Elsdon Best, l’ethnographe immémorial Sauvetage et transformation de la mythopoétique maorie

Frederico Delgado Rosa Préface de Herbert Lewis 9 Les Carnets de Bérose Carnet de Bérose n°9

Traduit de l’anglais par Laurent Vannini, révisé par Annick Arnaud et Christine Laurière.

Copyright 2018 Lahic / Ministère de la Culture, direction générale des Patrimoines, département du pilotage de la recherche et de la politique scientifique ISBN 978-2-11-152027-1 ISSN 2266-1964 Illustration de couverture : Elsdon Best et Paitini Tapeka Ref: 1/2-004998-G. Alexander Turnbull Library, , New Zealand. http://natlib.govt.nz/records/22903338

Fabrication de l’édition électronique : Martin Monferran Elsdon Best, l’ethnographe immémorial

Sauvetage et transformation de la mythopoétique maorie

Frederico Delgado Rosa

Préface de Herbert Lewis

Lahic / DPRPS-Direction générale des patrimoines – 2018 Lahic / DPRPS-Direction Les Carnets de Bérose 9 Sommaire

Préface de Herbert Lewis 6 Prologue. « Une terre solitaire, et ceux qui la peuplèrent » 11

Première Partie Voleur ou sauveur ? Regards contemporains sur un ancêtre exclu

« Je vais vous parler du hau… ». Le don de Best à Mauss 22 Allan Hanson et la généalogie d’une invention de la tradition 31 Sympathie ou hostilité ? La « recherche indigène » et le passé de l’anthropologie 41

Le gentleman maori. Apirana Ngata et l’avenir de la tradition 55

Jeffrey Holman et la construction maorie-pakeha des archives 63

Deuxième Partie À la recherche de l’ précolonial

« De nobles barbares ». Évolutionnisme et spiritualité 71 « Les voies merveilleuses du langage ». Friedrich Max Müller aux antipodes 77 L’ésotérisme en Aotearoa, une découverte sensationnelle ? 84 Le dégénérationnisme d’Andrew Lang. Entre hypothèse scientifique et « théorie fétiche » 93 Archives vernaculaires ou paroles sacrées ? Le legs du sage Te Matorohanga 97 Ténèbres et lumière dans la mythologie et la religion 112 En l’honneur de Tane. Le souvenir des écoles d’érudition 122 « Un monde de pathos ». L’ethnographie du présent 127

Tapu et mana. « La colonne vertébrale du système social maori » 135

4 Troisième Partie Retour au pays tuhoe

Jeffrey Sissons et la critique de l’historiographie coloniale 147 Portrait d’une nation. L’invisibilité d’Elsdon Best 159

Épilogue. L’histoire de l’anthropologie et la poétique de la continuité culturelle 165

Annexe A : « Un hommage personnel », par Raymond Firth 174 Annexe B : « Le Hau, ou esprit vital », par Elsdon Best 177

Bibliographie d’Elsdon Best 182 Bibliographie générale 190

5 Préface

et ouvrage profond met en jeu deux sujets troublants et reliés entre eux. Le premier tourne autour Cde la valeur – ou de la validité – des récits anciens (pré-modernes) produits par des Européens sur des cultures dites indigènes, et en l’occurrence ici sur les Maoris de Nouvelle-Zélande. Le second concerne les débats complexes que continuent d’engendrer l’ethnographie, l’histoire et l’historiographie de ce peuple. Chacun de ces thèmes représente un défi à part entière. À la suite des « révolutions » de la fin des années 1960 et du début des années 1970 aux États- Unis et en Europe, les pratiques « modernistes » de l’anthropologie ont toutes subi un examen critique qui ne leur épargnait que rarement le discrédit. Certes, les travaux menés par des non-professionnels, inexpérimentés ou non accrédités par l’anthropologie, étaient souvent ignorés des modernes, mais après la « grande transformation » de la discipline dans les années 1960, la réputation des ethnographies produites par des « hommes blancs » de l’ère coloniale – administrateurs, missionnaires ou simples amateurs – a fait l’objet de la plus totale déconsidération de la part de la nouvelle génération d’anthropologues et de leurs interlocuteurs dans le domaine des études culturelles, postcoloniales et autres. Si les élèves d’un Bronislaw Malinowski et d’un Franz Boas, ou encore leurs héritiers plus tardifs, ont été jugés coupables d’exoticiser l’Autre, de rester dans une sorte d’anhistoricisme ou de connivence avec les forces coloniales, combien pires devaient être leurs prédécesseurs... Les critiques de la discipline se sont intensifiées quand « les autochtones ont riposté ». Aux États- Unis, le locus classicus de l’évaluation négative des anthropologues par un « indigène » fut l’ouvrage de Vine Deloria, Jr., Custer Died for Your Sins : An Indian Manifesto (1969). Ce travail bien connu et intelligent éreintait les « anthropologues et consorts ». De telles critiques eurent un effet décourageant chez de nombreux anthropologues qui s’en tinrent du coup à l’étude de leur propre société, mais remirent en cause l’honnêteté, la rigueur et la validité d’un travail ethnographique accompli généralement par des non-autochtones. Comme le montre d’une manière saisissante l’essai de Frederico Delgado Rosa, ce questionnement est toujours présent dans le discours des Maoris, au moins de certains d’entre eux, au sujet de leur passé. D’une façon ou d’une autre, tous, aussi bien les auteurs « critiques » d’aujourd’hui, qu’il s’agisse de scientifiques ou de nationalistes, que les savants ou penseurs maoris des générations antérieures, ferraillent avec les écrits des vieux ethnographes amateurs pakeha 1. Planent sur ces débats les questions d’« authenticité » et d’« invention de la tradition ».

6 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial leurs symbolismes, devoir leschosestelles qu’ils lesvoyaient" ». façons de penser,le "stade mental" des Maoris de comprendreet "de saisir avec bienveillance leurs un mélangesingulierd’universalisme parlequelilessayaitàlafois decomprendre etdeparticularisme, extraite d’un manuel.Commel’écrit notre auteur, « on trouve dansletravail anthropologique deBest beaucoup pluscomplexe qu’il ne ressort den’importe quelleprésentation del’« évolutionnisme » offre unautre tableaudecebrassage complexe, tardif victorienne » d’idées assez del’« anthropologie F. Rosa dupositionnementdeBest faceàcesinterprétations antagonistesdelareligion etdanslecadre du monothéismeetavec celledusensdelacroyance pourlepeuple.Laprésentation critiquepar problèmes del’essence delareligion, avec laquestion alorsrépandue delapossibleprimautéarchaïque Évolutionniste, Elsdon Best nel’était pasdanslesillagede Tylor oudeFrazer, maisilsecolletaitavec les F. Rosa montre àquellecomplexitéetcontre-courants depenséeilfutconfronté autournantdusiècle. Best étaitunlecteurassiduenmatière dethéorieslareligion, del’évolution, des migrations, etc.,et et intellectuels de sa pensée, une pensée toujours entremêlée à son activité ethnographique dévorante. ainsi qu’il considéraitsesinformateurs),maiségalementdesfondementsthéoriques,philosophiques seulement desrecueils d’Elsdon Best etdesrelations qu’il a entretenues avec sesamis maoris(c’est culturel maori,Apirana Ngata Sissons. Cestravaux contemporainssontconfrontés àlaperspective del’homme politiqueetleader Salmond, Linda Tuhiwai Smith, Jeffrey Holman, Hirini Moko Mead, Mason Durie et,enfin, Jeffrey maories. ce savant demeure amateuretaffirmesanséquivoque combiensonapport inestimablepourlesétudes En réexaminant de manière originale le travail de Best, il rétablit l’honneur et lerespect qui sontdusà en outre pardesconsidérationssubtilesdel’auteur desauvetage ». surlavaleur deladite« ethnographie pensée, ses motivations, ses réalisations, les usagespasséset potentiels deson œuvre. Le livre est enrichi l’arrière-plan desa au seindesétudesmaoriestoutendéroulant unerecherche approfondie surBest : au-delà. Le récit de percutantF. et érudit Rosa offre une excellente introduction aux débats persistants et l’utilité destravaux decethommedanslecadre intellectueletethno-nationalistecontemporain – et plus remarquable àl’ethnographie dececontexte,Elsdon Best (1856-1931).Il reconsidère lajustesse s’est lancéà lui-même le défi de comprendre et d’évaluer l’œuvre deceluiquicontribua de lafaçon éminents, signéssoitpardesauteursmaoris La première decettemonographieprésente nombre partie uncertain d’ouvrages critiques Frederico Delgado Rosa, historiendel’anthropologie étrangerauxétudes maoriesausensstrict, . Dans la deuxième partie, F.(1874-1950). Dans ladeuxièmepartie, Rosa procède àl’analyse non pakeha , en particulier Allan Hanson, Anne AllanHanson, Anne , enparticulier 7 Frederico Delgado Rosa Pakeha avecS’évertuer habiletéàdécelerquelqueaspectpréjudiciable danssontravail nerend pasjusticeaux vie etlapenséeauprofit d’un peupleetdesesdescendants,méritent-ilsleméprisplutôtque l’admiration ? sympathie, lesoutien,respect, l’ambition monumentaledecollecterlepluspossibled’éléments surla de Best n’aient La étéaupire quepaternalistes,quellesenontétélesconséquencespourMaoris ? de dénigrement, bienévidemment,etF. Rosa enanalysequelques-unes.En admettant quelesintentions livresques dessavoirs traditionnelsancestraux ». Cettecollaboration afaitl’objet denombreuses tentatives ancrée partie danslesconnaissances générations futures, pourlemaintiend’une identitémaorie« en collecteurs enthousiastesetinfatigables.Cesderniersenregistraient toutcequ’ils pouvaient pour les anciens Maoris, dotés d’un savoir indéniablement profond et singulier, concouraient au travail de ces delatraditionmaorieavait déjàétéperduegrande partie depuisl’arrivée desenvahisseurs leurs croyances etdeleurspratiquesaubénéficedescendants.Conscientsdufaitévidentqu’une sages descommunautésqu’ils étudiaient,entreprise demémoire etd’enregistrement deleursidées, Best etbeaucoupd’autresobservées, savaient qu’ils s’engageaient dansuneentreprise communeavec les sauvetage. Loindesesatisfaire d’une collectededonnéesindifférente auxconditionsdeviedespopulations F. Rosa réside peut-être dansladémonstrationdevaleur, silongtempsdécriée,del’ethnographie de Comme l’a écritlegrandsavant maori Te RangiHiroa (1877-1951)danssanécrologie de Best : leurs collaborateursmaoris. Universityde Wisconsin-Madison Herbert S. Lewis par saréflexion autourdulegsde l’ethnographe immémorialqu’est Elsdon Best. discipline etnotre relation agitéeavec lesarchives devraientquant àellesêtre profondément marquées L’histoire et« occidentale ». dela l’anthropologie semétamorphose pourdevenir àlafois« indigène » Frederico Delgado Rosa et compréhensif, instructif achève sonessaiérudit, enformulantl’espoir que Pour l’historien del’anthropologie etdel’ethnographie, leplusgrandintérêt del’ouvrage de qui, comme Best, ont consacré leur vie même, à cette cause,tant d’efforts,non plusqu’à parfois qu’on lalisecouramment et siâprement pourrendre comptedeleurancienneculture, nimbéedepoésieetd’exploits, « afin hommes etlesfemmesdesangmaoriauront unedetteenvers l’homme quiœuvrasilongtemps elle-même un monument impérissable à sa mémoire. Aussi longtempsque vivra notre race, les entrepris parBest, Percy Smith Pomare et amateursdestraditionsmaoriesdanslesveines desquelscoule le sangdenotre peuple.Ngata, Les écritsd’Elsdon Best et sapersonnalitéontexercé une influenceprofonde surceuxdesétudiants

2 etmoi-mêmeavons ressenti ledevoir defaire quelquechosepourcontinuer letravail

4 ». ».

3 , etautres individusderaceblanche.L’œuvre deBest représente , les pakeha, les 8 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial celui qui court puisselire).celui quicourt suivant latraditiondeBible duroi James, « donneunsensautre àceverset : l’ 4 3 2 1 N Ancien Testament, . . Stephenson Percy Smith (1840-1922). . Maui Pomare (1875-1930). . Terme maoridésignantles descendantsdecolonsbritanniques(notel’auteur). otes Te RangiHiroa/Peter Buck, « Words offarewell », « Le Livre d›Habacuc », 2,p. 2.Note Livre deF. d›Habacuc », « Le Laversion anglaisequecitait Rosa : Te RangiHiroa, -> -> -> Journal ofthePolynesian Society that he who runs mayreadthat hewhoruns -> , vol. 41,p. 21. Peter Buck cite »(pourque 9 Illustration 1 : Elsdon Best, c. 1895, collection de son neveu et biographe, Elsdon Craig. Elsdon Best. Craig, Elsdon Walter Grant, 1917-1980 : Photographs. Ref : PAColl-8066-09-28. Alexander Turnbull Library, Wellington, New Zealand. http://natlib.govt.nz/records/22678275.

10 Prologue « Une terre solitaire, et ceux qui la peuplèrent »

lsdon Best (1856-1931), homme des frontières 1 néo-zélandais et éminent représentant de El’ethnographie de sauvetage, fut l’auteur d’au moins vingt monographies, qu’il s’agisse d’ouvrages volumineux ou de brochures, et de plus de deux cents articles 2, correspondant à un nombre incalculable de pages, que grossiraient encore les textes qui restèrent sous forme manuscrite. Cela aurait pu être le cas de Tuhoe : The Children of the Mist 3, achevé en 1907 et qui fut publié tardivement, en 1925. Le premier volume de l’ouvrage, qui en est également la partie principale, ne comptait pas moins de 1 143 pages, et l’auteur lui-même était conscient que son caractère détaillé pourrait finir par décourager les lecteurs non maoris, voire les lecteurs n’appartenant pas à la tribu tuhoe. Le chapitre introductif de Tuhoe, « Une terre solitaire, et ceux qui la peuplèrent », mérite d’être mis en exergue. Bien que son style littéraire soutenu contraste avec la tonalité plus descriptive du reste de l’ouvrage, ce chapitre reflète une dimension essentielle de l’approche anthropologique et de la sensibilité propres à Best dont je rendrai compte au fur et à mesure des pages de mon essai. À sa façon, il prend même des allures de mythe de fondation, se distinguant nettement en cela de l’introduction rédigée par Malinowski pour Les Argonautes du Pacifique occidental, même s’il existe par ailleurs un lien particulier entre les deux textes 4. Best dépeint l’archipel des îles d’Aotearoa, ou de Nouvelle-Zélande, et en particulier l’île du Nord, Te Ika a Maui (Le Poisson de Maui), comme des terres « de mythe, de chant, et de folklore pittoresque », attirant l’attention du lecteur sur les « montagnes coiffées de forêts du pays tuhoe », dont le peuple, les Tuhoe, se nomme lui-même « les Enfants de la Brume ». « Qui donnera à entendre leur origine et leur histoire, leurs mythes, leurs rites, et leurs épopées ancestrales 5 ? » La réponse à ces questions comporte deux volets distincts : avant et après l’arrivée des Polynésiens sur les îles d’Aotearoa. Best considère que la problématique des origines relève à proprement parler, dans le discours des peuples autochtones, des domaines de la cosmogonie et de l’anthropogénie, et l’on pourrait donc s’attendre à ce que son évocation de l’histoire pré-humaine des îles ne se fasse pas l’écho de la tradition maorie ou tuhoe. Toutefois, lorsqu’il décrit Aotearoa avant l’arrivée historique de l’homme, il fait

11 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial nous reviendrons ultérieurement. cetteidéedansunstylemythopoétique,surlasignificationduquelmaories. Il exprimepourtant naturels del’île laNature sefait enobservant elle-même,pasenétudiantlesarchives humaines, les montagnesserevêtent denouveau deverdure (…) provenance decollines lointaines,quiontcreusé leursillonàtravers d’immenses dépôtsvolcaniques, une autre transformation « lente etséculaire ». « Les vallées sontforméesdenouveau par leseauxen et leurslégendes ancestrales,laréponse estbiendifférente, puisqu’elle estfournie parles Maoris eux- delaquestionposée parBest,Quant àsavoir àlasecondepartie quisauraconterl’histoire deshommes Elle estdéciméeetdévorée parlespouvoirs terrifiantsde Ruaimoko forêt n’orne « Aucune pluslaterre.maoris continuentàimprégner métaphoriquementsonrécit : tous.Lesréférences nelesdétruisent auxmythes souterrainesterrorisantes » par des« puissances engendréesgrouillant de formes de vie, jusqu’à et les vapeurs cruelle toxiques » ce que la « chaleur lesrivières etleslacs àplumes », géologique del’île. Il décritlespremières forêts etleurs« hôtes poétique ets’en empare cette foispourforgercequelascienceoccidentaleappelleraitl’histoire allégorique avec laterre vierge.Une foiscelienétabli,Best n’abandonne paslaformed’expression à sespiedsledomainedelaJeune Fille delaBrume. Cesêtres qu’il évoque représentent unlien la mythologie.Il implore lui-mêmelesenfantsde Tane, gravit leshautesmontagnesetcontemple Best nesecontentepas,ici,derestituer lemythemaori.Dans cepremier chapitre, il associés auxélémentsdelaterre danslemythedecespeuples : référence àplusieurs d’Aotearoa dans descaractères immuables,l’histoire dupassé, labiographiedenotre terre, leschroniques volcanique au cœurduroyaume de Tapeka. Car c’est ende tels endroits quesont inscrites les troncs carbonisésdesLéviathansforêts, enterrés profondément souslamatière au-dessus de nos têtes, examinons les pierres qui roulentçà et là, observons dans les ruisseaux, Si nousrecherchons lestracesdestempsanciens,alorsmarchons, regardons leshautescollines terre pure, etlevide,putalorsnaître qui,àtravers lamort denouveau s’enfuittemps ancienslorsquelamort dela Terre Mère pourdescendre descieux,dévasta une de la Brume. Et les eaux sombres jusqu’à porteront nous l’histoire de cemonde,l’histoire des de montagne,nouslesgravirons, etcontemplerons ànospiedsleroyaume de laJeune Fille arrière, etmurmurent auxoreilles lesunsdesautres lorsqueselève Tawhiri-matea. Leschaînes Nous implorerons leseauxvives, lesenfantschuchoteursde Tane quisebalancentd’avant en atua, desdivinitésouencore desêtres spirituels,parce qu’ils étaient précisément

10 .

9 . » Best pensequelareconstitution descycles

7 etde Tapeka

6 .

8 . » Puis advint . » prend à part 12 Frederico Delgado Rosa anthropologiques dataientessentiellementdu Best ignoraitsansdouteencore en1925l’existence decetteœuvre en1922,carsesréférences parue de lamythologieGrèce antiqueprécède dequinze ans pas cette référence à Malinowski. Sa comparaison entre lesmigrantsmaoriset les grandsnavigateurs polynésiennes, l’arrivée desBritanniques : raue tags » créatures étranges n’avait océans,lesforêts etlesmontagnesde maisilsnecessèrent depeupler« les été développé », Maoris « laissèrent lessouvenirs deleurpaysd’origine s’évanouir, parce qu’aucun systèmegraphique qui lapeuplèrent », finissons-enavec le autextemêmede récit introductifBest. Les enempruntant ces deuxauteursdansl’histoire del’anthropologie. Mais avant dequitter« Une terre solitaire, etceux de Malinowski esttoutaussiabsurde. quelquechosedelaplacerespective Celanousditpourtant de elle a disparu, comme ont disparu les commeontdisparu elle adisparu, reculées, qui sont les plus sujettes au doute. Parfois, admet-il, « aucune car réponse ne nous parvient, point devuelittéraire qu’historiographique, pourcequiconcernelespériodesplus enparticulier propre àcerécit, participation danslasynthèseintroductive, estdèslorsprimordiale, tantd’un l’île, toutenreconnaissant sesinévitablesvariantes, remaniements etcomposanteslégendaires. Sa en l’existence d’un récit historique tuhoe, transmis oralement depuis les premières migrations dans le Grand Océan de Kiwa, des premiers habitants d’Aotearoa, Best croit des Enfants de la Brume. » prêtres d’autrefois nousparleront deceuxqui,dansl’obscurité dupassé,bravèrent « Les mêmes : de l’avènement d’un nouveau monde,delaconquêteterre parl’homme ilnes’agit « Car livre : deriend’autre iciquedel’histoire ancienne, très ancienne,desArgonautes, pour lapremière fois d’un récit antique auquel il fera référence à d’autres moments essentiels du fondamental ». Afin que seslecteurspuissentprendre consciencede l’ampleur de l’exploit, il s’empare quelpointleparcours decettebarque primitive est à nousreprésenter danslemême temps« à et embarcation a pu apparaître petiteet fragile sur l’étendue vaste de l’océan » combien « cette avaient réellement traversé l’océan Pacifique etatteint Te Ika a Maui. Best nousinviteàimaginer Le manuscritde d’innombrables îlesetdemultiples latitudes,au-delàdepalmeraies majestueusesetpar-delà pères lorsquelemondeétait encore nourrisson.Et c’est dusudqu’ils viendront, àtravers denouvellesla découverte terres, etexplore lesvastes archipels toutcommelefirent leurs (…) [L]oin,àl’autre extrémité del’océan réside rugissant, unpeuplefrère quiselanceà

13 . Jusqu’à d’un lasurvenue événement aussiretentissant quelesmigrations Tuhoe ayantétéachevé en1907,ilestincontestablequ’Elsdon Best n’emprunte moa

11 ». Une choseétaitcertaine : lesnavigateurspolynésiens xix e siècle ; et l’idée d’un quelconque plagiat dela part Les Argonautes duPacifique occidental.

12 . » 13 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial communauté maorie,etplusprécisément indigènes des« chercheurs par desethnographesdesauvetage, dontElsdon Best. Lespublicationsdesreprésentants actuelsdela l’encontre destravaux quifurent consacrés auxMaoris àlafindu propose uneanalysedescritiquespostcolonialesformuléesà contemporains surunancêtre exclu », ?Regards Voleur ousauveur Lapremière,Cet ouvragesediviseendeuxparties. intitulée« Un chassé-croisé historiographique adoptant une certaine distance adoptant unecertaine l’anthropologie, j’aichoisiunangled’analyse quicherche àfaire lepontentre cesdeux pôlestouten traditions dominantesdel’anthropologie, nationales ou internationales.Aussi, enhistoriende essentiellement régionale quesontlesétudesmaories,etquiestàlafoisliéesubordonnée aux ne peutplusévident.Cettepolémiqueestsansaucun doutesituéeaucœurdelatraditiondisciplinaire dans unepolémiquequidépasselesfrontières dumondeacadémiqueetrevêt uncaractère politiqueon des recherches indigènes dites« radicales ». ces critiques.Des chercheurs nonmaorisaussibien quemaorisdénoncentlesdimensionspolitiques l’œuvre d’une deBest àpartir perspective postcoloniale ; maisderécentes étudesremettent enquestion autochtones etsaprétention àl’exhaustivité. Des universitaires nonmaorisontégalementincriminé notamment encausesoncadre colonial,lemanquedereconnaissance àl’égard desinformateurs européenne ». Son travail afaitl’objet dechercheurs maoris,mettant decritiquescinglanteslapart ethnographiqued’Elsdondans lesrelectures Best de« l’héritage » ausujetdelaculture maorie« pré- questionnements actuelssurl’articulation entre pouvoir etsavoir, tellequ’elle sejoueenparticulier du réexamen desarchives qu’ont puenfaire différents chercheurs champ des étudesmaoriesafindecontribuerà l’émancipation deleurpeuple,sont àmettre en regard par le contexte étudié – en la circonstance aussi bien maoris que lectures contemporainesdesarchives pardeschercheurs directement etmême politiquementconcernés mondes polynésienssont interprétées enEurope etauxÉtats-Unis, prenne davantage encompte les l’anthropologie qui,au-delàdes différentes façonsdont lesvieillesethnographiesenprovenance des Ces prisesdepositionémanentdifférents courants,prisaujourd’hui en Nouvelle-Zélande royaume dumytheetdelafable,danslepaysdesenfantsMaui les mersd’été, lecœur vaillant etlesarmesaupoing,dansmersnouvelles duSud, dansle

16 . Autrement dit,monapproche viseà contribuer àunehistoire de pakeha, en tout cas néo-zélandais. Eu xix pakeha. Mon analyserejoint des

15 e siècleetaudébutdu » quiaspirent » àdécoloniserle

14 . xx e siècle 14 Frederico Delgado Rosa Culture Invention andIts Logic » (1989),untextequitientlieuderepère historique travail ethnographiqued’Elsdon Best. textes contemporains qui, à mon sens, illustrent lesdissonances intellectuelles que recèle lacritique du égard àl’ampleur desétudesmaories,cetessain’a d’autre choixquedes’appuyer surunesélectionde occidental depuislemilieuduxix temps pardesmembres éminentsdelacommunautémaorie,ayanteuaccèsàl’instruction detype le travail d’Elsdon Best (etceluid’autres anthropologues et substantiellementdesonœuvre. Celadit,cetessairequiert quesoitabordée également lafaçondont maori quiprendrait ladéfensedel’ethnographie desauvetage deBest ouquis’inspirerait explicitement politique desMaoris. les années2010,etquicorrespond àunephasesingulière delarésurgence identitaire, culturelle et plutôt que leur évolution, dans une période approximativement comprise entre les années 1990 et d’unede la tradition, à partir sélection d’œuvres susceptibles d’illustrer lavariété des points de vue, suis. Celaétantj’adopteraiuneautre formed’approche, plutôtéloignéeduparadigmedel’invention fût-on situéauxantipodesdelaNouvelle-Zélande, c’est-à-dire enEurope occidentale,commejele convaincu qu’on sa contribution à l’étude peutapporter de cette question sensible de l’extérieur, contemporaine etlestravaux anthropologiques delagénérationd’Elsdon Best. Je suismoi aussi verrons que Hanson établit un lien historique entre les circonstances singulières de cette « invention » contexte néo-zélandais etaffiliéàunetraditionanthropologique majeure (nord-américaine). Nous àlasituationgéographiqueetintellectuelledel’auteur,sans douteengrandepartie vivant horsdu toujours en cours sur le primordialisme maori comme une tradition inventée. Son influence tient Best, qued’appréhender laproblématique des« ancêtres exclus interprétations occidentalesdecettenotion spirituellevernaculaire associéeàMauss audétrimentde hau etce « l’Essai surledon » (1923-1924[1925])auxparoles dusage Tamati Rapaniri,àpropos duconcept au sujetdel’ethnographie desauvetage etdel’avenir desMaoris. estconsacrépartie àApirana Ngata (1874-1950), dont je comparerai lepointdevueàceluiBest l’anthropologue, maiségalementdespoliticiensetchercheurs. L’un deschapitres delapremière À cet égard, je suis les traces d’Allan Hanson dans son article « The Making of the Maori : Making ofthe Maori : À cetégard, jesuislestracesd’Allan « The Hanson danssonarticle Je suistoujoursenquêted’une étudeuniversitaire contemporaineeffectuéeparunchercheur En premier lieu,j’évoquerai brièvement lacitationcélèbre par Marcel empruntée Mauss dans

d’après untexted’Elsdon Best datantde1909.Il ne s’agit pastant icid’écrire l’histoire des e siècle,etquin’étaient passeulementdescollaborateursdirects de ) fut scrupuleusement étudiéenson pakeha) futscrupuleusement

18 ». Une problématique quiestdonnée

17 dansundébat 15 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial mouvements prophético-messianiques. Son beau-frère Walter E.Gudgeon (1841-1920),unofficier pour qu’elles consententàvendre leursterres, etderéprimer larésistance, des notammentdelapart puisque lespoliciersétaient chargésentre autres rôles, defaire pression surlescommunautésmaories rangs de la police de la région de Taranaki, dont les missions coloniale avaientévidente, une portée plus mouvementée. Il travailla dansunefermeàPoverty Bay etrejoignit aucoursdesannées1870les dans lafonctionpubliqueeffectuésà Wellington), maisoptarapidementpourunevieaugrandair, il travailla commefonctionnaire administratif(après desétudessecondaires etunconcoursd’admission d’immigrants anglaisinstalléenNouvelle-Zélande, néà Tawa Flat Jeune dansunmilieurural. homme, Avant d’entamer notre voyage, ilfautfournirquelquesrepères biographiquesausujetdecefils Une vieaugrandair colonisation. Celanouspermettradefaire entendre lesvoix maoriescontenuesdansson anthropologie. trois thèmesdumythefondateurd’Elsdon Best, c’est-à-dire lacosmogonie,l’histoire précoloniale etla l’on pourraitqualifier, éventuellement, delecture post-postcoloniale. Nous reviendrons alorssurles épilogue quisuggère entre unenouvelle articulation préoccupations historicistesetprésentistes, que La dimensionprésentiste deslectures actuellesresurgit dèslorsunedernière fois,ouvrantlavoie àun contemporaindes sur unportrait Tuhoe, dontilssonteux-mêmes,dansunelargemesure, lesauteurs. fut formuléeparsonprincipalsuccesseursurceterrain,Jeffrey Sissons, etpropose quelques réflexions tuhoe. J’étudieunecritiquepostcolonialedel’ouvrage deBest, pays Tuhoe », elle mélange à nouveau passé et présent, par le biais d’un retour à Te Urewera, le pays permettre leurordre d’intervertir logique delecture. Quant intitulée« Retour àlatroisième partie, au intention initialederendre possible lalecture del’une oul’autre defaçonindépendante,ouencore de percevront sansdoutel’entrecroisement dulivre decettepartie avec laprécédente. Il étaitdansmon qu’objet d’étude historiographique, et ce dans une veine historiciste plus traditionnelle d’une plongéedanslesarchives, d’une lecture desonethnographieetanthropologie entant propre miseenexergue desdimensionsethnographiquesetthéoriquesdutravail d’Elsdon Best. Il s’agit plus exclus queBest, c’est-à-dire sesinformateursetcollaborateursmaoris. chercheurs postcoloniauxauthèmedelaplaceaccordée, danslepassé,àcesautres « ancêtres »encore à voir demanière pluscomplexe dansleschapitres suivants, précisément enraisondelasensibilitédes La seconde partie du livre, « À la recherche de l’Aotearoa précolonial », estconsacrée àma larecherche del’Aotearoa précolonial », dulivre,La secondepartie « À Tuhoe : The Children ofthe Mist

19 . Les lecteurs , qui 16 Frederico Delgado Rosa postcoloniale « fut énormément critiqué durant la période colonial qui comparaison d’autres « mythe » régions – un en préservé de sauvetage dansunterritoire montagneuxquiétaitconsidéré commeculturellement Urewera) lorsdesdiscussionssurladivisionterres desroutes, prévoie etlaconstruction unemission de Best en tant qu’intendant, magasinier et négociateur auprès de l’ renforcement del’occupation coloniale être remis encauseaucoursdes annéessuivantes, conduisantàunealiénationdesterres etàun la région d’Urewera d’un arrangementpolitiquecomplexe, menaàlacréation exceptionnelle delaRéserve autochtonede fut scellé ces différentes figures etpar Bestlui-même, dela Société Polynésienne,quesondestin d’ethnographe Terres etduCadastre ( deviendra son« ami decœur », puissonmentor Edwardauquel appartenaient Tregear (1846-1931)etStephenson Percy Smith (1840-1922),qui et contribuaàl’éveil delavocation anthropologique deBest. Il lefitadmettre danslecercle intellectuel de cesmêmesforces del’ordre, éprouvait ungrandintérêt pour laculture maorie« pré-européenne » Elsdon Best. présidence delaSociété, quidécerneaujourd’hui, entre autres distinctionshonorifiques,lamédaille des universitaires etdespoliticiensmaoris. Après desonmentor en 1922,illuisuccédaàla lamort aussi très liéeàl’influence de Percy Smith, età d’autres membres dela Société Polynésienne, dont et d’articles couvrant une grande variété de thématiques culturelles et historiques maories, est elle publique. Cettenouvelle étapedesavie,marquée par uneproduction foisonnantedemonographies de1910,aprèspartir avoir travaillé durantsixannéescommeinspecteurpourleministère delaSanté avec luiaucoursd’autres périodes.Best occupaunposteau même queseront mentionnésdesinformateursmaoris provenant d’autres régions quicollaborèrent de latributuhoemaiségalementdes consacra dansle frontières tribalesdéfinitives pas quel’importance économiquenouvelle decesterres empoisonnaitleprocessus d’établissement des qu’ethnographiques à Te Urewera constituaient« une épreuve » pourlui,d’autant plusqu’il n’ignorait d’être témoindes débatsautourdel’histoire etlagénéalogiedes Tuhoe Les relations personnelles qu’il approfondit avec diverses personnalitésdelarégion, nonseulement

21 . Grâce àPercy Smith, quioccupaitalorsunpostedehautfonctionnaire auministère des

22 Dictionary ofNewDictionary Zealand Biography ». Selon lebiographeetneveu deBest, Elsdon Craig, sesresponsabilités autres (Urewera DistrictNative Reserve ), dontlestatutd’autonomie devait cependant Department ofLandsandSurveyDepartment

23 . Best futemployé commesecrétaire delacommissionqui,àsuite iwi

24 voisines, seront développées dansleschapitres suivants, de . CommeJeffrey Sissons lesuggère danslanotequ’il lui

20 . Mais cen’est qu’à delacréation partir en1892par , « les nouvelles fonctions deBest luipermirent ), legouvernement acceptaquel’affectation Dominion Museum de Wellington à iwi

25 (tribu) tuhoe (dans la région ». 17 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial fit « le prototype de l’astrologue chaldéen fit « le informateur deBest, etcommetouslesderniers,cettefigure delégende,dontlatraditionhellénistique orale etlestablettescunéiformesdesonpays.Comme Tutakangahau ( des citations,desa par lesmentionsqu’en firent les Grecs (ouencore les Romains) etparquelquesfragments,notamment à unclassiquedelalittérature mondiale, expression – et laversion françaiseproposée – conjugue icidesfrontières territoriales,spirituelles, etdisciplinaires. 1 N que laréflexion surle passé decettedisciplinepolémiquesoitétendueàsonprésent. deshistoriensdel’anthropologieplus quejamais,ycomprisdelapart etdessavoirs ethnographiques, controversés non seulement perdurent et « indigènes » mais exigent entre les mondes « occidentaux » néanmoinssusceptibledegagnerencore d’autres sens,poursuggérer quelesrapports mondes – est of Elsdon Best and Tutakangahau ailleurs dansletitre delaprincipalemonographieconsacrée àElsdon Best, souvent enmargeetcommuniquant« femmes – situés Évoquons quedresse égalementleportrait Frances deceshommes – et Karttunen comblée – en lanommant« paradigme desDerniers d’uneaussi deconstruction distance,unedistanceàparcourir sansqu’elle puissejamaisêtre pleinement différents courantsetâgesdepensée. Daniel Fabre a résumé cettemodalitédeconnaissance – mais voire fondateurdessavoirs ethnologiquesentantquerecueil urgentetdeuiléprouvant, etquitraverse épocale. Il esticiquestion,nonseulementd’une rencontre ethnographique,maisd’un qui témoignaient de mondes révolus ou en train de disparaître et avaient conscience de cette fracture Occidentaux ont rencontré des figures singulières, souvent des anciens entourés d’un halo de sagesse, manipulation du passé.Inutile dedire que, outre Elsdon Best, beaucoup d’anthropologues (et autres) que j’aborde : celledelamémoire etdel’oubli, del’amnésie etdelatransformation,desusages qui sesituedanscettemêmePolynésie peupléededieuxetquifaitéchoàl’une desquestionscentrales ou . NdTetdel’A : Si l’anglais otes Βήρωσος Pour finir, il me faut expliciter le titre de ce Carnet de Bérose, allusion en forme de clin d’œil , prêtre ethistorienchaldéendu Βαβυλώνιακα frontier manrenvoie d’abord àunimaginaire de « l’Ouest » états-unien,dupionnier, cette (2010) (Histoire deBabylone), écriteengrec, maispuisantdanslatradition between twoworlds

31 ,deJeffrey Holman. Les Immémoriaux

28 » iv , aura fait le pont « entre traditionetinnovation , aurafaitlepont« entre e -iii e sièclesav. J.-C.,dontonneconnaîtl’existence que

27 ». Pour lesymboliser, ilchoisitlafigure de Bérose

30 (1921) de Victor Segalen (1878-1919) » , lesdeuxmondesquel’on retrouve par Aujourd’hui, cetteexpression – les c. 1826-1907),leprincipal Best ofboth Worlds. topos classique, The Story deux

29 ->

». ». 26 , 18 Frederico Delgado Rosa tout comme par des participants d’autrestout commepardesparticipants ethniesàcemouvement àlafoisintellectueletpolitique. de larégion delabaiel’Abondance). et descroyances delatributuhoedesMaoris deNouvelle-Zélande ; comprenant desrécits d’autres tribusdespeuplespremiers [1925], (textenontraduitenfrançais, Account ofOther Early Tribes oftheBay ofPlenty District. . Madison, The Anthropology University of Wisconsin Press. 18 , London,NewAnthropology York, Routlegde, 2002[1998]. 17 Jessica C.Lai suivant descodeséthiquescontrastés,qu’étendre monanalyseàcesvoix mêmes,aussibiendupasséqueprésent. plusieurs ethnographes qui ont dialogué avec desindividus autochtones, dans descontextes historiques différents eten aux voix autochtones,quejerespecte profondément, je ne peuxentantqu’historien del’anthropologie travaillant sur britannique delafindu justification qu’il adonnéepour avoir laissé decôté,dansAfterTylor, unedescriptiongénéraleducontexte historique 19 Cham, Springer, 2014,p. 6)J’yreviendrai dansl’épilogue. 16 15 14 13 12 11 10 9 8 7 êtres vivants, filsdeRangi(ouRanginui)et Papa (ou Papatuanuku). 6 5 mot Aotearoa lestranslittérationsfaitesparchaqueauteurcité. dontj’uniformiselagraphie, jeconserve 4 3 2 « (...) Je pensesincèrement, indépendammentdespréférences del’historiographie, desescontraintesformes, de « (...) . Ibid., p. 2,3. danslemondesouterrain. . Atua dufeuquibrûle . Atua destremblements deterre etleplusjeuneenfantdeRangiPapa. . . E.Best, 1972[1925],vol. I,p. 1,2. . Pour desraisonstechniques,jenereproduis paslessignesdiacritiquesde . . Voir labibliographied’Elsdon Best, p.182. Sous-titre : . Richard Handler (dir.), . Voir J.Claessen,«Pacific: Polynesia »,dansA. Barnard &J. Spencer (dir.), Encyclopaedia ofSocialandCultural . Lasuiteduprésent essaidevraitdémontrer decettepositionprincipe.Loinvouloir mesubstituer lapertinence . Traduction littéralede . Ibid., p. 6. . Ibid., p. 5. . Ibid., p. 2,4,5. . Inutile àGeorges dedire lienscontextuelssontinévitables, maisj’emprunte quecertains W. Stocking, Jr. l’humble . Lesmoaétaientuneespèced’oiseau nonvolant aujourd’hui éteinte. . Ibid., p. 3. Ibid., vol. I,p. 2. Tane Mahuta, ou Tane nuiaRangi,dieu,père ou Indigenous Cultural Heritage andIntellectual Property from theNew Rights :Learning Zealand Experience? A Sketch oftheOrigin, History, Myths, andBeliefs ofthe Tuhoe Tribe oftheMaori ofNew Zealand; withsome -> -> ->

-> -> xix « e Indigenous Researchers » etdudébut 2000. Excluded Ancestors, Inventible Traditions. Essays Toward a More Inclusive of History -> Tuhoe : Un lesenfantsdelabrume. panorama desorigines,del’histoire, desmythes

-> xx -> e siècle,contrairement àce qu’il avait faitdans -> , uneexpression utiliséepardessavants maorisàl’heure actuelle,

Wellington :A.H.&A. W. Reed, , 1972 -> -> -> atua -> ->

-> te reo (lalanguemaorie).Àl’exception du des forêts, desoiseaux,insecteset Victorian Anthropology -> -> (Cf. , : 19 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial 1996. Presses universitaires deNancy, 2010,p. 5-75. Handbook ofCuneiform Culture, Oxford, New York, Oxford University Press, 2011,p. 637-658. p. 124-125. aujourd’hui (Encircled Lands: Te Urewera,, 1820-1921 Wellington, Bridget Williams Books,2009,p. 30 ;et382). Urewera devintle« cœur desténèbres » delaNouvelle-Zélande, cequieutdesrépercussions durables,encore sensibles était loind’être leseulcontributeuràcetteformedereprésentation quileprécédait, lefaitest,ajoute-t-elle,que Te tribu féroce, semaintenantobstinémentàl’écart etparconséquentnonseulementpure maiségalementhostile.S’il coloniale » danssespremiers récits, durantlesannées1890,forçant letraitdanssadescriptiondes Tuhoe commed’une 31 30 29 28 27 26 25 Best ». 24 23 22 21 20 After Tylor. au cœurdesinstitutionsden’importe quelle communautéorganiséedechercheurs rigoureux » (George W. Stocking, Jr. puissances façonnantes(oucontraignantes)qui,loind’être simplement"extérieures", opèrent àl’intérieur des espritset toutedisciplinescientifiqueousavante, etencore moinspeut-être « que l’anthropologie, puisseêtre imperméableaux même manière àlaNouvelle-Zélande dutournantsiècle.Dans touslescas,iln’a jamaiseul’intention deprétendre de l’anthropologie après soninstitutionnalisationdanslecontextebritannique,uncritère quin’est pasapplicabledela étroit dusujet traitéparcetouvrage. » En vérité, cettejustificationpour Stocking repose surlanature plus« endogène » l’épuisement delarecherche, oudeslimitesspatiales,qu’il justificationintellectuelleaucaractère existeunecertaine plus romantique », dans Daniel Fabreromantique », & Jean-Marie Privat (dir.), des Lumières. Variations L’ surl’individu-monde », synthèses, Paris, CNRS/ministère del’Enseignement supérieuretdelaRecherche, 2007,p. 65-68 en Europe ( Encyclopedia ofNew Zealand, http://www.teara.govt.nz [consultéenjanvier2016]. . . F. Joannès, «Bérose »,dansF. Joannès (dir.), . Selon J.Binney, historiennenéo-zélandaise (pakeha),Best seprêta plusparticulièrement aujeudecette« folie . Entre 1883et1886,Best avait voyagé auxÉtats-Unis etyavait travaillé. . Craig, 1964,p. 177. . . Frances Karttunen, . Au sujet du Segalen,. Victor . Jeffrey Sissons, «Best, Elsdon», . Lestatutd’autonomie nefutrétabli qu’en 2013. Voir chapitre «Portrait d’une nation:l’invisibilité d’Elsdon . Craig, 1964,p. 89. J.P. Holman, G. De Breucker, «Berossos Between Tradition andInnovation »,dansK.Radner&E.Robson (dir.), -> -> British Social Anthropology 1888-1951,Madison, The British SocialAnthropology University of Wisconsin Press, 1995, p.xv). xviii -> « e paradigme des derniers » -xx Best ofboth Worlds. The of Story Elsdon Best and Tutakangahau Les Immémoriaux, Paris, LesÉditions G.Crès, 1921. e siècles) », dansKarineChemla(dir.), siècles) », -> Between Worlds: Interpreters, Guides, andSurvivors, -> Dictionary ofNewDictionary Zealand Biography , voir Daniel Fabre, « Les savoirs des différences. Histoire et sciences desmœurs -> Dictionnaire delacivilisationmésopotamienne Homme, 2008,n°185-186,p. 269-300 ; Action Histoire concertée. dessavoirs, 2003-2007.Recueil de Savoirs romantiques. Une naissance de l’ethnologie, , vol. 2,1993,Édition numérique : Te Ara-the ->

New Brunswick, Rutgers University Press, -> , North Shore, Penguin Books,2010. -> , Paris, R. Laffont,2001, ou « D’une ethnologie ou« D’une -> ; « Chinoiserie « Chinoiserie ; The OxfordThe -> Nancy, ->

-> 20 Première partie

Voleur ou sauveur ? Regards contemporains sur un ancêtre exclu « Je vais vous parler du hau… » Le don de Best à Mauss

i l’ouvrage Tuhoe : The children of the Mist fut quasiment ignoré ou très peu lu en dehors de la SNouvelle-Zélande quand il parut – c’est toujours le cas aujourd’hui –, il existe un autre texte plus ancien de la bibliographie d’Elsdon Best qui bénéficia d’un intérêt singulier dans les grands centres anthropologiques en Europe après la Première Guerre mondiale, puisqu’il fut cité dans un livre qui deviendra un classique parmi les classiques. Dans son Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques publié en 1923-1924, Marcel Mauss (1872-1950) attira l’attention sur un texte intitulé « Maori Forest Lore », sous-titré « Being Some Account of Native Forest Lore, as also of Many Myths, Rites, Customs, and Superstitions Connected with the Flora and Fauna of the Tuhoe of Urewera District » 1. C’était le troisième volet d’un article paru dans les Transactions and Proceedings of the New Zealand Institute entre 1907 et 1909. Best n’était pas à proprement parler l’auteur du passage qui avait intrigué Mauss ; il s’agissait de la transcription d’une lettre datée du 23 novembre 1907 2 que lui avait adressée l’un de ses informateurs, Tamati Ranapiri, membre de l’iwi (tribu) Ngati Raukawa : « Je vais vous parler du hau... Le hau n’est pas le vent qui souffle. Pas du tout 3. » Paroles qui eussent été probablement sans écho en dehors du champ spécifique des études maories sans l’usage qu’en fit Mauss : À propos du hau, de l’esprit des choses et en particulier de celui de la forêt, et des gibiers qu’elle contient, Tamati Ranapiri, l’un des meilleurs informateurs maori de M. Elsdon Best, nous donne tout à fait par hasard, et sans aucune prévention la clef du problème 4. La citation de seconde main du discours maori n’était pas une simple illustration ethnographique de l’objet qu’étudiait Mauss : il s’agissait d’un « texte capital 5 », dont la portée extraordinaire pour l’anthropologie ou la sociologie devait être soulignée, car il contenait la solution à une question plus large, voire universelle, à savoir celle du don comme symbole de la personne elle-même. Il n’est pas superflu de réaffirmer qu’en faisant l’éloge haudu maori comme la preuve la plus flagrante que des personnes pouvaient faire don d’elles-mêmes les unes aux autres à travers des objets, Mauss considérait ces êtres humains « exotiques » comme des semblables, incarnant une sagesse porteuse d’une critique de notre propre société, et offrant même une clé de compréhension de l’humanité. De plus, l’épithète

22 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial des chosesdonnées aux personnesetobjets.Commel’indique letitre dusous-chapitre, le signification étonnammentlimpide,celle d’un pouvoir spirituelsemblable à l’esprit etlié àlafois Dans sonanalysedesparoles prononcées parRanapiri,leconceptvernaculaire du indirect, nonparlepremier donataire, maisparunautre récepteur dubien(et savoir, Ceci, rappelons-le, était une référence d’une au contre-don tierce personne ». « l’intervention outre (cequ’il »faisantobstacleàlacompréhension du percevait comme)laseule« obscurité l’ombre de l’anthropologue en chambre qu’était le neveu de Durkheim, qui n’hésitait pas à passer de notre propre humanité. que citeMauss avait étéainsitraduit par Taylor : « Give aswell astake andallwillbewell (right) chapitre contenant85proverbes, transcritsenmaoriet traduitsl’un après l’autre en anglais.Celui monographie de1855 Ce proverbe avait d’abord été recueilli par le révérend Richard Taylor (1805-1873) et inclus dans sa par Liebersohndecettedimensionmarquante del’ le lointaindansl’espace dansl’ici etletempsétaittransporté etmaintenant. Selon lasynthèseopérée archaïque employée parMauss nepeutcacherlefaitquesonapproche étaitpleinementavant-gardiste : don del’humanité, ilcitaitunproverbe maori : ici undeuxièmeexemple. Dans saprofession defoifinale, teintée d’optimisme quantà l’aptitude au s’y aventurer entouteconfiance,ycompris d’un pointdevuelinguistique. Nous pouvons mentionner sensible auxsignificationsetpotentialitésdes récits vernaculaires, usantdedifférentes approches pour furent paslesseuls extraitsdelalittérature oralemaorieexaminésparMauss. Cedernierétait enréalité éloignés lesunsdesautres Liebersohn, « Mauss ouvritunchampdediscussionquiétaitcommunàdestempsetespacestrès Àtravers lathématiquedudon,ajoute reconnaissance etàuneextensionvolontaires desonrôle ». Malinowski, soulignaitque le don était pratiquéparsescontemporains et incitaitvivement « il à une n’avait Par pasencore sursonpassage,plaidaitpourun« retour dudon ». toutemporté oppositionà asqe u erl ’ldnBs asc otxe ?Il resta d’une manière certaine dans Mais quelfutlerôle d’Elsdon Best danscecontexte tout seratrès bien » Ko kaiatu/ Maru le dit : donner, librement etobligatoirement ; onnerisquepasdesetromper. Un beauproverbe maori comme principedenotre desoi, viecequiatoujoursétéunprincipeetlesera :sortir Ainsi, d’un boutà l’autre de l’évolution humaine, il n’y apas deux sagesses. Qu’on adopte donc

7 ». Il estintéressant denoter, ». aupassage,quelesmotsemployés parRanapirine Te Ika aMaui, or, New Zealand andIts Inhabitants

6 ». En résumé, l’esprit anciendudonsurvivait

8 . . « Donne autantquetuprends, Ko kaimai/kangohe.« Donne Maru Essai surledon , Mauss, convaincu quelecapitalisme en nouscommeunsymbole , plusprécisément dansun maori était « l’esprit hau maoriétait« l’esprit hau) hau en circulation. prenait une hau, à

9 . » . » 23 Illustration 2 : En dépit des dimensions du débat anthropologique sur le don et en particulier sur le concept vernaculaire du hau, suscité par la lecture qu’en fit Marcel Mauss dans l’Essai sur le don, on ignore le plus souvent que les paroles de Tamati Ranapiri, citées à partir de l’article d’Elsdon Best, « Maori Forest Lore », de 1907-1909, n’ont jamais été prononcées, pour la simple raison qu’elles proviennent d’une lettre (dont la première page est ici reproduite) adressée à celui-ci par le sage maori, son informateur et ami. First page of letter from Tamati Ranapiri to Elsdon Best. Polynesian Society : Records. Ref : MS-Papers-1187-127-01. Alexander Turnbull Library, Wellington, New Zealand http://natlib.govt.nz/records/22854212.

24 Frederico Delgado Rosa concept de limiterais àprésenter, enversion française,unesélectiondequelquespagesconsacrées parBest au la façondontMarcel Mauss infléchitlesensdespropos deRanapiri vers laquestiondudon. Je me Tregear (1846 par sespropres moyens, enutilisant plusieursautres àcroirepage, comporte indicesportant queMauss tentadesaisirlalanguemaorie L’autant Maru prend, etceciestbien, bien. » Essai surledon,etnotammentdanssesnotesdebas Autant Maru donne, «(...)latraductionlittéraleestprobablement lasuivante : était plusprécise : Maru étantledieumaoridelaguerre etdelajustice,Mauss considéraitquesapropre traduction des « concepts spirituelsdesMaoris des « concepts de leuradjoindre récurrents sesavertissements concernantladiversité, lacomplexitéetprofondeur autre était« maltraduit » déclarer expressions quelatraductionenanglaisdecertaines « sembl[ait] exacte » oubienqu’un terme ilnes’abstint paspourautantde ilconviendrait », dutextedeBest « comme passages importants traductions destravailleurs deterrain. Tout enadmettantqu’il des nepouvait pastraitercertains que sespropres matériauxcomparatifsetsaperspicacitéthéoriqueluipermettraientd’évaluer les plusieurs autres ethnographes.Manquant sansdoutedemodestie,ilétaitapparemment convaincu (1860-1937), ainsiquedesrécits enlanguevernaculaire rédigés parGeorge Grey (1812-1898)et mauri et Je préfère taire lenombre d’années durantlesquellesj’aicherché àsaisirlasignification destermes semblent sibyllins jusqu’à cequel’on enperce lesecret, maiscelapeut prendre untempsconsidérable. d’un savoir absolu,etencore moinscomprendre toutcequ’il yavait àsavoir. « Les sensd’un telterme àlafoisintriguéetrempli d’humilité,dont ilétaitleplusadmiratif : Best neprétendait pasêtre doté l’état d’esprit deBest ausujetdecettedimension spirituelledelaculture maoriepré-européenne, celle s’étonner de la perplexitédesenquêteurseuropéens ? » Celanousdonne unpremier indiceconcernant « Doit-on D’où laquestion : langage sacré ou rituel],dontilexistedix-huitformesdialectales ». significations dumotdanslelangage vernaculaire [ausensdelangagecourant,paroppositionau différentes sans compter « les la confusion dans nos esprits », fois immatériels et matériels, « [créait] pour lequeliln’existe apparemment Lavariété desessens, àla pasd’équivalent enlangueanglaise ». un autre de ces termesqui rendent perplexe quiconque étudie les traditions maories, et l’un deceux ayant plusieurs usages et significations. Dans Il nem’appartient audébatsurledon,encore pasdeparticiper moinsdeprendre positionsur hau , à partir d’unhau, à partir texte publié en 1922

13 ‑ 1931), et . » A dictionary ofMaori Language A dictionary

10 .

12 The Maori-Polynesian Comparative Dictionary », telsque », The mot Maori, l’ethnographe souligne que « le hau,

11 . mauri, (1917)del’évêque Herbert William Williams Il est largement suffisant, pournotre propos, mana, ahua, , etc.,chacund’euxwairua (1891)d’Edward hau est 25 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial venir »,pourreprendre laformuledeSahlins étaye ladiscussion (sans parlerdesesautres travaux) sontsouvent danslabibliographie qui absentesoubientrop courtes maorie, commel’avait faitMauss ; maislescitationsdirectes del’article « Maori Forest Lore » deBest des paroles de Tamatitraduction, mot à mot » Ranapiri, tout en laissant le terme de noterqueSahlins demandaàBruce Biggs, faire spécialistedela culture unenouvelle maorie, « de RaymondFirthcette transmission,enparticulier (1929)etMarshall Sahlins (1976).Il estintéressant citations secondaires quecelui-cifutprogressivement relégué àl’arrière-plan. à l’instar deMauss, qu’elles pouvaient voir plusloinqueBest, c’est plutôtparunempilementde dépit ouenraisonprécisément desamanipulationpardessommitésl’anthropologie quipensaient, cela nesignifiepaspourautantquesontravail était réellement connu,encore moinsqu’il étaitlu « une source deréférence pourleschercheurs (...) au-delàdesfrontières delaNouvelle-Zélande », mais les deux ? Ou aucundes deux ? Holman n’hésite pasàdire queletravail ethnographique deBest devint catapulté surledevant delascènel’anthropologie moderne. Tamati Elsdon Ranapiri ? Best ? Tous hau etdesesliensavec lathématiquepluslargedudon,onpeutsedemanderquifutvéritablement Siquelque sorte. Mauss futàl’initiative d’une discussionanthropologique durablesurlesensdu en inconnuesdeBest, pourrions-nousajouter. d’une vie propre » Ils « s’animaient originels » – et des ailessemirent àcroître » surcesmots« qui fuirent vers descontrées étrangères àleurspropriétaires des mots tels que transformadèslors les Maoris, nideconnaissancelalanguepoursoutenirsesaffirmations(…) », entraîna larévolution malinowskienne au cœurdel’anthropologie enNouvelle-Zélande » et d’expert dutravail de terrain. Pour reprendre les mots deM.P. K.Sorrenson, « Firth fut celui qui Firth ajoutaàcetteentreprise l’autorité deson propre statutdeNéo-Zélandaisles ethnographes », systèmesdefaitsdisjointspar pour utilisersespropres termes,« les recomposant », hau maori,« en brièvement RaymondFirth. Si Mauss futl’instigateur anthropologique autourdu delaconstruction Ranapiri, lesagemaoritantcélébré parMarcel Mauss affirmation doitêtre nuancée cependantparlefaitque sonouvrage plus que le travail de Best qui est loué comme « un don aux siècles à donauxsiècles à C’est l’Essai surledonplusquetravail deBest quiestlouécomme« un Holman analyselesréférences aux œuvres deBest etleurusageparlesintermédiaires majeursde Jeffrey Holman avance depremière l’idée que mainchez Mauss, nedisposantpas de « contact hau en quelque chose de nouveau, dont l’Occident s’empara ensuite ; « des jambes et

15 .

16 Mais parlédecessujets,dirait katiena,assez . «

17 . » . » Toutefois, ilnousfautencore mentionner Economics of New Zealand Maori hau en langue

18 . Cette

14 . En

26 Frederico Delgado Rosa sur lesavoir del’amateur : connaissance qu’en avait Best. On trouve exprimées sous sa plume les idées préconçues du professionnel Holmanrapporte demanière subtile,ilnousfautpréciser queFirth n’avait pasdelalanguemaorie mérite d’être nuancée.Par ailleurs,comme le évolutionniste » que l’appellation d’« anthropologie la dernière incarnation,etlanouvelle anthropologie fonctionnelledeMalinowski la vieille anthropologie évolutionniste (…), dont le travail deBest en Nouvelle-Zélande avait offert grandelignederupture entre deThe Maori deBest (1924),marquant « la années-lumière » à « des est d’admettre qu’en dépitdeleurproximité chronologique, lamonographiedeFirth (1929)était permetégalementd’en prendre lamesure. CommelesouligneSorrenson, force en annexe – nous etreproduit profondément touchantqu’écrivit Firthde gratitude » àl’occasion dudécèsdeBest – lui conférauneautoritéquil’amena personnel defaitàéclipser sonprédécesseur. Le« témoignage hommage ets’appuyant largementsursontravail ethnographique,saplusgrandesubtilitéthéorique Bien queFirth eûttoujoursété« profondément respectueux àl’égard deBest », luirendant explicitement reposait principalementsurletravail d’ethnographes amateursdu un faitqueFirth lui-mêmenecachaitpas : l’archidiacreH. W. Williams dernières années, les travaux incomparables de M. Elsdon Best, les études lexicographiques de travaux de Grey primitif sur la qualité singulière des données disponibles dans la littérature maorie. (…) Les à attirerusage sélectif des sources, l’attention puisse servir du chercheur qui étudie l’homme langue maternelle.(…)J’aspire àcequelivre, deparsonabondantebibliographieetun Maoris, maisdesurcroît lamajeure avait étérecueillie partie entièrement parlebiaisdeleur de matérielethnographiqueaucoursdusiècleoùlesEuropéens entrèrent encontactavec les je disposais.Il avait éténonseulementaccumuléunequantitévéritablement exceptionnelle (…) dansunelargemesure parlavaleur uniquedessources originalesd’information dont La décisiondemeconcentrer exclusivement surlechampdesétudesmaoriesfutinduite intéressants rendu, etplusparticulièrement àlamisedispositiond’un nombre certain detextesautochtones membres dupeuplemaorionteux-mêmescontribuéplusquesubstantiellementàcecompte base solidepourletraitementthéorique.De surcroît, commelesuggère labibliographie, des dépit delacunesinévitables,notammentdanslasphère del’organisation sociale,constitueune Hiroa (Dr P. H. Buck

27 .

