décor bien différent, entre couleurs populaires Colas. Poétique ou lu- et écriture tendue. Puis les accords sculptés dans mineuse, mais hélas si les dissonances russes laissèrent place à une peu jouée, La trahison palette de couleurs échappées de la musique de orale est une pièce Maurice Ravel : l’unique quatuor à cordes du maître surprenante qui tombe à français, si redoutable d’exécution, a trouvé là un pic pour le lancement terrain de jeu idoine avec une interprétation d’un festival tourné vers limpide et raffinée, mettant en valeur la l’avenir. perspective sonore de cette architecture musicale FRÉDÉRIC ISOLETTA au relief pigmenté. FRÉDÉRIC ISOLETTA 32 MUSIQUE AU PROGRAMME

SPECTACLES ENSEMBLES RECITALS L’Arlésienne Séculaire Grigory le Grand La comédienne Marie-Christine Barrault aime à Il est des pianistes qui enferment leur jeu entre des relier dans ses spectacles des univers musicaux et barreaux stylistiques qui les empêchent de valser poétiques. C’est le mélodrame de Daudet L’Arlésien- en liberté au dessus des touches noires et blanches ne qu’elle narre en compagnie de l’Ensemble Opus du clavier. D’autres mettent leur imagination au 16 (dir. Jacques Pési) qui joue la musique enso- service d’une émotion pure, débordant des cadres leillée de Bizet. rythmiques théoriques et laissent respirer les ARLES. Le 8 fév. à 20h30 au Méjan phrases musicales sur la palette des nuances 04 90 49 56 78 www.lemejan.com sonores : Grigory Sokolov est de ceux-là ! Chez lui le souffle, la lumière et la virtuosité exultent sans Vidéo-Bach aucun mauvais goût. Qui a vu Sokolov en scène sait Bach & Baroque est le 7e volet de la collection qu’il est aujourd’hui l’un des plus grands, l’un des Operastoria, série de programmes vidéo réalisés par plus humbles ! Il s’assied, il joue… et tout n’est

Gonzague Zeno, projetés sur grand écran : images F.-X. Roth © Celine Gaudier que musique. Pour ce récital exceptionnel, il joue vivantes colorées, tableaux, gravures, partitions, Bach, rappelant à l’évidence que la musique manuscrits... à l’écoute de la musique du Kantor, baroque, d’avant même l’invention du piano, peut agrémentée de textes lus et sous-titres en points de trouver sa plénitude à cet instrument, et repère historique. Un moment de délassement Schumann, alliant la fusion volcanique à la pure instructif ! poésie. AVIGNON. Le 9 fév. à 18h Théâtre du Balcon TOULON. Le 4 fév. à 20h30 au Palais Neptune 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org 04 94 18 53 07 www.festivalmusiquetoulon.com L’Ensemble Les Siècles dirigé par François-Xavier Grigory Sokolov © Klaus Rudolph Baroque et tango Roth joue les Concertos brandebourgeois n°1 & 4 de Leonardo García Alarcón et La Capella Mediter- Jean-Sébastien Bach avec, en regard, le Concerto de ranea imaginent un croisement entre les madrigaux chambre de Gyorgy Ligeti. Des opus séparés par de Monteverdi et les tangos de Piazzolla, au fil près de deux siècles et demi d’histoire ! d’étonnantes transcriptions et improvisations sur ARLES. Le 28 janv. à 20h30 au Méjan instruments anciens et modernes. Deux danseurs 04 90 49 56 78 de tango tournoient au son d’arabesques de la www.lemejan.com soprano argentine Mariana Flores et du La veille, au pays de Cézanne, les mêmes jouent «tanguiste» Diego Valentin Flores. Bach uniquement et ses Concertos brandebourgeois DRAGUIGNAN. Le 11 fév. à 20h30 n°1, 3, 4 & 5. Théâtres en Dracénie AIX. Le 27 janv. à 20h30 au GTP 04 94 50 59 59 Concert «Presto» pour les enfants (à partir de 7 www.theatresendracenie.com ans) le 26 janv. à 16h autour de ce programme (voir p 46). Immanquable ! 04 42 91 69 69 Juan Diego Florez est aujourd’hui le ténor di grazia www.legrandtheatre.net le plus populaire. Merveilleux dans le bel canto italien comme dans les vocalises de Haendel, sa voix légère, claire, aux aigus faciles et son chant Balbastre oublié serein devraient séduire les amateurs marseillais, L’ensemble Baroques-Graffiti poursuit son histoire depuis qu’ils tolèrent (l’ancienne génération étant du Quatuor avec un musicien français oublié. en voie de disparition) des organes plus modestes Claude Balbastre (1724-1799), élève de Rameau, que ceux des César Vezzani ou autre Tony Poncet… fut un organiste jouissant d’une grande réputation Le Péruvien est accompagné par Vincenzo Scalera à Chapelle Royale, au Concert Spirituel, à Notre- au piano. Dame… et claveciniste attaché à la Cour du futur MARSEILLE. Le 31 janv. à 20h Opéra Louis XVIII ou Marie Antoinette… On découvre ses 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr Mariana Flores © Marie-Emmanuelle Bretel Sonates en Quatuors avec Sharman Plesner et Adrien Carré aux violons, Jean-Christophe Rétrospective Deleforge au violone et Jean-Paul Serra au Un film (80 min.) de Gilles Coudert retrace pianoforte. l’aventure des Musicollages (échanges, rencontres, ARLES. Le 10 fév. à 20h Temple réformé répétitions et performances) à travers Marseille. 09 51 16 69 59 MARSEILLE. Le 14 fév. projection à 18h et 20h30 www.baroquesgraffiti.com Juan-Diego Lorez © X-D.R. Lorez Juan-Diego Auditorium Cité de la Musique (Entrée libre) MARSEILLE. Le 11 fév. à 20h30 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.fr Bastide de la Magalone Grande «Dudu» 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.fr Le Théâtre de l’Odéon devant fermer bientôt pour travaux, les spectacles d’opérettes s’enchaînent Coupo santo ! rapidement pour le plaisir des amateurs. La Grande André Gabriel, l’Escandihado, Les tambourinai- Duchesse de Gerolstein d’Offenbach, bouffonnerie res du Pays d’Aubagne, la chorale l’Escolo de la militaire, est réactualisée par Jacques Gervais. Ribo font sonner les galoubets et la langue de MARSEILLE. Les 29 et 39 janv. à 14h30 Odéon Mistral. 04 96 12 52 70 www.marseille.fr AUBAGNE Le 30 janv. à 16h Eglise St Sauveur (Entrée libre) Flammes et soupirs Tambourin Claudia Sorokina (soprano) accompagnée de Avec Virginie & Jean-Baptiste Giai, Elodie Julie Degiovanni (clavecin) chante l’amour Souli-Oubré (tambourinaires), Maurice Guis sous le triple croisement de l’Italie baroque, de (piano), Michel & Marie-Josée Bernard-Savoye Rameau et Haendel. (récitant & chant), on découvre les Tambouri- MARSEILLE. Le 4 fév. à 20h30 La Magalone naires Aixois de la Belle-Epoque qui ont déployé 04 91 39 28 28 une grande activité durant les dernières décen- www.citemusique-marseille.fr nies du XIXe siècle et jusqu’à la Grande-Guerre (création de l’Acadèmi dòu Tambourin, Jennifer, Philippe, organisation de concours...). Brigitte et Bruno AIX. Le 15 fév. à 19h Une pluie de grands interprètes Temple rue de la Masse réchauffe l’hiver des mélomanes 04 42 99 37 11 www.orphee.org aixois. Et bien au-delà ! Le mezzo soprano Jennifer Larmore s’allie au Duo Deux jeunes talents, le pianiste Guillaume quintette à cordes OpusFive pour florilège d’airs Vincent et le violoniste Jérôme Benhaim inter- de Rossini, Haendel… (le 4 fév. au GTP). Le for- prètent les Sonates pour piano et violon n°5 «Le midable pianiste français Philippe Giusiano printemps» & n° 7 de Beethoven. ravit dans Chopin et Rachmaninov (le 14 fév. au MARSEILLE. Le 28 janv. à 21h Théâtre du Jeu de Paume), quand Brigitte Station Alexandre. Engerer ajoutent aux Nocturnes du Polonais des 04 91 00 90 00 www.station-alexandre.com grandes fresques romantiques de Liszt et Schumann (le 17 fév. au GTP). L’Orchestre Régional de Cannes (dir. Philippe Bender) Trio Trois formidables solistes, Olivier Charlier joue la Symphonie «Prague» de Mozart et, en (violon), Henri Demarquette (violoncelle) et compagnie du pianiste Bruno Fontaine, son Michel Béroff (piano) jouent les deux Trios op. Concerto n°20 et celui en ré majeur d’Haydn (le 8 & 67 de Chostakovitch. 18 fév au GTP). ARLES. Le 13 fév. à 11h Méjan AIX. Concerts à 20h30 04 90 49 56 78 www.lemejan.com 04 42 91 69 69 - www.legrandtheatre.net Romantisme Caroline Boirot (piano) et Franz Ortner CHAMBRE (violoncelle) interprètent Beethoven, Schubert et Schumann. Quatuor MARSEILLE. Le 8 fév. à 20h Le jeune Ensemble Raro, Quatuor avec piano Auditorium de l’Hôpital St-Joseph formé en 2004, a rapidement conquis les 04 91 54 76 45 www.musiqueandco.com grandes salles spécialisée dans la diffusion de musique de chambre. Il était naturel que ces jeunes musiciens se frottent à l’exigence critique SYMPHONIQUE des Sociétaires de la Musique de Chambre de Marseille, dans Mahler, Brahms et Schumann. Passage MARSEILLE. Le 1er fév. à 20h30 dans l’Audito- Entre 1795 et 1811 un monde se couche… et rium de la Fac de Médecine de La Timone. sur le lit familier du classicisme s’étire le S.M.C.M. Espace Culture romantisme. L’Orchestre des Pays de Savoie 04 96 11 04 60 s’emploie à éclairer cet instant décisif de l’histoire musicale, avec son cycle des Concertos Trio pour piano de Beethoven. Son chef Nicolas Emmanuel Strosser (piano), Romain Guyot Chalvin invite le pianiste Cédric Tiberghien (clarinette) et Giorgi Kharadze (violoncelle) pour son 1er Concerto en ut majeur. On entend jouent Debussy, Brahms, Max Bruch et… Louise aussi, en perspective, la 104e Symphonie de Farrenc ! Haydn ou le Shaker Loops de John Adams… et MARSEILLE. Le 15 fév. à 20h30 dans l’Audito- on rit avec Mozart et sa trépidante Ouverture des rium de la Fac de Médecine de La Timone. Noces de Figaro. S.M.C.M. Espace Culture GAP. Le 28 janv. à 20h30 La Passerelle 04 96 11 04 60 04 92 52 52 52 - www.theatre-la-passerelle.eu Les Ménestriers Idriss Agnel (Cétéra et Percussions), Luc Gaugler (violes de gambe), Jean Noël Catrice (flûtes à bec), Henri Agnel (Orpharion, Pandore, Cistre, Cétéra) jouent de la Musique de la Renaissance italienne signée (ou pas) Joan Ambrosio Dalza, Pietro Paolo Borrono Da Milano, Francesco Spinacino, Stefano Allegrini… LES BAUX DE PROVENCE. Le 13 fév. à 16h30 La Citerne 04 90 54 34 39

[email protected] Ealovega Tiberghien © Benjamin Cedric 34 MUSIQUE AU PROGRAMME

Création Beethoven sur un plateau Conte moderne Orchestre National de Montpellier © Marc Ginot Les qualités reconnues du Mahler Chamber Or- Musicatreize dirigé par Roland Hayrabedian tour- chestra sont le fruit d’un amalgame réussi entre ne avec Le Grand Dépaysement d’Alexandre le Grand, des instrumentistes issus des grandes écoles 5e Conte de la série créée ces dernières années par musicales du monde entier. Tugan Sokhiev brille l’ensemble de musique contemporaine. Jean-Chris- depuis son accession à la tête de l’Orchestre du tophe Marti réalisait pour 12 voix, percussions et Capitole et le pianiste Nicholas Angelich est 2 comédiens jouant en langue des signes (mise en admiré pour sa pâte sonore somptueuse. Ces scène Philippe Carbonneaux) une adaptation du talents s’allient, sur la grande scène du théâtre Talmud de Babylone propice à des réflexions politi- aixois, pour un concert Beethoven : Ouverture de ques, philosophiques, éthiques, sur la colonisation, Coriolan, Concerto pour piano n°5 «l’Empereur» et les langues… Au fil de rencontres/épreuves avec la Symphonie n°7. Cela promet ! les Rabbis du désert, les femmes d’Afrique, s’ouvre AIX. Le 15 fév. à 20h30 au GTP pour l’Empereur mégalomane un chemin initiatique 04 42 91 69 69 www.legrandtheatre.net qui ébranle ses certitudes. La forme est celle d’un conte classique et la texture musicale, vocale et percussive, étire ses dissonances autour d’un CONTEMPORAINE continuum qui semble creuser l’espace temps. SALON. Le 4 fév. à 19h Théâtre Armand Écoute intime 04 90 56 00 82 www.musicatreize.org «Je voulais jouer et parler de cette musique étrange qui, en refusant le confort du pre-entendu, espère Ponts toucher chacun d’entre nous au plus intime et au Le saxophoniste Raphaël Imbert et l’organiste Enrique Mazzola, à la tête de l’Orchestre National plus sauvage.» Telle est l’ambition de Benjamin André Rossi déclinent les riches croisements musi- de Montpellier Languedoc-Roussillon, dirige la Dupé qui promène ses guitares et son spectacle en co-mystiques qui se tissent entre l’univers baroque 2e symphonie de Tchaïkovski, le Concerto pour Nomade(s) autour de Cavaillon. Comme je de Bach et le jazz de Coltrane (on avait découvert violon de Khatchatourian avec Silvia Marcovici, l’entends réussit à rendre intime l’écoute d’une leur magnifique disque publié il y a trois ans : Bach / ainsi que Lumen I partition contemporaine de musique réputée difficile, en allant au plus près des Coltrane chez Zig-Zag Territoire ZZT 080101). Des Régis Campo, professeur de composition au a priori des auditeurs, pour leur tordre le cou et transcriptions, basées sur le principe de l’improvi- Conservatoire de Marseille. leur faire entendre simplement des sons nouveaux, sation, exposent une texture de contrepoints aériens NÎMES. Le 4 fév. à 20h à travers le récit de l’expérience personnelle d’un où la magnificence du son prime. Les deux musi- Théâtre musicien. ciens sont secondés par Jean-Luc Di Fraya (voix et 04 66 36 65 10 AVIGNON. Le 5 fév. à 20h Le Délirium percussions) et Pierre Fénichel (contrebasse). www.theatredenimes.org LE THOR. Le 9 fév. à 20h30 Salle des fêtes CASSIS. Le 23 janv. à 17h LACOSTE. Le 1 fév. à 20h30 Ancien Temple Eglise St-Michel Varié JOUCAS. Le 13 fév. à 18h Centre culturel 06 67 90 02 80 L’Orchestre Lyrique, de Région Avignon Pro- 04 90 78 64 64 www.musicalescassis.com vence dirigé par Jean Deroyer joue Requies, opus www.theatredecavaillon.com moderne de Luciano Berio, ainsi que la Suite Benjamin Dupé © Agnès Mellon Paysager Pulcinella tirée du ballet néoclassique de Les Acousmonautes présentent Le son de l’air est Stravinsky. La phalange instrumentale se joint à frais, des propositions de paysages sonores électro- trois solistes de premier plan pour le Triple concerto acoustiques signés (numériquement !) Dhomont, pour violon (Cordelia Palm), violoncelle (Gary Eloy, Modica, Prod’homme, Savouret. Ou comment Hoffman) et piano (Vahan Mardirossian) de prendre l’air au cœur de l’hiver... Beethoven. MARSEILLE. Le 28 janv. à 18h30 AVIGNON. Le 4 fév. à 20h30 Urban Gallery Opéra-Théâtre 04 91 37 52 93 04 90 82 81 40 www.operatheatreavignon.fr Passé intérieur Tristan-Patrice Challulau (Savoirs et mémoires), Russie et Italie Jean-Pierre Moreau (La liberté commence là où «N’ayant jamais vécu autrement, j’ignore comment Tomasi lumineux s’arrête...), Marcel Frémiot (Comptines), Marcel exister sans piano» déclare le pianiste Mikhaïl La musique solaire d’Henri Tomasi, musicien Formosa (Sur l’air de), Pascale Weber (Immé- Rudy dans son très beau récit autobiographique méditerranéen particulièrement attaché à la Corse, morial), Frank Dufour (soft thresholds) interrogent, paru en 2008 (Le Roman d’une vie aux éditions sa terre natale, et Marseille sa cité d’adoption, peu parfois à l’aide d’outils vidéo, multidiffusion ou du Rocher). On est heureux de retrouver, depuis à peu, grâce à l’obstination de personnalités du électronique, l’intimité sonore du processus quelques années, ce formidable pianiste russe monde musical (auteurs, journalistes musicologues, mémoriel. arpenter les salles de concerts après (il le reconnaît musiciens…) la place qu’elle mérite. Les Marseillais MARSEILLE. Le 10 fév. à 20h30 lui-même) des périodes de doutes dues au stress de l’Ensemble Pythéas sont de ceux là. Pour Auditorium Cité de la Musique (Entrée libre) de la vie nomade d’un concertiste international. En commémorer le 40e anniversaire de la disparition www.labo-mim.org Laboratoire Musique et compagnie de Fabrizio Maria Carminati à la du compositeur, les interprètes, sous la houlette Informatique de Marseille baguette, il joue le terrible Concerto n°2 de du violoniste Yann Le Roux, jouent un florilège de Chostakovitch quand l’Orchestre de l’Opéra se ses opus pour formation de chambre : son Trio à Ubris Studio tourne vers l’Italie avec les poèmes symphoniques cordes, la Pastorale inca, Paghiella et un Chant Cabaret électroacoustique entre Jacques Diennet Cyrano de Bergerac d’Aldo Finzi et Les Pins de Rome hébraïque, ainsi que les Invocations et danses et Annabelle Playe. Concert dédié à la mémoire d’Ottorino Respighi et la suite tirée de la musique rituelles pour harpe (Vassilia Briano), clarinette de Frank Royon Le Mée. du film Le Guépard de Nino Rota. (Linda Amrani) et flûte (Charlotte Campana). MARSEILLE. Le 4 fév. à 20h30 MARSEILLE. Le 12 fév. à 20h Opéra MARSEILLE. «Un idéal méditerranéen» Auditorium Cité de la Musique 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr Le 5 fév. à 17h (5euros) Opéra 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.fr 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr MUSIQUE 35

LYRIQUE Mimi mélo ! Drames passionnels «O fortuna !» Ce bijou de Puccini est, à juste titre, l’un des opéras Cavalleria rusticana de Mascagni et Pagliacci de Jan Heiting © Jean-Eric Ely les plus appréciés du répertoire. Il retrace la vie de Leoncavallo, opéras en un acte, sont souvent Bohème d’une communauté d’artistes démunis, couplés lors une même soirée tant leur sujet (deux vivant dans une mansarde. C’est un portrait musical histoires de jalousie et de crime passionnel en du Paris populaire, sous Louis-Philippe, doublé Sicile) et leur style (vériste - années 1890) sont d’une formidable histoire d’amour qui recèle deux liés. Il faut de grandes voix, larges et puissantes superbes airs enchaînés («Che gelida manina» / pour chanter ce répertoire. Ceux qui étaient à Rodolfo et «Si. Mi chiamano Mimi» / Mimi) ainsi Orange à l’été 2009 ont entendu Roberto Alagna qu’un final déchirant, à tirer les larmes de la plus chanter les deux rôles principaux pour cette brute des pierres. Après sa création en italien en production reprise à Marseille où l’on attend le 1896, l’Opéra comique présente une version marseillais Luca Lombardo dans Turridu (enfin française aux Parisiens en 1898. C’est à partir à place Reyer !) et le russe Vladimir Galouzine dans partir de cette seconde mouture qu’Olivier Des- Canio et son célèbre air fleuron des ténors Près d’une centaine de choristes de l’Ensemble bordes (mise en scène) conçoit cette production. héroïques… terriblement émouvant ! On retrouve vocal ad Fontes, deux pianos et percussions, On retrouve l’équipe que l’on avait appréciée il y a Béatrice Uria Monzon en Santuzza, éconduite et dirigés par Jan Heiting interprètent les poèmes deux ans dans Les Contes d’Hoffmann, dirigée par désespérée, quand Natalia Timchenko incarne la médiévaux mis en musique par Carl Orff dans les Dominique Trottein, avec Isabelle Philippe jeune Nedda/Colombine. C’est un habitué du genre années trente: Carmina Burana et son célèbre (Mimi), Andréa Giovannini ou Svetislav Giuliano Carella qui dirige ce diptyque. hymne cyclique à la Fortune qui introduit et clôt la Stojanovic (Rodolfo) Jean-Claude Saragosse MARSEILLE. Les 28 janv. 2 et 4 fév. à 20h cantate. (Marcello)… et les 30 janv. et 6 fév. à 14 h30 Opéra MARTIGUES. Le 12 fév. à 20h Salins MARTIGUES. Le 22 janv. à 20h 04 91 55 11 10 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr et le 23 janv. à 16h Salins www.opera.marseille.fr 04 42 49 02 00 - www.theatre-des-salins.fr Beatrice Uria-Monzon © X-D.R. JACQUES FRESCHEL Magie romantique On donne finalement assez peu Der Freischütz sous nos contrées, grand opéra romantique allemand signé Weber, si bien qu’il n’avait jamais été représenté à Toulon depuis sa création en… 1821 ! Claude-Henri Bonnet répare cette faute de goût en faisant appel à un couple inédit : Laurence Equilbey (direction) et Jean-Louis Benoît (mise en scène). L’histoire d’amour, sur fond de fantastique, entre le «franc-tireur» Max (Jürgen Müller) et la fille du garde forestier Agathe (Jacquelyn Wagner) est contrariée un moment par Kaspar (Roman Ialcic) ayant vendu son âme au diabolique Samiel (Jean-Michel Fournereau)… Jusqu’au concours de tir final et la septième balle magique ! TOULON. Les 28 janv. et 1er fév. à 20h et le 30 janv. à 14h30 Opéra 04 94 93 03 76 - www.operadetoulon.fr

Jacquelyn Wagner © X-D.R.

Plaisirs frivoles La compagnie Les Brigands, depuis dix ans, exhume avec succès des ouvrages peu joués d’Offenbach (Barbe-Bleue, Geneviève de Brabant, Le Docteur Ox, Les Brigands), ou des opérettes des Années-folles : Ta Bouche de Maurice Yvain, Toi c’est moi de Moïse Simmons. C’est avec l’esprit léger, propre à l’après Grande-guerre, qu’elle produit Phi-Phi d’Henri Christiné, pièce en chansons, bourrée de calembours et double-sens grivois, créée aux Bouffes Parisiens en 1918 et narrant l’histoire pastichée du sculpteur grec Phidias atteint par le démon de midi au siècle de Périclès. Johanny Bert évite les incontournables poses égrillardes en transposant la mise en scène en théâtre de marionnettes. MIRAMAS. Le 5 fév. à 20h30 La Colonne 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr 36 MUSIQUE AU PROGRAMME

AIX CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE Leda atomica musique : Concert de sortie de Théâtre et Chansons : Lison David et Romain Akwaba : The Buttshakers, Electrik Sofa (5/2), résidence de Do(s) Mineur/part 2 (22/1) Chaffard, Amour en cours (12 et 13/2) Les Touffes Kretiennes, Pipo for people, Pasteur 06 77 03 21 12 04 42 27 37 39 Guy Disc jockey (11/2), The Infesticons feat Mike ledatomica.mus.free.fr www.theatre-et-chansons.com Ladd & Juice Aleem, Bleubird (18/2) 04 90 22 55 54 L’Embobineuse : Interface #16 : Richard Antez, ARLES www.akwaba.coop Riva, Muller (26/1), Anne-James Chaton et Andy Cargo de nuit : Pony Pony Run Run (19/1), Kid Moor, Hervé Boghossian (5/2), Loup, Motto, Francescoli, Oh ! Tiger Mountain (21/1), Blind DRAGUIGNAN David Merlo (11/2), Riam#08 : soirée Dokidoki Test (27/1), Meshell Ndegeocello (28/1), Papet J Théâtres en Dracénie : Hindi Zahra (1er/2) avec Renardo Crew, Scarlatti Geos Electro et Thiaz & Rit (4/2), Soirée solidaire (5/2), Tony Joe 04 94 50 59 59 Itch (12/2), Zombie Zombie, Marteau Matraque White (12/2) www.theatresendracenie.com (17/2) 04 90 49 55 99 04 91 50 66 09 www.cargodenuit.com GARDANNE www.lembobineuse.biz 3 Casino : Belle du Berry et David Lewis (21/1) AUBAGNE 04 42 65 77 00 Le Duke : Papastomp Vs Fat Digger Fred (20/1), MJC L’Escale : George Sound, Saïko Nata (22/1), www.ville-gardanne.fr Luc Sky et Selecter the Punisher (21/1), Dj Lafayette, Dissonant Nation, Belphegorz (29/1), Screaming Baka (25/1), Radio chantier (27/1), dans le cadre de Région en scènes, concerts de : HYÈRES Bailen Putos (28/1), Dj Oil (29/1) BatPointG et Mochélan (14/2), Maison Rouge, Théâtre Denis : Tony Joe White (13/2), The 04 91 90 74 21 Petite musique et OnEira (15/2) Legendary Tiger Man, Hifiklub (18/2) 04 98 07 00 70 Lollipop Music Store : Turner Cody (9/2) AVIGNON 04 91 81 23 39 Les Passagers du Zinc : Pablo Moses, Joe Pilgrim ISTRES Lollipopstore.free.fr & Solo (3/2), Lee Scratch Perry (21/2) L’Usine : Tremplin découverte pop rock (28/1), 04 90 89 45 49 Asa (4/2), Dub Inc (12/2), Feloche (18/2) MARTIGUES www.passagersduzinc.com 04 42 56 02 21 Théâtre Les Salins : Incisif #2 : The Rodeo, Oh ! www.scenesetcines.fr Tiger Mountain (8/2) BERRE L’ÉTANG 04 42 49 02 00 Forum des jeunes et de la culture : Projection MARSEILLE www.theatre-des-salins.fr du film de Emir Kusturica, Super 8 stories, suivie Cabaret Aléatoire : Meshell Ndegeocello (27/1), du concert de Bratsch, l’énergie des Balkans Borgore, Tambour Battant, Niveau zéro, Baxter MAUBEC (27/1), Roland Tchakounté (4/2) Beez, Comic Strip, Dj ckel & MC Bestone, Wll Skil- La Gare : Monstropante (28/1), Papaya cake, 04 42 10 23 60 ler Krew (28/1), Beat Junkies (29/1), concert Miss White and the drunken piano (4/2), Coâ (13 www.forumdeberre.com goûter avec Erikm (2/2), Ration Steppas, Yt, Ma- et 16/2), If if Between, Le Singe blanc (18/2) Kaya sound, Blackboard jungle sound system 04 90 76 84 38 BRIANÇON (5/2), Crystal distorsion, 69 DB, Dragongaz www.aveclagare.org Théâtre Le Cadran : Nawal, la voix des Comores (11/2), Hofmann family blues experience, Splash (25/1) Macadam (12/2), Pharoahe Monch, Jean Grae OLLIOULES 04 92 25 52 52 (15/2) Châteauvallon : Ben L’Oncle Soul (29 et 30/1), www.theatre-le-cadran.eu 04 95 04 95 09 Cabaret Azmaribet (du 11 au 13/2) www.cabaret-aleatoire.com 04 94 22 02 02 CAVAILLON www.chateauvallon.com Le Grenier à sons : Sophia Charaï (12/2) Espace Julien : Movaizhaleine, Moïra & Abdou- 04 90 78 64 64 laye (22/1), Godspeed you ! Black Emperor TOULON : www.theatredecavaillon.com (28/1), Yaël Naïm (5/2), Jena Lee (8/2), Les rois Oméga Live Denis Alcapone feat Winston Reedy, de la Suede (17/2) backed by No More Babylon (4/2), Florent Marchet, Sophia Charai We used to have a band (5/2), CharlElie, Narrow et Mathias Duplessy 04 91 24 34 10 © X-D.R. www.espace-julien.com Terence (11/2), Festival Les Nuits de l’Alligator : C. W. Stoneking & The Blue Tits, Timber Timbre, Puta La Machine à Coudre : The Norvins (22/1), The Madre Brothers (12/2), Soirée Zoo Electro : Data, Anus Fletcher, The Last, Esprit libre (29/1) Enticlimax, Statue (19/2) 04 91 55 62 65 04 98 070 070 www.lamachineacoudre.com www.tandem83.com

CHATEAU-ARNOUX La Mesón : 4e édition de Autour du piano : Henri VENELLES Théâtre Durance : Rabih Abou-Khalil et Ricardo Florens et Nicolas Cante duo (21/1), Yom, Manuel Salle des fêtes : Chantistes de Entre 2 caisses Ribeiro (29/1), Rendez-vous chez Nino Rota, spec- Peskine et Bijan Chemirani (22/1), Eve Risser (5/2) tacle musical de Mauro Gioia avec Maria de Me- solo et Emilie Lesbros (23/1), Tablao Flamenco 04 42 54 71 70 deiros et Barbara Carlotti (5/2) avec Josele Miranda (5/2) 04 92 64 27 34 04 91 50 11 61 www.theatredurance.com www.lameson.com AU PROGRAMME EN JAZZ | ACTUELLES MUSIQUE 37

