TRANSPYR 2018 : TRAVERSEE SOLO DES A VELO AVEC BAGAGES ET BAGOU PAR LA ROUTE DES COLS EN 7 JOURS DU 08/08/2018 AU 14/08/2018 EN 33x28 ET EN CALECON. 885KM 22000M D+ POIDS VELO + SACOCHE + SAC POLOCHON : 14 Kg + SAC à DOS : 2.5 Kg ; TOTAL 16.5 Kg

MERCREDI 08/08/18 : ETAPE 1 : AHETZE – St JEAN PIED DE PORT : 73 km – 1520m

La veille, nous avons dormi dans une chambre d’hôtes à Ahetze au-dessus de Bidart (Sud de Biarritz). Nous nous sommes baignés à Bidart dans les rouleaux au milieu des surfeurs et rhabillés sous le crachin.

J’avais oublié mon maillot et j’ai dû mettre le petit short que guillaume avait prévu de mettre après la baignade. Catherine lui achète alors un short sec dans un petit magasin de souvenirs. Nous avons ensuite mangé dans un restaurant basque, d’où l’on voyait des joueurs de pelote s’entraîner dans une salle contiguë. J’ai appelé Denis Vincens. Son téléphone ne marchait pas bien et je ne l’entendais pas. Juste à ce moment il se met à pleuvoir en même temps à Bidart et à St Jean Pied de Port, et je dis « merde, il repleut ». Denis croit alors que je suis à St Jean. Il me rappelle sur le téléphone de Claire et me convainc d’annuler mon gîte pour dormir chez eux.

Lever 7h30. Le petit déjeuner avalé avec gâteau basque, je prépare mes affaires. Je ne suis pas encore bien organisé et je n’ai pas mémorisé où j’ai rangé mes affaires. Je mets du temps à accrocher mes sacoches. Je pars vers 10h. Risquant la pluie l’après-midi, je préfère ne pas rejoindre la côte et partir directement de Ahetze. J’ai donc réécris vite fait le début de mon road book. Je dis au revoir à tout le monde et me voilà parti sous un ciel menaçant qui m’empêche de voir la Rhune. Voilà, maintenant, ça roule. Le stress du départ est évacué, mais le stress d’être sur le bon chemin l’a remplacé. D’ailleurs, après seulement quelques kilomètres, à Saint Pée sur Nivelle, je fais fausse route. Dans la hâte de la modification de mon road book, j’ai commis une erreur. En sortant la carte je m’aperçois rapidement de mon erreur qui ne m’aura pas coûté trop cher. Ce sera la seule erreur de parcours lors de mon périple.

Il y a beaucoup de voitures mais toutes s’arrêtent une fois la frontière passée pour se rendre dans un de ces centres commerciaux espagnols où les français viennent faire le plein d’essence, de pastis et de cigarettes… Une autre forme de tourisme.

La montée du col d’Otsondo (574m) n’est pas géniale, le goudron est mauvais, le paysage est bouché par le feuillage des arbres et il fait gris.

La descente se fait sous un timide soleil. Je suis un peu anxieux de louper une bifurcation à gauche et n’hésite pas à sortir la carte à chaque carrefour. Quand on ne parle ni l’espagnol ni le basque, on est prudent. La voici cette petite route qui va m’amener vers le col d’Ispeguy et la « Francia ». Je suis à présent serein sous le soleil et me met à siffloter en passant devant une petite fromagerie. La route serpente dans la montée. J’entends longtemps vrombir les motos au-dessus de moi m’indiquant qu’il y a encore beaucoup de lacets à gravir. Les chênes se font détrôner par les fougères au fur et à mesure que le ciel se couvre. Un petit bonjour échangé avec un camping-car belge et j’arrive en haut du col qui marque la frontière. Il y a là un restaurant panoramique basque, mais le ciel gris rend le paysage un peu morne et triste. Ce col est particulier car il est plus haut côté espagnol que côté français 690m contre 672m… Ah oui, ça doit être çà les grands d’Espagne. Je profite des toilettes du restau et m’enfile un sachet de riz basmati précuit… c’est bien fadasse.

La descente qui m’amène vers Saint Etienne de Baigorry se passe sur route sèche. J’y suis très à l’aise malgré mon paquetage et descends plus vite que les voitures. 2 jours auparavant j’avais eu de l’appréhension dans la descente d’Azet où je testais mon chargement. Dans le village à côté de la rivière j’hume des jambons de Bayonne qui sèchent sous la terrasse couverte d’une maison aux traditionnels volets rouges.

Plus loin je traverse les vignes et le village d’Irouléguy, mais je ne peux déguster et remplir mes bidons à la coopérative. la cave d'Irouléguy

Voilà Saint Jean Pied de Port qui ressemble à un bourg montagnard malgré sa faible altitude de 150m. Il fait toujours gris, je ne veux arriver chez mes amis trop tôt et part visiter la ville : la citadelle, les petites ruelles garnies de boutiques et les vieux ponts qui enjambent la Nive.

Les ruelles sont bondées de touristes qui recherchent des espadrilles dans les échoppes.

Quelques pèlerins du chemin de Saint Jacques traversent la ville avec les stigmates des efforts passés protégés par des genouillères. Je tue le temps en observant des menuisiers qui remplacent les balustrades couleur rouge basque du balcon d’une vieille maison qui se refait une 2ème jeunesse. Je profite du wifi du syndicat d’initiative où je croise un autre cyclo ingé agri. C’est un illuminé tout fou qui est parti de Gap dans les Hautes Alpes il y a 5 jours, et qui fait le tour des abbayes comme en témoignent les nombreux tampons qui ornent son carnet de route. Il lui reste à passer à Roncevaux ce soir avant de gagner Hendaye où l’attends le train et sa housse de vélo qu’il a expédiée dans un point relais. Il a cassé les sangles de sa sacoche arrière similaire à la mienne. Il n’a que 2 maillots et un seul cuissard qu’il arrive à faire sécher durant la nuit dans les RB&B réservés à l’avance. Je fais mes emplettes au supermarché et m’enfile des sandwichs le long du stade de foot où sont garés les camping-cars. Je retrouve Denis dans leur grande maison qu’ils ont rénovée. Mon fougueux destrier est rangé parmi leurs nombreux vélos et tandem. Denis est occupé à joindre les guides accompagnateurs de montagne qui font partie de l’association dont il est le trésorier. Il doit ensuite récupérer son colis à l’Amap et discuter planning scolaire avec la directrice du lycée agricole. Dans la soirée nous rejoignent leurs amis camping caristes de Grenoble. Denis et Claire nous racontent leurs expériences d’hôtes « Warm Showers » (site de logement chez l’habitant pour cyclistes) où certains des cyclistes qu’ils ont accueillis sont plus « after » que « shower » ; non pressés de prendre une douche et roulant sur des vélos pourris, le jeans dans les chaussettes.

Dans la nuit l’orage se mit à gronder avec un gros coup de vent … la pluie arriva donc + tard que dans l’après-midi comme je l’avais craint.

