Évaluation de l’état général des ressources pastorales dans la région de l’Est du

PROGRAMME DU BURKINA FASO

Évaluation de l’état général des ressources pastorales dans la région de l’Est du Burkina Faso

Version finale

3 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

La terminologie géographique employée dans cet ouvrage, de même que sa présentation, ne sont en aucune manière l'expression d'une opinion quelconque de la part de I'UICN sur le statut juridique ou l'autorité de quelque pays, territoire ou région que ce soit, ou sur la délimitation de ses frontières.

Les opinions exprimées dans cette publication ne reflètent pas nécessairement celles de l’UICN.

Le présent ouvrage a pu être publié grâce au Projet "Strengthening knowledge and capacity to close the policy implementation gap" (CPIG-DANIDA-WAP) de l’Initiative Mondiale pour un Pastoralisme Durable.

Ouvrage rédigé par Paré Aimé, Diallo Adama, Honadia Clarisse Kambou, Dr Issa Sawadogo, Seynou Oumarou, Savadogo Moumini

Publié par : Programme UICN-Burkina Faso, Ouagadougou, Burkina Faso

Droits d'auteur : © 2015, Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources

La reproduction de cette publication à des fins non commerciales, notamment éducatives, est permise sans autorisation écrite préalable du détenteur des droits d'auteur à condition que la source soit dûment citée.

La reproduction de cette publication à des fins commerciales, notamment en vue de la vente, est interdite sans autorisation écrite préalable du détenteur des droits d'auteur.

Citation : UICN-Burkina Faso (2015). Evaluation de l’état général des ressources pastorales dans la Région de l’Est du Burkina Faso. Ouagadougou, Burkina Faso : UICN. 88 pages

ISBN : xxxxxxxxxxxxxxxxxxx

Mise en page : Désiré Bakyono, [email protected]

Disponible auprès de : Programme de l’UICN au Burkina Faso 01 BP 3133 Ouagadougou 01 Tél : +226 25 31 31 54

Crédits photos : UICN,Paré Aimé, Diallo Adama

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4 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

SOMMAIRE

Liste des sigles et abréviations 6 Liste des tableaux 8 Liste des cartes 9 Liste des photos 9 Executive Summary 10 Résumé 13

Introduction 15 I - Objectifs et résultats attendus 15 II - Définitions et concepts 16 III – Méthodologie 19

3. 1. La rencontre de cadrage avec le commanditaire (l’UICN Bureau national du Burkina Faso) 19 3.2. La recherche documentaire 19 3.3. La collecte des données sur le terrain 20 3.4. La synthèse des données et l’élaboration du rapport 22

IV- Caractéristiques de la Région de l’Est 23

4.1. Situation géographique et organisation administrative 23 4.2. Pouvoir politique traditionnel 25 4.3. Pouvoir politique moderne 25 4.4. Géomorphologie 26 4.5. Climat 26 4.6. Hydrographie 26 4.7. Ressources végétales et fauniques 27 4.8. La population : effectif de la population, répartition et densité 27 4.9. Activités socio-économiques 29 4.10. Les exploitations forestières, fauniques et halieutiques 32 4.11. Le tourisme 33

V- Ressources pastorales 34

5.1. L’occupation des terres 34 5.2. Les ressources fourragères 37 5.3. Les résidus de récoltes 61 5.4. Conclusion partielle sur les ressources fourragères 63 5.5. Ressources en eau 64 5.6. Ressources minérales (cures salées) 70

VI - Analyse des résultats 70

6.1. Les méthodes d’évaluation des ressources pastorales 70 6.2. Les pratiques et formes de gestion des ressources pastorales 73 6.3. Les contraintes liées à la gestion durables des ressources pastorales 80

VII. Suggestions / Recommandations 83 7.1. Volet technique 83 7.2. Volet recherche 86

Conclusion Générale 88 Bibliographie 89

the policy implementation gap" (CPIG-DANIDA-WAP)

5 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

Sigles et abreviations

ALG : Autorité du Liptako-Gourma AN : Assemblée Nationale BDOT : Base de Données d’Occupation des Terres BF : Burkina Faso BNDT : Base Nationale de Données Topographiques BUNASOL : Bureau National des Sols CC : Capacité de charge CIRAD : Centre International de Recherches Agricoles et de Développement CR : Cordon Rupicole CS : Centre-sud CSi : Contribution Spécifique de l’espèce i CVD : Conseil Villageois de Développement CVGT : Commission Villageoise de Gestion des terroirs DGESS : Direction Générale des Etudes et des Statistiques Sectorielles DGRE : Direction Générale des Ressources en Eau DRAHRH : Direction Régionale de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques DRASA : Direction Régionale de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire DREAHA : Direction Régionale de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hydraulique Agricole DRED : Direction Régionale de l’Economie et du Développement DREDD : Direction Régionale de l’Environnement et du Développement Durable DRRA : Direction régionale des Ressources Animales DRRAH : Direction régionale des Ressources Animales et Halieutiques ECOPARE : Entente pour la Promotion du Pastoralisme dans la Région de l’Est ENEC : Enquête Nationale sur les Effectifs du Cheptel F CFA : Franc de la Compagnie Française d’Afrique FAO : Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et contre la Faim IEPC Initiative Elevage Pauvreté et Croissance IFN 2 : Second Inventaire Forestier National IGB : Institut Géographique du Burkina IRD : Institut de Recherche pour le Développement JACH : Jachère

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6 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

MASA : Ministère de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire MEDD : Ministère de l’Environnement et du Développement Durable MED : Ministère de l’Economie et du Développement MESSRS : Ministère des Enseignements Secondaire, Supérieur et de la Recherche scientifique MRA : Ministère des ressources Animales MS : Matière sèche ONG : Organisation non Gouvernementale PC : Plateau Centrale PDL/K : Projet de Développement local de la Komondjari PEM : Point d’Eau Moderne PICOFA : Projet d’Intensification et de Consolidation des Filières Agricoles PNGT : Programme National de Gestion des Terroirs PRD : Programme Régional de Développement RAF : Réforme Agraire et Foncière RECOPA : Réseau de Coopération pour le pastoralisme RGPH : Recensement Général de la Population et de l’habitat SA : Savane Arborée SABf : Savane Arborée de Bas-fond SDAGRP : Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Ressources Pastorales SH : Savane herbeuse SNAT : Schéma National d’Aménagement du Terroir SNGIFS : Stratégie Nationale de Gestion de la Fertilité des Sols SPA : Sous-produits Agricoles SRAT : Schéma Régional d’Aménagement du Territoire UBT : Unité Bovine Tropicale UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’Education et la Science ZOVIC : Zone Villageoise d’Intérêt Cynégétique

the policy implementation gap" (CPIG-DANIDA-WAP)

7 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

Liste des Tableaux

Tableau n°1 : Découpage administratif et territorial de la Région de l’Est 24 Tableau n°2 : Population de la région en 2013, répartition et densité 27 Tableau n°3 : Superficies emblavées en ha (campagne 2013 /2014) 29 Tableau n°4 : Estimation des productions agricoles pour la campagne 2013 /2014 (en tonnes) 29 Tableau n°5 : Répartition des effectifs 2014 par province 30 Tableau n°6 : Répartition des effectifs et nombre UBT par province 31 Tableau n°7 : Proportion par type d’élevage et par espèce dans la région 31 Tableau n°8 : Evolution de l’occupation des terres entre 1992 et 2002 35 Tableau n°9 : Caractéristiques, superficie et capacité de charge théorique des unités de végétation 36 Tableau n°10 : Richesse floristique, contribution spécifique des espèces, biomasse et capacité de charge théorique des unités de végétation de la Région de l’Est 43 Tableau n° 11 : Diversité floristique des steppes arbustives et herbeuses et des steppes arborées 46 Tableau n°12 : Diversité floristique des savanes arbustives et herbeuses 47 Tableau n°13 : Diversité floristique de la forêt claire 48 Tableau n°14 : Diversité floristique de la forêt galerie 49 Tableau n° 15 : Diversité floristique de la prairie 49 Tableau n° 16 : Diversité floristique des champs de cultures pluviales 50 Tableau 17 : Importance spatiale des unités de végétation et leur répartition par province 51 Tableau n° 18 : La part des aires protégées dans le potentiel des espaces pâturables 52 Tableau n°19 : Superficie des unités de végétation accessibles à l’élevage pastoral 53 Tableau n°20 : Capacité de charge des parcours de la Région de l’Est 55 Tableau n°21 : Valeurs pastorales brutes des unités de végétation dans les communes de Botou et de Diapaga 56 Tableau n°22 : Valeurs pastorales brutes des différentes unités agro-écologiques de la périphérie du parc du W 56 Tableau n° 23 : Valeurs pastorales brutes des unités pastorales à l’intérieur du parc du W 57 Tableau n°24 : Production de biomasse herbacée et capacité de charge des différentes unités de végétation du parc du W 60 Tableau n° 25 : Valeurs pastorales brutes des unités agro écologiques du W 61 Tableu n° 26 : Coefficient de conversion des SPA à partir des productions primaires et coefficient de détermination des quantités utilisables dans l’alimentation du bétail 62 Tableau n°27 : La part des SPA utilisable dans l’alimentation du bétail 63 Tableau n°28 : Synthèse de la production de SPA par province 63 Tableau n° 29 : Eaux d’écoulement de la Région de l’Est 65 Tableau n° 30 : Situation de retenues d’eau dans la Région de l’Est 67 Tableau n°31 : Estimation des réserves en eaux souterraines 68 Tableau n° 32 : Capacité de production d’eau des PEM de la Région de l’Est 69 Tableau n°33 : Demande en eau annuelle 70 Tableau n°34 : Récapitulatif des méthodes d’évaluation des ressources pastorales 71

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8 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

Liste des cartes Carte n°1 : Transect de relevés terrain 21 Carte n°2 : Carte de localisation de la Région de l’Est 23 Carte n°3 : Carte administrative de la Région de l’Est 25 Carte n°4 : Carte de répartition de la population par commune en 2008 28 Carte n°5 : Carte de situation d’occupation des terres 34 Carte n°6 : Carte de la Végétation de la Région de l’Est 57 Carte n°7 : Carte du parc national du W 59 Carte n°8 : Carte des ressources en eau 65 Carte n°9 : Carte des couloirs de transhumance et des points d’eau 75

Liste des photos

Photo n°1 : Vue d’une savane arbustive et herbeuse 38 Photo n°2 : Vue d’une forêt galerie 41 Photo n°3 : Vue d’une d’une prairie 42 Photo n°4&5 : Vue d’un stock de pailles de céréales 61 Photo n°6 : Vue d’une savane arbustive et herbeuse ravagée par les feux de brousse 82

the policy implementation gap" (CPIG-DANIDA-WAP)

9 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

“ASSESSING THE GENERAL STATE OF PASTORAL RESOURCES IN THE EASTERN REGION OF BURKINA FASO”

Executive summary

As part of the "Sustainable dryland landscapes in Africa and the Middle East: closing the knowledge-policy implementation gap in drylands" project, IUCN Burkina Faso has undertaken a study to assess the general state of pastoral resources in the eastern region of Burkina Faso. The objective of this study is to evaluate the general state of pastoral resources in the Eastern region of Burkina Faso and to appreciate the constraints and opportunities for development.

The methodology used has combined a literature review and field work including interviews, vegetation analyses of seven characteristic vegetation units in the region and following a North-West and South-East oriented transect. The comments focused on the floristic composition of the units, the specific frequency, the average height of the vegetation cover and the level of degradation of rangelands. The data was summarized using mapping by extraction of information from recent geo-referenced cartographic databases (NTDB and BDOT) and through the production of a land cover map using the ArcView and ArcGis software.

Space Occupation

Analysis of the dynamics of land occupation shows a reduction in grazing lands (reduction of 217,500 ha) between 1992 and 2002 in favour of agricultural activities (increase of 214,500 ha). If we consider the same rate of loss of pastoral lands between 2002 and 2012, we can estimate this loss at approximately 435,000 ha in 2012. Thus, agriculture appears as the main cause of the decline of grazing lands.

Pastoral resources

Forage resources are distributed across steppes (shrub and grass steppe, wooded steppe), savannah (grassy savannah, bushy savannah and wooded savannah), mosaics (succession of fallow lands and crop areas), grasslands or lowlands, open woodlands and forest galleries.

Shrub and grass steppes, extending over 324,694 ha and dominated by Schoenefeldia gracilis, Panicum laetum Microchloa indica, Loudetia togoensis, Zornia glochidiata, Ctenium elegans, Fimbristilis hispidula and Aristida spp (grass species), Balanites aegyptiaca, Acacia laeta, Acacia Senegal (woody species) are good pastures that can be used around the year. Productivity varies between 300 and 700 kg DM/ha and leaf biomass production fluctuates between 55-519 kg DM/ha/year. The average carrying capacity is 10 ha/TLU/year (14 to 6 ha /TLU /year).

Wooded steppes occur in the northern provinces (Gnagna, Gourma, Komondjari) extending over 9,058 ha, they are covered with vegetation in which Schoenefeldia gracilis, Microchloa indica, Loudetia togoensis, Fimbristilis hispidula, Dactyloctenium aegyptium, Setaria pumilla (herbaceous strata), Balanites aegyptiaca, Acacia laeta and Piliostigma reticulatum (ligneous stratum) are dominant. The average carrying capacity here is 9 ha/TLU/year.

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10 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

Fallow lands, partly occupied by rainfed crops, total 704,202 ha and the grass cover is dominated by Andropogon pseudapricus Spermacoce stachydea Setaria pumila, Cochlospermum tinctorium and Pennisetum pedicellatum, Sporobolus festivus, Crotalaria pallida, Eragrostis tremula, Andropogon pseudapricus, Spermacoce stachydea, , Loudetia togoensis, Ctenium elegans. More generally, Combretaceae and Mimosaceae dominate the woody vegetation of this formation. Shrub and grassy savannah, quite diverse and most widespread pastoral units in the area (1,895,840 ha) have a herbaceous vegetation in which Loudetia togoensis, Schizachyrium brevifolium, Ctenium elegans, Andropogon fastigiatus, and Andropogon pseudapricus are dominant. The woody vegetation is dominated by Acacia gourmaensis, Combretum glutinosum, Vitellaria paradoxa species and Combretum micranthum. The evaluated carrying capacity varies from 5 ha/TLU/year to 2 ha/TLU/year with an average of 3 ha/TLU/year.

Wooded savannah, more present in the Centre and South (Gourma, Kompienga, Tapoa) of the region, include wooded savannah with Vitellaria paradoxa, Combretum micranthum, Loudetia togoensis and Brachiaria lata and wooded savannah with Anogeissus leiocarpus, Feretia apodanthera, Andropogon gayanus. Savannahs with Vitellaria paradoxa have a herbaceous primary biomass ranging from 566 kg DM/ha to 1,804 kg DM/ha and a theoretical carrying capacity between 2.3 TLU/ha/year and 0.3 TLU/ha/year with an average of 1 TLU/ha/year. Savannah with Anogeissus leiocarpus have an herbaceous primary biomass between 1,925 and 10,108 kg DM/ha and a theoretical carrying capacity ranging from 0.62 to 0.15 ha/TLU/year.

Open woodlands, more concentrated to the South of the region (Tapoa and Kompienga) extending over 7,168 ha, are covered primarily by Andropogon pseudapricus, Aristida kerstingii (herbaceous stratum) and Piliostigma reticulatum (ligneous stratum). Primary biomass is 3,117 kg DM/ha and the carrying capacity is estimated at 1 ha/TLU/year.

Gallery forests that grow along water courses cover an area estimated at 115,972 ha. The dominant vegetation includes Paspalum scrobiculatum, Panicum laeta, Oriza longistamina, Aristida funiculata, Tephrosia pedicellata, Sporobolus pyramidalis, Hyptis spicigera (herbaceous stratum), Piliostigma thonningii, Combretum aculeatum and Piliostigma reticulatum (ligneous stratum). Herbaceous primary biomass varies from 2,036 to 2,483 kg DM/ha while the overall carrying capacity is approximately 1 ha/TLU/year.

Grasslands, present especially in Kompienga, and Tapoa, cover an area of 11,628 ha. A prairie of the lowlands of Botou revealed 7 productive species including Pennisetum pedicellatum, Triumffeta pentandra, Andropogon pseudapricus, Spermacoce stachydea, Setaria pumila, Andropogon fastigiatus and Panicum repens. The estimated overall carrying capacity is 1 ha/TLU/year

Crop residues

Crop residues that can be used by cattle were about 652,085 tonnes for the 2013/2014 crop year for the entire region. They are an important supplement for livestock in the region and part of it is freshly grazed on fields immediately after harvest and the other part is collected to build up fodder stocks for the animals during the dry season.

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11 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

Pastoral value

Fodder units are marked by the dominance of herbaceous forage species of lesser feeding value (Loudetia togoensis, Pennisetum pedicellatum, Zornia glochidiata, Andropogon pseudapricus and various aristidas) and woody species of the family Combretaceae are not part of the best woody fodders. Pastures are extremely degraded to the North with the appearance of bear ground areas in the steppes and in the vicinity of livestock watering points and also significant gullying. Furthermore areas likely to produce quality fodder are invaded by farmers seeking arable land.

Water resources

The region, divided between the Niger watershed to the North and that of the Nakanbé (Pendjari sub-basin) to the South, is drained by a dense river system comprising mainly seasonal tributaries of the Niger and Nakanbé rivers and many small rivers. The amounts of water flowing annually into these rivers, at the point of exit of the territory, were evaluated at 2,515 million m3. Furthermore, the region has hundreds of reservoirs, all categories combined, capable of mobilizing 2,149 billion m3 of which the largest are the Kompienga, , , Kossougoudou, Dabesma and Madjoari dams.

Groundwater depend on the crystalline area (flow: 2 to 3 m3/h with exceptional levels of 50 m3/h) and the sedimentary area (Gobnangou area with a flow rate of up to several hundred m3/h). Total groundwater reserves for the region are estimated at 16.190 billion m3, i.e. 14.297 % of the country's total reserves with only 2.200 billion m3 of renewable reserves, therefore exploitable on a long-term basis. In all, the total potential (surface and ground water) in the region stand at about 20 billion m3.

Total demand for water for the East region was thus in 2001 39.51 million m3. This value, which can be estimated to have doubled today, is significantly higher than the water quantity annually mobilized by modern water points (6,508,832 m3), but it remains significantly less than the amounts mobilized by water reservoirs (2,150 billion m3). This shows that availability of the water resource for livestock watering is not really a constraint in this region; the problem is rather related to the distribution of water points.

Exploitation challenges

Resources have good potential facing however various constraints • Protected areas (reserves and concessions) cover 34% (up to 85.64% in Kompienga, and 39.60% in Tapoa) of potential pasture areas of the region (i.e. about 1,107,400 ha), depriving livestock of a legal access to resources that are significant and of good quality; • The water potential may well be exploited taking into account the poor distribution of water points. • Pastoral areas are not secured and they are occupied for agricultural purposes. • Uncontrolled occupation of pastoral areas (grazing land, cattle tracks and transhumance corridors).

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12 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

Résumé

La Région de l’Est du Burkina Faso est située à l’extrême Est du pays, entre 0°30’ et 2°20’ de longitude Est ,10° 45’ et 13° 45’ de la latitude Nord.Elle couvre une superficie de 46 256 Km², environ 17% du territoire national. C’est une grande région d’élevage. Troisième région d’élevage du pays après les Régions du Sahel et des Hauts-Bassins, elle dispose d’énormes potentialités en matière de ressources pastorales. Au niveau des ressources fourragères, elle compte de vastes étendues de pâturage évaluéesà 3 259 419 ha, composées de steppes, de jachères, de savanes arbustives et herbeuses, de savanes arborées, de forêts claires, de forêts galeries et de prairies.

La répartition de ce potentiel par province donne :

• la Tapoa, 1 171 141 ha, soit 80,25%% de son territoire ; • la Kompienga, 650 916 ha, soit 92,60%% du territoire provincial ; • la Komondjari, 329 505 ha, soit 65,27% du territoire provincial ; • le Gourma, 682 544 ha, soit 61,40% du territoire provincial ; • la Gnagna, 425 224 ha, soit 50,22 % du territoire provincial.

En réalité, ce potentiel est fortement diminué par la présence des réserves et zones de concessionde chasse, qui prennent1 107 400 ha (34% environ des superficies pâturables). Ces réserves et zones de concession de chasse qui sont formellement interdites à la pâture des animaux domestiques, occupent les meilleurs pâturages dans les provinces du sud (la Tapoa avec 463 857 ha, la Kompienga, 557 501 ha et le Gourma, 86 024 ha), les zones préférentielles d’accueil des transhumants.

Par ailleurs, l’agriculture génère chaque année des milliers de tonnes de sous-produits de récoltes pour l’alimentation des animaux domestiques. La campagne 2013- 2014, par exemple, a généré plus de 650 000 tonnes. La répartition par province donne la Gnagna en tête avec 254 536 tonnes, suivie de la Tapoa avec 166 635 tonnes, du Gourma avec 134 055 tonnes. Les provinces de la Kompienga et de la Komondjari viennent en dernière position avec respectivement 52 494 tonnes et 44 362 tonnes.