19 , Colenso

26 ) fournissent un corpus de matériel issu du travail de terrain, qui, en

20

25 , Stack , etlesplusrécentes enquêtessocio-technologiquesde Te Rangi

21 , Wohlers

22 , W. E.Gudgeon xix e siècleetdudébutxx

23 , etS.Percy Smith

28 ». Nous verrons ». e siècle,

24 ces 27 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial les plusemblématiquesetdurablesdel’anthropologie du d’Aotearoa etdesétudesmaoriespournourrirundébatthéoriquequicomptesanscontesteparmi dans l’Essai surledon. de France, 2012[1923-1924(1925)],p. 78.LenomdeRanapiriapparaîtincorrectement souslaforme« Ranaipiri » et l’expiation danslessociétésprimitives, Paris, J.-M.Place, 1988). (...) ; ils’est(...) ; enuneœuvre converti surlaquellelesanthropologues reviennent encore ettoujours etlivrestemps, ilnesepassepasuneannéesansqueparaissentarticles endifférentes languessur l’ Fernandoparticipants, Giobellina Brumana, résume l’obsession dudoncommevoici : derniers « Ces terre natale. de poussière. Cependant,toutestaffaire deperspective. Un toutautre sentimentanimepeut-être sa de baspage,sesArgonautes,contrairement àceuxdeMalinowski, demeurent muetsetcouverts 5 Zealand / Te Puna Matauranga oAotearoa, MS-Papers-1187-127. texte posthume, Best « Maori Forest Lore » enpensantàlui,etattire l’attention sursonutilisationdesconcepts spirituelsmaorisdansle 4 3 2 mythes, rites,coutumesetsuperstitionsliésàlaflore etàlafaunede région d’Urewera ». 1 N Grâce àMauss etauxexégèses suscitéesparsonessai,leconceptmaoridu xxi de ladiscipline.Or, aucontraire, Best reste desanthropologues unétrangerauxyeux du delaplupart déclenchât lacuriositédecommunautéanthropologique internationale,ycomprisleshistoriens En regard cardinale, de cette importance on aurait pu s’attendre à ce que l’œuvre d’Elsdon Best . M.Mauss, ibid.,p. 79. . . Lettre de Tamati RanapiriàElsdon Best (Peehi), 23/11/1907,Alexander Turnbull Library, National ofNew Library . Non traduitenfrançais : . otes Cit. inM.Mauss, Essai surledon.Forme etraison del’échange danslessociétésarchaïques bid., p. 78.Mauss remercie d’avoir ami[Robert] Hertz son« regretté prisdesnotesdansletextede (1881-1915) » e siècle.Systématiquement absentdesnombreux manuelsd’histoire deladiscipline,mêmeennote jamais deproduire plus nuisiblesparmilesfaussesimpressions qu’une étudedesseulessources littéraires nemanque àgarder détailsdansleurperspectivepeut-être originelleetàéviterlesécueils certains servi Ma propre connaissancedupeupleetdeleurlangue,aussiténuesoit-elleencomparaison,m’a Le péchéetl’expiation danslessociétésprimitives -> -> « Traditions delaforêt maorie : esquissesurlestraditionsdelaforêt primaire etsurplusieurs

29 . (M.Mauss, -> -> ibid., p. 78,80,note 1 ; R.Hertz, xx e siècle.En 2017,l’un deses hau . Paris : -> déborda lesfrontières Presses universitaires Le péché Essai

30 . » . » 28 Frederico Delgado Rosa exploits desancêtres maoris), London,Murray, et 1854 ; Government Printer, 1922. Genesis of somePakeha Myths and Legends, Auckland, University Press, 1990[1979],p80. 130. vol. 10,p. 107-165;ainsique Polynesian, London, Murray, Mythology 1855 p. 266-267,264. 2011, p. 152. 19 18 17 16 2005. Nous pourrionsajouterl’utilisation dumot oulafortune Paris. Fayard, Jacques 1996 ; T. Godbout, Paradox ofKeeping-While Giving, Berkeley, University ofCaliforniaPress 1992.;Maurice Godelier, in itsculturalcontext», Gathercole, «Hau and hisReligion initsNon-ritualistic, Kobenhavn Aspects (Copenhague),IkommissionhosE.Munksgaard, 1954.;P. et anthropologie, Paris, Quadrige /Presses Universitaires deFrance, 1950,pp. ix-52 ;Jorgen Prytz Johansen, ClaudeLévi-Strauss,celles déjàmentionnées : «Introduction àl’œuvre deMarcel Mauss »,dansM.Mauss, [1972], p. 202.Je nepeuxprésenter l’ensemble des débatsdemanière exhaustive. Voici quelquesréférences enplusde 15 14 13 12 11 10 9 8 7 6 Brouwer 2000.;Adolfo Yáñez Casal, Éditions La Découverte/M.A.U.S.S., 2000.; Alain Caillé, Gift. Imagination andtheErotic Life ofProperty Hau Booksouencore larevue Hau: Journal ofEthnographic. Theory . . Ibid., p. 222. . M.Mauss, ibid.,p. 79,9. . Harry Liebersohn,The ofthe Harry Return Gift. European ofa History Global Idea . Caillé,2000,p. 205. . Sahlins, 1976[1972],p. 200. . Elsdon Best, «Spiritual conceptsoftheMaori », . Voir Annexe B. . M.Mauss, ibid.,p. 222,80,note2. . George Grey (1812-1898),gouverneur deNouvelle-Zélande entre 1845 et1853,auteur, entre autres travaux, de . . Marshall Sahlins, . Jeffrey Holman, . E.Best, The Maori. Wellington, H. Tombs, 1924a,vol. I,p. 307,p. 308,311. Richard Taylor, Mauss, 2012[1923-1924(1925)], -> -> -> -> , Te Ika aMaui, or, New Zealand andIts Inhabitants, L mauri, andutu:are-examination », -> Best of both Worlds. The of Story Elsdon Best and Tutakangahau, North Shore, Penguin Books, 2010, Âge depierre, âged’abondance. L’économie dessociétésprimitives Pacific Studies, 1987,vol. 11,No. 1,p. Annette B. 63-79 ; Weiner, -> -> -> Spiritual andMental ConceptsoftheMaori -> Entre aDádiva eaMercadoria ., p. 95, note 1 ; M. P.ibid., p. 95,note1 ; K.Sorrenson, -> Le Don, ladetteetl’identité. Homo donatorversus homoœconomicus (La mythologie polynésienne); , New York, RandomHouse, 1979 ; D.Thompson,«The Journal ofthePolynesian Society, 1900-1901,vol. 9,p. 173-199, Mankind, 1978,vol. 11,No. 3,p. Hyde. Lewis 334-340 ; Ko ngawhakapepehame nga whakaahuareka angatipuna o Anthropologie du don. Le tiers paradigme, Paris, Desclée de hau danslesmilieuxdel’édition, commedans [Du donàlamarchandise] -> ondon, Wertheim andMacintosh, 1855,p. . Cambridge:CambridgeUniversity Press, Ko nga mahinga a nga tupuna Maori (Les , Wellington, Dominion Museum, The -> Maori Origins andMigrations: The , Paris, Éditions Gallimard, 1976 -> Inalienable Possessions: The . S.l.,Édition del’auteur, L’énigme dudon, hau ofthegift The Maori Sociologie Chicago’s , Paris, The 29 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial ethnologiques etdel’ouvrage and The Doings ofthe Maoris, Auckland,History H.Brett,1885, entre autres travaux. [consulté enjanvier2016]). BiographyTe, vol. 1,1990,Édition numérique : Ara-theEncyclopedia ofNew Zealand, (Sheila Natusch, «Wohlers,et publiés » Eliza and Wohlers, Johann Friedrich Heinrich », lore, Christchurch, Whitcomb & Tombs, 1898. Transactions oftheNew Zealand Institute. ofthesigning history Treaty of Waitangi 30 29 28 27 26 oftheMaori language,1917. ouvrages, deAdictionary 25 New Zealand Biography ethnographiques, Paris, Lahic-Iiac, etGiselle UMR8177,2017 ; M.Byrnes «Smith, Stephenson Percy », and Work ofStephenson Percy Smith » 24 23 22 21 20 non identifiée,1857. Aotearoa (Adages populaires etproverbiaux desancêtres delaraceNouvelle-Zélande), Cape Town, maisond’édition whare-wananga (1913–15)(voir ci-dessous). and Traditions of the Maoris of the West Coast, North Island of New et de Zealand prior to 1840 (1910) ; 1898 ; Wars oftheNorthern Against the Southern Tribes ofNew Zealand intheNineteenth Century nz [consultéenjanvier2016].Percy Smith futl’auteur, entre The autres ouvrages,de Hawaiki : Whenceofthe Maori, . Walter Edward Gudgeon (1841-1920), le beau-frère d’Elsdon Best, cité plus haut, auteur de plusieurs articles . . James West Stack (1835-1919),missionnaire etauteurde . William Colenso(1811-1899),missionnaire, naturaliste,hommepolitique,auteurdeTheauthenticandgenuine . F. Giobellina Brumana, LeDon del’essai. Àpropos del’Essai surledondeMarcel Mauss, 2017,p. 7. . Firth, 1959[1929],p. 17-18. . Sorrenson, 1990[1979],p. 80. . RaymondFirth, Economics oftheNew Zealand Maori , Wellington, R.E.Owen, 1959[1929],p17-18. . Peter HenryBuck (1877-1951),hommepolitique etanthropologue maori-pakeha. . Herbert William Williams (1860-1937),pasteuretlinguistespécialisédanslalanguemaorie,auteur, entre autres . Stephenson Percy Smith (1840-1922) Johann Friedrich Heinrich Wohlers corpusdetextesmanuscrits (1811-1885),missionnaire etauteurd’un « riche -> , Vol. 2[Édition numérique : Te Ara-theEncyclopedia ofNew Zealand, -> -> -> -> in Bérose, Encyclopédie enlignesurl’histoire del’anthropologie etdessavoirs Sur Percy Smith, voir Graeme Whimp, « The Quest for Hawaiki : Life . Sur Percy Quest for Hawaiki : Smith, voir Graeme Whimp, « The -> (1890) et de plusieurs articles d’ethnologie (1890)etdeplusieursarticles danslarevue scientifique -> -> South Island Maoris: a sketch of their history and legendary South Island andlegendary Maoris: asketchoftheirhistory -> Dictionary ofNewDictionary Zealand http://www.teara.govt.nz http://www.teara.govt. History deHistory , 1904) ; -> The lore ofthe Dictionary of Dictionary -> -> 30 Allan Hanson et la généalogie d’une invention de la tradition

’article précurseur d’Allan Hanson publié en 1989 dans le volume 91 de la revue American LAnthropologist, « The Making of the Maori : Culture Invention and Its Logic », provoqua un grand trouble en Nouvelle-Zélande. Les raisons méritent d’être examinées en détail tant elles sont révélatrices des débats politiques, idéologiques, identitaires et anthropologiques qui animent la scène néo-zélandaise. Le nom d’Elsdon Best y figure aux côtés d’autres anthropologues amateurs néo- zélandais de la fin du xixe et du début du xxe siècle, notamment Stephenson Percy Smith et Edward Tregear. Mais les références faites à l’œuvre de Best ne contrebalancent en aucune façon son invisibilité de longue durée. Hanson s’intéresse de près à ces hommes, non pas en tant qu’ancêtres bannis de l’histoire de l’anthropologie, mais parce qu’ils sont présumés avoir fabriqué un passé maori précolonial pour répondre aux nécessités politiques du projet colonial. Cette invention aurait consisté en une reconstitution chronologiquement établie, à quelques écarts près, de l’histoire de l’arrivée d’une « flotte immense » de Polynésiens caractérisés par une ascendance indo-européenne (ou « aryenne ») et porteurs de conceptions religieuses élaborées, en l’occurrence la croyance en un Être Suprême, nommé Io 1. Dans son entreprise de mise en cause (ou, tout au moins, en question) de ces deux thèses, Hanson recourt à certains faits nouveaux apportés dans le champ des études maories durant les années 1970 par des spécialistes néo-zélandais qui doutaient de l’existence historique de cette fameuse « flotte », en particulier M. P. K Sorrenson et David Simmons, et par d’autres qui contestaient la véracité du culte de Io (sur lequel je reviendrai plus tard de façon plus détaillée 2), à savoir le tandem formé par le même David Simmons avec . Dans Maori Origins and Migrations : The Genesis of some Pakeha Myths and Legends, de 1979, Sorrenson avait déjà assimilé l’anthropologie au colonialisme ; de fait Hanson lui emprunte la synthèse suivante : « Quel mythe plus convaincant que celui de la réunification des Aryens pouvait donc se présenter à un jeune pays en pleine conquête de son statut de nation et d’un brassage de ses races 3 ? » Les colonisateurs accolèrent aux Maoris l’image de voyageurs intrépides et de monothéistes en puissance pour les « ennoblir » et justifier la construction européenne de la nation. Bien qu’il fût « indéniable », reconnaît Hanson, que les traditions orales

31 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial en œuvre parl’anthropologue social Maori uneprofondeur decompréhension enl’homme quiestabsentedel’approche empiriquemise « L’imaginairespirituelle, totalementopposéeàlafroide rationalitéoccidentale : poétiquerévèle au cettedimension dotésd’un espritpoétique,peuvent « saisir » une poignée d’étrangers », que « seuls au premierIl emprunte texte un extrait dans lequel Marsden, philosophe et révérend maori, affirme Maori par DouglasView and European Sinclair. Response » par Maori Marsden et « Land : View » comme leurhéritageauthentique », àlafoisdanssagessepopulaire etdans lesthéoriesscientifiques le « second chapitre » del’invention delatraditionmaorie nom deMaoritanga (l’essence maorie)ouMana Maori (lepouvoir maori),représente cequ’il nomme militant, identitaire et culturel forgé dès la fin desannées 1960 et connu plus généralement sous le L’accentuation decettetendanceàennoblirlaspiritualitéautochtone,enparallèledumouvement contestable de« fusionnerdestraditionsmaoriesdisparatesenunseulrécit historique maories évoquaient lavenue deleursancêtres, chercheurs blancsauraienttentédefaçontrès certains l’héritage maori », aupointmême d’inviter chercheurs « à certains abandonner lesétudesmaories » sont eux, et non les lefaitquece quebeaucoupdemilitantsduMaoritanga desorte insistent« sur mains desMaoris », la « fabrication » de laspiritualitéautochtoneet« l’objectif prioritaire deremettre lepouvoir entre les collectif les spiritualitésmaorieset de cemouvement, Hanson relève qu’il esttraversé parunemêmevolonté derenforcer cequisépare la terre, le« lienétroit, spirituel »qu’ils entretiennent avec elle de cetteappropriation : dans unelargemesure pardesEuropéens. Celadevientévidentlorsqu’il essaied’identifier lesraisons croit àsonexistence : lesthéoriesmaoriesàpropos de leurpropre culture ontprobablement étécréées Hanson necherche pasàreconstituer cettechaînedetransmission,maisilnefaitaucundoutequ’il Le problème pour Hanson est que ces mythes avaient entre-temps par les Maoris été « adoptés Ayant établiquecemouvement tendaitàostraciserlesnon-Maoris, Hanson voit unlienentre Te Ao Hurihuri : ofMaoritanga Aspects sentiment deleurpropre valeur etdeleursingularitéethnique raciale queles des Blancs quelesMaoris onttoujoursacceptéavec enthousiasmetouslesattributsdegrandeur Ce n’est pastantparce qu’ils secroyaient dignesd’être assimilésàlapopulationetculture Pakeha, qui sont lesauthentiques gardiens et responsables dusavoir concernant chercheurs pakehapouvaient leur prêter pakeha. Il seréfère contributionsdel’ouvrage principalementàcertaines

9 . » Du Hanson retient secondarticle, « l’amour » desMaoris pour

8 , de1975,àsavoir « God, Man, andUniverse : aMaori

7 . Tout en reconnaissant lesmultiples formes , maisparce qu’ils souhaitaient renforcer le

10 .

6 .

4 ».

11

5 . . 32 Frederico Delgado Rosa la périodeprécoloniale : de singulièrement inauthentiquenesauraitêtre identifiédanslecontextemaoriactuel,pasplusqu’à de latraditionétaientprécisément « l’étoffe dontestfaitela querien réalité culturelle », detellesorte aujourd’hui devenuSpurious », uneréférence classique,Hanson insistesurl’idée quelesinventions qui sont engagés dans une lutte pour la souveraineté. » Cette « conséquence imprévue » exposales imprévue » Cette« conséquence qui sontengagés dansuneluttepour la souveraineté. » question d’ordre pourceux émotionnel etpolitiquepourlespopulationsindigènes,en particulier de leurre intellectuel,l’idée n’en reste pasmoinsenracinéedanslapensée populaire etconstitueune employées parleschercheurs scientifiques pourdéconstruire l’authenticité eten révéler ladimension quesoitl’efficacité desméthodes « Quelle préjudiciable d’une tellethéoriepourles autochtones : aboutissantàundilemmeéthiquepourl’anthropologie, généralisé », « soupçon euégard aucaractère »)lessignes d’un Selon états-unien,laculture unexpert maorieestuneinvention :« (tels que Linnekin voit danslacolère maorisetlestitres desporte-parole àsensationdelapresse néo-zélandaise notammentenreconnaissant sespièges. delatradition », anthropologique centré surla« fabrication danslatransformationduparadigme que lechampdesétudesmaoriesajouéunrôle important de lagénérationd’Elsdon Best dontilscherchent àdéconstruire lestravaux le privilègedeleurpositionentantquecommentateurs culturels, cequilesrapproche, ironiquement, Henare va jusqu’à dire quelasoi-disantposture d’impartialité desanthropologues nefaitque cacher auprocessus mêmequifaitl’objet toutenparticipant d’observateur impartial d’une analysecritique. » sur leplaninternationaln’a qu’à servi mettre enévidence(...)lesdangersderevendiquer unstatut débatdanslesdeuxpayset deHanson. « Le politique » pour critiquerleprétendu « détachement andImperialAnthropology Exchange, On trouvey ontparticipé. unhistoriquedecedébatexplosifdansl’ouvrage de2005, Unis. Des anthropologues aussirenommés queClifford George Geertz, Marcus ou Stanley Tambiah Ces éclaircissements n’empêchèrent paslacontroverse, àlafoisenNouvelle-Zélande etauxÉtats- ’puatsrlatced ihr ade tJyeLnei,« Tradition, Genuine or S’appuyant surl’article deRichard Handler etJoyce Linnekin,« Linnekin elle-même rassembla les réactions négatives à l’article de Hanson et mit en évidence lequel ilsacquièrent uneauthenticité fabriqués delaculture enraisondeleurinauthenticité,maisàcomprendre leprocessus par indéfiniment. Il découledecelaque l’analyse doitvisernonpasàsedébarrasserdefragments etl’on peutdire lamêmechosedecesancêtres,la traditiondeleursancêtres ; etainsidesuite doute musparleurpropre intentionpolitiquedefaire appeldemanière sélective etcréative à Les Maoris desannées1760,aumêmetitre quelesactivistesmaoriscontemporains,étaientsans d’Amiria Henare, quinemanquepasd’en rajouter, notamment

12 .

13 . Museums, 33 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial l’invention d’une traditionqu’il chercheurs décelaitdansletravail decertains formulation de Hanson, maisilmontre danslemêmetemps, demanière nonintentionnellepeut-être, effet être luaupremier abord commeun exemple àcettefabrication,pour departicipation reprendre la Study of1983, « The peuten Cetexteimportant : the Traditional Maori State ofthe Art ». Society parenthèse pourexaminerletravail del’un d’entre d’Anne eux, àsavoir unarticle Salmond en paru tradition àunmanqued’authenticité mesure où elle suggérait que les tenants de ce paradigme n’associent pas forcément l’invention de la sionprenait lapeinedelelire attentivement dansla ne pouvait pasêtre jugécomme« anti-maori » anthropologues surlascènepolitique.Linnekinprenait enréalité ladéfensedeHanson dontletexte … »), mais il reconnut néanmoins que le terme d’ (…) colère personnes – et decertaines auxcultures mêmedespersonnesappartenant quenousétudions déplorable sinoussupprimions tout cequipourrait être malinterprété oupourraitprovoquer la (« L’obligation desincéritéquiincombeànospratiquesscientifiquessetrouverait dansunétat maintenait sespositionssurlaculture maorieetrefusait touteformed’autocensure enanthropologie autre, il les voit comme des « artisans actifs » de lafabricationde tradition maorie actifs » de autre, illesvoit commedes« artisans émiques qui avaient été justement remis en question par l’anthropologie. D’une manière ou d’une ouencore enréintroduisant desconceptssoi-disant traitàlaculture maorie », des questions « ayant sur singulière » plus oumoinsinventive auxcritiquesdesMaoris, enreconnaissant leur« autorité universitaires inauguralildisaitquecertains En effet,danssonarticle essayaientde s’adapter defaçon du termed’ nombreun certain deMaoris etd’autres encore sesontsentisoffensésàjustetitre parmonusage question detraditionetculture. L’une « (…) desesremarques conclusives parled’elle-même : lorsqu’il enparticulier que l’on était nedevraitplusutiliserquellesquesoientlescirconstances », acceptent lapremière. ninonplusd’attendre queceuxquiadhèrent etlareconstruction ; àlaseconde la déconstruction anthropologiques menéespardeschercheurs nonmaoris.Il n’est paspossiblededéfendre àlafois une reconstruction qui,soitditenpassant,peutvraimentcroiser desdémarches historiqueset des Maoris impliquentsouvent qu’ils adhèrent àl’idée d’une reconstruction dupassé ; certaine quelesdeuxpositionssoientirréconciliables,part, pourlasimpleraisonquelesrevendications asnrpni u inknaatrelmn dnii e« œrd rbèe ». Il cœurdu problème Hanson répondit queLinnekinavait réellement identifiéle« D’un autre côté, la réponse de Hanson peut être à assimilée à une formede participation invention , etjetienspourcelaàprésenter mesexcuses

14 . invention ti une expression trompeuse était «

15 . » J’aibienpeur, pourma . » pakeha contemporains

17 . Ouvrons une

16 . 34 Frederico Delgado Rosa « chercheurs indigènes dresse en1983, elle souligneladiversité discursive desrécits établisparlesMaoris, incluantceuxdes les anthropologues ont-ilscesséau cœur del’expérience maorie,commesicelaimpliquaitunetransformationqualitative aussi radicale ; plus académique auxarchives, maisnonsans créativité politiquement orientéset fondés surdestémoignagesorauxjusqu’aux récits faisantappeldemanière depuisles récits Maoris, ouencore vague cequ’elle continuumirrégulier », appelleelle-même,« un entre lesnouvelles expériencesderecherche universitaire qu’elles soientmenéespardes de même que très récemment. Elle souligne enconclusion lanature floue desfrontières existantes biculturelle, expliqueSalmond, toutendéplorantquelesanthropologues n’aient commencéàfaire etasiso ru tbi dpi 00as etêr » peut-être 000ans depuis1 de transmissionorauxétablis« »,etlasecondeprovient desMaoris eux-mêmes,quigardent vivants desmodes européens « d’anthropologues formésscientifiquementqui s’appuient surdescomptes rendus ethnographiques ; la première est l’œuvre méthodes utilisées pour appréhender la société maorie traditionnelle pas sinette. à quelpointladichotomieépistémologiqueentre recherche maorieetrecherche les estiment« inexactsetprétentieux » Salmond donne laparole à plusieurs « experts tribaux » qui rejettent les récits universitaires parce qu’ils del’anthropologiela tradition.Dans moderne, épistémologique » sondésirdedépasser« l’arrogance avait disparu aucoursduxix avait disparu implicitement, lesformesdynamiques,proprement maories,deliensavec lepassé,commesicepassé l’anthropologie moderne a assimilé la tradition à une période pré-européenne, et ainsi rejeté, fût-ce pour rendre comptedeleurspointsvue mythologie estréelle danssonensemble questions scolastiques n’ont la pas lieu d’être « Les ici ; que transformée, subsiste dans le présent : puisquelavisiondumondeautochtone,bien possibles ouhypothétiquessontjugéesnonpertinentes, Et elle insiste de manière pourtant, catégorique sur l’autonomie des discours maoris : ces interférences des chercheurs pakehaquiessayèrent de les reconstituer de variantes tribales. etde les unifieràpartir de versions populaires derécits cosmologiques ethistoriquespouvant très bienêtre liéesauxcréations Dans levolet introductif, AnneSalmond repère uneoppositiondelonguedateentre deux Dans samonographie,

21 » qui recourent aux « dispositifs propres à la recherche scientifique occidentale e Hui : AStudy ofMaori Ceremonial Gatherings siècle.Lacolonisation,pense-t-elle,estplacéedefaçoncontestableau xx e

siècledeconsidérer lessagesdestribuscommegardiens de 19 .

20

22 . » Néanmoins,. » dansl’état desconnaissancesqueSalmond ». Ceci peutêtre analysécommelereflet d’une expérience

23 .

18 . Salmond critiquelafaçondont , ellereconnaît l’existence pakeha n’est enréalité Pakeha oudes 35 Illustration 3 : Elsdon Best regarde Aporo de Gisborne en train de jouer de la flûte, 1923 ; et homme non identifié. La photographie fut prise par James Ingram McDonald. Elsdon Best watching Aporo of Gisborne play the nose flute. Ref : 1/2-054109-F. Alexander Turnbull Library, Wellington, New Zealand http://natlib.govt.nz/records/22367120. 36 Frederico Delgado Rosa et Maoris. En chercheurs secondlieu,ellereconnaît amateurs queles« éminents Zélande, n’ayant sansdouteaucunéquivalent ailleurs,quicréèrent desliensspécifiquesentre » en Nouvelle- développements intéressants certains classique, Salmond indique l’existence de « discours savants estaussirécent quecela.Curieusement, etnonobstant sacritiquedel’anthropologie Maoris etlestraditionsderecherche scientifiqueoccidentales étroit etcontinuentre rapport les chose d’unique etcecijusquedanslesannées1930, àsavoir « un En résumé, l’anthropologie amateurdeNouvelle-Zélande secaractérisavéritablement parquelque et 1923 le Dominion Museum, etnotammentlorsd’une séried’expéditions ethnographiquesentre 1919 photographe etréalisateur James Ingram McDonald (1865-1935),atravaillé auxcôtésdeBest dans l’appréciaient enretour : (World, pourreprendre untermeactuel),laquelleétaitadmirative desélitesmaoriesqui anthropology Best etd’autres chercheurs mais,sans doute,laproduction scientifique d’Elsdon maoris audétrimentdespersonnesvivantes ; approche académiquedoitêtre leuridéalisationdestempsanciens priseencompte,particulier qui existaitentre lesnoms,êtres etles lieux.Bien évidemment,ladimensionimpérialistedeleur profondeur philosophiquedelavisiondumondepropre auxMaoris, etnotamment du lienspirituel siècle nefaisaientpasqueparlercourammentlalanguemaorie : ilsétaientégalementconscients dela Aotearoa, sijamaiscefut lecasunjour, iln’en estdésormaisplus rien et postcoloniales : « L’anthropologie nesaurait-elleêtre autre chosequelapropriété de l’Occident ? À établissent une passerelle subtile, quasi subliminale, entre les formes de savoir scientifique coloniales moderne arompu avec cettedispositiond’esprit. Dans touslescas, ses remarques conclusives Il fautsedemandersicebrouillage desfrontières épistémologiques entre discoursindigèneset

27 – ne cache pas une certaine déceptiondevant lefaitquel’anthropologie cachepasunecertaine professionnelle – ne maorie] » n’avoir les palissadesextérieures du savoir entraperçu tenusecret « que derrière la d’autorité. Je penseiciàElsdon Best, quiaprès denombreuses annéesderecherche, confessa simplement commesources d’informations, maiscomme auteurs,protecteurs etfigures le savoir maori avec beaucoupderespect, etquiimpliquaitlespopulationsmaoriesnonpas Une formed’anthropologie localeémergeait,quimalgré sesnombreux défautsappréhendait

25 . pakeha devrait-elleêtre reconnue comme uneformed’anthropologie locale

26 ». Salmond – dont legrand-père, le Salmond – dont ».

28 . »

24 » delafindu » Pa [forteresse [forteresse Pakeha xix e

37 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial d’aujourd’hui quiévoquent lesancêtres, dit-il,fontenréalité écho auxtravaux delagénérationd’Elsdon Best. Great New Zealand Myth : AStudy oftheDiscovery andOrigin Traditions oftheMaori , Wellington:Reed. 7 6 Douglas Sinclair etEreura Stirling, commereprésentants plusrécents decettetraditionintellectuelle. Hiroa/Peter Buck etd’Apirana àunegénérationplusancienne,etceuxdeMaharaia Ngata,appartenant Winiata, 5 4 3 toute prétention àl’impartialité estsusceptible des’appliquer aussi auprésent travail. J’yreviendrai ; voir également A. évidence » Ethnography andtheReification of Maori Traditions »,de1996, Toon van Meijl va jusqu’à dire qu’il estdevenu « Invention ofGod inIndigenous Societies,Durham, Acumen, 2014,p. 45,49). déploiement d’un savoir ésotériquetransmis oralement qui trahit involontairement l’influence dutravail de Best ( approfondi encore le travail de Maori Marsden, dévoilant sa fabrication de la tradition, et plus précisément son constitue unautre élémentdecettereconstitution. Best soutenaitégalementcettethèsed’un doublepeuplement. L’existence d’une populationaborigènenonpolynésienneenNouvelle-Zélande quiauraitprécédé l’arrivée desMaoris auteurs(Percycertains Smith arrivèrent enparticulier) aux alentoursde1350apr. J.-C.d’Hawaiki, leurterre natale. maorie « précoloniale » auxdeux« mythes »enquestion. sauvetage autournantdusiècle,s’exposant aurisquederéduire defaçonéquivoque laproblématique delaculture des principalesfaillesdutextedeHanson réside danslefaitqu’il ignore l’étendue monumentaledel’ethnographie de à une autresorte forme d’invention, très courante soit dit en passant : l’invention de l’histoire de l’anthropologie. L’une exemple, estainsiignorée. De tellesinexactitudeshistoriquessontsansdouteinévitables,maisaboutissentenquelque Its Logic»,American Anthropologist, 1989,vol. 91,p. 891,892.)Ladimensionévolutionniste dutravail deBest, par différents peuplesdumondeàquelquesberceaux delacivilisation » («The Makingofthe Maori: Culture Invention and l’idée defaire remonter les quiétaitobsédé « par courantd’une anthropologie aujourd’hui discréditée », ce « grand 13 12 11 10 9 8 2 1 N siècle, danslessoi-disanttraditionsorales( . . Hanson, ibid.,p. 893 ;lesitaliquessontmiennes. . . Hanson, ibid.,p. 891,892. . CitédansA.Hanson, 1989, . M.Marsden, citédansHanson, . Celivre estpubliéparl’universitaire pakeha,Michael King. . Je n’examinerai paslethèmedela« flotte immense », tournantautour deseptembarcations polynésiennesqui,selon . Hanson considère étaientdesreprésentants (defaçonsommetouteéquivoque) quecesérudits du« diffusionnisme », otes Ibid., p.Concernant lethèmeanthropologique 893. immense », dela« flotte Hanson évoque lesnomsde Te Rangi . Sinclair, citédansHanson, ibid.,p. 894. . p. 208,238.Bien que mes propos divergent deceux Hanson, il meparaît que lacritique de Henare au sujet de . Ibid., p. 898. . Hanson, ibid.,p. 894. Ibid. D’autres étudesexistentdanslamêmeveine quecelledeHanson. Dans «Historicising Maoritanga: Colonial quelesmythescréés par lesEuropéens, au sujet du passémaori, ont été -> -> ->

p. 893.Hanson faitégalementappelautravail deD.Simmons datantde1976 ibid., p. 894.Plus récemment, en 2014, James Cox asoumisàunexamenplus The ofthe Journal Polynesian Society -> -> -> ->

-> , vol. 105,n°3,p. 328).Lesanciens « incorporés » , aucours du -> -> -> , The -> une The xx e

38 Frederico Delgado Rosa nourriture, desfemmesetd’autres influencesnéfastes »(ibid.,p. 319 ;mesitaliques). était, untelsavoir établit desliensspirituelsentre laterre, lesdieux,ancêtres etles femmesethommesvivants. « (...) vol. 92,p. 309.Elle affirme qu’il existetoujoursdesécolestraditionnelles, 25 24 attentive « devientdeplusenessentielle »,voire obligatoire (ibid.). d’auteurs réelle indigènes et non publiés, dont la portée est seulement « en train d’apparaître », que leur lecture de sorte 23 22 21 20 comprendre sesconceptions(ibid. , p. 311) ». seule vie ne suffirait sans doute pas à un étranger,estimant qu’« une quelle que soit sa formation académique, pour autochtonesquiaccusentlesanthropologues d’ignoreraux experts mondemaoriesttoutsaufsimple », lefait que« le (ibid.,p. 309).Parprimaires » lebiaisdecetteschématisationlapensée anthropologique, Salmond donneraison hiérarchie évolutionniste quidécritlesmodesdepensée"primitifs"ou"traditionnels"commeinsatisfaisants s’est inspirée (demanière impliciteouexplicite)desthéoriesd’une notre discipline« comme ailleurs,selonelle, enNouvelle-Zélande,anthropologie elle-même,quejecomprends commeunedéformationdiaboliséedesonpassé : 19 18 17 favorables auxMaoris. de colonsbritanniquesquireconnaissent etfontlapromotion d’une Nouvelle-Zélande biculturelle endes termes in Aotearoa/New Zealand réalisée parPaul Spoonley (dansP. Spoonley, D.Pearson &C.Macpherson (dir.), 16 446, 448. , 2014,vol. 4,p.Theory 295. 27 26 15 14 andScience.Epistemologies inPracticeAnthropology , Oxford, New York, Berg, 2007,p. 104-107. Henare, « NgaRakauatePakeha. Reconsidering Maori Anthropology », dansJ.Edwards, P. &P. Harvey Wade (dir.), . Ibid. . Ibid., p. 314. . . A.Salmond, 1983,p. 327. . Àl’instar d’Hirini Mead, Ruka Broughton, Robert Mahuta, Patu Hohepa, Wharetoroa Kerr, etMerimerei Penfold. . Telle quecitéedansSorrenson, 1990[1979],p. 86. . . A.Salmond studyoftraditionalmaorisociety:thestateart », ,« The . Hanson, ibid.,p. 895. . Selon l’étude pionnière surl’ethnicité despakeha« Pakeha Ethnicity : AResponse toMaori Sovereignty » (1991), . AllanHanson, «Reply toLangdon,Levine,andLinnekin »,American Anthropologist, 1991,vol. 93,p. 450. . J.Linnekin,«Cultural Invention andtheDilemma ofAuthenticity », . Voir A.Salmond, « Tears ofRangi. Water, power, andpeople inNew Zealand »,Hau: Journal ofEthnographic . Ibid., p. 314-315. Ibid., p. 311.Il nousfautattirer l’attention surlefaitqueSalmond, cefaisant,fabriqueégalementunetraditionen Ibid., p. 321.Une attentionparticulière estaccordée àdessources primaires maories,c’est-à-dire àdesmanuscrits et continued’être occasionnellement,enseignédansl’isolement, souvent danslenoiretàbonnedistancedetoute -> -> -> -> -> , Palmerston North, Dunmore Press, p. 154-170),l’identité pakehaconcernelesdescendants -> -> -> -> -> -> Whare-wananga, dontlavisiondumonde American Anthropologist, 1991,vol. 93,p. Journal ofthePolynesian Society Nga Take: Ethnic Relations andRacism -> -> , 1983, ->

-> 39 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial Amiria Henare, un« être ellepermetaussidereconstituer desréseauxanthropologiques desociabilitésavante del’Occident ; quiétaientpeut- La focalisationsuruneanthropologie 28 (2007, p. 93). Salmond, 1983, p. 327 ; mesitaliques. Voir. Salmond, 1983,p. 327 ; plusbaspouruneréférence àdestravaux plusrécents deSalmond. « plus efficaces au début du -> correctif historiographique » xx e siècle qu’aujourd’hui, nonobstant l’avènement des communications électroniques ». « périphérique » vis-à-visdelasoi-disantreprésentativité desgrandestraditions commel’anthropologie néo-zélandaise, introduit, selon 40 Sympathie ou hostilité ? La « recherche indigène » et le passé de l’anthropologie

’effacement du nom d’Elsdon Best n’est pas perçu comme tel du point de vue de certains chercheurs Lindigènes maoris actuels. En concentrant singulièrement leur attention sur l’histoire des études maories en Nouvelle-Zélande, plutôt que sur l’histoire des grandes traditions (inter)nationales de l’anthropologie et de leurs principaux objets d’études, ils constatent que Best jouit toujours d’une réputation d’ethnographe d’exception, tout en déplorant l’oubli dans lequel ses informateurs maoris sont plongés. Dans son ouvrage influent Decolonizing Methodologies. Research and Indigenous Peoples, publié en 1999, Linda Tuhiwai Smith admet que les « chercheurs indigènes » sont loin d’être les seuls à critiquer les liens entre ethnographie et violence coloniale, et que l’émergence des nouveaux mouvements des « peuples indigènes » dans les années 1960 et 1970 est historiquement liée à la critique postcoloniale émanant des milieux universitaires occidentaux. Cependant, elle regrette que le nom de Best bénéficie aujourd’hui encore d’une plus grande autorité que celui des Maoris lui ayant véritablement permis de faire son travail, et ce en raison de l’influence politique durable de la science occidentale : « Best est toujours considéré comme un expert aujourd’hui, mais les noms de ses informateurs et ce qui reste de leur savoir demeurent enfouis dans des manuscrits, et des archives 1. » Smith a plutôt tendance à voir en Best « un opportuniste qui exploitait ses amitiés », jusqu’au point de provoquer « des situations d’hostilité et de résistance ». Bien sûr, ses relations sur le terrain, aussi ambiguës qu’elles eussent certainement été, suscitèrent également « des actes d’ouverture et de générosité » de la part des Maoris. Smith reconnaît qu’il semble avoir été « traité avec respect » dans la majorité des cas. Ce fait devrait néanmoins être mesuré « à l’aune des valeurs accordées par les Maoris à l’acte du don » et non pas en regard de l’empathie dont aurait été doté l’homme blanc. Il n’en reste pas moins que Smith a des positions critiques radicales à l’égard du concept occidental de recherche et des pratiques qui lui sont associées, les considérant comme « inextricablement liés à l’impérialisme et au colonialisme européens », d’où la nécessité d’une véritable recherche autochtone alternative, incluant une lecture des archives centrée sur les peuples indigènes. Tout d’abord, Smith précise que les ethnographes de la fin duxix e siècle et du début du xxe siècle avaient d’autres missions prioritaires qui les impliquaient dans des formes flagrantes d’exploitation coloniale. Elle déplore que Best, aux côtés

41 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial non problématiques, etleurethnocentrismechronique analysécommeunsignedestemps «informateurs»furent relégués dansl’ombre,que « leurs leursactivitéscolonialesconsidérées comme Il n’est implicationdanslastructure d’ensemble delacolonisation ». « son plusadmissibled’ignorer d’autres ethnographesdesagénération,aitbâtiuneréputation scientifiquequipassaitsoussilence à une révélation massive des chosestenuespour importantes hautement sacrées desavoir » étaitdenature essentiellementpragmatique etqu’il « ne donnaitpaslieu deformes En toutétatdecause,Smith atendanceàpenserque« l’échange contaminé ouperdu ». qui étaitdel’ordre dela«tradition»devait être consignéaussirapidementquepossibleavant d’être racedesMaoris étaitentraindemourir,que « la ouquelacivilisationadvenait sirapidementquece Pakeha cetteamitié.Il et à préserver se peut également qu’ils aient étéinfluencés par saconviction traditionnel devraitêtre comprisecommeunestratégievisantàseprocurer unamiutileparmiles l’attitude qu’ils adoptèrent pourrépondrehostiles », àsacuriosité d’ethnographe envers leursavoir désormais pluslecontrôle deleurspropres viesoudeleursterres, ettraitaientavec desfonctionnaires scientifiquement letravail ethnographiquede Best. Comptetenudufaitqueles Maoris « n’avaient de Smith est-elleempreinte d’une tonaliténégative quitendàdéprécier àlafoispolitiquementet les sagesconnussouslenomdetohunga(commecefutcaspour Tamati Ranapiri),l’écriture système colonial d’assujettissement de ces derniers n’étaient ce qui équivaut pas à la hauteur de cette à représentation », dire qu’ils acceptaient de fait le exister quedansunevision romantique dupassé,« tout ensemontranthostilesenvers les Maoris qui profonde àl’égard dupeuplemaoriqu’ils voyaient commel’incarnation d’un idéal »carilsnepouvaient raison pourlaquelleBest et d’autres deses collèguesethnographespouvaient éprouver « une affection représentaient uneseuleetmêmechose : leversant anthropologique de l’entreprise coloniale.C’estla Les paradigmesdel’urgence ethnographiqueetde ladisparitioninévitabledespeuplesindigènes dusujet,etnonpassonincapacitéàdécouvrirquoiquecefût. » en invoquant lafaibleimportance deses pistesde abandonna effectivement certaines recherches, maisil justifiait son« Best revirement l’ethnographe sonstatutsupérieurdecollecteurdonnées : netintpascompteafindepréserver travail deBest. Lesinformateursadoptèrent parcimonieux, dont sansdouteunestratégiedepartage des Maoris, puisquecesderniersnefaisaientqueréagir envictimesdusystèmecolonial. fondement àl’idée quel’ethnographie deBest seraitleproduit d’une véritable collaborationdelapart Aussi, mêmesielleadmetquelesinformateursaientpufaire desrévélations, enparticulier Par conséquent,Smith n’accorde qu’un crédit auxcomposantesvernaculaires partiel du

4 . On trouve une variante de la formule de Tuhiwai

3 ». En d’autres ». termes, il n’existe pas de

2 ». 42 Frederico Delgado Rosa Highlands toutenexpropriant lesHighlanders deleursterres ancestrales de « la culture "traditionnelle"commeunpointdemire enconstanteévolution » Zélande et ailleurs, à une période de revitalisation de l’autochtonie et à un renouveau des perceptions du début les Hautes-Terres néo-zélandaises et écossaises. À propos de l’univers colonialdela Nouvelle-Zélande compare defaçontrès inattenduelesdiscoursetdispositifsanthropologiques etmuséologiquessur Smith dansl’ouvrage d’Amiria Henare, Museums, andImperial Anthropology Exchange , de2005,qui du découragement » croyance Même imposéeenl’inéluctabilité silaclassique « théorie deladisparitionleurculture ? être des Maoris raté un détour essentiel. La participation au travail d’une de Best fut-ellele fruit de l’anthropologie, oudéconnectéed’une manière oud’une autre champsd’étude, decertains apeut- L’historiographie denotre discipline,incapablesansdoutedesuivre lestrop nombreuses ramifications renommée quifit l’objet d’une polémiquemajeure parailleurs. d’une renommée delonguedate ; être perplexes àl’idée qu’un ancêtre bannitelqueElsdon Best puisseêtre considéré comme jouissant maories/coutumes maories), en particulier des hommes et des femmes d’unmaories/coutumes maories), en particulier âge, c’est-à-dire certain colonisation. Celasignifie qu’avaient toujoursexistédes gardiens silencieuxdes mesure tout au moins, à une récupération de ce qui était gardé invisible, voire clandestin, à l’apogée de la Humpty tomba,toutson être futbrisé etéparpilléenmorceaux Lorsque Humpty Dumpty étaitassis(e)[sic]sur lemur, ilouelle[sic]étaitunêtre entier. Mais lorsque La culture maorieestcomparableàHumpty « (…) décrire Dumpty. l’ampleur decette destruction : du savoir pré-européengrande partie s’est perdue, et il utilisemêmeunemétaphore saisissante pour cas d’école. l’auteur D’unepart, admetqu’en raisondelacolonisationetchristianisation,une L’ouvrage deHirini Moko Mead, Tikanga Maori. Living by Maori Values, de2003,estégalementun entre sonethnographie desauvetage etlesliensqueMaoris établissentaujourd’hui avec leurpassé. deflouhistoriqueautourdes semble quepuisseêtre discoursunesorte relations détectéedanscertains pas systématiquementcritiqué,plusquen’est complètementcachélerecours àsestravaux. Mais il au casparcas. l’étendue del’ethnographie desauvetage estunproblème historiqueauquelilconvientderépondre Devant cenouveau lecteursduprésent changementdeperspective, certains ouvragepourront D’autre larécupération part, decequifutperdu estassimilée plusexactement,dansunelarge Même silenomdeBest estloind’être louéparleschercheurs indigènescontemporains,iln’est xx e siècle,Henare parlenotammentde« l’ironie qu’il yaàidéaliserromantiquement les

6 , fruit decirconstances historiquessingulières,, fruit acédélaplace,enNouvelle-

8 . »

5 ». tikanga Maori (valeurs

7 , lefaitdemeure que 43 Illustration 4 : Rêvant des Hautes-Terres. Elsdon Best et Tom Wyatt en costume maori, 1883. Elsdon Best and Tom Wyatt in Maori dress. Williams, Edgar Richard, 1891-1983 : Negatives, lantern slides, stereographs, colour transparencies, monochrome prints, photographic ephemera. Ref : 1/2-140197-G. Alexander Turnbull Library, Wellington, New Zealand. http://natlib.govt.nz/records/23166344

44 Frederico Delgado Rosa ». Huitethnographiques denombreux tikanga ». textesd’Elsdon Best figurent danslabibliographiede pour laquellecesavoir devraitêtre intellectuelle considéré commeleur« propriété etc’est savoir accumulépardesgénérationsentières égalementlaraison deMaoris », réellement « le les Maoris d’aujourd’hui aux sagesd’hier etauxancêtres. En d’autres termes,lesavoir retrouvé est tout unensembled’individus, uneidéequirelie émaned’une manière peuple », oud’une autre « du discuter decelles-ciavec « différentes personnes ». Voilà pourquoi lesavoir, réinterprété etadapté par qui requiert d’écouter des s’impose selonMead, directe » ce une« recherche ne peutselimiteràunesimpleétudedestextes ; Cela étant,aucunerecherche censéetirer un« savoir contextuel » descoutumes dusensetdelaportée concepts spirituelsprécoloniaux ayanttraitaustatutdepersonnenotammentmauri, du lecteur à la fin de la seconde partie demonétude : du lecteuràlafindesecondepartie implications complexes del’extrait suivant, dans l’espoir quesalecture puissestimulerl’imagination en Aotearoa, toutenlereliant aupouvoir desdieuxtraditionnelsmaoris.Je n’expliciterai pasles son tourpar les chercheurs indigènescomme unprolongement de lacolonisation Nous devons être conscientsquelacritique del’essentialisme maoricontemporainestconsidérée à Tikanga Maori des principaux artisans del’inventionprincipaux artisans delatraditionmaorie reconstruits ». On comprend mieuxpourquoi Mead apparaîtdansl’article deHanson commel’un des que « cachées » etpouvaient alorsêtre mêléesàd’autres morceaux encore qui« n’attendaient qued’être sans qu’on puissejamaisespérer lesretrouver, maisd’autres piècesd’une n’étaient grandeimportance ses propres morceaux duHumpty traditions.Certains Dumpty maorifurent indubitablementdétruits jour de Mead, n’a desonrefuge etsetrouve désormaisexposéeàlalumière éclatantedu faitque« sortir le verrons dans le dernier chapitre, Mead est un ardent défenseur du rôle du kaumatua et

11 ». Mead considère envérité que« nous avons delachancepouvoir accéderàdescomptesrendus l’institution dutapu Son étatdépendaitdupouvoir desdieuxquidonnaientdel’espoir àlapopulation.Une fois dans unétatd’impuissance etsansdéfense ».C’estunedéclarationsaisissante l’élan deleurracelesavait quittés après ladisparitiondutapu,laissantlesgens Best (...)« que les gensperdirent leursentimentdesécuritéetraisond’être. Beaucoup d’anciens dirent à Best (dans

12 kuia etsontdefaitcitésoudonnésenréférence surdesquestionsaussidélicatesqueles

The Maori 9 , tandis que la « grande majorité » dupeuplemaoriignoraittout,enréalité, majorité » , tandisquela« grande de tohunga enexercice, d’être présent physiquement lorsdescérémonies etde

délitée parl’intervention desgouvernements etdesmissionnaires 15 ) soulignaitquelavitalitéderaceétaitintimementliée àl’état du

10 . Une telletradition,selonlestermesmêmes tapu

17

13 . Dans lespropos

». Commenous ». 16

14 . ethau. wairua de nos jours pakeha, tapu. 45 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial provocant, évocateur desPatterns ofCulture deRuth Benedict intheMaori Renaissance and Ideology des raisonspolitiques, ladichotomiespirituelle ethistoriqueentre Maoris et »commeunereprésentante majeure decettetendanceàaccentuer, pour indigènes chercheuses « de leursgriefshistoriques gèrent lescompensations territorialesetmonétaires quileurfurent attribuéesaprès lareconnaissance d’un lesintérêts héritagecollectifmaori,sert d’un petitgroupe, àsavoir lesorganisations tribalesqui intérêts économiques douteux. Rata suggère qu’un présumé savoir spirituel, présenté sous la forme jusqu’à dénoncerlefaitqueleursstratégiesrhétoriquesdissimuleraientdesobjectifs politiquesetdes Son argumentationréduit lesanalysesdeplusieursintellectuelsmaorisaustatutd’idéologie pure, de la Néo-Zélandaise Elizabeth Rata, professeur Mary de durant toutelasecondemoitiédu l’urbanisation desfemmesethommesmaorisquis’opèrent massive etladétribalisationimportante la travaux qui,danslaveine deHanson, cherchent àdéconstruire lesdiscoursdela Ce quiestconsidéré commelaforce menaçantedel’anthropologie « blanche » estillustré parplusieurs les « recherches » dontilssontl’objet decettedomination : participent que liminaires deDecolonizing Methodologies, Linda Tuhiwai Smith rejette tantl’anthropologie coloniale assez sévèreassez vis-à-visdesdiscoursindigénistesmaoris l’article d’Adam Kuper, « The Return ofthe Native », de2002,qui,toutenabordant plusieurscas,est des lignagesissusfils cadets) la nouvelle « idéologie » impliqueunediscrimination desindividusnontribaux(et,auseintribus, plan symbolique,sansparlerdupoidsstatistiquedes mariages etnaissancesmixtes.En d’autres termes, Kaupapa Maori. C’estlecasdelamonographie1998, postcoloniale, laissantentendre quelepeuplemaoriesttoujoursdanslasituationdu dominéetque Dans les travaux de Rata, Linda Tuhiwai Smith apparaît parmi d’autres chercheurs et de leurpropre culture etdeleurspropres nations ces idéestoutencherchant àdésavouer touteentreprise entantquecréateurs nouvelle deleurpart créons dansle même tempslespersonnesquicréèrent etproduisons, etécarter etdéveloppèrent revendiquer lapropriété denosmoyens deconnaissance,nosimages,deschosesquenous d’entrecertains nous.Nous sommesrévoltés àl’idée quel’Occident puissedésirer, soutirer et tout cequ’il estpossibledeconnaître surnous,ensefondantleursbrèves rencontres avec Nous sommesexaspérés devoir leschercheurs etintellectuelsoccidentauxprésupposer connaître

21 esnpitd u,cc din udtietd ’qiéscae : . De sonpointdevue,ceciadvientaudétriment del’équité sociale

22 . xx e , del’Américain Steven Webster, dontletitre estuncalembour sièclenesontpasprisesencomptenisurleplansocial nisurle

20 . Mais concentrons-nous plutôtsurlesécrits

18 Critical Studies à l’université d’Auckland. . Patrons ofMaori Culture: Power, Theory

19 . Une référence s’impose, aussi,à Pakeha, entre colonisés Maoritanga etde 46 Frederico Delgado Rosa le faitdevivre danslepassé même s’ils nousoffrent cléspour certaines l’avenir, l’auto-détermination maorie n’a rienà voir avec même sinouspouvons tirer unenseignementauprésent desvaleurs etdessavoirs traditionnels, laculture, ceseraitcontredire notre dynamiquedeprogrès ; « Fossiliser également Mason Durie : verrons Best insistasans doute plusque tout autre dans ladeuxièmepartie, anthropologue surlefait de manière directe) parletravail deBest, absentdela bibliographiedeDurie. Commenousle offrir desconseilssurla marche àsuivre lorsque lanature fait faceàdenouvelles menaces souvenirs plusanciensd’accomplissements delatribu,etnerefont quepériodiquementpour surface ceux quiappliquentl’éthique environnementale. D’autres, sansêtre oubliés,sontmaintenus dansdes d’entre euxsontconnusetrespectés « Certains encoreles enfantsdececoupledivin : aujourd’hui de par lesparents Rangi etPapa expliqueDurie, quiaégalementàl’esprit metenévidencecetteidée », intégré àundegré plusprofond lerespect desressources naturelles. « L’incarnation delaterre etduciel quelesinstitutionsdelaCouronne, puisquegrâceàleursancêtres, ilsont efficaces » locales, « plus à-dire lestribusmaories, sontsansdoutedesgardiens des rivières etdesforêts, delafaune etdelaflore les liensspirituelsunissanttoutechoseet,par-dessus tout,leshumainsetlaNature. LesMaoris, c’est- y comprisvis-à-visdesdéfenseursdelanature influencésparlapenséeoccidentale,incapablesdesaisir concepts cosmologiquestraditionnelsmaorisdansla luttepourlasauvegarde desressources naturelles, Durie Atua -AResourceful étudiel’importance des Environment », , intitulé« Mana Determination utilisé pouretdansunmondetrès moderne l’indigénéité àtravers unprimordialisme intemporel dissimulelefaitqu’il s’agit d’un concept moderne réification de Le paradoxeleur appartient. de ce point de vue, explique Rata, consiste en ce que « la estiment être les seuls héritiers de cette spiritualité ancestrale, pré-européenne. La logique du don représentantsconclusion quecertains despopulationsindigènes,l’« élite tribale » maorieenparticulier, Rataarrive àla une contradictiondanslestermesmêmes.Dans sonanalysedecette« rhétorique », contemporanéité occidentale,commeMauss lesouhaitaitouenrêvait, parce quecelaconstituerait et colonisateurs.Pour Smith, iln’est pasconcevable quelalogiquedudonpuissefaire dela partie s’ils relient le peuple à leurs ancêtres, ne sont pour autant pas « figés dans le temps » transformée etadaptéeauxenjeuxduprésent. Hirini Mead déclare parexemple queles chercheurs autochtones maoris n’en reconnaissent pas moins explicitement que la tradition s’est et doncàréfuter lalégitimitéduconceptdecontinuitéculturelle dansuntelcontexte. L’évocation desatuasouslaformededieux lanature n’est pasinspirée (oudumoins pas En dépitdeleurrejet desanalysesextrêmes concluantàladisparitiondeleurculture, les

25 . » Dans lechapitre 2de . »

23 ». àfragmenterl’histoire, Rataestparconséquentportée Te Mana, Te Kawanatanga.The Politics of Self-

24 . Ce qu’explique tikanga Maori

26 . » , 47 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial (et notammentdeschercheurs indigènes auxyeuxsouvent descommunautésindigènes surdesidéesdecontinuité spirituellequisontcruciales est adaptéauxspécificitésducontextehistoriqueet delavisiondumondemaoris critique localisée ». Autrement dit,l’« objectif d’émancipation » sous-jacentàlacritiquedel’Occident par Tuhiwai Smith d’une recherche indigène, etnotamment and Indigenous Methodologies leurs » quandilssetrouvaient dansunpaysagenaturel leurs » qu’hommes etarbres étanttous,parl’entremise de Tane, enfantsdePapa, lesMaoris étaient« avec les de voir dans les variantes modernes de la tradition des formes simplifiées de rituels et de mythes manière oud’une autre, surlesarchives vilipendées del’anthropologie, sansparlerdelapossibilité de remettre enquestioncette« invention » d’une transmissionculturelle autonome quirepose, d’une La différence majeure se trouve dans l’adoption d’une perspective « humaniste », selonlaquellela La différence majeure se trouve dans l’adoption d’une perspective « humaniste », d’autres dedéfinitionsautochtones de concepts,etenparticulier l’authenticité etde l’essentialisme. anthropologique discipline enl’ouvrant àdessubjectivitésdiverses, ontcontribuéàrenforcer (...)l’autorité dusavoir loindedémocratiserla des cheminsthéoriquesprisparl’anthropologie contemporaine,« lesquels, écritAmiriaHenare. Cedivorce, rajoute-t-elle,estindissociable disciplinaire del’anthropologie », entière àpart depuislesannées1970,sontdevenuesdépartements « une façond’échapper àl’emprise pratiquement plusdeMaoris quirevendiquent lestatutd’anthropologues. Lesétudesmaories,avec leurs explicitement une différence qualitative etunedistanciation politique. Voilà pourquoi il n’y a appelée recherche ouKaupapaMaori Rangahau ,puisquelesdéfenseursdecelle-cirevendiquent plan l’anthropologie oul’idée mêmedescienceetlechamplarecherche indigène,également illustrationdel’influencecomme uneparfaite menaçanteetpersistantede l’anthropologie « blanche ». Toutefois, ondoitgarder àl’esprit queleschercheurs indigènesmaorisconsidèrent ce genre decritique qu’Edward Said ouMichel Foucault coloniale del’anthropologie, tels occidental » àsavoir cellesdepenseurs critiquesmajeursdu« savoir occidentales, etsemontre mêmesingulièrement auxréflexions ouverte quisoulignentladimension les colonisateurs » image deleurculture etdeleurhistoire quipouvait « immédiatement être compriseetmanipuléepar critiquer l’européocentrisme du regard parlesanthropologues surlesMaoris, porté une construisant Force estdeconstater, parcontre, queleregard critiquedel’anthropologie occidentale porte De cepointdevue,ilnousfautfaire preuve lorsquenousmettonssurunmême deprudence

30

28 ». Certes, Certes, Tuhiwai ». Smith nerejette pasl’ensemble des contributions . Il peutêtre tentantpourlescritiquesdetouteillusiond’authenticité culturelle, (2008), Norman K. Denzin et Yvonna S. Lincoln reprennent l’idée émise

31 . Dans leur « Introduction » àl’ouvrage . Dans leur« Introduction »

33 ). Laréponse deSmith consisteàrevendiquer lamiseenplace

27 . Durie n’évoque lenomdeBest quepour , en tant que « théorie Kaupapa Maori, entantque« théorie Handbook ofCritical

32 . pakeha ou

29 . 48 Frederico Delgado Rosa maorie depuislafindesannées1960esttraversé de tendances « éparpillées » sein duquel iln’y a pasde« théorie sur laquelle tout lemonde soit d’accord ». Le renouveau de l’identité en évidencelefaitquel’activisme maorin’est unmouvement unsens restreint », socialque« dans au New Zealand autonome soitparsécessiondel’État postcolonial et, bienévidemment,ledroit àl’auto-détermination, soitparl’établissement d’un gouvernement développer les manifestationspassées,présentes etfutures deleurculture », ledroit « de particulier des peuplesindigènes,inspirantnotammentladéclarationNations uniessurleursdroits, eten les critiquesémisesparRata,àsavoir lemanquedeconsidérationpourladialectiquehistorique indigène » ; etl’on retrouve égalementdanscesécritslesproblèmes éthiquescomplexes quesoulèvent recherche plus particulièrement desesformes radicalesd’expression, dontl’idée ostracisantede« maoris, l’ont précédée danscetexamenapprofondi destransformationsdel’activisme maori,et l’égard detouteformed’essentialisme. En réalité, d’autres chercheurs pluscompréhensifs, ycompris être lucommeuneillustrationextrême dusoupçonprédominant enanthropologie contemporaine à Le point de vue d’Elizabeth Rata est considéré comme anti-autochtone à l’échelle locale, mais il peut les Maoris : jusqu’à uneterre parente, prenant généralementlestraitsd’une Terre Mère », commec’est lecaschez d’une personnes’inscrit dansunegénéalogiequel’on peutretracer à savoir lefaitque« l’essence l’intérieur. En secondlieu,ilestnécessaire deprendre ausérieuxladimensionspirituelleduconcept, ettendre àunedécolonisationde del’homme etdesdroits despeuplesautochtones », des « droits delarevendication d’une essencedoitêtre rapprochée dupointdevue dimension « stratégique » ne s’inspira plusd’idéologies nonautochtonesenprovenance des États-Unis, etplus particulièrement entreun changementimportant lesannées1970et1980,dès lorsquelesentimenturbaind’injustice discours radical,letermeradical (lesguillemetssontdelui)leprocessus deconsolidation du des directions, voire de« reconstituer » propose, ens’appuyant surune« vaste sélection » desources etdepratiquesethnographiques,d’identifier Dans sacontributionàl’ouvrage de1991, essentialisme qu’elle déterminel’essence mêmedupeuple,produit L’importance dulieu,delaterre, dupaysage,etd’autres chosesencore dansl’univers, ence »deviecommune. essence au sensoùl’entend l’Occident, unerelation fondéesurune« Une personnehumainen’est avec d’autres pasisolée,maispartage êtres vivants et« inanimés »,

36 , intitulée « Maori Ethnicity as Ideology », le sociologue maori Harauki Greenland met telqu’il estutiliséparlespeuplesautochtones apparaissant plusde50fois danstoutlechapitre. Greenland identifie Nga Take : Ethnic Relations in Aotearoaa andRacism /

35 . une interprétation très différente duterme

34 .

37 . Néanmoins, Greenland 49 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial les travaux importants effectuésparleschercheursles travaux importants colportées à la fois par les partisans etlesdétracteursduradicalisme » àlafoisparles partisans colportées la dissolution des superstitions politiques ne cache pas que son étude est destinéeà contribuer « à des éditeursdepromouvoir lechangementausein delasociéténéo-zélandaise, Harauki Greenland des contributeurs non maoris aux études maories historiens delarésistance maorie),lerejet sansappeldelasociété y associerunedimensionsacrée demeure unequestionouverte deprétendus « croyances quel’on etsymbolesprimordiaux puissetoujoursounon » ; « agnostique » pournepasdire son élan.Selon Greenland, cettenouvelle idéologieestuneversion « sécularisée », dans lemaintiendesesliensfondamentauxetmétaphysiquesavec laterre, etpouvait dèslorsretrouver ses tendancesmatérialistesetprédatrices. Malgré l’invasion coloniale,laculture maorieavait survécu comme spirituelleetrespectueuse dela Terre Mère, tandisquecelledes lavisionmaorieétaitidéalisée, présentée des spécifiquement àcertaines revendications destribus : dramatisée » afinde renforcerdramatisée » l’idée pan-tribalede d’Aotearoa. L’opposition entre les visionsdu monde maorie et véritablement radicalesvisantàredonner d’une manière oud’une autre auxMaoris lecontrôle une tonalitédeplusennéo-traditionnaliste,nourriecontributionsrurales du ou sansmaintiendesliensavec l’État, voire àdesprojets dedécolonisationextrêmes sein de la nation, a laissé progressivement laplaceauxrevendications séparatistes et à l’exclusion, avec advenu depuislesannées1980 : lebiculturalisme,c’est-à-dire larevendication d’une placeplusjusteau chercher dans unautre temps – le sien... ou l’ignore tout simplement. Pour trouver des voix maories positives à son égard, peut-être faut-il les point devuedominantvient sansaucundouteentachersonimagedechercheur d’Elsdon Best contre sesdétracteurspostcoloniaux, celanesignifienullementqu’il n’en existepas.Le lors définitivement positioncontre leprimordialisme et, par voie deconséquence,contre lesradicaux. historiquesentreformes alternatives detraitementdesarticulations Maoris et black power decadre àlarébellion quiservait del’époque contre touteformedestatuquo,maisprit La terre, symbolefondamentaldesprotestations maories,étaitdésormaisassociéeauxidées Le faitessentielestqueletropisme politico-religieux setrouve aucœurduchangementmajeur Malgré ladifficultéquej’aiéprouvée à trouver deschercheurs maorisqui prennent ladéfense

41 tangata whenua(lepeupledelaterre), quirépond . Dans saconclusion, et en accord avec lavolonté pakeha depuislesannées1960(parexemple les pakeha futl’objet d’une « mise enscène

39 . pakeha peutsous-entendre l’éviction

Pakeha étaitdiaboliséepour 42 . Il donneàentendre des pakeha compréhensif, Pakeha, etprend dès

38 .