JEUDI 09/08/18 : ETAPE 2 : St JEAN PIED DE PORT- LARUNS : 128 km – 3470m

Je me lève à 7h30 et retrouve Claire qui s’apprête à enfourcher son vélo électrique pour se rendre à son travail. J’avale un petit déjeuner bio et protéiné avec charcutaille et reblochon local. Je revérifie la pression des pneus et me voilà partis vers 10h sous un ciel toujours gris et menaçant. Les prairies sont toujours aussi vertes dans la vallée qui m’amène au pied du col d’Iraty (ou col de Burdincurutcheta). Et c’est là que les choses sérieuses commencent. Un panneau annonce une pente à 13%. Je suis en 33x28 et je dois forcer sur les pédales en me mettant régulièrement en danseuse. Mon compteur affiche des 14% et 15%, ce col (1327m) d’Iraty est éreintant. Denis trouvait que l’itinéraire de la route des cols (www.lespyrenees.net) aurait pu nous faire passer par un col plus joli, mais le panorama qu’offre celui-ci est pas mal. On se croirait en Ecosse, avec de la brume, des roches grises et des nuances de vert. Sur un replat, je croise un troupeau de moutons aux cornes recourbées venant de nulle part au milieu des fougères. Certains trainent la patte et peinent à suivre les meneurs d’allure.

Le col est constitué de plusieurs petits collets que l’on découvre au dernier moment cachés dans les nuages après de petites descentes.

Plus loin de vraies blondes d’Aquitaine marchent d’un pas chaloupé en dandinant de la croupe. Le tintement de leurs cloches m’accompagne dans la brume.

Les chalets d’Iraty marquent le début de la vraie descente. Je profite de leur abri pour enfiler mon Kway. Il pleut, la route est luisante et parsemée de bouses de vache ; les patins crissent sur la jante tellement la pente est forte. Je prends les lacets au ralenti en maintenant seul le frein arrière serré pour éviter le gadin dans la gadoue et les gravillons. La bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe, mais la bouse de vache salit mon Cannondale malgré le garde bouse avant qui bloblotte dans les nids de poule. La nuque et les bras deviennent de plus en plus raides… La joie dans la douleur, du vélo comme on aimerait en vivre moins souvent. La petite route serpente le long du torrent avant de remonter vers Larrau (Larrau sur la montagne y avait un vieux chalet…)

C’est çà les Pyrénées : des montées courtes sur de petites routes étroites qui serpentent le long des cours d’eau avec des ruptures de pentes brutales. Je fais une halte à Larrau en compagnie de mon oncle Ben’s. La pluie a cessé. Un marcheur refait également des réserves. Les petits villages qui se suivent sont toujours aussi caractéristiques avec leurs cours d’école qui disposent toutes d’un haut fronton de pelote basque alors que l’on est au bout du monde. Le col d’Ichère (674m) est facilement franchi. Cependant, ma moyenne n’est que de 18 Km/h alors que sans bagages en montagne je roule d’habitude à 20Km/h. Dire qu’au départ j’avais prévu de faire la traversée en non-stop (ou 3 jours) ; j’étais très loin de la réalité. J’ai prévu la longueur de mes étapes en fonction de la météo et selon les gites que je trouvais sur le site internet www. gites-refuges.com . Je prends la Nationale qui descends du tunnel du Somport. Il crachine à nouveau. Je m’arrête dans un garage pour graisser ma chaîne qui chante. Le mécano n’est pas avare avec sa burette d’huile. Il me dit « Attention, maintenant, le vélo va rouler tout seul ».

Je m’engage à présent sur la petite route qui mène au col de Marie Blanque (1035m). Le col n’est pas dur mais peu captivant dans une forêt baignée par la brume. Je devais vraiment être dans les nuages car je n’ai plus de souvenirs de ce col « passage d’un branque dans Marie Blanque ».

Encore 10 km dans la vallée et j’arrive à Laruns où je dois faire étape comme le Tour cette année. Je fais mes courses au supermarché après avoir attaché mon vélo avec mon petit cadenas poids plume à code. Je m’achète une canette de bière et un sandwich que je m’enfile avec voracité.

Le gîte « l’embarcadère » est situé dans la rue principale de Laruns.

On me montre ma couchette et je range mon vélo dans une halle où sont entreposés 2 VTTs et 2 randonneuses lourdement chargées. Comme chaque soir la 1ère tâche consiste à recharger mon compteur et faire ma petite lessive. Mon cintre et d’autres récupérés me servent à égoutter cuissard, maillot et marcel qui s’égouttent accrochés aux fenêtres des lavabos communs. Mes sacoches sont bien étudiées pour tenir sur le vélo, mais une fois vidées, j’ai du bazar partout. J’avais pris 2 cuissards ce qui me permettait de finir de les faire sécher accrochés sur la sacoche arrière. J’avais 2 maillots de trop car j’ai toujours pu rouler avec mon maillot aux couleurs du VCS qui séchait dans la nuit. J’avais également un sac à viande qui me servait de drap. Finalement, je n’ai pas bu ma Despérado que j’ouvre lors du repas. Le gérant me reproche d’avoir ouvert ma bière sans leur demander alors qu’ils en vendent. Je lui dis que s’il veut il me compte une bière, mais je ne vais pas transporter ma bière demain sur mon vélo. Je mange goulument mon omelette avec ventrèche (poitrine fumée). J’appelle pour réserver mon gite de demain vers Saint Lary et je vais me coucher après un aller-retour dans les sanitaires pour optimiser le process de séchage de la lessive. Dans le dortoir, mon voisin est déjà couché. Il ne va pas tarder à ronfler accompagné en duo avec un vététiste espagnol. Malgré les boules Quies, je mets un temps fou à m’endormir. Ma tendinite au genou droit me gêne. La pluie du col d’Iraty a irradié la douleur et j’ai peur de ne pouvoir finir mon périple si les symptômes persistent… d’autant plus que demain, c’est une grosse journée. VENDREDI 10/08/18 : ETAPE 3 :LARUNS- BOURISP (St Lary Soulan) : 141 km – 4970m

Lever 6h45. Aujourd’hui, ça va être ma fête car c’est la Saint Laurent… Mais avec mon caleçon porté sur mon cuissard, c’est la fête du slip tous les jours. Les Espagnols à VTT finissent de préparer leurs sacs dans les sanitaires. Ma lessive est pratiquement sèche, mon maillot finira de sécher sur moi. Lors du petit déjeuner, je discute avec le couple d’anglais, ils étaient à Pau hier et doivent dormir à Pierrefitte-Nestalas. Avec leur lourd chargement, ils ne peuvent rouler vite. Je cherche partout une de mes manchettes, rouvre mes sacs, m’énerve, perds 10 minutes et il est déjà 8h45 quand je m’élance. Finalement je retrouverai la manchette le soir… Il faudrait que je lance un chantier 5S pour ranger mes affaires.

Les larges avenues de Laruns sont désertes. A la sortie il ne faut pas se tromper de direction et prendre « Eaux Bonnes » et non « les Eaux chaudes », ce qui me rappelle le « tube de toilette » de Bobi Lapointe : « Eau chaude, eau froide, eau mitigée… ». Dans la montée de l’Aubisque (1709m) et ses 16 km de long, le soleil joue à cache-cache avec les nuages. Le manque de signalisation dans Eaux-Bonnes m’envoie dans une impasse : « Aubisque, Eaux Bonnes, Oh merde… ». Je double quelques vélos dans les 1ers km du col dont les anglais du gîte.

Un père monte à VTT avec son ado qui mouline comme s’il battait des blancs en neige. Une jeune fille monte également seule à son rythme sans transpirer et réponds à mon salut par un large sourire.

Aux alentours de Gourette, les pourcentages s’élèvent pour osciller vers les 10%.

Les nuages commencent à envahir le paysage. Un très jeune espagnol me double en danseuse, les mains en bas du guidon suivit de loin par son père… peut-être un futur Pantani ou Contador. L’atmosphère est étrange avec le soleil qui tente de s’infiltrer. Il donne une luminosité à la David Hamilton sur les grands cadres dénudés des grands vélos exposés pour le Tour de . On sent qu’il ne manque pas grand-chose pour que le soleil gagne son combat contre les nuages, mais il n’y parvient pas. Il y a 10 ans déjà, je l’avais gravi par l’autre côté et c’était également la purée de pois.

