Analyse Du Discours Martiniquais Et Réflexions Sur Le Parcours De L
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Université du Québec à Montréal ROUTES ET TRACÉES DE L'IDENTITÉ: Analyse du discours martiniquais et réi1exions sur le parcours de l'identité collective Mémoire présenté comme exigence partielle de maîtrise en science politique par Sophie GÉLINAS Mars 2006 UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL Service des bibliothèques Avertissement La diffusion de ce mémoire se fait dans le respect des droits de son auteur, qui a signé le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles supérieurs (SDU-522 - Rév.01-2006). Cette autorisation stipule que «conformément à l'article 11 du Règlement no 8 des études de cycles supérieurs, [l'auteur] concède à l'Université du Québec à Montréal une licence non exclusive d'utilisation et de publication de la totalité ou d'une partie importante de [son] travail de recherche pour des fins pédagogiques et non commerciales. Plus précisément, [l'auteur] autorise l'Université du Québec à Montréal à reproduire, diffuser, prêter, distribuer ou vendre des copies de [son] travail de recherche à des fins non commerciales sur quelque support que ce soit, y compris l'Internet. Cette licence et cette autorisation n'entraînent pas une renonciation de [la] part [de l'auteur] à [ses] droits moraux ni à [ses] droits de propriété intellectuelle. Sauf entente contraire, [l'auteur] conserve la liberté de diffuser et de commercialiser ou non ce travail dont [il] possède un exemplaire.» « [...] À coté des routes coloniales dont l'intention se projette tout droit, à quelque utilité prédatrice, déploient d'infinies petites sentes que l'on appelle tracées. Élaborées par les Nègres marrons, les esclaves les créoles, à travers les bois et les mornes du pays, ces tracées disent autre chose. Elles témoignent d'une spirale collective que le plan colonial n'avait pas prévu ». Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant, 1991 À Hélène et Jean-Yves À Jean-Claude Qui m'ont tant appris et qui m'apprennent encore Sincères remerciements à Lawrence Olivier pour sa disponibilité, son intelligence, sa confiance, sa pédagogie, sa passion de découvrir, sa générosité, son ouverture d'esprit. Il fait partie de ces personnes incomparables qui ont marqué mon chemin. Remerciements à cet homme de la Place de la Savane qui vend ses bijoux avec tant de lumière dans les yeux, à cet assistant de la Bibliothèque Schoelcher qui a toujours su répondre à mes nombreuses questions avec gentillesse, à cette Martiniquaise de retour en son pays après un exil prolongé causé par le chômage qui m'a parlé avec passion de son pays, à tous ces Martiniquais ordinaires mais combien extraordinaires qui ont su me parler de leur pays avec sincérité, attachement, simplicité et m'offrir des visages inconnus de la Martinique. À toutes les femmes et à tous les hommes de la Martinique travaillant à la construction d'une société ouverte et généreuse. Avant-propos Avant de débuter l'analyse, il est important de faire le point sur l'influence de la chercheure. Étant Québécoise, j'ai cru que ma distance par rapport à la question antillaise allait favoriser les choses. Bien entendu, cela n'a pas nuit mais je constate que le fait d'être blanche m'identifiait automatiquement aux Français, ce qu'il fallait démentir. Tel que nous le verrons, la société martiniquaise catégorise les individus, entres autres, en fonction de la couleur de la peau. Le fait d'avoir été blanche a tout de même eu une certaine influence dans les réponses que j'ai obtenues. C'est-à-dire que les interlocuteurs m'expliquaient des choses qu'ils n'auraient probablement pas eu à formuler si la couleur de ma peau avait été semblable et que certaines choses ont été tues étant donné ma différence. Toutefois, le fait d'avoir été blanche m'a amené à recueillir de façon informelle les propos de nombreux Métropolitains ce qui m'a permis d'avoir un autre regard sur la réalité complexe de la Martinique par des individus n'étant pas Martiniquais mais y habitant depuis un certain temps. Chose certaine, le fait de n'être ni Française ni Martiniquaise m'a permis de me dégager de l'émotivité qui imprègne souvent les analyses sur l'identité martiniquaise. Autre précision, le système esclavagiste est à l'origine de bien des réalités sociales et économiques. La grande majorité de la littérature martiniquaise sur la question de l'identité trouve les causes explicatives des problèmes actuels dans le système colonial de l'époque. La présente recherche soulignera donc les causes historiques marquantes mais nous n'insisterons pas sur ce type d'explication puisque bien d'autres auteurs l'ont fait avant nous et qu'il est peut-être temps de dOMer un nouveau souffle au discours antillais en y diversifiant les éléments ou en utilisant