Créé le 11 octobre 2011, le Parc naturel marin du golfe 2 du Lion couvre plus de 4 000 km d’espace marin au Richesses naturelles Richesses large des Pyrénées-Orientales et de l’Aude. C’est le troisième parc naturel marin de France et le premier de naturelles Méditerranée. parc naturel marin du golfe du Lion

Le Parc naturel marin est une aire marine protégée répondant à trois objectifs : la connaissance, la protection La mer & l’homme Richesses naturelles du milieu marin et le développement durable des activités La mer & l’homme maritimes.

Le Parc naturel marin du golfe du Lion est géré par un parc naturel marin du golfe du Lion conseil de gestion qui réunit l’ensemble des acteurs locaux. Culture Culture et patrimoine Pour mener à bien ses actions, le Parc bénéfi cie de moyens maritimes & patrimoine humains, fi nanciers et techniques mis à disposition par l’Agence des aires marines protégées, un établissement maritimes

parc naturel marin du golfe du Lion public national dédié à la protection du milieu marin. du golfe du Lion » « Richesses naturelles Richesses

Parc naturel marin du golfe du Lion Passage du vieux port 66 660 Port-Vendres www.parc-marin-golfe-lion.fr « Richesses du golfe du Lion » •« Richesses parc naturel marin du golfe du Lion Espace d’équilibre et d’excès, d’histoire et de modernité mais, aussi, pays de mer, de plaines et de montagnes, le territoire maritime qui s’étend Ouvrage imprimé en février 2014 à partir du document réalisé dans le cadre des contreforts des Pyrénées aux marches du de l’enquête publique pour la création du Parc naturel marin du golfe du Lion Languedoc est remarquable. En Catalogne comme en juillet 2010. sur les rivages de l’Aude, la mer marque de son Les Richesses du golfe du Lion font partie de la collection « Richesses … », empreinte les paysages et les hommes, des caps éditée par l’Agence des aires marines protégées, présentant le patrimoine naturel, culturel découpés par le vent aux plages faites et défaites et les activités humaines des parcs naturels marins. En 2014, la collection comprend par les vagues, des cabanes de roseaux aux ports « Richesses de l’Iroise », « Richesses de Mayotte », ainsi que « Richesses du golfe du Lion ». de plaisance modernes, des barques catalanes aux puissants chalutiers. Les rivages de la Méditerranée attirent une population croissante. Les modes de navigation et d’usage de la mer évoluent sans cesse et leurs chiff res progressent constamment. Réservoir de richesses naturelles exceptionnelles encore largement méconnues, théâtre de la vie maritime mais aussi exutoire des activités humaines à terre, la mer exige une attention particulière. Le Parc naturel marin off face à ces enjeux. Il rassemble re l’outil quiles permetacteurs de de faire la vie maritime et littorale, les collectivités territoriales, les professions de la mer et ses usagers, dans un conseil de gestion où l’on traite de l’avenir des étendues maritimes dont ces acteurs vivent, qu’ils parcourent ou qu’ils étudient. Situé tout à l’ouest du golfe du Lion, balayé par la tramontane, ce morceau de Méditerranée s’étend vers le large entre Cerbère et Leucate. Des fonds rocheux ou sableux aux failles des canyons sous-marins qui entaillent le plateau continental, il mérite, comme les hommes qui y vivent, qu’on lui consacre un tel outil. Il fallait, pour le construire, s’attacher à comprendre la nature et les hommes. Tel est l’objet de ces documents qui, sans prétendre à la synthèse d’un patrimoine humain, naturel et culturel d’exception, s’eff une image simple et honnête. orcent d’en proposer sommaire Introduction ...... p 04 Le golfe du Lion occidental Une mer sous infl uences ...... p 06 Sol i vent ...... p 06 Le courant liguro-provençal : un bain nutritif ...... p 10 Trois fl euves pour une mer ...... p 12 La mer, miroir de la terre ...... p 14 Plaine du Roussillon : une mer verte ...... p 14 Massif des Albères : une montagne à la mer ...... p 15 En mer, le refl et de la terre ...... p 16

Une mer où cohabitent de multiples espèces Des fonds à la surface : diff érents milieux de vie ...... p 20 La grande bleue ...... p 20 Pour vivre heureux, vivons cachés ...... p 26 Du galet à la roche ...... p 29 À la surface, le peuple migrateur ...... p 36 Habitats remarquables ...... p 39 Le trottoir à lithophyllum ...... p 39 Les gravelles à amphioxus ...... p 42 L’herbier de posidonies, le poumon de la Méditerranée ...... p 44 Le coralligène, failles et interstices habités ...... p 48 Voyage dans les vallées sous-marines ...... p 53 du golfe du Lion du golfe du Un patrimoine naturel reconnu La Réserve naturelle marine de Cerbère-Banyuls ...... p 62 La première réserve naturelle exclusivement marine de France ...... p 62 Réglementation et sensibilisation ...... p 65 Les joyaux de la Réserve marine ...... p 66 Le Parc naturel marin et la Réserve naturelle marine ...... p 67 Des écosystèmes aux enjeux forts...... p 68 Les ZICO et ZNIEFF ...... p 68 Les sites préservés du Conservatoire du littoral ...... p 69 Sites Natura 2000 ...... p 70 Site « Côtes sableuses de l’infralittoral languedocien » (78 km²) ...... p 70 Site « Prolongement en mer des caps et étangs de Leucate » (133 km²) ...... p 71 Site « Embouchure du Tech et grau de la Massane » (10 km²) ...... p 71 Site « Cap Béar – Cap Cerbère » (314 km²) ...... p 72 Site déjà en animation : « Posidonies de la côte des Albères » (42 km²) ...... p 72

Parc naturel marin Parc Conclusion ...... p 73 Bibliographie ...... p 75 Crédits et remerciements ...... p 79 3 PÉRIMÈTRE DU PARC NATUREL MARIN Dans la partie occidentale du golfe du Lion, sur un peu plus de 100 kilomètres, depuis la DU GOLFE DU LION commune de Leucate jusqu’à celle d’Argelès-La présence d’une partie du plateau sur-Mer, le rivage sablonneux est entourécontinental du golfe du Lion (le plus étendu de la Méditerranée) et l’interconnexion AUDE par deux promontoires rocheux. Calcaire au entre la zone sableuse et la zone rocheuse le Rieu nord et schisteux au sud, ils correspondent respectivement au cap Leucate (du greccontribuent à la qualité du milieu. Leucate Leukos : blanc) et à la côte Vermeille. L’originalité de cet espace maritime tient Unique point de contact entre les Pyrénées à la présence simultanée de l’ensemble et la Méditerranée, ce territoire comporte un des habitats marins caractéristiques de relief dont l’amplitude est remarquable (plus la Méditerranée occidentale : trottoirs à Barcarès l’Agly de 4 000 m), entre les sommets montagneux lithophyllum, gravelles à amphioxus, herbiers Torreilles canyon Bourcart et la plaine abyssale. La plaine littorale, vaste de posidonies, coralligène et vallées sous- Sainte-Marie-

de-la-Mer - 50 m étendue bordée d’étangs naturels, offre la Têt marines ou canyons. Canet-en- PerpignanRoussillon limite des eaux territoriales une riche mosaïque d’écosystèmes littoraux PYRÉNÉES- - 100 m Alors que la Méditerranée est globalement ORIENTALES d’une valeur écologique extraordinaire : - 200 m pauvre en nutriments, l’espace marin du Parc Saint-Cyprien plages, dunes littorales, lagunes, prés salés et Elne naturel marin est particulièrement riche. En - 500 m embouchures de fl euves, accueillant une fl ore effet, sous l’infl uence directe du Rhône, le plus et une faune très variées. le Tech Argelès-sur-Mer canyon Pruvot grand fl euve nourricier de la Méditerranée, Collioure canyon Lacaze-Duthiers - 1200 m Avant de s’immerger, on ne peut deviner que le courant liguro-provençal transporte les Port-Vendres Banyuls-sur-Mer la beauté des paysages terrestres se prolonge nutriments jusqu’au cap de Creus, où il vient sous la mer… Le versant oriental des buter et concentrer les éléments nutritifs. - 1000 m Cerbère - 1000 m Pyrénées et des Corbières maritimes s’ancre 0 4 8 kilomètres Ce phénomène engendre l’autre singularité ESPAGNE canyon Cap Creus en mer, sculptant les falaises prolongées 0 3 6 milles N de cet espace marin que constitue la turbidité nautiques par de nombreux écueils et des remontées Périmètre du Parc de l’eau provoquée par les matières en sous-marines (secs), formant les criques et suspension. Ceci permet aux espèces marines les ports naturels de la côte rocheuse où « sciaphiles », fuyant la lumière, de se des populations de marins et de pêcheurs rapprocher de la surface. Il est ainsi fréquent se sont établies. Dans cet espace soumis aux d’observer le coralligène entre 15 et 35 mètres excès des éléments naturels, la forte érosion, et parfois même à moins 10 mètres. induite par les effets conjugués des vents et L’hétérogénéité des habitats et les caractéris- des vagues, a taillé des paysages aux formes tiques physicochimiques de l’eau ont permis insolites, témoins d’une histoire géologique non seulement le développement d’une mouvementée. richesse et d’une biodiversité exceptionnelles, mais aussi l’existence et le maintien d’espèces rares et propres à la région.

4 Le golfe du Lion occidental

5 Une mer sous influences

Mer Méditerranée : soleil, calme et volupté, voici ce que peuvent imaginer ceux qui connaissent mal cette région maritime. Derrière les idées trompeuses, une réalité abrupte et excessive : la partie occidentale de la mer Méditerranée est soumise aux excès des éléments aux caractères imprévisibles.

SOL I VENT Soleil et vents, dans leur démesure, sont les traits les plus Un soleil omniprésent marquants du caractère climatique de la région. Du nord, Avec près de 2 500 heures d’insolation annuelle, l’Aude du nord-ouest, le vent chasse les nuages, s’engouffre dans et les Pyrénées-Orientales font partie des départements les vallées, parcourt la plaine et déchaîne la mer. les plus ensoleillés de France métropolitaine. Environ 300 Intimement associés, soleil et vent façonnent et aiguisent jours de soleil par an ont conduit à la construction, à le paysage. Sol i vent, en catalan, défi nissent le paysage Mont-Louis en 1947, du premier four solaire au monde. maritime, creusent les vagues et conditionnent les activités Plus récemment (1970), l’un des deux plus grands fours humaines en mer. solaires au monde fut mis en service à Odeillo. Cette insolation importante entraîne une forte évaporation de Les infl uences océanes, conséquence des vents d’est et de l’eau de mer et donc des variations des caractéristiques sud-est, persistent sur les sommets pyrénéens, provoquant hydrologiques. des chutes de neige tardives, tandis que les vallées abritées jouissent d’un grand ensoleillement et de douces températures. Les plaines basses bénéfi cient, quant à elles, du climat méditerranéen. C’est ainsi qu’on peut voir, au pied des neiges du Canigou, des cerisiers en fl eur.

6 Le caractère excessif de la pluie Excessives et irrégulières, les pluies qui s’abattent sur la région, atteignent leur paroxysme à l’automne et au printemps. D’un mois à l’autre, d’une année sur l’autre, elles varient en force et en quantité. Des années chaudes et humides alternent avec des années froides et sèches. Infl uencées par l’éloignement de la côte et l’altitude, les précipitations arrosent deux fois plus les contreforts étagés que la façade maritime. L’Aude et les Pyrénées- Orientales bénéfi cient de l’une des plus importantes pluviosités de l’aire méditerranéenne, avec 56 jours de pluie par an. Les ondées bénéfi ques à la végétation sont, néanmoins, peu nombreuses et les précipitations sont suffi santes seulement entre septembre et avril. Durant la saison estivale, le littoral subit une sécheresse importante que les neufs jours de pluie, en moyenne par mois de la saison dite humide, ont du mal à compenser. Intenses et brèves, par à-coups torrentiels, les averses ravinent les sols et contribuent à leur érosion en transportant des sédiments sur le littoral, puis en mer.

Douceur de l’hiver et sécheresse de l’été Sous l’infl uence de la mer Méditerranée, le climat est tempéré. Les hivers sont doux et les étés chauds et secs. Le régime thermique est marqué par des écarts quotidiens de température souvent importants et des écarts annuels de faible amplitude (8 °C en moyenne en janvier et 24°C en juillet). On ne relève en moyenne, chaque année, que quatre à dix nuits de gel, réparties de décembre à mars. La transition printanière s’avère de courte durée : dès le mois d’avril, les températures s’élèvent rapidement et dépassent les 20°C de juin à septembre. Sur l’année, la température moyenne est de 15°C.

Le golfe du Lion occidental > Une mer sous infl uences 7 La tramontane

Représentant à elle seule 40 % des vents sur l’année et 30 % des vents en été, la tramontane est un vent de secteur nord-ouest, froid, sec, violent et qui apporte le soleil. L’intensité est particulièrement élevée et la fréquence récurrente. La tramontane souffl e en moyenne 130 jours par an avec des pointes à bien plus de 100 km/h, soit, pour les marins, des forces de 10 à 12 sur l’échelle de Beaufort : 191 km/h ont été enregistrés au cap Béar en janvier 2009. Elle se déclenche lorsqu’une hausse de pression importante survient sur le nord-ouest de l’, provoquant une décharge d’air polaire froid vers le sud. Le relief canalise, alors, le courant dans les seules trouées existant entre les Pyrénées et le Massif Central ; ce qui crée la tramontane. Celle-ci génère des vagues serrées et déferlantes du nord-est et accentue le courant de surface. Les mois suivant les solstices, janvier et juillet, sont réputés à tramontane, ceux d’équinoxe, mars et septembre, de moindre tramontane. Même si la règle ne se vérifi e pas toujours, on a coutume de dire que lorsque la tramontane se lève, elle peut souffl er 3 jours, 6 jours, ou 9 jours.

8 Tramontane

Le pays du vent Par sa force, sa fréquence et ses rafales, le vent est l’un des symboles de cet espace maritime. Les côtes audoise et catalane font partie des plus ventées de France. Eole y souffl e plus de deux cents jours par an avec des rafales atteignant une vitesse supérieure ou égale à 58 km/h (302 jours par an au cap Béar en 2008) et plus de 35 jours N avec des bourrasques de plus de 100 km/h. La tramontane venue du nord-ouest, fl ux catabatique d’air froid et sec, qui se fraie un passage entre les Pyrénées et le Massif central jusqu’à balayer le littoral, et le marin, du sud-est, humide, accompagné de pluies torrentielles, dominent la rose des vents. Ici le vent gronde, siffl e, rugit : parmi les CATABATIQUE : origines possibles du nom du golfe du Lion, on mentionne O E se dit d’un vent à composante parfois le rugissement de la mer, engendré par le souffl e verticale descendante du vent lors des tempêtes. Vent d’Espagne, chaud et EFFET DE FOEHN : humide, générant des effets de foehn, brises solaires phénomène météorologique créé ou thermiques de l’été : ici, jamais le vent ne défaille. par la rencontre de la circulation Il accentue l’aridité de l’air, dessèche la terre et infl uence atmosphérique et du relief. Le vent fortement les changements de température et de turbidité est entraîné au-dessus d’une chaîne de la mer. S montagneuse et redescend de l’autre côté après l’assèchement de son contenu en vapeur d’eau Principale orientation du vent sur la zone.

Le golfe du Lion occidental > Une mer sous infl uences 9 3°0'E 3°10'E 3°20'E 3°30'E 3°40'E 3°50'E 4°0'E

C GOLFE

Ô Tramontane DU LION

T -20 43°0'N

-50 Mer territoriale E AUDE Cap Leucate S Courant Liguro-provençal A Salses- Leucate 42°50'N B LE COURANT LIGURO-PROVENÇAL : L UN BAIN NUTRITIF E CANYON U -100 BOURCART Un courant marin, en provenance du détroit de Gibraltar, Canet bute sur la Corse et l’Italie, fait demi-tour dans le golfe S 42°40'N de Ligure, longe les côtes françaises dans le sens inverse E des aiguilles d’une montre. Son nom ? Le courant liguro- provençal. Le golfe du Lion subit son infl uence. Les PYRÉNÉES- -200 déplacements de masses d’eau le long des côtes audoise Le courant liguro-provençal se renforce en régime de ORIENTALES tramontane. La situation s’inverse en régime de marin Cap Béar CANYON CANYON et catalane s’en trouvent modifi és. Principalement au LACAZE - DUTHIERS PRUVOT niveau de l’embouchure du Rhône et de façon plus avec la formation de contre-courants. Les vents de secteurs R 42°30'N sud et est engendrent une houle qui arrive obliquement O Marin sporadique (période de crue) au niveau des autres fl euves C C Cap Cerbère sur la côte sableuse. L’angle que forme la houle avec la Ô du Languedoc-Roussillon, l’Hérault, l’Aude, l’Agly, la Têt, H côte entraîne un transport des sédiments vers le nord. Le T E le Tech, le courant se charge d’alluvions, entraînant une E courant créé par le vent accentue le transport vers le nord U turbidité importante des eaux mais aussi un apport en S du sable. C’est pourquoi on observe généralement une ESPAGNE matière organique considérable. Les eaux de ruissellement E CANYON DU CAP CREUS dérive littorale du sud vers le nord au niveau de la côte

42°20'N et les vents peuvent augmenter ce phénomène. Alors que la Méditerranée est une mer plutôt de type oligotrophe, sableuse. c’est-à-dire pauvre en nutriments, la zone du Parc naturel Courantologie marin est, elle, particulièrement riche. L’abondance des particules en suspension permet le bon développement des Courant Liguro-provençal animaux fi xés (comme par exemple les gorgones) ou libres > Courants occasionnels: comme le plancton. De plus, le long des côtes, des eaux TURBIDITÉ : par vent de nord-est riches en éléments nutritifs, provenant de l’embouchure teneur d’un liquide en par vent de nord-ouest des fl euves, sont utilisées par le phytoplancton qui est la matières qui le troublent par vent du sud-est base de la chaîne alimentaire. Les teneurs les plus fortes PHYTOPLANCTON : Up ou downwelling en sels nutritifs sont associées aux remontées d’eaux plancton végétal selon les vents profondes. Vent

0714km042MN Circulation de l'eau atlantique modifiée (Millot, 1987)

Sources : Ifremer, AAMP, UMR 5244 CNRS-EPHE-UPVD CBETM, EEA, SHOM, IGN. Système de coordonnées: RGF 93 / Lambert 93.

10 La mer gagne du terrain

Les vents, la houle, les courants et les variations du niveau de la mer modèlent la dune et le littoral dans son ensemble. La côte sableuse du périmètre du Parc est constituée de sables moyens et grossiers, d’avant-dunes peu développées et de deux bancs de sable immergés, parallèles au trait de côte. D’une largeur inférieure à cinquante mètres, les plages sont dites étroites. Leur érosion est aujourd’hui avérée et la mer gagne du terrain. Ce phénomène serait occasionné par la diminution des apports solides par les cours d’eau et par la modifi cation des courants, dues à l’implantation de barrages, d’équipements portuaires et touristiques. Au niveau du débouché de l’Agly, le trait de côte a reculé de plus de cent mètres entre 1942 et 1980, la mer avançant d’autant. L’homme est intervenu pour tenter de ralentir ce processus : installation de ganivelles sur les dunes, transfert de sable, etc. Le recul du trait de côte semble néanmoins se poursuivre, à un rythme annuel moyen de 30 centimètres par an. Pour les communes de la côte sableuse, « grignotées » petit à petit par la mer, l’enjeu est considérable.

11 TROIS FLEUVES POUR UNE MER

« Une goutte d’eau qui tombe dans les Pyrénées- L’Agly, le plus septentrional des fl euves des Pyrénées- Orientales reste dans les Pyrénées-Orientales », a-t-on Orientales, prend sa source dans les Corbières (Aude). coutume d’affi rmer. Le réseau hydraulique du département Irrégulier, ce fl euve, long de 82 kilomètres, présente des fonctionne en autonomie. La pluie s’abat, les trois fl euves fl uctuations saisonnières typiques d’un régime pluvial côtiers, l’Agly, la Têt et le Tech, s’en repaissent, dévalent les méditerranéen. L’Agly entre par le défi lé de Galamus, puis massifs montagneux, irriguent les terres, jusqu’à se fondre se faufi le dans les gorges à travers les collines. À hauteur dans la mer Méditerranée. de Caramany un barrage arrête sa course. À Estagel, il Rivières bondissantes et fl euves fougueux, calmes reçoit le Verdouble, puis il serpente dans la Salanque, entre lagunes, retenues artifi cielles ou naturelles en moyenne Perpignan et la lagune de Salses-Leucate, avant de se jeter montagne ou en haute montagne… Façonné par le lit de dans la Méditerranée, au sud de la station balnéaire du ses fl euves, creusé par leurs remous, ce territoire héberge Barcarès. un impressionnant réseau de canaux d’irrigation, hérité du S’élançant au pied du massif du Carlit, la Têt, fl euve côtier Moyen Âge. de 120 kilomètres, traverse d’ouest en est, les Pyrénées- Orientales. Interrompu par le lac des Bouillouses, il récupère la vallée sous Mont-Louis et descend quasiment en ligne droite jusqu’à la mer, traversant le barrage de Vinça, puis Perpignan. Si son débit est souvent faible, la Têt peut connaître des crues spectaculaires avec un record de 3600 m³/s, comme lors de la grande inondation (aiguat) d’octobre 1940.

12 La mer sur un plateau

Le plateau continental du golfe du Lion reçoit les apports saisonniers du Rhône, ainsi que ceux de toute une série de fl euves côtiers à caractère torrentiel. Les apports grossiers de ces fl euves alimentent le littoral sableux à proximité des embouchures, alors que les apports fi ns sont transportés au gré des vagues et des courants sur toute la plateforme du golfe et au-delà, vers le bassin profond. En dépit des sécheresses actuelles qui le forcent à Depuis la stabilité du haut niveau marin actuel, il y a environ 6000 s’assagir, le Tech s’apparente à un torrent tumultueux. ans, ces apports se sont répartis depuis l’embouchure du Rhône C’est dans le massif du Costabone, dans les Pyrénées, où la vasière fait plus de quarante mètres d’épaisseur, jusqu’au que débute son voyage. Après avoir ondulé à travers la plateau roussillonnais où ces dépôts ne font plus que quelques plaine du Roussillon, il fi nit sa course dans la Méditerranée mètres d’épaisseur. La répartition de cette vasière témoigne de la à Argelès-sur-Mer, au niveau de la Réserve naturelle du prépondérance des apports du Rhône et révèle le transport général Mas Larrieu, surnommée « bocal du Tech ». Beaucoup d’est en ouest sur le plateau. moins alimenté que les deux autres, il peut être toutefois imprévisible. En 1940, une terrible crue ravagea tous les villages de sa vallée. Née dans les Pyrénées-Orientales, l’Aude se jette en mer au niveau de la côte du département auquel il a donné son nom. Ces fl euves et l’ensemble du réseau hydraulique (260 cours d’eau) se déversent en Méditerranée, formant les bassins- versants du Parc naturel marin.

