Festival culturel biennal en milieu rural L’Art est dans ma nature « Dessine-moi une cabane » et « Cabanes éphémères » 30 mai-8 juin 2014

Présentation par Philippe Chambost Intitulé : L’Art est dans ma nature

Définition : il s’agit d’un projet de territoire structurant pour la vallée de la Crempse ().

Obectifs/enjeux : à visée identitaire forte, à la fois sur le plan culturel, environnemental et touristique.

Situation : la vallée de la Crempse s’étend sur une trentaine de kilomètres. Elle est située sur l’intercommunalité du Villamblardais encadrée par les pays Vernois et Astériens ( et Saint-Astier). La Crempse, affluent de l’Isle à hauteur de , prend une de ses sources en contrebas du lieu-dit la Brande, sur la commune de Beauregard-et-Bassac en limites de la commune de . Cette zone en plateau (environ 200m d’altitude) marque la frontière des deux intercommunalités de et de Vergt. D’autres sources se situent entre Bassac et Saint-Mayme de Péreyrol, non loin de la D 42 (ruisseaux de Neuffon et de Rousille). Ces deux affluents se rejoignent en contrebas du bourg de Beauregard pour former le lit de la Crempse. Plus loin entre Villamblard et Saint-Hilaire se déversent le Roy, puis l’Estissac.

L’Estissac avant la Beylie La Crempsoulie sous St Séverin

Enfin, entre Issac et , se jette la Crempsoulie qui arrive de Saint-Séverin en passant par le Maupas.

A- Le territoire : constat de départ

1- Géographie :

Cette vallée se caractérise par une identité environnementale et paysagère forte.

Les axes de communication se situent dans les vallons avec en principal la route D 38 qui longe la Crempse depuis Fouleix jusqu’à Mussidan. D’autres axes routiers remontent ensuite le long des petits affluents comme la D 4 qui longe le Roy vers Villamblard, puis des routes cantonales : ainsi le long de l’Estissac (pour rejoindre Saint-Jean puis ), la D 39E le long de la Crempsoulie vers Saint-Séverin ou encore la route qui longe le Rioubelou et qui rejoint Montagnac. Cet itinéraire est central, d’Est en Ouest, entre les vallées du Vern et de l’Isle au nord-nord-ouest et la forêt du Landais au sud. Cette forêt du Landais marque la limite nord de la vallée de la Dordogne et du Pays du Grand Bergeracois. Le réseau hydrographique du Landais alimente la rivière Dordogne.

Ce relief laisse sourdre à maints endroits de nombreuses sources ou fontaines, bâties ou non, sur l’ensemble du territoire. A noter que ces prairies humides autrefois « aquatiques » laissaient stagner des eaux qualifiant alors cette belle vallée de « malsaine et peu productive ». Dans la deuxième partie du 20ème siècle des drainages importants eurent lieu notamment à hauteur d’Issac. Ressources avicoles : truites, poissons blancs, anguilles, écrevisses…

La Grange, Montagnac châtaignes cèpes

Agriculture (et élevage): essentiellement vivrière elle s’appuyait traditionnellement sur le poly élevage (porcins, ovins, bovins, oies, canards) alternant prairies naturelles et zones cultivées avec le blé, le maïs, la châtaigne, la pomme de terre, la vigne, les champignons, le bois de châtaigner pour ses clôtures et ses piquets.

Exploitation de piquets de châtaigner à Beauregard et Bassac Vigne et châtaigneraie à Saint-Séverin

Des années 50 aux années 80 se développait le tabac, laissant de nombreux séchoirs dans le paysage.

Beauregard et Bassac

2- Histoire :

Un aspect marquant de ce territoire, fut l’existence d’un homme célèbre, le comte Henry (Wlgrin) de Taillefer (1761- 1833) qui consacra sa vie entière à l’étude de l’histoire locale pour donner au Périgord la place qu’il mérite dans l’histoire de (voir son traité sur l’Architecture publié en 1804 et Les Antiquités de Vésone, publié en 1821). Cet historien de la première heure, habitait le château Barrière à Villamblard, aujourd’hui en cours de restauration. Cet érudit avait installé dans une grosse tour du château son « cabinet d’antiquités », contenant médailles et objets archéologiques. Il fut ainsi à l’origine des collections historiques du Musée d’Art et d’Archéologie du Périgord. Une grande partie de ces pièces gallo-romaines est actuellement présentée au musée Vésuna de Périgueux.

