Évaluation du processus de concertation de la gouvernance de l'eau au Québec : la participation des entreprises minières de la Côte-Nord

Mémoire

Annye Boutillier

Maîtrise en sciences géographiques - avec mémoire Maître en sciences géographiques (M. Sc. géogr.)

Québec, Canada

© Annye Boutillier, 2020

ÉVALUATION DU PROCESSUS DE CONCERTATION DE LA GOUVERNANCE DE L’EAU AU QUÉBEC : LA PARTICIPATION DES ENTREPRISES MINIÈRES DE LA CÔTE-NORD

Mémoire

Annye Boutillier

Sous la direction de : Frédéric Lasserre, directeur de recherche Alexandre Brun, codirecteur

Résumé La Politique nationale de l’eau du Québec a presque 20 ans. Afin de planifier une gestion intégrée des eaux par bassins versants (GIEBV), les organismes de bassins versants (OBV) doivent se concerter avec les acteurs de l’eau présents sur les bassins versants qui leur sont alloués. Cette concertation n’est pas obligatoire pour les différents acteurs qui ont des intérêts divers quant à la ressource en eau. Ils peuvent être, selon leur poste respectif, plus enclins ou non à participer à cette planification concertée de la GIEBV que mettent en place les OBV par l’entremise du Plan directeur de l’eau (PDE).

Cette recherche s’intéresse à la participation du secteur privé au processus de concertation. Plus précisément, il s’agit d’une étude de cas concernant la participation du secteur minier de la Côte-Nord. Les entreprises privées ont un poids généralement fort considérable dans leur communauté d’accueil et leur implication dans la gouvernance de l’eau peut se révéler importante pour les populations. Une recherche documentaire a été faite pour mieux saisir les concepts abordés (gouvernance, responsabilité sociale des entreprises, décentralisation) et les enjeux centraux (pollution d’origine minière, problèmes des OBV dans l’exécution de leurs mandats).

L’objectif est de répondre à la question suivante : Comment les différents acteurs perçoivent- ils le processus de concertation de la GIEBV et la place de la participation des entreprises minières de la Côte-Nord dans celui-ci ? L’hypothèse est que la concertation volontaire est difficile à mettre en place et qu’il n’est pas dans l’intérêt des compagnies minières d’y participer. À l’issu de cette étude, l’hypothèse n’est pas totalement confirmée. On observe effectivement des difficultés dans la mise en œuvre de la concertation, surtout dans les relations avec les compagnies minières. En revanche, on ne peut pas conclure qu’il n’est pas dans l’intérêt de ces entreprises d’y participer.

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Abstract ’s Water Policy has almost 20 years. To plan an integrated water management, the Watershed Organizations need to implement consultation and cooperation between all water stakeholders. The consultation meeting is not an obligation for them, it is voluntary. They all have a different relation with the water resources. Depending of their role in their respective organization, they have various interests, which may influence their participation to the integrated water management planed by the Watershed Organizations with the Water Master Plan. This study focuses on the mining industry of the Côte-Nord region and its participation to the consultation. The private sector often has a significant influence in their host communities, so they can have great impacts on the population.

The main goal of this research is to know how stakeholders perceive consultation meetings for the integrated water management by watershed, and what is the place of the mining industry’s participation. The hypothesis is that a voluntary consultation is hard to organize and that it is not in the mining industry’s interests to participate. Some interviews have been realized during summer and fall of 2019 to help answer these questions. This case study shows a summary portrait of Quebec’s water governance in a context of decentralization and allows a reflection on our natural resource management methods. The hypothesis is not well confirmed. There are effectively some difficulties to plan a voluntary consultation, however we cannot confirm it is not in the interest of the mining companies to be part of it.

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Table des matières Résumé iii Abstract iv Table des matières v Tables des annexes vi Liste des tableaux vi Liste des figures vi Abréviations vii Remerciements viii Introduction 1 Chapitre 1 : Territoire et problématique 3 1.1 Objet d’étude 3 1.2 Territoire et période d’analyse 3 1.3 Intérêts et retombées au plan scientifique 12 1.4 Énoncé de la problématique 13 Chapitre 2 : Concepts et théories 18 2.1 Cadre conceptuel – Revue de littérature 18 2.1.1 Gouvernance, bonne gouvernance et gouvernance participative 18 2.1.2 Responsabilité sociale des entreprises (RSE) 23 2.1.3 Surveillance (monitoring) environnemental 27 2.1.4 Décentralisation 29 2.2 Cadre théorique 32 2.2.1 Théorie de la stratégie des entreprises 32 2.2.2 Théorie de l’acteur stratégique et de l’acteur social, ancrage géographique 33 2.3 Le secteur privé et la GIEBV 34 2.3.1 Quelle place pour le secteur privé dans la GIEBV? 34 2.3.2 La gestion de l’eau des sites miniers, quelques exemples. 35 Chapitre 3 : Méthodologie 40 3.1 Objectifs de recherche 40 3.2 Hypothèse 40 3.3 Les données 41 3.3.1 Sources et collectes de données 41 3.3.2 Méthodes de traitements des données ou de l’information 42 3.3.3 Modes de représentation des données 43 3.4 Cadre opératoire 44 Chapitre 4 - Analyse et interprétation 46 4.1 Analyse des entrevues 47 4.2 Développement du Québec, ressource en eau et mines 72 Chapitre 5 : Discussion 75 Conclusion 85 Bibliographie 88 Articles de presse 93 Site web 95 Comité de direction 96

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Tables des annexes Annexe 1 : Questionnaire ...... 97 Annexe 2 : Bassin versant de La Grande Rivière ...... 100 Annexe 3 : Haldes minières ...... 101

Liste des tableaux Tableau 1 : Bassins versants répartis par MRC 8 Tableau 2 : Territoire administratifs du secteur Duplessis 10 Tableau 3 : Variables en rapport au sujet de recherche 44 Tableau 4 : Réponses des participants - Q1 47 Tableau 5 : Fréquences des codes - Q1 48 Tableau 6 : Réponses des participants - Q2 49 Tableau 7 : Fréquences des codes - Q2 50 Tableau 8 : Réponses des participants – Q3 51 Tableau 9 : Fréquences des codes - Q3 52 Tableau 10 : Réponses des participants – Q4 53 Tableau 11 : Fréquence des codes – Q4 54 Tableau 12 : Réponses des participants – Q5 55 Tableau 13 : Fréquence des codes – Q5 56 Tableau 14 : Réponses des participants – Q6 57 Tableau 15 : Fréquence des codes – Q6 59 Tableau 16 : Réponses des participants - Q7 60 Tableau 17 : Illustration des relations - Q7 62 Tableau 18 : Réponses des participants – Q8 63 Tableau 19 : Fréquence des codes – Q8 65 Tableau 20 : Réponses des participants - Q9 66 Tableau 21 : Réponses des participants - Q10 67 Tableau 22 : Fréquence des codes - Q9 et Q10 69 Tableau 23 : Compléments de réponses au questionnaire 70

Liste des figures Figure 1 : ZGIEBV du Québec 4 Figure 2 : ZGIEBV de Duplessis 6 Figure 3 : Les mines actives au Québec au nord du 49e parallèle 7 Figure 4 : Les MRC de la Côte-Nord 8 Figure 5 : Bassin versant de la rivière Moisie 9 Figure 6 : Communautés autochtones de la zone Duplessis 10 Figure 7 : Fosse du labrador 12 Figure 8 : Échelle de gouvernance 22 Figure 9 : Échelle de gouvernance 78

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Abréviations BAPE Bureau d’audiences publiques sur l’environnement CARP Clean Annapolis River Project CEHQ Centre d’expertise hydrique du Québec FME Fond monétaire de l’eau GIEBV Gestion intégrée des eaux par bassins versants GIRE Gestion intégrée de la ressource en eau GMR Gestion des matières résiduelles MAMH Ministère des Affaires municipales et de l’Habitation MELCC Ministère de l’Environnement et de la lutte aux changements climatiques MDDEP Ministère du Développement durable, de l’environnement et des parcs MDDEFP Ministère du Développement durable, de l’environnement, de la faune et des parcs MERN Ministère de l’Énergie et des ressources naturelles MFQ Minerai de fer Québec OBNL Organisme à but non lucratif OBV Organisme de bassins versants OBVD Organisme de bassins versants Duplessis OCDE Organisation de coopération et de développement économiques PDE Plan directeur de l’eau PNE Politique nationale de l’eau PPP Partenariat public-privé PSP Participation du secteur privé REMMD Règlement des effluents des mines de métaux et de diamants ROBVQ Regroupement des organismes de bassins versants au Québec RSE Responsabilité sociale des entreprises SPN Société du Plan Nord TNO Territoire non organisé ZGIEBV Zone de gestion intégrée des eaux par bassin versant

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Remerciements Je remercie mon directeur de recherche, Frédéric Lasserre, pour m’avoir guidée avec patience et toujours avoir été à mon écoute, c’est très apprécié. Je remercie également mon codirecteur de recherche, Alexandre Brun, pour m’avoir accueilli à son université, pour ses conseils et pour l’ouverture qu’il a montrée quant à cette étude. Je suis aussi reconnaissante envers François Anctil pour sa contribution à mon comité de direction et ses bons conseils. Je remercie tous les professeurs de l’Université Laval qui m’ont apporté leur soutien et ont participé à l’enrichissement de mon éducation.

Un merci particulier à mes grands-parents qui m’ont offert, avec générosité et tendresse, la chance de suivre des études supérieures. Merci également à mes parents qui ont aussi permis que ce soit possible. Je suis reconnaissante de tout leur soutien et de leur amour. Je remercie mes sœurs pour leurs encouragements et leur écoute, la vie serait beaucoup moins belle sans elles! Finalement, je tiens à remercier mon amoureux, Jean-François, qui m’a donné tout le support et l’affection nécessaires pour réussir ce projet.

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Introduction La gouvernance de nos territoires est en mutation depuis déjà quelques décennies (Rosenau et Czempiel, 1992; Rhodes 1996; Stocker, 1998; Côté, Lévesque et Morneau 2005). Ce changement de paradigme implique qu’une multitude d’acteurs participent désormais à la prise de décision. Le rôle du gouvernement reste central et consiste principalement en la mise en place de lois et de règlements permettant d’encadrer les actions publiques mises en œuvre par ces multiples acteurs. Ainsi, le gouvernement du Québec tente de s’y adapter et de décentraliser certains pouvoirs à des instances œuvrant à plus petites échelles. Parfois, cela a mené à la création de nouvelles instances, comme ce fut le cas avec la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme et l’apparition des MRC. La Loi affirmant le caractère collectif de la ressource en eau et visant à sa protection (2009, ci-après : « Loi sur l’eau ») a, quant à elle, abouti à l’officialisation des Organismes de bassins versants (OBV). Il faut dire que plusieurs organismes s’appliquaient déjà à planifier une gestion des eaux en collaborant avec différents acteurs avant l’apparition de la loi, mais celle-ci s’est introduite avec un Cadre de référence définissant de manière très précise les mandats auxquels doivent répondre les OBV en leur accordant le statut juridique d’OBNL. Elle a aussi permis la création d’OBV là où il n’y avait encore aucun organisme de gestion des eaux partout au Québec méridional. L’OBV Duplessis (OBVD) est l’un de ceux apparus en 2009 avec la Loi sur l’eau et il correspond au territoire de cette étude. Il occupe 50 % de la région de la Côte-Nord. Celle-ci pourrait devenir un lieu stratégique pour le développement de la province au nord du 49e parallèle, étant donné que les ressources minières sont au cœur du Plan Nord.

Suivant une logique développementaliste, l’exploitation des ressources naturelles s’inscrit dans une recherche de rentabilité économique de la province et dans un but politique d’occupation du territoire. Le Plan Nord du Québec va en ce sens. Se distanciant légèrement des développements nordiques passés axés sur la colonisation, ce présent plan souhaite obtenir la collaboration des communautés autochtones et il entend protéger 50% du territoire du Plan Nord a des fins autres qu’industrielles (Brun, Harbour-Marsan, Lasserre et Mottet, 2017). Nous verrons que dans cette région peu peuplée, l’industrie minière et l’activité forestière sont les principales menaces pour la qualité de l’eau de la région.

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La GIEBV a été mise en place en 2002 par le gouvernement de Bernard Landry avec l’avènement de la Politique nationale de l’eau (PNE). Trente-trois bassins versants ont été désignés et jugés prioritaires. En 2009, la GIEBV se confirme sous le gouvernement Charest, avec la Loi sur l’eau et un redécoupage des bassins versants, permettant d’élever alors leur nombre à quarante. Un Cadre de référence est établi en 2012 par le MDDEFP. La gouvernance de l’eau, définit ci-dessous comme objet d’étude, doit être établie de manière concertée selon la Loi sur l’eau et tous les acteurs doivent développer des stratégies communes pour pallier les enjeux relatifs à l’eau sur le territoire. Cette recherche tente de faire un suivi de la décentralisation de la gestion de l’eau au Québec, en se penchant sur le processus de concertation qui doit la planifier et sur la participation du secteur minier de la Côte-Nord à celui-ci, compte tenu du contexte particulier de développement nordique et de l’impact de l’exploitation minière sur la ressource en eau.

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Chapitre 1 : Territoire et problématique Ce premier chapitre présente l’objet d’étude, son contexte et le périmètre de recherche, puis il définit la problématique concernant celui-ci. Il évoque également les retombées scientifiques qui sont souhaitées.

1.1 Objet d’étude Dans un contexte de développement économique, la ressource en eau est inévitablement sollicitée davantage et une gestion intégrée de celle-ci est essentielle pour la durabilité des écosystèmes. Le Québec méridional expérimente, depuis presque 20 ans, une nouvelle méthode de gouvernance, soit la gouvernance participative. Or, en tenant compte du désir de développement du gouvernement québécois dans le nord de la province, et des grandes entreprises prêtes à bondir sur les richesses de ce territoire où l’humain est encore peu présent, il semble important d’analyser le processus de concertation derrière la gestion intégrée de la ressource en eau. L’étude se penchera principalement sur la présence des entreprises minières dans la gouvernance participative, étant donnée l’anticipation d’une présence accrue de celles-ci dans la région de la Côte-Nord.

L’objet d’étude est donc la gouvernance participative, c’est-à-dire la planification concertée de la gestion de l’eau, dans un contexte de pollution d’origine minière. Il est donc de l’ordre du géopolitique et du juridique, puisqu’il inclut une multitude d’acteurs se concertant sur un mode de gestion, lequel est apparu à l’aide d’un cadre normatif et législatif s’y rattachant. Il est également sociopolitique puisqu’il s’intéresse aux comportements de ces acteurs en relation avec cette gestion. Le processus de concertation est l’élément central de cette gouvernance à laquelle nous nous intéressons.

1.2 Territoire et période d’analyse Une zone de gestion intégrée de la ressource en eau par bassin versant (ZGIEBV) a été établie dans le Québec méridional d’est en ouest de la province, allant jusqu’à la frontière états- unienne au sud et jusqu’aux environs du 53e parallèle au nord (OBV Manicouagan, 2013). À l’intérieur de cette zone, des organismes de bassins versants 1 (OBV) sont chargés de

1 Le bassin versant est une unité territoriale délimitée par les lignes de partages des eaux. Celles-ci correspondent aux points topographiques les plus hauts, à partir desquels s’écoulent les eaux qui convergent ensuite vers un exutoire commun (GROBEC, 2017).

3 coordonner la gouvernance participative de l’eau sur leur territoire respectif et de produire un Plan Directeur de l’Eau (PDE). Ce dernier consiste en l’analyse du ou des bassins versants qu’ils couvrent, puis à la mise en œuvre d’un plan d’action exposant les objectifs à atteindre face aux enjeux ressortis du portrait et du diagnostic rendus par l’analyse. Le PDE est ce qui planifie la GIEBV et doit être fait de manière concertée selon la Loi sur l’eau. La superficie de la province du Québec totalise 1 667 000 km², tandis que la superficie totale de tous les bassins versants faisant partie de la ZGIEBV au Québec totalise environ 654 000 km², ce qui correspond à un peu plus de 39% du territoire québécois (ROBVQ, 2017).

Source : ROBVQ. Les OBV du Québec. robvq.qc.ca Figure 1 : ZGIEBV du Québec Le territoire de cette étude correspond aux limites de gestion de l’OBVD (numéro 23 sur la figure 1), de Baie-Trinité jusqu’à Blanc Sablon d’ouest en est, allant jusqu’à Fermont et la frontière de Terre-Neuve-Labrador au nord et jusqu’au fleuve St-Laurent au Sud. Il occupe 50% du territoire de la Côte-Nord. Le territoire de l’OBVD s’étend sur 162 700 km² et comprend 104 bassins versants (OBVD, 2015). L’OBVD a le plus gros territoire de GIEBV au Québec. Pour faciliter sa gestion et le partage des connaissances, celui-ci a été divisé en trois zones de gestion intégrée. D’ouest en est, il s’agit du secteur de gestion intégrée Sept- Rivières, de celui de Minganie et du secteur de gestion intégrée Basse Côte-Nord. Cependant,

4 l’ensemble est tout de même administré par un seul OBV (Ibrahim, 2017). De plus, chaque bassin versant se situe dans des contextes climatique, biologique, géochimique, politique et socioéconomique différents vue la grande superficie du territoire. Une fiche-portrait pour chacun des bassins versants a été ou sera produite. L’OBVD comprend une façade maritime de 850 km et présente 84 bassins hydrographiques de niveau 1, selon la définition du CEHQ (OBVD, 2015). Le territoire d’étude comprend quatre grands bassins versants, c’est-à-dire entre 15 000 et 20 000 km², celui de la rivière du Petit Mécatina, celui de la rivière Moisie, celui de la rivière Natashquan et celui de la rivière La Romaine (Ibid.) Les bassins versants de la rivière Moisie et de La Romaine sont les deux principaux bassins affectés par l’exploitation minière sur notre territoire d’étude. Le nombre de mines actives sur le territoire de l’OBVD s’élève désormais à quatre, avec la relance de la mine du lac Bloom au printemps 2018. Le bassin versant de la Romaine est également affecté par la présence de barrages hydro-électriques. Il ne connait pas beaucoup d’activités forestières et aucune exploitation agricole n’est recensée (OBVD, 2015b). C’est Rio Tinto Fer et Titane qui procède à l’extraction des minerais au lac Tio, à 83 km de Havre-Saint-Pierre. Les minerais sont traités à l’usine de Sorel-Tracy et doivent donc transiter par le port de Havre-Saint-Pierre, se situant dans le bassin versant de la rivière du Nord-ouest. L’OBVD ne recense aucun effluent minier issu du traitement du minerais. L’eau qui percole dans les haldes à stériles produit un lixiviat. Des haldes seraient déversées dans le lac Petitpas (voir annexe 3). Les dernières données physico-chimiques du lac datent de 2002 et ne démontraient rien d’anormal. Or, différents effluents de la mine ont montré des dépassements pour le pH et pour le nickel (Ibid. :248).

L’entreprise ArcelorMittal Mines Canada exploite le fer à la mine de Mont-Wright dans la municipalité de Fermont et à la mine de Fire Lake à 55 km au sud, affectant le bassin versant de la rivière Moisie. Les activités manufacturières de transformation du fer d’ArcelorMittal ont lieu à Port-Cartier, dans le bassin versant de la rivière Brochu. Ensuite, se situant en amont du bassin versant de la rivière Moisie et du bassin de La Grande rivière, la mine du lac Bloom, dont le promoteur était Consolidated Thompson (Cliffs) jusqu’en 2014 (maintenant Champion Iron Mines), exploite un autre gisement de fer. Elle se trouve sur le territoire de la municipalité de Fermont également et du territoire non organisé de Rivière- Mouchalagane. De plus, dans la municipalité de Sept-Îles est présente la compagnie des

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Mines Wabush avec une usine de bouletage du fer se situant dans le bassin versant de la rivière Hall. L’entreprise des Mines Wabush exploite le fer au Labrador, à quelques kilomètres au nord de Fermont. La compagnie minière IOC est également présente sur le territoire administratif de Sept-Îles, s’occupant du transport des boulettes de fer, affectant ainsi le bassin de la rivière du Poste avec des installations ferroviaires et portuaires.

Source : OBVD, obvd.qc.ca Figure 2 : ZGIEBV de Duplessis Plusieurs types de minéralisations uranifères se retrouvent sur le territoire de GIEBV de l’OBVD, mais aucune de celles-ci n’est en exploitation actuellement (OBVD, 2015). Il ne faut pas oublier les nombreuses explorations sur le territoire. Avec le projet du Plan Nord2 et les nombreuses richesses du sous-sol québécois, on peut s’attendre à ce que le nombre d’explorations, d’extractions et d’exploitations minières augmente sur le territoire de l’OBVD.

2 « Le Plan Nord a pour but de mettre en valeur le potentiel minier, énergétique, social, culturel et touristique du territoire québécois situé au nord du 49e parallèle. » (Mot du ministre Pierre Arcand, Gouvernement du Québec, 2014)

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Source : Ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation (2018). economie.gouv.qc.ca.. Figure 3 : Les mines actives au Québec au nord du 49e parallèle

Note : Les mines sur le territoire d’étude sont Lac Bloom, Mont Wright, Fire Lake et Lac Tio

La population de la ZGIEBV de Duplessis était de presque 50 000 personnes avec une densité très faible de 0,3 habitant/km2 selon les données de 2011 (OBVD, 2015). Environ la moitié de cette population réside à Sept-Îles. Le tableau 1 nomme chaque bassin versant pour chaque MRC visible à la figure 4.

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Source : Direction des solutions technologiques et des services aux utilisateurs (2017), © Gouvernement du Québec, MAMOT Figure 4 : Les MRC de la Côte-Nord

Tableau 1 : Bassins versants répartis par MRC

MRC Noms des bassins versants Moisie, Crique à Fournier, au Bouleau, de l’Île Jésus, du Sault Plat, à JosRinguet, Tortue, du Sault Blanc, Manitou, aux Graines, à la Chaloupe, Couture, Sheldrake, au Tonnerre, Béline, Jupitagon, Magpie, à Boucher, Saint-Jean, Mingan, Lechasseur, Romaine, du Nord-Ouest, à l’Ours, du Milieu, de la Corneille, Minganie Piashti, Petite rivière Piashti, Quetachou, Véronique, Pontbriand, Watshishou, Petite rivière Watshishou, Pashashibou, Petite rivière du Milieu, Nabisipi, Aguanish, Uahtauakau, Natashquan, du Petit Mécatina. Natashquan, Longue, Kegaska, de l’Anse Muddy, Musquaro, Musquanousse, Washicoutai, Tshehkahkas, Olomane, Akanehau, Coacoachou, Étamamiou, Le Golfe-de- Nétagamiou, Saint-Vincent, du Petit Mécatina, de l’Est, du Gros Mécatina, Véco, Saint-Laurent Kécarpoui, Pagachou, Saint-Augustin, Coxipi, Petite Rivière Coxipi, Chécatica, Napetipi, du Vieux Fort, Saint-Paul, des Belles Amours, de la Grande Coulée, Brador, Brador Est Sept-Rivières Du Calumet, Pentecôte, Riverin, Vachon, aux Rochers, Dominique, Brochu, Sainte-Marguerite, Hall, des Rapides, du Poste, Moisie, Matamec, Saint- Charles Ouest, aux Loups Marins, Pigou, Crique à Fournier, au Bouleau, du Sault Plat, Tortue, Manitou, Magpie Caniapiscau Sainte-Marguerite, Moisie Manicouagan De Calumet, Pentecôte Source : OBVD (2015a)

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Les bassins versants indiqués en gras sont ceux qui sont affectés par l’exploitation minière. Soit par les sites d’extraction, les usines de transformation ou par le transport relié à l’exploitation. On remarque que la rivière Moisie, à l’amont de laquelle se trouve deux des entreprises minières de l’étude, parcourt trois MRC différentes, ce qui peut compliquer sa gestion d’un point de vue administratif.

Source : MELCC, http://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/bassinversant/bassins/moisie/index.htm Figure 5 : Bassin versant de la rivière Moisie

Ensuite, le tableau 2 regroupe les MRC qui sont illustrées à la figure 4, en plus des établissements et réserves autochtones. Le pourcentage de leur superficie incluse dans le secteur de Duplessis est indiqué, et pour les MRC, les principales municipalités.