BASSIN-VERSANT : ensemble d’un territoire délimité par des lignes de crête (collines, montagnes), dont les eaux alimentent un exutoire commun (lac, fl euve, mer)

Le golfe du Lion occidental > Une mer sous infl uences 13 3°0'E 3°10'E 3°20'E 3°30'E 3°40'E 3°50'E 43°10'N

GOLFE DU LION -20

-50 43°0'N La mer, miroir de la terre 400

Cap Leucate Le paysage terrestre de montagnes et de plaines se refl ète

100 Salses- en mer avec le plateau continental et des canyons (vallées Leucate -100 sous-marines). 42°50'N

L'Agly À l’est du territoire des Pyrénées-Orientales, s’étend sur -200 PLAINE DU ROUSSILLON : La Têt CANYON 850 km², la très fertile plaine du Roussillon, rebaptisée BOURCART UNE MER VERTE « mer verte », un ancien golfe remblayé par les alluvions Canet e

42°40'N des fl euves la Têt, le Tech et l’Agly. Jusqu’au XII siècle -500 marécageuse et inculte, la plaine du Roussillon est devenue au cours des siècles un vaste jardin grâce à de Le Tech savants travaux d’irrigation. Au fi l de ses méandres, la

CANYON Têt irrigue et nourrit une petite zone de la plaine, la plus 100 Cap Béar LACAZE - DUTHIERS fertile, nommée en catalan Riberal. Une arboriculture, 500 CANYON PRUVOT produisant essentiellement des pêches, des nectarines 42°30'N 1000 et des abricots dont la fameuse variété « Rouge du Cap Cerbère -1000 Roussillon», y prospère. Le maraîchage se cantonne autour de Perpignan et près des côtes. La viticulture très présente, au voisinage du littoral, produit des vins de grande qualité -1500 100 sous différentes appellations : Côtes du Roussillon, CANYON DU CAP CREUS

42°20'N Rivesaltes et Muscat de Rivesaltes. En bordure de plaine, Cap Creus la côte sableuse est formée d’un cordon d’étangs : étang RIBERAL : de Canet-Saint-Nazaire, de Salses-Leucate et de La Palme. terre irriguée ou arrosée Ces lagunes et les embouchures des fl euves abritent une Relief et bathymétrie en catalan faune et une fl ore remarquables, comme le blongios nain, le héron pourpré, le rollier d’Europe. > Profondeur marine: > Relief terrestre: 0 1200 m 042 milles marins

0714km -2000 m 0

Sources : Ifremer - Géosciences Marines (Meditwest1Km), GEBCO, CGIAR-CSI (SRTM-500m), AAMP, EEA, SHOM, IGN Système de coordonnées: RGF 93 / Lambert 93

14 MASSIF DES ALBÈRES, UNE MONTAGNE À LA MER

Barrière naturelle entre la plaine du Roussillon au nord et l’Espagne au sud, tête de proue des Pyrénées plongeant dans la mer Méditerranée, le massif des Albères forme la plus grande côte rocheuse du Languedoc-Roussillon. Peu étendu et d’altitude modeste, 1 256 mètres au Pic de Néoulous, il s’allonge sur dix-huit kilomètres (du col du Perthus à la côte) pour cinq à six kilomètres de largeur entre les crêtes et le piémont. Au premier plan, en front de mer, les falaises déchiquetées, aux parois abruptes de schistes, sont ponctuées de criques sauvages ou aménagées en ports. Plus en hauteur, le paysage se caractérise par une série de vallées perpendiculaires au littoral, marquées par la présence traditionnelle de l’homme, qui y cultive des hectares de vignes en terrasse. Au creux de ce massif, la réserve naturelle de la forêt de la Massane, créée en 1973, est considérée comme d’intérêt européen. Elle est l’un des très rares exemples de vieille forêt du bassin méditerranéen, non exploitée depuis plus de 150 ans, au sein de laquelle on a répertorié plus de 6 200 espèces sur 336 ha.

15 EN MER, LE REFLET À proximité de la frontière espagnole, les massifs du Carlit La côte sableuse est assez homogène. Le rivage est (le plus haut avec 2 921 mètres), du Puigmal, du Madres presque partout formé de sables, mais il n’existe pas de DE LA TERRE (le plus petit, 2 471 mètres) et du Canigou (2 784 mètres) grandes dunes littorales en raison des vents dominants, dominent, à l’ouest, les hautes vallées du Vallespir (la vallée dirigés de la terre vers la mer. Des dunes sous-marines du Tech), de la Cerdagne, de Capcir, du Confl ent (la vallée mobiles s’étendent parallèlement à la côte sur les de la Têt), la vallée de l’Agly, les Corbières et la plaine premiers mètres, s’accordant aux dunes terrestres. du Roussillon. À ce pays de plaines et de montagnes, la Au niveau de la côte rocheuse, on retrouve le phénomène mer répond par une symétrie des fonds. En effet, les fonds de prolongement en mer de la topographie terrestre. Ainsi sous-marins prolongent les paysages terrestres. les fonds rocheux plongent rapidement entre 40 et 50 m En bordure de la plaine du Roussillon, la côte sableuse de profondeur à moins de 500 m du bord dans certains se prolonge en mer pour former une plaine sous-marine endroits, puis la pente s’atténue sur le reste du plateau. en pente douce (4 ‰), appelée plateau continental. Ce phénomène se retrouve, dans une moindre mesure Dans le périmètre du Parc, la plus grande largeur du pour la bathymétrie, au niveau du cap Leucate. Les fonds plateau est atteinte en face du cap Leucate, à environ du plateau continental sont occupés par des masses 40 milles (75 km) et une profondeur d’à peu près sédimentaires ayant formé autrefois une plaine côtière. La 100 mètres. Il se rétrécit ensuite vers le sud avec une pente dernière « couche » est formée d’une dalle de grès dont la beaucoup plus accentuée à partir de la zone rocheuse du quasi-totalité est recouverte de sédiments vaseux à partir Racou. La pente atteint son maximum (20 ‰) en face du de 40-50 mètres. cap de Creus. Le plateau se termine à une dizaine de milles nautiques du rivage, au niveau de la côte rocheuse des Albères. BATHYMÉTRIE : mesure de la profondeur

16 Au-delà du plateau, la pente augmente brusquement. S’amorce alors le talus continental, une énorme falaise qui chute, souvent par à-coups, jusqu’à 1 500 à 2 000 mètres. Dans ce talus, se sont creusées des failles, d’anciennes vallées et des gorges de la plaine côtière remontant au Miocène : ce sont les canyons sous-marins ou rechs. Il y a 12 millions d’années, alors que la mer couvrait la plaine du Roussillon, le détroit de Gibraltar s’est fermé et la Méditerranée s’est abaissée d’au moins 1 000 m. Ce fut le début d’une forte période d’érosion pendant laquelle les fl euves ont participé à la formation de profondes vallées, de type canyons. Lors de la réouverture du détroit de Gibraltar, il y a 5 millions d’année, la mer est remontée à un niveau un peu supérieur au niveau actuel (Ille sur Têt). Le talus du golfe du Lion est ainsi entaillé par neuf canyons majeurs. C’est dans le périmètre du Parc naturel marin que se trouvent les plus longs et les plus grands canyons du golfe du Lion : Creus et Lacaze-Duthiers. Au pied du talus, à partir d’environ - 2 000 m, s’étire la grande plaine, dite abyssale, interrompue localement par des reliefs sous-marins ou par des ravins et des fosses. Seul le plateau continental reçoit une partie de la lumière solaire qui a traversé la surface de la mer (jusqu’à -100 m maximum). Les rayons lumineux ne peuvent aller au-delà. Le talus continental et la plaine abyssale connaissent une nuit perpétuelle. Ces grands fonds sont aussi caractérisés par des pressions colossales et des températures plus fraîches.

Le golfe du Lion occidental > La mer, miroir de la terre 17 Le cap Béar : 42°30’58’’ N / 3°08’01’’ E

Situé au sud-est de la commune de Port-Vendres, accessible par une route sinueuse surplombant les falaises et la mer, ou par le sentier du littoral, le cap Béar est un emblème du paysage littoral catalan. Pointe rocheuse composée de schistes fi ssurés et de gneiss, il s’avance en mer et la domine avec ses quatre-vingt- deux mètres d’altitude. Découpé en petites plages et en criques dans sa partie sud, le cap Béar est un lieu sauvage, apprécié des plaisanciers et des amateurs de plongée, de pêche sous-marine et de pêche récréative. La topographie des fonds refl ète la morphologie de la surface. La face nord du cap se caractérise par une descente rapide des fonds constitués de roches massives laissant place, à 100 m de la côte, sur des fonds de 20 m, à une zone d’éboulis quasiment ininterrompue d’ouest en est jusqu’à plus de 30 m. Au-delà, le substrat meuble domine. À l’extrémité Est du cap, les éboulis, la roche massive puis le coralligène plongent et atteignent environ 50 m de profondeur à moins de 500 m du bord. La face sud du cap Béar est beaucoup plus complexe, mais descend aussi rapidement jusqu’à - 30 m.

18 Une mer où cohabitent de multiples espèces

19 Des fonds à la surface : différents milieux de vie

Les autres préféreront la tranquillité des baies ou la LA GRANDE BLEUE paix des profondeurs. La côte du Parc naturel marin est particulièrement exposée aux tempêtes d’est. D’une part, elles engendrent une houle ample, importante, La Méditerranée, une mer sans marées ? destructrice, avec des maxima supérieurs à 10 m et un La Méditerranée est souvent considérée, à tort, comme record aux environs de quatorze mètres. D’autre part, une mer sans marées. Comme partout dans le monde, elles sont associées à des pressions atmosphériques il existe des marées régulières, d’origine luni-solaire, faibles entraînant une hausse du niveau de la mer avec deux marées hautes et basses par jour. La marée responsable d’inondations. Par temps de tramontane, est diffi cilement observable, car son effet est masqué les vagues très rapprochées, très cassantes rendent par les variations du niveau de la mer dues au vent et toute navigation périlleuse. aux variations locales de la pression atmosphérique. En prenant des repères au rivage, notamment au niveau des La température rythme la vie sous la mer organismes fi xés, il est tout de même possible d’estimer Le vent et les vagues font circuler l’eau, distribuant la l’ampleur locale de la dénivellation, aussi modeste soit- chaleur du soleil de manière à peu près uniforme sur elle. À Banyuls-sur-Mer, l’amplitude de la marée est de les premières dizaines de mètres de profondeur. Au- l’ordre de trente centimètres. dessous, la température est très inférieure. C’est la fi ne couche de transition entre les deux, de un à deux Vagues et lames mètres, où la température chute rapidement, que l’on L’impact des vagues sur le littoral infl uence la répartition appelle thermocline. La thermocline s’apparente à de la vie végétale et animale. Les espèces qui résistent un mur infranchissable pour certaines espèces qui se aux chocs, à l’arrachement et à la turbulence s’installent retrouvent alors limitées soit à la couche superfi cielle, sur les caps et autres promontoires battus par les fl ots. soit à la couche inférieure.

20 3°0'E 3°10'E 3°20'E 3°30'E

Dans le périmètre du Parc, les températures moyennes -20 -50 des eaux s’avèrent en permanence inférieures de 3 à AUDE 4 °C aux valeurs moyennes observées dans la partie est Cap Leucate Leucate de la Méditerranée française. En surface, près des côtes, GOLFE DU LION des écarts de plus de trois degrés dans la même journée ont déjà été enregistrés à la suite de coups de vents. La thermocline, présente principalement durant la période chaude, entre avril et septembre, limite les échanges entre C Etang de eaux superfi cielles et profondes. Par vent fort, les masses Salses-

Ô 42°50'N Leucate d’eau se mélangent, soit par brassage dû à une mer T agitée, soit par phénomène d’upwelling, dans le cas de Le Barcarès la tramontane. Ce mélange provoque la disparition de la E thermocline, et par là même une brusque chute de la température. Torreilles S Dans les canyons, on peut observer des phénomènes Sainte Marie A la Mer de descente de masses d’eau, particulièrement intenses à -100 certaines périodes. Ces « mégacascades » se produisent B Canet-en- Roussillon lorsque les eaux sont particulièrement denses, froides, au L Etang de niveau des zones côtières. Un phénomène de ce type a Canet E 42°40'N été enregistré en 2005, au niveau du canyon du cap de Creus, déplaçant 750 km3 d’eau de mer en quatre jours, U Saint-Cyprien soit autant qu’en transporte le Rhône en quatorze ans, S emportant une importante quantité de sédiments et de Elne E matière organique vers le fond.

Argelès-sur-Mer PYRÉNÉES- ORIENTALES R O Cap Béar CANYON Collioure LACAZE - DUTHIERS C C Port-Vendres Les upwellings

Ô H 42°30'N T E E U S Banyuls-sur-Mer À proximité du rivage, le vent peut donner naissance à des courants marins ascendants, E upwellings (effets de vents de refl ux), lorsqu’il souffl e de la terre vers le large (tramontane), Cerbère Cap Cerbère ESPAGNE et à des courants descendants, cascadings (effets de vents d’affl ux) quand il souffl e de la mer vers le rivage. Les upwellings se manifestent par un abaissement important de Nature des fonds la température des eaux superfi cielles. Le vent de terre chasse vers le large les eaux > Figure sédimentaire: > Roche et sable: > Vase < 40μm: de surface « chaudes » qui sont alors remplacées par les eaux profondes plus froides. dune linéament roche ou bloc rocheux moins de 25% En plein mois d’août, lorsque la tramontane se lève, l’eau peut perdre très rapidement rupture de pente / galet de 25 à 75% ressaut bathymétrique 5 à 7 °C. Les upwellings ont un rôle écologique important puisqu’ils engendrent un sable grossier plus de 75% thalweg apport d’éléments nutritifs, les eaux du fond étant riches, vers la surface, ce qui favorise sable moyen et fin le développement du phytoplancton. lobe sédimentaire sablon 048km Sources : Ifremer (Synthèse sédimentologique d'Aloisi - 1986), RNM CB, UMR 5244 CNRS-EPHE-UPVD CBETM, AAMP, EEA, 031,5 milles marins Ifremer, SHOM, IGN. Système de coordonnées: RGF 93 / Lambert 93.

Une mer où cohabitent de multiples espèces > Des fonds à la surface : différents milieux de vie 21 Une mer qui perd de son sel L’eau de mer contient une multitude d’éléments. La teneur en sels dissous est très élevée, environ 38,5 ‰, en été. Elle contient, sous forme dissoute, des gaz essentiels, l’oxygène pour la respiration des organismes et l’oxyde de carbone nécessaire à la photosynthèse des plantes marines. L’eau de mer est une « soupe » tellement riche et équilibrée qu’elle suffi t pour nourrir des algues auxquelles elle transmet l’énergie lumineuse nécessaire à leur photosynthèse. Un des caractères originaux de la région Bien qu’il n’y ait pas de cycle saisonnier régulier des est la fréquence des dessalures, qui s’expliquent par les variations de salinité le long de la côte, trois périodes de apports du Rhône et des cours d’eau locaux alimentés par basse salinité sont constatées, en automne, à la fi n de la fonte des neiges et les fortes précipitations. La valeur l’hiver et au printemps. La couche superfi cielle de la mer minimale de la salinité de surface est de 31,2 ‰. (0-15 m) présente les plus grandes variations dues aux apports d’eau douce lors des fortes précipitations et à la mise en place de la thermocline. La zone plus profonde est, quant à elle, plus stable sauf en période hivernale, lorsque la thermocline disparaît et qu’il y a homogénéisation des eaux profondes et de surface.

22 Sardines et sardinades DESSALURES Baisse de la concentration : Si son évocation rappelle sa consommation en conserve, L’œil vif de l’anchois en Catalogne, la sardine est aussi dégustée fraîche lors en sels dissous des sardinades, fêtes locales se tenant au printemps et en été. Sardina pilchardus n’est pas une espèce considérée Dès le Moyen Âge, l’Europe mange des anchois salés en comme menacée, mais elle a régressé dans une grande provenance de Saint-Tropez, Fréjus, Collioure, Saint-Jean- partie de son aire de répartition. Les scientifi ques ont de-Luz et Hendaye. Ce petit poisson fragile supportant recommandé de ne pas augmenter l’effort de pêche. Ce mal les manipulations, les poissonniers le présentent de poisson bleu argent, irisé de vert, représente aujourd’hui préférence dans sa caisse d’origine. Frais, il doit avoir 16 % des petits pélagiques capturés en Méditerranée. l’aspect d’un poisson “ qui sort de l’eau ” : l’œil vif, L’organisation de producteurs PROQUAPORT a enregistré les extrémités recourbées, le corps raide et brillant. un débarquement de 1 104 tonnes de sardines en 2008 De fortes concentrations sont observées entre le cap à Port-Vendres. Leucate et Port-Vendres ainsi qu’à l’embouchure du Rhône. Les anchois représentent au moins 15 % des 86 millions de tonnes de poissons pêchés chaque année dans le monde. L’organisation de producteurs PROQUAPORT indique un débarquement en 2008 de plus de 98 tonnes à Port-Vendres. Les anchois constituent la base de l’alimentation de nombreux carnassiers, comme les thons et certains requins, ou encore les oiseaux.

Une mer où cohabitent de multiples espèces > Des fonds à la surface : différents milieux de vie 23 La méduse, beauté piquante

Une ombrelle bordée de tentacules s’élève dans la colonne d’eau, aérienne et diaphane. Les méduses étaient surnommées, durant l’Antiquité, orties de mer à cause des intenses brûlures que provoquent ses piqûres. La surface des tentacules est tapissée d’une multitude de cellules à venin (cnidocystes), capables d’immobiliser les proies, paralysées puis tuées. Une fois l’appréhension de la piqûre passée, observer une méduse se mouvoir dans l’eau est un spectacle exceptionnel de beauté et de grâce. Centre de l’ombrelle en forme de cloche jaune orangé, périphérie du disque blanche : comment ne pas reconnaître la méduse ressemblant à un œuf sur le plat, Cothyloriza tubercolata. Abris de fortune, ses tentacules hébergent régulièrement les alevins des bogues ou des sérioles. La capacité à briller dans le noir de Pelagia noctiluca provient d’un mucus lumineux que son enveloppe exprime lorsqu’elle est bousculée par les vagues. Son ombrelle blanche translucide est tachetée de pourpre. Actuellement présente en Méditerranée, Mer Rouge et océan Atlantique, il est probable que son aire de répartition se déplace vers le nord avec le réchauffement climatique. Enfi n, la plus grande espèce de Méditerranée, Rhizostoma pulmo, peut avoir une ombrelle d’un diamètre allant jusqu’à 90 cm. Aucune crainte à avoir, elle est peu urticante et les cnidocystes sont si faiblement venimeux qu’ils ne transpercent pas la peau humaine.

24 Le plancton, poumon de la mer Premier maillon des chaînes alimentaires marines, Par tramontane, les eaux froides remontent chargées de le plancton regroupe les organismes pélagiques qui se nutriments. Survient un rayon de soleil et c’est l’explosion laissent porter par le courant. On y trouve des végétaux du phytoplancton : le bloom. Premier producteur d’oxygène unicellulaires comme les algues, des animaux à l’état et recycleur de dioxyde de carbone, le phytoplancton peut d’embryons, de larves, de juvéniles et d’adultes. Un être considéré comme l’un des poumons de la planète monde de la miniature. Les crustacés copépodes bleue mais aussi comme un puits à carbone puisqu’il représentent une très grande part du zooplancton. Pour permet un stockage du carbone au fond des mers et des rechercher leur nourriture, certaines espèces parcourent océans. Ce phénomène permet d’absorber une partie cinq cents mètres dans la colonne d’eau, alternativement des gaz à effet de serre et de ralentir le changement vers la surface et vers les profondeurs. Le plancton se climatique. Le périmètre du Parc est l’une des zones de la complaît dans les eaux particulièrement turbides, Méditerranée les plus riches, les plus nutritives et les plus chargées de particules en suspension. productives de plancton. Plancton dont raffolent sardines et anchois.

ORGANISME PÉLAGIQUE organisme vivant en pleine : eau, dans la masse d’eau COPÉPODES crustacés microscopiques : vivant dans le plancton

Une mer où cohabitent de multiples espèces > Des fonds à la surface : différents milieux de vie 25 La barbue, POUR VIVRE HEUREUX, Non, les fonds meubles ne sont pas des déserts. caméléon des mers Si, à première vue, les galets, les sables et les vases VIVONS CACHÉS semblent désespérément vides, un œil exercé repérera rapidement les traces de vie dont ces habitats regorgent. D’un aspect étrange, les poissons plats adultes ont un corps haut, comprimé latéralement, et des yeux curieusement situés du même À la différence des milieux rocheux, où la plupart des côté. Cette exception résulte des changements spectaculaires se organismes sont visibles, les sédiments meubles abritent produisant durant le développement de la larve. À la naissance, un monde caché. Ces fonds occupent la surface la plus les alevins ont les yeux normalement disposés des deux côtés vaste du périmètre du Parc. Ils prolongent la côte sableuse, et nagent en pleine eau. Lors de la croissance, l’un des yeux depuis Leucate jusqu’à la zone du Racou, se situent dans émigre pour venir rejoindre son homologue sur l’autre face. les baies ainsi qu’au large de la côte rocheuse des Albères, Cette métamorphose accomplie, l’alevin gagne le fond et se couche au-delà de quarante mètres de profondeur. sur le côté devenu aveugle (côté nadiral) qui restera dépigmenté, seul le côté avec les yeux (côté zénithal) devient coloré. Comme tous les poissons plats, la barbue modifi e, par mimétisme, sa pigmentation et se camoufl e ainsi parfaitement. Présente dans les eaux côtières peu profondes, elle vit sur les fonds sableux, parfois sur la vase ou les graviers. La barbue chasse à vue, principalement des petits poissons. Les jeunes agrémentent ce régime de crustacés. Contrairement au turbot avec lequel elle est parfois confondue, la barbue possède une peau lisse et un corps de forme plus ovale pouvant atteindre un mètre de longueur. L’origine de la nageoire dorsale se situe très en avant de l’œil et ses premiers rayons, libres et ramifi és, donnent l’impression d’une barbe, ce qui lui vaut son nom. C’est, avec la sole, l’un des poissons plats les plus réputés. Les pêcheurs petits métiers la capturent toute l’année mais de façon sporadique. Son prix à la criée est assez élevé et stable, ce qui en fait une prise de choix pour les pêcheurs.