Au niveau des ressources en eau, le potentiel (eaux de surface, eaux souterraines) est estimé à plus de 20 milliards de m3. Mais la répartition des ressources mobilisées ne se fait pas toujours en fonction des besoins de l’élevage.

D’une manière générale, la gestion de ces ressources connait de nombreuses contraintes dont les principales demeurent : • la progression du front agricole et la réduction continue des espaces de pâture; • l’occupation anarchique des espaces pastoraux (zones de pâture, pistes à bétail et couloirs de transhumance ; • les feux de brousse ; • la surcharge des parcours dans les zones d’accueil des transhumants ; • les conflits entre agriculteuurs et éleveurs et entre éleveurs et services technique de l’environnement autour de la gestion des ressources pastorales ; • les exactions perpétrées contre les éleveurs transhumants à la périphérie et à l’intérieur des aires protégées

Face à ces constats et afin de contribuer à la recherche de solutions pour lagestion durable des ressources pastorales dans cette région du Burkina Faso, il serait souhaitable d’envisager :

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13 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

Au plan technique

• la sécurisation et la viabilisation des espaces pastoraux ; • l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme de valorisation des fourrages dans les aires protégées ; • l’information et la sensibilisation des éleveurs et des populations des zones d’accueil des transhumants ; • la mise en œuvre d’un programme d’hydraulique pastorale ; • l’établissement d’une concertation et d’un partenariat autour de la gestion durable des ressources pastorales.

Au plan de la recherche

• de rendre les conditions de conduite du pastoralisme compatibles ou favorables à la conservation des aires protégées ; • de suivre les troupeaux en périphérie (proche et eloignée) du parc.

Par ailleurs, les aspects qui n’ont pas été abordés dans la présente étude devraient faire l’objet d’une attention particulière dans les études à venir. Il s’agit notamment de :

• répertorier et analyser les expériences réussies de gestion durable des terres et des parcours pastoraux de la Région de l’Est et proposer des mécanismes et /ou approches pour leur mise à échelle ; • identifier et évaluer les facteurs favorables à la gestion durable des ressources et parcours pastoraux dans la Région de l’Est, notamment ; • établir le niveau de dégradation des parcours pastoraux et les différents types de ressources pastorales en mettant en relief les mécanismes et stratégies de gestion de ces parcours.

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14 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

INTRODUCTION

Le Burkina Faso est un pays sahélien situé au cœur de l’Afrique occidentale et dont l’économie repose essentiellement sur le secteur agricole (agriculture, élevage, foresterie). Selon le Ministère des Ressources Animales (2009), le sous-secteur de l’élevage détient une place importante dans le développement social, économique et culturel du pays. Il occupe 30% de la population, procure 27,2% des recettes d’exportation et contribue pour 15% au produit intérieur brut.

Pour ce qui est de la Région de l’Est, il contribue pour 19% dans le revenu des ménages. Malgré tout, à l’instar de tout le pays, la pratique de l’élevage dans cette région reste dominée par les systèmes extensifs traditionnels. L’alimentation du cheptel demeure largement tributaire des ressources naturelles. En raison de multiples facteurs (climatiques, anthropologiques, etc.), l’accessibilité et la disponibilité de ces ressources deviennent de plus en plus préoccupantes.

En effet, on assiste, d’année en année, à une régression importante des parcours, au profit des terres mise en cultures. Avec le développement récent de la culture de coton et du sésame dans la région, cette situation devient d’autant plus préoccupante, quand on sait qu’au plan des effectifs du cheptel, l’Est constitue la troisième région d’élevage du pays, après les régions du Sahel et des Hauts Bassins et, un important couloir de passage pour le bétail en direction des pays voisins comme le Bénin, le Togo et le Ghana.

Malgré les pressions de toutes sortes qui s’exercent sur les ressources naturelles, la Région de l’Est du Burkina Faso, en raison de ses spécificités, regorge toujours d’énormes potentialités en matière de ressources fourragères. Aussi, les populations à la base, avec l’aide des pouvoirs publics, y ont délimitédeuxzones pastorales et plusieurs aires de pâture, pistes à bétail et couloirs de transhumance. La gestion deces parcours et leur appropriation par les premiers bénéficiaires restent confrontées à de nombreux problèmes.

L’absence d’un mécanisme de suivi, d’évaluation régulière et d’information de tous les acteurs concernés par la question des ressources pastorales au Burkina, en général, et dans cette région en particulier, n’est pas de nature à améliorer la situation.

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a bénéficié du Ministère des affaires étrangères du Royaume du Danemark d’un financement pour le projet «Sustainable dryland landscapes in Africa and the Middle East: closing the knowledge-policy implementation gap in drylands ». Ce projet ambitionne de générer des informations/connaissances sur les expériences de gestion durable des parcours pastoraux, les insuffisances et les options d’amélioration qui peuvent être envisagées.

Dans ce sens, l’UICN envisage produire des informations sur l’état général des ressources pastorales, notamment sur les aspects techniques, socio-économiques, politiques et de gouvernance (accès, normes locales, législation, outils, etc.) dans la Région de l’Est, de façon spécifique.

I - OBJECTIFS ET RESULTATS ATTENDUS

1.1. Objectifs L’objectif de la présente étude est d’évaluer l’état général des ressources pastorales de la Région de l’Est du Burkina Faso, d’en cerner et d’en apprécierles contrainteset les opportunités de valorisation.

1.2. Résultats attendus Le principal résultat attendu de ce travail est la production d’un rapport analytique d’évaluation de l’état des ressources pastorales de la Région de l’Est, mettant en relief aussi bien les aspects quantitatifs que qualitatifs, avec un accent sur:

the policy implementation gap" (CPIG-DANIDA-WAP)

15 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

• les potentialités pastorales de la Région de l’Est : les types de ressources pastorales et leurs caractéristiques (localisation, étendues, valeurs potentielles, capacité de charge, espèces caractéristiques, niveau de conservation/dégradation, etc.) ; • les pratiques et formes de gestion des ressources pastorales, les menaces/contraintes potentielles ou réelles; • les facteurs favorables à la gestion durable des ressources et parcours pastoraux dans la région, notamment : • les indicateursde la santédes parcours qui sont utilisés ; • les méthodes d’évaluation actuellement en cours d'utilisation; • les propositions de formes de gestion durable de ces ressources pastorales.

II – DEFINITIONS ET CONCEPTS

Pasteur

Toute personne qui exerce à titre d’occupation principale l’activité d’élevage pastoral et qui en tire l’essentiel de ses revenus, qu’il soit propriétaire de tout ou une partie du troupeau.

Pastoralisme

Toute activité d’élevage consistant à assurer l’alimentation et l’abreuvement des animaux par l’exploitation directe des ressources naturelles sur des espaces déterminés et impliquant la mobilité des animaux. Le pastoralisme désigne également les activités associant de manière complémentaire l’élevage, l’agriculture et la sylviculture.

Ressources pastorales

Ressources végétales, hydriques et minérales exploitées dans le cadre de l’élevage pastoral, elles sont comprises, soit dansles espaces affectés à la pâture des animaux, soit dans les espaces ouverts à la pâture des animaux.

Pâturages

Les pâturages regroupent les surfaces couvertes d'herbes, les prairies artificielles ou naturelles, où l'on fait paître des herbivores. Nous pouvons distinguer (i) les pâturages naturels ou traditionnels comprenant le pâturage extensif, zone de pacage, réserve de chasse, prairie permanente, terrain de parcours; (ii) les pâturages intensifs concernent les pâturages tournant (chaîne de pâturages).

Au sujet des pâturages, la Loi d’orientation relative au pastoralisme fait une distinction entre deux grandes catégories de régimes fonciers des espaces pastoraux.

Espaces pastoraux

Espace affectés et espaces ouverts à la pâture des animaux. Constituent des espaces affectés à la pâture des animaux, les espaces dont la destination principale est l’exercice d’activités pastorales. Ce sont : • les espaces pastoraux d’aménagement spécial ; • les espaces de terroir réservés à la pâture ; • les espaces de cultures fourragères réservés à la pâture directe des animaux.

Espaces pastoraux d’aménagement spécial ou zones pastorales

Espaces identifiés comme tels par les schémas national, régional ou provincial d’aménagement du territoire ou par le schéma directeur d’aménagement et affectés à la réalisation d’opérations de mise en valeur pastorale.

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16 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

Espaces de terroir réservé à la pâture

Espaces ruraux traditionnellement affectés à la réalisation d’activités pastorales. Ils comprennent notamment les pâturages villageois et inter-villageois, les espaces de cures salées et les espaces de bourgou. Sont également considérés comme des espaces de terroir réservés à la pâture, les pâturages ou espaces ruraux faisant l’objet d’opérations locales de préservation ou de mise en valeur à des fins pastorales, dans le cadre des actions de gestion de l’espace et des ressources naturelles.

Espaces de terroir ouvert à la pâture

Espaces dont la destination principale est l’exercice d’activités pastorales. Ils comprennent les espaces pastoraux d’aménagement spécial, les espaces de terroir réservés à la pâture des animaux domestiques et les espaces de cultures fourragères destinés à la pâture directe des animaux domestiques.

Espaces ouverts à la pâture des animaux

Espaces dont la destination principale est autre que pastorale, mais supportant des droits d’usage pastoraux. Il s’agit notamment: • des espaces forestiers ouverts à la pâture ; • des terres agricoles laissées en jachères, • des champs de cultures après récoltes.

Espaces de cure salée

Espaces caractérisés par sa teneur spécifique en sels minéraux et utilisés périodiquement pour l’enrichissement de l’alimentation des animaux.

Espaces forestiers ouverts à la pâture

Espaces constitués d’une part, des espaces de forêts protégées, et d’autre part, des espaces de forêts classées, uniquement lorsque les actes de classement ou les plans d’aménagement de ces dernières autorisent la pâture, conformément aux dispositions de la législation forestière en vigueur. Les espaces des forêts protégées non mis en culture sont considérés comme des espaces sylvo -pastoraux. Ils sont utilisés sans autorisation préalable pour la pâture des animaux.

Jachères

Espaces de cultures temporairement laissés au repos, en vue de la restauration naturelle de la fertilité des sols.

Champs de cultures après récoltes

Espaces agricoles envisagés comme espaces de pâture uniquement après les périodes de récoltes, en vue de l’exploitation des résidus de récoltes.

Identification des espaces affectés

Ensemble des opérations concourant à la désignation, au levé et aureport sur cartes des coordonnées géographiques, et à la matérialisation des limites des espaces concernés.

Pistes à bétail

Voies aménagées et affectées à la circulation des animaux et permettant l’accès des troupeaux aux points d’abreuvement, aux pâturages aux infrastructures zoo-sanitaires et aux habitations.

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17 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

Pistes ou couloirs de transhumance

Voies aménagées et affectées à la circulation des animaux en transhumance en vue de l’exploitation des pâturages, des points d’eau et des cures salées.

Transhumance

Déplacement organisé de nature saisonnière et cyclique, des troupeaux ayant quitté les limites de leurs parcours habituels à la recherche d’eau, de pâturages et/ou de cures salées.

Mobilité

Fait du déplacement d’un animal ou d’un troupeau d’un point à un autre, à la recherche de ressources pastorales (eau, pâturage, cure salée…).

Troupeau

Ensemble d’animaux de même espèce, évoluant en groupe dans un contexte donné.

Vaine pâture

Droit pour un éleveur de faire paitre son bétail sur les espaces naturels et les espaces non clôturés d’autrui après la récolte, sous réserve du consentement de l’exploitant.

Zone de pâture villageoise ou inter-villageoise

Espace identifié d’un commun accord par les communautés villageoises ou inter-villageoises, et affecté à la pâture des animaux domestiques.

Capacité de charge

C’est le nombre d’animaux qui peuvent être alimentés par unité de surface, de telle manière que la production atteigne un niveau déterminé, tout en préservant la capacité de production des pâturages (Breman et de Ridder, 1991). Une autre définition tenue de Boudet (1991) considère la capacité de charge comme étant la quantité de bétail que peut supporter un pâturage sans se dégrader, le bétail devant rester en bon état d’entretien, voire prendre du poids, produire de la viande ou du lait. Elle s’exprime généralement en UBT /ha/an.

Contribution spécifique

La contribution spécifique de l’espèce (i) CSi est une valeur permettant d’évaluer la contribution de l’espèce à la constitution du tapis herbacé. Elle est définie par le rapport de FSi à la somme des FSi de toutes les espèces.

Pratiques pastorales

Les pratiques pastorales sont un ensemble d'éléments en interaction dynamique organisé par l'homme, en vue de valoriser des ressources par l'intermédiaire d'animaux domestiques pour en obtenir des productions variées ou pour répondre à des objectifs (Landais, 1994).

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18 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

III – METHODOLOGIE

Conformément à la proposition faite dans l’offre, la méthodologie développée au cours de l’étude s’est basée sur une démarche participative prenant en compte tous les acteurs concernés. Elle s’est articulée autour des points / étapes clés suivants :

• la rencontre de cadrage ; • la recherche documentaire ; • la collecte des données sur le terrain ; • la synthèse des données et l’élaboration du rapport.

3. 1. La rencontre de cadrage avec le commanditaire (l’UICN, Bureau national du Burkina Faso)

Cette rencontre, tenue le mercredi 08 octobre 2014 avec le consultant en charge de l’étude portant sur « L’évaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso », a permis de recueillir les dernières précisions du commanditaire, portant sur les points suivants : • la prise en compte des pâturages aériens dans l’établissement des potentialités pastorales (ligneux fourragers); • la réalisation d’un transect, qui prend en compte les différentes unités pastorales de la région et procéder à un échantillonnage des sites d’observation, afin de collecter des informations à même de complétercelles que l’on trouvera dans la bibliographie ; • la recherche documentaire, en élargissant la base à tous les sous-secteurs concernés (environnement et développement durable, eau, agriculture, recherche) etc.; • la liste des structures partenaires et des personnes ressources à contacter, dans le cadre de la recherche documentaire et de la collecte des informations.

La rencontre de cadrage àété aussi l’occasion de faire des recommandations à l’équipe des consultants, portant d’une part sur la finesse dans la collecte et l’analyse des données et, d’autre part, sur les expériences réussies en matière de gestions des ressources naturelles. Suite à la rencontre, les deux groupes de consultants on eu une séance de travail qui a permis d’harmoniser leurs points de vue sur : • la description des éco systèmes ; • la caractérisation des unités pastorales ; • les pratiques pastorales ; • les méthodes d’évaluation des ressources pastorales.

3.2. La recherche documentaire

Elle s’est effectuée à deux niveaux : au niveau central et au niveau terrain (Région de l’Est). Au niveau central, elle a essentiellement porté sur la collecte et l’exploitation de la documentation en rapport avec le thème : rapports d’études, les mémoires et les thèses des étudiants, les rapports techniques des départements ministériels partenaires de la gestion des ressources naturelles, la Base de données de l’0ccupation des Terres (BDOT 1992, 2002) et 2012.

La recherche documentaire a également touché, d’une part, les institutions sous-régionales telles que l’Autorité du Liptako-Gourma (ALG) et le Comité Inter Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS), qui ont une forte implication dans des questions touchant la gestion durable des ressources naturelles, et d’autre part, les institutions de recherche (Laboratoire de biologie et d’écologie végétales, Laboratoire de géologie, l’IRD – CIRAD).

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19 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

Au niveau terrain, la recherche documentaire s’est limitée aux structures étatiques, notammentles services déconcentrés des ministères des Ressources animales et halieutiques, de l’Agriculture et de la sécurité alimentaire, de l’Environnement et du développement durable, du ministère de l’Economie et des finances, des collectivités territoriales et des ONG et projets présents à Fada N’Gourma, qui interviennent dans la gestion des ressources naturelles.

3.3. La collecte des données sur le terrain

Elle s’est effectuée à deux niveaux : • les entretiens avec les services techniques déconcentrés de l’Etat, les ONG principalement, la société civile pastorale et les projets intervenant dans le domaine de la gestion durable des ressources naturelles ; • la collecte des données proprement dite sur le terrain : les données relatives aux unités de végétation.

Pour ce qui concerne les entretiens, un guide de collecte d’entretien a été élaboré (confère Annexe 2). Il a défini la liste des structures ou personnes ressources à contacter, ainsi que la nature des informations recherchées.

Au niveau de la collecte proprement dite des données sur le terrain, un transect a été réalisé. Il part de la pointe Nord-ouest de la province de la Gnagna, à la zone de réserve de la Konkonbouri dans le Sud-est de la province de la Tapoa, comme l’indique la carte °1 ci-dessous. Il traverse ainsi les provinces de la Gnagna, de la Komondjari, du Gourma et de la Tapoa. Il traverse également toutes les zones phytogéographiques de la région. Ce qui permet une description de l’ensemble des types de formation végétale (steppes, zones agricoles, forêts- galeries, forêts claires, savanes, prairies).

Au total, huit (08) sites d’observation ont été identifiés. Le choix des sites d’observation a tenu surtout compte de leur accessibilité en véhicule. Ainsi, la base de données des voies de communication, notamment, les routes classées de la BNDT 2010, a été superposée à la carte de végétation, et les sites correspondant au croisement du transect avec la route ont été retenus. Chaque site a un rayon de dix (10) kilomètres environ pour pouvoir prendre en compte, autant que faire se peut, la diversité floristique à l’intérieur d’un même site. Les sites retenus sont Coala, Kodjéna et Bonsiéga, dans la Gnagna, Toumbenga et Nalidougou dans la Komondjari, Matiacoali, dans le Gourma et Nadiabonli et Koumbonga, dans la Tapoa. Seul le site de Toumbenga n’a pas fait l’objet de relevés, à cause de sa proximité avec les sites de Nalidougou et de Bonsiéga.

Sur les sites retenus, un ou trois relevés ont été effectués en fonction de la diversité des unités de végétation présentes sur le site. Au total, 13 observations ont été faites et se répartissent ainsi qu’il suit : trois sur le site de Matiacoali, un sur le site de Nadiabonli, trois sur le site de Koumbonga, dans la réserve forestière de Konkonbouri, un sur le site de Nalidougou, deux sur le site de Bonsiéga, un sur le site de Coala. Les relevés se sont effectués à pied, aller/retour, en suivant des transects d’environ un (01) kilomètre à l’intérieur des types de végétation identifiés (steppe arbustive et herbeuse, steppe arborée, savane arbustive et herbeuse…) et à l’intérieur du site. Le retour se fait en s’écartant d’environ deux cent (200) mètres de l’itinéraire du départ. Les cordonnées de départ du transect sont notées sur la fiche de relevés.

En fonction de leur importance relative appréciée par l’observation directe, toutes les espèces (ligneuses et herbacées) sont notées en leur affectant les indices d’abondance suivants : (+++), (++) et (+)

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20 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

Carte n° 1 : Le transect

Sources : BNDT (2003), BDOT (2002)

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21 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

3.4. La synthèse des données et l’élaboration du rapport

A ce niveau, l’outil cartographique a été largement utilisé. Les résultats des études antérieures sur le thème ont été également valorisés, étant entendu que l’équipe n’a pas eu suffisamment de temps pour procéder à certaines mesures. Dans le domaine de la cartographie, la méthodologie se résume ainsi qu’il suit : - extraction des informations issues des Bases de données cartographiques géo- référenciées récentes, réalisation d’une carte d’occupation des terres par utilisation de logiciel de cartographie libres et faciles d’utilisation, comme Arc View et Arc Gis.

Les données cartographiques utilisées sont: BNDT : la base de données topographique de l’IGB a été utilisée comme fond cartographique. Les données suivantes y ont été extraites : • les limites administratives (régions, provinces, communes) • les localités (chefs-lieux de provinces, de communes et des principaux villages administratifs) ; • le réseau routier (routes nationales, régionales, départementales…) ; • le réseau hydrographique (plans d’eau, cours et voies d’eau…).

BDOT : en attendant la validation de la nouvelle base des Données d’occupation des terres 2012 (BDOT, 2012) en voie de finalisation par le projet second Inventaire Forestier National (IFN2), les bases de données d’occupation des terres de 1992 et 2002 ont été utilisées. L’exploitation des ces outils cartographiques a permis de faire la situation de l’occupation des terres, de dégager les superficies des différentes unités de végétation et d’apprécier leur dynamique. La situation des types d’occupations suivantes ont été établies :

• la zone agricole (les chaps ou cultures pluviales, les cultures irriguées et les jachères) ; • les écosystèmes naturels (steppes, savanes et reliques de forêts); • les sols nus et les roches ; • les plans d’eau; • les espaces anthropisés comme les habitations.

Dans le domaine de l’évaluation des ressources pastorales, l’étude n’a pas eu à faire des mesures directes sur le terrain. Elle a plutôt utilisé les résultats des études antérieures notamment en ce qui concerne : • l’estimation de la biomasse herbacée et foliaire; • la détermination des capacités de charge (CC); • la détermination des valeurs pastorales brute des pâturages ; • la détermination des valeurs alimentaires des fourrages, etc.

La rédaction du rapport a pris en compte l’ensemble des données / informations recueillies auprès des structures et personnes ressources rencontrées et les bibliothèques visitées.