« Aubisque Oh désespoir ! Que n’ai-je tant roulé pour n’y voir que du noir ?» Arrivé au col, je me suis fait sonder, mais ce n’était pas trop douloureux. 2 stagiaires du conseil général des Hautes Pyrénées faisaient une enquête auprès des cyclistes sur leur profil et leurs attentes. C’est une ambiance un peu surréaliste de voir tous ces cyclistes lâcher les cocottes pour tenir la plume de leurs doigts gourds et boudinés par leurs mitaines. Tout un bouquin de QCM recto-verso à scribouiller alors qu’on est en dette d’oxygène et sans ses lunettes, ça fait beaucoup. Combien de Km je roule par an, je le sais, mais combien j’ai dépensé la veille, je m’en fous… je ne suis pas le trésorier du club. La jeune stagiaire m’aide à remplir son bazar alors que je m’habille et finis de boire ma bouteille de Rénutryl. C’est pas le tout mais y-a de la route à faire. Je repars après avoir allumé mes éclairages. Entre l’Aubisque et le Soulor (1474m) je croise des hordes de vélos qui surgissent du brouillard. Je suis prudent en slalomant entre les bouses, mais je double tout de même quelques cyclistes dont leur silhouette en Kway rappelle « Gorilles dans la brume ». En bordure du ravin, je me remémore la chute de 70 m du maillot jaune Vim Van Est sur le tour 1951 qui n’avait pu remonter sur la route qu’aidé par une corde de fortune réalisée avec des boyaux de bicyclette. Je salue le Soulor et entame la descente.

Peu à peu, les nuages se désagrègent. Il me faut hurler pour que les voitures et les camping-cars me laissent les doubler. Je me déshabille à Arrens-Marsous. Bien que la route soit droite, un cycliste que je rattrape ne peut rester dans ma roue car je file chargé comme une mule assis sur le cadre entre mes 2 sacoches de cadre. La piste cyclable m’amène sur Pierrefitte-Nestalas avec un vent favorable pour me faire débouler dans la zone industrielle. Je remonte ensuite les gorges de Luz où je prends le temps de contempler le torrent. En traversant Luz St sauveur, je me remémore des lieux que j’avais connu en famille 10 ans auparavant : le marchand de fromage, la place du syndicat d’initiative où des enfants font du sur place en enfourchant les vieux vélos peints pour décorer le village lors du passage du tour.

Je me restaure de mon riz froid quotidien. Aujourd’hui, c’est recette Provençale… ça pique un peu. J’espère que j’aurai plutôt des jambes de feu que le feu au cul dans le Tourmalet. J’ai rempli mes 2 bidons. Le ciel s’est dégagé, l’ascension va être longue mais belle. A la sortie de Luz, je double un cycliste paré d’un maillot aux couleurs du Pays de Galles et son fils. Malgré ma faible empathie pour Geraint Thomas et l’équipe Skye, je me mets à siffloter « The Land of my fathers » l’hymne gallois. Le guy lui interpelle son gars en entendant l’hymne à son goût. La montée est superbe avec les bribes de nuages qui tentent de s’accrocher aux cimes.

Je passe devant l’ancienne route, où trône un portrait d’un illustre Laurent.

C’est cette route que j’avais gravi il y a 10 ans et qui était je trouve plus pittoresque car plus étroite avec plus de lacets.

J’aperçois l’observatoire du Pic de Midi de Bigorre à 2876m que mes amis les Vincens doivent rejoindre depuis Barèges où ils doivent bivouaquer cette nuit. J’espère qu’ils auront un panorama aussi dégagé que celui dont je profite.

La montée se poursuit tandis que je slalome au milieu des moutons et des motos.

Je double un autre cycliste qui slalome également car il est à la ramasse.

Je mitraille tellement avec mon smartphone que je suis obligé de brancher la batterie de secours.

Les derniers lacets perchés au-dessus du vide sont splendides.

J’arrive au sommet (2115m) et me fais photographier sous le géant du Tourmalet, moi le « nain de la route » comme Jacques Goddet avait surnommé les rivaux de maître Jacques qui n’avaient pas osé l’attaquer dans l’étape Luchon- Pau sur le tour 1961.

Je mange une barre de céréales en regardant les touristes attristant et bedonnant quitter leur voiture climatisée pour se faire photographier aux côtés du géant. Dans la descente, je vois un spectacle fantasmagorique où les nuages laissent juste émerger un immeuble de la station de La Mongie. Le temps de m’arrêter et de dégainer mon smartphone, La Mongie a disparue.

Des motards me doublent. Je resterai blotti derrière eux jusqu’en bas. Les lueurs de leurs phares arrière me guidant comme Jacques Anquetil chassant Poulidor en suivant les feux stop de la voiture conduite par Géminiani sur le tour 1964. Je décampe de Sainte Marie de Campan après m’être dévêtu.

La montée du col d’Aspin (1489m) est tranquille. Là-haut les nuages se sont déposés un peu au- dessus du col. Le panorama tout au long de la descente vers Arreau est magnifique avec ses larges vallées baignées du soleil qui décline. Une descente superbe… dommage que la route soit mauvaise sur les 2 derniers kilomètres.

j

Heureux, je traverse le village d’Arreau où clapote la Neste.

Puis, je file en direction de St Lary. Je fais quelques courses et récupère du Rénutryl et des barres de céréales que j’avais caché dans les buissons du parking du Carrefour Market. Je rejoins le gîte de la fontaine à Bourisp en aval de St Lary. Mon hôtesse me fait visiter les lieux. Je serai seul dans un dortoir : chouette pas de ronfleurs. Le chien tout fou qui est là cherche à jouer mais je n’ai guère le temps. J’appelle le gîte d’Aulus-les-bains pour réserver demain soir. Le repas est vite préparé : Le riz Oncle Bens est meilleur une fois réchauffé au micro-ondes. Je me couche en écoutant le clocher qui rythme les heures et la fontaine qui me berce… Demain, étape épattante.

SAMEDI 11/08/18 : ETAPE 4 :BOURISP (St Lary Soulan) – St GIRONS : 158 km – 4480m

Lever à 5h30. Aujourd’hui, c’est une grosse étape avec 180 Km et 6 cols à gravir. Le petit déjeuner que mon hôtesse m’avait préparé la veille est assez frugal. Je glisse donc des abricots et ma bouteille de Rénutryl dans une poche. Départ 7h15. Je pense que je peux rejoindre directement le col d’Azet (1580m) sans passer par Saint Lary. Je prends d’abord une mauvaise direction mais je me rends vite compte de mon erreur et trouve finalement la bonne route. Le soleil s’est à peine levé. Il éclaire de sa douce lumière orangée la station du Plat d’Adet et les sommets environnants. Je suis serein dans cette douceur matinale au milieu de ce décor en cinémascope. Dans une courbe, je double 3 marcheurs quittant le GR d’un bon pas. Nous nous saluons et nous encourageons mutuellement. Je les recroise dans le village d’Azet. Nous nous en étonnons : « à quoi bon avoir un vélo si l’on va aussi vite à pied ? ».

la station du Pla d'Adet Au fond des petits vallons la brume dissémine çà et là de petites tâches cotonneuses qui contrastent avec le vert des prairies.