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Tableau 2 : Territoires administratifs du secteur Duplessis

MRC et communautés Superficie Principales municipalités autochtones (%) MRC Le Golfes-du-Saint-Laurent 39,1 -Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent -Blanc-Sablon -Saint-Augustin -Gros-Mécatina -Bonne-Espérance MRC de Minganie 38,1 -Havre-Saint-Pierre -Rivière-au-Tonnerre -Aguanish -Rivière-Saint-Jean -Longue-Pointe-de-Mingan -Baie-Johan-Beetz -Natashquan MRC de Sept-Rivières 17,4 -Sept-Îles -Port-Cartier MRC Caniapiscau 5,32 -Fermont MRC Manicouagan 0,03 Seulement des TNO Réserve autochtone Mingan 0,01 Ne s’applique pas Réserve autochtone 0,00 Ne s’applique pas Réserve autochtone 0,00 Ne s’applique pas Réserve autochtone La Romaine 0,00 Ne s’applique pas __ Réserve autochtone Natashquan 0,00 Ne s’applique pas Établissement autochtone Pakuashipi 0,00 Ne s’applique pas Source des données : OBVD, 2015a :63

Source : autochtones.gouv.qc.ca/nations/cartes/carte-8x11.pdf Figure 6 : Communautés autochtones de la zone Duplessis

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Étant peu habitée, la Côte-Nord comprend plusieurs villages qui ne sont pas desservis en eau potable et il n’y a pas toujours de données sur les prélèvements domestiques. De plus, les données concernant l’alimentation en eau des communautés autochtones ne sont pas disponibles. Les avis d’ébullition sont relativement courants dans certains secteurs, malgré une eau globalement de bonne qualité pour la ZGIEBV de Duplessis (OBVD, 2015b). Avec la PNE, le gouvernement souhaite inclure les peuples autochtones dans la gestion de l’eau, mais souvent, la relation est de l’ordre de la consultation en fonction de conventions précises (Grammond dans Choquette et Létourneau, dir., 2008).

Au Québec, avant la Première Guerre Mondiale, la principale ressource économique dans les régions éloignées des pôles centraux de la vallée du Saint-Laurent était le bois. Durant l’entre-deux-guerres, l’industrie internationale prend un bond en avant et les villes québécoises cherchent davantage de ressources pour accroitre les richesses. De nombreuses villes ont ainsi été créées en partie ou totalement à cause de la présence de minéraux utiles à la confection de divers biens et ayant une valeur importante sur le marché international. On pense entre autres à l’Abitibi-Témiscamingue, une région qui a attiré un grand nombre d’immigrants à la suite de la découverte de plusieurs gisements aurifères le long de la faille Cadillac, ainsi qu’à Thetford Mines et Black Lake ou encore Asbestos, des territoires qui se sont développés à cause de l’amiante, un minéral aux propriétés particulières (excellent isolant, ininflammable). Suite à l’interdiction d’exploiter l’amiante au Canada à cause des problèmes de santé en découlant (l’amiantose), ces villes ont dû s’adapter pour survivre et elles ont réussi grâce à une diversité de ressources économiques. La région de l’Abitibi- Témiscamingue a aussi plusieurs ressources alternatives qui lui permettent de ne pas dépendre de l’exploitation minière, notamment l’industrie forestière. Cependant, pour une ville dont l’économie serait uniquement centrée sur cette seule ressource, la chute de la valeur du minéral exploité peut être fatale. Dans la région de la Côte-Nord, où ce sont les gisements de fer qui sont nombreux grâce à la fosse du Labrador (figure 7), la ville de Gagnon a fermé complètement en 1984 et tout a été rasé l’année suivante à la suite de la crise du fer au début des années 1980. Les 2000 habitants ont dû être obligatoirement déplacés (Radio-Canada, 2014). Au même moment, la mine de Fire Lake cessait également ses activités.

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Aujourd’hui, l’économie de la Côte-Nord reste axée sur l’exploitation minière. Les activités économiques des principales municipalités comme Fermont, Havre-saint-Pierre, Sept-Îles et Port-Cartier sont essentiellement concentrées dans le secteur minier. La mine du lac Tio est exploitée depuis le début des années 1950, et les mines du mont-Wright et de Fire Lake, puis du lac Bloom sont exploitées à partir des années 1970.

Source : Le Soleil (2016), https://www.lesoleil.com/affaires/industrie-du-fer-le-quebec-contre-le-monde- fc8cfedbdf83ea1a38a8accfaf9288dd Figure 7 : Fosse du labrador

1.3 Intérêts et retombées au plan scientifique La question de la gestion de l’eau des entreprises minières est pertinente, parce que celles-ci ont de grands impacts sur la qualité et la quantité des eaux, ce qui peut déstabiliser les régimes fluviaux. Il est également intéressant d’évaluer le fonctionnement de la gouvernance participative comme moyen pour planifier la GIEBV, puisqu’il s’agit d’un mode de gestion qui est relativement récent au Québec et qui dépend de plusieurs acteurs et des relations qu’ils ont entre eux.

Les retombées souhaitées par ce projet sont de questionner l’efficacité d’une concertation volontaire pour planifier la gestion de l’eau dans un souci de pérennité de la ressource. Cette étude peut apporter une contribution au niveau des connaissances sur la situation concernant la GIEBV et les OBV et leur arrimage avec la gestion faite par les instances publiques. Ce projet de recherche espère valoriser la participation des entreprises minières, et des

12 compagnies privées en général, à la gouvernance de l’eau au Québec. Ensuite, il s’agit de mettre de l’avant le pilier « responsabilité environnementale » de la responsabilité sociale des entreprises (RSE), suivant les principes du développement durable 3 . Aussi, cette recherche se penche sur une situation pour laquelle un mode de gouvernance de l’eau est déjà mis en place. Pour pousser plus loin, on peut ensuite s’interroger sur le fonctionnement de la gouvernance de l’eau du moyen et du grand Nord québécois, où elle est quasi-inexistante.

1.4 Énoncé de la problématique Pour comprendre la problématique sur laquelle se penche cette recherche, seront énoncés ci- dessous les différents enjeux liés à l’objet d’étude, qui est la gouvernance participative de la gestion de l’eau.

L’exploitation des minerais provoque des changements souvent importants sur le territoire d’un bassin versant. Ces changements, physiques et chimiques, ont des impacts sur l’ensemble des eaux d’un bassin versant, en aval de l’endroit où l’exploitation a lieu, puisque l’eau ruissèle à travers les éléments polluants et les transporte. Par exemple, des changements sur les propriétés physico-chimiques de l’eau sont engendrés par la dispersion dans celle-ci de métaux pouvant être toxiques ou radioactifs (ROBVQ, 2014). Le pH et la température de l’eau s’en trouvent ainsi déséquilibrés, ce qui affecte toute la vie aquatique (Ibid.). De plus, le régime du cours d’eau peut être affecté à cause des prélèvements en quantité importante et des rejets mal calculés (Ibid.). Le cas des minières a été choisi entre autres puisque le problème de la pollution des eaux découlant des rejets miniers a été soulevé par plusieurs acteurs du milieu. Notamment par Simon Lemieux (2016), directeur du groupe de concertation des bassins versants de la zone Bécancour (GROBEC), qui considère les haldes4 minières du secteur de Thetford Mines comme l’une des plus importantes problématiques du bassin versant de la rivière Bécancour, malgré que l’activité minière ait complètement cessé dans ce secteur depuis presque 10 ans, et par Ghassen Ibrahim (2017), ancien directeur de l’OBVD, qui affirme avoir de la difficulté à amener les entreprises minières à venir se

3 Au Québec, le développement durable s’entend donc d’« un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Le développement durable s’appuie sur une vision à long terme qui prend en compte le caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale et économique des activités de développement. » (Gouvernement du Québec, 2017) 4 Une halde est un amoncellement de résidus miniers (GROBEC, 2014).

13 concerter avec les autres acteurs de l’eau. Participer aux tables de concertation des différents bassins versants à l’intérieur desquels elles pratiquent leurs activités ne semble pas être dans leurs intérêts (Ibrahim, 2017). Selon Ibrahim, l’ancien directeur de l’OBV Duplessis, pour capter l’intérêt des minières cela se fait par la science, c’est-à-dire, grâce à l’expertise des OBV. Elles peuvent effectivement utiliser ceux-ci comme solution peu coûteuse en cas d’adaptation obligée face à une nouvelle règlementation.

Plusieurs recherches confirment que des rejets et résidus miniers peuvent affecter grandement les eaux de surface autant que les eaux souterraines, en plus de toute la vie qui est rattachée, ce qui inclut les êtres humains (Bonta, 2009; Hachimi et al., 2007; Lghoul et al., 2012). Bien que les différents sites miniers au Québec et ailleurs soient issus d’exploitations qui diffèrent d’un site à l’autre, on y retrouve les mêmes enjeux concernant la gestion des eaux en leur sein (pollutions des eaux de surface et des eaux souterraines, exposition de la nappe phréatique, érosions des rives, etc.). La mise en place d’un site minier amène souvent la destruction de nombreux plans d’eau. Par exemple, le projet du nouveau parc à résidus miniers d’ArcelorMittal pour la mine de Mont-Wright, obligea la destruction de 11 lacs, 15 étangs, 25 ruisseaux et 205 hectares de milieux humides (Radio-Canada, 2017). Le transport relié à l’exploitation représente également un risque de pollution pour les bassins versants. Par exemple, le tuyau d’alimentation de l’une des trois génératrices du chemin de fer de l’entreprise ArcelorMittal, allant de Mont-Wright jusqu’à Port-Cartier, fut victime d’un bris, ce qui a causé un déversement de 16 700 litres de diesel (TVA Nouvelles, 2018).

Selon la directive 019, les industries minières doivent faire un suivi environnemental durant les périodes d’exploration, d’extraction et d’exploitation et après celles-ci, notamment sur la gestion des eaux usées (MDDEP, 2012). Malgré un impact hydrologique résiduel important, aucun plan de gestion environnemental spécifique à l’eau n’existe pour le projet minier Arnaud (OBVD, 2012). Ce projet a d’ailleurs été reporté indéfiniment étant donné que la population de Sept-Îles s’inquiète des impacts environnementaux de celui-ci (le Devoir, 2017). Le suivi environnemental spécifique à l’eau pour les mines en phase de post- exploitation en général semble peu présent au Québec. Beaucoup de mines se retrouvent désertées, sans que le site minier soit nettoyé ni qu’il y ait de gestion particulière pour les

14 eaux. La restauration des mines abandonnées est alors prise en charge par le gouvernement du Québec (MERN, 2016). De plus, le problème du financement des OBV a été soulevé entre autres par Alexandre Brun et Frédéric Lasserre en 2010 et 2012. Le manque de financement implique que les OBV doivent se contenter d’une équipe réduite et consacrer beaucoup de leur temps à la recherche de financement, ce qui limite considérablement leurs ressources et les heures allouées à la réalisation de leurs trois mandats (Blondeau et Boutillier, 2017). Ceux-ci consistent en la transmission d’informations et la sensibilisation, la réalisation du PDE et la concertation (ROBVQ, 2020). En date du 28 mars 2018, le nouveau budget provincial annonça une augmentation de presque le double pour le financement des OBV. On prévoit 10 M$ par année pendant trois ans distribués parmi les 40 OBV du Québec (COGESAF, 2018), ce qui aidera sans doute à pallier certains manquements.

En plus des problèmes concernant la gestion et la pollution des eaux reliées aux mines, quelques cas de conflits sociaux entre les entreprises minières et les citoyens ont eu lieu, et cela envenime les relations entre chacun des acteurs de l’eau et nuit au processus de concertation. Par exemple, en mars 2015, la mise à pied de plus d’une trentaine d’employés de la mine du lac Tio entraîne une instabilité socio-économique pour le Havre-Saint-Pierre, puisque la présence d’une importante partie de la population de la municipalité est reliée à celle de la mine (Le Soleil, 2015). Il en va de même pour les 2500 employés d’ArcelorMittal, qui pourraient perdre leur emploi d’ici 2030 en raison de la baisse du prix du fer sur le marché et des coûts élevés de l’exploitation (Radio-Canada, 2017). Quant à la mine du lac Bloom près de Fermont, si un nouveau promoteur, Champion Iron Mines, a repris les activités d’exploitation en avril 2018 (Journal de Québec, 2017), en décembre 2014, la mine et l’usine de transformation à Sept-Îles fermaient, laissant entre 500 et 600 personnes sans emploi (Radio-Canada, 2014). De plus, les Innus de la région ont poursuivi la compagnie minière IOC à cause de la destruction et de l’expropriation de leurs terres ancestrales provoquées par l’exploitation minière dans le secteur de Sept-Îles, ainsi que dans le Nord-du-Québec (Le Soleil, 2014). Les communautés autochtones n’ont pas le droit d’exploiter les ressources minières puisqu’elles ne peuvent pas prouver qu’il s’agit d’activités ancestrales (Grammond dans Choquette et Létourneau, 2008). De plus, la Politique de consultation des communautés autochtones propre au secteur minier ne comporte pas l’obligation, mais seulement la

15 suggestion de consulter les autochtones sur les projets miniers. Le chef d’Ekuanishit, Jean- Charles Piétacho avait déclaré que même lorsqu’ils étaient consultés, leurs avis n’étaient pas souvent pris en compte (Kirouac-Poirier et Royer, 2019). Ces évènements remettent en question l’acceptabilité sociale des actions exercées par les entreprises minières sur le territoire, ainsi que la confiance qu’ont les citoyens envers les entreprises minières. Les relations qu’ont les acteurs entre eux peuvent avoir des répercussions nombreuses sur la gouvernance du territoire.

Dan Shrubsole, professeur au département de géographie et doyen adjoint de la Faculté de sciences sociales de l'Université Western en Ontario, lors de sa conférence « Integrated Water Resource Management in Canada » (2018) comparait la situation des OBV du Québec avec l’organisation non-gouvernementale située en Nouvelle-Écosse, la Clean Annapolis River Project (CARP). Une différence significative entre celle-ci et les OBV québécois est qu’elle est une organisation non-gouvernementale. Son budget est cependant suffisant pour mettre en œuvre un plan d’action, entre autres parce que le secteur privé participe aux tables de concertation ainsi qu’au financement de la CARP (Shrubsole, 2018). Le manque de participation des entreprises privées à la GIEBV au Québec est donc, selon le discours de ce professeur, un frein à l’application du PDE. Il faut, selon lui, une coordination entre les planificateurs et les décideurs (provenant des secteurs privés et publics) pour parvenir à mettre en œuvre des actions concrètes et aller plus loin que la planification.

Ainsi, compte tenu des effets néfastes qui peuvent découler de la pollution d’origine minière, et des nombreuses difficultés que connaissent les OBV au Québec, et spécifiquement dans le cas de notre recherche, l’OBVD qui doit gérer 104 bassins versants sur un territoire de 162 700 km², nous nous demandons ce qui faciliterait la concertation entre tous les acteurs et ce qui pourraient inciter la participation du secteur privé. La question que nous posons est donc : Comment les différents acteurs perçoivent-ils le processus de concertation de la GIEBV et quelle est la place de la participation des entreprises minières de la Côte-Nord dans celui-ci ?

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L’industrie minières a été choisie parce qu’elle représente l’une des principales menaces pour la qualité des milieux hydriques et humides, avec l’industrie forestière et l’industrie énergétique qui ont aussi un poids considérable sur les bassins versants de la Côte-Nord. Le territoire est peu peuplé, donc ce ne sont pas les municipalités qui sollicitent le plus la ressource en eau. De plus, il n’y a pas d’agriculture dans sur le territoire de l’OBVD et l’industrie agricole nécessite normalement d’importante quantité d’eau.

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Chapitre 2 : Concepts et théories Ce chapitre recense la recherche documentaire, incluant la revue de littérature, le cadre théorique, puis la documentation concernant des exemples concrets de gestion intégrée des eaux dans les sites miniers.

2.1 Cadre conceptuel – Revue de littérature La revue de littérature est principalement constituée d’articles scientifiques, mais aussi d’informations provenant de la littérature grise et d’articles de presse.

2.1.1 Gouvernance, bonne gouvernance et gouvernance participative Le concept de gouvernance est un concept de base dans notre recherche qu’il est important de définir. Dans la littérature, on dénonce souvent le fait qu’il est un concept dont on perd facilement le sens, puisqu’il est utilisé à toutes les sauces, d’où l’importance de clarifier sa signification (Paye, 2005). La définition de celui-ci ressortant de l’étude d’Isabelle Lacroix et de Pier-Olivier St-Arnaud de l’Université de Sherbrooke se résume ainsi : L'ensemble des règles et des processus collectifs, formalisés ou non, par lequel les acteurs concernés participent à la décision et à la mise en œuvre des actions publiques. Ces règles et ces processus, comme les décisions qui en découlent, sont le résultat d'une négociation entre les multiples acteurs impliqués. Cette négociation, en plus d'orienter les décisions et les actions, facilite le partage de la responsabilité entre l'ensemble des acteurs impliqués, possédant chacun une certaine forme de pouvoir. (Lacroix et St-Arnaud, 2012:26)

Règles, processus collectifs, intérêts, acteurs multiples, pouvoir, participation, négociation, responsabilité, décision et mise en œuvre communes, sont tous des concepts que ces auteurs ont retenus lors de leurs recherches pour définir la gouvernance. Perspective monde de l’Université de Sherbrooke qualifie également de bonne gouvernance une gouvernance qui est multidirectionnelle, décentrée, ouverte et collaborative (2015). Cette définition correspond à ce que nous entendons par bonne gouvernance.

Alors que certains voient le concept de gouvernance comme un idéal normatif reposant sur la transparence et l’éthique (Pitseys, 2010), d’autres perçoivent dans ce concept la transposition sémantique d’une mutation dans la structure sociétale (Ibid.; Lacroix et St- Arnaud, 2012). Il semblerait en effet que le gouvernement et ses institutions ne soient plus suffisamment efficaces pour mettre en place une gestion de l’action publique, en plus de ne

18 plus avoir l’expertise nécessaire pour le faire et c’est ainsi que se joindrait une multitude d’acteurs à la participation de l’action publique (Rosenau et Czempiel, 1992). La gouvernance, en ce sens, n’est plus uniquement l’action d’un gouvernement, mais celle de toutes les parties prenantes. Elle est, autrement dit, un phénomène de gouverne qui va au- delà de la structure institutionnelle en place. Elle est donc transnationale (Ibid.). Les gouvernements peuvent néanmoins eux-mêmes favoriser une gouvernance participative, en laissant plus de pouvoirs aux acteurs œuvrant à plus petites échelles. Ils peuvent, en ce sens, créer de nouvelles institutions pour mettre en place une décentralisation des pouvoirs et des ressources financières, ainsi qu’une communication fréquente entre les différents acteurs. Selon l’OCDE, les citoyens sont au cœur des processus démocratiques de leur société et voient émerger de nouvelles formes de représentation et exigent de nouvelles formes de participation. (Lacroix et St-Arnaud, 2012:28).

C’est également ce que soutient Rosenau, affirmant que la globalisation mondiale permet aux citoyens et citoyennes du monde d’être des acteurs et des actrices plus avisés sur la gouvernance politique, et donc plus conscients de leur pouvoir d’actions (dans Rosenau et Czempiel, 1992). Leurs interventions plus soutenues et plus fréquentes dans les décisions politiques influencent les gouvernements et permettent leur participation à la gouvernance de leur société (Ibid.).

Pour le ROBVQ (2006), la gouvernance participative n’est pas un mode de gestion, elle correspond à la planification, donc à l’ensemble des mesures et des ressources utilisées pour mettre en œuvre la GIRE. Elle repose sur la concertation, c’est-à-dire sur des négociations et des discussions entre les différentes parties prenantes permettant d’aboutir à des ententes, favorisant une avancée vers le but commun, qui est, pour la GIEBV, une eau de qualité pour tous à long terme et la conservation des milieux humides et hydriques. La gouvernance ne doit donc pas se faire de façon sectorielle, mais plutôt de façon concertée à l’échelle du bassin versant (ROBVQ, 2006).

Avec l’apparition en 2002 de la PNE, la gouvernance participative prend un caractère formel. Cependant, il n’y a pas de répartitions réelles des pouvoirs, ce qui freine sa mise en place. Aussi, la difficulté de la reconnaissance de différents groupes communautaires et d’OBNL (comme les OBV) en tant qu’acteurs décisionnels est importante. Selon Côté, Lévesque et

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Morneau (2005), la participation citoyenne serait la prémisse de la démocratie participative, qui, selon plusieurs des répondants à leur recherche (élus politiques, personnes œuvrant dans des organismes communautaires, etc.), serait négatrice de la démocratie représentative. De ce point de vue, la gouvernance participative pourrait impliquer une diminution de la puissance du régime en place, phénomène avec lequel les élus doivent composer (Rosenau et Czempiel, 1992). Les obstacles que peut rencontrer une telle gouvernance au Québec peuvent être la réticence potentielle des élus à la démocratie participative, le caractère informel de la gouvernance participative, la peur du corporatisme, etc. (Côté, Lévesque et Morneau 2005). On appelle aussi ce type de gouvernance « bottom-up », c’est-à-dire qui part de l’échelle micro de la société, donc des individus, pour aller vers l’échelle macro, les instances gouvernementales. Ce qui est contraire à la façon traditionnelle de gouverner qui est plutôt « top-down », c’est-à-dire une gouvernance gérée essentiellement par le gouvernement qui contrôle et ordonne. La gouvernance bottom-up consiste donc à un partage des pouvoirs et doit impliquer une responsabilisation des parties prenantes pour que celles-ci puissent mobiliser leurs capacités d’actions. Elle doit inévitablement passer par des négociations et des discussions, ce que permettent les tables de concertation.

Selon Nancy Emond (2015), la cohérence des institutions choisies pour établir la GIEBV n’a pas été assez questionnée, c’est pourquoi elle souhaite dresser un portrait de la situation au Québec. Elle mentionne par exemple que le redécoupage de 2009, impliquant l’agrandissement de plusieurs territoires de GIEBV, en plus de la création de nouvelles zones, pose problème à la fonctionnalité des institutions. La ZGIEBV de Duplessis, avec ses 104 bassins versants, est un bon exemple de territoire dont la superficie est démesurée pour être sous la tutelle d’un seul et unique OBV. De plus, une gestion sectorielle selon les territoires administratifs existants s’avère inefficace puisqu’elle ne tient pas compte du territoire naturel d’écoulement des eaux (Emond, 2015). En ce sens, les institutions politiques en place ne peuvent répondre adéquatement à la nécessité de la GIEBV. Létourneau (2008) abonde dans le même sens, soutenant que : … certains problèmes qui affectent les bassins versants ne se décident pas à cette échelle, il faut aussi en tenir compte et ne pas surdéterminer l’instance comité de bassin de missions qu’elle ne saurait remplir. (Létouneau dans Choquette et Létourneau (dir.), 2008 :214).

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Il affirme en plus que les municipalités vont considérer la ressource en eau comme étant au service des citoyens, plutôt que d’en avoir une vision à une échelle plus étendue, comme celle du bassin versant (Ibid. :212). Beaulieu dans Létourneau et Choquette (dir.) (2008) présente les différentes dimensions de la légitimité organisationnelle, qui selon elle sont nécessaires à la reconnaissance et à la crédibilité d’un organisme. Selon elle, les faiblesses des OBV se situeraient au niveau des légitimités légale, perceptuelle et institutionnelle. C’est-à-dire que si la volonté politique est réelle et a semblé croître avec la création de la Loi sur l’eau, leur statut d’OBNL ne leur confère aucune autorité. « La légitimation est ainsi intimement liée à la gestion des relations avec les parties prenantes » (Beaulieu dans Choquette et Létourneau (dir.), 2008 :240). Ce problème institutionnel est également lié à la difficulté de gérer la ressource en eau selon une gouvernance multiniveaux. En effet, des instances de tous les niveaux hiérarchiques sont impliquées dans la gestion de l’eau selon diverses compétences. Demander aux acteurs de bassin versant de régler ce qui est de leur ressort est possible s’ils ont des raisons de croire que les autres niveaux de juridiction font le travail requis à leur propre niveau. » (Létourneau dans Choquette et Létourneau (dir.), 2008 :205).

Rosenau (1992), quant à lui, pense que la gouvernance n’a pas nécessairement besoin d’être régie par les instances politiques pour fonctionner, puisque des acteurs privés ou des organismes peuvent prendre des décisions publiques. Pour Frédéric Lasserre et Alexandre Brun (2010 et 2012) le concept de gouvernance locale, en favorisant l’incitation plutôt que la règlementation et la taxation, aiderait à éviter l’application du principe pollueur-utilisateur- payeur qui est censé servir à garnir le Fond monétaire de l’eau (FME) dédié aux OBV. Ce qui explique le problème énoncé plus haut, c’est-à-dire la dépendance financière des OBV envers le gouvernement du Québec. Le ROBVQ affirme que la gouvernance de l’eau au Québec repose principalement sur les OBV, mais qu’il ne faut pas oublier qu’une multitude d’acteurs influencent chaque jour la gestion de l’eau selon les décisions qu’ils prennent.

