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Le cinéma cumulatif : Hong Sang-soo et Ariel Esteban Cayer

2010-2015 Les grands bouleversements Numéro 175, décembre 2015, janvier 2016

URI : https://id.erudit.org/iderudit/79919ac

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Éditeur(s) 24/30 I/S

ISSN 0707-9389 (imprimé) 1923-5097 (numérique)

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Citer cet article Cayer, A. E. (2015). Le cinéma cumulatif : Hong Sang-soo et Joe Swanberg. 24 images, (175), 30–31.

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Right Now, Wrong Then (2015) Hong Sang-soo Tale of Cinema (2005)

a figure du réalisateur prolifique ne date pas d’hier. Certains, autour de subtils jeux structurels d’une rare élégance. Ses films, comme Rainer Werner Fassbinder, Jess Franco ou Steven qui mettent toujours en scène des substituts de lui-même (réalisa- L Soderbergh, ont mis à profit leur productivité compulsive teurs, artistes ou professeurs tour à tour maladroits, sympathiques, afin de bâtir une œuvre aussi imposante qu’hétéroclite. D’autres, bourrus et pathétiques), développent un discours critique sur la comme Éric Rohmer, John Ford ou Yasujiro Ozu ont, au contraire, nature circulaire et répétitive, voire mesquine, du cinéma (le sien, réussi à développer des univers cohérents, marqués par la répétition comme celui des autres). de motifs et de préoccupations thématiques. Cette démarche atteint un certain paroxysme dans Right Now, À cette dichotomie quelque peu simpliste s’ajoute la complexité Wrong Then (2015), à cet égard son film le plus simple et le des modes de production, un enjeu d’autant plus important de nos plus efficace. Un cinéaste arrive trop tôt dans la ville de Suwon jours suite à l’éclatement de l’industrie. Ni employé de studio, ni afin de faire la projection commentée de l’un de ses films. Il y véritablement indépendant, le réalisateur prolifique actuel adapte rencontre Hee-jung, une jeune peintre avec qui il finira par passer sa démarche créative à un marché en pleine évolution, faisant de la journée. Comme dans Tale of Cinema (2005), qui débutait sa pratique une véritable niche à part entière pour qui voudra bien par un « film dans le film », Hong construit à nouveau un film le suivre. en deux parties qui fonctionnent comme des miroirs déformants. Les cinéastes Hong Sang-soo et Joe Swanberg s’inscrivent ainsi Il s’agit cette fois-ci de deux variations de la même journée, une dans la lignée de leurs prédécesseurs, tout en développant une structure reflétée dans le générique même du film, présenté à méthode créative propre au cinéma contemporain. Leur rythme deux reprises sous les titres Right Then, Wrong Now et Right Now, de travail impressionnant (on compare souvent Hong à Woody Wrong Then. À l’intérieur même du (des ?) film(s), il invite ainsi son Allen, Swanberg à Rohmer ou Paul Mazurky) leur permet d’incarner spectateur à réfléchir sur l’expérience cumulative que représente un nouvel éthos de la (sur)productivité et leurs œuvres proposent son cinéma. Les subtiles variations qu’il fait subir aux dialogues, une expérience plus cumulative que successive, dont la profonde aux performances et à sa mise en scène sont soulignées d’une partie réflexivité supplante la simple quantité. à l’autre. Malgré l’ambiguïté de la seconde partie (s’agit-il de la Révélé par le sombre et contemplatif The Day a Pig Fell Into version idéalisée d’Hong, d’une rêverie, ou du fantasme de son the Well (1996), Hong Sang-soo n’est plus à présenter. Aujourd’hui personnage ?), le film parvient à mettre éloquemment en valeur la mieux connu pour ses drames amoureux idiosyncrasiques, à la fois complexité psychologique des personnages et à proposer une fable expérimentaux et ludiques, il a fait la transition vers la production morale fondée sur la conception circulaire et réflexive du cinéma numérique avec Night and Day en 2008. Ce virage lui permet chez Hong Sang-soo. d’affiner sa vision minimaliste de la comédie de mœurs. Les conver- De son côté, Joe Swanberg fut la figure de proue du . sations et les déambulations qui forment la colonne vertébrale de Ce cycle de films produits au début de la dernière décennie, qui son cinéma se resserrent autour de scènes composées de plans fixes, se caractérisait par de minuscules budgets, l’improvisation des ponctués de zooms judicieusement déployés. Ses récits s’articulent performances et l’utilisation de petites caméras digitales, est associé