Difficultés rencontrées

La phase terrain de l’étude s’est déroulée à une période assez surchargée pour certains partenaires clés. Les entretiens, bien qu’assez fournis du point de vue de la collectte des informations, ont été intérompues avant terme. On retiendra égalementque c’est pendant son séjour terrain que les conseils municipaux ont été suspendus.

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22 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

IV- CARACTERISTIQUES DE LA REGION DE L’EST

4.1. Situation géographique et organisation administrative

La Région de l’Est est située à l’extrême Est du Burkina, entre 0°30’ et 2°20’ de longitude Est, 10° 45’ et 13° 45’ de la latitude Nord.

Elle couvre une superficie de 46 256 Km² et environ 17% du territoire national, ce qui fait d’elle la région la plus vaste du pays. Elle est limitée au Nord-est par la république du Niger, au Nord par la Région du Sahel, à l’Ouest par la Région du Centre-Est et du Centre-nord, au Sud par la région du Centre-est, les Républiques du Bénin et du Togo, comme l’indique la carte n°2 suivante.

Carte n°2 : Localisation de la Région de l’Est

Source : BNDT/IGB, 2003

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23 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

Elle a été créée par la loi 2001-013/AN du 02 juillet 2001 portant création des régions administratives. L’organisation administrative de la région découle de la loi 040/98/AN du 03 août 1998, portant orientation de la décentralisation, qui découpe le territoire national en collectivités territoriales et en circonscriptions administratives. Ainsi, la région est subdivisée en 5 provinces, 27 départements et 806 villages. Au titre de la décentralisation, elle compte 05 communes urbaines (Bogandé, Diapaga, Fada- N’Gourma, Gayéri et Pama) et 22 communes rurales.

En termes de superficie, les cinq provinces occupent respectivement 18,3% de la superficie totale de la région pour la Gnagna, 8 468 km2 (24, 03%) pour le Gourma, 10,9% pour la Komondjari,15,2% pour la Kompienga et 31,55% pour la Tapoa, qui est la province la plus vaste.

Tableau n°1 : Découpage administratif et territorial de la Région de l’Est

Source : PRD/Est (2009)

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24 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

Carte n°3 : Carte administrative de la Région de l’Est

Source : BNDT/ IGB 2003

4.2. Pouvoir politique traditionnel

Le royaume gourmantché est divisé en principautés (diema), en villages et en quartiers, avec au sommet Nungu (Fada N’Gourma) comme capitale. Le Numbado (empereur du Gourma) exerce sa suprématie sur les chefs des principautés qu’il intronise. Ces derniers ont en charge l’organisation de la vie des villages. Le chef de principauté administre son territoire avec l’aide des dignitaires nommés à vie. Le chef de village est assisté dans ses fonctions par des notables. Le village est constitué de plusieurs lignages dont le noyau sociologique est le lignage issu du fondateur. La tradition demeure forte chez les chefs traditionnels, qui détiennent encore une certaine autorité et même, certains pouvoirs.

4.3. Pouvoir politique moderne

La loi 040/98/AN portant orientation de la décentralisationdécoupe le territoire national en collectivités locales et en circonscriptions administratives, dans le strict respect de l’unité nationale et de l’intégrité du territoire.

Les dépositaires de l’autorité de l’Etat au niveau provincial sont les Hauts-commissaires qui assurent la tutelle des communes. Ils sont les représentants du Gouverneur au niveau de leur province. Ils coordonnent les actions des services déconcentrés de l’Etat et des autres intervenants. Les Préfets sont les représentants des Hauts-commissaires au sein de leur circonscription administrative.

Les acteurs locaux sont soutenus dans leurs efforts de développement par les services déconcentrés qui sont les représentations des différents ministères. La plupart des ministères sont représentés au niveau de la région par leur direction régionale, basée à Fada. Quelques uns sont déconcentrés jusqu’au niveau des provinces, avec des directions provinciales installées dans les chefs-lieux, et parfois même au niveau départemental et villageois.

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25 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

Certaines attributions de l’Etat peuvent s’exercer dans la commune, qui est une collectivité locale, dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière. La commune est administrée par un Maire élu. Le village est une agglomération permanente, il est administré par un Conseil Villageois de Développement (CVD).

4.4. Géomorphologie

Du point de vue géomorphologique, trois ensembles se distinguent, selon la DED (2009) :

• une vaste pénéplaine couvrant 75% du territoire de la région, constituée de roches éruptives et de méta sédiments, avec une altitude moyenne de 200 mètres. Cette unité est dominée dans sa partie ouest par des buttes et des collines rocheuses ; • des reliefs résiduels constitués de roches d’âge birrimien, marquant la zone frontalière du Sud-est où apparaissent des niveaux gréseux ou gréso-schisteux, qui constituent le massif du Gobnangou et ses abords. Ce massif traverse les communes rurales du Sud de la province de la Tapoa et se prolonge en une frontière naturelle entre le Burkina et le Bénin, au niveau de la commune rurale de Tansarga. Ces reliefs résiduels couvrent environ 10% de la région, avec une altitude moyenne de 300 mètres ; • des bas-fonds constitués de roches sédimentaires, situés à l’extrême sud de la région, le long de la Pendjari. Ils couvrent environ 15% du territoire régional, avec une altitude moyenne de 100 mètres.

4.5. Climat

La Région de l’Est est située dans l’aire de transition entre la zone soudanienne au Sud (Tapoa et Kompienga) et la zone sahélienne au Nord (Gnagna, Komondjari), avec une zone soudano-sahélienne au centre (Gourma). A l’instar des autres régions du pays, l’Est connaît deux saisons climatiques annuelles: • une saison humide relativement courte au Nord de la région (trois mois) et plus longue (mai -septembre) dans la zone Sud ; • une saison sèche qui dure de sept à neuf mois. Elle est marquée par des vents de Nord-est. Elle est fraîche jusqu’en février et relativement chaude entre mars et mai.

La pluviométrie se caractérise par une baisse des précipitations du Sud au Nord et une fréquence de la variabilité interannuelle. La pluviométrie moyenne de la région calculée sur la décennie (1996-2006) était d’environ 760 mm. Les hauteurs d’eau enregistrées et le nombre de jours de pluies s’accroissent du Nord au Sud. Dans la zone sahélienne, les hauteurs de pluies reçues varient de 625 mm en moyenne, dans la province de la Gnagna, à 700 mm dans celle de la Komondjari. Le nombre moyen de jours de pluies oscilleentre 40 et 46 jours. Dans la zone Sud (Tapoa et de la Kompienga), les hauteurs de pluies sont légèrement supérieures à 700 mm et elles tombent sur environ 54 jours.

4.6. Hydrographie

4.6.1. Les eaux de surface

La Région de l’Est est drainée, par un réseau hydrographique dense constitué essentiellement de bas-fonds et d’affluents périodiques (environ 5 676 km). Le territoire de la région est partagé entre deux grands bassins versants que sont celui du Niger, au Nord, et celui de la Pendjari, au Sud, un affluent de l’Oti. Le fleuve Niger est alimenté par un ensemble de cours d’eau qui coulent dans les sens Sud-ouest/Nord-est. Il s’agit de la Sirba, de la Komondjari, de la Faga, du Goroubi,du Bonsoaga, du Dyamongou, du Baopendi et de la Tapoa. Ceux qui alimentent le bassin de la Pendjari sont Oualé, Singou, Arly, Doubolo, Kourtiaga et coulent dans les sens Nord-ouest/Sud-est.

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4.6.2. Les eaux souterraines

La Région de l’Est repose sur les deux domaines hydrogéologiques du Burkina Faso : le domaine cristallin, où les débits sont faibles (2 à 3 m3/h en moyenne), avec des niveaux exceptionnels de 50 m3/h, et le domaine sédimentaire dans la zone du Gobnangou, avec des débits pouvant atteindre plusieurs centaines de m3/h.

4.7. Ressources végétales et fauniques

La Région de l’Est se caractérise au plan phytogéographique comme une aire de transition entre la zone soudanienne au Sud et la zone sahélienne au Nord. Elle est parcourue par une savane arborée et arbustive, avec des galeries forestières le long des cours d’eau et une steppe. D’une province à l’autre, il existe quelques particularités.

Dans la Gnagna et au Nord de la Komondjari se développe une végétation de type Sud -sahélien, dominé par une steppee arbustive. Au sud de la Komondjari, dans le Gourma, la Tapoa et à la Kompienga, la végétation et la flore sont de type Sud-soudanien, caractérisées par des espèces ligneuses abondantes qui témoignent de la savane arborée et arbustive dense.

Concernant la faune, la région abrite de nombreuses réserves et un parc national. Les réserves couvrent 30,43 % de la superficie totale des aires fauniques et concentrent 80% des ressources fauniques au niveau national. Il s’agit essentiellement des réserves partielles de faune de Pama, avec 223 000 hectares, d’Arly, avec 119 000 hectares, et, la réserve totale de faune de Singou, avec 177 394 hectares. Les réserves occupent 25 % de la superficie de la province de la Tapoa.

4.8. La population : effectif de la population, répartition et densité

Selon les résultats du RGPH de 2006, la population de la région est estimée à 1 209 399 habitants dont 615 627 femmes. Avec un taux de croissance annuelle de 2,90 %, la population se serait accrue de 438 404 habitants entre 1999 et 2006, soit une augmentation globale de 16 à 20%. Le taux d’accroissement moyen annuel établi pour la région est supérieur au taux national (environ 2, 4%). A l’échelle des provinces, les plus forts taux d’accroissement des effectifs de la population sont observés dans la Kompienga (4,98%), la Tapoa (3,63%) et la Komondjari (3,51%), qui affichent des taux supérieurs à la moyenne régionale. La Gnagna (2,20%) et le Gourma (2,15%) connaissent les plus faibles taux de la région (RGPH 2006).

Sur la base du taux d’accroissement moyen annuel de la région, la population de l’Est a étéestimée à environ 1 549 841 en 2013. La province de la Gnagna se classe au premier rang en termes de population, avec environ 496 918 habitants, suivie de la Tapoa (444 291habitants), et du Gourma (381 451 habitants). La Komondjari vient en quatrième position avec une population de116 650 habitants, et enfin, la Kompienga, avec 110 530 habitants (RGPH 2006).

Tableau n°2 : Population de la région en 2013, répartition et densité

Source : Adapté du RGPH-2006/Direction Régionale INSD/Est

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Carte n°4: Répartition de la population par commune en 2008

Source : DRED/PRD 2009

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4.9. Activités socio-économiques

4.9.1. L’agriculture

A l’image du pays, l’économie de la Région de l’Est repose essentiellement sur le secteur primaire, qui emploie à titre principal environ 93,7% de la population, contre 84,4% au niveau national. L’agriculture y demeure la principale activité qui assure des emplois et des revenus à la majeure partie de la population, estimée à environ 93,1% des ménages (DRED 2009). La Région de l’Est bénéficie de conditions agro-climatiques relativement favorables, marquées par une pluviométrie annuelle au dessus de la moyenne nationale et une disponibilité assez importante en terres cultivables encore peu dégradées, faisant d’elle l’un des espaces les plus propices à l’activité agricole, au plan national. Toutefois, malgré ces conditions naturelles relativement favorables, l’agriculture de la région reste peu performante, tributaire des pratiques traditionnelles de production, caractérisée par une agriculture de type pluvial, peu mécanisée et dominée par la petite exploitation familiale. Les principales cultures sontles vivrières (maïs, mil, sorgho blanc et sorgho rouge), les cultures de rente (coton, arachide, sésame et soja) et les autres cultures vivrières (voandzou, niébé et patate).

Selon les statistiques de la Direction régionale de l’agriculture et de la sécurité alimentaire (DRASA), au total 536 600 ha (11,60% du territoire régional) ont été emblavés, toutes spéculations comprises. La répartition par province donne ce qui suit :

Gnagna : 170 639 ha (20,15% du territoire de la province); Gourma : 133 583 ha (12,01% du territoire de la province); Tapoa : 148 615 ha (10,18% du territoire de la province); Komondjari : 30 275 ha (6% du territoire de la province); Kompienga : 53 488 ha (7,61% du territoire de la province).

Les résultats définitifs de la campagne agricole 2014/2014 sont contenus dans les tableaux qui suivent.

Tableau n°3 : Superficies emblavées en ha (campagne 2013 /2014)

Source : Direction des Statistiques Sectorielles/DGESS/MASA, mars 2014

Tableau n°4 : Estimation des productions agricoles pour la campagne 2013 /2014 (en tonne)

Source : Direction des Statistiques Sectorielles/DGESS/MASA, mars 2014

Les principales difficultés rencontrées durant la campagne agricole humide 2013-2014 sont d’ordre naturel et rganisationnel.

- Contrainte d’ordre naturel : • les aléas climatiques récurrents marqués par un retard de l’installation et l’évolution difficiles de la pluviométrie, avec un impact négatif sur l’évolution des opérations culturales dans certaines localités ; • les dégâts des cultures par les pachydermes et les animaux domestiques.

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29 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

- Contrainte d’ordre organisationnel : • les conflits fonciers de plus en plus fréquents ; • l’abandon des activités agricoles au profit de l’orpaillage dans certaines zones.

4.9.2. Elevage

La Région de l’Est bénéficie de conditions naturelles favorables, marquées par une relative abondance des ressources en eau et des ressources fourragères, propices au développement des activités de production en général, et d’élevage en particulier. Région charnière entre les zones sahéliennes et soudaniennes, elle demeure de nos jours un important couloir de passage du bétail en direction despays voisins. L’élevage y constitue la deuxième activité socioéconomique. Il contribue pour 19% aux revenus des ménages au niveau régional (DRED, 2005). Les principales espèces élevées sont : les bovins, les petits ruminants (les ovins et les caprins), les porcins, les équins, les asins, les camelins et la volaille. Les caractéristiques essentielles de l’élevage de la région, à l’image du pays, restent marquées par les systèmes extensifs de production et, une relative faible productivité au niveau de toutes les espèces. L'élevage y est basé surl’exploitation du pâturage naturel et une grande mobilité des troupeaux. C’est une activité de plus en plus intégrée à l’agriculture par un apport en traction animale et en fumure organique.

4.9.2.1. Les effectifs

Selon les statistiques 2014 de la DRRAH, la Région de l’Est compte 1 013 258 bovins, 922 232 ovins, 1 427 524 caprins, 134 764 porcins, 113 608 asins, 4 983 équins, 360 camelins et 2 893 053 de poules et pintades.

Le tableau n°5 donne la répartition par province.

Tableau n°5 : Répartition des effectifs 2014 par province

Sources : DRRAH 2014

A l’échelle des provinces, la Gnagna compte les effectifs les plus importants des principales espèces élevées (bovins, ovins et caprins). Viennent ensuite par ordre d’importancede leur cheptel la Tapoa, le Gourma, la Komondjari et la Kompienga.

Sur la base des taux de conversion en UBT définis par l’IEPC: 0.61 pour les bovins, 0,09 pour les ovins, 0,07 pour les caprins, 1pour les équins, 0,4 pour les asins et 1,5 pour les équins, la région compte en 2014 au total 851 981 UBT, comme l’indique le tableau n°6 suivant.

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Tableau n° 6 : Répartition des effectifs et nombre UBT par province

Sources : IEPC 2014

4.9.2.2. Les systèmes de production

A l’instar des autres régions du pays, l’élevage y est caractérisé par deux grands modes de production: les systèmes traditionnels extensifs (transhumant et sédentaire) et les systèmes améliorés (semi-intensifs et intensifs). La seconde enquête nationale sur les effectifs du cheptel ENEC II (2004) défini ainsi qu’il suit les proportions des différents systèmes de production pour les principales espèces élevées.

Tableau n°7: Proportion par type d’élevage et par espèce dans la région

Sources : IEPC 2014

Le Bulletin statistique 2011 du Ministère des ressources animales relève, qu’au titre des transhumances, la Région de l’Est a accueilli en cette année 8 163 têtes de bétail dont 7 215 bovins, 876 ovins, 70 caprins et 2 asins. Elle a par contre été le point de départ en transhumance de 23 317 têtes de bétail, dont 20 604 bovins, 2 693 ovins et 20 caprins. Il en résulte que la région apparait plus comme un point de départ et un couloir de passage pour les transhumances en direction des pays voisins tels que le Bénin et le Togo qu’une région d’accueil des transhumances.

4.9.2.3. Les rôles et fonctions de l’élevage

L’élevage assure de nombreuses fonctions au profit de la population, notamment: • il a fonction d'épargne, quand la production agricole ne couvre pas les besoins de la famille, ou quand on doit faire face à des dépenses exceptionnelles (maladies, funérailles, baptêmes, dot, etc.), on a recours aux animaux que l’on place sur le marché. Inversement, l’argent généré par la vente des surplus agricoles est souvent consacré à l’achat de bétail, qui permet de fertiliser les champs, soit par les gros ruminants qui, en saison sèche, stationnent la nuit dans les champs, soit par le fumier des petits ruminants qui stationnent tous les soirs dans les concessions et dont le fumier est transporté dans les champs.

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31 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

• il joue un rôle appréciable dans l'accroissement de la production agricole par l’apport de la fumure et de la force de travail (labour, transport); • il fournit divers produits : viande (consommée surtout à l’occasion de fêtes familiales et religieuses), lait (produit et vendu par les femmes peules), cuir. Néanmoins, cette activité reste confrontée à de nombreuses contraintes.

4.9.2.4. Les contraintes

La Région de l’Est est une région à vocation pastorale, de par l’importance du cheptel, mais aussi des potentialités pastorales (ressources pastorales bien fournies). Cependant, ce secteur d’activités a les mêmes contraintes que dans le reste du pays.Il s’agit essentiellement de : • la détérioration des conditions d’accès et d’exploitation durable des ressources pastorales et hydriques, qui place la plupart des agro-pasteurs devant une situation qui remet en cause leurs pérennités sociale, culturelle et économique, ainsi que celle des systèmes semi-intensifs situés en zones périurbaines (IEPC, Burkina Faso, FAO/Banque Mondiale, 2005). La Région de l’Est, du fait de sa démographique galopante et de l’afflux continu de migrants, connaît ainsi des difficultés sérieuses en matière d’accès aux ressources vitales par les éleveurs (obstruction des pistes à bétail, défriches anarchiques, etc.) ; • la dégradation poussée des terres de parcours, notamment dans la Gnagna est remarquable. En effet dans cette province, les pâturages sont fortement dégradés ; ce qui contribue à la mobilité des troupeaux. • l’avancée du front agricole et la compétition qu’il installe et accentue chaque année autour de l’utilisation de l’espace ; • la persistance des feux tardifs qui détruit de nombreux pâturages secs ; • le rétrécissement des parcours pastoraux; • l’insuffisance de couloirs de transhumance balisée avec des aménagements adéquats ; • l’obstruction des couloirs et pistes à bétails négociés de commun accord avec toutes les parties prenantes.

4.10. Les exploitations forestière, faunique et halieutique

Au titre de ces activités, on retiendra : la chasse, la production de bois et le charbon de bois, les produits forestiers non ligneux, la pêche et la production de miel.

4.10.1. La chasse

La chasse est pratiquée essentiellement dans les zones de chasse et dans les Zones Villageoises d’Intérêt Cynégétiques (ZOVIC) de la région. Les premières sont des zones concédées par l’Etat à des opérateurs privés suivant un cahier de charges définissant les droits et devoirs des deux parties concernées (opérateurs privés et Etat).

Les ZOVIC sont des espaces délimités par les populations locales sur leurs terroirs villageois pour y réaliser une exploitation rationnelle de la faune. Les profits réalisés sont gérés par les Comités Villageois de Gestion de la Faune (CVGF) et investis dans la réalisation des infrastructures de développement communautaire. On dénombre au total 75 ZOVIC dans la région, dont seulement 32 ont été délimitées.

Selon les statistiques de la DREDD, en moyenne 448 gibiers sont abattus par an et cela rapporte environ 194 528 294 FCFA aux acteurs de la filière (population riveraines, concessionnaires et Etat burkinabè).

4.10.2. La production de bois et de charbon de bois

La Région de l’Est reste incontestablement le plus grand réservoir de bois du Burkina, avec plus de 40 000 000 m3 de bois sur pied contre une moyenne nationale de 15 692 308 m3 par région (MESSRS et UICN, 1995). Cependant, l’exploitation commerciale du bois (bois de chauffe, bois de service et bois d’œuvre) dans la région est relativement peu développée du fait de l’éloignement des grands centres de consommation (Ouagadougou notamment).

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32 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

La production de charbon de bois est en nette progression dans la région, conséquence d’un changement de comportement des ménages citadins de plus en plus demandeurs, au détriment du bois de chauffe. Toutefois, les statistiques sur ce secteur sont peu abondantes, du fait que l’essentiel des productions échappe aux agents des services forestiers.

4.10.3. Les produits forestiers non ligneux

Les produits forestiers non ligneux constituent une importante source de revenus pour les populations locales, notamment pour les femmes. Ces produits sont constitués essentiellement par d’amandes de karité, de graines de néré, de tamarin, de feuilles de baobab, de fleurs de kapokier, de pain de singe, de tubercules, de rônier et de gomme arabique. Ces produits sont plus variés et plus abondants dans la zone Sud de la région.