On remarque que deux visions de gouvernance s’affrontent. Celle plus traditionnelle où l’État doit réglementer et sanctionner, et celle qui est qualifiée de plus « innovante » et qui repose sur le pouvoir d’action des individus, la concertation et la bonne volonté des parties prenantes. Gerry Stocker (1998) propose cinq aspects pour définir la gouvernance participative :

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1. Une multiplicité d’institutions et d’acteurs qui agissent dans les secteurs publics et privés. 2. Une responsabilité partagée des enjeux sociaux et économiques. 3. Un partage du pouvoir dans l’implication des actions collectives ; interdépendance des parties prenantes. 4. Des réseaux d’acteurs autonomes. 5. Des outils gouvernementaux pour guider les acteurs.

Informer Consulter Se concerter Codécision Autonomiser Figure 8 : Échelle de gouvernance

Cette échelle est inspirée du Cadre de référence de la GIRE (MDDEFP, 2012) et illustre les niveaux de participation des acteurs de l’eau. Voici la description de chacune de ces étapes simplifiées ci-dessus, la première étape se trouvant à gauche : 1. Les différents acteurs sont informés des projets affectant la ressource en eau. 2. Les acteurs d’un bassin versant sont consultés sur les projets pouvant affecter cette ressource. 3. Une concertation réunissant les différents acteurs d’un même bassin versant autour d’une même table leur permet de discuter des différents enjeux affectant la ressource en eau et développer une stratégie commune. 4. Les acteurs prennent des décisions ensemble pour la gestion de l’eau à l’aide d’actions concrètes. 5. Des groupes d’acteurs peuvent prendre des décisions sans l’intervention d’une instance supérieure en ce qui a trait à la gestion d’une ressource en eau commune.

Ce type de schéma est également utilisé pour représenter les différents niveaux de participation citoyenne, puisqu’on tente de mettre celle-ci de l’avant grâce à la gouvernance participative 1. Le gouvernement informe les citoyens des mesures qu’il prend. Dominance du pouvoir étatique.

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2. Le gouvernement consulte les citoyens concernés par la mise en œuvre de certains projets. L’état a un rôle dominant, mais le citoyen peut s’exprimer. 3. Les pouvoirs publics se concertent avec les citoyens et ceux-ci voient leurs opinions prendre de la valeur dans les projets qui les concernent et même sur des enjeux plus larges. Le citoyen est inclus dans les débats entourant les décisions publiques. 4. Plusieurs parties prenantes sont impliqués dans la prise de décision, desquelles le citoyen fait partie. 5. L’autonomisation peut survenir soit par la délégation de certaines activités par le pouvoir central que les citoyens peuvent réaliser de façon autonome, soit carrément par la gestion de certains lieux ou équipements entièrement organisée par un groupe citoyen ou une association. L’état a un rôle de régulateur et de législateur, mais n’a pas besoin d’intervenir dans le processus. Les citoyens sont donc une partie prenante au même niveau que d’autres acteurs et peuvent influencer la vie politique et la gestion du territoire. De gauche à droite, on passe d’une gouvernance top-down vers une gouvernance bottom-up. Cette gouvernance, puisqu’elle implique des concertations et des négociations entre de multiples acteurs nécessitent que ceux qui gèrent et coordonnent des rencontres aient des compétences de communication et des habiletés de négociations (Létourneau dans Choquette et Létourneau (dir.), 2008).

2.1.2 Responsabilité sociale des entreprises (RSE) Il convient également de s’intéresser au concept de responsabilité sociale des entreprises, puisqu’il témoigne des relations entre l’individu, la société civile, l’État, l’entreprise et l’environnement. La RSE est un concept complexe sur lequel se penchent plusieurs disciplines : les sciences de gestion, l’économie, le droit et la sociologie (Salmon et B.- Turcotte, 2005). La place de l’État est centrale au Québec, il est protecteur et règlemente beaucoup (Côté, Lévesque et Morneau, 2005). Donc, les entreprises sont soumises à beaucoup de normes qui encadrent leurs responsabilités sociales et environnementales. Cependant, pour le gouvernement du Canada : On entend par responsabilité sociale des entreprises (RSE) les mesures volontaires prises par une entreprise pour exercer ses activités d’une manière durable sur les plans économique, social et environnemental. (2017).

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L’Union européenne, dans son Livre Vert de la Responsabilité Sociale des Entreprises, définit la RSE comme suit : …l’intégration volontaire des préoccupations sociales et écologiques des entreprises à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes. Être socialement responsable signifie non seulement satisfaire pleinement aux obligations juridiques applicables, mais aussi aller au-delà et investir “davantage” dans le capital humain, l’environnement et les relations avec les parties prenantes. (Union européenne, 2001).

Il ressort donc de ces définitions, provenant d’institutions nationales et supranationales, le caractère volontaire de la RSE. De même, la norme ISO 26000 qui est la norme internationale pour la responsabilité sociétale ne peut pas être certifiée, au contraire de la majorité des normes ISO. Elle donne simplement des lignes directrices qui vise à aider à la concrétisation d’un agissement socialement responsable (ISO, 2020). Ainsi, le bon vouloir des entreprises reste le plus important levier de transformation du mode de gestion environnemental et social.

Dans un but de contrer la corruption dans les activités extractives des ressources gazières, pétrolières et minières, il existe l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) qui est une norme mondiale mise en œuvre par 52 pays. Le secrétariat international se trouve à Oslo en Norvège (ITIE, 2020). Le but de cette norme est d’améliorer la gouvernance par les gouvernements et par les entreprises pratiquant ces activités. L’ITIE exige donc que les informations sur les extractions et leurs retombées économiques et sociales soient divulguées et elle propose des améliorations (Ibid.). Pour chacun des pays qui mettent en œuvre l’ITIE, une coalition des parties prenantes, c’est-à-dire de la société civile, des gouvernements et des entreprises, doit être formée pour le processus (Ibid.). Il existe également l’International Council on Mining & Metals (ICMM). Cette organisation internationale regroupe 27 entreprises minières dont Rio Tinto, qui entreprend une multitude de projets miniers partout dans le monde, notamment le projet de Rio Tinto Fer et Titane à Havre-Saint-Pierre. Elle a émis une dizaine de principes à promouvoir au sein des entreprises membres pour mettre en place des pratiques de développement durable (ICMM, 2020). L’organisation parle également de rendre les activités d’extraction plus sécuritaires. Champion Iron présente sur son site web les orientations durables que l’entreprise souhaite prendre pour atteindre des avancées environnementales et sociales tout en travaillant également sur l’aspect sécuritaire de leurs exploitations (Champion Iron, 2020).

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ArcelorMittal fait partie de l’Association minière du Canada (AMC) qui a mis en place un système pour aider les entreprises à gérer leurs responsabilités sociales et environnementales grâce à l’Initiative Vers le développement minier durable (AMC, 2019). Le suivi du processus est fait par un vérificateur externe et la gestion environnementale s’appuie sur la norme ISO 14001 (Arcelor Mittal, 2020). Rio Tinto fait aussi partie de l’AMC pour sa branche Rio Tinto IOC qui opère le transport ferroviaire et portuaire sur la Côte-Nord en partant du Labrador où l’entreprise y exploite le fer (Rio Tinto, 2020).

À travers les différentes réflexions sur la RSE dans la littérature, on aborde régulièrement le concept de développement durable et la théorie de la triple bottom line. Pasquero conçoit la RSE comme étant le lien entre ces principes [du développement durable] et les pratiques quotidiennes des entreprises, autrement dit la RSE « permet de passer du domaine de l'utopie efficace à celui des stratégies d'action » (Pasquero, 2007a:95 dans Gagné Colombo, 2013:27).

Autrement dit, la RSE est un outil permettant de s’inscrire dans une démarche de développement durable, puisqu’elle se base sur les trois mêmes piliers (le social, l’environnement et l’économie). La triple bottom line rejoint également la même logique. La bottom line correspond à la ligne de résultat net dans les comptes d’une entreprise, et en considérant l’évaluation de l’entreprise selon les critères social et environnemental, en plus du critère économique de base, on parle de la triple bottom line (Goy, 2015).

Dans Responsabilité sociale et environnementale de l’entreprises, Anne Salmon et Marie- France B.-Turcotte font mention entre autres de certains questionnements et de certaines contestations liées à l’existence de la RSE. Elles posent par exemple: « la RSE permet-elle aux États de se dérober à certaines de leurs prérogatives en matière de régulation? » et, « est- ce que les modes de régulation externe de l’État peuvent être évités par les entreprises à cause de la RSE? » (2005:2) Ces questions sont pertinentes puisqu’elles s’intéressent à l’influence de la RSE sur le réel comportement des acteurs face aux problématiques sociales et environnementales et sur la relation qu’ils ont entre eux. Cette recherche pose des questions similaires concernant les modes de régulation pour la gestion de l’eau sur les sites miniers.

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L’idée que l’État soit le seul lieu légitime de prise en compte des besoins sociaux est remis en question par Rouban (1990) qui considère la RSE comme un outil de questionnements non seulement éthiques, mais aussi politiques (dans Salmon et B.-Turcotte, 2005). La conclusion de B.-Turcotte est que la RSE est « souvent utile tant pour le bon fonctionnement du marché que pour la réforme des pratiques sociales et environnementales des entreprises » (2005:214). Elle affirme, à l’issue de ses travaux et de ceux de ses collègues, que la RSE favorise un climat de confiance, qu’elle est un lieu de débat public et qu’elle permet de diminuer les coûts de transaction. Permettant la création d’espaces d’interactions entre les acteurs, elle favorise également la mise en place d’une bonne gouvernance. Tous ne sont cependant pas du même avis. Quelques auteurs, comme Friedman, défendent plutôt la pensée néoclassique selon laquelle le but d’une entreprise est de faire du profit et de s’assurer de l’efficacité du marché, plutôt que d’être socialement responsable (Goy, 2015). [Cette pensée] repose sur le postulat selon lequel « le bien-être collectif sera garanti non pas par le comportement éthique des entreprises, mais par la main invisible, par le libre fonctionnement du marché qui génère la productivité, l’innovation et la richesse collective. » (Turcotte 2002:3 dans Goy 2015:4).

Jean Pasquero (2005) quant à lui tente de définir les origines du concept de RSE. Selon lui, le concept moderne de RSE serait d’origine américaine. Cela remonterait au fondement même des États-Unis, qui s’est fait par la défense de la liberté individuelle face à la suprématie de l’État. Cet héritage a toujours guidé les habitants de ce pays selon cette perspective de pensée, c’est-à-dire par la valorisation des initiatives et solutions privées (Pasquero, 2005). De par cette tradition, le rapport entre les citoyens et les institutions a été beaucoup questionné pour concilier intérêts publics et intérêts privés (Ibid.). Après la deuxième Guerre Mondiale, le capitalisme américain est devenu très efficace et les effets négatifs, autant environnementaux que sociaux, commencent à révolter la population. À partir des années 1960, on instaure des normes plus sévères pour satisfaire l’opinion publique (Ibid.). La RSE semble donc constituer un comportement stratégique pour les entreprises et les différents acteurs (Bazillier, Hatte et Vauday, 2014 ; Salmon et B.-Turcotte (dir.), 2005). Par exemple, des manifestations contre les agissements de certaines entreprises ont déjà mené à la faillite de multinationales (Bazillier, Hatte et Vauday, 2014). Ainsi, Pasquero explique qu’en fonction des problématiques ciblées, la RSE peut être provoquée, volontaire, obligatoire ou encadrée, et qu’elle se complexifie avec le temps, s'adaptant aux nouveaux

26 besoins sociaux telle la crédibilité de l’information, la coordination des responsabilités environnementales et sociales, etc. Sa définition du concept de RSE va alors comme suit : L’ensemble des obligations, légales ou volontaires, qu’une entreprise doit assumer afin de passer pour un modèle imitable de bonne citoyenneté dans un milieu donné. (Pasquero dans Salmon et B.-Turcotte (dir.), 2005)

Ainsi, le concept de RSE va au-delà du juridique. Il est un comportement éthique ou stratégique qui permet à une entreprise d’être acceptée par la population.

La théorie des stakeholders (les parties prenantes) de Freeman (1984), alimentée et débattue par plusieurs auteurs, est centrale dans la définition de la RSE. Freeman « les définit comme tout groupe ou individu qui peut influencer ou être influencé par la réalisation des objectifs de la firme », tandis que Clarkson (1995) « les voit comme des groupes ou personnes qui, volontairement ou involontairement, supportent un risque du fait de l’entreprise » (Freeman et Clarkson dans Goy, 2015:5). La notion de risque est intéressante et elle rejoint les propos de Aggeri et Acquier (2008) qui précisent que stakeholders signifie littéralement « porteurs d’enjeux » (Goy, 2015). Autrement dit, les parties prenantes sont tout ce qui peut avoir une relation d’influence avec l’entreprise, en plus d’être impliqué, volontairement ou involontairement, dans les enjeux découlant des activités de celle-ci. Goy les divise en trois groupes, les stakeholders internes, c’est-à-dire ceux œuvrant au sein même de l’entreprise, ayant un contrat explicite avec celle-ci, les stakeholders externes I, ceux extérieurs à l’entreprise, mais ayant un lien commercial avec elle, tels que les actionnaires, et les stakeholders externes II regroupent ceux qui n’ont pas de lien directe avec la firme, mais qui portent les enjeux reliés à celle-ci, par exemple les ONG, les générations futures, l’environnement, les communautés locales, etc. (Ibid.). De plus, l’auteur souligne qu’il ne faut pas voir de hiérarchie entre les stakeholders, mais qu’il vaut mieux les considérer de façon horizontale (Ibid.).

2.1.3 Surveillance (monitoring) environnemental Selon la littérature, le suivi environnemental semble connaître quelques défaillances au sein des entreprises minières du Québec. La surveillance environnementale est un concept regroupant les mécanismes de vérification des impacts causés par les interactions anthropiques avec l’environnement afin d’assurer le respect des exigences légales et

27 environnementales (Environnement Québec, 2005). L’appellation angliciste « monitoring » est souvent utilisée dans la littérature pour désigner la surveillance. Selon la Société pour vaincre la pollution (SVP), l’auto-évaluation (auto-surveillance) des entreprises minières et le contrôle de celle-ci devant être fait par le gouvernement du Québec sont insuffisants (2013). La SVP propose un monitoring environnemental indépendant (MEI). Ce qu’ils entendent par MEI est :

Un suivi environnemental et des campagnes d’échantillonnage entièrement conçues, administrées, documentées, revues, analysées et commentées par une instance INDÉPENDANTE du promoteur du projet. Ce MEI est effectué et supervisé notamment par des représentants de la société civile, des communautés voisines, d’organismes scientifiques environnementaux à but non lucratif et indépendants (OSBL), d’universitaires, etc., selon une structure et un modèle éprouvé et des paramètres de transparence et d’accès public. (SVP, 2013).

La surveillance est donc complémentaire à la RSE, puisqu’elle implique la vérification de l’application des normes de gestion environnementale. Concernant le gouvernement du Québec, un Vérificateur général fait un suivi du contrôle que celui-ci doit exercer sur l’auto- surveillance des entreprises minière (SVP, 2013). Ce sont le MERN et le MDDELCC qui sont chargés de la surveillance pour le secteur minier (Vérificateur général du Québec, 2012- 2013). On apprend dans le Rapport du Vérificateur général du Québec à l’Assemblée nationale pour l’année 2012-2013 que la Loi sur les mines oblige désormais - depuis des modifications de la loi par le gouvernement suite aux recommandations du Vérificateur général du rapport de 2008-2009 - aux exploitants des mines à déposer un plan de réaménagement et de restauration avant le début de leurs exploitations. Le problème énoncé était que les mécanismes de contrôle du gouvernement n’étaient pas efficaces pour faire respecter les exigences environnementales et que, trop souvent, cela impliquait que l’État doive supporter les coûts de réaménagement et de restauration (Ibid.). Normalement, les entreprises doivent elles-mêmes créer un fond à cet effet, et ce, dès le début des travaux relatifs à l’exploitation (Vérificateur général du Québec, 2012-2013). Or, selon Poulin et Jacques (dans Crête, 2012) la garantie environnementale n’est pas très contraignante. Les entreprises ne doivent débourser que 70% du calcul de leur caution et peuvent les verser seulement à la fin de leurs exploitations. De plus, « les arrangements entre la province et la société d’exploitation minière sont confidentiels. » (Poulin et Jacques dans Crête, 2012 :19).

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Il n’y a donc pas de transparence dans le processus de cautionnement et la population ne peut pas avoir accès à ces informations.

Du côté des impacts environnementaux, il existe au Québec le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) qui permet une transparence des projets d’exploitation et de leurs impacts. Le BAPE est un organisme gouvernemental censé aiguiller les décisions du ministre de l’environnement (BAPE, 2017). Il se charge de la consultation publique et de transmettre l’information sur l’étude d’impact. Le MERN détient un accès aux mines pour procéder aux inspections, mais malheureusement celles-ci ne sont pas assez fréquentes ni suffisamment organisées (Rapport du Vérificateur général, 2012-2013). Ainsi, bien que plusieurs lois sur l’eau soient apparues à partir des années 1970, au moment où les préoccupations relatives à la conservation et à la protection de la qualité de l’environnement commencent à se faire entendre, et que des sanctions aient été prévues en cas de non-respect des différentes lois, programmes, directives et politiques adoptés par le gouvernement du Québec (Brun et Lasserre, 2012), le contrôle et la surveillance présentent plusieurs lacunes (Vérificateur général, 2012-2013). Sans une réelle surveillance, aucune sanction ne peut être appliquée si cela est nécessaire. De plus, les certificats de libération qui permettent aux entreprises de quitter le lieu d’exploitation lorsque le plan de réaménagement et de restauration a été appliqué sont remis malgré un manque d’information sur l’état du site (Ibid.).

2.1.4 Décentralisation Au Québec, il existe plusieurs paliers de gestion administrative territoriale. Partant du bas, pour ne nommer que les principaux, il y a le secteur municipal, ensuite, regroupant plusieurs municipalités, il y a les municipalités régionales de comté (MRC), puis les régions administratives ayant à leur charge un territoire encore plus vaste, et finalement, il y a le palier gouvernemental. Bien que chaque palier ait sa marge de manœuvre, les grandes normes d’encadrement sont dictées par le gouvernement. Des efforts de décentralisation des pouvoirs ont lieu depuis déjà quelques décennies. Dans les années 1970, le Parti Québécois (PQ) se vantait d’être favorable à la décentralisation en gestion publique et de défendre l’intérêt des régions et des localités (Dufour dans Proulx, 1995). C’est effectivement avec cette volonté de favoriser une réforme décentralisatrice que sont apparues les MRC en 1979. Le PQ

29 explique ensuite la difficulté de poursuivre la décentralisation suite à la réponse négative des Québécois au référendum de 1981, expliquant qu’il est difficile de déléguer des pouvoirs que l’on n’a pas, dénonçant du même coup une centralisation des pouvoirs par le gouvernement fédéral canadien (Ibid.).

On peut concevoir les politiques de décentralisation comme des politiques encadrantes qui transfèrent de l'autorité, des compétences ou des sources de financement à des organisations dont elles modifient ainsi le statut. Les politiques de décentralisation font l'objet, comme les autres politiques publiques, de jeux de pouvoir entre les acteurs qui y participent. (Lemieux, 2001).

Selon cette définition du politologue québécois et professeur émérite de l’Université Laval, Vincent Lemieux, la création des OBV est un exemple de tentative de décentralisation. Le gouvernement leur alloue un financement statutaire annuel pour leur permettre de mettre en place une gouvernance de l’eau dans leurs bassins versants respectifs (ROBVQ, 2017). L’État est le seul bailleur de fond officiel du Fond Monétaire de l’Eau (FME) dédié aux OBV du Québec. Bien sûr, chaque OBV développe des programmes de financement à travers desquels naissent différents partenariats de court ou long terme, mais il reste que les OBV sont dépendants du financement du MELCC (Brun, 2009). De plus, laisser plus de pouvoir à une pluralité d’acteurs à l’aide d’une véritable démocratie participative provoque la réticence de plusieurs élus pour qui leur rôle de représentants serait selon eux bafoué (Côté, Lévesque et Morneau, 2005). Ce sont d’importants inconvénients pour atteindre la bonne gouvernance, définie plus haut comme étant une gouvernance multidirectionnelle, décentrée, ouverte et collaborative (Université de Sherbrooke, 2016). Selon Côté Lévesque et Morneau (2005), l’état québécois est encore très centralisé. Les décisions sont prises à partir d’un pôle central, soit à l’Assemblée Nationale à Québec, pour l’ensemble de la province.

Pourtant, la majorité des auteurs de la revue de littérature s’entendent pour le dire, la gouvernance de l’eau repose sur la décentralisation. C’est en janvier 1992, à Dublin, qu’ont été énoncés les quatre principaux principes de la GIRE, dont le principe numéro 2 : Le développement et la gestion de l’eau doivent être basés sur une approche participative impliquant les usagers, les planificateurs et les décideurs à tous les niveaux. Il faut décentraliser la prise de décision au plus bas niveau approprié pour assurer une plus grande participation » (Gangbazo citant la déclaration de Dublin, 2009).

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Selon Ozmen (2014), il existe trois principaux types de décentralisation. La décentralisation politique, la décentralisation administrative et la décentralisation des finances. La première confère plus de pouvoirs aux citoyens et aux élus. La deuxième consiste à donner davantage de pouvoir de planification et de gestion à l’échelle administrative locale. On pense principalement aux municipalités. La troisième permet aux organisations de gérer elles- mêmes leurs ressources financières, en plus d’avoir des droits de taxation et d’imposition (Ozmen, 2014). On pense encore dans ce cas-ci aux municipalités. Cet auteur mentionne souvent un besoin de décentralisation dans les pays dits en voie de développement. Cependant, outre l’exemple des municipalités et de la privatisation des entreprises, il semblerait que même dans les pays dits développés il y ait encore du travail à faire.

Tel que mentionnée plus haut, les MRC sont apparues en 1979, suite à la création de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (LAU). Cette loi est principalement un cadre procédural concernant l’aménagement au Québec. Elle fait aujourd’hui l’objet de révision pour qu’elle soit adaptée aux défis contemporains et qu’elle donne encore plus d’autonomie aux institutions locales et régionales. De plus, suite à un processus de concertation interministérielle, le gouvernement doit énoncer des orientations pour chaque MRC ou communauté métropolitaine (CM) en plus de présenter des projets spécifiques pour certains territoires et la participation des ministères concernés. Selon une publication de 2016 : Le gouvernement du Québec a confié à la MRC un rôle stratégique lui permettant d’assurer une cohabitation harmonieuse de l’activité minière avec les autres utilisations du territoire. À certaines conditions et selon une procédure établie, la MRC a désormais la possibilité de délimiter dans son schéma d’aménagement et de développement (SAD) des territoires incompatibles avec l’activité minière. (Mercier et al., 2018 :37)

Cependant, la mise en place de la LAU rencontre des difficultés similaires à la mise en place de la GIEBV puisqu’elle repose sur les mêmes principes, c’est-à-dire la décentralisation, la concertation et la démocratie participative. Elle a tout de même permis, par l’entremise des MRC, d’accorder plus de pouvoirs décisionnels aux régions, en plus d’accorder plus d’autonomie aux municipalités. Il reste que, le manque de financement et l’inadéquation des institutions, cumulés à une surveillance de l’application de la règlementation défaillante, sont tous des facteurs qui viennent empêcher une réelle décentralisation des pouvoirs, puisque la

31 participation n’est pas encore assez importante pour atteindre une gouvernance qui ne dépende pas de l’État.

2.2 Cadre théorique La théorie de la stratégie des entreprises ainsi que de la théorie de l’acteur stratégique et de l’acteur social composent le cadre théorique de cette étude.