Aix en Provence 2 soirées spéciales Le plic ploc de la Grand Théâtre de Provence pluie (27/0), Claudia Meyer (24/2) Paolo Fresu Devil 4tet (8/2) 06 07 575 558 04 42 916 969 www.inga-des-riaux.fr www.grandtheatre.fr Le Paradox Un musicien en liberté… Arles Djanamango (21/1), Street Chamaan À surveiller de près ! Ahmad Compaoré sait tout faire ou presque et en ce (27/1), Godfather (28/1), début d’année 2011, nous avons la chance qu’il monte régulièrement sur scène Le Boatel (péniche) dans la région. L’Ahmad Comparoé Quintet composé entre autre, excusez du Faroa quartet (4/2) Technicolor Hobo (29/1), Hofmann peu, du saxophoniste Raphaël Imbert, se produira à la salle des fêtes de 06 08 605 324 Family (4/2), Daedalus Spirit Venelles (22/1 à 21h) et au centre ville de Marseille sur la scène de La Meson www.leboatel.com Orchestra (19/2), Jamse&Lied? (20/2) (28/1 à 20h). Le groupe talentueux sera d’ailleurs en résidence de création à Avignon 04 91 631 465 La Boite à musique dans les murs de la Friche Belle de Mai du 24 au 28 janvier. AJMI La Manutention www.leparadox.fr Crée en 2008 au festival Mimi, le quintet de l’agité compositeur batteur est à Tea-Jazz Spécial Benoit Delbecq& «vivre» en live, relevant de la véritable performance scénique. Toujours bien François Houle (23/1 à 17h), Paul Lay Théâtre de la Criée entouré, le percussionniste du collectif Musique Rebelle sait compter sur les piano solo (30/1 à 17h), Ping Ma- Mariannick Saint-Ceran, Paul Pioli, soutiens de Marion Rampal ou Manu Théron. De quoi varier les expériences chine (4/2), Vincent Courtois solo Eric Surmenian (11/2 à 21h45) et additionner les talents ! Pierre Diaz & Trio Zephyr (10/2), 04 96 178 031 FRÉDÉRIC ISOLETTA Edouard Bineau 4tet (11/2), Sylvia www.theatre-lacriee.com Versini-Campinchi octet(17/2) 04 90 860 861 www.jazzalajmi.com Planet Mundo K’fé Jam Session Jazz tous les mercredis Briançon et Jam Latin Jazz tous les vendredis Théâtre Le Cadran à 21h30 Trio Berg/Surmenian/Jeanne(1/2), Explosif Andy Emler Megaoctet (9/2) Roll’ Studio Varié et lumineux, le RIAM 2011 a bien des secrets 04 92 255 252 Alice Martinez trio sings Blue Note www.theatre-le-cadran.eu (22/1 à 18h30), Trio Tentik (15/2 à à dévoiler 18h30), Raphael Imbert (29/1 à Organisé par l’association Technè, le festival va battre son plein du 4 au 19 Cassis 18h30), Vincent Strazzieri trio (5/2 à février au son et à l’image d’une multitude d’évènements. Ouverture à Seconde Eglise Saint Michel 18h30), Sudameris trio (12/2 à Nature avec Incite, vidéo performance accompagnée de MC2 (4/2 à 19h), et Raphael Imbert : Bach-Coltrane 18h30) direction le MAC dès le lendemain pour le lancement de la revue Volume suivie (23/1 à 17h) 04 91 644 315 de performances de Jérôme Poret et Von Calhau ! (5/2 à 18h). Un détour www.rollstudio.fr s’impose au GMEM (6/2 à 18h) pour un concert et vidéo de Morton Subotnick Hyères et Lillevan. Le Petit Théâtre de la Friche accueillera une conférence de Théâtre Denis MuzikMania Christophe Hanna et la projection de Stéphane Bérard Les ongles noirs (9/2 Leçon de jazz Duke Ellington par V. Strazzieri trio jazz-soul (21/1) à 19h), et le Salon, situé au 37 cours Franklin Roosevelt, sera la scène de la Antoine Hervé (21/1), Ronnie Lynn 0491 442 638 www.reverbnation.com présentation du label Stembogen (12 et 13/2 de 15h à 21h). Patterson trio (22/1), Ari Hoenig Trio Toujours au même lieu, une performance d’Arnaud Rivière (11/2 à 19h) sera (19/2) Miramas suivie d’un dj set de Radio On et des concerts de Ravi Shardja, Bass Jog et 06 31 798 190 Théâtre de la Colonne Hänschenklein (11/2 à © 2010 Ted Gordon, courtesy of Schott Music www.jazzaporqueroles.org Charlier-Sourisse 4tet (3/2) 21h30 à l’Enthropy). 04 90 500 526 L’inévitable Marseille www.scenesetcines.fr Embonineuse accueillera Cité de la Musique - La Cave entre autre les concerts Raphael Imbert (20/1), OMax at Salon de Provence de Scarlatti goes électro, Lomax atelier et performance à partir Salon de Musique / IMFP Clara Clara et Thias Itch de 10h, Jazz en Scène Latin Jazz Jean Pierre Fourment trio (25/1), (12/2 à 19h30) et rue (Jam-session) (24/1, 07/2), Benoit Ping Machine (3/2), Philippe Petruc- Jean de Bernardy la salle Paillard trio (14/2) ciani 4tet (8/2), Kami 5tet (15/2) Où, lieu d’exposition pour 04 91 392 828 Jam sessions les lundis et mercredis l’art actuel, mettra en www.citemusique-marseille.com de 19 à 23h00 scène l’exposition de Fré- 04 90 531 252 déric Joseph Sanchez Librairie Maupetit [email protected] (15/2 à 19h) alors que Raphael Imbert Omax at Lomax (19/1 l’installation d’Olivier à 18h) Venelles Rasti verra le jour à la Salle des Fêtes Galerie Seize rue Fontange Ahmad Campaoré 5tet + Fanga (22/1) Cri du Port (17/2). La soirée du Café 04 42 549 310 Benoît Paillard Trio (20/1), Julien avec notamment le Berg/Surmenian/Jeanne(27/1), Vitrolles live de Baron Retif & Roland Tchakounté trio (3/2) Conception Perez s’an- 04 91 504 151 Moulin à Jazz. Fontblanche Thomas Savy trio (22/1), Alexandra nonce explosive (18/2 à Grimal 4tet Seminare Vento (8/2), partir de 22h30). Inga des Riaux F.I. Nougarôtrement (21/1), Gig Street Céline Bonacina trio (12/2) (28/1), Natalia Spengler 4tet (4/2), 04 42 796 360 Africa Express (11/2), Swinging www.charliefree.com www.riam.info Papy’s (18/2), Abram Jazz4tet (25/2), 38 MUSIQUE ACTUELLES À partir de 20h30... Vivifiant ! Pour aborder la fin d’an- née 2010 avec le we are the Champion ! sentiment du plaisir Rocca, dans une interview radiopho- accompli, il fallait se nique, précise que «La vraie musique, rendre au Poste à Ga- il faut la découvrir sur scène...», puis lène le 18 décembre assimile les amateurs de musique, en dernier. Minitel Rose, termes plus crus, à des moutons vic- mais surtout Killtronik times des grandes majors et des occupaient la scène de médias. Une chance pour lui ce soir ? la rue Ferrari (Marseille)

«Les enculés du système» ne sont pas pour un concert à Israel © Sebastien Killtronik venus consommer sur place. En re- retenir. Ce jeune groupe originaire de Cannes possède décidément de bons vanche, ceux arrivés à l’heure prévue, © Dan Warzy titres dans un style pop/électro mais principalement rock vintage, et les a c’est-à-dire 20h30, auront eu large- avec Julian Demoraga au chant. Un offerts simplement en guise de cadeau de noël avant l’heure. Plutôt habitués ment le temps d’user leurs coudes sur grand nombre de musiciens ont depuis leurs débuts récents aux premières parties, notamment des Pony Pony le comptoir, seul appui possible du participé à ce concert dont Stéphane Run Run, nos jeunes rockeurs ont su tenir la dragée haute dans une ambiance Cabaret aléatoire pour se reposer un Mondésir, Sylvain Terminiello, Laure conviviale, et rapidement réchauffée au rythme de chansons électrisantes et peu de l’attente debout de presque Bonomo, Fred Pichot, Fabien Genais, stimulantes, pleines de vie. À suivre de près… deux heures avant le début du concert ! Wim Welker, Denis Chauvet, Kouly FRÉDÉRIC ISOLETTA Rocca, rappeur, hip-hopper d’origine Bally pour ne citer qu’eux... colombienne, accompagné de DJ Mais le vœu d’Ahmad Campaoré de Clyde et d’un percussionniste, nous réussir le music-melting-pot ne fonc- Les vœux de Charlie interpelle par la question : «Est-ce tionnera pas à plein, faute de liens L’année nouvelle démarre sous d’excellents auspices le 8 janv au Moulin à jazz que vous êtes chauds Marseille?»… véritables. Trop de propositions dé- de Charliefree. Le solide quartet de Christian Brazier réinvente sans cesse une Uhmmmmmfffff !!! cousues successives, standards de jazz partition qui sert de terreau d’expression pour les quatre musiciens extralucides Le programme de la soirée se décale loin de la ligne, improvisation déjan- qui ont subjugué un public conquis. Perrine Mansuy (claviers), Christophe forcément. On baille ! L’ensemble Mu- tée, alternative et expérimentale du Leloil (trompette-bugle), Jean Luc Di Fraya (batterie-chant), Christian sique Rebelle d’Ahmad Campaoré projet ou encore une distorsion, un Brazier (contrebasse) sont décidément excellents. arrive around midnight. Enfin ! exercice de jonglage abscons. Au DAN WARZY Les musiciens tourbillonnent parmi le final, une unité que l’on recherche CD : Christian Brazier Quartet Circumnavigation Label CELP public, on dit un texte, puis on en- encore pour cette édition de Musique www.myspace.com/christianbrazier - www.christianbrazier.com tend aussi des fragments du discours Rebelle : la révolte nécessiterait sans de Martin Luther King en 1963 à doute qu’on y emmène un spectateur Washington... I have a dream... La complice, et non qu’on le malmène communion fraternelle démarre par DAN WARZY Cœurs à l’unisson une intro au piano et l’orchestre arri- Au départ, il y a un CD, Hymnesse, et un véritable cours sur l’instrument (qu’il ve progressivement dans un groove Ces concerts ont eu lieu une envie de spectacle portée par le a entièrement construit !) après le funky qui nous réchauffe le cœur. Un au Cabaret Aléatoire - Théâtre Durance, puis des artistes qui spectacle. N’oublions pas l’harmonica beau trio de voix suit, avec Sibongilé Friche de la Belle de Mai souhaitent dépasser sur scène leur et la guitare de Melchior Liboa qui M’bambo, Amahada Smis et Manu le 17 déc enregistrement. Ils ajoutent des musi- ajoute à l’ensemble une dimension Théron très émouvants, mélange im- ciens, d’autres sonorités, des épaisseurs vidéo. Ainsi, pour illustrer Bella Ciao, probable de musiques d’horizons divers de passion et de talent. Résultat, un il projette des extraits de Riz Amer de -entre tradition et modernité- qui superbe moment de musique. Hym- Giuseppe de Santis qui met en scène fonctionnait très bien ensemble. Un nesse, composé de l’hymne et du les «mondine» (ouvrières des rizières) autre moment fort de la soirée est tissage mêle aux accents du jazz et de la plaine du Pô et dont ce fut à celui d’une danse flamenca par Sarah de l’improvisation les thèmes d’hymnes l’origine le chant… À noter le bœuf Moha coiffée d’une cagoule-rebelle régionaux et internationaux. Pas de avec Raphaël Imbert qui joint les © Dan Warzy marche militaire, non, mais de ces notes emportées de son saxophone à chants qui se sont coulés dans nos celles des autres musiciens en fin de imaginaires et qui nous accompa- spectacle. Un supplément de plaisir ! gnent. On retrouve des airs catalans, MARYVONNE COLOMBANI irlandais, afro-américains, italiens, corses… internationaux… qui sont Spectacle donné au Théâtre Durance ici infiniment variés. On se plaît à de Château Arnoux le 8 janv deviner, à retrouver, à perdre aussi les Hymnesse CD (Label Durance) motifs connus dans une transposition 15,50 euros Alain Soler © X-D.R free. Ces airs ne parlent-ils pas avant tout de liberté ? Triomphe la musique, la virtuosité d’André Jaume au saxo- phone ténor et alto avec ses superbes phrasés, la guitare aux multiples sonorités d’Alain Soler, puis la basse et les percussions de Lionel d’Haue- nens, l’orgue de Barbarie dans une incroyable utilisation jazzy de Jean- Claude Bourrier, qui peut vous donner AU PROGRAMME CIRQUE 39 Inventaire Rock’n’roll Vie de cirque Musique, danse, théâtre et cirque composent, sur un rythme endiablé, le spectacle Call me Mariad’Adriàn Schvarzstein. Accompagné de ses complices catalans, il revient après le magnifique Circus Klezmer pour de nouvelles aventures. Sur fond de rock’n’roll, le spectacle est une immersion dans la Barcelone des années 50 et son port très prisé des Américains, alors que l’Espagne est devenue base des forces armées américaines. Un choc culturel inspiré de l’univers des comédies musicales. Call me Maria Le 21 janv Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr © X-D.R 8 représentations du Chant du Dindon seront données Numérique par le cirque familial des Rasposo. Une formidable Dans le cadre du Festival Amarelles (voir p 43), danse et métaphore de la vie jouée par des amoureux de la piste arts numériques au coeur de ce Cinématique proposé et de la vie nomade. Un voyage saltimbanque entêtant par la compagnie Adrien M. Initialement chercheur en au cœur des émotions d’une musique slave, métissée informatique, Adrien Mondot s’est dirigé vers le jongla- par les rencontres entre contorsion, acrobatie, équilibre, ge pour explorer les liens entre arts de la scène et arts voltige, jonglage et comédie. Une réussite collective numériques. Détournant les sens, le spectacle entremêle pour petits et grands, unanimement saluée par la réel et virtuel multipliant les faux-semblants troublants. critique et le public. Des ressorts proches de la magie pour une traversée des Le Chant du Dindon matières virtuelles. Egalement jusqu’au 29 janv dans le Du 11 au 20 fév hall du théâtre, promenez-vous dans un paysage virtuel Théâtre de Sète, sous chapiteau en 3D dans l’Anamorphose spatiale. à Frontignan la Peyrade © Vincent d'Eaubonne© Vincent Cinématique 04 67 74 66 97 Le 26 janv www.theatredesete.com Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com Archaos Portuaire Julien Candy, mis en piste par Stéphane Dupré, signe Le CREAC accueille chaque année des cies en résiden- Après sa traditionnelle trêve des confiseurs de janvier, avec Le Cirque précaire une fresque de l’absurdité de la ces qui ont la possibilité de présenter des étapes de Lieux Publics revient aux sources : Pierre Sauvageot vie. Un inventaire à la Prévert, un regard léger, poétique travail en cours au public. C’est le cas de la cie Crop Circus lui-même se met aux commandes avec Alexandre Pax, et aussi cruel sur notre monde, à voir dès 5 ans. Des avec Casalinga (le 24 janvier à 19h et le 30 à 15h), la cie pour remixer en 12 minutes l’œuvre fondatrice de ses objets hétéroclites et improbables (scie, feuille de Rêve avec Les incubés (le 17 fév à 19h), la cie Osmonde Sirènes et midi net : la symphonie bruitiste et futuriste papier, toupies géantes…) manipulés par un personnage avec Le reste on en reparlera (le 3 mars à 19h). D’autres du compositeur soviétique Arseny Avraamov, qui célébra désabusé pour retrouver les lois fondamentales qui suivront jusqu’en juin. les cinq ans de la révolution de 1917 par un concert régissent la Terre : gravité, air en mouvement, couleur, Un atelier de recherches amateurs, encadré par des artis- concret de sirènes d’usines, de bateaux et de canons, équilibre. Qui est finalement objet ? tes de la cie Archaos, a lieu les mardis et jeudis de 18h30 de bruits urbains et maritimes. Parce que les sons Le Cirque précaire à 20h30 jusqu’au 22 mars. prolétariens peuvent s’ordonner en musique. Du 28 au 30 janv Quant à la cie Archaos, suite au succès rencontré avec In Symphonie des sirènes Scène Nationale de Cavaillon, sous chapiteau Place Vitro 09, sa dernière création, elle prépare une tournée Le 2 fev à midi net du Clos à partir de sept 2011… Place de l’Opéra, Marseille 04 90 78 64 64 04 91 55 61 64 www.lieuxpublics.fr www.theatredecavaillon.com www.archaos.fr

40 CIRQUE ARLES | ISTRES | GRASSE | PORT-DE-BOUC | MARTIGUES Territoire de cirques Dans le cadre de la programmation commune de cirque contemporain des théâtres d’Arles, Port-de- Bouc, Martigues et Istres du 1er au 20 février, deux représentations auront lieu au théâtre du Séma- phore. Du cirque vivant avec une compagnie belge qui présentera Le Carré curieux. Mât chinois, tissu aérien, monocycle, diabolo et jonglerie composeront ce spectacle empli de facéties, griffé d’une joie communicative. Un cirque savoureux, entre perfection vibrante et enfance dérisoire. Puis l’école nationale des arts du cirque de Tunis présentera Sarkha (le cri). Neuf jeunes artistes dans un hymne à la vie, un La La La Gershwin © Theatre National de Chaillot hommage aux poètes tunisiens dans lequel s’entre- Montalvo-Hervieu présentera Lalala Mr Gershwin. mêlent le cirque, la danse et le théâtre pour nous C’est avec les comédies musicales de Broadway en parler de leurs terres, leurs rêves, leurs blessures et toile de fond et sur la thématique de l’opéra Porgy and leurs espoirs. Un cri visuel et musical, qui sera égale- Bess que 7 danseurs virtuoses, sur pointe, en basket ment présent à Istres et à Grasse. ou claquettes, composeront un poème visuel vif et Au théâtre des Salins, l’événement intitulé ici Terres joyeux dans un éblouissant métissage et sur un de cirque accueillera Antigone monologue clownes- montage d’images tout aussi virtuose et désopilant. À que d’Adèll Nodé-Langlois. Une adaptation du voir en famille. mythe d’Antigone sur une piste de cirque, avec force Puis, voltige aérienne sous chapiteau majestueux avec nez rouges pour nous faire rire un jour d’enterrement. la compagnie Cirkvost et son spectacle Epicycle. Un projet téméraire pour un résultat d’une réussite Une structure métallique grandiose habitée par totale qui nous rappelle que le clown, au-delà du rire, d’étranges habitants, sept acrobates fascinants qui transmet de grandes leçons de vie. Autre grand composent un ballet aérien proche de la BD sur fond rendez-vous avec une contorsionniste d’exception : d’électroacoustique. Installé sur des transats, le public Sarkha © Amine Frigui Angela Laurier. Dans J’aimerais pouvoir rire, la cana- ne perd rien des chemins spectaculaires empruntés dienne raconte sa propre histoire en forme de par ces artistes, anciens voltigeurs des Arts Sauts. Antigone monologue clowneque road-movie, accompagnée par son frère Dominique, DELPHINE MICHELANGELI Du 1er au 3 fév diagnostiqué schizophrène et en scène une grande J’aimerais pouvoir rire partie du spectacle, sur les traces de leur enfance. Le 3 fév Angela désarticule son corps, cherche son axe en Le carré curieux Théâtre des Salins, Martigues réponse aux visions et au déséquilibre psychique. Un Le 4 février 04 42 29 02 00 dialogue entre deux états physiques extrêmes d’une Sarkha (le cri) www.theatre-des-salins.fr rare émotion. Déconseillé au moins de 12 ans. Le 11 fév (le 13 fév au théâtre d’Istres et les 17 et 18 fév À Arles le cirque se concentrera sur la magie (voir ci- au théâtre de Grasse) Lalala Mr Gershwin dessous). Quant aux Élancées, manifestation Théâtre le Sémaphore, Port-de-Bouc Le 15 fév habituellement formidable du territoire Ouest 04 42 06 39 09 Epicycle Provence, elle est cette année suspendue et se voit www.theatre-semaphore-portdebouc.com Du 17 au 20 fév réduit à une portion congrue (voir p8). Mais néan- Théâtre de Grasse Théâtre de l’Olivier, Istres moins, le théâtre d’Istres offre l’occasion de voir trois 04 93 40 53 00 04 42 56 48 48 très beaux spectacles : après Sarkha, la compagnie www.theatredegrasse.com www.scenesetcines.fr Arles bracadabra méfient du show. Il accueille la Cie 14:20 avec le opus : Influences. Un spectacle de magie interactif spectacle Notte d’une perfection technologique dans lequel il manie les objets autant que nos absolue. Avec des effets d’optique étonnants et un art consciences. Un mentaliste dont l’art relève de du jonglage proche de la calligraphie, Clément l’illusionnisme et de la manipulation qui nous Debailleul et Raphaël Navarro nous plongent dans interrogera sur nos décisions quotidiennes, intimes et un ballet magique, étrange et irréel, sous les vers de collectives. Conseillé à partir de 15 ans. Soupault et Baudelaire et les haïkus de Bashô. DE.M. Raphaël Navarro tiendra une conférence gratuite sur la démarche originale de la compagnie vers la création Notte de ce nouveau mouvement artistique qu’est la magie Le 4 fév nouvelle. Magic Julius Influences © Nathaniel Baruch Puis c’est Julien Maurel, alias Magic Julius, un fidèle Les 4, le 11 et le 12 fév Voilà que Mandrake, Fantômas, Robert-Houdin et d’Ariane Mnouchkine qui pendant trois soirées, à Conférence sur la magie nouvelle Houdini reviennent en force dans notre imaginaire, et l’issue des représentations de Notte et d’Influences, Le 5 fév que la magie s’installe sur les plateaux des théâtres… ouvrira les portes de la magie moderne avec ses rituels Influences Après que le Merlan lui a consacré un début de saison et son répertoire de codes et de gestes. Les 11 et 12 fév étonnant, le théâtre d’Arles propose le cycle De la Prestidigitation et illusion au rendez-vous, avec un Théâtre d’Arles Magie moderne à la magie nouvelle, orienté plus repas magique en prime ! Thierry Collet, un autre 04 90 52 51 51 nettement vers des formes spectaculaires qui se maître de la prestidigitation, présentera son dernier www.theatre-arles.com AMARELLES | PAS SAGE... LES IMAGES CAHIER JEUNESSE 41 Re-conte moi encore Amarelles, temps fort jeune public de Théâtres en fait coudre entre elles ses robes (celles Dracénie, s’attache cette année au conte, et décline du précédent spectacle, L’Hiver quatre chiens mordent mes pieds) pour l’em- la palette des formes actuelles pêcher de s’enfuir… Les deux artistes Abeilles, habillez-moiAbeilles, de vous © Patrice Leiva prennent le conte à contre-pied, Chèvre son décor pivotant sur lui-même - détournent les codes pour parler Du théâtre donc, avec Comment ai-je mobiliers et objets à l’identique et d’amour et de nudité, de convenances, pu tenir là-dedans ? de Jean Lambert- pourtant si différents sous les jeux de de bonheur. Mais ça c’est tout à la fin… Wild et Stéphane Blanquet d’après les lumière ! -, l’irrépressible envie de Et du cinéma et de la musique tout Lettres de mon moulin d’Alphonse Blanquette de vivre hors de son enclos, ensemble : le dessin animé de Suzie Daudet. Sur le plateau la tension ne sans sa longe accrochée au pieu, pour Templeton est un petit bijou assez fléchit jamais ! De la voix du narrateur goûter au plaisir de l’herbe verte et grave, qui détourne également le (troublant André Wilms) posée sur la tendre gagne en force. Mais la machine conte pour parler de liberté (voir p musique envoûtante de Jean-Luc à rêver s’emballe… et l’intrusion du 48). La musique jouée en direct par Therminarias et Léopold Frey jusqu’au loup lui donne le coup d’arrêt fatal. l’Orchestre de Toulon redonne toute dernier souffle de la chèvre de Mon- Noir effroyable et ambiance paro- son épaisseur et la saveur des timbres sieur Seguin, l’oppression va crescendo. xystique : l’épilogue tant redouté ne à la partition de Prokofiev entendue Pourtant personne n’ignore sa mort nous sera pas épargné. cent fois, mais qui apprend mieux que inéluctable, mais tous restent suspen- Comment ai-je pu...? © Tristan Jeanne-Vales toute autre à écouter les pas du chat, dus à la narration dans l’espoir d’une Abeille et loup l’envol de l’oiseau… fin heureuse ! D’où vient cet attache- Du théâtre encore avec Abeilles M.G.-G., A.F. ET DO.M ment à Blanquette, si têtue dans son habillez-moi de vous, conte de Philippe désir de grand air et si coquette ? À Dorin mis en scène par Sylviane For- l’art du CDN de Normandie à cons- tuny, qui aborde de façon détournée À venir truire une fable métaphysique sur la et très poétique le thème de la pudeur Amarelles se poursuit à Draguignan liberté et la mort à partir du parcours et de la représentation de soi devant jusqu’au 26 janv (voir p 39) initiatique de Daudet, à travers un les autres. Il dit des petites choses Comment ai-je pu tenir là-dedans ? théâtre visuel élégant et inventif, féeri- essentielles comme l’amour d’un gar- sera repris les 8 et 9 mars que mais sobre, qui évite l’écueil d’une çon pour sa sœur et le manque d’une au PôleJeunePublic au Revest illustration réaliste du récit, et une fille qui n’a pas de frère. C’est l’histoire gestuelle chorégraphique créée sur de deux personnes seules qui ne mesure pour Chiara Collet, personnifi- veulent plus le rester, d’une princesse cation malicieuse de Blanquette. Avec retenue prisonnière par son père qui a Gare aux images ! Aussi loin que je me souvienne seuls les enfants sages dans l’univers des arts visuels pour créer, inventer, imaginer recevaient une image… Alors quand la Cité du livre et s’amuser». Un sacré programme qui mêle exposition, annonce tout de go que les images ne sont pas sages, quelle ateliers, spectacles, cinéma et rencontre. histoire ! Le jeune public pourra juger sur place, invité durant À la galerie Zola, les images s’envolent car le parcours de toute la manifestation Pas sages… les images à «pénétrer l’exposition Matière à rétro-projeter s’accompagne de projections permanentes de films d’animation à l’heure où les compagnies leur donnent vie sur une scène de théâtre :