4.10.4. La pêche

La Région de l’Est, de par ses énormes potentialités en ressources en eau, est un espace par excellence de pêche. L’activité y est organisée autour des principaux cours d’eau, lacs et barrages, notamment la Tapoa et la Sirba. Ce qui fait que cette région est la deuxième zone à vocation de pêche du pays, avec la Kompienga.

La production poissonnière de la région et les captures qui s’y pratiquent restent mal connues à cause des difficultés de suivi des sites de pêche disséminés sur l’étendue de l’espace régional, et du manque de pesées sur certains sites. Les statistiques sur les captures suivies enregistrent une production d’environ1 500 tonnes en moyenne par an. Le barrage de laKompienga concentre autour de 50% de la production régionale (DRAHRH de l’Est 2007).

4.10.5. La production de miel

La Région de l’Est est l’une des plus grandes productrices de miel du Burkina. Les principales zones de production sont la Tapoa, le Gourma et la Kompienga. Plus de 240 producteurs sont encadrés et la production apicole est estimée à 5089 litres de miel brut et 4480 litres de miel pur, par an (DRED 2009).

4.11. Le tourisme

La Région de l’Est abrite de nombreux sites touristiques essentiellement situés dans la zone Sud. Ceux-ci sont pour la plupart directement liés à l’exploitation desressources naturelles. Les sites touristiques les plus connus sont ceux qui concernent la faune. A la faveur des importantes réserves de faune qu’abritent les provinces du Sud de la région (Gourma, Kompienga et Tapoa), diverses activités touristiques se sont développées : safari de vision (Parc d’Arly), safari photo, petite et grande chasse.

Outre la faune, la région regorge de nombreux autres sites naturels attractifs, parmi lesquels on peut citer : • les chaînes du Gobnangou et de l’Atakora, les falaises et les cascades à Lampoanli, Tambaga et Diaboanli ; • des collines de granite (Tangaye, Pama), des grottes dans la Kompienga ; • des lieux sacrés ou à valeur symbolique : mare sacrée des tortues de Diapaga, colline sacrée dénommée Nalambou, dans le Gourma, baobab de Diaba Lompo, le cimetière des rois du Gulmu, le Palais royal du roi du Gulmu ; • le barrage hydro-électrique de Kompienga.

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33 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

V – RESSOURCES PASTORALES

5.1. L’occupation des terres

Carte n°5 : Situation de l’occupation des terres

Sources : BDOT, 1992 et 2002

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34 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

Tableau n°8 : Evolution de l’occupation des terres (1992-2002)

Sources : BDOT, 1992 et 2002

Les espaces, généralement affectés à la pâture des animaux (les jachères, les forêts, les savanes et les steppes), ont reculé d’environ 215 763 ha, entre 1992 et 2002. Les terres affectées à l’agriculture ont progressées d’à peu près du même niveau pendant la même période, soit 214 503 ha. On peut dire que la régression des espaces pastoraux s’est faite au profit du front agricole.

L’équipe n’a pas pu exploiter la BDOT 2012, faute de matériel adapté. Mais si l’on considère que le recul des espaces pâturables a été du même niveau entre 2002 et 2012, on s’aperçoit qu’en l’espace de vingt ans, les terres pastorales ont perdu environ 435 000ha au profit de l’agriculture, dans la Région de l’Est. L’agriculture (production végétale) apparait comme la principale cause du recul des terres pastorales.

La BDOT donne treize types d’occupation des terres.pour la Région de l’Est. Elle montre, par ailleurs, que l’agricultue(les cultures pluvialeset les cultures irriguées) occupent 28, 545% de l’espace régional. Les jachères, les savanes, les steppes, les prairies et les forêts occupent 70,26% de cet espace, et le reste, soit 1,195 %, est pris par les habitations, les sols nus et les plans d’eau (Tableau N° 9). Les champs, les jachères, les savanes, les steppes, les prairies et les forêts constituent les unités pastorales potentielles de la région. Ils constituent respectivement 28,53%, 15,80%, 44,69%, 7,14% 0,25% et 2,63% de l’espace régional.

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35 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso n o i t a t é g é v

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36 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

5.2. Les ressources fourragères 5.2.1. Caractéristiques générales des ressources pastorales

La Région de l’Est du Burkina Faso, au plan phytogéographique, constitue une aire de transition entre lesdomaines sahélien au ¨Nnord et soudanien au Sud. Elle regorge de ressources pastorales importantes du fait des bonnes conditions végétatives et de la faible densité de la population. Les principales unités de végétation qui constituent les ressources fourragères potentielles appartiennent aux secteurs Sud-sahélien, Nord et Sud- soudanien. Ces unités, selon le type d’occupation des terres (tableau n° 9), comprennent les champs, les steppes (steppes arbustives et herbeuses, steppes arborées), les jachères, les savanes (savanes arbustives et herbeuses, savanes arborées), les forêts galeries, les forêts claires et les prairies.

5.2.1.1. Les steppes

Dans le secteur Sud-sahélien, deux principales unités de végétation sont dominantes : la steppe arbustive à Combretum micranthum, Balanites aegyptiaca, Schoenefeldia gracilis et Microchloa indica et, la steppe arbustive arborée à Combretum micranthum, Acacia sayal, Loudetia togoensiset Schoenefeldia gracilis (PNGT/INERA 2004)

5.2.1.1.1. La steppe arbustive à Combretum micranthum, Balanites aegyptiaca, Schoenefeldia gracilis et Microchloa indica

Elle est la formation végétale la plus dominante. Au niveau de la strate herbacée, les contributions spécifiques les plus élevées sont fournies par Schoenefeldia gracilis (62%), Microchloa indica (42%, Loudetia togoensis (34%) et Fimbristilis hispidula.

Les principaux ligneux fourragers sont Balanites aegyptiaca, Acacia senegal et Piliostigma reticulatum, dont les contributions spécifiques atteignent respectivement 90%, 79% et 10%. La biomasse primaire de couvert herbacé varie de 202 kg MS/ha à 74,1et celle de la partie foliaire du couvert ligneux est comprise entre 55 kg MS/haet 519 kg MS/ha. La capacité de charge théorique évaluée varie de 14 et 6 ha /UBT/an (PNGT 2004).

Dans les steppes arbustives et herbeuses les observations faites par l’équipe sur les sites de Coala, Kodjéna et de Bonsiéga montrent que la strate herbacée est dominée par Schoenefeldia gracilis, Aristida ordeacea, Schizachyrium exile, Loudetia togoencis, Tephrosia bracteolata, aristida adscencioni. Les ligneux les plus dominants demeurent Acacia laeta, Acacia seyal, Anageissus leiocarpus, Acacia nilotica, Balnites aegyptiaca et Combretum glutinosum.

5.2.1.1.2. La steppe arborée à Combretum micranthum, Acacia sayal, Loudetia togoensiset Schoenefeldia gracilis

Elle constitue une transition entre le domaine sahélien et le domaine soudanien. Les espèces herbacées dominantes sont Loudetia togoensis (25%), Schoenefeldia gracilis (21%), Setaria pumila (20%), Corchorus tridens (19% à) et Dactyloctenium aegyptium (18%). Les principaux ligneux fourragers rencontrés sont Acacia sayal (58% à), Pterocarpus lucens (18% à) et Piliostigma reticulatum (19%).

La biomasse primaire herbacée évaluée varie de 1016 kg MS/haà 2204 kg MS/ha). Quant à la biomasse foliaire de ligneux, elle varie de 375 kg MS/ha) à 2806 kg MS/ha . La capacité de charge théorique évaluée est comprise entre4 ha/UBT/an et 1 ha/UBT/an.

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37 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

5.2.1.2. Les savanes

Selon les types d’occupation des terres, on distingue pour la Région de l’Est les savanes arbustives et herbeuses et les savanes arborées.

5.2.1.2.1. Les savanes arbustives et herbeuses

Les savanes arbustives et herbeuses constituent des unités pastorales assez répandues dans la Région de l’Est. En effet, elles sont présentes dans toutes les cinq provinces.

La végétation herbacée des savanes arbustives est constituée de 24 espèces dont 9 espèces productrices. Les graminées annuelles telles que Loudetia togoensis (21,06%), Schizachyrium brevifolium (10,71%), Ctenium elegans (9,25%), Andropogon fastigiatus (8,06%), et Andropogon pseudapricus (7,42%.) contribuent plus à la formation végétale de ce faciès. Après celles-ci viennent les espèces suivantes : Chamaechrista mimosoides (7,05%), Microchloa indica (6,41%), Spermacoce stachydea (6,32%), Digitaria gayana (5,31%). Avec 31 espèces inventoriées, les savanes herbeusescomprennent 4 espèces productrices. Loudetia togoensis est l’espèce la plus représentée de par sa CSi, qui est de 37,14%. Elle est suivie de loin par Microchloa indica (15,50%), Zornia glochidiata (12,02%), Tephrosia pedicellata (10,02%) (Bambara 2010).

Photo n°1: Vue d’une savane arbustive et herbeuse Localisation : X = 0.9778, Y =12.2711

L’étude sur la caractérisation de la végétation et évaluation de la production de biomasse primaire, réalisée par le PNGT/INERA 2005, a identifié dans les localités de Bilanga et de Kantchari :

• la savane arbustive à Vitellaria paradoxa, Combretum micranthum, Loudetia togoensis et Microchloa indica ; la savane arbustive à Acacia gourmaensis, Combretum glutinosum, Zornia glochidiata, Schoenefeldia gracilis ; • la savane arbustive à Acacia gourmaensis, Combretum glutinosum, Zornia glochidiata, Schoenefeldia gracilis.

• La savane arbustive à Vitellaria paradoxa, Combretum micranthum, Loudetia togoensis et Microchloa indica

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38 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

Elle est l’unité la plus caractéristique du secteur Nord- soudanien. Selon les observations faites sur les sites de Matiacoali, Kikidéni et Kantchari, les principales espèces herbacées rencontrées sont : Loudetia togoensis, Microchloa indica, Andropogon fastigiatus, Andropogon pseudapricus, Pennisetum pedicellatum. Quant à la strate ligneuse, elle est nettement dominée par des espèces anthropiques telles que Vitellaria paradoxa, mais très pauvre en ligneux fourragers, qui se résument à Balanites aegyptiaca, Piliostigma reticulaum et Commiphora africana. La biomasse primaire herbacée de cette formation végétale évaluée varie de 386 kg MS/ha à 4650 kg MS/ha, avec une biomasse foliaire des ligneux comprise entre449 kg MS/ha et 7338 kg MS/ha. La capacité de charge théorique équivalentevarie de 9 ha/UBT/an à 1 ha/UBT/an. • La savane arbustive à Acacia gourmaensis, Combretum glutinosum, Zornia glochidiata, Schoenefeldia gracilis Selon les observations faites sur le site de Bilanga, les contributions spécifiques maximales des espèces herbacées sont observées avec Zornia glochidiata, Brachiaria jubata et Schoenefeldia gracilis. Les principaux ligneux fourragers rencontrés sont Acacia gourmaensis, Sterculia setigera, Andansonia digitata, Piliostigma reticulata et Piliostigma thonningii.

La biomasse primaire herbacée évaluée varie de 734 kg MS/haà 3165 kg MS/ha. Quant à la biomasse foliaire des ligneux, elle est comprise entre246 kg MS/ha et 1086 kg MS/ha. La capacité de charge évaluée varie de 5 ha /UBT/an à 2 ha /UBT/an.

Les observations faites sur les sites de Nalidougou, Matiacoali et Nadiabonli relèvent que la strate herbacée est dominée par les espèces comme Pennisetum pedicellatum, Wissadula amplissima,Loudetia togoencis, Alysecarpus ovalifollus, Andropogon pseudapricus, Spermacoce stachydea, spermacoce filifolia, Aristida adscensoni…

Les principaux ligneux observés sont : Combretum glutinosum, Acacia gourmaensis, Anogeissus leiocarpus, Combretum molle, Combretum acculeatum, Balanites aegyptiaca, Piliostigma reticulatum et Combretum nigricans.

5.2.1.2.2. Les savanes arborées

Elles sont localisées dans les provinces qui occupent le centre et le Sud de la région.

L’étude PNGT/INERA a distingué : • la savane arborée à Vitellaria paradoxa, Combretum micranthum, Loudetia togoensis et Brachiaria lata ; • la savane arborée à Anogeissus leiocarpa, Feretia apodanthera, Andropogon gayanus. • La savane arborée à Vitellaria paradoxa, Combretum micranthum, Loudetia togoensis et Brachiaria lata.

La strate herbacée est dominée par Loudetia togoensis, Brachiaria lata, Zornia glochidiata et Microchloa indica. Les ligneux fourragers dominants sont Acacia macrostachya, Daniellia oliveri et Lannea microcarpa.

La biomasse primaire de la strate herbacée évaluée varie de 566 kg MS/ha à 1804 kg MS/ha. La production de biomasse foliaire des ligneux, quant à elle, variede 409 kg MS/ha à 5869 kg MS/ha. Les ligneux fourragers apportent au bétail un complément alimentaire d’appoint au moment où la valeur alimentaire de lastrate herbacée est à son plus bas niveau. La capacité théorique de charge de cette formation est comprise entre 2,3 ha/UBT/an et 0,3 ha/UBT/an.

- La savane arborée à Anogeissus leiocarpa, Feretia apodanthera, Andropogon gayanus Les observations faites par le PNGT à Arly montrent qu’au niveau de cetteformation végétale, la graminée pérenne Andropogon gayanus est de loin l’espèce la plus dominante. Les ligneux fourragers sont représentés par Feretia apodanthera, Balanites aegyptiaca, Lonchocarpus laxifloru et Burkea africana. La biomasse primaire herbacée évaluée varie de 1925 à 10108 kg MS/ha, et celle de la partie foliaire des ligneux est comprise entre 1700 et 4889 kg MS/ha. La capacité de charge théorique estimée varie de 0,62 à 0,15 ha/UBT/an.

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39 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

5.2.1.3. Les jachères

Le tapis herbacé estdominé par les espèces telles que Andropogon pseudapricus Spermacoce stachydea Setaria pumila, Cochlospermum tinctorium et Pennisetum pedicellatum, Sporobolus festivus, Crotalaria pallida, Eragrostis tremula, Andropogon pseudapricus,Spermacoce stachydea, , Loudetia togoensis, Cteniumelegans,.

Selon les observations de Bambara (2010) à la Tapoa à Botou et à Kantchari dans les jachères les espèces productrices sont composées de Tephrosia pedicellata,Andropogon pseudapricus, Spermacoce stachydea.Les Combretaceae et les Mimosaceae dominent la végétation ligneuse de cette formation. Elles sont suivies par les Rubiaceae. L'espèce caractéristique de cette formation est Vitellaria paradoxa (Ouédraogo Dominique 2008).

5.2.1.4. La forêt claire C’est une formation également présente dans le Sud de la région, essentiellement dans les provinces de la Tapoa et de la Kompienga. Les espèces herbacées sont Andropogon pseudapricus et Aristida kerstingii. L’espèce ligneuse fourragère qui prédomine est Piliostigma reticulatum.

La biomasse primaire de ce couvert herbacé évaluée est de 3117 kg MS/ha. Quant à la biomasse foliaire des ligneux, elle atteint 12468 kg MS/ha. La capacité de charge qui en découle est estimée à 1 ha/UBT/an (PNGT 2005).

Dans la fotêt claire, les principales espèces herbacées observées sur le site de Kombonga sont : Andropogon gayanus, Andropogon chinensis, Andropogon tectorum, Dihetropogon amplectens, Heteropogon contortus, Hyparrhenia smithiana, Hyparrhenia dissoluta, Hyparrhenia rufa, Oriza barthii, Panicum leatum, Panicum anabaptistum….Les ligneux les plus dominants sont représentés par : Acacia hockii, Combretum fragrans, Pterocarpus erinaceus, Coùbrtum molle, Fluggea virisa, Acacia gourmaensis, Kaya senegalensis, Antada africana….

5.2.1.5. Les forêts galeries

Ces formations, qui se développent le long des cours d’eau, sont présentes dans toutes les cinq provinces de l’Est. La strate herbacée est dominée par Paspalum scrobiculatum, Panicum laeta, Oriza longistamina, Aristida funiculata, Tephrosia pedicellata, Sporobolus pyramidalis, Hyptis spicigera. Les ligneux fourragers sont représentés selon le cas par Piliostigma thonningii, Combretum aculeatum, Piliostigma reticulatum.

La biomasse primaire herbacée évaluée varie de 2036 à 2483 kg MS/ha. Concernant la biomasse foliaire des ligneux, elle est comprise entre 815 et 3877 kg MS/ha. La capacité de charge théorique correspondante varie de 2 à 1 ha/UBT/an. Les observations faites par l’équipe sur le terrain à Matiacoali montrent que la strate herbacée est dominée par Oriza barthii, Hyparrhenia rufa, Andropogon gayanus var. gayanus, Andropogon pseudapricus, Pennisetum unisetum, Hibiscus asper, Panicum anabaptistum, Panicum laetum, Paspalum scorbilatum, paspalum anabaptistum, Andropogon tectorum….

La strate ligneuse, quant à elle, est dominée par Mitragyna inermis, Anogeissus leiocarpus, Acacia seyal, Acacia polyacantha, Lannea barteri….

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40 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

Photo n°2 : Vue d’une forêt galerie Localisation : X = 1.9958 ; Y =11.6758

5.2.1.6. Les prairies

Bambara (2010) a relevé dans les bas-fonds de la Tapoa (Botou et Kantchari), 7 espèces productrices : Pennisetum pedicellatum, dont la contribution spécifique (CSi) est de 14,66%, est l’espèce qui contribue plus à la formation de la végétation herbacée. Elle est suivie de Triumffeta pentandra (11,07%), Andropogon pseudapricus (9,34%) Spermacoce stachydea (9,23%) Setaria pumila (6,84%) Andropogon fastigiatus (6,19%) Panicum repens (5,10%). La capacité de charge globale est évaluée à 1 ha /UBT/an. Les observations faites à omabongai par l’équipe relèvent que la strate herbacée, dans cette unité de végétation, est dominée par Paspalum anabaptistum, Hyarrhenia smithiana, Hyparrhenia dissoluta, andropogon chinensis, Andropogon tectorum, Heteropon contortus, Andropogon gayanus, Oriza barthii, Hyparrhenia rufa, Diheteropogon amplectens….

La strate ligneuse reste dominée par Mitragyna inermis, Terminalia sp et Lannea barteri.

5.2.1.7. Les champs

Le relevé du couvert végétal des champs a permis d’identifier 38 espèces dont 7 productrices. Elles sont constituées de Digitaria horizontalis (22,24%), Corchorus tridens (12,01%),Killynga pumila (7,28%), Zornia glochidiata (6,89%), Mitracarpus scaber (6,10%), Acanthospermum hispidum (5,31%), Ipomea eriocarpa (5,12%). La strate ligneuse est dominée par Combretum nigricans (29.35%) Gueria senegalensis (16.30%), Hyphaene thebaica (11.96%) Piliostigma thonningii (10.87%) Lannea acida (7.61%) Sclerocarria birrea (16, 52%) (Bambara, 2010).

Les observations faites à ce niveau par l’équipe du transect montrent que la strate herbacée dans les champs est dominée par Eragrostis tremula, Hyptis spicigera, Alysicarpus ovalifollus, pennisetum pedicellatum…

La strate ligneuse est représentée par des espèces utilitaires comme Tamarindus indica et Vitellaria paradoxa.

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41 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

Photo n° 3: Vue d’une prairie Localisation : X = 1.9958 ; Y =11.6758

Les résultats détaillés des relevés de la vegetation (vegetation herbacée et ligneuse) sont consignés dans le tableau N° 11 à 16.

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45 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

5.2.3. Synthese des relevés de la vegetation sur le transect

Tableau n° 11 : Diversité floristique des steppes arbustives et herbeuses et des steppes arborées

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46 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

Tableau n° 12 : Diversité floristique des savanes arbustives et herbeuses

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47 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

Tableau n° 13 : Diversité floristique de la forêt claire

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48 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

Tableau n° 14 : Diversité floristique de la forêt galerie

Tableau n° 15 : Diversité floristique de la prairie

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49 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

Tableau n° 16 : Diversité floristique des Champs de cultures pluviales (champ de sorgho)

5.2.2. Importance spatiale des ressources pastorale dans la Région de l’Est

L’ensemble des unités de végétation qui constitue les ressources fourragères potentiellestotalise 3 259 390 ha, soit environ 70,46% de la superficie totale de la région. La répartition de de ce potentiel entre les différentes unités de végétation et par province donne les situations suivantes : - steppes arbustives et herbeuses : 324 694 ha ; - steppe arborée :9 059 ha ; - jachères:704 172 ha ; - savane arbustive et herbeuse : 1 895 840 ha; - savane arborée : 190 857 ha ; - forêt claire : 7 168 ha ; - forêt galerie : 115 972 ha ; - prairie marécageuse : 11 628 ha.