Les vaches et leurs veaux se sont déjà employées à brouter l’herbe grasse gorgée de la rosée du petit matin. Après le passage canadien, je m’engage dans le virage où Sagan avait chuté cette année sur le tour.

Dans le bleu azur et le ciel rasant, Le col d’Azet se dévoile pour moi seul.

Bientôt les parapentistes s’y élanceront pour bénéficier de la légère brise matinale. La descente sinueuse sans une seule voiture est un pur régal. Je me délasse dans les lacets en chantonnant. Dans la vallée, se réveille à peine. Le lac tel le miroir d’eau du château d’Anne de Bretagne vient refléter ce merveilleux paysage montagnard.

Je m’y remémore les moments passés en famille la semaine passée à pédaler sur l’eau.

Je débute l’ascension du col du Peyresourde sous l’ombre des frênes. Je longe un gîte où tout le monde s’affaire à remplir le coffre de la voiture. Pour eux, ça sent la fin des congés alors que j’ai la chance de poursuivre mes vacances buissonnières. La route se cabre maintenant en direction du soleil. Le vent se fait sentir sur ma gauche, j’essaye de l’esquiver en longeant le côté amont. Je laisse en contrebas un village indien où des enfants apaches de Bobigny préparent un conseil de guerre.

Deux espagnols le cuir tanné par le soleil me doublent. Nous n’évoluons pas dans la même catégorie. Je ne suis qu’un âne bâté, un escargot avec sa maison sur son dos. Il faut savoir accepter d’aller moins vite pour aller plus loin jour après jour. C’est le prix de l’autonomie et de la liberté. Ne devoir rien à personne pour ne pas se fixer de limites. Oublier la moyenne et les performances sur Strava pour prendre le temps de s’arrêter, d’admirer, de photographier. Le col du Peyresourde (1569m) marque la frontière entre Hautes Pyrénées et Haute Garonne. Le ciel derrière moi est d’un bleu pur, mais il faut quitter le 65 pour aller de l’avant.

J’attaque la descente en me laissant griser par la vitesse sur cette route lisse comme un billard. Je pense à la descente de Froom sur le tour 2016 qui envoya Pierre Roland contre un mur ; la faute à une crevaison. A Bagnères de Luchon, je discute de ma sacoche arrière avec un cyclo. Les curistes se promènent à l’ombre des platanes bordant la large avenue centrale menant aux thermes. Je cherche la ligne d’arrivée que Julian Alaphilippe a franchie en tête lors de la 16ème étape. Je m’attarde dans le parc où nous avions assisté avec les enfants à la projection du film « Arthur et les minimoys » il y a 10 ans. Plus loin, le tenancier d’un hôtel balaye nonchalamment le marbre de l’entrée usé par des décennies de passages de bronchiteux et autres rhumatisants.

Je quitte Luchon pour attaquer le col du Portillon (1293m). Petite porte vers l’Espagne qui fait grincer les manivelles tant la pente est rude. A la sortie d’un lacet, en me retournant, j’aperçois un cyclo chargé qui me rattrape. Le réflexe Pavlovien de tout cycliste se met en branle et mon but est de ne pas me faire rattraper. Je me mets en danseuse et appuie de tout mon corps sur les pédales. Mon compteur affiche une pente de 14% tandis que je double un jeune VTTiste. Après le passage de ce mur, j’ai fait le trou, je suis seul sans vélos à l’horizon. Mais quelques km plus loin des crampinettes me rappellent à l’ordre. C’est une 1ère sommation sans conséquences. Ce petit jeu aurait pu me coûter cher. J’arrive au sommet du col qui marque la frontière.

Il y a là 2 douaniers qui me scrutent avec mon caleçon à tête de chats.

La descente est superbe sur un beau revêtement au milieu de sapins majestueux.

Arrivé à Bossost, malgré mes lacunes linguistiques, j’arrive à demander à un cycliste où je pourrai faire de l’eau puis je m’attable sur un banc à l’ombre d’un platane pour une opération bol de riz.

Je regarde songeur la Garonne qui traverse la bourgade d’un vert émeraude.

Elle m’amènerait jusqu’à l’océan si je m’y laissai voguer. Mais non, moi j’en viens de l’océan et je veux aller voir la mer Méditerranée. Allez en route. Je descends la vallée sur la Nationale. Les vents sont contraires mais la loi de la gravité est la plus forte. Arrivé à St Béat, je fais le plein d’eau fraîche. Je tourne à droite et je mets tout à gauche car on dépasse les 10%. C’est le début du col de Menté (1349m). Il fait un soleil de plomb. Sa lumière qui se reflète sur la roche calcaire m’éblouit. On a beau se dire qu’on supporte la chaleur, mais quand le compteur vous affiche un bon 39°c, on se dit qu’il faut vraiment être malade pour monter un tel col sous ce cagnard. Dans chaque village et hameau traversé, je profite des lavoirs pour m’asperger et mouiller mon couvre-chef et le bavoir de nourisson qui me sert pour m’éponger. Je croise des cyclos espagnols qui descendent maillots grands ouverts. Je double la stèle commémorant la chute fatale à Luis Ocana sur le tour 1971 en plein orage alors qu’il portait

le maillot jaune.

Au loin j’aperçois un chevreuil qui traverse alors que la route devient plus ombragée. Plus je m’élève et plus les sapins viennent remplacer les chênes.

Au fur et à mesure que je monte, je sens que ma pédale gauche ne tourne pas rond. Je ne suis plus qu’à 1 ou 2 Km du sommet quand tout à coup à la sortie d’un virage monté en danseuse, j’entends un bruit sec. Je me demande si c’est une sangle de ma sacoche arrière qui s’est cassé, quand je sens ma selle descendre d’un coup. Je m’arrête. Le verdict est sans appel : je viens de casser le collier qui maintient ma selle. Ma selle tombée, c’est le moral qui lui aussi descends au fond des chaussettes et pourtant, il va falloir donner un coup de collier. Je finis l’ascension en danseuse, sachant que je me fatigue vite dans cette position. En plein effort, je croise une camionnette avec une remorque vide de ses vtts. J’interpelle le chauffeur mais il ne m’entend pas. En haut du col, il y a un bon nombre de cyclistes qui de désaltèrent dans une buvette. L’un d’eux me conseille de monter jusqu’à la station de ski du Mourtis à 1 km car il y a un là un loueur de VTT. Je repars dans la position favorite de Contador. Le jeune saisonnier un peu gauche du magasin de VTT sort tous les colliers qu’il a sur place mais ils sont tous trop gros. Je ne suis pas un gros calibre. On essaye de mettre un serflex en plastique mais il ne serre pas et ne sert à rien. Mon gazier me donne les coordonnées d’un vélociste à St Gaudens à 40 Km de là. Me voilà reparti en danseuse sur une descente inconnue. Je sers les fesses pour garder ma selle et ma sacoche en ligne. On dit que Froom n’est pas beau à voir sur un vélo, mais là je devais le battre avec mes genoux à touche touche comme si j’avais une envie pressante… c’est pour la pénétration dans l’air la position? Euh non, c’est plutôt contre la pénétration de la selle. Mais bon, il vaut mieux avoir l’air con que de ne pas en avoir. Je me débrouille quand même pas trop mal dans ces lacets lancinants. C’est une course contre la montre. Il est 15h, un samedi après-midi, bientôt les magasins seront fermés.