Fil de Fil Faire, Cie A Suivre © X-D.R À Suivre avec Fil de faire et Triloléo & Cie avec NoNonBâ Au tableau Les lauréats 2010 du 1er Concours d’après le manga autobio-graphique de Shigeru Misuki. photo des lycéens organisé par Grâce à l’Institut de l’Image, les jeunes vivront Les Aventures l’Education Nationale et la revue du prince Ahmed, se croiront Princes et princesses et, pourquoi l’Étudiant ont eu la chance de par- pas, iront danser au Bal des animaux. Il leur faudra ensuite ticiper aux Rencontres de la redescendre sur terre pour un «pas sage obligé» du virtuel photographie d’Arles. au réel dans les ateliers ! La Fon-dation Vasarely, l’association Lycéens qui souhaitez tenter votre Visualise et Fotokino les initieront à la déformation d’une chance et découvrir la grand-messe œuvre, aux silhouettes projetées, aux dessins de sable sur de la photographie internationale, table lumineuse ou encore à la chasse aux images. Enfin, à vos appareils ! La 2e édition est l’image prendra la parole sous les traits d’Aline Ahond, ouverte jusqu’en mai sur le thème réalisatrice de courts-métrages d’animation, photographe et «Au tableau», catégorie image auteur-illustrateur de livres jeunesse aux éditions Mémo et numérique ou en série : mises en Mango, lors d’une rencontre à la librairie Goulard (2 mars). M.G.-G. scène, portraits, couleur ou noir et blanc. Avec, à la clef, le Grand prix, la Mention des internautes et la Pas sages… les images Mention du jury, mais également jusqu’au 5 mars des appareils, des livres etc. Cité du livre, section jeunesse, Aix-en-Provence http://blog.letudiant.fr/concours- 04 42 91 98 78 photos-lyceen www.citedulivre-aix;com 42 ÉDUCATION PRÉAU DES ACCOULES | NOUVEAUX COLLECTIONNEURS Sur les ailes de mille et une nuits En introduction à l’exposition L’Orienta- porain de Charlemagne. Le marchand lisme en Europe : de Delacroix à Matisse Ali Cogia part de Bagdad pour La qui aura lieu à la Vieille Charité à partir Mecque, puis visite Le Caire, les rives de mai, le Préau des Accoules propose du Nil, Jérusalem, les régions bordées aux enfants de circuler en tapis volant par l’Euphrate et le Tigre ; une carte au pour visiter l’Orient, sa civilisation, ses sol permet de suivre l’itinéraire et parfums. «Il s’agit de parler de l’Orient découvrir l’immensité d’un territoire avant l’arrivée des occidentaux, précise uni par une même langue, la même Laurence Rossellini, responsable du religion et la même monnaie. lieu. La préparation de nos expositions Plusieurs vitrines proposent des objets nécessite deux ans : conception, recherche prêtés par des musées de la région : la des œuvres, élaboration des présentoirs, maison avec son tapis, ses instruments des jeux pour les enfants. C’est nous qui de musique, des objets du quotidien Carreau de bordure Perse 18e siècle © collection musée Grobet-Labadie fabriquons presque tout. Pour celle-ci nous commes les babouches, les plats ; le avons choisi le thème du voyage, avec les jardin représenté par des céramiques enfants de vêtir des personnages à L’Orient en tapis volant caravanes des marchands qui traversent des musées Grobet-Labadié et Granet; l’orientale avec bijoux, turbans, babou- jusqu’au 11 juin la région». une lampe de mosquée du 19e aux ches, de composer des dessins Le Préau des Accoules, Aujourd’hui les jeunes enfants du Centre délicates arabesques... Un des clous de géométriques ou des arabesques, de Marseille 2e aéré de La Tour d’Aigues découvrent l’exposition est le tableau de La dan- comparer les écritures. Une place est 04 91 91 52 06 cet univers. Dès l’entrée ils sont trans- seuse au tambourin du Musée de réservée au fac-similé d’une page du www.marseille.fr portés dans l’imaginaire : un tapis-volant Carpentras : peint en Perse il y a 200 manuscrit syrien du 14e siècle qui a à roulettes les propulse par petits grou- ans, il témoigne de l’influence de l’Oc- permis la traduction et la publication pes au pied d’un dromadaire immense cident sur les artistes car il a été réalisé d’Antoine Galland en 1704 mettant fabriqué pour la circonstance. Ils atter- à l’huile sur une grande toile, contrai- l’Orient au goût des élégantes et des rissent au 18e siècle, sous le règne du rement aux miniatures plus anciennes. artistes. grand calife Haroun al Rachid, contem- Pour finir, des jeux proposent aux CHRIS BOURGUE Art, pédagogie et citoyenneté Les adolescents seraient à mille lieux dans le milieu de l’art contemporain, de l’art contemporain… Pourtant, sensibles aux différents médiums dont quand des accompagnements sont ils ignoraient jusque-là tout ou presque, mis en place, ils se piquent au jeu avec initiés aux circuits de diffusion et de une curiosité rarement démentie. C’est production, les voilà qui débattent au- le cas des collégiens qui participent au tour des thèmes «Apparence et projet Les Nouveaux Collectionneurs1. réalité», «Contraintes et libertés» ou Pour sa troisième année, le program- «Jeux de détournements». Et plus me concerne des élèves de 4e et de 3e largement encore abordent des ques- de 5 collèges2 du département 13 tions sociétales, apprennent les règles autour d’un objectif : constituer une du vivre ensemble : Les Nouveaux collection publique d’art contempo- Collectionneurs devient alors un rain. Un pari ambitieux qui nécessite véritable levier pour une ouverture sur un protocole rigoureux, l’appui des une éducation citoyenne. enseignants d’arts plastiques, de fran- MARIE GODFRIN-GUIDICELLI çais, des documentalistes, et dont les premiers résultats sont encourageants : 1 Action soutenue par le Conseil en deux ans, le fonds s’est enrichi d’une Général, Marseille Provence 2013 trentaine de pièces de 22 artistes, chaque et l’Inspection Académique, classe ayant géré un budget d’acqui- mise en œuvre par le Bureau des sition de 10 000 euros par an alloué © Philippe Chitarrini, Les yeux de la meduse, 2010, technique mixte, dimensions variables compétences et désirs et par le Conseil Général 13, et défendu accompagnées d’argumentaires écrits des œuvres, analysent et argumentent développée avec Sextant et Plus ses choix devant une commission d’ex- par les jeunes… au fil des 12 séances du programme, et Art-O-Rama perts. Accrochées chaque fin d’année En attendant, le Bureau des compéten- tantôt en classe tantôt sur le terrain 2 Vincent Scotto et Ruissatel dans les collèges concernés par l’opé- ces et désirs balise le chemin de la (galeries, ateliers parfois, musées, lieux à Marseille, Marc Ferrandi à ration, les œuvres devraient faire l’objet connaissance, au plus près de leurs ressources). «Tout le monde joue le jeu, Septèmes-les-Vallons, Henri Bosco d’une exposition collective en 2013. Il questionnements, en les conduisant à souligne Yannick Gonzalez du Bureau à Vitrolles et Honoré Daumier à est même envisagé d’inventer une la prise de responsabilité. Ils accumu- des compétences et désirs, très vite les Martigues nouvelle forme de prêt, à l’image d’une lent information et documentation, élèves qui sont effrayés au départ sont artothèque, pour faire sortir les œu- appréhendent outils méthodologiques partie prenante à 90% car ils sont res- vres des établissements et les exposer et historiques nécessaires à l’appréciation ponsables de leurs choix». Immergés 44 SPECTACLES GYMNASE | PAVILLON NOIR | ALHAMBRA | LES SALINS Ricky qui ? Tout est question de point de vue et de perspective dans cette un fond sur lequel s’incrustent, en dessins animés, les jambes histoire d’un petit garçon bien impatient de grandir au sein du géant Nestor ou le fakir en lévitation, des marion- d’un camp d’artistes forains. Ricky Pompon, c’est lui, a nettes… tandis que les trois comédiens jouent une beaucoup d’idées et envie de créer - il jonglera avec des dizaine de rôles. La bravoure de Ricky finira par avoir tigres, changera des éléphants en musiciens… -, mais raison de son impatience, au terme d’une sacrée nuit… pour ça il faut être grand, et pour l’instant il assiste, en DOMINIQUE MARÇON pestant, son grand frère Nestor, l’homme le plus fort du monde. Ils sont nombreux les forains, et un peu Ricky Pompon a été recréé au Théâtre des Salins, particuliers, voire effrayants, du fakir royal au magicien le à Martigues, le 12 janvier, comte Zubrowska et son assistant Smirnoff, en passant et sera joué au théâtre du Gymnase, par Calamity Jane elle-même dont Nestor semble très à Marseille, du 9 au 11 février amoureux, ou les Musset mari et femme, dompteurs 0 820 000 422 d’animaux féroces aux formes et aux cris très bizarres… www.lestheatres.net Bertrand Bossard recrée son texte et transforme sa mise en scène Ricky Pompon, initiale (1996) en jouant en particulier sur un décor ingénieux, Le comte Zubrowska transformable, qui de plusieurs roulottes successives devient © illustration Marion Roustit Sur les quais, on vit ! Josette Baïz attaque l’année sur des rails affutés ! Pour légèreté. Et de la légèreté il y en a à profusion dans vélocité on retrouve ce qu’on aime chez Josette : le s’éloigner de la noirceur de sa très belle création cette chorégraphie d’à peine un peu plus d’une heure mélange subtil des langages chorégraphiques du Oliver Twist de 2009 (voir Zib’25) avec les enfants du qui se passe sur le quai d’une grande gare française, monde en même temps que celui des origines des groupe Grenade, elle déclare, à l’issue de la première et semble un clin d’œil aux événements rocamboles- interprètes ; on regrette seulement que ce moment de Gare Centrale, qu’elle a éprouvé un besoin de ques de la période de Noël ! unique de l’attente où tout est possible n’aboutisse Dominique Drillot a installé un décor qui évoque pas à quelque chose de dramatiquement plus fou. les structures d’Eiffel, 12 personnages y attendent CHRIS BOURGUE sagement leur train dans des costumes très colorés. Gare centrale, Josette Baiz © Léo Ballani Mais le système se dérègle, les trains n’arrivent pas ; Gare Centrale s’est dansé au Pavillon noir, Aix de temps en temps une voix impersonnelle deman- du 13 au 15 janv de le calme pour offrir à la fin un voyage gratuit... Une histoire banale en somme, on occupe son temps comme l’on peut et, en attendant, les gens se rencon- À venir trent, se mesurent ou ébauchent des amourettes... La le 15 février à Rousset, salle Ventre bande-son fait alterner la musique de Bach avec des le 18 février à Manosque, théâtre Jean le Bleu arrangements électro de Jean-Jacques Palix. Les dan- le 2 mars à l’Auditorium du Thor seurs parcourent le plateau à grande vitesse, se jettent puis en avril et en mai à La Penne sur Huveaune au sol ou dans les bras les uns des autres avec une et au Gyptis, Marseille agilité, une souplesse déconcertantes, saisis par une www.josette-baiz.com sorte de frénésie. D‘appétit de vivre ? Dans cette Fin d’année en série noire Lieu et date du délit : l’Alhambra Cinémarseille, le avec ses courses-poursuites, ses rebondissements, ses se nimbent d’or à l’aube. Quand s’y suspendent jeudi 30 décembre vers 15 heures «méchants» et ses redresseurs de torts et même ses Costa, l’infâme et irascible gangster qui veut Les faits : pendant une heure dix, porté par la clins d’œil au genre. supprimer Nico, gentleman cambrioleur, devenu le musique jazzy de Serge Besset, Dino le chat a mené C’est aussi un régal pour les yeux : sur les toits de la sauveur de Zoé, kidnappée par Claudine, sa fausse sa double vie entre, la fille de Jeanne la commissaire, capitale endormie les corps des personnages «nounou», on pense à Harold Lloyd accroché à son Zoé, mutique depuis la mort de son père et Nico, le deviennent croissants de lune. On pense aux décors horloge dans Safety Last ! tout comme la scène du voleur agile et solitaire, parcourant les toits de Paris, de Trauner, parfois. Les gargouilles de Notre-Dame zoo renvoie à La nuit du chasseur de Charles poursuivi par des truands patibulaires et mal rasés, Laughton. Sans oublier les trouvailles formelles : «la gaffeurs et idiots, Monsieur Hulot, Monsieur Bébé, aux Une Vie de Chat de Jean-Loup Felicioli et Alain Gagnol vision chat» en noir et blanc, le parfum nauséabond surnoms en clins d’œil cinéphiliques. de Claudine en volute mauve qui se répand au- Témoins : une soixantaine d’enfants, une douzaine dessus des toits… d’adolescents et d’adultes, scotchés et silencieux. Bref jazz, polar, nuit, poésie et dessin animé font Parmi eux Pierre et Thomas (15 et 16 ans), qui ont vraiment bon ménage ! fort apprécié le gag du chien et le comique de INSPECTEUR A.G répétition. Et Théo (10 ans), qui trouve que c’est bien qu’ «ils» soient réunis à la fin. Un ciné-goûter a eu lieu le 12 janvier Verdict : le troisième long-métrage d’animation à l’espace Robert Hossein à Grans produit par Folimage, Une vie de chat, réalisé par Jean- Loup Felicioli et Alain Gagnol, est un polar, un vrai, LE REVEST | CAVAILLON | MARSEILLE | CANNES | BRIANÇON SPECTACLES 45

Le texte écrit par Nathalie Papin parle aussi, induite par la modeste taille des Choisir sa mère d’un enfant maltraité par sa mère, et marionnettes et la subtilité des rela- des impasses auxquelles cela conduit tions entre les personnages. Sylvie forcément, parce qu’on ne change pas Osman fait oublier son corps derrière de mère, même lorsqu’on rêve à ceux qu’elle manipule. Le jour de la d’autres, imparfaites. Debout raconte première sa voix fatiguée ne parvenait comment on peut grandir avec ça, et pas à s’imposer. Sans aucun doute un les enfants écoutent et regardent, simple problème de réglage… touchés par cette histoire qu’on leur AGNÈS FRESCHEL espère étrangère, mais qui met en scène un tabou commun : les mères, Debout a été créé à Carros même les meilleures, sont toujours le 7 déc et joué au Massalia castratrices. Et les pères absents, ou du 11 au 14 janv impuissants. et au Pôlejeunepublic La mise en scène d’Alexandra Tobe- du Revest les 18 et 19 janv laim, la scénographie, les marionnettes d’Arketal rendent l’émotion du texte À venir avec une simplicité stylisée. Jouant sur Debout

Debout © Makhi Xenakis les ocres et les gris, les ombres décou- 4 février pées, les projections et une La Licorne, Cannes manipulation simple, les marionnettes 04 93 94 33 44 s’abstiennent de toute tentation 15 février réaliste, tandis que le tempo lent Le Cadran, Briançon installe le spectacle dans une stratégie 04 92 25 52 52 d’attention au texte, abondant, et aux www.theatre-le-cadran.eu images, nombreuses. Dans une intimité Bel Andersen La réalité économique du théâtre illustration poétique, avec une grande Merci la vie ! jeune public est telle aujourd’hui qu’il marionnette, de La vendeuse d’allu- D’une situation dramatique à la Zola, est rare de voir une production se mettes, et s’attachant ensuite à une l’auteure Marie-Aude Murail pose la payer un tel décor… Et bien savez relecture actualisée de Petit Claus et question de la responsabilité et de la vous quoi ? Ce n’est pas un luxe, et grand Claus. Là sans doute la réussite tutelle (ce fameux «tututruc» comme cette coproduction de plusieurs est moins grande. Non dans la repré- l’appelle Barthélémy) ; le Théâtre du Centres dramatiques, et du Gymnase, sentation, mais dans le recours à des Phare imagine un théâtre de récit et réjouit les yeux du public. Ses décors transpositions caca prout répétitives, et d’objets qui parle au cœur des ados. enchâssés qui découvrent progres- à un jeu outré pas toujours pertinent Vocabulaire familier mais jamais sivement des espaces insoupçonnés, dans ses décalages. De même que la vulgaire, situations comiques pour faire des cadres dans les cadres, des boîtes séquence initiale où la comédienne passer la pilule du désespoir (il s’avère de jeu colorées, est un régal d’intelli- vient chauffer le public semble incon- que Siméon est atteint d’une gence de l’espace. Et les enfants grue : Andersen y suffit, et le talent de leucémie), décor a minima qui laisse adhèrent ! comprenant ainsi facilement trois comédiens au bel abattage. toute la place au jeu dynamique et que la comédienne, selon le plan sur A.F. émouvant de Lionel Erdogan. Oh boy ! lequel elle se trouve, est une conteuse, est un spectacle humain, vrai, drôle, qui une présentatrice, un personnage du Le Petit Claus et le grand Claus ne cache pas la réalité derrière un récit cadre, ou enchâssé. Car Le petit a été joué au Gymnase, Marseille, vernis, provoquant à coup sûr Claus et le grand Claus joue sur plu- du 11 au 13 janvier l’empathie du public pour la tribu sieurs niveaux de représentation des Morlevent. Car il remue des contes d’Andersen, débutant par une Oh boy ! © Thibaut Briere sentiments profonds et parle de la vie Le petit Claus et le grand Claus © Agnès Mellon Son histoire commence sans lui, au de chacun, l’amour filial, l’abandon, la début du commencement, quand il maladie, les copains… n’imaginait pas avoir une vraie famille. M.G.-G. Lui c’est Barthélémy Morlevent, 26 ans, sans emploi fixe et homosexuel. Libre Oh boy, Molière jeune public 2010, comme l’air jusqu’à ce qu’il lui tombe a été donné le 14 janvier du ciel Siméon, 14 ans, surdoué au PôleJeunePublic au Revest binoclard, Morgane, 8 ans, quasi et sera joué le 25 janvier transparente, et Venise 5 ans au Théâtre de Cavaillon surnommée Boucle d’Or, tous trois 04 90 74 68 68 orphelins depuis peu. Depuis que leur www.theatredecavaillon.com maman est tombée dans l’escalier… euh, suicidée, mais ça ils ne le savent pas. Il y a aussi Josiane, 37 ans, ophtalmologue, célibataire, domiciliée dans les beaux quartiers. Qui des deux aura la charge de leur éducation ?… 46 SPECTACLES AU PROGRAMME Thé russe Transparent Hop hop hop Dès 4-5 ans les contes parlent aux enfants, alors, Karin Serres a l’art d’écrire des textes qui font Accordéon, kazoo, maracas, concertinas, Muriel de quand ils transportent avec eux l’imaginaire Russe mouche et interrogent le jeune lecteur, et Louise les Mars sait tout jouer et tout chanter : des histoires jusqu’au Théâtre des Ateliers, c’est magique ! Jacques ours est plein de promesses. Son héroïne, Louise, a 11 hurluberlues de vaches sur un mur, de «tégévé», de Brossier, Alice Chenu et Maxime Potard donnent voix ans, elle vit au avec son père et sa grande crapaud à chapeau et même de galipettes ! Comme à Hailibu le chasseur au grand cœur qui, après avoir sœur quand une chose extraordinaire lui arrive ! un si Charles Trenet et Bobby Lapointe avaient essaimé sauvé la fille d’un dragon, reçoit un don d’une grande ours blanc transparent la suit jour et nuit, un leur grain de folie au milieu de comptines valeur… La recette conte spectacle, rencontre et compagnon de tous les instants, un double, un traditionnelles. À cloche-pied Hop Hop Hop est même goûter fait le succès des Lectures Plus du théâtre. confident. Mais elle seule peut le voir, sacré problème permis dès 0 ans, c’est dire… Hailibu le chasseur au grand cœur quand l’ours prolifère derrière chaque habitant… À cloche-pied Hop Hop Hop 26 janvier Difficile alors de quitter l’ours et faire le deuil de dès 0 ans Les Ateliers, Aix-en-Provence l’enfance. du 19 au 22 janvier 04 42 38 10 45 Louise les ours Le Lenche, Marseille 2e www.theatre-des-ateliers-aix.com dès 7 ans 04 91 91 52 22 9 et 11 février www.theatredelenche.info Massalia, Marseille 3e Décoiffant 04 95 04 95 70 > Au «pays du jamais jamais» de Peter Pan, on se prend www.theatremassalia.com Pacifique pour de méchants pirates ou pour une bande de Est-il si difficile de cohabiter dans le bonheur et dans gamins insolents, on crapahute sur le vaisseau la paix ? Si l’on en croit les deux artistes franco- fantôme et vole avec Betty Boop… Comme la israéliennes Einat Landais et Lital Tyano, il semblerait joyeuse tribu d’acteurs portés par Alexis Moati que oui. Sauf qu’en usant de la fable animalière, en parvient à rendre plus vraie que vraie l’illusion du associant jeu d’acteur et théâtre de marionnettes et théâtre, on croit dur comme fer aux rêves de la d’objets, en faisant planer au-dessus des hommes la famille Darling ! On se laisse totalement emporter blanche colombe, le spectacle parle aux enfants qui par la malice des comédiens, les trouvailles de la mise n’ont aucun mal à saisir le vrai sens de l’histoire : en scène et le rythme jubilatoire. harmonie. Peter Pan ou le petit garçon qui haïssait les mères Appartement à louer dès 8 ans dès 3 ans 8 février 4 et 5 février PôleJeunePublic, Le Revest Théâtre de Grasse 04 94 98 12 10 04 93 40 53 03 www.polejeunepublic.com www.theatredegrasse.com

© D-Mournet-Ramel Apprentissage À feuilleter Philippe Foch propose aux tout-petits un voyage au Simplement vêtue d’une robe et d’un collant noirs, cœur du son, un moment d’écoute particulier à Jeannine Gretler ouvre son album de souvenirs avec Vertigineux partager au plus près de l’artiste : Kernel est une gourmandise : entre deux accords de guitare et de À l’heure du plein, du trop plein et de l’abondance, la miniature sonore qui s’appuie sur les percussions qu’il violoncelle, elle se remémore mille et une anecdotes compagnie Les Racines du Vent marche à rebrousse- manipule, tablas, gongs, métaux auxquels il mêle sa de sa jeunesse, mêle le français, le suisse allemand et poil ! Elle évoque le vide et part à la rencontre de voix, point de départ d’une histoire particulière. l’anglais en un tour de main et endosse tous les rôles, ceux qui l’ont apprivoisé : trapézistes ou funambules Sur un texte de Suzanne Lebeau, Maud Hufnagel même celui de son chien Pepsi ! Bref, le spectacle bien sûr, mais aussi sages-femmes ou scientifiques… projette les enfants à cent à l’heure dans le miroir quelle drôle d’idée ! Un concept mis en musiques, en (qui l’interprète) et Lucie Nicolas racontent, avec des grossissant de leur propre vie. mots et en scène pour tous ceux qui n’ont pas le personnages de papier et métal, l’histoire de Petit Album photos vertige. Pierre, enfant différent, «pas fini», mis au ban de la dès 7 ans Vide société et qui mettra 40 ans, seul et en silence, à 19 janvier dès 14 ans construire un manège extraordinaire, joyau de la Forum de Berre 1er février Fabuloserie, musée d’art brut de Dicy. 04 42 74 00 27 Massalia, Marseille 3e Kernel www.forumdeberre.com 04 95 04 95 70 de 6 mois à 4 ans www.theatremassalia.com 2 et 5 février En éveil Petit Pierre Premier volet d’un projet artistique autour des dès 6 ans quatre étapes de la vie, La Naissance est une création Lumineux 15 février de Jung-Shi Chou, une Taïwanaise qui vit en France. Malgré la triste destinée de la petite sirène, Anne- Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 37 34 C’est aussi la rencontre entre la pensée orientale et Caude Goustiaux aime le texte merveilleusement > occidentale, les mythes et les légendes issus des lumineux d’Andersen qui dit la cruauté du royaume www.theatredurance.fr traditions asiatiques et européennes. Ombres de la mer si semblable au nôtre. Sa nouvelle création chinoises, marionnettes, jeu d’acteurs, d’ombres et de fera revivre sur la scène du Badaboum théâtre toute lumières tenteront de recréer cette étape magique la poésie du conte pour en dégager l’émotion et la d’avant la naissance. beauté. La Naissance La petite sirène dès 3 ans dès 4 ans 2, 4 et 5 février du 16 février au 4 mars Faucchin © Michael e Massalia, Marseille 3 Badaboum théâtre, Marseille 1er 04 95 04 95 70 04 91 54 40 71 www.theatremassalia.com www.badaboum-theatre.com SPECTACLESLIVRES 5147 Sans bobinette Punch Aérien La compagnie Vol Plané réinvente Le Malade Le Cirque National de Pékin sait y faire : pour sa imaginaire dans une mise en scène dépouillée et sans tournée européenne il a choisi d’adapter le célèbre esbroufe, dans un dispositif qui veut casser les ballet de Tchaïkovski, le Casse-noisette et ses conventions : tirades débitées à la mitraillette, début enfantines mélodies… La troupe, 18 acrobates à la des scènes projeté sur un écran, spectateurs sur la virtuosité époustouflante, a repris l’intrigue fantasti- scène derrière le trait tracé au sol qui la délimite… que du conte d’Hoffmann, mais transporte la jeune Résultat : un régal de spectacle qui redonne au texte fille poursuivant son Casse-noisette dans un pays sa folie comique. rêvé, exotique, où les corps s’envolent à renfort de Le Malade imaginaire cordes de soie, de trapèzes et d’effets spectaculaires. dès 10 ans Casse-noisette 18 et 19 février 31 janvier et 1er février Forum des jeunes, Berre Théâtre Toursky, Marseille 04 042 10 23 60 0 820 300 033 www.forumdeberre.com www.toursky.org Faim de loup © Serge Lucas Aquaphile Basée sur une douzaine d’albums de Jeanne Ashbé, En mouvement Où va l’eau ? est un spectacle pour tout-petits qui décline leur quotidien : le bain, le canard, l’éponge… dans un univers coloré qui permet de patouiller et patauger. Où va l’eau ? 18 mois et plus Version contemporaine du Petit Chaperon rouge, Faim 2 février de loup raconte l’émancipation et le refus de rentrer Forum des jeunes, Berre dans le rang d’une jeune fille désœuvrée, étouffée par 04 042 10 23 60 l’univers blanc dans lequel elle vit et les injonctions à www.forumdeberre.com se tenir bien bombardées par sa mère au téléphone. Laurie Cannac manipule et incarne les personnages 19 janvier avec des masques en papier mâché sur une mise en Espace 233, Istres scène d’Ilka Schönbein qui révèle subtilement les 21 janvier contradictions de l’adolescence. Espace Robert Hossein, Grans

Faim de loup 26 janvier Jarolim © Tomek dès 8 ans Médiathèque intercommunale, Miramas 13 février 29 janvier Yan Giraldou, qui fut jusqu’en 2008 danseur au Ballet Théâtre La Passerelle, Gap Le Théâtre, Fos Preljocaj, a toujours dans ses créations cherché à 04 92 52 52 52 www.scenesetcine.fr > animer l’image fixe. La BD dans ses Coloriages, et www.theatre-la-passerelle.eu aujourd’hui l’histoire des corps dans la peinture. Sa nouvelle création, répétée au Pavillon Noir, écrit une Histoire anachronique de la peinture, de la Renaissance Philosophes à l’impressionnisme, à travers des citations d’œuvres La compagnie Belge Mireille et Mathieu est connue qui auront le pouvoir magique de s’animer… et de montrer comment la représentation du corps a pour son humour décomplexé, excessif, déjanté. Avec Théâtre © Navio ARM ils en mettent encore plein la vue et les oreilles évolué au cours des siècles picturaux. sur le mode de «cascades d’imagination associative» : Histoire anachronique de la peinture à partir d’objets en tous genres trouvés sur les du 27 au 29 janvier marchés aux puces se succèdent à un rythme effréné Pavillon Noir, Aix des saynètes hilarantes, et toujours pleines de poésie, 0811 020 111 sur l’amour, la violence et le jeu. www.preljocaj.org Debout de bois est un spectacle basé sur le mouvement, l’acrobatie et la manipulation d’un tronc d’arbre qui sert tour à tour d’agrès et d’instrument de Passe ton Bach musique. Il sera question d’équilibre, dans un univers Un concert en après midi pour faire découvrir aux sonore et plastique fait de morceaux de bois qui tous plus jeunes les œuvres pour orchestre de Bach ? construisent ou déconstruisent la station verticale. Avec François Xavier Roth et son orchestre les ARM siècles, qui joue sur instruments d’époque, nul doute dès 6 ans que l’authenticité sera au rendez-vous, et qu’on se 25 janvier gardera du rubato et effets de masse romantiques. Et la pédagogie, dont on l’a vu faire preuve sur France Debout de bois 2 dans Presto ! dès 5 ans Presto Bach 1er et 2 février 26 janvier PôleJeunePublic, Le Revest-Les-Eaux Grand Théâtre de Provence, Aix 04 94 98 12 10 04 42 91 69 69 www.polejeunepublic.com www.grandtheatre.fr 48 LIVRES Recto verso Après le Jacquot de Monsieur Hulot, David aux prises avec une réalité climatique, urbaine ou sable derrière lui, dos aux lecteurs, il entre dans la Merveille - quel joli nom - met à nouveau en scène le sociale qu’il subvertit. Pas de bulles dans cette BD sauf mer et s’éloigne. Adieu ou au revoir ? héros burlesque de Jacques Tati dans un album au celles qui sortent de l’éternelle pipe du protagoniste. ELISE PADOVANI titre-apostrophe Hello Monsieur Hulot. Vingt-deux Pas de mots sauf ceux des titres malicieux de l’auteur. historiettes de deux pages racontées en deux temps, Un graphisme simple et précis qui fait la part belle aux deux mouvements ! Un recto fractionné en plusieurs objets. Si sur la couverture, Hulot en équilibre sur une Hello vignettes initie le récit qui trouve sa chute dans le verso gouttière, corps légèrement incliné et chapeau bas, Monsieur Hulot proposé pleine page. On tourne, retourne la feuille, semble rendre hommage, comme Merveille, au génie David Merveille sans mise à plat possible, heureux de repérer dans le de son créateur, inutile d’être tatiphile pour adorer à Éd. du plan d’ensemble les détails cadrés précédemment en tout âge l’intelligence de ce livre et ressentir la Rouergue, 15 € plans plus serrés. Lecture sautillante et ludique ! On mélancolie de la dernière saynette où le héros se met suit le personnage funambulesque, courtois et décalé, aux abonnés absents. Ses effets abandonnés sur le Piotr aime le loup Conte pacifiste Riche idée qu’a eue le CNDP que de rééditer le loup, sauvage, symbolise aussi une séduisante Il était une fois un chevalier qui n’aimait pas DVD de Pierre et le Loup de Suzie Templeton. Tout le liberté. faire la guerre, qui était triste quand il faisait du mal monde connaît le conte symphonique, écrit et La musique a été enregistrée à Londres par le à quelqu’un et qui préférait ramasser des composé par Prokofiev en 1936, destiné à familiariser Philharmonia Orchestra dirigé par Mark Stephenson. champignons dans les sous-bois plutôt que partir les enfants avec les instruments de l’orchestre : bravant On peut regretter que le DVD n’ait aucun bonus sur en croisade… Il avait beau être grand et fort, tout l’interdiction de son grand-père, Pierre s’aventure dans la réalisation du film, ni sur la musique et l’orchestre, le monde le trouvait anormal, et surtout le roi, qui la forêt et, avec l’aide d’un oiseau farceur et même si le livret pédagogique propose des éléments craignait pour la réputation de son royaume… Il d’un canard rêveur, il trouve le courage de de connaissance de l’œuvre et des obligea donc le chevalier au grand cœur à aller capturer le loup. suggestions d’activités. Destiné aux terrasser une créature maléfique au milieu de la Utilisant la technique d’animation «image classes de maternelle et de forêt enchantée pour prouver sa bravoure. Son par image» - plus de 45000 ! - popu- primaire, le film ravira aussi le grand cœur de grand chevalier fut brisé une fois la larisée par le studio Aardman pour la cycle d’adaptation du collège ainsi chose faite, et il devint tellement inconsolable qu’il série des Wallace et Gromit, la réali- que les amateurs de cinéma et de menaça de noyer le royaume sous ses larmes, satrice, Suzie Templeton a pris le musique… et les enfants qui transformant les chariots en bateaux et les poissons parti d’un film sans paroles, ce qui peuvent le voir avec l’Orchestre de en fleurs… Ce joli premier texte écrit par Nathalie donne un relief particulier aux Toulon, dans un ciné-concert qui Meynet est superbement illustré par Hippolyte qui images souvent audacieuses tourne depuis trois ans dans la région mélange l’aquarelle aux traits légers de la plume et comme les contre-plongées du (voir p 43). du crayon. Sans être follement originale, l’histoire a duel entre Pierre et le loup. Elle ANNIE GAVA le mérite de faire situe le conte dans un univers tomber un préjugé russe contemporain peuplé de DVD vidéo de 33 min + livret pédagogique tenace… DO.M. mafieux et de brutalité, où le SCÉRÉN-CNDP, 14 € Le Chevalier au grand cœur Nathalie Meynet, Une histoire vraie Hippolyte Difficile d’y croire et pourtant c’est mère bien sûr), de dessins Océan Jeunesse, 15 € vrai : Antony Penrose, dit Tony, a mor- d’enfants, de reproductions de du Picasso ! Preuves à l’appui, enfin tableaux, sculptures et céramiques de presque… Tony, quand il était petit, l’artiste, le livre «s’amuse» à la mesure vivait dans une ferme du Sussex en de la démesure du personnage en un Angleterre avec sa mère photographe bric-à-brac joyeux de polices de (Lee Miller) et son père peintre et caractères différentes, de jeux de noir Enfance de l’art poète (Roland Penrose). Entouré et blanc et de couleurs. Le garçon qui a Il est des rééditions dont on ne se lasse pas, comme celle du superbe d’animaux et d’œuvres d’art, il fit la mordu Picasso est un livre joyeux où album de Shaun Tan, L’arbre Rouge, que Gallimard Jeunesse vient de reprendre connaissance «de l’un des plus grands l’on découvre un «géant» facétieux qui dans une nouvelle traduction (première édition par la compagnie Créative en artistes de tous les temps». Dans ce adorait se déguiser et faire le clown, en 2003). Texte minimaliste, avec des mots coup de poing, «inéluctable», minuscule récit autobiographique état de création quasi permanent, à la «inaccessible»… Le désespoir est là, le mal de vivre poussé au paroxysme, à ne raconté dans un style alerte, Tony nous cuisine ou jardin. Du très grand art à la plus savoir ce que l’on est soi-même. Jusqu’à la découverte du bonheur, éclosion dit sa fascination pour «ses portée des plus jeunes rouge qui n’était pas si loin que cela, juste au pied du lit. Une belle approche de mains ahurissantes», racon- grâce à ces anecdotes cette interrogation sur le monde avec des images superbes, univers de bleu, de te la séduction de Picasso d’enfance vives et simples. rouge, sublimes gris colorés, qui instaurent une atmosphère de mystère et de sur ses hôtes et sur lui- M.G.-G. fantastique à la fois. L’arbre Rouge nous fait plonger dans l’univers trouble de nos même, l’appétence de interrogations secrètes à travers un ensemble de tableaux d’une variété de l’artiste à transformer tout Le garçon qui a mordu Picasso techniques et de motifs d’une richesse rare. Une profondeur exceptionnelle. ce qu’il voyait en art, (une histoire vraie) MARYVONNE COLOMBANI même son ours en Antony Penrose peluche et son taureau Thames & Hudson, 14,95 € L’arbre Rouge William ! Fourmillant de Schaun Tan photos (la plupart de sa Gallimard Jeunesse, 13,90 € LIVRES 49 Le peintre et la BD Géant ! Lorsqu’un auteur de BD et un poursuite de son rêve, construire Il s’appelle Crann et sa force est surhumaine, aussi les émissaires du peintre se rencontrent au cœur d’un un opéra pour son village, il suit la roi de Prusse qui souhaite détenir la garde la plus haute du monde (taille livre, toutes les fantaisies semblent vision du plafond qu’il veut peindre. minimum : 1m88 !) vont le convaincre de s’enrôler dans le prestigieux corps permises. Dans sa dernière BD, On s’amuse à chercher dans les dif- des Lange Kerls. Comment le berger irlandais va devenir l’un de ces soldats Joann Sfar met en scène un Chagall férentes vignettes des échos de d’élite, c’est ce que raconte la BD romanesque de Laurent Rivelaygue et Oli- (pas le vrai) jeune, peintre et amou- l’œuvre de Chagall, couleurs vives et vier Tallec. Une belle construction de roman, avec un zeste de fantastique reux. Rejeté par le père de la jeune aériennes, personnages flottants (un énorme chien rouge apparaît, comme suscité par les colères du héros), fille jusqu’à ce qu’il ait un «vrai comme détachés du sol, vision oni- de l’aventure, une histoire d’amour… Dans une mise en page sobre les métier», il part demander au Rabbi rique d’un monde où tout semble vignettes sont autant de tableautins, superbement orchestrés, dans des tons de Loubavich ce qu’il doit choisir, sa subjectivisé. Les yeux bleus distendus pastel où les gris colorés jouent de fines harmonies. Les personnages sont peinture ou son amour. Il déambule du héros de la BD observent avec croqués dans la vivacité du mouvement, attitudes, expressions stylisées qui dans la campagne biélorusse, ren- une profonde humanité ce qui l’en- ne manquent pas d’humour, rouges vifs, épaules étroites des sbires, ou larges contre des personnages loufoques, toure. L’humour aussi établit une à en occuper le cadre entier lorsqu’il s’agit de celles de Crann. Une foule de un homme qui se prend pour Jésus distanciation avec la folie du monde : personnages, remarquablement caractérisée, émaille les aventures de ce Christ, un Golem, un vio- Chagall dessine le violo- héros hors du commun. Les formes ébauchées loniste qui ne cesse de niste en jaune, ce des décors créent des ambiances où la subjec- jouer, un capitaine de dernier s’interroge tivité domine. Il y a des bleus, des ocres et des cosaques et sa troupe sur ce symbole, et le grisailles magnifiques …. Un très beau roman qui n’obéit qu’à celui peintre déclare «tu qui unit l’originalité de l’histoire au plaisir des qui porte le manteau es jaune parce que yeux. de commandement… j’avais du jaune»… MARYVONNE COLOMBANI Le tout se dessine au M.C. travers d’une errance Les grands soldats (une aventure de Cathal colorée, le peintre Chagall en Russie Crann) esquisse, griffonne, livre Joann Sfar Laurent Rivelaygue et Olivier Tallec aux autres ce qu’il per- Gallimard, 13,90 € Gallimard, coll. Bayou, 17 € çoit. Obnubilé par la Le manga sauve les livres ! La culture manga oscille-t-elle entre bêtise tés fondamentales. L’intrigue ? Dans un futur assez convenus, de la jeune fille étourdie aux louables manichéenne et violence, histoires gnangnan et proche, les bibliothèques, derniers bastions d’indé- intentions, au chef injuste parce qu’il se reproche yatta infantiles ? Pas uniquement ! La littérature pendance intellectuelle, subissent les assauts des erreurs passées, en passant par l’amie effi- manga recouvre un nombre impressionnant de des forces du comité d’améliora- cace et séduisante… Mais on se laisse genres et de registres et à l’instar des autres formes tion des médias. Le corps de emporter avec plaisir dans ce récit qui sait de littérature, elle connaît aussi bien la niaiserie que bibliothécaires s’est doté équilibrer rocambolesque et argumenta- l’excellence. Son écriture est particulière, avec des d’unités spéciales de défense tion. D’ailleurs, comment résister à rejets, des italiques, un style économe à l’extrême, afin de protéger les livres mis quelqu’un qui n’hésite pas à citer Heine que l’on rencontre aussi bien dans les BD mangas à l’index. Le thème par lui- «Là où on brûle les livres, on finit par brû- que dans les romans qui les inspirent. Hiro Arikawa même manque de caractère ler les hommes» !!! est un maître en la matière. Library Wars, saga de fictionnel, tant les autodafés M.C. politique fiction, offre une appréhension pertinente nourrissent dramatiquement des problèmes de notre temps. De quoi éveiller les notre histoire… Certes, les carac- Library wars (volume 1 Conflit) consciences et rendre vigilants lorsque l’on grignote tères des personnages Hiro Arikawa sous couvert d’arguments sécuritaires des liber- correspondent aux stéréotypes Glénat Roman, 14,99€ Dragons sur planche d’anatomie Un livre comme on en rêve alimentation, empreintes fossilisées, Le Monde des Dragons lorsque l’on a envie de donner chair dentitions (souvent terrifiantes !) S. A. Caldwell à notre imaginaire, bestiaire fantas- jusqu’aux légendes qui entourent ces Gallimard Jeunesse, 18 € tique et en même temps forgé à géants. On apprend aussi les res- l’enclume de l’observation scienti- sources de leurs organes : leur langue fique, voici Le Monde des Dragons, vous rendra intelligent et beau par- recueil des secrets de la vie de ces leur, leurs os sont dotés de animaux qui peuplent la littérature propriétés curatives… Le graphisme fantasy. Construit comme un ouvrage est somptueux, les représentations de vulgarisation sur la vie de telle ou d’un réalisme saisissant, les couleurs telle espèce animale réelle, l’ouvrage superbes. Un ouvrage à mettre entre de Caldwell livre «tous les secrets les mains de tous les futurs dragono- sur ces animaux fantastiques». Rien logues ! n’échappe à cette investigation, taille, M.C. poids, durée de vie, reproduction, 50 CINÉMA GRIM | MANOSQUE | COLLECTIF 360°| AIX Folâtreries et drapés Une soirée dont on sort charmés, conquis, heureux, avec prise à caméra unique, anticipant le sentiment illusoire mais jubilatoire d’être intelligent, les mouvements qu’il connaît par c’est ce que nous a offert la carte blanche laissée à cœur, traduisant visuellement le Extérieur nuit par le GRIM. Une conférence musicale tempo musical. Ce n’est plus seu- d’abord, où William Dongois et Freddy Eichelberger, lement l’opéra qui est filmé mais la cornet à bouquin et clavicorde à l’appui, montraient musique elle-même, la création en comment certains musiciens «préludaient», folâtrant acte. Image, partition entrent en d’une note à l’autre, parcours improvisés loin de la trame osmose avec le texte de Quinault, écrite. dont Malgloire a rappelé qu’il ne Puis la projection de Revenez plaisirs exilés, un film compte que quelque 200 mots inédit revenu quant à lui d’un exil de 18 ans, dont Jac- retenus pour leurs sonorités, et que ques Rozier, le réalisateur, et Jean-Claude Malgloire, le choix d’un accord très bas (diapa- spécialiste du répertoire baroque, ont conté l’aventure. son 392hz) rend plus intelligibles,. En 1992, Rozier, aidé d’un ami adoubé perchman pour Tout fait corps sur l’écran et devient Revenez plaisirs exiles de Jacques Rozier l’occasion, capte les répétitions et la générale d’Alceste, évidence. Alceste pleure, Admète opéra de Lully dirigé par Malgloire ; dispositif a minima héros aux costumes et aux coiffes sublimes. meurt et c’est un bonheur ! Du pour filmer ce spectacle mis en scène par Jean-Louis Rozier prend le temps d’assister aux répétitions que grand art. Martinoty, d’une munificence digne du Grand Siècle, décortique le deuxième film de la soirée, un «impromp- ÉLISE PADOVANI tout d’or et de drapés, où les statues s’envolent, les dieux tu» rapidement monté par ce jeune passionné de 84 ans descendent des cintres, les trappes engloutissent des à partir des 35 heures de rushes. Il court le risque d’une Voyages en cinéma