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50 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

Tableau n°17 : Importance spatiale des unités de végétation et leur répartition par province

Sources : BDOT 2002 et PNGT 2005

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51 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

5.2. 3. La part des aires protégées (les réserves et les concessions de chasse) 5.2.3.1. L’importance spatiale des réserves et concessions de chasse

La Région de l’Est est reconnue pour ses potentialités cynégétiques, en raison de l’importance des parcs et réserves naturels qu’elle abrite. De plus pour promouvoir la chasse et le tourisme de vision, les pouvoirs publics ont cédé à des privés de nombreuses concessions de chasse. Les zones ainsi concédées à des privés viennent en déduction des domaines jadis réservés à la pâture des animaux domestiques. Aujourd’hui, la situation de ces réserves et concessions de chasse montre qu’environ 1 107 400 ha sont concernés, soit 34% de la superficie totale des espaces pâturables potentiels de la région.

Les réserves et les concessions de chasse sont surtout importantes dans les provinces du Sud ; la Kompienga, la Tapoa et dans une moindre mesure le Gourma. Les provinces du Nord de la région (la Gnagna et la Komondjari) ne sont pas touchées.

Au niveau de la Kompienga, il concerne 557 501 ha (85,64% des espaces pâturables), à la Tapoa il touche463 875 ha (39,60% des espaces pâturables) et dans le Gourma, il s’agit de 86 024 ha (12,60% des espaces pâturables). Les deux provinces du Nord, la Gnagna et la Komondjari ne sont pas touchées.

Tableau n°18 : La part des aires protégées dans le potentiel des espaces pâturables

Gourma Kompienga Tapoa Totale Gnagna Unités de Zone Komondjari Zone Superf Zone zone (Sup en Superf en Sup. pastorales concédée (ha) concédée en concédée concédée ha) (ha) (ha) (ha) (ha) (ha) (ha) (ha) jachères 155 436 183 709 1 021 102 519 29 674 6 110 232 834 2 040 9 171 Forêt galerie 18 813 20 531 3 844 20 095 34 628 34 510 21 905 13 183 51 537 Forêt claire 0 0 0 0 1787 1 787 5 381 5 381 7 168 Savane arborée 0 5 855 813 96 77 153 77 145 107 753 84 776 162 734 Savanearbustive 47 490 466 195 80 334 88 119 499 394 435 203 794 642 355 940 871 477 et herbeuse Steppe arbustive 196 047 5 844 0 116 760 0 0 6 043 0 Steppe arborée 6 846 297 0 1 916 0 0 0 0 Prairie 592 113 12 0 8 340 2 746 2 583 2 555 5 313 1 171 425 224 682 544 329 505 650 976 Total 86 024 557 501 141 463 875 1 107 400

Source : BDOT 2002

5.2.3.2. La répartition des réserves et concessions de chasse par province et la part des superficies de pâturage accessibles à l'élevage pastoral

La part des espaces potentiels pâturables réservée aux aires protégées, dans la Région de l’Est, est assez importante (34%). Le potentiel réellement accessible à l’élevage s’établit à 2 151 990 ha. Sa répartition par province et par unité pastorale se présente ainsi qu’il suit, dans le tableau n° 19.

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52 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

Tableau n°19 : La part des aires protégées dans le potentiel des espaces pâturables Superficie des unités de végétation accessibles à l’élevage pastoral

Sources : Données de l’Etude

the policy implementation gap" (CPIG-DANIDA-WAP)

53 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

5.2.3.3. Le bilan entre les capacités de charge des espaces pastoraux et les effectifs du cheptel de la région

Le tableau n° 6 traduit en UBT les effectifs de l’année 2014 des herbivores domestiques (bovins, ovins, caprins, asins, équins et calelins) de la Région de l’Est, soit au total 851 981 UBT. Sur la base des capacités de charge de chaque unité pastorale (ha/UBT), la capacité de charge totale de la région en termes d’UBT/ an, a été évaluée. A partir des valeurs maximales et minimales en ha/UBT/an, elle s’établit entre 402 908 ET 1 502 620 UBT / an, soit une moyenne de 952 764 UBT/an.

Le rapprochement des effectifs de l’année 2014 (en UBT) et le nombre moyen de têtes de bétail supportables par les parcours de la région dégage ainsi un exédent de 100 783 UBT. Cela à cause de l’apport très important des champs de culture après récolte, soit 7,5 à 6,3 ha / UBT /an.

Malgré la pression des aires protégées, la Région de l’Est reste une des régions du pays qui disposent encore des ressources fourragères relativement abondantes.

La province de la Tapoa, malgré l’importance des aires protégées (463 875 ha), reste celle qui détient le plus grand potentiel en matière de capavité de charge des parcours soit 114 846à 570 367 UBT / an. Elle est suivie du Gourma 121 648 à 497 533 UBT/an. La Gnagna vient en troisième position, avec 93 436 à 186 557 UBT /an. Il est suivi par la Komondjari, dont la charge pastorale s’évalue de 58 685 à 173 381 UBT / an. La Kompienga, à cause de l’importance de ses aires protégées (85,64% des unités pastorales), occupe la dernière place, avec seulement de 14 393à 74 782 UBT /an.

5.2. 4. Les valeurs pastorales

La valeur pastorale est une valeur calculée pour caractériser la valeur des pâturages. Cette valeur est fonction des espèces présentes, de leurs contributions spécifiques, de leur appétibilité (indice de qualité spécifique) et de la richesse spécifique (nombre d’espèces rencontrées sur le pâturage) (Daget et Poissonet, 1971). Elle est un indice bromatologique des herbages qui fait intervenir la composition floristique à travers la contribution spécifique et la qualité fourragère des espèces ou indices spécifiques.La valeur pastorale d’un parcours dépend de la valeur fourragère des espèces présentes, de leur productivité et de leur appétibilité par les animaux. La valeur pastorale est le potentiel pastoral du milieu. Elle s’applique uniquement à la strateherbacée (Kiéma).

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54 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

Tableau n° 20 : Capacités de charge (UBT/ha/an) des parcours de la Région de l’Est

Sources : Données de l’Etude the policy implementation gap" (CPIG-DANIDA-WAP)

55 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

La détermination de la valeur pastorale des parcours de la Région de l’Est a été faite dans le cadre des études confinées à des localités bien déterminées. La plupart des études qui ont poussé jusqu’à la détermination de la valeur pastorale se sont déroulées dans la partie sud de la région (Botou, Diapaga, Kotchari à la périphérie du parc du W). Les provinces du nord (Gnagna et Komondjari) n’ont pas fait l’objet de telles études.

Ainsi, Bambara (2010) a obtenu les valeurs pastorales suivantes, pour des unités de végétation situées dans les communes de Botou et Diapaga. Dominique Ouédraogo (2008), dans le terroir de Kotchari, à la périphérie du parc national du W, a trouvé les valeurs pastorales suivantes, pour les unités de végétation qu’il a étudiées SaBp =Savane arbustive de bas de pente de glacis, SaMp = Savane arbustive de moyenne pente de glacis, SAMp = Savane arborée de moyenne pente de glacis, JaP= jachère de savane parc, Ja = Jachère arbustive, CR = Cordon rupicole.

Etienne Soudré (2009), qui s’est intéressé aux valeurs pastorales des unités pastorales situées à l’intérieur du parc (niveau 0), à 5 Km dans la périphérie du parc (niveau 1) et à plus de 5 Km dans la périphérie du parc (niveau 2), a trouvé les valeurs suivantes :

Tableau n°21: Valeurs Pastorales Brutes des unités de végétation dans les communes de Botou et Diapaga

Source : Bambara (2010)

SaBr = Savanes arborées sur buttes rocheuses ; SaSpp = Savanes arbustives sur sols peu profonds ;

Tableau n°22 : Valeurs pastorales brutes des différentes unités agrostologiquesde la périphérie du parc du W

Source : Dominique Ouédraogo (2008)

SASpp = Savanes arborées sur sols peu profonds; SApam = Savanes arborées de plaines marécageuses ; FoBaf = Formations de bas-fonds.

Un pâturage dont la valeur pastorale est supérieure à 65 % caractérise une bonne végétation (Daget et Godron, 1995). On constate ainsi que les meilleurs pâturages sont ceux qui sont situés à l’intérieur du parc du W, soit, les savanes arborées sur buttes rocheuses (SaBr), les savanes arborées sur sols peu profonds (SApam) et les formations de bas-fonds (FoBaf).

5.2.5. La qualité des pâturages

La qualité d'un fourrage que fournit un pâturage varie en fonction des espèces qui le composent, mais également en fonction de leurs stadesvégétatifs, des organes considérés et du milieu écologique (Zoungrana, 1995). La qualité de la strate herbacée est très variable suivant sa localisation (nature du sol) et surtout, de son stade de développement, lui-même fonction des saisons.

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Tableau n°23: Valeurs pastorales brutes des unités pastorales à l’intérieur du parc du W

Source : Etienne SOUDRE 2009

Les graminées présentent une bonne valeur alimentaire durant les 2 ou 3 mois correspondant à leur période végétative déclenchée par les premières pluies. Ensuite, à partir du stade de la montaison, la valeur nutritive des feuilles chute et les graminées ne fournissent plus qu’un apport alimentaire juste suffisant pour couvrir les besoins d’entretien des ruminants. Une fois la période de maturation des grains achevée, la valeur nutritive des herbes décline encore et ne parvient plus à couvrir les besoins des animaux, du fait d’une teneur élevée en lignine et de taux négligeables en protéines et en minéraux. Il s’ensuit une perte de poids des ruminants d’autant plus importante, puisque ceux-ci se nourrissent essentiellement d’herbes (ovins et bovins). En gros, si la biomasse augmente avec l'âge des plantes, la valeur nutritive, quant à elle, diminue rapidement après la montaison.

Carte n° 6 : Carte de la végétation

Sources : BNDT 2003, BDOT 2002

the policy implementation gap" (CPIG-DANIDA-WAP)

57 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

Les unités à dominance Loudetia togolensis ont des valeurs fourragères négligeables (Sinsin, 1993). Toutefois, l’association avec l’Andropogon pseudapricus et de Spermacoce stachydea dans ces pâturages contribuent à valoriser leur qualité fourragère. Les réserves conservent d’excellente qualité de fourrage. En effet, les réserves de végétation de l’Est constituent des sites privilégiés pour redéfinir les nouvelles politiques de gestion de la biodiversité au Burkina Faso. En comparaison avec la productivité des aires protégées d’autres régions du pays (Fournier, 1991; Belem, 1993; Ouoba, 2006; Savadogo, 2007), le Parc National d’Arly et les réserves de l’Est en général font partie des écosystèmes les plus productifs en biomasse herbacée.

5.2.6. Cas particulier du parc du W

5. 2.6.1. Situation géographique

Le Parc du W est une entité transnationale qui s'étend sur une superficie de 10300 km2, dont 5720 km2 au Bénin, 2349 km2 au Burkina Faso et 2231 km2 au Niger. Classée d'abord Réserve Totale de Faune par arrêté n°2606/SE/F du 14 avril 1953 (Paris, 2002), le Parc du W a été fondé par décret du 4 août 1954 par le Gouvernement de l'Afrique0ccidentale Française (Benoît, 1998 cité par Ouédraogo). Il doit son nom à la sinuosité en «W » que formelefleuve Niger, à sa limite du côté nigérien.

La partie burkinabé du Parc est limitée par: - l'axe Tapoa Djerma, Kaabougou, Kondjo, à l'Ouest; - la piste allant de Tapoa Djerma à Tapoa (Niger), au Nord; - les rivières Tapoa, Mékrou et la chaîne de l'Atakora, au Sud.

Depuis le 27 octobre 1990 le Parc est classé comme Site de Ramsar. Ensuite il est inscrit sur le Patrimoine Mondiale de 1'Humanité de l'UNESCO et classé en 2002 commeRéserve de Biosphère de l'UNESCO.

5.2.6.2. Les Unités de végétation

Sur la base des cartes morpho pédologiques et géomorphologiques du terroir réalisées à partir des données de la Base nationale de données topographiques BNDT 2003 (de l'IGB) et du BUNASOLS (2004), couplées à la Base de Données d’Occupation des Terres (BDOT, 2002), Sawadogo (2004), cité par Ouédraogo Dominique (2008) la végétation du parc a été regroupée en trois unités qui sont:

- savanes arborées de bas-fonds (SABf) à Acacia gourmaensis, Combretum glutinosum et Andropogon pseudapricus; - savanes arborées de bas de pentes de glacis (SABp) à Andropogon pseudapricus, Aristida funiculata et Acacia gourmaensis; - cordons rupicoles (CR) à Sorghastrum bipennatum et Combretum glutinosum.

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Carte n°7 : Carte du parc du W

Sources : DFF/MEDD, 2012

5.2.6.2.1. Les savanes arborées de bas-fonds (SABf) à Acacia gourmaensis, Combretum glutinosum et Andropogon pseudapricus

L'espèce caractéristique de cette formation est Andropogon pseudapricus, avec un recouvrement de 50,33% et une CSj de 24,96%. Elle est suivie par Aristida funiculata, avec un recouvrement de 37,67% et une CS j de 17,19%. D'autres espèces bien représentées dans cette unité sont Hyparrhenia involucrata (CSi= 12,89%), Sorghastrum bipennatum (CSi= Il,57%), Andropogon gayanus (CSi = 6,98%), Hyparrhenia rufa (CSi = 5,965%) et Andropogon ascinodis (CSi = 5,95%). La répartition par famille montre une forte dominance de la famille des graminées (66%). On peut aussi noter une relative forte présence des Rubiaceae (9%).

La strate ligneuse des savanes arborées de bas-fond est dominée par la famille des Mimosaceae (19% des espèces). Les Combretaceae (13%), les Rubiaceae (11%), les Caesalpiniaceae (9%) et les Capparaceae (9%) sont également bien présentes. Acacia gourmaensis et Combretum glutinosum, avec respectivement 37,71% et 30,14% des individus, sont les espèces caractéristiques de cette unité.

the policy implementation gap" (CPIG-DANIDA-WAP)

59 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

5.2.6.2.2. Savanes arborées de bas de pentes de glacis à Andropogon pseudapricus, Aristidafuniculata et Acacia gourmaensis

La flore herbacée des savanes arborées de bas de pentes de glacis comprend sept espèces productrices dont Andropogon pseudapricus, Aristida funiculata, avec des recouvrements respectifs de 40%, et 37%, et des CSi de 17,75%, et 16,42%, sont les plus dominantes.

Les autres espèces productrices sont Sorgastum bipennatum (CSi= 10,65%), Hyparrhenia involucrata (CSi= 10,50%%), Diheteropogon hagerupii (CSi= 6,51%), Andropogon sp.(CSi=5,77), et Andropogon gayanus (CSi=5,33%). La famille dominante dans cette unité, comme pour l'unité précédente, est celle des graminées.

Les Combretaceaes et les Caesalpiniaceaes, comprenant chacune, 16% des espèces chacune sont les familles dominantes dans les savanes arborées de bas de pentes. Les Mimosaceae, qui regroupent 13% des espèces, sont également importantes. Les espèces telles que Acacia gourmaensis (16,01% des individus) et Combretum glutinosum (15,63% des individus) sont les espèces dominantes de cette unité.

5.2.6.2.3. Cordons rupicoles (CR) à Sorghastrum bipennatum et Combretum glutinosum

Les formations ripicoles comportent quatre espèces productrices : Sorghastrum bipennatum, avec un recouvrement de 75,67% et une CSj de 34,08%, est l'espèce type ces formations. Andropogon pseudapricus et Andropogon gayanus, avec des recouvrements de 55,67% et 45% et des CSj de 25,08% et 20,27%, y sont également importantes. La famille typique de cette unité est celle des graminées (64%).

La flore ligneuse des formations rupicoles du Parc W est constituée de 25 espèces. Les Combretaceaes, les Mimosaceaes et les Tiliaceaes, avec chacune 16% des espèces sont les familles les plus importantes de cette unité. Elles sont suivies par les Rubiaceae avec 12% des espèces. Bombax costatum avec 15,16% est caractéristique de la formation.

5.2.6.2.4. Production de biomasse herbacée et capacité de charge

Les productions de biomasse et les capacités de charge des unités de végétation du parc W ont été également évaluées par Dominique Ouédraogo en 2008. Les résultats sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Tableau n°24 : Production de biomasse herbacée et capacités de charge des différentes unités de végétation du Parc W

Source : Ouédraogo (2008) SARf: savanes arborées de bas-fonds; SARp: savanes arborées de bas de pentes de glacis; CR : cordons rupicoles ; CC : capacité de charge

Les savanes arborées de bas-fonds produisent plus de biomasse. Ensuite viennent les formations rupicoles et les savanes arborées de bas de pentes, qui ont des productions sensiblement égales à 4,5 t MS/ha et 4,8 t MS/ha. Saïdou Savadogo (2009), travaillant dans les concessions de chasse de Singou et de Pama Nord, a fait les mêmes observations, en ce qui concerne la production de biomasse, plus faible dans les formations rupicoles, par rapport aux formations de bas-fonds (2,837T / haet 5, 47T /ha).

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60 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

5.2.6.2.5. Valeurs pastorales

Les valeurs pastorales des unités du parc ont également été évaluées par des études antérieures. Ouédraogo (2008) a trouvé les valeurs suivantes contenues dans la tableau n°25 ci - dessous.

Tableau n°25 : Valeurs pastorales brutes des unités agrostologiques du Parc W

Source : Ouédraogo (2008) SABf: savanes arborées de bas-fonds; SABp : savanes arborées de bas de pentes de glacis; CR: cordons rupicoles ; VPB : valeur pastorale brute

Toutes les unités du parc présentent des valeurs pastorales brutes dépassant le seuil de 65 % et peuvent, en conséquence, être considérées comme étant de bons pâturages. Ces relatives bonnes valeurs pastorales peuvent s'expliquer par la présence de graminées vivaces et decertaines graminées annuelles à bonne valeur pastorale telles que Andropogon gayanus, Hyparrhenia sp.et Andropogon pseudapricus (Ouédraogo 2008).

5.3. Les résidus de récoltes

Photo n°4 : Stock de pailles de céréales Photo n°5 : Stockage de pailles de céréales en hangar Localisation : X = 0, 3178,Y =12,8792 Les résidus de récoltes regroupent les pailles de céréales telles que le mil (Pennisetum glaucum), le sorgho (Sorghum bicolor), le maïs (Zea mays), le riz (Oriza sativa) et les fanes de niébé (Vigna unguiculata), d'arachide (Arachis hypogea) et de voandzou (Voandzeia subterranea).

Durant la saison sèche, ils constituent une ressource fourragère importante pour le bétail. En effet, après les récoltes, ils sont directement pâturés sur les champs par les troupeaux durant la saison sèche froide, de novembre à février. L'exploitation des résidus culturaux nécessite quelques fois un déplacement saisonnier de faible amplitude et permet denouer des contrats de fumure (Kagoné, 2000 cité par Dominique Ouédraogo 2008).

Les statistiques de la DRASA pour la campagne 2013 / 2014 révèlent que les superficies emblavées pour cette campagne s’élèvent à 536 600 ha (11,6% du territoire régional), toutes spéculations confondues. Les productions générées sont estimées ainsi à 54 034 tonnes de mil, 111 735 tonnes de maïs, 23 944 tonnes de riz, 206 855 tonnes de sorgho, 45 496 tonnes d’arachide, 58 979 tonnes de niébé et 1 351 tonnes de

the policy implementation gap" (CPIG-DANIDA-WAP)

61 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

voandzou (confère tableau n°4 de la page 29). Sur la base de ces productions, d’importantes quantités de sous produits derécoltes sont annuellement produites et constituent un appoint important pour l’alimentation du bétail.

Aussitôt après les récoltes, une bonne partie de ces résidus est collectée et stockée soit sur les arbres, soit sur les hangars, pour constituer des réserves de fourrage pour les animaux pendant la période de soudure (avril, mai et juin). Le reste est laissé sur les champs et peut être directement exploité par les animaux, au moment où la production et la valeur des pâturages naturels sont très réduites.

Les quantités produites sont estimées à partir des productions primaires. L’Initiative Elevage Pauvreté et croissance (IEPC 2004) a défini les coefficients de conversion par rapport auxdites productions ainsi que les coefficients de détermination des quantités utilisables dans l’alimentation du bétail. La production (P) utilisable dans l’alimentation du cheptel se définit ainsi qu’il suit :

P = S * Rd * Cc * Cu

S est la superficie emblavée ; Rd le rendement à l’hactare ; Cc le coéficient de conversion de la production graine en paille et Cu le coéficient d’utilisation.

Tableau n°26: Coefficient de conversion des SPA à partir des productions primaires et coefficient de détermination des quantités utilisables dans l’alimentation du bétail

Source : MRA/IEPC (2004)

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62 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

Tableau n°27: La part des SPA utilisable dans l’alimentation du bétail

Source : MRA/IEPC (2004)

La part dela production de SPA utilisable par le bétail s’élève ainsi à environ 652 085 tonnes pour la campagne 2013 /2014. Elle se répartit par province ainsi qu’il suit, dans le tableau n° 28.