Je croise à une intersection 2 cyclistes bricolant dans une camionnette pleine de matos. Je leur montre mon collier cassé, mais ils n’ont rien qui pourrait me dépanner. Je repars en me disant que l’on pourrait peut-être me dépanner dans une ferme avec un collier pour tuyau d’arrosage

Dans la descente à l’entrée d’un chemin, je vois un panneau de vente de vélos sur internet. Au même moment, je croise un cycliste qui monte le col. Je m’arrête et fais ½ tour pour voir ce panneau intrigant. Je double ce cycliste et lui dis sur le ton de la colère, comme pour évacuer le stress qui s’accumule. « Putain, j’ai pêté mon collier de selle ». Et là en 1 seconde, voilà mon cycliste et son maillot Festina qui s’arrête en pleine montée, et qui me dit :

« - Bon, je vais appeler ma femme, elle va nous rejoindre avec la voiture et je vous emmènerai à St Gau ».

Le gars il est en pleine ascension, en dette d’oxygène à plus de 160 puls et il a la lucidité de résoudre une équation d’un inconnu par 39°c. Moi, si je me suis fixé comme objectif de monter un col, je ne vais pas faire ½ tour à mi pente. Un gars avec un maillot Festina qui est prêt à perdre du temps pour un blaireau comme moi ne n’est pas courant. Je lui dis :

« - Mais les vélos dans la voiture, ça ne va pas aller ? »

« - Si j’ai un Berlingo, ça va tenir »

« - Mais vous allez en sens inverse »

« - Ce n’est pas grave, le col de Mente, j’aurai d’autres occasions pour le refaire… d’ailleurs, c’est un bon prétexte pour abandonner pour aujourd’hui. Et puis à 2, on ira plus vite »

Il essaye d’appeler sa femme, mais ça ne passe pas. Nous descendons donc et il essaye plusieurs fois d’appeler. A chaque arrêt, je manque d’aller au tas en tentant de déchausser. Extraire son pied de la pédale quand on est debout dans une pente est un exercice difficile… Essayez et vous verrez.

Je m’aperçois que son maillot et son vélo sont couverts de toiles d’araignée : celà doit donc faire un sacré moment qu’il n’a pas mis son maillot Vintage de . En fait il me dit qu’il y a plein de chenilles, c’est la pyrale du buis qui a complètement bouffé ces arbustes et qui laisse traîner de grands fils le long des branches.

Le portable ne passant pas dans ce désert numérique, nous nous arrêtons dans une maison isolée où mon ange gardien demande à une vieille dame s’il peut utiliser son téléphone. De la façon dont il parle de moi, on dirait que je suis entre la vie et la mort et qu’il faut que le SAMU affrète un hélico de toute urgence. J’ai l’impression d’être l’acteur du film : « il faut sauver le soldat Ryan », dont je ne contrôle plus rien. Mon héros (Philippe) me fait penser à l’émission télévisée « la course au trésor ». Le défi de Philippe aujourd’hui est de trouver un collier de tige de selle de 28.6mm en un temps limité pour que je puisse terminer mon périple.

Un point de rencontre est fixé avec sa femme ; il lui dit qu’elle pourrait faire les courses plus tard, que ce n’était pas grave, mais qu’il faut qu’elle nous rejoigne à Aspet. Nous voilà donc filant à fendre l’air avec mon Philou qui prends des relais appuyés. Il connaît la route par cœur, on sent que l’on est sur ses routes d’entraînement. « Là, c’est le dernier coup de cul et après c’est tout bon » me lance t’il. Arrivés à Aspet, il faut moins de 2 minutes chrono pour charger les 2 vélos dans le Berlingo. Moi qui pensait au berlingot Nestlé, en fait, c’est beaucoup plus grand. Et voilà Philippe qui démarre en trombe ; sa femme à l’arrière n’a qu’à bien se tenir. J’ai fait beaucoup de choses dans ma vie de cycliste, mais conduire avec des chaussures de vélo, ça, je n’avais jamais osé. Mon Philou maîtrise la conduite sur les petites routes du Comminges. Il dépose sa femme chez lui et change de chaussures. J’en profite pour boire un coup. Car, le Berlingo dispose de lèves vitres électriques, mais Philippe lui préfère rouler vitre fermées. Les espaces clos, il connaît car il a travaillé pour la marine nationale et sur les plateformes pétrolières. Nous arrivons à St Gaudens. Philippe invective une voiture qui tarde à démarrer. Il a appelé le magasin Intersport où il a acheté son vélo car il connaît bien le meccano, mais celui-ci est en congés apprend-il au téléphone. Nous y passons tout de même en premier lieu. Le responsable du magasin fouille dans tous les tiroirs parmi les pièces de vélo et les fixations de ski. Il trouve mon collier en alu bien trop fragile et avec une vis inox ç’est illogique. Il trouve un collier qui ferait éventuellement la rue Michel, mais nous préférons d’abord aller voir le vélociste que l’on m’a conseillé. Dans le magasin, Philippe y croise le président de son club de vélo, mais pas de collier ad hoc en stock. Le marchand nous prévient que l’on aura du mal à trouver ce diamètre sur St Gaudens. Ce serait vraiment trop bête de finir mon périple à cause d’un collier à 100 balles. Nous nous rendons maintenant chez un 3ème vélociste. Celui-ci m’informe qu’il peut avoir la pièce pour début septembre… chez lui pour faire un cadeau à Noël, il faut passer commande à la Saint Médard.

Il reste un 4 ème marchand de vélo devant lequel nous étions passés tout à l’heure, mais Philippe n’avait pas voulu s’y arrêter. « C’est un ancien coureur cycliste, mais il est assez spécial, et s’il est mal luné, il vous envoie ballader». Philippe se gare à une cinquantaine de mètres du magasin comme pour ne pas être vu. Il me dit « ça vous ennuie d’y aller tout seul ? Vous lui dites que vous traversez les Pyrénées à vélo, vous verrez bien comment il réagit ». Je pousse la porte et trouve un petit monsieur aux cheveux gris coiffés en brosse. C’est Philippe Paulignan (encore un Philippe) qui tient le magasin velo&oxygène sur l’avenue Mitterrand. Son magasin est orné de maillots glanés certainement sur les courses régionales. Il y a également un vieux tandem dont la chaîne reliant les 2 pédaliers se trouve du côté droit comme la chaîne du dérailleur. Accrochées au plafond, ce sont des jantes en bois. Mais pas des jantes en bois pour bobo hipster parisien roulant en pignon fixe. Des jantes usées par le temps ayant sans doute équipé un vieux vélo qui a peut-être lui aussi passé les cols pyrénéens quand ceux ci n’étaient encore que des chemins caillouteux.

Je raconte mon histoire comme me l’avait conseillé Philippe en lui montrant mon collier cassé.

« - Et vous avez le vélo me demande-t-il ? »

« - Ah, oui, le vélo, il est dans la voiture, je vais le chercher ». « Mince, il va se demander ce que fait mon vélo dans une voiture » pensais-je.