2.2.1 Théorie de la stratégie des entreprises La théorie de la stratégie des entreprises repose sur une planification objective et la capacité de l’entreprise à compétitionner, indépendamment de l’État. Henry Mintzberg (1999) contredit cette idée. Selon lui, la planification n’est pas objective, puisqu’elle est le moyen pour l’entreprise d’atteindre le but qu’elle s’est fixée. Donc, bien que plusieurs acteurs prétendent n’avoir aucune orientation politique à l’intérieur de leur planification ni d’agir en fonction d’aucune valeur que ce soit, Mintzberg lui démontre plutôt le contraire. Il affirme, à l’issue de ses recherches, que la planification suscite parfois une certaine forme d’activité politique et l’objectivité prétendue par plusieurs est elle-même une valeur (Ibid.). Il cite Wildavsky : « La planification sacrifie la rationalité des fins au profit de la rationalité des moyens » (1999:202). Autrement dit, des procédures rationnelles ne mènent pas nécessairement à des résultats rationnels. De plus, Mintzberg soutient que : La planification doit se préoccuper de concevoir la structure du système lui- même, et de s’impliquer dans la formation de la politique générale » et que « la planification doit faire face aux situations nouvelles et créer de nouvelles institutions (1999:149).

Ainsi, la stratégie se transpose en un plan qui prend forme selon l’évolution des comportements de l’entreprise à travers le temps (Mintzberg, 1999). Dans notre recherche, cette théorie nous aidera à comprendre le comportement des entreprises minières. De plus, selon la théorie de la stratégie des entreprises, on peut se questionner à savoir quelle place la politique prend dans la stratégie des entreprises minières. Suivent-elles des politiques de développement comme le Plan Nord? Leurs comportements sont-ils influencés principalement par leur territoire d’exploitation ou par les politiques et valeurs internationales? Tous ces éléments seront donc à prendre en compte. Nous les aborderons selon l’angle de Mintzberg, c’est-à-dire en supposant que derrière la planification de

32 l’entreprise se cache ses intérêts et ses valeurs, et que, malgré un processus rationnel, les comportements manifestés eux ne le sont peut-être pas.

2.2.2 Théorie de l’acteur stratégique et de l’acteur social, ancrage géographique La théorie de l’acteur stratégique est une analyse sociologique des organisations exposée par Crozier et Friedberg (1992) qui se base sur la liberté individuelle de l’acteur à agir. Au sein de l’organisation, lorsque l’acteur agit, seul ou en groupe, il crée ainsi une capacité d’action collective (Crozier et Friedberg, 1992). En effet, étant lui-même influencé par ses interactions avec les autres membres de l’organisation et par son environnement, il peut transformer la structure de l’organisation de laquelle il fait partie (Ibid.). L’acteur n’a pas toujours des objectifs clairs et cohérents, cependant, sa stratégie existe même s’il n’en est pas conscient. S’il veut améliorer sa situation, son comportement sera offensif, alors que s’il essaie seulement de maintenir une certaine liberté, son comportement sera plutôt défensif (Ibid.). Ainsi, les relations entre les acteurs impliquent nécessairement des jeux de pouvoir. On peut considérer, selon la définition de Crozier et Friedberg, que cet acteur est social et qu’il est ancré dans son contexte géographique. Sénécal (2005) aborde l’acteur sous l’angle des conflits de proximité et de coopération. Ceux-ci s’inscrivent dans les changements auxquels la société moderne est confrontée et qui sont donc associés à un risque. L’individu participe aux débats de la société, mais selon son propre vécu quotidien et ses connaissances de son milieu local (Sénécal, 2005). L’individu s’oppose, en tant qu’acteur individuel, aux acteurs sociaux collectifs, publics ou privés. Chacun d’eux est partie prenante des phénomènes d’un territoire qu’ils partagent et doivent négocier pour choisir les actions à privilégier afin de s’adapter aux changements qui surviennent (Ibid.).

La théorie de l’acteur stratégique permettra de faciliter l’analyse et la compréhension des rapports entre les acteurs de l’eau lors du processus de concertation par exemple, ou lors de toutes autres activités affectant le but collectif de la gouvernance de l’eau, c’est-à-dire une eau de qualité pour tous à long terme. Ces acteurs donc, qui agissent librement et orientent leurs choix selon les opportunités qu’ils ont ou les contraintes qui les limitent (Crozier et Friedberg, 1992) influencent chacun la qualité de l’eau, en fonction des pouvoirs d’action que leur permet leur liberté dans la GIEBV.

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Le concept de RSE a été identifié par Salmon et B.-Turcotte (dir.) (2005) comme étant une stratégie dans les jeux des acteurs. Comme nous l’avons découvert grâce à la revue de littérature, la RSE tient compte d’un ensemble vaste de parties prenantes et chacune d’elles, en agissant selon sa propre volonté, influence l’évolution de la RSE. À l’inverse, elle peut être utilisée comme stratégie pour les acteurs ou les entreprises qui veulent faire bonne figure (Bazillier, Hatte et Vauday, 2014). Elle rejoint de cette façon la théorie de l’acteur stratégique et la théorie de la stratégie des entreprises.

2.3 Le secteur privé et la GIEBV Cette section présente d’abord quelques distinctions entre les rôles du secteur privé et du secteur public dans une application concrète de la gestion de l’eau. Puis, elle présente des exemples de collaboration et de concertation entre des entreprises minières et leurs autres parties prenantes.

2.3.1 Quelle place pour le secteur privé dans la GIEBV? Les actions prises à l’échelle du bassin versant proviennent de décideurs publics et privés. La participation du secteur privée (PSP) existe principalement lorsque l’on parle de la gestion des services de l’eau. Par exemple, au Royaume-Uni, les services de l’eau ont été privatisé à 100%, ce qui implique que la distribution de l’eau, l’assainissement, l’entretien des aqueducs et autres infrastructures, etc., appartiennent à une compagnie privée (Audette-Chapdelaine, Tremblay et Dupré, 2009). Seulement la règlementation encadrant ceux-ci est du ressort public. Il existe cependant d’autres types de partenariats public-privé (PPP). Ailleurs, par exemple en France, on parle plutôt de gestion déléguée par contrat. Il s’agit donc d’une concession de certains rôles pour une durée déterminée. En France la gestion des services de l’eau est davantage locale, contrairement au Royaume-Uni où elle se fait à échelle régionale (Ibid.).

Une importante participation des secteurs privés vient questionner le rôle de l’État en matière de gestion de l’eau. Selon Audette-Chapdelaine, Tremblay et Dupré (2009), le rôle appartenant au secteur public reste celui de créer des normes et un encadrement environnemental et de veiller au contrôle et à la mise en place de politiques permettant l’application de ceux-ci. « Le gouvernement demeure responsable du contrôle de la qualité

34 de l’eau et de l’accessibilité aux services. » (Ibid.:233). La PSP apporte quelques avantages considérables. Elle permet entre autres un meilleur entretien des installations reliées aux services de l’eau, puisque le secteur public n’a pas toujours les ressources pour le faire (Ibid.). Au Québec la gestion des services de l’eau est principalement publique et le secteur municipal constitue l’instance publique la plus impliquée directement dans les services de l’eau. Les OBV ont concrètement comme principal rôle de rendre compte de l’état des bassins versants, d’en faire la caractérisation, et de recenser les utilisations de l’eau faites à l’intérieur de ceux-ci et les problématiques qui les touchent en plus de sensibiliser chaque acteur à leurs responsabilités face à la ressource en eau. L’encadrement législatif vient principalement du niveau provincial.

Les OBV ne sont pas responsables de la distribution et des services de l’eau, mais pour répondre à leurs mandats, c’est-à-dire la réalisation du PDE, la sensibilisation et la concertation, ils peuvent aussi établir des partenariats avec le secteur privé, par exemple dans un but de financement. Cependant, pour la grande majorité des OBV, le partenaire principal est le secteur municipal, qui est public (Blondeau et Boutillier, 2017).

2.3.2 La gestion de l’eau des sites miniers, quelques exemples. L’utilisation de l’eau est essentielle dans le processus d’exploitation minière (ICMM, 2012). Que ce soit pour permettre l’extraction du minerai (hydrométallurgie), pour l’homogénéisation du métal (pyrométallurgie) ou pour abaisser les températures, l’eau est au centre de l’exploitation minière (Ibid.). De plus, elle sert également à inonder les résidus poussiéreux, évitant ainsi la répartition de particules par le vent pouvant causer une pollution de l’air (Peres Menezes, 2004). Cependant, toute cette eau prélevée du milieu naturel peut entrer en contact avec divers éléments chimiques et une importante quantité de sédiments, puis être transportée, chauffée, etc., ce qui favorise la pollution du bassin versant dans lequel elle est rejetée.

Grâce aux discussions mondiales concernant les impacts environnementaux générés par les activités humaines, les années 1980 ont vu l’apparition de politiques environnementales un peu partout dans le monde (Peres Menezes, 2004). Ceci découle entre autres de la Conférence de Stockholm de 1972 qui abordait pour la première fois des sujets environnementaux

35 pouvant être potentiellement source de conflits internationaux. On fait référence particulièrement aux pollutions de l’air et de l’eau (Ibid.). Puis, en 1992, il y eut la Conférence des Nations Unies pour l’environnement et le développement à Rio de Janeiro, qui mena à la création de l’Agenda 21. Ce dernier correspond d’une certaine manière à un guide informant chaque pays participant des démarches à suivre pour mettre en place des politiques de développement durable (Ibid.:57) Ainsi, les 178 pays présents à ce Sommet de la Terre ont instauré des politiques et des normes environnementales afin de favoriser un développement durable à l’intérieur de leurs frontières respectives. Cependant, les effets néfastes des activités humaines ne semblent pas avoir beaucoup diminués. Selon Monica Peres Menezes, qui s’intéresse à la gestion environnementale des sites miniers au Brésil et au Canada, le problème est l’absence d’un contrôle du suivi environnemental des compagnies privées, dans ce cas des entreprises minières (Ibid.), ce que confirme le rapport du Vérificateur général sur la surveillance environnementale dans les mines vu plus haut.

L’analyse que Peres Menezes (2004) a effectuée afin de comparer la gestion environnementale des secteurs miniers au Canada et au Brésil se concentre sur les aspects politiques et techniques, ceux-ci étant liés. L’une des différences remarquables entre les deux pays est que la législation environnementale pour le secteur minier est essentiellement fédérale au Brésil, alors qu’au Canada, les provinces ont davantage d’instruments légaux qui leurs sont propres (Peres Menezes, 2004). De plus, un problème que le Brésil rencontre est qu’il y a beaucoup d’exploitations artisanales, les garimpos, pour lesquelles il est plus difficile d’avoir un suivi environnemental et de faire appliquer les lois et règlements (Ibid.). Les points forts du Canada en matière de gestion environnementale des sites miniers, selon cette chercheuse, sont les investissements pour la recherche sur la caractérisation des problèmes environnementaux par rapport à l’activité minière et pour de meilleures technologies, le profil plutôt uniforme des entreprises minières au Canada et leur participation à l’application des lois, contrairement au Brésil.

Dans plusieurs autres pays, les aspects politiques et techniques ont aussi été travaillés afin de minimiser les impacts de l’activité minière sur l’environnement. Tel que mentionné plus haut, l’exploitation minière demande d’énormes quantités d’eau. Or, plusieurs mines dans le monde font face à d’importants obstacles, puisqu’elles se trouvent en milieu aride, en plus

36 d’être en présence d’une démographie importante. On fait référence entre autres à la mine Minera Esperanza près de la ville d’Antofagasta dans la Sierra Gorda à proximité du désert d’Atacama, à la mine Trekkopje Uranium dans un désert en Namibie, à la mine de Cerro Verde dans la province d’Arequipa au Pérou, se situant également dans un environnement aride où la croissance de la population fait pression sur la ressource en eau, etc. (ICMM, 2012). Afin de pouvoir procéder à leurs opérations, ces entreprises minières se sont tournées principalement vers l’utilisation de l’eau salée, puisque dans ces trois exemples, les sites miniers sont relativement près de la mer. L’eau est acheminée par aqueduc jusqu’au lieu d’exploitation. En cas de non-compatibilité chimique entre le sel et les minéraux présents, ou bien pour la pérennité des installations que le sel pourrait corroder, il a fallu construire une usine de désalinisation. Dans le cas de Trekkopje Uranium Mine en Namibie, c’est la compagnie minière AREVA qui eut l’initiative, et le fournisseur national d’eau potable, NamWater, collabore pour le choix des sources et la distribution de l’eau, et utilise même cette eau pour la consommation des communautés avoisinantes (ICMM, 2012).

Les entreprises qui sont en présence d’une forte population doivent partager les sources d’eau avec celle-ci. Des consultations et des tables de concertation avec les stakeholders ont eu lieu pour tous les projets miniers faisant partie de l’étude « Water Management in mining : a selection of case studies » de l’ICMM (2012). On met effectivement l’accent sur l’importance de la participation des parties prenantes en écrivant en majuscules dans l’introduction du document : « ENGAGEMENT WITH STAKEHOLDERS IS ESSENTIAL » (Ibid.:8). Cet engagement varie en importance d’un site à l’autre. Cela va jusqu’à la participation de la société civile au comité de surveillance environnementale dans le cas de la mine de Cerro Vanguardia S.A. en Argentine, où l’entreprise AngloGold Ashanti voulait améliorer ses relations avec la communauté. Ces engagements avec les parties prenantes ont aidé à l’amélioration de la gestion des eaux pour les mines de cette étude. Par exemple, la compagnie Rio Tinto recycle l’eau utilisée pour l’usine de transformation d’Argyle Diamond Mine dans l’ouest de l’Australie depuis 2005, ayant donc réduit sa consommation d’eau de 95%. L’eau qu’elle récolte en drainant le site d’exploitation peut même être consommée comme eau potable par la population (Ibid.). Ces avancées environnementales et sociales

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(concertation et partage) sont issues d’une prise de conscience environnementale et des pressions sociales, qui ont mené à des discussions entre les parties prenantes.

En comparaison avec les exemples plus haut, les mines de notre étude dans la région de la Côte-Nord se trouvent en territoire peu peuplé dans un climat où l’eau est abondante. Ces avantages favorisent-ils une négligence dans la gestion des eaux? En expliquant la place prépondérante que prend l’industrie minière canadienne sur le marché international, Peres Menezes mentionne la période durant laquelle les ressources semblaient inépuisables et où l’on se souciait très peu des impacts environnementaux de l’exploitation : C'est ainsi que l'industrie minière a hérité d'une image peu flatteuse, ayant laissé derrière elle plusieurs parcs à résidus miniers soumis à l'érosion éolienne et hydrique et aux processus d'oxydation conduisant à la production de drainage minier acide. À ce problème, il faut ajouter l'abandon de haldes à stériles, de fosses et autres ouvertures dangereuses, d'infrastructures mal sécurisées ainsi que de machinerie et de produits plus ou moins toxiques mal entreposés. (Peres Menezes, 2004:258).

Ainsi, la présence abondante d’eau peut être un inconvénient dans la gestion des résidus miniers, favorisant le drainage minier acide et la dispersion dans l’environnement des minerais exploités pouvant contenir des éléments toxiques, et augmenter la quantité de matières en suspension présente dans l’environnement. C’est ce que soutiennent Jacques et Poulin (2012) pour qui « le contexte géologique plus varié du Québec ajouté au climat humide rend la gestion des déchets miniers plus complexe. » (dans Crête, 2012:14).

À ce jour, le Canada est maintenant considéré comme un leader international en matière de gestion environnementale des sites miniers. Le Ministère de l'Industrie du Canada et le Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada ont été à l’origine d’ententes avec divers pays qui se reflètent dans des projets de coopération internationale pour la minimisation des impacts sur l’environnement et par le transfert de l’expertise canadienne à d’autres pays » (Peres Menezes, 2004:259)

En effet, le Canada et ses provinces ont mis en place une législation favorisant davantage la qualité de l’environnement, puisque contrairement à l’eau et aux mines, la qualité de l’environnement est une compétence partagée entre le provincial et le fédéral. Dans les lois fédérales on retrouve la Loi canadienne de l’Évaluation environnementale qui comprend

38 entre autres le Règlement sur les activités concrètes obligeant l’évaluation environnementale des sites d’exploitation (WSP, 2014). Cette loi « vise le développement durable, la responsabilité et la participation du public en ce qui concerne la prise de décision » (Peres Menezes, 2004:261). On retrouve la Loi sur la Qualité de l’environnement, la Loi sur les Eaux, la Loi sur les Mines, le Règlement sur les effluents des mines de métaux (REMM) de la Loi sur les pêches, etc. Les lois favorisent généralement les entreprises minières, mais tiennent également compte des enjeux environnementaux associés. Il reste que la réglementation et le contrôle de l’exploitation minière et de la gestion des cours d’eau sont de compétences provinciales. Plusieurs lois et règlements provinciaux sont donc également en vigueur. Par exemple, la Loi sur l’eau, la Loi sur les Mines, la Loi sur le Droit des mines, la Loi sur la qualité de l’environnement du Québec, etc.

Du côté technique, les principales façons de faire pour les sites miniers au Canada et ailleurs sont l’utilisation de bassins de décantation et d’usines de pompage pour le traitement des eaux résiduelles, l’inondation des résidus poussiéreux afin d’empêcher leur dispersion dans l’air, la pose d’une géomembrane sur les couches de résidus miniers afin de couper leur contact avec l’air et d’empêcher les eaux de pluie de ruisseler dessus, l’introduction de plantes qui absorbent les éléments actifs des résidus, par exemple dans un cas de drainage minier acide, on plantera des espèces végétales qui aiment les milieux acides, etc. (Peres Menezes, 2004).

Concernant les mines de notre territoire d’étude, il s’agit d’analyser la concertation entre les entreprises minières et leurs parties prenantes, qui sont les acteurs de l’eau affectés par leurs exploitations, ainsi que tous les acteurs impliqués dans la gouvernance de l’eau des bassins versants touchés. Nous savons qu’il y a un manque dans le contrôle et la surveillance environnementale, malgré des politiques et des techniques canadiennes et québécoises favorisant un développement durable. Il a été démontré que des engagements avec les stakeholders favorisent un comportement davantage socialement et écologiquement responsable de la part des entreprises.

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Chapitre 3 : Méthodologie Ce chapitre détaille la méthodologie utilisée afin de répondre à la problématique de la recherche. On y retrouve donc les objectifs et l’hypothèse de recherche. Puis, des informations sur la collecte des données, les méthodes d’analyse et d’interprétation choisies et les moyens de représentation. Finalement, le cadre opératoire sert à définir le périmètre de notre recherche.

3.1 Objectifs de recherche L’objectif principal est d’évaluer le processus de concertation en tant qu’outil pour la gouvernance participative de la GIEBV et la participation des entreprises minières à celui-ci.

Les objectifs secondaires sont d’évaluer l’implication des différents acteurs dans la GIEBV et leurs connaissances sur celle-ci, d’évaluer quels poids a l’industrie minière sur le territoire, puis, de voir quelles sont les relations qu’entretiennent les différents acteurs de l’eau ensemble.

3.2 Hypothèse Compte tenu du contexte de pollution d’origine minière et des nombreux enjeux que rencontre la mise en œuvre de la GIEBV au Québec, l’hypothèse est que les entreprises minières ne voient pas l’intérêt de participer au processus de concertation de la GIEBV et que la concertation volontaire est difficile à mettre en place. Nous croyons cependant que ce processus est essentiel à la mise en place d’une saine gouvernance de l’eau. En effet, il semble possible d’affirmer que les acteurs de l’eau qui participent au processus de concertation font partie intégrante de la gouvernance de l’eau, selon les définitions que nous avons établies. Ainsi, les institutions déjà en place, municipalités, organismes de bassin versant, etc., sont en mesure de mettre en place une bonne gouvernance de l’eau si tous les acteurs de l’eau se concertent et que les entreprises privées ayant d’importants impacts sur l’environnement favorisent de bonnes relations avec leurs parties prenantes.

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3.3 Les données Cette recherche est une étude de cas portant sur les acteurs de l’eau de la GIEBV du secteur de Duplessis dans la région de la Côte-Nord. La section suivante présente les données utilisées, comment elles ont été collectées et la méthode d’analyse utilisée.

3.3.1 Sources et collectes de données Les données recueillies sont de types primaire et secondaire. Celles de type primaire sont issues d’entrevues auprès des acteurs de l’eau de notre territoire d’étude, à l’aide d’un questionnaire. Nous visions une quinzaine de participants et n’avons réussi à en recruter que neuf. Nous avons sollicité dix-neuf personnes au total, mais la majorité n’a pas répondu ou a refusé de répondre. Il reste que nous avons pu au moins nous entretenir avec des acteurs provenant de différents milieux, public, et privé. Cela permet d’en connaitre plus sur les visions et les intérêts de chacun.

Nous avions sollicité notamment le Conseil Régional de l’Environnement de la Côte-Nord, le Conseil de bande d’Ekuanitshit, le regroupement pour la Minganie sans uranium, le Conseil de bande de Uashat Mak Mani-utenam, l’Association pour la protection de la rivière Moisie et le ministère Pêches et Océans Canada (MPO), mais nous sommes restés sans réponse. Le rôle du MPO par rapport aux entreprises minières est en lien avec le REMMD. Elles doivent lui rendre des comptes à cet effet. Nous avons pu échanger par courriel ou par téléphone avec une entreprise minière, la Ville de Fermont, la MRC de Caniapiscau et le MERN, mais cela s’est terminé soit par un refus de répondre ou par une absence de retour.

Finalement, parmi les participants recrutés, on retrouve deux membres de l’équipe de l’OBVD. La directrice générale et le chargé de mission, concertation, mobilisation. Nous avons recruté un participant au sein de la direction de l’eau du MELCC. Du côté des entreprises minières, l’entreprise Champions Iron Mines a accepté de nous répondre et nous a également invité à visiter le site d’exploitation, accompagnés du technicien en environnement de Minerai de Fer Québec (MFQ, division de Champions Iron Mines pour le lac Bloom). Puis, nous avons aussi recruté un participant anonyme d’une autre compagnie minière. Le maire de la municipalité de Sept-Îles a également répondu positivement à notre sollicitation, ainsi que la directrice du service aménagement et développement du territoire

41 de la MRC de Minganie. Une participante anonyme provenant d’une instance municipale de la Côte-Nord a également été recrutée. Puis, il y a eu un entretien avec un participant qui ne se trouve pas sur notre territoire d’étude, il s’agit du responsable de l’urbanisme de la Ville de Château-Richer. Sa participation est intéressante, car elle permet de faire un constat de l’état de la concertation pour la GIEBV ailleurs au Québec, bien que les réalités soient tout à fait différentes.

Les données de type secondaire sont principalement issues de la littérature grise et d’articles de presses. La littérature grise comprend divers rapports et documents gouvernementaux ou provenant de l’OBVD, du ROBVQ et d’autres associations, relatifs aux mines et à la gestion des eaux. Les lois et les cadres de références ont été étudiés afin de comprendre le contexte de création des OBV et les normes et règlements qui régissent la gestion de l’eau et l’encadrement de l’exploitation minière. De plus, plusieurs articles scientifiques ont été consultés dans le but de définir les différents concepts de la revue de littérature. Ceux-ci nous serviront à comprendre les contextes socio-économiques et politiques encadrant la situation de la GIEBV.

La méthode utilisée pour recueillir l’information auprès des participants est le questionnaire. Celui-ci était le même pour chacun des répondants, peu importe leur organisation et leur rôle au sein de celle-ci (voir le questionnaire en annexe 1). Les participants ont répondu soit par téléphone, donc davantage sous forme d’entretiens semi-dirigées ou sur papier ou ordinateur et ont envoyé une copie à la chercheuse par courriel. Deux participants ont été interrogés en personne, il s’agit du technicien en environnement de MFQ et du responsable de l’urbanisme de Château-Richer. Il y a eu une modification de la question 6 en cours de route, suite au premier entretien, ce qui est noté en annexe 1. Certains échanges courriels ou téléphoniques plus informels ont également aidé à alimenter la réflexion.

3.3.2 Méthodes de traitements des données ou de l’information À l’aide des données recueillie, une analyse du discours est présentée au chapitre 4 et est décrite ici. La première étape de celle-ci consiste à repérer les mots-clés, les expressions et les comparaisons énoncées par les participants, afin de faire ressortir les thèmes et les concepts principaux se démarquant lors de chacune de leurs interventions. « Strauss et Corbin

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(1998) affirment que le chercheur doit attribuer un mot ou proprement dit un concept à l’idée principale qui se dégage d’une phrase ou d’un paragraphe » (Intissar et Rabeb, 2015 :5). Cette étape se nomme la codification (Ibid.). Une fois que celle-ci est terminée, il faut procéder à la catégorisation (ou thématisation) (Ibid.). Selon plusieurs auteurs, il s’agit de l’étape la plus importante d’une analyse qualitative de données. Elle consiste à regrouper les différents codes de façon objective sous une catégorie, un thème. Selon Madeleine Grawitz (2001), ce sont les catégories qui font le lien entre l’objectif de la recherche et les résultats. Elle affirme que « Les catégories sont les rubriques significatives, en fonction desquelles le contenu sera classé et éventuellement quantifié » (2001:616). Cependant, en utilisant l’analyse qualitative, il ne s’agit pas de quantifier le contenu, mais plutôt d’en dégager le sens et de créer les catégories selon des regroupements intuitifs (Paillé et Mucchielli, 2016). Puis, il devient possible d’effectuer une mise en relation de celles-ci, en identifiant les liens qui les unissent (Intissar et Rabeb, 2015). La fréquence des codes a tout de même été quantifiée pour faciliter l’interprétation.