40 . Nonobstant 50 Frederico Delgado Rosa [1999], p. 88. Press, 2001,p. 16. la visionmaorie du monde qui existait au des écolesd’érudition »,p. 122)quicontinuaàenseignersemble-t-ildemanière intacte,etcejusqu’aux années1950, dela dernier disciplesurvivant p. 306. Best etlesformesdecollaborationqu’il aentretenues avec lesanciensMaoris. Voir aussiHenare, 2007,p. 94-95. 9 8 7 , vol. 28,1999,p. iii. Anthropology 6 5 4 3 2 1 N 17 16 15 14 13 12 11 10 considérées, parleschercheurs indigènes, commehégémoniques. lechapitreen particulier «Tapu dusystèmesocial maori"». etmana:"lacolonnevertébrale de cetouvrage,unrecueil detextesMarsden, désarroi avec etsonsentimentde lelecteur son partage Woven Universe: Selected Writings ofRev. Maori Marsden soit ditenpassant,l’absence deréférence auxtravaux deBest estnotoire. (ibid., p. viii).Un sentimentquis’effaça lesquels, cependant,lorsqu’il entreprit delire de lesarticles Marsden – dans chose d’authentique etdegrandevaleur, quelquechosequenous ne serionsplusenmesure depossédernouveau » ayons perdu quelquechosedefondamental, après dusageen1993,etsapeurque« nous lamort «source» » . . Mead, Hirini Moko (Mead, Sidney M.)Tikanga Maori: Living by Maori Values. Wellington : Huia Publishers, 2003, . Regna Darnell, . M.Sahlins, «WhatisAnthropological Enlightenment? Some Lessonsofthe Twentieth Century», . Cambridge,CambridgeUniversity Press, p. 203.Henare toutdemêmeunregard porte plusfavorable surElsdon . Ibid., p. 88,86. . Ibid. . Ibid. p. 87-88,1,84. . otes Ibid., 2.Lathématiquedugardien silencieux trouve sonparangon à travers lafigure et lesécritsde Maori Marsden, . Au regard desonrôle dansl’exposition enparticulier célèbre Te Maori quifutorganiséeentre 1984et1987. . Celasignifiequelesanalyses apparemment contre-hégémoniques de l’anthropologie contemporainesont . Mead, 2003, p. 47. . Mead indique uneréédition àl’origine de1941The Maori (paru en1924). . Désigne uninterdit liéausacré d’une chose,d’un être oud’un lieu,etquinepeutêtre discuté,touchéouvisité. Voir . Mead, 2003,p.3, 13,18,19. . Aux côtésd’autres sources datantduxix . Mead, 2003,p. 306,23. L. T.Smith, -> -> -> Decolonizing Methodologies. Research andIndigenous Peoples Invisible genealogies. -> -> -> -> -> Whare-wananga (écoled’érudition, voir chapitre «En l’honneur de Tane :lesouvenir -> -> A History of AmericanistA History Anthropology xix e etdudébutxx e siècle (voir Maori Marsden, Charles Royal /Te Ahukaramú (dir.) , New Zealand, EstateofRev. Maori Marsden, 2003). e siècle. -> -> -> , Lincoln, London, University of Nebraska . London,New York, Zed Books,2012 -> -> Annual Review of « deuil d’une L’éditeur -> -> The 51 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial comme unêtre vivant, dontl’ tradition et modernité.Lapreuve enestl’accord de Whanganui du 5août2014,reconnaissant la rivière dumêmenom unjugementsévèreoccidental. Il nefautdoncpasporter surlessoi-disantincohérences ouincompatibilitésentre d’autres les entités naturelles ont un statut ontologique qui les concernede façon intime et qui dépasse le raisonnement appel auxmodesdepenséetraditionnelspourdesraisonspurement stratégiques,ellenecontestepasquepourbeaucoup desinterpénétrationscréativeslégitimité desinterfaces, entre lesdeux.Même acteurs sociauxpeuvent faire sicertains Theory la sociéténéo-zélandaise qu’ils favorisent. sous-jacent àuneétuded’inspiration qui,toutcomptefait,avance marxiste desargumentsquiplaisentàl’aile droite de Pour unecritiquede Webster, voir A.Henare, 2007,p. 104-108.Henare cherche àmettre enévidenceleparadoxe 23 Migration: Rural andUrban Relations inNew Zealand en Nouvelle-Zélande. Si letravail deterrain de Joan Metge Metge, audébutdesannées 1950 (Joan 22 New York, LexingtonBooks,2000. , vol. 24,n°4,p. 453-471. Zealand andAnthropology »,History Brookes, 2013.«The Politics ofKnowledge: Anthropology and Maori Modernity in Mid-Twentieth-Century New etaussi of InternationalMorrow Affairs, Daniel et Barbara New Zealand Council for Educational Research 1940 ; les contributions et la bibliographie de Sutherland (ed.), Beaglehole, New Plymouth, Thomas & Avery Sons, Board of Maori Ethnological Research, 1928,ouducouple Ernest et Pearl Press, 1995),ilyenad’autres plusanciensetmoinsconnus,telsqueceluideFelix Keesing, modernité. Voiret capitale (avec desdéveloppements ultérieursquientrecroisent entre égalementlaproblématique desrapports tradition durables etflorissants, il va falloirchangernosconceptions fondamentalesetnosfaçons d’ordonner lemonde. Ici, des le senscontraire, lessolutions d’ordre épistémologique nemarchent pas.Si nousvoulons enarriver àdesstylesdevie « Ainsi,Homo hubrisdétrône Homo. Dans sapiens uncaspareil, etendépitdesprétentions scientifiquesallantdans affaire uneleçon intitulé «Tears ofRangi. Water, power andpeopleinNew Zealand son statutdevéritable alliée(pourlemoinsintellectuelle)delacause maoriereprésentée parDurie. Dans unarticle 26 25 24 21 20 19 18 Press, 1988,p. 4. . E.Rata,«Discursive Strategies oftheMaori Tribal Elite, 2011,vol. »,Critique 31(4),p. 371. ofAnthropology . Laquestiondel’urbanisation dossierdel’anthropologie delapopulationmaorieestdéjà,sij’osedire, un« vieux » . C’estcequeRataappellele« capitalisme néo-tribal », notammentdansAPolitical Economy ofNeotribal Capitalism, . Pour unecontre-critique, voir A.Henare, ibid.,p. 105-107. . Voir G.Byrnes, Compterendu de . Smith, 2012[1999],p. 1. . . Mason Durie, . Ibid., p. 21. Ibid., p. 22.Une référence, enpassant,auxréflexions plus récentes d’Anne Salmond àcesujetquiconsolident (Vol. 4,p. 285–309),ellereconnaît àlafoisl’incommensurabilité desvisionsdumondemaorieetpakehala Some Modern Maoris -> valable pourl’ensemble delaplanète,dontlesaccentssontàfoisécologiques et anthropologiques : -> J. Metge, Te Mana, Te Kawanatanga:The Politics of Maori Self Determination New Growth from Old: The Whanauinthe Modern World iwi -> également homonymeestdevenue lagardienne. Et Salmond deconclure, tirantdecette , Wellington, New Zealand CouncilforEducational Research, 1946. Voir notamment -> Patrons ofMaori Culture -> . Oxford, New York, Berg, 2004[1964]),estuneréférence The Maori People Today, Wellington, New Zealand Institute -> -> de Stevende Webster, » , publiéen2014dans Kōtare, 1999,vol. 2,n°p. 73. , Wellington,University Victoria , Auckland, Oxford University Hau :Journal ofEthnographic The Changing Maori, A New Maori -> 52 Frederico Delgado Rosa 1991 : 2). Handbook ofCritical andIndigenous Methodologies, LosAngeles,Sage, p. 457). dansN.K.Denzin, Y.Kotahitanga. KaupapaMaori inmainstream classrooms », S.Lincoln&L. T. Smith (dir.), inspirées métaphoriquement de la vision du monde maorie (R. Bishop, pédagogiques alternatives », « méthodes à l’anthropologie réside danslefaitqueconcept/projet s’adresse dèsl’enfance àdesindividusinstruits aumoyen de Smith, in/of Oceania, numéro spécialde Tengan, Tēvita O.Ka‘ilietRochelle Tuitagava‘a Fonoti (dir.), 2010. pays soutiendront plustard laDNUDPA qui,cependant, n’a pasforce deloiàl’échelle du droit international. 2007, àunemajoritéde144paysfavorables, et4votes contre (Australie, Canada,Nouvelle-Zélande, États-Unis). Ces (DNUDPA), quiexistesousformed’ébauche depuis1993,futadoptéeparl’Assemblée généraledesNations uniesen 35 34 d’authenticité d’autres peuples,voire lalégitimité,reposait encore entre leursmains(2012[1999],p73,77,note52). », commesilecritère sans prévoir leseffetsnéfastes(etlamanipulation parlesmédias)dumotmême d’« invention 33 the savages -Savaging thedisciplines,Canberra,Aboriginal Studies Press, 2007. Norman K, Yvonna S.Lincoln&Linda Tuhiwai Smith (dir.), indigenous voice andvision, Vancouver, UBCPress, p. 225-247;L. T. Smith, Knowledges », dansDenzin « Colonizing VoirLos Angeles,Sage, dansM.Battiste 2008,p. (dir.), L. 9 ; T. Maori research », Smith, « Kaupapa Norman Denzin, Yvonna Lincoln&Linda Tuhiwai Smith (dir.), 32 31 le conceptd’une et 1890(Wellington, George Didsbury, Government Printer). Voir plusloin,p. 86-88. monumental et bilingue de traditions orales maories en six volumes, financé par legouvernement colonial entre 1879 àJohnempruntent White etàsonouvrageThe and ofthe Ancient Maori, History His Mythology Traditions ibid., p. 92. Tendances d’autant pluséparpilléesqu’elles étaientsouvent expriméeslorsderéunions etdemanifestations, 37 36 30 29 28 27 de Rangi ». 2014, p. 305)On verra plusloin,danslaprésente monographie,l’idée mythiquequerecouvre l’expression « les larmes modes ontologiquesdanslesquelslamatière n’a niséparée jamais étémorte desgenspeuvent s’avérer utiles. » . Citations dans Durie 1998, p. 77. La Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones . Smith, 2012[1999],p. 74 ;mesitaliques. . Àpropos del’article deHanson eux » de1989,Smith regrette lefaitquelesanthropologues discutaient« entre . . Smith, ibid.,2012[1999],p. 58-68. atePakeha. «NgaRakau . Reconsidering Maori Anthropology »,2007,p. 94.Il existenéanmoins,enOcéanie, . Il estintéressant denoter, concernantlaprogéniture deRangietPapa, quelesnotesdebaspageDurie . Durie, ibid.,1998,p. 45. . Best telquecitédansCraig, 1964,p. 84. H. Greenland, « Maori ethnicity as ideology », dansPaul Spoonley, ethnicityasideology », . H.Greenland, « Maori David Pearson &ClunyMacpershon (dir.), . « On peuttraduire« On approximativement omnDni vnaLnon Itouto.Ciia ehdlge n nieosIqiy »,dans Introduction. Critical Methodologies andIndigenousNorman Inquiry Denzin & Yvonna Lincoln,« 2012[1999], p. 65-67.Une autre raisondenepasassimiler -> ->

« anthropologie indigène » -> Pacific n°2/3. Studies, vol. 33, Voir Durie, Mead, 1998,p. et 78-79 ; 2003,p. 317 ; -> Nga Take (Spoonley, par«lesquestionsdujour» » Pearson &Macpherson, -> , indissociableduprojet décolonisateur. Àcesujet,voir Ty P. Kawika -> ibid., Handbook ofCritical andIndigenous Methodologies Kaupapa Maori, oularecherche p. Genealogies: Articulating Indigenous Anthropology 59-77. -> -> Voir aussiMartin Nakata, -> Kaupapa Maori, Disciplining , unrecueil (Salmond, Reclaiming -> « Te Te

-> , 53 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial cause, puisqu’il n’existerait pasderecherche autochtonesansobjectifpolitique. étudiantspakehaàconditionqu’ilsmentionnait lapossibilitéd’y s’engagent admettre des rhétorique desidéaux deréparation etderedistribution propres aubiculturalisme»(361). « la tout enconservant lesintérêts desfinsquiservent d’une petiteélitetribale », en questionl’ont réorientée « vers idéalistedel’auto-détermination.à unepoignéedepersonnes,etnonpasunperfectionnement Lesactivistes maoris l’idéologie duséparatisme,quel’auteur décritnégativement commeétantunestratégiedepouvoir illégitimeservant « »( pleinement maorie le vide idéologiqueavec uneidéologieplus de sesdimensionsspirituelles.Lanécessitéétaitressentie de« combler expériences contribuèrent àmettre enexergue l’importance quelestribus accordaient à laterre etle caractère politique ( politiquespourlesradicaux » d’« enseignements de Bastion Point (àAuckland) en1977commedestournants,oucatalyseurs,cequ’elles furent riches 42 41 40 39 38 un enjeudansleprocessus etserévéler « incompatibleavec lathéorie »(Greenland, ibid.,104). plutôt queparécrit ; etlapratiquetraditionnelleconsistantàprendre desdécisionsàmainlevée devenir pouvait parfois célèbre :letribunalde Waitangi seréunit de1975à2008(ibid.,p. 94). manière équivoque, l’étendue desréparations decetraité pourlesdommagescausésdanslepasséfutévaluée àpartir quiavait lavoie littéralementouvert àlamainmisesurleursterres enusantdutermedesouverainetéfrauduleux », de acte fûtconsidéré activistescomme« un reconnaissance parcertains delasouveraineté delaCouronne britannique – la propriété de leurs terres » ainsi que « tous lesdroits etprivilègesdessujetsbritanniques ainsique« tous la propriété deleursterres » . Greenland, 1991,p. 105. . Dans sa contribution au développement du concept de . . Ibid., p. 92. . Greenland, 1991, p. 91,92.Nous pouvons considérer lacélèbre Marche pourla Terre de1975etl’occupation Cf. Rata,2011,p. 359.L’analyse de Rataconvoque lamêmeidée,maisdistilleuneaccusationplusacerbecontre -> .9,9) inqel riéd atnid 80 lequelreconnaissait aux Maoris ibid., p. – 96,97).Bien queletraité de Waitangi de1840 -> , p. 96). En dépit de « l’échec du maintien de l’unité », ces dumaintiendel’unité », ibid., p. 96).En dépitde« l’échec kaupapa Maori, dansles années 1990,Linda Tuhiwai Smith -> -> -> à respecter entièrement la » -> enéchangedeleur 54 Le gentleman maori Apirana Ngata et l’avenir de la tradition

u vivant d’Elsdon Best, ou dans les hommages posthumes, plusieurs personnalités maories (ou Dd’ascendance mixte) de premier plan louaient l’anthropologue en des termes qui contrastent de manière presque déconcertante avec la critique postcoloniale. Son œuvre était très attentivement lue, suivie, promue par des Maoris (ce qui par ailleurs, et à côté d’autres cas en d’autres contextes, rend quelque peu anachroniques, ou tardifs, les ouvrages qui abordent les perceptions autochtones de la littérature anthropologique comme s’il s’agissait d’une question récente 1). Concentrons-nous, en particulier, sur cette figure majeure (que son caractère légendaire devrait dispenser de toute présentation) de l’histoire d’Aotearoa/Nouvelle-Zélande. Je veux parler d’Apirana Ngata (1874-1950), avocat et homme politique, intellectuel et anthropologue lui-même, mais surtout leader culturel et identitaire, activiste des droits de son peuple, dont le legs incontournable est symbolisé, entre autres, par la présence actuelle de son effigie sur les billets de cinquante dollars néo-zélandais. Outre que ces deux hommes étaient en relation, la comparaison s’impose, dans une monographie consacrée à Best, entre l’entreprise anthropologique de celui-ci et la mission indéniablement politique de Ngata. À ce stade de l’argumentation, reprenons l’article d’Allan Hanson : Les temps ont énormément changé depuis 1922, lorsqu’un Maori aussi respecté et fier que l’était Sir Apirana Ngata se permettait de dire d’un universitaire pakeha qu’« il n’est pas un membre de la race des Maoris qui parvienne à la cheville de M. Elsdon Best en matière de connaissance des traditions de la race à laquelle nous appartenons » 2. La citation de Hanson est empruntée au numéro spécial datant de 1932 de la revue The Journal of the Polynesian Society, qui fut publié en hommage à Elsdon Best, décédé le 9 septembre de l’année précédente. On trouve plus précisément cette déclaration dans le « Message d’adieu » de Henry M. Christie, qui reprenait alors un discours prononcé par Apirana Ngata dix ans avant l’ouverture de la nouvelle Native Affairs Committee Room (Chambre des affaires indigènes) dans les bureaux du Parlement. D’autres personnalités maories firent des déclarations similaires à l’occasion de la mort de Best, notamment cette autre figure légendaire, par ailleurs très proche d’Apirana Ngata, qu’est Peter Buck/Te Rangi Hiroa (1877-1951), lui aussi homme politique, activiste maori et ethnologue, auteur

55 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial ana ingamomoikakatoa,mawahineutaewehewehe les lacunes des écrits de Best, résumées dans la formulation suivante : « toutes sortes depoissons,laissantauxfemmeslesoin defairetoutes sortes le tri surlaplage] le travail qu’a réalisé Peehi [Elsdon Best] entre NgataetPeter Buck, tellequecelle-ci : « Nous neserons jamaissuffisamment reconnaissantsenvers de bonnesparoles pardesremarques privées àpropos deBest, tirées notammentdelacorrespondance Pour nuancer ce qu’il peut toujours y avoir d’hyperbolique lors d’un adieu public, complétonsce défilé Et enfinuntémoignagequi voulait partous : résumer unsentimentpartagé (1871-1950), dontlamère étaitmaorie : Voici encore lesmotsprononcés lorsdesfunéraillesdeBest parl’évêque Frederick Augustus Bennet the Maori, de1949 : d’ouvrages célèbres surlepasséprécolonial, telsque dont ellebénéficiait, etplusparticulièrement àRaymond entantquedisciple néo-zélandais Firth le lecteur. là queBest n’organisait passesinformations demanière synthétique, brouillant ainsilespistespour Dans cettecorrespondance, ilétaitfaitréférence àlanouvelle écoled’anthropologie, auxavantages Il connaissaitnotre histoire mieuxquenous-mêmes qu’entité ethnologiqueauraitdepuislongtempsétéexpédiéedansleslimbesdeschosesoubliées. Elsdon Best,du savoir la plus grande systématique partie que nous avons de nous-mêmes en tant pense, desdeuxpeuplesdecepays.En fait,nouspouvons affirmersansnous tromper quesans telestleverdict unanimedenotre peuple,et,je delaracemaorie » : plusgrandérudit « Le Père ! Pars detonPeuple ! Pars detonpays !Pars vers tonDieu Haere ra! Haere ra! ekoro. Haere kitoiwi!Haere kitokainga! Haere kitoAriki! demeurent parminous.(…)Adieu, Elsdon Best, chefetpère delaracedesMaoris ! légendes dupeuplemaori.(…)Bien qu’il aitétéarrachéànotre famille,sonâmeetinfluence qu’il aaccompliendonnantàvoir aumondelesconceptions spirituelles,lamythologieetles pour exprimernotre estime,notre admirationetnotre gratitudeenvers letravail immense (…) En tant quel’un desenfants delaracedesMaoris, jemedoisdesaisircetteoccasion ancienne nimbéedepoésieetd’exploits, « afinqu’on lalisecouramment » envers l’homme quiœuvrasi longtempsetsiâprement pourrendre comptedeleurculture Aussi longtemps que vivra notre race, les hommes et les femmes de sang maori auront une dette

6 . » Ngata et Buck égalementleurs réflexions partageaient sur Vikings ofthesunrise [Il estpareil àun filetdedraguepêchant

5 .

He kupenga kaharoa tana e hao 4 ! , de1938,ou

7 . »

3

Ngata signifiaitpar . The Comingof Pars ! Pars ! Ô Pars ! Pars ! Adieu ! Adieu ! 56 Frederico Delgado Rosa ainsi que « tous les droits et privilèges des sujets britanniques ». Bien quelemot lesdroits et privilègesdessujetsbritanniques ». ainsi que« tous suite ducélèbre traitéde Waitangi de1840,quireconnaissait auxMaoris la« propriété deleursterres » du jeudes laterre enleurpossession, devait laluttepourconserver êtredont faisaitpartie menéselonlesrègles traditions pré-européennes. En premier lieu,ilconsidérait quetoutcombatpourlesdroits desMaoris, défendu simultanémentl’assimilation culturelle desMaoris oule rétablissement etlapréservation de Parlement dès1905,puisentantqueministre desaffaires indigènesen1928, Ngataatoujours continuer leurtravail avec unsensrigoureux dudétail] de parlernotre peuple.Il nousrevient decorrigercequiaétéécritparnos korero [L’époque deBest etdesescongénères toucheàsafin.C’estnousautres, Maoris, qu’il revient anthropologique deBest : « Dans touslescas,ilssereprésentaient eux-mêmescommedeslégataires delamission objective ». les jeunes ethnologues, quelque soit leurniveau d’étude, nepeuvent lesétudierqued’une manière d’être capablesd’appréhender cesquestions[delaculture maorie]avec unregard subjectiftandisque de Malinowski. D’unautre côté,Buck etNgataconsidéraientqu’ils avaient eux-mêmes« l’avantage maorie) etl’intégration traditionsmaoriesdansleprogramme scolaire decertaines plus tard ilexprimadesdoutesàcepropos etfinitparpromouvoir l’enseignement du également undéfenseuracharnédelapratique langueanglaisedanslesécolesautochtones,mais la terre étaitdefaciliter sonexploitationeninculquantàchacununespritd’entreprise. Ngatafut L’association considéraitqueleseulmoyen àladispositiondesMaoris pourgarder lecontrôle de promouvoir le christianisme,l’éducation et diverses coutumes européennes. (dont les lois du tapu) ; Maoris. Lecombatdevait seloneuxêtre menésurdeuxfronts : abolirlesdroits coutumiers« néfastes » d’étudiants etex-étudiantsdu Te Aute Collegequisouhaitaient améliorer lesconditionsdeviedes diplôme universitaire en1897.Il conduisitensuiteunecarrière politiqueauseind’une association leurs études à l’université à la société coloniale. Ngata fut le premier et participer Maori à obtenir un un enseignementdehautniveau àdesenfantsetadolescentsmaorisafinqu’ils puissentpoursuivre à l’âge deneufans,au Te Aute College,uneécoledirigéeparunmissionnaire etvisantàdonner davantage liéesaucontextecolonialqu’à desdroits denaissance.Son père l’envoya en pensionnat maories desannées1860.De nouvelles formesd’aristocratie avaient étéengendrées delà, àpartir Pendant salonguecarrière politique,entantquereprésentant desMaoris orientauxau Apirana àune Ngataappartenait Pakeha, c’est-à-dire eninvoquant lesvaleurs démocratiques delasociétébritannique,à la Kua mutuhaere tewakia Te Peehi ma,kuariro matauateMaori tauae iwi (tribu)quis’était alliéeauxBritanniques durantlesguerres

8 ». pionniers pakeha souveraineté eûtété

9 . te reo (lalangue etde 57 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial maoris dudébut pourdécrire justementlapenséed’Apirana idéaliste » « conservatisme Ngataetd’autres réformateurs Maori andNew Zealand Politics (1965),l’historien anglaisJohn Pocock inventa l’expression de comme uneformedecollaborationpragmatiquedurantlacolonisation une coopérationoutrancière avec lemondeeuropéen ; aumieux, sestalentsdestratègesontreconnus des années1960,pourcequifutalorsinterprété Ngataaétécritiquée,àpartir comme appartenait décolonisation fondéesurladistancevis-à-visdes de lasélectionnaturelle. Nous yreviendrons. d’entre euxconstituaientlapreuve quelaraceétaitcondamnéeàdisparaître, obéissantencelaaux lois létal », selon lesquellesledéclindémographiquedesMaoris etl’improductivité économiquedenombre des Maoris. Son projet pour l’ascension sociale des Maoris visait à contredire les théories de « l’impact traité. En un mot, ilessayait de luttercontre la discriminationet les préjugés sur l’infériorité supposée leurs terres, la réponse de Ngata consistait à détecter les violations, mais non à remettre en question le à l’ambigüité delasociétécoloniale,etplusprécisément etàdesabusdelapart àl’appropriation de traduit parlemotkawanatanga leurs inquiétudesàl’heure actuelle(...) uneexpression qu’il idéaliste », àpropos pourdécrire juge« plus qualifie lasecondede« radicalisme Zélande » t-il, seréférant aux avaient d’ores « Ce etdéjàdisparu. projet deloi neconcernerapascettecatégoriede celles d’Elsdon Best, àsavoir, parexemple, quelesécolesd’érudition etleursmaîtres respectifs ( discours auParlement révèlent adhésionauxidéesanthropologiques dominantes,comme uneforte déclara enfaveur du« anglaises pouryapprendre lemétierettransmettre àd’autres. Acte plussymboliqueencore, ilse par exemple, pourlesjeunesfemmesmaoriesd’être employées commedomestiquesdansdesfamilles christianisme à lamanière de se vêtir, en passant par l’hygiène ou l’habitat. Ngata trouvait bénéfique, de faire place à des coutumes d’influence britannique qu’il jugeait supérieures, allant entre autres du des Maoris étaitnonseulementvouée àdisparaître, maisqu’il étaitpréférable qu’il ensoitainsi,afin européennes étaientintentionnellementsélectives. Il considéraitqu’une delaculture grande partie Pionnier duMouvement indigène,sadémarche contrasteavec l’idée postcolonialed’une En oulerétablissement secondlieu,lesidéesdeNgatasurlapréservation destraditions pré-

12 . Lanouvelle loines’adressait pasauxsages d’antan, maisauxguérisseurs quin’avaient plus « de l’ère pré-européenne » puisquequ’« ils n’existent l’ère pré-européenne » tohunga « de plusenNouvelle- xx Tohunga en 1907 (Loi de suppression des Suppression Act » e siècle.Pour distinguerlesdeuxvagues d’activisme autochtone,Greenland (un néologismemaoriinspiré del’anglais governor ), ouvrantlavoie

11 ». Pakeha. Lagénérationdesactivistesàlaquelle

10 . Dans sonétudesurThe tohunga », déclara- Tohunga). Ses tohunga), 58 Frederico Delgado Rosa expression poignantedudrame personneletcollectif qu’impliquait lefaitd’accepter etderefuser écriten 1908,estune SceneoftheMaori Haka) », scenefrom thepast (A sur lekapahaka,« A que cesmanifestationsculturelles représentaient uneterribleépreuve pourlesMaoris. Son poème d’un combatpourlapersistance delaculture maorie.Dans lemêmetemps,Ngataétaitconscient bannir aumotifqu’il auraitconstituéunetraditionsauvage ou obscènen’est autre qu’une illustration ministre etd’autres personnalitésmajeures dugouvernement àsoninaugurationen1909. investit del’argent danslarénovation d’une maisonancestraledesapropre familleetinvitalePremier représentait unedimensiondelaculture traditionnelle desMaoris qu’il contribua àgarder envie.Il symboles maoris par la nation. La sculpture aux maisons de nobles, sur bois, associée en particulier contribution impérissableàlaculture delaNouvelle-Zélande, consacrantdèslorsl’appropriation des etune maintenues nonseulementensouvenir dupassé,mais égalementcommeun motif de fierté extérieur àlanation colonial, endémontrantcommentuntelassemblageautochtonecréait, pourlesMaoris, unespace l’initiative maorienuanceetcompliquelacritiquepostcolonialedel’anthropologie etdugouvernement contre deforce encontextecolonial : lesgénéralisationsausujetdesrapports « (...) lepouvoir relatif de dans les musées. Cette situation spécifiquement néo-zélandaise, conclut l’auteur, doit nous prévenir qui contredise l’enfermement etla fixation passéiste des traditionsmaories culturelle » « adaptation recherche ethnologiquemaorie(Board ofMaori Ethnological Research), ilsmilitaientenfaveur d’une Museum etlaSociété polynésienne.Àtravers unorganepropre créé en1923,leConseilpourla àobtenirunepositiondepouvoir vis-à-visd’institutionsmaoris étaientparvenus commeleDominion chercheur néozélandais ConalMcCarthy va jusqu’à dire queNgataetd’autres illustres intellectuels particulier ceuxd’Elsdonparticulier Best, dont procurer uneaidefinancière etluipermettre depublierdes récits ethnographiques volumineux, en de laSociété Polynésienne. Il usadesoninfluencepolitique,entantqueparlementaire, pourlui que pure violence. structures sanitaires quirépondent auxbesoinsdelapopulation, faute dequoicetteloin’aurait été leur placedanslaNouvelle-Zélande moderne.Legouvernement devait cependantmettre enplacedes Sa défensedukapahaka(lacélèbre danse desguerriersmaoris)contre ceuxquivoulaient le commelesappelait Apirana Ngata, ellesdevaient être Quant auxtraditions« inoffensives », Ngata approuvait pleinementl’ethnographie desauvetage etfuttrès tôtunmembre etunpilier

14 . » Tuhoe : TheChildren ofthe Mist

13 . Dans un article de2014,le . Dans unarticle 59 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial ou durevivalisme traditionsmaories : decertaines simultanément ladisparitiondeculture, enfaisantappelàladimension spirituelledelarémanence Nenni, plutôtavec nenni, laissez-nous lepassé ; Vous lavie quevous écrasez désirez sauver. Ah, non ! Votre espoirn’est autre quedésespoir ; Bien équipés,tandisquenoustremblions. Formaient piètre société,etvous glissiez, Votre peaucuirassée,notre humble roseau, Votre chênerobuste, nosbarques delin, Vous pensâtesànousépauler, nousabreuver d’espoir. Vous nousjetâtesdansletumulte deseauxdelavie ; Ces nomschers,donnez-les-nous ! Idolâtres vénérant desêtres deglaise, Dévots, fidèlesaufanatismeaveugle, Traitres ? Non, nousrejetons cebaptême ! Vibrant désormaisàl’unisson. Les âmesd’une étrangetésilongtempsétouffée, Tissent unemusiquecéleste,pénétrant Sourdes àtout,seulescescordes, Emplies des échosdesmorts ? Traitres ? nosoreilles, Alorsquebruissent En euxn’avons confiénullemémoire. Présent, Futur ? Nous neconnaissonspoint ; De palpitations mus,desouvenirs ? Traitres ? Alorsquebattentnoscœurs, Qu’envers lepassénoussommesdestraitres. Proclament aumonde,etriend’autre, notreD’artifice passion,etrien d’autre, Ah, nousleschérissons !Lesmotsvoilent Flous, aucharmeéternelpourtant. incertains, Entêtants souvenirs, ocombienbrumeux, Et vers cemondeinconnu. nousaientportés Nous aientarrachésdespaysagesparnouschéris, Que laMort Parques, etletemps,Cruelles Peu qu’une nousimporte ère soitrévolue ; 60 Frederico Delgado Rosa de Canterbury (Nouvelle-Zélande).de Canterbury « défenseurdeBest » Il àl’heure estleplusimportant actuelle. 1950, Jeffrey P. Holman estunpoète,maisaussispécialistedesétudesmaoriesaffilié à l’université les avoir restituées, cesvoix. Né enAngleterre etimmigré enNouvelle-Zélande audébutdesannées question. Il esteneffetconsacré àunchercheur singulier, contemporainassez quiprétend justement Lechapitre indirectement suivant apportera une réponse àcette pensaient-ils deBest, finalement ? plus anonymes,voire réduites au silence,desinformateursmaorisethnographes avec l’hégémonie coloniale et ses projets d’assimilation culturelle. Qu’en est-il de ces autres voix, jugées il fautreconnaître quelavoix du premier peutfacilementsemblercelled’une élitemaorieauxprises vol. II,p. 115 ; mesitaliques. Board, 1986-1988,vol.1, p.100. Buck, 1925-50,Auckland, , Wellington, Auckland University Press, Alexander Turnbull Library, Maori Purposes Fund Sorrenson (dir.), Na To Hoa Aroha. From Your Dear Friend: theCorrespondence between Sir Apirana NgataandSir Peter 6 5 4 3 8 7 toujours enmesure dedire desononclequ’« il inventa unmodèled’harmonie etdetoléranceraciale » (1964,p. 229). London, Bergin &Garvey, 1996[1993]). 2 1 N essai, surcequirapprochait Apirana Ngatad’Elsdon Best etsurcequilesdistinguait Gardons cepoèmeàl’esprit pour plustard. Nous reviendrons, historicisteduprésent danslapartie . Lettre deP. Buck àA.Ngata,10/01/1931, . Lettre d’A. NgataàP. Buck 17/10/1930,ibid.,vol. II,p. 63 ;voir Holman, 2010,p. 263. . . Repa T. Wi, « Words offarewell »,Journal ofthePolynesian Society , 1932,vol. 41,p. 15. . Bennet Frederick Augustus 1932. « Words of farewell »», The ofthe Journal Polynesian Society , vol. 41,p. 2-3. . Hiroa Te Rangi/Peter H.Buck, 1932.« Words of farewell », Journal ofthePolynesian Society , vol. 41,p. 21. . Hanson, 1989,p. 894.Celadit,les tempsontégalementbeaucoupchangédepuis1964lorsqu’Elsdon Craig était . otes Tels queWhenThey Read What We Write: The Politicsof Ethnography, sousladirection deCaroline Brettell, Westport, Lettre deP. Buck àA.Ngata,05/06/1921,dansHiroa Te Rangi/Peter H.Buck &Apirana Ngata;M.P. K. Préserve, nousfaitchérirnossouvenirs Car lamémoire, commecetteherbe,embaume, errer,Laissez-nous là,sansentraves, libres, De paysagesd’antan quenouschérissionstant. Puissions-nous sillonnerlelointaindessouvenirs -> ->

-> ibid., vol. II,p. Lettre 245-6 ; deP. Buck àA.Ngata, 12/02/1932,

15 ... -> ->

16 . Pour l’instant, ? Que pakeha ? -> -> ibid.,

-> 61 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial Press, 2013. and theNative, vol. 25,n°2,p. 293. andAnthropology History Affairs Department », précisément Tuhoe: theChildren oftheMist. Apirana NgataandMaori Culture, Wellington, A.H.&A.W. Reed, 1948. Co-operation, 1891-1909,Auckland, Auckland University Press, Oxford University Press, etEric Ramsden, 1969 ; Penguin voir aussiJohn Press, 2001,p.Williams, 194,200-215 ; J. Bellich, Paradise Reforged: oftheNew AHistory Zealanders from the1880sto Year 2000,Auckland James Caroll (1857-1926) – dontlamère étaitmaorie –, etd’autres figures majeures delascènepolitiquemaorie, voir 10 16 15 14 13 12 11 Ngata: Towards agenealogyofNew Zealand biculturalism », 9 . Au sujetdestransformations delapenséeNgata,voir J.Sissons, . Voir lechapitre «"Un mondedepathos":l’ethnographie duprésent »,p. 127. . anthropologists advocating. « "Empirical culturaladjustments":Theanthropological governance of Apirana Ngata . Voir R. Walker, 2001,p. 202-204,surlerôle jouéparApirana Ngatadanslapublicationdestravaux deBest, etplus . Cité dansWalker, . Greenland, ibid. , p. 104. . Pour unaperçu adoptéeparNgata,enlienavec delastratégie« coopération » leministre desaffaires indigènes, Dans KaneStafford (dir.), -> He Tipua: The Life and Times of Sir Apirana Ngata,Auckland, Penguin, 2001,p. 127. -> The Auckland University of Press New Zealand Anthology Literature -> New Zealand Journal ofHistory The Politics ofthe New Zealand Maori: Protest and « The Post-assimilationist thoughtof Sir Apirana -> -> -> , 2000,vol. 34,p. 47-59. , Auckland, University , AllenLaneand -> Sir

-> 62 Jeffrey Holman et la construction maorie-pakeha des archives

Il n’en est pas moins vrai que l’histoire se fait au présent, les actions de nos ancêtres survivent en nous : dussions-nous échouer à prendre langue avec le passé et ses artisans, les tombes seraient nôtres, et non celles des morts. Jeffrey P. Holman,Best of Both Worlds. The Story of Elsdon Best and Tutakangahau, 2010.

oucieux de procéder à une lecture actualisée du travail de Best, Jeffrey Holman invite ses lecteurs Sà « prendre langue avec le passé et ses artisans », en particulier sur la question polémique, mais cruciale, de la coproduction du savoir ethnographique et des formes que prit (ou non) la collaboration des membres de l’iwi (tribu) tuhoe. L’œuvre imposante de Best est intimement liée aux données acquises auprès de plusieurs informateurs et collaborateurs maoris, notamment Tutakangahau (c. 1826-1907). Il ne fait aucun doute que ces anciens font bien partie des « ancêtres » invoqués en exergue. L’ouvrage de Holman, Best of Both Worlds. The Story of Elsdon Best and Tutakangahau, de 2010, donne véritablement à lire l’histoire de deux mondes ; des mondes liés par des relations de pouvoir, parfois violentes, ce qui n’empêche pas l’auteur d’affirmer que les intentions de Best ne peuvent et ne doivent pas être réduites à cette seule dimension coloniale. En regard de l’analyse effectuée par Anne Salmond, selon laquelle, comme nous l’avons vu plus haut, il y eut en Nouvelle-Zélande, au tournant du xxe siècle, des rapports assez particuliers entre « observateurs » et « observés », Holman franchit un pas de plus et s’écarte des critiques postcoloniales pour instaurer délibérément une forme d’empathie humaniste avec les protagonistes disparus de cette histoire. Ce rapprochement permettrait de comprendre les dialogues qu’ils entretinrent en leur temps, en particulier à propos de l’urgence d’enregistrer sous forme écrite un passé évanescent. Best et ses collaborateurs maoris avaient une mission en commun, puisqu’ils étaient tous profondément impliqués dans ce projet ethnographique. Best avait plusieurs manières de reconnaître (ou non) la contribution d’informateurs autochtones à son travail. Par exemple, dans Tuhoe : The Children of the Mist, il réserva une page entière juste après la préface pour leur adresser ses remerciements et dédicaces en maori, sans traduction anglaise. Tutakangahau était le premier concerné, suivi par Paitini Tapeka, Tamarau Waiari, Rewi Rangiamio,

63 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial profond liait lesdifférents interlocuteurs concernés. Holman, desoncôté,liste de nombreux documents de jadis. » m’apparaît »« Il vécu danslesanciens temps. clairement quevous marchez surlestracesdeshommes voix d’hommes. Cesont lesvoix devos ancêtres. » « Ami, vous étéunprêtre auriez vénéré sivous aviez écrivait unvieilami nonidentifié.« Vous entendrez dèslorsdes voix semblables àdes protègent », Pehi, cetappellancéà nos ancêtres nousconcernetous deux, afinqu’ils « Ami nous l’ethnographe : notamment lorsqueladistinctionsebrouillait entre lesancêtres desMaoris et lesancêtres de connaissaitquelquesvariantes étonnantes, deshommesd’antan » deBest comme« l’égal Ce portrait précieux contributeur indigènededonnées » « un enthousiaste auxtraditionsmaories », exemple : « un collaborateur indigène dont les informations étaient de grande valeur », « un contributeur avant celuid’Edward Tylor. Un enquelquesmotsétaitassociéàchaqueinformateurmaori,par portrait d’anthropologues célèbres ouobscurs.Lenomde Tutakangahau, parexemple, venait immédiatement par ordre auxcôtés d’ethnographes et desauteurscités », alphabétiqueenfin d’ouvrage dansla« Liste Hamiora Pio etHimiona Tikitu. Dans d’entre The Maori, certains euxetd’autres encore apparaissaient épithète accoléeàleurnom,comme« mon vieilamigénial » ou« mon vieilamiprécieux… » oubienavec une vieilindigènedepresque 80printempsditàl’auteur… »), façon anonyme(« un oraux qu’écrits dansseslivres auseindesquelsceshommesréapparaissaient etsesarticles, souvent de yeux, maisseulementavec notre nenous[voyions] plusdenospropres bienaprèsparfois letravail deterrain,lorsque, écrit-il,« nous pour sa part àpasmoinsde« dixvolumes manuscritsdetraditionsmaories pour sapart New Zealand Institute auteurs maoris,signantdansdesrevues commeThe ofthe Journal Polynesian SocietyetTransactions ofthe formulations choisiesn’étaient pasqu’affaire d’étiquette : ;et les les traditionsanciennes.L’écriture elle-mêmeétaitimprégnée decetespritcommunion fait que Best et ses collaborateurs étaient liés parle souhait commun,sinon l’obsession, de répertorier leurs contenusethnographiques,ceslettres écritesenmaorietadressées àPehi (ouPeehi), révèlent le Best faisait en partie référenceBest faisaitenpartie iciàsonabondantecorrespondance avec sesinformateursmaoris,

5 Quel quesoitlesensexact decesépanchements,ilssontunindicequequelque chosede inestimables quevous m’avez faitparvenir des vagues del’océan. Ils etj’accueillesincèrement sontarrivés àbonport, detoutcœurcesmots révélant la sagesse des anciens est arrivée, leurs mots avisés envoyés par vos soins résonnent au-delà MesÀ l’attention dePeehi, salutationsàvous, l’égal deshommesd’antan. EPa ! Votre lettre , bénéficiaient d’un référencement bibliographique. Hamiora Pio avait contribué etnotrewairua affectionégalement ». Best citaittantleurstémoignages

4 .

2 ».

1 . Quelques

3 . Hormis 64 Frederico Delgado Rosa toute « participation entantqueco-auteurs »autravail deBesttoute « participation « sedissoutdevant lapreuve écrite déformation historique,pournepasdire unaffront àleurmémoire. Holman souligne queleurdénier anciens parmiles Tuhoe « n’auraient jamaiscoopéré avec desagentsperfidesdupouvoir Affirmer,dénégation deleurvolonté departage. commelefontdesactivistesmaorisactuels,queles maiscelanesauraitjustifierla capacité d’accès aupouvoir etauxmoyens deproduction littéraire », lapreuve Lefaitqu’ils qu’ils sesoienttournésversde Best ». lui« est nedisposaientpasdelamême culture,pour reprendre lescirconstances etlepouvoir étaientducôté laformulationd’Holman, « la versions maoriesdelaBible, etmirent enplaceleurspropres initiatives desauvegarde. Cependant, recueillent les contenus (…) gros livre. Et celivre demeurera afinque nosdescendantsen de ceschosesvous tirerez unlivre – un sesconclusions,commedans l’extraitqui confortent suivant, issudel’une desesdernières lettres : « Et jusqu’à decedernier en1907,etdonneàlire lamort plusieursdéclarationsécritesparl’ancien Tuhoe Il nefaitaucundoutepourHolman deceshommes qu’« affirmer qu’ils Pakeha histoire leurssouvenirs écriteafindepréserver tribauxfaceà « une l’éradication miseenœuvre par les qu’ethnographe, pournepas dire qu’il fut« adopté ». Nombre d’anciens espéraientdeluiqu’il produisît entant niveau dereconnaissance sansprécédent » d’Urewera autournantdusiècle,ilatteignit« un à lapostérité.En dépitdesesautres fonctionsdenature coloniale,lorsqu’il travaillait danslarégion toute consciencequ’il devait enregistrer leurstémoignagesàpropos dechosesdupassé,etleslivrer qui prouvent quelesMaoris, les etenparticulier Tuhoe quicollaborèrent avec Best, décidèrent en que lapublicationvisaitdansunelargemesure àpayer deretour lesMaoris, les etenparticulier Tuhoe : qui fourmilled’un nombre infinidedétailsethnographiquesminutieux, Best fitentendre explicitement durant ladeuxièmemoitiédu d’entre Certains eux,sensibilisésàl’alphabétisation marque depure condescendanceàleurégard ». évidence ilsont Il concentre particulièrement sonattentionsurlesliensentre Best et Tutakangahau, de1895

6 ». Dans lapréface delapremière éditiondesonmonumental sorte queleurstraditions historiquesfussentpubliées sorte patience d’amis indigènes. La moindre des choses que je pouvais faire enretour était de faire en toutes cesannées,etquiconcernaientlaviedesMaoris durantlestempsanciens,àl’amitié etàla pour lesindigènes.Jusqu’à cejourjedoislamajeure desinformationsrecueillies partie durant yeux delecteurs européens, maisnousdevons garder àl’esprit qu’elles sontd’un intérêt crucial Ces donnéesrelatives àl’histoire etauxgénéalogiestribalespourront paraître bienennuyeuses aux réellement c’est-à-dire fait », une à pansdesavoir » Best, « est confierde« gigantesques

9 ». Cen’est ». peut-être pasun hasard silemanuscrit de xix e siècle,perfectionnèrent leurcapacité delire etd’écrire àl’aide de

7 . Tuhoe : TheChildren ofthe Mist ne firent ce que de toute pas cequedetoute Tuhoe fut achevé pakeha » estune

8 ». ». , 65 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial l’écriture à transformé, etdefaçonradicale,lasubjectivitémaorie,affectéedanssonessencemêmeparlepassage d’unporteur « sens implicite ». De fait,lorsqueBest commençasesenquêtes,l’alphabétisation avait déjà Holman va plusloindanssonanalyseensoulignantquelemonumentethnographiquedeBest est répondaientplus important, auxvœuxduvieilhomme : l’année de delamort Tutakangahau. Lesderniersparagraphesdupremier volume, quiestégalementle racines historiques entantque« récit maori/pakeha son pointdevue,minimiser cetancragelittéraire, maisils’agit plutôtd’en accepterlesvéritables delatradition. modifié etnonunaccèsdirectIl à« l’innocence nonécrite » n’existe aucuneraison, de autre transparaît,enfiligrane,despagesde idéeforte précoloniaux ne sont pasqu’une chimère coloniale,unereconstruction fantasmée.C’estpourquoi une indiquent quelquechosederéel, quelquechosequiavait bienexisté.Somme toute,lestemps iladmet qu’elles « ne sontquelesindices d’unmondedisparu », affirmant queles versionsécrites delà deleursens. savoir » cequelesmotssignifiaientavant l’alphabétisation, lorsqu’ils étaientporteurs d’un pouvoir au- encore dequelquechosequi,parailleurs,avait déjàmuté.Pour nepourrons jamais Holman, « nous écriteouarchivagepréservation dumondepré-lettré, maiscefutunemétamorphoseplusprofonde chose. Sans doutel’ethnographe lamêmecroyance etsesinformateurspartageaient-ils enlapossible à cetteépoque,lafinduxix leurs transformationsultérieures. Il suffit d’admetttre des archives quelaconstruction ethnographiques distance eninsistantsurl’authenticité del’hybridité, autrement ditsurlavaleur dessavoirs écritsetde maisilconjure cette qu’ils nel’étaient Saint-Graal pourBest ; inatteignable »), pour Holman (« un un lienlégitimeentre lepasséetfutur. Bien évidemment,lestempsanciensmaorissontpluséloignés Sa thèseentre enrésonance pourtant avec lasensibilité deBest etde Tutakangahau, puisqu’en

11 . En outre, leprojet mêmed’enregistrement delatraditionoraletransformeentoutautre atu nei » proférées parquelqu’un « dontlevisageesttournévers Rarohenga sont : de l’Enfant de Tamatea voient lalumière del’ Après 30annéesdecollecte,d’assemblage, decompilationetpatience,lessavoirs traditionnels aura été atteint si les données présentées offrent un intérêt aux descendants deces clans.(…) années auprès du vieil homme qui a pris la route de Te Reinga Mon [le paysdesmorts]. objectif vivants, et déjàilm’a étédemandédescopiesgénéalogiesrecueillies durantcesdernières À chaquejourquipasse,lesélémentsdetraditionreproduits ici échappentàl’entendement des

10 . e siècleetaudébutduxx

12 Best ofboth Worlds ». ao marama, etlesdernières paroles àsesdescendants e siècle,étaitunefixation déjà tardive d’un legs : l’ethnographie desauvetage est Tuhoe E ! Tenei temihi 66 Frederico Delgado Rosa ethnographiques, propres au fondéesurdescontenuslivresques, formulation modernedesconceptsspirituelsautochtones,pourtant qui eutlieudurantlacolonisationdeNouvelle-Zélande au d’inauthenticité ou« d’hybridité » contre lesmouvements de revitalisation quisesontconstituésau de l’ultime testateurtandisqueBest endossaitceux dudisciple,légataire d’un savoir évanescent Best qu’à lasuitedeleurvoyage aulac Waikaremoana aulivre en1895(quidonneralieuparticulier de décrite parlescritiquespostcoloniaux,devraitcéderla placeàsadimensioncollaborative ; d’autant plus qu’il détenait » ? Si l’on encroit cettelecture, ladimensionprédatrice del’ethnographie, tellequ’elle est coutumes enlescouchantparécrit », quelqu’un quiressentait « la nécessitédeconfieraupapierlesavoir le vieux dont cellequ’il fréquentait), considéraitBest pasunemenace ». « comme Après uneopportunité, tout, avait étéletémoind’une transitionculturelle danssajeunesse(ladisparitiondesécolesd’érudition, un passagepossibleentre deuxsensibilitésetmondes,soulignelefaitque Tutakangahau, qui Best. appartenait indépendamment delamédiationessentiellegénérationd’ethnographes desauvetage àlaquelle continuité avec lepasséetlarésistance culturelle, commes’ils provenaient directement dupeuplemaori forêt, « Maori Forest Lore », oùBest reprend lesmots queluiavait adressés Tutakangahau : En parallèledecetteœuvre, Holman cite unpassagedel’article de1909surlestraditionsmaories la encoursaujourd’hui historique » du« révisionnisme malgré eux » Cesderniersseraientdemanièreélevés serviteurs aurangdecombattantslaliberté. posthume« des des raisonspolitiquescontemporaines,tandisque,simultanément,sesco-auteursautochtonessont plus faire référence qu’à uneépoque définitivement révolue siècle, quinepourraientplusseréclamer d’une fidélitéoucontinuitéculturelle certaine s’ils nepouvaient maorie contemporaine,voire mêmeignoré danslescercles nonsavants etnonreconnu surlascène le faitqueleurhéritageethnographiqueesttoutàlafois« omniprésent » Waikaremoana: The Sea oftheRippling Waters, 1897), Tutakangahau separadeshabitsdumaître, Jeffrey Holman redoute quesoitdélibérément sous-estiméelamagnitudeduchangementculturel Holman reconstitue lanature des échangesdeBest etde Tutakangahau enlesdécrivant comme tohunga duromantisme n’était-il rénovateur désireux lesvieilles depréserver pasplutôt« un resteras toujours l’égal d’un fois jelesdonneàentendre. Je nelesaijamaisdivulguéesauparavant. Toi seullesconnais,ettu Ô fils ! Moi seulparmiles Tuhoe ai laconnaissancedeceschoses,etaujourd’hui pourlapremière xix e sièclecolonial,n’en estpasmoinsprésentée paradoxalement dansune tohunga

17 .

13 xix . Selon lui,Elson Best estdiabolisépour e siècleafindecontrer touteaccusation

14 . L’ironie, d’après lui,réside dans

15 . De sonpointdevue,la xx

16 . e

67 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial (https://natlib.govt.nz nepeuvent être), laplupart consultéesquesurplace. Pacifique Sud – la lecture historicistequ’elle réclame. cesautres Argonautes,cettefois-cidu les polémiquescontemporainespourconsacrer àsonœuvre – à decelivre.en perspective, cequinousconduitauseuildelasecondepartie Oublions pourunmoment 7 6 1964, p.66). façon depenser ». Et ilestimait que Best était «généreux lorsqu’il reconnaissait ladettecontractéeenvers eux » (Craig, leursavoir étaitprofond enlaprésence etsiphilosophiqueleur deceshommes,« tellement insignifiant » « quasiment Quelques-unes deceslettres sontaccessiblesàtravers lesiteinternet informateur nonidentifié,dans Best, cité dans Craig, 1964, voir également p. 97 ; p. 1038et Holman, 2010, p. 133. 5 4 3 2 1 N sur ce genre de langage Holman suggère quenousdevrions« réfréner notre empressement unjugement » contemporainàporter une formede«talentatavique », commes’il gardait danssonforintérieurquelque chosed’un barbare, qu’il était« investi del’esprit desMaoris destempsanciens ». Même siBest attribuaitcettepossibilitéà pouvait dire « [il] nereste plusquemoi », ilfutenclinàcroire, commel’avaient pensésesamisdisparus, sa vied’homme demusée,etnonplusd’homme desfrontières, lorsquelesanciensmouraientetqu’il d’être, C’estpourquoi, durantlanouvelle pourprendre période de lamesure desapropre identité ». seulementpourobtenirdesinformations, maiségalementpouravoir uneraison psychologique, « pas particulier Tutakangahau, ilva mêmeplusloinetaffirmeque Bestdépendait d’eux d’unpointdevue l’accent surl’affection etle respect sincères qu’éprouvait l’ethnographe poursesinformateursâgés,en qu’il scribeetunarchiviste dumondedisparu « un avait vouluTandis découvrir ». queHolman met l’attention aucontraire surlefaitqu’il demeurajusqu’à lafindesavie,etaprès de lamort Tutakangahau, Holman rejette entièrement l’hypothèse selonlaquelleBest auraittoutcréé detoutespièces,etattire . Best, 1972[1925],vol. I,p. IX ;voir égalementp. 1143. . Holman, 2010,p. 148,170. . . CitédansBest, 1924a,vol. I,p. 370. . CitédansBest, 1924a,vol. I,p. 160 ;Best 1924a,vol. I,p. 194,297. . Best, 1924a,vol. I,p. 482.Àcesujet,voir aussiF. Cameron etC.McCarthy, 2015,p. 191. vol. II,p. 593.Selon Elsdon Craig, Best sesentait 1924a,vol. I,p. 481-483 ; . Best, 1972[1925],vol. I,p. x ; otes Cité dansBest, 1972[1925],vol. I,p. 1038 ->

18 . Le contexteévolutionniste de la pensée de Best, doit, effectivement, être mis -> -> ., p. 1092 ; Ngahoro dans Best, cité dans Craig, 1964, p. 95 ; Ngahoro dansBest, citédansCraig, 1964,p. 95 ; ; ibid.,p. 1092 ; ->

de laBibliothèque nationaledeNouvelle-Zélande -> -> -> 68 Frederico Delgado Rosa Remaking. Montreal: ofHistory McGill–Queen’s University Press, 2016. (Deloria, Jr., Custer Diedfor Your Sins: An Indian Manifesto , New York, Avon, 1970[1969],p. 82). que « les populationsindiennes commencent àpenser qu’elles sonttoutjuste les ombres d’un super Indien mythique » Jr. avait lavoie ouvert àcesréactions critiquesdanssonmanifestecélèbre de1969, idéalisation des traditions pré-européennes d’une manière telle qu’elle écrase leurs descendants modernes. Vine Deloria 2001), pratiquéplusprécisément parlesanthropologues etd’autres représentants occidentaux,c’est-à-dire l’hyper- tout del’auteur oudesessources » (Holman, 2010,p. 240). « oùdans lemondevirtuel, desmilliersdepersonnesutilisentsontravail quotidiennement, leplussouvent enignorant et quesa« présence estincontournable » nonseulementenNouvelle-Zélande mais« dans lemondeentier » ,ycompris sur l’ensemble delaplanète,Holman va jusqu’à dire sens,Best estencore que,dansuncertain bienvivant aujourd’hui, 15 197 ; voir également pas l’exactitude de la vision historique elle-même, qui fut en fin de compte impossible à établir » (Evans 2000 [1997], p. représentent. Cequifaisaitladifférence entre différentes manières de voirlepasséétait lecadre politiqueetmoral, etplusspécifiquement d’émanciper legroupe qu’ils oulesgroupes depopulationparticuliers – les populations « Le but du discours historique, avancent-ils, est d’émanciper : de domaines spécifiques par des groupes d’intérêt référence décrit comme« le cultedelaculture » ( Technologizing ofthe World, New York, Routledge, 2002[1982]. 18 17 16 Cambridge, CambridgeUniversity Press, 1999[1988] les consignanéanmoinsparégard poursesamisautochtones(ibid.,p. 93,124-125). Best nevoyait pasungrandintérêt ethnologiqueàrendre comptedansledétaildeguerres etderaidsanciens,maisil ce quiestdutravail deBest avec les Tuhoe, c’est-à-dire que Craig va jusqu’à tribales », parlerdeses« responsabilités impatient devoir sesconnaissancesenregistrées auprofit desesdescendants » (Craig, 1964, p. 49-50 ; voir p. 57). Pour Wera, etKaraka Tutara. « Il nefaitaucundoutequ’ils souhaitaientcollaborer », conclutCraig. « Te Paki semblaitmême tant avant qu’après sesannéesdetravail àUrewera, auprès enparticulier de Te Karehana Whakataki, Te Paki, Tamati te de Best enrépertoriant despreuves del’état d’esprit deses informateurs/collaborateurs, y comprisendehorsdes Tuhoe, 14 13 12 11 10 9 8 . CitédansHolman, 2010,p. 218.Avant Holman, Elsdon Craig avait insistésurl’aspect collaboratifdel’ethnographie . Holman, 2010,p. 190,130. . Holman, 2010,p. 278.Comptetenudufaitquel’intérêt àlaculture porté traditionnellemaorietrouve unécho . Holman, 2010,p. 20.Cettepolémiquefaitéchoaudébatempiristeenhistoire. Terence Evans, danssonouvragede . Cettesous-évaluation del’impact colonialestapparemment l’une desréactions possiblesàcequeRoger Sandall . Holman, ibid.,p. 285,284,18. . . Best 1972[1925],vol. I,p. 1143. . Holman, 2010,217 ;Best citédansHolman, ibid.,p. 201 : 133,217 ;ibid.,p. 133. . CitédansHolman, 2010,p. 160. . Holman, p. 15,128 ;àpropos del’ouvrage de1897,voir p. 135etsuiv. J.Holman, 2010, p. 284. Holman rend hommage sur ce point à la thèse de Walter J. Ong, In Defence (London, Granta of History Books, 2000 [1997]) critique dans les termes suivants l’appropriation Peter Novick, That Noble Dream. -> -> -> -> The Culture Cult: Designer Tribalism and Other Essays The “Objectivity Question” andthe American Historical Profession

; et Arthur Ray,; etArthur -> -> -> Aboriginal RightsClaimsandtheMaking and -> Custer Diedfor Your Sins -> -> , Boulder, Westview Press, Orality and Literacy: The -> , endisant , 69 Deuxième partie

À la recherche de l’Aotearoa précolonial « De nobles barbares » Évolutionnisme et spiritualité

n peut considérer que l’œuvre de Best est datée, anachronique dès ses dernières publications dans Oles années 1920, « voire choquante aujourd’hui » en raison de son arrière-plan évolutionniste 1. Son magnum opus de 1924, The Maori, que lui-même qualifiait de « chronique néolithique », semblait être subordonné, dans une certaine mesure, au projet des anthropologues en chambre de reconstituer l’évolution préhistorique de l’humanité 2. L’ethnographie des Maoris était une contribution à cet objectif passé de mode ou encore, pour reprendre les termes de Best, « une recherche intéressante pour ceux qui aiment à enrichir leurs connaissances au sujet du développement de la culture humaine ». À dire vrai, les généralités à caractère positiviste qui étaient les siennes à propos de « la chaîne de l’évolution » et de ses lois étaient contredites en permanence par le sentiment de profondeur et de complexité qu’il éprouvait à l’égard des traditions maories, et plus particulièrement vis-à-vis de leurs dimensions spirituelles. L’idée que la société maorie puisse être une manifestation d’une phase d’évolution conçue en des termes plus ou moins unilinéaires, et ses coutumes « les prototypes » ou « les précurseurs de nos propres coutumes », ne représente qu’un aspect de la question à laquelle on ne saurait réduire l’ambition ethnographique de Best 3. Il convient de ne pas caricaturer ce qu’on qualifie d’évolutionnisme social et culturel ; ce système de pensée comportait de nombreuses variantes dont les défenseurs affichaient des sensibilités antagonistes et proposaient différentes manières d’articuler les théories du développement avec des histoires complexes ou des ethnographies multidimensionnelles, sans parler des prises de position conflictuelles à l’égard des facteurs raciaux et biologiques. Certains reconnaissaient, et même soulignaient, l’incohérence de l’évolution dans divers domaines de la vie sociale et accordaient une place prépondérante aux décalages et aux incongruités, aux hétérochronies. D’autres étaient persuadés du contraire. Ethnographe amateur, Best agrégeait des sources d’informations inattendues et pouvait dès lors accorder du crédit à des œuvres mineures, écrites par des auteurs de second plan ou de simples vulgarisateurs, mais il prenait également l’entière liberté de critiquer telle ou telle théorie produite par des anthropologues célèbres, comme Tylor ou Morgan, qui symbolisent cette polarité. Nous pourrions dire qu’il finit par trouver sa propre voie dans un labyrinthe aux dédales innombrables,