Philippe m’aide à sortir le vélo et m’accompagne dans le magasin. Mr Paulignan fouille dans des tiroirs, Le premier essai est infructueux mais Mr Paulignan n’est pas homme à lâcher le morceau si facilement. Pendant ce temps, un jeune client qui a acheté un vélo chez lui et qui teste également des sacoches vient lui ramener le vélo car les pneus sont un peu craquelés. On sent que ce jeune cycliste est dans ses petits souliers et qu’il ne veut pas déranger Mr Paulignan. Celui-ci lui lance ave l’accent du sud : « Si les peuneus sont craquelés sur le côté, c’est parce que vous ne les avez pas dégonflés après votre sortie ». L’autre ne dit rien et regarde ses chaussures. Cela n’interrompt pas Mr Paulignan qui recherche d’autres pièces dans sa réserve, démonte des vis sur des vélos, ressert des colliers sur son étau, mais ça ne va toujours pas. Il déniche finalement un collier articulé aux formes bizaroïdes dont l’ergonomie pose questions. Il fouine dans l’arrière-boutique pour trouver la bonne vis et ouvre bon nombre de sachets plastiques contenant de la petite quincaillerie… pour la gestion informatique des stocks de pièces détachées, on verra plus tard. Finalement ça marche, le tube de selle ne bouge pas sans avoir abîmer les fibres de carbone. Il règle ma hauteur de selle à 79 cm. Je teste dans la rue, un dernier petit réglage et c’est tout bon. Mr Paulignan me laisse une clé allen pour rerégler éventuellement la hauteur de selle. Je lui demande combien je lui dois ? Il me dit en me tendant sa carte: « Vous ne me devez rien ; renvoyez moi juste le collier quand vous serez rentré chez vous car il pourra peut-être dépanner quelqu’un d’autre ». Je le remercie vivement et nous prenons congé.

Philippe : mon sauveur dans l'affaire du collier

Il est 17h30 passés, Philippe me propose de me raccompagner en voiture au pied du col du Portet d’Aspet pour que je puisse rejoindre ensuite Saint Girons afin d’y dormir ce soir. J’appelle le gite d’«Aulus les Bains » pour annuler la place que j’avais réservée car cela ferait trop loin pour y arriver aujourd’hui. Sur la route, Philippe fait encore un petit détour pour que je puisse faire de l’eau. Je profite encore du calme de la voiture pour avaler une crèpe à la confiture. Je remercie Philippe du fond du cœur et prends ses coordonnées, sans lui, je pense que mon périple aurait pris court.

J’attaque la montée du col du Portet d’Aspet (1069m) ; Philippe m’a prévenu : « il est court, mais dur avec un passage à 17% ». Rapidement, j’atteins la stèle du coureur et champion olympique Fabio Casartelli décédé dans ce virage lors du tour 1995.

Je poursuis l’ascension en roulant le plus possible au milieu de la route pour éviter les chenilles qui pendent des arbres. Tous les buis sont bouffés : saleté de bestiole. La pente est rude, mais le revêtement est bon. Je cherche du regard dans quel virage Philippe Gilbert a chuté sur le tour cette année. Il faut dire qu’avec les forts pourcentages, on prend de la vitesse et que toute erreur de trajectoire est fatale. Mon collier de selle tient bon, par-contre, je sens toujours du jeu dans ma pédale gauche.

En haut du col, on se prend mutuellement en photo avec un cyclo et une cyclotte espagnols.

Je bascule dans la descente et par la même occasion en Ariège. Je traverse un village où c’est la fête foraine ; tout le monde m’applaudit. Le relief s’adoucit tout en restant favorable jusqu’à St Girons, mais il me reste encore plus de 20 Km. Des villages traversés, se dégagent des odeurs de barbecue ; je commence à avoir des grenouilles dans le ventre. Il est finalement 20h quand j’arrive à St Girons. Après avoir quelque peu tourné en ville, je trouve un hôtel, mais le patron m’annonce qu’il est complet comme tous les hôtels de la ville. Apparemment Il y a en ce moment un festival de chants et de musiques du monde dans la ville. Il m’indique le camping de Palètes à 1 ou 2 km qui a des chambres. Arrivé là, il ne leur en reste plus qu’une seule; j’ai eu de la chance. La course contre la montre continue pour faire ma lessive, me doucher, rejoindre le restaurant du camping et planifier ma journée de demain. Il est 22h passé, je ne peux plus appeler pour réserver des gîtes. Il est près de 23h30 quand je me couche. DIMANCHE 12/08/18 : ETAPE 5 :St GIRONS – AX LES THERMES :105 km – 2080m

Lever à 6h30. Je compte maintenant une heure pour préparer mes bagages. En ouvrant les volets, je vois d’emblée qu’il y a du vent. Je prends un petit déjeuner au restau du camping où 2 jeunes allemands attablés apprennent à la serveuse à dire «fruschtuck ». Je discute avec un couple dont le mari maître-nageur fait du triathlon. Il pense que je dois être un peu juste en 33x28 avec des bagages, mais il est tout de même surpris par le faible poids de mon bazar. Je m’arrête en ville pour faire des courses et j’en profite pour réserver un gîte pour ce soir. Finalement, mon 1er plan ébauché hier soir tombe à l’eau car tout est complet. Je dois trouver un plan B sur le parking de la supérette, tandis que le vent manque de déchirer ma carte et que le chien d’un routard s’intéresse à ma bouffe. Finalement, je réserve un hôtel à Ax les thermes. Je demande mon chemin pour Tarascon ; un gars me dit que je vais dans le sens opposé… mais il résonne voiture et non vélo. « Ah, si vous voulez grimper, alors oui, c’est par là ». Le début dans la large vallée me fait craindre le pire car le vent défavorable. La route longe la rivière en montant légèrement et au fur et à mesure que la vallée se rétrécit, le vent diminue. Après le bourg de , je m’attaque au col de Port (1250m). Un cyclo que j’ai rejoint m’indique que le col est long mais qu’il n’est pas dur avec ses 5%. Je croise une route et un panneau indiquant « mur de Péguère » et ses passages à 18%. Ce col où des inconscients ou des assassins avaient semé des clous de tapissier en aval et amont du sommet lors du tour 2012 qui avaient provoqué 61 crevaisons (dont le maillot jaune Wiggins), de nombreuses chutes et un abandon. Je gagne le col de Port où je fais le plein d’eau fraiche.

Globalement, je pense que j’ai un peu trop joué le rôle de porteur d’eau durant ce périple et que j’aurais pu m’alléger un peu en ne remplissant pas mes grands bidons à ras bord. La descente m’amène à Tarascon sur Ariège où je retrouve 4 cyclistes qui se restaurent à côté de la rivière.

Tandis que j’avale mon riz, l’un d’eux me demande si j’ai trouvé un collier pour ma selle ? Comment se fait-il qu’ils soient au courant de mes déboires me demandais-je ? En fait j’avais évoqué mon problème avec 2 d’entre eux hier après-midi quand ils bricolaient dans leur camionnette. Ils m’ont reconnu grâce à mes sacoches et à mon caleçon. Ils font également la traversée des Pyrénées en se relayant pour conduire la camionette. Ce sont de jeunes triathlètes de Montpellier et de Savoie. L’année passée, ils avaient traversé les Alpes. Nous faisons globalement les mêmes étapes. A St Lary, ils n’avaient pas fait gaffe qu’ils avaient réservé un logement à la station de ski et 2 d’entre eux avaient dû se taper la montée du Pla d’Adet. Je vérifie la pression de mes pneus avec leur pompe à pied et je repars car des orages sont prévus dans l’après-midi. Nous prendrons la même petite route des corniches et je pense qu’ils me rattraperont. Plus loin, je croise l’un d’entre eux qui a déposé la camionette et qui roule en direction de ses équipiers. A proximité d’Ax le Thermes le dernier petit col que nous devons franchir est fermé en raison d’un éboulement. Je ne sais si ça passe en vélo, mais je vois que le ciel est bien couvert dans cette direction et je préfère rejoindre la vallée par une route qui ne s’avèrera pas être la plus courte. Après un morceau de nationale et avoir perdu un peu de temps à rechercher de l’eau fraîche j’arrive à Ax les Thermes que je traverse.

