Seigneurs Et Bâtisseurs : Le Château Et L'habitat Seigneurial En Haute
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Avertissement. Ce volume contient les développements essentiels d'une thèse (Nouveau Régime, Décret 1984) soutenue en 1990 à La Sorbonne. Le jury était composé de Mme Anne PRACHE, directeur de thèse et professeur d'Histoire de l'Art Médiéval à l'Université de Paris IV ; de M. Gabriel FOURNIER, professeur émérite de l'Université Blaise Pascal ; de M. Michel ROUCHE, professeur d'Histoire Médiévale à Paris IV ; de M. André DEBORD, professeur d'Histoire Médiévale à Caen. Pour retrouver un élément de détail ou une monographie précise, il sera toujours possible au lecteur de consulter l'original de la thèse déposé à la Bibliothèque Municipale et Universitaire de Clermont-Ferrand, aux Archives Départementales du Puy-de-Dôme et du Cantal, à la bibliothèque des Affaires Culturelles de la Région Auvergne à Clermont- Ferrand. La plupart des bibliothèques disposent également d'un exemplaire microfiché par les soins de l'Atelier de reproduction des thèses de Lille. Première édition : 1993 (Publications de l'Institut d'Etudes du Massif Central). © Presses Universitaires Blaise Pascal Collection "Etudes sur le Massif Central" publiée par le Centre d'Histoire "Espaces et Cultures" (C.H.E.C.) ISBN 2-84516-136-0 Dépôt légal : premier trimestre 2000 Illustration de couverture : Vignette : vue du château d'Auzon par Dulaure (fin XVIII siècle), B.M.I.U., cliché U.B.P. En fond : vue d'Apchon, gravure du XIX siècle. Bruno PHALIP SEIGNEURS ET BATISSEURS Le château et l'habitat seigneurial en Haute-Auvergne et Brivadois entre le XIe et le XVe siècle Préface de Gabriel FOURNIER Publications de l'Institut d'Etudes du Massif Central (Centre d'Histoire des Entreprises et des Communautés) N° III de la Collection « Prestige » TABLE DES SIGLES ET ABREVIATIONS. Arch. Deptles. Archives Départementales AN. Archives Nationales A.D.B. Almanach de Brioude A.H.S. L'Auvergne Historique et Scientifique Adt. Arrondissement A.L.A.H. Auvergne Littéraire, Artistique et Historique A.S.A.S.A.C.P. Annales de la Société d'Agriculture, de Sciences, Arts et Commerces du Puy BMU Clermont Bibliothèque Municipale et Universitaire de Clermont-F errand B.G.R.D.L.S. Bulletin du Groupe de Recherches Archéologiques et Historiques de la Vallée de la Sumène B.S.P.F. Bulletin de la Société Préhistorique Française Bib. Bibliothèque BN. Bibliothèque Nationale B.H.P.C.T.H.S. Bulletin Historique et Philologique du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques B.M. Bulletin Monumental B.S.N.A.F. Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France B.H.S.A. Bulletin Historique et Scientifique de l'Auvergne C.R.A.I.B.L. Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres C.A. Congrès Archéologique Ct. Canton Cmne. Commune Dictionnaire Statistique. DERIBIER DU CHATELET, Dictionnaire Statistique du Département du Cantal Dictionnaire Topographique. AME E., Dictionnaire Topographique du Cantal M. A. Le Moyen-Age M.A.S.B.L.A.C. Mémoires de l'Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Clermont-Ferrand N.R.H.D.F.E. Nouvelle Revue Historique de Droit Français et Etrangers R.A. Revue d'Auvergne R.D.L.H.A. Revue de la Haute-Auvergne Th. E.N.C. Thèse de l'Ecole Nationale des Chartes restée dactylographiée. PREFACE La thèse de Bruno PHALIP, soutenue en 1990, se situe dans la lignée des travaux qui, depuis près d'un demi-siècle, ont renouvelé nos connaissances historiques et archéologiques sur le château médiéval. L'enquête a porté sur plus de quatre cents sites, qui ont été l'objet de monographies, privilégiant l'analyse du terrain et des plans, la nature des maçonneries et l'organisation des chantiers, les aménagements intérieurs. Les contraintes de l'édition ont malheureusement rendu nécessaire la réduction de cette partie analytique. Cette enquête a donné à l'auteur les moyens de dégager les éléments qui, par leur répétition d'un château à l'autre, définissent des types et des évolutions. Bruno PHALIP insiste sur la complexité de la notion de château qui ne doit pas être réduite aux seules fonctions militaires, voire stratégiques. L'architecture castrale a été l'expression d'un groupe social. Elle reflète les structures de chacune des cellules familiales qui le composaient (le château réunit le seigneur, sa famille, son entourage, occasionnellement des hommes de la seigneurie), les relations entre les lignages, ainsi que les mutations qui les ont affectées : le château était une résidence aristocratique capable de jouer un rôle militaire, un centre administratif et un organe de pouvoir fonctionnant au profit du seigneur, le cadre d'une communauté rurale, un point d'ancrage pour le peuplement, un symbole social qui affirmait la prééminence seigneuriale. Autrement dit, dans la conception du château, sont intervenus des facteurs militaires, matériels, économiques, sociaux et psychologiques. A partir du XIe siècle, dans un comté d'Auvergne territorialement désagrégé, les seigneuries indépendantes, organisées