26 De vastes étendues de sable LL’action’action dede lala houlehoule génèregénère unun classementclassement desdes sablessables llittoraux.ittoraux. AAuxux ssablesables fi nnss llittoraux,ittoraux, ssuccèdentuccèdent ddeses ggraviersraviers ppuisuis ddeses vvases.ases. LLaa ccôteôte ssableuseableuse eett ssonon pprolongementrolongement mmarinarin ssontont iinterrompusnterrompus pparar lleses ggrausraus ((entrées)entrées) ddeses llagunesagunes llittoralesittorales eett lleses eembouchuresmbouchures ddeses rrivières.ivières. PParallèlementarallèlement à llaa ccôte,ôte, ssurur lleses ppremiersremiers mmètresètres ddee pprofondeur,rofondeur, lleses ssablesables ggrossiersrossiers formentforment desdes dunesdunes sous-marinessous-marines mobiles.mobiles. C’estC’est ppluslus aauu ssud,ud, qqueue ll’on’on ttrouverouve lleses ssablesables lleses ppluslus fi nns,s, dditsits ssablesables mmicacés.icacés. AAuu nniveauiveau ddee llaa ccôteôte rrocheuse,ocheuse, lleses ssablesables fi nsns à moyens,moyens, quartzeux,quartzeux, lesles graviersgraviers etet lesles galets,galets, sese llimitentimitent à dd’étroites’étroites bbandesandes llocaliséesocalisées aauu ffondond ddeses ccriquesriques eett ddeses bbaies.aies. SSurur llaa ccôteôte ssableuseableuse ccommeomme ssurur llaa ccôteôte rrocheuse,ocheuse, llaa ggranulométrieranulométrie ss’affi’affi nnee llorsqu’onorsqu’on ss’éloigne’éloigne dduu rrivage,ivage, ppassantassant pprogressivementrogressivement aauxux vvasesases ccôtières,ôtières, bbeigeseiges à ggrises,rises, vversers ttrenterente mmètresètres ddee ffond.ond. CCeses vvasesases ccôtièresôtières ddominentominent à ppartirartir ddee 5500 m ddee pprofondeurrofondeur ooùù eelleslles Le peuple du sable cconstituentonstituent eenvironnviron 8800 % ddeses ssédiments.édiments. OOriginalitériginalité ddee Cet écosystème abrite de nombreuses espèces ccee milieumilieu marin,marin, lala proportionproportion enen vasesvases diminuediminue ensuiteensuite d’invertébrés, des mollusques bivalves, des vers et de vversers llee llargearge aauxux aabordsbords ddeses ccanyons,anyons, aauxux eenvironsnvirons ddeses petits crustacés, attirés par l’abondance des ressources. 8800 mm.. À ccee nniveau,iveau, rréapparaissentéapparaissent pponctuellementonctuellement lleses Les pétoncles, les coquilles Saint-Jacques, les couteaux, ssablesables fi nsns etet moyensmoyens à faiblefaible teneurteneur enen argile.argile. IlIl semblesemble les tellines et les grandes nacres se rencontrent sur qqueue cesces zoneszones correspondentcorrespondent auxaux vestigesvestiges d’anciensd’anciens le sable ou enfouis. De même que les céphalopodes rrivages.ivages. DDèsès qqueue ss’amorcent’amorcent lleses ppentesentes mmenantenant à llaa pplainelaine comme les seiches et les sépioles, l’anémone dorée, le aabyssale,byssale, lleses vasesvases reprennentreprennent leurleur place.place. PrèsPrès dede lala côte,côte, pagure des sables, les crabes et les oursins (spatangues). llorsqueorsque lleses ccourants,ourants, lleses vvaguesagues eett llaa hhouleoule ss’atténuent,’atténuent, Les fonds meubles constituent également l’habitat de ll’habitat’habitat ssableux,ableux, ppluslus aauu ccalme,alme, eestst ppropiceropice à ll’installation’installation choix de nombreuses espèces de poissons et ont, de ce ddeses herbiersherbiers dede posidonies.posidonies. À chaquechaque typetype dede substratsubstrat fait, une grande importance pour les pêcheries. C’est ici mmeuble,euble, à cchaquehaque ttailleaille ddee ggrainrain ddee ssable,able, ssontont aassociéesssociées que les chalutiers travaillent. Les poissons fréquentant ddeses communautéscommunautés animalesanimales spécifispécifi qques.ues. les fonds sableux sont le plus souvent plats comme les soles, les barbues, les turbots ou les raies. Ils épousent la confi guration plane et adoptent la couleur du fond. Les vives, quant à elles, passent inaperçues en s’enfouissant dans le sable. Les fonds sédimentaires littoraux s’avèrent de véritables nurseries pour bien des espèces qui, une fois adultes, vivent au large. Très sensible à la qualité du substrat, peu mobile, la faune vivant dans ces fonds, est utilisée par les scientifi ques comme indicateur de changements du milieu marin.

Une mer où cohabitent de multiples espèces > Des fonds à la surface : différents milieux de vie 27 Le ou le secret de la pourpre

Très commun sur les côtes méditerranéennes, le murex tuberculé, trunculus, affectionne les fonds sableux et vaseux. Blanchâtre, beige ou brun clair, la coquille épaisse de cet escargot marin, garnie de piquants, se termine par une spire pointue. Les Phéniciens, les Grecs et les Romains extrayaient, d’une glande de ce coquillage, la pourpre naturelle. Cette glande produit un liquide incolore qui, après libération, vire progressivement au violet au contact de l’air. Sous l’infl uence de la lumière solaire, cette coloration devient insoluble et stable. Des monceaux de coquilles ont ainsi été retrouvés auprès des anciennes teintureries de Tyr et de Sidon, ainsi qu’à Athènes et à Pompéi. La préparation de ce colorant précieux a engendré une industrie et un commerce fl orissants en Méditerranée. Dans le Parc, le murex est cap- turé pour sa chair toute l’année, avec un pic entre mai et novembre, par les pêcheurs petits métiers. Les quantités prélevées, environ quatre à cinq kilos par sortie, hors saison, et vingt kilos en saison, leur octroient des revenus réguliers.

28 DU GALET À LA ROCHE Dans le Parc naturel marin du golfe du Lion, les fonds rocheux (zones d’éboulis et de roches massives) sont principalement présents en continuité de la côte rocheuse La moitié au moins du littoral français est composée de et du cap Leucate. Cependant, on trouve également falaises, de platiers rocheux ou de champs de blocs. On quelques zones rocheuses plus au large. Parmi celles-ci, au qualifi e ce milieu de « substrat dur », par opposition large du Barcarès, le banc de roches de Torreilles, constitué au « substrat meuble ». La taille des roches varie du par des grès, se distingue par sa taille (environ 5 km²). petit galet aux blocs extrêmement volumineux et aux De nombreuses autres roches sont distribuées entre Le falaises. Les premiers sont généralement fréquents dans Barcarès et Argelès-sur-Mer, jusqu’à six milles des côtes. les zones de faible profondeur. Leur modeste poids les La zone située au large du cap Rédéris se distingue par la rend très mobiles dans le va-et-vient des vagues, ce qui présence d’une multitude de remontées rocheuses (secs) rend diffi cile l’installation d’organismes. Ainsi sont-ils le qui débutent à 35 m de profondeur pour culminer entre refuge temporaire d’animaux de passage. Les roches plus 3 et 5 m de la surface. volumineuses et plus pesantes représentent en revanche des abris permanents recherchés. Elles peuvent prendre Généralement, les fonds rocheux ont une faible extension deux formes : la roche massive telle que les falaises et et ne dépassent pas une profondeur d’environ 40 m. Des la roche bloc issue de l’érosion des falaises. La zone des zones de roches affl eurent aussi au niveau du rebord roches blocs s’intercale le plus souvent entre des zones de du plateau continental et dans les canyons. Les seules roches massives, associées avec des galets ou du sable. constructions dures observées, proches du littoral, au-delà de cette profondeur, correspondent aux bio-constructions du coralligène.

Une mer où cohabitent de multiples espèces > Des fonds à la surface : différents milieux de vie 29 Le peuple de la roche À l’ombre... Les fonds rocheux constituent un endroit idéal pour le Sous les pierres développement de la faune et de la fl ore sous-marine. La face inférieure des pierres de bonne taille abrite Une multitude d'organismes benthiques forme des de nombreux animaux. Certains sont sessiles (vivant rassemblements impressionnants sur les façades verticales, fi xés) comme les bryozoaires rouges, roses et blancs, les les surplombs et même sous les roches. L’assèchement éponges, des ascidies telles que les botrylles ou les vers par le vent (au niveau de l’interface roche-mer), les tubicoles (vivant dans des tubes). Des animaux vagiles fl uctuations de température, l’exposition aux vagues pouvant se déplacer, comme les ophiures, grouillent sous infl uencent également le choix de l’habitat. En mer, la les pierres pour fuir la lumière. Les crustacés de petite taille, lumière et l’exposition aux rayons solaires conditionnent crabes et crevettes, partagent aussi les coins sombres en la distribution des différentes espèces d’algues. La face quête de sécurité. Du côté des mollusques, les chitons, les exposée aux rayons solaires est monopolisée par des porcelaines et les haliotis visitent également ces endroits algues vertes et brunes alors que les algues rouges à la recherche de nourriture. colonisent les faces à l’ombre. Les bouquets de la padine, le parapluie verdâtre de l'acétabulaire, ou l'halimède qui rappelle le cactus, forment des forêts miniatures, des ORGANISMES BENTHIQUES : habitats où s’abritent mollusques, vers, petits crustacés et organismes vivant sur ou à jeunes poissons. Ils s'y nourrissent et ils s'y réfugient en proximité du fond cas d'agression. Les oursins se déplacent sur la roche pour BRYOZOAIRES brouter les algues qui s’y développent. La concurrence animaux invertébrés : marins spatiale entre ces algues est telle que l'installation vivant généralement en colonies d'animaux fi xés est diffi cile. dans des logettes (dentelle de Neptune, rose de mer, etc.)

30 31 Sous les surplombs Les surplombs abrités de la lumière forment un véritable patchwork. Ils sont tapissés d’éponges rouges et roses, de la mosaïque du corail solitaire jaune. Dans leur tube calcaire, les vers polychètes sédentaires, tels les protules, À la différence de leurs cousines terrestres, ces animaux laissent paraître leur panache tentaculaire en forme arborent des couleurs très différentes d'une espèce de fer à cheval vivement coloré. Ils voisinent à l'autre, mais toujours chatoyantes. Les motifs très fréquemment avec les anémones jaune-orangées voyants qui les composent constituent un avertissement encroûtantes coloniales. Des ascidies charnues, à destination de leurs prédateurs, pour signaler leur jaunes, orange ou écarlates, fi ltrent l'eau sans cesse, toxicité, voire leur venimosité. Enfi n, la célèbre crevette agrippées aux roches. Les roses de mer et les dentelles de monégasque, dont les populations sont en général très Neptune fi nissent d’embellir, par leur fi nesse, ces cavités. restreintes, fréquente, en nombre, le littoral des Albères. Ces bryozoaires ramifi és font le bonheur des plongeurs, Cette crevette a pour caractéristique de nettoyer les d’autant plus qu’une des espèces, Myriapora truncata (le contours et l’intérieur de la gueule des congres et des faux corail), trompe régulièrement les novices qui pensent murènes. Dans les dix premiers mètres d'eau, il n'est avoir découvert du corail rouge. De plus, cet habitat est pas rare, enfi n, de rencontrer de nombreux individus de le lieu de rencontres privilégiées avec les limaces de mer. petites cigales de mer.

32 Sous le soleil et les embruns Sur les faces exposées au soleil et aux vagues, la vie est bien différente. Les patelles s’aplatissent afi n d’offrir la moindre résistance possible. Les cystoseires, algues de grande taille pour la Méditerranée, à l'aspect épineux et de couleur marron, se balancent au rythme des vagues. Les anémones de mer fi xées par leur ventouse, comme l'actinie rouge brillante, gélatineuse, dite tomate de mer, affrontent les vagues tout en souplesse, en abandonnant leurs tentacules au gré du courant. Les éponges de ce substrat sont extrêmement aplaties et encroûtantes. C’est à l’interface entre la mer et l’air de cet habitat rocheux, que l’on aperçoit une structure particulière, le trottoir à lithophyllum. Il s’agit d’algues calcaires formant de nombreuses lamelles plissées, dressées verticalement, qui semblent former une sorte de trottoir à la base des rochers émergés.

Poissons rocheux Les poissons les plus communs dans ces parages font partie de la famille des sparidés, sars, dorades, oblades, saupes, et des labridés, girelles, coquettes, labres merles, crénilabres paons. On rencontre assez fréquemment des espèces nobles, comme le mérou. La population de ce poisson est actuellement en augmentation et des reproductions couronnées de succès se sont apparemment déjà produites. Le corb, espèce très prisée des chasseurs sous-marins, apprécie la Réserve naturelle marine de Cerbère-Banyuls et les abords du cap Béar, où il vit à proximité des tombants. Sur le fond, avec leurs barbillons, les rougets fouillent le sédiment à la recherche de nourriture. Avec un mimétisme presque parfait, rascasse et chapon, à l’affût, attendent sans bouger le passage d’une proie. Se reposant dans des anfractuosités, murènes et congres attendent la nuit. Les loups chassent à vive allure dans les remous des vagues, contre les rochers. L'été, enfi n, de grands poissons de passage comme les sérioles, les liches ou les barracudas s’approchent des zones rocheuses.

Une mer où cohabitent de multiples espèces > Des fonds à la surface : différents milieux de vie 33 Les gorgones Empruntant leur nom à la créature de la mythologie grecque, femme à la chevelure de serpent dont la seule vue changeait en pierre quiconque osait la regarder, les gorgones blanches et rouges peuplent les fonds de la Méditerranée occidentale. Dans le Parc naturel marin, la gorgone blanche, Eunicella singularis, croît à des profondeurs comprises entre 5 et 60 mètres. Contrairement à ses congénères, elle supporte la lumière. Fréquemment fi xée sur les galets et les coquillages des fonds sablo- vaseux, cette espèce colonise essentiellement les fonds rocheux dans notre région, aussi bien sur les surfaces horizontales que verticales. Comme pour beaucoup d’autres espèces, les pertes entre l’état larvaire et les adultes sont considérables. Ainsi, on estime que seule une larve sur 60 000 donnera un individu qui passera la première année. Parce qu’elle fuit la lumière, la gorgone rouge, Paramuricea clavata, se plaît sur les fonds rocheux, sur les tombants orientés au nord ou à l’entrée des grottes, de 15 à 70 mètres de profondeur. Cette gorgone adhère quasi exclusivement aux parois verticales, en peuplement dense. À l'âge adulte, vers quinze ans, les plus grandes gorgones blanches ou rouges peuvent mesurer jusqu’à un mètre. Leur longévité est mal connue mais elle est estimée à plus de vingt-cinq ans.

34 Les sars, entre lagunes et haute mer

Les sars regroupent plusieurs espèces : sar commun, sar à museau pointu, sar tambour, etc. Ils se rencontrent à l’état adulte, le plus souvent au niveau des côtes rocheuses du cap Leucate et de la côte des Albères. Mais il est aussi fréquent de les surprendre en train de se nourrir de moules autour des digues de port, des épis rocheux et des récifs artifi ciels de la côte sableuse. En été, les sars sont visibles, seuls ou en petits groupes, au-dessus des herbiers de posidonies ou des petits fonds rocheux. L’hiver, ils regagnent des eaux plus profondes. Les juvéniles se développent dans les lagunes au printemps, passent l’été à se nourrir, à grandir, à échapper aux multiples prédateurs, puis, dès les premières baisses de température, ils gagnent la haute mer. Or, depuis quelques années, on a pu constater que les récifs, digues et épis rocheux pouvaient, dans une certaine mesure, jouer en ce domaine un rôle équivalent aux lagunes. Le marquage et le suivi de nombreux sars communs ont permis de mettre en évidence une migration des individus de la côte sableuse vers les côtes rocheuses du cap Leucate au nord et de la côte Vermeille au sud. Dans le même temps, on a pu établir que le nombre de juvéniles présents sur la côte rocheuse ne pourrait pas engendrer autant d’adultes que ceux qu’on y trouve. Ceci tend à démontrer le phénomène de migration entre la côte sableuse et la côte rocheuse que certains pêcheurs avaient déjà observé. Cette connectivité entre habitats, remarquée pour le sar commun, est probablement valable pour de nombreuses autres espèces. Comestible, le sar fait l’objet d’une pêche intensive, professionnelle comme sportive.

35 À LA SURFACE, LE PEUPLE MIGRATEUR

Sous l’eau, la vie est riche, peuplant fonds rocheux et On recense également d’importantes zones littorales fonds sableux. À la surface, les oiseaux de mer offrent le de concentration d’oiseaux, notamment au niveau des spectacle de leur extraordinaire diversité. falaises et des lagunes, ainsi que des couloirs migratoires Le regard du fou de Bassan Riche de ses écosystèmes variés, la Méditerranée majeurs. représente l’un des réservoirs majeurs de la biodiversité Parmi les 62 espèces recensées en mer et sur le littoral du ornithologique marine et côtière et une aire importante Parc, les plus observées sont les puffi ns, le fou de bassan, Espèce présente en Méditerranée, le fou de Bassan est un grand oiseau de pleine mer - son envergure avoisine les deux mètres - au plumage blanc éclatant et à pour l’hivernage, la reproduction et la migration des le cormoran huppé, les labbes, le goéland d’audouin et l’extrémité des ailes noires. Le bleu ciel de son regard tranche avec les refl ets jaune oiseaux. la sterne caugek. Par ailleurs, le secteur constitue un lieu rouille de sa tête. Visible en haute mer, il se rapproche des côtes en été pour nicher. privilégié pour d’autres espèces d’oiseaux marins : les Dans le golfe du Lion, un large plateau continental, de Ses plongeons sont spectaculaires : il repère les bancs de poissons au vol, plonge faible profondeur, borde le littoral de l’Aude et des plongeons, la mouette tridactyle et même, étonnamment, en piqué d’une dizaine de mètres de hauteur, les ailes déployées en arrière. En Pyrénées-Orientales. Il bénéfi cie des apports de nourriture une espèce de pingouin. approche fi nale, il adopte une posture aérodynamique typique, qui lui permet de provenant du Rhône par le courant liguro-provençal. Cet 68 % des espèces recensées localement fi gurent au livre pénétrer dans l’eau à 100 km/h. Il plonge ainsi à six, sept mètres de profondeur, espace marin particulièrement riche favorise l’alimentation rouge des espèces menacées. sous le banc de poissons, avant de remonter vers la surface, traversant le banc des oiseaux pélagiques. Ces espèces strictement marines au passage et capturant sa proie. Comme ailleurs en Méditerranée, la présence régulière du fou de bassan sur nos côtes est récente. En effet, la première mention ne rentrent à la côte que pour se reproduire et exploitent LIVRE ROUGE dans notre région date de septembre 1959, au large du Barcarès. Actuellement, les ressources de toute la zone océanique. Les oiseaux livre recensant: l’ensemble des dans un contexte d’expansion générale de l’espèce, des effectifs pouvant atteindre pélagiques sont capables de dormir en vol. espèces menacées en France, la centaine d’individus ont été notés en novembre, en mars et en mai. édité par le Muséum national d’histoire naturelle

36 Les oiseaux en haute mer Les oiseaux des falaises et de la mer côtière La richesse halieutique de ce secteur en fait le lieu La côte des Albères forme une falaise maritime d’une Le cormoran huppé privilégié de nourrissage d’une vingtaine d’espèces hauteur moyenne d’environ 50 m et d’une étendue pélagiques. Les trois espèces de puffi ns (cendré, Yelkouan presque ininterrompue, car elle est très peu urbanisée. prend la pose et des Baléares), l’océanite tempête et le fou de Bassan La nature du substrat (schistes fi ssurés et gneiss) et les utilisent le plateau et le talus continental comme sites conditions microclimatiques du site expliquent l’originalité Le cormoran huppé au plumage noir, brillant de refl ets principaux de nourrissage. Leur régime alimentaire se du peuplement de la zone. Les caps offrent des falaises vert-bouteille, porte, seulement durant la période nuptiale, compose de petits poissons pélagiques, céphalopodes, généralement hautes et assez sauvages, permettant une une petite huppe repliée en avant. Le cormoran huppé crustacés marins planctoniques et d’œufs d’anchois. certaines tranquillité pour les oiseaux. Les falaises de est visible uniquement sur les côtes rocheuses et les Des regroupements spectaculaires de puffi ns Yelkouans Leucate se distinguent par leur nature calcaire. îlots du bord de mer. Son lieu de résidence privilégié est constitué par des falaises escarpées dominant le littoral et cendrés, comprenant plusieurs centaines d’oiseaux, ou surplombant des écueils. Son plumage n’étant pas ont été constatés au large de Leucate, des embouchures imperméable, il n’est pas rare de le voir prendre la pose des fl euves ou du cap Béar. L’espace situé en amont de LISTE ROUGE DE L’IUCN (UNION sur les rochers au soleil, toutes ailes déployées, pour une l’isobathe des 50 m constitue une zone refuge en cas de INTERNATIONALE POUR LA séance de séchage. La population présente localement est tempête, une zone de prospection ponctuelle et enfi n, une CONSERVATION DE LA NATURE) : propre à la Méditerranée. Elle est inscrite au livre rouge zone de nichée. inventaire mondial de l’état de des espèces menacées. conservation global des espèces Ces oiseaux fi gurent pour la plupart dans l’annexe I de la végétales et animales Directive Oiseaux (Natura 2000, cf. p 70) et sont inscrit sur la liste rouge IUCN des espèces menacées au titre de leur vulnérabilité.

Une mer où cohabitent de multiples espèces > Des fonds à la surface : différents milieux de vie 37 La présence de falaises est un élément très attractif pour Les oiseaux des cordons dunaires et des lagunes les oiseaux : 36 espèces en font leur habitat principal Les lagunes et les lidos ont une forte valeur patrimoniale ou un lieu pour nicher. Les falaises sont le domaine ornithologique. Leur proximité avec des eaux littorales Le plongeon arctique de peuplements d’oiseaux côtiers en toute saison, riches et poissonneuses fait de ces lagunes l’un des lieux les particulièrement entre des périodes de reproduction plus riches d’Europe. Les étangs jouent un rôle primordial (d’octobre à mai). Les oiseaux utilisent la zone pour se Hivernant en petit nombre, le plongeon arctique pour de nombreuses espèces d’oiseaux. Ils servent de fréquente essentiellement les lagunes et le littoral face reposer, entre les sorties en mer. C’est le cas notamment lieu de repli lors des tempêtes, de lieu de repos pour les aux embouchures des fl euves et au débouché des étangs pour les pétrels, les goélands, les mouettes et les migrateurs, mais aussi d’espace privilégié pour se nourrir, pour pêcher. Il se réfugie parfois dans les avant-ports lors cormorans. La falaise et les pelouses sommitales abritent se reproduire et nidifi er. D’importants effectifs de sternes des coups de vent. Cet oiseau est visible de mi-octobre aussi des oiseaux plus terrestres comme le merle bleu, les se nourrissent le long du littoral et se succèdent au cours à début avril, avec un maximum d’observations de fauvettes, le martinet pâle et le cochevis de Thekla qui de l’année : la sterne naine en période de reproduction, décembre à mars. La première mention date d’avril n’est présent, en France, qu’en Roussillon et en Corbières. la sterne pierregarin et les guiffettes lors des passages 1958, en mer près de Leucate. Actuellement, sa présence Les falaises et les pelouses rases implantées à leur sommet pré et post-nuptiaux, la sterne caugek en hiver. De plus, est régulière sur certaines falaises et étangs locaux. La majorité des observations concerne des individus abritent également des effectifs d’oiseaux pélagiques au la zone lagunaire qui s’étend de Port-la-Nouvelle à Saint isolés ou des petits groupes. moment des nichées. Cyprien est un secteur d’hivernage régulier pour quelques Sur les falaises, la diversité spécifi que de l’avifaune est plongeons arctiques. C’est aussi dans ces lagunes qu’on majoritairement constituée par des espèces endémiques, peut fréquemment rencontrer l’un des échassiers les plus propres au lieu, et rares. Plus de 80 % des espèces locales célèbres et les plus spectaculaires : le fl amand rose. sont inscrites sur la liste rouge des espèces menacées.

