Administration Des Cultes Sous Le Régime Du Concordat
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CONSEIL GÉNÉRAL D ' I N D R E - E T - L O I R E A DMINISTRATION DES CULTES 1800 – 1940 RÉPERTOIRE NUMÉRIQUE DE LA SÉRIE V A RCHIVES DÉPARTEMENTALES Tours 2008 CONSEIL GÉNÉRAL D ' I N D R E - E T - L O I R E Répertoire numérique de la série V A DMINISTRATION DES CULTES 1800 – 1940 par Stéphanie GUILLAUME -C HAPELET assistante qualifiée de conservation du patrimoine suivi et coordonné par Régine MALVEAU , chargée d’études documentaires sous la direction de Luc FORLIVESI conservateur en chef du patrimoine directeur des Archives départementales d’Indre-et-Loire publié avec le visa du Ministère de la Culture, Direction des Archives de France A RCHIVES DÉPARTEMENTALES TOURS 2008 AVANT -PROPOS « L’abbé Chapeloud et son ami Birotteau n’étaient pas riches. Tous deux fils de paysans, ils n’avaient rien autre chose que les faibles émoluments accordés aux prêtres, et leurs minces économies furent employées à passer les temps malheureux de la Révolution. Quand Napoléon rétablit le culte catholique, l’abbé Chapeloud fut nommé chanoine de Saint-Gatien et Birotteau devint vicaire de la cathédrale. » Honoré de Balzac, Le curé de Tours , 1832 S’il est évident que le domaine de la religion relève exclusivement de la sphère privée, force est de constater que les pratiques qui en découlent s’inscrivent souvent dans la vie publique de la cité. Pendant la période concordataire, entre 1801 et 1905, l’Etat a eu la charge de gérer, organiser et contrôler l’exercice des cultes « reconnus », catholique, protestant et israélite, au point d’en faire quasiment un « service public ». La volonté pacificatrice de Bonaparte s’est traduite concrètement par la mise en place d’une administration centrale à Paris et déconcentrée dans chaque département. Comme les autres services administratifs, la direction générale des Cultes et ses bureaux départementaux sous l’autorité des préfets ont organiquement produit des archives publiques, traces matérielles de leur activité. Ces dossiers traitent aussi bien des ministres des cultes et de leur carrière que des bâtiments paroissiaux ou encore de la police des manifestations publiques, etc. Il devient possible de s’intéresser à la biographie collective, de l’archevêque au pasteur, du curé au rabbin. La vie quotidienne se devine au travers des croyances, des formes de dévotion ou de l’hostilité affichée aux manifestations des cultes. Les rapports sensibles entre laïcité et religion transparaissent aussi dans les dossiers de correspondance des préfets, des élus, des ministres des cultes et des citoyens. On lit - entre les lignes - la lente dégradation de ces liens et la fragilité du consensus. Au nom de la liberté de conscience et du maintien de l’ordre républicain, la volonté de séparer les deux domaines est manifeste dans les dossiers dès la fin du XIX e siècle. Avec le recul, ces archives révèlent à l’historien ou à l’amateur un visage de la société urbaine et rurale de la France du XIX e siècle, par ailleurs minutieusement analysée par Balzac. Un siècle après la loi de Séparation du 9 décembre 1905, dans un climat apaisé, cet instrument de recherche ouvre la voie à de fructueuses études universitaires ainsi qu’à la curiosité du grand public, en lui fournissant la grille de lecture de ces fonds parfois complexes. Cet outil de médiation, auquel des agents des Archives départementales et d’autres services du Conseil général ont patiemment travaillé, donne désormais accès à des sources qui nous apprendront beaucoup sur les Tourangeaux d’hier et sans doute un peu sur ceux d’aujourd’hui. Claude ROIRON Présidente du Conseil général d’Indre-et-Loire INTRODUCTION D ATES EXTRÊMES La série V des Archives départementales de Touraine rassemble les documents émanant des différents bureaux de la préfecture chargés de l’administration des cultes sous le régime du Concordat. Ils couvrent la période (an VIII-1951). Cette série prend la suite logique de la série L qui voit l’administration des cultes passer d’une gestion « révolutionnaire » à une gestion concordataire. Les relations entre les Eglises et l’Etat sont réglementairement fixées le 8 avril 1802 (18 germinal an X) par la promulgation du Concordat. La loi de séparation des Eglises et de l’Etat du 9 décembre 1905 met fin au régime concordataire et marque, pour la plupart, le terme des dossiers classés en série V. I MPORTANCE MATÉRIELLE Le fonds, composé de 604 articles, représente 35 mètres linéaires. C ONDITIONS D ’ ACCÈS ET DE R EPRODUCTION La consultation du fonds est libre et la reproduction des documents soumise au règlement de la salle de lecture. H ISTORIQUE Il est nécessaire de rappeler quelques repères chronologiques afin de fixer le cadre historique dans lequel s’inscrivent les documents analysés dans ce répertoire. Il faut chercher dans la Révolution française