Du 1er au 6 février se tiendront, à petite Fille de la terre noire et égaré dans sa propre histoire ; Mise dont le portrait filmé en 2000 par Manosque, les 24e Rencontres Himalaya, le pays d’où vient le vent, à nu, l’histoire d’un écrivain et sui- Gérard Courant, L’Homme des Cinéma du Réel à l’Imaginaire qui confrontation d’un homme et d’un cide designer ; L’oiseau qui suspend Roubines sera présenté en ouver- proposent une semaine de lieu qui sera projeté en ouverture, le son vol, une mise en abyme de la ture à 18h. On pourra ainsi (re)voir projections, de rencontres entre les 1er février à 21h au Théâtre Jean le condition du cinéaste et, en pre- La terre de la folie tourné quasiment spectateurs et les cinéastes invités. Bleu. mière française, son dernier film, Je sur place, ses courts, Un Steak trop Cette année un invité exceptionnel, Cinq films inédits, donc, L’Echo du viens de Pusan, présenté en cuit, Terres noires et Le Litre de lait, Jeon Soo-il, un cinéaste coréen indé- vent en moi, trilogie autour du compétition au dernier festival de un vrai faux film sportif, Parpaillon. pendant, dont deux films seulement thème du temps qui passe ; Entre San-Sébastian. Et, bien sûr, des films que le public ont été distribués en France, La chien et loup, portrait d’un homme Autre invité de marque, Luc Moullet, choisira par leur renommée, com- me Nostalgie de la Lumière du Chilien Patricio Guzman, Le Voleur de lumière du Kirkhize Aktan Arym Kubat, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs, ou, pour le plaisir de la découverte, comme Pudana last of the line de la Nénètse Anastasia Lapsui et de Markku Lehmuskallio, A ciel ouvert, un film d’Iñès Compan sur les mines d’argent et sur la précarité en Argentine… et bien d’autres encore. Car vous l’aurez compris, c’est à de beaux voyages en cinéma que le public est convié à Manosque, au théâtre Jean Le Bleu et au Cinéma Le Lido ! ANNIE GAVA

Rencontres cinéma de Manosque 04 92 70 35 45 www.oeilzele.net

Pudana last of the line de Anastasia Lapsui et Markku Lehmuskallio Remue-méninges Le 13 janvier la salle du Variétés était pleine pour la soirée de lancement de la tournée du film Remue-ménage dans la sous-traitance d’Ivora Cusack, co-produit par le collectif 360° et même plus. Tourné sur une période de quatre ans, avec peu de moyens, ce film suit la grève entamée à Paris en mars 2002 par 35 femmes de chambre, employées par la société Arcade pour travailler dans les hôtels Accor. Cadences infernales, horaires à rallonges, manque de respect de leurs employeurs, voilà ce que refusent ces femmes, d’origine africaine pour la plupart. Après un premier petit succès en 2004, la déléguée syndicale, Mayan Faty, est licenciée et la lutte continue, soutenue par un comité de soutien très actif : pique-niques dans le hall des hôtels, discussions avec les clients. Certaines scènes sont savoureuses ! On rit (jaune !) aussi devant un PDG qui compare le travail harassant du ménage des chambres d’hôtel à la planche à voile : ce ne serait qu’une question d’entraînement ! Ce documentaire militant et solidaire brosse quelques beaux portraits de femmes et a le mérite de rappeler cette lutte qu’on avait déjà oubliée. En revanche, le débat qui a suivi n’avait pas un grand intérêt malgré la présence des éditions Agone qui ont malheureusement peu parlé de leur nouveau numéro, Comment le genre trouble la classe. ANNIE. GAVA

DVD disponible sur http://atheles.org www.360etmemeplus.org Le virtuose Il est le film noir français à lui tout célèbres, que l’on définit comme ses seul. Treize films, visibles à l’Institut «films d’hommes» (Le Doulos en de l’Image d’Aix du 5 au 25 janvier, 1962, Le Deuxième Souffle en 1966, ont fait de Jean-Pierre Melville un Le Samouraï en 1967 ou encore Le incontournable. D’abord considéré Cercle rouge en 1970). Comment ne comme un intellectuel pour ses col- pas fondre d’admiration devant le laborations avec la Nouvelle Vague plan d’introduction du Samouraï, ou ses adaptations à l’écran du Si- plan fixe de la chambre du tueur, lence de la mer de Vercors en 1947 interprété par Delon, à la frontière et des Enfants terribles de Cocteau de l’expressionnisme ? Comment en 1950, il impose très vite une volonté oublier l’incroyable tour de force du de cinéma total où ses obsessions braquage de la bijouterie dans Le pour la fatalité et l’honneur servent Cercle rouge, séquence de 25 minu- d’ancrage à l’expression d’une virtuo- tes sans aucun dialogue, ou son sité formelle remarquable. Instable, introduction, elle aussi totalement mégalomane, il s’autoproduit, tourne silencieuse ? Il faudrait bien des mots, dans ses propres studios. Sa filmo- bien des pages, pour n’omettre au- graphie prend deux directions cune des réussites de l’homme au distinctes, l’une influencée par son stetson et aux lunettes noires, dont expérience personnelle pendant la des réalisateurs comme John Woo, seconde guerre mondiale et qui Johnnie To, Jim Jarmusch ou enco- parcourt la délicate période de re Tarantino se posent aujourd’hui l’Occupation (Le Silence de la mer, en admirateurs. Léon Morin, prêtre en 1961, L’Armée Vous avez quelques jours encore des ombres en pour vous rendre à Aix… 1969), et l’autre RÉMY GALVAIN qui comprend ses films Cycle Melville les plus Institut de l’Image jusqu’au 25 janv Cité du livre, Aix 09 64 23 37 86 www.institut- image.org

Jean-Pierre Melville © X-D.R. 52 CINÉMA RENDEZ-VOUS D’ANNIE | VITROLLES

Du 19 au 25 janvier se tient le festival AFCAE - Le 21 janvier à 21h30 à La Maison du Peuple Kurde, Le 27 janvier à 18h00 à l’Institut Culturel Italien, à Télérama. Comme douze cinémas de la région, Peuple et Culture propose la projection de Lumumba, l’occasion du Jour de la Mémoire projection du film l’Alhambra Ciné Marseille vous donne l’occasion de la mort du prophète de Raoul Peck suivie d’une Hôtel Meina de Carlo Lizzani, inspiré par des faits voir les films que vous avez «loupés» ou que vous avez discussion. Le 22, à partir de 19h, ce seront des réels au lendemain de l’armistice du 8 septembre envie de revoir : Mammuth de Gustave Kervern et témoignages sur la création cinématographique 1943… Benoît Delepine ; Poetry de Lee Chang Dong ; Des aujourd’hui en présence d’Olivier Barlet, directeur Le 1er février à 18h00, pour le 150e anniversaire de hommes et des Dieux de Xavier Beauvois ; Vous allez d’Africultures et avec la participation d’Antoine l’Unité de l’Italie, l’Institut Culturel Italien, en rencontrer un bel et sombre inconnu de Woody Allen; Tsitungu Kongolo, auteur de l’anthologie Poète ton collaboration avec le Consulat Général d’Italie et avec Dans ses yeux de Juan José Campanella ; Tournée silence est un crime. Projection de Kukan Kurcia (Le Le Museo Centrale del Risorgimento de Rome, de Mathieu Amalric ; Fantastic Mr Fox de Wes cri de la tourterelle) de Sani Elhadj Magori et d’Un présente 1860 d’Alessandro Blasetti précédé de deux Anderson et Les Mystères de Lisbonne de Raoul Ruiz. transport en commun, le road movie musical de documents rares : La Presa di Roma de Filoteo Pour connaître le programme, contactez les salles de Dyana Gaye. Alberini, premier film muet Italien et Il piccolo votre ville : à Aix, Le Renoir et le Mazarin ; à Apt, le Peuple et Culture Marseille Garibaldino. Le 8 février à 18h00, ce sera Piccolo Cinemovida ; à Briançon, l’Eden Studio ; à 04 91 24 89 71 mondo antico (Le Mariage de minuit) de Mario Soldati Forcalquier, Le Cinématographe ; à Gardanne, Le 3 www.peuple-et-culture.org avec Massimo Serato, Alida Valli… Casino ; à Manosque, le Lido ; à Nîmes, Le Institut Culturel Italien Sémaphore ; à Pertuis, Le Lubéron ; à Toulon, Le 04 91 48 51 94 Royal ; à Vaison la Romaine, le Palace. Le 24 janvier à 20h30 à l’Utopia-Manutention à www.iicmarsiglia.esteri.it Alhambra Ciné Marseille Avignon, Cuba, une utopie blessée de Renaud 04 91 03 84 66 Schaack : à travers un voyage dans l’histoire et ses Le 28 janvier à 20h30, l’occasion de la rencontre avec www.alhambracine.com tumultes, ce film propose une réflexion sur les Edmonde Charles-Roux organisée par les Écritures Tournee de Mathieu Amalric ambitions et les difficultés d’une politique culturelle croisées, l’Institut de l’Image propose de revoir Oublier émancipatrice. La projection sera suivie d’une Palerme, l’adaptation de son premier roman, Prix rencontre avec Ana Maria Sanchez, directrice de la Goncourt en 1966, de Francesco Rosi avec James Maison Victor Hugo de La Havane. Belushi, Mimi Rogers, Vittorio Gassman… : Carmine 04 90 82 65 36 Bonavia, d’origine sicilienne, a posé sa candidature à www.cinemas-utopia.org/avignon la mairie de New York. Le thème principal de sa campagne électorale est la lutte contre la drogue. Fasciné par son pays d’origine, il part en voyage de Le 25 janvier à 19h au cinéma le Pagnol à noces à Palerme… Aubagne, en partenariat avec le FIFA, le Institut de l’Image département SATIS, propose une projection de 04 42 26 81 82 Farinelli en présence du réalisateur Gérard www.institut-image.org Corbiau, suivie d’une discussion et d’un débat Oublier Palerme de Francesco Rosi autour du travail réalisé sur le son. Cinéma le Pagnol 08 92 68 81 13 Les Mardis de la Cinémathèque proposent, le 18 SATIS / Université de Provence janvier à 19h, au CRDP, Et Vogue le navire de Fellini. http://satis.univ-provence.fr Le 25, ce sera Les Espions de Clouzot. Cela continue dès le 1er février avec Forfaiture de Cecil B de Mille ; puis la cinémathèque se fera plus littéraire avec, le 8, Le 27 janvier à 20h, en partenariat avec le cinéma Zazie dans le métro de Louis Malle d’après Queneau, Prado, l’association Cinépage propose Stranger than et le 15 Hiroshima mon amour d’Alain Resnais Paradise de Jim Jarmush : Eva quitte la Hongrie et d’après Duras. retrouve son cousin Willie, installé depuis 10 ans aux La Cinémathèque de Marseille États-Unis. Inadaptés à cette terre de désillusions, ils 04 91 50 64 48 partent de Miami découvrir le paradis de la Floride, royaume du jeu et dernier espoir d’un exil douloureux. Le 28 janvier à 17h à l’Alcazar, en partenariat avec Le 21 janvier à 18h30, Attac Pays d’Arles organise une Cinépage Cinémémoire et la Cinémathèque de Marseille, projection débat à la Salle de conférence de Saint- 04 91 85 07 17 projection de films rares sur l’eau en Provence : Martin-de-Crau : Water Makes Money, le www.cinepage.com des courts métrages réalisés par Cinémémoire ; documentaire réquisitoire contre les multinationales Stranger than paradise de Jim Jarmusch Débordements à Pelissanne de Raymond de l’eau de Leslie Franke et Herdolor Lorenz. Menjelou ; Serre-Ponçon de Jacques Hubinet… http://local.attac.org/13/arles Alcazar 04 91 55 90 00 Le 21 janvier à 20h30 au cinéma Renoir à Martigues, www.bmvr.marseille.fr soirée débat autour du film Cheminots, avec un des réalisateurs, Luc Joulé, Robert Mencherini, historien, Le 28 janvier à 20h30 à l’Alhambra Cinémarseille, le et des membres du CE Cheminots – PACA. chorégraphe Michel Kélémenis animera un débat Le 1er février à 18h30, toujours au cinéma Renoir à après la projection de Les Rêves dansants d’Anne Martigues, en partenariat avec le Café Citoyen de Linsel et Rainer Hoffmann (voir Zib 35) : en 2008, Pina Provence, soirée Mondialisation que faire ? : projection Bausch, quelques mois avant sa mort, décide de du film de Coline Serreau, Solutions locales pour un reprendre son spectacle Kontakthof avec des désordre global, suivi d’un débat animé par adolescents qui n’ont jamais dansé… l’économiste Fabrice Aubert en présence de Le 2 février à 20h30, à l’Alhambra, Jean-Pierre Thorn représentants des AMAP. présentera 93, la belle rebelle, une épopée du rock au Cinéma Jean Renoir slam en passant par le punk et le hip hop, incarnant 04 42 44 32 21 un demi-siècle de résistance musicale en Seine- http://cinemajeanrenoirblogspot.com Saint-Denis… CINÉMA 53

Le 28 janvier à 20h au Variétés, en collaboration avec l’Institut Paoli-Calmettes, Projection de Ma compagne de nuit d’Isabelle Brocard en présence de la réalisatrice et d’Emmanuelle Béart. Polar, Julia, architecte en apparence comblée, décide d’employer une aide ménagère. Mais la jeune fille comprendra très vite que Julia est atteinte d’un cancer en phase terminale et a besoin de compagnie pour finir ses jours. Un lien puissant va peu à vous avez dit polar ? peu unir les deux femmes qui partageront ces derniers moments de vie... Les Variétés, Marseille 04 96 11 61 61

Le 29 janvier de 15h à 20h30, à La Friche, clôture de la Semaine du Son autour des films de Robert Guédiguian, 17 opus de 1980 à 2011. À 15 h, projection et rencontre autour de Lady Jane. À 18 h, débat rencontre avec Vincent Commaret et Valérie Meffre, monteurs son, Benoit Ivanesco, Laurent Lafran, Gérard Lady Jane de Robert Guediguian Lamps, ingénieurs du son, Gérard Meylan, comédien et Bernard Sasia, chef monteur. de Lautner de La Cartonnerie - Friche la Belle de Mai Du 8 au 13 février se tiendra au Cinéma Les Lumières 04 95 04 95 04 e SATIS / Université de de Vitrolles, la 2 édition de Polar en Lumières. Provence Au programme, littérature, théâtre, musique et cinéma http://satis.univ-provence.fr flingueurs tontons Les En ouverture, le 8 février à 19h, zoom Dalla Chiesa, interprété par Lino, de sa sur le polar algérien. Une table ronde nomination à Palerme en mai 1982 jus- Le 1er février à 20h, au cinéma Variétés, en avant-première en collaboration avec la réunira le parrain de la manifestation, qu’à son assassinat en septembre, région PACA, Carancho de Pablo Trapero, avec Ricardo Darin, Martina Gusman, en Yasmina Khadra, directeur du Centre tournée sur les lieux mêmes où les présence de Thierry Frémaux, Délégué Général Festival de Cannes. culturel algérien de Paris, également évènements se sont déroulés. Et à Sosa, un avocat véreux, un «carancho», profite sans scrupules des victimes des romancier et auteur de polars, Adlène 20h45, Les Tontons flingueurs de Laut- accidents de la circulation à Buenos Aires et s’enrichit grâce aux assurances et à Meddi, rédacteur en chef d’El Watan ner, un classique dont on ne se lasse la corruption. Un soir, il rencontre Lujan, une jeune urgentiste qui essaye de sauver week end à Alger et auteur d’une très pas ! La projection sera suivie d’une la vie d’un homme. remarquée Prière du Maure (éd Jigal, rencontre avec Clélia Ventura, la fille de Les Variétés, Marseille voir Zib’30), et Okacha Touita, Lino. 04 96 11 61 61 réalisateur du film Morituri, d’après le Le 12 à 17h, un film de Frédéric Cérulli, roman de Yasmina Khadra, dont la Le thanato, avec Gérard Meylan et projection suivra le débat. Durant la Chantal Lauby, ouvrira les festivités qui Du 3 au 5 février, à l’Atrium de Salon se guerre civile qui déchire l’Algérie, le se poursuivront jusqu’à l’aube avec la tient le 2e festival international du Film commissaire de police Brahim Llob reprise de la programmation du festival, des droits de l’homme organisé par traque les islamistes dont il devient la plus quelques surprises, lors d’une plusieurs associations. Les quatre cible. Son directeur l’oriente vers Ghoul grande nuit du polar. documentaires programmés, parmi Malek, un ancien potentat du régime, Le 13 février, en clôture et en avant- lesquels Les enfants perdus de M’Bour qui le charge de retrouver sa fille dis- première, L’art d’aimer à Marseille de de Daniel Grandclément sur les droits parue. Dans le contexte actuel de Frédéric Vignale, adapté du roman très de l’enfant au Sénégal, ont été manifestations et de mécontentement overlittéraire d’Henri-Frédéric Blanc, sélectionnés au Festival de Paris. populaire en Algérie, nul doute que les en présence de l’équipe du film, Serge Les enfants perdus de M'Bour de Daniel Grandclement 04 42 64 20 20 discussions seront animées et qu’il y Scotto, Sophie Garagnon, Gilles Asca- www.salondeprovence.fr aura à dire sur le rôle d’éveilleur de ride, HF Blanc, Elisa Sanz... conscience et de scrutateur social du Toute la semaine, de nombreux auteurs polar, en littérature comme au cinéma. tiendront salon pour rencontrer le Le 10 février à 20h30, à l’Alhambra, projection de 7 courts métrages sélectionnés Le 10 février, ce sera une soirée en public et dédicacer leurs ouvrages dans pour le César du meilleur film d’animation parmi lesquels Chienne d’histoire de compagnie de Cédric Anger, ancien le hall du cinéma. Serge Avédikian, Matières à rêver de Florence Miailhe, Mémoire fossile d’Arnaud critique aux Cahiers, scénariste et Le jeune public ne sera pas oublié : Demuynck et Anne-Laure Totaro… Alain Ughetto, primé en 1984 pour La Boule réalisateur, dont seront proposés deux spectacle le mercredi, ciné-goûter le animera la soirée. films : à 18h30, Le Tueur avec Gilbert dimanche avec Une vie de chat (voir p Alhambra Cinémarseille Melki, Grégoire Colin et Mélanie 44). Les écoliers de CM2 de la ville, que 04 91 03 84 66 Laurent, et à 20h45 L’avocat. Les Jean-Luc Luciani a aidés à rédiger des www.alhambracine.com projections seront suivies d’une ren- nouvelles policières viendront aussi contre avec le réalisateur, en présence signer leur ouvrage. de Mathieu Croizet et d’André Fortin, Entre les lignes, sur les écrans, pour tous deux professionnels de la justice tous les âges, avec en prime quelques Appel à candidature : compétition de courts métrages tournés en Provence pour (Croizet est avocat, Fortin juge d’ins- concerts, le polar sera assurément le 9e festival Provence Terre de Cinéma qui aura lieu à Rousset du 28 avril au 1er mai. truction), et auteurs de romans policiers. sous les feux de la rampe ! Les films doivent être envoyés avant le 1er février aux Films du delta, 2 rue Marie Le 11 à 18h30 débutera une soirée hom- ANNIE GAVA ET FRED ROBERT Mauron 13790 Rousset mage au grand Ventura avec la 04 42 53 36 39 projection de Cent jours à Palerme de Cinéma Les Lumières www.filmsdelta.com Giuseppe Ferrara : la chronique de la 04 42 77 90 77 vie du «préfet antimafia», le général www.cinemaleslumieres.fr 54 ARTS VISUELS ARLES | MARSEILLE Lumières in situ Une première dans le patrimoine arlésien : dès mars les Cryptoportiques et la chapelle Saint Honorat seront habités par de lumineuses installations d’art contemporain Arles abrite un nombre croissant accompagné d’ateliers à destination d’initiatives en faveur de l’art contem- du jeune public (les Lucioles) et des porain. Associations, collectifs et adultes dans lesquels intervient lieux de diffusion (Archipel, collectif l’artiste invité, ainsi que des confé- E3, l’Atelier du Midi, Le Magasin de rences. Une publication conçue avec jouets, Galerie Huit…), et édition d’art les éditions Analogues doit garder (Analogues) ont émergé ces der- trace de chaque manifestation par nières années ébauchant un réseau nature éphémère. Le premier volet encore modeste mais non dénué de la programmation 2011 est confié d’ambitions. à Anne-Marie Pêcheur, artiste ins- tallée à Marseille et enseignante à Lumières et ombres l’École des beaux-arts qui investira Créée en février 2010 à l’initiative de les Cryptoportiques dès le mois de Laetitia Talbot, l’association Aspho- mars. Viendra ensuite la proposition dèle se propose de concevoir et plus minimaliste d’Adalberto Meca- réaliser des projets d’art contempo- relli pour la chapelle Saint Honorat. rain sur les problématiques de la Sont aussi pressentis pour les Anne-Marie Pecheur, projet pour Helichrysum - Lumieres ephemeres, lumière et du son en liaison avec le projets à venir Michel Verjux, Ann installation, cryptoportiques, Arles, 2011 © Cindy Lelu patrimoine et le territoire arlésien. Veronica Janssens... et un rêve pour projets sont réalisés avec la Ville et Helichrysum, Lumières Ephémères Sous le terme générique l’espace Marseille 2013, l’artiste américain grâce à des partenariats logistiques Anne-Marie Pêcheur pour l’art, ces installations in situ, au James Turrell. «Je n’ose pas enco- et techniques. Nous regardons aussi à partir du 11 mars rythme d’environ trois annuelles, re y croire, se reprend Laetitia Talbot. vers des espaces autres que le pa- Cryptoportiques, Arles sont confiées sur projet par un Pour cette proposition dans des trimoine, naturels, une friche, un Association Asphodèle comité scientifique à des artistes lieux bruts qui nécessitent une ingé- coin de fenêtre. Nous faisons avec www.espacepourlart.com reconnus pour leur pratique dans ce nierie particulière, les budgets ne ce qui est possible». domaine. Chaque évènement est sont plus les mêmes, même si nos C.L. Les couleurs de la vie Dans le hall d’entrée de l’Association régionale techniques différents comme mon pulvérisateur à chromatique… Et le résultat comble les pour l’intégration à Marseille, la surprise est de vigne et introduit ma culture personnelle». espérances du Pr Jacques Pantaloni, Recteur, taille : d’ordinaire si sobre, le voici paré d’un arc- Gravement atteints de déficience motrice et Président de l’ARI : «Jean-Jacques Surian a été en-ciel de couleurs. Une cinquantaine d’œuvres mentale, «leur main est comme un sismographe l’effet papillon. Avec les œuvres qu’ils ont graphiques recouvrent les murs déployant selon l’état de leur être, de leur âme, souligne réalisées avec lui, ils ne sont plus handicapés, ils énergie et joie de vivre : Sophie, Rémy et leurs l’artiste. Il n’y a aucune possibilité de figure donc existent à part entière : ils ne sont pas inertes». quatre autres compagnons, pensionnaires de j’interviens dans la rapidité ou le mouvement». Pour un physicien qui travaille notamment sur le l’Établissement pour enfants et adolescents Sur l’espace aussi, la technique, l’agencement chaos, le compliment est de taille et laisse polyhandicapés Germaine Poinso-Chapuis, ont des formes, le hasard, la gestuelle, la palette présager plein de projets, comme ceux de faire vécu là une expérience unique autour de la circuler les dessins dans d’autres établissements, Marc © X-D.R peinture. Avec pour guides l’art-thérapeute faire entrer «le beau et le qualitatif» pour voir la vie Catherine Hery et l’artiste Jean-Jacques Surian en couleurs ou encore inviter les artistes dans les qui a joué «les éléments perturbateurs» : «j’ai murs, pas seulement au siège… travaillé sur leurs propres écritures car leurs M.G.-G. traces m’ont inspiré, j’ai apporté des éléments Regards, gestes et signes Sophie © X-D.R jusqu’au 17 mai sur rendez-vous ARI, Marseille 6e

04 91 13 41 40 Anne-Laure © X-D.R UNIVERSITÉ DE PROVENCE | ÉCOLE SUPÉRIEURE D’ART D’AIX ARTS VISUELS 55 Mix mode d’emploi