38 3°6'E 3°9'E 3°12'E

AUDE

! Habitats remarquables Côte Cap Béar sableuse ! C PYRÉNÉES- ORIENTALES LE TROTTOIR À Ô Côte ! Port-Vendres rocheuse LITHOPHYLLUM T lichenoides Cap Ullastrel De couleur rose violacée, le trottoir à Lithophyllum Bien qu’assez rare sur les côtes méditerranéennes

E 42°30'N est une construction vivante caractéristique françaises, cette formation a été signalée pour la première des zones rocheuses du littoral du bassin méditerranéen fois dans les Pyrénées-Orientales en 1951. Depuis, elle occidental.lichenoides Cette formation atypique, née de l’empilement a été étudiée à de multiples reprises sur l’ensemble de R des thalles calcaires d’une algue rouge Lithophyllum la côte rocheuse des Albères. Alors que la croissance , se situe légèrement au-dessus du niveau du peuplement d’un trottoir à lithophyllum est assez O moyen de la mer. C’est une structure alvéolaire où les rapide, il semble que l’édifi cation d’un encorbellement Cap l'Abeille alvéoles constituent un réseau très dense, ouvert en s’étale sur plusieurs siècles, voire des millénaires, et C général à la circulation de l’eau. La structure interne de nécessite des conditions de stabilité du niveau marin qui l’algue Lithophyllum lichenoides est elle-même poreuse, ont été rarement réalisées dans l’histoire récente de la H ! Banyuls-sur-Mer de telle sorte que l’eau circule par infi ltration dans la Méditerranée. E totalité du trottoir. En été, par mer calme, le trottoir Sur les trottoirs les mieux développés, il est généralement est souvent complètement émergé. Il se développe possible d’observer trois couches successives. Leur U exclusivement sur le substrat rocheux, à l’abri des rayons épaisseur relative varie en fonction des conditions ! Cap de Peyrefite directs du soleil, dans les fi ssures, les renfoncements, et physiques et biologiques ainsi que de l’histoire géologique S seulement au niveau des côtes très battues et exposées de la région. aux vents dominants. E • Une couche externe poreuse de couleur rose-violacé, Cap Canadell formée de coussinets d’algues vivants de 1 à 2 centi- Cerbère 42°27'N mètres d’épaisseur. THALLE Cap Cerbère : • Une zone dure d’épaisseur variable, résultat d’un dépôt appareil végétatif ne possédant ni de sédiments fi ns entre les branches des thalles avec feuilles, ni tiges, ni racines, produit formation d’un ciment. par certains végétaux (champignons, • La surface inférieure de la corniche est morte et lichens, algues). Le thalle est aussi recouverte d’assemblages d’animaux et de végétaux parfois appelé fronde chez certaines sciaphiles (vivant à la lumière). Un peuplement à base Le trottoir à Lithophyllum lichenoïdes algues et chez les lichens de Rhodophycées s’y installe. Parmi les constituants lithophaga Trottoir à Lithophyllum 02010,5 animaux, divers types d’organismes destructeurs (éponges du genre Cliona, dattes de mer Lithophaga km milles marins ...) perforent la roche, créant des cavités et Sources : Agence de l'Eau RM&C, ECOMERS - Université de Nice, RNM CB, UMR 5244 CNRS-EPHE affaiblissant la construction. UPVD CBETM, AAMP, EEA, Ifremer, SHOM, IGN. Système de coordonnées: RGF 93 / Lambert 93.

Une mer où cohabitent de multiples espèces > Habitats remarquables 39 Le trottoir à lithophyllum est présent sur l’ensemble de entre deux écosystèmes différents, espèces terrestres la côte rocheuse mais de façon discontinue, dépendant etlichenoides marines se partageant la face supérieure ou les de la présence de baies, de l’orientation des roches, anfractuosités de cet habitat. Le trottoir à Lithophyllum de l’agitation de l’eau, etc. Dans cette zone, le trottoir favorise donc une grande biodiversité. Quatre- se rencontre soit sous la forme d’un bourrelet d’une vingt-dix espèces marines côtoient de près ou de loin cet vingtaine de centimètres d’épaisseur, soit sous la forme de habitat unique. On peut y répertorier presque tous les petites colonies éparses en forme de boules. embranchements d’invertébrés : les éponges, les cnidaires, Au niveau de la côte des Albères, l’amplitude de les oursins, les mollusques, les bryozoaires, les annélides et recouvrement est maximale sur les zones dirigées au nord, les crustacés. Les espèces terrestres ne sont pas en reste. donc exposées aux vagues, et diminue lorsqu’on se dirige Les adaptations morphologiques et physiologiques, qui vers l’ouest. L’encorbellement est alors représenté par des leur permettent de vivre dans un environnement marin a CNIDAIRES : thalles coalescents, collés, ou isolés. Les parties de côte priori peu favorable, sont remarquables. C’est ainsi que le espèces animales relativement exposées au sud-est et au sud-ouest sont très rarement trottoir à lithophyllum abrite aussi bien des myriapodes simples, spécifi ques du milieu recouvertes par lithophyllum, les vents dominants y sont ou mille-pattes, Hydroschendyla submarina, que des aquatique (corail, méduses, etc.). moins violents en raison des barrières offertes par les arachnides, le pseudoscorpion Pselaphochernes litoralis L'appellation vient du grec ancien avancées de la côte rocheuse et du cap de Creus. et l’araignée Desidiopsis racovitzai, ou des acariens, « ortie », faisant allusion aux Gamasides, Prostigmates et Oribates. Ce sont tous des cellules urticantes caractéristiques Il semblerait que la taille moyenne actuelle du trottoir sur thalassobiontes, des êtres adaptés au milieu marin, ils ne de ces animaux (les cnidocytes ou la côte des Albères soit inférieure à celle que décrivaient peuvent vivre ailleurs. cnidoblastes) les premiers observateurs. Or le rôle écologique du trottoir ANNÉLIDES est très important, car il constitue une zone de contact embranchement : des vers

40 Le trottoir est aujourd’hui principalement menacé par la pollution des eaux (composés organochlorés, métaux lourds, etc.), entraînant la mort des thalles et, par conséquent, une altération rapide de la couche superfi cielle mettant à nu la surface supérieure de la zone dure. Il est également endommagé par le piétinement, qui détruit les thalles vivant sur la partie supérieure. Si la fréquentation devient importante, elle peut conduire aux mêmes résultats que la dégradation par pollution. Le trottoir à lithophyllum est inscrit au livre rouge des espèces menacées et sur les annexes I des conventions de Berne et de Barcelone.

41 LES GRAVELLES À AMPHIOXUS Il existe de minuscules animaux, inconnus du grand public, Selon la taille des particules, on appelle l’habitat où vivent les Les gravelles à amphioxus parsèment le rivage à Leucate, à longs de quelques centimètres, en forme de lancette aplatie amphioxus « sable », « gravelle » ou « gravier à amphioxus ». Argelès-sur-Mer, au sud du cap de L’Oullestreil, à la plage des latéralement, et pointus aux deux extrémités : les amphioxus. Les gravelles à amphioxus sont des habitats principalement Elmes, à la plage du Troc, au cap Béar et au cap l’Abeille. La Ils vivent enfouis dans les sables grossiers et les fi ns graviers composés de sable grossier pur, avec des débris calcaires présence des amphioxus dans le grau de Port-Leucate est mus par les courants de fonds, très bien irrigués. La nature (de coquilles ou d’algues). Le plus souvent ce sont des fonds récente. C’est dans cette lagune ouverte sur la mer (milieu riche du sédiment, la richesse nutritive du milieu et les forts propres dans lesquels l’amphioxus peut s’enfouir, ne laissant en sels nutritifs et agité par des courants fréquents) que les courants oxygénants sont des paramètres essentiels au bon dépasser que sa partie antérieure pour fi ltrer l’eau grâce à amphioxus se sont installés. La profondeur très faible (moins développement des amphioxus. Le sédentaire amphioxus, la présence de cirres buccaux. Les amphioxus se trouvent de 2 m) à laquelle se trouve cette population d’amphioxus long de quelques centimètres, se trouve le plus souvent fi ché généralement entre 10 et 30 m de profondeur mais est assez originale pour la Méditerranée. Toutes les conditions dans le sable, ne laissant dépasser qu’un rostre pointu au- peuvent être signalés à partir de - 2 m jusqu’à - 70 m. Ils se essentielles à leur développement sont réunies sur cette plage dessous duquel s’ouvre la bouche qui fi ltre l’eau. Microphage, développent dans des eaux à 20°C. Ce milieu particulier joue de faible profondeur. Cette population s’étend sur une surface il se nourrit de petits organismes animaux ou végétaux, tout un rôle de premier ordre sur la formation d’une communauté de 5 000 m² environ. La densité moyenne obtenue est égale à particulièrement de débris végétaux en suspension dans à amphioxus ; en effet ses caractéristiques physiques environ cinq individus par litre de sédiments prélevés. l’eau. Il est grand amateur de phytoplancton comme les correspondent exactement aux besoins des individus La menace principale pour cet habitat unique, primordial diatomées. (déplacement, nourriture,…). pour de très nombreuses espèces, demeure la réduction Sa présence est un très bon indicateur de la richesse et de la Les gravelles à amphioxus, habituellement rares et à des secteurs de sable propices à son développement. Sont qualité de la colonne d’eau et du fond. L’amphioxus est un forte valeur environnementale, sont exceptionnelles dans en cause les dragages, le réensablement, l’appauvrissement céphalocordé. Il est étudié en biologie animale, car l’absence notre région par leur nombre, leur taille et leur densité. Ce en oxygène et les pollutions organiques. Les mesures de de pigmentation permet l’observation de tous les organes sont des nourriceries pour beaucoup d’espèces d’intérêt protection en faveur de l’amphioxus n’ont été longtemps internes par transparence sans avoir à les disséquer. halieutiques, qui trouvent sur ces sites un substrat favorable à qu’indirectes dépendant de politiques plus globales. Depuis l’enfouissement et à la capture de proies. peu, la « gravière à amphioxus » a été classée dans la liste des 18 habitats à protéger dans le cadre de Natura 2000, la reconnaissant ainsi comme l’une des zones à grand intérêt biologique et écologique.

42 3°3'E 3°6'E 3°9'E 3°12'E

Grau de Port-Leucate AUDE Grau de Port-Leucate

Côte

-20 Argelès- sableuse sur- Mer PYRÉNÉES- ORIENTALES Argelès-sur-Mer : Argelès-sur-Mer Côte rocheuse site d’intérêt mondial

Le Racou

42°33'N -50 C’est à Argelès-sur-Mer, que l’on trouve l’un des plus grands sites mondiaux à amphioxus, connus des C scientifi ques. Les limites de ce site se déplacent en fonction des courants et sont donc assez mal connues. Ô Cependant, il semble que les amphioxus peuplent les fonds, à partir de 4 m et jusqu’à 10 m, situés T Cap Béar Collioure entre l’embouchure de la Riberette, petite rivière qui traverse la commune d’Argelès-sur-Mer, au nord, et le E début de l’herbier de posidonies situé au sud de la plage Cap Ullastrel du Racou. La surface, de sept kilomètres carrés, est Cap Ullastrel Port-Vendres exceptionnellement vaste par rapport aux autres sites Plage des Elmes 42°30'N à amphioxus, lesquels couvrent des surfaces d’à peu R près vingt mètres carrés. Les courants importants qui Anse du Troc parcourent les fonds de cet espace marin contribuent O Cap l'Abeille à donner aux sables une granulométrie homogène (1 à 2 mm) favorable au développement des amphioxus. C Cap l'Abeille Ce site est caractérisé par la très grande dominance, en termes de nombre, des amphioxus, ce qui est très H rare et donc souligne son originalité. Cependant, quelques Banyuls-sur-Mer autres espèces vivent dans ces sédiments meubles, tels Cap de Peyrefite E que des mollusques et des annélides (ophelidae) de très grande taille. La particularité du site d’Argelès vient U Cap Canadell de sa surface et de sa densité en amphioxus (plusieurs 42°27'N Cerbère centaines/m²) qui sont exceptionnellement élevées. S Cet habitat d’importance mondiale est d’une grande Cap Cerbère fragilité et il a été constaté récemment une diminution de E la population d’amphioxus, causée peut-être par les très fortes tempêtes de décembre 2008. ESPAGNE

Les gravelles à Amphioxus

Gravelles à Amphioxus 012km 010,5 milles marins

Sources : MONNIOT (1961), Dire d'experts, UMR 5244 CNRS-EPHE-UPVD CBETM, AAMP, EEA, Ifremer, SHOM, IGN Système de coordonnées: RGF 93 / Lambert 93

Une mer où cohabitent de multiples espèces > Habitats remarquables 43 L’HERBIER DE POSIDONIES, LE POUMON DE LA MÉDITERRANÉE

TTirantirant sonson nomnom dede Poséidon,Poséidon, lele dieudieu dede lala mermer grec,grec, lala pposidonieosidonie sublimesublime lesles fondsfonds méditerranéensméditerranéens dede sesses llonguesongues ffeuilleseuilles vvertes.ertes. CC’est’est uunene pplantelante à fl eeursurs aaquatiquequatique qqu’onu’on nnee rrencontreencontre qqu’enu’en MMéditerranée.éditerranée. CCee nn’est’est ppasas uunene aalgue,lgue, bbienien qqu’elleu’elle vviveive ssousous ll’eau’eau ; iill ss’agit’agit dd’une’une pplantelante aangiospermengiosperme monocotylédonemonocotylédone sous-marine.sous-marine. CommeComme ttoutesoutes lesles plantesplantes à fl eurs,eurs, elleelle possèdepossède desdes racines,racines, uneune ttigeige qquiui ss’appelle’appelle iicici llee rrhizome,hizome, eett ddeses ffeuilleseuilles rrubanéesubanées mmesurantesurant jusqu’àjusqu’à unun mètremètre dede longlong etet disposéesdisposées enen ffaisceauxaisceaux ddee 4 à 8 ffeuilles.euilles. EEllelle fl eeuriturit à ll’automne,’automne, aavecvec 4 à 1010 fl eurs,eurs, etet peutpeut donnerdonner naissancenaissance auau printempsprintemps à ddeses ffruitsruits ssemblablesemblables à ddeses ooliveslives bbrunrun ffoncé,oncé, qquiui ssee ddétachent,étachent, dériventdérivent à lala surfacesurface dede l’eaul’eau durantdurant uneune qquinzaineuinzaine dede jours,jours, puispuis l’enveloppel’enveloppe pourritpourrit etet libèrelibère uneune ggraineraine uuniquenique qquiui ssee ddéposeépose ssurur llee ffond.ond. CCee ssontont lleses ddébutsébuts ddee llaa ggermination.ermination. LLaa fl ooraisonraison eestst uunn pphénomènehénomène aassezssez rrareare ddansans llee ppérimètreérimètre dduu PParc.arc. EEllelle ssembleemble aassociéessociée à ddeses températurestempératures estivalesestivales élevéesélevées etet uneune températuretempérature ddee 20°C20°C enen octobre.octobre. C’estC’est pourquoipourquoi lele développementdéveloppement ddeses hherbierserbiers dede posidoniesposidonies estest principalementprincipalement dûdû à lala ccroissanceroissance ddeses rrhizomeshizomes qqui,ui, eenn ppoussantoussant dd’environ’environ 7 ccmm pparar aann hhorizontalement,orizontalement, ccolonisentolonisent ddee nnouvellesouvelles zzones.ones. LLee bbouturageouturage pparar lleses rrhizomeshizomes ccassésassés llorsors ddeses ttempêtesempêtes eett eemportésmportés pparar lleses ccourantsourants ppermetermet éégalementgalement ddee ccoloniseroloniser ddee nnouvellesouvelles éétendues.tendues. PPeueu à ppeu,eu, aauu fi l ddeses ssiècles,iècles, lleses pposidoniesosidonies oontnt cconstituéonstitué ddeses pprairiesrairies ssous-marines.ous-marines. LLaa ccroissanceroissance verticaleverticale desdes herbiersherbiers estest extrêmementextrêmement lente,lente, eellelle ssee ssitueitue eentrentre 1 eett 2 ccmm eenn mmoyenneoyenne pparar aan.n. DDansans ccetteette partiepartie dudu golfegolfe dudu Lion,Lion, lesles herbiersherbiers dede posidoniesposidonies ppoussentoussent à mmoinsoins ddee 2200 mmètresètres ddee pprofondeur.rofondeur.

44 3°3'E 3°6'E 3°9'E 3°12'E

Commune Le Barcarès AUDE -20 Cymodocée Un écosystème exceptionnel Le Barcarès

42°33'N La posidonie est une espèce très étroitement liée à L’herbier produit de grandes quantités d’oxygène, jusqu’à -50 Côte l’histoire de l’homme. Elle a été utilisée comme emballage sableuse 14 l/jour/m². Par le piégeage des particules en suspension, Racou de protection, matériau d’isolation, engrais et même dans dont il favorise la décantation et la sédimentation, il

PYRÉNÉES- l’alimentation. Au delà de ces vertus utilitaires, les herbiers améliore la clarté des eaux sur le même principe que les Argelès- ORIENTALES de posidonies sont une composante clé de la zone côtière. mangroves dans les milieux tropicaux. Grâce à ses racines sur- Cap Gros Anse de Mauresque Ils forment une ceinture quasi-continue tout autour de Mer Côte qui maintiennent les sols, il protège la frange côtière, par rocheuse la Méditerranée, interrompue simplement au niveau des C atténuation de la puissance des vagues, de la houle et des estuaires et des grands fl euves. À l’ouest du Rhône, la courants. La régression des herbiers situés plus au large Ô Collioure Cap Béar Anse de Ste Catherine quantité importante d’alluvions et la faible luminosité leur intervient dans l’érosion des plages. Depuis une vingtaine sont moins favorables : beaucoup plus rares, ils croissent Anse de Balanti d’années, Posidonia oceanica rend compte de la qualité T uniquement à hauteur de Montpellier, Sète et dans les des eaux, par l’évolution de sa vitalité et ses réponses Fourat Pyrénées-Orientales,oceanica entre Argelès-sur-Mer et Cerbère. aux agressions. Elle est devenue un indicateur de l’état de E Port-Vendres santé du milieu marin. Cap Ullastrel Anse de Tancade 42°30'N Creuset majeur de la biodiversité, l’herbier à Posidonia héberge de 20 à 25 % des espèces animales Plage de Elmes FRAYÈRE et végétales connues en Méditerranée, soit quatre cents : R zone de reproduction Port de Banyuls espèces d’algues et plusieurs milliers d’espèces d’animaux. O C’est à la fois un abri, une nourricerie, une frayère et une Anse d'oullestrell nurserie. Les espèces animales, en particulier les poissons C Cap l'Abeille d’intérêt économique pour la pêche, y trouvent nourriture et protection. H Banyuls-sur-Mer Anse du Pin Parasol E Anse de Peyrefite Cap de Peyrefite U Anse de Terembo

S 42°27'N Cap Canadell Cerbère Cerbère E Cap Cerbère

ESPAGNE

Les> Les herbiers herbiers sous-marins sous-marins > Herbier de posidonie: > Autres phanérogames: dense Zostère épars Cymodocée 012km isolé

matte morte 010,5 milles marins

Sources : CG 66, DIREN LR, RNM CB, GIS Posidonie, Observatoire Océanologique de Banyuls, ADENA, UMR 5244 CNRS-EPHE-UPVD CBETM, AAMP, EEA, Ifremer, SHOM, IGN. Système de coordonnées: RGF 93 / Lambert 93 Une mer où cohabitent de multiples espèces > Habitats remarquables 45 Originalité des herbiers de posidonies Grande nacre du Parc naturel marin du golfe du Lion oceanica Après une importante régression entre les années 50 Dans le Parc naturel marin, les herbiers de Posidonia aux fi laments de soie et 90, il semble que les herbiers de posidonies se soient sont répartis uniquement le long de la côte stabilisés et représentent une surface d’environ 2 km² rocheuse et de façon discontinue. Ils constituent des Le plus grand des coquillages méditerranéens (il peut dans le Parc. Les caractéristiques physicochimiques de herbiers morcelés, généralement entourés d'une surface dépasser 1 m de long), et l'un des plus imposants du la mer dans ce secteur sont responsables de l’originalité importante de matte morte. Cette dernière est toujours monde avec les bénitiers tropicaux, raffole des belles des herbiers. En effet, les alluvions des fl euves côtiers du d'une épaisseur très faible, entre 5 et 30 cm en moyenne. prairies de posidonies. La grande nacre, Pinna nobilis, golfe du Lion transportés par le courant liguro-provençal Les quinze herbiers recensés se répartissent entre vit verticalement, partiellement enfoncée dans le sable, enracinée par les fi laments de son byssus (comme les jusqu’à la côte des Albères réduisent la luminosité du 1 et 15 m de profondeur en moyenne ; deux d'entre eux moules). Cette espèce, endémique de la Méditerranée, milieu marin. Or la lumière est indispensable à tous les seulement ont une limite inférieure située à 20 m de se rencontre localement dans les herbiers de posidonies végétaux et l’intensité lumineuse détermine la profondeur profondeur. Le nombre de faisceaux de feuilles par m² est entre la surface et 20 m de profondeur. Elle fi ltre l’eau maximale atteinte par l’herbier. Cette profondeur de supérieur à la normale méditerranéenne pour les petites pour se nourrir. Longtemps exploité par les Romains compensation, où la lumière n’est plus assez importante profondeurs. Le nombre de feuilles par faisceau est plus qui tissaient gants, bas, écharpes, à l’aide de ses pour que la plante se développe, est défi nie par une important en été car la réduction de l’hydrodynamisme, à fi laments ressemblant, à s’y méprendre, à de la soie brune, intensité lumineuse égale à environ 1 % de l’intensité cette saison, permet aux feuilles âgées de rester attachées le majestueux mollusque est aujourd’hui menacé. lumineuse incidente de surface. Ici, cette profondeur de plus longtemps sur le rhizome. Jadis abondante sur le littoral français, la grande nacre compensation est atteinte aux environ de 20 m. a été décimée par la pollution, fragilisée par le recul des herbiers de posidonies, par les ancres des bateaux MATTE : qui brisent sa coquille et par les plongeurs amateurs de enchevêtrement complexe trophées. Adulte, elle a peu de prédateurs, la solidité de et extrêmement compact sa coquille résiste à la plupart des attaques. En revanche, de rhizomes et de racines vulgaris les jeunes sont très vulnérables aux mollusques perceurs, dont les interstices sont aux daurades, Sparus aurata, et aux poulpes, Octopus comblés par du sable . Aujourd’hui protégée par la loi, sa pêche est strictement interdite.