autour de châteaux et appuyées sur de vastes terres allodiales ou considérées comme telles, se multiplièrent : les pratiques successorales de type méridional, favorisant les coseigneuries, augmentèrent la densité castrale, tandis que l'aristocratie se montra réfractaire à la hiérarchisation de la société et à la dépendance personnelle par le moyen de l'hommage. Il faut noter cependant que cette évolution fut plus, marquée dans les montagnes de la Haute-Auvergne que dans la plaine voisine du Brivadois. L'élément caractéristique de la première architecture seigneuriale fut la tour de plan quadrangulaire, de type méridional. En effet, à partir du milieu du XII siècle, avec un décalage par rapport à l'architecture religieuse plus précoce, de nombreux châteaux furent construits ou reconstruits en maçonnerie, l'essentiel des travaux ayant pour objets les tours et le logis seigneuriaux. Ces châteaux, avec leurs organes défensifs souvent peu efficaces et leurs sites ne répondant pas toujours à une logique militaire, ne paraissent pas avoir été aptes à résister qu'à des opérations dépourvues de matériel de siège et qui ne mettaient en jeu que de faibles effectifs. Telles quelles, ces tours apparaissent avant tout comme des attributs architecturaux qui assuraient aux seigneurs, par leur présence dans le paysage, une reconnaissance sociale. En revanche, les peuplements subordonnés d'origine castrale restèrent modestes et il n'y eut que rarement coïncidence entre le château et l'église paroissiale. L'influence méridionale ne fut cependant pas exclusive : le Brivadois fut touché par d'autres formes architecturales d'origine septentrionale et, à partir du milieu du XIII siècle, des modèles royaux furent introduits par les autorités princières. Mais ces influences restèrent modestes et limitées. Un nouveau paysage castrai se mit en place au cours des XIV et XVe siècles. D'anciens châteaux furent partiellement ruinés, tandis que les maisons-fortes, en raison de la montée de la petite noblesse, se multipliaient, sans affecter pour autant ni l'organisation paroissiale, ni la répartition du peuplement. L'insécurité et la reconstruction qui suivit furent à l'origine d'un renouveau de l'architecture militaire, caractérisée par une meilleure habitabilité (morcellement de l'espace intérieur en pièces spécialisées), par l'hypertrophie des donjons et l'adoption de plans quadrangulaires flanqués de tours, par l'accumulation d'organes défensifs, qui apparaissent de plus en plus souvent comme des moyens de distinction sociale. Ces quelques remarques montrent tout l'intérêt du travail de Bruno PHALIP : il représente une précieuse contribution à l'histoire de l'Auvergne et, d'une manière plus large, à la connaissance de la société médiévale, dont le château a été, avec l'église, une des expressions architecturales. On saura gré à l'Institut d'Etudes du Massif Central d'avoir pris en charge cette publication, vivement souhaitée par le jury, et de mettre ainsi à la disposition des historiens un précieux instrument de travail. Gabriel FOURNIER INTRODUCTION Il est admis que le XIV siècle est la période charnière pour le passage d'une architecture castrale proprement militaire à une architecture seigneuriale plus civile, ouverte sur l'extérieur. Cette thèse tient principalement à deux visions complémentaires du Moyen- Age. La première présente les siècles de l'installation de la châtellenie comme une période faite de violences et nécessitant la construction de fortifications. La seconde tient à voir dans les XIV et XVe siècles une période de transition avec la Renaissance. Il s'agit alors de trouver dans l'architecture castrale les prémices du concept de "château ouvert" par antinomie avec le château "fermé" antérieur. A notre avis, cette approche peut être dépassée à la lumière de multiples recherches tant en histoire dans différents domaines, qu'en archéologie ou en histoire de l'art. Notre propos vise donc à rendre tous les résultats complémentaires en en montrant les limites mais sans chercher systématiquement à les opposer. Jacques GARDELLES, dans une très belle formule, "Le château expression du monde féodal", explique sa conception du château où se mêlent les notions de forteresse, de résidence, de centre de gouvernement et de symbole d'autorité Nous l'avons suivi dans cette définition. Toutefois, dans le cadre auvergnat, de nombreuses difficultés sont apparues dans la constitution puis l'utilisation des documentations. La conservation des documents écrits n'est pas égale selon qu'il s'agit du XIe, Xlle, XIIIe, XIVe ou XVe siècle. De plus, ces distorsions sont accentuées par des différences dans le type de documentations disponibles -chroniques, vies de Saints, textes d'hommage, de rémission, inventaires- mais aussi dans le fait qu'elles peuvent se rapporter de façon inégale entre les régions de Haute ou de Basse-Auvergne. De même, si les sources écrites mentionnent le château ou son propriétaire et occupant, elles ne font que de rares allusions aux travaux de construction ou d'entretien.