Aujourd’hui et depuis quatorze ans, l’association Taillefer lui rend hommage et perpétue sa vision de ce territoire en publiant régulièrement ses recherches visant à recenser le patrimoine historique et préhistorique du canton de Villamblard.

Notons également que naquit à Beauregard le célèbre cartographe Pierre de Belleyme (1747-1819) à qui l’on doit la carte topographique de la Guyenne.

Cette région fut aussi marquée par les guerres de religion et également par la guerre de cent ans durant lesquels s’affrontaient les armées du parti anglais et du roi de France.

Cette histoire a laissé des traces :

- de nombreuses églises mais aussi des chapelles (Bassac,…) et des traditions de pèlerinages (Bassac, , Sainte-Quitterie à Saint-Jean…). Des églises de style roman (Bassac, Montagnac, Saint-Jean, Eglise-neuve…), gothique ( ?...) ou romano-byzantin (Saint-Hilaire)

Saint-Hilaire Pont Saint Mamet

Saint-Séverin Saint-Jean Issac

- mis à part celui de Montréal à Issac, peu de châteaux ont survécu car ayant le plus souvent été détruits lors de ces conflits (château de Beauregard, d’Estissac, de Rousille…) mais aussi sous la Révolution (voir le cahier des doléances de 1789)

- sont restées des maisons fortes comme à Saint-Jean d’Estissac (Hospice de Malrigou, La Ponsie, La Beylie), des moulins ou forges (Montagnac, Issac) ou des demeures historiques comme le château de la Rigaudie (Saint-Hilaire).

Maisons fortes à Saint-Jean et à Saint-Hilaire (toits traditionnels et toits à la Mansard des dépendances)

- l’histoire paysanne à également laissé de petites maisons et des cabanes parsemées le long des chemins forestiers et agricoles et parfois, plus anciennes, des bories qui apparaissent notamment dans les noms des lieux-dits.

Saint-Hilaire cabane à Saint Jean ferme à Pont-Saint-Mamet

3- Architecture

Le bâti est en lien direct avec la nature des sols le plus souvent argilo-calcaires et d’origines crétacées supérieures. Les sols renferment du minerai de fer (, …) et offre une pierre de taille (carrières nombreuses à Douville) d’origine calcaire plutôt fragile car souvent gélive. Les coteaux calcaires sont riches de grottes et souterrains (cluzeaux).

Le bâti d’origine est fait de moellons liés avec un mortier de terre argileuse et de sable. Le bâti traditionnel est recouvert d’enduits de mortier de chaux (carrières de Saint-Astier à proximité) et de sables. Les charpentes des toitures anciennes ont une particularité très marquée caractéristique de cette région centrale du Périgord : elles sont à la « Mansard » c’est à dire à trois pentes et ont la forme d’une coque de navire renversée. Château et ancien café de la paix à Villamblard. Cabane à Saint Jean d’Estissac

Châteaux et maisons fortes alternent dans le paysage avec forges, maisons paysannes, cabanes…

4- Paysage : Il est essentiellement constitué de forêts et de combes humides entrecoupées de vallons verdoyants et de coteaux plus arides. La forêt d’origine est composée d’essences mixtes (chêne, hêtres, pins) enrichies largement au milieu du 19ème siècle par les plantations de châtaigner. Les forêts sont implantées en sommet de buttes ou plateaux qui encadrent ces vallons étroits et humides. Des prairies naturelles persistent le long des cours d’eau alimentant la Crempse mais tendent à se raréfier en raison de la disparition des élevages ovins et bovins. Elles sont aussi l’objet de mise en peupleraies. Les combes humides donnent au paysage une ambiance intimiste et fraîche en été. Elles sont un lien physique (car entretenues) entre les plateaux et la vallée et par cela offrent des vis-à-vis intéressants. Des coteaux calcaires - plus arides selon leur exposition au sud - caractérisent également le paysage. Ces « langues » calcicoles offraient autrefois pâture aux ovins, inexistants aujourd’hui.

Il faut souligner l’adéquation et l’harmonie qui se dégagent entre bâti et végétation, entre points de vue ouverts, véritables perspectives lumineuses parmi la végétation, qui suivent cours d’eau et voies d’accès - parce que entretenues par l’agriculture - et espaces fermés, plus ombragés, liés à l’omniprésence de la forêt. La richesse du paysage tient aussi par ses grandes clairières qui marquent la proximité des hameaux avec la forêt. Ces « ouvertures sociétales » rythment l’ambiance paisible de cet aspect de vallée étroite.