L’hôtel de la grande cordée est situé en direction d’Andorre. Dans mes plannings toujours très optimistes, je m’étais dit que je pourrais peut-être refaire un col après avoir posé mes bagages. Pour le , ça ferait un peu loin mais peut-être Ax 3 domaines. Cela faisait un quart d’heure que j’étais arrivé à l’hôtel quand l’orage éclata. Finalement je ne vais pas me taper un col, mais une bière sans faux-col. Il pleut toute la soirée et je reste tranquillement à l’hôtel à lire un Ouest- France de Saint Nazaire. Durant tout mon périple, je n’ai guère eu le temps de suivre les infos ; Quand on est dans son trip, on oublie un peu que le monde continue à tourner. Je finis dans ma chambre à regarder la fin du film « certains l’aiment chaud » de Billy Wilder et sa dernière réplique culte « But you dont understand, I’m not a Woman » ; « Well nobody’s perfect ». LUNDI 13/08/18 : ETAPE 6 : AX LES THERMES – VERNET LES BAINS: 108 km – 3230m

Lever : 6h30. Les nuages s’accrochent encore un peu aux montagnes, mais on sent que le soleil n’est pas loin. Je n’ai pas pu faire de courses hier soir alors je fais des réserves abdominales au petit déjeuner de l’hôtel : croissant, tartines, céréales, riz au lait, pudding.

La montée au Port de Pailhères (2001m) débute devant les thermes d’Ax et dure près de 19 Km. Les premiers pourcentages ne sont pas trop prononcés et n’handicapent pas trop ma digestion. Le soleil perce à travers le feuillage et illumine le torrent que je longe. Dans ce décor sans cesse renouvellé, l’esprit est absorbé à contempler le paysage et l’on oublie les efforts de la montée. Je double un petit lac aux eaux limpides où se reflète la végétation et les nuages moutonnant.

Une voiture de la DDE signalant un chantier de fauchage me double à plusieurs reprises. Il s’arrête régulièrement et contemple le paysage en évacuant les cailloux que la faucheuse a projeté sur la route.

La camionette des 4 triathlètes me double à son tour et je croise l’un d’entre eux allant rejoindre ses copains. Vers 1500m au-dessus de la station de ski d’Ascou, je passe dans les nuages, puis je les dépasse. Je suis maintenant au- dessus d’une mer de nuage d’où émergent les sommets environnants. Je roule en me tournant de tous côtés pour profiter du panorama, en espérant que les nuages ne seront pas remontés quand j’arriverai au col, sachant combien le temps évolue vite en montagne. D’ailleurs Philippe, cyclo du VCS qui fera la même ascension 3 heures plus tard sera lui dans le brouillard.

Finalement, le col s’offre à moi dans toute sa beauté.

Il y a là un tout un troupeau de chevaux de trait qui profitent de l’herbe grasse.

Ils sont gentils mais un peu trop quand même en venant se frotter à moi. L’un d’eux commence même à mâchouiller ma guidoline.

Ils sont couverts de mouches et c’est comme des mouches qu’ils vous tournent autour. 2 des triathlètes arrivent ; vu leur état, ils n’ont pas dû perdre du temps à enfiler des perles. Arrivent ensuite les 2 autres et 2 allemands avec des bagages. Ce sont en fait les 2 jeunes allemands avec qui j’avais frushtucké au camping près de St Girons hier matin. Ils font également la traversée des Pyrénnées. Je me demande même si ce n’est pas l’un d’eux qui avait failli me rattraper dans la montée du Portillon. L’un est prof de sciences politiques à la faculté de Cologne, l’autre vient de Berlin. Ce dernier se méfie des chevaux car une année, un gros percheron s’était appuyé sur son vélo et l’avait destroy. Je décide de rouler avec les allemands pour entretenir les bonnes relations franco-germaniques et pensant qu’étant tous chargés nous devons rouler à peu près à la même vitesse. Dans la descente, je m’arrête pour photographier le paysage

et les ruines du château d’Usson

laissant le temps à mes 2 kamarads pour me suivre.

Nous franchissons le petit col des Moulis (1099m) et retrouvons les 4 triathlètes avec leur camionette qui pique-niquent au col du Garavel (1256m).

Nous poursuivons notre chemin sous un ciel grisonnant en direction du col de Jau (1506m) que je monte seul à un rythme assez soutenu car il est assez roulant. Celui-ci marque l’entrée dans les Pyrénées orientales 5ème et dernier département traversé.

Arrivé là-haut, j’ouvre mon sachet de riz en attendant mes compagnons de route tandis que les 2 + rapides triathlètes arrivent. Je soupèse les vélos en alu des Allemands, ils sont tout de même bien plus lourds que le mien. L’un d’eux a un peu les mêmes sacoches que moi. L’autre a un porte bagages et 2 sacoches à l’arrière qui semblent vides mais qui en fait mettent tout le poids à l’arrière. Nous entamons la descente et au fur et à mesure, nous sentons des bouffées de chaleur qui remontent et nous obligent à nous dévêtir. La végétation change radicalement, ce sont maintenant des chênes verts et de la garrigue ce qui me rappelle les abords du Mont Ventoux. La route se faufile le long d’un petit canyon tandis que nous entendons chanter les cigales bien que le soleil soit caché. Arrivés à Prades, je laisse mes 2 compères qui dorment ici. Demain, ils doivent longer la côte vers le sud en direction de Giron en Espagne. Je dois maintenant remonter vers Vernet les Bains au gîte communal car je n’ai rien trouvé à Prades. Je passe l’abbaye St Michel de Cuxa et son clocher carré construite en 840. Je traverse de petits villages où flottent des drapeaux catalans aux couleurs sang et or qui contrastent avec le gris du ciel. Je suis au pied du Canigou mais son sommet est caché par les nuages.

J’arrive à Vernet les bains où Rudyard Kipling a régulièrement séjourné dans un de ces grands hôtels de la belle époque. Mon gîte lui est situé à côté de la piscine municipale. Cela me fait bizarre d’arriver tel un pue la sueur avec tout mon barda au milieu des baigneurs en tongue. Je me rends au syndicat d’initiative pour bénéficier de son Wifi tant qu’il est encore ouvert, je visite un peu la ville et vais faire mes courses quotidiennes.

Dans le gîte, je mange en compagnie d’un jeune grand père, de son fils et de son petit-fils qui vont faire de la rando dans le Canigou. Le grand-père qui ne paye pas de mine et ne ressemble en rien à un révolutionnaire est tout de même un baroudeur dans l’âme. Il me dit qu’il faut savoir parfois au cours de sa vie aller dans l’inconnu et quitter sa zone de confort, à savoir ses habitudes, sa maison ou le matérialisme, et éventuellement son entourage. Cela pour vivre de belles aventures et faire des rencontres enrichissantes. Je crois qu’il a tout résumé sur la philosophie du voyage. Chacun, selon ses moyens fait son propre voyage… Un voyage intérieur également. Quand je ne pourrai plus me déplacer, j’espère pouvoir toujours m’évader en lisant et en voyageant dans mes souvenirs… C’est un peu pour cela que je couche ces mots sur le papier.

Je suis seul dans un des dortoirs mais à 22h, un groupe d’espagnols déboule avec grand fracas. Toute la nuit, une espagnole au format XXL va ronfler par les 2 orifices respiratoires, mais je n’osais pas siffler de peur de réveiller les autres.