3.3.3 Modes de représentation des données Les résultats seront représentés à l’aide de tableaux afin de faciliter le partage de l’information, et de mettre en lumière les différents thèmes choisis pour l’interprétation des résultats (Intissar et Rabeb, 2015). Ce procédé permet, selon Gallagher (2014) de favoriser une vision holistique des données (Ibid.). Cette représentation favorise également le partage des résultats. Quelques informations viendront accompagner les tableaux. Comme il n’y a pas de verbatim, car les entretiens n’étaient pas enregistrés, aucune citation n’est présentée telle quelle, car elle pourrait facilement être déformée.

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3.4 Cadre opératoire Le tableau suivant décrit les principales variables impliquées dans l’étude.

Tableau 3 : Variables en rapport au sujet de recherche

Variables Variables Variables Variables antécédentes indépendantes intermédiaires dépendantes Décentralisation de La présence de La concertation Évolution de la la gestion de l’eau au gisements de comme outil de la qualité de l’eau des Québec. minéraux dans la gouvernance de bassins versants région de la Côte- l’eau au Québec. affectés par Nord. l’industrie minière. Évolution de la RSE Confiance mutuelle au Québec et à des différents travers le monde. acteurs de l’eau.

Schéma des variables Plus de Le potentiel minier Regroupements plus La destruction et la responsabilités sont québécois est depuis ou moins fréquents pollution des cours déléguées aux longtemps connu et des acteurs de l’eau d’eau causent la municipalités pour la l’exploitation par rapport aux perte de la gestion des eaux. minière a favorisé le enjeux pour chacun biodiversité, développement de des bassins versants. augmente la plusieurs quantité de municipalités au sédiments dans Québec. l’eau et le niveau de turbidité, etc. Un découpage par La confiance des bassin versant est citoyens envers les établi au Québec entreprises favorise méridional et les l’acceptabilité OBV se font sociale des projets également déléguer miniers. des tâches par le gouvernement. Les entreprises L’absence de peur ajustent leurs de représailles pour comportements en les entreprises fonction de l’opinion minières favoriserait publique. leur participation à la GIEBV et leur transparence.

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Nous avons choisi les concepts de décentralisation et de RSE comme variables antécédentes afin de ne pas oublier le contexte actuel entourant notre recherche lors des entretiens. Avant de s’informer des connaissances de nos participants sur la GIEBV, il a été important de bien comprendre le contexte politique de la décentralisation de la gestion des eaux avec la création des OBV et leurs mandats définis en fonction de la Loi sur l’eau. Le concept de RSE, nous l’avons vu, peut influencer le comportement d’une entreprise, et devenir une stratégie lui permettant d’être acceptée par la société civile.

La quantité importante de gisements de divers minéraux dans le sous-sol québécois est notre variable indépendante puisqu’elle est centrale dans notre recherche et qu’elle existe en fonction de faits géologiques. Comme c’est énoncé plus haut, la mine du lac Tio est exploitée depuis le début des années 1950, et les mines du mont-Wright et de Fire Lake, puis du lac Bloom sont exploitées à partir des années 1970. Aujourd’hui, leur situation est instable et fluctue en fonction de la demande internationale. Dans le cas de la mine du lac Tio les investissements ont diminué beaucoup entre 2015 et 2016 (Radio-Canada, 2017). La mine du lac Bloom, quant à elle vient juste de reprendre ses activités après trois ans d’absence (Le Soleil, 2017), mais l’eau a continué de circuler dans les résidus miniers.

L’un des mandats des OBV, la concertation, a été choisi comme variable intermédiaire, puisque pour répondre à nos objectifs, qui concernent précisément ce mandat, nous devons démontrer qu’elle est le pont entre la présence des gisements en exploitation et la qualité de l’eau des bassins, ainsi que celui entre la présence de ces gisements et la confiance mutuelle entre les entreprises qui les exploitent et les autres acteurs de l’eau. En d’autres mots, nous voulons démontrer que selon le contexte énoncé ci-haut, la concertation de toutes les parties prenantes (entreprises, citoyens, élus, OBV, etc.) des bassins versants de notre étude (Moisie, La Romaine, Brochu, Hall, du Nord-Ouest et du Poste) permettra d’influencer positivement nos variables dépendantes, c’est-à-dire la qualité de l’eau et la confiance mutuelle des acteurs, puisqu’elles peuvent être influencées négativement par la présence de gisements de minéraux en exploitation, notre variable indépendante. C’est pour cela que nous avons interrogé nos participants sur ces sujets et sur comment ils interagissent ensemble.

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Chapitre 4 - Analyse et interprétation Les participants proviennent de quatre groupes d’acteurs différents, l’OBVD, les instances municipales, les entreprises minières et le MELCC. Pour chaque question du questionnaire un tableau a été créé avec les noms des différents participants et leurs réponses respectives. Le Hénaff, Richard et Porlier ont répondu en écrivant directement sur le questionnaire, puis l’ont envoyé à la chercheuse. Les réponses sont donc transcrites telles quelles. Pour Marsa et les trois participants anonymes, l’entretien s’est déroulé par téléphone. Ce qui est écrit dans les tableaux ci-dessous tente d’être le plus fidèle possible au discours de chacun d’eux. Les notes prises pendant l’ensemble de la conversation téléphonique ont été retranscrites dans un fichier immédiatement après l’entretien. Pour Gervais et Lévesque, les rencontres ont eu lieu en personne. Certaines informations complémentaires ont donc pu s’ajouter et le tout a également été retranscrit le plus rapidement et fidèlement possible.

À partir de ces réponses, des codes ont été repérés. Ces codes sont des termes évocateurs qui peuvent révélés le point de vue de la personne et nous renseigner sur le sujet de la question. Ils sont parfois divisés en deux catégories afin de distinguer les différentes facettes du sujet abordé. Les tableaux servent à illustrer la fréquence de ces codes et valider les impressions générales et les consensus s’il y a lieu. Chaque question fait ainsi l’objet de deux tableaux, excepté pour les questions Q9 et Q10 qui sont liées et dont les codes ont été regroupés. Certains codes attribuables à une question ont pu être obtenu par la réponse d’un participant à une autre question, et ont été ajoutés dans la fréquence des codes de la question indirectement répondue.

Suite à l’analyse des entrevues, un bref regard sur l’avenir des ressources naturelles dans le contexte du Plan Nord permet d’entrevoir la place que pourrait prendre la GIRE dans le développement du nord. Cela vient compléter l’analyse de la situation concernant notre sujet avant de passer à la discussion.

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4.1 Analyse des entrevues Tableau 4 : Réponses des participants - Q1

Participants Entreprise - Institution Groupe d'acteurs Comment percez-vous votre implication dans la gouvernance de l’eau de votre secteur? Aurélie Le Hénaff OBVD OBV OBV = Mandat du gouvernement de mettre en place une gestion intégrée de l’eau par bassin versant, à travers le Plan directeur de l’eau Une implication en progrès, mais limitée par le financement. Amélioration [concertation] pour la période 2018-2021 : 4 personnes dans Mathieu Marsa OBVD OBV l’équipe au lieu de seulement deux. Plus de connaissances, travail sur les fiches-portraits (30). Au centre puisque touche tous les aspects d'une territoire : Érosion, constructions ou développement, submersion, eau potable, milieux Sara Richard MRC de Minganie Instances municipales humides et hydriques, cours d'eau, villégiature. La MRC est impliquée sur le CA de l'OBV depuis ses débuts. Travail sur la sensibilisation et l’économie de l’eau potable avec les municipalités. *Lutte contre les territoire clandestin (PDE) Anonyme 1 Anonyme Instances municipales Collaboration avec les Conseils régionaux de l’environnement, collaboration OBV (compensation de GES). J’organise des rencontres pour parler de la situation (pas de sujet précis). [Travail en environnement au sens large - GMR.] La Ville a tout intérêt à assurer une bonne gestion de l'eau. Nous travaillons étroitement avec les différents acteurs dont l'OBV entre Réjean Porlier Ville de Sept-Îles Instances municipales autres pour le suivi de notre source d'eau potable […] Il y a un effluent minier sur le site et un effluent sanitaire. L’eau de ceux-ci est traitée avant d’être rejetée selon les normes MFQ, Champions Iron gouvernementales. Au provincial, en vertu de la directive 019 et au fédéral selon le Règlement des effluents des mines de métaux et de Martin-Olivier Lévesque Entreprises minières Mines diamants. 60 puits sont présents, la moitié pour capter les eaux souterraines et l'autre moitié pour les eaux de surface, on prend des échantillons pour vérifier la qualité des eaux. Anonyme 2 Anonyme Entreprises minières Faire des rapports annuels au ministère de l’environnement. Nous leur transmettons les données sur l’eau pompée et l’eau rejetée. Selon la loi sur l’eau, le ministre a le pouvoir sur le processus de GIRE. Il régit les principes de l’eau et les milieux qui y sont rattachés, comme les milieux hydriques. Anonyme 3 MELCC Gouvernement Le rôle de la conseillère est donc de faire atterrir cette loi, et de soutenir les OBV dans leurs mandats, définis également par cette loi. Aussi, il faut rédiger un cadre de référence qui encadre les activités des OBV afin qu’elles correspondent aux exigences législatives. Conseille les autorités sur comment agir à échelle locale. J’agis en tant que courroie de transmission entre les réalités municipales, des citoyens et les politiques mises en place. Si les citoyens se plaignent et ont besoin de quelque chose en particulier, je peux donner mon avis lors des tables de concertation. Jean-François Gervais Ville de Château-Richer Instances municipales Je rencontre souvent les citoyens donc je connais les irritants et les commentaires récurrents. Par exemple, plusieurs trouvent qu’il manque un accès au fleuve à Château-Richer, et maintenant cela fait l’objet d’un chapitre dans le PDE. On travaille ensemble. Notamment pour la protection de la source d’eau potable. Ce que l’on remarque du côté de l’OBVD est que Le Hénaff a répondu en se référant précisément aux mandats des OBV énoncés dans la Loi sur l’eau et que Marsa a plutôt fait un compte-rendu de l’implication de l’OBVD par rapport aux mandats. Il mentionne les problématiques que connaissent les OBV et explique que certaines activités ont dû être priorisées, comme établir les portraits des bassins versants, et affirme que la concertation, quant à elle, est en voie d’amélioration. Pour Richard à la MRC de Minganie, son rôle est central. En effet, les MRC ont plusieurs compétences et mandats reliés à la ressource en eau. De plus, comme elle est sur le CA de l’OBVD, on peut en déduire une étroite collaboration. Anonyme 1 énumère tous les rôles qu’elles jouent en rapport à l’environnement au sens large.

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Pour Porlier le rôle de la municipalité est lié à l’eau potable, et incite donc à une étroite collaboration avec les différents acteurs. Lévesque se réfère quant à lui aux règlements. Son rôle est donc, selon lui, associé à l’analyse et au traitement des eaux rejetées par le site minier. Anonyme 2 abonde dans le même sens, spécifiant que son rôle est de rendre des comptes au ministère de l’environnement par l’entremise d’un rapport et de transferts de données. Anonyme 3 décrit également son rôle en fonction dans sa définition dans la Loi sur l’eau. Ainsi, cela consiste en l’encadrement et au soutien des OBV dans leur mandat, afin de faire atterrir la loi. Gervais semble avoir une vision très claire de son rôle dans la GIEBV. Selon lui, il est une courroie de transmission entre les citoyens et les OBV. Il peut donc influencer le contenu du PDE grâce à sa proximité avec les citoyens et la connaissance de leurs irritants.

Tableau 5 : Fréquences des codes - Q1

Thème Rôles État GIEBV

Codage Planification, PDE Collaboration avec un OBV Sensibilisation Implication environnementale plus large d'eau, milieuxCours humides et hydriques potable Eau les selon eaux des Traitements normes données de Transfert Conseille les autorités Lien entre citoyens et OBV et mandat du Encadrement soutien En améliorationprogression, des connaissances Problème de financement

4 4 1 1 1 4 1 2 1 2 1 1 2 Participants Aurélie Le Hénaff 1 Mathieu Marsa 1 1 Sara Richard 1 1 1 Anonyme 1 1 1 1 1 1 1 Réjean Porlier 1 1 1 1 Jean-François 1 1 1 1 Gervais Martin-Olivier 1 1 Lévesque Anonyme 2 1 Anonyme 3 1 1 Comme la plupart d’entre eux occupe des postes différents, beaucoup de codes retenus ont seulement une seule fréquence. Il est néanmoins possible de remarquer des tendances. Par exemple, tous les participants d’instances municipales ont affirmé, d’une façon ou d’une autre, être en collaboration plus ou moins étroite avec l’OBVD ou un autre OBV. On observe

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également une cohérence entre les instances municipales pour leur rôle relié à l’eau potable. Pour Gervais on retrouve cette information à la question Q2. Le Hénaff, fait référence au mandat qui a été confié à l’OBV c’est-à-dire la mise en place de la GIEBV avec l’aide du PDE, auquel ont fait référence Anonyme 1 et Gervais. Marsa lui émet davantage un portrait de l’état de la GIEBV et des limitations qu’a pu connaître l’OBV dans l’application de son mandat, mais il affirme que l’implication de l’OBVD a déjà permis l’amélioration des connaissances. Les entreprises minières se rejoignent en indiquant que leur rôle dans la GIEBV passe par les données qu’ils collectent sur leur site concernant la qualité des eaux. Anonyme 3 indique que son rôle au sein du ministère de l’environnement et pour la GIEBV est d’encadrer le processus, notamment grâce au Cadre de référence pour la GIRE de 2012, mais aussi ponctuellement avec le suivi des tables de concertation et du PDE et par le soutien aux OBV. Tableau 6 : Réponses des participants - Q2

Participants Entreprise - Institution Groupe d'acteurs Que connaissez-vous du rôle des OBV? Aurélie Le Hénaff OBVD OBV [Ne s'applique pas] Mathieu Marsa OBVD OBV [Ne s'applique pas] Concertation, sensibilisation, actions concrètes en lien avec le bassin versant, Sara Richard MRC de Minganie Instances municipales PDE :rédaction, mise en œuvre et suivi. Doivent faire concertation, mais rôle davantage scientifique, analyse PDE, cibler Anonyme 1 Anonyme Instances municipales les enjeux. […] Assurer une vigie et sans doute faire des recommandations au gouvernement Réjean Porlier Ville de Sept-Îles Instances municipales du Québec pour une bonne planification de nos ressources d'eau douce. Pas beaucoup. Pour les études d’impact (principalement au printemps avec la Martin-Olivier MFQ, Champions Iron fonte), sinon pas de contact. Entreprises minières Lévesque Mines La mine est à la jonction de plusieurs bassins versants, la rivière Moisie qui se jette dans le fleuve et un autre bassin qui se jette dans la Baie James. Dans une région comme la nôtre, ils sont moins présents. Un de leur rôle connu Anonyme 2 Anonyme Entreprises minières est qu’ils s’occupent de la protection de la rivière Moisie. Anonyme 3 MELCC Gouvernement [Ne s'applique pas] Ils doivent mettre à jours le PDE et le travailler. Pour moi le PDE est un peu comme un schéma d’aménagement, mais pour l’eau. Ça parle des enjeux et problématiques présentes et des orientations à prendre. Jean-François Je sais aussi que l’OBV a des mandats ponctuels. Par exemple, la MRC leur a Ville de Château-Richer Instances municipales Gervais donné le mandat de mettre en œuvre un Plan régional des milieux humides et hydriques. À la municipalité, nous leur demandons de faire des études d’impacts sur la vulnérabilité de la source d’eau potable. Ils sont un peu comme un service conseil en fait. Cette question ne s’appliquait pas aux membres de l’OBVD, puisque leur rôle correspond à leur implication à la GIEBV. De même pour Anonyme 3, qui a un rôle étroitement lié à celui des OBV. Lévesque, qui ne semble pas connaître beaucoup les OBV, a spécifié en rapport à ses connaissances sur les bassins versants que le lac Bloom était non seulement à l’amont de la rivière Moisie, mais également de La Grande Rivière (voir annexe 2), simplement indiquée comme étant un cours d’eau hors OBV dans le portrait de la ZGIEBV Duplessis.

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Tableau 7 : Fréquences des codes - Q2

Rôles selon le Thème mandat Autres rôles

Codage Concertation Sensibilisation et actionsenjeux PDE, concrètes - scientifique Expertise d'impact Études vigie une Assurer au Recommandations gouvernement Protection de la rivière Moisie Moins présents en secteur éloigné 2 1 3 4 1 1 1 2 Participants Aurélie Le Hénaff Mathieu Marsa Sara Richard 1 1 1 Anonyme 1 1 1 1 1 Réjean Porlier 1 1 Jean-François 1 1 Gervais Martin-Olivier 1 Lévesque Anonyme 2 1 1 1 Anonyme 3

Ce qui est beaucoup ressorti par rapport au rôle connu des OBV concerne davantage le PDE, c’est-à-dire la caractérisation des bassins versants, l’identification des enjeux qui les affectent, puis la recherche commune et concertée d’actions concrètes et de stratégies pour pallier ceux-ci. Peu de participants semblent être au courant du rôle de concertation. La sensibilisation semble toutefois être leur rôle le plus méconnu. Le rôle scientifique, nécessaire dans la réalisation du PDE vient prendre une place centrale et plus large que le PDE, par exemple par l’entremise de contrats pour des études d’impacts. C’est d’ailleurs principalement selon celui-ci que les participants des entreprises minières disent être en contact avec l’OBV, ce qui est également vrai du côté municipal. En ce sens, Gervais les voit comme un service conseil lorsque la ville a des exigences à remplir. Deux participants évoquent que l’OBVD n’est pas présent dans leur secteur, ce qui consiste en une limite du rôle de l’OBVD.

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Tableau 8 : Réponses des participants – Q3

Participants Entreprise - Institution Groupe d'acteurs Qu’est-ce pour vous que le processus de concertation? Aurélie Le Réunir des acteurs divers aux intérêts différents autour d’une thématique ou OBVD OBV Hénaff problématique commune avec l’objectif de définir ensemble un plan d’action Ça n’est pas clairement défini. Il s’agit de réunir différents acteurs de différents milieux, Mathieu Marsa OBVD OBV afin de favoriser les dialogues dans la prise de décisions et les consensus. Exemple de table de concertation : Érosion des berges en Minganie Implication d'acteurs touchés par un sujet particulier afin de trouver soit des solutions à Sara Richard MRC de Minganie Instances municipales une problématique, soit des moyens ou des actions à mettre en place sur ces sujet. Une table de rencontre qui ne repose pas uniquement sur un projet précis. Plus que Anonyme 1 Anonyme Instances municipales simplement de la consultation. Il implique le partage des conaissances et l'élaboration d'une stratégie commune avec Réjean Porlier Ville de Sept-Îles Instances municipales les acteurs du milieu. [Puisque le participant disait ne pas connaître beaucoup les OBV, la question a été posée Martin-Olivier MFQ, Champions Iron Entreprises minières comme suit: connaissez-vous le processus de concertation, y avez-vous déjà participé? Lévesque Mines Réponse: Non. [Le participant avait dit qu'il ne connaissait pas le processus de concertation, mais il affirme néanmoins que (réponse Q8): pouvoir se concerter avec les résidents des Anonyme 2 Anonyme Entreprises minières chalets autour serait quelque chose de positif, notamment au niveau de la communication, pour l’acceptation publique. ] La concertation est une représentativité équilibrée des acteurs qui font partie d’un même bassin versant. Les OBV peuvent ainsi discuter des problématiques et des enjeux Anonyme 3 MELCC Gouvernement de leur PDE, qui ont été classifiés, afin de cibler les priorités. Même si certains acteurs ne sont pas directement reliés aux enjeux, pour avoir la représentativité ils doivent aussi être présents pour faire valoir leurs préoccupations. Jean-François La rencontre entre plusieurs acteurs touchés par un sujet. Ville de Château-Richer Instances municipales Gervais La concertation est utile pas juste pour la gestion de l’eau. La majorité des acteurs est unanime sur ce qu’est la concertation, sauf pour les participants des entreprises minières qui ne semblent pas être à l’aise avec la question. Marsa note justement que ce n’est pas un concept clairement défini. De plus, il n’était pas toujours évident durant les entrevues de savoir si l’on parlait bien de concertation ou de consultation. Comme l’interrogation du participant était sentie, la question a plutôt été posée comme suit : « Connaissez-vous le processus de concertation, y avez-vous déjà participé ? », et la réponse était clairement « non ». À la question Q8 sur la décentralisation, certains éléments du discours de ces deux participants se rapportant de près ou de loin à ce processus sont pris en compte ici. Anonyme 3 du MELCC a insisté sur la représentativité équilibrée des acteurs qui est selon elle essentielle.

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Tableau 9 : Fréquences des codes - Q3

Thème Contexte de la concertation But recherché

Codage Réunion Implication d'acteurs aux intérêts divers et de différents milieux Problématique ou sujet communs et identifiés Thème commun, pas de sujet précis Partage de connaissances plan Définir d'actions,un une commune stratégie Dialogues, communication Transparence socialeAcceptabilité équilibrée Représentativté 4 6 4 2 1 4 4 1 1 1 Participants Aurélie Le Hénaff 1 1 1 1 1 Mathieu Marsa 1 1 1 1 Sara Richard 1 1 1 Anonyme 1 1 1 Réjean Porlier 1 1 1 Jean-François 1 1 1 Gervais Martin-Olivier 1 1 Lévesque Anonyme 2 1 1 Anonyme 3 1 1 1 1

Les trois premiers codes de la première catégorie et les deux premiers de la deuxième résument bien les points principaux pour décrire le contexte d’une concertation. Ainsi, il s’agit d’une réunion d’acteurs impliqués provenant de différents milieux et ayant des intérêts divers concernant principalement des problématiques communes et connues, dans un but de développer un dialogue et de définir un plan d’action et une stratégie commune pour répondre aux problématiques. Si on se fie aux réponses des entreprises à la question Q8, on peut faire ressortir des éléments en lien avec la concertation. En effet, elles ont parlé de transparence, de communication et d’acceptabilité sociale ce qui par interprétation peut correspondre à un but recherché par la concertation.

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Tableau 10 : Réponses des participants – Q4

Participants Entreprise - Institution Groupe d'acteurs À quelle fréquence ont lieu les concertations et qui sont les acteurs de l’eau qui y participent?

Pas de fréquence définie. Notre territoire est immense, avec de nombreux acteurs. Il est difficile de mettre en place une concertation à cette échelle. Alors le processus de concertation dans Duplessis ne s’est pas formalisé par la mise en place d’une table. Ce sont plutôt des rencontres qui ne Aurélie Le Hénaff OBVD OBV réunissent pas tous les acteurs de l’eau, ou des échanges téléphoniques, des sondages, etc. Les acteurs de l’eau qui y participent : Acteurs municipaux (municipalités et MRC), acteurs communautaires (organismes en environnement) Environ tous les trois mois, sur des sujets spécifiques. Pour la Gestion intégrée des ressources du territoire (GIRT), c’est environ 2 à 3 fois par an. Mathieu Marsa OBVD OBV Pas de concertation si pas de sujet en particulier: encore en période d’acquisition (seulement1 directeur et une chargée de projet avant). Régulièrement, dépend du sujet et de l'état d'avancement de la concertation. Ex.: Érosion 4 fois/an Instances Sara Richard MRC de Minganie et ensuite suivi 1fois/an. Schéma (SAD): 1 fois par sujet. municipales Acteurs: Municipalités, MRC, économique, chercheurs, universités, gouvernement, citoyens. Instances Anonyme 1 Anonyme […] rare. Acteurs: MRC, OBV, municipalités municipales Instances Aucune idée. Les rencontres dont j'ai eues connaissance étaient initiées davantage par la Ville. Au Réjean Porlier Ville de Sept-Îles municipales cours des dernières années, il y a eu une belle collaboration entre la Ville et l'OBV. Martin-Olivier MFQ, Champions Iron Entreprises [Ne s'applique pas, n'a jamais participé] Lévesque Mines minières Entreprises Anonyme 2 Anonyme [Ne s'applique pas, n'a jamais participé] minières

Anonyme 3 MELCC Gouvernement Régulièrement, dépend des OBV Jean-François Ville de Château- Instances 1 à 2 fois par an. Il y a des élus, des fonctionnaires, des entreprises, des chercheurs, des Gervais Richer municipales organisations de citoyens, un regroupement forestier, etc.