Mix est une aventure éditoriale et curatoriale à Planche 1 © Laurence Lagier trois : Laurence Lagier (dessins et photographies), Brice Matthieussent (textes), Fanette Mellier (graphisme et couleur). Son objet est polymor- phe : un livre indescriptible - ni catalogue, ni livre d’art, ni monographie - et une exposition à la galerie de l’École supérieure d’art d’Aix-en- Provence. Qui fait suite à des rencontres avec le trio d’artistes à la librairie Histoire de l’œil et à l’Atelier de visu à Marseille en décembre dernier. Bref, Mix est à décrypter entre les pages, au fil des signes, des traces, des ponctuations colorées. Et pour la visite, un protocole d’usage est vivement recommandé : 1 / lire le texte original de Brice Matthieussent, Lomo Reticulens, totalement fictionnel, qui prend pour socle le genre polar et pour héros Lomo, professionnel réputé, habile connaisseur des aérogares et autres chambres d’hôtel… Où il est déjà question de bien savoir circuler… 2 / manipuler l’ouvrage en tout sens, addition de photographies, textes et dessins tirés sur «papier à fiche» : 1 face papier peint (jaune-rouge-bleu), 1 face imprimée. Tiré à 500 exemplaires, il est vendu au prix de 19 euros et diffusé par le réseau de l’association Marraine Ginette et dans les bonnes librairies. 3 / découvrir les œuvres de Laurence Lagier, entre les originaux et les reproductions pour jouer Dessin © Laurence Lagier notamment les planches réalisées avec les au jeu des différences… car Fanette Mellier a fait Mix étudiants de l’atelier de sérigraphie de l’École «basculer» les 3 couleurs du papier dans les Laurence Lagier, Brice Matthieussent, Fanette supérieure d’art, ses dessins et tirages photo- dessins. Mellier graphiques originaux. Répétitions et variations 5 / ne pas hésiter à retourner sur les lieux pour jusqu’au 29 janvier autour d’un même thème : la circulation (signes prendre Laurence Lagier sur le fait, rubans de Galerie de l’École supérieure d’art, et symboles) en Chine, au Mexique et ailleurs… scotch à la main, dessinant au jour le jour sur les Aix-en-Provence Journal de bord des tribulations de l’artiste. murs de la galerie… 06 25 83 35 56 4 / naviguer dans l’espace d’exposition livre en M.G.-G. main et effectuer de savants allers et retours Bons papiers «Quiconque se met en face d’une Situ, précise : «nous tirons à 700/800 œuvre d’art contemporaine ne sau- exemplaires que nous distribuons rait recourir à des jugements tous nous-mêmes. Il est financé par le faits, précis et traditionnellement FSDIE (Fonds de Solidarité et de autorisés» Lionel Venturi, Histoire Développement des Initiatives Etu- de la critique d’art. diantes ndlr) pour chaque numéro Les publications de la critique d’art sur présentation d’une étude prévi- nombreux sont abondantes. Mais la sionnelle. On aimerait passer à 1000 critique (d’art) l’est-elle encore ? La et introduire la couleur, pour les question est posée dans une modeste projets plastiques en particulier». mais vivace publication étudiante à Cela fait cinq années qu’Ex-Situ l’occasion d’un colloque qui s’est publie des «critiques d’art visant à e tenu à Aix (L’art du 21 siècle, un état analyser les caractéristiques d’une des lieux, du 18 au 20 nov). Ex-situ exposition, d’un ensemble d’œuvres, attribue une jolie volée de bois vert à et à documenter le travail d’un ar- l’évènement, preuve prometteuse tiste». La troisième édition a ouvert que l’esprit critique n’attend pas le ses pages aux étudiants d’art pour Visite de l’exposition «les collections italiennes du musée des Beaux-arts», 2010 © Virginie Gaillat nombre des années ! des projets plastiques, et la pre- d’Art s’associe à l’ASC (Association Conçu et réalisé par des étudiants mière de couverture comme la mise Solidarité Communication, Univer- Association Courant d’Art en histoire de l’art de l’Université de en page de ce numéro 10 ont été sité de Provence) à l’occasion de la Ex-Situ, nouvelles de l’art actuel Provence, membres de l’association conçues par des étudiants de l’École Journée internationale de la femme http://courantdart.over-blog.com Courant d’Art créée en 2002, Ex- des beaux-arts de Marseille. Quant pour un concours photographique Situ est un trimestriel gratuit né aux projets à venir après le succès sur le thème La femme… son corps trois ans plus tard. Aldric Mathieu de Capture en 2010 en partenariat ici et ailleurs. le nouveau rédacteur en chef d’Ex- avec le Ballet Preljocaj, Courant Critiques à vos plumes ! C.L. 56 ARTS VISUELS GALERIEOFMARSEILLE | VIDÉOCHRONIQUES | SAFFIR Vingt sacs

Picasso griffonnait sur les nappes Boderiou, 2010Pierre Sans titre, Mine de plombsac de papier kraft, © X-D.R d’un des objets emblématiques du attente de finition, imparfaits et en papier. Pierre Boderiou pour sa consumérisme : le sac. En papier impersonnels qui contrastent avec part a choisi de dessiner sur des kraft brun de préférence, plus écolo. la platitude du support, un conte- sacs en papier kraft de supermar- Délaissant pour un moment sa tech- nant marronnasse, maigre et vide. ché. Sa dernière série, Drive in pour nique à l’aquarelle hyperréaliste Les images d’indignation de Pierre une partie de campagne est punai- (voitures de police, armes à feu) Boderiou évoquent l’effroi de Mau- sée aux cimaises de la Galerie Saffir. l’artiste indigné trace minutieuse- passant qui déplorait déjà à la fin de Vivre à la campagne n’est pas une ment à la craie noire (une technique son siècle une campagne déflorée sinécure. Surtout lorsque dans son de dessin traditionnelle aux rendus par les outrages des industries environnement, un hameau classé charbonneux) des représentations envahissantes. Le bonheur n’est pas du XVIIe, il faut supporter l’emprise plus ou moins évanescentes, un peu forcément dans le pré, ni la belle grandissante de douteuses zones ombreuses, incertaines. Issue de affaire dans le sac. pavillonnaires. Forcément ça prend transferts photographiques pris en C.L. les nerfs. Pourtant Pierre Boderiou maraudant dans les chantiers de est plutôt du genre paisible mais construction, cette imprécision Drive in pour une partie lorsque la bétonnière est pleine, s’oppose à l’exactitude du dessin de campagne c’est le dessin qui est appelé à la technique ou des vues publicitaires Pierre Boderiou rescousse. Devant cette frénésie flatteuses vantant des habitations jusqu’au 19 mars sans gloire de l’accession à la pro- rêvées mais stéréotypées. On devine Saffir, galerie nomade priété, le remède est de s’emparer des perspectives d’intérieurs en saffirgalerienomade.blogspot.com Quitte ou double Dès les années 80 l’artiste suisse de bouts de ficelle et de matériaux Raoul Marek imagine des événe- de récupération, recouverte des ments sensibles et conviviaux où le célèbres cabas Tati, Dior ou Gucci ! Points de bascule public fait partie intégrante de ses En contrepoint, sur le mur du fond, D’abord en Russie puis à œuvres, inscrivant alors son travail une troisième projection fixe le Vidéochroniques, Cathe- dans une démarche «d’esthétique mouvement d’un oiseau qui va et rine Melin a conçu Point relationnelle». Installations ou pho- vient dans un cercle rouge, dépla- d’appui comme une tos, repas ou rencontres, éditions cement ininterrompu qui agit exposition globale que le d’objets ou vidéos, toutes ses propo- comme un leitmotiv lancinant. Si le regardeur doit expéri- sitions mettent en œuvre des vernissage demeure un moment- menter par ses propres notions d’hospitalité mais aussi de clef de l’acte artistique pendant déplacements physiques. rituels. Plus provocatrice, Vivre ou lequel l’artiste, le galeriste et le Cette artiste lilloise, ins- mourir est une exposition-installa- spectateur sont au coude à coude le tallée depuis un an à tion qui place le galeriste dans une temps du «jeu», le dispositif anti- Marseille, s’intéresse à vraie position marchande et le métaphori-que permet de rejouer la l’idée du mouvement des spectateur dans une posture d’ac- scène en s’interrogeant, comme corps, même mentalement, teur. Devenu partenaire complice Raoul Marek, sur l’état psycholo- face à l’immobilisme du d’un enjeu, il paye sa quote-part, gique actuel de notre société : bâti (aire de jeux, mobi- Vue de l’exposition Point d’appui, Catherine Melin parie aux courses de chiens, trinque «gagner ou perdre serait devenu lier urbain) et à la © Vidéochroniques/Frédéric Gillet au comptoir et espère rafler la une situation sociale aussi intense dépersonnalisation des zones périphériques (arrière-cours d’immeubles, mise… des multiples et des cartes que celle de vivre ou mourir» ? espaces de repos, parkings). Elle pose sa caméra, son appareil de jeu avec gravé en lettres d’or le M.G.-G. photographique, intègre lignes de fuite et lignes de force architecturales pour logo Winner ! déployer ensuite, par analogies, ses données visuelles et sensibles en Wall Dès l’entrée, le galeriste derrière sa Vivre ou mourir Drawing, sculptures tubulaires modu-lables, vidéos, création son et guérite invite à pénétrer dans son Raoul Marek installations. Dans les espaces ouverts de Vidéochroniques, chaque pièce lieu d’art transformé en lieu de jusqu’au 12 février adoube l’autre, tout aussi singulière et unique, pour composer un ensemble perdition. Après deux vidéos de Galerieofmarseille, Marseille 2e cohé-rent qu’elle nomme Montagnes russes, et produire un paysage optique scènes de courses projetées en 09 53 10 15 26 et sonore en mouvement, un parcours dynamique que l’espace mental doit miroir, voici la cabane des paris, faite www.galerieofmarseille.com reconfigurer. Car les combinaisons échafaudées par Catherine Melin Vue d’ensemble exposition Raoul Marek, Vivre ou Mourir, Galerieofmarseille 2010 © X-D.R dédoublent les formes à l’infini, repoussent les limites de l’es-pace, décu- plent les perspectives par le jeu de dessins au fusain sur les murs et les poutres, désolidarisent les architectures du sol (sans socle, les «obstacles» sont en apesanteur). Quand elles ne nous placent pas en total déséquilibre à la manière d’un culbuto. M.G.-G.

Point d’appui Catherine Melin jusqu’au 5 février Vidéochroniques, Marseille 2e 09 60 44 25 58 www.videochroniques.org

58 LIVRES RENCONTRES Juste avant Noël La librairie Histoire de l’œil, en parte- nariat avec l’ADAAL, a offert à ses clients Soupe aux un avant-goût des fêtes, en invitant l’écrivain ukrainien Andreï Kourkov. Qui a dit que la culture était Première jolie surprise, l’idée de renou- veler le principe de la rencontre littéraire en crise et que l’arrière-pays en instaurant la formule du brunch était un désert culturel ? dominical. Ambiance décontractée et La soupe aux livres qu’organisent les conversations détendues au jardin donc, Éditions Parole de Jean Darot dé- avant et après la rencontre, autour d’un montre le contraire, avec une culture buffet savoureux. Et entre ces deux mo- vécue, construite par les discussions, les ments de dégustation gourmande, un écrits aussi bien que les paroles. Cette régal de rencontre. La deuxième sur- sympathique manifestation voyage prise est venue de Pascal Jourdana qui entre les villages, les villes, s’ancrant avait lui aussi prévu de donner une chaque fois dans le paysage local, par le tournure festive à l’événement. Faisant Andreï Kourkov © Philippe Matsas/opale/éditions Liana Levi travail avec une association, une tourner un chapeau rempli de papillo- structure qui permet la mise en place tes, il a invité les participants à déguster matérielle. Depuis 2008 elle rassemble les friandises avant de poser à l’invité les de manière conviviale et souvent questions qu’elles contenaient, et qu’il érudite (mais sans prétention) lecteurs, avait spécialement concoctées. Une ma- auteurs confirmés ou «occasionnels». nière amusante de susciter un dialogue Textes, lectures, images, films, pièces, informel, auquel l’intéressé s’est soumis partage d’écrits, de paroles, et la soupe de bonne grâce. Quant à la troisième bien sûr, à déguster en prolongeant la surprise, c’était la présence à Marseille conversation, idées, références, titres, de cet écrivain célèbre, traduit en 33 entre le fromage et le dessert, chaleur, langues, auteur d’essais politiques, de sourires, complicité. scénarios, d’articles, de livres jeunesse et À Entrevennes, le 19 décembre der- surtout de romans. Avec sa barbe, sa nier, la soupe aux livres avait un parfum rondeur et son air débonnaire, Andreï particulier, car elle s’articulait autour du Kourkov a fait cadeau de sa présence joviale, de son français favori est Nikita Kroutchev, encore un Ukrai- mouvement insurrectionnel pour la impeccable (l’une des 7 langues qu’il parle aujourd’hui), de nien remarquable, auquel il a d’ailleurs consacré l’un de défense de la République en Provence son humour et de sa fantaisie (que ses lecteurs connais- ses romans ; que pingouins et Soviétiques sont «les mêmes en décembre 1851, en réaction au coup saient déjà, et qu’ils ont pu voir en live ce dimanche-là). animaux collectifs». Sans illusions mais sans cynisme, d’état du 2 décembre par Napoléon III. Que retenir de ce jeu de questions-réponses ? En vrac, que Kourkov porte sur l’ex-URSS ainsi que sur l’Ukraine et la Deux temps forts, la présentation de Kourkov, Ukrainien qui écrit en russe, préfère être Russie actuelles un regard dénué de complaisance mais l’ouvrage de Frédéric Négrel, La société considéré comme européen ; qu’il réside à Kiev, comme un plein de tendresse pour les êtres, animaux et humains, qui montagnarde d’Artignosc et celle de autre écrivain célèbre, Boulgakov, dont il partage peuplent ces étranges contrées. L’homme semence de Violette Ailhaud, l’«optimisme noir» et le goût de l’absurde ; qu’il collec- FRED ROBERT avec son émouvante interprétation tionne, outre les langues, les cactus, les animaux (nombreux théâtrale par la compagnie Base Art. dans ses fictions), les disques et gramophones ; qu’il pensait Andreï Kourkov était invité La grande histoire s’entremêle de toutes devenir «écrivain soviétique» dès l’âge de 15 ans ; que c’est à Histoire de l’Œil le 12 déc à midi. les histoires particulières, destins brisés pendant son service militaire, alors qu’il était gardien de ou exaltés, et les témoignages se bous- prison, qu’il a commencé à écrire et que depuis il n’a plus À lire : Le pingouin et Le dernier amour du président culent. Frédéric Négrel explique, resitue cessé ; qu’il le fait chaque matin de 5 à 11h ; qu’il aime (coll. Points), ainsi qu’aux éditions Liana Levi les évènements, rappelle le dates, les Gogol quoiqu’il le juge «trop dépressif» ; que son héros Laitier de nuit. chiffres, s’appuie avec précision et clarté sur les travaux qu’expose son ouvrage (étude d’une remarquable précision, s’appuyant sur les archives, du cas parti- Trois contes culier d’Artignosc). On ne souvient Pour qui n’a jamais lu Kourkov, les que toute vie mérite d’être vécue, que plus beaucoup aujourd’hui de l’am- trois courts récits réunis sous le titre toute histoire est digne d’être racon- pleur de la révolte de 1851, de la Surprises de Noël forment une bonne tée. Qu’importent les trafics, les boîtes violence de sa répression, qui entraîna intro-duction à son univers. La neige, de striptease minables et les empri- condamnations, exécutions, déporta- le froid, l’humidité peuplent ces sonnements abusifs, s’ils permettent tions en Algérie ou à Cayenne. 2000 quelques pages, les désillusions aussi d’accéder au rêve… Jolie démonstra- condamnations pour les seules Basses et même la prison. Pourtant, tout le tion de cet «optimisme noir» dont Alpes ! Certains hochent la tête dans temps, quelque chose luit qui Kourkov s’est fait une spécialité et l’assistance, de nombreuses familles réchauffe le corps et l’âme. Une soirée qu’il manie aussi habilement que gardent en mémoire les traces de ces exceptionnelle dans un lieu hors du l’humour à froid. évènements, de destins particuliers F.R. temps, la réalisation d’un rêve absur- bouleversés pour avoir simplement de et poétique, la mise en œuvre soutenu la République, qui nous sem- d’une entreprise loufoque dans un Surprises de Noël ble si évidente aujourd’hui. cadre im-probable, dans les trois cas, Andreï Kourkov Frédéric Négrel justifie son choix de c’est l’espoir qui l’emporte. Et l’idée Liana Levi, coll. Piccolo, 4 € passer par le particulier, qui semble LIVRES59 Marabout, livres et résistance bout de ficelle… Frédéric Valabrègue est né à Marseille qui tente de rendre le rythme africain et en 1952. Il y est revenu en 2000, après les sensations éprouvées là-bas. J’ai aussi avoir vécu 16 ans au Niger, plusieurs voulu créer un personnage qui ait en lui années en Amérique du Sud puis à une fraîcheur d’intuition, une joie et Paris. Cet infatigable voyageur, qui une débrouillardise à toute épreuve. enseigne l’histoire de l’art à Luminy, Abdou serait une sorte de picaro ? trouve encore le temps d’écrire. Des Oui, et Le Candidat un mini roman essais sur l’art, mais aussi des récits et picaresque, puisqu’il ne fait que 250 des romans. Son dernier ouvrage, Le pages ! J’ai voulu faire d’Abdou une candidat, vient d’être publié chez P.O.L. machine de vie. C’est un Candide qui avance et qui croit foncièrement à l’issue, Zibeline : Depuis quand écrivez-vous ? qu’il bricole par tous les moyens, en Frédéric Valabrègue : J’ai commencé s’aidant des animaux et du surnaturel si assez tôt à rédiger des articles. J’ai égale- nécessaire. Abdou a l’intuition de tout ; ment écrit beaucoup de poésie ; certains tout ce qu’il ne connaît pas, il l’imagine. textes ont été publiés dans des revues. Comme les autres, il aspire à l’altérité. Je La Soupe aux livres d’Entrevennes, rencontre avec Frédéric Négrel © X-D.R Pour moi, écrire, c’était écrire de la trouve d’ailleurs révoltant que les jeunes anodin, donc sans intérêt, anonyme : «rompre avec cet anonymat, c’est poésie. D’ailleurs, je lis surtout de la occidentaux puissent aujourd’hui voya- ouvrir la possibilité d’une mesure du banal». Comment s’est élaborée la poésie et des essais, très peu de romans. ger à leur guise, alors que la jeunesse conscience politique dans les milieux ruraux ? La collation des multiples cas Pourtant, depuis 1989, vous en avez africaine est enfermée, qu’on lui refuse particuliers fournit une approche fine et une meilleure appréhension des écrit 4… le droit à la diversité du monde. faits. Les sociétés secrètes, les chambrées («chambretto» en provençal, le plus Oui, car c’est là que j’arrive à libérer ma Abdou représente donc la jeunesse souvent les foyers républicains de la Provence), sont-elles des préfigurations langue. Des poèmes que j’ai écrits, il y africaine de partis politiques ? En tout cas, ces lieux de discussions ont favorisé les en a peu dont je sois content. Le roman Oui, et tous les hommes aussi. Derrière prises de conscience, et le fonctionnement démocratique de la société. La me permet de retrouver la poésie par un lui et son histoire, il y a des films, les Provence connaissait ainsi une vie dense, les idées circulaient, et le coup autre biais, à travers la charge émotion- littératures créole et africaine, l’ombre d’état du 2 décembre suscita révoltes et soulèvements. nelle et l’incandescence dont j’essaie de d’Ulysse également… et tellement d’au- La répression dépeupla les campagnes, laissa des villages entiers sans hom- nourrir mes textes. tres souvenirs... mes. L’homme semence raconte la vie de ces femmes qui se retrouvent seules, En 2005, vous avez publié Les Mauvestis, Votre langue, très particulière, est un dans un village face à la montagne de Lure. Le livre lui-même a une belle un beau succès. Vous définissez ce texte reflet de ce mélange. histoire. Violette Ailhaud l’écrit en 1919, le glisse dans une grande enve- comme une «chronique». Pourquoi ? J’essaie de réaliser un montage de tous loppe qu’il ne faudra pas ouvrir avant l’été 1952 et le destine par testament Au contraire de certaines fictions au ces bouts de ficelle, qui forme une allé- à l’une de ses descendantes entre 15 et 30 ans. Yveline découvrira le long cours à l’américaine, qui s’écrivent gorie. Ce montage, il faut lui donner de témoignage de son aïeule en 1952. Texte bouleversant, chargé d’une poésie au passé, je cherche toujours à m’ins- la musicalité et du rythme par le glisse- puissante digne d’un Giono, forte et sensuelle, sensitive, brûlante. C’est si crire dans un présent, dans un réel fait ment du langage. C’est ainsi que je beau que de nombreuses troupes l’adaptent au théâtre, Jean Darot nous lit de matière, de choses vues et entendues, procède, par glissements successifs. même une lettre du Rwanda… L’interprétation vibrante de Laure Bruno et une sorte de reportage. Avec Les Mau- Une aventure poétique finalement ? Emmanuelle Le Caro (très belle composition à la harpe) vous happe dans vestis, je visais à rendre l’oralité de la Oui, car c’est le langage qui crée la l’éclairage amoureux de Paul Bruno (voir Zib’23)… parole d’ados marseillais. Mais certains péripétie. De la soupe ? on en redemande ! critiques y ont vu un tableau des jeunes PROPOS RECUEILLIS PAR FRED ROBERT MARYVONNE COLOMBANI de banlieue ; ce n’est pas du tout ce que Voir la chronique du livre p. suivante j’ai voulu faire. Il y a parfois des rendez- vous imprévus avec l’actualité… L’homme semence Aujourd’hui encore, avec Le Candidat Violette Ailhaud qui débute au Niger, vous vous inscrivez Éditions Parole, dans une actualité sensible Coll. Main de femme Ce n’est pas pour cette raison que j’ai écrit ce «roman africain». Mes trois livres précédents avaient Marseille pour cadre. Je désirais cette fois me transporter dans un lieu qui ne concerne plus mon envi- La société secrète ronnement immédiat mais ma mémoire. Foley/P.O.L © John Valabregue Frederic montagnarde d’Artignosc J’ai vécu une jolie adolescence au Niger Frédéric Négrel et j’ai voulu rendre hommage à ce pays, Éditions 1851 - à son espace si particulier, à sa musique, Association pour à sa ruralité. la mémoire Qu’évoque ce roman, puisque cette fois des résistances vous l’appelez «roman» ? républicaines Ce livre est un hymne au Niger et à l’Afrique. Il reprend tout ce que j’ai en- tendu dire, tout ce que j’ai senti, vu, lu. C’est une sorte de bric-à-brac mobile, 60 LIVRES LITTÉRATURE La bande à Bodo Avertissement (ne pas confondre avec «Préface») : ce lonisation et de l’indépendance, la France en filigrane... roman n’est pas oulipien affirme benoîtement l’auteur... Entre Jacques le Fataliste, Zadig et le Neveu de mais la lectrice - voir statistiques démographiques et Rameau, Bodo va et vient au gré de ses identités ; le culturelles - n’est pas obligée de croire monsieur Jac- roman se déploie, galope ou se prélasse dans la ques Jouet qui entretient avec le réel, donc la fiction, digression, le zig-zag et l’intertextualité exigeant de la des rapports très complexes ! Bodo, c’est d’abord le lectrice vaillante une attention sans faille ; littérature cousin de Lucy, déjà sapiens ; Bodo noir, c’est l’afri- plurielle sinon potentielle qui offre dans un foison- cain, qui joue le rôle de Baudot blanc, le colon éternel nement prolixe une Phèdre de village, une rencontre (existence mythique attestée chez le griot Don Alilo, Bodo-De Gaulle au bout du rouleau à Baden-Baden, texte à l’appui) au cours du wassan kara, forme des contes et des paraboles, des documents d’archives théâtrale satirique et carnavalesque en usage dans la aussi et tout le reste. Jacques Jouet aime et respecte seconde moitié du XXe siècle au Niger, interdite en l’Afrique ; puisant dans le cliché de l’énergie vitale le 2005. Bodo, c’est aussi et surtout le fils du susnommé, carburant de son épopée, il donne au Sarko discours évincé lui de la représentation, pour avoir incarné trop de Dakar, sans jamais le regarder en face, un sacré goût librement le président Kountché : vagabond, guéril- de ringard ! Bodo lero, paléontologue d’occasion notre héros picaresque MARIE-JO DHÔ Jacques Jouet traverse méthodiquement des pans de l’histoire du P.O.L. 19,90 € continent africain, charmes et désolations de la déco- Somme poétique La poésie est un genre qui, éditorialement, est mori- originaux : même lorsque vous ne comprenez rien à bond. Si on en écrit encore on en lit très peu, et les leurs arabesques (18 langues, 5 alphabets) elles vous quelques lieux qui persistent à en publier comme le parlent… D’amour, de sexe (les quelques femmes), de cipM tirent à un nombre d’exemplaires très restreint. mer assez peu, de fruits paradoxaux, et de douleurs. Lorsqu’on ajoute à ce constat la difficulté des traduc- De héros épiques et de traces concrètes, de refuges tions poétiques, et le relatif désintérêt des éditeurs pour aussi, de maisons. On y retrouve quelques textes qu’on certaines littératures étrangères, on ne peut que saluer aime, qui vous amènent à feuilleter plus loin vers un les éditions Gallimard qui publient en format poche ailleurs inattendu. Les poèmes de la rive sud sont plus une Anthologie des Poètes de la Méditerranée. Antho- âpres, durs, hantés de morts, de révoltes et de guerres. logie très contemporaine, les plus anciens ayant une Ceux du nord s’attachent à la Méditerranée comme vingtaine d’année, et tous les poètes publiés étant une mère, ceux du sud ne la voient pas. vivants, et certains très jeunes. Comme toute notre histoire l’anthologie commence Ce projet éditorial est porté par Culturesfrance et en Grèce, et se termine, après un tour complet des Marseille Provence 2013, qui revendique ce livre nations, par sa frontière macédonienne. En passant comme un emblème de ce qu’elle veut faire. Interroger par le Levant, l’Afrique, l’Europe. Des notices biogra- la Méditerranée à travers la poésie contemporaine est phiques courtes nous renseignent en fin d’ouvrage sur un joli signe, et le résultat est très convaincant : le choix la centaine de poètes présents. Ce qui provoque des des poètes - il en manque toujours dans une antho- allers retours et un inconfort de lecture, accentué par Les Poètes de la Méditerranée logie - est remarquable, ainsi la volonté de faire figurer une mise en page peu claire. Mais l’essentiel n’est pas là. Préface Yves Bonnefoy en face de leurs traductions françaises les textes AGNÈS FRESCHEL Poésie Gallimard, 12 € Embarquement immédiat Du voyage d’Abdou, jeune griot burkinabé en route suis toujours hissé sur des épaules invisibles». Une des pour l’Europe où il veut aller «étudier la vie», Frédéric grandes qualités du roman de Valabrègue est de Valabrègue ne prétend relater qu’ «un tronçon sur transcrire, dans une langue charnelle et bricolée, qui une longue portée». On le prend donc au Niger, on le charrie ruptures syntaxiques de l’oral et fulgurances suivra jusque sur les eaux de la Méditerranée. L’im- poétiques, l’énergie vitale et l’imagination fertile de ce portant c’est le mouvement : «Il s’est dit : l’homme, si «candidat» au passage. De faire jaillir des pas et des t’as la capacité, tu files vers le nord. […] Si t’as la rêveries du griot voyageur l’image d’une Afrique à la patience, tu grignotes la route. Les petits sentiers font fois mythique et résolument contemporaine. Dénué les grands périples». Ainsi va Abdou, du Niger à la de tout folklore exotique ou compassionnel, ce récit Lybie. Berger occasionnel, récupérateur de canettes en d’apprentissage en pièces détachées est un sacré alu, guide pour touristes en mal d’exotisme, travailleur viatique. exploité dans une saline ou un campement de rebelles FRED ROBERT et même steward improvisé sur la barque de l’exil, il peut tout faire. Un as de la débrouille doublé d’un Le candidat jongleur de mots qui sait plaider sa cause pour avancer, Frédéric Valabrègue avancer toujours. Car le désir et la détermination sont P.O.L, 16 € plus forts que tous les obstacles : «Faut essayer. Je me Lire l’entretien avec Valabrègue en p. précédente LIVRES 61 Terres maudites Le même désenchantement suinte des romans de de son frère tant aimé, soulève le couvercle malodorant Gary Victor et Yahia Belaskri. Le même fatalisme. Une posé sur les laissés pour compte et le pouvoir de vie chape de plomb fossilise la société haïtienne, une ou de mort des puissants, dénonce l’immobilisme vague de violence inonde la terre algérienne ; clanisme d’une société archaïque aux croyances indéboulon- Le sang et la mer ancestral et racisme chez l’une, fondamentalisme nables. Le séisme sera bientôt inévitable… L’écriture Gary Victor religieux chez l’autre. minutieuse, hachée, lancinante de Yahia Belaskri Les mêmes âmes désespérées tentent vainement de ajoute à l’enfermement de Déhia, Adel, Badil dont les lutter contre un avenir si noir «que même les rêves ne destins funestes se croiseront inévitablement dans cette sont que cauchemars». Le sang et la mer de Gary société prisonnière «du ciel bas de l’horreur». La mort Victor plonge Hérodiane et son frère Estevel dans les qui fauche au hasard par la main d’un fanatique ou entrailles putrides de Port-au-Prince et l’enfer de son d’un étudiant malchanceux, l’intransigeance religieuse bidonville Paradi ; Si tu cherches la pluie, elle vient d’en qui dynamite le cœur des familles. Des vies martyri- haut de Yahia Belaskri naît d’un terrible mensonge, sées dont l’auteur amplifie l’asphyxie par son tempo de l’un des maux du pays. L’intrigue romanesque, fina- plus en plus durci. lement, n’a que peu d’importance, ce sont les tragédies Hérodiane est plongée dans ses lectures, Déhia et Adel de l’histoire récente qui sont les vrais «héros», leurs sont de brillants universitaires : d’une même voix, les Si tu cherches la pluie, ravages sur les hommes, l’ébranlement des certitudes, deux écrivains s’attachent à la force des livres et de elle vient d’en haut la violence des sentiments. Partir ? combattre ? espé- l’éducation comme seule planche de salut pour des Yahia Belaskri rer ? Tout cela à la fois, confusément. Gary Victor peuples à bout de souffle. Malgré le peu de ciel bleu emprunte un style métaphorique qui amplifie les au-dessus de «leurs pays d’épouvante». Vents d’ailleurs, Coll. divagations d’Hérodiane et la figure fantasmagorique MARIE GODFRIN-GUIDICELLI littérature Ici & ailleurs, 17 € et 14 € Albanie blues Né en 1944, fils d’un violoniste tombé en disgrâce, gueule du loup. Cet homme instable, dont la parole Fatos Kongoli ne s’est résolu à devenir romancier même est sujette à caution, semble incarner la qu’au début des années 1990, au moment de la chute schizophrénie d’une Albanie coupée en deux, entre du régime communiste albanais, l’un des plus durs de l’ancien et le nouveau. Le récit aussi, structuré selon l’ex-bloc de l’Est. Écrivain de la transition démocra- des allers-retours dans le temps et les points de vue tique, ses livres évoquent ouvertement la dictature et narratifs, révèle la cassure intime du personnage ses conséquences ; ainsi La vie dans une boîte d’allu- central, de toute une génération. Le roman offre ainsi mettes, traduit en 2008, dont il viendra prochainement une plongée saisissante dans l’Albanie «d’avant» tout parler à Marseille. Un récit étrange, qui commence en relatant l’avènement d’un nouvel ordre, pas comme un roman noir (le personnage principal, Bledi franchement réjouissant non plus. Terziu, tue involontairement une jeune Tzigane), se FRED ROBERT termine comme un roman noir (la police sonne à sa porte) mais offre tant d’autres pistes… Après l’homi- La vie dans une boîte d’allumettes cide inaugural, il faut bien sûr se débarrasser du Fatos Kongoli cadavre et éviter d’être soupçonné. Là n’est pourtant Rivages, 18 € pas l’essentiel. Kongoli met en scène un individu L’auteur sera invité à la BDP pour la prochaine fragile, proche des êtres perturbés qui hantent les rencontre d’Écrivains en dialogue (organisée par nouvelles d’Edgar Poe et se jettent tout seuls dans la l’ADAAL), mardi 25 janvier à 18h30. Jeune Genêt On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans… La figure Mettray, fugues à répétitions et arrestations multiples, emblématique de Rimbaud - jeunesse, révolte, et engagement dans l’armée en Syrie et désertion. La mythologie de l’auteur - veille sans doute sur la petite biographie est rapide, elle se nourrit paradoxalement collection À vingt ans des éditions du Diable de la matière autobiographique de l’œuvre, sans Vauvert, qui réunit des biographies d’auteurs circon- pourtant y entrer vraiment, mais elle évite les im- scrites à leur jeunesse, avant leur entrée en littérature. postures démonstratives pour atteindre honnêtement L’idée est bonne, et placée sous le signe d’une formule son ambition : proposer une lecture facile, moins réussie : «pour qu’ils deviennent des classiques, il fallait rébarbative qu’une collection de dates, et esquisser un d’abord qu’ils soient des originaux». Après Flaubert, portrait d’auteur qui incite à entrer dans l’œuvre de Vian, Colette et Proust, c’est le sulfureux et énig- Genet. Ou à faire des émules, pour peu qu’on ait matique Jean Genet qui vient compléter la série. Né encore vingt ans… de père inconnu et abandonné par sa mère, enfant de AUDE FANLO l’assistance publique, Genet aura passé sa jeunesse dans une succession effarante d’enfermements et de fuites, écrasé par le paternalisme autoritaire, asphy- Jean Genet, une jeunesse perdue xiant, d’administrations carcérales et bien pensantes : Louis-Paul Astraud placements avortés, internement à la colonie de Au Diable Vauvert, 12 € 62 LIVRES RENCONTRE | LITTÉRATURE Littérature non conforme «Pour dire ce qu’il faut, il faut en dire trop» HF Blanc Il est des lieux où souffle l’esprit et à Marseille, on le Henri-Frédéric 1er et le Roi Gilles 1er L’Excessif (sic sic cherche parfois, cet invisible, ce subtil dans la sic) ne sont pas en peine pour éclairer les lanternes un mistralade... Question d’intensité sans doute, de peu faiblardes et répondre à toutes - oui toutes - les créativité lexicale peut-être. L’overlittérature (au questions : loin des éternels déçus doux-amers que dessus ? au-delà ? déjà morte ?) est née de cette frénésie peuvent laisser craindre leurs notices biographiques caractéristique de certains écrivains du lieu, à s’arracher (détesté des élites locales ...interdit de dédicaces ...mis au l’étiquette platement parisienne de «polar marseillais» ban ...attendant de recevoir les honneurs qui lui sont pour s’estampiller autrement en toute liberté dérisoire dus... ) malgré la dose évidente d’autodérision bien et assumée. Philippe Carrèse, Serge Scotto sont à pensée, les deux auteurs articulent un discours qui va l’origine de ce lancer de mots attrapé au vol par bien au-delà de la déploration sur la malédiction L’Écailler qui en a fait une collection spécifique culturelle d’être marseillais : il doit y avoir une place jusqu’à la reprise de flambeau par les éditions du pour une littérature hors norme, non conforme, trois Fioupélan (gros crabe poilu et verruqueux bien de tons au-dessus ou à côté des petites voix fluettes du chez nous). Les trois auteurs qui bénéficient de temps. Les lieux communs, la vulgarité ? un passage l’imprimatur 2010 sont déjà et depuis longtemps obligé et un signe de reconnaissance sinon d’apparte- fichés au Grand Déjantage du verbe : le texte d’Anne nance. Pourquoi se taire avec les loups lorsqu’on Marie Ponsot Josy Coiffure a été depuis les années possède de facto une langue locale ample, cosmique, 80 joué avec un certain bonheur sur toutes les - petites apte à dire le monde avec ou sans les mains? Le sacré et hardies - scènes de la douce France. La reprise pointe son nez, l’air de rien et le dionysiaque n’est pas «écrite» fixe, sinon fige, cette prose de l’instant loin avec son cortège blasphématoire et boiteux ; le modeste dans un parler marseillais «gentil» et rassurant rythme, le rythme et la cadence pour Ascaride, dans ses transgressions syntaxiques et vocaliques de homme de l’oralité et de la scène ; la satire dans son petites gens un peu trop tendrement colorés. acception la plus impure de ragoût parodique et aussi Plus corsées et urticantes, la réédition des imprécations le pot-pourri métaphysique pour le très cultivé Blanc luxuriantes de Samson Derrabe-Farigoule, homme qui déteste que l’on aime ses préfaces... Une refon- lige de Gilles Ascaride, contre sa ville natale («...toi dation de la littérature en vue ? avec toujours ta ricane tu nous fait défiler nous autres tes Sourires lointains mais yeux gourmands ; l’entretien se médaillés, médaillés de la crasse de la méchanceté de la termine sur la formulation d’un désir hugolien : faire bêtise de la morgue de la douleur tu nous fais faire la cénacle et accueillir à la table du banquet overlittéraire manécanterie des soldats de bois...») et la révélation au les malpropres de la langue en tous genres… monde du Livre de Jobi d’Henri-Frédéric Blanc, MARIE-JO DHO jobédification d’un marlou bling bling tombé dans la grandeur de l’humilité «…il prophétisait la ruine de la Josy Coiffure ville, la merde tombant des cieux, les trottoirs se mettant Anne-Marie Ponsot (préface de Serge Scotto / Postface à fondre ; l’Egypte a eu ses 7 plaies : Marseille possède les de Jacques Bonnadier ) siennes : les voitures, la saleté, les faux artistes, les crottes Fioupelan,12 € de chien, les faiseurs de projets, les zélus, les tables de café Sur tes ruines j’irai dansant bancales...») ! Truculence, fantaisie, recyclage du Gilles Ascaride connu: la lecture rouvre les yeux et les oreilles... Fioupelan, 14 € Dieu vomit les tièdes, de toute évidence nos deux Le Livre de Jobi overlittérateurs aussi : se présentant à l’heure dite en un Henri-Frédéric Blanc lieu convenu de la rue Paradis, Sa Sainteté le Pape Fioupelan, 14 € Un Grec à New-York Le 17e épisode des aventures de Constantin le Grec ne une énergie qui rappellent sans cesse au lecteur que déroge pas à la règle : pas question pour le héros de Constantin a beaucoup à voir avec son créateur, que lézarder sur le pont du Némésis, son nouveau bateau, ses aventures «proviennent des territoires sombres de ni de refaire le monde avec ses copains pescadous de [la] mémoire» de Gilles Del Pappas, de son expérience Constantin L’Estaque ou l’amour avec Anaïs sa girelle bien-aimée. et de sa culture riches, particulières, et que toutes ces et les 40 canards L’aventure est toujours au bout du quai et elle démarre histoires écrites, on a l’impression en les lisant de les Gilles Del Pappas sur les chapeaux de roues ! Lancé à la poursuite de son entendre tant la voix est là. De là sans aucun doute Après la lune, 15 € amoureuse disparue, laquelle était elle-même sur une vient son succès à la ouaneguène, dans le choix affaire de trafic de canards du Sud-ouest bizarrement assumé d’un parler marseillais qui clame haut sa gavés, Constantin file à New-York et l’histoire file avec tendresse pour sa ville et ses habitants. lui dans une course foutraque, où se croisent un gang Pour les curieux, un glossaire des mots et expressions latino des plus teigneux, un ingénieur français génial marseillais, dont certains apparaissent ci-dessus, ainsi et pleutre, un fan de John Lennon complètement que quelques recettes de cuisine du Grec, dans la azimuté, un chauffeur de taxi new-yorkais natif de tradition du regretté Montalban, complètent Marseille… Entrer dans un roman de Del Pappas, l’ouvrage. c’est accepter de se laisser gansailler, au mépris de la FRED ROBERT logique (et parfois de la syntaxe) par une faconde et Ode au père Un père secret, qui n’a connu que le Ahmed Kalouaz semble s’être enfermé travail dans sa vie, un travail avec ses dans son aventure intérieure. Seule mains, au service de la France. Un père l’image du père le hante et il s’adresse à qui a fait la guerre pour défendre ce lui tout le long du récit à la 2e personne. même pays et dont le père avait servi lui Des sentiments d’adulte, que ne aussi, partageant le front de 14-18 avec partageront pas forcément les lycéens et les tirailleurs sénégalais. Un père auquel apprentis du prix littéraire… personne n’a appris à lire et à écrire et CHRIS BOURGUE qui a construit des ponts et des barrages toute sa vie. Un père pour lequel le retour à la terre des origines est resté un mirage et qui n’y est retourné que mort, car tel était son désir. Un père dont la tombe ne sera jamais honorée par le fils qui écrit cette histoire. Lui, c’est Ahmed Kalouaz, écrivain aujourd’hui, qui essaie de reconstruire quelques instants de vie, de reconstituer les lieux à partir de vieilles cartes postales, d’imaginer les chantiers dans le froid, le partage des chambrées et des gamelles. Il évoque l’enfance de ce père orphelin, ses premiers boulots sur l’aride sol algérien, le mariage arrangé, le départ pour la France. Puis les Avec tes mains désillusions des conditions de vie, Ahmed Kalouaz l’installation de la femme et les enfants Rouergue, coll. La brune, 12 € qui se succèdent. De la mère on ne Sélectionné pour le Prix régional saura rien, pas plus que des 11 enfants. des Lycéens et Apprentis Monstre ordinaire Liliana Lazar, originaire de Roumanie, autorités, instille la malhonnêteté, la a vécu sous le régime de Ceauescu, suspicion et la haine de l’étranger tandis avant de venir vivre en France il ya 15 que les superstitions pèsent sur les ans, dans la région de Gap. Elle a décidé esprits… d’écrire son premier roman en français, Le lecteur est littéralement happé par ce une façon de prendre des distances par récit nerveux au dénouement inatten- rapport à son pays : «Je n’aurais pas eu le du, qui l’amène à la révolution de 1989 même résultat dans la langue de mon et au changement du régime… qui fera enfance». C’est d’ailleurs un traducteur de Victor une sorte de héros. qui assurera la version roumaine prévue C.B. pour avril 2011... Son roman dépeint la vie inquiétante d’un village perdu dans les montagnes de la Moldavie, proches des Carpates. Une vie réglée par le Pope, les jeteurs de sorts et les «moroï», les revenants, autour d’un lac protecteur au cœur de la forêt, baptisé la Fosse aux Lions. L’histoire commence en 1965 avec l’accession au pouvoir d’un inconnu du peuple, le camarade Ceauescu. Et un parricide : le jeune Victor, souffre- douleur de son père, l’assomme et le fait disparaître dans le lac. Cinq ans plus tard, le meurtre d’une jeune fille contraint le jeune homme à vivre caché sous la protection de sa mère et de sa sœur. D’autres meurtres, jamais prémédités non plus, suivront et feront Terre des affranchis de Victor un paria. Il devra se racheter Liliana Lazar en copiant jour et nuit des textes saints, Gaïa, 18 € interdits par le régime. Pendant ce Sélectionné pour le Prix régional temps un nouveau pope, complice des des Lycéens et Apprentis 64 LIVRES/ARTS L’alpha et l’oméga de Penone Toute l’œuvre de Giuseppe Penone, associé au démarche, notamment sur le parallèle entre la mouvement de l’Arte Povera, est «une appropriation mutation et le processus de croissance de l’arbre avec du sens profond de la nature à travers une poétique l’expérience de l’œuvre d’art. D’autres encore multi- subtile du mouvement». L’Arbre des voyelles couché au plient les approches : Olivier Kaeppelin rappelle les détour d’une allée du jardin des Tuileries depuis 20001 conditions de sa réalisation ; Daniel Soutif souligne en est une magnifique illustration, étrange gisant l’enracinement de son œuvre dans la relation entre vivant aux racines mises à nu ; aujourd’hui sujet d’un l’arbre et l’humain mais également le caractère excep- ouvrage édité à la demande de l’artiste par le musée tionnel du projet (Penone perturbe l’ordonnancement du Louvre, richement illustré de vues d’ensemble, de de ce jardin à la française) ; Marie-Laure Bernadac détails, de photographies explicites sur le processus de évoque avec l’artiste les notions d’horizontalité et de fabrication et son installation in situ, d’études et de verticalité, les relations mimétiques entre l’arbre et le dessins préparatoires pour le choix des essences ou des bronze dans son œuvre sculpté. L’ouvrage, épuré, positions des racines et des lettres. L’Arbre des voyelles sobre, fait entendre le bruit de l’arbre qui tombe. Arbre des voyelles est une sculpture-morte dont les branches en bronze MARIE GODFRIN-GUIDICELLI Giuseppe Penone - matière noble et éternelle - donnent naissance, au Musée du Louvre Éditions contact avec le sol, à de nouvelles pousses comme 1Commande publique engagée en 1999 par & Beaux-arts de Paris les éditions, 24 € «autant de vies renouvelées», et dont les racines le CNAP/ministère de la Culture et de la Communication, dessinent les lettres AEIOU en référence au sonnet de inscrite aux inventaires du fonds national d’art Rimbaud… Quelques textes de Penone éclairent sa contemporain dont le CNAP assure la garde et la gestion.