Tableau n°28 : Synthèse de la production de SPA par province

Source : MRA/IEPC (2004)

En termes de production de SPA, la Gnagna se place largement en tête des cinq provinces. Elle est suivie de la Tapoa et du Gourma. Les provinces de Kompienga et de la Komondjari viennent respectivement en quatrième et cinquième places.

5.4. Conclusion partielle sur les ressources fourragères

Au plan spatial, la Région de l’Est dispose d’énormes potentialités, en termes de ressources fourragères. En effet, elle compte de vastes étendues de ressources fourragères. Selon la Base de Données d’occupation des Terres (BDOT), ces étendues s’élevaient en 2002 à 3 259 390 ha. Elles sont composées de steppes (10,24%), de jachères ou mosaïques (21,60%), de savanes arbustives et herbeuses (58, 16%), de savanes arborées (5,86%), de forêts claires (0,23%), de forêts galeries (3,56%) et de prairies (0,35%).

La répartition par province de ces espaces pastoraux se présente ainsi qu’il suit : • la Gnagna, 425 224 ha, soit5 0,22 % du territoire provincial ;

the policy implementation gap" (CPIG-DANIDA-WAP)

63 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

• le Gourma, 682 544 ha, soit 61,40% du territoire provincial ; • la Komondjari, 329 505 ha, soit 65,27% du territoire provincial ; • la Kompienga, 650 916 ha, soit 92,60%% du territoire provincial ; • la Tapoa, 1 171 141 ha, soit 80,25%% de son territoire.

En réalité les superficies accessibles à la pâture des animaux domestiques est nettement en deçà de ceci, cela en raison des réserves et concessions de chasse que compte cette région. Selon toujours la BDOT, la part de ces réserves et zones de concession de chasse a été évaluée à 1 107 400 ha (34% environ). Du fait de l’ancienneté de leur classement,elles regorgentles meilleurs pâturages dela région (la Tapoa, avec 463 857 ha, la Kompienga, 557 501 ha et le Gourma, 86 024 ha).

Si elles demeurent des lieux de conservation de la biodiversité, il faut reconnaitre que les réserves et zones de concession de chasse constituent un véritable manque à gagner pour l’élevage, car la pâture des animaux domestiques y est formellement interdite. Pire, des milliers de tonnes de fourrage y sont chaque année mises à feu.

Au plan de la génération des résidus de récolte, à partir des productions graines de la campagne agricole 2013 / 2014, la part utilisable dans l’alimentation du bétail a été évaluée à 652 082 tonnes. Les sous-produits agricoles (SPA) constituent un appoint important pour le bétail de la région. Une partie est fraichement pâturée sur les champs, aussitôt après les récoltes, et l’autre partie est utilisée pour constituer des stocks de fourrage pour les animaux, durant la période de soudure.

5.5. Ressources en eau

D’une manière générale, les ressources en eau relèvent de deux grands systèmes : les eaux de surfaces (naturelles ou artificielles) et les eaux profondes (ou souterraines). Ces ressources sont en corrélation plus ou moins étroite avec la pluviométrie, qui est très variable d’une année à l’autre.

5.5.1. Les eaux de surface

Les eaux de surface sont deloin les plus utilisées pour l’abreuvement du cheptel, en raison des facilités liées à leur exploitation (absence de moyens d’exhaure et multiplicité des points d’eau, notamment pendant la saison des pluies).

Dans la Région de l’Est, la pluviométrie moyenne est d’environ 760 mm de pluie par an. La région est drainée par un réseau hydrographique dense constitué essentiellement d’affluents saisonniers du Niger et de la Nakanbè (environ 5 676 km), et de nombreuses petites rivières. Ainsi, le territoire de la région est partagé entre deux grands bassins versants que sont celui du Niger, au Nord, et celui du Nakanbè (sous bassin de la Pendjari), au Sud.

La province de la Gnagna est drainée par les eaux de la Faga et de la Sirba. La province de la Tapoa est à moitié arrosée par les rivières de la Tapoa, qui se jette dans le Niger et de la Pendjari qui relève du bassin versant de la Nakanbè. La Province de la Kompienga au sud est arrosée par les rivières de la Kompienga ou Koulpélogo, et la Singou. La Pendjari se situe à la frontière avec le Bénin. Le barrage sur la Kompienga est le deuxième grand barrage hydro- électrique au Burkina Faso, après celui de Bagré, dans la Région du Centre- est.

Les quantités d’eau qui s’écoulent annuellement dans ces rivières, à la sortie du territoire, qui ont été évaluées, par le MEE en 2000, à partir des stations hydrométriques, s’élèvent à 2515 millions de m3, et se répartissent ainsi qu’il suit, dans les principaux sous bassins de la région.

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64 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

Tableau n°29 : Eaux d’écoulement (de surface) de la Région de l’Est

Source : MEE Connaissance des ressources en eau de surface

Carte n°8 : Les ressources en eau

Source : DGRE, BNDT the policy implementation gap" (CPIG-DANIDA-WAP)

65 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

Les quantitésd’eau interannuelle mobilisées sont celles qui sont stockées dans les retenues d’eau au niveau de la région. Selon les statistiques de la DREAHA de l’Est (2014), la Région de l’Est compte une centaine de retenues d’eau, toutes catégories confondues, avec une capacité de mobilisation d’environdeux milliards cent quarante neuf mille mètres cubes (2, 149 milliards de m3), dont les plus importants sont les barrages de la Kompienga,de Dakiri, de Manni, de Kossougoudou, de Dabesma, de Madjoari. Ces infrastructures sont inégalement reparties entre les différentes provinces de la région.

Ainsi, le Gourma s’adjuge le plus grand nombre d’ouvrages (47) retenues d’eau.La Gnagna et la Tapoa occupent respectivement les deuxième et troisième places, avec (34) retenues pour le premier et 16 pour le second. Les provinces de la Komandjari et de la Kompienga viennent en dernière position, avec chacune une retenue d’eau.

Au plan des quantités d’eau mobilisées, la Kompienga vient en tête (2 050 000 000 de m3 d’eau, soit plus de 95% du volume total des eaux retenues de la région), suivie de la Gnagna (80 826 000 m3 d’eau), du Gourma (15 277500 m3 d’eau), de la Tapoa ( 3 640 000 m3 d’eau) et de la Komondjari (200 000 m3 d’eau).

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Tableau n°30 : Situation des retenues d’eau dans la Région de l’Est

Source : DREAHA (2014)

Prenant en compte les volumes stockés dans les retenues d’eau (2,150 milliards de m3) et ceux écoulés à la sortie de la région (2,515 milliards de m3), on s’aperçoit que lepotentiel annuel moyen de la Région de l’Est en eau de surface s’élève à environ 4,665 milliards de m3.

Toutefois, on peut considérer que les eaux d’écoulement sont perdues pour la région car, faute de moyens de mobilisation, elles s’écoulent vers les régions ou pays voisins.

the policy implementation gap" (CPIG-DANIDA-WAP)

67 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

5.5.2. Les eaux souterraines

Selon la DRED (2009), la Région de l’Est repose sur deux domaines hydrogéologiques du Burkina Faso : le domaine cristallin où les débits sont faibles (2 à 3 m3/h en moyenne) avec des niveaux exceptionnels de 50 m3/h, et le domaine sédimentaire dans la zone du Gobnangou avec des débits pouvant atteindre plusieurs centaines de m3/h.

On y recense : • les nappes aquifères dans les couches latéritiques, souvent peu exploitées ; • les nappes dans les sédiments des vallées, très exploitées par des puisards ; • les nappes aquifères dans les altérites autochtones, dont le débit dépend de la nature de la roche mère, de la forme d’altération et du niveau statique de la nappe ; • la nappe du grès voltaire alimente une dizaine de sources au pied du massif du Gobnangou ; • la ‘’cote’’ de Fada N’Gourma, à Namounou (province de la Tapoa), est riche en nappes locales pérennes ; • les nappes dans les couches dures, circulation d’eau dans les fractures et fissurations, localement suffisantes pour assurer l’alimentation d’un forage, sont présentes presque partout.

Il n’a pas été possible d’avoir une estimation les réserves d’eau emmagasinées au niveau de chacune de ces nappes. Cependant, grâce à de nombreux travaux de forage effectués sur tout le territoire de la région, dans le cadre de l’hydraulique villageoise, il a été possible de dégager certaines caractéristiques qui, ajoutées aux conditions de recharge, permettent de classer les régions du pays selon leur, potentialités en eau souterraine (MEE: Projet Bilan d’Eau 1993).

Les réserves totales en eau sous terraine de la Région de l’Est sont estimées à 16, 190 milliards de m3, soit 14,297 % des réserves totales du pays, avec seulement 2,200 milliards de m3 de réserves renouvelables, donc exploitables à long terme (MEE: Projet Bilan d’Eau, 1993). Elle vient ainsi en troisième position après les Hauts Bassins et la Boucle du Mouhoun, au plan des réserves en eaux souterraines, mais avec la même quantité de réserves renouvelables.

Tableau n°31 : Estimation des réserves en eaux souterraines

Source : MEE (Etat des lieux des ressources en eau au Burkina Faso et leur cadre de gestion 2001)

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68 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

En résumé, la Région de l’Est, tout comme dans le domaine des ressources fourragères, dispose d’énormes potentialités en ressources en eau. Le potentiel total : eaux de surface (4,665 milliards de m3) et eaux sou terraines (16, 190 milliards de m3) peut être estimé à plus de 20 milliards de m3.

L’exploitation des eaux souterraines pour l’abreuvement du cheptel se fait par l’intermédiaire des puits traditionnels (puisards), les puits modernes et les forages.

Selon l’inventaire réalisé dans le cadre de l’étude sur l’hydraulique pastorale dans la partie Burkinabè de la région du Liptako-Gourma (MRA 2006), la Région de l’Est comptait à cette date3 382 points d’eau modernes permanents.

Le constat, tout comme au niveau des retenues d’eau, demeure l’inégale répartition spatiale de ces infrastructures. En effet, les provinces du Gourma, de la Gnagna et de la Tapoa concentrent l’essentiel des infrastructures, soit respectivement 1086,1 117 et 788, en raison certainement de l’importance numérique dela population. Les provinces de la Komondjari et de la Kompienge se partagent les dernières places, avec 171 et 198 forages, respectivement.

Tableau n°32 : Capacité de production d’eau des PEM permanents exploitables dans la Région de l’Est

Source : MRA 2006

5.5.3. La demande en eau dans la Région de l’Est

La demande en eau est la quantité d’eau effectivement utilisée pour un usage donné. C’est donc une valeur constatée et mesurée. On emploie souvent l’expression « consommation spécifique » pour désigner la consommation par unité de temps et par unité de consommateur (MEE).

On retient plusieurs catégories de demande en eau : • la demande domestique ; • la demande pour l’irrigation ; • la demande pour l’élevage ; • la demande pour l’industrie ; • la demande pour les mines (demande minière).

Le Ministère de l’Environnement et de l’eau avait, en 2001, estimé la demande annuelle en eau des principaux sous bassins qui composent les quatre bassins versant du Burkina Faso (Comoé, Mouhoun, Nakanbé et Niger). Le tableau suivant fait la synthèse des demandes pour les sous-bassins de la Région de l’Est.

the policy implementation gap" (CPIG-DANIDA-WAP)

69 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

Tableau n° 33 : Demande annuelle en eau (en millions de m3)

Source : MEE (État des lieux des ressources en eau du Burkina Faso et de leur cadre de gestion, Mai 2001)

La demande totale en eau pour la Région de l’Est s’élevait ainsi en 2001 à 39,51 millions de mètres cubes. Cette valeur, si on considère aujourd’hui qu’elle a doublé en raison de plusieurs facteurs, est nettement supérieure à la quantité d’eau mobilisée annuellement par les points d’eau modernes (6 508 832 m3).

Mais elle reste nettement inférieure aux quantités mobilisées par les retenues d’eau (2,150 milliards de mètres cube). Cela montre que la disponibilité de la ressource eau pour l’abreuvement du cheptel n’est vraiment pas une contrainte dans cette région. Le problème est plutôt lié à une question de répartition des points d’eau (retenues notamment) sur le territoire de la région, et à une question d’accès équitable de tous les utilisateurs.

En effet, la carte n°4 de la page montre que la plupart des points d’eau permanents est située sur l’axe Nord- ouest/ Sud- ouest, et dans la partie centrale de la région. L’axe Nord- Est/Sud-Est, qui est un couloir majeur des transhumances, est presque dépourvu de points d’eau permanents. Il en est de même pour une grande partie de la province de la Tapoa et de tout le grand Nord.

5.6. Ressources minérales (cures salées)

Dans la Région de l’Est, selon les informations collectées auprès de la DRRA-Est et de la société civile pastorale, notamment le RECOPA, cette ressource semble plutôt rare. La DRRA-Est signale l’existence d’un seul site dans le village de Dankibargou dans la commune de Fada. Mais ce site a été abandonné depuis un certain temps.

VI - ANALYSE DES RESULTATS

6.1. Les méthodes d’évaluation des ressources pastorales 6.1.1. Les ressources en eau

Au niveau national, le suivi et l’évaluation des ressources en eau est assuré par six brigades : les brigades du Centre (Ouagadougou), des Hauts Bassins (Bobo Dioulasso, de la Boucle du Mouhoun (Dédougou), du Nord (Ouahigouya), du Sahel (Dori) et du Centre-est (Tenkodogo). Le suivi des ressources en eau de la région est assuré par la brigade du Centre-est. A cet effet, la région dispose de huit (08) stations piézométriques pourl’évaluation des quantités d’eau stockées annuellement dans les retenues d’eau, et de six (06) stations hydrométriques pour l’évaluation des eaux d’écoulement. Le suivi s’organise chaque année entre les mois d’août et octobre.

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On relève également qu’un inventaire des points d’eau pastoraux a été réalisé en 2007 par l’Autorité du Liptako- Gourma, sur l’ensemble de sa zone d’intervention au Burkina Faso.

6.1.2. Les ressources fourragères

Différents types de méthodes d’évaluation ont utilisées pour mesurer plusieurs paramètres tels que les contributions spécifiques (Csi), les fréquences spécifiques (Fsi), la biomasse, les capacités de charge (CC), les valeurs brutes (VPB) pastorales, etc.

Tableau 34: Récapitulatifs des méthodes d'évaluation des ressources pastorales au Burkina Faso

Source : MRA 2006

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71 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

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6.2. Les pratiques et formes de gestion des ressources pastorales

6.2.1. Les systèmes d’élevage

Dans la Région de l’Est, à l’instar des autres régions du pays, l’exploitation des ressources pastorales est assurée par deux grands systèmes d'élevage : les systèmes traditionnels extensifs et les systèmes d'élevages modernes (améliorés), semi-intensifs et intensifs. Les systèmes traditionnelsextensifs sont de loin les systèmes les plus dominants.

6.2.1.1. Les systèmes extensifs traditionnels

Ils se subdivisent en deux sous-systèmes : les sous-systèmes sédentaires et les sous-systèmes mobiles ou transhumants.

6.2.1.1.1. Les sous-systèmes sédentaires extensifs

6.2.1.1.1.1. Les agro-pasteurs sédentaires

Ils sont pratiqués par les autochtones gourmantchés et/ ou migrants mossis.L'agriculture est généralement leur activité principale. L'élevage joue essentiellement un rôle d'épargne et permet de subvenir aux besoins de la famille, en cas de besoins. La mobilité du troupeau se limite à de petits mouvements à l'intérieur du terroir villageois, et les résidus de culture jouent un rôle important dans l'alimentation des animaux.

L'acquisition du troupeau se fait, dans la majeure partie des cas, par achat. Le troupeau est constitué à partir de la vente des produits agricoles (Kpoda 2004). Des systèmes agro- pastoraux sédentaires, on distingue deux composantes : l’élevage bovin sédentaire et l’élevage intégré.

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73 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

L’élevage bovin sédentaire est conduit en marge de l’exploitation par un membre de la famille, généralement un enfant ou par un berger peul salarié. L’élevage intégré est aussi appelé système sédentaire mixte, où les animaux sont intégrés au système de production (trait, fumier, etc.).

6.2.1.1.2. Les systèmes mobiles ou transhumances

La transhumance peut être définie comme « un système de production animale caractérisé par des mouvements saisonniers de caractère cyclique, d’amplitude variable. Ces mouvements s’effectuent entre des zones écologiques complémentaires, sous la garde de quelques personnes. Il s’agit d’un système d’élevage fondé sur une stratégie de gestion opportuniste des ressources pastorales, écologiquement viables, qui a permis à des communautés de pasteurs de survivre aux grandes crises éco-climatiques qui secouent périodiquement les pays sahéliens, (Elevage au Sahel et en Afrique de l’Ouest (Note aux décideurs N°3 ; avril 2007). La motivation principale qui pousse l’éleveur à la transhumance est le manque de disponibilité, momentanée ou saisonnière, de fourrage et d’eau dans la zone de résidence. Par ailleurs et à cause de la saturation foncière, la transhumance se justifie par le désir de quitter les zones de résidence pour éviter les dégâts sur les cultures et les conflits qu'ils entraînent avec les agriculteurs.

Les objectifs recherchés sont de : • sauver les animaux d'une mort certaine pendant la période de "soudure" fourragère ; • valoriser les complémentarités écologiques entre la zone sahélienne et les régions soudaniennes, ce qui contribue à un délestagesans force des zones où l’eau et le pâturage font défaut à une période donnée de l’année.

On distingue deux types de transhumances : la petite transhumance et la transhumance de grande envergure.

6.2.1.1.2.1. La petite transhumance

Elle se pratique soit en période de travaux champêtres (juin à septembre), soit en période de récolte entre les mois de novembre et décembre. En période de travaux champêtres, elle permetd’éloigner les troupeaux bovins des zones de cultures, et de minimiser les dégâts d’animaux dans les champs, et, d’éviter par conséquent les conflits entre les bergers et les propriétaires des champs. En période post-récoltes elle permet d’exploiter les résidus de récoltes fraichement laissés dans les champs. A cette période, il s’agit en fait d’une pâture inter- villageoise qui s’étend d’une province à une autre. Elle concerne l’ensemble des troupeaux bovins de la région. Mais les provinces les plus concernées sont celles de la Gnagna, de la Komondjari, du Gourma et de la Tapoa. Elle dure tant que les résidus de récoltes sont disponibles dans les champs.

6.2.1.1.2.2. La grande transhumance

Elle se déroule généralement à partir du mois de février, jusqu’au retour de la saison des pluies de chaque année. Elle est surtout pratiquée par des éleveurs peulhs. Les points de départ sont multiples, mais les principales zones de départ des troupeaux sont généralement des zones ou des villages à fort peuplement d’éleveurs, d’ethnie peulhe, le plus souvent. Ce sont surtout: • au Niger : Makalondi, Torodi, Tamou, Say, Dar Salam et Tiellol Ballol • au Burkina Faso : province de la Tapoa : Botou, Kantchari, Diapaga, Namounou ; province du Gourma : Nassougou, Matiacoali et les provinces du Nord de la région la Gnagna et la Komondjari. Il est fréquent d’observer que des troupeaux partis en transhumance sont remplacés par d’autres qui viennent de régions plus défavorisées. . Les provinces du Sud (la Tapoa, la Kompienga), notamment les périphéries des parcs et reserves nationales

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74 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

(parc du W et Arly), constituent les zones d’accueil par excellence de nombreux transhumants. En effet, tous les pâturages de saison sèche se trouvent sur la périphérie du parc National d’Arly (Logobou), la périphérie du PN W (Kotchari, Diamanga, Kaabougou…) et sur la marge de la zone de chasse de la Kourtiagou (Kotchari).

D’après les données recueillies par Alexandre PARIS pour l’année 2001-2002, la province de la Tapoa a vu son territoire traversé par au moins 20 518 bovins et 4 351 ovins, au niveau du poste forestier d’Arly, et du poste d’élevage de Kantchari.

Afin de faciliter les déplacements des troupeaux, en général dans la région, et des transhumances, en particulier, les partenaires de l’élevage pastoral (les pouvoirs publics locaux, les services techniques déconcentrés de l’Etat, les ONG et projets, les organisations professionnelles des éleveurs, les pouvoirs coutumiers) ont négocié et se sont mis d’accord sur la délimitation et le balisage des couloirs de transhumance et des pistes d’accès aux ressources pastorales. Au total, plus de 1 500 km de pistes ou couloirs de transhumance ont été délimités ou balisés. Ces couloirs de transhumance sont d’un grand intérêt pour la circulation des troupeaux, surtout en période de culture, et constituent une initiative saluée de tous pour une gestion apaisée et durable des ressources pastorales.

La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDAO) les a regroupés en trois (03) couloirs : • le couloir n° 1 : Bogandé – Fada N’Gourma – Pama ; • le couloir n° 2 : Makolondi (au niger) – Kantchari – Nadiabonli – Yirimi – Arly – Nadiagou– Tandangou ; • le couloir n° 3 : Kalayénou (Botou) –Kotchari – Kondio – Bénin.