L’on peut déjà observer que les participants des entreprises minières n’ont malheureusement pas pu répondre, puisqu’ils n’ont jamais participé à une table de concertation. Un autre fait observable est la variété des réponses. Si plusieurs disent « régulièrement » cela reste flou sur la fréquence que cela représente. Anonyme 1 dit que la concertation est plutôt rare dans son cas et Porlier dit en avoir aucune idée. Le Hénaff nous dit justement que ça n’est pas clairement définie, et elle justifie à son tour le fait que l’OBVD n’a pas particulièrement développé la concertation, notamment en raison de l’immensité du territoire et la difficulté de réunir les nombreux acteurs qui en font partie.

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Tableau 11 : Fréquence des codes – Q4

Thème Fréquence Acteurs présents (autres qu'OBV)

Codage Régulièrement (d'une à 4 4 à (d'une Régulièrement année) par fois Pas définie Dépend du sujet Dépend des OBV différentes) (particularités Rare sais pas Ne Municipalités MRC Communautaires Économiques Gouvernement Citoyens Chercheurs/universitaires 3 1 3 2 1 1 4 3 1 2 2 2 2 Participants Aurélie Le Hénaff 1 1 1 1 1 1 Mathieu Marsa 1 1 Sara Richard 1 1 1 1 1 1 1 1 Anonyme 1 1 Réjean Porlier 1 1 Jean-François 1 1 1 1 1 1 1 Gervais Martin-Olivier Lévesque Anonyme 2 Anonyme 3 1

Le tableau 11 illustre bien ce flou quant à la fréquence des tables de concertation. On voit ici que cela dépend de plusieurs facteurs, comme du sujet discuté et avec quel OBV. On voit tout de même qu’une variété considérable d’acteurs a été nommée, avec une prédominance du secteur municipal. On remarque que les communautés autochtones sont absentes dans le discours de chaque participant, alors qu’on en compte six sur le territoire de l’OBVD.

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Tableau 12 : Réponses des participants – Q5

De quels principaux sujets a-t-il été question durant les dernières concertations auxquelles Participants Entreprise - Institution Groupe d'acteurs vous avez participé?

Aurélie Le Hénaff OBVD OBV Érosion – aires protégées – activités forestières De l’érosion en Minganie. Mathieu Marsa OBVD OBV Table GIRT: territoire forestier avec SÉPAQ, représentation groupes forestiers, OBV, comité ZICO : respect environnement (normes gouvernementales). Instances Érosion, schéma (révision), planification stratégique (économique et touristique) eau Sara Richard MRC de Minganie municipales souterraines Instances Anonyme 1 Anonyme Bandes riveraines, compensation des GES, etc. municipales Instances Avec l'OBV: caractérisation de notre source d'eau potable. Avec l'industrie, le port et Réjean Porlier Ville de Sept-Îles municipales l'INREST: observatoire de la Baie de Sept-Îles. Martin-Olivier MFQ, Champions Iron Entreprises [Ne s'applique pas, n'a jamais participé] Lévesque Mines minières Entreprises Anonyme 2 Anonyme [Ne s'applique pas, n'a jamais participé] minières Anonyme 3 MELCC Gouvernement [Ne s'applique pas] Jean-François Instances Les milieux humides et hydriques et le PDE : 5 grands enjeux, qualités de l’eau potable, Ville de Château-Richer Gervais municipales accès à l’eau.

Comme la question précédente, les participants des entreprises minières ne sont pas en mesure de répondre à la question Q5. De même pour Anonyme 3 qui avoue ne pas participer aux tables de concertation.

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Tableau 13 : Fréquence des codes – Q5

Thème Sujets

Codage Érosion Aires protégées Activités forestières souterraines Eaux SAD Révision riveraines Bandes Compensation GES Milieux humides et hydriques potable Eau Accès au fleuve Planification stratégiques économiques secteurs 3 3 2 1 1 1 1 1 2 1 1 Participants Aurélie Le Hénaff 1 1 1 Mathieu Marsa 1 1 1 Sara Richard 1 1 1 1 Anonyme 1 1 1 Réjean Porlier 1 1 Jean-François 1 1 1 Gervais Martin-Olivier Lévesque Anonyme 2 Anonyme 3

On remarque tout de suite une variété de sujets, et plusieurs d’entre eux ne ressortent qu’une seule fois. Cela peut s’expliquer parce que les acteurs n’assistent pas tous aux mêmes tables, mais spécialement aux tables dont le sujet les concerne. Ces différents sujets nous permettent de constater les différents domaines d’actions des OBV. On remarque que pour l’OBVD l’érosion est un enjeu particulièrement présent, de même que les aires protégées et les activités forestières. On remarque également que les municipalités disent se concerter sur l’eau potable entre autres, ce qui est logique puisqu’il s’agit de leur rôle de s’assurer de l’alimentation en eau potable des citoyens. Richard affirme qu’il y a des concertations concernant des révisions du schéma d’aménagement. Donc, le travail des OBV en collaboration avec les MRC peut aider à planifier également l’aménagement du territoire.

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Tableau 14 : Réponses des participants – Q6

De ce que vous connaissez, qu’est-il fait pour éviter les pollutions d’origine minière? Si elles n’ont pas pu être évitées, quels sont les Participants Entreprise - Institution Groupe d'acteurs moyens utilisés pour minimiser les impacts sur l’environnement? La question de départ était: Étant donné une pollution d’origine minière dans la zone de gestion intégrée de Duplessis, quel moyen est selon vous le meilleur pour contrer ce problème? Réponses: ? Je ne suis pas certaine de comprendre la question. Une fois que la pollution Aurélie Le Hénaff OBVD OBV a eu lieu ou en amont, en prévention ? Dans les deux cas, les entreprises minières gèrent ça de leur côté avec le ministère. La question a été ensuite modifiée pour les autres participants. Ministère de l’environnement (municipalités aussi): législatif: il existe des outils pour faire respecter les règlements et normes. Duplessis: influences fortes des entreprises minières (politique et économique) Mathieu Marsa OBVD OBV Mais: entreprise cliff a fait faillite à cause de la pollution causée dans la baie de Sept-Îles. Rivière Moisie et chemin de fer: pas de risque zéro. Il y a déjà eu un accident de wagons qui a causé des écoulements d’hydrocarbures. Pas forcément de mesures de prévention, donc nettoyage (pas nécessairement rapidement). Instances Sara Richard MRC de Minganie Surveillance environnementale. Sensibilisation. municipales Les entreprises ont un cadre réglementaire à respecter. Pour notre territoire, il s’agit plus de pollution des côtes maritimes. Instances Arcelor Mittal, Mont-Wright: parcs à résidus. Anonyme 1 Anonyme municipales Enjeux: transport maritime: déversement d’halocarbure: SIMEQ (payé par les pétrolières). IOC (Labrador City) Normes axées plus sur les coupes forestières. Instances Les nouveauc standards exigent la captation des eaux souillées à l'aide de membranes disposées dans des bassins prévus à ses fins. On Réjean Porlier Ville de Sept-Îles municipales voit désormais des usines de traitement d'eau Plusieurs moyens sont pris pour éviter la pollution d’origine minière. D’abord, toute l’eau en contact avec le site minier (eau de pluie, fonte des neige) est collectée dans des fossés puis pompée vers un premier bassin de décantation, puis un autre, pour finalement aboutir à l’usine de traitement, ou être utilisée pour l’exploitation du minerai. Soit pour abattre la poussière ou pour le forage ou encore pour l’usine de concentration du minerai. Le pire scénario qui pourrait arriver serait une rupture de digue qui retient l’un des bassins. Il reste que le fer n’est pas le minerai le plus problématique pour l’environnement. Il ne produit pas de lixiviat et n’est pas acide. Le facteur polluant principal est l’importante quantité Martin-Olivier MFQ, Champions Iron Entreprises de matières en suspension. Des analyses de toxicité (NH3, pH, NO3) sont faits à l’aide de 60 puits tout autour du site minier. Une trentaine Lévesque Mines minières pour l’eau souterraine et une trentaine pour l’eau de surface. On essaie également d’éviter la mortalité des poissons vivants dans les lacs adjacents au site, ce qui fonctionne bien, nous n’avons jamais eu de problèmes de ce côté. Risque de « rejet régulier », c’est-à-dire d’eau non traitée qui se retrouveraient dans l’environnement, à cause de fortes pluies ou d’un bris de tuyau par exemple : rare, printemps peut être plus problématique D'autres éléments nommés à la Q1. L’entreprise doit avoir une autorisation pour son exploitation. Le gouvernement lui dicte donc des paramètres à respecter pour éviter la Entreprises pollution. Nous faisons des campagnes d'échantillonnages pour faire le suivi de la situation environnementale. Ces échantillons concernent Anonyme 2 Anonyme minières les effluents finaux, les eaux souterraines qui sont devenues des eaux de surface. Si les paramètres n’étaient pas respectés, nous devons nous expliquer au ministère de l’environnement via un programme informatique. Gouvernement du Anonyme 3 MELCC [La participante n'a répondu qu'aux questions se rattachant spécifiquement aux OBV] Québec Jean-François Instances Ville de Château-Richer C’est le ministère de l’environnement qui gère ça. Les municipalités locales on n’a pas de pouvoir par rapport à ça. Gervais municipales

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La question de départ a été modifiée comme il est possible de le voir dans l’encadré à la réponse de Le Hénaff au tableau 14. Comme la participante semblait confuse et que la question semblait s’adresser à un problème précis de pollution, en plus de manquer de clarté, elle a été modifiée tel qu’elle apparaît à la première ligne du tableau 14. Ce qu’on nous répond est que, que ce soit pour prévenir la pollution d’origine minière ou pour réagir à une pollution d’origine minière qui n’a pas pu être évitée, c’est le ministère de l’environnement qui s’en occupe. L’OBVD semble dire que ce n’est donc pas son rôle, mais celui des entreprises et du ministère. Richard ne s’est pas étalée sur le sujet. Anonyme 3 n’a pas voulu répondre à la question. Elle ne souhaitait répondre qu’aux questions se rattachant spécifiquement aux OBV. Ce qui est dommage parce que les autres participants mentionnent pratiquement tous le ministère de l’environnement. Bien sûr, la direction à laquelle appartient la participante s’intéresse principalement à la GIEBV et pas à l’évaluation des sites miniers, mais il aurait été intéressant de pouvoir faire le lien entre les deux, ce que personne au MELCC et MERN avec qui nous avons discuté ne semblait être à l’aise de faire.

Seulement Marsa et Anonyme 1 abordent les pollutions liées à l’exploitation minière qui ont déjà eu lieu. Marsa dit qu’il y a un nettoyage qui a lieu en cas de pollution, mais que cela ne se fait pas nécessairement rapidement. Anonyme 1 dit que l’enjeu est surtout la pollution des côtes maritimes et qu’en cas de déversement dû au transport maritime c’est la SIMEQ qui s’en charge, mais qu’elle est payée par les pétrolières, ce qu’elle ne semblait pas appréciée. Concernant le déversement de mazout des installations de Cliffs dans la baie de Sept-Îles, c’est la compagnie qui a géré le nettoyage (Radio-Canada, 2013). Porlier fait mention qu’il y a maintenant des nouveaux standards qui permettent des infrastructures mieux adaptées à la gestion des eaux des sites miniers. Lévesque a pu nous montrer exactement comment l’eau était gérée sur le site en plus de nous faire visiter les installations pendant quelques heures. Toute l’eau qui entre en contact avec le site suit un processus de traitement, en passant par les bassins de décantation et l’usine de traitement des eaux avant d’être rejetée dans l’environnement. Puis, des analyses sont faites pour le suivi de la qualité des eaux souterraines et de surface, comme le mentionne également Anonyme 2.

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Tableau 15 : Fréquence des codes – Q6

Réaction Thème Prévention pollution pollution

Codage Outils législatifs MELCC, du normes enviornnementales Pas nécessairement de prévention Sensibilisation Connaissances des risques Analyses et suivi adpatées,Infrastructures usines de traitement des eaux associés coûts et Nettoyage du auprès Justification ministère 6 2 1 1 2 2 1 1 Participants Aurélie Le Hénaff 1 Mathieu Marsa 1 1 1 Sara Richard 1 1 Anonyme 1 1 Réjean Porlier 1 Jean-François 1 Gervais Martin-Olivier 1 1 1 1 Lévesque Anonyme 2 1 1 1 Anonyme 3

La majorité des participants affirment que la prévention et la gestion de la pollution d’origine minière se font selon les normes gouvernementales du ministère de l’environnement. Il y a peu de réactions précises dans un cas de pollution d’origine minière, ou de pollution due aux activités connexes comme le transport des matières et la transformation. Comme réaction à la pollution ont été évoqués le nettoyage au frais de l’entreprises minières et le fait que l’entreprise doive se justifier auprès du ministère. Beaucoup d’efforts semblent être faits du côté de la prévention, notamment par l’analyse de la qualité de l’eau et le suivi que font les entreprises, en plus de la présence d’infrastructures adaptées aux traitements des eaux.

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Tableau 16 : Réponses des participants - Q7

Quelles sont les relations que vous entretenez avec les autres acteurs de l’eau (entreprises minières, municipalités, Participants Entreprise - Institution Groupe d'acteurs MRC, OBV, gouvernement provincial, population locale, etc.) du secteur (discussions fréquentes? Coopérations? Conflits?)? Discussions fréquentes et bonnes relations avec municipalités, MRC, groupes citoyens. Pas de relation avec les Aurélie Le Hénaff OBVD OBV entreprises minières. Elles nous consultent lors d’études d’impact. Avec les entreprises minières: pas de véritables dialogues. Discussions plus fréquentes avec les municipalités et le Conseil régional de l’environnement (CRE). Sinon il est Mathieu Marsa OBVD OBV difficile de discuter fréquemment dû à l’étendue du territoire et de l’éloignement. (Déjà allé à une rencontre sur la basse Côte-Nord en motoneige) Mise à jour du PDE: concertation pour prioriser les enjeux. Coopération entre acteurs. Instances Concertation en amont des projets en cours et sur le suivi (mine Rio Tinto). Sara Richard MRC de Minganie municipales Aucun lien avec les propriétaires du lieu pour l'instant (à venir avec les territoire imcomptibles à l'activité minière). Très bonne relation avec les entreprises et municipalités, groupes environnement. Bonne relation avec OBVD, mais Instances Anonyme 1 Anonyme pas de relation de concertation existante. municipales Près des citoyens et villégiateurs. Bonne relation, nous avons (la Ville et le Port de Sept-Îles) mis en place un observatoire scientifique mené par Instances Réjean Porlier Ville de Sept-Îles l'INERST pour connaître l'empreinte de l'industrialisation dans la grande Baie de Sept-Îles et ce en collaboration avec municipales les industries et le Plan Nord. Partenariat avec les Innus de Sept-Îles et Schefferville, accord et consultation. Beaucoup d’entreprise innues qui travaillent sur le site : services électriques, compagnie de ménage. Martin-Olivier MFQ, Champions Iron Entreprises Bonne relation avec le secteur municipal et les autres entreprises : Lac Bloom Phase 2 (LBP2) a un projet de Lévesque Mines minières partenariat avec Fermont et Arcelor Mittal pour la valorisation des déchets : ouverture d'un centre de tri. Actuellement le recyclage domestique est trié à Québec. Avec les OBV: pas de relation en place actuellement, OBV pas actif dans notre secteur. Avec la MRC de Caniapiscau: nous avons un bail à la MRC, nous devons demander des permis pour certaines Entreprises Anonyme 2 Anonyme installations. minières Avec les citoyens : Il me semble qu’il existe un comité consultatif, mais c’est au niveau de la direction que ça se fait (pas le rôle du département de l’environnement) Gouvernement Anonyme 3 MELCC [La participante n'a répondu qu'aux questions se rattachant spécifiquement aux OBV] du Québec Nous on a des sablières et des carrières et on a de bonnes relations avec. On collabore pour gérer les plaintes des Jean-François Ville de Château- Instances citoyens. Sur notre territoire, une grosse compagnie a des standards de qualités élevés, tandis qu’une autre, plus Gervais Richer municipales petite, n’a pas de comité environnement par exemple.

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Anonyme 3 n’a pas répondu à cette question non plus. Tous les autres participants parlent généralement de bonnes relations, de partenariat et de collaboration sauf quelques exceptions. Celles-ci concernent entre autres l’OBVD qui dit ne pas avoir de relation ou de dialogue avec les entreprises minières. Ce que confirme Anonyme 2. Bien que Lévesque n’en fasse pas mention, on comprend qu’il n’est pas familier avec le processus de concertation des OBV, mais il avait dit tout de même les connaître à cause des études d’impacts. Anonyme 1 dit avoir de bonnes relations avec l’OBVD, mais ne pas avoir de relation de concertation développée avec celui-ci. Porlier donne l’exemple d’un projet collaboratif de l’Institut nordique de recherche en environnement et en santé au travail (INREST) avec le Plan Nord et les industries. On remarque donc que la Société du Plan Nord (SPN) est déjà un acteur impliqué dans la région et développe des relations avec les parties prenantes de son projet.

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Tableau 17 : Illustration des relations - Q7

Type d'acteurs Municipalités MRC Citoyens OBV minières Entreprises Groupes environnementaux Autochtones économique Secteur CRE Participants Aurélie Le Hénaff Mathieu Marsa Sara Richard Anonyme 1 Réjean Porlier Jean-François Gervais Martin-Olivier Lévesque Anonyme 2 Anonyme 3

Ne s'applique pas Bonnes relations, discussions, coopération Absence de concertation

En résumé, la plupart des participants disent entretenir de bonnes relations avec les autres acteurs. « Ne s’applique pas » a été associé à l’instance se rattachant au participant. Bien sûr, il peut par exemple y avoir de la coopération entre les différentes municipalités, les différentes MRC et les différents OBV, mais cela n’a pas été évoqué et ce n’était pas l’information recherchée. La coopération entre entreprises minières a cependant été mentionnée.

Aucune relation conflictuelle n’a été évoquée, mais entre l’OBVD et les entreprises minières, des deux côtés on a noté une absence de concertation. Anonyme 1 a également dit qu’il y avait une absence de concertation entre son institution et l’OBVD.

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Tableau 18 : Réponses des participants – Q8

La décentralisation de la gestion de l’eau (avec les organismes de bassin versant et le processus de Participants Entreprise - Institution Groupe d'acteurs concertation) permet-elle, selon vous, une meilleure place à la participation citoyenne?

Oui notamment à travers les activités de sensibilisation/éducation que l’OBV peut réaliser dans le cadre Aurélie Le Hénaff OBVD OBV de son mandat La décentralisation est une bonne chose parce qu’elle nous distingue du gouvernement. Pour les OBV plus petits, plus facile pour la participation citoyenne. Mathieu Marsa OBVD OBV Sinon participation principalement pour des activités populaires, pas pour des dossiers environnementaux. Malheureusement, OBV souvent pris pour une association, donc pas d’autorités ni de crédibilité, mais expertise. Instances Sara Richard MRC de Minganie Plus de sensibilisation devrait être faite. municipales Instances Oui, justement les MRC existent pour ça. Près des citoyens. Mais pourquoi créer d’autres organismes pour Anonyme 1 Anonyme municipales se charger de la GIEBV, alors que les MRC pourraient le faire.

Instances Aucune idée, l'OBV fonctionne avec un CA où peuvent siéger des citoyens, mais ultimement, lorsque des Réjean Porlier Ville de Sept-Îles municipales citoyens questionnent des projets ou dénoncent des situations, ils le font auprès de la ville.

Martin-Olivier MFQ, Champions Iron Entreprises Le BAPE permet une transparence, puisque selon le volume d’exploitation, les projets sont soumis à un Lévesque Mines minières processus de consultation publique.

Entreprises Oui, par exemple, pouvoir se concerter avec les résidents des chalets autour serait quelque chose de Anonyme 2 Anonyme minières positif, notamment au niveau de la communication, pour l’acceptation publique

Gouvernement du Oui, c’est le but. Mais il y a encore de l’amélioration à faire dans la stratégie pour que le citoyen Anonyme 3 MELCC Québec s’implique davantage. Je ne devrais peut-être pas dire ça… Oui, mais indirectement. Comme je le disais, je joue un peu le rôle de courroie. Il n’y a pas de lien direct Jean-François Ville de Château- Instances entre les citoyens et l’OBV, mais il y en a un entre le citoyen et la MRC ou la municipalité. Il y a tout de Gervais Richer municipales même des groupes de citoyens aux tables de concertation. Je pense qu’il y a plus de place pour s’exprimer. Cela facilite la communication et permet davantage à chacun d’exprimer son point de vue.

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La réponse des participants à la question Q8, qui se questionne sur la place que la décentralisation permet à la participation citoyenne, semble être plus ou moins positive. On note plusieurs critiques de la part des participants. Notamment Richard qui affirme qu’il manque de sensibilisation. Anonyme 3 abonde dans le même sens, disant que la stratégie devrait être revu pour favoriser l’implication citoyenne. Elle semblait plutôt mal à l’aise d’avoir émis cette critique et semblait même le regretter, même si elle l’avait dite de façon assez sûre et affirmée. Marsa déplore le fait que l’OBVD n’a pas beaucoup d’autorité et qu’il manque de crédibilité en étant souvent pris pour une association. Il réfère sans doute au statut d’OBNL des OBV et au problème institutionnel présenté plus haut, c’est-à-dire la difficulté d’arrimer les limites administratives avec les limites des bassins versants. Anonyme 1 vient un peu appuyer ce fait, dans le sens qu’elle ne semble pas elle-même reconnaître la crédibilité des OBV. Une légère amertume paraissait dans sa voie lorsqu’elle disait que les MRC existent justement dans un but de décentralisation et de proximité avec le citoyen, et qu’elle ne comprenait pas le but de créer des nouveaux organismes pour la gestion de l’eau puisque les MRC pourraient le faire. Porlier et Gervais, quant à eux, affirment que les citoyens ont effectivement plus d’espaces pour s’exprimer, mais qu’ils passent tout de même par les municipalités pour questionner des projets qui concernent davantage l’OBV. C’est finalement à cette question que les participants des entreprises minières parlent de transparence, de communication et d’acceptation publique, comme nous l’avons mentionné à la question Q3. Bien que les entreprises minières se situent actuellement plutôt au niveau de la consultation, on sent qu’il y a une possible ouverture vers la concertation. On voit néanmoins apparaître une distinction entre les acteurs publics qui côtoient au quotidien les citoyens et les acteurs privés. Les premiers trouvent qu’il manque de sensibilisation, et les seconds semblent plutôt confiants dans leurs relations.

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Tableau 19 : Fréquence des codes – Q8

Espace de État de la participation décentralisation Thème citoyenne

Codage Activités Activités éducatives communication de Espace Pas de lien direct OBV- citoyens Manque de sensibilisation OBV différenciés du gouvernement Problème institutionnel 2 3 2 2 1 2 Participants Aurélie Le Hénaff 1 Mathieu Marsa 1 1 1 Sara Richard 1 Anonyme 1 1 Réjean Porlier 1 Jean-François 1 1 Gervais Martin-Olivier 1 Lévesque Anonyme 2 1 Anonyme 3 1

Pour résumer l’analyse de l’influence de la décentralisation sur la participation citoyenne, nous avons divisé les codes selon deux thèmes, un abordant un espace de participation citoyenne, puis un autre se penchant sur l’état de la décentralisation selon les participants. Concernant le premier thème, quelques participants présentent la décentralisation comme un espace favorisant la communication avec le citoyen et l’expression citoyenne, même si les deux participants des municipalités affirment que le lien entre les citoyens et l’OBV ne se fait pas encore de façon directe. L’OBVD explique que la participation citoyenne se fait à travers des activités éducatives. Cependant, concernant l’état de la décentralisation, deux participants affirment qu’il devrait y avoir davantage de sensibilisation. Marsa et Anonyme 1 voit en plus un problème institutionnel dans la décentralisation de la GIEBV.