MARDI 14/08/18 : ETAPE 6 : VERNET LES BAINS – PERPIGNAN: 175 km – 2500m

Lever 6H, le ciel est nuageux. La nuit a été courte avec la ronfleuse. La famille des 3marcheurs se lève aussi. Je prépare mon paquetage ; paye le gardien du gîte qui est occupé à l’entretien de la piscine communale ; pas de registre pas de reçu, il ne s’agirait pas que la cour des comptes enquête. Je prends mon petit déjeuner dans une boulangerie qui fait notamment des sablés aux amandes. Perpignan n’est qu’à 70 Km mais je vais rallonger un peu. Je quitte Vernet, et passe devant le fort Liberia à Villefranche de Confluent.

A Prades, je monte plein nord pour franchir le col de Roque Jallière (991m). La tramontane souffle déjà fortement sur ma gauche.

La route ondule au milieu des chênes verts et des rochers de granit rose.

La végétation qui n’est pas dense me laisse voir Prades et sa vallée mais le sommet du Canigou reste caché par les nuages. Aux abords du col, il semble que le feu ait eu raison de la forêt il y a quelques années car il n’y a plus d’arbres, mais uniquement de jeunes arbustes. Dans la descente, une flèche dessinée sur le sol indique la direction de la mer, mais je ne la vois que dans mon imagination.

Plus loin un rocher ayant la forme d’une tête de dinosaure attire mon attention.

Je passe ensuite devant l’aqueduc d’Ansignan, qui est toujours en service, dont certaines parties datent de l’époque romaine.

A la clue de la Fou qu’enjambe encore un pont romain, il y a là une fontaine.

J’y rempli mes bidons, mais ce sont des eaux thermales chaudes. Il va falloir que je refasse le plein à Saint Paul de Fenouillet.

Je longe ensuite les gorges de Galamus où des ermites sont venus s’isoler à partir du XIV siècle dans les grottes naturelles du canyon.

La hauteur des falaises et l’étroitesse du passage creusé par les eaux de l’Agly donnent le vertige. La route taillée à travers le roc est si étroite que la circulation y est réglementée durant la journée, ce qui me laisse le loisir de longer le bord du précipice. Tout en bas, des adeptes du canyoning ressemblent à des fourmis rouges et bleues dans leurs combinaisons.

Je passe ensuite le petit col de Guilhem (408m) pour rouler en contrebas du château de cathare Peyrepertuse perché comme en équilibre sur la crête rocheuse.

Un peu plus loin se découvre le village de Cucugnan et son moulin perché en haut de la colline ; moulin qui inspira Alphonse Daudet.

De là, le château de Quéribus ressemble à une citadelle imprenable perchée sur son éperon rocheux.

. Après le passage d’un nouveau défilé, je rejoins un endroit où le feu a dû sévir il y a quelques années. Les vignes de Tuchan ont repris le dessus sur ces terres calcinées pour nous livrer leurs eaux de feu.

Encore un petit col à franchir et puis, çà y est la mer apparaît aux delà des étangs de Leucate.

Je suis heureux devant la beauté de ce paysage baigné par le soleil. Je suis fier d’avoir accompli cette traversée. Mais je suis également triste car mon beau voyage touche à sa fin. La tramontane va maintenant me pousser au milieu des coteaux du Roussillon. Le relief ressemble maintenant à celui de la Loire Atlantique. Les voitures déferlent en masse de partout. Heureusement, je trouve une piste cyclable qui va me conduire à travers les roseaux et les abricotiers jusqu’à la grande bleue. J’arrive sur la plage de Toreilles sous un soleil de plomb. Bien que le ciel soit resté voilé une bonne partie de la journée et malgré toutes ces précédentes journées passées sous les UV des montagnes, je viens d’attraper des coups de soleil sur les bras et les jambes en arrivant à la mer. Ma présence fait un peu tâche. J’ai l’impression d’être un cow-boy sur son destrier en caleçon poussiéreux au milieu de ces peaux bronzées en tongs et bikini.

Le bronzage cycliste, ça ne fait pas trop sexy. Alors je vais voir une autre plage à Ste Marie, je fais une photo, j’achète quelques cartes postales et file en direction de Perpignan pour prendre mon billet de train.

Je ne savais pas ce qu’était la tramontane, c’est quelque chose. Ça vous soulève le sable sur la plage, ça vous projette contre les platanes qui bordent la route, ça transporte des slogans indépendantistes catalans par delà les frontières. Arrivé à Perpignan, je cherche le syndicat d’initiative pour y quérir un plan. Je suis les panneaux de signalisation qui me font tourner en rond.

J’interroge une citado cycliste qui me propose de m’y emmener. Elle regarde avec intérêt mes sacoches dont elle a vu des modèles similaires sur la revue cycliste « 200 ». Finalement, le syndicat d’initiative a été déplacé. Il siège maintenant à la place d’un Mac DO… pour une fois que la culture française marque des points contre l’impérialisme US. Je prends congé de ma charmante accompagnatrice qui m’a indiqué comment rejoindre la gare et l’auberge de jeunesse. J’avais noté des horaires de trains TER et Inter-cités où l’on peut mettre son vélo sans housse. Il est 17h15, les guichets sont déjà fermés. Sur les bornes automatiques, je ne trouve pas les trains que je recherche à cause du facteur vélo. Un employé qui donne des conseils mais pas de billets me suggère de mettre mon vélo dans une housse. Finalement je réserve mes trains en ne cochant pas la case vélo. Avec tout ce temps perdu, ce n’est que vers 19h que je rejoins l’auberge de jeunesse, après avoir vraiment cru que j’allais passer sous les roues d’une voiture dans une rue en sens interdit autorisée aux vélos. J’avais dû réserver 2 jours avant pour être sûr d’avoir de la place. Dans le bâtiment, ça speak English à tous les étages. Après ma douche, je ressors pour manger et poster mes cartes postales. En raison de l’heure tardive, je jette mon dévolue sur un Burger King, dont la rapidité comblera le manque de culinarité… et puis cela fait un bout de temps que je n’ai pas abusé de frites et de viande de bœuf. Je retrouve la jeunesse de l’auberge qui est en train de refaire le monde dans la langue de Shakespeare. Le gardien m’avait indiqué que l’auberge était entourée d’un commissariat de police, des bâtiments de l’UNSA 66 (syndicat des agents de police) et de la brigade canine et que mon vélo ne risquait rien dans la cour de l’auberge. Je préfère cependant le rentrer dans le réfectoire et l’attacher à une chaise. Je rejoins mon petit dortoir tandis que mes compagnons de chambrée ne sont pas encore là. Les doubles vitrages isolent un peu de la voie rapide qui longe le fleuve. Demain, je dois prendre le train de 7h15 pour Narbonne, puis Bordeaux et enfin Nantes. Les voitures réservées au vélos se retrouveront bien petites vu le nombre de vélos. Je payerai le double du prix prévu pour mon vélo auprès du contrôleur. Je ferai aussi une belle rencontre auprès d’une jeune femme qui doit rejoindre son compagnon pour redescendre à vélo le long de l’océan. Arrivé à Nantes, je l’aiderai à porter ces bagages dans les escaliers et l’accompagnerai à son hôtel cours des 50 otages. Je ne sais si elle a réussi son périple car ses vitesses passaient avec difficulté.

Voilà, la belle aventure est finie. Mon vélo a cependant souffert et j’ai du le laisser chez mon vélocyste car il y a du jeu dans la manivelle gauche…il va me falloir changer tout mon pédalier Sram Red… Mais tout cela, ce ne sont que des problèmes matériels qui se résolvent. Mon genou lui a tenu.

Je vais maintenant rouler à nouveau sur les routes Ligériennes. Celles-ci ne sont peut-être pas les plus belles, mais en les empruntant, elles me laisseront le temps de repenser à cette belle aventure et d’en imaginer de nouvelles.