Carte n° 9: Carte des couloirs de transhumance et des points d’eau

Source : DRRA Est

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75 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

Les principales contraintes que rencontre ce mode d’exploitation des ressources pastorales, dans cette région du Burkina Faso, demeurent : • l’insuffisance des points d’eau et des aires de repos sur les couloirs de transhumance ; • la méconnaissance des tracés par les principaux utilisateurs ; • les conflits entre éleveurs transhumants et et services techniques déconcentrés en charge de l’Environnement autour des aires protégées ; • l’invasion des pistes à bétail par les agriculteurs autochtones ou venus d’ailleurs, à la recherche de terres pour l’agriculture.

6.2.1.2. Les systèmes améliorés

Ils sont pratiqués par toutes les ethnies présentes dans la région (Gourmantchés, Peulhs, Mossis, etc.), et par toutes les couches sociales (femmes, hommes, fonctionnaires et paysans). Toutefois, on note des préférences selon l’ethnie et le genre. Les Gourmantchés s’orientent plus l’embouche bovine, et les Peulhs, vers la production de lait, alors que l’embouche ovine reste l’apanage des femmes. On distingue l’élevage semi-intensif et l’élevage intensif.

6.2.1.2.1. L’élevage semi-intensif et intensif

L’élevage semi-intensif du genre embouche bovine ou ovine reste pour le moment très marginal. L’ENEC II donne les proportions suivantes : 4,3%, 6,1 % et 6,2 % respectivement pour les bovins, les ovins et les caprins. Quant aux élevages sédentaires intensifs, ils représentent 1, 9 %, 2,9 % et 1,1 %, respectivement des effectifs bovins, ovins et caprins. Il s’agit surtout de l’embouche semi intensive bovine ou ovine et de l’élevage laitier familial.

L’embouche semi-intensive bovine ou ovine

Elle se développe particulièrement au sein des grandes agglomérations qui offrent certaines opportunités pour le développement de ce type d’élevage (proximité de l’encadrement et du conseil technique), ainsi qu’aux alentours des marchés à bétail, à cause des possibilités d’écoulement des produits finis.

Les animaux sont le plus souvent attachés aux piquets ou laissés en liberté autour des concessions. Ils sont conduits au pâturage le matin, sous la conduite d’un berger (généralement un enfant de la famille) et le soir, de retour à la concession, ils reçoivent, en fonction des moyens du promoteur, un complément alimentaire à base de résidus de récolte et de cuisine, ou de sous produits agro-industriels. Le cycle de production est d’une année environ. Ce type consacre, plus ou moins, l’intégration de l’agriculture à l’élevage, à travers la production de la fumure organique.

L’élevage laitier intensif et familial semi-intensif

L’élevage familial semi-intensif se développe surtout dans le périmètre urbain de Fada N’Gourma. Il est pratiqué par les Peulhs. Le troupeau laitier est laissé autour des concessions et reçoit une complémentation alimentaire, également, à base de résidus de cuisine et de sous-produits agro-industriels.

Quant à l’élevage laitier intensif, il faut reconnaitre qu’il est à un sdate embryonnaire, et se limite à une unité de production laitière installée non loin de Fada. Dans tous les cas, le lait est régulièrement collecté pour alimenter les unités de transformation laitière installées dans la ville.

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76 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

6.2.2. Lespratiques de conduite des troupeaux

6.2.2.1. Les pratiques d’alimentation

6.2.2.1.1. Le développement des cultures fourragères

A l’instar des autres régions du pays, la Région de l’Est connait un développement timide des cultures fourragères. Les espèces fourragères utilisées sont surtout les légumineuses (dolique, mucuna, siratro et niébé à double fins. Ces deux dernières années, le Ministère des ressources animales encourage l’utilisation des variétés de sorgho à double fins : les sariasso 11, 12, 13 et 14. Les statistiques de la DRRA de l’Est montre que les réalisations sont passé de 70,5 tonnes pour la campagne agricole 2008 / 2009 à 110 tonnes en 2009 / 2010.

Malgré les réticences actuelles, les cultures fourragères sont appelées à se développer progressivement dans la Région de l’Est. Les raisons qui permettent de l’affirmer sont, entre autres : - la réduction des parcours naturels, de l’augmentation du coût des intrants alimentaires (SPA et SPAI) ; - la disponibilité des terres cultivables ; - le développement des cultures commerciales (coton et sésame) avec les facilités offertes pour l’équipement des producteurs en équipement (charrue, charrette) qui participent à rendre moins pénibles les travaux de mise en place des parcelles de production fourragère ; - l’appui du ministère en charge de l’élevage pour l’acquisition des semences et de certains équipements tels que les charrettes et les botteleuses ; - le développement des unités semi intensive embouche bovine et ovine, production laitière….

En termes de perspectives, il serait intéressant entre autres: - d’impliquer les services techniques déconcentrés du Ministère en charge de l’agriculture dans la vulgarisation des techniques de cultures fourragères et dans le l’encadrement technique des producteurs impliqués dans cette activité ; - de prévoir l’implication des agriculteurs dans la production par le biais de soles fourragères intégrées dans leur système de production.

6.2.2.1.2. La fauche et la conservation du fourrage naturel

Cette pratique est assez récente dans la Région de l’Est, compte tenu de l’abondance des fourrages naturels. Les éleveurs ne voyant pas l’utilité de faucher et de conserver une ressource qui ne fait vraiment défaut, malgré les feux de brousse. Elle a connu son essor véritable au milieu des années 1990, avec l’avènement des troupeaux de démonstration, un outil de vulgarisation mis au point par les services de vulgarisation de la régionde l’époque, pour inciter les éleveurs à la stabilisation de l’élevage.

Ce n’est que depuis un peu plus d’une décennie que la coupe et la conservation des fourrages ont été promulguées par les structures d’encadrement comme techniques d’intensification dans le cadre de la production laitière et de l’embouche. Des méthodes plus modernes de coupe par l’utilisation de faux, de conditionnement par l’utilisation de botteleuses, et de stockage par la construction de fenils, ont été vulgarisées par des projets et des ONG. La technique implique le respect d’une période de fauche, de façon à obtenir un rapport optimal «valeur nutritive/biomasse (MS).

L’adhésion des éleveurs à cette opération a évolué de manière satisfaisante. Ainsi, la production estimée de fourrages naturels fauchés et conservés a été évaluée 965 T pour la campagne 2008/2009. Les contraintes rencontrées concernent surtout la concurrence entre les travaux champêtres, prioritaires, et les opérations de fauche, ainsi que la persistance des pluies pendant la période optimale de fauche, l’insuffisance du matériel de coupe et le manque de motivation réelle des producteurs.

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77 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

6.2.2.1.3. L’utilisation des fourrages ligneux

Les ligneux fourragers jouent un rôle important dans l'alimentation des animaux, surtout pendant la période de soudure. Les plantes les plus recherchées sont : Aftelia africana, Pterocarpus erinaceus, Khaya senegalensis. L'exploitation se fait par émondage. Cette pratique, qui reste clandestine, car punie par le code forestier, menace l’existence des espèces comme le Pterocarpus erinaceus. En effet, tous les pieds de cette espèce, que l’équipe de l’étude a observée sur le terrain, ont été sauvagement mutilés.

6.2.3. Gestion de l’eau

Au niveau des pasteurs peulhs, la gestion des ressources en eau représente un élément clé du pastoralisme et de la mobilité des troupeaux. Conscients que l’eau permet l’utilisation des autres ressources (pâturage, cures salées), les pasteurs ont établi depuis des lustres des règles d’usage des points d’eau. L’évaluation des ressources en eau a montré que les quantités d’eau mobilisées par les points d’eau modernes s’élèvent à 6, 509 millions m3. Comparées à la demande d’eau domestique annuelle qui est de 15,31 millions de m3, il se dégage un déficit d’environ 8,5 millions de m3 (non compris les quantités d’eau mobilisées dans les retenues d’eau). Cette situation engendre une concurrence rude entre l’homme et l’animal autour des points d’eau modernes.

De plus, les moyens d’exhaure et les débits de ces points d’eau sont tels qu’ils ne répondent très souvent plus aux besoins des éleveurs pour l’abreuvement de leur bétail.La conséquence est que les éleveurs préfèrent se contenter des points d’eau de surface.

Durant la saison des pluies, l’abreuvement est facile, au regard du nombre des points d’eau (mares, rivières, flaques temporaires, retenues …). Il se fait à partir des mares et autres flaques d’eau temporaires situées dans les parcours les plus éloignés dépourvus de points d’eau permanents. En principe, l’installation d’un campement au niveau d’une série de petites mares exclut leur utilisation par d’autres troupeaux, étant donné que le pasteur détermine à partir de ce point d’eau la superficie des parcours nécessaires à l’alimentation de son troupeau.

Lorsque les points d’eau de surface arrivent à tarissement, les éleveurs sont obligés de creuser des puisards dans le lit mineur des marigots et /ou des mares, pour trouver l’eau nécessaire à la satisfaction des besoins quotidiens de leurs animaux, ou de partir à la recherche d’un autre point avec les risques que cela comporte en terme de santé de ses animaux (la concentration élevée des animaux autour des rares points d’eau permanents induit un surpâturage local important, détruisant la strate arbustive, et accroît sensiblement les risques sanitaires) et de conflits entre éleveurs. La mauvaise répartition des points d’eau (confère carte n°7 et tableau n° 20) oblige les éleveurs, à certaines périodes de l’année, à abandonner certains parcours, à la recherche de l’eau, ou à braver les interdits sur les aires protégées, à la recherche de l’eau.

6.2.2.4. Contrat de fumure

Le droit d’usage portant sur le parcours naturel et les jachères reste donc un droit collectif avec liberté de pâture pour tout le monde, quel que soit l’origine géographique ou ethnique de l’éleveur. En d’autres termes, il n’y a pas de revendication sur des zones de pacage spécifiques ; l’occupation effective est fonction de la formule « Les premiers arrivés sont les premiers servis ». Dans un tel contexte, il est très facile aux éleveurs de se déplacer avec leurs troupeaux et de s’installer là où les conditions d’exploitation de leur cheptel leur parait favorable (disponibilité en eau et pâturage).

Il y a lieu de faire remarquer qu’aujourd’hui, dans la Région de l’Est, à l’instar des autres régions d’accueil des transhumants, l’exploitation pastorale des résidus de culture se formalise beaucoup plus sous forme de « contrats de fumure », par lesquels, en échange de l'exploitation des résidus de cultures (mais aussi du logement, de la nourriture et de la protection du berger), l'éleveur laissait ses animaux fumer le champ de l'agriculteur. Toutefois, ces contrats ne sont pas sans règle d'accès ; dès lors que la période de semis est commencée, les contrats sont rompus.

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78 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

Il faut souligner que la durée des contrats est court (2- 3 jours, selon Alexandre PARIS). Les bergers préfèrent rester "libres" de se déplacer à leur guise et trouver les zones où les pluies sont tombées, alimenter le troupeau dans les meilleures conditions et trouver ainsi la meilleure zone de pâture. Mais aujourd'hui, de plus en plus, les agriculteurs prennentconscience de l'effet bénéfique de la fumure. Certains agriculteurs vont jusqu'à offrir leur gîte aux transhumants, pour recevoir de la fumure.

6.2.2.5. Les pratiques de sécurisation foncière de l’élevage

6.2.2.5.1. Les zones pastorales

Selon l’IEPC, la création des zones pastorales, dans les années 80, répondait à la préoccupation des autorités d’offrir aux pasteurs peulhs une alternative à l’élevage transhumant, qui avait subi de profonds bouleversements suite aux épisodes de grandes sécheresses.

Dans ce cadre, les zones pastorales devaient fournir aux éleveurs une sécurité foncière suffisante pour permettre leur installation durable et une sédentarisation des troupeaux.

Cette stratégie reposait sur une intensification des productions animales et sur l’amélioration de l’alimentation par une gestion adéquate des pâturages naturels. Les structures d’encadrement devraient assurer les aménagements pour l’abreuvement des animaux, l’installation d’infrastructures vétérinaires (parcs de vaccination) et zootechniques (magasins de stockage). Elles devraient aussi assurer l’encadrement sanitaire et les appuis socio-économiques notamment, en vue de garantir une autopromotion des producteurs par leur structuration en groupements.

Ainsi, la Région de l’Est a bénéficié de deux zones pastorales : Tapoa Bopoo à cheval entre les provinces du Gourma et de la Tapoa 95 000 ha, et Kabonga, à cheval entre la province du Koulpélogo, dans la Région du Centre-est, et le Gourma, 51 000 ha.

Les réalisations à ce jour restent assez mitigées. Selon les informations reçues de la DRRA de l’Est, on relève deux parcs de vaccination et deux boulis pour Tapoa Bopoo et 10 forages, 5 parcs de vaccination et 4 boulis pour Kabonga. Toute chose qui ne facilite pas l’appropriation et la valorisation de ces parcours par les éleveurs. Par conséquent, les deux zones sont constamment envahies par les agriculteurs autochtones et migrants en quête de terres cultivables.

6.2.2.5.2. Les zones de pâture, les pistes à bétail et les couloirs de transhumance

Face à la diminution continue des espaces pastoraux, due à la conjugaison de plusieurs facteurs et afin d’assurer une certaine sécurité foncière à l’élevage pastoral, les acteurs (les pouvoirs locaux, les services techniques de l’élevage, les organisations de la société civile pastorale) avec l’appui des partenaires techniques (PNGT II et PICOFA), ont élaboré et déroulé un processus de négociation des zones de pâture villageoises, des pistes à bétail et des couloirs de transhumance. Au total, une cinquantaine de zones de pâture (deux à trois par commune) ont été délimitées ou balisées.Mais le constat demeure que deux ou trois ans après leur délimitation ou balisage, ces espaces sont envahis par les agriculteurs.

On note qu’en général, les zonesde pâture délimitées au départ, sontdes terres marginales peu propices à l’agriculture. C’est après le séjour des animaux, avec les déjections, qu’elles deviennent l’objet de convoitise des agriculteurs. D’une manière générale, on relève une absence totale d’investissements et d’appropriation de ces espaces. En saison sèche par exemple, les couloirs de transhumance et les pistes d’accès aux ressources pastorales sontabandonnés pour des raisons de gain de temps lors des déplacements des animaux.

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79 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

6.3. Les contraintes liées à la gestion durable des ressources pastorales

6.3.1. La surcharge des parcours dans les zones d’accueil des transhumants

Du fait de leur préoccupation première qu’est la disponibilité de l’eau et de bon pâturage, les éleveurs étrangers, principalement nigériens, mènent leurs troupeaux dans des zones déjà exploitées par les troupeaux nationaux (ex Kotchari, Kaabougou). Il s’en suit un accroissement de la charge animale qui, du fait du surpâturage, dégrade les parcours et expose les troupeaux nationaux au déficit fourrager, très préjudiciable à l’élevage national.

6.3.2. Les conflitsentre agriculteurs et éleveurs liés aux dégâts dans les champs

Deux périodes de l’année apparaissent comme particulièrement sensibles : • en fin de saison de culture, si les troupeaux arrivent trop précocement, les récoltes ne sont pas achevées, c’est alors que les défaillances dans la surveillance des troupeaux engendrent des dégâts sur les récoltes ; • à l’arrivée des premières pluies, comme l’espace rural est de plus en plus densément occupé, le passage des animaux dans les zones agricoles, où les cultures commencent à pousser, est problématique. Il ne reste parfois que la route.

Conscients de ces difficultés de passage, certains éleveurs choisissent de traverser ces zones de nuit, espérant que les dégâts éventuellement causés par leur bétail seront constatés sans qu’ils puissent être rattrapés, ou tout au moins, pris sur le fait. Dans le cas contraire, il s’en suit des conflits entre agriculteurs et éleveurs, qui voient l’intervention des autorités administratives pour les faire taire, dans le meilleur des cas (arrangement à l'amiable toujours en faveur de l'agriculteur). Ces conflits dégénèrent parfois en batailles sanglantes.

Les causes essentielles concernent : • l’exploitation anarchique des pistes de transhumance par des agriculteurs ; • l'implantation de champs à proximité des points d'abreuvement ; • la remise en cause permanente des limites du territoire pastoral, due à la progression du front agricole; • le ramassage tardif des récoltes laissées sur les champs.

6.3.3. L’occupation anarchique des espaces pastoraux

L’occupation agricole des sols, dans un système d’agriculture extensive et extensible, n’a nulle part épargné les pistes. Elles ont partout été envahies par les champs de cultures.

Des entretiens avec les RECOPA et le Conseil régional de l’Est, il ressort que deux ou trois ans après la délimitation des zones de pâture, il y a comme une remise en cause totale des accords qui ont permis l’identification, la délimitation et le balisage des espaces. Pour une raison ou pour une autre, ils sont réoccupés par les agriculteurs autochtones, ou avec leur complicité, par des migrants mossis à la recherche de terres pour l’agriculture.

Cependant, il faut souligner que pour ce qui est des pistes, la première faute incombe parfois aux éleveurs. En réalité, les pistes officielles sont peu empruntées en saison sèche car elles sont considérées comme longues et donc fatigantes pour le bétail.

L’occupation des espaces pastoraux dans la Région de l’Est constitue un véritable casse-tête, en ce sens que c’est souvent des personnes bien informées et instruites de l’administration, originaires de la région, qui installent des parents ou amis, ou exploitent eux-mêmes ces espaces en faisant prévaloir leurs personnalités (députés, hauts cadres de l’administration, commerçants). De plus, avec leur complicité, des étrangers viennent également s’installer. Dans certains cas, des procès en justice ont condamné les occupants à quitter les lieux, mais ils restent sourds à toute décision de justice.

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80 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

Le manque d’engagement des services de l’Etat, qui ne prennent pas suffisamment en compte les réalisations dans le domaine de la sécurisation foncière des espaces pastoraux dans leurs programmes d’activités, le manque d’intérêts des autorités communales pour les aménagements pastoraux qui ne génèrent pratiquement pas de ressources pour les collectivités décentralisée, les attitudes trop politiciennes des autorités communales qui considèrent que les agriculteurs autochtones constituent des voix, des électeurs potentiels, face aux éleveurs qui restent minoritaires et peu engagés dans les opérations de vote, et de ce fait, évitent adroitement de frustrer les premiers, en cas de conflits avec les seconds, et le manque d’appropriation réelle des espaces négociés et délimités pour l’élevage par les éleveurs eux-mêmes, semblent être les principales causes essentielles du problème.

6.3.4. L’accessibilité des points d’eau

L’élevage dans la Région de l’Est reste confronté à une absence de points d’eau, propre aux éleveurs et aux troupeaux. La situation des points d’eau (tableau n° 20 et tableau n° 22) révèle l’existence de nombreux points d’eau (une centaine de retenues d’eau et 3 382 points d’eau modernes). Mais il n’y a pas de points d’eau spécifique à l’élevage.Les éleveurs rencontrent donc de sérieux problèmes pour l'abreuvement des animaux.

De plus, la progression des terres agricoles, concentrée au niveau des bas-fonds et autres points d'eau, limitent encore plus l’accès du bétail à l’eau. Ce qui oblige les transhumants à fréquenter les points d’eau villageois (longues marches quotidiennes et attentes), mais compte-tenu du déficit en eau potable que connaît la région, ces points d’eau font systématiquement l’objet d’accaparement de la part des populations sédentaires.

Par ailleurs, la diminution du nombre des points d’eau de surface, disponibles pour l'abreuvement du bétail en saison sèche (assèchement), combinée à une augmentation des troupeaux (transhumants venus des pays voisins (Niger) et des autres provinces du pays), conduit à une compétition âpre pour l’accès à l’eau.

Cette situation conduit au surpâturage, et ensuite, à la désertification autour des points d’eau. La carte n° 8 des couloirs de transhumance et des points d’eau montre que le couloir Est est presque dépourvu de points d’eau, ce qui oblige les animaux en transhumance à parcourir de longues distances pour accéder à l’eau. Toute situation qui pousse à la violation des aires protégées, avec tout ce que cela comporte en termes de conflits entre les éleveurs et les services techniques en charge de l’Environnement.

6.3.5. Les conflits entre les éleveurs et les services forestiers autour de la violation des aires protégées

Le passage à travers les parcs et réserves n’est pas autorisé, mais il est souvent pratiqué, ne serait-ce que pour réduire les distances vers les lieux de destination des transhumances et éviter ainsi aux animaux affaiblis des fatigues supplémentaires. Ainsi, à certains moments de leur progression, les éleveurs transhumants, pour assurer la survie de leurs troupeaux, sont contraints de faire des détours pour se retrouver à l’intérieur des aires protégées.

Ces incursions se traduisent souvent par l’émondage des ligneux fourragertels que Pterocarpus erinaceus, Khaya senegalensis, Afzelia africana, Strychnos spinosa. Ce qui conduit à de lourdes amendes (150 000 CFA) par branche coupée (Alexandre Paris). Selon la Direction Régionale de l’Environnement et du Développement Durable de l’Est, plus d’un million d’animaux par an violeraient ainsi les limites des aires protégées, à la recherche de l’eau et du pâturage. Un survol du parc régional du W (Bénin, Burkina Faso, Togo) en mai 2002 a permis de dénombrer dans le Parc 23 840 bovins et 1 254 petits ruminants (Alexandre Paris).