71 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial Dans son ouvrage conformes àcet état l’état sauvage », leurs « techniques etinstitutions » demeurant« homogènes », c’est-à-dire globalement et desFidjiens etsimplementà quipossédaientlapoterie) setrouvaient parconséquent« purement qu’elles avaient été« altérées pardes influencesextérieures ». Les Polynésiens (à l’exception des Tongiens africaines, parexemple, qui vivaient dans« un chaosethnique d’états sauvages etdebarbares » depuis constituait leurqualitéprincipalepourlesanthropologues del’époque, àl’opposé destribusetnations » géographique pouraffronter à l’aide deleurseul intellectoriginellesquestionsliéesauprogrès dansunesituationd’isolement pour illustrer cette sous-période.Lefaitqu’ils sesoient« retrouvés ilfaisaitdélibérément des peuple spécifique ; Polynésiens, ainsiquedes Australiens, des« modèles » contentait pasd’appliquer lesprincipesdelathéorie del’évolution àungroupe depersonnesouàun soitlasecondesous-périodedel’état sauvage. En réalité, ilnese del’état sauvage », stade moyen étaientdanscequ’il appelait« le desPolynésiens,partie furent découverts », dumoins« lorsqu’ils maisilpensaitquelamajeure complètementdisparu ; strictementprimitive » avaient la « période Barbarism toCivilization, de Best etlamentalitéévolutionniste : physiques etmentalesdesMaoris », laisseentrevoir àlafoisunlienetunetensionentre l’ethnographie complémentaires, ainsiquenousleverrons. rigides, mais prônait des généalogies plus subtiles, tout en y mêlant des données anthropologiques discours évolutionniste quipesaitsursonépoque.Il neseplaçaitpasducôtédesthéoriesuniversalistes s’inspirant indépendanceà d’influences néanmoinsune certaine l’égard variées etconservant du Le paragrapheliminaire deThe Maori, dansunpremier chapitre consacré aux« Caractéristiques chapitre suivant poursoustraire lesMaoris àunetellecompagnie à celuidesaborigènesd’Australie. Nous donnerons suffisamment d’élémentsde preuve dansle au stadeinférieurdel’état sauvage, etenréalité àunniveau dedéveloppement culturel équivalent d’appréciation. C’estsurcepointqueMorgan commit un impairlorsqu’il associalesPolynésiens quelquepeuprimitifs, conduiraitassurément etartéfacts ils vivaient,àuneerreur oudeleursarts congénères des îlesduNord, d’après l’état général desous-développement culturel dans lequel robuste et uneintelligencedepremier ordre. Porter unjugementsurlesMaoris, ouleurs de cepeuple.On trouve aunombre decesspécificitésdestraitsdominantstelsqu’un physique Polynésiens, etsemblent,d’après notre lesprincipalescaractéristiques enquête,avoir conservé Les Maoris deNouvelle-Zélande àlaracedisséminée géographiquementdes appartiennent Ancient Society, or Researches in the Lines of Human Progress from Savagery, through

5 . Lewis Henry Morgan Lewis (1818-1881)considéraitquelesreprésentants de

4 . 72 Frederico Delgado Rosa choisir l’ensemble polynésien étaitcequil’avait conduit à demarisetfemmes » la familleprimitive avec sa« communauté ».Nous savons quesonanalysedusystèmehawaïendeparenté commearchétype de satisfaisant estsidifficileàsuivre qu’il nepourrapeut-être jamaisfaire l’objet d’unexposéparfaitement « et lapropriété, laissantdecôtéledomainedesidéesreligieuses sousprétexte queleurdéveloppement Ancient Society(LaSociétéarchaïque). pourreprendre laterminologiede ethnique », àunemême« période des institutionsserapportant de conditions de vie rudimentaires, portait aussiatteinteau principede de conditionsvierudimentaires, portait ordre » desMaoris, quileurpermettait dedévelopper desconceptionsspirituellescomplexes endépit catégorique » ausujetdepeuplesplusprimitifs catégorique » maisn’était connaissanced’un compétentpourdiscourirdefaçon peuplebarbare », « quelque « pas Il avait connaissait intimement aucune peuplade sauvage ». et par conséquent « ne les sauvages » périodes lesplusreculées del’évolution culturelle parce qu’il touteunevieparmi n’avait pas « passé Il est significatif de remarquer à cepropos qu’il se gardait de faire parfois descommentaires sur les toutenemployant abondammentl’épithète « barbare ». de lesdésignerparleterme« sauvages », ils’abstenait presque systématiquement faire sombrer lesMaoris dans des abîmesdesauvagerie », attribut,coutume,ou circonstance épisodiquequi[semblaient] la civilisation.En dépitde« quelque que legenre humaindevait passer, grosso modo,parl’état à sauvage puislabarbariepourparvenir Polynésiens, desMaoris, etenparticulier danscegrandschémadel’évolution. Dans lefond,ilpensait facultés mentales, peut-être même « un accroissement duvolume ducerveau » facultés mentales,peut-être même« un l’esprit humain,chaquedéveloppement agissantcommeunstimuluspermettantd’améliorer d’autres l’évolution culturelle favorisait leprogrès detouteslesracescomposantl’humanité », de du cerveau d’abord, sacritiquevisaitleprincipeétabli parMorgan selonlequel,nonobstant« l’identité spécifique qu’elles étaientcohérentes avec d’autres institutions situéesàunniveau de progrès équivalent Celarevenait àdire mesure, et,dans unecertaine inintelligibles ». primitives étaient« grotesques même jusqu’à selonlequeltouteslesreligionsavec ses lecteurs le jugement partager déconcertant « de connaissancesincertaines ». Il élaborait« quelques hypothèses » auregard desonévolution, allant humaine, bienqu’elle traitâtd’imaginationoriginels delapensée » etd’émotion, etparconséquent des personnesremarquablement intelligentes affirmait quecela« degrés n’avait rienà voir avec des d’intelligence variés,puisqueles Maorisétaient Il estvraiqueMorgan avait choisipoursujetsprincipaux desontravail lafamille,legouvernement Nous pourrionspenserqu’Elsdon Best souhaitaituniquementcorrigerl’erreur declassementdes

9 . Le fait est que Morgan faisait de la religion l’un des « rudiments rudiments . LefaitestqueMorgan faisaitdelareligion l’un des«

8 ». Son insistanceàsoulignerl’« intelligence depremier

6 . Mais cen’était sansdoutepasl’unique raison. Tout cohérence del’évolution

7 . Best, aucontraire,

10 . entre 73 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial Mais les incohérences évolutives se rencontraient les peuples sans écriture, essentiellement, non chez étaient « véritablement remarquables » etdevaient être célébrées d’abstraction », comme le montraient un grand nombre de leurs conceptions religieuses et mythiques, de pensée introspective et fût rien. Néanmoins, il était indéniable que leurs facultés de « réflexion, qu’il n’en sentimentproche deladéception » etàéprouver « un quotidiennes », dans les« activités questions mystiques. Bien évidemment,l’on seprenait àimaginerqu’un telespritsereflétât également constituait pasuneraisonsuffisantepournier « les preuves d’uneintelligencesupérieure » à l’égard des de maigres progrès enmécanique, enmatière médicaleoudansd’autres domainesempiriques,ne véritablement deMorgan. Lefaitqu’ils n’ayant delascience », fussenttoujoursà« l’aube réalisé que à admettre undécalageentre un telétatetlavaleur deleurspiritualité,enquoiilsedistinguait dans plusieursdomaines,oumêmedefaçongénérale,iln’éprouvait cependantaucunedifficulté représentation desMaoris commeunpeuplenonsauvage. S’ilvoyait malgré tout eneuxdesbarbares culture, soutenaitquelesdifférents domainesdela viesocialeétaient« loin d’avancer d’un paségal qu’elles aient étéou non harmoniséesà des contextesplus civilisés. Tylor lui-même, dans voire delapersistanced’un ensembledeconceptions primitives àtravers toutel’histoire del’humanité, typesdephénomènes.Nouscertains savons quelestyloriensétaientattachésàl’idée d’une continuité, erronée. Sans elleconduisaitàuneinterprétation être ou« inintelligible », fantaisistede « grotesque » à voir saforce entantquepropension nécessaire etquasispontanéedel’homme, ellen’en étaitpasmoins la multiplicitédesidéesanimistesdel’humanité préhistorique. En dépitdesalogiquepropre, donnant l’homme civilisé.Mais sansdouten’était-ce làqu’une autre formedesimplification. voire lecaractère rationneldesreligions primitives, être quipouvaient parfaitement comprises par Bretagne, proposaient uneapproche très différente delaquestion,insistantplutôtsur l’intelligibilité, ne devons pasoublierqued’autres évolutionnistes culturels, lestyloriensenGrande- enparticulier formulations simplistesoudogmatiques,àl’instar decellesMorgan, n’avait riendesurprenant. Nous comprendre lasignificationplusprofonde decescontenusdétaillésquesondésaccord avec des aux prières, etcesouvent sanstraductionanglaise.Il avait passétantd’années desavieàtenter d’énoncés, àtoutessortes allantdeschants de motsenmaori,notammentdescitationsempruntées inséparable desonethnographieluxuriante,avec saprofusion d’éléments vernaculaires, sesmilliers Best développait unpointdevuecatégoriquementopposé,qui ne selimitaitpasà sa En outre, Tylor nelouaitpasvraiment laphilosophiedespremiers âgesqui,selonlui,engendrait Ce typed’affirmations, récurrentes dansletravail de Best,pournepasdire obsessionnelles,est

11 . Primitive

12 ». 74 Frederico Delgado Rosa une fouilleàLocoen1869(voir Sorrenson 1990[1979],p. 39-40). périodes paléolithiqueetnéolithiqueétaitlefaitdugéologue allemandJulius von Haast (1822-1887),quiconduisit 6 1971, 2 5 4 3 2 1 N ce courantenGrande-Bretagne, Friedrich Max Müller, exercèrent uneinfluencenettesur Best. mais peut-être mieux adaptée au type d’ethnographe qu’il était. Les écrits du principal représentant de une alternative) anthropologique complémentaire, démodéeàn’en pasdouterdansles années 1920, idéesdecetteautrecertaines école de pensée,enréalité plusancienne,unesource d’inspiration (sinon entre(qui sedéroula surtout lesannées1870-1890). Toutefois, nouspouvons dire qu’il trouva dans son équivalent dansleconflithistoriqueentre l’évolutionnisme culturel etlamythologiecomparée peut supposerqu’il n’avait pasconsciencedesonpropre combatintérieurnidufaitquecelui-ciavait évolution lui,unetensionentre etethnographieétaitégalement,chez positivismeetromantisme. On Européens) oulesSémites. Cefaisant,ildévoilait uneautre formedesensibilité.Latensionentre (Indo- Maoris etd’autres peuplesillettrés, préférant évoquer destraitscommunsavec les« Aryens » n’en pasmoinsàletranscender. parvint au paradigmeanthropologique enquestion,qu’il fîtvaciller. Bien quemarqué parl’évolutionnisme, il lorsqu’il mitenexergue lacomplexité desconceptsspirituelsmaorisreprésentait unehétérodoxie face fussent. Dans l’immédiat, contentons-nousd’affirmer queletypededécalage évolutif révélé par Best véhiculaient desversions plusgrossières etnonraffinéesdescatégories religieusesquelles qu’elles dont ons’accordait systématiquementàdire, aunomdecritères variés ycomprismoraux,qu’elles partielles, ousurvivances mais danslescontextescivilisationnelsplusélevés, commesurvivances Printer, 1924b, vol. I,p. 23,24. . Ibid. . Best, 1924a,vol. I,p. 338,461,238,476. . 1924a,vol. I,p. 336.L’application àlaNouvelle-Zélande deladivision delapréhistoire préconisée parLubbock en . Sorrenson, 1990[1979],p. 77. . Best, Best, 1924a,vol. I,p. 70 ; H.Morgan. Lewis (1877), otes Best refusait entoutescirconstances lescomparaisonspotentiellementdéfavorables entre les e -> édition1985,p. 1,9,16. La Sociétéarchaïque, traduitdel’américain parH.Jaouiche, Éditions Anthropos, Paris, -> -> -> Maori Religion andMythology -> . Wellington, Dominion Museum, The Government -> 75 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial deuxième éditionparPauline Brunet, Paris, éditionsC.Reinwald etCie,1876-1878,2vol. toujours en jeu lorsque Best souligne ce que la civilisation maorie est parvenue àaccomplir.toujours enjeulorsqueBest souligne cequelacivilisationmaorieestparvenue du statutdesfemmesdanslecadre desunionsconjugales.Il estintéressant denoter qu’une dimensionspirituelleest qu’ilsorte seraiterroné depenserquec’est auxmissionnaires européens quel’on devait lapremière élévation sacerdotale inférieurs. Best pensaitégalementquelesaristocratesmaorisreprésentaient uneavant-garde danscedomaine,detelle confarreatio, le rituel de mariage des patriciens, une avancée majeure de l’évolution en comparaison de ceux des rangs famille (1888)avait ététraduitenanglais1891,futsasource d’inspiration. L’anthropologue françaisvoyait dansle maories àcellesdelaRome antique.CharlesLetourneau(1831-1902),dontlelivre 12 11 10 9 8 7 . Sur cepoint,Best étaitégalement enprofond désaccord avec Morgan etpréférait comparer lesformesdemariage . Best, 1924a, vol. I,p. 34. . Morgan, 1985[1877],p. 39. . Tylor, Edward B. Tylor, 1876-1878[1871],vol. II,p. 32 ; . Best, 1924a,vol. 2,171,12. . Morgan, 1985 [1877],p. 3,51,4,66. -> -> -> -> La civilisationprimitive L’Évolution dumariageetdela , traduitdel’anglais dansla -> -> 76 « Les voies merveilleuses du langage » Friedrich Max Müller aux antipodes

riedrich Max Müller (1823-1900) est surtout célèbre pour son inlassable travail d’orientaliste Fconsacré à la littérature classique de l’Inde, et aux hymnes védiques en particulier, pour ce qu’elle révèle des origines et du développement de la religion, du moins dans le monde « aryen », dont il avait été montré par le biais d’une comparaison philologique que les panthéons étaient reliés historiquement. D’après sa théorie, dans un passé lointain, les hommes ressentirent la présence de forces excédant les leurs, à savoir les éléments de la nature les plus puissants, le feu, le soleil et le ciel, qui exercèrent une impression singulière sur les ancêtres de cette vaste famille. C’est en vertu des caractéristiques du langage lui-même, dont les racines reflétaient les actions humaines, que l’on attribua à chacun de ces phénomènes un nom qui renforçait l’idée d’une puissance agissante comparable à celle des hommes, alors qu’elle était pour eux, en réalité, de nature surhumaine. Parler de ces phénomènes revenait à penser que quelque chose se situait au-delà de leur nature finie. Pour notre démonstration, nous devons garder présente à l’esprit l’idée que Müller voyait d’un œil favorable cette strate de la pensée religieuse, à la fois archaïque et complexe, puisque les hommes exprimaient déjà leur sentiment et leur désir de Dieu, de l’Infini, même en l’absence d’un terme abstrait pour le désigner. Recourir à des caractéristiques propres à l’homme pour en parler ne devrait pas être considéré comme une simple projection anthropomorphique. Selon Müller, ce type de sagesse métaphorique révélait, de la même manière, les lacunes du discours primitif puisqu’il n’était en mesure de fournir que des mots concrets pour exprimer des abstractions, c’est-à-dire la transcendance de ces éléments naturels. Une « maladie du langage », ainsi qu’il la désignait, était partiellement à l’origine de la mythologie, notamment des personnifications qui finirent par exagérer les dimensions anthropomorphiques des dieux de la Nature. Des interprétations métaphysiques plus profondes pouvaient même se perdre parmi les couches les plus basses de la population, ce qui engendrait d’inévitables absurdités. Pour autant, la « période mythologique » de l’histoire de l’humanité ne devrait en aucun cas être réduite à cette seule dimension. En raison de la profondeur de ses liens philosophiques et poétiques avec l’infini, la religion archaïque possédait bien « un versant positif » 1. Cette « phase mythopoïétique » était par conséquent « une période de

77 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial Best lui-même évoqua àplusieursreprises lapossibilité demigrationslointaines liantlesMaoris à d’examiner sesliensphilologiques avec leslanguesindo-européennes, lesanskriten particulier. Elsdon et notammentmaoris,prenaient ausérieux lapistediffusionnistedemythologiecomparée, aupoint faire iciunedigression etrappelerqueplusieurschercheurs travaillant surdesmatériauxpolynésiens, frontières dumondearyen chercher au-delàdes le principalsocledesareconstitution, maisilrecommandait également« de domaines supérieursdelapensée,susceptiblesconduire aumonothéisme. l’esprit humain » chosequi,àuninstantdonné,peutapparaître àl’horizon de comprenant « toute soi », pensée en de penséeàtouteslesmythologiesetreligions dumonde la collectedeleurshymnessacrés ». En résumé, cesmatériauxtendaient àmontrer « un fondcommun corrompu delaviehumainesurterre », cetétatseraitcomparableàce « que lesHindous étaientavant étatnon « ;siquelques-unsd’entre euxaumoinsétaientreprésentatifs d’un forcément primitifs fussent littérature védique. Du reste, iln’était pas convaincu quetouslespeuplesdits« sauvages » profond quel’ethnographie àtravers nefaisaitqueconfirmer la la reconstitution dumondearyen que l’étude deslivres sacrés lesplusanciens.Cetteexpériencefinitparsusciteren luilesentiment il se demanda si cette recherche ne pourrait pas l’aider à atteindre plus aisément une strate antérieure Nord et de Polynésie, à la fois linguistiques et anthropologiques. Il fut même un temps, reconnut-il, où l’humanité Müller primitive », dematériauxvenus travailla d’Afrique, defaitàpartir d’Amérique du dévoué disciplede Tylor del’époque, formulèrent explicitementleurdifférend personnalités, notamment Andrew Lang, un spécialiste des polémiques en tous genres et le plus des critiquesnuancéesouindirectes, leurdésaccord intellectueln’en étaitpasmoinsaigu.D’autres Si Müller et Tylor éprouvaient unprofond respect l’un pourl’autre, nes’adressant mutuellement que l’interprétationsur lasauvagerie, etenparticulier quedonnaitEdward Tylor duphénomènereligieux. dissidente enGrande-Bretagne, semontranttrès sceptiqueàl’égard desreprésentations dominantes danslechampdel’anthropologieoccupent uneplaceimportante victorienne.Il incarnaitunepensée sont cellesquinousintéressent leplusdanscadre decetessai.Bien quemoinsconnues,elles lesSémites,chez sesanalysesdes sociétés sansécriture (c’est-à-dire desprétendus peuplesprimitifs) Pour Müller, l’étude deslanguesanciennesindo-européennes, notammentlesanskrit,représentait otséprcu orqi« lessauvages modernesnousdonnentàvoir lescoutumesde Contesté parceuxpourqui« Voilà l’hypothèse, alléchante,d’un quiécartait audépart « emprunt historique » lointain

2 . Cela explique également la survenue dedéveloppements pluspoussésdansles . Celaexpliqueégalementlasurvenue

3 ». En dehorsdesesrecherches surdifférents contexteslettrés, notamment

5 ».

4 .

6 . Il faut 78 Frederico Delgado Rosa cette thèse semble aujourd’hui manifeste, à tel point qu’elle est qualifiée de « mythe pakeha » cette thèsesembleaujourd’hui manifeste, àtelpointqu’elle estqualifiéede« mythe avaient selontouteprobabilité quittél’Inde ilyaenviron quatre milleans » et« qu’ils irréfutablement quelesMaoris étaientdesAryens » Maori eutpourambition« d’établir maoriphiles. Edward Tregear (1846-1931)enestlemeilleurexemple. En 1855,sonlivre The Aryan régions très distanteslesunesdes autres. ce sujetetreconnaissait quedesconceptionssimilaires pouvaient avoir prisisolémentracinedansdes (notammentasiatique)ousémite.Il nefaisaitjamaispreuvequelque contextearyen dedogmatismeà l’Ancien Monde etrésistait rarement àlatentationd’établir unparallèlereligieux oumythologiqueavec références antiques : écritesdansunstylelittéraire ampouléetbourré de danssesconclusions, anglaise, enparticulier frères autrefois séparés. The Maori donneàvoir cettedimensiontéléologiquedelacolonisation Aryan colonisation britanniquedelaNouvelle-Zélande futprésentée commelesretrouvailles téléologiquesde En cettefinde temporels serencontrent, del’Occident desmersorientales lorsquelesAryens saluentlesAryens de nouveau ; etleshommesdontpères étaient frères del’autre côtédecesgouffres spatiaux et quête. Encerclant l’Afrique, les deuxcornesimmensesdela Grande Migration sesonttouchées de nouveaux foyers sousdescieuxinconnus. Nous autres, Européens, avons entrepris lamême huns nivandales, avidesdepillageou de saccagedesvilles,ilsn’étaient quedes colonscherchant Inaccessibles, désormais,lapaisibleterre d’élevage etsestroupeaux mugissants.Ni brigands et variés. Sur unsolétranger, leurcœurfutaussivaillant quedanslesvastes plainesd’Asie. maoris et indiens, repoussant les aborigènes, rencontrant toujours des théâtres d’action inédits éternelle des races pélagiques. De même, dans leur traversée vers leSud, bataillèrent nosAryens à travers lesfleuves etcontre lestribusaborigènesfarouches, pourpénétrer danslaforteresse armesaupoing,tracèrent une les joursaucoursdesquelsfiersAryens, route parlesforêts, et duMinotaure, puis,enfin,aucœurdesténèbres historiquesqu’aucun regard nepeutpercer, delà cesépopées,setiennentencore lessièclesdumythe,dePersée etd’Andromède, deThésée de la guerre de Troie et des héros dont les noms sont blanchispar la vieillesseantique.Mais par- parlèrent avec Platon danslesbosquetsd’oliviers del’Académie, autempsdesprincespuissants écrite ; par-delàsonoccupationdelaGrèce, s’étendent lesjoursglorieuxdesancêtres deceuxqui un cheminvers l’est, dessièclesavant l’ère chrétienne, lesanskritprenait viedanssaforme quant àellesencore dansnotre mémoire. Lorsqu’Alexandre leGrand, deMacédoine, sefraya nosguerressur lecheminvers laliberté, avec lesNormands, lesDanois, etlesPictes, résonnent auxdébutsdelaGrandepériple delaracearyenne Migration. L’histoire denosluttesbritanniques L’esprit s’épuise à vouloir traverser un espace temporel aussi vaste que celui qui nous sépare du xix e siècle néo-zélandais, cette prudence contrastaitavec sièclenéo-zélandais, l’enthousiasme cetteprudence d’autres

7 . La portée politiquede . Laportée

8 . La

9 . 79 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial cela signifiait surtout « les étudierchacune,autantquepossible,dansleurpropre « les langue cela signifiaitsurtout société (…) ». Pour quelqu’un quiconsidéraitlelangagecommesiègedelapenséeetdesémotions, dansdifférentesde leurdéveloppement stratesdela oudeleurdéclinsuccessifs,lesobserver chaque formedepratiquereligieuse aucours indépendammentlesunesdesautres, delesobserver repérer desdistinctions,d’étudier chaquereligion, chaquemythologie, grandement nécessaire « de résonnant « des quisoient ». énigmeslesplusdéconcertantes Il pensaitaucontraire qu’il était toujours à propos desoriginesetdel’essor desreligions, ilnevoulait pasparaître trop péremptoire surunsujet Estimantquepersonnenedevait [...]desthéoriessystématiquesabsolues » serisquerà« ériger aryen. décelables dans des sociétés dépourvues desystèmes d’écriture.décelables dans dessociétésdépourvues En réalité, mêmeles« sauvages les plus Des idéescomplexes étaient battre poursaréputation ». quelqu’un devait « se pour sedéfendre », pauvre hommeprimitifn’[était] pluslà intellectuelle, maiségalement uneinjustice.Même si« le métaphysiques étaientincompatibles avec l’état sauvage, c’était commettre nonseulementuneerreur la civilisation,c’est-à-dire dufaitdesavoir lire etécrire. Penser quedesconceptionshautement d’atteindre Dieu, nonparlarévélation, maisparlaseuleraisonhumaine,était indépendantede étaient unepreuve de plusquelareligion tellequ’il lacomprenait, c’est-à-dire commeunmoyen que fussentlesraisonsdeleurinégaldéveloppement dansd’autres domaines,lesmythespolynésiens Cela nel’empêchait pasdedresser desdonnéesdéjàdisponibles. Quelles desconclusionsàpartir race decouleur » sentimentdecompassionetd’affection supérieuràcelui ressenti pourtouteautreengendraient « un écrivitStephenson Percy communesauxnôtres », Smith en1911, d’autres peuples.Leurs« racines souligner ladimensionpositive delathéoried’une quoiqueforgéeaudétriment fraternitéaryenne, À la différence du caractère raciste patent d’autres études maories conduites à la même époque, ilfaut compte ladiversité culturelle actuelledesîlespolynésiennes : en 1876,Müller soulignaitl’importance d’études ethnographiquesplusapprofondies quiprennent en préface àMyths andSongsfrom theSouthPacific, ouvragedumissionnaire William Wyatt Gill, publié Pour en revenir à Müller, tantqu’il ilalerta putcontre les emplois abusifs de l’idée d’un berceau être ancien,ilexistedanslemêmetempsénormémentdevariantes singulières etrégionales mythologique, etbienqu’il entre yaitunfondcommunimportant tous,quidoitparconséquent l’un de leurs plus grands attraits. Chaque île a, pour ainsi dire, son propre dialecte religieux et de laracepolynésienne,maisl’immense variété desformeslescomposantauprésent constitue Il estvraique, parlepassé,denombreuses étudesontprispourobjetlesreligions etlesmythologies

10 .

11 ». Dans sa ».

12 . 80 Frederico Delgado Rosa religieuse cohabitaient« encestempsanciensdansdiverses classesdelamêmesociété et leslectures plussavantes. Le Veda lui-mêmeconstituaitlapreuve quedifférents degrés depensée son histoire révélait souvent une coexistence entre lesmiracles grossiers de lamythologie populaire D’après Müller, s’il conférait « une nouvelle gloire » àlareconnaissance antiquedudivinenl’homme, étantpluscultivésde prosélytes, qued’autres. certains exemple. Lechristianismeenétaitunparfait fût sondegré d’altération, neserait-cequeparce quechaquereligion tendaitàavoir différents types cas, Müller pensaitquel’évolution del’idée deDieu suivait soncoursentoutescirconstances, quel que pouvaientdisproportionnées advenir danslesendroits oulesâgesplusinattendus.Dans tousles entremêlement étaitaudemeurantcaractéristiquedel’humanité mythopoïétique.Mais desdistorsions entre l’illogique etleprofond n’était pas d’emblée perceptible danslespériodesplusarchaïques ; leur compris lesplusraffinésenapparence, prendre ledessussurdesformessupérieures. la frontière Certes, hypothèses anti-symboliques lesplusfondamentalesdelatraditiontylorienne »,ils’opposait enréalité aux de l’homme, notamment auxpremiers temps dulangagehumain prévenait seslecteurscontre « des erreurs fréquentes » dansl’interprétation des« paroles merveilleuses Tylor, quel’humanité naquitavec unecompréhension plus rudimentaire del’âme. Lorsque Müller etc.,maisilseraithâtif« sang », l’« ombre », d’enconclure, le commelefit par exemple le« souffle », l’âme. L’étude dulangagerévélait elleaussidenombreuses références concrètes àcesujet,comme c’est-à-dire de l’immortalité en l’homme », un procès similaire, de« l’Infini celuideladécouverte les plusimposantsdelanature, Müller préférait parlerde« religion anthropologique » pourexprimer recouvrait lareconnaissanceSi physique » dusurnaturel sanotionde« religion danslesphénomènes Wyatt Gill et lapréface aurecueil antiévolutionnistes : demythesetchants en raisondeleurs visées William notionsmaories trèscertaines subtiles.Deux textesprincipalementl’ont marqué deleurempreinte qu’il estimaitmoinsraffinées, moinsmoralesmême,pournepasdire vulgaires, encomparaisonde reconstitution d’un Aotearoa pré-européen, quedanssonjugementàl’égard deconceptionschrétiennes civilisées inférieurs » pouvaient avoir unereligion « bien pluspure quelesreligions d’un grandnombre deraces que lesmétaphores lesplussublimes delareligion anthropologique avaient souvent étéréduites àdes Cela tenaitaufaitquedesformesdégénérées deconceptsspirituelspouvaient entouslieux,y La penséedeMüller trouvait unéchodansl’anthropologie d’Elsdon Best, tantdanssa

13 ». Anthropological Religion, l’un desderniersouvragesdeMüller, publié àLondres en1892.

15 . Même sil’on pensait

14 ». 81 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial sentiments profonds etmême depenséesexaltées être interprétés de la même manière. Étrangement, de Max Müller soulignait le faitque les « signes avec lecadavre. Des témoignagesd’affection similaires parmi lespeuplesbarbares ousauvages devaient chacun d’entre eux».Il s’agissait enréalité d’honorer etnond’un lemort, quelconque lienatavique tous deslarmesdejoieetchagrin, auboutducheminilyalemêmesilence pour hommes sont bien moins différents qu’on l’imagine » devant les grands mystères de la vie. « Ils versent del’idéeune survivance d’une continuitécorporelle après Il ylisaitplutôtunepreuve lamort. que« les pour lesjeterdansunetombelorsdefunérailles,ce quipourraitêtre interprété comme par certains Dans l’état sauvage pourdesêtres stupidesenadoptantunelecture trop littéraledeleursparoles : entreartificiel lacivilisationet sauvagerie. Ils se rendaient coupablesdefaire passerlespeuplesà persistance danslesformessupérieures delaculture, ilétaitconvaincu qu’ils créaient unclivage à propos del’intelligibilité decesexpressions prétendument primitives, oumêmeausujetdeleur de« soudaineset nonparletruchement impulsions » primitives. Et quoiqu’aient pudire lestyloriens Müller lentementetprogressivement », était« atteint sensdel’animisme » avançait quele« véritable l’idée deDieu : tableaux grossiers, ilfallaits’abstenir deprendre cesdernières formes pourlesracinesdel’évolution de le feraElsdon Best. à lescomparer avec lesGrecs, lesRomains etlesHindous plutôt qu’avec lesAustraliens, toutcomme Anthropological religion fût parfaitement conscientqu’ilsfût parfaitement nepossédaientnil’une nil’autre se satisfîtdeprêter lavieouuneâmeausoleiletàlune,auxarbres etauxrivières, bienqu’il àfaire leplussouvent sanssetromperanimaux supérieursparviennent ; ouencore quel’homme au pointdeconfondre desêtres animésavec desêtres inanimés,unedistinctionquemêmeles période de l’histoirecertaine du monde, quelle qu’elle fût, un être humain pût avoir été inepte Je nepeuxfaire autrement quequalifier d’irrationnelle l’attitude nousconviantàcroire qu’à une sait qu’ils nesontriendeplusquedesreliques de la poésieancienne satisfaire lecœurhumaingonflémomentanément dechagrinou d’espoir, (…)lepenseursérieux rêves véritables, desoiseauxetangesailés.Cependant,bienquedetellesexpressions puissent il nefaitaucundoutequelesâmesdeviennentsouvent dansl’esprit dupeupledesombres etdes lorsque l’art s’empare decesmimétismessanssubstancepourleurdonneruneformesubstantielle, Lorsqu’intervient lamythologie et sescapricesincontrôlables ou,choseplussérieuseencore, , Müller évoquait l’histoire d’un desesamisquiretira sesbaguesdevaleur

18 » abondaient chez lesPolynésiens. abondaientchez » Il étaitenclin

17 .

16 . 82 Frederico Delgado Rosa des sciencesdel’homme, 2003,p. 23-25. 18 17 16 15 14 13 grandement Elsdon Best. Je ledéveloppement réserve decettequestionàunepublicationultérieure. des ethnographes(soulignantl’importance de l’apprentissage deslanguesindigènes)quiimpressionna etinfluença 12 11 10 9 8 7 6 5 4 3 Friedrich Max Müller, surlesdifférentes dimensionsduphénomènemythologique,dontladimensionpoétique. clair, entoutcas,quepourBest leterme de récits ausujetdesdieuxn’en épuisepaslesconnotations,variables selonlesauteursetcourants de pensée.Il est Grote (1794-1871) et notamment à sa colossale histoire de la Grèce (1846-1856). Leur sens étymologique de création (mythopoeïa, mythopoïèse,mythopoïesis,mythopoésieetmythopoétique)remonte àl’helléniste victorienGeorge Longmans, Green andCo., 1892,p. 29. 2 1 N Co., 1876,p. xi. . Tregear, 1885,p. 104-105. . Sorrenson, 1990[1979]. . Tregear, . Müller, 1892,p. 146. . Müller, 1876,p. vi ;1892,p. 274,149. . Voir F. Rosa, . Müller, 1892,p. 146. . . Müller, otes . Ibid., p. 280. . Ibid., p. 74,71. . . Ibid., p. 229,205. . Ibid., p. 380,76. . Ibid., p. 220,146. . . Müller, 1876,p. vi,xvii, x. . CitédansSorrenson, 1990[1979],p. 29. Müller Ibid., p. xii.Dans Anthropological Religion (1892),Müller formulait desconseilsméthodologiquesstrictsàl’attention Ibid., p. 228. , « Preface »,dansWilliam WyattGill, The Aryan The Maori, Aryan Wellington, George Didsbury, Government Printer, 1885,p. 5-6. Anthropological Religion. The Gifford Lectures delivered before the University of Glasgow in 1891, London, L’ Âge d’or dutotémisme.Histoire d’un débatanthropologique (1887-1929) -> La généalogiedel’emploi scientifique,auxix -> -> -> -> -> -> -> -> -> -> -> -> mythopoetic, qu’il employait souvent, assez luipermettait d’insister, comme -> -> Myths andSongsfrom theSouthPacific e siècle, des termes empruntés augrec siècle,destermesempruntés , Paris, CNRS , LondonHenryS.King& -> -> É ditions, Maison μυθοποίησις

->

83 L’ésotérisme en Aotearoa, une découverte sensationnelle ?

« Ko Io, he reo no nehera tena. He atua no mua noa atu. Nana i whakaputa i nga atua katoa. Koia te timatanga o nga atua ». Best intégra ces mots prononcés en 1902 à un chapitre de Tuhoe : The Children of the Mist qui traitait du « monde des esprits ». Lorsqu’il acheva l’écriture du manuscrit en 1907, cette déclaration était quasiment la seule qu’il avait obtenue sur une question qui semblait être de la plus haute importance. Il avait rencontré « très peu d’autochtones qui connaissaient ne fût-ce que le nom de Io, et seul l’un d’entre eux savait quelque chose à son propos ». Il s’agissait de son ami tuhoe et informateur principal, Tutakangahau, répondant à sa question sur cette entité mystérieuse : « C’est une doctrine très ancienne. C’était un dieu des anciens temps. Il était à l’origine de l’apparition de tous les [autres] dieux. Il fut le commencement des dieux. » Best essaya naturellement de revenir une seconde fois sur cette révélation, mais dès lors le vieil homme « se ferma aussi hermétiquement que l’huître proverbiale ». Ce comportement, écrit-il dans Tuhoe, s’explique par le fait que la famille de Tutakangahau « avait appris qu’il avait révélé certaines informations à l’auteur et voyait cela d’un mauvais œil ». Plus tard, Best écrivit : « De toute évidence, il regretta de m’en avoir parlé, bien que nous fussions d’excellents amis. Enfin, le Maori conservateur s’accrochait à son Être Suprême, et refusait d’en parler. » Tutakangahau décida de ne plus mentionner Io lors des entretiens ethnographiques, tout en continuant à révéler le reste. C’était là « le seul sujet sur lequel il refusait de s’exprimer 1 ». Il se peut que le silence de son informateur ait eu un effet plus grand encore sur l’ethnographe. Plutôt que d’abandonner la recherche, ou de laisser croire à « la faible importance du sujet 2 », il s’employa au contraire à poursuivre son investigation. L’ouvrage Anthropological religion de Max Müller lui fut d’une grande aide sur ce point, en particulier le chapitre sur « Esoteric and Exoteric Religion », dans lequel le savant germano-britannique exposait sa vision de l’Inde antique comme ayant développé au sein de la pensée religieuse, bien avant même l’écriture des Veda, une dimension monothéiste tenue secrète du plus grand nombre, et notamment des disciples les plus jeunes qui étudiaient les savoirs traditionnels sacrés. Seule une élite de prêtres-ermites savait que la religion ne s’arrêtait pas à la vénération d’un grand nombre de dieux : Il n’y avait aucun livre imprimé dans l’Inde antique, pas même de manuscrits, tout enseignement se faisait oralement. Rien n’était plus simple, par conséquent, pour ceux qui étaient les dépositaires ou les gardiens de la plus haute vérité de la religion que de la garder à l’insu de tous à l’exception

84 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial sujet, oubienn’y avait-il toutsimplement« plus rienàdire Tutakangahu àIorapportant : avait-il enréalité choisiderespecter laconfidentialitéprescrite àce le niveau decollaborationdesinformateursmaoris, Holman soulignelasingularitédesrecherches se Même s’il estendésaccordqui lelaissesongeur ». avec les critiquescontemporainsquiminimisent quisembleattirer Best àcemomentprécis estlachosemême Holman déclare égalementque« ce commandements divins Ces circonstances requéraient toutefoisuncultefaisantautorité,mêmepolythéiste,etfondésurdes au fait que la pleine conscience de Dieu était difficilement accessible pour le commun des mortels. implicitement liéeàl’ésotérisme, constituaituneréponse légitimeaux« réalités delavie », c’est-à-dire Müller pensait que ladistinction entre une forme élaborée etune forme rudimentaire dereligion, probabilité, ce n’était pas lecasdesesinformateurs. Best enexposaitlesraisons historiques : les plusavancés atteignaient lesrangsplusélevés duculte,l’on sedevait d’admettre que, selontoute des l’existence d’une religion ésotériquepourraitexpliquer, indépendammentdelapriseenconsidération en Aotearoa préchrétien. Il estintéressant deremarquer quelapropre théoriedeBest àpropos de jusqu’à aujourd’hui, plusieurschercheurs doutantdesonauthenticité,etplusencore desaréalité fait que leculte de Io a été l’objet d’une des plus grandes polémiques ayant traversé les études maories engendreurs également,soitlesvéritables ancêtres deshommes,commenousleverrons plusloin. ;ilsn’étaientdes Maoris n’étaient pasnonplusdescréateurs, maisdes pascréés maisengendrés ce dontBest avait besoinpouridentifiercettedisjonction. Dans les variantes populaires, lesdieux circonstances. LadimensiondémiurgiquedeIo, évoquée brièvement par Tutakangahau, étaittout n’était pasincompatibleavec desformesélaborées decroyance, maisétaitgéré parl’élite selonles sur lepanthéonpolythéistemaoripouvaient constituerleversant populaire delareligion, lequel que desprêtres lesplusélevés dansl’ordre religieux maori conceptions mystiques, un savoirmaorie incarnait certaines occulte qui n’était connu probablement que Best lelûtàtravers leprismedelareconstitution deMax Müller. « Je soutiensl’idée quelareligion tapu, pourquoi Tutakangahau n’avait pasgrand-choseàajouterpropos deIo. Si seulslesdisciples et relevait d’une sphère supérieure d’une nature plusmétaphysique,était protégé par les prêtres dehautrangdans l’ordre religieux, et qu’elle fûtuneformeexotérique delareligion maorie,cependantqu’un culteésotérique, Il estpossible quecettecroyance fûtcellequel’on avait pourhabituded’enseigner àlapopulation, des hommesvivant danslaforêt de ceux qu’ils estimaient dignes de la recevoir, des hommes qui avaient pris congé du monde,

4 . Letémoignagede Tutakangahau, bienquelaconique,étaitsuffisantpour

3 .

6 .

5

. » Lesmatériauxabondantsdéjàrecueillis . » 7 » ? Cettesecondehypothèserepose surle 85 Frederico Delgado Rosa volonté de croire, surlafoide peu d’éléments, qu’unvolonté de telculteexistât » d’un Être Suprême préchrétien, voire très ancien,Holman préfère mettre enexergue Best chez « la Face aux maigres indices fournis par Tutakangahau à propos d’un Dieu Supérieur, d’un démiurge, ou tout simplementpasmentionducultedeIo « autorités éminentes », William Colenso(1811-1899)etEdward Shortland (1812-1893),nefaisaient mais il aimaitégalement édifier sespropres théoriesetpeut-être était-celecasici. Deux les citait ; Best seréférait souvent auxtravaux ethnographiquesdesesprécurseurs enNouvelle-Zélande et chose, parce quelevraisavoir descultesanciensestdésormaisperdu pourlesindigènesmêmes autre etneserait« jamais desMaoris surlesquestions religieuses était« fragmentaire » secrètes » Néanmoins, lesplus l’accès desEuropéensde savoir pouruncollecteurdedonnées ». aux« pensées Bien beaucoupd’informations » et« représentaient évidemment,ceshommes« détenaient desmines indications dontildisposaitjusque-làausujetdeIo : déclarations de Tutakangahau, commesiellesreprésentaient uneavancée majeure encomparaisondes manifestations ourituels » relatifs àIo, maiscelanel’empêchait pasdedonnerunegrande valeur aux reconnaissait qu’il n’avait pasoutrès peudeconnaissancesausujetdesvéritables « attributs, fonctions, traditions oralesmaoriesen sixvolumes bilingues,financéparlegouvernement entre 1879et 1890 de sauvetage John White (1826-1891), quiécrivit,entre autres ouvrages, unrecueil gigantesquede elles. Une première évocation de Io dans la bibliothèque de Best, en 1907, concernel’ethnographe informateurs tuhoe.Best endénombracinqoccurrences, etnouspencherons surtrois d’entre explicitement, etc’est d’ailleurs laraisonpour laquelle ilposaenpremier lieulaquestionàses dans labibliographiedel’époque. d’une Celaparticipait atmosphère demystère, évoquée parfois Best rapporte dansTuhoeBest rapporte que« John White consacra quelques remarques ausujetdeIo », seréférant parution desautresparution dieux,illesavait lui-mêmeprécédés façonnés, bienqu’il nefûtpasditqueIo leurdonnaforme.CefutIo quifutàl’origine dela le dieudesoriginesquiexistaaucommencementchoses, avant quelecieletlaterre fussent D’après cequevieilhommenousindiquaàsujet aurait étéjalousementgardé etmisenœuvre classes supérieures nineleurétaitd’une quelconqueutilité,tandisquedanslestempsanciens,il decequ’onoublié unegrandepartie leuravait enseigné,caruntelsavoir n’était plusrequis des nombreuses connaissances,nepouvaient être considérés àl’égaltohunga d’antan. des Ils avaient initiation et aux pratiques anciennes. Par conséquent ces hommes, bien les enseignements pour devenir prêtres. Mais la propagation du christianisme mit fin àcette L’auteur aconnuquelques hommesqui,dansleurjeunesse,reçurent, ounon, partiellement

12 . Lesréférences àcesujetétaientextrêmement rares

8 . , j’endéduisisqueIo étaitundieu primordial,

11 .

10 . Une chose est sûre : Best . Une choseestsûre : qu’ayant de conservé

9

». ». 13 . 86 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial indigènes), etplusieursautres institutionscoloniales,notammentl’armée d’interprète du gouvernement, et qu’il avait collaboré avec les critique postcoloniale,d’autant plusquesesactivitésdecollectesurleterrainétaientliéesàsonstatut par desanthropologues enchambre européens, letravail de White ainévitablementétél’objet d’une foisonnement dechants,prières, proverbes, mythesetgénéalogies.Hautement louéensontemps réputé pourl’état desmatériauxprésentés, brut peut-être, trop brut leslecteursseperdant dansle Suivait l’extrait d’une incantation : est réellement ledieu. Il fabriqualecieletlaterre ». légèrement différente decelle White : « Io étrangère » révéler deleurssavoirs traditionnelsàunreprésentant certains d’une race qui« osèrent d’esprit » et nobles le nom des soixante hommes « héroïques un plaisir et une gratitude immenses », « avec au premier tome de le niveau delatraditionspirituellemaorie.Dans ésotériqueleplusélevé sapréface etleplusimportant ausentiment quelesbrèvesquelque sorte paroles de Tutankagahau nedissimulaientriendemoinsque ce sujetintrigant.Mais On imaginesans peine l’étonnement de Best découvrant que White necreuse pasplusprofondément Io, celuiquifabriqualaterre etlescieux) le deuxièmetome"Ko tetinoatuakoIo, nanaihangatewhenuamerangi à auraient étélesmeilleursélèves des éviter lesdangers d’une divulgationsans retenue essentielle decetteincomplétude. expliquait unepart sacré étaitd’ores etdéjàdémembré, commelesuggérera égalementBest. D’autre l’incapacité part, à allusion àl’impact celasignifiaitquele savoir duchristianisme avait undoublesens.D’unepart, commençaaprèsà-dire leur instruction l’abandon « que des Whare-Kura Cette etdesritesassociés ». maisons sacerdotales maories.Mais White ajoutaitavec tristessequ’ils c’est- trop tard », étaient « nés The and ofthe Ancient Maori, History His Mythology phrasesuivante apparaîtdans Traditions. « La Une facettedutravail de White anticipait lesquestionnementsdeBest, ouvrantlavoie en

17 De lagloire auciel.(…) Depuis le siège immense Tes paroles depuislesiège(trône)– Afin qu’ils puissententendre Tous suruneligne,etnomme-les, Ô Io ! Ô !Place nosenfants . Parmi àl’élite, hommesappartenant quisousl’ euxsetrouvaient « des The and ofthe Ancient Maori, History His Mythology Traditions The and ofthe Ancient Maori, History His Mythology Traditions

15 . », l’une desdénominationspossiblesécolesou Whare-Kura »,

14 . » Best mettaitenavant sapropre traductionenanglais, . » Native (tribunaux fonciers Land Courts

16 . " (Ledieuprincipalest , White rapportait rapportait , White ancien estjustement régime

18

87 Frederico Delgado Rosa qu’ils étaientlésésparlesautorités sincèrement lepeuplemaori,lesrespectait pourleur"senstrès élevé delajusticenaturelle", etestimait écrit parl’interprète dugouvernement CharlesOliver Davis (1817-1887),unhommequi« aimait colonel Walter Gudgeon, publié en1905dansle Best faisaitindirectement référence àcelivre, écritparsonbeau-frère, àtravers unarticle lelieutenant- Times ofPatuone, theCelebrated NgapuhiChief "reconnaissaient l’existence d’un Être Suprême, qu’ils nommaientIo" C.O. Davis apprit des Maoris qu’ils :« Best évoque succinctement une seconde référence à Io de luirévéler lessecrets deleurreligion ancienne » chrétien » étaientconscientsdeson« fanatisme politiques », ses « idées etparconséquent« refusaient ethnographiques rencontrés par Davis y étaient expliqués par le fait que les Maoris, bien qu’appréciant arsrsaet« profondément imprégnés des principes de leurs premiers enseignements maoris restaient « lessages doctrinedelafoichrétienne », White insistaitsurlefaitque,malgré leuradoptionde« la de leurcaractère sacré. ladifficulté « D’où, certainement, d’obtenirdes renseignements relatifs àleurs autrefois transmisparlesprêtres àleursdisciplesavaient perdune voulait pasdire queles« secrets » depuisl’avènement du christianisme,cequi religieuses » d’aborder des« questions été « dissuadés » plus sacrée étaitgardée secrète, parmilesquelslesdeuxsuivants : transcrivit ensuitequatre témoignagesfondamentauxquiexpliquaientpourquoi laformedesavoir la cela (…) [A]lorsquejevoyageais en compagnied’un chefdetribumaori,ilyaquelquesannées mesure demedéfendre contre lesconséquencesquiendécouleraientprobablement. » notre histoire, et sije venais à vous révéler l’ensemble de notre histoire sacrée, jeneserais pas en histoire, aucunemaisonn’est suffisammentsacrée pourquesoit récitéeentre sesmurstoute Depuis l’abandon des Whare-Kura, dans lesquels nos prêtres enseignèrent érudits notre « les paroles sacrées desdieux. » qui aitlepouvoir d’effectuer lesrituelsmegardant àceuxquidivulguent delasanction réservée « Je nepeuxrévéler pansdenotre certains histoire sacrée, cariln’est aucunprêtre encore vivant abréviation possibledeIo-uru lieux.LenométaitceluideIo, occasionsetencertains habilité àleprononcer àcertaines une Suprême dontlenométaittenupour hautementsacré aupointqu’un seuldesprêtres était renvoya polimentvers unvieuxprêtre quihabitaitàenviron 160kilomètres delà sur lesujet,ilrefusa dedivulguerunseulautre des secrets maoris,commeillesappelait,etme

24 , il révéla le fait par que, inadvertance dans l’ancien temps, les Maoris vénéraient un Être

22 », étaitissud’une monographiede1876sur », courte

25 . Témoin demonvifdésird’obtenir deplusamples informations

23 :

27 . Davis lui-mêmeadmettait quelesMaoris avaient Journal ofthe Polynesian Society

21 ».Lepassaged’origine, . Lesobstacles

26 The Life and .

20

19 ». Il 88 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial note de bas de page discrète : « Nous sommesendésaccord avec l’auteur surcepoint « Nous note debaspagediscrète : tenu desrelents bibliques etnonscientifiquesdecetteanalyse,leséditeursla revue ajoutèrent une « la déification des ancêtres », maiségalementdesanimaux,arbres, despierres, etc. déificationdesancêtres », « la Maoris « vers cequi,pareil àlaplusnauséabonde absurdité, faitreculer l’esprit », àsavoir nonseulement "créateur descieux etdelaterre", aconnuesdanssonhistoire », c’est-à-dire larégression successive des ce dernierétaitd’explorer l’une après l’autre « les diverses concrétions quecetteconceptiond’un Dieu, Best ignoraitdélibérément l’adhésion deHammond àlavieillethéoriedégénérationniste.L’objectif de successives transformercetteconnaissanceentyrannieplutôtqu’en plutôtqu’en enmort liberté, vie », coupant lereste delaphrase,oùlemissionnaire déclaraitquelesMaoris « avait laissélescirconstances à laquelleilfallaitégalement seconfronter. unenouvelle théoriedeladégénérescence,même temps,apparut purement anthropologique celle-ci, l’homme, immédiatementaprès laChute » lesparoles duCréateur adressées à à laloimosaïqueplongeaienttoutaussibienleursracines« dans Davis pensaitquelessystèmesreligieux apparemment étrangers généralement admise », « l’opinion Rejetant réflexion danssonensemble.Celaconcernaitlesensantiévolutionniste dumot« primitif ». se réfère « à cette formidable déité ». L’une des facettes de sa pensée jetait cependant une ombre sur la à Io, figure sacrée » ; ilcitaitmêmeenlestraduisantquelqueslignes« d’une invocation primitive »qui l’avaientau seindeleurpeuple » lesplusvieillesprières informé« que maoriesétaientcellesadressées Davis ajoutaitque« les autochtonesayantunebonneconnaissance desanciennesformesdevénération foi etpratiquesanciennes,unecraintereligieuse Dans quileshantetoujours ». undocumentannexe, passé, entamèrent lecoursdel’existence connaissanced’un avec unecertaine Dieu Suprême". Le révérend T. : « G. Hammond est "d’avis que les Maoris, dans leur plus lointain d’une phrase dontBest citalamoitié Maori » Godfrey intitulé« Atua Hammond (1846-1926)publiaunarticle repérer danslafigure deleurdieu Io des vestiges deleurlienprimordial à Jéhovah. originelle duDieu biblique,ilincluaitlesMaoris danscettevisiondumondeetsemblaitenclinà Où Best sesitue-t-ilàl’égard de cettetraditionintellectuelle ? En 1899,lemissionnaire Thomas

28 . Partisan delathèsedégénérescence delarévélation

31

30 . » Dans le . » . Compte

29 » En » 89 Frederico Delgado Rosa (New Zealand Electronic Text Collection). Voir http://nzetc.victoria.ac.nz/tm/scholarly/tei-corpus-WhiAnci.html. delaCollectiontextesnumériques de Nouvelle-Zélandeviennent compléter les sixtomes imprimés. Ils fontpartie supplémentaires ontétérécemment publiésenligneparlabibliothèquede Victoria University de Wellington, qui 13 12 Wellington, George Didsbury, Government Printer, 1887,vol. II,p. 2. 15 14 , London,MacMillanThe ScopeofSocial andCo., 1908. Anthropology l’anthropologie évolutionniste britannique,cettepréoccupation culminedanslesécritsdeJames Frazer, parexemple est présente dansdifférents àlamythologiecomparée. courantsdepenséevictoriens,etnon réservée Pour cequiestde Pakeha » de Tuhoe, ilétaittoujoursdangereux deconfieruntelsavoir traditionnel admonestaient lepauvre vieuxpourm’avoir donnéses une lettre deBest adressée àPercy Smith danslaquelleilaffirmaitquelefils de « et d’autres encore Tutakangahau reconstituer lafaçonplusprobable dontBest posaitdesquestionsausujetdeIo (1964,p. 71).Jeffrey Holman cite 11 10 9 8 7 6 5 4 3 2 violente eutlieuàlamêmeépoque(1964,p. 71). que ladécisionde Tutakangahau avait traitàunélémentparticulier. Craig attire l’attention surlefaitqu’une tempête et nonspécifiquementla révélation faiteàpropos de Io. Celasignifiesansdoutequelacritiqueétaitgénérale,tandis 1 N Biography, 1990,vol. 1( et Athol Anderson,“Edward Shortland”. Ara -theEncyclopedia ofNew Zealand, http://www.teara.govt.nz ). . Best, 1924b, vol. I,p. 272 ;Best, 1924a,vol. I,p.1082. . Best, 1924a,vol. I,p. 1083 ;mesitaliques ;voir Best, 1924b, vol. I,p. 272. . Holman, 2010,p. 213. . Best, 1972[1925],vol. I,p.1021. . Best, 1972[1925],vol. I,p. 1025,1027.Laquestiondelaplaceaccordée auxhommesintellectuellementsupérieurs . Ibid., p. 21. . Müller, 1892,p. 30. . L. T. Smith, 2012[1999],p. 88. 1924b, Best. Best1972[1925],vol. 1972[1925],vol.I,p. vol. I,p. I,p. 1927.Craig 1026,1027 ; tentede 147 ; otes . Grâce parlabibliothèquedel’université auxmatériauxmanuscritsconservés de Waikato, septvolumes . . Best, 1972[1925],vol. I,p. 1027 ;mesitaliques. . Holman, 2010,p. 17. John. White, . Best, 1972[1925],vol. I,p. 1026. Sur ColensoetShortland, voir respectivement David Mackay, (Holman, 2010,p. 159).Cesdeuxindicationsconcernent« certaines informations », àsavoir « -> The and ofthe Ancient Maori, History His Mythology Traditions -> Édition -> -> numérique : numérique : -> -> -> Dictionary ofNewDictionary Zealand Biography Te Ara-the Encyclopedia ofNew Zealand, -> -> , etc. » Holman ajoute que « pour ungrandnombre Holman ajouteque« pour karakia, etc. » -> -> « -> Colenso, William » -> tapu àunquelconqueétranger, un surtout , 1990, Vol. 1( -> . Horo-Uta or Taki-Tumu Migration , Dictionary ofNewDictionary Zealand http://www.teara.govt.nz) Édition numérique : numérique : karakia, etc. » -> Te Te , , 90 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial Te Ara-the Encyclopedia ofNew Zealand, http://www.teara.govt.nz. viii. College onReligion, Cosmogony,, New andHistory Plymouth, maisond’édition nonidentifiée,1913-1915, vol. I,p. manuscrits etdematériauxpubliésconstitueunesource précieuse d’informations ausujetdestraditionsmaories J. H.Field, 1876,p. 138-139). traduire, commesignifiant leCentre dela Vie » ( 25 24 1945, Wellington, Victoria University Press, 1990. il lamaîtrisaitaussibienqu’un selontouteévidence d’autresà partir sources publiéesoumanuscrites.(...)Il parlaitcourammentlalanguemaorie : qualité del’information fournie.Lescontributeurs(Pakeha etMaoris) étaientsollicitésparuncourrier, oubiencités éventail dematériaux(...).Après 1883,lesinformateursfurent rémunérés selonlaquantitéplutôtque auforfait aux informateursdetémoignertoutechose,quellequesoitsonapparente banalité.Aussi rassembla-t-ilunlarge avait écriteàlamainafinqu’ils puissent vérifier sonexactitude. Whitenefiltraitpaslesinformations ; ilétaitdemandé Cependant, làoùlaformulationprécise d’une ilfournissaitauxinformateurslaversion qu’il traditionétaitimportante, égalementdesréponsesparfois àsesinformateurs enracontantquelquehistoire souvent dérivée desespropres lectures. par conscienceprofessionnelle, l’enregistrement sefaisaitdemémoire ouàl’aide debrèves prisesdenotes.Il soufflait dans les années1850, il sélectionna de manière aléatoire des informateurs maoris. En raison de la rareté du papier et ont misendoutesacapacitéàparlerlalanguemaorie.Ses méthodesétaientprobablement desplussimples.Jusque les publier. ontémisl’idée Certains qu’il falsifiaitsessources et s’emparait d’informations sansautorisation.D’autres ultérieurs ontcritiquélacollecteréalisée par White, l’enregistrement etlapréparation destraditionsdanslebutde comparable enréalité àceluid’Elsdon Best, etpèselepourcontre desavaleur ethnographique 28 27 26 23 22 21 20 19 18 17 16 (Édition numérique : (Michael P.J.remarquables » Reilly, Michael P. J., « John White », siècle. Compte tenu desonisolementinitial et desonabsenceformation universitaire, lesrésultats qu’il obtintsont Dans une note de fin d’ouvrage, Davis ajoutait : « Nous pouvons expliquerlemot‘Iouru’ « Nous . Dans unenotedefin d’ouvrage, Davis ajoutait : plutôtqu’essayer dele . Celarenvoie audébutdesannées1850. . Sur Maihi Eruera Patuone (?-1872),voir Ballara, . Dans l’entrée ofNew correspondante duDictionary Zealand Biography, Michael P. J.Reilly reconstitue ceparcours, . Davis, 1876,p. 14,132,129. . Walter Gudgeon, «Mana Tangata »,Journal ofthePolynesian Society,1905,vol. 14,p. 51. . Ibid., p. 13. . Alan Ward, « Davis, CharlesOliver Bond », . Best, 1972[1925],vol. I,p. 1026. . Ibid., p. iv. . White, 1887,vol. I,p. iii-v. . En françaisdansletexte. . White, 1887,vol. I,p. vi-vii. -> -> -> Te Ara-theEncyclopedia ofNew Zealand, http://www.teara.govt.nz). -> -> -> locuteur indigènedèslesannées1870.En dépitdecritiquesrécentes, sacollectede -> -> -> Voir S.P. Smith, Dictionary ofNewDictionary Zealand Biography The Life and Times of Patuone, the Celebrated NgapuhiChief -> Iwi:Dynamics of Maori The Tribal Organisation from c.1769to The Lore of the whare-wananga, or Teachings ofthe Maori Dictionary of NewDictionary Zealand Biography, 1990, vol. 1 -> , 1990,vol. 1.( -> -> Édition : « Des chercheurs numérique : , Auckland, xix e

91 Frederico Delgado Rosa Best enlienavec lecultedeIo. Alfred KingcomeNewman (1849-1924)etGilbert Mair (1843-1923)figuraientparmilesautres auteursévoqués par 31 30 29 . Dans Hammond, 1899,p. 92. . Hammond, 1899,p. 90. . Best, 1972 [1925],p. voir Hammond, 1026 ; -> -> -> , Maori » « Atua Journal ofthePolynesian Society , 1899,vol.8, p. 92. 92 Le dégénérationnisme d’Andrew Lang Entre hypothèse scientifique et « théorie fétiche »

étenteur d’informations parcellaires qui n’en étaient pas moins très suggestives concernant le Dculte de Io, Best choisit d’en explorer les dimensions théoriques. Les dieux supérieurs « primitifs » représentaient un sujet capital pour l’anthropologie au tournant du siècle, et ce au-delà de la pensée de Max Müller. Best savait qu’Andrew Lang était alors l’un des principaux représentants, voire le protagoniste majeur, d’une nouvelle théorie de la dégénérescence selon laquelle les peuples parmi les plus primitifs encore existants pouvaient avoir des conceptions religieuses plus élaborées que des peuples « dont la culture matérielle leur était supérieure » 1. Le parcours intellectuel du chercheur écossais est bien connu des historiens de l’anthropologie 2. En 1898, lorsque fut publiée la première des nombreuses éditions de son ouvrage The Making of Religion, il n’était plus le défenseur attitré de Tylor ni l’opposant le plus farouche de Max Müller. Il était grand temps pour la communauté des anthropologues de contempler « l’élément de premier ordre de la religion des sauvages les plus inférieurs », c’est-à-dire leur foi en un Être Suprême, démiurge, « qui est éternel, qui produit la vertu, et qui aime l’humanité 3 ». Il n’était plus acceptable d’attribuer tous les modèles d’une telle force morale à l’influence chrétienne ou islamique. Alfred William Howitt (1830-1908), l’un des ethnographes les plus réputés de son temps, avait appelé ces êtres les « All-Fathers » 4, et ce à partir d’exemples australiens, portant des noms vernaculaires tels que Bunjil, Daramulun ou Baïame. Lang en faisait une référence capitale, parmi un grand nombre de témoignages similaires. Lang rejoignait désormais son ancien adversaire, Max Müller, dans l’hypothèse d’« une religion primordiale relativement pure dans ses prémisses », plus proche de Dieu, qu’il soit dénommé Infini ou autre chose, mais catégoriquement séparée de l’animisme et, bien évidemment, de toute forme de révélation surnaturelle. Il n’en considérait pas moins que Müller ne fournissait pas d’explication valable sur le « processus de dégénérescence » advenant dans des contextes sociaux déjà un peu distants des origines 5. Selon Lang, l’humanité avait tendance à abandonner une entité trop majestueuse et donc trop inaccessible en faveur d’êtres spirituels plus proches des préoccupations et querelles triviales de leur vie quotidienne. Dans Tuhoe : the Children of the Mist, Best résume de façon claire cet aspect de la théorie :

93 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial ensuite enfaveur deconceptions animistesinférieures pourdévelopper toutd’abord leconceptd’Être Suprêmeintellectuelle nécessaire » l’ait abandonné qu’une vigueur toute étrange » personneenpossessionde« la Il semblait« somme la dégradation ». enlathéoriede Best admitnéanmoinsnepasavoir « foi théisme vers l’animisme », dégénéré « du saurons probablement jamais. » Après avoir envisagéuntempsl’hypothèse quelareligion maorieavait Que le culte de Io fût ou non une religion éthique, nous ne le : « obtenir davantage d’éléments d’aucune preuve concernantlesattributsmorauxdel’Être Suprême maorietdoutaitdepouvoir En premier lieu,ilne disposait longtemps ». supérieurs d’une époque révolue depuis de « principes la théoriedeLang ?Nous allonsvoir qu’il n’en futrien. Best étaitpleinementunhommedu l’homme barbare » ; « voilà delaréflexion lefruit (…)degensquenoustraitonssauvages » telétaitleconcept d’un peuplecannibale,telleétaitlamentalitéde « (...) peuples ditsprimitifs : passage suivant, quivisaitàréfuter lespréjugés constantsàl’encontre deslacunesspirituelles la profondeur etlabeautédetelleouidée,ilajoutaitsouvent uncommentaire, àl’exemple du Après avoir(…) desactionsbestialespeuvent révélé coexisteravec desfacultésmentalesélaborées. » unpeuplebarbare peutcommettre desactesd’une bassesauvagerie etn’être« (...) enrienprimitif ; de cesanalyses, préférant à laplace soulignerleraffinementde nombreuses conceptions maories : Cependant, àl’instar deLangetMax Müller, ilétaitenclinàsaboterlalogiqueévolutionniste inférieurs depenséereligieuse, selondescritères rejetés delonguedateparl’anthropologie actuelle. « interprétation métaphysique », d’aucune « spéculation philosophique d’aucune « spéculation métaphysique », « interprétation lacroyance répandue selonlaquellelesMaoris nedisposaientd’aucune son intentionde« détruire » ilannonçait ésotérique destohungamaorisn’a pasencore été exploré danstoutesaprofondeur », publiédansle en 1899,dansunarticle premier lieu,ilavait tendance àvoir enIo lamarque d’une avancée spirituelle, etnonunpointdedépart. comme des« sauvages ». (malgré eux)l’objet despéculationssur le théismeprimitif, Best détestaitqu’ils fussent considérés En 1907, il estimait qu’il était « impossible de dire » silecultedeIo constituaitlereliquat dedire » En 1907,ilestimaitqu’il était« impossible La réponse qu’il donnaàcette énigmeprolongeait laréflexion de Müller surdeuxpoints. En l’animisme, etqu’en conséquencecelui-cisupplantalethéisme supérieur (…).L’hypothèse estquelespeuplesprimitifsnepouvaient pasrésister auxattraitsde L’idée estquel’animisme supplantauneformeplusélaborée decroyance, lacroyance enunÊtre xix Journal ofthePolynesian Society e sièclelorsqu’il tendaitàdistinguer desniveaux supérieurset

9 . Et mêmesilescroyances desMaoris faisaient

6 , où il affirmait que « le savoir , oùilaffirmaitque

. 8 ». Adhéra-t-il pourautantà ».