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Tableau 20 : Réponses des participants - Q9

Comment percevez-vous l’influence de la présence d’entreprises minières sur le territoire de la Côte-Nord? (Selon Participants Entreprise - Institution Groupe d'acteurs des points de vues économiques, politiques et environnementaux) Ils représentent généralement les plus gros employeurs dans notre région donc fort soutien politique. Ils peuvent être Aurélie Le Hénaff OBVD OBV des financeurs potentiels pour nos projets, mais aussi de manière générale (soutien à la communauté), peuvent ainsi avoir une bonne image auprès de la population. Point de vue env. : ils suivent la réglementation. Mathieu Marsa OBVD OBV Duplessis: influences fortes des entreprises minières (politique et économique) Instances Sara Richard MRC de Minganie [N'a pas répondu à la question] municipales Socialement: très positif: employeur, implications communautaires. Instances Occupation du territoire: chemin de fer. Anonyme 1 Anonyme municipales Environnement: pas grand chose au-delà des normes imposées. Les entreprises minières ont des départements environnementaux, restauration pas toujours prise en charge. Instances Je pense que la perception est généralement bonne dans la mesure où la population sent qu'il s'exerce une vigie. Les Réjean Porlier Ville de Sept-Îles municipales projets sont globalement acceptés, mais il doit y avoir des réponses claires aux préoccupations exprimées Martin-Olivier MFQ, Champions Iron Entreprises Plusieurs implications sociales et environnementales. Par exemple : Cancer Fermont. Lévesque Mines minières Avec la gestion des matières résiduelles : diminution de l’empreinte d’enfouissement et de la quantité de GES émis.

Entreprises Bien impliquée dans la communauté. Par exemple: plusieurs dons aux citoyens: méritas pour les élèves, financement Anonyme 2 Anonyme minières pour des festivals (course chiens de traineaux), promouvoit la santé, etc.

Gouvernement Anonyme 3 MELCC [N'a pas répondu à la question] du Québec Jean-François Instances Ville de Château-Richer Économique surtout. Tout le monde les connaît. Tout le monde a besoin de gravier et de sables. Gervais municipales Deux participantes, Richard et Anonyme 3, n’ont pas répondu à la question Q9. Pour les autres participants, plusieurs parlent d’influences importantes au niveau politique et économique et la majorité mentionnent les implications dans la communauté. Anonyme 1 mentionne le fait que les restaurations des sites miniers ne sont pas toujours prises en charge par l’entreprise. Porlier laisse entendre que les citoyens qu’ils représentent n’ont peut-être pas toujours des réponses à leurs préoccupations. L’occupation du territoire mentionnée par Anonyme 1 est un fait intéressant qui a un certain poids politique, social et environnemental également.

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Tableau 21 : Réponses des participants - Q10

Selon vous, qu’est-ce que la responsabilité sociale des entreprises, et de quelle façon cette responsabilité se manifeste Participants Entreprise - Institution Groupe d'acteurs pour les entreprises privées du secteur de Duplessis?

Contribution des entreprises au sein de la communauté (au niveau social, environnemental, économique) au-delà de la Aurélie Le Hénaff OBVD OBV réglementation. Ils financent des projets de nature sociale, parfois environnementale, font des dons à des associations, etc.

J’ai l’impression que c’est un peu du greenwashing, mais ce n’est que mon avis. Difficile de dire quelles sont les valeurs Mathieu Marsa OBVD OBV ou les objectifs prononcés. Bons pourvoyeurs d’emplois. Instances Sara Richard MRC de Minganie [N'a pas répondu à la question] municipales Même réponse que Q9 : Socialement: très positif: employeur, implications communautaires. Instances Occupation du territoire: chemin de fer. Anonyme 1 Anonyme municipales Environnement: pas grand chose au-delà des normes imposées. Les entreprises minières ont des départements environnementaux, restauration pas toujours prise en charge. C'est à géométrie variable. Il y a une plus grande sensibilité quant au rôle de citoyen corporatif lorsque la haute Instances Réjean Porlier Ville de Sept-Îles direction est sur place, c'est ce qu'on observe. On voit des contestations de taxes par des entreprises qui reçoivent des municipales subventions des gouvernements, ce qui ne fait pas de sens.

Martin-Olivier MFQ, Champions Iron Entreprises Même réponse que Q9 : Plusieurs implications sociales et environnementales. Par exemple : Cancer Fermont. Lévesque Mines minières Avec la gestion des matières résiduelles : diminution de l’empreinte d’enfouissement et de la quantité de GES émis.

Entreprises Même réponse que Q9 : Bien impliquée dans la communauté. Par exemple: plusieurs dons aux citoyens: méritas pour Anonyme 2 Anonyme minières les élèves, financement pour des festivals (course chiens de traineaux), promouvoit la santé, etc.

Gouvernement du Anonyme 3 MELCC [N'a pas répondu à la question] Québec Jean-François Instances Ville de Château-Richer [Ne s'applique pas, différent secteur] Gervais municipales Essentiellement, trois participants ont répondu à Q10 en élaborant plus précisément sur le sujet de la RSE. Marsa interprète la RSE comme du greenwashing. Sans se faire un fervent défenseur de cette idée, il tient à nous en faire part, avec un ton à la fois résilient et légèrement lasse, mais plutôt convaincu. Il appuie son propos en disant qu’il est souvent difficile de connaître les valeurs ou les objectifs prononcés.

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Porlier dénonce les contestations de taxes qui ont lieu de la part de certaines entreprises minières auprès des villes. Selon lui ça ne fait pas de sens, d’autant plus que ces entreprises sont subventionnées. Il s’agit d’une problématique que l’Union des municipalités du Québec prend au sérieux parce qu’elle est assez répandue. Fait intéressant, Porlier remarque que lorsque la direction est sur place, une plus grande sensibilité de RSE est observée. Cela entre en concordance avec les propos de Lévesque qui parle fièrement de sa direction dans les autres commentaires au tableau 23, affirmant qu’il sent une volonté de transparence et que, parce qu’il s’agit d’une direction québécoise, il lui semble qu’elle a la volonté de rendre fière la population.

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Tableau 22 : Fréquence des codes - Q9 et Q10

Thème RSE

Codage Financement de projets sociaux sociaux projets de Financement dans la et environnementaux communauté d'emploisPourvoyeur Construction d'infrastructures Contestations de taxes Greenwashing Plus grande sensibilité d'une direction locale Problème de restauration des sites 4 2 2 1 1 2 1 Participants Aurélie Le Hénaff 1 1 Mathieu Marsa 1 1 Sara Richard Anonyme 1 1 1 1 Réjean Porlier 1 1 1 Jean-François Gervais Martin-Olivier 1 1 Lévesque Anonyme 2 1 Anonyme 3

Q9 et Q10 ont été jumelées pour l’analyse puisqu’elles s’intéressent sensiblement au même sujet, soit l’influence des entreprises minières sur le territoire selon un point de vue de RSE, mais également parce qu’à la question Q10, trois participants n’ont pas répondu et trois autres se sont référés à la question Q9 pour répondre.

On remarque que le financement qu’elles offrent à leur communauté d’accueil est généralement vu comme un bon comportement qui affecte positivement l’aspect social, mais aussi environnemental. Elles ont bien sûr une influence économique et sont d’importantes employeuses. On remarque que les critiques sont présentes, mais plutôt discrètes, car aucune n’est abordée par plus d’une personne.

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Tableau 23 : Compléments de réponses au questionnaire

Participants Entreprise - Institution Groupe d'acteurs Autres commentaires

Aurélie Le Hénaff OBVD OBV x Problème de structure (niveau) Mathieu Marsa OBVD OBV Expertise développée, mais concertation délaissée. Revenir sur les 3 mandats. Instances Sara Richard MRC de Minganie x municipales OBVD plus scientifique. Ne font pas de concertation, MRC pourrait le faire, mais actuellement de fait Instances pas de GIEBV. Pas de collaboration concrète en aménagement du territoire. Anonyme 1 Anonyme municipales Problème pour eux: immense territoire et peu de financement. Défis des TNO: plusieurs activités clandestines L'acceptabilité sociale passe par une meilleure connaissance des impacts environnementaux. La solution Instances Réjean Porlier Ville de Sept-Îles passe par la mise en place d'une vigie pour suivre l'évolution des projets. Que ce soit pour l'eau ou pour municipales l'air. Martin-Olivier MFQ, Champions Iron Entreprises minières MFQ c'est québécois et on sent qu'il y a un désir d'être transparent et de rendre fière la population. Lévesque Mines

Anonyme 2 Anonyme Entreprises minières x

La Direction générale des politiques de l’eau est une plateforme, le lien entre les OBV et le ministre. Le PDE est analysé par 12 ministères, donc après cela le rend légitime et lui donne une belle reconnaissance. Il existe des tables avec le gouvernement, mais sinon ne participe pas en tant qu’acteur. Gouvernement du Anonyme 3 MELCC Participation est plutôt que les OBV doivent rendre compte de leurs tables : livrables obligatoires. Celui- Québec ci n’est pas qualitatif (il ne rend pas compte de la participation active ou non des différents acteurs), mais quantitatif : liste des personnes qui siègent sur la table et leur provenance (secteur d’activité). 6 grands groupes d’enjeux PDE : qualité, diversité, etc. Jean-François Instances Ville de Château-Richer x Gervais municipales Ce qui est à noter dans les autres commentaires est d’abord celui de Lévesque dont nous avons discuté plus haut. Puis, il y a celui de Marsa qui fait un genre de compte-rendu en terminant, laissant entendre qu’il pourrait être pertinent de revoir les trois mandats des OBV. Anonyme 1 fait elle aussi un compte-rendu. Elle affirme qu’il n’y a pas de collaboration concrète en aménagement du

70 territoire, ce que contredisent les propos de Richard à la question Q5 affirmant que le SAD de la MRC de Minganie était révisé en table de concertation avec l’OBVD. Anonyme 1 mentionne également le défi associé aux activités clandestines en TNO. Pour Porlier, le développement des connaissances et la surveillance des projets sont essentiels à la mise en place de la gestion de l’eau. Finalement, Anonyme 3 complète en disant que comme le PDE doit être approuvé par 12 ministères, cela lui confère une légitimité et une belle reconnaissance.

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4.2 Développement du Québec, ressource en eau et mines Avant d’entrer dans la discussion, ce court chapitre aborde brièvement l’avenir du contexte d’exploitation des ressources minières et hydriques au Québec. Il apparaît pertinent de s’intéresser à la prospection minière et aux possibilités de développement minier et de l’impact que cela pourrait avoir sur la ressource en eau. Si nous nous sommes penchés sur le cas de la Côte-Nord où l’on retrouve 4 sites miniers actifs à l’heure actuelle, plusieurs autres régions du Québec ont des bassins versants pouvant être affectés par l’exploitation minière. Le projet du Plan Nord prend une place centrale dans ce chapitre, puisqu’il prédispose le territoire du nord a une augmentation de la présence d’entreprises privées, principalement minières, alors que les encadrements juridiques et légaux ne sont pas les mêmes qu’au Québec méridional, et sont en fait peu présents. Le but de ce chapitre est donc de voir au- delà de notre territoire d’étude afin d’avoir une vision plus large de la problématique.

La Société du Plan Nord (SPN) cherche à prendre avantage du territoire dans un but de croissance économique, mais aussi de développement social. Elle a prévu également « Consacrer, d’ici 2035, 50 % du territoire du Plan Nord à des fins autres qu’industrielles, de même qu’à la protection de l’environnement et à la sauvegarde de la biodiversité » (SPN, 2019 :13).

La SPN mise gros sur la région de la Côte-Nord. Une augmentation de l’exploitation et de la prospection minière est anticipée (SPN, 2015). En effet, en plus des entreprises que nous connaissons déjà, il y en a plusieurs autres qui œuvrent déjà sur le territoire du Plan Nord. C’est le cas entre autres de TataSteel, une entreprise indienne qui exploite également le fer de la fosse du Labrador, près de Schefferville, tout comme l’entreprise Labrador Iron Mines. D’autres compagnies minières exploitant des sites miniers au Labrador utilisent les infrastructures ferroviaires et portuaires du Québec, permettant de poursuivre la transformation du minerai et de l’exporter ensuite. Le chemin de fer Arnaud permet le transit du fer à partir de la fosse du Labrador jusqu’à Pointe-Noire, une société formée d’un partenariat privé et public (SFP Pointe-Noire, 2019), à proximité de Sept-Îles. On y trouve une usine de bouletage et beaucoup d’infrastructures participant au processus d’exploitation minière. Ce couloir ferroviaire risque ainsi de devenir de plus en plus emprunté dans un

72 avenir rapproché. Il y a également un projet de chemin de fer qui relierait les projets miniers de Dolbeau-Mistassini au port de Baie-Comeau (Le Quotidien, 2019).

Dans le rapport d’activité 2018-2019 du Plan Nord, on note une augmentation croissante du nombre d’entreprises minières sur le territoire. Ce qui justifie que l’on soulève l’enjeu de la gestion de l’eau au nord du 49e parallèle, là où il n’y a pas d’OBV. La région du Nord-du- Québec contient à elle seule 110 104 km2 de milieux humides (tourbières, marais, marécages, eaux peu profondes) et une impressionnante quantité de lacs et rivières. (Pellerin et Poulin, 2013). Or, selon un reportage de Radio-Canada, « Québec permet la destruction gratuite de l’environnement au nord du 49e parallèle » (Gerbet, 2018). En effet, tel qu’énoncé dans le Règlement sur la compensation pour l’atteinte aux milieux humides et hydriques (Q- 2, r.9.1), le nord du 49e parallèle est exempté de la loi, à l’exception de quelques municipalités (au nord du lac Saint-Jean et le long de la côte dans la région de la Côte-Nord). Comme le souligne Thomas Gerbet dans son article, cela exclue ainsi une importante part des municipalités où ont lieu la majorité des exploitations minières, comme Fermont, Schefferville, Lebel-sur-Quévillon, Chibougamau, Chapais et Matagami (Ibid.). Les milieux humides et hydriques sont importants pour l’équilibre des écosystèmes du nord québécois, et les ressources hydriques sont tout simplement essentiel à la vie.

Bourassa et Auzel (2012) font état de l’exposition aux changements climatiques de la faune et de la flore nordiques dans le Nunavik, au-delà donc du 55e parallèle, et de la fragilité des écosystèmes. Selon eux, il faut que le gouvernement crée un réseau de parcs nordiques composés d’aires protégées et que les autochtones fassent partie intégrante de la gestion de ceux-ci, en tant qu’observateurs du milieux dotés de connaissances spécifiques sur l’évolution de la faune et de la flore nordiques. En collaboration avec les scientifiques, ils sont des conseillers avisés pour la conservation écologique et culturelle du nord du Québec selon une approche écosystémique (Bourassa et Auzel, 2012). Pour eux, il y est primordial que la gestion des parcs intègre la participation active des peuples autochtones, en plus de tenir compte de toutes les activités humaines qui pourraient créées un effet d’amplification des changements climatiques en venant bouleverser davantage les écosystèmes nordiques, comme les exploitations minières, pétrolières et gazières (Ibid.). Un réseau d’aires protégées

73 permettrait l’atténuation des effets des changements climatiques et de leur amplification due au développement prévu dans le nord. Ces experts affirme qu’il existe encore beaucoup de préjugées entre les populations découlant des colons européens et les Premières Nations, d’un côté comme de l’autre, et que l’inclusion dans le projet de réseau de parcs doit inclure toutes les parties prenantes, et doit également faire l’objet d’un suivi continuel (Ibid.).

Or, si le financement du Plan Nord repose sur la vitalité des activités minières, il est envisageable que les priorités d’action du gouvernement seront liées aux activités rentables, délaissant les mesures sociales qui, comme la protection de 50 % du territoire, confèrent au Plan Nord son caractère inédit. (Brun, Harbour- Marsan, Lasserre et Mottet, 2017 :320).

D’où l’importance que les compagnies qui mènent ces activités fassent partie d’un processus de concertation avec les communautés qui occupent le territoire. La concertation peut évidemment englober plus large que la gestion de l’eau, pour aller dans le même sens que Bourassa et Auzel (2012) et inclure tout un réseau d’aires protégées. Les mesures sociales du Plan Nord sont en effet indispensables compte tenu des conditions de vie déplorables actuellement dans le nord québécois (Brun, Harbour-Marsan, Lasserre et Mottet, 2017).

Dans l’histoire du Québec, l’industrie minière a tout de même eut un apport considérable au développement de l’aménagement du territoire (Ibid.). Il est vrai qu’en terme d’accessibilité au territoire, elle a un rôle important, puisque cela permet la connexion des différents milieux et ouvre le territoire. Néanmoins, ces infrastructures ne servent principalement qu’à l’exploitation des ressources naturelles, et pas nécessairement aux communautés autochtones. Il n’est pas précisément défini qui s’occupera de pallier les problématiques sociales et environnementales (changements climatiques et pollution des milieux naturels). Aucun plan de gestion de l’eau n’a été produit par rapport à cela. Sachant que l’alimentation en eau est une problématique très importante pour plusieurs communautés autochtones, cela devrait être une priorité.

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Chapitre 5 : Discussion Ce chapitre sert à mettre en lumière les différents constats qui émanent de l’analyse et de l’interprétation des réponses données par nos participants lors des entrevues en les mettant en relation avec les concepts et la théorie détaillés au chapitre 2, tout en tenant compte du contexte de planification d’un développement du nord de la province présenté au chapitre 4.

Rappelons que notre objectif principal était d’évaluer le processus de concertation en tant qu’outil pour la gouvernance participative de la GIEBV et la participation des entreprises minières à celui-ci. L’hypothèse comportait deux volets principaux. D’abord qu’il n’est pas dans l’intérêt des minières de participer à la concertation, puis, qu’il est difficile de planifier la GIEBV par l’entremise d’une concertation volontaire.

Nous comprenons déjà que notre hypothèse de départ ne s’est pas complètement avérée et que la situation est plus complexe. Dans les faits, les compagnies minières ne participent effectivement pas à la concertation, mais on ne peut pas confirmer que cela soit dû à un manque d’intérêt de leur part. Les participants des entreprises minières ne se sont pas montrés fermés à la concertation, mais la définition de ce qu’est la concertation semble plutôt ambigüe. C’est ce qui a été relevé aussi par Marsa. Pour l’instant, on comprend que ces entreprises en sont plutôt au stade de consultation. Le participant Anonyme 2 répondait aux questions avec une certaine spontanéité enthousiaste et semblait plutôt optimiste dans ses réponses. Cependant, à la fin de l’entretien, il semblait finalement mal à l’aise et paraissait même regretter avoir répondu à notre questionnaire. C’est sans doute pourquoi, en plus de conserver son propre anonymat, il a préféré préserver l’anonymat de son employeur également. Lévesque de son côté a également fait preuve de bonne foi en répondant du mieux qu’il pouvait aux questions, pouvant se permettre d’aller plus dans les détails en ce qui a trait au processus technique de gestion des eaux du sites miniers, étant donné que la chercheuse était sur place avec lui. Il semblait toutefois moins à l’aise à discuter de la concertation et des OBV, puisqu’il ne paraissait pas bien connaitre les mandats de ceux-ci.

Le problème du manque de concertation a pu être notamment expliqué par le faible financement de l’OBVD qui n’avait pas les moyens de mettre la concertation en priorité,

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étant donné le peu de ressources humaines et le besoin premier d’établir le portrait pour chacun des 104 bassins versants de son territoire. L’OBVD a lui-même confirmé que la concertation n’avait pas été une priorité dans les dernières années étant donnés ces obstacles. Il n’est donc pas possible d’affirmer qu’il s’agit d’un manque d’intérêt de la part des entreprises minières. Ibrahim, avec qui nous avions parlé lors de la définition de notre problématique, affirmait qu’il était difficile d’amener ces compagnies à se concerter, parce que ça n’était pas dans leur intérêt. Or, si lui l’affirmait clairement, ce n’était pas le cas des membres actuels de l’OBVD qui disaient plutôt ne pas entretenir de dialogues avec elles.

Afin de s’intéresser davantage à la question d’intérêt, il importe de se référer à la théorie de l’acteur stratégique de Crozier et Friedberg (1992). Cette théorie s’intéresse au comportement de l’acteur, c’est-à-dire de l’individu, mais l’on peut considérer également les institutions et les entreprises comme des actrices. Elle explique que ce qui pousse l’acteur à agir ou à changer son comportement est lorsqu’il doit améliorer ou défendre sa situation. Cette situation, pour les entreprises minières, est particulièrement influencée par le marché et les fluctuations du prix du fer. Son intérêt en ce sens se situe au niveau de la rentabilité économique. Or, leur situation peut également être influencée par l’acceptabilité sociale. Comme nous l’avons vu plus haut, des mobilisations citoyennes ont déjà mené à la faillite de multinationales. Les entreprises ont donc un certain intérêt à adopter un comportement de RSE.

Du côté de l’OBVD, son intérêt se situe au niveau de la réussite de son mandat, c’est-à-dire planifier une GIEBV à l’aide du PDE. La concertation peut se faire à toutes les étapes du PDE, mais elle est particulièrement importante et présente lors de la définition d’un plan d’action commun pour répondre aux enjeux. L’immensité du territoire et la variété des acteurs qui y sont dispersés, en plus du problème de financement déjà mentionné et, par conséquent, des ressources humaines limitées leur ont rendu la tâche difficile. Avant de se concerter sur les stratégies à prendre pour s’attaquer aux enjeux du territoire, il faut évidemment commencer par la caractérisation des bassins versant et identifier quels enjeux les affectent. Avec ses 104 bassins versants et le peu d’employés, l’OBVD, comme Marsa nous l’a dit, s’est concentré sur l’accroissement des connaissances. Gervais, selon son

76 expérience, nous a fait constater que la concertation ne permet pas seulement de mieux connaitre les territoires des bassins versants, mais également de bien connaitre les différents acteurs et leurs différentes relations avec la ressource en eau. L’OBVD semble encore peu présent en milieu éloigné. En plus d’être vaste, le territoire ne possède pas un réseau routier particulièrement développé en raison de la faible densité de population, ce qui rend les déplacements difficiles pour l’organisme.

Durant les entrevues, si les membres de l’OBVD ont justifié le manque de concertation selon toutes les problématiques énumérées plus haut, ils ont affirmé qu’elle serait davantage mise de l’avant maintenant que l’équipe s’est un peu agrandie. Ils n’ont pas démontré d’intérêt particulier à inclure les entreprises minières dans le processus. Ils ont mentionné que la gestion de l’eau des sites miniers était le rôle des entreprises et celui du ministère de l’environnement. Le ministère ne semble pas participer non plus à la concertation. On a l’impression donc que la gestion de l’eau des mines n’est pas intégrée dans la GIEBV.

En abordant le concept de gouvernance, nous avons vu que la gouvernance participative (bottom-up) s’oppose à la gouvernance traditionnelle qui réfère à l’action de gouverner du gouvernement, qui contrôle et gère (top-down), puisqu’elle est basée sur la concertation des parties prenantes et la bonne volonté de chacune d’elles, ce qui, selon Létourneau (2008) nécessite d’excellentes compétences de communication et des habiletés de négociation (Létourneau dans Choquette et Létourneau (dir.), 2008). Il a été possible de constater, tout au long de ce mémoire, qu’en ce qui a trait aux politiques de gestion des eaux, et même plus largement aux politiques environnementales, c’est la gouvernance participative et volontaire qui est mise de l’avant plutôt que la gouvernance traditionnelle (Theys, 2003). Cela peut être entre autres dû à la popularisation du développement durable qui propose ce nouveau paradigme de gouvernance basée sur la participation citoyenne et au caractère collectif de la ressource en eau. Néanmoins, selon notre interprétation des entrevues, on constate que tout ce qui est ressorti réfère généralement à un cadre administratif, et que rien n’est issu uniquement de la bonne volonté des acteurs. Il y a donc une contradiction entre ce dont les participants témoignent et ce qui est souhaité par la loi. Il faut essentiellement que ce soit dans l’intérêt des instances de participer, et non qu’elles y voient une contrainte. Pour les

77 municipalités et les MRC, il semble tout à fait dans leur intérêt de collaborer avec les OBV étant données leurs compétences se rattachant à la ressource en eau.