Un guide pour les collectionneurs Art tribal d’Afrique Noire n’est pas un beau livre de continent africain en un seul volume étant impossible, plus sur l’Afrique avec photos quadri sur papier glacé l’auteur donne les clefs d’accès à un savoir et à une et commentaires indigestes sur les splendeurs exoti- érudition dont l’ouvrage constitue les prémices. Il ques. Jean-Baptiste Bacquart signe un ouvrage de distille aux amateurs ses connaissances acquises à la travail, socle de recherches postérieures, chez Thames Sorbonne, à l’École du Louvre et au département d’art & Hudson déjà éditeur de L’Art africain de Franck tribal de Sotheby’s Londres qu’il a dirigé, rappelant Willette et l’indispensable L’Art contemporain africain dès l’introduction que les «beaux objets» africains, une de Sidney Littlefield Kasfir. fois retirés de leur contexte originel, «ont perdu leur Agrémenté de 865 illustrations, le livre traverse en 240 justification et leur rôle, et ne peuvent être considérés pages le continent d’Ouest en Est au fil de 49 chapitres que comme des coquilles vides ». Un distinguo correspondant à des aires culturelles spécifiques, divisés nécessaire à la compréhension de ces objets - et non chacun en deux parties : la première cerne rapidement pas œuvres - produits par «le commanditaire, le devin la production des tribus concernées et éclaire - aussi du village et le sculpteur». rapidement - leurs structures religieuses, sociales et M.G-G. politiques ; la seconde s’attache à décrire quelques objets représentatifs (masques, bijoux, statues Art tribal d’Afrique Noire reliquaires, serrures et portes, tambours, cimiers), Jean-Baptiste Bacquart illustrés et accompagnés de notices bibliographiques. Thames & Hudson, 29,95 € Rendre compte de la production artistique du

Sacrément pratique Sur un modèle qui a fait ses preuves (Versailles palais des fiche par monument, de Saint-Eustache au Sacré- rois), les éditions du Chêne poursuivent la publication Cœur, en passant par Notre Dame de Paris, la d’ouvrages de petit format richement illustrés, faisant Sainte-Chapelle, la Madeleine, le Cloître des Billettes office de guide culturel très pratique à utiliser. Grâce ou la chapelle expiatoire. En parcourant ces joyaux de aux photos de Gilles Targat et aux commentaires l’art sacré, croyants et mécréants prêcheront à coup bilingues (anglais) de Corinne Targat, vous connaitrez sûr pour la même paroisse. le Paris Sacré comme votre poche, des vestiges des FRÉDÉRIC ISOLETTA édifices paléochrétiens aux églises en tous genres du XXe siècle. Quartier par quartier, ce voyage initiatique Paris sacré vous donnera rapidement et facilement des Corinne et Gilles Targat renseignements ludiques et passionnants avec une Éd. du Chêne, 14,90 € LIVRES/ARTS 65 Paris l’ado On ne compte plus les photographes qui investissent united», chic, rappeurs… s’affichent par des affinités le quotidien et le banal. Mais des Halles à la place des identitaires, de classe (sociale), de lieu de résidence Vosges via les méandres du métro, les ados sont-ils tous probablement aussi. Dans la préface William Klein pareils ? Les clichés photographiques renvoient-ils aux s’interroge :«ils se préoccupent de leur look et passent clichés mentaux projetés sur la jeunesse actuelle ? leur temps à le peaufiner mais qu’ont-ils de différent Durant trois années, Hugues Lawson-Body est allé à des jeunes des autres villes occidentales ?». leur rencontre pour les rassembler dans cet important On ne fait pas d’ahurissante surprise à la mode kawaii ouvrage de près de deux cents images en couleur. Des comme au Japon dans ce Paris prodigieusement images d’apparence assez convenue où des adolescents quotidien. Manifestement Hugues Lawson-Body a s’offrent en confiance et sans artifice ostentatoire, opté pour une neutralité bienveillante proche du alternant groupes et individualités, parfois posés en reportage rappelant plutôt Raymond Depardon pour toute simplicité assurée, de face le plus souvent. Des ses paysages de France (affranchis de la présence plans rapprochés s’attardent sur certains détails humaine), sans rechercher le spectaculaire dans le (coiffures, tatouages, bijoux, accessoires vestimentaires genre Larry Clark, deux figures emblématiques de et incontournables smartphones). On croise diffé- l’actualité photographique parisienne. Les textes sont Jeunes Parisiens rentes communautés d’origines africaine, asiatique, en anglais, si jamais à Londres, New York ou bien Hugues Lawson-Body européenne ou du Maghreb. Mais les mélanges ici même Marseille… 1980 Éditions, 34 € sont rares : skaters, métalleux, rastas, «maghreb CLAUDE LORIN

L’Harcourt studio Le sous-titre peut être trompeur car cet ouvrage ne chaotique de cet établissement dont une succursale, révèle pas seulement les secrets de fabrication des disparue aujourd’hui, fut créée à Marseille en 1945. La mythiques photographies griffées Harcourt. Il raconte partie la plus technique et pédagogique renseigne le aussi la genèse de ce studio commercial et artistique déroulement pré et post la prise d’image (le depuis sa création en 1934, restitue son esprit et cette maquillage, le fameux halo lumineux, l’astuce du bas esthétique remarquable, tout comme les valeurs qui de soie troué, la retouche au labo) et, en s’appuyant sur se doivent d’être perpétuées ; «l’excellence, l’esthétique, bon nombre d’analyses détaillées de clichés, nous l’élégance à la française, la sobriété et la magnificence». éclaire aussi sur l’évolution des choix artistiques et les Entre la chronique historique, une autocélébration codes Harcourt (les canons ?) qui persistent aujour- valorisant l’entreprise (une seule signature en d’hui, même convertis au numérique. conclusion des textes par son propriétaire actuel) et le Une édition en coffret est disponible avec un tirage manuel pratique de genre do-it-yourself façon tamponné du portrait de Laetitia Casta (35 €). Harcourt, l’ouvrage se parcourt avec beaucoup C.L. L’Art du portrait selon Harcourt d’intérêts et une iconographie nécessairement riche : Secrets et techniques 150 photos - presque un siècle d’existence parfois Éditions Pearson, 25 € Coups de gueule Olivier Bernex a délaissé son pinceau pour la plume tous les liens, et une longue cohorte d’adversaires, avec la même énergie désespérée. L’exécution de la galeristes, critiques, politiques et autres décideurs de peinture, titre ô combien violent, résume le propos de la chose publique. Comme le Frac qu’il rebaptise l’ouvrage dans lequel l’artiste règle ses comptes avec Fonds régional d’aide aux copains ! Sa prose laisse l’art contemporain, superpose premiers souvenirs de perplexe, entre émoi et crispation : trop d’aigreur peinture, évocations intimes, soubresauts des années l’habite encore. Mais dans ce jaillissement (tourmenté 60/70. Le tout piqué de sentences souvent intran- et transcendant comme sa peinture) perlent de vrais sigeantes sur le cénacle parisien dont il se dit «exclu» et questionnements sur l’acte de peindre, l’état actuel de de citations à la pelle… Des propos épars, dissolus la peinture, le statut de l’artiste, les fracas et les comme s’il divaguait à haute voix au gré d’une vie tourments de l’esprit créateur. Une fois le livre refermé, vécue comme un sacerdoce. Tours et détours d’un les mots écrits par ce peintre solaire totalement homme meurtri et inconsolable dont la vie a toujours perméable aux variations de lumière résonnent été un combat, «un long chemin solitaire». Le peintre étrangement : «Inquiétude, doute, impuissance… et n’est-il pas selon lui comme le poète, «cette autre s’il n’y avait pas d’Ariane dans cet enchevêtrement espèce en survie», dans un état de repli, d’exil, sinueux»… d’incompréhension ? Aussi attendrissant qu’agaçant, M.G.-G. Olivier Bernex se pose en victime de conjonctures défavorables, obligé de lutter contre la solitude et L’exécution de la peinture l’oubli, d’œuvrer en résistance contre… Contre qui au Olivier Bernex juste ? Sa famille en premier lieu avec laquelle il rompt Autres Temps, Coll. Le Temps de la pensée, 20 € 66 LIVRES/ARTS Les complexes de Meynard Ce livre accompagné d’un CD fait suite à l’exposition Gian Carlo Pagliasso) ou amateur passionné (André de Jean-Claude Meynard à la Villa Tamaris de La Camapana, Paul Charbit) notamment. Les textes de Seyne-sur-Mer en septembre 2010. Babel, la Robert Bonaccorsi, commissaire de l’exposition, Géométrie des énigmes rendait compte de trente-cinq d’Elisabeth Préault et les regards des interviewés ans de créations à travers une sélection représentative apportent différents éclairages sur un travail énig- des œuvres hyperréalistes des débuts, des séries sur la matique, qui aurait appelé quelques éclaircissements complexité jusqu’aux recherches plus récentes conçues supplémentaires : en aucun moment n’apparaît la avec la théorie des fractals. Richement illustré, le livre parole de Jean-Claude Meynard qui convoque reprend le titre de l’évènement et s’attache à la récente peinture hyperréaliste, théorie fractale, manipulations série des Babel (très sculpturale) et des hybridations numériques, mythe de Babel et réflexions sur la (l’artiste recombine ses propres œuvres en une représentation du monde comme si la théorie du nouvelle proposition), suggérant des correspondances chaos s’en était mêlée, entre figuration et abstraction entre elles plutôt qu’une présentation didactique et géométrisante. L’art comme la pensée scientifique chronologique abordée logiquement en fin d’ouvrage. doivent-ils parfois provoquer jusqu’au vertige ? Ce Babel, la Géométrie des énigmes Le film de quinze minutes, tourné par Gilles Babel, la Géométrie des énigmes est une bonne Robert Bonaccorsi, Elisabeth Préault Bastianelli dans le cadre de l’exposition, est ponctué introduction à l’œuvre de Meynard pour qui Fragments International, 30 € d’apports de spécialistes astrophysiciens (André méconnaît ce travail singulier… Brahic, Isabelle Grenier), de l’art (Robert Bonaccorsi, CLAUDE LORIN Natures de l’art Voici un petit ouvrage qui, en raison de son sujet, de regard des œuvres. L’architecture (Jean Nouvel), ses qualités réflexives et l’importance des références l’urbanisme (Alan Sonfist), le design (les propositions convoquées, aurait mérité la forme d’un de ces de Bernard Stiegler), le paysage (Gilles Clément), parcs corpulents livres d’art en tête de gondole des librairies. et jardins (Michel Corajoud, jardin du musée du Quai En quand même près de cent pages et une icono- Branly par Patrick Barrès) participent de cette graphie ad hoc, les auteurs, tous universitaires émérites réflexion où la biodiversité peut être fortement sous- menés sous la direction de Barbara Denis-Morel, jacente telle que la conçoit Patricia Johanson, avec docteur en histoire de l’art, explorent les enjeux mis en l’émergence de nouvelles représentations art/nature œuvre dans les productions artistiques contempo- comme l’éco-conception abordée dans un chapitre raines en relation avec le monde naturel. Œuvres très dense par Patrick Barrès. utilisant l’espace naturel comme lieu d’intervention À un moment où l’accord est unanime sur l’obligation (Andy Golsworthy, Nils Udo), combinant les de modifier nos comportements envers notre planète, éléments de la nature (Michel Blazy) ou bien conçues on constate que les artistes contemporains n’ont pas à l’aide des sciences (Olaf Nicolai) ou les nouvelles été les derniers à prendre en compte la question, selon technologies (Karl Sims, John McCormack), selon des de singulières postures qui n’ont rien à envier à celles dispositifs plus ou moins complexes dans lesquels, par d’autres penseurs. Un catalogue digne de l’exposition Ecosystèmes exemple, le son est primordial comme chez Erik éponyme qui s’est déroulée à l’Espace Pouillon de Biodiversité et art contemporain Samakh ou Alexandre Joly. Les concepts de nature, l’Université de Provence à Marseille, dans le cadre de collectif s/dir. Barbara Denis-Morel écologie, écosystèmes sont resitués ou redéfinis au fur l’année Mondiale de la Biodiversité. Publications de l’Université de Provence, 15 € et à mesure des nécessités et des questionnements en C.L.

Portrait pluriel Que reste-t-il à apprendre de Dominique Bagouet composé du livre Parler de… et de deux DVD Voir disparu le 9 décembre 1992 ? Il existe déjà de enfin… (archives et œuvres) qui rassemblent un nombreux ouvrages, une importante filmographie faisceau de regards : les journalistes Chantal Aubry, (captations et adaptations), des notes de chorégraphie, Pascale Chatain et François Cohendy, le chorégraphe photos, articles, et plus de 200 documents audio- et écrivain Daniel Dobbels, le dramaturge Alain visuels issus des archives de la Compagnie Bagouet. Neddam, Hélène Cattala et Fabrice Ramalingom, ex- Un riche héritage que la structure Carnets Bagouet danseurs de la compagnie aujourd’hui chorégraphes… gère depuis 1993, préserve, transmet à travers diverses L’essence de la fabrication de la danse est là, dans ce initiatives. Mais aucun objet ne nous avait donné de portrait pluriel de l’un des chorégraphes majeurs de la le voir en répétitions et de l’entendre en interviews, de scène française des années 80/90, avec ses doutes, ses croiser témoignages et analyses et d’accéder à trois motivations, ses réflexions, ses inspirations et ses Dominique Bagouet œuvres majeures de son répertoire : F. et Stein (1983), collaborations. Un document de travail et un album Coffret multimédia, Le Saut de l’ange (1987), Meublé sommairement (1989). vivant. Édition La Maison d’à côté, 30 € Le premier coffret multimédia coordonné par Anne MARIE GODFRIN-GUIDICELLI Abeille et Christine Rodès répare cette lacune, DISQUES 67 Talents d’ici ! La pianiste Christelle Abinasr et le violoniste Alexan- On connaît moins l’œuvre d’un compatriote de dre Amedro se produisent parfois sur leur terre Franck qui fut son élève. Si Guillaume Lekeu (1870- marseillaise d’adoption (ils officient au Conservatoire 1894) conserve un brin de notoriété, c’est grâce à sa Barbizet et à l’Opéra municipal). Le duo qu’ils forment Sonate en sol majeur (1892-93). L’opus reprend le connaît de beaux succès. On se souvient d’un brillant modèle cyclique du maître, mais possède une expres- récital donné Place Reyer au début 2010 (voir Zib’27). sion lyrique singulière (son 2e mouvement sorte de Leur premier disque est consacré à de la musique «serpent à sonate» proustien est exceptionnel !) qui fait (franco)-belge. La fameuse Sonate en la majeur (1886) regretter la mort prématurée, à 24 ans, d’un musicien de César Franck (1822-1890) est un fleuron du genre. prometteur. Proust l’aurait-il évoquée dans À la recherche du temps Le duo Abinasr/Amedro propose une version soignée CD disponible à la Fnac Centre Bourse perdu et sa fictive «Sonate de Vinteuil» ? Un motif des opus, mêlant au chant passionné ou nostalgique et par correspondance sur récurrent traverse les mouvements en subissant des un souci constant du bon goût, de la justesse dans http://violonpiano.canalblog.com transformations, donne à la pièce unité «cyclique» tout l’émotion et de l’équilibre clavier/cordes. en concordant à l’idée proustienne de mémoire JACQUES FRESCHEL fluctuante. École de flûte Jocelyn Aubrun (flûte) et Aline Piboule (piano) de l’école française de flûte, formidable héritage de e gravent, pour leur premier disque chez Lyrinx, un Paul Taffanel à la fin du 19 siècle. L’élégance du style, CD Lyrinx LYR 269 programme original et rare de musique française. Une le raffinement sonore se conjuguent avec la vélocité réduction du Prélude à l’après-midi d’un faune de technique et l’écoute sans faille chez ces deux jeunes Debussy et la Fantaisie op.79 de Fauré complètent un artistes. Ils mettent en lumière de formidables élans triptyque de Sonates signées Philippe Gaubert (1879- où le chant exulte, l’harmonie chemine au fil des 1941), Charles Koechlin (1867-1950) et Gabriel nuances pastel, à l’équilibre entre une insouciance Pierné (1863-1937). Intitulé Flûte et piano en pastorale et la douce mélancolie. France 1890-1920 ce disque constitue un panorama J.F Dans la ligne de mire Auteur, compositeur et interprète québécois, Éric douceur, Éric Bélanger est un utilisateur de mots Bélanger s’immisce doucement mais sûrement dans distillés avec subtilité au cœur de lignes bien le paysage de la chanson française. Lauréat de plusieurs mélodieuses (en duo avec Anaïs sur C’était pas À 35 millimètres prix prestigieux au Canada, celui qui s’est fait vraiment nous). Comme il le dit lui-même, c’est une du bonheur connaitre outre-Atlantique avec l’album Bananaspleen analogie avec l’univers de Tim Burton qui définit le Éric Belanger en 2008 traverse cette fois l’océan avec À 35 millimètres mieux sa façon de chanter la mélancolie : il «traite la Play On - Sony du bonheur, douze chansons très bien arrangées avec le mort joyeusement». Music concours de François Richard. Traçant sa trajectoire FRÉDÉRIC ISOLETTA musicale sans soubresaut, avec simplicité, poésie et Éthéré Après un premier album enthousiasmant, Les moissons fois lointaine et presque intime. Cette pop volante d’ambre et ses quatorze titres chimériques installent un donne l’impression de ne jamais se poser. Les ballades Les moissons d’ambre peu plus les Peppermoon sur la scène francophone, et de Pierre Faa, poétiques et délicates, sont symbolisées Peppermoon qui plus est, en haut de l’affiche dans les pays par le graphisme des pochettes, qui évolue à chaque I.C Music asiatiques. Le troisième est déjà en chantier et devrait album, et possède quelque chose d’impressionniste. Discograph suivre, terminant un cycle homogène. Sur ce F.I deuxième opus, on appréciera le timbre coiffé de la douceur de la voix arachnéenne d’Iris Kohlev, à la Construit Dans ce Rockingchair là, on pourrait se poser pour composent une riche palette et sont prêts à jaillir. Un 1:1 un confortable voyage au sein du néo jazz hexagonal. instrumentarium original utilisant le teremin ou les Rockingchair L’album intitulé sobrement 1 :1 est à prendre avec structures Baschet (utilisé en musique concrète), la très Yellowbird sérieux sans craindre la mauvaise blague. Le sextet belle trompette d’Airelle Besson et la clarinette (ou multiforme - l’ingénieur du son fait partie intégrante saxophone ténor) de Sylvain Rifflet sculptent le relief du groupe - ne se cantonne pas dans un univers de ces compositions originales qui ont le souci formaté. Son monde évolue de titre en titre, et travaille permanent du son et de la construction. véritablement le son, la couleur et le timbre. Le jazz, F.I. l’électro, le rock, l’expérimental et même le tango 68 RENCONTRES