7 . Déjà 94 Frederico Delgado Rosa indéniablement en rapport avec l’Êtreindéniablement enrapport Suprême. compte, en dépit de leurs versions populaires. Après tout, les récits de l’élite religieuse les mettaient élevée, maisqui,àvraidire, n’était paslaseule quienreprésentait laformeplus à unepoignéedepersonnes », réservée de Io, « apparemment Elles englobaientégalementdesmanifestationsplusélaborées, dontlaconception « chamanisme ». formes d’expression religieuse desMaoris ne pouvaient être réduites àcetyped’animisme oude était enréalité enclineàsuivre une multituded’êtres spirituels,ycomprisdesêtres malfaisants,les côte » etque« cela sembleavoir étélecasdurantdenombreux siècles ». Si lamajoritédepopulation conditionsoupériodesdecroyances etpratiques religieuses existentcôteà à dire que« différentes pas leurdéfaitefaceauxespritslesplusmédiocres. Son pointdevue,exprimédans Best, quivoulait soulignerlesaccomplissementsmétaphysiquesdesMaoris lesplusvaleureux, etnon n’en insistaitpasmoinssurlavictoire fréquente del’animisme surlethéisme.Celaneconvenait pasà la placeàuneidéesimilaire decoexistencedanssonouvrageThe Making of Religion, maissathèse ramifications associéesprobablement àdessegmentsdistinctsdelasociété.Langlaissaitcertainement que lescomposantesgrossières dechaquesystèmereligieux etmythologique,ainsiqueleursdifférentes respectant encelalaméthodedeMüller consistant àprendre enconsidérationtantlesformesélevées d’autres dieux,inférieursparailleurs,pouvaient égalementêtre l’objet decroyances monothéisme » – même en admettantqu’il ne fut jamaisstrictementmonothéiste, « dans la mesure où et célestesdusecond.Il étaitdifficileà Best « d’imaginer unpeupleprimitif comprendre leconceptde ils nel’étaient pasdanslesdétails ; lesÊtres Suprêmes dupremier auxallégoriesterrestres seheurtaient tant quesocledelareligion maorie.Si LangetMüller étaientdésormais d’accord surlesgrandeslignes, Cela permettaitàlapersonnificationdesphénomènesnaturels deprendre uneplacefondamentaleen féroce qui « se délectait de massacres épouvantables », convenait délectaitdemassacres bienauxconceptions religieuses épouvantables », des féroce qui« se est demêmesonhypothèse selonlaquellele Yahvé del’Ancien Testament, semblableàunedéité nousdevons garderde superstitionsgrossières », àl’esprit lecaractère detelsjugements.Il en partial même pourl’élite. Par conséquent,lorsqu’il écritdes phrasestellesque : lareligion maorie« regorgeait d’un dieud’amour etde miséricorde », cequisignifiait implicitement qu’il n’en étaitpeut-être pasde 1907, ilécrivait que« Maori. Dans etMaoritouslescas,ilestintéressant Religion deremarquer andMythology que,dès Best tentadecomplétercetteinterprétation lorsdetravaux ultérieurs,notammentdans En secondlieu,ildistinguaitdifférents niveaux decomplexitédanslescroyances autochtones, la majeure delapopulationmaoriesemblen’avoir partie jamaisconçul’idée

11 . Lesautres dieux devaient égalementêtre prisen

10 Tuhoe, consistait ». The 95 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial 12 11 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 N était « sansdouteplusélaboré quelesconceptsmaoris Maoris ; ou encoreniveau religieux dépeint dans le Nouveau que « le et moral supérieur » Testament à affinerplusencore sapenséeconcernantla religiondes Maoris. lui furent accessiblescontre desannées1910,lesattributsdeIo touteattenteàpartir poussèrent Best voir àprésent, quegrâceauxnouveaux matériauxethnographiquestouchantauculteésotériquequi de l’histoire ; l’histoire de« la majeure delapopulation ».Une partie histoire exotérique. Nous allons . Best, 1899, «Notes onmaorimythology»,Journal ofthePolynesian Society,vol. 8,p. 92. . Best, 1972[1925],vol. I,p. 1040,1028,1041,1025. . Best, 1924b, vol. I,p. 154 ;Best, 1924a,vol. I,p. 86,120. . Best, 1972[1925],vol. I,p. 1025. . Lang,1898,p. 291. . . Lang,1898,p. 207,292. . . Lang,The Making of Religion, London,LongmansandCo. 1898,p. 279. otes V. Alfred enparticulier W. Howitt, The Native Tribes ofSouth-East Australia, London,MacMillan, 1904. Voir Stocking. Jr., 1995 ;Rosa, 2003. . Ibid., p. 1023 ;lesitaliquessontmiennes. . Ibid., p. 1041. . Ibid., p. 1040,1025. -> -> -> -> -> -> -> -> ->

12 ». En effet,ilne s’agissait icique d’une partie -> -> -> 96 Archives vernaculaires ou paroles sacrées ? Le legs du sage Te Matorohanga

orsque le manuscrit colossal de Tuhoe : The Children of the Mist fut repris par Best pour être enfin Lpublié, après avoir passé presque vingt ans dans un tiroir, il ne put y introduire des changements très importants. La préface, qu’il rédige pour cette première édition de 1925, invitait le lecteur à garder à l’esprit que ce livre n’était qu’une ébauche, écrite avant que l’auteur ne découvre « une quantité importante de matériaux nouveaux concernant l’école d’érudition de la région de Takitumu, sur la côte Est de l’île du Nord ». Pour le reste, ne pouvant pas matériellement revenir sur le texte déjà mis en page, il s’est limité à introduire quelques commentaires en bas de page, rectifiant tel ou tel aspect. Ce fut le cas dans les passages du livre concernant l’Être Suprême maori. Forcé de garder sa prédiction originelle, il se montrait alors assez pessimiste quant à l’obtention de données supplémentaires à ce sujet. Il put néanmoins rajouter ce bref commentaire pour amender ce jugement vieux de vingt ans : « Beaucoup d’informations relatives au culte de Io ont été recueillies depuis que j’ai écrit ce passage 1. » La formulation laissait supposer que ces « informations » avaient été recueillies dans le cadre d’une ethnographie menée par des Pakeha. Or elles étaient le fruit d’une entreprise menée spécifiquement par des Maoris, sans aucun doute dans une perspective de sauvetage, dont les résultats écrits devaient rester entre des mains maories. « Ne divulguez pas ces contenus à des étrangers. Préservez-les comme un "savoir revivifiant" pour vous, vos frères, vos enfants et vos petits-enfants 2. » Ces mots furent vraisemblablement dictés en 1865 par le sage Te Matorohonga (c. 1800-1876 ou 1884) au scribe Hoani Te Whatahoro (1841-1923), également connu sous les noms de Te Whatahoro Jury, John Jury Te Whatahoro et plusieurs autres variantes 3. Ils faisaient écho à une décision des membres de la tribu Ngati Kahungunu, de la région Wairarapa sur la côte Est, de consigner des savoirs traditionnels en train de disparaître. Le contexte et le contenu exacts de ces enseignements, qui se déroulèrent pendant plusieurs années, et auxquels contribuaient d’autres tohunga, notamment Nepia Pohuhu (c. 1800-c. 1882), font toujours l’objet d’un débat historique au sein des études maories. En 1907, alors que Te Matorohonga était déjà mort, une commission tribale, nommée Tane- nui-a-rangi (ou Tanenuiarangi, qui signifie « Immense Tane, enfant de Rangi 4 »), décida de prêter des copies authentifiées de certains de leurs manuscrits au Dominion Museum afin qu’ils soient transcrits.

97 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial le malheurnes’abatte survous à parécrit,illançaunavertissement préserve Te Whatahoro : « Ne profanez pasceschoses,decrainteque l’accès tardif delacommunautésavante européenne àundocumentsiimportant : written down by H. T. Whatahoro from theteachingsof Te Matorohanga andNepia Pohuhu, priestsofthe la publicationentre 1913et1915,dedeuxvolumes bilinguesintitulés d’autres reproductions etl’aida àannoterlatraductionanglaisedesextraitssélectionnés.Lerésultat fut collaboration avec lepropriétaire desdocumentsoriginaux, Te Whatahoro, quimitàsadisposition Whare-wananga oftheEast Coast, New Zealand étudiant lestraditions maoriesentendaient parlerdeIo, maiscela avait toujoursétésommaire. Cette (Io-le-père). sur « Io-matua » conséquent une partie Ce n’était pas la première fois que des personnes »)etcontenait par Te Kauwae-runga »(« aux«Chosescélestes Ce premier tomeétaitconsacré entendu parlerdel’existence detelsmatériaux Stephenson Percy Smith, quiétaitàl’époque leprésident delaSociété Polynésienne etavait déjà cette générationetauxsuivantes » à comme unesimpleadmonestationrhétoriqueadressée auscribe,maiscommeun« avertissement seulement deschosessacrées écrivez [sousmadictée]nesontautres quelesconfinsdela infime vérité, desparcelles, unepartie [C]es choses que vous pour apprendre lessavoirs traditionnelssacrés selon lerituel en usage.« (…) abandonner lesvieillesécoles, de l’influence européenne, qui conduisait à ne plus respecter les affirmé quece n’étaitquede « simples fragments ». Le « véritable enseignement » s’étaitperdu enraison contenu dépassaitdeloincequifutpubliéparPercy Smith, Te Matorohonga avait vraisemblablement Elles n’en étaientpasmoinssacrées. Même qu’on silesageétait«profondément heureux » les propriétaire àpermettre qu’ils dansunepublication fussentcopiésetpréservés ces documentscouraientd’être par le feuouaccidentellement,incitafinalementleur détruits Européens. Mais l’avènement de lacivilisationparmicepeuple,etconsciencedurisqueque la tribu,jusqu’à unpassérécent, comme étantdenature trop sacrée pourêtre révélées aux doit être félicitéepouryavoir obtenu accès. Cestraditionsanciennesontétéconsidérées par parconséquent,laSociétévaleur précieuse Polynésienne desinformationsqu’ils contenaient ; années eneûtprisconnaissance.Àvraidire, l’existence desdocumentsétaitconnue,maispasla son propriétaire sans qu’aucun des nombreux collecteurs de données à pied d’œuvre depuis des Il estétrangequ’un documentd’une sigrandevaleur fûtresté silongtempsentre lesmainsde

7 . »

8 . » Dans sanotedesynthèse,Percy Smith neprésentait pascetépisode Whare-wananga, oùunepoignéedejeunesgensétaientsélectionnés

9 . Dans l’introduction aupremier tome,ilexpliquaitlesraisonsde

5 6 , futl’un despremiers àyconsacrer sonattention,en . En dépitdelarichessesesenseignements,dontle tapu, et de façon concomitante à The Lore ofthe Whare-wananga,

10 . 98 Frederico Delgado Rosa as Evolved by the Ancestors of the Polynesians en courssurlesformesprimitives duthéisme.Intitulé « The Cult of Io, theConceptofa Supreme Deity par publier un article dans par publierunarticle parus lamêmeannéedanslechapitreparus IIde (…) » d’en parler. Son savoir luiavait ététransmis par« deux parmilesprêtres desdernierssurvivants maoris peuple », c’est-à-dire, Te Whatahoro, égalementdécritcomme« l’un desderniershommes » enmesure âgé desoixante-treize ans, àquifurent enseignéesdurantsajeunesselescroyances anciennes deson depuis cettepériodegrâce« à unindigèned’une intelligenceetd’un espritremarquables, aujourd’hui lumière s’était faite » quelquedixannéesauparavant. Puis ilexpliquaitàquelpoint« la chemin » tatoué du Néolithique », à l’évidence vieux survivant « un Tutakangahau, le bon qui l’avait mis « sur supplémentaires fourniesàlaSociété Polynésienne par Te Whatahoro. Best évoquait enpremier lieu « un grand nombre de significationsetde remarques éclairantes » quifurent finalement « incorporées élucidation ». Cela eut lieu lors « de nombreux entretiens » au cours desquels Te Whatahoro lui fournit se seraitavéré unobstaclesérieux,sile scribe n’avait sonsoutienàleur debonnegrâceapporté nombre determesarchaïques Il reconnaissait que« le en particulier eu lachancederencontrer ». Percy Smith ajoutait que Te surcessujetsqu’[il leplusérudit Whatahoro était« l’homme ait]jamais que CharlesOliver Davisavait pionnier,un été lorsqu’ilentendit parleraudébutdesannées1850 en of theMist, Percy Smith mentionnadesethnographesquiavaient traitéauparavant dusujet,etestimait Européens jusqu’alors ». Commel’avait faitBest danssonmanuscritde1907 fois, les matériaux présentés dans cet ouvrage étaient « presque entièrement nouveaux, et inconnus des une formesicomplète » aucuneautre tribupolynésiennen’a lescroyancesautant quel’on anciennessous sache », « préservé envers lesMaoris. Lavaleur despassagesconsacrés àIo étaitd’autant plusexceptionnelle que,« pour pour lapremière précisait Smith, foisdanscetouvrage », mêmesitoutn’était pasdévoilé parrespect « Aucun decescollecteursdonnéesn’a jamaisobtenud’information aussiprécieuse quecelleincluse

14 Best partageait lessourcesBest écritesvernaculaires partageait etl’enthousiasme dePercy Smith. Il commença . Percy Smith présentait lescribe comme une personne ayant étéinitiée dans les règles de l’art : où lesmatières étudiéesfurent prisesennote l’enseignement (…). Un bâtimentspécifique futérigédanslequelsedéroula l’apprentissage, et que le scribe fut initié à tous les rituels et toutes les formesanciennes qui accompagnaient àsavoir matière, quelesenseignements auparavant dispensésdanslesgrandesécolesmaories ; L’instruction fournieparles deuxprêtres futàtouségards danslalignée,ettraitademême

12 . Man , en1913également,àtitre decontributionethnographiqueaudébat The Lore ofthe Whare-wananga

13 », l’article prenait appui sur les matériaux qui étaient

15 . , complétésparlesdonnées Tuhoe : TheChildren

11 . 99 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial Making ofReligion, ilajoutait : problèmes théoriques.Après avoir évoqué lathèsedéveloppée parl’anthropologue écossaisdans ilcontinuaitàseprésenter commeuncollecteurdedonnées, incapablederésoudre des de terrain ; des ethnographesduxix plusieurs titres, la fin d’un âge. deMais 1913, Best perpétuait, dans son article l’attitude modeste dumonothéismeprimitif, en1912,unedatequisymbolise,à étaitmort par excellence et« héros » avant quel’influence desmissionnaires nesefasse ressentir déité, etd’en faire laconceptionplusélaborée desMaoris, leurouvrantlavoie vers le monothéisme l’époque, etnotammentenNouvelle-Zélande centrée surlalangueetparole autochtones,fût-ellediteouécrite,cequin’était pascourantà collection duDominion Museum, Best pratiquait(commePercy Smith) uneanthropologie avant tout reconnaître que,endépitdeses nombreuses étudesliésàdesobjets,notammentdanslecadre dela énigmatiques Best s’essaya extrêmement difficiles,elliptiqueset au texte ». égalementàtraduire ces« formulations de-l’amour », pourne mentionner quequelques-uns de ses titres de-l’amour », savoir-absolu », « Io-origine-de-toutes-choses », « Io-l’immuable », « Io-la-cime-des-cieux », « Io-dieu- « Io-au- « Io-l’impérissable », conséquent, lesnouvelles sources sur« Io-dieu-immense-entre-tous », étaitperçuarchaïque » commel’une despreuves lesplustangibles d’une antiquitépréchrétienne. Par dansunelangueraffinéeetsomptueuse deforme Io. Lefaitquesesincantationsfussent« rédigées capacités de traduction, tant étaient nombreuses « les expressions sacerdotales obsolètes capacités de traduction, tant étaient nombreuses « les telle ouformulevernaculaire archaïque etdifficileàtraduire » oudépassaitses était« hautement luisemblaitonnepeutplusnormal.Logiquement,ildéclaraque génération actuelledesMaoris » desexpressions inconnuesdela ni d’ailleurs exclusivement rattachésàIo. Qu’elles contiennent« n’était pasnouveauqui ontétéenseignéesoralementpendant des sièclesetsiècles » àses yeux, etformuleshermétiques plus grandesolitudedanscetteentreprise. Leproblème des« invocations Cette dimensionlinguistiquerevêtait unintérêt lorsqu’il particulier étaitquestionducultede procéder àsonenregistrement la terre, derecueillir quelquesubstanceoriginalequel’homme néolithique nousrévélera etde et denousenlivrer lesrésultats. Il nousrevient, ànousautres habitantsdeslieuxsombres de depoursuivre detellesrecherches delalumière », d’autres, ceuxquirésident dansle« monde à ilappartient Sur cette théorie, nousneprononcerons pas, niensafaveur nicontre ;

16 », maisn’en transmitpasmoinsàseslecteurslesentiment,sansdoutevéritable, d’une e siècledevant dénuésd’expérience leschercheurs comparatistespourtant

21 .

18 .

20 . Andrew Lang,anthropologue enchambre

19 , permettaientà Best d’exalter la

17 ». Il faut ». The 100 Frederico Delgado Rosa de toutêtre etdetoutechoseausein l’ensemble desroyaumes encore,Plus important Io apparaissaitcommeune« entité bienveillante », quireprésentait « la volupté encore plusfins, notammententantquesource etpointdeconvergence detoutevieetâme. Représenté, dans laspiritualitédessages,sousfigure dudémiurge, Io se voyait attribuerdestraits des mortels constamment l’idée que« le cultefondamentaldeIo étaitd’un caractère trop élaboré pourlecommun entre religion populaire etreligion estlaclédecompréhension érudite delapenséeBest ; ildéfend Mais làencore, celanesignifiaitpas l’antériorité d’un courantmonothéiste.Ladistinctionpermanente eussent étéàl’origine d’une telleconception : polynésienne, commel’indique letitre del’article, d’où lapossibilitéquedesancêtres plusprimitifs Il considéraitIo àuneantiquitélointaine,antérieure commeappartenant envérité àlamigration laquelle ilétaitpossibledetrouver desformescomplexes dethéismedanslapréhistoire del’homme. En revanche, ilétaitd’accord, dansuneperspective plusglobale,avec l’idée généraledeLangselon voyait aucunedécadenced’une quelconquenature danslafigure de l’Être Suprême maori : deLang,ausensoùilne Par ailleurs,ilnepouvait dissimulersonrejet du « dégénérationnisme » qu’il n’y avait « rien de terrorisant » danslaconception deIo. Il formulaitensuiteune conclusion qu’il deterrorisant » n’y avait « rien inspirait enretour auxMaoris moinsd’effroi que d’amour, lefaitdemeure, dupointdevue Best, Te divinitéd’amour Matorohanga, ilétait« une religieux, maisà un degré d’avancement à l’élite réservé spirituelledelasociété : de The Maori entre lesmainsd’une poignéed’élus en usantdesseulsmoyens permettantuntelaccomplissement,àsavoir, duculte lapréservation dans sa puretépréservée originelle, car on ne la laissa jamais s’altérer. à ce résultat On parvint barbare etnéolithique.Elle occupeetsymboliseunniveau élevé depensée,et,enoutre, elle fut La conception maorie de la Déité Suprême est une concrétisation remarquable pour unpeuple prêtres maoris lesplusélevés dansl’ordre religieux maori et aétéjalousementprécautionneusement protégé àtravers lasuccessiondessièclesparles des terresCela fut apporté d’origine de la race, où que cela ait bien pu être, en Inde ou ailleurs, nombreux sièclesjusqu’à aujourd’hui le faitdemeure quelacroyance première étaitélaborée, etqu’elle àtravers futpréservée de Peu quececulteaitpuêtre importe remplacé massivement parmiles gens deséchelonsinférieurs,

24 , oùl’expression « ». Il ». développera cettethèsedansdestextesplustardifs, commedanslepassagesuivant original purity

» nerenvoie pasàunstadeprimaire du développement 25

22 . .

27 ». Même sicelanesignifiaitpasforcément qu’il ».

23 .

26 ». Dans lespropos attribués à ». 101 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial « devait dèslorsêtre purifiéavant queleritesepoursuive (…) » Un prêtre luiparlaitalorsencestermes : l’un desrituelsaucoursdesquels Io étaitinvoqué faisaitl’objet d’une cérémonie,« Lorsque lesujet condition depureté quin’était s’agissait pas quecérémoniale – il véritablement d’une pureté morale. une nouvelle interprétation, nombre selonlaquelleuncertain derituelsésotériquesexigeaientune paganisme européen, contractantainsi unedetteenvers « l’homme barbare ajoutant quec’estdouter », ungrandnombre lechristianismequiavait emprunté desespratiques au à déclarait que la purificationn’en rituelle pas par immersion ou aspersion étaient « préchrétienne l’évolution estcequifait delarecherche ethnographiquesurlesMaoris un sujetsiintéressant. » Best développement delareligion, etl’examen des indices lesplusinfimesconcernantdetellesétapes de « Il s’ensuit quenousavons affaire àunephase très curieusedu justifier songoûtobsessifdudétail : une contributionaudébatanthropologique surlamoralité danslesreligions primitives, commepour de l’état « barbare » et non pas « sauvage » des Maoris, il présentait lui-même de tels matériaux comme ouvrage desexemples decetypeavec uneminutie qu’il nousestimpossiblede restituer ici.En dépit Dans unautre passage,lemot t’en. » religion exotérique lorsquele enparticulier que desoffensesauxdieux », commisesparlesMaoris n’étaient tantdesoffensesàlamoralité, actions » que les« mauvaises « pas « primitives », laissaplaceentre-temps à unjugementd’une autre nature. Auparavant, Best considérait dont Langsoutenaitqu’un voire sentiment devertu, uncodedemoralité,étaitassociéauxdéités se rapprochait deluisurunpointcependant.Sa critiqueadressée en1907àlafaçonobsessionnelle savoir que les Êtres Suprêmes précédaient les phénomènes de personnification ou d’animation, il ce lavérité, Cetteidéeestrécurrente Sémites « À certains destempsanciens. » danssonanthropologie : en convenons) quel’Être Suprême desMaoris possédaitunedimensionbienplusélevée quecellede lecture attentive « Une decesnotesmontrera (peu nombreux, àtoutlecteurimpartial nous image : audacieuse àpropos decedieuauquelaucuneoffrande n’était faiteetdontonnepouvait façonnerune conservé leurÊtreconservé Suprême « exempt » detelsvicesenlesimputantàdesdieuxinférieurs tribal, quiprenait auxmassacres part etàd’autres pratiquescondamnables ». Les Maoris avaient, eux, l’Ancien Testament. » Yahvé, contrairement àIo, « était quasimentréduit auniveau d’un dieuguerrier Mehemea heraruraru keiakoe,mewewete ekoe cultus estd’une nature bienplussophistiquéequel’adoration baignéedesang Yahvé décritedans Si Best rejetait lepostulatprincipaldelathéoriedégénérescence d’Andrew Lang,à

29 , mais une analyse approfondie des matériaux concernant Io , l’incita à envisager était traduit par « peccadilles ». Il développait dansson raruru étaittraduitpar« peccadilles ». – si lamoindre afflictionpèsesurtoi,débarrasse- – si tapu étaitviolé.Celatoujourslecasdela

30 ».

28 . 102 Frederico Delgado Rosa et Nepia Pohutu rôle de« source principale », quis’étendait bienau-delàdesesactivitésscribepour Te Matorohanga son du temps ». Holman va mêmejusqu’à dire que Te Whatahoro représentait, pourBest, un« substitut de mais à celle d’Elsdon Best également,« pour avoir acceptéune telle source sans discernement laplupart non seulementàlacrédibilité del’informateur comme« détenteur dessavoirs traditionnelsanciens », malheureusement étéencontactavec cecultetoutesavie idéeimprégnée inconsciemmentpeut-être dechristianisme,empruntée puisque Whatahoro a « une aspects ducultedeIo sicertains se demandaitparfois auquelilfaisaitréférence pouvaient trahir enseignements delaWhare-wananga , etàsesdieux,jusqu’à Quant à samort ». Te Whatahoro, Best conviction deleurauteurque Te jamaislafoichrétienne ets’en Matorohanga « n’adopta tintaux la ChurchSociety, Missionary avait étéélevé enchrétien. Holman décèledanslescarnetsdeBest la second, fils d’un charpentieranglais(dont l’épouse étaitmaorie)quitravaillait dansunemission de etle vis-à-vis delareligion étrangère, trahissantainsisapropre connaissancedesSaintes Écritures ; avec lechristianisme,mêmesicesliensétaientdenature différente. Lepremier s’était montré critique pouvaient luiêtre attribuées : à Tutakangahau, produisait desarchives ethnographiquesdontlescomposantesvernaculaires ne le sujetdeIo, quinereprésentait qu’une desontravail partie n’avait aucun espoirdevérifier », nousdevons garder à l’esprit quecelaneconcerne véritablement que Si Holman matériauxécritsdesecondemainqu’il insistesurl’idée queBest utilisaitdésormais « des en 1910un poste auDominion Museum de Wellington, où ilbénéficia d’un accès privilégiéaux et d’autres membres delaSociété Polynésienne, dontdessavants etdespoliticiensmaoris,il obtint années commeinspecteur pourleministère delaSanté publique,grâceàl’influence de Percy Smith c’est-à-dire, qu’il avait obtenusindépendammentde Te Whatahoro. Après avoir travaillé durantsix spirituelles. Et mêmeau sujetdeIo, ils’appuyait surdesélémentsd’information complémentaires, sa vieunegrandediversité dequestions,notammentlesquestions desources, etcesurtoutes sortes mohio [ancêtre] décédé, Tutakangahau, etdesautres sagesparmiles Tuhoe », endossantdèslorsun Le problème estque Te Matorohanga et Te Whatahoro entretenaient historiquementdesliens ses méthodesdeterrainétaientenunsensentièrement cellesd’un Pakeha Whatahoro et bien qu’il étaient par essence les mêmes que celles de Best ; fût d’origine maorie, transcritsdel’oraltuhoe étaientpourlaplupart vers l’écrit, etlesméthodesadoptéespar Te à documenter personnellement dans la région d’Urewera (…). Les propos des informateurs Te Whatahoro Jury introduisait unerupture deplusavec lessources oralesqueBest avait cherché

32 . Laquestion,dupointdevueHolman, estque Te Whatahoro, contrairement

31 ». Selon Holman, detelspassagesnuisent

34 . Il continuaàutiliserjusqu’à lafinde

33 . 103 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial rejette oudéformelesenseignementsdevotre aîné, Te Matorohanga (…) n’imaginez « (…) pasqueje Levieilhommeprécisait curieusement : assez ancien prend laparole ». par exemple, Best faisaitprécéder unecitationdespropos de Te « Un Whatahoro parlaformule : et « l’une desautoritésindigèneslespluscompétentesdusiècleécoulé il yapparaîtcomme« un dépositaire célèbre desavoirs traditionnelsmaorisdelarégion de Wairarapa » qu’autorité enlamatière, notammentauseindela« Liste desAuteurs cités » figurantdans par Percy Smith qui luiétaientadressées, ouencore des récits mythiquesauxquels ilétaitmêlé),queceuxtraduits documents surIo danssesdernierstravaux (telsqueleseffusionsdesentimentsouformulesrituelles C’est cequiexpliqueque,enplusdesdonnéesfourniespar Te Whatahoro, Best présenta d’autres connu aujourd’hui Best-Matorohanga », sous le nom de « manuscrit ou « livre de Te Matorohanga ». portée decesderniers portée « jalousement gardé parsesprêtres àl’arrivée desmissionnaires anglais,etsoigneusement tenuhorsde sur l’influence desmissionnaires européens, d’autant plus quele savoir liéaucultede Io auraitété relevait dudébatencourssurlesorigines asiatiquesdesPolynésiens plutôtqued’une discussion de l’époque, pourluicommeBest, l’essentiel des similitudes entre lessystèmesmaorietsémite en remplacement d’un assistantmaoridontletravail n’était « absolument pasfiable d’un manuscritdontladictéefutattribuéeà Te Matorohanga parlacommission documents laissésdecôtédansTheLore ofthe Whare-wananga. De fait,ils’occupa delatranscription émanaient, nondelui,maisdu étaitcomplètementomis,dumoinssousleprétextevaleur ouparfois tacitequelessavoirs enquestion alors au détriment de Te Whatahoro, dont nous pouvons dire que le rôle n’était pas évoqué à sa juste Best. fantomatique de Te Matorohanga, bienqued’autres considérationsaientpudéterminerl’attitude de en quelquesorte, de sonstatutd’intermédiaire incontournableentre leschercheurs Best allaitjusqu’à citerunpassagedel’ à exercer soninfluencesurleurstribus Sages » qui avaientSages » été formés dans les Mais sesdoutesfurentpaix éternelle ». passagersetneremirent des pasenquestion« l’enseignement seuls ceux dont l’âme est exempte depéchésodieux pouvaient rejoindre une Io après « dans lamort, quedétenait desdoctrineschrétiennes » Te« connaissance Whatahoro deluiavoir inspiré l’idée que Percy Smith avait confiéauxlecteursde

36 . C’estégalementlaraisonpourlaquelle Te Matorohanga sedémarque entant

40 ». Quant àlaquestiondescontactsdès lespremiers âges, ayanteulieuenAsie, mort, tohungamort, Te Matorohanga. Dans

Whare-wananga avant quele christianisme commençât « bien 39 Histoire dupeuple d’Israël ». De façontrès révélatrice ». despréoccupations scientifiques The Lore ofthe Whare-wananga , publiéencinq tomesentre 1887 et

37 , Maori Religion andMythology ». Cetteconsécrationsefaisait

38 ». « Le scribe » souffrait, scribe » « Le ». qu’il soupçonnaitla

pakeha etlafigure 35 Tane-nui-a-rangi, ». Cetravail est The Maori : 104 Frederico Delgado Rosa accessible àtous : (« célestes » notammentàl’égardla portée, des« choses difficilement compréhensibles ilsformulaientdesconclusionsdont pourle commun desmortels, qui entremêlait le dépouillementdedocumentsd’archives etdesquestionsd’ordre linguistique attribuée à Te Matorohanga etNepia Pohuhu. En dépit delanature très spécifique deleur recherche recension etdeleur analyseenprofondeur desexemplaires existantsdesmanuscrits dontladictéefut le Sémites etlesMaoris n’était qu’une diversion danssontrajetanthropologique : véritable ressemblance entre Io etun Yahvé peubrutal « quelque « assurément » paslecas.Il réfuta égalementl’influence de l’Ancien Testament, caril n’existait aucune laprésence etdelarésurrectiondéceler quelquepart de lavie,demort deJésus-Christ, cequin’était Si leculteavait jaillirécemment desources européennes, depuispeu ». onpourraity été « fabriqués dansleslivres surlesmatériauxpréservés manuscrits,etyréfutait l’hypothèseMythology qu’ils avaient ».Il attiraitl’attention dans l’enseignement ésotériquedesWhare-wananga transmise avec unsoinméticuleuxdegénérationencommelecentre etlecœurde enseignements de Te relique authentique de temps très anciens, Matorohanga représentaient « une Best s’inscrivait nettementdanslacontinuitédecroyance nourrieparPercy Smith queles diminutif dunomdeIahvé utilisécomme étaitparfois « Io » 1893, danslequelErnest Renan (1823-1892)affirmaitquelemot points devuecontradictoires s’est élargiàtoute lasociéténéo-zélandaise, tantdanslesmilieux crainte estuneillustrationdel’inépuisable débat,toujours encours,surladéitésuprême maorieetqui sa ; àladoctrinedeIo... » ense« convertissant laisser séduire pardessources littéraires suspectes » Journal ofthePolynesian Society Dans un article intitulé « TheDans unarticle Sources of‘TheLore ofthe Whare-wananga’ » publiéen1970dans Pratiquement, l’ensemble de ce qui compose aussi passionnant de grainsàmoudre àl’esprit. Cependant,cen’est nilelieumomentdediscuterd’un sujet s’agit làqued’un desnombreux parallèlessaisissantsentre AsieetPolynésie donnantbeaucoup Io vers l’est d’un àpartir Il ne centre commun,pourserencontrer iciauxconfinsdelaterre ? Il endécoule unethéoriesurprenante. LenomdeIahvé vers l’ouest fut-iltransporté etceluide des exemplaires originauxdesmanuscrits Taane-nui-a-rangi quedétenaitBest etdontondit

41 42

44 . Du propre aveu deBest, cettehypothèsed’un lienhistoriqueentre les . . , Bruce Biggs et David Simmons livraientlespremiers résultats deleur « Te semblaitàpremière vue KauaeRunga »), Te Kauae Runga

43 pakeha quemaoris,séparent des ». Holman ». craintdevoir Best « se » correspond au contenu Maori Religion and 105 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial de lareproduction effectués par etdurecopiage desmanuscrits originels » Te Whatoroho était, selon originales « tombaient enlambeaux originales « tombaient que destranscriptionsultérieures qu’il carlespages effectualui-mêmeàdesfins deconservation, Best-Matorohanga). De l’aveu mêmede Te Whatahoro, lesexemplaires ensapossessionn’étaient Te de Matorohanga connussouslenomde« livre Te (quicorrespond aumanuscrit Matorohanga » à uneconclusionquelquepeudémoralisantepropos des enseignementsécritsetauthentifiésde dans les archives, intitulé« The dans un article Words of Te Matorohanga », David Simmons aboutit tohunga sontconsidérés entoutétatdecausecommeperdus. En 1994,après vingtansdetravail consacrée àIo qu’en Il s’agissait était-ildecechapitreprécisémentcapitale : 2 ? duchapitre lasection comportant Bref, celegspouvait être considéré comme«authentique»,àl’exception d’une toutàfait partie été authentifiés,ounon,audébutdu de Biggs etSimmons concernelalocalisationetl’identification decesfameuxmanuscrits,qu’ils aient Indigenous Societies(2014).Jeffrey Holman prédit quantàluiquelacontroverse estloin d’être close. de nombreux contributeurs, et l’a poursuivi dans le deuxième chapitre de par Percy Smith etElsdon Best. James Cox arécemment résumé l’intégralité dudébat,nourripar remous en pointant du doigt les Maoris contemporains qui s’emparaient du mythe de Io « construit » Commeonl’a dit,l’article deHanson de1989provoqua delatradition ». de « l’invention quelques au seindel’anthropologie postcolonialeets’invita mêmedanslesdébatspublicsàtravers la théorie critique réfutant l’authenticité préchrétienne duculteIo ; cettetendanceconnutunsecondsouffle decatalyseuràunenouvelle vaguece faitnouveau singulierdanslechampdesétudesmaoriesservit maories avant l’arrivée desEuropéens quantàlaquestiondesavoir silecultedeIopertinent ounondescroyances faisaitpartie religieuses au Dominion Museum en 1907. Selon Biggs majeure, importance et et Simmons, le fait est « d’une desdocumentsauthentifiésetdéposésparlacommissiontribale quinefaisaitpaspartie apocryphe, à Te desaplumemaisattribué(àtort ?) qui futsorti Matorohanga. Ce serait doncundocument delatranscriptionquefit partie Percy Smith d’un manuscritenlapossessionde Te Whatahoro, Il nes’agit pas pourmoideprendre position,maisd’attirer l’attention surlefaitquelarecherche Runga (àl’exception duchapitre 2)peutêtre traitécommetel considérés commevraispardesmembres du groupe adultesetavertis concerné,alors Wairarapa. Si unetraditionauthentiquesedéfinitcommeunensembledesavoirs traditionnels qu’il avait étéapprouvé parunecommissiondechefstribusdesrégions deHawke’s Bay et

46 . Biggs etSimmons indiquentclairement quesoncontenuprécis provient engrande

49

». De plus, « la conformitéauxrègles etconventions De littéraires plus,« la ». 47 ». Malgré ». l’existence d’importants antécédents historiques xx e siècle ; lesmanuscritsoriginelsécritssousladictéedes siècle ;

45 . The Invention of God in Te Kauae

48 , 106 Frederico Delgado Rosa de l’anthropologie d’un amateuréclectique,auxprisesavec desinfluences divergentes. Best danscedomaine,mais toutd’abord pouressayer de mieuxcomprendre lacomplexité théorique religion maories » avant l’introduction duchristianisme.Grattons destravaux de unpeupluslasurface mythologieetla reconstitution, à lafoisethnographiqueethistorique,ôcombienplusvaste, de« la européenne delanation,forcela construction estdereconnaître qu’ils nesontqu’une d’une partie soi-disant cultedeIo sontàl’épicentre, rappelons-le,desrelectures quil’accusent d’avoir à participé pour desraisonsquidépassentlacritiquesources. Mais silespassagesdesonœuvre consacrés au Simmons, quedeuxépistémologiesdivergentes sont enjeu,celled’Elsdon Best étantjugéecoloniale suivant : Lore of the Whare-wananga plus de matériaux (authentifiés) que scrupuleusement Percy Smith nelefit pour la publicationde aufaitqueBest alu un tempsantérieurauxtranscriptionsencause.Celaôte-t-iltouteimportance scepticismehistoriquequantàlapossibilitéderestituerCette formulationnepeutcacheruncertain » composantes conventionnelles orale auseindelaquelleilétaithabituelraconterànouveau unehistoire ens’appuyant surdes l’éducation chrétienne de Te Whatahoro, soulignelefaitquecedernierétaithéritier« d’une tradition pas simplementrecopié ». Il est intéressant deremarquer queSimmons, plutôtquedefaire référence à denouveau, et De fait,lesavoir traditionnelétait« raconté apparente queréelle ». Simmons, « plus siècle qu’il représente unsavoir traditionnelNgatiKahungunuconsidéré commetelaudébutdu qu’il puisseêtre, etill’est probablement, uneinterprétation fidèledesesenseignements Tanenuiarangi de Te Matorohanga nereprend paslestermesemployés par Te Matorohanga, bien deconclurepas unetraditiontribalede1865.Il estimportant ensoulignantquelemanuscrit de l’affaire comme étant constitué de véritables traditions Ngati Kahungunu. Cela ne représente Museum] représente uncorpusdetraditionsreconnues en1907paruncomitéd’anciens chargé été l’activité principaledeJohn Jury Te Whatahoro. [L’exemplaire transcritauDominion prononcés danslenouveau par lui, ilsavaient récit disparu etlaréécriture quisemblentavoir (…) quelsquefussentlesmotsquiavaient étéceuxde Te Matorohanga, c’est-à-dire réellement

51 .

52 ? L’important ? reste, au-delà de la rigueur du jugement de Biggs et de

50 . Ayanttoutcelaàl’esprit, ilrendit leverdict anthropologique . On peut dire The xx e

107 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial dû lamentionnerdanssonmanuscritdeTuhoe, maisiln’était pas,dumoinspasencore, enmesure deladéchiffrer. àsavoir,ses « professeurs », lesprêtres quiluidictèrent àIo, lesmanuscrits.Cettenoteserapportant Best auraitpuou Pakeha vieux parrespect àlafoispour« le silencieux » des documentsoriginauxmaoris,maissansforcer ceuxqui« restèrent responsables de la Société Polynésienne, Percy Smith et Edward Tregear, pouvaient espérer une diffusion intégrale de manuscrits vernaculaires sur le culte de Io. portant de grande importance En 1899, les directeurs de la revue et faitàmonavisréférence auxmembres maorisdelaSociétéde nosmembres » Polynésienne quirévélèrent l’existence temps qu’il seraitsacrilègepoureuxdeparler. Mais professeurs, ilsrestent silencieux,estimantqu’il sujetssihautementsacrés existecertains pourlesMaoris desanciens de nosmembres. Mais, pensons-nous, empreints de l’affection profonde qu’éprouve levieux de Io, entantqu’Être Suprême maori,ungrandnombre dechosespourraientêtre ditesparunnombre très limité sujet « Au énigmatique dans une note de bas de page (dans l’article de G. T. Maori ») : Hammond sur les « Atua Edward Maning (1811-1883). (cité dansibid.,p. 140). sentiment hostileàlatransmissiond’un telsavoir n’est plusaussipuissantparmilesautochtonesqu’il avait pul’être » qu’aux premières heures de la colonisation britannique (Craig, 1964, p. 139). Pour reprendre les termes de Best, « le les possibilitésd’accéder àdesinformationsétaient,endépitdutempsécoulé,peut-être plusfavorables ensontemps 14 13 12 11 10 9 8 7 Est deNouvelle-Zélande. des Whatahoroenseignements de à partir Te Matorohanga et Nepia Pohuhu, prêtres de la 6 5 4 3 2 1 N numérique : Te Ara-theEncyclopedia ofNew Zealand, http://www.teara.govt.nz [consultéenjanvier2016]. . . S.Percy Smith, dansS.Percy Smith, Te Matorohanga etNepia Pohuhu, 1913-1915,vol. I,p. 104. . Ibid., p. 108-109. . . . . Best, 1924b, vol. I,p. 117. . . Best, 1972[1925],vol. I :viii,1028. otes Te Matorohanga, dansS.Percy Smith, Te Matorohanga etNepia Pohuhu, 1913-1015, Vol. I,p. 104. Te Matorohanga, 1913-1915,vol. I,p. 104. . Best, vol. 1913,p. 98-99,101.Il nefaisaitpas mentiondesnomsde Te Matorohanga etdeNepia Pohuhu. . LecultedeIo, leconcept d’une Déité Suprême telqu’il futdéveloppé parlesancêtres desPolynésiens. . S.P. Smith, 1913-1915,vol. I,p. iii. . . Voir M.J.Parsons, «Jury, Hoani Te Whatahoro », Non traduit en français : Lessavoirs traditionnelsdelaWhare-wananga , rassembléspourpublicationparH. T.Non traduitenfrançais : Dans le numéro de 1899 de la revue Il mentionnaitégalementJohn White, C.E.Nelson (quin’avait jamaispubliédelivre ; datesinconnues),etFrederick Ibid., p. iv. Craig démontre qu’en raison decenouvel étatd’esprit, Best lui-mêmeétaitenréalité convaincu que Maori », c’est-à-dire,Maori », pourlescribeHoani Te Whatahoro (dontlepère étaitpakeha etlamère maorie)etpour -> -> -> -> -> -> -> Journal of the Polynesian Society, les éditeurs abordaient le sujet de façon -> ! » (dansHammond 1899,p.taihoa ! » 90).« Un nombre très limité Dictionary ofNewDictionary Zealand Biography Whare-wananga de la côte , vol. 1,1990.Édition Pakeha Maori pour ses -> -> -> -> -> -> 108 Frederico Delgado Rosa fit la revue de Best etl’idée d’une longue« recherche intensive », cetteexpression étantutiliséeexplicitementdanslasynthèseque 144, 145). On ne percevait aucune contradiction de quelque nature que ce soit entre le statut de collecteur de données passé cinquante ans à leurs côtés (Herbert Williams, Compte rendu d’Elsdon Best, l’ouvrage futprésenté commeun« recueil d’informations surlesMaoris quifaitautorité », écritparquelqu’un quiavait professionnels enchambre, pendantlesannées1920etmêmeau-delà.Dans lasynthèseconsacrée à prolongement deladistinctionprémoderne entre l’autorité empiriquedesamateurssurleterrainetcelle,théorique, p. 231; Craig, 1964,p. 157,168-169,211). plus systématique,aufilm,à la photographieetà l’enregistrement 2005, sonore (voir A. Henare, 2007, p. 98-101 ; réfère notammentautravail réalisé enéquipepour récolter unmaximumdedonnées, toutenfaisantappel,defaçon de Cambridgedansledétroit de Torres, lorsd’un enparticulier séjourdeRivers enNouvelle-Zélande en1915.Elle se dansunclimatd’échanges avec cesdeuxmembres delacélèbrequ’elles expédition de l’université ontété« conçues » ethnographiques duDominion Museum auxquelles entre Best aparticipé, 1919 et1923,AmiriaHenare considère doit aussiêtre priseencompte,tout commecelled’Alfred Haddon (1855-1940). Àpropos Cort desexpéditions par W. H.R.Rivers (1864-1922), responsable majeurdelaprofessionnalisation del’ethnographie enGrande-Bretagne, insiste pourdire queBest adépassélestatutd’amateur unefois en posteauDominion Museum. L’influence exercée the Mist, eux-mêmes ou à une génération future » (cité dansCraig, 1964,p.eux-mêmes ouàunegénérationfuture » 106).).Larevue formes plusélaborées decompilationettoutegénéralisationàceuxquin’ont paslesmoyens d’obtenir cesélémentspar sombres delaterre devrionsfaire notre possiblepourrecueillir et documenter l’ensemble detelsmatériaux et laisserles quitravaillons dansleslieux « Nous anthropologues, Craig citeunautre passagequirévèle lemêmeétatd’esprit : Best, 1913,p. 100;et1924b, vol. I,p. 144-145. lecaractère« détruisait poétique »dusavoir traditionnelsacré (1964,p85). respectifs. Te Matorohonga dansS.Percy Smith, Te Matorohanga etNepia Pohuhu, 1913-1915, anthropomorphisée dececonceptneledégrade. I, p. 40). Ceci dit, il considérait que la nature ésotérique du culte de Io avait empêché qu’une description entièrement (Best, 1924b,d’entre vol. nous, la majeure de la population, a besoin de quelque chose de plus tangible (...) » partie pensée abstraitepourront jamais comprendre leconceptd’une déitépurement abstraite,unepuissanceinforme.Lereste commecefutlecasde Yahvé. ceuxdisposantd’un àl’introspection espritsupérieurouvert etla humaine », « Seuls Areas’ and‘Adaptation’ inNew Zealand Museums andGovernment Policy p. »,enparticulier 91. 22 21 20 19 18 17 16 15 ...... Ibid., p. iii,92. . S.Percy Smith, 1913-1915,vol. I,p. i. . Best, 1913,p. 103. Voir, àcesujet,l’article deFiona Cameron etConalMcCarthy, « Two Anthropological Assemblages:Maori ‘Culture Best, 1972[1925],vol. I,p. 1924,vol. 1099 ; II,p. 5, 18. Selon Craig, Best pensaitd’autre quelatraduction part Best, 1924a, vol. I,p. 86.Best dépeint toujours Io sous forme comme un dieu masculin. En effet, Io fut« conçu Alors quePercy Smith traduisitchacun des titres deIo, Best entradanslesdétailsdeleursattributs implicites et 93 .9.Àpoo elhmlt eBs eatcu ui osdri om ’ atetqe » authentiques Best, 1913,p. 98.Àpropos del’humilité deBest devant ceuxqu’il considéraitcommed’« Man Man , 1932,vol. 32,p. 241).Rétrospectivement, lesambiguïtésdecettepériodesontévidentes.Elsdon Craig de Tuhoe: TheChildren ofthe Mist -> -> -> -> -> -> (Walter Ivens, Compterendu d’Elsdon Best, -> The Maori, Man elle-même s’inscrivit dans le Man Tuhoe: TheChildren of

-> vol. I, p. 111 ; voir vol. I,p. 111 ; The Maori deBest, , 1925, vol. 25, p. 109 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial Simmons, 1970). p. peine desprescriptions sacerdotales. Lesauvage maoriest-iljamaistombéaussibas ? »(Best, 1924b, vol. I,p. 160). tortures diaboliques,plusieursmilliersdepersonnesparce qu’elles vénéraient notre Dieu d’une façon quis’écartait à Êtres Lesclergéschrétiens ontassassiné,enusantde Suprêmes. Est-cequenotre querelle surunsimple nom ? porte une entitéquenousappelonsDieu. Nous disonsqueIo estunfauxdieu.Pourquoi ? Parce qu’il nepeutexisterdeux (Best,corps » 99). Je 1913 : reviendrai sur ce point. Pour l’heure, la citation suivante « Nous en dira assez : croyons en qu’il Déité jugeaitmoyenâgeuses, quinepunissait paslesâmesdeshommesaprès du lamort alorsqueIo était« une genre decomparaisondéfavorable, Best étantextrêmement critiqueàl’égard denotionsattachées auJugement dernier (Voir Craig, 1964,p. 146-148). responsabilité professionnelle auseindumusée, etjustifiaitmêmelefaitqu’il ceposteàlongterme puisseconserver 40 39 38 37 36 35 34 33 32 31 30 29 28 27 26 25 24 23 1924b : 22). surl’articulation entre religion etmoralitédanslapréhistoiresimple deseformeruneopinion » del’humanité (Best, 23).Dans touslescas,iln’était defaçongénérale,étaientamorales(Best, « pas 1924b : les religions « primitives », êtreraison aucun supplémentairedoute en lien avec la moralité », « sans du désaccord de Best avec l’idée de Tylor que 125. Il effectuaégalementdestranscriptionsdemanuscritsdontladictée étaitattribuéeà Nepia (VoirPohuhu Biggs, . . . Best, 1913,p. 101 ;1924a,vol. I,p. 234. . Best, 1924,vol. I,p. 234. . Best, 1913, p. 103. . Ibid., p. 99. . Best, 1913,p. 103. . S.Percy Smith, dansS.Percy Smith, Te Matorohanga etNepia Pohuho, 1913-1915.,vol. I,p. xii,ii. . Anonyme[Te Whatahoro], citédansBest 1924b, vol. I,p. 143. . Best 1924a,vol. I,p. 482 ;vol. II,p. 593. . Par exemple, Best, 1924b, vol. I,p. 99-106, 364-365,394-401. . . Ibid., p. 234. . Holman, 2010,p. 225. . . Best citédansHolman, 2010,p. 236-237. . Best 1924a,vol. I,p. 266-267,287 ;vol. II,p. 45 ;vol. I,p. 267,287 ;vol. II,p. 45 ;1924b, vol. I,p. 27. . Te Matorohanga, dansS.Percy Smith, Te Matorohanga etNepia Pohuhu, 1913-1915,vol. I,p. 111. Best, citédansDavid Simmons, « Best, 1972[1925],vol. I, p. 1024.D’unautre côté, le système du Best, 1924a,vol. 1924b, 1913,p. I,p. vol. 99 ; 90 ; I,p. 24,31,158.Lechristianismelui-mêmeétaitviséparce Holman, 2010,p. 222,236.Craig montre quelacollaborationavec Te Whatahoro relevait pourBest d’une -> -> -> -> -> -> -> -> -> The words of Te Matorohanga » -> -> -> -> -> , en tant que « force de dissuasion » pouvait dedissuasion » tapu entantque « force Journal ofthePolynesian Society, 1994, vol. 103, -> -> -> -> 110 Frederico Delgado Rosa contractait enIahou ouIo nomsacré se p. 84,« Le nomdeIahvé », chapitre 6,« Le jusqu’à leurétablissementdanslepaysdeChanaan », démêler cetécheveau dépassele cadre decetravail etdemescompétences. faire, etlespropos tenuspar Tutakangahau en1902doivent parailleursêtre prisenlignedecompte.Quoi qu’il ensoit, ultérieures. Un de comparaison travaildes documents d’archives important et des ouvrages publiés reste sans doute à Whare-wananga. Il sepeutquecesoitvraipourl’article publiédans 48 47 s’agisse demythesou karakia (incantations). 46 45 44 43 42 41 52 51 50 49 . . . Simmons, 1994,p. 137,mesitaliques. . Simmons, 1994,p. 121. . . . Simmons, Biggs, 1970,p. 36 ;voir égalementSimmons, 1976. . . Simmons, Biggs, 1970,p. 41. . Holman, 2010,p. 226,234. . Best, 1924b, vol. I,p.147 ; cf. Smith, 1913 :vii. . Best, 1924a,vol. I :90 ; Voir Best,1924b, I :25 ;149. Te Whatahoro, citédansSimmons, 1994,p. 118. En réalité, d’autres chapitres, notammentlepremier etletroisième, fontégalementréférence àl’Être Suprême, qu’il Voir Craig, 1964,p. 155 ; Sorrenson, 1990[1979],p. 52-53 ; Holman, 2010 : 228 ; Cox, 2014 : 53etsuivantes. Ernest Renan, Histoire dupeupled’Israel, Paris, CalmannLévy, Beni-Israël àl’état nomade 1887,Livre 1,« Les Je crainsqueCox n’induise enerreur lorsqu’il soulignequeBest s’est inspiré principalementde , ets’écourtait enIah -> -> -> -> . » -> -> -> -> -> -> Man en1913,çanel’est paspourlespublications -> The Lore ofthe

-> 111 Ténèbres et lumière dans la mythologie et la religion

est ne pensait pas que l’évolution du concept de Dieu dans le contexte maori suivait une Btrajectoire linéaire ; sa progression était faite d’attentes, de détours et de croisements entre ce qu’il catégorisait comme des conceptions supérieures et des conceptions inférieures. La personnification des phénomènes naturels, bien que située sur un plan moins élevé que le culte de Io, était également vue de manière très positive par Best. Le fait que toute vie émerge du Ciel Père et de la Terre Mère, dénués de parents, constituait du point de vue de Best une composante de la métaphysique néolithique qui méritait qu’on s’y attardât. Il est impossible de citer dans son intégralité l’une ou l’autre des versions minutieusement détaillées du mythe, sans parler des antécédents cosmogoniques complexes de Ciel et de Terre, considérés avec méfiance par Best qui les jugeait « plus puérils et grotesques 1 ». Les extraits suivants de The Maori permettront de résumer une partie des composantes principales du mythe : Durant les jours recouverts par la brume du lointain passé, le ciel et la terre n’étaient pas séparés comme nous les voyons aujourd’hui, car Rangi le Ciel Père étreignait Papa la Terre Mère. Dès lors, tout n’était que ténèbres entre eux, aucune lumière n’existait, rien ne pouvait naître, les choses n’existaient que vaguement, ou se déplaçaient sans but dans un royaume d’obscurité. Lorsque les enfants de ces premiers parents naquirent, ils séjournèrent dans les ténèbres, et s’accrochèrent au corps de Terre Mère, trouvant refuge sous ses aisselles. L’obscurité régnait ; aucune étincelle de lumière n’atteignait les nouveau-nés. (…) soixante-dix enfants étaient nés, (…) tous mâles, et tous des êtres surnaturels (atua). (…) [Ils] devinrent rapidement mécontents de leur sort en ce monde. Les conditions de vie étaient ennuyeuses et déplaisantes, tant ils se sentaient à l’étroit. Ce manque de place était dû à la proximité de leurs parents en ces temps lointains, car Rangi étreignait toujours Papa ; le ciel et la terre étaient proches l’un de l’autre. Ce fut Tane qui proposa de les séparer, en prononçant ces mots : « Séparons nos parents ; que Rangi soit poussé vers le haut, qu’il soit suspendu au ciel, et que Papa s’allonge dans l’espace. » La plupart des enfants furent d’accord avec ce plan, mais Whiro et quelques autres s’y opposèrent et ne voulurent en aucun cas y être mêlés. Il est dit de cette séparation par la force du ciel et de la terre qu’elle fut un acte de rébellion de la part des enfants à l’égard de leurs parents, qu’elle fut le premier acte de désobéissance, la première faute commise. (…) Cette tâche se révéla extrêmement difficile, tant leurs parents s’aimaient intensément l’un l’autre et s’accrochaient l’un à l’autre. Il s’avéra nécessaire de couper les bras de Rangi afin de le repousser vers le haut. Le sang de ses terribles blessures coula sur le corps de Papa et y fut absorbé, c’est pourquoi le horu

112 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial l’Infini dansla Nature. L’extrait quisuitauraitpuêtre écritparlemythologueallemand : dimensions figuratives, etmêmeàlathèse romantique d’une intuitionprimitive delaprésence de preuve supplémentaire desonadhésionàlapenséeMüller, notamment pourcequiconcerneles une desontravail apporte explicitement souscritàlathéoriedemaladiedu langage,cettepartie telles qu’ils les voyaient saisir », avec bienveillance, leurs façonsdepenser, de comprendre leurssymbolismes, devoir leschoses des Maoris et« de mental » par lequel il essayaitàla fois decomprendreparticularisme, le « stade On trouve dansletravail anthropologique deBest unmélangesingulierd’universalisme etde « que lesGrecs del’antiquité nesurpassaientaucunement « que penché surcesdocumentsn’aurait pasàtrembler devant l’image inattendued’un peuplebarbare et nonlasimplicité,psychologique desconceptsélaborés parlesMaoris. Un lecteuràl’esprit ouvert pour appréhender uneffort d’autant plusimportant lacomplexité, lecteurs occidentaux – fournir Best àses nousdevrions – suggérait del’oubli », étaient depuislongtempsrelégués au« royaume à faitdigned’être étudiée,etd’être documentée ». Sachant quenospropres conceptsmythopoétiques elleétaitassurément « tout dimension dessavoirs traditionnelsmaorisn’était passionnante » ; « plus poétique, parlesimplefaitqu’elle était,enunmot,mythopoétique.Best reconnaissait qu’aucune autre unrépertoire quiétaitàlafoispoétique etbienplusque etdes« allégories », des « métaphores » Un telesprits’exprimait d’abstraction ». àtravers desMaoris, voire deleur« faculté remarquable » devrait, écrit Best, être perçue comme une vision très perspicace du monde, une preuve du « génie La personnificationdeCielet Terre, qui s’étendait àdenombreux autres domainesdela Nature, qui atoujoursexistéetexistera toujours vérité, peuvent appréhender lacroyance enun pouvoir suprême quifaçonnatouslesunivers, et Qui oseraitdire queseull’espritnous allons ? chrétien, seulslesyeux chrétiens, peuvent voir la ledésirspiritueldesavoir d’où nousvenons etoù voile etdecontemplerlesoleilmajestueux ; beautés etlasplendeurdenature, lesmystères lecouragederepousser etlesjoiesdelavie ; le Détenons-nous lemonopoledesformesdesentimentlesplusélevées, dela capacitéàsaisirles depuis longtempsrévolue qu’ellessachez nesontautres queleslarmesdeCielPère, versées poursacompagned’une époque entre eux.Carlorsquevous voyez lapluieetrosée coulersurlecorps dePapa, néesansParents, les premiers d’entre touslesparents pleurent leurséparation,etéchangentdessignesd’affection gémissement dela Terre Mère poursonamourperdu, etdetouslestemps,aujourd’hui encore, Rangi etPapa, arrachésl’un àl’autre desentiments.Résonna alorsle parleursenfantsdépourvus ou l’ocre rouge setrouve encore danssoncorpsaujourd’hui. (…)Un chagrinimmenseenvahit

5 . Latâchen’était pas simple, parce quelesEuropéens n’éprouvaient « plus

2 .

4 ?