d'autres approches. De plus, les entrevues ont été recopiées intégralement, avec les différentes erreurs de syntaxe. Nous sommes conscients des difficultés que peut parfois contenir la lecture d'un entretien oral. Nous avons fait ce choix afin de ne pas changer le sens des propos des individus rencontrés. Précisons également que pour les termes «Noir », «Blanc », « Mulâtre », «Nègre », et « Béké », nous utilisons une majuscule lorsqu'il s'agit d'un nom et une minuscule lorsqu'il s'agit d'un adjectif. Nous respectons toutefois l'orthographe des citations. Table des matières Avant-propos 4 Introduction 10 Cadre théorique sur l'identité 17 o Quelques éléments de départ 17 o Une identité repensée 30 Cadre théorique sur l'analyse de discours 35 o L'analyse actancielle 35 o L'analyse rhétorique 37 1. Les éléments historiques et les courants idéologiques aufondement de l'identité martiniquaise 42 1.1 Quelques repères historiques 42 1.1.1 La période esclavagiste (1660-1848) 42 1.1.2 La période post-esclavagiste (1848-1946) 44 1.1.3 La période contemporaine caractérisée par lafin des plantations et la départementalisation (1946-2005) 45 1.2 Les courants identitaires 47 1.2.1 La négritude 48 1.2.2 L'antillanité 54 1.2.3 La créolité 57 1.2.4 Le désir d'assimilation et les revendications indépendantistes 61 1.2.5 Le métissage 66 1.2.6 L 'indianité et les autres minorités visibles 68 1.2.7 Les Békés 77 1.2.8 Les Métros 82 2. Les éléments composant l'identité martiniquaise 85 2.1 L'insularité: une dynamique territoriale marquant l'identité martiniquaise 87 2.2 Les mœurs et valeurs martiniquaises: lieux de tensions entre passé et présent 91 2.2.1 Un exemple éclairant: la représentation du travail dans la société martiniquaise 93 2.3 La cohabitation du français et du créole 96 2.3.1 Fonctions de la langue 96 2.3.3 Le créole vu par les mères martiniquaises 98 2.3.2 Quelques éléments d'analyse sociolinguistique 101 2.3.4 L'appropriation du français par la littérature 106 2.3.5 Analyse des courriers du lecteur sur ce que pensent les Martiniquais du créole 107 2.4 L'école martiniquaise: une question controversée 109 2.4.1 Langue et difficulté scolaire 109 2.4.2 Un enseignement déconnecté de son environnement 112 2.5 Le phénomène d'altérité: une source de tensions 115 2.5.1 La place de l'Autre dans l'univers discursifet les représentations collectives 117 2.6 Le préjugé de couleur 123 2.6.1 Le préjugé de couleur dans le discours martiniquais 129 2.7 Le sentiment d'appartenance: analyse des entrevues effectuées et des articles de journaux analysés 135 2.8 Les mythes au fondement de l'identité collective 141 2.8.1 Une société sans histoire propre? 142 2.8.2 Discours, mémoire collective et identité 144 2.8.3 Un mythe identitaire collectifen émergence 155 Conclusion 160 Bibliographie 167 ANNEXES 183 1. Fiche d'entrevue 183 2. Entrevues 184 Entrevue # 1 / M. et Mme Gamess 184 Entrevue #2 / M. Roger Toumson 189 Entrevue #3 / M. Gilbert Pago 196 Entrevue #4/ M. Jean Bernabé 203 Entrevue #5/ M. Pierre-Yves Sainte-Rose 211 Entrevue #6/ Mme Coulibaly-Brival, son conjoint et son fils 220 Entrevue #7 / M. Guy Deslauriers 229 3. Articles de presse 238 Résumé Trop souvent considérées pour leur potentiel touristique, les îles françaises des Caraibes soulèvent des enjeux sociaux et identitaires incontournables. En effet, les Antilles françaises se situent au confluent de plusieurs influences et constituent un lieu unique d'interpénétration culturelle. Le caractère multiculturel de cette société interpelle le vivre-ensemble et amène à dépasser le cadre géographique antillais. Afin d'apporter un éclairage nouveau sur les différentes représentations au fondement du discours martiniquais, le registre individuel (entrevues) et collectif (articles de presse) est analysé à partir des perspectives rhétorique et actancielle. Le lieu unique que constitue le discours permet un accès privilégié à la dynamique de tension entre les sources d'identité. De plus, le cas martiniquais permet d'aller au delà des réflexions identitaires traditiOimelles et d'envisager de nouvelles pistes d'analyse. À partir des principaux éléments historiques et des différents courants identitaires existants en Martinique - la négritude, l'antillanité, la créolité, le désir d'assimilation et d'indépendance, le métissage, l'indianité, la place des Békés et des Métros -, les éléments composants l'identité martiniquaise sont analysés, soit le phénomène d'insularité, les mœurs et les valeurs, la place de la langue créole, la question controversée de l'école, la place de l'Autre, les préjugés de couleur, le sentiment d'appartenance des Martiniquais interrogés et les mythes au fondement de la mémoire collective. Il s'agit donc de mettre en lumière la façon dont le lien social se tisse dans un processus de mouvement entre ces pôles de tension.