Jardin de la Brande combe humide à Issac Jardin de Paradis à Montagnac

Cette harmonie tend à évoluer vers une perte des points de vue et perspectives du fait de la fermeture progressive des milieux, surtout dans les «micro vallées » adjacentes de la Crempse.

Faune et flore : il existe sur ce territoire des espèces sinon endémiques du moins rarissimes (fleurs, insectes). Les milieux humides sont fréquentés par le héron cendré, le vison d’Europe et le cuivré des marais (lycaena dispar). Certaines prairies calcicoles présentent une flore très caractéristique (voir bulletin de la société botanique du Périgord). Il faut retenir l’extrême biodiversité en lien avec la diversité des sols et des paysages.

Ascalaphe M. Arion M. Aurinia

En rapport avec cette diversité naturelle et ce patrimoine forestier important le territoire est largement habité par le gros gibier : sangliers et chevreuils en particulier mais aussi cervidés. On y rencontre fréquemment blaireaux, renards, fouines… Le massif forestier est situé sur les grandes routes de migration et les forêts de chênes et de pins situées sur les plateaux favorisent la chasse à la palombe.

Un réseau de chemins de randonnée a été mis en place au cours de la dernière décennie sur toute l’intercommunalité. Ce réseau n’est pas labellisé par la Fédération Française de Randonnée Pédestre.

5- Géopolitique :

La loi SRU-UH de 2001, qui a pour vocation à développer du foncier au niveau national, a modifié les notions d’urbanisation rurale en France en octroyant plus de pouvoirs aux élus locaux et en les obligeant, à l’échelon intercommunal, à se doter de Cartes Communales.

Si cette loi a posé les fondements et les outils administratifs à la mise en place des cartes communales pour nos zones rurales pour construire une « démographie raisonnée » elle n’a pas accompagné les élus sur les multiples et véritables enjeux de développements possibles de nos territoires, qu’ils soient identitaires, économiques, environnementaux - et notamment touristiques - voire culturels de leurs territoires.

Or le développement économique d’un tel territoire passe par la révélation de son identité à laquelle participent largement les paysages. La loi n’a pas donné les clés de la compréhension pour accompagner une telle mutation de nos territoires ruraux à identité forte mais pour autant non dotés d’espaces déjà inscrits au patrimoine.

La révision entamée en 2013, avec une carte intercommunale qui doit aboutir en cette année 2014, a engagé les élus dans une réflexion par atelier sur des thématiques telles que urbanisation et paysage, agriculture, forêt, espaces naturels ou encore habitat et déplacements.

Synthèse :

La vallée de la Crempse représente

- une identité environnementale et paysagère forte, relativement préservée et vallonnée… - des lieux remarquables sur le plan historique, architectural et environnemental pouvant développer une image valorisante de notre territoire (églises, maisons fortes, moulins, forges, cabanes, jardins, prairies humides, forêts, espaces naturels…)

- un territoire à l’écart des sentiers battus, avec des ressources dispersées et parfois naissantes sans grosse structure hôtelière, sans événement culturel majeur…

- un territoire en zone de revitalisation rurale

Cuivré des marais (Lycaena Dispar) mâle et femelle (mai 2013)

Thème du festival l’Art est dans ma nature 2014

Le thème de cette 2ème biennale d’Art contemporain en vallée de la Crempse est intitulé : « Dessine-moi une cabane » et « cabanes éphémères » en Villamblardais.

Deux concours primés ouverts aux plasticiens, architectes, artisans d’art, artisans, photographes… Pour plus de précisions sur les conditions de participation à cette biennale, se référer au document Appel à concours cabanes V4.

Bibliographie

Cet essai sur le territoire de la vallée de la Crempse s’appui sur une connaissance personnelle du terrain et sur différentes publications :

- Bulletins de l’association Taillefer

- Histoire des communes du canton de Villamblard à partir des notes historiques du Chanoine H.Brugière. Association Wlgrin Taillefer. Janvier 2011.

- Demeures historiques du Villamblardais. Pascal Belaud-Jean-Paul Bordier. Ed patrimoine et médias, 2003.

- Expertise préalable à l’enquête publique de la Chambre d’Agriculture de la Dordogne dans le cadre de la mise en place de la Carte Communale du Villamblardais. Juillet 2007

- Le cahier du CAUE Dordogne : le bois dans tous ses états, 2-3 juin 2006.