3 ». Si Best, àmaconnaissance,n’a pas ». 113 Frederico Delgado Rosa que Tylor avait à l’esprit était loin decorrespondre à la compréhension que Best avait de la vision du En effet,la« philosophie » comme delapoésieétait de laphilosophiepourlespremiers hommes. » de vuethéoriquesestperceptible lorsqu’il citelaformule proverbiale de Tylor : quenouslisons « Ce tout àfaitadmirables.Un autre exemple delaconfusionqueBest entretenait entre cesdeuxpoints sans conviction,lesréflexions de Müller surlesmythesdela Nature entantquefictionspoétiques Culture parexemple empruntant àPrimitive et celapeutsecomprendre, entre cesdeuxfigures éminentes, d’Edward Tylor, subtile,ouplutôtquechacundissimulait.Best nefaisaitpasde distinction, certes composante rationnelle,iln’en existaitpasmoinsunedistancenotableentre lui etl’intellectualisme Même siMüller affirmaitque l’origine(par ailleursmultiple)detoutesles une religionscomportait pratiquement inséparables.Müller lui-mêmeavait formulél’idée suivante, citéeparBest : présente dansl’idée quelesentimentdeDieu etl’interprétation delaNature étaientdesétats d’esprit dimension n’avait enréalité riend’incompatible avec letravail deMax Müller, etétaitmême les phénomènesnaturels, n’était pasdénuéed’une dimensionintellectualiste.Mais certaine cette Bien évidemment,l’idée unephilosophie,encequ’elle quelamythologieétaitenpartie expliquait müllerienne deBest devientévidentesurcepoint : que lesautochtonesconsidéraientforces delanature commedevéritables personnes.L’orientation en 1882, dans leur appréhension de la perspective maorie. Edward Shortland (1812-1893), par exemple, avait écrit Terra trompés dans Mater. Best accusait les auteurs qui l’avaient précédé de s’être « sérieusement » nourrissaienttoujoursl’usage formesdesurvivances poétique d’expressionsque certaines tellesque aucune indulgence » envers laveine mythopoétique ; ellepouvait cependantsevoir facilitéeparlefait (La civilisationprimitive) despassagesdanslesquels Tylor reprenait, mais entoutecourtoisie à lafois(…) n’est ni une religion, ni de l’histoire, ni de la philosophie ou de la poésie. Elle embrasse tout cela d’ordre métaphysique,etd’autres encore sontpoétiques : maislamythologiedanssonensemble pansdelamythologiesontreligieux, sonthistoriques,quelquesautresCertains certains sont détermination àcomprendre lacausalité,l’origine deschoses abondaient dans leursenseignements, qui étaientle résultat deleur les personnifications également deschosesmatérielles,parce qu’il àleurgéniedelefaire, appartenait etparconséquent immatérielles pourlasimpleraisonqu’il n’y ariendetangibleenelles.Ils personnifiaient n’était paslecas.(…)LesMaoris trouvaient extrêmement pratiquedepersonnifierdeschoses Je répondraiMais ici,etcedemanière lesregardaient-ils catégorique,quece vraimentainsi ? Maori Religion andMythology

7 . (untitre queBest reprendra quatre décennies plus tard),

6 . 114 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial qu’irréconciliables, delaisser [la]descriptiondescroyances etpratiques illuiparaissait« souhaitable dontles thèsesétaienttoutautantdiverses pard’éminents anthropologues », religion « formulées son ouvrage de 1924, », titre du chapitre introductif de la définition, l’origine et le développement de la religion sur « Best nepouvait pascacher sonambitiondecontribuerd’une manière oud’une autre auxdiscussions Cependant, bienvenues ». en chambre pour lesquels les données ethnographiques étaient « toujours religion », ilsdevaient àsesyeux être examinéspardesanthropologues, c’est-à-dire desanthropologues hautementsignificatifsausujet dudéveloppement dela descriptifs fournissaientdesindices« Si lesmatériaux laprétention deproposer untravail scientifique ». quin’avait « pas de brousse » griffonnages d’un collecteur résoudre desproblèmes théoriques,présentant sesécrits comme« des comme toutbonethnographeprémoderne sedevait delefaire. d’influences contradictoires, qu’il entremêla de façon éclectique, ambiguë ou carrément paradoxale, de ces questions. Il était pris au milieu trouver une cohérence globale dans l’analyse qu’il propose peut-être utopiquedetenter auchampdelareligionréservées etdela mythologiemaories.Il est n’y pas,desréponses définitives auxquestionsgénétiques,qu’elles parvint-il fussentuniverselles ou asiatique, iln’essaya jamaisvéritablement danssontravail ethnographiquedetrouver, oudumoins objets naturels, avant quenesoientdéveloppées desnotionsanimistes. (1866-1943) autournantdusièclepourexprimerlesentimentdestupeurquepouvaient éveiller les implicitement endialogueavec l’héritage deMüller : celuid’animatisme, proposé parRobert Marett concept était plus conforme au récit d’ensemble qu’il reconstituait, ou tout du moins entrait plus de l’hypothèse (quoiquesecondaire) d’un développement plustardif ducultedelaNature. Un autre Best admettaitlaprésence d’une dimensionanimistedansl’élaboration religieuse maorie,sansparler fables, mais« cesontdesfablespourlesMaoris commepourlesEuropéens » ilspouvaient être Certes, leshéros de desêtres conscientsdotésdefacultéshumaines ». « comme lorsqu’il démentaitlefaitquelesMaoris voyaient véritablement lesarbres, lesmontagnesouétoiles monde maorie. Dans touslescas,sa position nontylorienneétaitsouvent perceptible, parexemple du leur tourenretirer unéclairagenouveau. Il passaminutieusementenrevue plusieurstravaux delafin xix Best, nousl’avons vu, aimaitàseprésenter comme un collecteurdedonnées incapable de Si deshypothèsesdiffusionnistes Best mentionnaitparfois reliant les Maoris àunsubstrat Best citait d’autres théories qui pouvaient être pour le cas maori, ou qui pourraient à pertinentes e siècleetdudébut . ConfrontéMaori aux nombreuses Religion définitions de la and Mythology xx e siècle, dont certains sonttombésdansl’oubli siècle,dontcertains aujourd’hui

8 .

9 . Parfois, 115 Frederico Delgado Rosa formes », maisdesexe féminin formes », le fragmentadéquatducorps de Papa, la Terre Mère, et lefaçonnaen« une imageépousantsespropres longue quêtedansleroyaume delanature etplusieurstentatives defécondation, Tane finitpartrouver prennent modèle surnous,etpeuplerainsil’éternel mondedelumière quinousentoure. » Après une « Partons àlarecherche del’élément femelleafinquenouspuissionsfaire naître unerace d’êtres qui vue de Terre Mère [Papa]Tane régnait lecontentement », etsesfrères prirent ladécisionsuivante : l’acte derévolte de lecorpsétendu àperte contre l’étreinte parentale, lorsqu’il futétablique« sur soupçonnait que lerôle de Tane (quiétaitd’apporter lalumière aumonde enséparantle Ciel etla amoureux. tout enprovoquant l’apparition delapomme d’Adam danssagorgeenguisedesymbole deleurlien sa grand-mère Papa. Tane essaya désespérément de lasuivre, mais elleluiordonna defaire demi-tour, vérité son père, elle abandonna ce monde, cherchant refuge dans le pays sous terre en compagnie de Titama, quideviendrait lamère deshommes.Cependant,lorsqu’elle découvritquesonmariétaiten Terre etengendrauneprogéniture femelle.Par etépousasafilleainée,labelle lasuiteilcourtisa Hine- autour de l’axiome selon lequel « la religion estuneévolution autour del’axiome selonlequel« la imprégnée formulées de clairementconsidérations génétiques complexes, implicites, parfois parfois commeill’écrivait lui-même.Il n’endire », demeure pasmoinsquesonethnographieestfortement à Pour cequiconcernel’origine delareligion, ilyavait « peu maories parlerd’elle-même (…) ». en questionetleurspersonnifications respectives avaient desnomsdifférents dimension naturelle desdieux,c’est-à-dire inspirée delaNature, d’autant plusquelesphénomènes pourrait justifierle recours à l’animisme, maiscelapourraitégalementexpliquerunoublidela Cela a besoindequelquechoseplustangible ». car« il immédiatement desconceptsabstraits », concédait danslemêmetemps « que l’on nepeutpasattendre del’homme ordinaire qu’il comprenne pournepas prendre leschoseslittéralement,mais Best preuve desuffisammentdiscernement » moins sophistiquéquelesélitesspirituelles.Assurément, le« l’origine unemanière desimplifierdesquestionsquiétaientcomplexes etceà l’attention dupeuple, à laprogéniture deRangietPapa. Après tout,Best pensaitquelapersonnificationavait étédepuis Une formeexacerbéed’anthropomorphisme étaitperceptible, principalementdanscequiavait trait etnesauraitêtrelabyrinthe particulier lederniermotsurlaquestion. travail deBest quej’entameàcestadedemonanalysen’est qu’un descheminspossiblesau seindece Best étaitdenouveau en accord avec unpenchantmajeurdela mythologie comparée lorsqu’il La mythologiemaorieneselimitaitpasàlapersonnificationfigurée dephénomènesnaturels.

12 . Après luiavoir conféré lavie,ilépousaJeune Fille Issue dela tohunga intelligentd’autrefois faisait

10 ». L’approche ». herméneutiquedu

11 . Quelque tempsaprès 116 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial encore décelabledanssaformeoubliéedepuislongtemps : (correspondant au Tane de Kane » maori)était invocations et poésies religieuses, le « symbolisme de l’Océan, laJeune Fille delaBrume, laJeune Fille de laMontagne etpar-dessus toutlaJeune Fille de étaient toujoursreflétées desesenfants,à parcertains l’instar dela Jeune Fille des Nuages, la Jeune Fille àlahauteurd’une tellepaternité, qui glorieuses », Zélande, comptetenunotamment des« teintes rien ne disait que l’oubli de la dimension solaire de Tane se fût généralisé dans toute la Nouvelle- de vénération dusoleildans lestempsanciens », recevant toujoursuneréponse négative. En revanche, inexistantes ». Best allajusqu’à questionnerexplicitementsesinformateursausujet « de toutesformes maigres, enréalité, quasi étaient« extrêmement profondément ancien » les preuves d’un tel« culte Il fallaitadmettre que qui étaitdeconsidérer saformepersonnifiéecommeunedéitépuissante ». méthodeindirecte tandis quepourBest cesderniersvénéraient simplement lesoleilàtravers « la Fornander pensaitquelecultesolaire « avait disparu » après l’arrivée desPolynésiens danslePacifique, soleil connaissance plusprofonde desmythesindigènespourreconnaître enluiuneformepersonnifiéedu n’était pasconscienteque Tane représentait l’astre delumière, etilnousfallutattendre d’acquérir une semblequelapopulationdanssonensemble soleil, quoiqueoubliécommetelparlesMaoris. « Il réalité sasplendeurpremière entantquephénomènenaturel personnifié ; Tane n’était autre quele Terre, etde sa prééminence en sus de ses attributs de fertilité dans le panthéon divin) cachait en la nature » parlesPolynésiensla nature » avant d’exposer sespropres desforces de analysessurlesracinesasiatiquesanciennesde« l’adoration roi Kamehameha V, reconnaissait sadetteenvers Max Müller etd’autres mythologuesetphilologues, une aristocrate indigène et occupa pendant dix-neuf ans différents postes sous le gouvernement du , de 1878, ce vieil habitant d’origine suédoise de l’archipel hawaïen, où il épousa of Kamehameha I Polynesian : Race itsOrigin andMigrations; andtheAncient oftheHawaiian History People tothe Times spécialiste deHawaï Abraham Fornander (1812-1887).Dans lepremier tomede Best devait beaucoup, danscechapitre desoninterprétation, autravail d’éclaireur menéparle

13 . » Laconceptionmaoriede Tane. » ayantsonéquivalent dansd’autres contextespolynésiens, difficilement compréhensible pourles Hawaïensaujourd’hui passé, témoinsd’une croyance supérieure, etspécimensdelasimplicitéarchaïque du langage, l’usage, maiss’adossant néanmoinsàdesformestraditionnellesen tantqueformeshéritéesdu quoique probablementpréservés, altérés dansleuraspectetobscurcis dansleursignificationpar cours desépoquesultérieures, cesfragmentsd’un culteplusproche desorigines étaient encore Durant toute la période de l’idolâtrie grossière qui endécoulèrent etdespratiquescruelles au

14 . Àtravers uneexégèse enbonneetdueformedeslégendes,prières,

15 . An Account ofthe 117 Frederico Delgado Rosa comme Hine-Titama, l’œil brillelorsqu’il tecontemple hommes d’autrefois prononçaient cetadagelorsqu’ils voyaient « Tu unefemmedegrandebeauté : es sa peau en vérité s’offrait comme la gorge de l’oiseau magnifique coucher dusoleilàlahuitièmelune ». LorsqueHine-Titama « se dévêtait ets’avançait poursebaigner, pareille àl’océan placidequis’embrase etsapoitrine« était deteintessacrées » corps « rougeoyait au son flammes d’un brasieréclatant », mythopoétique desMaoris. Ses yeux étaientsemblables« aux tenu dereproduire unedescriptionde la Jeune Fille deL’Aurore pourpreuve supplémentaire dugénie Hine seretira devant lui,commeseretirent toutes les aurores devant lelever dusoleil. » Best se sentit cet être debeautés’enfuit vers l’ouest, Tane lasuivit,commeilsedoitdesuivre touteslesaurores. savoirs traditionnelsmaoris », avec cequecelasignifiaitconcomitammentausujetde Tane. « Lorsque donnersa véritable placedansnotrepersonnification de documentationdes l’aurore revenait à« lui l’Aurore, Hine-Titama, safilleaînéeetfemme. Révéler lanature de Hine-Titama souslaforme d’une trouvait corroborée parunexamen delareligion des Maoris », dans lamesure où laconceptiondeIo que l’analyse formuléepar Max Müller surlelienentre unÊtre Suprême etdesdieuxsubalternes« se la quêted’une puissance démiurgiqueplusvraie.Dans ces deuxpôles,étaittoujours décelabledansl’un etinspiraitassurément l’autre, poussantlessagesvers à seprojeter égalementpar-delà lecultedelaNature. L’ancienne mythopoétique,àmi-chemin entre polythéiste pouvait assouvirledésird’anthropomorphisme delapopulation,maisilautorisaitlessages concentrant leurspropres capacitésd’abstraction surl’élaboration d’un Être Suprême, Io. Lepanthéon de faire preuve d’incohérences logiquesdans le mélangeentre attributsfigurés etlittéraux,touten l’essentiel delapopulationd’adopter desconceptionsinférieures etdescroyances plusgrossières, voire condition d’ancêtre de l’homme. Lesinitiésdel’élite composant permettaientaucommundesmortels Müller. Peut-être yavait-il uneraisonàceque Tane vîtsesrayons desoleildisparaître enfaveur desa constituait unautre rapprochement évidententre sontravail ethnographiqueetle pointdevue significatif vers undieuunique,enparallèle nombred’un certain deprocès de dégénérescence, degré despiritualitéplusélevé encore. D’ailleurs,l’attention qu’il àtoutsigned’évolution portait obligé pourlesancêtres desMaoris d’entre (certains euxdumoins)surlecheminconduisantàun fois dégénérationnisteetévolutionniste deBest, ceprocédé avait probablement constituéundétour religieuse etmétaphysiqueinhérente au cultemythopoétiquedelaNature. Selon leraisonnementàla pouvait favoriser unanthropomorphisme delasagesse littérald’où perte découleraitunecertaine Attribuer des traits humains à des phénomènes naturels quelquesrisques.Cela comportait

16 Maori Religion andMythology . » » Et c’estkoroirangi. pourquoi les » , Best précisait 118 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial et supérieure, comprenant tout ce quiémanaitdeIo inférieure, quiétaitcentrée autour delaprogéniture deRangietPapa, etl’autre démiurgique maintenaient deuxcosmogoniesetanthropogenèses, l’une généalogiqueetenquelquesorte purement ésotérique, résumée dulivre selontoutevraisemblanceàpartir de Te Matorohanga : à lademeure de Io audouzièmeciel,quenouslivrons ci-après danslaversion que notre auteurjugeait àlamythologie de importance Tane, àsavoir, sonaccèsàlaconnaissanceparlebiaisd’une ascension continuité de laconviction ou de l’intuition deBest, ajoutons une dimension de la plus haute sont associéesdansl’esprit maori,commele sont lesténèbres, etl’ignorance lamort manifeste danscettethématique : « Nous toujoursquelalumière, lavie,etconnaissance observons noire, associéesà sonfrère Whiro une figurationde l’Ignorance oudesformesmalveillantes delaconnaissance,à l’instar delamagie de Io, dans un monde secrètement créé par cet Être tandis que les Suprême ; Ténèbres devaient être dimension solaire, laLumière de Tane devait être uneexpression delaconnaissancequ’il avait héritée des phénomènes naturels laissaient place à des le sensspiritueldecesforces serévélait lui-mêmeplusintensémentlorsquelesmétaphores explicatives personnification du Soleil, etdoncdela Lumière, etlesecondunepersonnificationdes Ténèbres, mais pensée anthropologique complexe del’auteur, illustration.Lepremier enestuneparfaite étaitune La lecture quefaitBest duconflitentre Tane etsonfrère Whiro, caractéristiqueà l’extrême dela destraditionslesplussacrées,qui faisaientégalementpartie c’est-à-dire duculteésotériquedeIo. supérieures, maisnonl’inverse. Par conséquent,etàtitre exemple, ilexistaitdesmythesde Tane population. Celasignifiequelesdieuxdesgensordinaires étaientégalementdesdieuxclasses subordonnaient lapremière àlasecondeétaitdissimuléeauxyeux descouchesinférieures dela subordonnée àuneentitésupérieure y avait émergédel’agencement desdifférents detotalitéorganique », dieuxen« une dorénavant sorte Best développait unethéorieselonlaquellelesélites,animéesd’un mêmeespritconservateur, première Whare-wananga encemonde lewanangasacré,serait préservé unefoisattribuéparIo. la (…)C’est ainsiquefutconstruite nouveau lacolère de Whiro. Tane décidaalorsqu’un lieuadapté devait être préparé danslequel Tane pourmeneràbienlatâcheessentielleordonnée parIo. Lechoixde Tane provoqua de traditionnels ésotériquessupérieurs. (…)Beaucoup parmilafratriepréconisaient lechoix de obtenir le déterminer quelmembre delaprogéniture originelleseraitélupouraccéderauroyaume deIo et Il arriva unjouroùIo l’Éternel envoya ennotre basmondeafinde (…)deuxdesesserviteurs wananga. Ceterme(…)désignedes techniques etconnaissancesoccultes,dessavoirs

19 . D’ailleurslacapacitédeBest àdétecterdeslienssymboliques est

17 . atua (divinités) aux traits humains.Au-delà dela stricte

21 .

18 . Lafaçondontlesélitesmélangeaientet

20 . » Dans la . » 119 Frederico Delgado Rosa Carpenter (1844-1927), ou Anthropological Essay (1917),deEdwin Oliver James (1888-1972), dire lorsqu’il estquestiondelaveine mythopoétiquedesMaoris (Holman, 2010,p. 102). n’est pasdéveloppé parHolman, quiremarque que« Tylor estcitéàdesfins similaires » dansletravail de Best, c’est-à- partie delacosmologiemaorieetdoncsurdifficultésacompréhensionpartie (1913,I :101,118). 17 16 15 14 si lepointdevuehistoriqueétait moinsapproprié. du soleil.Il seraitpossiblecependantd’interpréter desontravail entermesplusprofondément cettepartie symboliques, personnification originellepardesancêtres lointainsdes Maoris émanait d’une réflexion conscienteetdélibérée ausujet Tane. Il nefaitaucundoute à mesyeux queBest abordait cettequestion en termes génétiques, c’est-à-dire quela d’une formepersonnifiéedusoleil, Tamanui-te-ra, commeuneconséquence de l’oubli deladimensionsolaire de 13 12 11 10 of theIdea ofGod 9 8 7 6 5 4 3 versions (Craig, 1964,p. 138). àses yeux, souvent à résoudrequ’il parvint enjuxtaposantles sérieusedifficulté » tribales, latâcheprésentait « une désir degénéralisationexpriméparlemusée.Cependant,puisqu’il étaitpleinementconscientdel’existence devariantes et sesvariantes. D’après Craig, Maoris » constituaient dans unelargemesure lesécritsdeBest sur« les uneréponse au 2 1 N complètes, voir labibliographiefinale. (1840-1930), . . Müller, 1876,p. xi ; Voir Best, 1924a,vol. I,p. 125. . Best, 1924b, vol. II,p. 291. . Ibid., vol. II,p. 291. . Best 1924b, vol. I,p. 31. . . Best, 1924a,vol. I,p. 13,120,130,176. . . otes Best, 1924b, vol. I,p. 56.Cequin’était paslecasdePercy Smith, quiinsistait plussurlacomplexitéextrême decette Best, 1924a,vol. I,p. 93-97 ; voir 1924b, vol. I,p. 75-89,pouruneversion pluslonguedelaprésentation dumythe, Best, 1924a,vol. I,p. 126-128 ; 1924b, vol. II,p. 292-293.Lecontrasteentre lespointsdevuetylorienetmüllerien Tels queThe Origin and Development of Religious Belief . Best, 1924b, vol. I, p.142 ; Müller, 1892,p. 75-76. . Best, 1924b, vol. I,p. 341,339,342 ;1924a,vol. I,p. 95,119,120. . Fornander, 1878,p. 60. . Fornander, 1878,p. 59. . . Best, 1924a,vol. I,p. 113,115. . Best, 1924b, vol. I,p. 65. . Best, 1924a,vol. I,p. xi ;1924b, p. 8,17,22,26. Best, 1924a, vol. I, p. 275. Best n’était pas explicite sur ce point, mais il est probable qu’il considérait l’existence Comparative Religion (1913),deFrank Byron Jevons (1858-1936), (1897),deGrant Allen(1848-1899), -> -> -> -> The Rise of Man -> -> -> -> -> -> (1908),de Claude Reignier Conder (1848-1920) Pour lesréférences -> -> -> -> (1898[1869-70]),deSabine Baring-Gould, Animism : The Seed of Religion Animism : Comparative Religion (1913),deJoseph Estlin -> rmtv iuladBle :An Primitive RitualandBelief -> (1905),deEdward Clodd -> The Evolution 120 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial 21 20 et l’état d’esprit desMaoris, nousmontrent qu’il étaitconsidéré commeétantducôtéjuste.»(Best, 1924b, I : 113) représente lemal,maisiln’y apaschez Tane unprincipedubienmarqué, bien quelateneurdesmythesanciens, Il nes’agissait pasd’un combatidentifiédemanière évidenteentre lebienetmal. Il apparaîtclairement que Whiro « Cette conceptionn’était pasaussiavancée lesMaoris chez qu’elle pouvait l’être lesPerses chez etd’autres racesencore. par cettelittérature, tantdirectement qu’indirectement, etévoquait detelsparallèles, commedanslepassagesuivant : était souveraine dansdifférents auprès domaines,enparticulier desspécialistescontextesanciens. Il étaitinfluencé 173).Best était également pleinement conscient que la thématique de la Lumière opposée aux Ténèbres(1924a, I : Maoris. La Connaissance, par exemple, bien qu’originellement sur la terre apportée par Tane, était personnifiée par Rua 19 18 . Best, 1924a,vol. I,p. 100 ;cf. ibid.,p. 394-401. . Best, 1924b, vol. I,p. 60. . . Celaexpliquepourquoi ilconsidéraitcommeinférieurslesélémentsgénéalogiquesantérieursàRangietPapa. Selon Best, cesabstractionsplus élaborées prenaient denouveau desformespersonnifiéesparlegéniepoétique -> -> ->

-> 121 En l’honneur de Tane Le souvenir des écoles d’érudition

oujours attentif aux variantes, Elsdon Best établissait une liste des dénominations vernaculaires Td’une institution fondamentale dans l’Aotearoa précolonial et en retenait une en particulier, Whare-wananga, qui signifiait littéralement une « maison de savoir supérieur », mais qu’il traduisait lui-même par « écoles d’érudition » 1 pour mettre l’accent sur le fait que « les Maoris tenaient ce que nous appelons les études en haute estime, et considéraient en tous temps les enseignants supérieurs et autres dépositaires d’une telle connaissance comme des membres importants de la communauté ». S’il recourait fréquemment à un temps du passé, il donnait à celui-ci une tonalité particulièrement solennelle quand il abordait ce sujet. Les écoles d’érudition n’appartenaient pas seulement à une autre époque, elles étaient également l’épicentre de son excellence spirituelle. Il ne fut jamais le témoin de ce qui s’y déroulait, mais en entendit seulement parler (et lut également à ce sujet, comme nous l’avons vu). Signe d’une ethnographie d’un autre âge, il mentionnait la seule chose qu’il avait réellement vue : quelques pierres sacrées autrefois utilisées dans l’enseignement, comme celle, de petite taille, appelée whatu Kairangi qu’un « vieil ami indigène » portait encore dans la poche de son gilet. Cette relique d’un système éducatif révolu « semble avoir été l’équivalent de nos diplômes ou certificats en parchemin », écrivait-il. Un étudiant la recevait lorsqu’il répétait avec succès le contenu des enseignements les plus avancés, et l’examen, entre autres procédés rituels, avait lieu à proximité de la dernière colonne de la maison 2. Seuls les jeunes gens qui disposaient d’une excellente mémoire étaient sélectionnés pour entrer dans une telle école, mais d’autres critères, liés principalement à l’appartenance à l’aristocratie et aux droits héréditaires, déterminaient le fait que certains d’entre eux eussent un accès exclusif aux formes supérieures des connaissances les plus sacrées, kauwae runga (qui signifie littéralement « mâchoire supérieure »), qui associaient des mythes cosmogoniques et anthropogéniques au culte de Io. Quant à la « mâchoire inférieure », cette métaphore était réservée pour représenter les sujets plus terrestres, tels que les terres natales lointaines des Maoris, la migration des ancêtres de chaque tribu vers Aotearoa, leurs généalogies et histoires respectives. Best soulignait l’idée que « cette institution était protéiforme tant dans son nom que dans les méthodes propres à différentes régions ». Il apparaît dans certains cas

122 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial expressions « tombées endésuétude expressions « tombées contenantdenombreuses archaïque », invocations étaientformuléesdansunlangage« extrêmement de transmissionorale,maissonanciennetés’illustrait, unefoisencore, danslafaçon dontles de la connaissance, Tane. Des variantes régionales étaient de toute évidence inévitables dans un système rencontraient réprobation, une forte commeautant d’outrages auxdieuxetparticulièrement augardien s’accordaient surlefaitquelesmoindres dansles enseignements, changements,interrogations ouécarts compte duprofond quicaractérisaitles degré deconservatisme longtemps(avant mêmel’arrivée prisplaceilyafort avaient certainement enAotearoa), sil’on tient deBest, tous lescas,cestransformationsdusacré, souvent implicitesdansletravail ethnographique était toujoursreflétée oudécelabledanslaconceptiondeConnaissancecomme d’une Lumière. Dans eu lieuaudétrimentdel’ancienne personnificationdusoleil,laflamboyance glorieusedecedernier avaient été,subordonnés àl’Être Suprême. Si, commenousl’avons vuprécédemment, l’essor deIo avait au lever dusoleilets’achevait àmidi.Mais ceslienssymboliqueslointains(ouinconscients)étaient,ou raison principalepourlaquellel’enseignement dela« mâchoire supérieure » commençaitgénéralement semble queladimensionsolaire aitétépourBest, endépitdel’existence devariantes supplémentaires, la le nom de Tane i te wananga ou Tane sont mis en avant. i te hiringa lorsque ces attributs particuliers Il l’immense, enfantdeRangi,etl’ancêtre desconnaissancesduplushautdegré d’importance », connusous est sur latêtedel’étudiant toutenpointantsamaindroite vers lesoleil,« qui Tane nuiaRangi, Tane Smith étaitlégèrement différente) deladernière partie d’une invocation à Io lorsdulever dusoleil : essayait à d’autres moments. Le passage suivant est la traduction de sa version anglaise (celle de Percy dieux puissent entendre lascansioncadencéed’un initiémaoripsalmodiantcetteimplorationancestraleaux « et jesouhaiteraisquemeslecteurs affirmait Best, rituel étaitentonnédefaçonimpressionnante », de « Ce type enseignants ducultepourlecomptedesélèves afin d’affermir lesconnaissancesacquises. faiteparles divers dieuxetpersonnifications » Elle devait être avalée aucoursd’une invocation « de sous lenomde périodes d’apprentissage oudesclassesséparées, etnonpasdeslieux que chaquecatégoriedeconnaissancescorrespondait àdifférentes écoles,bienquecelapûtsignifierdes

4 Il mettaitl’accent surlefaitque,danscettecérémonie finale,unmaître avait samaingauche ». Ô Ioau Visage Voilé !Ô À lasource originelle detouteconnaissance Entre auplusprofond, entre aucœurdesfondations, whatu whakahoro, étaitplacéesurlalanguedechaqueétudiantquiavait réussi l’examen.

5 ». Si admettaitsonincapacitéàlestraduire, Best parfois il s’y ». Whare-wananga. Tous lestémoignages

3 . Une autre petitepierre, connue karakia ou 123 Frederico Delgado Rosa à l’intérieur » étaientstricts.Lesquestionslesplusétroitement à l’intérieur » avaientrevêtu des habitsentreposés les maîtres et disciplesquiavaient pénétré nusdansla maison « et Pluslaconnaissanceétaitd’ordresupérieur,pluslesinterditsentourantindistinctement présents ». cequ’ilsoitlevé,leshautsdieuxdesMaorisétaientconsidéréscomme tant etsibienque,« jusqu’à distinguer des Cependant, il existait dans la langue maorie plusieurs épithètes pour les nécessairement un prêtre ». automatiquement un nommés ci n’étaientpasaccessiblesauxdébutants,maisseulementétudiantslesplusavancés,quiétaient par conséquentlesvariantesnarrativesdémiurgiquesdesoriginesdumondeetdel’homme.Celles- ne pouvaientenaucuncasêtrebanalisées.Dans conscience profondeducaractèresacrédeleurspropres connaissancesconcernantl’ÊtreSuprême,qui élaborées quelesversionsgrossièrescirculantparmi la population.Etpar-dessustout,ilsavaientune une véritableéliteintellectuelle,dontlesconceptions de l’hommeetl’âmehumaineétaientbienplus leslégatairesdespenséesspirituellesplusraffinéesdeleurspropresancêtres, supérieurs », « esprits du nom de Dieu, et ce même lorsqu’il s’agit pour eux de « rendre plus vivesleursvitupérations du nomdeDieu,etcemêmelorsqu’ils’agitpoureux de« rendre une comparaisoncritiqueavecl’absencedescrupules deschrétiens,sil’onencroitleurusagetrivial protestants étaientparticulièrementvisésdanslaremarque suivante : Dans maison ettousceuxquis’ytrouvaientsouslacontrainted’un« plaçaitla surunplansupérieurdelapensée », Cette récitation,dontlaconstructionétait« édifiée Tuhoe, ilécrivitégalement : tauira lorsqu’ilsétaientenpleinepossessiondu d’infimes fragmentsdeconnaissances àleursujet.Celaétait bientrop sacré pourêtre transmis Tout rituel d’ordre supérieur était tenu pour si sacré que les Européens n’avaient eu accès qu’à d’ordre supérieur concevoir le sentiment que les Maoris des ancienstemps éprouvaient à l’égard des connaissances qu’il faitdelaBibleunelectureaussiordinairequelejournal quotidien,nepeutsimplementpas Un peuple comme lenôtre, dépourvu de Ô Iolesans-Parents Ô IoleSage !detouteconnaissancesacrée ! Jusqu’aux fondationspremièresdel’esprit Répands sureuxtesconnaissances,pensées, Tes fils,lesconnaissancesconvoitées. Rassemble aucreux desoreilles detesnéophytes, tohunga quel’onpourraitqualifierd’ordinaires.Selonlui,ceshommes , puisque ce dernier terme désigne simplement un expert, (…) pas tohunga, puisquecederniertermedésignesimplementunexpert,(…)pas

8 .

6 ! , Best explicitait cette dimension en opérant The Maori,Bestexplicitaitcettedimensionenopérant , qui tient ses enseignements sacrés si peu en estime tapu, qui tient sesenseignementssacréssi peu enestime wananga. Bestprécisaitque« le strict » oud’un« tapu strict » tapu se rapportaient à Io, y compris se rapportaientàIo,ycompris étaient des tauira étaientdes puissant », tapu puissant », devenait tauira devenait

7 ». Les Les ». 124 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial part. Best dépeignitenplusieursoccasionsleur sentimentnostalgiqueàl’égardpart. desWhare-wananga : des élèves dansleurjeunesse ; ilsavaient été témoinsdechangementsirréversibles etyavaient mêmepris Ces livres, entourés des Matorohanga), maiségalementafindemaintenir provisoirement lesystème d’enseignement existant. dans deslivres (commece futlecasde manuscrits, nonpasuniquementdanslebutdelespréserver Te orale desressources. D’autres maîtres néanmoinsavaient décidédeprendre notedesenseignements des tout, lefaitquelesMaoris nedisposaientpasdesystèmed’écriture étaitauxyeux deBest cequifaisait transmission sedélitaient les structures de la où il le cachait.D’une manière ou d’une autre, comme le rappelle Holman, « et finitparmourirlorsquesonpropre manuscritfutsouillépardesenfantsquiavaient trouvé l’endroit une idéedel’atmosphère particulière decetteépoque,Best racontaitl’histoire d’un élève quidevintfou travers denouveaux rituelsquiempêchaientqu’ils fussentcorrompus par desprofanes. Pour donner avaient rejeté sonutilisation« avec aversion etmépris » afindenepasperturber l’enseignement wananga. L’alphabet avait été« vu d’un mauvais œil » desprêtres parcertains qui lesplusconservateurs, contradictoires quis’étaient manifestées aucoursdesdernières annéesdefonctionnementdes etpuisquelessouvenirs constituaientlecœurdesonmétier, ilputévoquermémoires ; lesréactions décennies avant qu’il n’effectuât sontravail deterrain. Mais ceproblème étaittoujours dansles pakeha quifitassurément vaciller lesanciennesméthodesdetransmission, s’était déjàposéplusieurs alentours de 1865. Le dilemme de l’enseignement traditionnel face à la langue écrite, une innovation dates de fermeture définitive des écoles sur les deux îles, qui se situent plus ou moins aux d’érudition plus précisément culturelle deladestruction quiadvintpendantlacolonisation.Best suggère plusieurs Cettequestionpermetd’introduire lesujetdélicatduchangementculturel et avec l’ethnographe ? La « mâchoire supérieure » étantd’une nature profondément sacrée, commentpouvait-elle être partagée Whare-wananga uneinstitutionsiessentielle.L’ensemble desastructure reposait surlatransmission pour leursvieilles institutionsracialesettribales. Je lesaientendus regretter l’abandon del’école Les membres de la génération ancienne des autochtones éprouvent un attachementsentimental provisions d’endroits épouvantables, etn’éprouve àparlerdereligion aucunscrupule dansuneresserre à à unpeupletelquelenôtre, unpeuplequidéambuleavec seslivres sacrés danstoutessortes

9 . tapus

11 ». Au tournant dusiècle,lesinformateursdeBest avaient étébienplus que de rigueur, écolesrestructurées, étaienttoujoursutilisésdanscertaines à

10 Whare- . Après 125 Frederico Delgado Rosa méthodes, sesrègles deconduite). Learning: ItsLearning: Objects, Methods, andCeremonial 12 11 10 9 8 7 6 5 4 les questionsliéesàla« mâchoire supérieure ». des maléfices, dont le 3 2 1 N . Best, 1972[1925],vol. I,p. 1082. . Best, 1924a,vol. I,p. 65. . Best, 1972[1925],vol. I,p. 1100 ;1924a,vol. I,p. 71-73,303-304,87. . Ibid., p. 73. . Ibid., p. 75,72. . Best, 1924a,vol. I,p. 76. . . . En anglais,«SchoolsofLearning». otes . Best, 1924a,vol. I,p. 84. . Holman, 2010,p. 15. . Best, 1924a,vol. I,p. 81. Best, 1924a,vol. I,p. 69.En outre, ilexistaituneincompatibilitéentre l’enseignement supérieuretl’apprentissage Best, 1924a,vol. I,p. 64,75.Best publiaen1923unemonographiede29pagesàcepropos, qui avait fermé ses portes àjamais qui avait fermé sesportes « Je pleure l’héritage denosancêtres enréférence disparu etdenosaînés », àlaWhare-wananga tribaux siprécieux autrefois. L’un d’un fitla decessurvivants passédisparu remarque suivante : d’érudition etl’état d’esprit desgénérationsplusrécentes vis-à-visdessavoirs traditionnels -> -> tohunga des échelons supérieurs ne permettait pas qu’il se déroule dans une maison où se traitaient -> -> -> -> -> -> -> -> (nontraduitenfrançais ->

12 . : L’ cole d’érudition maorie : sescontenus, école d’érudition maorie : -> The Maori Schoolof 126 « Un monde de pathos » L’ethnographie du présent

lsdon Best a laissé de côté un grand nombre de circonstances propres à la situation des Maoris Ede son époque, ne semblant pas s’y intéresser. Cependant, il serait trompeur de conclure que son travail traitait uniquement du passé précolonial. En réalité, il enregistra beaucoup de témoignages portant sur les transformations dues à l’influence de la présence européenne et du christianisme en particulier. Reconnaissant que la majorité de la population ignorait tout du culte de Io et par conséquent ne partageait pas ses dimensions éthiques, il estimait absurde d’imputer la diffusion du christianisme à une prétendue prédisposition des Maoris au message des missionnaires. Il soutient ce point de vue en 1907, avant même de consolider sa position au sujet de l’Être Suprême : (…) les Maoris finirent par conclure que le Dieu chrétien était plus puissant, et possédait un mana plus grand, que leurs propres dieux, et c’est la raison pour laquelle ils acceptèrent le christianisme. (…) Nous pourrions évoquer de nombreux faits qui démontrent la véracité de cette affirmation 1. Il présentait alors une série d’éléments de preuve établissant que même ses informateurs les plus éclairés voyaient un lien entre la puissance supérieure du dieu blanc et la puissance supérieure de l’homme blanc, « comme en attestent ses productions, ses techniques, etc. 2 ». L’alphabet y jouait un rôle capital. Best fit appel aux paroles de Tutakangahau en personne, lui qui avait été témoin, et avait même ressenti l’influence primordiale de l’écriture dans la « conversion » religieuse (relativement tardive) de sa propre communauté : Nous refusâmes d’avoir affaire à la nouvelle religion jusqu’au moment où nous découvrîmes ce que les blancs pouvaient accomplir d’extraordinaire. Après quelque temps deux hommes blancs vinrent à notre village, et ces hommes nous montrèrent comment ils écrivaient leurs pensées sur du papier et de telle manière que d’autres pussent les comprendre. Nous mîmes maintes fois à l’épreuve cette chose, car nous pensions qu’elle pouvait être un leurre des hommes blancs pour nous tromper. (…) Oh, mon fils ! Cela nous fit entendre raison. Car nous pensâmes alors que le Dieu des hommes blancs devait être bien plus savant et puissant que nos dieux à nous, sinon comment les hommes blancs pouvaient-ils faire des choses si grandioses. Et c’est pour cela que nous acceptâmes le christianisme 3.

127 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial sur lanature des dieuxauxquels ilsdevaient faire appel ». Tant dans connuplusieursvieuxindigènesdéchirés parledoute notamment lespersonnesplusâgées.« J’ai occasionnellement témoin,liésàl’acceptation ou aurefus dudieudel’homme blanc,touchant question duchristianisme maoriestonnepeutplusmalinterprétée, etsouvent dénaturée necorrespondaient pasàlaréalité. « Toute la ardemment Jésus », à imaginerlesMaoris « désirer »Dans touslescas,idéesconventionnelles d’évangélisation, seplaisant toutes lesprécautions. foi oscillait entre les deux cultes, et il voulait prendreancien pour la santé de ses petits-enfants. « Sa Il décidafinalementdeprier Jésus-Christ et bouleversants ». d’exécuter danslemêmetempsunrite etuneconfusion décimant sesproches etsafamilledanslesannées 1890,manifestaitun« doute raconta l’histoire d’un « vieil amiàmoi » qu’il nenommaitpasetqui,confronté àl’épidémie degrippe blanc lui-mêmeestledieu.(…) Te Pakeha E ! Te atuatonura ! missionnaires nousontditqueDieu habitedanslescieux.Àcelajenepeuxpluscroire. boutiques deQueen Street, lesfoulesdusamedisoir : uncirque même,etnonmoinsimportant, « Les »des merveilles était àsonapogée,leuravait faitdécouvrirleursautomobilesetpaquebots,les« jusqu’à comparer lesEuropéens aux quinesontpasnommés,allait amisindigènes » Un autre témoignage,livré pardeuxdeses« vieux que nileChristles termes dualistes etnonpassyncrétiques. tragique lecaractère floudusujet,présenté clairement, parlespersonnages maorisenquestion, ou d’entreprises desauvetage notamment lorsquelesvieuxrituelsetl’écriture secroisaient, quecesoitdanslecadre del’enseignement malgré lesambiguïtésquecelaentraînaitparfois, àleuranciennefoi », de ceuxqui« s’accrochaient innovation Commejel’ai répréhensible. » déjàmentionné,ilvoyait en Te Matorohanga unexemple mouvement, seretirèrent simplementdansl’ombre ettraitèrent lanouvelle religion comme une prêtres qui regardaient « Certains conservateurs, seconde main : d’un œil désapprobateur ce nouveau du christianisme,sansparlerdel’écriture, parlebiaisdesouvenirs recueillis luiparvenaient de nombre les différentes réactions suscitées par ce problème. En règle générale, lescasde rejet acharné un indice de la permanence de concepts antérieurs, quoique modifiés. En outre, il recueillit en grand contraire, lescomparaisonsentermesde ordre nesignifieenaucuncasque Best traitaitdefaçonsimplistelaquestionchristianisation. Au Le faitestqu’il compilaégalement desrécits dedramespersonnels,dontilfutlui-même atua maorisn’étaient venus enaideau grand-père désespéré résumait defaçon

5 . atua, après qu’un séjouràAuckland, autempsoùlaBelle Époque mana qu’effectuaient lesindigènes constituaientprécisément

4 » L’accumulation dedéclarationscet Tuhoe quedans The Maori, Best

6 ». Lefait ». L’homme 128 Frederico Delgado Rosa propres dieuxetàleursloisencestempsderègne del’homme blanc l’eau chauffée dans des récipients ordinaires, etil n’y aplus de maisons oùdelanourriture estentreposée ; noscorpsetvêtements sontlavés avec del’eau chaude, mêmes profané destapu,allantjusqu’à abandonnerles croyances anciennes.« Nous entrons dansdes dont ilsconsidéraientavoir perdu leur manière suivante : étaient vécues commedevéritables cas de conscience, et il résuma le point de vue dominant de la définitivement trop tard pourinverser lemouvement. Best compritqueces différences d’opinion en leurexistence,parallèledudieuchrétien ; carpourlamajoritédesinformateursdeBest, ilétait plus répandue lesMaoris unecroyance quelesdieuxdésertaient sous-entendcertainement opiniâtre loin d’être laseuleexplication duphénomèneenquestion. Il étaitévidentpour luique« santé robuste « fatalisme » quinefaisaitqu’aggraver lasituation.Celadit,ilpensaitquecet étatpsychologique était irreligieuxdes comportements contre lesquelsilsnepouvaient plusrienfaire relevait d’une formede Pour Best, lacroyance Maoris de vitalitédeleurpeupleétaitliéeà de certains selonlaquelle laperte l’origine dupeuplemaori. Votre ancêtre, c’est l’argent. » estmonancêtre, « Rangi Lorsque lemissionnaire luidemandaquiétaitsonancêtre, ilrépondit : l’église. Laréponse dePio fut : « J’ai monpropre ancêtre. Gardez levôtre etjem’en tiendraiaumien. » même undialogueentre cethommeetunprêtre catholiquequiluiconseillaitvivement derejoindre peuple], ilspourraientpeut-être retrouver leurvitalitéetféconditépassées soutenaitl’idée quesilesgensrevenaient simplementàleurfoi[ladestempsanciensdeson « Il par unejeunesseinsouciante.LecasdeHamiora Pio sedistinguaitparsoncaractère exceptionnel : les nombreux causésausystèmemaori parl’influence torts européenne, principalementperpétrés puisque ceuxquiexprimaientdetelssentimentsnepouvaient enaucuncasredresser pareux-mêmes morts – parce que« les dieuxmeurent vraiments’il n’y apasdeprêtres pourlesgarder envie Best documentaitbienlesnouvelles perceptions desMaoris, enanalysantparexemple lafaçon Il existaitunpointdevueradicalétablissantqueles et comment un homme peut-il survivre etprospéreret commentunhommepeut-il survivre lorsquelesdieuxsetiennentàl’écart peuple maori se sont vite détériorés. (…) Les dieux l’ont abandonné parce qu’il n’est plus habitudes, pratiquesetcroyances européennes inappropriées, lavitalitéetlebien-être généraldu ancienne etdel’institution du l’affaiblissement deleurconstitutionphysique,ontétéengendrés par l’abandon deleur religion La générationlaplusanciennedesindigènespense queleurdiminutionennombre, et manaetcorrompu lesprincipesvitauxparce qu’ils avaient eux- tapu. En leurtournantledos,etenadoptantdescoutumes, , du moins certains d’entreatua, dumoinscertains eux,étaient tapu. Nous avons tournéledos à nos

7 ». Cen’était paslàsecontredire,

8 ». Best reconstitua ».

9 ». L’idée

10 tapu, ? 129 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial dimension écologique et àsesforêts estindéniablementimprégné denostalgie.LapenséeBest recouvre égalementune mauri etson que lessavoirs traditionnelsancestraux,dontrelevaient lesprincipesspirituelsvitauxdelaforêt, son subissantlemêmesort forêt elle-même[...]entraindedisparaître », par« la entraînés enétaitoffert négative. L’exemplecette transformationengrandepartie leplusflagrantdesdommagesqu’elle avait extrêmement profonde laviedesMaoris » etilpointaitdudoigtlaculpabilitédel’homme blancdans nombreuses demeuraientvisibles, maisnereprésentaient ruines plusquelesouvenir d’une ère révolue. sommet descollines,avait desrépercussions désastreuses surlaconditionphysiquedesMaoris. De elles, étaientimperméables.Même l’abandon des de vêtements européens mouillés,etdurenoncement auxcapestraditionnellesdefibre végétale qui, alimentaire universel » ; les problèmes d’hygiène et de santé résultaient à longueur de journée du port L’obésité, « régime parexemple, étaituneconséquenceduchoixdefaire delapommeterre le délétère coutumesétrangères desraisonsobjectives decertaines deleurdécadence. faisaitpartie maisl’adoption àutiliserlesoutilspakeha ; pourapprendre » aux Maoris duprésent leur« rapidité mot, lagénérationprésente ilfallaitreconnaître Certes, nepossédaitpas« l’endurance desesaïeuls ». avaient étédescaractéristiquespréeuropéennes, aumêmetitre quelestatouages.En un et vigueur » et flatterlesmassessans les éduquer, etceàdesfinspurement marchandes deceque fabriquentlesimprimeriesestconçupouramuser despluspauvres,la portée « l’essentiel humain concevait deschefs-d’œuvre littéraires, oudansd’autres artistiques disciplinesquiétaient à Et mêmesil’esprit del’humanitépartie utilisedesmachines sans encomprendre lesprincipes ». majeureque lecritère d’avancement scientifiqueettechniquede l’Occident étaitsurestimé, car« la en questionlacroyance selonlaquellelacivilisation étaitsynonymedeprogrès biologiste Herbert Spurell (1877-1918).Ce« travail remarquable », ainsiquelejugeaitBest, remettait Forerunners. AShort Study oftheHuman Species Living andExtinct d’Oswald Spengler (1880-1936),maisd’un livre moinscélèbre, voire obscur, contrebalancée par desintonationsdécadentistes,s’inspirant nonpasdu pas être considérée comme un archétype, car en dépit de l’expansion de la civilisation occidentale sur Somme toute, Best estimait que « l’intrusion des Européens » avait « bouleversé demanière avait « bouleversé desEuropéens » Somme toute,Best estimaitque« l’intrusion Sa positionnesauraitdoncêtre réduite àunefoipositivistedansleprogrès, carelleétait hau. Cepointdevued’un hommeattachépersonnellementauxmontagnesdel’Aotearoa avant lalettre

11 . , les célèbres villages fortifiés et construits au pa, lescélèbres et construits villagesfortifiés , écriten1917parlemédecinet

13 ». L’Europe ». nedevait Modern Man and His Déclin del’Occident

12 . Spurell estimait 130 Frederico Delgado Rosa et simple » et seraient « supplantés paruneracesupérieure » etseraient« supplantés et simple » la disparitiondesMaoris était« quelque chosed’à peineregrettable ». Ils « mouraient defaçonrapide Kingcome Newman (1849-1924)enétaitpersuadéetilexposa1882lathèseracisteaffirmantque étaientcondamnésàl’extinction.Maoris, duplusfort, Alfred enproie auxloisinéluctablesdelasurvie de l’aspect leplusmodernedesontravail. négativement lamodernitéoccidentaleavec l’ancienne sagessemaorie.Il s’agit d’ailleurs probablement la dimension holistique visée parlelivre. Il semblait, enplusieursoccasions,sur le pointdecomparer de cohésion religieuse de ce processusperte faisait décadent, partie était bien placé pour approfondir l’espèce humaine.Best, quiexprimaitsonaccord avec l’idée défendueparSpurell selonlaquelle la les plusgrandsanimaux,auraitdesconséquencesimprévisibles, etconduiraitàl’extinction finalede comme jamaisauparavant, semblantenclinàdétruire lesforêts, épuiserlesminesetexterminertous au-delà des évènements en cours. Le fait que l’homme fût en train d’altérer de la planète la surface simple reflet dela Grande Guerre. L’échelle detempsqu’il utilisaitentantquebiologisteallaitbien civilisations passées,tantsurleplanmatérielquespirituel. l’ensemble delaplanète,elleréitérait, précisément àl’échelle mondiale,lessignesdedéclingrandes il développait lathèseque lesMaoris etles devint membre de laSociété Polynésienne en1906etécrivit l’idée qu’il étaitdudevoir des Britanniques de mettre untermeauprocessus dedéclindesMaoris. Il populaire parmi les élitespakeha,endépitdequelquesjugementscritiques.Newman soutintensuite changea d’avis surlesujetsousl’influence d’Edward Tregear, dontle« mythe » de devint Maoris aryens le racismepseudo-scientifiquevictorienplus courant, particulièrement en Nouvelle-Zélande, en comparaisondelathéoriel’impact létal.Newman lui-même,citépardeshistorienspourillustrer Maoris àassimilerlacivilisationeuropéenne, souvent liées,constituaientdespositionsbienveillantes lavalorisation delaspiritualitépré-européenne etladéfensedecapacitédes La thèse« aryaniste », de vueréellement antagonistesauseindelacommunauté conjuguées, maislapremière tendaitàéclipserlaseconde réunis. Bien évidemment,lesthématiques desMaoris etdelaracemourantepouvaient être aryens informateurs au moins,nesignifiaient rien d’autre que lamort d’un ensemble dechosesessentielles Ce seraiterroné d’associer lenomdeBest auxthéoriesdel’impact létal,quiétablissaientqueles Dans unpost-scriptum,Spurell expliquaitquesathèsenedevait pasêtre comprisecommeun efe omnértqe« lesmœurs Jeffrey Holman écritque« Pakeha étaientdesfrères lointains,maisdésormais aryens, pakeha, auxyeux deBest etde quelques-unsdeses

15 . Who are theMaoris ? en1912,danslequel pakeha àpropos del’avenir desMaoris.

14 . En vérité, ilexistaitdifférents points 131 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial ethnique etd’une assimilation complètedesMaoris souslejougcolonial. l’hypothèsebienfaisante quecedernierenappelledanslepassage suivant, écartant d’une disparition une dimensionpolitique véhiculait profondeurs del’esprit etducœurmaoris,comme toussesécritspeuvent entémoigner », n’ales termesemployés parlesecond,que« personne sondéplusprofondément qu’Elsdon Best les Dans cettenouvelle perspective, Craig insistesur laproximité entre Best etNgata.Lefait,selon historiques aux Maoris, qui,siellesnepouvaient être perpétuées,sedevaient d’être danslesarchives préservées peuple abattuunregain d’intérêt pourleurhéritage(…) et adoptauneperspective plusoptimiste : néanmoinsàpasseroutre, Il parvint duplusfort ». survie déclin démographiqueetlathéoriede« la que lesidéescatastrophistes deBest concernantl’avenir desMaoris avaient étéprovoquées parle des savoirs traditionnels ancestraux. Dans la biographie consacrée à son oncle, Elsdon Craig affirme ancréeleur identitémaorienedisparaîtraitpas,carelleétaitenpartie danslesconnaissanceslivresques de viedesMaoris avaient connulatransitionneseraientplusqu’un mauvais souvenir unefoisaméliorées lesconditions leurs descendants.Sa prédiction etsonespoirétaientqueles« visions pessimistes » desgénérationsqui également lepointdevuesesinformateurssurfaitquel’ethnographie desauvetage étaitdestinéeà

innombrables îles une époque depuis longtempsrévolue, convergent de nouveau dans les terres del’océan aux opposées quesuivirent autrefois leshommesnéolithiques,éloignésdupays voilé de Tane à Dans lestempsàvenir, l’histoire desMaoris neferaqu’un avec celledes seraient amenésàjouerunrôle prépondérant dans l’adaptation decescoutumesauxexigencesd’une sociéténouvelle danslaquellelesMaoris une nouvelle direction àsarecherche. (…)il leuridentitésocialeetraciale.Cescirconstancessans douteàpréserver allaientfaire prendre Maoris avaient franchilafrontière dangereuse entre etparviendraient l’extermination etlasurvie façon devivre delaculture auprofit dubénéficematérielincertain pakeha.(…)Il comprit queles Best lesdissuadait desedébarrasserdescaractéristiqueslesplusfondamentalesleurancienne ressentie parlesMaoris pourleurculture signifiait (…) renforcer leurdéterminationàsurvivre. encouragés parceuxquiavaient étésuffisammentclairvoyants pourimaginer qu’éveiller lafierté Best comprit quelerenouveau [accroissement delapopulation]avait surgiducœurdesgens, 16 ». Nous devons néanmoinsgarder àl’esprit, comme onl’a déjàmentionné,qu’il partageait

17 . Celasignifiaitnonseulementqu’il yauraitdesdescendantsmaiségalementque

19 . Pour Ngata, Best était en effet « le seul . Pour Ngata,Best étaiteneffet« le

21 . réalisait désormaisquelebesoinimmédiatrésidait

18 .

20 ».Aussi est-cebien àuneinteraction Pakeha capabled’inspirer àun Pakeha. Lesdirections 132 Frederico Delgado Rosa sexe, Traduction coordonnée parMichel Prum, Éditions Syllepse, 1999, p. 277). l’homme chargédupremier LaFiliation recensement delapopulationmaorie (Darwin, del’homme etlasélectionliéeau de Maoris deNouvelle-Zélande » lui-même,dans 2016]. Darwin 1996, édition numérique : Te Ara -theEncyclopedia of New Zealand, augurant une forte hybridationdelasociété. augurant uneforte comprendre lessavoirs traditionnelsmaoris( même qu’une immersionensolitaire danscesterres sauvages, et notammentdanslaforêt, étaitnécessaire pourmieux voir également p. 64,124)AinsiquelesouligneCraig également,Best considérait p. 97 ; appartenaient » (1964, le droit d’en exploiterlesprofits naturelles commerciaux etdupeupleàquielles audétrimentdecesmerveilles « pour labeautéimmaculéedesdernières préserver vastes étenduesdeforêt viergeetpournier aux 14 13 12 11 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 N variées disparurent au comme uneillustrationdel’impérialisme téléologique.Mais sil’on admetquedesformesdeculture dimension idéologique ; il s’agissait d’une variante duthèmede la rencontre quipeut être lue aryenne Cette évocation littéraire dupassépréhistorique lepluslointainrevêtait sansaucundouteune siècle enNouvelle-Zélande, voir Bellich, 2001,p. 529-530. . CitédansBest, 1972[1925],vol. I,p. 1032 ;citédansBest, 1924a,vol. I,p. 243. . Best, 1972[1925],vol. I,p. 1032. . . Best, 1924a,vol. II,p. 38 ;1972[1925],vol. I,p. 1031 ;1924a,vol. I,p. 247. . Best, 1924a,vol. I,p. 247. . CitédansBest, 1972[1925],vol. I,p. 1031. . CitédansBest, 1972[1925],vol. I,p. 1030-1031. . Ibid., p. 1030. . Best, 1972[1925],vol. I,p. 1030. otes Témoignage desecondemainnonidentifié,citédans Best, 1924a,vol. I,p. 388. . . Best, 1924a,vol. I,p. 229. . . Spurell, 1918 [1917],p. 140,142. . Best, 1924b, vol. I,p. 24. Newman, citédansJohn Stenhouse, «Newman, Alfred Kingcome», Best, 1924a, vol. II, p. 38 ; vol. I, p. 15, 9 ; 1924b, vol. I, p. 34 ; 1924a,vol. II,p. 1924b, 502.Selon vol. I, p. Craig, vol. Best I,p. lutta 34 ; Best, 15,9 ; 1924a,vol. II,p. 38 ; -> xix -> -> e siècle,alorsilfaudraaussireconnaître leréalisme delaprévision deBest, -> La filiationde l’homme etlasélectionliéeausexe , ens’appuyant produit parFrancis surunrapport Fenton Dart (c.1823-1898), -> -> -> ibid., p. 86).Sur l’absence desensibilitéenvironnementale àlafindu -> -> -> http://www.teara.govt.nz [consulté en janvier Dictionary ofNewDictionary Zealand Biography , avait évoqué -> -> -> -> « la diminutiondunombre Pakeha matérialistes , Vol.3, xix e

133 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial Voir aussiSorrenson, 1979,p. 21,30. entre clédanslerapport Maori commeun« texte King, 2011,p. 629). et entremêlées lesmeilleures (citédans qualitésdesdeuxracesafindecréer unenouvelle raceanglo-saxonne maorie » Je pensequ’il s’agit làdelasolutionparexcellence àlaquestionmaorie,unbrassagedesraces,oùl’on trouve mélangées d’Angleterre trouvent latracedeleurascendancedanslesangceuxquidébarquèrent avec Guillaume le Conquérant. seront fiersde remonter lefildeleurlignéejusqu’aux équipagesdespirogues TainuiouArawa,toutcommelesnobles race blanchedotéed’une oncedelaracecouleurplusraffinée,uneépoque oùlesmembres de l’élitesurcesterres les quelquecentprochaines annéesetl’avènement d’un tempsoùlesMaoris remplacés auront tousdisparu, par une avec impatience « J’attends qui devraitêtre regardée commeuneidéologieplusquepratique politique : (1859-1923), ministre desAffaires indigènesentre 1912et1921,est l’un des représentants majeursdecetteécole, de cepostulat,l’identité etl’histoire maoriesseraientabsorbéesparlapopulationmajoritaire métissée. William Herries du postulatd’un brassagebiologique,dontnerésulterait qu’une seulenouvelle racedans lepays.Pour adeptes certains (dont l’ouvrage The Maori as He Was ainspir Conal McCarthy et Fiona Cameron, insistent davantage sur la tension entre les visions passéistes, comme celle de Best adoption pardesreprésentants maoris,voir Bellich, 2001,p. 208.L’historien sur l’histoire del’anthropologie etdessavoirs ethnographiques, Paris, Lahic-Iiac, UMR8177. Gray, 2018 : « A Desire for Social Justice : Life and Work of Ralph O’Reilly Piddington » communicants entre anthropologues «occidentaux»engagésetactivistesmaoris. Voir, àtitre d’illustration, Geoffrey Ethnological Research. Il nefautpasnonplusattendre lesannées1960et1970pourques’instaure unsystèmedevases entre lesPakeha autourduBoard maoriphilesetlesintellectuelsmaorisdecettegénération,enparticulier ofMaori la postérité».Quoi qu’il ensoit,McCarthy etCameron explorent lesinfluencesmutuelles lacomplexitédesrapports, pas suprévoir commentsontravail allaitêtre réutilisé parlesdescendantsdesanciensquiavaient confiéleursavoir pour Native »,2014, Affairs Department p. 285)qu’Elsdon Best, percevant les Maoris comme unpeupleenextinction,« n’a :TheAnthropological Governance of Apirana Ngataandthe Anthropologists Advocating Cultural Adjustments" Ngata etdePeter Buck. Je nesouscris pasnonplusaupointdevueMcCarthy affirmant(dans« "Empirical vers lefuturetvers unrenouveau celled’Apirana avec lamodernité, enparticulier delatraditionenarticulation Was" : New Zealand Museums, Anthropological Governance, andIndigenous Agency » 21 20 19 18 17 16 15 . . . Ngata,citédansCraig, 1964, p. 207. . Craig, 1964,p. 98,108. . Best, 1924a,vol. II,p. 38. . Holman, 2010,p. 151. . Best, 1972[1925],vol. I,p. 668.LapositiondeBest ausujetdel’avenir delasociéténéo-zélandaise estéloignée Craig, 1964, p. 189 ; voir également p. 131,201,203.DansCraig, uneétuderécente 1964,p. àlaquellej’aidéjàfaitréférence, 189 ; Pour une vue synthétique de la persistance, en Nouvelle-Zélande, du mythe des Maoris et même de son aryens, -> -> -> -> -> -> é parailleursletitre qu’ils donnentàleurarticle – Pakeha aumêmetitre queletraitéde etMaoris », Waitangi. (208). pakeha considère enréalité in Bérose, Encyclopédie en ligne ), etlesperspectives tournées -> « "The Maori as He The Aryan The Aryan 134 Tapu et mana « La colonne vertébrale du système social maori »

e tableau dépeint par Best des conditions de vie contemporaines des Maoris supposait une rupture, Lvoire un effondrement de l’univers précolonial dans lequel les liens entre religion et société étaient puissants. Bien évidemment, les « contenus » d’une monographie telle que The Maori peuvent donner l’impression d’un mélange hétéroclite de thématiques, avec ses chapitres traitant entre autres de « coutumes relatives à la naissance », ou de « maladie, mort, inhumation et exhumation », de « jeux et passe-temps », des « arts de la guerre », d’« agriculture ». Il serait inexact de considérer que ce procédé pré-moderne conduit à en effacer la dimension holistique. Dans les différentes sections consacrées aux croyances et pratiques religieuses, qui constituent la partie la plus importante du premier tome, l’auteur laisse entendre que ces questions imprégneront également les chapitres sur les « coutumes sociales », et en réalité l’ensemble de l’ouvrage, pour la simple raison que la religion était « la colonne vertébrale du système social maori, et garantissait l’ordre dans la communauté » 1. La même lecture s’applique à Maori Religion and Mythology, dont la thématique ne pouvait en aucun cas être séparée de la vie sociale dans son ensemble. Alors que nous nous rapprochons de la fin de notre recherche sur l’Aotearoa précolonial avec Best pour guide, le moment est venu d’explorer ce déploiement, fondamental à ses yeux, de la sphère religieuse. Il ne s’agissait pas simplement pour lui de se livrer à des comptes rendus détaillés donnant à voir à quel point les anciens maoris étaient immergés « continuellement, dans chaque acte du quotidien, jour après jour, de la naissance à la mort », dans les cérémonies et contraintes religieuses, ou bien montrant que ces dernières « influençaient profondément les activités telles que la guerre, la chasse, la pêche, la culture, la construction de maisons, la fabrication de pirogues, le tatouage, le tissage, etc. », comme cela était déjà énoncé dans Tuhoe 2. En réalité, Best développait une théorie de la cohésion sociale à travers la religion. Ses influences intellectuelles ne sont pas explicites à ce stade, mais nous devons nous souvenir que des visions systémiques liant différentes dimensions de la vie sociale étaient présentes de bien des façons au long de l’histoire de l’anthropologie du xixe siècle, tout du moins depuis Herbert Spencer. Il suffit de rappeler le caractère central des relations entre parenté et religion dans le débat totémique, l’une des principales obsessions de l’époque de Best. Bien sûr, l’accent était

135 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial fait del’ordre préchrétien : empiriques devraientégalement être prisen comptedansl’appréciation delareconstitution queBest bel etbiendécelabledansletravail deBest, quilecite étaitreligieuse, prônée quellecoutume » parRobert Marett, c’est-à-dire sonidéeque« n’importe côtés delaManche. On feradoncmieuxd’évoquer l’influence de l’anthropologie de transition de Best, sinon d’une manière très indirecte, en raison notamment du dialogue entretenu des deux en affirmant qu’« à l’origine, elle [la religion] s’étend à tout été primordiaux del’ordre. danslapréservation theInfluenceConcerning of Superstition onthe Growth of Institutions philosophique. Frazer, parexemple, avait affirmédefaçonexplicitedans respect. L’intellectualisme tylorienn’était qu’une variante prédominante de cettesensibilitéquasiment l’homme « sauvage » agissaitenfonctiondescroyances surnaturelles desongroupe etselonleurstrict souvent missurlerôle delareligion endestermesidéalistes,dans lacontinuitédel’hypothèse que purement historique » nécessitéd’étudierde soninsistancesur« la les institutionsplutôtquedespéculersurunedimension néo-zélandais, Best était « largement àl’avant-garde del’approche théoriquedesescollègues », dufait le terme d’« organisation » une comparaisonavec lesfonctionsnaturelles, ilproposait d’utiliser une« métaphore » enemployant machinerie grâceàlaquellelesaffaires delacommunautépeuvent être menéesàbien ». Ayantà l’esprit ditJenks enévoquant lesinstitutions, après avoir avancé l’idée qu’ellesou d’organes », étaient« la Peut-être serait-il plusjudicieuxd’en parlercommede sauvage jusqu’à lacivilisation.« Il s’agit d’un petitlivre surlesprincipesquirapprochent différents typesdesociétésdepuis l’état 1900, l’évolutionnisme, mêmedanslalittérature destinéeàdeslectoratspopulaires. L’ouvrage, en paru était loind’être unenouveauté etpouvait serencontrer entoutescirconstances àl’apogée de convaincu. estsuffisammentexpliciteensoi,et Bestenétaitjustement grand danslessociétés« primitives » sociologique.Lefaitquelepouvoir delareligionpas deportée soitsouvent considéré commeplus l’idée – probablement unpréjugé historiographique – selon laquelle lesperspectives idéalistes n’avaient Si Durkheim aaffinésa version,jugée proprement sociologique,decegrandthèmetransversal, D’autre leparallèleétablientre part, lesinstitutionsetdesorganesvitauxouuncorpsvivant A History ofPoliticsA History

6 . Holman émetl’hypothèse, etjelerejoins surcepoint,quelesfondements

5 d’Edward Jenks (queBest n’a pas manqué delire) enestunexemple. . Cependant, Elsdon Craig attire l’attention sur le fait que dans le contexte

4 . En toutétatdecause,ilnousfautdépasser

3 », il n’a pas été l’inspirateur certainement (1909) quecesprincipes-làavaient Psyche’s Task: ADiscourse membres 136 Frederico Delgado Rosa toute violationdesrègles oudesloisd’un telsystème enseigné, maintenuetmisenpratiquesanslacroyance dieux(…)depunir danslepouvoir decertains pouvaient être réglés pard’autres systèmedetapun’aurait biais.Quoi qu’il ensoit,« aucun puêtre auteurs, oupardesréactions psychosomatiques visibles,tandisquedesoutragesdemoindre gravité parl’exécution seterminaientparfois deleurs graves » Des casavérésmise àmort. de« profanations menaçantlesprincipesvitaux maléfiques » autrementd’un individu : dit,unepunitionsynonymede forces une punitionquiconsistaitàsuspendre leurpouvoir deprotection contre les« innombrables tapu émanaientdesdieux,afinquetoutenégligencefûtjugéeoffensanteàleurégard etpûtentraîner manière d’en décrire l’institution. Sa dimensioncoercitive reposait surlacroyance quelesrègles du exercée parcettemultiplicationde« Tupuissance fondamentale » quiestune autre neferaspoint », d’une de se représenter « l’influence comprendre la société maorie, il était dès lors « primordial » moyen de rendre une tribu « homogène et gouvernable », de construire « les tissussociaux » deconstruire « les etgouvernable », moyen derendre unetribu « homogène pensait-il,descontraintessemblablesàcellesdu nuitdestemps », Depuis « la contrôler lespassionsindividuellesafinquecesdernières contribuentplutôt« au maintiende l’ordre ». unefaçonde formedediscipline », ilétait indéniablequecesloisreprésentaient « une ses actions », chacunede Comptetenuquechaqueindividusedevait delesrespecter dans« quasiment tapu ». avait àvoir,et faitdevie » enpremier loisetdesrisquesinhérents lieu,avec l’omniprésence au « des L’obstination activité de« chaque véritable cléde voûte » deBest àmontrer quelareligion était« la de l’enfer », cequieutdes conséquences bienpires surleplanéthique quel’ancien système.Le travail imageshideusesetabominablesdestortures de faitàtyranniserlesMaoris enlessoumettantà« des Lesmissionnairesvengeur quicondamnel’homme s’employèrent égaré à destourmentsindicibles ». lafoitoujours prégnante enun « Juge spirituel auxconceptions les plusélaborées desMaoris – telle être du catholicisme),inférieures descomposantesataviquesduchristianisme (etsurtout surunplan l’impression qu’en donneHolman qu’elleau-delà sansvéritable certitude fûtexécutée. Best étaitunthéiste,pasathée,contrairement à des règlements divins était« punissable encemonde », etnonpromise àune sanction repoussée dansun Son efficacitéétait parla renforcéecroyance enparticulier connexe quechaque marque d’irrespect système dans uneouverture postmodernedontleprincipefondateurestrejet désormais complètementétrangersàl’Occident issudesLumières, telqu’il semeutaujourd’hui missionnaires ypénétrèrent, restaient uniesautourdesystèmesfermés.Cesdernierssont Les sociétéstraditionnellesdecetteépoque,àl’instar dumondedesMaoris lorsqueles

7 .