Libraires du sud /Libraires à Marseille fév à 18h30 à la librairie La Carline ALLAUCH organisés : un cours de soutien niveai - 04 96 12 43 42 (Forcalquier), le 18 fév à 19h à la librairie Musée – 04 91 10 49 00 lycée (le sam de 10h à 11h) et un cours de Rencontres avec Gilles Granouillet à Masséna (Nice) Exposition Le grand rêve aborigène, préparation à l’entrée au collège interna- l’occasion de la présentation du 18 au 22 jusqu’au 6 mars. tional (mar à 14h et 15h30). janvier de la pièce Six hommes grimpent la Escales en librairie : Rencontre avec le Arts at home, 10e édition, à partir de 14h Echange et diffusion des savoirs colline (à la Minoterie), le 19 janv à 14h à plasticien, auteur, et rédacteur en chef des Cour de l’Archevêché le 5 fév. – 04 96 11 24 50 la librairie Regards (Marseille) Carnets du Paysage Jean-Luc Brisson Conférence du magistrat Denis Salas sur Avec Jean Jamin pour son livre Anthropo- pour son dernier livre Le Paradis, quelques ARLES Qu’est-ce que la vérité judiciaire, le 27 janv logie du jazz (Cnrs éditions, 2010) écrit observations sur le Plan d’Aou (Actes Sud, Musée Arlaten – 04 90 93 58 11 à 18h45 ; conférence de Franco Farinelli, en collaboration avec Patrick Williams, le 2010), le 29 janv à 11h à la librairie Le Programmation hors les murs : Ethno’ géographe, président de l’Association des 20 janv à 18h à la librairie Maupetit Grenier d’Abondance (Salon) et à 17h à balade : Sur la trace des marins dans le géographes italiens, sur La crise de la raison (Marseille) la librairie Imbernon (Marseille) ; avec quartier de la Roquette, dès 14h30 le 16 fév. cartographique, le 3 fév à 18h45. Avec Bartolomé Bennassar pour sa bio- Ulli Lust pour sa bande dessinée Trop BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00 graphie de Vélasquez (de Fallois, 2010), le n’est pas assez (ça et là, 2010), le 9 fév à FOS Exposition de Marcel Bataillard, Narcisse, 22 janv à 18h à la librairie de l’Horloge 18h30 à la librairie Goulard (Aix), le 10 Théâtre – 04 42 11 01 99 Méduse, Icare, Sisyphe, le paintre aveugle et (Carpentras) fév à 18h à la librairie Réserve à bulles Conférence de Médéric Gasquet-Cyrus, autres mythes, du 22 janv au 26 fév, ver- Avec Carole Micheli pour La gymnas- (Marseille) sociolinguiste, sur Langage et Pouvoir(s) – nissage le 21 janv à 18h30 en présence de tique, du prestige à l’oubli (Le Manuscrit) Pouvoir(s) du langage, le 25 janv à 18h30. l’artiste. et Nicole Delor pour Promets-moi de AGGLOPOLE PROVENCE Exposition Planète mode : modèles sur mentir (Ed. Jacques-Marie Laffon), le 22 Service culture – 04 90 44 77 41 LA SEYNE mannequins créés par les sections Mode janv à 16h à la librairie Prado Paradis Dans le cadre de la 6e édition de la Les Chantiers de la lune des lycées d’enseignement professionnels (Marseille) manifestation Lire Ensemble qui aura – 04 94 06 49 26 et par les jeunes créateurs indépendants, Avec Eric Semerdjian pour son ouvrage lieu du 1er au 16 avril, lancement des con- Exposition de Rustha Luna, Armée de jusqu’au 26 fév. Mémoire de la douceur qui vient - Turcs, cours de nouvelles et de marque-pages, femmes, jusqu’au 12 mars. Conférence de Bernard Py, économiste Arméniens : sortir de l’empêchement (L’Har- dont la date limite d’envoi est fixée au 1er Librairie Charlemagne stasticien, enseignat-chercheur sur La mattan, 2010), le 22 janv à 16h à la mars : concours adulte, ouvert à toute – 04 94 06 01 10 statistique sans les maths, une réflexion librairie Maupetit (Marseille) personne de plus de 18 ans n’ayant jamais Rencontre/débat avec Marcus Malte, le citoyenne. Le 29 janv à 15h. Avec Ahmed Kalouaz pour son roman publié sur le thème Bleu(s) à l’âme ; con- 11 fév à 19h. Galerie Juxtapoz – 09 51 23 10 09 Avec tes mains (éd du Rouergue, 2009) cours jeunes sur le thème Peur bleue(s), Exposition de l’artiste peintre Virginie sélectionné pour le Prix Littéraire des concours de marque-pages pour les en- MARSEILLE Biondi, du 4 fév au 2 mars. lycéens et Apprentis de la Région Paca, le fants de 3 à 8 ans et de création de poésie Hôtel de Région – 04 91 57 52 78 Galerie du Tableau – 04 91 57 05 34 25 janv à 18h la médiathèque Boris Vian libre illustrée pour les enfants de 8 à 11 Exposition Notre Région, notre avenir, Exposition de Franck Dubois, (Port-de-Bouc) ans sur le thème du bleu. 30 ans de décentralisation, jusqu’au 28 .JPG/Correspondances & Dialogues, du 24 Avec Yahia Belaskri pour son livre Si tu janv. janv au 5 fév. cherches la pluie elle vient d’en haut (Vents AIX Hôtel du département – 04 91 21 13 13 CRDP – 04 91 14 13 12 d’ailleurs, 2010), le 26 janv à 19h à la Centre aixois des Archives départemen- Exposition du peintre marseillais Henri Dans le cadre des manifestations Inté- librairie Aux Vents des mots (Gardanne) tales – 04 42 52 81 90 Autran, jusqu’au 28 janv. graTice®, rencontre Santé et Handicap Avec Joel Guedj pour son livre Intro- Exposition Aix, ville ouvrière, 1850-1940. CIPM – 04 91 91 26 45 pour les professionnels de santé, médecins duction à l’histoire de la Shoah (Mago, Jusqu’au 12 fév. Soirée consacrée à Jean Genet avec Albert et infirmières scolaires, chefs d’établisse- 2010), le 27 janv à 17h30 à la librairie Librairie All Books & Co Dichy, René de Cecatty et Leïla Shahid, le ment, enseignats, parents d’élèves… Le Prado Paradis (Marseille) – 04 42 12 44 43 21 janv ; vernissage, le 28 janv, de l’expo- 27 janv dès 8h30. Avec Sara Vidal l’occasion de la parution Exposition de peintures de Constanza De sition Claude Royet-Journoud, The Time Regards de Provence – 04 91 42 51 50 de son livre Les anciens abattoirs de Mar- Narvaz, artsite colombienne, jusqu’au 29 Literary Supplement qui dure jusqu’au 19 Retrospective Félix Ziem, du 4 fév au 22 seille (éditions Cris écrits), photographies janv. mars mai au Palais des arts de Marseille. de Frédéric Raynaud, le 28 janv à 18h30 Conférence de Eric Moreau, professeur Lectures avec Véronique Vassiliou, MuCEM – 04 96 13 80 90 à la librairie Regards (Marseille) de langues, sur Les clés de passage entre Tiphaine Samoyault, Daniel Franc et Les mardis du MuCEM avec Nilufer Göle, Avec Jean-Marc Levy-Leblond pour La les langues ; pour un nouvel apprentissage Emmanuel Adely d’ouvrages des éditions sociologue, directrice d’études à l’école science n’est pas l’art (éditions Hermann), des langues, le 19 janv à 17h. Argol, le 4 fév à 19h des Hautes Etudes en Sciences Sociales : le 29 janv à 16h à la librairie Masséna Dans le cadre de la journée internationale ESBAM – 04 91 82 83 10 Voir l’Islam, dans les sociétés européennes, le (Nice) de la littérature hongroise, soirée littéraire Sans Jean Genet, Marseille, une ville dans Le 8 fév. avec présentation des œuvres de Szerb journal du voleur : rencontre-débat avec Groupe Maritime de Théâtre Itinérances littéraires : rencontre avec Antal, le 21 janv à 18h30. Albert Dichy, directeur littéraire de – 06 40 38 51 05 Lionel Salaün pour son premier roman Ecritures Croisées – 04 42 26 16 85 l’IMEC, reconnu comme le meilleur Dans le cadre des Curiosités maritimes, Le Retour de Jim Lamar (Ed. Liana Lévi, A la rencontre d’Edmonde Charles- spécialiste de Jean Genet (le 20 janv à reprise du K de Dino Buzzati à bord de la 2010) animée par la libraire Agnès Gateff, Roux, en présence de l’auteure et de son 10h), René de Ceccatty, écrivain, critique goélette L’Alliance (devant la mairie), avec le 19 janv à 19h à la librairie L’Attrape éditeur Grasset, en la personne d’Antoine littéraire et traducteur (à 14h) et Leïla une exposition. Les 20 et 21 janv à 19h et Mots (Marseille), le 20 janv à 18h à la Boussin, ainsi que de celle de Dominique Shahid, déléguée générale de la Palestine le 22 janv à 15h et 19h. librairie Au Poivre d’Âne (Manosque), le Fernandez, Marie-Christine Barrault (qui au parlement de Bruxelles, amie de Genet ABD Gaston Deferre - 04 91 08 61 00 21 janv à 18h à la librairie Eveils (Apt) ; lira des extraits de Elle, Adrienne), Bernard (à 15h30) Des écrivains en dialogue : Fatos Kon- avec Vincent Borel pour Antoine et Foccroulle, Didier Decoin, Michel Institut Culturel Italien goli et Jacques Jouet autour de la notion Isabelle (Sabine Wespieser Éditeur 2010), Guerrin Les 27 et 28 janv à l’amphi- – 04 91 48 51 94 de Décaler le réel, le 25 janv à 18h30. le 10 fév à 19h au Forum Harmonia théâtre de la Verrière. Colloque international sur Italo Calvino Exposition En chantier, photographies de Mundi (Aix), le 11 fév à 19h à la librairie Arcade – 04 42 21 78 00 et ses rapports avec les arts figuratifs : La Driss Aroussi, jusqu’au 21 mai, dans de l’Horloge (Carpentras) ; avec Anahi- Journée d’information professionnelle sur plume et le crayon. Calvino, l’écriture, le des- l’espace d’exposition de la Bibliothèque de Ter Minassian et Houri Varjabédian La prévention des pathologies dans la pra- sin, l’image, le 21 janv à partir de 10h départementale ; exposition Un lieu, des pour Nos terres d’enfance - L’Arménie des tique corporelle artistique au fil du temps, Exposition Yan Nascimbene, Mes illustra- liens…, du 21 janv au 16 avril dans a gale- souvenirs (Parenthèses 2010 - collection avec l’ostéopathe Peter Lewton-Brain et tions d’Italo Calvino : Le Baron perché, rie d’exposition ; rencontre avec Ahmed Diasporales), animée par Dominique la pédagogue diplômée CA en danse Aventures, Palomar, du 21 janv au 18 fév. Kalouaz, le 8 fév à 18h30. Paschal, libraire, le 16 fév à 17h30 à la contemporaine Véronique Larcher, le 10 A partir du 9 fév 2 jusqu’au 11 mai, des Rencontre sur Marseille la violente avec librairie Prado Paradis (Marseille), le 17 fév de 14h à 17h. cours spécifiques pour les scolaires sont Céline Regnard-Drouot, professeur à RENCONTRES 69 l’Université de Provence et auteur de l’association Artesens, du 26 janv au 3 fév Marseille la violente (Presses universitaires Exposition des artistes de Rognes, du 8 de Rennes, 2009) et Laurence Montel, fév au 4 mars Biodiversité et chimie historien-chercheur à l’Université de Curieux concours de circonstance, la mode jette son année à thème 2011 Provence, le 27 janv à 18h30. SAINT-SATURNIN-LES-AVIGNON à la fois sur la «biodiversité» et sur la «chimie». Mélange étonnant et Dans le cadre du cycle Ces étonnants Mairie – 04 90 22 63 00 détonnant (comme, hélas, à Lavera il y a 15 jours) pour ce 2011 que je archivores, conférence de Xavier Dauma- 3e journée de la Bande dessinée sur le souhaite donc, à tout nos Zibelfidèles, à la fois intellectuellement explosif lin, professeur à l’Université de Provence, thème du western, avec François Corteg- et bio divertissant. sur Les grandes dynasties marseillaises, le 10 giani en invité d’honneur. Les 12 et 13 fév à 18h30. fév. Nos belles locales Dans le cadre de Marseille la Méditer- Le neuvième Festival des Sciences et des Technologies aura lieu le 8 avril, ranéenne, table-ronde sur Progrès techniques SALON à Marseille. Comme une «Cérémonie des Césars» ou un «Festival de Cannes», et conflits d’intérêt : l’exemple des Armé- Ville – 04 90 56 98 62 cette manifestation a pour objectif de mettre à l’honneur la communauté niens et des Catalans, avec Olivier Raveux Exposition permanente, Des Hommes, scientifique régionale (sciences exactes, sciences humaines et sociales, et Daniel Faget, le 17 fév à 18h30. une Ville, les maires de Salon de la Révo- médecine, etc.), en la récompensant au travers de la remise de 8 prix. Ceux- Association pour l’Intégration des per- lution à nos jours, inaugurée le 14 déc (en ci récompensent des chercheurs, jeunes chercheurs, collaborateurs et sonnes en situation de Handicap écho à la loi du 14 décembre 1789 sur la équipes de recherches qui se sont distingués au cours de cette année. Le – 04 91 13 41 30 création des municipalités). Comité Scientifique du Festival rassemble une trentaine de personnalités du Exposition réalisée en collaboration de monde scientifique régional et travaille à la réussite de cette manifestation, Jean-Jacques Surian : Regards, gestes et signes, SIMIANE-COLLONGUE en partenariat avec les trois universités d’Aix-Marseille, la Ville de Marseille, jusqu’en mai. OMC – 04 42 22 81 51 le CEA, l’INSERM, le CNRS, l’École Polytechnique Universitaire de Marseille, BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00 Concours de nouvelles sur le thème L’en- l’École Centrale de Marseille, l’APHM, etc. Le Festival accentuera encore Rencontre/débat avec Magali Tardivel fance, un droit ? 3 critères à développer : cette année son engagement auprès des lycées. Les prix sont ouverts à qui présente son Tour du monde des livres l’art descriptif, l’art du dialogue et l’art de tous. qui vient de s’achever en décembre 2010, faire passer des émotions et son ressenti. C’est l’occasion aux chercheurs et enseignants-chercheurs, techniciens et le 5 fév à 17h, ateliers Autour du voyage Forme libre, ouvert aux non profession- ingénieurs, personnels administratifs et équipes de toutes disciplines de animés par Elise Blot, romancière et lau- nels. Exposition des textes et remise des communiquer et montrer leurs compétences et savoir-faire. Au-delà du réate du Prix Première chance à l’écriture, prix le 14 mai lors de la Fête des tou- soutien financier, l’importante médiatisation donnée à l’événement permet coanimés par Magali Tardivel, le 21 janv, petits. Date limite d’inscription : le 6 mars. de se faire connaître auprès du grand public. Pour participer à cette le 28 janv et le 4 fév, de 16h30 à 18h30 à neuvième édition du Festival, il suffit de remplir un dossier de candidature chaque fois. VAL-DES-PRES et de le renvoyer avant le lundi 31 janvier par courrier et par e-mail à Art-Cade – 04 91 47 87 92 Bibliothèque municipale l’adresse de «l’Avenir de la Science». Archipélique 3 : l’ESBAM présente – 04 92 21 27 75 04 96 15 12 50 une selection des travaux de la promotion Rencontre/débat avec Marcus Malte, le www.festival-sciences.com 2010 des options Art et Design dans 3 28 janv à 20h30. galeries de la ville : Montgrand, galerie de Choc? Holà ! galactique ? l’ESBAM et galerie des Grands Bains VILLENEUVE-LEZ-AVIGNON Le 11 février à 20h30 à l’Observatoire du Palais Longchamp à Marseille, Douches. Vernissage le 28 janv à 18h à la Chartreuse – 04 90 15 24 24 l’association Andromède nous invite à une conférence où Pierre-Alain Duc, galerie des Grands Bains Douches de la Dans le cadre des jeudis du mécénat du directeur de recherche du CNRS au CEA de Saclay, nous propulsera en Plaine, du 29 janv au 25 fév. ministère de la Culture et de la commu- «Rencontres, collisions et fusions : les ballets spectaculaires des galaxies». nication, colloque sur Le fonds de donation, Dans 3 milliards d’années, la galaxie d’Andromède heurtera notre Voie MARTIGUES un outil patrimonial au service de l’intérêt Lactée, un événement aux conséquences désastreuses pour notre propre Musée Ziem – 04 42 41 39 60 général : 1re table ronde sur Le fonds de e Galaxie, mais finalement assez banal dans une vie galactique. Au sein de Exposition De la réalité au rêve, l’objet dotation mode d’emploi, 2 table ronde groupe ou d’amas, les galaxies se croisent, se heurtent ou fusionnent à une ethnographique et sa représentation, du 9 sur Un fonds de dotation pour quel fréquence relativement élevée. Selon les modèles cosmologiques en vogue, projet ? avec Pierre Morel, président de la fév au 12 juin les collisions jouent d’ailleurs un rôle fondamental dans leur naissance, Chartreuse (CIRCA), Didier Deschamps, évolution et mort. Elles sont désormais simulées sur ordinateur... et MIRAMAS directeur régional des affaires culturelles observées dans l’Univers. Le télescope spatial Hubble a en particulier dévoilé Centre d’Art Contemporain Languedoc-Roussillon, François Brouat, des images spectaculaires de galaxies spirales déchirées par des fusions, – 04 42 55 17 10 directeur régional des affaires culturelles soumises à des flambées de formation stellaire et qui sous peu se Exposition Les 4 temps de la fiction, PACA, Catherine Dumont, présidente jusqu’au 30 jan. de l’ordre des experts comptables de la transformeront en galaxies elliptiques. Seule ombre au scintillement ? région de Montpellier, Daniel Ruat, l’entrée est payante : 5 euros. PORT-DE-BOUC président du conseil régional des notaires 04 86 67 21 03 Médiathèque municipale Boris Vian – de la cour d’appel de Nîmes, Norbert www.andromede13.info 04 42 06 65 54 Casteltort, président du conseil régional Café-lecture autour du livre de Margue- des notaires de la cour d’appel de Mont- ITER missa est ! rite Yourcenar, Mémoires d’Adrien, le 21 pellier, Yvon Roulet, directeur région Sud Le 15 février 2011 à 18h30, nouvelle conférence «Les horizons du savoir» janv à 14h. Est Méditerranée AXA France ; à l’Espace Ecureuil, rue Montgrand à Marseille, autour de son programme Lecture du livre de Keltoum Staali, Iden- présentation des projets de réalité virtuelle 2010-2011 Peut-on faire l’économie de la science ?. Frédéric Rychen, tité majeure (éd. Atlantique, 2010) par de la Chartreuse, le 20 janv à partir de économiste à l’université de la Méditerranée et Jean Jacquinot conseiller Aïni Iften, comédienne et chanteuse, 13h30. scientifique d’ITER au haut commissariat à l’énergie atomique tenteront de accompagnée de Alain Bressant, musi- justifier : «ITER, 2011 un investissement international pour des résultats cien, le 22 janv à 15h. en 2030 ?». Au terme d’une bataille diplomatique entre le Japon et la France, la décision d’installer ITER sur le sol français fut prise en 2005 au ROGNES prix d’un large consensus international et d’un financement conséquent. Office Municipal de tourisme Quelles sont aujourd’hui les attentes d’un tel investissement ? Entrée libre – 04 42 50 13 36 et gratuite. Exposition De la Vénus de Lespugue au 04 91 57 26 49 Penseur de Rodin, jeux de sculpture par www.culture-science-paca.org 70 PHILOSOPHIE L’ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE Pour qui la philo ?

«On nous dit qu’il ne saurait y avoir de philosophie sans concep- et quant à la liberté c’est tout l’objet de tualisation, chose impossible pour des enfants. Nous répondons à cet atelier philo dès quatre ans. Et c’est cette objection qu’il ne s’agit évidemment pas pour nous de faire l’autre miracle ; voir des enfants réflé- des cours de philo à des élèves de primaire mais d’induire chez eux chir à ce que les mots «réfléchir» et une démarche réflexive sur des thèmes touchant l’existence.» «penser» peuvent dire, les entendre Michel Tozzi parler de la mort, l’amour, l’intelligence de maman qui ne met pas le Nutella au Continuons le combat… frigo… et se répliquer entre eux, tout Le titre du joli film sorti il y a deux mois, Ce n’est qu’un début, enfant des cités de quatre ans qu’ils fait explicitement référence à un slogan de 68. Il suppose que soient : «je ne suis pas d’accord avec toi l’enseignement de la philosophie hors de ses cadres institu- Abderrahmen…» tionnels, pour que les enfants de toutes les couleurs pensent Ce n'est qu'un debut de Jean-Pierre Pozzi et Pierre Barougier À voir ; pour comprendre comment on ensemble, est un combat politique. égaux : les différences de capital culturel, d’éducation et de naît homme et pourquoi un système C’est l’histoire sur deux ans d’un atelier philosophie animé ségrégation sont moins visibles ; dans cette classe, comme il ignoble nous discrimine par couleur, par leur maîtresse à des enfants de maternelle deuxième année en existe parfois (rarement ?) en France, les petits Français race et fortune. jusqu’à leur troisième année. Certes il n’est pas spectaculaire sont tous mélangés : Africains, Arabes, Asiatique, Européens. RÉGIS VLACHOS puisqu’il s’agit d’être honnête quant au temps de l’appren- On n’y voit pas encore l’effet du massacre de notre société de tissage, des hésitations, des échecs. Mais la réussite est ghettos : des quartiers, des écoles, collèges et lycées où il n’y a Ce n’est qu’un début, entièrement visible et nous réinterroge sur l’acte de philo- que des Africains, des Magrébins…et d’autres que des blancs. film de Jean-Pierre Pozzi sopher, et plus généralement sur l’École, la République et ses Le premier miracle de ce film est dans cette diversité joyeuse, et Pierre Barougier, gâchis. Car de la naissance à la maternelle on est presque tous qui donne un sens aux mots république, fraternité, égalité… distribution Le Pacte De l’enseignement Luc Chatel, ministre de l’Éducation nationale, annonçait il y a quelques semaines l’extension de la philosophie… de l’enseignement de la philo aux classes à la didactique, problématisation de l’élève qui récite son cours dans une de secondes. Ce qui déclencha chez les profs l’acquisition des connaissances. Ce qui dissertation se verra sanctionné alors est loin d’être le cas. même qu’on lui demande de l’ap- un immense éclat de rire… Un bon professeur de philosophie reste prendre. Les correcteurs attendent des un érudit, un dialecticien, un spécialiste copies intelligentes et valorisent ce qui La réponse à cette proposition fut formelle la philosophie : la pensée ne serait pos- de Platon, Kant ou Descartes. Et c’est ne s’apprend pas, donc, sans le vouloir, et triviale, mais néanmoins fondamen- sible que sur la base d’un savoir déjà l’image qu’il faut préserver. Un bon le capital culturel transmis implicitement tale : on supprime cette année 16 000 acquis sur lesquels il s’agit de faire professeur de philosophie lit, mais ne dans les milieux intellectuellement postes de plus dans l’enseignement et preuve de réflexivité : difficile de penser s’abaisse pas aux conditions de possibi- favorisés. on débloquerait des milliers d’heures ? la liberté sans connaissance des formes lités pédagogiques de transmission L’enseignement de la philosophie est Vu les méthodes de recrutement dans historiques élémentaires de résistance, scolaire. Il parle, les élèves suivent, ou révélateur, plus qu’un autre, des l’Éducation Nationale, il faudrait de- d’indépendance et de révolutions par pas. La philosophie s’enseigne sur la inégalités scolaires qui reflètent les mander si mon grand-père a un peu de exemple. Par ailleurs, l’apprenti philoso- base d’un implicite universitaire qui se inégalités sociales. Il est immobile temps en ce moment ou si ma voisine phe devrait faire preuve de maturité, répercute dans le seul outil d’évaluation depuis ses origines scolaires il y a deux étudiante veut se faire un peu d’argent qui est la base du philosopher. Pour ces revendiqué : la dissertation. Comme il cents ans, et repose sur le cours de poche… deux raisons, la philosophie, au plus tôt, n’y a pas de règles pour la pensée, hors magistral et la dissertation. Difficile Plus pédagogiquement, il y a paradoxa- c’est en terminale et pas avant. de question qu’il y ait une méthode dans ces conditions de l’étendre hors de lement chez les profs de philo un courant pour la dissertation : aux élèves de se la terminale, où il rencontre d’ailleurs de résistance à l’enseignement précoce Transmettre débrouiller. Or on sait que la préserva- de plus en plus de difficultés. Pour de la philosophie. Leur débat a trouvé Une troisième raison, moins avouable, tion de l’implicite, sociologiquement, sauver la philosophie, une autre un large écho en décembre dans les réside dans la conservation du privilège est une condition de conservation par philosophie est possible ! (voir les colonnes du Monde, dont vous pouvez de cet état d’apesanteur scolaire, qui une élite de ses privilèges. multiples pistes stimulantes de Michel retrouver le détail sur le site de l’ACI- consiste à postuler que le professeur de Si la philosophie devait s’enseigner plus Tozzi et de l’ACIREPh). REPh (Association pour la Création philosophie n’est pas un enseignant com- tôt elle devrait rendre des comptes R.V. d’Instituts de Recherche sur l’Enseigne- me les autres. Parce qu’on n’apprendrait scolaires, et montrer ses titres de possi- ment de la Philosophie). Un courant, pas à penser comme on enseigne un bilités pédagogiques. Elle devrait déjà www.acireph.org assez majoritaire chez les enseignants de cours qu’il faut étudier. Si la philoso- clarifier ce qu’elle attend concrètement la matière, revendique une forme très phie était une matière comme les autres des élèves de terminales par-delà «une assumée d’extraterritorialité scolaire de il faudrait que ses professeurs se mettent pensée instruite et argumentée». Or L’ÉCRITURE SCIENCES ET TECHNIQUES71

connaissances et leur structuration. Depuis les écrits de la syntaxe de Ptolémée (IIe siècle) jusqu’aux articles académiques actuels de Nature, en passant Écritures par l’Encyclopédie de Diderot / D’Alembert, la somme des pratiques humaines se stocke, se mémorise, se transmet par cette transition qu’est le geste d’écriture- lecture. Geste qui permet de restituer tout ce que la pratique humaine recèle de gestes techniques. En cela l’écriture constitue bien le geste conceptuel universel = du geste technique. Quelle que soit d’ailleurs la forme d’écriture, elle nécessite impérativement un support matériel pratique (argile, papier, tableau, parchemin, Techniques semi-conducteurs…), un outil scriptural (calame, stylo, pinceau, clavier) et un code logique de compréhension, une convention scripturale. Décrit la technique Aujourd’hui, de notice de portable en «surfing» sur scientifiques l’inter pas très net, nul doute qu’écrire et lire est aussi vital aux humains que respirer. L’avènement du multi- L’écriture sumérienne est la première forme scripturale animal (écriture idéographique) il y a un univers média a ouvert les codes cryptés de l’écrit scientifique attestée dont les traces remontent à 3500 ans environ conceptuel : le dessin ressemble à sa forme, notre à un plus grand nombre de praticiens. avant notre ère. Les historiens s’accordent à dire que écriture transcrit en un code phonographique com- Toute forme de pratique scientifique a toujours dévelop- c’est l’apparition de cette propriété «scripturale» plexe les sons du mot qu’on lui a oralement associé pé son écriture spécifique. L’apparition de l’idéographie spécifique de l’humanité qui marque la transition (plus quelques mathématique est étonnement tardive puisqu’elle ne entre ce que l’on appelle la préhistoire et l’histoire. Car se développe qu’après le début du XVIe siècle avec l’histoire en tant que discipline n’est autre que la Robert Recorde qui «invente» l’identité et son «=». recherche des «tracés du temps» afin de les Jusque là les démonstrations mathématiques se fai- décrire, les réécrire. L’écriture apparaît alors saient couramment en latin avec des schémas et comme cette volonté humaine de vaincre des explications littérales. Les formules alchi- l’inéluctable volatilité du monde par sa miques aux signes cabalistiques consignées en fixation imaginaire dans ce qui résiste aux grimoires ouvrent la voie à la pratique chimique pratiques humaines : la pierre, la terre cuite. et à une idéographie spécifique qui mêle lettres et «traits», symbolisant respectivement À l’aube, l’écrit économique éléments et liaisons chimiques. La physique La découverte en 1994 de la grotte développe suivant ses disciplines une idéo- «Chauvet» en Ardèche et les recherches graphie spécifique et utilise largement la effectuées par le CNRS sur la datation de représentation mathématique pour dévelop- ses représentations pariétales, même si l’on per ses propres concepts. La biologie conteste désormais qu’elles remontent à 30 descriptive (anatomie, zoologie…) avait 000 ans, n’en ont pas moins de 15 à 20 000 développé ses propres formes idéographi- ans. Ces dessins-mémoires écrivent symbo- ques dans la schématisation. La convergence liquement l’activité, les pratiques humaines des disciplines comme biologie, biochimie, et, en fixant le «fait de chasse», participent chimie organique, bio-physique, etc. conduit à leur divinisation par leur persistance même. à la multiplication des «entrées» idéographi- L’action économique de chasse se transcrit ques, à leur mélange, leur rationalisation. dans un dessin du pouvoir magique du fait ou Puis l’avènement de la «modélisation» par l’infor- trophée de chasse. matique révolutionne la fin du XXe siècle. L’écriture L’écriture sumérienne, plus «récente», repose quant et le dessin «3D» modifient fondamentalement les à elle sur le fait économique d’échange. Elle résulte- Contrat archaique sumerien concernant la vente d'un champ et d'une maison. représentations de l’univers et des pratiques scien- rait de transactions entre contrées éloignées nécessitant Shuruppak, vers 2600 av. J.-C., inscription pre-cuneiforme © Marie-Lan Nguyen tifiques. La liaison chimique traditionnelle s’estompe la mise en place de contrats. Ces contrats étaient des codes orthographiques qui rappellent généralement peu à peu pour une description spatiale des molécules boules creuses de glaise enfermant des calculi, des l’origine du mot, ici le «th» importé de l’anglais, et sa basée sur les théories mathématiques de la mécanique petites formes en argile symbolisant des nombres sous famille, ici les 2 m de mammifère). quantique. Le stockage de l’écrit se fait sur des «clés trois aspects : des sphères, des cônes ou des cylindres. Cependant ces deux niveaux de représentation ren- USB», des «disques durs» internes ou externes. Les Ainsi, au terme du contrat on cassait les bourses et on voient au même «référent» : un truc qui ressemble à grimoires puis les cahiers de laboratoire sont sup- dénombrait par identification la quantité de calculi et un éléphant penché vers l’arrière avec plein de poils plantés par les RAM (random access memories), les son correspondant matériel, à savoir, vaches, cochons et deux grosses dents qui sortent. Le concept «mam- lignes s’écrivent en Gigabits, les schémas se mettent à (plutôt moutons), couvée. Il s’agissait donc bien d’un mouth» lu dans les deux écritures (phonographique se mouvoir en trois dimensions. processus premier de représentation conceptuelle ou idéographique) dépend de toute façon du référen- L’écriture du monde change, le monde change et notre écriture-lecture. tiel pratique du lecteur… autrement nommé son entendement aussi avec… nos aliénations. niveau culturel. YVES BERCHADSKY Le geste écrit En fait les écritures, avant de prendre le statut universel L’acquisition par l’humanité de l’écriture phonogra- qu’elles ont aujourd’hui, se sont essentiellement fon- * Rien à voir avec le machin à manivelle et pavillon, phique*, associée aux langues, est un facteur dées sur la nécessité de transmission d’un savoir et l’écriture phonographique est un mode scriptural prépondérant dans le développement de la complexité particulièrement d’un savoir-faire. Le schéma idéogra- basé sur la correspondance entre signe graphique des pratiques et leur conceptualisation. Car entre le phique accompagné de son commentaire phonographique et phonème, notre écriture par exemple. mot écrit «mammouth» et le dessin pariétal de cet est absolument essentiel dans la transmission des 72 HISTOIRE LE MASSACRE DES ITALIENS À AIGUES-MORTES