46 ÉPIPHYTES : La saupe, faune et fl ore vivant fi les feuilles de posidonies xées sur poisson herbivore Menaces sur l’herbier

De la Méditerranée à l’Atlantique est, du golfe de Au cours des dernières décennies, les scientifi ques et les Gascogne au détroit de Gibraltar, de Madère aux îles administrations concernés par la gestion et la protection Canaries et au Cap vert, la saupe, Sarpa salpa, évolue en des espaces littoraux ont pris conscience de la régression bancs denses pouvant aller jusqu’à plusieurs centaines quasi-généralisée de l'herbier de posidonies sur le d’individus, au-dessus des herbiers de posidonies et des littoral de la Méditerranée, essentiellement aux abords fonds rocheux recouverts d’algues. Cette espèce est des agglomérations et des grands centres industriels et principalement présente de la surface à 20 m de portuaires : Athènes, Naples, Gènes, Barcelone. Ce recul profondeur, mais peut se rencontrer jusqu’à - 50 m. est aussi constaté en France, au niveau de Nice, de Toulon Les bancs sont composés d’individus de tailles mais aussi dans les Pyrénées-Orientales, et à Marseille, de relativement homogènes, parfois accompagnés de Cassis à l'Estaque. Ces régressions sont principalement quelques sars. À l’aide de ses incisives, le seul poisson liées aux activités humaines, mais des causes naturelles herbivore de la Méditerranée broute tous les végétaux qu’il rencontre sur son passage : aussi bien les algues interviennent également, comme le surpâturage par des que les feuilles de Posidonia oceanica et leurs épiphytes. herbivores tels l'oursin comestible, , Pour brouter, les saupes n’hésitent pas à s’aventurer ou le poisson Sarpa salpa, la saupe. Même si elles ne à très faible profondeur. Elles ont une vie bien réglée, sont pas encore présentes localement, certaines espèces presque routinière. Chaque jour, le banc décrit un itinéraire invasives, comme l’algue, Caulerpa taxifolia, ou le poisson invariable, passe à heure fi xe à chaque point de son lapin, Siganus rivulatus, entrent également en compétition parcours, avant de revenir pour la nuit à son point avec les posidonies. de départ, à proximité du fond.

Reboiser la mer Les régressions de l'herbier peuvent être considérées comme irréversibles à l'échelle humaine car la reco- lonisation naturelle est très lente : il faut entre 120 à 150 années pour qu’un herbier occupe à nouveau une surface circulaire de 85 m de rayon. Il existe des techniques de réimplantation permettant, dans certains cas, d'accélérer le processus naturel mais, limitées à une échelle très réduite, elles n'ont qu’une portée symbolique. L’herbier de posidonies constitue à lui seul un écosystème dont la régression est préoccupante. La posidonie est donc inscrite dans le livre rouge des espèces menacées en France, bien que ce ne soit pas l'espèce en elle même qui soit menacée mais l'écosystème qu'elle édifi e. Aujourd’hui, la posidonie est protégée par l’arrêté du 19 juillet 1988 qui indique qu'il est interdit « de détruire, de colporter, de mettre en vente, de vendre ou d'acheter et d'utiliser tout ou partie » de la plante.

Une mer où cohabitent de multiples espèces > Habitats remarquables 47 LE CORALLIGÈNE, Un rocher vivant Un pôle de biodiversité FAILLES ET INTERSTICES HABITÉS Attribué par les premiers scientifi ques à avoir étudié Comparable aux récifs tropicaux, le coralligène représente ce milieu spécifi que à la Méditerranée, le terme de l’un des écosystèmes les plus importants et les plus coralligène fait référence à la fois au corail et à la pierre. caractéristiques de Méditerranée, dont il constitue avec Son étymologie désigne un substrat sur lequel le corail l’herbier de posidonies les deux principaux pôles de se forme. Or le corail, Coralium rubrum, pousse aussi sur biodiversité. d’autres substrats durs, et le coralligène n’est pas toujours Il est très apprécié des plongeurs sous-marins qui peuvent pourvu de corail. Le terme est néanmoins resté. y rencontrer des éponges, des gorgones blanches et Le coralligène, biocénose endémique de Méditerranée, rouges, des mollusques, des bryozoaires, des crustacés peut donc être considéré comme un « rocher et des poissons se faufi lant dans les innombrables vivant ». Cette bioconstruction est considérée comme trous, interstices et cavités. Dans le coralligène, ont un fond dur construit principalement par l’accumulation été dénombrées 315 espèces d’algues, 1 241 espèces et le concrétionnement d’algues rouges calcaires d’invertébrés et 110 espèces de poissons. (corallinacées) sur une base rocheuse. Les peuplements associés à ces algues participent à la construction de la structure. Le coralligène est présent uniquement au niveau des parois et des plateaux rocheux lorsque les conditions de luminosité sont réduites. De couleur rose violacée, ce paysage se distingue par son CONCRÉTIONNEMENT aspect massif, percé de toutes parts, un véritable gruyère agrégation des parties : calcaires forgé, soit sur les fonds horizontaux, soit en bourrelets au de diff érents organismes formant pied des tombants, soit en encorbellements. le coralligène

48 La langouste

La langouste, Palinurus elephas, est un des habitants privilégiés du coralligène. Elle se cache à l’intérieur du labyrinthe formé par les anfractuosités de celui-ci, ne laissant dépasser que ses antennes. Ce crustacé dépourvu de pinces peut mesurer jusqu’à cinquante centimètres de long. Sa carapace est dure et épaisse et porte de nombreuses épines. Elle possède un abdomen large et puissant qu’elle contracte pour se propulser en marche arrière lorsqu’elle veut fuir. Nettoyeuse des fonds marins, elle sort de son abri la nuit, pour rechercher des poissons et d’autres organismes morts, mais aussi des ophiures dont elle se nourrit. La langouste est une espèce très prisée aussi bien par les pêcheurs professionnels que de loisir. Elle est pêchée soit à l’aide de fi lets de fond d’environ 1 m de haut, appelés « langoustiers », soit à l’aide de nasses. Enfi n quelques pêcheurs sous-marins de bon niveau essayent de les capturer à la main en apnée (l’arbalète est interdite).

49 3°3'E 3°6'E 3°9'E 3°12'E

AUDE

-20 42°33'N

-50 Côte sableuse

PYRÉNÉES- ORIENTALES

Côte rocheuse Argelès- sur- C Mer Des conditions de développement particulières Ô Cap Béar Le coralligène tolère des régimes thermiques assez divers T Collioure (de 10°C à 22°C) et des fl uctuations assez grandes de salinité (36,8 °/ à 37,5 °/ ). E °° °° La formation du coralligène est soumise à une combinaison 42°30'N Port-Vendres Cap Ullastrel de facteurs déterminants dont les principaux sont la présence d’un substrat dur (roche), la relative faible R Un coralligène à portée de palme luminosité, des températures assez basses et des courants Au niveau du cap Leucate et de la côte rocheuse il est O marins. possible d'observer le coralligène à partir de dix, quinze Le développement des concrétionnements coralligènes C mètres de profondeur, du fait des eaux généralement turbides est soumis aux tolérances lumineuses de leurs principaux Cap l'Abeille apportées par les alluvions du Rhône. Cette situation est constructeurs, les algues rouges. Ces algues ne supportant H unique en Méditerranée, car le coralligène est généralement pas les forts éclairements, elles ne peuvent pas se rencontré au-delà de quarante mètres de fond. E développer près de la surface ; ni trop en profondeur, Banyuls-sur-Mer car elles ont besoin d’un minimum d’énergie lumineuse U Une morphologie variée Cap de Peyrefite (en quantité et en qualité) nécessaire à la photosynthèse. S Dans le Parc naturel marin du golfe du Lion, le coralligène La surface occupée par le coralligène au niveau de la côte atteint plusieurs mètres d’épaisseur. La faune et la fl ore, des Albères est supérieure à 90 ha. Il existe deux types de E Cap Canadell 42°27'N extrêmement bien représentées, y offrent une diversité coralligène. Le coralligène de paroi recouvre les substrats Cerbère de formes, une merveilleuse palette de couleurs et une rocheux avec un concrétionnement généralement richesse biologique unique. peu épais. Sur cette structure, on note fréquemment Cap Cerbère l’abondance des gorgones blanches et rouges. Le coralligène de paroi est à distinguer du coralligène de plateau qui s’édifi e sur une base rocheuse horizontale au ESPAGNE milieu des fonds meubles. Il peut faire plusieurs mètres d’épaisseur. La côte rocheuse est réputée pour ces Le coralligène imposantes et peu profondes formations en plateau.

Coralligène 012km010,5 milles marins

Sources : CG 66, DIREN LR, RNM CB, GIS Posidonie, Observatoire Océanologique de Banyuls, ADENA, UMR 5244 CNRS-EPHE-UPVD CBETM, AAMP, EEA, Ifremer, SHOM, IGN Système de coordonnées: RGF 93 / Lambert 93

50 Les zones de coralligène au-dessus de 30 m de profondeur correspondent en général à du coralligène dense et au-delà de 30 m à du coralligène épars (en association avec le sable). Ces concrétionnements forment des massifs épars de plusieurs mètres d’épaisseur et pouvant parfois couvrir de grandes surfaces horizontales. La structure de ces massifs comporte de très nombreuses anfractuosités d’une grande richesse. Localement, le coralligène, au niveau des faibles profondeurs, correspond à un assemblage d’espèces mieux adapté aux fortes intensités lumineuses avec la présence d’algues vertes, telles que la monnaie de Poséidon, Halimdea tuna, et l’éventail de mer, Udotea petiola.

Un milieu en équilibre précaire... Comme tout substrat calcaire en mer, le coralligène subit une érosion qui est l’œuvre de nombreux organismes tels les éponges perforantes, les mollusques, les oursins brouteurs d’algues vivantes. Une perpétuelle compétition dynamique s’engage entre les organismes constructeurs et destructeurs du coralligène. Ce milieu est fragile, en équilibre. Les perturbations, les désordres de toutes natures infl uent insidieusement sur la bioconstruction et la biodestruction dynamiques du coralligène. Elles lui nuisent. La pollution entraîne une diminution de la richesse spécifi que globale, réduit la densité des individus ; l’activité constructrice est ralentie alors que celle des foreurs est activée. Lorsqu’elle est avérée, la surpêche modifi e la structure des peuplements, engendre la disparition de certaines espèces de crustacés (langoustes, homards, cigales) et de poissons (mérous, corbs). La multiplication des mouillages, dans certaines zones, génère des dommages, comme pour l’herbier de posidonies. Les coups de palmes de plongeurs causent également des dégâts. Ces dégradations sont amplifi ées par une forte fréquentation. Or la croissance du coralligène est lente, moins d’un millimètre par an.

Une mer où cohabitent de multiples espèces > Habitats remarquables 51 ... À protéger Depuis 2006, cet habitat fait l’objet d’un projet prioritaire du Plan d’action pour la Méditerranée (PAM). Il entre dans le cadre du protocole relatif aux aires spécialement protégées et à la diversité biologique de la convention de Barcelone ainsi que dans le programme d’action stratégique pour la conservation de la diversité biologique en région méditerranéenne. Dans le cadre de Natura 2000, le coralligène est intégré dans l’habitat « récifs » de la directive habitats (régions Ligurie ou Baléares) mais la communauté scientifi que méditerranéenne préconise de plus en plus de l’intégrer dans l’annexe II de la directive, faisant ainsi de celui-ci un habitat prioritaire, à l’instar de l’herbier de posidonies. Le rouge sang de la fl eur PLAN D’ACTION POUR Déjà présent en Méditerranée au Crétacé supérieur, il y a environ huit millions LA MÉDITERRANÉE d’années, le corail rouge, Corallium rubrum, est localisé essentiellement dans la plan adopté en 1975: sous partie occidentale de la Méditerranée. Cette espèce tapisse le plafond des grottes, l’égide du programme les surplombs rocheux, les excavations ou la lisière des crevasses, faiblement des Nations-Unies pour exposés à la lumière. Sur la côte rocheuse des Albères, phénomène rare, le corail l’environnement, en même rouge est présent dès quinze mètres de profondeur du fait de la turbidité des eaux. temps que la convention de Il y a encore peu de temps, des colonies s’épanouissaient tout le long de la côte. Barcelone pour la protection Aujourd’hui, il n’en reste quasiment que dans la Réserve naturelle marine de de la mer Méditerranée Cerbère-Banyuls. À taille adulte, le corail rouge a peu de prédateurs, excepté contre la pollution l’homme. Cette espèce est prélevée dans l’unique but de servir à la confection de bijoux. La pêche du corail rouge est soumise à une réglementation spécifi que, mais nombreux sont ceux qui estiment que, dans cette région, il devrait être mis un terme à cette pêche.

52 VOYAGE DANS LES VALLÉES SOUS-MARINES

Les canyons sous-marins ont, dès les débuts de l’océanographie, attisé l’imagination des explorateurs. La taille imposante des vallées sous-marines, de plusieurs centaines de mètres, n’était pas sans rappeler les canyons creusés par les rivières sur les continents… La marge maritime du Languedoc-Roussillon est probablement l’une des régions du monde qui a fait l’objet des plus anciennes explorations. Dès la fi n du XIXe siècle, Pruvot explore, à bord du vapeur « Roland », les parages du rech (canyon) de Lacaze-Duthiers. Aujourd’hui, on sait que les canyons jouent un rôle primordial dans les échanges entre le plateau, le talus et les plaines abyssales, entre les continents et les océans. Tout à la fois zones de refuge, de frayère, de nurserie pour de nombreuses espèces - poissons, crustacés, cétacés, céphalopodes -, ils forment des habitats essentiels à la biodiversité des zones côtières et du plateau continental.

Les canyons du golfe du Lion L’une des caractéristiques des fonds sous-marins du nord- ouest du golfe du Lion tient à la présence de canyons sous-marins. Le talus du golfe du Lion est entaillé par neuf canyons principaux répartis d’ouest en est : le canyon du cap de Creus, Lacaze-Duthiers, Pruvot, Bourcart ou de l’Aude, canyon de l’Hérault, de Sète, de Montpellier ou Marti, canyon du petit Rhône et canyon du grand Rhône. Le canyon du cap de Creus et le canyon Lacaze-Duthiers sont les principaux exutoires des eaux de plateau continental. 90 % des eaux du plateau passent par le canyon du cap de Creus, 5 % par le canyon Lacaze- Duthiers et 5 % pour l’ensemble des autres canyons. Par conséquent, la roche affl eure fréquemment dans les canyons du cap de Creus et Lacaze-Duthiers alors qu’elle est recouverte quasi intégralement par la vase dans tous les autres canyons, excepté au niveau des falaises verticales.

Une mer où cohabitent de multiples espèces > Habitats remarquables 53

3°0'E 3°10'E 3°20'E 3°30'E 3°40'E 3°50'E

-20 -50

AUDE Cap GOLFE Leucate DU LION

Etang L’origine des canyons de Salses-

42°50'N L’interprétation la plus souvent proposée pour expliquer La plupart du temps, l’eau des upwellings n’atteint pas la Leucate l’origine des canyons est basée sur l’observation selon surface mais, plus froide et plus salée, donc plus dense, laquelle de nombreux canyons de la pente continentale elle forme une couche cantonnée au fond qui, à la sortie peuvent être associés à des fl euves du continent. Cette de la tête du canyon, s’étale sur le plateau continental. interprétation a été implicitement retenue, lorsque l’on a Les mécanismes hydrologiques qui interviennent au CANYON baptisé certains canyons languedociens comme l’Hérault -100 BOURCART niveau d’un canyon sont plus intenses sur ses fl ancs et son et l’Aude (rebaptisé Bourcart), même si aucune continuité pourtour qu’au centre même. Les têtes de canyon jouent un

42°40'N fl euve-canyon n’était observable en la circonstance. Le rôle majeur, avec des phénomènes et des fl ux plus forts et canyon de Lacaze-Duthiers a, pour sa part, clairement été plus marqués que dans les autres parties du canyon. relié à un fl euve pyrénéen, probablement l’Agly ou le Tech.

-200 Des ascenseurs pour les masses d’eau CANYON PRUVOT Cap Béar La montée : upwelling PYRÉNÉES- ORIENTALES Les vents n’exercent pas leur infl uence sur la seule bordure CANYON 42°30'N LACAZE - DUTHIERS côtière : ils peuvent également occasionner des remontées VENT UPWELLING Cap Cerbère d’eaux profondes à la limite entre le plateau continental et le talus (phénomène d’upwelling), qui seront canalisées par les canyons sous-marins. Ces déplacements de masses ESPAGNE CANYON d’eau créent des fronts thermiques et induisent un DU CAP CREUS déplacement vertical de la thermocline. Les upwellings du golfe du Lion sont créés par les vents forts de composante 42°20'N

nord-ouest. Ces vents étant fréquents, les remontées VENT d’eau profondes le sont également. CASCADING L’intensité du phénomène et la profondeur d’origine des eaux qui remontent dépendent de la topographie du canyon ainsi que de la position du courant nord Méditerranée, qui agit comme une barrière. De ce fait, un Canyons du golfe du Lion occidental canyon atteignant rapidement les grandes profondeurs > Campagnes MINIBEX 2008 et MEDSEACAN 2008-2009 > Morphologie: permettra à des eaux plus profondes, et donc chargées Transects réalisés: Courants d’upwelling (eff ets de vents de refl ux) et de rupture de pente en sels nutritifs, de remonter avec des mouvements cascading (eff ets de vents d’afl ux) en ROV (Caméra remorquée) ressaut verticaux pouvant atteindre jusqu’à 420 m d’amplitude. en sous-marin thalweg Inversement, un canyon moins abrupt ne conduira qu’à la > Observations: remontée d’eaux subsuperfi cielles (60 à 200 m), pauvres corail blanc corail noir Tête de canyon en éléments nutritifs. 0612km

Sources : AAMP, DREAL LR, Observatoire Océanologique de Banyuls-sur-Mer, EEA, Ifremer, SHOM, IGN 031,5 milles marins Système de coordonnées: RGF 93 / Lambert 93

54 La descente : downwelling ou cascade La plongée hivernale d’eau dense est un processus En campagne dans les vallées océanographique connu de longue date, qui affecte sous-marines de Méditerranée des régions spécifi ques de l’océan mondial. Le Parc naturel marin du golfe du Lion est l’une des rares zones Dans le cadre de son programme d’amélioration En effet, c’est la première fois que les canyons de Médi- de Méditerranée où ce phénomène est régulièrement de la connaissance du milieu marin, l’Agence des aires terranée ont fait l’objet d’une campagne systématique. observé. Des combinaisons particulières de vent et de marines protégées a réalisé en 2009 et 2010 un état L’objectif fi nal est d’obtenir un état de référence des lieux des habitats et des espèces présentes dans des écosystèmes entre 100 et 600 m de profondeur, température de l’air peuvent en effet conduire à un toutes les têtes de canyon de la Méditerranée comprenant une information précise sur la présence tel refroidissement des eaux de surface du plateau au large des côtes françaises, de la frontière et la répartition de coraux profonds et d’espèces continental que celles-ci coulent brutalement sous l’effet espagnole à la frontière monégasque. Le biologiques particulières (poissons, crustacés, cnidaires). de l’augmentation de leur densité. Se forment alors de programme qu’a lancé l’Agence avec l’appui Au-delà de l’amélioration de la connaissance de ces véritables cascades sous-marines, qui débordent des scientifi que de nombreuses équipes (Ifremer, EPHE, espaces marins remarquables, les résultats de ces limites du plateau pour s’écouler le long de sa pente. CNRS, Institut des sciences de la mer de Barcelone, campagnes favorisent une meilleure gestion du Leur durée, leur intensité et la profondeur de leur plongée Université de Perpignan, de Marseille et de Nice, patrimoine écologique associé aux canyons de dépendent des conditions météorologiques. Elles sont Stations marines de Villefranche-sur-Mer et de Banyuls- Méditerranée. Ils ont fourni également des arguments également fortement infl uencées par la morphologie Paris VI …) constitue une première. pour la défi nition du périmètre du Parc naturel marin sous-marine. du golfe du Lion.

55 Plusieurs cascades ont ainsi été détectées, dont une Larges de 100 m en moyenne et longs de plusieurs Les canyons sous-marins jouent un rôle prépondérant particulièrement intense durant l’hiver 1999. Cette dizaines de kilomètres, ces sillons entaillent les fonds au sein même du talus continental. Ils servent de lieux cascade, qui s’est produite dans le canyon du cap de meubles du canyon sur plusieurs mètres de profondeur. d’échanges préférentiels entre les différentes entités Creus, principal exutoire des eaux denses côtières Ces résultats suggèrent qu’à notre époque de haut physiques que constituent le plateau, le talus et les plaines du golfe du Lion, a duré 40 jours. Elle a entraîné niveau marin, une érosion signifi cative des canyons par abyssales, et de lien entre ces différents écosystèmes. l’exportation à plus de 2 000 m de profondeur d’une des processus purement hydrodynamiques comme les Ce sont des zones fragiles et menacées par la pollution eau côtière particulièrement dense, chargée en cascades sous-marines est possible. et certains types de pêche. De plus, des modélisations sédiments arrachés au plateau continental et aux fl ancs En raison de la rapidité du transfert, cette cascade a récentes semblent aujourd’hui indiquer que les plongées du canyon. Exceptionnelle par son ampleur et sa force, également apporté avec elle les grandes quantités de d’eaux denses pourraient être affectées, voire arrêtées elle a déplacé, à travers ce seul canyon, un volume matière organique fraîche, produite à la même période par le réchauffement climatique. Les conséquences sur 3 d’eau de 750 km , soit environ les 2/3 du volume d’eau dans les eaux côtières par un bloom phytoplanctonique la ventilation des eaux intermédiaires et profondes, contenu sur le plateau du golfe du Lion ou encore le particulièrement intense. Pareille injection de matière sur la séquestration du CO2 par l’océan ou encore sur volume d’eau transporté par le Rhône en 14 ans. organique hautement nutritive vers les écosystèmes l’alimentation des écosystèmes profonds pourraient être Les courants violents engendrés par cet épisode - jusqu’à profonds n’a que très rarement été observée. Elle est considérables. 1 m/s - semblent être à l’origine des champs de « sillons toutefois susceptible de transformer brusquement, mais géants » qui ont été identifi és très récemment dans le de manière temporaire, des « déserts » biologiques canyon, jusqu’à 1 400 m de profondeur. profonds en « oasis ».

56 Il débute à une centaine de mètres de profondeur par un ravin étroit à environ treize milles à l’est du cap Béar, puis il s’incurve plus au large en direction de l’est. En tête de cette vallée sous-marine existent des affl eurements rocheux, le plus important étant le Fontaindreau qui limite le rech Lacaze-Duthiers. Il est constitué de grès calcaires plus ou moins grossiers attribués au quaternaire. Ce canyon contribue au bon fonctionnement des écosystèmes des zones côtières et du plateau continental. Les forts courants induits par les phénomènes de cascades d’eau et d’upwellings favorisent le nettoyage des parois du canyon, par érosion des placages de vase, ainsi que l’apport de matériaux dissous et particulaires aux écosystèmes profonds. Le nettoyage permanent des parois du canyon par les courants permet de faire apparaître la roche. Les affl eurements rocheux, substrats durs permettant l’ancrage, combinés aux apports de nutriments par les courants, sont extrêmement propices à l’installation de coraux d’eaux froides. Sur l’ensemble des canyons du golfe du Lion, seul celui L’exceptionnel Lacaze-Duthiers de Lacaze-Duthiers possède une biodiversité et une Dans le Parc naturel marin, se trouve le canyon le plus densité aussi importantes. Il faut cependant remarquer long du golfe du Lion : Lacaze-Duthiers. Ce canyon forme la présence d’une falaise rocheuse, sur la face est du une coupure étroite dans un massif rocheux, longue de canyon Bourcart, longue de 2 km et haute de 50 m, vingt-trois kilomètres, large de trois kilomètres en tête, particulièrement riche en corail noir (branche de plus et de neuf kilomètres au niveau de la plaine abyssale d’1,5 m). Ces canyons voisins semblent constituer des située environ à mille mètres de profondeur. Ce canyon zones de pêche intéressantes car ils sont plus praticables offre des caractéristiques fort intéressantes tant sur le que l’étroit et tortueux canyon Lacaze-Duthiers. plan géologique, morphologique, et hydrodynamique que sur le plan biologique. Situé au débouché du golfe du Lion, d’orientation NNW-SSE, il est loin du courant nord méditerranéen et n’est pratiquement pas encadré par le plateau continental. Cette fosse subabyssale est une ancienne vallée de la plaine côtière remontant au Miocène.