10 , maisilneperdait pasuneoccasiondecritiquercequ’il considérait

9 ». tapuconstituaientun de lafermeture detout

8 . Pour

137 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial des loisquilarégissaient, quepersonnenepuisseenfaire abstraction » théocratique ». Le Nous mesure unecertaine denature pourrionsdire, ensomme,quelestribusmaoriesétaient« dans lienpuissantquimaintientlacohésiondanssociété ». quant àeuxdelareligion, commedu« seul constituaient desinstitutionsdelacivilisationsécularisée ; les« barbares » etles « sauvages » disposaient l’opinion publiqueetl’influence deschefsdetribus respectés. Lesforces depoliceetlalégislation des Maoris destempsanciens,etfaisaitofficedeloicivileimplicite,interagissant avec lepouvoir de révérend James Buller (1812-1884)etdeRichard Taylor (1805-1873) qui avaient travaillé surles Maoris avant Best, àl’instar d’Arthur Saunders Thomson(1816-1860), du complexité avait d’ores etdéjàdonnélieu àdesinterprétations desethnographes antagonistesdelapart reflétait doncunesociétéstratifiée,dontla contraignantes » Le respect deces règles « excessivement les « superstitionsgrossières » domainesdelasociétéblanche par ailleursàaffirmerquecertains « purifiaient » la religion,enécartant propres auchristianisme,Best seplaisait etainsidesuite.En dépitdeces« incohérences » barbare » grande proximité avec lessuperstitionsprimitives » ; « de parnotre sigrandeproximité avec l’homme barbares etcivilisés : « Nous n’avons nous-mêmespasabandonnénossuperstitions » ; « de parnotre si à-dire encore actives surleplanreligieux) quiattestaientdelaproximité entre leshommessauvages, de Best s’accompagne dediatribes,dureste (c’est- partielles très tyloriennes,ausujetdessurvivances Dans réponse àlaquestionsuivante : existait-il desclassessocialesenAotearoa avant l’arrivée desEuropéens ? entraient encontact : etd’eux-mêmesprudence uneattitudeparticulière àl’égard deleurcorpsetdesobjetsavec lesquelsils sociales supérieures pouvaient être considérés « extrêmement sociales supérieures pouvaient être considérés « extrêmement cependant riend’un égalitarismepourlasimpleraisonquedesindividusoccupantpositions The Maori, ilavançait l’idée d’une distinctionhiérarchique entre aristocrates, ou La crainte du châtiment, bel et bien « immédiat et implacable », étaitinculquéedansl’esprit etimplacable », La crainteduchâtiment,beletbien« immédiat pendant quelquesjoursdansunétatdetapuimpuissant,incapablesenourrirseul d’une tellepersonne,etaprès avoir accomplicettetâcheredoutée lemalheureux coiffeur resterait du moinspourcequiétaitdelatête.Seul un excessivementdes personnesd’importance étaientparfois négligées,pournepasdire sales,tout proscrites surlechamp. (…)Latêteétaitcequ’il yavait deplus denourriture,touchait unecabane,ouréserve detelleschosesdevaient être ou détruites Par personnesrespectées lepassé, certaines étaientsi tapu concernaittouslesmembres delasociétéafinqu’« aucun ne s’imagine au-dessus

11 . tohunga dehautrangpouvait couperlescheveux tapu tapu, quesil’ombre d’une d’entre elles », exigeantdesautres unegrande

14

12 chez unepersonne tapu chez . Best proposait unenouvelle . Ceprincipegénéraln’avait rangatira, et

13 . tapu, et 138 Frederico Delgado Rosa , ceux des plus hauts rangs appartenant auxfamilleslesplusprestigieuses.les tohunga,ceuxdesplushautsrangsappartenant entière,une classeàpart précisément parce queprévalaient desdifférences depositionsociale parmi pouvaient toujoursrefléter unetelledifférence de l’aristocratie, quoiqueévoqués defaçondisséminée dansdifférents chapitres d’une monographie, de Io. C’estpourquoi lesritesdelanaissancejusqu’à parmilesfamillesdesplushautsrangs lamort l’élite auxformeslesplusélevées cellesayanttraitauculte desavoir etde spiritualité, enparticulier et leurprofusion desculptures surbois.Best soulignaitégalementl’accès privilégiédontbénéficiait lesdemeuresdont faisaientpartie de facture véritablement supérieures », aristocratique,ou« maisons ».Lapuissanceeffective decesdistinctionssemesuraitàplusieurssignesextérieurs, de filsaînés féminins, les étaient les rangatira (aristocrates)qued’autres, pournepasdire devrais n’était qu’une desfacettesduproblème. Selon personnesétaientcatégoriquementplus Best, certaines cosmologie elle-même,étaitcontrebalancée parl’importance, leprestige etl’influence desfillesaînées. que rendre pluscomplexe unetelle démarche. Lasupérioritégénériquedusexe mâle,inscritedansla personne n’appartenait àla plèbe. Lapossibilitéd’identifier pourorigineunelignéeutérinenefaisait premiers-nés expliquaientlatendancegénéraleàrevendiquer l’appartenance àl’aristocratie, comme si ancêtres, plushautedevenait sapositionsociale.Dans touslescas,évocations élitistesd’ancêtres et plusunepersonne,femmeouhomme,étaitenmesure desevanter d’avoir despremiers-nés pour bien né signifiait descendre d’un premier-né. La primogéniture et l’aristocratie étaient inséparables, signalait ladifficultéde trouver des en raisondelavaleur fondamentaleaccordée àl’idée d’une filiationavec desancêtres respectés. Il même delaquestion.En premier lieu,quasimenttoutelapopulation pouvait prétendre être roturiers, oututua,quiobéissaitàdesprincipesspécifiquementmaorisdontlanature modifiait lesens positions spirituelles. Il est vrai qu’il utilisait le mot « chef », mais chaque positions spirituelles. Il est vrai qu’il utilisait le mot « chef », dans la société maorie, aucun siège permanent de pouvoir, mais plutôt une habile exploitation des de cettestructure enstrates.En réalité, Best estimaitqu’il n’y avait pasdecommandementdésigné tapu. Il s’agissait làdumoyen principaldontdisposait lareligion pourmaintenirl’équilibre d’ensemble (aristocrates), etplusparticulièrement lesariki Il va sansdire qu’outre ces questionsde déférence et de protocole, les personnesplus eedn,cssrtge éélgqe vin er iie ;l’aristocratie démocratique Cependant, cesstratégiesgénéalogiquesavaient leurslimites ariki, lespremiers-nés masculinsdotésd’une généalogieimpressionnante, ouleursdoubles , dontlesfiliations tapairu àcelles quiétaientissues secondespar rapport n’étaient « que tutua auto-proclamés, maiscephénomèneétaitliéaufaitqu’être (premiers-nés masculins),étaientlesplusprofondément

15 . Il neconsidéraitpaslesprêtres eux-mêmescomme rangatira, dontlesplushautsreprésentants iwi (tribu) en possédait rangatira, rangatira 139 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial façon explicite que, dans la société maorie, « l’individu pouvait difficilementêtre définicomme une façon explicite que,danslasociétémaorie, « l’individu pour autantlafiger. Des renversements entre politiquesadvenaient parfois les forces étroitement liéesquiinstauraientlacohésion etl’harmonie danslaviesocialemaorie,sans lois dutapu,larévérence envers leshommesplusnobles,etl’opinion publiqueconstituaienttrois Nous pouvons désormaiscomprendre pourquoi, dansladescriptionquefaitBest decet univers, les n’en détenaientlesautres ariki,maisiln’en étaitpasmoinsun l’un d’entremoins unroi : « Que euxfûtchoisicommechefsuprême luiconféraitplusde plusieurs, dontprobablement un des Maoris tous, etrépétons-le, ilsétaientd’essence religieuse, car« derrière le d’exploits par militaires) ; maislespostulats fondamentauxdelastratificationsocialeétaient partagés preuve qu’ils détenaientplusdemanaouun mana demeilleure qualité (particulièrement parlebiais masculins), etdesfrères cadetspouvaient mêmeatteindre des positionsélevées s’ils la apportaient lois dutapuétaientbriséesousil’individu n’agissait pasenconformitéavec sapositionsociale : protéger sonmana.En réalité, le la qualitédecelui-ciétaitgrande,plusil plus prisée.D’autres formesencore de mana attribuéàunemanifestationdirecte desdieux,maiscettequalitéétaitdetouteévidencela personne, sonmagnétismeoucharisme.Plus rares étaientlescasde primogéniture, maispouvait égalementêtre liéàdesactesdebravoure etauxtraitssinguliersd’une mana ouunmeilleur personnels etd’autres caractéristiquessimilaires, toutesauréolées d’une auramystique.Avoir plusde de découlait auxlignéeslesplusprestigieusesappartenant selonlalogiquedesdroits denaissance,leurautorité mana, leconceptconsacré quirecouvrait lesnotionsdeforce, depouvoir, d’influence, deprestige La dimensionholistiquede lapenséedeBest sedéploieenfinpleinementlorsqu’il affirmede Si leshommesplusinfluentsdansassembléesdélibératives étaientsouvent des in finedeleursurplus

18 signifiait mettre endangerleur mana,simplementparce quecelaoffensaitlesdieux devaient entretenir leur l’affaiblir oudesactionsinappropriés. pardescomportements Tant leschefsqueprêtres Le ». mana d’un chefétaithéréditaire, maisilavait besoindelemaintenir, fautedequoiilpouvait était réservé auxaristocrates.Ilmana étaitréservé étaitsouvent héritéd’ancêtres àtravers la primus interpares, quin’était enaucuncasl’autorité centrale,encore mana n’était pasunattributpermanent.Il pouvait être perdu siles mana. Respecter lahiérarchie revenait alorsàrespecter cesdifférences mana et leur mana avaient cours.Plus unhommedétenaitde tapu avec un soin extrême. Profaner une règle du tapu etentouré d’interdits rituelsquiétaientcensés ariki tapu etle

16 . » mana atua,c’est-à-dire de mana setenaientlesdieux ariki (premiers-nés

mana, plus 17 mana que . ariki tapu 140 Frederico Delgado Rosa extérieure (clan) danssesliensavec l’ qu’elles fussentdiscutéesparle clan » auquelelleappartenait ; etlamêmelogiques’appliquait au disciplinée, traitantsespropres affaires, à l’exception descaspourlesquelsilétaitestiménécessaire le l’organisation sociale,les unité sociale », puisquelerespect pourle passé, àsavoir desspécimensdu exemple, de ces objetsdu à desfins nécrophages des os. Certains ou pourfaçonner desoutilsà partir visantlesennemistribaux étaientsourcesanciennes » deconflits renouvelés, profaner destombespar « coutumes suffisait.D’autresde mangerlecœurd’un prisonnier, toucheravec leslèvres » mais« le formes lesplusextrêmes, commecelledefaire cuire desesclaves vivants. Quelqu’un pouvait menacer sensationnalisme àcepropos, affirmantlarareté dessacrificeshumains,etplusencore dansleurs ilévitaittout Si enthousiastes », Best décrivait lesMaoris destempsancienscomme des« cannibales esclavage. Ils étaientbientraitésauquotidien,mais pouvaient être tuésetmangésentantqu’étrangers. en ne les niant pas, et soulignait le fait que les prisonniers des guerres étaient réduits intertribales en les tribus.Best poursuivait plusavant cetteréflexion surlamoindre gravitédesconflits internes, tout mais ellesreprésentaient « des incidents bienmoinsamersetéprouvants » queles affrontements entre entre les clansd’une même tribu, dans descasde conflitau sujetdeparcelles de terres par exemple, Cequin’empêchaitun combattant ». évidemmentpasl’avènement dequerelles oumêmedeguerres l’échelle delatribu,paroppositionàcellesleursennemis : « Chaque hommevalide étaitbienentendu deleursociétéà constituaitlapreuve delanature « communisante » continuellement entraînés », aujourd’hui auboutduchemindema vie. Qu’importe sijesuisseulepourcesdernières foulées ? » seulement àlatribu.Nous noussommesunisauprintempsdenotre jeunesse,maisjesuisparvenue « plus tard, àunepériodemoinstrouble », parleur fille : « Accomplis tamission. Ne pensepasàmoi, Ses unevraieMaorie ». paroles furent àBestmontra àlahauteurdesituation« comme rapportées accablant àson de serendre au-devant destroupes du gouvernement afindefaire lapaixet d’éviter undésastre plus vieil amiprécieux », Te Piki-kotuku, avait recueillis auprès desafemmemourante,lorsqu’il futchargé Maoris. Cephénomèneestillustré demanière poignanteparBest lorsqu’il citelespropos que« son whanau, qu’il traduisaitpar« groupe unitéautonome,auto- Chaquewhanauétait« une familial ». orBs,l atqetu e omsmoi tin e urir,« minutieusementet Pour Best, lefaitquetousleshommesmaorisétaientdesguerriers,«

19 . Dans touslescas,lebien-être lapréoccupation dugroupe était« toujours majeure » des iwi. Il savait qu’il maisendépitdesonétatsanté,ellese nelaverrait plusjamais ; iwi iwi (tribus), les (tribu), cartoutconflitentre sous-groupes s’effaçait encasdemenace xviii e siècle,furent montrés àBest lorsqu’il setrouvait enpays tuhoe ; mana etletapuétaitcollectifrenforçait leséchellestribalesde ou clans, et le plus important d’entrehapu ouclans,etleplusimportant tousauquotidien, hapu 141 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial grand par latailled’une arméeennemiequeparlaprésence danssesrangsd’un chefmilitaire dotéd’un très des guerriers, laquelle était moins affectée Un au combat » autre exemple est celui de « l’endurance à commencer parl’idée même que tuer ou mourir sur le champ de bataille étaient desactesnobles. entre les différents forme d’alliance fragileouoccasionnelle,quis’effondrait après coup. D’autre lesantagonismes part, historiques etlégendaires desancêtres fondateurs – moins commefacteurdecohésionqueune appelait casus belliaucunn’était « plus provocateur » quele« dénigrement duprestige oudel’autorité, cequ’on proverbe maori prétendait que « seuls la terre et les femmes égarent les hommes » ; mais parmi d’autres d’une formedesusceptibilitéquipouvait àtoutmomentfaire éclaterdesconflitsentre lestribus. Un prisonniers deguerre de hautrangdontlemanaétaitperdu àjamais qui selonBest étaitredouté par-dessustoutdel’ensemble desMaoris, etplusparticulièrement des étaituneautre desmanifestationsdeceprincipe, del’esclavage » delà lesgénérations.Le« stigmate sur leplanindividuel,maiscollectifégalement,et cela pouvait setransformerenunequerelle par- farine de50livres contre deuxpointes decespointeslanceentroquant unsacde obtenucertaines « J’ai en vérité, ilsluifurent vendus : socialisme revanche, l’histoire surleplanpolitique,ets’opposait aétabliqueBest étaitunconservateur mêmeau point de vue contemporain, ils’agit d’un contrepoids essentiel àson éloge delaspiritualité maorie.En développés parl’élite, mesure dansunecertaine toutaumoins,« afin degagnerdupouvoir ». De notre avaient été etlesmystères » Les « contraintes du pouvoir commel’ont faitnosprêtres modernes ». maorie avait étélefait« d’un ordre deprêtres depuislongtempsdisparu » qui« tentèrent des’emparer ’ eaie ndti ’raiainscae »desMaoris, ilmentionnales examinerendétaill’organisation sociale d’« communs étaient,croyait-on, arrivés àAotearoa surunemêmeembarcation. Lorsqu’il proposa cohésive etautonomelaplusgrande », endépitd’une parenté lointaineentre lesiwi par le de cohésion harmonieuse. S’il louait l’esprit « communisant » desMaoris, c’était précisément parce de cohésionharmonieuse. S’illouaitl’esprit « communisant » De curieuse,Best façonassez pensaitquel’instauration delareligion commecimentdelasociété L’ tapu etle mana. De lamêmemanière, l’orgueil deceuxquipossédaientun rpéeti esbeet eo u,l ieumxmlditgainscae l’entité iwi représentait sensiblement,selon lui,leniveau maximald’intégration sociale,« takahi mana

22 . Que celaeûtounoninfluencé oudéterminésaperception delasociétéindigène régie mana, ilvoyait danslesasymétriesinhérentes àl’Aotearoa pré-européen uneforme iwi surgissaient justement à propos des références culturelles qu’ils partageaient, ». Laver les affronts était « l’un des devoirs les plus importants », passeulement Laver lesaffronts desdevoirs était« l’un lesplusimportants », ».

20 ! »

21 . mana waka supérieur sedoublait dont lesancêtres cespirogues – 142 Frederico Delgado Rosa privilégiait désormais l’analyse culturelle au détrimentdelareconstruction historique »(1964,p. 217). en anthropologie, « déplorait le changement de perspective dans la recherche sur les Polynésiens, par le biais duquel on 6 5 4 3 2 1 N au Nous voilà, conduitsparlamaindeBest, arrivés auboutdenotre voyage dansletemps,nonseulement le passagesuivant deThe Maori : qu’ils n’étaient qu’est terre solitaire, « Une etceuxquilapeuplèrent »,chapitre introductif de d’Elsdon Best, telquenousl’avons repéré toutaudébutdenotre dutextesingulier essai,àpartir hommes. Lacosmogonie,l’histoire précoloniale etlacolonisationsontlesthèmesdumythefondateur de enfants etsurtout Tane, delaJeune Fille Issue dela Terre etdelabelleHine-Titama, lamère des maori d’Aotearoa, pourneriendire del’âge deRangileCielPère etdePapa la Terre Mère, deleurs les autres – dans cestempsquiprécédèrent l’arrivée desBritanniques et,encore, jusqu’au peuplement devient parmomentsinvisible. de l’anthropologie d’Elsdon Best etlesregards postcoloniaux surun ancêtre qui,àforce d’être exclu, Urewera, lepaystuhoe,pourentrecroiser ànouveau lepasséetprésent, larestitution historiciste of theMist. Maintenant ilnousfaut,commepromis, retourner de auxmontagnesbrumeuses Te . Best, 1924b, vol. 21. . De ladivisiondutravail social , Paris, Félix Alcan,1902[1893],p. 183. . Best, 1972[1925],vol. I,p. 1081. . Best, 1924a,vol. I,p. 357. . . Edward Jenks, ofPolitics AHistory , London,J.M.Dent &Co., 1900,p. 5. otes Craig, 1964,p. 109.Craig précise toutefoisqueBest, danssesdernières analysesdesnouveaux courantsmodernes xix e siècle,maisaussi – fût-ce unepure illusioncoloniale pourlesunsouunmotifinspirateur supérieures despersonnesdeplushautenaissance moins desaristocratesconvaincus deparleurfoidanslesystèmeprimogéniture etlesqualités vie. Nonobstant lespratiquescommunisantesrégissant laviedesMaoris, ilsn’en restaient pas Maoris faisaientpreuve desuffisammentdiscernementpournepasimaginer un telmodede livraient pasàdevaines discussionspour ramenertousleshommessurunmêmeplan,car tribu respective étaitsouverain (…).En dépitdecettedispositioncommunisante(…),ilsnese La loyauté tribaleétait une caractéristique profonde des Maoris. Leur sens dudevoir envers leur pas communistes.Laconnotationidéologiquedesonanthropologie estpatentedans -> -> ->

23 . -> -> Tuhoe : TheChildren -> 143 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial NZETC (New Zealand Electronic Text Collection/Te Puhikotuhi oAotearoa), quidiffusedestextesetmatériaux d’une collection privée en page 478. L’image est absente de l’exemplaire numérique auquel on peut accéder sur le site plus précisément, voir Roque 2010). LetomeIde pourunemiseenparallèlepost-colonialedesdeuxphénomènes, dansle 557 ; (Best, 1924,II : entier » Timor oriental à leurcontingentd’esclaves, etvendirent leurstêtes.(...)Cestêtes seretrouveront souspeu danslesmuséesdumonde vinrentréserves àmanquer, lesMaoris à l’esprit vivace n’eurent aucun malàrépondre àlademande,carilsrecoururent à faire deNouvelle-Zélande, escaledanslesports ces objetseffroyables attirèrent rapidementdesacheteurs. Quand les entrelien important l’intensification decette pratiqueetlacolonisation : « Lorsque lespremiers Européens commencèrent concerne lescélèbres se transformerenhapu. 20 19 18 17 16 sur cepointprécis » (Best, 1924b, vol. I,p. 142). manifestations, etn’avait probablement jamaisentenduaucundeschantsrituels,bienquelesfaitsnesoientpasclairs tohunga ahurewa n’avait. Lecommundesmortels vraisemblablementpaslapermissiondeprendre àdetelles part et durituelsimplementparce qu’ils cérémonielles assistaientauxperformances effectuéesparlesprêtres de Io, les à connaître lenomdeIo. Lesmembres delaclassesupérieure connaissancedelacérémonie avaient unecertaine quelconque manière oud’apprendre sessecrets. Il n’est quelesgensordinaires absolumentpascertain fussentautorisés nombre de personnes devaient savoir qu’un tel culte existait, mais elles n’avaient pas la permission de l’utiliser d’une 15 Present, London,Hodder andStoughton, 1880. Zealand, Past andPresent, Savage andCivilized 14 13 12 11 10 9 de cetessai. concept quasimentomniprésent detaboudanslesmilieuxanthropologiques autournantdusiècledépasseraitlecadre 8 7 . Best, 1924a,vol. I,p. 251 ;1972[1925],vol. I,p. 1122,1019-1020. . . Holman, vol. 2010,p. 27. Best, 1972 [1925],vol. I,p. 1081,1122 ; 1924a,vol. I,p. 476. Tenter iciderendre comptedelaplacequ’occupait le . . . Best, 1972[1925],vol. I,p. 1020. . Ibid., p. 387. . Best, 1924a,vol. I,p. 345. . . . Best, 1924a,vol. I,p. 255. . . Best, 1924b, vol. I,24,29 ;1924a,vol. I,p. 225,266 ;vol. II,p. 40 ;Best, 1924b, p. 29. . 2010,p. 44 ;voir égalementCraig, 1964,p. 170-171. Best, 1924a,vol. I,p. 356 ; Best, 1972[1925],vol. I,p. 1020 ; 1924a,vol. I,p. 356 ; 1972[1925], vol. I,p. 1122. Best 1924a,vol. I,p. 255;vol. II,p. 228,224 ; 1972[1925],vol. I,p. 245 ; 1924a,vol. II,p. 576,227.Pour cequi Best, 1924a,vol. I,p. 341.Lanature segmentaire decesunitésétaitsoulignéeàtravers l’idée qu’un Best, 1924a,vol. I,p. 476,351.Best émettaitdesdoutescependantsurleniveau decesprivilèges : « (...) ungrand Best, 1972 [1925], vol. I, p. 1122 ; Best, 1924a, vol. I, p. 351 ; Best, 1924a,vol. I,p.Taylor, 351 ; Best, 1972[1925],vol. I,p. 1122 ; A.S.Thomson, 1855 ; -> -> , les têtes conservées d’ennemismokamokai, lestêtesconservées (maintenantsujettesàpolémiques) Best établissaitun -> -> -> -> -> , London,J.Murray, James 1859,2vol. ; Buller, -> -> The Maori -> proposait unereproduction d’une têtetatouéemaorie -> -> New Zealand Past and The of Story New whanau pouvait

-> 144 Frederico Delgado Rosa 23 22 21 raisons desoninaccessibilité. détenus parlabibliothèquede Victoria University à Wellington. Àsaplace,unlienrenvoie àl’exposé détaillédes . Best, 1924a,vol. I,p. 355. . Best, 1924a,vol. I,p. 476 ; Voir Craig, 1964,p. 164-165,222. . Best, 1924a,vol. I,340-341,vol. II,p. 237,224. -> -> -> -> 145 Troisième partie

Retour au pays tuhoe Jeffrey Sissons et la critique de l’historiographie coloniale

ans sa monographie de 1991, Te Waimana, the Spring of Mana. Tuhoe History and the Colonial DEncounter, l’anthropologue néo-zélandais Jeffrey Sissons assume le rôle de successeur historique de Best. Il considère ce dernier, pour reprendre ses propres termes, comme son « ancêtre le plus illustre » dans cette tradition intellectuelle polémique mais peut-être inévitable, qui voit dans les Maoris et tout particulièrement leur passé « un objet d’érudition pakeha ». Te Urewera, le pays tuhoe, a été revisité par Sissons entre 1977 et 1979, après quelques séjours antérieurs, notamment en 1974 1. Tout en puisant dans cette tradition – et, bien entendu, dans ses vastes archives –, son travail cherche également à la mettre en cause. Si Tuhoe: the Children of the Mist, « seule publication majeure sur les traditions tuhoe » est considéré comme un « classique » dans le domaine des études maories, l’ouvrage ne peut être le point de départ d’une revisite qu’à partir du moment où celle-ci s’inscrit dans la critique post-coloniale 2. En premier lieu, Sissons se doit de déterminer la part prise par Best à une situation de violence coloniale, notamment en tant que médiateur du processus de « construction forcée d’une route à travers le pays tuhoe », entre 1895 et 1897 3, et de partage de plus de six cent mille acres de terre en lots attribués à des gardiens collectifs tuhoe, entre 1897 et 1903. La contrepartie de la création de cette réserve autochtone, la seule région tribale autonome reconnue par la Couronne – appelée Urewera District Native Reserve –, était l’acceptation de leur part des « bienfaits de la civilisation », une formule qui dissimulait l’empiètement colonial, voire l’instauration d’une « indirect rule », sans compter la possibilité d’aliéner des terres d’un commun accord 4. Comme nous le savons déjà, Best a pris part à cette affaire, en plus de sa mission ethnographique à proprement parler, aussi cruciale que fût celle-ci pour lui et pour Percy Smith, à l’entregent de qui il doit d’avoir obtenu ses différents postes 5. Sissons suit de près la biographie de Best rédigée par son neveu Elsdon Craig (1964), mais il met davantage en évidence les questions de pouvoir qu’elle soulève et accentue notamment la résistance tuhoe. Il est particulièrement important de noter que Sissons considère les résultats ethnographiques de Best, notamment Tuhoe: the Children of the Mist, comme un produit colonial, inséparable de ses autres attributions professionnelles dans un contexte non seulement agité mais éloigné du passé pré-européen d’une façon bien plus radicale que ne le laissaient penser les idées romantiques sur l’isolement et l’entêtement des Tuhoe.

147 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial anglaise, elleaffleure« avec commeledit icietlà,même éclat », Sissons aumoinsdansl’usage delalangue Bien quecettedimensionreste « implicite », des Européens ». pas deconstater, entouterigueur, quecepassageetdefaitl’ensemble del’ouvrage sont destinésà nemanqueront »,écritSissons, « Ses lecteurstuhoe même audétrimentdupublicoccidental.« indigènes etleursdescendantsqu’il s’agissait d’un contre-don pourleurcollaboration,peut-être minutieuses surl’histoire etlesgénéalogiestribalesdevraientintéresser particulièrement sesamis évidente avec lepassédesMaoris Kenana (1869-1937),qu’il abeletbienrelégués danslesmargesdesonœuvre, dansunediscordance du livre supposéesn’avoir poureuxqu’un « intérêt limité » mais,d’un autreindigènes ; côté, il esttacitementdestinéauxEuropéens, et ceciendépitdesparties d’un côté,l’ouvrage s’adresse très demanière particulier » : expliciteàdeslecteurs Mist aun« statut il mentionne un homme qui « a combattucontre nous il mentionneunhommequi« a pour ledémontrer, etl’autre foiennotre propre l’un danslequel oùBest histoire », parlede« notre des Tuhoe, leursleaderss’inquiétaient deplusenl’avenir deleurterre etdeleurpeuple des Maoris, enl’occurrence les momentoùBest commençaitàfouillerdanslepassé Tuhoe : « Au comme s’il yavait effectivement unhiatusentre l’ethnographie desauvetage etlesproblèmes réels d’autres rhétorique, selonSissons. Bien qu’il n’utilise pascetermeprécis, ilavance l’idée queBest, « comme soit dénigré lesmouvements prophético-messianiques maorisde Te Kooti La démonstrationextrême decedécalageréside, selonSissons, danslafaçondont Best asoitignoré ce livre émerge au grand jour ». Ils enautorisèrent d’ailleurs lapublication. Si l’on considère, par ce livre émergeaugrandjour ». ses interlocuteurssontdécédés avant lapublication,Sissons semontre voulaient « qu’ils que certain etmêmesiquelques-uns de pendantces discussions ; prisforme » effet, l’idée mêmede l’écrire « a réflexion inspirée desconversations qu’il aeuesavec d’anciens Tuhoe surlepassédeleurpeuple. En distance vis-à-visdeBest, aunomd’une dichotomie entre lessensibilitéscolonialeetpost-coloniale ? identité, onpeutseposerlaquestionsuivante : l’argument deSissons pasàaccentuersapropre nesert-il résilience desMaoris faceaumondemoderne,l’ethnographie desauvetage s’offrant engagedeleur chapitre précédent, quesoninterprétation duthème delaracemourantemettaitplutôtenavant la Sissons jugecontradictoire l’annonce deBest, danssapréface, quesonlivre etlesdonnées Pour aggraver encore lecasdeBest, lareconnaissance despremiers pourraitbienn’être que Dans lapréface de Pakeha Tout desagénération,considéraitlesMaoris commeuneracemourante ». sepasse Te Waimana, theSpring ofMana

11 . Si nousadmettons,toutefois,commeonl’a soutenu dansun

7 , Sissons présente sonouvragecommeune ». En somme, ».

8 .

10

6 Tuhoe: theChildren ofthe (c. . Deux passagessontcités 1831-1893) etdeRua

9 . » . » 148 Frederico Delgado Rosa temps » quenel’étaittemps » n’est deson de nouvelles fruit formesculturelles ajustéesàlasociétépost-coloniale », pasmoins« le sansprécédent d’un paragraphedel’épilogue, quesonlivre, écritdansunedécenniede« recherche entreprises coloniale et postcoloniale. Sissons lui-même est pleinement conscient, comme cela ressort ceux delafindu avecprojet les éditorialconstruit Tuhoe eux-mêmes,onpeutsedemandersiles Tuhoe, aussibien contre, l’argument deHolman selonlequell’histoire d’Elsdon Best etde Tutakangahau estcelled’un étaient stratégiquement adaptés à la pression politique de l’État et « redéfinissaient » forcément les étaient stratégiquement adaptésà la pression politique del’État et « redéfinissaient » nouvelles significations en tantqu’armes ils dans généalogiques acquéraient « de l’arène coloniale », travers uneinsistancesur les droits exclusifs detelleoulignéeaudétrimentd’une autre. Lesrécits notammentà traditionnelle », lanarrationde« l’histoire systématiquement » la propriété « faussait Il donnedesexemples de lafaçondontunmodèleexogène de jamaisellenel’avait été ». « comme aussiétait-elleracontée Sissons, commeunepreuve l’histoire légale », traditionnelleétait« présentée indigène (native landcourts est devenu secrétaire eneffetqu’une àunmomentdonné – n’était variante destribunauxdelaterre dontBest Commission », « Urewera commission responsable delacréation tuhoe – la delaréserve reconnaissance légale delapropriété foncière traditionnelleétaitenelle-mêmeune distorsion.La conflits indigènesentre les différents propriétaires collectifsdesparcelles deterre. Selon Sissons, la spirituel vivant qu’est cetteterre etaliénable enunbienstable, inerte reflète de Best, en tantquefonctionnaire laparticipation colonial,àlamétamorphosedecedomaine que repère Sissons. De son pointdevue,iln’est passurprenant queTuhoe: theChildren oftheMist aumusée.Mais réservés côté desartefacts ilest un lienencore plusprofond entre lesdeuxprocessus sous forme écrite et imprimée, à et préservé » esprit. Une fois extrait, ce matériau était « authentifié mainmise matérielleetleconduiraitàexplorer lesavoir desanciensensoutirantlecontenudeleur faisantéchoàcette idéologique » Son ethnographieseraitdoncuneformede« colonialisme tuhoe ». indigène, précisément aumoment«oùlaCouronne s’apprêtait àaccaparer toujoursdavantage laterre prédatrice, aupointdedire queson prédécesseur « objectivait, jugeaitets’appropriait » laconnaissance monographie voudrait contribueràcemêmeobjectif. présenté commeuneétape,transitoire, vers « de nouveaux passés,encore nonimaginés » Une telleentreprise passerait,ironiquement, parl’oblitération ducontextecolonialdes Sissons insistesurlecontrasteentre sapropre attitudecollaborative etcelledeBest, qu’il juge xix e sièclequeceuxdelafindu Tuhoe: theChildren oftheMist ) quienredessinaient lepérimètre depuistrois décennies.Selon l’analyse de xx e d’Elsdon Best. Dans cesens,ilestmodestement , neseraientpaslechaînonmanquantentre les

13 .

12 . Laprésente 149 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial relations entre lesgroupes enréponse àcespréoccupations groupe surl’individu dansl’Aotearoa d’avant la colonisation de lapropriété foncière etdesdroits devente, correspondait bienàsonidéed’une prééminence du aussi « l’inaptitude » desanciensMaoris àcomprendre lesconsidérationsdespremiers colonsausujet erreur queseulunEuropéen pouvait commettre ». Inutile d’ajouter quece malentendu,qu’exprimait jamais imaginéqu’on puisseentendre parcelaqu’il étaitleseulpropriétaire desterrainsenquestion, ma terre »). CommeBest tentedel’expliquer àseslecteurs,dans « pouvait mentionnerdesterritoires tribauxcommeétantsapropriété : ».En Nouvelle-Zélande, l’une dessources de malentendu était qu’un individumaori modernes perduré dansplusieurspaysd’Europe, ycomprislaGrande-Bretagne, « jusqu’à destempsrelativement avait propriété communautaire » et nonàdesindividus.Du reste, onnedevait pasoublierque« la n’excluait desterres, paslanotiondepartition dontelleprévoyait alorsl’attribution àdescollectifs maislaloimaorie – européenne, cequeBest tendaitàexpliquerencore entermesd’évolution droit coutumierpré-européen enmatière depropriété foncière. cedroit différaitde Certes, l’approche d’entreLe plusimportant eux,en dehorsdeslimitesspécifiquesterrains,était l’existence d’un pouvait être surmontéenreconstituant lesfaitshistoriquesdécelablesàtravers lesrécits lesplusfiables. objectif. plusieurscasflagrantsdecettenature. » J’aiobservé Il croyait, néanmoins,qu’un telobstacle Il n’est pasrare quedefaussesgénéalogiessoientprésentées danscet :« les prétentions foncières leur réalité pré-européenne, cequiconstitueunefaçondélibérée d’inverser lediscourscolonial. territoriales. Les terres pouvaient être ancestrales ouobtenuesàtravers laconquête,maisdans ce donc contrebalancée parlefaitqu’il reconnaissait laprévalence delaguerre menéepourdesquestions vision harmonieusequ’avait Best del’Aotearoa précoloniale entantque mosaïquesdetribusétait d’ailleurs parl’engagement militaire de tousleshommesàdéfendre laterre associéeàleur »chansond’adieu aulac Wai-rarapa. Cet attachementprofond semanifestait impressionnante de laterre indigène parousouslesauspicesdelaCouronne britannique,commecelled’une « très On nepeutqu’êtrede vie ». émuparlesillustrationsqu’il achoisiesdesituationsréelles d’aliénation que leMaori avait poursaterre exerçait très « une grandeinfluencesursoncaractère etsurson mode profond sentimentd’affection » émotionnelle,aupointd’écrireen soulignaitaussilaportée que« le d’ , Best, rappelons-le, était fortement anima, convaincuBest, desdimensions spirituelles rappelons-le,de était laterre.fortement Mais il À travers sonattachementauxquestionsdepersonnification etde Best était pourtant attentifàlapossibilitédemanipulationsgénéalogiquesvisantsoutenir Best étaitpourtant

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15 . En somme,Sissons contestefortement . The Maori, untelindividu« n’aurait » (« Ceci est (« Ceci This ismyland » persona, d’animation et iwi. La 150 Frederico Delgado Rosa étaient nettementsous-diviséesenterres de « tel quenousleconnaissons » relevait delaterre, d’un familiale » plusquedusystèmedepropriété foncière systèmede« jouissance cas,unindividupouvait êtrecertains leseulutilisateurd’un lopincultivable, maiscettesituation d’un pointdevueeuropéen, aussi bien dansleursvariantes quedansleurssubtilitéstechniques.Dans pour lesMaoris,à ellel’objet quoiqu’« extrêmement d’arrangements « raisonnables » déconcertants » des excursions depêche ». Laterre occupéeparlatribuàl’issue d’une conquêteguerrière faisaitquant non cultivés, deslieuxquin’étaient quedefaçonoccasionnellepourlachasseauxoiseauxou parcourus elles concernaient des terrainssauvages, non occupés et disputes, dansleszones intra-tribales,« mais reconnaissaitdes familles étendues (whanau). Certes, Best, les limites territoriales occasionnaient des comme unesource historique,lesMaoris étant« de remarquables généalogistes de façondiamétralementopposéeàlaperspective de Sissons, unsiècleplustard, ilfallait lesconsidérer si, parleurnature exotérique, ellespouvaient être defaçonplusdémocratique.Selon partagées Best, et compte tenudeladivisiondesterres. Elles yfiguraientcommesujetde« mâchoire inférieure », même apprentissage qu’étaient transmiseslesquestions degénéalogie,ou chanced’entrer dans une auraient « une plusieurs mois,onexigeaitd’eux qu’ils répètent « le récit deslisières ». S’ilssemontraient « doués », ils une « meilleure méthode » – en leurtransmettantlaconnaissanceavant qu’ils nes’y rendent. Pendant terrains defaçonrépétitive, enétanttrès attentifsàtouslesreliefs quienformaientlalisière, soit – selon à petit-fils.Lesjeunesétaient« soigneusement deceschoses », instruits soitenleurfaisantarpenterles s’attaqua auxformesdetransmissiondessavoirs enquestion,quecesoitdepère àfilsoudegrand-père devait plusjamaisêtre oublié mêmes’il peuprès lemêmequeceluidesterresà l’autre.« ne ancestrales », Leurstatutdevenait « à dernier casellesdevaient être occupéespourquecetteprérogative semaintienned’une génération dont latâche exigeaitdespouvoirs surprenants. Peut-être sonethnographie était-elletoutentière un Plus d’un encore, peuplesans écriture » Best voyaitde traditionsanciennes. » eneuxles« historiens graphique, lesMaoris comptaient entièrement unemasseénorme surlamémoire pourconserver Maoris : « Les facultésdemémoire unpeuple illettré chez sontextraordinaires. desystème Dépourvus Parler de terres tribales était insuffisant. Contenues « dans des limites bien connues », elles « dans deslimitesbienconnues », Parler deterres tribalesétaitinsuffisant.Contenues Au sujetdeslimitesprécoloniales desterres, Best avançait sonargumentleplussolidequandil Comme nouslesavons déjà,il était particulièrement sensibleaux capacitésmémoriellesdes

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17 » quecetteadjonctiondeterre étaitdueàunevictoire. . Whare-wananga s’ils C’estau coursdecet lesouhaitaient ». hapu (clan), lesquellesétaientencore sous-diviséesentre , qui étaient cruciales whakapapa, quiétaientcruciales

18 ». 151 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial originaux aux proportions effrayantes »,que originaux auxproportions Best avait ensapossession généalogiques, lesquelsn’étaient simpleamorce des àdire vraiquedesversions abrégées voire « la le deuxièmevolume deTuhoe: theChildren oftheMist plus demillequatre centspersonnes composant unemêmelignée ». Aussi nedoit-onpass’étonner que ou d’un de mémoireavaitpossédait aucune sous autreforme écrite »), rapporté les noms de qui « lui n’en éloquentes, tell’exemple d’un hommequiluiavait dictéplusdequatre cents chansons(« il ilenavait sélectionnéuneoudeux, hymne àcespouvoirs, dontilavait d’abondantes illustrations ; correct » toutsimplement « impossible »parfois « dans deplacertouslesfaitsrapportés unordre chronologique dans lamesure où ilslivraientpléthore dedétails.EnBest dépitdesesefforts, reconnaissait qu’il était En fait,lescapacitésdemémoire des Maoris pouvaientglorification tribale ». aussigêner l’historien, toujours sesnotesd’une manière très juste,sansêtre suspectéd’aucun soupçonderancuneou de informateurs, commeparexemple Himiona Tikitu, delatribuNgatiAwa, hommequipartage « un Best prenait aussiencompte laprobité etlasensibilitéhistoriqueparticulières decertains près ». toucheprobablement lavérité deplus ou« ceci estexact », « Ceci telleque : approbation desapart, jugeait lesplusproches decequis’était réellement récits passé.Certains pouvaient être suivisd’une il s’attelait àlatâchedecomparer, croiser etfinalementchoisirles versions oulescomposantesqu’il Tout enmanipulantdesmémoires qu’il nepercevait enaucuncascommeunaccèsdirect aupassé, de façoncomplémentaire, deleursvoisins delabaiePlenty, lesNgatiAwa etles Te Whakatohea). à déterminer. Mais c’est précisément pour cette raison qu’il assumait le rôle d’historien des Tuhoe (et, contradictoires, lacause,ledéroulement etl’issue desconflitsdejadisétantparticulièrement difficiles colossales del’entreprise : Best était cependant parfaitement conscientquelesancêtresBest étaitcependantparfaitement faisaientl’objet derécits

20 . On nepeutmanquerderelever soussaplumeuneformedemodestiefaceauxdimensions de lefaire lui-même] ! et pointeraundoigtaccusateurcontre denombreux pointsfaibles. Le lecteurdecesnoteserratiquesconstateraprobablement desdivergences toutaulongdurécit labyrinthe à partir duquellefameuxavocatlabyrinthe dePhiladelphie àpartir Les versions contradictoires desraids innombrables,dessiègesetmeurtres composentun des traditions historiques des Maori véritablement un chemin rocailleux emprunte et détourné. d’autrefois modestement lapatienceavec laquelle mesvieuxamisindigènesm’ont sisouvent confié les récits un récit sansà-coupsetprécis.

22 .

Car lefils d’homme quiaffronte latâcheingratededémêler l’écheveau Il fallait néanmoinsfaire cetravail soit presque entièrement composédetableaux

21 auraitbeaucoupdemalàproduire

19 , nefût-cequepourremercier . E taeahokiteaha [Qu’il tente 152 Frederico Delgado Rosa long du au survenues socialesdramatiques » transmission culturelle, quellesquesoientles« transformations indigène revient àrepérer sadimensionpolitique : groupe socialdes’affirmer politiquementenconférantunehistoricitéàsonidentitéet vision – qui implique une société assez strictement biculturelle – et l’insistance deHolman surla strictement biculturelle – et impliqueunesociétéassez vision – qui ilparaîtyavoir un décalageinsurmontableentre sa de parlerdupasséesten traindechanger », narrateur déployant ensuite sespropres significations. façontuhoe Bien que Sissons admetteque« la »,chaque l’histoire estélaborée et changement,c’est-à-dire unnoyau stylistiqueautourduquel« pensée historiqueindigène, puisquesestechniquesdetransmissioncombinent forcément convention À côtédumana,enfaitimbriquéedanssalogique,ilfautprendre encomptelanature oraledela un conceptétrangerauxnarrateursmaorisdelafindu pression coloniale.C’estpourquoi Sissons croit qu’une histoire « globale » ou« unilinéaire » auraitété et correspondait auxtensionspolitiquesquilesopposaient,jusqu’aux transformationsduesà la Sissons, étaitforcément spécifiqueà l’un desgroupes impliquésdanslesdifférentes bataillesdupassé enjuxtaposantsimplementdifférenteseffort, versions,il procédait à l’inverse. Chaque récit,insiste »Au lieu d’emprunter lavoie dumoindre égard, Best secrée àlui-mêmesespropres problèmes. cet « À la façondontsonprédécesseur imposaitsonordre propre auxévénements précoloniaux : Sissons citeunpassageoùBest avoue sesentircommeunnaindevant desgéants,toutencritiquant dynamiques, aussi bien internes qu’externes divergentes, puisqu’elles exprimentdesrivalités sont – forcément qui leursontassociéesétaient – et lui, du temps de Best, à conférer du sens aux récits indigènes sur le passé. Les généalogies et les histoires à la périodeprécoloniale.principe emprunté Il s’agit du« concept-clé » de dirais-je – un ilydétecte – tacitement, et transformésdanslecadre d’une confrontation coloniale », dresser unehistoire traitait lesdeuxtypesderécit commede« purs indices,plusoumoinsfiables,qu’il compilaitpouren événements etauxancêtres pluséloignés,notammentlesfigures fondatricesdechaquetribu,puisqu’il Tout comptefait,l’histoire tellequelaconçoitSissons accorde uneplaceconsidérable àla xix négociable jusqu’à pointetdépendante dumanarelatif un certain deslocuteurs tradition vivante. La vérité historique révélée à travers le dialogue et le débat doit toujours rester toujours discutable,chaquerécit exigeantpratiquement un contre-récit pourdemeurer une En tantquediscoursdemanaetsurle,iln’est passurprenant quecettehistoire soit e siècle. Tout decompréhension historique[des Maoris] encherchant les« modes formés

23 ». Best n’a pascomprisquecesdifférents récits étaientautantdefaçonspourun

24 . En fin de compte, identifier une « historiographie » « historiographie » . En findecompte,identifierune xix e siècle.Lamêmelogiques’applique aux mana, quicontinuaitselon

25 . mana. 153 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial se réfère auxcausesd’un combatduxviii à travers lesoucipermanentdelessituerdansunechronologie universelle. En voici unexemple, qui minutieuse d’événements (parexemple particuliers unebatailleetnonseulementl’art delaguerre) ; et double procédé : lesquelspermettaientunereconstitution enacceptantlavérité desdétailsrapportés, Maoris, aux etenparticulier Tuhoe, lemême typed’historicité qu’avaient les Européens. Par un évidentpourattribueraux faisantuneffort ou« barbare », néolithique » intemporelles, d’« homme ne pouvait pas l’appréhender niyparticiper, puisqu’il aucunancêtre nepartageait avec eux ; aussison avait unordre L’ethnographe intrinsèque, l’ordre généalogiquequilesreliait auxancêtres ». pour lesanciens Tuhoe grâceauxquels ilavait obtenusonsavoir, pourlasimpleraisonque« leur passé la Nouvelle-Zélande. Il croit, ensomme,quel’activité deBest entant qu’historien était« insignifiante » faire absorberlepasséindigèneparl’histoire delanation,dans unesoumissiontéléologiqued’Aoteaora à Dans sacritiquepost-coloniale,Sissons jugeceprocédé toutaussinégativement commeunmoyen de maorie/pakehadesarchivesconstruction autournantduxx l’humanité » étaitcompatibleavec l’historiographie detypeoccidental l’existence de récits dont la divergence était due aux « exagérations et dissimulations communes à toute n’ont Mais pourBest, pasétévictorieux.Lanature danslemonde. » humaineestlamêmepartout rudimentaire descombatsd’autrefois seravigoureusement condamnéparlesdescendantsdeceuxqui suisbienconscientquecerécit « Je forme deconsciencepolitiquequeSissons neluireconnaît pas : des résultats, aussi bien dansle présent que dansle futur. L’ironie, c’est que, ce faisant,il révélait une indigènes, Best prévoyait également,danslapréface, d’entre quecertains euxnesesatisferaientpas « dépolitiser l’histoire tuhoeetdoncdeneutraliserson Encounter, Sissons conclutquel’effet produit parlessoi-disantcritères d’objectivité de Best étaitde l’œuvre deBest. Dans l’épilogue de On doittoutaumoinsreconnaître àBest lefaitd’avoir dépassélescatégoriesévolutionnistes, Tout ensupposantqu’à travers sonentreprise, ils’acquittait desadetteàl’égard desesamis plusieurs centainesd’âmes enenfer pas unfourire, [...]maisileutdesconséquencesterribles,d’une considérable, envoyant portée Néolithique étaitréuni àcetendroit afindehurleraux morts. L’un d’eux semitàrire. Ce n’était tapu, uneancienneforteresse, àunmileetdemienviron de Te Teko. Cegroupe d’hommes du une compagniedeMaoris serassemblaitàl’extérieur despalissadespittoresques dePuke- Au tempsoùNelson s’acharnait à Trafalgar contre lesflottesalliéesdela France etde l’Espagne, Te Waimana, theSpring ofMana. Tuhoe andtheColonial History e siècle :

28 . mana

26 e siècle, notamment la construction de siècle,notammentlaconstruction ».