le point de départ d’une modification du régime des cultes. Le 2 novembre 1789, l’Assemblée vote la vente des biens du clergé : « tous les biens du clergé sont à la disposition de la Nation, à la charge de pourvoir d’une manière convenable aux frais du culte, à l’entretien de ses ministres et au soulagement des pauvres ». Le 13 février 1790, les religieux ont interdiction de prononcer des vœux perpétuels tandis que le 14 avril les frais d’entretien du clergé passent à la charge de l’Etat. La Constitution civile du clergé promulguée le 12 juillet suivant, impose au clergé, le 27 novembre de la même année, de prêter un serment civique. Le 10 mars 1791, le pape Pie VI condamne cette Constitution. Il s’ensuit alors, de 1791 à 1799, une période de persécution des prêtres réfractaires et de 5 V – Introduction suppression des congrégations (6 avril et 18 août 1792), ponctuée par la suppression du budget des cultes, le 18 septembre 1794, et par la séparation des Eglises et de l’Etat avec autorisation du culte privé, le 21 février 1795. Il faut attendre le décret du 29 novembre 1799 pour que les mesures de déportation des prêtres réfractaires soient abrogées et le 28 décembre de la même année, pour que les églises ouvrent à nouveau le dimanche. Ces dix années de Révolution affectent vivement l’état matériel du diocèse : les édifices dédiés au culte ont beaucoup souffert, la cathédrale Saint-Gatien de Tours n’est pas épargnée. De plus, la Constitution civile du clergé promulguée en 1790, imposant aux prêtres de prêter serment, creuse des divisions au sein du clergé tourangeau. Faisant suite au Concordat passé entre le gouvernement français et le Saint-Siège le 26 messidor an IX (15 juillet 1801), la loi du 18 germinal an X (8 avril 1802) fixe, au travers des articles organiques, les rapports entre ces deux autorités. La réorganisation et la gestion des cultes passent alors à l’administration concordataire, sous l’égide du ministère de l’Intérieur et des Cultes, au niveau national et sous l’autorité du préfet, au niveau départemental. En 1802, Monseigneur Jean de Dieu de Boisgelin est nommé à l’archevêché de Tours et travaille pendant ses deux années d’exercice à la réorganisation effective du diocèse. Ses différents successeurs à la reconstruction spirituelle et matérielle du diocèse en multipliant par exemple les visites pastorales qui permettent aux chefs du diocèse de prendre connaissance de l’état matériel des paroisses et de la situation des prêtres. Comme ailleurs en France, des missions s’organisent en Touraine pour ramener le peuple à la religion. Par ailleurs, au lendemain du Concordat, un séminaire diocésain est établi à Tours. Mais, jusqu’en 1830, le diocèse souffre du manque de prêtres. Le 22 juin 1804, les congrégations religieuses sont à nouveau tolérées mais soumises à autorisation : de nombreuses communautés religieuses de femmes se constituent entre 1802 et 1830 dans le diocèse de Tours. Hormis le remaniement administratif de 1821 qui calque la carte des diocèses sur la carte des départements, une période de « calme législatif » s’ensuit jusqu’à l’avènement de la III e République. Le 29 mars 1880 un décret dissout les congrégations non autorisées. A Tours, la direction du petit séminaire est retirée aux Lazaristes, les Jésuites comme ailleurs, sont expulsés en 1880. Les congrégations féminines, plus nombreuses et actives, ne sont pas épargnées : certaines devront se séculariser, fermer leurs établissements et en fonder d’autres à l’étranger. Seules celles qui, comme les Sœurs de la Présentation, ont reçu l’autorisation de l’Etat, ne seront pas inquiétées. Les relations entre l’Eglise catholique et l’Etat se détériorent progressivement et irréversiblement. L’Etat accroît ses prérogatives en matière de police et de tutelle. La loi Ferry du 28 mars 1881 sur l’école publique trouve son aboutissement au cours de l’été 1902 avec la fermeture des écoles congréganistes non autorisées puis de celles autorisées, le 7 juillet 1904. La loi de séparation des Eglises et de l’Etat du 9 décembre 1905 marque la fin du régime concordataire : l’Etat « ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». La loi prévoit l’attribution de pensions pour les ministres du culte âgés de plus de 60 ans ayant servi au moins trente ans, et pour ceux âgés de plus de 45 ans, ayant servi au moins vingt ans. Les autres, reçoivent une allocation. Les établissements du culte sont supprimés et doivent être transférés aux associations cultuelles créées pour assumer la gestion de ces biens et assurer l’exercice du culte. 6 V – Introduction C’est l’administration des Domaines qui est chargée d’exécuter l’inventaire des biens pour statuer sur leur dévolution à l’Etat, aux départements et aux communes. Lorsque, comme c’est le cas en Indre-et-Loire, aucune association ne voit le jour, les biens sont dévolus aux bureaux de bienfaisance ou aux hospices.