Une mer où cohabitent de multiples espèces > Habitats remarquables 57 Le corail des abysses

L’existence de coraux profonds dans les canyons de Méditerranée est attestée depuis une quarantaine d’années, avec la présence de Madrepora oculata sur les escarpements rocheux des canyons au large de Banyuls. Grâce aux plongées effectuées sur le canyon Lacaze-Duthiers, entre 90 et 500 mètres de profondeur, lors des campagnes mises en place par la DREAL (ex DIREN) Languedoc-Roussillon puis par l’Agence des aires marines protégées (en collaboration avec l’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer), de nombreuses colonies de coraux profonds d’eaux froides ont été découvertes sur les parois de hautes falaises et de blocs rocheux. Même si toutes les informations recueillies à cette occasion n’ont pas encore pu être exploitées, les premiers résultats de ces deux campagnes ont permis de mettre en évidence l’incroyable richesse en coraux de ce canyon. Lorsque les pentes des parois du canyon sont importantes, la vase, poussée par les courants, ne parvient pas à se déposer et la roche affl eure. La partie ouest étant plus abrupte que la partie est sur la majeure partie du canyon, c’est principalement sur cette face qu’on a pu observer les coraux. De façon assez générale, lorsque la roche affl eure, elle est colonisée par les coraux. Toutefois, si les grandes falaises rocheuses accueillent les colonies les plus importantes, l’orientation de ces falaises semble en infl uencer la densité. En l’absence de lumière à ces profondeurs, ce phénomène pourrait être lié aux variations du courant et des apports en éléments nutritifs, en fonction deoculata l’exposition. La profondeur semble aussi jouer un rôle sur la répartition des coraux puisque l’espèce Madrepora est rencontrée le plus fréquemment entre 150 et 350 m, alors qu’entre 350 et 500 m de profondeur, c’est plutôt Lophelia pertusa qui est observée.

58 Un écosystème riche et fonctionnel Lors des campagnes d’exploration, quatre espèces Les prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire que de coraux froids protégées, Lophelia pertusa sont les cétacés et les oiseaux sont présents en quantité (espèce arborescente blanche), Madrepora oculata, importante au niveau de ces eaux riches en plancton et en Un chasseur Desmophyllum cristagalli, Dendrophyllia cornigera (corail petits pélagiques. En plus d’une biodiversité remarquable, à l’aff ût arborescent jaune), ont été observées dans le canyon il a été constaté que la biomasse de poisson est bien Lacaze-Duthiers. Trente-cinq espèces remarquables ou supérieure dans le canyon que sur le talus. C’est pourquoi, Au niveau des têtes de canyon et de la fi n du plateau menacées ont été identifi ées, notamment le requin l’activité de pêche est particulièrement importante au continental, se pêche un poisson très apprécié pour Centrine, et onze espèces commerciales de poissons et niveau des têtes de canyon. sa chair et vendu sous le nom de lotte. Sur les étals de crustacés. Le canyon Lacaze-Duthiers apparaît comme À la différence de certains canyons situés entre le Rhône des poissonniers, seule la queue est en vente, c’est pourquoi peu de gens ont déjà vu ce poisson en entier. exceptionnel par la richesse et la diversité du milieu et et l’Italie, il n’y a pas eu d’observation de fl ore marine au La baudroie, Lophius piscatorius, est pourtant facilement de sa faune. niveau des canyons du golfe du Lion. Ceci s’explique par reconnaissable, elle possède une tête énorme qui la turbidité des eaux, qui limite l’extension en profondeur constitue 60 % du poids de l’animal, une peau verdâtre des végétaux. Tous les mouvements hydrologiques ou brun-jaune dépourvue d’écailles et légèrement existants ou prenant naissance dans les canyons vont visqueuse. Posé sur des fonds de sable ou de vase agir sur la distribution, la composition et la qualité de assez profonds, ce prédateur se camoufl e en adaptant la faune : plancton, larves de poissons, coraux ainsi que sa coloration à celle du milieu environnant. À l’affût de leurs prédateurs. Ces caractéristiques vont se retrouver au proies qui passent à proximité, la baudroie les attire près niveau de la composition et de l’abondance des faunes de sa gueule en dandinant une excroissance, fantastique dans tous les maillons de la chaîne alimentaire. appât, au bout d’un fi lament « canne à pêche » au dessus de sa tête. Les poissons intrigués s’en approchent, et le carnassier les happe en se propulsant à l’aide de ses nageoires pectorales puissantes.

Une mer où cohabitent de multiples espèces > Habitats remarquables 59 Au rendez-vous des cétacés Sept espèces fréquentent le canyon Lacaze-Duthiers. Quatre sont communes : le grand dauphin, le dauphin bleu et blanc, le rorqual commun (le deuxième plus gros animal de la terre après la baleine bleue) et le dauphin de Risso. Une autre espèce est fréquente, le cachalot, et deux sont rares, le rorqual à museau-pointu et la baleine de Cuvier, Ziphius cavirostris. Les différents cétacés semblent ne pas fréquenter les mêmes parties du canyon simultanément. Cependant, les têtes de canyon ont nettement leur préférence.

Menaces sur le canyon Le canyon Lacaze-Duthiers apparaît fragilisé par la pollution et les « déchets » de la pêche constatés lors des campagnes d’exploration. D’innombrables palangres abandonnées accrochées aux rochers balayent et décrochent les précieux coraux froids, de très nombreux macro-déchets (plastiques, ferrailles, fi lets) s’agglutinent dans les vallons. Ces détritus n’étaient pas visibles lors d’une précédente campagne menée dans les années soixante, sur le canyon Lacaze-Duthiers.

60 Un patrimoine naturel reconnu

61 3°0'E 3°10'E 3°20'E 3°30'E

-20 SIC - Côtes sableuses de l'Infralittoral languedocien SIC, ZPS et site RAMSAR - Complexe lagunaire de Lapalme

AUDE PNR de la Narbonnaise

Cap Leucate -50 en Méditerranée GOLFE ZPS - Côte languedocienne DU LION

Etang SIC - Prolongement en mer des cap et étang de Leucate La Réserve naturelle marine de Salses- Leucate CEL - Etang de Salses 42°50'N de Cerbère-Banyuls SIC et ZPS - Complexe lagunaire de Salses

CEL - Mas de l'Isle

CEL - Le Bourdigou

SIC et ZPS - Complexe lagunaire de Canet CEL - Etang de Canet - St-Nazaire -100 Le milieu marin des côtes sableuse et rocheuse est un LA PREMIÈRE RÉSERVE concentré de Méditerranée riche et diversifi é. Il est aussi Etang RNN et CEL - Mas Larrieu de Canet fragile, soumis aux pressions naturelles et humaines. NATURELLE EXCLUSIVEMENT SIC - embouchure du Tech et Grau de la Massane 42°40'N SIC - Posidonies de la Côte des Albères Des hommes et des femmes, conscients de ces MARINE DE FRANCE

ZPS - Cap Béar - problématiques, œuvrent depuis des années à une Cap Cerbère meilleure gestion de la mer. Le Parc naturel marin s’inscrit L’histoire de la Réserve remonte aux années 60. En 1965, CEL - Cap Béar dans la continuité de leur action, une nouvelle étape dans les pêcheurs de Port-Vendres ont vu leur rendement baisser CEL - Anse de Paulilles la prise de conscience des enjeux marins. d’environ 50 % en cinq ans, alors que leurs embarcations SIC - Côte rocheuse En bordure de la côte rocheuse au pied du massif cristallin de pêche étaient de plus en plus puissantes. Les prises en des Albères des Albères (contrefort de la chaîne des Pyrénées), rougets, Mullus barbatus et Mullus surmuletus, s’étaient CEL - Armen PYRÉNÉES- Cap Béar la Réserve naturelle se situe entre l’île Grosse, à la notamment effondrées, comme celles de squales et de ORIENTALES CEL - Cap l'Abeille sortie du port de Banyuls-sur-Mer, et le cap Peyrefi tte, raies. Trois ans auparavant, l’arrivée de pêcheurs rapatriés RNN marine de d’Algérie avait radicalement modifi é la profession. 42°30'N à proximité de Cerbère. Elle s’étire ainsi sur 6,5 km de Cerbère-Banyuls rivage et s’étend sur environ 2 km vers le large, soit une Alors que celle-ci était longtemps demeurée artisanale SIC - Massif des Albères superfi cie totale de 6,5 km² en mer. Le ruissellement des (petits chalutiers faiblement motorisés), elle découvrait ESPAGNE Cap Cerbère eaux sur les pentes des montagnes proches, le courant la course à l’armement et la rentabilisation méthodique liguro-provençal amenant les alluvions du Rhône, et les de l’outil de travail. Jusqu’alors les moyens de pêche, Espaces protégés ou réglementés vents souvent violents sont à l’origine de la présence dans encadrés par les prud’homies, restaient compatibles avec l’eau de nombreuses particules minérales et organiques. > NATURA 2000: > Patrimoine historique et paysager: la ressource halieutique locale. À partir de 1962, l’équilibre Ces particules contribuent à la richesse de la faune et de Directive Habitats-Faune-Flore (SIC) Site classé était rompu, les poissons se raréfi aient. la fl ore de la réserve. Directive Oiseaux (ZPS) Site inscrit

Réserve naturelle nationale (RNN) Parc naturel régional (PNR) Site du Conservatoire du Littoral (CEL) Site RAMSAR 048km

Sources : MNHN, PREMAR, DREAL, AAMP, EEA, Ifremer, SHOM, IGN 031,5 milles marins Système de coordonnées: RGF 93 / Lambert 93

62 Un poisson bonhomme

La gueule bien fendue, la pupille en forme de poire, le mérou brun, Epinephelus marginatus, fait partie des huit espèces recensées en Méditerranée. Généralement de couleur brune, parsemée de taches claires irrégulières en nuages, sa livrée évolue selon ses humeurs. Des taches rayonnantes blanc argenté, des stries argentées sur les fl ancs, une teinte générale virant au bleu-noir, pas de doute, c’est la tenue des grands mâles en période de reproduction. Convoité pour sa chair, le mérou a frôlé l’extinction. Ce poisson emblématique doit son salut à la mise en place du Groupe d’études du mérou, le GEM, en 1986, qui a obtenu un moratoire interdisant sa chasse en 1993. Cette protection a été reconduite en 2007.

À son tour, le développement du tourisme a engendré un essor considérable de la navigation de plaisance, de la pêche de loisir, de la pêche sous-marine et de la plongée en scaphandre. À ces perturbations nouvelles se sont ajoutées de multiples pollutions du milieu marin, alors peu prises en compte localement car méconnues : eaux usées directement rejetées en mer, recrudescence des traitements agricoles, usage sur les carènes de peintures anti-salissures très toxiques, rejet en mer d’hydrocarbures par les bateaux de plaisance ou professionnels (huiles de vidange, résidus de fuel et d’essence). Si, dans bien des cas, il est diffi cile de supprimer, voire même de limiter ces agressions, il est néanmoins possible de contrôler les activités humaines sur un périmètre bien défi ni, dans une aire marine protégée. C’est dans cet esprit qu’en 1969, la municipalité de Cerbère chargeait le laboratoire Arago de Banyuls d’étudier la possibilité de mettre en réserve biologique une partie de la côte rocheuse. En 1971, ce dernier présentait un « rapport scientifi que justifi catif en vue de la création d’une réserve biologique marine ». Ce rapport soulignait la nécessité de protéger certaines espèces particulièrement menacées. Le 26 février 1974, l’État créait la Réserve naturelle marine de Cerbère-Banyuls, la première en France à être exclusivement marine ; en 1977, sa gestion était remise au Conseil général des Pyrénées-Orientales.

Un patrimoine naturel reconnu > Cerbère-Banyuls 63 Les objectifs de la Réserve sont : • conserver les habitats originels et leur diversité spécifi que ; • contrôler les activités humaines afi n de rendre la fréquentation du site compatible avec les objectifs de conservation du patrimoine ; • favoriser l’effet « réserve » par la mise en place de mesures de protection à l’extérieur du site ; • présenter un intérêt pédagogique et culturel pour sensibiliser le public (accueil de classes, de groupes) ; • constituer un outil de travail pour des recherches scientifi ques ; • procurer un avantage économique : accroître l’intérêt des touristes pour cette côte ; • participer au maintien de la pêche artisanale aux petits métiers. Ce statut de pionnier dans la protection de l’environnement marin a permis d’innover, mais trop de régimes dérogatoires aux dispositions réglementaires ont affaibli le rôle de la Réserve. Il fut décidé de mettre en place au cœur de l’espace protégé une « super réserve ». C’est ainsi qu’en 1978, le Préfet maritime de Méditerranée prenait, avec l’accord de la prud’homie de pêche de Banyuls, un arrêté instaurant le « cantonnement à but scientifi que du cap Rédéris » : la réserve intégrale était née ! En 1990, la Réserve a connu une nouvelle étape, décisive, avec le décret 90-790 du 6 septembre, modifi ant son statut de création. Ce décret, fruit d’une large concertation avec les administrations nationales et locales, les scientifi ques et les divers usagers du site, a mis en place un nouveau mode de gestion. Les usagers de la mer ont été plus étroitement associés à la gestion de la réserve et la « zone de protection renforcée » du cap Rédéris a été pérennisée.

64 RÉGLEMENTATION LLaa protectionprotection estest renforcéerenforcée dansdans lala réserveréserve « intégraleintégrale »,», LLeses aagentsgents ddee llaa RRéserveéserve ssontont ccommissionnésommissionnés eett ddee 00,65,65 kkm²,m², aauu nniveauiveau dduu ccapap RRédéris,édéris, ooùù ttousous lleses aassermentés,ssermentés, cece quiqui leurleur permetpermet dede dresserdresser desdes ET SENSIBILISATION pprélèvements,rélèvements, immersionsimmersions ouou ancragesancrages sontsont interdits,interdits, pprocèsrocès verbauxverbaux lorsqu’ilslorsqu’ils constatentconstatent uneune infraction.infraction. hhormisormis cceuxeux iinhérentsnhérents aauu ddéroulementéroulement ddeses éétudestudes NNéanmoinséanmoins iilsls ss’attachent’attachent à pprivilégierrivilégier llaa ppréventionrévention sscientificientifi qquesues aagrééesgréées pparar llee ccomitéomité cconsultatifonsultatif ddee llaa eett llaa ssensibilisationensibilisation à llaa rrépression.épression. AAfifi n ddee mmutualiserutualiser RRéserve.éserve. DDansans llee rresteeste ddee llaa rréserve,éserve, ssoitoit eenvironnviron 6 kkm²,m², lleses mmoyensoyens ppublicsublics eett dd’être’être ppluslus eeffiffi ccaces,aces, iilsls ccertainesertaines aactivitésctivités hhumainesumaines ssontont rréglementées,églementées, ccommeomme ccollaborentollaborent aavecvec ll’Offi’Offi ccee nnationalational ddee llaa cchassehasse eett ddee llaa llaa pêchepêche etet d’autresd’autres interdites,interdites, commecomme lala chassechasse sous-sous- ffauneaune ssauvage,auvage, llaa GGendarmerieendarmerie mmaritimearitime eett nnationale,ationale, mmarine.arine. À tterre,erre, eentrentre llee pportort ddee BBanyulsanyuls eett llee ccapap PPeyrefieyrefi tte,e, lleses AAffairesffaires mmaritimesaritimes eett lleses DDouanesouanes ppourour vveillereiller aauu pplusieurslusieurs ppanneauxanneaux ssituésitués aauxux principauxprincipaux aaccèsccès à lala mermer rrespectespect ddee llaa rréglementationéglementation ppropreropre à llaa rréserve.éserve. rrappellentappellent llaa rréglementationéglementation eett iinformentnforment llee ppublic.ublic. LLee ttravailravail dd’agent’agent ddee llaa rréserveéserve ppeuteut ssee ddécrireécrire eenn ccinqinq mmissionsissions : llaa ssurveillanceurveillance ddee llaa rréserve,éserve, lleses oobservationsbservations eett ssuivisuivis sscientificientifi qques,ues, llee ssuiviuivi eett llaa ggestionestion ddeses aactivitésctivités hhumaines,umaines, lleses aanimationsnimations ppédagogiquesédagogiques aauprèsuprès d’enfantsd’enfants et,et, enfienfi nn,, ll’accueil’accueil dduu ppublic.ublic.

65 L’élégance du corb LES JOYAUX umbra DE LA RÉSERVE MARINE Son ventre plat et son dos fortement incurvé, de couleur bronze, rendent sa silhouette aisément identifi able. Le corb, Sciaena LLaa RRéserveéserve nnaturelleaturelle mmarinearine aabritebrite ttroisrois ddeses pprincipauxrincipaux , est un poisson plutôt nocturne que l’on peut parfois hhabitatsabitats mméditerranéenséditerranéens qquiui ccontribuentontribuent aauu ddéveloppementéveloppement rencontrer en journée parmi les herbiers, la tête légèrement ddee fformesormes vvivantesivantes vvégétaleségétales : llee ttrottoirrottoir à llithophyllum,ithophyllum, penchée vers le bas, autour des fonds rocheux, à proximité de grottes ou de larges anfractuosités au sein desquelles lleses hherbierserbiers ddee pposidoniesosidonies eett llee ccoralligène.oralligène. CCeses hhabitatsabitats il s’abrite. Il vit en petits groupes chassant, de préférence la ffaçonnentaçonnent uunn ppaysageaysage ssous-marinous-marin ttrèsrès ddiversifiiversifi é : lleses nuit, poissons, crustacés et mollusques. Il est assez facile à ffondsonds ssableuxableux ssuccèdentuccèdent aauxux ffondsonds rrocheux,ocheux, llieuxieux ddee approcher, ce qui le rend particulièrement vulnérable à certains vvieie ddee nnombreusesombreuses eespècesspèces ccommunesommunes ddee ppoissons,oissons, aauu types de pêche. De ce fait, il est surtout rencontré entre cinq et nniveauiveau desdes baiesbaies etet desdes criques.criques. CesCes substratssubstrats meublesmeubles cinquante mètres de profondeur dans la réserve marine. ssontont ddominantsominants aau-delàu-delà ddee 3300 m ddee pprofondeur,rofondeur, ooùù iilsls ssee ccaractérisentaractérisent pparar uunn tauxtaux d’envasementd’envasement aassezssez important.important. TTousous cceses hhabitatsabitats oontnt éétété cclasséslassés dd’intérêt’intérêt ccommunautaireommunautaire ddansans llee ccadreadre ddee NNaturaatura 22000.000. PPluslus dede 12001200 espècesespèces animalesanimales etet environenviron 500500 espècesespèces vvégétaleségétales oontnt éétété ddécritesécrites ddansans llaa RRéserveéserve nnaturelle.aturelle. AAuu sseinein ddee llaa ffaune,aune, lleses ggroupesroupes lleses mmieuxieux rreprésentéseprésentés ssontont lleses mollusquesmollusques ((gastéropodes,gastéropodes, bbivalves),ivalves), lleses sspongiaires,pongiaires, lleses ccnidairesnidaires ((corailcorail rrouge,ouge, ggorgones),orgones), lleses vversers ppolychètesolychètes eett lesles poissons.poissons. AuAu seinsein dede lala fl oore,re, lleses aalgueslgues ssontont lleses ppluslus aabondantesbondantes mmaisais ssignalonsignalons aaussiussi llaa pprésencerésence iimportantemportante ddee llaa pposidonie.osidonie. PParmiarmi cceses eespèces,spèces, 4499 pprésententrésentent uunn sstatuttatut ddee pprotectionrotection dd’un’un nniveauiveau nnational,ational, eeuropéenuropéen oouu iinternational,nternational, ddontont llaa pposidonieosidonie eett llaa ggranderande nnacreacre pprotégéesrotégées ddansans llee ccadreadre ddee NNaturaatura 22000,000, llaa dattedatte dede mermer (bivalves),(bivalves), llaa grandegrande cigalecigale ((crustacé),crustacé), llaa rraieaie bblanche,lanche, llee ggrandrand ddauphin…auphin… DD’autres’autres eespèces,spèces, ttoutout aaussiussi rremarquablesemarquables eett ddontont lleses ppopulationsopulations aavaientvaient rrégresséégressé rrepeuplentepeuplent ddésormaisésormais lleses ffondsonds ddee lala RéserveRéserve : mérous,mérous, corbs,corbs, dentis,dentis, sarssars tambour,tambour, mmostelles,ostelles, homardshomards etet langoustes.langoustes. EnEn pleinepleine eau,eau, lesles ppassagesassages ddee ggrandsrands pprédateursrédateurs ttelsels qqueue bbonites,onites, ssérioles,érioles, bbarracudasarracudas oouu llichesiches ssontont ffréquents.réquents.

66 La protection du milieu naturel assurée par la Réserve porte aujourd’hui ses fruits. Les animaux y sont de plus grande taille LE PARC NATUREL MARIN etpuntazzo en nombre plus important, mais surtout ils essaiment vers l’extérieur. L’effet de la Réserve est encore plus sensible sur les ET LA RÉSERVE NATURELLE MARINE espèces rares et recherchées. Le sar à museau pointu, Diplodus , la dorade grise, Spondylosoma cantharus, et le corb, La Réserve naturelle marine de Cerbère-Banyuls a joué un Une réserve naturelle garantit la protection et la diversité, Sciaena umbra, espèces devenues exceptionnelles dans la zone rôle fondamental localement dans la prise en compte des non seulement des espèces animales et végétales, mais exposée à la pêche ainsi qu’à la chasse sous-marine, évoluent enjeux spécifi ques au milieu marin. Son effi cacité et son aussi du milieu naturel dans lequel elles vivent, leur dorénavant en grand nombre dans la Réserve. Le nombre de rôle précurseur sont reconnus nationalement. habitat. Les activités humaines y sont réglementées afi n mérous est passé de sept en 1986 à environ deux cents, vingt La réserve est une aire marine protégée, de type de concilier au mieux la protection du patrimoine naturel ans plus tard. Les conséquences de la protection renforcée se réglementaire, conçue pour des espaces marins de taille et l’utilisation de l’espace par les hommes, l’objectif étant traduisent aussi par une augmentation de la densité des espèces limitée (6,5 km² pour celle de Cerbère-Banyuls). Le Parc de limiter les prélèvements et le dérangement des espèces pêchées. Cette richesse exceptionnelle attire beaucoup de monde : naturel marin, aire marine protégée d’un nouveau genre, et de favoriser la restauration du milieu. chaque année, près de 35 000 estivants, plongeurs sous-marins, est adapté pour de grands espaces marins où cohabitent Outre la connaissance et la protection du milieu marin, un pêcheurs amateurs et professionnels fréquentent des activités humaines multiples (transport maritime, pêche parc naturel marin a aussi pour objectif le développement la Réserve, ce dont l’économie locale tire parti. professionnelle d’envergure et petits métiers, plongée durable des activités dépendantes de la mer, en cela il professionnelle…). Le périmètre du Parc est proche de diffère d’une réserve. 4 000 km². La Réserve naturelle marine est Parc naturel marin et réserve naturelle sont deux outils inclue dans ce périmètre. complémentaires.