Par ailleurs, certains membres des structures chargées de veiller à l’application de la loi, sous prétexte d’assumer leur tâche, organisent des actes de représailles contre les éleveurs transhumants.

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81 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

6.3.6. L’avancée du front agricole

Plusieurs phénomènes conjugués ont contribué et continuent à contribuer à une réduction assez dramatique des espaces pâturables (IEPC 2004). Ces phénomènes ont pour noms les sècheresses successives des décennies 70, 80 et 90, l’accroissement de la population avec son corollaire qu’est l’augmentation de la demande de terres cultivables. Le plus important de ces phénomènes observés au cours de ces dix dernières années reste le développement de nouvelles cultures (coton et sésame) et de la culture attelée.

Dans la Région de l’Est, si la culture du coton se limite aux provinces du Sud, celle du sésame, par contre, est présente dans toutes les cinq provinces. Les superficies emblavées pour le sésame ont été multipliées par trois, en l’espace de trois campagnes. De plus, la diversification des activités comme stratégie de survie pour les pasteurs peuls oblige ces derniers à s’adonner à l’agriculture et à occuper les parcours jadis réservés à l’élevage. Dans tous les cas, les défrichements se font au détriment des aires de pâture des animaux domestiques. Il faut par ailleurs rappeler que les réserves et les zones de concession ont contribué à réduire de plus du tiers les espaces potentiels de pâture.

6.3.7. Les feux de brousse

A l’instar de la majeure partie du territoire national, les feux de brousse sont redevenus une donnée permanente pour la Région de l’Est. Pour diverses raisons, malgré l’interdiction par la loi, les espaces sylvo-pastoraux sont quasi systématiquement brûlés en début de saison sèche, avec destruction plus ou moins importante du couvert herbacé.Les feux de brousse et leur impact sur la disponibilité des ressources fourragères constituent ainsi une entrave supplémentaire à l’accès de ces ressources pour les besoins de l’élevage.

Le rapport définitif sur les feux de brousse au Burkina Faso relève que pour la campagne 2004, les superficies combustibles ont été brulées à 0,86%, 51,38%, 10,80%,78,13%, et 66,34%, respectivement pour la Gnagna, le Gourma, la Komondjari, la Kompienga et la Tapoa. Cela s’explique, entre autres, par l’utilisation des feux de brousse, surtout les feux précoces comme outil d’aménagement dans les réserves forestières. Par ces feux dits d’aménagement, plusieurs millions de tonnes de fourrages de qualité sont chaque année en fumée pour des besoins du tourisme de vision. La fauche pour les besoins de notre élevage peut permettre d’atteindre les mêmes résultats. La mise en feu de la brousse est aussi un moyen utilisé par les autochtones gourmantchés pour empêcher l’arrivée et l’installation des éleveurs transhumants.

Photo n° 6 : Savane arbustive ravagée par le feu en novembre 2014 (Matiakoali)

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82 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

6.3.8. La réceptivité des populations dans les zones d’accueil des transhumants

En saison sèche, les agriculteurs autochtones ne voient pas toujours d’un bon oeil arriver des troupeaux transhumants sur leur terroir, mais ils l’acceptent. Sur les trajets de transhumance, ces éleveurs de passage ne restent pas longtemps, quelques jours seulement, cela en fonction des disponibilités en herbe et en eau. Par contre, au début de l’époque des cultures, ils craignent que le bétail, transhumant sur la route du retour, ne vienne divaguer dans les champs en pleine levée et ne provoquent de gros dégâts. Entre les populations locales et les éleveurs transhumants s’instaure aussi une compétition autour des sources d’eau. D’innombrables conflits en découlent, et il est fréquent d’entendre dire que les communautés villageoises ont interdit l’accès des animaux transhumants aux points d’eau de leur localité. Ainsi, des frais d’abreuvement, souvent exorbitants, sont exigés aux abords de ces points d’eau.

VII. SUGGESTIONS / RECOMMANDATIONS

Les actions pourraient se scinder en deux volets : le volet technique et le volet recherche

7.1. Volet technique

Il concerne, entre autres les actions suivantes :

• la sécurisation et la viabilisation des espaces pastoraux ; • l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme de valorisation des fourrages dans les aires protégées ; • l’information et la sensibilisation des éleveurs et des populations des zones d’accueil des transhumants ; • la mise en œuvre d’un programme d’hydraulique pastorale ; • l’établissement d’une concertation et d’un partenariat autour de la gestion durable des ressources pastorales.

7.1.1. La sécurisation foncière des espaces pastoraux (zones pastorales, zones de pâture villageoises, pistes à bétail)

La sécurisation foncière des espaces pastoraux dans la Région de l’Est passe nécessairement par la définition des orientations de la région en matière de planification et d’aménagement, en général, et plus particulièrement, dans le domaine des aménagements pastoraux. Cela ne sera possible qu’à travers l’élaboration et la mise en œuvre d’un schéma régional d’aménagement et de gestion des ressources pastorales.

Ce schéma relève de la catégorie des schémas directeurs d’aménagement, prescrits par la RAF, qui est la référence en la matière. En effet la RAF prescrit que « Le schéma directeur d’aménagement est un instrument de planification à moyen et long termes. Il permet de fixer les orientations fondamentales d’occupation et d’utilisation des terres et les objectifs d’aménagement d’un espace donné. Il doit être conforme au Schéma National d’Aménagement du Terroir (SNAT) et Schéma Régional d’Aménagement du territoire (SRAT") ».

Dans le cas d’espèce, le schéma national d’aménagement du territoire a déjà fixé des orientations. Chaque région devrait s’appuyer sur ces orientations pour aller plus loin dans les détails. En l’absence d’un SRAT, les orientations nationales pourront servir à l’élaboration du schéma directeur d’aménagement et de gestion des ressources pastorales (SDAGRP).

Pour éviter les problèmes que l’on connait déjà avec la délimitation des zones pastorales, des aires de pâture villageoises et inter villageoises, l’implication réelle de tous les acteurs (autorités coutumières, les maires des communes, le Conseil régional, les services techniques déconcentrés du secteur rural, de l’économie et du développement, les organisations de la société civile pastorale, les représentants de producteurs, les propriétaires terriens…) devraient être dès le départ impliqués dans le processus.

De plus, on devrait s’acheminer vers l’immatriculation des zones pastorales et leur classement comme zones

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83 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

sylvo- pastorales, et impliquer ainsi les services de l’Environnement dans les opérations liées à leur sécurisation.

La sécurisation des espaces pastoraux cconsisterait, par ailleurs, à mettre en œuvre un gramme de viabilisation de ces espaces.Les actions de viabilisation devront porter principalement sur :

• la création, l’entretien et la gestion des points d’eau ; • la construction ou l’entretien d’infrastructures d’élevage, comme les parcs à vaccination ; • la restauration des parcours.

La mise en œuvre d’actions de gestion et d’entretien, tant des ressources que des équipements, doit aussi être entreprise. Elle doit reposer sur des personnes responsables. Pour cela il faudra envisager la mise en place de comités de gestion dynamiques et fonctionnels pour chaque espace (zone pastorale, zone de pâture, piste à bétail…) et pour chaque infrastructure (parc de vaccination, point d’eau..), incluant en son sein non seulement des éleveurs résidents, mais aussi, des représentants des éleveurs transhumants. Le comité de gestion pourrait décider de faire payer certains services, voire même envisager des droits de pacage.

Par ailleurs, il faudrait envisager dans les localités d’accueil la possibilité de mettre en place des zones d’accueil des transhumants (délimitation, cahiers de charges) avec toutes les infrastructures permettant une exploitation équilibrée des ressources fourragères.

7.1.2. L’élaboration et la mise en œuvre d’un programme de valorisation des fourragesdans les aires protégées

Il est connu de tous que les parcs nationaux de l’Est constituent d’importantes réserves de fourrage de qualité. En termes d’occupation des terres, ils totalisent une superficie de 1 107 400 ha, sur un total de 3 259 390 hapour les unités pastorales de la région. Les parcs et zones de concession de chasse produisent chaque année des millions de tonnes de fourrage qui sont détruites par des feux dits d’aménagement. A notre avis, cette destruction constitue, pour les structures de gestion de ces parcs et zones de concession de chasse, les populations riveraines, les éleveurs et l’économie de la région, des pertes importantes. A titre d’exemple, une botte de 10 kg vendue à Fada coûte de 750 à 1 000 F CFA en période de soudure.

On sait que c’est la présence de telles quantités de fourrages dans les parcs qui est la cause de la violation quotidienne des limites des réserves et des conflits entre les éleveurs et les services déconcentrés de l’Environnement.

L’exploitation de ces ressources permettra, non seulement de minimiser ces conflits, mais aussi, d’injecter chaque année des sommes considérables dans l’économie de la région. Dans ce sens, la valorisation de la biomasse herbacée des parcs et zones de concession reste une solution à explorer. Selon la DREDD, un essai a été tenté en 2004, mais faute de preneurs, il a été abandonné.

Aussi, et afin de donner plus de succès à l’opération, il faut engager un dialogue avec les services déconcentrés du MEDD, du MRA, les opérateurs économiques de la région ou d’ailleurs, les populations riveraines, en vue de créer de véritables chaines de valeur autour de cette activité.

7.1.3. La mise en œuvre d’un programme d’hydraulique pastorale

La disponibilité de l’eau, ainsi que sa répartition équilibrée sur le teritoire de la région, reste une des contraintes majeures pour la gestion durable des ressources pastorales dans la Région de l’Est. Actuellement, les points d'eau pastoraux sont mal répartis par rapport aux besoins. Il serait souhaitable de mettre en place un réseau de points d'eau équilibré, en nombre important mais de capacité compatible avec les ressources fourragères attenantes, afin d’éviter une surcharge des pâturages. En même temps, des pâturages actuellement non exploités deviendraient plus accessibles, ce qui induirait une meilleure répartition du cheptel sur les ressources naturelles. Afin de pouvoir procéder à une distribution spatiale judicieuse des ouvrages dans le domaine de

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84 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

l'aménagement pastoral, une étude préalable de l'ensemble de la zone s'impose. Cette étude devra prendre en compte tous les éléments intervenant dans le choix de l'ouvrage. Il est important de pouvoir disposer : • d'un recensement de l'ensemble des animaux (répartition, nombre…) de la zone, en tenant compte des variations saisonnières dues à la transhumance et aux différents flux migratoires de/ou vers cette zone ; • les quantités d'eau à mettre à la disposition des troupeaux aux différentes saisons seront conditionnées par les ressources fourragères de la zone. Une carte des pâturages devra pouvoir fournir les taux de charge admissibles en fin de saison sèche ; • un inventaire des points d'eau naturels et artificiels, permanents et temporaires, avec pour ces derniers la période probable de tarissement, servira de base à la détermination des besoins en eau de la zone considérée.

Les aspects humains liés à l'hydraulique pastorale devront également être abordés : • le système du foncier pastoral ; • les rapports sociaux entre éleveurs et agriculteurs ; • l'état organisationnel et fonctionnel des groupements ; • les besoins exprimés ainsi que la capacité d'autogestion pour le choix des infrastructures.

7.1.4. L’établissement d’une concertation et d’un partenariat autour de la gestion durable des ressources pastorales

Les ressources naturelles sont des ressources partagées. Elles sont par conséquent au centre des intérêts de plusieurs utilisateurs et de plusieurs utilisations (agricole, pêche, chasse, élevage, industrie, domestique, etc.). Aussi, au plan institutionnel, la gestion de ces ressources, après le démantèlement du Ministère du développement rural, se trouve aujourd’hui émiettée au sein de plusieurs institutions ministérielles (Ministère en charge del’agriculture, Ministère en charge de l’environnement, Ministère en charge de l’élevage). Les mécanismes mis en place pour leur gestion devraient, en toute logique, se faire selon une approche inclusive et participative, avec une véritable implication de tous les acteurs concernés (IEPC 2004).

Mais d’une manière générale, on constate que les institutions travaillent en vase clos, sans aucune concertation des uns avec les autres, et très souvent, en antagonistes, chacun voulant tirer la couverture vers lui-même. Par exemple, les processus de la délimitation des espaces pastoraux (zones pastorales, aires de pâture villageoises, pistes à bétail, couloirs de transhumance) devrait impliquer les services compétents du Ministère de l’Environnement et du développement durable. Les services déconcentrés de ce ministère devraient pouvoir assurer, comme ils le font avec les réserves et les aires classées, la sécurité de ces espaces.

En la matière, on relève que le Conseil régional et le Réseau de communication sur le pastoralisme, une organisation de la société civile pastorale, ont entrepris depuis 2011 de mettre en place deux structures qui œuvrent dans le domaine de l’amélioration de la sécurisation des espaces pastoraux et, du développement de l’activité pastorale en général, dans le Région de l’Est. Il s’agit de l’Entente pour la Coopération Pastorale dans le Région de l’Est (ECOPARE) et le Conseil consultatif pour le pastoralisme.

L’ECOPARE a pour objectif de mettre ensemble les collectivités locales, les services techniques, les pasteurs et les agriculteurs, pour parvenir à la définition de programmes et de plans d’actions pour le développement pastoral dans la région.

Le Conseil consultatif pour le pastoralisme, composé des acteurs à la base, dont les pasteurs eux-mêmes, est chargé d’apprécieret d’orienter l’ECOPARE dans la définition des programmes et des activités en faveur du développement de l’élevage pastoral dans la région.

Il reviendra à chaque acteur de jouer pleinement sa partition au sein de ces organes, pour prétendre à une amélioration de la situation

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85 Evaluation de l’état général des ressources pastorales au Burkina Faso

7.1.5. L’information, la sensibilisation de tous les acteurs concernés

La plupart des problèmes rencontrés par les éleveurs transhumants au cours deleur déplacement sont plus ou moins liés au manque d’information sur les couloirs à emprunter et, entre autres, les conditions dans les localités d’accueil.

Pour les éleveurs, l’information et la sensibilisation devraient porter sur : • les itinéraires à emprunter : les conditions pour chaque itinéraire (présence des points d’abreuvement, du pâturage, des aires de repos, les distances entre les aires de repos, les problèmes liés éventuellement aux aires protégées et ceux liés à l’hostilité, ou hospitalité des populations des zones traversées et éventuellement, les risques sanitaires et risques liés aux fauves); • les périodes propices d’emprunt ; • les conditions dans les zones d’accueil : (i) la présences des ressources pastorales (eau et pâturages), (ii) les capacités de charges, (iii) l’hostilité ou hospitalité des populations, (iv) les risques sanitaires et les problèmes liés à la proximité des réserves forestières et fauniques, (v) la présence des transhumants venus d’ailleurs (pays voisins ou autres régions du Burkina et les éventuels conflits qui peuvent découler de l’exploitation commune des ressources pastorales, (vi) les services offerts sur place, etc.

Pour les populations des localités d’accueil, l’information et la sensibilisation devraient porter sur les périodes d’arrivée des transhumants, afin de les préparer à l’affluence du bétail étranger sur leurs terroirs. L’information et la sensibilisation devraient également porter sur les opportunités que pourraient offrir la présence des éleveurs transhumants : contrats de fumures, acquition des animaux pour la diversification des activités. L’information et la sensibilisation, qui pourraient se faire par le canal de la radio en langue locale et en Fulfuldé, permettraient également de diffuser des informations sur la vaccination, la réglementation de la transhumance en vigueur dans les pays d’accueil et au niveau communautaire. Une autre façon de les approcher serait d’utiliser les crieurs publics ou de proposer de courtes réunions lors des jours de marchés.

7.2. Volet recherche

A ce niveau, il s’agira principalement: • de rendre les conditions de conduite du pastoralisme compatibles ou favorable à la conservation des aires protégées ; • de suivre de troupeaux en périphérie (proche et eloignée) du parc.

7.2.1. Rendre les conditions de conduite du pastoralisme compatibles ou favorableS à la conservation des aires protégées

Avant tout, il convient de revenir à une question primordiale : « Quels impacts les transhumants ont-ils sur la conservation de la biodiversité du W ? » L'avenir des aires protégées du W ne dépend peut être pas de leur capacité à exclure le bétail domestique (Alexendre Paris, 2002).

D'une part, la réduction des incursions de bétail a un coût qui croît exponentiellement : l'élimination de toutes les incursions est difficile et trop chère, par rapport aux bénéfices escomptés en terme de conservation. Il s'agit plutôt de réfléchir en termes de niveaux de tolérance. Ensuite, l'impact de la transhumance sur la conservation est relatif, plutôt qu’absolu, car il dépend des pratiques des transhumants, de leur nombre, de leur utilisation de l'espace ; il doit être étudié.

De ces niveaux de tolérance, de ces impacts quantifiés, n'est-il pas possible d'envisager que des modes de gestion mixte des espaces, où de conservation, de chasse, et de pastoralisme soient articulés ?

Entre interdiction d'accès aux ressources, encadrement des pratiques pastorales, et durabilité des efforts de conservation, n'est-il pas possible de trouver des compromis plus efficaces ? Si l'éleveur doit devenir l'allié des gardes forestiers, plutôt que leur ennemi (Toutain et al. 2001), comment y arriver pratiquement ?

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86 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

7.2.2. Mettre en place un programme d’accompagnement et de suivi des transhumances

Afin de connaître la fréquentation réelle des aires protégées par les éleveurs et préciser les lieux de séjours, on pourra mettre au point un système de comptage aérien (couplage avec comptage faune). Cela permettra : • de préciser les routes de transhumance et de mettre en évidence les choix techniques et les façons de procéder des éleveurs transhumants ; • d'établir des statistiques sur la fréquentation en saison sèche ainsi qu'une carte de localisation des zones préférentielles de pâturage.

Cette recherche pourrait déboucher sur la mise en place d’un observatoire de la transhumance, basé sur la collaboration de plusieurs services d’Etat, permettant de suivre et de comprendre les évolutions de la transhumance pour adapter en conséquence les interventions ou la réglementation.

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CONCLUSION GENERALE

La Région de l’Est du Burkina Faso est l’une des régions du pays qui disposent encore de ressources pastorales relativement abondantes. En effet, les investigations réalisées dans le cadre de la présente étude montrent qu’elle dispose de vastes étendues de pâturage évaluées à 3 259 419 ha, composées de steppes, de jachères, de savanes arbustives et herbeuses, de savanes arborées, de forêts claires, de forêts galeries et de prairies.

En réalité, ce potentiel est fortement diminué par la présence des réserves et zones de concessionde chasse, qui prennent1 107 400 ha (34% environ des superficies pâturables). Ces réserves et zones de concession de chasse qui sont formellement interdites à la pâture des animaux domestiques, occupent les meilleurs pâturages dans les provinces du Sud (la Tapoa avec 463 857 ha, la Kompienga 557 501 ha et le Gourma 86 024 ha), les zones préférentielles d’accueil des transhumants

Le potentiel en ressources en eau (eaux de surface, eaux sous- terraines) est , quant à lui, estimé à plus de 20 milliards de m3. Mais la répartition des ressources mobilisées ne se fait pas toujours en fonction des besoins de l’élevage.

D’une manière générale, la gestion de ces ressources connait de nombreuses contraintes dont les principales demeurent : • la progression du front agricole et la réduction continue des espaces de pâture; • l’occupation anarchique des espaces pastoraux (zones de pâture, pistes à bétail et couloirs de transhumance ; • la surcharge des parcours dans les zones d’accueil des transhumants ; • les feux de brousse ; • la mauvaise répartition des points d’eau.

Au regard de la spécificité de cette région, troisième région d’élevage du Burkina Faso, après les régions du Sahel et des Hauts Bassins, la question que l’on est en droit de se poser est de savoir « Comment rendre les conditions de conduite du pastoralisme compatibles ou favorable à la conservation des aires protégées ? » Cela en raison de tous les problèmes qui connait cet élevage à l’intérieur et à la périphérie de ces aires (exactions ontre les éleveurs qui tenteraient de franchir les frontières à la quête de l’eau et pâturage, surcharges des parcours alentours, etc.

Par ailleurs, certains aspects importants de cette étude n’ont pas été abordés. Il s’agit de : - répertorier et analyser les expériences réussies de gestion durable des terres et des parcours pastoraux de la Région de l’Est, et proposer des mécanismes et /ou approches pour leur mise à échelle ; - identifier et évaluer les facteurs favorables à la gestion durable des ressources et parcours pastoraux dans la Région de l’Est, notamment ; - établir le niveau de dégradation des parcours pastoraux et les différents types de ressources pastorales en mettant en relief les mécanismes et stratégies de gestion de ces parcours.

Il serait souhaitablede voir comment les reprogrammer dans les études antérieures.

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88 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

BIBLIOGRAPHIE

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Projet "Strengthening knowledge and capacity to close

90 Initiative mondiale pour un pastoralisme durable

the policy implementation gap" (CPIG-DANIDA-WAP)

91 UNION INTERNATIONALE POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE

PROGRAMME DU BURKINA FASO Rue du Pr. Joseph Ki -Zerbo 01 BP 3133 Ouagadougou 01 Email: [email protected] Tél +226 25 31 31 54 BURKINA FASO www.iucn.org /paco

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