Le travail de Gérard Aigues-Mortes, Noiriel est un projet historique global un moment d’histoire Le massacre des Italiens est le résul- tat d’un long travail dont on peut apprécier la démarche et le résultat. Quatre grandes parties se partagent l’ensemble : une société impossible… ; ressuscité les usages sociaux du national ; la cons- truction des innocences ; les enjeux de intervient de façon croissante dans la n’avaient intérêt à transmettre cette mémoire. Ce découpage correspond à société afin de renforcer les moyens mémoire ensanglantée. ce que l’auteur appelle une socio-his- d’action du pouvoir central. Au-delà des événements, le livre de toire. Le projet est global : il cherche Enfin, il montre que l’identité nationa- Noiriel analyse la façon dont les élites à situer un événement dans un contex- le et l’immigration sont des inventions républicaines ont réussi à imposer la te à la fois local et national, à lier la concomitantes et interdépendantes. référence nationale à tous les acteurs micro-histoire qui guette les trajectoires Les vêpres marseillaises, le 17 juin de la cité française. C’est une leçon individuelles, les relations internatio- 1881, sont un moment fondateur. sur la construction intellectuelle des nales ou encore l’histoire économique. L’État veille à la fois à quantifier et à élites qui guident l’action de ceux qui, définir les populations sur lesquels il pour être reconnus, agissent au nom Le contexte étend son contrôle. Il faut encore de justifications qu’ils ne maîtrisent En commençant par le drame, un vé- ajouter que la crise économique met pas. C’est enfin une histoire nova- ritable massacre, l’auteur pose le en exergue l’impasse sociale du régi- trice, pertinente, critique et engagée contexte Aigues-Mortais fait de trans- me. Les questions nationales ont bien dans une volonté citoyenne d’offrir formations économiques, de l’essor eu un impact sur la tragédie des marais. au public les moyens de sa propre Le massacre des Italiens de la vigne et du sel, de l’attraction mémoire. Aigues-Mortes, 17 août 1893 de Français venus se faire embaucher L’enquête RENÉ DIAZ Gérard Noiriel pour échapper à la répression envers Dans la troisième partie, Gérard Noi- Fayard, 20 euros les vagabonds, surtout récidivistes, et riel reprend les éléments de l’enquête au déclin des campagnes. Cette foule et le procès qui juge les faits. On peut qui afflue ne plait pas aux locaux qui voir, là encore, comment les représen- la regardent avec crainte et animo- tants de la république ont fait sité. Viennent aussi des Italiens pour coïncider leurs intérêts individuels et les travaux saisonniers. Contrainte éco- celui de l’État. On voit aussi la rivalité Représentations nomique et dynamiques individuelles de la presse régionale, entre soi et se croisent. C’est dans cet agglomérat avec les quotidiens nationaux. Surtout À partir du travail de Noiriel, deux versions instable formant société, et largement on voit s’affronter, par journalistes de l’événement tragique montrent comment tributaire de la Compagnie des Salins interposés, les opinions nationalistes un travail historien peut permettre une compréhension du Midi, que se déroule le massacre. et libérales qui dominent dans le pays. La conclusion marquante de l’auteur Cet ensemble explique que juges et multiforme d’un moment historique tient dans cette remarque: «les trimards jurés d’Angoulême se sont résolus à ont donc joué la scène du massacre absoudre les criminels, comme ils se devant un public acquis à leur cause.» sont absous eux-mêmes, membre du Aigues-Mortes, lecture peuple, de l’assassinat que leur com- Le collectif Manifeste rien proposait, le 17 déc à la Criée, une lecture du Massa- L’identité nationale munauté avait commis. Il ne faudrait cre des Italiens. Une guide, employée des Salins, nous conviait à embarquer dans Dans la deuxième partie l’auteur mon- pas oublier non plus combien la crise un petit train pour un tour du propriétaire. Mais voilà, lassée de débiter le tre que l’identité nationale a guidé les a tendu les relations entre la France même discours exotique sur la Camargue, elle se laissait aller, gagnée par le assassins. C’est le résultat de la na- et l’Italie, et fait comprendre qu’il fal- remords et l’horreur du passé, à nous narrer le côté obscur des marais. La chasse tionalisation de la société française. lait étouffer l’affaire pour éviter qu’une à l’homme, le kroumir, le sang qui ruisselle, tout réapparaissait. Avec un accent Reprenant ses travaux sur la nationa- guerre éclate dans l’excitation natio- de cagole elle interpellait le public, le prenait à témoin pour mieux l’intégrer lité française (À quoi sert l’identité naliste. à son récit. Elle raconta le travail de forçat qui consiste à hisser les brouettes nationale, Agone, voir Zib’3), il nous de sel sur les camelles, les tas. Elle cita le marquis de Vogüe et sa description montre comment la république a pro- La mémoire des Ardéchois, ces paysans cévenols, lourds au physique comme à l’intellect. gressivement intégré les citoyens dans La dernière partie s’attarde sur la tra- Elle expliqua ce qu’étaient les trimards, les SDF de l’époque, errant à la re- une communauté nationale. La IIIe ce des éléments et sur la construction cherche d’un emploi, tentant d’échapper à la police et à la loi de 1885 qui les République, fondée en 1870, réussit de la mémoire que l’on garde. Il mon- envoie, récidivistes, à Cayenne. Elle en chanta même leur complainte. D’allers à faire participer tous les Français à la tre les éléments qui ont fait pression en retours, elle parvint à ces jours affreux du mois d’août 93. vie politique de la nation. Elle crée un pour que le massacre disparaisse dans D’un côté les Aigues-Mortais, communauté plus ou moins solidaire, de l’autre nouvel espace public ouvert où la l’oubli au profit des traditions et du trimards et immigrés. Le conflit eut lieu entre les seconds sur le chantier. presse joue un rôle essentiel. À ce caractère du lieu. C’est aussi l’occasion L’étincelle ? Les Italiens reprochaient aux trimards de ralentir la cadence et de titre la rubrique des faits divers tien- d’étudier les billets de transmission leur faire perdre de l’argent. Les choses dégénèrent avec un geste fort : un ne un grand rôle dans la formation et du souvenir : ni la communauté italien- Italien trempe sa chemise pleine de sel dans le baquet d’eau potable des la formulation des opinions. L‘État ne, ni la communauté aigues-mortaise trimards. La mécanique s’enclenche, un coup de couteau est porté dans la fesse HISTOIRE73

Sale Août, une fiction ? La pièce mise en scène par Valletti a pour cadre la maison de M. Fournier (le Granier de la véritable histoire), un protagoniste essentiel de l’affaire. Elle a d’un Français, et l’on court vers le drame. Citant les articles de journaux de l’allure d’un drame bourgeois où il est question de l’avenir des enfants et de l’époque, notre guide nous conduit au cœur des événements. Juge, émeute, celui des affaires. Nos protagonistes se réunissent dans une vaste pièce où, à appel nationaliste, le drame se noue. Chacun prend sa part dans l’assaut ou le la façon de Tchekhov, le monde extérieur vient faire retentir son bruit pendant meurtre : de la boulangère au bourgeois. Les Aigues-Mortais, jamais solidaires que se confrontent les personnages. Un professeur d’histoire tente de faire des trimards, montent leur propre expédition : «la chasse à l’ours est ouverte» entrer dans la tête de la fille du directeur de la Compagnie des Salins du Midi proclame le tambour de ville ! C’est l’occasion d’insister sur un personnage, quelques événements décisifs de l’histoire de notre civilisation. Un ingénieur Philippe Buffart, auto-baptisé «Kroumir», un peuple massacré en Tunisie par rêve de progrès et de productivité. Un peintre cherche à faire surgir l’émotion, les armées coloniales. C’est l’assassin, celui qui revendique ce rôle lors du pro- tandis qu’une apprentie chanteuse tente de découvrir sa voie. Dans la famille cès. Procès inique, procès surréaliste où les morts n’auront pas de bourreau car Granier, oncle et neveu s’accordent et se désaccordent sur la situation sociale personne n’est coupable : ni les trimards, ni les Aigues-Mortais, ni les élites, ni tandis que la sœur, et mère, concilie les contraires. Enfin, l’employé, italien les responsables politiques. comme il se doit, sert. Cette promenade dans les marais a su faire revivre un drame violent avec trucu- Tous ces personnages mis en scène vont jouer leur vrai rôle, tel que l’on peut lence, humour et gravité. Belle performance de la comédienne Virginie Aimone, le connaître au travers des témoignages. Ils vont faire partager la situation à même si l’usage d’un accent appuyé rendait confuse la narration et nuisait à travers une vision bourgeoise des événements, où la dynamique individuelle la prise de distance afin de parler des événements. Quant au texte écrit par fait écho aux événements sanglants qui se déroulent. Caricature ? non pas ! Noiriel, il donne une version populaire de l’affaire, éclairage bienvenu et Plutôt une retranscription libre des contradictions d’un groupe social affronté original. à un événement qui les dépasse : on nous rappelle la lecture distordue du fait divers qui provoque la curée sur l’immigré transalpin ; le refus de servir de refuge, dans une irresponsabilité qui exonère et justifie ; la mise à distance propice à l’analyse du drame, comme les variations sur le hareng-saur, facéties qui décalent les personnages. Plus personnel chez l’auteur/metteur en scène, cette ode à la ville-phare, Paris, et son horizon onirique vu de la «province» : La théâtralisation en débat la mère, ancienne comédienne, propose de retrouver un théâtre citoyen, édu- Sur l’estrade Noiriel, les représentants information historique. Le fondement : catif et critique. du collectif Manifeste rien et de comment traduire en langage théâtral Serge Valletti a conduit son projet dans un cadre contraignant : un drame l’association DAJA. En face, les spec- un discours scientifique. Martine Derrier historique. Son parti pris, la vision de la bourgeoisie, participe à la bonne com- tateurs auxquels s’était ajoutée une expliqua la démarche de l’association préhension de l’événement. classe d’élèves. L’exercice était sim- DAJA (Des Acteurs culturels Jusqu’aux R.D. ple : les uns expliquaient leurs buts chercheurs et aux Artistes) : relier les © Lucie Laurent et leurs motivations ; les autres leurs problèmes de la cité et le milieu sentiments, critiques ou louangeurs. culturel pour permettre une large L’auteur précisa qu’il s’agissait du diffusion dans la société. Noiriel pré- Sale Août de Serge plus grand massacre d’immigrés de cisa que l’auteur dispose d’une Valletti mise en scène l’histoire française : un pogrom (un certaine latitude : il peut imaginer les Patrick Pineau massacre d’une minorité par une pièces manquantes d’une histoire à (voir Zib’36), majorité) sans équivalent. Il évoqua condition que cela soit plausible et a été joué à Sète, Gap, le travail pionnier d’Enzo Barnaba, «le sans anachronisme. De la sorte, il Marseille (la Criée) sang des marais», puis insista sur sa peut construire un récit attrayant et Il sera joué volonté de toucher un public large, sujet à débats pour un large public. à La Colonne, Miramas autre qu’universitaire, par l’intermé- On l’aura compris, c’est bien d’une le 26 janv diaire du théâtre. Jérémy Beschon vision civique du théâtre qu’il s’agit. 04 90 58 37 86 évoqua le travail du collectif Manifes- Les précisions données par la suite www.scenesetcinés.fr te rien et sa volonté, au travers de illustrèrent ce dialogue constructif et au CNCDC, Châteauvallon lectures spectacles, de mettre notam- instructif où les spectateurs, décou- le 28 janv ment en scène des ouvrages vrant les ressorts de la mise en scène, 04 94 22 02 02 scientifiques. Il évoqua ensuite les accèdent, en même temps, aux élé- www.chateauvallon.com représentations du spectacle à ments de la recherche historique. Montpellier, qui suscitèrent un débat C’est aussi, en l’espèce, un moyen de houleux face à certains descendants construire l’histoire de l’immigration des protagonistes de l’affaire. alors qu’elle brille par son absence Une intervention de la salle permit dans les écoles… d’insister sur le lien revendiqué entre spectacle vivant, débat civique et 74 HISTOIRE LE MUCEM

Les deux derniers Sortir des conflits mardis du MuCEM s’attachèrent pour construire à envisager des solutions aux tensions méditerranéennes une civilisation En passant par l’Histoire Pour introduire la rencontre avec l’historien Henry sus : pour Napoléon, qui acclimate la notion au de l’Arménie au Liban, et les élites cultivées Laurens autour de son Rêve méditerranéen, Thierry domaine politique, il s’agit de faire croître le progrès disparaissent. La Palestine, terre de rien, s’en- Fabre proposa de s’intéresser aux échanges entre sous l’horizon de l’Orient. flamme sous la brûlure des religions, et s’embourbe occident et orient méditerranéens à partir de 1798, Ces idées, qu’il servira sur l’autel de sa propre gloire dans l’étau de deux contradictions insolubles : les date de l’expédition française d’Égypte. Moment en Espagne ou en Russie, lui sont soufflées par Vol- rescapés de la Shoah vivent en Israël dans l’insé- charnière, loin d’être la première confrontation entre ney, homme de lettres qui cherche à constituer une curité d’un holocauste toujours envisagé ; les ces espaces : Laurens rappela qu’il s’inscrivait dans science globale recoupant tous les savoirs sur Arabes dans le moment colonial constamment ré- la logique géopolitique de la Révolution : au Nord, l’homme. Mais pour l’heure, le déferlement Français pété, comme si seul ce pays ne pouvait s’en abolir. la question allemande, au Sud, la question arabe. provoque terreur et exactions… et le pays subit Chacun s’enferme dans son récit et sa propre La conquête de 1798, magnifiée par le talent publi- une réorganisation administrative. Mehmet Ali, mémoire. citaire de Bonaparte, procédait du désir de partager désigné pacha par la Grande Porte, reprendra l’héri- Comment sortir de cette impasse ? Pour Henry Lau- le génie de l’Égypte, terre inventrice des sciences et tage français : il veut s’insérer dans le mouvement rens, l’indispensable tâche des historiens est de des arts et de l’apprivoisement de la mort. Elle pro- du progrès. En adoptant la logique du modèle de réinstaller les réalités. Car l’histoire est la part scien- longeait le souci de civilisation, la rhétorique du retard à rattraper sur tifique de la mémoire. Cette démarche permet de régénération des hommes l’occident se met en place. s’extraire du jugement. Plutôt que de chercher la et des institutions voulu pénalisation, et la punition des coupables, mieux par la Révolution. La L’échec des métissages vaut, comme ce fut le cas en Afrique du Sud, faire notion de civilisation, Deuxième temps avec le XIXe siècle. La Méditer- surgir la vérité et procéder à la réconciliation. Si la apparue au XVIIIe siècle, ranée connaît une mutation en 1850 : le petit âge perspective n’est envisageable qu’à moyen terme, pouvait se coltiner à la glaciaire s’achève. Les littoraux, inondés, insa- sa réalisation, sous le sceau d’un humanisme médi- réalité. La civilisation lubres, étaient réservés à la pâture des moutons terranéen, exige une mise à l’écart des religions : il n’est pas envisagée tandis que les hommes s’installaient sur les faut en finir avec ces oripeaux qui dissimulent les comme un état, mais hauteurs. Désormais triomphent l’anisette, la réels antagonismes sociaux, et avec les stigmatisa- comme un proces- villégiature et les bains de mer. À l’est, c’est le tions qui provoquent des conflits et invalident la moment levantin : le français, langue de culture, civilisation. Pour le conférencier, qu’un musée main- transcende les peuples qui s’assortissent dans des tienne vivant cet héritage semble indispensable. Henry Laurens RENÉ DIAZ © X-D.R villes communautaires. 1914 sonne le glas de cette harmonie. Les rivages apaisés basculent dans la violence et l’exil. Le cortège des migrants se meut, Reconnaissance mutuelle des mémoires Pour Kalypso Nicolaïdis, invitée un mois plus tôt, la Méditerranée doit éviter À Thierry Fabre qui lui demande si son principe de reconnaissance mutuelle absolument le modèle de l’union européenne, qui oscille entre souverainisme n’est pas «une potion magique incantatoire», elle répond qu’il s’agit d’accepter et l’idée d’une grande nation commune. Elle doit refuser de reproduire un état, le point de vue de l’autre sans l’adopter, et en évitant d’exporter des modèles. et doit en passer par une reconnaissance mutuelle des enjeux de mémoire. Ce qui serait la seule solution pour régler de vieux antagonismes symbiotiques, La politologue, professeur de relations internationales à Oxford et résidente à comme ceux de la France et de l’Algérie, ou les relations d’oppression sans l’Imera, pense qu’il faut parvenir à reconnaître «les crimes des ancêtres». Face mutualité, comme Israël et la Palestine : lorsque Vaclav Havel s’est excusé de à Thierry Fabre qui constate que le MuCEM se confronte aux groupes mémoriels l’expulsion des Allemands en 1945 il n’était pas question de reconnaissance elle parle de son expérience propre. Descendante des Grecs de Smyrne expulsés mutuelle, mais de sa reconnaissance de la mémoire de l’autre. Selon elle la en 1922 elle entretient avec la Turquie des relations particulières, qui ne Méditerranée, et l’Europe, ne seront en paix qu’à cette condition préalable. l’empêchent pas de voir qu’à l’horizon 2030 l’Europe vieillissante aura besoin AGNÈS FRESCHEL de 70 millions de migrants, et que la Turquie est non seulement son «viagra», mais encore la seule plate-forme qui puisse stabiliser ses frontières : «le modèle Prochain Mardi du MuCEM Turc est devenu désirable pour les pays Arabes, et la question de savoir si l’Islam Voir l’Islam dans les sociétés européennes est soluble dans la démocratie passera certainement par la laïcité turque, et ses Nilüfer Göle progrès démocratiques actuels.» Qui passe par la reconnaissance des expulsions Le 8 fév à 18h30 et massacres qu’elle a commis pour s’édifier. L’Alcazar, Marseille

76 PATRIMOINE LA CORSE

Un petit tour chez les Corses qui expriment aussi leur culture sur le continent… Rompre la loi du silence… ! Le cinéma L’Alhambra a eu la bonne tant à chacun de s’exprimer librement. vasion et son corollaire, la crainte de rouleurs de mécanique, plus éman- idée de présenter en avant-première Les gens oublient la caméra, se livrent, l’isolement : la disparition des bergers, cipés mais aussi plus désœuvrés, des le dernier film d’Alain Dufau et de agacent, suscitent tendresse ou com- chassés sous la pression spéculative banlieues bastiaise ou ajaccienne… José Césarini Paroles sur images, passion, bref, savent émouvoir par du foncier ; l’abandon des terres aux Un film qui réhabilite, par la parole fondé sur l’existence d’un superbe leur parole. À l’évidence l’identifi- arbres morts et aux herbes folles ; l’ou- accordée et libérée, les vertus d’un fonds d’images sur la Corse, fruit du cation au territoire, au village, au bli de l’essentiel de la culture corse : peuple qui mérite mieux que les travail de photographes internationaux, quartier à la ville est très forte même l’humanisme, la poésie, la générosité, clichés éculés dont il est souvent conviés en résidence au Centre de Pho- si elle n’est pas exclusive. Chacun ex- l’entraide au profit de la vacuité affligé ! tographies Méditerranéennes de Bastia. pose ses craintes, ses espoirs aussi, ostentatoire de ceux qui s’ingénient à JEAN-MATHIEU COLOMBANI Les deux cinéastes ont voulu connaî- face à la mutation profonde et très les singer les «nantis». tre les réactions que pouvait susciter rapide que vit l’île depuis les années 60. Aux images intemporelles des mem- ce riche travail artistique auprès de Sont ainsi évoqués la perte des rituels bres des confréries mixtes des villages divers insulaires : amis, esthètes ou magiques de l’«Incantu à l’agula» (in- Cargèse, de Piana, défilant vêtus de artistes, personnages de rencontres for- cantation de l’aigle) ; la disparition leurs plus beaux atours (aubes imma- tuites ou choisies. Loin d’être un simple progressive de la transmission, du culées, chasubles satinées) sous les «road movie», le film fascine par mazzérisme, dernier vestige magique salves festives des fusils, s’opposent l’habileté des cinéastes à mettre en du lien très fort entre les hommes et celles, plus actuelles, de jeunes à confiance leurs interlocuteurs, permet- les animaux ; la peur séculaire de l’in- piercing et cigarette au bec, un brin Barbara Furtuna canta Natale ! Aux antipodes des groupes qui se Merlandi souligne la douceur mélan- complaisent dans la délectation mo- colique de la berceuse Sottu à lu Ponte, rose et conduisant graduellement le avant une composition inspirée du spectateur sensible aux ultimes confins groupe magnifiquement interprétée de l’Ennui, l’ensemble corse Barbara par l’ensemble. La grâce des chants, Furtuna n’a pas oublié que Noël est la tenue des accords et la richesse des avant tout une fête. Portés avec bon- mélismes qui permettent d’entendre heur par la dynamique sonore de «la voix des anges», l’inventivité mu- l’ensemble Multitudes, les voix super- sicale, l’efficace mise en scène et en bes de Maxime Merlandi en siconda, lumière du spectacle soulèvent à juste Jean-Philippe Guissani en bassu et titre l’enthousiasme du public nom- contracantu, André Dominici en bassu breux, trop nombreux à l’évidence pour

et la terza Jean-Pierre Marchetti son- © X-D.R. les lieux où il passait… nent juste et enchantent par leurs J.-M. C. «rivucate». On est séduit dès l’abord par le Ô Maria, Ce concert a eu lieu 13 fois perdonu è piétà, un chant traditionnel Rois Mages avec un cadeau oriental et musical ins- du 6 au 23 décembre dans le cadre des de Noël de Santa Maria Poghju, on embarque pour piré Bae Dansi ; avant de désirer, pensée impie en concerts de Noël du CG 13 l’Orient par la grâce conférée aux riches variations de ces lieux saints, céder au rythme dansant d’un rap- la berceuse Ciuciarella ; on ramasse le bois avec les slam, élaboré sur le trame d’une «paghjella», qui À venir enfants de Santu Petru di Tenda pour célébrer le feu renouvelle avec bonheur le genre le plus traditionnel Le groupe de polyphonies corses L’Alba païen du solstice avec Natale in Festa ; on frissonne du Cantu corsu. sera en concert à Ventabren, le 21 janv à 21h, sur la barcarolle A veni ,ô bella… ; on accueille les L’interprétation fouillée et sensible de Maxime à la salle Sainte-Victoire

de facture plus baroque utilisant les instruments traditionnels comme la Le Maroc et la tête cistre ou la cialamella (sorte de petite clarinette), à des thèmes plus contem- de More porains, voire à de véritables délires psychédéliques, pédale de distorsion Quand il fut exilé en Corse, le roi Mohamed V vint se écrasée à mort, façon Zappa ou Deep Purple… Salon du livre Corse recueillir à Corbara, le village natal de son aïeule La trame habile du livret, établi par Guido Benigni, Le 29/1 à 14h30 table ronde avec Marthe Franceschini, devenue, sous le nom de nous emporte dans un joyeux métissage musical, auteurs corses Dawiya, l’épouse légitime du Sultan alaouite. Ce fait véhiculant des valeurs de fraternité, d’ouverture et Le 30/1 à 14h30 Le paysage historique a inspiré aux artistes du village voisin, de tolérance. En trois langues : corse, marocaine et végétal de la Corse / Nouvel atlas Pigna, haut lieu du mouvement du «riacquistu» avec française. linguistique et ethnographique sa célébrissime Casa Musicale, un Opéra mettant en J.-M. C. de la Corse scène les marionnettes du Théâtre National de Pra- Maison de la Corse, Marseille gue. Une œuvre forte et originale qui, tout en Davia les 29 et 30 janv s’inspirant fidèlement des différents «versi», des Opéra pour marionnettes à fil 04 91 13 48 50 «paghjelle», «chjami e rispondi» et autres formes Henri Agnel, Jérôme Casalongua et Amina Alaoui http://maisondelacorse. du chant corse, fait la part belle au chant marocain CD et MP3, 8,50 euros pagesperso-orange.fr ainsi qu’aux rythmes orientaux. Mais aussi à des airs www.casa-editions.com EN MONTAGNE PATRIMOINE 77 La culture tout schuss «Il a neigé !» les sourires s’étirent. Neige, routes Briancon sous la neige © ProRider-Sylvain gravure sur cuivre à Chaillol, ou de fabrication de bloquées, mais aussi vacances, sport. Les stations sorcières et de merlins à Pisançon. On apprend à s’apprêtent, on estime les épaisseurs, la qualité de comprendre le climat à la maison de la météo des cet «or blanc» qui draine tant d’amateurs tous les Orres, et l’on s’initie au patrimoine montagnard au ans. Poudreuse, fraîche (sic !), légère, durcie, car- musée Orrian, tandis que le Musée de l’éphémère tonneuse ?… Vous me direz qu’après une bonne laisse libre cours aux créations sur glace de journée de ski, de luge, de snow-board ou tout Philippe Minier. autre instrument de glisse, ivres de plein air, nous Au Val d’Allos, on fait carrément l’école buisson- pensons d’abord à nous reposer. Et pourtant, la nière avec la bénédiction des parents (il faut en montagne enneigée possède d’autres charmes que profiter !). Chaussés de raquettes, les enfants partent les plus curieux apprécieront, de même que ceux découvrir les secrets de la montagne, recherchent qui aiment l’altitude, la neige, mais pas le sport. les traces des animaux, découvrent la diversité de Conscientes des exigences des touristes, les sta- la faune, déterminent l’essence des arbres, appren- tions jouent de plus en plus la carte culture. nent à aimer et à préserver leur environnement. Festivals, balades à thème, éducation, offrent de La montagne nous offre ainsi un monde riche où nombreuses activités. Le développement durable chacun peut trouver un intérêt. Et si vous pensez fait partie des critères des différents lieux. vous ennuyer encore, il y a toujours un numéro de Zibeline à glisser dans votre sac ! Spectacles MARYVONNE COLOMBANI Le Festival des films et sports de montagne à Ceillac dans le Queyras, (du 31 janvier au 5 fé- www.decouverte-paca.fr vrier), projette des courts métrages de Team Collet Production, des films de Gilles Perret, qui s’inspire de sa région, la Haute Savoie, mais élargit le propos local aux problématiques du monde, s’interrogeant sur la place de l’individu pris dans les contraintes Les villages de chaque massif offrent de nouvelles économiques et politiques. architectures, de nouveaux points de vue. Certains Les concerts pleuvent sur les stations, les Orres sont même classés «plus beaux villages de France», connaissent un Festival blanc, qui présente des comme La Grave-La Meije ou Saint-Véran. Vil- chanteurs variés, Sheryfa Luna (15/2), Christelle lages restés authentiques de Serre Chevalier Chollet (24/2), Camélia Jordana (3/3), D’une Vallée, Saint-Chaffrey, la Salle-les-Alpes, Le ombre à l’autre (8/3), Puggy (9/3), Michael Monétier-les-Bains, le Casset, le Lauzet… les Jones (19/4)… Vars a connu en décembre le noms s’égrènent avec la magie de leurs syllabes concert de Gaétan Roussel… et offrira le grand lourdes, ancrés solidement dans l’architecture évènement que constitue son Urban Jib Arena (du aérienne des montagnes. D’autres s’emportent, 2 au 3 avril) avec des concerts comme celui des perchés sur les hauteurs du pays des Ecrins, Puy- Monstroplantes, électro brass band ou le Scratch Aillaud, Ailefroide, Dormillouse, Freissinières, Bandit Crew, drum & bass-hiphop-triphop… où les Vaudois fuyaient l’Inquisition. On peut Festival de la chanson française du 16 au 21 découvrir ainsi le cadran solaire datant de 1853 de janvier à Risoul, avec Barcella le 17, Benoît l’église Notre Dame de la Présentation au hameau Doremus le 18, Gérald Gentil le 19, Fabrice du Mélézet en aval de la station des Orres. Abries Mauss le 20, No one is innocent le 21, et tous le dans le Queyras dispose d’un musée, la Maison du spectacles sont gratuits ! Costume, qui présente des costumes anciens et Festival du rire du 23 au 28 janvier au Puy Saint propose des stages de dentelle sur tambour. L’usine Vincent, avec Yves Lecocq (23/1), Yann Guil- hydroélectrique des Claux à Pelvoux retrace au sein larme (24/1), Fanny Mermet (25/1), Sébastien de son espace muséographique l’épopée de la Giray (26/1), Tony Saint Laurent (27/1), Les houille blanche. Lascars Gay (28/1) et des concours pour les Puis il y a les villes, Briançon, inscrite au Patri- nouveaux talents. Enfin, Boule de neige et Riboul- moine mondial de l’UNESCO, avec ses remparts de dingue veut créer l’évènement du 5 au 12 mars au Vauban, et sa charge d’histoire en tant qu’ancienne Val d’Allos. capitale de la République des Escartons (au XIVe !). L’air le plus pur de France se respire à Embrun, la Chiens de traîneaux cité du lac que l’on surnomme aussi la «Nice des et patrimoine Alpes». Mais la culture en montagne ne passe pas que par le spectacle : prendre le temps de sortir du rythme du Apprendre en s’amusant ski pour regarder autour de soi est le plus sûr Et si vos enfants aussi en ont un peu assez du ski, moyen d’accéder à la culture montagnarde. À pied, ils trouveront de quoi apprendre de manière ludique en raquettes, en calèche ou… en traineau ! Bien sûr, et responsable, avec la ferme pédagogique du Gâ ce n’est pas le seul moyen de locomotion proposé, à Saint Bonnet, ou la ferme découverte des ca- mais c’est une manière inoubliable de se rendre sur brioles au village des Marches (Orcières)... À les sites, découvrir le patrimoine naturel, cadres Orcières, on peut jouer dans des igloos, participer enchanteurs, et l’illusion d’être un trappeur ! à des ateliers de papier recyclé, modelage et 78 ADHÉRENTS

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