27 . pakeha 154 Frederico Delgado Rosa charme, selonlacroyance indigène » delaforce, del’efficacité au elle« donnait rituelles » ; très puissante»commeélémentde« formules possèdent unequantitéetqualitéde leursramificationslesplusanciennesetdumêmecoupsacréesgénéalogiques, enparticulier comme les ancêtres lointains étaient des divinités. Il n’était donc pas étonnant pour lui que les arbres étaient appelés native pointofview (« qu’il d’un partir pointde vue indigène » proposait d’approfondir cettemêmequestion« à Children oftheMist desesautrescertains travaux, dontlatabledesmatières nesuivait paslemêmeordre queTuhoe: the entre lesdifférents types d’ancêtres, ou,pourfaire entre court, lesdieuxethommes. Sans mentionner « le croyable etl’incroyable », quelesensdesrécits detellesorte pouvait être « radicalement modifié » mana qu’une autre façon d’exprimer le « monde en voie de disparition » de Best ; ouencore d’indiquer de Best ; envoie de disparition » qu’une autre façon d’exprimer le« monde involontairement detransformations qualitatives irréversibles, lasurvenue cequin’est, peut-être, humains ou « prenant laformedephénomènes"naturels" » humains ou« prenant respect envers le« point devuetuhoe », selonlequeltousles récits concernaientlesactesdesancêtres, cosmogonie et l’anthropogénie, en tant que « mythologie non historique ». Ce faisant, il manquait de le déroulement del’histoire tuhoe,enreléguant lesdébutsàlafindesonlivre, notammentla prétendument universel, doit-ilêtre considéré commeunemanœuvre coloniale celui del’historiographie ordre detypeoccidental,avec sontemps extrinsèque », attirance pour« un ou unmélangedefaitsetfantaisies fondée surlacroyance demythes, quelesépopéesmaoriesétaient« destraditionshistoriquestruffées en étaient séparées merveilleuses de celles qu’il jugeait historiques. En un mot, sa méthodologie était : les composantes lointains telsque les fondateurs tribaux ou les premiers migrants polynésiens différents âges. Il appliquaitlemêmecritère, auxtraditionsayanttraitancêtres toutaussiartificiel, la procédure anthropologique deBest faisaitdisparaître lescroisements, lesenchaînementsentre les « mâchoire supérieure » etla« mâchoire inférieure » (Sissons nelaprend pasvraimentenconsidération), était absentdestablesgénéalogiques imprimées ; jecrois, cependant,qu’un telverdict corrobore Il n’est pasnécessaire derappeler queBest n’ignorait riendesrelations, notammentgénéalogiques, La preuve ultimedecedéfaut,danslaperspective deSissons, estlafaçondontBest asubverti atua »). Lefaitqu’aussi quelaprogéniture bien lesespritsdesmorts deRangietPapa , c’est effectivement danslesdernierschapitres (dupremier volume) decetouvrage n’était qu’un les divinités étaient des ancêtres lointains signe de leur proximité :

31 33 ». Il « fragmentait » ainsicesdifférentes dimensions,séparant . Sissons estpeut-être effectivement en droit dedire quele très significatives. Leur récitation « était censéeêtre mana très significatives. Leur récitation « était

30 . Nonobstant ladistinctionentre la

29 . from a

32 . 155 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial sur laterre ». Son père étaitlaMontagne, Te Maunga, etsaMère étaitlaBrume, Hine-puhohu-rangi. quand leshommespossédaientd’étranges pouvoirs etque desêtres d’apparence divine demeuraient il évoquait néanmoinslesparents destempsreculés, mythiquesdeNgaPotiki, quivécurent « dans de Plenty. Sans qu’il fût nécessaire dele faire àcestade,notammentd’un pointdevue historique, compris côtédequelquesautresToï, braves » – y « à unautre ancêtre destribusdelabaie important justifiait avec humour par le désir de garder Guillaume leConquérant, Chaucer, Attila et Sargon, –,cequ’il ouen la nature factuelleetchronologique del’historiographie occidentale – » histoire s’amuse-t-ilalarmante », àécrire. C’estàcemoment-làqueBest évoquait foiennotre « notre propre affirmationassez que l’homme surterre étaitapparu autourde1200av. J.C.,cequiserait« une les « descendants » de Potiki I croyaient à cette généalogie, même si elle était « absurde pour nous qui étaientarrivés avant « n’était plusenseignéeouconservée ». D’unautre côté,Best reconnaissait que immigrés duMataatua deceux etdeleurprogéniture que« l’histoire ancienne » mixte,detellesorte tel état des chosesétait jugé « très particulier » – explicable éventuellement par le un conservateurs », généalogistesaccomplisetfort historique etdufaitquelesMaoris étaient« des Comptetenudel’importance decettefigure mythiques ». c’est-à-dire « entièrement d’obscurité », ou Potiki lePremier (NgaPotiki), maissespropres originesétaient« enveloppées clair », était« assez tardifs ducanoëMataatua. Lelien dedescendancedupeuplevis-à-viscethomme,appelé Tuhoe est celuidufondateurmêmedelatributuhoeavant safusionavec desmigrantspolynésiensplus historique destraditionssurlesoriginestribales,Best traitedegénéalogiesfabuleuses. Un bonexemple mythologie àlafindulivre. En effet,dèsles premiers chapitres qu’il consacre à l’examen proprement faut encore nuancerquelquepeul’idée que Sissons lui-mêmeetdeJeffrey Holman. de façon subliminale un croisement entre les points de vue apparemment irréconciliables deJeffrey Prise aupieddelalettre, deRangi,lePère lagénéalogieenquestion,àpartir Ciel,impliquerait Avant d’en revenir justement au chapitre « A Lone Land, and They who Settled It », ilnous Avant LoneLand,andTheywho Settled It », d’en revenir justementauchapitre « A Brume brouillard blanc qui les enveloppent. La Mère Nature les engendra, ils sont les Enfants de la naturels, disentlesMaoris. Ils naquirent deleurspropres paysages escarpés,etdesnuagesde du paystuhoe.Ils sontlaprogéniture d’êtres surnaturels, depersonnifications dephénomènes Telle estl’origine deces peuplesquiontgardé pendantdelongues générationslesforêts sauvages

35 . Tuhoe: theChildren oftheMist reléguerait la brutalement mana plus grand des

34 ». 156 Frederico Delgado Rosa p. 895). (Allan Hanson, «The Making of the Maori: Culture Invention and Its Logic», d’écrire surdessujetsmaoris»,cequipermettraitd’espérer qu’un uneétudequifasseautorité » jourils« produisent comprendred’humilité, prémisse et c’est-à-direselon laquelle les Maoris sont mieux à même de en souscrivant à « la exemple dessavants delaparticipation Maungapohatu, Wellington, Oxford University Press, 1979. Curieusement, Hanson voit dans les propos de Sissons un Press, 1995;Judith Binney, Gillian ChaplinetCraig Wallace, 17 16 15 14 13 12 20 1972 [1925],vol. I,p. 1085 ; 1924a,vol. I,p. 344 ;1972[1925],vol. I,p. 212. 19 18 2005 ; l’authenticité » (p. 237). d’une oppositionlocaleauxétudestopographiques. périodedeforte Otago Press, 1991,p. 1,10. 11 10 9 8 7 6 5 4 3 2 a étésignaléeparSalmond en1983. 1 N . Ibid., p. 3. . Sissons, ibid.,p. 20. . Best, Tuhoe, theChildren oftheMist, New Plymouth, Avery, 1925a,cit.inSissons, ibid.,p. 20. . Ibid., p. 20. . En tantque“Surveyor-General ofNew Zealand”. . Ibid., p. 1,3.Deux ontfinalementétéachetésparlaCouronne tiersdelaréserve en1919. . . . otes Après desconfrontations militaires quis’étaient achevées en1871avec leretrait des troupes gouvernementales, suivi C’est pourquoi lacontributiondeSissons àlamétamorphosepostcolonialedel’anthropologie enNouvelle-Zélande . Ibid., p. 394,400,399. . Ibid., p. 396,397,398. . . Ibid., p. 60,31. . Ibid., p. 20,21. . . . Nom complet :TeArikirangi TeKooti Turuki. . Ibid., p. 355 ;249,364,296. . . Ibid. Jeffrey Sissons, Te Waimana. The Spring of Mana: andtheColonial Tuhoe History Encounter Best, 1972[1925],vol. I,p. 20 ;1924a,vol. I,p. 397. Best, 1972[1925],vol. I,p. 1085 ; 1924b, vol. I,p. 262 ; Best, 1972 [1925],vol. I,p. 1085 ; 1924b, vol. I,p. 262 ; Ibid., p. x, 289. Voir aussi Jeffrey Sissons, Voir Judith Binney, maiségalementlacritiqued’Amiria Henare adressée -> -> -> -> -> -> -> -> Redemption Songs:ALife of Te Kooti Arikirangi Te Turuki -> -> -> -> -> pakeha àl’invention delaculture maorie,notamment enfaisantpreuve First Peoples: Indigenous Cultures and Their Futures , London, Reaktion, -> -> -> Mihaia: Theprophet Rua Kenana andhiscommunityat qu’elle qualifie de prétendu « arbitre de à Sissons, qu’elle qualifiedeprétendu -> American Anthropologist, vol. 91, 1989, -> , Auckland, Auckland University , Dunedin, University of -> -> 157 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial témoignages delafindu de l’historienne estessentiellementenaccord avec celuideSissons, soutenantdoncuneinterprétation similaire des Te Urewera 1821-1920 Binney, Encircled Lands: Te Urewera, 1821-1920 l’expertise juridiquequerequiert lamanipulationdesdétailsetsubtilitésd’un dossier. Prehistory ofNew Zealand, Auckland, LongmanPaul, 1984. From Polynesian Settlement totheEnd oftheNineteenth Century 1000 years ofmaorisettlementinNew Zealand »,1989,James Bellic, ont continué(etcontinuent)detraitercesquestions. Voir, àtitre d’exemple, Athol Andersson,«TheLastarchipelago: 32 31 30 29 28 27 26 25 24 23 22 35 34 33 21 reconstruire lesprincipalesfamillesdu desgénéalogies,àtravers lesquellesilestpossiblede enparticulier Autrement beaucoupdedonnées », dit,il« fournit revanche, elleattire l’attention surlefaitquelafaçondontBest réordonnait l’histoire n’est pasentièrement irréversible. et ellecritiqueBest « qu’il pouravoir cru pouvait juger quelsétaientles aussi l’idée d’Angela Ballara (1998),selonlaquellelessources oralesnedoivent être quejuxtaposéeslesunesauxautres parmi d’autres », quandbienmême« le savoir d’un locuteur[serait]impressionnant certain oudétaillé devant letribunalfoncier. » Àmoinsqu’une corroboration exceptionnelle n’eût chaquerécit n’en lieu,« [...] estqu’un William T.L. Travers (1819-1903). (Voir M.P. K.Sorrenson, 1990[1979],p. 36-38,44-45.) empirique encourait la critique, sous la plume, par exemple, des Néo-Zélandais William Colenso (1811-1899) and Taylor etA.S.Thomson,déjàmentionnés. Au mêmemoment, l’utilisation demythesetlégendescommesource avant lui,étudiantlestraditionsoralesmaories,ontsaisileurscroisements etleurscontradictions,parexemple Richard . Sissons, ibid.,p. 19. . Best, 1972[1925],vol. I,p. 39. . Ibid., p. 16. . . Ibid., vol. I,p. 172. . Best, 1972[1925],vol. I,p. ix. . Ibid., p. 287,288,289. . Sissons, ibid.,p. 287. . . . Best, 1972[1925],vol. I,p. 668 ;mesitaliques. . . Ibid., p. 23. . Ibid., p. 19,24. . Best, 1972[1925],vol. I,p. 1037 ;1924a,vol. I,p. 284 ;1972[1925],vol. I,p. 1037. Cette expression Sissons, Ibid., p. 286, 287. Sissons, ibid., p. 14.Best n’a pas inauguré cettetendancehistoriographique en Nouvelle-Zélande. D’autres auteurs ibid., p. 21.Il n’en demeure pasmoinsquedesreprésentants delatraditionhistoriqueetarchéologique -> -> -> fait référence à un procès tenu à Philadelphie au Je n’ai pas retenu dans mon analyse l’ouvrage monumental de Judith Binney, ( -> Terres encerclées : Te Urewera 1820-1921) -> xix -> -> e siècle : « Des histoires ancestralesétaientlancéescommedesarmes,l’une « Des contre l’autre, siècle : -> -> xix e siècle et le réseau des figures tuhoe les plus éminentes politiquement. (Judith siècleetleréseau desfigures tuhoelespluséminentespolitiquement. Wellington, Bridget Williams Books,2009,p. 25,27.) -> -> , Auckland, Penguin Books,1996,Janet Davidson, , maisjesoulignequesurcepointprécis leregard xviii Making Peoples. oftheNew A History Zealanders: mohio e siècle qui a illustré de manière retentissante (hommes sages)parmiles Tuhoe ». En -> -> -> » Encircled Lands: . Binney évoque -> The

158 Portrait d’une nation L’invisibilité d’Elsdon Best

ans Tuhoe: Portrait of a Nation, publié en 2013 par Kennedy Warne, journaliste et rédacteur en Dchef de The New Zealand Geographic, en collaboration avec le photographe Peter James Quinn, le premier explique, dans une note finale, que l’article annonçant le livre aurait dû paraître, dans sa revue, sous la plume de l’historienne Judith Binney. Après le décès de celle-ci en 2011, le projet de dépeindre un peuple qui continuait de lutter pour l’auto-détermination est devenu le récit d’un moment historique : en 2013, un accord entre la Couronne et les Tuhoe reconnaissait ces derniers comme kaitiaki (gardiens) et administrateurs de leurs terres ancestrales, notamment du parc national Te Urewera, les dédommageant ainsi des spoliations foncières qui avaient subverti la création de la réserve en 1896 1. Le concept même de gardien, par opposition à propriétaire, est censé honorer la vision maorie de la Terre Mère 2. Des revues comme The National Geographicont été accusées, par leur philosophie éditoriale et le ton même de leurs reportages exotisants, de perpétuer avec insouciance les « péchés » essentialistes de l’anthropologie classique 3. Tuhoe : Portrait of a Nation, un ouvrage sans prétention théorique, fonctionne à la façon d’un porte-voix pour les acteurs tuhoe contemporains, autres que les « chercheurs indigènes », tout en étant inséparables de l’activisme identitaire maori. Selon le paradigme de l’invention de la tradition, l’anthropologue pourrait hâtivement juger les propos de ces acteurs comme stratégiques, ou naïvement paradoxaux, mais l’approche de Warne leur redonne peut-être une légitimité quand il ne les rend pas simplement poignants. On découvre ainsi que « la méthode intemporelle de transmission du savoir » est bien vivante dans le pays tuhoe, la tradition étant léguée « à chaque génération, un enfant à la fois », même si certains de ses actuels légataires affirment être les derniers à l’avoir reçue d’anciens éduqués selon le modèle traditionnel. En dépit de l’effritement de leur relation mystique à la terre dû à la colonisation, les Tuhoe ne l’ont jamais perdue et « presque tous (...) pourraient parler des différentes dimensions qui traversent la vie », ce qui semble « aussi facile que respirer ». Comme par le passé, mauri est « un concept difficile à saisir pour les Occidentaux », mais un Tuhoe peut « s’adresser à un arbre » et laisser le mauri de l’arbre « se relier au sien », dit Nanny Pohutu. Comme par le passé, les plantes sont toujours « les enfants de Tane » et « tout ce qui est tuhoe commence avec une prière » 4. On apprend

159 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial traitement ; iln’y aquele(s)Dieu(x) quia/ontchangé le des incantationsrituellesausensancienouprières endestermesmodernes – accompagnent maorie suivant laquellelescures àbasedeplantesnepeuvent être effectives quesides malgré ladépréciation aspectsdelatraditionpardes decertains avec l’arrière-plan chrétien quiestégalementdemeuré des pratiquantsd’aujourd’hui. constant, « Ce côté, lesdernières lignesdel’introduction soulèvent laquestiondecontinuitéculturelle enrapport unes etlesautres sesuccédantpourlalevée dutapu : années, lescérémonies traditionnellesetlesofficeschrétiens sesont progressivement rapprochés, les reconnaît humblementque,danssajeunesse,ellen’y prêtait guère attention. que Nanny Pohutu estlalégataire dusavoir desamère enmatière deplantesmédicinales,mêmesielle évite defaire passer delanourriture par-dessuslatêtedequelqu’un vêtements personnelsde ceux qu’on utilisepour cuisiner ou pourfaire la vaisselle, ouencore quand on quelqu’un cherche às’assurer quelescheveux coupéssontdûmentjetés,ouquandonsépare les implications religieuses, quirelie lesindividusàlavisiondumondeancestral,parexemple quand ilest unepratiqueplushumble,sanspleineconsciencedeses [les Maoris] ausujetdecesvaleurs », d’un revivalisme completenmatière de principes dutapuquisont« attribuables auxdieux » d’une façonoud’une autre. Malgré lesdifficultés c’est-à-dire degensveulent rester respecter maoris », les la tradition,lefaitdemeure que« beaucoup etles la tensionactuelleentre lesprêtres deségliseschrétiennes « anti-Maori » Hirini Meadàcesujet. Quoiqu’il « chercheur admette indigène » affirmations etles réflexionsdu maorie), dans des cérémonies, et même dans lavie quotidienne. Évoquons encore une foisles références implicitesetexplicites auvieuxpanthéondanslesdiscourssurlaMaoritanga (lacondition s’appuyant surbeaucoupd’autres sources du quarante-trois textesd’Elsdon Best danssabibliographie(ycomprisdescahiersinédits),touten Healing andHerbal Il estintéressant, surcepoint,deciterlacompilationethnobotaniqueMurdoch Riley, Cette idée qu’« il n’y doitêtre nuancée,euégard aux Cette idéequ’« il aquele(s)Dieu(x) quia/ontchangé » philosophies et detenterrésoudre leurscontradictions apparentes vraiment dechoisirunereligion audétrimentdel’autre. Il s’agit plutôtd’intégrer différentes sont membres dequelque égliseousectechrétienne, lanotionde La source du (1994).D’uncôté,cetteétudeestentièrement baséesurlesarchives, etcompte tapu est au cœur de la pensée religieuse maorie. Et même si la majorité des Maoris , étant donné « l’ignorance debeaucoupd’entre nous tapu, étantdonné« l’ignorance xix e siècleetdelapremière moitiédu

5 . » tohunga modernes,c’est lacroyance

6 . Mead ajouteque,depuisquelques tapu subsiste.Il nes’agit pas

7 . tohunga quisuivent xx – soit karakia – soit e . D’unautre Maori 160 Illustration 4 : Elsdon Best avec Hone Nukunuku à Waiomatatini, région de Gisborne, 1923. Photographie prise par James Ingram McDonald. (McDonald, James Ingram, 1865-1935. Elsdon Best with Hone Nukunuku at Waiomatatini, Gisborne Region. Best, Elsdon, 1856-1931 : Photographs. Ref : PAColl-4249-10. Alexander Turnbull Library, Wellington, New Zealand http://natlib.govt.nz/records/23109889).

161 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial était « choquante eux-mêmes passésparcesexpériencesetdeplusieurs jeunesdontlafaiblemaîtrisedelanguemaorie delatéléenlangueanglaise,etc.Il rassembledestémoignagesdemoniteurscampsquisont de rue, ramener àleurculture lesjeunesqui« se sontperdus » danslemonde est contrecarrée par des programmes dont le but est de tribaux menés dans des camps en milieu rural d’une culturelle » perte maisla« perspective enraciné pendantl’enfance estsoitfaibleabsent », Turuwhenua lesentimentd’identité elle-même. Warne admetque,pourbeaucoupd’entre eux,« Tuhoe vivent loindeleurpaystraditionnel,dansdescontextesurbains,commec’est lecasdeCynthia la cérémonie » croyancesque « les nesontguère etlesprincipesessentiels » affectésparces de variations des« détails mais encequ’ils garderaient uneplace danslepanthéonpour« un dieuappeléIo ». Il suggère en outre leur aussi est-iladmissiblequede nombreux groupes engagésdansdesprogrammes d’éducation consacrent traditions concernantIo ». D’unautre côté,dit-il,« il n’y apasdeversion nationale denostraditions », of Whare-wananga de Lore Te Matorohanga/Percy l’authenticité des Smith, exprimesesdoutes« sur de lasoi-disant« Divinité Suprême ». Hirini Mead, parexemple, dans toutenpuisantfortement Best queleschercheurs indigènesn’ignorent évidemmentriendelapolémique anthropologique autour progéniture, àla première femme,chacundécouvrant unsavoir sursapropre montagneourivière. éternellement séparé nous ressentions l’attirance deRanginui,lePère Ciel,envers Papatuanuku, la Terre Mêre, dontilest lien àlaterre de Te Urewera, Cynthia Turuwhenua commesi « C’est évoque lavieillecosmogonie : D’où qu’émerge etoùqu’elle labrume disparaisse,c’est Pour delàquenousvenons. » exprimerleur Warne encitant queviennentcesmontagnes,c’est delàquenousvenons. Tamati « D’où Kruger : à cequepourraitimpliquerlemot reconnaissance deladimensionpoétique,laquellenesauraitêtre purement discursive, contrairement Te L’important, Urewera estinséparabledeleuridentitéprésente. » dans cetteexplication,c’est la nes’agit pasd’une déclarationpoétiquesurunpasséromancé, maisd’affirmer « Il que la Brume : Dans lecasdes Tuhoe, Warne essaye d’élucider pourquoi ilssenommenteux-mêmeslesEnfants de karakia àIo, nonencequ’ils Dieu suprême penseraientà« un au-dessusdesparents premiers », Cette métaphore, sic’en estune,particulièrement éloquente,sil’on considère que85 % des Revenir àIo desprogrammes tuhoeactuels,cequirenvoie faitaussipartie d’autant plusà Elsdon

10 .

9 », maisquiontfinipar retourner àRangileCiel Père età Papa la Terre Mère, àleur

8 . » identité. Laterre écrit etlesgenssonteffectivement « entrelacés », pakeha, sousl’influence desgangs The 162 Frederico Delgado Rosa E. Kolig etH.Müchler (dir.), Verlag, 2002,p. 95-118. of theStomach? The Indigenous Cultural Revival in New Zealand, Resource Use and Nature Conservation dans cettehistoire, autantdeténèbres quedelumière. puisquerestaienttort, d’autres hommesformidables,maisilavait comprislagrandeurdesplusanciens.Il yadonc, que tu portes cequit’aque tuportes ététransmisparlesancêtres le bâton,c’est commeuninterrupteur. Quelque chosequisedéclencheentoi. Tu terends compte d’apprentissage d’armes traditionnelles, comme le bâton à travers Warne, lesparoles deJason dela Amoroa, unparticipant maislesuccèsdel’instruction devait,départ, justement,être mesuré dans le cœurdechacun.Citons, 1994, p. 10. Political andTheological Perspectives from New Zealand. Adelaide, ATF, p. 183-204. dansJohn Stenhouse etBrettMaori Knowles Religiosity », (dir.), 6 5 cité dansKennedy Kruger Warne, ibid.,p. 215 ; ibid., p. 42,37 ;citéedansK. Warne, ibid.,p. 37 ;ibid.,p. 37. 4 3 2 encore trouver saplaceauseinducontratsociald’Aoteaora Nouvelle-Zélande ». (Binney, ibid.,p. 615.) une prophétie : blanc, lamêmeexigences’appliquerait au futur. Binney achevait sonlivre surunenoted’espoir, devenue, entre-temps, solitude qu’éprouva Best après desesprincipauxcollaborateurstuhoe. lamort J’aimerais, à ce propos, mettre en évidence la façon dont elle faisait référence en dernière analyse au sentiment de 1 N On netrouve nullementiondunomd’Elsdon Best dansTuhoe: Portrait ofaNation . du pouvoir àtravers l’expérience chercheurs indigènesprécisément entermesdecréation deliensavec lepassé,permettantde« gagner christianisme etlasécularisation, voir Eric Kolig ...... otes Murdoch Riley, Maori Healing and Herbal. New Zealand Ethnobotanical Sourcebook La figure dugardien indigèneestparticulièrement critiquéepar Eric Kolig, dans Voir Herbert, In Lewis , New Defense ofAnthropology Brunswick, Transaction Publishers, 2014. Kennedy Warne etPeter James Quinn, Warne évoque notammentl’autorité deBinney entantqu’auteur de Hirini Mead, 2003,p. 30,4250,76.Sur la Parmi auxprogrammes tribaux,quelques-uns serévélaient lesjeunesparticipant trop timidesau ->

« [...] l’idée d’une région autonomepourles Tuhoe – une idéequiapunaître avant lalettre – pourrait -> Politics of Indigeneity in thePacific: Recent Problems of Identity in Oceania

12 ». Tuhoe. « Portrait ofa Coming through theBackdoor. Secularisation inNew Zealand and « religiosité maorie » Si onn’était passomméd’écrire lepassécolonialennoiret

11 Nation, Auckland, Penguin Books,2013,p. 41; Tamati ». Cetypedesentimentaététhéorisé pardes ». taiaha The Future ofChristianity. Historical, Sociological, » contemporaine dans ses rapports avec le contemporainedanssesrapports : « Rien que la façon dont tu manies : « Rien Encircled Lands « D’un certain pointdevue,Best avaitD’un certain mau rakau wananga « -> Guardians ofNature orEcologists , Paraparaumu, Viking Sevenseas, : Te Urewera, 1820-1921. -> , Münster, Lit -> , lecamp » , dans -> 163 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial présentée parlemuséedeNouvelle-Zélande Te Papa Tongarewa etparl’iwi (tribu)NgaiTahu. récente expositionaumuséeduQuai Branly, danslamuséologienéo-zélandaise. Évoquonsdétaille lestransformationspostcolonialessurvenues l’exemple dela les piècesmuséalesvis-à-visdesquellescommunautéstribalesrevendiquent desdroits depropriété etd’usage. Henare maoris, lescélèbres 12 11 10 9 8 7 . . Kennedy Warne, . Ibid., p. 30. Warne, ibid.,p. 32,52 ;Pomare Lumsden, citédans Warne, ibid.,p. 61. . dans Warne,. Cité . Hirini Mead, 2003,p. 309-310. H. Mead, ibid., p. 7 ; voir aussip. 21,22.Sur lapersistance des dimensionsspirituellesetémotionnellestrésors -> , dans leur rapport avec lesancêtres,taonga, dansleurrapport voir Henare, 2005,p. 125.Cesujetconcernenotamment ibid., p. 168 ;citédansKennedy Warne, ibid.,p. 44-45. ibid., p. 63. -> -> La Pierre sacrée desMaoris (du23/05/2017au01/10/2017),conçueet -> -> -> 164 Épilogue L’histoire de l’anthropologie et la poétique de la continuité culturelle

Ceux que de telles beautés émeuvent, ceux dont les esprits sont ravis par la majesté de Hine Maunga, les humeurs changeantes de Hine-Moana, et les splendeurs de la Jeune Fille de l’Aurore, ceux qui entendent la chanson silencieuse de Terre Mère l’ancienne et de ses enfants, sont ceux qui écoutent toujours cette chanson aux heures où la tristesse envahit le cœur, et ceux qui connaissent sans s’y tromper la vérité des vers de Longfellow : « Ces chants sont la consolation / Qui calme l’angoisse première, / Tout comme la bénédiction / Est offerte après la prière » 1. Elsdon Best, The Mythopoetic Maori. His Genius for Personification as Seen in His Mythological Concepts, 1922.

ui a dit que l’histoire de l’anthropologie travaillait sur des sujets froids ou passéistes ? Ce Carnet Qde Bérose met en évidence l’actualité brûlante des archives de la discipline. On pourrait, certes, aborder tout autrement l’œuvre d’Elsdon Best, par exemple en se focalisant sur le « don » qu’il fit à Marcel Mauss. Ce serait probablement une historiographie centrée sur l’Europe, qui pourrait (tranquillement ?) ne pas se mêler des rapports de force qui fracturent la société néo-zélandaise à l’heure présente, et notamment son université, face au poids du passé colonial. Nous avons tâché, au contraire, d’écouter les voix contemporaines du revivalisme identitaire et culturel maori, parfois radicales au point d’inviter les non-Maoris à renoncer aux études maories. La question se pose, alors, de la légitimité de l’interférence, prétendument impartiale, d’un Européen dépourvu de lien avec Aotearoa. La culpabilité de l’homme blanc n’est pas expurgée, loin de là. Et si les querelles internes montrent bien toutes les difficultés du travail des anthropologues at home, dans un pays où ils sont lus, et depuis longtemps, par leurs objets/sujets d’étude, il est tout aussi malaisé, sinon davantage, à des Occidentaux de s’en mêler. Malaise qui ressort sans doute dans l’écriture de ces pages au long desquelles je n’ai pu parfois éviter l’impression de marcher sur des œufs pour avancer mon point de vue.

165 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial par son"anthropologie" danslaprojection deleurculture, etd’eux-mêmes, surlascènemondiale adultes qui n’aient pas entendu parler de Malinowski ou qui ne soient pas au courant du rôle joué Mark S. Mosko dans son célèbrité mondialedeteloucontexteethnographique.Citons,àtitre d’illustration, lesparoles de une perception localedesarchives quandl’anthropologie de la discipline,surtout acontribuéàla est évidentqu’il existe,dans biend’autres casqueceluidelacommunautémaorie,unelecture ou ou lesAndamanais,Kwakiutl /Kwakwaka’wakw oulesArapaho,Bemba oulesNuer, Il etc. ? ethniques abordés danssonœuvre, lesArunta/Arrernte oules Trobriandais denotre temps,les Vedda ou écrivent aujourd’hui, surles anthropologues deleurpassé,lesdizaines,voire centaines,degroupes par exemple, qu’il prenne systématiquement en compte ce que pensent (éventuellement) ou disent des descendantsinformateurs/collaborateursdupassé).A-t-onexigéd’un George W. Stocking Jr., concernées, exigenceques’imposent rarement leshistoriensde l’anthropologie (toutcommelaplupart l’anthropologie lepasséetprésent avec àarticuler lescommunautés deladiscipline,danssesrapports et mêmeànepasl’écrire. Mais jenepeuxfaire autrement quedéfendre lesdroits del’historiographie de indéniable que les choses étaient perverties ou,pourlemoins,rendues ambiguës, parunesituation indéniable que leschosesétaientperverties et desonadmirationpour laspiritualitémaorie,quelsqu’aient puêtre sespréjugés, ilest également désespéré poursauver del’oubli unmondeentrain de disparaître, de sonattachementauxanciens plus compliquéquecela.Si onnepeutpasdouterdelasincéritédémarche deBest, desoneffort exploiteurs coloniaux.Lecas delaNouvelle-Zélande démontre defaçonexemplaire quetoutestbien discipline : prendrediscipline : en compte, de façon épistémologique et éthique, ces voix autochtones actuelles Quant àmoi,j’aipréféré affronter danslamesure dupossibleundéfimajeurpourtouthistorien de la de sauvetage duxix avons vuquesonoublitienttantôtàanonymisation, tantôtàl’opprobre jetésurlesethnographes des débatsintellectuelsetidéologiquesd’aujourd’hui, quandbienmêmeonnes’y référerait pas.Nous une inclinationcapitaled’Elsdon desonœuvre Best pourcessujets.Cette partie sesitueà l’épicentre de la mythologie maories, ne sont-ils ni anodins ni purement historicistes, tout en réflétant un goût, présentisme postcolonial ethistoricismeclassique,entre etreconstruction. déconstruction livrer àdeshistoriographies alternatives ethorsnorme,chacunetrouvant sonpropre équilibre entre à chaquenouveau numéro deleurcollectionréférence, Annual Histories, dese ofAnthropology tout eninvoquant ledroit, queRegna Darnell etFrederic W. Gleach défendentavec acharnement Une solution(purement rhétorique)àcedilemmeconsisteraitne pas publiercettemonographie, Ainsi les choix thématiques de la deuxième partie de ce carnet, gravitant autour de la Ainsi religionles choix thématiques de la deuxième partie et e siècleetdudébutxx Ways of Baloma (2017) : « À l’heure « À actuelle, il y a très(2017) : peu de Trobriandais e siècle,misdanslemêmesacquelesoppresseurs et

2 ».

3 , 166 Frederico Delgado Rosa du susceptibles de dialoguer avec les anthropologues les tensions etlescollecteurs contemporaines. Certes, vernaculaires, lesdimensionsthéoriquesdesonapproche d’ethnographe amateursonttoutaussi Au-delàles écritsdeBest surlamythopoétiquemaoriesontpertinents. del’importance descontenus occidentaux ouredéfini parleschercheurs indigènes. Mais là n’est paslaseuleraisonpourlaquelle terme qui,rappelons-le,peutavoir dessensopposés,selonqu’il estemployé parlesanthropologues devant uncontextehistoriqueaussicomplexe quedéchirant. coloniale profondément asymétrique.Il fautdoncsegarder desjugementshâtifs,àl’emporte-pièce spirituelles existantes qui resteraient au cœur d’un système rituel, ils pouvaient les invoquer et réagir croyaient plusàRangileCielPère, àPapa la Terre Mère etàleurprogéniture commeàdesentités l’imaginer, laressentir, àtravers ses métaphores poétiques persistantes.Quant auxMaoris, s’ils ne ne pouvaient pas reproduire cequ’il appelaitlamythopoétiquemaorie,maisilspouvaient encore les gravirons, etcontemplerons ànospiedsleroyaume delaJeune Fille delaBrume. » Les Européens « Nous implorerons leseauxvives, lesenfants chuchoteursde Tane... Les chaînes demontagne,nous une compatibilitéentre uneperception séculariséedelaNature etlaspiritualitémaorie primordiale Britanniques. Lacosmogonied’abord : nousavons vuque,danssonmythefondateur, Best aconstruit l’histoire lacosmogonieetl’anthropogénie ; grands thèmes : del’homme etl’arrivée àAotearoa ; des chapitre introductif de début denotre dutextesingulierqu’est essai, àpartir « Une terre solitaire etceuxquilapeuplèrent », envoûtant. desAndrew Lang&Cieestnonseulementfamilierdepuislongtemps,mais pour quilelangagefarfelu est laconvictionquej’aiforgée,quitteàcequ’elle passepourunviced’historien del’anthropologie se cachantde façon rhétorique derrière son statut d’amateur, de simple « collecteur debrousse ». Telle l’histoire etdu présent maoris. Pour autant, Elsdon Best garde son originalité, unregard singulier, en par lesdébatsanthropologiques occidentaux,cequiimposeinévitablementdeslimitesàsavisionde car ilappréhende, voire réduit, l’altérité maorieàtravers unegrilledelecture charpentée fortement de mesurer le touffu, inextricable,de références « légitimement » disparates,parfois tombéesdans l’oubli. J’aiessayé lecteurs de2018 ; difficiledelescomprendre, ilpeutêtre assez parfois delessuivre dansunlabyrinthe xix Le legsspiritueldupasséprécolonial estindubitablementaucœurdel’essentialisme maori, C’est lemomentdereprendre le« mythe fondateur » de Best, telquenousl’avons repéré autout e siècle, surtout quandilsontétérelégués siècle,surtout ausecondplan,peuvent paraître très poids – j’emploie cemotàdessein – des traditionsintellectuellesqueBest aincorporées, Tuhoe: TheChildren ofthe Mist. Rappelonsquecemytheétaitcomposédetrois exotiques pourles

4 : : 167 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial fondée surla croyance, etqu’il tenaitpour quasimentinébranlable àsonapogée,étaitrévolue. Si les entre le rivalités tribalesetlesluttes internesdeprestige etdepouvoir étaientindissociablesdel’équilibre précoloniale mettait en exergue le ciment religieux de l’ordre social. Nous avons indiqué que les l’histoirefondateur deBest : del’homme àAotearoa. Lafaçondontilsereprésentait lalonguedurée mythopoétique maorie,devientencore plusévidentedèsqu’on passeaudeuxièmevolet dumythe anthropologique, surlespotentialitésdelarestitution ethnographiquequ’il aenvisagée. decréationestimer lapart littéraire lui,carelleditquelquechosede très chez profond sursonambition de lamythopoétiquemaoriepermetd’engager un tel processus dialectique.Il nefautdoncpassous- être post-postcoloniale. Prendre encomptela mythopoétiquedeBest entantqu’elle seraitunreflet cette dissensionpourraitêtre dépasséeàtravers uneautre relation avec lesarchives, unerelation peut- la spiritualité autochtone serait insondable par des étrangers, mais accessible à n’importe quel Maori, chercheurs indigènespeuventcertains être accusésd’exclure trop facilementles de latradition,onretombe dansunelecture strictementpolitique.D’unautre côté,etsachantque qu’il yaunsiècle.Si l’on considère quelesargumentsd’ordre spirituelconcourent àl’invention termes, la stratégie politique ne peut masquer cet aspect émotionnel, présent aussi bien aujourd’hui de laréduire àunsimplediscours, notammentceluidel’ethnicité entantqu’idéologie. En d’autres les anthropologues devraientréfléchir àdeuxfoisavant dedéconstruire unedimensionimpalpableou appel àlapoésiepourexprimerfaçondontlepassévibraitencore danslecœurdesMaoris modernes, pourlesMaorisformes, surtout desgénérationsfutures. Àconsidérer lafaçondontApirana Ngatafit bien pourles ou envoie dedisparition,constituerunpatrimoinehistoriqueauxdimensionsuniverselles, aussi sur l’histoire naturelle d’Aotearoa. delaplanète,et enparticulier ses églisesd’origine européenne aussibienquelocales)ou,d’ailleurs, avec leshypothèsesscientifiques garder unlienspirituelavec laterre. Une nouvelle Terre Mère étaitcompatibleavec lechristianisme(et mêlant lesdimensionsmystiquesetécologiques,onpeutadmettre qu’il envisageaitlapossibilité de effet desaisir« le pointdevueindigène émotionnellement àcesreprésentations, commeBest lefaisaitlui-mêmeconstamment.Il essayaiten Cette dimensiondesonœuvre, faisantlepontentre lesauvetage etlatransformationde L’ethnographie de sauvetage n’était jamais qu’un moyen d’enregistrer destraditions disparues tapu et le Pakeha quepourlesMaoris. C’étaitaussicontribueràlesmaintenirenviesousd’autres mana, dont la source ultime était divine. Nul doute pour lui que cette cohésion,

5 ». Et sisanostalgiedupassépré-européen s’étendait àlaforêt, Pakeha, aumotifque 168 Frederico Delgado Rosa « tradition », tellequeBest l’a nedevrait effectivement pasêtre rapportée, réduite à uneinvention. En ces méthodesonteuetpeuvent toujoursavoir desadeptesoucontinuateurs parmilesMaoris, la créer desparallèlesetrepères communsentre l’histoire maorieetl’histoire universelle. Sachant que occidentales ounon. Te RangiHiroa/Peter Buck, parexemple, étaittrès enclin,commeElsdon Best, à identifie cesoptionscomme évidemment etvolontairement adoptées à l’époque etdepuis – qu’on »quebeaucoup d’entre euxontbien nonmaories historiographiques (ouethnographiques)« néanmoins rester attentifsaurisquededénierauxMaoris lalégitimitédeleurrecours àdesméthodes unifier deshistoires queleursnarrateurs beaucoup varier.respectifs faisaientpourtant On devrait Bien entendu,lacritiquedeSissons peutsonner très justeàpropos delafaçondontBest avoulu que defuturscontributeurspuissentproposer des reconstitutions alternatives oucomplémentaires. appelle unerectification permanente, c’est pourquoi, danslapréface de Maoris eux-mêmes.Commetouthistoriendignede cenom,Best faisaitvaloir quelesavoir historique Franz Boasavant luietbeaucoupd’autres savants ultérieurement. établis parl’historiographie occidentale,répondant ainsiaffirmativement àcettequestion – comme travaillant avec desdocuments.Bref, ilappliquaitàdessources oralesdescritères depuislongtemps qu’une telleprocédure étaitcomparable,pourlui,aucroisement dessources primaires parunhistorien narrateurs en conflit plutôt que de chercher à embrasser la pluralité des points de vue. On peut dire récits autochtonesenyrepérant lesdonnéesqu’il jugeaitfiables,aupointdeprendre entre parti des à nourrirdesdébatsinterminables.L’important estqueBest lavoie aouvert àunerecomposition des Leopold von Ranke extérieursouantérieursàlarévolutionen quelquesorte historiographiqueeuropéenne symboliséepar devait être priseencompte.Laquestiondesavoir silesdiscoursnonhistoriques – en cequ’ils seraient desmodesd’expressionla composante« factuelle » traditionnels,faisantéchoàdesévénements réels, Ce seraientlesMaoris eux-mêmes,lesprêtres d’autrefois, avait-il répondu. Nous avons vuque,pourlui, polynésiens. « Qui raconteracettehistoire ? », avait-il demandédanslechapitre introductif de à Aotearoa pendantlalonguepériodeprécoloniale qu’inaugura l’arrivée despremiers immigrants pouvaient encore affecter l’existence présente etfuture des Maoris, ilsledevraientàunemétamorphose. atua, contrairement auxdieuxceltes,germaniquesettantd’autres quelesempires avaient anéantis, Cette procédure tablaitsurunavenir oùlepasséd’Aotearoa continueraitd’être discutéparles Une transformationaffecteaussi l’histoire, ausens d’historiographie, desévénements survenus

6 – sont compatiblesounonavec leslectures empiristesreste etappelée ouverte – sont Tuhoe, ilmanifestaitsonespoir Tuhoe. 169 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial peux dire, avec leshommesd’antan – donc,après avoir enregistré cesmatières « Et dansla comme résultat : de cettevénérable institutionimpliquaientsapropre ethnographie,aussibiencommeprocessus que selonsescalculs,undemi-siècleauparavant, ilsembleévidentquelesnouvellesclos sesportes, versions il s’agit dela« où ilemploieuneformuledontlesens,sansêtre entièrement clair, n’en estpasmoinsrévolutionnaire : cette convictiondanslesparagraphesdeclôture dupremier volume de persuadé del’importance irréversible desespropres publications.On trouve unvéritable indicede chosesdemeuraienttrop sacréescertaines pour être diffuséessousformeécrite,ilétaitabsolument ses collaborateurs,seraitindissociabledeseffetsducolonialisme. Même s’il gardait lesentimentque ethnographiquedusavoirselon laquellelapréservation traditionnel,parlerecueil desparoles de altérée etfragmentaire, decepassé. Peut-être at-ilanticipéla le plus.Je veux dire qu’il étaitconscientd’accéder, nonaupassécolonial,maisàlamémoire, forcément polynésiennes originelles.Et c’est surcepointquelestermessauvetage ettransformation s’enchevêtrent mêmeniveau d’importance historiquequ’aux migrations frère » – le « peuple des Britanniques – le indigène maoriedeladitetraditionhistorique – etanthropologique – occidentale. dépit duconflitidéologiquequilesopposeaujourd’hui, difficilededistinguerla ilestparfois recherche des soi-disant « frontières » entre le « Nord » etle« Sud » grand nombre delecteursenNouvelle-Zélande /Aotearoa. Mais chacundevraits’accorder, au-delà que lapolitique.Il estvrai que,publiéenfrançais,ceCarnetdeBérose ne devraitpasavoir untrès avec ses informateurs autochtonesselon des modalitésquitranscendent aussi bien la méthodologie legs ethnographiquedeBest et, dumêmecoup, desesamismaoris.Après tout,Best acollaboré Autrement dit, je considère commeJeffrey Holman quedes injustices sont commisesà l’égard du indirects ouinvisibles entre desperspectives maoriesd’aujourd’hui etlalittérature desagénération. spiritualité contemporaine,ilmesembleévidentqu’il yadeslienshistoriquesmal assumés,desliens un futur, niexclusivement oral,niexclusivement littéraire Cette déclaration ne signe pas, à mon sens, leur arrêt mais ouvre, de mort, au contraire, sur blanc ». lesystèmegraphiquede lalanguedel’homme « dans étaient,désormais,conservées en génération » croyait queles« fragments » desvieillestraditionsquiavaient été « transmises oralementdegénération Enfin, dans son « Introduction » àTuhoe : TheChildren ofthe Mist, Best accorde àl’arrivée Enfin, dansson« Introduction » Si jem’abstiens deprendre effective de positionsurla part l’ethnographie d’Elsdon Best dansla Whare-wananga moderne ». Sachant queladernière écoled’érudition traditionnelleavait Moku anoteneira, more ra etoana,moterakau hinga

9 , àconsidérer qu’on nepeuts’en teniràune

8 . Weltanschauung Tuhoe: TheChildren ofthe Mist Whare-wananga moderne,je de Jeffrey Holman,

7 ». Il ». , 170 Frederico Delgado Rosa dimensions figuratives des représentations mythiques étaientunefaçon d’appréhender latranscendancede la Nature, 4 de l’homme. Bilan d’étape, tenuàParis auMuséum nationald’histoire naturelle, enmars2012. strictement européennes sur le 3 2 1 N ancienne, desArgonautes : paragraphe deTuhoe : TheChildren ofthe Mist quiévoque unedernière foisl’histoire ancienne,très Best l’a expriméeenlacomparantàunepetiteembarcation surl’océan. C’estunpassagedudernier ou nonàdescommunautésautochtones.Cetteconfiancedans l’avenir de l’ethnographie desauvetage, en jeu,commeundéfidurableopposéàtouslesanthropologues ouchercheurs, qu’ils appartiennent les anthropologues ouethnographesétudiésdansleurépoque.Lepasséprécolonial esteffectivement modalité historiographiquequicherche àdépasserl’historicisme leplusstrictetsusceptibled’enfermer radical destransformationsquisesontopérées ? admettre qu’il existe,selonlasensibilitéduregard, descontinuitésculturelles endépitducaractère de discoursprimordialistes, nepeut-elle éviterdefragmentersystématiquementl’histoire ? Ne peut-on opposée pendant plusieursdécennies,notre discipline, soucieuse de démasquer à toutprixles auteurs qu’« occidentale », quoiqu’il ensoitdufondementdecettedichotomie.Après avoir prisunedirection nouvelles transformationsdel’anthropologie elle-même – ou delarecherche –, aussibien« indigène » etceladevraitnousinviterencore àprocéder àde vision réductrice desarchives ethnographiques ; . . Mark S.Mosko, Ways ofBaloma. Rethinking Magic andKinshipfrom the Trobriands, Chicago,Hau Books,p. 21. . HenryWadsworthLongfellow, . otes Je doisremercier notamment Barbara Glowczewski dem’avoir interpellésurcettequestionlorsdesdiscussions Le fondement Notre étude,entoutcas,estinspirée parleprésentisme éclairé deRegna Darnell, suivant une Enfants dePani. le embarcation, chargée de trop infimes fragments deces Argospolynésiens. Ne reste dèslorsque Matatua vers unhavre depaixà Whakatane. Et aujourd’hui nousyfaisonsvoguer notre frêle rivages àtravers leseauxsombres del’océan deKiwa.Quatre centsansplustard, Toroa guida Il yaquelque neufsièclesdecela,lesancêtres desEnfants delaBrume naviguèrent vers ces hurihanga takapau,lalevée dutapu,pourceuxquiontséjournédansles whare takiura des ultime decettecompatibilité était,peut-être, lasensibilitémüllerienne,suivant laquelleles totémisme des Arunta/Arrernte, pendant le colloque Ka huriikonei Le jours’en va, Traduction deJean-Pierre Lefeuvre.

10 ! 1913. La recomposition de la science -> -> -> 171 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial 2007. (Mead, 2003:313,319). il ajoutequ’une Whare-wananga, defaire revivre aspectsdu certains « possible tapu allaient nonseulementtransmettre lesavoir traditionnel,maisessayer égalementderéincorporer des 10 Connell, Raewyn particulier vrai quesestenantsrêvent d’une Nouvelle-Zélande oud’une Australie alignéesendéfinitive avec «le Sud ». Voir en 9 8 p. 95. 7 historiographiques modernes,fondéessurlemaniementempiristeetrigoureux dessources primaires. 6 5 théoriques ; etquecelles-cisoientancrées danslexix et nonl’expression d’un anthropomorphisme. pasréduire Il nefautpourtant l’anthropologie deBest àsesinfluences . . . . . Best 1972[1925],vol. I,p. 1037. L’historien allemandLeopoldvon Ranke(1795-1886)estengénéralconsidéré commeétantàl’origine desméthodes Best, « Pour cejour, pourlesjoursàv . Best [1925]1972,vol. I,p. 669. Si épistémologique entre la théorie du partage les deux hémisphères dépasse la dimension géographique, il est aussi de l’apprentissage. Un défi,commele reconnaît Hirini Mead, « pour lesétudiantsmodernes ». Il reste néanmoins -> -> ibid., p. p. 668. Ce qu’il n’a paspuprévoir, parcontre, c’est que,unsiècle plustard, les -> Southern Theory.Southern The Dynamics of Knowledge Global in Social Science au moins(Te Wananga oRaukawa,àOtaki) amontré d’audace assez pourletenter enir après lachutedesarbres -> -> tapu delaconnaissanceetd’adapter Et cespratiquesàl’heure actuelle ». e sièclenelesexclut pasdudébatcontemporain. ». Best [1925]1972,vol. I,p. 1143 ; Whare-wananga , Polity Press, Unwin, voir Craig, 1964, -> -> tikanga liéesau modernes 172 Annexes Annexe A

« Un hommage personnel » par Raymond Firth 1

« J’ai toujours éprouvé une grande admiration pour Elsdon Best, tant pour l’écrivain que pour l’homme. Best peut sans hésitation être considéré comme le plus éminent de nos ethnographes dans le champ des études maories, et c’est dans une large mesure aux efforts qu’il déploya pour gagner la confiance d’ancêtres érudits de la tribu tuhoe et d’autres encore, et les inciter à divulguer leurs secrets jalousement gardés, que nous devons les récits bien connus qui ont fait des Maoris une source si riche pour l’étude des formes rituelles et des croyances primitives. Le travail de Best est monumental, à peine moins comme prouesse littéraire qu’en tant que contribution à l’anthropologie. Sa longue série d’articles, de bulletins, de monographies, ses mille pages de récit sur les enfants de la Brume, les deux tomes de The Maori, constitueront un tribut éternel à sa patience et son abnégation, tout autant qu’à la profondeur de sa recherche. « Et ce qui donne à ce travail sa valeur singulière n’est autre que sa rigueur. Le soin apporté par Best à passer au crible les indices, jumelé à sa connaissance rare de la langue vernaculaire, garantit l’exactitude de ses données ; il se montre toujours prêt à vérifier une information, dans ses moindres détails. Il suffit de se souvenir de l’entretien qu’il eut avec son vieil ami Paitini au sujet du rathinamoki pour se convaincre de la patience avec laquelle il abordait son analyse. Il obtint un point de vue qu’il accepta sur le moment, quoique ce fut avec circonspection. Il réitéra ses questions un peu plus tard. Il nous dit : "Mais notez ! J’attendis cinq ans…" ! Combien de nos anthropologues de métier pourraient suivre la même trace avec autant de persévérance ? » « Le travail d’Elsdon Best, en raison de sa richesse informative, n’est pas toujours facile à assimiler pour quiconque l’étudie, et plus encore si l’on y cherche une définition méthodique de la société maorie. On y trouvera l’exposé minutieux des détails plutôt qu’une description systématique des institutions, et le fonctionnement des aspects fondamentaux de la structure sociale, tels que le système de parenté, présenté par des inférences plutôt que par des formulations explicites. Best était toujours modéré s’agissant de systématiser ou de spéculer théoriquement ; pour lui il était de son devoir de

174 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial Chant funèbre d’une terre reculée : les Pakeha. Puissions-nous honorer samémoire commeilsedoit. cette formedecompassionquiluiattiraunsigrand nombre d’amitiés lesMaoris tantchez queparmi profonds, àElsdon nousledevons engrandepartie Best. En outre, toutsontravail était pénétré de ceux desescongénères qu’elle écrasait. l’égard d’un apparatpropre certain àsacivilisation,maisayanttoujoursauxlèvres unmotgentil pour réalités delavie, posémentetsanscrainte,leregard toujourspétillant,avec uneformedeméprisà que l’habitude quiétaitlasiennedeconclure paruneparole ouunproverbe maorisappropriés. onytrouve uneégaleaisancepittoresque,personnelles sontl’écho demême desestravaux publiés ; à donnervieetcouleursaprose, etlalibèrent detouteformelourdeur. Et sescorrespondances imprégnées d’intonations spirituellesdésuètesetliéesàdesexpériencespersonnelles,quicontribuent L’exposé desfaitsestagrémenté brut d’expressions anecdotes captivantes, demotsinsolites,courtes d’autres momentsdelatexture fleuriede l’oralité, saplumedénotaittoujoursuncharmesanségal. exprimer notre admirationàl’égard delafinessesonstyle. Saillant, vif, débordant richeà parfois, accessibles danspresque tousleschampsdessavoirs traditionnelsmaoris,nousdevons également qui luifit renoncer àtoute version anglaisedetelwaiataoukarakia quinesoitpasirréprochable. anciens decesdécenniesrévolues, pourront, sansdoute,être amenésàregretter l’honnêteté scientifique chercheurs destempsfuturs,quineconnaîtront paslalanguemaorietellequ’elle futparléeparles ambivalent, ets’ilest parfois nepouvait ilpréférait pasparleravec certitude, dèslorssetaire. Les qu’il rassemblaetpublia.Ils regorgent demotsarchaïques etd’expressions énigmatiquesdontlesens humilité dont la marque la plus haute était de s’abstenir de traduire les nombreux énoncés précieux il laissait à d’autres lesoindeles agencer etde les interpréter. de guide. Une La modestie lui servait travailleur deterrain"deslieuxreculés delaplanète"collecterdes données,delesdocumenter, et Tout ce que nous comprenons de la culture maorie dans ses aspects ésotériques les plus « « L’on éprouvait lesentimentqu’il y avait làunhommequiavait contemplélonguementles del’hommage quenousrendons àcetteœuvre etàlaqualitédesdonnéesrendues « Au-delà “Matou enofo naeoro vare fuere, ngatamafakaarofa. “Ke kupoi,moekitokere “Purotu iafaingakatoa angatangata “E aue!tokutamana

175 Frederico Delgado Rosa orphelins. terre pourytrouver lesommeil.Nous quidemeurons ici-baserrons aveugles, semblablesàdesenfants « Hélas ! monpère, deshommes,n’est douédanstouslesarts plus,ilaplongédanslesentraillesdela 1 N . The ofthe Journal Polynesian Society,1932,vol. 41,n°161,p. 23-25. ote « Portée enterre sousdescieuxlointains » « S’est dérobée « De laproue « Ma pagaie « Ma pagaiedelapoupemoncanoé “Tanu iavaerangi. “Kua seke “Mai matavaka “Ko takufoe “Ko takufoetoumurivoko

-> 176 Annexe B

« Le Hau, ou esprit vital », par Elsdon Best 1

[Note de l’A. : Outre l’article de 1907-1909 cité par Mauss, Elsdon Best a écrit à maintes reprises au sujet des « concepts spirituels des Maoris », et notamment sur le hau. Bien que quelques-uns de ses travaux soient accessibles en ligne, ils restent si nombreux, si volumineux, si denses par la minutie, par le style encombré d’expressions vernaculaires, parfois par le « désordre » pré-moderne de la table des matières, qu’on ne peut s’étonner du hiatus qui s’est creusé entre lui et ses lecteurs potentiels du xxie siècle. Si je n’ai qu’effleuré la surface de la vastissime production de Best, j’ai pu néanmoins identifier un certain nombre de textes-clés, dont celui-ci, qui résume bien les conclusions de cet ethnographe sur un concept, ô combien célèbre, dont il n’apprit le sens qu’au bout de longues années et sans perdre le sentiment de ne jamais pouvoir pénétrer les mystères les plus profonds et les plus anciens des « nobles barbares » qu’étaient pour lui les Maoris. Je le reproduis ici en version française signée par Laurent Vannini, en premier lieu pour faciliter l’accès à ce document à ceux qu’intéresse le débat « maussien » ; et en second lieu pour attirer l’attention sur les lacunes, les « oublis » parfois surprenants de l’historiographie de l’anthropologie.] « Le hau d’une personne est un autre principe ou attribut vital qu’il nous faut prendre en considération, et nous verrons dès lors, comme dans le cas du mauri, que le terme est également utilisé quand il est question de forêts, de terres, d’objets inanimés, etc. Dans certains cas, il est employé là où l’on pourrait avoir recours à ahua ou ohonga, et il s’agit d’une qualité extrêmement difficile à définir ; la langue anglaise ne possède sans doute pas de mot équivalent. » « Le hau de l’homme, de la terre, etc., est une qualité intangible, l’une des trois vertus associées à ces différents éléments. Il représente l’essence vitale, mais se distingue dumauri , c’est-à-dire du principe de vie actif. Il représente la force vitale, la vitalité, et peut-être la meilleure définition qui puisse en être donnée est celle d’un "principe vital". Il nous faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas là d’un esprit dans le sens où nous l’entendons généralement ; ce n’est pas une âme spectrale et cela n’a que peu à voir avec le wairua, en dehors du fait que le hau est intangible, et n’est localisé dans aucun organe du corps. Le hau d’une personne, de la terre, de forêts, etc., peut être détruit par les arts de

177 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial Le que propose Coleridgedelapersonnalitéensusnotionpouvoir vital.» "vent", "air","souffle",etc. Onobtientuneidéedece qu’est le plus étroitement enlienavec le protection adéjàfaitl’objet d’une présentation danslesous-chapitre consacré au" cetteformede la magienoire, etparconséquentl’on sedonnaitbeaucoupdemal pourleprotéger ; vitalité. Il aunrôle similaire àceluidu que sonmana nefûtsuffisamment puissantpourla protéger, pourla prémunir enquelquesorte. physique du torino,etparconséquent,lasource originelle,lefondement cette mouchegrâceàunrituel nommérua faisait apparaître dusorcier devant lewairua lui,souslaforme d’une ensuite mouche.Il détruisait comme unagentactifdans lamagiedereprésailles. Tarakawa nousaracontéquele feuille avec delasalive provenant delabouchel’homme Cette feuilleétait alors employée mort. dispositifs deprotection évoqués plustôt.» présuppose que le principedevielapersonneattaquéen’avait pasété mis àl’abri àl’aide des Cetteissue fatale pénétrassent soncorpssimultanément,engendrantdèslorslamort. et lesortilège nom de aucunintermédiairesimplement sonsortilège, matérieln’étant utilisé.Au coursduriteconnusousle de visiondusorcier, cedernierpouvait nuire àson personne était affecté. Une explication semble montrer que si la victime désignée était dans le champ intermédiaire, quil’était, soitlemoyen àtravers lequelle pris, mais il serait plus exact de dire que c’est l’ohonga, ou l’objet matériel destiné à être utilisé comme aux dieux ;danslecasd’un combatlecœurdupremier » ennemiabattuétaitégalementoffert. mawe, comprendre, dansdetellescirconstances, detelleschosesauraienttoutaussibienpuêtre nommées des objetsmatérielsreprésentant unchamp debatailleouuncombat,etc.D’après cequejepeux objets utilisésdansdescérémonies divinatoires. Letermehauétaitégalementemployé pourdésigner c’est unélément symbolique. On appelait le sensoùilfigure unequalitéimmatérielle ; hau « Commedanslecasdumauri,ilnousfauttraitertanthauimmatérielquematériel. « Lorsqu’on désiraitvenger unepersonnetuéeparvoie desorcellerie, ilfallait humecterune « Dans descasde aria ouahua.Lerituelconnusouslenomdewhangaihaucorrespondait àl’offrande decehau immatériel estunprincipevitalindispensable ; le matakai, un sorcier récitait au moment où la victime mangeait, afin que la nourriture un sort , était détruit. C’estainsiquel’on, étaitdétruit. tuaitune personne enusantdelamagie,àmoins wairua makutu, oudemagienoire, onditsouvent quele mauri qu’avec le mauri matériel, del’aria matérieletdel’ . Lessenscourantsdonnésàcemot wairua hau parlebiaisd’une "actiondirecte", enrépétant hau matérielestunobjetquireprésente cette hau, leprincipevital,ouessencevitale,dela hau de l’homme àtravers ladéfinition haud’une personneétait ahua Mauri". Lehauest tohunga vengeur matériel, dans certains hau certains hau sont Mana 178 Frederico Delgado Rosa il s’agit duprincipevitaloudel’ichor et mais ildénoteégalementuneforce psychique, etc’est pourquoi nousentendonsparlerde est untermeintéressant àétudier. Il signifie"autorité","contrôle", "influence","prestige", "pouvoir" ; lieux mêmes où elles’est c’est cequenous disentlesMaoris. assise ; Il est possiblequecesoitl’ où elleal’occasion des’asseoir. Le deson laisse unepart doit selontouteapparence existeràl’extérieur ducorps.Celaestdémontré parlefaitqu’une personne fondement lesdieux,commec’est lecasdu mai nei". Ici lehaudelavoix futsaisiparlamain.» trouvons laphrase " questions danslevolume 9duJournal ofthePolynesian Societyàlapage194.» été employé commeikapurapura dansplusieurscas.Nous pouvons trouver desinformations surces lesdeuxtermessontapparemment synonymes.L’mauri matériel ; terre, desoiseaux,etdel’homme. Cenomextraordinaire sembles’appliquer àunobjetutilisécomme cas le corps de l’oiseau pouvait être enterré comme de touteévidencelaprotection du commenousl’avons end’autresou sansaucunsymboleparfois, observé circonstances. L’objet était et le comme uneoffrandeà Tane etplacédansles branches d’un arbre. On yadjoignaitle demeure, lepère tombagravement malade, maisilresta enviecarons’occupa deluirapidement.» de chaque côté d’eux et comprit qu’il se passait quelque chose d’anormal. Lorsqu’ils atteignirent leur qu’ils prenaient le chemin du retour, son père se rendit compte de la présence de leurs longtemps,le de celafort comparé aumana,maislesdeuxqualitéssontéminemmentdistinctesdansl’esprit desautochtones.» en mesure derésister àtoutesformes d’attaques lancéespardesmagiciens.Lehaudel’homme aété physique, lecorps,etilcessed’exister ducorps. àlamort mana atua.Cequ’on désignerparletermede peutparfois hau duchefprincipaldelarégion. Cesdernierspouvaient être figurés pardesobjetsmatériels, « Dans lamesure oùle « Dans l’histoire deKuiwai etHaungaroa sefaisantinsulterparleurmarietsesamisnous « Lepremier oiseauchasséparlesoiseleursdurantlasaisondugibieràplumesétaitutilisé « Tarakawa nous a révélé qu’un jour où il accompagnait son père dans un village Ngai-Tai, il y a A, kamutonuatu nga ringa ki tekapoingahauowahahungae kanga hau danssesempreintes lorsqu’elle marche, maiségalementàtouslesendroits hau desonpère futprisparunennemiàl’endroit oùilss’étaient assis. Tandis hau représente lavitalité,ilenrésulte qu’il nepeutquittersonancrage hau d’une personnepeutêtre pris,"ramassé",pourainsi dire, surles hau, ouduprincipevital,del’homme etdelaterre. Dans certains

3 , maiségalementd’un élément extérieur, uneauradélicate.Il tapu. Si unhommepossède ika purapura, laafin vitalitédela de préserver Hau estemployé dansunsensanagogique mana supranormalapourorigineet ahua d’une personneparaîtavoir mana puissant,ilpeutêtre atua hau delaterre mana tangata protecteurs ahua,

2 ; ; 179 Elsdon Best, l’ethnographe immémorial de nuire auxpouvoirs vitauxd’une personne.» les Européens. » d’un grandnombre decestermesd’un étatoud’un élémentàunautre estplusquedéroutante pour bien quelenomsoitégalementaccolédetempsàautre auxtalismansquileprotègent. Cetransfert son attachephysique.Lehausembleêtre unélémentpassifquinécessitetouteformedeprotection, ou cequienprend l’aspect, du En dotantlessymbolesmobilesdu Maori utilisaitsouvent desagentsactifsdanssesinteractionsavec lesdieuxetforces supranormales. de symboles matériels de ces pouvoirs.représentant Le ils servaient lespouvoirs vitaux de l’ennemi ; connues souslenomde et d’autres objets étaientfaitesàcet waka, maisilétaittoujoursaccessiblelorsquelebesoins’en faisaitsentir. Des offrandesdenourriture des périodesdecriseoutrouble. Il nesemblepasquecetespritdemeuraitenpermanencedansson son ancêtre. On appelait cet esprit vivant ; autrement ditcedernier estdevenu l’intermédiaire (waka,kauwakaetkaupapa)del’esprit de que sisonprincipevitalavait étédissimuléderrière lesymbolematérielappelé uneforêtprincipe devieetlavitalitétouteschoses ; protégée decettemanière étaitautantàl’abri appliqué aux pierres employées oudespoissons.» commemauridesruisseaux le bien-être delaterre etdel’homme. Dans larégion de Taranaki leterme dont lespouvoirs étaient semblables enapparence àceuxdu n’était passuffisammentpuissant pourlasauver. Ilsemble qu’il yaiteuégalementun marchait àcetendroit mourrait ouétaitgravement affectée,en s’imaginant toujoursqueson objet, etl’enterrât surlecheminpourtransformercesentier enpiègemortel. Toute personnequi Ilrôder suffisait quelquefûtlecheminemprunté. àun qu’une personnecompétentejetâtunsort leur en territoires ennemis, elles marchaient souvent autantquepossibledansl’eau, afin d’éviter delaisser parconséquent, lorsquedespersonnesvoyageaient pris etutilisécommeagentdanslamagienoire ; manea dansleursempreintes. Un autre typederisqueguettaitcesvoyageurs carledangerpouvait « Certaines brindilles utilisées lors de rituels particuliers dedivinationappelés brindillesutiliséeslorsderituelsparticuliers « Certaines « Le terme , nousl’avons« Lewairua vu,estcommeuneforce active quicontribuegrandementàprotéger « Le hau dans la trace de paslaissée par l’humain est appelé apa hau désigne l’esprit d’une qui estpassée dans un descendant personne morte hau, etendetellescirconstances cesobjetsétaientprobablement perçus comme hau quiestainsipris,etcet atua, etl’on connaissaitcespratiquessousleterme atua apa hau, et on le consultait à travers son intermédiaire lors mana protecteur desdieux,ilétaitenmesure le depréserver immatériel sert demoyenahua immatérielsert permettant mauri, etquiétaitutilisépourprotéger manea sur la côte Est.Il peut être manea sembleavoir été mauri. » manea matériel, kumanga kai.» raurau étaient mana 180 Frederico Delgado Rosa de prendre le veines desdieux. Printer, 1922,p. 32-34. 3 surnaturelle » (LeDictionnaire dufrançais, Hachette, 1989). 2 1 N de bien-être spirituel.» toiora, et désigner nonseulementunbien-être physique,maislavigueurintellectuelleégalement ; comme dansl’expression "Ko tepaepae,koineihauora otetangata sauvetage" ou"pouvoir salvateur" cas,elledoitêtrecertains traduite par destermestelsque"salut / convenablement par"semblance".» . . . otes Chapitre d’Elsdon Best, Spiritual andMental ConceptsoftheMaori, Wellington, Dominion Museum, The Government NdA :Du grec NdA :« « LorsqueMaui eutremonté cesterres desprofondeurs del’océan, ilretourna àHawaiki afin « Hau ora estuneexpression utiliséepourdésignerlasanté,lebien-être, lavigueur, etc.Dans manawa ora etmauriora sontautantd’expressions pouvant être employées pourdéfinirunétat Sens anagogique:l’un àl’achèvement dessensspirituelstextesbibliques,quiarapport célestedelavie hau de ce pays comme offrande aux dieux. Dans cecas le terme -> ἰχώρ . Dans lamythologiegrecque, cemotfaitréférence àunfluidequicouleéternellementdansles -> -> ". Làencore, hauora estutilisépour hau est traduit le plus hauora, 181 Bibliographie d’Elsdon Best

À l’exception des articles parus dans des publications non savantes. Cf. Craig, 1964, p. 231-238 ; et «List of publications in volume form, and contributed articles by Elsdon Best », Journal of the Polynesian Society, vol. 41, p. 1.

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