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Séquences La revue de cinéma
Festival Keaton Patrick Schupp
Number 69, April 1972
URI: https://id.erudit.org/iderudit/51477ac
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Publisher(s) La revue Séquences Inc.
ISSN 0037-2412 (print) 1923-5100 (digital)
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Cite this review Schupp, P. (1972). Review of [Festival Keaton]. Séquences, (69), 29–30.
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The General, de Buster Keaton FESTIVAL KEATON
Patrick Schupp
Pendant deux mois, au cinéma Verdi, de du metteur en scène aussi bien que du co vant une assistance enthousiaste, sont re médien qui, par exemple, trouvant dans son passés en un festival beaucoup plus com arsenal de jeunesse un gag remarquable (un plet que celui présenté à l'université Sir décor, ou une façade de maison tombe sur George Williams, il y a deux ans, les meil le héros qui, par miracle, s'en tire sans une leurs courts métrages et les longs métra égratignure, car une ouverture providentielle, ges de l'un des pionniers et des grands gé fenêtre ou autre, l'encadre exactement et nies du cinéma : Buster Keaton. A côté de le laisse passer), le poursuit de film en film lui, on doit avouer que tous les autres, Cha sans jamais le rééditer deux fois de la mê plin y compris, Ben Turpin, Harold Lloyd, me façon. Laurel et Hardy etc., font souvent modeste Le Festival suivait un ordre chronologique figure ! Autre avantage de ce festival : don qui a découpé des séquences bien précises ner une vue d'ensemble relativement com dans l'oeuvre de Keaton : tout d'abord les plète sur cette oeuvre méconnue parce que courts métrages (15) qu'il fit de 1917 à 1920 morcelée. On a pu enfin suivre l'évolution avec et pour le compte de Roscoe (Fatty)
AVRIL 19» 29 Arbuckle : Butcher Boy, Coney Island, Out du geste juste, de la situation exploitée dans West, Goodnight Nuge, et surtout l'étonnant des proportions idéales, ce dont feraient Backstage. Puis, en 1920, il crée sa propre bien de s'inspirer certains metteurs en scè compagnie et ses chefs-d'oeuvre : High Sign, ne d'aujourd'hui... Sens du montage égale One Week, le fantastique Neighbor, peut- ment, qui procède du minutage précis acquis être son chefs-d'oeuvre, The Playhouse, The dans les vaudevilles et les revues de sa jeu Boat, le célèbre Cops etc. Cette seconde nesse. Enfin, il est honnête, et montre exac période se termine en 1923, qui voit la nais tement ce qu'il veut qu'on voie, n'utilisant sance de son premier long métrage, The des mannequins qu'en de très rares occasions Three Ages. Suivront, avec un succès tou Toutes les acrobaties les plus invraisembla jours grandissant : Our Hospitality, Sherlock bles qu'on lui voit faire sur l'écran sont réel Junior, le très célèbre Navigator (qui n'est lement faites par lui, et sans trucages. Par pas finalement le meilleur), Seven Chances, exemple, les dernières images (quarante se Go West, Battling Butler (d'un ton doux-amer condes) de Sherlock Jr. sont comprises dans un peu inhabituel), The General, le meilleur un seul plan, sans coupe ni raccord. D'ail de ses longs métrages avec Steamboat Bill Jr, leurs, il a cent fois failli se casser le cou, le plus achevé, le plus épuré de tous, en tous se noyer.se faire écraser etc.. au cours de cas le plus irrésistible. Il fera encore, pour certaines scènes. Et ces scènes, que l'on le compte de la M.G.M., Cameraman et Spite voit aujourd'hui avec autant d'admiration que Marriage, mais la grande veine est tarie. Il d'attendrissement, ne semblent jamais ridi perd, à trente-trois ans, la merveilleuse in cules ou trop poussées, parce qu'on ne peut dépendance qu'il avait eue chez R.K.O., doit pas lui reprocher le moindre trucage et parce faire face à des problèmes personnels de que c'est toujours lui qui est en cause et toutes sortes (il boit, est mal marié). L'avè non pas une doublure. nement du son ne lui vaut rien. Enfin, il a u- ne très violente altercation avec Louis B. Ma I! recrée, enfin, le cadre dans lequel il yer, ce qui décide de son retrait des studios. évolue avec un luxe de détails et de recher Il y retournera beaucoup plus tard avec une ches visant toujours à l'authenticité la plus triste parodie de sa vie, The Buster Keaton parfaite. Si, dans Our Hospitality, il utilise un Story, quelques insignifiances, pour enfin se vélocipède, on peut être assuré qu'il en exis voir confier l'un des rôles principaux de A tait à l'époque, et dans les conditions qu'il Funny Thing Happened on the Way to the décrit. C'est un poète, un observateur caus Forum, de Richard Lester. Ce sera son der tique et amateur de "gadgets" (il y en a dans nier film. Il meurt au matin du 1er février presque tous ses films) qui témoigne d'une 1966, d'une crise cardiaque. invention en perpétuelle effervescence, re marquablement coordonnée, qui ne se laisse Pourquoi l'art de Keaton demeure-t-il si abattre ni par l'adversité, ni par les hommes, grand ? Il partage, seul avec Chaplin, mais ni par les éléments, aussi déchaînés soient- à un degré supérieur, le don de se renouve ils. Qu'il soit aux prises avec un paquebot ler, de constamment innover, d'améliorer vide à la dérive, une locomotive volée, une ce qui a été fait. Il possède également, à un tornade, une motocyclette emballée ou un rare degré, la science de la mise en scène, glissement de terrain, qu'il soit riche, pau qu'il s'agisse de la descente dans la chute vre, cowboy, maçon, épicier, électricien, dan d'eau de Our Hospitality, des multi-facettes seur, comédien, tout en restant impassible, de Batling Butler, ou de la découverte qu'il Buster Keaton sait admirablement d'un ges fait de la virago à laquelle on l'a marié par te, d'un regard, faire passer les situations les erreur (My Wife's Relations), ou encore de plus incongrues, les plus folles. C'est la mar l'extraordinaire enchaînement d'événements que unique d'un très grand comédien. dans Neighbors. Il a toujours le sens inné
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