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63093A_JMC_INT.indd 30 2015-12-04 7:56 AM 63093A_JMC_INT.indd 31 autobiographique, Hong Sang-soo conçoit la redondance de son son de redondance la conçoit Sang-soo Hong autobiographique, autodérision. d’une saine révélateur autobiographique et cinéma ce de cumulative l’expérience afait qui d’un spectateur ne tout qu’avec prend active réellement son sens participation la réflexivité de et d’introspection brillant travail Ce l’œuvre unique. dont et à n’est l’amplitude limitée du cinéaste, pas l’insécurité et créatrice compulsion la débattent se lequel dans métatexte un entière, à part s’empilent et posent univers un former lors pour dès super se réflexives et anodines strates multiples De répétitions. les et contrastes les fondée sur œuvre une plutôtpermet d’édifier frénétique production n’attend l’autre cette et Unisolé. pas film n’est et objet sacré un individuel pas le film Hong Sang-soo, pour lui, comme que pour clair devient plus il progresse, Plus son œuvre lui-même). Swanberg par fois, une (interprété, encore le du moniteur réalisateur sur embarrassée, peu quelque du film, l’équipe par visionné que le montage premier fait n’est murmures) de et sexe de en scènes de (avec son lot d’intimité, film d’un énième convaincante peu mouture que la àmi-parcours révélant Sang-soo, d’Hong Tale Cinema of Dans travail. de méthode àsa face du cinéaste insécurités les lucidité accablante une avec dévoilant opportunistes, manipulations en et jalousie de film d’un production la lui-même dirige le cinéaste par incarné réalisateur du le personnage film, ce Dans collaborateurs. ses de certains à publique exprimée excuse une ànu comme conçue mise une depuis). retravaillé (avec n’a il qui l’actrice avec professionnelle et pas personnelle Weekends (2006), Gerwig Greta avec réalisa qu’il ceux tout particulièrement et du cinéaste, films autres des qu’ensens connaissance ayant ne prend scène tout son que cette représente soi,en catharsis la made we movies ? this all justify to enough together made we s’interroge Swanberg/Ethan rupture, leur de suite la À violemment. déraille relation leur Ben, de le film dans retrouve se d’Ethan, copine la Claire, du sien. Lorsque antipodes aux est ), le cinéaste (joué dont par envers Ben d’horreur le cinéma (Swanberg) nommé Ethan intimistes drames de réalisateur un 2011, en qu’éprouve jalousie la de dévoilait qu’il ainsi traite films métatextuelles. références des et films des juxtaposition la de émerge sens de l’accumulation lesquels dans Christmas que tels films des pour tionnels - tradi plus production de moyens des et pellicule la vers tourné s’est l’autodérision, et Swanberg récemment assumée réflexivité goût prononcé la un pour partage il qui avec Hong Sang-soo, de Àl’inverse réalisations. de d’une vingtaine moins pas a signé Mouth the on Kissing Depuis américain. indépendant renouveau du cinéma certain à un Swanberg poursuit la même démarche dans dans même démarche la poursuit Swanberg passionnant intertextuel réseau forment un Swanberg de films Les Si Swanberg développe sa réflexivité autour d’un axe explicitement autourd’un axe réflexivité sa développe Si Swanberg « Treat like filmmaking a nine-to-five job Takes the Hannah à la Swanberg àla (2008), un drame conjugal conçu autour de sa rupture rupture sa de autour conçu conjugal (2008), drame un (2015). Fire for (2014) Digging et (2011), Zone The au écho faire jusqu’à ira Swanberg

». Bien qu’elle soit compréhensible tout àfait , son premier film réalisé en 2005, Swanberg Swanberg 2005, en réalisé film , son premier . Mais le tournage vire bientôt en éclats bientôt vire éclats en le tournage . Mais Drinking (2007) et, surtout, surtout, et, (2007)

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