Nous avons tout de même vu qu’Anonyme 1 remettait en question la pertinence des OBV. Selon Létourneau (2008), si les MRC ne reconnaissent pas le pouvoir des OBV, il devient difficile d’arrimer PDE et SAD. Le soutien des MRC est selon lui essentiel. Beaulieu (2008) affirme que la relation avec les parties prenantes est essentielle pour la reconnaissance et la crédibilité des OBV. Or, la communication semble à améliorer, puisqu’on a l’impression que certains participants semblent méfiants à aborder certains sujets, entre autres celui de la responsabilité sociale des entreprises minières de la Côte-Nord. Peut-être les acteurs essaient justement d’éviter des conflits au point où ils préfèrent ne pas en trop en parler. Il faut rappeler également que les acteurs concernés par un PDE n’ont aucune obligation de le consulter (Beaulieu dans Choquette et Létourneau (dir.), 2008 :237). Ainsi, pour les acteurs concernés qui ne se concertent pas, s’ils ne tiennent pas non plus compte du PDE, on ne peut pas parler de gestion intégrée.

Une gouvernance participative et multiniveaux pour les OBV devient difficile en termes de légitimité face à leurs parties prenantes puisqu’ils ont un statut d’OBNL. Anonyme 3 nous expliquait qu’étant donné que le PDE doit être analysé et approuvé par 12 ministères, cela lui conférait une légitimité. Il est vrai que cela permet une reconnaissance considérable, mais cette même reconnaissance devrait se retrouver chez les parties prenantes des OBV. Pour l’instant, ce semble le cas de la majorité des acteurs, mais il manque certains acteurs clés comme des MRC et des entreprises privées.

Figure 9 : Échelle de gouvernance

Le figure 8 ci-dessus reprend exactement la figure 1 du chapitre 2. Elle représente la relation entre le gouvernement et les citoyens. Selon l’état de cette relation, on se retrouve davantage dans une gouvernance top-down, à gauche, ou bottom-up, à droite. Elle est intéressante pour 78 s’attarder un peu plus à la participation citoyenne qui est censée être favorisée par la décentralisation. Plusieurs participants nous avaient répondu qu’il y avait une certaine amélioration de ce côté, car la communication entre les parties prenantes s’est réellement améliorée. Néanmoins, plusieurs ont affirmé que beaucoup de travail restait à faire. Si on tente de situer la relation entre les citoyens et le gouvernement dans cette échelle selon le contexte de la GIEBV, cela apparaît difficile de le faire, étant donné que les ministères impliqués dans la gestion de la ressource en eau ne sont pas directement en contact avec le citoyen. Le MELCC l’est via les OBV. Les citoyens peuvent s’impliquer dans les discussions, sauf que selon certains participants, ils ne sont pas nécessairement au courant de cette possibilité et les moyens pour y arriver ne sont pas toujours évidents.

Le gouvernement provincial encadre la GIEBV, mais les municipalités locales et les MRC ont des pouvoirs décisionnels pour la gestion de l’eau et c’est justement avec ces instances que les OBV collaborent le plus, sans pour autant pouvoir exiger quoique ce soit de leur part. La concertation permet un travail collaboratif et donc multilatéral et multiniveau. Tout le monde a le droit de s’exprimer équitablement, même s’il existe une hiérarchie entre les rôles de chacun. Cependant, si une personne ne joue pas le rôle qu’elle doit jouer à son niveau de gestion, les autres niveaux seront certainement limités dans leur fonction. De plus, la place de l’OBV dans la hiérarchie est ambigüe.

Pour la suite de la discussion, nous allons nous attarder davantage sur les objectifs secondaires. D’abord l’un d’entre eux s’intéressait à l’implication des différents acteurs, ainsi qu’à leur niveau de connaissances sur la GIEBV. Nous n’avons pas interrogé de citoyens, mais la participation citoyenne a été abordée avec la décentralisation à la question Q8. Les participants provenant de municipalités ont évoqué que si la décentralisation permettait effectivement aux citoyens de s’exprimer et de s’impliquer davantage, ultimement ceux-ci passent encore par la ville pour des sujets qui concernent les OBV. Une citoyenne innue originaire de la Côte-Nord, nous avait avoué lors d’une discussion informelle que bien qu’elle ait à cœur la protection des rivières et des lacs, si on lui parlait d’OBV, de PNE et de concertation, elle trouvait que c’était trop technique et politique pour elle. La GIEBV ne semble pas accessible aux citoyens telle qu’elle est communiquée actuellement. C’est sans

79 doute pourquoi certains participants ont parlé d’un manque de sensibilisation. Les OBV ont donc besoin davantage de visibilité dans la population. Ils font des activités éducatives auprès des citoyens, mais leur rôle est mal connu concernant les projets environnementaux, comme nous l’ont dit les participants des villes. Surtout, il faut qu’il y ait une vulgarisation scientifique et politique des contextes et des enjeux englobant les bassins versants si l’on souhaite une réelle démocratisation de GIEBV.

Les municipalités sont clairement les plus impliquées dans la GIEBV. Les participants du milieu municipal connaissent plutôt bien le PDE et l’expertise des OBV, mais les rôles de concertation et de sensibilisation semblent davantage connus du côté des MRC. Bien que les villes soient présentes aux tables de concertation et connaissent le rôle qu’elles doivent y jouer, l’échelle régionale des MRC semble davantage s’arrimer avec le contexte de GIEBV. Celles-ci semblent de plus les mieux informés sur le sujet.

Les participants des entreprises minières connaissent les OBV principalement à cause des études de cas qu’ils font à prix bon marché, bien que plusieurs experts travaillent au sein des compagnies minières. Il n’y a pas de doute que ces entreprises ont d’excellentes connaissances sur la gestion des eaux de leurs sites. Elles semblent toutefois moins informées concernant les mandats des OBV pour mettre en œuvre la GIEBV. La consultation semble pour elles un point fort pour la participation citoyenne. On peut effectivement se demander, qu’est-ce que la concertation apporte de plus que la consultation? Anonyme 3 du MELCC y avait répondu en parlant de la responsabilisation des acteurs et Porlier avait parlé d’un partage de connaissances, ce qu’on ne retrouve pas dans la consultation qui consiste essentiellement à exposer un projet, puis à écouter les points de vue des citoyens de la communauté affectée par ce projet. Cela n’implique pas de devoir en tenir compte dans la gestion, comme c’est le cas de la concertation. Les OBV doivent inclure les enjeux relevés par leurs parties prenantes dans le PDE, cependant celles-ci n’ont pas d’obligation d’en tenir compte dans leur gestion respective, ce qui n’est pas logique. Selon le MDDEP (2004) : Le succès d’une approche efficace et fonctionnelle de concertation des acteurs de l’eau, essentielle à la mise en œuvre d’une gestion intégrée de l’eau, repose donc sur le dynamisme local et le sentiment d’appartenance de ces acteurs eu égard à leurs ressources en eau et à leur bassin versant. (MDDEP, 2004:8).

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La notion de sentiment d’appartenance nous ramène avec ce qu’avaient remarqué Porlier et Lévesque, c’est-à-dire que lorsque la direction de l’entreprise est sur place, on sent une plus grande sensibilité envers son milieu pouvant influer sur son comportement de RSE.

Pour que chaque acteur se sente impliqué et soit responsabilisé, il faudrait qu’ils soient tous présents à la table, ce qui devrait inclure les ministères concernés et les entreprises privées. Les connaissances sur les différents aspects de la GIEBV ne semblent pas être partagées entre les ministères impliqués dans le processus. Le MERN ne semble pas être très connecté avec la GIEBV, bien que l’eau soit une ressource naturelle et qu’elle soit utilisée pour la création d’énergie ou pour l’exploitation d’autres ressources naturelles. Le MELCC ne semble pas non plus très présent sur le terrain.

Un second objectif secondaire était d’évaluer le poids de l’industrie minière sur le territoire. Le poids socio-économique est particulièrement ressorti dans le discours des participants. Il a été mentionné entre autres la création d’emplois, mais surtout le financement de projets sociaux et environnementaux par les compagnies minières pour les communautés. Anonyme 1 a également mentionné l’occupation du territoire, et on peut ajouter à cela l’ouverture sur le territoire avec la construction de chemin de fer et de routes, en plus de la construction d’autres infrastructures comme les usines de traitements des eaux.

Par rapport au poids environnemental de l’industrie minière de la Côte-Nord, outre le financement de certains projets et l’application des normes, les participants perçoivent une certaine pression sur l’environnement due à la présence des sites miniers. Ils ont notamment évoqué les déversements d’hydrocarbure provenant de certaines installations et le problème de restauration de certains sites. S’ajoute à cela la destruction de milieux humides et hydriques pour pouvoir procéder à l’exploitation et construire les infrastructures nécessaires.

Si l’on considère le poids de l’industrie minière dans le projet du Plan Nord, on comprend déjà que le poids économique sera dominant. Allant de pair avec celui-ci, les entreprises minières auront un poids politique particulièrement important puisque toute la rentabilité du projet repose sur la présence des entreprises extractives, et particulièrement dans le secteur

81 minier (Brun, Harbour-Marsan, Lasserre et Mottet, 2017). Cela constituera donc la principale menace pour la ressource en eau au nord du 49e parallèle.

Le dernier objectif secondaire concerne les relations qu’entretiennent les parties prenantes de Duplessis entre elles. Bien que tous les participants nous aient dit avoir principalement de bonnes relations avec les autres acteurs de l’eau, l’OBVD a admis qu’il n’y avait pas de relation de concertation entre eux et les entreprises minières. Ce qui a été confirmé par celles- ci. Également si aucun conflit n’a été dénoncé comme tel, certains conflits semblent se cacher dans les critiques faites par les participants au sujet du comportement des compagnies minières. Nous faisons référence ici aux contestations de taxes abordées par Porlier, au greenwashing perçu par Marsa et au problème de restauration des sites qu’Anonyme 1 aborde. Ces perceptions, si elle n’oblige pas qu’il y est un conflit, nous indique tout de même une certaine protestation. Cela peut ajouter aux difficultés relationnelles entre les parties. On voit tout de même la mise en place de certains projets collaboratifs. Porlier avait donné l’exemple de l’Observatoire de la Baie de Sept-Îles, qui est mené par l’Institut nordique de recherche en environnement et en santé au travail (INREST) et subventionné par le Plan Nord et les industries. Le Plan Nord investit donc déjà dans les régions où le gouvernement souhaite l’implanter.

Cependant, malgré les constats qui viennent d’être discutés, il n’y a pas d’importants risques de pollution d’origine minière venant des exploitations minières qui sont localisées sur notre territoire d’étude. En effet, comme nous l’avait fait remarquer Lévesque, l’exploitation du fer utilise de l’eau et pas de produits chimiques, et la principale pollution qui peut être engendrée est l’augmentation de matières en suspension dans l’eau. C’est peut-être la raison pour laquelle peu de nos participants semblaient alarmés par l’état de la ressource en eau ni par la pollution d’origine minière. Donc, il n’y a pas l’urgence d’agir qui pourrait pousser les acteurs à modifier leurs comportements. Il reste que des lacs et des milieux humides ont dû être détruits et des cours d’eau déviés. Si MFQ a déjà établi son plan de restauration qui durerait pendant 5 ans après l’exploitation de la mine, on ne sait pas si c’est le cas pour les autres entreprises, et on a vu qu’il n’était pas rare au Québec de retrouver des haldes de stériles à l’abandon (voir annexe 3). De plus, la GIEBV est censée prévenir les pollutions des

82 eaux et s’assurer de la pérennité de la ressource et des milieux humides et hydriques. Il s’agit donc d’un principe de précaution, mais aussi de démocratie quant à la gestion de notre territoire. Grâce à notre recherche documentaire, nous avons notés qu’ailleurs dans le monde les discussions avec les parties prenantes avaient mené à de bons compromis sociaux et environnementaux sans empêcher l’exploitation de ressources naturelles. Cela avait eu de bons impacts sur la gestion de la ressource en eau et sur les relations entre les parties.

La concertation permettrait d’impliquer tous les acteurs au même titre que les instances municipales, en fonction évidemment de leurs compétences respectives et de leur relation avec la ressource. Cela permettrait également des discussions avec les citoyens qui soient axées sur des échanges de connaissances et d’informations plutôt que sur la vente ou la dénonciation d’un projet d’exploitation. Quasiment toutes les entreprises minières font partie d’une association qui met de l’avant le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises et qui établit des règles auxquels ses membres doivent se conformer. Beaucoup de normes et de directives sont en place, mais le caractère volontaire semble être prioritaire pour que l’environnement soit au cœur des préoccupations. Il n’existe pas de sanction dans le cas de non-conformité aux règlements. Puis, nous l’avons vu avec le cautionnement environnemental, les minières au Québec n’ont à payer que 70% de la caution environnementale et cela peut se faire seulement à la fin de l’exploitation. Ce qui n’est ni contraignant ni incitatif.

Le caractère volontaire semble être problématique. Nous avons évoqué la question de l’intérêt des acteurs à participer à la GIEBV. Nous avons aussi vu que la mobilisation citoyenne a le pouvoir de modifier le comportement des entreprises privées et de faire évoluer la RSE. Si la population était mieux informée du rôle des OBV, elle pourrait en quelque sorte exiger que les tables de concertation réunissent chaque acteur d’un bassin versant, incluant les industries. Les pressions sociales sont en effet de plus en plus fortes quant à la protection de l’environnement. Pour faire référence à ce qu’ont perçu deux participants, que les entreprises locales semblent faire plus d’efforts pour la RSE, peut-être que le Plan Nord pourrait favoriser une majorité d’entreprises québécoises, puisque l’ancrage géographique semble avoir une influence positive sur le comportement des acteurs privés. Bien sûr, le but

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étant la rentabilité économique, le gouvernement mise beaucoup sur les investissements étrangers.

Finalement, pour clore la discussion, nous soutenons que la place de l’OBV de la hiérarchie devrait être plus claire, puisqu’il est essentiel que leur légitimité soit reconnue par toutes leurs parties prenantes. Marsa propose de revoir les trois mandats, et il semblerait que le statut juridique des OBV gagnerait à être revu également. Le rapport du commissaire au développement durable paru tout récemment en juin 2020 a émis quelques constats par rapport à la GIRE dans un contexte de conservation des ressources en eau. Ce rapport du Vérificateur général est présenté à l’Assemblée nationale et il analyse les agissements du gouvernement à ce sujet. Notamment, il admet que la diffusion d’informations et de connaissances sur la ressource en eau est insuffisante et inadéquate de la part du MELCC, censé joué un rôle central dans la GIEBV. Puis, le Vérificateur général juge que le MELCC et MAMH n’appuient pas suffisamment les OBV dans leur travail, en plus qu’ils participent très peu aux tables de concertation. Le MAMH doit prendre une place importante effectivement si l’on veut inclure correctement la conservation de l’eau dans l’aménagement du territoire. Le Vérificateur trouve à cet effet que l’engagement des différents ministères n’est pas bien coordonné par le MELCC. L’engagement du gouvernement est essentiel pour la légitimité des OBV et l’intégration de la GIRE dans la planification du territoire. Une multiplicité d’acteurs ne devrait pas correspondre à du volontariat lorsqu’il s’agit d’une ressource aussi importante que l’eau. L’État se doit de veiller au respect des normes, quitte à sanctionner les acteurs qui ne s’accommoderaient pas à celles-ci. Il doit être en mesure de gérer les priorités que les membres des OBV ont identifié suite à un long travail de caractérisation des bassins versants.

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Conclusion Le but de cette recherche a été d’évaluer le processus de concertation chargé de coordonner la GIEBV. Elle a consisté en une étude de cas délimité par la ZGIEBV de Duplessis, dans la région de la Côte-Nord. Le choix de se concentrer sur la participation des entreprises minières à ce processus est dû au fait qu’on retrouve peu de population dans ce secteur et pratiquement pas d’agriculture. Les secteurs forestier, énergétiques et miniers sont donc les plus susceptibles d’engendrer des impacts sur la ressource en eau. De plus, énormément de prospection minière a lieu dans cette région et plusieurs claims sont actifs. Dans le Plan Nord, on prévoit que l’industrie minière y aura une place centrale et ses poids économique et politique risquent qu’alors de s’alourdir.

Les OBV au Québec doivent accomplir trois mandats, soit, organiser la concertation autour de la gestion de l’eau, informer et sensibiliser, ainsi que rédiger un PDE qui implique un travail de caractérisation des bassins versants. Les difficultés qu’ils connaissent dans l’application de ceux-ci sont entre autres le problème de financement, impliquant un manque de ressources humaines, et un problème institutionnel, résultant un manque d’autorité. Avec l’aide d’entrevues auprès de différents acteurs, nous avons pu constater que la gouvernance participative semble admise par les institutions publiques, mais que pour le reste des acteurs, citoyens et acteurs privés, cela semble un peu plus flou. La majorité des participants à notre étude ont affirmé avoir un besoin d’améliorer la transparence et la participation citoyenne, ce qui démontre un intérêt de ce côté. Pour que tous se sentent impliqués, il faut adapter le langage politique attaché à la gestion de l’eau et démocratiser davantage sa pratique, ce qui est tout de même sur la bonne voie. L’importance d’informer la population est d’autant plus importante avec l’avènement des changements climatiques et le développement du nord de la province.

Le processus de concertation est un bon outil de planification. Cependant, pour que les normes environnementales soient respectées et la qualité de l’eau préservée, il faut un suivi environnemental plus rigoureux auquel les OBV pourraient participer. Leur crédibilité en serait peut-être accrue. Des sanctions doivent être appliquées en cas de non-respect de ces normes, parce que dans les faits, les acteurs n’agissent pas par simple volonté, mais plutôt

85 selon un cadre établi. Il n’est cependant pas trop idéaliste d’affirmer qu’une meilleure participation citoyenne aurait le potentiel d’attiser cette volonté. Il faut souligner que le travail des OBV de rédiger un PDE a permis d’améliorer de manière importante les connaissances que nous avons de notre territoire, surtout en ce qui a trait aux ressources hydriques. La GIEBV propose une autre vision de notre territoire, qui est davantage centrée sur la ressource elle-même et l’utilisation que l’on en fait dans les activités anthropiques. Les principaux constats de notre étude de cas sont donc les suivants : 1. Les citoyens, autochtones et non autochtones, ne sont pas bien informés ni éduqués sur tout ce qui concerne la ressource en eau. Selon les acteurs du milieu, il manque de sensibilisation et la stratégie devrait connaître des modifications pour que le citoyen puisse s’impliquer davantage. 2. Le gouvernement ne s’implique pas suffisamment. Il participe peu au processus de concertation et les différents ministères collabore très peu sur les sujets qui concernent la GIRE. Les surveillances ne sont pas bien organisées ni assez fréquentes, et aucune sanction n’accompagne les normes relatives à l’environnement et à l’eau. 3. Les entreprises minières pourraient voir un intérêt dans le processus de concertation, mais aucun dialogue n’existe entre elles et l’OBVD. Peut-être par peur de conflits. Elles ont toute l’expertise requise pour une bonne gestion des eaux de leurs sites. La nécessité de leur participation à la concertation est plutôt dans l’optique de l’intégration de tous les acteurs à la GIEBV, d’un partage de connaissances et de la création d’un dialogue avec leurs parties prenantes afin de favoriser un comportement de RSE. 4. Le Plan Nord mise sur la présence accrue de l’industrie minière au nord du 49e parallèle, cela augmentera les poids politique et économique des compagnies minières. Il faut que la concertation soit obligatoire pour que les différentes parties prenantes soient prises en compte et que l’on n’oublie pas les engagements environnementaux et sociaux de ce plan. En ce sens, la GIRE devrait s’étendre elle aussi au-delà du 49e parallèle ou faire partie d’une gestion environnementale plus vaste à tout le moins.

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5. Les communautés autochtones ne semblent pas avoir de pouvoirs en ce qui concerne la gestion de l’eau et elles connaissent justement des problèmes d’approvisionnement en eau. On ne voit pas d’information sur ceci dans le portrait des bassins versants et elles ne semblent pas non plus être présentes aux tables de concertation. 6. Les OBV ont besoin de plus de reconnaissance et de crédibilité pour accroître leur légitimité. Leur statut d’OBNL ne leur confère aucune autorité. 7. Le caractère volontaire de la GIEBV donne l’impression qu’y participer est facultatif et ne rend pas compte de l’importance de cette ressource. L’eau est une ressource essentielle à la vie et devrait être traitée comme telle. Si des efforts sont faits, il reste encore aux acteurs à s’approprier ce mode de gestion et de planification, et au gouvernement à le faire appliquer.

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Entretien par courriel ou téléphone Ibrahim, Ghassen (4 avril 2017) Discussion téléphonique avec Ibrahim, directeur de l’OBV Duplessis.

Lemieux, Simon (novembre 2016) Discussion téléphonique avec Lemieux, directeur du Groupe de concertation de la Zone Bécancour.

Comité de direction Frédéric Lasserre : Directeur, professeur titulaire au Département de géographie, Université Laval

Alexandre Brun : Co-directeur, Maître de conférences en géographie, aménagement et urbanisme, Université Paul Valéry, Montpellier

François Anctil : Correcteur, professeur titulaire au Département de génie civil et de génie des eaux, Université Laval

96

Annexe 1 : Questionnaire Questionnaire

ÉVALUATION DU PROCESSUS DE CONCERTATION DE LA GOUVERNANCE DE L’EAU AU QUÉBEC : LA PARTICIPATION DES ENTREPRISES MINIÈRES DE LA CÔTE-NORD

Organisation :

Poste :

Prenez note que vous pouvez refuser de répondre à n’importe quelle question à n’importe quel moment. En remplissant ce qui suit, vous acceptez que vos réponses soient utilisées pour ma recherche, et que des extraits de celles-ci puissent être retranscrites telles quelles dans mon mémoire.

Mise en contexte : En 2002, avec la Politique Nationale de l’Eau, sont apparus les organismes de bassin versant (que nous appellerons OBV). Ceux-ci sont chargés de coordonner la gestion intégrée de l’eau par bassin versant, en plus de faire un portrait de la situation, exposant ainsi les problématiques pouvant affecter la ressource en eau pour chaque bassin versant. Le principal moyen qu’ils ont pour mettre en place cette gestion décentralisée est le processus de concertation entre tous les acteurs d’un bassin versant.

Questions

1. En tant qu’acteur de l’eau de la zone de gestion intégrée des eaux par bassin versant de Duplessis (voir image à la fin du questionnaire), comment percez-vous votre implication dans la gouvernance de l’eau de ce secteur? (exemples concrets)

2. Que connaissez-vous du rôle des OBV ?

3. Qu’est-ce pour vous que le processus de concertation ?

4. À quelle fréquence ont lieu les concertations et qui sont les acteurs de l’eau qui y participent ?

5. De quels principaux sujets a-t-il été question durant les dernières concertations auxquelles vous avez participé ?

97

6. De ce que vous connaissez, qu’est-il fait pour éviter les pollutions d’origine minière? Si elles n’ont pas pu être évitées, quels sont les moyens utilisés pour minimiser les impacts sur l’environnement ? Note : La question a dû être modifiée, initialement elle était : Étant donné une pollution d’origine minière dans la zone de gestion intégrée de Duplessis, quel moyen est selon vous le meilleur pour contrer ce problème ?

7. Quelles sont les relations que vous entretenez avec les autres acteurs de l’eau (entreprises minières, municipalités, MRC, OBV, gouvernement provincial, population locale, etc.) du secteur (discussions fréquentes? Coopérations? Conflits?) ?

8. La décentralisation de la gestion de l’eau (avec les organismes de bassin versant et le processus de concertation) permet-elle, selon vous, une meilleure place à la participation citoyenne ?

9. Comment percevez-vous l’influence de la présence d’entreprises minières sur le territoire de la Côte-Nord ? (Selon des points de vue économiques, politiques et environnementaux)

10. Selon vous, qu’est-ce que la responsabilité sociale des entreprises, et de quelle façon cette responsabilité se manifeste pour les entreprises privées du secteur de Duplessis ?

Si vous avez d’autres commentaires que vous jugez pertinents, veuillez les écrire ci- dessous :

98

Si vous avez des questions relatives à la recherche ou à l’utilisation de vos informations, vous pouvez me contacter par courriel ou par téléphone :

Annye Boutillier 418-933-9539 [email protected]

Merci de votre participation!

Zone de gestion intégrée des eaux par bassin versant de Duplessis :

Source : Direction des Politique de l’eau (2009), robvq.qc.ca. Note : La zone correspond à ce qui est encerclé par la ligne bleue-grise, les lignes orange sont des territoires administratifs.

99

Annexe 2 : Bassin versant de La Grande Rivière

Source : MELCC, http://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/regions/region10/10-nord-du-qc.htm Note : Le réservoir de Caniapiscau se trouve à l’amont du bassin versant de La Grande Rivière (6), au nord- ouest de Fermont.

100

Annexe 3 : Haldes minières

Lac Petitpas

Site minier du lac Tio, google.com/maps, 2020

Haldes

Site du Mont-Wright, google.com/maps, 2020

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