Un patrimoine naturel reconnu > Cerbère-Banyuls 67 Des écosystèmes aux enjeux forts

Afi n de mieux connaître la biodiversité sur le territoire Les Zones importantes pour la conservation des Il existe deux types de ZNIEFF : français et de prendre des mesures de préservation, oiseaux (ZICO) font suite à la directive européenne de Type I : secteurs délimités caractérisés par leur intérêt la France a engagé de nombreux inventaires. 1979 relative à la conservation des oiseaux sauvages. Les biologique remarquable. critères de sélection font intervenir des seuils chiffrés, en nombre de couples pour les oiseaux nicheurs et en nombre Type II : grands ensembles naturels riches et peu modifi és, LES ZICO ET ZNIEFF d’individus pour les oiseaux migrateurs et hivernants. Un ou qui offrent des potentialités biologiques importantes. grand nombre de ces zones ont été converties en Zones On compte sept ZNIEFF de type I en bordure du Parc : les Outre les zones de gestion, telle la Réserve naturelle de protection spéciales (ZPS) du réseau Natura 2000, au falaises de Banyuls à Cerbère (148 ha) ; les falaises du cap marine de Cerbère-Banyuls, le patrimoine naturel du Parc titre de la Directive Oiseaux. Le Languedoc-Roussillon Oullestrell (44 ha) ; les falaises du cap Cerbère (18 ha) ; les naturel marin du golfe du Lion fait l’objet de programmes abrite 22 % de la superfi cie nationale des ZICO, ce qui en falaises du Racou à Collioure (24 ha) ; le cap Béar (156 ha) d’inventaire et d’étude découlant des politiques publiques fait la région la plus riche. Trois sites ont été sélectionnés et les falaises de Collioure à Port-Vendres (22 ha). européennes et nationales. Ces outils de connaissance en bordure du Parc, regroupant une superfi cie de près de Des ZNIEFF marines sont en train d’être mises en place, permettent d’attirer l’attention sur des sites méritant une 338 km². Il s’agit des sites des étangs de Leucate et de elles ont pour l’instant été approuvées par le Conseil réfl exion, notamment pour prévoir l’incidence de certains La Palme, de Canet, du lac de Villeneuve de la Raho, de scientifi que régional du patrimoine naturel mais elles ne aménagements. Premiers outils d’aide à la décision, l’embouchure du Tech et du Massif des Albères. sont pas encore dans la base de données du Muséum ils peuvent par la suite conduire à une gestion et à une Les Zones naturelles d’intérêt écologique national d’histoire naturelle. protection d’un espace. faunistique et fl oristique (ZNIEFF) ont été conçues par le Ministère de l’Écologie en 1982. Leur objectif est de permettre un inventaire aussi exhaustif que possible des espaces naturels dont l’intérêt repose soit sur l’équilibre et la richesse de l’écosystème, soit sur la présence d’espèces de plantes ou d’animaux rares et menacés.

68 LES SITES PRÉSERVÉS DU CONSERVATOIRE DU LITTORAL

Depuis sa création par la loi du 10 juillet 1975, le Conservatoire du littoral poursuit effi cacement sa mission de protection des rivages français. Pour cela, il se porte acquéreur, le cas échéant grâce au droit de préemption dont il dispose, de terrains représentant des espaces naturels remarquables situés en bord de mer et sur les rives des lacs et des plans d’eau. Le Conservatoire du littoral réhabilite les sites acquis et assure leur suivi scientifi que. Accordant une importance primordiale à l’accueil et à la sensibilisation du public, il confi e la gestion quotidienne de ces sites aux collectivités locales ou à des associations. Sur les rivages du Parc naturel marin du golfe du Lion, 11 sites ont été acquis par le Conservatoire du littoral, dont les plus importants en superfi cie sont l’étang de Canet (1 002 ha), le Mas Larrieu (117 ha) et l’anse de Paulilles (32,5 ha). Cet effort, plus important que la moyenne nationale, témoigne notamment de la nature exceptionnelle du littoral dans cette région.

Un patrimoine naturel reconnu > Des écosystèmes aux enjeux forts 69 Sites Natura 2000

Natura 2000 est un réseau européen ambitieux dont Le réseau terrestre s’est d’abord mis en place, le réseau SITE « CÔTES SABLEUSES l’objectif est de préserver la biodiversité, en assurant marin est en cours de concrétisation : la plupart des le maintien ou le rétablissement, dans un bon état sites Natura 2000 en mer sont désignés ou en cours de DE L’INFRALITTORAL de conservation, d’espèces et d’habitats d’intérêt désignation, mais peu pour l’instant sont opérationnels. Le LANGUEDOCIEN » (78 KM²) communautaire. Le réseau Natura 2000 est composé maillage des sites s’étend sur toute l’Europe de manière de sites relevant des directives européennes « oiseaux » à rendre cohérente cette initiative de préservation des Le Languedoc est caractérisé par un littoral sableux et « habitats-faune-fl ore », datant respectivement de espèces et des habitats naturels. entrecoupé par quatre avancées rocheuses : le massif des 1979 et 1992. Il s’agit de promouvoir une gestion Les habitats marins et les espèces sont d’une telle richesse Albères, le cap Leucate, le cap d’Agde et le mont Saint- adaptée des habitats naturels et des habitats de la patrimoniale dans la partie occidentale du golfe du Lion Clair. Ce littoral sableux, très mal connu, recèle toutefois faune et de la fl ore sauvages, tout en tenant compte des que de nombreux sites Natura 2000 en mer ont d’ores une biodiversité exceptionnelle, en partie à l’origine exigences économiques, sociales et culturelles, ainsi que et déjà été désignés dans cette zone de Méditerranée et des ressources halieutiques côtières de cette région. La des particularités régionales et locales, de chaque État qu’il est envisagé d’en désigner d’autres plus au large en géomorphologie littorale, le courant liguro-provençal ainsi membre. concertation avec l’Espagne. Au sein du Parc, il existe à que les débouchés fl uviaux et les graus des lagunes côtières ce jour cinq sites Natura 2000 compris intégralement ou ont en effet structuré le cordon sableux immergé et généré seulement en partie dans son périmètre. des niches et des habitats tout à fait particuliers. Dans les bancs de sables dynamiques, les tellines (coquillage très apprécié et qui fait l’objet d’une pêche professionnelle) trouvent un habitat idéal pour leur développement. Les « trous », lieu de reproduction et de concentration de nombreuses espèces, sont quant à eux beaucoup mieux connus des pêcheurs et des chasseurs que des scientifi ques. Enfi n, les gravelles à amphioxus, rares et à forte valeur environnementale, sont exceptionnelles dans notre région et attirent des scientifi ques du monde entier.

70 SITE « PROLONGEMENT Articulation de la gestion EN MER DES CAPS ET ÉTANGS d’un parc naturel marin DE LEUCATE » (133 KM²) et des sites Natura 2000 en mer Le secteur du cap Leucate représente un des rares Lorsque plus de la moitié de la surface d’un site Natura appointements rocheux sur un littoral sableux. La 2000 en mer est situé dans le périmètre d’un parc naturel confi guration du plateau continental et la situation du marin, le comité de pilotage du site Natura 2000 et son cap par rapport au courant liguro-provençal permettent document d’objectifs se confondent respectivement avec d’avoir une grande diversité des habitats sur une petite le conseil de gestion et le plan de gestion du parc naturel surface. Il s’agit des herbiers à cymodocées encore bien marin. Le conseil de gestion assure donc la gouvernance conservés, et peut-être de posidonies (information que des sites Natura 2000 majoritairement inclus dans le parc les scientifi ques doivent vérifi er), ainsi que des vasières et intègre dans son plan de gestion les orientations de leurs documents d’objectifs. originales et très riches d’un point de vue halieutique. Par ailleurs, ce secteur présente des récifs intéressants en continuité du cap Leucate ou isolés en formation de coralligène. Les richesses naturelles de ce site font l’objet d’études complémentaires en vue d’en améliorer l’état de connaissance.

SITE « EMBOUCHURE DU TECH ET GRAU DE LA MASSANE » (10 KM²) Ce site présente une zone de sables marins à amphioxus de faible profondeur et des milieux littoraux dunaires riches en espèces végétales endémiques. C’est dans cet espace, entre 4 et 10 m de profondeur, que se situe le plus grand site mondial à amphioxus connu des scientifi ques. Les limites de ce site se déplacent en fonction de l’hydrodynamisme et sont, par conséquent, encore assez mal connues. Dans les parages de l’embouchure du Tech, on trouve de nombreux types de formations végétales hygrophiles et des formations boisées étalées le long du cours d’eau. Ce site a la particularité d’être à 68 % marin et à 32 % terrestre.

HYGROPHILES qui a une préférence : pour les lieux humides

71 SITE « CAP BÉAR - SITE DÉJÀ EN ANIMATION : CAP CERBÈRE » (314 KM²) « POSIDONIES DE LA CÔTE DES ALBÈRES » (42 KM²) Le secteur constitue un lieu privilégié pour l’observation d’oiseaux marins peu communs en Languedoc-Roussillon : Les fonds marins de la côte des Albères présentent une plongeons, macreuses noires, mouettes tridactyles, alcidés grande richesse : plusieurs habitats naturels s’y succèdent, et en particulier pingouin torda. Le patrimoine naturel de des trottoirs à lithophyllum aux zones de coralligène en ce site est connu d’un nombre restreint d’ornithologues. Ce passant par des grottes et éboulis rocheux. Des prairies de posidonies y persistent alors qu’elles ont été pour secteur se superpose avec une petite partie du site Natura Il est envisagé de désigner d’autres sites Natura 2000 la plupart détruites sur les côtes languedociennes. La 2000 qui protège les posidonies. On y trouve également plus au large dans le golfe du Lion. Ces sites dépendront richesse de la fl ore est considérable et la faune marine très la Réserve naturelle marine de Cerbère-Banyuls. Enfi n, des résultats d’études menées pour déterminer la diversifi ée. Ce site exclusivement marin englobe les plus plusieurs sites classés au titre de la loi de 1930 défi nissent richesse naturelle spécifi que de ces zones ainsi que des grands fonds rocheux du littoral languedocien. Il confi rme des périmètres en mer, essentiellement pour la protection collaborations établies avec l’Espagne à ce sujet. des paysages côtiers des Albères. l’intérêt majeur que l’ensemble de la zone littorale orientale du massif pyrénéen français représente pour la préservation de la biodiversité. En juin 2006, « Posidonies de la côte des Albères » devenait le premier site Natura 2000 en mer à être doté d’un document d’objectifs. Depuis 2008, ce site est passé en phase d’animation.

72 Conclusion

73 La concentration, la diversité et la complexité des écosytèmes présents dans l’espace du Parc naturel marin sont exceptionnelles. Le portrait du patrimoine naturel marin du golfe du Lion occidental met en évidence une richesse extraordinaire, tant en termes d’habitats et de À ce titre, le Parc naturel marin doit devenir une zone paysages proprement dits qu’en termes de faune et de référence, pour l’acquisition de connaissances et de fl ore associées. Sur les dix espèces sous-marines le suivi du milieu marin et de ses écosystèmes comme qui bénéfi cient d’une protection en France, huit sont pour la diffusion des informations auprès des acteurs présentes dans le périmètre du Parc : le mérou brun, Epinephelus marginatus, la posidonie, Posidonia concernés et de la population. oceanicade mer,, l’oursin diadème, Centrostephanus long- Espace maritime précieux, d’une fragilité renforcée ispinus, la grande nacre, Pinna nobilis, la datte par la proximité de la surface de certains écosystèmes, et les cétacés. La présence d’autant d’espèces Lithophaga lithophaga, la grande cigale, cette partie occidentale du golfe du Lion est également protégées confi rme le caractère d’exception de cette Scyllarides latus, la tortue caouanne, Caretta caretta très convoitée. Sensible aux pollutions, aux pressions partie du golfe du Lion occidental. touristiques et industrielles et aux conséquences des Avec la plupart des écosystèmes marins présents, activités maritimes, cet espace maritime doit être l’espace marin du Parc est donc un véritable modèle protégé, afi n de mieux résister aux bouleversements réduit de la Méditerranée. naturels. L’amélioration de la connaissance du milieu marin, de ses écosystèmes et de leur réponse à l’effet des activités humaines est un objectif en soi. Le Parc doit introduire dans la gestion de cet espace une cohérence qui favorise un développement des activités humaines compatible avec l’exigence de préservation du patrimoine naturel marin.

74 Bibliographie

75 précontinent languedocien l’herbier de Posidonies. ALOÏSI J.C., GOT H., MONACO A., (1973). Carte géologique du Earth and Planetary Science, 328, 471-477. BOUDOURESQUE C.F., MEINESZ A., (1982). Découverte de DELAMARE-DEBOUTTEVILLE C., BOUGIS P., (1951). des suspensions et mécanismes au 1/250 sédimentogénétiques 000e, Netherlands. sur le Cahier Parc nation. Port-Cros, Fr., 4, Recherches sur le trottoir d’algues calcaires eff plateau continental du golfe du Lion BERNE S., SATRA C., ALOÏSI J.C., BAZTAN J., DENNIELOU 1-79. pendant le stage d’été 1950. Vie et Milieu, 2 (2), 161-181. ALOÏSI J.C., MILLOT C., MONACO A., PAUC H., (1979). Dynamique B., DROZ L., DOS REIS A.T., LOFI J., MEAR Y., RABINEAU M., (2002). Carte morphobathymétrique du golfe du Lion, notice BOUDOURESQUE C.F., MEINESZ A., LEDOYER M., VITIELLO P., DUARTE C.M., (1991). Seagrass depth limits. Aquat. Bot.,ectuées 40, . C.R. Acad. Sci., 289 (13), explicative. Ifremer, Brest. (1994). Les herbiers à Phanérogames marines. In: « Les 363-377. 879-882.infralittorale. Les prodeltas nord-méditerranéens biocénoses marines et littorales de Méditerranée, synthèse, BIANCHImarini eC.N la., (2001).biologia Lamarina biocostruzione italiana negli ecosistemi DURRIEU DE MADRON X., NYFFELER F., GODET C. H., (1990). ALOÏSI J.C., MONACO A., (1975). La sédimentation menaces et perspectives », BELLAN-SANTINI D., LACAZE J.C., . Biologia Marina Hydrographic structure and nepheloid spatial distribution . C.R. Acad. POIZAT C, Muséum National d’Histoire naturelle publ., Paris, Fr, in the Gulf of Lions continental margin. Continental Shelf Mediterranea,marines” des 8, herbiers 112-130. à Sci., 280, 2833-2836. 98-118.fructifi cation de Research, 10 (9-11), 915-929. climatological and current variability on shelf-slope ALOÏSI J.C., MONACO A., PLANCHAIS N., THOMMERET J. AND BLANC J.J., JEUDY DE GRISSAC A., (1984). Erosions “sous- BOUDOURESQUE C.F., THELIN I., (1985). Floraison et DURRIEU DE MADRON X., RADAKOVITCH O., HEUSSNER golfe du Lion, southwestern France: paleogeographic and exchanges of particulate matter: Evidence from the Rhône THOMMERET Y., (1978). The Holocene transgression in the Posidonia oceanica (Méditerranée). Posidonia oceanica. Un protocole d’étude S., LOYE-PILOT M.D., MONACO A., (1999). Role of the paleobotanical evolution continental margin (NW Mediterranean) In: « International Workshop on Posidonia oceanica beds », standardisé. Rapp. P.V. Réun. Commiss. internation. Explor. . Géogr. Phys. Quat., XXXII (2), 145- BOUDOURESQUE C.F., JEUDY DE GRISSAC A., OLIVIER J., GIS sci. Médit., Monaco, 29 (5), 177-179. 163. Posidonie publ., Fr., 1, 23-28. . Deep Sea Research peuplement épiphyte des rhizomes de Posidonie sédimentaires par les fl de la Rade de Toulon, liés aux techniques d’endigage, sur BOURRIN F., (2007). Variabilité et devenir des apports Part I: Oceanographic Research Papers, 46 (9), 1513-1538. ASTIER J.M., (1984). Impact des aménagements littoraux BOUDOURESQUE C.F., (1968). Contribution à l’étude du – littoral roussillonnais dans le golfe du Lion les herbiers à euves côtiers : cas du système Têt (Posidonia . PhD Thesis, EUGENE C., (1978). Étude de Posidonia oceanica. International Workshop Posidonia oceanica (L.) Delile dul’épifaune littoral provençal des herbiers. Thèse à oceanica,Delile). Rec. Trav. Stn. mar. Endoume, Fr., 43 (59), Université Perpignan, 305 p. Posidonia oceanica Beds, BOUDOURESQUE C.F., JEUDY DE 45-64. Doct. spécialité Océanol. Univ. Aix-Marseille Il, 140 p. GRISSAS A. et OLIVIER J., GIS Posidonie publ., Fr., 1, 255-259. analytique, structurale et expérimentale sur les peuplements BOURRIN F., DURRIEU DE MADRON X., LUDWIG W., (2006). FAO - Service des ressources marines - Division des BOUDOURESQUEbenthiques sciaphiles C.F., (1970).de Méditerranée Recherches occidentale de bionomie AZZINARI C., AZZINARI G., GARA S., OMS C., TASCIOTTI A., Contribution of the study of coastal rivers and associated ressources halieutiques, (2005). L’état des ressources (2007). Distribution et abondance des mammifères marins prodeltas to sediment supply in North-western Mediterranean dans le sud du golfe du Lion par dénombrement et estimation (fraction halieutiques marines mondiales. FAO, Rome, FAO, Document Sea (Gulf of Lions). Vie et Milieu, 56 (4), 1-8. technique sur les pêches N° 457, 254 p. abondancedes populations des. mammifèresBREACH, 48 p. marins dans le sud du golfe du algale). Thèse Doct. État, Univ. Aix- Marseille II, Fr., 1-624. phytosociologique des peuplements algaux des côtes BOUTIERE H., FIALA A., JACQUES G., SOYER J., (1974). FELDMANNde la Méditerranée J., (1938). : la Recherchescôte des Albères sur la végétation marine Lion BOUDOURESQUE C.F., (1971). Contribution à l’étude AZZINARI C., AZZINARI G., GANDILHON (2008). Distribution et varoises Écologie marine sur le littoral Languedoc-Roussillon. Rapport . Rev. Algol., 10 (1-4), Labo.d’interprétation Arago, Contrat des CNEXO données 73-795, du 110RNO, p. 1975-1976-1977 du 1-340. . BREACH, 52 p. . Végétatio., 22 (1-3), 83-184. point d’appui n°8 (Banyuls-sur-Mer) conservation du milieu marin en Méditerranée FERRARI B., (2006). Étude s Posidonia BOVEE F.D., LABAT J.P., PANOUSE M., (1977). Étude Albères (Pyrénées-Orientales, ynécologiqueFrance) de BALADA J., CAPRANI G., GENIS M. T., GREIVELDINGER A., BOUDOURESQUE C.F., (1996). Impact de l’homme et oceanicaaire marine et de protégée Sarpa salpa le long de la côte rocheuse des e LACOMBREPyrénées MASSOT J. P., MARCE J. M., OLIVE M., POLO C., , 2 édition. GIS . Rapp. Labo. Arago, Univ. ; infl uence d’une VILAHU J., PENA S., (2006). Le rivage méditerranéen des Posidonie publ. (ISBN 2 905-54-21-4), 1-243 P. et M. Curie, Paris, Contrat CNEXO 77/1771, 39 p. . Thèse Doctorat EPHE, Université de mondial au - Proposition titre de paysage d’inscription culturel sur la liste du patrimoine Perpignan,marin de la 289 Méditerranée p. - Dossier de présentation. BOUDOURESQUE C.F., (2005). Excursion au Cap-Croisette CAHET G., FIALA M., JACQUES G., PANOUSE M., (1972). FIALA-MEDIONI A., PETRON C., RIVES C., (1987). Guide sous- Pays Pyrénées-Méditerranée, 208 p. (Marseille) : le milieu marin, 12° édition. GIS Posidonie publ., Production primaire au niveau de la thermocline en zone . La maison rustique, FLAMMARION, biocénoses benthiques de la côte des Albères Marseille, Fr., 1-48. . Mar. Biol., 14, BALLESTA L., (1997). Contribution à la caractérisation des néritique de Méditerranée nord-occidentale 156 p. . Rapport de BOUDOURESQUE C.F., CHARBONNEL E., MEINESZ A., PERGENT 32-40. d’opportunité sur la création d’un parc national marin et network based on the seagrass DESS Écosystèmes méditerranéens, Université de Corse, GALZINterrestre R., surPLANES la Côte S., Vermeille ROMANS P., LICARI M. L., LOURIE S.M., G.,nortwestern PERGENT-MARTINI Mediterranean C., CADIOU Sea G., BERTRANDY M.C., FORET CANALScanyons M., PUIG P., DURRIEU DE MADRON X., HEUSSNER 57 p. JOUVENEL J. Y., ESCOUBEYROU K., CIBIEN C., (1999). Étude P., RAGAZZI M., RICO-RAIMONDINO V., (2000). A monitoring S., PALANQUES A., FABRES J., (2006). Flushing submarine espècies, communitats i factors que infl ueixen en la seva Posidonia oceanica in the BALLESTEROS E., (1984). Els vegetals i la zonacio littoral : . Nature, 444 (7117), 354-357. . Rapport EPHE - CNRS, 155 p. distribucio . Biol. mar. medit., 7 (2), 328- . Tesis Doctorat Biologie. , Univ. Barcelona, Espagne, 331. CERTAINmicrotidale R., (2002).à barres Morphodynamique: le golfe du Lion (Languedoc-Roussillon) d’une côte sableuse GILI J. M., PAGES F., BOUILLON J., PALANQUES A., PUIG 587french p. mediterranean . P., HEUSSNER S., CALAFAT A., CANALS M., MONACO A., BOUDOURESQUE C.F., GRAVEZ V., MEINESZ A., MOLENAAR PhD Thesis, Université Perpignan, 209 p. (2000). A multidisciplinary approach to the understanding BELL J.D., HARMELIN-VIVIEN M.L., (1982). Fish fauna of H., PERGENT G., VITIELLO P., (1995). L’herbier à Posidonia accumulation on the continental margin of the Gulf of Lions: of hydromedusan populations inhabiting Mediterranean submarine canyons. Posidonia oceanica seagrass meadows. oceanica en Méditerranée : Protection légale et gestion.In: COURPsedimentary T., MONACO, budget A., (1990). Sediment dispersal and Deep-Sea Research, 47, 1513-1533. Community structure. Tethys, 10 (4), 337-347. « Pour qui la Méditerranée au 21e Siècle - Villes des rivages phénologie quantitative des herbiers à et environnement littoral en Méditerranée ». Actes du . Continental Shelf Research, 9 (11), GIRAUD G., (1977). Contribution à la description et à la BENMéditerranée. D. Van der , (1971). Les épiphytes des feuilles de Posidonia oceanica (L.) Posidonia oceanica Delile sur les côtes françaises de la colloque scientifi que Okeanos, Maison de l’Environnement de 1063-1088. à Delile. Thèse Doctorat 3ème cycle, Université Aix-Marseille , Mém. Inst. Roy. Sci. Nat. Belgique, 168, 1-101. Montpellier publ., Fr, 209-220. sédimentaires récents sur la marge occidentale du golfe du DAVIDmarins L sur., (2000). la marge Rôle continentale et importance dans lades distribution canyons estivale sous- Fr. , 1-150. BERNELion S., LOUBRIEU B., (1999). Canyons et processus BOUDOURESQUE C. F., JEUDY DE GRISSAC A., (1983). L’ her bier des cétacés de Méditerranée nord-occidentale GRANATA T.C., VIDONDO B., DUARTE C.M., SATTA M.P., GARCIA entrePosidonia la plante oceanica et leen sédiment Méditerranée ; les interactions . Thèse M.with, (1999). a submarine Hydrodynamics canyon off and particle transport associated . Journal de Recherche de l’EPHE - Laboratoire de biogéographie et écologie des . Premiers résultats de la campagne Calmar embarquée. sea. Comptes Rendus de l’Académie des Sciences - Series II A - Océanographique, 8 (2-3), 99-102. vertébrés, 298 p. Continental Shelf Research, blanes 19 (10), (), 1249-1263. NW Mediterranean

76 GUILLEde la A.côte, (1970). catalane Bionomie française. benthique du plateau continental d’Histoire Naturelle publ., Paris, Fr., 1-56.du golfe du Lion . CNRS - CEFREM, site ORME : http://medias. PRUVOTpendant G. le, (1900). mois de Variations septembre du 1900 niveau de la mer à Banyuls Les communautés de la biocénotique. obs-mip.fr/orme/, Perpignan. . Arch. Zool. Exp. Gén., N. macrofaune. Vie et Milieu, 21 (1B), 149-280. LAUBIER L., (1966). Le coralligène des Albères. Monographie des cétacés et autres grands animaux marins des côtes du Thèse de Doctorat Annales de l’Institut et R., 4, 50 p. MÜLLERLanguedoc-Roussillon. M., WILKE M., Quels(1999). risques Étude courent du rapprochement les cétacés près HARMELINd’herbiers J.G.de , (1964). Étude de l’endofaune des « mattes » Océanographique, Paris, 43 (2), 137-316. Université de Paris de nos côtes ? RABINEAUlowstand andM., transgressiveBERNE S., LEDREZEN É., sand LERICOLAIS bodies on G., the Posidonia oceanica Delile. Rec. Trav. Stn. mar. VI, 316 p. MARSSETouter shelf T., of ROTUNNO the Gulf of M. Lion,, (1998). France. 3D architecture of Endoume, Fr., 35 (51), 43-106. l’ichtyofaune des herbiers de phanérogames marines en LEDOYERsuperfi ciels M. ,de (1962). Zostéracées Étude etde dela quelquesfaune vagile biotopes des herbiers d’algues Rapport Centre d’Études Hydrobiologiques HARMELIN-VIVIENmilieu tropical et tempéréM.L., (1983). Étude comparative de littorales. pour le Conseil Général des Pyrénées-Orientales, 154 p. Marine and Petroleum Rec. Trav. Stn. mar. Endoume, Fr., 25 (39), 117-235. Geology, 15 (5), 439-452. . Rev. Ecol. (Terre Vie). 38, 179-210. NEVEUX J., FIALA M., JACQUES G., PANOUSE M., (1975). LEDOYERméditerranéens M., (1966). accessibles Écologie de en la faunescaphandre vagile des autonome biotopes Phytoplancton et matériel particulaire à Banyuls-sur-Mer RAZOULSdes copépodes C., (1975). planctoniques Estimation dans de lala provinceproduction néritique globale du de Banyuls-sur-Mer (golfe du Lion) JACQUES G., (1970). Aspects quantitatifs du phytoplancton . (golfe du Lion), 1973. Vie et Milieu, 25 (1B), 85-98. golfe du Lion (Banyuls-sur-Mer) . IV : Biomasse et Données analytiques sur les herbiers de phanérogames. Rev. . II Variations annuelles de la productionhydrologie 1965-1969.à Ban Vie et Milieu, 21 (1B), 37-102. Trav. Stat. Mar. Endoume, 41 (57), 135-164. NOZAISparamètres C., (1995). physiques Impact sur des la processus présence biologiquesplanctonique et desdes biomasse et calcul de la production. Vie et Milieu, 25 (1B), yuls-sur-Mer (golfe du Lion) larves d’invertébrés benthiques et sur le recrutement en baie JACQUES G., RAZOULS C., THIRIOT A., (1969). Climat et LEDOYERméditerranéens M., (1968). accessibles Écologie de enla faunescaphandre vagile des autonome biotopes 99-122. de Banyuls. , 1965-1968. Vie (Région de Marseille principalement) IV marines de la mer Catalane (Compte rendu de plongées météo Thèse Doctorat Université de Paris VI, 224 p. REYSS D., SOYER J., (1965). Étude de deux et Milieu,rologiques 20 (1B), et63-73. hydrologiques de la . Synthèse de l’étude en soucoupe plongeante SP 300). sur-Mer (point côtier écologique. Rec.Trav.St.mar.Endoume, Fr., 44 (60), 125-295. quantitative de l’association Posidonietum oceaniae Funk vallées sous- JACQUES G., RAZOULS C., THIRIOT A., (1971). Données PANAYOTIDIS P., (1980). Contribution à l’étude qualitative et région de Banyuls- 1927. Bulletin de l’institut LENFANTréserve marineP., LE GUILLOUX de Cerbère-Banyuls, E., MEDIONI E., Section PLANES AS., : ROMANSapproche océanographique. Fondation Albert Ier, Prince de Monaco, 65 ). Année 1968-1969. Vie et Milieu, 22 P.,descriptive LICARI M.L., et BINCHEanalytique J.L. ,de (2001). la réserve Plan denaturelle gestion de la Thèse Doctorat 3e cycle Océanologie. Université Aix- des herbiers de phanérogames marines dans les mouvements (1B), 61-74. Marseilleclimatiques II, 213 et p.hydrologie de surface de Ban N°1356, 21 p. des sédiments côtiers : les herbiers à . Rapport (golfe du Lion) ROMEROunder the J., Water ALCOVERO Framework R., MARTÍNEZ-CREGO Directive: POMI, B., a PÉREZmultivariate M., JEUDY DE GRISSAC A., BOUDOURESQUE C. F., (1985). Rôles EPHE - Conseil Général des Pyrénées-Orientales, 117 p. PANOUSE M., JACQUES G., RAZOULS C., (1975). Données yuls-sur-Mer (2005).method The to seagrassassess ecological Posidonia status oceanica of Catalan as a quality coastal element waters. Posidonia oceanica. Coll. LICARI M.L., LENFANT P., AMOUROUX J.M., DUPUY DE LA , 1973. Vie et Milieu, 25 (1B), 67-76. fr.-japon. Océanogr., Marseille 16-21 Sept. 85., 1, 143-151. GRANDRIVENatura 2000 R., « PosidoniesLABRUNE deC., laFOULQUIE Côte des AlbèresM., ROCHEL ». Phase E., 1 : benthique de la Mer Méditerranée BONHOMMEInventaire etP., analyse CADIOU deG., l’existant(2004). Document ; Volume 2d’objectifs : Description site et PERES J.M., PICARD J., (1964). Nouveau manuel de bionomie Working document of the POMI group, Univ. Barcelona and JOUVENELla réserve J.naturelle, (1997). marineInventaire de Cerbère-Banyuls-sur-Merde l’ichtyofaune dans de la réserve naturelle Marine de Cerbère Banyuls (Pyrénées (Méditerranée N-O, France) synthèse. . Rev. Trav. Stat. Mar. Centre d’Estudis Avançats de Blanes (CSIC), Spain, 1-14. Endoume, 3, 1-147. Orientales, France) . Vie Milieu, 47, 77-84. Conseil Général des Pyrénées-Orientales, 107 p. SIMIAN G., (2006). Étude des herbiers à Posidonia oceanica en France: Un outil effi KERNEISet écologique A., (1960). des herbiers Contribution de Posidonies à l’étude de fala région de PERGENT G., (1991). La protection légale de la Posidonie Banyuls MACPHERSON E., GORDOA A. GARCIA-RUBIES A., (2002). à d’autres pays méditerranéens. cace. Nécessité de son extension Biomass Size Spectra in Littoral Fishes in Protected and : Cartographie, État de Conservation, et of high and very high-resolution seismic refl unistique In : BOUDOURESQUE C.F., . Vie Milieu, Fr., Il (2), 145-187. Unprotected Areas in the NW Mediterranean. Estuarine, Densité.littoral de Master la Têt 2, à 46l’Agly. p. to study late Quaternary deposits of a coastal area in the AVON M., GRAVEZ V. Les Espèces Marines à Protéger en Coastalmorphosédimentaire and Shelf Science, des 55, fonds 777–788. rocheux situés au large du LABAUNEwestern GulfC., TESSON of Lions, M., SW GENSOUS France B., (2005). Integration SOGREAH consultants, biotope, (Avril 2007). Protection du ection profi les Roussillon (France) Méditerranée, Rencontres scientifi ques de la Côte Bleue. GIS MEAR Y., AUGRIS C., MURAT A., (1992). Caractérisation Posidoniepréliminaire publ., des Fr., herbiers 2, 29-34. à Sogreah, 91 p. la côte des Albères (Pyrénées-Orientales, France) formaciones de Fanerogamas marinas en las costas de Cabo . Mar. Geophys. Res., 26(2-4), . Géologie Méditerranéenne, XIX, 125-143. PERGENT G., BOUDOURESQUE C.F., VADIER B., (1985). Étude TEMPLADO-GONZALEZde Palos (Murcia) J., (1982). Moluscos de las 109-122. de Posidonia oceanica quarante années après sa destruction Posidonia oceanica (L.) Delile de Mediterranean, a review MEINESZpar une bombeA., LEFEVRE, dans laJ.R. rade, (1984). de Villefranche Régénération (Alpes-maritimes, d’un herbier . Ann. Inst. . Tesi Doctoral Universitad Complutense, LABOREL J., (1961). Marine biogenic constructions in the France). . Sci. Rep. Port-Cros Natl. Park, 13, 97- Océanogr., Paris, 61 (2), 97-114. Madrid, 1-351. of marine protected areas on recruitment processes with biodisposition d’un organisme benthique fi ltreur 126. International Workshop Posidonia oceanica Beds, PLANESspecial S.,reference GALZIN R.,to GARCIA Mediterranean RUBIES A., littoral GONI R., ecosystems HARMELIN TITO DE MORAIS A., (1983). Rôle écologique de la LABOREL J., DELIBRIAS G., BOUDOURESQUE C.F., (1983). BOUDOURESQUE C.F., JEUDY DE GRISSAC A., OLIVIER J., GIS J., LE DIREACH L., LENFANT P., QUETGLAS A., (2000). Eff ects (l’ascidie Posidonie publ., Fr., 1. 39-44. e Variations récentes du niveau marin à Port-Cros (Var, France), Méditerranée Phallusia mammillata). Thèse 3 cycle Université P. et M. mises en évidence par l’étude de la corniche littorale à MOJETTA A., GHISOTTI A., (1996). Flore et faune de la . Curie, Paris, 110 p. Lithophyllum tortuosum. C. R. Acad. Sc. Paris., 297, Série II, . SOLAR, Paris, 317 p. Environmental Conservation., 27 (2), 126-143. 157-160. de phanérogames marines du littoral méditerranéen français. WILLSIEmacrofaune A., (1987).associée Structure à la matte et mortefonctionnement et d’herbier devivant la MOLINIER R., PICARD J., (1952). Recherches sur les herbiers PLANES S., LENFANT P., ROMANS P., LECCHINI D., JACQUET de LABRUNE C., GREMARE A., GUIZIEN K. AND AMOUROUX J.M., S., CREC’HRION R., SASAL P., DUCHENE J.C., LICARI M.L., Posidonia oceanica (L.) Delile : infl uence des facteurs 2007. Long-term comparison of soft bottom macrobenthos in the Bay of Banyuls-sur-Mer Annales de l’Institut Océanographique., 27 (3), 157-234. (2000). Étude de « l’eff abiotiques et biotiques. Thèse Doctorat. Université Aix- (northwestern Mediterranean de Banyuls-Cerbère sédimentologique de plateau continental du Roussillon (Golfe du . Rapport et réserve EPHE » - dansPlan Etat-Région, la réserve naturelle 163 p. Marseille II, 647 p. Sea):et littorales A reappraisal. menacées. J. Sea Res., 58 (2), 125-143. MONACO A., (1971). Contribution à l’étude géologique et Lion) of the Western Mediterranean. LACAZE J.C. (coord.) et al., (1987). Tome 2, Espèces marines PROCACCINI G., BUIA M. C., GAMBI M. C., PEREZ M., PERGENT WOODMéditerranée, L., (2003). Identifi Faune et fl . Thèse d’Etat, Univ. Sci. Tech. Languedoc, Montpellier, 285 p. ore sous-marines de la In « Livre rouge des espèces G., PERGENT-MARTINI C., ROMERO J., (2003). The seagrasses er facilement 289 espèces, DELACHAUX menacées en France », BEAUFORT F. de, Muséum National MONACO A., ALOÏSI J.C., (2000). Carte de la nature des fonds World Atlas of seagrasses, 48-58. et NIESTLE, Les compagnons du naturaliste, 128 p.

77 Crédits et remerciements

78 RÉDACTION : LA RELECTURE A ÉTÉ PROPOSÉE À : Boris DANIEL / Agence des aires marines protégées : Mission d’étude pour la création du Parc naturel Jean-Michel AMOUROUX (Observatoire p 17 (découpe), 19, 21 (découpe), 27, 29 (découpe), marin. océanologique de Banyuls-sur-Mer), Fabrice 40, 43 (bandeau vertical), 47 (bandeau vertical), 48 Sur la base du rapport scientifi que sur l’état des lieux AUSCHER (Direction régionale de l’environnement, (découpe), 78. MERCI À TOUS LES ACTEURS POUR LEUR des richesses naturelles réalisé par Bruno FERRARI, de l’aménagement et du logement), Gilles BŒUF Renaud DUPUY DE LA GRANDRIVE : CONTRIBUTION À CE PROJET Fanny TEILLOL, Marie FORISSIER, Nicolas CLAISSE, (Muséum d’histoire naturelle), Lionel COURNONT p 12,13 (bandeau vertical), 18, 69. ET NOTAMMENT À : Emmanuelle RIVAS, Mylène GHIGLIONE, Yves (Groupement ornithologique du Roussillon), Bruno FERRARI / Agence des aires marines Jean-Michel AMOUROUX, Fabrice AUSCHER, COMPAIN, Victoria MAGENTI et de la synthèse de Renaud DUPUY DE LA GRANDRIVE (Association protégées : p 30, 68, 72 (bandeau horizontal). Caroline et George AZZINARI, Jean-Louis BINCHE, Chloé BATISSOU. défense environnement nature Agde), Xavier Marie FORISSIER : p 28. Gilles BŒUF, Frédéric CADENE, Jacques CENTELLES, DURRIEU DE MADRON (Université de Perpignan), Mathieu FOULQUIE : p 05, 22, 24, 25 (bandeau Alain COUTE, Lionel COURMONT, Nicolas DALIAS, CONCEPTION ET MISE EN FORME Jocelyne FERRARIS (Institut de recherche pour vertical), 26, 27 (bandeau vertical), 29 (bandeau Léa DAVID, Nathalie DI-MEGLIO, Jérôme DUBOSTE, CARTOGRAPHIQUE : le développement), Aline FIALA (Observatoire horizontal), 46, 50 (découpe), 57, 67 (découpe). Xavier DURRIEU DE MADRON, Renaud DUPUY Mickaël FUENTES : p 42. Agence des aires marines protégées. océanologique de Banyuls-sur-Mer), René GALZIN DE LA GRANDRIVE, Stéphanie GAUTHIER, Nicolas (École pratique des hautes études), Céline LABRUNE Yves GLADU : p 59 (bandeau horizontal). GUILPAIN, Jocelyne FERRARIS, Aline FIALA, Josep- André LABETAA : p 37. SOURCES DES SUPPORTS CARTOGRAPHIQUES : (Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer), Maria GILI, René GALZIN, Julie GOURVÈS, Marie- Jean-François LAFFON (Réserve naturelle marine Laurent MIGNAUX / METL - MEDDE : p 09 (découpe), Christine GRUSELLE, Virginie HARTMANN, Jean- SHOM/IGN : trait de côte histolitt - version 1.0, de Cerbère-Banyuls), Gildas LE CORRE (IFREMER), 23 (bandeau vertical), 38 Claude HODEAU, Céline LABRUNE, Jean-François décembre 2007 ; Philippe LEBARON (Observatoire océanologique Paul PALAU : p 06 (bandeau horizontal), 15, 16, 17, LAFFON, Gildas LE CORRE, Philippe LEBARON, SHOM - contrat n°39/2008 : délimitations de l’espace de Banyuls-sur-Mer), Pierre LECA (Agence des 61, 73. Philippe LENFANT, Marie-Laure LICARI, Teresa maritime français - version 1.0, novembre 2007 ; aires marines protégées), Philippe LENFANT (École Alain PIBOT / Agence des aires marines protégées : MADURELL, Laurent MORAGUES, Alain PAUGAM, Avertissement (SHOM) : aucun service hydrographique pratique des hautes études / Université de Perpignan), p 27 (découpe). Agnès POIRET, Cathie OMS, Jérôme PAYROT, Frédéric offi ciel n’a vérifi é les informations contenues dans Marie-Laure LICARI (Réserve naturelle marine de Réserve naturelle marine de Cerbère-Banyuls : p 41, QUEMMERAIS, Sandrine QUINTIN, Pascal ROMANS, ce document et ne peut être tenu responsable de la Cerbère-Banyuls), Laurent MORAGUES (Agence de p 63 (bandeau vertical), 64, 65. Gilles SARAGONI, Joseph TRAVÉ, Pierre WATREMEZ. fi délité de leur reproduction ou de toute modifi cation l’eau Rhône Méditerranée Corse), Alain PAUGAM Emmanuelle RIVAS : p 06 (découpe), 07, 08, 13, 20, Agence de l’eau, Association ASAME, Association ultérieure. La possession de ce document n’exonère (CEPRALMAR), Agnès POIRET (Agence des aires 31, 32 (découpe), 33 (bandeau vertical), 34, 35, 49, BREACH, CEPRALMAR, Chambre d’agriculture, pas de l’obligation d’utiliser les documents nautiques marines protégées), Pascal ROMANS (Observatoire 51 (les deux), 66, 70, 72 (découpe), 75. FFESSM, FNPSA, GOR, Ifremer Sète, IRD, Laboratoire appropriés prévus par les règlements nationaux ou océanologique de Banyuls-sur-Mer), Joseph TRAVÉ Gilles SARAGONI / CNRS – Université de Perpignan : Arago, Pays Pyrénées-Méditerranée, Réserve naturelle internationaux ; (Comité de conservation de la nature des Pyrénées- p 44, 47, 55, 63. marine de Cerbère-Banyuls, Université de Perpignan. IGN (convention IGN/AAMP n°9776 ) : limites Orientales). Olivier VAN CANNEYT : p 36. administratives ; VELA I VENT : p 09 (bandeau horizontal). Ifremer – Géosciences Marines : « Carte morpho- COORDINATION DE L’OUVRAGE : bathymétrique de la Méditerranée occidentale » : CRÉDITS PHOTOS : MediMap Group, Loubrieu B., Mascle J. et al. (2005) Fabienne QUEAU, Agence des aires marines Agence des aires marines protégées : p 53 (bandeau DESSINS : Morpho-bathymetry of the , CIESM protégées. vertical), 56, 58, 59 (découpe). / Ifremer special publication, Atlases and Maps, two Les dessins sont inspirés de photos de Renaud Georges AZZINARI / BREACH : p 53, 60. maps at 1/2 000 000 ; DUPUY DE LA GRANDRIVE (p 12), Marie FORISSIER Olivier BROSSEAU / Agence des aires marines EEA : trait de côte espagnol. (p 16), Laurent MIGNAUX (p 18), protégées : p 11, 57 (bandeau vertical). Boris DANIEL (p 20, 26), Henri COLONNA D’ISTRIA Yvan CHOCOLOFF : pour le Conseil général des CONCEPTION : (p 25), S. KERBOEUF (p 28), Mathieu FOULQUIE (p Pyrénées-Orientales : couverture, p 03, 67 (bandeau 30), Yvan CHOCOLOFF (p 32), Nicolas DALIAS (p 34), Basilic Communication. Brest (29). horizontal). S. BIAL (p 40), Alain PIBOT (p 42), COMEX (p 56), Nicolas CLAISSE : p 23 (bandeau horizontal), 32 Nathalie DI MEGLIO (p 68), Nicolas DALIAS (p 74). Mise à jour : Yann Souche / Agence des aires marines (bandeau horizontal), 33. protégées. Henri COLONNA D’ISTRIA : p 25 (bandeau IMPRESSION : horizontal), 48, 52. Cloître, imprimeurs. Brest (29). Yves COMPAIN / Agence des aires marines protégées : p 71.

79 Créé le 11 octobre 2011, le Parc naturel marin du golfe 2 du Lion couvre plus de 4 000 km d’espace marin au Richesses naturelles Richesses large des Pyrénées-Orientales et de l’Aude. C’est le troisième parc naturel marin de France et le premier de naturelles Méditerranée. parc naturel marin du golfe du Lion

Le Parc naturel marin est une aire marine protégée répondant à trois objectifs : la connaissance, la protection La mer & l’homme Richesses naturelles du milieu marin et le développement durable des activités La mer & l’homme maritimes.

Le Parc naturel marin du golfe du Lion est géré par un parc naturel marin du golfe du Lion conseil de gestion qui réunit l’ensemble des acteurs locaux. Culture Culture et patrimoine Pour mener à bien ses actions, le Parc bénéfi cie de moyens maritimes & patrimoine humains, fi nanciers et techniques mis à disposition par l’Agence des aires marines protégées, un établissement maritimes

parc naturel marin du golfe du Lion public national dédié à la protection du milieu marin. du golfe du Lion » « Richesses naturelles Richesses

Parc naturel marin du golfe du Lion Passage du vieux port 66 660 Port-Vendres www.parc-marin-golfe-lion.fr « Richesses du golfe du Lion » •« Richesses parc naturel marin du golfe du Lion